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RECHERCHES
SUR LES
OSSEMENS FOSSILES.
PARIS, IMPRIMERIE DE A. BELIN,
BUE DES MATHURIIVS S.~J. , w”.
RECHERCHES
SUR LES
OSSEMENS FOSSILES,
OÙ L’ON RÉTABLIT
LES CARACTÈRES DE PLUSIEURS ANIMAUX
dont les révolutions du globe ont détruit les ESPÈCES;
Par M. le G. CUVIER,
Commandeur de la Légion d’honneur, Conseiller ordinaire au Conseil d’État et au Conseil royal
de l’Instruction publique , l’un des quarante de l’Académie françoise , Secrétaire perpétuel
de celle des Sciences , membre des Académies et Sociétés royales des Sciences de Londres ,
de Berlin, de Pétersbourg , de Stockholm, de Turin, de Gottingue, de Copenhague,
de Munich , de la Société géologique de Londres, de la Société asiatique de Calcutta , etc.
NOUVELLE ÉDITION,
ENTIÈREMENT REFONDUE^ ET CONSIDÉRABLEMENT AUGMENTÉE.
Triomphante des eaux, du trdpas et du temps ,
La terre a cru revoir ses premiers habitans.
Delille.
TOME CINQUIÈME, Ile. PARTIE,
CONTENANT LES OSSEMÉNS DE REPTILES ET LE RÉSUMÉ GÉNÉRAL.
PARIS,
CHEZ G. DUFOUR ET ED. D’OCAGNE, LIRRAIRES,
QUAI VOLTAIRE, N”. l3.
ET A AMSTERDAM, CHEZ LES MÊMES,
1824.
recherches
SUR LES
OSSEMENS FOSSILES.
HUITIÈME PARTIE.
Des Ossemens de Reptiles.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES
Sur VOstéologie des Reptiles, et sur la position géologique de
leurs débris.
Mon ouvrage a dû nécessairement devenir une sorte de traité
d’ostéologie comparée, puisque j’ai été sans cesse obligé de mettre
en regard avec les os fossiles ceux des espèces vivantes , et que je
n aurois pu faire saisir leurs différences si je n’en avois donne des
ligures et des descriptions détaillées ; mais tout travail sur les diffé-
rences des productions de la nature conduit aussi à montrer leurs
rapports; et, en effet, il a été facile au lecteur de s apercevoir que,
malgré les proportions si variées de ces os, malgré les formes exté-
rieures souvent si extraordinaires qui eu résultent, il existe cependant
pour tous les mammifères une sorte de plan commun, une composi-
tion à peu près pareille , et telle que l’on peut toujours reconnoitre
chaque os par ses usages et sa position, au travers de toutes les mé-
tamorphoses qii’ii subit, et malgré les agrandissemens ou les ra-
petisseraens qu’il éprouve. Ainsi , dans les figures des têtes que nous
T. V, ae, P. *
^ OSSEMENS
avons données, on a pu suivie , depuis l’homme jusqu’à la baleine,
es frontaux , les pariétaux , les os du ne^ , en un mot , toutes les par-
ies conslituaiues du erane et de la face, à très-peu d’exceptions près,
t Iles quel absence des lachrymaiix dans quelques espèces, etpeuti
y® ^ interparietaux dans quelques autres. Le reste des
erences apparentes dans le nombre des os tient généralement au
P us OU moins de promptitude avec laqiielie ils s’unissent entre eux ,
n dlsparoilre les sutures qui les distinguoient. C’est ainsi que le
l.arieial, dans 1 adulte, paroit tantôt simple, tantôt double, et même
triple ou quadruple, en comptant les interpariétaux qui finissent
toujours par s’y réunir (i), etc. Mais en prenant l’animal plus près
de sa naissance , on voit disparoitre ces anomalies, et, en remontant
jusqu au fétus, on en général jusqu’à l’époque où tous les os sont
encore distincts, on trouve un nombre normal, le même pour toutes
les espèces, sauf, comme je viens de le dire, quelques exceptions
fort rares. ^
C étoit une question curieuse de savoir si cette analogie se soutien-
droit dans les autres classes de vertébrés, et si les différences qu’elles
présentent ne dépendroient que des époques où leurs os se soudent '
si les reptiles, par exemple, qui conservent toujours à la tête beau-
coup plus de sutures que les mammifères, pourroient être considérés,
à cet égard, comme des mammifères dans un état analogue h celui
de fétus 5 si les oiseaux, qui dans leur premier âge en ont autant que
les reptiles, mais qui, lorsqu’ils approchent de l’état adulte, en offrent
souvent moins que les mammifères, seroient au contraire, en quelque
SOI te, des mammifères passant plus rapidement d’un état à l’autre,
et s avançant meme plus loin par rapport à la réunion de leurs os
M. Geoffroy-Saint-Hilaire, l’un des premiers, a traité ce beau
problème, et il y a obtenu sur plusieurs points de véritables succès.
Je l’ai traité aussi à diverses reprises dans mes cours, et j’ai donné,
(0 • • est a cause de celte constance avec laquelle les interpariëtaux s’unissent
a or aux pariétaux, avant que ceux-ci ne se soudent à l’occipital , que je persiste à leur
aisseï ce nom que je eur a\ois donné il y along-temps, et contre lequel il ne me semble pas
que les objections de divers anatomistes aient dû prévaloir.
' DE REPTILES. 3
ilans les occasions où Tordre de mes publications le deraandoit, quel-
ques extraits de mes recherches sur cet intéressant sujet (i); mais il
est devenu Tobjet de travaux et de publications plus suivies de la
part de plusieurs savans anatomistes, particulièrement de MM. Oken,
Spix , Bojanus , Ulrich , Rosenthal , etc.
]Von -seulement ces écrivains ont cherché à assigner à chacjue os ,
dans les vertébrés ovipares, sa correspondance avec un os ou une
partie d’os déterminé dans les mammifères : mais se conformant à
cette métaphysique idéaliste et panlheistique dite philosophie de la
nature , qui a joui pendant qùekjue temps d’une assez grande vogue
en Allemagne, et dont les sciences positives, comme il est d’usage
dans ce pays, ont cru devoir momentanément adopter le langage,
ils ont cherché à retrouver dans la tête une représentation de la
totalité du corps , comme en général, selon les principes de cette
philosophie, chaque partie, et chaque partie de partie, doit toujours
représenter le tout.
C’est ainsi que M. Oken ( dans son Programme sur la signi-
fication de la Tête , Jena , 1807 ) est parti de l’analogie qui
existe à divers égards entre les espèces d’anneaux que fonnent
les os du crâne et ceux des vertèbres, pour considérer le crâne
comme un composé de trois vertèbres (2) 5 et que cherchant dans les
diverses parties delà tête, les representans des diverses parties du
(1) Je ne prétends contester à aucun des auteurs qui ont écrit sur cette matière la propriété
des observations qu’ils ont publiées; mais je dois réclamer contre l’affectation que quelques-
uns ont mise et mettent encore à ne citer que mes Leqons d’ Anatomie publiées en 1800 par
M. Duméril d’après mon cours de 1798, et à se donner l’air de prendre beaucoup de peine
pour me réformer , lorsque cependant ils avoieut vu les innombrables préparations que j’ai
faites depuis ce temps-là , et que même plus d’un d’entre eux (soit dit sans reproche) en a
profilé pour ses études. Or ils savaient bien que ces préparations étoient déjà une sorte de
publication de ma part, et peut-être eût-il été juste de me citer d’après elles , et non d’a-
près de premiers essais qui ne pouvoient être que l’ébauche d’un grand plan.
(2) Le corps du sphénoïde antérieur représente le corps de la première, ses ailes orbitaires
les parties latérales de l’anneau , et les frontaux son apophyse épineuse ; c’est la vertèbre
oculaire ; la seconde ou la maxillaire est représentée de même par le corps du sphénoïde
postérieur , par ses ailes temporales et par les pariétaux , et la troisième ou Y auriculaire par
l’os basilaire , les occipitaux latéraux et l’occipital supérieur.
OSSEMENS
4
corps entier, il a vu dans le crâne, pris séparément, la tête de la tète;
dans le nez, le thorax de la tête (i); et dans les mâchoires, les ex-
trémités supérieures et inférieures ou les bras et les jambes (2).
On comprend qu’il étoit facile , avec un peu d’imagination , de faire
d’un principe si élevé, et séparé encore des faits par une si grande
distance , des applications fort différentes de celles-là et même très-
variées entre elles.
Aussi voyons-nous, dès 1811 , que M. Meckel (dans ses Maté-
riaux pour ï Anatomie comparée , t. II , cah. 2 , p. 78 ) prend l’eth-
moïde pour le corps d’une vertèbre , dont les frontaux seroient la
partie annulaire, et se représente les temporaux comme une autre
vertèbre, dont le corps auroit été partagé en deux parties (les ro-
chers) par l’introduction forcée du corps d’une troisième (le basi-
laire) (3).
La vertèbre ethmoïdale a été adoptée depuis comme une quatrième,
et ajoutée sous le nom de vertèbre olfactive aux trois cleM. Okeu,
par M. Bojanus en 1818 , dans le no. UI de l’Isis, et en 1821 dans le
Parergon de son grand et bel ouvrage sur l’anatomie de la tortue.
M. Spix, dans son grand ouvrage sur la composition de la tête,
(1) Le thorax de la tête se compose du vomer, des palatins , de l’etlimoïde et des nasaux.
Les cornets en sont les poumons; néanmoins la cavité nasale est une sorte de prolongation
de la cavité cérébrale , et le nez un cerveau subordonné au système vasculaire. L’odorat qui
s’exerce par le moyen de l’air est , aux yeux de l’auteur, un sens ihoracliique , et voilà
pourquoi il n’a pas de vertèbre qui lui soit consacrée , comme il y en a pour l’ouie , pour
le goût et pour la vue.
(2) Les deux moitiés de la mâchoire supérieure représentent les deux bras ; Vos carré (ou
la caisse) en est l’omoplate; l’os plérygoïdieii , la clavicule; l’os jugal , le bras ; l’os maxil-
laire , la main ; l’intermaxillaire , le pouce ; et les dents , les autres doigts. La mâchoire
inférieure , qui est composée de sept os dans les ovipares , fournira aisément des rapproche-
mens pareils ; mais ce sera aussi la caisse qui lui servira d’os des îles , comme elle a servi
d’omoplate à la mâchoire supérieure. Au reste la véritable omoplate n’est elle-meme que la
réunion des côtes qui auroient dû être attachées aux cinq dernières vertèbres cervicales.
L’os styloïdien est le sacrum, et forme, avec Vos hyoïde , un bassin pour l’entrée des
aliraens , comme il y en a un pour leur sortie ; et la bouche est à l’abdomen , ce que le nez
est au thorax. Les lèvres sont le tact de la tête , comme les doigts sont le tact du tronc.
(3) L’apophyse zygomatique du temporal seroit l’apophyse articulaire ou oblique de cette
troisième vertèbre ; l’os styloïdien , son apophyse Iransverse ou sa côte ; et l’os hyoïde , son
sternum.
5
de reptiles.
intitulé Ce^kalo^enesis, et publié en x8t5 , s’en
tèbres du crâne , mais s’éloigne beaucoup des vues de M. Olen^.\^
tivement aux os de la face. _ pvtré-
Se repr&entant Vos hyoïde , Vé,Mule et le bassm avec les eU.e
mités qui V sont attachées comme trois cercles de incces de nalme
rerblile, il les retrouve dans la face attachés de la meme mamere
ai» trois vertèbres du crâne. Les os qui composent le nez Im re^
m-ésenteiit l’appareil hyoïde et laryngien (i) ; et ceux des deux ma-
Stoles, les deb extrémités ordinaires, mai, avo^a une d,str.b„t.on
de rapports toute autre que celle de M. Oken (2). ^
Il !st probable que si d'autres anatomistes ont
cette représentation du corps entier par la teto seu e ,
cme imaginé pour eela d’autres rapports , et je ne me propose nulle-
ment de les suivre dans cette branche de leurs lecherches.
Le cercle où je me renferme est déjà assez vaste pour que on y
ait pds des roiith bien dilférentes selon le point d'oit l’on pavtort. Ce
désir de trouver une représentation du corps a contiamt que ques
llnrs â donner â tel of, dans les reptiles ou dans les .misons «ne
dénomination à laquelle ils n’aurolent peut-etre ° ^
cela; celui do trouver constamment les preces osseuses en meme
nombre en a obligé d’autres li des déviations non moins étranges.
Lorsque’ leur compte ne se tronVoit ' JlX.
naturel de le chercher, ils se voyoïent obliges de
voisins; quelquefois même d’admettre des
retourneLns, des conversions plus ou moins complétés, sans penseï
Cil L’os planum est pour lui le cricoïde ; la lame criblcuse avec sa crête de coq , 1 arylhe
J. X . la tractés i le. inréH.ars , !.. SivacU... Le.
dent au Uiyroïde , et la caroncule lacbrymale , au thymus ; les palatms , P
grandes cornes de 1 hyoïde. le xyphoïde ; romonlale répond
(,) Le. O. ,«pre. Su „ee .ont le ■ • “"tïe ,’J ,,n«le. l: temporel éceilleiu
à rr» mif> i’annelle frontal postérieur ; la clavicule , a l OS d 1 i j orlnivin-
a ce que 1 f P,^,;ile représentent le pubis j le cadre du ly ni
est l’analogue de. 1 os ties lies , les peuib r ip liLJa etc. Les dents
pan est l’ischion ; l’apophyse condyloïde , le fémur ; la coronoi oken ^
ne sont pour M. Spix que des ongles : analogie plus sensible qu q
ce sont les alvéoles qui représentent les phalanges , etc. , etc.
6
OSSEMENS
à rimmensité d’organes et de parties molles qu’il faudroit déplacer
et agencer autrement, pour faire passer un seul os d’une place dans
une autre voisine , pour insérer, par exemple, une pièce qui appar-
liendroit au sternum entre deux pièces qui appartiendroient à l’os
hyoïde, ou telle autre transposition qu’ils ont cru pouvoir donner
comme toute simple.
Les exemples de ces variétés d’idées déjà fort nombreux relati-
vement aux reptiles dont j’aurai à parler, eussent été presque infi-
nis, SI les bornes de mon ouvrage m’eussent permis de suivre ces
anatomistes et leurs savans émules jusque dans la classe des pois-
sons, et de discuter seulement toutes les opinions qu’ils ont propo-
sées sur les pièces des opercules (i) et sur celles de l’os hyoïde (2).
(1) En 1800 , M. Autenrieth (dans les Annales zootomiques de Wiedeman , 1. 1 , a®.’ cah. ,
p. 47 et suiv.) considéroit l’opercule comme résultant de la division du cartilage thyroïde.
En 1807 , M. GeoJf 'rojr (dans le t. X des Ann. du Mus. ) supposoit que les opercules étoient
les pariétaux détachés du crâne.
En 1S17 , M. de Blamville (Bulletin philom. ) chercha à étahlir que le préopercule est l’os
jugal , et que les trois autres pièces représentent celles qui se trouvent communément dans
la mâchoire inferieure des oiseaux et des reptiles de plus que dans celle des poissons. M. Geof-
froy lui o|}posa , en i8i8 (dans sa Philosophie anatomique) , une mâchoire de lépisostée ,
que j avois fait préparer, et qui est tout aussi compliquée que celle d’aucun reptile, bien
(|ue le lepisostee ait des opercules aussi complets que ceux d’aucun autre poisson. Cepen-
dant, cette même anue'e i8i8, M. Bojanus présente la meme idée,, dans le III'. numéro
de risis , sans connoître le mémoire de M. de Blainville, et M. Oken y donne son plein
assentiment , comme à une chose, dit-il , aussi certaine que nouvelle.
Dès i8i5 , M. Spix avoit imagine de faire de ces pièces operculaires les analogues des osse-
lets de 1 oreille; mais, en i8i6 , il fut vivement critiqué à ce sujet par M. Ulrich , qui les
tegarda comme les icpresentans de l’omoplate ; ce qui n’a pas empêché qu’en 1818, dans sa
Philosophie anatom. , M. Geoffroy ne soit arrivé, de son côté, à une opinion à peu près
pareille à celle de M. Spix , bien qu’il ne connût pas son ouvrage. Ces deux auteurs n’arran-
gent pas toutefois ces os de la meme manière : le marteau, par exemple , est pour M. Spix
le préopercule, pour M. Geoffroy c’est l’interopercule , etc.
Enfin M. JVeber , en 1820 , dans sa dissertation de Aure Hominis et Animalium , a encore
mis en avant une opinion toute nouvelle; celle que les osselets, qui dans certains poissons
s attachent entre le crâne et la vessie natatoire , sont rigoureusement analogues pour les
fonctions autant qu ils sont quelquefois semblables pour la forme aux osselets de l’oreille des
quadrupèdes) opinion qui, soutenue par de nouvelles préparations dans l’Isis de 1821,
est complètement adoptée par M. Bojanus dans son Parergon.
(2) Autemielli , en 1800, dans le même mémoire où il regardoit les opercules comme
une division du larynx, considéroit les rayons branchiostéges comme les cartilages des côtes.
DE REPTILES. 7
J’ai essayé du moins dans mon travail de me gai’autir du genre d er-
reur qui naît si souvent d’une opinion théorique conçue d avance ; je ne
prétends trouver ni des nombres constans de pièces , ni des repré-
sentations de parties étrangères à la tête 5 je ne prétends pas même
que les os de la tête doivent être absolument les memes dans tous
les genres; mais je cherche à savoir jusf[u’où va leur correspondance
et à quelles limites elle s’ai'rête. Pour cet effet je commence par 1 o-
vlpare, qui (pour la tête du moins) me présente les rapports les pins
sensibles avec les mammifères ou avec quelques-uns d’entre eux , et
c’est le crocodile. Je montre quels os il possède analogues aux nôtres;
et, pour l’établir, je consulte non-seulement leur position, mais les
muscles qui s’y attachent, les nerfs qui y passent , etc. J’expose fran-
chement quels os échappent à cette analogie ; j en fais autant pour
les autres genres; j’indique où un os, un trou dos, une facette,
une suture, me paroît commencer a manquer ; je marque ou il me
semble qu’il s’en montre de nouveaux. IN’ayant jamais besoin de
faire voir les choses autrement qu’elles ne sont , je n’emploie ni ces
propositions vagues, ni ces expi’essions figurées, par lesquelles j au-
rois pu me faire illusion à moi -même , comme il est arrivé à tant
d’autres de la meilleure foi du monde, et si, par cette voie, je n ar-
rive pas à des résultats aussi brillans, je me flatte que je demeure
sur un terrain plus solide.
Pour la tête c’est , comme je viens de le dire , sur le crocodile que
j’ai dû insister le plus , car, une fois que ses os sont nommes, on
arrive aisément à nommer ceux des tortues , des lézards et de la plu-
part des serpens; mais une nouvelle étude , et plus difficile, devient
nécessaire relaliv'^ment aux batraciens.
Les os de l’épaule et du sternum veulent être étudiés , surtout
dans les lézards , où ils offrent le plus de complication.
Quant à l’os hyoïde, c’est dans les batraciens qu’il a le plus d’im-
et les branches osseuses qui les portent comme formées de l’os hyoïde et de quelques parties
du sternum. M. Geoffroy en a conçu de son côté, en 1807 , et sans connoître le travail de
M, Autenrielh , des idées à peu près semblables , qu’il a exposees plus en détail dans sa
Philosophie anatomique , et dont il a fait la base et le point de départ de toute sa théorie de
l’appareil branchial.
OSSEMENS
8
portance, parce qu’il nous y fournit des moyens de nous faire des
idées claires de celui des poissons sur lequel il a été imaginé des sys-
tèmes nombreux et très-divers.
J’espère , à cet égard , que les faits que je donne dans cette partie
de mon ouvrage, et notamment la simplification successive et la dis-
parition finale de l’appareil affticulaire , ainsique le développement
graduel de l’appareil hyoïde dans les batraciens, malgré la présence
d’un larynx et d’un sternum, ramèneront aux anciennes idées, à
celles que j’ai toujours énoncées , que les os de l’oreille ne renaissent
pas dans les poissons osseux sous la forme d’opercules ; que l’appareil
branchial n’a pas besoin, pour y prendre la complication qu’il y
montre , d’être complété par l’intercalation de pièces sternales , la-
ryngiennes ou costales j enfin que l’appareil operculaire est un appa-
reil spécial et propre aux espèces c{ui l’ont reçu.
Je n’ajouterai ici qu’un mot sur les os des autres parties du corps,
c’est que, loin cpe les pièces c^ui les composent se multiplient comme
celles de la tête , ils n’ont pas même toujours , dans la jeunesse , ces
]iièces des extrémités c[ue l’on appelle épiphyses.
Dans les crocodiles et les tortues , les extrémités des os et leurs
principales éminences sont enduites de cartilages plus ou moins épais,
qui durcissent et s’ossifient avec l’âge , mais dans lesquels il ne se
forme point , comme dans les mammifères, de noyau osseux, séparé
pendant quelc[ue temps du corps de l’os ou de la diaphyse par une
suture; circonstance d’autant plus singulière, que les sauriens, spé-
cialement les monitors , ont à leurs os longs des épiphyses très-
marquées.
C’est dans chaque genre, après avoir ainsi étudié et ramené autant
qu’il est possible aux règles générales l’ostéologie des reptiles vivans,
cpte je passe à l’examen des os fossiles les plus analogues; et, dans
cette partie de mon travail, je suis également entraîné à des considé-
rations beaucoup plus étendues que ne m’en avoient offert les os de
mammifères.
Les mammifères sont les derniers comme les plus parfaits produits
de la puissance créatrice.
DÊ REPTILES. 9
Les reptiles ont commencé bien plutôt à exister ; ils remplissent
de leurs débris des formations plus anciennes, et le naturaliste est
obligé d’en poursuivre les restes dans des couches plus profondes.
On a vu , dans nos volumes précédens, que le plus grand nombre ,
sans comparaison des quadrupèdes vivipares, n’a laissé de ses os que
dans les dernières couches meubles, ou dans des cavernes, ou enfin
dans des fentes et des crevasses de rochers; que la mer, qui a passe
sur eux, n’a presque pas eu le temps d’y déposer des traces de son
passage; que du moins elle ne les a recouverts d’aucunes couches
solides et régulières. Quelques formations locales seulement et qui
paroissent d’une date plus ancienne , recèlent principalement des
genres inconnus, et sont en quelques endroits recouvertes de couches
marines. Mais dans notre calcaire grossier , notre calcaire à cérilhes ,
nous ne trouvons déjà plus que des mammifèresde mer, des phoques,
des lamantins et des cétacés. Une seule exception , et probablement
due à quelque méprise, viendroit altérer cette règle; je veux parler
des molasses , des lignites qu’elles renferment, et d’autres lignites con-
temporains de ceux-là, dans lesquels on observe des os incontestables
de mammifères, où j’ai trouvé en effet mes antracothériums , et des
palæothériums accompagnés, comme dans nos gypses, do trionyx et
de crocodiles ; où j’ai reconnu récemment des os et des dents de mas-
todonte, et une mâchoire de castor (i). Ces molasses, ces lignites
seroient, dit-on, constamment inférieurs à notre calcaire grossier;
mais quand cette infériorité seroit aussi assurée qu’elle nous paroît
qQaiid il seroit vrai que 1 on n a pas conlondu ensemble
des lignites et des molasses de deux époques, toujours devra-t-on re-
connoître que des bancs, qui, de l’aveu de tout le monde, reposent
sur la craie , sont les plus anciens où se montrent des débris de mam-
mifères; que la craie déjà n’en recèle absolument aucuns, et qu’il en
existe encore bien moins dans les terrains antérieurs; tandis que la
(i) Je dois la eomaïunicalion des fragraens de mastodonte à M. le comte Vüalien Borro-
meo de Milan , et celle de la mâchoire de castor à moii savant ami M. Brongniart. Toutes
ces pièces viennent des lignites A'Jîorgeti. C’est M. le professeur Meissner de Berne qui
paroît y avoir découvert le premier l’existence d’ossemens.
T. V, ae. P. a
10 . OSSEMENS
craie et la plupart de ces terrains antérieurs, jusques à la grande for-
mation houillière, fourmillent, en certains endroits , de tortues, de
lézards et de crocodiles, espèces au contraire fort rares dans les ter-
rains superficiels.
Nous remontons donc à un autre âge du monde, à cet âge où la
terre n’étoit encore parcourue que par des reptiles à sang froid, où
la mer abondoit en ammonites, en bélemnites, en térébratules , en
cncrinites, et où tous ces genres, aujourd’hui d’une rareté prodi-
gieuse, faisoient le fond do sa population.
C’est cet âge que les géologistes ont nommé celui des terrains se-
condaires. Peut-être conviendroit-il au plan de notre ouvrage de
donner ici une énumération de ces terrains, et une description de
leur nature et de leur superposition, semblables à celles que nous
avons données pour les terrains tertiaires dans notre second volume,
à l’occasion des ossemens de nos plâtrières de Paris ; mais cette tâche
a été si bien remplie, et par des géologistes mieux placés que nous
pour s’en acquitter, que nous ne pouvons rien faire de mieux que
de renvoyer nos lecteurs aux excellens ouvrages qui viennent de pa-
roître sur ce sujet. En effet, ce n’est pas dans le canton que nous
habitons, mais c’est en dehors de la vaste enceinte de craie qui nous
entoure, que les terrains secondaires se relèvent assez pour être étu-
diés commodément J c’est entre la craie et les terrains primitifs qu’ils
se montrent à jour, et l’Allemagne d’un côté , l’Angleterre de l’autre,
sont les deux théâtres où il a été possible d’en vérifier la succession
et d’en faire une histoire un peu complète.
Werner a commencé par cette étude la grande réforme qu’il a
introduite dans la géologie; et les recherches plus étendues de ses
élèves, et principalement de MM. de Buch et de Humboldt, ont
porté ce travail à la plus grande perfection. Les résultats en ont
été présentés fort nettement dans notre langue dans l’ouvrage de
M. de Bonnard , intitulé Aperçu géognostique des Terrains ; et
M. de Humboldt vient de les offrir de nouveau , avec encore plus de
détails, et une foule d observations aussi précieuses que nouvelles,
dans son Essai géognostique sur le gisement des Roches. Une
DE REPTILES. H
série d’observations analogues a été suivie avec une grande persé-
vérance en Angleterre par les membres delà Société géologique de
Londres, et la disposition de ces terrains, telle quelle existe en ce
pays, a été présentée, en i8i6, dans les tableaux de M. Buckland, et
en 1822 , dans l’excellent ouvrage de MM. Conjbeare Phillips, in-
titulé Esquisse de la Géologie d Angleterre et du pays de Galles.
11 ne reste donc qu’à établir d’une manière plus certaine la concor-
dance et riiarmonie des différens systèmes de bancs observés de
part et d’autre , et c’est à quoi les efforts rémiîs des observateurs
tendent sans cesse et conduiront infailliblement bientôt.
En attendant je puis m’en référer, dans la suite de ces recherches,
aux deux ouvrages principaux que je viens de citer, celui de M. de
Humboldt et celui de MM. Conybeare et Phillips, et c’est à eux que
je renverrai mes lecteurs, pour les preuves de la position respective
des fossiles dont je vais les entretenir. ^
Comme dans mon histoire des ossemens de mammifères, 1 ordre
que je suivrai ne sera ni entièrement géologique, ni entièrement
zoologique. . 1 •
Je commence par les crocodiles, parce que c’est leur osteologie
qui me sert de point de départ , et aussi parce que leurs os sont ceux
qui se trouvent dans Je plus grand nombre de terrains et que l’on
y reconnoîl avec le plus de facilite.
Viennent ensuite les tortues, que leur grandeur a fart remarquer
en beaucoup d’endroits, et qui, par l’ostéologie de leur tête, ainsi
que par beaucoup de détails de leur organisation, se rapprochent
pour le moins autant que les crocodiles de la classe des mammifères.
Les lézai’ds seront réunis dans le troisième chapitre, et nous offii-
ront des conformations extraordinaires dignes de toute notre attention.
Je ne pourrai donner que peu d’espace aux os de serpens et d’oi-
seaux , qui ne se rencontrent que bien rarement parmi les fossiles j
mais je traiterai avec détail des batraciens, non-seulement à cause de
l’espèce remarquable de cette famille cpe l’on a prise long-temps
pour un homme fossile, mais encore parce que c’est sup leur anatomie
que l’on a commis le plus d’erreurs, et que l’on s’est jeté dans plus de
î-'î OSSEMENS DE REPTILES.
suppositions et de systèmes sans fondement; et cependant cette ana-
tomie est l’une des plus importantes, puisque c’est elle qui nous
conduit à l’explication de celle des poissons.
C est apres avoir étudié ainsi l’ostéologîe des familles encore exis-
tantes de reptiles que je passe à l’examen d’une famille perdue , et
plus extraordinaire peut- être que toutes celles dont je parle dans
mon livre; de ces ichthyosaums récemment découverts en Angle-
terre, et qui réunissent des caractères si singulièrement combinés,
cju à 1 aspect de cjuelques-unes de leurs parties l’on est tenté de les
confondre avec les cétacés ou avec les poissons, et que ce n’est que
]>ar une connoissance approfondie de l’ensemble de leur scfuelette
que 1 on peut se convaincre de la nécessité de les classer avec les
autres reptiles.
C est par eux que je terminerai cette huitième partie et tout mon
livre, me réservant, si ma santé et mes occupations me le permet-
tent , de traiter dans un autre ouvrage des os fossiles de poissons.
CHAPITRE PREMIER.
Sur les Ossemess de Crocodiles,
Il existe des ossemens de crocodiles dans beaucoup de couches,
soit d’une antiquité moyenne, comme nos plâtres de Montmartre ,
soit d’une antiquité plus reculée , telles que le calcaire qui donne
les pierres de taille des environs de Caen et les marnes calcaires
bleuâtres des environs de Honfleurj mais avant d en tracer 1 histoiie,
il est nécessaire de bien caractériser Tostéologie de ce genre, et de la
distinguer de celle de plusieurs genres voisins dont on trouve les os
dans des bancs contemporains de ceux-lâ ; et avant meme de procéder
à ce travail , il est convenable de débrouiller 1 histoire des differentes
espèces de crocodiles vivantes aujourd’hui, que les naturalistes qui
nous ont précédé semblent avoir pris plaisir à confondre.
Je donnerai d’autant plus de soin a ces recherches préliminaires,
que l’ostéologie de la tète du crocodile est aussi de la plus grande
importance en anatomie comparée , en ce quelle établit des rap-
ports entre celle des trois classes d’animaux à poumons , et que les
liant ainsi les unes avec les autres, elle nous fournit les moyens les
plus simples et les plus svirs de reconnoître l’analogie des os qui
entrent dans leur composition.
