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Full text of "Recherches sur les ossemens fossiles, où l'on rétablit les caractères de plusieurs animaux dont les révolutions du globe ont détruit les espèces"

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RECHERCHES 

SUR  LES 

OSSEMENS  FOSSILES. 


PARIS,  IMPRIMERIE  DE  A.  BELIN, 

BUE  DES  MATHURIIVS  S.~J.  , w”. 


RECHERCHES 


SUR  LES 

OSSEMENS  FOSSILES, 

OÙ  L’ON  RÉTABLIT 

LES  CARACTÈRES  DE  PLUSIEURS  ANIMAUX 

dont  les  révolutions  du  globe  ont  détruit  les  ESPÈCES; 


Par  M.  le  G.  CUVIER, 

Commandeur  de  la  Légion  d’honneur,  Conseiller  ordinaire  au  Conseil  d’État  et  au  Conseil  royal 
de  l’Instruction  publique  , l’un  des  quarante  de  l’Académie  françoise , Secrétaire  perpétuel 
de  celle  des  Sciences  , membre  des  Académies  et  Sociétés  royales  des  Sciences  de  Londres , 
de  Berlin,  de  Pétersbourg , de  Stockholm,  de  Turin,  de  Gottingue,  de  Copenhague, 
de  Munich  , de  la  Société  géologique  de  Londres,  de  la  Société  asiatique  de  Calcutta  , etc. 

NOUVELLE  ÉDITION, 

ENTIÈREMENT  REFONDUE^  ET  CONSIDÉRABLEMENT  AUGMENTÉE. 


Triomphante  des  eaux,  du  trdpas  et  du  temps , 
La  terre  a cru  revoir  ses  premiers  habitans. 

Delille. 


TOME  CINQUIÈME,  Ile.  PARTIE, 

CONTENANT  LES  OSSEMÉNS  DE  REPTILES  ET  LE  RÉSUMÉ  GÉNÉRAL. 


PARIS, 

CHEZ  G.  DUFOUR  ET  ED.  D’OCAGNE,  LIRRAIRES, 

QUAI  VOLTAIRE,  N”.  l3. 

ET  A AMSTERDAM,  CHEZ  LES  MÊMES, 

1824. 


recherches 


SUR  LES 

OSSEMENS  FOSSILES. 

HUITIÈME  PARTIE. 

Des  Ossemens  de  Reptiles. 


OBSERVATIONS  PRÉLIMINAIRES 

Sur  VOstéologie  des  Reptiles,  et  sur  la  position  géologique  de 

leurs  débris. 

Mon  ouvrage  a dû  nécessairement  devenir  une  sorte  de  traité 
d’ostéologie  comparée,  puisque  j’ai  été  sans  cesse  obligé  de  mettre 
en  regard  avec  les  os  fossiles  ceux  des  espèces  vivantes , et  que  je 
n aurois  pu  faire  saisir  leurs  différences  si  je  n’en  avois  donne  des 
ligures  et  des  descriptions  détaillées  ; mais  tout  travail  sur  les  diffé- 
rences des  productions  de  la  nature  conduit  aussi  à montrer  leurs 
rapports;  et,  en  effet,  il  a été  facile  au  lecteur  de  s apercevoir  que, 
malgré  les  proportions  si  variées  de  ces  os,  malgré  les  formes  exté- 
rieures souvent  si  extraordinaires  qui  eu  résultent,  il  existe  cependant 
pour  tous  les  mammifères  une  sorte  de  plan  commun,  une  composi- 
tion à peu  près  pareille , et  telle  que  l’on  peut  toujours  reconnoitre 
chaque  os  par  ses  usages  et  sa  position,  au  travers  de  toutes  les  mé- 
tamorphoses qii’ii  subit,  et  malgré  les  agrandissemens  ou  les  ra- 
petisseraens  qu’il  éprouve.  Ainsi , dans  les  figures  des  têtes  que  nous 
T.  V,  ae,  P.  * 


^ OSSEMENS 

avons  données,  on  a pu  suivie , depuis  l’homme  jusqu’à  la  baleine, 
es  frontaux , les  pariétaux , les  os  du  ne^ , en  un  mot , toutes  les  par- 
ies conslituaiues  du  erane  et  de  la  face,  à très-peu  d’exceptions  près, 
t Iles  quel  absence  des  lachrymaiix  dans  quelques  espèces,  etpeuti 
y®  ^ interparietaux  dans  quelques  autres.  Le  reste  des 
erences  apparentes  dans  le  nombre  des  os  tient  généralement  au 
P us  OU  moins  de  promptitude  avec  laqiielie  ils  s’unissent  entre  eux , 
n dlsparoilre  les  sutures  qui  les  distinguoient.  C’est  ainsi  que  le 
l.arieial,  dans  1 adulte,  paroit  tantôt  simple,  tantôt  double,  et  même 
triple  ou  quadruple,  en  comptant  les  interpariétaux  qui  finissent 
toujours  par  s’y  réunir  (i),  etc.  Mais  en  prenant  l’animal  plus  près 
de  sa  naissance  , on  voit  disparoitre  ces  anomalies,  et,  en  remontant 
jusqu  au  fétus,  on  en  général  jusqu’à  l’époque  où  tous  les  os  sont 
encore  distincts,  on  trouve  un  nombre  normal,  le  même  pour  toutes 

les  espèces,  sauf,  comme  je  viens  de  le  dire,  quelques  exceptions 
fort  rares.  ^ 


C étoit  une  question  curieuse  de  savoir  si  cette  analogie  se  soutien- 
droit  dans  les  autres  classes  de  vertébrés,  et  si  les  différences  qu’elles 
présentent  ne  dépendroient  que  des  époques  où  leurs  os  se  soudent  ' 
si  les  reptiles,  par  exemple,  qui  conservent  toujours  à la  tête  beau- 
coup plus  de  sutures  que  les  mammifères,  pourroient  être  considérés, 
à cet  égard,  comme  des  mammifères  dans  un  état  analogue  h celui 
de  fétus  5 si  les  oiseaux,  qui  dans  leur  premier  âge  en  ont  autant  que 

les  reptiles,  mais  qui,  lorsqu’ils  approchent  de  l’état  adulte,  en  offrent 

souvent  moins  que  les  mammifères,  seroient  au  contraire,  en  quelque 
SOI  te,  des  mammifères  passant  plus  rapidement  d’un  état  à l’autre, 
et  s avançant  meme  plus  loin  par  rapport  à la  réunion  de  leurs  os 
M.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  l’un  des  premiers,  a traité  ce  beau 
problème,  et  il  y a obtenu  sur  plusieurs  points  de  véritables  succès. 
Je  l’ai  traité  aussi  à diverses  reprises  dans  mes  cours,  et  j’ai  donné, 


(0  • • est  a cause  de  celte  constance  avec  laquelle  les  interpariëtaux  s’unissent 

a or  aux  pariétaux,  avant  que  ceux-ci  ne  se  soudent  à l’occipital , que  je  persiste  à leur 
aisseï  ce  nom  que  je  eur  a\ois  donné  il  y along-temps,  et  contre  lequel  il  ne  me  semble  pas 
que  les  objections  de  divers  anatomistes  aient  dû  prévaloir. 


' DE  REPTILES.  3 

ilans  les  occasions  où  Tordre  de  mes  publications  le  deraandoit,  quel- 
ques extraits  de  mes  recherches  sur  cet  intéressant  sujet  (i);  mais  il 
est  devenu  Tobjet  de  travaux  et  de  publications  plus  suivies  de  la 
part  de  plusieurs  savans  anatomistes,  particulièrement  de  MM.  Oken, 
Spix , Bojanus , Ulrich , Rosenthal , etc. 

]Von -seulement  ces  écrivains  ont  cherché  à assigner  à chacjue  os  , 
dans  les  vertébrés  ovipares,  sa  correspondance  avec  un  os  ou  une 
partie  d’os  déterminé  dans  les  mammifères  : mais  se  conformant  à 
cette  métaphysique  idéaliste  et  panlheistique  dite  philosophie  de  la 
nature  , qui  a joui  pendant  qùekjue  temps  d’une  assez  grande  vogue 
en  Allemagne,  et  dont  les  sciences  positives,  comme  il  est  d’usage 
dans  ce  pays,  ont  cru  devoir  momentanément  adopter  le  langage, 
ils  ont  cherché  à retrouver  dans  la  tête  une  représentation  de  la 
totalité  du  corps  , comme  en  général,  selon  les  principes  de  cette 
philosophie,  chaque  partie,  et  chaque  partie  de  partie,  doit  toujours 
représenter  le  tout. 

C’est  ainsi  que  M.  Oken  ( dans  son  Programme  sur  la  signi- 
fication de  la  Tête , Jena , 1807  ) est  parti  de  l’analogie  qui 
existe  à divers  égards  entre  les  espèces  d’anneaux  que  fonnent 
les  os  du  crâne  et  ceux  des  vertèbres,  pour  considérer  le  crâne 
comme  un  composé  de  trois  vertèbres  (2)  5 et  que  cherchant  dans  les 
diverses  parties  delà  tête,  les  representans  des  diverses  parties  du 


(1)  Je  ne  prétends  contester  à aucun  des  auteurs  qui  ont  écrit  sur  cette  matière  la  propriété 
des  observations  qu’ils  ont  publiées;  mais  je  dois  réclamer  contre  l’affectation  que  quelques- 
uns  ont  mise  et  mettent  encore  à ne  citer  que  mes  Leqons  d’ Anatomie  publiées  en  1800  par 
M.  Duméril  d’après  mon  cours  de  1798,  et  à se  donner  l’air  de  prendre  beaucoup  de  peine 
pour  me  réformer  , lorsque  cependant  ils  avoieut  vu  les  innombrables  préparations  que  j’ai 
faites  depuis  ce  temps-là  , et  que  même  plus  d’un  d’entre  eux  (soit  dit  sans  reproche)  en  a 
profilé  pour  ses  études.  Or  ils  savaient  bien  que  ces  préparations  étoient  déjà  une  sorte  de 
publication  de  ma  part,  et  peut-être  eût-il  été  juste  de  me  citer  d’après  elles  , et  non  d’a- 
près de  premiers  essais  qui  ne  pouvoient  être  que  l’ébauche  d’un  grand  plan. 

(2)  Le  corps  du  sphénoïde  antérieur  représente  le  corps  de  la  première,  ses  ailes  orbitaires 
les  parties  latérales  de  l’anneau , et  les  frontaux  son  apophyse  épineuse  ; c’est  la  vertèbre 
oculaire  ; la  seconde  ou  la  maxillaire  est  représentée  de  même  par  le  corps  du  sphénoïde 
postérieur , par  ses  ailes  temporales  et  par  les  pariétaux , et  la  troisième  ou  Y auriculaire  par 
l’os  basilaire  , les  occipitaux  latéraux  et  l’occipital  supérieur. 


OSSEMENS 


4 

corps  entier,  il  a vu  dans  le  crâne,  pris  séparément,  la  tête  de  la  tète; 
dans  le  nez,  le  thorax  de  la  tête  (i);  et  dans  les  mâchoires,  les  ex- 
trémités supérieures  et  inférieures  ou  les  bras  et  les  jambes  (2). 

On  comprend  qu’il  étoit  facile , avec  un  peu  d’imagination , de  faire 
d’un  principe  si  élevé,  et  séparé  encore  des  faits  par  une  si  grande 
distance , des  applications  fort  différentes  de  celles-là  et  même  très- 
variées  entre  elles. 

Aussi  voyons-nous,  dès  1811 , que  M.  Meckel  (dans  ses  Maté- 
riaux pour  ï Anatomie  comparée , t.  II , cah.  2 , p.  78  ) prend  l’eth- 
moïde  pour  le  corps  d’une  vertèbre , dont  les  frontaux  seroient  la 
partie  annulaire,  et  se  représente  les  temporaux  comme  une  autre 
vertèbre,  dont  le  corps  auroit  été  partagé  en  deux  parties  (les  ro- 
chers) par  l’introduction  forcée  du  corps  d’une  troisième  (le  basi- 
laire) (3). 

La  vertèbre  ethmoïdale  a été  adoptée  depuis  comme  une  quatrième, 
et  ajoutée  sous  le  nom  de  vertèbre  olfactive  aux  trois  cleM.  Okeu, 
par  M.  Bojanus  en  1818  , dans  le  no.  UI  de  l’Isis,  et  en  1821  dans  le 
Parergon  de  son  grand  et  bel  ouvrage  sur  l’anatomie  de  la  tortue. 

M.  Spix,  dans  son  grand  ouvrage  sur  la  composition  de  la  tête, 

(1)  Le  thorax  de  la  tête  se  compose  du  vomer,  des  palatins  , de  l’etlimoïde  et  des  nasaux. 
Les  cornets  en  sont  les  poumons;  néanmoins  la  cavité  nasale  est  une  sorte  de  prolongation 
de  la  cavité  cérébrale  , et  le  nez  un  cerveau  subordonné  au  système  vasculaire.  L’odorat  qui 
s’exerce  par  le  moyen  de  l’air  est  , aux  yeux  de  l’auteur,  un  sens  ihoracliique  , et  voilà 
pourquoi  il  n’a  pas  de  vertèbre  qui  lui  soit  consacrée , comme  il  y en  a pour  l’ouie , pour 
le  goût  et  pour  la  vue. 

(2)  Les  deux  moitiés  de  la  mâchoire  supérieure  représentent  les  deux  bras  ; Vos  carré  (ou 
la  caisse)  en  est  l’omoplate;  l’os  plérygoïdieii , la  clavicule;  l’os  jugal , le  bras  ; l’os  maxil- 
laire , la  main  ; l’intermaxillaire , le  pouce  ; et  les  dents  , les  autres  doigts.  La  mâchoire 
inférieure  , qui  est  composée  de  sept  os  dans  les  ovipares  , fournira  aisément  des  rapproche- 
mens  pareils  ; mais  ce  sera  aussi  la  caisse  qui  lui  servira  d’os  des  îles  , comme  elle  a servi 
d’omoplate  à la  mâchoire  supérieure.  Au  reste  la  véritable  omoplate  n’est  elle-meme  que  la 
réunion  des  côtes  qui  auroient  dû  être  attachées  aux  cinq  dernières  vertèbres  cervicales. 

L’os  styloïdien  est  le  sacrum,  et  forme,  avec  Vos  hyoïde  , un  bassin  pour  l’entrée  des 
aliraens  , comme  il  y en  a un  pour  leur  sortie  ; et  la  bouche  est  à l’abdomen  , ce  que  le  nez 
est  au  thorax.  Les  lèvres  sont  le  tact  de  la  tête  , comme  les  doigts  sont  le  tact  du  tronc. 

(3)  L’apophyse  zygomatique  du  temporal  seroit  l’apophyse  articulaire  ou  oblique  de  cette 
troisième  vertèbre  ; l’os  styloïdien  , son  apophyse  Iransverse  ou  sa  côte  ; et  l’os  hyoïde  , son 
sternum. 


5 


de  reptiles. 

intitulé  Ce^kalo^enesis,  et  publié  en  x8t5  , s’en 

tèbres  du  crâne , mais  s’éloigne  beaucoup  des  vues  de  M.  Olen^.\^ 

tivement  aux  os  de  la  face.  _ pvtré- 

Se  repr&entant  Vos  hyoïde , Vé,Mule  et  le  bassm  avec  les  eU.e 

mités  qui  V sont  attachées  comme  trois  cercles  de  incces  de  nalme 
rerblile,  il  les  retrouve  dans  la  face  attachés  de  la  meme  mamere 
ai»  trois  vertèbres  du  crâne.  Les  os  qui  composent  le  nez  Im  re^ 
m-ésenteiit  l’appareil  hyoïde  et  laryngien  (i)  ; et  ceux  des  deux  ma- 
Stoles,  les  deb  extrémités  ordinaires,  mai,  avo^a  une  d,str.b„t.on 

de  rapports  toute  autre  que  celle  de  M.  Oken  (2).  ^ 

Il  !st  probable  que  si  d'autres  anatomistes  ont 
cette  représentation  du  corps  entier  par  la  teto  seu  e , 
cme  imaginé  pour  eela  d’autres  rapports  , et  je  ne  me  propose  nulle- 
ment  de  les  suivre  dans  cette  branche  de  leurs  lecherches. 

Le  cercle  où  je  me  renferme  est  déjà  assez  vaste  pour  que  on  y 
ait  pds  des  roiith  bien  dilférentes  selon  le  point  d'oit  l’on  pavtort.  Ce 
désir  de  trouver  une  représentation  du  corps  a contiamt  que  ques 
llnrs  â donner  â tel  of,  dans  les  reptiles  ou  dans  les  .misons  «ne 

dénomination  à laquelle  ils  n’aurolent  peut-etre  ° ^ 

cela;  celui  do  trouver  constamment  les  preces  osseuses  en  meme 

nombre  en  a obligé  d’autres  li  des  déviations  non  moins  étranges. 

Lorsque’ leur  compte  ne  se  tronVoit  ' JlX. 

naturel  de  le  chercher,  ils  se  voyoïent  obliges  de 
voisins;  quelquefois  même  d’admettre  des 

retourneLns,  des  conversions  plus  ou  moins  complétés,  sans  penseï 

Cil  L’os  planum  est  pour  lui  le  cricoïde  ; la  lame  criblcuse  avec  sa  crête  de  coq  , 1 arylhe 
J.  X . la  tractés  i le.  inréH.ars , !..  SivacU...  Le. 

dent  au  Uiyroïde , et  la  caroncule  lacbrymale  , au  thymus  ; les  palatms , P 

grandes  cornes  de  1 hyoïde.  le  xyphoïde  ; romonlale  répond 

(,)  Le.  O.  ,«pre.  Su  „ee  .ont  le  ■ • “"tïe  ,’J  ,,n«le.  l:  temporel  éceilleiu 

à rr»  mif>  i’annelle  frontal  postérieur  ; la  clavicule  , a l OS  d 1 i j orlnivin- 

a ce  que  1 f P,^,;ile  représentent  le  pubis  j le  cadre  du  ly  ni 

est  l’analogue  de.  1 os  ties  lies  , les  peuib  r ip  liLJa  etc.  Les  dents 

pan  est  l’ischion  ; l’apophyse  condyloïde  , le  fémur  ; la  coronoi  oken  ^ 

ne  sont  pour  M.  Spix  que  des  ongles  : analogie  plus  sensible  qu  q 

ce  sont  les  alvéoles  qui  représentent  les  phalanges , etc. , etc. 


6 


OSSEMENS 

à rimmensité  d’organes  et  de  parties  molles  qu’il  faudroit  déplacer 
et  agencer  autrement,  pour  faire  passer  un  seul  os  d’une  place  dans 
une  autre  voisine  , pour  insérer,  par  exemple,  une  pièce  qui  appar- 
liendroit  au  sternum  entre  deux  pièces  qui  appartiendroient  à l’os 
hyoïde,  ou  telle  autre  transposition  qu’ils  ont  cru  pouvoir  donner 
comme  toute  simple. 

Les  exemples  de  ces  variétés  d’idées  déjà  fort  nombreux  relati- 
vement aux  reptiles  dont  j’aurai  à parler,  eussent  été  presque  infi- 
nis, SI  les  bornes  de  mon  ouvrage  m’eussent  permis  de  suivre  ces 
anatomistes  et  leurs  savans  émules  jusque  dans  la  classe  des  pois- 
sons, et  de  discuter  seulement  toutes  les  opinions  qu’ils  ont  propo- 
sées sur  les  pièces  des  opercules  (i)  et  sur  celles  de  l’os  hyoïde  (2). 

(1)  En  1800 , M.  Autenrieth  (dans  les  Annales  zootomiques  de  Wiedeman , 1. 1 , a®.’  cah. , 
p.  47  et  suiv.)  considéroit  l’opercule  comme  résultant  de  la  division  du  cartilage  thyroïde. 

En  1807  , M.  GeoJf  'rojr  (dans  le  t.  X des  Ann.  du  Mus.  ) supposoit  que  les  opercules  étoient 
les  pariétaux  détachés  du  crâne. 

En  1S17  , M.  de  Blamville  (Bulletin  philom.  ) chercha  à étahlir  que  le  préopercule  est  l’os 
jugal , et  que  les  trois  autres  pièces  représentent  celles  qui  se  trouvent  communément  dans 
la  mâchoire  inferieure  des  oiseaux  et  des  reptiles  de  plus  que  dans  celle  des  poissons.  M.  Geof- 
froy lui  o|}posa  , en  i8i8  (dans  sa  Philosophie  anatomique)  , une  mâchoire  de  lépisostée  , 
que  j avois  fait  préparer,  et  qui  est  tout  aussi  compliquée  que  celle  d’aucun  reptile,  bien 
(|ue  le  lepisostee  ait  des  opercules  aussi  complets  que  ceux  d’aucun  autre  poisson.  Cepen- 
dant, cette  même  anue'e  i8i8,  M.  Bojanus  présente  la  meme  idée,,  dans  le  III'.  numéro 
de  risis  , sans  connoître  le  mémoire  de  M.  de  Blainville,  et  M.  Oken  y donne  son  plein 
assentiment , comme  à une  chose,  dit-il , aussi  certaine  que  nouvelle. 

Dès  i8i5  , M.  Spix  avoit  imagine  de  faire  de  ces  pièces  operculaires  les  analogues  des  osse- 
lets de  1 oreille;  mais,  en  i8i6 , il  fut  vivement  critiqué  à ce  sujet  par  M.  Ulrich  , qui  les 
tegarda  comme  les  icpresentans  de  l’omoplate  ; ce  qui  n’a  pas  empêché  qu’en  1818,  dans  sa 
Philosophie  anatom. , M.  Geoffroy  ne  soit  arrivé,  de  son  côté,  à une  opinion  à peu  près 
pareille  à celle  de  M.  Spix , bien  qu’il  ne  connût  pas  son  ouvrage.  Ces  deux  auteurs  n’arran- 
gent pas  toutefois  ces  os  de  la  meme  manière  : le  marteau,  par  exemple  , est  pour  M.  Spix 
le  préopercule,  pour  M.  Geoffroy  c’est  l’interopercule  , etc. 

Enfin  M.  JVeber , en  1820  , dans  sa  dissertation  de  Aure  Hominis  et  Animalium , a encore 
mis  en  avant  une  opinion  toute  nouvelle;  celle  que  les  osselets,  qui  dans  certains  poissons 
s attachent  entre  le  crâne  et  la  vessie  natatoire  , sont  rigoureusement  analogues  pour  les 
fonctions  autant  qu  ils  sont  quelquefois  semblables  pour  la  forme  aux  osselets  de  l’oreille  des 
quadrupèdes)  opinion  qui,  soutenue  par  de  nouvelles  préparations  dans  l’Isis  de  1821, 
est  complètement  adoptée  par  M.  Bojanus  dans  son  Parergon. 

(2)  Autemielli , en  1800,  dans  le  même  mémoire  où  il  regardoit  les  opercules  comme 
une  division  du  larynx,  considéroit  les  rayons  branchiostéges  comme  les  cartilages  des  côtes. 


DE  REPTILES.  7 

J’ai  essayé  du  moins  dans  mon  travail  de  me  gai’autir  du  genre  d er- 
reur qui  naît  si  souvent  d’une  opinion  théorique  conçue  d avance  ; je  ne 
prétends  trouver  ni  des  nombres  constans  de  pièces , ni  des  repré- 
sentations de  parties  étrangères  à la  tête 5 je  ne  prétends  pas  même 
que  les  os  de  la  tête  doivent  être  absolument  les  memes  dans  tous 
les  genres;  mais  je  cherche  à savoir  jusf[u’où  va  leur  correspondance 
et  à quelles  limites  elle  s’ai'rête.  Pour  cet  effet  je  commence  par  1 o- 
vlpare,  qui  (pour  la  tête  du  moins)  me  présente  les  rapports  les  pins 
sensibles  avec  les  mammifères  ou  avec  quelques-uns  d’entre  eux  , et 
c’est  le  crocodile.  Je  montre  quels  os  il  possède  analogues  aux  nôtres; 
et,  pour  l’établir,  je  consulte  non-seulement  leur  position,  mais  les 
muscles  qui  s’y  attachent,  les  nerfs  qui  y passent , etc.  J’expose  fran- 
chement quels  os  échappent  à cette  analogie  ; j en  fais  autant  pour 
les  autres  genres;  j’indique  où  un  os,  un  trou  dos,  une  facette, 
une  suture,  me  paroît  commencer  a manquer  ; je  marque  ou  il  me 
semble  qu’il  s’en  montre  de  nouveaux.  IN’ayant  jamais  besoin  de 
faire  voir  les  choses  autrement  qu’elles  ne  sont , je  n’emploie  ni  ces 
propositions  vagues,  ni  ces  expi’essions  figurées,  par  lesquelles  j au- 
rois  pu  me  faire  illusion  à moi -même  , comme  il  est  arrivé  à tant 
d’autres  de  la  meilleure  foi  du  monde,  et  si,  par  cette  voie,  je  n ar- 
rive pas  à des  résultats  aussi  brillans,  je  me  flatte  que  je  demeure 

sur  un  terrain  plus  solide. 

Pour  la  tête  c’est , comme  je  viens  de  le  dire , sur  le  crocodile  que 
j’ai  dû  insister  le  plus , car,  une  fois  que  ses  os  sont  nommes,  on 
arrive  aisément  à nommer  ceux  des  tortues , des  lézards  et  de  la  plu- 
part des  serpens;  mais  une  nouvelle  étude  , et  plus  difficile,  devient 
nécessaire  relaliv'^ment  aux  batraciens. 

Les  os  de  l’épaule  et  du  sternum  veulent  être  étudiés , surtout 
dans  les  lézards , où  ils  offrent  le  plus  de  complication. 

Quant  à l’os  hyoïde,  c’est  dans  les  batraciens  qu’il  a le  plus  d’im- 

et  les  branches  osseuses  qui  les  portent  comme  formées  de  l’os  hyoïde  et  de  quelques  parties 
du  sternum.  M.  Geoffroy  en  a conçu  de  son  côté,  en  1807 , et  sans  connoître  le  travail  de 
M,  Autenrielh  , des  idées  à peu  près  semblables , qu’il  a exposees  plus  en  détail  dans  sa 
Philosophie  anatomique  , et  dont  il  a fait  la  base  et  le  point  de  départ  de  toute  sa  théorie  de 
l’appareil  branchial. 


OSSEMENS 


8 

portance,  parce  qu’il  nous  y fournit  des  moyens  de  nous  faire  des 
idées  claires  de  celui  des  poissons  sur  lequel  il  a été  imaginé  des  sys- 
tèmes nombreux  et  très-divers. 

J’espère , à cet  égard , que  les  faits  que  je  donne  dans  cette  partie 
de  mon  ouvrage,  et  notamment  la  simplification  successive  et  la  dis- 
parition finale  de  l’appareil  affticulaire , ainsique  le  développement 
graduel  de  l’appareil  hyoïde  dans  les  batraciens,  malgré  la  présence 
d’un  larynx  et  d’un  sternum,  ramèneront  aux  anciennes  idées,  à 
celles  que  j’ai  toujours  énoncées , que  les  os  de  l’oreille  ne  renaissent 
pas  dans  les  poissons  osseux  sous  la  forme  d’opercules  ; que  l’appareil 
branchial  n’a  pas  besoin,  pour  y prendre  la  complication  qu’il  y 
montre , d’être  complété  par  l’intercalation  de  pièces  sternales , la- 
ryngiennes ou  costales  j enfin  que  l’appareil  operculaire  est  un  appa- 
reil spécial  et  propre  aux  espèces  c{ui  l’ont  reçu. 

Je  n’ajouterai  ici  qu’un  mot  sur  les  os  des  autres  parties  du  corps, 
c’est  que,  loin  cpe  les  pièces  c^ui  les  composent  se  multiplient  comme 
celles  de  la  tête  , ils  n’ont  pas  même  toujours  , dans  la  jeunesse  , ces 
]iièces  des  extrémités  c[ue  l’on  appelle  épiphyses. 

Dans  les  crocodiles  et  les  tortues , les  extrémités  des  os  et  leurs 
principales  éminences  sont  enduites  de  cartilages  plus  ou  moins  épais, 
qui  durcissent  et  s’ossifient  avec  l’âge , mais  dans  lesquels  il  ne  se 
forme  point , comme  dans  les  mammifères,  de  noyau  osseux,  séparé 
pendant  quelc[ue  temps  du  corps  de  l’os  ou  de  la  diaphyse  par  une 
suture;  circonstance  d’autant  plus  singulière,  que  les  sauriens,  spé- 
cialement les  monitors , ont  à leurs  os  longs  des  épiphyses  très- 
marquées. 

C’est  dans  chaque  genre,  après  avoir  ainsi  étudié  et  ramené  autant 
qu’il  est  possible  aux  règles  générales  l’ostéologie  des  reptiles  vivans, 
cpte  je  passe  à l’examen  des  os  fossiles  les  plus  analogues;  et,  dans 
cette  partie  de  mon  travail,  je  suis  également  entraîné  à des  considé- 
rations beaucoup  plus  étendues  que  ne  m’en  avoient  offert  les  os  de 
mammifères. 

Les  mammifères  sont  les  derniers  comme  les  plus  parfaits  produits 
de  la  puissance  créatrice. 


DÊ  REPTILES.  9 

Les  reptiles  ont  commencé  bien  plutôt  à exister  ; ils  remplissent 
de  leurs  débris  des  formations  plus  anciennes,  et  le  naturaliste  est 
obligé  d’en  poursuivre  les  restes  dans  des  couches  plus  profondes. 

On  a vu , dans  nos  volumes  précédens,  que  le  plus  grand  nombre , 
sans  comparaison  des  quadrupèdes  vivipares,  n’a  laissé  de  ses  os  que 
dans  les  dernières  couches  meubles,  ou  dans  des  cavernes,  ou  enfin 
dans  des  fentes  et  des  crevasses  de  rochers;  que  la  mer,  qui  a passe 
sur  eux,  n’a  presque  pas  eu  le  temps  d’y  déposer  des  traces  de  son 
passage;  que  du  moins  elle  ne  les  a recouverts  d’aucunes  couches 
solides  et  régulières.  Quelques  formations  locales  seulement  et  qui 
paroissent  d’une  date  plus  ancienne  , recèlent  principalement  des 
genres  inconnus,  et  sont  en  quelques  endroits  recouvertes  de  couches 
marines.  Mais  dans  notre  calcaire  grossier  , notre  calcaire  à cérilhes  , 
nous  ne  trouvons  déjà  plus  que  des  mammifèresde  mer,  des  phoques, 
des  lamantins  et  des  cétacés.  Une  seule  exception , et  probablement 
due  à quelque  méprise,  viendroit  altérer  cette  règle;  je  veux  parler 
des  molasses , des  lignites  qu’elles  renferment,  et  d’autres  lignites  con- 
temporains de  ceux-là,  dans  lesquels  on  observe  des  os  incontestables 
de  mammifères,  où  j’ai  trouvé  en  effet  mes  antracothériums  , et  des 
palæothériums  accompagnés,  comme  dans  nos  gypses,  do  trionyx  et 
de  crocodiles  ; où  j’ai  reconnu  récemment  des  os  et  des  dents  de  mas- 
todonte, et  une  mâchoire  de  castor  (i).  Ces  molasses,  ces  lignites 
seroient,  dit-on,  constamment  inférieurs  à notre  calcaire  grossier; 
mais  quand  cette  infériorité  seroit  aussi  assurée  qu’elle  nous  paroît 
qQaiid  il  seroit  vrai  que  1 on  n a pas  conlondu  ensemble 
des  lignites  et  des  molasses  de  deux  époques,  toujours  devra-t-on  re- 
connoître  que  des  bancs,  qui,  de  l’aveu  de  tout  le  monde,  reposent 
sur  la  craie , sont  les  plus  anciens  où  se  montrent  des  débris  de  mam- 
mifères; que  la  craie  déjà  n’en  recèle  absolument  aucuns,  et  qu’il  en 
existe  encore  bien  moins  dans  les  terrains  antérieurs;  tandis  que  la 


(i)  Je  dois  la  eomaïunicalion  des  fragraens  de  mastodonte  à M.  le  comte  Vüalien  Borro- 
meo  de  Milan , et  celle  de  la  mâchoire  de  castor  à moii  savant  ami  M.  Brongniart.  Toutes 
ces  pièces  viennent  des  lignites  A'Jîorgeti.  C’est  M.  le  professeur  Meissner  de  Berne  qui 
paroît  y avoir  découvert  le  premier  l’existence  d’ossemens. 

T.  V,  ae.  P.  a 


10  . OSSEMENS 

craie  et  la  plupart  de  ces  terrains  antérieurs,  jusques  à la  grande  for- 
mation houillière,  fourmillent,  en  certains  endroits , de  tortues,  de 
lézards  et  de  crocodiles,  espèces  au  contraire  fort  rares  dans  les  ter- 
rains superficiels. 

Nous  remontons  donc  à un  autre  âge  du  monde,  à cet  âge  où  la 
terre  n’étoit  encore  parcourue  que  par  des  reptiles  à sang  froid,  où 
la  mer  abondoit  en  ammonites,  en  bélemnites,  en  térébratules , en 
cncrinites,  et  où  tous  ces  genres,  aujourd’hui  d’une  rareté  prodi- 
gieuse, faisoient  le  fond  do  sa  population. 

C’est  cet  âge  que  les  géologistes  ont  nommé  celui  des  terrains  se- 
condaires. Peut-être  conviendroit-il  au  plan  de  notre  ouvrage  de 
donner  ici  une  énumération  de  ces  terrains,  et  une  description  de 
leur  nature  et  de  leur  superposition,  semblables  à celles  que  nous 
avons  données  pour  les  terrains  tertiaires  dans  notre  second  volume, 
à l’occasion  des  ossemens  de  nos  plâtrières  de  Paris  ; mais  cette  tâche 
a été  si  bien  remplie,  et  par  des  géologistes  mieux  placés  que  nous 
pour  s’en  acquitter,  que  nous  ne  pouvons  rien  faire  de  mieux  que 
de  renvoyer  nos  lecteurs  aux  excellens  ouvrages  qui  viennent  de  pa- 
roître  sur  ce  sujet.  En  effet,  ce  n’est  pas  dans  le  canton  que  nous 
habitons,  mais  c’est  en  dehors  de  la  vaste  enceinte  de  craie  qui  nous 
entoure,  que  les  terrains  secondaires  se  relèvent  assez  pour  être  étu- 
diés commodément  J c’est  entre  la  craie  et  les  terrains  primitifs  qu’ils 
se  montrent  à jour,  et  l’Allemagne  d’un  côté , l’Angleterre  de  l’autre, 
sont  les  deux  théâtres  où  il  a été  possible  d’en  vérifier  la  succession 
et  d’en  faire  une  histoire  un  peu  complète. 

Werner  a commencé  par  cette  étude  la  grande  réforme  qu’il  a 
introduite  dans  la  géologie;  et  les  recherches  plus  étendues  de  ses 
élèves,  et  principalement  de  MM.  de  Buch  et  de  Humboldt,  ont 
porté  ce  travail  à la  plus  grande  perfection.  Les  résultats  en  ont 
été  présentés  fort  nettement  dans  notre  langue  dans  l’ouvrage  de 
M.  de  Bonnard  , intitulé  Aperçu  géognostique  des  Terrains  ; et 
M.  de  Humboldt  vient  de  les  offrir  de  nouveau , avec  encore  plus  de 
détails,  et  une  foule  d observations  aussi  précieuses  que  nouvelles, 
dans  son  Essai  géognostique  sur  le  gisement  des  Roches.  Une 


DE  REPTILES.  H 

série  d’observations  analogues  a été  suivie  avec  une  grande  persé- 
vérance en  Angleterre  par  les  membres  delà  Société  géologique  de 
Londres,  et  la  disposition  de  ces  terrains,  telle  quelle  existe  en  ce 
pays,  a été  présentée,  en  i8i6,  dans  les  tableaux  de  M.  Buckland,  et 
en  1822 , dans  l’excellent  ouvrage  de  MM.  Conjbeare  Phillips,  in- 
titulé Esquisse  de  la  Géologie  d Angleterre  et  du  pays  de  Galles. 

11  ne  reste  donc  qu’à  établir  d’une  manière  plus  certaine  la  concor- 
dance et  riiarmonie  des  différens  systèmes  de  bancs  observés  de 
part  et  d’autre , et  c’est  à quoi  les  efforts  rémiîs  des  observateurs 
tendent  sans  cesse  et  conduiront  infailliblement  bientôt. 

En  attendant  je  puis  m’en  référer,  dans  la  suite  de  ces  recherches, 
aux  deux  ouvrages  principaux  que  je  viens  de  citer,  celui  de  M.  de 
Humboldt  et  celui  de  MM.  Conybeare  et  Phillips,  et  c’est  à eux  que 
je  renverrai  mes  lecteurs,  pour  les  preuves  de  la  position  respective 

des  fossiles  dont  je  vais  les  entretenir.  ^ 

Comme  dans  mon  histoire  des  ossemens  de  mammifères,  1 ordre 
que  je  suivrai  ne  sera  ni  entièrement  géologique,  ni  entièrement 

zoologique.  . 1 • 

Je  commence  par  les  crocodiles,  parce  que  c’est  leur  osteologie 
qui  me  sert  de  point  de  départ , et  aussi  parce  que  leurs  os  sont  ceux 
qui  se  trouvent  dans  Je  plus  grand  nombre  de  terrains  et  que  l’on 

y reconnoîl  avec  le  plus  de  facilite. 

Viennent  ensuite  les  tortues,  que  leur  grandeur  a fart  remarquer 
en  beaucoup  d’endroits,  et  qui,  par  l’ostéologie  de  leur  tête,  ainsi 
que  par  beaucoup  de  détails  de  leur  organisation,  se  rapprochent 
pour  le  moins  autant  que  les  crocodiles  de  la  classe  des  mammifères. 

Les  lézai’ds  seront  réunis  dans  le  troisième  chapitre,  et  nous  offii- 
ront  des  conformations  extraordinaires  dignes  de  toute  notre  attention. 

Je  ne  pourrai  donner  que  peu  d’espace  aux  os  de  serpens  et  d’oi- 
seaux , qui  ne  se  rencontrent  que  bien  rarement  parmi  les  fossiles  j 
mais  je  traiterai  avec  détail  des  batraciens,  non-seulement  à cause  de 
l’espèce  remarquable  de  cette  famille  cpe  l’on  a prise  long-temps 
pour  un  homme  fossile,  mais  encore  parce  que  c’est  sup  leur  anatomie 
que  l’on  a commis  le  plus  d’erreurs,  et  que  l’on  s’est  jeté  dans  plus  de 


î-'î  OSSEMENS  DE  REPTILES. 

suppositions  et  de  systèmes  sans  fondement;  et  cependant  cette  ana- 
tomie est  l’une  des  plus  importantes,  puisque  c’est  elle  qui  nous 
conduit  à l’explication  de  celle  des  poissons. 

C est  apres  avoir  étudié  ainsi  l’ostéologîe  des  familles  encore  exis- 
tantes de  reptiles  que  je  passe  à l’examen  d’une  famille  perdue , et 
plus  extraordinaire  peut-  être  que  toutes  celles  dont  je  parle  dans 
mon  livre;  de  ces  ichthyosaums  récemment  découverts  en  Angle- 
terre, et  qui  réunissent  des  caractères  si  singulièrement  combinés, 
cju  à 1 aspect  de  cjuelques-unes  de  leurs  parties  l’on  est  tenté  de  les 
confondre  avec  les  cétacés  ou  avec  les  poissons,  et  que  ce  n’est  que 
]>ar  une  connoissance  approfondie  de  l’ensemble  de  leur  scfuelette 
que  1 on  peut  se  convaincre  de  la  nécessité  de  les  classer  avec  les 
autres  reptiles. 

C est  par  eux  que  je  terminerai  cette  huitième  partie  et  tout  mon 
livre,  me  réservant,  si  ma  santé  et  mes  occupations  me  le  permet- 
tent , de  traiter  dans  un  autre  ouvrage  des  os  fossiles  de  poissons. 


CHAPITRE  PREMIER. 

Sur  les  Ossemess  de  Crocodiles, 


Il  existe  des  ossemens  de  crocodiles  dans  beaucoup  de  couches, 
soit  d’une  antiquité  moyenne,  comme  nos  plâtres  de  Montmartre  , 
soit  d’une  antiquité  plus  reculée  , telles  que  le  calcaire  qui  donne 
les  pierres  de  taille  des  environs  de  Caen  et  les  marnes  calcaires 
bleuâtres  des  environs  de  Honfleurj  mais  avant  d en  tracer  1 histoiie, 
il  est  nécessaire  de  bien  caractériser  Tostéologie  de  ce  genre,  et  de  la 
distinguer  de  celle  de  plusieurs  genres  voisins  dont  on  trouve  les  os 
dans  des  bancs  contemporains  de  ceux-lâ  ; et  avant  meme  de  procéder 
à ce  travail , il  est  convenable  de  débrouiller  1 histoire  des  differentes 
espèces  de  crocodiles  vivantes  aujourd’hui,  que  les  naturalistes  qui 
nous  ont  précédé  semblent  avoir  pris  plaisir  à confondre. 

Je  donnerai  d’autant  plus  de  soin  a ces  recherches  préliminaires, 
que  l’ostéologie  de  la  tète  du  crocodile  est  aussi  de  la  plus  grande 
importance  en  anatomie  comparée , en  ce  quelle  établit  des  rap- 
ports entre  celle  des  trois  classes  d’animaux  à poumons  , et  que  les 
liant  ainsi  les  unes  avec  les  autres,  elle  nous  fournit  les  moyens  les 
plus  simples  et  les  plus  svirs  de  reconnoître  l’analogie  des  os  qui 

entrent  dans  leur  composition. 

Je  diviserai  donc  ce  chapitre  en  trois  sections. 

Dans  la  première,  je  fixerai  les  caractères  distinctifs  des  espèces  de 
crocodiles  aujourd’hui  vivantes  •, 

Dans  la  seconde,  je  décrirai  l’ostéologie  de  ces  crocodiles; 

Dans  la  troisième,  je  ferai  connoître  les  ossemens  de  crocodiles 
découverts  jusqu’à  présent  dans  les  couches  terrestres. 


4 


CROCODILES 


PREMIÈRE  SECTION. 

Sur  les  différentes  espèces  de  Crocodiles  vivans  et  sur 

LEURS  CARACTÈRES  DISTINCTIFS. 

Article  premier. 

Remarques  -préliminaires. 

s 

\ 

La  détermination  précise  des  espèces  et  de  leurs  caractères  dis- 
tinctifs fait  la  première  basé  sur  laquelle  toutes  les  recherches  de 
Thistoire  naturelle  doivent  être  fondées.  Les  observations  les  plus 
curieuses,  les  vues  les  plus  nouvelles,  perdent  presque  tout  leur 
mérite  quand  elles  sont  dépourvues  de  cet  appui  ; et  malgré  Taridité 
de  ce  genre  de  travail,  c’est  par  là  que  doivent  commencer  tous  ceux 
qui  se  proposent  d’arriver  à des  résultats  solides. 

Mais  depuis  long-temps  les  naturalistes  ont  pu  s’apercevoir  que 
les  grands  animaux  sont  précisément  ceux  sur  les  espèces  desquels 
on  a le  moins  de  notions  exactes,  faute  de  pouvoir  i-éunîr  et  com- 
parer immédiatement  plusieurs  individus,  soit  à cause  de  leur  gran- 
deur et  de  la  dilBculté  de  les  tuer,  de  les  transporter  et  de  les  con- 
server, soit  à cause  de  l’éloignement  des  climats  qui  les  produisent. 

Ce  n’est,  par  exemple,  que  dans  ces  derniers  temps  quon  a appris 
qu’il  existe  plusieurs  espèces  àiéléphans  et  de  rhinocéros , et  quoi- 
que l’on  ait  eu  plus  anciennement  des  soupçons  sur  la  multiplicité  de 
celles  des  ci'ocodiles , on  peut  dire  que  les  caractères  qu’on  leur  as- 
signoit  étoient  si  variables,  et  quelquefois  si  peu  conformes  à la  vé- 
rité , que  ceux  qui  nioient  nette  multiplicité  d’espèces  ne  pouvoient 
être  blâmés. 

Les. anciens,  qui  auroient  pu  comparer  le  crocodile  proprement 
dit  des  Indes  avec  celui  du  Nil , ne  sont  point  entrés  dans  ce  détail  : 
l’un  d’eux  seulement  a indiqué  d’un  mot  le  gauial  et  le  crocodile 


VIVANS. 

ordinaire  du  Gange  (i) , et  ils  n’ont  observé  avec  un  peu  d’attention 
que  le  crocodile  d’Égypte  (2).  Il  est  vrai  qu’ils  l’ont  mieux  connu 
que  riiippopotame. 

Hérodote  en  donne  une  description  et  une  histoire  fort  exactes  (dj  ; 
et  dont  les  erreurs  même  sont  fondées  sur  quelque  chose  de  vrai, 

ainsi  que  l’a  prouvé  M.  Geoffroy  (4). 

Aristote  au  reste  avoit  déjà  réduit  à leur  juste  valeur  quelques- 
unes  de  ces  assertions  plus  ou  moins  erronées  du  père  de  1 histoire, 
et  avoit  ajouté  à la  description  extérieure  et  intérieure  de  cet  animal 
plusieurs  détails  très-vrais.  Les  successeurs  de  ces  deux  grands  écri- 
vains ne  firent  que  les  copier  (5) , ou  n’ajoutèrent  à leurs  récits  que 
des  traits  suspects  et  mêlés  d’idées  superstitieuses  (6). 

Telle  a été  en  effet  l’incurie  desHomains,  qu’avec  des  occasions 
infiniment  plus  nombreuses  qu’aucune  autre  nation  d’observer  des 
animaux  rares,  ils  n’ont  jamais  pris  cette  peine  par  eux-memes.  On 
peut  le  leur  reprocher  k l’égard  du  crocodile  autant  et  plus  qu’à 
l’égard  de  l’hippopotame.  Ils  virent  ces  deux  animaux  ensemble,  pour 
la  première  fois,  sousl’édililé  de  Scaunis  (7).  Les  crocodiles  y étoient 
au  nombre  de  cinq.  Dans  une  autre  occasion  l’on  vit  à Rome  de  ces 
animaux  conduits  par  des  liabitans  de  Dendera,  qui  jouoient  en 
quelque  sorte  avec  eux  (8).  Un  des  spectacles  les  plus  étonnans  de 
ce  genre  fut  sans  doute  celui  que  donna  Auguste,  Tan  de  Rome  748 , 
sept  ans  avant  notre  ère.  Ayant  fait  remplir  d’eau  le  cirque  de  Fla- 
minius , on  y montra  et  l’on  y fit  périr  trente-six  crocodiles  (9). 


(1)  Ællien,  Hb.  XII,  cap.  4i-  . ^ , 

(2)  JV.  B.  Je  ne  parle  pas  ici  de  leur  crocodile  terrestre  ou  scînque,  n est  autre  <ju  un 
monitor  {Vouaran  el  hard,,  monitor  terrestre).  Geojjfr.,  E.ept.  d’Eg. , I,  2;  Séb. , I, 
XGVIII,3. 

(3)  Lib.  Il , Euterp.,  cap.  LXYIII  et  suiv. 

(4)  Ann.  du  Mus.,  t,  II , p.  37. 

(5)  Diodor.,  Hb.  I,  cap.  XX;  Plin.,  Ub.  VIII,  cap.  XXIV. 

(6)  Tel  est  ce  nombre  de  60  appliqué  à leurs  dents , à leurs  vertèbres  et  à leurs  œufs , etc. , 
par  Ælien,  lib.  X,  cap.  2i. 

(7)  Plin.,  lib.  VIII , cap.  XXVI. 

(8)  Vfroi.^lib.  XVII,  p.  814. 

(9)  Dion  CûwjW,  lib.  LV,  p-  naea555.. 


i6  CROCODILES 

Antonîn  (i),  Héllogabale(2)  en  firent  voir  aussi,  et  il  est  probable 
qu’il  y en  eut  encore  dans  des  circonstances  que  les  auteurs  que  nous 
possédons  n’ont  point  rappelées. 

Néanmoins  les  Romains,  et  les  Grecs  qui  vécurent  sous  leur  do- 
mination , ne  profitèrent  de  toutes  ces  occasions  que  pour  donner 
quelque  exactitude  aux  figures  de  cet  animal. 

On  le  voit  en  effet  assez  bien  représenté  sur  leurs  médailles  et  sur 
leurs  monumens.  La  mosaïque  de  Palestrine,  la  plinthe  de  la  statue 
du  Nil,  les  médailles  si  connues  de  la  colonie  de  Nîmes , celles  d’A- 
drien et  d’autres  empereurs,  diverses  pierres  gravées  attestent  que 
leurs  artistes  en  avoient  sous  les  yeux  d’assez  bons  modèles. 

Mais  nulle  part  on  ne  peut  soupçonner  qu’aucun  ancien  natu- 
raliste en  ait  reconnu  plusieurs  espèces}  et  nous  verrons  à l’article 
du  crocodile  du  Nil,  que  ce  que  quelques-uns  d’entre  eux  ont  pu 
dire  d’un  crocodile  appelé  mchus  ou  suchù  n’infirme  pas  cette 
assertion. 

Quant  aux  modernes,  si  l’on  parcourt  ce  qu’ils  avoient  écrit  à ce 
sujet  avant  que  je  m’en  fusse  occupé , on  trouvera  que  leurs  méthodes 
plus  exactes  d’observer  et  de  classer  les  êtres  naturels  ne  les  avoient 
pas  beaucoup  servi  pour  ce  genre  d’animaux. 

Les  auteurs  les  plus  savans  du  dix-huitième  siècle  confondoient 
ou  mêloient  contre  toutes  les  règles,  soit  des  espèces  réelles  de  cro- 
codiles, soit  des  espèces  de  grands  lézards  qui  ne  peuvent  être  re- 
gardés comme  tels. 

Ainsi  Linnæus,  dans  les  éditions  données  de  son  vivant,  n’admet- 
tolt  qu’un  seul  crocodile,  sans  même  en  vouloir  distinguer  \ espèce 
à bec  allongé  du  Gange. 

Son  contemporain  Gronovius  (3)  sépara  du  crocodile  propre- 
ment dit  le  caïman  ou  crocodile  â!  Amérique,  le  crocodile  du  Gange, 
auquel  il  réunit  le  crocodile  noir  d’Adanson,  et  une  quatrième  es- 
pèce qu’il  nomma  crocodile  de  Ceylan,  et  c|u’il  distingua  par  ce  ca- 


(r)  Jules  Capitol.,  inïlist.  Aug. , p.  1/J2. 

(2)  Latnprid. , ib.  , 497- 

(3)  Zoophjlacium , I,  p.  10. 


VIVANS.  17 

ractère  accidentel  et  propre  uniquement  a son  individu  d avoir  seu- 
lement les  deux  doigts  extérieurs  entièrement  palmés. 

Laurent!  (1)  établit,  outre  le  crocodile  et  le  càiman , deux  es- 
pèces particulières  fondées  seulement  sur  de  mauvaises  figures  de 
Séba  {^crocodilus  africanus  et  C.  terrestris')  \ mais  il  oublia  entiè- 
rement le  gavial  et  le  crocodile  noir. 

]VI,  de  Lacépède  (2)  , admettant  quatre  espèces  comme  les  deux 
ju’écédens , les  combinoit  encore  autrement  ; savoir  : le  crocodile,  sous 
lequel  il  rangeoit , à l’exemple  de  Linnæus,  les  crocodiles  ordinaires 
de  l’ancien  et  du  nouveau  continent,  comme  une  seule  et  même  es- 
pèce; le  crocodile  noir,  qui!  ne  faisoit  qu’indiquer  d’après  Adanson; 
\q  gavial  ou  crocodile  à long  bec  du  Gange,  dont  il  donna  le  pre- 
mier une  bonne  description  ; enfin  un  animal  qu’il  wommdsX  fouet le- 
queue,  parce  qu’il  le  jugeoit  le  même  que  le  lacerta  caiidwerhera 
de  Linnæus.  Sa  description  étoit  prise  seulement  d’une  figure  altérée 
de  crocodile,  donnée  par  Seba,  pl.  io6,  1. 1. 

Gmelin  (3)  les  réduisoit  toutes  à trois:  10.  en  réunissant  le  croco- 
dileoxdi\xid\XQcX\Qcrocodïlusaf ricanas  de  Laurent!  sous  son  lacerta 
crocodilus-,  20.  en  réunissant  également  le  gavial,  le  crocodiliis, 
terrestris  de  Laurenti  et  le  crocodile  noir,  so\xs  &on  lacerta  gan- 
geticaj  3°.  en  séparant  le  caïman  sous  le  nom  de  lacerta  alli- 

gator. 

Enfin  Bonnaterre  (4)  revenoit  au  nombre  quartenaire  en  ajoutant 
\q  foiiette~queiie  de  M.  de  Lacepede  aux  trois  especes  de  Gmelin , et 
en  négligeant  le  crocodile  noir. 

Cependant  ces  difiërences  dans  l’établissement  des  espèces  n étoient 
rien  en  comparaison  de  celles  qui  existoient  dans  leurs  caractères  et 
surtout  dans  leur  synonymie. 

Ceux  qui,  comme  Linnæus  et  M.  de  Lacépède,  reunissent  en  üne 
seule  espèce  tous  les  crocodiles  à museau  court , y étoient  d’autant 

(0  Specim.  exhih.  sfnojjsin  Repiiliuin,  p.  53  et  54- 

(9.)  Hist.  nat.  des  Quadrup.  ovip.,  1 , 182  et  suiv. 

(3)  Sjst.  nat.,  p.  1057. 

(4)  Ençfclop.  rnélkod.,  Erpétologie,  p.  3a  et  suiv. 

T.  V,  2.  P. 


3 


i8  CROCODILES 

plus  autorisés  que  ceux  qui  vouloient  les  distinguer  n’en  saisissoient 
point  les  véritables  caractères. 

Par  exemple,  M.  Blumenbach,  dans  ses  anciennes  éditions,  et 
Gmelin,  d’après  lui,  disoient  du  crocodile:  Capite  cataphracto , 
nucha  cajinata;  et  du  caïman  ( lac.  alligator')  : Capite  imhricato 
piano , nucha  nuda. 

Or  la  tète  est  cuirassée  (^cataphractum)  dans  toutes  les  espèces  j 
aucune  ne  la  tuilée  {^imbricatum) ^ il  ii’y  en  a pas  mêine  l’appa- 
rence. Pour  plane  f elle  1 est  dans  toutes  5 toutes  ont  la  nuque  garnie 
d’un  bouclier  écailleux  et  non  nue.  Enfin  l’on  ne  comprend  pas  com- 
ment cette  nuque  pourroit  être  carenéej  car  ce  mot  ne  peut  signifier 
cpie  formée  de  deux  plans  qui  font  un  angle  ensemble:  or  c’est  ce 
dont  aucun  crocodile  ne  présente  même  l’apparence. 

Quant  à l’autre  caractère  cju’ils  assignoient  : Cauda  cristis  latera- 
libiis  horrida  et  lineis  lateralibus  aspera,  ce  sont  des  différences 
du  plus  au  moins  qui  varient  dans  les  mômes  espèces,  et  qui  par 
conséquent  ne  les  distinguent  point  les  unes  des  autres. 

Bonnaterre  donnoit  à son  crocodile  pour  caractère  d’être  : Pe- 
dibus  posteiioribus  tetradactjlis  palmatis  iriunguiculatis , rostro 
subconico  elojigato;  caractère  vrai,  mais  qui  ne  distingue  rien. 

Celui  qu’il  donnoit  à sou  caïman  : Pedihus  posteriorïbus  tetra- 
dactjlisjissis  unguiculatis , étoit  Taux;  et  la  suite,  rostro  depresso 
sursurn  l'eflexo , ne  l’étoit  guère  moins. 

Laurenti  donnoit  a son  caïman  ou  crocodile  d! dimérique  cinq 
doigts  a tous  les  pieds,  parce  qu  il  se  fondoit  sur  cette  même  figure 
fautive  de  Séba,  lab.  106. 

Gronovius  étoit  le  seul  qui  eut  connu  une  partie  des  caractères 
xee\s , plantis  palmatis , etplantis  mx  semi palmatis  ^ mais  il  n’a- 
voit  point  fait  mention  de  ceux  qui  se  tirent  des  dents  et  de  plusieurs 
autres  encore  : d’ailleurs  tout  ce  qu’il  avoit  dit  avoit  été  négligé  par 
ses  successeurs.  • 

Et  si  Ion  vouloit  suppléer  à ces  caractères  imparfaits,  en  consul- 
tant les  figures  indiquées  par  chaque  auteur  comme  représentant  les 
espèces  qu  il  etablissoit , on  tomboit  dans  de  nouveaux  embarras. 


VIVANS.  19 

Gmelin  cltoit,  sous  Lj.  crocodilus , la  fig.  3,  pl.  io5  de  Séba,  qui 
est  un  caïman  (celui  que  uous  appellerons  à paupières  osseuses^ , 
etmettoit,  sous  L.gangetica  ou  \ q gaçial , toutes  celles  de  la  pl.  io4> 
qui  sont  en  partie  des  caïmans , en  partie  des  crocodiles.  11  citoit 
sous  ce  même  gangeiica  la  fig.  i , pl-  io3 , qui  est  un  crocodile'^  et 
sous  crocodilus  les  fig.  2 et  4 5 ^tii  sont  à peine  caractérisées.  La 
fig.  2 revenoit  une  seconde  fois  sous  le  fouette-queue.  Sous  L.  al- 
ligator, Gmelin  cite,  d’après  Laurenti,  la  pl.  106,  qui,  comme  nous 
l’avons  dit , n est  qu’une  figure  altérée  du  crocodile. 

C’est  cette  même  figure  dont  MM.  de  Lacépède  et  Bonnaterre 
font  \emJouette-queue,  et  qu’ils  associent  à celle  de  la  pl.  3 19  du 
premier  volume  de  Feuillée,  qui  est  un  gecko. 

Gmelin,  de  son  côté,  associoit  à ce  gecko  la  fig.  2,  pl.  io3,  qui 

paroît  un  vrai  crocodile. 

Gronovius  donnoit  comme  une  excellente  figure  de  crocodile  la 
douzième  de  la  pl.  io4,  assez  bonne  à la  vérité,  mais  qui  a un  doigt 
de  trop. 

11  étoit  donc  impossible  de  rien  imaginer  de  plus  embrouillé. 

Ayant  besoin  pour  mes  recherches  sur  \cs  crocodiles  j^ossiles  de 
me  faire  des  idées  justes  sur  les  crocodiles  vwans , j essayai,  il  y a 
vingt  et  quelques  années,  d’éclaircir  ce  sujet. 

Mon  premier  soin  dut  être  d’établir  en  peu  de  mots  les  caractères 

qui  circonscrivent  le  genre. 

J’appelai  crocodiles,  avec  Gmelin  et  M.  Brongniart,  tous  les  lé- 
zards ou  reptiles  sauriens  qui  ont , 

lo.  La  queue  aplatie  par  les  côtés  j 

20.  Les  pieds  de  derrière  palmés  ou  demi-palmés  ,• 

3».  La  langue  charnue  attachée  au  plancher  de  la  bouche  jus- 
que très-près  de  ses  bords,  et  nullement  extensible  ; 

4°.  Des  dents  aiguës  simples , sur  une  seule  rangée  j 

5°.  Une  seule  verge  dans  le  mâle. 

La  réunion  des  trois  premiers  caractères  détermine  le  naturel 
aquatique  de  ces  animaux , et  le  quatrième  en  fait  des  carnassiers 
voraces.  x 


3* 


20  CROCODILES 

Tous  les  animaux  connus  jusqu’à  présent  dans  ce  genre  réunissent 
encore  les  caractères  suivans,  mais  qui  pourroient  se  trouver  un  jour 
moins  généraux  et  moins  essentiels. 

lo.  Cinq  doigts  de[>ant , quatre  derrière- 

20.  Ti-ois  doigts  seulement  armés  di ongles  à chaque  pied  : ainsi 
deux  decant  et  un  derrière  sans  ongle  ; 

3o.  Toute  la  queue  et  le  dessus  et  le  dessous  du  cojps  revêtus 
d’ écailles  carrées  j 

4°.  La  plus  grande  partie  de  celles  du.  dos  relevées  d arêtes 
longitudinales  plus  ou  moins  saillantes  ^ 

5°.  Les  flancs  garnis  seulement  de  petites  écailles  rondes  ; 

. 6o.  Des  arêtes  semblables Joj-mant  sur  la  base  de  la  queue  deux 
crêtes  dentées  en  scie , lesquelles  se  réunissent  en  une  seule  sur  le 
l'este  de  sa  longueur - 

70.  Les  oreilles  fermées  extérieurement  par  deux  lèvres  char^ 
nues- 

80,  Les  narines  formant  un  long  canal  étroit  qui  ne  s’ouvre 
intérieurement  que  dans  le  gosier  - 

Cf.  Les  yeux  munis  de  ti'ois  paupières  - 

1 0°.  Deux  petites  poches  qui  s’ouvrent  sous  la  gorge  et  contien- 
nent une  substance  musquée. 

Leur  anatomie  présente  aussi  des  caractères  communs  à toutes  les 
espèces,  et  qui  distinguent  très-bien  leur  squelette  de  celui  des  au- 
tres sauriens. 

I O.  Leurs  vertèbres  du  cou  portent  des  espèces  de  fausses  côtes 
qui,  se  touchant  pai'  leurs  extrémités , empêchent  V animal  de 
tourner  entièrement  la  tête  de  côté^ 

20.  Leur  sternum  se  prolonge  au-delà  des  côtes  et  porte  des 
fausses  côtes  d’une  espèce  toute  particulière  qui  ne  s’articulent 
point  avec  les  vertèbres , mais  ne  servent  qu’à  garantir  le  bas- 
ventre , etc. 

D’après  tous  ces  caractères,  les  crocodiles  formèrent  pour  moi  un 
genre  très-naturel,  que  dilférens  auteurs  systématiques  avoient  plus 
OU  moins  pressenti,  mais  auquel  ils  avoient  eu  le  tort  de  joindre  des 


VIVANS.  ' 21 

espèces  qui  av oient  bien  le  caractère  assigne  par  leur  système,  mais 
qui  s’éloignoient  du  genre  pour  tout  le  reste. 

Pour  arriver  ensuite  à la  distinction  des  especes,  je  commençai  pai 
mettre  de  côté  les  crocodiles  à long  bec,  vulgairement  nommés  cio- 
codiles  dit  Gange  ou  gafiials,  et  qui  formoient,  de  1 aveu  de  tout 
le  monde , au  moins  une  espèce  bien  distincte. 

Alors  il  me  resta  tout  ce  que  l’on  connoissoit  sous  les  noms  vul- 
gaires, et  souvent  pris  l’un  pour  l’autre,  de  crocodile , et  de  caïman 
ou  àl alligator. 

Ces  animaux  sont  extrêmement  multipliés  dans  les  cabinets  de 
France,  à cause  de  nos  relations  avec  l’Égypte,  le  Sénégal  et  la 
Guyane  , qui  sont , avec  les  Indes  orientales  , les  climats  ou  on 
trouve  le  plus  de  crocodiles. 

J’en  examinai  à cette  époque  près  de  soixante  individus  des  deux 
sexes,  depuis  douze  à quinze  pieds  de  longueur  jusqu’à  ceux  qui 
sortent  de  l’œuf,  et  je  crus  voir  qu’ils  se  réduisoient  tous  h deux  es- 
pèces, que  je  définis  ainsi  r 

lo.  Crododile:  à museau  ohlong , dont  la  mâchoire  supériem'e 
est  échancrée  de  chaque  côté  pour  laisser  passer  la  quatrième 
dent  d’ en-bas  , à pieds  de  derrière  entièrement  palmés. 

20.  Caïman:  à museau  obtus,  dont  la  mâchoire  supérieure 
reçoit  la  quatrième  d'en -bas  dans  un  creux  particulier  qui  la 

cache',  à pieds  de  derrière  demi-palmés. 

Tous  les  individus  de  la  première  forme  dont  je  pus  alors  apprendre 
l’origine  avec  certitude  venoient  du  Nil,  du  Sénégal,  du  Cap  ou  des 
Indes  orientales. 

Tous  ceux  de  la  seconde  dont  je  pus  apprendre  l’origine  avec  cer- 
titude venoient  d’Amérique  , soit  de  Cayenne  ou  d’ailleurs. 

J’établis  donc  à celle  époque  deux  espèces  bien  distinctes  de  cro- 
codiles, sans  compter  ceux  à long  museau,  et  je  crus  pouvoir  assigner 
pour  patrie , à l’une , l’ancien , à l’autre , le  nouveau  continent. 

J’en  indiquai  une  troisième  , celle  de  l’Amérique  septentrionale  , 
dont  je  n’avois  alors  qu’un  seul  individu,  et  dont  la  distinction  s est 
confirmée  depuis. 


22  CROCODILES 

Je  cherchai  enfin  à rapporter  à chaque  espèce  les  différentes  figures 
éparses  dans  les  auteurs. 

Tels  furent  l’objet  et  les  résultats  de  ce  premier  travail  , cjue  je 
consignai,  en  i8oi,  dans  les  Archives  zootomiques  et  zoologi- 
ques de  feu  Wiedenian,  professeur  à Brunswick,  t.  II,  cah.  II, 
p.  i6i  et  suiv. 

Mais  pendant  les  dix.  années  qui  se  sont  écoulées  entre  l’impression 
de  ce  mémoire  et  la  première  édition  de  mon  ouvrage  sur  les  os 
fossiles,  il  s est  fait  sur  les  cvocodiles  des  recherches  importantes  , 
soit  par  divers  naturalistes  français  ou  étrangers,  soit  par  moi-même- 

et  ces  recherches  ont  modifié  en  deux  sens  différens  les  résultats 
que  j’avois  obtenus. 

Elles  ont  montre,  i<>.  que  ce  que  je  regardois  seulement  comme 
deux  espèces  y formoient  réellement  deux  subdiAsions  du  genre , 
susceptibles  de  se  partager  elles-mêmes,  au  moyen  de  caractères  se- 
condaires, en  plusieurs  espèces  différentes  • 

. Que  ces  deux  subdivisions  ne  sont  pas  entièrement  propres 
aux  deux  continens  auxquels  je  les  attribuois  respectivement,  mais 
que  le  crocodile  de  Saint-Domingue  , par  exemple,  quoique  for- 
mant bien  une  espece  a part,  ressemble  neanmoins  beaucoup  plus 
aux  crocodiles  proprement  dits , ou  de  l’ancien  continent , qu’à  ceux  ' 
qui  se  trouvent  le  plus  communément  dans  le  nouveau,  et  auxquels 
j’ai  restreint  le  nom  de  caïmans^ 

3o.  Il  seroit  donc  possible  que  1 on  découvrît  réciproquement  par 
la  suite  dans  1 ancien  continent  quelque  espèce  appartenante  à la 
subdivision  des  caïmans. 

Il  est  juste  que  je  rapporte  ici  les  noms  de  ceux  à qui  nous  devons 
les  augmentations  de  nos  connoissances  sur  ce  genre  important. 

Je  ne  peux  pas  ranger  dans  le  nombre  ceux  qui  ont  travaillé  aux 
nouvelles  éditions  de  Buffonj  ils  n’ont  rien  donné  d’original  : leurs 
figures  même  sont  copiées  d’après  d’autres  figures  et  mal  choisies.  Le 
seul  llaudin  a indiqué,  sous  le  nom  de  crocodile  à large  museau ^ 
une  espèce  nouvelle  qui  paroît  être  la  même  que  mon  caïman  à 
paupières  osseuses. 


VIVANS.  23 

Shaw  n’y  appartient  pas  non  plus.  Dans  son  Histoire  des  Rep- 
tiles, imprimée  en  1802  (i),  il  n’admet  que  deux  especes  a museau 
court,  le  crocodile  coimnun  et  Y alligator  j mais  pour  représenter 
Y alligator , il  prend , d’après  Gmelin  et  Laurent! , cette  figure  al- 
térée de  Séba  dont  d’autres  avoient  fait  \e  fouette-queue  j et  ses 
deux  figures  de  crocodiles , pl.  55  et  58 , sont  des  caïmans.  Ses  ca- 
ractères sont  les  anciens  de  M.  Blurnenbach  et  de  Gmelin. 

Je  ne  puis  y ranger  davantage  feu  M.  Faujas  de  Saint-Fond,  quoi- 
qu’il ait  écrit  deux  fois  ex  professa  sur  le  genre  des  crocodiles. 

Au  lieu  de  vérifier  sur  les  individus  nombreux  quil  avoit  a sa  dis- 
position les  caractères  que  j’avois  assignés  aux  crocodiles  et  aux 
caïmans,  il  aima  mieux  prononcer  sans  examen,  que  « le  caïman 
))  est  si  rapproché  de  l’espèce  d’Afrique,  que  quelques  naturalistes, 
» et  je  suis  du  nombre  (ajoute-t-il) , ne  le  regardent  que  comme 
» une  simple  variété  qui  tient  au  climat  (2).  » 

La  preuve  que,  comme  je  l’avance,  il  n’ avoit  point  examiné  la 
question,  c’est  qu’il  avoit  donné  quelque  temps  auparavant  une 
figure  d’un  crocodile , qu’il  croyoit  faite  « d’après  un  individu  d A- 
» frique  de  douze  pieds  de  long , conservé  au  Muséum  d’Histoire 
» naturelle  (3)  j mais  qu’il  s’étoit  laissé  tromper  par  son  dessinateur, 
qui  avoittrouvé  plus  commode  de  copier  la  pl.  64  des  Mémoires 
pour  seivir  à V Histoire  des  Animaux , en  y changeant  seulement 
le  paysage.  Je  suis  d’autant  plus  obligé  de  relever  cette  erreur  singu- 
lière d’un  ouvrage  répandu,  que  cette  figure  appartient,  non  pas  au 
ciyocodile  d’ Afrique,  mais  à celui  de  Siamj  espèce  très-différente , 
comme  on  le  verra  bientôt,  et  que  nous  ne  possédons  malheureuse- 
ment point  dans  les  collections  de  Paris.  Cependant  c’est  cette  même 
figure  qu’on  a fait  copier  encore  dans  le  Buffon  de  Déterville  pour 
représenter  le  crocodile  du  Nil. 

Une  seconde  preuve  que  M.  Faujas  n’avoit  pas  suffisamment  exa- 
miné la  question , c’est  ce  qu’il  ajoute  [Essais  de  Géol. , I , p-  1 52  ) , 

(1)  Gener.  Zoolog.,  vol.  III,  part.  I,  Amphibia. 

(2)  Essais  de  Géol.,  I,  i49- 

(3)  Hist.  nat.  de  la  montagne  de  Saint-Pierre , p.  23 1. 


24  CROCODILES 

qu’en  « supposant  même  qu’il  existât  des  caïmans  dans  l’état  fos- 
))  sile,  la  demi-palmure  de  leur  pied  de  derrière  disparoîtroit,  et 
» que  leur  second  caractère  ne  seroit  guère  plus  stable.  « Comme  ce 
second  caractère  consiste  dans  la  forme  des  têtes  osseuses,  il  est  évi- 
dent qu’il  seroit  aussi  stable  qu’aucun  de  ceux  que  l’on  peut  recon- 
noître  dans  les  fossiles. 

C’est  donc  feu  M.  Schneider,  M.  Blumenbach  et  mon  savant  con- 
frère M.  Geoffroy-Saint- Hilaire,  qu’il  faut  considérer  comme  ayant  le 
plus  enrichi  dans  ces  derniers  temps  Thistoire  des  crx)cod'iles. 

Le  premier  écrivoit  h peu  près  en  même  temps  que  moi,  et  nous 
ne  connoissions  point  réciproquement  notre  travail. 

Après  avoir  recueilli  avec  soin  les  passages  des  anciens  sur  le  cro- 
codile,,  il  cherche  à se  faire  une  idée  nette  du  \v&\ crocodile  du  Nil. 

Pour  cet  effet,  il  rassemble  ce  que  divers  auteurs  modernes  ont 
dit  de  l’extérieur  et  de  l’intérieur  du  crocodile  en  général , et  com- 
pare cette  description  ainsi  recomposée  avec  celle  du  crocodile  de 
Siarn,  faite  par  les  missionnaires,  g\.  ceW^àl un  crocodile d’jdniérique 
faite  par  Plumier,  dont  le  manuscrit  se  conserve  h Berlin. 

Mais  comme  les  différences  qu’il  déduit  de  cette  comparaison  ré- 
sultent seulement  des  termes  ou  de  la  manière  de  voir  des  auteurs,  et 
qu’aucun  d’eux  n’a  eu  1 intention  de  donner  des  caractères  distinctifs  j 
comme  d’ailleurs  le  hasard  a voulu  que  Plumier  ait  disséqué  précisé- 
ment celle  des  espèces  américaines  qui  rentre  dans  la  forme  des  <?roco- 
diles  proprement  dits,  je  veux  dire  celle  de  Saint-Domingue,  ainsi 
qu’on  petit  s’en  convaincre  par  ses  dessins  originaux  encore  aujour- 
d’hui déposés  à la  Bibliothèque  du  Roi  (i)  , ce  travail  de  M.  Schnei- 
der n’a  mené  à rien  qui  ait  éclairci  les  espèces,  si  ce  n’est  celle  deSiam, 
dont  les  particularités  se  font  bien  remarquer  dans  cette  comparaison. 

(0  II  paroU  , d’après  les  publications  partielles  de  MM.  Bloch  et  Schneider , que  l’on  pos- 
sède à Berlin  des  manuscrits  de  Plumier,  copiés  par  lui-même  on  par  un  autre  , et  plus  ou 
moins  semblables  à ceux  de  Paris.  Ceux-ci  offrent  des  dessins  au  simple  trait , mais  d’une 
pureté  admirable , non-seulement  du  crocodile  de  Saint~Domingue , mais  encore  de  Viguane 
cornu,  de  la  grande  lortue  de  mer,  et  d’une  multitude  de  reptiles,  de  poissons,  etc. , avec 
beaucoup  de  détails  anatomiques.  Il  est  fort  à regretter  qu’aucun  savant  français  n’ait  encore 
longé  à publier  complètement  ce  riche  trésor. 


VIVANS.  .25 

L’espèce  du  Nil  y est  même  si  peu  constatée  que  la  plupart  des 
caractères  qui  paroissent  lui  revenir  dans  ce  résumé  sont  réellement 
ceux  du  caïman.  Le  crâne  dont  M.  Schneider  donne  la  figure  n’est 
pas  non  pins  d’un  crocodile , mais  bien  de  l’espèce  de  caïman  que 
j’appelle  à paupières  osseuses. 

11  se  trouve  néanmoins  dans  les  passages  allégués  plusieurs  indica- 
tions vraies  et  utiles  sur  la  multiplicité  des  espèces  en  Amérique. 

Laissant  donc  le  crocodile  du.  NU  jjour  ce  qu’il  pourra  être  , 
M.  Schneider  passe  h la  description  des  espèces  qu’il  en  croit  diffé- 
rentes , et  parmi  lesquelles  il  y en  a plusieurs  que  nous  avons  recon- 
nues dans  les  nôtres.  En  voici  l’énumération  : 

1».  Le  crocodile  de  Siam  des  missionnaires.  Celui-là  paroît  réel- 
lement distinct , et  M.  Schneider  a le  mérite  d’avoir  le  premier  re- 
connu ce  fait  dans  l’ouvrage  où  il  étoit  jusque-là  reste  comme  enfoui. 

20.  Celui  qu’il  nomme  porosus ^ et  qu’il  décrit  d’après  les  individus 
des  cabinets  de  Bloch  et  de  Gœttingen.  Ce  n’est  probablement  pas 
autre  chose  que  notre  crocodile  à deux  arêtes.  Les  poires  à chaque 
écaille,  dont  M.  Schneider  a cru  devoir  faire  un  caractère  spécifique, 
se  retrouvent  plus  ou  moins  dans  tous  les  crocodiles  proprement 
dits,  dont  son  C.  porosus  a d’ailleurs  toutes  les  autres  marques  gé- 
nériques. 

3o.  Le  lojigirostris  ou  gaçial,  reconnu  de  tout  le  monde. 

4®.  Celui  qu’il  nomme  sclerops,  et  qui  est  précisément  le  caïman 
le  plus  ordinaire  à la  Guyane  celui  que  nous  nommerons  caïman  a 
lunettes'),  facile  à reconnoître  à l’arête  transversale  quil  a devant 
les  orbites.  M.  Schneider  le  donne  un  peu  en  hésitant  pour  le  croco- 
dile du  Nil,  mais  tout-à-fait  à tort. 

Telles  sont  les  espèces  bien  reconnoissables  pour  moi  dans  les  des- 
criptions de  M.  Schneider. 

5».  Son  crocodilus  trigonatus  paroît,  surtout  par  la  citation  qu’il 
fait  de  la  fig.  3,  pl.  xo5  de  Séba,  entièrement  le  même  que  notre 
caïman  à paupières  osseuses)  mais  sa  description  ne  s’y  accorde 
pas  bien. 

6».  Son  crocodilus^  carinatus , Xoopholis  et  lepalmatus  appar- 

T.  V,  2e.  P.  4 


CROCODILES 


26^ 

tiennent  tous  les  trois  à ma  division  àe?,  crocodiles  j mais  je  ne  puis 
voir  dans  les  courtes  indications  qu’il  en  donne  aucun  caractère  suf- 
fisant pour  les  rapporter  à une  espèce  plutôt  qu’à  une  autre. 

7 O.  Enfin  son  crocodilus penfonix  est  un  être  imaginaire.  Il  dit 
que  c’est  le  crocodilus  tei'restris  de  Laurenti  ; mais  ni  Laurent!  ni 
M.  Schneider  ne  l’ont  vu , et  tous  les  deux  s’appuient  sur  les  figures 
de  la  pl.  104  de  Séba,  et  sur  la  fig.  i de  la  pl.  io3. 

Or  toutes  ces  figures  sont  faites  sans  aucun  soin  : les  unes,  d’après 
de  jeunes  caïmans  soxliintàe  l’œuf  j les  autres,  comme  la  12^. , pl.  io4> 
d’après  de  jeunes  crocodiles.  L’ouverture  des  oreilles,  dans  la  fig.  i , 
pl.  io3,  est  un  effet  du  dessèchement;  les  cinq  ongles  en  sont  un  de 
l’incurie  de  l’artiste.  Si  l’on  songe  qu’il  y a des  ongles  de  trop  dans 
les  figures  de  crocodiles  les  plus  modernes,  tandis  que  le  texte  cjui 
les  accompagne  dit  formellement  le  contraire,  comment  établira-t- 
on  une  espèce  sur  de  simples  figures  où  le  texte  ne  dit  rien  ? 

Dans  l’état  actnel  des  observations  effectives,  je  ne  puis  croire  à 
un  crocodile  à cinq  doigts  et  à cinq  ongles  à tous  les  pieds  que 
lorsqu’on  me  le  montrera. 

Telle  est  l’analyse  des  espèces  de  crocodiles  proposées  par 
M.  Schneider  dans  le  deuxième  cahier  de  son  Histoire  des  Amphi- 
bies. 

Il  faut  que  ce  savant  professeur  ait  eu  autrefois  des  idées  bien  dif- 
férentes de  celles-là  ; car  M.  Blumenbach  dit  avoir  réformé  d’après 
lui,  dans  sa  sixième  édition  imprimée  en  1799,  les  caractères  du 
CROCODILE  et  du  CAÏMAN , qu’il  répète  encore  en  1808  ( dans  sa  VIIL. 
édition’).  Or  il  y attribue  au  crocodile  d’être  pourvu  scuto  supi'a- 
orhitali osseo , testa  calvariœ  integra  (ce  qui  désigne  notre  espèce 
de  caïman  a paupières  osseuses  ) , et  au  caïman  , tegmine  supra- 
orhitali  coriaceo , testa  calçarice  hifenestrata  (ce  qui  désigne  l’une 
quelconque  des  espèces  de  la  forme  du  vrai  crocodile). 

Ces  caractères  n’avoient  donc  pas  une  application  juste,  mais  ils 
etoient  fondés  sur  des  observations  réelles,  et  l’indication  des  pau- 
pières osseuses  étoit  surtout  un  fait  important  qui  pouvoit  diriger 
1 attention  vers  une  espèce  méconnue  jusque-là. 


VIVANS.  . 27 

M.  Geoffroy  nous  a rendu  le  service  éminent  d’apporter  enfin  de 
la  Thébaïde  un  crocodile  du  Nil  authentiquement  constate.  Il  nous 
a appris  que  les  pêcheurs  de  ce  pays-là  prétendent  enconnoître  deux 
autres  espèces.  11  a rapporté  un  crâne  momifié  tiré  des  catacombes, 
qui  l’a  mis  sur  la  voie  pour  retrouver  des  individus  analogues  dans 
nos  collections  de  Paris  ; et  comme  ce  crâne  et  ces  individus  diffèrent 
en  quelques  points  du  crocodile  ordinaire , il  les  a jugés  de  1 une  de 
ces  espèces  annoncées  par  les  pêcheurs.  Il  a pensé  C[ue  c’étoit  dans 
cette  espèce  que  l’on  prenoit  les  crocodiles  plus  particulièrement  ré- 
vérés des  Egyptiens,  et  que  c’étoit  à elle  qu  appartenoit  le  nom  de 
suchiis,  rapporté  par  Strabon  et  Photius.  Ses  nombreuses  observa- 
tions sur  les  habitudes  du  crocodile  expliquent  parfaitement  ce  c£ue 
les  anciens  en  avoient  dit  d’obscur  ou  de  douteux  , et  ajoutent  beau- 
coup à son  histoire  naturelle.  Il  a donné  enfin  une  description  com- 
parée des  os  qui  composent  la  tête  de  cet  animal,  laquelle  enrichit 
de  vues  nouvelles  et  intéressantes  l’osléologie  des  reptiles. 

Mais  ce  que  M.  Geoffroy  a fait  de  plus  important  pour  l’objet  ac- 
tuel de  nos  recherches , c’est  de  constater  la  ressemblance  étonnante 
du  crocodile  de  Saint-Domingue  avec  celui  AaNil,  et  par  consé- 
quent les  grandes  différences  qui  distinguent  le  premier  du  caïman 

le  plus,  commun  à Cayenne. 

En  effet,  le  général  Rochambeau  avoit  envoyé  à notre  Muséum 
un  crocodile  de  Saint-Domingue , prépare,  et  un  autre  plus  petit, 
vivant,  qui  mourut  au  Hâvre , mais  qui  arriva  a Paris  assez  frais  pour 
que  je  le  disséquasse. 

La  description  de  cette  espèce  par  M.  Geoffroy  est  inseree  dans  les 
Ann.  du  Mus.  d’TIist.  nat.  ^ t.  II , p.  53. 

Enfin  M.  Descourtils,  qui  a résidé  long-temps  à Saint-Domingue, 
a présenté  à l’Institut  une  anatomie  du  crocodile  de  ce  pays-là , faite 
sur  plus  de  quarante  individus  qu’il  a disséqués,  et  accompagnée 
d’une  foule  de  grands  dessins  : il  en  confirme  parfaitement  les  carac- 
tères. 

Un  extrait  de  son  travail  se  trouve  dans  l’ouvrage  c[u’il  a publié  en 
1809  sous  le  titre  de  D" oyage  d’un  Naturaliste,  t.  III. 

4”^ 


28  CROCODILES 

Ce  fut  avec  ces  matériaux  que  je  repris  mon  travail  en  i8io, 
j y joignis  une  quantité  d’échantillons  que  j’avois  encore  recueillis 
dans  divers  cabinets,  ou  qui  avoient  été  envoyés  au  Muséum  par  ses 
correspondans.  J’examinai  de  nouveau  tout  ce  que  j’avois  déjà  vu  ; 
je  parcourus  encore  une  fois  tous  les  auteurs  plus  anciens;  il  étoit 
impossible  que  de  cette  manière  je  ne  fisse  encore  de  grands  pas 
vers  la  vérité;  et  en  effet,  j’arrivai  à une  énumération  assez  distincte 
et  assez  complète  pour  qu’il  ait  été  long-temps  impossible  d’y  rien 
ajouter.  Feu  Brugmans  m’a  dit  que,  pendant  cinq  ou  six  ans,  il  avoit 
cherché  de  tous  côtés  à se  procurer  des  crocodiles,  sans  en  avoir 
obtenu  d espece  différente  des  miennes,  et  moi-méme,  qui  me  suis 
occupe  avec  non  moins  de  zele  de  cette  recherche,  je  n’en  ai  vu 
qu’une  seule  que  je  fusse  dans  le  cas  d’ajouter  à mon  catalogue. 


Article  II. 

Remarques  sur  les  caractères  communs  au  genre  des  Crocodiles  , 

et  sur  ses  limites. 


Nous  avons  présenté,  au  commencement  de  cette  section,  les 
caractères  communs  à tous  les  crocodiles. 

Ce  genre , ainsi  déterminé,  ne  peut  être  confondu  avec  aucun  autre 
genre  de  reptiles. 

La  DRAGONE,  ee  saurien  remarquable  que  M.  de  Lacépède  a fait 
connoitre  le  premier  avec  exactitude,  mais  qui  n’est  point,  comme 
il  la  cru,  le  lacerta  dracœna  de  Linnæus  (i);  la  dragone,  dis-je, 
se  distingue  suffisamment  des  crocodiles,  par  ses  pieds  de  derrière  à 
cinq  doigts  libres,  inégaux  et  onguiculés,  par  sa  langue  extensible 
et  fourchue,  par  ses  dents  postérieures  arrondies,  quoiqu’elle  s’en 
rapproche  un  peu  par  la  forme  de  ses  écailles  et  par  sa  queue  forte- 

(i)  Le  lacerta  dracœna  de  Linnæus  a»  . 

mmüor  * Im,  k mto.  "J,;  J,  '' 


VIVANS.  2g 

ment  comprimée.  Elle  appartient,  ainsi  cjue  le  lezardet , lacerta 
hicarinata , à la  tribu  des  sauvegardes  d’ Amérique  (i). 

Ces  caractères  ne  souffrent  point  d’exceptions  en  dedans  du  genre. 
Tous  les  crocodiles  à cinq  doigts  derrière  , à doigts  de  derrière  libres 
et  à doigts  tous  onguiculés,  indicpés  par  quelques  auteurs,  sont  uni- 
quement fondés  sur  des  figures  de  Séba,  faites  sans  aucun  soin,  d’a- 
près des  individus  qui  n’avoîent  aucun  de  ces  caractères  hétéroclites 
que  le  peintre  leur  attribuoit  par  étourderie.  Je  puis  le  dire  avec 
d’autant  plus  d’assurance , que  la  plupart  des  individus  de  Séba 
m’ont  passé  sous  les  yeux  , soit  dans  les  cabinets  de  Hollande,  soit 
dans  l’ancienne  collection  du  stadhouder. 

\ 

Article  III. 

Division  du  genre  Crocodile  en  trois  sous-genres.  — Caractères 

de  ces  sous-genres. 

Notre  ancienne  division  se  trouve  parfaitement  confirmée  par  nos 
observations  nouvelles.  La  forme  générale  que  nous  venons  de  dé- 
terminer se  modifie  dans  ses  détails  en  trois  formes  particulières , 
auxquelles  il  convient  de  donner  des  noms. 

Nous  commencerons  par  ceux  dont  le  museau  est  plus  court,  et 
nous  terminerons  par  ceux  qui  l’ont  plus  allongé  : de  cette  maniéré 
les  crocodiles  proprement  dits,  ceux  qui  portent  ce  nom  de  toute 
antiquité , formeront  le  sous-genre  intermédiaire. 


(i)  On  verra  plus  loin  (au  chapitre  des  lézards)  que  l’ostéologie  de  la  dragonne  est  à pevi 
près  la  même  que  celle  du  sauvegarde  ; et  très-différente  de  celle  des  crocodiles. 


3o 


CROCODILES 


PREMiER  SOUS-GENRE. 

Les  CAÏMANS  (i)  (alligator)  (2)  ont  la  tête  moins  oblongue  que 
les  crocodiles ^ sa  longueur  est  à sa  largeur,  prise  à rarticulation  des 
mâchoires,  le  plus  souvent  comme  3 à 2.  Elle  n’est  jamais  plus  du 
double.  La  longueur  du  crâne  fait  plus  du  quart  de  la  longueur  to- 
tale de  la  tête.  Leurs  dents  sont  inégales  : ils  en  ont  au  moins  dix- 
neuf,  et  quelquefois  jusqu’à  vingt-deux  de  chaque  côté  en  bas;  au 
moins  dix-neuf,  et  souvent  vingt  en  haut. 

Les  premières  de  la  mâchoire  inférieure  percent,  à un  certain 
âge,  la  supérieure.  Les  quatrièmes,  qui  sont  les  plus  longues,  entrent 
dans  des  creux  de  la  mâchoire  supérieure,  où  elles  sont  cachées 
quand  la  bouche  est  fermée.  Elles  ne  passent  point  dans  des  échan- 
crures. 

Les  jambes  et  les  pieds  de  derrière  sont  arrondis,  et  n’ont  ni  crêtes, 


(1)  Le  nom  de  caïman  est  presque  généralement  employé  par  les  colons  hollandais  , fran- 
çais, espagnols,  portugais,  pour  désigner  les  crocoA'/ej  les  plus  communs  autour  de  leurs 
étahlissemens  ; ainsi  le  caïman  de  Saint-Domingue  appartient  au  sous-genre  qui  va  suivre  ; le 
caïman  de  Cajemie  à celui-ci.  Les  auteurs  ne  s’accordent  pas  sur  la  source  de  ce  nom.  Selon 
Bontius,  il  seroit  originaire  des  Indes  orientales  {jjer  lotam  Indiamck'^'micx  audit*).  Schouten 
est  du  même  avis Margrave\e  fait  venir  du  Congo  (jacare  Brasiliensibus , CAVMAN  Æthio- 
pibus  in  Congo  ***).  Rochefort  dit  qu’il  est  employé  par  les  insulaires  des  Antilles***'*'.  Un 
colon  de  Saint-Domingue,  très-éclairé , M.  de  Tus  sac , m’apprend  que  c’est  l’assertion  de 
Margrave  qui  est  la  vraie.  Les  esclaves,  en  arrivant  d’Afrique  et  en  voyant  un  crocodile  , lui 
donnent  sur-le-cliamp  le  nom  de  caïman.  C’est  donc  par  les  nègres  qu’il  se  sera  ainsi  répandu  ; 
on  l’emploie  même  au  Mexique  *****. 

(2)  Les  colons  et  voyageurs  anglais  emploient  le  mot  alligator  dans  les  mêmes  circonstances 
ou  ceux  des  autres  nations  font  usage  de  celui  de  caïman,  comme  pour  désigner  un  crocodile 
plus  commun  ou  plus  petit , etc. , sans  aucun  caractère  fixe.  Quoiqu’il  ait  une  tournure  latine  , 
il  n’a  point  de  rapport  avec  son  étymologie  apparente.  Si  l’on  en  croyoit  quelques-uns  de 
leurs  auteurs,  il  viendroit  de  legateer  ou.  allegater , qui  seroit  le  nom  du  crocodile  dans 
quelques  endroits  de  l’Inde  ; mais  je  n’en  trouve  nulle  indication  authentique  : je  pense  bien 
plutôt  que  c’est  une  corruption  du  portugais  lagarto , qui  vient  lui-même  de  lacerta  ; car 
Hawkins  écnsoïl  allagartos , et  Sloane,  allagator  ****** . Dans  la  prononciation  anglaise  il 
n’y  a presque  pas  de  différence  entre  allagator  et  alligator , ou  même  allegater. 

* De  Med.  Ind, , 55.  Antill.,  aa6. 

Voy.  tr.ij.  fr. , n“.  11,478-  Hemand.,^^^. 

IJist.  nat.  Bras.,  aja,  jyat.  Uist.  of  Jamaic.,  II,  33a. 


VIVANS.  3i 

ni  dentelures  à leurs  bords  5 les  intervalles  de  leurs  doigts  ne  sont 
remplis  au  plus  qu’à  moitié  par  une  membrane  courte.  Les  trous  du 
crâne , dans  les  espèces  qui  les  ont , sont  fort  petits  : 1 une  d elles  en 
manque  entièrement. 

DEUXIÈME  SOUS-GENEE. 

Les  CBOCODiLES  proprement  dits  (i)  ont  la  tête  oblongue,  dont 
la  longueur  est  double  de  sa  largeur,  et  quelquefois  encore  plus 
considérable.  La  longueur  du  crâne  fait  moins  du  quart  de  la  lon- 
gueur totale  de  la  tête.  Leurs  dents  sont  inégales:  ils  en  ont  quinze 

de  chaque  côté  en  bas,  dix-neuf  en  haut.  ^ 

Les  premières  de  la  mâchoire  inférieure  percent  à un  certain  âge 
la  supérieure  \ les  quatrièmes,  qui  sont  les  plus  longues  de  toutes, 
passent  dans  des  échancrures,  et  ne  sont  point  logées  dans  des  creux 
de  la  mâchoire  supérieure. 

Les  pieds  de  derrière  ont  à leur  bord  externe  une  crête  dentelée  : 
les  intervalles  de  leurs  doigts,  au  moins  des  externes,  sont  entière- 
ment palmés.  Leur  crâne  a derrière  les  yeux  deux  larges  trous  ovales 
que  l’on  sent  au  travers  de  la  peau , meme  dans  les  individus  dessé- 
chés. 

TROISIÈME  SOUS-GENRE. 

Les  GàviALs  ont  le  museau  rétréci,  cylindrique,  extrêmement  al- 
longé , un  peu  renflé  au  bout  ; la  longueur  du  crâne  fait  a peine  le 
cinquième  de  la  longueur  totale  de  la  tête.  Les  dents  sont  presque 
égales:  vingt-cinq  à vingt-sept  de  chaque  côté  en  bas;  vingt-sept  à 
vingt-huit  en  haut.  Les  deux  premières  et  les  deux  quatrièmes  de  la 


(i)  Tout  le  monde  sait  que  le  nom  de  crocodile  appartient  originairement  à l’cspece  du 
Nil.  Hérodote  dit  qu’elle  le  reçut  des  Ioniens  , parce  qu’ils  la  trouvèrent  semblable  aux  cro- 
codiles qui  naissent  chez  eux  dans  les  haies.  Ceux-ci  étoient  probablement  le  lézard , nomme 
si  mal  à propos  stellion  par  Linnæus , et  qui  s’appelle  encore  en  grec  moderne  du  nom  peu 
altéré  de  koslordflos.  Dans  celte  acception  primitive , siguifioiL  qui  craint  le 

rivage.  Le  vrai  crocodile  du  Nil  se  nommoit  autrefois  en  Egypte  chamsès  selon  Hérodote , et 
aujourd’hui  lemsach  selon  tous  les  voyageurs.  Le  vrai  stellion  des  latins  , caloles  des  grecs  , 
est  un  gecko.  Tous  ces  noms  ont  été  détournés  par  les  modernes  , et  surtout  par  Linnæus. 


32  CROCODILES 

mâchoire  inférieure  passent  dans  des  échancrures  de  la  supérieure , 
et  non  pas  dans  des  trous.  Le  crâne  a de  grands  trous  derrière  les 
yeux,  et  les  pieds  de  derrière  sont  dentelés  et  palmés  comme  ceux 
des  crocodiles  proprement  dits.  La  forme  grêle  de  leur  museau  les 
rend,  à taille  égale,  beaucoup  moins  redoutables  que  les  deux  au- 
tres sous-genres.  Ils  se  contentent  ordinairement  de  poissons. 

Article  IV. 

Détermination  des  espèces  propres  à chacun  des  trois  sous- genres. 

— Tndicatioji  de  ce  qiiily  a de  certain  dans  leur  synonymie. 

Obligé  d’établir  pour  ces  espèces  une  nomenclature  nouvelle , j’é- 
viterai de  la  prendre  dans  les  noms  de  pays,  parce  qu’il  n’en  est  au- 
cune qui  soit  absolument  propre  â un  pays  déterminé , et  qu’il  n’y 
a guère  de  pays  qui  n’en  possède  au  moins  deux  espèces. 

lo.  Espèces  de  Caïmans. 

lo.  Le  caïman  à museau  de  brochet  (crocodilus  lucius.  Nob.  ). 

Il  a été  rapporté  pour  la  première  fois  du  Mississipi  par  feu  Mi- 
chaux , et  indiqué  par  moi  dans  mon  premier  mémoire  sur  les  cro- 
codiles. Depuis  lors,  M.  Peale  en  a envoyé  un  individu  plus  con- 
sidérable et  très-bien  conservé  au  Muséum  d’histoire  naturelle.  Nous 
en  avons  eu  ensuite , par  les  soins  de  MM.  Milbert  et  Lesueur , plu- 
sieurs individus  entiers  et  des  squelettes  de  diverses  grandeurs , et 
tout  nouvellement  M.  van  Breda,  savant  professeur  de  Gand,  vient 
de  m’envoyer  le  dessin  d’un,  qu’il  a observé  vivant. 

La  figure  de  Gatesby  (i),  quoique  médiocrement  bonne  et  mal 
caractérisée , paroît  représenter  cette  espèce  plutôt  que  toute  autre. 


(i)  Carol. , -ç\. 


33 


V IVAN  S. 

C’est  elle  aussi  que  M.  le  docteur  Leach  a reproduite  comme  nou- 
velle dans  son  Zoologists  Miscellanj , t.  Il,  p.  117?  pl*  GII,  et  à 
qui  il  avoit  bien  voulu  donner  mon  nom.  Lui-même  a reconnu  depuis 
lors  l’identité  de  son  animal  avec  notre  C.  lucius. 

Je  n’oserois  affirmer  que  ce  soit  la  seule  espèce  de  l’Amérique 
septentrionale;  la  figure  d’Hernandès  (i)  sembleroit,  par  son  mu- 
seau pointu,  indiquer  plutôt  un  vrai  crocodile. 

Quoi  qu’il  en  soit,  cette  espèce  est  certainement  bien  distincte  de 

toutes  les  autres. 

Elle  a tous  les  caractères  communs  aux  caïmans. 

Son  museau  est  très-aplati  ; ses  côtés  sont  presque  parallèles  ; ils 
se  réunissent  en  avant  par  une  courbe  parabolique. 

De  ces  trois  circonstances  résulte  une  ressemblance  frappante  avec 
le  museau  d’un  brochet. 

Les  bords  internes  des  orbites  sont  très-relevés  ; mais  il  n’y  a point, 
comme  dans  l’espèce  suivante,  une  crête  transversale  qui  les  unisse. 
Les  ouvertures  extérieures  des  narines  sont , des  les  premiers  âges , 
séparées  l’une  de  l’autre  par  une  branche  osseuse  : ce  qui  n a lieu  à 

aucun  âge  dans  les  autres  espèces. 

Le  crâne  a deux  fosses  ovales,  obliques,  peu  profondes,  dans  le 

fond  desquelles  sont  de  petits  trous. 

La  nuque  est  armée,  à son  milieu,  de  quatre  plaques  principales, 
relevées  chacune  d’une  arête,  11  y en  a de  plus  deux  petites  en  avant 
et  deux  en  arrière. 

Il  y a sur  le  dos  dix-huit  rangées  transversales  de  plaques , relevees 
chacune  d’une  arête  ; le  nombre  des  arêtes  ou  des  plaques  de  chaque 
rangée  est  ainsi  qu’il  suit  : 

Une  rangée  à deux  arêtes,  deux  à quatre,  trois  à six,  six  à huit , 
deux  à six , et  le  reste  à quatre.  Je  ne  compte  pas  les  arêtes  impaires 
qui  se  trouvent  quelquefois  sur  les  côtés. 

Ces  arêtes  sont  assez  élevées  et  à peu  près  égales  ; mais  sur  la 
queue  les  arêtes  latérales  dominent,  comme  dans  tous  les  crocodiles, 


(i)  EUh.  nat.  Mexic.,  3l5. 

T.  V,  2e.  R 


O 


34  CROCODILES 

jusqu’à  ce  qu’elles  se  réunissent.  Il  y en  a dix-neuf  rangées  trans- 
versales jusqu’à  la  réunion  des  deux  crêtes,  et  autant  après.  Mais  je 
dois  observer  ici  que  ces  deux  nombres  sont  plus  sujets  à varier  que 
ceux  des  rangées  du  dos. 

La  couleur  paroît  avoir  été,  dessus,  brun- verdâtre  très- foncé, 
dessous,  jaune-verdàtre ; les  flancs  rayés  en  travers  assez  régulière- 
ment de  ces  deux  couleurs. 

L’individu  de  M.  Peale  n’a  que  cinq  pieds  de  long,  et  les  plus 
grands  de  MM.  Milbert  et  Tjesueur  ne  vont  qu’à  six  ou  sept;  mais 
l’espèce  devient  aussi  grande  c|u’aucune  autre,  si  l’on  s’en  rapporte 
aux  voyageurs.  Catesby  en  particulier  dit  cju’il  en  observa  de  qua- 
torze pieds. 

La  longueur  totale  comprend  sept  longueurs  de  tête  et  demie. 
La  largeur  du  crâne,  à l’articulation  des  mâchoires,  fait  moitié  de  sa 
longueur;  j)ar  conséquent,  en  même  temps  cju’il  a le  museau  plus 
élargi  que  les  suivans;  il  l’a  aussi  plus  allongé. 

Cette  espece  va  assez  loin  au  nord;  elle  remonte  le  Mississipi  jus- 
qu a la  riviere  Rouge.  M.  Dunbar  et  le  docteur  Hunter  en  ont  ren- 
contré un  individu  par  les  820  et  demi  de  latitude  nord,  quoiqu’on 
fut  au  mois  de  décembre  et  que  la  saison  fût  assez  rigoureuse  (i). 

M.  de  Lacoudrenière  rapporte  que  ceux  de  la  Louisiane  se  jettent 
dans  la  boue  des  marais  quand  le  froid  vient,  et  y tombent  dans  un 
sommeil  léthargique , sans  être  gelés;  quand  il  fait  très-froid,  on  peut 
les  couper  par  morceaux  sans  les  réveiller;  mais  les  jours  chauds  de 
l’hiver  les  raniment  (2).  Catesby  en  dit  à peu  près  autant  de  ceux 
de  la  Caroline.  On  sait  qu’Hérodote  dit  aussi  du  crocodile  du  Nil 
qu  il  se  cache  pendant  cjuatre  mois  d hiver  et  les  passe  sans  manger. 

Selon  M.  de  Lacoudrenière,  il  ne  mange  jamais  dans  l’eau;  mais 
après  avoir  noyé  sa  proie  il  la  retire  ppur  la  dévorer.  11  préfère  la 
chair  de  nègre  à celle  de  blanc.  Sa  voix  ressemble  à celle  d’un  tau- 


(1)  Message  du  président  des  Etats-Unis , concernant  certaines  découvertes  faites  en 
explorant  le  Missouri,  la  rivière  Rouge  et  le  TVashita,  impr.  à New-Yorck  en  1806,  p.  Q-. 

(2)  Journ.  de  Phjs. , 1782 , t.  XX , p.  333. 


VI  VAN  s.  35 

reauj  il  craint  le  requin  et  la  grande  tortue,  et  évité  1 eau  saumatre 
à cause  d’eux.  Sa  gueule  reste  toujours  fermée  quand  il  dort. 

Il  paroît  que  c’est  de  cette  espèce  qu’a  parlé  Bartram*,  elle  se  . 
réunit  en  grandes  troupes  dans  les  endroits  abondans  en  poissons. 
Ce  voyageur  en  a trouvé  dans  un  ruisseau  d’eau  cbaude  etvitriolique. 
La  femelle  dépose  ses  œufs  par  couches  alternativement  avec  des 
couches  de  terre  gâchée,  et  en  forme  de  petits  tertres  hauts  de  trois 
à quatre  pieds.  Elle  ne  les  abandonne  point,  et  garde  aussi  ses  petits 
avec  elle  plusieurs  mois  après  leur  naissance.  ^ 

20.  Le  caïman  à lunettes  (crocodilus  sclerops,  Schneider). 

11  est  fort  bien  représènté,  ainsi  que  M.  Schneider  le  remarque» 
dans  la  lig.  lo  , pl.  CIV  de  Séba,  1. 1,  quoique  cette  figure  soit  faite 
d’après  un  très-jeune  individu.  C’est  à cette  espèce  qu’appartenoit 
l’individu  décrit  par  Linnæus  {Amœnit.  Acad. , I , p.  1 5 1 ).  M.  Schnei- 
der l’a  très-bien  décrite  aussi.  C’est  elle  que  je  prenois  autrefois  pour 
le  caïman  femelle  en  général,  et  dont  j’ai  fait  graver  la  tcte  ( Arch. 
zpoL,  II,  cah.  II,  pl.  II,  fig.  3). 

Mais  Séba  pourroit  induire  en  erreur,  parce  qu’il  dit  que  son  in- 
dividu venoit  de  Ceylan.  C’est  au  contraire  ici  l’espèce  la  plus  com- 
mune à Cayenne,  celle  qu’on  envoie  le  plus  fréquemment  de  la 
Guyane,  et  dont  nous  avons  le  plus  d’individus  dont  la  patrie  soit 
bien  constatée.  Ils  sont  fort  nombreux  au  cabinet  du  Roi  et  dans  les 
divers  cabinets  de  Paris,  et  nous  en  avons  vu  plusieurs  vivans,  soit 
à la  ménagerie,  soit  chez  les  montreurs  d’animaux  de  cette  capitale. 
Nous  en  avons  même  disséqué  trois  individus.  Le  Muséum  en  pos- 
sède plusieurs  têtes  osseuses  de  diverses  grandeurs,  un  très-grand 
squelette  venu  du  Brésil,  et  un  petit,  pris  d’un  individu  de  Cayenne 
mort  à la  ménagerie. 

C’est  bien  aussi  elle , mais  dans  son  premier  âge , que  représente  la 
mauvaise  figure  de  mademoiselle  Mérian  (^Surin. , pl.  LXIX  ),  co- 
piée par  Bonnaterre^(Æ'7Z(yrc/.  métli. , planches  d’Erpétol.,  pl.  II, 
fig.  I ):  Il  est  donc  probable  que  c’est  le  jacare  de  Margrave  et  d’Az- 

5* 


36 


CROCODILES 


zara  ; ce  dernier  l’indique  même  assez  positivement  par  la  description 
qu  il  donne  des  dents.  Quant  au  premier,  il  n’y  a guère  de  distinctif 
. dans  ce  qu’il  en  dit  que  ces  mots  : os  suhrotundwn , seu  oi>alis 
Jîgurœ. 

Il  y en  a cependant  d’autres  dans  l’Amérique  méridionale.  Fermin 
annonce  qu’on  en  distingue  deux  à Surinam  ; mais  ce  cju’il  en  dit  est 
vague.  D’Azzara  rapporte  aussi  qu’on  lui  a assuré  qu’il  y en  a une 
espèce  rousse,  plus  grande  et  plus  cruelle  que  la  commune. 

Ces  distinctions  pourroient  se  rapporter,  soit  au  caïman  à museau 
de  brochet , soit  au  caïman  à -paupières  osseuses , soit  au  crocodile 
à museau  aigu. 


Le  museau  de  cette  espèce-ci,  quoique  large,  n’a  point  ses  bords 
parallèles;  ils  vont  se  rapprochant  sur  toute  leur  longueur,  et  formant 
une  figure  un  peu  plus  triangulaire  que  dans  l’espèce  précédente. 
La  surface  des  os  de  la  tête  est  très-inégale,  et  partout  comme  cariée 
ou  rongée  par  petits  trous. 

Les  bords  intérieurs  des  oi’bites  sont  très-relevés  ; il  naît  de  leur 
angle  anterieur  une  cote  saillante  qui  se  rend  en  avant  et  un  peu  en 
dehoi'S,  en  se  ramifiant  vers  les  dents  dans  les  individus  âgés,  et  plu- 
tôt dans  les  males.  Une  autre  saillie  très-marquée  va  transversalement 
de  l’angle  antérieur  d’un  orbite  à celui  de-  l’autre  : c’est  le  caractère 
le  plus  frappant  de  cette  espèce,  et  celui  dont  j’ai  tiré  sa  dénomina- 
tion. Le  crâne  n’est  percé  derrière  les  yeux  que  de  deux  trous  assez 
petits. 

Outre  quelques  écaillés  répandues  derrière  l’occiput  et  qui,  dans 
certains  individus,  y forment  une  rangée  transversale  assez  régulière, 
la  nuque  est  armee  de  quatre  bandes  transversales  très- robustes, 
qui  se  touchent  et  vont  se  joindre  à la  série  des  bandes  du  dos.  Les 
deux  premières  sont  chacune  de  quatre  écailles,  et  par  conséquent 
relevées  do  quatre  arêtes,  dont  les  mitoyennes  sont  quelquefois  très- 
efîacées.  Les  deux  autres  n’en  ont  le  plus  souvent  que  deux. 

Voici  le  nombre  des  arêtes  dans  chacune  des  rangées  transversales 
du  dos,  comme  je  1 ai  observé  dans  cjuelques  individus  ; deux  ran- 
gées à deux  arêtes,  quatre  à six , cinq  à huit,  deux  à six,  quatre  à quatre. 


VIVANS.  37 

Mais  avec  l’âge,  des  écailles  latérales,  peu  marquées  d’abord, 
prennent  la  forme  des  autres,  et  il  faut  ajouter  deux  au  nombre  des 
arêtes  de  chaque  rangée  ; en  général , il  est  rare  de  trouver  deux  indi- 
vidus parfaitement  semblables  à cet  égard. 

Toutes  ces  arêtes  sont  peu  élevées,  à peu  près  égales  entre  elles 5 
les  latérales  de  la  base  de  la  queue  elles-mêmes  dominent  peu  sur  les 
autres:  ce  n’est  qu’à  leur  l’éunion  qu’elles  deviennent  très-sail- 
lantes. 

Il  y a onze , douze  ou  treize  rangées  avant  cette  réunion , et  vingt- 
une  après;  mais  ces  nombres  varient.  Je  les  trouve  dans  quelques 
individus  de  dix^neuf  et  vingt-un,  ou  de  dix-neuf  et  dix-neuf,  ou  de 
dix-sept  et  dix-neuf,  ou  de  seize  et  vingt-un.  La  couleur  paroît  avoir 
été  vert-brun  en  dessus,  avec  des  marbrures  irrégulières  verdâtres; 
jaune-verdâtre  pâle  en  dessous. 

Cette  espèce  devient  grande  ; nous  en  avons  un  individu  de  3,56, 
ou  de  plus  de  onze  pieds,  et  nous  en  connoissons  de  quatorze. 

La  longueur  totale  est  de  huit  têtes  et  demie  ou  à peu  près. 

Selon  M.  d’Azzara  (i),  X^yacaréno.  va  point  au  sud  au-delà  du 
3ae,  degré.  C’est  précisément  la  même  limite  que  pour  l’espèce  pré- 
cédente au  nord. 

11  n’a  pas  moitié  delà  vitesse  de  l’homme  et  l’attaque  rarement, 
à moins  qu’on  n’approche  de  ses  œufs  qu’il  défend  avec  courage. 

Il  en  pond  soixante  dans  le  sable,  les  recouvre  de  paille  elles  laisse 
féconder  par  le  soleil.  Laborde  confirme  ce  fait,  si  différent  de  ce 
qu’on  attribue  à l’espèce  précédente.  C’est  avec  des  feuilles,  dit-il, 
que  le  càiman  de  la  Guyane  entoure  et  recouvre  ses  œufs. 

l^ejacare , continue  M.  d’Azzara , passe  toujours  la  nuit  dans  l’eau 
(comme  Hérodote  le  dit  pour  le  crocodile  du.  ISiV)  et  le  jour  au  so- 
leil , dormant  sur  le  sable  ; mais  il  retourne  à l’eau  s’il  voit  un  homme 
ou  un  chien. 

Des  voyageurs  portugais,  dont  M.  Correa  de  Serra  m’a  transmis 
le  récit,  pensent  que  les  jacares  de  la  partie  méridionale  et  tempérée 

(i)  Quadr.  du  Parag.,  t.  II , p.  38o. 


C 


38  CROCODILES 

du  Brésil,  ne  sont  pas  tout-à-fait  les  mêmes  que  ceux  du  nord.  Les  uns 
et  les  autres  (disent-ils)  mettent  leur&  œufs  dans  le  sable , pêle-mêle 
et  non  par  couches.  On  reconnoît  aisément  l’endroit,  et  on  cherche  à 
percer  ces  œufs  d’une  pointe  de  fer.  Dans  l’île  plate  de  Marajo  ou  Jo- 
hannes, à l’embouchure  de  l’Amazone,  les  facares  se  tiennent  en 
été  dans  les  marais,  et  quand  ceux-ci  se  dessèchent,  ce  qui  reste  d’eau 
dans  le  fond  est  si  rempli  de  ces  animaux  qu’on  ne  voit  plus  de  liquide. 
Alors  les  grands  se  nourrissent  probablement  des  petits.  Ils  ne  peu- 
vent remonter  le  flnuve,  parce  que  l’île  est  entourée  d’eau  salée.  La- 
borde  dît  aussi  que  ceux  de  la  Guyane  restent  quelquefois  presque 
à sec  dans  les  marais,  et  que  c’est  alors  qu’ils  sont  le  plus  dangereux. 

3o.  Le  caïman  à paupières  (crocodilus  palpebrosus.  Nos.). 

Un  individu,  la  première  variété  que  j’établis  dans  cette  espèce, 
nous  avoit  été  donné  comme  le  mâle  de  l’espèce  précédente  par  un 
préparateur  d histoire  naturelle , nommé  Gautier,  qui  avoit  formé 
un  beau  cabinet  à Cayenne,  et  nous  l’indiquâmes  ainsi  dans  notre 
premier  mémoire  {^À.rch.  zool.,  p.  168)5  mais  nous  avons  trouvé 
depuis  le  male  et  la  femelle  dans  les  deux  espèces. 

C’est  bien  si\rement  celle-ci  qu’avoit  sous  les  yeux  M.  Blumenbach 
lorsqu’il  écrivoit  ces  mots:  lacerta  crocodilus,  scuto  supra  orbitali 
osseo , testa  calcariœ  integra. 

G est  son  craue  que  M.  Schneider  a fait  dessiner  {^Hist.  Amphib. , 
II,  pl.  I et  II),  mais  sans  le  rapporter  précisément  à aucunes  des 
siennes:  les  paupières  osseuses  en  etoient  tombées  apparemment  par 
une  macération  trop  forte. 

Ma  seconde  variété  est  parfaitement  représentée  par  Séba,  t.  I 
pl.  GV,  fig.  3 , où  il  en  fait  encore  un  animal  de  Ceylan.  Je  pense 
même  que  nous  avons  du  cabinet  du  Stathouder  l’original  de  cette 
figure.  M.  Shaw  la  copie  pour  rendre  ce  qu’il  appelle  la  variété  de 
Cejlan  du  crocodile  ordinaire. 

M.  Schneider  la  cite  so\xs  son  crocrodilus  trigonatus-  mais  ce  qu’il 


VI  VAN  s.  39 

ajoute,  Foueam  cranii  ellipiicam  utrinque  carne  musculari  re- 
pletam  reperi{i)^  ne  s’y  rapporte  point. 

Il  croit  que  c’est  le  crocodile  d’ Amérique  de  Gronovius  (2) , et 
cela  se  peut  ; mais  la  description  de  celui-ci  n’a  de  caractéristique  que 
les  crêtes  triangulaires  des  écailles,  et  une  faute  d’impression  fait 
qu’on  ne  peut  deviner  quelle  figure  de  Séba  il  a voulu  citer  en  écri- 
vant pl*  107  , fig.4;mais  la  pi.  io4?fig*  10,  qu’il  cite  en  même  temps, 
est  bien  siirement  l’espèce  précédente. 

Laurenti  fait  de  préférence  de  cette  fig.  3,  pl.  io5,  l’image  de  son 
crocodile  du  Nil ^ et  assurément  sans  qu’on  puisse  savoir  pourquoi  (3). 

J’ai  aussi  quelque  lieu  de  penser  que  c’est  cette  espèce  que  Daudin 
a indiquée  sous  le  nom  de  crocodde  à large  museau  (4)* 

Je  conservois  moi-même,  lors  de  ma  première  édition,  quelques 
doutes,  et  sur  la  véritable  patrie  de  cette  espèce,  et  sur  la  cjuestion 
si  elle  doit  ou  non  en  former  deux.  Ils  ont  été  résolus  sur  le  premier 
point  par  l’envoi  qui  nous  a été  fait  d’un  individu  pris  à Cayenne  en 
1816,  envoi  qui  prouve , comme  je  Tavois  di\  croire  d’après  le  témoi- 
gnage de  Gautier,  que  c’est  un  animal  de  l’Amérique  méridionale, 
et  qui  éclaircit  ce  que  divers  auteurs  out  rapporté  de  l’existence  de 
deux  espèces  sur  ce  continent. 

Je  décrirai  d’abord  les  individus  semblables  à celui  que  M.  Gau- 
tier m’avoit  donné , et  dont  je  fais  ma  première  variété. 

Leur  museau  est  de  très-peu  plus  allongé  que  celui  de  1 espèce 
précédente;  il  est  moins  déprimé:  la  surface  des  os  est  cependant 
presque  autant  vermiculée.  Les  rebords  des  orbites  ne  sont  point 
saillans,  et  n’envoient  point  d’arête  saillante  sur  le  museau.  L’épais- 
seur de  la  paupière  supérieure  est  entièrement  rempilé  d’une  lame 
osseuse  divisée  en  trois  pièces  par  des  sutures  ; dans  tous  les  autres 
caïmans  et  crocodiles  il  n’y  a qu’un  petit  grain  osseux  vers  l’angle 
antérieur. 


(1)  Hist.  amph. , II,  162. 

(2)  Zoophjl. , n".  38,  p.  10. 

(3)  Spect.  med.,  p.  53. 

(4)  Hist.  des  Rept.  , II,  4‘7* 


4o  CROCODILES 

Le  crâne  n’est  point  percé,  on  n’y  voit  de  trou  à aucun  âge. 

Les  dents  inférieures  sont  un  peu  plus  nombreuses  qu’aux  autres 
narnians  et  crocodiles.  On  en  compte  vingt-une  de  chaque  côté  en 
bas  et  dix-neuf  en  haut. 

L intervalle  entre  les  deux  doigts  externes  de  derrière  est  sensi- 
blement moins  palmé  que  dans  l’espèce  précédente;  ce  qui  doit  rendre 
celle-ci  plus  terrestre.  Ceux  cpi  n’auroient  que  des  individus  dessé- 
chés pourroient  même  croire  que  ces  doigts  y sont  tout-à-fait  libres. 

La  nuque  est  armée,  comme  dans  l’espèce  précédente,  d’abord 
d’une  rangée  de  quatre  petites  écailles,  ensuite  de  quatre  bandes 
transversales,  munies  de  deux  arêtes  saillantes  chacune  et  qui  se  joi- 
gnent à celles  du  dos. 

Celles-ci  sont  disposées  comme  il  suit:  une  à deux  arêtes,  une  à 
quatre,  cinq  à six,  trois  à huit,  deux  à six,  sept  à quatre.  Toutes  ces 
aretes  sont  à peu  près  égales  et  peu  élevées.  Les  latérales  de  la  base 
de  la  queue  sont  aussi  peu  élevées  ; mais  les  intermédiaires  ne  l’étant 
pas  du  tout,  cette  partie  est  plate.  Il  n’y  a que  dix  rangées  avant  la 
réunion  des  deux  arêtes,  et  quatorze  après;  mais  un  autre  individu 
en  a dix-neuf. 

^ Je  n ai  aucune  raison  pour  douter  que  les  individus  conformés 
ainsi  ne  soient  de  Cayenne. 

Mais  j’en  ai  quatre  autres  qui  en  diffèrent  un  peu,  et  dont  je  fais 
ma  seconde  variété.  Deux  sont  dans  l’esprit-de-vin;  ce  sont  eux  qui 
ressemblent  plus  particulièrement  à la  ligure  de  Séba,  et  que  je  crois 
lui  avoir  servi  de  modèle. 

Ils  ont,  10,  une  arête  partant  de  l’angle  antérieur  de  l’orbite,  en 
avant,  un  peu  plus  marquée; 

20.  Une  petite  échancrure  au  bord  postérieur  du  crâne,  qui  n’est 
pas  si  forte  dans  les  autres  ; 

3o.  La  deuxième  bande  de  la  nuque  est  plus  large  que  les  autres, 
et  vers  son  milieu  sont  deux  ou  trois  petites  écailles  à crêtes  irrégu- 
lièx’ement  disposées;  les  grandes  arêtes  sont  taillées  en  triangles  sca- 
lenes  très-élevés,  ce  qui  rend  la  nuque  plus  hérissée  que  dans  au- 
cune autre  espèce  ; 


V IVAN  s.  41 

40.  Les  arêtes  du  dos,  excepté  les  deux  lignes  les  plus  rapprochées 
de  l’épine,  sont  aussi  très-saillantes  et  taillées  en  triangles  scalènes. 

11  y a sur  le  dos  dix-huit  bandes  transversales  : le  nombre  de  leurs 
arêtes  varie,  mais  en  général  il  est  de  deux  et  quatre  au  commence- 
ment, de  six  et  huit  vers  le  milieu;  puis  il  revient  à quatre  et  a deux 
à la  lin,  pour  reprendre  quatre  entre  les  cuisses.  Cette  disposition 
donne  au  plastron  général,  que  les  écailles  forment  sur  le  dos,  une 
figure  plus  elliptique  que  dans  les  autres  espèces.  Les  crêtes  de  la 
queue  sont  aussi  fort  saillantes.  Les  doubles  ont  de  neuf  à onze  ran-  , 

gées;  les  simples,  de  dix  à dix -sept. 

Le  crocodile  de  Saint-Dommgiie  ne  diffère  certainement  guere 
plus  de  celui  du  Nil,  que  ces  deux  variétés  ne  diffèrent  l’une  de 
l’autre.  S’il  s’ajoutoit  donc  à ces  caractères  une  différence  de  conti- 
nent , tout  le  monde  seroit  persuadé  qu’il  y a là  deux  espèces. 

Ce  que  dit  Séba  que  ses  échantillons  venoient  de  Ceylan  n a rien 
de  plus  certain  que  tant  d’autres  erreurs  qu  il  a débitées  sur  1 origine 
des  objets  de  son  cabinet. 

Mais  un  de  mes  individus , qui  étoit  depuis  long-temps  au  Mu- 
séum, porte  ces  mots  à demi-effacés  : Icrohodile  Jioir  du  Niger , c est 
l’orthographe  et  la  main  d’Adanson. 

Ce  naturaliste  nous  dit  dans  son  N oyage  qu’il  y a deux  crocodiles 

dans  le  Sénégal.  M.  de  Beauvois  ajoute  qu’on  voit  en  Gumee  un 
crocodile  et  un  caïman. 

Tout  paroît  donc  bien  clair.  Voilà  une  espèce  de  la  forme  des 
caïmans  qui  habite  en  Afrique. 

Oui  [mais  il  reste  encore  un  embarras.  Adanson  dit  que  son  cro- 
codile noir  a le  museau  plus  allongé  que  le  vei't.  Or  celni-ci  est  cer- 
tainement le  même  que  \q  crocodile  du  Nil ^ nous  l’avons  aussi  éti- 
queté de  sa  main  : et  l’espèce  dont  nous  parlons  a le  museau  beaucoup 
plus  court  que  celle  du  Nil. 

Adanson  s’est-il  trompé  en  écrivant  sa  phrase  ? ou  a-t-il  mal  étiqueté 
son  individu?  Qui  débrouillera  tant  d’erreurs?  Et  les  voyageurs  ces- 
seront-ils un  iour  de  tourmenter  les  naturalistes  par  leurs  demi-des- 
criptions , par  leurs  mélanges  continuels  d’observations  et  d emprunts . 
T.  V,  2e.  P.  6 


CROCODILES 


42  . 

Je  n ose  donc  pas  encore  établir  ici  deux  espèces;  mais  je  soup- 
çonne fort  qu’elles  sont  distinctes. 

Dans  le  cas  où  cette  conjecture  se  vérifieroit,  on  pourroit  rendre 
à la  seconde  le  nom  de  irigonatiis  que  M.  Schneider  paroît  lui  avoir 
donne.  On  diroit  en  français  caïman  hérissé. 

Il  est  impossible  de  rien  donner  de  particulier  sur  les  mœurs  de 
cette  espèce  qui  n’a  point  encore  été  distinguée,  et  dont  la  patrie 
meme  n est  pas  encore  certaine.  Bornons-nous  à la  recommander  à 
l’attention  des  voyageurs. 

IIo.  Espèces  de  Crocodiles. 

^ La  difficulté  est  toute  autre  pour  ce  sous-genre-ci  que  pour  le  pré- 
cédent : les  espèces  les  plus  fociles  à constater  s’y  ressemblent  beau- 
coup plus;  et  l’on  trouve  dans  les  nombreuses  variétés  d’àge  et  de 
sexe  qui  sont  arrivées  au  Muséum  des  diverses  côtes  de  l’Afrique  et 
de  l’Inde,  tant  de  nuances  différentes,  et  rentrant  cependant  par  de- 
grés les  unes  dans  les  autres,  qu’il  est  pi’esque  impossible  de  savoir 
où  s’arrêter. 

^Je  commencerai  par  bien  déterminer  \q  crocodile  vulgaire  (i) 
d'Egypte  {crocodilus  vulgaris , Noe.  ),  afin  d’en  fiiire  mon  point 
de  départ.  Cet  animal,  si  célèbre  dans  toute  l’anliquité,  semble  tou- 
jours avoir  été  méconnu  par  ceux  des  naturalistes  modernes  qui  ont 
voulu  distinguer  les  espèces  de  ce  genre,  excepté  par  Gronovius. 
Laurenti  et  Blumenbach  prennent  pour  lui  le  caïman  à paupières 
osseuses  - Schneider,  \q  caïman  à lunettes , etc. 

Il  est  vrai  que  les  figures  données  par  les  voyageurs  qui  ont  été  en 
Egypte  sont  trop  mauvaises,  et  que  les  crocodiles  répandus  dans  les 
cabinets  sont  la  plupart  d’une  origine  trop  peu  authentique  pour 
c[u’on  ait  pu  s’en  aider. 


(0  Je  SUIS  ICI  1 exemple  des  botanistes  , qui  laissent  ordinairement  le  nom  trivial  de  imZ- 
gaïre  aux  especes  qui  portoient  autrefois  en  propre  un  nom  devenu  genériryne.  D’ailleurs  ce 
crocodile  est  aussi  celui  qui  paroît  le  plus  répandu. 


VIVANS.  43 

M.  GeofFroi  nous  a enfin  mis  à même  d’en  prendre  des  idées  précises. 

En  comparant  l’individu  qu’il  a rapporté  des  environs  de  l’ancienne 
Thèbes  avec  les  figures  de  Bélon  et  de  Prosper  Alpin,  on  voit  qu’elles 
sont  détestables  5 et  en  parcourant  les  mméographes , on  ne  trouve 
que  celle  de  Besler  (1)  et  la  douzième  de  la  pl.  io4  de  Séba  qui 
soient  un  peu  supportables  ; encore  ont-elles  des  fautes  essentielles. 

Ce  vrai  crocodile  du  Nil , observé  conjointement  avec  plusieurs 
autres  qui  étoîent  depuis  long-temps  au  Muséum  sans  qu’on  en  sût 
bien  l’origine,  et  qui  se  sont  trouvés  lui  ressembler  entièrement,  a 
offert  les  caractères  suivans,  outre  ceux  qu’il  a en  commun  avec  tout 
le  sous-genre  crocodile. 

La  longueur  de  sa  tête  est  double  de  sa  largeur.  Ses  côtés  sont 
dans  une  direction  générale  h peu  près  rectiligne,  et  lui  font  repré- 
senter un  triangle  isocèle  allongé.  Les  fosses  dont  le  crâne  est  percé 
sont  grandes  , et  plus  larges  cpe  longues.  Le  museau  est  raboteux  et 
inégal , surtout  dans  les  vieux , mais  n’a  point  d’arête  particulière  sail- 
lante qui  soit  bien  sensible.  Immédiatement  derrière  le  crâne,  sur 
une  ligne  transverse,  sont  c{uatre  petites  écailles  à arêtes  isolées. 

Puis  vient  la  grande  plaque  de  la  nuque,  formée  de  six  écailles  à 
arêtes. 

Puis  deux  écailles  écartées. 

Ensuite  viennent  les  bandes  transversales  du  dos , presque  toujours 
au  nombre  de  cjuinze  ou  de  seize.  Les  douze  premières  ont  chacune 
six  écailles  et  six  arêtes 5 les  trois  bandes  d’entre  les  cuisses  n’en  ont 
que  quatre  chacune. 

Toutes  ces  arêtes  sont  à peu  près  égales  et  médiocrement  saillantes. 
Ily  a de  jdus  de  chaque  côté  une  rangée  longitudinale  de  sept  ou  huit 
écailles  à arêtes,  moins  réunies  à l’ensemble  des  autres. 

Les  aretes  latérales  de  la  queue  ne  commencent  que  sur  la  sixième 
bande  à devenir  dominantes  et  à former  deux  crêtes;  celles-ci  se 
réunissent  sur  la  dix-septième  ou  dix-huitième  bande,  et  il  y en  a 
encore  dix-huit  juscju’au  bout  de  la  queue. 


Ci)  Mus.  Besler,  t.  XIII,  fig.  2. 


6’^ 


44  CROCODILES 

L’égalité  des  écailles,  des  arêtes  et  de  leur\nombre  dans  chaque 
bande,  et  leur  position  sursis  lignes  longitudinales,  lait  que  cette 
espèce  a l’air  d’avoir  le  dos  régulièrement  pavé  de  carreaux  à quatre 
angles. 

Les  écailles  du  dos  et  de  la  nuque,  surtout  celles  des  deux  lignes 
longitudinales  du  milieu , sont  plus  larges  que  longues  j celles  du 
ventre  ont  un  pore  plus  ou  moins  marqué  vers  leur  bord  postérieur. 
La  couleur  du  dessus  est  un  vert  de  bronze  plus  ou  moins  clair,  pi- 
queté et  marbré  de  brun 5 celle  du  dessous,  un  vert  jaunâtre. 

Nous  avons  au  Muséum  des  individus  depuis  un  et  deux  pieds 
jusqu’à  douze  de  longueur,  c{ui  ne  dilïerent  pas  sensiblement  de 
l’individu  raj)porté  par  M.  Geoffroy.  Nous  en  avons  surtout  de  bien 
authentiques,  qui  ont  été  rapportés  et  donnés  par  M.  Tedenat  Du- 
vent,  fils  du  consul  de  France  à Alexandrie,  et  dont  un  a dix  pieds 
de  long. 

Nous  retrouvons  aussi  tous  ces  caractères  dans  un  individu  très- 
petit  , à peine  sortant  de  l’œuf,  rapporté  du  Sénégal  par  le  docteur 
Roussillon,  et  dans  un  individu  de  neuf  pieds,  apporté  récemment 
de  notre  colonie  sur  ce  fleuve. 

Ainsi  l’espèce  du  Nil  se  trouve  aussi  au  Sénégal.  11  est  probable 

qu’elle  se  trouvera  également  dans  le  Zaïre,  dans  le  Jooliba  et  dans 
les  autres  fleuves  de  l’Afrique.  Elle  existe  certainement  à Madagascar, 
d’où  il  en  a été  envoyé  un  individu  par  M.  Havet,  jeune  homme  plein 
de  mérite,  que  son  zèle  pour  l’histoire  naturelle  avoit  conduit  dans 
cette  île,  et  qui  y est  devenu  martyr  de  la  science. 

Parmi  tous  les  crocodiles  que  nous  rapportons  à cette  espèce , il 
en  est  qui  ont  la  tête  un  peu  plus  allongée  à proportion  de  sa  lar- 
geur, et  un  peu  plus  plate,  ou  plutôt  moins  inégale,  à sa  surface. 
Nous  en  avons  deux  ou  trois  individus  entiers  et  quelques  têtes,  dont 
une  a été  trouvée  embaumée  dans  les  grottes  de  Thèbes par  M.  Geof- 
froy. L’un  des  deux  premiers  a été  donné  par  Adansoü,  et  étiqueté 
de  sa  main  crocodile  vert  du  Niger.  Outre  les  différences  dans  la 
forme  de  la  tête,  ces  individus  en  offroient  quelques-unes  dans  les 
nuances  de  leurs  couleurs. 


V IVAN  s.  45 

Cos  différences , jointes  au  témoignage  des  pécheurs  de  la  Thébaïde, 
autorisent  la  distinction  admise  par  M.  Geoffroy,  sinon  d une  espece,  • 
au  moins  d’une  race  particulière  de  crocodile  vivant  en  Egypte  avec 
l’autre.  Si  nous  ne  l’inscrivons  pas  ici  h son  rang , sous  le  nom  de  su- 
chus  que  lui  a donné  M.  Geoffroy,  c’est  qu’il  nous  reste  encore  le 
désir  de  la  suivre  dans  ses  divers  âges , et  quelques  légers  doutes  sui 
l’ancien  emploi  de  ce  nom. 

En  effet,  c’est  ici  le  lion  de  discuter  brièvement  rojûnion  de  Ja- 
blonsky  (i)  et  de  M.  Larcher  (2),  que  le  suchus  ou  souchü  étoit 
une  espèce  particulière  de  crocodile , et  celle  que  l on  élevoit  de  pré- 
férence dans  les  temples. 

11  paroît  d’abord  certain  que  ni  Hérodote , ni  Aristote,  ni  Diodore, 
ni  Pline , ni  Ælien , n’ont  eu  l’idée  de  deux  espèces  de  crocodiles  en 

Egypte.  _ ^ 

Lorscjue  Hérodote,  après  avoir  dit  que  les  habitans  d Elephantinc 
mangent  \q%  crocodiles , annonce  qu’on  les  nomme  chainsès , il  le 
dît  d’une  manière  générale , qui  ne  s’applique  ni  à ce  canton  ni  à une 
espèce  particulière  : xcthîovjcci  Si  à xpûvJSit?^oi  ^ «AAa  par  ces 

mots,  ils  ne  sont  pas  nommés  crocodiles,  mais  champses,  il  ne 
veut  pas  dire  qu’on  les  nomme  crocodiles  dans  le  reste  de  1 Egypte  , 
et  cliampsès  seulement  à Eléphantine,  puisqu’il  assure  ensuite  que 

crocodile  est  ionien. 

Lorsque  Strabon  emploie  le  nom  de  suchus  ou  souchis,  il  me 
paroît  ne  l’appliquer  qu’à  l’individu  consacre  en  particulier.  Ces 
mots  (3) , xa!t  içiv  h^oç  {k^oxoSÎiXoç)  vrctp  àvlolç  «v  A'ifxvi}  cti/rov  rçiipopmç , 
roiç  h^tvcrif  xxXiiTut  Si  SS^oç  (ou  plutôt  , selon  la  coritc- 
tion  faite  par  Spanheim  d’après  les  manuscrits  de  Photius)  , ne  doivent 
pas  se  traduire  en  termes  généraux  : Le  crocodile  est  sacré  chez  eux 
( les  Arsinoïtes  ) , et  nourri  séparément  dans  un  lac,  et  doux  pour 
les  prêtre^ , et  nommé  suchisj  mais  bien  en  termes  particulieis:  Jls 


(i)  Panlh.  œg. , III , 

(a)  Herod. , a®,  éd. , II , 5i4  j noie  a55. 

(3)  Sirab. , liv.  XYH,  éd.  d’Amsterd.  , 1707  , II , 1 165  , D. 


46  CROCODILES 

o?it  un  crocodile  sacré  qu’ils  nourrissent  séjparément  dans  un  lac, 
. qui  est  doux  pour  les  prêtres  et  qu’ils  nomment  sucms. 

C’est  ainsi  que  le  bœuf  sacré  de  Memphis  s’appeloit  apis  , celui 
à’ Héliopolis  MNEvis,  et  celui  à’ Hermonthis  pacis  (i).  Mnevis,  apis 
et  pacis  n’étoient  pas  des  races  particulières  de  bœufs,  mais  bien  des 
bœufs  individuels  consacrés. 

Strabon , dans  le  récit  qu’il  fait  du  crocodile  à qui  il  donna  à man- 
ger, ne  parle  que  d’un  individu.  Hérodote  n’attribue  aussi  qu’à  un 
seul  individu  les  oimernens  et  les  honneurs  qu’il  détaille.  On  en 
choisit  UN,  dit-il. 

Diodore  parle  du  crocodile  du  lac  Mœris , du  bouc  de  Mendès , 
dans  la  même  phrase  que  êiapis  et  de  mneçis:  il  n’entend  donc  aussi 
que  des  individus. 

Plutarque  est  plus  exprès  qu’aucun  autre.  « Quoique  quelques 
» Egyptiens,  dit-il,  révèrent  toute  l’espèce  des  chiens,  d’autres 
» celle  des  loups,  et  d’autres  celle  des  crocodiles,  ils  n’en  nourris- 
» sent  pourtant  cfu’un  respectivement  : les  uns  un  chien,  les  autres 
« un  loup,  et  les  autres  un  crocodile  j parce  qu’il  ne  seroit  pas  pos- 
))  sible  de  les  nourrir  tous.  » 

Je  sais  qu’Ælien  a l’air  d’en  supposer  plusieurs  dans  l’histoire  qu’il 
rapporte  d’un  Ptoloméequiles  consultoit  comme  des  oracles  : Quum 
ex  crocodilis , antiquissimum  et prœstantissimum  appellaret  (2)  j 
mais  Plutarque,  rapportant  la  même  histoire,  n’en  met  qu’un  seul  : 
le  sacré  crocodile  (3). 

Il  est  vrai  qne  toute  l’espèce  étoit  épargnée  dans  les  lieux  où  l’on 
en  élevoit  un  individu.  Il  est  vrai  encore  que  ces  individus  consacrés , 
nourris  et  bien  traités  par  les  prêtres,  finissoient  par  s’apprivoiser j 
mais  loin  que  ce  fut  un  caractère  particulier  de  leur  espèce,  les  an- 
ciens rapportent  unanimement  ce  fait  comme  une  preuve  qu’il  n’est 
point  d’animal  si  cruel  qui  ne  puisse  s’adoucir  par  les  soins  de  l’homme, 


(1)  Macroh.  Satum. , lit.  I,  cap.  XXI. 

(2)  Aniin. , VIII,  4- 

(3)  Quels  anim.  sont  plus  avis.  Œuvres  Mor. , Si"],  F. 


VIVANS. 


47 

et  surtout  par  l’abonclance  de  la  nourriture.  Aristote  conclut  expres- 
sément de  cette  familiarité  des  prêtres  et  des  crocodiles , que  les  ani- 
maux les  plus  féroces  habiteroient  paisiblement  ensemble  si  les  vivres 
ne  leur  manquoient  pas  (i). 

On  a d ailleurs  la  preuve  que  les  crocodiles  les  plus  communs  dans 
les  cantons  où  leur  culte  étoit  établi  n’étoient  pas  plus  doux  que  ceux 
du  reste  de  l’Egypte;  au  contraire,  ils  étoient  plus  cruels,  parce 
qu  ils  etoient  moins  timides.  dElieu  rapporte  cjtie  cliez  les  ’l’yntyrites, 
qui  les  détruisdient  tant  qu’ils  poiivoient,  on  se  baignoit  etnageoit  en 
sûreté  dans  le  fleuve  ; tandis  qu’à  Oinhos , à Copias  et  à Arsmoë,  où 
on  les  révéroit , il  n’ étoit  pas  même  sûr  de  se  promener  sur  le  rivage , 
h plus  forte  raison  de  s’y  laver  les  pieds  ou  d’y  puiser  de  l’eau  (2). 
11  ajoute  dans  un  autre  endroit,  que  les  habitaiis  tenoient  à honneur 
et  se  réjouissoient  quand  ces  animaux  dévoroient  leurs  enfans  (3). 

Enfin,  quelle  que  fût  la  raison  primitive  d’un  culte  aussi  stupide 
que  celui  du  crocodile , on  a la  preuve  que  les  Egyptiens  ne  l’attri- 
buoient  pas  à la  douceur  d’une  espèce  c[ui  en  auroit  été  honorée 
particulièrement.  Au  contraire,  plusieurs  pensoient  que  c’étoit  leur 
férocité  même  qui  les  faisoit  adorer,  parce  qu’elle  les  rendoit  utiles 
au  pays,  en  arrêtant  les  courses  des  voleurs  arabes  etlybiens,  qui 

sans  les  crocodiles , auroient  passé  et  repassé  sans  cesse  le  fleuve  et 
ses  canaux.  Diodore  cite  en  détail  cette  raison  parmi  plusieurs  autres. 
Cicéron  l’avoit  déjà  citée  avant  lui:  Ægyptü  nullam  helluam  nisi 
ob  aliquam  utilitatem  consecraÿerunt  • crocodilum , qubd  terrore 
arceat  latrones. 

Il  reste  donc  à expliquer  le  passage  bizarre  de  Damascius , rap- 
porté par  Photius,  qui  a occasioné  la  supposition  de  Jablonski  et  de 
M.  Larcher. 

'O  iTTTroTToretfAoç  aS'aov  — 0 2S;^oç  (ou  plutôt  comme  le 

portent  les  manuscrits)  ytmiog/'OvofAct  xa)%i<^'oç  ô2S;^oç; 

« àJ'izu  ^aov. 


(1)  Hist.  An.,  IX,  cap.  i. 

(2)  Ælien,  Anim. , X , 2f. 

(3)  Idem,  ar. 


48  CROCODILES 

1j  hippopotame  est  injuste^  le  sucms  est  juste.  C'est  un  nom  et 
une  espèce  de  crocodile  ( ou  bien , il  a le  nom  et  la  figure  du  cro- 
codile ).  Il  îie  nuit  à aucun  animal. 

L’explication  est  simple.  Damascius  vivoit  sous  Justinien  , au 
sixième  siècle 5 son  maître  Isidore,  dont  il  écrit  la  vie,  n’etoit  guère 
plus  ancien.  De  leur  temps  les  payens  étoient  persécutés.  On  ne 
nourrissoit  plus  d’animaux  sacrés  en  Egypte;  il  ne  restoit  de  l’ancien 
culte  que  des  traditions  ou  ce  que  les  livres  en  rapportoient.  Damas- 
cius étoit  ignorant  et  crédule,  comme  les  seuls  titres  de  ses  ouvrages 
en  font  foi.  11  aura  lu  ou  entendu  dire  que  le  souchis  ou  cnoconiLE 
SACRÉ  d’arsinoe  nefaisoit  point  de  mal,  et  il  en  aura  fait  aussitôt 
pne  espèce  particulière  et  innocente,  si  toutefois  le  mot l/Joç  est  pris 
ici  pour  notre  mot  espèce  • car  on  sait  c[ue  sa  signification  est  am- 
biguë, et  la  manière  obscure  dont  il  est  place  par  Damascius  n est  pas 
propre  à en  fixer  le  sens. 

11  est  évident  d’ailleurs  que  le  sucms,  fiit-il  un  crocodile  moins 
fort  que  les  autres,  seroit  toujours  carnassier,  et  qu’on  ne  pourroit 
dire  raisonnablement  quilne  nuit  à aucun  animal.  Une  semblable 
erreur  est  faite  pour  ôter  tout  crédit  à ce  passage. 

De  Paw  semble  croire  que  les  Arsinoïtes  nommoient  leur  croco- 
dile «ywc/zw,  \ovÎ\3lüX.  élire  le  juste  (^i).  G est  quil  avoit  mele  dans  sa 
mémoire,  comme  U lui  arrive  souvent,  le  passage  de  Strabon  et  celui 
de  Pholius. 

Bochart  dérive  siichus  de  l’hébreu,  et  dit  qu’il  signifie  nageur , 
nom  convenable,  ajoute-t-il,  pour  le  crocodile  di Arsinoë , dont  le 
culte,  selon  quelques-uns,  ainsi  que  le  rapporte  Diodore  , avoit  été 
établi  par  le  roi  Menés , parce  qu’un  crocodile  l’avoit  sauvé  en  le 
portant  sur  son  dos  à la  nage,  un  jour  qu’il  étoit  tombé  dans  l’eau. 

Je  prévois  cependant  encore  une  objection.  Comment,  va-t-on  me 
demander,  ce  nom  de  suchis  est-il  devenu  appellatif,  puisque 
suchi  en  copte  signifie  un  crocodile  en  général,  aussi  bien  que  pi 
amsah  ? 


(i)  Rech.  philos,  sur  les  Egjpliens  et  les  Chinois , II , i23. 


VI  VANS. 

Je  réponds  que  Rircher  seul  me  paroît  avoir  introduit  ce  mot  dans 
■la  langue  copte,  et  je  crois  qu’il  l’a  forgé  d’après  le  passage  de  Stra- 
boii.  Le  savant  M.  de  Sacy  s’est  assuré  qu’on  ne  le  trouve  point  dans 
le  vocabulaire  manuscrit  rapporté  à Rome  par  Pietro  délia  Valle, 
et  déposé  depuis  pendant  quelque  temps  à la  bibliothèque  de  Paris, 
vocabulaire  qui  a servi  de  base  à la  Scala  de  Rircher.  Il  n’est  pas 
davantage  dans  un  autre  vocabulaire  apporté  d’Egypte  par  M.  Mar- 
cel. Rircher  lui-même  a varié  dans  l’orthographe  de  ce  mot;  et  dans 
le  supplément  de  son  Prodromus , p.  587,  il  l’écrit  pi  sojtgi,  appa- 
remment par  ce  qmil  suivoit  alors  les  exemplaires  de  Strabon  où  1 ou 
trouve  sojichis. 

a®.  Le  crocodile  a deux  arêtes.  {^Crocodilus  biporcatus , Nos. 

Crocodilus porosus ^ Schneider.  ) 

Le  hasard  a voulu  que  nous  possédassions  cette  espèce  dans  tous 
ses  âges,  depuis  la  sortie  de  l’œuf  jusqu’à  la  taille  de  douze  pieds; 
ce  qui  non-seulement  nous  a fourni  ses  caractères  avec  beaucoup  de 
certitude,  mais  nous  a encore  donné  les  renseignemens  les  plus 
utiles  sur  les  variations  de  forme  que  l’âge  fait  subir  aux  crocodiles 

en  général. 

Sa  tète , prise  dans  l’âge  adulte,  ne  diffère  de  celle  du  crocodile 
vulgaire  que  par  deux  arêtes  saillantes  qui  partent  de  1 angle  ante- 
rieur de  l’orbite,  et  descendent  presque  parallèlement  le  long  du 
museau,  en  disparoissant  par  degrés. 

Les  écailles  du  dos,  qui  ressemblent  à celles  de  l’espèce  vulgaire 
par  l’égalité  et  le  peu  d’élévation  de  leurs  crêtes,  en  diffèrent, 

I».  Parce  qu’elles  sont  plus  nombreuses:  la  première  rangée  en  a 
•quatre;  les  deux  suivantes,  six;  puis  en  viennent  huit,  de  huit  cha- 
cune ; puis  trois  à six , et  trois  à quatre  ; dix-sept  rangées  en  tout , sauf 
les  petites  variétés  individuelles; 

20.  Parce  qu’au  lieu  d’être  carrées  et  plus  larges  que  longues,  elles 
sont  ovales  et  plus  longues  que  larges. 

La  nuque  est  à peu  près  comme  dans  le  vulgaire. 

T.  V,  ae.  P,  - 7 


5o 


CROCODILES 

Outre  les  pores  ventraux  très-sensibles  dans  cette  espèce , elle  en 
a dans  sa  jeunesse  à toutes  ses  écailles  du  dos  et  aux  intervalles  trian- 
gulaires qu’elles  laissent  entre  elles. 

Ce  caractère  des  pores  dorsaux  ne  se  retrouve  un  peu  que  dans  les 
Ires-jeunes  individus  de  l’espèce  ordinaire  du  Nil. 

On  ne  peut  douter  que  ce  ne  soit  ici  le  crocodüus  porosus  de 
M.  Schneider.  La  description  qu’il  en  donne  est  parfaitement  exacte. 

G est  aussi  l’espèce  dont  j’ai  représenté  la  tête  dans  les  Archives 
zoologiques,  t.  II,  cah.  II,  pl.  II,  0g.  i ; mais  c’étoit  la  tête  d’un  in- 
dividu qui  n’avoit  qu’un  pied  de  long. 

A cet  càge,  la  tête  présente  des  différences  que  l’on  peut  saisir  en 
comparant  la  fîg.  1 9 de  notre  pl.  I , où  cette  tête  est  un  peu  rapetissée, 
à la  lig.  qui  représente  l’adulte  très-rapetissé. 

Dans  celle  de  l’individu  d’un  pied  de  long,  les  côtés,  au  lieu  de 
continuer  leur  direction  rectiligne,  se  courbent  un  peu  vis-à-vis  des 
yeux,  où  ils  renflent  très-légèrement  la  joue,  pour  devenir  presque 
parallèles  jusqu’à  l’articulation  des  mâchoires.  Les  fosses  du  crâne 
sont  plus  longues  que  larges,  et  les  orbites  beaucoup  plus  grands  que 
dans  l’adulte.  ^ 

La  tete  d un  individu  sorti  de  l’œuf  depuis  peu  de  temps  fait  voir 
encore  d autres  différences.  Nous  la  représentons  de  grandeur  natu- 
relle , pl.  I,  fîg.  18.  Son  caractère  le  plus  distinctif  tient  au  peu  de 
développement  proportionnel  du  museau. 

La  comparaison  que  j’ai  faite  des  jeunes  individus  de  l’espèce  val- 
gaire  et  de  espèce  de  Saint-Domingue  à leurs  adultes  m’a  offert  des 
différences  tout-à-fait  analogues,  et  il  est  probable  qu’il  y en  a de 
pareilles  dans  toutes  les  espèces.  Cette  observation  préservera  les 
naturalistes  d en  établir  sur  ces  caractères  d’âges. 

Nous  avons  dans  l’esprit-de-vin  trois  individus  entiers  de  celte 
espece,  depuis  six  jusqu’à  dix-huit  pouces  de  long  ; un  en  squelette, 
long  d’un  pied  et  demi;  un  autre  empaillé,  d’une  taille  double;  la 
tete  d un  qui  avoit  cinq  pieds;  un  squelette  de  dix  et  un  de  douze. 
Ce  plus  grand  squelette  a été  apporté  de  Java  au  Stathouder;  celui 
de  dix  pieds  vient  de  Timor,  ou  il  a été  fait  par  M.  Péron.  Le  même 


VIVANS. 


5i 

savant  voyageur  a rapporté  des  îles  Séchelles  plusieurs  jeunes  indi- 
vidus de  cette  espèce.  M.  Leschenault  en  a encore  apporté  un  sque- 
lette de  trois  pieds  de  Java.  Je  viens  d’en  recevoir  de  M.  Wallich 
de  Calcutta  un  superbe  squelette  de  dix-sept  pieds  de  longueur  d’un 
individu  pris  dans  le  Gange.  Il  est  donc  très-probable  que  c’est  ici  le 

crocodile  le  plus  commun  dans  toutes  les  rivières  qui  aboutissent  à la 
mer  des  Indes. 

C’est  bien  cette  espèce  que  représente  la  fig.  i , pi.  GUI  de  Séba, 
t.  I.  Nous  possédons  l’individu  de  Séba  au  Muséum .-  il  venoit  de 
Ceylan,  selon  cet  auteur. 

C est  aussi  à cette  espèce  que  se  rapporte  la  fig.  12 , pl.  CIV. 

Le  brun  est  distribue  dans  les  jeunes  individus  par  grandes  taches 
rondes,  isolées  sur  les  flancs,  rapprochées  en  bandes  sur  le  dos.  J’ignore 
si  les  couleurs  changent  avec  l’âge. 

M.  de  Labillardière  m’apprend  que  c’est  une  opinion  générale  à 
Java,  que  cet  animal  ne  dévoré  jamais  sa  proie  sur-le-champ,  mais 
qu  il  1 enfouit  dans  la  vase,  où  elle  reste  trois  ou  quatre  jours  sans 
qu  il  y touche.  Nous  verrons  bientôt  que  la  même  habitude  est  attri- 
buée à d’autres  espèces- 

3o.  Le  crocodile  a losange.  {Crocodilus  rhombifer,  Nos.  ) 

J ignore  sa  patrie.  J e n’en  ai  vu  que  deux  individus  : un  entier  du 
cabinet  de  1 Academie  des  Sciences,  et  un  autre  de  ce  Muséum,  qui 

étant  fort  mutilé , m’a  donné  occasion  d’en  tirer  le  squelette  de  sa 
tête. 

Les  caractères  de  cette  espèce  sont  très-frappans. 

1 . Son  chanfrein  est  plus  bombé  que  dans  toutes  les  autres;  sa 
coupe  transversale  représente  un  demi-cercle  au  moins  ; dans  le  cro- 
codile vulgaire,  c’est  une  courbe  extrêmement  surbaissée; 

20,  De  1 angle  antérieur  de  chaque  orbite  part  une  arête  mousse, 
rectiligne,  qui  se  rapproche  promptement  de  sa  correspondante,  et 
forme,  avec  elle  et  les  bords  internes  des  deux  orbites,  un  losange 
incomplet  à son  angle  postérieur.  Ces  deux  arêtes  se  distinguent  aisé- 

7^ 


CROCODILES 

ment  de  celles  de  l’espèce  précédente,  en  ce  qu  elles  ne  sont  point 
parallèles; 

3o.  Les  quatre  membres  sont  revêtus  d’écailles  pins  fortes  que 
dans  les  autres  espèces,  relevées  chacune  dans  son  milieu  d une  grosse 
arête  saillante;  ce  qui  leur  donne  l’air  d’etre  armes  plus  vigoureu?- 
sement. 

Ses  écailles  sont  à peu  près  les  mêmes  que  dans  le  crocodile  vulr 
gaire.  Sa  couleur  est  un  fond  verdâtre  tout  piqueté  en  dessus  de  pe- 
tites taches  brunes  très-marquées. 

40.  Le  crocodile  a,  casque.  {^Crocodilus  galeatus , Nob.  ) 

Il  doit  aussi  être  placé  à cet  endroit.  Son  admission  dans  le  cata- 
logue des  reptiles  ne  repose  encore  que  sur  la  description  qu  en  ont 
faite  à Siam  les  missionnaires  français  (i).  Le  seul  caractère  qu  on  en 
puisse  déduire  consiste  dans. deux  crêtes  triangulaires  osseuses,  im- 
plantées l’une  derrière  l’autre  sur  la  ligne  moyenne  du  crâne.  11  est 
également  bien  exprimé  dans  la  figure  et  dans  la  description.  Rien 
n’autorise  à le  regarder  comme  la  marque  de  l’âge  ou  du  sexe.  L’in- 
dividu décrit  n’avoit  que  dix  pieds,  et  nous  en  avons  d’aussi  grands 

des  deux  sexes  de  l’espèce  vulgan^e  qui  n’ont  point  de  crête. 

La  fi'Ture  donneroit  bien  encore  trois  autres  caractères;  car  elle 
ôte  aux  lûeds  de  derrière  leurs  dentelures,  leurs- palmures,  et  elle- 
fait  régner  les  deux  crêtes  dentelées  jusque  sur  le  bout  de  la  queue; 
mais  ce  sont  autant  de  fautes  du  dessinateur.  Les  deux  dernières  de 
ces  fautes  sont  expressément  contredites  par  la  description , et  la  pre- 
mière par  une  seconde  figure  du  même  animal  couché  sur  le  dos,  où, 
la  dentelure  est  bien  rendue. 

Néanmoins  ces  trois  fautes  ont  passé  dans  la  copie  insérée  dans 
l’histoire  de  la  montagne  de  Saint-Pierre  et  daps  le  Buffon  de  Déter- 
ville;  on,  y en  a même  ajouté  une  q^uatrième,  en  donnant  un  ongle- 
de  trop  à tous  les  pieds. 


(1)  Mêm.  de  VAcad.  des  Sc.  avant  1699 , t.  III , part.  II , p.  255 , pl.  64., 


V IVAN  s.  53 

Du  reste  ce  crocodile  ressemble  presque  en  tout  a l’espece  com- 
mune du  Nil.  Il  devient  grand:  les  missionnaires  en  ont  disséqué  un 
de  dix  pieds  et  plus. 

Leur  description  ne  s’exprime  pas  clairement  sur  le  nombre  des 
bandes  transversales  du  dos , ni  sur  celui  des  arêtes  dans  chaque  bande. 

Je  n’appelle  point  cette  espèce  siamensis , comme  l’a  fait  M.  Schnei- 
der, parce  qu’il  y en  a encore  une  autre  à Siam.  Le  troisième  indi- 
vidu décrit  par  les  missionnaires  u’avoit  point  de  crête  sur  le  casque , 
et  ses  yeux  étoient  plus  grands.  Il  étoit  probablement  de  la  même 
espèce  que  nos  squelettes  de  Java  , de  Timor  et  du  Bengale,  c est-à- 
dire  de  \ espèce  à deux  arêtes.  Cette  reunion  de  deux  especes  dans 
les  mêmes  contrées  paroît  avoir  lieu  dans  presque  toutes  les  parties 
de  l’Inde  (i). 

N’ayant  nous-mêmes  aucun  échantillon  de  ce  crocodile  sous  les 
yeux,  nous  copions  (pl.  I,  fig.  9)  figure  de  la  tete  revetue  de  sa 
peau,  telle  que  l’ont  donné  les  missionnaires. 

On  peut  y prendre  une  idée  de  sa  forme  générale,  de  sa  ressem- 
semblance  avec  celle  de  l’espèce  vulgaire , et  de  la  position  des  crêtes 
qui  l’en  distinguent. 

5o.  Le  crocodile  a deux  plaques.  (Crocodilus  hiscutatus.  Nos.) 

Adanson  annonçoit,  dans  son  Voyage  au  Sénégal,  que  ce  fleuve 
possède  une  seconde  espèce  de  crocodile,  plus  noire , plus  cruelle  et 
à museau  plus  allongé  que  la  verte,  qui  est  la  vulgaire. 

Aucun  naturaliste  ne  s’est  pu  faire  d’idée  nette  de  ce  crocodile 
noir.  Les  uns  se  sont  bornés  à citer  ces  deux  ou  trois  lignes  d’A- 
danson  et  à laisser  le  crocodile  noir  comme  une  espèce  encore  obs- 
cure ; c’étoit  le  parti  le  plus  sage,  celui  qu’a  pris  M.  de  Lacépède. 

D’autres,  comme  Gronovius  et  Gmelin , l’ont  cru  le  même  que  le 
gaoial,  qui  n a certainement  rien  de  noir  j d’autres  enfin  l’ont  entiè- 
rement négligé. 


(i)  Fouché d’Obsonville , Essais  sur  les  Mœurs  des  divers  Animaux  étrangers , p.  29 


54  CROCODILES 

M.  Adanson  lui-méme  sembloit  l’avoir  oublié  ; car,  ainsi  que  nous 
l’avons  rapporté  ci-dessus,  il  avoit  donné  pour  tel , il  y a long-temps, 
au  cabinet  du  Roi,  un  caïman  à paupières  osseuses,  et  dans  ses 
portefeuilles  il  avoit  fait  dessiner  un  crocodile  vulgaire  comme  le 
crocodile  noir,  et  un  caïman  comme  le  vert.  J’ai  vérifié  ce  dernier 
point  en  parcourant  ses  papiers. 

Cependant  c’est  à l’aide  d’un  bocal  de  son  cabinet  que  je  suis  re- 
venu sur  la  trace  de  cette  espèce , et  que  je  crois  l’avoir  retrouvée. 

Ce  bocal  portoit  pour  étiquette  de  la  main  d’Adanson , gavial  du 
SÉNÉGAL , et  ensuite  une  addition  postérieure  en  ces  mots  : et  du  gange  , 
à gueule  allongée  et  étroite.  Il  y avoit  évidemment  ici  une  confu- 
sion fondée  apparemment  sur  le  trop  de  confiance  qu’avoit  eue  Adan- 
son dans  les  rapprochemens  de  Gronovius. 

L’individu  contenu  dans  le  bocal  étoit  de  mon  sous-genre  croco- 
dile , mais  d’une  espèce  particulière.  J’en  ai  trouvé  un  semblable 
empaillé  et  fort  mutilé  dans  le  cabinet  de  l’Académie  des  Sciences. 
La  couleur  de  l’un  et  de  l’autre  paroît  plus  foncée  que  dans  les  cro- 
codiles vulgaires.  Je  ne  doute  donc  presque  pas  que  ce  ne  soit  ici 
le  vrai  crocodile  noir,  vu  autrefois  par  Adanson  au  Sénégal,  en- 
suite oublié  et  confondu  par  lui  avec  d’autres  espèces,  lorsque 
ses  études  générales  lui  eurent  fait  perdre  de  vue  les  objets  par- 
ticuliers du  voyage  qui  avoit  occupé  les  premières  années  de  sa 
jeunesse. 

Ce  crocodile  a les  mâchoires  un  peu  plus  allongées  que  celles  de 
1 espece  vulgaire ^ mais  elles  le  sont  moins  que  dans  celle  de  Saint- 
Domingue.  Il  ressemble  à cette  dernière  par  les  écailles  du  dos,  ayant 
comme  elle  les  deux  lignes  longitudinales  d’arêtes  du  milieu  plus 
basses  que  les  deux  latérales , et  celles-ci  disposées  un  peu  irrégu- 
lièrement. Mais  son  caractère  le  plus  éminent,  celui  par  lequel  il  dif- 
fère de  toutes  les  espèces  du  sous-genre , c’est  que  sa  nuque  n’est 
armee  que  de  deux  grandes  écailles  pyramidales  sur  son  milieu , et 
de  deux  petites  en  avant. 

Le  nombre  des  rangées  transversales  jusque  derrière  les  cuisses 
n est  que  de  quinze  dans  l’individu  empaillé.  Les  deux  crêtes  latérales 


V IVAN  s. 


55 

de  la  queue  régnent  jusqu’à  la  dix-septième  rangée , et  il  y en  a ensuite 
seize  à crête  simple. 

Les  écailles  des  deux  lignes  longitudinales  moyennes  sont  plus 
larges  que  longues.  Celles  du  dessous  ont  des  pores,  mais  je  n’ai  pu 
en  voir  aux  supérieures. 

6 . Le  crocodile  a museau  effile  ou  de  Saint  — Dorriingue, 
{Crocodiliis  acutiis ^ Wob.) 

Il  n’y  a point  d’équivoque  pour  cette  espèce-ci:  elle  se  distingue 
nettement  de  celle  du  Nil  par  les  formes  comme  par  le  climat.  Le 
Muséum  1 a tiree  de  la  grande  île  de  Saint-Domingue  j mais  il  est  pro- 
bable qu’elle  existe  aussi  dans  les  autres  grandes  Antilles , et  il  seroit 
curieux  de  savoir  si  on  la  trouve  sur  le  continent  de  l’Amérique,  à 
côté  de  l’un  ou  de  l’autre  caïman. 

M.  Geoffroy  est  le  premier  qui  T ait  fait  connoître.  Le  père  Plu- 
mier 1 avoit  cependant  décrite,  disséquée  et  parfaitement  bien  des- 
smee;  mais  ses  observations  étoient  restées  manuscrites,  excepté  ce 
que  Gauthier  (i)  et  M.  Schneider  (a)  en  ont  publié,  le  dernier  sans 
savoir  à quelle  espèce  elles  se  rapportoient.  M.  Descourtils  en  a 

donné  de  nouvelles  qui  sont  pleines  d’intérêt,  et  qui  achèvent  de 
faire  connoître  ce  dangereux  reptile  (3).  Nous  en  avons  vu  il  y a 
quelques  mois  un  individu  vivant  que  l’on  a montré  dans  plusieurs 
parties  de  l’Europe  et  qui  vient  de  mourir  dans  la  Belgique. 

Son  museau  est  plus  effile  que  celui  de  tous  les  autres  crocodiles 
précédons,  même  du  crocodile  noir. 

La  largeur  de  la  tête  à l’articulation  des  mâchoires  est  comprise 
deux  fois  et  un  quart  dans  sa  longueur.  La  longueur  du  crâne  ne  fait 
qu’un  peu  plus  du  cinquième  de  la  longueur  totale  de  la  tête.  Les 
mâles  ont  cependant  toutes  ces  proportions  un  peu  plus  courtes  que 


(r)  Obwv.  surVHist.  nat. , la  Phj-s,  et  les  Arts,  XY«.  part. , p.  i3i  et  suiv, 

(2)  Histor.  Amphib.,  fascic.  II , p.  (j3  et  suiv. 

(3)  Fbj-.  dun  Naturaliste,  etc. , Paris  , 1809,  t.  III,  p.  i et  suiv. 


56  CROCODILES 

les  femelles  , et  se  rapprochent  un  peu  des  femelles  du  crocodilô 
vulgaire , surtout  quand  ils  sont  jeunes. 

Sur  le  milieu  du  chanfrein,  un  peu  en  avant  des  orbites,  est  une 
convexité  arrondie  plus  ou  moins  sensible.  La  face  supérieure  du 
museau  n’offre  point  de  lignes  saillantes  5 les  bords  des  mâchoires 
sont  encore  plus  sensiblement  festonnes  que  dans  1 espece  d Egypte , 
en  prenant  des  individus  du  même  âge. 

Les  plaques  de  sa  nuque  sont  à peu  près  les  mêmes  que  dans  1 es- 
pèce d’Egypte  j mais  celles  du  dos,  et  c’est  ici  son  caractère  le  plus 
distinctif,  ne  forment  proprement  que  quatre  lignes  longitudinales 
d’arêtes  (comme  dans  le  précédent) , dont  les  mitoyennes  sont  peu 
élevées  et  les  externes  fort  saillantes.  Celles-ci  sont  de  plus  placées 
irrégulièrement,  et  en  ont  quelques-unes  d eparses  le  long  de  leur 
coté  externe.  Cette  armure  du  dos  n’approche  donc  point  de  1 égalité 
ni  du  nombre  des  pièces  de  celle  du  crocodile  vulgaire^  Les  mi- 
toyennes sont  encore  plus  larges  à proportion  que  dans  l’espèce  vul- 
gaire. Il  n’y  a que  quinze  ou  seize  rangées  transversales  jusqu’à  l’o- 
rigine de  la  queue.  Celle-ci  a dix -sept  ou  dix -huit  rangées  avant  la 
réunion  des  deux  crêtes,  et  dix -sept  après.  Les  arêtes  mitoyennes 

cessent  à la  huitième  ou  neuvième  rangée. 

Ses  pieds  ne  diffèrent  point  de  ceux  du  vulgaire.  Ses  écailles  infé- 
rieures ont  chacune  leur  pore. 

La  tête  est  un  peu  plus  de  sept  fois  dans  la  longueur  totale.  Le 
dessus  du  corps  est  d’un  vert-foncé,  tacheté  et  marbré  de  noir  ; le 
dessous  d’un  vert  plus  pâle. 

Depuis  que  nous  possédons  le  grand  individu  envoyé  par  le  gé- 
néral Rochambeau,  nous  en  avons  reconnu  au  Muséum  un  autre  qui 
y avoit  été  envoyé  depuis  long-temps  d’Amérique  , et  nous  en  avons 
trouvé  trois  de  différentes  grandeurs , empaillés , dans  des  cabinets  et 
chez  des  marchands. 

Je  ne  doute  plus  que  ce  ne  soit  cette  espèce  que  Séba  a voulu  of- 
frir dans  sa  fameuse  pl.  106,  t.  I.  Le  peintre  y a mal  rendu  les  dents 
et  les  écailles,  surtout  celles  de  la  nuque , et  donné  un  doigt  de  trop 
au  pied  de  derrière  j mais  .il  a fait  des  fautes  plus  graves  dans  vingt 


t 


VIVANS.  5'] 

autres  occasions.  Néanmoins  l’habitude  totale  est  celle  du  crocodile 
de  Saint-Domingue , et  c’est  aussi  d’Amérique  que  l’individu  venoit. 
Si  l’original  de  cette  figure  existoit  comme  espèce,  et  avoit  en  effet 
les  caractères  qu’elle  montre,  j’ose  dire  qu’il  seroit  impossible  qu  on 
n’en  eut  pas  revu  de  semblables  depuis  Séba. 

Un  autre  point  de  synonymie  qui  me  paroît  plus  sur  encore,  c est 
que  les  différens  petits  crocodiles  de  Cui'açao , représentés  dans 
Séba  , pb  CIV,  fig.  I — 9,  sont  aussi  de  cette  espèce.  On  peut  le  juger 
surtout  par  la  disposition  de  leurs  écailles.  Nous  avons  trois  de  ces 
individus  de  Séba  au  Muséum,  dans  la  liqueur , qui  ne  laissent  aucun 
doute. 

M.  Descourtils  nous  apprend  que  les  mâles  sont  beaucoup  moins 
nombreux  que  les  femelles  j qu’ils  se  battent  entre  eux  avec  achar- 
nement j que  l’accouplement  se  fait  dans  l eau  sur  le  cote  ^ que  1 in- 
tromission dure  à peine  vingt-cinq  secondes;  que  les  mâles  sont  pro- 
pices à la  génération  à dix  ans,  les  femelles  à huit  ou  neuf;  que  la 
fécondité  de  celle-ci  ne  dure  guère  que  quatre  ou  cinq  ans. 

Selon  lui,  la  femelle  creuse  avec  les  pattes  et  le  museau  un  trou 
circulaire  dans  le  sable  sur  un  tertre  un  peu  élevé , où  elle  déposé 
vingt-huit  œufs  humectés  d’une  liqueur  visqueuse,  rangés  en  cou- 
ches séparées  par  un  peu  de  terre  et  recouverts  de  terre  battue. 

La  ponte  a lieu  en  mars,  avril  et  mai,  et  les  petits  éclosent  au  bout 
d’un  mois. 

Ils  n’ont  que  neuf  ou  dix  pouces  au  sortir  de  l’œuf;  mais  ils  crois- 
sent jusqu’à  plus  de  vingt  ans,  et  atteignent  seize  pieds  et  plus  en 
longueur. 

Lorsqu’ils  éclosent,  la  femelle  vient  gratter  la  terre  pour  les  dé- 
livrer; les  conduit,  les  défend  et  les  nourrit  en  leur  dégorgeant  la 
pâture  pendant  trois  mois , espace  de  temps  pendant  lequel  le  mâle 
cherche  à les  dévorer. 

M.  Descourtils  confirme  ce  qu’on  a observé  des  crocodiles  en  gé- 
néral, qu’ils  ne  peuvent  manger  dans  l’eau  sans  risque  d’être  étouffés. 
Celui-ci  se  creuse  des  trous  sous  l’eau , où  il  entraîne  et  noie  ses  vic- 
timeSj  qu’il  y laisse  pourrir. 

T.  V,  ae.  P. 


8 


58 


CROCODILES 


Il  peut  très-bien  mordre  sa  queue  : ce  qui  prouve,  que  ces  ani- 
maux sout  plus  flexibles  qu’on  ne  le  dit. 

Je  trouve  aussi  dans  une  note  d’un  pharmacien  de  Saint-Domingue, 
qui  m’a  été  remise  par  feu  M.  Parmentier , que  le  crocodile  de  Saint- 
Domingue  préfère  la  chair  de  nègre  ou  de  chien  j qu’il  la  laisse  pourrir 
avant  de  la  dévorer;  qu’un  individu  très-jeune,  retenu  en  captivité, 
ne  put  être  nourri  qu’avec  des  boyaux  à demi -putréfiés;  que  la  fe- 
melle a l’instinct  de  venir  découvrir  ses  petits  quand  ils  éclosent. 

Pour  éviter  le  crocodile,  les  chiens  aboient,  et  les  chevaux  bat- 
tent l’eau  dans  un  lieu  afin  de  l’attirer,  et  se  hâtent  ensuite  d’aller 
boire  plus  loin. 

Le  crocodile  de  Saint-Domingue  est  généralement  nommé  cdi- 
man  par  les  colons  et  par  les  nègres  de  cette  île. 

7°.  Crocodile  a nuque  cuirassée.  (Crocodiliis  cataphractus , Nos.) 

J’ai  observé  cette  espèce  en  1818  au  Muséum  des  Chirurgiens  de 
Londres,  où  l’on  en  conserve  un  individu  fort  desséché.  Son  museau 
est  encore  plus  allongé  et  plus  étroit  que  dans  le  crocodile  de  Saint- 
Domingue;  la  longueur  de  sa  tête  étant  comprise  deux  fois  et  demie 
dans  sa  largeur.  Il  n’a  sur  le  chanfrein  ni  cette  convexité  particulière 
à l’espèce  de  Saint-Domingue , ni  aiicune  autre  marque  notable. 

On  lui  compte  dix-sept  dents  de  chaque  côté  à la  mâchoire  supé- 
rieure, et  cjuinze  à l’inférieure.  Les  fosses  du  crâne  se  voient  au  tra- 
vers de  la  peau  comme  dans  les  crocodiles. 

Ce  qui  le  caractérise  encore  plus  que  son  museau,  c’est  l’armure 
de  sa  nuque  ; après  deux  plaques  ovales  isolées , et  une  rangée  de 
quatre  autres  plus  petites,  également  ovales  et  isolées,  il  vient  cinq 
bandes  écailleuses  continues  entre  elles  et  avec  les  écailles  du  dos, 
formées  chacune  de  deux  gx’andes  écailles  carrées.  Les  deux  premières 
paires  sont  fort  larges;  les  trois  suivantes  diminuent  graduellement; 
et  toutes  ensemble  forment  sur  la  nuque  une  cuirasse  aussi  solide 
que  celle  d’aucun  cdiman  ou  ganal.  Les  écailles  du  dos  sont  caré- 
nées et  disposées  par  rangées  transversales  de  six  chacune,  excepté 
es  deux  premières  qui  n’en  ont  que  quatre. 


VI  VAN  s.  59 

Cette  espèce  est  évidemment  distincte  de  toutes  celles  que  j’ai  dé- 
crites dans  ma  première  édition;  malheureusement  on  n’a  point  con- 
servé de  note  sur  son  origine  (i). 

IIIo.  Espèces  de  Gavials. 

Le  premier  c[ui  ait  parlé  d’un  crocodile  à bec  cylindrique  est  le 
peintre  anglais  Edwards.  Il  en  décrivit,  en  1756,  dans  le  t.  49 
Trans.  phil. , pl.  19,  un  individu  sortant  de  l’oeuf,  qui  avoit  encore 
son  sac  ombilical  pendant  hors  de  l’abdomen,  et  il  fit  de  ce  sac,  le- 
quel n est  que  le  reste  du  jaune  qui  n’est  pas  encore  rentré  dans 
l’abdomen,  comme-cela  arrive  toujours  un  peu  apres  la  naissance;  il 
en  fit,  dis-je,  un  des  caractères  de  l’espèce.  Il  1 annonça  comme  ve- 
nant de  la  côte  d’Afrique. 

Gronovius  en  décrivit  brièvement  un  autre  de  son  cabinet , en 
1763  {Zooph.,  p.  10),  et  loua  beaucoup  la  figure  d’Edvvards. 

Merck  en  décrivit  un  troisième,  en  1785  (Hessische  Beytrœge , 
II,  I,  p.  78,  et  Troisième  Lettre  sur  les  Os  foss. , p.  a5),  auquel 
la  figure  d’Edwards  ne  lui  parut  au  contraire  point  ressembler  du  tout. 
On  auroit  pu  dès  lors  soupçonner  qu’il  y en  avoit  deux  especes. 
C’est  ce  que  parut  faire  Gmelin  ^Syst.  nat. , 1. 1,  part.  III,  p.  io58)  ; 
mais  il  indiqua  des  caractères  peu  exacts. 

Tous  ces  individus  étoient  petits  et  les  descriptions  courtes. 

M.  de  Lacépède  donna  le  premier  la  description  complété,  avec 
les  mesures  et  la  figure , d’un  individu  long  de  douze  pieds,  venu  de 
iTnde  au  Muséum.  C’est  ce  célèbre  naturaliste  qui  a donné  à 1 espèce 
le  nom  indien  de  gwial.  Son  traducteur  allemand,  M.  Bechstein,  en 
a décrit  un  autre  de  six  pieds. 

Mais  notre  Muséum  en  possède  depuis  long -temps  un  de  plus  de 
deux  pieds  et  demi,  que  M.  de  Lacépède  a déjà  indiqué  dans  son  ou- 
vrage , et  un  squelette  à peu  près  de  même  grandeur  que  j’ai  fait  pré- 

(i)  M.  Graves , dans  le  t.  II  des  Annales  générales  des  Sciences  physiques  , p.  343,  décrit 
encore  deux  crocodiles  qu’il  regarde  comme  nouveaux , et  qu’il  nomme , l’un  Cr.  inlermedius , 
l’autre  Cr.  planirostris } mais  comme  il  n’en  donne  point  de  figure  , il  est  difficile  d’en  portes 
un  jugement  positif. 


8* 


6o  . CROCODILES 

parer:  Tun  et  Fautre  difFèrent  très -sensiblement  du  grand  individu, 

M.  Faujas  a fait  graver  de  belles  figures,  tant  de  notre  grand  que 
de  notre  petit  gapial  {Hùt.  de  la  Montagne  de  Saint-Pierre , 
pl.  4fi  et  48),  ainsi  qu’une  excellente  de  la  tète  osseuse  du  grand 
(pl.  47)5  et  je  dois  dire  que  c’est  lui  qui  m’a  rendu  attentif  à leurs 
différences,  quoiqu'il  n’ait  pas  jugé  à propos  d’en  faire  usage  pour 
établir  deux  espèces.  Je  les  ai  exposées , en  1802 , dans  mon  premier 
mémoire  sur  les  crocodiles. 

Depuis  lors  j’ai  ajouté  à mes  matériaux  un  -à.\x\xQ  gavial  de  près  de 
trois  pieds,  et  un  d’un  pied  et  demi,  ainsi  que  trois  têtes  plus  ou  moins 
adultes;  objets  que  je  dois  tous  à l’extrême  complaisance  de  M.  Wal- 
lich,  directeur  du  jardin  de  la  compagnie  des  Indes  à Calcutta. 

J ai  eu  de  plus  encore  une  tète  un  peu  moindre  que  ces  trois-là, 
et  un  petit  individu  de  dix-neuf  pouces. 

Ces  matériaux  nouveaux  m’ont  presque  fait  revenir  sur  l’opinion 
que  j’avois  eue  d’abord  d’une  différence  d’espèce.  En  effet,  mon  ga- 
vial de  trois  pieds  a déjà  sensiblement  le  crâne  et  ses  trous  plus  larges 
à proportion  que  les  petits  individus,  en  sorte  qu’il  ne  seroit  pas 
impossible  que  l’élargissement  de  ces  parties,  principale  distinction 
du  grand  gavial,  lut  un  effet  de  l’âge. 

Je  décrirai  cependant  les  gavials  des  deux  grandeurs  séparément, 
laissant  au  temps  et  aux  observateurs  h décider  cette  question. 

lo.  Grand  gavial  {Crocodilus  longirostris , Schn.  Lacerta  gan- 

getica,  Gmel.). 

Le  nom  de  crocodile  du  Gange  a l’inconvénient  de  faire  croire 
qu’il  n’y  en  a point  d’autre  dans  ce  fleuve.  Or  des  crocodiles  sem- 
blables dM  vulgaire,  c’est-à-dire  de  l’espèce  à deux  arêtes,  s’y  trou- 
vent aussi  en  quantité.  Je  viens  d’en  recevoir  de  M.  Wallich  un 
squelette  de  dlx-sept  pieds  de  long  d’un  individu  tué  près  de  Calcutta. 
Les  anciens  ne  l’ignoroient  pas.  «Le  Gange  (dit  Elien  (i))  nourrit 


(i)'Lib.  XII,  cap.  4i. 


VIVANS.  . 6i 

» deux  sortes  de  crocodiles  : les  uns  innocens,  les  autres  cruels.  » 
En  effet,  le  gavial  ne  se  nourrit  c[ue  de  poissons  j et  quoiqu’il  arrive 
aussi  à une  taille  gigantesque , il  n’est  pas  dangereux  pour  les  hommes. 
M.  de  Fichtel,  habile  naturaliste,  attaché  au  cabinet  de  l’empereur 
d’Autriche , qui  a vu  lui-même  les  deux  crocodiles  sur  les  bords  du 
Gange,  ua’a  garanti  ce  fait. 

Il  est  probable  d’ailleurs  qu’on  retrouve  le  dans  les  fleuves 

voisins  du  Gange,  comme  le  Buram-Pouter , etc. 

Cette  espèce  n’est  encore  bien  représentée  que  par  M.  Faujas 
de  la  Mont,  de  Saint-PieiTe , pl.  /|6)- 

Son  museau  est  presque  cylindrique  j il  se  renfle  un  peu  au  bout 
et  s’évase  à sa  racine.  La  tête  s’élargit  singulièrement,  surtout  en  ar- 
rière : sa  dimension  trausverse  est  comprise  deux  fois  et  deux  tiers  de 
fois  dans  sa  longueur  totale;  mais  la  longueur  du  crâne,  à prendre 
jusqu’entre  les  bords  antérieurs  des  orbites,  est  comprise  quatre  fois 
et  un  tiers  dans  la  longueur  totale.  La  table  supérieure  du  crâne, 
\ derrière  les  orbites,  forme  uii  rectangle  d’un  tiers  plus  large  que  long. 
Les  orbites  sont  plus  larges  que  longs;  l’espace  qui  les  sépare  est  plus 
large  qu’eux-mêmes.  Les  trous  du  crâne  sont  plus  grands  que  dans 
aucune  autre  espèce,  plus  grands  même  que  les  orbites,  et,  comme 
eux , plus  larges  que  longs.  Ils  ne  se  rétrécissent  presque  pas  vers 

leur  fond. 

Je  compte  vingt-cinq  dents  de  chaque  côté  en  bas,  ^t  vingt-huit 
en  haut  dans  le  grand  individu  empaillé  et  dans  la  tête  gravee  par 
M.  Fanjas:  en  tout  cent  six  dents. 

Les  trois  têtes  envoyées  de  Calcutta  en  ont  vingt-six  en  bas  et 
vingt-neuf  en  haut:  en  tout  cent  dix. 

La  longueur  du  bec  est  à celle  du  corps  comme  i à ^ et  demi.  Il 
n’y  a derrière  le  crâne  que  deux  petits  écussons  ; puis  viennent  quatre 
rangées  transversales  qui  se  continuent  avec  celles  du  dos.  Toutes 
ces  rangées  sont  comme  dans  le  suivant. 


62 


CROCODILES 


2®.  Le  petit  gavial  ( Crocodilus  tenuirostris , Nos.). 

M.  Faujas  en  a aussi  donné  une  figure  de  la  Mont,  de 

Saint-Pierre , pl.  48)*  Son  crâne  est  plus  long  et  moins  large  , à 
proportion  de  son  museau,  que  dans  \e  gJ'aiid gapiaî. 

La  longueur  du  crâne,  à prendi’e  jusques  entre  les  bords  anté- 
rieurs des  oi’bites , est  comprise  trois  fois  et  un  tiers  seulement  dans 
la  longueur  totale.  La  table  supérieure  du  crâne,  derrière  les  orbites, 
forme  un  carré  aussi  long  que  large.  Les  orbites  sont  plus  longs  que 
larges,  plus  grands  à proportion  de  la  tête,  séparés  par  un  espace 
moitié  plus  étroit  que  chacun  d’eux.  Les  trous  du  crâne  sont  plus 
longs  que  larges  et  bien  rétrécis  dans  leur  fond.  Je  compte  une  paire 
de  plus  ou  de  moins  de  dents  de  chaque  côté,  soit  en  bas,  soit  en 
haut,  dans  mes  dilFérens  exemplaires.  Les  vrais  nombres  paroissent 
les  mêmes  que  dans  le  précédent. 

La  longueur  du  bec  est  à celle  du  corps  comme  i à 7.  Il  est  donc 
un  peu  plus  long  que  dans  le  grand. 

La  nuque  est  armée  derrière  le  crâne  de  deux  paires  d’écussons 
ovales,  ensuite  de  quatre  rangées  transversales  : la  première  de  deux 
grandes  écailles  ; les  deux  suivantes  de  deux  grandes  et  de  deux  pe- 
tites; la  quatrième  de  deux  grandes,  et  les  bandes  du  dos  sont  la 
continuation  de  celles-là  : elles  ont  toutes  quatre  grandes  écailles  car- 
rées et  deux  fort  étroites  sur  le  côté.  Toutes  ces  écailles  ont  des  arêtes 
égales  et  peu  élevées.  Le  nombre  des  bandes  dorsales  est  de  dix-huit. 
Les  crêtes  de  la  queue  sont  doubles  jusqu’à  la  dix-neuvième  bande. 

Si  ce  ganal  est  autre  chose  qu’un  jeune  du  grand,  il  n’en 
habite  pas  moins  comme  celui-ci  les  eaux  du  Gange,  car  j’en  ai  reçu 
de  Calcutta  un  individu  entièrement  semblable  à celui  que  je  viens 
de  décrire. 

Comme  je  l’ai  dit  plus  haut,  j^en  ai  en  outre  du  même  lieu  un  in- 
dividu un  peu  plus  grand  et  à crâne  un  peu  plus  large.  Pour  donner 
une  idée  bien  juste  des  proportions  respectives  de  ces  animaux  et  des 
divers  crânes  c[ue  j’ai  eus  à ma  disposition,  je  donne  ici  la  table  de 
leurs  principales  dimensions. 


VIVANS.  63 


64 


CROCODILES 


Article  V, 

Résumé  et  tableau  méthodique  du  genre  et  de  ses  espèces. 

Nous  voilà  loin  de  Tépoque  où  les  plus  grands  naturalistes  n’ad- 
mettoient  qu’une  seule  espèce  de  crocodile  5 il  faudra  en  inscrire 
maintenant  douze  et  peut-être  quinze  dans  le  catalogue  des  reptiles. 
Préparons  d’avance  cette  partie  du  travail  des  futurs  rédacteurs  du 
Systema  Naturœ,  en  résumant  ici  les  caractères  génériques  et  spé- 
cifiques établis  dans  cette  section. 

Je  me  bornerai  à citer  pour  tous  synonymes  les  bonnes  figures 
originales  : cette  réserve  vaut  mieux  que  d’entasser  une  foule  de 
citations  douteuses  qui  ne  servent  qu’à  tout  embrouiller. 

CLASSIS.  AMPHIBIA. 

ORDO.  SAÜRI. 

GENUS.  CROCODILUS. 

* Dentes  conici,  sérié  simplici.  Lingua  carnosa,  lata,  ori  affixa.  Gauda 
compressa,  supernè  carinato  serrata.  Plantæ  palmatæ  aut  semi-palmatæ. 
Squamæ  dorsi , ventris,  et  caudæ , latæ  sub-quadratæ. 

^ Alugatobes. 

Dente  infero  utrinque  quarto  in  fossam  maxillœ  superioris  recipiendo , 

plantis  semi-palmatis. 

1 .  Crocodilus  lucius. 

Roslro  depresso  parabolico , sentis  nuchæ  quatuor. 

Habitat  in  Americâ  septentrional!. 

2.  Crocodilus  sclerops. 

Porca  transversa  inter  orbitas,  nucha  fasciis  osseis  quatuor  cataphracta. 
{Seb.  I,  tab.  io4,  f.  10,  fig.  mediocr.  ) 

Habitat  in  Guyanâ  et  Brasilia. 

3.  Crocodilus  paîpebrosus. 

Palpebris  osseis , nucha  fasciis  osseis  quatuor  cataphracta. 

Habitat  in  Guyanâ. 


65 


VIVANS. 


4*  Crocodilus  trigonatus- 

Palpebris  osseis,  scutis  nuchæ  irregularibus  carinls  elevatis  trigonîs. 

tab.  io5jf.  3.)  ■ • • • 

Nutn  variet.  præced.? 

Habitat  in  Guyana. 


**  CROCODlLr. 

Dente  infero  utrmque  quarto  , per  scissiiram  maxillœ  superioris  iran&eunie , 
plantis  palinatis , rosira  oblongo. 

5.  Crocodilus  vulgaris- 

Rostro  æquali , scutis  nuchæ  6 , squamis  clorsi  quadratis , sexfariam 
positis. 

( Ann,  Mus.  Parts.  X,  tab.  3.  ) 

Habitat  in  Africa. 

6.  Crocodilus  biporcatus. 

Rostro  porcis  2 subparallelis , scutia  nuchæ  6,  squamis  dorsi  ovalibus  , 
octofariam  positis.  ^ 

Habitat  in  insulis  Maris  Indici,  in  Gange,  etc. 

7.  Crocodilus  rhombifer. 

Rostro  convexiore,  porcis  2 convergentitms,  scutis  nuchæ  6,  squamis  dorsi 
quadratis  sexfariam  positis;  memLrorum  squamis  crassis,  carinatis. 

Habitat 


8.  Crocodilus  galeatus. 

Crista  elevata  bidentata  in  vertice,  scutis  nuchæ  6. 

( Hist.  anim.  Paris,  t.  64.  ) 

Habitat  in  Indiâ  ultl’a  Gangem. 

9.  Crocodilus  biscuiatus. 

Squamis  dorsi  intermediis  quadratis,  exterioribus  irregularibus  subspar- 
sis,  scutis  nuchæ  2. 

Habitat ' 

10.  Crocodilus  acutus. 

Squamis  dorsi  intermediis  quadratis , exterioribus  irregularibus  subspar- 
sis,  scutis  nuchæ  6,  rostro  productiore,  ad  basim  convexo. 

( An,  Mus.  Paris.  II,  tab.  3y.  ) 

Habitat  in  magnis  Antillis, 

T.  V,  2e.  P. 


9 


66 


CROCODILES  VIVANS. 


I T . Crocodilus  calaphractusZ 
Nucha  fascüs  4 osseis  cataphacta,  rostro  productiore»’ 
Habitat 

Longirostkes. 

Rostro  cylindrico i elongato  , plantis  palmatis 

12.  Crocodilus  gangeticus- 
Vertice  et  orbitis  transversis. 

( Faujas y Hist.  mont.  S.  Pétri , tab.  46.  ) 
Habitat  in  Gange  fluvio. 

13.  Crocodilus  tenuirostris. 

Vertice  et  ox’bitis  angustioribus. 

( FaujaSf  loc.  cit.,  tab.  48.  ) 

Habitat  in  Gange  fluvio. 

Num  pulliis  proced.  ? 


OSTÉOLOGIE  DES  CROCODILES. 


67 


SECTION  IL  , 

Obserj^-^tions  sur  lOstéologie  des  Crocodiles  vivans. 

L’ostéologie  du  crocodile  étoît  avant  moi  à peu  près  aussi  impar- 
faitement connue  que  celle  de  la  plupart  des  grands  quadrupèdes 
vivipares. 

Yesllng  (i)  et  Plumier  (2)  en  avoient  donné  anciennement  quel- 
ques notions  incomplètes.  Les  descriptions  de  Duverney  et  de  Per- 
rault, faites  assez  anciennement  aussi,  n’ont  été  imprimées  qu  en 
1734,  dans  les  Mémoires  de  l’Académie  des  Sciences  avant  1700, 
t.  111,  nie.  partie.  Grew  est  le  premier  qui  en  ait  fait  graver  un 
squelette  entier 5 sa  figure,  qui  parut  en  1686  dans  le  Muséum  So- 
cietatis  regiœ , est  assez  bonne,  quoique  la  description  qui  lac- 
compagne  soit  un  peu  superficielle.  Ce  scjuelette , long  de  12'  t\\ 
étoit  de  l’espèce  des  Indes  orientales  (^^  was  sent  from  the  East- 
Indies  (3)),  et  l’on  ne  peut  comprendre  comment  M.  Faujas  a pu 
dire  (4)  qu’il  venoit  d’Amérique  5 circonstance  qui  n’ étoit  point  in- 
différente, puisque  les  espèces  ne  sont  pas  les  mêmes  dans  les  deux 

nontinens. 

Pierre  Camper,  cherchant  à déterminer  les  prétendus  ossemens 
de  crocodile  de  Maestricht , se  rendit  à Londres  en  1785  pour  y voir 
xe  squelette^  et  quoiqu’il  l’ait  trouvé  endommage,  il  en  dessina 
quelques  vertèbres  qu’il  fit  représenter  de  grandeur  naturelle  {Trans. 
pJiil.  pour  1786,  pl.  II),  On  en  peut  voir  une  copie  dans  l’édition 
française  de  ses  Œuvres,  pl.  VI,  fig.  i et2. 

M.  Faujas,  traitant  en  1799  des  mêmes  ossemens  dans  son  Hist. 
de  la  Montagne  de  Saint-Pierre ^ donna,  à l’appui  de  son  opinion, 

(1)  Ohstrv.  anat.,  Hafn. , 1664  , in-8“. , p.  43. 

(2)  Mém.  de  Trévoux,  janv.  1704 , p.  i65. 

^3)  Grew,  loc.  cil. , p?  4®. 

(4)  Hist.  de  la  Mont,  de  Saint-Pierre , p.  233. 

9-^ 


68  OSTÉOLOGIE 

pl.  XLIV,  la  figure  d’un  beau  squelette  de  crocodile  des  Indes  de 
douze  pieds  de  long,  qui  étoit  conservé  dans  les  galeries  d’anatomie 
de  notre  Muséum  5 mais  comme  ce  squelette  avoit  encore  ses  carti- 
lages et  ses  ligamens,  le  peintre  ne  put  rendre  correctement  la  forme 
des  articulations,  et  M.  Faujas  n’y  ayant  joint  aucune  sorte  de  des- 
cription, son  ouvrage  étoit  loin  de  fournir  tous  les  renseignemens  qui 
auroient  été  nécessaires  pour  juger  les  questions  qii’il  y traitoit. 

Si  1 on  ajoute  à ces  travaux  les  notions  éparses  dans  mes  diverses 
Leçons^  d Anatomie  comparée , celles  c[ui  se  trouvent  dans  la  lettre 
d’Adr.  Camper  sur  les  fossiles  de  Maestricht  (1)5  la  description  et  la 
figure  d’une  tête  de  cdiman  à paupières  osseuses  par  M.  Schnei- 
der (a)  , et  les  ingénieuses  recherches  de  mon  savant  confrère 
M.  Geoffroy , pour  comparer  les  os  de  la  tête  du  crocodile  à ceux 
des  autres  animaux,  exposées  dans  le  t.  X des  Ann.  du  Mus.,  p.  249, 
on  aura,  je  crois,  tout  ce  qui  avoit  été  fait  d’essentiel  sur  l’objet  qui 
nous  occupe  au  moment  où  parut  ma  première  édition. 

Depuis  lors  le  public  a été  gratifié  de  belles  figures  de  la  tête  en- 
tière du  ci’ocodile,  de  sa  coupe  et  des  os  séparés  qui  la  composent, 
données  par  M.  Spix  dans  son  Cephalogenesis  ■ de  discussions  sur 
cette  même  tête,  accompagnées  de  figures  au  trait  par  M.  Oken, 
dans  son  2e.  cah.  de  Vlsis  de  1818;  enfin  d’un  dessin  du  squelette 
d’un  jeune  gavial  fait  par  M.  Laurillarcl,  et  que  M.  de  Sœmmerring, 
à qui  je  l’avois  envoyé,  adonné  à M.  Tiedeman  pour  l’insérer  dans 
son  Hisi.  des  Crocodiles. 

Je  vais  maintenant  reprendre  cette  matière  entièrement  à neuf, 
et  joindre  aux  observations  de  mes  prédécesseurs  ce  qu’il  me  paroît 
nécessaire  d’y  ajouter,  pour  éclaircir  les  nombreuses  difficultés 
qu’elle  présente  encore  sous  le  rapport  ostéologique , et  dont  la  solu- 
tion aura  des  conséquences  pour  plusieurs  des  chapitres  qui  vont 
suivre. 

Outre  le  squelette  des  Indes,  déjà  représenté  par  M.  Faujas,  j’en 


(1)  Journ.  de  PhjfS. , t.  LI , p.  2^8. 

(2)  Hist.  Amphib.,  fascic.  II,  pl.  I, 


DES  CROCODILES.  69 

ai  un  aulre  de  la  même  espèce,  rapporté  de  Timor  par  M.  Peron, 
et  long  de  neuf  pieds.  Il  m^en  est  venu  depuis  un  troisième,  non 
moins  beau  et  plus  grand,  pris  à Calcutta  dans  le  Gange,  et  pré- 
paré par  les  soins  de  M.  TVallicli,  directeur  du  jardin  de  la  compa- 
gnie des  Indes  dans  cette  ville,  qui  a bien  voulu  en  faire  présent  au 
cabinet  du  Roi.  J’y  joins  encore  un  individu  de  la  même  espece , 
mais  de  deux  pieds  et  demi  seulement,  rapporté  de  Java  parM.  Les- 
cbenaultj  un  de  trois  pieds  neuf  pouces  de  l’espèce  duNil,  fait  autre- 
fois par  Duverney  ; un  de  douze  pieds  de  l’espèce  de  Cayenne, 
rapporté  de  Lisbonne;  un  de  sept  pieds  de  l’espèce  du  Mississipi  ou 
à museau  de  brochet,  préparé  ici  avec  un  individu  envoyé  de  New- 
York  par  M.  Milbert;  je  profite  aussi  de  trois  petits  des  espèces  des 
Indes  ou  à deux  arêtes,  de  Cayenne  ou  à lunettes,  et  du  Gange  ou 
gavial,  que  j’ai  fait  faire  pour  servir  de  pièces  de  comparaison;  enfin 
j’ai  outre  ces  squelettes  un  assez  grand  nombre  de  têtes  de  toutes  les 
espèces  et  de  tous  les  âges , et  particulièrement  trois  de  l’espèce  du 
Gange  ou  gavial,  la  plus  rare  de  toutes,  que  je  dois  aussi  à la  bonté 
de  M.  Wallich. 

Cette  grande  richesse  n’est  point  superflue  dans  des  travaux  comme 
ceux-ci,  où  il  faut  en  quelque  sorte  épuiser  toutes  les  variétés  que 
l’ostéologie  d’une  espèce  peut  subir  dans  les  divers  individus  avant 
d’oser  établir  une  espèce  nouvelle  sur  quelques  os  isolés.  C’est  pour- 
quoi je  me  suis  appliqué  depuis  long-temps  à multiplier , autant  que 
possible,  les  squelettes  des  espèces  intéressantes,  et  surtout  de  celles 
qui  en  ont  d’approchantes  parmi  les  fossiles. 

Article  premier. 

Détermination  des  os  de  la  tête  dans  les  Crocodiles  proprement 
dits , et  leur  comparaison  avec  ceux  des  mammifères. 

Le  crocodile,  comme  beaucoup  d’autres  reptiles,  a cela  d’avan- 
tageux à l’étude  de  son  ostéologie,  que  ses  sutures  ne  s’effacent  point, 
du  moins  n’en  a-t-il  disparu  aucune  dans  nos  plus  vieilles  tetes;  et 
nous  avons  peine  à concevoir  comment  Duverney  et  Perrault  ont  pu 


7®  O S TÉ  O LO  G IE 

dire  que  Fos  maxillaire  n’est  séparé  de  celui  du  front  par  aucune 
suture  (i)  : leur  squelette,  que  nous  possédons  encore,  en  a de  fort 
reconnoissables  ; mais  il  n’est  pas  aussi  aisé  de  rapporter  chacun 
des  os  à son  analogue  dans  l’homme  et  dans  les  autres  animaux 
que  de  les  compter,  et  les  anatomistes  diffèrent  beaucoup  entre  eux 
à ce  sujet. 

M.  Geoffroy,  qui  a porté  très-loin  ce  genre  de  recherches,  et  qui 
a comparé  dans  cette  vue  des  têtes  de  toutes  les  classes  et  de  tous 
' les  âges,  est  une  autorité  respectable  en  cette  matière;  cependant 
MM.  Spix,  Oken  et  Bojanus,  qui  s’en  sont  occupés  depuis,  ne  Font 
pas  suivi  en  tout;  et  moi-même,  dans  les  recherches  que  fe  fais  depuis 
long-temps  pour  ma  grande  Anatomie  comparée,  et  dont  j’ai  donné 
le  résumé  dans  les  Annales  du  Muséum,  t.  XIX,  j’ai  adopté  une 
manière  de  voir  qui  ne  rentre  entièrement  dans  celle  d’aucun  de  ces 
savans.  C’est  celle  que  je  vais  exposer  aujourd’hui. 

J’aurois  désiré  qu’il  me  fût  possible  d’éviter  au  lecteur  les  discus- 
sions polémiques  où  cette  différence  d’opinion  et  les  égards  dus  à des 
hommes  aussi  respectables  m’ont  obligé  d’entrer  ; j’ai  eu  soin  du 
moins  de  les  rejeter  dans  des  notes,  afin  de  n’eu  point  trop  embar- 
rasser mon  exposition. 

La  composition  de  la  tète  étant  la  même , sauf  les  proportions  des 
parties,  dans  tous  les  crocodiles  proprement  dits,  et  le  choix  de  l’es- 
pèce où  on  la  présenteroit  se  trouvant  en  conséquence  à peu  près 
indifférent  , nous  avons  préféré  de  faire  dessiner  la  tête  du  crocodile 
à losange , qui  n’étoit  point  représentée  dans  notre  pl.  I.  On  la  voit 
pl.  III:  en  dessus , fig.  i;  en  dessous,  fig.  2;  de  côté,  fig.  3;  et  en 
arrière,  fig.  5 : la  fig.  4 est  sa  mâchoire  inférieure  vue  à la  face  in- 
terne, l’externe  étant  déjà  représentée  fig.  3. 

C’est  sur  ces  figm’es  que  nous  prions  le  lecteur  de  suivre  nos  des- 
criptions et  nos  raisonnemens. 

Le  museau  du  crocodile  est  allongé  et  déprimé.  L’ouverture  ex- 


(i)  Mdm.  pour  servir  à l’Hisl.  des  Anim.,  in-4'’-  , t.  lit , p.  178, 


DES  CROCODILES.  ;i 

térieure  des  narines,  placée  près  de  son  extrémité  anterieuie,  est 
dirigée  en  dessus , à peu  près  comme  dans  le  lamantin.  ^ ^ 

Il  n’y  a qu’un  seul  trou  incisif,  parce  que  les  intermaxillaires  n ont 
pas  d’apoptysGS  mitoyennes  : c’est  encore  le  cas  du  lamantin. 

Les  intermaxillaires , a,  a (fig.  i,  2 et  3),  entourent  les  narines 
externes,  excepté  un  endroit  fort  étroit  où  la  pointe  des  os  nasaux,. 
h k,  se  place  entre  eux.  11  en  est  plus  ou  moins  ainsi  dans  la  plupart 
des  mammifères. 

De  chaque  côté  le  maxillaire,  b,  N,  supporte  en  arrière  le  jugal, 
c,  qui  va  former  le  bord  extérieur  de  1 orbite  5 ce  bord  seroit  1 infé 
rieur  dans  la  plupart  des  animaux,  mais  il  est  ici  1 extérieur,  parce 
que  l’ouverture  de  l’orbite  est  dirigée  vers  le  haut. 

En  dessous  (fig.  2) les  palatins,  e,  e,  prolongent  le  plafond  fourni 
à la  bouche  par  les  intermaxillaires,  a,  a,  et  par  les  maxillaires  h ,h^ 
mais  ils  le  prolongent  en  le  rétrécissant , parce  qu’ils  laissent  un  vide 
entre  eux  et  les  prolongemens  des  maxillaires,  V , b',  qui  portent  les 
jugaux,  c,  c , lequel  vide  sert  pour  le  passage  des  muscles  crota- 
phites. 

Le  lachrymal,  i , occupe  sur  la  joue  un  espace  oblong  entre  le 

nasal,  h,  le  maxillaire,  b,  et  le  jugal  c.  Il  rentre  dans  l’orbite  par  un 
plan  contigu  au  jugal  et  au  maxillaire. 

Dans  ce  plan,  que  l’on  ne  peut  voir  dans  nos  figures,  est  percé 

le  canal  lachrymal. 

Tout  cela  est  exactement  comme  dans  les  mammifères  : mais  voici 
où  commencent  les  différences. 

Dans  les  mammifères , le  frontal , H-j  commenceroit  Immédiate- 
ment au  bord  interne  de  ce  lachrymal,  et  occuperoit  tout  l’espace 
entre  les  deux  lachrymaux  au-dessus  du  nasal  ; il  descendroit  dans 
le  fond  de  l’orbite  pour  s’articuler  largement  au  palatin  et  au  sphé- 
noïde antérieur;  et  dans  les- genres  tels  que  les  quadrumanes  ou  les 
ruminans,  qui  ont  le  cadre  de  l’orbite  complètement  osseux , il  don- 
neroit  en  arrière  une  apophyse  qui  s’uniroit  au  jugal  pour  entourer 
l’orbite. 

Dans  le  crocodile  il  n’en  est  pas  ainsi.  11  y a bien  un  frontal , H ,. 


7rï  OSTÉOLOGIE 

couvrant,  comme  clans  les  mammifères,  Tîntervalle  des  orbites,  leur 
fournissant  un  plafond,  ou  plutôt  ici  (à  cause  de  leur  direction)  un 
bord  interne  , descendant  presque  jusques  à la  racine  des  nasaux. 
Cet  os  montre  même , dans  les  individus  tjui sortent  de  f œuf , un  reste 
de  suture  longitudinale,  comme  il  en  a une  dans  les  mammifères,  et 
ejui  s’efface  pi’omptement.  Mais  une  suture  qui  n’existe  jamais  dans 
les  mammifères,  et  qui  subsiste  au  contraire  toujours  dans  le  croco- 
dile, sépare  en  avant  du  frontal  de  chaque  côté  un  os,  h,  h,  qui  se 
trouve  ainsi  interposé  entre  le  lachrymal  et  le  frontal  principal,  et 
descend  du  bord  de  l’orbite  à la  racine  des  nasaux.  11  rentre  dans 
l’orbite  comme  le  lachrymal,  et  y descendant  plus  bas,  il  s’unit  par 
une  apophyse  avec  le  palatin. 

Entre  cette  apophyse  et  le  palatin  d’une  part , et  le  maxillaire  de 
l’autre,  et  sous  le  lachrymal , est  une  grande  ouverture  qui  pénètre 
dans  la  cavité  nasale,  elle  tient  lieu  à la  fois  de  canal  sous-orbitaire 
et  de  trous  ptérygo-palatins  et  sphéno-palatins,  mais  elle  est  surtout 
remplie  dans  1 animal  frais  par  des  muscles  moteurs  de  la  mâchoire  infé- 
rieure, muscles  que  nous  verrons  ailleurs  être  propres  aux  ovipares. 

Le  frontal  principal  ne  descend  pas  dans  forbite  sous  forme  os- 
seuse, et  tout  l’espace  entre  lui  et  le  palatin  jusqu’au  sphénoïde,  ou 
ce  C[ue  l’on  pourroit  appeler  la  cloison  interorbitaire , est  simplement 
cartilagineux  ou  membianeux  dans  l’animai  frais,  ce  qui  le  laisse  en- 
tièi’ement  vide  dans  le  squelette. 

On  avoit  déjà  des  traces  de  cette  dernière  disposition  dans  quel- 
ques mammifères.  Dans  le  sdbniri , par  exemple,  et  dans  certains 
ehef^rotams,  où  la  cloison  interorbitaire  est  réduite  à une  seule 
lame , elle  a des  espaces  membraneux. 

J’avois  d’abord  considéré  l’os  particulier,  h ,h , placé  entre  le  la- 
chrymal et  le  frontal,  comme  un  second  lachrymal  (Leçons  d’ Ana- 
tomie comparée,  II,  p,  71);  mais  un  examen  plus  attentif  m’a  fait 
reconnoître  que  ce  n’est  qu’une  partie  du  frontal  (Ann.  du  Mus., 
t.  XII,  p.  7),  celle  que  l’on  nomme  dans  l’homme  V apophyse  or- 
bitaire interne,  ou  dans  les  mammifères,  \ apophyse  antorhitaire , 
laquelle  est  ici  constamment  détachée  du  corps  de  l’os, 


DES  CROCODILES.  73 

Je  l’ai  donc  appelée^roTz^a/  antérieur  (i). 

Il  suffit  en  effet  de  placer  une  tête  de  mammifère,  de  ruminant 
par  exemple,  à côté  d’une  tête  de  crocodile,  pour  s’assurer  qu’il  s’est 
faitici  un  démembrementdu  frontal.  On  pourroit,  sans  rien  déranger, 
dessiner  sur  le  frontal  du  mammifère  la  suture  qui  existe  dans  le  cro- 
codile, et  on  détaclieroit  ainsi  dans  le  premier  un  frontal  antérieur 
qui  auroit  la  même  position,  presque  la  même  figure,  et  absolument 
le  même  emploi  que  dans  le  crocodile  (a). 

(1)  M.  Geoffroy,  partant  de  son  idée  que  l’on  doit  retrouver  dans  tous  les  crânes  précisé- 
ment le  même  nombre  d’os , a d’abord  voulu  faire  du  frontal  principal  le  corps  de  1 elli- 
moïde  ; et  des  deux  frontaux  antérieurs  ses  ailes , ou  ce  qu’on  appelle  les  cornets  supérieurs  ; 
mais  ces  mêmes  parties  existent  dans  les  crocodiles  comme  dans  les  autres  animaux,  et  y 
sont  seulement  dans  un  état  presque  entièrement  membraneux  ou  cartilagineux.  D’ailleurs 
en  les  cherchant  à une  place  aussi  insolite , ou  cbangeroit  entièrement  leurs  fonctions  ; puis- 
que les  os,  H et  7i,  dont  il  s’agit,  occupent  la  mêiAe  place,  remplissent  le  même  rôle , 
ont  la  même  structure,  la  même  configuration  que  le  frontal  et  ses  deux  apophyses.  Enfin, 
même  en  admettant  cette  dénomination , on  n’arriveroit  point  à ce  nombre  identique  , 
parce  qu’il  y auroit  .ailleurs  beaucoup  d’autres  mécomptes  Aussi  ma  détermination  a- 
t-elle  été  adoptée  par  M.  Ulrich  et  par  M.  Geoffroy  lui-même 

(2)  Cependant  M.  OÆen  prononce  ( Isis  de  1818,  p.  292)  que  cette  pièce  répond  à l’os 
planum,  ou  autrement  la  lame  orbitaire  de  l’ethmdide.  Or  l’os  planum  ne  paroît  jamais  sur 
la  joue  ; il  ne  se  montre  plus  dans  l’orbite  à compter  des  makis , si  ce  n’est  un  petit  point 
dans  les  galéopilbèques  et  dans  quelques  chats.  Dans  tous  les  autres  mammifères  l’ethmoïde 
est  entièrement  enveloppé  et  caché  par  le  palatin  et  par  le  frontal , et  spécialement  par  cette 
partie  du  frontal  dont  il  est  maintenant  question  et  qui  se  détache  dans  les  ovipares.  Le 
véritable  ethmoïde  est  enveloppé  de  la  même  manière  dans  le  crocodile,  quoique  presque 
toutes  ses  parties  restent  cartilagineuses. 

Quant  à M.  Spix,  entraîné  par  un  autre  système  , et  négligeant  le  trou  lachrymal , qui 
cependant  est  bien  visible , et  qui , spécialement  dans  le  crocodile  , est  perce  tout  entier  dans 
l’os  auquel  je  donne  ou  plutôt  auquel  je  maintiens  le  même  nom  , c’est  mon  frontal  ante- 
rieur qu’il  appelle  lachrymal , et  du  vrai  lachrymal  il  en  fait  un  démembrement  du  jugal. 
Il  cherche  le  trou  lachrymal  dans  cette  grande  ouverture  qui  , ainsi  que  je  l’ai  dit  ci-dessus  , 
répond  en  partie  au  canal  sous-orbitaire  et  aux  deux  trous  analogues  du  sphéno-palatin  et 
du  ptérygo-palatin 

♦ Voyez  le  me'moirc  de  M.  Geoffroy  sur  les  os  du  crocodile , Ann.  du  Mus. , t.  X , et  la  gravure,  ibid.  , 

rl.  IV,  fig.  a,  3,  4 5- 

**  le  l’ai  donnée  en  général  pour  tous  les  ovipares  dans  le  XIX'.  Vol.  des  Ann.  du  Mut.  ; mais  je  Pavois 
déjit  donnée  pour  le  crocodile  en  particulier  dans  le  XII*. , et  dans  la  première  édition  de  ces  liechtrchts , 
*■  IV,  art.  des  crocodiles  vivant. 

***  Annotaliones  queedam  de  sensu  ac  significatione  ostium  capilis,  p.  ii. 

anatomique , p.  34. 

*****  Cephalogenesis,  passim. 

T.  V,  2®.  P. 


lu 


74  OSTÉOLOGIE 

Toute  cette  théorie  se  confirme  quand  on  observe  la  tête  fraîche^ 
On  y voit  que  le  frontal,  conformément  à son  rôle  ordinaire,  couvre 
la  partie  antérieure  de  l’encéphale;  qu’il  sépare  les  orbites;  qu’il 
donne  attache  aux  releveurs  de  l’œil  ; qu’il  laisse  passer  ou  conduit 
les  nerfs  olfactifs  sous  sa  partie  située  entre  les  orbites;  que  c’est 
nommément  entre  ses  deux  démembremens , appelés  frontaux  anté- 
rieurs, que  ces  nerfs  sortent  du  crâne,  après  s’être  renflés  en  gan- 
glions et  divisés  en  de  nombreux  filets;  que  ces  filets  traversent  un 
crible  cartilagineux  placé  entre  les  deux  frontaux  antérieurs,  comme 
l’est,  dans  les  mammifères,  la  lame  cribleuse  de  l’ethmoïde;  que 
c’est  au-dessous  de  ce  crible  que  commencent,  dans  la  cavité  du  nez, 
les  anfractuosités  ou  cornets  sur  lesquels  s’épanouit  la  membrane 
pituitaire , et  où  se  distribuent  les  filets  en  question  ; mais  que  ces 
cornets  demeurent  cartilagineux  comme  le  crible,  comme  la  lame 
verticale  qui  sépare  les  orbites  au-dessous  du  trajet  des  nerfs  olfac- 
tifs, lame  verticale  qui,  si  elleétoit  ossifiée,  appartiendroit  probable- 
ment au  sphénoïde  antérieur , ainsi  qu’elle  y appartient  dans  ceux 
des  ruminans  oii  elle  existe,  c’est-à-dire  dans  les  chet^rotains.  Dans 
le  sdbyiiri,  sa  partie  inférieure-antérieure  est  de  l’ethmoïde  ; la  pos- 
térieure, du  sphénoïde  antérieur;  tout  le  haut  est  membraneux. 

II  y a donc  plus  de  preuves  qu’il  n’en  faut  sur  la  nature  des  fron- 
taux antérieurs. 

En  arrière  de  l’orbite  est  encore  un  os  séparé,  h’,  h',  qui  en  com- 
plette  le  cadre  en  allant,  par  une  apophyse,  h!’,  Jf,  rencontrer  une' 
apophyse  correspondante  du  jugal.  La  seule  inspection  prouve  q,ue 
cette  pièce  répond  à la  partie  du  frontal  qui  donne  l’apophyse  post- 
orbitaire; et  même  la  connexion  de  cette  partie  avec  le  jugal,  dans 
les  ruminans,  est  entièrement  semblable  à ce  qui  a lieu  dans  le  cro- 
codile: voilà  pourquoi  je  l’ai  nommée  le  frontal  postérieur  (i). 


(i)  M.  Geofifroy,  par  suite  du  parti  qui  lui  faisoit  voir  l’ethmoïde  dans  le  frontal  prin- 
cipal , a dû  ne  voir  le  frontal  que  dans  ces  deux  pièces  qui , selon  moi , n’en  sont  que  des- 
de’membremens. 

Quant  à M.  Okea , qui  reconnoît  le  même  os  que  moi  pour  le  frontal , dans  une  page  it 


DES  CROCODILES.  ;5 

En  efFet,  cette  pièce  u’est  autre  que  l’apophyse  post-orbitaire  ; elle 
en  remplit  les  fonctions ^ car  elle  ferme  l’orbite,  et  est  posée  au-de- 
vant de  la  fosse  temporale  et  du  crotaphite  ; elle  en  a la  position  et 
les  connexions,  car  elle  est  située  sur  la  jonction  du  frontal  et  du  pa- 
riétal (i)* 

Derrière  le  frontal  principal  et  les  deux  frontaux  antérieurs  est  un 
grand  os  impair,  m,  qui  recouvre  tout  le  milieu  et  l’arrière  du  crâne, 
et  donne  par  ses  côtés  attache  à une  partie  du  crotaphite.  11  ne  pré- 
sente aucune  difficulté  : c’est  le  pariétal.  Simple  clans  le  crocodile 
comme  dans  une  infinité  de  quadrupèdes  quand  ils  sont  adultes , nous 
le  trouverons  double  dans  beaucoup  d’autres  ovipares.  11  est  même 
probable  qu’il  l’est  aussi  dans  les  fétus  peu  avancés  de  crocodiles, 
mais  au  sortir  de  l’oeuf  il  est  déjà  simple  (2). 


dédare  les  pièces  en  question  les  parties  écailleuses  des  temporaux  ^ , ou  , selon  son  langage 
mystique  , la  fourchette  du  membre  supérieur  de  la  tête , et  reprend  vivement  à ce  sujet 
M.  Geoffroy  ; un  peu  plus  loin  il  est  en  doute  si  ce  ne  seroient  pas  des  apophyses  de  la 
grande  aile  du  sphénoïde;  et  revenant  après  deux  autres  pages  à sa  première  idée , il 
affirme  qu’en  faire  des  frontaux  postérieurs , c’est  manquer  à toute  analogie  et  à toute  signi- 
fication philosophique  , et  qu’avant  de  prétendre  avancer  l’anatomie  comparée  , il  faudrait 
apprendre  la  philosophie. 

La  vérité  est  cependant  qu’il  n’y  a d’analogie  qu’en  faveur  de  la  dénomination  de  frontal 
postérieur. 

La  partie  écailleuse  du  temporal  est  toujours  à l’arrière  de  la  fosse  temporale  et  du  pa- 
riétal ; elle  ne  touche  au  frontal  que  rarement  et  en  quelque  sorte  par  accident  : on  ne  l’a 
jamais  vue  à la  place  dont  il  s’agit. 

(t)  M.  Spix  fait  de  cet  os,  que  j’appelle  frontal  postérieur , la  partie  postérieure  du  jugal 
ou  l’omoplate  du  membre  supérieur  de  la  tête , car  il  faut  remarquer  que  la  philosophie  de 
la  nature  , en  prétendant  retrouver  dans  la  tête  toutes  les  jDarties  du  tronc  , agit  si  arbitrai- 
rement que  chacun  de  ceux  qui  veulent  l’appliquer  emploient  ces  dénominations  étrangères 
d’une  manière  différente. 

(2)  M.  Geoffroy  a voulu  n’y  voir  que  l’interpariétal  ; mais  seulement  parce  qu’il  était  em- 
barrassé de  deux  os  , n,  n,  places  a ses  cotes , et  dont  nous  reparlerons  sous  le  nom  de  mas- 
toïdiens. C etoit  à ceux-là  qu’il  donnoit  le  nom  de  pariétaux  , et  les  conduisant  par  degrés 
hors  du  crâne  , il  en  faisoit  alors  les  opercules  des  branchies  des  poissons  ; mais  depuis  qu’il  a 
renoncé  à cette  idée  pour  en  adopter  une  autre  qui  voit  dans  les  opercules  les  osselets  dq 
1 oreille,  il  a sans  doute  donne  quelque  autre  dénomination  aux  mastoïdiens. 

Quoi  qu  il  en  soit , M.  Oken  adopte  mes  déterminations  à l’égard  du  pariétal  et  des  mas- 
toïdiens. 

* Isis  de  i8i8,  2«.  cab. , p.  376.  4»  ^ ^ p.  384.  U. , il. , p.  a86,  note. 

10’^ 


76  OSTÉOLOGîE 

Une  peut  y avoir,  et  il  n’y  a en  effet,  aucune  contestation  pour 
les  quatre  parties  de  X occipital  {r,  s , s , q ^ fig.  5)  qui  forment  le 
plan  postérieur  de  la  tête  du  crocodile.  Elles  sont  sensiblement  les 
mêmes  que  dans  les  jeunes  mammifères;  seulement  le  condyle 
unique,  placé  sous  le  trou  occipital,  appartient  presque  entièrement 
au  basilaire  r.  L’occipital  supérieur,  q , et  les  deux  latéraux,  s , s, 
ont  d’ailleurs  ici  un  rôle  plus  important  que  dans  les  mammifères  , 
parce  qu’ils  sont  creusés  de  cavités  pour  l’oreille  interne,  à laquelle 
le  rocher  est  loin  de  pouvoir  suffire.  La  même  chose  a lieu  pour  les 
oiseaux , et  probablement  pour  tous  les  ovipares. 

Il  ne  reste  donc  de  difficultés  que  pour  les  parties  que  l’on  appelle 
dans  1 homme  le  temporal  et  le  spliénoide , et  pour  les  diverses 
pièces  dans  lesquelles  ces  os  se  démembrent. 

On  recounoît  toutefois  aisément  les  grandes  ailes  ou  ailes  tem- 
porales du  sphénoïde,^,  g,  par  leur  position  , par  leur  figure  et  par 
leur  fonction  de  porter  les  lobes  moyens  du  cerveau;  on  n’est  point 
étonné  de  les  voir  former  des  os  distincts,  puisqu’il  en  est  de  même 
dans  tous  les  fétus  de  mammifères  (i). 

Cependant  je  dois  faire  remarquer  ici  une  chose  passée  sous  silence 
partout  le  monde,  c’est  que  cette  pièce  osseuse  renferme  en  même 
temps,  et  dans  une  seule  masse  d’ossification , l’aile  temporale  et  une 
grande  partie  de  l’aile  orbitaire;  en  effet,  quand  on  examine  un  cro- 
codile frais,  on  reconnoît  que  si  le  nerf  olfactif  et  l’optique  passent 
entre  cette  aile  et  sa  correspondante , les  nerfs  de  la  troisième , de  la 
quatrième,  de  la  sixième  paire,  et  la  première  branche  de  la  cin- 
quième, passent  par  des  trous  qui  sont  pratiqués  dans  le  corps  même 
de  1 aile , et  dont  1 ensemble  , s ils  étoient  continus  , représenteroit 
la  fente  sphéno-orbitaire. 

On  reconnoît  sans  peine  les  apophyses  ptérygoïdes  internes  du  ■ 


(i)  M.  Geoffroy  les  a entièrement  négligées  dans  son  analyse  des  os  du  crocodile,  et  a- 
cherche  1 aile  temporale  dans  une  toute  autre  pièce  dont  nous  reparlerons  bientôt. 

M.  Olten  le  reprend  à ce  sujet , et  s’accorde  avec  moi  sur  l’aile  temporale  ; M.  Spix  las 
nomme  également  fort  bien. 


DES  CROCODILES.  7.7 

sphénoïde  ( f,  fig.  2 et  5 ) , surtout  quand  on  se  rappelle  que 
non -seulement  elles  restent  dans  beaucoup  de  mammifères  dis- 
tinctes du  corps  de  l’os  jusqu’à  un  âge  avancé , ce  qui  nous  les  a 
fait  nommer  les  os.  ptérygoidiens  j mais  que  dans  les  fourmiliers 
tamanoir  et  tamandua  (voyez  dans  la  Ire,  part,  de  ce  volume  la 
pl.  IX,  fig-  3),  elles  reviennent  en  dessous  s’unir  l’une  h l’autre 
pour,  de  concert  avec  les  palatins,  prolonger  le  tube  nasal  jusque 
sous  la  région  basilaire. 

Dans  le  crocodile , ces  ptérygoïdiens  sont  réunis  dès  le  fétus  Lun  à 
l’autre  sous  le  corps  de  l’os,  pour  former  le  plafond  des  arrière-na- 
rines; ils  se  réunissent  aussi  en  dessous  par  une  suture  pour  former 
le  plancher  de  ce  meme  tube , et  ils  s’étendent  horizontalement  en 
une  grande  aile  ou  large  surface  à laquelle  s’insèrent  en  dessus 

les  muscles  ptérygoïdiens,  et  que  double  en  dessous  la  membrane 
du  palais. 

Une  arête  de  leur  plafond,  répondant  à une  autre  de  leur  plan- 
cher, divise  le  tube  nasal  en  deux;  leur  lame  supérieure  se  porte  en 
avant  en  forme  de  deux  demi-cylindres,  pour  former  encore  le  pla- 
fond du  double  tube  des  arrière-narines  sur  la  partie  où  les  palatins,* 
e ,e , en  font  le  plancher,  jusques  aux  apophyses  descendantes  des 
frontaux  antérieurs , et  même  par  la  face  interne  un  peu  plus  en  avant 
dans  la  cavité  du  nez  (i). 


(1)  M.  Geoffroy  s’est  bien  aperçu  que  la  partie  postérieure  et  élargie  de  l’os  dont  nous 
parlons  répond  aux  apophyses  ptérygoïdes  internes , mais  il  n’a  pas  remarqué  que  la  double 
Toute  sur  les  palatins  ne  fait  qu’un  avec  elles  ; et  pour  satisfaire  à l’identité  du  nombre 
des  os  dans  tous  les  animaux , il  a cherché  dans  cette  double  voûte  les  cornets  inférieurs  du 
nez  , disant  pour  ses  raisons  que  ce  sont  des  os  logés  dans  les  fosses  nasales  , on  qui  séjour- 
nent au  dedans  des  chambres  du  nez.  Cependant  il  est  manifeste  que  ces  lames  ne  sont 
pas  au  dedans  de  la  cavité  nasale , mais  qu’elles  en  forment  au  contraire  la  partie  exté- 
rieure. 

Ce  qui  est  plus  singulier , c’est  que  M.  Geoffroy  observant  une  tête  sciée  longitudina- 
lement , mais  qui  n avoit  pas  été  divisée  parfaitement  au  milieu  , a pris  un  reste  de  l’autre- 
Coté  de  la  voûte  en  question  pour  un  os  impair , qu’il  a annoncé  comme  étant  incontestable- 
Te  V orner  ; et  cependant  le  vrai  vomer  avoit  été  fort  bien  représenté  par  son  dessinateur, 
h " ® reconnu  ce  qui  concerne  la  partie  voûtée;  il  la  déclare  aussi  une- 

nc  e de  1 os  ptérygoïdien.  Quant  au  prétendu  vomer,, il  dit  n-’avoir  pu  d’abord  s’assurer 


/ 


78  OSTÉOLOGIE 

Le  corps  du  sphénoïde , x,  ne  donne  lieu  à aucune  difficulté^  il  esf 
placé  au  centre  du  plancher  du  crâne,  légèrement  concave,  portant 
la  partie  du  cerveau  située  derrière  les  tubercules  optiques , s’articu- 
lant par  ses  côtés , en  avant  avec  les  ailes  temporales  ,g  > arrière 

avec  les  rochers,  et  par  son  extrémité  postérieure  avec  le  basilaire 
ou  occipital  intérieur,  r,  descendant  entre  cet  occipital  et  les  ptéry- 
goïdiens,jf,/',  de  manière  à ne  se  montrer  à l’extérieur  que  par  une 
petite  surface  au-dessous  de  l’occipital  inférieur.  Un  canal  ouvert 
dans  cette  surface  traverse  tout  le  corps  de  l’os,  et  s’ouvre  en  avant 
par  deux  branches  dans  un  large  entonnoir  où  se  loge  la  glande  pi- 
tuitaire; en  avant  de  cet  entonnoir,  le  sphénoïde  donne  une  lame 
Verticale  tronquée , qui  entre  dans  la  composition  de  la  cloison  inter- 
orbitaire , et  qui  en  est  la  seule  partie  osseuse. 

Au-dessus  de  cette  lame  est  un  espace  vide  dont  les  côtés  sont 
formés  par  les  ailes  temporales,  et  la  voûte  par  le  frontal.  Dans  l’état 
frais,  la  cloison  interorbitaire  membraneuse  et  cartilagineuse  aboutit 
au  milieu  de  cet  espace , et  se  bifurque  pour  le  fermer. 

C’est  par  le  haut  de  cet  espace  que  passent  les  nerfs  olfactifs  ; par 
le  milieu  passent  les  optiques.  Des  deux  côtés  de  la  lame  verticale 
osseuse  du  sphénoïde  passent  des  vaisseaux  ; les  nerfs  de  la  troisième, 
de  la  quatrième  paire,  et  la  première  branche  de  la  cinquième  pas- 
sent, comme  nous  l’avons  dit,  par  des  trous  particuliers  de  l’aile 
temporale  ; ceux  de  la  sixième,  par  un  canal  du  corps  du  sphénoïde. 

11  est  évident  que. cette  laine  verticale,  en  avant  de  la  loge  de  la 
glande  pituitaire,  répond  à une  partie  du  sphénoïde  antérieur  des 
mammifères,  qui  prend  de  même  la  forme  d’une  lame  verticale  dans 
les  espèces  à cloison  interorbitaire  mince , telles  que  le  sàimiri  et 
le  chevrotainj  en  même  temps  il  est  clair  qu’il  n’y  a point  d’aile 


àe  ce  qui  en  est,  faute  de  pouvoir  démonter  la  tête  qu’il  otservoit  ; mais  il  paroit  avoir  re- 
connu ensuite  le  vomer  véritaLle  en  avant  de  cette  partie  voûtée  , quoique  dans  sa  figure 
il  ne  le  représente  pas  toüt-à-fait  à sa  véritable  place. 

M.  Spix,  qui  a représenté  une  tête  sciée  longitudinalement,  s’est  garanti  d’erreur  pour 
la  partie  voûtée  ; mais  il  n’a  pas  marqué  la  suture  qui  en  sépare  en  avant  ce  véritable  vomer , 
queM.  Oken  seul  paroît  avoir  aperçu. 


DES  CROCODILES. 

orbitaire  particulière , puisque  les  nerfs  qui  passent  dans  les  mam- 
mifères par  la  fente  ou  le  trousphéno-orbitaire , ou  en  d’autres  termes 
dans  l’intervalle  de  l’aile  orbitaire  et  de  l’aile  temporale , passent  ici 
par  des  trous  particuliers  de  l’aile  temporale;  et  que  le  nerf  optique, 
dont  l’aile  orbitaire  a essentiellement  pour  fonction  d’entourer  la 
sortie , passe  dans  un  trou  de  la  membrane  ou  du  cartilage. 

J’ai  trouvé  dans  des  fétus  un  petit  point  d’ossification  au-dessus 
de  l’endroit  par  où  sort  le  nerf  optique,  lequel  ne  tarde  pas  à être 
enveloppé  dans  l’agrandissement  de  l’aile  temporale.  C’est  le  seul 
vestige  d’aile  orbitaire  que  j’aie  aperçu,  mais  il  est  loin  d’en  remplir 
les  fonctions,  car  ce  n’est  point  entre  lui  et  le  reste  de  l’aile  c[ue 
passent  les  nerfs  de  la  fente  sphéno-orbitaire. 

C’est  donc  seulement  dans  la  petite  lame  verticale  qu’on  pourroit 
chercher  un  représentant  osseux  du  sphénoïde  antérieur,  et  j’avoue 
que  par  ce  goût  naturel  pour  l’analogie , et  indépendamment  du 
système  des  trois  vertèbres  céphaliques,  j’aurois  voulu  trouver  une 
suture  qui  distinguât  cette  lame  du  reste  du  sphénoïde  : je  n’ai  pu  y 
parvenir,  même  dans  des  fétus  sortant  de  l’oeuf  (i). 

Pour  compléter  ce  quia  rapport  au  sphénoïde , il  nous  reste  à 
parler  d’un  os  commun  à presque  tous  les  reptiles,  mais  qu’on  ne 
trouve  séparé  ni  dans  les  mammifères , ni  même  dans  les  oiseaux  ; 
c’est  ce  grand  os  à trois  branches,  dy  d,  qui  va  de  l’os  ptérygoïdien 
ou  apophyse  ptérygoïde  interne  à la  réunion  du  jugal,  du  maxillaire 
et  du  frontal  postérieur  (2). 


(i)  M.  Oken  et  M.  Spix,  sans  s’inquiéter  s’il  y a ou  non  des  sutures  , et  sans  faire  remar- 
quer qu’il  n’y  en  a point , désignent  dans  leurs  figures  la  lame  verticale  comme  le  corps  du 
sphénoïde  anténeur , et  la  partie  moyenne  du  bord  antérieur  des  ailes  temporales  comme 
les  ailes  orbitaires.  Ce  sont  bien  là  en  effet  les  parties  qui  y répondent,  excepté  que , même 
dans  les  mammifères,  le  sphénoïde  antérieur  n’a  pas  de  corps  proprement  dit  ; mais  il  étoit 
nécessaire  d’observer  que  ces  parties  ne  sont  pas  séparées.  C’est  encore  ici  une  exception 
notable  au  système  de  l’identité  du  nombre  des  os.  M.  Geoffroy , dans  son  analyse  des  os 
U crocodile , après  avoir  mis  hors  du  crâne  les  ailes  temporales,  ne  s’est  nullement  occupé 
n ce  que  pouvoient  être  devenues  les  ailes  orbitaires. 

le  d’arranger  son  compte  des  os , en  fait , comme  nous  venons  de 

temporale  , quoique  cette  grande  aile  existe  à sa  véritable  place, 
en  1 appelle  jugal  antdricur,  et  le  regarde  comme  le  radius  du  membre  supérieur 


* OSTÉOLOGIE 

J’avoîs  d’abord  imaginé  de  regarder  cette  pièce  comme  remplaçant 
l’apophyse  ptérygoïde  externe , et  je  me  confirmois  dans  cette  opi- 
nion en  voyant  que  dans  le  cabiai  l’apophyse  ptérygoïde  externe  va 
joindre,  par  son  bord  ordinairement  libre,  la  réunion  du  palatin,  du 
temporal  et  du  maxillaire^  mais  depuis  que  je  me  suis  convaincu  que 
cette  apophyse  n’est  à aucun  âge  dans  les  mammifères  séparée  de  la 
grande  aile  temporale,  je  suis  obligé  de  reconnoître  que  si  ce  n’est 
pas  ici  un  os  nouveau , c’est  au  moins  un  démembrement  prononcé 
du  sphénoïde , comme  les  os  que  j’ai  appelés  frontal  antérieur  et 
frontal  posrérieur  sont  des  démembremens  du  frontal. 

En  aucun  cas  on  ne  peut  le  rapporter  à l’un  des  os  naturellement 
distincts  dans  les  fétus  des  mammifères. 

Je  me  suis  donc  vu  obligé  de  lui  donner  un  nom  spécial , et  à 
cause  du  rôle  qu’il  joue  dans  un  grand  nombre  de  reptiles,  j’ai  cru 
devoir  l’appeler  l’o^  trarisuerse. 

Pour  terminer  ce  qui  regarde  le  museau,  fai  quelques  mots  à dire 
des  parties  ossifiées  de  l’ethmoïde. 

Dans  le  crocodile  comme  dans  les  autres  ovipares  , plusieurs  des 
parties  de  l’ethmoïde  restent  cartilagineuses.  Quatre  seulement  de- 
viennent osseuses;  deux  premières  ou  inférieures  sont  articulées  au 
bord  interne  des  palatins , en  avant  des  frontaux  antérieurs  et  de  la 
partie  voûtée  des  os  ptérygoïdiens.  Entre  elles  et  la  partie  voisine 
des  palatins  commence  de  chaque  côté  le  double  canal  des  arrière- 
narines,  qui  va  se  terminer  au  bord  postérieur  des  os  ptérygoïdiens. 
Je  regarde  ces  deux  pièces  comme  analogues  à la  partie  inférieure  et 
canaliculée  du  vomer  dans  les  quadrupèdes. 

Les  deux  autres  pièces  ossifiées  de  l’ethmoïde  adhèrent  au  plafond 
des  narines,  entre  les  nasaux,  leslachrymaux,  les  frontaux  antérieurs 
et  le  frontal  principal.  Dans  les  caïmans,  dans  les  gavials,  je  n’ai  pu 


de  la  tête  ; mais  cette  dénomination  et  cette  comparaison  ne  nous  aident  pai  plus  l’une  que 
j’autrc  à retrouver  son  analogue  dans  les  animaux  des  autres  classes.  M.  Spix  en  fait  l’hu- 
mérus de  ce  même  membre  supérieur  , et  cette  idée  ne  nous  est  pas  d’un  plus  grand 
seçours  que  celle  de  M.  Oken. 


DES  CROCODILES.  8i 

en  rien  voir  en  dehors  ; mais  on  en  distingue  une  partie  dans  les 
crocodiles  proprement  dits,  entre  les  frontaux  et  les  nasaux,  Voy. 
Z y lig.  I.  Elles  sont  manifestement  analogues  à quelque  portion  des 
cornets  supérieurs. 

Il  nous  reste  maintenant  à examiner  le  temporal , et  à déterminer 
l’analogie  de  toutes  ses  parties. 

Nous  n’y  trouverons  pas  plus  de  difficultés  que  pour  le  reste  de 
la  tête,  en  suivant  toujours  notre  méthode. 

Dans  les  mammifères , le  fétus  a cet  os  divisé  en  quatre  pièces. 

10.  L’écailleuse  et  zygomatique , qui  devient  de  plus  en  plus  étran- 
gère au  crâne  à mesure  qu’on  descend  dans  l’échelle  des  quadrupèdes, 
en  sorte  que  dans  les  ruminans  elle  est  plutôt  collée  dessus  qu’elle 
n’entre  dans  la  composition  de  ses  parois  ; 

20.  La  tympanique , n’ayant  d’abord  d’ossifié  dans  le  fétus  que 
le  cadre  du  tympan,  et  s’étendant  successivement  de  manière  à 
former  une  caisse  et  un  méat  extérieur  ; 

3o.  Le  rocher  , qui  enveloppe  tout  le  labyrinthe  membraneux  5 

40.  La  partie  mastoïdienne , qui  l’ecouvre  le  rocher  en  arrière  de 
l’écailleuse  et  de  la  caisse , mais  qui  se  soude  de  si  bonne  heure 
à ce  rocher  que  l’on  parvient  à peine  à la  reconnoître  comme  dis-, 
tincte  dans  les  plus  jeunes  fétus  où  elle  est  quelquefois  double. 

Dans  le  crocodile  nous  retrouvons  aussi  une  caisse  ou  os  tympa- 
nique et  trois  autres  os,  dont  deux  extérieurs  au  crâne,  et  untout- 
à-fait  intérieur. 

La  caisse  ,0,  o' , se  reconnoît  aisément,  puisc[u’elle  donne  attache 
à la  membrane  du  tympan,  qu’elle  loge  l’osselet  de  l’ouïe,  et  qu’elle 
contribue  à former  en  grande  partie  une  cavité  au-devant  des  deux 
fenetres , cavité  du  fond  de  laquelle  part  la  trompe  d’eustache.  • 

Le  rocher  ne  se  reconnoît  pas  moins  à sa  position  intérieure,  et  à 
ce  qu’il  loge  en  grande  partie  le  labyrinthe,  et  contribue  essentiel- 
lement à la  formation  de  l’une  des  fenêtres;  mais  dans  le  crocodile 
la  caisse  ni  le  rocher  ne  suffisent  à loger  la  cavité  tympanique  et  le 
labyrinthe. 

La  caisse  communique  avec  de  grandes  cellules  analogues  aux  cel- 

T.V,2e.p.  „ 


82  OSTÉOLOGIE 

laies  mastoïdiennes  de  l’homme,  et  qui  s’étendent  les  unes  dans 
l’occipital  latéral,  5,  J,  fig.  5,  et  les  autres  dans  l’occipital  supérieur, 
q.  Celles-ci  sont  même  communes  aux  caisses  des  deux  côtés , et 
réunissent  les  deux  cavités. 

La  trompe  d’eustache  est  dans  le  même  cas.  Elle  commence  dans 
un  enfoncement  du  bas  de  la  cavité  de  la  caisse,  descend  presque 
verticalement,  et  passe  entre  le  basilaire,  le  sphénoïde  et  l’occipital 
latéral,  et  se  termine  dans  le  squelette  au  point  de  réunion  de  ces 
trois  os  ; mais  ensuite  elle  se  continue  par  un  tube  membraneux , et 
se  rapproche  de  sa  correspondante  pour  arriver,  par  une  ouverture 
commune  dans  l’arrière-bouche , derrière  les  arrière-narines. 

Le  labyrinthe,  comme  la  caisse,  comme  la  trompe,  est  envi- 
ronné de  plusieurs  os  : sa  partie  principale,  le  grand  sac  du  vesti- 
bule , est  logée  dans  une  cavité  aux  parois  de  laquelle  concourent 
le  rocher,  l’occipital  supérieur  et  l’occipital  latéral;  et  les  canaux 
semi-circulaires  supérieurs  et  postérieurs  rampent  dans  des  tubes 
étroits  creusés  dans  ces  mêmes  parois,  et  par  conséquent  dans  ces 

trois  os. 

La  portion  de  ces  parois  qui  sépare  le  vestibule  de  la  cavité  du 
crâne  est  très-mince , et  divisée  par  une  suture  à trois  branches  qui 
marque  les  limites  des  trois  os. 

Du  côté  de  la  caisse  la  paroi  est  percée  de  deux  fenêtres  transver- 
salement oblongues,  et  séparées  par  un  filet  mince. 

La  fenêtre  supérieure,  celle  qui  répond  à l’ovale  de  l’homme  et 
que  ferme  l’osselet  de  l’ouïe , est  formée , en  partie  par  le  rocher , en 
partie  par  l’occipital  latéral;  et  l’autre  fenêtre,  celle  qui  répond  à la 
ronde  de  l’homme,  est  toute  entière  dans l’occipitallatéral,  auquel 
appartient  le  filet  qui  les  sépare  (i). 

Ces  deux  fenêtres  sont  allongées  d’avant  en  arrière.  Elles  donnent 
dans  la  même  cavité  osseuse  qui  est  assez  grande  ; mais  une  arete 


(i)  Je  ne  m’explique  pas  comment  M.  de  Blainville,  dans  l’ouvrage  d ailleurs  très-esti- 
mable qu’il  vient  de  donner  sur  l’anatomie  comparée , nie  à plusieurs  reprises  l’existence 
d’âne  seconde  fenêtre  dans  les  crocodiles , les  tortues , etc. 


DES  CROCODILES.  83 

mince,  provenant  de  son  fond  et  de  sa  cloison  antérieure,  et  conti- 
nuée dans  le  frais  par  une  membrane , la  divise  en  deux  parties,  dont 
celle  qui  est  inférieure  et  antérieure , et  qui  communique  avec  la  fe- 
nêtre inférieure,  avec  celle  que  dans  l’homme  on  appelle  ronde, 
contient  une  petite  masse  lenticulaire  d’une  substance  semblable  à 
de  l’amidon  durci , et  tout-à-fait  analogue  à celle  que  l’on  trouve 
dans  le  sac  de  1 oreille  des  raies  et  des  squales.  Cette  partie  externe 
et  anterieure  représente  manifestement  le  limaçon  ; mais  on  voit 
quelle  est  loin  du  développement  qu’il  offre,  même  dans  les  oiseaux, 
où  il  est  déjà  si  au-dessous  de  celui  des  mammifères  par  son  peu 
d’inflexion,  bien  que  l’on  y trouve  (surtout  dans  les  chouettes) 
une  cloison  à demi  osseuse , et  déjà  sensiblement  tendante  à la  cour- 
bure spirale.  La  partie  interne  et  supérieure,  dans  laquelle  donnent 
la  fenêtre  supérieure  ou  analogue  à l’ovale,  et  les  canaux  semi-cir- 
culaires, est  le  vestibule. 

Celte  extension  des  deux  cavités  de  l’organe  auditif  dans  des  os 
différens  se  retrouve  plus  ou  moins  dans  tous  les  ovipares.  Celle  des 
cellules  tympanicjues  en  particulier  est  beaucoup  plus  grande  clans 
•certains  oiseaux. 

En  dessous , la  caisse  a une  grande  surface  concave , qui  s’arti- 
cule avec  le  sphénoïde,  le  ptérygoide  et  la  grande  aile  temporale. 
C’est  entre  celle-ci  et  la  caisse  qu’est  percé  le  trou  par  où  passe 
la  cinquième  paire,  ce  qui  n’a  rien  d’étonnant;  car  nous  voyons  la 
même  chose  dans  plusieurs  mammifères  par  rapport  au  trou  ovale. 

Le  bord  postérieur  libre  de  la  caisse,  o' , qui  fait  saillie  en  arrière, 
porte  presc[ue  en  entier  la  facette  articulaire  pour  la  mâchoire  infé- 
rieure. 

Ceci  encore  doit  médiocrement  nous  surprendre , car  dans  beau- 
coup de  mammifères , dans  l’homme  même , l’os  de  la  caisse  contribue 
déjà  à former  le  bord  postérieur  de  la  cavité  articulaire. 

Nous  verrons  par  la  suite  que  toutes  ces  fonctions  de  l’os  tympa- 
nique  dans  le  crocodile  sont  remplies  dans  les  oiseaux  par  l’os  que 
1 on  a nommé  l’o^  carré , et  que  celui-ci  ne  se  distingue  que  par  sa 
mobilité. 

» 


II 


84  OSTÈOLOGIE 

C’est  ainsi  que  nous  serons  conduits  à reconnoître  dans  l’os  carré 
un  véritable  os  tympanique  (i). 

Ce  n’est  pas  toutefois  que  cet  os  renferme  toute  la  cavité  de  la 
caisse , même  en  faisant  abstraction  des  cellules  mastoïdiennes  ; mais 
dans  les  mammifères  il  ne  la  forme  pas  non  plus  à lui  seul  : le  rocher, 
le  temporal  écailleux  et  souvent  le  sphénoïde  y contribuent  aussi. 

La  caisse  est  une  grande  cavité  formée  par  plusieurs  os  j sa  paroi 
interne  est  toujours  du  rocher;  l’os  de  la  caisse  forme  en  général  une 
grande  partie  de  cette  cavité,  toute  sa  paroi  extérieure  etinférieure. 
Le  cadre  du  tympan  est  la  partie  de  l’os  de  la  caisse  qui  s’ossifie  la 
première;  il  arrive  quelquefois,  comme  dans  les  sarigues,  que  c’est 
la  seule  partie  qui  s’ossifie.  Mais  il  n’y  a,  ni  dans  les  mammifères,  ni 
dans  d’autres  classes,  une  époque  où  il  existe  un  os  de  la  caisse  dif- 
férent du  cadre  du  tympan  (2). 


(1)  C’est  à M.  Schneider qu’appartient  cette  détermination  de  l’analogie  de  l’os  tynipa- 
nique  du  crocodile  et  des  autres  reptiles  avec  l’os  carré  dans  les  oiseaux.  Ce  naturaliste  nom- 
moit  cet  os  inlermaxillaira  commun.  Mais  c’est  M.  GeofFroy  **  qui  a établi  d’une  manière 
générale  les  rapports  de  cet  os  av'ec  la  caisse  des  mammifères , et  son  travail  à cet  égard  , 
l’un  des  premiers  qui  ait  eu  pour  objet  direct  de  saisir  l’analogie  des  os  de  la  tète  dans  toutes 
les  classes,  est  certainement  digne  des  plus  grands  éloges. 

Cette  analogie  n’a  fait  dès  lors  que  se  confirmer  par  quelque  côté  qu’on  l’ait  envisagée  , et 
dans  quelque  genre  d’ovipare  que  l’on  ait  cherché  à la  vérifier. 

Il  est  fâcheux  que  son  auteur  en  ait  depuis  altéré  la  pureté  , en  voulant  faire  entrer  aussi 
dans  la  composition  de  cette  pièce  l’analogue  de  l’os  styloïde 

(2)  M.  Oken  en  traduisant , soit  le  mémoire  de  M.  Geoffroy , soit  le  mien , soutenoit 
que  nous  avions  confondu  le  cadre  du  tympan  avec  un  prétendu  os  de  la  caisse.  Il  a déjà  été 
reclifié-à  cet  égard  par  M.  Boiamis , dans  l’Isis  de  1821 , n".  XII  ; mais  M.  Bojanus , après 
avoir  reconnu  la  vérité  par  rapport  aux  mammifères , s’en  éloigne  aussitôt , et  va  chercher 
dans  les  oiseaux  le  tympanique  dans  la  lame  inférieure  du  sphénoïde,  et  veut  faire  de  l’os 
carre  un  temporal  ecailleux,  réduit  à ne  servir  qu’à  l’articulation  de  la  mâchoire  inférieure. 
Je  dirai  en  passant  que  cet  os  tympanique , cet  os  carré  , est  pour  M.  Oken  la  clavicule  , et 
pour  M.  Spix  l’ischion  de  la  tête. 

* Hist.  .rimphib.  natur.  et  litter. , fascic.  II,  p.  63. 

Ann.  du.  Mus.,  t.  X,  p.  34» — 365,  dans  ses  observations  anatomiques  sur  le  crocodile  et  dans  son 
DSléologie  de  la  tôte  des  oiseaux. 

Il  m’a  été  impossible  de  m’expliquer  comment  M.  Geoffroy  a cru  voir  dans  la  tortue  matamata  et  dans 
Pornîthorinque  et  l’échidné  un  os  slyloïdien  et  un  os  tympanique  distincts,  et  tellement  disposes  que  l’on  puisse 
soupçonner  qu'ils  se  rcnnissenl  dans  l’os  lympaniqne  du  crocodile.  Cependant  celte  annonce  peu  claire  a c'tc 
rcpéte'c  (.H  la  Tc'ritc,  je  crois,  comme  simple  citation)  par  M.  Meckel  dans  ses  Matériaux  pour  l’Anatomie 
comparée , t.  II , p.  ç8  et  jg. 


DES  CROCODILES.  85 

^Jâ  caisse  et  le  rocher  une  fois  bien  déterminés,  il  reste  deux  os 
entre  lesquels  il  faut  choisir  le  représentant  du  mastoïdien  et  celui 
du  temporal  écailleux  et  zygomatique. 

Bien  que  dans  le  crocodile  leur  figure  et  leurs  connexions  ne  soient 
peut-être  pas  entièrement  décisives , j’ai  pensé  dès  l’origine  comme 
M.  Geoffroy , que  l’os  lamelleux  iP  ,p,  inséré  entre  la  caisse  et  le 
j’ugal,  etoit  le  temporal  écailleux;  et  que  l’os  triangulaire,  n ,n , qui 
est  encore  adhérent  au  crâne  , qui  couvre  en  partie  les  cellules 
mastoïdiennes,  devoit  être  le  mastoïdien. 

Le  temporal  écailleux  se  irouveroit  entièrement  séparé  du  crâne , 
mais  ce  ne  seroit  autre  chose  qu’une  extension  de  ce  tjue  nous  avons 
déjà  vu  commencer  dans  les  ruminans  et  dans  les  cétacés  (i). 

Ce  qui  confirme  encore  cette  détermination,  c’est  c|ue  cet  os 
prend  dans  les  lézards  et  les  tortues  de  terre  la  forme  et  les  fonctions 
d’une  arcade  zygomatique,  et  que  dans  les  tortues  de  mer  il  s’élargit 
et  va  s’unir  au  mastoïdien  et  au  frontal  postérieur^  en  un  mot,  c’est 
1 apophyse  zygomatique  du  temporal  , c’est  un  temporal  dont  la 
partie  crâniale  a disparu. 

Le  mastoïdien  des  crocodiles  proprement  dits  et  des  gavials , n , 
7Z,  a cela  de  particulier,  qu’il  s’avance  latéralement  jusqu’à  s’unir  au 
frontal  postérieur,  et  à entourer  avec  lui  et  le  pariétal  le  trou  de  la 
face  supérieure  du  crâne  qui  communique  avec  la  fosse  temporale  ; 
dans  quelques  caïmans  il  s’unit  même  à ces  trois  os  pour  couvrir  en- 
tièrement cette  fosse  en  dessus,  et  dans  les  tortues  de  mer,  nou-seu- 


(i)  G est  cet  os  que  M.  Oken  appelle  son  jitgal  postérieur  ou  Yhumérus  de  la  tête,  et  il 
me  reprend  d’avoir  fait  de  ce  qu’il  regarde  comme  l’ëcailleux  mon  frontal  postérieur  , disant 
({'■l’on  fait  des  noms  nouveaux  pour  des  os  qu’on  ne  connoit  pas. 

Ce  reproche  est  plaisant,  au  moment  où  lui-même , /ante  die  reconnaître  cet  os,  crêoit 
précisément  pour  lui  ce  nom  nouveau  de  jugal postérieur;  en  supposant  même  que  j’eusse 
tort , j’aurais  pu  lui  dire  ; 

Quid  rides,  etc. 

Cet  humérus  de  la  tête  de  M.  Oken  devient  pour  M.  Spix  le  pubis  de  cette  même  tête, 
ou,  pour  parler  un  langage  intelligible  , un  des  osselets  de  l’ouïe , savoir,  le  marteau. 

n marteau  Lors  de  la  cavité  de  l’oreille!  un  marteau  enchâssé  fixément  entre  le  tymnaa 
et  le  jugal  i ^ ^ 


86  OSTÉOLOGIE 

lement  ils  font  la  même  chose,  le  temporal  et  le  jugal  venant  aussi 
à s^unir  au  mastoïdien  et  au  frontal  postérieur,  ils  couvrent  la  fosse 

temporale , même  par  dehors  (i). 

Ainsi  nous  aurions  déterminé  tous  les  os  du  crâne  et  de  la  face  du 

crocodile. 

intermaxillciires , les  maxillaires,  les  nasaux,  les  lachry- 
maux,  iQ^jugaux,  les  palatins,  s’y  reconnoissent  comme  dans  les 
mammifères , y occupent  les  mêmes  places  et  y remplissent  les  mêmes 
fonctions. 

Vethmdide  est  formé  de  même  d’une  lame  cribleuse,  d’ailes  la- 
térales , de  cornets  supérieurs,  d’une  lame  verticale , mais  il  demeure 
en  grande  partie  cartilagineux. 

Deux  pièces  paroissent  représenter  le  bas  d.e  sa  lame  verticale  ou 
vomerj  deux  autres,  quelque  partie  de  ses  anfractuosités  supérieures. 

Le  frontal  occupe  la  même  place  et  les  memes  fonctions  que 
dans  les  mammifères  j mais  ses  apophyses  ante  et  postorbitaires  sont 
des  os  distincts. 

\1  occipital  est  à la  même  place , remplit  les  mêmes  fonctions  que 
dans  les  mammifères,  et  il  reste  divise  en  quatre  parties  comme  dans 
leurs  fétus. 

Le  corps  du  sphénoïde  est  à la  même  place  et  remplit  les  mêmes 
fonctions  que  dans  les  mammifères  , mais  il  n est  point  séparé  du 
sphénoïde  antérieur. 

Ses  grandes  ailes  sont  à la  même  place  et  remplissent  les  mêmes 
fonctions  que  dans  les  mammifères,  mais  elles  demeurent  toujours 
séparées  du  corps  de  l’os  comme  dans  les  fétus  de  cette  classe  ; elles 

(i)  M.  Geoffroy  faisoit  de  ce  mastoïdien  son  pariétal , parce  qu’il  nomraoit  le  vrai  pariétal 

M.  Ulriclr  en  fait  dans  la  tortue  la  partie  écailleuse  du  temporal , qu’il  sépare  ainsi  de  sa 
partie  zygomatique  , avec  laquelle  la  première  ne  fait  cependant  qu’un  os  dans  es  etus  des 

mammifères.  ^ ^ 

M.  Spix  croit  aussi  qu’il  répond  à la  partie  écailleuse  du  temporal , qu:  il  décoré  du  titre 

^ iléon  de  la  tête. 

M.  Oken  est  le  seul  qui  s’accorde  avec  moi  à l’appeler  mastoïdien  , mais  ce  mastoïdien 
est  pour  lui  V omoplate  de  la  tete. 


DES  CROCODILES.  87' 

embrassent  une  grande  partie  de  l’espace  et  des  fonctions  des  ailes 
orbitaires. 

Il  ne  reste  de  vestiges  de  celles-ci  que  de  petits  points  d’ossifica- 
tions libres  dans  la  membrane  qui  ferme  cet  endroit. 

Les  ailes  ptérygoides  sont  k la  même  place  et  remplissent  les 
mêmes  fonctions  que  dansles  mammifères , mais  elles  restent  toujours 
séparées  du  corps  de  l’os  comme  dans  beaucoup  de  mammifères,  et 
s’unissent  entre  elles  en  dessous  pour  prolonger  le  tube  nasal  comme 
dans  les  fourmiliers. 

L’os  de  la  caisse  est  k la  même  place  et  remplit  les  mêmes  fonc- 
tions que  dans  les  mammifères  , mais  c’est  lui  qui  donne  la  facette 
pour  l’articulation  de  la  mâchoire  Inférieure. 

Le  mastoïdien  est  k la  même  place  et  remplit  les  mêmes  fonctions 
que  dans  les  mammifères,  seulement  ses  productions  s’étendent  un 
peu  plus. 

Le  rocher  est  k la  même  place  et  remplit  les  mêmes  fonctions  que 
dans  les  mammifères , seulement  le  labyrinthe  s’étend  dans  les  os 
voisins. 

Il  reste  entre  la  caisse  et  le  jugal  un  os  qui  ne  peut  répondre  qu’à 
la  partie  zygomatique  du  temporal ^ et  entre  l’aile  ptérygoïde  , le 
jugal  et  le  maxillaire , un  autre  os  qui  répond , mais  assez  foiblement, 
à une  apophyse  ptérygoïde  externe  du  sphénoïde  qui  seroit  entiè- 
rement détachée  de  son  os  principal , ce  qui  ne  lui  arrive  jamais 
dans  les  mammifères. 

Toutes  les  différences  essentielles  se  réduiroient  donc  k cette  dis- 
tinction et  à la  division  du  frontal. 

J ose  dire  que  personne  n’a  encore  ramené  les  os  du  crocodile  à 
ceux  des  mammifères  d une  maniéré  aussi  simple  et  aussi  complète. 

C’est  pourquoi  j’ai  cru  devoir  extraire  cet  article  de  ma  grande 
Anatomie  comparée  elle  placer  ici , d’autant  que  ce  point  de  départ  me 
sera  nécessaire  pour  l’explication  des  têtes  de  quelques  autres  ovipares. 

^ Mais  nous  n’aurions  pas  complété  ce  qui  regarde  la  tête,  si  nous* 
navrons  dit  un  mot  de  l’osselet  qui  remplace  dans  le  crocodile  les > 
quatre  petits  os  de  l’oreille  des  mammifères.. 


88  OSTÉOLOGIË 

Il  consiste  dans  une  platine  elliptique  longue  et  étroite  appliquée 
sur  la  fenêtre  supérieure,  et  de  laquelle  part  un  manche  long  et  grêle, 
qui  va,  en  se  ramollissant  un  peu,  se  fixer  à la  membrane  du  tympan; 
il  s’y  recourbe,  et  la  suit  en  s’y  attachant  fixément,  et  en  prenant 
une  consistance  cartilagineuse  jusqu’à  son  bord  postérieur.  De  la 
paroi  postérieure  de  la  caisse  part  un  filet  musculaire  qui  s’attache 
au  manche  de  l’os  vers  le  tiers  de  sa  longueur,  et  un  redoublement 
de  la  tunique  interne  du  tympan  forme  un  ligament  triangulaire  qui 
s’étend  jusqu’au  même  point,  et  contribue  ainsi  à fixer  ce  manche  à 
sa  partie  recourbée  et  tyrapanique. 

Il  n’y  a rien  là  qui  puisse  représenter  l’appareil  compliqué  des 
mammifères , et  je  ne  puis  que  m’accorder  avec  les  nombreux  auteurs 
qui  ont  considéré  cet  osselet  comme  un  étrier  (i)  encore  plus  simple 
que  celui  des  oiseaux.  Si  l’on  veut  cependant  donner  le  nom  de  mar- 
teau à la  branche  cartilagineuse  qui  est  enchâssée  dans  la  membrane 
du  tympan , je  ne  m’y  opposerai  point  ; mais  je  maintiendrai  toujours 
que  la  platine  appliquée  à la  fenêtre  ovale  est  analogue  à celle  de 
l’étrier,  et  qu’il  n’y  a ni  enclume  ni  osselet  lenticulaire  distincts. 


Article  II. 

De  la  mâchoire  inférieure  et  de  sa  composition. 

•L’os  de  la  caisse,  o,  se  porte  en  arrière  et  se  termine  en  o' , par 
une  facette  transverse  dirigée  un  peu  en  arrière,  trois  fois  plus  large 
que  longue,  et  dont  la  surface  est  légèrement  ondulée.  G’  est  sous 
cette  apophyse  que  s articule  la  mâchoire  inférieure  par  une  facette 


(i)  Je  dois  surtout  remarquer  que  je  n’ai  rien  pu  découvrir  qui  m’expliquât  l’espèce  d’an- 
neau allongé  que  M.  Geoffroy  (Philos,  anat. , t.  I , pl.  I , fig.  lo  et  n , O)  place  à la  suite 
de  la  platine  , ni  par  conséquent  qui  justifiât  le  nom  d’osselet  lenticulaire  qu’il  donne  à cette 
platine.  Je  suppose  qu  il  a pris  quelque  partie  de  la  membrane  vestibulaire  , car  bien  certai- 
nement la  platine  est  appliquée  à la  fenêtre  ovale.  Pour  les  oiseaux,  auxquels  il  attribue  une 
structure  analogue  , tZ». , fig.  6 , 7 , 8 , je  dois  croire  qu’il  a pris  quelque  portion  de  la  rampe 
du  limaçon  ou  de  sa  tunique  interne. 


• DES  CROCODILES.  89 

ondulée  en  sens  contraire,  et  formant  un  gynglyme  peu  profond. 
L angle  postérieur  se  porte  encore  en  arrière  de  cette  facette , en 
montant  un  peu  pour  donner  attache  au  muscle  analogue  du  digas- 
tiique,  en  sorte  cjue  la  mâchoire  entière  est  considérablement  plus 
longue  que  le  crâne  (i). 

Dans  les  mammifères,  meme  à l’état  de  fétus,  aussitôt  que  leur 
mâchoire  inférieure  a pris  quelque  consistance  , elle  n’offre  plus 
qu  un  os  de  chaque  côté  : ce  n’est  que  dans  de  très-petits  embryons 
que  1 on  peut  encore  en  séparer  les  groupes  de  fibres 5 mais  on  ne  les 
voit  pas  former  des  os  distincts  unis  par  des  sutures  comme  dans  les 
ovipares  (2). 

Le  ciocodile,  comme  la  plupart  des  reptiles,  en  a six  de  chaque 
côté. 

Le  dentaire,  u,  dans  lequel  sont  creusés  les  alvéoles  de  toutes 
les  dents , s’articule  seul  en  avant  avec  son  correspondant  pour  for- 
mer l’angle  antérieur  ou  la  symphyse. 

^ operculaire , &,  ainsi  nommé  par  M.  Adrien  Camper,  couvre 
presque  toute  la  face  interne,  excepté  tout  en  avant,  où  elle  est  for- 
mée par  le  dentaire.  Au  reste  celui-ci  occupe  encore  une  grande 
partie  de  l’espace  recouvert  par  X operculaire  , qui  repose  sur  lui  par 
une  lame  mince.  ^ 


^ L angulaire , v , et  le  sur-angulaire , x,  placés  au-dessus  l’un  de 
1 autre,  s etendent  ainsi  jusqu’à  l’extrémité  postérieure  : ils  laissent 
entre  eux  en  avant  un  espace  occupé  dans  sa  partie  antérieure  par  la 
fin  du  dentaire,  et  ensuite  par  un  grand  trou  ovale. 

angulaire , v , est  nommé  ainsi  parce  qu’il  occupe  l’endroit  où 
estime  postérieur  de  la  mâchoire.  Il  se  recourbe  en  dessous  pour 


(1)  C’est  cette  circonstance  qui  avoit  fait  croire  aux  anciens  que  la  mâchoire  supérieure 

e oit  seule  mobile.  M.  GeoJfwj  a parfaitement  expliqué  la  cause  de  leur  erreur , Annales 
au  Muséum  , t.  X. 

défi  naturalistes  ont  avancé  que  la  division  qui  se  voit  dans  la  mâchoire  inférieure 

rleT"  les  fétus  ou  les  embryons  de  mammifères.  J’ai  fait  des 

cheval  r ™ y La  mâchoire  inférieure  du  fétus  de 

ohaque'r 't encore  longue  que  d’un  pouce  , ne  forme  déjà  qu’un  seul  os  de 
^ aucune  trace  de  suture  régulière. 

T.  V,  20.  P. 


12 


90  OSTÉOLOGIE 

occuper  un  espace  à la  face  interne  de  la  mâchoire.  Entre  lui  et  l’o- 
perculaire  est  à cette  même  face  un  autre  trou  ovale  plus  petit  que 
le  précédent,  et  au-dessus  de  lui  un  grand  vide,  attendu  que  le  sur- 
angulaire ne  se  recourbe  pas  vers  la  face  interne.  La  pointe  anté- 
rieure de  ce  vide  est  bordée  d’un  petit  os  particulier  en  forme  de 
croissant,  marquées,  que  je  nommerai  complémentaire. 

Le  condyle , toute  la  face  supérieure  de  l’apophyse  postérieure 
qui  donne  attache  à l’analogue  du  digastrique,  et  toute  la  face  in- 
terne de  cette  partie  appartiennent  encore  à un  os  spécial , y , que 
j’appelle  X ariicultiire. 

sur-angulaire  a été  nommé  autrefois  coronoïdien-  et,  en  effet, 
il  donne  attache  au  crotaphyte  par  une  petite  crête  qui  se  continue 
un  peu  sur  le  complémentaire;  mais  cette  circonstance  n’a  pas  tou- 
jours lieu  dans  les  autres  reptiles  , c’est  pourquoi  j ai  été  obligé  de 
changer  son  nom. 

Les  mâchoires  inférieures  des  crocodiles  proprement  dits  ne  diffè- 
rent entre  elles  que  par  leur  plus  ou  moins  grand  prolongement  qui 
lui-même  correspond  à celui  du  museau. 

Article  IIL 
Des  Denis. 

Elles  offrent  plusieurs  remarques  intéressantes  dans  le  crocodile. 

La  première,  c’est  que  leur  nombre  ne  change  point  avec  l’àge.  Le 
crocodile  qui  sort  de  l’œuf  en  a autant  que  celui  de  vingt  pieds  de 
long.  Tout  au  plus  les  dernières  sont-elles  encore  un  peu  cachées  par 
la  peau  des  gencives.  Je  me  suis  assuré  de  ce  fait  sur  une  série  de  huit 
têtes  croissant  en  grandeur , depuis  un  pouce  jusqu’à  deux  pieds. 

La  seconde,  c’est  cjue  leur  solidité  intérieure  ne  se  remplit  jamais, 
quoiqu’elles  se  forment , ainsi  que  toutes  les  autres  dents,  par  couches 
superposées. 

Ces  deux  particularités  tiennent  à la  manière  dont  elles  se  rem- 
placent. 


/ 


DES  CROCODILES.  91 

La  bourse  dans  laquelle  se  forme  la  première  petite  coque  de  lai 
dent  de  remplacement  n’est  pas  renfermée,  comme  dans  les  mammi- 
fères , dans  une  loge  particulière  qui  se  développeroit  dans  l’épais- 
seur de  l’os  maxillaire  ; mais  elle  pousse  en  quelque  sorte  du  fond  de 
1 alvéole  de  la  dent  f|u’elle  doit  remplacer. 

Cette  petite  coque  ou  calotte  est  d’abord  sur  la  face  interne  de  la 
racine  de  la  dent  en  place;  elle  en  arrête  la  continuation  de  ce  côté , 
et  y occasione  une  ecliancrure  par  laquelle , en  augmentant  toujours 
de  longueur,  elle  finit  par  pénétrer  dans  le  creux  de  la  dent  en  place  ; 
elle  achève  alors  de  détruire  par  sa  compression  le  noyau  pulpeux 
qui  remplit  ce  creux,  et  c[ui  fournissoit  par  ses  exsudations  la  malière 
dont  la  dent  en  place  s’augmeutoit. 

Aussi  à c[uelque  âge  qu’on  arrache  les  dents  du  crocodile,  on 
trouve,  soit  clans  leur  alvéole,  soit  dans  leur  cavité  même,  une  petite 
dent,  tantôt  sous  forme  de  simple  calotte  encore  très-mince  et  très- 
courte,  tantôt  plus  avancée  et  prête  à occuper  sa  place  quand  l’an- 
cienne qui  l’enveloppe  encore  sera  tombée. 

Il  paroit  cpie  cette  succession  se  fait  très-souvent,  et  qu’elle  se 
répète  aussi  long-temps  cjue  l’animal  vit.  C’est  probablement  ce  qui 
fait  que  les  dents  des  crocodiles  sont  toujours  fraîches  et  pointues, 
et  C[Lie  les  vieux,  qui  les  ont  beaucoup  plus  grandes,  ne  les  ont  pas 
beaucoup  plus  usées  que  les  jeunes. 

J’ai  observé  tous  ces  faits  dans  une  tête  fraîche  et  dans  plusieurs 
conservées  dans  l’esprit-de-vin  , et  j’y  ai  très -bien  distingué  des 
noyaux  et  des  capsules  semblables  à ces  mêmes  parties  dans  les  dents 
des  quadrupèdes. 

Cette  marche  du  remplacement  des  dents  avoit  été  fort  bien  saisie 
par  Peirault  et  par  Dtiverney  pour  sennr  à V Histoire  des 

Anim,,  t.  III,  p.  167), 

M.  Faujas  a cherché  à la  contester;  mais  il  n’a  pas  été  heureux  en 
argumens. 

« Cette  dent  intérieure,  dàt-\\  {Essais  de  Géol,  I,  p.  47),  est 
>>  à peine  adhérente  à l’alvéole  et  s’en  détache  avec  facilité.  — Elle 
» ne  forme  cjuelquefois  qu’une  espèce  de  calotte  non-adhérente,  ete.  » 


12 


Ç)1  OSTÉOLOGIE 

Or  tous  ceux  qui  connoissent  un  peu  les  lois  de  la  dentition  savent 
que  les  germes  de  dents  ne  peuvent  s’observer  autrement  dans  le 
squelette,  quand  le  noyau  pulpeux  qui  les  soutenoit  et  la  capsule 
membraneuse  qui  les  enveloppoit  ont  été  détruits. 

((  La  position  de  cette  double  dent,  ajoute-t-il  (^ibid.),  est  telle 
))  que  si  elle  venoit  à être  rompue  par  un  coup  ou  par  un  acci- 
))  dent , sa  compagne  éprouveroit  nécessairement  le  même  sort.  » 

Cela  peut  être  vrai  quelquefois  à cette  époque  du  développement 
de  la  dent  de  remplacement  où  elle  a déjà  pénétré  fort  avant  dans 
le  creux  de  la  dent  en  place,  mais  cela  ne  prouve  rien  pour  le  cas  où 
celle-ci  tombe  naturellement. 

Il  y aune  difficulté  plus  réelle  qui  a été  saisie  parM.  Tenon,  et 
cjue  ce  savant  anatomiste  a résolue  avec  sa  sagacité  ordinaire. 

Les  dents  du  crocodile  étant  souvent  des  cônes  parfaits  qui  vont 
en  s’évasant  toujours  vers  la  racine,  comment  peuvent-elles  tomber 
hors  de  leurs  alvéoles  dont  l’entrée  se  trouve  plus  étroite  c|ue  le  fond? 

G est  que  la  dent  de  remplacement,  en  se  développant  et  en  rem- 
plissant le  creux  de  la  dent  en  place , comprime  sa  substance  contre 
les  parois  de  l’alvéole,  lui  fait  perdre  sa  consistance,  la  fait  fendre, 
et  la  dispose  à se  détacher  au  moindre  choc  au  niveau  de  la  gencive  : 
les  fragmens  restés  dans  l’alvéole  en  sont  ensuite  aisément  expulsés 
par  les  forces  de  la  nature  vivante. 

On  trouve  souvent  dans  les  crocodiles  qui  changent  leurs  dents  de 
ces  anneaux  formés  dans  l’alvéole  par  les  restes  des  anciennes  dents 
cassées,  et  au  travers  desquels  les  nouvelles  commencent  à poindre. 

Nous  en  verrons  aussi  de  pareilles  dans  les  mâchoires  fossiles  des 
vrais  crocodiles. 

Le  plus  souvent  la  base  du  cône  de  la  dent  n’est  pas  entière,  et 
l’on  y volt  une  échancrure  plus  ou  moins  profonde  à la  face  qui  re- 
garde le  dedans  de  la  mâchoire  : c’est  que  le  germe  nouveau  se  forme 
un  peu  plus  du  côté  interne  de  l’alvéole,  et  que  c’est  de  ce  côté  cju’il 
commence  à empecher  la  continuation  de  la  dent  en  place,  comme 
nous  venons  de  le  dire. 

L’échancrure  est  proportionnée  à la  grandeur  que  le  germe  a ac- 


q3 


DES  CROCODILES. 

quise:  quelquefois  il  y en  a deux,  parce  qu’un  second  germe  s’est 
développé  avant  la  chute  de  la  dent  en  place  j d’autrefois  il  y a un 
trou  au  lieu  d’une  échancrure;  enfin,  tant  que  le  germe  est  fort  petit, 
1 échancrure  n existe  pas,  et  le  germe  lui-même  u’en  a jamais. 

INous  n avons  pas  besoin  de  dire  en  détail  que  toutes  les  dents  du 
eiocodile  sont  aiguës,  cju’ elles  se  croisent  quand  les  mâchoires  sont 
feimees,  qite  leur  email  est  plus  ou  moins  strié  sur  la  longueur, 
quelles  ont  une  arête  tranchante  en  avant  et  une  autre  en  arrière,  etc.; 
ce  sont  des  faits  généralement  connus. 

INous  avons  déjà  vu  dans  notre  section  précédente  en  quel  nombre 
elles  sont  dans  chaque  espèce.  Les  trois  sous-genres  ont  la  première 
et  la  quatrième  de  chaque  cote  en  bas  et  la  troisième  en  haut  plus 
longues  et  plus  grosses;  ensuite  dans  les  crocodiles  proprement  dits 

et  les  caïmans,  c’est  la  onzième  d’en  bas,  etleshuitième  et  neuvième 
d’en  haut. 

Le  caïman  à paupières  osseuses  fait  une  légère  exception  : ce  sont 
ia  douzième  d’en  bas  et  la  dixième  d’en  haut  qu’il  a les  plus  longues. 

près  la  quatrième,  elles  sont  toutes  presc[ue  égales  dans  les  ga- 
vials : aussi  leurs  mâchoires  ne  sont -elles  pas  festonnées  comme 
celles  des  autres  sous-genres.  Ce  festonnement  augmente  avec  l’âge 
et  avec  la  grosseur  des  dents  qui  en  est  la  suite.  ^ 

La  quatrième  dent  den  bas  peut  porter  le  nom  de  canine,  car 

elle  répond  à la  suture  qui  sépare  l’intermaxillaire  du  maxillaire  de 
la  mâchoire  supérieure. 

Les  cinq  ou  six  dernières  dents  de  chaque  côté  sont  plus  obtuses 
plus  comprimées  que  les  autres,  et  leur  couronne  se  distingue  de 
eur  racme  par  un  étranglement  notable  ; mais  cette  différence  n’a 

!‘es  glvMs!”* 


94 


OSTÉOLOGIE 


Article  IV. 

De  Vos  hyoïde. 

J’ai  peu  parlé  de  cet  os  dans  mes  descriptions  de  mammifères  parce 
qu’il  y est  assez  connu,  et  qu’on  le  trouve  rarement  parmi  les  fos- 
siles j mais  il  devient  nécessaire  que  j’y  donne  plus  d’attention  dans 
les  ovipares,  pour  en  suivre  les  variétés  très-importantes  à connoitre, 
surtout  par  les  inductions  auxquelles  elles  nous  conduisent  relative- 
ment h l’appai’eil  brancliial  des  poissons.  • 

L’os  hyoïde  des  crocodiles , comme  leur  stèrniim  , comme  leur 
épaule,  est  des  plus  simples  cju’il  y ait  dans  la  classe  des  reptiles. 

Son  corps , pl.  V,  fig.  3 et  4 , consiste  en  une  grande  et  large  plaque 
cartilagineuse,  convexe  en  dessous,  concave  en  dessus,  dont  la  partie 
antérieure  a son  contour  en  demi-cercle  , et  dont  la  partie  posté- 
rieure , plus  étroite , se  termine  en  arrière  par  un  bord  concave.  Les 
angles  latéraux  un  peu  aigus  de  ce  rebord  postérieur  s’ossifient  petit 
k petit,  mais  ne  laissent  pas  de  faire  toujours  corps  avec  le  reste  du 
cartilage,  en  sorte  qu’on  ne  peut  pas  même  les  considérer  comme 
des  vestiges  de  cornes  postérieures.  La  partie  antérieure  en  demi- 
cercle  a deux  petites  échancrures,  ci,  ci,  remplies  par  une  membrane  ^ 
derrière  ce  demi-cercle , là  où  commence  le  rétrécissement,  s’articule 
de  chaque  côté  la  corne  antérieure,  b,  qui  est  osseuse,  un  peu  en 
forme  d’équerre,  se  porte  obliquement  en  arrière  et  vers  le  haut, 
où  elle  se  termine  par  un  petit  appendice  cartilagineux,  c,  qui  n’est 
ni  articulé,  ni  suspendu  au  crâne  par  un  ligament,  mais  seulement 
par  des  muscles  que  nous  décrirons  ailleurs,  et  qui  ne  sont  pas  sans 
analogie  avec  ceux  des  oiseaux. 

Le  bord  antérieur  de  la  plaque  se  relève  un  peu  à la  base  de  la 
langue,  où  il  forme  comme  une  légère  représentation  d’une  épiglotte 
qui  seroit  très-large  et  très-basse. 

C’est  sur  cette  plaque  cartilagineuse  que  repose  le  larynx , indiqué 
dans  la  figure  par  des  points,  composé  seulement  d’un  cartilage  cri- 


DES  CROCODILES. 

coïde  et  de  deux  arythénoïdes  annulaires,  en  sorte  que  la  plaque  fait 
fonction  à la  fois  d’épiglotte , de  corps  de  l’hyoïde  et  de  thyroïde. 

Article  V. 

Des  os  du  Tronc. 

Les  vej'tèhres. 

Tous  nos  squelettes  de  crocodiles,  ainsi’  que  ceux  de  caïmans  et 
de  gavials,  ont  sept  vertèbres  cervicales  , douze  dorsales,  cinq  lom- 
baires et  deux  sacrées.  Notre  individu  de  Timor  en  a trente-quatre 
caudales,  ce  cjui  fait  juste  le  nombre  total  de  soixante  vertèbres, 
comme  Ælien  l’avoit  annoncé  d’après  les  prêtres  égyptiens.  Grew 
eu  avoit  aussi  soixante  au  sien , mais  ce  nombre  est  sujet  à varier. 
Perrault  et  Duverney  n’en  ont  trouvé  que  cinquante-neuf  à leur 
squelette,  et  j’en  compte  quarante  h la  queue  d’un  jeune  individu, 
ce  qui  lui  en  fait  soixante-six  en  tout.  Quelques  jeunes  individus  du 
crocodilus  biporcatus  ayant  été  ouverts  , on  leur  a trouvé  quarante- 
deux  vertèbres,  comme  quarante-deux  bandes  k la  queue. 

C’est  ce  nombre  qui  me  paroît  le  normal.  Les  nombres  des  jeunes 
sont  toujours  plus  complets  , parce  qu’aucun  accident  n’a  encore 
mutilé  leur  queue;  et  bien  qu’à  plusieurs  reptiles,  quand  la  queue 
se  casse,  il  en  repousse  une  longueur  plus  ou  moins  considérable,  ce 
morceau  revenu  n’a  jamais  de  vertèbres,  et  son  axe  n’est  soutenu 
que  par  une  longue  verge  cartilagineuse. 

Toutes  ces  vertebres,  à compter  de  Vaxis,  ont  la  face  postérieure 
de  leur  corps  convexe,  et  l’antérieure  concave,  ce  qui  est  important 
à lemarquei  pour  la  suite.  L une  et  1 autre  de  ces  faces  est  circulaire. - 

L'Atlas  (pl.  IV,  fig.  i) 

Est  compose  de  six  pièces  qui,  a ce  cju’il  paroît,  demeurent p en— 
ant  toute  la  vie  distinctes,  et  ne  sont  retenues  que  par  des  cartilagesi- 

La  première,  a,  est  une  lame  transverse  qui  fait  le  dos  delà  partie’ 


96  OSTEOLOGIE 

annulaire.  Elle  n’a  qu’une  crête  à peine  sensible  pour  toute  apophyse 
épineuse. 

Viennent  ensuite  les  deux  latérales,  h ,h , qui  portent  la  première 
comme  deux  pilastres.  Elles  ont  chacune  une  facette  en  avant,  h' , b’ , 
pour  le  condyle  occipital  , une  en  arrière  pour  une  facette  corres- 
pondante de  la  pièce  antérieure  de  l’axis 5 et  en  haut  une  apophyse, 
h",  qui  se  porte  en  arrière,  où  elle  a en  dessous  une  facette  qui  est 
la  vraie  facette  articulaire. 

La  quatrième  pièce,  représente  le  corps  : elle  s’articule  en  avant 
avec  le  condyle  occipital , et  en  arrière  avec  l’apophyse  odontoïde 
de  l’axis.  Elle  porte  sur  ses  cotés  les  deux  dernières  pièces,  d,  d, 
ou  apophyses  transverses,  qui  sont  deu^c  longues  lames  minces  et 
étroites. 

VAxis  ( fig.  2 ) 

K’a  que  cinq  pièces:  la  supérieure,  a,  ou  annulaire,  se  joint  au 
corps,  h y par  deux  sutures  dentées.  Son  apophyse  épineuse  est  une 
crête  plus  élevée  en  arrière. 

Ses  quatre  apophyses  articulaires  sont  presque  horizontales. 

A la  face  antérieure  du  corps  se  joint,  par  un  cartilage,  une  pièce 
convexe  à cinq  lobes,  c , qui  tient  lieu  d apophyse  odontoïde  par 
son  lobe  moyen  ; dont  les  lobes  latéraux  supérieurs  s’articulent  aux 
facettes  postérieures  inferieures  de  1 atlas,  et  dont  les  lobes  latéraux 
inférieurs  portent  chacun  une  branche  comme  à l’atlas  il  y en  a deux. 
Ces  branches,  d,  d,  paroissent  aussi  ne  s’unir  que  par  des  cartilages. 

Les  cinq  autres  vertèbres  cenncales 

Sont  à peu  près  semblables  entre  elles , fig.  3. 

La  partie  annulaire,  a,  se  joint  toujours  au  corps,  b , par  deux 
sutures  dentées. 

Les  apophyses  articulaires,  c,  c',  sont  dans  une  position  oblique  à 
l’horizon,  mais  parallèle  à l’axe  de  l’épine.  Les  antérieures, c,  sont 
toujours  les  extérieures  dans  l’articulation. 


DES  CROCODILES. 


97 

Les  apophyses  épineuses,  d,  sont  médiocrement  hautes,  compri- 
mées, plus  étroites  en  haut,  et  légèrement  inclinées  en  arrière. 

Le  corps  a une  apophyse  épineuse  en  dessous,  e,  courte  et  un 
peu  fléchie  en  avant. 

Il  y a de  chaque  coté  deux  apophyses  transverses,  courtes:  la  su- 
périeure, jC,  est  un  peu  plus  longue,  et  tient  à la  partie  annulaire; 
1 inférieure,  g ^ tient  au  corps  et  est  un  peu  plus  près  du  bord  anté- 
rieur. 

Ces  deux  proéminences  servent  à porter  ces  petites  côtes,  ou , si 
l’on  veut,  ces  complémens  d’apophyses  transverses  qui  gênent  la 
flexion  du  cou  du  crocodile. 

Chacun  d’eux,  h,  a deux  pédicelles,  dont  le  supérieur,  i,  repré- 
sente en  quelque  sorte  le  tubercule  d’une  côte,  et  ^inférieur,  h,  sa 
tête. 

De  la  réunion  de  ces  deux  pédicelles  naît  une  branche  longitudi- 
nale terminée  par  deux  pointes  comprimées,  qui  se  portent  l’une  en 
avant,  l,  l’autre  en  arrière, pour  toucher  celles  des  deux  vertè- 
bres contiguës. 

Les  vertèbi'es  du  dos  (fig.  4) 


Ne  diffèrent  de  celles  du  cou  que  par  les  points  suivans  : 
lo,  11  n’y  a que  les  cinq  ou  six  premières  qui  aient  des  apophyses 
épineuses  inférieures,  e,* 

20.  Leurs  apophyses  articulaires,  c,  c\  deviennent  de  plus  en  plus 
horizontales  ; 

3o.  Dans  les  quatre  premières  l’apophyse  transverse , jT,  n’est  que 
le  prolongement  du  premier  tubercule  latéral  des  cervicales,  et 


son  extrémité  ne  s’articule  qu’avec  le  tubercule  de  la  côte , i,  qui 
est  très- saillant,  et  semble  une  deuxième  tête.  L’autre  tubercule 
latéral,^,  est  encore  attaché  au  corps  de  la  vertèbre,  et  reçoit  la 
tête  de  la  côte,  7c,*  mais,  dans  les  suivantes,  le  tubercule  latéral  de  la 
vertèbre , s’allongeant  et  se  déprimant  toujours , devient  une  apo- 

physe transverse  ordinaire;  en  même  temps  le  tubercule,  i,  de  la 
cote  n’est  plus  qu’une  légère  saillie.  La  tête  de  la  côte  elle-même 

T.  V,  2e.  P.  l3 


9^  OSTÉOLOGIE 

s articule  à une  facette  de  la  face  inférieure  et  du  bord  antérieur  de 
1 apophyse  transverse,  qui  n est  que  la  facette,  déplacée.  Cette 
tete  de  la  côte  se  rapproche  toujours  de  son  tubercule. 

Enfin  les  deux  dernières  côtes  n’ont  plus  qu’une  seule  facette  à 
leur  extrémité,  qui  s’articule  à l’extrémité  de  l’apophyse  transverse. 

Il  résulte  de  là  que  les  quatre  premières  dorsales  ont  seules  à leurs 
corps  une  facette  costale,  et  une  à leur  apophyse  transverse;  que 
es  SIX  suivantes  en  ont  deux  à leur  apophyse  transverse;  que  les 
deux  dernicres  n’y  en  ont  qu’une. 

Les  lonihaù'es  ne  diffèrent  des  dorsales  que  parce  qu’elles  n’ont 
pas  du  tout  de  ces  facettes. 

Lesapophyses  épineuses , tant  aux  lombaires  qu’aux  dorsales,  sont 
droites,  larges  et  carrées.  La  première  dorsale  seule  a la  sienne  un 
peu  étroite  et  inclinée  comme  celles  du  cou. 

Les  deux  vertèbres  sacrées  ont  de  fortes  apophyses  prismatiques , 
qui  s élargissent  en  dehors  pour  porter  l’os  des  îles.  Ces  apophyses 
appartiennent  au  corps  de  l’os,  et  non  à la  partie  annulaire  comme 
les  apophyses  transverses  ordinaires,  qui  ici  sont  réduites  à rien.  La 
suture  qui  sépare  la  partie  annulaire  traverse  sur  la  racine  des  grosses 
apophyses  dont  nous  parlons.  Dans  les  jeunes  individus  ces  grosses 
apophyses,  ainsi  que  les  apophyses  transverses  de  la  queue,  se  sépa- 
rent même  entièrement  du  corps  par  une  suture  particulière  ; aussi 
méritent-elles  plutôt  le  nom  de  côtes  que  celui  d’apophyses  trans- 
verses. 

On  voit,  en  fig.  8,  et  pl.  V,  %.  6,  ces  deux  apophyses  et  leur 
manière  de  s’attacher  à l’os  des  îles. 


Les  vertèbres  de  la  queue  (fig.  5,  6 et  7) 

Ont  les  mêmes  parties  que  celles  des  lombes.  Voici  leurs  différences, 
jo.  Leurs  corps  deviennent  de  plus  en  plus  minces  et  comprimés; 
20.  eurs  apophyses  articulaires  deviennent  verticales  jusqu’à  la 
seizième  ou  dix-septième  ; 

Ensuite  les  deux  postérieures  se  réunissent  en  un  plan  oblique  et 


DES  CROCODILES. 

seulement  échancré  au  milieu,  qui  appuie  dans  une  échancrure  plus 
large  de  la  vertèbre  suivante  j 

do.  Leurs  apophyses  transverses  diminuent  jusqu’à  la  quinzième 
ou  seizième,  et  ensuite  manquent  tout-à-fait; 

Comme  je  viens  de  le  dire , elles  se  détachent  dans  les  jeunes  sujets*, 
et  avec  1 Age  elles  se  soudent  au  corps  plutôt  qu’à  la  partie  annulaire  ; 

^o.  Le  lu  s apophyses  épineuses  se  rétrécissent  et  s’allongent  jus- 
qu’à la  vingt-deuxième  ou  vingt-troisième,  et  ensuite  rediminuent  et 
disparoissent  vers  les  dernières  j 

5».  A compter  de  la  seconde,  leur  corps  a en  dessous,  à son  bord 
postérieur , deux  facettes  pour  porter  un  os  mobile  à deux  bran- 
ches, en  forme  de  chevron,  qui  représente  une  sorte  d’apophyse 
epineuse  inferieure.  Voyez  n , n,  fîg.  6 et  7.  J’ai  trouvé  de  ces  os 
jusques  aux  dernières  vertèbres*,  mais  ils  vont  en  se  raccourcissant, 
et  leur  pointe  en  se  dilatant,  dans  le  sens  de  la  longueur  de  l’animal. 

Les  côtes  et  le  sternum. 

Les  côtes  sont  au  nombre  de  douze  de  chaque  côté , sans  compter 
les  appendices  des  vertèbres  cervicales  cjue  l’on  pourroit  fort  bien 
nommer  des  fausses  côtes,  et  dont  la  septième,  à la  longueur  près, 
ressemble,  à s y méprendre,  à la  première  côte.  Cette  première  côte 
et  les  deux  suivantes  ont  leur  partie  supérieure  bifurquée , et  don- 
nant une  tête  qui  s’articule  au  corps  de  la  vertèbre , et  une  tubéro- 
sité articulée  à 1 extrémité  de  l’apophyse  transverse;  mais  à compter 
de  la  quatrième,  il  n’y  a plus  qu’une  légère  division  en  deux  lobes, 

articulés  l’un  et  l’autre  à l’apophyse  traiisverse , dont  l’extrémité  est 

ec  ancree , pour  recevoir  1 antérieur  qui  est  un  peu  plus  long  que  le 
postérieur.  La  première  et  quelquefois  les  deux  premières  côtes  pro- 
prement dites  n ont  point  de  cartilage  qui  les  joigne  au  sternum.  Les 
huit  ou  neui  suivantes  ont  chacune  un  cartilage  ou  partie  sternale  qui 
s ossifie  pomptement,  mais  c[ui  se  joint  à la  partie  vertébrale  par 
^^ne  poition  intermédiaire  long-temps,  et  peut-être  toujours,  carti- 

gineuse.  Les  six  cotes  qui  suivent  la  troisième  ont  vers  le  bas  de 

13*^ 


100  OSTÉOLOGIE 

leur  partie  osseuse,  au  bord  postérieur,  un  appendice  cartilagineux 
qui  rappelle  l’apopbyse  récurrente  des  côtes  des  oiseaux  ^ et  il  y a 
sous  le  ventre  cinq  paires  de  cartilages  sans  côtes,  c[ui  sont  fixées  par 
les  aponévroses  des  muscles,  et  dont  les  deux  dernières  vont  se  ter- 
miner aux  côtés  du  pubis. 

Le  sternum,  pl.  V,  fig.  5,  n^a  d'osseux  (même  dans  les  pins  vieux 
individus)  qu’une  seule  pièce,  plate,  allongée,  pointue  en  avant  et 
en  ariière,  dont  la  partie  antérieure  se  porte  sous  le  cou , en  avant  des 
os  coracoïdiens,  et  dont  la  partie  postérieure  s’enchâsse  dans  un 
disque  cartilagineux  rhomboïdal  ou  elliptique,  au  bord  latéral  anté- 
rieur duquel  est,  de  chaque  côté,  une  rainure  où  s’articulent  les  os 
coracoïdiens.  Les  cartilages  des  deux  premières  vraies  côtes  s’insèrent 
au  bord  latéral  postérieur.  Ce  cartilage  se  prolonge  aussi  en  arrière  en 
une  languette  d’abord  étroite,  s’élargissant  par  degrés,  recevant  les 
cartilages  des  trois  côtes  suivantes , se  bifurquant  alors,  et  portant  ses 
branches  de  côté  pour  recevoir  encore  ceux  des  trois  dernières  vraies 
côtes.  Elle  a entre  la  naissance  des  deux  branches  une  petite  pointe 
xyphoïde.  Tout  le  long  de  la  ligne  blanche,  qui  est  purement  liga- 
menteuse, s’attachent  ensuite  les  cartilages  ventraux,  si  particuliers 
aux  crocodiles,  semblables  à ceux  des  côtes,  mais  qui  mancjuent  de 
côtes  vertébrales.  Il  y en  a six  ou  sept  paires  de  cette  sorte,  garan- 
tissant tout  le  bas-ventre,  et  la  dernière  touche  au  bord  externe  des 
os  pubis  par  ses  extrémités  externes  qui  se  recourbent  à cet  effet  (i). 
Chacune  de  ces  branches  cartilagineuses  est  composée  de  deux  pièces. 

Article  VL 

I 

Les  os  des  extrémités. 

lé o7ïioplate , pl.  IV,  fig.  9,  est  fort  petite  pour  la  taille  de  l’ani- 
mal. Sa  partie  plane,  a,  est  un  triangle  isocèle  étroit,  sans  épine. 
Son  col,  b , devient  cylindrique,  se  recourbe  en  dedans  , et  s’évase 
ensuite  pour  présenter  une  longue  face,  c,  h l’os  coracoïdien.  Cette 


(0  M.  Geoffroy  a décrit  )e  sternum  du  crocodile  ( Philos,  anat. , I , p.  J23  et  suiv.  ) ; il  y 


lOI 


DES  CROCODILES. 

face  porte  en  avant,  à son  bord  externe , une  apophyse  qui  con- 
tribue avec  une  apophyse' correspondante  de  la  clavicule  à former 
la  fosse  qui  reçoit  la  tête  de  l’humérus. 

La  tête  de  l’as  coracdidien , fig.  lo,  se  trouve  donc  ressembler, 
pour  la  forme , à celle  de  l’omoplate.  Son  corps  n’y  ressemble  pas 
moins.  H a aussi  un  col  épais  et  arqué,  h , et  une  partie  plane,  a , 
qui  va  , en  s’élargissaiit  un  peu,  s’unir  au  bord  latéral  du  sternum. 

L os  coracoïdien  fait  seul  dans  ce  genre  l'office  d’arc-boutant  contre 
le  Sternum,  attendu  qu’itn’y  a dans  le  Crocodile  aucune  véritable 
clavicule.  Aussi  l’os  coracoïdien  a-t-il  été  pris  long-temps,  et  par 
moi-même,  pour  la  clavicule. 

Sa  ressemblance  avec  l’omoplate  est  ce  qui  a fait  dire  à Grew  que 
le  crocodile  a deux  omoplates  de  chaque  côté. 

U humérus,  fig.  1 1 , A , par  devant;  B,  par  derrière  ; C,  en  dessus; 
D,  en  dessous,  est  courbé  en  deux  sens;  sa  partie  supérieure  un  peu 
convexe  en  avant,  l’inférieure  concave.  Sa  tête  supérieure  est  com- 
primée transversalement.  De  son  bord  externe  vers  son  cinquième 
supérieur  saille  en  avant  une  crête  deltoïdale  triangulaire,  a.  Sa  tête 
inferieure  est  aussi  comprimée  et  élargie  transversalement,  et  se  di- 
vise en  avant  en  deux  condyles,  b , b. 

Le  cubitus , fig.  i3 , a,  n’a  point  d’olécrâne  ni  de  facette  sygmoide; 
sa  tête  supérieure  s’articule  au  condyle  externe  de  l’humérus  par  une 
facette  ovale  plus  large  du  côté  radial.  Son  corps  est  rétréci  et  com- 
primé dans  le  sens  transversal.  Il  se  courbe  un  peu  en  dehors;  sa 
tète  inférieure  est  plus  petite,  comprimée  transversalement,  plus 
large  et  descendant  un  peu  plus  du  coté  radial. 

Ije  radius , b,  est  plus  mince  et  plus  court  que  le  cubitus,  presque 
cylindrique.  Sa  tete  supérieure  est  ovale:  le  grand  axe  antéro-pos- 
térieur; 1 inférieure  oblongue,  plüs  mince  vers  le  cubitus. 

11  n’y  a que  quatre  os  au  carpe,  un  radial,  c,  et  un  cubital,  d. 


admet  trois  os,  parce  quil  considère  le  cartilage  demi-elliptique,  dans  lequel  s’encliâsse 
os  long  qui,  selon  moi,  est  le  seul  , comme  lormant  un  second  os,  et  le  prolongement 
cartilagineux  et  bifurqué  , comme  un  troisième. 


102  OSTÉOLOGIE 

qui  sont  chacun  rétrécis  clans  le  milieu  et  élargis  à leurs  deux  extré- 
mités, mais  dont  le  premier  est  du  double  plus  grand  que  l’autre.  Un 
troisième,  e,  qui  peut  être  regardé  comme  une  espèce  de  pisiforme, 
s’articulant  à l’osselet  cubital  et  au  cubitus.  Il  est  arrondi  en  avant, 
et  porte  une  sorte  de  petit  crochet  en  arrière  et  en  dehors.  Enfin  un 
quatrième,/,  de  forme  lenticulaire,  entre  l’osselet  cubital  et  les  mé- 
tacarpiens de  l’index  et  du  médius. 

Les  métacarpiens  ressemblent  assez  à ceux  des  mammifères.  11 
faudroit  des  discours  infinis  pour  énoncer  leurs  petites  différences. 
Nous  les  dirons  si  nous  en  avons  besoin  dans  nos  recherches  ulté- 
rieures. 

Le  pouce  a deux  phalanges;  l’index  trois;  le  médius  et  l’annu- 
laiie  quatre;  le  petit  doigt  trois.  Ces  deux  derniers  n’ayant  point 
d ongle,  leur  phalange  onguéale  est  fort  petite. 

\Jos  des  îles  iS,a,  est  placé  presque  verticalement  : concave 
en  dehors,  convexe  en  dedans,  où  il  reçoit  les  apophyses  transverses 
des  vertèbres  sacrées. 

Son  bord  supérieur  et  antérieur  répond  aux  deux  tiers  d’un  demi- 
xercle.  Son  angle  antérieur  est  émoussé,  et  offre  une  sorte  de  facette 
articulaire;  le  postérieur  est  aigu:  sa  facette,  qui  fait  partie  de  la 
fosse  cotyloïde,  est  en  croissant. 

\I ischion,  b , est  presque  fait  comme  l’os  coracoïdien.  Il  va  se 
joindre  à son  semblable  par  une  partie  plane  en  triangle  isocèle;  son 
col  est  épais,  et  sa  tête  encore  plus.  Elle  offre  deux  facettes:  une  rude 
qui  l’unit  à l’os  des  îles,  et  une  lisse  qui  contribue  à former  la  cavité 
cotyloïde.  Du  col  part  en  avant  et  un  peu  en  dehors  une  apophyse 
plane  qui  supporte  le  -pubis. 

Celui-ci,  Cj  est  encore  un  os  plane  en  triangle  isocèle,  porté  par 
un  pédicule  cylindrique,  lequel  s’articule  à l’apophyse  du  col  de 
1 ischion.  Les  deux  pubis  ne  se  touchent  pas,  mais  se  portent  obli- 
quement en  avant  et  un  peu  en  dedans  sous  l’abdomen , soutenus 
par  la  meme  aponévrose  qui  réunit  les  fausses  côtes  abdominales. 

IjQ  fémur , fig.  12  , A , en  dehors;  B,  en  dedans;  C,  en  dessus; 
D,  en  dessous,  est  un  peu  pins  long  que  l’humérus  et  courbé  en 


DES  CROCODILES.  io3 

sens  contraîie.  Sa  tete  supérieure  est  comprimée  dans  un  sens  pres- 
que ongitudinal,  c est-à-dire  antéro-postérieur;  de  sa  face  interne 
veis  son  quart  supérieur  saille  une  éminence  pyramidale  mousse,  a, 
qui  est  son  seul  trochanter.  Sa  tête  inférieure  est  plus  large  dans  le 

sens  transversal,  et  se  divise  aussi  en  arrière  en  deux  condyles 
écartés,  h , b. 

Le  a , a , fig.  i6  et  17,  A,  par  derrière;  C,  par  dessus;  D,  par 
dessous  , s éloigné  moins  que  le  cubitus  des  formes  ordinaires  aux 
mammiteres.  Sa  tete  supérieure  est  grosse  et  triangulaire  ; l’infé- 
neure  est  en  croissant  posé  obliquement,  et  sa  surface  est  convexe. 

pérojîé , b,  fig.  16,  est  grele  , cylindrique.  Sa  tête  supérieure 
très-comprimée;  l’inférieure  un  peu  triangulaire. 

Le  calcanéum,  % 18,  A,  endessus;B,  en  dessous;  C,  en  avant; 
•D,  par  le  côté  interne,  ne  diffère  pas  autant  que  les  autres  os  des 
extrémités,  de  ce  qu’on  voit  dans  les  mammifères.  II  a aussi  sa  tubé- 
rosité postérieure,  sa  facette  péronienne  et  son  apophyse  interne, 
qui  porte  une  facette  calcanienne;  enfin  sa  tête  cuboïdale.  Ses  pro- 
portions sont  courtes  et  larges. 

lézards,  est  d’une  figure 
es-differente  de  celle  qu’il  a ordinairement  et  fort  irrégulière  Voy 

la  fig.  16, c,  etfig.  19,  A,  par  devant;  B , par  derrière;  G,  en  dessus^ 

et  D,  en  dessous.  Le  contour  de  sa  face  antérieure  est  déterminé 

par  quatre  faces  : une  supérieure  , petite  , carrée  pour  le  péroné  ; 

une  interne,  oblique  et  allongée  pour  le  tibia;  une  externe,  en 

orme  de  croissant,  dont  les  parties  supérieures  et  inférieures  seule- 

""1“  péronienne 

Toute  la  partie  inférieure  de  l’astragale  est  occupée  par  une  sur- 
face .rreguhere  ..ès-bombée  , dont  la  partie  postérieure  externe 

porte î astragalienne  du  calcanéum,  et  dont  le  reste 

Poite  les  deux  premiers  métatarsiens. 

tars'e^  “ P™'  P»™-'  ceux  du. 

ogue  duottéoïJu,  e,  fig.  1 6,  placé  entre  le  calcanéum  et  leS’ 


io4  os  TÉ  O LO  GIE 

deux  derniers  métatarsiens 5 un  ciméifojyne , f , ib. , très-petit,  qui 
répond  au  second  et  au  troisième  métatarsien  ; et  un  surnuméraire, 
g,  ib.,  aplati,  triangulaire,  à pointe  faisant  un  peu  le  crochet , qui 
s’attache  au  dehors  du  cuboïde.  C est  lui  qui  tient  lieu  du  cinquième 
doigt. 

Les  métatarsiens  n’ont  rien  de  remarquable  j ils  sont  plus  longs  et 
plus  égaux  que  les  métacarpiens. 

Les  nombres  des  phalanges  sont,  à compter  du  pouce,  2,3,  4 ? 4- 
Le  quatrième  et  dernier  doigt  n’a  point  d’ongle. 

Principales  dimensions  d’un  squelette  de  crocodile  des  Indes  de 
neuf  pieds  deux  pouces  de  longueur  totale,  en  mètres. 


Longueur  totale 3, 

— de  la  tête °)44 

Longueur  du  cou  

— du  dos 'J;4^ 

^ — des  lombes 0,22 

— du  sacrum 0,9 

. — de  la  cpeue • • • • * 

Largeur  de  la  tête  aux  condjles  0,225 

— des  condjles o,o5 

— de  la  plaque  supérieure  du  crâne. 0,12 

Longueur  de  l’orbite 0,06 

Largeur  de  l’orbite o,o/j2 

Distance  de  l’angle  antérieur  de  l’orbite  au  bout  du  museau. o,3 

Longueur  de  l’omoplate  .0,125 

— de  l’humérus. .'.... 0,195 

Largeur  de  la  tête  supérieure  de  l’humérus. o,o5 

— de  la  tête  inférieure 0,045 

Longueur  du  cubitus 0,1 25 

Largeur  de  sa  tête  supérieure 0,082 

— de  sa  tête  inférieure 0,022 

Longueur  du  radius 0,112 

Largeur  de  sa  tête  supérieure 0,028 

— de  sa  tête  inférieure 0,025 

Longueur  de  la  main. o,i25 

— de  l’os  des  îles ^ jj 

Hauteur  de  l’os  des  îles o,o65 

Longueur  du  fémur o,2i5 

Largeur  de  sa  tête  supérieure  o,o52 


DES  CROCODILES.' 

Laigeur  de  sa  tête  inférieure 

Longueur  du  tibia 

— du  péroné 

Largeur  de  sa  tête  supérieure 

— de  sa  tete  inférieure. 

Longueur  du  pied 


io5 

0,045 

o,i5 

0,145 

0,024 

0,024 

0,245 


Article  VIL 


Comparaison  des  squelettes  de  cdimans  et  de  gavials  avec  ceux 

des  crocodiles. 


Toute  la  description  des  os,  tant  du  corps  que  des  membres, 
que  nous  avons  donnée  dans  les  articles  précédens,  est  prise,  ainsi 
que  je  1 ai  annonce,  de  1 espèce  des  Indes  ou  à deux  arêtes  j mais  elle 
convient  aussi  aux  autres  espèces,  même  dans  les  trois  sous-genres,  à 
quelques  légères  différences  près,  que  nous  indiquerons  après  avoir 
parle  de  celles  des  têtes  qui  sont  plus  considérables. 

lo.  Des  têtes  de  cdimans. 


Les  têtes  de  caïmans,  outre  le  nombre  des  dents,  et  surtout  la 
manière  dont  la  quatrième  d’en  bas  est  reçue , outre  les  différences 
qm  dépendent  de  la  circonscription  totale,  se  distinguent  de  celles 
des  crocodiles  proprement  dits  , lo.  parce  que  le  frontal  antérieur  et 
le  lachrymal  descendent  beaucoup  moins  sur  le  museau:  20.  en  ce 
que  les  trous  percés  à la  face  supérieure  du  crâue,  entre  le  frontal 
postérieur,  le  pariétal  et  le  mastoïdien , y sont  beaucoup  plus  petits, 
souvent  meme  y disparoissent  tout-à-fait,  comme  dans  le  caïman  à 
paupières  osseuses;  3o.  en  ce  c£ue  l’on  aperçoit  une  partie  du  vomer 
ans  le  palais,  entre  les  intermaxillaires  et  les  maxillaires  ; 40.  en  ce 
que  les  palatins  avancent  plus  dans  ce  même  palais , et  s’y  élargissent 

narines  postérieures  y sont  plus  larges 
que  longues,  etc.  ' J 1 b 

T.  V,  ne.  P. 


io6 


OSTEOLOGIE 


20.  Des  têtes  de  gavials. 

Les  têtes  de  gavials  diffèrent  de  celles  de  crocodiles  proprement 
dits  d’une  manière  beaucoup  plus  sensible  que  celles  des  caïmans. 
Voyez  les  fig.  5,  6 et  7 de  la  pl.  III. 

jo.  Ce  museau  si  énormément  prolongé  est  formé  en  dessous  pour 
un  tiers  par  les  intermaxillaires,  pour  les  deux  autres  tiers  par  les 
maxillaires;  les  palatins  y avancent  en  une  pointe  qui  n’occupe  que 
le  sixième  de  la  longueur  ; 

20.  En  dessus  les  os  du  nez,  h,  h,  sont  bien  éloignés  d’aboutir  à 
l’ouverture  des  narines.  Ils  se  terminent  en  pointe  à peu  près  vers  le 
quart  supérieur  de  la  longueur;  les  intermaxillaires,  a,  a,  entourent 
les  narines  externes , et  remontent  aussi  en  pointe  jusque  vers  le  quart 
inférieur  de  cette  même  longueur.  Toute  la  partie  intermediaire  est 
formée  uniquement  par  les  maxillaires,  h,  h' 

30.  Tout  ce  museau  est  à peu  près  en  cylindre  dépi’imé;  vers  le 
milieu  sa  hauteur  égale  à peu  près  les  deux  tiers  de  sa  largeur; 

40.  Le  crâne  est  beaucoup  plus  large  à proportion  du  museau  et 
à proportion  de  sa  propre  longueur;  celle-ci  est  le  quart  de  la  lon- 
gueur totale , et  est  moindre  que  la  largeur  d’environ  un  dixième. 
Les  orbites  sont  plus  larges  que  longs  ; 

50. 'Le  lachrymal,  i,  i,  descend  en  pointe  aiguë  le  long  du  nasal 
beaucoup  plus  avant  que  le  frontal  antérieur,  h,  h- 

60.  Les  trous  interceptés  entre  le  pariétal,  le  frontal  postérieur, 
h’ , h' , et  le  mastoïdien,  n,  n,  sont  énormes,  plus  grands  même  que 
les  orbites,  et  plus  larges  que  longs  dans  l’adulte,  ce  qui  rétrécit 
beaucoup  la  partie  du  crâne  c[ue  couvre  le  pariétal; 

70.  Les  trous  de  la  face  inférieure  , entre  les  palatins,  les  maxil- 
laires et  les  os  qui  joignent  ces  derniers  aux  ptérygoïdiens , sont  plus 
courts  à proportion; 

' ■8^.  La  cloison  qui  divise  les  narines  ne  se  montre  pas  à leur  ou- 
verture postérieure  ; 

go.  Les  ptérygoïdiens , jT,  y",  forment  au-dessus  des  palatins  des 


DES  CROCODILES.  107 

espèces  de  grosses  vessies  renflées  et  ovales  de  la  grosseur  d’un  œuf 
de  poule,  au  lieu  d’une  simple  voûte  cylindrique  comme  dans  les 
crocodiles  et  les  caïmans,  etc. , etc. 

Ces  vessies  ne  communiquent  avec  le  canal  nasal  c[ue  par  un  trou 
médiocre. 

Je  n ai  point  observé  cette  vessie  dans  le  petit  gavial,  mais  je  sup- 
pose d autant  plus  qu’elle  est  un  produit  de  l’âge,  que  dans  les  vieux 
crocodiles  des  Indes  cet  endroit  est  beaucoup  plus  renflé  que  dans 
les  jeunes.  Elle  a cette  analogie  de  plus  avec  les  sinus  sphénoïdaux. 

3o.  Des  mâchoires  inférieures. 

La  mâchoire  inférieure  du  gavial,  outre  son  allongement  qui  ré- 
pond à celui  du  museau , a cela  de  particulier  que , sa  symphyse  ré- 
gnant jusqu’auprès  de  la  dernière  dent, l’os  dit operculaire s’y  trouve 
compris  pour  le  tiers  à peu  près  de  la  longueur  <ie  cette  suture  ; mais 
1 os  sur-angulaire,  l’articulaire,  l’angulaire  et  l’os  complémentaire  y 
sont  comme  dans  le  crocodile  j les  deux  trous  ovales,  le  grand  vide 
de  la  face  interne,  l’articulation  et  l’apophyse  postérieure  y sont 
aussi  placés  et  configurés  de  même. 

La  longueur  de  chaque  branche  est  à celle  de  la  partie  symphysée 
à peu  près  comme  4 à 5 5 les  branches  forment  ensemble  une  sorte 
de  parabole,  dont  la  base  est  à l’axe  comme  7 à 9 à peu  près. 

4°.  Du  reste  des  squelettes. 

^ Je  ne  trouve  entre  le  squelette  du  caïman  et  celui  du  crocodile 
d autre  différence  si  ce  n’est  qu’à  longueur  totale  égale,  celui  du 
caïman  a presque  tous  ses  os  un  peu  plus  larges  à proportion. 

Mon  petit  caïman  à lunette  a quarante-deux  vertèbres  à la  queue, 
ce  qui  lui  en  fait  soixante-huit  en  tout. 

Un  caïman  à museau  de  brochet  de  quatre  pieds  n’en  a cjue  trente- 
sept  j c’est  en  tout  soixante-trois.  Mais  un  squelette  de  cette  espèce 
que  possède  M.  de  Sœinmerring  en  a quarante-deux,  c’est-à-dire 
soixante-huit  en  tout. 


iü8  OSTÉOLOGIE  DES  CROCODILES. 

Je  n’en  trouve  que  vingt-quatre  à un  vieux  caïman  à lunette  du 
Brésil  , mais  on  voit  évidemment  par  le  cartilage  qui  termine  sa  queue 
qu’il  avoit  été  mutilé  de  son  vivant. 

La  forme  des  os  du  gavial  ressemble  aussi  prodigieusement  à celle 
des  os  du  crocodile,  seulement  les  apophyses  épineuses  des  vertè- 
bres sont  plus  carrées.  Je  compte  une  dorsale  de  plus  à mon  indi- 
vidu; mais  comme  il  a une  lombaire  de  moins,  il  est  probable  que 
c’est  une  différence  accidentelle. 

La  queue  a quarante-une  vertèbres;  un  autre  Individu  en  a qua- 
rante-deux. Le  nombre  total  est  donc  à peu  près  comme  au  caïman. 

Ainsi  j’ai  tout  lieu  de  croire  que  nos  crocodiles  actuels,  de  quelque 
sous-genre  qu’ils  soient,  ont  pour  nombre  normal  des  vertèbres  sept 
cervicales,  douze  dorsales,  cinq  lombaires,  deux  sacrées  et  qua- 
rante-deux caudales,  en  tout  soixante-huit,  et  que  ceux  où  l’on  en  a 
compté  moins  avoient  éprouvé  quelque  mutilation. 


CROCODILES  FOSSILES. 


Ï09 


SECTION  III. 

Sur  les  Ossemens  fossiles  de  Crocodiles. 

Article  i>remier. 

Résume  des  découpertes  d'os  de  ce  genre  faites  antérieuremejit 

à mes  recherches. 

Les  crocodiles  fossiles  paroissent  n’être  pas  très -rares  dans  les 
couches  secondaires  anciennes,  et  ce  qui  est  remarquable,  c’est  que 
ien  qu  ils  appartiennent  à des  espèces  assez  différentes  entre  elles , 
ds  se  rapportent  presque  tous  au  sous-genre  à bec  allongé,  que  nous 
avons  nommé  le  sous-genre  gapials.  Un  examen  superficiel  avoit 
eme  ait  croire  a feu  M.  Faujas , sur  la  foi  de  Merk , qu’ils  apparte-^ 
iOient  gacial du  Gange  (i);  ils’étoit  plu  h reproduire  cette 

erreur  en  divers  endroits  de  ses  ouvrages;  il  avoit  même  étendu 
eue  assertion  (2)  à des  reptiles  à museau  court  du  genre  des  moni- 
tois,  et  qui  ne  sont  nullement  des  crocodiles,  bien  que  ceux  qui  les 
ont  décrits  les  premiers  les  aient  placés  dans  ce  genre. 

Nous  venons  en  effet  dans  un  autre  chapitre  que  les  prétendus 
crocodiles  des  schistes  cuivreux  de  Thuringe,  dont  ont  parlé  Spe- 
ner  ( ) et  Link  (4) , ne  sont  que  des  monitors. 

les  deux  viendra-t-on  même  à rayer  de  la  liste  des  crocodiles 

les  deux  Ibssdes  anciennement  découvem  en  Angleterre,  et  publiés, 

Chapmann  ' William  Stutely , l’autre  en  i ,58  par  Woller  et 


de  ta  lHoitl.  de  Satm-Pierrs  n .iS  ..l  ..e  e . e 

«)  i,is,|,.99,  85.34  eliSi 

.3.8,  p.  .88,pi:^II.. 


IIO  CROCODILES 

Le  morceau  de  Stukely  est  décrit  dans  le  XXXe.  vol.  des  Trans. 
phiL,  p.  963.  C’étoit  une  empreinte  de  squelette  qui  fut  trouvée  à 
Elston,  près  de  Newark,  dans  le  comté  de  Nottingliam. 

La  pierre  qui  la  portoit  avoit  servi  long-temps  près  d un  puits  a 
poser  les  vases  de  ceux  qui  venoient  chercher  de  l’eau;  l’empreinte 
qui  étoit  en  dessous  fut  aperçue  un  jour  qu’on  retourna  la  pierre  par 
hasard.  G’étoit  une  pierre  argileuse,  bleuâtre,  qui  venoit  jirobable- 
ment  des  carrières  de  Fulbeck,  lesquelles  appartiennent  au  penchant 
occidental  de  la  longue  chaîne  de  collines  qui  s’étend  dans  tout  le 
comté  de  Lincoln,  et  recèle  beaucoup  de  coquillages  et  même  des 
poissons. 

Comme  à l’ordinaire,  on  jugea  ce  squelette  humain;  mais  Stukely 
s’aperçut  bien  vite  du  contraire  , et  le  déclara  d’un  crocodile  ou  d’un 
marsouin.  C’étoit,  comme  on  voit,  se  donner  une  assez  grande  lati- 
tude. Cependant  il  est  évident  que  sa  première  conjecture  pouvoit 
seule  se  soutenir  , puisque  , de  son  aveu,  l’on  voit  des  restes  d’un 
grand  bassin  qu’un  marsouin  n’auroit  pas  eus  : aussi  les  descripteurs 
de  fossiles , comme  W alch  et  autres , parlent  - ils  de  ce  morceau  à 
l’article  du  crocodile. 

J’étois  d’autant  plus  disposé  à adopter  cette  opinion,  que  les  bancs 
d’où  sortoit  cette  pierre  ressemblent  beaucoup  à ceux  de  Honfleur 
d’où  l’on  a véritablement  tiré  des  animaux  de  ce  genre  ; mais  depuis 
la  découverte  faite  dans  ces  mêmes  bancs  des  animaux  appelés  ichtyo- 
saurus  et  plésiosaurus,  j’ai  dû  concevoir  quelques  doutes  sur  la  jus- 
tesse de  cette  conjecture. 

On  voit  sur  la  figure  une  portion  de  l’épine  qui  contient  seize  ver- 
tèbres, dont  les  apophyses  épineuses  sont  un  peu  obliques,  coupées 
carrément  et  à peu  près  égales;  les  six  antérieures  portent  de  grandes 
côtes.  Il  y a de  plus  en  avant  les  fragmens  de  trois  côtes  qui  tenoient 
à des  vertèbres  que  la  cassure  de  la  pierre  a fait  perdre  ; tout  ce  qui 
étoit  au-devant  est  également  perdu. 

Les  cinq  vertèbres  qui  suivent  celles  qui  portoient  des  côtes  pa- 
roissent  avoir  des  apophyses  transverses  longues  et  étroites , ou  peut- 
être  des  fausses  côtes  peu  allongées  ; les  quatre  suivantes  n’en  ont 


FOSSILES.  ' iiï 

que  de  petites.  L’os  des  îles,  ou  du  moins  une  empreinte  qui  semble 
avoir  quelque  l’apport  avec  cet  os  dans  le  crocodile,  vient  après  la 
derniere  de  ces  quatre ,.  qui  est  la  seizième  en  tout  ; mais  il  est  diffi- 
cile de  dire  s’il  n’a  pas  été  déplacé,  et  l’on  peut  très-bien  croire  qnil 
étoit  originairement  derrière  la  cinquième  des  vertèbres  à grandes 
apophyses  trausverses,  qui  seroient  alors  les  vertèbres  lombaires. 
\iennent  ensuite  douze  traces  qui  pourroieut  avoir  été  les  marques 
des  os  en  V placés  sous  les  vertèbres  de  la  queue. 

Sur  les  côtés  sont  deux  os  que  Stukely  prend  pour  des  fémurs, 
mais  qu’à  leur  forme  on  jugeroit  des  os  ischions  assez  semblables  à 
ceux  du  crocodile  : cependant  ils  pourroient  être  mal  dessinés  ; et 
Ion  voit  d’ailleurs  auprès  de  celui  du  côté  gauche  deux  empreintes 
larges  et  courtes,  qui  pourroient  être  le  haut  du  tibia  et  du  péroné. 

A côté  des  côtes  sont  aussi  de  petits  stilets  osseux  qui  peuvent 
venir  des  os  en  chevron  de  la  queue  déplacés.  Vers  un  angle  de  la 
pierre,  on  croit  remarquer  quelques  empreintes  de  doigts. 

Les  plésiosaures  et  les  ichtyosaurus  ont  des  os  longs,  fort  ressem- 
blans  a ceux  que  nous  venons  d’indiquer  comme  pouvant  être  des 
ischions  de  crocodiles,  et  si  ce  que,  d’après  la  figure,  je  regarde  comme 
des  empreintes  d’apophyses  épineuses  étoit  des  corps  de  vertèbres, 
il  y auroit  presque  autant  de  probabilité  en  faveur  de  ces  nouveaux 
genres  qu’en  faveur  de  celui  auquel  ce  morceau  avoit  d’abord  été 
rapporté.  M.  Gonybeare , dans  son  excellent  mémoire  sur  le  plésio- 
murus , annonce  que  c’^est  vraiment  un  individu  de  ce  genre;  mais 
je  ne  sais  s’il  a vérifié  son  idée  sur  l’original,  ou  s’il  l’a  seulement 
conclue  de  la  mauvaise  figure  de  Stukely. 

Le  morceau  de  Woller  et  Chapmann  n’est  pas  plus  facile  à carac- 
tériser. Il  fut  trouvé  au  bord  de  la  mer  près  de  Witby  dans  le  comté 
d’York,  et  décrit  dans  le  L®*.  vol.  des  Transact.  phil. 

11  étoit  à un  demi-mille  de  Witby,  sur  le  rivage  même,  dans  un 
schiste  noirâtre  appelé  roche  alumineuse  (sans  doute  parce  qu’il 
contient  de  la  pyrite  ) , et  qui  peut  s’enlever  en  feuilles.  On  y voit 
des  cornes  d’ammon  dont  l’intérieur  est  rempli  de  concrétions» 

spathiques. 


I 12 


CROCODILES 

Cette  description  convient  si  bien  à celle  des  bancs  où  se  sont 
trouvés  mes  crocodiles  de  Honfleur,  que  je  ne  doute  pas  que  le  gise- 
ment de  celui-ci  ne  soit  absolument  le  même. 

La  marée  haute  recouvroit  chaque  fois  ce  squelette  de  cinq  ou  six 
pieds  d’eau,  et  jetoit  sur  lui  du  sable  et  des  galets  qui  lavoient  fort' 
endommagé.  Comme  il  n’étoit  qu’ii  quelques  verges  du  pied  d’une 
falaise  très-élevée  que  la  mer  mine  sans  cesse , il  n’y  a point  de  doute 
qu’il  n’ait  été  autrefois  recouvert  de  toute  l’épaisseur  de  cette  falaise. 
Quand  on  le  dessina,  une  partie  des  vertèbres  et  les  os  les  plus  minces 
de  la  tête  avoient  déjà  été  enlevés  par  la  mer  ou  par  les  curieux  5 on 
en  fit  un  dessin  sur  place  , et  on  détacha  ensuite  les  os  le  mieux 
qu  on  put,  non  sans  en  briser  plusieurs.  Ils  doivent  être  maintenant 
dans  les  cabinets  de  la  Société  royale. 

Le  dessin  montre  une  eolonne  épinière  contournée,  longue  en 
tout  de  neuf  pieds  anglais,  mais  qui  n’est  peut-être  pas  complète,  et 
une  tete  un  peu  déplacée,  longue  de  deux  pieds  neuf  pouces. 

Il  ne  reste  en  place  que  douze  vertèbres  de  la  queue,  et  une  série 
de  dix  autres  vertèbres  qui  paroissent  avoir  formé  les  lombes,  le 
sacrum  et  la  base  de  la  queue  ; celles  du  cou,  du  dos  et  du  milieu  de 
la  queue  n’ont  laissé  que  leur  empreinte;  mais  il  est  impossible  que 
l’espace  que  ces  dernières  occupoient  ait  suffi  à plus  de  huit,  en  sorte 
C[ue  la  C|ueue  n’auroit  eu  que  vingtrdeux  ou  vingt -trois  vertèbres 
environ,  si  elle  n’étoit  pas  tronquée  au  bout.  Par  une  raison  sem- 
blable on  doit  croire  que  cette  colonne  épinière  n’étoit  pas  complète 
en  avant  quand  elle  a été  incrustée  dans  la  pierre;  car  il  n’y  a pas  à 
beaucoup  près,  la  place  nécessaire  pour  le  nombre  de  vertèbres  or- 
dinaire aux  crocodiles. 

La  tete  est  renversée,  présentant  sa  face  inférieure.  On  voit  en 
arrière  le  condyle  occipital;  aux  deux  côtés  les  arcades  zygoma- 
tiques qui  se  terminent  en  arrière , comme  dans  tous  les  cro- 
codiles , en  deux  larges  condyles  pour  la  mâchoire  inférieure , 
lesquels  sont  placés  sur  la  même  ligne  transverse  que  le  condyle 
occipital. 

Le  crâne  n’occupoit  qu’un  espace  étroit,  et  l’intervalle  entre  lui 


FOSSILES.  iî3 

et  les  arcades  11  etoit  garni  que  de  lamelles  très-minces,  venant  sans 
doute  des  lames  ptérygoïdiennes. 

En  avant  la  tête  se  rétrécit,  non  subitement,  mais  par  degrés  , 
comme  dans  les  crocodiles  d’Altorf  et  de  Honfleur,  en  un  museau 
pointu  qui  étoit  recouvert  en  certains  endroits  par  des  restes  de  la 
mâchoire  inférieure,  A ces  endroits-là,  on  voyoit  dans  les  deux  mâ- 
choires de  grandes  dents  pointues,  placées  alternativement  et  se 
croisant  étroitement;  mais  à ceux  où  la  mâchoire  inférieure  avoît  été 
emportée,  les  dents  de  la  supérieure  étoient  aussi  enlevées,  et  l’on 
ne  voyoit  que  leurs  alvéoles  profonds  , et  placés  aux  mêmes  distances 
respectives  cjue  les  dents  elles-mêmes,  c’est-à-dire  à trois  quarts  de 
pouce.  Vers  la  pointe  il  y avoit  des  défenses  plus  fortes  que  les  au- 
tres i^largejfangs'^.  L’émail  de  ces  dents  étoit  bien  poli. 

Les  vertebres  paroissent  avoir  été  placées  sur  le  côté;  nous  en 
avons  donne  le  nombre  ci-dessus.  Chacune  d’elles  avoit  trois  pouces 
anglais  de  long  ; elles  u ont  pas  été  décrites  particulièrement,  et  il  est 
impossible  de  juger  de  leurs  caractères  par  la  gravure.  Auprès  de 
1 endroit  où  devoit  être  le  bassin,  on  trouva,  en  creusant  la  pierre, 
une  portion  de  l’os  fémur,  longue  de  trois  à quatre  pouces;  mais  il 
n y avoit  que  très-peu  de  chose  de  la  partie  des  os  innommés  à la- 
quelle ce  fémurs  articuloit.  Quelques  fragraens  de  côtes  se  trouvoicnt 
aussi  auprès  des  vertèbres  dorsales.  Des  témoins  dignes  de  foi  qui 
avoient  vu  ce  scjuelette  avant  que  la  mer  l’eût  autant  altéré , assu- 
rèrent Chapmann  qu’ils  y avoient  aussi  observé  des  vestiges  d’extré- 
mités antérieures. 


Cette  description  est  tirée  en  partie  du  mémoire  de  Chapmann  et 
c e celui  de  Woller , et  en  partie  de  leurs  deux  ligures.  Tant  que  l’on 
n a pas  connu  1 ichtyosaurus  et  les  animaux  qui  en  sont  voisins,  elle 
pouyoït  suffire  pour  faire  ranger  ce  fossile  parmi  les  crocodiles. 

Ainsi  Camper  sans  doute  ne  se  souvenoit  plus  de  toutes  les  cir- 
constances énoncées  dans  les  descriptions  lorsqu’il  prononça  que 
e^oit  une  baleine;  car  la  seule  présence  des  dents  aux  deux  mâ- 
choires suffisoit  pour  réfuter  son  assertion  , puisque  les  baleines 
ont  aucunes  dents.  Aussi  cet  habile  anatomiste  ne  donne -t- il 
T.  V,  20.  P. 


ii4  CROCODILES 

aucune  raison  de  son  opinion,  et  l’exprime  simplement  en  passant. 

Feu  M.  Faujas  s’est  expliqué  avec  plus  de  détails,  et  a voulu  mo- 
tiver le  nom  de physeter  qu’il  donne  à ce  squelette.  « Cet  animal, 
i)  dit-il , n’ayant  point  d’apophyses  aux  vertèbres , et  étant  sans  bras 
>y  et  sans  jambes,  ne  sauroit  être  un  crocodile , mais  un  physe- 
y>  ter  (i).  » Mais  l’extrême  fatalité  qui  semble  avoir  poursuivi  ce 
savant  géologiste  dans  toute  cette  matière  des  crocodiles,  l’a  fait 
pécher  ici  dans  tous  les  sens  possibles. 

I O.  Cet  animal  avoit  des  apophyses  aux  vertèbres , des  bras  et  des 
jambes,  selon  le  rappoi't  exprès  de  Chapmann  et  de  Wollerj 

20.  Quand  même  il  n’auroit  pas  eu  d’apophyses  ni  de  bras,  ce 
n’auroit  pas  été  une  raison  pour  qu’il  fut  un  physeter,  car  les  physe- 
ters  en  ont;  ç’auroit  au  contraire  été  une  raison  de  plus  pour  qu’il 
n’en  fut  pas  un  \ 

3o.  D’ailleurs  la  présence  des  dents  aux  deux  mâchoires  ne  per- 
mettoit  nullement  de  le  nommer  physeter,  puisque  le  caractère  des 
physeters  ou  cachalots  est  de  n’en  avoir  qu’à  la  mâchoire  inférieure  ; 

4°.  Enfin  la  présence  d’un  fémur  et  d’une  portion  de  bassin  l’ex- 
clut entièrement  de  l’ordre  des  cétacés,  qui  n’ont  que  de  fort  petits 
vestiges  de  pubis. 

II  reste  maintenant  à savoir  si  c’est  un  crocodile  ou  Tun  de  ces 
nouveaux  genres  découverts  dans  les  mêmes  bancs.  Les  os  des  ex- 
trémités y sont  trop  incomplets,  et  la  tête  n’y  est  pas  représentée 
avec  assez  de  détails,  pour  décider  la  question;  mais  les  vertèbres  me 
paroissent  plus  longues  relativement  à leur  diamètre  que  dans  les 
nouveaux  genres , et  plus  semblables  par  ce  caractère  à celles  des 
crocodiles.  Ceux  qui  retrouveront  l’original,  s’il  existe  encore,. pour- 
ront seuls  nous  apprendre  si  les  autres  caractères  répondent  à celui- 
là.  M.  Conybeare  (/oc.  cit.')  assure  n’avoir  point  eu  d’occasion  de 
l’observer. 

Les  crocodiles  de  Franconie  n’ont  pas  été  connus  sitôt  que  ceux 
d’Angleterre  , mais  leur  genre  n’est  pas  sujet  aux  mêmes  doutes. 


(l)  Essais,  dÿ  Géologie  ,1,  . 'P . i6o.. 


FOSSILES.  u5 

Autant  qu  on  en  peut  juger,  ils  sont  aussi  dans  une  gangue  très- 
semblable  à celle  de  Honfleur. 

On  la  décrit  comme  une  pierre  calcaire  ou  mauvais  marbre  de 
cou  eur  grise , toute  pétrie  d’ammonites  et  d’autres  coquilles  an- 
ciennes. Les  carrières  sont  près  de  la  petite  ville  d’Altorf,  qui  étoit 
autie  GIS  sujette  de  celle  de  Nui’emberg,  et  qui  vient  de  passer  avec 
e e so^  s a omination  du  royaume  de  Bavière.  La  position  des  cou- 
ches s accorde  avec  leur  nature  jmur  les  faire  considérer  comme  ai> 
partenant  aux  assises  moyennes  du  Jura. 

La  première  tête  du  genre  dont  nous  parlons  fut  découverte  par 
un  bourgmestre  d’Altorf  nommé  Bauder,  et  décrite  en  1776  par 
Walchj  dansle  IX^.  cahier  de  l’ouvrage  périodique  allemand  inti- 
tulé le  Naturaliste  {Naturforscher) , p.  279.  On  y donna  la  figure 
du  museau  seulement,  pi.  IV,  fig.  8.  VV'alch  la  regarde  comme  appar- 
tenant au  gavial:  le  reste  de  la  tête,  dit-il,  étoit  resté  adhérent  à la 

pierre,  de  manière  qu’il  étoit  impossible  d’en  donner  une  figure  dis- 
tincte. ° 

Merk , en  1 786,  dans  sa  troisième  Lettre  sur  les  os  fossiles,  p.  25 , 
it  aussi  avoir  possédé  une  tête  de  gavial  de  ces  carrières,  laquelle  a 
passe  dans  le  cabinet  de  Darmstadt  ; mais  M.  Sœmmerring  semble 
croire  que  c’étoit  la  même  que  celle  de  Bauder,  et  en  effet,  bien  que 
mal  dessinée,  la  figure  citée  ci-dessus  paroît  s’y  rapporter. 

11  y en  a une  dans  le  cabinet  de  Manheim  qui  est  incontestable- 
ment d’un  autre  individu. 

Collim  l’a  décrite  et  représentée,  en  .784,  dans  les  Mémoires  de 
Academte  palatme,  t.  V,  pl.  III , fig.  r et  e , en  hésitant  s’il  devoit 

autre  animal  marin.  ’ "" 

Feu  M.  Faujas  a pubUé  de  nouvelles  figures  des  morceaux  de  Col- 
lim  (i)  et  de  Merk  qu’il  avoit  fait  dessiner  dans  un  de  ses  vovaues  • 
iîiaisces  figures  sont  peu  exactes.  ^ ^ ’ 

Celle  de  la  tête  de  Manheim  surtout,  comparée  à la  figure  et  aux 


i5  * 


P)  Hitt.  de  la  Mont,  de  Saint-Pierre , pl.  LUI. 


CROCODILES 


ii6 

mesures  précises  données  par  Collini , se  trouve  avoir  le  museau  de 
])lus  d’un  quart  trop  court. 

Cette  tête  a,  selon  Collini,  un  pied  sept  pouces  (o,5i5)  de  lon- 
gueur, quoique  le  museau  soit  tronqué,  et  cinq  pouces  six  lignes 
(0,149)  largeur  à la  base. 

C’est  comme  38  à 1 1 , ou  près  de  trois  fois  et  demie  la  largeur. 

La  figure  de  Collini  annonce  même  une  longueur  encore  plus  con- 
sidérable, et  qui  égaleroit  quatre  fois  et  demie  la  largeur;  tandis  que 
dans  la  figure  de  M.  Faujas  elle  n’est  pas  tout-à-fait  triple. 

Le  discours  de  ce  dernier  auteur  n’éclaircit  pas  l’obscurité  pro- 
duite par  la  figure  ; car  dans  un  endroit  il  dit  que  cette  tête  a deux 
pieds  de  long  (i) , dans  un  autre  il  s’en  tient  à la  mesure  donnée  par 
Collini  (2). 

Le  dessinateur  de  Collini  s’est-il  trompé  en  plus.^  celui  de  M.  Fau- 
jas s’est-il  trompé  en  moins?  ou  le  morceau  a-t-il  été  raccourci  par 
quelque  accident?  c’est  ce  que  le  premier  observateur  qui  visitera  ce 
cabinet  pourra  sans  doute  nous  apprendre  (3).  Quant  à moi,  d’après 
ce  que  je  dirai  plus  bas  sur  une  des  espèces  de  Honfleur,  je  suis  per- 
suadé que  le  dessinateur  de  Collini  est  encore  celui  qui  nous  donne 
l’idée  la  jtlus  juste  de  ce  morceau. 

Quoi  qu’il  en  soit,  dans  le  grand  gavial  du  Gange,  la  longueur 
est  à la  largeur  à la  base  comme  à 9,  ou  la  comprend  un  peu  plus 
de  deux  fois  et  deux  tiers  de  fois  ; par  conséquent  la  tête  fossile  n’est 
pas  de  la  même  espèce. 

D’ailleurs  la  forme  de  la  tête  de  gavial  qui  se  rétrécit  subitement 
en  avant  pour  former  le  museau,  et  dont  le  crâne  est  plus  large 
que  long,  est  toute  differente  de  celle  de  ce  fossile,  dont  le  crâne 
est  oblong  et  diminue  graduellement  en  avant.  Sous  ce  rapport,  l’a- 
nimal d’Altorf  ressemble  essentiellement  à l’un  de  ceux  de  Honfleur. 

11  y avoit  des  embarras  semblables  sur  les  dimensions  de  la  tête  de 

(1)  Hist.  de  la  Mont,  de  Saint-Pierre,  25o. 

(2)  Essais  de  Géologie , I , jJ.  i6i. 

(3)  J ai  prie  M.  Succow,  directeur  du  cabinet  de  Manlieim  , de  me  jirocurer  un  dessin 
exact  de  ce  morceau  , et  j’espère  pouvoir  en  faire,  jouir  mes  lecteurs. 


FOSSILES.  iir^ 

Darmstadt:  Merk,  dans  une  lettre  à M.  de  Soèmmerring , en  portoit 
la  longueur  à vingt-six  pouces.  Si  c’est  la  même  que  celle  de  Bauder , 
elle  n en  auroit  eu  selon  TValch  que  vingt-trois.  Cette  dernière  me- 
sure s accorde  assez  avec  celle  de  M.  Faujas,  qui  lui  en  donne  vingt- 
deux.  Mais  d un  autre  côté,  la  figure  de  M.  Faujas  ne  ressemble 
pas  à celle  de  Walcli,  et  le  nombre  des  dents  annoncé  par  Merk  et 
par  M.  Faujas  est  plus  considérable  c£u’il  ne  paroît  dans  W^alch. 

M.  Schleyermacher  vient  de  mettre  tin  h ces  incertitudes,  en  m’a- 
dressant de  beaux  dessins  de  ce  fossile,  faits  avec  la  dernière  exac- 
titude, par  M.  Müller,  directeur  de  la  galerie  de  Darmstadt.  On 
y voit  que  le  fragment  de  museau  ne  se  joint  pas  complètement  au 
reste  de  la  tete,  c[u’ ainsi  Ion  ne  peut  assigner  parfaitement  la  lon- 
gueur de  celle-ci,  mais  quelle  va  en  diminuant  par  degrés  du 
crâne  au  museau,  et  ressemble  par  conséquent  à celles  de  Honfleur. 
Nous  y reviendrons  à l’article  de  ces  derniers. 


La  couleur  grise  de  la  pierre,  les  cristallisations  spatbiques  dont 
les  os  sont  remplis , selon  Collini , sont  autant  de  circonstances  qui 
font  ressembler  la  gangue  de  ces  animaux  à celle  des  ossemens  de 


crocodile  de  Honfleur  que  je  décrirai  bientôt  ; et  il  est  fort  à regretter 
que  quelque  minéi-alogiste  moderne  ne  nous  ait  point  encore  décrit 
ces  carrières  d’Altorf,  ni  rapporté  exactement  la  nature  des  couches 
placées  au-dessus  et  au-dessous  de  celles  qui  ont  fourni  les  os  de 
crocodiles. 

H paroît  que  l’on  a déterré  de  ces  animaux  en  d’autres  endroits  de 

1 Allemagne,  mais  on  n’a  aucune  indication  précise  des  couches  qui 
les  renfermoient. 


Ainsi,  selon  Schrœder  (i),  on  auroit  découvert  en  1755,  àErke- 
rode  h une  demi-lieue  de  Brunswick,  un  squelette  entier  de  croco- 
dile, dont  la  tête,  longue  d’un  pied,  avec  toutes  ses  dents,  seroit 
dans  le  cabinet  ducal  de  cette  dernière  ville.  C’est  encore  là  un  de 
ces  trésors  que  l’incurie  des  gardiens  des  cabinets  des  princes  semble 
se  faire  un  plaisir  de  cacher  au  monde  savant. 


(0  Matériaux  pour  VHist.  nat.,  en  allem.,  1774,11.  ,48 , cité  par  M.  de  Sœmmerring. 


ii8  CROCODILES 

Quant  aux  os  du  crocodile  du  Vicentin,  leur  gangue  ne  ressemble 
pas  précisément  à celles  des  échantillons  précédons,  mais  elle  ap- 
partient aussi  au  calcaire  dit  du  Jura. 

Il  en  fut  découvert  des  portions  considérables  de  mâchoires  dans 
une  montagne  près  de  Rozzo,  district  des  Sept  Communes,  sur  les 
confins  du  Vicentin  et  du  Tyrol , et  ce  morceau  se  trouve  aujourd’hui 
dans  le  cabinet  de  M.  Jérôme  Berettoni  à Schio  : il  est  dans  une 
pierre  calcaire  d’un  jaune  rougeâtre. 

M.  le  comte  Marzari  Pencati  de  Vicence,  dans  une  lettre  à 
M.  Isimbardi  sur  les  terrains  du  val  ïravaglia,  nous  apprend  que 
cette  pierre  est  le  calcaire  ammonitifère  du  Jura,  lequel  est  recour- 
vert  par  cet  autre  calcaire  du  Jura  qui  manque  de  coquilles. 

M.  Faujas  fait  mention  de  ce  crocodile  {^Mont.  de  Saint-Pierre , 
p.  225,  et  Essais  de  Géologie , I,  p.  i65i),  d’après  un  dessin  que 
Fortis  lui  avoit  procuré , mais  qu’il  n’a  point  fait  graver. 

M.  le  comte  de  Sternberg  y a suppléé  dans  son  Voyage  en 
Tyrol  y etc.,  publié  à Ratisbonne  en  i8o6,  où  il  donne  une  bonne 
figure  de  ce  morceau  , réduite  h demi-grandeur. 

On  y voit  la  portion  antérieure  du  museau  et  les  deux  moitiés  de 
la  mâchoire  inférieure  détachées  l’une  de  l’autre , mais  restées  presque 
dans  leur  position  naturelle.  La  mâchoire  inférieure  est  longue  de 
vingt-cinq  pouces  et  demi  et  large  de  huit,  mesure  de  Vienne  (i). 
Une  bonne  partie  des  dents  étoit  tombée,  et  avoit  été  saisie  ensuite 
par  la  pierre  où  elles  entourent  les  os  maxillaires.  On  voit  d’ailleurs 
en  place  leurs  alvéoles  et  même  une  partie  de  leurs  racines;  mais 
M.  de  Sternberg  assure  qu’il  n’y  a point  de  petite  dent  dans  la  cavité 
des  grandes. 

La  mâchoire  supérieure  ne  montre  que  deux  de  ces  alvéoles  en 
avant,  et  cinq  sur  l’un  de  ces  côtés,  l’autre  côté  les  ayant  toutes 

perdues;  mais  on  en  voit  encore  seize  d’un  côté  et  douze  de  l’autre 
à l’inférieure. 

Ces  ossemens  paroissent  bien  appartenir  à un  crocodile  ; mais  il 


(i)  Sternberg , loc.  cit. , p.  86  et  87. 


FOSSILES. 

est  fort  aisé  de^  s’apercevoir  qu’ils  ne  viennent  pas  du  gavial  ordi- 
naire , comme  l’assure  si  positivement  M.  Faujas.  La  portion  posté- 
^ 6 e la  mâchoire  ne  seroit  pas  presque  en  ligne  droite  avec  l’an- 

erieure,  cest-à-dire  avec  celle  qui  appartient  à la  symphyse,  mais 
elle  feroit  avec  elle  un  angle  pour  s’écarter  davantage  de  sa  corres- 
} ou  ® autre  côté,  ainsi  qu’on  peut  le  voir  en  jetant  un  coup 

arvraigaviat’™  mâchoire  inférieure 

^ Ce  caractère  suffit  pour  distinguer  cette  tête  de  crocodile , et  prin- 
cipalement  sa  mâchoire  inférieure,  de  celle  du  gavial,  et  pour  la  rap- 
procher beaucoup  de  celle  d’Altorf  et  de  l’une  de  celles  de  Honfleur. 

‘ e nhesiterois  même  pas  à les  regarder  toutes  les  trois  comme  ap- 
partenant à une  seule  et  même  espèce , s’il  étoit  sur  de  s’en  rapporter 
e simples  dessins  dans  des  matières  aussi  épineuses. 

véritables  crocodiles,  que  les  natu-' 
.atees  avorent  fart  connoître  avant  la  première  édition  de  cet  ou- 

ouJ'ét'é  d qui 

ecouverts  depuis  par  moi  ou  par  d’autres. 

e commencerai  par  le  plus  complet  et  le  plus  incontestable  de 

- -----  - 

Je  traiterai  en  second  lieu  de  celui  qui  a été  récemment  découvert 
dans  les  carrières  de  pierre  à chaux  des  environs  de  Caen. 

mêle  ZsT  "“'t"  Pêlu- 

fleur  et  du  Hâ^r  pyriteuses  des  environs  de  Hon-^ 

.■ao5L''fixS  TàTr'  e,  leurs  ca- 

distinction.  ' “ nécessaire  pour  établir  leur 

Je  terminerai  cette  section  par  les  fragmens  trouvés  en  divers 

pas  airm“f'r“‘ 

Je  nCrl"'’  certithde  les  espèces. 

“ai  point  a parler  des  prétendus  crocodiles  de  Dax  qui  ne 


120  CROCODILES 

sont  que  des  dauphins  (i),  non  pins  que  de  ceux  de  Thuringe  qui, 

I ainsi  que  je  l’ai  dit  plus  haut,  sont  des  raonitors. 

Article  II. 

Du  Gavial  des  schistes  calcaires  de  Moniieim  en  Franconie , 
décrit  par  M.  de  Sœmmerring. 

Il  est  peu  de  contrées  plus  célèbres  pai'rai  les  naturalistes  et  les 
amateurs  de  pétrifications,  que  celle  qui  s’étend  le  long  des  rives  de 
rAltmuhl,  l’un  des  affluens  du  Danube,  vers  Pappenheim  et  Aich- 
sted,  où  de  nombreuses  carrières  d’un  schiste  calcaire  blanchâtre  que 
l’on  exploite  pour  en  faire  des  carreaux  d’appartement , et  que  1 on 
débite  dans  une  grande  partie  de  l’Europe  et  jusques  en  Asie,  offrent 
sans  cesse  des  empreintes  de  poissons  et  de  crustacés,  entièrement 
étrangers  à l’Allemagne  d’aujourd’hui,  et  peut-être  encore  pour 
la  plupart  inconnus  dans  la  nature  vivante  , et  ont  donné  aussi 
quelques  reptiles  fort  curieux,  dans  le  nombre  desquels  on  doit  re- 
marquer surtout  les  ptérodactyles  que  nous  décrirons  bientôt. 

Ces  schistes  vont  acquérir  une  célébrité  encore  plus  générale  par 
l’emploi  que  l’on  en  fait  depuis  quelques  années  pour  1 art  merveil- 
leux de  la  lithographie,  qui  a d’abord  été  essayé  sur  eux,  et  auquel 
ils  sont  en  effet  plus  spécialement  appropriés  qu’aucune  autre  pierre. 

Le  profond  géologiste  M.  Léopold  de  Buch,  dans  une  lettre  à 
M.  Brongniart,  imprimée  dans  le  Journal  de  Physique  d’octobre 
1822,  t.  XCY,  p.  208,  a fait  connoître  leur  position  précise. 

Ils  appartiennent  à cette  prolongation  de  la  chaîne  du  Jura,  t[ui , 
après  avoir  laissé  tomber  le  Bhin  à Schaffhouse,  s’étend  en  Allemagne 
jusque  sur  les  bords  du  Mein , et  près  de  Cobourg. 

La  vallée  de  l’ Altmuhl  a ses  flancs  très-escarpés , et  il  est  aisé  d’y 
voir,  sur  deux  cents  pieds  de  hauteur,  les  couches  qui  les  composent. 


(i)  Ceci  répond  à la  question  de  M.  de  Sœmmerring , sur  ces  prétendus  crocodiles  de  Dax, 
dans  son  Mémoire  sur  le  squelette  de  Monheim , § 17. 


FOSSILES.  121 

Les  schistes  calcaires,  si  riches  en  poissons,  en  crustacés,  en  reptiles, 
en  astéries  même,  mais  qui  ne  contiennent  presque  d’autres  co- 
quilles que  deux  espèces  de  tellines  et  c[uelques  petites  ammonites, 
y occupent  le  sommet.  Ils  reposent  sur  une  masse  considérable  de 
dolomie  ou  calcaire  magnésien,  dont  M.  de  Buch  donne  une  his- 
toire fort  intéressante.  Elle  n’est  point  stratifiée , et  u’offre  presque 
nulle  part  des  traces  de  pétrifications.  Cette  dolomie  et  les  schistes  qui 
la  recouvrent  n existent  pas  à beaucoup  près  dans  toute  la  ehaine  du 
Jura.  Ils  ne  commencent  à paroître  qu’entre  Donawert  et  NordJingen. 
La  dolomie  elle-même  s’étend  vers  le  nord  beaucoup  plus  que  les 
schistes,  et  c’est  dans  ses  masses  que  sont  percées  les  fameuses  cavernes 
à ossemens  dont  nous  avons  parlé  dans  notre  quatrième  volume. 
Sous  elle  sont  des  bancs  de  calcaire  blanc-grisàtre , compacte,  sans 
éclat,  à cassure  écailleuse,  riche  en  ammonites,  qui  fournissent  d’é- 
normes pierres  de  taille , et  enfin  un  grès  brun  ou  gris,  à grain  fin, 
qui  sert  de  base  à toutes  les  collines  de  ce  canton. 

La  plus  célébré  de  ces  carrières  de  schistes  est  celle  de  Solen- 
hoffen  dans  la  vallee  même  de  l’Altmuhl,  un  peu  au-dessous  de 
Pappenheim,,  dont  Rnorr  a donné  une  vue  au  frontispice  du  pre- 
mier volume  de  ses  Monumens  du  Déluge. 

Le  fossile  qui  va  nous  occuper  s’est  trouvé  à peu  de  distance  de 
ce  lieu. 

On  le  découvrit  à Daiting,  à deux  lieues  de  Monheim,  au  sud- 
ouest  de  SolenhofFen , dans  le  canton  communément  appelé  Meu- 
lenhard,  endroit  où  il  y a une  exploitation  de  fer  en  grains,  dont  le 
minerai  remplit  les  vides  et  les  fentes  des  couches  du  scliiste.  M.  le 
comte  de  Reisach,  préfet  de  Monheim,  donna  ce  superbe  morceau 
a M.  de  Sœmmerring,  qui  la  fait  connoître  dans  un  mémoire  lu  à 
l’Académie  de  Munich,  le  i6  avril  i8i4,  imprimé  dans  le  recueil  de 
cette  compagnie  savante  , et  dont  on  a quelques  exemplaires  à part. 

Les  deux  plaques  qui  le  contiennent  sont  d’un  calcaire  schisteux 
niarneux,  gris-jaunâtre , tacheté  d’oxide  de  fer  roux  etjaune,  et  mêlé, 

Cl  et  la,  de  parcelles  de  quartz,  avec  des  veines  très-déliées,  noirâ- 
tres et  cristallisées. 

T.  V,  ae.  P. 


i6 


122  CROCODILES 

On  y voit  quelques  empreintes  que  l’on  a rapportées  à des*ammo- 
nites,  mais  qui,  d’après  la  figure,  pourroient  également  bien  venir 
de  planorbes. 

Il  y a aussi  l’empreinte  de  la  queue  d’un  petit  poisson,  et  quel- 
ques restes  d’un  insecte. 

Les  os  eux-mêmes  sont  plus  bruns  que  la  pierre  : d’après  l’analyse 
que  M.  Gehlen  en  a faite,  ils  n’ont  pas  perdu  toute  leur  matière  ani- 
^ male,  et  conservent  particulièrement  une  proportion  notable  d’acide 
phosphorique. 

La  plus  grande  de  ces  plaques,  longue  de  trois  pieds  sur  quinze 
pouces  de  largeur,  contient  la  tête  , le  tronc  et  la  queue  de  cet  ani- 
mal , d une  extrémité  à l’autre  et  fort  peu  dérangés , et  un  pied  de 
derrière  presque  entier,  détaché  du  tronc  et  incrusté  à cjuelque  dis- 
tance : des  parties  écailleuses  y sont  mêlées  aux  os. 

M.  de  Sœmmerring  a publié  une  excellente  figure  de  ce  morceau, 
dont  nous  donnons  une  copie  réduite  et  au  trait,  pl.  YI,  fig.  i. 

On  y voit  la  mâchoire  inferieure  par  sa  face  supérieure,  por- 
tant vingt-cinq  ou  vingt-six  dents  de  chaque  côté,  ayant  les  branches 
écartées  de  3o°;  la  supérieure  (3)  par  sa  face  palatine,  la  paroi  supé- 
rieure et  d’autres  parties  du  crâne  ensemble,  mais  un  peu  détachées 
d avec  le  museau.  Le  condyle  (c)  pour  l’articulation  avec  l’atlas,  et 
la  facette  articulaire  de  l’os  tympanique  (d')  pour  la  mâchoire  infé- 
rieure s’y  reconnoissent  néanmoins  très-bien.  La  série  des  vertèbres 
n’est  dérangée  c[ue  vers  le  bout  de  la  queue,  et  en  contient  soixante- 
dix-neuf.  Celles  du  cou  ont  perdu  leurs  apophyses  transverses  ou  côtes 
cervicales.  Vingt-trois  côtes,  plus  ou  moins  entières,  sont  toutes  hors 
de  place  ou  à peu  près.  On  voit  encore  un  fragment  de  sternum  (e) , 
un  os  des  îles  (J') , un  os  ischion  du  côté  gauche , et  un  os  coracoïde 
C^') , tous  les  trois  détachés , et  quelques  autres  os  moins  détermi- 
nables. Le  pied  de  derrière  gauche  y est  à sa  place  (en  h) , inaisjléta- 
che  et  désarticulé;  le  pied  de  derrière  droit  y est  au  contraire  jeté 
hors  de  place  (en^),  mais  a conservé  ses  parties  dans  leurs  connexions 
naturelles. 

Cette  figure  nous  met  à même  de  déterminer  les  caractères  de  cet 


FOSSILES.  123 

nimal  aussi  exactement  que  si  nous  l’avions  sous  les  yeux , et  c’est 
e que  nous  allons  essayer  de  faire.  Notre  travail  ne  laissera  pas  que 
e conservei  quelque  utilité,  parce  que  le  savant  anatomiste  auquel 
ous  evons  ce  mémoire,  au  moment  où  il  l’a  fait  imprimer,  n’avoit 
pas  encore  le  dessin  de  squelette  de  petit  gavial  que  je  lui  ai  fait 
enii , et  qm  a été  gravé  depuis  dans  l’ouvrage  de  MM.  Oppel  et 
Iiedeman  sur  l’histoire  des  crocodiles. 

Un  premier  coup  d’oeil  jeté  sur  ce  fossile  fait  voir  qu’il  ressemble 
au  petit  gavial  plus  qu’à  aucun  autre  animal  connu. 

II  en  a en  gros  les  proportions,  le  nombre  des  parties,  la  forme 
du  museau,  celle  des  pieds,  des  dents,  etc.;  en  un  mot,  il  faut 
quelque  attention  pour  en  découvrir  les  différences,  mais  on  trouve 
bientôt  que  celles-ci  sont  tout-à-fait  spécifiques. 

1°.  La  partie  symphysée  de  la  mâchoire  inférieure  est  beaucoup 
moins  longue  à proportion  ; elle  ne  surpasse  que  d’un  dixième  la 
t,ueur  de  chaque  branche:  dans  le  petit  gavial  elle  la  surpasse 
eis  ; c ans  le  grand  elle  la  surpasse  encore  d’un  quart  et  plus, 
est  impossible  qu  il  n’y  ait  pas  une  différence  de  proportion  cor- 
lespondante  dans  le  museau  supérieur,  mais  on  ne  peut  la  donner  si 
c ement,  parce  qu’il  est  détaché  du  crâne. 

20.  Les  dents  de  la  mâchoire  inférieure  sont  régulièrement  et  al- 
ternativement plus  longues  et  plus  petites  à compter  de  la  quatrième , 
en  sorte  que  la  cinquième  est  de  moitié  plus  courte  que  la  sixième , 
la  septième  que  la  huitième , et  ainsi  de  suite  : dans  les  gavials , grand 
et  petit,  cette  inégalité  régulière  n’a  pas  lieu.  Les  dents  qui  suivent 

a quatrième  sont  à peu  près  égales,  excepté  celles  qui  ont  nouvel- 
lement repoussé.  ^ 

supérieure  il  y a d’abord  de  chaque  cité  deux 
petites  dents,  puis  un  peu  en  arrière  une  très-grande,  et  les  autres 
sont  a peu  près  égales  et  courtes.  Dans  le  petit  gavial  il  y a d’abord 
e chaque  côté  une  petite  dent,  puis  à quelque  distance  une  autre 
petite  suivie  d une  p^ande  ; puis  une  un  peu  plus  grande , et  les  sui- 
ntes sont  a peu  près  égalés,  mais  aussi  longues  que  celles  d’en  bas. 
^ 1 ouverture  est  celle  des  narines  externes,  elle  est  plus 


124  CROCODILES 

large,  moins  longue,  et  placée  plus  avant  que  dans  le  petit  gavial;  si 
c’étoit  le  trou  incisif,  comme  on  pourroit  le  croire  d’après  la  position 
de  la  tête,  le  caractère  seroit  encore  plus  distinctif. 

5o.  Si,  comme  on  peut  le  croire  d’après  la  figure,  le  trou  a:  est 
celui  que  les  crocodiles  ont  entre  le  pariétal,  le  mastoïdien  et  le 
frontal  antérieur,  il  est  beaucoup  plus  grand  que  dans  le  petit  gavial, 
bien  qu’il  y ait  la  même  forme.  Il  y surpasse  la  grandeur  de  l’orbite , 
ce  qui  n’a  pas  même  lieu  dans  le  grand  gavial,  où  d’ailleurs  ce  trou 

est  plus  large  cpe  long  ; ici  il  est  plus  long  que  large. 

6°.  On  compte  au -squelette  fossile  soixante-dix-neuf  vertèbres  ; 
le  petit  gavial  n’en  a jamais  plus  de  soixante-huit.  C’est  à la  queue 
cju’est  surtout  cette  différence.  Elle  a au  moins  dix  vertèbres  de  plus 
cju’à  aucun  crocodile  connu. 

y O.  Les  apophyses  épineuses  des  cervicales  sont  carrées  et  se  tou-‘ 
chent  entre  elles,  ce  qui,  dans  le  petit  gavial,  n’a  lieu  que  pour  les 
dorsales.  Les  apophyses  articulaires  des  mêmes  cervicales  sont  aussi 
moins  avancées  au-delà  de  leur  corps.  Cette  différence  se  continue' 
dans  le  dos.. 

On  ne  voit  point  de  traces  des  apophyses  épineuses  inférieures  qui 
existent  dans  les  dernières  cervicales  et  les  premières  dorsales  du 
' petit  gavial.  Les  vertèbres  de  la  queue , outre  leur  plus  grand  nombre , 
sont  sensiblement  plus  grosses  et  plus  courtes  que  celles  du  petit 
gavial.  Leurs  apophyses  épineuses , comme  celles  des  cervicales , sont 
plus  larges  et  se  rapprochent  davantage , surtout  vers  le  milieu  de 
la  queue. 

8».  L’os  des  îles  a le  col  plus  long,  et  l’ischion  a sa  partie  évasée 
plus  large  et  plus  courte  de  beaucoup  que  dans  le  petit  gavial. 

go.  La  longueur  du  fémur  dans  le  fossile  est  plus  que  double  de 
celle  de  la  jambe.  Dans  le  petit  gavial  elle  ne  la  surpasse  que  d’^en- 
viron  un  quart. 

10®.  Le  tibia  est  bien  plus  gros  à proportion  de  sa  longueur  que 
dans  notre  gavial. 

II®.  La  même  différence  a lieu  pour  les  métatarsiens , et  particu- 
lièrement pour  ceux  du  petit  doigt. 


FOSSILES.  125 

Ces  différences  sont  assurément  pins  que  suffisantes  pour  prouver 
que  le  gavial  fossile  de  Monheim  est  une  espèce  inconnue  jusqu’à  ce 
jour;  nous  adopterons  donc  à ce  sujet  l’opinion  deM.  de  Sœmmer- 
nng,  et  nous  appellerons  comme  lui  cet  animal 

CROCODILïfS  PRISCUS, 

rostro  elongato  cylindrico , dentibus  inferis  altematbn  longio-* * 
nbus , Jemoribiis  dupla  tibiarwn  longitudine. 

L’individu  décrit  par  M.  de  Seemmerring  avoit  ele  longueur  totale 
deux  pieds  onze  pouces  sept  lignes , ou  o,q65. 

La  longueur  de  sa  tête  0,171  ; la  queue  o,483-. 

D’après  le  tableau  que  nous  avons  donné  ci-dessus,  p.  io4,  on 
voit  que  sa  taille  et  ses  proportions  sont,  h bien  peu  de  chose  près, 
les  mêmes  c[ue  celles  de  l’individu  de  moyenne  grandeur  envoyé  de 
Calcutta  au  Muséum  par  M.  Wallich.  Il  est  bien  remarquable  surtout 
que  la  rpeue  ne  soit  pas  plus  longue  à proportion  du  corps , malgré 
les  dix  vertèbres  quelle  a de  plus. 

Idu  crocodile  de  JBoll  dans  le  TVurteinherg , coizserpé  an  cabinet 

royal  de  Dresde^ 

Depuis  long-temps  ou  parloit  dans  les  ouvrages  sur  les  pétrifica- 
tions (i)  d’un  squelette  de  crocodile  pétrifié,  c[ui  se  trouvoit,  disoit- 
on,  dans  le  cabinet  de  Dresde,  et  venoit  de  Boll , dans  le  Wurtem- 
berg, lieu  célèbre  dès  le  seizième  siècle  par  la  description  que  Jean 
iBauhm  a donnée  de  ses  bains  et  des  fossiles  de  leurs  environs  (2)  , 
et  situé  entre  la  FFils  et  la  Lindach , deux  affluens  duNecker,  au 
pied  nord-ouest  de  1 Albe  de  Souabe,  qui  est  une  continuation  du 
Jura,  mais, par  une  singulière  négligence, aucuns  des  naturalistes  qui 
avoient  eu  occasion  de  voir  ce  morceau  n’en  avoient  donné  de  figure 

(1)  Eulenbourg , Description  da  Cabinet  royal  de  Drede  touchant  l’Histoire  naturelle,- 
Dresde,  1755,  iii-4'’*)  P-  27;  Description  des  objets  remarquables  de  Dresde , -çAt  Dassdorf  ^ 
^ allem. , 1782,  in-4  p.  5oo;  TValch,  Commentaire  sur  les  Monumens  du  Déluge  de 
Knorr , t.  II , p.  jyo  ; Pœtsch,  Description  du  Cabinet  de  Dresde,  i8o5,  in-S". , p.  i5— 18. 

r ^ novi  et  admirabilis  Fontis  Balneique  Bollensis , etc.  Monlisbeligardi ,, 

*598  , ifi-zj»;. 


I2Ô  CROCODILES 

ni  de  description  scientificjue , et  jen’avois  pu  en  dire  rien  de  positif 
dans  ma  première  édition. 

J’en  ai  obtenu  depuis  deux  dessins  : l’un,  fait  par  M.  le  docteur 
Reichenbach , m’a  été  envoyé  il  y a quelques  années  par  M.  Flei- 
scher,  libraire  de  Leipsik , bien  connu  par  les  ouvrages  soignés  qui 
sortent  de  ses  presses;  l’autre  m’est  parvenu  récemment,  et  je  le  dois 
à la  faveur  que  M.  de  Sœmmerring  veut  bien  accorder  à mon  ou- 
vrage ; c’est  celui  qu’il  faisoit  espérer  dans  son  mémoire  sur  le  cro- 
codile de  Monheim,  p.  i6.  On  a gravé  d’après  ces  deux  dessins,  et 
en  les  éclaircissant  l’un  par  l’autre , la  fig.  19  de  notre  pl.  VL 

Ce  fossile  paroît  assez  mal  conservé;  sa  gangue  est  une  argile  schis- 
teuse grise  , et  l’on  y voit  une  empreinte  d’ammonite;  la  tête,  la 
poitiine,  les  membres  antérieurs  et  la  moitié  postérieure  de  la  queue 
lui  manquent.  On  assure  qu’ils  ont  existé , et  qu’on  les  voyoît  dans 
un  cabinet  particulier  qui  a été  dispersé  ; néanmoins  ce  qui  en  reste 
m offre  assez  de  caractères  pour  le  rapporter  au  genre  des  crocodiles, 
et  meme  je  regarde  comme  assez  vraisemblable  qu’il  est  la  même 
espèce  que  celui  de  Monheim , d’autant  que  leur  gisement  le  long 
■des  deux  lisières  d’une  même  chaîne  est  fait  pour  donner  du  poids 
à cette  conjecture. 

Ce  tronçon  a quarante -cinq  pouces  un  quart  de  long;  les  deux 
genoux  sont  écartes  de  vingt-trois  pouces  et  demi.  On  n’y  voit  net- 
tement que  cinq  vertèbres  du  dos,  les  fémurs,  et  une  partie  de  la 
jambe  et  du  pied  gauche.  Mais  la  forme  des  vertèbres,  longue 
étroite,  coupée  carrément  aux  deux  bouts,  plus  rétrécie  dans  le  mi- 
lieu, sufîîroit  pour  en  faire  un  crocodile  plutôt  qu’un  monitor.  Dans 
;Ce  dernier  genre  elles  seroient  plus  larges  en  avant,  plus  étroites  en 
arrière;  terminées  en  avant  par  un  arc  concave,  en  arrière  par  un 
arc  convexe,  etc. 

La  ressemblance  des  vertèbres  de  BoH  avec  celles  de  Monheim  est 
au  contraire  fort  sensible,  comme  on  peut  s’en  assurer  en  jetant  un 
coup  d’œil  sur  les  fig.  i et  19  de  notre  pl.  VI. 

La  courbure  des  fémurs  en  y' italique  est  aussi  celle  du  crocodile. 
Dans  le  monitor  leur  fust  seroit  plus  droit.  Les  empreintes  de  la 


FOSSILES.  J 2^ 

queue  du  pied  et  des  côtes  n’ont  d’ailleurs  rien  qui  démente  ce 
qu  annoncent  les  parties  plus  complètes. 


Article  III. 

Du  Gavial  des  carrières  de  pierre  calcaire  des  environs  de  Caen. 


La  ville  de  Caen  chef-lieu  du  département  du  Calvados,  et  autre- 
tois  capitale  de  la  basse  Normandie , est  entourée  de  carrières  d’un 
calcaire  très-fin  , dont  on  tire  de  superbes  pierres  de  taille  et  des 
dalles  d une  grande  beauté,  qui  ont  servi  à la  construction  de  cette 
ville  et  d’un  grand  nombre  d’églises  et  d’autres  édifices  publics , 
non-seulement  en  Normandie,  mais  jusqu’en  Angleterre,  où  la  plu- 
part des  cathédrales  élevées  sous  les  rois  normands  passent  pour  avoir 
été  construites  de  pierres  de  Caen. 


La  nature  de  cette  pierre  a quelque  ressemblance  avec  celle  d’une 

^ e Uï'cie , et  la  position  géologique  de  ses  bancs  est  incontesta- 

^ ement  inféiieure  à la  craie  des  environs  de  Paris , laquelle  s’étend 

linFaue  Normandie , et  occupe  toute  la  haute , 

ainsi  que  la  Picardie  et  les  côtes  opposées  de  l’Angleterre 

M.  de  Magneville , président  de  l’Académie  de  Caen , et  très-habile 
otaniste  et  agriculteur,  a bien  voulu  me  donner  une  notice  , accom- 
pagnée de  la  carte  géologique  et  des  coupes  de  toute  cette  contrée, 

d apres  lesquelles  son  sol  se  composeroit  essentiellement  de  quatre 
sortes  de  bancs. 

la  terrtT^^qT’  canton  est  immédiatement  sous 

un  caLirf  passer  sous  la  orale,  est 

catre  a gros  grams  spathiqùes,  rempli  de  polypiers,  dencri- 

es , de  terebratules  et  de  quelques  ammonites. 

G est  là  que  se  sont  trouvés  la  plupart  des  polypiers  décrits  par 
Lamouroux.  ^ 

Caen  spécialement  nommée  pierre  de 

Hères’  ammonites,  des  pinnites  d’espèces  particu- 

> et  cl  autres  coquilles,  mais  en  assez  petit  nombre. 


128  CROCODILES 

Le  troisième,  dît  banc-bleu,  composé  d’une  marne  bleuâtre  très- 
dure,  et  souvent  pyriteuse,  est  d’une  grande  étendue,  et  forme 
les  falaises  qui  sont  derrière  les  Vaches  noires.  C est  dans  ce  banc 
bleu  que  l’on  auroit  trouvé  les  ossemens  de  crocodile  de  Ronfleur. 
Il  contient  beaucoup  de  gryphites,  d’ammonites,  de  nautiles,  d’huî- 
tres, de  térébratules,  des  ossemens,  des  encrinites,  dubois  fossile. 

Au-dessous  de  ce  banc  bleu /est  le  calcaire  oolithique  qui  occupe 
un  très-grand  espace  dans  le  département, .et  fournit  presque  toute 
la  pierre  à chaux  du  pays.  Ses  bancs  sont  horizontaux,  de  différente 
épaisseur,  séparés  par  de  la  glaise.  Ils  contiennent  des  oolitbes , des 
bélemnites,  des  nautiles,  des  térébratules,  des  encrinites  étoilées. 
M.  de  Magneville  y a trouvé  un  poisson  qui  me  paroît  le  même  que 
\e  dapedium politum  reûxé  du  lias  àe  Lyme-re gis , côte  du  comté 
deDorset , par  M.  de  Labèche  (i).  Ses  lits  inférieurs  sont  très-minces 
et  contiennent  des  cailloux  siliceux  roules. 

Il  repose  enfin  sur  le  grès  rouge , ou  todte-liegende  des  Allemands, 
avec  les  schistes,  les  diabases  et  les  marbres  qui  lui  sont  subordonnés. 

Plus  récemment  M.  H.  T,  de  Labèche,  savant  géologiste  anglais, 
a donné  (dans  les  Mém.  de  la  Société  géologique  de  Londres,  1. 1 
de  la  seconde  série,  p.  78)  une  description  et  une  énumération 
beaucoup  plus  détaillée  des  bancs  de  cette  partie  de  la  France, 
qu’il  a suivis  depuis  Fécamp  jusqu’à  Cherbourg,  et  dont  il  a fait  une 
comparaison  soignée  avec  ceux  de  son  pays. 

Au-dessous  de  la  craie  et  du  sable  vert  et  ferrugineux  qui  lui  sert 
de  base  est  un  banc  de  marne  bleue  qui  commence  à se  montrer  au 
Havre,  et  s’élève  davantage  de  l’autre  côté  de  la  Seine,  à Henque- 
ville , entre  Ronfleur  et  les  Vaches  noires.  C’est  dans  ce  banc  que  l’on 
a trouvé,  près  du  Havre,  des  os  de  crocodile. 

Sous  ce  banc  reposent  des  vestiges  du  calcaire  de  Portland,,  et  aur 
dessous,  un  banc  inadréporique , celui  qu’on  nomme  en  Angleterre 
co?'ol  rag.  C’est  sous  ce  dernier  que  se  trouvent  des  bancs  souvent 
épais  de  trois  cents  pieds  d’une  autre  marne  bleue  analogue  à celle 

(i)  Trans.  of  tlie  geological  $oc. , II.  sériés , vol.  J , part.  I , pl-  'VI, 


129 


FOSSILES. 

d’Oxford,  qui  forme  les  Vaches  noires,  et  où  Ton  a déterré  les  cro- 
codiles que  nous  décrirons  dans  l’article  suivant,  et  l’espèce  de  i-eptile 
que  M.  Gonybeare  a nommée plesiosaunis.  Entre  cette  marne  et  la 
pierre  de  Caen,  il  y auroit  encore  deux  bancs  analogues  à ceux  que 
l’on  nomme  en  Angleterre  cornhrash  el  forest  jnarhle’  ce  dernier 
seroit  le  banc  rempli  de  coraux  dont  parle  M.  de  Magneville,  et  sous 
lequel  seulement  se  trouve  la  pierre  de  Caen^  après  elle  viendroit 
encore  un  banc  d ooliihe , et  enfin  ce  dernier  banc  de  pierre  mar- 
neuse bleue , seul  analogue  du  lias  d’Angleterre  qui  repose  sur  le 
grès  rouge.  M.  de  Labèche  a lieu  de  croire  c[ue  ce  lias  de  France 
contient  des  os  di ichtyosaurus  comme  celui  d’Angleterre. 

De  cette  manière  de  voir , qui  établit  trois  bancs  distincts  de 
marne  bleue,  il  résulteroit  une  grande  interversion  dans  l’âge  res- 
])ectif  de  nos  dilFérens  crocodiles  j celui  du  présent  article  seroit  plus 
ancien  cjue  ceux  de  l’article  suivant , tandis  c[ue , d’après  l’énumération 
faite  par  M.  de  Magneville , il  seroit  plus  nouveau, 

M.  Prévost,  qui  a fait  aussi  un  examen  très-soigné  des  côtes  de- 
puis Calais  jusqu’à  Cherbourg,  s’accorde  jusqu’à  un  certain  point 
avec  M.  de  Labèche.  D’après  le  tableau  de  ses  observations  sur  le 
meme  pays,  tel  que  le  donne  M.  de  Humboldt  dans  son  Essai  sur  le 
gisement  des  Roches , p.  a85,  les  couches  supérieures  seroient  les 
argiles  de  couleur  bleuâtre  des  environs  du  Hâvre,  avec  lignites;  en- 
suite viendroit  le  calcaire  de  Caen,  dont  les  couches  supérieures 
renlermeut  des  polypiers,  des  trigonies  et  des  cérites,  et  les  infé- 
rieures, des  os  de  crocodile  ^ sous  ce  calcaire  seroient  les  argiles  bleues 
inférieures,  et  les  oolithes  alternant  avec  du  lias,  contenant  les  ich- 
tyosaurus,  et  le  tout  reposeroit  sur  le  calcaire  à gryphées  et  le  cal- 
caiie  lithographique,  qui  ne  seroit  pas  sans  doute  le  même  que  celui 
de  Solenhofen. 

Ce  qui  demeure  cependant  incontestable,  c’est  que  ce  crobodile  de 
Caen,  ainsi  que  celui  deMonheim,  ceux  de  Honüeur,  et  plusieurs 
de  ceux  dont  nous  parlerons  dans  les  articles  suivans, 'appartient  à ce 
gtand  ensemble  de  bancs  que  les  géologistes  sont  convenus  d’appeler 
Joi mation  du  Jura,  et  qui  tient  une  sorte  de  rang  mitoyen  parmi 
T.  V,  2e.  P.  ,1/ 


l 


i3o  CROCODILES 

les  terrains  secondaires,  se  trouvant  placée  au-dessous  de  la  craie  et 
au-dessus  de  cette  autre  formation  secondaire  qu’ils  ont  nommée 
alpine. 

Ce  crocodile  ne  paroît  pas  avoir  été  très-rare  dans  ces  environs  à 
l’époqne  où  il  vivoit,  car,  depuis  c[uelques  années  seulement  que 
1 on  donne  attention  a ce  genre  de  monumens,  on  en  a recueilli  les 
restes  d’au  moins  dix  individus. 

Le  morceau  appartenant  à cette  espèce  qui  a le  plus  excité  l’atten- 
tion s est  trouvé  à la  fin  de  1817  , dans  la  partie  des  bancs  de  pierre 
de  Caen  qui  occupe  la  droite  de  l’Orne , et  dans  les  carrières  d’un 
village  nommé  Allemagne , à une  petite  lieue  au  sud  de  la  ville  de 
Caen.  On  a déjà  à son  sujet  un  raj)port  imprimé  par  ordre  de  M.  le 
comte  de  Monllivault , préfet  du  Calvados,  et  une  notice  insérée  par 
M.  Lamouroux  dans  \q%  Annales  générales  des  Sciences  physiqices , 
t.  III,  p.  160. 

D’après  un  profil  de  ces  carrières,  que  M.  de  Magneville  a bien 
voulu  m adresser,  il  etoit  a quinze  mètres  et  demi  au-dessus  de  la 
rivière  d’Orne  en  temps  de  haute  mer , et  à près  de  treize  mètres 
au-dessous  du  plateau  dans  lecpel  ces  carrières  sont  creusées. 

La  principale  pièce,  pl.  VII,  %.  i4  (au  sixième),  étoit  composée 
de  quinze  à seize  vertèbres,  placées  sur  une  ligne  continue,  et  à peu 
près  dans  leur  position  naturelle,  avec  quelques  portions  de  côtes, 
et  un  grand  nombre  d’ocailles  encore  en  connexion,  et  telles  à peu 
près  c]u’elles  forrnoient  la  cuirasse  de  l’animal. 

Ce  beau  morceau  fut  recueilli  par  trois  jeunes  étudians  en  méde- 
cine, MM.  Luart,  Canivet  et  Deslongchamps,  et  offert  à l’Académie 
des  Sciences  et  Belles- Lettres  de  Caen,  qui  le  fît  déposer  dans  le 
cabinet  de  la  ville,  et  qui  a bien  voulu  permettre  que  l’on  en  prit , 
pour  le  cabinet  du  Roi,  une  empreinte  en  plâtre,  d’après  laquelle 
nous  donnons  la  fîg.  i4  de  la  pl.  VII. 

Ce  modèle  a été  fait  par  M.  Odelli,  professeur  d’architecture  et 
de  sculpture,  sous  les  yeux  et  la  direction  de  M.  de  Magneville  et  de 
M.  Pattu,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  ainsi  que  des  autres 
membres  de  la  section  d’histoire  naturelle  de  l’Académie, 


rOSSILES.  i3i 

On  avoit  découvert  en  même  temps,  et  à très-peu  de  distance, 
une  portion  considérable  de  la  tête  (pl.  VljTfig.  i— 5,  de  grandeur 
naturelle),  qui  me  fut  remise  par  M.  Lamouroux,  professeur  d’his- 
toiie  naturelle  a la  Faculté  des  Sciences  de  Caen,  bien  connu  du 

monde  savant  par  ses  ouvrages  sur  les  polypiers  et  sur  la  géographie 
physique. 

M.  Lair,  secrétaire  de  1 Académie,  me  fit  présent  de  quelques 
vertèbres  incomplètes  , et  d’un  groupe  d’écailles  qui  avoient  été 
trouvées  plus  anciennement  dans  une  autre  carrière , aussi  sur  la 
rive  droite  de  l’Orne , et  près  du  faubourg  de  la  ville  de  Caen  qui 
se  nomme  Vauxcelle. 

Enfin,  en  février  1822,  M.  Lamouroux  se  procura  deux  blocs 
tres-considerables  qui  venoient  d’être  découverts  à Cuilly,  village 
situe  a trois  lieues  au  sud  de  Caen,  sur  la  route  de  Falaise,  au-dessus 
du  bourg  de  Bretteville,  et  dont  les  carrières,  ouvertes  sur  le  vallon 
de  la  rivière  de  l’Aise  qui  se  jette  dans  l’Orne,  sont  percées  dans 
des  bancs  continus  à ceux  du  village  d’Allemagne. 

^ Ces  deux  blocs  qui  se  recouvrent  offrent  une  empreinte  de  la 
tete,  de  la  queue,  d’une  partie  des  côtes  et  des  os  longs.  En  les  fai- 
sant sauter  on  a perdu  beaucoup  des  os  qui  avoient  formé  ces  em- 
preintes. 11  ne  s est  conservé  que  des  portions  du  pariétal,  le  frontal 

et  le  museau  presque  entiers , quelques  vertèbres  et  quelques  autres 
fragmens. 

M.  Lamouroux  m’a  envoyé  des  dessins  fort  exacts  du  tout,  faits 
parM.  Gordier,  et  dont  nous  donnons  une  réduction , pl.  VII,  fig.  i3. 

Il  m a communiqué  aussi  les  os  particuliers  sauvés  lors  de  l’écla- 
tement, en  sorte  que  j’ai  pu  les  examiner  par  toutes  leurs  faces. 

I^ous  allons  successivement  décrire  ces  diverses  pièces,  et  en  dé- 
duire les  caractères  de  l’animal. 

La  portion  de  tête  que  M.  Lamouroux  avoit  obtenue,  ayant  été 
egagée  de  la  pierre  avec  soin,  se  trouva  offrir  à peu  près  tout  ce  que 
on  pouvoit  désirer  de  connoître  sur  cette  partie  de  l’ostéologie. 
etoit  une  moitié  du  côté  gauche  qui  avoit  été  détachée  longitu- 
6ment  de  1 autre  moitié , et  ne  raonlroit  d’abord  que  sa  coupe 

17’ 


,32  CROCODILES 

verticale  et  longitudinale,  pl.  VU,  fig.  i ; mais  lorsqu’on  l’eut  débar- 
rassée de  son  enveloppe  pierreuse , toutes  les  parties  se  trouvèrent 
parlaitement  conservées  depuis  l’occiput  j risques  au-delà  de  l’extré- 
mité antérieure  des  lachrymaux , comme  on  les  voit,  fig.  2,  par  le 
côté;  fig.  3,  eu  dessus;  fig.  4 5 en  dessous;  et  fig.  S , en  arrière. 

Tl  a été  très-facile  avec  cette  moitié  de  refaire  l’autre , et  de  se  re- 
présenter la  tête  entière  par  toutes  ses  faces. 

Le  premier  coup  d’œil  jeté  sur  ce  morceau  ainsi  débarrassé  de  sa 
gangue,  annonce  qu’il  a appartenu  à un  gavial,  également  différent 
et  des  vivans  et  des  fossiles  découverts  jusqu’à  présent. 

Voici  ses  caractères  spéciaux  : 

% 

I.  ^ la  face  supérieure , fig.  3,  comparée  à celle  du  gavial  du 
Gange, 

lo.  Les  côtés  se  rapprochent  graduellement  pour  former  le  mu- 
seau; 

20,  Le  frontal  antérieur,  a , avance  moins  sur  la  joue  ; le  lachry- 
mal,  b , y avance  bien  plus,  et  est  plus  large  à sa  base;  le  jugal,  c,  y 
est  au  contraire  plus  étroit  ; 

30.  Les  bords  des  orbites  ne  sont  pas  relevés:  les  orbites,  g , sont 

plus  rapprochés  l’un  de  l’autre,  et  de  figure  circulaire  ; 

40.  I^e  frontal  principal,  d , entre  eux  n’est  point  concave; 

50.  Le  trou  du  crotaphite,  est  beaucoup  plus  grand  à propor- 
tion , et  de  forme  à peu  près  carrée  et  non  pas  ronde  ; 

60.  Le  frontal  postérieur  qui  sépare  ce  trou  de  l’orbite  est  beau- 
coup plus  long  et  plus  étroit  ; 

y O.  La  surface  pariétale,  h,  entre  les  deux  trous  crotaphidiens  est 
.plus  allongée; 

8®.  La  crête  occipitale , i,  i,  n’est  pas  en  angle  droit,  mais  en  lame 
très-mince,  très-tranchante,  s’étendant  depuis  le  pariétal  jusques  à 
l’angle  mastoïdien. 

IL  A la  face  occipitale,  fig.  5, 

1°.  L’angle  mastoïdien,  h , ne  s’unit  pas  sans  interruption  avec  le 


FOSSILES.  i33 

clos  de  l’apophyse  articulaire  de  la  caisse,  l.  11  eu  est  séparé  par  im. 
grand  enfoncement,  o,  au-dessus  duquel  s’avance  une  crête  tran- 
chante, m,  c|ui  appartient  à l’occipital  latéral; 

20.  L’os  mastoïdien  a dans  sa  partie 'descendante  une  concavité, 
n ^ dont  il  n’y  a nulle  trace  au  gavial  ; 

3°.  L’échancrure  du  bord  inférieur  de  cette  face,  entre  l’apophyse 
articulaire  de  la  caisse,  l,  et  la  tubéi’osité  du  basilaire, est  beau- 
coup moindre  que  dans  le  gavial,  et  par  conséquent  cette  apophyse 
moins  saillante  vers  le  bas  et  moins  détachée. 

III.  A lajace  inférieure , fîg.  4 1 

10.  Les  palatins  , q,  q , ne  ferment  en  dessous  la  cavité  nasale  que 
jusque  vis-à-vis  le  bord  postérieur  du  grand  trou  palatin,  r-  en  sorte 
que  la  fosse  nasale  postérieure  est  très-grande,  et  bien  eloignee  de 
ne  s’ouvrir  que  vers  l’extrémité  de  la  face  basilaire. , où  sont  dans 
les  crocodiles  ordinaires  les  arrière-narines  très-peu  avant  le  trou  des 
artères,  t; 

20.  L’aile  ptérygoïde,  u,  ne  s’élargit  point  en  dehors  comme  dans 
tous  les  crocodiles,  mais  est  rétrécie  par  une  large  échancrure  dans 
la  partie  où  elle  va  s’unir  à l’os. 

IV.  A la  face  latérale,  fig.  3 , 

10.  Le  bord  orbitaire  du  jugal  ne  s’élève  point,  et  ne  laisse  pas 
derrière  lui  une  échancrure  profonde  comme  dans  le  gavial; 

20.  Le  jugal,  c , ne  remonte  pas  pour  s’articuler  avec  le  frontal 
postérieur  ,f,  c est  au  contraire  celui-ci  qui  descend  vers  pour  se 
joindre  au  jugal,  au  bord  externe  de  l’orbite,  à son  angle  postérieur; 

3o.  Le  vide , w , fp , entre  l’orbite  et  le  bord  antérieur  de  la  caisse , 
est  tres-allongé  dans  le  fossile , et  occupe  les  quatre  cinquièmes  de 
la  fosse  temporale;  en  sorte  que  la  cavité  de  la  caisse,  x,  est  beau- 
coup plus  courte  et  plus  rejetée  en  arrière; 

4®.  La  partie  antérieure  de  cette  fosse  temporale  est  aussi  fort 

ctioite  et  aiguë,  ce  qui  lui  donne  une  tout  autre  figure  que  dans  le 
gavial; 


CROCODILES 


i34 

. 5o.  L’os  analogue  à l’étrier,  qui,  chose  bien  remarquable,  a été 

conservé  en  place  dans  ce  morceau,  est  cylindrique,  et  beaucoup 
plus  gros  à proportion  que  dans  aucun  crocodile  ni  autre  reptile 
connu. 

Il  y a dans  ce  morceau  onze  alvéoles,  dont  deux  seulement  con- 
tiennent encore  leurs  dents.  Ces  cavités  sont  toutes  à peu  près  de 
même  diamètre,  et  sont  remplies  de" la  matière  de  la  pierre,  ce 
qui  prouve  que  les  dents  en  étoient  sorties  avant  que  l’incrustation 
se  fit. 