Je diviserai donc ce chapitre en trois sections.
Dans la première, je fixerai les caractères distinctifs des espèces de
crocodiles aujourd’hui vivantes •,
Dans la seconde, je décrirai l’ostéologie de ces crocodiles;
Dans la troisième, je ferai connoître les ossemens de crocodiles
découverts jusqu’à présent dans les couches terrestres.
4
CROCODILES
PREMIÈRE SECTION.
Sur les différentes espèces de Crocodiles vivans et sur
LEURS CARACTÈRES DISTINCTIFS.
Article premier.
Remarques -préliminaires.
s
\
La détermination précise des espèces et de leurs caractères dis-
tinctifs fait la première basé sur laquelle toutes les recherches de
Thistoire naturelle doivent être fondées. Les observations les plus
curieuses, les vues les plus nouvelles, perdent presque tout leur
mérite quand elles sont dépourvues de cet appui ; et malgré Taridité
de ce genre de travail, c’est par là que doivent commencer tous ceux
qui se proposent d’arriver à des résultats solides.
Mais depuis long-temps les naturalistes ont pu s’apercevoir que
les grands animaux sont précisément ceux sur les espèces desquels
on a le moins de notions exactes, faute de pouvoir i-éunîr et com-
parer immédiatement plusieurs individus, soit à cause de leur gran-
deur et de la dilBculté de les tuer, de les transporter et de les con-
server, soit à cause de l’éloignement des climats qui les produisent.
Ce n’est, par exemple, que dans ces derniers temps quon a appris
qu’il existe plusieurs espèces àiéléphans et de rhinocéros , et quoi-
que l’on ait eu plus anciennement des soupçons sur la multiplicité de
celles des ci'ocodiles , on peut dire que les caractères qu’on leur as-
signoit étoient si variables, et quelquefois si peu conformes à la vé-
rité , que ceux qui nioient nette multiplicité d’espèces ne pouvoient
être blâmés.
Les. anciens, qui auroient pu comparer le crocodile proprement
dit des Indes avec celui du Nil , ne sont point entrés dans ce détail :
l’un d’eux seulement a indiqué d’un mot le gauial et le crocodile
VIVANS.
ordinaire du Gange (i) , et ils n’ont observé avec un peu d’attention
que le crocodile d’Égypte (2). Il est vrai qu’ils l’ont mieux connu
que riiippopotame.
Hérodote en donne une description et une histoire fort exactes (dj ;
et dont les erreurs même sont fondées sur quelque chose de vrai,
ainsi que l’a prouvé M. Geoffroy (4).
Aristote au reste avoit déjà réduit à leur juste valeur quelques-
unes de ces assertions plus ou moins erronées du père de 1 histoire,
et avoit ajouté à la description extérieure et intérieure de cet animal
plusieurs détails très-vrais. Les successeurs de ces deux grands écri-
vains ne firent que les copier (5) , ou n’ajoutèrent à leurs récits que
des traits suspects et mêlés d’idées superstitieuses (6).
Telle a été en effet l’incurie desHomains, qu’avec des occasions
infiniment plus nombreuses qu’aucune autre nation d’observer des
animaux rares, ils n’ont jamais pris cette peine par eux-memes. On
peut le leur reprocher k l’égard du crocodile autant et plus qu’à
l’égard de l’hippopotame. Ils virent ces deux animaux ensemble, pour
la première fois, sousl’édililé de Scaunis (7). Les crocodiles y étoient
au nombre de cinq. Dans une autre occasion l’on vit à Rome de ces
animaux conduits par des liabitans de Dendera, qui jouoient en
quelque sorte avec eux (8). Un des spectacles les plus étonnans de
ce genre fut sans doute celui que donna Auguste, Tan de Rome 748 ,
sept ans avant notre ère. Ayant fait remplir d’eau le cirque de Fla-
minius , on y montra et l’on y fit périr trente-six crocodiles (9).
(1) Ællien, Hb. XII, cap. 4i- . ^ ,
(2) JV. B. Je ne parle pas ici de leur crocodile terrestre ou scînque, n est autre <ju un
monitor {Vouaran el hard,, monitor terrestre). Geojjfr., E.ept. d’Eg. , I, 2; Séb. , I,
XGVIII,3.
(3) Lib. Il , Euterp., cap. LXYIII et suiv.
(4) Ann. du Mus., t, II , p. 37.
(5) Diodor., Hb. I, cap. XX; Plin., Ub. VIII, cap. XXIV.
(6) Tel est ce nombre de 60 appliqué à leurs dents , à leurs vertèbres et à leurs œufs , etc. ,
par Ælien, lib. X, cap. 2i.
(7) Plin., lib. VIII , cap. XXVI.
(8) Vfroi.^lib. XVII, p. 814.
(9) Dion CûwjW, lib. LV, p- naea555..
i6 CROCODILES
Antonîn (i), Héllogabale(2) en firent voir aussi, et il est probable
qu’il y en eut encore dans des circonstances que les auteurs que nous
possédons n’ont point rappelées.
Néanmoins les Romains, et les Grecs qui vécurent sous leur do-
mination , ne profitèrent de toutes ces occasions que pour donner
quelque exactitude aux figures de cet animal.
On le voit en effet assez bien représenté sur leurs médailles et sur
leurs monumens. La mosaïque de Palestrine, la plinthe de la statue
du Nil, les médailles si connues de la colonie de Nîmes , celles d’A-
drien et d’autres empereurs, diverses pierres gravées attestent que
leurs artistes en avoient sous les yeux d’assez bons modèles.
Mais nulle part on ne peut soupçonner qu’aucun ancien natu-
raliste en ait reconnu plusieurs espèces} et nous verrons à l’article
du crocodile du Nil, que ce que quelques-uns d’entre eux ont pu
dire d’un crocodile appelé mchus ou suchù n’infirme pas cette
assertion.
Quant aux modernes, si l’on parcourt ce qu’ils avoient écrit à ce
sujet avant que je m’en fusse occupé , on trouvera que leurs méthodes
plus exactes d’observer et de classer les êtres naturels ne les avoient
pas beaucoup servi pour ce genre d’animaux.
Les auteurs les plus savans du dix-huitième siècle confondoient
ou mêloient contre toutes les règles, soit des espèces réelles de cro-
codiles, soit des espèces de grands lézards qui ne peuvent être re-
gardés comme tels.
Ainsi Linnæus, dans les éditions données de son vivant, n’admet-
tolt qu’un seul crocodile, sans même en vouloir distinguer \ espèce
à bec allongé du Gange.
Son contemporain Gronovius (3) sépara du crocodile propre-
ment dit le caïman ou crocodile â! Amérique, le crocodile du Gange,
auquel il réunit le crocodile noir d’Adanson, et une quatrième es-
pèce qu’il nomma crocodile de Ceylan, et c|u’il distingua par ce ca-
(r) Jules Capitol., inïlist. Aug. , p. 1/J2.
(2) Latnprid. , ib. , 497-
(3) Zoophjlacium , I, p. 10.
VIVANS. 17
ractère accidentel et propre uniquement a son individu d avoir seu-
lement les deux doigts extérieurs entièrement palmés.
Laurent! (1) établit, outre le crocodile et le càiman , deux es-
pèces particulières fondées seulement sur de mauvaises figures de
Séba {^crocodilus africanus et C. terrestris') \ mais il oublia entiè-
rement le gavial et le crocodile noir.
]VI, de Lacépède (2) , admettant quatre espèces comme les deux
ju’écédens , les combinoit encore autrement ; savoir : le crocodile, sous
lequel il rangeoit , à l’exemple de Linnæus, les crocodiles ordinaires
de l’ancien et du nouveau continent, comme une seule et même es-
pèce; le crocodile noir, qui! ne faisoit qu’indiquer d’après Adanson;
\q gavial ou crocodile à long bec du Gange, dont il donna le pre-
mier une bonne description ; enfin un animal qu’il wommdsX fouet le-
queue, parce qu’il le jugeoit le même que le lacerta caiidwerhera
de Linnæus. Sa description étoit prise seulement d’une figure altérée
de crocodile, donnée par Seba, pl. io6, 1. 1.
Gmelin (3) les réduisoit toutes à trois: 10. en réunissant le croco-
dileoxdi\xid\XQcX\Qcrocodïlusaf ricanas de Laurent! sous son lacerta
crocodilus-, 20. en réunissant également le gavial, le crocodiliis,
terrestris de Laurenti et le crocodile noir, so\xs &on lacerta gan-
geticaj 3°. en séparant le caïman sous le nom de lacerta alli-
gator.
Enfin Bonnaterre (4) revenoit au nombre quartenaire en ajoutant
\q foiiette~queiie de M. de Lacepede aux trois especes de Gmelin , et
en négligeant le crocodile noir.
Cependant ces difiërences dans l’établissement des espèces n étoient
rien en comparaison de celles qui existoient dans leurs caractères et
surtout dans leur synonymie.
Ceux qui, comme Linnæus et M. de Lacépède, reunissent en üne
seule espèce tous les crocodiles à museau court , y étoient d’autant
(0 Specim. exhih. sfnojjsin Repiiliuin, p. 53 et 54-
(9.) Hist. nat. des Quadrup. ovip., 1 , 182 et suiv.
(3) Sjst. nat., p. 1057.
(4) Ençfclop. rnélkod., Erpétologie, p. 3a et suiv.
T. V, 2. P.
3
i8 CROCODILES
plus autorisés que ceux qui vouloient les distinguer n’en saisissoient
point les véritables caractères.
Par exemple, M. Blumenbach, dans ses anciennes éditions, et
Gmelin, d’après lui, disoient du crocodile: Capite cataphracto ,
nucha cajinata; et du caïman ( lac. alligator') : Capite imhricato
piano , nucha nuda.
Or la tète est cuirassée (^cataphractum) dans toutes les espèces j
aucune ne la tuilée {^imbricatum) ^ il ii’y en a pas mêine l’appa-
rence. Pour plane f elle 1 est dans toutes 5 toutes ont la nuque garnie
d’un bouclier écailleux et non nue. Enfin l’on ne comprend pas com-
ment cette nuque pourroit être carenéej car ce mot ne peut signifier
cpie formée de deux plans qui font un angle ensemble: or c’est ce
dont aucun crocodile ne présente même l’apparence.
Quant à l’autre caractère cju’ils assignoient : Cauda cristis latera-
libiis horrida et lineis lateralibus aspera, ce sont des différences
du plus au moins qui varient dans les mômes espèces, et qui par
conséquent ne les distinguent point les unes des autres.
Bonnaterre donnoit à son crocodile pour caractère d’être : Pe-
dibus posteiioribus tetradactjlis palmatis iriunguiculatis , rostro
subconico elojigato; caractère vrai, mais qui ne distingue rien.
Celui qu’il donnoit à sou caïman : Pedihus posteriorïbus tetra-
dactjlisjissis unguiculatis , étoit Taux; et la suite, rostro depresso
sursurn l'eflexo , ne l’étoit guère moins.
Laurenti donnoit a son caïman ou crocodile d! dimérique cinq
doigts a tous les pieds, parce qu il se fondoit sur cette même figure
fautive de Séba, lab. 106.
Gronovius étoit le seul qui eut connu une partie des caractères
xee\s , plantis palmatis , etplantis mx semi palmatis ^ mais il n’a-
voit point fait mention de ceux qui se tirent des dents et de plusieurs
autres encore : d’ailleurs tout ce qu’il avoit dit avoit été négligé par
ses successeurs. •
Et si Ion vouloit suppléer à ces caractères imparfaits, en consul-
tant les figures indiquées par chaque auteur comme représentant les
espèces qu il etablissoit , on tomboit dans de nouveaux embarras.
VIVANS. 19
Gmelin cltoit, sous Lj. crocodilus , la fig. 3, pl. io5 de Séba, qui
est un caïman (celui que uous appellerons à paupières osseuses^ ,
etmettoit, sous L.gangetica ou \ q gaçial , toutes celles de la pl. io4>
qui sont en partie des caïmans , en partie des crocodiles. 11 citoit
sous ce même gangeiica la fig. i , pl- io3 , qui est un crocodile'^ et
sous crocodilus les fig. 2 et 4 5 ^tii sont à peine caractérisées. La
fig. 2 revenoit une seconde fois sous le fouette-queue. Sous L. al-
ligator, Gmelin cite, d’après Laurenti, la pl. 106, qui, comme nous
l’avons dit , n est qu’une figure altérée du crocodile.
C’est cette même figure dont MM. de Lacépède et Bonnaterre
font \emJouette-queue, et qu’ils associent à celle de la pl. 3 19 du
premier volume de Feuillée, qui est un gecko.
Gmelin, de son côté, associoit à ce gecko la fig. 2, pl. io3, qui
paroît un vrai crocodile.
Gronovius donnoit comme une excellente figure de crocodile la
douzième de la pl. io4, assez bonne à la vérité, mais qui a un doigt
de trop.
11 étoit donc impossible de rien imaginer de plus embrouillé.
Ayant besoin pour mes recherches sur \cs crocodiles j^ossiles de
me faire des idées justes sur les crocodiles vwans , j essayai, il y a
vingt et quelques années, d’éclaircir ce sujet.
Mon premier soin dut être d’établir en peu de mots les caractères
qui circonscrivent le genre.
J’appelai crocodiles, avec Gmelin et M. Brongniart, tous les lé-
zards ou reptiles sauriens qui ont ,
lo. La queue aplatie par les côtés j
20. Les pieds de derrière palmés ou demi-palmés ,•
3». La langue charnue attachée au plancher de la bouche jus-
que très-près de ses bords, et nullement extensible ;
4°. Des dents aiguës simples , sur une seule rangée j
5°. Une seule verge dans le mâle.
La réunion des trois premiers caractères détermine le naturel
aquatique de ces animaux , et le quatrième en fait des carnassiers
voraces. x
3*
20 CROCODILES
Tous les animaux connus jusqu’à présent dans ce genre réunissent
encore les caractères suivans, mais qui pourroient se trouver un jour
moins généraux et moins essentiels.
lo. Cinq doigts de[>ant , quatre derrière-
20. Ti-ois doigts seulement armés di ongles à chaque pied : ainsi
deux decant et un derrière sans ongle ;
3o. Toute la queue et le dessus et le dessous du cojps revêtus
d’ écailles carrées j
4°. La plus grande partie de celles du. dos relevées d arêtes
longitudinales plus ou moins saillantes ^
5°. Les flancs garnis seulement de petites écailles rondes ;
. 6o. Des arêtes semblables Joj-mant sur la base de la queue deux
crêtes dentées en scie , lesquelles se réunissent en une seule sur le
l'este de sa longueur -
70. Les oreilles fermées extérieurement par deux lèvres char^
nues-
80, Les narines formant un long canal étroit qui ne s’ouvre
intérieurement que dans le gosier -
Cf. Les yeux munis de ti'ois paupières -
1 0°. Deux petites poches qui s’ouvrent sous la gorge et contien-
nent une substance musquée.
Leur anatomie présente aussi des caractères communs à toutes les
espèces, et qui distinguent très-bien leur squelette de celui des au-
tres sauriens.
I O. Leurs vertèbres du cou portent des espèces de fausses côtes
qui, se touchant pai' leurs extrémités , empêchent V animal de
tourner entièrement la tête de côté^
20. Leur sternum se prolonge au-delà des côtes et porte des
fausses côtes d’une espèce toute particulière qui ne s’articulent
point avec les vertèbres , mais ne servent qu’à garantir le bas-
ventre , etc.
D’après tous ces caractères, les crocodiles formèrent pour moi un
genre très-naturel, que dilférens auteurs systématiques avoient plus
OU moins pressenti, mais auquel ils avoient eu le tort de joindre des
VIVANS. ' 21
espèces qui av oient bien le caractère assigne par leur système, mais
qui s’éloignoient du genre pour tout le reste.
Pour arriver ensuite à la distinction des especes, je commençai pai
mettre de côté les crocodiles à long bec, vulgairement nommés cio-
codiles dit Gange ou gafiials, et qui formoient, de 1 aveu de tout
le monde , au moins une espèce bien distincte.
Alors il me resta tout ce que l’on connoissoit sous les noms vul-
gaires, et souvent pris l’un pour l’autre, de crocodile , et de caïman
ou àl alligator.
Ces animaux sont extrêmement multipliés dans les cabinets de
France, à cause de nos relations avec l’Égypte, le Sénégal et la
Guyane , qui sont , avec les Indes orientales , les climats ou on
trouve le plus de crocodiles.
J’en examinai à cette époque près de soixante individus des deux
sexes, depuis douze à quinze pieds de longueur jusqu’à ceux qui
sortent de l’œuf, et je crus voir qu’ils se réduisoient tous h deux es-
pèces, que je définis ainsi r
lo. Crododile: à museau ohlong , dont la mâchoire supériem'e
est échancrée de chaque côté pour laisser passer la quatrième
dent d’ en-bas , à pieds de derrière entièrement palmés.
20. Caïman: à museau obtus, dont la mâchoire supérieure
reçoit la quatrième d'en -bas dans un creux particulier qui la
cache', à pieds de derrière demi-palmés.
Tous les individus de la première forme dont je pus alors apprendre
l’origine avec certitude venoient du Nil, du Sénégal, du Cap ou des
Indes orientales.
Tous ceux de la seconde dont je pus apprendre l’origine avec cer-
titude venoient d’Amérique , soit de Cayenne ou d’ailleurs.
J’établis donc à celle époque deux espèces bien distinctes de cro-
codiles, sans compter ceux à long museau, et je crus pouvoir assigner
pour patrie , à l’une , l’ancien , à l’autre , le nouveau continent.
J’en indiquai une troisième , celle de l’Amérique septentrionale ,
dont je n’avois alors qu’un seul individu, et dont la distinction s est
confirmée depuis.
22 CROCODILES
Je cherchai enfin à rapporter à chaque espèce les différentes figures
éparses dans les auteurs.
Tels furent l’objet et les résultats de ce premier travail , cjue je
consignai, en i8oi, dans les Archives zootomiques et zoologi-
ques de feu Wiedenian, professeur à Brunswick, t. II, cah. II,
p. i6i et suiv.
Mais pendant les dix. années qui se sont écoulées entre l’impression
de ce mémoire et la première édition de mon ouvrage sur les os
fossiles, il s est fait sur les cvocodiles des recherches importantes ,
soit par divers naturalistes français ou étrangers, soit par moi-même-
et ces recherches ont modifié en deux sens différens les résultats
que j’avois obtenus.
Elles ont montre, i<>. que ce que je regardois seulement comme
deux espèces y formoient réellement deux subdiAsions du genre ,
susceptibles de se partager elles-mêmes, au moyen de caractères se-
condaires, en plusieurs espèces différentes •
. Que ces deux subdivisions ne sont pas entièrement propres
aux deux continens auxquels je les attribuois respectivement, mais
que le crocodile de Saint-Domingue , par exemple, quoique for-
mant bien une espece a part, ressemble neanmoins beaucoup plus
aux crocodiles proprement dits , ou de l’ancien continent , qu’à ceux '
qui se trouvent le plus communément dans le nouveau, et auxquels
j’ai restreint le nom de caïmans^
3o. Il seroit donc possible que 1 on découvrît réciproquement par
la suite dans 1 ancien continent quelque espèce appartenante à la
subdivision des caïmans.
Il est juste que je rapporte ici les noms de ceux à qui nous devons
les augmentations de nos connoissances sur ce genre important.
Je ne peux pas ranger dans le nombre ceux qui ont travaillé aux
nouvelles éditions de Buffonj ils n’ont rien donné d’original : leurs
figures même sont copiées d’après d’autres figures et mal choisies. Le
seul llaudin a indiqué, sous le nom de crocodile à large museau ^
une espèce nouvelle qui paroît être la même que mon caïman à
paupières osseuses.
VIVANS. 23
Shaw n’y appartient pas non plus. Dans son Histoire des Rep-
tiles, imprimée en 1802 (i), il n’admet que deux especes a museau
court, le crocodile coimnun et Y alligator j mais pour représenter
Y alligator , il prend , d’après Gmelin et Laurent! , cette figure al-
térée de Séba dont d’autres avoient fait \e fouette-queue j et ses
deux figures de crocodiles , pl. 55 et 58 , sont des caïmans. Ses ca-
ractères sont les anciens de M. Blurnenbach et de Gmelin.
Je ne puis y ranger davantage feu M. Faujas de Saint-Fond, quoi-
qu’il ait écrit deux fois ex professa sur le genre des crocodiles.
Au lieu de vérifier sur les individus nombreux quil avoit a sa dis-
position les caractères que j’avois assignés aux crocodiles et aux
caïmans, il aima mieux prononcer sans examen, que « le caïman
)) est si rapproché de l’espèce d’Afrique, que quelques naturalistes,
» et je suis du nombre (ajoute-t-il) , ne le regardent que comme
» une simple variété qui tient au climat (2). »
La preuve que, comme je l’avance, il n’ avoit point examiné la
question, c’est qu’il avoit donné quelque temps auparavant une
figure d’un crocodile , qu’il croyoit faite « d’après un individu d A-
» frique de douze pieds de long , conservé au Muséum d’Histoire
» naturelle (3) j mais qu’il s’étoit laissé tromper par son dessinateur,
qui avoittrouvé plus commode de copier la pl. 64 des Mémoires
pour seivir à V Histoire des Animaux , en y changeant seulement
le paysage. Je suis d’autant plus obligé de relever cette erreur singu-
lière d’un ouvrage répandu, que cette figure appartient, non pas au
ciyocodile d’ Afrique, mais à celui de Siamj espèce très-différente ,
comme on le verra bientôt, et que nous ne possédons malheureuse-
ment point dans les collections de Paris. Cependant c’est cette même
figure qu’on a fait copier encore dans le Buffon de Déterville pour
représenter le crocodile du Nil.
Une seconde preuve que M. Faujas n’avoit pas suffisamment exa-
miné la question , c’est ce qu’il ajoute [Essais de Géol. , I , p- 1 52 ) ,
(1) Gener. Zoolog., vol. III, part. I, Amphibia.
(2) Essais de Géol., I, i49-
(3) Hist. nat. de la montagne de Saint-Pierre , p. 23 1.
24 CROCODILES
qu’en « supposant même qu’il existât des caïmans dans l’état fos-
)) sile, la demi-palmure de leur pied de derrière disparoîtroit, et
» que leur second caractère ne seroit guère plus stable. « Comme ce
second caractère consiste dans la forme des têtes osseuses, il est évi-
dent qu’il seroit aussi stable qu’aucun de ceux que l’on peut recon-
noître dans les fossiles.
C’est donc feu M. Schneider, M. Blumenbach et mon savant con-
frère M. Geoffroy-Saint- Hilaire, qu’il faut considérer comme ayant le
plus enrichi dans ces derniers temps Thistoire des crx)cod'iles.
Le premier écrivoit h peu près en même temps que moi, et nous
ne connoissions point réciproquement notre travail.
Après avoir recueilli avec soin les passages des anciens sur le cro-
codile,, il cherche à se faire une idée nette du \v&\ crocodile du Nil.
Pour cet effet, il rassemble ce que divers auteurs modernes ont
dit de l’extérieur et de l’intérieur du crocodile en général , et com-
pare cette description ainsi recomposée avec celle du crocodile de
Siarn, faite par les missionnaires, g\. ceW^àl un crocodile d’jdniérique
faite par Plumier, dont le manuscrit se conserve h Berlin.
Mais comme les différences qu’il déduit de cette comparaison ré-
sultent seulement des termes ou de la manière de voir des auteurs, et
qu’aucun d’eux n’a eu 1 intention de donner des caractères distinctifs j
comme d’ailleurs le hasard a voulu que Plumier ait disséqué précisé-
ment celle des espèces américaines qui rentre dans la forme des <?roco-
diles proprement dits, je veux dire celle de Saint-Domingue, ainsi
qu’on petit s’en convaincre par ses dessins originaux encore aujour-
d’hui déposés à la Bibliothèque du Roi (i) , ce travail de M. Schnei-
der n’a mené à rien qui ait éclairci les espèces, si ce n’est celle deSiam,
dont les particularités se font bien remarquer dans cette comparaison.
(0 II paroU , d’après les publications partielles de MM. Bloch et Schneider , que l’on pos-
sède à Berlin des manuscrits de Plumier, copiés par lui-même on par un autre , et plus ou
moins semblables à ceux de Paris. Ceux-ci offrent des dessins au simple trait , mais d’une
pureté admirable , non-seulement du crocodile de Saint~Domingue , mais encore de Viguane
cornu, de la grande lortue de mer, et d’une multitude de reptiles, de poissons, etc. , avec
beaucoup de détails anatomiques. Il est fort à regretter qu’aucun savant français n’ait encore
longé à publier complètement ce riche trésor.
VIVANS. .25
L’espèce du Nil y est même si peu constatée que la plupart des
caractères qui paroissent lui revenir dans ce résumé sont réellement
ceux du caïman. Le crâne dont M. Schneider donne la figure n’est
pas non pins d’un crocodile , mais bien de l’espèce de caïman que
j’appelle à paupières osseuses.
11 se trouve néanmoins dans les passages allégués plusieurs indica-
tions vraies et utiles sur la multiplicité des espèces en Amérique.
Laissant donc le crocodile du. NU jjour ce qu’il pourra être ,
M. Schneider passe h la description des espèces qu’il en croit diffé-
rentes , et parmi lesquelles il y en a plusieurs que nous avons recon-
nues dans les nôtres. En voici l’énumération :
1». Le crocodile de Siam des missionnaires. Celui-là paroît réel-
lement distinct , et M. Schneider a le mérite d’avoir le premier re-
connu ce fait dans l’ouvrage où il étoit jusque-là reste comme enfoui.
20. Celui qu’il nomme porosus ^ et qu’il décrit d’après les individus
des cabinets de Bloch et de Gœttingen. Ce n’est probablement pas
autre chose que notre crocodile à deux arêtes. Les poires à chaque
écaille, dont M. Schneider a cru devoir faire un caractère spécifique,
se retrouvent plus ou moins dans tous les crocodiles proprement
dits, dont son C. porosus a d’ailleurs toutes les autres marques gé-
nériques.
3o. Le lojigirostris ou gaçial, reconnu de tout le monde.
4®. Celui qu’il nomme sclerops, et qui est précisément le caïman
le plus ordinaire à la Guyane celui que nous nommerons caïman a
lunettes'), facile à reconnoître à l’arête transversale quil a devant
les orbites. M. Schneider le donne un peu en hésitant pour le croco-
dile du Nil, mais tout-à-fait à tort.
Telles sont les espèces bien reconnoissables pour moi dans les des-
criptions de M. Schneider.
5». Son crocodilus trigonatus paroît, surtout par la citation qu’il
fait de la fig. 3, pl. xo5 de Séba, entièrement le même que notre
caïman à paupières osseuses) mais sa description ne s’y accorde
pas bien.
6». Son crocodilus^ carinatus , Xoopholis et lepalmatus appar-
T. V, 2e. P. 4
CROCODILES
26^
tiennent tous les trois à ma division àe?, crocodiles j mais je ne puis
voir dans les courtes indications qu’il en donne aucun caractère suf-
fisant pour les rapporter à une espèce plutôt qu’à une autre.
7 O. Enfin son crocodilus penfonix est un être imaginaire. Il dit
que c’est le crocodilus tei'restris de Laurenti ; mais ni Laurent! ni
M. Schneider ne l’ont vu , et tous les deux s’appuient sur les figures
de la pl. 104 de Séba, et sur la fig. i de la pl. io3.
Or toutes ces figures sont faites sans aucun soin : les unes, d’après
de jeunes caïmans soxliintàe l’œuf j les autres, comme la 12^. , pl. io4>
d’après de jeunes crocodiles. L’ouverture des oreilles, dans la fig. i ,
pl. io3, est un effet du dessèchement; les cinq ongles en sont un de
l’incurie de l’artiste. Si l’on songe qu’il y a des ongles de trop dans
les figures de crocodiles les plus modernes, tandis que le texte cjui
les accompagne dit formellement le contraire, comment établira-t-
on une espèce sur de simples figures où le texte ne dit rien ?
Dans l’état actnel des observations effectives, je ne puis croire à
un crocodile à cinq doigts et à cinq ongles à tous les pieds que
lorsqu’on me le montrera.
Telle est l’analyse des espèces de crocodiles proposées par
M. Schneider dans le deuxième cahier de son Histoire des Amphi-
bies.
Il faut que ce savant professeur ait eu autrefois des idées bien dif-
férentes de celles-là ; car M. Blumenbach dit avoir réformé d’après
lui, dans sa sixième édition imprimée en 1799, les caractères du
CROCODILE et du CAÏMAN , qu’il répète encore en 1808 ( dans sa VIIL.
édition’). Or il y attribue au crocodile d’être pourvu scuto supi'a-
orhitali osseo , testa calvariœ integra (ce qui désigne notre espèce
de caïman a paupières osseuses ) , et au caïman , tegmine supra-
orhitali coriaceo , testa calçarice hifenestrata (ce qui désigne l’une
quelconque des espèces de la forme du vrai crocodile).
Ces caractères n’avoient donc pas une application juste, mais ils
etoient fondés sur des observations réelles, et l’indication des pau-
pières osseuses étoit surtout un fait important qui pouvoit diriger
1 attention vers une espèce méconnue jusque-là.
VIVANS. . 27
M. Geoffroy nous a rendu le service éminent d’apporter enfin de
la Thébaïde un crocodile du Nil authentiquement constate. Il nous
a appris que les pêcheurs de ce pays-là prétendent enconnoître deux
autres espèces. 11 a rapporté un crâne momifié tiré des catacombes,
qui l’a mis sur la voie pour retrouver des individus analogues dans
nos collections de Paris ; et comme ce crâne et ces individus diffèrent
en quelques points du crocodile ordinaire , il les a jugés de 1 une de
ces espèces annoncées par les pêcheurs. Il a pensé C[ue c’étoit dans
cette espèce que l’on prenoit les crocodiles plus particulièrement ré-
vérés des Egyptiens, et que c’étoit à elle qu appartenoit le nom de
suchiis, rapporté par Strabon et Photius. Ses nombreuses observa-
tions sur les habitudes du crocodile expliquent parfaitement ce c£ue
les anciens en avoient dit d’obscur ou de douteux , et ajoutent beau-
coup à son histoire naturelle. Il a donné enfin une description com-
parée des os qui composent la tête de cet animal, laquelle enrichit
de vues nouvelles et intéressantes l’osléologie des reptiles.
Mais ce que M. Geoffroy a fait de plus important pour l’objet ac-
tuel de nos recherches , c’est de constater la ressemblance étonnante
du crocodile de Saint-Domingue avec celui AaNil, et par consé-
quent les grandes différences qui distinguent le premier du caïman
le plus, commun à Cayenne.
En effet, le général Rochambeau avoit envoyé à notre Muséum
un crocodile de Saint-Domingue , prépare, et un autre plus petit,
vivant, qui mourut au Hâvre , mais qui arriva a Paris assez frais pour
que je le disséquasse.
La description de cette espèce par M. Geoffroy est inseree dans les
Ann. du Mus. d’TIist. nat. ^ t. II , p. 53.
Enfin M. Descourtils, qui a résidé long-temps à Saint-Domingue,
a présenté à l’Institut une anatomie du crocodile de ce pays-là , faite
sur plus de quarante individus qu’il a disséqués, et accompagnée
d’une foule de grands dessins : il en confirme parfaitement les carac-
tères.
Un extrait de son travail se trouve dans l’ouvrage c[u’il a publié en
1809 sous le titre de D" oyage d’un Naturaliste, t. III.
4”^
28 CROCODILES
Ce fut avec ces matériaux que je repris mon travail en i8io,
j y joignis une quantité d’échantillons que j’avois encore recueillis
dans divers cabinets, ou qui avoient été envoyés au Muséum par ses
correspondans. J’examinai de nouveau tout ce que j’avois déjà vu ;
je parcourus encore une fois tous les auteurs plus anciens; il étoit
impossible que de cette manière je ne fisse encore de grands pas
vers la vérité; et en effet, j’arrivai à une énumération assez distincte
et assez complète pour qu’il ait été long-temps impossible d’y rien
ajouter. Feu Brugmans m’a dit que, pendant cinq ou six ans, il avoit
cherché de tous côtés à se procurer des crocodiles, sans en avoir
obtenu d espece différente des miennes, et moi-méme, qui me suis
occupe avec non moins de zele de cette recherche, je n’en ai vu
qu’une seule que je fusse dans le cas d’ajouter à mon catalogue.
Article II.
Remarques sur les caractères communs au genre des Crocodiles ,
et sur ses limites.
Nous avons présenté, au commencement de cette section, les
caractères communs à tous les crocodiles.
Ce genre , ainsi déterminé, ne peut être confondu avec aucun autre
genre de reptiles.
La DRAGONE, ee saurien remarquable que M. de Lacépède a fait
connoitre le premier avec exactitude, mais qui n’est point, comme
il la cru, le lacerta dracœna de Linnæus (i); la dragone, dis-je,
se distingue suffisamment des crocodiles, par ses pieds de derrière à
cinq doigts libres, inégaux et onguiculés, par sa langue extensible
et fourchue, par ses dents postérieures arrondies, quoiqu’elle s’en
rapproche un peu par la forme de ses écailles et par sa queue forte-
(i) Le lacerta dracœna de Linnæus a» .
mmüor * Im, k mto. "J,; J, ''
VIVANS. 2g
ment comprimée. Elle appartient, ainsi cjue le lezardet , lacerta
hicarinata , à la tribu des sauvegardes d’ Amérique (i).
Ces caractères ne souffrent point d’exceptions en dedans du genre.
Tous les crocodiles à cinq doigts derrière , à doigts de derrière libres
et à doigts tous onguiculés, indicpés par quelques auteurs, sont uni-
quement fondés sur des figures de Séba, faites sans aucun soin, d’a-
près des individus qui n’avoîent aucun de ces caractères hétéroclites
que le peintre leur attribuoit par étourderie. Je puis le dire avec
d’autant plus d’assurance , que la plupart des individus de Séba
m’ont passé sous les yeux , soit dans les cabinets de Hollande, soit
dans l’ancienne collection du stadhouder.
\
Article III.
Division du genre Crocodile en trois sous-genres. — Caractères
de ces sous-genres.
Notre ancienne division se trouve parfaitement confirmée par nos
observations nouvelles. La forme générale que nous venons de dé-
terminer se modifie dans ses détails en trois formes particulières ,
auxquelles il convient de donner des noms.
Nous commencerons par ceux dont le museau est plus court, et
nous terminerons par ceux qui l’ont plus allongé : de cette maniéré
les crocodiles proprement dits, ceux qui portent ce nom de toute
antiquité , formeront le sous-genre intermédiaire.
(i) On verra plus loin (au chapitre des lézards) que l’ostéologie de la dragonne est à pevi
près la même que celle du sauvegarde ; et très-différente de celle des crocodiles.
3o
CROCODILES
PREMiER SOUS-GENRE.
Les CAÏMANS (i) (alligator) (2) ont la tête moins oblongue que
les crocodiles ^ sa longueur est à sa largeur, prise à rarticulation des
mâchoires, le plus souvent comme 3 à 2. Elle n’est jamais plus du
double. La longueur du crâne fait plus du quart de la longueur to-
tale de la tête. Leurs dents sont inégales : ils en ont au moins dix-
neuf, et quelquefois jusqu’à vingt-deux de chaque côté en bas; au
moins dix-neuf, et souvent vingt en haut.
Les premières de la mâchoire inférieure percent, à un certain
âge, la supérieure. Les quatrièmes, qui sont les plus longues, entrent
dans des creux de la mâchoire supérieure, où elles sont cachées
quand la bouche est fermée. Elles ne passent point dans des échan-
crures.
Les jambes et les pieds de derrière sont arrondis, et n’ont ni crêtes,
(1) Le nom de caïman est presque généralement employé par les colons hollandais , fran-
çais, espagnols, portugais, pour désigner les crocoA'/ej les plus communs autour de leurs
étahlissemens ; ainsi le caïman de Saint-Domingue appartient au sous-genre qui va suivre ; le
caïman de Cajemie à celui-ci. Les auteurs ne s’accordent pas sur la source de ce nom. Selon
Bontius, il seroit originaire des Indes orientales {jjer lotam Indiamck'^'micx audit*). Schouten
est du même avis Margrave\e fait venir du Congo (jacare Brasiliensibus , CAVMAN Æthio-
pibus in Congo ***). Rochefort dit qu’il est employé par les insulaires des Antilles***'*'. Un
colon de Saint-Domingue, très-éclairé , M. de Tus sac , m’apprend que c’est l’assertion de
Margrave qui est la vraie. Les esclaves, en arrivant d’Afrique et en voyant un crocodile , lui
donnent sur-le-cliamp le nom de caïman. C’est donc par les nègres qu’il se sera ainsi répandu ;
on l’emploie même au Mexique *****.
(2) Les colons et voyageurs anglais emploient le mot alligator dans les mêmes circonstances
ou ceux des autres nations font usage de celui de caïman, comme pour désigner un crocodile
plus commun ou plus petit , etc. , sans aucun caractère fixe. Quoiqu’il ait une tournure latine ,
il n’a point de rapport avec son étymologie apparente. Si l’on en croyoit quelques-uns de
leurs auteurs, il viendroit de legateer ou. allegater , qui seroit le nom du crocodile dans
quelques endroits de l’Inde ; mais je n’en trouve nulle indication authentique : je pense bien
plutôt que c’est une corruption du portugais lagarto , qui vient lui-même de lacerta ; car
Hawkins écnsoïl allagartos , et Sloane, allagator ****** . Dans la prononciation anglaise il
n’y a presque pas de différence entre allagator et alligator , ou même allegater.
* De Med. Ind, , 55. Antill., aa6.
Voy. tr.ij. fr. , n“. 11,478- Hemand.,^^^.
IJist. nat. Bras., aja, jyat. Uist. of Jamaic., II, 33a.
VIVANS. 3i
ni dentelures à leurs bords 5 les intervalles de leurs doigts ne sont
remplis au plus qu’à moitié par une membrane courte. Les trous du
crâne , dans les espèces qui les ont , sont fort petits : 1 une d elles en
manque entièrement.
DEUXIÈME SOUS-GENEE.
Les CBOCODiLES proprement dits (i) ont la tête oblongue, dont
la longueur est double de sa largeur, et quelquefois encore plus
considérable. La longueur du crâne fait moins du quart de la lon-
gueur totale de la tête. Leurs dents sont inégales: ils en ont quinze
de chaque côté en bas, dix-neuf en haut. ^
Les premières de la mâchoire inférieure percent à un certain âge
la supérieure \ les quatrièmes, qui sont les plus longues de toutes,
passent dans des échancrures, et ne sont point logées dans des creux
de la mâchoire supérieure.
Les pieds de derrière ont à leur bord externe une crête dentelée :
les intervalles de leurs doigts, au moins des externes, sont entière-
ment palmés. Leur crâne a derrière les yeux deux larges trous ovales
que l’on sent au travers de la peau , meme dans les individus dessé-
chés.
TROISIÈME SOUS-GENRE.
Les GàviALs ont le museau rétréci, cylindrique, extrêmement al-
longé , un peu renflé au bout ; la longueur du crâne fait a peine le
cinquième de la longueur totale de la tête. Les dents sont presque
égales: vingt-cinq à vingt-sept de chaque côté en bas; vingt-sept à
vingt-huit en haut. Les deux premières et les deux quatrièmes de la
(i) Tout le monde sait que le nom de crocodile appartient originairement à l’cspece du
Nil. Hérodote dit qu’elle le reçut des Ioniens , parce qu’ils la trouvèrent semblable aux cro-
codiles qui naissent chez eux dans les haies. Ceux-ci étoient probablement le lézard , nomme
si mal à propos stellion par Linnæus , et qui s’appelle encore en grec moderne du nom peu
altéré de koslordflos. Dans celte acception primitive , siguifioiL qui craint le
rivage. Le vrai crocodile du Nil se nommoit autrefois en Egypte chamsès selon Hérodote , et
aujourd’hui lemsach selon tous les voyageurs. Le vrai stellion des latins , caloles des grecs ,
est un gecko. Tous ces noms ont été détournés par les modernes , et surtout par Linnæus.
32 CROCODILES
mâchoire inférieure passent dans des échancrures de la supérieure ,
et non pas dans des trous. Le crâne a de grands trous derrière les
yeux, et les pieds de derrière sont dentelés et palmés comme ceux
des crocodiles proprement dits. La forme grêle de leur museau les
rend, à taille égale, beaucoup moins redoutables que les deux au-
tres sous-genres. Ils se contentent ordinairement de poissons.
Article IV.
Détermination des espèces propres à chacun des trois sous- genres.
— Tndicatioji de ce qiiily a de certain dans leur synonymie.
Obligé d’établir pour ces espèces une nomenclature nouvelle , j’é-
viterai de la prendre dans les noms de pays, parce qu’il n’en est au-
cune qui soit absolument propre â un pays déterminé , et qu’il n’y
a guère de pays qui n’en possède au moins deux espèces.
lo. Espèces de Caïmans.
lo. Le caïman à museau de brochet (crocodilus lucius. Nob. ).
Il a été rapporté pour la première fois du Mississipi par feu Mi-
chaux , et indiqué par moi dans mon premier mémoire sur les cro-
codiles. Depuis lors, M. Peale en a envoyé un individu plus con-
sidérable et très-bien conservé au Muséum d’histoire naturelle. Nous
en avons eu ensuite , par les soins de MM. Milbert et Lesueur , plu-
sieurs individus entiers et des squelettes de diverses grandeurs , et
tout nouvellement M. van Breda, savant professeur de Gand, vient
de m’envoyer le dessin d’un, qu’il a observé vivant.
La figure de Gatesby (i), quoique médiocrement bonne et mal
caractérisée , paroît représenter cette espèce plutôt que toute autre.
(i) Carol. , -ç\.
33
V IVAN S.
C’est elle aussi que M. le docteur Leach a reproduite comme nou-
velle dans son Zoologists Miscellanj , t. Il, p. 117? pl* GII, et à
qui il avoit bien voulu donner mon nom. Lui-même a reconnu depuis
lors l’identité de son animal avec notre C. lucius.
Je n’oserois affirmer que ce soit la seule espèce de l’Amérique
septentrionale; la figure d’Hernandès (i) sembleroit, par son mu-
seau pointu, indiquer plutôt un vrai crocodile.
Quoi qu’il en soit, cette espèce est certainement bien distincte de
toutes les autres.
Elle a tous les caractères communs aux caïmans.
Son museau est très-aplati ; ses côtés sont presque parallèles ; ils
se réunissent en avant par une courbe parabolique.
De ces trois circonstances résulte une ressemblance frappante avec
le museau d’un brochet.
Les bords internes des orbites sont très-relevés ; mais il n’y a point,
comme dans l’espèce suivante, une crête transversale qui les unisse.
Les ouvertures extérieures des narines sont , des les premiers âges ,
séparées l’une de l’autre par une branche osseuse : ce qui n a lieu à
aucun âge dans les autres espèces.
Le crâne a deux fosses ovales, obliques, peu profondes, dans le
fond desquelles sont de petits trous.
La nuque est armée, à son milieu, de quatre plaques principales,
relevées chacune d’une arête, 11 y en a de plus deux petites en avant
et deux en arrière.
Il y a sur le dos dix-huit rangées transversales de plaques , relevees
chacune d’une arête ; le nombre des arêtes ou des plaques de chaque
rangée est ainsi qu’il suit :
Une rangée à deux arêtes, deux à quatre, trois à six, six à huit ,
deux à six , et le reste à quatre. Je ne compte pas les arêtes impaires
qui se trouvent quelquefois sur les côtés.
Ces arêtes sont assez élevées et à peu près égales ; mais sur la
queue les arêtes latérales dominent, comme dans tous les crocodiles,
(i) EUh. nat. Mexic., 3l5.
T. V, 2e. R
O
34 CROCODILES
jusqu’à ce qu’elles se réunissent. Il y en a dix-neuf rangées trans-
versales jusqu’à la réunion des deux crêtes, et autant après. Mais je
dois observer ici que ces deux nombres sont plus sujets à varier que
ceux des rangées du dos.
La couleur paroît avoir été, dessus, brun- verdâtre très- foncé,
dessous, jaune-verdàtre ; les flancs rayés en travers assez régulière-
ment de ces deux couleurs.
L’individu de M. Peale n’a que cinq pieds de long, et les plus
grands de MM. Milbert et Tjesueur ne vont qu’à six ou sept; mais
l’espèce devient aussi grande c|u’aucune autre, si l’on s’en rapporte
aux voyageurs. Catesby en particulier dit cju’il en observa de qua-
torze pieds.
La longueur totale comprend sept longueurs de tête et demie.
La largeur du crâne, à l’articulation des mâchoires, fait moitié de sa
longueur; j)ar conséquent, en même temps cju’il a le museau plus
élargi que les suivans; il l’a aussi plus allongé.
Cette espece va assez loin au nord; elle remonte le Mississipi jus-
qu a la riviere Rouge. M. Dunbar et le docteur Hunter en ont ren-
contré un individu par les 820 et demi de latitude nord, quoiqu’on
fut au mois de décembre et que la saison fût assez rigoureuse (i).
M. de Lacoudrenière rapporte que ceux de la Louisiane se jettent
dans la boue des marais quand le froid vient, et y tombent dans un
sommeil léthargique , sans être gelés; quand il fait très-froid, on peut
les couper par morceaux sans les réveiller; mais les jours chauds de
l’hiver les raniment (2). Catesby en dit à peu près autant de ceux
de la Caroline. On sait qu’Hérodote dit aussi du crocodile du Nil
qu il se cache pendant cjuatre mois d hiver et les passe sans manger.
Selon M. de Lacoudrenière, il ne mange jamais dans l’eau; mais
après avoir noyé sa proie il la retire ppur la dévorer. 11 préfère la
chair de nègre à celle de blanc. Sa voix ressemble à celle d’un tau-
(1) Message du président des Etats-Unis , concernant certaines découvertes faites en
explorant le Missouri, la rivière Rouge et le TVashita, impr. à New-Yorck en 1806, p. Q-.
(2) Journ. de Phjs. , 1782 , t. XX , p. 333.
VI VAN s. 35
reauj il craint le requin et la grande tortue, et évité 1 eau saumatre
à cause d’eux. Sa gueule reste toujours fermée quand il dort.
Il paroît que c’est de cette espèce qu’a parlé Bartram*, elle se .
réunit en grandes troupes dans les endroits abondans en poissons.
Ce voyageur en a trouvé dans un ruisseau d’eau cbaude etvitriolique.
La femelle dépose ses œufs par couches alternativement avec des
couches de terre gâchée, et en forme de petits tertres hauts de trois
à quatre pieds. Elle ne les abandonne point, et garde aussi ses petits
avec elle plusieurs mois après leur naissance. ^
20. Le caïman à lunettes (crocodilus sclerops, Schneider).
11 est fort bien représènté, ainsi que M. Schneider le remarque»
dans la lig. lo , pl. CIV de Séba, 1. 1, quoique cette figure soit faite
d’après un très-jeune individu. C’est à cette espèce qu’appartenoit
l’individu décrit par Linnæus {Amœnit. Acad. , I , p. 1 5 1 ). M. Schnei-
der l’a très-bien décrite aussi. C’est elle que je prenois autrefois pour
le caïman femelle en général, et dont j’ai fait graver la tcte ( Arch.
zpoL, II, cah. II, pl. II, fig. 3).
Mais Séba pourroit induire en erreur, parce qu’il dit que son in-
dividu venoit de Ceylan. C’est au contraire ici l’espèce la plus com-
mune à Cayenne, celle qu’on envoie le plus fréquemment de la
Guyane, et dont nous avons le plus d’individus dont la patrie soit
bien constatée. Ils sont fort nombreux au cabinet du Roi et dans les
divers cabinets de Paris, et nous en avons vu plusieurs vivans, soit
à la ménagerie, soit chez les montreurs d’animaux de cette capitale.
Nous en avons même disséqué trois individus. Le Muséum en pos-
sède plusieurs têtes osseuses de diverses grandeurs, un très-grand
squelette venu du Brésil, et un petit, pris d’un individu de Cayenne
mort à la ménagerie.
C’est bien aussi elle , mais dans son premier âge , que représente la
mauvaise figure de mademoiselle Mérian (^Surin. , pl. LXIX ), co-
piée par Bonnaterre^(Æ'7Z(yrc/. métli. , planches d’Erpétol., pl. II,
fig. I ): Il est donc probable que c’est le jacare de Margrave et d’Az-
5*
36
CROCODILES
zara ; ce dernier l’indique même assez positivement par la description
qu il donne des dents. Quant au premier, il n’y a guère de distinctif
. dans ce qu’il en dit que ces mots : os suhrotundwn , seu oi>alis
Jîgurœ.
Il y en a cependant d’autres dans l’Amérique méridionale. Fermin
annonce qu’on en distingue deux à Surinam ; mais ce cju’il en dit est
vague. D’Azzara rapporte aussi qu’on lui a assuré qu’il y en a une
espèce rousse, plus grande et plus cruelle que la commune.
Ces distinctions pourroient se rapporter, soit au caïman à museau
de brochet , soit au caïman à -paupières osseuses , soit au crocodile
à museau aigu.
Le museau de cette espèce-ci, quoique large, n’a point ses bords
parallèles; ils vont se rapprochant sur toute leur longueur, et formant
une figure un peu plus triangulaire que dans l’espèce précédente.
La surface des os de la tête est très-inégale, et partout comme cariée
ou rongée par petits trous.
Les bords intérieurs des oi’bites sont très-relevés ; il naît de leur
angle anterieur une cote saillante qui se rend en avant et un peu en
dehoi'S, en se ramifiant vers les dents dans les individus âgés, et plu-
tôt dans les males. Une autre saillie très-marquée va transversalement
de l’angle antérieur d’un orbite à celui de- l’autre : c’est le caractère
le plus frappant de cette espèce, et celui dont j’ai tiré sa dénomina-
tion. Le crâne n’est percé derrière les yeux que de deux trous assez
petits.
Outre quelques écaillés répandues derrière l’occiput et qui, dans
certains individus, y forment une rangée transversale assez régulière,
la nuque est armee de quatre bandes transversales très- robustes,
qui se touchent et vont se joindre à la série des bandes du dos. Les
deux premières sont chacune de quatre écailles, et par conséquent
relevées do quatre arêtes, dont les mitoyennes sont quelquefois très-
efîacées. Les deux autres n’en ont le plus souvent que deux.
Voici le nombre des arêtes dans chacune des rangées transversales
du dos, comme je 1 ai observé dans cjuelques individus ; deux ran-
gées à deux arêtes, quatre à six , cinq à huit, deux à six, quatre à quatre.
VIVANS. 37
Mais avec l’âge, des écailles latérales, peu marquées d’abord,
prennent la forme des autres, et il faut ajouter deux au nombre des
arêtes de chaque rangée ; en général , il est rare de trouver deux indi-
vidus parfaitement semblables à cet égard.
Toutes ces arêtes sont peu élevées, à peu près égales entre elles 5
les latérales de la base de la queue elles-mêmes dominent peu sur les
autres: ce n’est qu’à leur l’éunion qu’elles deviennent très-sail-
lantes.
Il y a onze , douze ou treize rangées avant cette réunion , et vingt-
une après; mais ces nombres varient. Je les trouve dans quelques
individus de dix^neuf et vingt-un, ou de dix-neuf et dix-neuf, ou de
dix-sept et dix-neuf, ou de seize et vingt-un. La couleur paroît avoir
été vert-brun en dessus, avec des marbrures irrégulières verdâtres;
jaune-verdâtre pâle en dessous.
Cette espèce devient grande ; nous en avons un individu de 3,56,
ou de plus de onze pieds, et nous en connoissons de quatorze.
La longueur totale est de huit têtes et demie ou à peu près.
Selon M. d’Azzara (i), X^yacaréno. va point au sud au-delà du
3ae, degré. C’est précisément la même limite que pour l’espèce pré-
cédente au nord.
11 n’a pas moitié delà vitesse de l’homme et l’attaque rarement,
à moins qu’on n’approche de ses œufs qu’il défend avec courage.
Il en pond soixante dans le sable, les recouvre de paille elles laisse
féconder par le soleil. Laborde confirme ce fait, si différent de ce
qu’on attribue à l’espèce précédente. C’est avec des feuilles, dit-il,
que le càiman de la Guyane entoure et recouvre ses œufs.
l^ejacare , continue M. d’Azzara , passe toujours la nuit dans l’eau
(comme Hérodote le dit pour le crocodile du. ISiV) et le jour au so-
leil , dormant sur le sable ; mais il retourne à l’eau s’il voit un homme
ou un chien.
Des voyageurs portugais, dont M. Correa de Serra m’a transmis
le récit, pensent que les jacares de la partie méridionale et tempérée
(i) Quadr. du Parag., t. II , p. 38o.
C
38 CROCODILES
du Brésil, ne sont pas tout-à-fait les mêmes que ceux du nord. Les uns
et les autres (disent-ils) mettent leur& œufs dans le sable , pêle-mêle
et non par couches. On reconnoît aisément l’endroit, et on cherche à
percer ces œufs d’une pointe de fer. Dans l’île plate de Marajo ou Jo-
hannes, à l’embouchure de l’Amazone, les facares se tiennent en
été dans les marais, et quand ceux-ci se dessèchent, ce qui reste d’eau
dans le fond est si rempli de ces animaux qu’on ne voit plus de liquide.
Alors les grands se nourrissent probablement des petits. Ils ne peu-
vent remonter le flnuve, parce que l’île est entourée d’eau salée. La-
borde dît aussi que ceux de la Guyane restent quelquefois presque
à sec dans les marais, et que c’est alors qu’ils sont le plus dangereux.
3o. Le caïman à paupières (crocodilus palpebrosus. Nos.).
Un individu, la première variété que j’établis dans cette espèce,
nous avoit été donné comme le mâle de l’espèce précédente par un
préparateur d histoire naturelle , nommé Gautier, qui avoit formé
un beau cabinet à Cayenne, et nous l’indiquâmes ainsi dans notre
premier mémoire {^À.rch. zool., p. 168)5 mais nous avons trouvé
depuis le male et la femelle dans les deux espèces.
C’est bien si\rement celle-ci qu’avoit sous les yeux M. Blumenbach
lorsqu’il écrivoit ces mots: lacerta crocodilus, scuto supra orbitali
osseo , testa calcariœ integra.
G est son craue que M. Schneider a fait dessiner {^Hist. Amphib. ,
II, pl. I et II), mais sans le rapporter précisément à aucunes des
siennes: les paupières osseuses en etoient tombées apparemment par
une macération trop forte.
Ma seconde variété est parfaitement représentée par Séba, t. I
pl. GV, fig. 3 , où il en fait encore un animal de Ceylan. Je pense
même que nous avons du cabinet du Stathouder l’original de cette
figure. M. Shaw la copie pour rendre ce qu’il appelle la variété de
Cejlan du crocodile ordinaire.
M. Schneider la cite so\xs son crocrodilus trigonatus- mais ce qu’il
VI VAN s. 39
ajoute, Foueam cranii ellipiicam utrinque carne musculari re-
pletam reperi{i)^ ne s’y rapporte point.
Il croit que c’est le crocodile d’ Amérique de Gronovius (2) , et
cela se peut ; mais la description de celui-ci n’a de caractéristique que
les crêtes triangulaires des écailles, et une faute d’impression fait
qu’on ne peut deviner quelle figure de Séba il a voulu citer en écri-
vant pl* 107 , fig.4;mais la pi. io4?fig* 10, qu’il cite en même temps,
est bien siirement l’espèce précédente.
Laurenti fait de préférence de cette fig. 3, pl. io5, l’image de son
crocodile du Nil ^ et assurément sans qu’on puisse savoir pourquoi (3).
J’ai aussi quelque lieu de penser que c’est cette espèce que Daudin
a indiquée sous le nom de crocodde à large museau (4)*
Je conservois moi-même, lors de ma première édition, quelques
doutes, et sur la véritable patrie de cette espèce, et sur la cjuestion
si elle doit ou non en former deux. Ils ont été résolus sur le premier
point par l’envoi qui nous a été fait d’un individu pris à Cayenne en
1816, envoi qui prouve , comme je Tavois di\ croire d’après le témoi-
gnage de Gautier, que c’est un animal de l’Amérique méridionale,
et qui éclaircit ce que divers auteurs out rapporté de l’existence de
deux espèces sur ce continent.
Je décrirai d’abord les individus semblables à celui que M. Gau-
tier m’avoit donné , et dont je fais ma première variété.
Leur museau est de très-peu plus allongé que celui de 1 espèce
précédente; il est moins déprimé: la surface des os est cependant
presque autant vermiculée. Les rebords des orbites ne sont point
saillans, et n’envoient point d’arête saillante sur le museau. L’épais-
seur de la paupière supérieure est entièrement rempilé d’une lame
osseuse divisée en trois pièces par des sutures ; dans tous les autres
caïmans et crocodiles il n’y a qu’un petit grain osseux vers l’angle
antérieur.
(1) Hist. amph. , II, 162.
(2) Zoophjl. , n". 38, p. 10.
(3) Spect. med., p. 53.
(4) Hist. des Rept. , II, 4‘7*
4o CROCODILES
Le crâne n’est point percé, on n’y voit de trou à aucun âge.
Les dents inférieures sont un peu plus nombreuses qu’aux autres
narnians et crocodiles. On en compte vingt-une de chaque côté en
bas et dix-neuf en haut.
L intervalle entre les deux doigts externes de derrière est sensi-
blement moins palmé que dans l’espèce précédente; ce qui doit rendre
celle-ci plus terrestre. Ceux cpi n’auroient que des individus dessé-
chés pourroient même croire que ces doigts y sont tout-à-fait libres.
La nuque est armée, comme dans l’espèce précédente, d’abord
d’une rangée de quatre petites écailles, ensuite de quatre bandes
transversales, munies de deux arêtes saillantes chacune et qui se joi-
gnent à celles du dos.
Celles-ci sont disposées comme il suit: une à deux arêtes, une à
quatre, cinq à six, trois à huit, deux à six, sept à quatre. Toutes ces
aretes sont à peu près égales et peu élevées. Les latérales de la base
de la queue sont aussi peu élevées ; mais les intermédiaires ne l’étant
pas du tout, cette partie est plate. Il n’y a que dix rangées avant la
réunion des deux arêtes, et quatorze après; mais un autre individu
en a dix-neuf.
^ Je n ai aucune raison pour douter que les individus conformés
ainsi ne soient de Cayenne.
Mais j’en ai quatre autres qui en diffèrent un peu, et dont je fais
ma seconde variété. Deux sont dans l’esprit-de-vin; ce sont eux qui
ressemblent plus particulièrement à la ligure de Séba, et que je crois
lui avoir servi de modèle.
Ils ont, 10, une arête partant de l’angle antérieur de l’orbite, en
avant, un peu plus marquée;
20. Une petite échancrure au bord postérieur du crâne, qui n’est
pas si forte dans les autres ;
3o. La deuxième bande de la nuque est plus large que les autres,
et vers son milieu sont deux ou trois petites écailles à crêtes irrégu-
lièx’ement disposées; les grandes arêtes sont taillées en triangles sca-
lenes très-élevés, ce qui rend la nuque plus hérissée que dans au-
cune autre espèce ;
V IVAN s. 41
40. Les arêtes du dos, excepté les deux lignes les plus rapprochées
de l’épine, sont aussi très-saillantes et taillées en triangles scalènes.
11 y a sur le dos dix-huit bandes transversales : le nombre de leurs
arêtes varie, mais en général il est de deux et quatre au commence-
ment, de six et huit vers le milieu; puis il revient à quatre et a deux
à la lin, pour reprendre quatre entre les cuisses. Cette disposition
donne au plastron général, que les écailles forment sur le dos, une
figure plus elliptique que dans les autres espèces. Les crêtes de la
queue sont aussi fort saillantes. Les doubles ont de neuf à onze ran- ,
gées; les simples, de dix à dix -sept.
Le crocodile de Saint-Dommgiie ne diffère certainement guere
plus de celui du Nil, que ces deux variétés ne diffèrent l’une de
l’autre. S’il s’ajoutoit donc à ces caractères une différence de conti-
nent , tout le monde seroit persuadé qu’il y a là deux espèces.
Ce que dit Séba que ses échantillons venoient de Ceylan n a rien
de plus certain que tant d’autres erreurs qu il a débitées sur 1 origine
des objets de son cabinet.
Mais un de mes individus , qui étoit depuis long-temps au Mu-
séum, porte ces mots à demi-effacés : Icrohodile Jioir du Niger , c est
l’orthographe et la main d’Adanson.
Ce naturaliste nous dit dans son N oyage qu’il y a deux crocodiles
dans le Sénégal. M. de Beauvois ajoute qu’on voit en Gumee un
crocodile et un caïman.
Tout paroît donc bien clair. Voilà une espèce de la forme des
caïmans qui habite en Afrique.
Oui [mais il reste encore un embarras. Adanson dit que son cro-
codile noir a le museau plus allongé que le vei't. Or celni-ci est cer-
tainement le même que \q crocodile du Nil ^ nous l’avons aussi éti-
queté de sa main : et l’espèce dont nous parlons a le museau beaucoup
plus court que celle du Nil.