Voici  les  dimensions  de  ce  morceau , unique  par  sa  conservation 
et  les  formes  qui  lui  sont  si  particulières. 


Demi-largeur  de  l’occiput o,o53 

Sa  hauteur  au  milieu. o,o38 

Largeur  du  condyle  occipital. , o,oi5 

Sa  hauteur ^ o,oi 

Largeur  du  trou  occipital o,oi8 

Sa  hauteur | ; 

Longueur  du  trou  du  crolaphite  au  milieu. 

Largeur  au  milieu ,..., 0,04 

Diamètre  de  l’orbite O.oi3 

Demi-largeur  du  crâne  derrière  les  orbites. 0,048 

Id devant o,o3 

Longueur  du  vide  entre  le  frontal  post.  et  le  hord  antér.  de  la  caisse  en  bas.  0,044 

Plus  grande  hauteur 0,01 1 

Distance  du  hord  post.  des  narines  à la  convexité  du  condyle  occipital.. . . o,o5’j 

Longueur  du  grand  trou  palatin 0,082 

Plus  grande  largeur ^ ^ 


Pour  achever  de  bien  faire  connoître  cette  tête,  il  ne  s’agit  que  de 
la  compléter  au  moyen  de  l’empreinte  et  des  restes  d’os  offerts  par 
les  blocs  de  M.  Lamouroux,  pi.  VU,  fîg.  i3. 

Ces  morceaux,  bien  que  d’un  individu  quatre  fois  plus  grand, 
appartiennent  à la  même  espèce  que  la  première  portion  de  la  tête, 
comme  on  peut  s’en  assurer  par  ce  qui  reste  du  frontal,  du  pariétal 
et  des  frontaux  antérieurs  (pl.  VII,  fig.  6). 

On  peut  même  remarquer  que  la  crête  plus  étroite,  formée  sur  le 
pariétal  par  le  rapprochement  des  fosses  temporales , est  un  effet 


FOSSILES.  . i35 

ordinaire  de  Fàge  qui  grandit  les  muscles  crotaphites.  C’est  ce  qui 
arrive  aussi  dans  le  gavial  du  Gange. 

J attribue  également  à l’àge,  la  courbure  en  chevron  de  la  crête, 
beaucoup  plus  marcjuée  dans  ce  grand  crocodile  que  dans  le  petit , 
ce  c[ue  j ai  jugé  par  une  portion  d’un  troisième  crâne,  que  j’ai  recon- 
nue parmi  d’autres  débris. 

Ce  frontal  est  singulièrement  plat.  Une  arête  légèrement  saillante 
parcourt  le  milieu  de  sa  longueur,  et  des  bosselures  ou  des  verrai- 
culaiions  rendent  sa  surface  un  peu  inégale. 

On  voit  d après  l’empreinte,  fig.  i3,  que  le  museau  de  ce  cro- 
codile étoit  encore  plus  long  à proportion  que  celui  du  gavial;  qu’il 
alloit  davantage  en  s’amincissant  vers  le  bout,  où  il  se  dilatoit  un 
peu,  et  qu  au  total  la  tete  devoit  avoir  plus  de  trente-sept  pouces  de 
longueur. 

Dans  les  fragmens  conservés  lors  de  l’éclatement  de  ce  bloc  se 
trouve  une  portion  de  museau  de  vingt  pouces  de  longueur,  repré- 
sentée par  sa  face  inférieure,  pl.  Yll,  fig.  8 et  9. 

Elle  va  en  s amincissant  en  avant,  comme  l’empreinte  qu’elle  avoit 
laissée  sur  la  pierre.  Sa  dépression  est  un  peu  plus  forte  qu’au  gavial  ; 
es  os  du  nez  y descendent  plus  bas  et  y forment  un  angle  plus  aigu 

Sur  sa  longueur  règne  une  côte  mitoyenne,  très-légèrement  sail- 
lante, et  marquée  d’un  sillon,  aussi  longitudinal.. 

Sa  coupe  offre  a peu  près  les  mêmes  vides  que  dans  le  gavial. 

Lon  voit  par  les  racines  restées,  soit  d’un  côté,  soit  de  l’autre, 

que  dans  cette  longueur  de  vingt  pouces,  il  devoit  y avoir  au  moins 
trente  dents. 

D après  l’empreinte,  le  museau  complet  devoit  être  long  de  vingt- 
ueuf  ou  trente  pouces;  et  ce  n’est  point  s’éloigner  des  probabilités , 
que  de  porter  a quarante-einq  le  nombre  total  des  dents  que  ce  cro- 
codile pouvoit  porter  de  chaque  côté  à chaque  mâchoire.  Ce  seroit 
cent  quatre-vingts  dents  en  tout. 

Le  gavial  n’en  a que  vingt-sept  cm  vingt-huit  de  chaque  côté:  en 
tout  cent  douze. 

amouroux  m a communiqué  aussi  un  autre  morceau  qui  con- 


j36  . CROCODILES 

teuoit  uii  fi’agiiieiit  considérable  de  la  niachoiie  inferieure , ou  se 
voyoit  la  partie  des  os  operculaires  voisine  de  leur  pointe. 

Ce  fragment,  pi.  VII,  üg.  n,  en  dessous j fig.i2,par  le  côté; long, 
du  côté  où  il  est  le  plus  entier,  de  0,066,  et  large  dans  son  milieu  de 
o,o33  , n a que  0,011  d’épaisseur,  ce  qui  est  beaucoup  moindre  que 
dans  le  gavial , où  l’épaisseur  fait  plus  de  moitié  de  la  largeur , et  à 
plus  forte  raison  beaucoup  moindre  que  dans  l’un  et  l’autre  croco- 
dile de  Honfleur,  qui,  tous  deux,  et  surtout  le  premier,  ont  la  mâ- 
choire inférieure  plus  épaisse  que  le  gavial. 

Ce  fragment  a,  du  côté  droit,  trois  dents,  dont  la  moyenne  a le 
double  delà  grandeur  des  deux  autres.  Du  côté  opposé,  toutes  les 
dents  étoient  tombées  avant  qu’il  fut  incrusté,  et  les  alvéoles  sont 
remplis  de  la  matière  de  la  pierre.  Les  dents  sont  longues,  grêles, 
arcpées  et  très-pointues,  mais  non  pas  tranchantes. 

On  voit  par  les  cassures,  que  les  dents  de  remplacement  sont 
logées  dans  le  creux  des  dents  en  service , comme  dans  les  autres 
crocodiles. 

Je  dois  aussi  à la  complaisance  de  l’Académie  de  Caen,  un  mo- 
dèle du  bout  antérieur  de  cette  mâchoire  inférieure,  pl.  VII, 

fig.  10. 

11  est  fort  déprimé,  s’élargit  un  peu  en  avant,  et  s’échancre  à son 
extrémité.  On  y voit  d’un  côté  douze  dents,  sur  une  longueur  de 
O o55  , qui  sont  alternativement  plus  longues  ou  plus  courtes , mais 
toutes  assez  longues  à proportion  de  leur  grosseur. 

Le  gavial  ne  les  auroit  pas  a beaucoup  près  si  serrees. 

La  première , d’un  côté , a 0,0 1 5 ; et  la  seconde , de  l’autre , 0,0 1 7 . 
de  longueur.  Les  suivantes  sont  un  peu  plus  courtes,  mais  dans  des 
proportions  diverses. 

Ce  fragment  de  mâchoire  est  large  en  avant  de  0,022  , et  en  arrière 
de  0,016. 

Tous  les  caractères  que  je  viens  d’exposer  éloignent  le  gavial  de 
Caen  de  mes  deux  espèces  de  Honfleur  que  je  décrirai  dans  l’article 
suivant,  encore  plps  que  du  gavial  du  Gange;  et  aucun  ne  le  rap- 
proche des  crocodiles  ou  des  caïmans  ordinaires. 


FOSSILES.  i3^ 

Après  avoir  ainsi  reconnu  les  caractères  de  la  tête,  il  s’agissoit  de 
déterminer  ceux  des  vertèbres. 

J ai  les  parties  annulaires  de  deux  vertèbres  cervicales,  avec  des 
fragmens  des  petites  côtes  du  même  nom  ( pl.  VII , fig.  i5). 

^ Elles  ne  diffèrent  de  leurs  analogues  dans  les  crocodiles  ordinaires 
r/ue  par  des  apophyses  épineuses,  plus  larges  d’avant  en  arrière,  et 
plus  inclinées  en  arrière. 

Malheureusement  le  corps  étant  enlevé  , on  ne  peut  voir  s’il  est 
convexe  d’un  côté , ni  duquel. 

L’antérieure,  qui  a seule  une  de  ses  dimensions  entières,  est 
longue  de  o,o4,  à prendre  d’une  apophyse  articulaire  à l’autre. 

Le  grand  bloc  de  l’Académie  de  Caen,  pl.  VII,  fig.  i4,  contient 
manifestement  en  arrière  les  deux  vertèbres  sacrées,  a ,h , avec.une 
portion  de  l’os  des  îles  et  de  la  cavité  cotyloïde. 

En  avant  sont  trois  vertèbres  lombaires  ,c,d  ,e , et  dix  vertèbres 
dorsales  portant  des  côtes. 

La  plus  antérieure  des  dix  a perdu  la  plus  grande  partie  de  ses 
apophyses,  mais  son  corps  subsiste  et  se  détache  de  la  pierre.  Il  a ses 
deux  faces  très-légèrement  concaves,  «t  sou  milieu  rétréci. 

La  vertèbre  suivante,  qui  est  aussi  fort  mutilée  de  sa  partie  annu- 
laire, a son  corps  entier,  dont  les  deux  faces,  comme  dans  la  pré- 
cédente, sont  légèrement  concaves. 

C est  là,  comme  on  voit , un  caractère  fort  différent  de  celui  des 
crocodiles  vivans,  où  toutes  les  faces  postérieures  sont  très-convexes, 
et  les  antérieures  très-concaves  ; mais  ce  caractère  est  le  même  que 
nous  reconnoîtrons  dans  notre  deuxième  espèce  de  Honfleur. 

Les  autres  vertébrés  de  ce  bloc  ne  montrent  que  leur  partie  annu- 
laire,^ ont  les  apophyses  epineuses  ont  même  été  cassées,  en  sorte 
que  l’on  n’y  voit  bien  que  les  transverses  et  les  articulaires. 

Celles-ci  me  paroissent  un  peu  plus  rapprochées  que  dans  les  cro- 
codiles vivans. 

^ Les  transverses  sont  faites  génériquement,  comme  dans  les  croco- 

. f ^l'^sns,  c est-a-dire  horizontales,  larges,  rétrécies  à leur  extré- 
mite,  et  échancrées  à leur  bord  externe  et  antérieur  pour  l’insertion 
T.V,2e.P. 


i38  CROCODILES 

de  la  tête  de  la  côte;  mais  je  trouve  leur  dimension  antéro-posté- 
rieure plus  grande  à proportion  de  la  transverse , que  dans  aucun 
des  crocodiles  dont  j’ai  les  squelettes.  Elles  se  rétrécissent  aussi  un 
peu  plus  vers  leur  extrémité , et  leur  bord  postérieur  est  un  peu 
courbé  en  arc  concave  , et  un  peu  dirigé  en  arrière  de  sa  partie  ex- 
terne, ce  qui  n’est  pas  dans  les  crocodiles  vivans. 

Ces  dix  vertèbres  dorsales  occupent  ensemble  un  espace  de  o,45; 
leur  longueur  moyenne,  d’une  apophyse  articulaire  à l’autre,  est 
d’environ  o,o55;  l’ avant- dernière , qui  est  la  plus  entière,  a en  lar- 
geur, d’une  pointe  d’apophyse  transverse  à l’autre  , o,i. 

Les  vertèbres  lombaires  sont  un  peu  moins  étendues  en  travers , 
et  davantage  d’avant  en  arrière. 

Les  sacrées  sont  très-fracturées,  ainsi  que  l’os  des  îles , et  en  partie 
encore  encroûtées  dans  la  pierre;  mais  dans  ce  qu’on  en  voit,  elles 
ressemblent  à leurs  correspondantes  dans  les  crocodiles  vivans.^ 

A leur  suite  viennent  encore  dans  ce  bloc  des  portions  des  trois 

r r 

premières  vertèbres  de  la  queue,  h,  i,  k , et  nous  en  avons  séparé- 
ment une  quatrième. 

Celle-ci,  que  nous  avons  soigneusement  séparée  de  la  pierre, 
pl.  VII,  % i6,  nous  montre  la  face  antérieure  de  son  corps,  son 

apophyse  articulaire  antérieure  et  l’épineuse  entière. 

L’apophyse  épineuse  a plus  d’étendue  d’avant  en  arriéré , et  la  face 
antérieure  du  corps  est  moins  concave  que  dans  les  crocodiles  vivans. 

Les  apophyses  transverses  des  trois  premières  caudales  se  voient 

dans  le  bloc  de  1 Academie. 

M.Laraouroux  a retiré  de  son  bloc  le  corps  de  la  première  vertèbre 
sacrée,  mutilée  d’une  de  ses  apophyses  transverses  et  de  toute  l’é- 
pineuse. 

Elle  diffère  assez,  dans  ce  qui  en  reste,  de  sa  correspondante  dans 
le  crocodile  commun.  Son  corps,  au  lieu  d avoir  sa  face  anterieuie 
et  la  postérieure  h peu  près  égales,  a cette  dernière  plus  petite,  en 
sorte  qti  il  est  nn  peu  en  cône  tronqué  ; l’apophyse  transverse  est 
plus  déprimée,  sa  face  supérieure  est  plane,  au  lieu  que  dans  les  cro- 
codiles vivans  elle  est  convexe,  etc. 


FOSSILES.  i3g 

On  a trouvé  avec  le  grand  bloc  de  l’Académie  de  Caen  trois  des 
vertébrés  de  la  seconde  moitié  de  la  queue  , et  l’on  en  voit  les 
douze  ou  treize  dernières  de  suite  dans  le  bloc  de  M.  Lamouroux. 
Celles-ci  ne  montrent  aucune  de  leurs  apophyses. 

Les  trois  de  l’Académie  ont  des  apophyses  épineuses  plus  larges 
d avant  en  arrièx’e  que  dans  les  crocodiles  vivans,  en  sorte  que  ce 
caractère  paroîtroit  régner  sur  toute  la  queue. 

Autant  qu’on  en  peut  juger  par  ce  qui  reste  des  côtes  dans  le  bloc 
de  l’Académie  de  Caen,  elles  étoient  plus  grosses  que  dans  les  cro- 
codiles vivans. 


J’ai  peu  de  chose  à dire  des  os  des  extrémités.  Le  bloc  de  M.  La- 
mouroux ra’ofifre  seul  quelques  fragmens  et  quelcjues  empreintes 
propres  à m’éclairer  à ce  sujet. 

Il  y a la  tête  supérieure  de  l’os  coracoïdien  du  côté  droit , la  moitié 
Supérieure  de  l’humérus  du  même  côté,  la  tête  supérieure  de  celui 
du  côté  gauche,  et  un  petit  fragment  du  bassin. 

Ces  parties  ressemblent  à leurs  analogues  dans  les  crocodiles 
Vivans,  mais  offrent  toujours  quelques  différences  légères  dans  les 
courbures  ou  dans  les  méplats,  pins  fhciles  à voir  lorsqu’on  les 
compare  qu’à  exprimer  par  des  paroles,  mais  qui,  aux  yeux  de 
l’homme  exercé , ne  laisseroient  pas  d’annoncer  des  différences  d’es- 
pèces. 

On  a trouvé  beaucoup  d’écailles  de  ce  crocodile  de  Caen,  et  de 
leurs  empreintes,  presque  adhérentes  encore  aux  endroits  du  corps 
auxquels  elles  appartenoient,  en  sorte  qu’on  ne  peut  douter  qu’elles 
ne  soient  de  cette  espèce. 

Elles  different  de  celles  des  crocodiles  vivans  plus  qu’aucune 
partie  du  squelette  , et  ce  crocodile  de  Caen  étoit  sans  comparaison 
1 espece  la  mieux  cuirassee  de  tout  le  genre.  Elles  sont  très-épaisses , 
rectangulaires,  amincies  vers  le  bord,  et  ont  toute  leur  surface  ex- 


térieure creusée  de  petites  fossettes  demi-sphériques,  de  la  grosseur 

dune  lentille  ou  d un  pois,  et  serrées  les  unes  contre  les  autres.  On 
en  voit  une  pl.VII,  fig.  17. 

Ces  écailles  étoient  disposées  comme  dans  nos  crocodiles  actuels. 


18 


i4o  CROCODILES 

en  séries  régulières  dans  le  sens  longitudinal  aussi  bien  que  dans  le 
sens  transversal.  Le  bord  postérieur  de  l’une  recouvroit  la  base  de 
celle  qui  la  suivoit. 

Le  bloc  de  l’Académie  de  Caen  offre  presque  toutes  celles  d’un 
côté  dans  leur  situation  naturelle.  On  voit  que  depuis  la  première 
des  vertèbres  dorsales  conservées  jusqu’à  la  naissance  de  la  queue  il 
y en  avoit  quinze  ou  seize  rangées  transversales,  et  que  chaque 
rangée  en  contenoit  cinq  de  chaque  côté;  en  sorte  qu’il  y en  avoit 
au  moins  dix  rangées  longitudinales. 

Il  reste  à déterminer  les  dimensions  de  cette  espèce , ou  du  moins 
des  individus  dont  on  a les  débris. 

D’après  le  bloc  de  M.  Lamouroux,  la  tête , dont  on  y voit  l’em- 
preinte , étoit  longue  au  moins  de  i,o8,  ou  de  trois  pieds  quatre 
pouces  à peu  près,  depuis  le  bout  du  museau  jusqu’à  l’épine  occi- 
pitale. 

La  plus  grande  des  têtes  de  gavials  du  Muséum  n’a  ce  même  inter- 
valle que  de  deux  pieds  quatre  pouces  ; et  il  est  aisé , d’après  les 
données  de  la  première  section  de  ce  chapitre,  de  conclure  que  l’in- 
dividu auquel  elle  appartenoit  étoit  long  de  plus  de  quatre  mètres  et 
demi  ou  de  près  de  quinze  pieds.  Si  l’on  pouvoit  supposer  que  la 
proportion  de  la  tête  au  reste  du  corps  étoit  la  même  dans  le  cro- 
codile de  Caen , on  en  concluroit  que  sa  longueur  totale  étoit  de  plus 
de  six  mètres  et  demi  ou  de  près  de  vingt  pieds. 

Il  seroit  un  peu  moins  long  si  la  longueur  de  son  museau  excédoit 
la  proportion  qu’elle  a relativement  au  corps  dans  le  gavial. 

L’individu  dont  les  restes  sont  dans  le  bloc  de  l’Académie  de  Caen 
étoit  beaucoup  moins  grand. 

En  prenant  la_  longueur  des  vertèbres  dorsales  et  lombaires  de- 
meurées dans  ce  morceau,  et  qui  est  de  o,58 , et  la  comparant  à celle 
des  mêmes  vertèbres  dans  un  gavial,  on  trouve  qu’il  doit  avoir  eu 
près  de  treize  pieds. 

La  portion  de  tête  de  notre  pl.  YII,  fig.  i à 5,  comparée  avec  les 
parties  correspondantes  de  celle  du  grand  bloc  de  M.  Lamouroux  , 
ne  semble  annoncer  qu’un  individu  de  moins  de  dix  pieds;  ce  qui 


FOSSILES.  i4î 

me  fait  douter  qu’elle  ait  appartenu  au  squelette  de  l’Académie. 

Quoi  qu’il  en  soit,  on  voit  que  ce  crocodile  de  Caen,  quelque 
singuliers  que  soient  ses  caractères,  n’excédoit  point  les  dimensions 
de  nos  crocodiles  actuels;  mais  il  n’en  est  pas  moins  évident  qu’il 
formoît  une  espèce  parfaitement  distincte  de  celles  que  nous  connois- 
sons  vivantes. 

Il  n’est  pas  aussi  aisé  de  le  distinguer  du  crocodile  fossile  de  Mon- 
licim  ou  CKOoodilits  "pvzsotis y décrit  duus  notre  article  précédent. 

Il  lui  ressemble  beaucoup  par  cette  alternance  de  grandeur  des 
dents  et  par  la  dilatation  de  l’extrémité  antérieure  des  deux  mâ- 
choires. 

Toutefois  la  forme  plus  allongée,  plus  amincie  en  avant  de  sa  mâ- 
choire supérieure,  et  celle  de  sa  fosse  temporale,  plus  large  que 
longue,  tandis  que  dans  le  crocodile  de  Monheim  elle  est  plus  longue 
que  large , nous  paroissent  l’en  dilFérencier  suffisamment. 

Crocodile  semblable  à celui  de  Caen  tro  wé  dans  le  Jura, 

Ou  a vu  au  commencement  de  cet  article  que  le  crocodile  de  Caen 
appartient  à la  série  de  formations  novaxaèe  oolitique  par  les  géolo- 
gistes  anglais;  série  que  les  géologistes  allemands,  d’après  M.  de 
Humboldt,  nomment  calcaire  du  Jura,  Il  y en  a des  restes  dans  le 
Jura  même , et  dans  ses  couches  les  plus  compactes,  les  plus  sembla- 
bles au  marbre  par  leur  dureté  et  le  beau  poli  dont  elles  sont  sus- 
ceptibles, et  il  y est  accompagné  de  plusieurs  espèces  de  tortues. 

M.  Hugi,  professeur  à Soleure,  a bien  voulu  me  communiquer 
un  grand  nombre  d ossemens  incrustés  dans  des  pierres  que  j’ai  recon- 
nues au  premier  coup  d’œil  pour  appartenir  à l’ordre  des  couches 
dont  je  viens  de  parler.  Je  fus  frappé  par  un  fragment,  pl.  VI,  %.  6, 
décaille,  creusé  de  petites  fossettes  demi-sphériques,  absolument 
Comme  celles  du  crocodile  de  Caen.  Des  empreintes  pareilles , 
aissées  par  d autres  écaillés,  confirmèrent  ce  premier  aperçu,  et 

examen  des  autres  os  ne  me  laissa  point  de  doute  sur  l’identité  de 
1 espece. 


1^2  CROCODILES 

Trois  vertèbres  surtout,  une  dorsale,  une  sacrée  et  une  caudale, 
offrirent  les  mêmes  faces,  les  mêmes  apophyses  que  leurs  correspon- 
dantes dans  l’animal  de  Caen.  On  les  voit  pl.  VI,  hg.  2 ? 3, 

On  trouve  parmi  ces  os  du  Jura  une  petite  dent  pointue  et  un 
peu  tranchante  , fort  semblable  à celle  du  crocodile  de  Caen , 
pl.  VI,  fig.  8. 

Mais  il  y en  a aussi  de  beaucoup  plus  grosses  et  plus  obtuses,  telle 
que  celle  de  la  %.  7 , qui  poiirroient  annoncer  une  autre  espèce. 

Cette  dernière  est  longue  de  0,028  depuis  son  sommet  jusqu’au 
bas  de  sa  couronne , où  elle  a 0,02 1 de  diamètre.  ^ 

C’est  une  chose  bien  remarquable  que  cette  presence  d un  animal 
éminemment  d’eau  douce , tel  que  le  crocodile , dans  des  couches 
de  la  formation  du  Jura  ; elle  est  d’autant  plus  digne  d être  observée 
qu’il  y est  accompagné  de  beaucoup  de  tortues  également  deau 
douce.  Ce  fait,  joint  à plusieurs  autres  dont  nous  parlerons,  prouve 
qu’il  a existé  des  terres  sèches  arrosées  par  des  fleuves  à une  époque 
extraordinairement  reculée , et  bien  avant  les  trois  ou  quatre  suc- 
cessions de  ces  sortes  de  terres  que  nous  avons  observées  dans  les 
environs  de  Paris. 

Nous  reviendrons  sur  cet  important  sujet  dans  le  chapitre  suivant, 
où  nous  traiterons  des  tortues  trouvées  dans  ces  mêmes  lieux,  et 
nous  y donnerons  la  description  des  couches , telle  que  nous  la  de- 
vons à l’extrême  complaisance  de  M.  Hugi  (i). 


(i)  Nous  espérons  pouvoir  parler  aussi  dans  le  supplément  de  ce  volume  d’un  crocodile 
découvert  dans  l’oolillie  de  Stonesfield , près  d’Oxford , par  M.  Buckland , et  qui  nous  paroît 
avoir  de  grands  rapports  avec  celui  de  Caen. 


FOSSILES. 


[43 


Article  IV. 

Des  os  de  deux  espèces  inconnues  de  Gavials  , trouçés  pêle- 
mêle  près  de  Honfleur  et  du  Hâi>re. 

Une  liche  collection  de  ces  os,  recueillie  autre  lois  près  de  Hon- 
fleur, par  l’abbé  Bachelet,  naturaliste  de  Rouen,  nous  a été  remise 
il  y a quelques  années  pour  le  Muséum  d’Histoire  naturelle,  par  les 
ordres  de  M.  le  comte  Beugnot,  alors  préfet  de  la  Seine-Inférieure, 
et  depuis  conseiller  et  ministre  d’Etat.  C’est  seulement  par  les  éti- 
quettes attachées  h ces  os  que  j ai  connu  le  lieu  de  leur  origine,  ainsi 
que  le  nom  de  leur  collecteur,  et  l’idée  qu’il  se  faisoit  que  c’étoient 
des  os  de  cachalots.  Je  ne  trouve  point  que  l’abbé  Bachelet  ait  rien 
publié  sur  leur  gisement,  ni  sur  la  manière  dont  il  en  fit  la  décou- 
verte; mais  il  y a dans  le  Journal  de  Physique  (i)  un  mémoire  de 
1 abbé  Dicquemarre  sur  les  os  des  environs  du  Havre,  qui,  étant  de 
la  meme  espèce  et  dans  le  même  état  que  ceux  de  Honfleur,  ainsi 
que  je  m’en  suis  assuré  en  confrontant  plusieurs  échantillons  des  uns 
et  des  autres , doivent  sans  doute  aussi  leur  ressembler  par  la  position 

J’avois  pensé  d’abord,  d’après  ce  qui  ra’avoit  été  rap))orté,  qu’ils 
sont  tous  dans  un  banc  de  marne  calcaire  endurcie , d’un  gris  bleuâtre , 
qui  devient  presque  noirâtre  quand  elle  est  humide;  et  j’ayois  cru 
que  ce  banc  règne  des  deux  côtés  de  l’embouchure  de  la  Seine  , le 
long  du  rivage  du  pays  de  Gaux  et  de  celui  du  pays  d’Auge , comme  au 
cap  de  laHéve,  etentre  Touque  et  Dives,  vis-à-vis  les  Vaches  noires. 

Il  est  certain  qu’en  basse  Normandie,  un  banc  de  cette  sorte  de 
marne,  connu  sous  le  nom  de  banc  bleu,  règne  sur  de  grandes  éten- 
dues; mais  les  observations  de  M.  de  Labeche  tendroient  à prouver 
flue  1 on  a confondu  plusieurs  bancs  de  nature  et  de  couleur  plus  ou 
^oins  semblables. 

Le  veiitable  banc  bleu,  celui  qui  repose  sur  le  grès  rouge  et  ré- 


de  Phjs,,  t.  yil  (k  premier  de  1786) , p.  4o6  et  siiiv. 


i44  CKOCODILES 

pond  au  lias  des  Anglais,  seroit  inférieur  à la  pierre  de  Caen,  qui 
contient  les  crocodiles  décrits  dans  rarticle  précédent;  il  forme  les 
falaises  de  Port-en-Bessin  et  d’Arromanche  ; mais  les  falaises  de  Dives 
et  de  Villers-sur-Mer , au  pied  desquelles  sont  les  Vaches  noires,  ap- 
partiendroient  à un  bane  supérieur  à cette  pierre  de  Caen,  et  ana- 
logue à ce  que  les  géologistes  anglais  ont  nommé  marne  ÆOxfort 
et  le  troisième  de  ces  bancs  de  marne  bleue,  qui  se  voit  sous  la  craie 
des  deux  côtés  de  l’embouchure  de  la  Seine,  seroit  encore  supérieur 
au  précédent , dont  il  est  séparé  par  divers  lits  de  la  formation  ooh- 
tique. 

Ainsi  les  os  que  je  vais  examiner  pourroient  venir  de  deux  bancs 
assez  différens  l’un  de  fautre,  mais  supérieurs  à celui  de  la  pierre 
de  Caen. 

Ce  qui  du  moins  est  certain , c’est  quils  sont  plus  anciens  que 
la  masse  immense  de  craie  qui  repose  sur  eux , et  qui , s devant  en 
falaises  de  cinq  et  six  cents  pieds  de  hauteur,  forme  tout  le  pays  de 
Caux  , une  partie  du  pays  d’Auge,  et  s’étend  en  Picardie,  en  Cham- 
pagne et  dans  tout  le  sud-est  de  l’Angleterre. 

Ces  os  appartiennent  donc  à des  couches  bien  antérieures  à celles 
qui  récèlent  les  os  de  quadrupèdes  même  les  plus  anciens,  comme 
sont  nos  gypses  des  environs  de  Paris,  puisque  ces  gypses  reposent 
sur  le  calcaire  coquillier  le  plus  commun,  qui  repose  lui-même  sur 

la  craie. 

La  substance  des  os  est  d’un  brun  très-foncé , et  prend  un  beau 
poli;  les  acides  la  dissolvent,  et  en  prennent  une  teinte  rougeâtre 
qui  annonce  quelle  est  colorée  par  le  fer.  Elle  a cependant  conservé 
une  partie  de  sa  nature  animale. 

Les  grandes  cavités  des  os , comme  la  boîte  du  crâne , le  canal  des 
narines,  celui  des  vertèbres,  sont  remplis  par  la  même  marne  en- 
durcie et  grisâtre  qui  enveloppe  leur  extérieur;  mais  les  pores  ou  les 
petites  cellules  de  leur  diploë  sont  occupés  par  un  spath  calcaire 
demi-transparent,  et  quelquefois  teint  en  jaunâtre.  La  pyrite  tapisse 
ordinairement  chaque  cellule,  et  enveloppe  le  spath  d’une  couche 
mince  et  brillante.  L’intérieur  des  coquilles  en  est  aussi  quelquefois 


FOSSILES,  145 

é t î'5 

garni,  et  1 on  en  trouve  dont  la  substance  a été  entièrement  rempla- 
cée par  de  la  pyrite. 

Je  n’ai  malheureusement  aucun  moyen  de  reconnoître  dans  le- 
quel des  deux  ou  des  trois  bancs  chaque  os  a été  pris. 

§ I.  Mâchoires  inférieures. 

Le  morceau  le  plus  considérable  de  la  collection  de  l’abbé  Bache- 
let  est  une  mâchoire  inférieure  presque  complète,  que  nous  repré- 
sentons par  ses  faces  supérieure  et  latérale,  pl,  VIII,  fig.  i et  2 -, 
il  ne  paroit  y manquer  que  l’extrémité  articulaire  des  branches. 

Cette  mâchoire  porte  les  caractères  incontestables  des  crocodiles  5 
ses  dents  sont  coniques,  striées:  la  plupart,  il  est  vrai,  sont  cassées, 
mais  on  en  voit  a cote  et  dans  la  meme  pierre  de  bien  entières,  et  où. 
Ion  distingue  les  deux  arêtes  tranchantes;  plusieurs  de  celles  qui 
sont  en  place  montrent  même,  dans  leur  cavité,  le  petit  germe 
qui  devoit  les  remplacer.  J’ai  un  autre  morceau  cassé  précisément 
selon  1 axe  de  la  dent  en  place,  et  où  l’on  voit  le  germe  de  rempla- 
cement déjà  fort  avancé,  et  occupant  tout  le  vide  de  cette  dent. 

On  distingue  aussi  fort  bien  les  suturas  qui  divisent  cette  mâ- 
c loire  en  six  os  de  chaque  coté,  à peu  près  dans  les  mêmes  posi- 
tions et  de  même  forme  que  ceux  dont  se  compose  celle  du  gavial 

On  ne  peut  donc  nullement  prendre  cette  mâchoire  pour  celle 
d un  daupWn  ou  d’un  cachalot,  comme  l’avoit  fait  l’abbé  Bachelet, 

cjuoiqu  elle  ne  soit  pas  sans  rapport  avec  cette  dernière  par  sa  forme 
générale. 

Néanmoins  un  examen  attentif  ne  tarde  pas  à y découvrir  des  ca- 
ractères particuliers,  qui  la  distinguent  tout  aussi  clairement  de  celle 
d un  gavial. 

1 . Les  blanches  sont  beaucoup  plus  longues  à proportion  de  la 
partie  antérieure  ou  syinphysée , qu’elles  surpassent  de  quelques 
centimètres.  Dans  le  gavial , lorsqu’on  en  a retranché,  comme  ici,  la 
partie  articulaiie,  elles  sont  au  contraire  plus  courtes  de  plus  d’un 

et  meme,  en  ajoutant  cette  partie,  elles  sont  encore  plus 
courtes  d’un  sixième. 

T-  V,  2e.  P. 


19 


i46  crocodiles 

20.  Elles  ne  font  pas  ensemble  un  angle  si  ouvert  que  dans  le  ga- 
vial; le  leur  est  de  3o  et  quelques  degrés;  celui  du  gavial  de  près 
de  6o , en  prenant  ces  deux  angles  en  dedans  et  entre  les  lignes  que 
forment  les  bords  internes  des  branches. 

3o.  Par  la  même  raison,  elles  s’écartent  moins  de  la  ligue  exté- 
rieure de  la  partie  symphysée , et  en  paroissent  presque  des  prolon- 
gemens.  Dans  le  gavial,  elles  s’en  écartent  par  une  inflexion  beaucoup 
plus  sensible. 

Un  sillon  mitoyen , et  deux  sillons  latéraux  qui  se  rapprochent  en 
avant,  creusent  la  face  supérieure,  qui  est  lisse  dans  le  gavial. 

Le  diamètre  transverse , près  du  tiers  antérieur  de  la  partie  sym- 
physée, ne  surpasse  pas  tout-à-fait  d’un  cinquième  le  diamètre  ver- 
tical. Dans  le  gavial  il  en  est  presque  le  double. 

4°.  L’échancrure  qui  sépare  les  branches  pénètre  plus  avant  entre 
les  dents  que  dans  le  gavial.  11  y a sept  dents  sur  chaque  branche. 
Dans  le  gavial , il  y n’en  a que  deux  ou  trois. 

5».  Cependant  le  nombre  total  est  moindre  : on  n’en  compte  que 
vingt-deux  de  chaque  côté;  le  gavial  en  a vingt-cinq  et  même  vingt-six. 

6°.  Enfin,  il  ne  paroit  point  y avoir  eu  de  trou  ovale  à la  face  ex- 
terne de  la  branche. 

Les  principales  dimensions  de  ce  morceau  sont  les  suivantes  ; 


Plus  grande  longueur,  a 0 0,-]5 

Longueur  de  la  partie  symphysée  depuis  le  bout  jusqu’à  l’angle  de  réunion 

des  branches,  0,87 

Longueur  de  ce  qui  reste  de  la  plus  longue  branche , c b 0,89 

Ecartement  des  branches  à l’endroit  où  elles  sont  tronquées , b d o,i85 

Largeur  de  la  partie  symphysée  au  milieu  , cf. o,o5?. 

Hauteur , ib.,fg o,o.jo 


Il  offre,  comme  on  voit,  plus  de  caractères  qu’il  n’en  faut  pour 
déterminer  une  espèce  et  la  différencier  du  gavial , et  même  il  ne  lui 
ressemble  pas  assez  pour  que  sur  cette  mâchoire  je  puisse  asseoir 
une  conjecture  suffisamment  probable  touchant  les  dimensions  de 
l’individu  dont  elle  provient. 

Mais  dans  les  mêmes  couches,  on  trouve  aussi  des  fragmens 


FOSSILES. 

d ane  autre  mâchoire  inférieure  infiniment  plus  voisine  du  gavial. 

présente  la  partie  de  la  symphyse  dans  laquelle  est 
mpris  1 os  operculaire.  Si  elle  n’étoit  un  peu  plus  déprimée,  et  un 
peu  plus  hsse  en  dessous  que  dans  le  gavial,  on  ne  sauroit  comment 
en  distinguer;  cette  distinction  même,  si  elle  étoit  seule,  pour- 
ï’egardée  comme  spécifique. 

“'“P"®  ““  Pcécédenl,  ne  nous  avertit  pas 

crocodile,  et  cette  indication  doit  nous  servir  de  guide  dans V examen 
et  la  comparaison  des  autres  os. 

Ce  fragment  de  mâchoire  déprimé  est  long  de  o,i6,  large  de 

0,045  en  avant,  de  0,06  en  arrière  au  point  où  il  est  encore  entier , 
et  haut  de  0,09. 

J en  ai  vu  un  autre  qui  pourroit  venir  de  la  même  espèce,  mais 
qui  est  très-remarquable  par  sa  grandeur.  11  a été  trouvé  sur  la  rive 
gauche  de  l’Yonne,  à un  petit  quart  de  lieue  au-dessus  d’Auxerre , 
P oaoulin  dit  le  Batardeau,  et  m’a  été  commmiiqué  par 
^ autre  Desormes,  propriétaire  dans  ce  département.  C’est  la 

symphyse.  .Te  le  représente,  pl.  X,  fig.  8, 
P ? ig-  9,  de  coté;  fig.  10,  en  arrière.  Les  deux  branches 

sont  cassées;  mais  on  voit  en  arrière  le  sommet  de  l’angle  ou  plutôt 

de  lare  où  se  faisoit  leur  réunion,  et  qui  est  creusé  d’une  grande 
osse  ronde  ou  sinus,  comme  il  y en  a un,  mais  déprimé,  dans  le 
gavial  qui  pénètre  d’un  ou  deux  pouces.  Ce  fragment,  sur  une  lon- 
gueur de  0,2  contient  de  chaque  côté  la  place  de  sept  dents,  et  il  y 
en  a encore  d un  côté  les  racines  de  cinq,  contenant  dans  leur  inté- 

codlfsX»  comme  dans  tous  les  c.o- 

codiles.  Sa  largeur  en  arriéré  est  de  o,i3  ; en  avant  de  o oo  • sa  hau 
teur  moyenne  de  0,04.  ’ 

Les  proportions  de  cette  espèce  paroissant  ressembler  beaucoun 

dimen^*^"  TT  ’ """’P"''  ™ déduisant  de  ci 

dimen^ns  la  longnenr  de  l’individu.  Elle  devoit  être  d’environ  dix- 

fragment  dont  vient  le  premier 

feront , n etoit  pas  si  grand  ; à peine  devoit-il  avoir  douze  pieds. 

'9* 


I 


CROCODILES 


§ II.  Les  crânes  et  les  mâchoires  supérieures. 
r®.  Tête  à museau  plus  allongé. 

Averti  par  ces  deux  mâchoires  inférieures  qu’il  pouvoit  exister 
deux  espèces  à Honfleur,  je  devois  songer  d’abord  à en  retrouver 

le  crâne  et  la  mâchoire  supérieure.  La  collection  que  j’avois  reçue  de 
itouen  m en  ottroit  Dieu  quci^LUvo  ~ i-  / . 

priétaire  avoit  eu  la  malheureuse  idée  de  les  faire  scier  et  polir  ; il 
en  avoit  même  dispersé  une  partie  dans  d'autres  cabinets.  C’est  par 
une  suite  presque  incroyable  de  hasards  que  j ai  rassemble  et  que 
j’ai  pu  rapprocher  six  morceaux  qui  avoient  appartenu  an  même 
crâne , et  dont  deux  étoient  restés  chez  l’abbé  Bachelet  ; deux  avoient 
passé  dans  le  cabinet  de  M.  de  Drée;  deux  autres  enfin  me  furent 
envoyés  de  Genève  par  feu  M.  de  Jurine,  sans  quil  se  doutât  de 
l’importance  dont  ils  étoient  pour  cette  recherche  particulière. 

Au  moyen  de  ces  six  morceaux,  je  suis  parvenu  à reconstruire 
une  portion  considérable  du  crâne , contenant  tout  l’occiput  et  la 
plus  grande  partie  de  la  face  supérieure  et  des  côtés  jusqu’au  museau. 

C’est  par  des  hasards  semblables  que  j’ai  rassemblé  trois  fragmens 
qui  avoient  appartenu  à un  seul  et  même  museau,  et  dont  je  n’avois 
donné  que  deux  clans  ma  première  édition  (pl.  VIII,  fig.  3 et  4). 

Ces  deux-ci  étoient  dans  le  cabinet  de  feu  l’abbé  Besson  (1)5  le 
troisième  étoit  dans  celui  de  M.  Faujas,  à qui  Besson  l’ avoit  donné, 
sans  s’apercevoir  qu’il  ne  formoit  qu’un  même  tout  avec  les  deux 
autres. 

Après  avoir  réuni  ces  trois  pièces  comme  elles  l’avoient  été  au- 
trefois dans  la  nature,  j’ai  eu  l’idée  de  les  rapprocher  du  crâne  for- 
mé, comme  je  viens  de  le  dire,  par  le  rapprochement  de  six  autres 


(i)  L’abbé  Besson  les  tenoitde  l’abbé  Bachelet , et  ils  venoient  de  Honfleur.  Cest  tout-à- 
fait  au  hasard,  comme  il  lui  étoit  trop  ordinaire,  que  M.  Faujas  avoit  imaginé  qu  ils 
venoient  d’Altorf.  Ceci  répond  encore  à la  demande  faite  à ce  sujet  par  M.  de  Sœmmcrring. 
(Mém.  sur  le  Crocod.  de  Monheim  , § 20). 


FOSSILES.  ï4g, 

morceaux,  et  j’ai  vu  que  ce  museau  s’adaptoit  si  bien  à ce  crâne, 
qu  il  ne  me  reste  aucun  doute  qu’il  n’y  ait  appartenu,  qu’il  n’ait  été 
trouvé  en  même  temps,  en  un  mot,  que  ces  neuf  fragmens  n’aient 
fait  originairement  partie  d’une  seule  et  même  tête  individuelle,  et 
n aient  été  ainsi  dispersés  par  l’incurie  et  le  peu  de  connoissances  de 
leur  px’emier  possesseur. 

Leur  réunion,  comme  tant  d’autres  hasards  heureux  dont  j’ai  été 
favorisé  dans  le  cours  de  mes  travaux  scientifiques,  me  met  aujour- 

oo«r,oîtro  procqno  enmplétement  la  tête  de 
cette  espèce  remarquable. 

^ Quand  a toute  force  on  ne  voudroit  pas  admettre  que  le  museau 
fut  du  meme  individu  cjue  le  reste  du  crâne,  il  n’en  demeureroit  pas 
moins  certain  cfu’il  appartenoit  à un  individu  de  même  espèce  et  de 
même  grandeur;  par  conséquent  les  caractères  de  cette  tête  n’ense- 
roient  pas  moins  constatés. 

Nous  la  représentons,  pl.X,fig.i,  en  dessus ;fig.  2,  en  dessous; 

hg.  3,  de  côté;  fig.  4,  en  arrière. 

Sa  longueur,  dans  son  état  mutilé,  est  de  trente-deux  pouces  ou 
0,^7 , et  comme  on  ne  peut  donner  moins  de  quatre  pouces  pour 
e bout  dn  museau  qui  manque,  elle  doit  avoir  eu  trois  pieds 

La  plus  grande  de  mes  têtes  de  gavial  n’a  que  trente -un  pouces  • 
mais  cette  différence  est  la  moindre  de  celle  que  présentent  ces  deux 
espèces. 

Le  gavial  a le  museau  plus  large  à proportion,  et  même  absolu- 

ïai’f^eur  au  milieu  est  de  3"  3'"  (0,89),  celle  du  fossile  de 
2"  3'"  ( o,o63  ). 

L’excès  de  largeur  du  gavial  est  bien  plus  marqué  encore  à l’occi- 
put.  Il  a entre  les  deux  angles  mastoïdiens  8"  5-  (o,23),  le  fossile 
n a que  6' 3'"  (0,17).  ^ 

Il  résulte  de  là  que  le  crâne  du  fossile  a une  forme  oblongue  tout 
«mre  que  celle  du  gavial,  et  qui  se  joint  au  museau  par  un  rétrécis- 
ement  insensible,  et  non  par  une  contraction  brusque. 

détails  des  parues  donnent  des  différences  non  moins  évidentes, 
put  du  gavial  est  limité  en  haut  par  une  ligue  horizontale 


15^0  CROCODILES. 

droite.  Dans  le  fossile  c’est  une  ligne  anguleuse,  dont  l’angle  saillant 
du  milieu  répond  h la  crête  sagittale. 

En  effet,  les  trous  crotaphitiens  du  fossile  sont  beaucoup  plus 
larges , et  surtout  beaucoup  plus  longs  que  ceux  du  gavial  ; leur  figure 
est  elliptique,  et  leur  grand  diamètre  longitudinal;  ils  interceptent 
une  crête  sagittale  longue  et  étroite , et  non  une  surface  pariétale 
courte  et  plate  comme  dans  le  gavial. 

L’arcade,  formée  par  le  frontal  postérieur  et  le  mastoïdien  qui 

CrOt9J>lî-ï-tioi3.  on.  tloooovioj  kX*  vlov  vlci.ii.3 

le  gavial,  mais  forme  une  convexité  en  dehors. 

A la  longueur  des  trous  crotaphitiens  correspond  celle  du  crâne 
et  de  tout  ce  qui  l’entoure , d’où  il  résulte  que  les  orbites  sont  portés 
plus  en  avant  à proportion  dans  le  fossile  que  dans  le  gavial. 

Le  frontal  du  fossile  n’est  pas  concave  comme  dans  le  gavial,  mais 
plat.  Les  orbites  l’échancrent  beaucoup  moins  ; leurs  bords  ne  sont 
pas  relevés;  d’où  il  résulte  aussi  que  les  os  qui  forment  ces  bords, 
les  frontaux  antérieurs,  les  lachrymaux  , les  jugaux,  ont  une  forme 
plus  unie,  nullement  concave. 

Les  frontaux  antérieurs  sont  beaucoup  plus  grands  dans  le  fossile 
à proportion  des  lachrymaux. 

Il  y a surtout  une  chose  remarquable , c’est  qu’au  lieu  de  la  lé- 
gère échancrure  du  bord  orbitaire  du.  frontal  antérieur  qui  est  dans  le 
gavial,  il  y a dans  le  fossile  un  demi- canal  lisse,  qui  descend  sur  la 
jonction  du  frontal  antérieur  et  du  nasal. 

Le  nasal,  au  lieu  de  remonter  en  entier  le  long  du  bord  interne 
du  lachrymal  et  du  frontal  antérieur,  s’élargit  pour  embrasser  la 
pointe  du  frontal  antérieur  dans  une  échancrure  de  sa  base.  L’apo- 
physe externe  de  cette  base  sépare  la  pointe  inférieure  du  jugal  d’avec 

le  lachrymal  et  le  frontal  antérieur. 

La  base  du  museau  en  dessous,  à l’endroit  où  les  palatins  entrent 
dans  sa  composition,  est  beaucoup  plus  bombée  , plus  haute  verti- 
calement dans  le  fossile  que  dans  le  gavial.  Sa  hauteur  est  dans  le 
premier  de  !\'  dans  1 autre  de  2 9 (^>^74)  seule- 

ment. 


FOSSILES. 

Ces  caractères,  pris  de  la  base  du  museau,  tant  en  dessus  qu’en 
c essous,  sont  confirmés  par  un  fragment  tiré  d’un  plus  petit  indi- 
Uj  et  que  j avois  déjà  fait  connoître  dans  ma  première  édition. 

Onlevoitpl.VIII,  fîg.8. 

II  comprend  en  dessus  la  pointe  la  plus  inférieure  du  frontal,  b , 
a partie  supérieure  des  nasaux,  et  une  grande  portion  des  fron- 
aux  anterieurs,  c,  c.  Le  canal  dont  nous  avons  parlé  s’y  voit  com- 

de  l’imérieur  des 

tes  en  arrieie.  Ln  dessous,  il  y a une  portion  considérable  des 
palatins  entre  les  parties  des  maxillaires  qui  les  enchâssent. 

Ce  morceau  montre  bien  le  passage  assez  rapide  de  cette  hauteur 
verticale  de  la  base  du  museau  à la  dépression  du  reste  de  son  éten- 

<^uej  dépréssion  beaucoup  moindre,  comme  nous  l’avons  vu  rme 
celle  du  gavial. 

^ On  voit  qu’il  manque  encore  à cette  longue  tète  l’extrémité  anté- 
rieure du  museau  et  l’ouverture  extérieure  des  narines;  mais  on 
^rouve  1 une  et  l’antre  dans  la  tète  du  cabinet  de  Darmstadt,  décou- 
te  par  Bauder,  et  que  je  rapporte  avec  confiance  à notre  espèce. 

pu  m y déterminer,  car  elle  a le  double  défaut  d’être  beaucoup  tron 
courte  et  de  représenter  le  crâne  renversé  et  par  une  autrf  face 
que  le  museau.  Les  excellentes  figures  que  vient  de  m’adresser 

l'  clont  je  donne  des  copies  réduites  au  quart, 

P J fig.  10  i5,  m’ont  beaucoup  mieux  instruit.  On  y voit, 

b-  lo,  le  reste  de  crâne  par  sa  face  supérieure;  à peine  y reconnoît- 

PaVTa'fac^'"  I ^ est  le  museau,  aussi 

«X  su  ^ 

comme  celü.  I T ™ «e  museau, 

, 8“'’“»'  > on  cylindre  aplati  horizontalement, 

en  po^i'  le  passage  de  la  quatrième  dent  d’en  bas- 

riucTV'f'''^  duquel  sont  percées  les  iia- 

larrLe  “ “T™  “““  0->  J cecomioit  vers 

avoir  été  d^  restes  de  fosses  temporales,  qui  paroi, ssent 

e igure  ovale  comme  dans  notre  individu  de  Honfleur; 


i53  • CROCODILES 

et  en  avant,  en  h,  il  est  resté  un  fragment  de  la  mâchoire  inférieure 
adhérant  sous  la  supérieure.  Le  profil,  fig.  1 3 eti4?  est  celui  du  côté 
«auche , la  tête  étant  couchée  comme  elle  l’est  au  cabiuet , sur  sa 
face  supérieure  (i).  On  y voit  que  le  museau  est  un  peu  arqué  en 
dessus  j en  sorte  que  dans  tout  ce  que  l’on  aperçoit  de  ses  caractères, 
le  crocodile  d’Altorf  ressemble  à notre  première  espèce  de  Honfleur. 


La  longueur  de  la  portion  du  crâne  est  de 

Sa  plus  grande  largeur. 

La  longueur  du  fragment  de  museau. . 

Sa  lai-geur  au  milieu 

La  largeur  de  sa  dilatation  anterieure. . 


0,390 

0,180 

0,2^5 

0,045 

0,062 


En  supposant,  comme  on  doit  le  croire,  qu’il  manque  quelque 
chose  entre  le  museau  et  le  crâne  , ces  dimensions  sont  à peu  près 
les  mêmes  qu’à  la  tête  de  Honfleui’. 


20.  Tête  à musecLu  plus  court. 

, De  même  que  nous  avons  trouvé  parmi  ces  os  de  Honfleur  des 
fragmens  de  deux  mâchoires  inférieures , il  y existe  aussi  des  frag- 

mens  de  deux  museaux  différens  par  1 espece.  ^ 

Le  cabinet  de  l’Académie  de  Genève  en  possède  un  que  j y ai 
dessiné  en  i8n , et  dont  M.  de  Labêche  a publié  depuis  une  htho- 
oiaphie  de  grandeur  naturelle.  Mon  dessin  (au  quart  de  la  grandeur) 
est  gravé , pl.  X,  fig.  5 , en  dessus;  fig.  6,  en  dessous;  fig.  7,  de  côté. 

On  y voit,  en  a,  les  extrémités  antérieures  des  os  du  nez,  for- 
mant , comme  dans  le  gavial , une  pointe  précédée  par  la  réunion 
des  maxillaires , b , h , qui  continuent  le  tube  des  narines  en  avant 
jusqu’aux  interraaxillaires. 

L’ouverture  antérieure  des  narines  est  ovale,  et  les  intermaxil- 
laires l’entourent  d’un  cadre  également  ovale,  et  non  pas  renflé  laté- 


(1)  N.  B.  Dans  mes  copies,  fai  été  obligé  de  retourner  la  partie  du  museau  qui  pareil 
être  renversée  dans  le  morceau  tel  qu’on  le  conserve , ce  qui  probablement  aura  occasionne 
l’une  des  erreurs  de  la  planclie  de  M.  Faujas. 


FOSSILES. 


i53 


râlement  comme  celui  du  gavial.  Le  bord  postérieur  et  supérieur 
donne  deux  petites  proéminences  qui  ne  sont  pas  au  gavial. 

Les  sutures  ne  sont  pas  assez  marquées  pour  que  je  puisse  déter- 
miner si  ces  proéminences  appartiennent  aux  maxillaires  ou  aux  in- 
termaxillaires. 

Indépendamment  de  la  forme  de  ses  narines,  ce  museau  diffère 
de  celui  du  pvialpar  sa  forme  générale,  qui  s’élargit  plus  rapide- 
ment en  arrière,  ce  qui  devoit  le  rendre  plus  court,  sans  toutefois 
que  sa  composition  puisse  permettre  de  le  rapprocher  des  crocodiles 
proprement  dits,  même  de  ceux  qui  l’ont  le  plus  allongé,  puisque 
dans  les  crocodiles  les  os  du  nez  descendent  jusqu’aux  narines. 

Ce  fragment  est  long  de  0,894,  large  à sa  base  de  o,io4j  et  au  mi- 
lieu des  intermaxillaires  de  0,009. 

J’y  rapporte  avec  assurance  le  fragment  de  Honfleur  représenté 
pl.  VIII , fig,  6 et  7 , et  contenant  les  trois  dernières  dents  de  chaque 
côté , et  la  plus  grande  partie  de  l’ouverture  des  narines.  Sa  forme 


est  absolument  la  même  C[ue  dans  le  museau  de  Genève,  et  je  ne 
vois  pas  comment  il  s’adapteroit  à ma  première  tète.  Ainsi  je  n’aî 
point  de  Honfleur  Textréraité  du  museau  de  cette  première  tête, 
et  je  ne  la  retrouve  qu’à  l’aide  du  morceau  de  Darmstadt-  et  c’est 
au  contraire  le  crâne  et  toute  la  partie  postérieure  qui  me  manque 
dans  celle  de  Genève. 

Il  faut  maintenant  rapporter  chacune  des  deux  mâchoires  décrites 
piecedemment  a chacune  des  deux  têtes,  et  je  n’hésite  guère  à penser 
que  celle  des  fig.  i et  a,  pl.  VIII,  appartient  à la  tête  de  Genève. 
Ce  qui  m’y  détermine , c’est  qu’elle  offre  h peu  près  le  même  élar- 
gissement graduel.  Ainsi  les  fragmens  de  mâchoire  déprimée,  et 
notamment  celui  des  fig.  8 à xo,  pl.  X , appartiendroient  naturel- 
lement a 1 autre  espèce,  à celle  à long  museau. 


§ III.  Les  vertèbres, 

J distinction  de  deux  espèces,  annoncée  par  les  mâchoires 

n erieures,  confirmée  par  les  têtes,  a continué  de  se  montrer  dans 
L.  V,  ae.  P. 


20 


CROCODILES 


Le  premier  morceau  qui  se  présente  (pl,  VIII,  fig.  9 
fig.  10  en  dessous,  fig.  ii  en  avant)  offre  l’atlas  et  l’axis  so 


i54 

plusieurs  parties  du  squelette.  En  effet,  un  examen  attentif  des  ver- 
tèbres a fait  voir  qu’elles  forment  deux  systèmes,  et  auroit  indiqué 
l’existence  de  deux  crocodiles  différons  dans  ces  bancs  marneux , 
quand  meme  on  ne  1 auroit  pas  reconnue  par  les  mâchoires  5 c’est 
même  par  les  vertèbres  que  j’en  ai  été  averti  d’abord  le  plus  posi- 
tivement. 

de  côté, 

; ) offre  l’atlas  et  l’axis  soudés  en- 
semble, et  personne  n y méconnoîtra  les  deux  premières  vertèbres 
d’un  crocodile.  L’atlas  n’a  conservé  que  sa  pièce  inférieure,  et 
une  partie  des  latérales,  /â,  c,  destinées  à embrasser  le  condyle  de 
l’occiput.  Tout  ce  qui  contribuoit  à former  le  canal  a disparu.  L’axis 
est  plus  complet,  n’ayant  perdu  que  la  partie  postérieure  de  sa  pièce 
annulaire.  Il  y a déjà  dans  ce  morceau  plusieurs  caractères  qui  annon- 
cent une  espèce  différente  du  gavial  du  Gauge  et  des  autres  croco- 
diles vivans;  entre  autres,  le  tubercule,  c/,  de  l’axis,  qui  fait  penser 
que  la  fausse  cote  de  cette  vertèbre  avoit  deux  têtes,  comme  celles 
des  cervicales  suivantes.  Dans  le  crocodile  et  le  gavial  elle  n’en  a 
qu’une,  qui  s’attache  au  tubercule  analogue  à e. 

Mais  un  caractère  plus  frappant  encore,  et  qui  répond  à ceux  que 
nous  allons  remarquer  dans  les  vertèbres  suivantes,  c’est  que  la  face 
postérieure  du  corps  de  l’axis  est  concave,  tandis  qu’elle  est  convexe 
dans  tous  les  crocodiles  connus. 


Lonsueur  totale  des  deux  vertèbres. 


Longueur  particulière  de  l’axis  en  dessous. 


0,074 

0,043 


Sa  hauteur  au  milieu  de  son  apophyse  epineuse o^oG’ 

L’existence  tlu  deuxième  système  vertébral  dans  ces  bancs  s’est 
annoncée  dès  ces  premières  vertèbres  cervicales , car  j’ai  trouvé  aussi 
un  autre  morceau  contenant  l’axis  et  l’atlas,  mais  avec  des  propor- 
tions différentes.  II  étoit  mutilé  à Honfleur,  mais  je  l’ai  retrouvé 
beaucoup  plus  parfait  dans  un  morceau  envoyé  d’Alençon , et  je  puis 
le  décrire  immédiatement. 

Nous  le  représentons,  pl.  IX,  fig.  y en  dessous,  et  fig.  8 de  côté. 
En  le  comparant  avec  le  premier  morceau  analogue,  pl.  VIII,  fig.  9, 


FOSSILES. 

IG  et  1 1 , on  verra  que  Taxis  y est  plus  long  à proportion  j qu’au 
ieu  cl  une  seule  carène  en  dessous  il  y a une  face  longue  et  plate 
qui  fait  de  son  corps  un  prisme  quadrangulaire.  ' 

Longueur  totale  des  deux  vertèbres. 

Longueur  particulière  de  l’axis  en  dessous .' .’ . ’ ! o^oS-j 

Hauteur  totale  de  l’axis  au  milieu  de  son  apophyse  épineuse o,o65 

Je  passe  maintenant  aux  vertèbres  suivantes  , en  les  distinguant 
d apres  les  deux  systèmes  auxquels  elles  appartiennent,  et  que  je 
nommerai  1 un  système  comexe  en  avant , et  l’autre  sy^tèjne  concaue. 

Un  grand  et  beau  morceau  de  Ronfleur,  pl.  VIII,  fig.  12,  nous 
seivira  de  premier  échantillon  du  système  convexe.  Il  offre  trois  des 
piemières  vertèbres  dorsales , etsufiîrok  à lui  seul  pour  démontrer 
que  1 animal  dont  il  provient  a été  un  crocodile  , et  un  crocodile 
inconnu. 

Le  genre  résulte  d’abord  de  la  suture  cpii  joint  le  corps  à la  partie 
annulaire , et  qui  ne  s’observe  que  dans  les  crocodiles  et  les  tortues  ; 
mais  l’espèce  se  distingue  aussitôt  par  beaucoup  de  caractères. 

1°.  En  les  plaçant  de  manière  c[ue  la  facette  articulaire  cjui  re- 
garde en  dehors  soit  la  postérieure  , la  face  antérieure  du  COrps  se 
trouve  convexe  et  la  postérieure  concave  : ce  seroit  le  contraire  dans 
toutes  les  vertèbres  des  crocodiles  connus. 

Cette  convexité  antérieure  se  rapporte  évidemment  à la  concavité 
de  ici  face  postérieure  de  1 axis,  et  annonce  qu’au  moins  une  grande 
] aitie  de^  1 epine  de  notre  animal  avoit  les  faces  de  ses  vertèbres  dis- 
posées d une  manière  contraire  à celle  des  crocodiles  ordinaires. 
fonT'  ^ transverse  naît  par  quatre  cotes  saillantes  qui  lui  ' 

font  une  base  pyramidale.  ^ 

Ces  deux  sortes  d’inégalités  manquent  aux  crocodiles  connus. 

Au  heu  d’une  apophyse  épineuse  inférieure  unique,  comme 

miLT.T'  ' crocodiles,  nous  trouvons  ici  deux  arêtes,  ter- 
Chacune  en  avant  par  un  tubercule. 

y bien  parmi  les  quadrupèdes  vivipares  des  ordres  entiers, 

20* 


i56  CROCODILES 

tels  que  les  ruminant  et  les  solipèdes  , qui  ont  le  corps  de  leurs 
vertèbres  cervicales  convexe  en  avant  5 mais  toutes  leurs  apophyses 
sont  autrement  arrangées. 

Pour  mieux  faire  saisir  les  caractères  distinctifs  de  ces  vertèbres, 
j’en  ai  représenté  une  séparée  et  dans  une  situation  horizontale,  à 


demi  grandeur,  pl.  VIII , fig.  i3.  • 

Longueur  du  corps , ah o,o85 

Hauteur  totale  , c 0,1 5o 


Il  ne  paroît  pas  au  reste  que  ce  crocodile  fossile  eut,  comme  ceux 
d’aujourddiui,  toutes  les  vertèbres  convexes  aune  face  et  concaves 
à l’autre. 

La  convexité  antérieure  diminue  déjà  sensiblement  dans  un  troi- 
sième morceau , pl.  IX,  fig.  10,  qui  est  le  corps  d’une  dorsale, 
analogue  à peu  près  à la  quatrième  de  notre  crocodile  vivant.  Sa 
partie  annulaire  a été  enlevée  j mais  on  voit  encore,  en  e , les  dents 
de  la  suture  c[ui  l’unissoit  au  corps.  On  voit  aussi,  en  la  facette 
pour  la  tête  de  la  côte,  et  derrière,  en  d,  la  fosse  profonde,  qui  est 
un  des  caractères  des  vertèbres  de  notre  espèce  ; mais  il  n’y  a ni  arête, 
ni  tubercules  inférieurs. 

Le  corps  de  cette  vertèbre , ainsi  que  des  suivantes , est  beaucoup 
plus  rétréci  dans  son  milieu  que  dans  les  crocodiles  connus. 


Longueur 0,072 

Diamètre  d’une  des  faces o,o63 

Diamètre  du  milieu o,o4i 


Une  autre  vertèbre,  semblable  à la  précédente,  mais  qui  paroît 
avoir  été  placée  plus  en  arrière,  attendu  que  sa  facette  costale  est 
un  peu  plus  haut,  a déjà  les  deux  faces  de  son  corps  à peu  près  égales 
et  planes. 

J’en  trouve  ensuite  plusieurs  (par  exemple  les  trois  de  la  fig.  6, 
pl.  IX)  qui  n’ont  plus  de  facettes  costales  au  corps,  et  qui  appar- 
tiennent par  conséquent  ou  aux  dernières  dorsales  ou  aux  lombaires. 
Pour  décider  leur  place,  il  faudroit  savoir  s’il  y a une  telle  facette  à 
leur  apophyse  transverse,  et  celle-ci  a été  cassée.  On  voit  du  moins 
dans  deux  d’entre  elles,  pl.  IX,  fig.  3,  qui  ont  conservé  leur  partie 


FOSSILES.  ^ i57 

annulaire,  que  l’apophyse  transverse  naissoit  aussi  d’une  pyramide 
formée  par  des  arêtes  saillantes,  a,  h , comme  celle  des  deux  pre- 
mières dorsales  que  nous  avons  décrites.  Elles  appartiennent  donc 
bien  sûrement  à une  même  colonne  épinière,  qui  vient  d’un  très- 
grand  individu. 


La  longueur  de  la  vertèbre  entière  est  de o,og3 

Le  diamètre  de  ses  faces  de. o,o8S 

Celui  de  son  milieu o,o38 


Mais  à côté  de  ce  premier  système  de  vertèbres  dorsales  dans  les 
mêmes  couches,  et  souvent  pêle-mêle  dans  les  mêmes  morceaux, 
s’en  trouve  un  autre  très-différent , qui  a bien  appartenu  aussi  à un 
crocodile,  et  à un  crocodile  inconnu,  mais  qui  ne  peut  avoir  été  de 
la  même  espèce  que  le  précédent:  c’est  celui  que  je  nomme  système 
concaçe.  Les  vertèbres  qui  le  coniposoient  n’ont  point  le  corps  ré- 
tréci au  milieu;  leurs  apophyses  transverses  ne  naissent  point  de  la 
réunion  de  plusieurs  arêtes  saillantes;  elles  ressemblent  donc  en  gé- 
néral beaucoup  davantage  à celles  de  nos  crocodiles  vivans;  mais 
leur  différence  principale , et  de  nos  espèces  vivantes  et  de  la  pre- 
mière espèce  fossiln,  c’est  que  les  faces  de  leurs  corps  ne  sont  con- 
vexes ni  l’une  ni  l’autre  , mais  toutes  les  deux  légèrement  concaves. 
Du  reste , elles  ont  la  suture  et  toutes  les  dispositions  d’apophyses 
qui  peuvent  caractériser  génériquement  des  vertèbres  de  crocodiles. 

J’en  ai  une  qui  répond  à la  troisième  cervicale  des  crocodiles  or- 
dinaires par  ses  apophyses  et  tubercules  costaux,  mais  qui,  outre 
le  défaut  de  convexité  en  arrière,  en  diffère  ainsi  que  de  toutes  les 
suivantes,  parce  cju’elle  n’a  point  en  dessous  de  tubercule  impair  ou 
ajjophyse  épineuse  inférieure. 

Celle  de  la  pl.  IX,  fig.  ir,  répond  à la  deuxième  du  dos  des  cro- 
codiles vivans,  parla  position  de  sa  facette  costale,  a,  b;  mais  elle 
en  diffère  également  par  l’absence  de  toute  apophyse  épineuse  infé- 
rieure. 

Celle  de  la  fig.  4>  qui  répond  à la  quatrième  ou  cihrjuièrae  dor- 
nos  espèces  vivantes,  parce  que  sa  facette  costale,  f,  est  plus 
voisine  de  l’apophyse  transverse , manque  aussi  de  cette  apophyse 


i58  CROCODILES 

épineuse  inférieure  quelle  devroit  encore  avoir  dans  nos  espèces. 

La  ressemblance  devient  plus  grande  quand,  on  arrive  aux  vertè- 
bres qui  n’ont  pas  cette  apophyse  épineuse  dans  les  espèces  vivantes  ; 
elles  ne  diffèrent  plus  alors  que  par  l’absence  de  convexité  à la  face 
postérieure.  Telles  sont  des  cinquième  et  sixième  dorsales  que  j’ai 
en  groupe. 

Celles  de  la  fig.  9 répondent  à la  sixième  ou  septième  dorsale , et 
lui  ressemblent  très-bien  par  la  longueur  de  leur  apophyse  trans- 
verse, et  parce  qu  elle  porte  la  facette  costale  sur  le  milieu  de  sou 
bord  antérieur;  leur  seule  différence  est  aussi  dans  la  concavité  des 
devrx  faces  de  leur  corps. 

I3ans  les  dernières  dorsales,  outre  cette  différence  générale,  on 
observe  que  les  apophyses  transverses  sont  moins  aplaties , plus 
grosses  que  dans  les  espèces  vivantes. 

J’ai  encore  quelques  grosses  vertèbres  lombaires  qui  appartiennent 
au  même  système,  et  qui  ne  diffèrent  aussi  de  leurs  analogues  dans 
nos  crocodiles,  que  par  l’absence  constante  de  convexité  à leur  face 
postérieure. 

11  me  reste  à parler  des  vertèbres  du  bassin  et  de  la  queue.  Toutes 
celles  que  je  possède  me  semblent  se  rapporter  au  deuxième  sys- 
tème par  le  peu  de  rétrécissement  de  leur  corps  dans  son  milieu, 
seul  caractère  qui  l’este  h employer,  puisque  les  vertèbres  du  premier 
système  avoient  déjà  cessé  d’être  convexes  en  avant,  dès  le  milieu  du 
dos,  et  que  celles-ci  deviennent  à peu  près  planes  par  leurs  deux 
faces. 

J’ai  deux  vertèbres,  pl.  V,  fig.  10,  que  je  crois  des  vertèbres  sa- 
crées , a cause  de  la  grosseur  de  leurs  apophyses  transverses  et  de  la 
manière  dont  elles  s’engrènent  avec  le  corps.  La  face  inférieure  de 

corps  est  moins  aplatie  que  dans  les  crocodiles  vivans , et  offre 
même  un  vestige  de  carène  obtuse.  Les  faces  antérieure  et  posté- 
rieure sont  toutes  les  deux  concaves. 

On  reconnoit  aisément  celles  de  la  queue  à la  compression  de  leur 
partie  annulaire  et  aux  deux  petites  facettes  de  leur,  bord  postérieur 
inférieur,  pour  porter  l’os  en  chevron. 


FOSSILES. 

Nous  en  représentons  une  des  antérieures,  pi.  IX,  fig.  5,  et  une 
des  moyennes,  fig.  12.  L’une  et  l’autre  sont  considérablement  moins 
gre  es,  moins  allongées  et  moins  comprimées  que  leurs  correspou- 
antes  dans  les  crocodiles  vivans  , ce  qui  peut  faire  présumer  que  le 
ossile  avoit  la  queue  plus  courte  à proportion. 

On  trouve  aussi  dans  les  morceaux  que  j’ai  sous  les  yeux  plusieurs 

de  ces  osse  ets  en  chevron,  qui  s’articulent  en  dessous  de  la  queue 
du  ci’ocodile  et  de  plusieurs  autres  sauriens. 

Ici  vont  naître  nécessairement  deux  cpestions  analogues  à celles 
qui  ont  terminé  la  description  de  la  tête. 

I Auquel  des  deux  axis  et  atlas  décrits  d’abord  appartient  chacun 
des  deux  systèmes  vertébraux  dont  nous  venons  de  parler  ? 

20.  A laquelle  des  deux  têtes  et  des  deux  mâchoires  inférieures 
se  rapporte  chacun  de  ces  mêmes  systèmes  ? 

II  n’est  certainement  pas  facile  de  répondre  tant  <ju’on  n’aura  pas 
vil  les  pièces  articulées  ensemble,  ou  du  moins  rapprocbécs  avec  une 
apparence  d ordre  naturel  ; mais  si  l’on  peut  s’en  rapporter  h des 
conjectures,  je  croirois  plutôt  ijiie  le  système  il  face  antérieure  con- 
vexe  , qm  ressemble  moins  à celles  des  crocodiles  vivans  doit  aunar- 
temr  a la  mâchoire  qui  est  aussi  la  moins  resssemblante  J c’est-à-dire 
à celle  que  j’ai  décrite  la  première,  à celle  dont  la  symphyse  lit 

moins  déprimée,  et  qui  tenoit  au  museau  le  plus  court  et  le  plus 
obtué. 

Par  la  même  raison  je  crois  que  c’est  à ces  vertèbres  convexes  on 
avant  que  répond  l’axis  plus  allongé , et  qui  a en  dessous  une  face 


§ IV.  Les  os  des  extrémités. 

os’ïirs  tt“ quelques 

Un  Km  T ““li'és  et  peu  recoimoissables. 

5 pl.  X,  fig.  II,  dim  individu  que  l’on  peut  supposer 


i6o  CROCODILES 

de  dix  à onze  pieds,  est  beaucoup  moins  courbé,  a le  trochanter 
beaucoup  moins  saillant , et  est  beaucoup  plus  comprimé  dans  sa 
partie  moyenne  que  celui  des  crocodiles  vivans. 

Il  y en  a un  autre  , pl.  X,  fig.  12  , plus  petit  , et  évidemment 
d’une  autre  espèce,  car  il  est  plus  arqué  et  a d’autres  contours. 

Voilà  tout  ce  que  j’ai  pu  recueillir  dans  les  collections  dont  j’ai  pu 
disposer  qui  m’ait  paru  appartenir  avec  certitude  à ces  deux  croco- 
diles j mais  il  y avoit  dans  ces  mêmes  collections  plusieurs  autres  os, 
qui,  bien  que  venant  des  mêmes  couches,  appartenoient  nécessai- 
rement h d’autres  animaux.  J’ai  eu  beaucoup  de  peine  h ne  pas  me 
laisser  induire  en  erreur  par  ces  os,  et  à ne  pas  les  donner  à mes 
deux  crocodiles,  ce  qui  en  auroit  infailliblement  fait  des  monstres 
anatomiques  5 mais  depuis  les  découvertes  faites  en  Angleterre  des 
reptiles  appelés  ichtyosaures  , plésiosaures  et  mégalosaurus,  j’ai  cru 
en  recoimoître  les  véritables  genres,  et  j’en  traiterai  dans  les  chapi- 
tres suivans. 

Je  ne  crois  plus  au  reste  avoir  besoin  d’insister  sur  la  distinction 
à établir  entre  ces  crocodiles  et  ceux  que  l’on  connoît  vivans , ni  êU’e 
obligé  de  répondre  à ceux  qui  penseroient  encore  que  l’on  pourroit 
expliquer  les  différences  extraordinaires  c[ui  distinguent  ces  deux 
sortes  d’os  de  ceux  du  gavial,  V influence  de  l’âge,  de  la  nour- 
riture , du  climat  ou  du  passage  à Vétat  de  pétrification , ainsi 
que  l’avoit  voulu  feu  M.  Faujas  dans  le  passage  cité  au  commence- 
ment de  ce  chapitre. 

Toutes  ces  causes  réunies  auroient-elles  pu  mettre  en  avant  la 
convexité  que  les  autres  crocodiles  ont  en  arrière  de  leurs  vertèbres? 
auroient-elles  pu  changer  l’origine  des  apophyses  transverses,  aplatir 
les  bords  des  orbites,  diminuer  ou  augmenter  le  nombre  des 
dents,  etc.?  Autant  vaudroit  dire  que  toutes  nos  espèces  vivantes 
viennent  les  unes  des  autres. 


FOSSILES. 


î6î 


Article  V. 

l^es  Crocodiles  qui  se  trowent  dans  la  craie  et  dans  les  couches 
placées  immédiatement  au-dessus  et  au-dessous  de  la  craie. 

Après  avoir  traité  dans  les  trois  articles  précédens  des  crocodiles 
ks  plus  anciens  , de  ceux  des  formations  connues  sous  le  nom  de 
.jurassiques,  nous  remontons  dans  l’espace,  et  nous  arrivons  aux 
couches  un  peu  plus  récentes  qui  appartiennent  à l’àge  de  la  craie. 
On  a découvert  des  crocodiles:  sous  la  craie  dans  les  sables  ferrugi- 
neux d Angleterre;  dans  la  craie  à Meudon;  et  immédiatement  sur 
la  craie  dans  les  lignites  et  l’argile  plastique  de  plusieurs  endroits. 
Malheureusement  on  n’eu  a pas  recueilli  des  morceaux  assez  com- 
})lets  pour  eu  déterminer  les  espèces,  et  ce  que  je  vais  eu  dire  con- 
sistera plutôt  en  indications  qu’en  descriptions  positives;  c’est  pour- 
quoi je  réunis  ces  divers  morceaux  sous  un  seul  article. 


§ I.  D’une  dejit  de  crocodile  de  la  craie  de  MeudoN. 

Elle  m a été  donnée  par  M.  Brongniart , et  je  la  représente,  pl.  VI , 
lig.  9.  Elle  est  fendue  longitudinalement,  et  on  n’en  possède  qu’une 
moitié.  Son  diamètre  à la  base  est  de  0,02^,  et  sa  hauteur  de  0,04. 
Sa  forme,  sa  courbure,  l’arête  légère  qui  règne  sur  un  de  ses  côtés,  la 
rendent  très-semblable  à celle  des  crocodiles  ordinaires.  L’individu 
dont  elle  provient  devoit  être  long  à peu  près  de  vingt  pieds. 

§ II.  Des  os  de  crocodiles  des  sahles  feiv^ugineux  du  dessous  de  la 
craie  , trouvés  dans  le  comté  de  Stissex  ,pa;t^  M.  Mantell. 


M.  Gedéon  Mantell,  membre  du  Collège  royal  des  Chirurgiens 
e Londres , demeurant  à Lewes , bourg  du  comté  de  Sussex , dans  un 
ouvrage  très-intéressant  sur  la  géologieducomtéqu’ilhabite(i),  oùif 


^0 

T V or  llluslralioiis  ofthe  Geology  ofSiisscx^,  i 


vol. 


jf)2  CROCODILES 

fait connoître  en  détail  les  fossiles  appartenant  a chaque  couche,  s est 
attaché  surtout  k décrire  ceux  quil  a trouvés  en  abondance  dans  la 
forêt  de  Tilgate,  située  au  nord  de  ce  comté  près  de  Horsham,  et  à 
déterminer  les  couches  dont  le  sol  de  cette  forêt  se  compose. 

D’après  les  coupes  qu’il  a données  du  pays  environnant,  on  voit 
que  ces  couches  sont  du  nombre  de  celles  qui  sont  immédiatement 
au-dessous  de  la  craie.  Après  la  craie  ordinaire  avec  ses  silex , vient 
une  craie  inférieure  sans  silex,  puis  une  sorte  de  marne  grise  ou  craie 
une  marne  argileuse  LleuiUrG  analoguG  k celle  du  îîavre , le 
sable  vert  ou  glauconie  crayeuse,  une  argile  renfermant  des  lits  de 
calcaire  appelé  marbre  de  Sussex,  et  enfin  le  sable  ferrugineux  dont 
la  couche  est  si  étendue  en  Angleterre. 

Les  divers  bancs  sont  placés  obliquement,  de  manière  que  le  plus 
inférieur  s’élève  du  côté  de  l’est,  et  forme  des  plateaux  aussi  hauts 
que  peuvent  l’être  ceux  de  craie  du  côté  de  l’ouest,  et  cest  sur  un 
de  ces  plateaux  c[ue  la  forêt  de  Tilgate  est  située  , en  sorte  que  le 
sable  ferrugineux  s’y  trouve  immédiatement  sous  la  couche  meuble 
superficielle  ou  diluviale. 

Parmi  d’innombrables  restes  de  testacés,  de  crustacés  et  de  pois- 
sons, ce  sable  renferme  aussi  beaucoup  d OS  de  reptiles,  et  notam- 
ment de  tortues  et  de  crocodiles,  dont  M.  Mantell  donne  1 énumé- 
ration et  la  description  p.  47  et  suiv. 

Il  y reconuoît  des  restes  de  trois  tortues,  que  nous  aurons  à rappe- 
ler ailleurs,  et  plusieurs  dents,  vertèbres  et  autres  os  de  crocodiles. 

Depuis  la  publication  de  son  ouvrage,  l’auteur  a continué  ses  re- 
cherches et  a fiiit  encore  beaucoup  de  découvertes.  Il  a recueilli 
beaucoup  d’os  d’une  immense  espèce  de  lézard  que  nous  décrirons 
sous  le  nom  de  mégalosaurus , qui  lui  a été  donné  par  M.  Buckland, 
et  surtout  des  dents  très-singulières  venant  d’un  reptile,  mais  qui 
les  usoit  par  la  détrition  comme  les  herbivores. 

M.  Mantell  a bien  voulu  me  communiquer  quelques-uns  de  ses 


5 Londres  1822  , avec  de  belles  figures  dessinées  par  l’auteur  et  gravées  par  madame 
jMantell. 


FOSSILES.  i53 

morceaux,  et  j’y  ai  reconnu,  comme  lui,  des  dents  et  des  vertèbres 
appai tenant  manifestement  à ce  genre. 

Les  dents  se  voient  pl.  X,  fig,  a5  , 26,  27  et  3o. 

H se  trouve  parmi  les  vertèbres  une  quatrième  dorsale,  pl.  X, 
fig.  33  et  34  ; une  du  milieu  de  la  queue , iôid. , fig.  3i  et  32  ; et  une 

d un  peu  plus  loin,  ibid. , fig.  28,  provenant  d’un  individu  de  neuf 
à dix  pieds  de  long. 

Les  vertèbres  sont  un  peu  concaves  aux  deux  extrémités,  ce  qui 
les  rapproche  du  crocodile  de  Caen  et  du  deuxième  de  ceux  de  Hon- 
fleur  5 cependant  je  les  trouve  plus  voisines  du  premier  pour  l’en- 
semble. Les  dents  sont  pour  la  plupart  plus  obtuses  même  que  dans 
nos  crocodiles  vulgaires,  et  ressemblent  en  ce  point  à la  seconde  du 
Jura  que  j’ai  décrite  ci-dessus. 

§ III.  De  dents  et  os  de  crocodile  des  lignites  et  de  V argile 
plastique  d’ Auteu il  près  de  Pajds. 

On  a pu  voir  dans  notre  deuxième  volume,  2“®.  partie,  p.  253, 
qu  au  dessus  de  la  craie  et  sous  le  Calcaire  grossier  sont  interposés  des 
1 s argi  e,  dans  lesquels  sont  souvent  mêlés  des  couches  charbon- 
neuses et  pyriteuses  d’une  nature  différente  de  celles  des  anciennes 
houilles,  qui  sont  inférieures  de  beaucoup  et  subordonnées  aux 
couches  les  plus  profondes  du  Jura. 

Il  est  même  très-j^robable  aujourd’hui  pour  moi,  qu’il  existe  des 
couches  de  lignites  plus  modernes  encore  et  supérieures  au  calcaire 
b ossier.^  Ce  ne  sont  pas  seulement  les  autbracothériums  qui  me  le  ren- 
en  vraisemblable.  Les  restes  d’animaux  de  genres  très-récens , d’hip- 
popotames et  de  castors,  découverts  depuis  peu  dans  les  lignites  d’Hor- 
^en  pies  e Zurich,  par  M.  Meissner,  ne  me  laissent  presque  pas  de 
orne  que  eurs  couches  n’appartiennent  aux  terrains  de  transport. 

lignites-là  qu’il  s’agit  main- 

l êlect  physicien  connu  par  de  belles  expériences  sur 

magnétique  et  sur  d’autres  sujets  intéressans,  ayant  fait 


21 


i64  CROCODILES 

près  d’Auteuil  des  fouilles  dont  nous  avons  fait  mention  dans  notre 
deuxième  volume , partie,  p.  2^9  et34i , qui  ont  pénétré  jusqu  à 
l’argile  plastique  et  à la  craie,  en  a obtenu,  avec  du  succin  et  d’au- 
tres minéraux  peu  communs,  quelques  très-petits  fragmens  d’os, 
parmi  lesquels  j’ai  reconnu  incontestablement  une  portion  de  la  tête 
supérieure  d’un  humérus , et  une  dent  d’un  petit  crocodile  d’environ 
trois  pieds  de  longueur. 

Je  donne  la  figure  du  fragment  d’humérus,  pl.  VI,  fig.  18,  afin 
de  montrer  comment  des  fragmens  si  petits,  et  auxquels  autrefois 
on  auroit  domjé  si  peu  d’attention,  peuvent  conduire  à la  déter- 
mination de  faits  d’une  grande  importance. 

Il  y avoit  à côté  une  très-petite  dent  pointue,  pl.  VI,  fig.  19. 

Ce  gisement  étant  bien  plus  ancien  que  celui  de  nos  crocodiles  des 
plâtres,  puisque  toute  la  formation  de  calcaire  grossier  est  interposée 
entre  celle  des  plâtres  et  celle  de  l’argile  plastique , il  y a grande 
apparence  quel’ espèce  de  crocodile  dont  provient  ce  fragment  diffère 
de  celle  dont  nous  avons  trouvé  des  restes  à Montmartre  ÿ mais  il  est 
impossible  sur  un  si  mince  débris  d’en  fixer  les  caractères. 

§ IV.  Des  os  de  crocodiles  des  lignites  de  Provence. 

M Blavier,  ingénieur  en  chef  des  mines,  a trouvé  dans  le  milieu 
d’une  couche  de  charbon  de  terre,  dite  des  Quatre-Pans , à Mîmet, 
département  des  Bouches-du-Rhône , la  moitié  supérieure  d’un  fé- 
mur gauche  manifestement  de  crocodile,  pl.  VI,  fig.  17. 

Comparé  avec  son  analogue  dans  les  crocodiles  ordinaires,  il  est 
un  peu  plus  courbé  en y'italique  ; sa  tète  est  un  peu  moins  étendue 
d’avant  en  arrière  j elle  a une  convexité  plus  marquée  à sa  face  in- 
terne ; et  la  tubérosité  de  la  face  interne  de  l’os , qui  tient  lieu  de 
petit  trochanter  , est  beaucoup  plus  saillante. 

Il  n’est  pas  douteux  d’après  ces  caractères  c[ue  cette  couche  ne 
renferme  les  os  d’une  espèce  particulière  de  crocodile , dont  il  seroit 
fort  intéressant  d’avoir  d’autres  fragmens. 

Les  géologistes  ont  bien  déterminé  la  position  de  ces  charbons; 


FOSSILES.  i65 

ce  sont  de  vrais  Ugnites , et  dans  la  meme  situation  relative  que 
notre  argile  plastique. 

Il  n’y  auroit  rien  d’impossible  à ce  que  l’espèce  des  crocodiles  fût 
la  même  que  celle  d’Auteuil. 

§ V.  Des  os  de  crocodiles  de  Sheppey, 

Parmi  les  fossiles  que  feu  M.  G. -A.  Deluc  avoit  recueillis  dans  les 
falaises  de  l’île  de  Sheppey,  à l’embouchure  de  la  Tamise,  et  que 
j’ai  dessinés  chez  lui  à Genève,  en  1809,  étoit  une  troisième  cervi- 
cale parfaitement  reconnoissable,  et  fort  semblable  à sa  pareille  dans 
l’un  de  nos  crocodiles  vivans.  L’individu  pouvoit  avoir  environ  cinq 
pieds  de  longueur^  La  couleur  de  ce  morceau  étoit  un  gris-noirâtre. 

M.  Deluc  avoit  trouvé  tout  auprès  une  vertèbre  plus  petite,  que 
j’ai  reconnue  pour  être  de  monitor  ou  d’un  genre  voisin. 

Il  est  à regretter  que  la  hauteur  et  la  nature  du  lit  où  ces  os  ont 
été  découverts  n’aient  pas  été  déterminées  avec  plus  de  précision  ; 
cependant,  comme  il  est  certain  que  la  plus  grande  partie  de  l’île  de 
Sheppey  appartient  à la  formation  de  l’argile  plastique , il  est  pro- 
bable que  c’est  aussi  à cette  formation  qu’appartiennent  les  deux 
reptiles  dont  ces  os  proviennent.  Ils  y sont  accompagnés  de  tortues 
dont  nous  parlerons  ailleurs,  de  crabes  très-variés,  et  d’une  infinité 
de  fruits  divers,  dont  M.  Crow , habitant  de  Feversham , a fait 
une  immense  collection.  Notre  Muséum  lui  en  doit  une  très-belle 
suite,  et  je  saisis  avec  plaisir  cette  occasion  de  rendre  témoignage  à 
la  noble  libéralité  avec  laquelle  il  nous  a enrichis. 

Article  VI. 

Des  Crocodiles  dont  les  ossemens  se  trouvent  arec  ceux  de 
palæothériums  et  de  lophiodons. 


^ Nous  arrivons  toujours  plus  près  du  temps  présent.  Les  palæothé- 
riums et  les  lophiodons,  tout  anciens  qu’ils  sont  parmi  les  quadru- 
pèdes , sont  des  animaux  fort  modernes  en  comparaison  de  ces  cro- 


i66  CROCODILES 

codiles  des  couches  jurassiques  et  de  la  craie  dont  nous  avons  parlé 
jusqu’ici  ; néanmoins  ils  ont  aussi  vécu  avec  des  reptiles  de  ce  genre, 
et  l’on  en  trouve  les  ossemens  épars  avec  les  leurs  ; mais  il  paroît 
cpie  ces  crocodiles-là  étoient  beaucoup  plus  voisins  de  ceux  d’à-pré- 
sent,  et  n’appartenoient  nullement  à ces  espèces  antérieures  à la 
formation  de  la  craie. 

§ I.  Crocodiles  des  plâtrières. 

Nous  possédons  depuis  bien  long-temps,  et  nous  avons  décrit  et 
représenté  dans  notre  troisième  volume,  p.  335,  le  frontal  d’un  petit 
crocodile  dans  le  plâtre  de  Montmartre.  Ce  frontal  à lui  seul  donne  la 
preuve  qu  il  a appartenu  à un  animal  du  genre  des  crocodiles , qull 
iiétoit  pas,  comme  les  précédens,  du  sous-genre  des  gavials,  mais 
qu’il  venoit  ou  d’un  crocodile  proprement  dit  ou  d’un  caïman,  et 
probablement  d’un  caïman  très-voisin  de  notre  caïman  à lunettes 
( crocod.  sclerops')  ; cependant  ce  seul  frontal  prouve  aussi  qu’il  étoit 
d une  espece  dilfeiente.  L individu  ne  devoit  pas  avoir  plus  de  deux 
pieds. 

J’ai  décrit  des  mêmes  carrières  (vol.  III,  p.  336)  un  humérus 
gauche,  cpi  n’avoit  perdu  cjue  son  tiers  inférieur;  il  venoit  d’un  in- 
dividu de  près  de  six  pieds  de  long.  Je  ne  trouve  pas  à le  distinguer 
d’une  manière  sensible  de  celui  d’un  caïman  à museau  de  brochet 
de  même  taille, 

§11.  Crocodiles  des  marnières  d' Argenton. 

Ce  qui  est  bien  remarquable,  c’est  que  des  crocodiles,  également 
fort  semblables  aux  nôtres,  accompagnent  les  palæothériums  et  les 
lophiodons  des  calcaires  d’eau  douce,  comme  ceux  du  plâtre,  et  ce 

qui  l’est  peut-être  encore  davantage,  c’est  cju’ils  y sont  aussi  avec 
des  trionyx. 

Ainsi,  parmi  les  os  que  M.  Rollinat  a recueillis  près  d’Argenton, 
il  y en  a presque  autant  de  crocodiles  que  de  lophiodons. 

Il  s y trouve  des  parties  de  sept  fémurs  gauches,  ce  qui  annonce 


FOSSILES.  167 

au  moins  sept  individus  ; tous  de  taille  médiocre,  au  plus  de  neuf 
pieds  de  longueur. 

On  observe  quelques  différences  dans  la  courbure  des  surfaces, 
et  le  trochanter  y est  un  peu  creux  au  milieu  de  sa  saillie. 

Les  dents,  pl.  X,  fig.  i5  et  16,  dont  la  Cjuantité  est  prodi- 
gieuse, confiiment  cette  indication  : elles  sont  beaucoup  plus  com- 
primées que  dans  les  crocodiles  connus,  et  ont  deux  bords  fort  tran- 
chans,  dentelés  pour  la  plupart,  presque  comme  certains  raonitors  , 
ce  qui  m avoit  cl  abord  donne  lidee  qu  elles  venoient  de  ce  genre, 
et  toutefois  aucun  autre  os  11’ est  de  raonitor;  tous  sont  de  croco- 
diles, et  analogues  aux  os  des  sous-genres  connus. 

Ainsi  1 on  y voit  des  vertèbres  cervicales,  dorsales,  lombaires  et 
caudales , cjui  toutes  ont  une  concavité  en  avant , et  une  convexité 
hémi-sphérique  en  arrière.  Dans  les  monitors,  cette  convexité  seroit 
beaucoup  plus  large  que  haute.  Une  cpatrième  dorsale  est  repré- 
sentée fig.  a3,  et  une  caudale  moyenne  lig.  24. 

Chacune  de  ces  sortes  de  vertèbres,  comparées  à son  analogue 
dans  les  crocodiles  vivans  , offre  quelque  différence,  mais  de  peu 
d’imjjortance. 

Les  dorsales,  par  exemple,  sont  plus  courtes  à projioitïon  de  leur 
longueur;  les  lombaires  ont  à la  face  inférieure  une  impression  lon- 
gitudinale un  peu  concave,  dont  on  ne  trouve  qu’un  léger  vestige, 
et  dans  le  gavial  seulement,  etc. 

Mais  j ai  trouvé  des  caractères  plus  marqués  encore  dans  quelques 
fragrnens  de  tête. 

11  y en  a un,  fig.  , de  Fos  maxillaire  supérieur,  avec  quelques 
alvéolés  de  dents  et  une  portion  du  canal  des  narines , d’après  laquelle 
on  peut  conclure  que  le  museau,  au  moins  dans  cette  partie,  étoit 
comprimé  par  les  côtés , c’est-à-dire  étroit  et  élevé  verticalement. 

Un  autre  fragment , fig.  1 8,  pris  au  devant  de  Forbite , annonce  que 
cette  région  étoit  très-rugueuse , et  qu’il  y avoit  un  enfoncement  cerné 
es  deux  côtés  et  plus  marqué  que  celui  du  crocodile  h deux  arêtes. 

Malheureusement  je  suis  loin  encore  de  pouvoir  rétablir  la  tête, 

^ttie  je  1 ai  fait  pour  une  espèce  de  Honfleur  et  pour  celle  de  Caen. 


i68  crocodiles 


Le  tibia,  dont  j’ai  eu  trois  échantillons,  avoît  la  tète  supérieure, 
fig.  21 , plus  grosse  à proportion,  et  le  bord  antérieur  de  cette  tète 
saillait  en  avant  sur  la  face  antérieure  de  l’os,  ce  qui  n’est  pas  dans 
les  crocodiles  vivans.  La  tête  inférieure , fig.  22,  se  rapproche  davan- 
tage de  ceux-ci. 

A en  juger  d’après  une  de  ses  phalanges  onguéales,  il  doit  avoir 
eu  les  ongles  plus  larges,  plus  courts  et  plus  plats  que  les  crocodiles 
ordinaires. 

Les  écailles  étolent  épaisses , et  creusées  de  petites  fossettes  moins 
profondes  qu’à  celui  de  Caen. 

'Il  y en  a dans  le  nombre  qui  portent  au  milieu  une  crête  osseuse 
très-saillante. 

Je  n’ai  rien  trouvé  qui  donne  lieu  de  croire  que  cette  espèce  par- 
vint à une  grande  taille.  Il  ne  me  paroît  pas  qu’aucun  des  morceaux 
qui  m’ont  été  remis  annonce  un  individu  de  dix  pieds  5 si  ce  n’est  le 
fragment  du  devant  de  l’orbite,  11  pourroit  venir  d’un  individu  de 
douze  à quinze  pieds. 

Avec  ces  os  de  crocodile  se  trouvoient  encore  quelques  vertebies 
d’assez  grands  serpens. 

g III.  Crocodiles  des  couches  de  grai^ier  de  Castelnaudary , 

Parmi  ces  os  nombreux  de  lophiodons,  découverts  par  M.  Dodun 
le  long  des  pentes  de  la  montagne  Noire,  près  de  Castelnaudary, 
nous  avons  reconnu  un  axis , une  des  premières  dorsales  et  une 
deuxième  sacrée  de  crocodiles,  dont  les  faces  avoient  leur  convexité 
placée  comme  dans  nos  crocodiles  vivans , et  dont  les  apophyses 
étoient  respectivement  semblables.  Ces  vertèbres  indiquoient  les 
unes  six  , les  autres  neuf  pieds  de  longueur  pour  les  individus. 

11  y avoit  en  outre  une  tête  inférieure  d’omoplate  d’un  individu  de 
neuf  à dix  pieds,  dont  les  formes  différoient  extrêmement  peu  de 
celles  d’à-présent  j elle  étoit  seulement  un  peu  plus  étroite  et  plus 
pointue. 

On  voit  cet  axis  pl.  X , fig.  35 , et  la  4^0.  ou  5“^,  dorsale  fig.  36. 


FOSSILES. 


169 


§ IV.  De  quelques  dents  de  crocodile  des  eni^irons  de  Dlaye. 

Nous  ne  pouvons  que  rappeler  ici  ce  que  nous  avons  dit  de  ces 
dents  dans  notre  premier  volume,  p.  333.  Elles  étoient  à vingt  pieds 
sous  terre,  dans  un  banc  calcaire  (sans  doute  de  calcaire  marneux' 
d’eau  douce),  avec  les  dents  d’un  quadrupède  voisin  de  l’hippopo- 
tame,  nrais  plus  petit  que  le  cochon.  ]VI,  .Toncn7i;j0[^  qui  les  a décou** 
vertes,  m’en  a envoyé  cjualre  qui  ne  dilFèrent  en  rien  des  dents  ana- 
logues d’un  crocodile  qui  auroit  huit  ou  dix  pieds  de  long. 


§ V.  D\m  os  de  crocodile  de  JBrentfort. 


M.  G.  A.  Deluc  m’a  communiqué  un  calcanéum  qui  fut  découvert 
en  , àBrentfort,  dans  le  comté  de  Middlesex,  avec  des  os  d’é- 
léphans,  d’hippopotames,  de  rhinocéros  et  de  cerls,  dont  nous  avons 
parlé  aux  chapitres  consacrés  à ces  divers  genres. 


Comparé  à celui  d’un  crocodile  vivant,  ce  calcanéum  est  plus  long. 
Sa  tubérosité  postérieure  et  sa  tête  antérieui’e  sont  beaucoup  moins 
élargies  relativement  au  diamètre  de  sa  partie  moyenne  ; sa  poulie 
péronéale  est  beaucoup  plus  mince  ; en  un  mot,  avec  les  caractères 
du  genre,  il  porte  incontestablement  des  marques  d’une  espèce  dis- 
tincte; mais  il  est  malheureux  que  son  isolement  ne  permette  pas  de 
reconnoître  si  c’est  h l’une  des  espèces  fossiles  déjà  déterminées  ou 
bien  à une  espèce  encore  inconnue  qu’il  appartient. 

S il  se  trouvoit  dans  une  position  naturelle  et  n’avoit  point  été 
tiansporté  à cet  endroit  avec  les  débris  d’autres  couches,  ce  seroit 
l’un  des  restes  les  plus  récens  du  genre  des  crocodiles. 


§ VI.  Des  os  de  crocodiles  fossiles  des  empirons  du  Mans. 

AI-  Matiny,  professeur  de  botanique  au  Mans,  a bien  voulu  me 
comn^^jj^^^g^  des  dessins  de  quelques  ossemens  découverts  dans  le 

departement  de  la  Sarthe. 

T.  V,  2e.  P. 


22 


1^0  CROCODILES 

L^un  d^eux  représente  une  portion  de  mâchoire  qui  contient  six 
dents  entières,  coniques,  aiguës,  striées,  légèrement  arquées,  por- 
tant, en  un  mot , tous  les  caractères  de  celles  du  gavial,  et  par  consé- 
quent aussi  de  notre  animal  de  Honfleur.  Elles  ont  été  trouvées  dans 
une  pierre  calcaréo-argileuse  des  environs  de  Ballon,  à trois  lieues 
du  Mans,  département  de  la  Sarthe. 

Un  autre  représente  une  dent  isolée,  plus  grosse  que  les  précé- 
dentes, mais  également  striée  et  pourvue  des  deux  arêtes  tranchantes 
qui  distinguent  toutes  les  dents  des  crocodiles , son  émail  est  teint 
en  noir.  Elle  est  dans  une  pierre  calcaire  blanche  de  la  commune  de 
Bernay,  même  département. 

J’en  ai  placé  moi-même  au  cabinet  du  Roi  une  de  cette  forme  et 
du  même  pays,  qui  surpasse  en  grosseur  toutes  celles  que  j’ai  vues 
à des  crocodiles  vivans,  et  semble  annoncer  un  individu  de  trente 
pieds  au  moins.  Sa  gangue  est  un  calcaire  sableux.  Quoique  cassée 
aux  deux  bouts,  sa  hauteur  est  encore  de  0,07;  le  diamètre  de  sa 
base  de  o,o35.  Les  stries  de  son  côté  concave  sont  remarcpiables  par 
leur  saillie  tranchante  et  leur  nombre  de  epinze  ou  seize.  Du  côté 
convexe , il  n’y  en  a au  contraire  que  trois  très-écartées.  L’émail  est 
teint  en  brun-noirâtre. 

Je  l’ai  due  dans  le  temps  à l’amitié  de  M.  Bureau  de  La  Malle,  fils , 
aujourd’hui  membre  de  l’Académie  des  Belles-Lettres. 

Les  dessins  de  M.  Mauny  présentent  encore  deux  vertèbres  lom- 
imires,  d’une  carrière  de  pierre  calcaire  de  Chaufour,  près  du  Mans. 

Depuis  ma  première  édition  j’ai  reçu  de  M.  Dodun,  ancien  ingé- 
nieur des  ponts  et  chaussées,  le  même  qui  a découvert  tant  de  beaux 
fossiles  près  de  Gastelnaudary  , le  dessin  d’une  partie  de  mâchoire 
contenant  cinq  dents,  et  d’une  énorme  vertèbre,  trouvés  dans  une 
])ierre  calcaire  coquillière  de  cette  même  commune  de  Chaufour , 
sur  la  route  du  Mans  à Laval. 

Tous  ces  objets  paroissent  n’avoir  été  ramassés  c[ue  par  les  ou- 
vriers qui  exploitent  ces  carrières  pour  le  raccommodage  de  la  grande 
route. 

Il  seroit  bien  important  que  quelque  naturaliste  fît  des  recherches 


FOSSILES.  171 

régulières,  tâchât  d’obtenir  des  morceaux  assez  caractérisés  pour 
en  déterminer  l’espèce  et  s’occupât  d’assigner  avec  précision  le  gi- 
sement des  couches  d’où  on  l’a  tirée. 

Article  VII. 

Résu/né  de  ce  chapitre. 


On  voit  que  si  les  crocodiles  encore  existans  sont  plus  nombreux 
qu’on  ne  l’avoit  cru , les  espèces  fossiles  de  ce  genre  présentent  aussi 
une  assez  grande  variété;  nous  pouvons  en  compter  au  moins  six  de 
parfaitement  distinctes,  et  qui  ne  diffèrent  pas  moins  des  cr-ocodiles 
vivans  quelles  diffèrent  entre  elles  : ce  sont  l’espèce  de  Monheim , 
les  deux  de  Honfleur  et  celle  de  Caen,  qui  tentes  les  quatre  appar- 
tiennent au  sous-genre  des  gavials , et  les  espèces  de  Montmartre  et 
d Argenton , dont  le  sous-genre  paroît  être  plutôt  celui  des  croco- 
diles ou  des  caïmans. 

Si  nous  avions  eu  des  parties  plus  considérables  des  squelettes  de 
ce  genre  qui  se  sont  trouvés  à Castelnaudary , à Mimet,  à Auteuil; 
si  nous  avions  pu  voir  et  comparer  les  morceaux  de  Lombardie  et  les 
anciens  d’Angleterre,  il  est  assez  probable  que  nous  aurions  été  dans 
le  cas  de  déterminer  encore  les  caractères  de  quelque  autre  espèce. 
Telles  qu’elles  sont,  nos  connoissances  sur  ce  genre  ne  laissent  pas  que 
d avoir  un  grand  intérêt,  puisqu’elles  nous  prouvent  que  les  croco- 
diles ont  subi  la  même  loi  que  les  mammifères,  et  que  leurs  espèces 
n ont  point  résisté  aux  catastrophes  qui  ont  bouleversé  la  croûte  ex- 
térieure du  globe;  mais  ce  qu’ elles  ont  surtout  de  bien  remarquable, 
c est  cette  vente  dont  nous  apercevons  ici  le  premier  indice  ; que 
les  diverses  classes  d’animaux  vertébrés  ne  datent  pas  de  la  même 

époque , et  que  les  reptiles  en  particulier  sont  de  beaucoup  anté- 
î'ieurs  aux  mammifères. 

fait  remarquer  en  effet  dans  les  parties  précédentes 

lîotre  ouvrage  , que  les  mammifères  fossiles  des  genres  les  plus 


22 


JH2  CROCODILES 

connus  paroissent  être  ceux  qui  ont  péri  seulement  lors  de  la  der- 
nière révolution  de  la  terre;  que  leurs  débris  en  remplissent  les  cou- 
ches les  plus  superficielles;  que  plusieurs  d’entre  eux  y ont  encore 
laissé  de  leurs  parties  molles;  cp’il  y en  a même  que  Ton  a trouvés 
conservés  en  entier  par  la  glace  qui  les  a saisis  au  moment  de  leur 
destruction,  et  dont  ils  n’ont  jamais  été  débarrassés  depuis.  Si  l’on 
remonte  plus  haut  dans  les  âges,  ou  en  d’autres  termes  si  l’on  pénètre 
plus  profondément  dans  les  couches,  on  y découvre  des  mammi- 
fères de  genres  moins  connus  ou  meme  entièrement  ignorés  dans 
l’état  de  vie,  tels  que  les  palæothériums , les  anoplotbériums  et  les 
lophiodons.  Us  appartiennent  à des  couches  pierreuses , formées  dans 
l’eau  douce  il  est  vrai,  mais  que  recouvrent  d’autres  couches  égale- 
ment pierreuses  et  d’origine  évidemment  marine.  Avec  ces  êtres 
singuliers  se  trouvent  aussi  quelques  especes  des  genres  subsistans , 
mais  leur  nombre  est  petit , et  l’on  voit  qu’elles  sont  loin  d avoir 
formé  le  caractère  de  la  population  animale  de  ces  époques  reculées. 

Encore  avant  elles,  dans  le  calcaire  grossier  ou  à cérithes,  on  ne 
trouve  plus  que  des  mammifères  marins,  dauphins,  phoques,  laman- 
tins et  autres  de  cette  nature^  et  au-delà  il  n’y  a plus  de  vestiges  de 
mammifères,  ou  du  moins  il  n’y  en  a plus  qui  soient  hors  de  doute 
quant  à leur  origine. 

Je  ne  regarde  pas,  en  effet,  comme  des  exceptions  les  anthraco- 
thériunis  et  autres  mammifères  des  lignites,  non  plus  que  ceux  des 
schistes  d’OEningen , par  la  raison  que  je  suis  loin  d’avoir  arrêté  mes 
idées  sur  la  position  de  ces  deux  genres  de  couches,  et  que  j ai  tout 
lieu  de  croire  que  ces  schistes  et  plusieurs  des  couches  de  lignites  ne 
sont  pas  d’une  antiquité  aussi  grande  qu’on  le  croit  communément. 

Dans  tous  les  cas  ces  terrains,  que  l’on  regarde  comme  les  plus 
anciens  des  tertiaires , seroient  les  premiers  qui  auroient  enveloppé 
des  restes  de  mammifères  ; et  en  supposant  exact  ce  que  l’on  dit  du 
petit  nombre  de  lieux  où  ils  offrent  des  débris  de  cette  classe,  ils  fe- 
roient  seulement  admettre  une  révolution  de  plus,  c’est-à-dire  1 exis- 
tence de  terres  habitées  par  des  mammifères  avant  l’invasion  de  la 
mer  dans  laquelle  s’est  formé  le  calcaire  à cérithes. 


FOSSILES.  1^3 

Quoiqu’il  en  soit,  les  crocodiles'ue  donnent  lieu  à aucun  doute  de 
cette  nature  : on  les  voit  paroitre  dès  les  premiers  terrains  secon- 
daires. Les  monitors  des  scliistes  cuivreux  les  précèdent  seuls  dans  le 
temps;  mais  ils  se  montrent  immédiatement  après  dans  ce  lias  des 
Anglais , ce  banc  bleu  des  Normands,  ou  dans  cette  marne  calcaire 
bleuâtre  et  pyriteuse,  qui  a tant  d’analogie  avec  le  schiste  cuivreux. 

Depuis  lors  jusqu’à  l’avant-dernière  époque,  il  en  a subsisté  tou- 
jours quelques  espèces,  et  en  assez  grande  abondance.  A ceux  des  di- 
vers bancs  de  la  formation  du  Jura  succèdent  ceux  de  la  craie.  Il  y en 
a au-dessus  de  la  craie  dans  les  lignltesd’AuteuiletdeMimet,  et  dans 
les  grès  du  comté  de  Kent.  Au-dessus  du  calcaire  à cérlthes  il  s’en 
trouve  dans  la  marne  d’eau  douce  d’Argenton , et  dans  les  gypses  à 
ossemens  des  environs  de  Paris.  Enfin  il  y en  auroit  même  dans  les 
couches  meubles  et  superficielles  où  sont  enfouis  tant  de  cadavres 
d’éléphans  et  d’autres  grands  quadrupèdes , si  du  moins  le  petit 
nombre  de  fragmens  recueillis  à Brentfort  n’y  avoient  point  été  ap- 
portés d’ailleurs. 

On  doit  avouer  néanmoins  qu’ils  sont  extrêmement  rares  dans  ces 
derniers  dépôts.  Je  n’en  ai  vu  ni  dans  ces  immenses  collections  d’os 
de  toute  taille  faites  dans  le  val  d’Arno , ni  dans  celles  d’Allemagne , 
ni  dans  aucun  de  nos  dépôts  de  France;  ce  qui  doit  paroitre  d’autant 
plus  extraordinaire,  que  les  crocodiles  vivent  aujourd’hui  dans  la 
zone  torride  avec  les  éléphans,  les  hippopotames  et  tous  les  autres 
genres  qui  ont  fourni  ces  os.  On  vient  seulement  de  m’assurer  qu’il 
s en  est  trouvé  récemment  quelques-uns  dans  les  couches  meubles  do 
val  d’Arno. 


CHAPITRE  II. 


Des  Ossemens  de  Tortue. 


Je  nG  niG  proposG  pas  de  traiter  des  iiornbreuses  espèces  qui  com-i 
posent  aujourd’hui  ce  genre,  ou  plutôt  cette  famille  entière  de  rep- 
tiles. Une  pareille  enti'eprise  excéderoit  de  beaucoup  les  limites  que 
je  me  suis  tracées.  I)  ailleurs  si  les  énumérations  ou  les  histoires  des 
tortues  que  l’on  possède  sont  encore  incomplètes,  il  n’y  règne  pas  le 
meme  désordre  cpe  dans  celles  des  crocodiles,  et  les  espèces  dont  il 
y est  question  y sont  assez  bien  fixées  par  des  figures  ou  des  des- 
criptions suffisamment  exactes,  en  sorte  que  nous  pouvons  nous  y 
référer  dans  les  comparaisons  auxquelles  nous  aurons  à nous  livrer. 

Je  passerai  donc  immédiatement  à l’ostéologie  des  tortues  et  aux 
caractères  que  nous  offrent  les  squelettes  de  leurs  différens  sous- 
genres,  me  réservant  d’éclaircir  à l’occasion  de  chaque  espèce  fos- 
sile ce  qu  il  pourra  être  resté  d’obscur  sur  les  espèces  vivantes  les 
plus  voisines. 


OSTÉOLOGIE 


17G 


PREMIÈRE  SECTION. 

De  l'Ostéologie  des  Tortues  vivantes. 

Article  premier. 

De. la  Tête. 

Les  sous-genres  des  tortues  diffèrent  entre  eux  par  la  tête  beau- 
coup plus  que  ceux  des  crocodiles,  et  il  est  nécessaire  de  les  décrire 
séparément  (i). 

Dans  les  tortues  de  terre  , telles  que  la  grande  tortue  indiemie 
(pl.  XI,  fig.  17 — 2o),  la  tête  est  ovale,  obtuse  en  avant;  1 intervalle 
des  yeux  est  large  et  bombé  ; l’ouverture  des  narines  grande,  plus 
haute  que  large , un  peu  couchée  en  arrière  ; les  orbites  grands , 
presque  ronds,  encadrés  de  toute  part,  dirigés  de  côté  et  un  peu  en 
avant.  La  région  pariétale  du  crâne  s’aiguise  en  arrière  en  une  grande 
épine  occipitale  très-saillante,  et  a de  chaque  côté  deux  très-grandes 
fosses  temporales  sous  lesquelles  sont  deux  énormes  caisses;  en  ar- 
rière de  ces  caisses  et  un  peu  eu  dessus  saillent  deux  grosses  protu- 
bérances mastoïdiennes,  et  sous  elles  sont  les  apophyses  qui  servent 
à l’articulation  de  la  mâchoire  inférieure.  Ces  apophyses  descendent 

(i)  M.  TViedemann &àécr\t  les  os  d’une  tête  de  tortue  terrestre  ( testudo  labulata) , Archiv. 
zool.  , vol.  II , cali.  3 , p.  181  et  suiv.  Il  a bien  connu  les  six  occipitaux , les  pariétaux  , les 
frontaux,  le  frontal  postérieur , la  caisse.  Mais  il  a pris  le  rocher  pour  la  partie  écailleuse  du 
temporal  ; il  a indiqué  le  mastoïdien  sans  le  nommer  ; il  a donné  à mon  temporal  le  nom  de 
jugal , et  à mon  jugal  celui  de  morceau  détaché  du  maxillaire.  Il  a pris  les  frontaux  anté- 
rieurs pour  des  nasaux,  et  les  palatins  pour  des  lachrymaux;  il  n’a  pas  distingué  le  vomer 
du  corps  du  sphénoïde. 

M.  Spix  a donné  aussi  , sous  le  faux  nom  de  caret,  pl.  IV,  fig.  12 — 15  de  son  Cephaloge- 
nesis , une  tortue  qui  n’est  nullement  marine,  comme  il  le  croit,  mais  bien  terrestre,  et 
d’une  espèce  approchante  du  V.  marginata , si  ce  n’est  pas  le  T-  viargmata  lui-meme.  Nous 
verrons  dans  le  texte  les  points  sur  lesquels  je  diffère  de  ce  savant  anatomiste  dans  la  déter- 
mination des  os.  Il  donne  dans  le  même  ouvrage  , pl.  IX , fig-  ^3  , la  tete  du  testudo  orhi- 
cularis. 


DES  TORTUES. 


Terücalement,  et  ne  se  portent  pas  en  arrière  comme  dans  le  croco- 
dile. En  dessous,  fig.  19,  la  région  basilaire  est  plane,  la  palatine 
concave;  et  c’est  à la  partie  antérieure  de  celle-ci  que  s’ouvrent  les 
arrière-narines  osseuses,  les  palatins  n’ayant  point  de  plancher  pala- 
tin, et  la  partie  palatine  des  maxillaires  étant  évidée  jusques  au 
quart  antérieur  du  museau  ; disposition  que  rendoit  nécessaire  la 
manière  dont  les  tortues  respirent,  et  qui  ressemble  autant  à celle 
des  grenouilles  qu’elle  diffère  de  celle  des  crocodiles 

La  région  occipitale  est  au  total  verticale,  quoique  l’épîne  occi- 
pitale, les  protubérances  mastoïdiennes  et  le  condyle  articulaire  de 
latete,  qui  est  un  tubercule  très-saillant,  la  rendent  fort  inégale. 

Le  premier  trait  remarquable  de  la  composition  de  la  tête  des 
tortues,  c’est  qu’il  n’y  a point  d’os  du  nez. 

Dans  l’animal  frais,  les  narines  osseuses  extérieures  sont  rétrécies 
par  des  lames  cartilagineuses  qui  représentent  ces  os;  mais  dans  le 
squelette  on  trouve  immédiatement  à leur  bord  supérieur  l’os  frontal 
antérieur  [a,  a),  qui  prend  sa  place  ordinaire  dans  le  cadre  de  l’or- 
bite, s articule  aussi,  comme  à l’ordinaire,  à l’apophyse  anté-orbitaire 
du  maxillaire  (ô,  ô),  descend  en  dedans  de  l’orbite,  en  a',  forme 
la  cloison  antérieure  qui  sépare  l’orbite  du  nez,  et  s’articule  infé- 
rieurement avec  le  palatin  (c,  c)  et  le  vomer  {d),  laissant  entre  lui , 

le  maxillaire  et  le  palatin  un  trou  oblong,  qui  donne  dans  les  arrière- 
narines. 


La  cavité  osseuse  du  nez  est  oblongue,  et  formée  par  les  maxil- 
laires , les  intermaxillaires  (e,e),\e  vomer,  les  deux  frontaux  anté- 
rieurs et  les  frontaux  principaux  {/,/).  L’étendue  des  frontaux  an- 
terieurs et  1 absence  des  nasaux  fait  que  les  premiers  s’articulent  l’un 
avec  1 autre,  et  qu’ils  s’étendent  au-dessus  de  l’orbite  et  en  dehors 
des  frontaux  principaux  jusqu’aux  frontaux  postérieurs  (g,  g)  dans 
cette  espèce,  ou  très-près  d’eux  dans  quelques  autres  (i). 

rec  caractères  de  ces  frontaux  antérieurs  soient  fort  apparens , ils  n’ont  pas 

propres  du  nez  ; oubliant  que  les  os  propres 
qu’il  '^^^M^rnais  fournir  des  parois  à l’orbite.  Il  est  vrai  que  s’il  les  eût  reconnus  pour 
sont,  il  nauroit  pu  continuer  à regarder  les  frontaux  antérieurs,  en  général. 

T.  V,  ae.  P.  ^3 


1^8  ' OSTÉOLOGIE 

Les  intermaxillaires  n’ont  pas  d’apophyse  montante.  Ils  forment  y 
comme  à l’ordinaire,  le  bout  du  museau,  et  marchent  en  arrière 
dans  le  palais  entre  les  maxillaires  et  même  entre  les  arrière-narines 
iusqu’au  vomer. 

Les  arrière-narines  sont  deux  larges  ouvertures  percées  de  chaque 
côté , au  milieu  du  plancher  de  la  cavité  nasale , entre  les  maxillaires , 
les  intermaxillaires,  le  vomer  et  les  frontaux  antérieurs. 

Le  fond  de  la  cavité  du  nez  est  couvert  en  dessus  et  fermé  en  ar- 
rière par  les  frontaux  principaux,  qui  laissent  entre  eux  une  large 
ouvei'ture,  fermée  dans  le  fraix  par  un  cartilage  qui  laisse  passer  les 

filets  du  nerf  olfactif. 

' Plus  bas  et  latéralement  il  y a,  entre  le  frontal,  le  frontal  anté- 
rieur et  le  vomer,  un  assez  grand  espace  fermé  dans  le  fraix  par  une 
continuation  de  ce  même  cartilage  , laquelle  représente  1 os  pla- 
num  (i). 

Dans  la  tortue  de  terre  il  n’y  a point  ou  presque  point  de  cloison 
interorbitaire  cartilagineuse  simple , ce  qui  tient  à la  gi’ande  profon- 
deur de  ses  cavités  nasales  en  arrière , et  à ce  que  la  partie  antérieure 
et  cartilagineuse  de  la  boîte  cérébrale  s’en  rapproche  beaucoup;  mais 
il  n’en  est  pas  de  même  dans  d’autres  sous-genres , comme  nous  le 
verrons. 


comme  des  parties  du  jugal , car  ici  ils  n’ont  aucun  rapport  avec  ce  dernier  os  ; et  leur  articu- 
Jation  avec  lui  dans  le  crocodile  est  une  circonstance  particulière,  c[ui  ne  se  reproduit  pas' à 
beaucoup  près  dans  tous  les  vertebres. 

M.  Ulrich  les  regarde  avec  quelque  doute  comme  une  réunion  des  os  du  nez  avec  les  la- 
clirymaux,  et  fait  là-dessus  un  raisonnement  d’après  lequel  on  croiroit  qu’il  a aussi  pris 
pour  des  nasaux  les  frontaux  antérieurs  du  crocodile , quoique  dans  le  crocodile  il  y ait  des 
nasaux  parfaitement  distincts. 

M.  Dojanus  veut  y voir  des  elUmoïdaux  latéraux  , comjne  M.  Oken  en  voit  dans  les  fron- 
taux antérieurs  du  crocodile  ; mais  le  même  genre  de  réfutation  que  nous  avons  employé 
ci-dessus  relativement  au  crocodile  s’applique  à la  tortue  : en  effet , toutes  les  parties  de 
l’elfamoïde  y existent  à l’état  cartilagineux,  comme  nous  le  disons  dans  le  texte. 

(i)  M.  B&jamis  dessine  parfaitement  celte  structure  dans  son  analoJ“‘®  de  la  toi-lue  d’eau 
, douce  d’Europe , pl.  XXYI , fig.  44  et  4^  ; en  sorte  que  l’on  est  étonne  quil  ait  persisté  à 
chercher  l’etlimoïde  dans  le  frontal  antérieur , tandis  qu’il  l’avoit  tout  entier  sous  les  yeux  à 
J’état  cartilagineux. 


DES  TORTUES. 

Les  frontaux  ne  couvrent  que  très -peu  de  k boîte  cérébrale, 
parce  qu  ils  sont  courts,  et  qu’ensemble  ils  forment  un  losange  plus 
large  que  long. 

Les  pariétaux  /i)  forment  ensemble  un  pentagone,  dont  l’angle 
le  plus  aigu  va  s’unir  à l’épine  occipitale.  Ils  couvrent  plus  de  moitié 
de  la  boite  cérébrale,  et  se  reportent  en  arrière,  par  suture  écail- 
leuse , sur  1 occipital  et  sur  le  rocher.  De  chaque  côté  le  pariétal  des- 
cend très-bas  dans  la  fosse  temporale  ; il  y occupe  presque  tout  Fes- 
pace  qu’occupe  dans  le  crocodile  l’aile  temporale  du  sphénoïde , et 
il  ne  reste  de  cette  aile,  dans  la  tortue,  qu’une  très-petite  pièce,  qui 
s’unit,  d’une  part,  à cette  partie  descendante  du  pariétal;  de  l’autre, 
au  palatin,  à l’os  ptérygoïde  interne,  au  corps  du  sphénoïde,  à la 
caisse  et  au  rocher. 

Dans  la  tortue  franche  elle  est  encore  plus  petite , et  collée  sur  le 
pied  de  la  partie  descendante  du  pariétal  (i). 

L’os  jugal  (^■,  i)  s’articule  comme  à l’ordinaire  avec  l’angle  ex- 
terne et  postérieur  du  maxillaire. 

11  est  étroit  et  règne  sous  l’orbl|^  en  arrière  duquel  il  rencontre 
le  fiontal  postérieui’  qui  en  complette  le  cadre  dans  cette  partie,  et 
le  temporal  écailleux,  {/c,  /c)  cpii  forme  à lui  seul  toute  l’arcade 
gomatique,  ce  dont  nous  avons  déjà  vu  une  multitude  d’exemples 
dans  les  cétacés. 

Ce  temporal  s’élargit  pour  s’unir  à la  caisse  (1,1),  laquelle  est  extrê- 
mement grande.  Elle  forme  un  cadre  presque  complètement  osseux , 
pour  un  large  tympan;  et  sous  ce  cadre  elle  descend,  en  forme  d’apo- 
physe (l”,  /"),  pour  1 articulation  de  la  mâchoire  inférieure.  Ce  cadre 
donne  entrée  dans  une  vaste  cavité  complétée  seulement  à son  angle 
postérieur  supérieur  par  le  mastoïdien  ( m,  m).  Au  fond  de  cette 
cavité  est  un  trou  au  travers  duquel  passe  l’osselet  auditif  pour  arri- 


(0  C est  celle  petite  aile  temporale  que  M.  Geotfroy  a prise  pour  l’analogue  de  l’os  trans- 

^rse  des  crocodiles;  mais  cet  os  manque  dans  les  tortues.  L’aile  temporale  elle-même 

l’aTnlle*  ^ espèces.  Cependant  M.  GeolFroy  n’auroit  pas  eu  tort  s’il  se  fût  borné  à 

l’aile  t plerygoïde  externe , en  tant  que  cetle  apophyse  est  toujours  inhérente  à 

^ temporale, 

23 


i8o  OSTÉOLOGIE 

ver  à une  seconde  cavité,  formée  en  dehors  par  l’os  de  la  caisse,  au 
côté  interne  par  le  rocher  et  les  occipitaux,  en  dessous  un  peu  par  le 
sphénoïde,  et  fermée  en  arrière  par. du  cartilage. 

C’est  une  seconde  partie  de  la  caisse  qui  se  trouve  ainsi  divisée 
par  un  rétrécissement,  comme  on  en  a des  exemples  parmi  les  mam- 
mifères, notamment  dans  le  genre  des  chats,  bien  que  la  communi- 
cation entre  les  deux  parties  y soit  moins  rétrécie  que  dans  la  tortue. 

Cet  os  tympanique  fait  d’ailleurs  (en  l'")  une  bonne  partie  des 
parois  postérieures  de  la  fosse  temporale. 

Entre  lui  et  le  pariétal  se  montre  dans  cette  même  fosse  le  rocher 
, et  le  crâne  est  clos  en  arrière  par  l’occipital,  qui  ici  est  divisé 
en  six  os,  et  non  pas  en  quatre;  car  les  occipitaux  latéraux  sont 
chacun  divisés  en  deux  parties,  dont  je  me  vois  obligé  d’appeler  la 
plus  externe  occipital extériem^  (o,  o). 

Le  désir  naturel  de  ne  pas  multiplier  les  exceptions  m’avoit  long- 
temps porté  à croire  que  ces  parties  détachées  des  occipitaux  latéraux 
etoient  les  rochers , et  que  les  vrais  rochers  étoient  les  ailes  temporales, 
et  je  vois  que  cette  opinion  e^  encore  suivie  par  M.  Spix  et  par 
M.  Ulrich;  mais  un  examen  attentif,  la  dissection  de  l’animal  frais 
et  la  comparaison  avec  le  crocodile,  ne  me  permettent  pas  de  la 
conserver^ 

En  comparant,  soit  par  dedans,  soit  par  dehors,  le  crocodile  et 
la  tortue , on  reconnoît  que  ce  prétendu  rocher  est  un  démembre- 
ment de  l’occipital  latéral,  tout  comme  le  frontal  postérieur  en  est 
un  du  frontal  principal. 

Sa  forme,  sa  situation  entre  l’occipital  supérieur  (/;),  le  latéral 
(ÿ),  le  mastoïdien  (w),  la  caisse  (Z)  et  le  vrai  rocher  (72),  ses  trous, 
ses  cavités  et  ce  quelles  contiennent,  les  passages  des  nerfs  et  des 
vaisseaux,  sont  exactement  les  mêmes. 

Il  en  est  ainsi  pour  le  vrai  rocher  (72),  avec  cette  seule  différence, 
que  dans  le  crocodile  il  ne  se  montre  pas  à l’extérieur  du  crâne , si 
ce  n est  un  peu  dans  le  trou  des  nerfs  de  la  cinquième  paire,  et  que 
dans  la  tortue  il  occupe  un  assez'grand  espace  dans  la  fosse  temporale, 
au  côté  interne  de  celui  qu’y  occupe  l’os  tympanique. 


DES  TORTUES. 


i8i 

La  fenêtre  ovale  est  commune  à ce  rocher  et  à cet  occipital  externe , 

comme,  dans  le  crocodile,  elle  Test  au  rocher  et  à l’occipital  latéral 
ordinaire. 

La  fenêtre  ronde  au  contraire  est  percée  dans  cet  occipital  externe, 
comme  elle  1 est  dans  l’occipital  latéral  du  crocodile. 

Les  deux  os  contribuent  à la  formation  de  la  cage  du  labyrinthe 

avec  l’occipital  supérieur,  comme  le  rocher  et  l’occipital  latéral  y 
contribuent  dans  le  crocodile  (i). 

Dans  les  deux  genres,  le  grand  trou  pour  la  sortie  de  la  cinquième 

paire  est  en  avant  du  rocher,  entre  lui  et  l’aile  temporale.  Dans  la 

toi  tue  de  mer,  ce  trou  est  entre  le  rocher  et  la  partie  descendante 
du  pariétal. 

L’osselet  auditif  est  simple,  comme  dans  le  crocodile,  et  formé 
d’une  tige  grêle  qui  s’évase  au  moment  d’approcher  de  la  fenêtre 
ovale,  et  qui  s’y  ap^Dlique  par  une  face  ronde  et  concave,  en  sorte 
qu’il  a à peu  près  la  figure  d’une  trompette.  Le  bout  extérieur  de  sa 
tige,  placé  dans  la  partie  extérieure  de  la  caisse,  est  eu  grande  partie 
cartilagineux , et  se  termine  par  une  plaque  de  même  substance  et 
de  forme  lenticulaire , qui  est  enchâssée  dans  la  membrane  du  tym- 
pan et  que  l’on  peut,  si  on  le  juge  à propos,  considérer  comme 
1 analogue  du  marteau. 

La  trompe  d eustache  est  toute  cartilagineuse  ou  membraneuse. 
Elle  commence  dans  la  chambre  extérieure  de  la  caisse,  dans  le 
haut,  par  une  large  échancrure  du  bord  postérieur  de  l’os  tympa- 


«on  occipital  i, 

LÉC.T..IE  q„i  „ pomroLa,  h tr™,™  ' « V'”  “ i"»"”™'  '=  ™aTOob 

celai  de  M.  LL,\  «M  aTSuZt::’  M "b7"' 
céublisse  pour  lai  1.  „„„  dVc  caccd,  et  il  le  resacde  cm™  raa.’lasa.  dé T.mpr.!  1.” 

I , ce  qui  c contramt  a faire  pour  le  véritable  temporal  écaillenx  et  lygomatiquc  le  nom 
jugal postérieur.  Il  semble  oue  ce  nVtoit  r>as  1-.  wo'  d • t ^ 

pour  ar/  • ■ „ ; . T P mon  frontal  postérieur 

pour  arriver  a un  jugal  postérieur.  M.  Ulrich  nomme  aussi  mon  orrinh.l  » i ^ i. 
mais  do  wvc  i,  -I  r ■»  1 aussi  mon  occipital  externe  rocher: 

« ue  mon  rocher  il  rait  la  eraTi//,.  .,,7,.  oo  mu'  j t , 

”■^0  partie  a»  ' • • , ’ ^ «i'o  loge 

■»0"<  ia«ie  « ■>»»»'  P““SC  an  nerf  acoa.tlqae,  cliote  entiére- 

■>  Wmple,  1 "T”  ■Jc«c«bcBent  de  plu. , ce  dont  il  v a tant 

» que  d intervertir  les  fonctions  essentielles , ce  qui  ne  se  voit  presque  jamais 


j8a  OSTÉOLOGIE 

iiicjuGj  tout  près  dti  bord  du  lai-ioeo>ej  et  se  porte  obli- 

quement en  dedans , en  passant  entre  1 os  de  la  caisse  et  le  muscle 
abaisseur  de  la  mâchoire  inférieure,  jusque  vers  une  échancrure  du 
bord  latéral  et  postérieur  de  l’os  ptérygoklien , par  où  elle  pénètre 
dans  l’arrière-bouche,  sur  le  côté,  tout  près  de  l’articulation  de  la 
' mâchoire  inférieure,  mais  assez  loin  de  sa  congénère,  et  surtout  fort 
loin  en  arrière  des  narines  internes. 

On  voit  au  palais,  ou  plutôt  à l’arrière  du  plafond  de  l’arrière- 
bouche  , les  orifices  des  deux  trompes  , sous  forme  de  deux  petits 
trous  écartés  l’un  de  1 antre. 

X\evenons  a la  face  inferieure  du  crâne. 

Derrière  les  maxillaires  et  les  frontaux  postérieurs  des  deux  côtés 
du  vomer  sont  les  palatins  {c , c),  entourés  en  arrière  et  en  dehors 
des  os  ptérygoïcliens  s),  qui  eux-menies  s etendent  le  long  du 
bord  extérieur  des  palatins  jusqu’aux  maxillaires  (è,  i)-  Le  reste 
de  ces  os  ptérygoïdlens  couvre  la  face  inférieure  du  crâne  entre  les 
deux  caisses  (l,  l)  et  les  deux  ailes  temporales  (^,  x),  laissant  voir 
en  arrière  seulement  une  petite  partie  triangulaire  du  corps  du  sphé- 
noïde (^). 

On  voit  que  les  palatins  n’ont  ici  que  leur  partie  supérieure,  c’est- 
à-dire  celle  c{ui  dans  les  mammifères  sépare  les  arrière-narines  des 
orbites  et  qu’ils  manquent  de  cette  partie  recourbée  qui  prolonge 
le  plancher  du  palais  en  arrière  des  maxillaires  (i). 

Il  m’a  été  jusqu’à  présent  impossible  de  découvrir  d’os  lachrymal 


(i)  M.  Oken  ( liis  i8i8 , 2'.  cahier,  p.  286  ),  après  avoir  traduit  d’une  manière  peu  intel- 
Ho^ible  ce  que  j’ovois  dit  sur  la  tète  des  tortues , s’étonne  que  je  n’aie  pas  vu  la  partie  infé- 
rieure des  palatins  ; il  ra’olFre  poliment  de  m’envoyer  une  tète  de  tortue  s’il  n’y  en  a pas  à 
Paris.  J’iiuagine  que  maintenant  qu’il  sait  qu’il  y en  avoil  beaucoup  , il  a regret  à ce  style. 
Tout  autre  auroit  cherché  auparavant  si  lui-même  avoit  vu  toutes  les  tortues.  L’étonnement 
Je  M.  Oken  vient  de  ce  que  j’avois  décrit  une  tortue  de  terre  , et  que  lui  n’en  avoit  vu 
qu’une  de  moi-. 

M.  Splx  a donné  au  palatin  de  la  tortue  le  nom  de  lachrjmal.  Il  est  impossible  de  soup- 
çonner, même  de  loin  , ce  qui  a pu  occasionner  une  dénomination  si  inattendue.  Dans  son 
système  , c’est  le  frontal  antérieur  qu’il  auroit  dû  appeler  lachrymal  , mais  il  ne  le  pouvoit , 
lui  ayant  déjà  donné  le  nom  de  nasal.  M.  Ulrich  l’a  très-bien  relevé  (loc.  cit.  , p.  82)  , et 
nomme  ces  os  correctement. 


DES  TORTUES.  i83 

dans  les  tortues,  non  plus  que  dans  les  phoques  et  les  dauphins, 
bien  que  j’en  aie  reconnu  un  vestige  dans  les  baleines,  et  je  ne  vois 
pas  que  MM.  Ulrich  ou  Bojanus  en  aient  trouvé  plus  que  moi,  mais 
j observe  vers  le  point  de  réunion  du  frontal  antérieur,  du  palatin, 
et  du  maxillaire  un  trou  qui  pourroit  bien  remplir  les  fonctions  de 
trou  lacivymal. 

Les  nerfs  olfactif  et  optiqu-e  sortent  par  les  cloisons  cartilagineuses 
du  crâne,  et  n’ont  pas  de  trou  particulier  clans  le  scfuelette. 

Je  crois  qu’il  en  est  de  même  de  la  troisième  et  de  la  cfuatrième 
paires  : la  sixième  sort  par  un  petit  canal  du  corps  du  sphénoïde. 

La  cinquième  paire  a un  grand  trou  entre  le  rocher  et  l’aile  tem- 
porale , divisé  en  deux  à l’extérieur. 

Il  y a au  bord  externe  du  palatin  un  trou  analogue  au  ptérygo- 
palatin. 

Intérieurement  la  cavité  cérébrale  est  plus  haute  que  large;  le 
fond  en  est  très-uni:  mais  il  y a en  avant  dans  le  sphénoïde  une  fos- 
sette profonde  pour  la  glande  pituitaire,  une  espèce  de  selle.  Des 
cotés  de  cette  partie  naissent  les  cloisons  cartilagineuses,  qui,  en 
allant  se  joindre  à la  cloison  anté-cérébrale  du  frontal,  ferment  en 
avant  la  cavité  du  crâne,  supportent  toute  la  partie  antérieure  de 
l’encéphale,' et  tiennent  lieu  de  la  lamecribleuse,  des  ailes  orbitaires' 
ou  autrement  du  sphénoïde  antérieur,  et  de  la  plus  grande  partie  des 
ailes  temporales,  dont  une  autre  partie  considérable  est  remplacée 
par  les  portions  descendantes  du  pariétal;  en  sorte  que  ce  qui  en  reste 
ne  participe  à la  formation  de  la  boîte  du  crâne  qu’un  peu  au-devant 
du  trou  de  la  cinquième  paire  (i). 

Il  n y a pas  plus  de  trace  osseuse  de  sphénoïde  antérieur  que  dans 
le  crocodile  (2). 


(•)  On  peut  se  rappeler  que  dans  les  ruminans,  et  surtout  dans  les  codions^,  l’aile  teinpo- 
n a guère  plus  d étendue;  que  dans  le  cabiai  elle  n’existe  presque  pas. 

Sia-Ji  ^1*^*®*'  nomment  bien  ainsi  une  partie  saillante  du  corps  du  sphénoïde 

■ ' en  avant  de  la  fosse  pituitaire  , et  qui  donne  attache  à la  cloison  interorbitaire  ; 

mais  je  ne  tï-  ... 

remprt  pas  que  celle  partie  se  détaobe  jamais  du  reste  de  l’os,  et  d’ailleurs  elle  ne 

1 nu  leinent  les  fondions  du  sphénoïde  antérieur. 


i84  OSTÉOLOGIE 

Cette  description 5 prise  de  la  tortue  indienne,  convient  assez  aux 
autres  tortues  de  terre  proprement  dites. 

Dans  la  tortue  grecque,  le  crâne  est  moins  bombé  entre  les  or- 
bites; les  frontaux  principaux  , plus  longs  que  larges,  atteignent  le 
bord  de  l’orbite  entre  les  deux  autres  frontaux,  et  redescendent  dans 
son  plafond. 

Dans  les  éniydes  ou  tortues  d eau  douce  ordinaires  (i) , la  tête  est 
plus  aplatie.  Les  frontaux  principaux,  quoique  plus  larges  que  longs, 
n’atteignent  pas  toujours  le  bord  de  l’orbite,  tel  est  par  exemple  le 
cas  du  testudo  europcea  (pl.  XI,  fig.  i3 — 16)^  le  frontal  postérieur 
est  plus  large. 

Le  cadre  du  tympan  n’est  pas  complet,  et  au  lieu  d’un  trou  il  y a 
une  scissure  pour  le  passage  de  1 osselet  de  l’ouïe  d’une  cavité  de 
la  caisse  dans  l’autre.  La  région  basilaire  et  la  palatine  ne  font  qu’un 
seul  plan  ; les  palatins  n’étant  pas  même  concaves  (2), 

Les  test,  scripta , picta , scabra,  dorsata,  centrata,  clausa, 
virgulata  appartiennent  à cette  cathégorie. 

Certaines  émydes , comme  Vémjs  expansa  ( pl.  XI , fig.  9 12), 

tiennent  des  tortues  de  mer  et  de  celles  d’eau  douce,  et  montrent 
encore  des  caractères  qui  leur  sont  propres.  La  tête  est  déprimée,  le 
museau  court,  les  orbites  petits  et  très  en  avant, 

Elle  manque  de  vomer  osseux,  en  sorte  que  ses  deux  arrière-na- 
rines ne  forment  qu’un  trou  dans  le  squelette.  Ses  palatins  n’ont  point 
la  partie  palatine.  Le  cadre  de  la  première  chambre  de  sa  caisse  est 
complet;  cette  chambre  communique  seulement  par  un  trou  étroit 
avec  la  cellule  mastoïdienne,  et  la  trompe  d eustache  y naît  par  une 
fente  qui  est  une  extension  du  trou  par  lequel  l’osselet  passe  dans 
la  seconde  chambre. 


(0  On  pourra  suivre  cette  description  et  les  suivantes  sur  les  ligures  indiquées,  où  les 
lettres  ont  la  même  signification  que  dans  celles  de  la  tortue  de  terre. 

(2)  Sur  1 osteologie  de  la  tortue  d’eau  douce,  ou  émyde  d’Europe  {testudo  evropœa)  , 
comme  sur  toute  son  anatomie  , on  doit  consulter  principalement  la  belle  monographie  de 
M.  Bojanus,  intitulée  Ariatome  testitdinis  europæœ , i vol.  in-folio,  avec  3i  planches  supé- 
rieurement gravées  et  d’une  exactitude  très-rare.  Il  n’y  a point  d’animal  vertébré , si  l’on 
excepte  1 homme  et  les  animaux  domestiques , dont  on  ait  une  anatomie  aussi  complète, 


DES  TORTUES.  i85 

La  tempe  est  recouverte,  comme  dans  les  tortues  de  mer,  par  le 
pariétal,  le  temporal,  le  jugal  et  le  frontal  postérieur.  Ce  dernier 
est  fort  étroit.  Il  a une  partie  descendante  dans  la  tempe,  qui,  s’unis- 
sant à une  partie  montante  du  palatin  et  à une  rentrante  du  jugal  , 
forme  une  cloison  qui  sépare  l’orbite  de  la  fosse  temporale,  ne  lais- 
sant de  communication  qu’un  grand  trou  voisin  de  cette  partie  des- 
cendante du  pariétal  qui  remplace  l’aile  temporale. 

L’os  ptérygoïdien  s’unit  en  avant  au  palatin  et  au  jugal,  et  non  au 
maxillaire  qui  ne  va  pas  jusque-là  en  arrière.  Son  bord  extérieur 
se  recourbe  avec  la  partie  voisine  du  jugal , et  forme  ainsi  dans  le 
bas  de  la  tempe  une  espèce  de  canal  qui  prend  son  commencement 
au  trou  de  communication  de  la  tempe  avec  l’orbite.  Son  angle 
postérieur  au  contraire  se  dirige  un  peu  vers  le  bas , descendant 
plus  que  la  facette  articulaire  pour  la  mâchoire  inférieure,  et  lais- 
sant entre  lui  et  la  partie  relevée  du  bord  externe  une  large  échan- 
crure. 

Entre  cet  angle  et  la  facette  articulaire  est  une  fosse  creusée  dans 
le  tympanal , dans  le  sphénoïde  et  dans  l’os  ptérygoïdien. 

Les  tubercules  mastoïdiens  sont  déprimés,  très-saillans  en  arrière 
et  pointus.  Leur  pointe  est  formée  par  moitié  par  le  mastoïdien  et 
l’occipital  extérieur. 

De  chaque  côté , en  avant  de  la  caisse , le  bord  inférieur  de  la  tête 
a une  large  échancrure  coupée  dans  le  temporal,  le  jugal  et  le  maxil- 
laire inférieur,  comme  aux  tortues  de  terre. 

Le  sphénoïde  sc  montre  en  dessous  sur  une  surface  bien  plus 
large  que  dans  les  tortues  de  terre , et  le  basilaire  y paroît  moins. 
Les  occipitaux  latéraux  sont  aussi  fort  petits,  et  se  soudent  promp- 
tement avec  le  basilaire. 

Le  tubercule , pour  l’articulation  avec  l’atlas , fait  moins  de  saillie 
que  les  apophyses  mastoïdiennes. 

Dans  la  tortue  serpentine , qui  est  une  émyde,  je  ne  trouve  déjà 
plus,  à un  certain  âge,  l’occipital  extérieur  distinct.  Il  est  uni  à l’oc- 
cipital  latéral;  tandis  c|ue  dans  les  tortues  de  terre  c’est  à l’occipital 
supérieur  qu’il  se  soude  le  plutôt. 

T.  V,2e.  P.  . 


24 


i86  OSTÉOLOGIE 

La  tête  de  la  serpentine  est  déprimée  en  avant;  le  museau  très- 
court;  les  orbites  médiocres  et  rapprochés  du  museau;  la  tempe 
couverte  seulement  à sa  partie  antérieure  par  une  lame  du  pariétal 
moins  complète  qu’aux  tortues  de  mer,  et  par  un  élargissement  du 
frontal  postérieur  et  du  jugal. 

Les  palatins  n ont  point  de  lame  palatine  ; la  région  palatine  et 
ptérygoïdienne  est  tiès-plate.  Les  trous  analogues  des  ptérygo-palatins 
sont  très-grands. 

Le  passage  de  1 osselet  de  l’ouïe  se  fait  par  un  trou  et  non  par  une 
scissure* 


Dans  les  trionyx  ou  tortues  molles  (pl.  XI,  fig.  5—8  ) la  tête  est 
déprimée,  allongée  de  l’arrière;  le  museau  pointu  dans  certaines  es- 
pèces, comme  celle  du  Xil,  court  et  arrondi  dans  quelques  autres. 
Les  intermaxillaires  sont  très-petits,  et  n’ont  d’apophyse  ni  nasale  ni 
palatine.  Il  y a derrière  eux  un  grand  trou  incisif.  Les  maxillaires 
s unissent  entre  eux  dans  le  palais  sur  un  assex  long  espace , en  sorte 
fjue  les  arnère-narmes  sont  plus  eu  arrière  que  dans  les  tortues  de 
terre.  Les  palatins  ne  se  réunissent  pas  en  dessous  pour  prolonger  le 
palais;  ils  sont  creusés  en  demi-canal  en  avant,  et  moins  étendus 
quaux  tortues  de  terre.  Le  corps  du  sphénoïde  atteint  jusqu’à  eux 
en  marchant  entre  deux  os  ptérygoïdiens,  qui  ne  s’unissent  point  l’un 
à l’autre,  mais  se  rendent  depuis  l’occipital  latéral,  entre  les  caisses 
et  le  basilaire,  et  aux  côtés  du  corps  du  sphénoïde  jusqu’aux  palatins 
et  aux  maxillaires,  ce  qui  rend  toute  la  région  basilaire  et  palatine 
large  et  plate. 

En  dessus,  les  frontaux  antérieurs  s’avancent  entre  les  maxillaires, 
et  tiennent  exactement  par  cette  partie  la  place  des  os  propres  du 


nez,  sans  qu  aucune  suture  les  distingue  ; ils  viennent  même  former 
une  pointe  sur  1 ouverture  extérieure  des  narines,  comme  les  os  du 
nez  le  font  souvent  dans  les  mammifères. 

Les  frontaux  principaux  forment  presque  un  carré;  ils  atteignent 
le  bord  de  orbite.  Le  frontal  postérieur  est  aussi  large  dans  le  haut 
quil  est  élevé.  Le  jugal  forme  une  partie  du  bord  postérieur  et  in- 


/ . 


DES  TORTUES.  j3^ 

férieur  de  1 orbite,  et  presque  toute  l’arcade  zygomatique,  dont  le 
temporal  écailleux  fait  seulement  une  petite  partie  en  avant  de  la 
caisse,  où  il  est  comme  relégué.  Celle-ci  a son  cadre  complet.  L’os- 
selet passe  par  un  trou  pour  se  rendre  dans  la  seconde  chambre  de 
la  caisse,  laquelle,  comme  dans  les  autres  tortues,  n’est  fermée  en 
arrière  que  par  du  cartilage. 

^ La  t mpe  d eustache  commence  par  une  échancrure  du  bord  pos- 
térieur, comme  dans  les  tortues  de  terre. 


L’épine  de  l’occiput  et  les  tubérosités  mastoïdiennes  sont  toutes 
lestroispointues,  et  plus  saillantes  en  arrière  que  le  condyle  articulaire. 

L’espace  occupé  par  la  caisse  au  bord  postérieur  de  la  fosse  tem- 
porale est  fort  étroit,  mais  elle  s’y  élargit  en  redescendant  vers  son 
apophyse  pour  la  mâchoire  inférieure.  Le  rocher  et  les  occipitaux 
n ont  rien  de  particulier. 

L aile  temporale  est  placée  au-dessous  et  en  avant  du  grand  trou 
de  la  cinquièmepaire,  et  la  partie  descendante  dupariétal  vient  s’ar- 
icu  er  au-devant  d’elle  à l’os  ptérygoidien  interne.  Elle  entre  donc 
mieux  dans  la  composition  du  ci:âne,  et  se  fait  mieux  reconnoître 
pour  ce  qu  elle  est  que  dans  les  autres  tortues. 

Je  ne  vois  nulle  trace  osseuse  du  sphénoïde  antérieur  ni  de  ses 
ailes.  Une  membrane  assez  mince  en  tient  lieu,  et  ferme  de  chaque 
côté  le  devant  de  la  cavité  cérébrale  (i). 


Le  principal  caractère  des  tortues  marines  ou  chélonées  (pl.  XI, 
fag-  ^—4)  (^) , c’est  qu’une  lame  de  leur  pariétal , leur  frontal  posté- 

elui  du  jNu  le  museau  est  bien  plus  pointu. 

(2)  M.  Spix  a repre'senté  la  tête  osseuse  d’une  ior/ue  franche  {T.  mjdas)  dans  son  Ce- 

'wirv-r  n ’ “5-  ■' 

r tortue  de  terre. 

" ""  : r ^ 

AnnS  q"’-  donnée  M.  Ulrich,  dans 

comme  le  sigmfîcalione  Ossium  Capitis , c’est  peut-être  le  caouane , 

croit  M.  Bojauus,  mais  je  n’oserois  l’aifirmer. 

24 


i88 


OSTÉOLOGIE 

riGur,  leur  mastoïdien,  leur  temporal  et  leur  jugal,  s unissent  entre 
eux.  et  avec  la  caisse  par  des  sutures  pour  couviir  toute  la  legion  de 
la  tempe  d’un  toit  osseux  qui  n’a  point  de  solution  de  continuité. 

Leur  museau  étant  plus  court  qu’aux  autres  tortues  et  leurs  orbites 
beaucoup  plus  grands,  leur  cavité  nasale  est  plus  petite,  et  aussi 
large  que  haute  et  que  longue.  Sa  paroi  postérieure  appartient  toute 

entière  aux  frontaux  antérieurs , et  c’est  entre  eux  que  s’y  fait  l’in- 
troduction des  nerfs  olfactifs.  Les  tubes  osseux  des  arrière-narines 
commencent  dans  le  bas  de  cette  cloison  postérieure  ; et  comme  les 
palatins  ont  une  partie  palatine  ou  lame  inférieure,  ces  tubes  sont 
un  peu  plus  longs , plus  dirigés  vers  l’arrière , et  ressemblent  moins 
à de  simples  trous. 

11  résulte  aussi  de  la  grandeur  de  l’orbite  que  l’espace  interorbitaire 
membraneux  ou  cartilagineux  est  plus  étendu.  La  pièce  que  nous 
regardons  comme  l’aile  temporale  est  dans  la  tortue  franche  singu- 
lièrement petite,  tout-à-fait  à la  face  externe,  et  simplement  collee 
sur  la  suture  de  la  partie  descendante  du  pariétal  avec  le  ptérygoi- 
dien. 

Dans  le  caret  et  la  couane  je  n’en  trouve  même  aucun  vestige. 

L’osselet  auriculaire  ne  passe  pas  par  un  trou,  mais  par  une  large 
échancrure , de  la  première  chambre  du  tympan  dans  la  seconde , et 
cette  seconde  est  cartilagineuse  dans  toute  sa  cloison  postérieure. 

C’est  par  la  même  échancrure  que  la  trompe  d’eustache  descend 
vers  l’arrière-bouche. 

La  première  chambre  du  tympan  est  peu  concave  5 il  n’y  a point 
de  cellule  mastoïdienne  proprement  dite  ; mais  l’os  de  ce  nom  com- 
plette  seulement  le  plafond  de  cette  chambre,  et  étend  ainsi  sa  con- 
cavité. 

Le  trou  de  la  cinc[uième  paire  est  ovale  et  très-grand,  entre  la 
partie  descendante  du  pariétal , le  ptérygoïdien  et  le  rocher. 

Du  reste  la  tète  des  chélonées  ressemble  à celle  des  tortues  pré- 
cédentes. 

J’ai  cru  découvrir  dans  l’une  d’elles  (une  jeune  tortue  franche  ) un 
vestige  de  suture  qui  sépareroît  un  os  lachrymal  de  la  partie  orbi- 


DES  TORTUES.  189' 

taire  du  maxillaire , mais  ce  n’étoit  qu’un  indice  à peine  aussi  fort 
que  celui  qui  marque  l’intermaxillaire  de  l’homme. 


La  tête  de  tortue  la  plus  hétéroclite  est  sans  contredit  celle  de  la 
matamata  {testudo Jîmhriata)  (pl.  XI,  fig.  21 — 24)5  extraordinai- 
rement large  et  plate,  elle  semble  avoir  été  écrasée.  Les  orbites  très-^ 
petits  sont  tout  près  du  bout  du  museau.  L,a  région  postérieure  du 
crâne  est  relevée,  et  les  deux  os  tympaniques,  en  forme  de  trom- 
pettes , s’évasent  de  chaque  côté  du  crâne.  La  tempe  est  une  large 
fosse  horizontale,  peu  profonde  et  nullement  recouverte;  si  ce  n est 
sur  l’arrière,  par  l’union  de  l’angle  postérieur  du  pariétal  avec  le 
mastoïdien;  et  ce  qui  est  surtout  particulier  à ce  sous-genre,  cette 
fosse  n’est  point  encadrée  en  dehors,  parce  qu  il  n y a point  de  tem- 
poral osseux,  ou  qu’il  est  réduit  à un  simple  vestige. 

Les  deux  maxillaires  forment  ensemble  un  arc  transversal,  au 
milieu  duquel,  en  dessous,  est  un  interpariétal  unique,  et  au-dessus 
l’ouverture  extérieure  des  narines,  qui,  dans  le  fraix,  se  continue 
dans  une  petite  trompe  charnue. 

Les  deux  palatins,  et  entre  euxle  voiner,  remplissent  en  dessous 
la  concavité  de  cet  arc,  et  ont  en  avant  les  deux  arrière-narines  bien 
séparées,  mais  que  les  palatins  n’entourent  pas  en  dessous.  Au  bord 
postérieur  du  palatin  est  un  assez  grand  trou  ptérygo-palatin. 

Les  frontaux  antérieurs  et  les  postérieurs  forment  le  dessus  des 
orbites.  Les  frontaux  principaux  s’avancent  entre  les  antérieurs  jus- 
qu’au bord  des  narines  externes.  Il  n’y  a pas  plus  de  nasaux  que  dans 
les  autres  tortues. 

Le jugal prend  depuis  l’angle  postérieur  de  l’orbite,  entre  le  maxil- 
laire et  le  frontal  postérieur  qu’il  ne  dépasse  point,  touchant  un  peu 
en  arrière  et  en  dessous  au  ptérygoïdien  ; mais  ne  formant  aucune 
saillie  en  arrière  pour  border  la  tempe.  Celle-ci  se  trouve  de  celte 
ïnanière  séparée  de  l’orbite  par  une  branche  postorbitaire  d’une  lar- 
geur bien  excessive,  et  qui  prend  la  totalité  du  frontal  postérieur  et 
i«gal. 


’igo  OSTÉOLOGIE 

Le  frontal  postérieur  s’articule  lui-même  au  ptérygoïdien  par  son 
angle  externe  postérieur.  Le  reste  de  son  bord  postérieur  est  libre , 
et  se  continue  avec  celui  du  pariétal  pour  couvrir  un  canal  de  com- 
munication large  et  plat,  allant  delà  tempe  à l’orbite,  et  formé  en 
dessous  par  le  ptérygoïdien  et  le  palatin. 

Les  deux  ptérygoïdiens  sont  énormes.  Ils  forment  la  plus  grande 
partie  de  la  base  du  crâne  et  du  fond  de  la  tempe. 

Leur  boid  externe  est  recourbe  dans  sa  partie  antérieure  pour  se 
continuer  avec  le  bord  libre  du  frontal  postérieur.  Il  n’y  a ni  ailes 
orbitaires  ni  ailes  temporales.  Les  pariétaux , rjui  foi-ment  en  dessus 
un  grand  rectangle,  s’unissent  par  leurs  parties  descendantes  aux 
palatins,  aux  ptérygoïdiens , aux  rochers  et  aux  occipitaux  supérieurs. 

Ils  forment  à eux  seuls  presque  tout  le  toit  du  crâne. 

A la  suite  du  ptérygoïdien,  la  tempe  est  bornée  en  arrière  par  le 
tympanique  ou  la  caisse  cjui  ressemble  en  partie  à une  trompette.  Le 
cadre  du  tympan  est  complet.  Un  trou  de  la  paroi  postérieure  laisse 
passer  1 osselet  dans  la  seconde  chambre,  qui,  dans  le  squelette, 
n’est  qu’une  longue  rainure  de  la  face  postérieure  de  la  caisse , la- 
quelle se  termine  dans  une  cavité  à laquelle  concourent  le  rocher, 
• 1 occipital  externe  et  le  latéral.  Elle  n est  fermée  en  arrière  que  par 
du  cartilage  et  des  membranes , et  dans  la  paroi  du  côté  du  crâne  sont 
percées  les  deux  fenêtres , comme  à rordinaire. 

Au-dessus  de  ce  trou  de  la  première  chambre,  par  où  passe  l’os- 
selet, est  un  autre  qui  conduit  dans  la  cellule  mastoïdienne,  laquelle 
à cause  de  la  saillie  du  tympan  vers  le  dehors,  se  trouve  en  dedans 
et  non  en  arrière. 

L épine  occipitale  est  une  crete  vertébrale  courte,  et  les  tubercules 
mastoïdiens  sont  des  cretes  transversales  qui  appartiennent  entière- 
ment au  mastoïdien. 

On  distingue,  même  dans  de  grands  individus,  les  six  occipitaux 
ordinaires  aux  tortues. 

En  dessous,  le  ci’âne  lisse  et  presque  plane  présente  comme  une 
sorte  de  compartiment  régulier , formé  des  intermaxillaires , des 
maxillaires,  du  vomer,  des  palatins,  des  ptérygoïdiens,  du  sphé- 


DES  TORTUES. 


191 


noide,  des  rochers,  des  caisses,  du  basilaire  et  des  occipitaux  laté- 
raux et  extérieurs. 

Dans  1 anière  du  plancher  de  la  tempe,  le  rocher  forme  un  com- 
partiment carré,  entre  le  ptérygoïdien,  la  caisse,  l’occipital  extérieur, 
ie  supérieur  et  le  pariétal. 


Article  IL 

De  la  mâchoire  nvférieure. 

La  mâchoire  inférieure  des  tortues  est  divisée  d’une  manière  qu’il 
n’est  pas  très-facile  de  rapporter  à celle  du  crocodile,  à laquelle 
celle  des  oiseaux  ressemble  d’une  manière  bien  plus  frappante;  mais 
cette  mâchoire  des  oiseaux  se  rapprochant  aussi  de  celle  des  tortues, 
nous  aide  à la  ramener  au  type  commun. 

L espace  occupé  dans  le  crocodile  par  les  deux  dentaires  et  les 
eux  operculaires  ne  l’est  dans  les  tortues  de  mer,  d’eau  douce  et  de 
teire,  ainsi  que  dans  les  trionyx,  que  par  un  seules,  i , analogue  aux 
c eux  dentaires.  Je  n’ai  vu  dans  tous  ces  sous-genres,  même  dans  le 
jeune  âge  , aucune  trace  de  symphyse.  L’os  y est  continu  comme 
C ans  es  oiseaux.  La  matamata  ou  cheljde , au  contraire , conserve 
à tout  âge  une  division  à la  partie  antérieure. 

L operculaii e , 2,  fîg,  25,  existe  toutefois,  comme  danslecroco- 
1 e,  à la  face  interne,  mais  il  est  reporté  plus  en  arrière,  et  atteint 
jusqu  à l’extrémité  postérieure. 

Sous  lui  est  rangulaire,3,  fig.  5,  9,  i3,  17,  .3  et  =5,  faisant 

Je  bord  inferieur  de  la  mâchoire. 

Celui  que  nous  nommons  sur-angulaire,  ib.,  4,  occupe  la  face 
x.erne  de  cette  partie  de  la  mâchoire,  et  va  aussi  jusqu’à  son  extré- 
mité postérieure,  mais  ne  touchant  l’angulaire  que  tout  en  arrière 

^uXnta”^  antérieurs  par  une  longue  pointe 

En  1 

est  situé  ^ anière,  entre  l’operculaire  et  le  sur-angulaire, 

^^ticulaire , ib. , 5,  comme  dans  les  oiseaux;  mais  ici  il  est 


1^2  OSTÉOLOGIE 

réduit  à de  plus  petites  dimensions  , ne  servant  absolument  que 
pour  l’articulation  et  pour  l’insertion  du  muscle  abaisseur  ou  ana- 

losue  du  digustTKjue,  , 

L’apophyse  coronoïde,?<^.,6,  n’appartient  aucunement  ici  au 
angulaire,  mais  à un  os  placé  entre  le  dentaire,  Xoperculaire  et  le 
sur-angulaire , et  en  avant  de  l’ouverture  par  où  les  nerfs  entrent 
dans  la  mâchoire,  ouverture  qui  se  trouve  ici  au  bord  supérieur,  au 
lieu  d’être,  comme  dans  le  crocodile  et  les  oiseaux , à la  face  interne. 
Cet  os,  que  je  ne  retrouve  pas  dans  les  oiseaux,  ne  peut  répondre 

qu’au  complémentaire  du  crocodile. 

J’ai  vu  dans  Xeinys  expajisa  le  sur-angulaire , 1 operculaire  et 
l’articulaire  soudés  ensemble,  et  leurs  sutures  effacées  à une  époque 

où  toutes  les  autres  étoient  encore  visibles. 

La  forme  générale  de  la  mâchoire  osseuse  correspond  à peu  près 
à ce  qu’on  voit  à l’extérieur. 

Plus  pointue  dans  lestrionyx  et  le  caret;  plus  obtuse,  plus  para- 
bolique dans  le  mydas , les  tortues  de  terre;  demi-circulaire  en  avant 
des  apophyses  coronoïdes  dans  la  matamata  ,•  elle  se  différencie 
aussi  par  le  sillon  dont  elle  est  creusée  ; étroit , profond  et  également 
large  dans  les  tortues  de  terre , s’élargissant  et  s’approfondissant  vers 
la  symphyse  dans  le  mydas,  manquant  entièrement  dans  les  tnonyx 

et  le  caret , etc. 

Article  III, 

De  Vos  hyoïde. 


\ 

L’os  hyoïde  des  tortues  est  plus  compliqué  que  celui  des  croco- 
diles, et  varie  singulièrement  pour  la  forme,  d’un  genre  et  même 

d’une  espèce  à 1 autre.  ' i-x 

Il  est  en  général  compose  cVnn  corps  ^ pl.  XU?  §•  ^ 4 ? 

quelquefois  subdivisé  lui- même  en  plusieurs  pièces,  et  de  deux  , 
quelquefois  de  trois  paires  de  cornes,  ih. , hh,  ce,  dd^  et  sous  la 
partie  antérieure  de  son  corps  est  encore  suspendu  un  os  ou  un 
cartilage  quelquefois  double,  qui  est  l’os  particulier  de  la  langue, 


DES  TORTUES.  ïç)3 

ib.,  e,  1 analogue  de  celui  qu’on  voit  dans  les  oiseaux,  mais  arti- 
culé chez  eux  en  avant  du  corps  de  l’hyoïde,  au  lieu  que  dans  les 
tortues  il  est  suspendu  dessous  (i). 

Les  plus  grandes  cornes,  b <5,  (la  paire  antérieure  quand  il  n’y  en 
a que  deux,  la  moyenne  quand  il  y en  a trois,  celle  qui  représente 
les  os  styloïdiens)  embrassent  l’œsophage  et  remontent  derrière  les 
muscles  analogues  des  digastriques  ou  abaisseurs  de  la  mâchoire 
inférieure,  mais  sans  être  fixées  autrement  que  par  leurs  propres 
muscles. 

Les  tortues  de  terre  ont  le  corps  de  l’hyoïde  plus  large , sa  pointe 
antérieure  plus  longue,  et  manquent  de  petites  cornes  antérieures, 
bien  que  l’angle  antérieur  soit  fort  prononcé. 

11  y a dans  le  milieu  du  disque  deux  espaces  ronds,  qui,  dans  cer- 
taines tortues  ( telles  que  Xindica) , sont  seulement  plus  minces  ; mais 
qui  dans  d’autres , telles  que  le  coüi  ( T.  racliata)^  fig^  4o , sont  abso- 
lument membraneux. 

Dans  certaines  tortues  d’eau  douce,  telles  que  Xeuropœa,  le 
clous  a , le  corps  est  plus  long  que  large,  il  a sur  le  devant  un  petit 
espace  membraneux,  et  porte  à ses  angles  antérieurs  les  petites 
cornes  latérales  (2). 

Il  S y forme  quelquefois  deux  ou  même  quatre  noyaux  osseux. 

Celui  des  trionyx  diffère  davantage. 

Son  corps,  a! , lig.  42,  est  composé  en  avant  d’une  pointe  cartilagi- 
neuse, sous  laquelle  est  suspendu  un  grand  cartilage  lingual,  e,  de 


(i)  M.  Geoffroy  (Philos,  anat.  , t.  I , p.  iSa  et  suiv.  ) , dans  la  vue  d’e'lablir  une  analogie 
plus  complète  entre  le  nombre  des  pièces  de  l’os  hyoïde  des  oiseaux  et  des  mammifères  , 
suppose  que  dans  les  oiseaux  le  corps  de  cet  os  a exécuté  un  mouvement  de  bascule  ou  de 
rotation  , et  que  ses  cornes  postérieures  s’étant  portées  en  avant  sont  devenues  des  os  linguaux, 
tandis  que  1 apophyse  antérieure  (qui  s’observe  dans  les  chevaux  , les  ruminaus , etc.)  s’est 
jetée  en  arrière  sous  le  larynx  ; mais  indépendamment  de  l’impossibilité  de  concevoir  une 
pareille  conversion , qui  ne  pourroit  avoir  lieu  sans  changer  toutes  les  connexions  avec  les 
l-m  muscles , les  nerfs  et  toutes  les  autres  parties  molles,  la  seule  présence  simul- 

. meme  de  deux  os  linguaux , et  des  cornes  postérieures  dans  les  tortues , prou- 

' que  cette  hypothèse  n’est  pas  admissible. 

Voyez  Bo]amis,  pl.  XIII , fig.  4a. 

T-  V,  2e  P. 


25 


194  OSTÉOLOGIE 

forme  ovale.  A la  base  de  cette  même  pointe  adhère  de  chaque  côté 
une  pièce  osseuse  rhomboïdale,  a";,  qui  représente  les  cornes  anté- 
rieureSj  et  ensuite  quatre  autres^  (i ^ ^ ^ d ^ formant  un  disque  épais  ^ 

concave  en  dessus,  plus  large  en  avant,  échancré  par  les  côtés  et 
en  arrière.  Aux  angles  antérieurs  de  ce  disque  adhèrent  les  cornes 
moyennes,  ^ Z»,  et  aux  postérieurs  les  postérieures , c <7.  Toutes  les 
quatre  sont  très-osseuses.  Les  moyennes  d’une  pièce  longue,  com- 
primée, arquée  et  terminée  par  un  petit  cartilage.  Les  autres,  plus 
larges , plus  plates  et  prolongées  par  un  cartilage , d d , dans  l’épaisseur 
duquel  sont  incrustés  à la  file  cinq  et  jusqu'à  six  noyaux  osseux, 
ronds  ou  ovales,  très-durs  et  très-distincts  ; en  sorte  que  la  totalité 
de  l’os  comprend  vingt  pièces  osseuses  différentes;  dont  la  distinction 
paroît  se  conserver  même  Jusqu’à  la  vieillesse. 

Le  plus  singulier  de  tous  est  celui  de  la  chelyde,  fig.  4^- 
très-bonne  heure  entièrement  osseux. 

Son  corps,  a,  est  composé  d’une  pièce  longue,  étroite,  pris- 
matique, creusée  en  dessus  d’un  canal  où  marche  la  trachée.  En 
avant  cette  pièce  se  dilate,  et  en  pOtte  de  chaque  côté  deux  an- 
guleuses, quatre  en  tout,  sans  la  compter  elle -même.  Les  deux 
mitoyennes,  d d , se  réunissent  en  avant,  laissant  entre  elles  et 
le  corps  principal  un  espace  membraneux,  sur  lequel  repose  le 

larynx. 

Les  latérales,  d' d' , représentent  peut-être  les  petites  cornes  ante- 
rieures. C’est  sur  l’angle  quelles  forment  avec  la  dilatation  du  corps 
])rincipal  que  s’articulent  les  cornes  moyennes,  h h , qui  sont  très- 
fortes,  prismatiques  dans  leur  moitié  interne;  ensuite  grêles  et  ter- 
minées par  une  pièce  osseuse  et  pointue,  b'  b',  distincte  du  reste  de 
la  corne. 

Les  cornes  postérieures,  cc,  s’articulent  à l’extrémité  postérieure 
du  prisme  qui  forme  le  corps  principal.  Elles  sont  longues,  fortes,  un 
peu  comprimées  et  courbées  en  arc. 

Sous  la  partie  antérieure  et  dilatée  est  suspendu  l’os  de  la  langue, 
e,  formé  en  avant  d’un  cartilage  demi- circulaire , et  en  arrière  de 
deux  pièces  osseuses  en  forme  de  croissant,  dont  l’angle  interne  se 


DES  TORTUES.  ig5 

prolonge  en  une  espèce  de  queue  ou  de  pédicule  qui  règne  sous  le 
corps  prismatique  de  l’os  hyoïde  (i). 

Dans  les  tortues  de  mer  (le  caret),  fig.  43,  le  corps,  a,  est  en  forme 
de  bouclier  oblong,  concave  en  dessus  où  reposent  le  larynx  et  le 
commencement  de  la  trachée j aiguisé  en  avant  en  une  pointe  qui 
pénètre  dans  la  chair  de  la  langue  en  passant  sur  l’os  lingual.  11  donne 
ensuite  de  chaque  côté  un  angle  pour  porter  la  corne  antérieure  qui 
est  fort  petite  5 la  grande  corne , bb ^ courbée  en  angle  obtus  pour 
tourner  autour  de  1 œsophage  et  de  la  mâchoire,  plus  osseuse  que 
tout  le  reste  de  l’appareil,  s’articule  au  milieu  du  bord  latéral  du 
corps,  et  son  extrémité  libre  ou  supérieure  se  termine  par  une  petite 
articulation  cartilagineuse.  Les  cornes  postérieures,  cc , s’articulent 
aux  angles  postérieurs.  Elles  sont  cartilagineuses,  plates  , un  peu 
larges  et  à peine  arquées. 

Article  IV. 

Des  os  du.  Tronc. 


I O.  Du  bouclier  dorsal. 

On  a pu  voir  par  ce  qui  précède , qu’il  y a plus  de  différence  dans 
l’arrangement  et  les  rapports  mutuels  des  os  de  la  tête  des  différentes 
tortues  que  peut-être  dans  les  têtes  de  tous  les  quadrupèdes , et  à 
coup  sûr,  que  dans  la  classe  toute  entière  des  oiseaux.  On  ne  s’éton- 
neroit  donc  pas  de  trouver  dans  le  reste  de  leur  squelette  des  diffé- 
rences proportionnées  j mais  elles  ne  sont  pas  aussi  considérables  que 
celles  des  têtes  porteroient  à le  croire. 

Tout  le  monde  sait  que  le  caractère  général  des  tortues,  et  ce  qui 


(*)  M.  Geoffroy  a déjà  fait  voir  que  l’os  lingual  est  double  dans  plusieurs  oiseaux:  c’est 
^ 6 analogie  de  plus  avec  celui  de  ces  tortues , et  par  conséquent  une  preuve  de  plus  que 
les  oiseaux  il  ne  provient  pas  du  retournement  des  cornes  postérieures. 


a5  * 


jg6  OSTÉOLOGIE 

]es  distingue  sans  exception  de  tous  les  vertébrés,  c’est  d’avoir  les  os 
de  leur  thorax  en  dehors,  enveloppant  d’une  cuirasse  ou  d’un  double 
bouclier  ce  qui  subsiste  des  muscles,  et  servant  même  d’abri  aux  os 
de  l’épaule  et  du  bassin. 

Le  bouclier  dorsal  est  principalement  formé  de  huit  paires  de 
côtes,  voyez  pl.  XIII,  % i à 5,  a'  à (iV.  On  fera  attention 
que  la  fig.  5 est  retournée  de  haut  en  bas.),  unies  vers  le  milieu  par 
une  suite  longitudinale  de  plaques  anguleuses  (mêmes  figures,  de 
5^  a ^’^)  qui  adhèrent  aux  parties  annulaires  d’autant  de  vertèbres  ou 
en  font  même  partie^  mais  ce  qui  est  bien  remarquable,  c’est  que 
ces  parties  annulaires , fig.  3 , à z",  alternent  avec  les  corps  des  ver- 
tèbres, et  ne  leur  répondent  pas  directement,  comme  nous  le  dirons 
tout  à l’heure. 

Les  côtes  s’engrènent  par  des  sutures  avec  ces  plaques;  elles  s’en- 
grènent aussi  entre  elles,  sur  toute  ou  partie  de  leur  longueur,  suivant 
les  espèces , et  même  dans  chaque  espèce  suivant  les  âges. 

Il  y a eu  avant  huit  vertebres  qui  n entrent  pas  dans  cet  engrenage. 
Les  sept  premières,  qui  sont  les  cervicales  ordinaires,  sont  libres 
dans  leurs  mouvemens.  La  huitième , que  l’on  peut  regarder  comme 
la  première  dorsale,  est  placée  obliquement  entre  la  dernière  cer- 
vicale et  la  première  des  vertèbres  fixes  du  bouclier  dorsal,  ce  qui 
la  raccourcit  en  av^ant;  en  arrière,  son  apophyse  épineuse  s’allonge 
et  grossit  un  peu  pour  s’attacher  par  synchondrose  à un  tubercule  de 
la  face  inférieure  de  la  première  des  plaques,  Z»%  de  la  série  mitoyenne 
du  plastron. 

La  première  de  ces  vertèbres  fixes , qui  est  la  deuxième  dorsale , 
est  encoie  assez  courte,  et  porte  aussi  sa  partie  annulaire  propre, 
dont  1 apophyse  épineuse,  plus  courte  que  la  précédente,  s’attache 
de  meme  a la  deuxième  plaque  par  un  cartilage. 

Cette  deuxième  plaque  3^,  plus  étroite  que  la  première,  ne  fait 
qu  un  os  avec  une  partie  annulaire  qui  est  dessous,  et  dont  la  partie 
anterieure  s articule  par  deux  petites  apophyses  avec  les  apophyses 
articulaires  de  la  deuxieme  dorsale  dont  je  viens  de  parler. 

C’est  donc  à proprement  parler  la  partie  annulaire  de  la  troisième 


DES  TORTUES. 

dorsale,  mais  le  corps  de  cette  troisième  vertèbre  ne  s’articule  que 
par  sa  moitié  antérieure  avec  la  moitié  postérieure  de  cette  troisième 
partie  annulaire,  et  de  sa  moitié  postérieure  il  s’articule  à la  moitié 
antérieure  de  la  quatrième  partie  annulaire,  et  cette  alternative 
continue  de  manière  que  le  corps  de  la  quatrième  vertèbre  répond 
aux  parties  annulaires  de  la  troisième  et  de  la  quatrième  j le  corps 
de  la  cinquième  aux  parties  annulaires  de  la  quatrième  et  de  la  cin- 
quième, et  ainsi  de  suite  jusqu’à  la  dixième. 

On  doit  distinguer  dans  les  cotes  la  plaque,  <2*— engrenée  dans* 
le  bouclier,  et  une  petite  branche,  à c">,  fig.  3,  qui  part  de  sa  face 
inférieure  et  qui  représente  ce  que  nous  appelons  la  tête  dans  les 
côtes  ordinaires.  Cette  tête  s’articule  toujours  entre  deux  corps  de 
vertèbres. 


Cependant  la  première  de  toutes  les  côtes,  c%n’a  que  cette  petite 
branche,  sans  qu’aucune  plaque  lui  appartienne  dans  le  bouclier, 
excepté  seulement  dans  quelques  émydes,  où  l’on  voit,  entre  la  pre- 
mière et  la  seconde  plaque  longitudinale,  et  la  première  côte  élargie 
ou  a deuxieme,  une  petite  pièce  qui  ne  jjeut  repi'ésenter  qae  la 
portion  élargie  de  cette  première  côte,  mais  qui  ne  tient  cependant 
nullement  à sa  tête.  Elle  s’articule  entre  la  huitième  vertèbre  ou 
première  dorsale,  et  la  première  vertèbre  fixe,  et  de  son  autre  ex- 
trémité s’applique  à la  face  interne  de  la  seconde  côte.  Celle-ci  a une 
plaque,  qui  s’engrène  de  son  bord  antérieur  avec  la  première  de  la 
sene  longitudinale  de  son  bord  spinal  avec  la  deuxième  pièce  de 
cette  sene , fig.  2 , ou  la  partie  annulaire  de  la  troisième  vertèbre 
et  par  sa  tête  entre  le  corps  de  la  seconde  vertèbre,  et  celui  de  la 
troisième,  z , fig.  3.  Les  côtes  suivantes  observent  la  même  loi,  s’ar- 
ticulant de  leur  tete  entre  le  corps  d’une  vertèbre  et  celui  de  la  ver- 
tèbre suivante , et  s’engrenant  de  leur  partie  dilatée  avec  la  plaque 
qui  représente  la  partie  annulaire  de  la  deuxième  de  ces  deux  vertè 
ce  qui  revient  à la  loi  générale;  car  dans  l’homme  et  dans  les 
et  ^ articulent  de  leur  tête  entre  deux  vertèbres , 

deux  T ' l’apophyse  transverse  de  la  seconde  des 

‘ ^es  parties  dilatées  des  côtes  de  la  tortue,  dans  la  partie  où  elles 


198  GSTÉOLOGIE 

s’engrènent  avec  les  plaques  de  la  série  longitudinale,  représentent 
donc  les  tubérosités  des  côtes  des  mammifères. 

La  neuvième  plaque  de  la  série  longitudinale,  qui  appartient  à 
la  dixième  dorsale  est  la  dernière  à laquelle  il  s’engrène  une  paire  de 
côtes  dilatées,  et  celle-ci  est  la  neuvième  en  tout  ou  la  huitième  de 
celles  qui  entrent  dans  la  composition  du  bouclier  dorsal,  Elle  se 
porte  de  son  bord  postérieur  obliquement  en  arrière , et  embrasse 
encore  les  plaques  suivantes  aux  bords  externes  desquelles  elle 
s’engrène. 

Mais  ces  trois  plaques,  non  plus  que  la  première,  ne  servent  plus 
à compléter  des  canaux  de  vertèbres. 

La  dixième  côte,  fig,  3,  attachée  entre  le  corps  de  la  dixième 
et  celui  de  la  onzième  vertèbre,  et  z”,  ne  produit  plus  de  plaque 
et  n’entre  plus  dans  la  composition  du  bouclier  dorsal.  Semblable  à 
la  première,  elle  n’a  que  la  partie  de  la  tète,  et  se  colle  de  son  autre 
extrémité  à la  face  interne  de  la  neuvième. 

La  onzième  vertèbre  après  les  cervicales  est  la  seule  qu’on  puisse 
appeler  lombaire.  Elle  ne  porte  point  de  côte. 

Dans  la  tortue  de  mer,  sa  partie  annulaire  donne  encore  une  plaque 
à la  série  longitudinale  du  bouclier  dorsal , et  c’est  la  dixième  et  la 

plus  petite  des  pièces  de  cette  série,  b^°,  fîg.  2. 

La  douzième  et  la  treizième  vertèbre  sont  les  vertèbres  sacrées.  A 
leurs  côtés  s’attachent  deux  pièces  latérales  assez  semblables  à ce  que 
nous  avons  appelé  des  têtes  de  côtes,  mais  plus  fortes,  surtout  la  pre- 
mière, renflées  au  bout,  pour  s’unir  a 1 angle  postérieur  et  supérieur 
de  l’os  des  îles.  Leur  partie  annulaire  est  close  et  complète,  et  ne  fait 
point  corps  avec  les  plaques  du  bouclier  qui  suivent  celle  de  la  on- 
zième vertèbre. 

Il  en  est  de  même  des  vertèbres  de  la  queue  ; elles  sont  libres 
comme  celles  du  col  : en  sorte  que  les  plaques  de  la  série  longitu- 
dinale, qui  suivent  encore  la  dixième,  n’adhèrent  point  à des  ver- 
tèbres, et,  si  elles  leur  appartiennent,  ne  le  font  que  par  une  relation 
métaphysique , et  autant  qu’on  les  considéreroit  comme  en  ayant  été 
démembrées.  11  en  est  de  même  de  la  première  de  toutes  les  plaques 


DES  TORTUES.  199 

de  la  série.  Elle  ne  donne  qu’une  attache  par  synchondrose  à la 
partie  annulaire,  d’ailleurs  close  et  complète,  de  la  première  vertèbi'e 
dorsale,  et  si  on  vouloit  la  regarder  comme  lui  appartenant,  il  fau- 
droit  la  considérer  comme  en  ayant  été  démembrée. 

Les  tortues  de  mer  ont  trois  placjues  longitudinales  après  la  dixième , 
ce  qui  leur  en  fait  treize  en  tout;  mais  la  seconde  (3^  ) se  partage  quel; 
quefois  en  deux,  et  la  neuvième  {b^')  aussi,  ce  cjui  porte  alors  leur 
nombre  à quinze. 

J’en  trouve  quatorze  dans  certaines  émydes,  telles  que  l’émys 
serrata;  mais  la  onzième  et  la  douzième  y sont  fort  petites;  mais 
il  n’y  en  a qu’une  seule  après  la  dixième  dans  les  tortues  de  terre 
et  dans  les  chélydes,  en  sorte  qu'elles  n’en  ont  c[ue  onze  en  tout. 

Il  arrive  cjuelquefois  qu’une  ou  deux  de  ces  plaques  ne  se  voient 
point  à l’extérieur.  Ainsi  dans  les  tortues  k boîte,  les  deux  cotes  de 
la  dernière  paire  se  joignent  l’une  à l’autre,  et  couvrent  ainsi  la  neu- 
vième plaque. 

Il  y a aussi  k cet  égard  diverses  variétés  dans  la  même  espèce. 
M.  Bojanus  en  a donné  sur  sa  111^.  planche  plusieurs  exemples  pris 
de  la  tortue  d’Europe. 

Dans  les  chélydes,  la  dernière  et  l’avant-dernière  côte  s’attachent 
à la  huitième  plaque,  et  la  neuvième  demeure  cachée. 

Dans  les  deux  cas , la  dixième  et  la  onzième  subsistent  comme  k 
l’ordinaire. 

Dans  les  tortues  de  mer,  les  huit  paires  de  côtes  dont  nous  avons 
parlé , et  les  treize  plaques  de  la  série  longitudinale  forment  un  bou- 
clier peu  bombé , de  forme  ovale  , un  peu  rétrécie  en  arrière. 

Les  cotes  ne  s engrènent  point  dans  toute  leur  longueur;  il  reste 
vers  leur  extérieur  une  portion  étroite  , et  les  intervalles  entre  cette 
portion  et  celles  des  côtes  antérieure  et  postérieure  ne  sont  remplis 
que  d’une  membrane  cartilagineuse. 

Ce  n’est  que  dans  l’extrême  vieillesse  que  quelques-unes  s’élar- 
gissent jusqu’au  bout.  Nous  avons  vu  quelquefois  les  trois  premières 
et  une  partie  de  la  quatrième  dans  cet  état.  Peut-être  n’y  arrivent- 
®lles  jamais  toutes. 


200 


OSTÉOLOGIE 


Dans  ]es  tortues  d’eau  douce  et  dans  les  chélydes , le  bouclier  se 
remplit  entièrement  avec  le  temps,  et  les  côtes  s’engrènent  sur  toute 
leur  longueur  entre  elles  et  avec  les  pièces  marginales.  L’ossification 
va  encore  plus  vite  dans  les  tortues  de  terre , et  ce  n’est  que  dans 
leur  premier  âge  que  l’on  observe  des  vides  entre  les  parties  externes 
de  leurs  côtes. 

Ce  bouclier  est  plus  ou  moins  bombé  suivant  les  espèces. 

ir  1 est  en  général  davantage  dans  les  tortues  de  terre , où  l’on  re- 
marque de  plus  que  les  côtes  sont  alternativement  plus  larges  ou 
plus  étroites  du  côté  dorsal , et  réciproquement  plus  étroites  ou  plus 
larges  du  côté  marginal  (voyez  à Æ®,  fig.  4),  Ce  rétrécissement 
du  côté  du  bord  est  surtout  très-marcjué  dans  la  troisième,  la  cin- 
quième et  la  septième. 

Celles  des  tortues  de  mer,  des  tortues  d’eau  douce  et  des  chélydes 
sont  plus  égales,  et  ont  leurs  sutures  plus  parallèles. 

En  général,  la  première  paire  est  plus  large  que  les  autres,  surtout 
dans  les  tortues  d’eau  douce  , et  encore  plus  dans  les  chélydes. 

Autour  du  bouclier  dorsal  règne  un  cadre  de  pièces  osseuses,  au 
nombre  de  onze  de  chaque  côté,  â}  à fig.  134,  toutes  engrenées 
ensemble,  et  avec  les  deux  plaques  extrêmes  de  la  série  longitu- 
dinale. 

Dans  les  tortues  de  mer,  les  extrémités  rétrécies  des  côtes  donnent 
dans  des  fossettes  creusées  à la  face  interne  de  ces  pièces  marginales , 
et  s’y  attachent  par  synchondrose. 

La  deuxième  côte  ( la  première  des  élargies,  fig.  3)  se  joint  à 
la  troisième  pièce  marginale,  â?,  la  troisième  à la  quatrième,  et  ainsi 
de  suite  juscjua  la  septième  cote,  qui  s’unit  à la  huitième  pièce;  mais 
près  de  sa  suture  avec  la  neuvième;  dans  le  caret,  celle-ci  ne  reçoit 
aucune  côte;  c’est  la  dixième  pièce  qui  reçoit  la  huitième  côte,  et 
la  onzième  pièce  qui  reçoit  la  dernière  des  côtes  dilatées,  ou  la  neu- 
vième; en  sorte  que  ces  pièces  marginales  ne  correspondent  pas  exac- 
tenient  aux  cotes.  Dans  les  autres  tortues  de  mer,  c’est  la  dixième 
qui  ne  reçoit  aucune  côte. 

Ce  ne  pourroit  donc  être  aussi  que  sous  un  point  de  vue  philoso- 


DES  TORTUES.  201 

plîique  que  1 on  regarderoit  les  pièces  marginales  comme  représen- 
tant les  cartilages  ou  parties  sternales  des  côtes.  Toutefois,  comme  il 
y en  a onze,  ce  qui  est  précisément  le  nombre  des  vertèbres  dorsales 
et  lombaire,  c est  un  motif  pour  adopter  ce  point  de  vue.  Les  deux 
piemières  et  les  deux  dernières  seroient,  comme  on  l’a  dit  en  d’au- 
ties  occasions,  des  cotes  sternales  auxquelles  leurs  côtes  vertébrales 
manqueroient.  On  en  voit  de  telles  sous  l’abdomen  du  crocodile, 
comme  nous  l’avons  dit  à son  chapitre. 

Dans  les  toi  tues  de  terre,  les  pièces  marginales,  aussi  au  nombre 
de  onze,  s engrènent  avec  les  extrémités  des  côtes,  et  forment  avec 
elles  un  tout  continu.  Les  trois  premières  s’articulent  à la  seconde 
côte,  à la  première  des  dilatées.  Les  six  suivantes,  dans  les  tortues 
de  terre,  répondent  aux  six  autres  côtes,  mais  irrégulièrement, 
parce  que  leur  largeur  est  à peu  près  égale,  tandis  cjue  les  côtes  sont 
alternativement  plus  larges  ou  plus  étroites  j et  il  y en  a deux  pour 
la  huitième  ou  pour  la  dernière  des  dilatées. 

Dans  les  tortues  d’eau  douce,  où  les  côtes  sont  plus  égales,  il  y a 
tiois  pièces  marginales  pour  la  seconde  côte  ou  la  première  des  di- 
latées. La  quatrième  jîièce  s’articule  entièrement  avec  la  troisième 
cote,  qui  reçoit  aussi  une  partie  de  la  cinquième  pièce.  Ensuite  les 
pièces  et  les  côtes  s’articulent  alternativement,  de  manière  qu’une 
pièce  répond  à deux  côtes,  et  ainsi  de  suite  jusqu’à  la  onzième  pièce, 

qui  répond  à la  huitième  côte  et  aux  deux  dernières  pièces  de  la 
série  longitudinale. 


Dans  la  chélj’^de,  la  deuxième  côte,  c’est-à-dire  toujours  la  pre- 
mière dilatée,  s’articule  entre  la  troisième  et  la  quatrième  pièce,  et 
cela  continue  ainsi  (sauf  quelques  irrégularités),  de  manière  que  la 
huitième  de  ces  côtes  élargies  correspond  à la  di.viènie  et  à la  onzième 
pièce  marginale,  en  même  temps  quelle  répond  h la  huitième  et 
à la  dixième  plaque  longitudinale,  et  qu’elle  couvre  la  neuvième. 

Les  trionyx  ou  tortues  molles  ont  leur  bouclier  dorsal,  et  surtout 
son  cadre  extérieur,  constitué  assez  différemment  des  autres, 
tue  d ^ paires  de  cotes  engrenées,  qui,  ainsi  que  dans  les  tor-  ' 
s e mer,  ne  sont  pas  dilatées  jusqu’au  bout  extérieur  5 mais  dont 
T-  V,  2e.  P. 


302 


OSÏÉOLOGIE 

la  partie  élargie  avance  d’autant  plus  vers  le  bout  que  1 animal  est 
plus  âgé  (i). 

En  avant  des  huit  côtes  est  une  pièce  impaire,  transversale,^', 
fîg*  5 J est  la  première  des  plaques  longitudinales;  mais  qui,  dans 
ce  sous-genre,  s’étend  beaucoup  plus  de  droite  à gauche. 

Elle  laisse  dans  certaines  espèces  (comme  le  trionyx  suhplanus , 
Geoffr.  ) un  vide  dans  le  milieu,  au  travers  duquel  paroît  la  deuxième 
vertèbre  dorsale,  celle  qui  ne  porte  que  des  têtes  de  côtes.  D’au- 
trefois, comme  dans  le  trionyx  granosus  de  Schœpf  ( Tr.  coroman- 
delicus  de  GeolFr.  ) ou  voit  encore  en  avant  une  petite  pièce  détachée. 

Viennent  ensuite  huit  autres  de  ces  plaques  longitudinales;  mais 
il  arrive  quelquefois  (nommément  dans  le  trionyx  d’Egypte)  que 
les  côtes  de  la  dernière  paire,  et  même  une  partie  de  celles  de  l’avant- 
dernière  , se  réunissent  sur  le  dos,  et  font  disparoître  ainsi  la  dernière 
des  plaques. 

Ces  côtes  et  ces  plaques  qui  ne  portent  point  d’écailles  se  distin- 
guent de  celles  de  toutes  les  autres  tortues  par  les  venniculations, 
ou  les  grains  dont  leur  surface  est  toute  bosselee. 

Tout  ce  qui  est  au-delà  des  côtes  vers  le  bord  n’est  formé  que  de 
cartilage;  mais  il  y reste  quelquefois  des  vestiges,  plus  ou  moins  con- 
sidérables, des  pièces  marginales.  , , J 

Dans  le  trionyx  d’Egypte  , ce  sont  des  grains  osseux  places  dans 
l’épaisseur  de  ce  cartilage.  Un  grand  échantillon,  assez  mal  conservé, 
m’en  montre  deux  vis-à-vis  l’extrémité  de  la  troisième  des  côtes  dila- 
tées, deux  vis-à-vis  la  quatrième,  et  un  vis-à-vis  la  cinquième. 

Dans  le  trionyx  granosus , ü y a sur  le  tiers  postérieur  du  bord  de 
la  carapace  une  série  continue  de  pièces,  dont  le  nombre,  en  ayant 
égard  aux  sutures  dont  on  voit  encore  des  traces,  peut  bien  aller  à 
dix  ou  onze,  et  C[ue  l’on  peut  en  conséquence  regarder  comme  re- 
présentant toutes  ces  pièces  marginales  qui  auroient  ete  repoussees 
en  arrière. 

(i)  Ce  fait , que  nous  avons  constaté  sur  plusieurs  espèces  , nommément  sur  le  trionjx  de 
Coromandel  ou.  granosus , empêche  que  l’on  ne  puisse  prendre  pour  caractère  spécifique  la 
proportion  de  la  partie  dilatée  et  de  la  partie  étroite. 


/ 


DES  TORTUES.  ao3 

Les  autres  tiaonyx  m’ont  paru  manquer  de  ces  vestiges  de  pièces 
marginales;  et  même  dans  le  trionjx  gangeticus , je  me  suis  assuré 
par  un  examen  scrupuleux  qu’elles  n’existent  pas. 

20.  Du  sternum  ou  plastron, 

La  partie  antérieure  de  la  grande  cuirasse  des  tortues,  ou  ce  que 
les  zoologistes  ont  nommé  plus tr 071 , est  formée  par  le  sterizurn, 
lequel,  ainsi  que  l’a  fait  voir  M.  Geoffroy  (i),  se  compose  toujours 


(1)  Philosophie  anatomique  , 1. 1 , p.  104  ; et  Ann.  du  Mus.,  t.  XIV. 

N.  B.  Le  sternum  des  oiseaux  se  compose  originairement  de  cinq  pièces:  la  grande  im- 
paire , qui  porle  la  carène  ; deux  late'rales  antérieures  triangulaires,  auxquelles  s’articulent 
plusieurs  côtes,  et  d’où  partent  les  muscles  sleriio-hyoïdiens  ; et  deux  latérales  postérieures 
fourchues,  qui  forment  ensuite  les  angles  postérieurs.  M.  Geoffroy  nomme  la  première 
ento-sternal,  et  les  autres  hyo-sicrnaux  et  liypo-sternaux. 