Adanson s’est-il trompé en écrivant sa phrase ? ou a-t-il mal étiqueté
son individu? Qui débrouillera tant d’erreurs? Et les voyageurs ces-
seront-ils un iour de tourmenter les naturalistes par leurs demi-des-
criptions , par leurs mélanges continuels d’observations et d emprunts .
T. V, 2e. P. 6
CROCODILES
42 .
Je n ose donc pas encore établir ici deux espèces; mais je soup-
çonne fort qu’elles sont distinctes.
Dans le cas où cette conjecture se vérifieroit, on pourroit rendre
à la seconde le nom de irigonatiis que M. Schneider paroît lui avoir
donne. On diroit en français caïman hérissé.
Il est impossible de rien donner de particulier sur les mœurs de
cette espèce qui n’a point encore été distinguée, et dont la patrie
meme n est pas encore certaine. Bornons-nous à la recommander à
l’attention des voyageurs.
IIo. Espèces de Crocodiles.
^ La difficulté est toute autre pour ce sous-genre-ci que pour le pré-
cédent : les espèces les plus fociles à constater s’y ressemblent beau-
coup plus; et l’on trouve dans les nombreuses variétés d’àge et de
sexe qui sont arrivées au Muséum des diverses côtes de l’Afrique et
de l’Inde, tant de nuances différentes, et rentrant cependant par de-
grés les unes dans les autres, qu’il est pi’esque impossible de savoir
où s’arrêter.
^Je commencerai par bien déterminer \q crocodile vulgaire (i)
d'Egypte {crocodilus vulgaris , Noe. ), afin d’en fiiire mon point
de départ. Cet animal, si célèbre dans toute l’anliquité, semble tou-
jours avoir été méconnu par ceux des naturalistes modernes qui ont
voulu distinguer les espèces de ce genre, excepté par Gronovius.
Laurenti et Blumenbach prennent pour lui le caïman à paupières
osseuses - Schneider, \q caïman à lunettes , etc.
Il est vrai que les figures données par les voyageurs qui ont été en
Egypte sont trop mauvaises, et que les crocodiles répandus dans les
cabinets sont la plupart d’une origine trop peu authentique pour
c[u’on ait pu s’en aider.
(0 Je SUIS ICI 1 exemple des botanistes , qui laissent ordinairement le nom trivial de imZ-
gaïre aux especes qui portoient autrefois en propre un nom devenu genériryne. D’ailleurs ce
crocodile est aussi celui qui paroît le plus répandu.
VIVANS. 43
M. GeofFroi nous a enfin mis à même d’en prendre des idées précises.
En comparant l’individu qu’il a rapporté des environs de l’ancienne
Thèbes avec les figures de Bélon et de Prosper Alpin, on voit qu’elles
sont détestables 5 et en parcourant les mméographes , on ne trouve
que celle de Besler (1) et la douzième de la pl. io4 de Séba qui
soient un peu supportables ; encore ont-elles des fautes essentielles.
Ce vrai crocodile du Nil , observé conjointement avec plusieurs
autres qui étoîent depuis long-temps au Muséum sans qu’on en sût
bien l’origine, et qui se sont trouvés lui ressembler entièrement, a
offert les caractères suivans, outre ceux qu’il a en commun avec tout
le sous-genre crocodile.
La longueur de sa tête est double de sa largeur. Ses côtés sont
dans une direction générale h peu près rectiligne, et lui font repré-
senter un triangle isocèle allongé. Les fosses dont le crâne est percé
sont grandes , et plus larges cpe longues. Le museau est raboteux et
inégal , surtout dans les vieux , mais n’a point d’arête particulière sail-
lante qui soit bien sensible. Immédiatement derrière le crâne, sur
une ligne transverse, sont c{uatre petites écailles à arêtes isolées.
Puis vient la grande plaque de la nuque, formée de six écailles à
arêtes.
Puis deux écailles écartées.
Ensuite viennent les bandes transversales du dos , presque toujours
au nombre de cjuinze ou de seize. Les douze premières ont chacune
six écailles et six arêtes 5 les trois bandes d’entre les cuisses n’en ont
que quatre chacune.
Toutes ces arêtes sont à peu près égales et médiocrement saillantes.
Ily a de jdus de chaque côté une rangée longitudinale de sept ou huit
écailles à arêtes, moins réunies à l’ensemble des autres.
Les aretes latérales de la queue ne commencent que sur la sixième
bande à devenir dominantes et à former deux crêtes; celles-ci se
réunissent sur la dix-septième ou dix-huitième bande, et il y en a
encore dix-huit juscju’au bout de la queue.
Ci) Mus. Besler, t. XIII, fig. 2.
6’^
44 CROCODILES
L’égalité des écailles, des arêtes et de leur\nombre dans chaque
bande, et leur position sursis lignes longitudinales, lait que cette
espèce a l’air d’avoir le dos régulièrement pavé de carreaux à quatre
angles.
Les écailles du dos et de la nuque, surtout celles des deux lignes
longitudinales du milieu , sont plus larges que longues j celles du
ventre ont un pore plus ou moins marqué vers leur bord postérieur.
La couleur du dessus est un vert de bronze plus ou moins clair, pi-
queté et marbré de brun 5 celle du dessous, un vert jaunâtre.
Nous avons au Muséum des individus depuis un et deux pieds
jusqu’à douze de longueur, c{ui ne dilïerent pas sensiblement de
l’individu raj)porté par M. Geoffroy. Nous en avons surtout de bien
authentiques, qui ont été rapportés et donnés par M. Tedenat Du-
vent, fils du consul de France à Alexandrie, et dont un a dix pieds
de long.
Nous retrouvons aussi tous ces caractères dans un individu très-
petit , à peine sortant de l’œuf, rapporté du Sénégal par le docteur
Roussillon, et dans un individu de neuf pieds, apporté récemment
de notre colonie sur ce fleuve.
Ainsi l’espèce du Nil se trouve aussi au Sénégal. 11 est probable
qu’elle se trouvera également dans le Zaïre, dans le Jooliba et dans
les autres fleuves de l’Afrique. Elle existe certainement à Madagascar,
d’où il en a été envoyé un individu par M. Havet, jeune homme plein
de mérite, que son zèle pour l’histoire naturelle avoit conduit dans
cette île, et qui y est devenu martyr de la science.
Parmi tous les crocodiles que nous rapportons à cette espèce , il
en est qui ont la tête un peu plus allongée à proportion de sa lar-
geur, et un peu plus plate, ou plutôt moins inégale, à sa surface.
Nous en avons deux ou trois individus entiers et quelques têtes, dont
une a été trouvée embaumée dans les grottes de Thèbes par M. Geof-
froy. L’un des deux premiers a été donné par Adansoü, et étiqueté
de sa main crocodile vert du Niger. Outre les différences dans la
forme de la tête, ces individus en offroient quelques-unes dans les
nuances de leurs couleurs.
V IVAN s. 45
Cos différences , jointes au témoignage des pécheurs de la Thébaïde,
autorisent la distinction admise par M. Geoffroy, sinon d une espece, •
au moins d’une race particulière de crocodile vivant en Egypte avec
l’autre. Si nous ne l’inscrivons pas ici h son rang , sous le nom de su-
chus que lui a donné M. Geoffroy, c’est qu’il nous reste encore le
désir de la suivre dans ses divers âges , et quelques légers doutes sui
l’ancien emploi de ce nom.
En effet, c’est ici le lion de discuter brièvement rojûnion de Ja-
blonsky (i) et de M. Larcher (2), que le suchus ou souchü étoit
une espèce particulière de crocodile , et celle que l on élevoit de pré-
férence dans les temples.
11 paroît d’abord certain que ni Hérodote , ni Aristote, ni Diodore,
ni Pline , ni Ælien , n’ont eu l’idée de deux espèces de crocodiles en
Egypte. _ ^
Lorscjue Hérodote, après avoir dit que les habitans d Elephantinc
mangent \q% crocodiles , annonce qu’on les nomme chainsès , il le
dît d’une manière générale , qui ne s’applique ni à ce canton ni à une
espèce particulière : xcthîovjcci Si à xpûvJSit?^oi ^ «AAa par ces
mots, ils ne sont pas nommés crocodiles, mais champses, il ne
veut pas dire qu’on les nomme crocodiles dans le reste de 1 Egypte ,
et cliampsès seulement à Eléphantine, puisqu’il assure ensuite que
crocodile est ionien.
Lorsque Strabon emploie le nom de suchus ou souchis, il me
paroît ne l’appliquer qu’à l’individu consacre en particulier. Ces
mots (3) , xa!t içiv h^oç {k^oxoSÎiXoç) vrctp àvlolç «v A'ifxvi} cti/rov rçiipopmç ,
roiç h^tvcrif xxXiiTut Si SS^oç (ou plutôt , selon la coritc-
tion faite par Spanheim d’après les manuscrits de Photius) , ne doivent
pas se traduire en termes généraux : Le crocodile est sacré chez eux
( les Arsinoïtes ) , et nourri séparément dans un lac, et doux pour
les prêtre^ , et nommé suchisj mais bien en termes particulieis: Jls
(i) Panlh. œg. , III ,
(a) Herod. , a®, éd. , II , 5i4 j noie a55.
(3) Sirab. , liv. XYH, éd. d’Amsterd. , 1707 , II , 1 165 , D.
46 CROCODILES
o?it un crocodile sacré qu’ils nourrissent séjparément dans un lac,
. qui est doux pour les prêtres et qu’ils nomment sucms.
C’est ainsi que le bœuf sacré de Memphis s’appeloit apis , celui
à’ Héliopolis MNEvis, et celui à’ Hermonthis pacis (i). Mnevis, apis
et pacis n’étoient pas des races particulières de bœufs, mais bien des
bœufs individuels consacrés.
Strabon , dans le récit qu’il fait du crocodile à qui il donna à man-
ger, ne parle que d’un individu. Hérodote n’attribue aussi qu’à un
seul individu les oimernens et les honneurs qu’il détaille. On en
choisit UN, dit-il.
Diodore parle du crocodile du lac Mœris , du bouc de Mendès ,
dans la même phrase que êiapis et de mneçis: il n’entend donc aussi
que des individus.
Plutarque est plus exprès qu’aucun autre. « Quoique quelques
» Egyptiens, dit-il, révèrent toute l’espèce des chiens, d’autres
» celle des loups, et d’autres celle des crocodiles, ils n’en nourris-
» sent pourtant cfu’un respectivement : les uns un chien, les autres
« un loup, et les autres un crocodile j parce qu’il ne seroit pas pos-
)) sible de les nourrir tous. »
Je sais qu’Ælien a l’air d’en supposer plusieurs dans l’histoire qu’il
rapporte d’un Ptoloméequiles consultoit comme des oracles : Quum
ex crocodilis , antiquissimum et prœstantissimum appellaret (2) j
mais Plutarque, rapportant la même histoire, n’en met qu’un seul :
le sacré crocodile (3).
Il est vrai qne toute l’espèce étoit épargnée dans les lieux où l’on
en élevoit un individu. Il est vrai encore que ces individus consacrés ,
nourris et bien traités par les prêtres, finissoient par s’apprivoiser j
mais loin que ce fut un caractère particulier de leur espèce, les an-
ciens rapportent unanimement ce fait comme une preuve qu’il n’est
point d’animal si cruel qui ne puisse s’adoucir par les soins de l’homme,
(1) Macroh. Satum. , lit. I, cap. XXI.
(2) Aniin. , VIII, 4-
(3) Quels anim. sont plus avis. Œuvres Mor. , Si"], F.
VIVANS.
47
et surtout par l’abonclance de la nourriture. Aristote conclut expres-
sément de cette familiarité des prêtres et des crocodiles , que les ani-
maux les plus féroces habiteroient paisiblement ensemble si les vivres
ne leur manquoient pas (i).
On a d ailleurs la preuve que les crocodiles les plus communs dans
les cantons où leur culte étoit établi n’étoient pas plus doux que ceux
du reste de l’Egypte; au contraire, ils étoient plus cruels, parce
qu ils etoient moins timides. dElieu rapporte cjtie cliez les ’l’yntyrites,
qui les détruisdient tant qu’ils poiivoient, on se baignoit etnageoit en
sûreté dans le fleuve ; tandis qu’à Oinhos , à Copias et à Arsmoë, où
on les révéroit , il n’ étoit pas même sûr de se promener sur le rivage ,
h plus forte raison de s’y laver les pieds ou d’y puiser de l’eau (2).
11 ajoute dans un autre endroit, que les habitaiis tenoient à honneur
et se réjouissoient quand ces animaux dévoroient leurs enfans (3).
Enfin, quelle que fût la raison primitive d’un culte aussi stupide
que celui du crocodile , on a la preuve que les Egyptiens ne l’attri-
buoient pas à la douceur d’une espèce c[ui en auroit été honorée
particulièrement. Au contraire, plusieurs pensoient que c’étoit leur
férocité même qui les faisoit adorer, parce qu’elle les rendoit utiles
au pays, en arrêtant les courses des voleurs arabes etlybiens, qui
sans les crocodiles , auroient passé et repassé sans cesse le fleuve et
ses canaux. Diodore cite en détail cette raison parmi plusieurs autres.
Cicéron l’avoit déjà citée avant lui: Ægyptü nullam helluam nisi
ob aliquam utilitatem consecraÿerunt • crocodilum , qubd terrore
arceat latrones.
Il reste donc à expliquer le passage bizarre de Damascius , rap-
porté par Photius, qui a occasioné la supposition de Jablonski et de
M. Larcher.
'O iTTTroTToretfAoç aS'aov — 0 2S;^oç (ou plutôt comme le
portent les manuscrits) ytmiog/'OvofAct xa)%i<^'oç ô2S;^oç;
« àJ'izu ^aov.
(1) Hist. An., IX, cap. i.
(2) Ælien, Anim. , X , 2f.
(3) Idem, ar.
48 CROCODILES
1j hippopotame est injuste^ le sucms est juste. C'est un nom et
une espèce de crocodile ( ou bien , il a le nom et la figure du cro-
codile ). Il îie nuit à aucun animal.
L’explication est simple. Damascius vivoit sous Justinien , au
sixième siècle 5 son maître Isidore, dont il écrit la vie, n’etoit guère
plus ancien. De leur temps les payens étoient persécutés. On ne
nourrissoit plus d’animaux sacrés en Egypte; il ne restoit de l’ancien
culte que des traditions ou ce que les livres en rapportoient. Damas-
cius étoit ignorant et crédule, comme les seuls titres de ses ouvrages
en font foi. 11 aura lu ou entendu dire que le souchis ou cnoconiLE
SACRÉ d’arsinoe nefaisoit point de mal, et il en aura fait aussitôt
pne espèce particulière et innocente, si toutefois le mot l/Joç est pris
ici pour notre mot espèce • car on sait c[ue sa signification est am-
biguë, et la manière obscure dont il est place par Damascius n est pas
propre à en fixer le sens.
11 est évident d’ailleurs que le sucms, fiit-il un crocodile moins
fort que les autres, seroit toujours carnassier, et qu’on ne pourroit
dire raisonnablement quilne nuit à aucun animal. Une semblable
erreur est faite pour ôter tout crédit à ce passage.
De Paw semble croire que les Arsinoïtes nommoient leur croco-
dile «ywc/zw, \ovÎ\3lüX. élire le juste (^i). G est quil avoit mele dans sa
mémoire, comme U lui arrive souvent, le passage de Strabon et celui
de Pholius.
Bochart dérive siichus de l’hébreu, et dit qu’il signifie nageur ,
nom convenable, ajoute-t-il, pour le crocodile di Arsinoë , dont le
culte, selon quelques-uns, ainsi que le rapporte Diodore , avoit été
établi par le roi Menés , parce qu’un crocodile l’avoit sauvé en le
portant sur son dos à la nage, un jour qu’il étoit tombé dans l’eau.
Je prévois cependant encore une objection. Comment, va-t-on me
demander, ce nom de suchis est-il devenu appellatif, puisque
suchi en copte signifie un crocodile en général, aussi bien que pi
amsah ?
(i) Rech. philos, sur les Egjpliens et les Chinois , II , i23.
VI VANS.
Je réponds que Rircher seul me paroît avoir introduit ce mot dans
■la langue copte, et je crois qu’il l’a forgé d’après le passage de Stra-
boii. Le savant M. de Sacy s’est assuré qu’on ne le trouve point dans
le vocabulaire manuscrit rapporté à Rome par Pietro délia Valle,
et déposé depuis pendant quelque temps à la bibliothèque de Paris,
vocabulaire qui a servi de base à la Scala de Rircher. Il n’est pas
davantage dans un autre vocabulaire apporté d’Egypte par M. Mar-
cel. Rircher lui-même a varié dans l’orthographe de ce mot; et dans
le supplément de son Prodromus , p. 587, il l’écrit pi sojtgi, appa-
remment par ce qmil suivoit alors les exemplaires de Strabon où 1 ou
trouve sojichis.
a®. Le crocodile a deux arêtes. {^Crocodilus biporcatus , Nos.
Crocodilus porosus ^ Schneider. )
Le hasard a voulu que nous possédassions cette espèce dans tous
ses âges, depuis la sortie de l’œuf jusqu’à la taille de douze pieds;
ce qui non-seulement nous a fourni ses caractères avec beaucoup de
certitude, mais nous a encore donné les renseignemens les plus
utiles sur les variations de forme que l’âge fait subir aux crocodiles
en général.
Sa tète , prise dans l’âge adulte, ne diffère de celle du crocodile
vulgaire que par deux arêtes saillantes qui partent de 1 angle ante-
rieur de l’orbite, et descendent presque parallèlement le long du
museau, en disparoissant par degrés.
Les écailles du dos, qui ressemblent à celles de l’espèce vulgaire
par l’égalité et le peu d’élévation de leurs crêtes, en diffèrent,
I». Parce qu’elles sont plus nombreuses: la première rangée en a
•quatre; les deux suivantes, six; puis en viennent huit, de huit cha-
cune ; puis trois à six , et trois à quatre ; dix-sept rangées en tout , sauf
les petites variétés individuelles;
20. Parce qu’au lieu d’être carrées et plus larges que longues, elles
sont ovales et plus longues que larges.
La nuque est à peu près comme dans le vulgaire.
T. V, ae. P, - 7
5o
CROCODILES
Outre les pores ventraux très-sensibles dans cette espèce , elle en
a dans sa jeunesse à toutes ses écailles du dos et aux intervalles trian-
gulaires qu’elles laissent entre elles.
Ce caractère des pores dorsaux ne se retrouve un peu que dans les
Ires-jeunes individus de l’espèce ordinaire du Nil.
On ne peut douter que ce ne soit ici le crocodüus porosus de
M. Schneider. La description qu’il en donne est parfaitement exacte.
G est aussi l’espèce dont j’ai représenté la tête dans les Archives
zoologiques, t. II, cah. II, pl. II, 0g. i ; mais c’étoit la tête d’un in-
dividu qui n’avoit qu’un pied de long.
A cet càge, la tête présente des différences que l’on peut saisir en
comparant la fîg. 1 9 de notre pl. I , où cette tête est un peu rapetissée,
à la lig. qui représente l’adulte très-rapetissé.
Dans celle de l’individu d’un pied de long, les côtés, au lieu de
continuer leur direction rectiligne, se courbent un peu vis-à-vis des
yeux, où ils renflent très-légèrement la joue, pour devenir presque
parallèles jusqu’à l’articulation des mâchoires. Les fosses du crâne
sont plus longues que larges, et les orbites beaucoup plus grands que
dans l’adulte. ^
La tete d un individu sorti de l’œuf depuis peu de temps fait voir
encore d autres différences. Nous la représentons de grandeur natu-
relle , pl. I, fîg. 18. Son caractère le plus distinctif tient au peu de
développement proportionnel du museau.
La comparaison que j’ai faite des jeunes individus de l’espèce val-
gaire et de espèce de Saint-Domingue à leurs adultes m’a offert des
différences tout-à-fait analogues, et il est probable qu’il y en a de
pareilles dans toutes les espèces. Cette observation préservera les
naturalistes d en établir sur ces caractères d’âges.
Nous avons dans l’esprit-de-vin trois individus entiers de celte
espece, depuis six jusqu’à dix-huit pouces de long ; un en squelette,
long d’un pied et demi; un autre empaillé, d’une taille double; la
tete d un qui avoit cinq pieds; un squelette de dix et un de douze.
Ce plus grand squelette a été apporté de Java au Stathouder; celui
de dix pieds vient de Timor, ou il a été fait par M. Péron. Le même
VIVANS.
5i
savant voyageur a rapporté des îles Séchelles plusieurs jeunes indi-
vidus de cette espèce. M. Leschenault en a encore apporté un sque-
lette de trois pieds de Java. Je viens d’en recevoir de M. Wallich
de Calcutta un superbe squelette de dix-sept pieds de longueur d’un
individu pris dans le Gange. Il est donc très-probable que c’est ici le
crocodile le plus commun dans toutes les rivières qui aboutissent à la
mer des Indes.
C’est bien cette espèce que représente la fig. i , pi. GUI de Séba,
t. I. Nous possédons l’individu de Séba au Muséum .- il venoit de
Ceylan, selon cet auteur.
C est aussi à cette espèce que se rapporte la fig. 12 , pl. CIV.
Le brun est distribue dans les jeunes individus par grandes taches
rondes, isolées sur les flancs, rapprochées en bandes sur le dos. J’ignore
si les couleurs changent avec l’âge.
M. de Labillardière m’apprend que c’est une opinion générale à
Java, que cet animal ne dévoré jamais sa proie sur-le-champ, mais
qu il 1 enfouit dans la vase, où elle reste trois ou quatre jours sans
qu il y touche. Nous verrons bientôt que la même habitude est attri-
buée à d’autres espèces-
3o. Le crocodile a losange. {Crocodilus rhombifer, Nos. )
J ignore sa patrie. J e n’en ai vu que deux individus : un entier du
cabinet de 1 Academie des Sciences, et un autre de ce Muséum, qui
étant fort mutilé , m’a donné occasion d’en tirer le squelette de sa
tête.
Les caractères de cette espèce sont très-frappans.
1 . Son chanfrein est plus bombé que dans toutes les autres; sa
coupe transversale représente un demi-cercle au moins ; dans le cro-
codile vulgaire, c’est une courbe extrêmement surbaissée;
20, De 1 angle antérieur de chaque orbite part une arête mousse,
rectiligne, qui se rapproche promptement de sa correspondante, et
forme, avec elle et les bords internes des deux orbites, un losange
incomplet à son angle postérieur. Ces deux arêtes se distinguent aisé-
7^
CROCODILES
ment de celles de l’espèce précédente, en ce qu elles ne sont point
parallèles;
3o. Les quatre membres sont revêtus d’écailles pins fortes que
dans les autres espèces, relevées chacune dans son milieu d une grosse
arête saillante; ce qui leur donne l’air d’etre armes plus vigoureu?-
sement.
Ses écailles sont à peu près les mêmes que dans le crocodile vulr
gaire. Sa couleur est un fond verdâtre tout piqueté en dessus de pe-
tites taches brunes très-marquées.
40. Le crocodile a, casque. {^Crocodilus galeatus , Nob. )
Il doit aussi être placé à cet endroit. Son admission dans le cata-
logue des reptiles ne repose encore que sur la description qu en ont
faite à Siam les missionnaires français (i). Le seul caractère qu on en
puisse déduire consiste dans. deux crêtes triangulaires osseuses, im-
plantées l’une derrière l’autre sur la ligne moyenne du crâne. 11 est
également bien exprimé dans la figure et dans la description. Rien
n’autorise à le regarder comme la marque de l’âge ou du sexe. L’in-
dividu décrit n’avoit que dix pieds, et nous en avons d’aussi grands
des deux sexes de l’espèce vulgan^e qui n’ont point de crête.
La fi'Ture donneroit bien encore trois autres caractères; car elle
ôte aux lûeds de derrière leurs dentelures, leurs- palmures, et elle-
fait régner les deux crêtes dentelées jusque sur le bout de la queue;
mais ce sont autant de fautes du dessinateur. Les deux dernières de
ces fautes sont expressément contredites par la description , et la pre-
mière par une seconde figure du même animal couché sur le dos, où,
la dentelure est bien rendue.
Néanmoins ces trois fautes ont passé dans la copie insérée dans
l’histoire de la montagne de Saint-Pierre et daps le Buffon de Déter-
ville; on, y en a même ajouté une q^uatrième, en donnant un ongle-
de trop à tous les pieds.
(1) Mêm. de VAcad. des Sc. avant 1699 , t. III , part. II , p. 255 , pl. 64.,
V IVAN s. 53
Du reste ce crocodile ressemble presque en tout a l’espece com-
mune du Nil. Il devient grand: les missionnaires en ont disséqué un
de dix pieds et plus.
Leur description ne s’exprime pas clairement sur le nombre des
bandes transversales du dos , ni sur celui des arêtes dans chaque bande.
Je n’appelle point cette espèce siamensis , comme l’a fait M. Schnei-
der, parce qu’il y en a encore une autre à Siam. Le troisième indi-
vidu décrit par les missionnaires u’avoit point de crête sur le casque ,
et ses yeux étoient plus grands. Il étoit probablement de la même
espèce que nos squelettes de Java , de Timor et du Bengale, c est-à-
dire de \ espèce à deux arêtes. Cette reunion de deux especes dans
les mêmes contrées paroît avoir lieu dans presque toutes les parties
de l’Inde (i).
N’ayant nous-mêmes aucun échantillon de ce crocodile sous les
yeux, nous copions (pl. I, fig. 9) figure de la tete revetue de sa
peau, telle que l’ont donné les missionnaires.
On peut y prendre une idée de sa forme générale, de sa ressem-
semblance avec celle de l’espèce vulgaire , et de la position des crêtes
qui l’en distinguent.
5o. Le crocodile a deux plaques. (Crocodilus hiscutatus. Nos.)
Adanson annonçoit, dans son Voyage au Sénégal, que ce fleuve
possède une seconde espèce de crocodile, plus noire , plus cruelle et
à museau plus allongé que la verte, qui est la vulgaire.
Aucun naturaliste ne s’est pu faire d’idée nette de ce crocodile
noir. Les uns se sont bornés à citer ces deux ou trois lignes d’A-
danson et à laisser le crocodile noir comme une espèce encore obs-
cure ; c’étoit le parti le plus sage, celui qu’a pris M. de Lacépède.
D’autres, comme Gronovius et Gmelin , l’ont cru le même que le
gaoial, qui n a certainement rien de noir j d’autres enfin l’ont entiè-
rement négligé.
(i) Fouché d’Obsonville , Essais sur les Mœurs des divers Animaux étrangers , p. 29
54 CROCODILES
M. Adanson lui-méme sembloit l’avoir oublié ; car, ainsi que nous
l’avons rapporté ci-dessus, il avoit donné pour tel , il y a long-temps,
au cabinet du Roi, un caïman à paupières osseuses, et dans ses
portefeuilles il avoit fait dessiner un crocodile vulgaire comme le
crocodile noir, et un caïman comme le vert. J’ai vérifié ce dernier
point en parcourant ses papiers.
Cependant c’est à l’aide d’un bocal de son cabinet que je suis re-
venu sur la trace de cette espèce , et que je crois l’avoir retrouvée.
Ce bocal portoit pour étiquette de la main d’Adanson , gavial du
SÉNÉGAL , et ensuite une addition postérieure en ces mots : et du gange ,
à gueule allongée et étroite. Il y avoit évidemment ici une confu-
sion fondée apparemment sur le trop de confiance qu’avoit eue Adan-
son dans les rapprochemens de Gronovius.
L’individu contenu dans le bocal étoit de mon sous-genre croco-
dile , mais d’une espèce particulière. J’en ai trouvé un semblable
empaillé et fort mutilé dans le cabinet de l’Académie des Sciences.
La couleur de l’un et de l’autre paroît plus foncée que dans les cro-
codiles vulgaires. Je ne doute donc presque pas que ce ne soit ici
le vrai crocodile noir, vu autrefois par Adanson au Sénégal, en-
suite oublié et confondu par lui avec d’autres espèces, lorsque
ses études générales lui eurent fait perdre de vue les objets par-
ticuliers du voyage qui avoit occupé les premières années de sa
jeunesse.
Ce crocodile a les mâchoires un peu plus allongées que celles de
1 espece vulgaire ^ mais elles le sont moins que dans celle de Saint-
Domingue. Il ressemble à cette dernière par les écailles du dos, ayant
comme elle les deux lignes longitudinales d’arêtes du milieu plus
basses que les deux latérales , et celles-ci disposées un peu irrégu-
lièrement. Mais son caractère le plus éminent, celui par lequel il dif-
fère de toutes les espèces du sous-genre , c’est que sa nuque n’est
armee que de deux grandes écailles pyramidales sur son milieu , et
de deux petites en avant.
Le nombre des rangées transversales jusque derrière les cuisses
n est que de quinze dans l’individu empaillé. Les deux crêtes latérales
V IVAN s.
55
de la queue régnent jusqu’à la dix-septième rangée , et il y en a ensuite
seize à crête simple.
Les écailles des deux lignes longitudinales moyennes sont plus
larges que longues. Celles du dessous ont des pores, mais je n’ai pu
en voir aux supérieures.
6 . Le crocodile a museau effile ou de Saint — Dorriingue,
{Crocodiliis acutiis ^ Wob.)
Il n’y a point d’équivoque pour cette espèce-ci: elle se distingue
nettement de celle du Nil par les formes comme par le climat. Le
Muséum 1 a tiree de la grande île de Saint-Domingue j mais il est pro-
bable qu’elle existe aussi dans les autres grandes Antilles , et il seroit
curieux de savoir si on la trouve sur le continent de l’Amérique, à
côté de l’un ou de l’autre caïman.
M. Geoffroy est le premier qui T ait fait connoître. Le père Plu-
mier 1 avoit cependant décrite, disséquée et parfaitement bien des-
smee; mais ses observations étoient restées manuscrites, excepté ce
que Gauthier (i) et M. Schneider (a) en ont publié, le dernier sans
savoir à quelle espèce elles se rapportoient. M. Descourtils en a
donné de nouvelles qui sont pleines d’intérêt, et qui achèvent de
faire connoître ce dangereux reptile (3). Nous en avons vu il y a
quelques mois un individu vivant que l’on a montré dans plusieurs
parties de l’Europe et qui vient de mourir dans la Belgique.
Son museau est plus effile que celui de tous les autres crocodiles
précédons, même du crocodile noir.