Il  retrouve  ces  deux  paires-ci  dans  nos  secondes  et  troisièmes  paires  de  la  tortue  , et  son 
ento-sternal  dans  la  pièce  impaire  ; mais  pour  établir  une  analogie  complète  de  nombre  avec 
les  tortues  , il  ajoute  quatre  pièces  à celles  que  l’on  connoissoit  dans  les  oiseaux.  II  forme  les 
deux  premières  de  cette  apophyse,  que  l’on  observe  en  avant  de  l’enlo-stemal  entre  les  ar- 
ticulations des  os  coracoïdiens  , et  qui  est  généralement  fourcbue  dans  les  passereaux  , et  il 
suppose  qu’elle  naît  par  deux  points  distincts  d’ossification.  De  même  il  forme  les  deux 
autres  de  ce  prolongement  cartilagineux  , qui  , dans  les  jeunes  sujets,  prolonge  l’ento-sternal 
en  arrière  , et  dont  il  croit  avoir  vu  l’analogue  dans  le  picverd,  sous  forme  de  deux  petites 
anses  ecarlees  1 une  de  l’autre , et  adhérentes  à la  branche  interne  de  l’hypo-sternal.  Il 
nomme  cette  paire  anterieure , qu’il  établit  ainsi  entre  les  coracoïdiens  , épi-slernal ; et  celle 
qu  il  place  en  arrière  de  l’ento-sternal , xj'phi-siernal;  et  il  en  cherche  les  analogues  dans  la 
première  et  la  dernière  paire  du  sternum  des  tortues. 

J’avoue  que  je  n’ai  jamais  pu  voir  l’épi-sternal , ni  le  xyphi-sternal  ordinaire  constituant 
des  points  d ossification  particuliers , et  qu’il  m’a  paru  que  leur  ossification  n’étoit  qu’une 
suite  et  un  prolongement  de  celle  de  l’enlo-slernal  , sans  que  j’aie  aperçu  qu’il  y ait  entre 
eux  et  lui  de  suture.  Cependant  M.  Geoffroy  assure  avoir  vu  l’épi-sternal  séparé  dans  un 
jeune  rouge-gorge. 


Quant  au  petit  disque  cartilagineux  , qui  prolonge  en  arrière  la  branche  interne  de  l’hypo- 
slernal  dans  le  pic  , c’est  une  particularité  très-réelle  de  l’organisation  de  cet  oiseau , et  que 
I ai  vérifiée  ; seulement  c’est  un  disque  cartilagineux  plein,  et  non  pas  une  anse  évidée  au 
milieu , comme  le  représente  M.  Geoffroy , loc.  clt . pl.  II , fig.  17 , p.  p.  Je  n’ai  rien  trouvé 
de-  semblable  dans  d autres  genres,  pas  meme  dans  les  coucous , ni  dans  les  perroquets  ; 
P ut  etre  cependant  les  torcols  1 offriront-ils  aussi  ; mais  je  doute  que  jamais  on  puisse  y 
. ^ uualogue  du  prolongement  cartilagineux  de  l’ento-sternal , qui  s’observe  dans  tous  les 

l^unes  oiseaux,  et  même  dans  les  jeunes  pics  comme  dans  les  autres. 


26=^ 


2o4  OSTÉOLOGIE 

de  neuf  pièces,  voy.  pl.  XII,  fig.  44  ^ 47?  ^HI,  fig.  6,  dont 
huit  sont  paires,  et  dont  la  neuvième  est  impaire , et  placée  constam- 
ment entre  les  quatre  antérieures,  avec  les  deux  premières  des- 
cfuelles  elle  adhère  de  préférence,  quand  elle  ne  s’articule  pas  avec 
les  quatre. 

Ces  neuf  pièces  varient  beaucoup  en  figure,  selon  les  genres  et  les 
espèces. 

Dans  les  tortues  de  terre  et  d’eau  douce,  et  dans  les  chélydes, 
elles  ne  laissent  de  vides  entre  elles  que  dans  le  premier  âge  seule- 
ment, où  elles  se  forment  de  rayons  osseux  cUiigés  en  divers  sens 
dans  le  disque  encore  cartilagineux  du  plastron,  comme  les  os  du 
crâne  dans  les  fétus  de  mammifères;  mais  avec  l’àge  ces  rayons  se 
joignent  de  toute  part,  et  forment  un  disque  compact  dans  toutes 
ses  parties,  et  qui  s’unit,  par  une  étendue  plus  ou  moins  considérable 
de  chaque  côté,  au  bouclier  dorsal.  Voyez,  pl.  XII,  fig.  44? 
tron  d’un  jeune  testudo  scahixi. 

Dans  les  tortues  de  mer  ou  clielonées , et  dans  les  trionyx  ou  tor- 
tues molles , ces  expansions  rayonnantes  ne  se  réunissent  pas  partout , 
et  bien  que  les  ejuatre  pièces  de  chaque  côté  s’unissent  ensemble , 
et  que  la  pièce  impaire  se  joigne  à celles  de  la  première  paire,  il  reste 
au  milieu,  entre  elles  toutes,  et  de  chaque  côté  , entre  elles  et  le 
bouclier  dorsal,  de  grands  vides  qui  ne  sont  remplis  que  par  du  car- 
tilage. 

Dans  les  tortues  terrestres,  pl.  XII,  fig.  45 , la  première  paire,  a', 
forme  une  avance  diversement  configurée  sous  le  cou  de  l’animal, 
dont  la  face  supérieure  donne  en  arrière  une  pointe  qui  rentre  vers 
la  poitrine. 

La  pièce  impaire,  «9,  est  ovale  à l’extérieur,  et  paroît  eu  dedans 
triangulaire,  et  pointue  en  arrière.  C’est  surtout  aux  dépends  de  la 
seconde  paire  c[u’elle  occupe  une  place. 

La  seconde  paire,  a de  chaque  côté  l’échancrure,  h , pour  le 
passage  du  pied  de  devant  qu’elle  forme  en  commun  avec  la  troisième 
pièce  marginale,  et  donne  une  apophyse,  b\  qui  monte  sous  le  bou- 
clier dorsal,  le  long  de  la  face  Interne  de  cette  troisième  pièce  margi- 


DES  TORTUES. 


20à 


nale,  jusqu’à  la  première  côte  élargie,  et  faisant  partie  du  bouclier 
(c  est ‘à-dire  à la  deuxième).  Son  bord  s’engrène  ensuite  avec  celai 
de  la  troisième,  de  la  quatrième  et  de  la  cinquième  pièce  marginale. 

La  troisième  pièce  latérale  du  sternum,  continue  à s’engrener 
avec  la  cinquième,  la  sixième  et  la  septième  pièce  marginale,  donne 
une  apophyse,  c',  qui  remonte  en  s’articulant  avec  cette  septième 
piece  jusqu  a la  sixième  et  la  septième  côte,  et  forme  ensuite  avec  la 
septième  pièce  marginale  une  échancrure,  c,  pour  le  }ûed  de  der- 
rière, qui  est  moins  profonde  que  celle  de  la  deuxième  pièce  pour  le 
pied  de  devant,  ce  qui,  joint  à l’absence  d’une  échancrure  pour  une 
pièce  impaire,  la  fera  aisément  distinguer. 

La  quatrième  et  dernière  paire , «'i,  forme  une  proéminence  sous 
le  ventre  et  la  queue  de  l’animal,  plus  large  et  plus  échancrée  au  mi- 
lieu que  celle  du  dessous  du  col , et  qui  de  plus  a un  bord  rentrant 


sur  le  devant  et  n’en  a point  en  arrière.  ^ 

Dans  les  tortues  à boîte,  la  partie  mobile  du  plastron  est  demi- 
ovale,  composée  des  cinq  pièces  antérieures  du  sternum,  dont  l’im- 
paire est  fort  grande.  La  partie  fixe  plus  grande , également  en  demi- 
ovale,  est  composée  des  quatre  autres.  C'est  la  troisième  paire  qui 
s unit  par  une  face  articulaire  fort  lisse  au  bord  inférieur  et  interne 
de  la  cinquième  et  de,  la  sixième  pièce  marginale.  Ce  sternum  n’a 
point  d échancrures.  11  n’y  a pour  les  pieds  d’autres  vides  que  ceux 

qui  résultent  de  la  courbure  relevée  des  bords  latéraux  du  bouclier 
dorsal. 


Plusieurs  tortues  d’eau  douce  ressemblent  au  reste  aux  tortues  à 
boite  par  un  peu  de  mobilité  dans  la  partie  antérieure  de  leur  plas- 
tron. Cela  est  sensible  dans  le  Test,  europœa,  ainsi  que  l’a  bien  re- 
marqué M.  Bojaniis. 

Dans  les  chéljdes,  l’articulation  avec  le  bouclier  dorsal  est  très- 
forte,  et  se  fait  par  des  productions  de  la  seconde  et  de  la  troisième 
P^ire,  qui  s unissent  à la  quatrième,  la  cinquième,  la  sixième,  et 
ïïieme  un  peu  a la  septième  de  pièces  marginales,  et  à la  première  et 
^ quatrième  des  côtes  élargies. 

La  dernière  paire  s unit  aussi  très-solidement  à la  huitième  et  la 


2o6  OSTÉOLOGIE 

neuvième  côte,  par  rinterraédiaii’e  des  os  du  bassin,  comme  nous 
]e  verrons. 

Dans  les  tortues  de  mer,  pi.  XIII,  fig.  6,  la  première  paire  forme 
par  deux  arcs  le  cadre  de  la  saillie  antérieure.  La  pièce  impaire , arti- 
culée avec  elles  par  une  partie  transversale , se  prolonge  en  arrière 
par  une  apophyse  pointue. 

Les  pièces  de  la  seconde  paire  s’unissent  chacune  à celle  qui  la 
précède,  par  une  apophyse  pointue  et  oblique;  et  à celle  qui  la  suit, 
par,  une  suture  transversale.  Elles  donnent , ainsi  que  celles  de  la 
troisième  paire , de  leurs  bords  interne  et  externe  des  pointes  rayon- 
nantes, en  nombre  différent  selon  les  espèces. 

Celles  de  la  troisième  engrènent  en  arrière  par  deux  ou  trois 
pointes  avec  celles  de  la  quatrième,  qui  entourent  aussi  comme  deux 
arcs  la  saillie  postérieure  du  plastron. 

Les  trionyx  ont  les  mêmes  neuf  pièces,  mais  diversement  confi- 
gurées, Dans  ceux  d’Egypte,  de  Java,  dans  le  Tr.  carinatus  et  le 
gangeticiis ) figuré  pl.  XII,  fig,  46,  celles  de  la  première  paire  sont 
en  forme  de  chevrons  qui  se  regardent  par  leur  angle , et  la  pièce 
impaire  est  un  troisième  chevron  qui  réunit  les  deux  autres,  en  tour- 
nant son  angle  en  avant.  Les  trois  ensemble  prennent  la  figure  d’un 
il  ou  d’un  X. 

La  seconde  et  la  troisième  paire  de  chaque  côté  s’unissent  pour 
former  un  disque  plus  large  que  long,  dont  la  surface  est  le  plus  sou- 
vent vermiculée,  comme  celle  des  côtes  l’est  au  bouclier  dorsal,  et 
qui  donne  de  ses  quatre  angles  des  faisceaux  d’apophyses  rayonnées , 
plus  ou  moins  nombreuses  à chaque  faisceau  selon  les  espèces. 

î^e  faisceau  postérieur  interne  entrelace  ses  dernières  apophyses 
avec  celles  de  la  dernière  paire,  qui  forme  un  disque  triangulaire 
également  vermicLilé  avec  trois  faisceaux  d’apophyses,  et  dont  le 
faisceau  antérieur  externe  s’articule  comme  nous  venons  de  le  dire, 
tandis  que  l’antérieur  interne  s’entrelace  avec  celui  de  la  pièce  du 
côté  opposé. 

Dans  le  trionyx  granosus , pl.  XII,  fig.  47  -,  D première  paire  pré- 
sente à l’exterieur  un  grand  ovale  irrégulier  de  chaque  côté;  l’im- 


DES  TORTUES.  20^ 

paire,  un  disque  rond  ; les  paires  mitoyennes  forment  de  chaque  côté 

ensemble  un  grand  chevron  très-large , dont  l’échancrure  tournée  en 

• > 

arriéré  sert  au  passage  des  cuisses;  enfin  la  dernière  paire  montre  un 
quadrilatère  plus  large  en  avant  (i). 

Dans  ces  tortues,  non  plus  que  dans  celles  de  mer,  il  n’y  a point 
d articulation  du  sternum  avec  le  bouclier  dorsal,  et  ces  deux  parties 
de  la  cuirasse  ne  sont  réunies  que  par  des  cartilages. 

30.  Des  vertèbres, 

L’^atlas  des  tortues  est  composé  de  quatre  pièces. 

Les  deux  premières,  unies  en  dessus  en  une  légère  proéminence 
tipineuse,  après  avoir  entouré  le  canal  vertébral  et  donné  en  ari’ière 
chacune  son  apophyse  articulaire,  viennent  concourir  avec  une  troi- 
sième fort  petite  à la  formation  de  l’anneau  qui  reçoit  le  condyle  de 
la  tête:  je  dis  anneau,  parce  que  dans  le  squelette  cette  fossette  est 
ouverte,  et  que  son  fond  est  rempli  par  une  quatrième  pièce  qui 
est  un  véritable  corps  de  vertèbre  sans  partie  annulaire,  et  qui,  pré- 
sentant une  face  antérieure  convexe  dans  le  vide  dont  je  viens  de 
parler,  s’articule  en  arrière  par  une  face  concave  sur  le  corps  de 
1 axis.  Cette  pièce,  analogue  à celle  que  nous  avons  déjà  vue  clans  le 
crocodile , représente  l’apophyse  odontoïde  de  l’axis  des  mammi- 
fères. Sur  leur  jonction,  en  dessous,  est  encore  attaché  un  petit  os 
fait  à peu  près  comme  une  rotule. 

Ce  qui  prouve  cjue  cette  pièce,  analogue  à rodontoïde,  est  dans 
le  fait  le  corps  de  l’atlas , c’est  que  dans  la  matamata  elle  se  soude 
aux  trois  premières , et  prend  toute  la  forme  d’une  vertèbre,  s’arti- 
culant avec  l’axis,  et  pourvue,  comme  lui,  en  dessous  d’une  crête 
longitudinale,  et  sur  les  côtés  de  petites  apophyses  transverses. 

L’axis  et  les  vertèbres  suivantes  se  composent  d’un  corps  à peu^ 

^ (Ann.  du  Mus. , t.  XIV,  p.  >6)  n’a  pu  décrire  qu’un  très-jeune  individu- 

^ J dont  les  deux  pièces  postérieures  n’etoient  point  encore  réunies  pour  former' 

dulte  te!  ^ pourquoi  il  a compté  sept  disques  granuleux  au  plastron  : dans  l’a» 

1“®  l’a  rapporté  M.  Leschenault  il  n’y  en  a que  six. 


V 


2o8  ostéologie 

près  rectangulaire,  caréné  en  dessous,  concave  en  avant,  convexe 
en  arrière,  et  d’une  partie  annulaire  qui  demeure  distincte  du  corps 
jjendant  toute  la  vie  par  deux  sutures , est  relevée  en  dessus  d’une 
crête  au  lieu  d’apophyse  épineuse,  et  dont  les  apophyses  articulaires 
antérieures,  placées  d’abord  sous  les  postérieures  de  la  vertèbre 
précédente,  se  relevent  obliquement  pour  les  embrasser  un  peu  jus- 
qu’à la  sixième,  et  reprennent  à peu  près  leur  position  horizontale 
dans  les  deux  suivantes. 

A l’angle  antérieur  de  chaque  côté  du  corps  est  une  petite  facette 
commune  au  corps  et  à la  portion  annulaire. 

Ijcs  vertèbres  adhérentes  au  bouclier  dorsal  ont  leur  corps  large 
et  foiblement  caréné  dans  les  tortues  de  mer  et  d’eau  douce.  Dans 
celles-ci  il  est  même  aplati  aux  antérieures.  Il  est  aussi  large  et  peu 
convexe  dans  les  trionyx  , et  les  chélydes  l’ont  large" et  relevé  longi- 
tudinalement d’une  petite  crête.  Mais  il  y a des  tortues  de  terre,  telles 
que  T . geometrica , et  surtout  T.  radiata , où  il  est  excessivement 
comprime , et  meme  ne  se  joint  presque  partout  que  par  une  cloison 
membraneuse  aux  pièces  de  la  série  mitoyenne  du  bouclier,  ces 
pièces  ne  donnant  chacune  que  deux  lames  étroites  et  descendantes 
sur  chaque  articulation  de  deux  corps. 

C’est  dans  un  dédoublement  du  bas  de  cette  membrane,  entre 
ces  lames  verticales,  et  dans  un  demi-canal  creusé  à la  partie  supé- 
rieure des  corps  que  marche  la  moelle  épinière. 

Dans  les  autres  sous-genres,  les  pièces  de  la  série  longitudinale  du 
bouclier  dorsal  donnent  des  cloisons  verticales  plus  complètes,  qui 
forment  avec  les  corps  un  canal  osseux  continu,  dont  les  nerfs  sor- 
tent par  des  trous  qui  restent  entre  les  lames. 

Les  vertèbres  sacrées  et  caudales  sont  composées  chacune  du  corps 
concave  en  avant,  convexe  en  arrière;  d’une  partie  annulaire  aplatie 
carrément  et  sans  épine  en  dessus,  dont  les  apophyses  articulaires 
antérieures  embrassent  obliquement  par  dessous  les  postérieures  de 
la  vertebre  precedente  et  de  deux  apophyses  traiisverses,  courtes, 
articulées  de  chaque  côté  sur  la  suture  qui  joint  le  corps  à la  partie 
annulaire,  Je  compte  vingt-trois  caudales  dans  le  T.  grœca,  le  T- 


DES  TORTUES.  209 

indica  et  d autres  tortues  de  terre,  et  même  jusqu’à  vingt-sept  dans 
le  T.  radiata.  Il  n’y  en  a que  dix-huit  dans  le  T.  geometrica,  et 
je  n eu  trouve  aussi  que  dix-huit  dans  les  tortues  d’eau  douce  et  de 
*ïier,  dont  j’ai  observé  les  squelettes. 

Article  V. 

Des  grands  os  des  extrémités. 


Dans  1 obligation  singulière  où  étoit  la  nature  de  mettre  les  os  de 
1 épaulé  et  du  bassin  au  dedans  du  tronc  et  d’y  attacher  leürs  mus- 
cles, elle  semble  avoir  encore  fait  des  efforts  pour  s’écarter  le  moins 
possible  de  son  plan  général. 

L os  qui  va  du  bouclier  dorsal  au  sternum  est  supendu  par  un  li- 
gament sous  la  dilatation  de  la  seconde  côte,  mais  en  avant  de  la 
piemière,  qui,  ainsi  que  nous  l’avons  vu,  ne  consiste  que  dans  une 
tete  articulée  sous  la  seconde,  en  sorte  qu’à  quelques  égards  cet  os 
est  encore  hors  du  thorax. 

Il  y a quelquefois,  dans  le  ligament  par  lequel  il  s’attache,  un  et 
même  deux  petits  os  particuliers. 

M.  Bojanus  en  a décrit  et  représenté  un  dans  la  tortue  d’Europe. 
Je  1 y ai  trouve  aussi,  mais  encore  à l’état  cartilagineux.  J’en  ai  ob- 
servé deux  dans  une  tortue  à boîte  d’Amérique  5 mais  je  me  suis 
assuré  quil  n y en  a point  dans  de  très-grandes  tortues  de  terre,  et 
je  n en  ai  point  vu  non  plus  dans  celles  de  mer  que  j’ai  disséquées. 

Los  dont  nous  parlons,  pl.  XII,  %.  , àS,  est  d’abord  à peu 
pies  cy  in  riquej  il  se  porte  en  avant,  et  après  avoir  donné  de  sa 
face  externe  une  portion  de  la  facette  articulaire  qui  reçoit  la  tête  de 
1 humérus,  il  va,  en  faisant  une  inflexion  plus  ou  moins  prononcée 
en  dedans,  attacher  son  autre  extrémité,  ô,  à la  face  interne  du  ster- 
num, vers  l’angle  latéral  de  la  pièce  impaire. 

ai  Vu  dans  une  tres-jeune  tortue  de  mer  cette  branche  sternale 

visee  par  une  suture,  en  sorte  que  sa  portion  qui  joint  le  sternum 


210  OSTÉOLOGIE 

m’a  para  un  os  distinct  ; mais  si  cela  est  général,  il  faut  qu’il  s’unisse  à 
l’autre  de  très-bonne  heures  car  je  n’ai  pas  retrouvé  cette  suture  dans 
des  individus  de  tortues  de  terre  et  d’eau  douce  extrêmement  jeunes. 

Le  reste  de  la  facette  pour  l’articulation  de  l’humérus  est  fourni  par 
un  autre  os,  c,  qui  se  porte  plus  ou  moins  obliquement  eu  arrière 
et  vers  la  ligne  moyenne,  en  s’élargissant  en  éventail;  et  qui  demeure 
ainsi  à peu  près  parallèle  au  sternum. 

Lors  de  mes  premiers  essais  d’ostéologie  comparée  (Leçons,  t.  I, 
p.  2.S2  ) , j’avois  dit  que  la  branche  osseuse , allant  de  la  première  côte 
au  sternum,  avoir  du  rapport  avec  la  clavicule  et  la  fourchette  des 
oiseaux,  et  que  l’os  aplati  pouvoit  sembler  une  omoplate. 

Depuis  c[ue  j’ai  mieux  étudié  les  os  de  l’épaule  en  général , et  sur- 
tout depuis  que  j’ai  fait  la  myologie  et  l’ostéologie  d’à  peu  près  tous 
les  genres  de  vertébrés,  je  me  suis  convaincu  que  la  branche  osseuse, 
a,  qui  vient  du  bouclier  osseux  est  l’omoplate;  cjue  la  partie, 
qu’elle  porte  au-delà  de  la  facette  articulaire  est  son  acromion.  Quant 
à l’os  aplati,  <7,  qui  se  porte  en  arrière,  c’est  incontestablement  l’os 
coracoïdien. 

Tous  les  muscles  qui  partent  de  ces  os  pour  se  rendre  au  bras  sont 
respectivement  les  mêmes  que  dans  les  oiseaux , quelques  change- 
mens  qu’ils  aient  éprouvés  dans  leur  position  relativement  à l’horizon, 
et  dans  leur  grandeur  et  leur  ligure. 

Il  reste  à savoir  s’il  y a une  clavicule. 

Si  la  suture  que  j’ai  observée  dans  un  individu  de  tortue  de  mer  étoit 
constante,  il  n’y  auroitpas  de  difficulté.  On  feroit  la  clavicule  de  l’extré- 
mité sternale  de  l’os  qui  va  de  la  carapace  au  sternum,  ce  qui  seroit 
d’autant  plus  naturel  qu’ilva  s’attacher  àla  pièce  impaire  du  sternum. 

Dans  le  cas  où  ce  ne  seroit  qu’un  accident,  il  faudroit  supposer  que 
la  clavicule  manque  comme  au  crocodile,  ou  la  chercher  dans  la 
paire  antérieure  des  pièces  du  sternum,  dont  la  position  est  dans  le 
lait,  relativement  à la  pièce  impaire,  assez  semblable  à celle  de  la 
clavicule  des  sauriens  et  de  l’orniihorhynque  (i). 


(i)  Je  rne  suis  quelquefois  étonné  que  ce  rapproclienient  n’ait  pas  été  fait  par  M.  Geof- 
froy; il  sembloit  plus  naturel  que  celui  Je  celte  première  paire  avec  l’apophyse  épi-sleniale. 


DES  TORTUES.  an 

Cette  épaule  à trois  branches,  cette  omoplate  presque  cylindrique, 
cette  portion  acromiale  à peu  près  égale  en  volume  au  reste  de  l’o- 
moplate, sont  caractéristiques  des  tortues.  11  n’y  a rien  de  pareil  dans 
Igs  autres  animaux,  parce  qu’il  n’y  a point  d’autre  épaule  qui  soit 

dedans  du  thorax. 

Leurs  formes  varices  donnent  aussi  de  très-bons  caractères  pour 
les  sous-genres. 

Dans  les  tortues  de  mer  (fig.  5,  prise  du  caret),  la  partie  de  l’o- 
moplate qui  va  former  la  face  articulaire  se  détache  en  quelque 
sorte  de  l’os,  et  eu  fait  une  apophyse  latérale;  et  les  deux  bran- 
ches, à 1 angle  rentrant  qu’elles  font  ensemble,  sont  comprimées, 
plates  et  larges.  L’acromion  est  comprimé,  mais  dans  un  autre 
sens;  et  l’os  coracoïdien  est  très-long  et  peu  élargi  à son  extrémité 
sternale. 

Dans  les  tortues  de  terre  (hg.  i , prise  du  couï),  où  le  bouclier 
dorsal  plus  élevé  donne  plus  de  place  pour  l’extension  de  l’omoplate 
et  de  son  acromion , l’angle  en  est  plus  ouvert  et  l’os  y est  moins 
comprimé.  L os  coracoïdien  est  court  et  tellement  élargi  que  son 
bord  sternal  égale  sa  longueur. 

Dans  les  tortues  d’eau  douce  ( fig.  2 , prise  de  l’émyde  d’Eù- 
rope),  1 épaule  tient  une  sorte  de  milieu.  L’os  coracoïdien  y est  plus 
long  que  large;  la  branche  acromiale  y est  comprimée;  l’angle  qu’elle 

fait  avec  1 omoplate  y est  prononcé , mais  moins  que  dans  celles 
de  mer. 

Les  chélydes,  fig.  3,  ont  l’os  coracoïdien  plus  large  et  plus  court 
que  les  tortues  d eau  douce , moins  que  celles  de  terre. 

Dans  les^  trionyx , fig.  4 , l’angle  est  assez  prononcé , mais  l’os  co- 
lacoïdien  s y fait  remarquer  par  une  forme  particulière;  plus  élargi 
que  dans  les  autres  sous-genres;  son  bord  externe  y est  convexe  et  se 
continue  avec  le  postérieur,  tandis  que  l’interne  est  un  peu  concave; 

qui  fait  singulièrement  ressembler  le  contour  de  cet  os  à celui  de 
certaines  omoplates  de  mammifères. 

L Humérus  des  tortues , fig.  6 à 1 0 , a du  singulièrement  tourner 

son  axe  pour  placer  le  pied  de  devant  dans  la  position  qu’exi- 

^7" 


212  OSTÉOLOGIE 

geoit  la  cuirasse  osseuse  qui  ne  lui  laisse  de  passage  que  par  une  échan- 
crure étroite. 

Il  est  résulté  de  Ih  que  sa  tubérosité  interne,  a , est  devenue  pos- 
térieure et  supérieure,  et  que  l’externe,  h,  est  devenue  interne  et 
aussi  un  j)eu  postérieure. 

La  tête  est  sortie  hors  de  l’axe  plus  que  dans  aucun  animal,  et 
cela  vers  la  face  postérieure  qui,  dans  la  position  ordinaire,  est  la 
supérieure.  Elle  est  en  segment  de  sphère  et  fort  convexe. 

Les  deux  tubérosités  sont  très-grandes,  très-saillantes , et  laissent 
entre  elles  une  concavité,  comme  il  y eu  a une  en  arrière  entre  les 
condyles  de  l’humérus  dans  la  plupart  des  mammifères. 

La  tubérosité  interne,  devenue,  comme  j’ai  dit,  postérieure,  est 
la  plus  grande.  Elle  a la  forme  d’une  longue  crête  obtuse,  analogue 
de  la  crête  deltoïdienne,  et  c[ui  reçoit  les  mêmes  muscles. 

L’autre  tubérosité  forme  aussi  une  crête,  mais  beaucoup  plus 
courte.  L une  et  1 autre  régnent  jusque  près  des  bords  de  la  tête. 

Le  corps  de  1 os  est  arqué,  et  sa  concavité,  qui  seroit  antérieure 
dans  l’homme,  se  trouve  ordinairement  inférieure.  La  face  opposée 
est  convexe.  Dans  le  haut  elle  a un  petit  creux  vis-à-vis  la  fin  de  la 
fosse  qui  est  entre  les  deux  tubérosités. 

Le  bas  de  l’os  est  élargi , et  un  peu  aplati  d’avant  en  arrière.  On  y 
remarcjue  au  bord  externe  un  sillon  peu.  prononce  dans  les  tortues 
de  terre,  plus  profond  dans  les  émydes,  les  chélydes  et  les  trionyx  , 
et  qui  sépare  presque  dans  les  tortues  de  mer  la  tête  inférieure  en 
deux  parties  inégales.  Ce  sillon  est  peut-être  le  meilleur  caractère 
pour  distinguer  la  partie  inférieure  de  l’humérus  de  celle  du  fémur 
qui  n’en  porte  point,  mais  qui,  dans  tout  le  reste,  n’offre  que  de 
très-légères  différences. 

Sa  tête  inférieure,  transversalement  oblongue  et  d’une  convexité 
uniforme,  reçoit  les  os  de  l’avant-bras  sans  leur  oflVir  deux  facettes 
distinctes. 

Les  trionyx,  fig.  9,  ne  diffèrent  des  tortues  de  terre,  fig.  6,  que 
par  plus  d’écartement  des  tubérosités. 

Les  émydes,  fig.  7,  ont  en  outre  l’os  pi  us  grêle  et  un  peu  moins  arqué. 


DES  TORTUES.  2i3 

Les  chélydes,  fig.  8,  l’ont  encore  moins  arqué,  mais  plus  gros 
que  les  emydes.  Ses  deux  tubérosités  sont  presque  dans  le  même 
plan,  ce  qui  rend  sa  partie  supérieure  plus  plate. 

L humérus  des  tortues  de  mer,  fig.  lo,  diffère  de  tous  les  autres  en 
ce  qu  il  n est  point  arqué  sur  sa  longueur,  mais  à peu  près  droit  ; eu 
ce  que  sa  grande  tubérosité,  a,  (l’analogue  de  la  petite  ou  de  l’in- 
terne de  1 homme)  est  plus  longue,  dépasse  la  tête  et  ressemble  à un 
olécrane;  enfin  en  ce  que  l’autre  tubérosité,  b , est  plus  courte,  et 
représente  une  crête  transverse  en  forme  de  chevron. 

Il  y a toujours  deux  os  à 1’ avant-bras,  mais  peu  mobiles  l’un  sur 
l’autre. 


Ils  sont  placés , lors  de  la  marche , de  manière  que  le  cubitus  fait 
le  bord  extérieur  du  bras,  et  le  radius  l’intérieur. 

Le  RADIUS,  a,  fig.  ii  à i5,  a la  tête  supérieure  demi-circulaire, 
un  peu  concave;  le  corps  aminci;  la  tête  inférieure  comprimée  et 
coupée  obliquement,  en  sorte  qu’il  est  plus  court  au  côté  cubital. 

Le  CUBITUS,  b,  ibid. , est  comprimé.  Sa  tête  supérieure  est  trian- 
gulaire et  coupée  obliquement,  en  sorte  que  son  bord  externe  est 
plus  long  vers  le  haut  que  le  radial,  sans  qu’il  y ait  cependant  d’olé- 
cràne  proprement  dit.  Ce  bord  est  tranchant.  L’inférieur  est  coupé 
carrément. 

Dans  les  trionyx , fig.  1 4 > le  radius  dépasse  le  cubitus  comme  dans 
les  tortues  de  mer , fig.  i5.  Le  cubitus  n’est  point  aussi  comprimé  que 
dans  les  autres  sous-genres;  il  est  même  rond  dans  le  milieu,  où  il  est 

aminci,  et  a versle  bas  en  avant  une  arête  saillante  qui  le  rend  presque 
JH’ismatique. 

Dans  les  tortues  de  mer,  les  deux  os  sont  en  c[uelque  sorte  l’un 
sur  l’autre  : en  supposant  le  carpe  horizontal , le  radius  est  placé  sous 
le  bord  antérieur  du  cubitus.  Le  radius  est  le  plus  long  des  deux. 
Dans  le  haut,  sa  forme  est  en  cylindre  comprimé;  dans  le  bas,  eu 
Rrisme  triangulaire;  et  cette  partie  descend  jusqu’à  moitié  du  premier 
rang  du  carpe.  Sa  forme  est  comprimée  et  rétrécie  aux  deux  bouts. 

De  bassin  des  tortues,  fig.  i6  à se  compose  toujours  de  trois* 
os  c istincts,  contribuant,  comme  dans  les  quadrupèdes,  à la  co.mpo- 


2i4  ostèologie 

sition  de  la  fosse  cotyloïde  j un.  os  des  îles  allonge  j ihid.  ^ ® 

tache  par  des  ligamens  aux  apophyses  transverses  des  vertèbres  sacrées 
et  à la  partie  voisine  de  la  huitième  paire  des  côtes  dilatées  j un  pubis, 
ô,  et  un  ischion,  c , qui  se  portent,  en  s’élargissant,  vers  le  plastron, 
et  s’y  réunissent  chacun  à son  semblable. 

A l’endroit  où  ils  s’unissent  pour  former  la  cavité  cotyloïde,  chaque 
os  a trois  faces  : une  pour  chacun  des  deux  autres , et  une  pour  la 
cavité. 

Sur  le  reste  de  sa  longueur,  l’os  des  îles  est  oblong,  l’ischion 
va , en  s’élargissant,  directement  vers  la  symphyse , et  le  pubis , après 
s’être  d’abord  porté  en  avant,  se  courbe  vers  la  symphyse,  et  s’é- 
largit aussi  pour  y arriver. 

Dans  les  tortues  de  terre,  fig.  i6et  17 , le  pubis  donne  de  l’angle  où 
il  se  courbe  une  apophyse  pointue , ô',  epi  se  dirige  vers  le  plastron. 

Dans  les  tortues  d’eau  douce,  fig.  18  et  ig,  cette  apophyse  est 
aplatie  et  dirigée  latéralement,  et  souvent  tronquée  ou  arrondie. 

Dans  les  tortues  de  terre  et  d’eau  douce , les  pubis  vont  ensemble 
s’unir  aux  ischions,  et  laissent  ainsi  de  chaque  côté  un  trou  ovalaire,  o. 

Dans  les  tortues  de  mer,  fig.  28  et  24,  et  les  trionyx,  fig.  21  et  22, 
les  pubis  et  les  ischions  ne  s’unissent  au  milieu  que  par  un  cartilage  , 
en  sorte  que  dans  le  squelette  il  n’y  a qu’une  seule  ouverture , maïs 
très-grande,  qui  remplace  les  deux  trous  ovalaires. 

Dans  ces  quatre  sous-genres , ces  deux  os  ne  sont  fixés  au  plastron 

que  par  des  ligamens. 

Dans  les  chélydes  , fig.  20,  le  bassin  s’engrène  plus  solidement  et 
avec  le  plastron,  en  dd,  et  avec  le  bouclier  dorsal,  en  ses  os  s’y 
articulent  par  de  larges  surfaces,  l’os  des  îles,  à la  huitième  côte  di- 
latée , les  deux  autres  os  à la  dernière  pièce  du  plastron. 

La  position  de  ce  bassin  est  toujours  telle  que  l’os  des  îles  se  porte 
obliquement  d’arrière  en  avant  et  vers  le  plastron,  que  la  surface 
commune  des  deux  autres  os  est  parallèle  au  sternum,  et  que  la 
fosse  cotyloïde  regarde  de  côté,  ce  que  démontrent  les  fig.  17  , ig, 
20,  22  et  24* 

Dans  les  trionyx  et  les  tortues  de  mer,  le  pubis  est  simplement 


DES  TORTUES.  2i5 

dilaté  en  éventail  à sa  partie  antérieure , et  légèrement  divisé  par 
un  aie  rentrant  en  deux  lobes,  dont  Tinterne  va  former  la  symphyse. 
L ischion  des  tortues  de  mer  est  simplement  oblong  j dans  les  trio- 
et  les  tortues  d eau  douce , il  s’élargit  carrément  du  côté  de  la 
^mphyse,  ce  qui  lui  donne  un  angle  saillant  à son  bord  postérieur, 
üans  les  tortues  de  terre,  cet  angle  devient  pointu;  et  en  général 
ans  les  eux  derniers  sous-genres,  le  pubis  et  l’ischion  composent 
ensemble  une  surface  plus  ou  moins  concave  du  côté  du  plastron. 

Le  FEMUR  des  tortues,  fig.  a5  a 34,  seroit  facile  à prendre  pour  un 
humérus  de  quadrupède.  Sa  tête  ov^ale  s’écarte  du  corps  de  l’os  sans 
en  etie  précisément  separee  par  un  col  étroit.  Au  lieu  de  trochanter 
est  une  crête  transversale,  peu  élevée,  séparée  de  la  tête  par  un  en- 
foncement serni- circulaire.  Le  milieu  de  l’os  est  aminci  et  rond,  et 
je  bas  comprimé  d avant  en  arrière,  et  s’élargissant  par  degrés  pour 
ormer  la  tête  inférieure,  qui  est  une  portion  transverse  de  cylindre 
Un  peu  infléchie  vers  l’arrière. 

Dans  les  toitues  d eau  douce,  fig.  o.j  et  28,  la  tête  est  plus  oblon- 
bUe , et  les  deux  trochanters  sont  des  tubercules  distincts , séparés  l’un 
autie  par  un  arc  rentrant  de  la  crete.  Leur  séparation  est  encore 
P us  marquée  dans  les  trionyx,  fig.  3 1 et  82  ; ils  y sont  presque  aussi 
distincts  que  les  tubérosités  de  l’humérus,  mais  plus  égaux. 

Dans  les  tortues  de  mer,  fig.  33  et  34 , la  tête  est  ronde , et  il  n’y  a 

qu  une  crête  plus  élevée  et  plus  grosse  dans  son  milieu.  L’os  est  plus 
court  et  plus  épais. 

^ Les  deux  os  de  la  jambe  sont  à peu  près  droits;  le  tibia,  a,  fig.  35 
a 39,  plus  gros  et  à peu  près  semi-circulaire  dans  le  haut,  redevenant 
aussi  un  peu  gros  dans  le  bas;  le  riHo.B,  , plus  comprimé  et 

plus  large  dans  le  bas.  Le  premier  présente  une  surface  un  peu  concave , 
uniforme  ; 1 autre  une  un  peu  convexe  et  rhomboïdale  à l’astragale' 
Dans  les  tortues  de  terre,  fig.  35,  le  milieu  de  l’os  est  assez  grêle' 

^ tete  supérieure  présente  deux  facettes  légèrement  concaves,  et  la 

inférieure  porte  un  tubercule  saillant  qui 
h.  3/°”'^  ^ concave  de  l’astragale.  Dans  les  émydes, 

> ce  tubercule  inférieur  existe  aussi , et  la  tête  supérieure  est 


2i5  ostéologie 

déjà  un  peu  convexe.  Les  chélydes,  fig.  3;,  ont  cet  os  plus  égal  en 
«grosseur  la  tète  supérieure  convexe , et  le  tubercule  inférieur  encore 
un  peu  prononcé.  Dans  les  trionyx  , fig.  38,  il  en  est  à peu  près 
comme  dans  les  chélydes  5 mais  le  tibia  des  chélonées,  fig.  89,  est 
aussi  large  au  milieu  qu’aux  extrémités.  Les  tètes  supérieure  et 
inférieure  sont  convexes , et  il  n’y  a plus  de  tubercule  externe  à Tin- 
férieure. 

Article  VT. 

Des  os  des  mains  et  des  pieds. 

§ I.  Des  mains. 

Dans  les  tortues  de  mer,  fig.  i5,  tous  les  os  du  carpe  sont  plats  et 
à peu  près  coupés  carrément. 

Au  premier  rang  sont  deux  os , c et  d,  adhérant  au  cubitus,  et  au 
dernier  rang  cinq  plus  petits,  i à 5,  portant  les  cinq  os  du  métacarpe. 

Il  y a de  plus  un  os  intermédiaire,  e,  sous  le  premier  os  cubital, 
et  sur  le  deuxième  et  le  troisième  du  dernier  rang.  11  paroît  répondre 
à cet  os  démembré  du  trapézoïde  que  l’on  voit  dans  les  singes. 

Enfin  il  y en  a un  grand  en  demi- croissant  hors  de  raug,^,  adhé- 
rant au  bord  externe  de  celui  qui  est  au-dessus  du  métacarpien  du 
petit  doigt.  C’est  un  vrai  pisiforme , bien  qu’un  peu  descendu. 

Entre  celui  qui  est  sur  le  métacarpien  du  pouce,  i,  et  le  radius,  a, 
il  n’y  a long-temps  que  des  ligamens , et  l’on  ne  voit  point  le  grand 
os  scaphoïdo-semilunaire  que  nous  verrons, dans  les  autres  sous- 
genres  ; mais  avec  l’âge  il  se  montre  en  cet  endroit  un  petit  os  radial. 

Les  très-grands  individus  ont  aussi  les  deux  avant-derniers  os  du 
deuxième  rang  soudés  ensemble. 

Le  métacarpien  du  pouce,  1',  est  court  et  large. 

Les  autres  sont  longs  et  grêles. 

Le  petit  doigt  n’a  que  deux  phalanges.  Il  n’est  pas  plus  long  que 
le  pouce. 


DES  TORTUES.  317 

Les  trois  autres  s’allongent,  surtout  le  médius. 

Il  résulte  du  tout  une  main  pointue,  où  le  pouce  et  l’index  seuls 
ont  leur  onguéal  armé  d’un  ongle. 

Dans  les  tortues  de  terre , fig.  1 1 , on  est  obligé  de  reconnoître  qu’il 
n’y  a que  deux  phalanges  à chaque  doigt,  ou  bien  il  faudroit  sup- 
poser qu’il  manque  soit  le  dernier  rang  d’os  au  carpe,  soit  tous  les 
métacarpiens,  ce  qui  n’est  pas  admissible,  parce  que  l’on  volt  bien 
par  les  formes  et  par  la  comparaison  avec  les  tortues  d’eau  douce  que 
ce  sont  ces  métacarpiens  et  ces  os  du  carpe  qui  existent. 

Cela  posé , on  trouve  au  carpe  un  grand  os  radial  ou  scaphdido- 
semilunaire , a! , deux  os  cubitaux  presque  carres,  c et<f,  cinq  os  du 
second  rang  portant  les  cinq  métacarpiens,  et  un  os  intermédiaire, 
e,  placé  entre  le  grand  radial,  le  premier  cubital,  et  ceux  qui  portent 
le  troisième  et  le  quatrième  métacarpien. 

Cet  intermédiaire  se  soude  assez  souvent  aMScaphdido-semilunaire. 

Les  os  du  métacarpe  sont  plus  courts  même  que  les  phalanges. 

Dans  les  tortues  d’eau  douce,  fig.  12 , les  trois  doigts  mitoyens  ont 
leurs  trois  phalanges  bien  développées  5 mais  il  n’y  en  a que  deux  au 
pouce  et  au  petit  doigt.  Les  métacarpiens  sont  assez  longs , et  les  deux 
externes  sont  portés  sur  un  seul  os  du  carpe  ; néanmoins  la  dernière 
rangée  est  aussi  de  cinq  os , parce  qu’il  y en  a un  très-petit  en  dehors 

du  côté  du  pouce. 

Au  premier  rang , le  cubitus , du  moins  dans  la  tortue  d’Europe , 
porte  quatre  os  : deux  grands , un  petit  intermédiaire  et  un  autre 
petit  hors  de  rangj  mais  il  y a d’autres  espèces,  comme  T.  clausa, 
où  les  deux  petits  ne  s’observent  pas. 

Le  grand  os  radial  ou  scaphoïdo-semilunaire  passe  en  partie  sous 
les  deux  os  cubitaux  (1). 

Les  chélydes,  fig.  i3 , ont  la  main  faite  à peu  près  comme  les  tor- 


(i)  N.  B.  La  fig.  12  , pl.  VI  de  M.  Bojanus,  est  semblable  à ce  que  j’ai  observé,  si  ce 
n’est  qu’il  n’a  pas  représenté  le  petit  os  cubital  intermédiaire , et  qu’il  donne  comme  divisé 
l’externe  de  la  seconde  rangée.  Dans  mes  individus , et  de  plusieurs  espèces  , il  n’y  a qu’un 
à la  place  des  deux  que  M.  Bojanus  représente  ; à la  vérité  il  est  bilobe. 

T.  V,  ae.  P.  28 


2i8  ostéologie 

tues  d’eau  douce,  si  ce  n’est  que  leur  os  radial  est  petit  et  rentré  vers 
le  dedans  du  carpe  à côté  de  l’os  que  nous  avons  nommé  intermédiaire, 
et  que  le  petit  doigt  a,  comme  les  trois  intermédiaires , trois  phalanges. 

Lestrionyx,  fîg.  i4î  ont  aussi  l’os  radial  rentré  à côté  de  l’inter- 
médiaire. Leurs  trois  premiers  doigts  ont  leurs  troisièmes  phalanges 
grandes , larges  et  pointues  pour  porter  leurs  ongles.  Le  quatrième  en 
a quatre,  toutes  assez  grêles 5 et  le  dernier  trois. 

§ IL  Des  pieds. 


Dans  les  tortues  en  général  le  calcanéum  n’a  point  de  proéminence 
en  arrière , en  sorte  que  leur  tarse  est  plat  comme  un  carpe. 

Il  se  compose  dans  les  tortues  de  mer,  fig.  3g,  de  six  os  ou  de  sept, 
suivant  que  l’on  comptera  le  premier  du  petit  doigt.  Deux  au  premier 
rang,  dont  un  plus  grand,  a',  à peu  près  rhomboïdal,  répondant  éga- 
lement au  tibia  et  au  péroné,  est  l’astragale;  un  plus  petit,  b',  carré, 
articulé  semement  au  péroné,  est  le  seul  vestige  de  calcanéum. 

Au  second  rang  il  y en  a quatre  : trois  cunéiformes  pour  les  méta- 
carpiens du  pouce  et  des  deux  doigts  suivans,  et  un  plus  grand  pour 
les  deux  derniers  métatarsiens. 

Les  os  du  métatarse  du  pouce  et  du  petit  doigt  sont  pi  us  courts 
que  les  autres,  et  singulièi'ement  larges  et  aplatis.  On  pourroit  cepen- 
dant prendre  celui  du  petit  doigt,  c,  pour  un  os  hors  de  rang  du  tarse. 
En  ce  dernier  cas,  le  petit  doigt  n’auroit  que  deux  phalanges*  autre- 
ment il  en  auroit  trois  comme  les  autres. 


Le  pouce  n’en  a que  deux.  I]  porte  un  ongle , et  le  doigt  qui  le  suit 
en  porte  également  un. 

Les  deux  suivans  ont  encore  leurs  dernières  phalanges  assez  grandes, 
quoique  sans  ongles,  mais  le  dernier  l’a  fort  petite. 

Dans  les  tortues  de  terre,  fig.  35^  pos  analogue  à l’astragale  est 
P us  gios,  P us  épais;  et  1 os  péronien  , ou  analogue  du  calcanéum, 
plus  petit.  Les  quatre  autres  os  existent;  et  cel  ui  que  nous  avons 
appelé  metatarsieu  du  petit  doigt  semble  leur  faire  suite  par  sa 
position  et  par  sa  figure.  Il  porte  quelquefois  un  vestige  de  doigt 


DES  TORTUES. 


219 


dune  seule  pièce,  qui  me  paroît  même  manquer  dans  plusieurs 
espèces. 

Le  métatarsien  du  pouce  est  très-court  et  non  aplati:  les  autres 
sont  un  peu  plus  longs.  Aucun  des  quatre  doigts  existans  n’a  plus 
de  deux  phalanges. 

^ Le  tarse  des  tortues  d’eau  douce , fig.  36,  est  à peu  près  le  même, 
si  ce  n est  que  1 osselet  jîéronîen  ou  calcanéum  , quand  il  n’est  pas 
réuni  à 1 astragale,  est  plus  grand,  que  l’osselet  qui  sert  de  vestige 
de  petit  doigt  est  plus  long,  et  que  les  trois  doigts  qui  suivent  le 
pouce  ont  leurs  trois  phalanges  bien  distinctes. 

Dans  le  tarse  des fig.  38,  l’ospéronien  descend  en  dehors 
des  trois  cunéiformes,  et  porte  moitié  de  la  tête  du  troisième  méta- 
tarsien et  toute  celle  du  quatrième.  A son  bord  externe  adhère  un 
grand  os  carré,  celui  dont  nous*  avons  douté  si  c’étoit  un  métatarsien 
Ou  un  os  hors  de  rang.  Il  porte  le  cinquième  métatarsien  ou  la  pre- 
mière phalange  du  petit  doigt;  mais  en  ce  cas  le  petit  doigt  en  auroit 
trois.  Il  est  vrai  que  le  quatrième  doigt  en  a quatre,  sans  compter 
son  métatarsien. 

Le  pouce  en  a deux,  et  les  deux  doigts  suivans  chacun  trois.  Dans 
tous  les  trois,  la  dernière  est  grande,  large  et  pointue  pour  porter 
un  ongle.  Dans  le  quatrième  et  le  cinquième  doigt,  cette  dernière 
phalange  est  très-petite  et  sans  ongle. 

Dans  les  chélydes  ou  matamata,  fig.  37,  le  quatrième  doigt  est, 
comme  les  deux  précédens,  composé  de  trois  phalanges  et  armé 
^ un  ongle;  le  cinquième  aussi  a trois  phalanges,  et  même  il  en 
auroit  quatre,  si  1 on  ne  regardoit  pas  l’os  sur  lequel  nous  sommes 
en  doute  comme  un  os  du  tarse;  mais  la  dernière  est  très-petite, 
cartilagineuse  et  sans  ongle. 

Leur  tarse  est  comme  dans  les  trionyx , avec  cette  différence  que 
CS  analogues  de  1 astragale  et  du  calcanéum  sont  divisés  transversa- 
Cttient  chacun  en  deux  os  ; en  sorte  que  celui  qui  se  détache  du  cal- 
quatrième  cunéiforme  pour  le  quatrième  métatar- 
uor/  T détache  de  l’astragale  est  un  vrai  scaphoïde , qui 

^ ® les  trois  premiers  cunéiformes. 


28* 


220 


TORTUES 


,1  i.ji  I — — — — 

SECTION  IL 

Des  Tortues  fossiles. 

Le  nombre  des  tortues  vivantes  est  si  considérable,  qu’il  est  très- 
difficile  de  décider  si  une  tortue  fossile  est  ou  non  d’une  espèce  in- 
connue , d’autant  qu’il  faudroit  pour  cela  lui  comparer  non  pas  seule- 
ment des  carapaces  et  des  plastrons  revêtus  de  leurs  écailles , tels 
qu’on  les  voit  d’ordinaire  dans  les  cabinets  et  qu’on  les  représente 
dans  les  livres,  mais  des  squelettes  où  l’on  apercevroit  à nu  les  join- 
tures des  côtes  et  des  autres  os  qui  concourent  à la  composition  de 
ces  cuii’asses. 

J en  ai  fait  dépouiller  à la  vérité  un  assez  grand  nombre  : les  ché- 
lonees  franche , vergetée , tachetée  et  d’autres  variétés  ÿ le  caret ^ 
la  couane^  la  tortue  grecque^  les  Test,  tahulata,  T.  radîata,  T. 
marginata,  T.  angulata,  T.  cqjfra,  T.  geometrica , T.  areolataj 
les  grandes  tortues  des  Indes , Vémyde  d’Europe , les  Em.  serrata, 
Em.  centrata,  Em.  vîrgulata,  Em.  clausa,  Em.  scripta,  Em. 
scahra  y Em.  picta,  Em.  doj'sata.  , Em.  expajxsa  ÿ les  trionyx 
d’Egypte , de  Jaça , du  Gange ^ aplati;  Idimatamata,  et  d’autres 
encore.  Ainsi  j’ai  bien  pu  constater  les  caractères  qui  distinguent  les 
tortues  fossiles  de  toutes  ces  especes^  mais  ce  n est  que  par  induction 
que  je  peux  croire  que  les  premières  diffèrent  également  de  celles 
que  je  n ai  pas  eues  aussi  complètement  à ma  disposition. 

J en  serai  donc  réduit  pour  plusieurs  à assigner  leur  sous-genre  j 
mais  c’est  déjà  une  circonstance  assez  importante,  puisqu’elle  marque 
leur  séjour  et  donne  quelque  probabilité  sur  l’origine  du  terrain  qui 
les  enveloppe,  ou  du  moins  sur  l’existence  ou  la  non  existence  de 
quelque  terre  sèche  dans  le  voisinage  des  eaux  où  ce  terrain  se  formoit. 

J ai  joui  pour  cette  partie  de  mon  travail  d’un  secours  dont  il  est 
juste  que  je  fasse  mention  j c’est  un  mémoire  sur  les  tortues  fossiles 


I 


FOSSILES.  221 

de  M.  Bourdet  de  la  Nièvre,  naturaliste  voyageur,  dont  il  a été 
donné  un  extrait  dans  le  Bulletin  des  Sciences  de  la  Société  philo- 
matique 1821.  L’auteur,  qui  y décrit  et  représente  plusieurs 

morceaux  qu’il  a observés  dans  les  cabinets  de  la  Suisse  et  ailleurs , 
a bien  voulu  me  confier  son  manuscrit  et  ses  figures , en  me  permet- 
tant d’en  faire  usage;  je  lui  en  témoigne  ici  ma  reconnoissance. 

M.  Hugi,  professeur  à Soleure , et  observateur  très-zele , m a rendii 
aussi  un  très-grand  service  en  me  communiquant  plusieurs  des  nom- 
breux morceaux  qu’il  a recueillis  dans  les  carrières  des  environs  de 
cette  ville , et  en  m’envoyant  les  dessins  des  pièces  trop  grandes  pour 
être  transportées,  et  parmi  lesquelles  il  en  est  plusieurs  d un  grand 
intérêt. 

Ces  renseignemens,' ceux  que  j’ai  recueillis  moi-même  en  divers 
lieux,  et  quelques  objets  arrivés  au  Muséum  depuis  la  première  édi- 
tion de  ce  livre,  m’ont  mis  à même  de  donner  sur  ce  sujet  encore 
peu  étudié  des  tortues  fossiles,  des  notions  un  peu  plus  complètes 
que  celles  que  l’on  possédoit. 

Article  premier. 

Des  os  fossiles  de  TrionYX. 

Je  commence  par  ce  sous-genre,  à cause  de  la  singulière  abon- 
dance avec  laquelle  on  trouve  ses  os  dans  des  couches  d’un  âge 
moyen , avec  les  palæothériums , les  lophiodons , etc. , bien  que  dans 
les  temps  historiques  il  paroisse  avoir  toujours  été  étranger  à l’Surope. 

En  effet,  les  trionyx  les  plus  voisins  de  nous  sont  le  thirsé  du 
Nil  ( testudo  ùiimguis,  Forsk.  ) , si  bien  décrit  par  M.  Geoffroy  (i) , 
et  le  rqfcht  de  l’Euphrate,  indiqué  et  assez  grossièrement  repré- 
senté par  feu  M.  Olivier  (2). 

Toutes  les  autres  espèces,  dont  la  patrie  est  connue , soit  celles 


(0  Mémoire  sur  les  Tortues  molles,  nouveau  genre  sous  le  nom  de  trionyx,  Ann.  du 

, t.  XIV. 

(2)  Vojage  dans  diverses  parties  de  l’Empire  ottoman,  atlas,  pl.  4i- 


I 


222  TORTUES 

que  M.  Geoffroy  a caractérisées  (i),  soit  une  nouvelle  qui  vient 
d’éue  envoyée  du  Gange  par  M.  Duvaucel,  et  dont  les  os  sont  des- 
sinés pl,  XII  (2),  habitent  les  rivières  des  pays  chauds,  ce  qui  ne 
peut  guère  laisser  de  doute  que  celles  dont  la  patrie  est  ignorée  (3) 
ne  se  tiennent  dans  des  séjours  semblables. 

II  y a tout  heu  de  croire  que  c’est  le  thirsé  du  Nil,  qui  a été  désigné 
par  Anstote  sous  le  nom  ^émjs  ou  ^anunys  (4);  c’est  du  moins  la 
seule  espece  dont  il  ait  pu  à\x^{depart.  An.  ,.lib.  III,  cap.  9)  qu’elle 
a le  test  assez  mou  pour  laisser  transpirer  ses  humeurs}  il  est  vrai 
qu’il  devoit  la  connoître  assez  mal,  puiscju’il  emploie  ce  trait  d’orga- 
nisation pour  rendre  raison  d’un  fait  très- faux,  pour  expliquer  pour- 
quoi elle  na  ni  reins  ni  vessie.  J’ai  examiné  exprès  la  chose  sur  plu- 
sieurs trionyx,  et  je  puis  assurer  qu’ils  ont  une  vessie  et  des  reins 
comme  toutes  les  tortues  (5). 

§ I.  Trionyx  des  plâtrières  des  entrons  de  Paris. 

Nous  ne  ferons  que  rappeler  ce  que  nous  en  avons  dit  au  long  dans 
notre  Ille.  vol. , p.  329.  Un  trionyx  au  moins  abondoit  dans  nos  en- 


(1)  Loc.  eu. , sous  les  noms  de  Tr.  œgjrptiaticus , Tr.  jamnicus,  Tr.  corom arideUcus , 
J r,  géorgiens , Tr.  euphralicus. 

(2)  Ce  trionyx  du  Gange  ^ Tr.  gangeticus , Duvaucel)  a le  museau  osseux  beaucoup 

moins  pointu  que  celui  d’Égypte  ; l’ovale  osseux  de  sa  carapace  est  plus  large  à proportion 

de  sa  longueur , surtout  en  avant  ; les  deux  pièces  antérieures  du  sternum  ont  leur  branche 

antérieure  plus  grêle  et  plus  allongée  ; et  les  pièces  latérales  leurs  dentelures  du  côté  int 

moins  nombreuses.  Dans  l’état  de  vie,  le  bouclier  et  le  sternum  sont  enveloppés  dan 

carapace  et  un  plastron  carülagineux  , mous  et  lisses,  bruns  clair.  La  carapace  est  eTtièrr 

ment  piquetce  et  vermiculee  de  brun  foncé  verdâtre  Des  li,.noc  ' ' r-  / ^ 
b......  e ' e . 1 udire.  jjes  lignes  irregulieres  de  ce  même 

»«ll.  de  la  carapace  depaaae  la  parl.e  0S3e„,e  en  amère  beanc.up  plus  ,„e  »r  lea  cL  et 

“««rte  par  le  bord  po.térienr  de  la  carapace.  Un 
eie  singu  ler , c est  un  trou  naturellement  percé  aux  quatre  pieds  dans  la  partie  de 

leur  membrane  qui  est  entre  le  deuxième  et  le  troisième  doigt. 

(3}  Tr.carinatus,  Tr.  stello.us , Tr.  subplanus , Geoffroy. 

(4)  M.  oc  ineider,  ne  conuoissoit  d’autre  tortue  molle  que  celle  de  Virginie , a sup- 
pore  que  le  passage  d Anstote  se  rapport.i,  à quelque  espèce  iueonuue.  Hist.  naturelle  L 
Tortues , p.  76. 

(5)  Rondelet  a donc  eu  raison  de  relever  cette  erreur  d’Aristote. 


fossiles.  ^^3 

riumr  I y vivoient  les  palæothériums,  les  anoplothé- 

tous  r.  les  sarigues,  les  crocodiles  et 

ro„vrd“‘“““l  1 ie  ”’»i  *a 

ci%L  « ee  fixer  les  caractèreS  spé- 

Trionyx  des  plâtrières  fl  Aix. 

Je  ne  connois  ces  restes  que  par  le  Mémoire  de  M.  Bonrdet;  et  ce 
naturaliste  ne  les  a pas  vus  en  place , mais  les  a découverts  parmi  des 
morceaux  de  pierre  à plâtre  venus  de  ces  carrières.  Il  a donné  à l’es- 
G^nève  maunoir  d’après  le  célèbre  chirurgien  de 

Ces  débris  consistent  en  une  carapace  qui  a perdu  une  grande 

Ci‘r  1 Tv  r ““  <=3té 

a oit,pl.  XV,fig.  1,  et  en  une  moitié  gauche  presque  complète  du 

larg^cle  huh  ( «t 

Sa  converité  transversale  est  telle  que  la  flèche  de  l’arc  est  moindre 
du  cinquième  de  la  corde.  ® 

La  pièce  impaire  en  avant  de  la  première  côte  arrive  avec  elle  au 

de  dess77l’e  t '''«‘'“‘culée  jusqu’à  son  bord.  C’est 

sefe7:::tt;?u:r;re7rdrdos 

Geoffroy.  ? “ ““‘“e  ™ de 

creÜ’7““”'^‘  P«“«®  vermiculures  de  la  surface  sont 

La  réunion  de  ces  trois  carartprpc  élm'ann.  t 

belles  onrs  • ^cteres  éloigné  cette  carapace  de  toutes 

4^e  nous  connoissons. 

® tnonyx  de  Java  est  le  seul  qui  ait  sa  pièce  impaire  disposée' 


TORTUES 

comme  o,i  la  voit  ici.  Dans  celui  d’Egypte , il  y auroit  au  bord  de  sa 
partie  vermiculée  une  portion  lisse  et  dentelée;  dans  le  caréné,  a 
pièce  impaire  seroit  petite  et  très-séparée;  dans  celui  de  Coroman- 
del il  y auroit  une  petite  pièce  impaire  séparée,  et  Ton  n apercevroit 
pas’le  bout  de  la  côte.  Celui  du  Gange  approche  beaucoup  à cet 
égard  et  de  celui  de  Java  et  du  fossile , mais  il  à encore  un  peu  de  bord 
lisse  et  dentelé  comme  celui  d’Egypte;  d’ailleurs  ni  l’un  m 1 autre 

n’a  les  plaques  vertébrales  relevées.  • i r 

Le  plastron  a d’assez  grands  rapports  avec  ceux  du  Nil  et  du  Gange  ; 
c’est  même  de  celui  du  Nil  qu’il  se  rapproche  le  plus  par  la  forme 
de  sa  pièce  moyenne,  et  le  peu  d’étendue  de  l’articulation  mutuelle 
de  ses  deux  pièces  postérieures.  Toutefois  les  dentelures  supérieures 
forment  un  groupe  plus  allongé,  et  la  pièce  postérieure  n’a  que  son 
milieu  de  venuiculé  ; son  contour  antérieur  et  externe  est  lisse , ce 
qui,  dans  l’espèce  du  Nil,  n’a  lieu  qu’à  ses  angles.  L espece  de  Java 
au  contraire  a cette  pièce  h peu  près  entièrement  lisse  et  engrenee 
avec  son  opposée  sur  plus  de  moitié  de  sa  longueur. 

Il  n’est  donc  pas  douteux  que  ce  trionyx  des  plâtrières  d’Aix  ne 
soit  d’une  espèce  inconnue  parmi  les  vivantes.  Il  restera  à déterminer 
s’il  diffère  de  celui  des  plâtrières  de  Paris;  mais  on  n’y  parviendra 
que  si  l’on  découvre  dans  celles-ci  de  nouveaux  morceaux. 

§ III  'l'rionyx  de  la  molasse  du  département  de  la  Gironde. 

M le  duc  de  Caze^,  qui  s’intéresse  toujours  comme  particulier 
aux  sciences  naturelles  auxquelles  il  a rendu  tant  de  services  comme 
ministre,  a bien  voulu  me  donner  plusieurs  morceaux  d’une  pierre 
analogue  à la  molasse  de  Suisse,  dont  il  y a des  carrières  dans  sa  terre 
de  la  Gjuÿe,  commune  de  Bonsac,  département  de  la  Gironde , et 
tout  près  de  la  rivière  d’isle,  qui  se  jette  dans  la  Dordogne  entre 
Libourne  et  Fronsac. 

Cette  pierre  contient  souvent  des  débris  osseux  de  plusieurs  genres. 

J’y  ai  reconnu  des  dents,  des  fragmens  de  mâchoires,  et  d autres 
os  de  palæothérium  d’une  espèce  que  je  crois  identique  avec  notre 
palœotheriurn  medium  des  environs  de  Paris,  ou  qui  du  moins  ri 


FOSSILES.  225 

ressemble  beaucoup  par  la  grandeur  et  la  forme  de  ses  dents.  Il  con- 
viendra même  d’ajouter  cette  localité  à toutes  celles  où  il  a été  dé- 
couvert des  palæothériums,  et  dont  j’ai  donné  l’indication  dans  mon 
Ille.  vol.,  p.  a52  et  suiv. 

Ce  qui  nous  intéresse  pour  notre  pi’ésente  recherche,  c’est  qu’il 
s y trouve  aussi  en  très-grand  nombre  des  fragmens  manifestes  de 
tortues,  et  spécialement  de  trionyx,  et  même  j’en  ai  un  de  ce  der- 
nier genre  qui  me  suffit  pour  affii'mer  que  l’espèce  diffère  de  celles 
dont  nous  avons  des  squelettes. 

C’est  un  fragment,  cassé  en  deux  et  assez  mutilé,  de  la  première 
pièce  de  la  carapace,  de  cette  pièce  impaire  et  transversale  qui  n’ ad- 
héré ni  aux  côtes  ni  aux  vertèbres  : on  la  reconnoît  à cette  arête  ir- 
régulière qui  parcourt  obliquement  sa  face  inférieure,  et  aux  trous 
obliques  qui  y sont  percés  pour  les  vaisseaux.  D’après  ce  qui  en 
reste,  son  diamètre  antéro-postérieur  doit  avoir  été  plus  considé- 
rable à proportion  de  sa  largeur,  et  sa  partie  mitoyenne  plus  concave 
en  dessous  que  dans  tous  nos  trionyx.  L’espèce  de  Java  en  approche 
le  plus,  mais  est  encore  loin  de  lui  ressembler  tout-à-fait. 

11  se  trouve  aussi  dans  le  nombre  des  fragmens  de  plastron,  malheu- 
reusement trop  mutilés  pour  en  déduire  les  caractères  spécifiques- 

Ce  trionyx  devoit  égaler  pour  la  taille  celui  du  Nil.  Parmi  nos 
fragmens,  il  eu  est  un  provenant  de  la  troisième  ou  de  la  quatrième 
côte , aussi  large  que  dans  la  plus  grande  carapace  apportée  d’Egypte 
par  M.  Geoffroy. 

C est  probablement  à la  même  formation,  et  peut-être  à la  même 
espèce , que  doivent  être  rapportés  les  trionyx  de  XAgenois  et  du 
Quercy , dont  M.  Bourdet  a décrit  une  côte  et  une  épaule.  Ils  lui 
ont  ete  donnes  par  M.  Daudebart  de  Férussac,  qui  me  les  avoit  aussi 
communiqués  dans  le  temps.  Leur  gangue  est  une  molasse  semblable 
à celle  de  la  Grave,  et  dont  les  bancs  paroissent  occuper  beaucoup 
d étendue  sur  les  plateaux  de  la  droite  de  la  Garonne , entre  la  Dor- 
dogne, le  Lot,  le  Tarn,  etc. 

L épaule  dont  nous  reproduisons  la  figure  , fig.  3 , ressemble 
® ornent  à celle  du  trionyx  de  Montmartre  de  notre  Ille.  vol. , 
T.  V,  ae.  P.  _ 


226  TORTUES 

])].  LXXyi,  fig.  9,  qu’à  la  mutilation  près  de  l’os  coracoïdien  on 
dirait  qu’elle  en  a été  copiée. 

M.  Bourdet  représente  aussi  un  fragment  trouvé  dans  la  même 
sorte  de  pierre,  aux  environs  de  Lauzerte , département  de  Tarn- 
et-Garonne,  qu’il  regarde  comme  venant  de  la  pièce  postérieure 
du  plastron  d un  trionyx  5 mais  nous  devons  avouer  que  ce  morceau 
ne  nous  paroit  offrir  aucun  des  caractères  qui  pourroient  le  faire 
rapporter  à ce  genre. 

§ IV,  Trionyx  des  couches  de  grmner  et  d'argile  de 
Hautevigne  , département  de  Lot-et-Garonne. 

Nous  avons  parlé  dans  le  supplément  de  notre  Ille.  vol. , p.  4o4, 
des  os  fossiles  trouvés  à Hautevigne,  département  de  Ijot-et-Garonne , 
parmi  lesquels  en  étoient  d’une  espèce  voisine  des  anthracotliériums. 

11  y avoit  dans  les  mêmes  couches  des  os  de  tortues , et  nommé- 
ment de  trionyx.  Dans  le  nombre  de  ceux  que  M.  de  Saint- Amans 
m’a  communiqués,  on  voit  plusieurs  morceaux  de  côtes  parfaitement 
reconnoissables  ; mais  il  ne  s’y  trouve  de  propre  à caractériser  un  peu 
l’espèce,  qu’une  portion  où  l’on  voit  encore  un  reste  de  la  tète  de  la 
cote.  Ce  reste  de  tète  m’a  paru  se  relever  un  peu  plus,  c’est-à-dire 
faire  avec  la  face  concave  de  la  partie  dilatée  un  angle  un  peu  moins 
obtus  que  dans  mes  autres  squelettes  de  trionyx. 

§ Y.  Trionyx  des  couches  de  grapier  des  environs  de 

Castelnaudary. 

Dans  ces  graviers  agglutinés  du  pied  de  la  montagne  Noire,  dont 
M.  Dodun  m a envoyé  des  échantillons  remplis  d’ossemens  de  plu- 
sieurs animaux,  tels  que  lophiodons  et  crocodiles,  et  dont  j’ai  parlé 
dans  mon  ID,  vol. , rae.  part. , p.  et  suiv. , et  dans  celui-ci,  p.  168, 
il  s est  trouvé  aussi  des  fragmens  de  tortue  et  de  trionyx  ; malheu- 
reusement je  ne  puis  dire  de  ces  derniers  autre  chose  si  ce  n’est  que 
ce  sont  des  cotes  de  trionyx , bien  reconnoissables  à leurs  vermicu- 
lations. 


FOSSILES. 


227 


§ Triontj^  des  couches  sableuses  des  environs  <^’Avaray. 

mm.  LocJcard  et  Chouteaii , qui  nous  ont  communiqué  tant  d’os- 
semens  d éléphans,  de  mastodontes,  de  rhinocéros  et  d’autres  mam- 
mifères recueillis  près  d’Avaray,  dont  nous  avons  parlé  plusieurs 
fois  (1) , y avoient  joint  un  fragment  qui,  à lui  seul , nous  a suffi  pour 
nous  prouver  que  le  genre  des  trionyx  existoi't  encore  dans  nos  con- 
trées lorsque  s’y  sont  formées  les  couches  meubles  super/icielles. 

Article  II. 

Des  Einjdes  ou  Tortues  d’eau  douce. 

§ I.  Des  tortues  d’eau  douce  des  pîâtrières  de  Paris. 

Je  n en  reparle  ici  que  pour  mémoire , ayant  déjà  décrit  les  prîn- 
cijiaux  morceaux  que  j’en  possède  dans  le  Ilïe.  volume,  p.  ^29. 

§ ll.Des  tortues  d’eau  douce  découvertes  avec  des  crocodiles  dans 
les  carrières  de  calcaire  du  Jura  des  environs  de  Soleure. 

Sur  la  gauche  de  1 Aar , a un  quart  de  lieue  au  nord  de  la  ville  de 
Soleure , sont  des  carrières  nombreuses,  où  M.  Hugi ^ professeur  au 
collège  de  cette  ville , a fait  des  observations  intéressantes  et  des 
découvertes  précieuses.  C’est  d’après  les  lettres  qu’il  a bien  voulu 
nous  adresser  que  nous  allons  les  décrire. 

Elles  sont  creusées  dans  la  colline  qui  borde  la  vallée,  et  qui  est 
sUuee  au  pied  de  la  portion  de  la  haute  chaîne  du  Jura , la  plus  voi- 
sine de  la  Suisse,  qui  va  aboutir  au  Rhin  près  du  confluent  de  l’Aar, 

et  qui  sépare  en  partie  le  canton  de  Soleure  de  celui  de  Bâle  et  du 
P^ys  de  Porentruy. 

La  pierre  dont  elles  se  composent  est  un  calcaire  des  formations 


228  TORTUES 

récentes  da  Jura , dur  sans  être  cassant , de  couleur  blanchâtre  tirant 
au  gris,  au  bleuâtre  et  quelquefois  au  jaunâtre.  On  en  fait  de  beaux 
ouvrages  de  sculpture,  et  en  divers  endroits  elle  donne  un  véritable 
marbre. 

Ses  couches  sont^généraleraent  horizontales.  On  les  voit  en  plu- 
sieurs endroits  reposant  sur  les  bancs  marneux  des  formations  inter- 
mediaires, et  elles  ne  lorinent  iiulle  part  de  chaînes  complètes  et 
régulières. 

On  en  retrouve  plusieurs  semblables  de  Tautre  côté  de  la  grande 
crête. 

Les  carrières  d’auprès  de  Soleure  offrent  neu  fou  dix  bancs  exploités. 

Dans  le  supérieur,  la  pierre  fendue  en  divers  sens  ne  sert  qu’à  faire 
de  la  chaux.  Elle  contient  des  strombes,  des  turritelles,  des  huîtres. 

M.  Hugi  assure  qu’il  y a aussi  des  os , mais  très-rarement. 

Le  second,  d une  épaisseur  régulière  de  trois  pieds  et  demi,  four- 
nit, avec  des  térébratules,  des  oursins  et  des  huîtres,  quelc[ues  dé- 
bris dos  de  tortue,  et  des  portions  de  mâchoires  de  poissons  gar- 
nies de  dents  en  forme  de  pavés,  telles  qu’en  ont  les  mâchoires  des 
spares,  les  os  pharyngiens  des  labres,  des  pogonias  et  de  plusieurs 
sciènes. 

C’est  dans  le  troisième  qu’il  y a le  plus  de  débris  de  tortues,  mais 
jamais  de  bien  conservés.  Ils  y accompagnent  des  dents  de  croco- 
diles, dont  nous  avons  parlé  dans  le  chapitre  précédent,  et  des  co- 
quilles marines  des  genres  que  nous  venons  de  mentionner. 

Ces  dents  de  poissons  reviennent  dans  le  quatrième  avec  quelques 
débris  d’os.  Le  cinquième  donne  de  nouveau  des  coquilles.  Le 
sixième  est  une  petite  couche  de  marne;  c’est  dans  celui-là  que  l’on 
a trouvé  des  os  de  tortue  plus  entiers,  avec  des  buccins,  des  cames, 
le  stromhus  denticulatus  de  Schlotheim. 

^ Le  septième  et  le  huitième  sont  remplis  de  térébratules,  et  con- 
tiennent quelques  vertèbres  de  poissons  et  très-rarement  des  os.  Le 
neuvième  présente  des  cristaux  de  pyrites  et  point  de  pétrifications. 

Le  dixième,  qui  est  très-épais , d’un  gros  grain  et  fort  cassant, 
ne  s exploite  plus.  On  n’y  trouve  cpe  des  térébratules. 


FOSSILES.  229 

On  voit  d’après  ces  détails  que  cette  formation,  toute  particulière 
qu  elle  paroisse,  est  néanmoins  marine;  et  il  est  assez  étonnant  d’y 
trouver  des  animaux  dont  les  genres  ne  vivent  aujourd’hui  que  dans 
î eau  douce,  tels  que  l’émyde  et  le  crocodile  : cependant  c’est  ce  qui 
paroît  bien  certain. 

M.  Hugi  m’a  envoyé  le  dessin  d’une  cuirasse  bien  complète,  avec 
sa  carapace  et  son  jilastron,  fig.  4 et  5,  où  l’on  distingue  même  en- 
core les  empreintes  des  écailles. 

Elle  est  longue  de  vingt-quatre  pouces,  et  en  a vingt  à sa  plus 
grande  largeur,  qui  est  vers  le  tiers  inférieur.  Sa  forme  est  un  bel 
ovale , arrondi  aux  deux  bouts , et  médiocrement  convexe.  Les 
échancrures  pour  les  pattes  sont  larges,  et  le  plastron  est  d’un  tiers 
plus  court  que  la  carapace,  ce  qui  laissoit  en  avant  et  en  arrière  assez 
de  place  pour  la  liberté  des  mouvemens  de  l’animal. 

Les  écailles  du  milieu  du  disque  paroissent  avoir  été  aussi  larges 
que  celles  des  côtés;  mais  celles  du  bord  étoient  fort  étroites. 

Le  meme  savant  m’a  encore  adressé  les  dessins  de  portiojïs  con- 
sidérables de  carapaces  appartenant  à deux  autres  espèces. 

L’une  d’elles , fîg.  6 , qui  est  une  portion  latérale  contenant  des 
restes  de  quatre  côtes  et  les  pièces  marginales  correspondantes,  est 
remarquable  par  sa  grandeur:  elle  est  fort  plate,  et  mesure  plus 
de  onze  pouces  d’arrière  en  avant;  ce  qui  en  indique  le  double  pour 
la  carapace  entière. 

L’autre,  pl.  XXI, fig.  i,  est  la  partie  postérieure  d’un  bouclier  dor- 
sal, vue  par  dedans.  Elle  se  fait  distinguer  par  trois  arêtes  saillantes 
dans  sa  partie  antérieure  et  la  plus  creuse;  on  peut  y observer  dans 
1 arrangement  des  os  plusieurs  singularités. 

Les  deux  dernieres  cotes  se  joignent  l’une  à l’autre  au-devant 
d’une  pièce  dorsale  fort  petite,  qui  est  suivie  d’une  autre  très-grande, 
triangulaire,  laquelle  en  a une  très-petite  à chacun  de  ses  côtés.  En- 
suite viennent  les  deux  dernières  pièces  dorsales,  toutes  deux  assez 
^^rges,  avec  deux  des  os  du  pourtour  de  chaque  côté. 

^ Il  n est  pas  sans  exemple  de  voir  dans  nos  émydes  ou  nos  tortues 
Vivantes  des  côtes  ainsi  unies  l’une  à l’autre  sur  la  ligne  dorsale,  et 


TORTUES 


aSo 

faisant  disparoître  ou  rapetissant  beaucoup  les  plaques  dorsales  qui 
devroient  les  séparer. 

On  voit  aussi  quelquefois  de  ces  espèces  d’os  vormiens  au  bout 
des  côtes  ou  en  d’autres  endroits  de  la  carapace  ; mais  je  n’en  ai 
point  vu  encore  disposés  comme  dans  ce  morceau. 

Les  trois  arêtes  saillantes  y sont  encore  une  particularité  dont  les 
espèces  que  j’ai  vues  en  squelette  m’ont  à peine  offert  quelque  léger 
vestige. 

M.  Hugi  ni’a  aussi  communiqué  en  nature  un  assez  grand  nombre 
de  morceaux  de  ces  émytles  de  Soleure. 

Telle  est  par  exemple  la  tête,  fig.  7. 

Elle  est  cassée  en  arrière  par  un  plan  qui  ne  laisse  que  la  paroi 
antérieure  de  l’os  tympanique;  son  frontal  postérieur  est  large,  plus 
que  dans  l’émyde  d’Europe,  mais  non  autant  que  dans  Xexpansa  ou 
le  serpeniina  j il  ne  couvre  la  tempe  en  arrière  que  jusque  vis-à-vis 
le  bord  anterieur  de  la  caisse,  comme  dans  les  émydes  ordinaires; 
mais  le  paiietal  ne  se  joint  point  a lui  pour  couvrir  le  reste  de  cette 
fosse,  ce  ^tii  exclut  les  toi  tues  de  mer.  Celles  de  terre  sont  exclues 
parce  qu’ elles  auroient  le  frontal  postérieur  beaucoup  plus  étroit. 
Du  reste,  la  grandeur  de  1 orbite,  la  brièveté  du  nez  et  du  museau, 
la  forte  échancrure  en  arrière  du  bord  maxillaire,  tout  est  dans  cette 
tête  comme  dans  les  émydes  les  plus  ordinaires. 

Longueur  de  cette  tête  depuis  là  pointe  de  l’épine  occipitale  jusqu’au  bord 
de  la  mâchoire  supérieure o 

Hauteur  depuis  le  bord  inférieur  de  la  mâchoire  inférieure  jusques  au  haut 

du  crâne t- 

o,o5 

Longueur  de  la  mâchoire  inférieure ^ 

Diamètre  de  l’orbite. 

0,022 

Intervalle  des  orbites 

0,012 

Outre  cette  tete,  j’ai  distingué  les  morceaux  suivans  : 

Deux  plaques  de  la  série  dorsale  , fig.  8 et  9 , qui  m’ont  paru 
devoir  être  la  sixième  et  la  septième;  toutes  les  deux  en  hexagone 
presque  régulier  , bombées  longitudinalement  au  milieu,  et  dans 
lesquelles  on  doit  surtout  remarquer  l’extrême  épaisseur.  Sur  une 
longueur  de  o,o55  elle  est  de  0,027.  Dans  une  emj^s  serrata,  les 


FOSSILES.  *’  ■ ^3j 

plaques  analogues,  sur  une  longueur  de  0,022,  n’ont  pas  trois  milli- 
métrés d’épaisseur. 

C est  1 ernys  serrata  dont  les  plaques  approchent  le  plus  de  celles- 
ci  pour  le  contour,  et  néanmoins  il  s’en  faut  beaucoup  que  leur 
hexagone  soit  aussi  régulier. 

Plusieurs  portions  diversement  mutilées  de  carapace  et  de  plastron, 
qui  m ont  paru  se  rapporter  au  moins  à deux  espèces,  fune  plate  et 
épaisse,  I autre  plus  mince  et  plus  courbée. 

En  comparant  soigneusement  ces  morceaux  avec  des  carapaces 
d émydes  vivantes,  on  parvient  à fixer  les  places  qu’ils  occupoient, 
et  les  côtes  ou  les  plaques,  soit  dorsales,  soit  marginales,  dont  il  y 
est  lesté  quelque  portion  ; mais  1 ensemble  de  la  carapace  ou  du  plas- 
tron n’en  résulte  pas  assez  clairement  pour  servir  à désigner  l’espèce. 

Un  morceau,  formant  l’extrémité  postérieure  d’une  carapace,  a 
son  élévation  longitudinale  presque  comme  l’arête  d’un  toit,  et  je 
pense  que  c’est  à cette  espèce  que  se  rapportent  les  fragmens  planes  5 
en  sorte  que  la  carapace  dont  ils  proviennent  doit  avoir  été  formée 
e deux  jolans  inclines  l’un  sur  l’autre  d’environ  cent  degrés. 

Un  bassin  mutilé  , fig.  10,  mais  où  l’on  voit  encore  tous  les 
traits  de  celui  d’une  émyde.  Toute  la  partie  de  la  symphyse  est 
enlevée;  mais  l’inclinaison  de  ce  qui  reste  du  pubis  et  de  l’ischion 
est  exactement,  ainsi  que  leur  contour  et  la  direction  de  l’os  des 
des,  comme  dans  les  émydes. 

Un  os  coracoïdien  mutilé  dans  sa  partie  aplatie , et  qui  va  vers  le 
sternum;  mais  encore  entier  et  reconnoissable  dans  sa  tête  qui  con- 

court  a la  facette  glénoïde.  ^ 

Ces  pièces  suffisent  parfaitement  pour  établir  qu’il  existe  dans  les 
carrières  de  Soleure  des  restes  nombreux  de  deux  grandes  émydes 

Un  os,  flg.  Il,  qui  semble  être  un  fragment  de  plastron,  dont 
«e  nombreuses,  mais  nou  dans 

se.ffi!lT  ‘ “ des  chélouées, 

M ““"“«cm-  un  genre  particulier  encore  indéchiffrable  pour  moi. 
»gi,  qui  possède  beaucoup  d’autres  morceaux  que  je  n’ai 


23a  ' TORTUES 

pas  vus,  m’écrit  qu’ils  appartiennent  peut-être  à vingt  espèces  dif- 
férentes. On  doit  désirer  que  cet  ardent  observateur  publie  promp- 
tement ses  découvertes  avec  plus  de  détails.  Tout  nouvellement  il 
vient  de  m’adresser  un  os  fait  pour  augmenter  beaucoup  ce  désir: 
c’est  un  humérus  (pl.  XV,  fig.  ii')  qui,  par  l’aplatissement  de  sa 
partie  supérieure,  ressemble,  à s’y  méprendre,  h celui  de  la  chélyde. 
Je  soupçonne  qu’il  appartient  à la  même  espèce  que  la  carapace  ca- 
rénée et  à bords  planes  dont  j’ai  parlé  p.  229,  et  que  nous  repré- 
sentons, fig.  6. 

§ III.  E MT  DES  des  sables  ferrugineux  du  comté  de  Sussex. 

Dans  cette  partie  des  couches  de  la  forêt  de  Tügate , au  comté 
de  Sussex,  où  M.  Mantell  a recueilli  des  os  de  crocodile  que  nous 
avons  fait  connoître  ci-dessus,  p.  16 r,  il  en  a aussi  trouvé  quelques- 
uns  qui  me  paroissent  ressembler  singulièrement  à cette  émyde  plate 
dont  nous  venons  de  parler  d’après  M.  Hugi. 

Un  des  deux  fragmens  que  m’a  communiqués  M.  Mantell  paroît 
même  avoir  appartenu  à une  partie  de  la  carapace  qui  etoit  un  peu 
concave. 

L’autre  est  une  portion  du  rebord  antérieur. 

Ces  deux  morceaux  doivent  provenir  d’un  individu  approchant  de 
très-près  pour  la  taille  de  celui  de  Soleure. 

Le  premier  est  dans  un  sable  ferrugineux  très-fin,  fortement  ag- 
glutiné ; l’autre  dans  un  agglomérat  de  diverses  petites  pierres  roulées 
ou  de  gravier,  agglutinés  en  partie  par  du  sable,  en  partie  par  des  in- 
filtrations spathiques. 

§ IV,  Emydes  des  molasses  de  la  Dordogne  et  de  Suisse. 

Ces  immenses  couches  de  grès  tendre  connues  sous  le  nom  de 
molasse,  qui  remplissent  les  parties  basses  de  l’Helvétie,  et  cjui  se 
reproduisent  sur  de  grands  espaces  dans  la  France  méridionale  et 
dans  la  Hongrie,  passent,  ainsi  que  les  lignites  et  les  autres  lits 


FOSSILES.  233 

subordonnés  qu’elles  contiennent,  pour  être  dans  la  même  position 
relative  que  nos  argiles  plastiques  et  lignites  des  environs  de  Paris , 
c’est-à-dire  supérieures  à la  craie,  et  inférieures,  ou  peut-être  en 
quelques  endroits  contemporaines,  au  calcaire  grossier  et  à quel- 
ques-uns des  autres  bancs  tertiaires  plus  récens  (i). 

Riches  en  produits  de  la  terre  et  de  l’eau  douce,  en  crocodiles, 
en  trionyx,  en  palæothériums , il  n’est  point  étonnant  qu’elles  recè- 
lent aussi  des  émy  des.  J’en  ai  trouvé  des  restes  dans  ces  mêmes  pierres 
de  la  Grave  qui  m’ont  donné  des  palæothériums,  des  trionyx,  et  ces 
restes  doivent  avoir  appartenu  à des  espèces  très-grandes. 

Emydes  des  molasses  de  la  Grave. 

Les  fragmens  que  je  possède  répondent  à peu  près  pour  la  forme 
aux  endroits  correspondans  du  plastron  ou  de  la  carapace  de  Xemys 
serrata,  mais  l’épaisseur  de  plusieurs  d’entre  eux  est  triple  ou  qua- 
druple. J’ai  un  fragment  de  la  partie  antérieure  qui  doit  venir  d’un 
individu  d’au  moins  trois  pieds  de  longueur,  ce  que  je  crois  rare 
parmi  les  émy  des  d’aujourd’hui. 

Il  se  trouve  même  dans  le  nombre  une  tête  d’os  coracoïdien  d’un 
individu  peut-être  de  quatre  pieds.  Un  envoi  tout  récent  contient  un 
humérus  complet  dont  la  carapace  auroit  dix-huit  pouces  de  lon- 
gueur. Nous  le  représentons  pl.  XV,  fig.  19.  Sa  forme  est  la  même 
que  dans  l’émyde  vulgaire. 

Emydes  des  molasses  de  Suisse. 

M.  Bourdet  décrit  et  représente  une  portion  de  plastron  et  un  os 
du  pourtour  d’émyde  trouvés  en  i8o5,  dans  une  molasse  très-mar- 
neuseprèsde  la  ville  à'Aarbergen  Argovie,  sur  la  rive  droite  de 
^Aar,  et  à environ  trente  pieds  au-dessus  du  niveau  de  cette  rivière. 

Le  fragment  de  plastron,  qui  appartient  à la  partie  postérieure. 


(0  Voyez  notre  II'.  Yol. , 2'.  partie,  p.  35o  et  suiv.  ; et  l’Essai  géologique  sur  le  gisement 
“es  Roches  de  M.  de  Humboldt,  p.  3o3  et  suiv. 

T.  V,  2e.  P.  3o 


3o 


234  TORTUES 

est  fort  semblable  à la  partie  correspondante  dansTémydé  d’Europe. 
Le  plastron  entier  auroit  eu  à peu  près  neuf  pouces  de  longueur. 

M.  Bourdet  nomme  l’espèce  émyde  de  Wyttembach. 

§ V.  Emydes  de  Vile  de  Sheppey. 

On  a pu  voir  dans  notre  IL.  volume  (2e.  partie,  p.  347  ) que  la 
formation  argileuse  de  l’îlede  Sheppey,  à l’embouchure  de  la  Tamise, 
est  la  suite  et  la  continuation  de  notre  argile  plastique  des  environs 
de  Paris,  et  l’on  peut  en  conséquence  la  regai-der  comme  parallèle 
à la  molasse  5 aussi  contient-elle  des  émydes  bien  reconnoissables. 

M.  Crofp,  habitant  de  F eversham , qui  s’est  rendu  recomman- 
dable par  la  constance  avec  laquelle  il  s’est  attaché  depuis  plusieurs 
années  à la  recherche  des  pétrifications  de  Sheppey  et  par  le  nombre 
immense  qu  il  en  a recueilli , nous  a remis,  entre  autres  beaux  mor- 
ceaux pour  le  cabinet  du  Roi,  une  portion  de  carapace,  pl.  XV, 
fig.  12,  un  peu  comprimée  et  déformée,  mais  où  l’on  reconnoît  en- 
core parfaitement  tous  les  caractères  de  ce  genre.  On  y distingue 
cinq  paires  de  côtes , et  des  restes  d’une  sixième  avec  six  plaques 
vertébrales.  La  cinquième  de  ces  plaques  est  séparée  de  la  sixième 
par  une  pointe  que  font  les  côtes  de  la  cinquième  jiaire,  pour  s’unir 
ensemble  au-devant  de  la  sixième  plaque  qui  est  très-petite;  arrange- 
ment qui  rappelle  un  peu  celui  que  nous  avons  vu  dans  une  émyde 
du  Jura. 

On  y voit  aussi  les  empreintes  entières  de  deux  écailles  de  la  série 
du  milieu;  et  en  comparant  ce  morceau  avec  des  carapaces  entières, 
il  y a tout  lieu  de  croire  qu’il  n’y  manque  que  les  deux  premières 
côtes. 

Celles  c[ui  subsistent  sont  d’égale  largeur  sur  leur  longueur,  ce 
qui  est  un  caractère  constant  des  émydes.  Les  plaques  vertébrales 
sont  plus  étroites  que  dans  les  espèces  dont  j’ai  les  squelettes.  On 
voit  aussi  par  les  empreintes  cjue  les  écailles  de  la  rangée  mitoyenne 
sont  plus  longues  que  larges. 

Sous  ces  deux  rapports,  c’est,  parmi  les  espèces  que  je  connois, 


FOSSILES. 


235 


1 eniys  expansa  qui  ressemble  le  plus  à ce  fossile.  Les  tortues  de 
mer  ont  bien  aussi  leurs  côtes  d’égale  largeur  ; mais  leurs  écailles 
mitoyennes  sont  rliomboïdales  ou  même  plus  larges  que  longues. 

La  longueur  de  ce  morceau  est  de  0,165  la  largeur  moyenne  des 
cotes  de  0,027  ou  o,o3;  la  longueur  de  la  seconde  plaque  verté- 
brale, qui  est  la  plus  grande,  de  o,o3j  et  sa  largeur  de  0,017. 

La  concavité  est  remplie  d’une  marne  durcie  de  couleur  grisâtre. 

M.  Parkinson,  dans  ses  Orgcmic.  remains,  t.  III,  pl.  18,  fig.  2, 
représente  un  plastron  de  cette  meme  île  de  Sheppey,  dont  nous 
donnons  une  copie,  fig,  i3. 

Les  pièces  qui  le  composent  ne  paroissent  pas  avoir  été  complète- 
ment unies  par  des  sutures,  ce  qui  a pu  faire  soupçonner  qu’elles 
provenoient  d’une  tortue  de  mer  ou  d’un  trionyx  ; mais  je  crois 
plutôt  qu’elles  appartenoient  aune  émyde  encore  jeune,  dont  l’os- 
sification n’étoit  pas  terminée. 


J’en  ai  de  semblables  de  jeunes  émydes  vivantes,  où  se  trouve 
de  meme  un  intervalle  en  forme  de  croix  et  un  vide  rhomboïdal 
entre  les  pièces  du  milieu  (voyez  pl.  XII,  fig.  44)- 

Dans  les  tortues  de  mer  la  forme  des  pièces  est  tout  autre. 

Je  crois  devoir  également  rapporter  aux  émydes  la  cuirasse  dont 
je  donne  les  deux  faces  d’après  M.  Bourdet,  pl.  XV,  fig.  14  et  i5. 
Elle  vient  aussi  de  Sheppey,  et  est  conservée  dans  le  cabinet  de 


M.  Deluc  à Genève. 

xùutant  qu’on  en  peut  juger  par  ce  qui  en  reste  adhérant  à l’argile , 
son  plastron  devoit  ressembler  à celui  de  Parkinson,  et  son  bouclier 
dorsal  à celui  de  M.  Crowj  en  sorte  qu’il  ne  seroit  point  impossible 
que  tous  ces  débris  fussent  de  la  même  espèce. 

Parkinson  agiave,  t.  III,  pl.  18,  fig.  3,  une  tête  du  même  lieu , 
qui  est  probablement  aussi  d’une  émyde,  bien  qu’elle  participe  des 
caractères  des  tortues  de  mer  par  la  manière  dont  le  pariétal  recouvre 
sa  tempe  5 mais  nous  avons  vu  que  Vemys  expansa  diffère  très-peu 
tortues  de  mer  à cet  égard,  et  la  partie  antérieure  de  la  tête  fos- 
e ressemble  davantage  à celle  d’une  émyde  qu’à  celle  d’une  ché- 
Oûce,  surtout  par  le  peu  de  largeur  de  l’intervalle  des  yeux. 

3o-^ 


a36 


TORTUES 


§ VI.  Emjdes  des  emnrons  de  Bruxelles. 

Elles  se  trouvent  dans  les  carrières  du  village  de  Melshroech  ; 
M.  de  Burtin  en  représente  une  carapace,  vue  à son  côté  interne, 
dans  son  Oryctographie  de  Bruxelles , p.  5,  et  dit  eu  avoir  possédé 
une  autre  c[u’il  donna  à Pierre  Camper. 

M.  Faujas,  dans  son  Histoire  de  la  Montagne  de  Saint-Pierre , 
en  cite  encore  cpiatre,  savoir:  deux  que  M.  Burtin  avoit  acquises 
depuis  la  publication  de  son  ouvrage  j une  du  cabinet  de  l’Académie 
de  Bruxelles,  cl  une  de  celui  du  prince  d’Anhalt. 

M.  de  Burtin,  Oryctogr. , p.  94,  avoit  soupçonné  que  ses  tortues 
pourroient  être  de  l’espèce  nommée  corticata  par  Rondelet , qui  est 
le  caouane  de  MM.  de  Lacépède  et  Daudin  {^test.  caretta.  Lin.). 
M.  Faujas  dit  plus  affirmativement  que  ce  sont  des  tortues franches 
fest.  mydos). 

Dans  ma  première  édition,  j’avoîs  accordé  à ces  deux  géologistes 
que  ce  sont  bien  des  tortues  marines,  mais  en  leur  faisant  remarquer 
c[ue  ce  ne  sont  ni  des  tortues  franches  ni  des  caouanes,  ni  aucune 
des  tortues  de  mer  que  nous  connoissons.  Une  étude  plus  suivie  des 
carapaces  des  différens  sous-genres  et  des  sutures  qui  unissent  leurs 
os,  m’apprend  aujourd’hui  que  j’avois  trop  accordé.  Ce  ne  sont  point 
des  tortues  de  mer,  mais  de  vraies  émydes. 

Pour  en  donner  une  idée,  je  ne  me  suis  pas  contenté  de  faire  co- 
pier au  trait  le  dessin  que  M.  de  Burtin  a fait  graver  de  l’une  d’elles, 
j’ai  profité  de  mon  passage  à Bruxelles , en  181 1 , pour  en  faire  des- 
siner très-exactement  une  autre,  que  je  donne  pl.  XV,  fig.  16. 

C’est,  comme  dans  la  première  qui  a été  gravée,  le  côté  concave 
que  l’on  voit  : son  contour  est  ovale,  un  peu  rétréci  en  arrière,  mais 
pas  plus  que  dans  Yemjs  centrata  ou  terrapin  par  exemple.  Les 
côtes  s’unissent  sans  interruption  avec  les  pièces  marginales,  comme 
dans  toutes  les  émydes  et  les  tortues  de  terre.  La  courbure  de  ces 
côtes  est  à peu  près  la  même  que  dans  Vemjs  centrata.  Les  plaques 
vertébrales  sont  singulièrement  étroites , plus  que  dans  aucune 


FOSSILES.  287 

émyde  vivante  dont  je  connoisse  le  squelette,  plus  même  que  dans 
l’emyde  fossile  de  Sheppey.  On  peut  y remarquer  cette  particularité  , 
que  la  septième  et  la  huitième  côte  s’unissent  chacune  à leurs  oppo- 
sées, entre  la  huitième  et  la  neuvième  plaque  vertébrale  ; circons- 
tance qui  a lieu  aussi  par  rapport  à la  septième  paire  dans  l’émyde 
de  Sheppey , et  qui  se  retrouve  pour  la  huitième  paire,  mais  à la  face 
interne  seulement,  dans  centrata , mais  qui  a lieu  exacte- 

ment dans  1 eniys  expansa  , comme  dans  celle  que  nous  exa- 
minons. 

L’individu  représenté  par  M.  de  Burtin,  et  copié  pl.  XIII,  fig.  8, 
offre  à peu  près  le  même  contour  et  les  mêmes  plaques  dorsales 
étroites;  en  sorte  que  j’ai  tout  lieu  de  la  croire  de  la  même  espèce; 
mais  je  soupçonne  M.  de  Burtin  de  n’avoir  pas  été  aussi  exact  qu’il 
le  dit,  dans  la  représentation  des  sutures,  puisqu’il  marque  neuf 
paires  de  côtes,  ce  dont  je  ne  connois  pas  d’autre  exemple. 

La  carapace  que  j’ai  fait  dessiner  est  longue  de  0,87 , et  large  de 
0,33  , ou  à peu  près  de  quatorze  pouces  et  d’un  pied. 

Si  l’on  veut  maintenant  rapprocher  cette  carapace  de  celle  d’nne 
tortiae  de  mer  quelconque  de  même  grandeur,  on  sera  sur-le-champ 
frappé  d’un  caractère  spécifique  fort  marqué  ; c’est  que  la  tortue  fos- 
sile a les  intervalles  de  ses  côtes  complètement  ossifiés , et  qu’il  ne 
reste  aucun  vide  entre  eux  et  les  pièces  du  bord,  lesquelles  sont 
aussi  beaucoup  plus  larges  à proportion  que  celles  de  la  tortue  de 
mer. 

Dans  une  tortue  franche,  par  exemple,  à l’àge  où  sa  carapace  n’a 
encore  que  treize  ou  quatorze  pouces  de  long,  il  reste  entre  les  côtes 
un  vide  non  ossifié  qui  égale  presque  la  moitié  de  la  longueur  de  la 
côte,  comme  on  peut  le  voir  dans  les  fig.  2 et  3 , pl.  XIII.  Une  partie 
de  ce  vide  subsiste  encore,  comme  je  m’en  suis  assuré,  dans  un  in- 
dividu dont  la  carapace  a trois  pieds  et  demi  de  longueur.  J’en  ai 
aussi  vérifié  l’existence  sur  plusieurs  individus  de  taille  intermé- 
diaire. 

Il  est  donc  de  toute  impossibilité  que  les  tortues  fossiles  de  Mels- 
I>roeck  soient  des  tortues  franches.  Parla  même  raison  ce  ne  peuvent 


238  TORTUES 

être  ni  des  carets  ( imhricata) , ni  des  caouanes  caretta), 
ni  des  tortues  flambées  de  la  mer  des  Indes  (test,  virgata,  Dumer., 
Bruc. , T^oyage  eti  -Abyss.  ^ V,  pl.  ) , ni  meme  aucune  des  espèces 
ou  variétés  non  encore  décrites  qui  existent  au  Muséum,  et  qui  sont 
plus  ou  moins  voisines  de  la  franche  5 car  je  me  suis  assuré  que  l’os- 
sification ne  va  pas  plus  vite  dans  ces  especes  que  dans  la  franche. 
Ce  ne  peuvent  non  plus  être  des  luths  ( test,  cojiacea  ),  car  leur 
caiapace  est  plus  large  a proportion,  et  n’a  point  les  trois  lignes  sail- 
lantes qui  distinguent  celle  du  luth. 

§ VIL  Emjtde  des  sables  marneux  de  la  proi>ince  <£’Asti. 

Il  en  existe  une  empreinte  dans  le  cabinet  de  M.  Deluc  à Genève 
où  M.  Bourdet  l’a  dessinée  et  décrite , et  l’a  nommée  émyde  de 
Deluc.  Cette  empreinte  est  légèrement  concave  5 on  y distingue  non- 
seulernent  les  traces  des  sutures  des  os  , mais  celles  des  marques  que 
les  écailles  avoient  laissées  sur  eux.  Il  y a huit  plaques  dorsales,  com- 
mençant par  la  deuxième  5 huit  côtes  presque  entières  d’un  côté  ; les 
portions  vertébrales  de  huit  du  côté  opposé;  et  un  petit  fragment  de 
pièce  marginale  au  bout  de  la  deuxième  côte  du  côté  gauche. 

Le  peu  de  largeur  et  d’obliquité  de  la  dernière  côte , l’égalité  et 
la  forme  a peu  près  carree  des  plaques  vertébrales,  me  font  regarder 
cette  empreinte  comme  plus  voisine  de  notre  tortue  d’eau  douce 
d’Europe  que  d’aucune  autre. 

Cette  portion  de  carapace  est  longue  de  0,24 , c’est-à-dire  à peu 
près  neuf  pouces.  Les  plaques  vertébrales  ont  environ  o,o36  de  large 
sur  o,o3  de  long.  La  largeur  moyenne  des  côtes  est  d’environ  o,o3 
ou  o,o35. 


On  parle  aussi  de  diverses  autres  tortues  d’eau  douce  trouvées 
dans  les  terrains  meubles  a os  d’éléphans;  par  exemple,  dans  le  tuf 
calcaire  de  Burgtonna,  où,  selon  M.  de  Schlotheim,  on  trouve  des 
trionyx  et  des  émydes  (i)  ^ et  dans  le  val  d’Arno  où  s’est  trouvé 


(i)  Petrefacten-Kimde , p.  35. 


FOSSILES. 

près  de  Monteparchi  un  fragment  d’émyde  assez  semblable  à celle 
d Europe,  que  M.  Pentland  a vu  dans  le  cabinet  du  gi’and-duc  à 
Florence. 

MrKarg  assure  qu’ily  avoit  dans  la  collection  de  M.  Lavater,  dans 
un  schiste  d OEningen , une  tortue  où  Ton  croyoit  trouver  toutes  les 
parties,  formées  comme  dans  lémyde  commune  d’Europe  (i). 

Parkinson  en  cite  des  environs  de  Vérone,  qu’il  rapporte  au  genre 
trionyx  (2)5  mais  je  doute  beaucoup  que  le  fragment  du  comte  de 
Glocester,  quil  représente  pl,  X.VIII,  fig.  i , appartienne  même  en 
aucune  façon  au  genre  des  tortues. 


Article  III. 

Des  Tortues  de  mer  ou  Ciiélonées. 


§ I.  Chelojiées  des  enç>iro7is  de  Maestricht. 


On  les  trouve  dans  ces  fameuses  carrières  d’une  sorte  de  craie 
grossière  et  d’apparence  sablonneuse  , creusées  dans  la  montagne  de 
Saint-Pieri’e,  dont  nous  aurons  bientôt  occasion  de  reparler.,  et  elles 
y sont  pêle-mele  avec  des  productions  marines  de  tant  de  sortes,  et 
avec  les  os  de  saurien  gigantesque  qui  ont  rendu  cette  montagne 
célébré  en  géologie.  Le  chirurgien  Hofmann  fut  le  premier  qui  en 
recueillit 5 Walch,  Camper  et  de  Burtiu  en  ont  parlé,  mais  en  abrégé 
et  vaguement  ; Buchoz,  dans  sa  collection  de  planches,  et  M.  Faujas, 
ans  1 histoire  quil  a publiée  des  fossiles  de  ces  carrières,  sont  les 
premiers  qui  aient  donné  de  bonnes  figures  de  quelques-uns  de  leurs 
tests.  . ' 

Nous  en  donnons  d’autres,  prises  sur  nature,  pl.  XIV,  fig.  i et  2 , 

fitii  ne  représentent  que  des  portions  incomplètes  du  test  supérieur 
carapace.  ^ 


Ô)  Mémoire  de  la  Société  des  Naturalistes  de  Souaùe,  1 , 28. 
^ganic,  remains,  III , 269. 


■ '.f' 


a4o  TORTUES 

Feu  M.  Faujas,  frappé  de  la  saillie  que  forme  de  chaque  côté  la 
partie  antérieure  du  bord  de  ces  carapaces,  avoit  conçu  de  leur  struc- 
ture, dans  l’état  parfait,  une  idée  véritablement  singulière,  et  que 
je  ne  puis  m’empêcher  de  rapporter  dans  ses  propres  termes. 

a Cette  partie  supérieure,  dit-il  (Hist.  de  la  Montagne  de  Saint- 
3)  Pierre , p.  86),  — ressemble  assez  au  haut  d’une  cuirasse  raili- 
))  taire  quiseroit  munie  d’avant-bras,  et  annonce  que  les  pattes  de 
» devant  — étoient  recouvertes  en  partie  d’écailles  adhérentes  au 
))  bouclier  ; ce  qui  constitue  incontestablement  un  caractère  tran- 
))  chant , bien  pT'opre  à former  un  genre  particulier.  — Aucune 
51  des  tortues  vivantes  que  nous  connoissons  ne  nous  a encore  offert 
5)  ce  caractère.  » 

Il  répète  cette  idée  dans  ses  Essais  de  Géologie  (t.  I,  p.  1 83)  : 
« Elles  diffèrent  des  tortues  ordinaires  par  deux  espèces  ^^’avant- 
« BRAS  formés  de  trois  pièces,  qui  se  prolongent  de  côté  comme  une 
5)  manche  d’habit.  » 

Il  n’y  a cependant  h ces  prétendus  avant-bras  rien  d’extraordi- 
naire , ni  qui  ne  se  retrouve  dans  toutes  les  tortues  de  mer,  aussi 
bien  que  dans  celles  de  terre  et  d’eau  douce , les  seuls  trionyx  excep- 
tés; et  M.  Faujas  s’en  seroit  convaincu  lui-même,  s’il  eût  comparé, 
comme  il  étoit  naturel  de  le  faire,  ces  tests  fossiles  avec  des  tests 
dépouillés  de  leurs  écailles  et  réduits  k leur  charpente  osseuse,  et 
non  pas  avec  des  carapaces  encore  recouvertes  de  leur  enveloppe 
extérieure. 

Il  auroit  vu  que  ce  qu’il  nomme  avant-bras  n’est  que  le  commen- 
cement du  bord  qui  entoure  la  carapace,  et  qui  est  ordinairement 
formé,  comme  nous  l’avons  dit,  par  vingt-quatre  pièces  osseuses. 
Deux  ou  trois  de  ces  pièces  seulement  étoient  restées  à ses  échan- 
tillons, les  autres  étoient  tombées.  L’échancrure  qui  sépare  ce  com- 
mencement de  rebord  du  disque  de  la  carapace  est  produite  par  l’es- 
pace non  ossifié  qui  reste  dans  les  tortues , et  surtout  dans  celles  de 
mer,  jusqu’à  une  époque  plus  ou  moins  avancée,  comme  nous  l’a- 
vons dit  plus  haut , et  comme  nous  le  montrons  dans  nos  fig.  a et  3 
de  la  pl.  XIII. 


FOSSILES. 


241 

Voila  tout  le  mystère. 

Ainsi  les  tests  de  tortues  fossiles  de  Maestricht , représentés  dans 
\ Hist.  de  la  Montagne  de  Saint-Pierre , autant  que  l’on  peut  en 
juger  par  ce  que  1 on  en  voit,  n’annoncent  point  un  nouveau  genre  j 
ils  ne  montrent  aucune  partie  qui  ne  soit  dans  les  tests  de  toutes  les 
tortues,  ni  rien  qui  ne  ressemble  aux  tortues  de  mer,  et  l’on  pour- 
roit  aisément  dessiner  ce  qui  a été  emporté  du  rebord , dont  la  por- 
tion conservée  a donné  lieu  aux  conjectures  que  nous  venons  de 
relever.  Nous  indiquons  le  commencement  de  ce  dessin  par  des 
points  dans  la  fig.  2 , pl.  XIV. 

M.  Faujas,  dans  un  autre  ouvrage,  va  bien  plus  loin  encore j non 
content  d’avoir  établi  ce  premier  genre,  il  en  établit  encore  un  autre, 
ou  du  moins  une  autre  espèce,  toujours  avec  ces  tortues  de  la  mon- 
tagne de  Saint-Pierre , mais  avec  des  échantillons  mutilés  autrement. 

Camper  avoit  dit  qu’il  possédoit  le  dos  entier  d’une  tortue  de 
cette  montagne , long  de  quatre  pieds  et  large  de  seize  pouces  (i)  j 
et  un  chanoine  de  Liege,  irlandais  de  naissance,  nommé  le  comte  de 
Preston,  en  avoit  un  dans  son  cabinet,  à peu  près  de  la  même  gran- 
deur , que  Buchoz  a aussi  fait  graver. 

M.  Faujas  regarde  cette  disposition  singulière  comme  tenant  à 
une  espèce  particulière  et  inconnue  (2) , et  quelques  lignes  plus 
loin  il  ajoute  que  les  trois  indwidus  du  Muséum  ojffrent  deux  au- 
tres espèces  bien  distinctes. 

Il  nous  paroit,  et  il  paroitra  sans  doute  de  même  au  lecteur,  que 
les  deux  échantillons  de  Camper  et  de  Preston  avoient  simplement 
perdu  la  totalité  de  leur  bord,  en  ne  conservant  pas  même  ce  com- 
mencement resté  dans  les  autres,  et  nommé  aoant-bras  par  M.  Fau- 
jas, tandis  qu’il  leur  étoit  resté  la  partie  dorsale  complète;  mais  c’est 
là  un  pur  accident  d’où  l’on  ne  peut  tirer  aucun  caractère. 

Cependant,  tout  certain  qu’il  est  que  les  tortues  de  Maestricht, 
dans  tout  ce  que  nous  en  connoissons,  portent  les  caractères  généri- 


(0  Trans.  phil.  pour  1786. 

(2)  Essais  de  Géologie,  I,  182. 

T.  V,  2».  P. 


3i 


TORTUES 


242 

ques  des  chélonées  ou  tortues  de  mer,  il  est  certain  aussi  qu’elles 
appartiennent  à une  espèce  très -différente  de  toutes  les  chélonées 
connues. 

Les  chélonées  de  cette  taille  auroient  leurs  côtes  ossifiées  presque 
jusqu’au  bout,  tandis  qu’elles  sont  à peine  ossifiées  sur  le  tiers  de 
leur  longueur , ce  qui  réduit  en  effet  la  partie  osseuse  continue  de 
leur  carapace  à une  largeur  moindre  que  dans  les  autres  espèces , 
même  en  prenant  celles-ci  assez  jeunes,  comme  on  peut  le  voir  par 
nos  %.  2 et  3,  pl.  XIII. 

On  voit  toutefois  que , dans  ces  tortues  comme  dans  les  autres , 
l’ossification  faisoit  des  progrès  avec  l’âge  5 car,  dans  le  grand  individu 
de  la  fig.  I J pl.  XIV,  la  pièce  impaire  s’est  déjà  élargie  au  point  de 
toucher  la  deuxième  pièce  du  bord  par  une  assez  grande  suture  , 
tandis  qu’elle  en  est  encore  éloignée  dans  l’individu  moindre  de  la 
fig.  2.  . . . 

L’examen  des  seules  carapaces  nous  donne  donc  déjà  ce  résultat, 
que  les  tortues  de  Maestricht  sont  du  genre  des  tortues  de  mer,  et 
d’une  espèce  inconnue. 

En  partant  de  ce  principe,  nous  pouvons  avancer  plus  sûrement 
dans  l’examen  de  leurs  autres  os. 

Nous  avons  dit  ci-dessus  que  les  tortues  de  mer  ont  les  pièces  de 
leur  plastron  irrégulièrement  lobées  et  dentelées,  et  nous  avons  fait 
représenter,  fig.  6 et  7 , pl.  XIII,  les  plastrons  de  la  tortue  franche  et 
du  caret,  pour  montrer  à la  fois  leur  caractère  générique,  et  jus- 
qu’où peuvent  aller  leurs  différences  spécifiques. 

Les  plastrons  des  tortues  de  Maestricht  paroissent  avoir  ressemblé 
beaucoup  à celui  du  caret,  a en  juger  du  moins  par  les  fragmens 
que  l’on  en  a , et  que  nous  donnons  pl.  XIV,  fig.  3. 

Ce  sont  ces  morceaux  que  M.  Faujas  avoit  pris  pour  des  bois 
d’élan,  et  représentés  pl.  i5  et  i6  de  son  Hist.  de  la  Montagne  de 
Saint-Pierre , ce  qui  avoit  avec  raison  fort  surpris  tous  les  géolo- 
gistes;  car  lelan,  animal  terrestre,  animal  du  nord,  enseveli  avec 
de  grandes  tortues  de  mer  et  avec  des  gavials , tels  que  l’on  croyoit 
alors  le  mouitor  de  cette  montagne,  devoit  sembler  un  phénomène 


FOSSILES.  ‘ a43 

bien  rare  parmi  tous  ceux  de  cette  nature  j mais  en  examinant  avec 
attention  les  pierres  qui  contiennent  ces  prétendus  bois,  et  en  en 
retournant  une  , nous  nous  sommes  aperçu  qu’elles  se  rejoignent 
entre  elles  et  avec  une  troisième  donnée  aussi  par  M.  Faujas  , pl.  ro , 
et  qu’elles  présentent  alors  le  groupe  dessiné  dans  notre  fig.  3,  où 
1 on  peut  remarquer  que  les  deux  pièces  dentelées  se  rapprochent 
pour  n en  faire  qu  une  qui  est  analogue  à la  pièce  latérale  supérieure 
du  plastron  du  caret.  Le  lecteur  s’en  convaincra  s’il  veut  comparer 
ce  morceau,  ah,  fig.  3,  pl.  XIV,  avec  la  partie,  ab,  du  plastron 
du  caret,  fig.  7 , pl.  XIII. 

La  pièce , c c?,  du  morceau  fossile  est  une  partie  du  bord  inférieur 
de  ce  même  plastron,  analogue  à ctf  du  caret;  e et/sont  des  os  du 
carpe;  ghi,  qui,  dans  la  séparation  des  morceaux , «voit  presque 
entièrement  disparu,  se  trouve  être  un  humérus  , et  Æ Z un  fémur, 
parfaitement  semblables  à leurs  analogues  dans  les  tortues  de  mer. 

Quant  au  morceau  de  notre  fig.  6,  pl.  XIV,  que  M.  Faujas  a 
donné  aussi,  dans  sa  pl.  17,  pour  un  bois  de  cerf  ou  d’élan,  nous 
avons  déjà  dit  ailleurs  que  c’est  un  fragment  des  trois  os  dont  la  réu- 
nion forme  l’épaule  de  la  tortue,  et  nous  le  prouvons  ici,  en  dessi- 
nant à côté,  fig.  5,  les  mêmes  os  pris  d’une  tortue  de  mer  dans  leur 
entier.  Il  faut  seulement  faire  attention  que  l’articulation  humérale, 
a,  est  cassée  dans  le  fossile,  ainsi  que  l’extrémité  de  l’omoplate,  b , 
l’acromion  c , et  l’os  coracoïdien  d;  mais  dans  tout  ce  qui  est  con- 
servé l’identité  est  parfaite. 

§ II.  Tortues  des  ardoises  de  Glaris. 

Auprès  de  Glaris,  dans  la  montagne  Tlattenberg oxxxnon- 

tagne  des  Feuillets  ou  des  Plaques,  est  une  carrière  d’ardoises,  à lits 
inclinés  au  midi,  que  l’on  exploite  de  temps  immémorial  pour  faire 
des  tables  et  d’autres  objets  utiles.  Cette  ardoise  est  riche  en  impres- 
sions de  différens  poissons,  dont  Scheuchzer  et  Rnorr  ont  représenté 
quelques-uns,  mais  d’une  façon  peu  caractéristique,  et  telle  qu’il 
est  difficile  de  dire  s’ils  sont  de  mer  ou  d’eau  douce. 

La  tortue  dont  il  va  être  question  paroît  s’être  trouvée  dans  la 

3i-^ 


244  TORTUES 

même  carrière.  Déposée  dans  le  cabinet  de  Zoller,  elle  fut  repré- 
sentée assez  mal  pour  la  première  fois  dans  l’ouvrage  de  Knorr, 
t.  r , pl.  34»  Andreæ  en  donna,  dans  ses  Lettres  sur  la  Suisse,  pl.  16, 
une  figure  meilleure,  que  nous  avons  fait  copier  en  petit  dans  notre 
pl.  XIV,  fig.  4. 

Ceux  qui  ont  cherché  à en  déterminer  l’espèce  l’ont  prise  pour 
une  émyde  commune  d’eau  douce  ( testudo  europœa).  C’est  ainsi 
que  la  nomme  Andreæ , en  ne  manquant  pas  d’observer  qu’il  y avoit 
autrefois  de  ces  animaux  dans  les  lacs  de  la  Suisse;  comme  si  la 
formation  des  montagnes  d’ardoise  pouvoit  avoir  rien  de  commun 
avec  les  lacs  actuels  de  la  Suisse. 

Pour  moi,  je  ne  doute  pas  que  ce  ne  soit  une  tortue  de  mer  et 
j’en  tire  la  poeiive  de  l’allongement,  et  surtout  de  l’allongement  in- 
égal de  ses  doigts.  Dans  les  tortues  d’eau  douce , les  doigts  sont  de 
longueur  médiocre  et  à peu  près  égaux;  dans  celles  de  terre, ils  sont 
à peu  piès  égaux  et  tous  très-courts;  dans  les  tortues  de  mer  ils  sont 
fort  allongés,  et  ceux  de  devant  forment  une  nageoire  pointue,  parce 
qu’ils  vont  en  croissant  du  pouce  au  médius , et  ensuite  en  décrois- 
sant. Or,  c’est  précisément  ce  qu’on  observe  dans  la  tortue  de  Claris; 
mais  elle  est  du  reste  trop  mal  conservée  pour  que  l’on  en  détermine 
1 espece,  ou  meme  pour  que  l’on  puisse  dire  si  c’est  ou  non  une  es- 
pèce connue , quoique  la  forme  arrondie  de  sa  carapace  en  arrière  ne 
le  rende  pas  vraisemblable. 

Article  IV. 

Des  Tortues  terrestres. 

§ I.  Tortues  des  enpirons  d’Aix. 

Elles  ont  été  représentées  en  1780  par  feu  Lamanon,  dans  le 
Journal  de  Physique,  t.  XVI,  p.  868,  pl.  III,  mais  les  figures  en 
sont  si  imparfaites,  quà  peine  peut-on  y réconnoître  le  genre;  et 
toutefois,  si  ce  sont  des  tortues,  comme  nous  sommes  à la  fin  obligés 


FOSSILES.  245 

de  le  croire,  leur  carapace  est  trop  bombée  pour  qu’elles  soient 
autre  chose  que  des  tortues  de  terre. 

On  les  avoit  prises  d’abord  pour  des  têtes  humaines;  Guettard 
iniagina  que  c’étoientdes  nautiles;  Lamanon  fut  le  premier  qui  les 
reconnut  pour  ce  qu’elles  sont.  Nous  donnons  des  copies  des  figures 
de  cet  auteur  pl.  XIII,  fig.  9,  10  et  11. 

Il  paroit,  d après  les  termes  de  Lamanon,  que  ce  sont  des  noyaux 
qu  il  a décrits,  v Toutes  les  lames  et  sutures  ne  paroissent  dans  la 
» tortue  pétrifiée  qu’après  avoir  enlevé  ce  qui  reste  de  l’écaille. 
))  — La  matière  du  rocher  étant  encore  molle  a pris  la  place  de  l’a- 
y>  nimal,  et  formé  un  noyau  sur  lequel  on  distingue  parfaitement 
toutes  les  parties  de  l’écaille.  » Du  reste  l’auteur  décrit  assez  bien 
les  sutures,  quoiqu’il  faille  quelques  commentaires  pour  l’entendre. 
« Il  y a huit  lames  de  chaque  côté  (les  côtes),  elles  sont  très- 
» recourbées,  et  aboutissent  à de  petites  pièces  qui  sont  rangées 
» longitudinalement  (les  plaques  vertébraleé) , et  séparées  par  un 
» sillon  assez  profond.  » (C’est  que  la  saillie  des  corps  des  vertèbres 
s étoit  imprimée  en  creux  sur  le  noyau.) 

Lamanon  donne  ensuite  un  caractère  qui  se  joint  à la  grande  con- 
vexité pour  prouver  qu’il  s’agit  de  tortues  terrestres. 

« — Les  lames  ne  sont  pas  de  la  même  largeur  dans  toute  leur 
))  longueur:  elles  vont  en  se  rétrécissant,  et  s’emboîtent  les  unes 
))  dans  les  autres,  de  façon  qu’après  une  base  vient  un  sommet,  et 
» ainsi  de  suite.  » C’est  précisément  ce  que  nous  avons  observé  ci- 
dessus  dans  le  squelette  de  la  carapace  des  tortues  de  terre. 

La  hauteur  de  ces  tests  étoit  de  sept  pouces  sur  une  largeur  de 
six  ; convexité  aussi  grande  qu’il  y en  ait  dans  aucune  tortue  de  terre. 

On  les  trouva,  selon  Lamanon,  en  1779,  à quatre  ou  cinq  cents 
toises  d Aix,  dans  un  rocher  calcaréo-gypseux,  mêlé  de  grains  de 
quarz  roulé,  situé  au  pied  de  la  petite  montagne  dans  laquelle  sont 
creusées  les  plâtrières  de  cette  ville,  le  long  du  chemin  d’Avignon, 
et  il  est  très-probable  que  la  couche  qui  les  contenoit  appartient  à 
a même  formation  que  celles  que  l’on  exploite  pour  en  tirer  le  plâtre , 
et  ou  l’on  trouve  de  nombreux  poissons  et  des  feuilles  de  palmiers. 


246  TORTUES 

Ce  rocher  contenoit  aussi  (dit  toujours  Lamanon)  « des  ossemens 
J)  de  toute  espèce,  comme  des  tibia,  des  fémurs,  des  côtes,  des 
» rotules,  des  mâchoires  et  des  dents.  Quelques  fémurs  sont  trop 
» longs  et  trop  gros  pour  avoir  appartenu  à des  hommes.  — H y a 
» aussi  des  ossemens  plus  petits  encore  que  ceux  de  la  souris.  — 
y)  Quant  aux  rotules,  aux  mâchoires  et  aux  dents,  elles  sont  entiè- 
» rement  semblables  à celles  que  M.  Guettard  a fait  graver  à la 
y)  suite  d’un  mémoire  qui  est  le  troisième  de  sa  collection.  » (La  plu- 
part tirées  de  Montmartre.  ) 

Lamanon , qui  connolssoit  Montmartre  , ne  put  manquer  d’être 
frappé  de  cette  ressemblance  entre  les  carrières  à plâtre  d’Aix  et 
celles  des  environs  de  Paris,  où  l’on  trouve  également  des  ossemens 
d’animaux  terrestres , des  squelettes  de  poisson,  des  tortues  et  des 
restes  de  palmiers , et  il  parle  expressément  de  ces  rapports  singuliers. 

Il  est  malheureux  que  ni  lui  ni  les  autres  descripteurs  des  plâ- 
trieres  de  Provence  n aient  poussé  plus  loin  les  recherches  compa- 
ratives, ou  n aient  donne  du  moins  des  figures  exactes  des  autres 
restes  des  corps  organisés  qu’elles  recèlent. 

On  peut  compter  cependant , parmi  ceux  qui  en  ont  parlé  après 
lui,  trois  hommes  habiles,  Darluc,  Saussure  et  M.  Faujas;  mais 
quoique  les  deux  derniers  aient  indiqué  avec  plus  ou  moins  de  détail 
les  divers  bancs  de  marne  qui  recouvrent  ceux  de  gypse,  ils  n’ont 
parlé  des  poissons  que  d’après  Darluc.  Or,  celui-ci  dit  d’abord  qu’on 
y trouve  « l’empreinte  de  petits  poissons  rouges  avec  la  tête  un  peu 
» large,  le  bec  effilé  et  le  corps  formé  en  losange,  dont  les  arêtes, 
))  1 epine  du  dos  et  la  queue  sont  attachées  a la  pierre  par  le  suc  la- 
))  pidifique  ; qu  on  les  prendroit,  au  premier  aspect,  pour  autant  de 
« petites  dorades,  mais  qu’on  en  feroit  plutôt  des  malarmats  ou  ga- 
» linetos,  dont  les  analogues  ne  sont  point  dans  nos  mers  (i)-  » 

Certainement  c’est  là  un  discours  inintelligible,  car  il  n’y  a nulle 
ressemblance  entre  une  petite  dorade,  soit  que  l’on  entende  par  là 
le  cyprinus  auratiis , ou  le  sparus  auratus , ou  le  coryphena  hip- 


(i)  Darluc,  Hist.  nat.  de  Provence,  I,  4g. 


FOSSILES.  247 

puris,  ei\Q  malarmat  ( cataphracta)-^  d’ailleurs  le  malarmat 
n est  nen  moins  qu’étranger  aux  mers  de  Provence. 

Lors  donc  que  Darluc  ajoute  « qu’on  y voit  aussi  des  mulets  bar- 
» bus,  de  grandes  dorades  et  des  loups,  et  qu’il  y a observé  un 
^ merlan  qui  se  mordoit  la  queue , » on  peut  bien  révoquer  en  doute 
1 exactitude  de  sa  nomenclature. 

On  pourroit  même  suspecter  la  murène  dont  parle  d’après  lui 
Lamanon. 

Saussure  y découvrit  une  empreinte  qu’il  jugea  de  feuille  de  pal- 
mier (]).  M.  Faujas  en  ayant  rapporté  une  autre,  M.  Deslbntaines  l’a 
regardée  comme  venant  de  quelque  grande  espèce  de  graminée 
étrangère  à nos  climats  (2). 

M.  Faujas  nous  a donné  les  hauteurs  des  divers  lits.  Celui  qui  ren- 
ferme les  poissons  est  à trente-sept  pieds  de  profondeur;  le  premier 
banc  de  plâtre  exploité,  à six  pieds  plus  bas;  et  le  second,  à trente- 
neuf  pieds  plus  bas.  Celui-ci,  qui  a cinq  pieds  d’épaisseur,  repose 
sur  un  plâtre  feuilleté  qui  contient  encore  des  petits  poissons  (3). 

Je  me  suis  procuré  quelques-uns  de  ces  poissons  d’Aix.  J’en  ai  eu 
es  plus  petits  assez  entiers.  Ce  sont  des  acanthoptérygiens  thoraci- 
ques à deux  dorsales:  la  première  est  haute,  pointue,  soutenue  par 
six  épines  dont  la  deuxième  est  la  plus  longue  et  la  plus  forte;  la 
deuxième  dorsale  est  aussi  assez  haute  en  avant , contiguë  à la  pre- 
mière, et  compte  onze  ou  douze  rayons,  dont  le  premier  est  épineux 
Gt  le  plus  long.  La  caudale  est  fourchue  et  de  quinze  rayons.  A l’a- 
nale on  en  compte  dix,  dont  les  trois  premiers  épineux  et  forts,  sur- 
tout le  second.  Je  n’ai  pu  compter  ni  les  rayons  branchiostéges,  ni 
ceux  des  pectorales  et  des  ventrales,  et  je  n’ai  pu  voir  s’il  y a des 
dentelures  ou  des  epmes  aux  pièces  operculaires  ; mais  d’après  toute 
a ournure  de  ces  poissons,  je  les  crois  de  petites  espèces  du  genre 
Perça.  Les  poissons  plus  grands  dont  j’ai  eu  des  restes  sont  aussi  des 


0)  f^ojrage  dans  les  Alpes,  t.  III , p. 

,2  du  Muséum,  t.  y III , p.  226. 

2.5. 


248  TORTUES 

acanthoptéryglens  thoraciques  à deux  dorsales , mais  je  n’en  ai  pas 
reçu  d’assez  entiers  pour  approcher  même  de  la  détermination  du 
genre.  Je  ne  puis  donc  dire  s’ils  sont  marins  ou  d eau  douce.  Il  seroit 
bien  important  que  les  naturalistes  qui  habitent  à proximité  de  ces 
carrières  tâchassent  d’obtenir  des  échantillons  plus  entiers,  mais  en 
remarquant  soigneusement  a quel  lit  chaque  espèce  appartient. 

Si  les  espèces  des  lits  supérieurs  au  gypse  sont  marines,  la  ressem- 
blance des  plàtrières  d’Aix  avec  celles  de  Paris  deviendra  de  plus  en 
plus  complète. 

g II.  Des  os  de  tortue  troiwés  à Vile  de  France  sous  des  couches 

volcaniques. 

Voici  des  morceaux  bien  remarquables  pour  nous,  en  ce  que  ce 
sont  les  premiers  fossiles  des  pays  chauds  de  l’ancien  continent  que 
les  géologistes  aient  eu  à produire. 

Je  les  dois  a feu  M..  de  Fourcroy  qui  les  tenoit  de  M.  Néraud,  ha- 
bitant de  nie  de  France. 

Ils  ont  été  trouvés  avec  d’autres  os  du  même  genre,  au  lieu  dit  des 
Quatre  Cocos,  en  creusant  une  citerne,  dans  un  banc  crayeux  fort 
épais,  situé  sous  la  lave  qui  forme  une  grande  plaine  tout  le  long  de 
la  côte  orientale  de  l’île.  Cette  lave,  dont  la  surface  se  décompose 
et  devient  d’une  fertilité  extraordinaire,  est  la  couche  la  plus  nou- 
velle qu’il  y ait  dans  l’île,  etM.  Néraud  n’est  pas  éloigné  de  croire 
qu’elle  a été  produite  dans  les  temps  historiques. 

On  seroit  tenté  de  faire  la  même  conjecture  sur  les  os. 

L humérus,  pl.  XV,  fig.  ly,  ne  diffère  presque  pas  de  celui  de 
cette  enoime  tortue  terrestre  dite  des  Indes , que  l’on  nous  apporte 
assez  souvent  de  l’Ile  de  France.  Il  est  seulement  un  peu  plus  gros 
à proportion  de  sa  longueur , et  une  empreinte  qu’il  a en  avant  pour 
un  vaisseau  est  plus  large  et  moins  profonde. 

J’ai  trouvé  au  contraire  dans  le  cabinet  de  M.  Faujas,  un  tibia? 
ih.,  fig.  i8,  venu  de  la  même  île  et  des  mêmes  couches,  qui  est  plos 
long  et  moins  gros  que  celui  de  l’espèce  vivante. 


FOSSILES. 


249 


Article  V. 

Résumé. 

On  voit  que  nous  ne  sommes  pas  arrivés  pour  les  tortues  à des 
résultats  aussi  précis  que  pour  les  crocodiles,  mais  cette  différence 
tient  moins  a celle  des  rapports  de  ce  genre  avec  les  couches,  qu’à 
la  difficulté  d’en  déterminer  les  espèces  d’après  la  simple  ostéologie 
des  carapaces.  Toutefois  nous  avons  pu  nous  assurer  que  les  tortues 
sont  aussi  anciennes  dans  le  monde  que  les  crocodiles’,  qu’elles  les 
accompagnent  généralement,  et  que  le  plus  grand  nombre  de  leurs 
débris  appartenant  à des  sous-genres  dont  les  espèces  sont  propres 
aux  eaux  douces  ou  à la  terre  ferme,  elles  confirment  les  conjectures 
que  les  os  de  crocodiles  avoient  fait  naître  sur  l’existence  d’îles  ou  de 
continens  nourrissant  des  reptiles,  avant  qu’il  y ait  eu  des  quadru- 
pèdes vivipares,  ou  du  moins  avant  qu’ils  aient  été  assez  nombreux 
pour  laisser  une  quantité  de  débris  comparable  à ceux  des  reptiles. 
C’est  un  grand  fait  géologique  dont  nous  ti'ouverons  de  nouvelles 
preuves  dans  le  chapitre  suivant. 

Au  reste , j’ai  encore  connoissance  de  débris  de  tortues  trouvés 
dans  bien  des  lieux  différens , mais  dont  les  caractères  sont  peu  ou 
mal  déterminés  ; ainsi  l’on  en  trouve  dans  le  bassin  du  Puy  en  Vélay, 
avec  des  coquilles  d’eau  douce  et  des  os  de  quadrupèdes.  11  y en  a 
qui  paroissent  marines  dans  les  marnes  bleuâtres  du  Plaisantin , si 
abondantes  en  coquilles  de  mer  et  en  ossemens  de  cétacés,  etc.,  etc. 


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CHAPITRE  II. 

Des  O ssemen s de  IjÈzards, 


PREMIÈRE  SECTION. 

De  l Ostéologie  des  Lézards  vivans. 

T 

E prends  ici  ce  mot  dans  son  acception  la  plus  générale , et  comme 
embrassant  tout  ce  qui  reste  de  l’ancien  genre  des  lacerta  de  Lin- 
næus,  quand  on  en  a retranché  les  crocodiles  d’une  part,  et  les  sa- 
lamandres de  1 autre.  Tous  les  animaux  dont  je  vais  parler  ont  en 
effet  une  strnctnie  de  tete,  d épaule,  d’os  hyoïde  à peu  près  sem- 
lable , ou  n offrant  que  des  différences  légères  de  composition  et  de 
pioportions  de  pai’ties,  tandis  qu’ils  diffèrent  considérablement  des 
crocodiles  et  des  tortues,  et  plus  encore  des  salamandres. 

On  pourroit  même  y joindre  les  serpens  de  la  famille  des  anguis, 
car  leur  ostéologie , du  moins  celle  de  leur  tête , ressemble  beaucoup 
à celle  de  plusieurs  lézards. 


Article  premier. 

De  la  Tête. 

Les  caractères  communs  de  celte  famille,  relativement  à l'ostéo- 
ogie  de  la  tete , consistent  principalement  dans  les  points  suivans  (i)  : 
10.  Les  quatre  occipitaux  ordinaires,  o,  qq,  t,  forment  l’anneau 
qui  emoure  1 encéphale  en  arrière.  Loccipital  latéral,  q,  n’est  pas 
_;v^deux  comme  dans  les  tortues.  En  avant  des  occipitaux  sont 

a a marque  les  mêmes  lettres  aux  mêmes  os  tjaus  toutes  les  figures  de  la  pl,  XVI. 

32=^ 


252  OSTÉOLOGIE 

placés  le  sphénoïde , s,  inférieurement,  elle  rocher,^  latéralement. 
Le  pariétal,  couvre  le  tout  comme  un  toit. 

20.  Le  sphénoïde  est  visible  par  toute  sa  face  inférieure  ; les  pté- 
rygoïdiens,  formant  une  simple  continuation  des  palatins,  se  pro- 
longent jusques  au  bord  interne  des  caisses,  ne  touchant  au  sphé- 
noïde que  sur  une  tubérosité  latérale  de  cet  os,  et  ne  s’unissant 
point  entre  eux. 

3o.  Le  sphénoïde  se  prolonge  en  avant  en  une  tige  cartilagineuse 
sur  laquelle  s’élève  la  cloison  interorbitaire , et  dans  celle-ci  il  se 
montre  divers  points  d’ossilications  qui  appartiennent  à l’ethmoïde. 

40.  L’os  analogue  au  rocher,  qui  n’est  plus  caché  par  la  caisse, 
prend  de  l’extension  au  dehors,  et  forme,  entre  le  sphénoïde  et  les 
occipitaux,  toute  la  paroi  latérale  postérieure  du  crâne. 

5o.  La  paroi  latérale  et  antérieure  du  crâne , depuis  le  rocher  jus- 
qu’à la  cloison  interorbitaire,  est  membraneuse,  et  contient  seule- 
ment de  chaque  côté  un  os  diversement  configuré,  z,  selon  les  es- 
pèces , et  qui  représente  l’aile  temporale  et  l’aile  orbitaire. 

6®.  Une  tige,  y,  osseuse  monte  du  bord  supérieur  du  ptérygoïdien 
où  elle  s’articule  dans  une  fossette  jusqu’aubord  latéral  du  pariétal  où 
elle  s’attache  par  un  ligament.  Quelques  anatomistes  ont  cru  y voir 
l’analogue  de  l’aile  temporale  (i) , mais  elle  n’en  remplit  pas  les  fonc- 
tions; d’autres  (2)  l’ont  nommée  tyinpanique , sans  que  l’on  puisse 
apercevoir  un  motif  même  éloigné  pour  cette  détermination.  On  ne 
peut  même  pas  dire  qu’elle  soit  proprement  comprise  dans  la  paroi 
du  crâne,  et  cette  paroi  a aussi  quelquefois  dans  l’épaisseur  de  ses 
membranes  un  point  d’ossification  qui  représente  la  véritable  aile 
temporale;  j’appellerai  donc  cette  tige,  que  je  regarde  comme  un 
os  nouveau,  du  nom  particulier  de  columelle.  Son  objet  est  de  sou- 
tenir la  voûte  du  crâne  c[ui  n’est  plus  appuyée  en  avant,  parce  que 
l’aile  orbitaire,  l’aile  temporale  et  l’ethmoïde  sont  en  grande  partie 
membraneux. 


(i)  MM.  Oken  et  Spix. 

(?.)  M.  Bojanus , Isis  de  1821 , XII*.  cahier.  _ 


DES  LÉZARDS.  ^53 

70.  L’occipital  latéral  dorme  une  partie  saillante  en  dehors,  à la- 
quelle viennent  se  réunir  par  leur  extrémité  le  mastoïdien  qui  est 
fort  réduit,  et  le  temporal,  Z;  à cette  réunion  commune  des  trois  os 
est  suspendu  l’os  tympanique,  r , qui  descend  verticalement  pour 
servir  de  pédicule. à la  mâchoire  inférieure.  Cet  os  ne  donne  le  plus 
souvent  attache  qu’au  bord  antérieur  du  tympan;  et  le  reste  du  con- 
tour de  cette  membrane,  ainsi  que  la  paroi  postérieure  de  la  caisse, 
sont  cartilagineux  ou  même  simplement  membraneux. 

La  trompe  d’eustache  n’est  qu’une  large  communication  de  la 
caisse  à l’arrière-bouche  entre  l’extrémité  du  pterygoïdien  et  le  sphé- 
noïde. Dans  l’animal  frais , elle  répond  au  dedans  de  la  bouche  près 
l’articulation  des  mâchoires,  et  la  communication  est  quelquefois  si 
ouverte,  que  l’on  pourroit  dire  que  l’osselet  de  l’ouïe  est  dans  la 

bouche  ou  dans  le  pharynx.  ♦ 

La  cavité  du  vestibule  est  formée  en  commun  par  le  rocher , 1 oc- 
cipital latéral  et  l’occipital  supérieur.  La  fenêtre  ovale  où  s’attache 
l’osselet  auriculaire  est  commune  au  rocher  et  à l’occipital  externe. 

Sous  elle  est  une  ouverture  plus  large,  percée  dans  l’occipital  la- 
téral seulement,  et  au  fond  de  laquelle  sont  deux  trous  : un  anterieur, 
qui  va  dans  le  crâne  ; et  un  postérieur,  qui  est  la  fenêtre  ronde,  et  donne 
dans  une  fossette  de  la  cavité  vestibulaire  qui  représente  le  limaçon. 

80.  L’os  transverse,  x , unit  l’os  pterygoïdien , v,  au  jugal,  g,  et 
au  maxillaire,  d,  comme  dans  le  crocodile. 

90.  Les  palatins,  u,  n’ont  point  de  lame  palatine , ou  du  moins  ces 
lames  ne  sont  pas  assez  étendues  pour  s’unir;  et  les  narines  posté- 
rieures osseuses  sont  de  grands  trous  dans  la  partie  antérieure  de  la 
voûte  du  palais,  entre  les  maxillaires,  les  vomers  et  les  palatins. 

10°.  Les  extrémités  des  narines  osseuses  extérieures  sont  toujours 
séparées  dans  le  squelette  par  une  apophyse  internazale  de  l’inter- 
maxillaire  et  quelquefois  du  maxillaire. 

Du  reste  la  division  du  frontal  en  principal,  c,  antérieur,  e,  et 
postérieur,  i,  et  les  autres  circonstances  ostéologlques,  sont  comme 
dans  les  deux  familles  que  nous  avons  déjà  décrites. 

Cette  constitution  de  la  tête  des  lézards,  qui  nous  servira  aussi  à 


2^4  OSTÉOLOGIE 

expliquer  celle  des  oiseaux,  a besoin  sur  quelques  points  d’être  dis- 
cutée et  prouvée. 

C’est  ce  que  nous  allons  entreprendre. 

Il  n’y  a aucune  difficulté  à l’égard  des  occipitaux , qui  sont  au 
nonibie  de  quatre  comme  dans  le  crocodile  et  les  mammilères. 

Le  frontal  principal  et  le  pariétal  se  laissent  démontrer  pour  ce 
qu’ils  sont  par  les  mêmes  argumens  que  dans  le  crocodile  et  la  tortue. 

Ces  argumens  sont  aussi  parfaitement  applicables  aux  frontaux 
antérieurs  et  postérieurs,  aux  lachrymaux,  aux  maxillaires  et  inter- 
maxillaires. 

C’est  donc,  comme  à l’ordinaire,  dans  la  région  des  tempes  et  de 
l’oreille  qu’il  reste  quelques  difficultés. 

Mais  on  les  décide  aisément  en  considérant  chacune  des  pièces  c[ui 
la  composent  dans  les  genres  où  elles  offrent  des  analogies  saisissa- 
bles  avec  les  crocodiles  et  les  tortues. 

Ainsi  la  nature  du  rocher  est  déterminée , comme  dans  le  croco- 
dile et  la  tortue,  par  la  pan  qu’il  prend  au  revêtement  de  l’oreille 
interne,  et  spécialement  de  la  cavité  vestibulaire , ainsi  qu’à  l’échan- 
crure pour  la  sortie  du  nerf  de  la  cinquième  paire. 

L’os  tympamque  est  presque  toujours  réduit  à une  forme  prisma- 
tique, ne  s engrène  point  avec  les  autres  os  pour  former  une  partie 
de  1 enveloppe  solide  de  la  tete , et  semble  dans  le  squelette  n’être 
qu’un  pédicule  pour  la  mâchoire  iuférieure.  Mais  outre  que  le  tym- 
pan s’y  attache  toujours,  quand  on  l’examine  dans  la  dra<rone 
fig.  1 2 , par  exemple , on  le  trouve  en  forme  de  timbale , plus  cireux  ’ 
h bords  plus  revenans  en  avant  que  dans  les  tortues  elles-mêmes’ 

ayant  en  amère , comme  dans  les  tortues , une  échancrure  pour  l’os- 
selet  de  1 ouïe. 

La  seule  différence  c’est  que  sa  cavité  ne  s’étend  pas  dans  le  mas- 
toïdien. 

Dans  le  scinque  il  est  encore  tres-large  et  concave , bien  que 
moins  clos  par  les  rebords  que  dans  la  dragone. 

Ce  même  scinque  nous  montre  aussi  une  analogie  frappante  avec 
les  tortues,  en  ce  que  sa  tempe  est  recouverte  par  une  lame  du  pa- 


DES  LÉZARDS.  o.55 

riétal  qui  s unit  avec  un  grand  élargissement  du  frontal  postérieur, 
et  avec  un  temporal  placé  et  écliancré  comme  dans  certaines  tortues, 
bien  que  plus  long  et  plus  étroit.  On  est  bien  alors  obligé  de  recon- 
noitre  le  mastoïdien  pour  ce  qu’il  est,  malgré  son  extrême  petitesse. 
Le  lézard  commun  a la  même  couverture  sur  la  tempe,  et  de 

plus  tout  le  dessus  de  son  orbite  est  recouvert  par  une  expansion  du 
frontal  antérieur. 


Cette  famille  se  laisse  subdiviser  en  deux  tribus  par  rapport  à la 
composition  du  museau. 

Celle  des  monitors  de  l’ancien  continent,  qui  n’ont  qu’un  seul  os 
du  nez  et  deux  os  principaux  du  front. 

Celle  des  sauvegardées  du  nouveau  continent,  qui  embrasse  aussi 
la  plupart  des  autres  genres  de  sauriens,  et  où  il  y a deux  os  du  nez 
et  un  seul  frontal  principal. 

La  première  famille  ne  comprend  que  les  seuls  monitors  de  l’an- 
cien continent  (à  petites  écailles  sous  le  ventre  et  sur  la  queue). 

Nous  prendrons  d’abord  pour  exemple  le  grand  monitor  du  Nil, 
ouaran  des  Arabes  (lacerta  nilotica')  (i). 


(i)  C’est  l’espèce  commune  dans  le  Nil  que  Hasselquist  et  Forskahl  ont  décrite  sous  le 
nom  de  lacerla  mlolica,  mais  qui  etoit  déjà  depuis  long-temps  représentée  par  Séba,  I, 
pl*  toi  , figure  dont  Linnæus  avoit  fait  son  lacerta  dracœna.  tj^ormius  en  avoit  aussi  donné 
nne  i epresentation  assez  reconnoissable  dans  son  Muséum  , p.  3i3  ; mais  il  y en  a une  infi- 
niment supérieure  publiée  par  M.  Geoffroy  dans  le  grand  ouvrage  sur  l’Egypte , Reptiles  , 
pl.  I , fig.  I ; c est  le  varanus  dracœna  de  Merrem, 


Un  des  exemples  les  plus  frappaus  des  progrès  que  toutes  les  parties  de  la  zoologie  ont 
epuis  vuigt  ans  , c est  1 e’tal  oii  se  trou  voient  nos  connoissances  sur  ces  grands  lézards 
au  commencement  de  ce  siècle.  On  croyait  alors  qu’il  n’y  en  avoit  qu’une  espèce  , que  l’on 
supposoit,  comme  le  crocodile,  commune  aux  deux  hémisphères.  On  ne  remarquoit  pas 
que  les  especes  de  1 ancien  continent  sont  non-seulement  toutes  difiërentes  du  nouveau,  mais 
qu  elles  forment  meme  un  genre  autrement  organisé  à l’intérieur  et  à l’extérieur.  On  appll- 
quoit  a cette  espèce  factice  le  nom  de  tupinambis , qui  est  un  nom  de  peuple , et  cela  par 
«ne  erreur  plaisante:  c’est  que  Margrave  ayant  dit  en  latin  qu’une  de  celles  qu’on  y rap- 

I «oit  est  nommée  lemapara  chez  les  Topinambous  {temapara  Tupinambis)  , on  avoit 
Pi-'s  ces  deux  mots  pour  un  seul  nom. 

«Je  lézards  de  l’ancien  continent,  à tête  couverte 

les  J a langue  extensible  et  fourchue , et  sans  dents  au  palais , forment  nu 


I 


256  OSTÉOtOGlE 

La  tète,  pl.  XVI,  fig*  i,  2 et  3,  est  en  cône  allongé,  déprimé,  à 
' pointe  mousse , à région  frontale  et  pariétale  anterieure  plane.  Les 
orbites  sont  ronds  et  à peu  près  au  milieu  de  chaque  côté  • les  na- 
rines osseuses  extérieures  remontent  presque  jusqu’à  la  hauteur  des 
orbites. 

Il  n’y  a qu’un  intermaxillaire,  a,  élargi  en  avant,  où  il  porte  quatre 
dents  de  chaque  côté,  montant  par  une  longue  apophyse  comprimée 
jusque  vers  le  milieu  des  narines,  où  elle  s’unit  à une  semblable  de 
l’os  nasal.  Celui-ci,  6,  fig.  i et  2,  qui  est  également  impair,  s’élargit 
dans  le  haut,  et  s’y  bifurque  pour  s’unir  aux  deux  frontaux. 

Ces  derniers,  ib.  ,cc,  occupent  leur  place  ordinaire  entre  les  or- 
bites, et  ont  en  dessous  chacun  une  lame  orbitaire  qui  se  rapproche 
et  s’unit  à sa  correspondante  pour  compléter  le  canal  des  nerfs  ol- 
factifs. 

lies  maxillaires,  dd,  embrassent  en  avant,  par  une  partie  dépri- 
mée, la  partie  élargie  de  l’intermaxillaire , laquelle  a en  dessous,  der- 
rière les  dents,  une  apophyse  saillante  , et  va  s’unir,  par  une  produc- 
tion courte,  fourchue  et  marquée  d’une  rainure,  aux  os  vomériens 
qui  occupent  le  milieu  du  palais. 

Les  maxillaires  en  forment,  comme  à l’ordinaire,  les  bords,  lais- 
sant de  chaque  côté  entre  eux  et  les  vomers  et  les  palatins,  une  large 
arrière-narine,  qui  s ouvre  par  conséquent  dans  le  palais. 

Les  maxillaires  forment  aussi  les  côtés  du  museau  ou  les  joues,  et 
se  terminent  en  s’élargissant  vers  l’orbite  dont  ils  sont  séparés  par  le 
frontal  antérieur,  le  lachrymal  et  le  jugal. 

Le  frontal  antérieur,  ee , a,  comme  a l’ordinaire,  une  partie  fron- 
tale et  une  orbitaire  qui  sert  de  cloison  postérieure  à la  cavité  nazale. 


genre  considérable  que  l’on  peut  subdiviser  en  deux  sous-genres  d’après  ses  dents  coniques 
ou  tranchantes  ; et  que  le  sauvegarde  des  Américains , autre  lézard  non  moins  grand  , à 
langue  egalement  fourchue  , à palais  également  dégarni  de  dents , mais  à tête  couverte  de 
plaques,  est  le  chef  d un  deuxième  genre  assez  nombreux  aussi , dans  lequel  viennent  se 
ranger  une  espèce  qui  1 égale  en  grandeur , la  dragone  de  Lacépède , et  plusieurs  autres 
plus  petits , dont  Daudin  , sous  le  nom  i’ameii'as , ne  faisoit  qu’une  tribu  du  genre  des  lézards 
propres. 


DES  LÉZARDS.  2^7 

Le  lachrymal,j(y  ^ est  en  partie  sur  la  joue,  en  partie  dans  Torbitej 
il  a une  pointe  saillante  au  bord  de  l’orbite,  un  trou  lachrymal  en  de- 
dans, et  laisse  un  autre  trou  assez  grand  entre  lui  et  le  frontal  anté- 
rieur. 

Le  jugal,  g touche  au  lachrymal,  au  palatin  et  au  transverse 5 
c est  un  stilet  arqué  et  pointu  qui  n’atteint  pas  le  frontal  postérieur 
ni  le  temporal , en  sorte  que  l’orbite  est  incomplet,  exemple  qui  ne  se 
retrouve  parmi  les  sauriens  que  dans  le  genre  des  geckos. 

Mais  un  os  particulier,  hh,  et  qui  ne  peut  être  comparé  à ceux 
que  nous  avons  vus  jusqu’ici,  est  celui  que  j’appellerai  il 

s articule  par  une  partie  élargie  au  bord  orbitaire  du  frontal  antérieur, 
et  dirige  en  arrière  une  apophyse  pointue  qui  protège  la  partie  du 
dessus  de  l’œil.  Nous  le  retrouverons  dans  les  oiseaux. 

La  ligne  d’union  des  frontaux  avec  le  pariétal  est  presque  droite. 

Sur  les  deux  extrémités  de  cette  ligne  s’articulent  les  frontaux 
postérieurs,  ii,  moitié  sur  le  frontal  principal,  moitié  sur  le  pariétal. 

Chacun  d’eux  donne  une  apophyse  orbitaire,  et  une  en  arrière, 
grele  , pointue  , qui  s’unit  obliquement  au  temporal  pour  former 
l’arcade  zygomatique. 

Celle-ci  est  grêle  et  un  peu  arquée  vers  le  haut.  Elle  est  princi- 
palement formée  par  un  temporal  de  même  forme,  II,  qui  se  colle 
par  son  extrémité  postérieure  au  mastoïdien,  mm,  également  grêle 
et  arque,  et  celui-ci  se  colle  sur  la  pointe  latérale  du  pariétal. 

Le  pariétal,  n , est  unique,  en  forme  de  bouclier  élargi  en  avant  5 
creusé  sur  les  côtés  des  deux  fosses  temporales,  fourchu  en  arrière, 
et  y donnant  deux  longues  pointes,  n’  n',  qui  s’écartent  pour  aller 
avec  le  temporal  et  le  jngal  dont  nous  venons  de  parler,  et  avec 
une  apophyse  saillante  de  1 occipital  latéral,  donner  un  point  de  sus- 
pension a l’os  tympanique. 

On  doit  remarquer  un  trou  qui  est  naturellement  percé  dans  le 
pariétal  à peu  près  vers  le  milieu , et  qui  se  retrouvera  dans  beaucoup 
d’autres  sauriens,  et  jusque  dans  V ichthjosaurus. 

I|ans  cette  bifurcation  du  pariétal  est  placé  en  arrière  l’occipital 
tiperieur,  o , qui  ne  tient  a 1 échancrure  du  pariétal  que  par  un  liga- 
T.  V,  2e.  P.  33 


i58  OSTÉOLOGIE 

ment  rond  et  non  par  une  suture;  les  rochers, pp^  assez  étendus 
couvrent  en  dessus  et  en  avant  le  vide  resté  de  chaque  côté  entre 
les  occipitaux  et  le  sphénoïde. 

Outre  l’espace  vide  qui  descend  dans  la  fosse  temporale,  entre 
le  pariétal,  le  frontal  postérieur  et  le  temporal,  il  y en  a un  autre 
qui  y pénètre  par  derrière  entre  la  pointe  du  pariétal  et  les  occipi- 
taux. 

Ce  sont  de  grands  espaces  qui  répondent  à des  trous  qui  existent 
déjà  dans  le  crocodile,  mais  qui  y sont  beaucoup  moindres  parce  que 
les  os  y sont  plus  dilatés. 

La  fenêtre  ovale  est,  comme  à l ordinaire , commune  au  rocher  et 
à l’occipital  latéral.  La  fenêtre  ronde  est  percée  dans  une  fosse  de 
l’occipital  latéral,  ç q. 

Ce  dernier  os  se  porte  latéralement  et  ayant  devant  lui  le  rocher, 
pour  se  joindre  par  son  extrémité  externe  à l’extrémité  postérieure 
du  mastoïdien , en  dehors  de  laquelle  se  termine  aussi  celle  du  tem- 
poral. Il  se  trouve  a cet  endroit,  entre  l’occipital  et  le  mastoïdien  et 
au-dessus  du  tympanique,  une  très-petite  pièce  osseuse  distincte  de 
toutes  les  autres,  et  c[ui  est  une  espèce  d’épiphyse  ou  plutôt  d’os  in- 
terarticulaire pour  le  tympanique. 

L’os  tympanique  , /'r,  suspendu  à ce  pédicule  auquel,  comme  on 
voit  , cinq  os  contribuent , est  prismatique , presque  droit , légère- 
ment creusé  en  demi-canal  k sa  face  externe. 

11  ne  munit  la  cavité  de  la  caisse  qu’à  sa  paroi  antérieure. 

Le  tympan  n’est  tendu  en  arrière  c|ue  sur  des  parties  membraneuses, 
et  quand  on  ouvre  la  gorge  et  que  l’on  écarte  un  peu  les  muscles 
ptérygoïdiens  en  dehors,  la  cavité  tympanique  se  montre  comme  un 
simple  enfoncement  du  plafond  du  pharynx. 

Le  plancher  du  crâne  sur  le  sphénoïde,  s , et  le  basilaire,  t , est 
concave;  la  fosse  de  la  glande  pituitaire  est  très-grande,  et  séparée 
presque  horizontalement  de  celle  du  cerveau  par  une  lame  saillante 
du  sphénoïde. 

Revenant  en  dessous,  nous  trouvons  des  palatins,  uu,  fîg.  i et3, 
courts,  concaves  en  avant  pour  conduire  aux  arrière-narines,  s’unis- 


DES  LÉZARDS.  ^5^ 

santaux  vomers,  aux  frontaux  antérieurs,  aux  maxillaires,  aux  trans- 
verses et  aux  ptérygoïdiens;  mais  ne  s’unissant  point  entre  eux,  et  y 
aissant  un  giand  espace  vide  j formant,  comme  à l’ordinaire,  une 
partie  du  plancher  de  l’orbite. 

Ils  sont  percés  chacun  d’un  petit  trou  analogue  au  ptérygo-palatin. 

^ Les  pterygoidiens,  continuent  les  palatins  ; restant  fort  écar- 
tes l un  de  1 autre  et  devenant  verticaux,  ils  s’appuient  en  passant 
sur  I apophyse  latérale  du  sphénoïde,  qui  leur  est  destinée,  et 
vont  se  terminer  en  pointe  près  du  bord  interne  inférieur  de  Los 
tympanique. 

^ Ils  donnent  de  leur  côté  externe  une  apophyse  pour  leur  articula- 
tion avec  l’os  transverse,  a:  x,  qui  est  court  et  large,  et  unit  le  ptéry- 
goidien  au  palatin,  au  maxillaire  et  au  jugal  de  chaque  côté,  laissant 
entre  lui,  le  ptérygoïdien  et  le  palatin,  un  trou  ovale  assez  grand, 
quoique  beaucoup  moins  à proportion  que  dans  le  crocodile. 

Sur  le  milieu  de  l’os  ptérygoïdien,  dans  une  fossette,  s’articule  cette 
verge  osseuse,  fig.  i et  2,  grêle  et  droite , que  j’ai  cru  devoir  appeler 

U nom  spécial  de  coliimelle.  Son  autre  extrémité  va  s’unir  cl  l’extré- 
mité antérieure  de  la  jonction  du  pariétal  et  du  rocher.  Elle  est  à peu 
près  parallèle  à sa  correspondante,  et  c’est  entre  elles  deux  que  les 
cloisons  membraneuses  qui  ferment  le  crâne  en  avant  commencent 
à se  rapprocher  l’une  de  l’autre,  pour  se  confondre  dans  la  cloison , 
également  membraneuse , qui  sépare  les  deux  orbites.  Le  bas  de  cette 
cloison  est  soutenu,  par  la  prolongation  de  l’apophyse  antérieure  et 
mitoyenne  du  sphénoïde,  #",qui,  diminuant  d’épaisseur  et  de  consis- 
tance en  avant,  finit  par  s attacher  entre  les  deux  vomers. 

Dans  les  cloisons  membraneuses  antérieures  du  crâne  est  une 
bianc  e osseuse,  2 fig.  i , Jabord  contournée  en  croissant  pour  en- 
tourer  le  bord  postérieur  ou  externe  du  trou  optique,  et  donnant 
ensuite  une  pointe  en  avant  et  une  en  dessus  qui  s’étendent  dans  la 
membrane  et  aident  à la  soutenir. 

C est  le  seul  représentant  qui  existe  de  l’aile  orbitaire  et  de  l’aile 
temporale. 

s Vomers,  fit  a,  forment  le  milieu  du  dessous  du  palais,  allant  de 

33  " 


200  OSTÉOLOGIE 

l’intermaxillaire  aux  palatins , et  creusés  chacun  en  avant  en  un  petit 
canal. 

Toute  la  partie  antérieure  et  inférieure  de  chaque  grande  narine 
osseuse  est  occupée  par  un  os  en  forme  de  cuiller,  /3|3,  fig.  i et  2, 
qui,  vu  par  dessus,  est  concave  en  arrière  et  convexe  en  avant,  et 
qui  répond  manifestement  au  cornet  inférieur  du  nez. 

Il  va,  dans  toute  cette  partie,  du  vomer  au  maxillaire,  laissant  en 
dessous,  en  avant,  entre  le  maxillaire  et  le  vomer,  un  trou  cpi  pé- 
nètre dans  sa  partie  convexe. 

Un  peu  plus  avant  est  de  chaque  côté  un  trou  incisif  entre  le 
maxillaire  et  l’intermaxillaire. 

Outre  ses  huit  dents  intermaxillaires,  cet  ouaran  a ordinairement 
onze  dents  à chaque  maxillaire  et  autant  de  chaque  côté  de  la  mâ- 
choire inféi’ieure.  Les  antérieures  coniques  et  pointues,  les  posté- 
rieures mousses  ou  en  massue. 

A quelcpes  légères  dilFérences  près  dans  les  proportions , je  trouve 
la  même  structure  dans  tous  les  inonitors.  La  principale  de  ces  diffé- 
rences consiste  dans  le  nombre  et  la  forme  des  dents  qui  sont  tran- 
chantes dans  beaucoup  d’espèces;  le  ouaran  el  Jiard  ou  monitor 
terrestre  (i),  par  exemple,  les  a en  nombre  impair  dans  l’inter- 
maxillaîre.  U en  est  de  même  dans  celui  de  Java  que  nous  repré- 
sentons fig.  7 et  8,  et  peut-être  dans  toutes  les  espèces  à dents  tran- 
chantes. 

Ces  monitors  à dents  tranchantes  ont  en  général  les  cornets  infé- 
rieurs un  peu  autrement  faits,  et  entièrement  convexes  en  dessus  (2). 


(1)  C’est  l’espèce  représentée  par  M.  Geoffroy,  grand  ouvrage  sur  l’Egjpte  , Ilist,  nat. , 
Reptiles,  pl.  II,  et  celui  qu’Hérodote  nommoit  crocodile  terrestre,  et  qui  est  le  véritable 
scînque  des  anciens  {varanus  scincus , Merrem). 

(2)  M.  Geoffroy  donne  la  tête  du  monitor  du  Nil  en  dessus  et  en  dessous , Description  de 
l’Egypte,  Hist.  nat.  , planches,  t.  I,  Reptiles  , pl.  4 > Hg-  5 et  6 ; et  celle  du  monitor  de 
terre  en  dessus , qui  est  à dents  tranchantes,  ibid-,  fig.  14.  Il  y en  a aussi  une  du  monitor 
du  Nil  sous  le  nom  de  lupmambis , par  M.  Camper,  Ann.  du  Mus. , t.  XIX  , pl.  XI,  fig.  5- 
M.  Spix  donne  celle  d’un  monitor  à dents  tranchantes , vue  obliquement , et  ses  os  séparés  , 
Cephalogenesis , pl.  V,  fig-  III,  IV,  V. 


DES  LÉZARDS. 


261 


Le  sauvegarde  d’Amérique,  fig.  10  et  1 1 (i) , nous  servira  de  type 
principal  pour  la  seconde  famille. 

Comparé  au  monitor  du  Nil,  il  a la  tête  plus  courte  et  moins  dé- 
primée ; le  museau  un  peu  plus  relevé.  Son  intermaxillaire  est  egale- 
ment impair,  mais  l’apophyse  nasale  en  est  beaucoup  plus  courte , et 
au  lieu  d’un  nasal  unique  , il  y a deux  grands  os  propres  du  nez  qui 
recouvrent  la  plus  grande  partie  de  la  cavité  nasale , en  sorte  que 
les  narines  osseuses  extérieures  sont  petites  et  tout-a-fait  vers  le  de- 
vant du  museau.  C’est  au  contraire  le  frontal  principal  qui  est  unique. 
La  pointe  du  bord  de  l’orbite  appartient  au  frontal  antérieur  et  non 
au  lachrymal , qui  est  fort  étroit  et  même  n est  pas  perce.  Le  trou 
lachrymal  unique  est  entre  les  deux  os , et  au-dessous  de  lui  se  voit  un 
trou  ptérygo-palatin  ou  un  sous-orbitaire  postérieur , pratique  entre 
le  frontal  antérieur,  le  palatin,  le  maxillaire  et  le  lachrymal. 

Il  n’y  a point  de  trou  au  pariétal. 

Le  jugal  va  rejoindre  le  frontal  postéi’ieur  et  dot  le  cadre  de  1 or- 
bite. Les  lames  descendantes  du  frontal  principal  sont  très-peu  sail- 
lantes. Il  n’y  a point  de  sur-orbitaire  ; mais,  ce  qui  est  bien  remar- 
quable, le  frontal  postérieur  est  divisé  par  une  suture  oblique  en 
deux  os,  dont  l’un  ne  tient  qu’au  frontal  et  au  pariétal,  l’autre  au 
jugal  et  au  temporal  (2). 

En  dessous,  rinterniaxillaire , au  lieu  de  donner  une  production 
en  arrière,  y éprouve  une  échancrure,  et  dans  cette  échancrure  en- 

(1)  C’est  le  lejru-guazii  ou  temapara  de  Margrave , p.  , que  mademoiselle  Mérian  a 

nommé  sauvegarde  d’après  les  colons  hollandais  , sans  dire  pour  quel  motif.  II  y en  a plu- 
sieurs figures  dans  Séba , qui  tantôt  le  nomme  sauvegarde  , tantôt  teyu-guazu  , tantôt 
iéguixin,  Linnæus  l’avoit  en  partie  confondu  avec  les  divers  monitors  de  l’ancien  continent 
sous  le  nom  de  lacerta  monitor,  et  en  partie  distingué  sous  celui  de  L.  teguixin.  Je  pense 
qu’aujourdhui  toutes  ces  confusions  sont  éclaircies  , voyez  mon  Règne  animal  , II  , a6. 
M.  Merrem  vient  de  le  nommer  teins  monitor. 

(2)  M.  Spix,  Cephalog. , pl.  IX,  fig.  I , aime  mieux  rapporter  cette  seconde  partie  au 
jogal  ; mais  s’il  avoit  étudié  le  frontal  postérieur  du  monitor , qu’il  a donné  pl.  V,  fig.  V, 
d auroit  vu  que  c’est  à lui  qu’elle  appartient.  Dans  tous  les  cas , voilà  encore  une  exception 
à la  règle  de  l’identité  du  nombre  des  os. 


262  OSTÉOLOGIE 

trent  les  pointes  des  maxillaires  et  des  vomers.  Les  trous  incisifs 
sont  extrêmement  petits. 

Les  cornets  inférieurs  sont  ossifiés  comme  dans  Touaran,  mais  on 
ne  les  voit  pas  si  aisément  dans  la  tête  entière  parce  qu’ils  sont  re- 
couverts par  les  os  propres  du  nez. 

Les  vomers  sont  plus  courts,  plus  larges  et  non  creusés;  les  pala- 
tins se  portent  plus  en  avant,  ce  qui  rend  les  arrière-narines  plus 
étroites.  Elles  se  continuent  cependant  sous  les  palatins  dans  une 
concavité  de  leur  surface.  Ces  deux  os  s’écartent  moins  l’un  de  l’autre, 

Les  ptérygoïdiens  ont  leur  partie  entre  l’apophyse  da  sphénoïde 
et  l’os  tympanique  creusée  en  canal  plus  profond  à sa  face  inférieure 
ou  interne. 

L’os  tympanique  est  élargi  dans  le  haut  et  légèrement  concave 
en  dehors. 

Le  basilaire  a de  chaque  côté  un  tubercule  descendant  qui  lui 
manque  dans  l’ouaran. 

La  lame  qui  séparé  la  fosse  pituitaire  de  celle  du  cerveau  est  moins 
saillante. 

Les  osselets  qui  représentent  les  ailes  temporales  sont  en  forme 
d’Y,  dont  les  deux  branches  supérieures  aboutissent  au  frontal  et 
au  pariétal,  et  l’inférieure  au  sphénoïde  à l’endroit  où  il  se  porte  en 
avant  en  forme  d’arête  pour  servir  de  base  à la  cloison  interorbitaire. 

Dans  la  cloison  interorbitaire  sont  aussi  des  parties  ossifiées  repré- 
sentant l’aile  orbitaire,  et  distribuées  de  manière  à laisser  un  trou 
commun  à cette  cloison  interorbitaire  et  à celle  du  cerveau.  C’est 
dans  ce  trou  que  passent  les  nerfs  optiques  , devant  les  deux  ailes 
temporales  dont  nous  venons  de  parler.  Derrière  elles,  mais  en  avant 
du  point  vis-a-vis  ducpiel  est  la  columelle,  passent  les  nerfs  de  la 
troisième,  de  la  quatrième  et  de  la  sixième  paire,  et  le  nerf  de  WllHs; 
et  derrière  cette  même  columelle,  dans  une  échancrure  du  rocher, 
passe  le  reste  de  la  cinquième  paire.  Ainsi  cette  échancrure  répond 
au  trou  rond  et  à l’ovale  (i). 


(i)  ]\X.  ^dr*  CojnpcT  donne,  sous  le  nom  de  grand  tégmxmy  In  tet©  d*un  sauvegarde 


DES  LÉZARDS.  263 

Ijadragone,  fig.  12  et  i3  (i),  ressemble  presque  en  tout  au  sauve- 
garde. 

Sa  tete  est  encore  plus  courte  à proportion;  son  pariétal  a une 

partie  temporale  ou  descendante  assez  considérable,  et  qui  rappelle 
^a  tortue. 

Son  os  tympaniquela  rappelle  encore  mieux  par  sa  forme  concave, 
échancrée  en  arrière,  et  son  entrée  rétrécie. 

L’échancrure  du  rocher  pour  le  passage  de  la  cinquième  paire  est 
presque  un  trou  entièrement  entouré. 

Le  lezardet  (2)  et  Yamewa  (3)  sont  encore  beaucoup  plus  sem- 
blables au  sauvegarde  que  la  dragone  ; ils  ne  diffèrent  du  premier 
que  par  un  museau  un  peu  plus  aigu. 


Les  lézards  proprement  dits,  tels  que  lac.  agilis , etc.  (4),  ont, 

sauf  quelques  détails  de  formes  et  de  proportions,  tous  les  caractères 
des  sauvegardes,  si  ce  n’est. 

Que  leur  frontal  principal  se  divise  longitudinalement  en 


deux 


os: 


d’Aménque  , Ann.  du  Mus,  XIX , pl.  XI , en  dessus  , fig.  6 ; de  côté  , fig.  8 ; la  mâchoire 
inferieure,  fig.  7.  M.  Spix , Cephalogenesis , donne  aussi  la  tête  d’un  sauvegarde,  pl  IX 

fig.  I.  Ces  dessins  sont  faits  d’après  des  individus  âgés,  dont  les  dents  avoient  déjà  perdu’ 
leurs  dentelures. 

(«)  Cette  espece , décrite  et  représentée  pour  la  première  fois  par  M.  de  Lacép'ede , Quadr. 
72'  2\  2 , mais  très-différente  du  lacerta  dra- 

auxdeh  on  T"*'  ’ T «^‘fférente  encore  du  genre  des  crocodiles 

iguarfcu  associée  , vient  d’être  nommée  par  M.  Merrem  fems 

(2)  Lac.  bicarinala,  L.  teius  bicarinatus , Merr. 

(3)  L.  ameiva,  L.  teius  ameiva , TfUerr . , Lacép. , I,  XXXT  - =1  • • 

17;  T\ 

^.a/oDand.,Sab,,I  XCI,3i^m.  Séb.,  l.XC,,,  Am.  Umiàcala- 

P'-  vii  t‘  "■  *"■  ■)«  '«=■■ . XII-.  chier, 

’ ~9-  Ca  mienne  est  faite  d’après  le  grand  lézard  ocellé  d’Espagne. 


264  OSTÉOLOGIE 

20.  Que  leur  frontal  antérieur  descend  peu  dans  l’orbite  où  le  la- 
chrymal  tient  beaucoup  plus  de  place  (i)  5 

3°.  Que  leur  frontal  postérieur,  augmenté  encore  à son  bord  pos- 
térieur de  petites  pièces  dans  le  genre  de  celles  qui  sont  sur  l’orbite  , 
s’unit  au  pariétal  pour  couvrir  le  dessus  de  la  tempe  (2)  ; 

40.  Qu’un  large  sur-orbitaire , divisible  en  plusieurs  pièces  (3) , 
s’unit  au  frontal  antérieur,  au  frontal  principal  et  au  postérieur  pour 
couvrir  le  dessus  de  l’orbite  j 

f)0.  Que  les  ptérygoïdiens  ont  chacun  une  rangée  de  petites  dents 
près  de  leur  bord  interne  vers  le  milieu  de  leur  longueur. 

On  voit  un  petit  trou  au  milieu  de  leur  pariétal. 


Les  lézards  à langue  courte  ont,  avec  la  composition  des  sauve- 
gardes, la  tête  en  général  moins  allongée* 

Les  cordyles  (4)  ont,  comme  les  lézards  ordinaires,  une  voûte  os* 
seuse  sur  la  tempe  et  sur  l’orbite , formée  par  le  frontal  postérieur 
et  le  sur-orbitaire.  Leurs  narines  sont  très-petites.  Ils  n’ont  pas  de 
dents  ptérygoïdiennes. 

Dans  les  stellions  fouette-queues , fig.  17  et  18  (5),  la  tête  est  dé- 
primée et  élargie  par  la  direction  en  dehors  etla  grandeur  des  jugaux, 
qui  produisent  ce  gonflement  des  joues  sensible  à l’extérieur  dans  ces 


(1)  M.  Bojanus  donne  à ce  frontal  postérieur  le  nom  de  pariétal , et  au  vrai  pariétal  celui 
d’inlerpariétal.  11  a donné  à une  des  pièces  accessoires  le  nom  de  jugal  postérieur,  qui, 
pour  lui , est  l’équivalent  de  mon  temporal  écailleux  , dont  elle  recouvre  en  efl’et  une  partie  ; 
mais  ce  temporal  est  un  os  distinct , qui  se  montre  un  peu  au  Jour  en  arrière  de  la  pièce  qui 
le  recouvre , et  entre  le  mastoïdien  et  le  lympanique. 

(2)  M.  Bojanus , qui  a bien  connu  ces  pièces , les  nomme  squamœ  supra  orbitales , et  les 
suppose  analogues  au  cercle  osseux  de  la  sclérotique  des  oiseaux , etc.  ; mais  les  lézards  ont 
ces  pièces  de  la  sclérotique  indépendamment  de  celles  du  dessus  de  l’orbite. 

(3)  M.  Bojanus  ne  fait  qu’un  OS  du  lachryraal  et  du  frontal  antérieur,  ou  , comme  il  1 ap- 

pelle, de  l’ethmoïde  latéral , parce  qu’il  n’a  pas  vu  leur  suture,  et  il  cherche  un  vestige  de 
lachrymal  au  bord  de  l’ouverture  de  la  narine  : c’est  un  des  cornets  du  nez.  ^ 

(4)  Lac.  cordjlus  L.  Séb. , I , LXXXIV,  3 et  4 ; et  II , LXII , 5.  On  ne  voit  pas  pour- 
quoi M.  Merrem  a changé  le  nom  générique  de  cordyle  en  celui  de  zonurus. 

(5)  Règne  anim. , II,  32.  Uromastix , Merrem. 


DES  LÉZARDS. 


2 65 


animaux.  Le  frontal  est  fort  étroit;  les  nasaux  petits  et  courts;  les  na- 
iines  externes  et  les  orbites  très-grands  ; le  jugal  très-large  ; les  bran- 
ches postérieures  du  pariétal  fort  longues;  son  bord  antérieur,  à 
endroit  où  il  se  joint  au  frontal,  écliaucré  par  un  large  trou  que 
ferme  une  simple  membrane;  les  frontaux  antérieurs  et  postérieurs 
petits,  surtout  ces  derniers  que  je  ne  trouve  pas  divisés;  les  anté- 
rieurs foiment  un  petit  angle  eu  devant  de  f orbite;  les  palatins  sont 
larges  et  courts  ; l’angle  externe,  à la  réunion  de  l’os  ptérygoïdien  et 
du  transverse,  est  un  peu  dirigé  en  en  bas;  le  bord  de  l’intermaxil- 
lairesaille  entre  les  dents  maxillaires  sans  porter  lui-même  aucune  dent. 

Dans  le  stellion  ordinaire  (i),  le  frontal  est  plus  court;  les  or- 
bites et  les  narines  moins  grands  ; les  tempes  le  sont  davantage  ; 
l’angle  saillant  du  frontal  antérieur  est  plus  marqué  ; il  y a deux  dents 

à l’intermaxillaire , et  la  seconde  du  maxillaire  est  une  espèce  de  ca- 
nine (2). 

La  tête  du  dragon  est  à peu  de  chose  près  semblable  à celle  du 
steliion  (3). 

Il  y a des  againes  (4)  j tels  que  Yianbre,  fig.  20  et  21 , où  le  jugal 
s élargit  de  manière  à couvrir  une  bonne  partie  de  la  tempe  et  de 
la  joue;  le  museau  y est  court  et  plane;  les  narines  petites;  les  an- 
gles des  ptérygoïdiens  descendent  presque  autant  que  les  os  tympa- 
niques  (5). 

Les  marbres  (6)  ont  le  museau  court,  large  et  plane;  un  angle 
saillant  à leur  frontal  antérieur  et  au  postérieur  ; des  dents  ptéry- 
goïdiennes;  un  angle  ptéi’ygoïdien  peu  saillant. 

Les  anohs  (7)  reviennent  en  partie  à la  forme  des  sauvegardes  par 


(1)  Règne  anim.,  Il,  3i.  Agama  cordj-lea  Merr.  

(2)  C’est,  je  crois,  le  sleUion  ordinaire  dont  M.  Spia:  donne  la  tête,  Cephalogenesis , 
pl.  lA,  ng.  7 J sous  le  nom  à^agama  mpera, 

(3)  Le  meme  auteur  donne  la  tète  du  dragon , ib. , fig.  6. 

(4)  Régné  anim. , Il , 33.  Agama  umbra  Merr.  et  quelques  autres  ; mais  non  pas  la  tota- 
lité de  son  genre  agama.  ” 

(5)  Il  y a une  lèle  ?^agame  donnée  par  M.  mtzsch , dans  les  Archives  physiol.  de  Mectel 

»•  VII,  pl.  I,  fig.  7.  ’ 

(6)  Règne  anim. , II  , 4o. 

^l)Jbid.,^i. 


T.  V,  2e.  P. 


34 


2Ô6 


OSTÉOLOGIE 

leur  tête  plus  ou  moins  allongée  et  déprimée,  etleur  jugal  étroit  et 
peu  saillant.  Mais  les  crêtes  temporales  de  leur  pariétal  se  rappro- 
chent en  arriére  en  une  seule,  et  sont  très-saillantes  ; les  branches 
de  ce  même  pariétal  étant  fort  saillantes  aussi  ne  forment  qu’une 
crête  demi-circulaire  assez  semblable  à la  crête  occipitale  de  certains 
mammifères  ; les  palatins  sont  élargis  ; il  y a des  dents  ptérygoïdiennes  5 
l’angle  ptérygoïdien  descend  médiocrement. 

Le  basilic  (i),  qui  n^a  pas  de  dents  ptérygoïdiennes,  ne  diffère 
presque  du  sauvegarde  que  par  un  museau  un  peu  plus  court,  plus 
bombé  sur  le  nez  ; un  frontal  plus  large  ; des  crêtes  pariétales  plus 
rapprochées;  plus  de  largeur  et  de  brièveté  dans  le  jugal,  le  tem- 
poral et  le  frontal  postérieur  qui  n’est  pas  divisé  ; enfin  plus  de  lar- 
geur et  de  concavité  dans  les  vomers  et  les  palatins,  plus  de  recule- 
ment  en  arrière  et  plus  de  saillie  vers  le  bas  de  l’angle  ptérygoïdien. 
Toute  la  région  basilaire  est  aussi  un  peu  plus  courte,  et  les  parties 
ossifiées  des  cloisons  interorbitaire  et  anté-cérébrale  un  peu  autre- 
ment configurées. 

Les  iguanes  (2),  fig.  28,  24  et  25  (d’après  l’iguane  cornu),  sont 
le  genre  le  plus  considérable  parmi  les  lézards  à langue  courte. 

Leur  museau  est  renflé  et  bombé , ce  qui  tient  surtout  à leurs  os 
propres  du  nez  ; leur  frontal  est  plat  ; leurs  crêtes  pariétales  se  rap- 
prochent de  bonne  heure  en  une  seule  ; le  trou  de  la  face  supérieure 
du  crâne  est  assez  considérable , et  percé  dans  la  suture  transverse 
qui  unit  le  frontal  au  pariétal  ; leur  frontal  antérieur  est  large  sur  la 
joue,  et  a un  tubercule  au-devant  de  l’orbite  ; le  postérieur  est  divisé 
en  deux  parties  : une  qui  fait  un  tubercule  en  arrière  de  l’orbite, 

1 autre  qui  descend  pour  en  compléter  le  cadre,  et  s’élargit  vers  le 
bas  pour  joindre  le  jugal  et  le  temporal  : leur  mastoïdien  s’étend  prin- 
cipalement sous  la  branche  latérale  du  pariétal , tandis  que  dans  le 
sauvegarde  il  est  à sa  face  externe. 

Les  narines  internes  sont  fort  longues  et  échancrent  profondément 


(1)  Régné  animal,  II,  36. 

(2)  Ibid.,  3g. 


DES  LÉZARDS.  25^ 

les  palatins  qui  sont  très-larges,  aussi  bien  que  la  partie  adjacente 

es  ptérygoïdiens,  sur  laquelle  est  placée  obliquement  une  rangée 
de  petites  dents. 

L angle  externe  de  Tunion  du  ptérygoïdien  au  transverse  descend 
autant  que  la  caisse,  et  en  arrière  de  lui  le  ptérygoïdien  a une  con- 
cavité en  forme  de  canal. 

Le  sphénoïde  est  concave  en  dessous,  et  le  basilaire  très-large  et 


Les  ailes  orbitaires,  dans  la  cloison  antérieure  du  crâne,  sont 
fourchues.  Je  vois  un  point  d’ossification , en  avant  de  l’échancrure 
du  rocher  par  où  sort  la  cinquième  paire.  Il  me  paroît,  et  j’es- 
pere  qu’il  paroîtra  à tout  le  monde,  répondre  à la  véritable  aile 
temporale  beaucoup  plus  que  la  columelle,  qui,  jusqu’à  présent,  en 
U usurpé  le  nom. 


_ La  cloison  interorbitaire  a aussi  plusieurs  parties  ossifiées  dans  les 
vieux  individus  et  l’endroit  où  elle  se  bifurque  pour  donner  passage 

au  nerf  olfactif  est  ossifié  en  arrière  de  manière  à ne  laisser  aucun 
aoute  sur  sa  nature  ethmoïdale  (i). 


Les  GECKOS,  fig.  27  et  28  (2),  diffèrent  beaucoup  des  autres  lézards 
par  la  petitesse  extrême  du  jugal  et  du  temporal  osseux,  et  par  la  di- 
vision longitudinale  de  leur  pariétal  en  deux  os. 

Leur  museau  est  plus  ou  moins  allongé  et  déprimé  selon  les  es- 

tles  mâchoires  s’accommodent  à ces  va- 
riétés. Le  frontal  principal  est  large,  et  surtout  en  arrière  et  légè- 
rement concave.  L’orbite  est  grand  rond  nr  • 1 ^ 

1-  T ^ f ^ ^ incomplet  du  côté  de 

la  tempe.  Le  frontal  anterieur  en  borde  presque  tout  le  dessus,  sans 


(I)  M.  Adr.  Camper  donne,  dans  les  Ann.  du  Mus. , t.  XIX,  pl  XI  fi R 
^ >guane  en  dessus  , el  fig.  G de  profil.  On  voit  bien  dans  celles-ci  les  ramifiSf  ’ 

interorbitair“^^To::: 

- <i’un  isr  ’ %•  3)  , et  une  autre  ,u’il  croitîuu 


34^ 


268  OSTÉOLOGIE 

atteindre  cependant  le  postérieur  qui  borde  , comme  un  chevron , 
l'angle  saillant  que  le  pariétal  et  le  frontal  principal  forment  ensemble. 

Un  très-petit  jugal  s’attache  au  bord  inférieur  de  l’orbite,  sur 
l’angle  postérieur  du  maxillaire , et  est  bien  éloigné  d’atteindre  le 
frontal  postérieur,  en  sorte  qu’une  grande  partie  du  bord  postérieur 
de  l’orbite  n’est  cernée  que  par  un  ligament. 

La  division  du  pariétal  ne  l’empêche  pas  de  se  joindre  en  arrière 
par  une  branche  sur  la  jonction  de  l’occipital  latéral  et  du  tympanique. 
Le  mastoïdien  qui  est  très-grêle  se  colle  en  dehors  à cette  branche, 
et  le  temporal , également  très-grêle , se  colle  tellement  au  mastoïdien 
qu’il  semble  ne  faire  qu’un  avec  lui.  Les  ptérygoidiens,  très-écartés 
l’un  de  l’autre , n’ont  point  de  dents  (i). 


Malgré  sa  forme  bizarre , la  tête  du  caméléon  (2)  se  laisse  assez 
aisément  ramener  à la  composition  des  autres  lézards. 

Le  casque  de  son  occiput  est  soutenu  par  trois  arêtes , dont  l’une 
appartient  au  pariétal  et  les  deux  autres  aux  temporaux.il  n’y  a qu’à 
se  représenter  un  pariétal  fort  étroit,  qui,  au  lieu  de  se  bifurquer 
pour  envoyer  des  branches  aux  temporaux,  s’élève  en  pointe  comme 
un  sabre , et  les  temporaux  envoient  aussi  des  arêtes  pointues  qui 
vont  unir  leurs  pointes  à celle  du  pariétal.  Il  n’y  a qu’un  frontal 
principal  bordé  de  chaque  côté , au-dessus  de  l’orbite , par  le  frontal 
antérieur  et  le  postérieur,  qui  se  joignent  pour  former  en  dessus  le 
cadre  de  cette  cavité,  et  en  même  temps  l’espèce  de  crête  dentelée 
que  le  caméléon  a dans  cet  endroit.  Le  reste  de  ce  cadre  est  formé 
parle  lachrymal  et  par  le  jugal,  qui  remonte  pour  aller  se  joindre 
au  frontal  postérieur  et  au  temporal.  Le  museau  est  formé  par  les 
maxillaires  supérieurs,  entre  lesquels  est  un  extrêmement  petit  inter- 
maxillaire. 


(1)  Il  y a une  tête  de  gecko  représentée  par  M.  Spix  , Ceplialogen. , pl.  IX , fig.  5. 
M.  Nitzsch  donne  celle  du  geckotte  dans  les  Archives  de  Physiologie  de  Meckel , t.  VU) 

pl.  I , lig.  3—5. 

(2)  Lac.  africana  Gmel. , Lacép.  , I , XXII  ; Séb. , I , LXXXII , 1. 


DES  LÉZARDS.  269 

Par  une  disposition  bien  extraordinaire,  c’est  dans  le  maxillaire 
que  sont  percées  les  narines  externes,  une  de  chaque  côté,  dont  le 
bord  est  un  peu  complété  en  dessus  par  le  frontal  antérieur.  Néan- 
moins sur  le  museau  sont,  dans  le  squelette,  deux  trous  couverts  à 
1 extérieur  par  la  peau,  et  entre  lesquels  se  montrent  deux  très-petits 
os  nasaux , cernes  d’ailleurs  en  arrière  par  le  frontal  principal , de  côté 
parles  frontaux  anterieurs  et  en  avant  par  les  maxillaires.  En  dessous, 
les  narines  postérieures  sont  fort  en  avant  ^ les  v^oniers  étroits  et 
courts;  le  canal  des  palatins  presque  transverse;  la  partie  anguleuse 
et  postérieure  des  ptéry goïdiens , qui  sont  fort  écartés  l’un  de  l’autre, 
descend  beaucoup  en  s’élargissant  et  en  se  tournant  presque  verti- 
calement. L’os  tympanique  est  cylindrique,  droit  et  sans  concavité. 

Dans  les  espèces  à casque  plat  (i),  c’est  l’apophyse  pointue  du 
pariétal  qui  se  courbe  moins  en  dessus,  et  quelquefois  s’élargit  trans- 
versalement. 

Dans  les  espèces  à museau  fourchu  (2),  ce  sont  les  maxillaires  su- 
périeurs et  les  frontaux  antérieurs  qui  produisent  les  branches  de  la 
fourche  ou  les  tubercules. 

Ce  sont  deux  de  ces  espèces  dont  nous  donnons  la  tète , le  chamœl. 
Parsonh,  fig.  3o  et  3r , et  le  chamœl.  bifia'cus , fig.  32  et  33  (3). 

Bien  que  le  caméléon  n’ait  pas  de  tympan  extérieur,  il  n’en  existe 
pas  moins  chez  lui  une  cavité  tympanique  assez  grande,  fermée  de 
toute  part  par  des  muscles  ou  des  os,  et  du  côté  de  la  bouche  par 
une  membrane  qui  double  celle  du  palais,  et  est  tendue  entre  le  ba- 
silaire et  la  pointe  postérieure  du  ptérygoïdien. 

Il  y a h cet  endroit,  de  chaque  côté  du  palais,  un  trou  étroit,  mais 
tiès-visible , qui  tient  lieu  de  trompe  d’eustache. 

L’osselet  fixe  la  pointe  de  son  manche  entre  l’os  tympanique  et  le 


(1)  Lac.  chamœleon  Grael. , Séb.  , I , LXXXII  pwnila  Gmel. , Daud. , IV,  LUI. 

(2)  Chamœl.  bifitrcus  Brongn.  , Daud. , IV,  LIV  ; et  Chamœl.  Parsonn , Trans.  pliil.  , 

t-  LVIII.  ^ 

(3)  Autres  figures  de  têtes  de  caméléon,  Spix , Cepl»logenesis , pl.  IX,  fig.  8;  c’est 
^ pece  ordinaire  à casque  saillant.  La  inêine  espece  est  représentée  par  M.  Oken,  Isis 

XI'.  cahier,  pl.XX,  fig.  IX. 


270  OSTÉOLOGIE 

muscle  analogue  du  digastrique,  et  va,  comme  à Fordinaire,  insérer 
sa  platine  à la  fenêtre  ovale  percée  dans  le  fond  d’un  creux  commun 
aussi  bien  qu’elle  au  rocher  et  à l’occipital  latéral.  Une  très-petite 
fenêtre  ronde  est  percée  au-dessous  dans  l’occipital  latéral. 


Les  scinques  (i)  en  général  ont  à peu  près  la  composition  des 
iguanes  5 mais  leurs  os  nasaux  sont  moins  larges , leur  pari  étal  plus  plat  ; 
les  canaux,  que  leurs  arrière-narines  forment  dans  les  palatins,  sont 
plus  creux  et  plus  obliques.  Leur  frontal  postérieur  n’est  pas  toujours 
divisé,  et  s’élargit  plus  ou  moins  selon  les  espèces. 

Dans  les  grands  scinques  à grosse  queue , comme  lacerta  scin- 
cdides  Shaw,  etc.,  fig.  35  et  36,  qui  n’ont  pas  de  dents  ptérygoï- 
diennes,  le  frontal  postérieur,  uni  au  pariétal  et  au  temporal,  couvre 
tout  le  dessus  de  la  tempe , excepté  un  petit  trou  en  arrière. 

Dans  le  scinque  commun  des  boutiques  (^c.  qfficinalis') , il  en 
couvre  un  peu  plus  de  moitié.  L’intermaxillaire  forme  une  petite 
corne  en  avant. 

Dans  le  scinque  à longue  queue  du  Lei>ant{^sc.  cyprius),  il  n’en 
couvre  guère  que  le  tiers  et  il  est  divisé. 

Ces  deux  espèces  ont  des  dents  ptérygoïdiennes  (2). 

C’est  à la  famille  des  scinques  qu’appartiennent  par  la  tête  1 ophl— 
saure  et  X orvet. 

La  tête  de  Xophisaure  (3)  ressemble  à celle  du  scinque  à longue 
queue  du  Levant , dont  la  région  pariétale  et  temporale  auroit  été 
tirée  en  longueur.  Le  frontal  postérieur  y est  divisé , et  les  palatins 
aussi  bien  que  les  ptérygoïdiens  chargés  de  petites  dents.  Les  bran- 
ches du  palatin  y sont  aplaties  verticalement  (4). 


(l)  Régné,  animal,  II , 5a. 

(3)  M.  Nitzsch  a donné  la  tete  du  scingue  des  boutigues  dans  les  Archives  physiologiques 
de  Meckel , t.  YII , jd.  I,  lîg.  6. 

(3)  Régné  anim. , II , 5g , et  pl^VI , fig.  7,  8,  9. 

(4)  M.  Spix  a donné  la  tête  de  \’ ojjhisaurus  ventralis , Cephalogenesis , pl.  IX,  fig.  9, 
mais  trop  courte,  et  avec  un  frontal  principal  double  : ce  qui  n’est  pas. 


DES  LÉZARDS. 

L orpet  (i)  est  un  peu  moins  allongé  que  l’ophisaure,  et  n’a  point 
de  dents  palatines  ni  ptérygoïdiennes  : du  reste  il  ressemble  de  même 
aux  scinques.  Son  frontal  postérieur  est  divisé. 

^ Le  bipède  de  la  N oup elle- Hollande  (2)  a encore  à peu  près  la 
tete  des  précédens,  mais  son  jugal  ne  s’ossifie  point,  et  son  pariétal 
est  divise  longitudinalement  en  deux  comme  dans  les  geckos.  Ses 
pterygoïdiens  manquent  de  dents.  Le  canal  de  son  tympanique  est 
très-creux.  Son  frontal  antérieur  et  le  postérieur  se  rencontrent  au- 
dessus  de  l’orbite. 

Article  II. 

De  la  Mâchoire  inférieure. 


La  mâchoire  inférieure  des  lézards  est  composée  de  six  os  comme 
dans  le  crocodile  et  la  tortue,  mais  un  peu  autrement  disposés,  et 
produisant  une  forme  générale  un  peu  différente,  qui  tient  surtout  à 
jue  apophyse  coronoïde  est  très-saillante  et  plus  en  avant,  à ce- 
que  1 angle  inférieur  est  également  plus  en  avant,  et  à ce  que  la 
partie  dentaire  est  plus  courte  à proportion. 

L os  dentaire'^  fig.  4 et  5 (3),  ne  porte  pas,  comme  dans  le 
crocodile,  les  dents  dans  des  alvéolés,  mais  elles  adhèrent  à sa  face 
interne,  ainsi  que  nous  le  dirons  plus  loin.  Sa  face  externe  s’unit  en 
Ririère  par  suture  ecailleuse  à celles  du  complémentaire,  du  sur-an- 
gulaire et  de  l’angulaire. 


J^a  partie  de  la  face  interne  du  dentaire,  que  Xoperculaire , b 
couvre  au-dessous  et  en  arrière  des  dents,  varie  beaucoup  en  étendu 
selon  les  sous-genres.  L operculaire  s'unit  en  arrière  à la  face  intern 
du  complementaire  , de  l’articulaire  et  de  l’angulaire,  et  souvent 
celle  du  sur-angulaire. 


(0  Règne  anim. , II , 5g. 

(3)  m-gne  anim. , II,  56 , et  pl.  YJ,  fig.  ,,8,9.  Pjgopus  lepidopus  Merr. 

Quant  à 1 au-dessous  de  chaque  tête  sa  mâchoireûnfeneure  par  sa  face  externe. 

celle  dp  i-"*-  es''  à donner , fig.  5,  celle  du  monitor  du  Nil,  et  fig.  i5, 

'c  «e  tignane  ' 6 t 


2^2  OSTÉOLOGIE 

Le  complémentaire  ^ c,  forme  seul  la  grande  apophyse  coronoïde , 
s’étend  sur  le  bord  supérieur  de  la  mâchoire  en  avant  de  cette  apo- 
physe 5 et  descend  en  arrière  à la  face  interne , où  il  traverse  le  sui’- 
angulaire  pour  s’unir  a 1 articulaire. 

\2 articulaire , d,  donne  la  facette  glénoïde,  l’apophyse  qui  est  à 
son  arrière  pour  le  muscle  digastrique , et  a même  souvent  une  petite 
épiphyse  à l’extrémité  de  cette  apophyse  ; il  s’avance  à la  face  in- 
terne, et  même  quelquefois  le  long  du  bord  inférieur,  jusqu’à  l’o- 
perculaire. 

\J angulaire  , e , s’étend  sous  la  portion  du  bord  inférieur,  qui  est 
entre  l’angle  inférieur  d’une  part,  et  le  dentaire  et  1 operculaire  de 
l’autre.  Ce  n’est  pas  toujours  à lui  qu’appartient  entièrement  l’angle 
de  la  mâchoire  ; l’operculaire  y contribue  aussi  quelquefois. 

Le  sur-angulaire , f , occupe  presque  toute  la  face  externe  de  la 
moitié  postérieure  entre  les  quatre  autres  os  que  l’on  voit  à celte 
face.  11  forme  le  bord  supérieur  entre  l’apophyse  coronoïde  et  l’arti- 
culation. 

Il  y a pour  l’entrée  des  nerfs  et  des  vaisseaux  une  grande  ouverture 
à la  face  interne  derrière  l’apophyse  coronoïde,  entre  le  complémen- 
taire, le  sur-angulaire  et  l’articulaire;  et  pour  leur  sortie  des  trous 
à la  face  externe  du  dentaire  et  à l’interne  dé  l’operculaire,  dont  le 
nombre  et  la  position  varient  selon  les  sous-genres  et  les  espèces.  Le 
sur-angulaire  en  a aussi  généralement  deux. 

Après  cette  indication  des  dispositions  générales  communes  à tous 
les  lézards,  il  convient  d’ajouter  les  principales  différences  au  moyen 
desquelles  on  peut  reconnoître  les  sous-genres. 

Ainsi  dans  le  monitor,  fig.  4,  5 et  8,  le  dentaire  à la  face  externe 
s’unit  presque  carrément  aux  trois  os  qui  sont  derrière  lui.  L’articu- 
laire est  deux  fois  plus  long  que  haut.  Son  bord  inférieur  est  en  ligne 
concave.  C’est  à l’operculaire  qu’appartient  proprement  l’angle  infé- 
rieur, et  cet  operculaii’e  ne  couvre  à la  face  interne  qu’une  petite 
partie  du  dentaire , lequel  ne  remonte  point  vers  le  côte  interne  des 
racines  des  dents. 

A la  face  externe  du  dentaire  est  d’abord  un  assez  grand  trou  pour 


DES  LÉZARDS.  2^3 

la  sortie  des  nerfs,  puis  quatre  ou  cinq  plus  petits  le  long  du  bord 
a V eo  aire.  A la  face  interne  il  y eu  a un  à l’operculaire  près  du  bord 
niterieur,  et  un  entre  lui  et  le  dentaire. 

Dans  \q  sawegarde,  fig.  ii,  le  dentaire  à la  face  externe  estéchan- 
cre  en  arriéré  j 1 angulaire  est  à sa  face  externe  presque  aussi  haut  que 
ong,  et  a son  bord  interne  en  angle  saillant  vers  le  bas  et  le  dedans. 

opercu  aire  s étend  à la  face  interne  sur  toute  la  longueur  du 
dentaire,  dont  le  bord  alvéolaire  interne  est  très-relevé.  Il  n’y  a que 
de  petits  trous  à la  moitié  antérieure  du  dentaire,  à sa  face  externe 5 
mais  il  y en  a un  assez  grand  à la  face  interne  de  l’operculaire. 

Dans  la  dragone , fig.  i3,  on  ne  voit  rien  du  sur-angulaire  à la 
face  interne,  et  il  s’avance  moins  à l’externe  que  le  complémentaire; 
la  totalité  de  la  mâchoire  est  aussi  plus  haute  à proportion. 

La  mâchoire  inférieure  des  lézards  se  fait  remarquer  par  un  angle 
ou  arete  saillante  longitudinale,  qui  règne  sur  son  sur-angulaire  et 
fait  rentrer  son  plan  inférieur  presque  horizontalement. 

cul  y occupe  peu  de  place  à la  face  externe  ; mais  l’oper- 

^ aire  couvre  a la  face  interne  tout  le  dentaire,  son  bord  alvéolaire 
interne  excepté.  Il  a un  fort  grand  trou  ; mais  à la  face  externe  du 
entaireil  n y en  a que  sept  ou  huit  petits  rapprochés  du  bord  supérieur. 

Dans  les  iguanes,  fig.  24  et  25 , le  bord  alvéolaire  interne  est  peu 

marqué , l’operculaire  est  réduit  à un  petit  rhomboïde  qui  ne  couvre 

pas  le  tiers  de  la  longueur  du  dentaire.  L’angle  du  bord  inférieur  de 

I articulaire  est  fort  saillant,  et  se  dirige  en  dedans  en  prenant  une 
forme  de  crochet. 

trous  • ^ la  f ®xteine  du  dentaire  que  trois  ou  quatre  petits 

supTrieÜn  “ ™ ™ grand  à son  bord 


Les  scmques,  fig.  36,  diffèrent  peu  des  iguanes  par  la  mâchoire 
mleneure;  leur  apophyse  postérieure  est  seulement  à peu  près  effa- 
cée, et  confondue  dans  le  contour  de  celle  en  crochet. 

dem  "î  ^ ^ petits  trous  sur  la  moitié  antérieure  du 

^^ntaire  et  au  milieu  de  sa  hauteur.  A la  face  interne,  l’operculaire 
Un  grand  près  de  sa  pointe  antérieure. 

T.  V,  P. 


35 


274  OSTÉOLOGIE 

Dans  les  stelUons  et  les  agames,  fig*  21 , le  dentaire  s’étend  davan- 
tage en  arrière , ce  qui  raccourcit  beaucoup  le  sur-angulaire  et  la  partie 
de  l’articulaire  que  l’on  voit  à la  face  externe.  La  réduction  est  encore 
plus  forte  pour  l’operculaire,  qui  est  presque  réduit  à rien,  et  laisse  en 
avant,  au  lieu  d’un  simple  trou,  un  long  sillon  creusé  dans  le  dentaire. 

Cette  extension  du  dentaire,  cette  réduction  du  sur-angulaire  sont 
encore  plus  fortes  dans  le  caméléon,  où  je  ne  sais  même  s’il  existe  un 
vestige  d’operculaire ; je  n’en  ai  pu  découvrir,  même  dans  la  grande 
espèce  à museau  échancré. 

Dans  ces  trois  genres  , les  dents  semblent  à la  première  vue  n’être 
que  des  dentelures  des  mâchoires. 

Nous  verrons  ailleurs  que'  la  mâchoire  des  serpens  proprement 
dits  est  composée  comme  celle  des  lézards,  si  ce  n’est  que  le  sur- 
angulaire et  l’articulaire  ne  s’y  distinguent  pas,  ou  du  moins  s’y  sou- 
dent de  très-bonne  heure  ensemble. 

Article  III. 

Des  Dents. 

Elles  ne  sont  point  dans  des  alvéoles  comme  celles  du  crocodile,  et 
celles  qui  doivent  les  remplacer  ne  se  produisent  point  dans  leur  cavité. 

Les  noyaux  gélatineux  des  dents  adhèrent  à la  face  interne  de  l’os 
dentaire,  sans  avoir  entre  eux  de  cloisons  osseuses,  et  quelquefois 
sans  être  garantis  du  côté  interne  par  une  lame  de  cet  os;  leurs  bases 
sont  alors  seulement  separees  de  la  cavité  de  la  bouche  par  la  gencive. 

Cette  base  ne  se  divise  point  en  racines;  mais  quand  la  dent  a pris 
son  accroissement,  il  arrive  le  même  phénomène  que  dans  les  pois- 
sons. Le  noyau  gélatineux  s’ossifie;  il  s’unit  intimement,  d’une  part, 
à 1 os  de  la  mâchoire , en  contractant,  de  l’autre,  une  adhérence  in- 
time avec  la  dent  qu’il  a exsudée  ; la  dent  paroît  alors  comme  une 
proéminence,  comme  une  apophyse  de  la  mâchoire,  seulement  elle 
est  couverte  d émail , tandis  que  sa  base  est  nue  et  purement  osseuse, 
et  l’on  voit  autour  de  cette  base  des  stries  et  de  petits  pores  par  où 


DES  LÉZARDS.  275 

les  vaisseaux  ont  pénétré  ou  pénètrent  encore  dans  sa  cavité  inté- 
rieure, et  cpii  marquent  aussi  l’endroit  où  se  fera  la  rupture  quand 
cette  dent  devra  céder  sa  place. 

Les  dents  nouvelles  naissent , non  pas  dans  la  cavité  des  anciennes 
et  de  manière  a les  enfiler  comme  dans  le  crocodile , mais  près  de 
a face  interne  de  leur  base,  ou,  dans  certaines  espèces,  dans  l’épais- 
^ur  de  1 os  au-dessus  ou  au-dessous  de  cette  base,  selon  la  mâchoire. 
Dans  ce  dernier  cas,  qui  a lieu,  par  exemple,  dans  les  sauvegardes 
et  les  dragones,  il  se  forme  dans  l’os  une  cavité  qui  loge  pendant 
un  certain  temps  le  noyau  pulpeux  et  la  calotte  qui  naît  dessus. 
Cette  cavité  s’ouvre  par  degrés  à la  face  interne  de  l’os  dentaire. 
Dans  l’autre  cas,  le  noyau  pulpeux  se  développe  simplement  sous 
la  gencive  5 mais  à mesure  que  sa  calotte  dentaire  prend  de  l’accrois- 
sement, il  se  forme  souvent  une  échancrure  dans  la  base  de  la  dent 
en  place  la  plus  voisine,  où  elle  est  en  partie  enchâssée.  C’est  alors 
qu  on  pourroit  croire  que  la  nouvelle  dent  est  dans  la  dent  ancienne, 
mais  elle  n en  est  jamais  entièrement  enveloppée. 

6 quelque  maniéré  que  soit  venue  la  dent  nouvelle,  il  arrive  un 
moment  où  son  accroissement  pousse  tout-à-fait  en  dehors  la  dent 
ancienne,  produit  sur  la  base  ossifiée  une  espèce  de  nécrose  qui 
rompt  son  adhérence  à la  mâchoire  et  la  fait  tomber.  Ce  n’est  pas 
une  rupture  en  quelque  sorte  spontanée  comme  celle  des  anciens 
ois  de  cerfs  qui  tombent  avant  que  les  nouveaux  aient  poussé.  II 
m a paru  que  la  dent  nouvelle  y étoit  toujours  pour  quelque  chose. 

est  aisé  d’après  ces  explications,  de  distinguer  les  dents  des  lé- 
tain  poim^^  crocodiles  5 et  même  entre  elles  jusqu’à  un  cer- 

Dans  les  monitors  qui  n’ont  point  de  bord  alvéolaire  interne,  les 
dents  nouvelles  naissent  dans  l’épaisseur  de  la  gencive,  entre  les 

ases  des  dents  en  place,  ou  à la  face  interne  de  leur  base  On  les 
découvre  aisément  en  détachant  la  gencive. 

^ Les  dents  de  ce  genre  sont  coniques;  dans  le  très-grand  nombre 

tra  pointues,  comprimées  latéralement, 

nchantes  en  avant  et  en  arrière,  et  un  peu  arquées. 

35* 


276  OSTÉOLOGIE 

Le  monitor  aquatique  d’Egypte  ( ouaran  d’eau  , lacerta  nüotîca) 
et  une  ou  deux  autres  espèces  d’Afrique  ont  seuls  les  postérieures 
en  cônes  droits,  obtus,  ou  même  entièrement  arrondis  et  émoussés 
au  sommet. 

Les  especes  a dents  tranchantes  ont  le  tranchant  très— finement  cré- 
nelé, mais  leurs  crénelures  ne  sont  quelquefois  visibles  qu’à  la  loupe. 

On  voit,  fig.  9,  une  de  ces  dents  tranchantes  grossie,  et  fig  6,  une 
de  celles  à sommet  mousse  également  grossie. 

Ces  dents  ne  sont  pas  très-nombreuses  : on  en  compte  de  douze  à 

quinze  de  chaque  côté.  Il  n’y  en  a point  au  palais. 

Il  n’y  a pas  non  plus  de  dents  au  palais  dans  le  sauvegarde , l’a- 
nieiva , la  dragone  et  les  autres  especes  de  ce  sous— genre  propre  à 
l’Amérique. 

Certaines  espèces  les  ont  dentelées  ; dans  d’autres  elles  sont  côni- 
ques  j enfin  il  y en  a où  les  postérieures  sont  arrondies  et  même  hémi- 
sphériques. Dans  toutes  les  grandes,  les  dents  nouvelles  naissent  dans 
des  cavités  qui  se  forment  dans  l’épaisseur  de  l’os  maxillaire  ou  de 
l’os  dentaire , et  qui  sont  ouvertes  du  côté  de  la  bouche.  La  dragone 
a même  à cet  égard  une  ressemblance  notable  avec  les  spares,  et 
qui  n’auroit  qu’un  fragment  de  sa  mâchoire  pourroit  être  exposé  à 
s’y  tromper. 

Les  stellions,  les  agames  , les  basilics,  les  caméléons  manquent 
aussi  de  dents  au  palais. 

Leurs  dents  maxillaires  et  mandibulaires  sont  sur  une  seule  ran- 
gée, courtes , comprimées,  uniformes,  adhérentes  au  bord  de  la  mâ- 
choire , de  manière  à sembler  n’en  faire  que  des  dentelures. 

Celles  de  devant  prennent  dans  les  trois  premiers  sous-genres  une 
forme  plus  pointue,  et  quelques-unes  deviennent  plus  longues  de 
manière  à former  des  espèces  de  canines.  Dans  les  caméléons  au  con- 
traire , les  dents  antérieures  deviennent  graduellement  plus  petites 
que  les  postérieures.  Les  fig.  19  ^ 22  et  3a  montrent  les  dents  du 
fouette-queue , de  l’agame  ombre  et  du  caméléon  bifurqué. 

Je  n’ai  pu  voir  encore  ni  aux  uns  ni  aux  autres  des  dents  de  rem- 
placement. 


DES  LÉZARDS. 

T . ^ ^ 

i^es  sous -genres,  qui  ont  des  dents  palatines,  sont  les  lézards  pro- 
prement dits,  les  iguanes,  les  marbrés,  les  anolis  et  plusieurs  scin- 
ques. 

Dans  tous  ces  animaux  il  y a,  de  chaque  côté  du  fond  du  palais, 
une  série  de  petites  dents  adhérentes  h la  partie  antérieure  ou  pala- 
tine de  leur  os  ptérygoïdien.  Ils  ont  aussi  toutes  les  dents  des  mâ- 

c O et  régulièrement  placées  sur  un 

rang  le  long  et  en  dedans  du  bord  de  l’os,  mais  couvertes  seulement 
parla  gencive  du  côté  interne,  et  c’est  parmi  eux  surtout  que  les 
dents  de  remplacement  naissent  sur  la  base  des  dents  en  place , y 

produisent  des  échancrures  et  s’y  enchâssent  d’abord  plus  ou  moins 
profondément. 

On  peut  encore  distinguer  entre  eux  les  principaux  de  ces  sous- 
genres,  par  la  forme  que  prend  le  sommet  de  leurs  dents  maxil- 
laires, et  par  la  position  relative  de  leurs  deux  séries  de  dents  pala- 

tin  PC  ^ 


Les  iguanes  ont  le  sommet  de  leurs  dents  maxillaires  comprimé,  à 
P n e o tuse  , et  le  tranchant  divisé  do  chaque  côté  en  quelques 
nés  dentelures.  La  fig.  26  est  une  de  ces  dents  grossie,  à la  base 
e aquelle  on  voit  une  dent  de  remplacement.  Leurs  dents  pala 
unes  sont  nombreuses,  et  les  deux  séries  forment  un  chevron  dont 
1 angle  est  dirigé  en  avant. 

Les  marbrés  ont  une  dentelure  seulement  de  chaque  côté  à leurs 
ents  maxillaires,  et  leurs  séries  palatines  sont  presque  parallèles. 
Lllesie  sont  tout-à-fait  dans  les  lézards  ordinaires,  qui,  de  plus 

nrnm^  des  dents  des  mâchoires  peu  apparente  et  s’eflfacant 

promptement , ce  qui  les  fait  paroître  simplemern  obtuses 

les  lézards  elbs  ^ ““  'J™'*'--.  les  marbrés  et 

les  lezaras,  elles  s effacent  promptement  comme  à ces  derniers  du 

moins  dans  les  grandes  espèces.  Leurs  séries  palatines  se  rapprochent 
Un  peu  en  avant.  ‘ ^ 

^ Je  ne  vois  point  de  dents  palatines  au  cordyle,  et  ses  dents 
laires  sont  toutes  simplement  obtuses. 

geckos  manquent  aussi  de  dents  palatines;  leurs  dents  maxil- 


278  OSTÉOLOGIE 

laires  sont  à sommet  simple , tantôt  pointu , tantôt  comprimé , et  un 
peu  obtus  selon  les  espèces,  voy.  fig.  2g. 

Parmi  les  scinques,  ceux  a grosse  queue  courte,  comme  le  lac. 
scincdides  de  Shaw,  ont  les  dents  maxillaires  à tranchant  dentelé , 
fig.  37 , et  manquent  de  dents  palatines  ; d’autres  ont  des  dents  pa- 
latines, et  leurs  dents  maxillaires  sont  simples  5 tel  est  notamment 
le  scinque  des  boutiques  [lac.  scincus , L.). 

Dans  tous  elles  sont  nombreuses,  serrées,  non  couvertes  du  côté 
interne,  et  laissant  venir  les  dents  nouvelles  en  partie  entre  elles,  en 
partie  dans  les  échancrures  de  leur  base. 

Les  seps  et  bipèdes  ont  à peu  près  les  dents  des  scinques  vulgaires, 
mais  l’orvet  a les  dents  des  mâchoires  aiguës,  tranchantes,  en  petit 
nombre , et  il  manque  de  dents  palatines. 

L’ophisaure,  et  probablement  aussi  le  sheltopusik  , a les  dents 
maxillaires  serrées,  simples,  et  les  dents  palatines  courtes,  obtuses 
sur  plusieurs  rangs,  garnissant  d’une  espèce  de  pavé  les  os  ptérygoi- 
diens , et  même  quelque  chose  des  palatins. 

Article  IV, 

De  Vos  hydide. 

A mesure  que  nous  approchons  des  poissons , l’os  hyoïde  prend  de 
l’importance. 

On  sait  que  dans  l’homme  il  est  composé  de  cinq  parties  : un  corps 
en  forme  d arc  transversal  aplati  5 deux  cornes  antérieures  très-lon- 
gues qui  vont  s’attacher  au  temporal  au-dessous  du  méat  auditif, 
et  dont  la  partie  supérieure  s’y  soude  de.très-bonne  heure  et  prend 
le  nom  d’apophyse  styloïde  du  temporal , tandis  que  la  partie  infé- 
rieure, long-temps  simplement  ligamenteuse  (i),  a tout  au  bas  , au 


(1)  Cette  partie  ligamenteuse  s’ossifie  quelquefois  dans  la  vieillesse  en  plusieurs  articula- 
tions , et  alors  la  corne  antérieure  est  sous  tous  les  rapports  la  plus  grande , et  ne  diffère  des 


DES  LÉZARDS. 

379 

point  de  sa  jonction  avec  le  corps,  un  grain  osseux  que  l’on  nomme 
petite  corne;  enfin  deux  cornes  postérieures  osseuses,  portant  le 
larynx  au  moyen  d’un  ligament  qui  leur  attache  le  cartilage  thyroïde , 
et  connues  sous  le  nom  de  grandes  cornes,  mais  grandes  seulement 

par  comparaison  aux  grains  osseux  qui  forment  ce  que  l’on  nomme 
les  petites. 

De  la  forme  du  corps,  de  la  plus  ou  moins  prompte  soudure  qu’il 
contracte  avec  les  cornes  postérieures,  du  nombre,  de  la  forme  et  de 
la  proportion  des  pièces  des  cornes  antérieures,  dépendent  ensuite 
les  nombreuses  variétés  qu’il  éprouve  dans  la  classe  des  mammifères. 
Tres-souvent  dans  les  ruminans,  les  solipèdes  et  les  cétacés,  le  corps 
pi  end,  en  se  soudant  avec  ses  cornes  postérieures,  la  forme  d’un 
croissant,  et  il  lui  arrive  souvent  aussi,  surtout  dans  les  deux  pre- 
mières familles,  de  produire  en  avant  une  apophyse  plus  ou  moins 
ongue;  mais  les  cornes  antérieures  vont  toujours  se  suspendre  au 
crâne,  et  presque  sans  exception  à une  petite  apophyse  de  l’os  du 
rocher  et  à la  partie  voisine  de  la  caisse. 

^ tte  suspension  n a plus  lieu  dans  les  oiseaux  où  les  cornes  anté- 
rieures se  contournent  autour  du  derrière  du  crâne,  et  ne  s’y  atta- 
c ent  que  par  les  muscles  et  la  cellulosité. 

Le  corps  y prend  le  plus  souvent  une  forme  rhomboïdale.  A son 
arrière  s’articule  ou  se  soude  un  os  grêle,  impair,  sur  lequel  repose 
arynx , et  qui  représente  à lui  seul  les  deux  cornes  postérieures  5 
et  a son  avant  un  autre  os,  quelquefois  double,  qui  pénètre  dans  la 

angue , et  que  je  nomme  l’o^  lingual.  Les  cornes  antérieures  n’ont  • 
généralement  que  deux  pièces  (i). 


quadrupèdes  ordinaires  que  par  sa  soudure  au  temporal.  Voyez  en  a i i 

M.  Geofvoy,  Philos,  anat. , I , pl.  IV,  %.  4.  et  87. 

» t- 1 ) P-  i52  et  suiv.  ) , dans  la  vue  d’établir  une  analoeie 
plus  complété  dans  le  nombre  des  pièces  de  l’hyoïde  des  oiseaux  et  des  mammifères  a 

••olatior  le  considérer , et  suppose  que  son  corps  a exécuté  un  mouvement  de 

les  os  lin/  postérieures  s’étant  portées  en  avant  sont  devenues 

nans  apophyse  antérieure  , qui  s’observe  dans  les  chevaux,  les  rumi- 

eonversi  ’ ' ''oir  qu’une  semblable 

n , possible  dans  un  squelette  artificiel  , ne  le  seroit  pas  dans  un  animal  sans 


28o  OSTÉOLOGIE 

Nous  avons  vu  dans  les  chapitres  precedens  quelle  est  la  simpli- 
cité de  l’os  hyoïde  du  crocodile  et  la  variété  de  ceux  des  differentes 
tortues.  Dans  les  lézards,  il  ofFre  quelques  rapports  avec  celui  des 
oiseaux,  mais  sa  composition  est  plus  complexe. 

11  a généralement  un  corps  simple , et  deux  paires  de  cornes  aux- 
quelles s’en  ajoute  quelquefois  une  troisième. 

Le  corps  donne  toujours  en  avant  une  tige  grêle  qui  se  prolonge 
plus  ou  moins  en  un  cartilage,  lequel  pénètre  dans  la  langue. 

Les  cornes  antérieures  sont  diversement  repliées,  et  les  posté- 
rieures diversement  dirigées  selon  les  espèces.  Quant  à celles  de  la 
troisième  paire,  elles  n’existent  que  rarement , et  quelquefois  ce  sont 
plutôt  des  productions  postérieures  du  corps  que  des  cornes  parti- 
culières. 

Dans  le  monitor,  pl. XVII,  fig.  i , la  pointe  antérieure  du  corps, 
a,  est  de  longueur  médiocre,  et  ne  se  porte  pas  même  aussi  avant 
que  le  larynx.  Les  cornes  antérieures,  h,  dirigées  d’abord  en  avant, 
s’y  dilatent  et  y éprouvent  une  articulation.  Leur  seconde  pièce,  h' , 
d’abord  aussi  dilatée,  se  dirige  en  arrière,  se  courbe  en  dehors,  se 
croise  avec  la  première , et  se  recourbe  de  côté  pour  aller  se  perdre 
sur  les  côtés  du  col.  La  deuxième  paire  de  cornes , composée  aussi 
de  deux  pièces,  c et  c',  se  dirige  obliquement  en  arrière  et  vers  l’é- 
paule, et  se  termine  au-dessus  de  l’omoplate,  ce  qui  est  tout-k-fait 
particulier  à ce  sous-genre.  11  n’y  a point  de  troisième  paire. 

Dans  les  autres  sous-genres,  la  première  articulation  de  la  paire 
antérieure  est  plus  courte  ; la  seconde  ne  se  croise  pas,  mais  se  porte 
sur  les  côtés  du  cou  en  suivant  à peu  près  la  courbure  des  muscles 
de  la  mâchoire  inferieure  j la  paire  postérieure  se  courbe  parallèle- 
ment à l’antérieure;  la  troisième  paire,  quand  elle  existe,  se  porte 
en  arrière  sous  le  larynx. 

Les  sauvegardes  d’Amérique,  fig.  2 , ont  le  corps  de  l’os  en  forme 
de  chevron,  prolongé  de  part  et  d’autre  par  la  corne  postérieure.  Sur 


rompre  toutes  les  connexions  avec  les  ligamens , les  muscles , les  nerfs  et  toutes  les  autres 
parties  molles.^ 


DES  LÉZARDS. 

sa  jointure  s’attache  la  première  articulation  de  la  paire  antérieure  qui 
se  c irige  en  avant,  et  fait  un  angle  aigu  sur  elle-même  pour  recevoir 
la  seconde,  qui  se  recourbe,  comme  à l’ordinaire  , sur  les  côtés  du 
cou,  et  ang  e se  prolonge  en  avant,  et  se  termine  en  un  ligament 
qui  va  se  perdre  à la  face  interne  de  la  mâchoire  inférieure.  En  avant 
le  corps  donne  une  courte  apophyse  dans  la  base  de  la  langue.  Les 
cornes  postérieures  sont  la  partie  la  plus  ossihée  de  cet  hyoïde,  mais 
leui  pointe  en  arriéré  est  encore  cartilagineuse. 

Dans  les  geckos , fig.  3,  le  corps  est  une  longue  tige  grêle  qui  pénètre 
dans  la  langue , et  dont  la  partie  postérieure  se  bifurque  pour  porter 
les  cornes  postérieures.  La  première  articulation  des  antérieures,  di- 
rigée en  avant,  est  élargie,  et  si  mince  que  c’est  plutôt  une  membrane 
qu  un  cartilage.  La  seconde,  qui  contourne  le  col  comme  à l’ordi- 
naire, est  grêle  et  plus  dure. 

Dans  les  iguanes,  fig.  4,  et  les  dragons,  le  corps  de  l’os  hyoïde  ne 

rnrtigTrrêf  n--  avoir  formé  en  avant 

de  co^  ^ -1^  ^ langue  et  donné  articulation  à ses  deux  paires 

rnes,  il  se  prolonge  directement  en  arrière  en  une  troisième 
paire,  dont  les  branches,  collées  ensemble,  marchent  dans  le 
tranc  ant  du  fanon  cjue  ces  animaux  portent  sous  la  gorge  et  main- 
tiennent son  élasticité.  Les  deux  paires  de  cornes  sont  grêles  et  à 

peu  près  de  meme  grandeur.  L’antérieure  a en  avant  son  articula- 
tion ordinaire. 

Les  lézards  proprement  dits , fig.  5 et  6 , sont  ceux  qui  présentent 

te  plus  distinctement  cette  troisième  paire  dirigée  sous  la  trachée 
ftrtér©. 

dn^Tsu^r  ^ 7 deuxième  articulation  dilatée  à son  ori- 

gine et  sur  une  partie  de  sa  longueur. 

Il  m a semblé  voir  que  sa  pointe  externe  est  encore  suspendue 
par  un  ligament  à une  tige  cartilagineuse,  e,  qui  revient  en  avant  et 
s attache  à une  apophyse  de  l’os  basilaire. 

Les  scinques,  fig.  7,  ont  la  troisième  paire,  et  en  général  l’en- 
jmble  de  l’hyoïde,  comme  les  lézards  : on  y voit  très-distinctement, 
r out  dans  les  grands  (tels  que  lac.  occidua  et  scincdides),  la  tige 
LV,  ae.p.  3g 


282  OSTÉOLOGIE 

fourchue,  e,  qui  tient  à la  tête,  et  à laquelle  se  suspend,  mais  par 
un  ligament  presque  membraneux,  la  corne  antérieure  ordinaire. 
Cette  tige  tient  à l’occipital  latéral , tout  près  de  la  fenêtre  ovale , et 
représente  évidemment  l’os  styloïdien  (i). 

Dans  les  caméléons,  fig.  8,  le  corps  de  l’os  est  une  tige  longue  et 
forte  pour  la  langue  ; les  cornes  antérieures , d’une  seule  pièce , por- 
tent vers  leur  milieu  un  petit  disque  cartilagineux , les  cornes  infé- 
rieures portent  dans  quelques  espèces  un  sac  membraneux  attenant 
au  larynx. 

L’os  hyoïde  des  lézards  se  continue  avec  peu  de  changemens  jus- 
que dans  les  ophisaures,  les  orvets  et  les  amphisbènes. 

Dans  les  deux  premiers , la  corne  antérieure  est  presque  réduite 
à l’état  membraneux  j mais  la  postérieure  est  bien  ossifiée.  Dans 
l’amphisbène , la  seconde  articulation  de  la  corne  antérieure  est  ré- 
duite à un  simple  vestige.  Il  n’y  a dans  aucun  de  troisième  corne. 

L’os  hyoïde  finit  par  se  réduire  dans  les  vrais  serpens  à deux  longs 
filets  cartilagineux , qui  ne  soutiennent  plus  en  avant , pour  tout 
vestige  de  corps,  qu’une  espèce  de  membrane,  à peine  discernable 
dans  ceux  qui  ne  sont  pas  très-grands. 

Il  résulte  de  ces  comparaisons  que  les  cornes  postérieures  de 
l’hyoïde  sont  plus  osseuses  et  d’une  forme  plus  fixe  j que  les  anté- 
rieures varient  davantage  pour  la  direction  et  les  repUs,  et  que  plu- 
sieurs de  leurs  parties  demeurent  souvent  à un  état  ligamenteux. 

Nous  verrons  dans  la  suite  les  variétés  que  l’appareil  hyoïdien 
éprouve  dans  les  batraciens,  et  comment  ces  variétés  nous  condui- 
sent à expliquer  sa  composition  dans  les  poissons. 


(i)  C’est  une  preuve , entre  plusieurs  autres , qu’il  est  inutile  de  supposer  une  fusion  de 
l’os  styloïde  avec  Tos  tympanique  pour  former  l’os  carré. 


DES  LÉZARDS. 


283 


Article  V. 

Des  vertèbres  et  des  côtes. 


L étude  des  vertèbres  dans  les  lézards  nous  est  fort  nécessaire 
pour  reconnoître  ces  os  parmi  les  fossiles  où  on  en  trouve  un  assez 
grand  nombre  de  cette  famille. 

On  doit  considérer  leurs  divisions , leur  nombre , leur  forme  et 
leur  composition. 

L’atlas  du  monitor,  pl.  XVII,  fig.  9 à 12  (i),  est  un  anneau 
composé  de  trois  pièces;  deux  supérieures,  unies  l’une  à l’autre  à 
la  partie  dorsale,  échancrées  en  avant  et  en  arrière  pour  les  nerfs,  et 
une  inférieure. 

La  face  antérieure  de  l’axis,  ou  plutôt  de  sa  pièce  analogue  à l’o- 
dontoïde, pénétré  dans  1 anneau  de  l’atlas  et  remplit  à peu  près  moitié 
de  sa  largeur,  laissant  toutefois  en  avant  un®  concavité  pour  le  con- 
dyle  de  la  tête.  En  dessous,  sur  la  jonction  de  l’atlas,  de  l’odontoïde 
et  du  corps  de  l’axis,  est  une  pièce  triangulaire  qui  donne  un  crochet 
pointu  dirigé  en  arrière. 

L’axis,  fig.  i3  à 16,  est  comprimé;  sa  partie  annulaire  est  en  des- 
sus en  forme  de  crête  longitudinale,  aiguë;  ses  facettes  articulaires 
antérieures  ont  leur  plan  tourné  en  dehors;  les  postérieures  les  ont 
en  dessous  ; le  corps  se  termine  en  une  convexité  transversale  de  la 
forme  d un  rein  5 à chacune  de  ses  faces  latérales  est  une  petite  crête 
peu  saillante  qui  a,  vers  son  tiers  antérieur,  une  petite  pointe;  en 
dessous,  il  y a une  crête  sous  la  partie  postérieure,  laquelle  s’élargit 
en  arrière. 

Les  sutures  qui  distinguent  la  partie  annulaire  du  corps  s’effacent 


(0  Dans  toutes  les  fîgu-es  de  vertèbres  de  cette  pl.  XVII,  le  premier  numéro  de 
Çl'acune  représente  la  face  latérale  ; le  second  , la  face  antérieure  ; le  troisième  , la  face 
'nférieure  ; et  le  quatrième  , la  face  postérieure. 


36^ 


284  OSTÉOLOGIE 

assez  promptement;  mais  on  voit  long-temps  une  petite  épiphyse  à 
la  pointe  postérieure  de  chacune  des  deux  crêtes. 

Les  cinq  vertèbres  suivantes  ressemblent  à l’axis,  excepté  qu’elles 
n’ont  pas  d’odontoïde,  mais  que  leur  face  antérieure  a une  concavité 
proportionnée  à la  convexité  de  la  vertèbre  précédente  , que  leur 
crête  dorsale  s’élève  et  devient  moins  longue , et  que  les  pointes  de 
leurs  arêtes  latérales  s agrandissent  un  peu  et  présentent  une  facette 
convexe  qui  porte  la  cote  cervicale. 

La  crete  inférieure  y subsiste , et  c’est  ce  qui  les  distingue  des  ver- 
tèbres dorsales  dont  le  corps  est  uni  en  dessous,  excepté  toutefois 
les  trois  premières,  <jui  ont  encore  chacune  un  tubercule  de  plus  en 
plus  petit.  A la  pointe  de  ces  crêtes  est  une  épiphyse  qui,  dans  d’autres 
sous-genres,  formera  la  crête  à elle  seule. 

Les  fig.  17  à 20  représentent  la  troisième  cervicale. 

Les  dorsales,  fig.  21  à 24,  d après  la  deuxième,  ont  toujours 
une  crête  doisale  carrée,  une  face  antérieure  concave  et  une  posté- 
rieure convexe,  toutes  deux  eu  forme  de  rein,  des  apophyses  articu- 
laires horizontales,  la  postérieure  regardant  en  dessous,  l’antérieure 
en  dessus;  et  de  chaque  côté  sous  l’antérieure,  pour  toute  apophyse 
transverse,  un  tubercule  en  ovale  vertical  pour  porter  la  cote. 

On  compte  vingt-deux  de  ces  vertèbres  et  aucmres  lombaires,  car 
il  y a des  cotes  depuis  le  col  jusqu’au  bassin,  au  nombre  de  vingt- 
sept  paires  en  comptant  les  cinq  cervicales;  mais  les  premières  et  les 
dernières  de  ces  côtes  sont  fort  petites. 

La  première  paire  est  attachée  à la  troisième  cervicale. 

Les  cinq  premières  ne  vont  pas  s’unir  au  sternum  par  des  carti- 
lages, et  c est  rneme  cette  circonstance  que  nous  prenons  pour  carac- 
tériseï  les  vertebres  cervicales,  ce  qui,  en  y joignant  l’atlas  et  l’axis 
qui  n ont  pas  de  cotes , porte  leur  nombre  à sept  comme  dans  les 
crocodiles  et  presque  tous  les  mammifères. 

Les  trois  premières  côtes  dorsales  s’attachent  seules  au  sternum  ; 
les  dix-sept  suivantes  sont  de  fausses  côtes. 

L absence  totale  des  vertèbres  lombaires  me  paroît  une  règle 
générale  dans  cette  famille  des  lézards. 


285 


DES  LÉZARDS. 

Il  n y a que  deux,  vertèbres  sacrées  dans  le  monitor. 

La  première,  fig.  a5  à 28,  a,  au  lieu  d’un  petit  tubercule,  une 
grosse  apophyse  renflée  encore  en  dehors,  et  présentant  à l’os  des 
îles  une  face  articulaire  échancrée  en  arrière  et  en  forme  de  fer  à 
cheval. 

La  seconde  a aussi  une  grande  apophyse,  mais  simplement  élargie 
et  aplatie  horizontalement. 

Les  vertèbres  caudales,  fig.  29  à 3a,  d’après  Ja  huitième,  sont 
très-nombreuses,  soixante-dix,  quatre-vingt  et  plusj  on  les  recon- 
noît  aisément  à ce  que  leurs  apophyses  épineuses  et  transverses  sont 
longues  et  étroites,  et  leurs  apophyses  articulaires  presque  verticales  5 
l’antérieure  regardant  en  dedans,  la  postérieure  en  dehors  j et  en  ce 
quelles  ont  à leur  face  inférieure,  vers  l’arrière,  deux  petits  tuber- 
cules pour  porter  l’os  en  chevron , qui  est  pour  elles  comme  une 
apophyse  épineuse  inférieure. 

Ces  deux  petits  tubercules  y sont  placés  plus  en  avant  que  dans 
les  autres  sous-genres,  car  dans  ceux-ci  ils  touchent  à l’articulation 
posteneure  tellement  que  l’os  en  chevron  paroit  s’y  attacher  aux 
deux  vertèbres. 

Du  reste,  ces  vertèbres  caudales  de  monitor  ont  toutes,  comme 
les  précédentes , la  face  antérieure  concave  et  la  postérieure  con- 
vexe. 

Je  n ai  pas  besoin  de  dire  qu’elles  vont  en  diminuant  à mesiu’e 
qu  elles  approchent  de  l’extrémité  de  la  queue,  et  que  toutes  leurs 
proéminences  finissent  par  s’y  réduire  presque  h rien. 

Je  VOIS  dans  le  sauvegarde  d’Amérique  les  crêtes  inférieures  des 
vertebres  cervicales  se  montrer  comme  des  épiphyses  ou  même  des 
osselets  particuliers  attachés  sur  l’articulation  des  deux  vertèbres, 
mais  qui  finissent  par  se  souder  à l’antérieure. 

Les  vertèbres  cervicales,  déterminées  par  les  fausses  côtes  anté- 
rieures, sont  au  nombre  de  huit,  c’est-à-dire  qu’il  y a six  paires  de 
ces  fausses  côtes,  et  ce  nombre  se  retrouve  dans  beaucoup  d’autres 
sous-genres,  notamment  dans  les  iguanes,  les  basilics,  les  lézards, 
CS  geckos,  les  anolis,  les  agames,  les  stellions. 


286  OSTÉOLOGIE 

11  faut  avouer  cependant  que  les  deux  et  quelquefois  les  trois  der- 
nières, bien  qu’elles  n aillent  pas  jusqu’au  sternum,  sont  placées 
sous  l’épaule  et  concourent  à la  formation  du  thorax. 

Ain^  on  pourra , si  l’on  veut,  mettre  les  vertèbres  qui  les  portent 
au  nombre  des  dorsales,  ce  qui  réduira  à cinq  le  nombre  des  vertè- 
bres appartenant  vraiment  au  cou  ; il  suffira  de  s’entendre. 

Dans  les  lézards  ordinaires,  les  scinques,  et  un  peu  dans  les  anolis 
et  les  geckos,  les  côtes  cervicales  attachées  aux  vertèbres  quatrième, 
cinquième  et  sixième , sont  singulièrement  comprimées  et  élargies  à 
leur  extrémité  libre. 

Jjes  différences  qni  caractérisent  les  vertèbres  des  divers  sous- 
genres  , indépendamment  de  celle  que  nous  avons  déjà  remarquée 
sur  la  position  des  tubercules  des  caudales  pour  les  os  en  chevron, 
consistent  surtout  dans  la  longueur  et  la  grosseur  respective  de  leurs 
corps,  la  longueur  et  la  largeur  respective  de  leurs  apophyses.  Nous 
serions  obliges  d entrer  dans  des  détails  infinis  si  nous  voulions  les 
spécifier  toutes. 

Nous  nous  bornerons  à consigner  ici  celles  des  grandes  espèces 
qui  importent  davantage  à notre  étude  des  fossiles , et  que  nous  al- 
lons comparer  au  monitor. 

iguane  a les  apophyses  épineuses  de  ses  dorsales  moins  hautes 
et  coupées  plus  obliquement. 

Les  corps  de  ses  vertèbres  caudales  sont  plus  allongés,  en  sorte 
qu’avec  un  moindre  nombre  elles  forment  une  plus  grande  longueur. 
Leurs  apophyses  épineuses  décroissent  plus  rapidement. 

Les  basihcs  ont  a peu  près  les  caractères  des  iguanes , mais  leurs 
apophyses  epineuses  dorsales  sont  hautes  et  étroites,  ainsi  que  celles 
d’une  partie  de  leur  queue. 

Les  agames  ont  aussi  les  apophyses  épineuses  du  dos  hautes, 
droites  et  étroites;  mais  les  stellions  les  ont  basses  ; les  lézards  les 
ont  assez  hautes,  mais  un  peu  obliquement  dirigées  en  arrière,  etc. 

Une  remarque  qui  nous  paroît  avoir  un  grand  intérêt , c’est  qu’une 
grande  partie  des  vertèbres  caudales  des  lézards  ordinaires  sont  di- 
visées verticalement  dans  leurmilieucn  deux  portions  qui  se  séparent 


DES  LÉZARDS.  28^ 

fort  aisément,  plus  aisément  même  de  beaucoup  que  ne  feroient 
deux  vertèbres  à l’endroit  de  leur  articulation,  par  la  raison  très- 
simple  que  cette  articulation  est  compliquée  et  formée  par  plusieurs 
apophyses,  et  raffermie  par  des  ligamens,  tandis  que  la  solution  de 
continuité  dont  nous  parlons  n’est  retenue  que  par  le  périoste  et  les 
tendons  envîronnans. 

G est  probablement  à cause  de  cette  particularité  (très -peu 
d’accord  avec  aucun  système  sur  la  correspondance  dans  le  nombre 
des  pièces  osseuses)  que  la  queue  des  lézards  se  rompt  si  faci- 
lement. 

Nous  l’avons  aussi  observée  dans  les  iguanes,  les  anolis,  et  l’on  en 
trouvera  probablement  des  vestiges  dans  toutes  les  espèces  où  cette 
rupture  est  commune. 

Chacun  sait  que  la  queue  repousse  après  avoir  été  rompue,  mais 
ni  son  squelette  ni  ses  tégumens  ne  sont  alors  les  mêmes  qu’avant  la 
rupture.  Les  écailles  de  la  peau  sont  généralement  petites  jsans  arêtes, 
sans  épines,  quoiqu’elles  aient  eu  les  qualités  contraires  dans  la  queue 
primitive  j et  à l’intérieur  il  n’y  a,  au  lieu  de  nonxbreuses  vertèbres 
avec  tout  leur  appareil  d’apophyses  et  de  ligamens,  qu’un  long  cône 
cartilagineux  tout  d’une  pièce , qui  ne  présente  que  des  rides  annu- 
laires nombreuses , mais  peu  saillantes. 

Ce  seroit  une  belle  recherche  physiologique  que  d’examiner  dans 
tous  ses  détails  ce  curieux  phénomène. 


Les  cotes  des  lézards  sont  grêles , rondes , et  les  antérieures  seu- 
lement ont  la  tête  costale  un  peu  grossie  et  comprimée.  Je  ne  leur 
ai  jamais  vu  de  division  à leur  extrémité  supérieure  en  tête  et  en 
tubercule. 

Les  antérieures  des  monitors  sont  un  peu  plus  élargies  dans  le  haut 
goe  celles  des  autres. 

Au  lieu  de  ces  côtes  simplement  ventrales  qu’on  observe  dans  le 
•crocodile , plusieurs  sous-genres , et  surtout  les  marbrés , les  anolis 
les  caméléons,  après  les  côtes  qui  s’unissent  au  sternum,  en  ont 


288  OSTÉOLOGIE 

d’autres  qui  s’unissent  mutuellement  à leur  correspondante , et  en- 
tourent ainsi  l’abdomen  par  des  cercles  entiers. 

• Il  y a long-temps  que  j’ai  fait  remarquer  que  cette  singularité 
paroît  propre  aux  sous-genres  qui  changent  de  couleur. 


NOMBRE  DES  YERTÉBRES 


NOMS  DES  ESPÈCES. 

CERVICALES 

- 

saos  fausses 
côtes. 

avec  fausses 
côtes. 

Monitor  du  K il 

6 

3 

6 

I 

— de  la  Nouvelle-Hollande. 

6 

2 

— piqueté  de  blanc 

6 

2 

Espèce  indéterminée 

7 

2 

Sauvegarde  d’ Amérique  . • . , 

3 

5 

— à traits  noirs,. 

3 

5 

4 

4 

Lézard  vert  ocellé 

2 

6 

— de  Fontainebleau 

2 

6 

— gris • • . . 

2 

6 

Le  cordjle 

2 

6 

Le  stellion 

4 

4 

4 

4 

4 

4 

Le  dragon 

5 

3 

Iguane  ordinaire 

4 

4 

— ardoisé 

4 

4 

Marbré  de  la  Guyane 

4 

4 

Grand  anolis  noir  bleuâtre . . 

4 

4 

Gecko  à goutelettes 

2 

6 

Caméléon  d’Egypte 

3 

2 

— à casque  plat  du  Sénégal . 

3 

2 

Le  scinque  du  Levant 

3 

5 

. — doré 

3 

5 

Grand  scinque  de  la  Nou- 
velle-Hollande  

1 3 

5 

DORSALES. 

LOHBAIRÈS. 

SACRÉES. 

CAUDALES. 

3o 

0 

2 

83 

22 

0 

2 

• 117 

22  ' 

0 

2 

65 

incompl. 

21 

0 

2 

20 

0 

2 

lOI 

l6 

I 

2 

26 

environ  la 

moitié  d’une 
seule  pièce. 

17 

1 

2 

27 

idem. 

»7 

1 

2 

70 

environ. 

>9 

0 

2 

55 

environ. 

20  . 

0 

2 

53 

environ. 

20 

0 

2 

26 

incomplète. 

16 

0 

2 

28 

16 

0 

3 

27 

incompl. 

i5 

0 

2 

28 

incompl. 

24 

moitié  d’une 
seule  pièce. 

16 

0 

2 

41 

i6 

0 

2 

24 

incomplète. 

16 

0 

2 

55 

environ. 

î9 

0 

2 

75 

16 

0 

2 

i6 

Incomplète. 

18 

0 

2 

3o 

environ. 

2 

2 

68 

i5 

2 

2 

54 

21 

0 

2 

5i 

incomplète. 

18 

0 

2 

20 

incompl. 

39 

0 

. 2 

29 

DES  LEZARDS. 

Article  VI. 

Du  sternum  et  de  V épaule. 


289 


Le  sternum  des  lézards  veut  être  décrit  avec  leur  épaule  qui  forme 
avec  lut  une  espece  de  cuirasse  pour  le  cœur  et  les  gros  vaisseaux. 

est  plus  compliqué  que  dans  les  crocodiles,  et  formé  sur  un  plan 
assez  différent  de  celui  des  tortues. 

I un  os  long,  étroit,  déprimé,  a, 

P . A.  V 11,  hg,^ 83  a 37 , qui  antérieurement  donne  deux  branches  dirigées 
e c aque  coté,  plus  ou  moins  récurrentes  selon  les  espèces,  et  entre 
esquelles  sa  pointe  passe  quelquefois  pour  se  porter  plus  en  avant 

rtilal"u";e  1 

rvant  ri  ’ ' “ entour  rhomboïdal,  qui  a deux  côtés  en 

division  I ***  j"  “'■  <1“*  souvent  montre  des  traces  d’une 

division  longitudinale  en  deux  moitiés. 

es  cotes  antérieurs  se  continuent  avec  les  bords  de  la  partie  an- 
terieure e 1 os,  mais  en  s’écartant  à droite  et  à gauche.  Ils  s’ossifient 
quelquefois,  particulièrement  leur  bord,  qui  a une  rainure,  pour 

ODuer  appui  comme  une  mortaise  au  bord  sternal  de  l’os  clavi- 
culaire. 

Les  côtés  postérieurs  du  cartilage  rhomboïdal  servent  à l’insertion 
des  tausses  côtes. 

antÎrLmes  défi'  «du  bien  différent  du  crocodile  que  les  branches 

rèchëTlne  c ‘1’“  T,  d’une 

tlecne  ou  d une  croix , suivant  les  especes. 

Une  différence  plus  considérable  consiste  dans  le  développement 
que  prend  1 os  coracoïdien,  et  dans  la  présence  constante  d une  cla- 
vicule plus  ou  moins  grande. 

L’os  coracoïdien,  c,  comme  dans  les  crocodiles,  les  tortues  et  tous 
és  animaux  qui  ont  un  vrai  bras,  concourt  à la  formation  de  la  fosse 

U cno.de  et  le.  .1  en  donne  à peu  près  la  moitié.  S’élargissant  plus 
T.  V,  ae.  P.  3^ 


/ 


290  OSTÈOLOGIE 

que  la  partie  osseuse  de  l’omoplate,  il  vient  s’articuler  au  bord  du 
rhomboïde  sternal  par  un  large  bord  qui  prend  la  forme  d’un  fer  de 
hache;  mais  ce  qui  lui  est  tout  particulier,  c’est  de  donner  une  ou 
deux  apophyses,  d et  c",  au  moyen  desquelles  il  porte  un  grand  arc 
cartilagineux , d,  qui  passe  sur  l’os  grêle  et  avancé  du  sternum,  et  s’y 
croise  avec  celui  de  l’os  coracoïdien  de  l’autre  côté.  Il  faut  remar- 
quer que  dans  ce  croisement  singulier  que  nous  verrons  se  repro- 
duire jusqu’aux  derniers  batraciens , c’est  généralement  le  cartilage 
du  côté  droit  qui  passe  sur  celui  du  côté  gauche. 

11  y a toujours  un  petit  trou  pour  les  vaisseaux,  percé  au  col  de 
l’os  entre  ses  apophyses  et  sa  facette  glénoïde. 

De  plus  les  apophyses  qui  vont  se  joindre  au  demi-cercle  ou  disque 
cartilagineux  laissent  entre  elles  une  ou  deux  ouvertures  ovales,  qui 
entament  même  le  demi-cercle,  et  qui  ne  sont  fermées  que  par  une 
membrane. 

Ce  demi-cercle  cartilagineux  prend  avec  l’âge  de  la  consistance  et 
de  la  dureté,  mais  non  pas  celle  des  autres  os.  Il  se  durcit  par  l’ac- 
cumulation de  petits  grains  calcaires , comme  font  les  os  des  poissons 
chondi’optérygiens. 

C’est  lui  que  l’on  a comparé  à la  pièce  osseuse  qui  adhère  à l’os 
coracoïdien  de  l’ornithorhynque  et  de  l’échidné;  et  en  effet,  cette 
pièce  que  nous  avons  marquée  rn  sur  les  pl.  X-III , fig.  i3,  et  X.lV^, 
fig.  5 de  la  i^e.  partie  de  ce  cinquième  volume,  est  placée  comme  ce 
cartilage,  et  se  croise  de  même  avec  son  opposée  sur  le  premier  os 
du  sternum,  lequel  est  aussi  en  forme  de  T;  mais  il  manque  à cet 
appareil  les  grands  vides  membraneux  qui  l’échancrent  dans  les 
lézards. 

L omoplate , e,  donne  l’autre  partie  de  la  facette  glénoïde;  elle  se 
porte  contme  a 1 ordinaire  en  s’élargissant  sur  le  côté  du  thorax  et 
vers  le  dos;  et  dans  le  tiers  ou  le  milieu  de  sa  longueur  à peu  près, 
sa  partie  osseuse  se  termine  tout  d’un  coup,  et  elle  se  continue  en 
une  portion ,jf,  cartilagineuse  ou  qui,  lorsqu’elle  s’ossifie,  comme 
il  lui  arrive  souvent,  le  fait  d’une  autre  manière  et  présente  un 
autre  grain,  comme  le  cartilage  adhérent  h l’os  coracoïdien.  Dans  ce 


DES  LÉZARDS.  291 

0 

cas  d’ossification , l’onaoplate  est  constamment  divisée  en  deux  os. 

La  clavicule,^,  s’appuie  d’une  part  contre  1 os  grêle  du  sternum  ou 
contre  sa  branche  latérale,  et  souvent  aussi  elle  touche  à la  clavicule 
opposée;  de  l’autre  part  elle  va  appuyer  contre  le  bord  antérieur  de 
l’omoplate,  soit  de  sa  portion  osseuse,  soit  de  celle  qui  demeure 
plus  long-temps  cartilagineuse , et  qui  souvent  donne  un  tubercule 
ou  une  petite  crête  pour  la  recevoir. 

Quelquefois  l’omoplate  osseuse  donne  aussi  une  apophyse  qui  va 
soutenir  le  corps  de  la  clavicule , mais  c’est  tout  ce  qu’elle  a qui  res- 
semble un  peu  à un  acromion.  Le  tubercule  de  la  partie  cartilagi- 
neuse y ressemble  bien  davantage. 

La  structure  que  je  viens  de  décrire  est  générale  et  commune  a 
tous  les  lézards.  On  voit  quelle  ne  diffère  guère  de  celle  des  croco- 
diles que  par  la  présence  d’une  clavicule  et  de  cet  appendice  Carti- 
lagineux qui  élargit  l’os  coracoïdien. 

L’os  en  forme  de  T ou  de  flèche  peut  aussi  à la  rigueur  être  com- 
paré à 1 os  impair  du  plastron  des  tortues  qui  prend  quelquefois  cette 
forme,  et  il  ne  manquera  pas  de  personnes  qui  penseront  que  les 
deux  premières  pièces  paires  de  ce  même  plastron  sont  les  représen- 
tans  des  clavicules;  les  secondes,  des  appendices  cartilagineux  des 
coracoïdiens ; les  troisièmes,  de  la  pièce  rhomboïdale  qui,  dans  les 
lézards  même,  offre  souvent  un  sillon  longitudinal , indice  d’une  divi- 
sion ; enfin  les  quatrièmes  des  appendices  qui  portent  quelquefois  les 
deux  derniers  cartilages  des  côtes.  Ces  rapprochemens  ri’ont  jamais 
rien  de  bien  difficile,  quand  on  néglige  tous  les  rapports  avec  les 
parties  molles. 

Les  différences  qu  offrent  à cet  égard  les  divers  sous-genres  sont 
de  peu  d’importance. 

Dans  les  monitors , fig.  33,  l’os  impair  a un  peu  la  forme  d’une 
arbalète  ; ses  branches  sont  longues  ; la  clavicule  est  grêle  et  ne  vient 
point  toucher  son  opposée  ; il  y a deux  ouvertures  ovales  entre  l’os 
coracoïdien  et  son  cartilage  ; le  cartilage  rhomboïdal  est  sensible- 
ïnent  divisé  par  une  suture  longitudinale. 

Les  cartilages  des  deux  troisièmes  côtes  partent  de  sa  pointe  pos- 

37- 


292  OSTÉOLOGIE  N 

térieure.  Ceux  des  premières  et  des  secondes,  de  chacun  de  ses  cô- 
tés (r). 

Dans  les  sawegm^des , l’os  grêle  ressemble  à une  flèche;  ses  bran- 
ches sont  courtes;  les  clavicules  sont  larges  et  fortes;  elles  se  tou- 
chent l’une  l’autre  par  leur  bord  interne , où  elles  ont  un  espace  ovale 
simplement  membraneux  ; de  leur  autre  extrémité  elles  s’appuient 
sur  un  angle  saillant  de  1 omoplate,  cjui  porte  aussi  sur  elles,  de  la 
partie  de  son  bord  plus  voisine  du  col  que  cet  angle,  une  apophyse 
particulière,  et  comme  l’os  coracoïdien  donne  lui-même  trois  apo- 
physes pour  porter  son  apophyse  cartilagineuse,  il  y a dans  cette  partie 
de  la  cuirasse  pectorale  trois  espaces  membraneux. 

Le  cartilage  rhomboïdal  porte  deux  cartilages  de  côtes  à chacun 
de  ses  bords,  et  son  angle  postérieur  porte  les  quatre  suivans,  qui 
marchent  d’abord  en  arrière  collés  les  uns  contre  les  autres. 

Dans  les  lézards  proprement  dits , fig.  35  et  36  (d’après  le  lézard 
veit  de  Fontainebleau),  1 os  coracoïdien  n’a  que  deux  apophyses 
et  ne  forme  qu’un  espace  membraneux  avec  son  cartilage;  les 
clavicules  sont  larges,  et  tantôt  percées  en  avant  d’un  espace  mem- 
braneux, tantôt  simplement  échancrées  ; elles  se  touchent  l’une 
l’autre  au-devant  de  l’os  impair,  qui  a la  forme  d’une  croix , et  dont 
les  branches  vont  toucher  de  leur  extrémité  un  angle  saillant  du  bord 
postérieur  de  ces  clavicules.  Le  disque  rhomboïdal  est  percé  dans  son 
milieu,  porte  de  chaque  côté  trois  cartilages  de  côtes  et  à sa  pointe 
deux  que  l’on  pourroit  appeler  ses  appendices,  car  chacun  d’eux 
après  s’être  bifurqué,  porte  un  quatrième  et  un  cinquième  cartilages 
de  côtes  (2). 

Dans  \q?>  iguanes , fig.  34, 1 osimpair  est  comme  dans  le  sauvegarde  ; 


(1)  M.  Geoffrojr  a bien  représenté  l’appareil  sterno-huméral  du  monilor , dans  sa  Philo- 
sophie analoniique  , pl.  II , fig.  20  , si  ce  n’est  qu’il  établit  à la  naissance  de  la  troisième 
paire  de  cartilages  des  cotes  , une  brisure  qui  n’y  existe  pas  naturellement , ce  qui  lui  fait 
compter  deux  pièces  , P , P , de  plus  qu’il  ne  s’en  trouve. 

(2)  M.  Geoffroy,  Philos,  anat.  , pl.  H ^ fig  , représente  l’appareil  sterno-huméral  du 
grand  lézard  ocellé , mais  n’y  donne  point  l’appendice  cartilagineux  de  l’os  coracoïdien  , ni 
le  cinquième  cartilage  qui  s’attache  à la  branche  interne  de  l’appendice. 


DES  LEZARDS.  ^^3 

la  clavicule  n’est  point  percée,  et  il  y a jusqu’à  quati’e‘ espaces  vides 
dans  la  cuirasse  scapulaire,  attendu  que  l’apophyse  de  l’omoplate  est 
assez  longue  pour  en  laisser  encore  un  entre  elle  et  l’endroit  où  la 
clavicule  touche  à son  bord.  Le  cartilage  de  l’omoplate  est  dentelé 
du  cote  de  1 epine  ; le  disque  rhomboïdal  porte  quatre  cartilages  de 
cotes  de  chaque  coté,  et  son  angle  postérieur  se  bifurque  j et  chaque 
bx*auche  se  divise  encore  en  deux  cartilages  de  côtes. 

Les  s’éloignent  peu  des  iguanes.  Leur  os  impair  est  en 

forme  de  flèche  j ses  branches  s’écartent  un  peu  en  arrière  des  clavi- 
cules qui  né  touchent  que  sa  pointe;  le  disque  rhomboïdal  est  percé 
dans  son  milieu  de  deux  grands  espaces  membraneux  ovales;  sa 
pointe  postérieure  est  tronquée,  et  chacun  de  ses  côtés  porte  quatre 
cartilages  de  côtes. 

Il  en  est  à peu  près  de  même  dans  les  agames.  Les  espaces  mem- 
braneux y sont  seulement  plus  petits,  et  les  branches  de  la  flèche 
plus  courtes.  La  pointe  postérieure  du  disque  rhomboïdal  se  prolonge 
en  deux  longues  tiges  greles,  qui  portent  chacune  deux  cartilages  de 
cotes.  Les  bords  du  disque  lui-même  en  portent  deux  autres. 

Dans  les  anolis , ces  tiges  en  portent  chacune  trois;  en  suite  de 
quoi  les  cartilages  des  côtes  d’un  côté  s’unissent  à ceux  de  l’autre,  et 
entourent  ainsi  l’abdomen  de  cercles  continus. 

Les  geckos  se  rapprochent  des  sauvegardes.  Leur  clavicule  est 
large  et  n a qu  un  petit  trou  au  lieu  d’espace  membraneux.  11  y a 
deux  de  ces  espaces  à leur  os  coracoïdien,  et  leur  os  impair,  au  lieu 
d être  grêle  et  d avoir  ses  branches  comme  celles  d’une  flèche  ou 
d’une  croix  , est  lui-même  de  figure  rhomboïdale. 

Le  disque  rhomboïdal  n’est  point  percé;  il  porte  de  chaque  côté 
trois  cartilages  de  côtes;  de  sa  pointe  postérieure  naissent  deux  tiges 
qui  en  portent  chacune  un,  et  s’unissent  ensuite  en  une  seule  qui  en 
porte  trois. 

Les  scinques,  fig.  87,  ont,  comme  les  lézards,  l’os  impair  en  forme  de 
^^oix,  les  clavicules  larges  et  percées;  il  n y a qu’un  espace  membra- 
à leur  os  coracoïdien  ; leur  disque  rhomboïdal  est  sans  ouver- 
^ure;  il  porte  trois  cartilages  de  chaque  côté;  les  tiges  qui  tiennent  à 


294  OSTÉOLOGIE 

sa  pointe  post'érieure  portent  chacune  un  cartilage  de  côte,  et  s’unis- 
sent ensuite  en  un  point  auquel  viennent  se  joindre  de  chaque  côté 
deux  autres  cartilages. 

Cet  appareil  sterno-huméral  diminue  de  volume  et  de  consistance 
dans  \Qsseps,  les  bimanes,  etc.  ; mais  il  en  reste  des  parties  jusque 
dans  les  ophisaures  et  les  on>ets  qui  n’ont  plus  de  bras.  On  leur 
trouve  encore  sous  la  peau  une  clavicule  grêle , une  omoplate  et  un 
os  coracoïdien  avec  deux  espaces  membraneux,  enfin  un  reste  du 
disque  cartilagineux  rhomboïdal,  mais  plus  large  que  long  et  tout-à- 
l’ait  privé  de  sa  partie  postérieure. 

Le  caméléon,  fig.  v38,  revient  à une  simplicité  égale  à celle  du 
crocodile;  il  n’a  ni  clavicule  ni  même  d’os  impair  saillant  en  avant, 
mais  seulement  le  disque  cartilagineux  et  rhomboïdal.  Les  os  cora- 
coïdiens  fort  élargis,  mais  sans  espaces  membraneux,  s’enchâssent 
dans  la  rainure  de  ses  bords,  et  se  touchent  l’im  l’autre  en  avant  de 
son  angle  antérieur. 

Ses  bords  postérieurs  portent  quatre  cartilages  de  côtes  et  son 
angle  postérieur  un, 

Article  VII. 

Du  bassin. 


Le  bassin  des  lézards,  fig.  3g  et  4o  (d’après  le  monitor),  est 
composé  de  trois  os  qui  concourent , comme  dans  les  quadrupèdes 
vivipares,  à la  composition  de  la  fosse  cotyloide.  Cette  fosse  est  peu 
profonde.  L os  des  îles , a,  en  prend  la  moitié  supérieure  ; son  col 
est  large  et  court;  sa  partie  spinale,  au  lieu  de  se  diriger  en  avant 
comme  dans  les  vivipares,  ou  de  s’arrondir  comme  dans  le  crocodile, 
se  porte  obliquement  en  arrière  en  forme  de  bande  étroite,  et  il  n’a 
en  avant  qu’une  petite  pointe. 

Le  pubis,  b,  et  l’ischion,  c,  s’unissent  chacun  à son  opposé  dans 
la  ligne  moyenne  inférieure , mais  le  pubis  ne  s’y  joint  pas  à l’ischion , 
et  les  deux  trous  ovalaires  ne  sont  séparés  que  par  un  ligament. 


DES  LÉZARDS.  295 

Leur  col  est  large , court  et  plat.  Celui  du  pubis  est  percé  d’un 
trou  assez  grand , et  son  bord  antérieur  produit  une  pointe  qui  se 
recourbe  en  bas  et  en  dehors. 

Les  bassins  des  divers  sous-genres  se  distinguent  surtout  par  la 
symphyse  du  pubis  qui  se  fait  par  une  troncature  assez  large  dans  les 
monitors,  et  meme  un  peu  dans  les  sauvegardes,  et  seulement  par 
une  pointe  étroite  dans  la  plupart  des  autres. 

Celle  de  l’ischion  se  fait  toujours  par  une  large  troncature. 

Le  caméléon,  fig.  41  et  41  ^ diffère  de  tous  les  autres  par  son  os 
des  îles  étroit,  qui  va  perpendiculairement,  en  s’élargissant  un  peu, 
s attacher  à l’épine.  Cet  os  des  îles  se  distingue  encore  par  un  carti- 
lage triangulaire  , cû , analogue  à celui  de  l’omoplate  qu’il  porte  à 
sa  partie  supérieure. 

La  symphyse  de  son  pubis  se  fait  par  une  troncature,  et  il  n’a  pas 
de  pointe  latérale. 

Il  subsiste  des  vestiges  du  bassin  dans  Yophùaure  et  dans  Vojvet, 
qui  consistent  dans  un  petit  os  des  îles  avec  un  petit  vestige  d’ischion, 
mais  sans  symphyse;  s’il  y en  a dans  le  èzmane,  ils  m’ont  entièrement 
échappé. 


Article  VIII. 

Des  os  longs  de  V extrémité. 


U humérus  des  lézards,  fig*.  42,  a de  grands  rapports  de  forme 
avec  celui  des  oiseaux. 

Sa  tête  supérieure,  fig.  43,  est  de  même  comprimée  pour  ré- 
pondre à la  fossette  en  portion  de  cylindre  creux  que  lui  présentent 
en  commun  l’omoplate  et  l’os  coracoïdien. 

Sa  poulie  inférieure , fig.  44 , est  formée  de  même  de  deux  portions 
saillantes  de  roue  arrondies  en  tout  sens,  dont  l’externe  remonte  da- 
'’antage. 

Le  condyle  interne  y saille  aussi  beaucoup  plus  que  l’externe,  la 
^rete  deltoïdale  y produit  un  angle  plus  saillant  en  avant,  et  la  tubé- 


2(j6  ostéologie 

rosité  postérieure  y est  moins  crochue.  Sous  ces  deux  derniers  rap- 
ports, il  ressemble  davantage  h celui  du  crocodile,  mais  il  a en  gé- 
néral toutes  les  faces  articulaires  bien  mieux  prononcées. 

Au  reste,  on  distingue  toujours  l’humérus  d’un  lézard  de  celui 
d’un  oiseau , parce  que  le  premier  n’est  pas  creux  ni  percé  de  trous 
pour  l’entrée  de  l’air  dans  son  intérieur. 

Le  cubitus  des  lézards,  a,  fîg.  45,  est  comprimé,  tranchant  par  son 
bord  radial.  Sa  facette  sygmoïde  est  ovale;  son  olécrane  peu  saillant; 
sa  tête  carpienne  ovale  et  uniformément  convexe. 

Leur  radius , b , ib.,  est  mince;  sa  tête  supérieure  ovale  concave; 
finférieure , un  peu  renflée , présente  au  premier  os  du  carpe  un  tu- 
bercule arrondi  et  une  fossette  en  forme  de  croissant. 

he  fémur  des  lézards,  fig.  46  et  47  , par  sa  partie  supérieure,  res- 
semble a celui  du  crocodile  beaucoup  plus  qu’à  celui  des  oiseaux , ce 
qui  tient  à la  direction  du  pied  des  reptiles. 

Sa  tete  supérieure,  fig.  48,  est  comprimée  et  courbée  en  avant, 
et  a son  trochanter  à la  face  du  côté  tibial  ; mais  cette  face,  moyennant 
la  direction  dont  je  parle,  se  trouve  presque  toujours  tournée  en 
dessous.  Ce  trochanter  est  placé  plus  près  de  la  tête  que  dans  le 
crocodile,  beaucoup  plus  saillant  et  de  forme  comprimée. 

La  tete  inferieure,  fig,  49,  ressemble  au  contraire  beaucoup  à 
celle  des  oiseaux,  surtout  par  le  petit  creux  dont  elle  est  sillonnée 
au  côté  péronien  pour  la  tête  du  péroné. 

La  rotule  est  très-petite,  souvent  à peine  visible. 

La  jambe,  fig.  5o,  est  toujours  composée  de  deux  os,  dont  le 
tibia,  est  le  plus  gros.  Il  a,  comme  à l’ordinaire,  sa  tête  supé- 
rieure en  triangle;  1 inférieure  est  transversalement  oblongue,  plane. 

Le  péroné  des  monitors,  b,  ib.,  est  aplati  et  élargi  dans  le  bas, 
où  il  s’unit  au  tarse  par  une  ligne  étroite. 

Dans  les  iguanes  et  la  plupart  des  autres  genres,  il  est  à peu  près 
d une  venue,  grêle,  à tête  supérieure  comprimée,  l’inférieure  demi- 
ovale  et  un  peu  oblique. 


DES  LÉZARDS. 


297 


Article  IX. 

Des  os  des  mains  et  des  pieds. 

Le  carpe  des  lézards,  fig.  45  , se  compose  de  neuf  os  comme  celui 
des  toi  tues,  et  sa  composition  peut  également  se  comparer  à celle 
des  singes. 

Au  premier  rang  se  trouve  un  os  radial,  c,  un  cubital,  d , assez 
grands,  et  un  pisiforme , collé  contre  le  bas  du  cubitus  5 au  rang 
inférieur,  cinq  petits  disposés  sur  une  courbe  et  répondant  aux  cinq 
métatarsiens,  et  un  neuvième,  e,  placé  entre  les  deux  grands  du 
premier  rang,  le  premier,  le  second,  le  troisième  et  le  quatrième  du 
•second  rang. 

Les  métacarpiens  du  pouce , i , et  du  petit  doigt , 5 , sont  un  peu 
plus  courts  que  les  trois  mitoyens. 

Les  nombres  des  phalanges  sont  deux  au  pouce,  trois  à l’index, 
quatre  au  médius,  cinq  à l’annulaire  et  trois  au  petit  doigt,  ce  qui, 
au  total,  ne  donne  cependant  qu’une  main  assez  arrondie. 

Le  tarse  des  lézards,  fig.  5o,  n’a  que  quatre  os  comme  celui  du 
crocodile.  Au  premier  rang  il  y en  a deux  : i».  un  tibial,  a!,  qui  s’é- 
tend aussi  en  partie  sous  le  péroné  et  lui  donne  une  facette  j il  est 
irrégulièrement  rectangulaire , plus  large  que  long,  un  peu  concave 
a sa  face  antérieure,  épais  au  bord  interne,  et  y offrant,  par  son 
profil,  quelque  rapport  avec  l’astragale  d’un  ruminant.  20.  Un  péro- 
nien,  b ^ plus  petit,  s unissant  bientôt  en  une  seule  pièce  au  précé- 
dent, avec  lequel  il  est  sur  le  même  plan.  Au  second  rang  il  y en  a 
également  deux;  un  plus  grand,  c,  triangulaire  à sa  face  antérieure, 
plus  gros  en  arrière  où  il  s’articule  avec  les  deux  du  premier  rang, 
et  portant  les  métatarsiens  du  quatrième  et  du  cinquième  doigt;  un 
second,  d,  plus  petit,  placé  entre  le  précédent  et  les  métatarsiens 
du  troisième  et  du  deuxieme  doigt.  Ce  dernier  touche  aussi  un  peu 
1 astragale  qui  porte  seul  le  métatarsien  du  pouce. 

T.  Y,  2e.  P. 


38 


298  OSTÊOLOGIE 

Les  quatre  premiers  métatarsiens  sont  grêles  et  à peu  près  droits. 
Ils  vont  en  s’allongeant  jusqu’au  quatrième.  Le  cinquième  est  court, 
élargi  et  recourbé  de  sa  tête  supérieure  vers  le  grand  os  du  second 
rang , auquel  il  s’articule  par  le  coté. 

Le  pouce  a deux  phalanges;  le  deuxième  doigt,  trois  j le  troisième, 
quatre  ; le  quatrième,  cinq.  G est  celui-ci  qui  est  le  plus  long,  et  qui 
donne  au  pied  celte  forme  allongée  et  inégalé  qui  le  caractérise  dans 
les  lézards.  Le  cinquième,  presque  aussi  court  que  le  pouce , en  a 
quatre  comme  le  troisième. 

11  faut  observer  que  dans  la  position  ordinaire  où  ces  animaux 
tiennent  leur  pied  de  derrière , les  doigts  dirigés  en  arrière,  c’est  le 
tibia  et  le  pouce  qui  sont  au  bord  externe  et  le  petit  doigt  à l’interne. 

Les  phalanges  ongueales  de  tous  les  pieds  sont  tranchantes,  ar- 
quées et  pointues. 

Cette  description,  à quelques  différences  près  dans  les  proportions, 
convient  a tous  les  sous-genres  qui  ont  les  pieds  développés,  exceptés 
les  seuls  caméléons  et  quelques  particularités  relatives  à certains 
doigts  dans  quelques  geckos;  et  même  dans  le  caméléon,  c’est  la 
proportion  des  os  du  carpe  et  du  tarse  qui  diffère  plutôt  que  leur 
nombre  et  leur  arrangement.  Les  cinq  os  du  dernier  rang  du  carpe, 
fig.  5i , sont  plus  grands,  oblongs  au  lieu  d’être  aplatis.  Vu  l’état  de 
pronation  et  de  toi’sion  où  se  trouve  le  pied,  le  pisiforme  est  collé 
le  long  du  côté  interne  du  cubitus,  et  entre  lui  et  le  radius;  l’os  cu- 
bital, d,  et  le  radial,  c,  sont  petits;  le  central,  e,  est  le  plus  grand 
de  tous,  et  celui  autour  duquel  sont  rangés  en  rayons  les  cinq  os  du 
dernier  rang,  qui  sont  plus  longs  que  dans  les  lézards,  à ce  que  je 
crois,  parce  qu  ils  compiennent  aussi  les  os  du  métacarpe  ou  qu’ils 
leur  sont  soudes;  en  effet,  si  1 on  vouloit  compter  des  métacarpiens 
sépai’és,  il  se  trouveroit  à chaque  doigt  une  phalange  de  moins. 
I.eurs  nombres  seroient  i , 2 , 3 , 3 , 3 ; mais  il  y a tout  lieu  de  croire 
que  ce  qui  pom  rort  être  pris  au  premier  coup  d’œil  pour  des  os  de 
métacarpe  sont  îles  premières  phalanges  : ainsi  les  vrais  nombres 
seront  2 , 3,  4?  4>  Chacun  sait  que  dans  l’animal  entier  le  jiouce, 
l’index  et  le  médius  sont  réunis  par  la  peau  jusqu’aux  ongles  en  un 


DES  LÉZARDS.  299 

seul  groupe  dirigé  en  dedans;  Tannulaire  et  le  petit  doigt  en  un  autre 
dirigé  en  dehors. 

Dans  le  tarse  du  caméléon,  fig.  , l’os  tibial,  a! , et  le  péronien, 
^ J sont  egalement  très-petits,  et  l’os  du  centre,  d,  qui  s’articule  avec 
tous  deux,  est  en  forme  de  sphère  et  sert  de  pivot  aux  mouvemens 
du  pied.  Il  en  porte  un  autre,  c,  au  côté  externe,  et  le  reste  de  son 
pourtour  est  occupe  par  les  cinq  métatarsiens,  dont  la  forme  courte, 
étranglée  au  milieu,  est  la  même  que  celle  des  os  que  j’ai  crus  formés 
à la  main  par  l’union  des  os  du  dernier  rang  du  carpe  et  de  ceux  du 
métacarpe. 

Ainsi , le  pouce  a deux  phalanges  ; le  premier  doigt , trois  ; le 
deuxième  et  le  troisième,  quatre;  le  cinquième,  trois.  Ce  sont  les 
mêmes  nombres  qu’à  la  main. 

On  sait  qu  ils  sont  groupés  dans  l’animal  entier  d’une  manière  in- 
verse : le  pouce  et  le  premier  doigt  ensemble  et  dirigés  en  dedans; 
les  trois  autres  ensemble  et  dirigés  en  dehors.  Aristote  avoit  déjà 
fait  cette  observation  singulière. 


38  * 


3oo 


SAURIENS 


SECTION  IL 

Des  Os  sem  en  s fossiles  de  S au  riens. 

Article  premier. 

Des  Sauriens  du  genre  des  monîtors  qui  se  trowent  dans  les 
schistes  pyriteux  de  la  Thunnge  et  d’autres  contrées  de 
ï Allemagne. 

Dans  presque  toutes  les  parties  de  la  Thuringe  et  du  Koigtland, 
dans  les  portions  limitrophes  de  la  Hesse , et  jusqu’en  Franconie  et 
en  Bauière , règne  une  couche  de  schiste  marneux  et  bitumineux , 
que  M.  TVerner  regarde  comme  la  plus  basse  de  ce  qu’il  nomme 
première  formation  du  calcaire  secondaire,  et  qui  se  trouvant 
presque  toujours  parsemée  de  grains  de  pyrite  cuivreuse  contenant 
argent,  est  exploitée  en  plusieurs  endroits  pour  ces  deux  métaux, 
quoiqu’elle  en  soit  assez  pauvre;  car  M.  Rarsten  m’écrivoit  qu’elle 
donne  h peine  deux  pour  cent  de  cuivre.  Elle  n’est  pas  non  plus  fort 
puissante,  car  elle  a rarement  plus  de  deux  pieds  d’épaisseur;  sou- 
vent elle  ne  passe  point  un  ou  deux  pouces,  et  les  ouvriers  sont 
obligés  d’y  travailler  couches,  afin  de  ne  point  enlever  plus  de  pierre 
qu’il  n’est  nécessaire.  Cependant  on  ne  laisse  pas  que  d’eu  tirer  un 
revenu  considérable.  Les  mines  de  Rothenburg , dans  le  pays  de 
Halle,  par  exemple,  produisent,  année  commune,  5ooo  quintaux 
de  cuivre  dont  on  extrait  3 à 4ooo  marcs  d’argent.  Celles  de  Hek- 
stedt,  d’Eisleben,  de  Mansfeld,  de  Burgorner  en  Thuringe,  deRie- 
gelsdorf  en  Hesse , de  Munsteroppel  dans  le  pays  de  Cologne , de 
Weissbach  en  Franconie  , etc. , fournissent  sans  doute  aussi  des 
quantités  suffisantes  de  ces  deux  métaux  pour  rendre  leur  exploita- 
tion profitable. 


FOSSILES. 


3oi 

On  peut  consulter  au  sujet  de  cette  couche  si  intéressante  l’ou- 
vrage spécial  où  M.  Freyesleberi  en  a fait  l’histoire  (i). 

M.  de  Humboldt  en  a traité  plus  nouvellement  dans  son  ouvrage 
sur  le  gisement  des  roches,  ét  l’a  retrouvée  dans  plusieurs  contrées 
de  l’Amérique. 

Elle  repose  sur  un  grès  rouge  qui  contient  de  la  houille  en  divers 
endroits,  et  que  les  mineurs  ont  nommé  das  todte  liegende , ou  la 
couche  morte,  parce  qu’il  ne  donne  point  de  cuivre. 

Au-dessus  du  schiste  cuivreux  sont  des  couches  calcaires  désignées 
dans  le  pays  sous  le  nom  de  zech'Stein , et  par  les  géologistes  actuels 
sous  celui  de  calcaire  alpin , qui  contiennent  les  coquilles  et  zoo- 
phytes  les  plus  anciens,  tels  que  bélemnites,  entroques,  auoinies  et 
autres.  Le  gypse,  accompagné  de  sel-gemme,  surmonte  ce  calcaire, 
et  est  surmonté  à son  tour  par  des  grès  que  recouvre  une  seconde 
sorte  de  gypse  dépourvu  de  sel  et  surmonté  par  un  autre  calcaire 
analogue  à celui  du  Jura,  et  dont  quelques  couches  sont  creusées 
de  ces  fameuses  cavernes  remplies  d’ossemens  d’ours  et  d’autres 
carnassiers  dont  nous  avons  parlé  ailleurs. 

Ainsi  cette  couche  de  schiste  bitumineux  est  des  plus  anciennes 
parmi  celles  qui  contiennent  des  débris  de  corps  organisés. 

C’est  d’entre  ses  feuillets  que  l’on  retire  cette  foule  de  poissons 
fossiles  qui  ont  rendu  les  cantons  de  Mansfeld,  d’Eisleben,  d’Ilme- 
nau  et  d’autres  endroits  de  la  Thuringe  et  du  Voigtland,  si  célèbres 
parmi  les  descripteurs  et  les  collecteurs  de  pétrifications  (2). 

Les  poissons  s’y  tiouvent  comprimés  comme  dans  tous  les  schistes 
qui  en  recèlent,  et  ce  sont  eux  surtout  qui  sont  pyritifiés,  ce  qui 
sans  doute  en  a déjà  fait  détmiire  un  grand  nombre  de  très-curieux. 

L’opinion  générale  est  que  ce  sont  des  poissons’ d’eau  douce,  et 
tout  extraordinaire  qu’il  puisse  paroître  de  voir  des  productions 
d’eau  douce  recouvertes  par  des  masses  immenses  des  productions 


(1)  Geognostischer  Bejrtrag  zur  Kentniss  des  Kupfer-Schiefer  Gebirgs , etc. , 4 vol.  iri-8'’. 

(2)  Voyez  surtout  le  Commentaire  de  TValch  sur  les  Monuraehs  du  Déluge  de  Knorr,  ot 
*0  Catalogue  du  cabinet  de  Davila  , par  Borné  de  Lille. 


3o2  sauriens 

marines  les  plus  anciennes,  nous  avons  tant  d’autres  preuves,  même 
dans  nos  environs,  que  la  mer  a plusieurs  fois  recouvert  les  conti- 
nens,  que  ce  ne  seroit  pas  une  raison  de  mettre  cette  opinion  en 
doute. 

L’examen  que  j’ai  fait  de  ces  poissons  ne  prouve  précisément  ni 
pour  ni  contre  cette  opinion,  car  j ai  constaté  qu’ils  appartiennent 
à un  genre  aujourd  hui  inconnu  des  ichtyologistes , mais  elle  prend 
de  la  vraisemblance  si  1 on  considère  que  les  seuls  genres  auxquels 
on  puisse  les  comparer,  ceux  des  esturgeons  et  des  lépisostées,  sont 
d’eau  douce,  et  que  les  quadrupèdes  ovipares  que  je  vais  décrire 
habitent  le  même  séjour.  Ces  reptiles,  il  est  vrai,  ne  sont  pas  des 
crocodiles  comme  on  l’a  cru;  mais  ce  sont  toujours  des  animaux  dont 
le  genre  fréquente  les  marais  et  les  bords  des  rivières. 

Je  n’ai  vu  par  moi-même  aucune  de  ces  empreintes  de  reptiles; 
mais  j’én  ai  trouvé  trois  gravées  dans  des  livres,  et  mes  amis  de  Berlin 
m en  ont  procuré  le  dessin  d’une  quatrième.  Ces  images,  sans  me 
mettre  en  état  de  porter  un  jugement  aussi  complet  et  aussi  sûr  que 
si  j’avois  eu  les  pièces  même  à examiner  et  à disséquer,  me  fournis- 
sent cependant  déjà  des  données  suffisantes  pour  déterminer  le  genre 
et  pour  caractériser,  jusqu’à  un  certain  point,  l’espèce  des  animaux 
qu’elles  présentent. 

La  première  est  celle  que  Chrétien-Maximilien  Spener,  médecin 
de  Berlin,  sur  l’invitation  du  grand  Leibnitz,  publia,  en  1710,  dans 
les  Miscellanea  berolinensia , I,  fig.  24  et  25,  p.  comme  une 
empreinte  qu’il  supposoit  de  crocodile,  mais  avec  quelque  doute. 
Le  morceau  venoit  des  mines  de  Rupfer-Suhl,  à trois  lieues  d’Eise- 
nach,  et  une  et  demie  de  Salzungen.  Onl’avoittiré  de  près  de  cent 
pieds  de  profondeur.  Les  os  étoient  en  quelque  sorte  métallisés 
comme  la  plupart  des  poissons  des  mêmes  couches. 

La  seconde  de  ces  empreintes,  donnée  aussi  pour  celle  d’un 
crocodile,  fit  1 objet  d’une  lettre  de  Henri  Link,  pharmacien  de 
Leipsick,  au  célébré  géologiste  anglais  AVoodwardt,  imprimée  en 
17 18,  et  dont  une  partie,  ainsi  que  la  planche,  fut  insérée  dans  les 
Acta  Eruditorum  de  la  même  année,  p.  188,  pl.  II;  elle  est  du 


FOSSILES.  3o3 

même  lieu  et  sur  la  même  sorte  de  pierre  que  la  précédente  (i). 

La  troisième  est  gravée  dans  le  traité  de  Cupro  du  fameux  Emma- 
nuel Swedenborg,  pl.  II.  L’auteur  la  regarde  comme  une  espèce  de 
guenon  ou  de  sapajou,  -et  c’est  sous  ce  titre  qu’elle  est  citée  dans  la 
plupart  des  traités  sur  les  pétrifications  (2)  ; elle  venoit  des  mines  de 
Glücksbrunn  près  d’Altenstein , dans  le  pays  de  Meinungen,  où  on 
l’av oit  trouvée  en  1733. 

Enfin  la  quatncnjc^  dont  je  donne  aujourcFhm  une  gravure,  a été 
retirée,  en  1793,  des  mines  de  Rothenbourg  près  de  la  Saale,  dans  le 
pays  de  Halle , à deux  cent  soixante-quatre  pieds  sous  le  sol , et  est 
aujourd’hui  dans  le  cabinet  royal  de  Berlin.  J’en  dois  un  beau  dessin 
à l’amitié  du  célèbre  minéralogiste  M.  Rarsten,  et  au  talent  de  l’ha- 
bile artiste  M.  Wachsmann. 

Ces  quatre  morceaux , trouvés  dans  des  couches  de  même  nature , 
présentent  certainement  aussi  des  animaux  d’une  même  espèce , 
comme  on  peut  en  juger  par  la  ressemblance  de  forme  et  de  grandeur 
de  toutes  les  parties  communes,  et  spécialement  de  l’épine,  de  la 
queue  et  d une  partie  des  membres. 

On  peut  donc  les  employer  toutes  pour  reconstruire  un  individu 
complet,  en  rattachant  au  tronc  commun  les  parties  isolées  dans 
chaque  morceau. 

Spener  nous  fournit  la  tête,  le  pied  de  devant  et  presque  toute  la 
queue.  Celle-ci  se  trouve  aussi  dans  Link,  avec  une  extrémité  de 
derrière,  les  deux  de  devant  complètes  et  une  bonne  partie  du  tronc. 
Swedenborg  a les  côtes,  presque  toute  la  queue , les  deux  extrémités 
de  derrière  bien  complètes,  et  plusieurs  parties  de  celles  de  devant. 


(i)  Kundmann,  Rar.  Nat.  et  Art.  , p.  77  ; il  y en  a aussi  une  copie  dans  la  Physique 
sacrée  de  Scheiichzer,  t.  I,  pl.  LII. 

(a)  Comme  d’Avgetmlle,  Oryctologie  , p.  33i;  IV alch , sur  Knorr,  t.  II,  sect.  II, 
P-  '5o;  Gmelin,  Syst.  nat.  Hn.,  t.  III,  p.  387.  En  effet,  meer-kaize  (chatde  mer)  signi- 
^3nt  en  allemand  une  gue.non  ou  un  sapajou,  on  a du  croire  que  c’éloit  là  ce  que  Sweden- 
•"S  'ouloit  dire  par  les  TaoX&  felis  marina;  M.  de  Sœmmerring  croit  qu’il  aura  plutôt 
•endu  le  phoca  ursina  que  Miiller  a aussi  nommé  chat  de  mer  ; mais  le  fossile  dont  il  est 
‘lueshon  n’est  pas  plus  un  phoque  qu’un  sapajou-,  ' 


3o4  SAURIENS 

Enfin  ce  que  le  dessin  de  M.  Wachsraann  offre  de  plus  important, 
c’est  l’empreinte  d’une  portion  du  bassin. 

Ces  diverses  parties  sont  plus  que  suffisantes  pour  nous  éclairer 
sur  la  nature  de  cet  animal. 

La  forme  de  sa  tête,  ses  dents  toutes  aiguës,  la  grandeur  des  ver- 
tèbres de  sa  queue  montrent  déjà  suffisamment  que  c’est  un  quadru- 
pède ovipare  5 sans  avoir  besoin  de  ses  membres  postérieurs  qui  le 
confirment  encore  mieux. 

La  tête  n’est  pas  sans  ressemblance  avec  celle  du  crocodile  du 
Nil,  et  Spener,  qui  ne  connoissoit  que  la  figure  extérieure  du  croco- 
dile d’après  des  gravures,  est  excusable  de  l’avoir  pris  pour  tel. 
M.  Faujas  lui-même,  qui  paroît  n’avoir  connu  ni  la  figure  de  Link 
ni  celle  de  Swedenborg , n auroit  peut-être  mérité  aucun  reproclie 
s il  s etoit  borne  a voir  dans  le  morceau  de  Spener  un  crocodile  en 
général  5 mais  comment  a-t-il  pu  affirmer  que  c’est  un  crocodile  à 
long  bec,  un  véritable  GAr^idL  {Hist.  de  la  Mont,  de  Saint-Pierre, 
p.  226)  ? et  redire  encore  la  même  chose  eu  d’autres  termes  (^Essais 
de  Géologie  iSy).!!  est  au  contraire  évident  que  son  museau  est 
très-court , et  diffère  plus  du  gavial  que  d’aucun  autre  reptile  saurien. 

Mais  je  vais  plus  loin,  et  j’affirme  que  cette  tête,  gravée  par  Spener, 
indique  déjà  à elle  seule  le  genre  de  l’animal.  Si  c’étoit  un  crocodile , 
elle  auroit  au  moins  quinze  dents  de  chaque  côté  à la  mâchoire  in- 
férieure, et  dix-sept  ou  dix-huit  à la  supérieure,  lesquelles  rCgoe— 
roient  jusque  sous  le  milieu  des  orbites;  elle  n’en  a que  onze  qui 
s’arrêtent  sous  l’angle  antérieur  de  l’orbite;  c’est  le  caractère  de  l’une 
de  ces  nombreuses  espèces  qui  ont  été  entassées  par  Linnæus  sous  le 
nom  de  lacerta  monitor , et  distinguées  par  Daudin , mais  sous  le 
mauvais  nom  générique  de  tupinambis. 

Ce  premier  trait  une  fois  saisi,  tous  les  autres  le  confirment. 

Les  pieds  de  derrière,  qui  sont  d’une  conservation  admirable  dans 
l’empreinte  de  Swedenborg,  y montrent  cinq  doigts  très-inégaux, 
dont  le  quatrième  est  le  plus  long,  et  qui  ont  les  nombres  d’osselets 
suivans,  en  commençant  par  le  pouce  et  en  comptant  les  os  du  mé- 
tacarpe : 3,  4?  5,  6,  4- 


FOSSILES.  ' 3q5 

On  ne  peut  soupçonner  l’auteur  d’avoir  suppléé  à son  échantillon 
apres  ses  connoissances  d’anatomie , car  soit  qu’il  regardât  cet  ani- 
la  comme  un  singe  ou  comme  un  phoque,  ces  nombres  réfutoient 
ja  son  idée 5 une  guenon  auroit  eu  3,  4,  4?  4?  4?  et  le  troisième 
oigt  auroit  ete  le  plus  long;  un  phoque  auroit  eu  ces  mêmes  nom- 
bres, mjs  ses  deux  plus  longs  doigts  auroient  été  les  deux  extrêmes. 

Link  donne  aussi  les  mêmes  proportions  et  les  mêmes  nombres, 
quoique  sa  figure  ne  les  exprime  pas  aussi  clairement,  parce  qu’elle 
est  rapetissée. 

Or,  ce  nombre  et  cette  proportion  des  doigts,  ce  nombre  des  arti- 
culations de  chaque  doigt  sont  exactement  les  mêmes  que  dans  les 
monitors,  ainsi  que  dans  les  lézards  ordinaires  et  les  iguanes,  mais  ne 
conviennent  nullement  aux  crocodiles,  qui  n’ont  aux  pieds  de  der- 
rière que  quatre  doigts  peu  différens  en  longueur,  et  dont  les  nom- 
bres sont  3,  4,  5,  4- 

Les  pieds  de  devant  ne  se  voient  que  dans  la  figure  de  Link  et 
lis  y sont  rendus  d’une  manière  peu  nette.  On  y distingue  cependant 
c q oigts  presejue  égaux.  Jjes  crocodiles  ont  Lien  cinq  doigts  de- 
vant comme  les  lézards,  mais  leur  petit  doigt  est  sensiblement 
moindre  à proportion. 

Spener  conjecture  que  la  longueur  de  son  animal  devoit  appro- 
cher de  trois  pieds;  ceux  de  Swedenborg  et  de  Link  ont  à peu  près 
la  même  dimension , et  c’est  à peu  près  aussi  celle  qu’atteignent  fort 
souvent  les  monitors  des  espèces  les  plus  ordinaires,  tels  que  celui 
de  terre  et  celui  de  rivière  d’Egypte  , celui  du  Congo  décrit  par 
Daudin , ceux  des  Indes  orientales , etc.  ; tous  animaux  encore  assez 
mal  distingues  dans  les  auteurs,  mais  que  j’ai  la  faculté  de  voir  et  de 
comparer  dans  ce  Muséum,  et  dont  plusieurs  y sont  aussi  en  sque- 
lette. 

La  comparaison  peut  se  suivre  sur  les  os  des  cuisses,  des  bras  des 
jambes  et  des  avant-bras;  les  vertèbres  des  queues,  telles  qu’on  les 
voit  dans  les  quatre  figures  avec  des  apophyses  épineuses  hautes  et 
étroites,  sont  aussi  très-semblables  à celles  des  monitors  ; en  un  mot , 
le  n’y  trouve  qu’une  ou  au  plus  deux  différences  spécifiques. 

T.  V,  .0.  P. 


3o6  SAURIENS 

La  première  sur  laquelle  toutes  les  figures  s’accordent,  c’est  que 
les  apophyses  épineuses  des  vertèbres  dorsales  sont  beaucoup  plus 
élevées  que  dans  les  monitors  dont  j’ai  les  squelettes,  égalant  presque 
celles  de  la  queue  ; l’autre  que  je  trouve  la  jambe  un  peu  plus  longue 
à proportion  de  la  cuisse  et  du  pied. 

Mais  ces  deux  différences  n’empêchent  pas  que  la  détermination 
du  genre  ne  soit  juste  et  rigoureuse. 

On  ne  comptera  donc  plus  les  animaux  de  Spener  et  de  Link  parmi 
les  crocodiles,  ni  celui  de  Swedenborg  parmi  les  guenons  ou  les  sa- 
pajous j mais  on  les  rangera  tous  parmi  les  monitors  ou  tupiiiambis. 

Il  est  probable  que  l’on  doit  aussi  rapporter  à ce  chapitre  l’em- 
preinte que  possédoit  Rundmann,  et  dont  il  s’est  borné  à faire  une 
légère  mention  (i),  lui  qui  a fait  graver  tant  de  choses  infiniment 
moins  importantes. 

A cette  histoire  des  monitors  du  schiste  cuivreux,  je  crois  devoir 
ajouter  quelques  mots  sur  les  poissons  beaucoup  plus  nombreux  dans 
les  mêmes  couches. 

Dans  le  dessein  d’en  déterminer  les  espèces,  j’en  ai  recueilli  depuis 
nombre  d’années  une  quantité  considérable  d’échantillons,  et  j’ai 
surtout  été  secondé  dans  cette  recherche  par  MM.  de  Humboldt  et 
Brongniart,  dont  le  premier  m’en  a fait  venir  plusieurs,  et  dont  le 
second  m’en  a lai-meme  recueilli  quelques-uns  sur  place. 

Ce  qui  est  bien  remarquable,  c’est  que  dans  plus  de  soixante  mor- 
ceaux, soit  des  mines  de  Thuringe,  soit  des  mines  du  Palatinat,  je 
n’ai  trouvé  qu’une  seule  forme  générique  distincte,  et  à peine  deux 
ou  trois  individus  imparfaits  d’une  autre. 

La  première  de  ces  formes  est  celle  dont  il  a été  gravé  si  souvent 
des  échantillons  dans  Scheuchzer  (2),  dans  Rnorr  (3)  et  dans  beau- 
coup d’autres  auteurs  (4). 

(t)  Rar.  Nat.  et  Art.,  p.  8o. 

(2)  Pisciuvi  querelœ,  pl.  II , fig.  , , Je  Eisleben  ; pl.  IV,  fig.  2 , de  Hesse. 

(3)  Monumens  du  Déluge,  1. 1 , pl.  XVII , fig.  i et  2 ; pl.  XVIII,  fig.  2 ; pl.  XIX , fig.  i 
et  3 ; pl.  XX , fig.  2 et  3, 

(4)  Mus.  Besler.,  pl.  XXXIl,  fig.  , et  4;  Butiner,  Rudera  diluv.  testes,  pl.  XVIII- 


FOSSILES. 


3o7 

Je  dois  croire  que  c’est  elle  qui , dans  ses  diverses  dimensions  et 
dans  les  diverses  apparences  qu’elle  a prises  suivant  les  hasards  de  la 
position  des  poissons  lorsqu’ils  lurent  saisis  par  le  schiste,  a donné 
lieu  a M.  de  Blainville  d’établir  ses  genres  palœoniscurn  el  palœo~ 
thrissum  (i),  ou  du  moins  une  partie  des  espèces  comprises  dans  ce 
dernier. 

Ce  qui  est  étonnant,  c’est  que  personne  encore  n’ait  été  l'rappé  de 
la  singulière  ressemblance  des  écailles  de  ces  poissons  avec  celles  des 
lépisostées  de  Lacépède  ou  de  Yesox  osseus  de  Linnæus. 

Il  est  vrai  que  Rnorr  (2)  avoit  pu  éloigner  cette  idée  en  soute- 
nant que  les  lozanges  qu’offre  la  surface  des  fossiles  proviennent 
des  couches  de  leurs  muscles  et  non  pas  de  leurs  écailles,  mais  un 
naturaliste  n’auroit  pas  dit  s’y  laisser  tromper. 

11  suffît  d’  examiner  quelques-uns  de  ces  ichtyolites  avec  un  peu  de 
soin  pour  se  convaincre  que  leur  corps  est  entièrement  revêtu  d’é- 
cailles  épaisses,  lisses,  osseuses,  de  forme  rhomboïdale,  et  disposées 
sur  des  lignes  descendant  obliquement  d’avant  en  arrière,  absolu- 
ment comme  dans  le  lépisostée  ou  dans  Je  poJypterus  5 on  trouve 
meme  quelquefois  de  ces  écailles  détachées  et  jetées  à côté  du  poisson. 

La  queue,  qui  est  ce  que  l’on  voit  d’ordinaire  le  plus  distincte- 
ment, se  termine  par  une  nageoire  fourchue,  dont  le  lobe  supérieur 
est  le  plus  long,  et  a ses  deux  faces  en  grande  partie  revêtues  de 
petites  écailles  rhomboïdales  plus  aiguës  et  plus  étroites  que  celles 
du  corps,  et  son  tranchant  dorsal  garni  d’écailles  triangulaires  qui  se 
recouvrent  comme  des  tuiles. 

Cette  conformation  pourroit  conduire  à placer  ce  poisson  dans  le 
voisinage  de  l’esturgeon,  dont  la  caudale  a les  mêmes  écailles  et  res- 
semble encore  plus  que  celles  du  lépisostée  à la  caudale  fossile  par 
sa  bifurcation  et  par  l’inégalité  de  ses  lobes. 


fig.  3 et  4 ; TVolfart,  Hist.  nat.  Hass.  inf. , I , pl.  XII , fig.  i ; pl.  XIV,  fig.  3 et  4 ; pl.  XV, 
XVI,  XVII;  pl.  XX,  fig.  2;  Liebknecht,  Hass.  sublerr.  Specimen,  pl.  V,  fig.  i ; Mjlius 
’nemorab.  Saxon,  subterr. , I".  part. , p.  4. 

(1)  Nouveau  Dictionnaire  d’Histoire  naturelle,  2'.  édition  , t.  XXVII  ( 1818)  , p.  320. 

(2)  Monumens  du  Déluge,  1. 1 , trad.  fr.  , p.  33. 

39* 


3o8  SAURIENS 

Cependant  le  lépisostée  a sur  sa  caudale  carrée  une  production 
écailleuse  (i),  pointue,  qui  rappelle  très-bien  celle  qui  revêt  le  lobe 
supérieur  du  fossile , et  les  écailles  de  son  bord  dorsal  sont  exacte- 
ment les  mêmes. 

Dans  le  fossile,  il  y a en  avant  de  la  caudale,  sur  le  dos  de  la 
queue,  une  série  longitudinale  de  quelques  écailles  plus  grandes 
que  les  autres. 

La  même  chose  a lieu  en  avant  de  la  dorsale,  dont  le  tranchant  an- 
térieur est  aussi  garni  de  fortes  écailles  se  recouvrant  comme  des 
tuiles,  ce  qui  est  exactement  de  même  dans  le  lépisostée,  à la  diffé- 
rence de  l’esturgeon,  où  le  revêtement  de  ce  tranchant  ne  consiste 
que  dans  les  pointes  des  premiers  rayons  qui  se  dépassent  successi- 
vement. 

Cette  dorsale  est  placée  un  peu  plus  avant  que  l’anale , circons- 
tance par  où  le  fossile  diffère  du  lépisostée  pour  se  rapprocher  de  l’es- 
turgeoii , car  dans  celui-ci  la  dorsale  est  placée  de  même,  tandis  que 
dans  le  lepisoslee  elle  est  au  contraire  un  peu  plus  en  arrière.  Les 
ventrales  sont  à peu  près  à égale  distance,  entre  les  pectorales  et 
l’anale. 

Quant  à la  tête , elle  ne  ressemble  à celle  d’aucun  des  deux  genres 
auxquels  nous  comparons  ces  fossiles  j elle  paroît  avoir  été  courte  et 
obtuse,  mais  la  compression  l’a  tellement  déformée  que  je  ne  puis 
en  distinguer  les  parties,  ni  même  dire  quelle  étoit  la  direction  de  la 
bouche , si  elle  étoit  ou  non  armée  de  dents , et  s’il  y avoit  des  rayons 
à la  membrane  branchiostège. 

C est  de  ces  deux  circonstances  que  dépendra  le  placement  de  ce 
poisson  dans  la  pioximite  des  esturgeons  ou  dans  celle  des  lépisostées. 

Leur  squelette  n ayant  presque  jamais  laissé  de  traces  distinctes,, 
on  pourroit  etre  porté  à croire  que  ces  poissons  étoient  cartilagineux, 
et  cette  idée  serolt  encore  favorable  à leur  rapprochement  avec 
l’esturgeon. 

Parmi  les  divers  échantillons  que  j’ai  sous  les  yeux,  j’en  vois  qui 


i''  Voyez  seulement  sa  figure  dans  Bloch,  pi.  3go. 


FOSSILES.  3og 

ont  le  corps  plus  grêle  et  la  dorsale  plus  en  avant  ; ils  viennent 
tous  des  vrais  schistes  cuivreux  bitumineux  noirs.  D’autres  sont  plus 
élevés,  et  leur  dorsale  n’est  que  de  peu  de  chose  plus  avancée  que 
1 anale  : je  n’en  trouve  que  dans  les  mines  de  mercure  du  Palatinat. 
J ai  lieu  de  croire  que  ce  sont  deux  espèces  difïérentes , mais  du 
meme  genre,  genre  qui  ne  paroît  pas  au  reste  avoir  été  absolument 
particulier  au  schiste  cuivreux  bitumineux  ; car  je  vois  dansles  schistes 
grisdePapenheim  des  restes  d’une  grande  espèce  qui,  par  ses  écailles 
et  par  l’armure  de  sa  caudale,  ne  peut  manquer  d’y  avoir  appartenu, 
et  j’en  ai  sous  les  yeux  de  nombreux  échantillons  de  deux  autres 
dans  des  schistes  noirs  non  cuivreux,  les  uns  des  environs  d’^ü<j- 
tun  (i),  les  autres  du  Connecticut  dans  les  Etats-Unis. 

Ainsi  lors  de  la  première  déposition  des  terrains  secondaires , un 
genre  de  poissons  aujourd’hui  inconnu  étoit  répandu  sur  des  points 
qui  appartiennent  maintenant  aux  deux  hémisphères. 

L’autre  forme,  peut-être  générique,  mais  à ce  que  je  crois  de  la 

même  famille  que  la  précédente,  a été  représentée  aussi  par  divers 
auteurs  (2). 

On  la  trouve  surtout  dans  des  rognons  de  schiste  noir  mêlés  de 
veines  de  calcaire  blanc  ; sa  forme  est  bien  plus  haute  et  plus  courte  • 
ses  écailles  paroissent  avoir  été  rectangulaires  et  disposées  sur  des 
lignes  verticales  j sa  dorsale  et  sou  anale  occupoient  une  plus  grande 
longueur  j mais  sa  caudale  etoit  de  même  fourchue,  à lobes  inégaux, 
revêtue  d’écailles  seulement  au  lobe  supérieur.  Ceux  qui  ont  cru  y 
voir  des  pleuronectes  se  sont  fortement  trompés. 

Je  reviendrai  sur  ces  poissons  et  sur  les  autres  poissons  fossiles 

dans  1 ouvrage  que  je  me  propose  de  publier  immédiatement  après 
celui-ci. 


(1)  C’est  probablement  celui  que  M.  de  Blainville  désigne  sous  le  nom  palæoihrissum 

(2)  Scheuchzer,  Piscium  querelæ,  pl.  IV,  fig-  i et  3;  TVolfart,  Hist.  nat.  Hassiæ  infer., 
I,  pl.  XIII,  pl.  XIV,  fig.  I ; Mylius,  memorabilia  Saxoniæ  infer.,  IP.  partie,  p.  85;' 

norr,  Monumens  du  Déluge , pl.  XX,  fig.  i. 


SAURIENS 


3 JO 


Article  IL 

Sur  le  grand  S au  ri  en  fossile  des  carrières  de  Maastricht. 

J’ai  traité  dans  l’un  des  chapitres  précédeos  et  dans  celui-ci  de  la 
plupart  des  animaux  fossiles  qui  ont  été  considérés  à tort  ou  à droit 
comme  des  crocodiles.  Il  me  reste  à parler  du  plus  célèbre  et  de  celui 
qui  a occasionne  le  plus  de  controverses,  ayant  été  pris  tantôt  pour 
un  crocodile  , tantôt  pour  un  saurien  de  quelque  autre  genre,  tantôt 
enfin  pour  un  cétacé  ou  pour  un  poisson. 

On  n’en  a découvert  jusqu’ici  les  ossemens  que  dans  un  seul  can- 
ton assez  peu  étendu  , dans  les  collines  dont  le  côté  gauche  ou  occi- 
dental de  la  vallée  de  la  Meuse  est  bordé  aux  environs  de  Maestricht, 
et  principalement  dans  celle  qui  porte  le  fort  Saint-Pierre  près  de 
cette  ville,  et  qui  forme  un  cap  entre  la  Meuse  et  le  ruisseau  du 
Jaar  (i). 

Ija  gangue  est  une  pierre  calcaire  très-tendre,  dont  beaucoup  de 
parties  se  réduisent  aisément  en  poussière , et  s’envoient  en  Hollande 
où  pn  mêle  cette  poussière  au  terreau  destiné  pour  la  culture  des 
fleurs.  D’autres  portions  de  cette  pierre  sont  assez  dures  pour  fournir 
des  moellons  propres  à bâtir,  et  ces  deux  usages  en  ayant  fort  étendu 
l’exploitation,  les  carrières  en  sont  aujourd’hui  très-vastes. 

Celles  du  fort  Saint-Pierre  ont  environ  vingt-cinq  pieds  de  haut*  le 
massif  calcaire  au-dessus  d’elles  a été  trouvé  de  deux  cent  onze  pieds, 
et  l’on  a creusé  à deux  cent  treize  au-dessous  sans  découvrir  d’autre 
pierre.  Tout  est  de  meme  nature,  à 1 exception  de  seize  pieds  envi- 
ron d’argile  ou  de  terre  végétale  qui  couronnent  la  colline. 

(i)  Je  vois  dans  une  note  adressée  par  le  àoclenr  Mitchül  de  New-York  à l’administration 
du  Muséum  d’Histoire  naturelle  , que  ce  savant  a des  dents  fossiles  tirées  des  marnières  du 
comté  de  Monmouth,  dans  l’état  de  New- Jersey,  qu’il  considère  comme  de  la  même 
espèce  que  1 animal  de  Maestricht.  L’auteur  n’en  donne  point  de  description  détaillée. 

Quant  à 1 animal  fossile  de  Monheim,  que  M.  de  Sœmmerring  avoit  aussi  regardé  comme 
identique  avec  celui  de  Maestricht,  nous  verrons  à l’article  suivant  qu’il  en  diffère  à plu- 
sieurs égards 


FOSSILES. 


3i  I 

^ Ce  massif  calcaire  a donc  au  moins  quatre  cent  quarante-neuf  pieds 
d épaisseur;  on  y trouve  en  beaucoup  d’endroits  des  rognons  de 
silex;  et  ce  qui  achève  de  montrer  qu’il  appartient  à la  formation 
crapuse , c est  que  la  pierre  se  change  par  degrés  en  une  véritable 
craie,  quand  on  remonte  à quelques  lieues  la  vallée  de  la  Meuse; 
elle  contient  d ailleurs  les  mêmes  fossiles  que  nos  craies  de  Meudon 
et  des  autres  entrons  de  Paris  5 savoir,  des  dents  de  squales,  des  gry- 
phites,  des  echinites,  des  bélemnites  et  des  ammonites.  Toutes  ces 
coquilles  se  trouvent  avec  les  os  dans  les  parties  inférieures  de  la 
masse  qui  sont  aussi  les  plus  tendres;  les  parties  supérieuTes  sont  plus 
dures  et  contiennent  plus  de  madrépores,  aussi  n’a-t-on  de  ces  der- 
niers que  lorsqu  il  s’éboule  quelques  fragmens  du  haut  de  la  mon- 
tagne. Il  y en  a plusieurs  de  changés  eu  silex. 

Je  dois  cette  description  à l’amitié  de  M.  le  docteur  Gehler  de 
Leipsick  , qui  la  tient  lui-même  de  M.  Minkelers,  pharmacien  à 
Maestricht,  autrefois  professeur  à l’école  centrale  de  la  Meuse-Infé- 
neure  , et  tres-habile  chimiste  et  naturaliste.  On  s’étonnera  sans 
G a trouver  si  differente  de  celle  <jue  présente  V Histoire 
naturelle  de  la  Montagne  de  Saint-Pierre , par  M.  Fauja^,  p.  , 
mais  il  paroit  que  celui-ci  n’avoit  connu  la  composition  intérieure  de 
a montagne  que  par  une  excavation  qu’une  mine  avoit  produite  pen- 
ant  le  siege  et  où  toutétoit  bouleversé;  au  lieu  que  la  description 
de  M.  Minkelers  résulte  de  fouilles  régulières  faites  sous  les  ordres 
des  ingénieurs  français  pour  les  travaux  des  fortifications. 

M.  Faujas  n’a  pas  même  exactement  assigné  la  nature  de  la  pierre 

e>-ès  quartzeux  à grain  fin , foiblemem 
Lie  par  un  gluten  calcaire  peu  dur. 

M.  Loisel,  associé  de  l’Institut,  qui  a été  lo„g-ten,ps  préfet  de  la 
Meuse-Infeiieure,  m ayant  assuré  quelle  étoit  entièrement  calcaire 
jen  ai  fait  1 expérience,  qui  étoit  d’autant  plus  aisée  que  nous  en 
avons  ici  de  nombreux  échantillons.  En  effet,  tout  s’est  dissout  dans 
es  acMes;  à peine  est-il  resté  un  peu  de  poudre  siliceuse;  la  plupart 
^es  pierres  calcaires  et  des  craies  de  nos  environs  en  laisseroient  da- 
"tage.  Deluc  avoit  déjà  fait  celte  observation  dans  ses  Lettres  à 


3i2  sauriens 

la  reine  d'Angleterre , t.  IV,  p.  i23  , et  elle  est  confirmée  par 
M.  Clère,  ingénieur  des  mines , dans  un  mémoire  sur  le  terrain  des  en- 
virons de  Maestricht , inséré  dans  le  Journal  des  Mines  d’octobre  1 8 1 4- 

Les  produits  multipliés  de  la  mer  dont  cette  pierre  est  remplie 
sont  généralement  très-bien  conservés,  quoiqu’ils  soient  rarement 
pétrifiés,  mais  que  la  plupart  aient  seulement  perdu  une  partie  de 
leur  substance  animale. 

Les  plus  volumineux  de  tous  ces  objets , et  ceux  qui  par  leur  forme 
extraordinaire  ont  du  frapper  de  préférence  les  yeux  des  ouvriers  et 
s’attirer  davantage  l’attention  des  curieux,  ce  sont  les  os  de  l’animal 
que  nous  allons  examiner. 

Il  ne  paroît  pas  cependant  qu’on  s’en  soit  beaucoup  occupé  avant 
l’année  1766,  qu’un  officier,  nommé  Drouin,  commença  à s’en  faire 
une  collection  qui  a passé  depuis  au  Muséum  teylérienà  Haarlem.Le 
chirurgien  de  la  garnison,  nommé  Hofmann,  marcha  sur  les  traces 
de  Drouin,  et  acquit  un  certain  nombre  de  morceaux  qui  furent 
achetés  après  sa  mort , arrivée  en  1782 , par  l’illustre  Pierre  Camper, 
lequel  fit  hommage  de  quelques-uns  au  Muséum  britannique. 

Cependant  la  plus  belle  des  pièces  recueillies  par  Hofmann,  qui 
étoît  une  tète  presque  entière  trouvée  en  1780,  lui  fut  enlevée  en 
vertu  de  je  ne  sais  quels  droits  du  chapitre  de  Maestricht,  et  passa 
dans  les  mains  du  doyen  de  ce  chapitre,  nommé  Goddin,  qui,  à 
l’époque  de  la  prise  de  la  ville  par  l’armée  française,  céda  ce  mor- 
ceau pour  le  Muséum  d’Histoire  naturelle,  où  il  est  encore  aujour- 
d’hui conservé  avec  plusieurs  autres. 

Les  carrières  creusées  sous  le  fort  Saint-Pierre  de  Maestricht  sont 
celles  qui  ont  fourni  le  plus  grand  nombre  de  ces  objets  intéressans; 
mais  on  en  trouve  aussi  dans  toutes  les  autres  collines,  et  dans  ces 
derniers  temps , le  village  de  Seichem , placé  à deux  lieues  au  nord- 
ouest  de  la  ville , en  a donné  un  assez  grand  nombre , et  entre  autres 
plusieurs  séries  de  vertèbres  qui  ont  été  aussi  apportées  au  Muséum 
par  les  ordres  de  M.  Loisel.  Elles  y avoient  été  précédées  d’un  excel- 
lent mémoire  de  M.  Minkelers,  et  de  dessins  aussi  exacts  qu’élégans 
faits  par  M.  Hermans , son  collègue. 


FOSSILES. 


3i3 


Tels  seront  les  principaux  matériaux  que  j’emploierai  dans  mes 
recherches. 

Je  ne  manquerai  pas  non  plus  de  secours  littéraires. 

Cinq  auteurs  ont  traité  avant  moi  de  ce  sujet  curieux. 

Le  premier  fut  Pierre  Camper  qui  porta  sur  les  os  de  Maestricht 
cette  meme  curiosité  ardente,  ce  même  coup  d’œil  rapide  qui  lui 
ont  donne  matière  à tant  d’aperçus  brillans,  mais  qui  ne  lui  ont 
presque  laissé  approfondir  aucun  des  sujets  qu’il  a si  heureusement 
effleurés. 

Dans  un  mémoire  imprimé  parmi  les  Transactions  philosophi- 
ques, en  1786,  il  déclara  que  ces  os  venoient  de  quelque  cétaoé. 

M.  Van  Marum  vint  ensuite  et  décrivit  les  objets  du  cabinet  de 
Teyler,  dans  les  mémoires  de  la  Société  qui  porte  aussi  le  nom  de 
ce  généreux  bienfaiteur  des  sciences,  année  1790.  Il  adopta  entière- 
ment l’opinion  de  son  maître  CamjDer. 

Cependant  les  premiers  collecteurs,  Hofmann  et  Drouin , s’étoient 

g que^  our  animal  devoitetre  un  crocodile,  et  leur  idée  s’étoit 
répandue  à Maestricht  et  ailleurs.  Camper  ne  put  les  faire  revenir  à 
la  sienne. 

M.  Faujas,  qui,  en  sa  qualité  de  commissaire  pour  les  sciences 
dans  la  Belgique,  à la  suite  de  l’armée  du  Nord,  avoit  contribué  à 
procurer  au  Muséum  les  pièces  de  la  collection  de  Goddin  et  quel- 
<jues  autres  quil  recueillit  pendant  son  séjour  à Maestricht,  com- 
mença bientôt  après  son  retour  à publier  par  livraisons  un  ouvrage 
intitulé  : mstoire  naturelle  de  la  Montagne  de  Saint-Pierre,  où 
. it  graver  de  tresiellea  figures  de  tous  ces  objets.  Il  s’y  attacha  aux 
.dee  eu  vogue  a Maestncht , et  y donna  constamment  à notre  aui- 
mal  le  titre  de  crocodile. 

Mais  avant  que  son  livre  fût  entièrement  terminé,  M.  Adrien 
Camper , digne  fils  d’un  grand  anatomiste  (i),  examinant  de  nou- 
veau les  pièces  laissées  par  son  père,  se  convainquit  quelles  ne  ve- 
noient ni  d’un  cétacé , ni  d’un  poisson , ni  d’un  crocodile , mais  bien 

(')  Journal  de  Physique , vendémiaire  an  IX 

T.  V,  2e.  P. 


40 


3i4  SAURIENS 

d’un  genre  particulier  de  reptile  saurien  qui  a des  rapports  avec  les 
sauvegardes  ou  monitors  (i) , et  d’autres  avec  les  iguanes. 

Toutefois  M.  Faujas  continua  d’appeler  cet  animal  crocodile  de 
Maestricht , et  même  il  annonça  quelque  temps  après  que  M,  Adrien 
Camper  s’ était  rangé  de  son  opinion  (2) , quoiqu’il  y ait  bien  loin 
du  crocodile  à l’iguane  ou  au  tupinambis;  car  ces  trois  animaux,  pla- 
cés par  Linnæus  et  par  Gmelin  sous  le  genre  lacerta,  diffèrent  plus 
entre  eux  par  les  os,  par  les  dents,  par  les  viscères  de  la  dégluti- 
tion, de  la  digestion  et  de  la  génération,  que  le  singe  du  chat,  ou 
l’éléphant  du  cheval. 

Nous  allons  prouver  aujourd’hui  que  M.  Adrien  Camper  est  le 
seul  qui  ait  réellement  saisi  les  caractères  de  cet  animal,  et  en  même 
temps  nous  allons  donner  une  description  aussi  complète  qu’il  nous 
sera  possible  de  l’ostéologie  de  ce  monstrueux  reptile  : description 
que  le  grand  ouvrage  sur  la  montagne  de  Saint-Pierre  n’a  point  ren- 
due superflue  ; car  on  n’y  donne  que  des  figures  et  quelques  dimen- 
sions sans  aucune  comparaison , ni  rien  qu  on  puisse  appeler  ostéo- 

logique. 

Un  deuxième  mémoire  de  M.  Adrien  Camper,  imprimé  depuis 
notre  première  édition  dans  le  X.IX®.  vol.  des  Annales  du  Muséum 
d’Histoire  naturelle , nous  aidera  à compléter  cette  description , par 
plusieurs  morceaux  qu’il  possédoit  seul,  et  qui,  depuis  sa  mort,  ont 
passé  avec  tout  son  cabinet  dans  celui  de  l’université  de  Groningue. 

Mais  avant  de  procéder  à ce  travail,  il  est  convenable  d’examiner 
en  peu  de  mots  les  raisons  sur  lesquelles  s’appuient  les  sentimens  op- 
posés au  nôtre  et  à celui  de  M.  Adrien  Camper. 

Celles  de  Pierre  Camper  (3)  sont  au  nombre  de  sept,  dont  voici 
l’exposé  fidèle  : 


(1)  L’animal  que  M.  Camper  appelle  dragone  dans  sa  dissertation,  et  qui 

lacerta  dracœna  de  Lin.  , est  du  genre  monùor  ; c’est  même  très-probablement  fnonitor 
dleau  d^ Egypte , ouaran  des  Arabes,  et  le  lacerta  nilotica  de  Lin. 

(2)  Essais  de  Géologie,  I , p.  168. 

(3)  Voyez  les  Trans,  phil.  pour  1 786,  vol.  LXXYI , p.  443  et  suiv.  ; et  dans  la  traduction 
française  des  OEuvres  de  Camper,  t.  I,  p.  SSç. 


FOSSILES.  3,5 

1°.  Tous  les  objets  qui  accompagnent  les  os  de  Màestricht 
sont  marins  et  non  Jliwiatiles^ 

2°.  Les  os  sont  polis  et  non  rudes'^ 

3o.  La  mâchoire  inférieure  a en  dehors  plusieurs  trous  potêr 
I issue  des  nerfs , comme  celle  des  dauphins  et  dés  cachalots  ; 

4«,  La  racine  des  dents  est  solide  'et  non  pas  creuse' 

5o.  Il  y d des  dents  dans  le  païciis  , ce  qu  on  voit  dans  plusieurs 
poissons  y mais  non  pas  dans  le  crocodile  • 

6o.  Les  vertèbres  nont  point  de  suture  qui  sépare  leur  partie 
annulaire  de  leur  corps  j comme  il  y en  a toujours  dans  les  cro- 
codiles j 

70.  Il  y a des  différences  entre  les  phalanges  et  les  côtes  Jos- 
sdes  et  celles  des  crocodiles. 

Ces  raisons,  excepté  la  première  qui  n’est  pas  de  grànde  valeur , 
prouvent  en  effet  d une  manière  démonstrative  que  l’animal  en  ques- 
tion n est  pas  un  crocodile,  mais  aucune  ne  prouve  que  ce  soit  un 
cétacé  plutôt  qu  un  reptile;  car  plusieurs  reptiles,  et  notamment  lès 
raomtors  et  les  iguanes,  ont  les  os  poli»,  des  trous  nombreux  à la 
mâchoire  inférieure,  la  racine  des  dents  osseuse  et  solide,  et  des 
vertèbres  sans  suture. 

Il  y a plus,  le  cinquième  caractère,  celui  des  deûts  dans  le  palais, 
démontreroit  à lui  seul  que  ce  n’est  ni  un  crocodile  ni  un  cétacé;  car 
ni  les  uns  ni  les  autres  n’ont  des  dents  au  palais , et  Camper  a été  in- 
duit à employer  ce  motif,  parce  qu’il  confondoit  alors  lès  cétacés 
sous  le  nom  et  l’idée  commune  de  poissons  avec  les  poissons  à bran- 
chies, dont  plusieurs  ont  en  effet  ce  caractère. 

Peut-être  m’opposera-t-on  le  cétacé  dont  M.  de  Lacépède  a fait 
son  genre  hyperoodon;  mais  nous  avons  déjà  dit  ailleurs  (i)  qu’il 
n’y  a au  palais  de  l’hyperoodon  que  des  pointes  cartilagineuses  ou 
cornées,  adhérentes  à la  peau  du  palais,  comme  dans  ce  quadrupède 
épineux  de  la  Nouvelle-Hollande  que  j’ai  appelé  échidné  (^omitho- 
rhynchus  histrix  de  Home , de  Shaw,  etc.  ) , et  non  pas  de  véritables (*) 


40* 


(*)  Tome  V,  première  partie,  p.  3a6. 


3r6  SAURIENS 

dents  implantées  dans  les  os  palatins , aussi  est-ce  avec  l’échidiié  que 
M.  de  Lacépède  compare  à cet  égard  son  hyperoodon. 

Nous  trouverons  d’ailleurs  par  la  suite  une  infinité  d’autres  raisons 
pour  enlever  notre  animal  à la  classe  des  cétacés,  et  M.  Adrien 
Camper  en  a déjà  indiqué  plusieurs. 

Pierre  Camper  avoit  donc  mal  placé  son  animal,  mais  il  sembloit 
avoir  très-bien  prouvé  que  Hofmann,  Drouin  et  Goddin  n’avoieat 
pas  ete  plus  heureux  que  lui,  et  puisque  M.  Faujas  vouloit  soutenir 
I opinion  de  ces  habitans  de  Maestricht , on  auroit  dû  s’attendre  qu’il 
chercheroit  à réfuter  les  argumens  contraires  de  Camper,  et  à four- 
nir de  nouveaux  argumens  favorables. 

Or  il  ne  dit  pas  un  seul  mot  qui  tende  à renverser  les  premiers, 
qu’il  ne  rapporte  même  pas  ; et  quant  aux  seconds , j’ai  eu  beau  lire 
et  relire  son  grand  ouvrage  sur  la  montagne  de  Saint-Pierre  et  ses 
Essais  de  Géologie,  je  n’ai  jamais  pu  en  trouver  qu’un  seul  qu’il  n’a 
développé  nulle  part,  quoiqu’il  le  rappelle  en  beaucoup  d’endroits 
et  qu’il  semble  y mettre  beaucoup  de  confiance. 

(t  L’illustre  Camper  (i) , dit-il,  s’appuyoit  sur  le  système  particulier 
» des  dents  de  l’animal  dont  il  est  ici  question , pour  soutenir  qu’il 
» ne  pouvoit  pas  être  de  la  famille  des  crocodiles.  La  conformation 
» de  ces  mêmes  dents  nous  servira , à nous,  d’indice  pour  regarder 
» au  contraire  1 animal  de  Maestricht  comme  plus  rapproché  des 
» crocodiles  que  des  physeters.  » 

Et  il  représente  en  effet  sur  deux  planches  différentes  les  dents  des 
crocodiles  et  celles  de  cet  animal  pour  faire  saisir  leur  ressemblance. 

« Un  fait  des  plus  remarquables  et  des  plus  instructifs,  dit-il  ail- 
» leurs  (2) , est  celui  qui  a rapport  à la  structure  des  dents.  — On 
» reconnut,  en  tirant  quelques-unes  des  dents  de  cet  amphibie  (le 
» crocodile) , que  d’autres  petites  dents  se  montroient  dans  le  fond 
3)  des  alvéoles.  Ce  caractère  qui  m’a  été  si  utile  pour  déterminer  dans 
3)  quelle  classe  il  falloit  ranger  l’animal  inconnu  de  Maestricht,  etc.  » 


(1)  Montagne  de  Saint-Pierre , p.  73.. 

(2)  Essais  de  Géologie ,1,  146  et  147.. 


FOSSILES.  3x7 

Voilà  le  seul  et  unique  motif  apporté  par  M.  Faujas  pour  soutenir 
1 opinion  des  habitans  de  Maestricht.  Or,  j’ose  affirmer  que  la  den- 
tition de  cet  animal  n’a  rien  du  tout  qui  soit  propre  au  crocodile  ; que 
tout  ce  qu’elle  a de  commun  avec  cet  amphibie , lui  est  aussi  com- 
mun avec  une  infinité  de  poissons  et  de  reptiles  5 enfin  qu’elle  a plu- 
sieurs choses  que  le  crocodile  n’a  point,  et  qui  distingueroient  par 
conséquent  a elles  seules  notre  animal  de  cet  amphibie,  quand  même 
on  ne  trouveroit  pas  encore  entre  eux  toutes  les  différences  alléguées 
par  les  deux  Camper  et  la  foule  de  celles  que  nous  y ajouterons. 

Nous  avons  vu,  dans  notre  ostéologie  du  crocodile,  que  dans  cet 
animal  la  dent  en  place  reste  toujours  creuse  ; quelle  ne  se  fixe  ja- 
mais à l’os  de  la  mâchoire,  mais  y reste  seulement  emboîtée;  que  la 
dent  de  remplacement  naît  dans  le  même  alvéole;  que  souvent  elle 
pénètre  dans  le  creux  de  la  dent  en  place,  et  la  fait  éclater  et  tom- 
ber, etc. 

L animal  de  Maestricht , au  contraire , n’a  les  dents  creuses  que 
pendant  qu  elles  croissent,  comme  le  sont  alors  celles  de  tous  les  ani- 
maux; elles  se  remplissent  à la  longue,  et  on  les  trouve  le  plus  sou- 
vent entièrement  solides  ; elles  finissent  par  se  fixer  à la  mâchoire  au 
moyen  d’un  corps  vraiment  osseux  et  fibreux  très-différent  de  leur 
propre  substance,  quoiqu’il  s’y  unisse  fort  intimement;  la  dent  de 
remplacement  naît  dans  un  alvéole  particulier  qui  se  forme  en  mênie 
temps  qu  elle  ; elle  perce  tantôt  à côté , tantôt  au  travers  du  corps 
osseux  qui  porte  la  dent  en  place;  en  grandissant,  elle  finit  par  déta- 
cher ce  corps  de  la  mâchoire  avec  laquelle  il  étoit  organiquement  lié 
par  des  vaisseaux  et  par  des  nerfs  ; il  tombe  alors  par  une  espèce  de 
nécrose  comme  le  bois  du  cerf,  et  fait  tomber  avec  lui  la  dent  qu’il 
portoit;  petit  à petit  la  dent  de  remplacement  et  son  corps,  impro- 
prement appelé  sa  racine  osseuse,  occupent  la  place  que  l’ancienne 
dent  a quittée , etc. 

Mes  lecteurs  pourroient  voir  la  plus  grande  partie  de  ces  diffé- 
rences dans  les  planches  même  de  l’ouvrage  de  M.  Faujas.  Celle  de 
I existence  d une  racine  ou  plutôt  d’un  socle  solide,  osseux  et  fibreux, 
le  organiquement  a la  mâchoire , socle  au  côté  ou  dans  l’épaisseur 


3i8  SAURIENS 

duquel  s’ouvre  quelquefois  l’alvéole  de  la  dent  de  remplacement,  y 
est  surtout  très-frappante. 

Pierre  Camper,  qui  s’étoit  fort  bien  aperçu  de  ce  mode  de  denti- 
tion , n’avoit  garde  de  le  comparer  à celui  du  crocodile.  Il  paroît 
même  qu’il  en  fut  extrêmement  frappé. 

tf  La  dentition  est  si  singulière,  dit-il  , dans  ces  mâchoires  fossiles, 
» quelle  mérite  une  description  particulière  (i).  — Une  petite  dent 
))  secondaire  est  formée  tout  à la  fois  avec  son  émail  et  sa  racine 
))  solide  dans  la  substance  osseuse  de  la  dent  temporaire.  — En  con- 
))  tinuant  à croître , elle  semble  former  par  degrés  une  cavité  suffi- 
» santé  dans  la  racine  osseuse  de  la  dent  primitive , mais  il  m’est  im- 
« possible  de  décider  ce  quelle  devient  ensuite,  ni  de  quelle  ma- 
» nière  elle  tombe  (2).  » 

Tout  1 embarras  de  cet  habile  homme  venoit  de  ce  qu’il  n’avoit 
pas  étudié  la  dentition  des  poissons  osseux , ni  celle  des  monitors  et 
de  plusieurs  autres  reptiles  sauriens  ou  ophidiens  j car  elle  est  la 
même  que  dans  notre  animal. 

J’avois  déjà  exposé  l’histoire  de  cette  dentition  dans  mes  Leçons 
d’ Anatomie  comparée , III,  iii , ii3,  etc.;  mais  j’y  ai  aussi  com- 
mis l’erreur  d’appeler  racine  cette  partie  celluleuse  et  osseuse  qui 
s unit  a l’os  maxillaire.  J’ai  reconnu  depuis , et  c’est  ce  que  j’explique 
p.  274  ci-dessus , dans  l’histoîre  de  la  dentition  des  lézards,  que  c’est 
simplement  le  noyau  de  la  dent  qui,  au  lieu  de  rester  pulpeux  comme 
dans  les  quadrupèdes  jusqu’à  ce  qu’il  se  détruise , s’ossifie  et  fait  corps 
avec  son  alvéole.  La  dent  n’a  point  de  vraie  racine,  mais  elle  adhère 
fortement  à ce  noyau  qui  l’a  sécrétée,  et  elle  y est  encore  retenue 
par  le  reste  de  la^  capsule  qui  avoit  fourni  l’émail,  et  qui,  en  s’ossi- 
fiant aussi  et  eu  s unissant , et  à l’os  maxillaire  et  au  noyau  devenu 
osseux , enchâsse  ou  sertit  la  dent  avec  une  nouvelle  force.  On  con- 
çoit très-bien  que  ce  noyau  identifié  avec  l’os  maxillaire  puisse  subir 
les  mêmes  changemens  que  lui;  que  l’alvéole  de  la  dent  de  rempla- 


(1)  OEwres  de  Camper,  trad.  franç.,  1 , 366- 

(2)  Ibid.,  367. 


FOSSILES, 


3x9 

cernent  puisse  pénétrer  sa  solidité  ; que  la  compression  puisse  le  dé- 
tacher, soit  en  le  cassant,  soit  en  oblitérant  les  vaisseaux  qui  le  nour- 
rissent j en  un  mot,  qu’il  soit  exposé  à des  révolutions  analogues, 
comme  je  l’ai  dit,  à celles  du  bois  des  cerfs , mais  très-dilFérentes  de 
celles  qu  éprouvé  la  dent  qui  est  toujours  un  corps  devenu  étranger 
à 1 animal  qui  1 a sécrété,  ainsi  que  je  l’ai  démontré  après  Hunter, 
dans  mon  chapitre  sur  les  ossemens  d’éléphans(t.  I,  p.  3i  et  suiv.). 

Les  cétacés  n’offrent  rien  de  semblable,  non  plus  que  les  croco- 
diles; les  dents  des  cétacés  se  remplissent,  il  est  vrai,  avec  l’âge  et 
deviennent  solides  ; mais  loin  d’adhérer  à l’alvéole  par  une  pièce  os- 
seuse intermédiaire,  elles  n’y  sont  que  foiblement  retenues  par  la 
substance  fibreuse  de  laigencive,  une  fois  qu’elles  sont  remplies  de 
la  substance  de  l’ivoire  et  que  leur  noyau  pulpeux  s’est  oblitéré. 

On  ne  peut  donc  hésiter  sur  la  place  de  notre  animal  qu’entre  les 
poissons  osseux  et  les  iguanes  et  monitorSi  Un  examen  attentif  de  ses 
mâchoires  mettra  bientôt  fin  a ce  doute,  en  même  temps  qu’il  con- 
firmera 1 exclusion  donnée  aux  cétacés  et  aux  crocodiles. 

Pour  y procéder  plus  facilement,  nous  avons  encore  fait  dessiner 
et  graver,  fig.  i ^ la  grande  tête  de  notre  Muséum,  qui  l’a  déjà  été  si 
souvent,  mais  toujours  assez  incorrectement  et  sans  explication  os- 
téologique  (i). 


. Cette  tête,  un  peu  en  désordre,  présente , 

1°.  Le  côté  gauche  de  la  mâchoire  inférieure  bien  entier,  et  vu  à 
sa  face  externe , « ô; 

20.  Le  côté  droit,  vu  à sa  face  interne , c d,  dont  la  partie  posté- 
rieure, un  peu  masquée  par  les  palatins,  se  continue  jusqu’en  e,’ 

3o.  L’os  maxillaire  supérieur  droit,  vu  par  sa  face  interne  et  par 


(i)  Il  y en  a une  gravure  grossière  dans  les  Dons  de  la  Nature,  par  Budhoz,  pl.  6;  une 
autre  , qui  ne  l’est  guère  moins , dans  le  Magasin  encyclopédique,  première  année,  t.  VI 
P-  34  ; une  troisième  , où  elle  est  représentée  à rebours , Hist.  de  la  Mont,  de  Saint-Pierre , 
pl.  IV  ; une  quatrième,  très-belle  , d’après  Maréchal , mais  mal  terminée  dans  le  haut,  ibid. , 
pl.  LI;  une  cinquième  , qui  n’est  que  la  réduction  de  la  précédente,  Essais  de  Géologie,  I , 
pl.  VIII  bis.  Enfin  M.  Fan  Maruni  donne  les  os  palatins  séparés , Mém.  de  la  Société  Teylé- 

■ *79°)  P^'  M.  Adrien  Camper , la  partie  postérieure  de  la  mâchoire 

erieure , Journ.  de  Phys. , vendémiaire  an  9 , pl.  II , fig.  4. 


320  SAURIENS 

le  palais , conservant  à peu  près  sa  situation  naturelle  relativement 
au  précédent; 

4°.  Un  fragment  de  celui  du  côté  gauche,  déplacé  et  tombé  sur  la 
mâchoire  inférieure , h i;  . 

5«.  et  6«.  Les,dw,os  ptérygoïiUens,  mj,  et  k',  l,  m',  o, 
déplacés  et  jetés  l’un  sur  l’autre , et,  sur  la  partie  droite  de  la  mâchoire 
inférieure,  .«h  irin  eu.  . . . 9,, 

II  y a encore  dans  le  morceau  orîgioal  une  pièce  osseuse  fracturée, 
posée  de  MÈyers.^,retuae  antçe,en  y,  que  j’ai  fait  omettre  dans  le 
dessin , pance,qu’alIes.sOnt«nutilées,et  indéchiftiobles,  et  quelles  mas- 
q.uentilesrpièces  iastruotives.  -nr,];)  gup 

-,rLa  mâehoirerinférieum  nous  montre  d’abord  quatorze  dents  de 
chaque  côté;. toutes  conformées,  ainsi, que  nous  l’avons  dit,  à la  ma- 
nière de  celles  des  monitors  ; mais  les  monitors  n’en  ont  que  onze  ou 
douze;  les  crocodiles  en  ont  quinze,: mais  très-inégales  : celles-ci  sont 
égales  ou  à peu  près.  Leur  nombre  est  plus  considérable  dans  les 


Iguanes. 


On  y voit  des  trous  grands  et  assez  réguliers,  au  nombre  de  dix  à 
douze.  Il  y en  a cinq  ou  six  dans  les  iguanes  , six  à sept  dans  les  mo- 
nitors; les  crocodiles  en  ont  uhe  infinité  de  petits  et  d’irréguliers  ; un 
dauphin  n en  auroit  que  deux  ou  trois  (vers  le  bout. 

11  y a , en  p , une  apophyse  'coronoïde  relevée,  obtuse,  dont  le 
bord  antérieur  est  élargi  comme  dans  les  monitors.  Aucun  crocodile 
n’a  rien  de  semblable;  celle  du  dauphin  est  beaucoup  plus  petite  et 
plus  en  arrière  ; dans  l’iguane  elle  seroit  plus  pointue. 

La  facette  articulaire,  /■,  est  concave  et  très-près  du  bout  posté- 
rieur, comme  dans  tous  les  sauriens;  mais  elle  est  plus  basse  que  le 
bord  dentaire,  comme  dans  les  monitors;  dans  les  crocodiles  et  les 
iguanes,  elle  est  plus  haute  ou  au  moins  de  niveau.  Les  dauphins 

1 ont  convexe  et  placée  tout-à-fait  . an  bout. 

L apophyse,  ô,  pour  le  muscle  analogue  du  digastrique  est  courte 
comme  dans  1 iguane;  le  crocodile  l’a  plus  longue,  le  monitor  encore 
plus. 

Enfin  la  composition  de  cette  mâchoire  annonce  de  plus  grands 


FOSSILES. 


321 

rapports  avec  le  monitor  qu’avec  aucun  autre  saurien,  et  exclut  en- 
tièrement tous  les  cétacés,  ces  derniers  ayant,  comme  tous  les  mam- 
mifères, chaque  côté  de  la  mâchoire  inférieure  d’une  seule  pièce. 

Pour  bien  entendre  ceci,  il  faut  comparer  la  mâchoire  inférieure 
du  monitor  (i),  fig.  2 et  3,  à celle  du  crocodile  donnée  dans  l’ostéo- 
logie  de  ce  genre,  pl.  UI,  fig.  3 et  4. 

Les  memes  os  composent  l’une  et  l’autre  ; mais  dans  le  monitor , 
X os  angulaire , v , beaucoup  plus  court  et  plus  étroit,  et  lesur^an- 
gulaire,  x,  ne  laissent  point  entre  eux  de  grand  trou  ovale;  x est 
coupé  carrément  en  avant  pour  s’unir  au  dentaire,  u.  L’apophyse 
coronoïde  est  formée  par  l’os  que  dans  le  crocodile  j’ai  nommé  sup- 
plémentaire , z.  \i articulaire  , y , forme  seul  l’apophyse  posté- 
rieure; et  à la  face  interne  il  va  rejoindre  l’os  supplémentaire,  et 
reporte  au  bord  supérieur  de  l’os  l’ouverture  si  grande  dans  le  cro- 
codile pour  l’entrée  du  nerf  maxillaire;  enfin  il  n’y  a pas  non  plus 
d ouverture  à la  face  interne,  entre  X operculaire , &,  et  X angu- 
laire, V ^ mais  il  y en  a une  petite  dans  l’operculaire  même,  et  une 
plus  grande  entre  lui  et  le  dentaire. 

On  voit  dans  notre  animal,  soit  par  la  grande  tête,  soit  par  les 
portions  de  mâchoires  publiées  par  MM.  Camper  et  van  Marum , 

' lo.  Qu’il  n’y  avoit  pas  de  grand  trou  ovale  à la  face  externe; 

^ 20.  Que  l’apophyse  coronoïde  étoit  aussi  un  os  à part,  analogue  au 
supplémentaire, 

3o.  Que  l’os  articulaire  faisoit  à lui  seul  l’apophyse  postérieure,  et 
repoussoit  l’angulaire  fort  en  avant; 

4°-  Q*i®  1®  sur-angulaire  se  joignoit  carrément  avec  le  dentaire; 

5®.  Qu  il  y avoit  une  petite  ouverture  dans  l’operculaire. 

Ainsi  à tous  ces  égards , c’est  du  monitor  que  notre  animal  se  rap- 
proche le  plus;  il  s’en  rapproche  même  plus  que  de  l’iguane,  tant 
par  la  mâchoire  inférieure  que  par  la  structure  des  dents , leur  figure 


(0  J’ai  choisi  l’espèce  appelée  en  Egypte  ouaran  aquatique , qui  paroît  le  laceria  nilotica. 
C’est  aussi  celle  que  représente  Séba  dans  la  planche  que  Linnæus  cite  sous  son  lacerta  dra~ 
^<^na.  J’y  ai  joint  à côté  la  mâchoire  de  Viguane  comu  de  Saint-Domingue. 

T.  V,  2e.  P.  4i 


^22  SAURIENS 

et  leur  insertion , quoiqu’il  ait  aussi  en  ce  point  quelque  chose  de 
particulier. 

En  effet,  dans  le  monitor  comme  dans  l’iguane,  les  dents  adhè- 
rent simplement  à la  face  interne  des  deux  mâchoires,  sans  que  les 
os  maxillaires  se  relèvent  pour  les  envelopper  dans  des  alvéoles  j mais 
ici  les  socles  ou  noyaux  osseux  qui  portent  les  dents  adhèrent  dans 
des  creux  ou  vrais  alvéolés  pratiques  dans  l’épaisseur  du  bord  de  la 
mâchoire. 

La  mâchoire  supérieure  de  notre  tète  fossile  porte  onze  dents; 
mais  comme  l’os  interinaxillaire  paroit  avoir  été  enlevé , et  qu’il  pou- 
voit  fort  bien  en  avoir  trois  comme  dans  les  monitors,  il  y en  auroit 
eu  le  même  nombre  en  haut  qu’en  bas.  Le  monitor  d’eau  d’Egypte 
en  a aussi  quatorze  en  haut,  mais  seulement  douze  en  bas. 

M.  Adrien  Camper  a cru  avoir  l’os  intermaxillaire  dans  une  pièce 
qii  il  figure  , et  que  nous  copions  pl.  XX,  fig.  3,  au  quart  ; il  suppose 
que  c est  1 intermaxillaire  gauche , que  le  trou  a est  la  base  où  abour- 
tissoient  les  narines,  et  il  en  conclut  que  notre  animal  avoit  l’inter— 
maxillaire  double , et  l’ouverture  des  narines  unique  et  supérieure 
comme  le  crocodile , et  non  pas  l’intermaxillaire  simple  et  les  narines 
latérales  comme  les  sauriens.  Ni  ce  raisonnement,  ni  le  fait  sur  le- 
quel il  s appuie  ne  me  paroissent  exacts.  Ce  fragment  est  très-proba- 
blement une  extrémité  de  mâchoire  inférieure  ; et  le  trou  qu’on  y 
voit  est  la  terminaison  du  canal  dentaire  cjui  vient  au  bout  de  la  mâ- 
choire se  rapprocher  et  peut-être  se  joindre  à celui  du  côté  opposé. 

Dans  l’animal  fossile,  toutes  les  dents  sont  pyramidales,  un  peu 
arquées;  leur  face  externe  est  plane,  et  se  distingue  par  deux  arêtes 
aiguës  de  leur  face  interne  qui  est  ronde  ou  plutôt  en  demi-cône. 

Une  partie  des  monitors  a les  dents  coniques;  une  autre  les  a com- 
piimées  et  tranchantes;  le  sauvegarde  d’Amérique,  ainsi  que  les 
ameiva,  les  i^anes  et  beaucoup  d’autres  sous-genres,  les  ont  à tran- 
chant dentele.  11  y a seulement  des  dentelures  très-fines  et  presque 
microscopiques  dans  les  monitors  à dents  tranchantes.  Dans  notre 
fossile,  l’arête  est  entière  et  sans  entailles. 

Jusqu  ici  1 animal  de  Maestricht  seroit  donc  plus  voisin  des  moni- 


FOSSILES.  323 

tors  que  des  autres  sauriens , mais  tout  d’un  coup  nous  trouvons  dans 
ses  os  pteiygoïdiens  un  caractère  qui  l’en  éloigne  pour  le  porter  vers 
les  lézards  proprement  dits  et  les  iguanes;  ce  sont  les  dents  dont  ces 
os  sont  armes  qui  constituent  ce  caractère. 

Les  crocodiles,  les  monitors,  les  sauvegardes,  la  dragone  de  M.  de 
acepede,  es  atueiva,  les  dragons,  les  stellions,  les  cordyles,  les 
aganaes,  es  basilics,  les  geckos,  les  caméléons,  plusieurs  scinques  et 
les  chalcides  ont  tous  le  palais  dépourvu  de  dents.  Les  iguanes,  les 
anolis,  Igs  lézards  ordinaires,  les  marbrés  et  un  certain  nombre  de 
scinques,  parmi  les  sauriens,  partagent  seuls  avec  plusieurs  serpens, 
batraciens  et. poissons  cette  armure  singulière. 

Mais  les  iguanes  et  autres  sauriens  la  portent  aux  ptérygoïdiens 
seulement;  les  serpens,  aux  palatins  comme  aux  ptérygoïdiens;  les 
grenouilles,  les  rainettes,  les  salamandres,  aux  vomers  les  premières 
sur  une  ligne  transversale,  les  autres  sur  une  ligne  longitudinale. 
Plusieurs  poissons , tels  que  les  gades,  les  saumons  et  les  brochets  en 
ont  aussi  sur  une  ligne  longitudinale,  et  c’est  ce  qui  avoit  fait  quel- 
que 1 usion  à Pierre  Camper  et  à M.  Van  Marumj  mais  si  nous  com- 
parons les  os  même  qui  portent  ces  dents,  nous  verrons  bientôt 
qu  ils  sont  de  reptiles  et  non  pas  de  poissons. 

Pour  cet  effet,  nous  avons  fait  graver  la  tête  d’un  monitor,  fîg.  3, 
et  celle  d’un  Iguane,  fîg.  2,  vues  en  dessous.  L’os  ptérygoïdien  n’est 
plus,  comme  dans  le  crocodile,  uni  à son  semblable,  ni  élargi  en  une 
grande  plaque  triangulaire.  C’est  ici  un  os  à quatre  branches,  dont 
une,^,  se  porte  en  avant  et  s’unit  au  palatin  antérieur.  B;  la  seconde 
O,  va  de  côte  se  joindre  a 1 os  A,  qui  est  mon  os  transverse,  lequel 
s unit  lui-meme  a 1 os  maxillaire  supérieur  D;  la  troisième,  m,  ap- 
puie , par  une  facette  garnie  d’un  cartilage,  sur  une  apophyse  de  la 
base  du  crâne;  enfin  la  quatrième,  l,  se  porte  en  arrière  et  donne 
attache  a des  muscles , mais  ne  s’articule  à aucun  os. 

C’est  sur  le  bord  de  la  branche  antérieure,  u , qu’est  implantée  la 
Sérié  de  dents  qui  caractérise  les  iguanes.  Les  anolis  ont  cet  os  plus 
arge  dans  toutes  ses  parties , et  la  branche  postérieure , l,  plus  courte , 
mais  du  reste  à peu  près  comme  les  iguanes.  Les  monitors,  au  con- 


SAURIENS 


3a4 

traire,  ont  toutes  les  parties  de  l’os  plus  grêles  et  n’y  portent  point 
de  dents,  comme  on  le  voit  par  la  figure. 

Que  l’on  jette  maintenant  les  yeux  sur  les  os  ptérygoïdiens  de 
notre  animal  fossile , et  l’on  y reconnoîtra  sur-le-champ  les  parties 
que  nous  venons  de  décrire.  Celui  quiparoît  en  dessus,  h ,1,  m,  est 
celui  du  côte  droit.  3on  apophyse  externe,  o,  se  trouve  cachée  j mais 
la  postérieure,/,  quoique  cassée  au  bout,  montre  qu’elle  devoit  être 
aussi  longue  à proportion  que  dans  l’iguane. 

L’autre,  o',  k' , est  celui  du  côté  gauche.  Il  montre  ses  quatre 

apophyses  bien  distipctes.  La  prii^cîp'ale  dîfFévencé  spécifique  qu’il 
offre,  c’est  que  l’interne,  ^^st'plus'fongue  à propoftion  que  dans 
les  deux  genres  que  nous  lui  comparons. 

11  n’y  a pas  ici  le  moindre  rapjiorfde  forme  avec  l’os  palatin  des 
poissons,  encore  moins  avec  leur  ptérygoïdien  qui  entre  dans  un 
tout  autre  système. 

Cet  os  paroit  avoir  porté  dans  notre  animal  fossile  huit  dents  qui 
croissoient,  se  fixoient  et  se  reiiiplàçoîènt  comme  celles  des  mâ- 
choires, quoique  beaucoup  plus  petîtés. 

Les  autres  petites  pièces  ^ui  so'iit'^placées  dans  ce  groupe  sont, 
comme  je  l’ai  dit , malaisées  à récohnoître , éürtôiit  à cause  de  la  pierre 
qui  les  encroûte  encore  eu  partie;  je  crois  pÔuftant  y avoir  distingué 
les  os  tympaniques,  mais  on  les  voit  encore  plus  entiers  dans  une 
figure  donnée  par  M.  Camper  j du  moîû’S'S',  comme  il  le  croit,  elle 
représente  un  de  ces  os.  Je  la  copie  pl.  X’X  , fig.  2 , au  quart,  et  je  la 
place  en  sens  contraire  du  dessin  original.  Eu  effet  , en  considérant  le 
bord  et  b , comme  celui  par  lequel  cet  os  étoit  suspendu  au  mastoï- 
dien et  au  temporal, -et  le  bord  c d,  comme  celui  par  lequel  il  por- 
toit  la  mâchoire  inférieure , on  lui  trouve  assez  de  ressemblance  avec 
le  tympanique  de  plusieurs  lézards,  nommément  du  basilic  à crête 
{lacerta  ainbdinensis , L.);  mais  dans  aucun  cas  il  ne  peut  avoir  de 
rapport  avec  celui  d’un  crocodile. 

M.  Camper  a aussi  publié  le  dessin  d’une  pièce  de  son  cabinet 
qu’il  considère  comme  le  frontal  vu  en  dessous,  et  à laquelle  il 
trouve  de  la  ressemblance  avec  le  frontal,  ou,  comme  il  l’appelle 


FOSSILES.  325 

d’après  M.  Geoffroy,  l’ethmoïde  du  gavial  j mais  ce  n est  qu’une  res- 
semblance apparente  du  contour,  que  la  face  inférieure  du  gavial 
dément  aussitôt. 

Pour  nous,  après  avoir  bien  étudié  ce  fragment,  que  nous  copions 
pl.  XX,  fig.  I (au  quart  de  sa  grandeur),  nous  ne  pouvonsy  aper- 
cevoir que  des  restes  d’un  frontal  principal  et  des  deux  frontaux 
antérieurs,  tous  fort  mutilés  par  leurs  bords.  En  prenant  la  chose 
ainsi,  il  y auroit  assez  de  ressemblance  avec  les  parties  analogues 
d’un  crocodile  ordinaire.  Les  deux  apophyses,  a et  a,  seroiént  celles 
par  lesquelles  les  frontaux  antérieurs  vont  s’articuler  avec  les  palatins^ 
d,  è seroient  leurs  parties  latérales  qui  s’étendent  sur  la  basé  de  la 
joue  J on  verroit  en  c,  c quelques  restes  du  frontal  principal  qui  s a- 
vanceroit  jusqu’en  d , entre  les  faces  Inférieures  des  os  propres  dû  nez. 

Si  l’on  veut  n’y  voir  qu’un  frontal  principal  seulement,  il  faudra 
admettre  que  ses  bords  latéraux  s’élargissent  sur  les  orbites  en  lames 
horizontales,  b ,b  y ce  qui  n’a  d’exemple  dans  aucun  sauiien. 

Nous  n’avons  ni  le  pariétal , ni  aucune  des  parties  de  l’occipital  et 
du  sphénoïde  j mais  le  grand  morceau  (jonservé  à Hai’lem  nous  donne 
sur  le  maxillaire  supérieur  des  idées  un  peu  plus  complètes  que  celui 
du  Muséum;  nous  le  copions  pl.  XVIII,  fig.  8.  On  voit  qu’il  étoit  al- 
longé et  peu  élevé,  que  ses  bords  le  long  de  l’ouverture  extérieure  des 
narines  étoient  entiers  sur  un  long  espace , à peu  près  comme  dans 
lesraonitors  et  l’iguane  cornu,  ce  qui  doit  faire  conjecturer  que  ces 
narines  étoient  grandes  et  les  os  du  nez  fort  peu  étendus , circonstance 
qui  exclut  absolument  les  crocodiles  et  les  sauvegardes. 

Le  principal  trou  pour  la  sortie  du  nerf  sous-orbitaire  est  plus  près 
du  bord  des  narines  que  dans  aucune  espèce  que  je  connoisse. 

Au  reste,  quelques  doutes  qui  puissent  subsister  touchant  ces  pièces 
éparses,  ils  n’empêchent  pas  d’assigner  avec  précision  la  place  de 
notre  animal.  Satêtele  fixe  irrévocablement,  comme  nous  l’avons  dit, 
entre  les  monitors  et  les  iguanes.  Mais  quelle  énorme  taille  en  com- 
paraison de  celle  de  tous  les  iguanes  et  monitors  connus.  Aucun  n’a 
peut-être  la  tête  longue  de  plus  de  cinq  pouces,  et  la  sienne  appro- 
choit  de  quatre  pieds. 


3a6 


SAURIENS 


Voici  les  dimensions  de  toutes  les  pièces  restées  dans  le  beau  mor- 
ceau du  Muséum,  pl.  XVIII,  fig.  i. 


Lougueur  de  la  demi-mâchoire  inférieure,  a,  h. 
Hauteur  à l’endroit  de  rapoj)hyse  coronoïde  , s,  t 

— à l’endroit  de  la  dernière  dent,  q,  u 

— ■ vers  la  troisième  , a: ,j-, 

Dimension  de  l’os  palatin  postérieur  , k',  m’ , 

Id... k,  1 

Id k',o' 


1,24 

0,267 

0,127 

0,07 

o,4o5 

0,53 

0,2(5 


En  zoologie,  quand  la  tete  et  surtout  les  dents  et  les  mâchoires 
sont  données,  tout  le  reste  est  bien  près  de  l’ètre,  du  moins  pour  ce 
qui  regarde  les  caractères  essentiels;  aussi  n’ai-je  point  eu  de  peine 
à reconnoître  et  à classer  les  vertèbres,  quand  une  fois  j’ai  bien  connu 
la  tête. 

Pierre  Camper  en  avoit  dessine  une  isolée,  qu’il  prétendit  com- 
parer a celle  cl  un  cetace.  M.  Faujas  en  a représenté  cjuatre  groupes 
{Mont,  de  Saint-Pierre , pl.  VU,  VIII,  IX  et  LU);  mais  il  n’a 
songé  à les  comparer  à rien  : car  s’il  l’eiU  fait , il  se  fût  aisément  aperçu 
qu  elles  n’avoient  point  d’analogie  avec  celles  du  crocodile;  il  n’en 
donne  même  aucune  description  détaillée. 

Les  découvertes  faites  à Seichem^  et  le  mémoire  de  MM.  Minke- 
1ers  et  Hermans  qui  les  expose,  en  y joignant  le  supplément  que 
M.  Adrien  Camper  y donne  dans  son  second  mémoire,  me  pi-ocurent 
la  facilite,  non-seulement  de  décrire  les  diverses  sortes  de  ces  vertè- 
bres en  particulier  et  de  les  comparer  à leurs  analogues  dans  les  ani- 
maux vivans,  mais  encore  d’indiquer  avec  beaucoup  de  vraisem- 
blance leur  succession  et  le  nombre  de  chaque  sorte  dans  l’épine 

Toutes  ces  vertèbres,  comme  celles  des  crocodiles  vivans,  des 
monitors , des  iguanes , et  en  général  de  la  plupart  des  sauriens  et  des 
ophidiens , ont  leur  corps  concave  eu  avant  et  convexe  en  arrière , ce 
qui  les  distingue  déjà  notablement  de  celles  des  cétacés  qui  l’ont  à 
peu  près  plane , et  bien  plus  encore  de  celles  des  poissons , où  il  est 
creusé  des  deux  côtés  en  cône  concave. 

Les  antérieures  ont  cette  concavité  et  cette  convexité  beaucoup 
plus  prononcées  que  les  postérieures. 


FOSSILES.  S21 

Quant  aux  apophyses,  leui’  nombre  établit  cinq  sortes  de  ces  ver- 
tèbres. 

Les  premières,  pl.  XIX,  fig.  i , ont  une  apophyse  épineuse  supé- 
rieure, longue  et  comprimée  ; une  inférieure,  terminée  par  une  con- 
cavité 5 quati’e  articulaires,  dont  les  postérieures  sont  plus  courtes  et 
legardent  en  dehors,  et  deux  transverses,  grosses  et  courtes  : ce  sont 
les  dernieres  vertebres  du  cou  et  les  premières  du  dos.  Leur  corps 
est  j)lus  long  que  large , et  plus  large  que  haut  j les  faces  sont  en  ovale 
transverse  ou  en  figure  de  rein. 

D autres,  ib. , fig.  2,  ont  l’apophyse  inférieure  de  moins,  mais 

l’essemblent  aux  précédentes  pour  le  reste}  ce  sont  les  moyennes 
du  dos. 

II  en  est  ensuite,  ïb.,  fig.  3,  qui  n’ont  plus  d’apophyses  articu- 
laires : ce  sont  les  dernières  du  dos,  celles  des  lombes , et  les  pre- 
mières de  la  queue}  et  leur  place  particulière  se  reconnoît  à leurs 
apophyses  transverses  qui  s’allongent  et  s’aplatissent  de  plus  en  plus. 
Les  faces  articulaires  de  leur  corps  sont  presque  triangulaires  dans 
les  postérieures,  telles  que  celles  de  la  fig.  4. 

Les  suivantes,  fig.  5,  ont,  outre  leur  apophyse  épineuse  supé- 
rieure et  les  deux  transverses,  à leur  face  inférieure  deux  petites 
laceltes  pour  porter  1 os  en  chevron.  Les  faces  articulaires  de  leur 
' corps  sont  pentagonales. 

1 uis  il  en  vient,  fig.  6,  A et  B,  qui  ne  difîérent  des  précédentes 
que  parce  quelles  manquent  d’apophyses  transverses.  Elles  forment 
une  grande  partie  de  la  queue,  et  les  faces  de  leur  corps  sont  en  el- 
lipses, d aboid  transverses,  et  ensuite  de  plus  en  plus  comprimées 
par  les  côtés,  coramc  celle  de  la  fig.  Vos  en  chevronji’y  est  pins 
articule,  mais  soudé,  et  fait  corps  avec  elles. 

Enfin  les  dernières  de  la  queue,  fig.  8,  finissent  par  n’avoir  plus 
fi’apophyses  du  tout. 


A mesure  qu  on  approche  de  la  fin  de  la  queue , les  corps  des  ver- 
'ebres  se  raccourcissent,  et  presque  dès  son  commencement,  ils 
sont  moins  longs  que  larges  et  que  hauts.  Leur  longueur  finit  par  être 
^ooiiié  moindre  que  leur  hauteur. 


3^8  SAURIENS 

Cette  suite  de  vertèbres  donne  lieu  à plusieurs  remarques  impor- 

La  première  est  relative  à l’os  en  chevron  et  à la  position  de  son 
articulation.  Sa  longueur  et  celle  de  l’apophyse  épineuse  qui  lui  est 
opposée  prouvent  assez  que  la  queue  étoittrès-élevée  verticalement. 

L’absence  des  apophyses  transverses  sur  une  grande  partie  de  la 
longueur  de  la  queue  prouve  en  même  temps  quelle  étoit  fort  aplatie 

par  les  côtés. 

L’animal  étoit  donc  aquatique  et  nageur  à la  manière  des  croco- 
diles, faisant  agir  1a  rame  de  sa  queue  k droite  et  k gauche,  et  non 
pas  de  haut  en  bas  comme  les  cétacés.  Les  monitors  ont  la  queue 
plus  ronde , et  les  apophyses  transverses  y régnent  beaucoup  plus  loin. 

Dans  les  crocodiles,  les  iguanes,  les  basilics,  les  lézards,  les  stel- 
lions , et  en  général  dans  tous  les  sauriens  que  je  connois , excepté  les 
monitors,  et  même  dans  les  cétacés  et  dans  tous  les  quadrupèdes  à 
grande  queue , l’os  en  chevron  est  articulé  sous  la  jointure  et  se 
trouve  commun  à deux  vertèbres.  Les  monitors  seuls  ont  sous  le 
corps  de  chaque  vertèbre  deux  facettes  pour  le  recevoir  comme 
notre  animal;  seulement  le  corps  de  leurs  vertèbres  étant  plus  al- 
longé, ces  facettes  sont  au  tiers  postérieur.  Dans  le  fossile,  qui  a les 
vertèbres  fort  courtes  d’avant  en  arrière , les  facettes  sont  presque  au 

Mais  je  ne  connois  aucun  reptile  où  1 os  en  chevron  se  soude  et 
fasse  corps  avec  la  vertèbre,  comme  dans  celui-ci,  pour  toute  la 
partie  postérieure  de  la  queue.  C’est  un  caractère  de  poisson,  et  il 
devoit  beaucoup  en  augmenter  la  solidité. 

Un  autre  caractère  qui  distingue  notre  fossile , et  des  monitors  et 
de  tous  les  sauriens , c’est  la  prompte  cessation  des  apophyses  arti- 
culaires des  vertèbres  qui  manquent  dès  le  milieu  du  dos,  tandis  que 
dans  la  plupart  des  animaux  elles  régnent  jusque  très-près  du  bout 
de  la  queue. 

Les  dauphins  montrent  ce  caractère,  et  c’est  probablement  ce  qui, 
joint  à la  brièveté  du  corps  des  vertèbres,  aura  encore  contribué  à 
faire  illusion  à Pierre  Camper. 


FOSSILES.  Sap 

, Les  premières  vertèbres  dorsales  ont  leurs  apophyses  transverses 
courtes  et  terminées  par  une  facette  bombée,  oblongue,  et  dont  la 
direction  est  oblique  par  rapport  à Taxe  de  la  vertèbre.  Cette  facette 
qui  porte  la  côte  est  unique  : en  conséquence  la  côte  ne  s’y  attache 
que  par  une  seule  tête.  C’est  un  caractère  des  monitors  et  de  la  plu- 
part des  sauriens,  excepté  ïes  seuls  crocodiles,  dans  lesquels  préci- 
sément il  n a point  lieu  j car  dans  le  cou  il  y a deux  tubercules  de 
clici(jU-G  cote  pour  chcicjue  cote  5 dsiis  le  dosj  Igs  cipojphyses  trciusverses 
sont  longues,  déprimées,  tranchantes,  et  les  antérieures  ont  deux 
facettes  pour  chaque  côte,  l’une  au  bofd  antérieur,  l’autre  à l’extré- 
mité. Les  trois  dernières  cotes  sont  les  seules  qui  n’aient  qu’une  tête. 
Aussi  peut-on  regarder  comme  l’une  des  grandes  singularités  de  l’ou- 
vrage de  M.  Faujas,  qu’il  ait  fait  graver,  pl.  LU,  une  partie  dp  dos 
trouvée  à Seichem,  ajoutant,  p.  248,  que  ce  dessin proiwe  mieux 
que  tout  ce  qu  il  pourrait  dire  ^ que  V animal  de  Maestrichi  a ap- 
partenu à un  crocodile  ^ tandis  que  cette  pièce  à elle  seule  nous 
raettroit  en  état  de  prouver  le  contraire. 

, XJne  partie  de  ces  vertèbres  antéri^-ures  <juî  portent  mi  tubercule 
ou  apophyse  épineuse  inférieure  appartenoient  sans  doute  au  cou  j 
mais  comme  on  ne  trouve  dans  aucune  les  deux  tubercules  qui,  dans 
le  crocodile , portent  la  petite  fausse  côte  de  chaque  côté , c’est  en- 
core une  preuve  que  notre  animal  n’est  pas  un  crocodile,  et  qu’il 
avoit  plus  de  liberté  que  cçt  amphibie  pour  porter  sa  tête  de  côté. 
Les  apophyses  épineuses  inférjeures  sont  bien  dans  les  crocodiles; 
mais  elles  sont  aussi  dans  les  autres  sauriens  et  dans  beaucoup  de 
serpens;  il  y en  a même  dansles,  ruminans  et  dans  les  chevaux.  Quant 
aux  cétacés,  la  brièveté  de  leuf  cou,  la  fréquente  réunion  de  plu- 
sieurs de  leurs  vertèbres  cervicales  en  une  seule , ne  leur  permettent 
pas  de  montrer  la  moindre  apparence  de  ces  tubercules. 

- La  figure  et  la  position  de  cette  apophyse  inférieure  varient*  la 
plupart  des  genres  de  sauriens  l’ont  comprimée  et  au  bord  posté- 
rieur ; les  crocodiles  1 ont  ronde  et  au  bord  antérieur;  notre  animal 
fossile  l’a  ronde^  tronquée  et  au  milieu  de  la  vertèbre. 

Nous  n avons  pas  trouvé  dans  nos  morceaux  l’apophyse  transverse 

T.  V,  2e.  P.  42 


33o 


SAURIENS 


de  toutes  celles  des  vertèbres  de  l’arrière  du  dos  ou  des  lombes  qui 
mancjuent  d’apophyse  articulaire.  Elle  est  cassée  dans  presque  toute 
la  suite  gravée  par  M.  Eaujasj  mais  nous  avons  lieu  de  croire  que 
c’est  à cette  sorte  que  doivent  appartenir  celles  que  donne  M.  Adrien 
Camper  dans  son  deuxième  mémoire,  et  que  nous  copions  pl.  XX 
fig.  12  et  1 3.  Leur  caractère  consiste  dans  des  apophyses  transverses’ 
fortes  et  montantes,  et  il  avoit  fait  croire  à M.  Camper  que  ces  ver- 
tèbres pouvoient  bien  venir  d’une  autre  espèce.  A la  vérité,  il  n’y  a 
lien  de  semblable  dans  les  sauriens  ordinaires,  où  les  apophyses 
transverses  vont  en  se  rappetissant  en  arrière  j mais  les  sauriens  or- 
dinaires n’ont  jamais  non  plus  de  vertèbres  dorsales  sans  apophyses 
transverses,  comme  notre  animal;  d’ailleurs  le  crocodile  a aux  lom- 
bes ces  apojjhyses  très-grandes  et  au  moins  horizontales,  et  nous  en 
veirons  de  montantes  comme  celles-ci  dans  plusieurs  des  vertèbres 
du  plésiosaurus,  qui,  au  total,  se  rapproche  aussi  beaucoup  des  lé- 
zards. 


Dans  toutes  ces  descriptions  de  vertèbres,  nous  n’avons  pas  parlé 
de  l’atlas  ni  de  l’axis,  parce  qu’on  ne  les  connoît  que  sur  des  dessins 
laissés  par  Hofmann  sans  explication,  que  M.  Adrien  Camper  a fait 
graver,  et  que  nous  copions  fig.  et  i5.  Ils  les  représentent,  à ce 
quil  me  semble,  fig.  r/J.,  obliquement  en  dessus  et  en  avant,  et 
fig.  i5,  en  dessous  et  en  arrière.  L’axis  est  en  a,  h,  b;  son  osselet 
odontoïde  ou  peut-être,  comme  l’a  cru  Camper,  le  corps  de  l’atlas 
eu  c,  c;  enfin  les  deux  pièces  latérales  de  l’atlas  en  d,  d. 

Ces  os  tiennent  à quelques  égards  du  crocodile  et  s’en  éloignent 
à d’autres. 

^ Et  d’abord  il  sernbleroit  à l’écartement  des  arceaux  latéraux  de 
1 atlas,  c[u  ils  avoient  au-dessus  d’eux  une  pièce  impaire  comme  dans 
le  crocodile  j piece  qui  leur  manque  dans  les  lézards.  On  voit  aussi 
que  les  apophyses  articulaires  supérieures  de  l’axis  sont  très-rappro- 
chées  de  son  apophyse  épineuse,  ce  qui  a lieu  dans  le  crocodile,  mais 
non  dans  les  lézards.  La  pièce  inférieure,  c,  soit  qu’elle  appartienne 
a 1 axis  ou  a 1 atlas,  ne  ressenible  h celle  d’aucun  des  deux  genres 
auxquels  nous  la  comparons;  enfin  et  surtout  la  largeur  extraordi- 


FOSSILES.  33j 

naire  du  corps  de  Taxis,  distingueroit  à elle  seule  cette  vertèbre  de 
ses  analogues  dans  tous  les  autres  reptiles. 

Camper  avoit  considéré  la  petite  côte,  fig.  20,  comme  répon- 
dant a celle  qui,  dans  le  crocodile,  adhère  au  corps  de  Tatlas;  mais 
elle  ressemble  davantage  aux  côtes  des  dernières  cervicales  des  mo- 
nitors  et  autres  lézards. 

Il  s agit  a présent  de  déterminer  le  nombre  absolu  des  vertèbres 
de  chaque  sorte.  C’est  en  replaçant  dans  leur  ordre  les  vertèbres 
trouvées  récemment  à Seichem,  et  qui  paroissent  y avoir  formé  une 
seule  et  meme  épine , que  nous  y parviendrons  ; et  c’est  ici  que  nous 
trouvons  surtout  des  secours  précieux  dans  le  mémoire  de  MM.  Her- 
mans  et  Minkelers. 

L’un  de  ces  morceaux,  qui  a été  gravé  isolément  dans  l’ouvrage 
de  M.  Faujas,  pl.  LU,  en  montre  déjà  onze  qui  occupent  une  lon- 
gueur de  0,77  , avec  des  portions  ou  des  empreintes  de  douze  côtes 
qui  y adheroient.  G’étoient  donc  autant  de  vertèbres  du  dos  ; les 
eux  premières  seulement  ont  des  apophyses  articulaires. 

cpendant  la  première  des  onze  vertèbres  n’ayant  pas  de  tuber- 
cule^ inférieur,  comme  notre  fig.  i,  pl.  XIX,  devoit  encore  être  pré- 
cédée de  quelques  autres  vertèbres  dorsales. 

En  effet,  on  a encore  trouvé  à Seichem  cinq  de  ces  vertèbres  à tu- 
beicules  inférieurs,  qui  etoient  probablement  en  avant  de  ces  onze. 
Mais  un  morceau  du  cabinet  de  Camper,  cité  dans  la  dissertation  de 
son  fils  (i),  et  que  nous  copions  pl.  XX,  fig,  9,  prouve  que  le  vé- 
ritable nombre  de  cette  première  sorte  étoit  au  moins  de  onze.  Je 
trouve  le  même  nombre  de  ces  vertèbres  à tubercules  inférieurs  dans 
le  crocodile,  mais  le  raonitor  n’en  a que  sept  ou  huit;  l’iguane  que 
quatre  ou  cinq  seulement. 

Trois  autres  vertèbres  trouvées  à Seichem  dévoient  encore  se 
placer  entre  ces  onze  et  les  onze  mentionnées  d’abord  ; car  elles 
avoient  des  apophyses  articulaires  très-marquées  et  manquoient  d’a- 
Pophyses inférieures,  comme  notre  fig.  2,  pl.  XIX. 


b)  Journ.  de  Physique , vendémiaire  an  IX. 


42 


33a  SAURIENS 

Enfin  il  y en  a neuf,  toujours  du  même  lieu,  pareilles  à celle  de 
notre  fig,  3 , qui , par  la  forme  de  leur  corps  et  l’absence  des  apo- 
physes articulaires,  dévoient  venir  à la  suite  des  onze,  mais  dont  une 
partie  portoient  encore  des  côtes,  à en  juger  par  leurs  apophyses 
transverses. 

Ce  seroient  donc  trente-quatre  vertèbres  en  tout  pour  le  cou,  le 
dos  et  les  lombes,  et  trente-six  en  comptant  l’atlas  et  l’axis;  je  n’en 
trouve  que  trente-une  dans  le  monitor,  même  en  y comprenant  les 
deux  vertèbres  sacrées. 

La  longueur  totale  de  ces  vertèbres  cervicales  , dorsales  et  lom- 
baires doit  être  de  bien  peu  au-dessus  de  deux  mètres , toujours  sans 
compter  l’atlas  et  l’axis. 

On  a trouvé  de  plus  à Seichem  deux  séries  qui  faisoient  suite  l’une 
à l’autre,  et  dont  l’une  est  encore  aujourd’hui  encastrée  dans  la  pierre. 
Elles  constituent  une  portion  de  queue  de  soixante-onze  vertèbres. 

Les  vingt  premières  ont  l’apophyse  épineuse , les  transverses  et  les 
deux  facettes  pour  l’osselet  en  chevron,  comme  notre  fig.  5,  pl.XIX. 

Les  quarante -quatre  suivantes  manquent  des  apophyses  trans- 
verses, comme  notre  fig.  6,  et  deviennent  de.plus  en  plus  compri- 
mées et  petites.  Les  sept  dernières,  qui  terminoient  évidemment  la 
queue,  sont  fort  petites,  et  n’ont  plus  d’apophyses  du  tout. 

Ces  deux  séries  forment  ensemble  une  longueur  de  2,65 , ou  de 
huit  pieds  deux  pouces. 

Mais  elles  ne  composoient  pas  toute  la  queue,  et  il  s’en  est  trouvé 
encore  une  autre  série  de  vingt-six,  dont  les  six  dernières  seules  ont 
des  facettes  inférieures.  Les  vingt  qui  n’en  ont  pas,  mais  qui  sont 
plus  grandes  et  qui  ont  leurs  apophyses  épineuses  et  transverses , 
comme  notre  fig.  4j  dévoient  être  à la  base  de  cette  queue. 

La  longueur  de  ces  vingt-six  est  de  i,6.  Ce  seroit  donc  pour  la  to- 
talité de  la  queue  3,a5  ou  dix  pieds  divisés  en  quatre-vingt-dix-sept 
vertèbres. 

Nous  voilà  bien  loin  du  nombre  du  crocodile,  qui  n’en  a que  qua- 
rante-deux ; mais  nous  égalons  à peine  celui  des  monitors. 

Je  compte  quatre-vingt-six  vertèbres  caudales  à un  de  mes  sque- 


FOSSILES. 


333 

lettes  de  l’ouaran  dont  la  queue  est  bien  entière,  et  cent  seize  au 
grand  monitor  élégant  de  Sumatra. 

Si  nous  récapitulons  maintenant  ces  différentes  séries,  en  clas- 
sant les  vertèbres  d’après  leurs  formes  et  le  nombre  de  leurs  apo- 
physes, nous  trouverons  que  Tépine  de  notre  animal  se  composoitde. 


1 long  de 

L’axis '...J . I 


Onze  vertèbres  avec  l’apophyse  inférieure , les  articulaires,  les 


transverses 

Cinq  id.  sans  l’apoph.  infér 

Dix-huit  id.  sans  apoph.  artic.  , dans  le  nombre  desquelles  les 

sacrées  sont  peut-être  comprises 

Vingt  id.  de  la  queue 

Vingt-six  id.  avec  les  deux  facettes  infér.  pour  l’os  en  chevron. 

Quarante-quatre  id.  sans  apoph.  transv 

Sept  sans  aucune  apophyse 


5 

i8 

20 

26 

44 

7 


0,32 

1,2 

1.2 

1.3 
1,65 
o,i5 


Total i33 8,59 


Ce  nombre  de  vertèbres  est  plus  que  double  de  celui  du  crocodile 
qui  n en  a que  soixante-huit,  mais  s’accorde  très-bien  avec  les  mo- 
nitors  où  j’en  compte  de  cent  dix-sept  à cent  quarante-sept. 

Cependant  le  grand  nombre  des  vertèbres  de  la  base  de  la  queue 
qui  n’auroient  point  porté  d’os  en  chevron , tandis  qu’il  n’y  en  a 
qu’une  ou  deux  de  telles  dans  les  monitors  aussi  bien  que  dans  les 
crocodiles,  m’a  causé  un  instant  quelque  doute.  En  vain  aurois-je 
voulu  placer  le  bassin  plus  en  arrière  ; car  alors  j’aurois  multiplié  les 
vertèbres  des  lombes,  et  je  me  serois  écarté  des  monitors  pour  la 
structure  du  tronc  qui  est  naturellement  plus  constante  que  celle  de 
la  queue.  J ai  donc  fini  par  croire  que  c’est  ici  l’un  des  caractères 
propres  et  distinctifs  de  notre  animal  qu’il  ne  partage  point  avec  d’au- 
tres sauriens,  et  qui  contribue  à en  faire  un  genre  particulier.  Sa 
queue  étoitdonc  très-vraisemblablement  cylindrique  à sa  base,  et 
s’élargissant  dans  le  sens  vertical,  seulement  à quelque  distance,  en 
même  temps  quelle  s’aplatissoit  par  les  côtés,  elle  ressembloit  à une 
^'ame,  beaucoup  plus  encore  que  celle  des  crocodiles. 

Ce  qui  contribue  à rendre  cette  multiplication  des  vertèbres  eau- 


334  SAURIENS 

dales  sans  osselets  en  chevrons  dans  le  squelette  de  notre  animal 
assez  vraisemblable,  c’est  qu’on  en  rencontre  beaucoup  de  cette 
sorte  isolées  ou  en  groupe  de  cinq  ou  six  dans  les  pierres  des  car- 
rières. 

Au  reste,  il  ne  faut  point  oublier,  qu’excepté  la  série  des  vingt- 
six  caudales  et  celle  des  onze  dorsales  avec  leurs  côtes,  toutes  ces 
vertèbres  sont  aujourd’hui  détachées  de  la  pierre,  et  que  les  ou- 
vriers qui  les  ont  rassemblées  peuvent  en  avoir  égaré  ou  mutilé 
quelques-unes,  quils  peuvent  aussi  en  avoir  ajouté  qui  ne  s’étoient 
point  trouvées  tout-à-fait  dans  l’alignement  des  autres  ; mais  ces  alté- 
rations ne  peuvent  pas  avoir  été  considérables,  vu  l’accord  remar- 
quable qui  se  trouve  entre  ces  nombres  et  ceux  du  genre  le  plus 
analogue. 

M.  Faujas  qui  a profité , comme  moi , du  mémoire  envoyé  de  Maes- 
tricht,  en  a tiré  un  résultat  bien  différent,  car  il  annonce  (^Monf.  de 
Saint  Pierre,  p.  247)  une  épine  dorsale  de  trois  pieds  neuf  pouces , 
et  une  queue  de  quatre  pieds  neuf  pouces  ou  de  cinq  pieds  quatre 
pouces^  mais  c’est  qu’il  n’a  pas  fait  attention  que  ce  qu’il  nomme 
épine  dorsale  appartient  aussi  à la  queue,  et  qu’il  néglige  de  faire 
entrer  en  ligne  de  compte  plusieurs  morceaux,  et  notamment  celui 
d’onze  vertèbres  avec  les  côtes. 

Mon  énumération  resuite  d une  comparaison  attentive  des  notes 
contenues  dans  le  mémoire  de  M.  Minkelers,  avec  les  objets  même 
que  j’ai  maintenant  sous  les  yeux,  et  avec  le. mémoire  et  les  figures 
de  M.  Camper,  et  l’on  peut  y avoir  d’autant  plus  de  confiance  qu’elle 
est  parfaitement  d’accord  avec  les  rapports  naturels. 

Dans  cette  longueur  commune  du  tronc  et  de  la  queue  de  6,5q, 
ou  de  vingt  pieds  six  pouces , nous  ne  comprenons  point  l’atlas  ni 
axis , parce  qu  ils  étoient  sans  doute  placés  entre  les  deux  apophyses 
postérieures  de  la  mâchoire  inférieure,  et  qu’ils  ne  contribnoient 
point  à la  longueur  totale  du  corps. 

La  machoiie  ayant  trois  pieds  neuf  pouces,  l’animal  entier  devoit 
être  long  de  vingt-quatre  pieds  trois  pouces  ou  à peu  près,  et  sa  tête 
approchoit  du  sixième  de  sa  longueur  totale,  proportion  assez  sem- 


FOSSILES.  335 

blable  à celle  da  crocodile,  mais  fort  différente  de  celle  des  moni- 
tors,  où  la  tête  forme  à peine  un  douzième.  Aussi  M.  Adrien  Camper 
etoit-il  parvenu  a deviner  à peu  près  cette  longueur  en  calculant 
d’après  la  proportion  du  crocodile. 

La  queue  ayant  dix  pieds  n’est  que  la  moitié  à peu  près  du  total. 
Elle  est  donc  encore  plus  courte  que  dans  le  crocodile,  où  elle  sur- 
passe d’un  septième  la  longueur  du  reste  du  corps  , et  à plus  forte 
raison  que  dans  les  monitors  où  elle  a moitié  en  sus.  La  brièveté  ex- 
trême du  corps  des  vertèbres  fossiles  est  ce  qui  rend  cette  queue  si 
courte. 

Elle  devoit  etre  fort  robuste,  et  la  largeur  de  son  extrémité  devoit 
en  faire  une  rame  très-puissante,  et  mettre  l’animal  en  état  d’affron- 
ter les  eaux  les  plus  agitées,  comme  l’a  très-bien  remarqué  M.  Adrien 
Camper.  Aussi  n y a-t-il  nul  doute,  par  tous  les  autres  débris  qui  ac- 
compagnent les  siens  dans  les  carrières , que  ce  ne  fût  un  animal 
marin. 

Je  ne  puis  parler  beaucoup  des  côtes,  ni  surtout  de  la  manière 

ont  e es  se  joignent  en  dessous,  soit  entre  elles,  soit  avec  le  ster- 
num; mais  une  chose  est  certaine,  c’est  que  toutes  celles  que  l’on  a 
trouvées  sont  rondes  comme  dans  les  lézards,  et  non  pas  plates 
comme  dans  les  crocodiles. 

Il  ne  s agit  maintenant  que  de  rétablir  les  extrémités  de  notre  ani- 
mal, mais  les  os  qui  les  composent  n’ont  été  recueillis  qu’en  très- 
petit  nombre,  et  même  la  rareté  de  ces  os  m’avoit  fait  mettre  un  mo- 
ment en  doute  s il  n’étoit  pas  dépourvu  d’extrémités;  mais  je  fus 

détrompé  dès  ma  première  édition  en  reconnoissant  un  os  de  bassin 
qui  ne  peut  etre  qu  à lui. 

Il  est  gravé  {Mont,  de  Samt-Pierr^e , pl.  XI)  sous  le  nom  d’o- 
moplate , mais  c’est  un  pubis,  et  un  pubis  presque  entièrement  sem- 
blable à celui  d un  monitor.  Ils  ont  tous  deux  la  même  courbure,  la 
Oieme  articulation,  une  échancrure  semblable  au  bord  antérieur; 
seulement  celle  du  fossile  est  plus  profonde.  On  peut  s’en  assurer  en 
^ parant  notre  fig.  lo,  pl.  XIX,  qui  représente  ce  pubis  fossile, 
3vec  la  fig.  12  quj  représente  celui  du  monitor. 


336  SAURIENS 

J’ai  trouvé  aussi,  parmi  les  morceaux  envoyés  de  Seichem,  une 
portion  d’un  os  plat  qui  m’a  paru  d’abord  avoir  été  une  omoplate, 
très-semblable  par  sa  grande  largeur , par  la  courbure , la  grosseur 
et' la  brièveté  de  son  cou,  à cette  même  partie  dans  les  monitors, 
maïs  très-différente  de  l’omoplate  étroite  du  crocodile,  et  même  de 
celle  de  l’iguane.  Nous  donnons  l’omoplate  fossile  fig.  9,  pl.  XIX,  et 
céllè  du  monitor,  fig.  ii. 

Mais  tout  récemment,  M.  Henkelius , pharbaacien  de  Maestricht , 
a bien  voulu  m’adresser  le  dessin  colorié  et  de  grandeur  naturelle 
d'tm  bs,  fig.  i4j  qni  paroît  avoir  éftê  lé  même,  mais  où  il  semble 
qu’il  y ait  eu  une  profonde  échancrure,  et  vers  la  base  duquel  il  pa- 
i-bît'  y avoir  eu  un  trou,  ce  qui  le  fait  fortement  ressembler  h l’os 
Iciàvîcülaire  d’un  lézard  ordinaire.  ' 

r» 


Sur  la  même  pierre,  est  un  autïe  bS'  fig.  i5,  plat,  plus  large  à 
qifôportion  que  le  précédent,  et  qui  parÔîf  avoir  eu  une  large  échan- 
crure d un  cote  de  son  bord,  et  une  petitb^  de  l’autre.  Sa  face  gle- 
noïde  est  large.  Peut-être  a-t-il  autant  de  droit  que  le  précédent  à 
être  regardé  comme  l’os  coracoïdienY dans  tous  les  cas,  l’épaule  de 
notre  animal  doit  avoir  eu  de  grands  rapports  avec  celle  des  lézards. 
Jè  n’ai  pu  me  procurer  encore  aucun  os’  long. 

Celui  qui  est  donné  pour  \xn  féihhr  de  Saint-Pierre , 

pl.  X.)  n’est  autre  chose  que  l’humérus' d’une  grande  tortue  vu  par 
le  côté  de  sa  petite  tubérosité,  et  ddnTîà‘gfahcté  est  détruite  OU  ca- 
chée dans  la  pierre.  Nous  le  représentons  pl.  XIX,  fig.  x3. 

M.  Adrien  Camper,  dans  son  second  mémoire,  en  représente  un 
ou  il  a cru  voir  un  humérus  mutile.  En  renversant  sa  figure,  j’y 
trouve  plutôt  (pl.  XX,  fig.  24)  le  cubitus  d’un  monitor,  et  s’il  vient 
de  notre  animal,  il  annonceroit  que  ses  extrémités  étoient  assez 


élevées. 

Les  os  des  mains  et  des  pieds,  autant  qu’on  les  connoît,  semble- 
roient  au  contraire  avoir  appartenu  à des  espèces  de  nageoires  assez 
contractées,  et  plus  ou  moins  semblables  à celles  des  dauphins  ou  des 
plésiosaurus.  C’est  à M.  Camper  qu’on  en  doit  les  figures;  mais  ces 
os  tirés  de  la  collection  de  Hofmann,  recueillis  à différentes  époques 


FOSSILES,  33^ 

et  sur  différens  points,  n’ofSfrent  que  leurs  formes  individuelles  pour 
moyen  de  détermination. 

^ Quelques-uns  paroissent  ressembler  beaucoup  aux  deux  os  prin- 
cipaux du  carpe  du  crocodile:  fîg.  4,  pl.  XX,  par  exemple , à Tin- 
terne,  et  fig.  6,  à 1 externe;  d’autres,  comme  fig.  7 et  8,  pourroient 
être  des  phalanges;  fig.  21  seroit  probablement  une  phalange  on- 
guéale; fig.  5 ne  peut  guère  se  comparer  qu’à  l’os  cubital  du  premier 
rang  d'unsaurien,  mais  qui  seroit  de  taille  énorme;  quant  aux  fig.  22 
et  23,  leur  largeur  me  fait  mettre  en  doute  s’ils  ne  proviennent  pas 
des  tortues,  non  moins  communes  dans  ces  carrières  que  le  grand 
saurien. 

Au  reste , je  n ai  pas  besoin  de  dire  que  ce  n’est  qu’en  hésitant  que 
je  me  permets  de  présenter  des  conjectures  d’après  de  simples  des- 
sins, sur  des  os  où  la  comparaison  immédiate  elle-même  sulliroit  à 

peine,  tant  est  grande  leur  variété  et  le  peu  de  précision  de  leurs 
formes  dans  les  reptiles. 

Il  n’en  reste  pas  moins  constant  que  le  grand  animal  de  Maestricht 
a U ormer  un  intermediaire  entre  la  tribu  des  sauriens  sans  dents 
au  palais,  qui  comprend  les  monitors,  les  sauvegardes,  les  araeiva, 
et  celle  des  sauriens  à dents  palatines  ou  plutôt  ptérygoïdiennes,  tels 
que  les  lézards  ordinaires,  les  iguanes,  les  marbrés  et  les  anolis;  mais 
gu  il  ne  tenoit  aux  crocodiles  que  par  quelques  caractères  partiels  et 
par  les  liens  généraux  qui  réunissent  toute  la  grande  famille  des  qua- 
drupèdes ovipares. 