La largeur de la tête à l’articulation des mâchoires est comprise
deux fois et un quart dans sa longueur. La longueur du crâne ne fait
qu’un peu plus du cinquième de la longueur totale de la tête. Les
mâles ont cependant toutes ces proportions un peu plus courtes que
(r) Obwv. surVHist. nat. , la Phj-s, et les Arts, XY«. part. , p. i3i et suiv,
(2) Histor. Amphib., fascic. II , p. (j3 et suiv.
(3) Fbj-. dun Naturaliste, etc. , Paris , 1809, t. III, p. i et suiv.
56 CROCODILES
les femelles , et se rapprochent un peu des femelles du crocodilô
vulgaire , surtout quand ils sont jeunes.
Sur le milieu du chanfrein, un peu en avant des orbites, est une
convexité arrondie plus ou moins sensible. La face supérieure du
museau n’offre point de lignes saillantes 5 les bords des mâchoires
sont encore plus sensiblement festonnes que dans 1 espece d Egypte ,
en prenant des individus du même âge.
Les plaques de sa nuque sont à peu près les mêmes que dans 1 es-
pèce d’Egypte j mais celles du dos, et c’est ici son caractère le plus
distinctif, ne forment proprement que quatre lignes longitudinales
d’arêtes (comme dans le précédent) , dont les mitoyennes sont peu
élevées et les externes fort saillantes. Celles-ci sont de plus placées
irrégulièrement, et en ont quelques-unes d eparses le long de leur
coté externe. Cette armure du dos n’approche donc point de 1 égalité
ni du nombre des pièces de celle du crocodile vulgaire^ Les mi-
toyennes sont encore plus larges à proportion que dans l’espèce vul-
gaire. Il n’y a que quinze ou seize rangées transversales jusqu’à l’o-
rigine de la queue. Celle-ci a dix -sept ou dix -huit rangées avant la
réunion des deux crêtes, et dix -sept après. Les arêtes mitoyennes
cessent à la huitième ou neuvième rangée.
Ses pieds ne diffèrent point de ceux du vulgaire. Ses écailles infé-
rieures ont chacune leur pore.
La tête est un peu plus de sept fois dans la longueur totale. Le
dessus du corps est d’un vert-foncé, tacheté et marbré de noir ; le
dessous d’un vert plus pâle.
Depuis que nous possédons le grand individu envoyé par le gé-
néral Rochambeau, nous en avons reconnu au Muséum un autre qui
y avoit été envoyé depuis long-temps d’Amérique , et nous en avons
trouvé trois de différentes grandeurs , empaillés , dans des cabinets et
chez des marchands.
Je ne doute plus que ce ne soit cette espèce que Séba a voulu of-
frir dans sa fameuse pl. 106, t. I. Le peintre y a mal rendu les dents
et les écailles, surtout celles de la nuque , et donné un doigt de trop
au pied de derrière j mais .il a fait des fautes plus graves dans vingt
t
VIVANS. 5']
autres occasions. Néanmoins l’habitude totale est celle du crocodile
de Saint-Domingue , et c’est aussi d’Amérique que l’individu venoit.
Si l’original de cette figure existoit comme espèce, et avoit en effet
les caractères qu’elle montre, j’ose dire qu’il seroit impossible qu on
n’en eut pas revu de semblables depuis Séba.
Un autre point de synonymie qui me paroît plus sur encore, c est
que les différens petits crocodiles de Cui'açao , représentés dans
Séba , pb CIV, fig. I — 9, sont aussi de cette espèce. On peut le juger
surtout par la disposition de leurs écailles. Nous avons trois de ces
individus de Séba au Muséum, dans la liqueur , qui ne laissent aucun
doute.
M. Descourtils nous apprend que les mâles sont beaucoup moins
nombreux que les femelles j qu’ils se battent entre eux avec achar-
nement j que l’accouplement se fait dans l eau sur le cote ^ que 1 in-
tromission dure à peine vingt-cinq secondes; que les mâles sont pro-
pices à la génération à dix ans, les femelles à huit ou neuf; que la
fécondité de celle-ci ne dure guère que quatre ou cinq ans.
Selon lui, la femelle creuse avec les pattes et le museau un trou
circulaire dans le sable sur un tertre un peu élevé , où elle déposé
vingt-huit œufs humectés d’une liqueur visqueuse, rangés en cou-
ches séparées par un peu de terre et recouverts de terre battue.
La ponte a lieu en mars, avril et mai, et les petits éclosent au bout
d’un mois.
Ils n’ont que neuf ou dix pouces au sortir de l’œuf; mais ils crois-
sent jusqu’à plus de vingt ans, et atteignent seize pieds et plus en
longueur.
Lorsqu’ils éclosent, la femelle vient gratter la terre pour les dé-
livrer; les conduit, les défend et les nourrit en leur dégorgeant la
pâture pendant trois mois , espace de temps pendant lequel le mâle
cherche à les dévorer.
M. Descourtils confirme ce qu’on a observé des crocodiles en gé-
néral, qu’ils ne peuvent manger dans l’eau sans risque d’être étouffés.
Celui-ci se creuse des trous sous l’eau , où il entraîne et noie ses vic-
timeSj qu’il y laisse pourrir.
T. V, ae. P.
8
58
CROCODILES
Il peut très-bien mordre sa queue : ce qui prouve, que ces ani-
maux sout plus flexibles qu’on ne le dit.
Je trouve aussi dans une note d’un pharmacien de Saint-Domingue,
qui m’a été remise par feu M. Parmentier , que le crocodile de Saint-
Domingue préfère la chair de nègre ou de chien j qu’il la laisse pourrir
avant de la dévorer; qu’un individu très-jeune, retenu en captivité,
ne put être nourri qu’avec des boyaux à demi -putréfiés; que la fe-
melle a l’instinct de venir découvrir ses petits quand ils éclosent.
Pour éviter le crocodile, les chiens aboient, et les chevaux bat-
tent l’eau dans un lieu afin de l’attirer, et se hâtent ensuite d’aller
boire plus loin.
Le crocodile de Saint-Domingue est généralement nommé cdi-
man par les colons et par les nègres de cette île.
7°. Crocodile a nuque cuirassée. (Crocodiliis cataphractus , Nos.)
J’ai observé cette espèce en 1818 au Muséum des Chirurgiens de
Londres, où l’on en conserve un individu fort desséché. Son museau
est encore plus allongé et plus étroit que dans le crocodile de Saint-
Domingue; la longueur de sa tête étant comprise deux fois et demie
dans sa largeur. Il n’a sur le chanfrein ni cette convexité particulière
à l’espèce de Saint-Domingue , ni aiicune autre marque notable.
On lui compte dix-sept dents de chaque côté à la mâchoire supé-
rieure, et cjuinze à l’inférieure. Les fosses du crâne se voient au tra-
vers de la peau comme dans les crocodiles.
Ce qui le caractérise encore plus que son museau, c’est l’armure
de sa nuque ; après deux plaques ovales isolées , et une rangée de
quatre autres plus petites, également ovales et isolées, il vient cinq
bandes écailleuses continues entre elles et avec les écailles du dos,
formées chacune de deux gx’andes écailles carrées. Les deux premières
paires sont fort larges; les trois suivantes diminuent graduellement;
et toutes ensemble forment sur la nuque une cuirasse aussi solide
que celle d’aucun cdiman ou ganal. Les écailles du dos sont caré-
nées et disposées par rangées transversales de six chacune, excepté
es deux premières qui n’en ont que quatre.
VI VAN s. 59
Cette espèce est évidemment distincte de toutes celles que j’ai dé-
crites dans ma première édition; malheureusement on n’a point con-
servé de note sur son origine (i).
IIIo. Espèces de Gavials.
Le premier c[ui ait parlé d’un crocodile à bec cylindrique est le
peintre anglais Edwards. Il en décrivit, en 1756, dans le t. 49
Trans. phil. , pl. 19, un individu sortant de l’oeuf, qui avoit encore
son sac ombilical pendant hors de l’abdomen, et il fit de ce sac, le-
quel n est que le reste du jaune qui n’est pas encore rentré dans
l’abdomen, comme-cela arrive toujours un peu apres la naissance; il
en fit, dis-je, un des caractères de l’espèce. Il 1 annonça comme ve-
nant de la côte d’Afrique.
Gronovius en décrivit brièvement un autre de son cabinet , en
1763 {Zooph., p. 10), et loua beaucoup la figure d’Edvvards.
Merck en décrivit un troisième, en 1785 (Hessische Beytrœge ,
II, I, p. 78, et Troisième Lettre sur les Os foss. , p. a5), auquel
la figure d’Edwards ne lui parut au contraire point ressembler du tout.
On auroit pu dès lors soupçonner qu’il y en avoit deux especes.
C’est ce que parut faire Gmelin ^Syst. nat. , 1. 1, part. III, p. io58) ;
mais il indiqua des caractères peu exacts.
Tous ces individus étoient petits et les descriptions courtes.
M. de Lacépède donna le premier la description complété, avec
les mesures et la figure , d’un individu long de douze pieds, venu de
iTnde au Muséum. C’est ce célèbre naturaliste qui a donné à 1 espèce
le nom indien de gwial. Son traducteur allemand, M. Bechstein, en
a décrit un autre de six pieds.
Mais notre Muséum en possède depuis long -temps un de plus de
deux pieds et demi, que M. de Lacépède a déjà indiqué dans son ou-
vrage , et un squelette à peu près de même grandeur que j’ai fait pré-
(i) M. Graves , dans le t. II des Annales générales des Sciences physiques , p. 343, décrit
encore deux crocodiles qu’il regarde comme nouveaux , et qu’il nomme , l’un Cr. inlermedius ,
l’autre Cr. planirostris } mais comme il n’en donne point de figure , il est difficile d’en portes
un jugement positif.
8*
6o . CROCODILES
parer: Tun et Fautre difFèrent très -sensiblement du grand individu,
M. Faujas a fait graver de belles figures, tant de notre grand que
de notre petit gapial {Hùt. de la Montagne de Saint-Pierre ,
pl. 4fi et 48), ainsi qu’une excellente de la tète osseuse du grand
(pl. 47)5 et je dois dire que c’est lui qui m’a rendu attentif à leurs
différences, quoiqu'il n’ait pas jugé à propos d’en faire usage pour
établir deux espèces. Je les ai exposées , en 1802 , dans mon premier
mémoire sur les crocodiles.
Depuis lors j’ai ajouté à mes matériaux un -à.\x\xQ gavial de près de
trois pieds, et un d’un pied et demi, ainsi que trois têtes plus ou moins
adultes; objets que je dois tous à l’extrême complaisance de M. Wal-
lich, directeur du jardin de la compagnie des Indes à Calcutta.
J ai eu de plus encore une tète un peu moindre que ces trois-là,
et un petit individu de dix-neuf pouces.
Ces matériaux nouveaux m’ont presque fait revenir sur l’opinion
que j’avois eue d’abord d’une différence d’espèce. En effet, mon ga-
vial de trois pieds a déjà sensiblement le crâne et ses trous plus larges
à proportion que les petits individus, en sorte qu’il ne seroit pas
impossible que l’élargissement de ces parties, principale distinction
du grand gavial, lut un effet de l’âge.
Je décrirai cependant les gavials des deux grandeurs séparément,
laissant au temps et aux observateurs h décider cette question.
lo. Grand gavial {Crocodilus longirostris , Schn. Lacerta gan-
getica, Gmel.).
Le nom de crocodile du Gange a l’inconvénient de faire croire
qu’il n’y en a point d’autre dans ce fleuve. Or des crocodiles sem-
blables dM vulgaire, c’est-à-dire de l’espèce à deux arêtes, s’y trou-
vent aussi en quantité. Je viens d’en recevoir de M. Wallich un
squelette de dlx-sept pieds de long d’un individu tué près de Calcutta.
Les anciens ne l’ignoroient pas. «Le Gange (dit Elien (i)) nourrit
(i)'Lib. XII, cap. 4i.
VIVANS. . 6i
» deux sortes de crocodiles : les uns innocens, les autres cruels. »
En effet, le gavial ne se nourrit c[ue de poissons j et quoiqu’il arrive
aussi à une taille gigantesque , il n’est pas dangereux pour les hommes.
M. de Fichtel, habile naturaliste, attaché au cabinet de l’empereur
d’Autriche , qui a vu lui-même les deux crocodiles sur les bords du
Gange, ua’a garanti ce fait.
Il est probable d’ailleurs qu’on retrouve le dans les fleuves
voisins du Gange, comme le Buram-Pouter , etc.
Cette espèce n’est encore bien représentée que par M. Faujas
de la Mont, de Saint-PieiTe , pl. /|6)-
Son museau est presque cylindrique j il se renfle un peu au bout
et s’évase à sa racine. La tête s’élargit singulièrement, surtout en ar-
rière : sa dimension trausverse est comprise deux fois et deux tiers de
fois dans sa longueur totale; mais la longueur du crâne, à prendre
jusqu’entre les bords antérieurs des orbites, est comprise quatre fois
et un tiers dans la longueur totale. La table supérieure du crâne,
\ derrière les orbites, forme uii rectangle d’un tiers plus large que long.
Les orbites sont plus larges que longs; l’espace qui les sépare est plus
large qu’eux-mêmes. Les trous du crâne sont plus grands que dans
aucune autre espèce, plus grands même que les orbites, et, comme
eux , plus larges que longs. Ils ne se rétrécissent presque pas vers
leur fond.
Je compte vingt-cinq dents de chaque côté en bas, ^t vingt-huit
en haut dans le grand individu empaillé et dans la tête gravee par
M. Fanjas: en tout cent six dents.
Les trois têtes envoyées de Calcutta en ont vingt-six en bas et
vingt-neuf en haut: en tout cent dix.
La longueur du bec est à celle du corps comme i à ^ et demi. Il
n’y a derrière le crâne que deux petits écussons ; puis viennent quatre
rangées transversales qui se continuent avec celles du dos. Toutes
ces rangées sont comme dans le suivant.
62
CROCODILES
2®. Le petit gavial ( Crocodilus tenuirostris , Nos.).
M. Faujas en a aussi donné une figure de la Mont, de
Saint-Pierre , pl. 48)* Son crâne est plus long et moins large , à
proportion de son museau, que dans \e gJ'aiid gapiaî.
La longueur du crâne, à prendi’e jusques entre les bords anté-
rieurs des oi’bites , est comprise trois fois et un tiers seulement dans
la longueur totale. La table supérieure du crâne, derrière les orbites,
forme un carré aussi long que large. Les orbites sont plus longs que
larges, plus grands à proportion de la tête, séparés par un espace
moitié plus étroit que chacun d’eux. Les trous du crâne sont plus
longs que larges et bien rétrécis dans leur fond. Je compte une paire
de plus ou de moins de dents de chaque côté, soit en bas, soit en
haut, dans mes dilFérens exemplaires. Les vrais nombres paroissent
les mêmes que dans le précédent.
La longueur du bec est à celle du corps comme i à 7. Il est donc
un peu plus long que dans le grand.
La nuque est armée derrière le crâne de deux paires d’écussons
ovales, ensuite de quatre rangées transversales : la première de deux
grandes écailles ; les deux suivantes de deux grandes et de deux pe-
tites; la quatrième de deux grandes, et les bandes du dos sont la
continuation de celles-là : elles ont toutes quatre grandes écailles car-
rées et deux fort étroites sur le côté. Toutes ces écailles ont des arêtes
égales et peu élevées. Le nombre des bandes dorsales est de dix-huit.
Les crêtes de la queue sont doubles jusqu’à la dix-neuvième bande.
Si ce ganal est autre chose qu’un jeune du grand, il n’en
habite pas moins comme celui-ci les eaux du Gange, car j’en ai reçu
de Calcutta un individu entièrement semblable à celui que je viens
de décrire.
Comme je l’ai dit plus haut, j^en ai en outre du même lieu un in-
dividu un peu plus grand et à crâne un peu plus large. Pour donner
une idée bien juste des proportions respectives de ces animaux et des
divers crânes c[ue j’ai eus à ma disposition, je donne ici la table de
leurs principales dimensions.
VIVANS. 63
64
CROCODILES
Article V,
Résumé et tableau méthodique du genre et de ses espèces.
Nous voilà loin de Tépoque où les plus grands naturalistes n’ad-
mettoient qu’une seule espèce de crocodile 5 il faudra en inscrire
maintenant douze et peut-être quinze dans le catalogue des reptiles.
Préparons d’avance cette partie du travail des futurs rédacteurs du
Systema Naturœ, en résumant ici les caractères génériques et spé-
cifiques établis dans cette section.
Je me bornerai à citer pour tous synonymes les bonnes figures
originales : cette réserve vaut mieux que d’entasser une foule de
citations douteuses qui ne servent qu’à tout embrouiller.
CLASSIS. AMPHIBIA.
ORDO. SAÜRI.
GENUS. CROCODILUS.
* Dentes conici, sérié simplici. Lingua carnosa, lata, ori affixa. Gauda
compressa, supernè carinato serrata. Plantæ palmatæ aut semi-palmatæ.
Squamæ dorsi , ventris, et caudæ , latæ sub-quadratæ.
^ Alugatobes.
Dente infero utrinque quarto in fossam maxillœ superioris recipiendo ,
plantis semi-palmatis.
1 . Crocodilus lucius.
Roslro depresso parabolico , sentis nuchæ quatuor.
Habitat in Americâ septentrional!.
2. Crocodilus sclerops.
Porca transversa inter orbitas, nucha fasciis osseis quatuor cataphracta.
{Seb. I, tab. io4, f. 10, fig. mediocr. )
Habitat in Guyanâ et Brasilia.
3. Crocodilus paîpebrosus.
Palpebris osseis , nucha fasciis osseis quatuor cataphracta.
Habitat in Guyanâ.
65
VIVANS.
4* Crocodilus trigonatus-
Palpebris osseis, scutis nuchæ irregularibus carinls elevatis trigonîs.
tab. io5jf. 3.) ■ • • •
Nutn variet. præced.?
Habitat in Guyana.
** CROCODlLr.
Dente infero utrmque quarto , per scissiiram maxillœ superioris iran&eunie ,
plantis palinatis , rosira oblongo.
5. Crocodilus vulgaris-
Rostro æquali , scutis nuchæ 6 , squamis clorsi quadratis , sexfariam
positis.
( Ann, Mus. Parts. X, tab. 3. )
Habitat in Africa.
6. Crocodilus biporcatus.
Rostro porcis 2 subparallelis , scutia nuchæ 6, squamis dorsi ovalibus ,
octofariam positis. ^
Habitat in insulis Maris Indici, in Gange, etc.
7. Crocodilus rhombifer.
Rostro convexiore, porcis 2 convergentitms, scutis nuchæ 6, squamis dorsi
quadratis sexfariam positis; memLrorum squamis crassis, carinatis.
Habitat
8. Crocodilus galeatus.
Crista elevata bidentata in vertice, scutis nuchæ 6.
( Hist. anim. Paris, t. 64. )
Habitat in Indiâ ultl’a Gangem.
9. Crocodilus biscuiatus.
Squamis dorsi intermediis quadratis, exterioribus irregularibus subspar-
sis, scutis nuchæ 2.
Habitat '
10. Crocodilus acutus.
Squamis dorsi intermediis quadratis , exterioribus irregularibus subspar-
sis, scutis nuchæ 6, rostro productiore, ad basim convexo.
( An, Mus. Paris. II, tab. 3y. )
Habitat in magnis Antillis,
T. V, 2e. P.
9
66
CROCODILES VIVANS.
I T . Crocodilus calaphractusZ
Nucha fascüs 4 osseis cataphacta, rostro productiore»’
Habitat
Longirostkes.
Rostro cylindrico i elongato , plantis palmatis
12. Crocodilus gangeticus-
Vertice et orbitis transversis.
( Faujas y Hist. mont. S. Pétri , tab. 46. )
Habitat in Gange fluvio.
13. Crocodilus tenuirostris.
Vertice et ox’bitis angustioribus.
( FaujaSf loc. cit., tab. 48. )
Habitat in Gange fluvio.
Num pulliis proced. ?
OSTÉOLOGIE DES CROCODILES.
67
SECTION IL ,
Obserj^-^tions sur lOstéologie des Crocodiles vivans.
L’ostéologie du crocodile étoît avant moi à peu près aussi impar-
faitement connue que celle de la plupart des grands quadrupèdes
vivipares.
Yesllng (i) et Plumier (2) en avoient donné anciennement quel-
ques notions incomplètes. Les descriptions de Duverney et de Per-
rault, faites assez anciennement aussi, n’ont été imprimées qu en
1734, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences avant 1700,
t. 111, nie. partie. Grew est le premier qui en ait fait graver un
squelette entier 5 sa figure, qui parut en 1686 dans le Muséum So-
cietatis regiœ , est assez bonne, quoique la description qui lac-
compagne soit un peu superficielle. Ce scjuelette , long de 12' t\\
étoit de l’espèce des Indes orientales (^^ was sent from the East-
Indies (3)), et l’on ne peut comprendre comment M. Faujas a pu
dire (4) qu’il venoit d’Amérique 5 circonstance qui n’ étoit point in-
différente, puisque les espèces ne sont pas les mêmes dans les deux
nontinens.
Pierre Camper, cherchant à déterminer les prétendus ossemens
de crocodile de Maestricht , se rendit à Londres en 1785 pour y voir
xe squelette^ et quoiqu’il l’ait trouvé endommage, il en dessina
quelques vertèbres qu’il fit représenter de grandeur naturelle {Trans.
pJiil. pour 1786, pl. II), On en peut voir une copie dans l’édition
française de ses Œuvres, pl. VI, fig. i et2.
M. Faujas, traitant en 1799 des mêmes ossemens dans son Hist.
de la Montagne de Saint-Pierre ^ donna, à l’appui de son opinion,
(1) Ohstrv. anat., Hafn. , 1664 , in-8“. , p. 43.
(2) Mém. de Trévoux, janv. 1704 , p. i65.
^3) Grew, loc. cil. , p? 4®.
(4) Hist. de la Mont, de Saint-Pierre , p. 233.
9-^
68 OSTÉOLOGIE
pl. XLIV, la figure d’un beau squelette de crocodile des Indes de
douze pieds de long, qui étoit conservé dans les galeries d’anatomie
de notre Muséum 5 mais comme ce squelette avoit encore ses carti-
lages et ses ligamens, le peintre ne put rendre correctement la forme
des articulations, et M. Faujas n’y ayant joint aucune sorte de des-
cription, son ouvrage étoit loin de fournir tous les renseignemens qui
auroient été nécessaires pour juger les questions qii’il y traitoit.
Si 1 on ajoute à ces travaux les notions éparses dans mes diverses
Leçons^ d Anatomie comparée , celles c[ui se trouvent dans la lettre
d’Adr. Camper sur les fossiles de Maestricht (1)5 la description et la
figure d’une tête de cdiman à paupières osseuses par M. Schnei-
der (a) , et les ingénieuses recherches de mon savant confrère
M. Geoffroy , pour comparer les os de la tête du crocodile à ceux
des autres animaux, exposées dans le t. X des Ann. du Mus., p. 249,
on aura, je crois, tout ce qui avoit été fait d’essentiel sur l’objet qui
nous occupe au moment où parut ma première édition.
Depuis lors le public a été gratifié de belles figures de la tête en-
tière du ci’ocodile, de sa coupe et des os séparés qui la composent,
données par M. Spix dans son Cephalogenesis ■ de discussions sur
cette même tête, accompagnées de figures au trait par M. Oken,
dans son 2e. cah. de Vlsis de 1818; enfin d’un dessin du squelette
d’un jeune gavial fait par M. Laurillarcl, et que M. de Sœmmerring,
à qui je l’avois envoyé, adonné à M. Tiedeman pour l’insérer dans
son Hisi. des Crocodiles.
Je vais maintenant reprendre cette matière entièrement à neuf,
et joindre aux observations de mes prédécesseurs ce qu’il me paroît
nécessaire d’y ajouter, pour éclaircir les nombreuses difficultés
qu’elle présente encore sous le rapport ostéologique , et dont la solu-
tion aura des conséquences pour plusieurs des chapitres qui vont
suivre.
Outre le squelette des Indes, déjà représenté par M. Faujas, j’en
(1) Journ. de PhjfS. , t. LI , p. 2^8.
(2) Hist. Amphib., fascic. II, pl. I,
DES CROCODILES. 69
ai un aulre de la même espèce, rapporté de Timor par M. Peron,
et long de neuf pieds. Il m^en est venu depuis un troisième, non
moins beau et plus grand, pris à Calcutta dans le Gange, et pré-
paré par les soins de M. TVallicli, directeur du jardin de la compa-
gnie des Indes dans cette ville, qui a bien voulu en faire présent au
cabinet du Roi. J’y joins encore un individu de la même espece ,
mais de deux pieds et demi seulement, rapporté de Java parM. Les-
cbenaultj un de trois pieds neuf pouces de l’espèce duNil, fait autre-
fois par Duverney ; un de douze pieds de l’espèce de Cayenne,
rapporté de Lisbonne; un de sept pieds de l’espèce du Mississipi ou
à museau de brochet, préparé ici avec un individu envoyé de New-
York par M. Milbert; je profite aussi de trois petits des espèces des
Indes ou à deux arêtes, de Cayenne ou à lunettes, et du Gange ou
gavial, que j’ai fait faire pour servir de pièces de comparaison; enfin
j’ai outre ces squelettes un assez grand nombre de têtes de toutes les
espèces et de tous les âges , et particulièrement trois de l’espèce du
Gange ou gavial, la plus rare de toutes, que je dois aussi à la bonté
de M. Wallich.
Cette grande richesse n’est point superflue dans des travaux comme
ceux-ci, où il faut en quelque sorte épuiser toutes les variétés que
l’ostéologie d’une espèce peut subir dans les divers individus avant
d’oser établir une espèce nouvelle sur quelques os isolés. C’est pour-
quoi je me suis appliqué depuis long-temps à multiplier , autant que
possible, les squelettes des espèces intéressantes, et surtout de celles
qui en ont d’approchantes parmi les fossiles.
Article premier.
Détermination des os de la tête dans les Crocodiles proprement
dits , et leur comparaison avec ceux des mammifères.
Le crocodile, comme beaucoup d’autres reptiles, a cela d’avan-
tageux à l’étude de son ostéologie, que ses sutures ne s’effacent point,
du moins n’en a-t-il disparu aucune dans nos plus vieilles tetes; et
nous avons peine à concevoir comment Duverney et Perrault ont pu
7® O S TÉ O LO G IE
dire que Fos maxillaire n’est séparé de celui du front par aucune
suture (i) : leur squelette, que nous possédons encore, en a de fort
reconnoissables ; mais il n’est pas aussi aisé de rapporter chacun
des os à son analogue dans l’homme et dans les autres animaux
que de les compter, et les anatomistes diffèrent beaucoup entre eux
à ce sujet.
M. Geoffroy, qui a porté très-loin ce genre de recherches, et qui
a comparé dans cette vue des têtes de toutes les classes et de tous
' les âges, est une autorité respectable en cette matière; cependant
MM. Spix, Oken et Bojanus, qui s’en sont occupés depuis, ne Font
pas suivi en tout; et moi-même, dans les recherches que fe fais depuis
long-temps pour ma grande Anatomie comparée, et dont j’ai donné
le résumé dans les Annales du Muséum, t. XIX, j’ai adopté une
manière de voir qui ne rentre entièrement dans celle d’aucun de ces
savans. C’est celle que je vais exposer aujourd’hui.
J’aurois désiré qu’il me fût possible d’éviter au lecteur les discus-
sions polémiques où cette différence d’opinion et les égards dus à des
hommes aussi respectables m’ont obligé d’entrer ; j’ai eu soin du
moins de les rejeter dans des notes, afin de n’eu point trop embar-
rasser mon exposition.
La composition de la tète étant la même , sauf les proportions des
parties, dans tous les crocodiles proprement dits, et le choix de l’es-
pèce où on la présenteroit se trouvant en conséquence à peu près
indifférent , nous avons préféré de faire dessiner la tête du crocodile
à losange , qui n’étoit point représentée dans notre pl. I. On la voit
pl. III: en dessus , fig. i; en dessous, fig. 2; de côté, fig. 3; et en
arrière, fig. 5 : la fig. 4 est sa mâchoire inférieure vue à la face in-
terne, l’externe étant déjà représentée fig. 3.
C’est sur ces figm’es que nous prions le lecteur de suivre nos des-
criptions et nos raisonnemens.
Le museau du crocodile est allongé et déprimé. L’ouverture ex-
(i) Mdm. pour servir à l’Hisl. des Anim., in-4'’- , t. lit , p. 178,
DES CROCODILES. ;i
térieure des narines, placée près de son extrémité anterieuie, est
dirigée en dessus , à peu près comme dans le lamantin. ^ ^
Il n’y a qu’un seul trou incisif, parce que les intermaxillaires n ont
pas d’apoptysGS mitoyennes : c’est encore le cas du lamantin.
Les intermaxillaires , a, a (fig. i, 2 et 3), entourent les narines
externes, excepté un endroit fort étroit où la pointe des os nasaux,.
h k, se place entre eux. 11 en est plus ou moins ainsi dans la plupart
des mammifères.
De chaque côté le maxillaire, b, N, supporte en arrière le jugal,
c, qui va former le bord extérieur de 1 orbite 5 ce bord seroit 1 infé
rieur dans la plupart des animaux, mais il est ici 1 extérieur, parce
que l’ouverture de l’orbite est dirigée vers le haut.
En dessous (fig. 2) les palatins, e, e, prolongent le plafond fourni
à la bouche par les intermaxillaires, a, a, et par les maxillaires h ,h^
mais ils le prolongent en le rétrécissant , parce qu’ils laissent un vide
entre eux et les prolongemens des maxillaires, V , b', qui portent les
jugaux, c, c , lequel vide sert pour le passage des muscles crota-
phites.
Le lachrymal, i , occupe sur la joue un espace oblong entre le
nasal, h, le maxillaire, b, et le jugal c. Il rentre dans l’orbite par un
plan contigu au jugal et au maxillaire.
Dans ce plan, que l’on ne peut voir dans nos figures, est percé
le canal lachrymal.
Tout cela est exactement comme dans les mammifères : mais voici
où commencent les différences.
Dans les mammifères , le frontal , H-j commenceroit Immédiate-
ment au bord interne de ce lachrymal, et occuperoit tout l’espace
entre les deux lachrymaux au-dessus du nasal ; il descendroit dans
le fond de l’orbite pour s’articuler largement au palatin et au sphé-
noïde antérieur; et dans les- genres tels que les quadrumanes ou les
ruminans, qui ont le cadre de l’orbite complètement osseux , il don-
neroit en arrière une apophyse qui s’uniroit au jugal pour entourer
l’orbite.
Dans le crocodile il n’en est pas ainsi. 11 y a bien un frontal , H ,.
7rï OSTÉOLOGIE
couvrant, comme clans les mammifères, Tîntervalle des orbites, leur
fournissant un plafond, ou plutôt ici (à cause de leur direction) un
bord interne , descendant presque jusques à la racine des nasaux.