Sans  doute  il  paroîtra  étrange  à quelques  naturalistes  de  voir  un 
animal  surpasser  autant  en  dimensions  les  genres  dont  il  se  rapproche 
le  plus  dans  I ordre  naturel , et  d’en  trouver  les  débris  avec  des  pro- 
ductions mannes,  tandis  qu’aucun  saurien  ne  paroît  aujourd’hui 
vivre  dans  l’eau  salée;  mais  ces  singularités  sont  bien  peu  considé- 
rables en  comparaison  de  tant  d’autres  cpie  nous  offrent  les  nom- 
breux monumens  de  l’histoire  naturelle  du  monde  ancien.  Nous 
avons  déjà  vu  un  tapir  de  la  taille  de  l’éléphant;  le  mégalonyx  nous 
offre  un  paresseux  de  celle  du  rhinocéros;  qu’y  a-t-il  d’ étonnant  de 
trouver  dans  1 animal  de  Maestricht  un  lézard  grand  comme  un  cro^ 
T.  V,  2e.  P.  ^3 


338  SAURIENS 

codile.  Bientôt  d’ailleurs  nous  allons  voir  plusieurs  autres  lézards 
aussi  grands  et  même  davantage. 

Mais  ce  qui  est  surtout  important  à remarquer,  c’est  cette  con- 
stance admirable  des  lois  zoologiques  qui  ne  se  dément  dans  aucune 
classe,  dans  aucune  famille.  Je  n’avois  examiné  ni  les  vertèbres  ni 
les  membres,  quand  je  me  suis  occupé  des  dents  et  des  mâchoires, 
et  une  seule  dem  m’a,  pour  ainsi  dire,  tout  annoncé.  Une  fois  le 
genre  déterminé  par  elle,  tout  le  reste  du  squelette  est  en  quelque 
sorte  venu  s arranger  de  soi-meme,  sans  peine  de  ma  part  comme 
sans  hésitation.  Je  ne  peux  trop  insister  sur  ces  lois  générales,  bases 
et  principes  des  méthodes,  qui,  dans  cette  science  comme  dans  toutes 
les  autres,  ont  un  intérêt  bien  supérieur  à celui  de  toutes  les  décou- 
vertes particulières,  quelque  piquantes  qu’elles  soient. 

M.  Gonybeare  a récemment  proposé  pour  cet  animal  fossile  de 
Maestricht,  le  nom  de  rnosasaurus , que  l’on  peut  adopter  en  atten- 
dant un  nom  générique  mieux  calculé  sur  ses  caractères. 

Article  III. 

Z>  un  grand  reptile  des  environs  de  Monheim.  ^décoiwert  par  M.  de 
SoEMMERRiNG , nomme  par  lui  lacerta  gigantea,  et  que  je  con- 
sidère comme  un  noiweau  sous-genre  intermédiaire  entre  les 
crocodiles  et  les  monitors  {^grosatirus  Cuv.). 


Les  restes  de  cette  espèce  remarquable  ont  été  recueillis  dans  le 
canton  à\t  Meulenhardt , à dix  pieds  de  profondeur  et  à quelques  pas 
du  crocodde  dont  nous  avons  parlé  dans  notre  premier  chapitre 
(p.  120  Cl  essus),  par  les  ouvriers  employés  à exploiter  la  mine  de 
1er  en  grains  qui  remplit  les  fentes  des  couches  du  schiste  calcaire. 

Enveloppés  dans  un  banc  plus  marneux , plus  mou  que  celui  où  le 
croco  1 e étoit  incruste,. ils  étoient  moins  bien  conservés,  et  ce  n’est 
qu  avec  peine  que  1 on  a pu  en  dégager  assez  certaines  parties  pour 
en  reconnoître  les  caractères. 

M.  de  Sœmmerring,  à qui  M.  le  comte  de  Reysach  ht  présent  de 


FOSSILES,  33g 

ces  precieax  débris,  en  a publié , dans  les  Mémoires  de  Munich  pour 
i8i6,  une  description  exacte  accompagnée  d’une  belle  lithographie, 
dont  je  donne  des  copies  réduites  pl.  XXT,  fig,  2 — 8.  Il  a bien 
voulu  aussi  m’envoyer  une  empreinte  en  plâtre  de  la  tête,  et  c’est 
d apres  ces  docuniens  que  j’ai  rédigé  le  présent  article. 

Ces  os  sont  prescjue  calcinés.  On  voit  auprès  une  ammonite  plate 
large  de  quatre  pouces,  un  fragment  de  coquille  bleuâtre,  et  une 
grande  quantité  de  petites  écailles  qui , suivant  la  conjecture  de  M.  de 
Sœmmerring,  viennent  ou  de  quelques  poissons,  ou  peut-être  de 
l’animal  lui-même , s’il  est  vrai  qu’il  ait  été  un  monitor  ou  quelque 
autre  lézard  à petites  écailles. 

Les  dents,  fig,  4 — 6,  ont  conservé  leur  émail,  qui  est  dur,  lui- 
sant et  brun,  comme  dans  beaucoup  de  glossopètres. 

La  têie,  fig.  2 et  3,  a été  comprimée,  et  ses  deux  côtés  se  sont 
rapprochés  au  point  de  se  toucher,  et  d’empêcher  qu’on  ne  puisse 
voir  quelle  étoitla  disposition  des  os  du  palais  et  s’il  y avoit  des  dents 
dans  les  ptérygoïdiens. 

Il  n est  pas  facile  non  plus  de  distingaer'les  os  de  la  face  ni  les  sa- 
tures qm  les  séparoientj  tout  ce  que  l’on  aperçoit,  c’est  que  l’orbite 
etoit  grand,  et  que  le  museau  po-uvoit  ne  pas  se  prolonger  beaucoup, 
ce  qui  auroit  rendu  au  total  la  configuration  de  la  tête  assez  sem- 
blable à celle  des  monitors. 


La  forme  des  dents  paroît  assez  bien  confirmer  ce  résultat.  Elles 
sont  en  effet  un  peu  comprimées,  tranchantes  en  avant  et  en  arrière, 
pointues,  un  peu  arquées,  et  leur  tranchant  offre  surtout  une 
dentelure  fine  et  serrée,  tout-â-fait  semblable  à celle  qu’on  ob- 
serve dans  le  monitor  terrestre  d’Egypte  et  dans  plusieurs  espèces  in- 
diennes de  ce  genre,  lorsque  leurs  dents  ne  sont  pas  encore  usées, 
mais  que  nous  avons  vue  aussi  dans  les  dents  du  crocodile  d’Ar- 
genton,  pl.  X,  fig.  14 — ifi,  et  ci-dessus  p.  166. 

On  compte  quatorze  ou  quinze  de  ces  dents  du  coté  gauche  en 
haut,  mais  il  en  manque  quelques-unes  en  avant;  et  même  on  a 
trouvé  un  fragment  qui  pourroit  avoir  appartenu  au  bout  antérieur 
U museau , et  qui  en  contient  encore  trois. 


43-’ 


34o  SAURIENS 

Les  dernières  de  ces  dents  sont  plus  petites  que  les  autres  et  ré- 
gnent jusque  sous  Torbite,  comme  dans  les  crocodiles  et  les  sauve- 
gardes. 

Du  côté  droit,  il  ne  reste  que  sept  dents;  les  postérieures  sont 
tombées.  ’.t'  - . U) 

Elles  ne  paroissent  pas  non  plus  é être  bien  conservées  à la  mâ- 
choire infeiieure,  qui  n en  montré* qtié  cinq  de  chaque  côté,  mais 
dans  des  positions  différentes. 

L os  jugal,  conservé  du  côté  droit*,%^  fig.  2 ,paroît  s’  être  prolongé 
en  arrière  et  sous  l’orbite  plus  quë  dansî?tt5smonitors  ordinaires,  où  il 
finit  en  pointe  5 et  ce  prolongement; ' dti  fossile  est  tel  que  l’on  pour- 
roit  croire  qu’il  se  rejoignoit  en  âtrière  au  temporal,  et  par  lui  à l’ar- 
riere  tete,  comme  dans  les  ciocodileset  plusieurs  sauriens  différens 
des  monitors.  On  voit  au  bord  antérieur  de  l’orbite  une  tubérosité 
pointue,  semblable  à celle  que  le  lachrymal  forme  à cet  endroit  dans 
le  monitor;  mais  une  particularité  sùrtout  bien  caractéristique,  c’est 
un  cercle  ou  un  anneau  dè‘ lames  osse^ès  qui  occupe  l’intérieur  de 
l’orbite  gauche , et  qui  se  compose  évidemment  (ainsique  M.  Cony- 
heare  l’a  déjà  remarqué)  des  écailles  'osSéilseS' qui  revêtoient  la  sclé- 
rotique de  l’œil  de  l’animal,  comme  il  y en  a à celle  des  oiseaux,  des 
tortues, d un  grand  nombre  de  reptiles,  eVnbtararnent  des  monitors, 
et  comme  nous  les  retrouverons  encore  plus  marquées  dans  les 
énormes  yeux  de  Fichtynsaurùs.  '* 

M.  de  Sœmmerring  ne  les  appèlle  que  des  débris  du  crâne  * mais 
ce  sont  à coup  sûr  des  débris  de  l’œil. 

Je  les  considère  comme  rapprochant  notre  animal  des  sauriens 
plus  que  des  crocodiles,  car  on  en  voit  d’aussi  fortes  dans  les  moni- 
tors, tandis  que  je  n en  ai  pas  trouvé  dans  des  yeux  d’assez  grands 
crocodiles.  sq  Jnoa  an  üo 

Le  savant  anatomiste  dont  j'emprnm^  cette  description  a été 
frappe  de  la  ressemblance  de  cette  tête  de  Monheira  avec  celle  de 
notre  grand  saurien  de  Maestricht,  qui  est  à la  vérité  quatre  fois 
plus  grande,  mais  dont  les  contoum  sont  tels  qu’on  peut  appliquer 
la  tête  de  Monheim  sur  la  figure  réduite  au  quart  de  celle  de  Maes- 


FOSSILES.  341 

tricht  (Faujas,  Mont,  de  Saint-Pierre , pl.  LI),  et  qu’elle  s’y  rap- 
porte très-bien. 

D’après  cette  circonstance , M.  de  Sœmmerring  a pensé  que  ce 
pourroit  être  ici  un  individu  plus  jeune  de  la  même  espèce  ; mais 
cette  rencontre  n’est  guère  qu’un  effet  du  hasard,  car,  dans  la  figure 
en  question,  les  luâçhoire^  sont  beaucoup  plus  écartées  l’une  de 
1 autre,  et  si  elles  étpjieatyapprocUê^s  cointne  ipi^  le  rapport  des  con- 
tours n’auroit  pas  lieu.  \ 

Les  dents  de  Maestricht  sont  aussi  plus  grosses,  plus  larges  de 
droite  à gauche , plus  rondes  à la  face  interne,  et  les  arêtes  qui  dis- 
tinguent cette  face  interne  et  convexe  de  la  face  externe  et  plane  sont 
sans  ancune  dentelure.  J’ai  vérifié  expressément  ce  fait  sur  notre 
grande  tête , dont  les  figures  sont  très-exactes  sur  ce  point. 

A la  vérité,  Pierre  Camper,  dans  les  Transactions  de  1786, 
t.  LXXVI,  pl.  Xy,  fig.  6,,semble  indiquer  une  légère  crénelure  aux 
arêtes  d’une  de  ces  dents;  mais  il  n’en  marque  aucune  dans  la  grande 
mâchoire  de  la  pl.  XVI,  copiée  dans  THistoire  de  la  Montagne  de 
Saint-Pierre,  pl.  VI,,  oq.sjx  de  ses.depts  en  place 

et  de  grandeur  naturelle.  Son  fils  n’en  marque  pas  davantage  dansun 
dessin  de  grandeur  naturelle  qu’il  m’a  envoyé  d’une  autre  mâchoire, 
a présent  déposée  au  IVInséum  britannique , et  où  huit  dents  sont  en- 
core entières.  Il  n’y  eq,p  pas  non  plus  dans  les  mâchoires  du  Musée 
de  Teyler , déjà  gravées  dans  les  mémoires  de  la  Société  teylérienne 
pour  1790,  et  dans  l’Hist..  de  la  Montagne  de  Saint-Pierre.,  pl.  V, 
et  dont  je  dois  un  nouveau  dessin  à la  complaisance, de  M.  Van  Ma- 
rum;  ainsi  M.  Faujas,  coupable  de  tant  d’ autres  erreurs,  n’est  point 
blâmable  de  n avoir  point  dessiné  qes  dentelures,  dans  ses  figures,  et 
nommément  dans  les  sixiènie  et  septième  de  sa  pl.  XVIII. 

Les  formes  des  vertèbres  ne  sont  pas  non  plus  favorables  à ce  rap- 
prochement des  deux  espèces  pi  à l’idée  qu’il  s’agisse  absolument 
d'un  monitor  pareil  aux  nôtres.  .j 

Il  y en  a deux  suites. 

Dune,  fig.  7,  qui  est  continue,  offre  d’abord  huit  vertèbres  à 
*^orps  rétréci  dans  le  milieu,  un  peu  concave  à ses  deux  faces,  et 


34a  SAURIENS 

munies  de  grandes  apophyses  transverses  j ensuite  la  place  de  deux 
ou  trois  plus  courtes  à proportion  que  les  premières,  et  près  des- 
quelles sont  des  restes  du  bassin  et  des  fémurs. 

L’autre  suite,  fig.  8,  contient  cinq  vertèbres  semblables  aux  pre- 
mières de  la  suite  précédente.  Sur  les  unes  et  sur  les  autres  sont  jetés 
en  désordre  un  certain  nombre  de  côtes  ou  de  fragmens  de  côtes. 

Je  dis  que  ces  vertèbres  ne  ressemblent  point  à celles  de  l’animal 

e Maastricht  et  des  monitors,  car  celles-ci  ont  toujours  à leur  corps 
uiie  face  concave  en  avant,  et  uue  convexe  en  arrière;  les  apophyses 
trcknsvcrscs  de  cgHgs  du.  dos  sont  courtes  et  tenuinées  en  tul)0r— 
cule  5 etc. 

Les  vertèbres  fossiles , avec  leurs  longues  apophyses  transverses 
et  leurs  concavités  aux  deux  bouts,  ressembleroient  bien  davantage 
à celles  du  crocodile  du  Jura  et  de  Caen  qu’à  celles  de  Maestricht, 
et  si  1 on  n avoit  pas  eu  les  dents,  ce  seroit  plutôt  parmi  les  crocodiles 
que  1 on  auroit  classé  cet  animal  : encore  avons-nous  vu  que  le 
crocodile  d’Argenton  a,  comme  lui , des  dents  tranchantes  et  dentelées. 

Je  trouve  aussi,  pour  ce  qui  reste  du  bassin,  plus  de  ressemblance 
du.fossile  avec  le  crocodile  qu’avec  le  monitor. 

On  y voit  par  exemple  deux  pubis,  « et  b,  fig.  7,  parfaitement 
semblables  à ceux  du  crocodile,  et  très-différens  du  monitor  et  de 
tous  les  sauriens^ 


Les  deux  fémurs,  c et  sont  aussi  manifestement  de  crocodile 
plutôt  que  de  lézard , puisqu’il  ne  reste  point  de  trace  d’un  trochan- 
ter considérable. 


I UC  Ô dC*’ 


louant  aux  deux  autres  os,  leurs  formes  ( s’ils  sont  entiers) 
cordent  entièrement  ni  avec  l’un  ni  avec  l’anlre  genre. 

Si  1 on  regarde  le  plus  large,  e,  avecM.  de  Sœmmerring,  comme 
nu  ischion,  il  se  rapprochera  un  peu  de  celui  du  monitor;  mais  le  plus 
étroit  ne  m’offre  de  rapport  avec  rien  que  je  commisse.  En  les  sup- 
posant déplacés,  et  regardant  le  plus  large  comme  un  os  des  îles,  on 
pourroit  prendre  le  plus  étroit  pour  un  ischion  ; mais  alors  même  ils 
seroient  tous  deux  assez  loin  d’offrir  les  formes  caractéristiques  du 
crocodile. 


FOSSILES.  3^3 

Je  me  croîs  donc  bien  autorisé  à considérer  cet  animal  de  Mon- 
heim  comme  un  nouveau  sous-genre  de  l’ordre  des  sauriens,  au- 
quel je  donne  provisoirement  le  nom  à.^  geo  sauras  (par  allusion  à 
la  terre  mère  des  géans).  Je  ne  peux  lui  laisser  l’épithète  de  gigan- 
tesque, car,  dans  le  grand  genre  lacerta,  nous  avons  d’abord  l’ani- 
mal de  Maestricht  ou  mosasaurus  qui  le  surpasse  de  beaucoup , et 
nous  allons  en  voir  un  autre  (lemégalosaurus)  quî  lui  est  aussi  très- 
supérieur. 

Dans  1 individu  représenté  par  M.  de  Sœmmerring,  la  tête  est, 
comme  nous  l’avons  dit,  à peu  près  le  quart  de  celle  de  Maestricht  : 
aucune  de  ses  parties  n’étant  entière,  on  ne  peut  en  donner  des  di- 
mensions précises.  La  couronne  de  ses  dents  est  haute  d’environ 
0,01 5;  la  série  de  quatorze  vertèbres  fait  une  longueur  d’à  peu  près 
0,45;  leur  longueur  est  de  o,o35  ; leur  diamètre  au  milieu  de  o,oi3; 
aux  extrémités  de  0,24.  Ces  dimensions  diffèrent  peu  de  celles  du^ 
squeleua  de  crocodile  de  Caen,  et  on  peut  conjecturer  que  l’Indi- 
vidu de  Monheim  devoit  aussi,  sauf  le  plus  de  brièveté  de  sou  mu- 
seau,  en  différer  assez  peu  pour  la  taille,  et  être  à peu  .près  long  de 
douze  a treize  pieds. 

Article  IV. 

Du  Mégalos  AU  RU  s , ires-grande  espèce  de  reptile,  fort  voisine 
de  la  précédente , découverte  dans  les  bancs  d'oolithe  de  Sto- 
nesfield  près  d’ Oxford,  par  M.  Bückland  , et  qui  paraît  tenir 
des  sauriens  et  des  crocodiles.  On  y traite  égalemejit  de  plu- 
sieurs vestiges  d autres  très-^ands  sauriens.  ‘ 

Si  1 on  pouvoit  donner  le  nom  de  lacerta  gigantea  à un  autre 
animal  qu  à celui  de  Maestricht,  c’est  l’espèce  actuelle  qui  le  niérite- 
roit;  son  seul  fémur,  long  de  trente-deux  pouces  anglais  ou  o,8o5, 
annonceroit,  en  lui  supposant  les  proportions  d’un  monitor,  une  lon- 
gueur totale  de  plus  de  quarante-cinq  pieds  de  roi,  et  même,  s’il  y 
^ de  ces  fémurs  de  quatre  pieds  et  plus,  comme  on  l’a  dit,  sa  Ion- 


344  SAURIENS 

gueur  seroit  encore  plus  étonnante;  mais  il  est  probable  que  sa  queue 
n’est  pas  si  longue  à proportion  : en  le  comparant  seulement  au  cro- 
codile, on  lui  donneroit  toujours  plus  de  trente  pieds. 

L’un  des  hommes  qui  honorent  la  géologie  par  des  observations 
précises  et  suivies,  et  par  la  résistance  la  plus  constante  aux  hypo- 
thèses hasardées,  M.  le  professeur  Buckland  a fait  depuis  plusieurs 
années  cette  belle  decouverte,  et  j’en  ai  vu  les  pièces  chez  lui  à Ox- 
ford, en  i8i8;  j’y  en  ai  même  dessiné  quelques-unes;  mais  il  a eu, 
depuis,  la  complaisance  de  m’adresser  le  mémoire  qu’il  va  donner  sur 
ce  sujet  dans  le  recueil  de  la  Société  géologique  de  Londres,  où  il 
fait  connoître  exactement  les  OS  qu’U  possède  et  les  circonstances  de 
leur  gisement  : c est  de  cet  écrit  que  je  tire  les  principaux  matériaux 
du  présent  article. 

On  a découvert  ces  os  à Stonesfield , lieu  de  l’Oxfordshire , situé 
près  de  Woodstok,  à douze  milles  d’Oxford , dans  un  banc  de  schiste 
calcaire  qui  devient  sablonneux  en  quelques  endroits , et  queM.  Buck- 
land , dans  son  tableau  géologique  des  couches  de  l’Angleterre , 
nomme  schiste  de  Stoiie^eld.  Cette  pierre , que  l’on  exploite  pour 
en  couvrir  les  maisons,  est  placée  un  peu  au-dessous  de  la  région 
moyenne  des  couches  oolitiques  et  au-dessus  du  lias  qui  contient  les 
ichthyosaurus.  Elle  doit  ressembler  beaucoup  aux  schistes  calcaires 
de  Bavière,  et  il  ne  seroit  pas  impossible  qu’elle  leur  correspondit 
plus  qu’on  ne  croit  dans  l’ordre  géologique. 

On  y arrive  par  des  puits  percés  au  travers  de  plus  de  quarante 
pieds  d’un  roc  solide  de  cette  autre  espèce  de  pierre  que  les  Anglais 
nomment  cornbrash , et  d’argile  feuilletée. 

Ce  banc  de  schiste,  qui  n’a  jamais  plus  de  six  pieds  d’épaisseur, 
s’étend  fort  loin  dans  l’Angleterre  ; c’est  donc  une  couche  aussi  ré- 
gulière qu  ancienne , et  il  n’y  a pas  lieu  de  croire  que  les  os  fossiles 
quelle  contient  y aient  pénétré  par  quelque  fente  ou  quelque  autre 
ouverture  accidentelle. 

Les  morceaux  que  l’on  a recueillis  sont  un  fragment  de  mâchoire  , 
pl.  XXI,  fig-  9 long  de  0,29,  contenant  une  dent  développée 

et  plusieurs  germes;  un  fémur,  fig.  18  et  19,  long,  comme  je  viens 


FOSSILES.  3^5 

de  le  dire,  de  o,8o5;  une  suite  de  cinq  vertèbres,  fig.  14,  faisant 
ensemble  une  longueur  de  o,56^  un  grand  os  plat,  fig.  17 , qui  semble 
un  coracoïdien,  et  quelques  autres  os  moins  déterminables,  dont 
une  partie  paroîssent  avoir  été  roulés  et  usés  par  le  frottement. 

Par  malheur  ils  ne  se  sont  pas  trouvés  ensemble,  ni  même  (à 
I exception  des  vertèbres)  réunis  deux  à deux,  ou  trois  à trois,  de 
manière  à rendre  vraisemblable  qù’iU  soient  provenus  du  même  in- 
dividu, et,  qui  plus  est,  ce  n’est  que  par  leurs  rapports  zoologiques 
et  par  leur  existence  dans  les  mêmes  carrières  que  l’on  peut  conclure 
qu’ils  viennent  d’une  même  espèce  ; encore  ces  rapports  zoologiques 
sont-ils  d’une  nature  assez  équivoque  et  assez  mélangée. 

Pour  commencer  leur  examen  par  les  dents,  on  peut  remarquer 
d’abord  quelles  sont  très-semblables  h celles  de  l’animal  de  Mon- 
henn  que  nous  venons  de  décrire,  c’est-à-dire  comprimées,  aiguës, 
arquées  vers  l’arrière,  et  à deux  tranchans  finement  dentelés.  Leur 

tranchant  antérieur  est  un  peu'plus  épais,  et  les  dentelures  s’y  usent 
plus  vite.  ^ 

11  paroit,  par  la  fig.  9,  qu*elles  sohtfeiht  cTalvéoîes  assez  bien  cernés 
et  que  les  germes  de  remplacement  percent  la  mâchoire  au  côté  in- 
terne des  dents  en  place , et  dans  des  alvéoles  distincts. 

On  en  a représenté  une  des  plus  fortes  à moitié  grandeur,  fig.  n, 
par  le  tranchant,  et  fig.  1 2,  parle  plat  ; et  de  grandeur  naturelle, fig.  1 3. 

La  dent  toute  developpee  a sa  couronne  longue  de  o,o55,  en  me- 
surant la  corde  de  son  bord  concave;  c’est,  par  rapport  au  fémur 
une  dimension  plus  grande  encore  que  n’indiqueroit  la  proportion 
entre  une  dent  et  un  fémur  de  monitor  à dent  tranchante  ; car,  dans 
un  monitor  de  quatre  pieds  efdend  de  long,  Jes  dents  n’ont  cette 
partie  que  deo,oo5;  ainsi,  en  admettant  ces  proportions,  l’animal 
auroit  près  de  cinquante  pieds.  I 

Du  reste  cette  dent  fossile,  qui  est  en  grand  le  portrait  exact 
d’une  de  ces  dents  de  monitor,  n’est  pas  non  plus  sans  ressemblance 
avec  celles  du  crocodile  d’Argehton  que  nous  avons  décrites  ci-des- 
sus,p.  166. 

M.  Buckland  dit  que  ces  dents  ne  prennent  point  d’adhérence  à la 

44 


T.  V,  2e.  P. 


346  SAURIENS 

mâchoire , ce  qui  les  rapprocheroit  encore  du  crocodile  ; mais  il  ajoute 
que  le  bord  externe  de  la  mâchoire  s’élève  de  près  d’un  pouce  plus 
haut  que  l’interne,  et  forme  ainsi  aux  dents  une  espèce  de  parapet 
du  côté  extérieur , ce  qui  est  un  caractère  de  monitor. 

La  face  externe  offre  quelques  trous  rugueux  pour  l’issue  des 
filets  du  nerf  maxillaire  inférieur. 

La  portion  de  cette  mâchoire  que  l’on  possède  n’offre  point  de 
courbure  sur  sa  longueur,  et  semble  annoncer  que  le  museau  étoit 
droit  et  allongé. 

Le  plus  remarquable  de  ces  os  de  Stonesfield  est  celui  de  la  fig.  i y. 

Il  est  plat;  un  peu  concave  à la  face  représentée,  un  peu  convexe  à 
1 autre  ; plus  mince  vers  le  long  bord  arqué,  ah^  épais,  surtout  à la 
plus  grosse  apophyse,  c. 

Un  de  ses  bords,  ab , est  en  arc  peu  courbé;  le  bord  opposé  est 
fortement  échancré  dans  son  milieu  en/*,*  d’un  côté  l’os  se  termine  en 
pointe  , ^ de  1 autre  il  est  comme  tronqué  et  divisé  en  deux  apo- 
physes par  une  échancrure  étroite , g. 

Le  seul  os  avec  lequel  je  puisse  trouvèr  à ce  fossile  quelque  ana- 
logie , c’est  l’os  coracoidien  d’un  saurien.  a,  h seroit  le  bord  sternal 
qui  s’inséreroit  dans  la  rainure  du  disque  rhomboïdal  du  sternum; 
c,  le  col  qui  s’articuleroit  à l’omoplate  ; d,  l’apophyse  du  bord  anté- 
rieur ; mais  il  faudroit  supposer  que  la  facette  humérale  est  beaucoup 
plus  profonde,  le  col  beaucoup  plus  long,  le  bord  sternal  plus  étendu 
et  l’apophyse  antérieure  moins  dirigée  en  dedans  et  séparée  du  col 
par  une  échancrure  plus  étroite  et  plus  profonde  que  dans  aucun  des 
sauriens  que  je  connois.  Le  bord  sternal  est  aussi  plus  prolongé  à 
proportion  que  dans  aucun  d’eux. 

Toutefois  je  ne  puis  guère  douter  que  ce  ne  soit  un  coracoidien 
de  saurien  : il  ressemble  beaucoup  moins  à leur  os  des  îles,  auquel 
M.  Buckland  l’a  comparé. 

La  longueur  de  cet  os  est  de  o,65 , ce  qui  fait  seize  fois  la  lon- 
gueur de  celui  que  je  lui  compare,  en  le  prenant  dans  un  monitor 
de  quatre  pieds  et  demi.  Cette  dimension , dans  un  reptile , est 
vraiment  effrayante  ; car , en  admettant  des  proportions  sembla- 


FOSSILES. 


347 

blés , on  en  concluroit  une  longueur  de  plus  de  soixante-dix  pieds. 

Un  autre  os  plat,  fig.  21 , élargi  d’un  côté  et  aminci  vers  son  bord, 
large , rétréci  et  plus  épais  à son  col , me  paroît  ressembler , comme 
le  dit  M.  Buckland , à un  ischion  de  saurien  ; mais  sa  proportion  est 
beaucoup  moindre  que  celle  de  l’os  précédent. 

Le  fémur , comme  les  dents , présente  une  espèce  de  mélange  des 
caractères  du  monitor  et  du  crocodile  ; il  est  arqué  en  deux  sens , 
d’abord  concave  en  avant,  puis  en  arrière  j sa  tête  articulaire,  dirigée 
en  avant,  a derrière  elle  un  trochanter  comprimé  et  assez  saillant 5 il 
grossit  vers  le  bas,  et  s’y  termine  par  deux  condyles  articulaires  in- 
égaux. Le  diamètre  transverse  de  satete  inferieure  est  de  o,i65.  A 
peu  près  au  tiers  de  sa  hauteur,  il  a,  sur  ses  deux  faces,  un  renfle- 
ment comme  on  en  voit  un  à la  face  interne  du  crocodile.  Le  fémur 
d’un  monitor  seroit  moins  arqué  que  le  fossile. 

La  cavité  médullaire  de  celui-ci  est  large  et  remplie  de  spath. 

M.  Buckland  représente  encore  trois  os  longs  de  ces  mêmes  car- 
rières , et  qui  lui  paroissent  appartenir  au  même  animal. 

Celui  de  la  fig.  20 , qu’il  regarde  comme  u»  métatarsien , me  paroît 
ressembler  à un  humérus  plus  qu’à  aucun  autre  os;  mais  à un  hu- 
mérus assez  différent  de  ceux  de  la  plupart  des  reptiles , car  sa  tête 
est  ronde  et  non  comprimée  ; elle  est  placée  obliquement  par  rapport 
à l’axe  de  l’os. 

L’os  de  la  fig.  22 , droit,  grêle,  un  peu  élargi  et  comprimé  au  bout, 
qui  est  tronqué  obliquement , pourroit  être  un  radius , et  ne  s’éloi- 
gneroit  beaucoup  ni  de  celui  d’un  monitor  ni  de  celui  d’un  crocodile; 
mais,  mutilé  comme  il  est,  il  seroit  difficile  de  soutenir  que  ce  ne 
peut  aussi  bien  être  un  péroné , comme  le  croit  M.  Buckland. 

Sa  longueur  est  de  0,61,  quoiqu’il  lui  manque  quelque  chose. 

Celui  des  fig.  28  et  24  est  le  plus  embarrassant.  M.  Buckland  pense 
que  c’est  peut-être  une  clavicule  ; mais  ce  seroit  tout  au  plus  parmi 
les  lézards  proprement  dits  que  l’on  observeroit  quelque  ressem- 
blance, et,  en  prenant  les  proportions,  on  trouveroit  qu’elle  a dû 
venir  d’un  animal  de  plus  de  cinquante-cinq  pieds.  En  prenant  les 
proportions  d’un  grand  scinque , genre  où  la  clavicule  a aussi  quel- 

44* 


348  SAURIENS 

que  chose  de  cette  inflexion,  on  trouveroit  une  longueur  totale 
moindre,  et  seulement  de  trente-neuf  pieds.  J’avois  pensé  au  péroné; 
mais  tous  les  péronés  de  crocodiles  et  de  sauriens  sont  droits.  Cet 
os-ci  est  arqué  sur  sa  longueur,  prismatique  dans  son  milieu,  élargi  et 
aplati  à ses  deux  extrémités.  Je  ne  vois  guère  que  le  caméléon  dont 
le  péroné  soit  un  peu  arque,  mais  il  n a pas  les  mêmes  dilatations. 

Cet  os  est  long  de  0,58,  ou  de  vingt-et-un  pouces  et  demi  à peu 
près;  ainsi,  en  admettant  que  ce  fût  un  péroné  et  qu’il  appartînt  au 
même  animal  que  le  fémur,  l’extrémité  postérieure  de  cet  animal  au- 
roit  pu  l’elever  au-dessus  de  terre  de  plus  de  quatre  pieds,  sans 
compter  la  hauteur  du  pied  lui-même  m celle  de  l’épine  du  dos  au- 
dessus  de  la  cavité  cotyloïde. 

Quant  aux  vertèbres,  celles  que  l’on  a ne  ressemblent  ni  h celles 
de  nos  crocodiles  vivans,  ni  à celles  des  monitors  et  des  autres  lé- 
zards, et  on  ne  pourroit  les  comparer  qu’à  celles  du  premier  de  nos 
crocodiles  de  Honfleur  ou  de  quelques  autres  espèces  fossiles  de  ce 
genre. 

Elles  ont  un  tiers  de  plus  en  longueur  qu’en  largeur;  la  partie  an- 
nulaire s’y  joint  par  une  articulation  très-marquée,  ce  qui  les  rap- 
proche des  crocodiles  plus  que  des  monitors.  Elle  est  élevée  et  creu- 
sée d’une  cavité,  comme  dans  l’espèce  de  Honfleur  dont  nous  venons 
de  parler;  leur  corps  est  un  peu  rétréci  dans  son  milieu,  mais  moins 
que  dans  le  crocodile  de  Honfleur;  ses  deux  faces  sont  planes;  l’a- 
pophyse épineuse  est  peu  élevée  et  coupée  carrément;  les  trans- 
verses, assez  longues  et  déprimées,  montent  un  peu  obliquement. 
La  longueur  du  corps  de  l’une  de  ces  vertèbres  est  de  o,i3;  ce  qui, 
en  admettant  les  proportions  d un  monitor,  donneroit  une  longueur 
totale  d a peu  pies  trente-six  pieds,  mais,  en  admettant  celles  d’un 
crocodile,  n’en  produiroit  que  vingt-cinq. 

M.  Buckland  représente  deux  côtes:  une  courte,  fig.  a5,  qui  pa- 
roit  avoir  été  cervicale,  et  une  plus  longue,  fig.  26,  et  placée  plus 
en  arrièrç.  Elles  sont  munies  chacune  d’une  tête  et  d’un  tubercule , 
et  cette  derniere  circonstance  est  entièrement  propre  aux  crocodiles 
et  étrangère  au  plus  grand  nombre  des  sauriens. 


FOSSILES. 


349 

Quand  même  ces  différens  os  ne  viendroient  pas  du  même  animal, 
il  n’en  est  pas  moins  certain  que  la  plupart  ne  peuvent  venir  d’aucun 
animal  connu,  et  ne  rapportât-on  ensemble  que  le  fémur  et  les  dents, 
ou  même  ne  prît-on  ses  caractères  que  du  seul  fémur,  on  pourroit 
déjà  dire  qu’il  y a dans  les  carrières  de  schiste  calcaire  de  Stonesfield 
des  restes  d un  très- grand  reptile  foi’t  voisin' du  géosaurus  des 
carrieres.de  schiste  calcaire  de  Monheim,  et  rapproché  à plusieurs 
égards  des  crocodiles  et  des  monitors.  Si  on  lui  rapporte  encore, 
comme  tout  semble  le  justifier,  ce  grand  os  coracoïdien,  on  en  con- 
clura qu’il  devoit  essentiellement  tenir  aux  lézards.  Toutefois  on  ne 
pourra  obtenir  à ce  deniier  égard  de  certitude  complète  que  lorsque 
l’on  connoîtra  la  forme  de  sa  tête.  Il  surpassoit  à coup  sûr  les  plus 
grands  crocodiles  connus,  et  approchoit,  pour  la  taille,  d’une  petite 
baleine.  D’après  la  forme  tranchante  de  ses  dents,  il  n’est  pas  dou- 
teux que  son  naturel  étoit  excessivement  vorace.  Tout  ce  qui  accom- 
pagne ses  débris  dans  les  carrières  où  il  est  enseveli  annonce  qu’il 
étoit  marin.  On  y voit  des  nombres  immenses  de  nautiles,  d’ammo- 
nites, de  trigonies,  de  bélemnites,  quelques  dents  de  squales  et 
d’autres  poissons,  d’autres  os  de  poissons  et  des  restes  d’une  ou  deux 
espèces  de  crabes.  Parmi  ces  innombrables  fossiles  marins  sont  tou- 
tefois quelques  os  longs  qui  ont  paru  venir  d’oiseaux  de  l’ordre  des 
échassiers,  et  même,  à ce  qu’on  assure,  deux  fragmens  de  mâchoire 
qui,  lors  d’une  inspection  rapide  que  j’en  pris  à Oxford  en  1818 , me 
semblèrent  de  quelque  didelplie  (i). 

M.  Buckland  ajoute  qu’on  y trouve  même  des  élytres  de  plus 
d’une  espèce  de  coléoptère. 

Il  n est  pas  probable  qu’un  aussi  énorme  animal  ait  été  confiné 


(i)  M.  Prévost,  naturaliste  bien  connu  , qui  voyage  en  ce  moment  en  Angleterre  , vient 
de  m’envoyer  le  dessin  d’une  de  ces  mâchoires  ; il  me  confirme  dans  l’idée  que  la  première 
•nspeclion  m’eu  avoit  donnée.  C’est  celle  d’un  petit  carnassier  dont  les  màchelières  ressem- 
i*lent  beaucoup  à celles  des  sarigues  ; mais  il  y a dix  de  ces  dents  en  série  , nombre  que  ne 
■contre  aucun  carnassier  connu.  Dans  tous  les  cas,  si  cet  animal  est  vraiment  du  schiste  de 
Stonesfield,  c’est  une  exception  bien  notable  à la  règle,  d’ailleurs  si  générale,  que  les 
couches  de  celle  ancienneté  ne  recèlent  point  de  restes  de  mammifères. 


35o  SAURIENS 

dans  un  sguI  canton  j aussi  paroit— il  s en  trouver  dans  ^uel(jues  au~ 
très  lieux  de  l’Angleterre. 

M.  Gedeon  Mantell,  de  Lewes  en  Sussex , dont  j’ai  déjà  eu  l’oc- 
casion de  citer  ci-dessus,  p.  i6i  et  aSa , le  bel  ouvrage  sur  les  fos- 
siles de  ses  environs , m écrit  que  dans  le  sable  ferrugineux  de  la 
forêt  de  Tilgate,  où  il  a recueilli  tant  de  fossiles  de  diverses  classes, 
il  a trouvé  aussi  des  os  de  mégalosaurus  d’une  dimension  énorme; 
entre  autres  des  fragmens  de  fémur , dont  le  plus  grand  a vingt-deux 
pouces  anglais  de  circonférence,  ce  qui  fait  conclure  à M.  Mantell 
que  sa  longueur  devoit  approcher  de  cinquante  — quatre  pouces  ou 
1,37. 11  a eu  la  complaisance  de  m’adresser  un  de  ces  fragmens  et 
d’y  joindre  quelques  dents  et  quelques  autres  os  ou  fragmens  d’os. 

Les  dents , quoique  beaucoup  plus  petites  que  celles  de  M.  Buck- 
land,  sont  parfaitement  de  la  même  forme,  et  il  n’est  guère  dou- 
teux qu  elles  ne  soient  de  la  même  espèce. 

Une  vertèbre,  longue  de  0,11,  me  paroît  ressembler  aussi  fort 
exactement  à celles  de  M.  Buckland.  Un  caractère  remarquable  qu’on 
y observe,  c’est  une  arête  vive  ou  carène  longitudinale  à sa  face  in- 
férieure. Je  la  donne,  vue  en  dessous,  pl.  XXI,  fig.  27.  A la  gros- 
seur de  ses  apophyses  ou  pourroit  croire  que  c’est  une  vertèbre 
sacree  ; elle  a , comme  celles  de  Stonesfield , beaucoup  de  rapports 
avec  nos  vertèbres  de  Honûeur,  pl.  IX,  fig.  3,  6 et  10.  Je  trouve 
cependant  que  l’ arête  est  beaucoup  moins  marquée,  même  dans 
celles  de  ces  dernières  qui  en  offrent  quelques  vestiges. 

Des  fragmens  d’os  du  métacarpe  ou  du  métatarse  sont  si  gros 
qu’au  premier  coup  d’œil  je  les  avois  pris  pour  cens  d’un  grand  bip- 
popotame, 


Avec  ces  os  de  mégalosaurus , M.  Mantell  en  a trouvé  de  croco- 
dile,  de  tortue,  de  plésiosaurus,  de  cétacés  et  d’oiseaux,  et  il  en  a 
recuei  i aussi  dont  il  n’est  pas  possible  d’assigner  le  genre.  On  ne  peut 
trop  l’encourager  dans  le  projet  qu’il  a de  donner  bientôt  au  public 
une  description  détaillée  et  des  figures  de  ces  trésors  géologiques. 
La  première  place  pour  la  singularité  y appartiendra  sans  doute  à des 


FOSSILES.  35i 

dents,  pl.  XXI,  fig.  28 — 3a , dont  il  a bien  voulu  me  communiquer 
quelques-unes,  et  dont  je  ne  puis  m’empêcher  de  dire  ici  quelques 
mots , d’autant  que  si  elles  peuvent  venir  d’un  poisson , comme  on 
le  soupçonne , il  n’est  pas  impossible  qu’elles  proviennent  aussi  d’un 
saurien , mais  d un  saurien  encore  plus  extraordinaire  que  tous  ceux 
dont  nous  avons  connoissance. 

Ce  qui  leur  donne  un  caractère  unique , c’est  d’user  leur  pointe  et 
leur  fust  transversalement  comme  les  quadrupèdes  herbivores,  et 
tellement  que  la  première  qui  me  fut  présentée  s’étant  trouvée  dans 
cet  état  de  détrition,  je  ne  doutai  nullement  qu’elle  ne  vînt  d’un 
mammifère;  il  me  sembloit  même  quelle  ressembloit  beaucoup  à 
une  mâchelière  de  rhinocéros,  ce  qui,  vu  son  gisement,  auroitdé- 
ï^ngé  toutes  mes  idées  sur  les  rapports  des  os  avec  les  couches , au 
moins  autant  qu’auroit  pu  le  faire  le  petit  carnassier  de  Stonesfield. 
Ce  n’est  que  depuis  que  M.  Mantell  m’en  a envoyé  une  série  d’en- 
tières et  de  plus  ou  moins  usées  que  je  me  suis  entièrement  convaincu 
de  mon  erreur. 

Les  plus  grandes  de  ces  dents  ont  une  racine  un  peu  courbée,  qui 
s’amincit  vers  son  extrémité  profonde.  Leur  couronne  est  prisma- 
tique, plus  large  à sa  face  externe.  Cette  face  est  seule  couverte  d’é- 
mail , ou  du  moins  elle  a un  émail  plus  épais  et  plus  dur  que  le  reste 
du  pourtour,  comme  dans  les  incisives  des  rongeurs.  Elle  s’élargit 
d’abord  à partir  de  la  racine,  et  ensuite  ses  bords  se  rapprochent 
pour  former  la  pointe  tranchante  qui  termine  la  dent.  Les  deux 
bords  qui,  à partir  de  l’élargissement,  vont  se  réunir  à cette  pointe 
sont  fortement  dentelés  en  scie.  La  face  externe  et  émaillée  de  la 
dent  a deux  aretes  longitudinales  très-obtuses,  très-peu  saillantes, 
qui  la  divisent  entrois  parties,  aussi  longitudinales  et  très-légèrement 
concaves. 

Une  fois  servant  à la  mastication,  cette  dent  use  d’abord  sa  pointe, 

petit  à petit  la  détrition  fait  disparoître  toute  la  partie  qui  a les 
^ords  dentelés  ; en  même  temps  elle  produit  sur  la  dent  une  troncature 
qui  devient  de  plus  en  plus  large,  mais  qui  est  toujours  oblique,  parce 
que  la  face  externe  et  émaillée  s’use  moins  que  le  reste.  C’est  quand 


35a 


SAURIENS 


toute  sa  partie  dentelée  a disparu  qu’on  peut  être  tenté  de  prendre 
ces  dents  pour  des  dents  de  mammifères  herbivores  usées  jusqu’à  la 
racine;  car  on  ne  voit  point  de  linéaraens  d’émail  sur  la  couronne, 
et  même  l’absence  de  ces  linéamens  obligeroit,  pour  les  attribuer  à 
des  mammifères,  de  supposer  que  ce  sont  des  incisives;  mais  c’est 
une  supposition  difficile  à admettre,  car  on  ne  connoît  point  d’inci- 
sives de  mammifères' qui  ressemblent  le  moins  du’ftionde  à ceUes-là. 


Il  y a de  ces  dents  plus  petites  les  unes^que  les  autres,  et  les 
moindres  n ont  ordinairement  à leur  face  externe  qu’une  arête  lon- 
gitudinale obtuse,  mais  alors  ori  voit  sut*  les  côtés  plusieurs  arêtes 
plus  petites  et  aiguës  qui  y' forment  des  stries. 

On  en  tiouve  aussi  à tranchant  simple,  sans  dentelure,  légère- 
ment convexes  a leurs  deux  faces,  et  terminées  par  une  pointe  ob- 
tuse , qui  ressemblent  assez  à des  canines  ou  à des  incisives  latérales 
de  tapirs  ou  d’autres  animaux  à canines  courtes. 

Je  pense  que  ces  diftérences  tiennent  seulement  aux  places  que  ces 
dents  occupoient  dans  la  bouche  de  l’animal. 

On  voit,  pl.  X.X.I,  fîg.  28,  2Q  et  3o,  des  figures  de  quelques-unes 
des  dents  que  m’a  envoyées  M.  Mantell,  et  fig.  3i , 82  et  33,  des 
copies  de  trois  autres  tirées  de  la  planche  de  l’ouvrage  qu’il  va  pu- 
blier à ce  sujet. 


Ces  dents  ne  sont  pas  les  seuls  indices  qui  annoncent  encore  l’exis- 
tence, à ces  époques  reculées,  d’espèces  gigantesques  de  sauriens, 

égales  on  à peu  près  au  mégalosaurus,  à l’animal  de  Maestricht  et 
aux  crocodiles. 

J ai  surtout  parmi  les  os  recueillis  à Honfleur  des  vertèbres  de 
plusieurs  sortes  que  je  ne  puis  rapporter  à aucunes  des  espèces  dé- 
crites jusqu  à présent,  et  dont  il  convient  que  je  marque  ici  les  ca- 
ractères comme  des  pierres  d’attente  sur  lesquelles  s’élèveront  un 
jour,  comme  des  édifices,  les  squelettes  de  ces  espèces  antiques. 

J en  ai  par  exemple  de  très-grandes  du  Havre  et  de  Honfleur, 
pl.  XXII,  fig.  I et  2,  à corps  cylindrique,  presque  aussi  long  que 
large,  marqué  de  chaque  côté  d’une  petite  fossette,  à faces  planes, 


FOSSILES.  353 

circulaires,  à canal  médullaire  fort  étroit,  à partie  annulaire  non 
articulée  ; l’apophyse  épineuse  haute  et  droite  j les  transverses  au 
niveau  du  canal  médullaire,  grosses,  cylindriques,  dilatées  vertica- 
lement au  bout;  et,  ce  qui  est  très-remarquable,  les  articulaires  pos- 
térieures petites,  pointues,  rapprochées,  et  donnant  dans  deux  petites 
fossettes  entre  les  antérieures  et  au-devant  de  la  base  de  l’épineuse. 

Elles  doivent  appartenir  à une  espace  dp  saurions  trè.s-voisine  des 
plésiosaurus  que  je  décrirai  plus  loin.  Leurs  seules  différences  avec 
les  vertèbres  de  ce  dernier  genre  tiennent  à une  plus  grande  largeur 
proportionnelle  de  leur  corps,  et  à ce  que  ses  petites  fossettes  sont 
creusées  à ses  côtés  au  lieu  de  l’être  en  dessous. 

J’en  ai  de  New-Castle  d’un  peu  plus  petites,  mais  dont  le  corps  a 
les  mêmes  proportions,  et  manque  seulement  des  petites  fossettes  la- 
térales. Malheureusement  les  apophyses  articulaires  y sont  brisées. 

A l’une  ou  à l’autre  des  espèces  annoncées  par  ces  vertèbres  doi- 
vent appartenir  divers  grands  os  d’extrémités  trouvés  avec  elles. 

Une  extrémité  inférieure  de  tibia  de  Honfleur  avec  l’astragale,  un 
autie  os  du  tarse  et  un  fragment  que  l’on  peut  croire  de  péroné 
(pl.  XXI,  fig.  34 — 38)  annoncent  surtout  une  structure  de  pied  de 
derrière  tout-à-fait  extraordinaire. 

Pour  en  saisir  l’analogie , il  faut  se  représenter  que  la  jambe  à la- 
quelle ces  os  appartenoient  étoit  fortement  comprimée  par  les  côtés, 
de  maniéré  a être  tranchante  en  arrière  comme  les  tarses  des  canards, 
au  lieu  d’être  aplatie  d’avant  en  arrière  comme  celle  des  crocodiles, 
et  plus  encore  celle  des  monitors. 

Une  fois  cette  idee  admise,  on  retrouve  dans  l’os,  a,  a,  fig.  34, 
35  et  36,  quelque  trace  de  la  forme  de  l’astragale  du  crocodile  ; mais 
on  voit  que  le  calcanéum  a du  être  tout-à-fait  en  arrière  et  fort  petit. 

La  face  articulaire  du  tibia  est  longue  de  0,1 4;  sa  plus  grande  lar- 
geur est  vers  son  quart  antérieur,  et  de  o,o4,  en  angle  aigu;  en  ar- 
riéré , elle  a le  côté  interne  serpentant. 

Une  arete  courbee  remonte  obliquement  à la  face  interne  du 
'^ibia,  et  forme  une  articulation  avec  une  apophyse  montante  et 
comprimée  de  l’astragale. 

T.  V,  26.  P. 


45 


^^4  SAURIENS 

La  forme  de  cet  astragale  est  si  bizarre  à cause  de  sa  compression , 
qu  on  le  prendroit  d’abord  pour  un  calcanéum  de  mammifère. 

Il  est  en  dessous  en  portion  de  cylindre  convexe;  en  dessus  il  est 
irrégulièrementconcave  pour  s’accommoder  aux  sinuosités  de  la  face 
articulaire  du  tibia;  de  son  bord  interne,  en  arrière,  s’élève  cette 
apophyse  comprimée  dont  j’ai  parlé. 

Sa  face  intérieure  est  semi-lunaire.  En  arrière^ il  est  tronqué  par 
une  petite  facette  concave  qui  répond  sans  doute  au  calcanéum. 

L individu  dont  ce  bas  de  jambe  et  ce  tarse  sont  provenus  ne  peut 
avoir  eu  moins  de  trente-six  pieds  de  long,  en  le  supposant  à peu 
près  proportionné  comme  les  gavials.  En  prenant  pour  type  les  pro- 
portions d’un  monitor,  il  en  auroit  quarante-six. 

Il  ne  seroit  pas  impossible  que  l’os,  fig.  3g,  fût  la  tête  supérieure 
du  péroné  du  pied  que  je  viens  de  décrire.  Sa  face  supérieure  est  en 
triangle  allongé , convexe  selon  sa  longueur.  La  partie  descendante 
du  corps  de  1 os  est  ensuite  comprimée  en  sens  contraire  de  la  tête; 
convexe  du  côté  où  la  tête  est  plus  large , plane  de  l’autre.  L’intérieur 
paroit  avoir  été  entièrement  rempli  par  de  la  cellulosité.  La  fig.  3y 
seroit  probablement  l’extrémité  inférieure  de  ce  péroné. 

La  fig.  38  paroît  aussi  un  os  de  tarse,  mais  je  ne  puis  en  assigner 
la  place. 

Dans  les  memes  bancs  que  ces  vertèbres  et  ce  pied  de  Honfleur 
se  sont  trouves  de  grands  os  plats  qui  paroîssent  venir  de  l’épaule 
ou  du  bassin  de  très -grands  sauriens. 

Celui  de  la  fig.  3,  pl.  XXII,  ressemble  un  peu  à un  pubis  de  très- 
grand  crocodile;  il  s’aplatit  de  même  dans  sa  partie  élargie,  mais  son 
extrémité  rétrécie  est  comprimée  dans  un  sens  contraire  à celui  de 
l’extrémité  élargie,  ce  qui  n’a  pas  lieu  dans  le  crocodile. 


Les  carrières  d’oolithes  de  Caen  m'ont  fourni  encore  un  os  qui 
annonce  à coup  sûr  un  animal  gigantesque  de  la  classe  des  reptiles.^ 
C’est  un  operculaire  du  côté  gauche  de  la  mâchoire  inférieure , 
pl.  XXII,  fig.  4,  long  de  o,6. 

Il  a , en  arrière , une  échancrure  qui  semble  montrer  qu’à  cet  en- 


FOSSILES.  355 

droit  se  trouvoit  un  trnu  semblable  à celui  qu’on  voit  à la  face  in- 
terne des  crocodiles^  mais  sur  toute  sa  longueur,  vers  son  bord  supé- 
rieur, régné  une  arête  obtuse  qui  se  bifurque  en  arrière,  et  dont  le 
crocodile  n’offre  aucune  trace. 

Dans  aucun  cas,  cet  os  ne  peut  appartenir  à l’espèce  de  gavial  des 
memes  cairières;  il  seroit  plus  vraisemblable  qu’il  vient  de  la  mâ- 
choire d un  megalosaurus  : malheureusement  il  n’est  accompagné 
d’aucunes  dents. 

Article  V. 

D un  Saurien  des  empirons  de  Lunéi^ille , qui  se  rapproche  aussi 
à plusieurs  égards  des  crocodiles. 

Cette  espèce , aussi  nouvelle  pour  la  géologie  que  pour  la  zoolo- 
gie, a été  découverte  par  M.  Gaillardeau,  médecin  de  Lunéville, 
et  très-habile  naturaliste,  dans  les  carrières  qui  fournissent  à cette 
ville  ses  pierres  de  construction. 

Ces  carrières,  qui  s’exploitent  à ciel  ouvert  près  des  villages  de 
Kehainvilliers  et  de  Monts,  à une  lieue  au  sud  de  Lunéville  et  sur  la 
rive  gauche  de  la  Meurthe,  sont  peu  élevées  au-dessus  du  niveau  de 
cette  rivière. 

La  pierre  qui  les  compose  est  compacte,  en  couches  horizontales 
d épaisseur  médiocre , séparées  par  des  couches  minces  formées  de 
débris  de  coquilles  ou  de  coquilles  entières  accumulées;  des  térébra- 
tules  et  des  mytulites  y sont  surtout  en  grande  abondance. 

M.  Brongniart,  qui  en  a fait  l’examen,  y a observé  la  coquille 
nommée  par  M.  St^oihQimmyty'lus  socialis , Nachtr.  ,pl.  XXXVII, 
fig'  I ) s®  retrouve  au  pied  du  mont  Meissner,  en  Hesse,  et  au 
pied  du  mont  P haron,  près  de  Toulon , dans  un  calcaire  tout  sem- 
blable. 

D y a vu  aussi  le  mytylus  eduliformis,  Schloth.,  ib.,  fig.  4j  nne 
Wtre  très-semblable  à Vostrea  spondyldides , ib.,  pl.  XXXVI, 
I , a,  è,-  le  terebratula  subrotunda. 

45’ 


•356  SAURIENS 

. On  y trouve  encore,  selon  M.  Gaillardeau,  des  gryphées  de  l’es- 
pece suborhiculaire , et  une  ammonite  semblable  à celle  que  Mont- 
fort  a décrite  sous  le  nom  de  impartie , et  dont  le  diamètre  va  de 
quatre  à quator?;e  pouces. 

Des  corps  remarquables  et  qui  offrent  des  rapports  avec  des  becs 
de  sèche, mais  d’une  sèche  qui  auroit  le  bec  de  nature  testacée  et  non 
pas  cornée , sont  aussi  tres-eommuns  dans  ces  carrières  ; ils  ressèm- 
ent a ceux  des  environs  de  Gœttingue,  décrits  et  représentés  par 
M.  Blumenbach,  dans  son  Archœologia  telluris. 

Ce  qui,  dans  1 esprit  de  M.  Gaillardeau,  a ajouté  à la  vraisem- 
blance que  ces  becs  viennent  de  quelque  sepia,  c’est  qu’il  les  a 
toujours  trouvés  accompagnés  d’uue  matière  noire  semblable  à de 
la  suie,  et  qu’il  suppose  avoir  été  l’encre  de  l’animal. 

Il  y en  a de  deux  espèces. 

Tous  ces  fossiles  appartiennent,  ainsi  queM.  Gaillardeau  l’a  très- 
bien  leconnu,  aux  couches  inférieures  de  l’ordre  du  Jura,  ou  aux 
supérieures  de  celles  que  l’on  nomme  n^mchel-lcalk  ou  calcaire 
alpin. 

C’est  parmi  ces  différens  corps,  et  parmi  des  dents  de  squale  et  des 
os  nombreux  qui  semblent  venir  de  quelques  tortues  de  mer  que  se 

sont  trouvés  les  os  que  je  vais  décrire  et  qui  appartiennent  manifes- 
tement à un  saurien. 

Ils  consistent  en  une  vertebre,  un  cOté  de  mâchoire  inférieure 
quelques  côtes,  et  des  os  de  l’épaule  et  du  bassin. 

Comme  les  autres  os  qui  les  accompagnent,  ceux-ci  sont  d’une 
couleur  fauve-grfeâtre;  ils  n’ont  point  conservé  de  gélatine  et  ne  de- 
viennent  pas  noirs  au  feu. 

La  vertèbre,  dont  on  n’a  que  le  corps,  pl.  XXII,  fig.  7 et  8,  ne 
ressemble  qu  à une  caudale  d’une  de  ces  espèces  de  crocodile  dont 
les  faces  des  corps  des  vertèbres  sont  planes  ou  légèrement  con- 
caves l’une  et  l’autre,  à»  I -si  91 

On  y voit  de  même  en  dessus  deé 'Sutures  pour  la  partie  annulaire, 
qui  laissent  peu  déplacé  pour  le  canal  vertébral,  et  sur  leurs  côtés, 
deux  autres  sutures  pour  les  apophyses  transverses,  qui,  dans  les 


FOSSILES.  357 

caudales  de  crocodiles,  sont  des  pièces  séparées.  En  dessous,  èt  à la 
moitié  postérieure , il  y a deux  tubercules  pour  Vos  en  chevron , mais 
beaucoup  plus  grands  et  à surface  plus  âpre  que  dans  les  crocodiles. 

La  mâchoire,  représentée  lig.  5 par  sa  face  externe,  et  fig.  6 par 
sa  face  interne,  a des  caractères  de  crocodiles  et  d’autres  de  lézards. 
Elle  est  longue  et  grêle  plus  que  dans  Iç  crocodile  vulgaire. 

Les  alvéolés  cies  dents  sont  bien,  séparés. et  clos,  ils  sont  ranges  sur 
une  seule  ligne,  et  l’on  en  compte  vingt-sept  dans  le  morceau  que 
j’ai  sous  les  yeux , bien  que  mutilé  en  avant.  Les  dents,  paroissent 
avoir  été  alternativement  plus  grosses  et  plus  minces,  et  d’après  ce 
qui  en  reste,  on  voit  qu’elles  étoient  creuses  intérieurement. 

Jusque-là  tout  s’accorderoit  assez  avec  les  crocodiles,  mais  la  com- 
position de  la  mâchoire  est  très-différente. 

L’apophyse  coronoïde,  qui  est  courte  et  obtuse,  appartient  à 1 os 
supplémentaire,  qui,  au  lieu  d être  petit  et  en  forme  de  croissant 
comme  dans  le  crocodile,. se  porte  en  avant  entre  le  dentaire  et  l’o- 
perculaire  et  le  long  des  bords  internes  des  dents  sur  une  longueur 
de  plus  de  dix-huit  alvéoles.  L’operculaire  est  aussi  porté  très  en 
avant,  et,  au  lieu  d’un-simplé  trou  intercepté  entre  lui  et  l’angulaire, 
et  indépendant  de  la  grande  ouverture  derrière  l’operculaire  et  l’an- 
gulaire qu’on  observe  dans  le  crocodile,. il  n’y  a qu’une  seule  ou- 
verture très-longue,  qui  règne  depuis  la  pointe  postérieure  de  l’o- 
perculaire jusques  à l’articulation,  et  qui  a en  dessus  le  complémen- 
taire et  le  sur-angulaire , et  en  dessous  l’angulaire. 

A la  face  externe , le  sur-angulaire  présente  une  arête  longitudinale 
aiguë. 

• L’articulation  ressemble  assez  à celle  d’un  crocodile,  mais  Vapo- 
physe  postarticulaire  semble  avoir  été  un  peu  plus  courte  à proportion. 

On  peut , sur  ces  deux  piècei^  seulement , prononcer  sans  hésitation 
quelles  viennent  d’un  reptile  inconnu j très-probablement  de  quel- 
■que  genre  intermédiaire  entre  les  crocodiles  et  les  sauriens,  tels  que 
ceux  que  nous  avons  décrits  , dans  les  articles  précédens. 

11  s’est  trouvé  dans  leur  voisinage  des  côtes,  fig.  i5,  16. et  17 , qui 
pourroient  aussi  venir  de  la  même  espèce , et  qui , par  leur  tète  simple 


358  SAURIENS 

et  oblongue,  ressemblent  beaucoup  à celles  des  lézards,  et  particuliè- 
rement à celles  des  monitors. 

Les  dents  des  fig.  9 à la , trouvées  dans  les  mêmes  pierres,  pour- 
roient  très-bien  venir  aussi  de  la  même  espèce,  mais  d’individus  plus 
grands  que  la  mâchoire. 

Toutes  sont  coniques  et  fortement  striées;  les  unes  sont  courtes, 
droites  et  obtuses;  les  antres  plus  on  moins  longues , et  plus  ou  moins 
arquees;  mais  ces  différences , qui  ont  aussi  Ueu  pour  les  dents  pla- 
cées aux  divers  endroits  de  la  mâchoire  dans  uncrocodile,  excluent 
pas  l’identité  d’espèce. 

La  fig.  i3  représente  un  os  qui,  par  la  forme,  ne  peut  être  qu’un 
coracoïdien  d’un  animal  voisin  de  l’ichthyosaurus  ou  du  plésiosaurus. 
11  porte  en  a,  b deux  facettes  destinées  à recevoir  l’omoplate  et  l’hu- 
mérus; son  corps  éprouve,  comme  dans.l’ichthyosaums,  un  rétrécis- 
sement; mais  1 élargissement  du  bord  sternal  est  autrement  figuré: 
il  paioit  qu  il  formoit  une  pointe  en  avant. 

La  fig.  i4  est  un  os  qui  ressemble  beaucoup  au  pubis  du  squelette 
de  plésiosaurus  que  vient  de  publier  M.  Conybeare.  La  fig.  i5  a 
aussi  beaucoup  de  rapport  avec  l’humérus  de  ce  plésiosaurus  en 

sorte  qu  il  ne  seroit  pas  impossible  que  ces  différens  os  appartinssent 
à une  espèce  de  ce  genre. 


Artiglje  VI. 


Sur  un  genre  de  Sauriens,  caractérisé  par  l’excessif  allongement 

du  quatrième  doigt  de  deuant,  auquelnous  aeons  donné  le  nom 
de  Ptérodactyle. 


Ce  n’étoit  pas  seulement  par  la  grandeur  que  la  classe  des  reptiles 
annonçoit  sa  prééminence  dans  les  anciens  temps  ; c’étoit  encore  par 
des  formes  plus  variées  et  plus  singulières  que  celles  qu’elle  revêt  de 
nos  jours.  En  voici  qui  voloient  non  pas  par  le  moyen  de  leurs  côtes 
comme  nos  dragons,  ni  par  une  aile  sans  doigts  distincts  comme  celle 


FOSSILES.  359 

des  oiseaux . ni  par  une  aile  où  le  pouce  seul  auroit  été  libre  comme 
celle  des  chauve-souris , mais  par  une  aile  soutenue  principalement 
sur  un  doigt  très-prolongé,  tandis  que  les  autres  avoient  conservé 
leur  brièveté  ordinaire  et  leurs  ongles.  En  même  temps,  ces  reptiles 
volans,  dénomination  presque  contradictoire , ont  un  long  cou,  un 
bec  d’oiseau,  tout  ce  qui  devoit  leur  donner  un  aspect  hétéroclite.  Les 
ichthyosauruset  les  plésiosaurus,  par  lesquels  nous  terminerons  cette 
dernière  partie  de  notre  ouvrage,  compléteront,  par  leur  aspect  de 
cétacés , tout  ce  qui  pouvoit  enrichir  cette  classe  de  formes  extraor- 
dinaires et  imprévues  pour  les  naturalistes. 

§ I®r.  De  la  grande  espèce  à museau  allongé  ( pterodactylus 

LONGIROSTRIS  Cuv.). 

On  en  doit  la  première  connoissance  à feu  M.  Collini , directeur 
du  cabinet  de  l’électeur  Palatin  à Manheini , homme  de  lettres  flo- 
rentin, connu  parmi  nous  pour  avoir  été  pendant  quelque  temps  at- 
tache a Voltaire,  sur  lequel  il  a donné  des  Mémoires.  Avec  de  l’esprit 
et  de  la  sagacité,  mais  peu  de  connoissances  positives  d’histoire  na- 
turelle et  d’anatomie  comparée,  il  n’a  pas  laissé  que  de  rendre  des 
services  essentiels  à ces  deux  sciences,  en  publiant  les  objets  les  plus 
intéressans  du  dépôt  confié  à sa  garde;  attention  que  tant  d’autres 
conservateurs  de  riches  collections  devroient  bien  imiter;  car  le  seul 
mérite  réel  d’un  cabinet , le  seul  but  raisonnable  des  gouvernemens 
qui  en  font  recueillir , est  de  fournir  des  accroissemens  aux  sciences , 
en  offrant  des  sujets  de  méditation  h ceux  qui  les  cultivent. 

Dans  un  mémoire  inséré  parmi  ceux  de  l’Académie  palatine  (partie 
physique,  t.  V,  p.  58  et  suiv.),  Collini  décrivit  les  os  fossiles  de  ce 
cabinet,  notamment  ceux  d’hyène,  de  rhinocéros  et  de  crocodile 
dont  j’ai  parlé  ailleurs,  et  le  squelette  entier  qui  fait  l’objet  de  notre 
présent  article. 

Il  avoit  été  trouvé,  dit  l’auteur , dans  une  de  ces  pierres  marneuses , 
feuilletées,  grises,  et  quelquefois  jaunâtres,  ^Aichstedt,  qui  abon- 
<Ient  en  dendrites  et  en  pétrifications  animales. 


SAURIENS 

On  sait  qa' Aichstedt  est  dans  la  vallée  de  VAltmiihl,  un  peu  au- 
dessous  de  Solenhofen,  village  du  comté  de  Pappenheim,  célèbre 
depuis  long-temps  parmi  les  amateurs  de  pétrifications,  par  ses 
schistes  calcaires  si  abondans  en  poissons,  en  crabes  et  en  écrevisses 
en  grande  partie  inconnus , et  offrant  quelquefois  jusqu’à  des  animaux 
du  genre  du  crabe  des  Moluques  {monoculus  polrphemus  Lin., 
hmulus  Fabr.).  Nous  avons  parlé  amplement  de  ce!  schistes  ci-des- 
sus,  apres  IV  . e Buch , a 1 article  du  crocodile  de  Monheim  qui  en 
a aussi  été  retire.  Les  poissons  qui  s’y  trouvent,  et  dont  nous  avons 
fait  récemment  l’examen,  appartiennent,  au  moins  en  partie,  à des 
genres  marins.  Nous  y avons  parfaitement  distingué,  par  exemple 
une  espèce  bien  caractérisée  à’anchois,  probablement  le  clup/a 
sprattiformis  de  M.  de  Blainville. 

La  figure  extraordinaire  du  squelette  que  j’examine  dans  cet  ar- 
ticle m ayant  beaucoup  frappé,  j’aurois  bien  désiré  pouvoir  obser- 
ver ce  morceau  par  moi-même;  mais  M.  le  baron  de  Moll,  minéraT 
logiste  célébré , à qui  je  m’adressai  pour  en  avoir  des  nouvelles  , 
m’écrivit  qu’il  n’avoit  pu  le  retrouver. 

Je  fus  donc  obligé,  lors  de  ma  première  édition,  de  me  contenter 
de  la  figure  et  de  la  description  de  Collini , qui  heureusement  sont 
mieux  faites  et  plus  détaillées  qu’il  n’arrive  d’ordinaire,  et  me  suffi- 
rent pour  déterminer  la  classe  de  l’animal  et  pour  en  caractériser  le 
genre. 

Cependant  le  morceau  n’étoit  pas  perdu;  on  le  conservoit  au  con- 
traire  avec  beaucoup  de  soin,  et  il  devint  l’objet  d’une  dissertation 
de  M.  de  Sœmmernug  que  ce  savant  anatomiste  lut  à l’Académie 
de  Munich,  en  décembre  i8io,  et  qu’il  accompagna  de  quelques 

notes  sur  la  mienne,  dont  il  • 

’ uont  11  reçut  un  exemplaire  au  moment  meme 

ou  la  sienne  alloit  être  imprimée.  Ce  fut  aussi  seulement  alors  que 

feu  M.  Oppel  voulut  bien  m’envoyer  le  nouveau  dessin  gravé 

pl.  XXIII,  fait  par  lui -meme  avec  tout  le  fini  qui  distinguoit  son 

talent;  enfin  mon  ami  M.  Brongniart  ayant  passé  à Munich  en  i8i8 

avec  M.  Prévost,  ils  y dessinèrent,  sur  ma  demande,  les  détails  partL 

culiers  du  carpe , du  tarse  et  des  phalanges  qui  me  manquoient  encore. 


FOSSILES.  36i 

C est  d après  cesmatériaux  que  je  reprends  ce  sujet  et  que  je  l’exa- 
mine tout  de  nouveau.  j 

Collini  ne  s’en  étoitpas  fait  une  idée  complètement  exacte.  A la 
vente  il  avoit  bien  distingué  les  diverses  parties  de  la  tête,  le  cou, 
la  direction  rétrograde  du  tronc,  la  petitesse  de  la  queue,  la  jambe 
gauche  et  ce  qui  appanienuaux  deux'  brtis  ; mais  il  n’avoit  pas  re- 
marqué la  division  du  métatarse  5 il  dwueoit  si  les  pieds  R et  S ap- 
partenoient  au  même  individu] ■ et  ' il  îés  croyv>it  éloignés  de  leur 
place  naturelle  ; il  n’attribuoit  à la  jambe  droite  que  les  os  T et  U, 
et  il  prenoit  l’ischion  L pour  le  coccyx. 

Quant  au  genre  de  l’animal,  après  avoir  fait  remarquer  que  ce  n’est 
ni  un  oiseau  ni  une  roussette,  il  se  demande  si  ce  ne  seroit  point 
quelque  amphibie,  et  finit  par  conclure  cpi’il  en  faut  chercher  l’ori- 
ginal parmi  les  animaux  marins. 

Un  léger  examen  ne  tarda  pas  à me  faire  voir  que  la  seconde 
jambe  de  derrière  n’est  ni  tmssî  dérangée  ni  aussi  mutilée  qu’il  le 
dit;  on  peut,  au  contraire,  en  suivre  toutes  les  parties.  T est  le  fé- 
mur, U est  le  tibia  et  R le  pied,  dontJa  joncvion  avec  le  tibia  ne  se 
distingue  pas  bien , parce  qu’elle  est  -cachée  par  l’épine  du  dos. 

Ce  pied  R étant  plus  développé  que  l’autre  me  fit  apercevoir  une 
seconde  erreur , qui  est  d’avoir  pris  pour  un  seul  os  le  métatarse  P , 
qui  est  au  contraire  compose  de  plusieurs,  mais  jetés  les  uns  sur  les 
autres. 

Ce  pied  R ne  venant  point  d un  autre  animal,  et  n’étant  point  dé- 
taché de  sa  place  naturelle,  il  n’y  avoit  pas  de  raison  pour  croire 
que  le  pied  S le  fût.  11  me  sembla  donc  voir  en  S trois  doigts  d’un 
pied  de  devant , attaches  au  bout  d’un  long  métacarpe  et  accompa- 
gnés d’un  quatrième  doigt  4,  6 , 7 , beaucoup  plus  long  que  les 

autres.  Le  carpe  se  trouva  alors  en  S , ou  l.on  distingue  en  efïet  plu- 
sieurs osselets.  Les  os  2 et  2'  forment  les  avant-bras,  i et  i'  sont 
les  humérus  j les  os  X et  G sont  les  clavicules , et  les  os  9 et  9',  dont 
Collini  ne  parle  pas,  les  omoplates. 

L os  détaché  Y ne  me  parut  autre  qu  un  pubis  d’une  forme  parti- 
culière, ce  qui  acheva  de  déterminer  à mes  yeux  la  classe  de  l’animal. 
T..V,  2e.  P.  /5 


362  SAURIENS 

Collini  ne  me  parut  pas  non  plus  avoir  bien  compté  les  phalanges 
du  pied  R,  et  sa  figure  me  sembla  en  montrer  clairement  deux  au 
premier  doigt,  trois  au  second,  et  quatre  aux  deux  suivans,  sans 
compter  les  os  du  métatarse;  les  mêmes  nombres  exactement  s’ob- 
servent à ceux  du  pied  de  devant. 

Enfin , ayant  encore  porté  mon  attention  sur  le  petit  os  cylindrique 
marqué  g,  qui  va  du  crâne  a I articulation  des  mâchoires,  je  me 
crus  muni  de  tout  ce  qui  étoit  nécessaire  pour  classer  ostéologique- 
iiient  notre  animal  parmi  les  reptiles. 

Il  étoit  inutile  de  songer  ni  à un  poisson  ni  à un  cétacé. 

Ce  n’ étoit  pas  non  plus  un  oiseau,  quoiqu’il  eût  été  rapporté  aux 
oiseaux  palmipèdes  par  un  grand  naturaliste  (i). 

Un  oiseau  auroit  des  côtes  plus  larges,  et  munies  chacune  d’une 
apophyse  récurrente  ; son  métatarse  n’auroit  formé  qu’un  seul  os , et 
n’auroit  pas  été  composé  d’autant  d’os  qu’il  y a de  doigts. 

Son  aile  n’auroit  eu  que  trois  divisions  après  l’avant-bras,  et  non 
pas  cinq  comme  celle-ci. 

Son  bassm  auroit  eu  une  toute  autre  etendue , et  sa  queue  osseuse 
une  toute  autre  forme;  elle  seroit  élargie,  et  non  pas  grêle  et  conique. 

Il  n’y  auroit  pas  eu  de  dents  au  bec  ; les  dents  des  karles  ne  tien- 
nent qu’à  l’enveloppe  cornée , et  non  à la  charpente  osseuse. 

Les  vertèbres  du  cou  auroient  été  plus  nombreuses.  Aucun  oiseau 
n’en  a moins  de  neuf;  les  palmipèdes,  en  particulier,  en  ont  depuis 
douze  jusqu’à  vingt  trois , et  l’on  n’en  voit  ici  cpe  six  ou  tout  au  plus 
sept. 

Au  contraire,  les  vertebies  du  dos  1 auroient  été  beaucoup  moins. 

Il  semble  qu  il  y en  ait  plus  de  vingt,  et  les  oiseaux  en  ont  de  sept  à 
dix,  ou  tout  au  plus  onze. 

Feu  Hermann,  professeur  de  Strasbourg,  qui  m’avoit  rendu 
attentif  à cet  animal,  le  supposoit  un  mammifère,  et  s’étoit  même 
amusé  à le  dessiner  entier,  revêtu  de  son  poil. 

« Je  voulois  depuis  long -temps  publier  un  mémoire  sur  cette 


j(i)  BlumenbachjM^nueX  d’Histoire  naturelle,  éd.  de  1807  , p-  73i. 


FOSSILES.  363 

» pièce  (m’écrivoit-il) , et  montrer  que  l’animal  doit  avoir  formé 
))  une  espèce  plus  intermédiaire  encore  que  les  chauve-souris  entre 
» les  mammifères  et  les  oiseaux.  » 

Malgré  l’autorité  de  cet  habile  homme , je  pensai  qu’il  y avoit 
de  fortes  raisons  pour  ne  point  admettre  son  idée,  et  je  les  énonçai 
dans  ma  première  édition  d’une  manière  qui  me  parut  devoir  suf- 
fire pour  la  conviction  des  naturalistes. 

Cependant  une  autorité  plus  grave  encore  que  celle  d’Hermann, 
s’est  élevée  en  faveur  de  son  opinion.  M.  de  Scemmerring  avoit  rangé 
notre  animal  parmi  les  mammifères  et  dans  le  voisinage  des  chauve- 
souris,  et  il  a exposé  en  détail,  à la  suite  de  son  mémoire , les  motifs 
qui  lui  paroissent  affoiblir  ou  détruire  mes  argumens;  je  suis  donc 
obligé  de  reprendre  toute  la  description  de  ce  squelette,  de  donner 
plus  explicitement  mes  raisons  sur  chacun  de  ses  caractères  et  d’exa- 
miner les  raisons  contraires  de  M.  de  Scemmerring.  C’est  un  petit 
procès  que  j’ai  là  avec  un  ami , dont  je  respecte  autant  le  savoir  que 
le  caractère , et  dont  je  le  ferai  volontiers  juge. 

Ici  j aurai  pour  auxiliaire  M.  Oken,  qui,  ayant  vu  de  ses  yeux  le 
fossile  original,  l’a  considéré  aussi  comme  un  reptile,  et  en  a même 
expliqué  heureusement  quelques  parties  que  je  n’avois  pu  bien  juger 
sur  la  gravure  de  Collini;  son  mémoire  à ce  sujet  est  dans  l’Isis  de 
1819,  t.  I,  p.  1788. 

Les  dents,  par  où  il  faut  toujours  commencer  l’examen  d’un  ani- 
mal , ne  présentent  ici  aucune  équivoque.  Elles  sont  toutes  simples , 
coniques , et  à peu  près  semblables  entre  elles  comme  dans  les  cro- 
codiles, les  monitors  et  d’autres  lézards.  Tout  le  monde  sait  que  les 
dauphins,  seuls,  parmi  les  mammifères,  pourroient  présenter  quel- 
que chose  de  comparable  j mais  il  n’y  a pas  moyen  de  songer  à ce 
genre.  M.  de  Scemmerring  s’est  beaucoup  appuyé  sur  les  grandes  di- 
versités de  nombres  que  MM.  Pallas  et  Geoffroy  ont  assuré  exister 
dans  les  chauve-souris,  et  en  a conclu  que  ces  variétés  pourroient 
l*ien  aller  jusqu’à  la  dentition  de  notre  fossile.  Mais  il  est  de  fait 
les  chauve-souris  n’ont  jamais  que  deux  formes  de  mâchelières  ; 

Unes,  savoir  les  roussettes  qui  vivent  de  fruit,  les  ont  à couronne 

46’^ 


364 


SAURIENS 


a-  deux  collines  longitudinales  qui  deviennent  plates  par  la  détrition  ; 
dans  les  autres,  c’est-à-dire  dans  les  innombrables  vraies  chauve- 
souris,  quels  que  soient  leurs  sous-genres,  ces  mâchelières  sont  hé- 
rissées de  pointes  dans  un  ordre  déterminé,  et  leur  nombre  ne  va 
pas  à plus  de  sept  en  haut  et  six  en  bas. 

On  peut  s’en  rapporter  avec  confiance  à ce  sujet  à ce  qu’en  a dit 
mon  frère  dans  notre  IV™.  volume,  p.  a6i  et  suiv.,  et  dans  son 
ouvrage  sur  les  Dents  des  Mammifères. 

Les  vaiiationsde  nombre d après  lesquelles  (faute  d’assez  d’étude) 
IVIM.  Pallas  (i)  et  Geoffroy  (2)  avoient  voulu  infirmer  l’importance 
des  caractères  que  fournissent  ces  dents,  ne  portent  que  sur  les  inci- 
sives et  les  fausses  molaires,  et  encore  celles  des  dernières  dépendent- 
elles  presque  toujours  de  l’àge. 

Ces  variétés  de  nombre  des  incisives  caractéi’isent  plusieurs  sous- 
genres  ; mais  dans  aucun  de  ces  sous-genres  on  ne  trouve  toutes  les 
dents  éj,ales  et  semblables,  ni  rien  d’approchant;  il  y a toujours  des 
incisives,  des  canines  très-grandes,  des  fausses  molaires  et  des  mâ- 
chelières. Ainsi , de  toutes  les  variations  possibles  des  dents  des  chauve- 

souris,  011  ne  peut  rien  conclure  relativement  à l’analogie  de  notre 
animal. 


On  y voit  aujourdhui,  du  côté  conservé,  dix -neuf  dents  en  bas, 
et  onze  en  haut,  ce  qui  feroit  soixante  en  tput;  mais  la  mâchoire  su- 
périeure en  a probablement  perdu  quelques-unes. 

Ce  qui  achève  de  prouver  que  ce  sont  des  dents  de  reptiles  c’est 
qu’il  y a dans  les  mâchoires,  le  long  de  leurs  bases,  des  trous  bien 

figurés  parM.  Oken  et  d’où  dévoient  sortir  les  dents  de  rempla- 

cernent.  On  en  voit  de  tout  sembUblcir.  d.  1 ' ^ 

J , - i^emDiaoies  dans  le  sauvegarde,  et  sur- 

tout dans  la  dragone. 

La  mâchoire  inférieure  est  également  celle  d’un  reptile , n’ayant 
ni  apophyse  condyloide  saillante,  ni  proéminence  coronoïde;  je  ne 
vois  guère  que  les  pangolins  qui  offrent  quelques  rapports  de  forme 


(1)  Spicil.  zool. , III'.  cali. 

(a)  Annales  du  Muséum , t.  XV  et  aiHeiirs. 


FOSSILES.  365 

avec  cette  mâchoire;  mais  ils  uont  aucunes  dents.  Quant  aux 
chauve-souris,  il  n’y  a pas  le  moindre  rapprochement  à faire. 

On  ne  peut  pas  en  faire  davantage  pour  l’énorme  prolongement 
du  museau.  Les  vraies  chauve-souris  ont  toutes  le  museau  assez  court; 
la  plupart  l’ont  même  très-court  et  obtus;  les  roussettes  Font  un  peu 
plus  allongé,  mais  non  au-delà  des  proportions  d’un  chien  ou  d’un 
renard. 

Sur  ce  point,  M.  de  Sœmmerring  (§  23)  a été  induit  en  erreur 
par  une  phrase  équivoque  de  M.  Leschenault  (i) , lequel , en  parlant 
de  la  petite  roussette  des  Indes  [pteropus  inimmus  Geoffr.),  qui 
n’a  le  corps  long  que  de  trois  pouces  et  demi , dit  que  sa  langue  est 
longue  de  deux  pouces. 

Supposant  qu’il  s’agit  de  sa  longueur  dans  l’état  de  repos , M.  de 
Sœmmerring  calcule  quelle  doit  être  celle  des  mâchoires  qui  la  re- 
çoivent, et  trouve  qu’elle  ne  peut  être  guère  moindre  à proportion 
que  dans  l’animal  fossile;  mais  M.  Leschenault  ne  parloit  que  de 
l’allongement  que  cette  langue  peut  prendre  quand  la  roussette  la 
fait  sortir,  ce  qui  ne  conclut  pas  plus  pour  les  mâchoires  que  ne  feroit 
celui  de  la  langue  du  pic  pour  son  bec.  En  effet,  plusieurs  chauve- 
somis  ont  la  faculté  d’allonger  beaucoup  leur  langue,  et  Pallas  en 
cite  déjà  un  exemple  dans  son  vespertüio  soricinus ^ enfin,  ce  qui 
coupe  court  à tout,  sur  cet  article,  c’est  que  \epteropus  minimus , 
que  nous  représentons  fig.  2 , de  grandeur  naturelle,  n’a  réellement 
la  tête  longue  que  de  o,o3,  et  les  mâchoires  que  de  0,02. 

J’en  avois  envoyé  le  dessin  à M.  de  Sœmmerring,  ainsi  qu’il  l’an- 
nonce dans  une  note,  et  cependant  cela  ne  lui  a rien  fait  changer  à 
son  raisonnement. 

L’apparence  que  présente  aujourd’hui  la  tête  fossile  seroit  inex- 
pliquable  en  admettant  qu’elle  provînt  d’une  chauve-souris  ou  d’un 
mammifère  quelconque. 

Aucun  mammifère  n’a  le  crâne  si  petit  à proportion;  il  faudroit 
supposer  que  le  grand  vide  à contour  arrondi,  c,  est  l’orbite , et  alors 


(î)  Annales  du  Muséum,  XVI , p.  gn. 


366  SAURIENS 

on  ne  concevroit  pas  cet  autre  vide  plus  grand  situé  en  avant,  car  il 
auroit  dû  appartenir  à la  cavité  nasale , et  il  devroit  y être  resté  des 
débrisdescornetsdunezetlalamedumaxillaire  quicouvre  cetendroit. 

Du  petit  vide  en  arrière  du  rond,  il  faudroit  faire  la  fosse  tempo- 
rale , et  on  ne  verroit  pas  comment  l’articulation  de  la  mâchoire  in- 
férieure seroit  portée  sous  son  angle  antérieur,  sous  sa  jonction  avec 
1 orbite,  tandis  que  dans  tous  les  mammifères  elle  est  sous  son  angle 
postérieur. 

Admettons,  au  contraire,  que  ce  soit  une  tête  de  reptile  d’un 
genre  voisin  des  raouitors,  par  exemple,  qui  ait  été  couchée  sur  le 
côté  droit,  qui  ait  laissé  adhérons  à la  pierre  ses  os  de  ce  côté,  et 
dont  toutes  les  parties  moyennes  et  gauches  aient  disparu.  Il  reste 
sans  doute  encore  des  caractères  génériques  et  spécifiques  singuliers, 
mais  d’ailleurs  tout  devient  susceptible  d’être  expliqué. 

Le  triangle,  A dont  la  surface  est  concave,  est  l’os  maxillaire 
droit  vu  par  sa  face  interne  et  attaché  à la  pierre  par  l’externe  ; il  lui 
manque  probablement  quelque  chose  vers  a,  et  c’est  ce  qui  allonge 
si  fort  l’espace  vide,  a h , qui  est  l’orbite.  En  d est  un  reste  du  fron- 
tal. Vers  h descend  une  apophyse  qui  appartient  au  frontal  posté- 
rieur, et  qui  se  joint  à une  apophyse  montante  du  jugal  pour  cerner 
l’orbite  en  arrière  et  le  séparer  de  la  fosse  temporale.  C’est  cette  der- 
nière qui  a laissé  le  grand  vide  Ce,  un  des  bords  duquel  est  formé 
par  l’apophyse  postérieure  de  Tos  basilaire , ec , qui  va  joindre  le  pté- 
rygoïdien,  eg.  L’apophyse  postérieure  de  ce  dernier,  se  porte  en 
arrière.  Il  paroît  que  le  crâne  n’a  pas  été  divisé  comme  la  face  ou  du 
moins  que  son  intérieur  est  resté  moulé  sur  la  pierre , où  quelque 
chose  de  sa  convexité  du  cote  gauche  subsiste  encore  à la  surface. 

D après  cette  maniéré  de  voir,  la  mâchoire  inférieure,  E F,  dont 
on  ne  voit  aussi  que  le  coté  droit  par  sa  face  interne , seroit  un  peu 
déplacée , et  ne  tiendroit  plus  à son  articulation  qui  auroit  dû  être 
plus  en  arrière  ; mais  tout  ce  qui  regarde  l’os  tyrapanique  est  si  ob- 
scurément exprimé , soit  dans  le  moule  soit  dans  le  dessin  de  M.  Op- 
pel,  que  je  ne  puis  en  porter  de  jugement. 

J’étois  tenté  autrefois  de  le  voir  dans  cette  pièce  g,  ce  qui  remet- 


FOSSILES.  367 

troit  la  mâchoire  à sa  place  naturelle,  et  M.  Oken,  qui  l’a  observé 
en  nature, pense  que  j’avois  raison.  Eu  effet,  Gollini  paroissoit  l’avoir 
représenté  comme  un  tympanique  de  lézard  ; mais  M.  de  Soem- 
merring  affirme  que  cette  partie  de  la  figure  de  Colliui  est  erronée. 
Il  est  rare  aussi  que  cet  os  se  porte  aussi  obliquement  en  avant  dans 
les  lézards;  la  sirène  seule,  parmi  les  batraciens,  offriroit  quelque 
chose  d analogue.  C’est  un  point  qui  ne  pourra  être  décidé  que  par 
une  inspection  nouvelle  et  soigneuse  du  fossile  original. 

M.  de  Sœmmerring  (§  5)  paroît  croire  que  c’est  le  côté  gauche 
des  deux  mâchoires  que  l’on  voit,  mais  leur  concavité  bien  sensible 
sur  l’empreinte  m’avoit  suggéré  une  idée  toute  contraire,  et  les  trous 
marqués  sous  leurs  bases  dans  la  figure  de  M.  Oken  ont  achevé  de 
m’en  convaincre.  C’est  toujours  à la  face  interne  que  les  trous  pour 
les  dents  de  remplacement  se  voient  dans  les  lézards  où  ils  existent. 

Quant  au  rétrécissement  que  la  mâchoire  inférieure  éprouve  dans 
sa  moitié  postérieure,  il  seroit  possible  qu’il  vînt,  comme  le  pense 
ce  célébré  anatomiste,  de  quelque  mutilation;  mais  peut-être  aussi 
la  partie  antérieure  plus  large  étoit-elle  la  partie  symphysée. 

La  longueur  du  cou  est  proportionnée  à celle  de  la  tête.  On  y voit 
cinq  vertèbres,  grandes  et  prismatiques  comme  celles  des  oiseaux  à 
long  cou,  et  une  plus  petite  se  montre  à chaque  extrémité,  peut-être 
meme  y en  a-t-il  deux  vers  la  tête,  en  sorte  que  le  nombre  total  se- 
roit de  sept  comme  dans  les  mammifères,  dans  les  crocodiles,  ou  de 
huit  comme  dans  les  tortues.  M.  Oken  en  compte  deux  petites  en 
avant;  mais  il  regarde  la  petite  de  farrière  comme  une  première 
dorsale,  attendu  qu  elle  lui  a paru  porter  une  côte. 

Ce  qui  est  le  plus  fait  pour  étonner,  c’est  que  cette  longue  tête  et 
ce  long  cou  soient  portés  sur  un  si  petit  corps;  les  oiseaux  seuls  offrent 
de  semblables  proportions,  et  sans  doute  c’est,  avec  la  longueur  du 
grand  doigt,  ce  qui  avoit  déterminé  quelques  naturalistes  à rappor- 
ter notre  animal  à cette  classe , dont  il  s’éloigne  par  tant  d’autres  ca- 
ractères. 

Le  cou  est  tellement  recourbé  en  arrière  que  l’occiput  touche  au 
^ssin.  Je  compte  dix-neuf  ou  vingt  vertèbres  dans  le  dos  et  dans  les- 


368  SAURIENS 

lombes.  M.  Oken  en  admet  vingt-deux,  en  y comprenant  les  sacrées. 

II  est  difficile  de  dire  combien  de  ces  vertèbres  portoient  des  côtes, 
mais  il  semble  qu’il  en  est  resté  au  moins  douze  en  place  du  côté  gauche. 

Les  vertèbres  montrent  leurs  corps  et  leurs  apophyses  épineuses, 
mais  le  côté  gauche  de  la  partie  annulaire  est  enlevé  à presque  toutes', 
en  sorte  que  l’on  aperçoit  le  canal  médullaire.  Les  apophyses  épi- 
neuses antérieures  sont  un  peu  plus  longues^  les  postérieures  sont 
courtes  et  coupées  carrément.  Ni  les  oiseaux  ni  les  chauve-souris 
n’en  ont  de  telles. 

M.  Oken  a vu  encore  les  apophyses  transverses,  au  moins  des  sept 
premières  vertèbres,  et  c’est  h ces  apophyses  que  tiennent  les  côtes. 
Passé  la  neuvième,  dit-il,  il  n y en  a plus,  et  la  côte  tient  immédia- 
tement à la  vertèbre. 

Toutes  les  côtes  sont  singulièrement  giéles  et  filiformes,  ce  qui 
écarte  encore  absolument  cet  animal  des  oiseaux,  où  les  côtes  sont 
larges  et  munies  chacune  d’une  apophyse  oblique  et  récurrente  fort 
particulière. 

La  petitesse  de  la  queue  est  le  principal  argument  c]ue  M.  de  Soem- 
merring(§  20  et  55)  ait  employé  contre  notre  classification  de  cet 
animal.  En  effet,  elle  est  très-courte,  très-grêle,  et  l’on  n’y  compte 
que  douze  ou  treize  vertèbres.  Mais  rien  ne  prouve  qu’une  queue 
longue  et  épaisse  soit  un  caractère  essentiel  de  tous  les  sauriens  5 déjà 
le  tapaye  Va  beaucoup  plus  courte  et  plus  mince  que  la  plupart  des 
autres 5 elle  est  courte  et  mince  dans  presque  toutes  les  tortues;  ou 
ne  voit  pas  pourquoi  cette  singularité  peu  importante  n’auroit  pu 
coexister  avec  tant  d autres  infininient  plus  considérables  qui  carac- 
térisent ce  genre. 

La  faculté  que  1 animal  avoit  sans  doute  de  voler,  et  la  difficulté 
où  il  devoit  être  de  ramper  et  de  marcher  à cause  de  la  longueur  dis- 
proportionnée de  son  cou  et  de  sa  tête  sont  probablement  ce  cpii 
lui  avoit  rendu  une  longue  queue  peu  nécessaire. 

Les  épaules  et  le  sternum  sont  assez  mal  conservés;  mais  tels 
que  je  les  vois,  ce  sont  de  vraies  épaules  et  un  vrai  sternum  de  rep- 
tile et  nullement  de  chauve-souris. 


FOSSILES.  36g 

JMais  pour  comprendre  ces  parties , il  ne  faut  pas  les  nommer 
comme  M.  de  Sœmmerring,  qui  commence  par  déclarer  (§  21  ) que 
1 os  g du  côté  gauche  est  pour  lui  problématique  (i),  et  que  9'  du 
cote  droit  n’est  qu’un  léger  enfoncement  sans  reste  d’os^  qui  voit  en- 
suite le  sternum  dans  les  os  G'  et  X , bien  qu’ils  soient  pairs  et  jetés 
sur  le  côte,  et  qui  enfin  cherche  les  clavicules  dans  les  os  i et  1',  ce 
qui  leur  oteroit  toute  proportion  et  les  supposeroit  entièrement  dé- 
placées, tandis  que  le  reste  du  squelette  tient  évidemment  encore 
par  ses  articulations  naturelles.  Que  l’on  veuille  au  contraire  suivre 
avec  un  peu  d’attention  la  détermination  que  j’ai  donnée  de  ces  os, 
on  verra  que  tout  est  naturel,  et  même  que  tout  est  encore  h sa 
place. 

9'  est  l’omoplate  droite;  9,  l’empreinte  de  la  gauche:  elles  sont 
toutes  les  deux  longues,  étroites  comme  dans  le  crocodile;  déplus 
elles  paroissent  avoir  été  parallèles  à l’épine  comme  dans  les  oiseaux, 
par  la  raison  c[u  ici  comme  dans  les  oiseaux  elles  dévoient  prêter  un 
appui  solide  aux  rnouvemens  de  l’aile. 

Les  os  G'  et  X sont  les  deux  os  coracoïdiens  ( que  je  nommois  cla- 
vicvdes  dans  ma  première  édition , parce  que  c’étoit  alors  leur  déno- 
mination reçue).  Celui  du  côté  droit.  G’,  est  ou  mutilé  ou  en  partie 
caché  dans  la  pierre;  il  seroit  même  possible  que  ce  ne  fût,  comme 
le  pense  M.  Oken,  que  la  crête  deltoïdienne  de  l’humérus,  V,  Celui 
du  côté  gauche  est  à peu  près  entier.  Il  ne  paroit  pas  y avoir  eu  de 
vraies  clavicules;  mais  le  crocodile  et  le  caméléon  n’en  ayant  pas  non 
plus , elles  ont  pu  très-bien  manquer  à notre  animal. 

1 est  1 empreinte  de  l’humérus  gauche  tenant  encore  à son  épaule 
et  dans  sa  position  naturelle  relativement  au  tronc. 

On  peut  remarquer  que  sa  tubérosité  antérieure,  i",  est  fort  sail- 
lante comme  dans  les  tortues  de  mer  et  dans  les  oiseaux,  ce  qui  con- 
venoit  très-bien  au  premier  os  d’une  véritable  aile.  L’humérus  droit. 


(^)  11  demande  meme  dans  sa  note  s^il  n^y  auroit  pas  tjuelcjue  os  impair  analogue  à celui— 
> a l’endroit  où  le  manteau  de  la  céphalote  ( Geoffroy,  Ann,  du  Mus. , VIII'.  ann. , VU) 
'ere  à son  dos  ; mais  on  doit  lui  répondre  négativement. 

T.  V,  ae.  P. 


kl 


SAURIENS 


370 

i',  à peu  près  conservé  en  entier,  tient  aussi  à son  épaule;  mais  il 
est  rejeté  en  avant,  tandis  que  son  congénère  est  resté  dirigé  en 
arrière. 

Les  parties  minces , larges  et  comme  membraneuses,  placées  en 
18, 18,  sont  très-probablement  la  dilatation  rhomboïdale  du  sternum, 
qui  sans  doute  etoit  assez  robuste  dans  notre  animal  pour  donner  at- 
tache aux  grands  pectoraux.  Je  n’avois  pu  en  parler  dans  ma  première 
édition,  parce  que  Gollini  ne  les  avoit  ni  remarquées  ni  dessinées. 
M.  de  Sœmmerring  croit  y voir  des  omoplates  ; la  seule  empreinte 
qu’il  m’a  envoyée  m’avoit  déjà  suggéré  que  c’étoit  la  lame  rhoinboï- 
dale  du  sternum,  lorsque  j’ai  trouvé  la  même  opinion  exprimée  par 
M.  Oken , d’après  l’inspection  de  l’original.  Il  dit  même  que  cette 
seule  pièce  caractériseroit  l’animal  pour  un  lézard.  On  peut  remar- 
quer au  reste  que  cette  pièce,  comme  toutes  les  autres,  est  à peu 
près  à sa  place  naturelle,  et  dérangée  seulement  autant  que  l’écra- 
sement de  l’animal  l’a  exigé. 

M.  de  Sœmmerring,  qui  faisoit  de  i et  i'  des  clavicules,  a du  re- 
garder les  os  2 et  2'  comme  les  humérus;  mais  comme  évidemment 
ces  os  sont  doubles  de  chaque  côte,  soit  qu’on  consulte  les  dessins 
ou  le  modèle  en  plâtre , je  ne  puis  y voir  que  les  os  de  l’avant-bras, 
ce  qui  confirme  bien  la  dénomination  d’humérus  donnée  aux  os 
I et  i'. 

Au  bout  de  ces  deux  avant-bras  doit  naturellement  venir  le  carpe; 
aussi  voit-on  à cet  endroit  de  petits  os  qui  m’avoient  paru  tels  dans 
la  gravure  de  Gollini.  M.  de  Sœmmerring,  qui  est  obligé,  par  ses 
suppositions  relatives  a 1 humérus  et  a 1 avant-bras , de  porter  son 
carpe  plus  bas  vers  u,  u' , croit  28)  que  ce  sont  des  IVagmens  de 
la  tète  inférieure  de  l’humérus,  et  que  les  vrais  os  du  carpe  ont  dis- 
paru à cause  de  leur  état  cartilagineux.  Gette  question  important 
beaucoup  à la  solution  générale,  je  priai  mon  confrère  et  mon  ami 
M.  ^rongniart , qui  devoit  passer  par  Munich,  d’examiner  avec  soin 
ces  petites  parcelles;  il  en  prit  avec  M.  Prévost,  un  dessin  un  peu 
grossi,  que  je  donne  à côté  en  fig.  3 et  4. 

C’est,  dans  tout  ce  qu’on  en  voit,  un  vrai  carpe  de  lézard. 


FOSSILES.  371 

Du  côté  gauche,  il  y a au  premier  rang  un  os  àTextrémîté  du  cu- 
bitus et  un  à celle  du  radius;  on  voit  attaché  au  second  rang  un  petit 
pisiforme  dont  la  figure  est  la  même  que  dans  le  monitor.  Il  ne  reste 
au  second  rang  que  deux  autres  os , mais  on  voit  qu’il  en  manque  et 
qu’il  reste  une  place  vide. 

Leur  nombre  est  plus  considérable  du  côté  droit,  et  bien  qu’ils  y 
soient  places  un  peu  en  désordre , j’y  en  compte  neuf  comme  dans  les 
lézards. 

Je  n’ai  donc  aucune  raison  de  douter  que  ces  petits  os  ne  soient  les 
os  du  carpe. 

M.  de  Sœmmerring  demande  comment  les  doigts , ont  pu  se  dé- 

tacher de  ce  carpe  pour  aller  ensemble  se  placer  où  ils  sont;  mais 
c’est  qu’ils  ne  se  sont  point  détachés , qu’au  contraire  ils  sont  à leur 
vraie  place.  Les  articulations  3 et  3'  sont  les  métacarpes,  et  en  3- il  ne 
reste  que  les  phalanges. 

Je  ne  puis  distinguer  de  combien  d’os  ces  métacarpes  se  compo- 
sent , mais  il  est  certain  qu’il  y en  a plusieurs.  Il  me  semble  en  voir 
trois  à droite , dont  un  épais  et  deux  grêles.  Peut-être  même  y en  a- 
t-il  un  quatrième  caché  dessous. 

Une  fois-  ces  os  déterminés,  les  doigts  achèvent  admirablement  de 
s’accorder  avec  ce  qu’on  observe  dans  les  lézards  relativement  aux 
nombres  de  leurs  articulations. 

Il  y a d’abord  trois  petits  doigts , dont  un  de  deux  phalanges  et  un 
de  trois;  la  dernière,  dans  l’un  et  dans  l’autre , est  un  onguéal  com- 
primé , arqué  et  pointu. 

Un  troisième  de  cespetits  doigts , A , a trois  phalanges,  et  est  rompu 
avec  la  pierre  a 1 endroit  ou  très-probablement  s’en  trouvoit  une 
quatrième , onguéale  comme  celle  des  deux  autres. 

M.  de  Sœmmerring  assure  même  ( dans  son  mémoire  sur  l’espèce 
suivante)  que  cet  onguéal  existoit  du  temps  de  Collini,  qui  en  effet 
l’a  représenté , et  qu’il  ne  s’est  perdu  qu’à  l’époque  où  l’on  a encadré 
^ette  pierre. 

Les  nombres  sont  exactement  ceux  des  trois  premiers  doigts  dans 
les  crocodiles  et  dans  les  lézards. 

kr 


372  SAURIENS 

Enfin  il  y a ce  doigt  énormément  prolongé  en  tige  grêle,  qui  ca- 
ractérise éminemment  notre  animal. 

11  a quatre  articulations  sans  ongle.  Le  quatrième  doigt  des  lé- 
zards auroit  cinq  articles  et  un  ongle 5 mais  dans  les  crocodiles,  il  n a 
que  quatre  articles , et  il  est  dépourvu  d’ongle  comme  ici;  seulement 
il  n’y  éprouve  pas  ce  prolongement  extraordinaire. 

Le  crocodile  et  les  lézards  ont  en  outre  un  cinquième  doigt,  qui 
dans  les  lézards  a quatre  articles,  et  dans  le  crocodile  est  réduit  a 
trois  sans  ongle. 

11  parok  que  dans  l’animal  fossile  il  ne  reste  qu’un  vestige  de  cin- 
quième doigt,  mais  assez  obscur  et  sujet  k contestation. 

Le  grand  doigt  est  probablement  le  quatrième,  car  c’est  aussi  le 
quatrième  qui  est  le  plus  long  dans  les  lézards.  , 

Les  trois  autres  le  précédoient  dans  l’ordre  inverse  du  nombre  de 
leurs  articles. 

Pour  compléter  la  ressemblance,  c’est  la  pénultième  phalange  qui 
est  la  plus  longue.  Celle  qui  la  précède  dans  le  troisième  doigt  est  la 
plus  courte , absolument  comme  dans  les  lézards. 

La  forme  des  phalanges  onguéales  est  aussi  la  même,  celle  d’un 
demi-croissant  comprimé,  tranchant  et  pointu;  il  est  vrai  qu  a cet 
égard  elles  diffèrent  peu  des  chauve-souris. 

Il  est  fâcheux  que  les  petits  doigts  de  la  main  gauche  soient  enlevés 
vers  21  ave’c  la  portion  de  pierre  qùi  les  contenoit  probablement; 
car  ils  auroient  sans  doute  confirmé  ce  que  ceux  du  côté  droit  nous 
ont  fait  voir;  mais  nous  en  trouverons  une  confirmation  complète 
dans  la  seconde  espèce  de  ptérodactyle  dont  nous  parlerons  bientôt. 

M.  de  Sœmmerring  se  borne  k dire  qu’il  y a ici  quelque  erreur 
dans  le  dessin  de  Collini;mais  le  dessin  de  M.  Oppel,  et  l’empreinte 
que  M.  de  Soêmmerring  m’a  envoyée  lui-même,  sont  en  ce  point 
parfaitement  conformes  au  dessin  de  Collini.  Ainsi  je  vois  à cet  en- 
droit des  doigts  de  lézard  attachés  à un  carpe  de  lézard  ; de  pareilles 
coïncidences  dans  des  nombres  compliqués  ne  peuvent  pas  arriver 
par  hasard. 

Je  ferai  remarquer  ici  que  les  chauve-souris,  loin  d’avoir  quatre 


FOSSILES. 


373 

phalanges  ossifiées  aux  longs  doigts  de  leurs  ailes,  n’en  ont  ordinaire- 
ment que  deux. 

L’index  des  roussettes  qui  a un  ongle,  et  le  médius  des  phyllo- 
stomes  et  peut-être  des  rhinolophes,  où  la  troisième  phalange  est  al- 
longée et  osseuse,  font  exception 5 mais  dans  les  autres  doigts,  la  troi- 
sième phalange  est  toujours  réduite  à un  vestige  à peine  cartilagineux. 

Il  n’est  guère  possible  de  douter  que  ce  long  doigt  n’ait  servi  à 
supporter  une  membrane  qui  formoit  à ranimai,  d’après  la  longueur 
de  l’extrémité  antérieure , une  aile  bien  plus  puissante  que  celle  du 
dragon,  et  au  moins  égale  en  force  à celle  de  la  chauve-souris.  Notre 
animal  voloit  donc  autant  que  la  vigueur  de  ses  muscles  le  lui  per- 
mettoit;  il  se  servoit  ensuite  des  trois  doigts  courts  et  armés  d ongles 
crochus  pour  se  suspendre  aux  arbres. 

Le  bassin  n’est  pas  disposé  d’une  façon  bien  claire,  aussi  M.  de 
Sœmmerring  (§  aS)  renonce-t-il  à l’expliquer.  Tel  C[ue  je  le  vois, 
c’est  encore  dans  les  seuls  sauriens  qu’il  peut  trouver  une  explication 
satisfaisante. 

Les  os  M et  in  seroient  les  deux  os  des  îles,  adhérens  à 1 epine  et 


côté  gauche^  l’os  le  pubis  du  même  côté  dirigé  en  avant,  étroit  et 
pointu  comme  dans  beaucoup  de  lézards;  l’os  Y,  qui  est  détaché, 
sera  peut-être  l’ischion  de  l’autre  côté. 

Pour  faire  de  ce  bassin  un  bassin  de  mammifère , il  laudroit  sup- 
poser que  l’os  ^ est  l’os  des  îles,  ce  qui  en  effet  pourroit  se  soute- 
nir; mais  alors  h seroit  le  pubis,  M seroit  l’ischion,  et  leurs  sym- 
physes ne  seroient  pas  unies  l’une  à l’autre,  ce  dont  je  ne  connois 
d’exemple  que  la  taupe  parmi  les  mammifères. 

i\I.  Oken  admet  cet  arrangement,  et  conclut  cependant  de  cette 
séparation  des  symphyses  ischiale  et  pubienne  que  c’est  un  bassin  de 
reptile;  mais  je  ne  connois  aucun  reptile  où  l’ischion  se  porte  ainsi 
en  avant  et  le  pubis  en  arrière. 

I/extrémité  postérieure  gauche  est  en  place , et  montre  toutes  ses 
parties  bien  conservées  et  dans  leur  liaison  naturelle.  N,  la  cuisse; 
*^5  la  jambe  ; P , le  pied. 


SAURIENS 


374 


On  retrouve  aussi  avec  un  peu  d’attention  les  ti’ois  parties  de  l’ex- 
trémité droite  ; savoir  : T,  la  cuisse  ; U,  la  jambe  ; I\ , le  pied.  Ce  pied- 
ci  même  supplée  à ce  cjue  l’autre  n’offroit  pas  assez  clairement. 

La  rotule  ne  se  voit  ni  d’un  côté  ni  de  l’autre. 

On  doit  lemarquer  la  longueur  de  cette  extrémité  pour  un  si  petit 
corps.  Elle  peut  faire  croire  que  notre  animal  se  tenoit  seulement  sur 
ses  pieds  de  derrière  , et  que  son  extrémité  antérieure  , repliée 
comme  une  aile  d oiseau,  ne  lui  servoit  pas  à la  station. 

Je  ne  puis  dire  s il  y avoit  deux  os  à la  jambe  j on  n’en  voit  plus 
qu’un  sur  le  fossile. 

Le  tarse  ne  présente  pas  de  calcanéum  saillant,  on  n’y  voit  que  de 
très-petits  osselets.  D après  le  dessin  très-soigné  que  m’en  a fait 
M.  Brongniart  (fig.  5),  et  qui  s’accorde  avec  celui  de  M.  Oppel,  il 
y en  auroit  quatre  ou  cinq;  deux  un  peu  plus  grands  au  premier 
rang,  deux  ou  trois  très-petits  au  second:  ce  seroit  un  tarse  de  lé- 
zard. Un  tarse  de  chauve-souris  auroit  laissé  quelque  trace  de  la 
longue  queue  que  forme  son  calcanéum.  Tout  autre  quadrupède 
auroit  montré  quelque  reste  d’un  calcanéum  saillant  en  arrière.  A la 
vérité  M.  de  Sœmmerring  (§4,  d,  et  § 14)  suppose  que  le  tarse 
étoit  encore  cartilagineux;  mais  il  y a dans  ce  squelette  tant  d’os 
complets  et  sans  vestiges  d’epiphyses  , qu’en  général  cette  idée  de 
jeunesse  est  difficile  à admettre. 


Les  doigts  de  derrière  ne  sont  pas  moins  conformes  que  ceux  de 
devant  à ce  qu’ils  doivent  être  dans  les  lézards. 

En  P,  les  os  du  métatarse  se  recouvrent  un  peu,  mais  on  les  voit 
bien  en  R ainsi  que  les  phalanges,  et  ce  qm  surtout  est  important, 
le  nombre  de  ces  phalanges  est,  pour  ce  qu’on  en  voit,  le  même  dans 
les  deux  pieds. 


On  en  compte  au  premier  doigt  deux  (sans  le  métatarsien),  au 
suivant  trois,  au  suivant  quatre,  et  enfin  cinq  au  dernier.  Ce  sont 
exactement  et  rigoureusement  les  nombres  des  quatre  premiers 
doigts  des  lézards.  Il  paroît  qu’ici  le  cinquième  étoit  réduit  à un 
léger  vestige  de  deux  pièces. 

Ce  sont  aussi  les  nombres  des  oiseaux  quant  aux  phalanges,  mais 


FOSSILES.  375 

les  oiseaux  n’ont  qu’un  seul  métatarsien,  et,  les  martinets  exceptés, 
ils  n ont  jamais  les  quatre  doigts  dans  la  même  direction. 

Quant  aux  chauve-souris,  elles  auroient  trois  phalanges  à chaque 
doigt,  le  pouce  excepté. 

Je  le  demande  J cette  concordance  peut-elle  être  l’effet  du  hasard? 
en  fait,  elle  n’est  sujette  à aucun  doute;  car,  bien  quelle  ait  été  né- 
gligée par  M.  Oken  et  incomplètement  indiquée  par  M.  de  Sœmmer- 
ring,  je  la  vois  clairement  sur  l’empreinte  envoyée  par  M.  de  Sœm- 
inerring,  sur  le  dessin  de  M.  Oppel  et  sur  celui  que  MM.  Bi’ougniart 
et  Prévost  m’ont  fait  à la  loupe  (voyez  la  fig.  6). 

Gollini  avoit  marcjué  une  phalange  de  moins  au  quatrième  doigt , 
ce  c|ui  m’ avoit  fait  dire  dans  ma  première  édition  que  le  pied  fossile 
avoit  les  nombres  du  crocodile. 

M.  de  Sœmmerring,  dans  sa  figure,  ne  montre  ni  Tune  ni  1 autre 
de  ces  deux  petites  phalanges,  ce  qui  est  apparemment  une  inadver- 
tance de  son  dessinateur. 

Il  les  a vues  cependant,  et  il  croit  (§  16,  § 4^  5 § 4^^?  § ^2)  que 
Collini  avoit  pris  les  épiphyses  des  métatarsiens  du  troisième  et  du 
quatrième  doigt  pour  des  os  particuliers;  mais  ces  petites  phalanges, 
sur  lesquelles  j’insiste  , viennent  non  pas  après  les  métatarsiens,  mais 
après  les  premières  phalanges,  comme  il  arrive  dans  les  lézards;  or 
comment  supposeroit-on  que  ces  premières  phalanges  étoient  encore 
épiphysées,  et  que  les  métatarsiens  ne  l’étoient  plus?  comment  celle 
du  quatrième  doigt  auroit-elle  eu  deux  épiphyses  au  même  bout? 
Ajoutez,  comme  l’observe  M.  de  Sœmmerring  lui-même,  que  les 
métatarsiens,  comme  dans  les  lézards,  sont  beaucoup  plus  longs 
que  les  secondes  phalanges,  et  que  dans  les  chauve-souris  ils  se- 
r oient  plus  courts. 

Les  ongles  de  derrière  n’ont,  comme  ceux  de  devant,  rien  qui  les 
distingue  des  lézards,  qui,  à la  vérité,  ressemblent  assez  en  ce  point 
anx  chauve-souris. 

Voilà  donc  un  animal  qui,  dans  son  ostéologie,  depuis  les  dents 
jusqu’au  bout  des  ongles,  offre  tous  les  caractères  classiques  des 
sauriens  ; on  ne  peut  donc  pas  douter  qu’il  n’en  ait  eu  aussi  les  carac- 


376  SAURIENS 

tères  dans  ses  tégiimens  et  dans  ses  parties  molles;  qu’il  n’en  ait  eu 
les  écailles , la  circulation,  les  organes  de  génération , etc.  Mais  c etoit 
en  même  temps  un  animal  pourvu  des  moyens  de  voler,  qui  dans 
la  station  devoit  faire  peu  d’usage  de  ses  extrémités  antérieures,  si 
même  il  ne  les  tenoit  toujours  reployées  comme  les  oiseaux  tiennent 
leurs  ailes,  qui  cependant  pouvoit  aussi  se  servir  de  ses  petits  doigts  de 
devant  pour  se  suspendre  aux  branches  des  arbres,  mais  dont  la  po- 
sition tranquille  devoit  être  ordinairement  sur  ses  pieds  de  derrière, 
encore  comme  celle  des  oiseaux;  alors  il  devoit  aussi,  comme  eux, 
tenir  sou  col  redressé  et  recourbé  en  arrière  pour  que  son  énorme 
tête  ne  rompît  pas  tout  équilibre. 

D’après  ces  données,  on  pourroit  le  dessiner  à l’état  de  vie;  mais 
la  figure  que  l’on  obtiendroit  seroit  des  plus  extraordinaire , et  sem- 
bleroit,  à ceux  qui  n’auroient  pas  suivi  toute  cette  discussion,  le 
produit  d’une  imagination  malade  plutôt  que  des  forces  ordinaires 
de  la  nature. 

On  en  voit  quelquefois  d’approchantes  dans  les  peintures  fantasti- 
ques des  Chinois.  Hermann  m’en  avoit  même  indiqué  une  gravée 
dans  le  journal  intitulé  Naturjorscher , Ville,  cahier,  pl.  C,  fîg.  l\, 
et  tirée  d’un  livre  d’histoire  naturelle  chinoi^que  l’on  conserve  dans 
la  bibliothèque  de  Trew  à Altorf.  Elle  représente  une  chauve-souris 
avec  un  bec  d’épervier  et  une  longue  queue  de  faisan  ; mais  ce  ne  se- 
l’oit  pas  là  ce  qu’on  pourroit  appeler  une  représentation  de  notre 
animal. 

§ IL  D'un  petit  Ptérodactfle  à museau  court  ( Pterodactylus 

brevirostris  ). 

11  vient  des  mêmes  couches  que  le  précédent , et  a été  trouvé  dans 
les  carrières  de  FPindischhqfh.  une  demi-lieue  ^ Alichstedt.^-  Gras- 
segger,  conseiller  municipal  à Neubourg  sur  le  Danube,  l’avoit  acheté 
dans  une  ancienne  collection,  etM.  de  Sœmmerring,  averti  de  l’exis- 
tence de  ce  morceau  par  M.  le  comte  de  Reisach,  en  ayant  demandé 
communication , il  lui  fut  adressé  à Munich,  où  il  en  fit  une  descrip- 


FOSSILES.  377 

tion  insérée  avec  une  gravure  dans  le  volume  de  l’Académie  bava- 
roise pour  1816  et  1817. 

Depuis  lors , M.  Oken  s’est  rendu  à Neubourg  pour  l’observer , et 

a donné,  dans  l’Isis  de  1819,  une  nouvelle  description  et  une 
autre  figure,  à la  suite  de  son  article  sur  l’espèce  précédente. 

C’est  d’après  ces  deux  naturalistes  que  nous  allons  en  parler,  et 
que  nous  le  représentons  fig.  7. 

La  pierre  qui  le  porte  offre  aussi  les  restes  d’un  très-petit  poisson 
et  quelques  petites  astéries.  Elle  est , comme  tous  ces  schistes , d’un 
gris  roussâtre.  Les  os  s’en  distinguent  par  une  teinte  plus  brune  5 
leurs  cavités  sont  remplies  d’un  spath  blanchâtre. 

L’individu  est  plus  petit  d’un  tiers  pour  le  tronc  que  le  précédent, 
et  sa  tête  et  son  cou  sont  beaucoup  moins  allongés  à proportion. 

Sa  tête  est  beaucoup  moins  bien  conservée , et  qui  la  verroit  isolée , 
la  prendroit  plutôt  pour  celle  d’un  oiseau  ( d’une  oie  sortant  de  l’œuf 
par  exemple)  que  pour  celle  d’un  reptile. 

Les  figures  n’y  marquent  aucunes  dents.  M.  de  Sœmmerring  dit 
cependant  qu’on  y en  voit  de  petites  aux  deux  mâchoires,  dont  les 
unes  ressemblent  aux  antérieures  des  chauve-souris,  les  autres  à leurs 
molaires;  que  sur  la  pierre  opposée  il  en  reste  à la  mâchoire  infé- 
rieure huit  pointues,  et  à la  supérieure  cinq.  M.  Oken  n’en  parle  pas 
du  tout.  Ce  seroit  cependant  un  point  assez  important  à éclaircir. 

M.  Oken  pense  avoir  vu  un  os  tympanique  séparé  et  reconnois- 
sable. 

On  compte  sept  vertèbres  au  cou.  M.  de  Sœmmerring  marque  aux 
trois  ou  quatre  dernières  des  apophyses  épineuses  qui  ne  reparoissent 
pas  dans  la  figure  de  M.  Oken. 

11  y a dix  ou  onze  vertèbres  entre  les  cervicales  et  les  sacrées, 
toutesmunies  d’apophyses  épineuses  peu  élevées,  coupées  carrément, 
et  qui  paroissent  avoir  toutes  porté  des  côtes.  Celles-ci  sont  grêles 
et  simples  comme  dans  l’autre  espèce. 

^ La  queue  est  aussi  courte,  grêle  et  pointuç,  mais  il  n’est  pas  aisé 

en  compter  les  vertèbres  : il  semble  que  les  dernières  soient  divi- 
sées en  deux  parties. 

T.  V,  ae.  P. 


48 


378  SAURIENS 

L’épaule  et  le  sternum  sont  assez’obscurs  dans  la  figure  de  M-  de 
Sœmmerring,  qui  ne  marque  pas  même  d’omoplate.  M.  Oken  voit 
l’omoplate  dans  un  os  long , A , où  il  aperçoit  même  une  pièce  carti- 
lagineuse vers  le  bout  spinal,  l’os  coracoïdien  en  B , et  le  disque  du 
sternum  en  C. 

S il  en  est  ainsi,  on  y retrouveroit  à peu  près  l’épaule  et  le  sternum 
du  précédent  et  du  crocodile. 

Le  bassin  est  encore  plus  nettement  un  bassin  de  lézard.  A,  l’os 
des  îles;  B,  l’ischion;  C,  le  pubis.  Lorsque  M.  de  Sœmmerring  me 
communiqua  pour  la  première  fois  ce  beau  morceau,  je  m’empressai 
de  lui  écrire  que  ce  pubis  seul  prouveroit  que  l’animal  est  un  reptile; 
et  plus  je  m en  suis  occupe,  plus  je  me  suis  confirmé  dans  cette  con- 
viction. 

On  voit  dans  sa  figure  le  pubis  de  l’autre  côté,  qui  manqüoit  au 
morceau  quand  M.  Oken  l’a  dessiné.  Peut-être  a-t-il  été  perdu  dans 
les  transports  que  la  pierre  a subis. 

Le  bras  est  le  même  que  dans  la  grande  espèce. 

Celui  du  côté  gauche  est  peu  déplacé. 

L’humérus,  est  en  partie  masqué  par  les  côtes;  l’avant-bras,  h, 
relevé  presque  verticalement,  ne  se  voit  qu’à  moitié.  On  y distingue 
une  trace  de  division  en  deux  os,  et  vers  le  bout  sont  ou  de  petits 
os,  ou  des  facettes  qui  annoncent  qu’à  cet  endroit  étoit  le  carpe. 

M.  de  Sœmmerring , qui , dans  cette  espèce  comme  dans  la  précé- 
dente, prend  l’avant-bras  pour  l’humérus,  ne  voit  dans  ces  petits 
restes  que  des  traces  d’épiphyses. 

Il  paroit  n être  resté  que  le  gros  os  du  métacarpe , i,  si  toutefois 
l’animal  en  a eu  plus  d’un. 

Les  trois  petits  doigts  onguiculés  a , 3, 4 montrent  distinctement, 
dans  la  figure  de  M.  de  Sœmmerring  aussi-bien  que  dans  celle  de 
M.  Oken  , les  mêmes  nombres  de  phalanges  que  dans  la  grande  es- 
pèce et  que  dans  tous  les  lézards.  Celui  de  quatre  phalanges  nous 
montre  même  son  onguéal,  qne  nous  n’avions  pu  que  conclure  dans 
le  précédent  ou  il  est  emporté.  Le  long  doigt  a la  même  proportion 
que  dans  la  grande  espèce,  et  se  compose  de  même  de  quatre  arti- 


FOSSILES.  379 

culations,  dont  la  dernière  n’a  pas  d’ongle.  Elles  sont  marquées  k ; l, 
m eXn. 

Les  os  de  l’autre  bras  sont  rejetés  en  arrière. 

L’avant-bras  est  en  o j vers  p semblent  être  des  os  du  carpe  dis- 
tincts 5 q est  un  métacarpe  qui  paroît  aussi  réduit  à un  seul  os.  Les 
deux  petits  doigts  à deux  et  trois  phalanges  sont  encore  en  place  ; 
celui  qui  en  a quatre  est  un  peu  dérangé , mais  on  voit  encore  trois  de 
ses  articles,  dont  un  est  l’onguéal. 

Quant  au  grand  doigt,  on  ne  voit  que  ses  deux  premières  pièces ^ 

r et  s. 

Les  pieds  de  derrière  sont  tous  les  deux  complets,  a d sont  les 
fémurs;  b et  e,  les  tibias,  qui  paroissent  avoir  ete  simples;  c , 
les  pieds,  composés  chacun  de  quatre  doigts  avec  un  métatarse  de 

quatre  os  comme  dans  la  grande  espèce. 

Quant  aux  phalanges,  les  deux  figures  de  M.  de  Sœmmerring  et  de 
JVI.  Oken  s’accordent  à en  donner  à ces  doigts  les  mêmes  nombres 
que  dans  les  mammifères  ; savoir , deux  au  premier,  et  trois  à chacun 
des  trois  autres;  mais  je  soupçonne  beaucoup  cpae  ces  naturalistes 
n’ont  pas  remarqué  dans  les  deux  derniers  les  petites  phalanges  in- 
termédiaires qui  sont  si  visibles  dans  la  grande  espèce. 

Ces  détails  de  l’organisation  des  extrémités  suppléent  à ce  que  la 
tête  peut  nous  apprendre,  et  ne  laissent  aucun  doute  qu’il  n’y  ait  eu 
dans  ce  canton,  à l’époque  où  s’y  formoient  les  couches  lithographi- 
ques et  où  y vivoient  les  crocodiles , les  monoculus  et  tant  d autres 
êtres  dont  les  genres  sont  aujourd’hui  confinés  dans  la  zone  torride; 
qu’il  n’y  ait  eu , dis-je,  deux  espèces  de  sauriens  qui  voloient  au  moyen 
d’une  membrane  soutenue  par  un  seul  des  doigts  de  la  main;  qui  se 
suspendoient  et  peut-être  rampoient  au  moyen  des  trois  autres  doigts 
de  cette  main;  qui  se  tenoient,icle*bout;  sur  leurs  pieds  de  derrière 
seulement,  et  dont  la  grandeftète  4toit  fendue  d’une  énorme  gueule 
armée  de  petites  dents  pointues,  propres  seulement  à saisir  des  in- 
sectes et  d’autres  petits  animaux. 

Ce  sont  incontestablement  de  tous  les  êtres  dont  ce  livre  nous  ré- 
vèle  l’ancienne  existence,  les  plus  éxtraordinaires , et  ceux  qui,  si  p? 

48 


38o  SAURIENS 

les  voyoit  vivans,  paroîtroient  les  plus  étrangers  à toute  la  nature 
actuelle. 

§ III,  Sur  divers  os  longs  qui  paroissent  woir  appartenu  à une 
grande  espèce  de  Ptérodactyle. 

M.  Blumenbach  a le  premier  fait  connoître  un  de  ces  morceaux 
qii  il  regardait  comme  provenant  d’une  aile  de  roussette  (i).  Il  se 
composoit  de  trois  articles,  et  se  voyoit  dans  un  ancien  cabinet  de 
Nuremberg,  où  on  l’avoit  reçu  des  carrières  de  Solenhofen. 

M.  de  Sœmmerring  s’est  donné  beaucoup  de  peine  pour  être  in- 
formé du  sort  de  ce  fossile,  et  a appris  qu’il  avoit  été  acheté  par  un 
Français  nomme  Gachet,  qui  le  transporta  successivement  en  dilFé- 
rens  lieux,  et  le  plaça  enfin  dans  le  cabinet  de  l’évêque  de  Constance 
a Moersbourg.  Ce  cabinet  ayant  été  réuni  en  1802  à celui  de  Carls- 
1 uhe , on  devoit  supposer  que  ce  morceau  s’y  retrouveroit;  mais 
c’est  en  vain  qu’on  y en  a fait  la  recherche. 

En  revanche,  il  s’est  trouvé  que  l’on  y possède  une  plaque  bien 
plus  remarquable,  qui  présente  plusieurs  os  longs,  encore  en  partie 
articules  ensemble,  et  dont  l’examen  a fait  juger  à M.  de  Sœmmer- 
ring qu’ils  viennent  d’animaux  du  même  genre. 

Nous  en  donnons  la  figure  pl.  XXII,  fig.  8,  d’après  la  lithogra- 
phie de  M.  de  Sœmmerring,  et  d’après  une  empreinte  en  plâtre  prise 
sur  l’original  qu’il  a bien  voulu  nous  adresser. 

C’est  le  même  schiste  calcaire  c[u’à  Solenhofen,  et  même  l’on  voit 
au  reveis  de  la  plaque  une  foule  de  ces  petites  astéries  communes 
dans  ces  carrières,  et  qui  ont  été  si  souvent  gravées  (2),  en  sorte 
qu  on  ne  peut  douter  qu’elle  ne  vienne  de  cette  formation. 

On  y voit  d’al;)ord  deux  os  bien  entiers,  A et  B,  que  M.  de  Sœm- 


(0  Archœologia  lelUiris,  Gœlt. , i8oi  , dans  les  Mém.  de  la  Société  royale,  p.  144; 
-Anatomie  comparée , Gœtlingue,  i8o5  , p.  riotQ  , Matériaux  pour  l’Hist.  naturelle, 
ib. , 1806 , p.  I ig. 

(3)  Barer,  Ôryctogr.  noric. , YIH,  4 , Supplém. , YII,  2 , 3 , 4,5;  P.oesel,  Insecte* , 
III , pl.  XG  , f . I , 2 , 3 J Knorr,  etc. 


FOSSILES.  38i 

merring  regarde  comme  un  fémur  et  un  tibia,  et  au  bout  de  ce  dei- 
nier  quelques  restes  de  tarse. 

Puis  deux  articulations  longues  et  grêles,  GetD,  avec  un  reste,  E, 
de  celle  à laquelle  adhéroit  la  plus  forte  des  deux;  elles  ressemblent 
manifestement  aux  deux  articulations  moyennes  du  grand  doigt  des 
ptérodacty  les. 

Enfin  l’empreinte  et  quelques  fragmens  d’un  os  plus  gros  qu  aucun 
des  autres,  F,  à l’extrémité  duquel  paroît  un  petit  reste  indéchif- 
frable, G.  M.  de  Sœmmerring  juge  que  c’est  l’os  de  l’avant-bras,  et 

qu’il  présentoit  son  côté  interne. 

H en  conclut  que  cet  animal , comme  le  galéopithèque  et  plu- 
sieurs chauve-souris,  n’avoit  qu’un  seul  os  à l’avant-bras,  os  que 
M.  de  Sœmmerring  (dans  une  note  sur  le  § 20  de  son  mémoire  sur 
le  '^xevoiiQv ptérodactyle^  croit  plutôt  devoir  etre  appelé  cubitus  que 
radius. 

Je  remarquerai  ici  en  passant  que  le  galéopithèque  et  toutes  les 
chauve-souris  connues  ont  deux  os  à l’avant-bras,  et  que  la  nature 
de  ces  deux  os  s’y  laisse  déterminer  sans  aucune  équivoque.  Le  plus 
grêle,  qui  dans  le  galéopithèque  descend  jusqu  au  carpe,  mais  qui 
dans  les  chauve-souris  ne  dépasse  guere  le  milieu  de  1 avant-bias,  ne 
peut-être  méconnu  pour  le  cubitus , puisque  c est  à lui  qu  appartient 
l’olécràne  ; ainsi  le  plus  gros  est  le  radius  ; il  en  a d ailleurs  toutes  les 
formes  et  les  articulations;  et  de  plus  cette  théorie  s’accorde  avec 
ce  qu’on  voit  dans  les  ruminans,  où  le  cubitus  diminue  par  degiés, 
et  se  réduit  enfin  à un  olécrane  attache  en  arriéré  du  radius. 

Revenant  à notre  fossile,  je  dirai  que  les  deux  articles  G et  D me 
paroissent,  comme  à l’auteur  que  je  cite,  les  deuxième  et  troisième 
phalanges  du  grand  doigt  d’un  ptérodactyle. 

La  plus  grande.  G,  seroit  presque  quadruple  de  sa  correspondante 
dans  notre  première  espèce;  l’autre  ne  seroit  que  triple,  mais  elle 
n’est  peut-être  pas  entière. 

Quant  aux  deux  os  A et  B,  leurs  formes  ne  sont  pas  assez  bien 
conservées  pour  que  l’on  puisse  dire  positivement  s’ils  sont  le  fémur 
et  le  tibia , ou  bien  l’humérus  et  le  radius  ; mais  leur  proportion  re- 


SAURIENS 


38a 

lative  est  assez  semblable  à celle  du  fémur  et  du  tibia  du  premier 
ptérodactyle  pour  que  Ton  puisse  adopter  la  conjecture  de  M.  de 
Sœmmerring.  En  ce  cas,  l’os  F pourra  etre,  comme  le  pense  aussi 
M.  de  Sœmmerring,  celui  de  l’avant-bras,  ou  le  radius,  et  je  tirerai 
parti  de  sa  ressemblance  avec  celui  qui  est  marqué  2 dans  notre 
lig.  I,  pour  prouver  que  ce  dernier  est  aussi,  comme  je  l’ai  dit, 
l’os  de  l’avant-bras,  et  non  pas  celui  de  l’humérus  ainsi  que  le 
pense  M.  de  Sœmmerring. 

Ce  ptérodactyle  devoit  être  considérable  pour  la  taille,  et,  com- 
parativement aux  deux  autres,  on  peut  très-bien  le  novanxev pter^~ 
dactylus  grandis. 

Voici  les  dimensions  des  os  conservés  sur  cette  plaque  : 


Longueur  du  fémur  A o,ii5 

— du  tibia  B 0,206 

— de  l’os  de  l’avant-bras  F 0)169 

— de  la  deuxième  phalange  G 

— de  la  troisième  phalange  D 0,109 


§ IV.  D’une  extrémité  de  doigt  des  mêmes  carrières , pouvant 
provenir  d’un  ptérodactyle  ou  d’une  chauve-souris. 

M.  Spix  a publié  encore  dans  les  Mémoires  de  l’Académie  de  Ba- 
vière , t.  V,  une  plaque  des  carrières  de  Solenhoffen , qui  contient 
deux  articulations  longues  et  grêles,  dont  la  seconde  , terminée  en 
pointe  aiguë  et  un  peu  courbée,  est  manifestement  la  dernière  du 
doigt  auquel  toutes  les  deux  appartenoient.  Nous  en  donnons  une 
copie  pl.  XXIÜTfig.  9. 

On  pourroit  croire , d’après  quelques  osselets  ou  fragmens  d’os 
qui  sont  à la  base  de  l’autre , que  ce  doigt  n’avoit  que  deux  articles, 
et  ce  motif  a engagé  M.  Spix  à le  considérer  comme  un  doigt  de 
vampyre , c’est-à-dire  sans  doute  de  pbyllostome. 

En  effet,  dans  les  phyllostomes  comme  dans  la  plupart  des  chauve- 
souris,  l’index  n’a  que  deux  articles;  mais  quoique  le  second  article 
soit  un  peu  moins  exigu  dans  les  phyllostomes , et  nommément  dans 
le  vampyre,  que  dans  nos  chauve-souris  vulgaires,  il  s’en  faut  bien 


FOSSILES.  383 

qu’il  y approche  de  la  longueur  proportionnelle  qu’il  a dans  le  fossile. 
Le  deuxième  article  fossile  est  plus  long  que  l’autre,  et  celui  du  vam- 
pyre  n’a  guère  plus  du  quart  de  la  longueur  de  celui  qui  le  précède. 

Des  découvertes  ultérieures  pourront  nous  apprendre  s’il  s agit 
ici,  comme  je  suis  disposé  à le  croire,  des  deux  dernières  articula- 
tions du  long  doigt  d’un  ptérodactyle,  qui  seroit  un  peu  moins  grand 
que  l’individu  dont  nous  venons  de  décrire  des  fragmens,  ou  si  les 
petits  os  du  bord  appartenant  au  carpe , il  s agit  d’un  doigt  à deux 
articles , et  si  ce  doigt  provient  dun  nouveau  genre  voisin  des  pté- 
rodactyles ou  enfin  d’une  chauve-souris. 

J’avoue  qu’il  me  faudroit  des  preuves  bien  démonstratives  pour 
me  faire  adopter  cette  dernière  opinion  qui  s accorderoit  si  peu  avec 
ce  que  nous  apprend  jusqu’ici  l’étude  des  os  fossiles. 


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Sia/rtlglUi'  9é^îül3  9IJ9  > 9Î)  9i;^ÔU  .Ir  , ( ;,  . 


. V . 


CHAPITRE  lY. 


D ES  O SSEMEN  S DE  BaTR^C  lEN  S. 


Les  animaux  analogues  à la  grenouille,  au  crapaud,  à la  salamandre 
ces  reptiles  nus  et  sujets  à métamorphoses,  qui  forment  une  petite 
famille  si  isolée  dans  le  règne  animal  par  toute  son  organisation,  exis- 
toient  déjà  dans  les  terrains  détruits  par  les  révolutions  du  globe,  el 
quoique  dilférens  par  les  espèces , ils  étoient  soumis  aux  mêmes  lois 
de  coexistence  et  de  forme  des  organes.  On  y en  voyoit  cependant 
assez  peu,  si  l’on  en  juge  par  le  petit  nombre  des  débris  qui  s’en  sont 
conservés,  et  par  le  petit  nombre  des  lieux  où  on  les  a découverts. 
A bien  dire,  je  crois  même  qu’il  n’y  en  a de  certains  que  ceux  des 
canieies  si  problématiques  d’OEningen;  mais  ce  chapitre  n’en  sera 
pas  moins  intéressant,  à cause  des  observations  remarquables  que 
nous  offre  l’ostéologie  de  cette  classe  singulière. 


T.  V,  ae.  P. 


49 


386 


OSTÉOLOGIE 


PREMIÈRE  SECTION. 

De  lOstéologie  des  Batraciens. 

Article  premier. 

Des  Grenouiiles , Rainettes , C?'apauds  et  Pipas. 

§ I.  De  la  Tête. 

Dans  les  batraciens  5 la  composition  du  crâne  se  simplifie  beaucoup. 

Il  n y a plus  que  les  deux  occipitaux  latéraux,  sans  occipital  supé- 
rieur ni  basilaire  ; un  seul  sphénoïde , sans  ailes  temporales  ni  orbi- 
taires j un  seul  os  remplaçant  à la  fois  le  frontal  principal  et  l’ethmoïde , 
et  pouvant  prétendre  a 1 un  et  à l’autre  nom;  point  de  frontaux  pos- 
térieurs, deux  frontaux  antérieurs,  deux  pariétaux  et  deux  rochers. 

La  face  est  également  simplifiée  en  ce  que  le  transverse  ne  fait 
qu’un  avec  le  ptérygoïdien , et  le  temporal  avec  le  tympanique  ; et 
qu’il  n’y  a point  de  mastoïdien. 

La  GRENOUILLE  Verte  commune  ( rana  esculenta  L.),  pi-  XXIV, 
lig.  I et  2 (i),  a l’ensemble  de  la  tête  déprimé  à cause  de  l’écarte- 
ment des  maxillaires  et  des  jugaux,  de  la  grandeur  des  orbites,  de 
la  situation  presque  horizontale  de  leur  plan,  etc. 

Le  contour  extérieur,  forméparles  intermaxillaires,  les  maxillaires 
et  les  jugaux,  et  terminé  de  chaque  côté  par  l’extrémité  postérieure 
des  tympaniques , est  de  figure  à peu  près  parabolique. 

Entre  les  orbites  est  le  crâne  de  forme  parallélipipède  allongé,  s’é- 
largissant en  arriéré  en  deux  bras  transverses  qui  contiennent  les 

(,)  Il  y a une  figure  de  tête  de  grenouille  dans  le  Cephalogenesis  de  Spix , pl.  I,  fig.  8, 
et  d’autres  plus  nettes  par  M.  Bojanus , dans  l’Isis  de  1821 , Xir.  cahier , pl.  8,  fig.  10,  ii 
et  12.  On  en  voit  beaucoup  d’autres  dans  divers  ouvrages , mais  qu’il  est  inutile  de  citer  , 
parce  qu’on  y a donné  peu  d’attention  à la  division  des  os. 


DES  BATRACIENS.  887 

oreilles  internes,  et  qui  s’unissent  à l’angle  postérieur  externe  de  la 
parabole  par  le  moyen  des  tympaniques. 

Le  crâne  est  formé  en  avant  par  un  os  en  prisme  triangulaire,  a, 
dont  une  face  est  en  dessus,  les  deux  autres  de  côté,  et  qui  s’appuie 
par  son  arête  inférieure  sur  le  prolongement  antérieur  du  sphénoïde. 

Cet  os  s’évase  en  avant,  et  y est  creusé  de  deux  cônes  pour  servir 
de  fond  aux  deux  narines^  le  nerf  olfactif  passe  par  un  trou  de  la 
pointe  de  chaque  cône,  et  celui  de  Willis  par  un  autre  plus  petit,  1 , 
percé  à la  face  orbitaire  en  avant  et  en  dessus,  et  donnant  dans  le 
cône  de  son  côté. 

Ainsi  le  tube  du  crâne  est  complété  a sa  partie  anterieure  par  un 
seul  os  qui  l’entoure  entièrement.  Cet  os,  en  forme  d’anneau  ou  de 
ceinture,  représente  très-bien  les  deux  frontaux  des  serpens  reunis 5 
je  ne  l’ai  pas  trouvé  divisé,  même  dans  des  individus  tres-]eunes  qui 
avoient  encore  un  gi’and  espace  membraneux  entre  les  OS  du  dessus 
du  crâne. 

En  arrière,  le  pourtour  du  trou  occipital  est  entièrement  formé 
par  les  deux  occipitaux  latéraux,  h,  b,  qui  ont  chacun  un  condyle. 

11  n’y  a aucun  occipital  supérieur  ni  aucun  basilaire  5 ce  que  l’on 
aura  sans  doute  cjuelque  peine  à concilier  avec  la  théorie  qui  compose 
toujours  le  crâne  d’un  certain  nombre  de  vertèbres. 

Le  dessus  du  crâne  est  formé  par  des  os  qui  se  réunissent  de  bonne 
heure  en  un  seul,  c , c,  de  forme  à peu  près  rectangulaire,  qui  règne 
depuis  le  dessus  des  occipitaux  jusque  sur  l’os  en  ceinture,  sur  la 
})artie  supérieure  et  postérieure  ducjuel  il  s’étend  par  une  avance 
écailleuse.  En  arrière,  il  s’élargît  pour  s’unir  aux  rochers  et  aux  occi- 
pitaux. Sur  les  côtés,  il  se  replie  un  peu  en  dessous,  mais  pas  assez 
pour  descendre  jusqu’au  sphénoïde,  comme  le  fait  l’os  en  ceinture. 

Dans  les  individus  plus  jeunes,  cet  os  du  dessus  du  crâne  se  divise 
longitudinalement  en  deux,  et  même  il  y a des  espèces,  telles  que  la 
rainette  et  le  crapaud  sonneur , où  leur  intervalle  demeure  très-long- 
^^mps,  et  peut-être  toujours,  membraneux;  mais  il  n’est  pas  si  aisé 
^ y voir  une  suture  transversale. 

Ce  n’est  c]ue  dans  les  jeunes  têtards  que  l’on  sépare  une  partie 

49’' 


OSTÉOLOGIE 

postérieure  de  forme  ronde  de  l’antérieure  qui  est  allongée  (i).  Si  , 
comme  on  peut  le  croire,  ces  deux  pièces  sont  le  frontal  et  le  pa- 
riétal, l’os  en  ceinture  deviendra  naturellement  un  ethmoïde  ossifié, 
ce  qui  sera  une  grande  singularité. 

Le  sphénoïde,  d,  est  semblable  à une  croix,  dont  la  branche  im- 
paire la  plus  courte  s’étend  sons,  la  suture  moyenne  qui  unit  les  occi- 
pitaux entre  eux,  dont  les  branches  latérales  s’étendent  sous  la  su- 
tuie  inferieure  des  occipitaux  avec  les  rochers,  et  dont  la  tige  se 

porte  en  avant  jusque  sous  l’os  en  ceinture,  qu’il  garnit  sous  toute 
son  arête  inférieure  (2). 

De  chaque  côté,  sur  la  branche  de  la  croix  et  en  avant  est  le  ro- 
cher,  e,e,  ayant  le  pariétal  en  dessus,  l’occipital  latéral  en  arrière , 
et  formant  avec  celui-ci,  auquel  il  se  soude  de  très-bonne  heure, 
la  fenêtre  ovale  et  la  cavité  de  l’oreille  interne. 

L’espace  entre  le  rocher,  l’aile  descendante  du  frontal,  le  pariétal 
et  la  tige  du  sphénoïde,  où  seroient  naturellement  la  grande  aile  tem- 
porale et  1 aile  orbitaire,  est  simplement  membraneux. 

Dans  cette  membrane  est  le  trou  optique. 

Le  trou  de  la  cinquième  paire  est  dans  une  échancrure  du  rocher,  2. 

Si  nous  examinons  maintenant  la  face,  nous  trouverons  d’abord 
en  avant  les  intermaxillaires,/,  leur  partie  dentaire  complette  le 
pourtour  des  mâchoires.  Ils  ont  chacun  une  apophyse  montante, 
peu  longue,  plus  étroite  que  la  partie  dentaire,  et  qui  n’atteint  lias 
le  fftintal  antérieur. 

Ces  deux  apophyses  ne  se  touchent  pas.  te  trou  de  la  narine  exté- 
rieure est  percé  dans  la  membrane,  près  de  leur  pointe.  En  dehors 
de  ce  trou,  dans  cette  même  membrane,  est  suspendu  un  très-petit 
os  dentele,  g,  g,  qui  est  un  vestige  de  nasal  (3). 


(0  M.  BojaniiS  miLrque  cette  division  dans  «ne  tdte  adulte;  mais  c’e,st  à peine  si  j’ai  pu  la 
retrouver  dans  de  très-jeunes  têtards. 

(2)  M.  Bojanus  divise  aussi  cet  os  en  deux  par  une  ligne  transverse,  pour  en  faire  m.  ' 
sphénoïde  antérieur  et  un  postérieur  ; mais  un  Irait  de  plume  n’est  pas  une  suture  ; j’ai 
trouvé  cet  os  simple,  même  dans  les  têtards. 

(3)  M.  Bojanus,  qui  n a pas  connu  ce  petit  nasal , en  a transporté  le  nom  an  frontal  an- 
térieur. 


DES  BATRACIENS.  38g 

Les  frontaux  antérieurs,  h,  h,  sont  très-grands,  de  forme  triangu- 
laire, plus,  larges  que  longs,  leur  angle  externe  se  prolongeant  pour 
s articuler  avec  la  mâchoire  et  limiter  Forbite  en  avant. 

Il  n’y  a pas  de  lachrymal,  et  l’espace  où  il  seroit  naturellement  à 
la  face  antérieure  de  Forbite  est  occupé  par  une  membrane. 

Je  ne  vois  pas  de  trou  lachrymal,  et  nous  avons  déjà  remarqué 
que  le  trou  pour  Fintroduction  du  nerf  ophtalmique  dans  le  nez  est 
percé  dans  Faile  descendante  du  frontal  principal. 

Sous  la  partie  antérieure  et  évasée  de  Fos  en  ceinture,  en  avant  de 
la  pointe  du  sphénoïde , est , de  chaque  côté,  une  branche  transversale 
osseuse,  /,  i,  qui  va  se  joindre  à Fos  maxillaire,  h,  h,  sous  l’endroit 
d’où  cet  os  donne  une  petite  apophyse  montante  qui  va  s’unir  à l’angle 
latéral  du  frontal  antérieur.  C’est  l’analogue  du  palatin. 

Tj’espace  triangulaire  entre  ces  deux  palatins  et  le  bord  antérieur 
des  mâchoires  est  occupé , du  côté  du  palais,  par  deux  os  plats , /,  l, 
qui  répondent  à ceux  que  nous  aA’onsnommés  vomers  dans  les  autres 
reptiles.  Du  cote  externe,  ils  ont  trois  pointes  et  deux  échancrures, 
et  c est  dans  leur- échancrure  postérieure,  ét  en  avant  du  palatin, 
qu’est  percée  la  narine  interne,  laquelle  se  trouve,  comme  on  voit, 
fort  en  avant  (i).  Du  bord  par  lequel  il  se  touche  naît,  sur  chacun, 
une  lame  verticale,  le  plus  souvent  cartilagineuse,  adossée  à sou 
analogue,  et  formant  avec  elle  la  cloison  des  narines. 

Dans  la  grenouille,  les  vomers  portent  chacun,  près  de  leur  arti- 
culation avec  le  palatin,  une  rangée  transversale  de  petites  dents 
pointues. 

En  examinant  toujours  la  tète  en  dessous,  on  <mit,  en  arrière  de 
1 orbite,  un  os  a trois  branches,  m,  dont  lune,  antérieure  et  ex- 
terne, s’unit  par  son  bord  externe  à Fos  maxillaire,  et  par  sa  pointe 
antérieure  à l’extrémité  externe  de  la  traverse  palatine  et  au  bas  du 


(i)  M.  Bojanus  appelle  l’os  grêle  placé  en  U'&'itTs,ptérj:goïdien,  et  le  regarde  comme  ana- 
à mon  os  transverse  : il  nomme  l’os  plat  et  anguleux  palalin;  mais  ces  dénominations 
pai-oissent  incompatibles  avec  leur  position.  La  narine  dans  les  lézards  s’ouvre  vers  la 
^'Onche  , absolument  comme  ici , par  une  édiancrure  du  vomer  et  en  avant  du  bord  antérieur 
palatin. 


390  OSTÈOLOGIE 

îrontal  antérieur;  la  seconde,  postérieure  et  externe,  va  s’unir  au 
bas  de  l’os  tympanique  en  dedans  de  son  extrémité  postérieure;  la 
troisième,  intermédiaire  et  interne,  va  rejoindre  l’extrémité  de  la 
branche  transversale  du  sphénoïde  et  la  partie  voisine  du  rocher.  Il 
est  sensible  que  cet  os  répond  à l’os  ptérygoïdien  et  au  transverse 
des  lézards,  et  par  conséquent  que  dans  la  grenouille  ces  deux  os 
n en  font  quun;  mais  que  c est  un  ptérygoïdien  dont  la  branche 
palatine  a manque.  Ce  rapprochement  de  la  pointe  antérieure  avec 
1 extrémité  externe  du  palatin  et  1 inférieure  du  frontal  antérieur 
répond  a celui  qui  a lieu  dans  plusieurs  lézards  de  la  part  de  fos 
transverse. 

L os  tympanique,  n,  bien  reconnoissable  par  sa  situation  et 
sa  fonction , a aussi  trois  branches  : une  supérieure  postérieure , qui 
rentre  en  dedans  pour  s’articuler  avec  le  rocher  ; une  supérieure  anté- 
l’ieure,  qui  se  porte  en  avant  en  descendant  un  peu , et  dont  la  pointe 
reste  libre  en  arrière  de  la  fosse  orbito-temporale.  Ces  deux  branches 
font  l’office  de  l’os  que  nous  avons  appelé  temporal  les  autres 
reptiles,  mais  qui , dans  la  grenouille,  est  uni,  au  moins  de  très-bonne 
heure , avec  le  tympanique.  La  troisième  branche  de  ce  tympanique, 
qui  en  est  la  partie  essentielle , descend  et  se  termine  près  de  la  fa- 
cette articulaire  pour  la  mâchoire  inférieure,  entre  l’extrémité  pos- 
térieure du  ptérygoïdien  et  celle  du  jugal. 

Ce  dernier  os,  o,  o , est  une  tige  courte  et  grêle,  allant  depuis  la 
pointe  postérieure  du  maxillaire  jusqu’à  la  facette  articulaire  qui  lui 
appartient  presque  entièrement,  le  tympanique  ne  faisant  que  s’ap- 
puyer sur  sa  face  externe. 

Cette  disposition  du  jagal  est,  comme  on  voit,  très-difFérente  de 
ce  qui  a lieu  dans  les  autres  reptiles,  le  crocodile  excepté,  qui  en 
approche  un  peu,  mais  elle  ressemble  à ce  qu’on  observe  dans  les 
oiseaux  , et  surtout  à ce  que  nous  retrouverons  dans  les  poissons. 

Le  tympan  est  tendu  sur  un  grand  cadre  cartilagineux  ovale,  qui, 
de  son  bord  antérieur , se  colle  en  partie  sur  l’os  tympanique , et  dont 
le  postérieur  est  entre  la  peau  et  le  muscle  analogue  du  digastrique 
ou  abaisseur  de  la  mâchoire. 


DES  BATRACIENS.  3qi 

Une  partie  du  bord  de  la  fenêtre  ovale  du  côté  de  l’occipital  est 
formée  par  un  simple  cartilage. 

De  cet  examen  il  résulte  cjue  le  crâne  de  la  grenouille  n a que  dix 
os:  un  ethmoïde,  deux  frontaux,  deux  pariétaux,  deux  occipitaux, 
un  sphénoïde,  deux  rochers;  et  la  face  seize:  deux  interraaxiliaires, 
deux  nasaux,  deux  frontaux  antérieurs,  deux  palatins,  deux  vomers, 
deux  ptérygoïdiens,  deux  tympaniques  et  deux  jugaux;  et  ce  crâne 
ne  s’accorde  pas  plus  avec  la  théorie  des  trois,  des  quatre  ou  dés  sept 
vertèbres,  même  avec  celle  d’une  vertèbre,  qu’avec  celle  de  l’iden- 
tité de  nombre  des  os. 

En  effet,  l’argument  le  plus  plausible  de  ces  dernières  théories 
consiste  dans  la  ressemblance  de  l’articulation  de  la  tête  sur  1 atlas 
avec  celles  des  vertèbres  entre  elles. 

Or,  dans  la  grenouille , la  tête  s’articule  par  deux  condyles , et  les 
vertèbres  par  un  seul  tubercule  donnant  dans  une  facette  concave 
de  la  vertèbre  suivante. 

Les  vertèbres  ont  toutes  un  corps  et  une  partie  annulaire , et  dans 
1 occiput  de  la  grenouille,  il  n’y  a ni  corps  ni  partie  éjnneuse  j)ossible, 
puiscjue  la  suture  qui  divise  les  deux  seuls  occipitaux  est  une  suture 
mitoyenne  et  dans  le  plan  vertical. 


Cette  composition,  prise  d’une  grenouille  verte  [rana  esculenta 
L.  ) d’âge  moyen,  peut  servir  de  type  principal  à cette  famille, 

Dans  des  individus  plus  jeunes,  l’os  en  ceinture  est  moins  ossifié 
en  longueur , les  pariétaux  restent  séparés  par  un  espace  membraneux 
plus  large  eu  avant. 

Dans  des  individus  plus  âgés,  l’os  en  ceinture  g’éteud  davantage 
en  arrière  ; l’échancrure  du  rocher  pour  la  cinquième  paire  se  ferme 
et  se  change  en  un  trou. 

La  grenouille  brune  {rana  temporariah.)  a la  tête  plus  courte, 
plus  large,  plus  arrondie,  en  quoi  elle  se  rapproche  un  peu  du  cra- 
paud. 

Dans  de  grandes  grenouilles  d’Amérique  {l'ana  hoans  L.) , fig.  3,  les 


OSTÉOLOGIE 


392 

frontaux  antérieurs  et  les  pariétaux  couvrent  Fos  en  ceinture  en  des- 
sus, au  point  de  n’en  laisser  voir  qu’un  petit  losange.  La  cloison  mi- 
toyenne du  frontal  principal  entre  les  deux  cônes  se  porte  si  avant 
dans  les  narines  cju’elle  y forme  une  cloison  osseuse. 

Les  j^arties  latérales  de  ce  même  os  se  portent  tellement  en  arrière 
que  l’espace  membraneux  des  côtés  du  crâne  est  très-petit;  c’est  une 
espèce  de  trou  optique  uni  à la  fente  sphéuo-orbitaire , et  compris 
entre  le  sphénoïde,  l’os  en  ceinture,  le  pariétal  et  le  rocher. 

La  cinquième  paire  passe  par  un  vrai  ti^ou  du  rocher. 

Sur  le  derrière  du  crâne,  on  voit,  sur  le  pariétal,  une  crête  sagit- 
tale et  une  crête  occipitale  ; cette  dernière  fait  un  angle  en  avant.  Les 
dents  des  vomers  sont  plus  nombreuses,  et  leurs  rangées  forment  en- 
semble un  angle  obtus  dirigé  en  arrière. 

Dans  la  rainette  commune  {rana  arborea  L. ),  les  pariétaux  res- 
tent pendant  très-long-temps  séparés  l’un  de  l’autre  en  dessus,  et 
laissent  ainsi  un  espace  membraneux  considérable  à la  paroi  supé- 
rieure du  crâne. 

L’espèce  que  l’on  nomme  communément  crapaud  sonneur  {ratia 
hombina)  est  une  vraie  grenouille,  par  les  dents  quelle  a à la  mâ- 
choire et  aux  vomers.  Son  crâne,  comme  celui  de  la  rainette,  est 
long-temps,  et  peut-être  toujours,  membraneux  entre  les  parties 
antérieures  des  frontaux. 

Le  crcipciud coinmim  a la  tête  plus  courte  et  plus  large  à proportion 
que  la  grenouille,  et  le  contour  de  la  face  à peu  près  en  demi-cercle. 

Son  crâne  est  surtout  plus  court,  plus  large,  plus  plat;  les  parié- 
taux restent  plus  long-temps  sépares , et  couvrent  presque  totalement 
l’os  en  ceinture. 

Il  n y a aucunes  dents,  pas  même  aux  vomers. 

Les  petits  osselets  nasaux  sont  un  peu  plus  considérables. 

Le  crapaud  à bande  dorsale  jaune  {hufo  calmnita')  différé  du 
commun  par  une  crête  temporale  relevée  le  long  de  chaque  pariétal, 
qui  s unit  à sa  correspondante  en  arrière  par  une  arête  transversale. 
Son  jugal  est  aussi  à proportion  plus  court  et  plus  gros,  et  son  frontal 
plus  découvert  en  dessus. 


DES  BATRACIENS.  893 

Dans  un  crapaud  de  la  Caroline , ces  crêtes  se  relèvent  encore  plus, 
et  se  terminent  chacune  par  un  gros  tubercule  sur  le  bord  postérieur 
de  chaque  orbite. 

Dans  le  crapaud  du  Bengale  (Daud.),  fig.  4?  l^s  pariétaux  elles 
fi'ontaux  antéi'ieurs,  fort  élargis  et  un  peu  concaves,  s’unissent  en 
croix  par  dessus  l’os  en  ceinture , sans  en  rien  laisser  voir  à la  surface 
supérieure  du  crâne.  La  partie  de  l’os  de  la  caisse  qui  représente  le 
temporal,  et  que  l’on  pourroit  aussi  prendre  pour  analogue  au  mas- 
toïdien, s’élargit  beaucoup,  mais  toujours  sans  qu’on  puisse  la  sépa- 
rer du  reste  de  l’os. 

Dans  le  crapaud  perlé , fig.  5 , une  crête  osseuse  mince  et  haute  com- 
mence au-dessus  de  l’orbite  sur  le  frontal  antérieur,  continue  sur  le 
pariétal,  et  se  termine  par  un  grand  élargissement  de  la  partie  tem- 
porale du  tympanique. 

La  tête  du  pipa,  fig.  6 et  7 , diffère  beaucoup  de  celle  des  autres 
crapauds,  et  même  elle  est  fort  anomale  par  rapport  à la  famille  en- 
tière des  grenouilles. 

La  partie  antérieure  est  écrasée  et  mince  comme  une  carte.  Elle 
est  formée  d’abord  en  dessus  par  deux  frontaux  antérieurs  élargis  en 
avant^  sous  leur  bord  sont  comme  collés  les  deux  intermaxillaires, 
et  plus  extérieurement  les  deux  maxillaires  j et  entre  les  uns  et  les 
autres  sont  les  nasaux,  semblables  à un  filet  aplati,  courbé  en  forme 
à’ S,  qui  ne  laisse  de  narine  externe  qu’un  très-petit  trou  vers  le 
bout  du  museau. 

Les  maxillaires  joignent  la  branche  antérieure  des  ptérygoïdiens , 
et  se  collent  dessous  sans  la  dépasser.  Il  n’y  a qu’un  très-petit  jugal, 
et  II  occupant  que  la  place  de  l’articulation.  Le  pariétal  s’étend  depuis 
la  crête  occipitale  jusqu’entre  les  frontaux  antérieurs,  où  il  s’avance 
par  une  pointe.  Au  lieu  d’un  os  en  ceinture , il  y a deux  os  qu’il  est 
difficile  de  ne  pas  prendre  pour  les  deux  frontaux  principaux,  et 
qui  sont  séparés  l’un  de  l’autre  par  cette  partie  avancée  du  pariétal, 
triangulaires  et  engagés  par  leur  angle  postérieur  chacun  dans  une 
échancrure  du  pariétal.  Il  n’y  a que  deux  occipitaux  ; savoir  les  laté- 
’’^ux,  comme  dans  toute  la  famille , qui  s’étendent  en  dehors  comme 
T.  V,  ae.  P.  5o 


394  OSTÉOLOGIE 

les  branches  d’une  croix  j ils  sont  tellement  unis  avec  les  rochers  qu’on 
ne  peut  les  séparer,  au  moins  dans  les  adultes.  A l’extrémité  de  cette 
branche  saillante  est  Vos  de  la  caisse,  cjui  présente  en  avant  un  petit 
cadre  de  tympan  plus  osseux  que  dans  les  autres  grenouilles , quoique 
dans  le  pipa,  le  tympan  lui-meme  reste  toujours  caché  sous  la  peau. 
En  arrière  et  en  dessous  de  cet  os  est  le  jugal,  qui  fournit,  comme  à 
1 ordinaire,  1 articulation  pour  la  mâchoire  inférieure,  et  qui  paroît 
rester  long-temps  cartilagineux.  Un  petit  osselet  auditif  un  peu 
courbe  va  s’appuyer  sur  la  fenêtre  ovale , qui  est  percée  dans  cet 
os  lorrné  du  rocher  et  de  l’occipital  latéral;  elle  sert  d’orifice  à un 
long  conduit  cylindrique  creusé  dans  l’axe  de  cet  os,  et  qui  mène 
au  vestibule  creuse  lui-meme  dans  la  partie  de  l’os  plus  rapprochée 
de  la  cavité  cérébrale. 

Le  dessous  du  crâne  est  formé  principalement  par  un  très-grand 
sphénoïde  plat  presque  rectangulaire,  et  qui  dirige  aussi  en  avant 
une  pointe  répondant  au-dessous  de  celle  du  pariétal.  Ce  pariétal  et  ce 
sphénoïde  s unissent  de  bonne  heure  tres-intimement  parleurs  côtés. 

En  arrière,  ce  même  crâne  est  complété  en  dessous  par  les  bran- 
ches rentrantes  des  os  ptérygoïdiens  et  par  les  occipitaux  latéraux 
qui  se  divisent,  presque  par  moitié  avec  ces  branches,  la  face  infé- 
rieure de  cette  partie  eu  forme  de  ci’oix,  au  bout  de  laquelle  est  Vos 
tympanique  et  le  jugal. 

L’aplatissement  excessif  du  crâne  fait  que  ses  côtés  sont  très-peu 
élevés.  Ils  sont  creusés  d’un  sillon  profond.  Leur  partie  antérieure 
appartient  au  frontal j la  postérieure,  qui  se  dirige  ensuite  en  dehors 
et  devient  le  devant  de  la  branche  de  croix , appartient  au  rocher. 

Je  ne  trouve  pas  plus  de  palatin  que  de  jugal.  Je  ne  trouve  non 
plus  aucun  vomer.  La  cavité  de  chaque  narine,  qui  est  singulièrement 
plate,  n est  fermée  en  dessous  que  par  la  membrane  du  palais. 

Le  nerf  olfactif,  avant  de  sortir  du  crâne , traverse  un  long  conduit 
creusé  dans  une  cellulosité  osseuse  entre  le  pariétal  et  le  sphénoïde, 
mais  dont  je  ne  puis  affirmer  si  elle  appartient  h l’un  ou  à l’autre.  Le 
nerf  optique  sort  par  un  très-petit  trou  de  cette  partie  du  côté  du 
crâne  qui  appartient  au  frontal.  Les  petits  nerfs  de  l’œil  et  la  plus 


DES  BATRACIENS.  3g5 

grande  partie  de  la  cinquième  paire  sortent  par  un  grand  trou  entre 
cette  partie  du  frontal  et  le  rocher. 

Il  y a ensuite , à la  face  antérieure  de  la  branche  en  croix. , un  trou 
médiocre  pour  le  nerf  de  Willis,  qui  entre  dans  le  nez  par  un  très- 
petit  trou  percé  sous  le  sphénoïde  près  de  son  bord  anterieur. 


Les  osselets  de  l’oreille  des  grenouilles  se  prêteroient  plus  aisément 
que  ceux  de  beaucoup  d’autres  reptiles  au  système  de  l’identité  du 

nombre  des  os. 

Sur  la  fenêtre  ovale  est  appliquée  une  espece  de  lentille  cartilagi- 
neuse j une  tige  osseuse , attachée  au  tympan  par  une  queue  cartila- 
gineuse , va  s’articuler  par  son  autre  extrémité , qui  est  dilatée  et  un 
peu  échancrée,  à la  lentille  dont  je  viens  de  parler.  Si  on  veut  voir 
dans  l’appendice  cartilagineux  le  marteau,  et  dans  la  tige  osseuse  1 en- 
clume, on  pourra  faire  l’étrier  du  cartilage  lenticulaire. 

Le  vestibule  a intérieurement  la  même  petite  masse  amilacée  que 
dans  les  autres  reptiles. 

Chacun  sait  par  quelle  large  ouverture  de  chaque  cote  1 arriere- 
bouche  communique  avec  la  cavité  tympanique  qui  n’en  est  presque 
qu’un  sinus. 

§ IL  De  la  mâchoire  ir^érieure. 

Je  ne  puis  apercevoir  à la  mâchoire  inférieure  de  la  grenouille  que 
trois  os  de  chaque  côté. 

Un  principal , r,  fig.  i , qui  en  fait  sans  comparaison  la  plus  grande 
partie , surtout  du  côté  interne,  et  où  l’on  voit  une  élévation  qui  tient 
lieu  d’apophyse  coronoïde  ; il  est  creusé  extérieurement  d’un  sillon , 
dont  la  moitié  antérieure  est  fermée  par  un  second  os , plat  et  mince , 

qui  dépasse  le  premier  en  avant  et  s’y  renfle  pour  former  la  sym- 
physe avec  celui  de  l’autre  côté;  enfin  un  tubercule  articulaire,  t, 
posé  sur  l’extrémité  postérieure  du  premier  os.  Si  nous  regardons  l’os 
floi  forme  la  symphyse  comme  analogue  du  dentaire , nous  serons 
obligés  de  convenir  que  le  grand  os  répond  à la  fois  à quatre 

5o* 


ou 


OSTÉOLOGIE 

cinq  des  autres  os  des  lézards.  La  même  structure  se  répète  dans 
les  autres  sous-genres.  • • 


§ III.  De  Vos  hydide. 


C’est  surtout  la  grenouille  qui  nous  apprend  quelle  est  la  vraie 
nature  de  l’os  hyoïde  des  poissons,  elle  qui  dans  son  premier  état 
lespire  à leur  manière,  et  dont  l’appareil  branchial  se  change  par  de- 
grés et  à vue  d’œil  en  un  os  hyoïde  véritable. 

J’ai  dd  étudier  avec  soin  cette  métamorphose,  excité  par  l’intérêt 
général  dont  elle  est  pour  les  théories  ostéologiques,  et  je  donnerai 
ici  mes  premiers  résultats,  bien  que  leur  difficulté  ne  me  permette 
pas  de  les  croire  encore  parfaits,  dans  l’espoir  que  quelque  obser- 
vateur, qui  pourra  mettre  dans  cette  recherche  plus  de  temps  et  de 
suite  que  moi,  complétera  ce  que  je  n’ai  pu  qu’ébaucher  (i). 

Lorsqu  on  prend  le  têtard  au  moment  où  ses  branchies  sont  en 
P eme  activité,  et  ou  ses  poumons  sont  encore  réduits  à un  tissu  noi- 
râtre qui  n’a  point  pris  l’air,  les  rangées  de  dents  attachées  à ses  lè- 


vres et  les  lames  cornées  qui  revêtent  ses  mâchoires  servent  seules 
a la  mastication  ; ses  mâchoires  à peine  cartilagineuses  ont  pris  très- 
peu  de  développement;  ses  os  tympaniques  au  contraire  en  ont  un 
fort  grand  : c’est  à eux  qu’est  suspendu  l’appareil  branchial. 

Il  y est  suspendu  de  chaque  côté  par  vine  branche  assez  grosse 
anguleuse,  a,  lig.  8 et  9,  et  qui  représente  celle  qui,  dans  les  poissons' 
composée  de  trois  os,  suspend  tout  l’appareil  branchial  à l’os  que  je 
crois  représenter  le  temporal,  et  porte  les  rayons  branchiostéges  (2). 


(1)  M.  Stemheim  qm,  dans  un  mémoire  imprimé  à Hambourg  en  1820  (le  Développe- 
ment es  renom  es,  en  allemand),  a donné  plusieurs  bonnes  observations  sur  la  méta- 
morpbose  du  têtard  , a précisément  négligé  ce  qui  concerne  les  changemens  des  cartilages 

ranc  laux.  I'  n en  est  pas  question  non  plus  dans  la  dissertation  latine  de  M.  van  Hasselt , 
imprimée  a romnpn  la  même  année,  de  Melamorphosi  quarundam  partium  Ranæ 

temporanæ.  ca  emie  des  Sciences  les  avoit  principalement  en  vue  lorsqu’elle  proposa 
en  1020  , un  prix  sur  ce  sujet.  ' * 

(2)  M.  Geoffroy  nomme  deux  de  ces  os  hyo-sternal  et  hjpo-stcrnal , et  celui  qui  oiibre  ta 
suspension  stilhjal.  Sur  ce  dernier,  je  suis  eutièrement  d’accord  avec  lui. 


DES  BATRACIENS.  897 

On  y voit  même  dans  les  premiers  momens  une  trace  de  division. 

Entre  ces  deux  branches  est  une  pièce  impaire,  qui  répond  à la 
chaîne  d’osselets  impairs  placée  dans  la  plupart  des  poissons  entre  les 
deux  premiers  arcs  branchiaux  (i). 

A sa  pointe  postérieure  s’attachent  latéralement  deux  pièces  rhom- 
boïdales,  c,  c,  au  bord  externe  desquelles  sont  suspendusles  arceaux 
qui  portent  les  branchies.  Ces  deux  pièces  tiennent  lieu  des  osselets 
pairs  qui  terminent  la  chaîne  dont  je  viens  de  parler,  et  qui,  dans 
beaucoup  de  poissons,  portent  les  deux  derniers  arcs  branchiaux  (2), 

Si  on  prend  ensuite  des  têtards  de  plus  en  plus  âgés,  on  voit  les 
branches  qui  suspendent  l’appareil  devenir  de  plus  en  plus  longues, 
de  plus  en  plus  grêles,  et  finir  par  se  changer  en  ces  deux  longs  filets 
cartilagineux  qui  supportent  l’os  hyoïde  et  1 attachent  au  crâne  un 
peu  au-dessous  de  la  fenêtre  ovale.  L’angle  que  leur  extrémité  anté- 
rieure formoit  en  avant  devient  un  petit  crochet  de  ce  filet. 

En  même  temps,  la  pièce  impaire  et  les  deux  pièces  rhomboïdales 
se  soudent,  s’étendent,  s’amincissent,  perdent  petit  à petit  les  arcs 
branchiaux  qui  s’y  attachoient  et  qui  sonc  résorbés,  deviemient  enfin 
un  grand  disque  ou  bouclier  dont  les  angles  anterieuis  s élargissent 
en  fer  de  hache,  dont  les  postérieurs  portent  souvent  encoie  dans 
une  échancrure  qui  les  divise  la  trace  des  arcs  branchiaux  qui  en  par- 
toient,  dont  le  bord  postérieur  enfin  porte  deux  cornes  osseuses  qui 
se  sont  formées  dans  les  angles  postérieurs  des  pièces  paires , et  qui 
pourroient  bien  correspondre  aux  pharyngiens  inferieurs  des  pois- 
sons (3),  en  sorte  que  ces  pharyngiens- inférieurs  seroient  tout  sim- 
plement les  cornes  postéi-ieures  de  l’hyoïde. 

On  voit  encore  assez  long-temps  dans  ce  grand  disque  hyoïdien 
des  sutures  qui  distinguent  les  trois  pièces  dont  il  se  compose. 

Et  ni  le  sternum  ni  le  larynx  ne  sont  intéressés  dans  toutes  ces  va- 
riations de  forme,  ni  ne  prennent  part  a cette  composition j car  le 
larynx  se  fait  déjà  très-bien  voir  avec  les  poumons  qui  en  dépendent. 


(0  M.  Geoffroy  les  nomme  glossohj-al , hasihjal  et  urohyal. 
(a)  Les  arjthénéaux  de  M-  Geoffroy. 

(3)  Les  cricéaux  de  M.  Geoffroy. 


3g8  OSTÉOLOGIE 

et  le  sternum  avec  les  os  qui  s’y  appuient,  que  l’appareil  branchial 
ou  hyoïdien  montre  fort  nettement  encore  toutes  les  pièces  qui  le 
composent  (i). 

Cependant  ou  ne  peut  pas  dire  que  le  larynx  des  grenouilles  soit 
moins  complet  que  celui  des  autres  ovipares  j il  prend  même  dans  le 
pipa  une  grandeur  et  une  consistance  osseuse  tout-à-fait  surpre- 
nantes (2). 

Nous  avons  montré  dans  notre  pi.  XXIV,  fig.  8 — 21 , ces  transfor- 
mations de  1 appareil  branchial  telles  qu’elles  ont  lieu  dans  la  gre- 
nouille commune , et  fig.  22 — 25  dans  la  jackie  {rana paradoxa). 
Dans  toutes  ces  figures , la  branche  qui  suspend  l’os  hyoïde  est  mar- 
quée a,  la  piece  impaire  du  milieu  b , les  pièces  latérales  c , la  mâ- 
choire inférieure  d,  les  os  tympaniques  e. 

La  fig.  26  représente  l’os  hyoïde  du  crapaud  agua , avec  le  laiynx 
et  les  poumons;  et  la  fig.  :i'j , celui  de  la  grande  grenouille  de  l’Amé- 
rique septentrionale , placé  de  manière  à laisser  voir  comment  le  filet 
a s’attache  au  crâne. 

§ IV.  Des  os  du  tronc. 


L épine  des  grenouilles  , fig.  28  (3) , est  singulière  par  le  petit 
nombre  de  ses  vertèbres. 


(1)  Tel  est  l’exposé  qui  m’a  été  demandé  plusieurs  fois  des  motifs  qui  m’empêchent  de 
reconnoître  que  les  pièces  du  sternum  et  du  larynx  interviennent  dans  la  composition  de 
l’appareil  branchial  des  poissons  ; ils  seront  renforcés  encore  par  ce  que  nous  allons  voir  dans 
la  sirène  et  les  salamandres.  A la  venté , l’appareil  branchial  dans  les  batraciens  ne  compte 
pas  autant  de  pièces  que  dans  la  plupart  des  poissons,  mais  il  s’en  faut  de  beaucoup  que 
dans  ceux-ci  le  nombre  en  soit  constant;  dans  les  squales,  par  exemple , il  n’y  a dans  la 

igne  médiane  que  deux  pièces  pour  en  représenter  sept  ou  même  neuf  de  la  morue  ou  du 
turbot. 

(2)  L’organe  que  M.  Schneider  a trouvé  dans  la  poitrine  du  pipa  mâle  , et  qu’il  a décrit 
sous  le  nom  de  cistapectoralis , n’est  autre  qu’un  énorme  larynx  consistant  en  quatre  grandes 
pièces  parfaitement  ossifiées  ; une  grande  plaque  inférieure,  répondant  jusqu’à  un  certain 
point  au  thyroïde  ; une  supérieure  , au  cricoïde  , et  deux  intérieures  cylindriques  qui  sont 
les  arythénoïdes. 

(3)  Cette  figure  et  celle  des  extrémités  sont  prises  de  la  grande  grenouille  de  l’Amérique 


DES  BATRACIENS. 


399 

On  n’y  en  compte  c[ue  neuf.  Les  sept  intermédiaires  ont  toutes  les 
faces  articulaires  de  leurs  corps  concaves  en  avant  et  convexes  en 
arrière;  mais  ce  tubercule  convexe  qui  entre  dans  la  concavité  de  la 
vertèbre  suivante  est  produit  par  l’ossification  du  cartilage  interver- 
tébral. Dans  le  têtard,  les  deux  faces  sont  concaves,  ainsi  que  l’a 
très-bien  remarqué  M.  Dutrochet  et  que  je  l’ai  vérifié.  Ces  vertèbres 
ont  de  longues  apophyses  transverses , des  épineuses  courtes,  et  des 
articulaires  presque  horizontales  , les  postérieures  d’une  vertèbre 
posant  sur  les  antérieures  de  la  suivante. 

La  première,  a,  qui  est  l’atlas,  n’a  point  d’apophyses  transverses, 
et  offre  en  avant  deux  facettes  pour  les  deux  condyles  occipitaux. 

La  dernière,  b , ou  la  première  sacrée,  a au  contraire  de  grandes  et 
larges  apophyses  transverses  auxquelles  se  suspendent  les  os  des  îles, 
et  en  arrière  elle  offre  deux  tubercules  qui  s’articulent  dans  deux  fa- 
cettes d’un  os  unique,  c , qui  s’étend  depuis  cette  vertèbre  jusqu’au- 
dessus  de  1 anus , et  que  l’on  peut  considérer  ou  comme  une  seconde 
vertèbre  sacree,  ou  comme  un  coccyx  (i). 

Cet  os  est  très-long,  terminé  en  pointe  cartilagineuse,  et  relevé 
tout  du  long  de  sa  face  dorsale  d’une  crête  dans  la  base  de  laquelle 
le  canal  vertébral  se  termine  en  se  rétrécissant  beaucoup. 

Il  y a de  la  variété  dans  les  apophyses  transverses  des  vertèbres; 
la  troisième  les  a ordinairement  les  plus  longues.  La  vertèbre  sacrée 
les  a plus  larges  et  dirigées  un  peu  en  arrière.  Elles  y sont  en  général 
plus  larges  dans  les  crapauds.  Dans  le  sonneur  ( rana  hombma) , elles 
s’évasent  au  point  que  leur  bord  externe  surpasse  leur  largeur  trans- 
verse. 

Lepipa,fig.  2g,  n a que  sept  vertèbres,  parce  c[ue  l’atlas  est  soudé 
avec  la  seconde,  et  la  vertèbre  sacrée  avec  fos  allongé  ou  coccyx. 

Les  apophyses  transverses  de  la  troisième  et  de  la  quatrième  sont 

(1)  Comme  il  ne  dépasse  pas  les  os  des  îles,  et  qu’il  se  termine  au-dessus  de  l’anus,  j’ai 
*nieux  aimé  l’appeler  sacrum  que  coccj-x.  M.  Schultze  (dans  les  Arcliives  physiologiques  de 
^leckel , t.  IV,  p.  38i  ) prétend  que  c’est  à tort,  parce  qu’il  naît  dans  la  tige  cartilagineuse 

la  queue  , qui , dit-il , s’ossifie  plus  tard  que  les  vertèbres  , mais  ne  disparoît  point  tout-à- 
fait  ; or  il  suffit  de  regarder  un  squelette  de  têtard  pour  voir  que  l’os  en  question  ne  se 
forme  que  dans  le  bassin  et  nullement  dans  la  queue. 


4oo  OSTÉOLOGIE 

très-loDgues,  cylindriques,  dirigées  obliquement  en  arrière,  et, ter- 
minées par  une  lame  cartilagineuse.  Les  trois  suivantes  les  ont  petites 
et  dirigées  obliquement  en  avant.  Celles  de  la  vertèbre  sacrée  sont 
si  larges  et  s’évasent  tellement  en  dehors  que  leur  bord  externe  est 
plus  que  double  de  leur  dimension  transversale. 

§ V.  De  V extrémité  antérieure. 

L’épaule  de  la  grenouille  est  remarquable  en  ce  que  ses  trois  os 
concoui'ent  à la  formation  de  la  cavité  cotyloïde. 

L’omoplate , fig.  3o , 3 1 et  3a , est  divisée  en  deux  parties  ; une  spi- 
nale plus  large,  beaucoup  plus  mince,  cjui  ne  s’ossifie  pas  entière- 
ment, conservant  toujours  un  bord  cartilagineux  (i).  Elle  s’articule 
par  synchondrose , et  en  consei’vant  sa  mobilité  avec  l’autre  partie , h, 
qui  va  en  se  rétrécissant  vers  le  col,  est  bien  osseuse  et  plus  épaisse 
que  la  précédente.  Sa  face  pour  la  cavité  glénoïde  est  au  bord  pos- 
térieur de  son  col  ; puis  l’os  s’avance  en  s’élargissant  pour  s’articuler 
avec  la  clavicule. 

L’extrémité  humérale  de  la  clavicule,  c , fig.  3i  et  3a,  est  élargie 
pour  correspondre  au  bord  articulaire  de  l’omoplate.  Son  angle  pos- 
térieur contribue  à la  cavité  glénoïde,  qui  a,  entré  cette  partie  de  ses 
parois  et  celle  que  lui  fournit  l’omoplate,  un  trou  assez  large. 

Elle  est  complétée  par  l’os  coracoidieu,  d,  id. , qui  s’articule  àcet 
effet  avec  la  clavicule  et  avec  l’omoplate. 

Le  corps  de  la  clavicule  est  grêle , ferme,  droit,  et  va  s’unir  à son 
semblable  dans  la  ligne  moyenne. 

Le  coracoïdien  en  fait  autant  5 mais  il  s’élargit  beaucoup  à sa  ligne 
de  rencontre  apres  s etre  rétréci  dans  son  milieu. 

(i)  M.  Geojfroj  (Philos,  anat.  , 1 , 1 18)  pense  que  cette  partie  spinale  n’est  que  le  carti- 
lagequi  existe  dans  toutes  les  omoplates  de  mammifères  , etc.  ; mais  ce  cartilage  existe  aussi 
dans  l’omoplate  des  grenouilles  , et  précisément  dans  cette  partie  dorsale , ce  qui  n’empêche 
pas  que  le  reste  de  cette  même  partie  ne  soit  encore  un  véritable  os , très-fibreux  , fort  dur 
dans  les  grandes  espèces  , et  séparé  par  une  articulation  mobile  de  la  partie  humérale  ; en 
un  mot , l’omoplate  des  grenouilles  est  composée  de  deux  os  , sans  compter  la  clavicule  et  le 
coracoïdien. 


DES  BATRACIENS.  !^oi 

Le  sternum  n’a  ordinairement  que  deux  pièces  ossifiées,  placées 
l’une,  e,  en  avant  des  clavicules,  l’autre,^  en  arriéré  des  coracoïdiens. 

La  première  est  large  en  arrière,  étroite  en  avant,  ou  elle  se  con- 
tinue en  une  lame  cartilagineuse  en  forme  de  croissant. 

La  seconde  est  rétrécie  dans  son  milieu , large  dans  ses  deux  bouts, 
et  se  termine  par  une  lame  cartilagineuse  xyphoïde,  aussi  en  forme  de 
croissant,  mais  plus  large,  et  dont  le  bord  postérieur  ou  convexe  est 
fortement  échancré. 

On  ne  voit  guère  entre  les  clavicules  et  entre  les  os  coracoïdiens  que 
ce  qu’il  y a toujours  de  fibro-cartilage  dans  les  articulations  de  ce 
genre,  en  sorte  que  l’on  peut  déjà  dire  que  la  jonction  de  ces  os  de 
l’épaule  entre  eux  interrompt  le  sternum. 

Il  y a cependant  des  espèces  où  il  s’ossifie  aussi  un  filet  intermé- 
diaire; on  voit  un  filet  semblable  en  g,  fig.  3i  et  82  : mais  dans  les 
crapauds  et  certaines  rainettes,  il  n’y  a pas  même  de  fibro-cartilage. 

On  voit  dans  certaines  espèces,  par  exemple  dans  la  grande  gre- 
nouille d’Amérique,  représentée  fig.  3i  et  82,  A,  à la  partie  anté- 
rieure de  la  clavicule , une  petite  pièce  triangulaire  qui  passe  par 
dessus  cette  clavicule , s’élargit  et  va  s’unir  à celle  du  côté  opposé , 
de  sorte  que  la  clavicule  ne  s’unit  a sa  congenere  que  par  sa  face  infe- 
rieure. Si  ces  pièces  ne  sont  pas  simplement  des  epiphyses  de  la  cla- 
vicule ou  de  la  pièce  antérieure  du  sternum , il  faudra  les  regarder 
comme  deux  pièces  du  sternum.  Les  extrémités  sternales  de  la  clavi- 
cule et  du  coracoïdiensont  jointes  dans  chaque  épaule  par  un  cartilage 

en  forme  de  croissant,  et  les  cartilages  croisent  un  peul  un  sur  1 autre , 
le  droit  passant  sous  le  gauche  comme  dans  les  salamandres  (i). 

Dans  ces  mêmes  espèces,  la  pièce  postérieure  du  sternum  est  sus- 
pendue en  arrière , et  entièrement  cartilagineuse.  L’antérieure  man- 
que entièrement. 

11  en  est  de  même  dans  le  pipa,  fig-  33  et  34  j où  seulement  les  carti- 
lages en  forme  de  croissant  et  le  cartilage  xyphoïde  ont  pris  une  très- 


<i)  Dans  la  thèse  de  M.  Steffen,{Ae.  Ranis  nonnullis  Obs.  anat.  ) , ces  arcs  cartilagineux 
sont  considérés  comme  des  pièces  du  sternum- 

T.  V,  2e.  P.  5i 


OSTÉOLOGIE 


402 

grande  extension.  Les  premiers  se  joignent  sur  la  ligne  médiane  sans 
se  croiser  5 le  dernier  est  rhomboïdal  et  aussi  large  que  long  (i). 

On  doit  remarquer  aussi  que  l’omoplate  (dans  la  partie  humérale, 
b , ih.')  est  fort  petite;  que  sa  partie  spinale,  a,  a son  os  fourchu  et 
petit,  en  comparaison  de  son  cartilage  qui  est  très-dilaté,  et  que  son 
coracoidieu,  s’élargit  beaucoup,  mais  obliquement,  à son  extré- 
mité sternale. 

Le  sonneur  {j'ana  bomhina)  a le  sternum  réduit  à un  cartilage  qui 
se  bifurque  en  arrière  en  deux  longs  filets.  La  clavicule  est  grêle,  ar- 
quée, et  se  recourbe  avec  son  opposée.  Ge  coracoïdien  est  grêle 
aussi,  et  non  élargi,  mais  plus  coui’t  que  la  clavicule. 

L’humérus,  fig.  35  et  36,  a la  tête  supérieure  convexe,  un  peu 
échancrée  du  côté  interne.  En  avant  est  une  forte  crête  deltoïdale; 
vers  le  bas , il  est  aplati  en  arrière,  et  la  plus  grande  partie  de  sa  poulie 
est  occupée  par  une  espèce  de  globe  pour  l’articulation  avec  l’avant- 
bras;  il  a du  côté  externe  une  crête  un  peu  aiguë. 

L’os  de  l’avant-bras,  fig.  87  et  38,  a,  est  court,  et  se  compose  d’un 
radius  et  d’un  cubitus  soudés  ensemble,  et  qui  ne  se  distinguent  que 
par  un  sillon  de  chaque  côté  dans  leur  moitié  inférieure,  et  par  un 
double  canal  médullaire  intérieurement. 

La  tête  supérieure  est  très-concave  ; le  cubitus  s’y  porte  un  peu  en 
arrière  et  y forme  un  très-petit  olécrâne. 

Il  se  forme  quelquefois  un  petit  osselet  séparé  dans  le  tendon  des 
extenseurs  de  l’avant-bras. 

La  tête  inférieure  est  plus  grande,  oblongue,  et  a à sa  partie  cubi- 
tale une  petite  convexité,  et  à la  radiale,  une  plus  large  et  plus  plane. 

Oh  compte  six  os  dans  le  carpe,  savoir:  deux  au  premier  rang, 
un  radial,  ô_,  fig.  38,  à face  supérieure  un  peu  concave,  l’inférieure 


(i)  On  voit  une  bonne  figure  de  ces  parties  dans  la  thèse  de  M.  Breyer  (Observ.  anat. 
circa  fabr.  Hanse,  Pipæ),  pi-  II , fig.  i ; mais  l’auteur  nomme  aussi  ossa  sierni  antica  et 
posiica,  les  cartilages  en  forme  de  croissant  qui  ne  font  chacun  qu’une  pièce  , et  qui  appar- 
tiennent à l’épaule  bien  plus  qu’au  sternum  , comme  on  peut  le  voir  dans  les  lézards  , où  ils 
existent  simultanément  avec  un  vrai  sternum.  En  réalité,  le  pipa  , comme  les  crapauds  , 
comme  les  salamandres , n’a  de  sternum  que  le  cartilage  xyphoïde. 


DES  BATRACIENS. 


4o3 

en  poulie  oblique;  un  cubital,  c , qui  offre  en  arrière  un  petit  creux 
pour  la  convexité  du  cubitus;  un  au  second,  interposé  entre  le  ra- 
dial et  les  deux  premiers  du  troisième  rang.  Ces  deux-ci,  e,  e , sont 
petits,  et  répondent  au  métacarpien  de  l’index  et  au  vestige  de  pouce. 
Le  troisième  et  dernier  du  troisième  rang  est  le  plus  grand  de  tous  ; 

il  répond  à la  fois  aux  deux  os  du  premier  rang , et  porte  les  trois  der- 
niers métatarsiens.  En  dessous,  il  donne  une  assez  forte  protubérance 
sous  le  poignet. 

Les  quatre  métatarsiens  diffèrent  peu  en  longueur;  celui  de  l’index 
est  gros  et  anguleux. 

L’index  et  le  médius  ont  chacun  deux  phalanges  ; les  deux  autres 
doigts  chacun  trois.  C’est  l’index  qui  est  si  gros  dans  les  mâles.  Le 
médius  est  généralement  plus  court  que  lui  et  que  l’annulaire. 

§ VI.  De  V extrémité  postérieure. 

Une  singularité  du  bassin  des  grenouilles,  fig.  28  et  28^,  c’est  la 
réunion  de  ses  pubis  et  de  ses  ischions  en  un  disque  vertical  qui  se 
bifurque  en  dessus  pour  les  os  des  îles. 

On  pourroit  même  y contester  l’existence  séparée  du  pubis , qui 
n’est  représenté  que  par  un  cartilage  en  avant  du  disque. 

La  suture  de  séparation  des  os  des  îles  traverse  directement  de 
l’angle  postérieur  du  disque  à son  bord  antérieur,  en  divisant  en  deux 
la  cavité  cotyloïde.  Son  aile  est  très-longue,  très-étroite,  rétrécie 
immédiatement  au-dessus  de  la  cavité  cotyloïde,  puis  un  peu  dilatée, 
et  ensuite  se  rétrécissant  peu  à peu  jusqu’à  son  sommet,  qui  est  creux 
et  rempli  par  un  cartilage  qui  le  suspend  à l’apophyse  transverse  de 
la  dernière  vertèbre.  Le  bord  supérieur  ou  spinal  de  cette  partie  al- 
longée de  l’os  est  tranchant;  l’inférieur  est  mousse  ou  arrondi. 

Dans  le  pipa,  fig.  29,  les  ailes  des  os  des  îles  deviennent  horizon- 
tales en  avant,  et  s’attachent  sous  les  énormes  apophyses  transverses 
de  l’os  sacrum. 

Tout  le  monde  sait  combien  l’extrémité  postérieure  des  grenouilles 
surpasse  celle  de  devant  en  longueur  et  en  force. 

5U 


4o4  OSTÉOLOGIE 

Le  fémur,  fîg.  3q  et  4© , est  un  long  os  cylindrique,  un  peu  courbé 
en  S,  à tête  supérieure  arrondie  ; Tinférieure  un  peu  dilatée  et  tron- 
quée, et  ayant  à sa  face  postérieure  une  crête  longitudinale  pour  tout 
trochanter. 

Sa  longueur  proportionnelle , ainsi  que  celle  du  tibia , varie  selon 
les  espèces , plus  grande  dans  les  grenouilles  et  les  rainettes , moindre 
dans  les  crapauds,  etc. 

Lajambe,fig.  4i,  se  compose  de  deux  os  soudés  ensemble  sur  toute 
leur  longueur,  comme  le  métacarpe  et  le  métatarse  des  ruminans,  et 
qui  ne  font  plus  sentir  leur  distinction  que  par  unsillon  plos  ou  moins 
marqué  de  leur  face  antérieure  et  postérieure,  par  un  trou  percé  au 
milieu  de  leur  longueur  d’avant  en  arrière,  et  par  le  double  canal 
médullaire  dont  leur  intérieur  est  creusé  (t). 

La  tête  supérieure  de  cet  os  double  est  arrondie  en  avant  et  en 
dessus , et  forme  une  demi-poulie  pour  le  fémur  j l’inférieure  est  apla- 
tie, et  forme  aussi  une  poulie,  plus  large  en  travers,  pour  le  pied. 

Les  extenseurs  de  la  jambe  s’y  insèrent  immédiatement  sans  ro- 
tule, et  au  plus  avec  un  léger  renflement  cartilagineux. 

Il  n’est  pas  très-facile  d’assigner  les  noms  des  os  du  tarse. 