Cet os montre même , dans les individus tjui sortent de f œuf , un reste
de suture longitudinale, comme il en a une dans les mammifères, et
ejui s’efface pi’omptement. Mais une suture qui n’existe jamais dans
les mammifères, et qui subsiste au contraire toujours dans le croco-
dile, sépare en avant du frontal de chaque côté un os, h, h, qui se
trouve ainsi interposé entre le lachrymal et le frontal principal, et
descend du bord de l’orbite à la racine des nasaux. 11 rentre dans
l’orbite comme le lachrymal, et y descendant plus bas, il s’unit par
une apophyse avec le palatin.
Entre cette apophyse et le palatin d’une part , et le maxillaire de
l’autre, et sous le lachrymal , est une grande ouverture qui pénètre
dans la cavité nasale, elle tient lieu à la fois de canal sous-orbitaire
et de trous ptérygo-palatins et sphéno-palatins, mais elle est surtout
remplie dans 1 animal frais par des muscles moteurs de la mâchoire infé-
rieure, muscles que nous verrons ailleurs être propres aux ovipares.
Le frontal principal ne descend pas dans forbite sous forme os-
seuse, et tout l’espace entre lui et le palatin jusqu’au sphénoïde, ou
ce C[ue l’on pourroit appeler la cloison interorbitaire , est simplement
cartilagineux ou membianeux dans l’animai frais, ce qui le laisse en-
tièi’ement vide dans le squelette.
On avoit déjà des traces de cette dernière disposition dans quel-
ques mammifères. Dans le sdbniri , par exemple, et dans certains
ehef^rotams, où la cloison interorbitaire est réduite à une seule
lame , elle a des espaces membraneux.
J’avois d’abord considéré l’os particulier, h ,h , placé entre le la-
chrymal et le frontal, comme un second lachrymal (Leçons d’ Ana-
tomie comparée, II, p, 71); mais un examen plus attentif m’a fait
reconnoître que ce n’est qu’une partie du frontal (Ann. du Mus.,
t. XII, p. 7), celle que l’on nomme dans l’homme V apophyse or-
bitaire interne, ou dans les mammifères, \ apophyse antorhitaire ,
laquelle est ici constamment détachée du corps de l’os,
DES CROCODILES. 73
Je l’ai donc appelée^roTz^a/ antérieur (i).
Il suffit en effet de placer une tête de mammifère, de ruminant
par exemple, à côté d’une tête de crocodile, pour s’assurer qu’il s’est
faitici un démembrementdu frontal. On pourroit, sans rien déranger,
dessiner sur le frontal du mammifère la suture qui existe dans le cro-
codile, et on détaclieroit ainsi dans le premier un frontal antérieur
qui auroit la même position, presque la même figure, et absolument
le même emploi que dans le crocodile (a).
(1) M. Geoffroy, partant de son idée que l’on doit retrouver dans tous les crânes précisé-
ment le même nombre d’os , a d’abord voulu faire du frontal principal le corps de 1 elli-
moïde ; et des deux frontaux antérieurs ses ailes , ou ce qu’on appelle les cornets supérieurs ;
mais ces mêmes parties existent dans les crocodiles comme dans les autres animaux, et y
sont seulement dans un état presque entièrement membraneux ou cartilagineux. D’ailleurs
en les cherchant à une place aussi insolite , ou cbangeroit entièrement leurs fonctions ; puis-
que les os, H et 7i, dont il s’agit, occupent la mêiAe place, remplissent le même rôle ,
ont la même structure, la même configuration que le frontal et ses deux apophyses. Enfin,
même en admettant cette dénomination , on n’arriveroit point à ce nombre identique ,
parce qu’il y auroit .ailleurs beaucoup d’autres mécomptes Aussi ma détermination a-
t-elle été adoptée par M. Ulrich et par M. Geoffroy lui-même
(2) Cependant M. OÆen prononce ( Isis de 1818, p. 292) que cette pièce répond à l’os
planum, ou autrement la lame orbitaire de l’ethmdide. Or l’os planum ne paroît jamais sur
la joue ; il ne se montre plus dans l’orbite à compter des makis , si ce n’est un petit point
dans les galéopilbèques et dans quelques chats. Dans tous les autres mammifères l’ethmoïde
est entièrement enveloppé et caché par le palatin et par le frontal , et spécialement par cette
partie du frontal dont il est maintenant question et qui se détache dans les ovipares. Le
véritable ethmoïde est enveloppé de la même manière dans le crocodile, quoique presque
toutes ses parties restent cartilagineuses.
Quant à M. Spix, entraîné par un autre système , et négligeant le trou lachrymal , qui
cependant est bien visible , et qui , spécialement dans le crocodile , est perce tout entier dans
l’os auquel je donne ou plutôt auquel je maintiens le même nom , c’est mon frontal ante-
rieur qu’il appelle lachrymal , et du vrai lachrymal il en fait un démembrement du jugal.
Il cherche le trou lachrymal dans cette grande ouverture qui , ainsi que je l’ai dit ci-dessus ,
répond en partie au canal sous-orbitaire et aux deux trous analogues du sphéno-palatin et
du ptérygo-palatin
♦ Voyez le me'moirc de M. Geoffroy sur les os du crocodile , Ann. du Mus. , t. X , et la gravure, ibid. ,
rl. IV, fig. a, 3, 4 5-
** le l’ai donnée en général pour tous les ovipares dans le XIX'. Vol. des Ann. du Mut. ; mais je Pavois
déjit donnée pour le crocodile en particulier dans le XII*. , et dans la première édition de ces liechtrchts ,
*■ IV, art. des crocodiles vivant.
*** Annotaliones queedam de sensu ac significatione ostium capilis, p. ii.
anatomique , p. 34.
***** Cephalogenesis, passim.
T. V, 2®. P.
lu
74 OSTÉOLOGIE
Toute cette théorie se confirme quand on observe la tête fraîche^
On y voit que le frontal, conformément à son rôle ordinaire, couvre
la partie antérieure de l’encéphale; qu’il sépare les orbites; qu’il
donne attache aux releveurs de l’œil ; qu’il laisse passer ou conduit
les nerfs olfactifs sous sa partie située entre les orbites; que c’est
nommément entre ses deux démembremens , appelés frontaux anté-
rieurs, que ces nerfs sortent du crâne, après s’être renflés en gan-
glions et divisés en de nombreux filets; que ces filets traversent un
crible cartilagineux placé entre les deux frontaux antérieurs, comme
l’est, dans les mammifères, la lame cribleuse de l’ethmoïde; que
c’est au-dessous de ce crible que commencent, dans la cavité du nez,
les anfractuosités ou cornets sur lesquels s’épanouit la membrane
pituitaire , et où se distribuent les filets en question ; mais que ces
cornets demeurent cartilagineux comme le crible, comme la lame
verticale qui sépare les orbites au-dessous du trajet des nerfs olfac-
tifs, lame verticale qui, si elleétoit ossifiée, appartiendroit probable-
ment au sphénoïde antérieur , ainsi qu’elle y appartient dans ceux
des ruminans oii elle existe, c’est-à-dire dans les chet^rotains. Dans
le sdbyiiri, sa partie inférieure-antérieure est de l’ethmoïde ; la pos-
térieure, du sphénoïde antérieur; tout le haut est membraneux.
II y a donc plus de preuves qu’il n’en faut sur la nature des fron-
taux antérieurs.
En arrière de l’orbite est encore un os séparé, h’, h', qui en com-
plette le cadre en allant, par une apophyse, h!’, Jf, rencontrer une'
apophyse correspondante du jugal. La seule inspection prouve q,ue
cette pièce répond à la partie du frontal qui donne l’apophyse post-
orbitaire; et même la connexion de cette partie avec le jugal, dans
les ruminans, est entièrement semblable à ce qui a lieu dans le cro-
codile: voilà pourquoi je l’ai nommée le frontal postérieur (i).
(i) M. Geofifroy, par suite du parti qui lui faisoit voir l’ethmoïde dans le frontal prin-
cipal , a dû ne voir le frontal que dans ces deux pièces qui , selon moi , n’en sont que des-
de’membremens.
Quant à M. Okea , qui reconnoît le même os que moi pour le frontal , dans une page it
DES CROCODILES. ;5
En efFet, cette pièce u’est autre que l’apophyse post-orbitaire ; elle
en remplit les fonctions ^ car elle ferme l’orbite, et est posée au-de-
vant de la fosse temporale et du crotaphite ; elle en a la position et
les connexions, car elle est située sur la jonction du frontal et du pa-
riétal (i)*
Derrière le frontal principal et les deux frontaux antérieurs est un
grand os impair, m, qui recouvre tout le milieu et l’arrière du crâne,
et donne par ses côtés attache à une partie du crotaphite. 11 ne pré-
sente aucune difficulté : c’est le pariétal. Simple clans le crocodile
comme dans une infinité de quadrupèdes quand ils sont adultes , nous
le trouverons double dans beaucoup d’autres ovipares. 11 est même
probable qu’il l’est aussi dans les fétus peu avancés de crocodiles,
mais au sortir de l’oeuf il est déjà simple (2).
dédare les pièces en question les parties écailleuses des temporaux ^ , ou , selon son langage
mystique , la fourchette du membre supérieur de la tête , et reprend vivement à ce sujet
M. Geoffroy ; un peu plus loin il est en doute si ce ne seroient pas des apophyses de la
grande aile du sphénoïde; et revenant après deux autres pages à sa première idée , il
affirme qu’en faire des frontaux postérieurs , c’est manquer à toute analogie et à toute signi-
fication philosophique , et qu’avant de prétendre avancer l’anatomie comparée , il faudrait
apprendre la philosophie.
La vérité est cependant qu’il n’y a d’analogie qu’en faveur de la dénomination de frontal
postérieur.
La partie écailleuse du temporal est toujours à l’arrière de la fosse temporale et du pa-
riétal ; elle ne touche au frontal que rarement et en quelque sorte par accident : on ne l’a
jamais vue à la place dont il s’agit.
(t) M. Spix fait de cet os, que j’appelle frontal postérieur , la partie postérieure du jugal
ou l’omoplate du membre supérieur de la tête , car il faut remarquer que la philosophie de
la nature , en prétendant retrouver dans la tête toutes les jDarties du tronc , agit si arbitrai-
rement que chacun de ceux qui veulent l’appliquer emploient ces dénominations étrangères
d’une manière différente.
(2) M. Geoffroy a voulu n’y voir que l’interpariétal ; mais seulement parce qu’il était em-
barrassé de deux os , n, n, places a ses cotes , et dont nous reparlerons sous le nom de mas-
toïdiens. C etoit à ceux-là qu’il donnoit le nom de pariétaux , et les conduisant par degrés
hors du crâne , il en faisoit alors les opercules des branchies des poissons ; mais depuis qu’il a
renoncé à cette idée pour en adopter une autre qui voit dans les opercules les osselets dq
1 oreille, il a sans doute donne quelque autre dénomination aux mastoïdiens.
Quoi qu il en soit , M. Oken adopte mes déterminations à l’égard du pariétal et des mas-
toïdiens.
* Isis de i8i8, 2«. cab. , p. 376. 4» ^ ^ p. 384. U. , il. , p. a86, note.
10’^
76 OSTÉOLOGîE
Une peut y avoir, et il n’y a en effet, aucune contestation pour
les quatre parties de X occipital {r, s , s , q ^ fig. 5) qui forment le
plan postérieur de la tête du crocodile. Elles sont sensiblement les
mêmes que dans les jeunes mammifères; seulement le condyle
unique, placé sous le trou occipital, appartient presque entièrement
au basilaire r. L’occipital supérieur, q , et les deux latéraux, s , s,
ont d’ailleurs ici un rôle plus important que dans les mammifères ,
parce qu’ils sont creusés de cavités pour l’oreille interne, à laquelle
le rocher est loin de pouvoir suffire. La même chose a lieu pour les
oiseaux , et probablement pour tous les ovipares.
Il ne reste donc de difficultés que pour les parties que l’on appelle
dans 1 homme le temporal et le spliénoide , et pour les diverses
pièces dans lesquelles ces os se démembrent.
On recounoît toutefois aisément les grandes ailes ou ailes tem-
porales du sphénoïde,^, g, par leur position , par leur figure et par
leur fonction de porter les lobes moyens du cerveau; on n’est point
étonné de les voir former des os distincts, puisqu’il en est de même
dans tous les fétus de mammifères (i).
Cependant je dois faire remarquer ici une chose passée sous silence
partout le monde, c’est que cette pièce osseuse renferme en même
temps, et dans une seule masse d’ossification , l’aile temporale et une
grande partie de l’aile orbitaire; en effet, quand on examine un cro-
codile frais, on reconnoît que si le nerf olfactif et l’optique passent
entre cette aile et sa correspondante , les nerfs de la troisième , de la
quatrième, de la sixième paire, et la première branche de la cin-
quième, passent par des trous qui sont pratiqués dans le corps même
de 1 aile , et dont 1 ensemble , s ils étoient continus , représenteroit
la fente sphéno-orbitaire.
On reconnoît sans peine les apophyses ptérygoïdes internes du ■
(i) M. Geoffroy les a entièrement négligées dans son analyse des os du crocodile, et a-
cherche 1 aile temporale dans une toute autre pièce dont nous reparlerons bientôt.
M. Olten le reprend à ce sujet , et s’accorde avec moi sur l’aile temporale ; M. Spix las
nomme également fort bien.
DES CROCODILES. 7.7
sphénoïde ( f, fig. 2 et 5 ) , surtout quand on se rappelle que
non -seulement elles restent dans beaucoup de mammifères dis-
tinctes du corps de l’os jusqu’à un âge avancé , ce qui nous les a
fait nommer les os. ptérygoidiens j mais que dans les fourmiliers
tamanoir et tamandua (voyez dans la Ire, part, de ce volume la
pl. IX, fig- 3), elles reviennent en dessous s’unir l’une h l’autre
pour, de concert avec les palatins, prolonger le tube nasal jusque
sous la région basilaire.
Dans le crocodile , ces ptérygoïdiens sont réunis dès le fétus Lun à
l’autre sous le corps de l’os, pour former le plafond des arrière-na-
rines; ils se réunissent aussi en dessous par une suture pour former
le plancher de ce meme tube , et ils s’étendent horizontalement en
une grande aile ou large surface à laquelle s’insèrent en dessus
les muscles ptérygoïdiens, et que double en dessous la membrane
du palais.
Une arête de leur plafond, répondant à une autre de leur plan-
cher, divise le tube nasal en deux; leur lame supérieure se porte en
avant en forme de deux demi-cylindres, pour former encore le pla-
fond du double tube des arrière-narines sur la partie où les palatins,*
e ,e , en font le plancher, jusques aux apophyses descendantes des
frontaux antérieurs , et même par la face interne un peu plus en avant
dans la cavité du nez (i).
(1) M. Geoffroy s’est bien aperçu que la partie postérieure et élargie de l’os dont nous
parlons répond aux apophyses ptérygoïdes internes , mais il n’a pas remarqué que la double
Toute sur les palatins ne fait qu’un avec elles ; et pour satisfaire à l’identité du nombre
des os dans tous les animaux , il a cherché dans cette double voûte les cornets inférieurs du
nez , disant pour ses raisons que ce sont des os logés dans les fosses nasales , on qui séjour-
nent au dedans des chambres du nez. Cependant il est manifeste que ces lames ne sont
pas au dedans de la cavité nasale , mais qu’elles en forment au contraire la partie exté-
rieure.
Ce qui est plus singulier , c’est que M. Geoffroy observant une tête sciée longitudina-
lement , mais qui n avoit pas été divisée parfaitement au milieu , a pris un reste de l’autre-
Coté de la voûte en question pour un os impair , qu’il a annoncé comme étant incontestable-
Te V orner ; et cependant le vrai vomer avoit été fort bien représenté par son dessinateur,
h " ® reconnu ce qui concerne la partie voûtée; il la déclare aussi une-
nc e de 1 os ptérygoïdien. Quant au prétendu vomer,, il dit n-’avoir pu d’abord s’assurer
/
78 OSTÉOLOGIE
Le corps du sphénoïde , x, ne donne lieu à aucune difficulté^ il esf
placé au centre du plancher du crâne, légèrement concave, portant
la partie du cerveau située derrière les tubercules optiques , s’articu-
lant par ses côtés , en avant avec les ailes temporales ,g > arrière
avec les rochers, et par son extrémité postérieure avec le basilaire
ou occipital intérieur, r, descendant entre cet occipital et les ptéry-
goïdiens,jf,/', de manière à ne se montrer à l’extérieur que par une
petite surface au-dessous de l’occipital inférieur. Un canal ouvert
dans cette surface traverse tout le corps de l’os, et s’ouvre en avant
par deux branches dans un large entonnoir où se loge la glande pi-
tuitaire; en avant de cet entonnoir, le sphénoïde donne une lame
Verticale tronquée , qui entre dans la composition de la cloison inter-
orbitaire , et qui en est la seule partie osseuse.
Au-dessus de cette lame est un espace vide dont les côtés sont
formés par les ailes temporales, et la voûte par le frontal. Dans l’état
frais, la cloison interorbitaire membraneuse et cartilagineuse aboutit
au milieu de cet espace , et se bifurque pour le fermer.
C’est par le haut de cet espace que passent les nerfs olfactifs ; par
le milieu passent les optiques. Des deux côtés de la lame verticale
osseuse du sphénoïde passent des vaisseaux ; les nerfs de la troisième,
de la quatrième paire, et la première branche de la cinquième pas-
sent, comme nous l’avons dit, par des trous particuliers de l’aile
temporale ; ceux de la sixième, par un canal du corps du sphénoïde.
11 est évident que. cette laine verticale, en avant de la loge de la
glande pituitaire, répond à une partie du sphénoïde antérieur des
mammifères, qui prend de même la forme d’une lame verticale dans
les espèces à cloison interorbitaire mince , telles que le sàimiri et
le chevrotainj en même temps il est clair qu’il n’y a point d’aile
àe ce qui en est, faute de pouvoir démonter la tête qu’il otservoit ; mais il paroit avoir re-
connu ensuite le vomer véritaLle en avant de cette partie voûtée , quoique dans sa figure
il ne le représente pas toüt-à-fait à sa véritable place.
M. Spix, qui a représenté une tête sciée longitudinalement, s’est garanti d’erreur pour
la partie voûtée ; mais il n’a pas marqué la suture qui en sépare en avant ce véritable vomer ,
queM. Oken seul paroît avoir aperçu.
DES CROCODILES.
orbitaire particulière , puisque les nerfs qui passent dans les mam-
mifères par la fente ou le trousphéno-orbitaire , ou en d’autres termes
dans l’intervalle de l’aile orbitaire et de l’aile temporale , passent ici
par des trous particuliers de l’aile temporale; et que le nerf optique,
dont l’aile orbitaire a essentiellement pour fonction d’entourer la
sortie , passe dans un trou de la membrane ou du cartilage.
J’ai trouvé dans des fétus un petit point d’ossification au-dessus
de l’endroit par où sort le nerf optique, lequel ne tarde pas à être
enveloppé dans l’agrandissement de l’aile temporale. C’est le seul
vestige d’aile orbitaire que j’aie aperçu, mais il est loin d’en remplir
les fonctions, car ce n’est point entre lui et le reste de l’aile c[ue
passent les nerfs de la fente sphéno-orbitaire.
C’est donc seulement dans la petite lame verticale qu’on pourroit
chercher un représentant osseux du sphénoïde antérieur, et j’avoue
que par ce goût naturel pour l’analogie , et indépendamment du
système des trois vertèbres céphaliques, j’aurois voulu trouver une
suture qui distinguât cette lame du reste du sphénoïde : je n’ai pu y
parvenir, même dans des fétus sortant de l’oeuf (i).
Pour compléter ce quia rapport au sphénoïde , il nous reste à
parler d’un os commun à presque tous les reptiles, mais qu’on ne
trouve séparé ni dans les mammifères , ni même dans les oiseaux ;
c’est ce grand os à trois branches, dy d, qui va de l’os ptérygoïdien
ou apophyse ptérygoïde interne à la réunion du jugal, du maxillaire
et du frontal postérieur (2).
(i) M. Oken et M. Spix, sans s’inquiéter s’il y a ou non des sutures , et sans faire remar-
quer qu’il n’y en a point , désignent dans leurs figures la lame verticale comme le corps du
sphénoïde anténeur , et la partie moyenne du bord antérieur des ailes temporales comme
les ailes orbitaires. Ce sont bien là en effet les parties qui y répondent, excepté que , même
dans les mammifères, le sphénoïde antérieur n’a pas de corps proprement dit ; mais il étoit
nécessaire d’observer que ces parties ne sont pas séparées. C’est encore ici une exception
notable au système de l’identité du nombre des os. M. Geoffroy , dans son analyse des os
U crocodile , après avoir mis hors du crâne les ailes temporales, ne s’est nullement occupé
n ce que pouvoient être devenues les ailes orbitaires.
le d’arranger son compte des os , en fait , comme nous venons de
temporale , quoique cette grande aile existe à sa véritable place,
en 1 appelle jugal antdricur, et le regarde comme le radius du membre supérieur
* OSTÉOLOGIE
J’avoîs d’abord imaginé de regarder cette pièce comme remplaçant
l’apophyse ptérygoïde externe , et je me confirmois dans cette opi-
nion en voyant que dans le cabiai l’apophyse ptérygoïde externe va
joindre, par son bord ordinairement libre, la réunion du palatin, du
temporal et du maxillaire^ mais depuis que je me suis convaincu que
cette apophyse n’est à aucun âge dans les mammifères séparée de la
grande aile temporale, je suis obligé de reconnoître que si ce n’est
pas ici un os nouveau , c’est au moins un démembrement prononcé
du sphénoïde , comme les os que j’ai appelés frontal antérieur et
frontal posrérieur sont des démembremens du frontal.
En aucun cas on ne peut le rapporter à l’un des os naturellement
distincts dans les fétus des mammifères.
Je me suis donc vu obligé de lui donner un nom spécial , et à
cause du rôle qu’il joue dans un grand nombre de reptiles, j’ai cru
devoir l’appeler l’o^ trarisuerse.
Pour terminer ce qui regarde le museau, fai quelques mots à dire
des parties ossifiées de l’ethmoïde.
Dans le crocodile comme dans les autres ovipares , plusieurs des
parties de l’ethmoïde restent cartilagineuses. Quatre seulement de-
viennent osseuses; deux premières ou inférieures sont articulées au
bord interne des palatins , en avant des frontaux antérieurs et de la
partie voûtée des os ptérygoïdiens. Entre elles et la partie voisine
des palatins commence de chaque côté le double canal des arrière-
narines, qui va se terminer au bord postérieur des os ptérygoïdiens.
Je regarde ces deux pièces comme analogues à la partie inférieure et
canaliculée du vomer dans les quadrupèdes.
Les deux autres pièces ossifiées de l’ethmoïde adhèrent au plafond
des narines, entre les nasaux, leslachrymaux, les frontaux antérieurs
et le frontal principal. Dans les caïmans, dans les gavials, je n’ai pu
de la tête ; mais cette dénomination et cette comparaison ne nous aident pai plus l’une que
j’autrc à retrouver son analogue dans les animaux des autres classes. M. Spix en fait l’hu-
mérus de ce même membre supérieur , et cette idée ne nous est pas d’un plus grand
seçours que celle de M. Oken.
DES CROCODILES. 8i
en rien voir en dehors ; mais on en distingue une partie dans les
crocodiles proprement dits, entre les frontaux et les nasaux, Voy.
Z y lig. I. Elles sont manifestement analogues à quelque portion des
cornets supérieurs.
Il nous reste maintenant à examiner le temporal , et à déterminer
l’analogie de toutes ses parties.
Nous n’y trouverons pas plus de difficultés que pour le reste de
la tête, en suivant toujours notre méthode.
Dans les mammifères , le fétus a cet os divisé en quatre pièces.
10. L’écailleuse et zygomatique , qui devient de plus en plus étran-
gère au crâne à mesure qu’on descend dans l’échelle des quadrupèdes,
en sorte que dans les ruminans elle est plutôt collée dessus qu’elle
n’entre dans la composition de ses parois ;
20. La tympanique , n’ayant d’abord d’ossifié dans le fétus que
le cadre du tympan, et s’étendant successivement de manière à
former une caisse et un méat extérieur ;
3o. Le rocher , qui enveloppe tout le labyrinthe membraneux 5
40. La partie mastoïdienne , qui l’ecouvre le rocher en arrière de
l’écailleuse et de la caisse , mais qui se soude de si bonne heure
à ce rocher que l’on parvient à peine à la reconnoître comme dis-,
tincte dans les plus jeunes fétus où elle est quelquefois double.
Dans le crocodile nous retrouvons aussi une caisse ou os tympa-
nique et trois autres os, dont deux extérieurs au crâne, et untout-
à-fait intérieur.
La caisse ,0, o' , se reconnoît aisément, puisc[u’elle donne attache
à la membrane du tympan, qu’elle loge l’osselet de l’ouïe, et qu’elle
contribue à former en grande partie une cavité au-devant des deux
fenetres , cavité du fond de laquelle part la trompe d’eustache. •
Le rocher ne se reconnoît pas moins à sa position intérieure, et à
ce qu’il loge en grande partie le labyrinthe, et contribue essentiel-
lement à la formation de l’une des fenêtres; mais dans le crocodile
la caisse ni le rocher ne suffisent à loger la cavité tympanique et le
labyrinthe.
La caisse communique avec de grandes cellules analogues aux cel-
T.V,2e.p. „
82 OSTÉOLOGIE
laies mastoïdiennes de l’homme, et qui s’étendent les unes dans
l’occipital latéral, 5, J, fig. 5, et les autres dans l’occipital supérieur,
q. Celles-ci sont même communes aux caisses des deux côtés , et
réunissent les deux cavités.
La trompe d’eustache est dans le même cas. Elle commence dans
un enfoncement du bas de la cavité de la caisse, descend presque
verticalement, et passe entre le basilaire, le sphénoïde et l’occipital
latéral, et se termine dans le squelette au point de réunion de ces
trois os ; mais ensuite elle se continue par un tube membraneux , et
se rapproche de sa correspondante pour arriver, par une ouverture
commune dans l’arrière-bouche , derrière les arrière-narines.
Le labyrinthe, comme la caisse, comme la trompe, est envi-
ronné de plusieurs os : sa partie principale, le grand sac du vesti-
bule , est logée dans une cavité aux parois de laquelle concourent
le rocher, l’occipital supérieur et l’occipital latéral; et les canaux
semi-circulaires supérieurs et postérieurs rampent dans des tubes
étroits creusés dans ces mêmes parois, et par conséquent dans ces
trois os.
La portion de ces parois qui sépare le vestibule de la cavité du
crâne est très-mince , et divisée par une suture à trois branches qui
marque les limites des trois os.
Du côté de la caisse la paroi est percée de deux fenêtres transver-
salement oblongues, et séparées par un filet mince.
La fenêtre supérieure, celle qui répond à l’ovale de l’homme et
que ferme l’osselet de l’ouïe , est formée , en partie par le rocher , en
partie par l’occipital latéral; et l’autre fenêtre, celle qui répond à la
ronde de l’homme, est toute entière dans l’occipitallatéral, auquel
appartient le filet qui les sépare (i).
Ces deux fenêtres sont allongées d’avant en arrière. Elles donnent
dans la même cavité osseuse qui est assez grande ; mais une arete
(i) Je ne m’explique pas comment M. de Blainville, dans l’ouvrage d ailleurs très-esti-
mable qu’il vient de donner sur l’anatomie comparée , nie à plusieurs reprises l’existence
d’âne seconde fenêtre dans les crocodiles , les tortues , etc.
DES CROCODILES. 83
mince, provenant de son fond et de sa cloison antérieure, et conti-
nuée dans le frais par une membrane , la divise en deux parties, dont
celle qui est inférieure et antérieure , et qui communique avec la fe-
nêtre inférieure, avec celle que dans l’homme on appelle ronde,
contient une petite masse lenticulaire d’une substance semblable à
de l’amidon durci , et tout-à-fait analogue à celle que l’on trouve
dans le sac de 1 oreille des raies et des squales. Cette partie externe
et anterieure représente manifestement le limaçon ; mais on voit
quelle est loin du développement qu’il offre, même dans les oiseaux,
où il est déjà si au-dessous de celui des mammifères par son peu
d’inflexion, bien que l’on y trouve (surtout dans les chouettes)
une cloison à demi osseuse , et déjà sensiblement tendante à la cour-
bure spirale. La partie interne et supérieure, dans laquelle donnent
la fenêtre supérieure ou analogue à l’ovale, et les canaux semi-cir-
culaires, est le vestibule.
Celte extension des deux cavités de l’organe auditif dans des os
différens se retrouve plus ou moins dans tous les ovipares. Celle des
cellules tympanicjues en particulier est beaucoup plus grande clans
•certains oiseaux.
En dessous , la caisse a une grande surface concave , qui s’arti-
cule avec le sphénoïde, le ptérygoide et la grande aile temporale.
C’est entre celle-ci et la caisse qu’est percé le trou par où passe
la cinquième paire, ce qui n’a rien d’étonnant; car nous voyons la
même chose dans plusieurs mammifères par rapport au trou ovale.
Le bord postérieur libre de la caisse, o' , qui fait saillie en arrière,
porte presc[ue en entier la facette articulaire pour la mâchoire infé-
rieure.
Ceci encore doit médiocrement nous surprendre , car dans beau-
coup de mammifères , dans l’homme même , l’os de la caisse contribue
déjà à former le bord postérieur de la cavité articulaire.
Nous verrons par la suite que toutes ces fonctions de l’os tympa-
nique dans le crocodile sont remplies dans les oiseaux par l’os que
1 on a nommé l’o^ carré , et que celui-ci ne se distingue que par sa
mobilité.
»
II
84 OSTÈOLOGIE
C’est ainsi que nous serons conduits à reconnoître dans l’os carré
un véritable os tympanique (i).
Ce n’est pas toutefois que cet os renferme toute la cavité de la
caisse , même en faisant abstraction des cellules mastoïdiennes ; mais
dans les mammifères il ne la forme pas non plus à lui seul : le rocher,
le temporal écailleux et souvent le sphénoïde y contribuent aussi.
La caisse est une grande cavité formée par plusieurs os j sa paroi
interne est toujours du rocher; l’os de la caisse forme en général une
grande partie de cette cavité, toute sa paroi extérieure etinférieure.
Le cadre du tympan est la partie de l’os de la caisse qui s’ossifie la
première; il arrive quelquefois, comme dans les sarigues, que c’est
la seule partie qui s’ossifie. Mais il n’y a, ni dans les mammifères, ni
dans d’autres classes, une époque où il existe un os de la caisse dif-
férent du cadre du tympan (2).
(1) C’est à M. Schneider qu’appartient cette détermination de l’analogie de l’os tynipa-
nique du crocodile et des autres reptiles avec l’os carré dans les oiseaux. Ce naturaliste nom-
moit cet os inlermaxillaira commun. Mais c’est M. GeofFroy ** qui a établi d’une manière
générale les rapports de cet os av'ec la caisse des mammifères , et son travail à cet égard ,
l’un des premiers qui ait eu pour objet direct de saisir l’analogie des os de la tète dans toutes
les classes, est certainement digne des plus grands éloges.
Cette analogie n’a fait dès lors que se confirmer par quelque côté qu’on l’ait envisagée , et
dans quelque genre d’ovipare que l’on ait cherché à la vérifier.
Il est fâcheux que son auteur en ait depuis altéré la pureté , en voulant faire entrer aussi
dans la composition de cette pièce l’analogue de l’os styloïde
(2) M. Oken en traduisant , soit le mémoire de M. Geoffroy , soit le mien , soutenoit
que nous avions confondu le cadre du tympan avec un prétendu os de la caisse. Il a déjà été
reclifié-à cet égard par M. Boiamis , dans l’Isis de 1821 , n". XII ; mais M. Bojanus , après
avoir reconnu la vérité par rapport aux mammifères , s’en éloigne aussitôt , et va chercher
dans les oiseaux le tympanique dans la lame inférieure du sphénoïde, et veut faire de l’os
carre un temporal ecailleux, réduit à ne servir qu’à l’articulation de la mâchoire inférieure.
Je dirai en passant que cet os tympanique , cet os carré , est pour M. Oken la clavicule , et
pour M. Spix l’ischion de la tête.
* Hist. .rimphib. natur. et litter. , fascic. II, p. 63.
Ann. du. Mus., t. X, p. 34» — 365, dans ses observations anatomiques sur le crocodile et dans son
DSléologie de la tôte des oiseaux.
Il m’a été impossible de m’expliquer comment M. Geoffroy a cru voir dans la tortue matamata et dans
Pornîthorinque et l’échidné un os slyloïdien et un os tympanique distincts, et tellement disposes que l’on puisse
soupçonner qu'ils se rcnnissenl dans l’os lympaniqne du crocodile. Cependant celte annonce peu claire a c'tc
rcpéte'c (.H la Tc'ritc, je crois, comme simple citation) par M. Meckel dans ses Matériaux pour l’Anatomie
comparée , t. II , p. ç8 et jg.
DES CROCODILES. 85
^Jâ caisse et le rocher une fois bien déterminés, il reste deux os
entre lesquels il faut choisir le représentant du mastoïdien et celui
du temporal écailleux et zygomatique.
Bien que dans le crocodile leur figure et leurs connexions ne soient
peut-être pas entièrement décisives , j’ai pensé dès l’origine comme
M. Geoffroy , que l’os lamelleux iP ,p, inséré entre la caisse et le
j’ugal, etoit le temporal écailleux; et que l’os triangulaire, n ,n , qui
est encore adhérent au crâne , qui couvre en partie les cellules
mastoïdiennes, devoit être le mastoïdien.
Le temporal écailleux se irouveroit entièrement séparé du crâne ,
mais ce ne seroit autre chose qu’une extension de ce tjue nous avons
déjà vu commencer dans les ruminans et dans les cétacés (i).
Ce qui confirme encore cette détermination, c’est c|ue cet os
prend dans les lézards et les tortues de terre la forme et les fonctions
d’une arcade zygomatique, et que dans les tortues de mer il s’élargit
et va s’unir au mastoïdien et au frontal postérieur^ en un mot, c’est
1 apophyse zygomatique du temporal , c’est un temporal dont la
partie crâniale a disparu.
Le mastoïdien des crocodiles proprement dits et des gavials , n ,
7Z, a cela de particulier, qu’il s’avance latéralement jusqu’à s’unir au
frontal postérieur, et à entourer avec lui et le pariétal le trou de la
face supérieure du crâne qui communique avec la fosse temporale ;
dans quelques caïmans il s’unit même à ces trois os pour couvrir en-
tièrement cette fosse en dessus, et dans les tortues de mer, nou-seu-
(i) G est cet os que M. Oken appelle son jitgal postérieur ou Yhumérus de la tête, et il
me reprend d’avoir fait de ce qu’il regarde comme l’ëcailleux mon frontal postérieur , disant
({'■l’on fait des noms nouveaux pour des os qu’on ne connoit pas.
Ce reproche est plaisant, au moment où lui-même , /ante die reconnaître cet os, crêoit
précisément pour lui ce nom nouveau de jugal postérieur; en supposant même que j’eusse
tort , j’aurais pu lui dire ;
Quid rides, etc.
Cet humérus de la tête de M. Oken devient pour M. Spix le pubis de cette même tête,
ou, pour parler un langage intelligible , un des osselets de l’ouïe , savoir, le marteau.
n marteau Lors de la cavité de l’oreille! un marteau enchâssé fixément entre le tymnaa
et le jugal i ^ ^
86 OSTÉOLOGIE
lement ils font la même chose, le temporal et le jugal venant aussi
à s^unir au mastoïdien et au frontal postérieur, ils couvrent la fosse
temporale , même par dehors (i).
Ainsi nous aurions déterminé tous les os du crâne et de la face du
crocodile.
intermaxillciires , les maxillaires, les nasaux, les lachry-
maux, iQ^jugaux, les palatins, s’y reconnoissent comme dans les
mammifères , y occupent les mêmes places et y remplissent les mêmes
fonctions.
Vethmdide est formé de même d’une lame cribleuse, d’ailes la-
térales , de cornets supérieurs, d’une lame verticale , mais il demeure
en grande partie cartilagineux.
Deux pièces paroissent représenter le bas d.e sa lame verticale ou
vomerj deux autres, quelque partie de ses anfractuosités supérieures.
Le frontal occupe la même place et les memes fonctions que
dans les mammifères j mais ses apophyses ante et postorbitaires sont
des os distincts.
\1 occipital est à la même place , remplit les mêmes fonctions que
dans les mammifères, et il reste divise en quatre parties comme dans
leurs fétus.
Le corps du sphénoïde est à la même place et remplit les mêmes
fonctions que dans les mammifères , mais il n est point séparé du
sphénoïde antérieur.
Ses grandes ailes sont à la même place et remplissent les mêmes
fonctions que dans les mammifères, mais elles demeurent toujours
séparées du corps de l’os comme dans les fétus de cette classe ; elles
(i) M. Geoffroy faisoit de ce mastoïdien son pariétal , parce qu’il nomraoit le vrai pariétal
M. Ulriclr en fait dans la tortue la partie écailleuse du temporal , qu’il sépare ainsi de sa
partie zygomatique , avec laquelle la première ne fait cependant qu’un os dans es etus des
mammifères. ^ ^
M. Spix croit aussi qu’il répond à la partie écailleuse du temporal , qu: il décoré du titre
^ iléon de la tête.
M. Oken est le seul qui s’accorde avec moi à l’appeler mastoïdien , mais ce mastoïdien
est pour lui V omoplate de la tete.
DES CROCODILES. 87'
embrassent une grande partie de l’espace et des fonctions des ailes
orbitaires.
Il ne reste de vestiges de celles-ci que de petits points d’ossifica-
tions libres dans la membrane qui ferme cet endroit.
Les ailes ptérygoides sont k la même place et remplissent les
mêmes fonctions que dansles mammifères , mais elles restent toujours
séparées du corps de l’os comme dans beaucoup de mammifères, et
s’unissent entre elles en dessous pour prolonger le tube nasal comme
dans les fourmiliers.
L’os de la caisse est k la même place et remplit les mêmes fonc-
tions que dans les mammifères , mais c’est lui qui donne la facette
pour l’articulation de la mâchoire Inférieure.
Le mastoïdien est k la même place et remplit les mêmes fonctions
que dans les mammifères, seulement ses productions s’étendent un
peu plus.
Le rocher est k la même place et remplit les mêmes fonctions que
dans les mammifères , seulement le labyrinthe s’étend dans les os
voisins.
Il reste entre la caisse et le jugal un os qui ne peut répondre qu’à
la partie zygomatique du temporal ^ et entre l’aile ptérygoïde , le
jugal et le maxillaire , un autre os qui répond , mais assez foiblement,
à une apophyse ptérygoïde externe du sphénoïde qui seroit entiè-
rement détachée de son os principal , ce qui ne lui arrive jamais
dans les mammifères.
Toutes les différences essentielles se réduiroient donc k cette dis-
tinction et à la division du frontal.
J ose dire que personne n’a encore ramené les os du crocodile à
ceux des mammifères d une maniéré aussi simple et aussi complète.
C’est pourquoi j’ai cru devoir extraire cet article de ma grande
Anatomie comparée elle placer ici , d’autant que ce point de départ me
sera nécessaire pour l’explication des têtes de quelques autres ovipares.
^ Mais nous n’aurions pas complété ce qui regarde la tête, si nous*
navrons dit un mot de l’osselet qui remplace dans le crocodile les >
quatre petits os de l’oreille des mammifères..
88 OSTÉOLOGIË
Il consiste dans une platine elliptique longue et étroite appliquée
sur la fenêtre supérieure, et de laquelle part un manche long et grêle,
qui va, en se ramollissant un peu, se fixer à la membrane du tympan;
il s’y recourbe, et la suit en s’y attachant fixément, et en prenant
une consistance cartilagineuse jusqu’à son bord postérieur. De la
paroi postérieure de la caisse part un filet musculaire qui s’attache
au manche de l’os vers le tiers de sa longueur, et un redoublement
de la tunique interne du tympan forme un ligament triangulaire qui
s’étend jusqu’au même point, et contribue ainsi à fixer ce manche à
sa partie recourbée et tyrapanique.
Il n’y a rien là qui puisse représenter l’appareil compliqué des
mammifères , et je ne puis que m’accorder avec les nombreux auteurs
qui ont considéré cet osselet comme un étrier (i) encore plus simple
que celui des oiseaux. Si l’on veut cependant donner le nom de mar-
teau à la branche cartilagineuse qui est enchâssée dans la membrane
du tympan , je ne m’y opposerai point ; mais je maintiendrai toujours
que la platine appliquée à la fenêtre ovale est analogue à celle de
l’étrier, et qu’il n’y a ni enclume ni osselet lenticulaire distincts.
Article II.
De la mâchoire inférieure et de sa composition.
•L’os de la caisse, o, se porte en arrière et se termine en o' , par
une facette transverse dirigée un peu en arrière, trois fois plus large
que longue, et dont la surface est légèrement ondulée. G’ est sous
cette apophyse que s articule la mâchoire inférieure par une facette
(i) Je dois surtout remarquer que je n’ai rien pu découvrir qui m’expliquât l’espèce d’an-
neau allongé que M. Geoffroy (Philos, anat. , t. I , pl. I , fig. lo et n , O) place à la suite
de la platine , ni par conséquent qui justifiât le nom d’osselet lenticulaire qu’il donne à cette
platine. Je suppose qu il a pris quelque partie de la membrane vestibulaire , car bien certai-
nement la platine est appliquée à la fenêtre ovale. Pour les oiseaux, auxquels il attribue une
structure analogue , tZ». , fig. 6 , 7 , 8 , je dois croire qu’il a pris quelque portion de la rampe
du limaçon ou de sa tunique interne.
• DES CROCODILES. 89
ondulée en sens contraire, et formant un gynglyme peu profond.
L angle postérieur se porte encore en arrière de cette facette , en
montant un peu pour donner attache au muscle analogue du digas-
tiique, en sorte cjue la mâchoire entière est considérablement plus
longue que le crâne (i).
Dans les mammifères, meme à l’état de fétus, aussitôt que leur
mâchoire inférieure a pris quelque consistance , elle n’offre plus
qu un os de chaque côté : ce n’est que dans de très-petits embryons
que 1 on peut encore en séparer les groupes de fibres 5 mais on ne les
voit pas former des os distincts unis par des sutures comme dans les
ovipares (2).
Le ciocodile, comme la plupart des reptiles, en a six de chaque
côté.
Le dentaire, u, dans lequel sont creusés les alvéoles de toutes
les dents , s’articule seul en avant avec son correspondant pour for-
mer l’angle antérieur ou la symphyse.
^ operculaire , &, ainsi nommé par M. Adrien Camper, couvre
presque toute la face interne, excepté tout en avant, où elle est for-
mée par le dentaire. Au reste celui-ci occupe encore une grande
partie de l’espace recouvert par X operculaire , qui repose sur lui par
une lame mince. ^
^ L angulaire , v , et le sur-angulaire , x, placés au-dessus l’un de
1 autre, s etendent ainsi jusqu’à l’extrémité postérieure : ils laissent
entre eux en avant un espace occupé dans sa partie antérieure par la
fin du dentaire, et ensuite par un grand trou ovale.
angulaire , v , est nommé ainsi parce qu’il occupe l’endroit où
estime postérieur de la mâchoire. Il se recourbe en dessous pour
(1) C’est cette circonstance qui avoit fait croire aux anciens que la mâchoire supérieure
e oit seule mobile. M. GeoJfwj a parfaitement expliqué la cause de leur erreur , Annales
au Muséum , t. X.
défi naturalistes ont avancé que la division qui se voit dans la mâchoire inférieure
rleT" les fétus ou les embryons de mammifères. J’ai fait des
cheval r ™ y La mâchoire inférieure du fétus de
ohaque'r 't encore longue que d’un pouce , ne forme déjà qu’un seul os de
^ aucune trace de suture régulière.
T. V, 20. P.
12
90 OSTÉOLOGIE
occuper un espace à la face interne de la mâchoire. Entre lui et l’o-
perculaire est à cette même face un autre trou ovale plus petit que
le précédent, et au-dessus de lui un grand vide, attendu que le sur-
angulaire ne se recourbe pas vers la face interne. La pointe anté-
rieure de ce vide est bordée d’un petit os particulier en forme de
croissant, marquées, que je nommerai complémentaire.
Le condyle , toute la face supérieure de l’apophyse postérieure
qui donne attache à l’analogue du digastrique, et toute la face in-
terne de cette partie appartiennent encore à un os spécial , y , que
j’appelle X ariicultiire.
sur-angulaire a été nommé autrefois coronoïdien- et, en effet,
il donne attache au crotaphyte par une petite crête qui se continue
un peu sur le complémentaire; mais cette circonstance n’a pas tou-
jours lieu dans les autres reptiles , c’est pourquoi j ai été obligé de
changer son nom.
Les mâchoires inférieures des crocodiles proprement dits ne diffè-
rent entre elles que par leur plus ou moins grand prolongement qui
lui-même correspond à celui du museau.
Article IIL
Des Denis.
Elles offrent plusieurs remarques intéressantes dans le crocodile.
La première, c’est que leur nombre ne change point avec l’àge. Le
crocodile qui sort de l’œuf en a autant que celui de vingt pieds de
long. Tout au plus les dernières sont-elles encore un peu cachées par
la peau des gencives. Je me suis assuré de ce fait sur une série de huit
têtes croissant en grandeur , depuis un pouce jusqu’à deux pieds.
La seconde, c’est cjue leur solidité intérieure ne se remplit jamais,
quoiqu’elles se forment , ainsi que toutes les autres dents, par couches
superposées.
Ces deux particularités tiennent à la manière dont elles se rem-
placent.
/
DES CROCODILES. 91
La bourse dans laquelle se forme la première petite coque de lai
dent de remplacement n’est pas renfermée, comme dans les mammi-
fères , dans une loge particulière qui se développeroit dans l’épais-
seur de l’os maxillaire ; mais elle pousse en quelque sorte du fond de
1 alvéole de la dent f|u’elle doit remplacer.
Cette petite coque ou calotte est d’abord sur la face interne de la
racine de la dent en place; elle en arrête la continuation de ce côté ,
et y occasione une ecliancrure par laquelle , en augmentant toujours
de longueur, elle finit par pénétrer dans le creux de la dent en place ;
elle achève alors de détruire par sa compression le noyau pulpeux
qui remplit ce creux, et c[ui fournissoit par ses exsudations la malière
dont la dent en place s’augmeutoit.
Aussi à c[uelque âge qu’on arrache les dents du crocodile, on
trouve, soit clans leur alvéole, soit dans leur cavité même, une petite
dent, tantôt sous forme de simple calotte encore très-mince et très-
courte, tantôt plus avancée et prête à occuper sa place quand l’an-
cienne qui l’enveloppe encore sera tombée.
Il paroit cpie cette succession se fait très-souvent, et qu’elle se
répète aussi long-temps cjue l’animal vit. C’est probablement ce qui
fait que les dents des crocodiles sont toujours fraîches et pointues,
et C[Lie les vieux, qui les ont beaucoup plus grandes, ne les ont pas
beaucoup plus usées que les jeunes.
J’ai observé tous ces faits dans une tête fraîche et dans plusieurs
conservées dans l’esprit-de-vin , et j’y ai très -bien distingué des
noyaux et des capsules semblables à ces mêmes parties dans les dents
des quadrupèdes.
Cette marche du remplacement des dents avoit été fort bien saisie
par Peirault et par Dtiverney pour sennr à V Histoire des
Anim,, t. III, p. 167),
M. Faujas a cherché à la contester; mais il n’a pas été heureux en
argumens.
« Cette dent intérieure, dàt-\\ {Essais de Géol, I, p. 47), est
>> à peine adhérente à l’alvéole et s’en détache avec facilité. — Elle
» ne forme cjuelquefois qu’une espèce de calotte non-adhérente, ete. »
12
Ç)1 OSTÉOLOGIE
Or tous ceux qui connoissent un peu les lois de la dentition savent
que les germes de dents ne peuvent s’observer autrement dans le
squelette, quand le noyau pulpeux qui les soutenoit et la capsule
membraneuse qui les enveloppoit ont été détruits.
(( La position de cette double dent, ajoute-t-il (^ibid.), est telle
)) que si elle venoit à être rompue par un coup ou par un acci-
)) dent , sa compagne éprouveroit nécessairement le même sort. »
Cela peut être vrai quelquefois à cette époque du développement
de la dent de remplacement où elle a déjà pénétré fort avant dans
le creux de la dent en place, mais cela ne prouve rien pour le cas où
celle-ci tombe naturellement.
Il y aune difficulté plus réelle qui a été saisie parM. Tenon, et
cjue ce savant anatomiste a résolue avec sa sagacité ordinaire.
Les dents du crocodile étant souvent des cônes parfaits qui vont
en s’évasant toujours vers la racine, comment peuvent-elles tomber
hors de leurs alvéoles dont l’entrée se trouve plus étroite c|ue le fond?
G est que la dent de remplacement, en se développant et en rem-
plissant le creux de la dent en place , comprime sa substance contre
les parois de l’alvéole, lui fait perdre sa consistance, la fait fendre,
et la dispose à se détacher au moindre choc au niveau de la gencive :
les fragmens restés dans l’alvéole en sont ensuite aisément expulsés
par les forces de la nature vivante.
On trouve souvent dans les crocodiles qui changent leurs dents de
ces anneaux formés dans l’alvéole par les restes des anciennes dents
cassées, et au travers desquels les nouvelles commencent à poindre.
Nous en verrons aussi de pareilles dans les mâchoires fossiles des
vrais crocodiles.
Le plus souvent la base du cône de la dent n’est pas entière, et
l’on y volt une échancrure plus ou moins profonde à la face qui re-
garde le dedans de la mâchoire : c’est que le germe nouveau se forme
un peu plus du côté interne de l’alvéole, et que c’est de ce côté cju’il
commence à empecher la continuation de la dent en place, comme
nous venons de le dire.
L’échancrure est proportionnée à la grandeur que le germe a ac-
q3
DES CROCODILES.
quise: quelquefois il y en a deux, parce qu’un second germe s’est
développé avant la chute de la dent en place j d’autrefois il y a un
trou au lieu d’une échancrure; enfin, tant que le germe est fort petit,
1 échancrure n existe pas, et le germe lui-même u’en a jamais.
INous n avons pas besoin de dire en détail que toutes les dents du
eiocodile sont aiguës, cju’ elles se croisent quand les mâchoires sont
feimees, qite leur email est plus ou moins strié sur la longueur,
quelles ont une arête tranchante en avant et une autre en arrière, etc.;
ce sont des faits généralement connus.
INous avons déjà vu dans notre section précédente en quel nombre
elles sont dans chaque espèce. Les trois sous-genres ont la première
et la quatrième de chaque cote en bas et la troisième en haut plus
longues et plus grosses; ensuite dans les crocodiles proprement dits
et les caïmans, c’est la onzième d’en bas, etleshuitième et neuvième
d’en haut.
Le caïman à paupières osseuses fait une légère exception : ce sont
ia douzième d’en bas et la dixième d’en haut qu’il a les plus longues.
près la quatrième, elles sont toutes presc[ue égales dans les ga-
vials : aussi leurs mâchoires ne sont -elles pas festonnées comme
celles des autres sous-genres. Ce festonnement augmente avec l’âge
et avec la grosseur des dents qui en est la suite. ^
La quatrième dent den bas peut porter le nom de canine, car
elle répond à la suture qui sépare l’intermaxillaire du maxillaire de
la mâchoire supérieure.
Les cinq ou six dernières dents de chaque côté sont plus obtuses
plus comprimées que les autres, et leur couronne se distingue de
eur racme par un étranglement notable ; mais cette différence n’a
!‘es glvMs!”*
94
OSTÉOLOGIE
Article IV.
De Vos hyoïde.
J’ai peu parlé de cet os dans mes descriptions de mammifères parce
qu’il y est assez connu, et qu’on le trouve rarement parmi les fos-
siles j mais il devient nécessaire que j’y donne plus d’attention dans
les ovipares, pour en suivre les variétés très-importantes à connoitre,
surtout par les inductions auxquelles elles nous conduisent relative-
ment h l’appai’eil brancliial des poissons. •
L’os hyoïde des crocodiles , comme leur stèrniim , comme leur
épaule, est des plus simples cju’il y ait dans la classe des reptiles.
Son corps , pl. V, fig. 3 et 4 , consiste en une grande et large plaque
cartilagineuse, convexe en dessous, concave en dessus, dont la partie
antérieure a son contour en demi-cercle , et dont la partie posté-
rieure , plus étroite , se termine en arrière par un bord concave. Les
angles latéraux un peu aigus de ce rebord postérieur s’ossifient petit
k petit, mais ne laissent pas de faire toujours corps avec le reste du
cartilage, en sorte qu’on ne peut pas même les considérer comme
des vestiges de cornes postérieures. La partie antérieure en demi-
cercle a deux petites échancrures, ci, ci, remplies par une membrane ^
derrière ce demi-cercle , là où commence le rétrécissement, s’articule
de chaque côté la corne antérieure, b, qui est osseuse, un peu en
forme d’équerre, se porte obliquement en arrière et vers le haut,
où elle se termine par un petit appendice cartilagineux, c, qui n’est
ni articulé, ni suspendu au crâne par un ligament, mais seulement
par des muscles que nous décrirons ailleurs, et qui ne sont pas sans
analogie avec ceux des oiseaux.
Le bord antérieur de la plaque se relève un peu à la base de la
langue, où il forme comme une légère représentation d’une épiglotte
qui seroit très-large et très-basse.
C’est sur cette plaque cartilagineuse que repose le larynx , indiqué
dans la figure par des points, composé seulement d’un cartilage cri-
DES CROCODILES.
coïde et de deux arythénoïdes annulaires, en sorte que la plaque fait
fonction à la fois d’épiglotte , de corps de l’hyoïde et de thyroïde.
Article V.
Des os du Tronc.
Les vej'tèhres.
Tous nos squelettes de crocodiles, ainsi’ que ceux de caïmans et
de gavials, ont sept vertèbres cervicales , douze dorsales, cinq lom-
baires et deux sacrées. Notre individu de Timor en a trente-quatre
caudales, ce cjui fait juste le nombre total de soixante vertèbres,
comme Ælien l’avoit annoncé d’après les prêtres égyptiens. Grew
eu avoit aussi soixante au sien , mais ce nombre est sujet à varier.
Perrault et Duverney n’en ont trouvé que cinquante-neuf à leur
squelette, et j’en compte quarante h la queue d’un jeune individu,
ce qui lui en fait soixante-six en tout. Quelques jeunes individus du
crocodilus biporcatus ayant été ouverts , on leur a trouvé quarante-
deux vertèbres, comme quarante-deux bandes k la queue.
C’est ce nombre qui me paroît le normal. Les nombres des jeunes
sont toujours plus complets , parce qu’aucun accident n’a encore
mutilé leur queue; et bien qu’à plusieurs reptiles, quand la queue
se casse, il en repousse une longueur plus ou moins considérable, ce
morceau revenu n’a jamais de vertèbres, et son axe n’est soutenu
que par une longue verge cartilagineuse.
Toutes ces vertebres, à compter de Vaxis, ont la face postérieure
de leur corps convexe, et l’antérieure concave, ce qui est important
à lemarquei pour la suite. L une et 1 autre de ces faces est circulaire. -
L'Atlas (pl. IV, fig. i)
Est compose de six pièces qui, a ce cju’il paroît, demeurent p en—
ant toute la vie distinctes, et ne sont retenues que par des cartilagesi-
La première, a, est une lame transverse qui fait le dos delà partie’
96 OSTEOLOGIE
annulaire. Elle n’a qu’une crête à peine sensible pour toute apophyse
épineuse.
Viennent ensuite les deux latérales, h ,h , qui portent la première
comme deux pilastres. Elles ont chacune une facette en avant, h' , b’ ,
pour le condyle occipital , une en arrière pour une facette corres-
pondante de la pièce antérieure de l’axis 5 et en haut une apophyse,
h", qui se porte en arrière, où elle a en dessous une facette qui est
la vraie facette articulaire.
La quatrième pièce, représente le corps : elle s’articule en avant
avec le condyle occipital , et en arrière avec l’apophyse odontoïde
de l’axis. Elle porte sur ses cotés les deux dernières pièces, d, d,
ou apophyses transverses, qui sont deu^c longues lames minces et
étroites.
VAxis ( fig. 2 )
K’a que cinq pièces: la supérieure, a, ou annulaire, se joint au
corps, h y par deux sutures dentées. Son apophyse épineuse est une
crête plus élevée en arrière.
Ses quatre apophyses articulaires sont presque horizontales.
A la face antérieure du corps se joint, par un cartilage, une pièce
convexe à cinq lobes, c , qui tient lieu d apophyse odontoïde par
son lobe moyen ; dont les lobes latéraux supérieurs s’articulent aux
facettes postérieures inferieures de 1 atlas, et dont les lobes latéraux
inférieurs portent chacun une branche comme à l’atlas il y en a deux.
Ces branches, d, d, paroissent aussi ne s’unir que par des cartilages.
Les cinq autres vertèbres cenncales
Sont à peu près semblables entre elles , fig. 3.
La partie annulaire, a, se joint toujours au corps, b , par deux
sutures dentées.
Les apophyses articulaires, c, c', sont dans une position oblique à
l’horizon, mais parallèle à l’axe de l’épine. Les antérieures, c, sont
toujours les extérieures dans l’articulation.
DES CROCODILES.
97
Les apophyses épineuses, d, sont médiocrement hautes, compri-
mées, plus étroites en haut, et légèrement inclinées en arrière.
Le corps a une apophyse épineuse en dessous, e, courte et un
peu fléchie en avant.
Il y a de chaque coté deux apophyses transverses, courtes: la su-
périeure, jC, est un peu plus longue, et tient à la partie annulaire;
1 inférieure, g ^ tient au corps et est un peu plus près du bord anté-
rieur.
Ces deux proéminences servent à porter ces petites côtes, ou , si
l’on veut, ces complémens d’apophyses transverses qui gênent la
flexion du cou du crocodile.
Chacun d’eux, h, a deux pédicelles, dont le supérieur, i, repré-
sente en quelque sorte le tubercule d’une côte, et ^inférieur, h, sa
tête.
De la réunion de ces deux pédicelles naît une branche longitudi-
nale terminée par deux pointes comprimées, qui se portent l’une en
avant, l, l’autre en arrière, pour toucher celles des deux vertè-
bres contiguës.
Les vertèbi'es du dos (fig. 4)
Ne diffèrent de celles du cou que par les points suivans :
lo, 11 n’y a que les cinq ou six premières qui aient des apophyses
épineuses inférieures, e,*
20. Leurs apophyses articulaires, c, c\ deviennent de plus en plus
horizontales ;
3o. Dans les quatre premières l’apophyse transverse , jT, n’est que
le prolongement du premier tubercule latéral des cervicales, et
son extrémité ne s’articule qu’avec le tubercule de la côte , i, qui
est très- saillant, et semble une deuxième tête. L’autre tubercule
latéral,^, est encore attaché au corps de la vertèbre, et reçoit la
tête de la côte, 7c,* mais, dans les suivantes, le tubercule latéral de la
vertèbre , s’allongeant et se déprimant toujours , devient une apo-
physe transverse ordinaire; en même temps le tubercule, i, de la
cote n’est plus qu’une légère saillie. La tête de la côte elle-même
T. V, 2e. P. l3
9^ OSTÉOLOGIE
s articule à une facette de la face inférieure et du bord antérieur de
1 apophyse transverse, qui n est que la facette, déplacée. Cette
tete de la côte se rapproche toujours de son tubercule.
Enfin les deux dernières côtes n’ont plus qu’une seule facette à
leur extrémité, qui s’articule à l’extrémité de l’apophyse transverse.
Il résulte de là que les quatre premières dorsales ont seules à leurs
corps une facette costale, et une à leur apophyse transverse; que
es SIX suivantes en ont deux à leur apophyse transverse; que les
deux dernicres n’y en ont qu’une.
Les lonihaù'es ne diffèrent des dorsales que parce qu’elles n’ont
pas du tout de ces facettes.
Lesapophyses épineuses , tant aux lombaires qu’aux dorsales, sont
droites, larges et carrées. La première dorsale seule a la sienne un
peu étroite et inclinée comme celles du cou.
Les deux vertèbres sacrées ont de fortes apophyses prismatiques ,
qui s élargissent en dehors pour porter l’os des îles. Ces apophyses
appartiennent au corps de l’os, et non à la partie annulaire comme
les apophyses transverses ordinaires, qui ici sont réduites à rien. La
suture qui sépare la partie annulaire traverse sur la racine des grosses
apophyses dont nous parlons. Dans les jeunes individus ces grosses
apophyses, ainsi que les apophyses transverses de la queue, se sépa-
rent même entièrement du corps par une suture particulière ; aussi
méritent-elles plutôt le nom de côtes que celui d’apophyses trans-
verses.