(i)  M.  Rudolphi,  à ea  juger  d’après  plusieurs  thèses  de  ses  élèves  *,  considère  les  deux 
grands  os  du  tarse  comme  le  tibia  et  le  péroné , et  donne  à l’os  de  la  jambe  le  nom  àe  fémur 
secundarium , mais  celte  nomenclature  n’est  aucunement  admissible;  non-seulement  ce 
prétendu yèmur  secundonum  seroit  sans  aucun  analogue  y mais  on  peut  prouver  directement 
qu’il  se  compose  du  tibia  et  du  péroné  ; i°.  par  son  double  canal  médullaire  ; 2°.  par  sa  di- 
rection en  arrière  , tandis  que  les  deux  grands  os  du  tarse  , comme  tout  le  pied  , se  dirigent 
en  avant  ; 3».  parce  que  c’est  à lui  que  s’insèrent  les  muscles  ordinaires  de  la  jambe , soit 
extenseurs  soit  fléchisseurs  ; 4“.  parce  que  c’est  le  long  de  ses  faces  que  régnent  les  muscles 
ordinaires  du  pied,  gastrocnémiens , tibiaux  et  péroniens. 

On  prétend  que  les  deux  os  de  la  jambe  de  la  salamandre  répondent  aux  deux  grands  os 
du  tarse  des  grenouilles  , que  ceux-ci  par  conséquent  sont  vraiment  les  os  de  la  jambe  ; mais 
dans  les  salamandres,  on  retrouve  ces  deux  derniers  os  dans  le  tarse  avec  tous  les  autres; 
ils  y sont  seulement  de  la  grandeur  ordinaire , et  non  pas  aussi  excessivement  prolonges 
que  l’organisation  des  grenouilles  pour  le  saut  l’exigeoit,  Du  reste  , les  os  de  la  jambe  de 
la  salamandre  reçoivent  et  soutiennent  les  mêmes  muscles  que  l’os  unique  des  grenouilles. 

Un  autre  élève  de  M.  Rudolphi  laisse  à la  jambe  son  vrai  nom , et  ce  sont  les  deux  longs 

* Atefeiiy  de  îlanis  nonnullis  Obs,  anat.,  Berl,  i8i5,  P*  et  ig;  Klaclx^hc y Diss.  anat.  de  Tiaui  cornulà  , 
Bcrl.  1816,  p.  5, 


DES  BATRACIENS.  4»^^ 

Les  deux  principaux,  a b , fig.  4^?  soudes  ensemble  par  leurs 
extrémités,  laissant  entre  eux  un  grand  vide  ovale,  égalent  en  lon- 
gueur la  moitié  de  Tos  de  la  jambe  j l’externe  est  le  plus  gros  ^ ils  sont 
rétrécis  dans  leur  milieu.  Leurs  extrémités,  renflées  et  soudées  en- 
semble, présentent  à la  jambe  une  poulie  articulaire  obliquement 
creusée  d’une  large  fosse  dans  son  milieu,  et  au  pied  une  autre , qui 
est  échancree  en  arrière  du  côté  externe,  en  sorte  que  celui-ci  se  tei- 
mine  en  petit  crochet. 

Souvent  en  arrière  de  l’articulation  de  ces  deux  os  avec  la  jambe 
se  trouvent  un  ou  deux  petits  osselets  dans  le  tendon  des  extenseurs 

du  tarse  ou  du  court  fléchisseur  des  doigts  (i). 

- Entre  ces  deux  grands  os  et  le  métatarse,  il  y en  a quatre  petits, 
un  triangulaire,  c,  hors  de  rang  au  bord  interne , deux  anguleux,  d 
et  e,  sur  le  métatarsien  du  pouce,  et  un  très-plat,/,  de  forme  seni- 
blable  à un  scaphoïde , qui  porte  le  deuxieme  et  le  troisième  méta- 
tarsien. 

5 Le  deuxième  des  anguleux  et  le  plat  tiennent  à l’interne  des  deux 
grands  os  précédons. 

Le  quatrième  et  le  cinquième  métatarsien  tiennent  immédiatement 
, au  grand  os  externe. 

Il  y a dans  le  pipa  encore  un  osselet  en  dessous  des  autres. 

Les  os  du  métatarse  vont  en  grandissant  du  pouce  au  cjuatrième  ; 
le  cinquième  redevient  un  peu  plus  court. 

Il  en  est  de  même  des  premières  phalanges,  qui  ont  à peu  près 
chacune  les  deux  tiers  de  la  longueur  de  son  métatarsien. 

Le  pouce  et  le  premier  doigt  ont  chacun  deux  phalanges,  le 


os  du  tarse  qu’il  nomme  crus  secundarium , opinion  qui  seroit  un  peu  plus  soutenable,  et 
sur  laquelle  l’auteur  hésite  cependant , puisqu’il  ajoute  vel  astragalus  duplicatus 

(i)  Dans  les  thèses  que  je  viens  de  citer,  on  appelle  ces  osselets  rotules  mais  leur  seule 
position  en  arrière  répugne  à cette  dénomination  ; aussi,  dans  l’une  de  ces  thèses , propose- 
t-on  encore  pour  eux  la  dénomination  de  calcanéum,  et  même  dans  le  pipa,  où  il  y en  a 
, ceWe  àe  calcanéum  duplex  *** . . , 

* Brejer,  Obs.  anat.  circa  fabvicam  Ranæ , Plpæ , Bcrl.  iSi  i , p.  1 1 et  a3. 

Jireyer,  de  Pipü , p.  10  ; Stejfen , de  Eanis  nonniilHs,  p.  i8  ; Klœtzke , de  Ranâ  cornulà  ,p-3. 

.ûrejer,  loc.  cil. , p.  II. 


4o6  OSÏÉOLOGIE 

deuxième  doigt  trois;  le  quatrième,  quatre;  et  le  cinquième,  trois. 

Ils  vont  en  s’allongeant  du  pouce  au  quatrième  doigt;  le  cinquième 
est  un  peu  plus  court  que  le  troisième. 

L’os  hors  de  rang,  c,  prend  quelquefois  assez  d’extension  pour 
sembler  un  vestige  de  cinquième  doigt. 

Article  IL 

Des  Salamandres  et  des  Axolotls. 

§ I.  Des  Salamandres. 

^ La  SALAMANDRE  TERRESTRE , pl.  XXV,  fig.  I , Q et  I o , a le  crâne  pres- 
que cylindrique,  élargi  en  avant  pour  former  la  face  qui  est  en  demi- 
cercle  , et  en  arrière  pour  ces  deux  branches  en  croix  semblables  à 
celles  des  grenouilles,  et  contenant  les  oreilles  internes. 

La  composition  de  sa  tête , qui  ressemble  à celle  des  grenouilles 
pour  l’arrière  et  le  dessous  du  crâne , en  diffère  étonnamment  par 
d’autres  parties. 

11  n’y  a point  d’os  en  ceinture , et  tout  ce  qui  peut  représenter 
l’ethmoïde  demeure  à l’état  membraneux. 

En  dessus,  le  crâne  est  divisé  presque  également  entre  les  deux 
frontaux,  c,  c,  et  les  deux  pariétaux,  d , d . La  partie  antérieure  des 
frontaux  s’articule  en  avant  avec  les  os  du  nez , et  latéralement  avec 
les  frontaux  antérieurs.  Les  apophyses  montantes  des  intermaxillaires 
sont  très-larges,  ce  qui  fait  que  les  narines  osseuses  externes  sont 
très -écartées.  Le  nasal,  g ^ occupe  le  dessus  de  chacune  d’elles, 
entre  l’intermaxillaire  ,y , le  frontal , le  frontal  antérieur  , , et  le 

maxillaire,  k.  Le  frontal  antérieur  occupe  la  joue  en  avant  de  l’angle 
antérieur  de  l’orbite , mais  ne  descend  pas  dans  cette  cavité , dont  la 
paroi  antérieure  est  simplement  membraneuse.  Je  crois  cependant 
voir  à l’angle  externe  du  frontal  antérieur  un  très-petit  lachrymal. 
La  partie  dentaire  du  maxillaire  se  porte  en  arrière  comme  à l’or- 
dinaire, mais  sans  se  joindre  au  ptérygoïdien  ni  au  jugal. 


DES  BATRACIENS.  407 

Non-seulement  je  ne  trouve  que  deux  occipitaux,  b , b , comme 
dans  les  autres  batraciens,  mais  chacun  d’eux  s’unit  intimement  avec 
la  partie  analogue  au  rocher,  e.  Un  grand  trou  rond,  bien  encadré, 
sert  d’entrée  au  vestibule,  et  par  conséquent  de  fenêtre  ovale. 

Il  est  fermé  dans  l’animal  frais  par  une  plaque  cartilagineuse,  sans 
tige,  et  entièrement  cachée  sous  les  muscles. 

A cet  os,  remplaçant  à la  fois  l’occipital  latéral  et  le  rocher,  s’en  at- 
tachenttrois,  dont  le  plus  inférieur,  le  ptérygoidien,  7/1,  rappelle  en- 
core par  sa  figure  triangulaire  les  trois  branches  dont  il  est  formé  dans 
les  grenouilles.  Son  angle  antérieur,  comme  nous  lavons  dit,  n at- 
teint point  le  maxillaire , et  ne  s’y  lie  que  par  un  ligament  j l interne 
n’atteint  pas  non  plus  au  sphénoïde;  l’externe  règne  sous  le  second 
des  trois  os  dont  nous  parlons,  l’os  intermediaire , o , celui  auquel  ap- 
partient la  facette  pour  l’articulation  de  la  mâchoire. 

Cet  os  est  bien  difficile  à définir. 

Je  paroîtrai  peut-être  bien  téméraire  si  je  le  nomme  jugal,  car 
loin  d’être  placé  horizontalement  et  d’aller  en  avant  joindre  le  maxil- 
laire, il  est  transversalement  sur  le  bord  postérieur  du  pterygoïdien. 
Il  y a cependant  un  ligament  qui  l’unit  à la  pointe  postéiieure  du 
maxillaire. 

Le  troisième  et  le  supérieur  des  trois  os  dont  je  parle,  n , est  collé 
sur  le  précédent  et  dans  la  même  direction  ; il  est  oblong  et  plat, 
et  s’attache  par  son  extrémité  interne  sur  l’occipital  latéral,  sans 
atteindre  jusqu’au  pariétal.  En  supposant  que  le  jugal  soit  bien 
nommé,  celui-ci  sera  le  tympanique ^ et  en  effet,  si  la  platine  qui 
couvre  la  fenêtre  ovale  avoit  un  manche  , il  passeroit  derrière  l’os 
dont  nous  parlons , comme  dans  les  grenouilles  il  passe  derrière  le 
tympanique. 

En  dessous,  il  n’y  a qu’un  seul  sphénoïde,  d,  oblong;  deux 
larges  os  triangulaires,  l,  qui  sont  manifestement  analogues  à ceux 
que  dans  les  grenouilles  nous  avons  nommés  vomers , forment  le 
plancher  des  narines  en  dessous,  et  donnent  chacun  une  apophyse 
grêle,  qui  marche  en  arrière  sous  le  sphénoïde  parallèlement  à sa 
correspondante.  C’est  à ces  os  et  à leurs  apophyses  qu’adhèrent  les 


4o8  OSTÉOLOGIE 

deux  rangées  longitudinales  des  dents  du  palais  des  salamandres  (i). 

Il  y a entre  la  partie  antérieure  de  ces  os,  derrière  les  interniaxil- 
laires,  un  large  espace  ovale,  qui  n est  rempli  que  par  la  membrane 
du  palais.  Leur  apophyse  postérieure  et  dentaire  s’étend  px’esque 
aussi  loin  en  arrière  que  le  sphénoïde.  Peut-être  est-elle  partagée  à 
certaines  époques  en  deux  par  une  suture , et  y distingue-t-on  alors 
un  palatin , mais  je  n’ai  pu  m’en  apercevoir. 

Dans  l’orbite,  à sa  paroi  antérieure,  est  un  grand  espace  membra- 
neux, entre  le  maxillaire,  le  frontal  antérieur  et  ce  vomer  dont  je 
■viens  de  parler  ; et  c’est  au  bas  de  cet  espace,  et  dans  une  échancrure 
du  vomer,  qu’est  percée  de  chaque  côté  la  narine  interne. 

Le  fond  de  l’orbite,  ou  le  côté  du  crâne,  entre  le  frontal  et  le  pa- 
riétal d’une  part,  et  le  vomer  et  le  sphénoïde  de  l’autre,  est  occupé 
par  un  os  oblong , u , dans  lequel  est  percé  le  trou  optique , et  qui  ne 
peut  répondre  qu’à  l’aile  orbitaire  du  sphénoïde. 

C’est  précisément  cette  partie,  qui  est  membraneuse  dans  les  gre- 
nouilles, qui  n’existe  point  du  tout  dans  les  serpens,  où  le  pariétal 
et  le  frontal  la  suppléent  chacun  pour  moitié , et  qui  ici  se  trouve  su- 
bitement reportée  à la  dignité  d’un  os  particulier. 

Les  deux  condyles  occipitaux  sont  très-séparés  l’un  de  l’autre,  et 
placés  aux  deux  côtés  du  trou  occipital. 

La  tête  des  salamandres  aquatiques  de  notre  pays,  pl-  XX VI, 
fig.  6,7  et  8 (où  les  mêmes  lettres  désignent  les  mêmes  OS  que  dans 
la  salamandre  terrestre  de  la  planche  précédente),  diffère  en  géné- 
ral de  la  terrestre  parce  que  l’ensemble  de  la  tête  est  plus  oblong  5 
que  les  narines  externes  sont  plus  rapprochées  5 que  l’espace  vide 
d’entre  les  vomers  est  un  simple  petit  trou;  que  l’os  ptérygoïdien 
n’est  qu  une  lame  large  en  arrière,  pointue  en  avant,  etc. , etc. 

Elles  diffèrent  entre  elles  par  des  traits  assez  marqués. 

Le  triton  gesneria.  un  petit  trou  sur  le  devant  du  museau  entre  les 


(i)  On  ne  conçoit  pas  comment  M.  Rusconi  (Amours  des  Salamandres  , p.  55)  a pu  dire 
que  ces  os  sont  seulement  dentelés  et  ne  portent  pas  de  dents  ; il  faut  qu’il  n’ait  observé 
que  des  têtes  dont  les  dents  étoient  tombées , autrement  la  moindre  loupe  les  lui  auroît 
fait  voir  avec  leur  émail  et  tous  leurs  autres  caractères. 


DES  BATRACIENS.  409 

os  du  nez,  et  au  frontal,  une  apophyse  postorbitaire  pointue,  fort 
marquée,  dirigée  en  arrière. 

Le  trou  devient  une  petite  fente  dans  Xalpestris , où  le  museau 
est  plus  court , et  l’apophyse  postorbitaire  plus  petite  et  plus  trans- 
verse. 

triton cristatus ) l’apophyse  postorbitaire  est  peu  marquée, 
et  la  région  antérieure  du  crâne,  singulièrement  rugueuse,  n’a  qu’un 
simple  enfoncement  au  lieu  de  trou. 

Dans  le  triton  punctatus  et  dans  le  palmatus , l’apophyse  post- 
orbitaire  est  plus  longue,  même  que  dans  le  triton gesneri , et  sur  le 
devant  du  crâne,  il  y a deux  lignes  un  peu  saillantes,  qui  se  réunis- 
sent en  avant  comme  un  Y (i). 

Dans  la  très-grande  salamandre  des  monts  Alleganis , fig.  3,  4 et 
5,  îb.  {^salamandra  gigantea  Barton)  (2),  les  frontaux  principaux 
et  antérieurs  sont  plus  étroits  et  plus  allongés.  Les  premiers  pénètrent 
en  pointe  en  arrière  entre  les  pariétaux  j en  avant , ils  se  portent  jusque 
sur  1 ouverture  extérieure  des  narines.  Les  nasaux  se  touchent  entre 
eux  et  sont  placés  entre  les  frontaux.  Les  hitermaxillaires  et  les  ouver- 
tures des  narines. 

Les  ailes  orbitaires  sont  peu  élevées,  percées  de  trous  optiques 
tort  petits,  et  laissent  encore  entre  elles  et  les  rochers  un  espace  mem- 
braneux. Les  rochers  sont  bien  distincts  des  occipitaux  latéraux,  et 
s’en  séparent  dans  leur  totalité  par  un  cartilage  dans  lequel  est  percée 
la  fenêtre  ovale. 

Les  ptérygoïdiens  sont  très-larges , et  s’articulent  par  un  de  leurs 
côtés  à presque  tout  le  bord  externe  du  sphénoïde.  Celui-ci  est  lui- 
meme  très-aplati  et  tres-large.  Les  deux  vomers  portent  leurs  dents 


(i)  Ces  différences  dans  les  têtes  osseuses , jointes  à celles  que  nous  indiquerons  pins  bas 
dans  le  nombre  des  vertèbres,  réfutent  suffisamment  l’assertion  de  M.  Rusconi,  qui  prétend 
( Amours  des  Salamandres , p.  82  ) que  toutes  les  observations  sur  lesquelles  Dufay  et  M.  La- 
treille  ont  établi  différentes  espèces  de  salamandres  aquatiques  sont  vaines.  Apparemment 
que  lui  n’en  a vu  que  deux. 

(a)  Barton,  Menioir  concerning  an  animal  of  the  class  of  reptilia  or  amphibia  , which  is 
l'^nown  by  the  names  of  alligator  and  Hellbender . 

T.  V,  2e.  P. 


52 


4, 10  OSÏÉOLOGIE 

non  pas  longitudinalement,  mais  en  travers,  à leur  bord  antéiâeur, 
et  parallèlement  aux  dents  des  intermaxillaires  et  des  maxillaires. 

La  tête  des  salamandres  aquatiques  à l’état  de  larve  ofFre  des  diffé- 
rences qui  mériteroient  d’être  étudiées  mieux  que  je  n’ai  pu  le  faire 
au  milieu  de  tant  d’autres  occupations. 

Ainsi  les  os  que  je  nomme  vorners  sont  moins  fixés  à la  base  des 
narines,  et  au  heivd’nne  seule  série  de  dent,,  ils  en  ont  leur  surface 
toute  garnie  (i).  Les  apophyses  montantes  des  întermaxillaires  sont 
plus  longues  et  plus  étroites , les  maxillaires  sont  moins  dévelop- 
pes , etc.  j toutQS,  circonstances  que  nous,  retrouverons’  dans  l’axolotl , 
et  dont  il  y a des  traces  jusque  dans  la  sirène. 

Les  salamandres  ont  à leur  mâchoire  inlërieure  un  véritable  den- 
taire , formant  la  symphyse  avec  son  congénère , et  portant  les  dents 
à peu  près  comme  dans  le  commun  des  lézards.  Le  reste  se  compose 
dans  les  salamandres  ordinaires  adultes,  d’une  seule  pièce,  qui  doublé 
la  précédente  à la  moitié  postérieure  de  sa  face  interne,  donne  une 
crête  coronoïde,  une  proéminence  eu  amière , et  porte  le  tubercule 
artiailaire  qui  s’y  soude  intimement. 

Dans  la  grande  salamandre  d’Amérique,  ce  deuxième  os  est  lui- 
meme  divise  en  deux,  un  coronoïdieii  et  un  articulaire. 

L’os  hyoïde  de  la  salamandre  éprouve  des  changemens  analogues 
à ceux  de  la  grenouille,  mais  non  pas  aussi  complets. 

Dans  son  état  de  larve,  elle  a de  mémo  deux  branches  hyoïdiennes 
venant  des  os  occipitaux , se  réunissant  en  avant  sous  la  mâchoire  in- 
férieure, et  un  appareil  branchial  cartilagineux  suspendu  au  point  de 
réunion  de  ces  branches  et  portant  quatre  arceaux  de  chaque  côté 
attachés,  le  premter  à une  tige  intermédiaire,  les  trois  suivans  à une 
seconde  de  deux  articles,  et  ces  deux  paires  de  tige  à une  branche 
impaire,  comme  nous  le  verrons  plus  clairement  dans  l’axolotl  (2). 

Les  salamandres  aquatiques  adultes,  fig.  9,  conservent,  à l’état 

(0  C’est  une  observation  due  à M.  Rusconi , et  que  j’ai  vérifiée 

(2)  M.  Husconi  représente  bien  cet  appareil  dans  sa  Descr.  anat.  des  organes  de  la  circu- 
lation des  Larves  de  Salamandres , Milan  1817  , en  ital. , in-4». , fig.  5.  Il  donne  aussi  l’os 
hyoïde  de  l’adulte  dans  la  Monographie  du  Proteus  , Payie  1819 , pl.  IV,  fig.  lo. 


DES  BATRACIENS.  411 

osseux,  les  branches  qui  y tiennent  encore  au-dessous  de  la  fenêtre 
ovale,  et  se  terminent  en  avant  par  une  troncature,  sous  le  milieu 
de  la  mâchoire  inferieure,  mais  l’articulation  antérieure  de  ces  bran- 
ches est  devenue  membraneuse. 

La  tige  impaire , à l’état  osseux , porte  de  chaque  côté  une  branche 
osseuse  de  deux  articles,  terminée  par  une  pointe  cartilagineuse,  et, 
plus  en  dedans,  une  autre  branche  simple  et  réduite  à un  filament 
qui  va  de  la  tige  impaire  à la  seconde  articulation  de  la  branche  ex- 
terne. 

Dans  la  salamandre  terrestre,  qui  ne  peut  avoir  été  qu’un  temps 
très-court  à l’état  de  larve , ^tout  reste  cartilagineux.  Les  deux  bran- 
ches suspensives  ou  cornes  antérieures  sont  minces  et  plates , et  ne 
tiennent  pas  au  crâne  ; et  la  tige  impaire,  avec  ses  deux  branches  de 
chaque  côté  soudées  par  leurs'deux  bouts  ne  forme  plus  cpi’un  seul 
cartilage  en  chevron,  dont  chaque  branche  est  percée  d’un  grand 
vide.  I f; 

Ce  reste  ou  vestige  d’appareil  branchial  n’empêche  point  qu’il 
n existe  aussi  un  larynx  et  un  vestige^dé? 'sternum  5 A la  vérité  l’un  et 
l’autre  foibles  et  membraneux  plutôt  que  cartilagineux. 

L épaule  des  salamandres  (fig.  lO  et  i i,  prises  de  la  salamandre 
aquatique)  est  fort  curieuse  par  la  jirompte 'Soudure  de  ses  trois  os  en 
un  seul,  qui  porte  la  fossette  glénoïde  à son  bord  postérieur,  envoie 
vers  l’épine  un  lobe  carré  un  peu  élargi  dans  le  haut,  qui  est  l’omo- 
plate , et  vers  la  poitrine  un  disque  arrondi , légèrement  lobé , qui  se 
compose  de  la  clavicule  et  du  coracoïdien , où  l’on  voit  assez  long- 
temps  une  suture  qui  les  sépare,  et  où  il  reste  même  toujours  un  petit 
trou.  Ij  omoplate  a son  bord  spinal  augmenté  d’un  prolongement  car- 
tilagineux. Le  disque  cléido- coracoïdien  est  aussi  entouré  d’une 
grande  lame  cartilagineuse  en  forme  de  croissant,  qui  croise  sur  sa 
congénère  sous  la  poitrine , car  il  ne  reste  absolument  de  vestige  de 
sternum  qu’une  lame  cartilagineuse  placée  en  arrière  des  deux  pre- 
cedentes , et  qui  représente  le  xyphoïde. 

L’atlas  de  la  salamandre , fig.  12,  a,  s’articule  avec  la  tête  par  deux 
^^cettes  concaves,  et  avec  la  seconde  vertèl)re  par  la  face  de  son  corps 

52“^ 


4i2  ostéologie 

qui  est  aussi  concave  ; car,  à l’inverse  des  grenouilles  et  des  lézards  , 
toutes  les  faces  antérieures  des  corps  des  vertèbres  sont  convexes 
dans  les  salamandres,  et  toutes  les  postérieures  concaves-  le  dessus 
en  est  plat. 

Les  apophyses  articulaires  sont  horizontales,  et  réunies  de  chaque 
côté  par  une  crête  qui,  jointe  à celle  de  l’autre  côté , donne  Èi  la  ver* 
tebre  une  sorte  de  toit  rectangulaire,  mais  à bords  latéraux  un  peu 
lentians.  Les  postérieures  d une  vertèbre  posent  sur  les  antérieures 
e celle  qui  la  suit.  11  n y a pour  apophyses  épineuses  qu’une  légère 
apparence  d’arête  longitudinde.  Le  corps,  cylindrique , rétréci  dans 
son  milieu,  adhèi-e  sous  le  toit  dont  nous  venons  de  parler 

Les  apophyses  ttansverses  adhèreM  de  même  sons  les  crêtes  laté- 
rales et  sont  dirigées  un  peu  en  arrière,  et  divisées  par  un  sillon  à 
chacune  de  leurs  faces,  en  sorte  que  leur  extrémité  a comme  deux 
tubercules  pour  porter  ceux  dans  lesquels  se  divise  la  base  de  la  pe- 
tite côte.  11  y a de  ces  petites  côtes  à toutes  les  vertèbres  du  dos’et 
des  lombes,  excepté  à l’atlas,  mais  longues  seulement  de  deux  ou 
trois  lignes.  Elles  sont  fort  loin  de  pouvoir  entourer  le  tronc  ou  arri* 
ver  jusqu’à  un  sternum. 


Parmi  les  salamandi-es  aquatiques,  le  triton gesneri  a la  crête  des 
vertèbres  dorsales  plus  relevée  et  plus  aiguë  que  la  salamandre  ter- 
restre ; elle  1 est  aussi  un  peu  plus  dans  le  triton  alpestris , et  même 
dans  \e punctatus  et  le  palniatiis  • mais  ce  qui  est  singulier,  c’est 
précisément  le  tr.  cristatus  qui  a cette  crête  plus  effacée  et  où  le 
dessus  de  la  vertèbre  est  presque  planei 

Les  vertèbres  de  la  queue,  au  nombre  do  • 

^ de  vingt-cinq  ou  vingt-six 

dans  la  salamandre  terrestre,  pl.  XX  V,  fig.  , , ont  des  crêtes  et  des 
transveises  comme  cellesdu  dos  ; ces  dernières  deviennent 
e plus  en  plus  petites,  et,  à compter  de  la  troisième  caudale,  il  y a 
sous  le  corps  une  lame  trausverse  dirigée  obliquement  en  arrière, 
percée  d un  trou  a sa  base  qui  remplace  les  os  en  chevron  des  lé- 
zards et  des  autres  animaux  à longues  queues. 

Je  compte  trente-trois  caudales  au  tr.  alpestris  et  au  cristatus , 
trente-quatre  au  tr.  gesneri,  trente-six  au  tr.  punctatus.  Elles  for- 


DES  BATRACIENS.  4^3 

ment  une  queue  aplatie  latéralement,  à cause  de  rélévation  de  leurs 
crêtes  supérieures  et  inférieures. 

ï^es  os  des  membres  sont  proportionnés  à la  petitesse  des  mem- 
bres eux-mêmes. 

L’humérus  a,  dans  le  haut,  une  tête  ronde;  un  peu  plus  bas,  en 
avant,  une  tubérosité  comprimée  et  obtuse,  et  en  arriéré,  encore  un 
peu  plus  bas,  une  autre  très-pointue.  Sa  tête  inférieure  est  aplatie 
d’avant  en  arrière,  élargie  pour  arriver  aux  condyles,  entre  lesquels 
est  une  tête  articulaire,  ronde  pour  l avant-bras,  et  au-dessus,  en 

avant , une  petite  fossette. 

La  salamandre  aquatique  ba  moins  élargi  dans  le  haut  que  la  tei- 
restre. 

L’avant-bras  se  compose  de  deux  os  sépares.  Le  radius  a une  tete 
supérieure  ronde,  un  corps  rétréci,  et  une  tête  inférieure  comprimée 
et  élargie.  Le  cubitus  est  plus  égal  dans  sa  grosseur  ; son  olecrane  est 
très-court  et  arrondi. 

Le  carpe  a cinq  os  et  deux  cartilages  qui  en  tiennent  lieu , sept  en 
tout;  tous  plats,  anguleux,  disposés  un  peu  comme  des  pavés,  et 
annonçant  déjà,  à quelques  égards,  ce  que  nous  verrons  dans  l’ich- 
tyosaurus. 

Au  premier  rang , il  y en  a deux , dant  le  plus  petit , radial , est  car- 
tilagineux. Le  plus  grand  tient  au  radius  et  au  cubitus.  Entre  eux  en 
est  au  second  rang  un  seul  ; puis  en  viennent  au  troisième  rang  quatre 
pour  les  quatre  métacarpiens.  Le  premier  reste  cartilagineux;  les  mé- 
tacarpiens sont  courts,  plats,  rétrécis  dans  leur  milieu  ; je  ne  trouve 
qu’une  phalange  ossifiée  au  premier  doigt,  deux  au  second  et  au  qua- 
trième, et  trois  au  troisième. 

C’est  une  chose  très-singulière  que  la  variété  des  points  où  le 
bassin  s’attache  à l’épine.  J’ al  des  individus  de  salamandre  terrestre 
où  il  est  suspendu  à la  quinzième  vertèbre  (l’atlas  compris) , et  d au- 
tres où  il  l’est  à la  seizième. 

M,  Schultze  en  a vu  une  (i),  dont  il  ne  détermine  pas  l’espèce, 


(')  Archives  physiologiques  de  Meckel,  etc. , t.  IV,  p.  879  , note. 


OSTÉOLOGIE 


oi'i  il  l’étoit  d'un  côté  à la  seizième,  de  l’autre  à la  dix -septième. 

Quant  aux  salamandres  aquatiques,  je  l’ai  constamment  trouvé 
suspendu  à la  quatorzième  dans  le  tritoji palmatus  et  le  tr.  alpes- 
tris;  à la  quinzième,  dans  le  tr.  punctatus  et  le  tr.  gesneri-  à la 
dix-septième  ou  à la  dix-huitième , dans  le  tr.  cristatus.  J’en  ai  même 
un  individu  de  cette  dernière  espèce  où  il  l’est  d’un  côté  à la  dix- 


septième,  et  de  l’autre  à la  dix-huitième. 

Ce  bassin  est  tout  autrement  fait  que  celui  des  grenouilles  j la  ver- 
tébré qui  le  porte  est  semblable  à celles  c|ui  la  précèdent,  et  a, 
comme  elles,  de  chaque  côté  une  petite  côte,  à l’extrémité  de  la- 
quelle l’os  des  ües  est  suspendu  par  un  ligament. 

Il  est  cylindrique,  et  s’élargit  un  peu  en  arrivant  à la  cavité  coty- 
loïdc.  Le  pubis  et  l’ischion  se  soudent  l’un  à l’autre,  et  forment,  avec 
ceux  de  l’autre  côté,  dont  ils  demeurent  distincts,  un  grand  disque 
concave  en  dessus,  plat  en  dessous,  coupé  carrément  en  avant  et  à 
la  partie  antérieure  des  côtes,  échancré  latéralement  et  rétréci  der- 
rière les  fosses  cotyloïdes , terminé  en  arrière  en  arc  concave. 

Le  pubis  est  bien  plus  long-temps  cartilagineux  que  l’ischion,  avec 
lequel  il  s’unit  par  une  sutqre  qui  fait  une  croix  avec  la  symphyse, 
et  en  avant  de  cette  symphyse  est  un  cartilage  en  forme  d’Y  dans 


les  muscles , qui  rappelle  les  os, marsupiaux  des  didelphes. 

Le  fémur  a une  tête  supérieure  ovale  5 à la  face  interne  du  col,  une 


apophyse  très-pointue,  tenant  lieu  de  trochanter;  la  tète  inférieure 
élargie  et  aplatie  d’avant  en  arrière. 

Il  y a deux  os  à la  jambe. 

Le  tibia,  fort  gros  dans  le  haut,  porte  en  avant  une  arête  quise  dé- 
tache de  la  partie  supérieure  de  l’os  en  une  tige  grêle,  ressemblante 
au  vestige  de  péroné  de  divers  rongeurs,  ce  qui  n’empêche  pas  qu’il 

n y ait  un  vrai  péroné  aussi  gros  que  le  tibia,  et  qui  descend  un  peu 
plus  bas. 


Le  tarse  a neuf  os,  tous  plats  et  disposés  en  pavé.  Le  rang  infé- 
rieur en  compte  cinq  j)our  les  cinq  métatarsiens;  les  quatre  autres 
sont  comme  il  suit:  un  petit,  tibial,  au  bord  interne,  un  grand,  péro- 
nien,  au  bord  externe,  un  oblong  entre  deux,  placé  obliquement  et 


DES  BATRACIENS.  4i5 

répondant  au  tibia  et  au  péroné  ; enfi  n un  carré  au  milieu  de  tous 
les  autres. 

Je  ne  trouve  qu’une  phalange  au  premier  doigt;  deux  au  second; 
trois  au  troisième  et  au  quatrième  ; deux  au  dernier. 

Outre  le  squelette  de  salamandre  terrestre,  pl.  XXV,  fig.  i , on 
voit,  pl.  XXVI,  la  tête  et  les  os  séparés  du  tronc  et  des  membres 
de  la  salamandre  aquatique  aü  double*  de  leur  grandeur  naturelle. 
Les  fig.  6,  7 et  8 représentent  la  tête  vue  par  dessus,  par  dessous  et 
de  côté  ; la  fig.  9,  Tos  hyoïde;  les  fig.  10  et  1 1 , 1 épaulé  et  le  ster- 
num; la  fig.  12,  les  six  premières  vertèbres;  les  fig.  i3  et  14, 1 hu- 
mérus dépouillé  de  ses  tètes  supérieures'.et  inferieures  cartilagi- 
neuses ; la  fig.  1 5 , Eavant-bras  et  la' main  ; les  fig.  1 6 et  1 7 , le  bassin  ; 
la  fig.  18,  le  fémur,  également  dépouillé  de  ses  têtes  cartilagineuses; 
la  fig,  19,  la  jambe  et  le  pied,  si 

§ IL  De  V Axolotl. 

I! 

L AXOLOTL  ^1^  tient  beaucoup  de  là  salamandre,  et  surtout  de  sa 
^ larve.  Son  crâne,  pl.  XXVII,  fig.  ^4  et  îi5  (les  mêmes  lettres  y sont 
placées  aux  mêmes  os  que  dans  la  salamandre  ) , est  plus  déprimé  ; sou 
sphénoïde  plus  large  et  plus  plat;  ses  os  propres  du  nez  proportion- 
nellement plus  petits;  les  apophyses  montantes  de  ses  intermaxillaires 
plus  longues  et  plus  étroites;  mais  surtout,  au  lieu  de  ces  os  larges 
et  fixes  que  j’ai  appelés  vomers  ou  palatins  , il  a deux  plaques  oblon- 
gues,  détachées  du  crâne,  chargées  de  dents  en  quinconce,  et  se  con- 
tinuant avec  les  ptérygoïdiens,  qui  les  atteignent  parce  qu  ils  sont  plus 
longs  que  dans  la  salamandre',  et  qui  portent  aussi  des  dents  en  avant 
à leur  bord  externe.  En  arrière , ces  ptérygoïdiens  sont  élargis,  sans 
toutefois  s’articuler  au  sphénoïde  comme  dans  la  salamandre  des 
«lonts  Allegannys. 


(0  J’ai  donné  dans  le  volume  des  Observations  zoologiques  de  M.  de  Humboldt , une 
description  de  l’axolôll , avec  des  figures  parmi  lesquelles  plusieurs  sont  relatives  à son  sque- 
lette,  maison  n’y  voit  pas  les  sutures  des  os  de  la  tète. 


4i6  OSTÉOLOGIE 

L espace  membraneux  entre  l’orbitaire  et  le  rocher  est  aussi  plus 
considérable  que  dans  les  salamandres. 

La  mâchoire  inférieure  de  l’axolotl  a un  dentaire  régulier,  for- 
mant la  symphyse  et  la  plus  grande  partie  de  la  face  externe,  et 
armé  le  long  de  son  bord  supérieur  de  petites  dents  fines  et  pointues- 
un  articulaire  qui  double  la  partie  postérieure  de  la  face  interne  du 
précédent,  forme  l’angle  postérieur,  et  porte  le  tubercule  articu- 
laire j enfin  un  vrai  operculaire , long  et  mince , couvrant  à la  face  in- 
teine  linteivalle  des  deux  precédens,  mais  garni  partout  de  très- 
petites  dents  pointues  en  quinconce. 

C’est  la  structure  que  nous  retrouverons  clans  la  sirène  avec  cette 
différence  que  le  dentaire  n’y  a point  de  dents,  mais  gu’on  en  voit 
seulement  à l’operculaire.  ^ 

Dans  tous  les  axolotls  que  j’ai  examinés,  l’appareil  branchial  étoit 
demeuré  cartilagineux. 

Il  consiste  en  deux  branches  suspensoires  ou  cornes  antérieures 
attachées  au  crâne  sous  la  fençtre  ronde,  portant  une  pièce  impaire 
à laquelle  s’attachent  de  chaque  côté  deux  branches  latérales;  la  pre- 
mière porte  le  premier  arceau  des  branchies;  la  seconde,  les  trois 
autres.  Le  premier  de  ces  arceaux  a des  dentelures  à son  bord  posté- 
rieur; le  dernier,  à son  bord  antérieur;  les  deux  intermédiaires,  à 
leurs  deux  bords.  Sous  la  piece  impaire  en  est  encore  une  qui  se 
porte  en  arrière,  et  dont  l’extrémité, se  bifurque. 

C’est  ce  qui  existe  dans  les  larves  de  salamandre,  et  presque  litté- 
ralement ce  que  nous  allons  voir,  mais  en  partie  très-ossifié,  dans  la 
sirène. 

Tout  le  reste  de  l’ostéologie  de  l’axolotl  reproduit  celle  de  la  sala- 
mandre, mais  dune  salamandre  non  encore  parfaitement  adulte; 
seulement  les  os  des  membres  sont  plus  grêles  , les  apophyses  épi- 
neuses des  vertebres  un  peu  plus  hautes,  et  surtout  les  faces  articu- 
laires de  leur  corps  concaves  l’une  et  l’autre , ainsi  que  l’a  bien  ob- 
servé sir  Everard  Home.  Le  bassin  est  suspendu  à la  dix-septième; 
il  y a des  cotes  à toutes,  excepté  à l’atlas;  la  queue  en  a vingt-trois. 

Plus  j ai  examiné  de  ces  animaux,  et  plus  je  me  suis  convaincu 


DES  BATRACIENS.  417 

qu’ils  sont  des  larves  de  quelque  salamandre  inconnue,  mais  ce  ne  peut 
pas  être,  comme  je  l’avois  soupçonné,  la  larve  de  celle  des  monts  Alle- 
gannys,  car  nous  en  possédons  maintenant  une  bonne  figure  (i),  et 
elle  ressemble  à son  adulte  beaucoup  plus  que  ne  fait  l’axolotb  La 
concavité  des  deux  faces  du  corps  des  vertèbres  ne  me  paroît  nul- 
lement devoir  détourner  de  cette  idée,  comme  l’a  pensé  M.  Home, 
attendu  que  j’y  trouve  un  cartilage  intervertébral  qui  pourroit  bien 
se  fixer  et  s’ossifier  dans  l’adulte.  C’est  précisément  ce  qui  arrive  dans 
les  autres  batraciens,  qui,  ainsi  que  l’a  observé  M.  Dutrochet,  ont 
à l’état  de  larve  les  deux  faces  du  corps  de  leurs  vertèbres  concaves 
comme  l’axolotl. 

Article  III. 

De  la  Sirène  et  du  Proteus. 

§ I.  De  la  Sirène. 

La  SIRÈNE  {siren  lacertina  L.)  est  bien  sûrement  l’un  des  êtres  les 
plus  remarc£uables  de  la  classe  des  reptiles  et  de  tout  le  règne  ani- 
mal , par  les  anomalies  de  son  organisation,  et  par  ces  rapports  appa- 
rens  avec  des  familles  et  des  classes  diverses  qui  étonnent  toujours  le 
naturaliste  quand  il  les  rencontre.  Chacun  sait  que  l’on  en  doit  la 
connoissance  à un  médecin  de  Charlestown , nommé  Alexandre 
Garden,  qui  en  envoya  eu  1765  et  1766,  une  description  et  des  in- 
dividus à Linnœus  et  à J.  Ellis.  Sur  l’assurance  qu’il  donna  que  cet 
animal  ne  change  point  de  forme , Ijinuæus  se  décida  à créer  pour 
lui  un  ordre  particulier  d’amphibies  sous  le  nom  de  rneantes;  mais 
son  assentiment  ne  détermina  point  celui  de  plusieurs  autres  natu- 


(i)  Je  considère  du  moins  comme  telle  une  larve  longue  d’un  pied  et  plus,  qui  me  2>aroît 
entièrement  semblable  à cette  grande  salamandre , sauf  les  branchies  qu’elle  conserve  , et 
dont  un  individu  , envoyé  du  lac  Saint-Clair  au  docteur  Mitchill  , a été  dessiné  par  M.  Mil- 
l^ert.  Les  cicatrices  que  l’on  voit  à la  grande  salamandre  prouvent  bien  qu’elle  conserve 
tres-long-temps  ses  branchies. 

T.  V.  26.  P. 


53 


4i8  OSTÉOLOGIE 

ralistes  de  distinction  ; Pallas  (i),  Herman  (2),  Schneider  (3), 
M.  de  J.ace'pède  (4)  5 ne  virent  dans  la  sirène  que  la  larve  de  quel- 
que grande  salamandre  inconnue , et  Camper,  suivi  par  Gmelin-,  alla 
même  jusqu’à  en  faire  un  poisson  du  genre  des  anguilles  (5). 

Il  y a dix-septans  que,  dans  un  mémoire  lu  à l’Institut  le  19  jan- 
vier 1807,  et  inséré  dans, le  1er.  vol.  des  Observations  zoologiques 
de  M.  de  Hurabeldt,  p.  93,  j’ai  essayé  d’établir.,' par  des  observa- 
tions faites  sur  l’ostéologie  et  la  splanchnologie  de  la  sirène , que , 
quelques  changemens  qu  elle  puisse  subir,  c’est  uûre|5tile  d’un  genre 
à part,  qui  ne  peut  prendre  de  pieds  d.e  derrière,  et  dont  toute  la 
charpente  osseuse  diffère  e.ssentielleraent  de  celle  des  salamandres  5 
c{ue  même  il  n’y  a aucune  probabilité  quelle  change  jamais  de  forme 
ni  quelle  perde  ses  branchies , et  que  c’est  par  conséquent  un  véri- 
table amphibie,  qui  respire  à volonté  pendant  toute  sa  vie,  ou  dans 
l’eau  avec  ses  branchies,  ou  dans  l’air  avec  ses  poumons. 

Le  temps  n’a  fait  que  confirmer  ces  conjectures. 

D une  part , on  a publié  à Londres,  en  1821,  la  correspondance  de 
Garden  avec  Linnœus  et  ayec  ElUs  (6) , où  l’on  voit  que  ce  mé- 
decin avoit  observé  des  sirènes  depuis  la  longueur  de  quatre  pouces 
jusqu’à  celle  de  trois  pieds  et  demi  ; qu’il  s’étoit  assuré  que  dans  toute 
la  province  on  n’ avoit,  à l’exception  du  crocodile,  aucun  lacerta  (ni 
saurien,  ni  salamandre)  qui  passât  sis  04, sept  pouces  (7),  et  qu’il 
avoit  fini  par  se  convaincre  qu’elfe  est. ovipare  et  qu’elle  propage 
sans  quitter  ses  branchies  (8). 

D’autre  part,  tous  les  voyageurs  tous  les  naturalistes  araérir 


-~n\ 

{i)  Nw.  Comment.  Petrop.,  ^ „ . - ? 

(3)  Commentarius  Tabulœ  affinitatum  Animalium,  p.  a56. 

(3)  Histor.  Amphibior.  nat.  et  Utteraria  i.  -, 

Hist.  nat.  des  Quadr.  ovip.  ,1 , Ç>i\.  Jll»»:  f fib 

(5)  Opuscules,  trad.  franç.  , II , 29a. 

(6)  A Sélection  of  the  Correspondence  of  Linnæus  and  other  Naturalists , by  sir  James 
Edward  Smith  , 2 vol.  in-8».  , Lond.  1821. 

(7)  Voyez  sa  Lettre  du  4 août  176(5 , p,  3ai  du  i«.  vol. 

(S)  Lettre  du  20  juin  1771  , p.  334. 


DES  BATRACIENS.  419 

caius  (i),  ont  confirmé  les  faits  annoncés  par  Garden;  plusieurs  si- 
rènes de  toute  taille  ont  été  envoyées  en  Europe,  toujours  avec  des 
branchies  et  sans  vestiges  de  pieds  de  derrière.  Tout  nouvellement 
encore,  en  1822,  le  docteur  Mitchill  de  Ne’w-York,  dans  une  note 
adressée  à notre  Muséum,  en  décrit  une  espèce  beaucoup  plus  petite, 
rayée  et  tachetée  de  blanc, -et  rapporte  que  toutes  les  deux  rendent 
leurs  œufs  pour  peu  qu’on  leur  presse  Eabdomen , bien  que  leurs 
branchies  soient  dans  toute  leur  vigueur. 

Cependant  M.  Rusconi,  médecin  de  Milan  , dans  un  ouv'rage  sur 
le  proteus,  a encore  élevé  des  doutes  contre  tous  ces  témoignages, 
et  même  dans  Un  écrit  plus  récent,  intitulé  Amours  des  Salaman- 
dres, il  croit  être  arrivé  à la  démonstration  des  métamorphoses  delà 
sirene , parce  qu’un  voyageur  allemand  lui  écrit  avoir  vu  au  Mu- 
séum des  Chirurgiens  de  Londres  une  sirène  à quatre  pieds  et  sans 
branchies.  • 

On  a peine  à concevoir  que  ce  voyageur  ne  se  soit  pas  informé  un 
peu  plus  exadtement  de  ce  qu’il  voyoit,  ou  que  M.  Rusconi  ait  fait 
SI  aisementfond  sur  son  témoignage.  Oe  reptile  à quatre  pieds,  très- 
différent  de  la  sirène  par  plusieurs  caractères  essentiels , étoit  bien 
connu  de  Garden,  qui  l’avoit  décrit  et  caractérisé  dans  ses  lettres  à 
Linnæus  (a)  , et  l’avoit  nommé,  dans  celles  à Ellis , amphiuma 
means  (3).  Le  docteur  Mitchill  en  a'  envoyé,  en  1822 , une  descrip- 
tion fort  exacte  à notre  Muséum , et  il  en  a paru  une  autre  par  le  doc- 
teur Richard  H arlan , avec  une  lithographie  parM.  Lesueur , dans 
le  Journal  de  l’Académie  des  Sciences  naturelles  de  Philadelphie  du 
mois  de  mai  i823.  Il  y en  a même  une  dans  le  Medical  Recorder  Ae 
juillet  1822,  où  on  le  nomme  chrysodonta  laivceformis. 

C’est  encore  un  genre  à part , plus  voisin  du  proteus  que  de  la  si- 
rène, par  ses  quatre  pieds;  mais  différent  de  l’un  et  de  l’antre  parce 
que , du  moins  dans  son  état  adulte , il  n’a  point  du  tout  de  branchies , (*) 

(*)  Voyez  surtout  Barlon  , Some  account  of  tlie  Siren  lacertina  and  olher  specie  of  tbe 
saine  genus  , Philadelphie,  août  1808. 

(2)  Lettre  du  20  juin  1771  , p-  333. 

(3)  Lettre  du  i5  mai  1778  , p.  Sgg. 


.33* 


420  OSTÉOLOGIE 

et  que  les  ouvertures,  percées  aux  côtés  de  sa  gorge,  paroissent  ne 
servir  qu’à  l’évacuation  de  l’eau,  comme  les  évents  des  cétacés.  Ses 
pieds  de  devant  n’ont  que  deux  doigts,  et  non  pas  quatre  comme  à 
la  sirène,  ni  trois  comme  dans  le  proteus  : ceux  de  derrière  n’en  ont 
aussi  que  deux,  et  en  cela  ils  ressemblent  à ceux  du  proteus.  Ses 
dents  sont  encore  très-différentes  ; il  n’en  a qu’une  rangée  autour  de 
chaque  mâchoire,  et  deux  rangées  longitudinales  dans  le  palais  : toutes 
ont  a leurs  pointes  un  éclat  doré.  Ses  petits  rudimens  de  côtes  sont 
aussi  foibles  que  ceux  du  proteus. 

Ce  n’est  donc  point  d’après  Yamphiuma  qu’il  faut  juger  de  la  si- 
rène, mais  d’après  elle-même;  pour  cet  effet,  je  m’en  suis  procuré 
encore  quelques-unes,  et  j y ai  vu  une  ostéologie  tellement  finie  , 
tellement  durcie,  qu’il  m’est  impossible  de  croire  qu’elles  ne  soient 
pas  adultes,  et  je  ne  doute  pas  cpie  les  anatomistes  qui  verront  les 
têtes  que  je  vais  décrire  ne  partagent  mon  avis;  cependant  les  bran- 
chies des  individus  dont  j ai  tiré  ces  squelettes  et  ces  pièces  osseuses 
etoient  parfaitement  entierès,  et  leurs  poumons  complètement  dé- 
veloppés et  riches  en  vaisseaux  très-remplis.  Je  ne  doute  donc  pas 
non  plus  qu’ils  ne  se  soient  servis  des  uns  et  des  autres. 

On  avoit  fait  l’objection  qu’il  doit  leur  être  impossible  d’inspirer 
de  1 air  sans  cotes  ni  diaphragmé , et  sans  pouvoir,  comme  les  tortues 
et  les  grenouilles,  le  faire  entrer  par  les  narines  et  l’avaler,  puisque 
leurs  narines  ne  donnent  point  dans  la  bouche,  et  que  les  ouvertures 
branchiales  doivent  le  laisser  échapper.  Mais  des  observations  plus 
exactes  que  celles  que  j’avoispu  faire  d’abord  sur  des  individus  mal 
conservés , m’ont  appris  que  les  narines  communiquent  avec  la  bouche 

par  un  trou  percé , comme  dans  le  proteus,  entre  la  lèvre  et  l’os  du 
palais  qui  porte  les  dents  (i), 

Ijcs  opercules  membraneux  de  leüt'S  branchies  sont  musculaires 
intérieurement,  et  capables  den  fermer  hermétiquement  les  ouver— 


(I)  J’ai  fait  cette  recherche  sur  l’invitation  de  M.  Oken  ( Isis  de  .821  , XII'.  cahier)  , qui 
y mettoit  avec  raison  de  1 importance  , attendu  que  cette  communication  des  narines  avec  la 
bouche  est  pour  lui  le  principal  caractère  distinctif  entre  les  reptiles  et  les  poissons. 


DES  BATRACIENS.  4^i. 

tures;  alors  il  leur  est  bien  aisé,  en  dilatant  leur  gorge,  d introduire 
de  l’air  dans  la  bouche , et  de  le  forcer  ensuite , en  la  contractant,  à 
entrer  dans  leur  larynx.  A défaut  de  narines,  ils  pourroient  produire 
le  même  effet  en  entr’ouvrant  un  peu  leurs  lèvres,  et  j’applique  cette 
théorie  au  protée  comme  à la  sirène. 

L’existence  simultanée  d’un  larynx ^ et  d’une  trachée  artère  avec 
un  appareil  branchial  non-seulement  pei'matJ.ent,  mais  parfaitement 
ossifié  dans  plusieurs  de  ses  parties,  est  aussi  un  fait  sur  lequel  je 
dois  rendre  mes  lecteurs  attentifs,  et  qui  achevé  de  prouver  ce  que 
déjà  nous  avions  rendu  assez  évident  aux  articles  des  grenouilles  et 
des  salamandres  ; c’est  que  l’appareil  branchial  n est  autre  quun  os 
hyoïde  plus  compliqué , et  non  pas  une  combinaison  de  pièces  prO” 

tenues  du  sternum  et  du  larynx. 

C’est  des  salamandres  que  la  sirène  se  rapproche  encore  le  plus 
par  la  tête,  bien  que  ni  la  forme  générale,  ni  les  proportions  des 
parties  ne  soient  pas  à beaucoup  près  semblables  (i). 

Le  museau  est  rétréci  en  avant,  à cause  de  l’excessive  réduction 
des  maxillaires , qui  ne  consistent,  que  très-petit  point  osseux. 

En  arriéré  est  une  forte  crête  occipitale  sur  les  paiietaux  et  les  ro- 
chers. Les  pièces  qui^portent  la  mâchoire  inferieure,  au  lieu  d etre 
transverses  comme  dés  branches  de  croix , se  dirigent  obliquement 
en  avant , etc. 

Les  pariétaux  (pl.  XXVII,  fig.  i — 6,  c')  occupent  la  plus  grande 
partie  du  dessus  du  crâne.  Ils  ont,  en  avant,  chacun  une  pointe  qui 
s’écarte  pour  loger  entre  elles  deux  la  partie  postérieure  des  frontaux 
principaux,  c.  Ceux-ci, ont  chacun  une  rainure  dans  laquelle  se  loge 
la  pointe  postérieure  de  deux  os  grêles,  g,  qui  marchent  à côté  l’un 
de  l’autre  jusqu’au  bout  du  museau.  A leurs  côtés  en  sont  attachés 
deux  autres , y*,  grêles  et  pointus  en  arrière,, qui  descendent  et  s’élar^ 
gissent  pour  soulever  le  bord  antérieur  de  la  mâchoire. 


(ï)  Les  seules  figures  ostéologiques  que  l’on  ait  de  la  sirène  , sont  celles  que  j’ai  données 
dans  les  Observations  zoologiques  de  M.  de  Humboldt  ; mais  les  os  de  la  tête  n’y  sont  pas 
détaillés. 


422  OSTÉOLOGIE, 

Je  suis  porté  à prendre  les  premiers  pour  des  nasaux,  les  autres 
pour  des  intermaxillaires.  Ceux-ci  ne  portent  point  de  dents , mais 
leur  bord  est  tranchant  et  garni  dans  l’animal  frais , ainsi  que  celui 
delà  mâchoire  inférieure,  d’une  gaine  presque  cornée,  qui  se  détache 
aisément  de  la  gencive , et  qui  a son  analogue  dans  les  têtards  de 
grenouille.  Entre  eux,  au  bout  du  museau  osseux,  est  une  ouver- 
ture, mais  ce  n est  pas  celle  des  narines.  Dans  l’anithal  frais,  elle  est 
fermée , et  la  narine  est  percée  de  chaque  coté  en  dehors  de  l’inter- 
maxillaire.  Que  l’intermaxillaire  adhère  au  côté  externe  du  nasal, 
c’est  ce  que  nous  voyons  dans  le' crocodile;  que  la  narine  soit  en 
dehors  de  Tapophyse  montante  de  l’intermaxillaire , c’est  ce  que  les 
reptiles  nous  montrent  tous,  excepté  le  crocodile;  mais  ce  qui  est 
particulier  a la  sirene,  c est  que  1 intermaxillaire,  remontant  jus- 
qu’au frontal , rende  le  nasal  entièrement  étranger  au  cadre  de  la  na- 
rine externe.  Le  maxillaire  donne  au  nasal  la  même  exclusion  dans 
le  caméléon , comme  nous  l’avons  vu. 

Un  très-petit  os  suspendu  dans  les  chairs,  h,  en  dessous  de  la  na- 
rine externe  et  sans  aucune  dent  , est  le  seul  vestige  de  maxillaire  que 
j’aperçoive.  ^ ' 

La  cavité  de  la  narine  est  couverte  en  dessous  d’une  simple  mem- 
brane ligamenteuse.  La  narine  interne  est,  de  chaque  côté,  près  de 
la  commissure  des  lèvres,  entre  la  lèvre  et  les  dents  palatines. 

Tout  le  dessous  du  crâné  et  de  la  lace  se  compose  d’un  grand  et 
large  sphénoïde,  d,  qui  s’étend  depuis  le  tron  occipital  jusqu’aux  inter- 
maxillaires. ' 

Les  côtés  dn  crâne,  dans  la  région  orbitaire  et  le  devant  de  la 
tempoi  ale , sont  fei  mes  par  un  seul  os , , dans  lequel  sont  percés , en 
avant,  le  trou  olfactif,  plus  en  arrière  le  trou  optique,  et  un  autre 
trou  pour  la  première  branche  de  la  cinquième  paire,  et  probable- 
ment pour  les  petits  nerfs  de  l’oeil.  '*'  f 

La  face  inférieure  de  cet  os  latéral,  u' , fig.  5,  fait  partie  du  palais 
aux  cotes  du  sphénoïde.  Il  est  sensible  qu’il  fait  les  fonctions  de  la 
partie  orbitaire  du  sphénoïde  ou  de  ce  qu’on  a appelé  le  sphénoïde 
antérieur,  mais  qu’il  remplit  aussi  en  partie  celles  de  l’ethrnoïde. 


DES  BATRACIENS.  4a3 

Entre  lui  et  le  rocher  est  un  grand  espace  membraneux , dans  le- 
quel est  percé  le  trou  du  reste  de  la  cinquième  paire. 

Le  rocher,  e,  et  l’occipital  latéral,  h,  sont  parfaitement  distincts. 
L est  dans  le  rocher  seul  qu’est  percée,  ou  plutôt  coupée,  la  fenêtre 
ovale;  mais  la  partie  inférieure  de  son  cadre  est  cependant  complétée 
par  l’occipital  latéral  et  le  sphénoïde.  Son  ouverture,  qui  est  grande, 
se  dirige  un  peu  vers  le  bas.  Dams  i’ état  frais  , elle  e^t  fermée  par  une 
plaque  cartilagineuse  ou  étrier,  semblable, à ce  qu’on  voit  dans  la 
salamandre. 

11  n’y  a que  le  seul  os  tympaniqne , o , collé  obliquement  par  sa  tige 
postérieure  sur  la  face  supérieure  du  rocher,-  et  s’élargissant  en  des- 
sous presque  comme  une  trompette , pour  fournir  une  large  facette 
à la  mâchoire  inférieure. 

Je  ne  trouve  ni  mastoïdien , ni  ptérygoïdien,  ni  jugal,  ni  occipital 
supérieur,  ni  basilaire  ; ces  deux  derniers  sont  même  impossibles , vu 
la  position  de  la  suture  qui  sépare  les  occipitaux  latéraux. 

Au  palais,  sous  la  partie  antérieure  et  latér^e  du  sphénoïde  et  de 
1 orbitaire , sont  collées  deux  plaques.  minces,  toutes  hérissées  de 
dents  en  crochets.  On  les  voit  en  y,  fig*  3?  gu  place,  et  fig.  S,  déta- 
chées. On  pourroit  le&  prendre  pour  des  vestiges  de  vomers  et  de 
palatins , ou  , si  on  l’aime  mieux , de  palatins  et  de  ptérygoïdiens  ; 
mais  je  ne  leur  trouve  pas  des  rapports  assez  marqués  pour  leur  atta- 
cher ces  noms.  La  première , qui  est  la  plus  grande , porte  six  à sept 
rangées  obliques  de  dents  pointues,  et  faisant  la  carde.  Celles  du 
milieu  ont  chacune  douze  dents  : les  antérieures  et  les  postérieures 
en  ont  moins.  La  seconde  plaque  porte  quatre  rangées  de  dents  pa- 
reilles, chacune  de  cinq  à six  dents, 

La  mâchoire  inférieure  de  la  sirène  se  compose  de  quatre  os  de 
chaque  côté:  un,  fig.  i et  qui  forme  la  symphyse  et  le  bord 
tranchant  de  la  mâchoire,  qu’il  revêt  extérieurement  jusque  vers  son 
extrémité  postérieure.  On  ne  peut  s’empêcher  de  le  reconnoître  pour 
1 analogue  du  dentaire , mais  ce  n’est  pas  lui  qui  porte  les  dents , et  il  a 
seulement  son  tranchant  revêtu  dans  l’animal  frais  d’une  couverture 
cornée , analogue  k celle  qui  forme  le  bord  opposé  à la  mâchoire  sa- 


4a4  OSTÈOLOGIE 

périeure.  L’extrémité  postérieure  de  ce  tranchant,  plus  relevée  que 
le  reste  du  bord  de  l’os , sert  d’apophyse  coronoïde. 

Le  second  os,  r,  id. , fait  la  plus  grande  partie  de  la  face  interne 
et  l’angle  postérieur,  et  porte  en  dessus  le  troisième,  zT,  qui  est  le  tu- 
bercule articulaire. 

Enfin  le  quatrième,  fig.  i',  est  une  lame  mince  et  étroite,  qui 
fait  1 office  de  1 operculaire,  et  couvre  à la  face  interne  un  vide  laissé 
entre  les  deux  premiers. 

Tout  cet  os  est  chargé  de  petites  dents  pointues,  disposées  en  quin- 
conce comme  celles  des  plaques  du  palais. 

.Te  n’ai  pas  besoin  d’insister  sur  le  peu  d’accord  de  cette  compo- 
sition de  tète  avec  la  théorie  des  trois  ou  des  cinq  vertèbres  5 chacun 
le  sentira  à la  moindre  réflexion. 

L’os  hyoïde  de  la  sirène , fig.  i et  7 , est  un  os  hyoïde  de  larve  de 
.salamandre  ou  d’axolotl,  mais  très-ossifié  dans  plusieurs  de  sesparties. 

Labranche  suspensoire  ou  corne  antérieure,  a,  est  un  os  plus  gros 
et  plus  long  que  l humérus,  dilate  a ses  deux  bouts,  rétréci  dans  son 
milieu,  suspendu  au  crâne  par  un  ligament. 

La  première  pièce  impaire,  b , est  également  un  os  très-dur,  dilaté 
en  avant,  comprimé  en  arrière,  rétréci  dans  son  milieu.  La  deuxième 
pièce  impaire,  b',  est  un  pédicule  qui,  en  arrière,  se  divise  en  plu- 
. sieurs  apophyses  rayonnantes  ; le  tout  est  encore  très-osseux.  Les 
deux  branches  latérales  le  sont  également.  La  première,  i,  qui  est 
la  plus  grosse , porte  le  premier  arceau  des  branchies  ; la  seconde  2 
qui  est  la  plus  grêle,  porte  les  trois  autres. 

Ces  arceaux  ne  sont  pas  ossifiés,  mais  demeurent  toujours  cartila- 
gineux comme  dans  1 axolotl , dont  ils  ont  aussi  les  dentelures.  Ils 
se  réunissent  par  des  ligamens  à leur  extrémité  externe,  qu’un  liga- 
ment rattache  aussi  a la  racine  de  la  corne  antérieure. 

Nous  reverrons  encore  les  mêmes  pièces  ou  à peu  près  dans  les 
proteus. 

L’omoplate  de  la  sirène , 3 , fig.  i , est  grêle , presque  cylindrique , 
rétrécie  dans  son  milieu,  et  augmentée,  du  côté  spinal,  d’une  lame 
cartilagineuse. 


DES  BATRACIENS.  425 

La  clavicule  et  le  coracoïdieu  sont  représentés  par  deux  lobes  car- 
tilagineux, fîg.  8,  a et  l’un  dirigé  en  avant,  l’autre,  beaucoup  plus 
large,  se  portant  sur  la  poitrine  et  croisant  sur  celui  du  côte  opposé. 
Dans  le  bord  externe  de  ce  cartilage  coracoïdien,  près  et  un  peu  en 
arrière  de  la  fosse  articulaire,  est  une  lame  osseuse  semi-lunaire,  c, 
qui  est  la  seule  représentation  du  coracoïdien  osseux;  mais  il  ny  a 
rien  de  semblable  pour  la  clavicule. 

L’humérus,  4,  fîg.  i , comprimé  latéralement  dans  le  haut,  d’avant 
en  arrière  dans  lé  bas,  et  rétréci  dans  son  milieu,  a ses  extrémités 
cartilagineuses. 

Ï1  en  est  de  même  des  deux  os  de  l’avant-bras,  5 , zô.,  tous  deux 
assez  grêles,  et  dont  l’interne  ou  le  radius  est  élargi  par  en  bas. 

Les  os  du  carpe  restent  cartilagineux. 

Chacun  des  quatre  doigts  a un  métacarpien  et  deux  phalanges  seu- 
lement. 

11  n’y  a bien  certainement  aucun  vestige  de  bassin  et  de  pied  de 
derrière,  ni  osseux  ni  cartilagineux. 

.Te  ne  trouve  à un  grand  individu , représenté  %.  i,  que  quarante- 
trois  vertèbres  dans  le  tronc  et  quarante-quatre  dans  la  queue.  Celui 
que  j’ai  décrit  en  1807  en  avoit  trois  de  plus. 

Ces  vertèbres,  toutes  parfaitement  complètes  et  ossifiées,  ne  res- 
semblent certainement  à celles  d’aucun  des  reptiles  précédons , ni 
même  d’aucun  animal. 

Leurs  corps  ont  leurs  deux  faces  articulaires  creuses,  et  réunies 
par  un  cartilage  en  forme  de  double  cône  comme  dans  les  poissons. 

Leurs  apophyses  articulaires  sont  horizontales,  et  les  postérieures 
d’une  vertèbre  posent  sur  les  antérieures  de  l’autre. 

Une  crête  horizontale  de  chaque  côté  va  de  l’antérieure  à la  pos- 
térieure. 

Au  Heu  d’apophyse  épineuse,  elles  ont  une  crête  verticale,  qui,  à 
moitié  de  leur  longueur,  se  bifurque,  et  dont  les  branches  vont  se 
terminer  sur  l’apophyse  articulaire  postérieure. 

Leurs  apophyses  transverses,  très-larges,  se  composent  de  deux 
lames,  unies  h leur  bord  postérieur  jusqu’à  leur  pointe  commune;  la 
T.  V,  ae.  P.  54 


426 


OSTÊOLOGIE 


supérieure,  oblique,  venant  de  dessous  l’apophyse  articulaire  anté- 
rieure et  de  dessous  la  partie  voisine  de  là  crête  latérale;  rinférieure 
venant  des  côtés  du  corps  auquel  elle  tient  par  une  ligne  horizontale. 

Le  corps  en  dessous  est  aussi  comprimé  en  une  arête  aicruë. 

Dans  les  vertèbres  qui  portent  des  côtes,  la  lame  supérieure  de 
l’apophyse  transverse  est  peu  marquée,  et  la  poittte  est  grosse  et  di- 
visée en  deux  lobes  pour  les  deux  tul>ercaleé  de”lî^"cAte , comme 
dans  les  salamandres.  ' ■ ... 

Je  n ai  trouve  que  huit  de  ces  vestiges* de  côtes  de  chaque  côté /à 
commencer  de  la  seconde  vertèbré'.Lesdfeux  derniers  ont  îa  tête  simple. 

A la  queue,  les  apophyses  transvet^sès^  d^jà  âSse^:  petites,  dispa- 
roissent  promptement.  Les  apophyses  articulaires  diminuent  aussi 
par  degrés.  Le  corps  de  la  vertèbre  prend  Une  forme  très-comprimée, 
et  donne,  en  dessous,  deux  petites  lames,  qui  interceptent  vin  canal 
pour  les  vaisseaux  comme  les  os  en  chevron  des  lézards. 

Voyez  le  squelette  déjà  cité , et  pour  les  détails,  les  fig.  9 à i3,  qui 
représentent  une  vertèbre  dorsale,  fig.  9,  par  le- côté;  fig.  10,  pat- 
dessus;  %.  Il,  par  dessous;  fig.  12 , en  avant;  fig.  en  amèfe.'^* 

> .y  ; 'tiJ')  ïif.l  u(} 


* ' (0  TT  n - n ^ 'rr'ifii  , jëici  aorUi-ir. 

lilL  tliCf  Jiof-  yll  ëlJ..,.  :j;  ,1';  ! >g  ^900  fiOZ  113  OU  •TI? 

Le  jsTDteizÆ oettanimal  non  moins  > extr>acM?<llsiaire  quë  la  sirène 
n’a  été  découvert  qu’après  elle,  quoique  bien  plus  voisin  de  nous. 
On  en  doit  la  oonuoissance  au  baron  de  Zoïs,  gentilhomme  de  Car- 
mole,  pays  Où  ce  reptile  se  montre  quelquefxjis  lors  des  déborde- 
mens  des  l.acs  souterrains  si  nombreux  dans  la  contrée;  Ge  fin  d’après 
es  in  ividus  recueillis  par,M.  de  Zoïs  que  L(uirenti\d).eiScopoU{:i) 
en  donnèrent  les  premières  descriptions..,!  t:4.  j»  ^3  rcj  r.ei)  0. 

On  a cru  long-temps  que  les  lacs  des  environs  de  , dans  la 

basse  Garmole,  étoient  seuls  dans  lesquels  on  pût  en  rencontrer; 


y 


(1)  Specim.  mcd.  Jmphiùiis 1768. 

(2)  Anruis  qmntus  Histor.  nat.  , p.  ^o. 


DES  BATRACIEINS. 


427 

niais  on  en  a découvert  récemment  dans  la  grotte  à’ A delsber g ou 
Postoina^  sur  la  grande  route  de  Trieste  à Vienne,  dont  nous  avons 
déjà  parlé  (dans  notre  IV'^^.  vol. , p.  3oo  et  3oi)  à l’occasion  des  os- 
semens  fossiles  d’ours.  Ils  sont  devenus  ainsi  plus  faciles  à obtenir , et 
il  s’en  est  répandu  uu  assez  grand  nombre  chez  les  naturalistes..  M.  de 
Schreibers ^ direçtjeur  du  cabinet  impérial  de  Vienne,  etM.  P.ictet, 
célèbre  professeur  de  Physique  à Genève,  m’en  ont  procuré  de  vivans  ; 
M.  de  Zoïs  lui-même  m’en  avoit  envoyé  quelques-uns,  et  des  plus 
grands.  G’ est  avec  les  premiers  de  ceS  matériaux  que  j’avois  donné, 
en  1807  î tme  description  de  l’ostéologie  de  ce  reptile  dans  le  1®^.  vo- 
lume des  Observations] zoplpgiques  de  M.  de  Humboldt,  et  je  la 
compléterai  aujourd’bui.aviec  les  autres. 

Qo  a d’ailleurs  une  très-boque  description  de  ses  viscères  par 
M.  de  Schreibers,  dans  les  Transactions  philosophiques  de  1801 , et 
MM.  Cor^gliacchi  et  Rusconi  en  ont  publié , à Pavie  en  1819?  tine 
monographie  ornée  de  très-belles  figures,  dans  laquelle  cependant 
on  ne  trouve  point  encore  la  division  des  os  de  la  tête.  C’est  à cette 

lacune  que  nous  avons,  dvt  surtout  chercher  à suppléer.  . 

On  a fait(i),  pour  établir  que  le  proteus  n est  qu  une  larve,  les 
memes  raisonnemeus  que  pour  la  sirène,  mais  à mon  gré  avec  tout 
aussi  peu  dé  succès.  M.  llusconi  lui-même , qui  veut  à toute  force 
que  la  sirène  en  soit  une , admet  que  le  proteus  ne  doit  pas  changer 
de  forme.  U n’y  a eoi  effet,  dans  tout  le  pays  qu’il  habite,  aucune 
salamandre  que  l’on  puisse  supposer  en  provenir  ou  dont  on  ne  con- 
noisse  pas  la  ^véritable  larve;  et  si  les  expériences  par  lesquelles  on 
dit  que  M.  de  Schreibers  cherche  à vérifier  si  ce  ne  seroit  pas  une  sa- 
lamandre modifiée  par  son  séjour  dans  l’obscurité  venoient  à réussir, 
on  auroit  à changer  toutes  les  idées  que  l’on  s’est  jamais  faites  sur  la 
constance  des  races,  et  sur  la  force  qui  les  maintient  dans  leurs  carac- 
tères primitifs. 

Le  PROTEUS  AKGUiNus,  pl.  XXVII,  fig.  14  et  (les  mêmes  lettres 


(1)  Hermann,  Tab.  aff.  Anîm,  p.  2S6  et  257  ; Schneider , Hist.  Amplii'b.  nat.  et  lîtter. , 
1 > P- 45 -et  suiv. 


54 


4a8  OSTÉOLOGIE 

désignent  pour  la  tète  les  mêmes  os  que  dans  la  sirène  ) , se  rapproche 
presque  entièrement  de  la  sirène  par  la  tête  5 elle  est  seulement  plus 
déprimée,  sans  crête,  et  munie  de  ptérygoïdiens.  Les  pariétaux  s’a- 
vancent moins  au  côté  des  frontaux.  Ceux-ci  occupent  un  espace  plus 
long  et  plus  large  à proportion.  Les  os  latéraux  ; savoir  les  orbitaires 
elles  rochers,  sont  beaucoup  moins  élevés.  Ceux  que  j’appelle  nasaux 
sont  réduits  presque  à rien.  Les  intermaxillaires  ont  de  longues  apo- 
physes montantes,  entre  lesquelles  se  glissent  les  très-petits  nasaux. 
Leur  bord  est  garni  d’une  rangée  de  huit  ou  dix  dents  pour  chacun. 
Derrière  ces  dents  intermaxillaires  en  estime  rangée  parallèle,  mais 
qui  se  prolonge  beaucoup  plus,  en  se  dirigeant  en  arrière,  le  long  de 
chaque  cote  du  palais.  Elle  appartient  aux  os  que  je  croîs  représenter 
les  voraers,  qui,  plus  considérables  que  les  plaques  de  la  sirène,  gar- 
nissent en  dessous  la  partie  antérieure  du  museau.  Chacun  d’eux  a 
vingt-quatre  dents  dans  sa  rangée.  Ils  se  continuent  chacun  en  arrière 
avec  une  branche,  ni,  fig.  lo,  qui  porte  aussi  quelques  dents,  et 
qui  va  s’attacher  au  bord  interne  du  tympanique,  en  laissant  un 
vide  entre  elle  et  la  base  du  crâne,  et  ne  peut  représenter  par  con- 
séquent que  le  ptérygoïdien.  Il  n’y  a conséquemment  ni  maxillaires 
ni  palatins,  ou  du  moins  ils  sont  réduits  à des  vestiges  cartilagineux 
ou  membraneux.  Tout  le  dessous  du  crâne  est  plat  et  formé  par  un 
seul  sphénoïde  comme  dans  la  sirène.  Je  ne  trouve  aussi  que  deux 
tympaniques,  deux  rochers  et  deux  occipitaux.  La  fenêtre  ovale  est 
également  toute  entière  dans  le  rocher. 

Les  dents  sont  donc  le  principal  caractère  qui  différencie  la  tête 
du  proteus  de  celle  de  la  sirène,  et  leur  disposition  se  rapproche  de 
celle  de  la  salamandre. 

Les  narines  sont,  comme  dans  la  sirène , sans  enveloppe  osseuse  en 
dehors  ni  en  dessous  : elles  pénètrent  aussi  dans  la  bouche  sous  la 
lèvre  inférieure  5 mais  les  deux  mâchoires  étant  garnies  de  dents  en 
avant,  il  n y a point  de  lames  cornées  aux  lèvres. 

La  mâchoire  inférieure  ‘est  aussi  plus  semblable  à celle  de  la  sala- 
mandre, et  a le  pourtour  de”  son  dentaire  garni  de  dents.  Elle  est 
assez  haute.  Son  apophyse  coronôïde , quoique  obtuse,  est  fort  mar- 


DES  BATRACIENS.  429 

quée.  Le  muscle  crotaphyte  passe  sur  l’os  que  nous  avons  appelé 
ptérygoïdien  : c’est  à lui  qu’est  du  le  renflement  apparent  de  la  tête. 

L’os  hyoïde  du  proteus , fig.  1 6 , diffère  très-peu  de  celui  de  la  sirène 
et  de  l’axolotl  j seulement  ses  arcs  branchiaux  sont  ossifiés  comme 
le  reste. 

Ses  branches  suspensoires  tiennent,  comme  à l’ordinaire,  au  crâne 
sous  la  fenêtre  py^je.  Sur  leur  réunion  est  porté  en  avant  un  cartilage 
qui  soutient  la. langue,  et  en  arrière  une  tige  impaire  assez  longue. 
A l’extrémité  postérieure  de  celle-ci  s’attachent  les  branches  latérales 
qui  portent  le  premier  arceau  de  chaque  côté.  Celles  qui  portent  les 
deux  autres  arceaux  $ont  petites , suspendues  seulement  par  des  Hga- 
™ens,  et  c’est  aussi  par  des  ligamens  que  les  arceaux  y tiennent. 
Ceux-ci  ,3,4,5,  comipe  je  viens  de  le  dire,  sont  tous  osseux.  C’est 
a leur  extrémité  externe  qu’adhèrent  les  houppes  branchiales. 

La  tige  impaire  n’a  point  cette  seconde  articulation  fourchue  ou 
divisée  en  rayons  que  nous  avons  vue  dans  la  sirène  et  dans  l’axolotl. 

Il  y a trente  vertèbres  entre  la  tête  et  le  bassin;  deux  auxquelles 
ce  dernier  est  suspendu,  et  vingt-cinq  depuis  le  bassin  jusqu’au  bout 
de  la  queue  : cinquante-sept  en  tout.  Excepté  les  dernières  de  toutes , 
elles  sont  bien  ossifiées. 

Les  corps  des  vertèbres,  comme  dans  la  sirène  et  dans  les  pois- 
sons , s’unissent  par  des  faces  creuses  remplies  de  cartilages. 

Les  vertèbres  du  tronc  (voyez  le  squelette,  fig.  i4)  et  pour  les 
détails,  la  vingtième  vertèbre,  fig.  19,  vue  par  dessus,  fig.  20,  par 
dessous,  fig.  21 , par  ,1e  côté,  fig.  22 , en  avant,  et  fig.  28,  en  arrière) 
sont  plus  longues  à proportion  que  dans  les  salamandres;  plates  en 
dessus,  rétrécies  dans  leur  milieu,  élargies  aux  deux  bouts  pour  les 
apophyses  articulaires  qui  sont  horizontales , et  posées , les  posté- 
rieures d’une  vertèbre  sur  les  antérieures  de  la  suivante.  Il  n’y  a point 
d’apophyse  ni  de  crête  épineuse,  si  ce  n’est  dans  les  quatre  ou  cinq 
premières,  qui  en  oqt  de  petites  sur  l’arrière;  mais  dans  toutes,  le 
bord  postérieur  de  la  partie  annulaire  se  relève  un  peu  sur  la  partie 
suivante , et  y est  un  peu  bilobé  ou  échaucré  dans  le  milieu. 

En  dessous,  le  corps  est  comprimé  et  tranchant,  et  a de  chaque 


4‘^o  OSTÉOLOGIE  DES  BATRACIENS. 

côté,  sous  la  crête  qui  unit  les  apophyses  articulaires  et  la  dépassant, 
une  autre  crête  latérale  triangulaire  qui  tient  lieu  d’apophyse  trans- 
verse. 

C’est  à l’extrémité  de  celle-ci  que  s’attache,  dans  les  antérieures, 
le  rudiment  de  cote,  et  alors  1 apophyse  transverse  est  plus  courte. 

Je  trouve  de  chaque  côté  sept  de  ces  rudimens,  à compter  de  la 
deuxieme  vertebre.  Ils  sont  fort  petits,  et  leur  tête  ne  se  divise  pas. 

Lapi'emière  vertèbre  ou  l’atlas  est  courte  et  en  forme  d’anneau. 
Dans  la  queue , les  vertèbres  deviennent  de  plus  en  plus  comprimées , 
perdent  leurs  crêtes  latérales,  et  prennent  en  dessous  des  apophyses 
qui  tiennent  lieu  d’os  en  chevron. 

Excepté  le  col  de  l’omoplate,  3 , fig.  17,  et  A,  %.i4,  tout  le  reste 
de  I epauIe  est  cartilagineux  j mais  le  cartilage  est  divisé  par  de  pro- 
fondes échancrures  en  trois  parties.,  qui  répondent  à l’omoplate,  à ' 
la  clavicule  et  au  coracoïdien.  Les  deux  coracoïdiens  croisent  l’un  sur 
l’autre,  et  il  y a en  arrière  d’eux  une  lame  cartilagineuse  xyphoïdale. 
Je  trouve  même  le  péricarde  ou  cartilagineux  ou  entouré  d’un  carti- 
lage qui  est  peut-être  un  reste  de  sternum.  \. 

Le  bassin  est  encore  moins  ossifié,  s’il  est  possible,  que  l’épaule;  à 
peine  trouve-t-on  quelque  chose  de  durci  dans  le  cartilage  qui  ré- 
pond à l’os  des  îles  en  B,  fig.  14  J et  deux  petites  plaques , fig.  18, 
dans  celui  gui  répond  à l’ischion. 

Les  os  des  quatre  pieds  ont  leurs  extrémités  constamment  cartila- 
gineuses, et  sont  tous  petits  et  grêles.  Il  y a deux  os  à l’avant-bras 
et  à la  jambe  entièrement  séparés.  Les  doigts,  au  nombre  de  trois 
devant  et  de  deux  seulement  derrière,  ont  chacun  un  métacarpien  ou 
un  metataisien  et  deux  phalanges  ossifiées,  mais  le  carpe  et  le  tarse 
restent  cartilagineux.  i.  j v.  . - 

. j «i  .'.Of  icc,4ooiu  m 

. jBsj  éiiOr,  U > v 

■ ' ; --.i 

, U ' notlfiJtnoRoiqdi  ' 

; - .r  ‘ L > \ ‘ 


BATRACIENS  FOSSILES. 


43 1 


SECTION  IL 

‘ Batraciens  fossiles. 

■ JU,  A ARTICtE  PREMIER. 

' i K.'l  no 

Sur  le  prétendu,  nom i^E  fossile  des  carrières  d'OEningea , décrit 
par  Scheuchzçf,  d’autres  naturalistes  ont  regardé  comme 
un  silure , et  qui  nest  quune  salamandre  aquatique  de  taille 
ë^S^ntesque  et  d’espèce  inconnue. 


Il  étoit  naturel  que  ceux  qui  attribuoient  toutes  les  pétrifications 
au  déluge,  s étonnassent  de  ne  jamais  rencontrer,  parmi  tant  de  dé- 
bris d’ammaux  de  toutes  les  classes,  des  ossernens  humains  recon- 
noissables. 

Scheuchzer , qui  a soutenu  cette  théorie  avec  plus  de  détail  et  de 
suite  qu  aucun  autre,  étoit  aussi  plus  intéressé  à trouver  des  restes  de 
notre,  espèce  5 aussi  accueillit-il , avec  une  sorte  de  transport , un 
schiste  d 0^ningen,qw.i  lui  sembla  offrir  Tempreinte  du  squelette  d’un 
homme;  il  décrivit  ce  morceau  en  abrégé  dans  des  Transactions 
philosophiques  1726  (t.  34,  p.  38).  Il  en  fit  Eobj et  d’une  dis- 
sertation particulier^ , intitulée  Y Homme  témoin  du  Déluge  [Homo 
Dituoii  testis)[i)-.^\  le  reproduisit  dans  sa  Physique  sacrée , pl.  49, 
assurait,  p.  66,  « qu  il  est  indubitable — et  qu’il  contient  une  moitié, 
» ou  peu  a en  faut,  d,u  squelette  d’un  homme;.-,  que  la  substance 
))  meme  des  os , et , qui  plus  est , des  chairs  et  des  parties  encore  plus 

» molles  que  les  chairs,  y sont  incorporées  dans  la  pierre; en  un 

» mot,  que  c est  une  des  reliques  les  plus  rares  que  nous  ayons  de 

cette  race  maudite  qui  fut  ensevelie  sous  les  eaux,  r 


(I)  Homo  Dilmii  ieslis  et  theoshopos.  Tiguri,  1726  , in-4«. , avec  une  figure  en  bois , de 
Celle  encore  la  meilleure  représentation  que  l’on  ait  de  ce  morceau, 

e e la  Physique  sacrée  , copiée  dans  Dargenville  et  ailleurs , est  moins  nette. 


432  BATRACIENS 

Il  falloit  tout  Taveuglement  de  l’esprit  de  système  pour  qu’un 
homme  tel  que  Scheuchzer , qui  étoit  médecin  et  quidevoit  avoir  vu 
des  squelettes  humains,  put  se  tromper  aussi  grossièrement  j car  cette 
imagination,  qu’il  a reproduite  si  opiniâtrement,  et  que  l’on  a si  long- 
temps l'épétée  sur  sa  parole , ne  peut  supporter  le  plus  léger  examen. 

Jean  GesnercWe^  encore  ce  morceau  pour  un  antropolite  dans  son 
Traité  des  Pétrifications,  imprimé  à Leyde  en  1758. 11  paroît  cepen- 
dant que  ce  naturaliste,  devenu  propriétaire  d’uii  morceau  sembla- 
ble, fut  ensuite  le  premier  à élever  des  doutes  sur  l’espèce  qui  l’avoit 
lourni,  et  à conjecturer  que  ce  pouvoit  bien  u’ètre  qu’un  mal  ou 
salut  {^silui%cs  glanis  Lin.)  (i) , opinion  que  les  naturalistes  adoptè- 
rent aussitôt  avec  une  confiance  égale  à celle  qu’ils  avoieut  accordée 
à Scheuchzer  (2).  ,j 

Le  morceau  de  Jean  Gesner  n’a  pas  été  gravé  , non  plus  qu’un 
autre  qui  étoit,  dit-on,  dans  le  couvent  des  Augustinsd’OEningen(3)5 
mais  ou  en  a découvert  un  plus  complet  que  celui  de  Scheuchzer, 
qui  appartenoit  au  docteur  Amman  de  Zuric , et  qui  a passé  au  Mu- 
séum britannique.  11  eu  a paru  une  gravure  publiée  par  M.  Karg , 
dans  les  Mémoires  de  la  Société  de  Souabe,  pl.  II,  fig.  3.  Nous  la 
fîmes  copier  dans  notre  première  édition„^et  on  la  voit,  réduite  au 
sixième  de  la  grandeur  naturelle,  pl.  XXV,  fig.  3 5 nous  fîmes  placer 
â côté  le  morceau  de  Scheuchzer,  fig.  2 , aussi  réduit  au  sixième,  et 
un  squelette  de  silui’e,  fig.  4>  dans  une  proportion  à paroître  à peu 
près  de  même  grandeur.  En  tête  de  la  série  nous  plaçâmes,  fig.  i , 
un  squelette  de  salamandre  terrestre  de  grandeur  naturelle. 

C’étoit  la  manière  la  plus  commode  de  mettre  nos  lecteurs  à même 
de  suivre  des  raisonnemens  qui  ont  été  enfin  si  complètement 'con- 
firmés. 

La  seule  comparaison  du  premier  de  ces  morceaux  avec  un  sque- 


(1)  Andreæ,  Lettres  sur  la  Suisse  , p,  ,52. 

(2)  Vogel , Minerai.  System. , p.  2/}^  . Uazountowskj,  Acad,  de  Lausanne , t.  III , p.  216  ; 
Bliimenbach , Manuel,  ed.  de  1807  , p.  728  ; et  Magasin  de  goigt,  t.  V,  p.  22;  Karg, 
Mém.  de  la  Société  des  Naturalistes  de  Sou.abe  , 1. 1 , p.  34  et  35  , etc. , etc. 

(3)  Razoumowsky,  loc.  cit. 


FOSSILES.  433 

lette  d’homme  auroit  déjà  pu  désabuser  de  l’idée  que  c’étoit  un  an- 
tropolite. 

Les  proportions  des  parties  offrent  à elles  seules  des  différences 
tres-sensibles.  La  grandeur  de  la  tête  est  bien  à peu  près  celle  d un 
homme  de  moyenne  taille;  mais  la  longueur  des  seize  vertèbres  est 
de  quelques  pouces  plus  considérable  qu’il  ne  faudroit  : aussi  voit- 
on  que  chaque  vertèbre,  prise  séparément,  est  plus  longue  à pro- 
portion de  sa  largeur  que  dans  Thomme. 

Les  autres  différences  qui  se  tirent  de  la  forme  des  parties  ne  sont 
pas  moins  frappantes.  La  rondeur  de  la  tête , qui  aura  été  la  princi- 
pale cause  de  l’illusion,  n offre  cependant  qu’un  rapport  éloigné  avec 
celle  de  l’homme.  Qu’est  devenue  toute  la  partie  supérieure , tout  ce 
qu’il  devroit  y avoir  de  front?  Et  si  l’on  suppose  que  le  front  a ete 
enlevé,  la  rondeur  totale  ne  sera  plus  qu’un  effet  du  hasard,  qui  ne 
prouvera  rien. 

Comment  les  orbites  sont-ils  devenus  si  grands?  Que  la  tète  ait  été 
comprimée  d’avant  en  arrière , ou  qu’il  n’y  en  ait  qu’une  coupe  ver- 
ticale , cette  grandeur  d’orbites  est  également  inexplicable.  Plus  on 
enfoncera  la  coupe,  plus  les  orbites  y deviendront  petits. 

L’intervalle  des  orbites  est  garni  d’os  entiers,  qu  une  suture  longi- 
tudinale distingue.  Ouest  l’analogue  de  cette  structure  dans  1 homme  ? 
Pourquoi  ne  voit-on  ni  les  os  ni  la  cavité  du  nez , et  s’il  n’y  a que  des 
restes  de  la  partie  postérieure,  comment  cette  suture  s’y  est-elle  for- 
mée? 

Comment  dans  une  tête,  soit  comprimée,  soit  coupée,  n’est-il  pas 
resté  trace  de  dents?  tandis  que  les  dents  sont  toujours  la  partie  qui 
se  conserve  le  mieux  dans  les  fossiles.  Scheuchzer  suppose  que  les  os 
placés  aux  deux  côtés  de  la  première  vertèbre  sont  des  restes  de  la 
mâchoire  inférieure  ; mais  où  est  la  ressemblance,  et  pourquoi  tou- 
jours ce  manque  de  dents  ? 

Ces  motifs  et  beaucoup  d’autres  sont  sans  doute  ce  qui  a fait  cher- 
cher à ce  fossile  un  autre  type  que  l’homme  ; mais , au  lieu  de  le 
chercher  par  une  comparaison  directe , on  aura  employé  la  voie  du 
l’aisonnement.  Les  carrières  d’OEningen,  aura-t-on  dit,  fourmillent 
T.  V,  2e.  P.  55 


434  BATRACIENS 

de  poissons  d’eau  douce , qui  paroissent  tous  des  poissons  d’Europe  : 
c est  donc  parmi  les  poissons , parmi  les  poissons  d’eau  douce,  et 
parmi  les  poissons  d’Europe , que  nous  trouverons  notre  animal. 
Or,  quel  est  parmi  ces  poissons  1 espèce  assez  grande  pour  avoir 
fourni  ce  squelette?  On  se  sera  souvenu  alors  silurus  glanis 

atteint  souvent  une  très-grande  taille,  et  que  sa  tête  présente  à l’ex- 
terieur  un  contour  arrondi,  et  l’on  aura  cru  le  problème  résolu,  sans 
qu  il  fut  nécessaire  d’établir  une  comparaison  plus  directe. 

Ce  qui  est  fort  singulier,  c’est  que  M.  Rarg  ait  encore  adopté  cette 
opinion , après  avoir  observé  et  fait  dessiner  l’échantillon  de  M.  Am- 
mann , dont  la  ressemblance  avec  une  salamandre  est  si  frappante, 
et  qu  il  ait  dit,  en  termes  exprès , « qu’il  ne  doute  pas  que  le  fossile 
» ne  soit  un  silure,  et  quony  voit  la  tête  et  les  nageoires  ai’ec 
» une  netteté  remarquable.  » (Loc.  cit. , p.  36.) 

Son  éditeur,  M.  Jœger,  que  j’ai  déjà  eu  occasion  de  citer  comme 
m ayant  donne  d excellens  documens  pour  mon  ouvrage,  a pris  un 
moyen  bien  simple  pour  le  réfuter;  il  a fait  dessiner  à côté  du  fossile 
le  squelette  d’un  silurus  glanis. 

Nous  avons  imité  M.  Jæger,  en  faisant  aussi  le  squelette  du  silurus 
glanis , et  en  le  faisant  dessiner  à côté  des  squelettes  fossiles  de 
Scheuchzer  et  de  M.  Ammann. 

Dès  le  premier  coup  d’œil  chacun  peut  remarquer, 

lo.  Qu’à  grandeur  égale  de  tête,  le  siherc  n’auroit  pas  plus  des 
deux  tiers  de  la  longueur  du  squelette  fossile  de  M.  Ammann , le- 
quel n’est  pas  encore  complet  ; 

2®.  Que , dans  le  même  espace  où  l’épine  du  silure  contient  quinze 
vertebres,  celle  des  deux  squelettes  fossiles  n’en  offre  pas  plus  de 
cinq  ou  six; 

3°.  Qu’il  n’y  a aucun  rapport  de  forme  entre  les  vertèbres  encore 
plus  courtes  du  reste  de  l’épine  du  silure  et  les  vertèbres  plus  lon- 
gues que  larges  des  fossiles,  et  que  la  totalité  de  l’épine  du  silure  est 
de  soixante-dix  vertèbres,  tandis  que  l’on  n’en  peut  compter  que 
trente  ou  trente- deux  dans  l’épine  beaucoup  plus  longue  du  fos- 
sile; 


FOSSILES.  435 

4®.  Que  les  fossiles  n’offrent  aucun  vestige  des  longues  apophyses 
épineuses  de  la  queue  du  silure  ; 

5®.  Que  c’est  par  un  pur  hasard  qu’il  y a des  os  d’extrémité  au 
fossile , vis-à-vis  de  l’endroit  où  sont  attachées  les  nageoires  ventrales 
du  silure;  mais  que  la  correspondance  est  illusoire;  car,  dans  le  fos- 
sile, c’est  1 extrémité  antérieure;  dans  le  silure,  c’est  la  postérieure; 

60.  Que  1 extrémité  postérieure  du  fossile  est  fort  loin  en  arrière, 
et  que , vis-à-vis  du  point  où  elle  est  attachée,  la  queue  du  silure  est 
prête  à se  terminer  ; 

7®.  Que  ces  deux  extrémités  du  fossile  présentent  des  os  solides', 
cylindriques,  semblables  à ceux  des  jambes  des  quadrupèdes  et  des 
reptiles,  et  nullement  des  rayons  articulés  ni  épineux  comme  ceux 
des  nageoires  des  poissons  ; 

80.  Que  le  silure  ne  montre  rien  de  semblable  aux  petites  côteï» 
répandues  des  deux  côtés  de  l’épine  dans  l’individu  de  M.  Ammann  ; 

90.  Enfin  si  1 on  compare  la  tête,  qui  a probablement  donné  lieu 
à toute  la  supposition,  on  ny  trouve  de  ressemblance  ni  dans  les 
contours  généraux  ni  dans  les  détails. 

Le  contour  du  silure  est  beaucoup  moins  arrondi,  et  encore  cette' 
rondeur  est  due  à la  mâchoire  inférieure,  tandis  que,  dans  le  fossile , 
les  branches  latérales  paroissent  appartenir  presque  entièrement  à 
l’arcade  zygomatique. 

Les  parties  placées  derrière  l’orbiie  n’ont  pas  à beaucoup  près  la 
largeur  qu’elles  devroieut  avoir  dans  le  silure. 

Depuis  long-temps  cette  figure  arrondie  de  tète  avec  ses  deux  grands 
orbites  me  frappoit  comme  singulièrement  ressemblante  à une  tête  de 
grenouille  ou  de  salamandre,  et  je  n’eus  pas  plutôt  jeté  les  yeux  sur 
la  figure  de  l’échantillon  d’ Ammann,  donnée  par  M.  Rarg,  que  j’a- 
perçus dans  les  vestiges  de  pieds  de  derrière  et  dans  la  queue  une  dé- 
monstration en  faveur  du  dernier  genre. 

J’appris  avec  grand  plaisir,  dans  la  note  jointe  par  M.  Jæger  au 
mémoire  de  M.  Rarg,  que  mon  savant  ami,  M.  Kielmeyer,  avoit  eu 
son  côté  la  même  idée,  et  je  ne  pus  que  me  confirmer  dans  la 
mienne  sur  une  autorité  aussi  respectable. 


55'^ 


436  BATRACIENS 

Je  vois  meme  par  une  lettre  de  Pierre  Camper  à feu  Burtin,  dont 
ce  dernier  a inséré  un  extrait  dans  son  mémoire  sur  les  Révolutions 
de  la  Terre,  couronné  par  la  Société  de  Teyler  en  1787  (i),  que  le 
grand  anatomiste  de  Franeker  en  avoit  déjà  pensé  ainsi  ; Un  lézard 
pétrifié , dit-il,  a pu  passer  pour  un  antropolite. 

Prenez  en  effet  un  squelette  de  salamandre  , et  placez-le  à côté 
du  fossile,  sans  vous  laisser  détourner  par  la  différence  de  grandeur, 
comme  vous  le  pouvez  aisément  en  comparant  le  dessin  de  salaman- 
dre de  grandeur  naturelle,  fig.  i , avec  les  dessins  des  fossiles  réduits 
au  sixième , fig.  2 et  3. 

Tout  s'expliquera  alors  de  la  manière  la  plus  claire. 

La  forme  arrondie  de  la  tête,  la  grandeur  des  orbites,  la  suture 
dans  le  milieu  de  leur  intervalle  , l’angle  latéral  pour  l’articulation 
de  la  mâchoire  inférieure,  la  longueur  des  vertèbres  par  rapport  à 
leur  largeur,  les  petites  côtes  attachées  à leurs  deux  côtés,  les  restes 
d’extrémités  antérieures  très-sensibles  dans  les  deux  squelettes  fos- 
siles, ceux  d extrémités  postérieures,  qui  le  sont  encore  davantage 
dans  fun  des  deux  (celui  de  M.  Ammann)  où  l’on  voit  les  fémurs, 
une  partie  des  tibia,  et  quelques  fragmens  du  bassin;  tout,  en  un 
mot,  forme  preuve  pour  la  famille  des  salamandres,  et  exclut  toutes 
les  autres. 

Je  suis  persuadé  même  (disois-je  dans  ma  première  édition)  que 
si  l’on  pouvoit  disposer  de  ces  fossiles  et  y rechercher  un  peu  plus  de 
détails,  on  trouveroit  des  preuves  encore  plus  nombreuses  dans  les 
faces  articulaires  des  vertèbres,  dans  celles  de  la  mâchoire,  dans  les 
vestiges  des  très-petites  dents,  et  jusque  dans  les  parties  du  labyrinthe 
de  foreille;  et  j’mvitois  les  propriétaires  ou  les  dépositaires  de  ces 
beaux  morceaux  à procéder  à cet  examen. 

J ai  eu  depuis  lors  l’avantage  de  le  faire  moi-même. 

M étant  trouvé  à Harlem  en  mai  i8i  i , le  savant  M.  Van  Marum , 
directeur  du  Musée  de  Teyler,  voulut  bien  permettre  que  je  fisse 
creuser  dans  la  pierre  qui  contient  le  prétendu  antropolite  de  Scheuch- 


(i)  Imprime  dans  le  VIII'.  vol.  de  la  deuxième  Société  de  Harlem  , 1790  , p.  35  et  36. 


FOSSILES.  437 

zer , afin  d’y  mettre  à découvert  les  os  qui  pouvoient  encore  y être 
cachés.  L’opération  se  fit  en  sa  présence  et  en  celle  de  M.  V %n  den 
Ende , inspecteur  général  des  études,  si  recommandable  par  le  dé- 
veloppement qu’il  a su  donnèr  à l’instruction  primaire  dans  les  Pro- 
vinces-tJnîes.  Nous  avions  placé  devant  nous  un  dessin  du  squelette 
de  la  salamandre , et  ce  ne  fut  pas  sans  une  sorte  de  plaisir,  qu’à  me- 
sure que  le  ciseau  enlevoit  un  éclat  de  pierre,  nous  voyions  paroître 
au  jour  quelqu’un  des  oS  que  ée  dessin  avoit  annoncé  d’avance.  C’est 
ainsi  que  cette  table  de  schiste , gravée  et  regravée  vingt  fois  depuis 
un  siècle  comme  elle  l’est  pl.  XXV,  fig.  2 , fut  mise  dans  1 état  où  on 
la  voit  pl.  XXVÏ,  fig.  2. 

Et  d’abord  nous  avons  trouvé  autour  de  la  rotondité,  à droite  et 
à gauche , une  double  rangée  de  petites  dents;  ce  qui  nous  a fait  voir 
que  cette  rotondité  étoit  produite  par  les  mâchoires  et  non  par  le 
crâne. 

Nous  y avons  découvert  ensuite  de  petites  côtes  au  bout  de  cha- 
cune des  apophyses  transverses,  comme  dans  le  morceau  d’Ammann 
et  dans  les  salamandres. 

Nous  nous  sommes  assurés  que  ces  cotes  etoient  de  meme  très 
courtes  et  loin  d’avoir  pu  embrasser  le  tronc. 

Nous  avons  constaté  que  la  tête  s’articule  sur  la  première  vertèbre 
par  un  double  condyle,  a,  comme  dans  tous  les  batraciens. 

Passant  ensuite  aux  extrémités  antérieures  qui  n’étoient  indiquées 
que  par  une  petite  face  de  l’humérus  gauche , nous  les  avons  mises  à 
découvert  toutes  les  deux. 

Il  s’est  trouve  de  chaque  côté  une  omoplate,  ô,  très-dilatée  à son 
bord  spinal , dont  le  contour  est  demi-circulaire  : elle  est  tout-à-fait 
semblable  à celle  d’une  salamandre  aquatique;  mais  il  paroît  que  la 
clavicule  et  le  coracoidien  étoient  perdus. 

Près  des  omoplates  sont  les  deux  humérus,  c,  c,  d’une  longueur 
double  de  celle  des  omoplates,  un  peu  élargis  dans  le  haut  et  dans 
^®bas,  avec  un  sillon  pour  la  séparation  des  condyles,  absolument 
encore  comme  dans  les  salamandres  aquatiques. 

Au  bout  des  humérus  sont  des  os  des  avant-bras,  d,  d,  de  moitié 


438  BATRACIENS 

plus  courts,  et  l’un  un  peu  plus  gros  que  l’autre.  Enfin  les  os  des 
doigts,  incomplets  à droite,  mais  complets,  quoiqu’un  peu  en  dés- 
ordre, à gauche,  ont  fait  voir  exactement  les  mêmes  nombres  de 
parties  que  dans  les  salamandres  aquatiques,  savoir:  quatre  doigts , 
un  métacarpien  et  deux  phalanges  pour  chacun,  excepté  le  troisième 
qui  a trois  phalanges. 

Quelques  années  apres  ^en  i8i8),  m’étant  trouvé  h Londres  lors- 
que le  morceau  d’Ammann  venoit  d’être  placé  au  Muséum  britan- 
nique,  j eus  la  facilité  de  l’examiner  à loisir  et  de  le  faire  dessiner  tel 
qu’on  le  voit  pl.  XXVI,  fig.  r- 

Les  omoplates  et  les  humérus  y sont  les  mêmes  que  dans  celui  de 
Scheuchzer,  mais  les  avant-bras  elles  mains  y manquent.  En  revanche 
on  y voit  les  cuisses  et  les  jambes  vis— a— vis  la  dix— neuvième  vertèbre 
(une  de  nos  salamandres  aquatiques  a,  comme  nous  l’avons  dit,  son 
bassin  suspendu  à la  dix-huitième). 

Les  os  des  jambes  y sont  de  moitié  plus  courts  que  les  fémurs,  et 
le  tibia  est  fort  large.  On  aperçoit  aussi  quelques  restes  du  bassin 
et  des  doigts  j mais  pour  en  voir  davantage , il  faudroit  des  opérations 
que  je  n’ai  pu  faire. 

En  arrière  du  bassin,  il  y a encore  quinze  vertèbres,  et  l’on  peut 
juger  à la  grandeur  de  leurs  apophyses  transverses  qu’il  devoit  encore 
y en  avoir  plusieurs  derrière  elles  dans  la  queue  entière. 

La  tete  de  ce  morceau  du  Muséum  britannique  montre  aussi  des 
dents  vers  son  pourtour;  sa  forme  est  absolument  la  même  qu’au 
morceau  de  Harlem , et  plus  large  à proportion  que  dans  nos  sala- 
mandres. La  grande  des  monts  Allegannis  en  approche  davantage,  et 
lui  ressemble  aussi  par  la  largeur  de  ses  ptérygoïdiens,  et  par  la  proé- 
minence de  son  occiput  en  arrière  des  productions  latérales  qui  por- 
tent la  mâchoire  inférieure. 

U ne  reste  donc  à expliquer  que  les  deux  os,  h,  h,  placés  de 
chaque  côté  de  l’occiput,  et  qui  se  retrouvent  dans  l’un  et  l’autre 
morceau.  J avois  cru,  lors  de  ma  première  édition,  qu’ils  annonçoient 
un  appareil  branchial  considérable  et  permanent,  ce  qui  m’avoit  fait 
rapporter  ces  animaux  au  genre  des  proteus;  mais  aujourd’hui  qu’une 


FOSSILES.  4^9 

étude  plus  suivie  de  l’os  hyoïde  m’a  fait  mieux  connoître  les  pièces  de 
celui  qui  subsiste  dans  la  salamandre  aquatique , je  n’hésite  point  à 
penser  que  les  deux  os  en  question  sont  les  deux  pièces  de  la  corne 
postérieure  : la  première  est  encore  en  partie  cachée  sous-  le  crâne  j 
la  seconde  se  voit  bien  entière , et  exactement  de  même  forme  que 
dans  nos  salamandres  aquatiques.  Voyez  fig.  9 un  os  hyoïde  de  sala- 
mandre aquatique  en  h , h. 

Ainsi  nul  doute  que  le  prétendu  antropolite  d’OEningen  ne  fût  une 
salamandre  aquatique  d’une  taille  gigantesque  dans  son  genre. 

On  peut  en  donner  toutes  les  dimensions. 


Sa  tête  étoit  longue  de. 

— large  en  arrière  de 

Le  diamètre  de  ses  orbites  de 

Sa  longueur  totale  de. n- 

Ses  extrémités  de  derrière  et  celles  de  devant  etoient  a peu  près  a a is 

tance  de 

La  longueur  de  sa  queue  étoit  au  moins  de ..... 

Longueur  de  son  bras • • 

— de  son  avant  bras. 

— ' de  sa  main  au  plus  long  doigt 

— de  son  fémur 

— de  sa  jambe 


0,130 

0,1-36 

0,045 

1,100 

0,340 

o,5oo 

o,o52 

o,o33 

0,040 

o,o55 

0,o32 


Mais  comment  un  animal  si  remarquable  n a-t-il  ete  trouve  que 
dans  ce  seul  endroit?  et  comment  y est-il  entouré  de  poissons  si  sem- 
blables à ceux  de  nos  eaux  douces  d’à  présent. 

En  effet,  lors  de  l’examen  assez  rapide  que  j’ai  fait  de  la  grande 
collection  de  poissons  acquise  par  le  Muséum  britannique , et  parmi 
plusieurs  morceaux  isolés,  recueillis  dans  divers  cabinets,  je  n y ai 
vu  que  des  poissons  des  genres  du  brochet,  de  la  perche,  de  1 an- 
guille, et  surtout  des  cyprins  de  différentes  grandeurs;  les  uns  avec 
des  caractères  du  sous -genre  de  la  carpe,  les  autres  avec  ceux  du 


sous-genre  des  ablettes. 

Je  vois  aussi  dans  les  catalogues  donnés  par  de  Saussure,  Razou- 
mowsky  et  Rarg,  que  l’on  assure  y avoir  trouvé  X anguille  {inurœna 
anguilla),  \e  chabot {cottiis gohio) , perche  {perça fluviatilis), 
la  truite  {mlmo  fario) , le  brochet  {esox  luciwt) , la  carpe  {cjpn- 


BATRACIENS 


44o 

nuscarpio)^  la  tanche  {^cyprinus  tinca),  et  les  cyprinus  gohio , 
carassius,  cephalus , brama,  rutilas,  nasus,  albumus , phoxinus , 
bipunctatus  et  gryslagine  ; mais  je  ne  serois  pas  aussi  hardi  que  plu- 
sieurs naturalistes  qui  ont  cru  pouvoir  déterminer  toutes  ces  espèces. 

Indépendamment  du  prétendu  silure  qui  rend  les  autres  dénomi- 
nations suspectes,  celui  qui,  parmi  les  poissons  du  Muséum  britan- 
nique, pourroit  passer  pour  une  perche,  d’après  sa  forme  générale, 
ses  rayons  épineux,  les  dentelures  de  son  préopercule,  etc.,  n’a  que 
vingt-trois  vertèbres,  et  notre  perche  de  rivière  en  a quarante-deux 
ou  quarante-trois. 

Celui  dont  la  ressemblance  avec  le  brochet  est  réellement  des  plus 
frappantes,  et  qu’ont  représenté  ^ohQ\ic]xzev{Pisciwnquerelœ,^\.l) 

' et  Rnorr  (Monumens  du  Déluge,  1. 1,  pl.  XXVI  et  XXVI  a),  ne 
paroît  cependant  offrir  aucune  des  grandes  dents  qui  caractérisent 
notre  brochet  vulgaire. 

Je  vois  aussi,  par  le  mémoire  de  M.  Rarg,  que  l’on  a cru  recon- 
noître  des  blennies,  des  trigles,  des  gobies  et  des  aspidophores 
{^cottus  cataphractus)  qui  sont  tous  des  poissons  de  mer,  ce  qui  se 
concilieroit  peu  avec  le  grand  nombre  des  autres  espèces. 

Au  surplus,  je  ne  désespère  pas  de  revenir  un  jour  sur  ce  sujet,  et 
d’offrir  alors  à mes  lecteurs  des  idées  plus  arrêtées. 

C’est  ici  le  lieu  de  dire  un  mot  des  célèbres  carrières  qui  ont 
fourni  tant  et  de  si  beaux  fossiles. 

Elles  ont  été  décrites  en  abrégé,  en  1776,  dans  une  note  des  Let- 
tres sur  la  Suisse  à’Andreœ,  p.  56  5 le  comte  Grégoire  Razou- 
mofrsTcy  en  a donné  une  autre  notice  dans  son  mémoire  sur  \ Origine 
des  parties  basses  de  la  Suisse  et  de  la  Bat^ière , inséré  en  1788 
parmi  ceux  de  l’Académie  de  Lausanne  ; M.  de  Saussure  en  a fait  une 
description  sur  les  lieux,  et  l’a  fait  entrer  dans  le  111™^.  volume  de 
ses  V oyages  aux  Alpes,  imprimé  en  1 796  j enfin  M.  Karg,  médecin 
de  Constance,  les  a décrites  tout  récemment,  et  dans  le  plus  grand 
détail,  dans  un  mémoire  exprès,  publié  dans  le  premier  volume  de 
\vi  Société  des  Naturalistes  de  Souabe , p.  i.  Ces  quatre  ouvrages, 
mais  surtout  le  dernier,  nous  ont  fourni  ce  que  nous  allons  dire. 


FOSSILES.  44ï 

On  sait  que  le  Rhin  , après  avoir  formé  le  lac  de  Constance  , et 
-s’être  rétréci  près  de  la  ville  du  même  nom,  se  dilate  encore  pour 
foi’mer  le  lac  appelé  et  ne  reprend  l’étroitesse  ordinaire 

de  son  lit  cju’auprès  de  la  petite  ville  de  Stem. 

C’est  sur  la  rive  droite,  un  peu  au-dessus  de  Stein,  qu’est  le  vil- 
lage à' OEningeji  ^ appartenant  autrefois  à l’évêque  de  Constance  , 
et  soumis  aujourd’hui,  comme  le  reste  de  l’évêché,  au  grand  duc  de 
Bade. 

La  carrière  des  ichtyolithes  est  à trois  quarts  de  lieue  de  là,  sur 
le  penchant  méridional  d’une  montagne  appelée  Schiener-Berg , et 
au  moins  à cinq  cents  pieds  au-dessus  du  niveau  du  lac  (i).  Un  petit 
ruisseau  coule  le  long  de  son  côté  oriental , la  partie  elevee  de  la 
montagne  est  d’un  grès  micacé  tendre,  et  l’on  trouve  dans  les  champs 
des  granits  roulés  rouges  et  verts. 

La  carrière  est  ouverte  sur  deux  cent  soixante-dix  pieds  de  lon- 
gueur et  sur  trente  de  profondeur,  mais  le  fond  en  est  souvent  plein 
d’eau.  Sous  la  terre  végétale  se  trouve  d’abord  une  marne  bleuâtre 
friable,  de  deux  pieds  d’épaisseur,  que  l’on  emploie,  faute  de  bonne 
ai’gile,  à faire  des  tuiles  et  des  briques.  Sous  cette  marne  sont  plu- 
sieurs pieds  d’un  premier  schiste,  gris-jaunatre,  tendre , a lames  tres- 
minces,  rempli  d’empreintes  végétales.  Vient  ensuite  une  seconde 
marne  bleuâtre , semblable  à la  première,  épaisse  d’un  demi-pied, 
et  sans  corps  organisés.  Toutes  les  couches  suivantes  sont  calcaires, 
et  répandent , quand  on  les  raie,  une  odeur  de  pétrole  plus  ou  moins 
forte.  On  les  distingue  en  plusieurs  bancs  5 le  premier  est  nomme  par 
les  ouvriers  le  gros  banc  ou  la  pierre  soiifréej  il  a de  deux  à six 
pieds,  et  ne  se  divise  point  en  feuillets.  Le  deuxième  s’appelle  ar- 
doise blanche ‘'A  est  épais  de  quatre  pouces , très-argileux,  tendre, 
et  se  divise  en  lames  très-minces.  On  y voit  des  plantes,  des  insectes , 
et  les  premiers  poissons.  Un  autre  schiste  le  suit,  nommé  petits 
morceaux , épais  de  deux  pieds,  divisible  en  feuillets  minces,  com'- 
posé  en  grande  partie  de  débris  de  végétaux , et  renfermant  beaucoup 


(1)  Karg,  p.  2. 

T.  V,  2e.  P. 


56 


442  BATRACIENS 

de  coquilles  bivalves , excessivement  petites , rondes  et  nacrées. 

Le  banc  suivant  se  nomme  jjiorceaux  • c’est  un  calcaire  feuil- 
leté , épais  de  deux  pieds,  montrant  à peine  quelques  traces  de  végé- 
taux détruits. 

On  trouve  ensuite  deux  lits,  à peine  de  deux  pouces  de  haut, 
womvciQs  plaques  noires,  qui  paroissent  aussi  teints  par  des  débris 
de  végétaux. 

^^première plaque  blanche  les  suit.  On  en  fait  des  dalles  pour  les 
appartemens,  et  1 on  y voit  quelques  grands  poissons,  quoiqu’on  petit 
nombre  , et  de  belles  dendrites.  Elle  a trois  pouces  de  haut,  et  se 
divise  en  gros  feuillets. 

Enfin  vient  plaque  poissonneuse , qui  tire  son  nom  de  la  grande 
quantité  de  poissons  qu’elle  recèle  avec  de  petits  limnées.  C’est  un 
calcaire  blanc,  à grain  fin,  à feuillets  minces,  d’une  dureté  médiocre. 

Sous  elle  est  petite  peau , tres-mince,  d’un  gris  noirâtre;  puis 
la  troisième  plaque  noire , haute  de  deux  pouces  et  demi,  que  suit 

pierre  à cordons  oxx pierre  ^indienne.  Celle-ci  est  un  schiste  gris, 
à gros  grains , piqueté  et  rayé  de  blanc  et  de  jaune,  rempli  de  pois- 
sons et  d’autres  empreintes  animales  et  végétales.  On  la  recherche 
beaucoup , et  son  épaisseur  est  de  quatre  pouces. 

La  pierre  aux  moules  est  un  calcaire  micacé , noirâtre , plein  de 
débris  de  végétaux , de  petits  limnees  et  de  fragmens  encore  nacrés 
de  moules  : elle  est  épaisse  d’un  pied. 

Le  dilL  strechen,  schiste  calcaire,  un  peu  micacé,  à gros  feuillets 
d’un  gris  blanchâtre,  épais  de  dix  pouces,  n’a  point  de  fossiles. 

petite  peau  blanche,  schiste  calcaire,  tendre,  à feuillets  min- 
ces , est  d’un  pouce  de  hauteur. 

La  petite  pierre  aux  moules  , schiste  calcaire , à gros  grains , sec , 
jaunâtre,  contient  une  quantité  innombrable  de  petits  limnées,  di- 
verses autres  coquilles  d eau  douce  ou  leurs  noyaux,  et  des  emprein- 
tes végétales. 

La  grosse  plaque , schiste  gris,  d’un  demi-pied,  à feuillets  épais., 
ne  contient  que  quelques  fibres  végétales. 

plaque  blanche,  schiste  calcaire,  à gros  grains,  est  très-riche 


FOSSILES.  443 

en  pétrifications  et  en  empreintes  de  toute  espèce,  et  Ton  y retrouve 
rapproché  tout  ce  qui  existe  séparé  dans  les  autres  couches. 

Enfin  la  pierre  de  chaudière  est  le  dernier  banc  où  l’on  puisse 
arriver,  encore  dans  les  grandes  sécheresses  seulement  j c’est  un 
schiste  gris  ou  roussâtre , à feuillets  minces,  contenant  d’innombra- 
bles limnées  et  de  très-belles  empreintes  de  feuilles  de  diverses  cou- 
leurs. 

Elle  repose  sur  un  grès  grossier,  bleuâtre,  qui  forme  généralement 
les  bords  du  Rhin  dans  cette  contrée , où  l’on  voit  quelques  veines 
de  houilles,  et  quelquefois  de  nombreuses  moules  que  l’on  assure 
être  d’eau  douce. 

A un  petit  quart  de  lieue  au-dessus  de  la  carrière  d’OEningen,  du 
meme  côté  et  plus  près  du  lac,  est  une  autre  carrière  qui  appartient 
au  village  de  JVangen,  et  où  l’on  voit  les  mêmes  pétrifications , à ce 
qu’il  paroît,  dans  des  couches  analogues. 

M.  Brongniart  a décrit  ( dans  notre  lime.  vol.  , p.  543  ) les  couches 
superposées  a celles  dont  parle  M.  Rarg.  A fleur  de  terre  sont  d!a- 
bord  des  cailloux  roulés  qui  lui  ont  paru  venir  de  ee  qu’en  Suisse 
on  nomme  nagelflue;  puis  une  marne  sablonneuse  jaunâtre;  un  lit 
de  grès  mollasse,  dur;  une  couche  de  marne  argileuse,  jaunâtre  , 
feuilletée,  divisée  par  des  lits  très-minces  de  mollasses;  une  couche 
de  marne  argileuse  rubannée,  et  enfin  la  marne  bleue  à faire  des 
tuiles,  par  où  commence  l’énumération  de  M.  Rarg. 

M.  Rarg , partant  de  la  supposition  que  tous  les  animaux  de  ces 
couches  sont  les  mêmes  que  dans  les  eaux  environnantes,  a cherché 
à faire  voir  qu  elles  ont  dû  se  former  assez  récemment  dans  un  étang 
qui  se  sera  vide  ensuite  par  quelque  accident  arrivé  à ses  digues , 
et  cette  hypothèse  fa  empêché  sans  doute  de  nous  donner  plus  de 
renseignemens  sur  leur  position  par  rapport  aux  couches  voisines , 
et  de  nous  mettre  en  état  de  juger  de  leur  ancienneté  relative  ; mais 
son  opinion  n’est  point  celle  des  plus  savans  géologistes,  et  M.  de 
Humboldt  et  M.  Reuss  s’accordent  à regarder  les  schistes  d’OEnjn- 
§en  comme  appartenant  à une  formation  ancienne  et  régulière  ; le 
dernier  paroît  même  les  croire  de  sa  troisième  formation  calcaire, 

56* 


444  BATRACIENS  FOSSILES. 

M.  Brongiiiart  (loc.  cît.,  p.  346)  les  regarde  comme  subordonnées  à 
la  mollasse  de  Suisse,  et  comme  contemporaines,  et  peut-être  pos- 
térieures, à nos  gypses  des  environs  de  Paris;  ce  qui  est  certain,  c’est 
qu’ils  constituent  une  formation  d’eau  douce  qui  contient,  comme 
on  l’a  vu  dans  le  présent  chapitre  et  dans  celui  où  nous  traitons  des 
rongeurs  fossiles,  des  êtres  entièrement  inconnus  au  monde  actueU 


CHAPITRE  V. 


De  l^Ichtyosaurus  et  dv  Plesios^urus, 


]Vous  voici  arrivés  à ceux  de  tous  les  reptiles,  et  peut-être  de  tous 
les  animaux  fossiles,  qui  ressemblent  le  moins  a ce  cjue  1 on  connoît, 
et  qui  sont  le  plus  faits  pour  surprendre  le  naturaliste  par  des  com 
binaisons  de  structures  qui,  sans  aucun  doute , paroîtroient  incroya- 
bles k quiconque  ne  seroit  pas  à portée  de  les  observer  par  lui-meine, 
ou  à qui  il  pourroit  rester  la  moindre  suspicion  sur  leur  authenticité. 
Dans  le  premier  genre , un  museau  de  dauphin , des  dents  de  croco^ 
dile,  une  tête  et  un  sternum  de  lézard,  des  pattes  de  cétacés,  mais 
au  nombre  de  quatre,  enfin  des  vertèbres  de  poissons;  dans  le  se- 
cond, avec  ces  mêmes  pattes  de  cétacés,  une  tête  de  lézard,  et  un 
long  cou  semblable  au  corps  d’un  serpent:  voilà  ce  que  1 ichtyo- 
saurus  et  le  plésiosaurus  sont  venus  nous  offrir,  après  avoir  été  ense- 
velis , pendant  tant  de  milliers  d’années , sous  d énormes  amas  de 
pierres  et  de  marbres  ; car  c’est  aux  anciennes  couches  secondaires 
qu’ils  appartiennent  ; on  n’en  trouve  que  dans  ces  bancs  de  pierre 
marneuse  ou  de  marbre  grisâtre  remplis  de  pyrites  et  d ammonites , 
ou  dans  les  colites  ; tous  terrains  du  même  ordre  que  notre  chaîne 
du  Jura.  C’est  en  Angleterre  surtout  que  leurs  débris  paroissent  etre 
abondans  ; aussi  est-ce  surtout  au  zèle  des  naturalistes  anglais  que  la 
connoissance  en  est  due.  Us  n’ont  rien  épargné  pour  en  recueillir 
beaucoup  de  débris,  et  pour  en  reconstituer  l’ensemble  autant  que 
l’état  de  ces  débris  le  permet. 

On  verra , parle  résultat  de  ce  chapitre , que , maigre  les  anomalies 
de  leur  structure , ces  deux  animaux  se  rapprochent  des  lézards  plus 
que  d’aucun  autre  genre,  et  que  nous  aurions  pu  en  traiter  à la  suite 
des  sauriens;  mais  ces  anomalies,  et  les  doutes  qu  elles  avoient  d 


446  DE  L’ICHTYOSAURUS  ET  DU  PLÉSIOSAURUS. 

bord  excités , nous  ont  engagé  à reporter  leur  description  après  celle 
des  batraciens,  afin  de  réunir  pour  leur  examen  un  plus  grand  nom- 
bre d’objets  de  comparaison. 

Ce  chapitre  se  divisera  naturellement  en  deux  sections,  consacrées 
à chacun  des  deux  genres. 


DE  L’ICHTYOSAURUS. 


447 


PREMIÈRE  SECTION. 

De  lIchttosau rus. 


C’est  à sir  Eç>erard  Home  que  le  monde  savant  doit  d’avoir  fait 
connoître  le  premier  un  morceau  caractérisé  de  ce  genre  extraordi- 
naire. Il  publia,  dans  les  Transactions  philosophiques  de  i8i4j  une 
tete  très-bien  conservée , et  quelques  autres  os  déposés  au  Muséum 
^Syptien  de  Bullock,  dans  la  rue  de  Pall~Mall.  Ils  venoient  de  la 
cote  du  comté  de  Dorset , entre  Lyme  et  Charmouth.  On  les  avoir 
retirés  d’un  rocher  à trente  ou  quarante  pieds  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer. 

L auteurs  aperçut  bien  que  1 épaule ofFroit  quelques  rapports  avec 
celle  du  crocodile 5 mais  la  position  des  narines,  le  cercle  de  pièces 
osseuses  qui  entoure  la  sclérotique,  lui  parurent,  ainsi  que  les  vertè- 
bres, se  rapprocher  des  poissons,  et  c’est  sur  ces  aperçus  que  M.  Kœ- 
nig , conservateur  de  la  minéralogie  au  Muséum  britannique,  ima- 
gina le  nom  ^ichtyosaurus. 

Deux  ans  après  (dans  les  Transactions  de  1816)  le  chevalier  Home 
ajouta  plusieurs  details  à ces  premières  indications.  M.  Johnson, 
habitant  de  Bristol,  qui  depuis  nombre  d’années  recueilloit  les  fos- 
siles des  falaises  de  Lyme,  lui  procura  des  morceaux  d’où  il  déduisit 
la  forme  de  1 articulation  des  côtes,  l’omoplate  et  toute  la  nageoire 
antérieure,  qu’il  coraparoit  alors  h celle  des  squales,  ce  qui  lui  faisoit 
de  plus  en  plus  conclure  que  c’étoit  un  poisson. 

Mais  après  deux  ans  encore  (en  1818) , des  pièces  rassemblées  par 
divers  particuliers , et  sur  lesquelles  M.  Buckland  attira  son  attention , 
firent  connoître  à M.  Home  le  sternum , la  clavicule  et  le  coracoïdien , 
«linsi  que  les  rapports  de  ces  parties  avec  celles  de  l’ornithorhynque, 
qui,  ainsi  que  nous  1 avons  vu  à son  article , ressemblent  elles-mêmes 
't  celles  des  lézards.  Sir  Everard  abandonna  alors  l’idée  que  ce  pût 


448  DE  L’ICHTYOSAURUS. 

être  un  poisson.  C’est  aussi  dans  ce  mémoire  qu’il  annonça  l’exis- 
tence probable  de  plus  d’une  espèce  de  ce  genre. 

En  1819,  de  magnifiques  morceaux,  et  entre  autres  un  squelette 
entier,  découverts  par  M.  de  Lahêche  et  le  colonel  Birch  de  Lyme, 
mirent  sir  Everard  à même  de  perfectionner  encore  sa  description, 
et  de  s’assurer  notamment  que  l’ichtyosaurus  avoit  quatre  pieds. 
Mais  une  tete  ou  les  narines  etoient  bouchées  l’induisit  en  erreur,  et 
lui  fit  penser  a tort  que  ce  qu’il  avoit  pris  jusque-là  pour  ces  ouver- 
tures étoit  le  produit  de  simples  accidens.  Ce  fut  aussi  dans  les  Trans- 
actions de  cette  année  que  l’auteur , d’après  la  ressemblance  des  faces 
concaves  des  vertèbres  fossiles  avec  celles  du  proteus,  de  la  sirène  et 
de  l’axolotl , proposa  de  nommer  son  animal proteosaums. 

Enfin  en  1820,  les  recherches  opiniâtres  du  colonel  Birch  fourni- 
rent encore  à M.  Home  des  matériaux  d’après  lesquels  il  détermina 
la  composition  des  vertèbres , et  la  manière  dont  la  partie  annulaire 
s’articule  avec  le  corps,  ainsi  que  la  structure  singulière  des  nageoires. 

On  ne  peut  donc  s’empêcher  de  reconnoître  que  cette  suite  de 
mémoires  et  d’indications  assure  à M.  le  chevalier  Home  l’honneur 
d’avoir  presque  entièrement  révélé  aux  naturalistes  le  genre  extraor- 
dinaire dont  nous  nous  occupons.  Et  toutefois,  MM.  de  Labêche  et 
Conybeare  ont  encore  ajouté  plusieurs  particularités  intéressantes  et 
de  grands  détails  à ce  que  ce  savant  anatomiste  en  avoit  dit. 

Dans  un  mémoire,  inséré  en  1821  parmi  ceux  de  la  Société  géolo- 
gique de  Londres,  ils  publièrent  leur  grande  découverte  d’un  nou- 
veau genre  de  la  même  tribu,  mais  plus  voisin  des  lézards  ordinaires, 
qu  ils  nommèrent Ils  décrivirent  la  composition  de  la 
mâchoire  inferieure  de  1 ichtyosaurUs,  celle  du  museau  et  une  grande 
partie  de  celle  des  faces  postérieure  et  inférieure  du  crâne. 

Ils  montrèrent  que  l’anneau  de  pièces  osseuses  à la  sclérotique  est 
un  caractère  de  lézard  et  non  pas  de  poisson , et  entrèrent  dans  de 
nouveaux  détails  sur  les  vertèbres  et  l’articulation  des  côtes. 

Un  second  mémoire  des  mêmes  auteurs,  dans  les  Transactions 
géologiques  de  1828,  en  même  temps  qu’il  étendoit  la  description 
du  plésiosaurus,  fixa  davantage  les  idées  sur  les  dents  de  l’ichtyosaurus, 


DE  L’ICHTYOSAURUS.  449 

exprima  nettement  les  caractères  de  ses  espèces,  rétablit  la  vérité 
relativement  à la  position  de  ses  narines,  et  marqua  les  rapports  et 
les  dilFérences  de  structure  de  sa  tète  avec  celle  des  lézards. 

On  auroit  déjà  pu,  avec  des  matériaux  si  abondans  et  présentes 
avec  tant  de  soin  par  les  auteurs  de  ces  mémoires  , composer  une 
description  ostéologique  de  richtyosaurus,  aussi  complété  au  moins 
que  celle  d’aucun  autre  animal  perdu.  Je  pouvois  y joindre  plusieurs 
dessins  qui  m’avoieut  été  adressés  par  des  amis  de  la  science.  J ai  du 
notamment  au  zèle  de  M.  Cumberland  de  Bristol  l’esquisse  d un 
squelette  entier  de  quatre  pieds  dix  pouces  de  longueur,  trouvé  eu 
i8i8  près  de  la  mer  à JT^atchet , dans  le  comte  de  Sommerset,  et 
appartenant  àM.  Morgan  de  Bristol;  celle  d’une  tête  et  de  dents  de 
plusieurs  espèces  de  la  collection  de  M.  Johnson  de  Bristol  ; celle  de 
plusieurs  morceaux,  entre  autres  d un  oeil,  trouves  à f'Ve-ston 
de  Bath,  et  conservés  par  M.  P.  Hawker. 

Il  est  de  mon  devoir  de  témoigner  ici  tout  ce  que  ces  attentions 
m’ont  inspiré  de  reconnoissance  ; elles  ont  infiniment  contribué  à 
me  donner  de  plus  en  plus  des  idées  claires  de  ces  singuliers  rep- 
tiles. 

Mais  j’ai  eu  le  bonheur  d’avoir  aussi  par  deveis  moi  des  pièces 
précieuses  qui  m’ont  encore  fourni  des  caractères  interessans  à ajou- 
ter à ceux  que  l’on  avoit  reconnus  avant  moi. 

Je  me  les  étois  procurées  à une  vente  faite  à Londres  au  mois  de 
mai  1820,  et  si  l’ordre  de  la  publication  de  mon  ouvrage  me  l’eût 
permis , elles  m’auroient  fourni  l’occasioii  de  devancer  les  natura- 
listes anglais  sur  quelques-uns  des  points  qu’ils  ont  découverts.  11  me 
restera  du  moins  à montrer  les  formes  du  frontal  et  de  ses  accessoi- 
res, le  trou  du  pariétal  semblable  à celui  des  lézards,  et  le  sphénoïde 
aussi  beaucoup  plus  semblable  à celui  des  lézards  quil  ne  1 avoit 
paru  dans  les  débris  analysés  jusqu’à  ce  jour. 

Nous  avons  dit  que  richtyosaurus  est  surtout  abondant  en  Angle- 
teri’e. 

Il  y a laissé  des  débris  depuis  le  nouveau  grès  rouge  en  montant 
jusqu’au  sable  vert  qui  est  immédiatement  sous  la  craie  ; ainsi  il  ap- 

T.  V,  2e.  P,  5Ï7 


45o  DE  L’ICHTYOSAURUS. 

partient  à presque  toute  l’époque  des  terrains  secondaires  que  l’on 
appelle  communément  la  formation  du  Jura. 

On  en  trouve  en  effet  des  fragmens  dans  une  marne  associée  au 
sable  vert,  à Bensington;  dans  le  grès  calcaire  sous  l’oolithe , à Mar- 
chani  - immédiatement  sous  l’oolithe,  à Shotouerhill , tous  lieux  du 
comte  cl  Oxford  (i).  Il  y en  a aussi  sous  1 oolitheàÆz'mwerzcf^e,  dans 
le  comté  de  Dorset. 

Mais  c est  surtout  le  lias , ou  ce  marbre  gris-bleuâtre , marneux  et 
pyriteux,  ainsi  nomme  par  les  Anglais,  qui  semble  avoir  été  son  tom- 
beau : il  eu  a fourni  d’innombrables  débris  dans  les  comtés  de  Dorset, 
de  Sommerset,  de  Glocester  et  de  Leicester;  et  principalement  dans 
la  vallee  de  1 Avon , au  comté  de  Sommerset , entre  Bath  et  Bristol , 
et  sur  la  côte  du  comté  de  Dorset,  où  les  falaises  d’entre  Lyme  et 
Charraouth  paroissent  en  être  des  carrières  inépuisables.  On  y trouve 
les  ichtyosauriis  à peu  près  comme  dans  nos  plâtrières  de  Montmartre 
les  palæothériums,  et  leurs  os  y sont  généralement  entourés  de  quan- 
tité de  petites  ammonites. 

II  y en  a dans  la  même  pierre  beaucoup  plus  au  nord , et  nous  eu 
possédons  de  grands  morceaux  de  Newcastle  dans  le  Northumber- 
land. 

Les  os  d ichtyosaurus  sont  jusqu’à  ce  jour  beaucoup  plus  rares  sur 
le  continent  5 toutefois  nous  en  avons  des  vertèbres  évidemment  re- 
connoissables  parmi  nos  groupes  d’os  de  crocodiles  de  Houfleur, 
Plus  nouvellement,  M,  Lamouroux  nous  en  a communiqué  divers 
morceaux  de  la  côte  du  Calvados,  et  nous  en  avons  reçu  même  de 
l’intérieur  de  laFrance,  et  surtout  de  fort  caractérisés,  de  Condat  en 
Agénois,  et  de  Reiignj  près  Corbigny,  dans  le  département  de  la 
Nièvre.  Ces  derniers  sont  manifestement  dans  l’oolithe,  mais  la  plu- 
part des  autres  ont  une  gangue  très-semblable  au  lias. 

Il  y en  a aussi  en  Allemagne , et  notamment  dans  ces  carrières  de 
marbre  gris,  riche  en  pyrites  et  semblable  au  lias,  des  environs  d’Al- 
torf,  où  1 on  trouve  des  crocodiles  comme  à Honfleur. 


(i)  Labêche  et  Conybeare,  i".  Mémoire. 


DE  T/ICHTYOSAURUS.  45i 

Il  y en  a même  un  morceau  assez  célèbre , et  dont  Thistoire  prouve 
avec  quelle  légèreté  des  naturalistes,  d’ailleurs  habiles,  ont  attribué 
à l’espèce  humaine  des  os  fossiles  ou  pétrifiés. 

Scheuchzer,  se  promenant  un  jour  dans  les  environs  à’Altorf, 
ville  et  université  du  territoire  de  Nuremberg  , avec  son  ami  Lang- 
hans , alla  faire  des  recherches  au  pied  du  Gibet.  Langhans,  qui  avoit 
pénétré  dans  l’enceinte , trouva  parmi  les  pierres  un  morceau  de  mar- 
bre cendré , qui  contenoit  huit  vertèbres  dorsales  teintes  en  noir  et 
d’un  aspect  brillant;  saisi,  dit  toujours  Scheuchzer,  (fune  terreur 
Langhans  jeta  cette  pierre  par  dessus  le  mur,  et  Scheuchzer 
l’ayant  ramassée,  en  garda  deux  vertèbres,  qu’il  considéra  comme 
humaines,  et  qu’il  fit  graver  dans  ses  Pisciwn  querelœ , pl.  III.  H 
fait  tout  ce  récit  à Bayer,  à l’occasion  de  deux  vertèbres  semblables, 
et  probablement  du  même  lieu,  que  celui-ci  avoit  fait  représenter 
dans  son  Oryctographia  norica , pl.  VI,  fig.  3a,  et  Bayer  fit  im- 
primer la  lettre  de  Scheuchzer  dans  les  supplémens  à cette  Orycto- 
graphie  qui  font  suite  à la  description  de  son  cabinet  (i). 

Ces  vertebres,  copiées  par  Dargen ville  (2) , et  citées  par  Walch  (3) 
et  beaucoup  d’autres  descripteurs  de  pétrifications,  et  dont  nous 
donnons  aussi  une  copie  pl.  XXV,  fig.  6,  7 et  8 , ont  depuis  lors  passé 
sans  contradiction  pour  humaines,  jusqu’à  ces  derniers  temps  où  l’on 
n’en  a plus  parlé  du  tout. 

Il  n’est cependantbesoin  que  des  plus  légères  notions  d’ostéologie, 
ou  mieux  encore  de  la  présence  d’un  squelette,  pour  voir  tju’elles 
ne  viennent  pas  d’un  homme.  On  auroit  pu  les  croire  de  crocodiles 
ou  de  poissons  ; mais  aujourd’hui  que  l’on  connoît  bien  celles  d’ich- 
tyosaurus,  on  ne  peut  hésiter  à y rapporter  celles  dont  je  viens  de 
parler. 

.l’en  ai  vu  de  semblables,  et  du  même  lieu,  c’est-à-dire  d’Altorf, 
dans  le  cabinet  du  grand  duc  de  Toscane. 


(1)  Joh.  Jac.  Bayer,  Sciagraphia  Musei  sui , Norimb.  iy3o  , p.  3o. 

(2)  Oryctologie,  pl.  XVII,  fig.  2. 

(3)  Monumens  du  Déluge  de  Knorr,  II,  sect.  II , p.  i43- 

57-^ 


t 


/,5a  de  L’ICHTYOSAURUS. 

Enfin  on  vient  de  découvrir  un  squelette  presque  entier  et  plu- 
sieurs autres  débris  d’ichtyosaurus  à Boll,  dans  le  Wirtemberg,  le 
même  lieu  où  nous  avons  vu  qu’il  s’est  trouvé  des  crocodiles  et  d’au- 
tres fossiles  en  grand  nombre  appartenant  aux  séries  secondaires.  Ils 
y sont  dans  un  schiste  calcaire  analogue  à celui  de  Solenhoffen , et 
M.  George  Frédéric  Jœger,  directeur  du  cabinet  royal  de  Stutt- 
gard,  vient  de  les  lithographier  et  de  les  décrire  dans  une  disserta- 
tion (i)  qu’il  a bien  voulu  me  communiquer,  et  qui  ne  laisse  rien  à 
désirer  sur  l’identité  du  genre. 

Ce  savant  naturaliste  en  a même  reconnu  plusieurs  morceaux  qui 
avoient  été  tirés  du  même  lieu  depuis  un  grand  nombre  d’années, 
et  qui  étoient  épars  dans  divers  cabinets  où  l’on  ne  s’éloit  point  oc- 
cupé de  leur  détermination. 

Les  pièces  que  j’emploierai  sont  représentées  sur  mes  planches 
dans  leur  état  actuel  de  désordre  et  de  mutilation, 

PI.  XXVIII,  fig.  I , est  un  squelette  long  d’environ  trois  pieds  et 
demi.  Il  ne  manque  à l’épine  que  cpielques  vertèbres  au  bout  de  la 
queue,  qui  ont  même  laissé  leur  empreinte;  mais  il  reste  peu  de 
chose  des  côtes.  La  tête  est  écrasée,  mais  assez  complète,  ainsi  que 
les  deux  extrémités  antérieures  et  la  postérieure  gauche.  Le  bassin 
n’a  laissé  que  quelques  débris.  Les  omoplates,  les  clavicules  et  la 
partie  antérieure  du  sternum  ont  disparu. 

Le  squelette  de  la  fig.  2 vient  d’un  individu  plus  grand , à dents 
moins  grêles;  la  queue  et  une  partie  des  lombes  lui  manquent,  ainsi 
que  le  sternum,  les  omoplates  et  les  clavicules,  mais  il  a le  reste  des 
extrémités  antérieures  complets,  divers  os  de  la  tête  en  bon  état, 
plusieurs  côtes  dans  toute  leur  longueur,  un  reste  assez  considérable 
de  bassin,  et  presque  toute  une  extrémité  postérieure. 

J’ai  ensuite  de  nombreuses  vertèbres  isolées  ou  réunies  en  suites 
de  huit,  dix  ou  davantage. 

Mes  morceaux  pour  la  description  de  la  tête  sont  aussi  fort  complets. 


(i)  De  Ichlfoscmri  sive  Proteosauri  fossilis  specimiiiibus  in  agro  Bollensi  in  IVurlem- 
bergid  reperds,  StiiUgard  182/j  , in-fol. 


DE  L’ICHTYOSAURUS.  4^3 

PI.  XXIX  , fig.  I , est  une  tête  à laquelle  il  ne  manque  que  le 
bout  antérieur  du  museau  et  une  partie  de  la  région  occipitale  et  ba- 
silaire. Ses  dents  sont  les  mêmes  qu’au  squelette  précédent. 

C’est  celle  qu’a  décrite  sir  Everard  Home,  dans  les  Transactions 
de  1819,  pl.  XIII.  Mais  je  l’ai  encore  mieux  débarrassée  de  la  pierre 
qui  la  l’ccouvroit,  et  j’y  ai  découvert  de  nouvelles  particularités, 

et  surtout  les  narines  et  le  trou  du  pariétal. 

PI.  XXIX,  fig.  2 à 5 , est  une  tète  dont  le  museau  est  encore  plus 
tronqué,  mais  qui  m’a  été  bien  précieuse , parce  quelle  m’a  donné 
toute  la  région  basilaire  et^  palatine.  Elle  ne  conserve  quun  petit 

nombre  de  dents , grêles  et  droites. 

Pig.  6 et  7 est  une  tête  tronquée  de  l’avant  jusqu’au  pariétal,  et 
qui  ne  conserve  aucunes  dents;  mais  où  la  région  temporale  est  bien 
entière,  et  qui  m’a  aussi  donné  l’os  hyoïde. 

Deux  autres  têtes,  aplaties  verticalement , mais  à peu  près  entières, 
et  dont  les  dents  sont  les  mômes  qu’à  la  grande  de  la  fig.  i et  au 
grand  squelette,  n’ont  pas  laissé  que  de  me  fournir  d’heureux  détails 
sur  les  sutures  et  sur  les  trous,  et  ont  confirmé  ce  qui  regarde  l’os 
hyoïde. 

Une  mâchoire  inférieure  énorme,  et  qui,  bien  que  fort  tronquée 
aux  deux  bouts,  est  encore  longue  de  près  de  deux  pieds,  m’a  fait 
connoître  jusqu’à  quelle  grandeur  ce  genre  peut  parvenir. 

Enfin  j’ai  encore  eu  quelques  os  isolés,  surtout  de  l’occiput,  qui 
m’ont  été  fort  utiles  pour  éclaircir  mes  idées. 

Quant  à l’épaule  et  à toute  l’extrémité  antérieure  il  ne  me  manque 
rien. 

Pl.  XXX,  fig.  I , est  une  partie  d’un  très-grand  individu,  où  l’on 
voit,  avec  beaucoup  de  vertèbres  et  de  côtes,  le  sternum,  les  clavi- 
cules, les  coracoïdiens,  une  omoplate,  deux  humérus  et  deux  avant- 
bras. 

Fig.  5,  tiré  d’nn  individu  plus  petit,  offre  en  situation  le  sternum, 
les  clavicules,  les  coracoïdiens,  une  omoplate,  un  humérus,  un 
avant-bras  et  un  os  du  carpe. 

Fig.  2,  avec  les  mêmes  os,  offre  encore  une  nageoire  presque  entière. 


454  DE  L’ICHTYOSAURUS. 

Mais  mon  morceau  le  plus  complet  pour  ces  parties , est  celui  des 
fig.  3 et  4 ; il  vient  d’un  assez  petit  individu , et  montre  la  nageoire 
gauche  entière  et  encore  attachée  à son  épaule,  laquelle  est  elle- 
même  complète,  ainsi  que  le  sternum  et  le  coracoïdien  de  l’épaule 
opposée. 

Je  n ai  pas  ete  tout-a-fait  aussi  heureux  pour  l’extrémité  posté- 
rieure. Le  bassin  s’est  trouvé  assez  mutilé  dans  mes  deux  squelettes, 
et  je  ne  1 ai  pas  eu  séparément;  et  comme  je  vois  que  ces  parties  sont 
aussi  assez  incomplètes  dans  la  plupart  des  raorceauux  gravés  en 
Angleterre , je  dois  penser  qu  elles  étoient  plus  foibles,  moins  adhé- 
rentes, et  iju’elles  se  détachoient  plus  aisément  après  la  mort. 

C’est  principalement  sur  ces  pièces,  et  non  pas  sur  les  gravures 
déjà  publiées,  que  j’ai  travaillé,  en  sorte  que  ma  description,  dans 
ce  qu’elle  a de  commun  avec  celles  de  mes  prédécesseurs,  en  est 
une  confirmation  plutôt  qu’une  répétition. 

Sur  un  petit  nombre  de  points  seulement,  je  serai  obligé  de  re- 
courir à eux  pour  me  compléter,  mais  je  le  remarquerai  expressé- 
ment, et  j en  ferai  de  même  lorsque  je  croirai  avoir  vu  les  choses  plus 
ou  moins  différemment. 

Je  dois  dire  ici  que  ces  morceaux  sont  devenus  beaucoup  plus 
instructifs  qu’ils  n’étoient  d’abord,  par  les  soins  que  s’est  donné 
M.  Merlieux,  jeune  sculpteur  attaché  au  Muséum  d’Histoiie  natu- 
relle, pour  les  debarrasser  de  la  pierre  très-dure  ou  plutôt  du  marbre 
qui  les  masquoit  encore  en  plusieurs  endroits. 


Article  premier. 

Z)es  Dents. 

Les  dents  de  tous  les  ichtyosaurussont  coniques,  et  leur  couronne 
est  emaillée  et  striée  longitudinalement  comme  dans  les  crocodiles  ; 
elle  est  plus  ou  moins  aiguë  ^ plus  ou  moins  renflée,  plus  ou  moins 
comprimée  selon  les  espèces. 


DE  L’ICHTYOSAURUS.  455 

Leur  racine  est  plus  grosse,  non  émaillée,  mais  striée  comme  la 
couronne. 

Elles  restent  long-temps  creuses  intérieurement. 

Elles  ne  sont  pas  enchâssées  dans  des  alvéoles  aussi  profonds  et 
aussi  clos  que  celles  du  crocodile,  et  ne  sont  pas  non  plus  aussi  à nu 
du  côté  interne  que  celles  des  lézards;  mais  il  paroît  qu  elles  sont 
rangées  simplement  dans  un  sillon  profond  de  l’os  maxillaire,  dont 
le  fond  seul  est  creusé  de  fosses  répondantes  à chaque  dent. 

Leur  manière  de  se  remplacer  est  assez  analogue  à celle  du  cro- 
codile, avec  cette  différence,  que  dans  le  crocodile,  dont  les  dents 
sont  toujours  creuses,  la  nouvelle  dent  pénètre  dans  l’intérieur  de 
1 ancienne,  tandis  qu’ici  la  racine  étant  ossifiée,  la  dent  nouvelle  ne 
pénètre  que  dans  la  cavité  que  la  carie  a formée,  cavité  qui  aug- 
mente à mesure  que  la  dent  nouvelle  grossit,  et  qui,  venant  enfin 
à faire  disparoître  la  racine,  détermine  la  chute  de  la  couronne  de 
la  dent  ancienne. 

Cette  couronne  de  la  dent  garde  encore  dans  son  intérieur  une  ca- 
vité ordinairement  remplie  de  spath,  long-temps  après  que  la  racine 
est  ossifiée,  de  sorte  qu’une  coupeprésente  alors  la  fig.  17,  pl.  XXIX. 
La  racine  nouvelle  commence  à s’ossifier  avant  même  que  la  dent 
ancienne  soit  tombée  ;'ce  qui  se  voit  dans  la  fig.  1 4 où  la  nouvelle  dent , 
a , quoiqu’il  existe  encore  en  c une  partie  de  la  racine  de  l’ancienne 
dent,  a cependant  déjà  une  partie  de  son  noyau  pulpeux,  e,  ossifié. 

Leur  nombre  est  considérable.  M.  Gonybeare  n’en  compte  pas' 
moins  de  trente  de  chaque  côté  à chaque  mâchoire.  Sir  Everard 
Home  en  montre  quarante-cinq  de  chaque  côté  à chaque  mâchoire , 
dans  1 individu  de  sa  pl.  XV  des  Transact.  phil.  de  1820. 

MM.  de  Labêche  et  Gonybeare  (2me.  Mém.  ,p.  io8)  ont  trouvé 
assez  de  différences  parmi  ces  dents  pour  en  déduire  les  caractères 
fie  quatre  espèces  distinctes. 

L 1.  communis , dont  les  dents  ont  la  couronne  conique , médio- 
crement aiguë,  légèrement  arquée  et  profondément  striée.  Gette  es- 
pece est  généralement  grande , et  c’est  à elle  qu’appartiennent  les 
individus  les  plus  gigantesques. 


456  DE  L’ICHTYOSAURUS. 

L’i.  platyodon,  où  cette  couronne  est  comprimée,  et  offre  de 
chaque  côté  une  arête  tranchante.  Les  individus  de  cette  espèce  va- 
rient en  longueur  de  cinq  à quinze  pieds. 

L’/.  tenuirostris , où  les  dents  sont  plus  grêles,  et  qui,  en  outre, 
a le  museau  plus  long  et  plus  mince. 

Enfin  r/.  intennedius , à dents  plus  aiguës  et  moins  profondé- 
ment striées  que  celles  du  communis ^ moins  grêles  que  dans  le  te- 
Tiuirostris. 

Les  deux  dernières  espèces  n’atteignent  pas  plus  de  moitié  de  la 
taille  à laquelle  XI.  communis  peut  parvenir. 

En  examinant  mes  morceaux,  j’y  ai  retrouvé  des  dents  auxquelles 
conviennent  les  caractères  assignés  par  ces  naturalistes,  et  comme 
elles  y sont  attachées  à des  parties  plus  ou  moins  considérables  de 
leurs  têtes , et  que  plusieurs  de  ces  têtes  elles-mêmes  tiennent  à di- 
verses portions  du  squelette,  je  me  suis  vu  à même  de  porter  le  dé- 
tail des  caractères  spécifiques  sur  toutes  les  parties  des  animaux. 

C’est  ainsi  que  dans  la  très-grande  mâchoire  inférieure , pl.  XX VIII, 
fig.  3,  j’ai  trouve  en  effet  des  dents  a couronne  comprimée,  portée 
sur  une  racine  ronde  et  renflée , et  que  j’ai  dû  la  rapporter  à 1’/.  pla~ 
tjodon.  On  voit  une  de  ces  dents  de  grandeur  naturelle  pl.  XXVIII, 
fig.  4 5 et  sa  coupe,  fig.  5. 

Par  une  raison  semblable , mon  petit  squelette , pl.  XXVIH,  %•  i j 
celui  du  chevalier  Home  (Transactions  phil.  de  1819,  pl.  XV)  et 
îe  fragment  des  deux  mâchoires,  pl.  XXIX,  fig.  8 et  9,  ayant  des 
dents  grêles  et  pointues , m’ont  dù  paroître  de  XI.  tenuirostris. 

Les  dents  coniques,  médiocrement  pointues,  du  grand  squelette 
de  la  grande  tête,  fig.  pl,  XXIX,  et  de  celles  de  la  fig.  9,  les 
caractérisent  pour  appartenir  à 1’/.  communis. 

Enfin  la  tête,  fig.  2 à 5,  n’ayant  que  quelques  dents  grêles  et 
droites , pourroit  être  de  1’/.  intermedius. 


DE  L’ICHTYOSAURÜS. 


457 


Article  IL 

t 

De  la  Tête. 

Ces  espèces  ne  différant  du  reste  que  par  des  variations  légères 
dans  les  proportions  des  os , ruais  non  dans  la  composition  des  par- 
ties, nous  donnerons  d’abord  de  la  tête  une  description  générique, 
comme  s il  ne  s’agissoit  que  de  l’une  de  ces  espèces,  nous  réservant 
d entrer  ensuite  dans  le  détail  de  leurs  différences. 

§ I.  De  sa  forme  et  de  sa  composition  en  général. 

Le  museau  allongé  et  pointu  de  Tichtyosaurus  est  formé  principa- 
lement par  deux  os  gai'nis  de  dents,  qui,  dans  toute  sa  moitié  anté- 
rieure, s unissent  l’un  à l’autre,  en  dessus  et  en  dessous,  par  une 
suture,  et  qui  sont  écartés  dans  la  moitié  supérieure  par  deux  autres 
os  qui  s avancent  entre  eux  en  pointe. 

De  chaque  côté  de  cette  même  moitié  supérieure  se  voit  un  os 
étroit  dans  lequel  se  continue  la  série  des  dents , et  qui  se  prolonge 
en  arriéré  jusque  sous  l’angle  antérieur  de  l’orbite. 

Les  deux  os  longs,  a,  fig.  i à 8,  sont  évidemment  les  intermaxil- 
laires • les  os-latéraux  étroits,  h ^ sont  les  Tnaxillaires  j les  deux  os 
mitoyens,  c,  les  os  propres  du  nez. 

II  n y a point  de  narines  à la  pointe  du  museau,  et  leurs  ouver- 
tures sont  deux  trous  oblongs , d , dans  le  haut  des  intermaxillaires. 
De  leui  bord  anterieur , elles  forment  une  échancrure  dans  le  bord 
supérieur  des  intermaxillaires. 

liC  bord  supérieur  et  interne  des  narines  est  fait  par  l’os  du  nez 
<iui  s’élargit  pour  arriver  là  , en  formant  une  suture  dentée  avec  la 
Lase  de  l’intermaxillaire. 

Au  bord  supérieur,  c’est-à-dire  au  plus  voisin  de  l’orbite , concou- 
rent, ou  du  moins  s’approchent,  deux  os  qui,  de  leur  partie  posté- 
rieure, concourent  aussi  à la  formation  de  la  partie  antérieure  du 
T.  V,  2e.  P.  58 


DE  L’ICHTYOSAURUS. 


458 

cercle  de  l’orbite,  et  même  le  supérieur,  e,  s’étend  sur  une  bonne 
partie  de  l’arcade  surcilière.  Celui-ci  me  paroît  \eJrontal  antérieur. 
L’autre,  qui  est  plus  petit,  pourroit  bien  être  le  lachrymal, 
mais  je  n’y  ai  pu  voir  de  trou  lachrymal. 

Les  deux  nasaux  remontent  entre  les  frontaux  antérieurs  jusques 
aux  frontaux  principaux , auxquels  ils  s’articulent  par  une  suture  den- 
tée qui  varie  de  direction  selon  les  espèces, 

frontaux  principaux , g , sont  placés,  comme  à l’ordinaire, 
sur  le  milieu  de  l’intervalle  des  orbites,  mais  il  ne  paroît  pas  qu’ils 
arrivent  jusqu’au  bord  supérieur  de  ces  cadres. 

Les frontaux  postérieurs,  h,  viennent,  lelong  de  l’arcade  surcilière 
et  du  bord  externe  des  principaux,  joindre  les  antérieurs.  Ils  forment 
aussi  tout  ce  bord  postérieur  de  l’orbite  en  descendant  pour  se  joindre 
au  jugal.  Celui-ci,  i,  est  grêle  j il  se  place  obliquement  sur  le  maxil- 
laire, pour  former  tout  le  bord  inférieur  de  l’orbite,  et  remonte  un 
peu  en  arrière  pour  se  joindre  au  frontal  postérieur  avec  lequel  il  clôt 
le  cadre  de  l’orbite  5 mais  cette  partie  montante  est  peu  considérable , 
en  sorte  que  l’échancrure  que  le  zygoma  montre  en  dessous  dans  les 
lézards  est  moindre  dans  l’ichtyosaurns. 

Ce  qui  en  arrière  de  l’orbite  est  particulier  à l’ichtyosaurus  et  le 
distingue  des  lézards,  c’est  un  os  large,  k,  qui  s’articule  avec  le  bord 
postérieur  du  frontal  postérieur  et  du  jugal , et  va  de  son  autre  extré- 
mité prendre  part  à la  face  articulaire  qui  porte  la  mâchoire  infé- 
rieure. L’os  qui  donne  le  reste  de  cette  face  articulaire  est  placé  plus 
en  dedans  que  le  précédent,  et  suspendu  au  mastoïdien  et  à l’occi- 
pital latéral. 

Il  me  paroît  clair  que  les  deux  os  que  je  viens  de  décrire  sont  le 
temporal  et  le  tympanique. 

Le  temporal , k , ressemble  beaucoup  pour  la  forme  à celui  des  lé- 
zards, seulement  il  s’articule  par  une  ligne  plus  haute  au  frontal  posté- 
rieur et  au  jugal 5 mais  son  caractère  particulier,  c’est  de  descendre  , 
comme  dans  le  crocodile,  jusqu’à  l’articulation  5 et  cependant,  s’arti- 
culant avec  le  frontal  iiostérieur , il  ne  laisse  pas,  comme  dans  le  cro- 
codile , une  seconde  fosse  temporale  derrière  l’orbite. 


DE  L’ICHTYOSAURUS.  4^9 


Le  temporal  de  la  tortue  de  mer  a beaucoup  de  rapport  avec  ce- 
lui-ci, et  pour  la  forme  et  pour  les  connexions  j mais  dans  la  tortue 
de  mer,  le  mastoïdien  et  le  frontal  postérieur  s’unissent  au  pariétal 
au-dessus  du  temporal,  pour  former  une  voûte  à la  tempe,  et  ici  il 
reste  au  contraire  un  grand  vide  comme  dans  les  lézards,  et  comme 
il  y en  a un  de  grandeur  variable  dans  les  crocodiles. 

Le  mastoïdien  achève  de  cerner  ce  vide  eu  arriéré,  en  s articulant, 
d’une  part,  au  frontal  postérieur  et  au  temporal  , et  de  l’autre,  à 
l’apophyse  latérale  postérieure  du  pariétal. 

Dans  les  lézards,  où  il  est  fort  petit,  il  ne  s’articule  qu  au  pariétal 
et  au  temporal , parce  que  ce  dernier  s’interpose  entre  lui  et  le  fron- 
tal antérieur. 


Dans  les  crocodiles,  il  ne  s’articule  qu’au  frontal  antérieur  et  au 
pariétal , parce  que  le  tympanique  s’interpose  entre  lui  et  le  tempo- 
ral. Mais  dans  tous  ces  genres  il  contribue  à porter  1 os  tympanique, 
et  c’est  ce  qu’il  fait  de  même  dans  l’ichtyosaurus. 

Après  avoir  ainsi  reconstitué  la  région  zygomatique  et  l’articula- 
tion de  la  mâchoire,  revenons  au  crâne  lui-même. 

Le  pariétal,  l,  ne  peut  être  méconnu  : il  ressemble  parfaitement  à 
celui  d’un  iguane.  Les  crêtes  temporales  s’y  rapprochent  comme  les 
deux  branches  d’un  x.  En  arrière,  il  se  bifurque  en  deux  apophyses, 
relevées  chacune  d’une  crête , qui  vont  chercher  les  mastoïdiens  et 
s’y  attacher  pour  former,  par  leur  union,  l’angle  postérieur  de  la 
fosse  temporale.  Sur  la  suture  de  sa  jonction  avec  les  frontaux  princi- 
paux, il  est  échancré  d’un  grand  trou,  m , qui,  même  dans  certaines 
espèces,  se  prolonge  en  une  fissure  sur  presque  toute  sa  longueur. 

L’occipital  supérieur,  n,  fig.  ii , est  très-semblable  à celui  dun 
iguane  , par  la  forme  générale , par  la  grande  échancrure  qu’il  a dans 
le  bas  pour  le  trou  occipital,  par  la  petite  qui  est  quelquefois  dans 
le  haut  pour  le  ligament  qui  funissoit  au  pariétal , par  les  faces  âpres 
qu’il  offroit  aux  occipitaux  latéraux  et  aux  rochers. 

Sa  face  externe  est  seulement  d’une  convexité  plus  égale.  Il  y a 
deux  trous  pour  les  vaisseaux,  diversement  placés  selon  les  espèces. 
occipital  inférieur  ou  basilaire,  o , fig.  5 à i3,  est  très-épais , et 


46o  de  L’ICHTYOSAURÜS. 

se  termine  en  arrière  par  un  très-gros  tubercule  qui  sert  à peu  près 
seul  pour  l’articulation  avec  Tatlas , car  c’est  à peine  si  les  occipi- 
taux latéraux  y prennent  une  part  sensible* 

Sa  face  inférieure  est  convexe,  et  non  pas  concave  comme  dans  les 
lézards,  et  il  n’a  pas  non  plus  ces  apophyses  latérales  qu’il  porte  chez 
eux;  en  sorte  qu’il  ne  prend  point  de  part  aux  parois  de  l’oreille  ex- 
terne ou  de  la  caisse  : rapport  marqué  de  l’ichtyosaums  avec  les  tor- 
tues. 

Un  autre  rapport  encore  plus  sensible,  c’est  la  division  de  l’occi- 
pital  latéral. 

Ces  os  ,p,p,  fig.  1 1 , que  nous  avons  bien  entiers,  et  s’articulant 
avec  le  supériear  et  Finférieur,  laissent,  en  dehors  et  au-dessus 

deux,  un  vide,  et  présentent,  conjointement  avec  l'occipital  supé- 

rieur,  ün  bord  dentele  annonçant  une  suture  qui  ne  peut  être  rem- 
plie que  par  un  occipital  externe  analogue  à celui  de  la  tortue  , et 
qui  occupe  l’espace  que  le  rocher  laisse  derrière  lui. 

Ije sphénoïde^  5^,  fig.  4,  et  lo  à i3,  est  aussi  épais  que  l’occipital  in- 
ferieur. Une  arete  transverse  de  sa  face  supérieure  distingue  la  région 
cerebrale  de  celle  où  reposoit  la  glande  pituitaire.  Celle-ci  est  percée 
a son  fond  d un  canal  qui  se  rend  obliquement  en  arrière  et  sort  à 
la  face  inferieure  de  l’os  par  Un  ou  par  deux  trous , selon  les  espèces. 
En  avant,  il  donne  une  très-longue  pointe  pour  porter,  comme 

ans  es  ezar  s,  a c oison  verticale  et  membraneuse  d’  entre  les  Or- 
bites. 

Latéralement  il  donne  de  chaque  côté  une  apophyse  tronquée  pour 

toucher  à I ospterygo.d.eu  et  un  peu  plus  en  arrière,  une  face  âpre 
pour  sa  jointure  avec  os  du  roofiûi^  ^ 

"phénoïde  de  lézard.  ““ 

Le  est  articulé , relativement  au  sphénoïde,  de  manière  que 

PvÔ.rrT“  ^ P™  P’’®  parallèlement  é la  face 

_ y premier  et  que , s’ils  ne  se  touchoient  pas  comme  dans 
les  tortues,  .1  devoir  rester  fort  peu  d'espace  entre  Lx.  La  face  ex- 
terne du  rocher  est  simple  et  un  peu  convexe  comme  celle  de  l’occi- 
pital inférieur,  et  n a point  cette  crête  qui,  dans  l’iguane , protège  la 


DE  L’ICHTYOSAURUS.  46r 

concavité  au  fond  de  laquelle  est  la  fenêtre  ovale  : nouveau  motif 
pour  croire  que  l’oreille  externe  étoit  plus  simple  dans  l’ichtyosaurus 
que  dans  les  lézards. 

A la  face  interne  du  rocher  est  une  cavité  profonde  qui  recéloit  le 
vestibule,  et  qxn  étoit  fermée  du  côté  du  crâne  par  l’occipital  supé- 
rieur et  l’occipital  externe.  On  voit  dans  ses  parois  quelques  restes 
des  canaux  semi-circulaires. 

Bien  que  j’aie  l’occipital  latéral  dans  deux  ou  trois  de  mes  têtes , je 
n’ai  pu  le  dégager  nettement,  et  mon  rocher  est  aussi  un  peu  fracturé 
parles  bords,  en  sorte  que  je  ne  puis  dire  positivement  s’il  y avoit 
deux  fenêtres  ou  une  seule.  Mais  dès  à présent  j’ai  tout  lieu  de 
soupçonner  qu’il  n’y  en  avoit  qn^une,  et  que  notre  animal  avoit  ce 
rapport  avec  les  salamandres,  les  sirènes  et  les  protées,  que  son 
osselet  auriculaire  étoit  réduit  à une  simple  platine  répondant  à celle 
de  l’étrier. 

Les  ptérygoïdiens,  s,  s,  fig.  4,  forment  deux  longues  bandes  larges 
et  plates,  séparées  en  arrière  par  toute  la  largeur  du  sphénoïde,  et 
qui  se  rapprochent  l’une  de  l’autre  en  avant,  à peu  près  sous  le  bord 
antérieur  de  l’orbite.  Ils  s’y  aiguisent  en  une  longue  pointe  qui  s’in- 
sère entre  les  palatins  auxquels  elle  s’unit  par  une  suture  très-obli- 
que. Ils  s’élargissent  latéralement  vers  leur  milieu,  probablement 
pour  donner  attache  à l’os  transverse , qui  me  paroît  joindre  aussi 
l’extrémité  postérieure  externe  du  palatin,  et  dont  le  bord  externe 
doit  s’unir  comme  à l’ordinaire  avec  le  jugal.  L’extrémité  postérieure 
des  ptérygoïdiens  se  termine  par  un  léger  élargissement,  un  peu  en 
arc  concave  en  arrière.  Ni  eux , ni  les  palatins  ne  paroissent  avoir 
porté  de  dents. 

Telle  est  donc  en  général  la  composition  de  la  tête  de  l’ichtyosan- 
rus  : un  museau  formé  presque  en  entier  par  les  intermaxillaires;  les 
maxillaires  relégués  aux  côtés  de  sa  base;  les  nasaux  à la  face  supé- 
rieure de  cette  base;  les  naiânes percées  entre  les  nasaux,  les  inter- 
ïïiaxîllaires  et  les  frontaux  antérieurs;  le  frontal,  le  pariétal,  l’occipi- 
tal, les  rochers,  le  sphénoïde,  les  ptérygoïdiens,  à peu  de  chose  près 
comme  dans  les  lézards,  et  surtout  dans  les  iguanes;  mais  des  carac- 


46a  DE  L’ICHTYOSAURUS. 

tères  plus  particuliers  dans  la  région  de  Toreille  et  de  la  tempe;  sa- 
voir : 

Un  orbite  entouré  par  le  frontal  antérieur,  le  postérieur  et  le  ju- 
gal;  le  trou  de  la  tempe  cerné  par  le  temporal  et  le  mastoïdien;  le 
temporal  se  joignant  au  tympanique,  placé  à sa  face  interne  pour 
fournir  l’articulation  à la  mâchoire  inférieure  ; la  région  du  crâne  où 
devroient  être  des  concavités  pour  la  caisse  de  l’oreille,  lisse  et  même 
un  peu  convexe;  probablement  point  d’autre  osselet  de  l’ouïe  que  la 
platine  de  l’étrier. 

Ce  seroit  un  animal  encore  existant,  que  l’on  ne  connoîtroit  pas 
mieux  l’ostéologie  de  sa  tète. 

Ce  qui  est  le  plus  frappant  dans  cette  tête , c’est  l’énormité  de  son 
œhl , et  le  cercle  de  pièces  osseuses  qui  en  renforce  la  sclérotique  en 
avant.  Ces  pièces  forment,  comme  on  sait,  un  caractère  commun 
aux  oiseaux,  aux  tortues  et  auX  lézards,  à l’exclusion  des  crocodiles 
et  des  poissons.  En  effet,  dans  les  crocodiles,  la  sclérotique  est  sim- 
plement cartilagineuse;  dans  les  poissons,  elle  est  souvent  osseuse, 
en  tout  ou  en  partie  (i);  mais  jamais  elle  n’y  est  garnie  en  avant 
d’un  anneau  de  pièces  osseuses  comme  dans  les  oiseaux.  Ce  seul 
caractère , qui  avoit  déterminé  d’abord , on  ne  peut  deviner  pour- 
quoi , à rapprocher  cet  animal  des  poissons , auroit  dû  le  faire , dès 
les  premiers  raoraens,  rapprocher  des  lézards. 

§ II.  Différences  entre  les  têtes  des  différentes  espèces. 

La  forme  totale  de  la  tele  et  celle  de  plusieurs  os  pris  en  particu- 
lier annoncent,  comme  les*  dents,  parmi  les  têtes  d’ichtyosaurus, 
des  différences  qui  doivent  être  spécifiques,  mais  dont  les  limites  ne 
sont  pas  aisées  à fixer. 


(i)  J ai,  par  exemple,  des  sclérotiques  de  grands  espadons  {xiphias  Lin.)  qui  forment 
des  globes  de  trois  pouces  de  diamètre , à parois  entièrement  osseuses  , sauf  les  ouvertures 
pour  le  nerf  et  pour  la  cornée , et  d’une  ligne  d’épaisseur , mais  elles  ne  sont  composées  que 
de  deux  pièces. 


DE  L’ICHTYOSAURUS.  ' 

Dans  la  tête,  pl.  XXIX,  fig.  i , que  je  rapporte  à l’ichtyosaurus 
commun , par  exemple , on  voit  à la  racine  du  nez , entre  les  orbites , 
deux  proéminences  anguleuses  en  avant,  et  entre  lesquelles  est  une 
concavité  anguleuse  en  arrière. 

Le  pariétal  y est  plus  long  que  large , et  percé  de  deux  trous 
oblongs,  l’un  en  avant  et  l’autre  en  arrière,  et  ses  crêtes  temporales 
se  réunissent  en  une  seule  ligne. 

Une  autre  tête  plus  petite  a le  pariétal  à peu  près  pareil , mais 
percé  d’un  seul  trou.  Cependant  comme  ses  dents  sont  semblables, 

ce  pourroit  n’être  qu’une  différence  accidentelle. 

Dans  la  tête , fig.  6 et  7 , le  pariétal  est  au  contraire  aussi  large  que 
long , et  tout-à-fait  aplati  de  l’arrière.  U n’y  a qu’un  seul  trou  rond  en 
avant.  Elle  ne  conserve  point  de  dents  j mais  comme  son  pariétal  et 
son  sphénoïde  ressemblent  a ceux  de  mon  petit  squelette  que  j a 
déjà  rapporté  à VI.  tenuirostris , et  dont  on  voit  la  tete  fig.  8,  je 
dois  l’y  rapporter  également. 

J’en  ai  une  quatrième  où  il  est  de  même  plat  et  court,  mais  où  le 
trou  rond  qu’il  a en  avant  se  continue  avec  une  fissure  qui  s élargit  en 
arrière  en  un  deuxième  trou. 

C’est  celle  qui  n’a  plus  que  quelques  dents  droites  et  grêles,  fig.  2 
à 5,  et  je  la  rapporte  en  conséquence  à XI.  intermedius. 

La  tête  de  cette  espèce , représentée  par  MM.  de  Labêche  et  Co- 
nybeare,  dans  leur  ame.  Mémoire , pl.  XYII,  lui  ressemble  assez  par 
la  l’égion  temporale  pour  justifier  ce  rapprochement  , et  1 on  doit 
probablement  attribuer  à sa  mauvaise  conservation  les  différences 
qu’elle  offre  à la  face  basilaire  et  palatine. 

Il  me  reste  enfin  une  portion  postérieure  de  tête , aussi  grande  que 
la  première,  à pariétal  aussi  allongé  à proportion,  mais  sans  trou,  et 
dont  le  sphénoïde  n’est  pas  le  même;  elle  n a plus  aucune  dent,  mais 
par  une  conjecture  assez  naturelle,  je  dois  croire  qu  elle  est  de  1/. 
platjodon,  le  seul  dont  je  n’aie  point  d’autre  partie  de  crâne  et  de 
mâchoire  supérieure. 

Le  sphénoïde  offre  des  différences  spécifiques  non  moins  frappan- 
tes que  le  pariétal. 


464  de  l’ichtyosaürus. 

Ainsi  dans  la  dernière  de  ces  tètes,  celle  que  je  crois  d’/.  platjo- 
don,  le  sphénoïde,  comme  nous  l’avons  dit,  est  relevé  en  dessous 
d’une  arête  longitudinale,  percé  en  arrière  de  deux  trous  qui  condui- 
sent obliquement  en  avant  et  vers  le  haut  au  trou  unique  sous  la 
glande  pituitaire,  et  son  bord  postérieur  est  coupé  eu  angle  obtus. 

Dans  la  tête  que  je  rapporte  h I’/.  intemiedim , il  a aussi  deux  trous 
un  peu  écartés  en  arrière,  mais  il  est  coupé  carrément  et  sans  arête 
saillante. 

Daus  le  squelette  de  1 1.  tenuîrostris , il  est  un  peu  arrondi  en  ar- 
rière , et  percé  de  deux  trous  un  peu  écartés. 

Dans  celui  d’/.  cormnunis , fig.  1 2 et  1 3,  il  est  très-épais,  peu  con- 
vexe, coupé  carrément,  et  percé  encore  de  deux  trous,  mais  plus 
rapprochés.  ^ 

Enfin  j’en  ai  un  cinquième,  fig.  lo,  trouvé  avec  des  occipitaux 
latéraux  et  supérieurs,  fig.  Il,  et  dont  j’ai  tout  lieu  de  croire  qu’il 
annonce  une  cinquième  espèce. 

Il  est  très-épais,  coupé  presque  en  croissant,  et  ses  deux  canaux 
se  réunissent  en  arrière  en  une  seule  ouverture  transversale. 


Article  III. 

De  la  Mâchoire  iriférieure. 


La  mâchoire  inférieure,  pl.  XXIX,  6g.  ,$  et  i6,  allongée  et 
pomtae  comme  le  museau,  se  forme  de  deux  branches  qui  se  rappro- 
chent sans  se  couiberbeaucoup,  et  qui  sont  symphysées  sur  nu  peu 
plus  de  moitié  de  leur  longueur. 

Chaque  branche  se  compose  de  six  os,  comme  dans  tous  les  lé- 
zar  s et  dans  les  crocodiles , mais  un  peu  autrement  disposés  que 
dans  les  uns  et  que  dans  les  autres. 

Il  n y a ni  a la  face  externe  ni  à la  face  interne  ces  deux  grands 
trous  que  l’on  observe  dans  les  crocodiles. 


DE  UICHTYOSAURUS.  465 

Le  dentaire,  forme  la  face  externe  depuis  la  pointe  jusque  sous 
le  milieu  de  l’orbite, 

L’operculaire,  b , occupe  le  bord  inférieur  et  la  face  interne  pres- 
que sur  un  espace  égal,  pénétrant  dans  la  symphyse  presque  jusqu’à 
la  pointe. 

L’angulaire,  c,  et  le  surangulaire,  d , se  partagent  la  face  externe 
à la  partie  postérieure. 

C’est  au  surangulaire  que  l’apophyse  coronoïde  appartient,  au 
contraire  des  lézards,  et  conformément  à ce  qui  a lieu  dans  le  cro- 
codile. 

Cette  apophyse  coronoïde  est  petite  et  très-obtuse.  ' 

Le  complémentaire,  e , est  fort  petit  et  relégué  à la  face  interne, 
aussi  comme  dans  le  crocodile. 

L’articulaire  est  peu  considérable,  et  sa  plus  grande  étendue  est 
à la  face  interne , encore  comme  dans  le  crocodile. 

Article  IV. 

De  VOs  hjoïde. 

Jai’vu  dans  trois  individus  les  deux  cornes  antérieures  de  l’os 
hyoïde  (autrement  les  os  styloïdiens)  en  place,  grandes,  prismati- 
ques, et  aussi  osseuses  qu’aucun  des  autres  os.  J’ai  même  observé 
entre  elles,  en  avant,  un  disque  osseux,  plus  large  que  long,  échan- 
cré  en  arrière,  que  je  soupçonne  d’être  le  corps  de  l’hyoïde.  N’ayant 
vu  d ailleurs  rien  qui  annonçât  des  arcs  branchiaux , je  dois  croire 
que  notre  animal  respiroit  1 air  élastique,  et  n’avoit  ni  des  branchies 
comme  un  poisson,  ni  des  houpes  branchiales  comme  une  sirène  ou 
un  axolotl. 

Je  n’ai  rien  aperçu  cependant  qui  pût  me  paroître  un  reste  de  la- 
rynx ou  de  trachée  artère. 


T.  V,  26.  P. 


59 


466 


DE  L’IGHTYOSAURÜS. 


Article  V. 

Des  Vertèbres  et  des  Cotes. 

§ I.  Des  vertèbres. 

Le  nombre  des  vertèbres  est  assez  grand. 

M.  Gonybeare  l’estime  entre  quatre-vingt  et  quatre-vingt-dix. 
J’ai  un  individu  quinepouvoit  en  avoir  moins  de  quatre-vingt-quinze. 
Celles  que  1 on  distingue  dans  le  beau  squelette  de  sir  Everard  Home 
vont  à soixante-douze  au  moins. 

I 

Autant  Tichtyosaurus  ressemble  aux  lézards  par  l’ostéologie  de  la 
tête,  autant  il  en  diffère  par  les  formes  de  ses  vertèbres,  et,  sous  ce 

rapport,  il  se  rapproche  à la  fois  des  poissons  et  des  cétacés,  ainsi  que 
1 a très- bien  remarque  sir  Everard  Home. 

Il  n’a  point  d’atlas  ni  d’axis  d’une  forme  différente , mais  toutes  ses 
vertèbres  sont  à peu  près  semblables,  comme  dans  les  poissons. 

Elles  ont  toutes  leur  corps  en  forme  de  dame  à jouer,  c’est-à-dire 
que  le  diamètre  en  est  plus  grand  que  l’axe,  et  même  deux  ou  trois 
fois.  Elles  ont  toutes  les  deux  faces  de  leur  corps  concaves,  encore 
comme  dans  les  poissons, 

La  partie  annulaire  s’y  attache  de  part  et  d’autre  par  une  face  un 
peu  âpre , qui  prend  toute  la  longueur  de  chaque  côté  du  canal  mé- 
dullaire. 

L adhérence  devoit  en  etre  foible,  car  cette  partie  annulaire  est 
presque  toujours  perdue. 

Elle  s elevoit  en  dessus  en  une  apophyse  épineuse  comprimée , qui, 
dans  le  commencement  de  l’épine , est  à peu  près  de  la  hauteur  du 
corps.  Ces  apophyses,  placées  obliquement  et  presque  aussi  larges 
que  les  corps,  formoient  sur  cette  partie  de  l’épine  une  crête  presque 
continue.  Celle  d’une  vertèbre  appuie  sa  base  en  arrière  sur  celle  de 
la  vertebro  qui  la  suit,  et,  pour  cet  effet,  chacune  de  ces  apophyses 


DE  L’ICHTYOSAURUS. 


467 

a en  avant  une  proéminence  horizontale  qui  passe  sous  celle  qui  la 
précède. 

Cette  disposition  tient  lieu  d’apophyses  articulaires. 

Les  parties  annulaires  se  rétrécissent  vers  la  queue , leurs  apophy- 
ses epineuses  y diminuent  en  tout  sens,  et  leurs  lames  articulaires 
aussL 

II  n’y  a point  d’apophyses  transverses  proprement  dites,  mais  dans 
un  certain  nombre  de  ces  vertèbres , le  corps  a de  chaque  côté  deux 
tnbercules  plus  voisins  de  son  bord  postérieur  que  de  l’antérieur. 
Le  plus  élevé  est  contigu  h la  partie  annulaire  et  convexe.  C’est  le 
seul  vestige  d’apophyse  transverse  que  l’on  observe;  il  sert  à l’ar- 
ticulation du  tubercule  de  la  côte. 

L’autre  est  un  peu  plus  bas  et  légèrement  concave.  II  reçoit  la  tête 
de  la  côte.  D’après  l’observation  de  M.  Conybeare  que  j’ai  vérifiée 
snr  deux  de  mes  morceaux , cette  disposition  des  tubercules  latéraux 
se  continue  depuis  la  première  jusqu’à  la  dix-septième  ou  la  dix-hui- 
tieme.  Ensuite  le  tubercule  supérieur  cesse  d’ètre  contigu  à la  partie 
annulaire,  et  se  rapproche  par  degrés  de  Finférreure. 

Je  l’ai  trouvé  encore  convexe,  quoique  fort  descendu,  à la  trente- 
quatrième  vertèbre. 

Je  les  vois  encore  distincts  dans  un  de  mes  individus  jusqu’à  la 
quarante-troisième  vertèbre , et  tout  près  du  bassin.  Ils  sont  alors 
petits  et  concaves  tous  les  deux  ; mais  il  peut  y avoir  à cet  égard  des 
différences  entre  les  espèces , ou  même  entre  les  individus  ; car 

M.  Conybeare  les  trouve  déjà  réduits  à un  seul  à la  quarantième , 
dans  un  des  siens. 

Après  le  bassin,  les  caudales  n’ont  de  chaque  côté  qu’un  seul  tu- 
bercule petit  et  concave , assez  rapproché  de  la  suture  de  la  partie 
annulaire. 

Elles  se  rapetissent  par  degrés  jusqu’au  bout  de  la  queue  qui  se 
termine  en  pointe. 

Lans  les  individus  entiers,  on  a pu  s’assurer  que  la  queue  est  plus 
courte  que  le  tronc  d’environ  un  quart  de  la  longueur  de  celui-ci , 
et  que  la  tête  fait  à peu  près  le  quart  de  la  longueur  totale. 

59" 


468  DE  L’ICHTYOSAURUS. 

Ces  proportions  sont  prises  d’individus  de  petite  dimension. 

Les  formes  des  vertèbres,  comme  celles  des  têtes,  annoncent  des 
différences  d’espèce. 

Dans  les  individus  de  taille  moyenne  ou  petite,  tels  que  ceux  que 
j ai  représentes,  la  longueur  d avant  en  arrière  du  corps,  dans  les 
vertèbres  du  tronc,  est  a peu  près  moitié  de  son  diamètre  transverse , 
mais  il  y en  a de  beaucoup  plus  niinces. 

M.  Conybeare  a représenté  et  m’a  communiqué  des  vertèbres  ti- 
rées de  l’argile  de  Rimmeridge,  dont  la  longueur  ne  faisoit  pas  le 
tiers  et  à peine  le  quart  du  diamètre  transverse. 

J’en  ai  aussi  de  proportions  intermédiaires. 

On  peut  observer  en  outre  qu  il  y en  a dont  le  diamètre  trans- 
verse est  moindre  que  le  vertical,  et  d’autres  où  il  est  plus  grand. 

Leur  grandeur  absolue  diffère  encore  davantage. 

J’en  ai  de  cinq  pouces  et  demi  (o,i5)  de  diamètre  transverse  j en 
les  comparant  à celles  d’un  individu  de  quatre  pieds  de  longueur, 
elles  en  annoncent  un  de  vingt-six. 

Pour  mieux  faire  sentir  toutes  les  particularités  qui  distinguent  les 
vertèbres  d’ichtyosaurus,  nous  avons  représenté,  fig.  , pl.  XXVIII, 
les  treizième,  quatorzième,  quinzième  et  seizième  vertèbres  de 
notre  squelette  de  1/.  tenuirostris , de  grandeur  naturelle.  On  voit 
en  a lès  proéminences  des  apophyses  épineuses  qui  servent  d’apo- 
physes articulaires;  en  b , le  tubercule  qui  sert  d’apophyse  trans- 
verse ; en  c , celui  qui  reçoit  la  tête  de  la  côte.  La  fig.  6 représente 
la  treizième  vertèbre  vue  par  sa  face  antérieure,  et  la  fig.  8,  la  sei- 
zième par  sa  face  postérieure.  La  fig.  q est  une  apophyse  épineuse 
tirée  du  squelette  de  1 /.  communis ^ ainsi  que  la  fig,  lo,  qui  vient 
du  groupe  qui  a fourni  les  occipitaux  représentés  pl.  XXIX,  fig.  i 
Les  fig.  Il  et  12  sont  de  ces  vertèbres  courtes  de  l’argile  de  Rim- 
meridge, et  la  fig.  i3  montre  la  coupe  de  deux  vertèbres,  afin  de 
mieux  faire  sentir  la  concavité  de  leur  corps  et  la  figure  des  espaces 
intermédiaires. 


DE  L’IGHTYOSAURUS. 


469 


§ II.  Des  côtes. 

Les  côtes  sont  fort  grêles  pour  un  si  grand  animal,  non  compri- 
mées, mais  plutôt  triangulaires.  Presque  toutes  sont  bifurquées  dans 
le  haut,  et  s’attachent  à leurs  vertèbres  par  une  tête  et  une  tubérosité 
qui  est  plutôt  un  second  pédicule,  qu’une  seconde  tête. 

Il  y en  avoit,  comme  dans  les  lézards,  sans  exception  à toutes  les 
vertèbres,  depuis  la  tête  jusqu’au  bassin,  car  on  voit  tout  le  long  du 

tronc  des  tubercules  costaux  aux  vertèbres. 

Peut-être  les  côtes  du  col  et  des  lombes  etoient-elles  courtes,  mais 
celles  de  la  plus  grande  partie  du  tronc  étoient  assez  grandes  pour 
l’entourer  dans  presque  toute  sa  demi-circonférence.  Malheureuse- 
ment je  ne  puis  voir  encore  comment,  dans  mes  fossiles,  elles  se  rat- 
tachoient  en  dessous,  soit  au  sternum,  soit  entre  elles,  ou  avec  leurs 
correspondantes  5 mais,  d’après  un  morceau  représenté  par  sir  Eve- 
rard  Home  dans  les  Transactions  de  1819,  pl.  XIV,  il  paroît  que  la 
plupart  se  réunissoient  ainsi,  c’est-à-dire  celles  de  droite  à celles  de? 
gauche , à la  manière  des  caméléons  et  des  anolis. 

Article  VI. 

Des  extrémités. 

§ I.  Du  sternum  et  de  t épaule. 

\J épaule  et  le  sternum  de  l’ichtyosaums  sont  disposés  pour  l’es- 
sentiel comme  dans  les  lézards. 

Le  sternum  osseux,  «,  pl.  XXX,  dans  presque  toutes  les  figures, 
se  compose  d’une  tige  impaire  qui,  en  avant,  porte  une  traverse 
latérale  comme  un  T majuscule,  et  qui  ressemble  par  conséquent 
pour  l’essentiel  à son  analogue  dans  le  monitor  et  l’ornithorynque. 

Aux  branches  de  ce  T s’attachent,  par  une  suture  oblique,  deux 
clavicules,  b,  b , arquées  et  assez  fortes. 


470  de  L’ICHTYOSAURUS. 

Je  n’ai  vu  nulle  part  aucune  autre  pièce  sternale. 

En  arrière  de  ce  ï , et  en  partie  au-dessus  de  sa  tige  impaire , est 
la  ligne  de  rencontre  de  deux  grands  coracoïdiens,  c,  c,  un  peu  taillés 
en  éveptail,  très-larges  à la  ligne  moyenne,  un  peu  rétrécis  vers  leur 
partie  externe  où  ils  vont  se  joindre  aux  omoplates. 

L omoplate,  d,  est  aussi  un  peu  dilatée  en  éventail  vers  l’endroit 
où  elle  s’unit  au  coracoïdieo;  elle  se  rétrécit,  en  se  courbant,  pour 
remonter  vers  le  dos,  et  elle  a à son  bord  antérieur  une  proéminence 
pour  donner  appui  à l’extrémité  de  la  clavicule. 

Pour  mieux  faire  comprendre  celte  disposition , nous  avons  copié, 
fîg.  6,  à côté  des  figures  prises  de  nos  divers  morceaux,  d’après  sir 
Everard  Home,  le  dessin  qu’il  donne  de  ces  parties  restituées. 

\ 

§ II.  De  la  nageoire  antérieure. 

I>ans  la  fosse  que  l’omoplate  et  le  coracoïdien  forment  par  leur 
réunionsarticule  un  humérus,  e,  ib. , gros  et  court,  renflé  et  arrondi 
à sa  tête  supérieure,  un  peu  plus  mince  dans  son  milieu,  et  enfin 
aplati  et  dilaté  pour  porter  les  os  de  l’avant-bras. 

Ces  deux  derniers, y’et^,  sont  larges,  plats  et  réunis  ensemble  et 
avec  ceux  qui  les  suivent,  de  manière  à entrer  véritablement  dans  la 
composition  de  la  nageoire:  aussi  plusieurs  anatomistes  ne  les  ont-ils 
pas  reconnus  pour  ce  qu’ils  étoient,  et  ont. cru  que  l’avant-bras  man- 
quoit  aux  ichtyosaurus.  Il  ne  lui  manque  pas,  mais  réellement  il 
semble  former  le  premier  rang  de  son  carpe.. 

Le  second  rang,  ou  le  premier  du  carpe  véritable,  est  formé  de 
trois  os,  et  il  lui  en  succédé  deux  de  quatre  chacun,  tous  plats, 
anguleux  et  réunis  en  une  espèce  de  pavé,  comme  il  y en  a déjà  des 
commencemens  dans  les  salamandres  et  surtout  dans  les  dauphins, 
mais  moins  compliqués. 

Le  reste  de  la. nageoire  est  formé  par  des  séries  d’osselets,  compa- 
rables aussi  aux  phalanges  du  dauphin , mais  encore  plus  nombreux 
et  plus  serrés. 

Tl  y a cinq  ou  six  de  ces  séries  régnant  tout  du  long,  et  devenant 


DE  L’ICHTYOSAURUS. 


471 

seulement  un  peu  inégales  vers  le  bout  pour  faire  la  pointe;  et  une 
sixième  ou  septième , d’osselets  plus  ronds  et  plus  petits , le  long 
d une  partie  du  bord  antérieur. 

Dans  les  nageoires  complètes,  on  compte  dans  chaque  série  jusqu’à 
vingt  osselets  distincts  , et  il  en  reste  encore  plusieurs  petits  et  en  dé- 
sordre vers  l’extrémité. 

Tous  ces  ossontplats,  et  leurs  angless’ajustent  en  manière  de  pavé, 
de  façon  qu’ils  dévoient  former,  comme  dans  les  cétacés,  une  na- 
geoire dont  les  parties  avoient  très-peu  de  mouvement  les  unes  sur 
les  autres,  et  n’offroient  nulle  division  visible  à l’extérieur. 

§ III.  Du  bassin. 

Je  n’ai  pas  été  aussi  heureux  pour  le  bassin  que  pour  l’épaule,  et 
je  vois  que  mes  prédécesseurs  ne  l’ont  pas  même  été  autant  que  moi. 
En  général,  le  membre  postérieur  étoit  plus  petit,  plus  foible  et  moins 
fortement  attaché  que  1 anterieur,  puisqu’il  s’est  plus  souvent  perdu 
ou  mutilé. 

Un  de  mes  squelettes  en  a deux  os,  mais  un  peu  mutilés  : l’un  plus 
grêle,  s’aplatissant  en  avant;  l’autre  plus  gros,  triangulaire  dans  le 
bas , et  aussi  un  peu  plus  comprimé  dans  le  haut.  Articulés  ensemble 
par  leurs  deux  extrémités,  ils  interceptent  un  trou  de  forme  ellip- 
tique allongée  : je  soupçonne  qu’ils  sont  le  pubis  et  l’ischion.  Leur 
extrémité  postérieure  est  tronquée , âpre , et  coucouroit  à la  fosse 
cotyloïde,  probablement  avec  un  os  des  îles  qui  s’est  perdu,  mais 
dont  je  crois  trouver  un  reste  dans  un  autre  squelette.  La  fig.  i4 
représente  le  bassin  et  la  nageoire  postérieure  de  notre  petit  sque- 
lette aux  deux  tiers  de  leur  grandeur  naturelle , pour  en  mieux  faire 
sentir  la  forme,  et  la  fig.  i5,  le  bassin  et  le  fémur  du  grand  squelette, 
également  aux  deux  tiers. 


472 


DE  L’ICHTYOSAURUS. 


§ IV.  De  la  nageoire  postérieure. 

Le  fémur  est  plus  petit  et  plus  court  que  l’humérus,  mais  il  lui  res- 
semble un  peu  pour  la  forme,  étant  de  même  triangulaire  dans  le 
haut  et  comprimé  dans  le  bas. 

Il  porte  de  son  bord  inférieur  les  deux  os  du  tibia  et  du  péroné,  qui 
sont,  comme  ceux  de  l’avant-bras,  aplatis  et  presque  confondus  avec 
le  reste  de  la  nageoire. 

Après  eux,  il  vient  un  rang  de  trois  os,  puis  un  de  cinq,  et  cinq 
rangées  d’os  qui  rapetissent  de  plus  en  plus  à mesure  qu’ils  appro- 
chent de  la  pointe  de  la  nageoire. 

Je  ne  puis  compter  exactement  ces  petits  osselets,  qui  sont  plus  ou 
moins  dérangés  dans  tous  mes  échantillons , mais  ils  sont  à peu  près 
aussi  nombreux  que  dans  la  nageoire  de  devant  et  disposés  de  même. 

Article  VII. 

Résumé  général. 

Ainsi  nous  possédons  le  squelette  de  l’ichtyosaurus  dans  toutes 
ses  parties , et  si  l’on  excepte  la  forme  de  ses  écailles  et  les  nuances 
de  ses  couleurs , rien  ne  nous  empêche  de  nous  représenter  complè- 
tement cet  animal. 

C’étoit  un  reptile  à queue  médiocre  et  à long  museau  pointu,  armé 
de  dents  aiguës;  deux  yeux  d’une  grosseur  énorme  devoiént  donner 
à sa  tête  un  aspect  tout-à-fait  extraordinaire,  et  lui  faciliter  la  vision 
pendant  la  nuit.  Il  n’avoit  probablement  aucune  oreille  extérieure , et 
la  peau  passoit  sur  le  tympanique,  comme  dans  le  caméléon,  la  sala- 
mandre ou  le  pipa,  sans  même  s’y  amincir. 

Il  respiroit l’air  en  nature,  et  non  pas  l’eau  comme  les  poissons; 
ainsi  il  devoit  revenir  souvent  à la  surface  de  l’eau.  Néanmoins  ses 
membres  courts,  plats,  non  divisés,  ne  lui  permettoient  que  de  na- 
ger, et  il  y a grande  apparence  qu’il  ne  pouvoit  pas  même  ramper 


DE  L’ICHTYOSAURIJS.  473 

sur  le  rivage  autant  que  les  phoques;  mais  que  s’il  avoit  le  malheur 
d’y  échouer,  il  y demeuroit  immobile  comme  les  baleines  et  les  dau- 
phins. Il  vivoit  dans  une  mer,  où  habitoient  avec  lui  les  mollusques 
qui  nous  ont  laissé  les  cornes  d’ammon , et  qui , selon  toutes  les  ap- 
parences, étoient  des  espèces  de  sèches  ou  de  poulpes  qui  portoient 
dans  leur  intérieur  ( comme  aujourd’hui  le  nautilus  spirula)  ces  co- 
quilles spirales  et  si  singulièrement  chambrées;  des  térébratules,  di- 
verses espèces  d’huîtres  abondoient  aussi  dans  cette  mer,  et  plusieurs 
sortes  de  crocodiles  en  fréquentoient  les  rivages,  si  même  ils  ne  l’ha- 
bitoient  conjointement  avec  les  ichtyosaurus. 

On  peut  assigner  avec  précision , du  moins  dans  l’espèce  à museau 
grêle  (/.  tenuirostris) , les  proportions  de  ses  parties.  Sur  une  longueur 
totale  de  trois  pieds  et  demi,  qui  est  celle  de  mon  petit  squelette, 
la  tête  et  la  queue  eu  prennent  chacune  un  pied,  et  il  reste  un  pied 
et  demi  pour  le  tronc,  aux  deux  extrémités  duquel  sont  les  nageoires, 
car  c’est  à peine  si  l’on  peut  dire  qu’il  y ait  eu  un  col.  La  nageoire 
anterieure  ( en  comptant  l’humérus)  étoit  longue  de  sept  pouces  et 

demi , Sur  une  largeur  de  près  de  trois  pouces.  Ija  nageoire  posté- 
rieure étoit  un  peu  moindre  et  en  largeur  et  en  longueur. 

Ma  grande  tête  d’/.  communis  devoir  avoir  au  moins  deux  pieds 
et  demi  de  longueur;  ainsi  elle  annonce  un  individu  long  de  neuf 
pieds  ou  à peu  près. 

Je  vois  cependant  qu’on  ri’a  pas  laissé  de  rapporter  à cette  espèce 
un  squelette  découvert  par  mademoiselle  Marie  Anning  sur  la  côte 
du  Dorset-Shire , quoiqu’il  n’eùt  que  cinq  pieds.  En  effet,  parmi  les 
reptiles , la  taille  peut  varier  aisément  du  double  au  simple , sans  que 
les  dents  indiquent  l’âge. 

Mais  il  y a de  bien  plus  grands  ichtyosaurus,  surtout  dans  l’espèce 
du  platjodon.  Mademoiselle  Anning  en  a , dit-on , aussi  découvert 
un  squelette  long  de  vingt  pieds. 

M.  Johnson  en  possède  un  crâne  dont  la  largeur  en  arrière  est  de 
Jeux  pieds  six  pouces  anglais,  et  le  diamètre  longitudinal  de  quatorze 
pouces;  et  j’ai  des  vertèbres  de  six  pouces  de  diamètre,  qui,  compa- 
ï^ées  à celles  de  mon  petit  squelette  dont  le  diamètre  n’est  que  d’un 

T,  V,  ae.  P.  60 


474  L’ICHTYOSAURUS. 

pouce,  peuvent  avoir  appartenu  à des  individus  de  vingt  et  un  pieds. 

M.  le  docteur  Davis , médecin  de  Bath , m’a  envoyé  le  dessin 
d’une  de  ces  vertèbres,  trouvée  près  de  cette  ville  dans  l’oolite,  et 
qui  a près  de  sept  pouces. 

J’ai  des  portions  de  nageoires  de  Newcastle  qui  annoncent  aussi 
des  individus  de  très-grande  taille. 

Cette  espece  d ichtyosaurus  ne  demeuroit  donc  pas  beaucoup  au- 
dessous  du  mosasaurus  de  Maestricht,  dont  nous  avons  calculé  la 
longueur  à vingt-cinq  pieds. 

M.  GottheTf  de  Fischer  a décrit  sous  le  nom  de  dent  d’ichtyo- 
saurus  une  dent  conique  trouvée  aux  bords  de  VOcca^  de  dix-neuf 
pouces  de  long  sur  sept  pouces  de  largeur  à sa  base,  qui  est  creusée 
d une  fosse  conique  d environ  sept  pouces  de  profondeur.  Ce  seroit 
bien  le  plus  immense  de  tous,  mais  j’ai  tout  lieu  de  croire  que  ce 
n’est  qu’une  défense  d’éléphant  ; j’en  ai  d’à  peu  près  semblables  de 

Sibérie,  et  je  suis  convaincu  que  l’examen  de  son  tissu  confirmera  ma 
conjecture. 


DU  PLÉSIOSAURUS. 


4?5 


SECTION  IL 

D U Plèsiosaurv s. 

Ce  genre  est  encore  tout  anglais,  et  entièrement  du  à la  sagacité 
de  M.  Conyheare.  Des  vertèbres  mêlées  à celles  de  crocodile  et 
d’ichtyosaurus  dans  le  lias  des  environs  de  Pristol , comme  nous 
verrons  que  nous  en  avons  dans  celui  de  Hojifleur , lui  parurent 
différer  des  unes  et  des  autres.  Une  portion  considérable  de  squelette 
de  la  collection  du  colonel  le  confirma  dans  ses  idées  sur 

l’espèce  dont  provenoient  ces  débris 5 il  ajouta,  pour  les  completel , 
quelques  os  d’extrémités  trouvés  avec  ces  vertèbres,  et  il  fit  con- 
noître  les  caractères  du  nouvel  animal  en  1821  , dans  un  mémoire 
qui  lui  est  commun  avec  M.  de  Labêclie,  et  qui  a été  inséré  dans 
le  t.  Vme.  ^jre.  série)  de  la  Société  géologique  de  Londres. 

Cependant  la  tête  manquoit  encore  5 mais  ayant  continué  ses  re- 
cherches de  concert  avec  M.  de  Labêche , et  profitant  toujours  des 
acquisitions  de  M.  Birch,  M.  Conybeare  se  vit  en  état  l’année  sui- 
vante de  faire  connoître  une  tête  assez  entière , bien  qu’un  peu  écra- 
sée, et  une  grande  mâchoire  inférieure  qu’il  crut  devoir  rapporter  a 
cette  espèce.  Il  y ajouta  encore  plusieurs  os.  Ce  second  mémoire  est 
dans  le  1er.  vol.  de  la  a®,  série  de  la  Société  géologique. 

Enfin  cette  année  même  1824?  au  mois  de  janvier,  un  squelette 
presque  entier  trouvé  à Ljme-Regis , vint  confirmer  ou  rectifier  les 
conjectures  faites  sur  les  parties  que  l’on  avoit;  mais  il  apprit  une 
particularité  toute  nouvelle,  et  que  l’on  étoitloin  de  soupçonner; 
c’est  que  le  cou  de  cet  animal  étoit  d’une  longueur  démesurée,  et 
composé  de  beaucoup  plus  de  vertèbres  qu’il  ne  s’en  voit  même 
dans  les  oiseaux  qui  en  ont  le  plus , et  particulièrement  dans  le 

cigne,  qui  surpasse  à cet  égard  tous  les  autres  animaux. 

60^ 


4?^  DU  PLÉSIOSAURUS. 

Ce  morceau  étonnant  a été  acquis  par  le  duc  de  Buckingham,  et 
mis  à la  disposition  de  la  Société  géologique.  M.  Conybeare  a bien 
voulu  m’envoyer,  même  avant  sa  publication,  le  mémoire  où  il  l’a 
décrit  et  les  figures  que  M.  Webster  en  a faites,  en  sorte  que  c’est 
par  cet  habitant  de  l’ancien  monde,  peut-être  le  plus  hétéroclite,  et 
celui  de  tous  qui  paroît  le  plus  mériter  le  nom  de  monstre,  que  je 
terminerai  celte  histoire  des  animaux  perdus. 

Le  nom  de  plésios auras , imaginé  par  M.  Conybeare,  signifie 
voisin  des  lézards , parce  qu’il  le  trouve  plus  semblable  aux  ani- 
maux de  ce  genre  que  V ichtyosaurus. 

Ayant  examiné  de  nouveau,  d’après  ces  mémoires  de  M.  Cony- 
beare, plusieurs  vertèbres  et  quelques  autres  ossemens  de  Honfleur 
sur  lesquels  j’avois  déjà  précédemment  porté  mon  attention,  et 
que  je  me  proposois  de  décrire  comme  venant  d’un  saurien  inconnu, 
je  me  suis  convaincu  que  ce  sont  des  débris  de  plésiosaurus  ; ainsi  il 
n est  pas  douteux  que  cet  animal  se  trouve  aussi  dans  nos  couches 
de  deçà  la  Manche , et  qu’il  y accompagne , comme  en  Angleterre , 

I ichtyosaurus  et  des  crocodiles  de  diverses  sortes.  J’en  ai  même  de 
1 inteiieur  de  la  brance,  de  \jduxois,  cest-à-dire  des  environs 
d -Auxonne , departement  de  la  Côte-d’Or.  Il  s’en  trouve  aussi  dans 
1 intérieur  de  1 Angleterre , et  fort  loin  de  Lyme , car  M.  Brongniart 
in  en  a communique  qui  viennent  de  Newcastle , dans  le  Northum- 
berland , ce  lieu  si  célèbre  par  ses  mines  de  houille. 

Ce  superbe  morceau  de  lyme,  dont  «ons  copions  la  figure, 
pl.  XXXI , fîg.  1 , se  compose  de  plusieurs  pierres  qui  se  rapportent 
bien  1 une  à.  1 autre  5 tout  au  plus  pourroit— il  y avoir  quelque  doute 
a 1 endroit  le  plus  étroit,  vers  la  base  du  cou;  mais  ce  cou  ne  dût-il 
pas  provenir  du  meme  individu,  n’en  seroit  pas  moins  un  cou  très- 
extraordinaire  par  son  allongement  et  provenant  de  la  même 
espèce. 

L animal  est  couché  sur  le  ventre,  et  sa  longueur,  dans  l’état  où 
on  le  voit,  est  de  neuf  pieds  six  pouces  anglais  (trois  mètres  à peu 
près  ) depuis  le  bout  du  museau  jusqu’à  l’extrémité  de  la  queue. 

La  tête  est  en  avant,  avec  six  vertèbres,  en  série  continue  ; puis 


I 


DU  PLÉSIOSAURUS.  477 

viennent  quatre  vertèbres  un  peu  déplacées 5 mais  la  série  reprend, 
et  offre  dix-huit  vertèbres  dans  leur  ordre  naturel.  On  en  voit  ensuite 
douze,  plus  ou  moins  dérangées,  dont  quelques-unes  peuvent  déjà 
appartenir  au  dos.  Les  six  suivantes  sont  à peu  près  en  place , et  mas- 
quent l’appareil  huméro-sternal  situé  sous  elles  j il  en  vient  ensuite 
deux  en  travers , puis  trois  jetées  assez  loin  de  leur  position  naturelle. 
Le  reste  des  vertèbres  du  dos,  jusqu’au  bassin,  au  nombre  de  onze, 
est  bien  en  série,  mais  tout-à- fait  hors  de  la  direction  de  l’épine,  et 
jeté  sur  le  côté  gauche,  ce  qui  a permis  de  voir  l’arrangement  des 
côtes  abdominales.  Le  bassin  se  trouve  aussi  en  grande  partie  à dé- 
couvert. En  arrière  du  bassin,  on  compte  vingt-cinq  vertebres , for- 
mant la  queue,  à peu  près  en  ligne,  excepté  la  sixième  et  la  sep- 
tième , et  munies  encore  en  grande  partie  de  leurs  osselets  en 
chevron. 

Il  y a des  restes  assez  entiers  des  quatre  membres  j 1 anterieur  du 
côté  droit  et  le  postérieur  du  côté  gauche  ne  laissent  presque  rien 
à désirer  pour  une  description  complète. 

Ces  vertèbres,  qui  ont  commencé  à faire  distinguer  le  plésiosau- 
rus,  se  reconnoissent  aisément  par  deux  petites  fossettes  ovales 
qu’elles  ont  toutes  à leur  face  inférieure,  et  par  les  faces  de  leur 
corps,  à peine  légèrement  concaves  , et  dont  le  milieu  redevient 
même  un  peu  convexe. 

En  général  aussi,  et  en  exceptant  seulement  une  partie  de  celles 
du  cou,  leur  diamètre  transverse  est  plus  grand  que  leur  axe, bien 
que  la  différence  soit  moindre  que  dans  l’ichtyosaurus  j leur  partie 
annulaire  s’articule  avec  leur  corps  par  une  suture,  et  s’en  détache 
facilement  J elle  a dans  presque  toutes  une  apophyse  épineuse  assez 
élevée,  et  des  apophyses  articulaires  dont  les  postérieures  sont  plus 
hautes  que  les  antérieures,  et  appuient  leurs  facettes  à peu  près  ho- 
rizontalement sur  les  antérieures  de  la  vertèbre  suivante. 

Quant  aux  apophyses  transverses  et  autres  proéminences,  elles 
varient  selon  la  place  qu’occupe  la  vertèbre. 

D’après  les  premières  observations  de  M.  Gonybeare , il  lui  avoit 
paru  qu’au  moins  quarante-six  de  ces  vertèbres  faisoient  partie  du 


478  DU  PLÉSIOSAURUS. 

cou  et  du  dos;  mais  nous  verrons  bientôt  qu’il  y en  a un  beaucoup 
plus  grand  nombre. 

Les  antérieures  sont  un  peu  plus  longues  que  les  autres. 

Elles  ont  pour  toute  inégalité  latérale , de  chaque  côté , deux  fosses 
peu  profondes,  très-rapprochées  l’une  de  l’autre , placées  assez  bas, 
et  qui  donnent  insertion  aux  deux  tubercules  d’une  petite  côte  cer- 
vicale. 

Entre  ces  fosses  et  à la  face  inférieure  sont  les  deux  petites  fos- 
settes ou  les  deux  trous  qui  caractérisent  toutes  les  vertèbres  de  plé- 
siosaurus,  et  les  cervicales  comme  les  autres.  A mesure  qu’on  se 
porte  à des  vertèbres  situées  plus  en  arrière , ou  voit  ces  fossettes  se 
rapprocher,  se  confondre,  la  portion  de  la  vertèbre  où  elles  sont 
cieusees  devenir  un  peu  saillante , prendre  une  figure  verticalement 
plus  oblongue,  et  remonter,  par  degré,  de  manière  à appartenir  en 
partie  à la  portion  annulaire  de  la  vertèbre,  et  non  pas  seulement 
au  corps. 

La  proéminence  latérale  se  change  ainsi,  petit  à petit,  en  une  vé- 

ritable apophyse  transverse. 

Dans  les  vertèbres  qui  suivent,  cette  apophyse  est  assez  grande , 
obliquement  dirigée  vers  le  haut,  et  elle  appartient  entièrement  à la 
partie  annulaire,  en  sorte  que  quand  cette  partie  est  tombée,  il  ne 
reste  plus  sur  le  corps  de  la  vertèbre  aucune  trace  d’apophyse. 

Les  vertèbres  de. la  queue  se  distinguent,  comme  à l’ordinaire, 
parles  petites  facettes  qu’elles  ont  en  dessous  pour  les  os  en  chevron. 

Ces  os , dans  le  plésiosaurus  comme  dans  le  crocodile , sont  arti- 
culés sous  la  jointure  de  deux  vertèbres,  de  façon  qu’il  y a deux  fa- 
cettes pour  chacune  de  leurs  branches,  et  que  chaque  vertèbre  a 
elle-même  quatre  facettes,  deux  à son  bord  antérieur,  et  deux  au 
postérieur. 

Ces  vertebres  caudales  ont  aussi  deux  apophyses  transverses,  les- 
quelles, comme  dans  les  jeunes  crocodiles,  s’attachent  par  une  suture 
dont  1 empreinte  reste  visible  au  corps  de  la  vertèbre,  au-dessous  de 
la  suture  qui  y joint  la  partie  annulaire. 

Plus  on  se  porte  en  arrière  sur  la  queue,  plus  ces  apophyses  di- 


DU  PLÉSIOSAURUS.  479 

minuent  de  longueur  et  de  grosseur,  et  les  marques  laissées  par  leurs 
sutures  diminuent  à proportion. 

Ces  formes  des  vertèbres  du  plésiosaurus , quelque  particulières 
qu’elles  soient,  et  malgré  le  peu  de  longueur  de  leur  axe,  ressem- 
blent incontestablement  à celles  des  crocodiles , et  spécialement  de 
certains  crocodiles  fossiles , tels  que  celui  de  Caen  et  le  deuxième  de 
Honfleur , beaucoup  plus  qu’à  celles  des  ic7ityosaurus  et  même  des  lé- 
zards; ainsi  M.  Gonybeare  a eu  raison  de  considérer  le  plésiosaurus 
comme  se  rapprochant  à plusieurs  égards  des  crocodiles,  en  même 
temps  que  par  ses  membres  il  tient  de  près  à l’ichtyosaurus. 

11  s’agissoit  de  savoir  combien  cet  animal  a de  vertebres  dans  cha- 
cune des  portions  de  son  épine  ; et  c’est  sur  quoi  l’on  n auroit  , 
comme  je  l’ai  dit,  jamais  pu  deviner  la  vérité  sans  la  decouverte  sur- 
prenante de  ce  squelette  dont  je  viens  de  parler. 

M.  Gonybeare  avoit  seulement  calculé,  d’après  ses  premières  le- 
cherches,  qu’il  pouvoit  y en  avoir  dans  le  cou  et  dans  le  dos  un  total 
de  quarante-six,  ce  qui  surpassoit  déjà  beaucoup  tous  les  sauriens 
connus,  et  même  l’ichtyosaurus. 

Le  squelette  de  Ijyme  en  montre  en  place  trente-cinq  évidem- 
ment cervicales,  et  ne  portant  que  de  petites  côtes  articulées  par 
deux  tubercules  et  terminées  en  forme  de  hache,  à peu  près  comme 
les  petites  côtes  cervicales  du  crocodile;  puis  il  en  vient  six  dont  les 
petites  côtes  s’allongent,  et  prennent  par  degrés  la  forme  des  côtes 
dorsales.  Les  vertèbres  du  dos  et  des  lombes  y sont  un  peu  en  des- 
ordre , en  sorte  qu’on  ne  peut  dire  si  leur  nombre  est  complet.  On 
en  compte  vingt  et  une. 

Il  y a ensuite  vingt-trois  vertèbres  caudales,  et  il  paroît  en  man- 
quer trois  vers  le  bout,  ce  qui  en  porteroit  le  nombre  à vingt-six. 
C’est  quatre-vingt-huit  vertèbres  en  tout,  et  M.  Gonybeare  ajoutant 
deux  vertèbres  sacrées  en  compte  quatre-vingt-dix. 

En  avant  de  cette  série  de  vertèbres  est,  dans  ce  squelette,  une 
tète  si  petite , qu’en  la  prenant  pour  unité , le  cou  a cinq  fois  sa  lon- 
gueur, et  que  le  tronc  paroît  l’avoir  quatre  fois  et  la  queue  trois; 
sinsi  la  tête  ne  feroit  qu’un  treizième  du  total , et  même  en  exami- 


48o  DU  PLÉSIOSAURUS. 

liant  1 état  du  tronc  et  la  longueur  que  devroient  occuper  les  vertè- 
bres qui  lui  appartenoient  si  elles  étoient  en  ligne , j’ai  lieu  de  croire 
que  l’épaule  et  le  bassin  ont  été  rapprochés  et  les  côtes  un  peu  mê- 
lées, en  sorte  que  le  tronc  doit  avoir  été  un  peu  plus  long  qu’il  ne 
le  paroît. 

Il  n’en  reste  pas  moins  certain  que  le  plésiosaurus  dans  l’état  de 
vie  devoit  offrir  un  véritable  cou  de  serpent  porté  sur  un  tronc  dont 
les  proportions  differoient  peu  de  celles  d’un  quadrupède  ordinaire; 
la  queue  surtout,  par  sa  brièveté,  ne  devoit  point  rappeler  celle 
des  reptiles,  et  cet  animal  devoit  montrer  une  forme  d’autant  plus 
insolite  , que  ses  extrémités , comme  cèlles  de  Pichtyosaurus,  étoient 
de  véritables  nageoires  semblables  à celles  des  cétacés. 

Dans  le  dos,  ou  dans  sa  plus  grande  partie , les  côtes  n’ont  qu’une 
tête , ou  du  moins  le  nombre  de  celles  qui  auroient  eu  en  outre  un 
tubercule  doit  avoir  été  bien  petit.  Cette  tête  de  côte  s’articule  avec 
l’extrémité  de  l’apophyse  transverse,  que  je  trouve  tantôt  concave, 
tantôt  convexe,  sans  que  je  puisse  bien  assigner  la  place  des  vertè^- 
bres  qui  ont  ces  deux  conformations.  Dans  les  groupes  que  j’ai  sous 
les  yeux , près  des  vertèbres  où  le  bout  de  l’apophyse  transverse  est 
convexe , je  trouve  des  côtes  dont  la  tête  est  concave , et  récipro- 
quement. 

Ces  cotes,  dans  la  plus  grande  partie  du  dos,  paroissent  avoir  été 
composées  chacune  de  deux  parties , une  vertébrale  et  une  ventrale , 
et  on  juge  par  le  squelette  de  Lyme,  que  la  partie  ventrale  d’une 
côte  s’unissoit  à celle  de  la  côte  opposée  par  une  traverse  intermé- 
diaire; de  manière  que  chaque  paire  de  côtes  (les  sternales,  s’il  y 
en  avoit,  exceptées)  entouroit  l’abdomen  par  une  ceinture  com- 
plète , et  que  cette  ceinture  était  composée  de  cinq  pièces  : les  camé- 
léons;'les  marbrés  et  les  anolis  ont  aussi  le  ventre  entouré  par  des 
cercles  complets  , ce  qui  pourroit  nous  faire  conjecturer  que  les 
poumons  du  plésiosaurus,  comme  ceux  de  ces  trois  sous-genres, 
etoientfort  étendus,  et  même  peut-être,  qu’à  moins  qu’il  n’ait  eu  des 
écailles  fort  épaisses,  il  changeoit  comme  eux  la  couleur  de  sa  peau 
selon  qu’il  faisoit  des  inspirations  plus  ou  moins  fortes. 


Dü  PLÉSIOSAURUS.  4^1 

M.  Conybeare,  dans  son  dessin  restauré  du  plésiosaurus  (que  nous 
copions  pi.  XXXII,  fig.  i),  fait  commencer  les  côtes  simples  et  non 
terminées  en  fer  de  hache  àla  trente-septième  vertèbre  j il  en  marque 
septdechacjue  côté, qui  vont  en  grandissant,  mais  sans  avoir  de  partie 
ventrale^  ensuite  il  eri  dessine  quatorze  avec  cette  partie  ventrale  5 puis 
trois  qui  en  manquent;  et  plus  en  arrière,  il  place  quatre  vertèbres 
lombaires  sans  côtes.  Peut-être , d’après  l’état  du  squelette,  a-t-il  été 
obligé,  ])our  établir  ces  nombi'es , de  recourir  à des  conjectures; 
mais  les  erreurs  qui  pourroient  s’être  glissées  dans  cette  partie  de 
ses  déterminations  ne  seroient  pas  d’une  grande  importance. 

L appareil  huraéro-slernal  avoit  été  en  grande  partie  rétabli  par 
M.  Conybeare  dès  son  premier  mémoire  (voyez  pl.  XXXII,  fig.  2)- 

Ce  qu’il  a de  plus  marqué,  c’est  l’os  coracoïdien,  a,  qui  se  dilate 
en  éventail  plus  que  dans  aucun  autre  saurien , et  de  manière  que  sa 
dimension,  d’avant  en  arrière,  est  presque  triple  de  la  transverse. 
Son  bord  antérieur  ne  paroît  pas  avoir  eu  les  échancrures  que  l’on 
y remarque  dans  la  plupart  des  sauriens,  et  il  manque  aussi  du  trou 
qui  se  voit  ordinairement  dans  le  disque.  J’ai  dans  mes  morceaux 
de  Uonfleur  des  fraginens  de  cet  os  qui  me  paioissent  bien  justifier 
Ja  restauration  que  M,  Conybeare  en  a faite. 

L’omoplate  , b , dans  les  dessins  de  ce  géologiste,  paroît  longue, 
étmite,  relevée  d’une  crête  peu  saillante,  et  divisée  transversale- 
ment en  deux  parties;  et  il  place  en  avant,  d’une  omoplate  à l’autre, 
une  branche  transversale,  c,  en  forme  de  croissant,  dont  la  con- 
vexité, dirigée  en  arrière,  s’uniroit  aux  extrémités  antérieures  des 
deux  coracoïdiens. 

M.  Conybeare  nomme  cette  pièce  transversale  sternum,  et  ne  lui 
donne  point  d’apophyse  longitudinale,  en  sorte  que  les  deux  cora- 
coïdiens s’uniroient  par  la  presque  totalité  de  leur  bord  interne. 

Sous  ce  dernier  rapport,  il  n’y  a point  de  difficulté  à faire;  mais 
j’avoue  que  j’ai  peine  à croire  que  l’omoplate  puisse,  au  lieu  de  se 
diriger  vers  l’épine,  se  porter  ainsi  en  avant  pour  s’unir  au  sternum; 
je  supposerois  plutôt  qu’on  n’a  pas  encore  ces  parties  en  assez  bon 
état  pour  les  rétablir,  et  je  le  pense  d’autant  plus  volontiers,  que, 
T.  V,  2e,  P.  61 


48a  DU  PLÉSIOSAURUS. 

dans  le  squelette  de  Lyme , elles  sont  masquées  par  des  vertèbres 
et  des  portions  de  côtes. 

Ce  squelette  montre  le  bassin  mieux  à découvert. 

II  paroît  que  sa  partie  ventrale , composée  des  pubis  et  des  ischions , 
a et  b,  fîg.  3,  ressembloit  un  peu  à celle  des  tortues  de  terre,  c’est-à- 
dire  que  les  pubis  se  joignoient  l’un  à l’autre,  et  les  ischions  l’un  à 
1 autre  par  une  symphyse,  et  que  l’extrémité  postérieure  des  pre- 
miers se  joignoit  à l’antérieure  des  seconds,  de  manière  à faire  au 
total  une  suture  en  forme  de  croix , et  à laisser  de  chaque  côté  un 
trou  rond  analogue  au  trou  ovalaire  de  l’homme  et  de  la  plupart  des 
mammifères. 

Dans  le  plus  grand  nombre  des  reptiles,  cette  union  d’une  paire 
d os  avec  I autre  n’a  pas  lieu , et  les  deux  trous  ovalaires  s’unissent 
dans  le  squelette  en  une  grande  ouverture  commune. 

Le  pubis  paroît  avoir  été  plus  grand,  et  surtout  plus  large  vers  la 
fosse  cotyloïde  que  l’ischion.  Celui-ci  est  élargi  en  éventail. 

L os  des  îles,  dont  il  ne  reste  qu’un,  et  déplacé,  étoit  étroit  et  peu 
volumineux. 

Les  extrémités  du  plésiosaurus  sont  plus  allongées  cjue  celles  de 
1 ichtyosaurus , et  ses  mains  et  ses  pieds  forment  des  nageoires  plus 
pointues. 

L’humérus  et  le  fémur  sont  d’abord  cylindriques,  terminés  dans 
le  haut  par  une  tête  convexe  sans  col  ni  tubérosités;  aplatis  et  élargis 
dans  le  bas.  Cependant  l’humérus  se  distingue  du  fémur  parce  qu’il 
est  plus  aplati  vers  le  bas,  et  que  son  bord  externe  forme  une  courbe 
plus  concave. 

Les  os  de  1 avant-bras  et  ceux  de  la  jambe  sont  courts  et  larges, 
et  presque  semblables  dans  les  deux  membres':  l’un  des  deux  plus 
épais,  rétréci  dans  son  milieu;  l’autre  aplati,  et  le  bord  externe  un 
peu  eu  arc  de  cercle.  Dans  la  jambe , cet  os  plat  représente  le  péroné, 
et  il  y est  un  peu  échancré  à ce  bord  externe  ; dans  l’avant-bras , il 
représente  le  radius. 

On  voit  ensuite  quelques  os  plats  et  ronds  qui  représentent  le 
carpe  et  le  tarse. 


DU  PLÉSIOSAURUS.  488 

Au  carpe,  il  y en  a quatre  au  premier  rang,  dont  un,  un  peu  en 
dehors,  est  le  pisiforme  j trois  au  second.  Au  tarse,  il  semble  n’y  en 
avoir  en  tout  que  six,  dont  deux  plus  grands  représentent  probable- 
ment l’astragale  et  le  calcanéum  des  lézards. 

Tout  le  reste  de  la  nageoire  est  formé  par  les  métatarsiens  et  les 
phalanges,  bien  sensiblement  disposés  en  cinq  séries  longitudinales 
qui  représentent  les  cinq  doigts;  mais  les  phalanges,  comme  dans  la 
nageoire  des  baleines,  y sont  en  bien  plus  grand  nombre  qu’à  l’ordi- 
naire. 


11  y en  a au  moins  sept  dans  le  deuxième  et  le  troisième  des  doigts 
de  devant,  qui  sont  les  plus  longs;  et  au  moins  dix  au  troisième  de 
derrière  ; mais  les  nombres  positifs  sont  difficiles  à constater , parce 
qu  il  peut  s etre  perdu  quelque  petite  phalange,  surtout  aux  doigts 
latéraux.  Le  plus  court  paroît  avoir  été  le  pouce , qui  semble  n’avoir 

eu  que  quatre  ou  cinq  articulations,  y compris  son  métacarpien  ou 
son  métatarsien. 

Voici  le  tableau  que  donne  de  ces  nombres  M.  Conybeare,  qui 
a le  squelette  sous  les  yeux. 


Pied  de  devant.  Pied  de  derrière, 

4 phalanges 4 phalanges. 

7 8 

7 et  il  en  manque lo  et  il  en  manque. 

6 et  il  en  manque. ......  g et  il  en  manque. 

7 

fous  ces  petits  os  se  joignent  par  synchondrose,  comme  dans  les 
cétacés  , plutôt  que  par  des  articulations  à mouvement  tout-à-fait 
libre.  Ils  sont  tous  un  peu  aplatis,  tronqués  et  dilatés  aux  bouts,  et 
rétrécis  au  milieu.  Les  derniers  se  terminent  en  pointe  obtu.se. 

Dans  cet  individu  de  trois  mètres,  qui  a fourni  le  squelette  de 
Lyme,  le  membre  antérieur,  à prendre  depuis  la  tête  de  l’humérus 
jusqu  au  bout  du  plus  long  doigt,  étoit  d’à  peu  près  vingt-trois 
pouces  anglais  ou  o,585.  Le  postérieur  avoit  2 pieds  ou  0,61.  Ainsi 
ïls  dépasseroient  peu  le  sixième  de  la  longueur  totale. 

Ces  formes  et  ces  proportions  sont  en  partie  confirmées  par  un 

61*^ 


Pouce 

Deuxième  doigt. 

Troisième  doigt. 
Quatrième  doigt. 
Cinquième  doigt, 


484  DU  PLÉSIOSAURUS. 

squelette  moins  complet,  découvert  à Lyme  par  le  capitaine  Wu- 
i'ing,  et  dont  mademoiselle  Moreland  a bien  voulu  nous  envoyer  un 
dessin,  que  nous  donnons  fig.  2 , pl.  XXXI. 

La  tête  est  jusqu  à présent  ce  que  l’on  connoît  le  moins  bien  dans 
le  plésiosaurus. 

Néanmoins,  dans  ce  qu’on  en  possède,  c’est  une  tête  de  lézard  , 
mais  avec  quelques  caractères  d’ichtyosaurus  et  de  crocodiles. 

Nous  donnons,  pl.  XXXI,  fig.  3 et  4,  des  cojDies  de  la  première 
tête  qu’avoit  représentée  M.  Gonybeare. 

Le  museau  de  longueur  médiocre , la  forme  du  pariétal , a,  la 
disposition  des  os  qui  entourent  l’orbite,  b , et  la  fosse  temporale, 
c,  rappellent  l’iguane  ; mais  les  dents  adhèrent  dans  des  alvéoles  dis- 
tincts, comme  dans  le  crocodile,  et  M.  Gonybeare,  qui  a l’original 
sous  les  yeux , croit  que  la  narine  est  près  du  bord  anterieui'  de 
l’orbite,  comme  dans  lichtyosaurus. 

Un  petit  bout  du  museau,  que  nous  devons  à la  complaisance  de 
M.  Buckland,  ne  nous  a en  eûet  montré  aucune  trace  d’ouverture 
nasale;  ainsi  il  sembleroit  que  dans  ces  deux  genres  de  reptiles, 
comme  dans  les  cétacés,  dont  ils  se  rapprochoient  à tant  d’autres 
égards,  les  narines  étoient  remontées  vers  le  haut  de  la  tête. 

Ijes  dents  du  plésiosaurus  sont  grêles,  pointues,  un  peu  arquées, 
et  cannelées  longitudinalement  : elles  sont  inégales.  Les  antérieures 
d’en  bas  et  les  postérieures  d’en  haut  sont  plus  grosses  et  plus  lon- 
gues que  les  autres;  le  nombre  en  est  difficile  h fixer  pour  les  supé- 
rieures d’après  les  matériaux  dont  on  dispose;  mais  pour  les  infé- 
rieures, M.  Gonybeare  a représenté , dans  son  deuxième  mémoire, 
des  os  dentaires  entiers,  dont  il  a bien  voulu  m’envoyer  un  moule, 
et  que  je  donne  pl.  XXXI,  fig.  5,  où  l’on  voit  de  chaque  côté  vingt- 
sept  alvéoles.  Les  six  premiers  de  chaque  côté  sont  Tes  plus  grands, 
et  la  mâchoire  est  renflée  dans  cette  partie,  qui  fait  à peu  près  le 
tiers  de  la  longueur  de  l’os. 

Ges  os  dentaires  fournissent  en  outre  des  notions  sur  la  taille  que 
le  plésiosaurus  peut  atteindre. 

Leur  longueur  est  de  o,/|3,  ce  qui,  pour  la  mâchoire  entière,  ne; 


DU  PLÉSIOSAURUS.  485 

pouvoit  guère  donner  moins  de  o,']5  ou  o,8.  Or  la  mâchoire  du  sque- 
lette de  Lyme,  qui  a trois  mètres,  nest  longue  que  de  o,23. 

Ainsi  ce  grand  os  dentaire  ne  pouvoit  provenir  d\m  individu  de 
moins  de  neuf  mètres. 

Plusieurs  de  mes  os  de  Honfleur  s’approchent  un  peu  de  cette 
grandeur. 

J'ai,  par  exemple , des  dorsales , lig.  6 et  7 , dont  le  corps  a 0,8  de 
diamètre,  et  celles  de  Lyme  n’ont  que  o,5. 

Un  os  pubis,  fig.  8,  a,  d’avant  en  arrière , 0,24,  et  celui  de  Lyme 

ne  me  paroît  pas  avoir  plus  de  0,1 1. 

J’ai  vu  aussi  et  dessiné  au  Muséum  britannique  des  humérus  et 
des  fémurs  de  ce  genre  qui  annonçoient  une  grande  taille. 

Il  y a,,  par  exemple,  un  fémur  de  o,25  de  longueur,  et  celui  du 
squelette  de  Lyme  n’a  que  0,17. 

J’y  ai  observé  aussi  des  vertèbres  cervicales  longues  de  o,o55 , et 
celles  de  Lyme  ne  paroissent  guère  que  de  o,o36. 

Mais  peut-être  mes  morceaux,  et  même  les  os  dentaires  de  M.  Co- 
nybeare,  sont-ils  d’une  autre  espèce  que  le  squelette. 

11  y a en  effet  plusieurs  espèces  de  plesiosaurus  comme  d ichtyo- 
saurus. 

M.  Conybeare  en  a déjà  caractérisé  une  d’après  des  vertèbres 
trouvées  dans  l’argile  de  Rimmeridge  près  de  Weymouth,dans  le 
comté  de  Dorset. 

Elles  sont  beaucoup  plus  courtes  d’avant  en  arrière  que  celles  du 
plésiosaurus  ordinaire,  et  aussi  plates  que  des  dames  à jouer  ou  que 
des  vertèbres  d’ichtyosaurus,  bien  que  leurs  faces  ne  soient  pas  si 
concaves.  On  les  reeonnott  à leurs  sutures,  à leurs  facettes  et  sur- 
tout aux  deux  petits  trous  de  leur  face  inférieure. 

M.  Conybeare  nomme  l’espèce  qui  a fourni  le  squelette  de  Lyme, 
plésiosaurus  dolichodeirus  ou  à long  cou,  et  celle  dont  provien- 
nent les  vertèbres  de  Kimmeridge , plesiosaurus  ixcentior. 

Mais  il  en  existe  encore  d’autres  espèces.  J’ai  reçu  de  M.  Bâillon 
une  vertèbre  cervicale  qui  a été  trouvée  près  de  Boulogne,  et  à ce 
qu’il  paroît,  d’après  ce  qui  reste  de  sa  gangue,  dans  de  l’oolithe. 


486  DU  PLÉSIOSAURUS. 

Elle  se  distingue  par  une  arête  longitudinale  mousse  de  sa  face  infé- 
rieure entre  les  deux  petits  trous , et  ne  peut  manquer  de  venir  d’une 
espèce  différente  des  deux  premières,  et  que,  sur  ce  caractère  le 
seul  que  je  conuoisse  encore  , je  nommerai  provisoirement 
sawus  carinatus. 

J’en  ai  d’autres  dé  Honfleur , également  cervicales,  mais  plus 
longues  à proportion , et  plus  plates  en  dessous  que  leurs  corres- 
pondantes de  Lymej  cependant,  comme  il  paroît  que  ces  dernières 
s allongent  un  peu  vers  le  milieu  du  cou,  je  ne  veux  point  insister 
sur  cette  différence. 

Mais  je  ne  puis  m’empêcher  de  regarder  comme  venant  d’une  es- 
pèce à part  celles  que  j’ai  de  V Auxois.  Elles  sont  de  la  queue.  Leur 
corps  est  non  pas  cylindrique,  mais  exactement  pentagonal. 

Une  conclusion  toute  semblable  me  paroît  devoir  être  prise  rela 
tivement  à une  vertèbre  de  la  côte  du  Calvados  qui  m’a  été  donnée 
par  M.  Lamouroux, 

Elle  est  triangulaire,  comme  quelques-unes  de  celles  de  l’animal 
de  Maestricht,  c’est-à-dire  plate  et  large  en  dessous,  s’amincissant 
vers  le  haut,  et  donnant,  des  côtés  de  sa  face  inférieure,  ses  apo- 
physes transverses. 

Je  nommerai  les  espèces  auxquelles  je  rapporte  ces  deux  sortes 
de  \eTlèhves,plesiosauruspentag07ius  et  trigonus^  mais  il  est  bien 
convenu  que  ces  dénominations  pourront  être  changées  si  l’on  vient 
a reconnoitre  des  caractères  plus  apparens,  ou.  même  s’il  se  trouve 
en  définitive  que  ces  vertèbres  diffèrent  seulement  en  raison  de  la 
place  qu’elles  occupent  dans  l’épine. 

Je  pense  que  c’est  à l’une  ou  à l’autre  de  ces  espèces  que  sera 
rapporte  un  jour  I os  décrit  et  représenté  par  sir  Everard  Home, 
ans  es  ransactions  de  i8i8.  C’est  uu  humérus  de  plésiosaurus , 
mais  il  ne  ressemble  pas  entièrement  à ceux  du  squelette  de  Lyme. 
ye  qu’,1  est  impossible  de  ne  pas  reconnoitre  comme  une  vérité 
esoi mais  constante,  c est  cette  multitude,  cette  grandeur  et  cette 
variété  surprenante  des  reptiles  qui  habitoient  les  mers  ou  qui  cou- 
vroient  la  surface  du  globe  à cette  époque  antique  où  se  sont  dépov 


DU  PLÉSIOSAURUS.  487 

sées  les  couches  vulgairement  désignées  par  le  nom  beaucoup  trop 
restreint  de  terrains  du  J ura  ; dans  des  lieux  et  des  pays  immenses  où 
non-seulement  rhomme  n’existoit  pas,  mais  où,  s’il  y avoit  des  mam- 
mifères, ils  étoient  tellement  rares,  qu’à  peine  peut-on  en  citer  un 
ou  deux  petits  fragmens. 

Cette  variété,  celte  grandeur,  ce  nombre  sont  encore  annoncés 
indépendamment  des  morceaux  indéterminés  dont  j’ai  parlé  à l’ar- 
ticle du  mégalosaurus,  par  plusieurs  de  ceux  qu’a  recueillis  M.  Co- 
nybeare,  et  qu’il  croyoit  d’abord  appartenir  au  plésiosaurus , mais 
qui  n’ont  pas  leurs  représentans  dans  le  squelette  de  Lyrae. 

On  voit  par  exemple  dans  son  mémoire , pl.  XXI,  une  por- 
tion de  mâchoire  inférieure  et  un  os  c|ui  me  semble  un  os  des  îiesÿ 
pl.  XXII,  encore  deux  autres  os  qui  me  paroissent  venir  de  dilFérens 
bassins  (i). 

Le  temps  complétera  les  êtres  dont  ces  débris  font  encore  con- 
jecturer 1 ancienne  existence;  et,  d’après  l’ardeur  avec  lacjuelle  on  se 
livré  maintenant  de  tous  côtés  à ces  sortes  de  recherches,  ce  temps 
ne  sera  pas  bien  long. 

Je  ne  doute  pas  cju’à  mesure  que  l’on  achèvera  ainsi  les  décou- 
vertes déjà  commencées , des  découvertes  nouvelles  ne  se  multi- 
plient, et  que,  dans  quelques  années  peut-être , je  ne  sois  réduit  à 
dire  que  l’ouvrage  cjue  je  termine  aujourd’hui,  et  auquel  j’ai  con- 
sacré tantde  travail,  ne  sera  qu’un  léger  aperçu,  qu’un  premier  coup 
d’œil  jeté  sur  ces  immenses  créations  des  anciens  temps. 


(1)  On  peut  se  faire  une  idée  assez  juste  des  deux  genres  de  reptiles  que  nous  venons  de 
décrire,  par  l’inspection  de  la  pl.  XXXII , copiée  du  mémoire  de  M.  Conybeare  , où  l’ou 
''oit  leurs  figures  restituées.  La  fig.  i représente  le  squelette  de  plésiosaurus  dolichodeirus ; 
%.a  , son  sternum;  fig.  3,  son  bassin  ; fig.  4)  deux  de  ses  côtes;  fig.  5,  une  de  ses  vertè- 
bres cervicales.  La  fig.  6 représente  le  squelette  de  V tcluj-osaiirus  conmmnis , dont  nous 
avons  un  peu  changé  la  direction  de  la  tête  , afin  de  laisser  voir  les  trous  pariétaux  ; et  la 
^S-  7 sst  une  restitution  du  sternum  et  de  l’épaule  de  ce  même  iclilyosaurus. 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS 


A TOUT  L’OUVRAGE. 


O.  pourroit  composer  des  volumes  presque  aussi  nombreux  que 
les  nôtres,  si  l’on  vouloit  spécifier  et  décrire  tous  les  ossemens  fos- 
siles mis  au  jour  depuis  que  nous  avons  commencé  notre  publica- 
tion. Obligés  de  nous  restreindre,  nous  allons  faire  un  choix  des 
objets  les  plus  intéressans,  surtout  de  ceux  qui  ajoutent  quelque 
chose -à  la  connoissance  des  genres  ou  des  espèces, 

les  Ossemens  fossiles  d’ Hommes, 

Addition  aux  pages  LXIV  et  suivantes  du  1er.  volume. 

J’ai  dit  que  les  os  humains,  regardés  comme  fossiles,  étoient  dans 
des  terrains  meubles  et  récents,  ou  dans  des  fentes  ou  anciennes 
galeries  de  mines,  ou  enfin  dans  des  stalactites ^ mais  qu’il  n’en  exis- 
toit  point  dans  des  lits  réguliers,  pas  même  dans  ces  couches  meubles 
qui  recèlent  les  os  des  éléphans,  des  rhinocéros  et  des  hippopotames. 

M.  d' Hombre-Firmas , maire  d’Alais,  a adressé  à l’Académie  des 
Sciences  un  mémoire  fort  intéressant  sur  une  caverne  des  environs 
de  Hin'j'ort  près  AAlais,  connue  dans  le  pays  sous  le  nom  de 
Baume  (ou  grotte)  des  Morts , et  où  beaucoup  de  squelettes  hu- 
mains sont  incrustés  de  stalagmite.  L’abbé  Dicjuemare  en  avoit  déjà 
décrit  une  semblable  des  environs  du  Havre  dans  le  Journal  de 
Physique  de  1779,  t.  II,  p.  3o2. 

Ce  sont  des  dépôts  où  l’on  a jeté  dans  des  circonstances  urgentes, 
tels  c[u  un  jour  de  bataille , un  grand  nombre  de  corps. 

Nous  avons  fait  connoître  nous-mêmes,  t.  IV,  p.  193,  une  portion 
T.  V,  2e.  p.  62 


ADDITIONS 


-49''^ 

de  mâchoire  d’homme  trouvée  dans  les  fentes  qui  sont  remplies  par 
les  brèches  osseuses  de  Nice  ; mais  nous  avons  fait  remarquer 
qu’elle  n’étoit  enduite  que  d’une  croûte  légère  de  stalactite , et  ne 
paroissoit  avoir  adhéré  par  aucun  côté  à la  masse  de  brèche. 

M.  Buckland,  qui  a vu  en  situation  un  squelette  de  femme  et  plu- 
sieurs ouvrages  d’art  dans  la  grotte  de  Paviland,  a très-bien  expliqué, 
dans  l’excellent  ouvrage  qu’il  vient  de  publier  sous  le  titre  de  Reli~ 
quiœ  dilwnanœ , comment  ces  objets  récents  se  sont  trouvés  après 
coup  jetés  sur  les  anciens  dépôts. 

Nous  avons  décrit  {ib.,  p.  cxvi),  d’après  M.  Rœnig,  le  squelette 
humain  que  possède  le  Muséum  britannique,  et  qui  a été  détaché 
d’un  rocher  .â  la  côte  de  la  Guadeloupe,  et  à l’endroit  dit  le  Moule 
près  de  la  Pointe-à-Pitre.  Depuis  lors,  par  les  ordres  de  M.  le  mar- 
quis de  Clermont-Tonnerre , ministre  de  la  marine,  etpar  les  soins  de 
M.  Llierminier,  naturaliste  instruit  qui  habite  à la  basse  terre  de  la 
Guadeloupe,  il  a été  envoyé  au  Cabinet  du  Roi  un  squelette  du  même 
lieu  et  incrusté  de  la  meme  manière.  Il  estmême  plus  complet,  et  offre 
une  partie  des  deux  mâchoires,  toute  l’épine  vue  par  derrière,  une 
grande  partie  du  bassin,  les  côtes  du  côté  gauche,  tout  le  membre 
supérieur  gauche  avec  les  doigts  seulement  un  peu  en  désordre,  et 
la  cuisse  et  la  jambe  du  même  côté.  L’épine  est  arquée,  et  la  cuisse 
reployée  vers  le  haut  comme  si  l’individu  étoit  accroupi.  Malheureu- 
sement la  partie  supérieure  de  la  tète  manque , en  sorte  qu’il  est  dif- 
ficile de  déterminer  la  race  dont  ce  squelette  provient , mais  la  na- 
ture de  l’incrustation  dans  laquelle  il  est  enveloppé  n’est  pas  douteuse. 

On  l’a  trouvé  dans  un  lieu  où  il  paroît  qu’il  y en  a encore  plusieurs 
autres,  endroit  peu  accessible,  que  la  haute  mer  arrose  sans  cesse, 
et  où  probablement  quelques  ravins  tombent  des  falaises  de  l’île.  On 
doit  croire  que  ces  eaux  déposent  de  la  stalactite  comme  celles  de 
Tivoli,  car  la  pierre  est  un  travertin  très-semblable  à celui  de  Rome: 
elle  n’enveloppoit  pas  tout  le  squelette , et  c’est  par  quelques  parties 
saillantes  des  os,  qui  se  montroient  à ciel  ouvert,  qu’on  s’est  assuré 
de  sa  présence.  On  ne  voyoit,  quand  il  nous  est  arrivé,  que  quel- 
ques parties  de  l’épine  , du  bras  et  du  fémur.  Noire  ciseau  a mis 


ET  CORRECTIONS. 


491 

tout  le  reste  h découvert  j mais  nous  avons  détaché  en  même  temps 
beaucoup  de  petites  coquilles  incrustées  comme  le  squelette.  Les 
unes  sont  des  univalves  d’eau  douce,  et  toutes  d’espèces  connues  à 
la  Guadeloupe;  les  autres  de  petites  bivalves  marines,  communes 
sur  la  côte.  Il  est  évident  que  les  premières  ont  été  entraînées  par 
les  ruisseaux,  et  les  autres  jetées  par  le  flot,  et  que  toute  la  pierre 
qui  les  enveloppe  est  de  formation  récente.  Sa  portion  supérieure 
est  plus  molle  que  le  reste,  et  ii  mesure  que  l’on  pénètre , on  trouve 
h la  pierre  plus  de  dureté.  Le  bloc , dit  M.  Lherminier,  reposoit  sur 
un  calcaire  arénacé  ou  désagrégé,  ce  qui  en  a facilité  l’extraction. 
Cette  sorte  de  tuf  est  tellement  moderne  que  dans  quelques  masses 
des  mêmes  environs  il  s’est  trouvé  des  dents  de  caïman , des  fragmens 
de  poterie  de  fabrique  caraïbe,  des  haches  en  pierre,  et  surtout  un 
morceau  de  bois  très-dur  et  très-noir,  représentant  dun  cote  un 
masque  difforme  grossièrement  sculpté,  et  de  l’autre  une  enorme 
grenouille  étendue  et  simplement  gravée.  G’étoit  du  bois  de  gayac , 
mais  devenu  très-dur  et  noir  comme  du  jaïet. 

M.  Lherminier  a joint  à ce  bloc  un  grand  nombre  d incrustations 
formées  sur  des  coquilles  et  des  madrépores,  ce  qui  prouve  de  plus 
en  plus  combien  les  eaux  qui  se  versent  sur  ces  parties  de  la  rive  sont 
disposées  à former  du  tuf  ou  de  la  stalactite. 

La  tête  humaine  d’une  épaisseur  monstrueuse,  gravée  dans  l’O- 
ryctologie  de  cV  Argenville , pl.  XVII,  et  décrite  depuis  dans  une  dis- 
sertation spéciale  par  M.  Jadelot,  a aussi  été  présentée  comme  pou- 
vant être  fossile,  et  même  comme  pouvant  avoir  appartenu  à une 
espèce  différente  de  la  nôtre;  mais  on  en  a trouvé  une  toute  sem- 
blable dans  un  ossuaire  de  l’évêché  de  Munster,  que  M.  de  Sœm- 
merring  a fait  connoître , et  dont  un  modèle  m’a  été  communiqué 
par  M.  Schleyermacher.  J’ai  lu  à l’Académie  des  Sciences  un  mé- 
moire sur  ces  têtes,  où  non-seulement  j’ai  adopté  et  confirmé  l’o- 
pinion deM.de  Sœmmerring  et  de  plusieurs  autres  médecins,  qu’elles 
ont  été  déformées  par  cette  espèce  de  maladie  des  os  que  l’on  nomme 
maladie  éburnée,  mais  où,  d’après  l’état  de  la  dentition,  j’établis  que 

c’éioient  des  têtes  d’enfans  à l’âge  oùils  commencent  à changer  de  dents. 

62* 


ADDITIONS 


492 

Ce  seroit  le  cas  de  parler  ici  de  ce  prétendu  fossile  humain  que 
l’on  a exposé  ces  jours  derniers  à la  curiosité  des  habitans  de  Paris, 
et  dont  on  a cherché  à faire  quelque  bruit  dans  les  journaux;  mais 
j’aurois  presque  honte  de  perdre  des  paroles  à établir  qu’une  confi- 
guration accidentelle  du  grès,  où  l’on  croit  voir  non  pas  des  os,  mais 
une  espèce  de  ressemblance  avec  le  corps  d’un  homme  et  la  tête  d’un 
cheval  en  chair  et  en  peau,  et  si  grossière  qu’il  n’y  a ni  les  propor- 
tions reqnises,ni  aucuns  détails  de  formes,  qu’un  tel  jeu  de  la  nature, 
dis-je,  n’est  pas  un  fossile. 

Sur  les  ÈlépliCLTis  fossiles. 

Addition  à la  page  io4  du  volume. 

A la  fin  du  mois  dernier  ( août  1 824  ) 5 on  a découvert  près  de  Lyon , 
sur  la  colline  qui  sépare  le  Rhône  de  la  Saône,  et  dans  la  commune 
de  Calvire,  a sept  pieds  et  demi  de  profondeur,  plusieurs  ossemens 
d’éléphant,  un  humérus  long  de  deux  pieds  et  demi,  un  tibia  de 
même  longueur,  une  tête  de  fémur,  les  deux  branches  de  la  mâchoire 
inférieure , contenant  chacune  deux  dents.  Une  lettre  de  M.  Bredia, 
directeur  de  l’Ecole  royale  vétérinaire  de  Lyon , contenant  le  détail 
de  cette  découverte,  a ete  insérée  dans  plusieurs  journaux,  et  no- 
tamment dans  le  Moniteur  du  i3  septembre. 

Addition  à la  page  106. 

M.  le  duc  de  Gazes  a donne  au  Cabinet  du  Rot  une  màchelière  d’é- 
léphant déterree  à Bonsac  sur  la  rive  gauche  de  la  Dordogne,  à cent 
vingt  pieds  au-dessus  de  son  niveau,  et  à quinze  pieds  de  profondeur 
dans  du  gravier  recouvert  par  six  pieds  de  terre  grasse  mêlée  de  dé- 
bris de  silex. 

Addition  à la  page  1 08. 

Madame  la  maréchale  d’Echniihl  a donné  au  Cabinet  du  Roi  une 
portion  de  defense  déterrée  dans  le  courant  de  mai  1824  à Virj~ 


ET  CORRECTIONS.  ^9^ 

Châtdlon,  département  de  Seine-et-Oise,  près  la  route  de  Fontai- 
nebleau, dans  un  lit  de  gravier  à cinq  ou  six  pieds  de  profondeur,  à 
environ  cent  cinquante  toises  du  lit  de  la  rivière. 

Tout  récemment,  il  m’a  été  apporté  un  beau  fragment  de  défense 
retiré  des  sablières  de  Vaugirard,  dans  la  plaine  de  Grenelle  près 
Paris. 

Addition  à la  page  1 1 o. 

Au  mois  de  septembre  i8a3,  des  ouvriers  qui  travaillaient  à un 
chemin  vis-à-vis  la  ferme  de  Sainte-Croix , appartenante  à S.  A.  R. 
M®'.  le  duc  d’Orléans,  et  située  dans  la  vallée  de  la  Bresle , entre 
le  T report  et  la  ville  àiEu , ayant  à enlever  une  partie  de  terrain 
d environ  dix  pieds  d’épaisseur,  mirent  à découvert  une  portion  de 
défense  et  une  mâchelière  d’éléphant.  M.  Etancelin,  régisseur  des 
domaines  de  S.  A.  R.,  recueillit  avec  soin  ces  morceaux,  qui  depuis 
ont  été  donnés  au  Cabinet  du  Roi  par  M.  le  duc  d’Orléans.  Plu- 
sieurs os  de  cheval  accompagnoient  ceux  d’éléphant. 

Addition  à la  page  ii8. 

Le  24  mars  1820,  Fj-ançois  ran  der  TFUligen,  laboureur  du  vil- 
lage de  Heuhelom , dans  le  pays  de  Gorkum  en  Hollande,  entre  le 
TVaal et  le  Leck,  en  visitant  une  rupture  faite  à une  digue,  décou- 
vrit une  tête  presque  entière  de  l’éléphant  fossile.  M.  de  Boemans, 
propriétaire  h Dort , a bien  voulu  me  donner  une  gravure  qui  a été 
faite  de  ce  morceau,  d’autant  plus  précieux  que  l’on  y voit  dans  leur 
entier  les  longs  alvéolés  des  défenses  qui  caractérisent  cette  espèce. 
La  longueur,  depuis  le  bord  de  ces  alvéolés  jusqu’aux  condyles  occi- 
pitaux, est  de  4i'  du  Rhin  ( 1,072),  et  les  alvéoles  mômes  sont  longs 
de  vingt-trois  pouces  (0,6)  et  larges  de  7 (o,i83).  Du  reste  cette 
tête  est  entièrement  conforme  à celles  que  nous  avons  décrites 
P- 177  et  suivantes. 


4q4 


ADDITIONS 


Additions  à la  page  laS  et  à la  page  335  du  1er,  volume,  à la 

page  373  du  Ille. 

Les  découvertes  d’os  d’éléphans  dans  le  Würtemberg  se  multi- 
plient chaque  jour. 

M.  Jœger  a encore  annoncé  dans  Y Annuaire  würtembergeois  de 
1823,  celles  gui  ont  été  faites  pendant  les  deux  années  précédentes. 
A Stuttgardt  même , en  creusant  une  cave , on  a trouvé  une  défense 
d’éléphant  avec  un  humérus  et  une  portion  de  péroné  de  rhinocéros, 
une  omoplate  et  des  portions  de  crâne  de  très-grands  bœufs. 

Le  Mercure  de  Souahe  du  22  avril  1823  donne  les  détails  de 
plusieurs  grands  ossemens  déterrés  au  Kahlenstein,  colline  des 
bords  de  la  vallée  du  Necker , où  le  Roi  fait  construire  un  château.  Il 
y avoit  une  défense  longue  de  treize  pieds  sept  pouces,  quoique 
mutilée  h la  racine , un  grand  morceau  du  bassin , une  molaire , un 
humérus  d’un  pied  de  diamètre  dans  le  bas,  etc.  Tous  ces  morceaux 
étoient  dans  du  sable  semblable  à celui  de  rivière , à quatre-vingt- 
deux  pieds  au-dessus  du  niveau  du  Necker,  et  à dix-sept  ou  dix-huit 
pieds  de  profondeur.  Ce  sont  les  plus  grands  que  l’on  possède  dans  le 
cabinet  royal. 

Le  reste  de  l’Allemagne  n’est  pas  moins  fécond.  Dans  le  seul  der- 
nier numéro  des  Archives  du  Monde  primitif  de  MM-  Ballenstedt 
et  Kriiger,  on  annonce  une  défense  de  huit  pieds  de  long,  retirée  le 
16  mai  1823  de  la  Lippe  près  de  Ham,  par  un  pêcheur;  un  fémur 
pesant  quarante  livres,  retiré  le  9 août  suivant  par  le  même  pê- 
cheur; une  molaire  de  neuf  lames,  longue  de  neuf  pouces,  trouvée 
à la  fin  de  1823  à Laufen,  non  loin  de  Müllheim,  en  creusant  un 
puits  ; une  autre  de  huit  pouces , déterrée  pendant  l’été  de  la  même 
année  près  de  Philisbourg  j et  une  défense  de  huit  pieds,  retirée  le 
12  février  1824  d’une  sablonnière  près  du  fVeser,  dans  le  voisinage 
de  Minden. 


ET  CORRECTIONS. 


49^ 


Sur  les  os  d’ Kléphans  fossiles  de  Prusse  et  de  Pologne.  ' 
Addition  à la  page  iSy. 

M.  Charles  Ernest  de  Bæhr,  directeur  du  cabinet  de  zoologie  et 
professeur  à Tuniversité  de  Rœnigsberg,  dans  une  dissertation  im- 
primée dans  cette  ville  en  iSaS,  de fossilibus Mammaliwn  reliquiis 
in  Prussiâ  adjacentihusque  regionibus  repartis , a procuré  un 
riche  supplément  à cet  endroit  de  mon  ouvrage. 

11  rappelle  lo.  une  dent  d’éléphant  trouvée  en  1780  à huit  milles 
de  Rœnigsberg , dans  une  colline  sableuse  au  bord  de  la  Pregel,  dont 
Bock  (i)  et  M.  Hagen  (2)  ont  déjà  parlé. 

20.  Une  molaire  retirée  en  1811  du  fond  de  la  Dreventz,  l’un  des 
alïluens  de  la  Vistule,  et  que  M.  Hagen  a décrite  et  analysée.  Elle 
est  au  cabinet  de  Rœnigsberg. 

3o.  Deux  dents  que  possédoit  feu  le  professeur  de  Baczko,  et  dont 
l’une  avoit  été  déterrée  dans  une  colline  sableuse  près  de  la  porte  de 
Rœnigsberg,  dite  de  Brandebourg,  et  l’autre  à Graudentz  sur  la 
Yistule. 

4®-  De  nombreux  ossemens  avec  des  défenses  trouvés  sous  neuf 
pieds  de  tourbe,  et  au  milieu  de  beaucoup  de  troncs  d’arbres  dont 
l’écorce  étoit  encore  bien  conservée,  près  du  canal  de  Bromberg. 

50.  Une  molaire  fort  usée , déterrée  près  de  Dantzig  vis-à-vis  la 
porte  d’Oliva. 

Nous  ne  parlerons  pas  des  nouvelles  trouvailles  du  même  genre 
laites  en  Angleterre,  eu  Italie,  en  Belgique,  etc. , de  crainte  de  gros- 
sit inutilement  un  volume  peut-être  déjà  trop  gros.  Ce  qui  est  désor- 
mais évident,  c’est  qu’il  y a des  os  d’éléphans,  et  en  grand  nombre, 
dans  toute  l’Europe,  aussi  bien  que  dans  toute  l’Asie  septentrionale. 
Nous  ajouterons  seulement  un  mot  de  ceux  de  l’Amérique. 


(1)  Hist.  nat.  de  Prusse,  en  allemand,  II,  p.  4°2. 

(a)  Matériaux  pour  la  comiaissance  de  la  Prusse,  en  allemand,  I,  p.  56. 


ADDITIONS 


496 

Sur  les  os  fossiles  d’Éléphant  de  V Amérique  septentrionale. 

Addition  à la  page  iSy. 

M.  Richard  Harlan , clans  le  Journal  de  l’Académie  des  Sciences 
naturelles  de  Philadelphie,  juin  iSad,  p.  parle  de  quatorze 
échantillons  de  cette  espèce  trouvés  en  Kentucky,  en  Caroline , et 
sur  1 Ohio.  11  en  représente  quelques  dents  dans  lesquelles  on  voit 
les  memes  accidens  de  détrition  que  dans  celles  d’Europe. 

Sur  des  dents  semblables  à celles  de  R Éléphant  d'Afrique  par 

leurs  lames  en  forme  de  losange,  que  Von  dit  être  fossiles. 

Addition  à la  page  167  du  1er.  volume. 

Outre  les  dents  de  cette  forme  que  j’ai  citées  à cet  endroit,  j’ai 
l’eçu,  lo.  de  M.  Schleyermacher,  le  dessin  d’une  à neuf  lames,  par- 
faitement semblables  a celles  d Afrique , qui  étoit  avec  le  titre  de 
fossile  dans  le  cabinet  de  M.  le  baron  de  Hupsch,  mais  sans  indica- 
tion du  lieu  de  son  origine , ce  qui  peut  faire  douter  de  sa  nature. 

20.  M.  Goldfuss  en  a fait  représenter  une  (dans  les  Nouveaux 
Mémoires  de  l’Academie  des  curieux  de  la  Nature,  t.  X,  2®.  partie, 
pl.  XLIV)  de  six  ou  sept  lames,  qui  provenoit,  mais  également  sans 
indication  de  lieu,  de  la  collection  de  feu  M.  de  Mœhring , cha- 
noine de  Cologne. 

Dans  le  XI®.  volume  du  même  recueil,  2®.  partie,  il  en  repré- 
sente une  autre,  pl.  LVII,  a neuf  lames,  dont  trois  seulement  com- 
mencent à s user.  Elle  venoit,  dit-il,  de  la  collection  de  Beuth,  et 
avoit  été  deterree  sur  les  bords  de  la  Roer,  dans  le  duché  de  Berg  j 
mais  je  ne  vois  pas  que  la  forme  de  ses  lames  soit  bien  certaine  , 
et  il  seroit  nécessaire  de  la  scier  pour  en  être  sur. 

M.  Goldfuss  dit  encore  avoir  vu  de  ces  dents  dans  divers  cabinets; 
mais  je  soupçonne  encore  qu’il  y a eu  quelque  erreur  dans  l’alléga- 
tion de  l’origine,  attendu  qu’une  de  ces  dents,  soi-disant  fossile,  qui 


ET  CORRECTIONS.  49^ 

m a été  envoyée  par  ce  savant  professeur,  n’a  bien  certainement 
éprouve  que  les  modifications  qu’occasionne  l’exposition  à l’air , 
mais  que  son  tissu  intérieur  a conservé  tout  le  soyeux  et  toute  la 
consistance  des  dents  fraîches. 

Ce  qui  est  remarquable,  c’est  que  M.  de  Bæhr  {^de  fossib.  Mam- 
mal.  reliq.  mPrussiâ,  p.  19)  fait  les  mêmes  observations  sur  des 
dents  d Afrique  que  l’on  prétendoit  avoir  été  déterrées  près  de  Dant- 
zig, Une  des  deux  avoit  même  encore  des  membranes  dans  l’inté- 
rieur de  ses  racines. 

Quant  aux  dents  d’Afrique  que  l’on  a cru  reconnoître  parmi  celles 
de  Tiede,  comme  on  n’en  a point  encore  de  figures  exactes,  il  est 
impossible  d’en  porter  un  jugement. 

J ajouterai  a ces  observations,  qu’un  marchand,  en  cjui  j’avois  eu 
jusqu  alors  pleine  confiance,  et  qui  est  mort  maintenant,  a cherché 
un  jour  à me  tromper,  en  me  présentant  une  dent  d’Afrique  qu’il 
avoit  encroûtée  de  marne,  et  même  je  sais  qu’il  a été  plus  heureux 
dans  sa  supercherie  auprès  d’une  autre  personne,  et  que  ce  fossile 
artificiel  est  déposé  dans  un  certain  cabinet,  où  peut-être  dans  quel- 
ques années  on  voudra  le  présenter  comme  une  preuve  en  faveur  de 
cette  seconde  espèce  d’éléphant;  mais  il  sera  toujours  aisé  de  recon- 
iioitre  la  vérité  au  simple  aspect  de  sa  cassure. 

Su7'  le  Mastodonte  à dents  étroites , et  sur  les  os  de  Mammifères 

des  lignites. 

Additions  à 1 article  de  ce  mastodonte  dans  le  Dr.  volume  , pages 

a5o  et  suivantes,  à la  page  335  du  même  volume,  aux  pages  376 

— 38o  du  Ille.  volume , et  à la  page  4q3  du  IV®.  volume. 

J’ai  reçu  encore  plusieurs  dents  de  cette  espèce,  ou  leurs  dessins, 
de  France , d Italie , d Allemagne  et  d’Angleterre.  M.  Ranzani  m’en 
^ adresse  le  moule  d une  grande  trouvée  sur  les  pentes  de  l’Apennin , 
du  cote  de  Bologne.  Tout  récemment,  il  s’en  est  découvert  une 
superbe  près  de  Montpellier,  dont  je  dois  un  beau  dessin  àM.  Node 
T.  V,  ae.  P.  63 


498  ADDITIONS 

Veran.  Elle  a douze  collines,  toutes  divisées,  et  sa  longueur  va  à 
0,237.  Mais  le  plus  beau  morceau  de  ce  genre  dont  j’aie  eu  connois- 
sance,  c’est  une  demi-mâchoire  inférieure,  à laquelle  il  ne  manque 
qu’un  peu  de  son  apophyse  coronoide,  et  dont  M.  le  comte  de 
Brenner,  directeur  des  mines  en  Autriche,  a bien  voulu  envoyer  un 
modèle  peint  au  Cabinet  du  Roi.  Elle  a été  trouvée  dans  une  des 
terres  de  ce  gentilhomme , à Stettenhof,  au  cercle  du  bas  Manharts- 
berg,  dans  la  basse  Autriche,  et  à peu  près  à trois  lieues  au  nord- 
ouest  de  K rems , où  nous  avons  vu  (t.  I,  p.  253)  qu’il  avoit  été 
recueilli  en  i645  des  os  de  ce  genre  qui  passoient  pour  ceux  d’un 
géant. 

Cette  demi-mâchoire , à ce  que  M.  le  comte  de  Brenner  m’a  fait 
l’honneur  de  m’écrire,  étoit  sur  le  sommet  d’une  colline  élevée  à 
quatre  cents  pieds  au-dessus  du  niveau  du  Danube  dans  un  sable 
ferrugineux,  agglutiné,  cjui  repose  immédiatement  sur  le  calcaire 
grossier,  et  qui  est  recouvert  par  le  terrain  meuble  où  se  trouvent 
des  os  d’éléphans  et  quelquefois  de  rhinocéros.  Les  os  de  mastodontes 
sont  ainsi  plus  profondément  et  presque  toujours  cassés.  Ceux  d’élé- 
phans et  de  rhinocéros  sont  plus  superficiels  et  plus  entiers.  M.  de 
breuner  en  a même  trouvé  les  squelettes  presque  complets  de  cinq 
individus  dans  un  même  lieu. 

La  mâchoire  de  mastodonte  en  question  est  fort  semblable  à celle 
du  grand  mastodonte , c’est-à-dire  que  son  angle  est  moins  arrondi 
que  celui  de  l’éléphant,  son  bord  inférieur  plus  rectiligne,  SOn  bec 
dirigé  plus  en  avant.  Elle  porte  une  première  dent  à huit  pointes  et 
un  talon,  usée,  et  une  seconde  aussi  à huit  pointes,  mais  encore  in- 
tacte. Les  deux  ensemble  occupent  une  longueur  de  o,3a  5 la  hau- 
teur de  l’apophyse  condyloïde,  au-dessus  du  bord  inférieur,  est  de 
0,43;  celle  de  la  coronoide  de  0,40  ; la  largeur  de  sa  branche  mon- 
tante, au-dessous  de  ses  deux  apophyses,  de  o,3;  la  hauteur  de  sa 
branche  dentaire,  entre  les  deux  dents,  de  0,19,  et  en  avant  de  l’an- 
térieure de  0,24.  De  ce  point,  la  ligne  oblique  qui  descend  jusqu’au, 
bout  du  bec,  est  de  0,24. 

M.  Boue , si  connu  par  ses  descriptions  géologiques  de  l’Eçosse  et 


ET  CORRECTIONS.  499 

de  l’Allemagne , ainsi  que  par  ses  nombreuses  observations,  m’assure 
avoir  vu  dans  le  cabinet  impérial  de  Vienne  de  ces  os  de  mastodonte, 
dans  une  gangue  qu’il  regarde  comme  analogue  à la  craie.  Ils  ont 
été  trouvés  dans  le  Leithagebirge , chaîne  qui  sépare  la  basse  Au- 
triche, au  nord  du  Danube,  de  la  partie  voisine  de  la  Hongrie.  Ces 
dessins,  que  M.  Boué  m’a  adressés,  prouvent  incontestablement  que 
les  os  viennent  en  effet  de  ce  genre , mais  il  seroit  peut-être  néces- 
saire de  revoir  leur  gisement  avant  de  leur  donner  une  si  haute  anti- 
quité. Cependant  M.  Boué  cherche  à appuyer  son  opinion  par  des  os 
deruminans  qu’il  m’a  remis  dans  une  gangue  assez  semblable  à notre 
calcaire  grossier,  et  il  allègue  aussi  en  sa  faveur  les  lignites  de  Suisse, 
si  riches  en  ossemens  de  mammifères,  dont  je  vais  parler. 

Je  ne  puis  en  effet  aucunement  douter  que  ces  lignites  ne  con- 
tiennent des  os  de  plusieurs  grands  quadrupèdes,  et  notamment  de 
ce  mastodonte  à dents  étroites  dont  nous  nous  occupons  maintenant, 
ainsi  que  M.  Meissner  l’a  annoncé  dans  le  Muséum  d’histoire  natu- 
relle de  Berne,  et  dans  l’Indicateur  de  la  Société  helvétique  d’his- 
toire naturelle,  où  il  a décrit  et  représenté  des  portions  très-recori- 
noissables  de  dents  de  mastodonte  des  lignites  de  Kosp'fncLcliy  sur  le 
bord  occidental  du  lac  de  Zurich. 

M.  le  comte  V italien  Borromeo  de  Milan,  a eu  l’estreme  com- 
plaisance de  me  confier  pour  mon  inspection  quatre  morceaux  tirés 
des  lignites  diHorgen,  un  peu  au-dessous  de  Rœpfnach,  et  parmi 
lesquels  il  y a une  petite  molaire  à quatre  pointes , et  deux  fragniens 
de  défense  parfaitement  reconnoissables  à leur  tissu  intérieur,  pareil 
à celui  de  l’ivoire,  et  à leur  émail  cannelé  longitudinalement  comme 
celui  du  fragment  de  Sariac,  dont  nous  avons  parlé  t.  III,  p.  378. 

J’ai  sous  les  yeux  un  dessin  fait  par  M.  Schintz,  professeur  à Zu- 
rich, de  trois  grandes  mâchelières , dont  deux  adhèrent  encore  à la 
mâchoire,  et  qui  sont  manifestement  de  mastodonte.  Elles  ont  été 
tirées  aussi  des  lignites  de  Rœpfnach.  Il  y avoit  avec  elles  une  dé- 
fense brisée,  dont  la  longueur  doit  avoir  été  de  deux  pieds  et  demi. 
Son  émail  est  cannelé  comme  celui  des  morceaux  que  je  viens  de 
décrire. 


63* 


ADDITIONS 


5oo 

Le  mastodonte  n’est  pas  le  seul  genre  dont  ces  lignites  renferment 
les  restes. 

Un  autre  dessin  de  M.  Schintz  repi’ésente  une  portion  de  mâchoire 
supérieure  de  rhinocéros , probablement  de  l’espèce  à narines  cloi- 
sonnées, contenant  encore  trois  dents,  dont  deux  entières.  Ce  mor- 
ceau vient  à’Elgg,  près  de  Winterthur , sur  la  frontière  du  canton 
de  Zurich  et  de  celui  de  Turgovie. 

Je  tiens  de  l’amitié  de  M.  Brongniart  un  fragment  de  mâchoire  de 
castor  avec  des  mâchelières  bien  caractérisées,  encore  enfermé  dans 
la  lignite,  et  du  même  lieu  à’Horgen.  Ces  faits  sont  probablement 
du  même  ordre  que  ceux  qui  concernent  les  os  de  lophiodon  des 
terres  noires  des  environs  de  Laon  , dont  nous  avons  parlé  p.  218  et 
219  de  notre  lU.  volnrae,  2e.  partie.  Ou  ils  annoncent,  pour  l’exis- 
tence des  mammifères,  une  période  plus  ancienne  que  nos  autres 
recherches  ne  nous  portent  à l’admettre,  ou  bien  ils  donnent  à 
croire  qu’il  y a encore  des  distinctions  à faire  entre  les  couches  de 
lignites,  plus  nombreuses  que  celles  que  les  géologistes  ont  recon- 
nues jusqu’à  présent. 

Il  n’y  a pas  si  long-temps  que  l’on  confondoit  les  lignites  et  les 
houilles  j ainsi  l’on  pourroit  bien  confondre  encore  des  lignites  de 
plusieurs  âges.  Au  surplus  cette  recherche  est  digne,  sans  contredit, 
de  toute  l’attention  des  géologistes. 

Le  Muséum  a reçu  tout  récemment,  par  les  soins  généreux  de 
M.  de  Humboldt,  plusieurs  os  de  ce  mastodonte,  déterrés  près  de 
Santa-Fé  de  Bogota  en  Colombie , au  lieu  dit  Cano  del  Fiscal. 
Il  y a dans  le  nombre  un  humérus  presque  complet,  et  un  calcanéum 
bien  entier.  L humérus  est  plus  court  à proportion  que  dans  le  grand 
mastodonte,  long  de  vingt-et-un  pouces  (o,568)  sur  sept  de  large 
dans  le  bas  (o,i8g),  ce  qui  confirme  l’idée  que  ra’avoit  suggérée  un 
tibia  du  même  canton;  savoir,  que  le  mastodonte  à dents  étroites 
étoit  plus  bas  sur  jambes  que  les  espèces  voisines. 


ET  CORRECTIONS. 


5oi 


Tête  T Hippopotame  trowée  en  Angletei^e. 

Addition  à la  page  3i4  da  1er.  volume. 

M.  BucJdand,  dans  ses  Reliquiœ  dilmdanœ , pl.  XXII,  fig.  5, 
copie  une  Egure  de  tête  d’hippopotame,  donnée  par  Lee,  dans  son 
Yàsioixe  (X\x  Lajicashire , impiâmée  à Oxford  en  1700,  et  qui,  selon 
cet  auteur,  a été  trouvée  dans  ce  comté  sous  de  la  mousse,  c’est-à- 
dire  probablement  dans  de  la  tourbe. 

Os  d” Hippopotame  de  Toscane. 

Je  ne  puis  m’empêcher  de  consigner  ici  la  reconnoissance  que  le 
Muséum  d’Histoire  naturelle  doit  à feu  S.  A.  I.  le  dernier  grand-duc 
de  Toscane,  pour  les  présens  d’ossemens  fossiles  que  ce  prince,  ami 
des  sciences,  nous  avoit  accordés  peu  de  temps  avant  sa  mort.  Il  a 
ainsi  procuré  à nos  collections  une  suite  presque  complète  d’os  de 
l’hippopotame  fossile,  entre  autres  une  tête,  une  mâchoire  infeiieure 
et  un  bassin,  auxc[uelsil  ne  manque  presque  aucune  partie.  Ces  su- 
perbes morceaux  confirment  pleinement  ce  que  M.  Nesti  et  moi 
avions  annoncé  sur  les  grandes  ressemblances  qui  rapprochent  cet 
animal  des  hippopotames  d’aujourd’hui , en  même  temps  que  sur  les 
légères  différences  qui  l’en  distinguent.  Le  désir  de  ne  pas  multiplier 
à l’excès  les  planches  dont  mon  ouvrage  est  déjà  surcharge , m em- 
pêche seul  de  représenter  ces  objets  précieux.. 

Sur  les  molaires  supérieures  du  Rhinocéros  fossile  à narines  non 

cloisonnées  d’Italie. 

Addition  à la  page  7 1 du  IL.  volume , partie. 

M.  Pentland  m’a  apporté  de  Toscane  de  ces  molaires  supérieures,, 
et  m’y  a fait  observer  un  caractère  qui  ne  se  trouve  point  dans  les 
autres  espèces  fossiles  ni  "vivantes  : c’est  que  leur  seconde  colline 


ADDITIONS 


5o2 

transverse,  au  lieu  d’un  simple  crochet,  en  donne  en  avant  plusieurs 
petits,  ce  qui  la  fait  paroître  dentelée  vers  sa  base , quand  elle  com- 
mence à s’user. 

Ce  caractère  pourra  servir  à reconnoître  cette  espèce  par  ses  mo- 
laires. 

Sur  le  Rhinocéros  fossile  à dents  inciswes. 

Addition  à la  page  89  du  IR  volume,  partie. 

Une  des  mines  les  plus  riches  en  ossemens  fossiles  qui  se  soient 
ouvertes  dans  ces  derniers  temps,  est  une  sablonnière  di  Eppelsheim, 
dans  la  partie  des  Etats  du  grand-duc  de  Hesse , qui  est  à la  gauche 
du  Rhin.  Nous  en  avons  déjà  parlé  dans  notre  IV^.  volume,  p.  iq3. 
Parmi  une  multitude  d’os  d’éléphans,  de  mastodontes,  de  lophiodons, 
de  chevaux  et  de  ruminâns  de  diverses  sortes , on  y a surtout  décou- 
vert des  parties  de  grand  rhinocéros  à dents  incisives,  plus  complètes 
qu’il  n’en  avoit  jamais  été  vu,  et  qui  ne  peuvent  plus  laisser  aucun 
doute  sur  l’existence  de  cette  espèce  d’animaux  fossiles. 

M.  Schleyeimacher , dont  la  complaisance  a été  inépuisable  pour 
tout  ce  quipouvoit  m’aider  à compléter  mon  ouvrage,  m’a  envoyé 
un  très-beau  dessin  d’une  tête  entière,  très-bien  caractérisée,  et  le 
modèle  peint  d’une  mâchoire  inférieure,  dont  la  partie  antérieure 
et  la  moitié  gauche  étoient  intactes. 

Cette  tête  est  à deux  cornes,  et  se  rapproche  de  celle  du  bicorne 
de  Sumatra,  que  nous  avons  représentée  t.  III,  pl.  LXXVIII  et 
pl.  LXXIX,  lig.  3,  plus  que  d’aucune  autre;  cependant  une  com- 
paraison exacte  que  j’en  ai  faite  avec  les  trois  de  cette  espèce  que 
nous  possédons,  m’a  prouvé  qu’elle  est  spécifiquement  différente. 
Elle  est  moins  longue  à proportion;  les  os  du  nez  qui  portent  la 
corne  sont  plus  larges  et  moins  pointus;  leur  convexité  est  plus 
saillante  ; les  arcades  zygomatiques  plus  écartées,  moins  allongées, 
moins  hautes;  l’intervalle  des  orbites  plus  étroit;  l’occiput  moins  re- 
levé; les  fosses  temporales  plus  rapprochées  ne  laissent  entre  elles 
qu’une  crête  sagittale  étroite , et  non , comme  dans  l’espèce  de  Su- 


5o3 


ET  CORRECTIONS. 

matra,  un  plan  rectangulaire  j en  dessous,  la  région  basilaire  est  plus 
large  et  plus  courte,  et  il  y a derrière  la  cloison  des  narines  une  fosse 
longitudinale  profonde,  élargie  en  avant,  qui  manque  au  bicorne  de 
Sumatra.  A la  mâchoire  inférieure,  les  incisives  sont  aussi  longues, 
aussi  fortes  et  aussi  pointues  que  celles  de  runicorne  de  Java , repré- 
senté t.  II , pl.  IV,  lig.,  2 , et  pl.  Xyil. 

M.  Schleyermacher  m’a  aussi  envoyé  des  dessins  de  plusieurs  de 
ces  incisives  isolées  5 ainsi  rien  ne  manque  pour  confinner  ce  qu’an- 
nonçoient  déjà  celles  qu’a  dessinées  Camper  (voyez  ci-dessus  t.  II, 
part.  2,  p.  63  et  89),  et  celles  C[u’ont  recueillies  MM.  Lockard  et 
Chouteau  (t.  III,  p.  890),  et  pour  caractériser  l’espèce  que  nous 
avons  nommée  rhinocéros  inciswus. 

Mais  il  y avoit  aussi  à Eppelslieim  d’autres  rhinocéros,  car  parmi 
les  dessins  qui  m’ont  été  adressés,  il  y en  a qui  représentent  un 
crâne  parfaitement  semblable  à celui  de  la  grande  espèce  à narines 
cloisonnées,  que  nous  avons  appelée  rhinocéros  tichorhinus^ 

Sur  les  os  fossiles  de  Cheranx. 

■diddition  aux  pages  109 — n3  du II®.  volume,  ii’®.:  paitie. 

Nous  nous  bornerons  à dire  que  l’on  a continué  de  trouver  des  os^ 
de  chevaux  en  quantité  immense  dans  tous  les  dépôts  d’ossemens  d é- 
léphans,  de  rhinocéros  et  de  mastodontes,  dans  le  val  d’Arno , en 
Angleterre , à Eppelsheim  et  partout. 

Nous  ajouterons  h ce  que  nous  avons  dit  p.  109,  que  les  dents 
représentées  par  M.  Gothelf  de  Fischer,  dans  son  traité  sur  la  tur- 
quoise et  la  caldite,  pl.  I,  fig.  i et  2 , et  pl.  II,  fig.  5,  qui  étoient 
colorées  en  vert  par  du  cuivre,  ne  sont  que  des  dents  de  la  mâchoire 
inférieure  du  cheval. 


5o4 


ADDITIONS 


Sur  les  os  fossiles  de  Cochon. 

Addition  aux  pages  ia5  et  126. 

Ce  que  j’ai  dit  des  lignites  de  Suisse  doit  s’appliquer  aux  molasses 
du  même  pays,  que  l’on  considère  comme  d’une  formation  à peu 
près  contemporaine  et  parallèle  à notre  calcaire  grossier.  Il  me  paroît 
impossible  qu’il  n’y  en  ait  pas  de  plusieurs  âges,  car  on  trouve  dans 
certaines  molasses  des  os  d’animaux  fort  modernes.  Ainsi  M.  Bourdet 
de  la  Nièi^re  m’a  adressé  le  dessin  d’une  mâchoire  inférieure  de 
cochon,  trouvée  dans  une  molasse  très-solide,  à ciment  calcaire, 
passant,  dit-il,  aunagelflue,  du  mont  de  la  Molière  près  ^Esta- 
vayer,  au  bord  oriental  du  lac  de  Neufchâtel. 

Il  y a aussi  un  fragment  de  mâchoire  supérieure  de  cochon  de  la 
caverne  de  Sundwich,  représenté  par  M.  Goldfuss,  Noç.  A et.  ac. 
nat.  Curios.  ^ t.  XI,  2®.  part.,  pl.  LVI,  fig.  4,  5. 

Sur  les  os  de  Tapir  gigantesque  et  de  Lophiodon. 

Addition  à la  page  167  du  II®.  volume,  2®  partie. 

Les  fouilles  de  la  sablonnière  di Eppelsheim , dont  j’ai  déjà  parlé 
plusieurs  fois,  ont  fourni  une  dent  de  notre  tapir  gigantesque , bien 
caractérisée  par  ses  deux  collines  transverses  et  son  talon  j elle  est 
d’un  grand  volume,  et  à peu  près  comme  le  germe  de  notre  pl.  IV, 
fig.  3.  Ses  racines  ont  acquis  presque  toute  leur  longueur,  bien  que 
ses  lames  soient  encore  peu  usees.  M.  Schleyermacher  a bien  voulu 
m’en  adresser  un  dessin  et  un  modèle  peint,  qui  est  déposé  au  Cabinet 
du  Roi. 

Addition  à la  page  i83. 

Ces  memes  fouilles  ont  aussi  donné  un  fragment  de  mâchoire  infé- 
rieure de  lophiodon,  contenant  les  quatre  dernières  molaires,  et  qui 
me  paroît  presque  entièrement  semblable  à l’espèce  moyenne  d’Issel, 


ET  CORRECTIONS.  5o5 

que  j’ai  décrite  (loc.  cit.)  p.  177 — 183.  J’en  tiens  un  dessin  de  la 
bonté  de  M.  Schleyermacher. 

Sur  des  os  de  Palœothériums  du  midi  de  la  P rance. 

Addition  à la  page  a58  du  tonie  III. 

M.  le  duc  de  Caze , faisant  faire  des  travaux  dans  son  parc  de  la 
Graoe,  commune  de  Bonsac , département  de  la  Dordogne , on 
a trouvé,  en  coupant  une  proéminence  d’une  colline,  dans  la  molasse 
qui  fait  presque  tout  le  sol  de  ce  canton,  une  multitude  d ossemens 
de  trionjx,  de  tortues  d'eau  douce , de  crocodiles  et  surtout  àepa- 
lœotherium , en  sorte  que  l’association  des  genres  y est  à peu  près 
la  même  que  dans  nos  plâtrières  de  Montmartre.  Nous  avons  déjà 
décrit  dans  ce  volume  les  os  des  reptiles.  Il  nous  reste  a parler  de 
ceux  des  palæotliériums , qui  ne  nous  étoient  pas  encore  parvenus 
quand  nous  composions  notre  Ille.  volume. 

Les  morceaux  déposés  au  Cabinet  du  Roi  sont  au  nombre  de  plus 
de  soixante.  Il  y a des  dents  de  toutes  les  sortes,  presque  tous  les  os 
longs,  des  calcanéums,  des  vertèbres.  Toutes  les  formes  sont  exacte- 
ment celles  de  nos  palæotliériums  de  Montmartre.  Par  la  grandeur , 
on  voit  qu’il  y en  a de  trois  espèces.  La  plils  petite  est  de  la  taille  de 
noXiQ  palœotherium  minus  - la  moyenne  est  un  peu  supérieure  a 
wQXxQpalœotheriwn  crasswnj\di  grande  est  encore  un  peu  au-dessus 
de  celle-là,  mais  n’égale  pas  notre  palceotherium  magnum. 

11  y a donc  toute  probabilité  que  ce  sont  ici  des  espèces  différentes 
des  nôtres,  mais  dont  on  ne  pourra  compléter  l’histoire  qu’à  mesure 
que  de  nouvelles  recherches  donneront  des  morceaux  plus  entiers. 

M.  de  Paravey,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées , bien  connu  par 
ses  recherches  sur  les  zodiaques  de  la  haute  Asie,  m’a  remis  une 
dent  de  palæothérium , retirée  d’une  couche  de  gravier  dans  les 
landes  de  Bordeaux. 


T.  V,  2e.  P. 


64 


5o6 


ADDITIONS 


Sl^r  Vostéologie  de  V Isatis  ( canis  lagopus  Z/.). 

Addition  à la  page  269  du  tome  III,  et  à la  page  465  du  tome  IV. 

J’ai  comparé  à Klein-Lanhurn , dans  le  cabinet  de  feu  M.  Cam- 
per J une  tete  de  1 isatis  avec  une  tete  de  renard  commun  : la  première 
a tous  les  caractères  generaux  des  renards  j elle  est  seulement  un  peu 
plus  courte  à proportion  que  celle  du  renard  vulgaire,  et  ses  crêtes 
temporales  sont  un  peu  moins  marquées  et  moins  rapprochées , mais 
on  sait  que  cette  circonstance  varie  avec  l’âge. 

Sur  une  tête  du  genre  de  V Écureuil  des  plâtrières  de  Montmartre. 

Addition  à la  page  3oi  du  Ille.  volume. 

On  m’a  apporté  récemment  de  Montmartre  un  morceau  de  gypse 
qui  contient  une  tête  de  rongeur  cassée  horizontalement , à peu  près 
à la  hauteur  des  arcades  zygomatiques,  et  de  manière  que  l’on  ne 
voit  des  dents  que  leurs  racines  ou  plutôt  leurs  alvéoles,  car  la  plu- 
part étoient  tombées.  Comparée  à celle  d’un  écureuil  commun,  cette 
tête  n’offre  presque  aucune  difl^rence  sensible.  C’est  donc  un  genre 
à ajouter  à ceux  dont  on  trouve  les  débris  dans  nos  carrières  à plâtre. 
Quant  à l’espèce , ce  morceau  est  trop  mutilé  pour  qu’on  puisse  en 
fixer  les  caractères. 

Sur  deux  Anthracothériums  du  Puy  en  Vêlai. 

Addition  à l’histoire  des  Pachydermes,  et  spécialement  aux  pages 

^96  4®^  du  Ille.  volume. 

Nous  avons  parle,  t.  III,  p.  2S2,  d’un  palæothérium  dont  les  os 
se  trouvent  dans  un  terrain  d’eau  douce  mêlé  de  gypse  des  environs 
du  Puy  en  V elai , et  qui  a été  découvert  par  M.  Pertrand Roux , 
négociant  de  cette  ville.  Le  même  naturaliste  a trouvé  dans  des  cou- 
ches voisines,  de  marne  d’eau  douce,  des  os  de  deux  autres  animaux 
de  la  même  famille , que  je  crois  deux  anthracothériums,  dont  il  m’a 
surtout  fait  voir  des  dents.  Les  mâchelières  postérieures  ressemblent 


/ 


ET  CORRECTIONS.  507 

beaucoup  à celles  du  grand  anthracothérium  que  nous  avons  décrites 
à l’endroit  cité  5 mais  les  supérieures , indépendamment  de  leur  gran- 
deur , ont  pour  caractère  particulier  d’être  plus  larges  que  longues. 
Elles  ressembleroient  beaucoup  aussi  à celles  de  l’anoplothérium , 

SI  ce  n’est  que  leur  face  externe  est  creusée  de  deux  sillons  profonds , 
un  pour  chaque  pointe.  Celle  qui  précède  les  trois  dernières  est 
toute  pareille  à sa  correspondante  dans  l’anoplothérium.  A la  mâ- 
choire inférieure  nous  avons  vu  cinq  dents;  les  trois  dei’nières  res- 
semblent à leurs  correspondantes  dans  l’anoplothérium,  si  ce  n’est 
que,  comme  dans  l’anthracothérium , elles  ont  une  forte  pointe  au 
côté  interne,  vis-à-vis  de  la  pointe  externe  qui  doit  devenir  un  crois- 
sant. La  dernière  a deux  de  ces  paires  de  pointes  et  une  pointe  simple  ; 
la  pénultième  n’a  que  deux  paires  de  pointes;  l’antépénultième  aussi, 
mais  elle  est  plus  petite.  Celle  qui  les  précède  immédiatement  est 
plus  simple  et  moins  régulière,  et  en  avant  d’elle  en  est  une  compri- 
mée , presque  simple  et  un  peu  pointue.  Nous  n’avons  malheureu- 
sement aucune  des  dents  antérieures  en  place. 

Une  partie  de  ces  dents  est  d’une  grandeur  peu  inférieure  à celle 
de  l’anoplothérium  commune.  L’autre  est  de  moitié  plus  petite, 

M.  Roux  a adressé  à l’Académie  une  excellente  description  géo- 
logique des  environs  du  Puy  en  Vêlai,  dont  j’ai  rendu  compte  dans 
mon  analyse  des  travaux  de  l’Académie  en  iSaS,  et  qui  donnera  tous 
les  éclaircissemens  nécessaires  sur  le  gisement  de  ces  fossiles. 

Sur  des  dents  et  des  os  de  Dromadaires. 

Addition  au  tome  IV,  page  3. 

J’ai  dit  n’avoir  jamais  obtenu  d’os  ni  de  dents  fossiles  de  chameaux 
ou  d’antilopes.  Si  les  trois  dents  que  M.  Bojanus  vient  de  publier 
dans  les  Nouveaux  Mémoires  des  Curieux  de  la  Nature  de  Bonn, 
t.  XII,  pl.  XXI  (sous  le  nom  de  mericotherium  sibericum),  sont 
effectivement  fossiles  et  de  Sibérie  comme  elles  lui  ont  été  annoncées 
par  le  marchand  qui  les  lui  a vendues,  ce  sera  le  premier  exemple 
authentique  appartenant  au  genre  du  chameau. 


64* 


5o8  additions 

Leur  grandeur,  leur  forme  plus  longue  que  large,  l’absence  d’une 
arête  ou  d’un  petit  cône  entre  leurs  colonnes  ne  peuvent  laisser  de 
doute  SUT  leur  geni'e.  La  giraflFe  les  auroit  plus  carrées,  et  avec  une 
petite  pointe  comme  les  cerfs  j le  bœuf  auroit  une  arête  cylindrique, 
comme  nous  l’avons  expliqué  dans  nos  remarques  préliminaii’es  sur 
les  .Tuminans. 

• M.  Bojanus,  qui  a très-bien  remarqué  cet, te  ressemblance  géné- 
-rale,  a aussi  observé  quelques  différences  qui  lui  ont  paru  justifier  la 
création  d’un  nouveau  nom  pour  l’animal  j mais  il  ne  le  propose  qu’a- 
vec doute,  et  en  s’offrant  d’y  renoncer  si  l’on  vient  à établir  que  ces 
dents  viennent  vraiment  d’un  chameau  ou  d’un  mouton'gigantesque, 
ou  d’une  antilope  (les  seuls  genres  en  effet  qui  manquent  d’arêtes 
entre  les  colonnes). 

Je  dois  croire  que  les  différences  dont  il  parle  viennent  de  ce  que 
les  têtes  de  chameaux  qu’il  prenoit  pour  objet  de  comparaison  étoient 
beaucoup  plus  âgées  que  l’individu  dont  viennent  ces  dents.  Un  dro- 
madaire seulement  un  peu  plus  âgé,  et  dont  les  dents  étoient  pres- 
que encore  dans  le  même  état  de  détrition , ne  m’a  paru  offrir  aucune 
différence  qui  ne  fût  purement  individuelle.  Ainsi  que  l’a  très-bien 
dit  l’auteur  que  nous  citons:  ce  sont  la  pénultième  et  l’antépénultième 
molaires  du  côté  gauche  de  la  mâchoire  supérieure. 

Il  reste  à constater  leur  gisement,  et  à rechercher  si  les  autres  os 
de  l’animal  ne  fourniront  point  quelque  caractère  spécifique. 

A l’instant  même,  M.  Marcel  de  Serre,  savant  professeur  de  miné- 
ralogie à Montpellier,  me  communique  le  dessin  d’un  fémur  fossile 
des  environs  de  cette  ville,  qui  re.ssemble  aussi  beaucoup,  dans  ce 
qui  en  reste , à celui  d’un  chameau. 

Sur  un  bois  de  Renne  Jhssile. 

Additioji  à la  page  g4  du  tome  IV. 

{ 

Nous  avons  vu  des  bois  semblables  à ceux  du  renne  associés  dans 
la  caverne  de  Breugue  à des  os  de  rhinocéros.  Il  y en  a aussi  qui 
accompagnent  les  os  d’éléphant  dans  les  couches  meubles  du  val 


ET  corrections.  5oç) 

d’Arno.  M.  Pentland  nous  en  a rapporté  un  qui,  dans  tout  ce  qui  en 
reste,  ressemble  à ceux  de  rennes  de  même  grandeur. 

Sur  le  grand  bois  de  Cerf  de  Scanie , déçjdt  par  Retzius. 

Correctioji  à l’article  IV,  page  96  du  IV®.  volume. 

M.  JSilson,  professeur  à Lund,  bien  connu  par  son  excellent 
ouvrage  sur  rorniihologie  de  la  Suède,  a eu  la  complaisance  de  m’a- 
dresser un  dessin  plus  exact  du  bois  de  cet  article,  et  d’après  la  com- 
paraison que  j’en  ai  faite  avec  les  innombrables  variétés  que  subissent 
les  bois  de  renne,  je  ne  doute  point  qu’il  n’ait  appartenu  à cette 
espèce , dont  les  bois , au  rapport  de  M.  Wilson , ne  sont  pas  rares 
dans  les  tourbières  de  cette  province.  Il  conviendra  donc  de  rayer 
ce  morceau  du  catalogue  des  animaux  perdus. 

Le  bois  de  renne  retiré  du  Bog,  dont  j’ai  dû  un  dessin  àM.  Bo- 
janus , professeur  de  FCilna , se  rapproche  beaucoup  de  celui-là. 

Dent  d une  espèce  de  Cerf  des  molasses  de  Suisse. 

Addition  à la  page  106  du  IV®.  volume. 

Elle  vient  d’une  espèce  moindre  que  le  chevreuil,  et  se  caractérise 
bien,  quant  au  genre,  par  la  petite  pointe  qui  est  à la  face  externe 
dans  le  bas  du  sillon. 

Je  la  dois  à M.  Hugi. 

Sur  les  os  fossiles  de  V A in'ochs  ou  Bison,  et  du  Bœiif  primitif 

ou  Unis. 

Addition  aux  pages  i4o — 154  du  IV®.  volume. 

M.  Nilson  a bien  voulu  m’adresser  le  dessin  d’un  squelette  entier 
de  l’aurochs , qui  a été  retiré  d’une  tourbière  de  Seanie.  Sa  taille  est 
grande , car  son  fémur  est  long  de  o,55 , ce  qui  est  plus  d’un  quart  en 
sus  de  notre  squelette  d’aurochs  vivant.  Du  reste  ses  formes  sont  en 
tout  point  les  mêmes. 


5io  ADDITIONS 

M.  Nilson  ajoute  que  Ton  déterre  aussi  dans  ces  tourbières  des 
restes  de  Yurus  ou  bœuf  primitif,  qui  surpassent  encore  davantage 
nos  bœufs  domestiques  que  ce  bison  ne  surpasse  les  aurochs  de  Li- 
thuanie. Il  s’y  trouve  également  des  os  d’élan  et  de  sanglier,  bien 
que  ces  deux  espèces  n’existent  plus  dans  le  pays  de  temps  immé- 
morial. 

Les  deux  espèces  de  bœufs  se  trouvent  aussi  en  Angleterre.  On  le 
savoit  déjà  pour  l’urus  par  Gains,  cité  par  Gesner;  mais  M.  Crow , 
l’un  des  habitans  de  l’Angleterre  qui  ont  mis  le  plus  de  zèle  à la  re- 
cherche des  productions  fossiles  de  ce  pays,  m’a  fait  voir  deux  des- 
sins de  crânes  de  sa  collection , et  dont  l’un  est  celui  d’un  urus,  et 
l’autre  celui  d’un  jeune  bison. 

L espece  de  1 urus  se  trouve  en  Prusse  et  en  Pologne  , comme  celle 
du  bison.  M.  de  JBœhr  {^dejhssilib.  ^dnim.  reliqidis , etc.,  p.  os8 — 
3o)  en  décrit  un  crâne  long  de  0,67 , des  environs  ^Angerburg. 

Sur  un  os  de  Ruynincint  dans  une  pierre  que  Von  croit  appartenir 

à la  formation  crayeuse. 

Addition  à la  page  106  du  IVe.  volume. 

M.  Boue' , que  j ai  déjà  eu  l’occasion  de  citer  touchant  certains  os 
de  mastodonte  qu’il  croit  dans  une  gangue  crayeuse,  a bien  voulu  me 
communiquer  des  pièces  qu’il  juge  devoir  concourir  de  même  à prou- 
ver qu’il  y a quelquefois  des  os  de  mammifères  dans  cette  formation. 

Il  y a entré  autres  un  canon  bien  caractérisé  d’un  ruminant  à peu 
près  de  la  taille  et  des  proportions  du  daim.  La  pierre  qui  le  contient 
est  un  calcaire  composé  de  grains  agglutinés,  qui,  vus  à la  loupe,  pa- 
roissent  un  détritus,  principalement  de  coquilles  ou  de  polypiers, 
mais  qui  forment  une  aggrégation  assez  solide.  L’aspect  a quelque 
rapport  avec  la  craie  tuffau  de  Maestricht , mais  le  grain  est  moins  fin , 
et  le  tissu  plus  dur  et  plus  ferme.  On  a tiré  ces  morceaux  d’une  car- 
rière exploitée  à Loretto , à six  lieues  de  Vienne,  dans  la  montagne 
de  Leitha , qui  est  entre  la  rivière  du  même  nom  et  le  lac  de  Neu- 


ET  CORRECTIONS.  5iT 

siedel,  et  qui  sépare  en  cet  endroit  la  basse  Autriche  du  comté  d’OE- 
demburg  en  Hongrie.  L’on  y trouve,  dit-on,  beaucoup  de  ces  os. 

D après  la  coupe  que  M.  Boué  m’a  remise,  ces  carrières  seroient 
en  effet  inférieures  aux  argiles  à lignitesj  mais  d’un  autre  côté,  je 
vois  par  une  note  de  M.  de  Schreibers,  que  la  montagne  de  Leitha 
appartient  essentiellement  au  calcaire  grossier,  et  M.  Beudant  l’enlu- 
mine  dans  sa  carte  minéralogique  de  Hongrie,  en  partie  comme  du 
calcaire  compacte , en  partie  comme  du  calcaire  grossier. 

Su?'  les  ewemes  à osse?nens. 

Addition  au  chapitre  II  de  la  4®.  partie  (tome  IV,  page  291 — Sog). 

L annee  dernière , M.  Buckland  a publié , sous  le  titre  de  Reliquiœ 
ddwnanœ,  un  ouvrage  de  la  plus  grande  importance,  dont  ces  ca- 
vernes et  les  os  quelles  contiennent  font  un  objet  principal.  A la  des- 
cription déjà  d exacte  qu’il  avoit  donnée  de  celle  de  Kirkdale,  il  ajoute 
celle  de  plusieurs  autres  récemment  découvertes  en  Angleterre. 

lo.  Celle  du  \idivc  àe  Duncombe , éloignée  de  la  première, 
qui  ne  contient  que  des  os  récents; 

2®.  Celle  de  Hutton,  village  du  comté  de  Sommerset,  au  pied 
des  collines  de  Mendip , qui  forment  un  petit  cap  dans  le  canal  de 
Bristol,  au  nord  de  la  baie  de  Bridgewater.  On  y a trouvé  des  os  d’é- 
léphans,  de  chevaux,  de  sangliers,  de  deux  espèces  de  cerfs,  de 

bœufs,  le  squelette  presque  entier  d’un  renard,  et  un  os  de  méta- 
carpe d’un  grand  ours; 

30.  Celle  de  Derdham-Down  près  de  Cliftan,  qui  est  tout  près 
de  Bristol,  à l’ouest  : il  y avoit  des  os  de  cheval; 

40.  Celle  de  Balleye  près  WirTcsiporth , dans  le  comté  de  Derby  : 
on  y découvrit,  en  i663,  des  dents  d’éléphans  dont  on  conserve 
encore  quelque  chose; 

5®.  Celle  de  Dreain,  au  village  de  Callow,  près  du  même  TVirks- 
^orth.  des  ouvriers  occupes  de  la  recherche  des  mines  de  plomb, 

3 découvrirent  au  mois  de  décembre  1822.  On  y trouva,  au  milieu 


additions 

d’une  masse  de  limon,  presque  tous  les  os  d’un  rhinocéros  en  très- 
bon  état,  qui  ont  été  recueillis  avec  soin  par  le  propriétaire,  M.  Gell^ 

6».  Les  trois  séries  de  fentes  et  de  cavernes  d’Oreston , près  de 
Plymouth,  dont  nous  avons  déjà  parlé  plusieurs  fois  : c’est  en  faisant 
disparoître,  pour  des  travaux  relatifs  à ce  port,  une  petite  colline  de 
calcaire  de  transition,  qu’on  les  a successivement  ouvertes.  La  der- 
nière ne  l’est  que  depuis  1822.  Outre  les  os  de  rhinocéros  déjà  dé- 
crits par  sir  Everard  Home,  et  dont  nous  avons  parlé,  on  y a trouvé 
des  restes  d’hyène,  de  tigre,  de  loup,  de  cerf,  de  bœuf,  et  surtout 
de  cheval.  Les  Transactions  philosophiques  de  iS'îS  contiennent  une 
lettre  de  M.  Joseph  FFidbey  sur  ces  cavernes,  avec  deux  coupes,  et 
suivie  d’une  description  et  d’excellentes  figures  des  os  les  plus  re- 
marquables qui  y ont  été  trouvés,  faites  par  M.  Clift,  dont  le  beau 
talent  a déjà  enrichi  ce  recueil  de  tant  de  planches,  non  moins  re- 
marquables par  leur  exécution  que  par  leur  fidélité  ; 

70.  Celle  de  Nicholaston , sur  la  côte  du  comté  de  Glamorgan, 
dans  la  baie  ^Oxwich:  on  y trouva  en  1792  des  os  d’éléphant,  de 
rhinocéros,  de  bœuf,  de  cerf  ët  d’hyène; 

Et  enfin  80.  celles  de  Papüand , dans  le  même  comté,  entre  la 
baie  à’Oxfpich  et  le  cap  de  FForms  qui  marque  l’entrée  du  canal 
de  Bristol  : il  y en  a deux  ouvertes  dans  une  falaise,  à trente  ou  qua- 
rante pieds  au-dessus  de  la  haute  mer,  où  l’on  ne  peut  arriver  qu’à 
la  marée  basse,  et  dont  le  sol  va  en  montant.  Le  curé  et  le  chirur- 
gien du  village  voisin  de  Portinan  y trouvèrent  une  défense  et  une 
molaire  d’éléphant,  en  suite  de  quoi  on  y recueillit  beaucoup  d’au- 
tres os  d’éléphant,  de  rhinocéros,  de  cheval,  d’ours,  d’hyène,  de 
renard,  de  loup,  de  bœuf,  de  cerf,  de  rat,  d’oiseau,  et  même  un 
squelette  de  femme  et  des  épingles  d’os;  mais  plusieurs  de  ces  os 
sont  modernes,  et  des  fouilles  faites  à des  époques  inconnues  ont 
déplacé  les  anciens,  et  les  ont  mêlés  avec  les  modernes  ainsi  qu’avec 
des  coquilles  de  la  mer  actuelle. 

A ces  descriptions  des  cavernes  anglaises,  M.  Buckland  a joint 
celles  de  plusieurs  cavernes  d’Allemagne,  qu’il  a pris  la  peine  de  visi- 
ter exprès.  Il  établit  que  les  os  qui  les  garnissent  sont  du  même  âge 


ET  CORRECTIONS.  5i3 

que  ceux  des  cavernes  d’Angleterre , et  il  y applique  la  même  théorie  ; 
mais  d après  ses  observations,  il  pense  que, l’hyène  y est  plus  rare 
que  je  ne  l’avois  cru. 

M.  Goldfuss,  dans  la  2^.  partie  du  XI^.  volume  des  Nouveaux 
Mémoires  de  l’Académie  des  Curieux  de  la  Nature,  imprimés  en 
1823,  a continué  ses  recherches  sur  les  os  fossiles,  et  particulière- 
ment sur  ceux  des  cavernes  de  Westphalle  et  de  Frauconie. 

11  estime  que  la  proportion  des  espèces  y est  à peu  près  telle  que 
pourhuit  cents  ours  des  cavernes  on  y trouve  soixante  ours  arctoïdes, 
dix  i/rsi^s prisons , trente  gloutons,  vingt-cinq  tigres  ou  lions,  cin- 
quante loups  et  vingt-cinq  hyènes,  ce  qui  est  tout-à-fait  l’inverse 
des  cavernes  d’Angleterre. 

Dans  la  caverne  de  Sundwich , et  dans  une  caverne  voisine  plus 
petite,  dite  de  Henri,  on  a trouvé  en  différens  temps,  outre  les 
morceaux  d’ours  des  cavernes,  un  crâne  et  une  portion  de  mâchoire 
d’hyène,  des  os  de  cerfs  gigantesques,  de  cerf  semblable  à l’ordinaire, 
d une  troisième  espèce  de  la  taille  du  daim,  un  crâne  de  glouton,  un 
Iragment  de  mâchoire  inférieure  de  cochon,  des  dents  et  un  occiput 
de  rhinocéros,  mais  point  de  tigres  ou  lions,  ni  de  loups.  Ces  amas 
d’os  ressemblent  davantage  à ceux  d’Angleterre  que  ne  font  ceux  de 
Franconie , où  c’est  à peine  si  l’on  trouve  quelques  débris  d’animaux 
herbivores. 


Sur  VOurs  paresseux  de  VInde. 

Additioji  à la  note  de  la  page  324  tome  IV. 

Notre  menagerie  possédé  aujourd’hui  vivant  ce  fameux  ours  du 
Bengale,  qui  avoit  été  pris  d’abord  pour  un  paresseux,  et  mon  frère 
va  en  publier  la  description.  Je  puis  dire  en  attendant  qu’il  ressemble 
parfaitement  à la  gravure  qu’en  avoit  donnée  M.  Bewick.  Les  longs 
poils  qui  lui  font  autour  du  crâne  et  des  deux  côtés  du  cou  une  es- 
])èce  de  perruque 5 son  museau  allongé;  ses  cartilages  du  nez  larges, 
déprimés  et  mobiles  ; la  manière  dont  il  tient  ordinairement  la  tête 
baissée  et  près  du  sol,  lui  donnent  un  aspect  fort  extraordinaire,  et 
T.  Y,  2e.  P.  65 


5i4  ADDITIONS 

très-différent  des  autres  ours.  Il  est  noir,  et  a le  museau  et  les  bouts 
des  doigts  blanchâtres , .et  sur  chaque  sourcil  une  tache  d’un  blanc 
fauve  : sa  taille  est  celle  d’un  ours  médiocre. 

Une  chose  remarquable,  c’est  que  cet  individu  a aussi  perdu  ses 
incisives  et  usé  une  grande  partie  de  ses  canines. 

Sur  l’Ours  de  V Amérique  méridionale. 

Addition  à la  page  827  du  tome  IV. 

11  existe  des  ours  au  Pérou,  comme  Acosta  et  Garcilasso  l’ont 
dit,  et  ce  sont  de  véritables  ours.  M.  le  baron  de  Makau , l’un  de 
nos  officiers  de  marine  les  plus  distingués,  en  avoit  apporté  un  de 
Lima  à M.  le  comte  Redon,  intendant  de  la  marine  à Brest,  lequel 
s’est  fait  un  plaisir  de  l’offrir  à la  ménagerie  du  Muséum  aussitôt 
qu’il  a su  qu  il  pouvoit  présenter  quelque  intérêt  à la  science.  Malheu- 
reusement cet  animal  est  mort  en  arrivant,  à ce  qu’il  paroît  des 
suites  de  l’excessive  chaleur  qu’il  avoit  éprouvée  dans  sa  route  sur 
la  rivière.  C’est  un  jeune  individu  pris  dans  les  Cordillères  du  Pérou. 
Il  a cependant  déjà  complété  sa  dentition:  ainsi  le  changement  de 
dents  se  fait  aussi  vite  dans  cette  espèce  que  dans  les  autres. 

Sa  forme  est  à peu  près  celle  de  l’ours  ordinaire  de  l’Amérique  du 
nord,  et  il  a de  même  le  poil  noir  et  luisant;  mais  sa  tète  est  un  peu 
plus  courte  et  plus  grosse;  son  front  un  peu  plus  bombé 5 il  a le  des- 
sus et  les  côtés  du  nez  blanchâtres  ; sa  gorge  est  blanche;  une  ligne 
fauve  part  de  la  racine  du  nez,  monte  entre  les  yeux,  se  bifurc|ue 
comme  un  Y grec,  et  chaque  branche  va  ainsi,  en  formant  un  sourcil 
sur  Toeil,  jusque  vers  la  racine  de  l’oreille. 

En  comparant  son  crâne  à celui  d’un  jeune  ours  de  l’Amérique 
septentrionale  à peu  près  de  même  grandeur,  j’ai  trouvé  le  museau 
et  toute  la  région  palatine  plus  courts  à proportion;  la  dernière 
molaire  aussi  plus  courte,  et  l’espace  entre  la  première  molaire  et 
la  canine  tellement  resserré,  que  les  trois  fausses  molaires  qui  l’oc- 
cupent n’ont  pas  assez  de  place  pour  y demeurer  en  ligne  droite" 


ET  CORBECTIONS.  5i5 

La  même  brièveté  de  cet  intervalle  se  fait  remarquer  à la  mâchoire 
inférieure,  qui,  à égalité  de  hauteur,  est  plus  courte  5 enfin  la  région 
du  front  est  plus  large  et  plus  bombée.  Il  est  très-probable , d’après 
ces  détails,  que  cet  ours  est  d’une  espèce  distincte  de  l’ours  noir  de 
l’Amérique  du  nord. 

Sur  les  Ours  bruns. 

J’ajouterai  ici  que,  d’après  le  témoignage  de  plusieurs  voyageurs 
très-capables  d’en  juger,  et  même  d’après  le  dessin  publié  par 
M.  Choris,  j’ai  tout  lieu  de  croire  que  l’ours  gris  ou  brun  d’Améri- 
que, dont  on  a fait  tant  de  récits  exagérés,  ne  diffère  point  par  1 es- 
pèce de  nos  ours  bruns  d’Europe. 

Je  dois  dire  encore  que  je  me  suis  assuré  à la  ménagerie  que  les 
ours  bruns,  d’abord  revêtus  d’un  poil  laineux,  prennent,  lorsqu  ils 
sont  fort  avancés  en  âge,  ce  poil  serré,  luisant  et  à reflets  argentes 
que  j’avois  observé  sur  des  ours  de  Pologne , en  sorte  que  cette  dif- 
férence ne  tient  qu’à  l’âge. 

Sur  des  ossemens  d’Ours  des  caçernes  decowerts  en  France. 

Addition  à la  page  347  du  IV*'.  volume. 

L’ours  n’avoit  pas  jusqu’à  présent  été  trouvé  fossile  en  France  : on 
vient  de  le  découvrir  dans  une  fissure  d’un  rocher  près  de  Chatillon, 
lieu  du  département  du  Doubs,  sur  la  rive  gauche  de  cette  rivière, 
près  de  Saint-Hippolyte  : c’est  une  colhne  escax’pee , dépendante 
du  revers  méridional  du  JLainriont,  petite  chaîne  qui  tient  elle-même 
à celle  du  Jura.  M.  Diwemqy,  docteur  en  médecine  à Montbéliard, 
et  autrefois  mon  très-utile  coopérateur  pour  la  rédaction  des  trois 
derniers  volumes  de  mes  Leçons  d’ Anatomie  comparée,  a bien  voulu 
m’adresser  les  os  qui  s’y  sont  trouvés,  en  les  accompagnant  d’une 
notice  instructive  sur  leur  position  et  la  roche  qui  les  receloit. 

Us  sont  enveloppés  dans  un  tuf  ochreux  mêlé  de  stalactite , avec 
lequel  ils  forment  une  brèche  très-semblable  à celle  des  montagnes 
des  bords  de  la  Méditerranée , ou  mieux  encore  aux  parties  durcies 

65* 


ADDITIONS 


5i6 

du  tuf  qui  remplit  les  cavernes  d’Allemagne.  La  plupart  de  ceux  que 
j’ai  reçus  étoient  plus  ou  moins  brisés,  mais  il  se  trouvoit  dans  le 
nombre  des  mâchelières  parfaitement  reconnoissables  pour  être  de 
Y ours  des  capejvies. 

Le  cliateau  ruine  de  Châtilloii  etoit  construit  sur  un  rocher  es- 
carpé, au  bord  d’un  vallon  profond  qui  aboutit  à la  vallée  du  Doubs. 
La  roche  est  un  calcaire  compacte  du  Jura,  en  bancs  inclinés  de 
degrés;  vers  le  sommet  du  rocher,  à l’ouest,  est  la  fente  presque 
verticale  d’où  on  a lii  é ces  os.  Il  y a avec  eux , et  dans  le  même  limon 
durci,  beaucoup  de  pierres  roulées  qui  appartiennent  toutes  aux 
roches  voisines,  savoir,  au  calcaire  compacte  et  àToolithe:  par  con- 
séquent, les  circonstances  de  leur  déposition  doivent  avoir  été  les 
memes  que  dans  la  plupart  des  fentes  à brèches  osseuses. 

Sur  des  os  d’Ours  des  caçejites  troupes  en  Hainaut. 

■Addition  a la  page  34^  du  IV®.  volume. 

M.  Drapiez , savant  naturaliste  de  Bruxelles,  dans  son  ouvrage 
intitulé  Coup  di œil  minéralogique  sur  la  propince  de  Hainaut , 
parmi  plusieurs  os  fossiles  des  environs  de  Ciplj  près  de  Mons,  cite 
et  représente  exactement,  pl.  I et  II,  une  tête  ^ours  des  cavernes 
parfaitement  caractérisée,  et  ajoute  que  dans  la  même  collection  se 
trouvoit  une  mâchoire  inférieure  et  quelques  débris  du  crâne  d’un 
individu  beaucoup  plus  grand;  mais  comme  il  ne  paroît  p£is  avoir  ob- 
servé ces  os  en  place,  mais  seulement  dans  un  cabinet,  il  pourroit 
y avoir  eu  quelque  confusion.  La  tête  gravée  et  coloriée  dont  je  viens 
de  parlei , lessemble  de  tout  point,  même  pour  la  consistance  et  la 
couleur,  a celles  que  1 on  retire  des  cavernes  de  Franconie, 

'^ur  les  Ours  fossiles  de  Toscane. 

Addition  a la  page  879  et  à la  page  507  du  tome  IV. 

Les  ours  des  couches  meubles  du  val  d’Arno  diffèrent,  comme 
je  1 ai  dit,  de  ceux  des  cavernes  d’Allemagne,  par  les  trois  petites 


ET  CORRECTIONS.  ^17 

molaires  qu’ils  ont  distinctes  j mais  on  vient  de  leur  trouver  nu 
caractère  encore  plus  marqué  dans  leurs  canines,  comprimées  au 
point  c[u’im  de  leurs  diamètres  ne  fait  pas  le  tiers  de  1 autre.  En 
outre  le  bord  concave  de  ces  canines  est  tranchant.  Notre  Muséum 
possède  une  portion  d’une  de  ces  dents,  et  le  modèle  peint  dune 
entière  qui  est  au  cabinet  de  Florence.  Il  doit  l un  et  1 autre  a la 
générosité  du  fou  grand-duc. 

Je  trouve  parmi  les  dessins  fossiles  du  cabinet  de  Darmslaclt,  qui 
m’ont  été  envoyés  par  M.  Schleyermacher , celui  d une  canine  com- 
primée cpii  me  paroît  ressembler  de  tout  point  a celles  de  Toscane^ 
c’est  ce  qui  me  détermine  h changer  le  nom  d etniscus  que  j avois 
donné  à cet  ours,  en  celui  de  cultridens. 

Sur  I’Once  de  Buffo?i. 

Addition  à l’histoire  des  grands  F élis  vivans,  tome  IV,  page  428» 

\Jonce  de  Buffon,  qui  n’avoit  pas  été  vue  depuis  ce  grand  natu- 
raliste , paroît  s’être  retrouvée.  M.  le  major  Charles  Hainilton  Smith, 
l’un  des  naturalistes  qui  connoissent  le  mieux  les  quadrupèdes,  m’a 
fait  voir  le  dessin  d’un  animal  que  le  roi  de  Perse  avoit  envoyé  au  roi 
d’Angleterre,  et  que  l’on  nourrissoit  a la  tour  de  Londres.  Il  venoit 
des  hautes  montagnes  du  nord  de  la  Perse , et  il  offre  tous  les  carac- 
tères que  l’on  observe  dans  la  figure  de  Buffon  : le  poil  plus  fourre , 
la  pâleur,  l’irrégularité  des  taches.  Il  est  probable  que  cet  animal, 
fjui  paroît  destiné  à vivre  dans  des  pays  assez  froids , est  celui  qui  se 
porte  au  midi  de  la  Sibérie  et  dans  le  nord  de  la  Chine  j et  il  ne  fau- 
dra plus  le  chercher  sous  le  nom  indiqué  par  Buffon  de  tigf'e  d’A- 
frique, qui  ne  lui  convient  nullement.  Au  reste,  ce  n’est  que  par  la 
comparaison  de  sa  tête  osseuse  avec  celle  de  la  panthère,  que  l’on 
pourra  s’assurer  s’il  forme  une  espèce  ou  seulement  une  variété. 


5i8 


ADDITIONS 


Os  fossiles  de  IF  élis  troui^és  en  Italie. 

Addition  à la  page  456  du  tome  IV. 

Le  père  Planciani,  jésuite  et  professeur  des  sciences  naturelles  à 
Viterbe,  a inséré  dans  le  1er.  vol.  des  Opuscoli  sciejitificiàQ  Bologne, 
p.  345,  un  mémoire  sur  des  os  fossiles  déterrés  à Magognano , dans 
le  territoire  de  Viterbe,  où,  parmi  des  os  d’éléphans  et  d’autres 
grands  herbivores , se  sont  trouvées  des  portions  de  mâchoire  de  deux 
félis  dont  il  donne  les  figures.  Il  y en  a une  de  la  taille  d’ùn  lion , et 
une  autre  de  celle  de  la  panthère. 

Sur  une  dent  fossile  de  Porc-épic. 

A ajouter  à la  page  65  du  V^.  volume,  ire.  partie. 

M.  Pentland  a recueilli  dans  le  val  d’Arno , près  de  Sangiouanni , 
dans  les  memes  couches  sableuses  qui  recèlent  tant  d’ossemens  de 
grands  quadrupèdes , une  dent  mâchelière  exactement  semblable  à 
celle  d’un  grand  porc-épic , mais  qui  paroît  avoir  été  bien  fossile. 
C’est  encore  un  genre  à ajouter  à la  liste  jusqu’à  présent  assez  peu 
nombreuse  des  fossiles  de  cette  famille. 

Sur  le  Castor  fossile. 

Addition  à la  page  65  du  V®.  volume,  ire.  partie. 

M.  Goldfuss  donne  {^Nopa  Acta  Acad.  nat.  Curios.,  t.  XI, 
2*.  part. , pl.  LVII,  fig.  i ) un  fragment  de  mâchoire  inférieure  de 
castor  d’un  tuf  calcaire  qui  couvre  le  trass,  dans  la  vallée  de  Tonnis- 
stein  près  d’Andernach.  La  même  couche  fournit  beaucoup  d’os  de 
cerfs  et  de  chevaux- 


ET  CORRECTIONS. 


5ig 

Sur  des  os  de  Mégathérium  trouvés  dans  les  États-Unis , 

en  Géorgie. 

Addition  à la  page  174  du  tome  V,  partie. 

M.  le  docteur  Mitchill  de  New-York  a rendu  compte,  dans  les 
Annales  du  Lycée  d’Histoire  naturelle  de  New-York,  de  dents  trou- 
vées sur  une  île  de  la  côte  de  Géorgie,  qui  ressemblent  parfaitement 
à celles  du  mégathérium.  Dans  le  numéro  du  même  jcmrnal  de  mai 
1824  5 M.  William  Cowper  donne  un  détail  des  os  retirés  des  maré- 
cages de  cette  île,  qui  se  nomme  Skidawaj.  11  y avoit  quatre  portions 
de  mâchoire,  cinq  fi’agmens  de  différentes  dents,  une  partie  de  1 axis, 
trois  autres  vertèbres,  dont  aucune  entière;  la  tête  inférieure  de  l’hu- 
mérus , les  têtes  supérieures  des  deux  fémurs,  une  portion  du  péroné 
et  d’autres  fragmens  moins  déterminables,  mais  qui  paroissent  tous, 
aussi-bien  que  les  dents  décrites  par  le  docteur  Mitchiil , avoir  appar- 
tenu au  même  individu.  M.  Cowper,  d’après  une  comparaison  soi- 
gnée de  ces  débris  avec  les  figures  et  la  description  des  os  de  méga- 
thérium de  ma  première  édition,  conclut  quils  appartiennent  a 
cette  espèce.  MM.  Waring  et  Habersharn , médecins  de  Saoannah , 
à qui  il  en  avoit  dû  la  communication,  assurent  qu’avec  un  peu  de 
travail  on  en  trouveroit  beaucoup  d’autres,  non-seulement  à cet 
endroit , mais  dans  un  lieu  de  la  côte  nommé  Whitebliijf,  et  dans 
un  autre  un  peu  plus  haut  sur  la  Samnnah.  Il  seroit  fort  à désirer 
que  l’on  parvînt  à obtenir  quelque  chose  de  plus  complet.  On  con- 
stateroit  ainsi  que  le  rnégcitJiériuni  a existé  à peu  près  aussi  loin  de 
l’équateur  vers  le  nord  que  vers  le  sud. 

Sur  les  Phoques  vwans. 

Addition  aux  pages  aoS  et  suivantes , tome  V,  partie. 

Nous  devons  des  renseignemens  précieux  sur  les  phoques  à deux 
envois  de  peaux  et  de  squelettes  de  ces  animaux  venus  du  Groenland,, 
faits  au  Muséum  par  M.  Reinhardt,  professeur  d’histoire  naturelle  à 


520  ADDITIONS 

Ijeide , a la  rGConiiiiandation  de  S.  A.  R.  le  prince  héréditaire  de 
Danemark,  qui  accorde  aux  sciences  et  à ceux  qui  les  cultivent 
dans  tous  les  pays,  une  protection  généreuse  digne  de  son  esprit 
élevé  et  de  son  ]>rofond  savoir. 

Ce  que  nous  avions  conjecturé  sur  l’identité  des phoca  groënlan- 
dica  et  oceanica ^ s’est  complètement  confirmé:  des  peaux  et  des 
têtes  de  difFérens  âges  et  de  différens  sexes,  formant  une  série  com- 
plète, ne  nous  ont  laissé  aucun  doute  à cet  égard. 

Elles  nous  ont  prouve  en  meme  temps  que  le  phoque  de  New- 
York,  envoyé  parM.  Milbert,  et  décrit  p.  204,  et  la  tête  représentée 
par  sir  Everard  Home,  et  citée  p.  2o5,  appartiennent  à cette  espèce 
et  à de  jeunes  individus. 

Une  serie  semblable  de  tetes  du  pJioca  cvistatci ^ le  prétendu  lco~ 
nina  de  Fabricius,  nous  a confirmé  également  l’identité  de  cette  es- 
pèce avec  le  niitrata  de  Camper  et  avec  notre  individu  de  New- 
York,  pl.  XVIII,  fig.  3,  décrit  p.  210  et  21 1.  A mesure  cju’elle 
vieillit,  ses  cretes,  et  suitout  les  surcilieres,  deviennent  rugueuses  et 
anguleuses. 

Ces  envois  nous  ont  aussi  fait  connoître  les  crânes  ài\x  phoca  bar- 
hata  et  Ayi.phoca  hispida  que  nous  n’avions  pas  vus.  he  phoca  hîs- 
pida  ressemble  au  groèhlandica  et  au  vitulina , mais  il  a le  crâne 
un  peu  plus  large,  le  museau  un  peu  plus  court,  et  surtout  l’inter- 
valle des  yeux  beaucoup  plus  étroit  et  plus  comprimé.  Ses  dents  sont 
comme  au  groenlaiidica ^ et  même  les  supérieures,  excepté  la  der- 
nière, manquent  du  petit  lobe  en  avant.  Sa  taille  doit  être  un  peu 
moindre  qu’au  vitulina.  Le  phoca  harbata  a à peu  près  les  dents  du 
vitulina,  un  peu  moins  larges  cependant;  mais  son  crâne  est  plus 
large,  plus  bombé;  son  museau  aussi  plus  bombé  par  les  côtés  et  à 
la  racine  du  nez,  et  1 intervalle  de  ses  orbites  plus  large,  et  formant 
de  chaque  côte  une  crête  surcilière  plus  marquée  : il  doit  devenir 
bien  plus  grand  c[ue  le  vitulina.  Ces  détails  s’accordent  très-bien 
avec  ce  que  habricius  dit  de  ces  deux  espèces,  dont  l’existence  est 
par  là  complètement  établie. 

Au  reste , mon  frere  a aussi  profite  de  ces  envois  pour  le  mémoire 


ET  CORRECTIONS.  Saî 

qu’il  vient  de  publier  sur  les  phoques  (dans  les  Mémoires  du  Mu- 
séum, t.  XI,  p.  174)5  où  l’on  trouvera  les  figures  des  tètes  de  ces 
différentes  espèces. 

On  voit  une  bonne  figure  du  phoca  mstata  àd^ns  le  Journal  du 
Lycée  de  ISew-Yorck,  mai  18245  pb  VH* 

Correction  à la  page  209,  ligne  27  : au  lieu  de  machelieres,  lisez 
incisives. 

Correction  à la  page  21 1 , ligne  2 : au  lieu  de  long,  lisez  large. 

Sur  un  pied  de  demère  fossile  de  P lioque. 

Addition  à la  page  284  du  V®.  volume,  partie. 

Le  Muséum  de  l’université  de  Pesth,  en  Hongrie,  possède  un 
pied  de  derrière  de  phoque,  encore  assemble,  et  dont  le  tarse  et  le 
métatarse  sont  entiers  et  en  place , ainsi  que  les  premières  phalanges 
du  troisième  et  du  quatrième  doigt,  et  une  moitié  de  celle  du  pouce. 
Ce  magnifique  morceau,  dont  je  dois  un  modèle  peint  à la  complai- 
sance de  M.  de  Schreihers , directeur  du  cabinet  impérial  de  Vienne, 
est  dans  le  calcaire  grossier  qui  forme  principalement  la  chaîne  de 
montagnes  qui  sépare  la  basse  Autriche  de  la  Hongrie.  On  1 a trouve 
à Holisch,  bourg  de  Hongrie,  dans  le  comté  de  JJ  entra,  sur  la 
rive  gauche  de  la  Morava,  à dix  lieues  au  nord-est  de  Vienne.  Ce 
pied,  dans  tout  ce  qu’on  en  voit,  diffère  très-peu  de  celui  de  notre 
phoque  ordinaire. 

Sur  le  squelette  du  Morse  et  sur  les  os  fossiles  de  cet  animal. 
Addition  à la  page  284  du  tome  V,  ire,  partie. 

J’ai  trouvé  encore  un  témoignage  en  faveur  de  l’existence  des  os 
de  morse  à l’état  fossile;  c’est  celui  de  Georgi,  dans  son  Histoire 
naturelle  de  Russie,  t.  Ill,  p.  591. 

Moi-même  , d’après  un  nouvel  examen  des  os  trouvés  auprès 
d’Angers,  j’y  ai  reconnu  une  côte  et  une  vertèbre  de  morse,  et  j’en 
T.  V,  2e.  P.  66 


522  ADDITIONS 

ai  eu  des  fragmens  de  dents  du  département  des  Landes.  C’est  ce 
qui  me  détermine  à profiter  de  l’occasion  que  j’ai  d’oIFrir  aux  géolo- 
gistes  un  objet  de  comparaison  pour  les  ossemens  de  ce  genre.  Le 
squelette  de  morse  de  la  pl.  XXXIII , le  premier  qui  aura  été  publié 
par  la  gravure,  est  dû  au  zèle  inépuisable  de  M.  le  professeur  Buck- 
land,  qui,  ayant  reçu  de  l’amirauté  ce  beau  morceau  recueilli  dans 
la  mer  Glaciale,  par  les  compagnons  du  capitaine Parry,  a bien  voulu 
me  fournir  par  là  les  moyens  de  compléter  l’iiistoire  ostéologique  des 
grands  mammifères. 

Le  cou  est  aussi  long  qu’aux  phoques  ; des  côtes  épaisses  forment 
un  thorax  large  et  solide. 

II  y a sept  vertèbres  cervicales,  quatorze  dorsales,  six  lombaires ,. 
quatre  sacrées,  et  huit  ou  neuf  coccygiennes. 

Le  sternum  a neuf  os,  et  il  y a neuf  paires  de  côtes  vraies. 

Toutes  les  parties  du  squelette  ressemblent  beaucoup  à celles  du 
phoque  à ventre  blanc. 

Les  apophyses  transverses  des  vertèbres  cervicales  se  prolongent 
un  peu  plus. 

Les  apophyses  épineuses  des  dorsales  s’élèvent  moins,  et  ont  plus 
de  dimension  d’arrière  en  avant. 

Les  corps  des  vertèbres  sont  plus  courts  et  plus  larges;  les  apo- 
physes transverses  des  dorsales  se  renflent  au-dessus  de  l’articulatiou 
des  côtes  en  tubercules  rugueux.. 

La  partie  supérieure  des  côtes,  surtout  des  antérieures,,  est  COm- 
primée  et  plate  d’avant  en  arrière. 

L’omoplate  est  moins  large  de  la  partie  antérieure,  plus  haute  à 
proportion  par  conséquent;  son  bord  postérieur  est  plus  rectiligne-; 
son  épine  est  plus  saillante. 

La  crête  deltoïdale  de  l’humérus  et  ses  crêtes  condyloïdiennes 
sont  plus  marquées;  l’ olécrane  est  moins  haut,  et  ne  fait  pas  en  des- 
sous un  crochet  si  aigu. 

Les  dernières  phalanges  ont  une  forme  très-particulière,  tronquées 
net  au  bout,  ayant  en  dessus  une  fosse,  au  milieu  de  laquelle  est 
une  très-légère  arête  servant  de  base  à l’ongle.  Cependant  le  phoque 


ET  CORRECTIONS.  SaS 


approche  de  cette  forme,  mais  sa  fosse  n occupe  fjue  le  bout  de  la 
phalange. 

Le  bassin  est  plus  allongé;  son  os  des  îles  plus  long  et  plus  épais; 
le  fémur  est  aplati  de  meme,  mais  un  peu  plus  long  h propoition  et 

moins  rétréci  dans  le  haut. 

Le  tibia  et  le  péroné  sont  moins  arques. 

L’astragale  se  rapproche  davantage  de  la  forme  d’un  astragale  de 
carnassier  ; aussi  le  pied  paroît-il  pouvoir  prendre  plus  aisément  sa 
position  ordinaire  dans  ces  animaux.  Du  reste,  il  est  composé  comme 

dans  le  phoque. 

La  queue  est  plus  courte  à proportion  que  dans  la  plupart  es 
phoques. 

Explication  de  la  planche  XXXÏII- 


Le  squelette  du  morse  est  représenté  fig.  i ; la  tête,  vue  par  sa  face  supérieure,  fig.  y 
par  sa  face  inférieure , fig.  3 ; par  sa  face  antérieure , fig.  4i  pa*"  postérieure  , ig- 

Fig.  6 représente  la  face  antérieure  de  Pomoplate;  l’iiumerus,  fig.  7 ; sa  tele  supérieure, 
fig.  8;  sa  tête  inférieure,  fig.  9;  le  culiitus  et  le  radius,  fig.  10  ; leur  tête  supérieure,  vue 
par  sa  face  antérieure  , fig.  1 1 ; leur  face  inférieure , fig.  12  ; le  carpe  et  le  métacarpe , fig.  1 3, 

le  bassin,  fig.  le  fémur,  fig.  l5;  sa  tête  supérieure , fig.  i6;  sa  tele  inferieure,  fig.  17; 
le  tibia  et  le  péroné,  fig.  18;  leur  tête  supérieure,  fig.  19;  leur  tête  inferieure,  g.  ?.o  ; 
l’astragale , vu  par  sa  kee  inférieure  , fig-  » ■ i 'e  calcanéum , fig.  22  ; le  tarse  et  le  métatarse , 
fig.  23  ; l’atlas^u  par  sa  face  supérieure,  fig.  24  ; par  sa  face  mfeneure,  fig.  a5. 


Sur  le  Rorqual  de  la  mer  Adriatique  au  cabinet  de  Bologne. 

Addition  à la  page  872  dn  tome  V,  partie. 

Ranzani  a bien  voulu  m’envoyer  un  dessin  parfaitement  exé* 
cuté  de  la  tète  de  ce  rorqual , vue  par  ses  trois  faces  principales. 
C’est  un  jeune  individu;  et  en  comparant  ces  dessins  avec  ceux  de  la 
tête  qui  est  au  cabinet  de  Berlin , et  dont  je  donne  la  figure  pl.  XXVI, 
fig.  6,  je  l’ai  trouvée  entièrement  semblable,  en  sorte  qu’il  n’y  a 
pas  lieu  de  douter  que  la  même  espece  de  rorqual  ne  vive  dans  la 
mer  du  Nord  et  dans  la  Méditerranée  ; mais  en  même  temps  xl  y 
en  a dans  celte  dernière  mer  une  autre  espèce,  celle  qui  a échoue 
aux  îles  Sainte-Marguerite,  et  que  nous  représentons  même  planche. 


ADDITIONS 


Sur  le  Sucilis  des  anciens  Égyptiens. 

Addition  aux  pages  1^5 — 49  du  tome  V,  ae.  partie. 

Ma  conjecture  sur  le  sens  du  mot  Suchis  vient  de  recevoir  une 
confirmation  remarquable.  M.  ChampoUionXe  jeune,  dans  son  Pan- 
théon égyptien,  a établi,  par  les  monumens,  que  Souk  étoit  le  nom 
d un  dieu  qui  correspondoit  à Saturne,  et  que  l’on  représentoit  avec 
une  tête  de  crocodile. 

Sur  rOste'ologie  de  la  tête  du  Crocodile. 

Addition  aux  pages  69—88  du  V^.  volume,  ae.  partie. 

Je  dois  prévenir  que  mes  observations  sur  la  théorie  de  M.  Geof- 
froy Saint-Hilaire,  concernant  la  tête  du  crocodile,  ne  se  rapportent 
qu’aux  mémoires  quil  a publiés  sur  ce  sujet  dans  les  Annales  du 
Muséum,  et  non  a celui  qu  il  vient  de  lire  à l’Institut,  et  où  il  pré- 
sente des  idées  assez  différentes  des  anciennes..  Ce  dernier  mémoire 
n’étant  pas  encore  imprimé  en  ce  moment,  4 octobre  i8a4,  il  ne 
m’a  malheureusement  pas  été  possible  de  le  prendre  en  considération. 

Sur  la  tête  fossile  de  Crocodile  des  carrières  d’AltorJ,  du  cabinet 

de  Manheini. 

ylddition  à la  page  116  du  V®.  volume,  a^.  partie. 

M.  le  docteur  naturaliste  célèbre,  directeur  de  ce  cabinet 

a bien  voulu  à ma  prière  m envoyer  de  nouveaux  dessins  de  ce  mor- 
ceau, faits  avec  beaucoup  de  soin,  et  accompagnés  de  notes  précises 
sui  ses  chmensions.  Comparaison  faite  de  ces  dessins  avec  ceux  de 
Collini  et  de  M.  Paiijas , il  paroît  que  le  premier  le  représentoit  trop 
long  et  le  second  trop  court,  ce  qui  peut  venir  de  ce  qu’ils  ont  rap- 
proche plus  ou  moins  le  bec  de  la  tête,  ces  deux  portions  ne  se  re- 
joignant pas  exactement.  D’après  M.  Suckow,  sa  longueur  est  de 
vingt-quatre  pouces  du  Rhin  (0,628),  sa  largeur  de  quatre  pouces 


ET  CORRECTIOISS.  5a5 

dix  lignes  (0,126).  Au  total,  cette  tête  me  paroîtcle  la  même  espèce 
que  celle  de  Honfleur,  pl.  X,  fig.  i à 4>  et  confirme  la  longueur 
que  nous  avons  attribuée  à son  bec. 

T)' une  très-graJide  Tortue  de  mer  des  carrières  de  Mont, 

près  de  Lunéadle. 

Addition  à la  page  a43  du  V^.  volume,  2e.  partie. 

Les  mêmes  carrières  d’où  l’on  a tiré  les  os  d’un  saurien  que  nous 
avons  décrit  p.  355  de  ce  volume,  ont  donné  aussi  plusieurs  os  de 
tortue.  M.  le  chevalier  de  Villers,  alors  sous-préfet  de  Luneville,  au- 
jourd’hui préfet,  a eu  la  complaisance  de  nous  communiquer  entre 
autres  un  radius  long  de  0,29  sur  o,o65  de  hauteur  moyenne,  ce 
qui  indiqueroit  une  carapace  de  2,56o  ou  de  près  de  huit  pieds  de 
longueur. 

Parmi  les  os  que  nous  a adresses  de  ce  même  lieu  M.  le  docteur 
Girardeau,  se  trouve  aussi  un  pubis  long  de  0,095  sur  0,078,  ce  qui 
se  rapporteroit  à une  carapace  de  0,620. 

Plusieurs  autres  os  annoncent  encore  cette  tortue,  qui,  bien  cjue 
du  sous-genre  des  cliélonées  , ne  laissoit  pas  que  de  différer  assez  et 
de  nos  tortues  de  mer  d’aujourd’hui  et  de  celles  de  Maestricht. 

Dernière  Observation. 

J’avois  aussi  le  projet  de  donner  des  chapitres  sur  les  os  d’oiseaux 
et  de  serpens  ; mais  le  grand  nombre  d’animaux  de  la  classe  des  rep- 
tiles qui  ont  été  découverts  pendant  le  temps  même  que  jetravaillois 
à mon  ouvrage  ayant  pris  tout  l’espace  dont  je  pouvois  disposer, 
j’ai  du  renoncer  à cette  partie  de  mon  plan. 

Au  reste,  mes  lecteurs  y perdront  peu  ; l’ostéologie  philosophique 
de  ces  deux  classes  n’avoit  que  peu  de  choses  à désirer,  et  en  suppo- 
sant que  je  ne  sois  pas  prévenu  à cet  égard,  j’aurai  d’autres  occasions 
de  la  compléter.  Quant  aux  os  fossiles,  ils  sont  si  rares  et  fournis- 
sent si  peu  de  caractères  spécifiques,  qu’ils  n’auroient  pas  conduit  à 
des  conclusions  bien  positives.  Ainsi,  après  Montmartre,  il  n’a  guère 


526  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS, 

été  découvert  d os  d oiseaux  en  quelque  abondance  que  ceux  de 
l’oolite  de  Stonesfield,  que  M.  Buckland  va  bientôt  faire  connoître 
dans  les  Transactions  de  la  Société  géologique  de  Londres;  et  ceux 
du  terrain  d’eau  douce  des  environs  de  Clermont,  sur  lesquels  je 
pourrai  aussi  donner  un  mémoire.  Les  os  de  serpens  sont  encore  plus 
rares,  s il  est  possible.  Je  n en  ai  vu  que  des  vertèbres  des  brèches 
osseuses  de  Cette,  dont  j ai  parle  a 1 article  de  ces  brèches  et  une 
seule  des  terrains  d’eau  douce  de  l’île  de  Sheppey. 

Je  termine  donc  ici  cette  édition , probablement  la  dernière  qu’il 
me  sera  possible  de  publier,  et  laissant  à mes  successeurs  à cultiver 
un  champ  que  je  n’ai  fait  qu’ouvrir  , et  qui  bien  certainement  leur 
donnera  encore  des  moissons  plus  riches  que  toutes  celles  que  j’ai 
pu  recueillir  ; je  vais  désormais  consacrer  ce  qui  me  restera  de 
temps  et  de  forces  à publier  des  recherches  déjà  faites  sur  l’histoire 
des  poissons,  mais  surtout  à terminer  et  à publier  mon  Traité  général 
d’ Anatomie  comparée. 


FIN. 


RÉSUMÉ  GÉNÉRAL 

Des  Ahimeiux  dont  les  caractères  ont  ete  indicj^ues  ou 
rectifiés , ou  dont  VOstéologie  a été  décrite  dans  cet 
ouvrage, 

VIVANS.  FOSSILES. 

pachydermes. 

Éléphant  d’Asie.  i Éléphant  fossile  ou  Mammouth  des  Russes 

Éléphant  d’Afrique.  ),  ’ ( EL  primigenius).  I,  75—195,  335', 

III , 371  et  4o5  ; IV , 49 1 - 

Grand  Mastodonte  (M.  maximus).  I,. 

206' — 249;  III J 376. 
Mastodonte  à dents  étroites  (il/,  angus- 
tidens)\.  1,  25o — a65 , 335^ IV,  493- 
Mastodonte  des  CordelièresX 

{M.  Andium').  1 

Mastodonte humboldien  (ÆT.I 

Ilumboldü).  l I,  266 — 

Petit  Mastodonte  (df.  minu-(  268.. 

tus).  I 

Mastodonte  tapiroïde  (M.  ta-\ 
piroïdes ) . ' 


Hippopotame.  I,  270—302.  Grand  Hippopotame  fossile  (//.  major). 

I,  3o4— 3225 III,  38o;  IV,  4g3. 
Petit  Hippopotame  fossile  {H.  minutus). 

1 , 322 — -33  X 5 III , 382. 
Moyen  Hippopotame  fossile  (üT.  médius). 

1,  332—333. 

Animal  voisin  des  Hippopotames  (ZT.  du- 
bius).  1,333 — 334* 


Rhinocéros  unicorne  des  Indes.  II,  2'.  Rhinocéros  fossile  à narines  cloisonnées 

part. , p.  i6.  {R.  tichorhinus).  II,  part,  i,  p.  64; 

IV,  496- 


528 


RÉSUMÉ  GÉNÉRAL 


•V  IVAN  s. 


FOSSILES. 


Rhinocéros  unicorne  de  Java.  II,  i*'®.  part., 

p.  33  ; III,  384. 

Rhinocéros  bicorne  de  Sumatra.  III,  385. 


Rhinocéros  bicorne  du  Cap.  II,  i«'*.  part. , 

p.  29;  IV,  4g3. 


Rhhiocéros  fossile  à narines  non  cloison- 
nées et  sans  incisives  ( R.  leptor/iiniis). 

II,  part.  I,  p.  71- 
Rhinocéros  fossile  à narines  non  cloison- 
nées muni  d’incisives  (R.  incisivus)- 
II,  part.  I,  p.  89;  III,  p.  390-,  et'V, 
part.'  2 , p.  5oi. 
Petit  Rhinocéros  (iî.  minutus).  II,  part. 

2 , p.  89. 


Cheval. 

Cochon. 

Daman. 

Tapir  d’Amérique. 


II,  part,  t,  p.  gg. 
II , part,  t , p. 

II , part.  I , p.  12^, 
II,  part.  p.  145. 


Palæotherium  magnum. 
Pal.  medium. 

Pal.  crassum. 

Pal.  latum. 

Pal.  curtum. 

Pal.  minus. 

Pal.  minimum. 


tome  III , 
ïpassim,  et 
' spécialem*. 
>p.  25o  ; et 
l tome  V,  2®. 
j partie  , p. 
5o5. 


Pal.  aurelianense.  III , 254  ; IV,  498  et 


499- 

Pal.  isselanum.  III , 258. 

Anoplotherium  commune. 

Anopl.  secundarium.  et  III, 

396. 

Anopl.  gracile. 

Anopl.  leporinum. 

Anopl.  murinum. 

Anopl.  oblic/uum. 

Chœropotamus  parisiensis.  III , 260 . 


Adapis  parisiensis.  265. 

Anthracotlmrium  magnum.  398. 

Anthr.  minus.  4°3. 

Anthr.  minimum.  4o4- 

Anthr.  alsaticum.  IV,  5or. 

Anthr.  velaunum.  V,  2®.  part. , 5o6. 
Elasmothérium.  II , 1'®.  part. , p.  95. 
Cheval  fossile.  109. 

Cochon  fossile.  i25. 


tome  III , 
\passim,  et 
^spécialem'. 
p.  25o. 


Tapir  gigantesque. 


i65. 


DES  ANIMAUX  DE  CET  OUVRAGE.  529 

VIVANS.  FOSSILES. 

Tapir  des  Indes.  II,  part,  r , p.  i56. 

Lophiodon  moyen  d’Issel.  II,  part,  i, 

Petit  Lophiodon  d’Issel.  i83. 

Grand  Lophiodon  d’Issel , d’Argenton  et 
de  Soissons.  II,  1".  part.,  p.  184,  189 

et  21 1. 

Lophiodon  secondaire  d’Argenton.  191. 
. Petit  Lophiodon  d’Argenton.  193. 

Très-petit  Lophiodon  d’Argentoii.  1^4. 
Grand  Lophiodon  de  Buchsweüer.  200  et 


Lophiodon  secondaire  de  Bnchsweiler. 

II , i".  part. , 206. 
Très-grand  Lophiodon  de  Moiitabusard 
près  Orléans,  et  de  Gannal.  Il,  i".  part. , 
21 4 5 et  III,  394. 
Moindre  Lophiodon  de  Montabusard.  II, 

i".  part. , 216. 
Lophiodon  de  Montpellier.  217. 

Lophiodon  du  Laonnais.  218. 

Cincpiième  Lophiodon  d’Argenton.  IV, 

498. 


RUMINANS. 


Cerf  commun  (C.  elaphus).  IV,  24. 
Grand  Cerf  du  Canada  (C,  canadensis). 

IV,  26. 

lûaxm{C.  dama).  29. 

Cerf  de  la  Louisiane  {C.  virginianus). 

IV,  33. 

C.  paludosus.  • 3 g 

C.  Axis.  il,, 

C.  Hippélaphe.  4o. 

C.  Mulet.  43. 

C.  Cochon.  43  et  5o3. 

C.  Rousso.  44- 

C.  equinus.  45- 

C.  des  Marianes.  ib. 

C.  de  Manille.  46. 

C.  de  Timor. 

T.  V,  2e.  p. 


Cerf  à bois  gigantesques.  IV,  70. 

Renne  d’Étarapes  et  de  Breugue.  89. 

Daim  gigantesque.  94* 

Renne  de  Scanie.  965  et  V,  2®.  part. , 5og. 

Cerfs  semblables  au  Cerf  commun.  98. 

Chevreuil  de  Montabusard.  io3. 

Chevreuil  des  tourbières.  io5. 

Cerf  des  breches  osseuses  de 
Gibraltar,  etc. 

1®’'.  Cerf  de  Nice,  à collet 
saillant  aux  molaires. 

2®.  Cerf  du  même  lieu. 

Petite  espèce  de  Pise. 

Antilope  ou  Mouton  de  Nice. 

67 


IV,  de  168 
à 225. 


53o 

EÉSUMÉ  GÉNÉRAL 

VI  VA  N s. 

FOSSILES. 

Chevreuil. 

IV,  47.  Cerf  des  molasses  de  Suisse.  V, 

2®.  part. , 

C.  Munljak. 

48. 

5o8. 

C.  subeornutus . 

5i. 

C.  Campestris. 

5i  et  5a. 

C.  Guazouti. 

ib. 

C.  lîiifus. 

ib. 

C.  lYemorivagus. 

53. 

Le  Renne. 

57. 

L’Élan. 

64  et  5o6.‘ 

C.  Aristotelis . 

5o3. 

C.  TVallichii. 

5o5. 

C.  Duvauceüi. 

5o5. 

Bœuf  commun. 

IV,  log.  Aurochs  fossile.- 

IV,  i4o. 

Aurochs  {B.  unis  L.). 

ib.  Bœuf  fossile.  i5o  ; et  V,  2®.  part. , 

Bufï’alo  (jf?.  bison  L.  ). 

117.  Bufle  musqué  fossile. 

io5. 

Bufle  (7?.  biibalus  L.). 

122. 

Sa  variété  à longues  cornes 

{B.  ami).  127. 

Bœufà  queue  de  cheval  (7?.  gmnniens  ). 

IV,  129. 

Bufle  du  Cap  (B.  Caffer). 

1 3a. 

Bufle  musqué  (7?.  moschatus),  i3J. 

Bœuf  des  Jongles  ( B.  frontalis).  5o6. 

CARNASSIERS. 

Chats. 

IV , a33 , 275. 

Le  Lion. 

408. 

Le  Couguar. 

4ii.  Grand  Félis  des  cavernes  {Felis 

spelψ). 

Le  Tigre. 

414. 

IV,  452. 

Le  Jaguar. 

417.  Petit  Félis  des  cavernes  (Felis  antiqua). 

Le  Jaguar  noir. 

421. 

ib. 

La  Panthère 

4a5.  Grand  Félis  des  brèches. 

IV,  193. 

Le  Léopard. 

426.  Petit  Félis  des  brèches. 

ib. 

Le  Léopard  noir. 

427. 

L’Once.  j et  V, 

a®,  part. , 5t7. 

Le  Guépard. 

43o. 

Le  Serval. 

432. 

Le  Chibigouazou, 

434. 

L’Ocelot. 

ib. 

DES  ANIMAUX  DE  CET  OUVRAGE. 


'53 1 


VIVAIS. 


Le  Chati. 

IV,  436. 

Le  Margay. 

436. 

Le  Chat  de  Java. 

ib. 

Le  Chat  de  Sumatra. 

ib. 

Le  Chat  de  Diard. 

437. 

Le  Chat  sauvage. 

ib. 

Le  Chat  du  Cap. 

ib. 

Le  Jaguarondi. 

438. 

Le  Caracal. 

439. 

Le  Chaus. 

440. 

Le  Lynx. 

44i. 

Le  Lynx  du  Canada. 

443. 

Le  Chat-Cervier. 

ib. 

Hyènes, 

IV,  236 , 276. 

Hyène  rayée  d’orient. 

38 1 et  suiv. 

Hyène  tachetée. 

ib. 

Ratel. 

287. 

Putois , Zorille , Marte. 

23g , 277. 

Zorille. 

Grison,  Taira,  Glouton. 

1 y 

241 , 277. 

Glouton. 

476. 

Ratel. 

479- 

Grison. 

481. 

Taira. 

48 1. 

Moufettes  et  Midaus. 

241. 

Le  Chinche. 

471. 

Moufette  du  Chili. 

ib. 

Moufette  de  l’Amérique 

septentrionale. 
IV,  472. 

Midaus. 

474- 

Gulo  orientalîs  de  Horsfield.  ib. 

Loutres. 

243, 277. 

Blaireaux. 

244,  277. 

FOSSILES. 


Hyène  fossile. 

IV,  3q2  et  507-. 

Putois  fossile. 

467. 

Belette  fossile. 

475. 

Glouton  fossile. 

475. 

Chiens. 

Isatis. 

Renard  tricolor. 
Corsac. 

Chacal. 


IV,  246,  267. 
V,  2®.  part, , p.  5o6. 

IV, 463. 


ib. 

ib. 


Loup  fossile. 

Renard  fossile. 

Chien  fossile  gigantesque. 
Chien  des  plâtrières. 


IV,  458. 
4G1  et  5o8. 


466. 

III,  267. 


G']* 


532 


RÉSUMÉ  GÉNÉRAL 


VI  VANS. 


FOSSILES. 


Chacal  à dos  noir. 

IV,  463. 

Grand  Loup  rouge. 

ib. 

Loup  du  Mexique. 

464. 

Guaracba. 

ib. 

Loup  crabier. 

ib. 

Loup  des  îles  Malouïnes. 

ib. 

Chiens  sauvages. 

ib. 

Mégalotis. 

ib. 

Chien  hyénoïde. 

386. 

Civettes,  Mangoustes,  Geneltes,  Para- 

doxures. 

Genette  hyénoïde.. 
Suricate. 

Ratons  et  Coatis. 
Ours. 

Ours  brun. 


IV 


, 249,  277. 

389. 

25 1. 

253 , 274. 
255 , 273. 
3i4  et  332. 


Genette  des  plâtrières. 


III, 


Î72. 


Ours  gris.  IV,  319;  et  V,  2«.  part.,  5 14. 
Ours  noir  d’Europe.  IV,  3i6  et  333. 
Ours  noir  d’Amérique.  3 18  et  333. 
Ours  blanc  polaire.  327  et  332. 

Ours  paresseux  et  à larges  lèvres  { JJ.  la- 
hiatus).  IV,  3-22,  324  et  334;  et  V, 
2'.  part. , p.  5 12. 
Ours  malai  ( U.  malajanus).  IV,  324  et 

334. 

Ours  du  Thibet.  SaS. 

Ours  des  Cordillères.  V,  2®.  part. , 5i4. 
Insectivores.  iv,  258. 


Genre  voisin  des  Coatis  retiré  des  plâtriè» 

III , 269. 

Ours  des  cavernes  (Z7.  spelæus).  35i  ; /f/" 
et  V,  2®.  part. , p.  5i4  et  5i5. 

Ours  arctoïde  ( U.  arctoïdeus).  îfS^  356.  îï^ 
Ours  intermédiaire  ( U.  priscus  Goldf.). 

IV,  357. 

Ours  à dents  comprimées  de  Toscane  ( U. 
cultridens  ).  IV,  378  et  507  ; et  V,  2'. 

part. , p.  5i6. 


Sarigue  des  plâtrières.  IH^ 

Carnassier  de  Stonesfield , voisin  des  Sari- 
V,  2®.  part.,  p.  349. 


Phoque  commun.  V,  i«.  part. , p.  200. 
Phoca  groënlandica  ou  oceanica.  2o3 , 

et  2®.  part.,  520. 

Phoca  leporina. 

Phoca  lagura. 

Phoca  leptonyx. 

Phoca  monachus. 

Phoca  cristata.  210,  et  2® 

Phoca  proboscidea. 


part. 


205. 

206. 
208. 

ib. 

520. 


Phoques  fossiles.  V,  P®,  part.,  232,  et 2*. 

part.  ,521. 


533 


DES  ANIMAUX  DE  CET  OUVRAGE. 


VIVAWS. 

Phoca  barbata.  V,  i”.  part. , 2i4î  et  a®. 

part. , 5ao. 

Phoca  hispida.  2x5,  et  2'.  part. , Sao. 
Phoca  ursîna?  217- 

Phoca  leonina  ? 2 1 1 . 


FOSSir.ES. 


Morse. 


V,  2«.  part. , P-  522.  Morse  fossile.  V,  i^'-p.,  234;  et  2'.  p.,  Sai. 

RONGEURS. 


Marmottes.  V,  r 

Spermophiles. 

Écureuils. 

Castors. 

Oryctères. 

Géoriques. 

Campagnols. 


part. , p.  6 et  2g. 

2 et  29. 
9 et  28. 
lo,  37  et  49- 

12  et  3i. 

3a. 

13  et  42- 


Rats.  i4  et  3o. 

Hamsters.  • i5  et  3i. 

Loirs.  i5et3o. 

Hyclromys.  i5  et  3i. 

Spalax.  16  et  3a. 

Gerboises.  16  et  33. 

Gerbilles.  3a. 

Merions.  ^4- 

Hélamys.  17  et  43- 

Ecliimys.  18  et  34- 

Saccomys.  36. 

Porc-ëpics.  18  et  39. 

Couïa.  20. 

Agoutis.  30  et  4o. 

Paca.  21  et  37. 

Anoeraa  ou  Cochon  d’Inde.  22  et  41  • 

Kerodontes.  42‘ 

Cabiai.  a3  et  4o. 

Lièvre.  24  et  43- 

Lagomys.  26. 

Aye-aye.  ib. 


Écureuil  des  plâtrières.  V,  2'.  part. , 5o6. 
Castor  des  tourbières.  V,  i".  part.,  55, et 

2®.  part. , 5i8. 

Trogonthérium.  i”-  part. , 5g. 

Campagnol  des  schistes  de  Bohême.  65. 
Campagnols  des  cavernes.  54- 

Petit  Campagnol  des  cavernes.  ib. 

Rat  des  cavernes.  55. 

Loir  des  plâtrières.  III , 297. 

Second  Loir  des  plâtrières.  3oo. 


Porc-épic  fossile.  V,  3®.  part. , p.  517. 


Rongeur  des  schistes  calcaires  d’OEnin- 
gen  , voisin  des  Cochons  d’Inde.  60. 
Lièvre  des  cavernes.  V,  i”.  part. , 55. 


534 


KÉSUMÉ  GÉNÉRAL 


VI  VAN  s. 


FOSSILES. 


ÉDENTÉS. 


Paresseux.  V',  i”.  part.,  p.  71  etsuiv. 

Fourmiliers  et  Pangolins.  97  etsuiv.  Mégalonyx.  y part  160 

Tatous  el  Onyclérops  ,,,oisuiv.  MégalMrium.  .,4i  et  v’a-.' part.',’ 5,o.’ 

Orn.thoryuqueelEchidue.  ,43etsuiv.  Pangolin  gigaulesque.  part. , tgS. 


Lamantin.  V,  1' 

Lamantin  d’Amérique. 
Lamantin  du  Sénégal. 
Rytina. 

Dugong. 


part. 


CÉTACÉS. 

, p,  a35. 

24*- 

354"  Lamantin  fossile. 
256. 

25g. 


V,  I".  part. , 266. 


part 


Dauphins.  V,  i 
Dauphin  commun. 

Delph.  diibius. 

Dauphin  soudeur  ou  tursio. 

Delph.  frontatus. 

Delph.  acuminatus 
Dauphin  couronné. 

Dauphin  du  Gange. 

Dauphin  marsouin. 

Dauphin  épaulard. 

Dauphin  bélier  ou  Z?,  griseus.  284  et  297 
Dauphin  globiceps.  285  et  297. 

Dauphin  béluga. 

Dauphin  leucoramphe. 

Narval. 

Hyperoodon. 

Cachalots. 

Baleines. 

Baleine  franche  et  Baleine  du  Cap 


273  et  290. 
275. 
295. 
277  et  296. 
278. 

296 , 298  et  4oo. 

ib. 

279  et  298. 

280  et  296. 
a8i  et  297. 


Épaulard  fossile.  3og_ 

Dauphin  fossile  de  Sort,  département  des 
Landes , à longue  symphyse.  3x2. 

Dauphin  fossile  de  Sort , voisin  du  com- 
mun. 

Dauphin  à long  museau  du  département 
de  l’Orne.  317. 


Rorquals. 


287  et  297. 

288  et  297. 

3iq. 

324. 
328. 
359. 

362  et 

373, 
363  et  372. 


Narval  fossile. 

Genre  Ziphius. 
Ziphhis  cavirostris. 
Ziphius  planirostris . 
Ziphius  longirostris. 
Rorqual  fossile. 
Baleine  fossile. 


349. 

352. 

ib. 

356. 

357. 
390. 

3g3. 


DES  ANIMAUX  DE  CET  OUVRAGE. 


)35< 


VIVANS.  FOSSILES. 

REPTILES. 

Crocodiles. 


Crocodiles.  V,  à',  part.  , p.  i4- 

Gavial  de  Monheim  et  de  Boll  ( Crocodilus 

Caïmans. 

3o  et  82. 

prisons  ).  V,  2®.  part. , 

120. 

Caïman  à museau  de  brochet. 

82. 

Gavial  de  Caen. 

127. 

Caïman  à lunettes. 

35. 

Gavial  de  Honfleur.  X ü t 5 5 

Caïman  à paupières  osseuses. 

38. 

2®.  Gavial  de  Honfleur.  > 

Crocodiles  proprement  dits. 

3o  et  42. 

Crocodile  de  Meudon. 

161. 

Crocodile  vulgaire. 

42. 

Croc,  de  Sussex. 

ib. 

Crocodile  à deux  arêtes. 

49- 

Croc.  d’Auteuil. 

i63. 

Crocodile  à lozange. 

5i. 

Croc,  de  Provence. 

i64’ 

Crocodile  à casque. 

52. 

Croc,  de  Sheppey. 

i65. 

Crocodile  à deux  plaques. 

53. 

Croc,  des  plâtrières.  166  •,  et  III,  335. 

Crocodile  à museau  effilé. 

55. 

Croc,  des  marnières  d’Argenton.  ^ 

Crocodile  à nuque  cuirassée. 

58. 

part.  , 

166. 

Gavials. 

3o  et  5g; 

Croc,  des  graviers  de  Castélnaudary. 

168. 

Grand  Gavial. 

60. 

Croc,  de  Blaye. 

169. 

Petit  Gavial.. 

62; 

Croc,  de  Brentfort- 

ib. 

Croc,  du  Mans.- 

ib. 

Chélonieits. 

Tortues.  y,  2'.  part. 

,,  p.  lyS- 

Trionyx  fossiles. 

221. 

Tortues  de  terre. 

ijti. 

Tr.  des  plâtrières  de  Paris. 

222. 

Tortues  d’eau  douce. 

184. 

Tr.  des  plâtrières  d’Aix. 

223. 

Tortues  molles  ou  Trionyx. 

186. 

Tr.  des  molasses  de  la  Gironde. 

224. 

Tortues  de  mer. 

187. 

Tr.  des  graviers  de  Lot-et-Garonne. 

226. 

Ghélydes. 

200. 

Tr.  des  graviers  de  Castélnaudary. 

226. 

Tr.  des  sables  d’Avaray. 

227. 

Émydes  ou  Tortues  d’eau  douce  fossiles. 

Émydes  du  Jura. 

ib. 

Ém.  de  Sussex. 

282. 

Ém.  des  molasses  de  la  Dordogne 

et  de 

la  Suisse. 

282. 

Ém.  de  Sheppey. 

234. 

Ém.  de  Bruxelles. 

2 36. 

Ém.  des  sables  d’Asti. 

238. 

Chéloudes  ou  Tortues  de  mer  fossiles.  289. 
Chél.  de  Maestricht.  ib. 


536 


RÉSUMÉ  GÉNÉRAL,  etc. 


VIVANS,  FOSSILES. 

Chëioiit5e  de  Claris.  V,  2“.  part. , 24^’ 


Chél.  de  Lunéville.  5'i5. 

Tortues  terrestres  fossiles.  244- 

Tortues  des  environs  d’Aix.  ib. 

Tortues  de  l’Ile  de  France.  24^- 


Sauriens. 


Lézards.  V,  2^  part.,  261. 


Monitors.  255. 

Sauvegardes.  261. 

Lézards  proprement  dits.  2.63. 

Cordyles,  Stelüons.  264. 

Dragons,  Agames,  Marbrés,  Anolis.  266. 
Basilic , Iguane.  266. 

Gecko.  267. 

Caméléon.  268. 

Scinques,  Ophisaures.  270. 


Monitor  fossile  de  Thuringe.  3oo. 

Grand  Saur ien  des  carrières  de  Maestricht 
ou  Mosasaurus . 3 10. 

Grand  Saurien  de  Monlieim  ( Lacerta  gi- 
gantea  Sœramerr.  ).  338. 

Mégalosaurus.  343. 

Grand  Saurien  de  Houfleur.  353. 

Saurien  gigantesque  des  carrières  de  Caen. 

354. 

Saurien  des  environs  de  Lunéville.  355. 
Ptérodactyle  à long  museau.  358. 

Ptérodactyle  à museau  court.  SyG. 

Grand  Ptérodactyle.  38o. 


Batraciens. 

Grenouilles. 

Rainettes. 

Crapauds. 

Pipa. 

Salamandres. 

Axolotl. 

Sirène. 

Proteus. 

Ichtyosaurus.  447* 

475. 


386. 

392. 
ib. 

393. 

4o6. 

4i5. 

417. 

4ï6. 


Salamandre  gigantesque  d’OEningen,  ou 
prétendu  homme  fossile.  43 1. 


Plésiosaurus. 


TABLE  DES  CHAPITRES 


DE  LA  DEUXIÈME  PARTIE 

DU  CINQUIÈME  VOLUME. 


Huitième  Pabtie.  Des  Osseinens  de  Reptiles.  Pag.  i 

Observations  préliminaires.  Sur  V Ostéologie  des  Reptdes  et 
sur  la  position  géologique  de  leurs  débris. 

Chapitre  premier.  Sur  les  Ossernens  de  Crocodiles. 

Première  Section.  Sur  les  différentes  espèces  de  Croco- 
diles  vwans  et  sur  leurs  caractères  distinctifs. 

Article  premier.  Remarques  préliminaires. 

Art.  II.  Remarques  sur  les  caractères  communs  au  genre 


des  Crocodiles , et  sur  ses  limites.  28 

Art.  III.  Division  du  genre  Crocodile  en  trois  sous-genres. 

— Caractères  de  ces  trois  sous-genres.  29 

Art.  IV.  Détermination  des  espèces  propres  à chacun  des 
trois  sous-genres.  — Indication  de  ce  qu’il  y a de  certain 
dans  leur  synonymie.  82 

r.  Espèces  de  Cjïmans.  ib. 

11°.  Espèces  de  Crocodiles.  4^ 

IIP.  Espèces  de  Gavials.  5g 

Art.  V . Résumé  et  Tableau  méthodique  du  genre  et  de  ses 
espèces.  64 

Deuxième  Section.  Observations  sur  TOstéologie  des  Cro- 
codiles vivons.  67 


Article  premier.  Détermination  des  os  de  la  tête  dans  les 
Crocodiles  proprement  dits  ^ et  leur  comparaison  avec 


ceux  des  Mammifères.  6g 

Art.  II.  De  la  Mâchoire  inférieure  et  de  sa  composition.  88 
Art.  III.  Des  Dents.  90 

Art.  IV.  De  Vos  hyoïde.  94 

T.  V,  2e.  P. 


ib. 

i3 

4 

ib. 


68 


538 


TABLE 


Art.  V.  Des  os  du  tronc. 

Art.  VI.  Les  os  des  extrémités. 

Art.  VIÏ.  Comparaison  des  squelettes  de  Caïmans  et  de  Ga- 
vials avec  ceux  de  Crocodiles. 

1°.  Des  télés  de  Caïmans. 

2°.  Des  têtes  de  Gavials. 

5®.  Des  mâchoires  inférieures.  • 

4°.  Du  reste  des  squelettes. 


95 

lOO 

105 
ib. 

106 

107 

ib. 


Troisième  Section.  Sur  Les  Ossemens  fossiles  de  Cro- 
codiles. 

Article  premier.  Résumé  des  découvertes  d’os  de  ce  genre 
faites  antérieurement  à mes  recherches. 

Art.  II.  Du  Gavial  des  schistes  calcaires  de  Monheim  en 
Franconie,  décrit  par  M.  de  Soemmerrirm. 

Art.  III.  Du  Gavial  des  carrières  de  pierre  calcaire  des  en- 
virons de  Caen. 

Art.  IV.  Des  os  de  deux  espèces  inconnues  de  Gavials, 
trouvés  péle-méle  près  de  Honfleur  et  du  Havre. 

§ I.  Mâchoires  inférieures. 

§11.  Les  crânes  et  les  mâchoires  supérieures. 

§ III.  Les  vertèbres. 

§ IV . Les  os  des  extrémités. 


109 

ib. 

120 

127 

143 

145 

148 

i53 

i5y 


Art.  V.  Des  Crocodiles  qui  se  trouvent  dans  la  craie  et  dans 
les  couches  placées  immédiatement  au-dessus  et  au-dessous 
de  la  craie. 

§ I.  D’une  dent  de  Crocodile  de  la  craie  de  Meudon 

§11.  Des  os  de  Crocodiles  des  sables  ferrugineux  du 
dessous  de  la  craie,  trouvés  dans  le  comté  de  Sussex 
par  M.  Manlell. 

§ III.  De  dents  et  os  de  Crocodile  des  lignites  et  de  l’ar- 
gile plastique  d’ Auteuil  près  de  Paris. 

§ IV.  Des  os  de  Crocodiles  des  lignites  de  Provence. 

§ ^ 'âe  Crocodiles  de  Sheppey. 

Art.  VI.  Des  Crocodiles  dont  les  ossemens  se  trouvent  avec 
ceux  de  Palæotheriums  et  de  Lophiodons. 

§ I.  Crocodiles  des  plât  rières.. 


161 

ib. 


ib. 

163 

164 

165 

ib. 

166 


DES  CHAPITRES.  SSg 

§ IL  Crocodiles  des  marnières  d’ Argenlon.  ib. 

Q III.  Crocodiles  des  couches  de  gravier  de  Caslelnau- 
dary.  ^^8 

§ IV.  De  quelques  dents  de  Crocodiles  des  environs  de 

Blaye. 

§ V.  D’un  os  de  Crocodile  de  Brentfort.  ib. 

§ VI.  Des  os  de  Crocodiles  fossiles  des  environs  du 
Mans, 

Résumé  de  ce  chapitre.  17 1 . 


Chapitre  IL  Des  Ossemens  de  Tortue, 


i']S 


Première  Section.  DeVOstéologie  des  ToTtiies  vwcnites. 

Article  premier.  De  la  tête. 

Art.  H.  Delà  mâchoire  inférieure. 

Art.  III.  De  Vos  hyoïde. 

Art.  IV.  Des  os  du  tronc. 

1°.  Du  bouclier  dorsal. 

2“.  Du  sternum  ou  plastron. 

3“.  Des  vertèbres. 


166 

ib. 

191 

192 
195 

ib. 

2o3 

207 


Art.  V.  Des  grands  os  des  extrémités. 
Art.  VI.  Des  os  des  mains  et  des  pieds. 

g I,  Des  mains. 

§ II.  Des  pieds. 


Deuxième  Section.  Des  Tortues jossiles.  220 

Article  premier.  Des  os  fossiles  de  Trionyx, 

§1.  Trionyx  des plâtrières  des  environs  de  Paris.  222 

§ TI.  Trionyx  des  plâtrières  d’ Aix. 
g III.  Trionyx  de  la  molasse  du  département  de  la  Gi- 
ronde. 2^4 

§ IV.  Trionyx  des  couches  de  gravier  et  d’argile  de 
Hautevigne , département  de  Lot-et-Garonne.  226 

§ V.  Trionyx  des  couches  de  gravier  des  environs  de 
Castelnaudary. 

S VI.  Trionyx  des  couches  sableuses  des  environs  d A* 

227 

varay.  ' 

Art.  il  Des  Emydes  ou  Tortues  d’eau  douce.  ib* 


68" 


54o  TABLE 

§ I.  Des  Tortues  d’eau  douce  des  plâtrières  de  Paris.  227 
§ II.  Des  Tortues  d’eau  douce  découvertes  avec  des 
Crocodiles  dans  les  carrières  de  calcaire  du  Jura  des 
environs  de  Soleure.  ib. 

§111.  Emydes  des  sables  ferrugineux  du  comté  de 
Sussex.  232 

§1V.  Emydes  des  molasses  de  laT)ov([o^ne  et  de  ib. 

§ V.  Emydes  de  l’üe  de  Sheppej.  234 

§ VI.  Emydes  des  environs  de'ÇiVMyc^e.?,.  256 

§ VIL  Emjde  des  sables  marneux  de  la  province  d’ ksX\.  238 
Art.  III.  Des  Tortues  de  mer  ou  Chélonées.  25g 

§ I.  Chélonées  des  environs  de  Maestriclit.  ib. 

§ II.  Tortues  des  ardoises  de  Glaris.  243 

Art.  IV.  Des  Tortues  terrestres.  244 

§1.  Tortues  des  environs  d’ k\y..  ib, 

§ II.  Des  os  de  Tortue  trouvés  à I’Wq  de  France  sous 
des  couches  volcaniques.  248 

Art,  V.  Résumé.  24g 

Chapitre  III  (’^).  Des  Ossemens  de  Lézards.  2S1 


Première  Section.  De  T Ostéologie  des  Lézards  vù>ans.  ib. 


Article  premier.  De  la  tête.  ib. 

Art.  II.  De  la  mâchoire  inférieure.  271 

Art.  III.  Des  dents.  274 

Art.  IV.  De  l’os  hyoïde.  278 

Art.  V.  Des  vertèbres  et  des  côtes.  283 

Art.  VI.  Du  sternum  et  de  V épaule.  28g 

Art.  vil  Du  bassin. 

Art.  VIII.  Des  os  longs  des  extrémités.  2g 5 

Art.  IX.  Des  os  des  mains  et  des  pieds.  2g7 


Deuxième  Section.  Des  Ossemens  fossiles  de  Sauriens.  3oo 

Article  premier.  Des  Sauriens  du  genre  des  Monitors  qui 
se  trouvent  dans  les  schistes  pyrileux  de  la  Thuringe  et 
d’autres  contrées  de  V Allemagne.  ib. 


(*)  Erratum  , page  25i  , chapitre  II,  Usez  : chapitre  III. 


5io 


358 


345 

355 


DES  CHAPITRES.  54i 

Art.  11.  Sur  le  grand  Sauvien  fossile  des  carrières  de  Maes- 
tricht. 

Art.  111.  JD'un  grand  reptile  des  environs  de  M.onhem-1 , de- 

couvert  par  M.  de  Sœmraerring  , nommé  par  lui  Laccrta 
gigantea  , et  que  je  considère  comme  un  nouveau  sous-genre 
intermédiaire  entre  les  Crocodiles  et  les  Momtors  (Geo- 
SAURUS  Cur.  ). 

Art.  IV.  Du  Mégalosaurus,  très-grande  espèce  de  reptile, 
fort  voisine  de  la  précédente,  découverte  dans  les  bancs 
d’oolithe  de  Stonesfield  près  d’ Oxford,  par  M.  Buckland, 
et  qui  parait  tenir  des  Sauriens  et  des  Crocodiles.  On  y 
traite  également  de  plusieurs  vestiges  d’autres  très-grands 

Sauriens. 

Art.  V.  D’un  Saurien  des  environs  de  LunevUle  , qui  se 
rapproche  aussi  à plusieurs  égards  des  Crocodiles. 

Art,  VI.  Sur  un  genre  de  Saurien  caractérisé  par  l’excessij 
allongement  du  quatrième  doigt  de  devant , auquel  nous 
avons  donné  le  nom  de  Ptérodactyle. 

§ 1.  De  la  grande  espèce  à museau  allongé  ( Pterodac- 
tylus  longirostris). 

g 11.  D’un  petit  Ptérodactyle  à museau  court  (Ptero- 
dactylus  brevirostris  ). 

g III.  Sur  divers  os  longs  cjui  paroissent  avoir  appar- 
tenu à une  grande  espece  de  Ptérodactyle. 

g XV.  D’une  extrémité  des  doigts  des  mêmes  carrières , 

pouvant  provenir  d’un  Ptérodactyle  ou  d’une  Chauve- 

. 582 

souris. 

[APITRE  IV.  Des  Ossemens  de  Batraciens.  38 j 

Première  Section.  De  V Ostéologie  des  Batraciens.  386 

Article  premier.  Des  Grenouilles , Rainettes,  Crapauds 
et  Pipas. 

g I.  De  la  tête. 

g II.  De  la  mâchoire  inférieure. 

§111.  De  l’os  hyoïde. 

§IV.  Des  os  du  tronc. 
g V.  De  l’extrémité  antérieure. 
g VI.  Do  l’extrémité  postérieure. 


359 

376 

38o 


ib. 

ib. 

3q5 

596 

398 

400 

4o3 


TABLE  DES  CHAPITRES. 

Art.  h.  Bes  Salamandres  et  des  Axolotls. 

§ I.  Des  Salamandres. 

§ IL  De  V Axolotl. 

Art.  III.  De  la  Sirène  et  du  Proteus. 

§ I.  De  la  Sirène. 

§ IL  Du  P/’ote«s(  Proteus  anguinus  Laurenti). 
Deuxième  Section.  Des  B atraciejis  fossiles. 

Article  premier.  Sur  le  prétendu  Homme  fossile  des  car- 
rières d OLningen  , décrit  par  Scheuchzer,  que  cC autres 
naturalistes  ont  regardé  comme  une  silure , et  qui  n^est 
qu  une  salamandre  aquatique  de  taille  gigantesque  et  d’es- 
pèce inconnue. 

Chapitre  V.  De  l Iciityosa  urus  et  du  Plésiosa  urus. 
Première  Section.  DeVIchtyosaurus. 

Article  premier.  Des  dents. 

Art.  II.  De  la  tête. 

§ I.  De  sa  forme  et  de  sa  composition  en  général. 

§ IL  Différences  entre  les  têtes  de  différentes  espèces. 
Art.  III.  De  la  mâchoire  inférieure. 

Art.  IV . De  l’os  hyoïde. 

Art.  V . Des  vertèbres  et  des  côtes. 

§ I.  Des  vertèbres'. 

§ IL  Des  côtes. 


406 

ib. 

4i5 

417 

ib. 

426 

43 1 


ib. 

445 

447 

454 

457 

ib. 

462 

464 

465 

466 
ib. 

469 


Art.  VL  Des  extrémités. 

§ I.  Du  sternum  et  de  Vépaule. 

§ II.  De  la  nageoire  antérieure. 

§ III.  Du  bassin. 

S I^*  la  nageoire  postérieure. 

Art.  VII.  Résumé  général. 

Deuxième  Section.  Du  Plésiosaurus. 

Additions  et  Corrections  à tout  ï Ouvrage. 

Résumé  général  animaux  dont  les  caractères  ont  été  indi- 
qués ou  rectifiés , ou  dont  l’Ostéologie  a été  décrite  dans 
cet  ouvrage. 


ib. 

ib. 

470 

471 

472 

ib. 

475 

490 


FIN  DE  LA  TABLE. 


LISTE  DES  SOUSCRIPTEURS 


A la  nowelle  édition  des  Recherches  sur  les  Ossemens  fos- 
siles, par  M.  le  baron  Çt.  Cuvier,  5 volumes  in- 1\9. , formant 
sept  Parties. 


MM.  Adelmann,  professeur  d’histoire  naturelle  à l’université  de  Louvain. 
Aillaud,  libraire  à Paris.  3 exemplaires. 

Ampère  , membre  de  l’Institut. 

A Roy  (C.  H.  ),  docteur  en  médecine  , membre  de  l’Institut  royal  des 
Pays-Bas,  à Amsterdam. 

Artaria  et  Fontaine,  libraires  à Manheim.  8 exempl. 

Adcher-Eloy  , libraire  à Blois.  2 exempl. 

Baber  , professeur  à Londres. 

Bachelier  , libraire  à Paris. 

Backer  (Philippe),  membre  de  la  société  géologique  de  Londres. 
Baillière,  libraire  à Paris.  i4  exempl. 

Barbier,  ancien  bibliothécaire  du  Roi,  à Paris.  2 exempL 
Barde,  négociant  à Bordeaux. 

Barrois l’aîné,  libraire  à Paris. 

Basoches  (de),  propriétaire  à Falaise. 

Baudry  , libraire  à Paris. 

Beaulieu  (de),  adjoint  de  la  mairie  d’Aix  ( Bouches-du-Rhône )- 
Béchet  l’aîné , libraire  à Paris.  4 exempl. 

Béchet  jeune,  libraire  à Paris.  6 exempl. 

Berge  (de  la),  docteur  en  médecine  à Paris. 

Bertrand  (Arthus),  libraire  à Paris.  i4  exempl. 

Bertrand-Gesli.n  , à Paris. 

Bibliothèque  (la)  publique  de  la  ville  de  Chambéry. 

Bibliothèque  (la)  publique  de  la  ville  de  Genève. 

Bibliothèque  (la)  publique  de  la  ville  de  Berne. 

Bigot  de  Préameneu  (le  comte  de),  de  l’Académie  française. 

Birch  (le  colonel). 


544  LISTE  DES  SOUSCRIPTEURS.  ' 

MM.  Bohaire,  libraire  à Lyon. 

Bontodx  ( veuve),  libraire  à Nancy.  2 exeiiipl. 

Bossange  père,  libraii’e  à Paris.  26  exempl. 

Bossange  frères,  libraires  à Paris.  2 exempl. 

Bolkdet  de  ea  Nièvre  (le  chevalier),  géologue  du  prince  royal  de 
Danemarck. 

Bresson,  chef  de  division  au  ministère  des  affaires  étrangères. 
BreüNiXer  (le  comte),  à Vienne  en  Autriche. 

Bristol  (le  comte  de  ) , à Londres. 

Brockaüs,  libraire  à Leipzig. 

Brongniart  (Alex.)  , membre  de  l’Académie  des  Sciences. 

Bruxot  Labre  , libraire  à Paris,  3 exempl. 

Büxbury  (sir  Henri)  , major-général,  à Londres. 

. Cabinet  (le)  de  minéralogie  nationale  à Bruxelles. 

Camoin  frères , libraires  à Marseille.  2 exempl. 

CnAssERi AU,  libraire  à Paris. 

Chichester  , à Londres.  f 

CoNDAMiNE  ( de  la),  à Paris. 

Conybeare,  à Londres. 

Crochard,  libraire  à Paris.  ■ 

Coûtant,  graveur. 

Dalibon  , libraire  h Paris. 

David  (Emeric)  , membre  de  l’Institut.  2 exempl. 

Debeaüsseaux  , libraire  à Paris. 

Debuee  frères , libraires  à Paris.  2 exempl.,  dont  i pap.  vélin, 

Degon,  bibliothécaire  de  la  ville  à Meaux. 

De  LAUNAY  , libraire  à Paris.  2 exempl. 

Delée  , à Paris. 

Dentü  ( Gabriel  ) , libraire  à Paris. 

Desmarest  , membre  de  plusieurs  sociétés  savantes. 

Directeurs  (les)  de  la  fondation  Teylérienne  à Haarlem. 

Drapiez,  professeur  d’histoire  naturelle  à Bruxelles.  8 exempl. 

Due  ART,  libraire  à Paris. 

Dufour  et  compagnie,  libraires  à Amsterdam,  4r  exempl. 

Due  AU  et  compagnie , libraires  à Londres.  9 exempl. 

Dupüy,  à Paris. 

Düsgate  , à Londres. 


LISTE  DES  SOUSCRIPTEURS.  545 

MM.  Ewbry,  docteur  en  médecine  à Aubenas. 

Eymery,  libraire  à Paris.  2 exempl. 

Eyriès  , membre  de  plusieurs  sociétés  savantes. 

Pantin  , libraire  à Paris.  3 exempl. 

PiTTON  (H.  G.)  , membre  de  la  société  géologique  de  Londres. 
Fleuiuaü  de  Bellevüe  , membre  de  la  chambre  des  députés. 

Fremery  (N.  C.  de  ),  professeur  à Uirecht. 

Friedlandee  (feu).  2 exempl.  3 dont  i pap.  vélin. 

Gabon  et  compagnie  j libraires  à Paris.  4 exempl. 

Gairdeker  (W.)^  docteur  en  médecine  à Londres. 

Galignani  frères , libraires  à Paris.  2 exempl. 

Graeff  , libraire  à Saint-Pétersbourg.  3 exempl. 

Güilleminet  , libraire  à Paris, 

HAZENBERG7Mrazor(H.  W.  ) , libraire  à Lejde.  2 exempl, 

Heyer,  libraire  , imprimeur  de  la  Cour  et  de  l’Unlversite  de  Giessen 
(grand-duché  de  Hesse). 

Hoeninghacs  , négociant  à Crefelt, 

Hubert,  libraire  â Paris. 

Hüzard  , inspecteur-général  des  Écoles  royales  vétérinaires  à Alfort, 
Hczard  (madame),  libraire  à Paris.  5 exempl. 

IsNEARDY  , bibliothécaire  de  la  ville  de  Boiilogue-sur-mer. 

Rilian,  libraire  à Paris. 

Roctzofski,  à Paris. 

Lacroix,  à Valence  (Drôme). 

Laduange,  libraire  à Paris.  2 exempl. 

Laloi  , libraire  à Paris.  2 exempl. 

Lance  , libraire  à Paris.  2 exempl. 

Laurillard  , à Paris. 

Le  Charuer  , libraire  à Bruxelles.  3 exempl. 

Le  Cointe  et  Dürey  , libraires  à Paris.  2 exempl. 

Lecrêne,  libraire  à Caen. 

Le  Dentü  , libraire  à Paris.  2 exempl. 

Le  Doux,  libraire  à Paris.  2 exempl. 

Leffler  ( George  ) , libi-aire  à Saint-Pétersbourg. 

Lequien  , libraire  à Paris, 

T.  V,  2e.  P. 


69 


546  LISTE  DES  SOUSCRIPTEURS. 

MM.  Le  Roüx,  libraire  à Mons.  3 exempl. 

Le  Roux,  libraire  à Mayence.  2 exempl. 

Le  Tourneux  , libraire  à Paris.  2 exempl. 

Levkault  , libraire  à Strasbourg.  i3  exempl. 

Lucas  fils  , à Paris. 

Luchtmans  (S.  et  J.),  libraires  à Leyde.  2 exempl. 

Manget  et  Cherbuluiez  , libraires  à Genève.  3 exempl. 
Maraschini,  à Florence. 

Masson  , père  et  fils , libraires  à Paris.  2 exempl. 

Mathan  (le  marquis  de),  à Paris. 

Maze,  libraire  à Paris.  2 exempl. 

Ménard  de  la  Gkoye  , à Paris. 

Merlin,  libraire  à Paris.  2 exempl. 

Ministère  (le)  de  l’intérieur.  5o  exempl. 

Musée  (le)  de  lecture  à Amsterdam. 

Nesti,  à Florence. 

Oken  , à Leipzig. 

Paravicin,  à Paris. 

Paschoüd,  libraire  à Genève.  2 exempl. 

Pasqüier  (le  baron  ). 

Pélicier  , libraire  à Paris.  4 exempl. 

Perkins  ( Henri  ) , à Londres. 

Pebkins  (Frederick)  , à Londres. 

Pesche,  libraire  au  Mans. 

PoNTiER , libraire  a Aix  ( Bouches-du-Rhône).  2 exempl. 
PoTEY,  libraire  à Paris. 

Pozzo  DI  Borgo  ( le  comte  de).  Pap.  vélin. 

Préfet  (le)  du  département  del’Oi&e,  à Beauvais. 

Raviro  , à Paris. 

Regley,  à Paris. 

Renoüard  (A.  A.) , libraire  à Paris.  2 exempl. 

Rey  et  Gravier  , libraires  à Paris,  3g  exempl. 

Rickets. 

Riss  et  fils,  libraires  à Moscou. 

Robertson  , docteur  en  médecine  à Londres.. 

Robyns,  naturaliste  à Bruxelles. 


liste  des  souscripteurs.  547 

MM.  Roman  , à Aix. 

Roket  , Libraire  à Paris.  2 exempl. 

Roïer,  au  Jardin  du  Roi.  12  exempl. 

Rüdolfi,  professeur  au  Musée  royal  d’anatomie  à l’Academie  de 
Berlin.  " 

Sakillario  (le  baron  de). 

Salmono  , à Londres. 

SowERBT,  libl'aire  et  naturaliste  a Londres.  9 exempl. 

Studer  , professeur  de  géologie  h l’Académie  de  Berne. 

Temmincr  ( C.  J.  ),  directeur  du  Musée  de  S.  M.  le  roi  des  Pays-Bas , 
à Amstex’dam.  2 exempl. 

Tilliard  frères,  libraires  à Paris. 

Treüttel  et  WuRTZ,  libraires  à Paris,  à Strasbourg  et  à Londres. 

40  exempl. , dont  2 pap.  vélin. 

Trüchy  , libraire  à Paris. 

Underwood  , docteur  en  médecine. 

Vanarere,  libraire  à Lille.  2 exempl. 

VanBoereren  (W.)  , libraire  à Groningue. 

Van  Cleef  frères  , libraires  à Amsterdam. 

Van  de  Kerrhom  , à Gand. 

Van  Sw-inden,  professeur  à Amsterdam.  Pap.  véhn. 

Vrolicr(G.),  professeur  à Amsterdam. 

Vyvyan  , à Londres. 

Warée  (Gabriel) , libraire  à Paris. 

Warée  jeune,  libraire  à Paris.  2 exempl.  pap.  vélin. 

Wellens  (de),  Bourguemestre  de  Bruxelles. 

W^ooD,  libraire  à Londres.  4 exempl. 

ZiRGEZ , libraire  à Leipzig.  2 exempl. 


Tom  . 


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