On voit, en fig. 8, et pl. V, %. 6, ces deux apophyses et leur
manière de s’attacher à l’os des îles.
Les vertèbres de la queue (fig. 5, 6 et 7)
Ont les mêmes parties que celles des lombes. Voici leurs différences,
jo. Leurs corps deviennent de plus en plus minces et comprimés;
20. eurs apophyses articulaires deviennent verticales jusqu’à la
seizième ou dix-septième ;
Ensuite les deux postérieures se réunissent en un plan oblique et
DES CROCODILES.
seulement échancré au milieu, qui appuie dans une échancrure plus
large de la vertèbre suivante j
do. Leurs apophyses transverses diminuent jusqu’à la quinzième
ou seizième, et ensuite manquent tout-à-fait;
Comme je viens de le dire , elles se détachent dans les jeunes sujets*,
et avec 1 Age elles se soudent au corps plutôt qu’à la partie annulaire ;
^o. Le lu s apophyses épineuses se rétrécissent et s’allongent jus-
qu’à la vingt-deuxième ou vingt-troisième, et ensuite rediminuent et
disparoissent vers les dernières j
5». A compter de la seconde, leur corps a en dessous, à son bord
postérieur , deux facettes pour porter un os mobile à deux bran-
ches, en forme de chevron, qui représente une sorte d’apophyse
epineuse inferieure. Voyez n , n, fîg. 6 et 7. J’ai trouvé de ces os
jusques aux dernières vertèbres*, mais ils vont en se raccourcissant,
et leur pointe en se dilatant, dans le sens de la longueur de l’animal.
Les côtes et le sternum.
Les côtes sont au nombre de douze de chaque côté , sans compter
les appendices des vertèbres cervicales cjue l’on pourroit fort bien
nommer des fausses côtes, et dont la septième, à la longueur près,
ressemble, à s y méprendre, à la première côte. Cette première côte
et les deux suivantes ont leur partie supérieure bifurquée , et don-
nant une tête qui s’articule au corps de la vertèbre , et une tubéro-
sité articulée à 1 extrémité de l’apophyse transverse; mais à compter
de la quatrième, il n’y a plus qu’une légère division en deux lobes,
articulés l’un et l’autre à l’apophyse traiisverse , dont l’extrémité est
ec ancree , pour recevoir 1 antérieur qui est un peu plus long que le
postérieur. La première et quelquefois les deux premières côtes pro-
prement dites n ont point de cartilage qui les joigne au sternum. Les
huit ou neui suivantes ont chacune un cartilage ou partie sternale qui
s ossifie pomptement, mais c[ui se joint à la partie vertébrale par
^^ne poition intermédiaire long-temps, et peut-être toujours, carti-
gineuse. Les six cotes qui suivent la troisième ont vers le bas de
13*^
100 OSTÉOLOGIE
leur partie osseuse, au bord postérieur, un appendice cartilagineux
qui rappelle l’apopbyse récurrente des côtes des oiseaux ^ et il y a
sous le ventre cinq paires de cartilages sans côtes, c[ui sont fixées par
les aponévroses des muscles, et dont les deux dernières vont se ter-
miner aux côtés du pubis.
Le sternum, pl. V, fig. 5, n^a d'osseux (même dans les pins vieux
individus) qu’une seule pièce, plate, allongée, pointue en avant et
en ariière, dont la partie antérieure se porte sous le cou , en avant des
os coracoïdiens, et dont la partie postérieure s’enchâsse dans un
disque cartilagineux rhomboïdal ou elliptique, au bord latéral anté-
rieur duquel est, de chaque côté, une rainure où s’articulent les os
coracoïdiens. Les cartilages des deux premières vraies côtes s’insèrent
au bord latéral postérieur. Ce cartilage se prolonge aussi en arrière en
une languette d’abord étroite, s’élargissant par degrés, recevant les
cartilages des trois côtes suivantes , se bifurquant alors, et portant ses
branches de côté pour recevoir encore ceux des trois dernières vraies
côtes. Elle a entre la naissance des deux branches une petite pointe
xyphoïde. Tout le long de la ligne blanche, qui est purement liga-
menteuse, s’attachent ensuite les cartilages ventraux, si particuliers
aux crocodiles, semblables à ceux des côtes, mais qui mancjuent de
côtes vertébrales. Il y en a six ou sept paires de cette sorte, garan-
tissant tout le bas-ventre, et la dernière touche au bord externe des
os pubis par ses extrémités externes qui se recourbent à cet effet (i).
Chacune de ces branches cartilagineuses est composée de deux pièces.
Article VL
I
Les os des extrémités.
lé o7ïioplate , pl. IV, fig. 9, est fort petite pour la taille de l’ani-
mal. Sa partie plane, a, est un triangle isocèle étroit, sans épine.
Son col, b , devient cylindrique, se recourbe en dedans , et s’évase
ensuite pour présenter une longue face, c, h l’os coracoïdien. Cette
(0 M. Geoffroy a décrit )e sternum du crocodile ( Philos, anat. , I , p. J23 et suiv. ) ; il y
lOI
DES CROCODILES.
face porte en avant, à son bord externe , une apophyse qui con-
tribue avec une apophyse' correspondante de la clavicule à former
la fosse qui reçoit la tête de l’humérus.
La tête de l’as coracdidien , fig. lo, se trouve donc ressembler,
pour la forme , à celle de l’omoplate. Son corps n’y ressemble pas
moins. H a aussi un col épais et arqué, h , et une partie plane, a ,
qui va , en s’élargissaiit un peu, s’unir au bord latéral du sternum.
L os coracoïdien fait seul dans ce genre l'office d’arc-boutant contre
le Sternum, attendu qu’itn’y a dans le Crocodile aucune véritable
clavicule. Aussi l’os coracoïdien a-t-il été pris long-temps, et par
moi-même, pour la clavicule.
Sa ressemblance avec l’omoplate est ce qui a fait dire à Grew que
le crocodile a deux omoplates de chaque côté.
U humérus, fig. 1 1 , A , par devant; B, par derrière ; C, en dessus;
D, en dessous, est courbé en deux sens; sa partie supérieure un peu
convexe en avant, l’inférieure concave. Sa tête supérieure est com-
primée transversalement. De son bord externe vers son cinquième
supérieur saille en avant une crête deltoïdale triangulaire, a. Sa tête
inferieure est aussi comprimée et élargie transversalement, et se di-
vise en avant en deux condyles, b , b.
Le cubitus , fig. i3 , a, n’a point d’olécrâne ni de facette sygmoide;
sa tête supérieure s’articule au condyle externe de l’humérus par une
facette ovale plus large du côté radial. Son corps est rétréci et com-
primé dans le sens transversal. Il se courbe un peu en dehors; sa
tète inférieure est plus petite, comprimée transversalement, plus
large et descendant un peu plus du coté radial.
Ije radius , b, est plus mince et plus court que le cubitus, presque
cylindrique. Sa tete supérieure est ovale: le grand axe antéro-pos-
térieur; 1 inférieure oblongue, plüs mince vers le cubitus.
11 n’y a que quatre os au carpe, un radial, c, et un cubital, d.
admet trois os, parce quil considère le cartilage demi-elliptique, dans lequel s’encliâsse
os long qui, selon moi, est le seul , comme lormant un second os, et le prolongement
cartilagineux et bifurqué , comme un troisième.
102 OSTÉOLOGIE
qui sont chacun rétrécis clans le milieu et élargis à leurs deux extré-
mités, mais dont le premier est du double plus grand que l’autre. Un
troisième, e, qui peut être regardé comme une espèce de pisiforme,
s’articulant à l’osselet cubital et au cubitus. Il est arrondi en avant,
et porte une sorte de petit crochet en arrière et en dehors. Enfin un
quatrième,/, de forme lenticulaire, entre l’osselet cubital et les mé-
tacarpiens de l’index et du médius.
Les métacarpiens ressemblent assez à ceux des mammifères. 11
faudroit des discours infinis pour énoncer leurs petites différences.
Nous les dirons si nous en avons besoin dans nos recherches ulté-
rieures.
Le pouce a deux phalanges; l’index trois; le médius et l’annu-
laiie quatre; le petit doigt trois. Ces deux derniers n’ayant point
d ongle, leur phalange onguéale est fort petite.
\Jos des îles iS,a, est placé presque verticalement : concave
en dehors, convexe en dedans, où il reçoit les apophyses transverses
des vertèbres sacrées.
Son bord supérieur et antérieur répond aux deux tiers d’un demi-
xercle. Son angle antérieur est émoussé, et offre une sorte de facette
articulaire; le postérieur est aigu: sa facette, qui fait partie de la
fosse cotyloïde, est en croissant.
\I ischion, b , est presque fait comme l’os coracoïdien. Il va se
joindre à son semblable par une partie plane en triangle isocèle; son
col est épais, et sa tête encore plus. Elle offre deux facettes: une rude
qui l’unit à l’os des îles, et une lisse qui contribue à former la cavité
cotyloïde. Du col part en avant et un peu en dehors une apophyse
plane qui supporte le -pubis.
Celui-ci, Cj est encore un os plane en triangle isocèle, porté par
un pédicule cylindrique, lequel s’articule à l’apophyse du col de
1 ischion. Les deux pubis ne se touchent pas, mais se portent obli-
quement en avant et un peu en dedans sous l’abdomen , soutenus
par la meme aponévrose qui réunit les fausses côtes abdominales.
IjQ fémur , fig. 12 , A , en dehors; B, en dedans; C, en dessus;
D, en dessous, est un peu pins long que l’humérus et courbé en
DES CROCODILES. io3
sens contraîie. Sa tete supérieure est comprimée dans un sens pres-
que ongitudinal, c est-à-dire antéro-postérieur; de sa face interne
veis son quart supérieur saille une éminence pyramidale mousse, a,
qui est son seul trochanter. Sa tête inférieure est plus large dans le
sens transversal, et se divise aussi en arrière en deux condyles
écartés, h , b.
Le a , a , fig. i6 et 17, A, par derrière; C, par dessus; D, par
dessous , s éloigné moins que le cubitus des formes ordinaires aux
mammiteres. Sa tete supérieure est grosse et triangulaire ; l’infé-
neure est en croissant posé obliquement, et sa surface est convexe.
pérojîé , b, fig. 16, est grele , cylindrique. Sa tête supérieure
très-comprimée; l’inférieure un peu triangulaire.
Le calcanéum, % 18, A, endessus;B, en dessous; C, en avant;
•D, par le côté interne, ne diffère pas autant que les autres os des
extrémités, de ce qu’on voit dans les mammifères. II a aussi sa tubé-
rosité postérieure, sa facette péronienne et son apophyse interne,
qui porte une facette calcanienne; enfin sa tête cuboïdale. Ses pro-
portions sont courtes et larges.
lézards, est d’une figure
es-differente de celle qu’il a ordinairement et fort irrégulière Voy
la fig. 16, c, etfig. 19, A, par devant; B , par derrière; G, en dessus^
et D, en dessous. Le contour de sa face antérieure est déterminé
par quatre faces : une supérieure , petite , carrée pour le péroné ;
une interne, oblique et allongée pour le tibia; une externe, en
orme de croissant, dont les parties supérieures et inférieures seule-
""1“ péronienne
Toute la partie inférieure de l’astragale est occupée par une sur-
face .rreguhere ..ès-bombée , dont la partie postérieure externe
porte î astragalienne du calcanéum, et dont le reste
Poite les deux premiers métatarsiens.
tars'e^ “ P™' P»™-' ceux du.
ogue duottéoïJu, e, fig. 1 6, placé entre le calcanéum et leS’
io4 os TÉ O LO GIE
deux derniers métatarsiens 5 un ciméifojyne , f , ib. , très-petit, qui
répond au second et au troisième métatarsien ; et un surnuméraire,
g, ib., aplati, triangulaire, à pointe faisant un peu le crochet , qui
s’attache au dehors du cuboïde. C est lui qui tient lieu du cinquième
doigt.
Les métatarsiens n’ont rien de remarquable j ils sont plus longs et
plus égaux que les métacarpiens.
Les nombres des phalanges sont, à compter du pouce, 2,3, 4 ? 4-
Le quatrième et dernier doigt n’a point d’ongle.
Principales dimensions d’un squelette de crocodile des Indes de
neuf pieds deux pouces de longueur totale, en mètres.
Longueur totale 3,
— de la tête °)44
Longueur du cou
— du dos 'J;4^
^ — des lombes 0,22
— du sacrum 0,9
. — de la cpeue • • • • *
Largeur de la tête aux condjles 0,225
— des condjles o,o5
— de la plaque supérieure du crâne. 0,12
Longueur de l’orbite 0,06
Largeur de l’orbite o,o/j2
Distance de l’angle antérieur de l’orbite au bout du museau. o,3
Longueur de l’omoplate .0,125
— de l’humérus. .'.... 0,195
Largeur de la tête supérieure de l’humérus. o,o5
— de la tête inférieure 0,045
Longueur du cubitus 0,1 25
Largeur de sa tête supérieure 0,082
— de sa tête inférieure 0,022
Longueur du radius 0,112
Largeur de sa tête supérieure 0,028
— de sa tête inférieure 0,025
Longueur de la main. o,i25
— de l’os des îles ^ jj
Hauteur de l’os des îles o,o65
Longueur du fémur o,2i5
Largeur de sa tête supérieure o,o52
DES CROCODILES.'
Laigeur de sa tête inférieure
Longueur du tibia
— du péroné
Largeur de sa tête supérieure
— de sa tete inférieure.
Longueur du pied
io5
0,045
o,i5
0,145
0,024
0,024
0,245
Article VIL
Comparaison des squelettes de cdimans et de gavials avec ceux
des crocodiles.
Toute la description des os, tant du corps que des membres,
que nous avons donnée dans les articles précédens, est prise, ainsi
que je 1 ai annonce, de 1 espèce des Indes ou à deux arêtes j mais elle
convient aussi aux autres espèces, même dans les trois sous-genres, à
quelques légères différences près, que nous indiquerons après avoir
parle de celles des têtes qui sont plus considérables.
lo. Des têtes de cdimans.
Les têtes de caïmans, outre le nombre des dents, et surtout la
manière dont la quatrième d’en bas est reçue , outre les différences
qm dépendent de la circonscription totale, se distinguent de celles
des crocodiles proprement dits , lo. parce que le frontal antérieur et
le lachrymal descendent beaucoup moins sur le museau: 20. en ce
que les trous percés à la face supérieure du crâue, entre le frontal
postérieur, le pariétal et le mastoïdien , y sont beaucoup plus petits,
souvent meme y disparoissent tout-à-fait, comme dans le caïman à
paupières osseuses; 3o. en ce c£ue l’on aperçoit une partie du vomer
ans le palais, entre les intermaxillaires et les maxillaires ; 40. en ce
que les palatins avancent plus dans ce même palais , et s’y élargissent
narines postérieures y sont plus larges
que longues, etc. ' J 1 b
T. V, ne. P.
io6
OSTEOLOGIE
20. Des têtes de gavials.
Les têtes de gavials diffèrent de celles de crocodiles proprement
dits d’une manière beaucoup plus sensible que celles des caïmans.
Voyez les fig. 5, 6 et 7 de la pl. III.
jo. Ce museau si énormément prolongé est formé en dessous pour
un tiers par les intermaxillaires, pour les deux autres tiers par les
maxillaires; les palatins y avancent en une pointe qui n’occupe que
le sixième de la longueur ;
20. En dessus les os du nez, h, h, sont bien éloignés d’aboutir à
l’ouverture des narines. Ils se terminent en pointe à peu près vers le
quart supérieur de la longueur; les intermaxillaires, a, a, entourent
les narines externes , et remontent aussi en pointe jusque vers le quart
inférieur de cette même longueur. Toute la partie intermediaire est
formée uniquement par les maxillaires, h, h'
30. Tout ce museau est à peu près en cylindre dépi’imé; vers le
milieu sa hauteur égale à peu près les deux tiers de sa largeur;
40. Le crâne est beaucoup plus large à proportion du museau et
à proportion de sa propre longueur; celle-ci est le quart de la lon-
gueur totale , et est moindre que la largeur d’environ un dixième.
Les orbites sont plus larges que longs ;
50. 'Le lachrymal, i, i, descend en pointe aiguë le long du nasal
beaucoup plus avant que le frontal antérieur, h, h-
60. Les trous interceptés entre le pariétal, le frontal postérieur,
h’ , h' , et le mastoïdien, n, n, sont énormes, plus grands même que
les orbites, et plus larges que longs dans l’adulte, ce qui rétrécit
beaucoup la partie du crâne c[ue couvre le pariétal;
70. Les trous de la face inférieure , entre les palatins, les maxil-
laires et les os qui joignent ces derniers aux ptérygoïdiens , sont plus
courts à proportion;
' ■8^. La cloison qui divise les narines ne se montre pas à leur ou-
verture postérieure ;
go. Les ptérygoïdiens , jT, y", forment au-dessus des palatins des
DES CROCODILES. 107
espèces de grosses vessies renflées et ovales de la grosseur d’un œuf
de poule, au lieu d’une simple voûte cylindrique comme dans les
crocodiles et les caïmans, etc. , etc.
Ces vessies ne communiquent avec le canal nasal c[ue par un trou
médiocre.
Je n ai point observé cette vessie dans le petit gavial, mais je sup-
pose d autant plus qu’elle est un produit de l’âge, que dans les vieux
crocodiles des Indes cet endroit est beaucoup plus renflé que dans
les jeunes. Elle a cette analogie de plus avec les sinus sphénoïdaux.
3o. Des mâchoires inférieures.
La mâchoire inférieure du gavial, outre son allongement qui ré-
pond à celui du museau , a cela de particulier que , sa symphyse ré-
gnant jusqu’auprès de la dernière dent, l’os dit operculaire s’y trouve
compris pour le tiers à peu près de la longueur <ie cette suture ; mais
1 os sur-angulaire, l’articulaire, l’angulaire et l’os complémentaire y
sont comme dans le crocodile j les deux trous ovales, le grand vide
de la face interne, l’articulation et l’apophyse postérieure y sont
aussi placés et configurés de même.
La longueur de chaque branche est à celle de la partie symphysée
à peu près comme 4 à 5 5 les branches forment ensemble une sorte
de parabole, dont la base est à l’axe comme 7 à 9 à peu près.
4°. Du reste des squelettes.
^ Je ne trouve entre le squelette du caïman et celui du crocodile
d autre différence si ce n’est qu’à longueur totale égale, celui du
caïman a presque tous ses os un peu plus larges à proportion.
Mon petit caïman à lunette a quarante-deux vertèbres à la queue,
ce qui lui en fait soixante-huit en tout.
Un caïman à museau de brochet de quatre pieds n’en a cjue trente-
sept j c’est en tout soixante-trois. Mais un squelette de cette espèce
que possède M. de Sœinmerring en a quarante-deux, c’est-à-dire
soixante-huit en tout.
iü8 OSTÉOLOGIE DES CROCODILES.
Je n’en trouve que vingt-quatre à un vieux caïman à lunette du
Brésil , mais on voit évidemment par le cartilage qui termine sa queue
qu’il avoit été mutilé de son vivant.
La forme des os du gavial ressemble aussi prodigieusement à celle
des os du crocodile, seulement les apophyses épineuses des vertè-
bres sont plus carrées. Je compte une dorsale de plus à mon indi-
vidu; mais comme il a une lombaire de moins, il est probable que
c’est une différence accidentelle.
La queue a quarante-une vertèbres; un autre Individu en a qua-
rante-deux. Le nombre total est donc à peu près comme au caïman.
Ainsi j’ai tout lieu de croire que nos crocodiles actuels, de quelque
sous-genre qu’ils soient, ont pour nombre normal des vertèbres sept
cervicales, douze dorsales, cinq lombaires, deux sacrées et qua-
rante-deux caudales, en tout soixante-huit, et que ceux où l’on en a
compté moins avoient éprouvé quelque mutilation.
CROCODILES FOSSILES.
Ï09
SECTION III.
Sur les Ossemens fossiles de Crocodiles.
Article i>remier.
Résume des découpertes d'os de ce genre faites antérieuremejit
à mes recherches.
Les crocodiles fossiles paroissent n’être pas très -rares dans les
couches secondaires anciennes, et ce qui est remarquable, c’est que
ien qu ils appartiennent à des espèces assez différentes entre elles ,
ds se rapportent presque tous au sous-genre à bec allongé, que nous
avons nommé le sous-genre gapials. Un examen superficiel avoit
eme ait croire a feu M. Faujas , sur la foi de Merk , qu’ils apparte-^
iOient gacial du Gange (i); ils’étoit plu h reproduire cette
erreur en divers endroits de ses ouvrages; il avoit même étendu
eue assertion (2) à des reptiles à museau court du genre des moni-
tois, et qui ne sont nullement des crocodiles, bien que ceux qui les
ont décrits les premiers les aient placés dans ce genre.
Nous venons en effet dans un autre chapitre que les prétendus
crocodiles des schistes cuivreux de Thuringe, dont ont parlé Spe-
ner ( ) et Link (4) , ne sont que des monitors.
les deux viendra-t-on même à rayer de la liste des crocodiles
les deux Ibssdes anciennement découvem en Angleterre, et publiés,
Chapmann ' William Stutely , l’autre en i ,58 par Woller et
de ta lHoitl. de Satm-Pierrs n .iS ..l ..e e . e
«) i,is,|,.99, 85.34 eliSi
.3.8, p. .88,pi:^II..
IIO CROCODILES
Le morceau de Stukely est décrit dans le XXXe. vol. des Trans.
phiL, p. 963. C’étoit une empreinte de squelette qui fut trouvée à
Elston, près de Newark, dans le comté de Nottingliam.
La pierre qui la portoit avoit servi long-temps près d un puits a
poser les vases de ceux qui venoient chercher de l’eau; l’empreinte
qui étoit en dessous fut aperçue un jour qu’on retourna la pierre par
hasard. G’étoit une pierre argileuse, bleuâtre, qui venoit jirobable-
ment des carrières de Fulbeck, lesquelles appartiennent au penchant
occidental de la longue chaîne de collines qui s’étend dans tout le
comté de Lincoln, et recèle beaucoup de coquillages et même des
poissons.
Comme à l’ordinaire, on jugea ce squelette humain; mais Stukely
s’aperçut bien vite du contraire , et le déclara d’un crocodile ou d’un
marsouin. C’étoit, comme on voit, se donner une assez grande lati-
tude. Cependant il est évident que sa première conjecture pouvoit
seule se soutenir , puisque , de son aveu, l’on voit des restes d’un
grand bassin qu’un marsouin n’auroit pas eus : aussi les descripteurs
de fossiles , comme W alch et autres , parlent - ils de ce morceau à
l’article du crocodile.
J’étois d’autant plus disposé à adopter cette opinion, que les bancs
d’où sortoit cette pierre ressemblent beaucoup à ceux de Honfleur
d’où l’on a véritablement tiré des animaux de ce genre ; mais depuis
la découverte faite dans ces mêmes bancs des animaux appelés ichtyo-
saurus et plésiosaurus, j’ai dû concevoir quelques doutes sur la jus-
tesse de cette conjecture.
On voit sur la figure une portion de l’épine qui contient seize ver-
tèbres, dont les apophyses épineuses sont un peu obliques, coupées
carrément et à peu près égales; les six antérieures portent de grandes
côtes. Il y a de plus en avant les fragmens de trois côtes qui tenoient
à des vertèbres que la cassure de la pierre a fait perdre ; tout ce qui
étoit au-devant est également perdu.
Les cinq vertèbres qui suivent celles qui portoient des côtes pa-
roissent avoir des apophyses transverses longues et étroites , ou peut-
être des fausses côtes peu allongées ; les quatre suivantes n’en ont
FOSSILES. ' iiï
que de petites. L’os des îles, ou du moins une empreinte qui semble
avoir quelque l’apport avec cet os dans le crocodile, vient après la
derniere de ces quatre ,. qui est la seizième en tout ; mais il est diffi-
cile de dire s’il n’a pas été déplacé, et l’on peut très-bien croire qnil
étoit originairement derrière la cinquième des vertèbres à grandes
apophyses trausverses, qui seroient alors les vertèbres lombaires.
\iennent ensuite douze traces qui pourroieut avoir été les marques
des os en V placés sous les vertèbres de la queue.
Sur les côtés sont deux os que Stukely prend pour des fémurs,
mais qu’à leur forme on jugeroit des os ischions assez semblables à
ceux du crocodile : cependant ils pourroient être mal dessinés ; et
Ion voit d’ailleurs auprès de celui du côté gauche deux empreintes
larges et courtes, qui pourroient être le haut du tibia et du péroné.
A côté des côtes sont aussi de petits stilets osseux qui peuvent
venir des os en chevron de la queue déplacés. Vers un angle de la
pierre, on croit remarquer quelques empreintes de doigts.
Les plésiosaures et les ichtyosaurus ont des os longs, fort ressem-
blans a ceux que nous venons d’indiquer comme pouvant être des
ischions de crocodiles, et si ce que, d’après la figure, je regarde comme
des empreintes d’apophyses épineuses étoit des corps de vertèbres,
il y auroit presque autant de probabilité en faveur de ces nouveaux
genres qu’en faveur de celui auquel ce morceau avoit d’abord été
rapporté. M. Gonybeare , dans son excellent mémoire sur le plésio-
murus , annonce que c’^est vraiment un individu de ce genre; mais
je ne sais s’il a vérifié son idée sur l’original, ou s’il l’a seulement
conclue de la mauvaise figure de Stukely.
Le morceau de Woller et Chapmann n’est pas plus facile à carac-
tériser. Il fut trouvé au bord de la mer près de Witby dans le comté
d’York, et décrit dans le L®*. vol. des Transact. phil.
11 étoit à un demi-mille de Witby, sur le rivage même, dans un
schiste noirâtre appelé roche alumineuse (sans doute parce qu’il
contient de la pyrite ) , et qui peut s’enlever en feuilles. On y voit
des cornes d’ammon dont l’intérieur est rempli de concrétions»
spathiques.
I 12
CROCODILES
Cette description convient si bien à celle des bancs où se sont
trouvés mes crocodiles de Honfleur, que je ne doute pas que le gise-
ment de celui-ci ne soit absolument le même.
La marée haute recouvroit chaque fois ce squelette de cinq ou six
pieds d’eau, et jetoit sur lui du sable et des galets qui lavoient fort'
endommagé. Comme il n’étoit qu’ii quelques verges du pied d’une
falaise très-élevée que la mer mine sans cesse , il n’y a point de doute
qu’il n’ait été autrefois recouvert de toute l’épaisseur de cette falaise.
Quand on le dessina, une partie des vertèbres et les os les plus minces
de la tête avoient déjà été enlevés par la mer ou par les curieux 5 on
en fit un dessin sur place , et on détacha ensuite les os le mieux
qu on put, non sans en briser plusieurs. Ils doivent être maintenant
dans les cabinets de la Société royale.
Le dessin montre une eolonne épinière contournée, longue en
tout de neuf pieds anglais, mais qui n’est peut-être pas complète, et
une tete un peu déplacée, longue de deux pieds neuf pouces.
Il ne reste en place que douze vertèbres de la queue, et une série
de dix autres vertèbres qui paroissent avoir formé les lombes, le
sacrum et la base de la queue ; celles du cou, du dos et du milieu de
la queue n’ont laissé que leur empreinte; mais il est impossible que
l’espace que ces dernières occupoient ait suffi à plus de huit, en sorte
C[ue la C|ueue n’auroit eu que vingtrdeux ou vingt -trois vertèbres
environ, si elle n’étoit pas tronquée au bout. Par une raison sem-
blable on doit croire que cette colonne épinière n’étoit pas complète
en avant quand elle a été incrustée dans la pierre; car il n’y a pas à
beaucoup près, la place nécessaire pour le nombre de vertèbres or-
dinaire aux crocodiles.
La tete est renversée, présentant sa face inférieure. On voit en
arrière le condyle occipital; aux deux côtés les arcades zygoma-
tiques qui se terminent en arrière , comme dans tous les cro-
codiles , en deux larges condyles pour la mâchoire inférieure ,
lesquels sont placés sur la même ligne transverse que le condyle
occipital.
Le crâne n’occupoit qu’un espace étroit, et l’intervalle entre lui
FOSSILES. iî3
et les arcades 11 etoit garni que de lamelles très-minces, venant sans
doute des lames ptérygoïdiennes.
En avant la tête se rétrécit, non subitement, mais par degrés ,
comme dans les crocodiles d’Altorf et de Honfleur, en un museau
pointu qui étoit recouvert en certains endroits par des restes de la
mâchoire inférieure, A ces endroits-là, on voyoit dans les deux mâ-
choires de grandes dents pointues, placées alternativement et se
croisant étroitement; mais à ceux où la mâchoire inférieure avoît été
emportée, les dents de la supérieure étoient aussi enlevées, et l’on
ne voyoit que leurs alvéoles profonds , et placés aux mêmes distances
respectives cjue les dents elles-mêmes, c’est-à-dire à trois quarts de
pouce. Vers la pointe il y avoit des défenses plus fortes que les au-
tres i^largejfangs'^. L’émail de ces dents étoit bien poli.
Les vertebres paroissent avoir été placées sur le côté; nous en
avons donne le nombre ci-dessus. Chacune d’elles avoit trois pouces
anglais de long ; elles u ont pas été décrites particulièrement, et il est
impossible de juger de leurs caractères par la gravure. Auprès de
1 endroit où devoit être le bassin, on trouva, en creusant la pierre,
une portion de l’os fémur, longue de trois à quatre pouces; mais il
n y avoit que très-peu de chose de la partie des os innommés à la-
quelle ce fémurs articuloit. Quelques fragraens de côtes se trouvoicnt
aussi auprès des vertèbres dorsales. Des témoins dignes de foi qui
avoient vu ce scjuelette avant que la mer l’eût autant altéré , assu-
rèrent Chapmann qu’ils y avoient aussi observé des vestiges d’extré-
mités antérieures.
Cette description est tirée en partie du mémoire de Chapmann et
c e celui de Woller , et en partie de leurs deux ligures. Tant que l’on
n a pas connu 1 ichtyosaurus et les animaux qui en sont voisins, elle
pouyoït suffire pour faire ranger ce fossile parmi les crocodiles.
Ainsi Camper sans doute ne se souvenoit plus de toutes les cir-
constances énoncées dans les descriptions lorsqu’il prononça que
e^oit une baleine; car la seule présence des dents aux deux mâ-
choires suffisoit pour réfuter son assertion , puisque les baleines
ont aucunes dents. Aussi cet habile anatomiste ne donne -t- il
T. V, 20. P.
ii4 CROCODILES
aucune raison de son opinion, et l’exprime simplement en passant.
Feu M. Faujas s’est expliqué avec plus de détails, et a voulu mo-
tiver le nom de physeter qu’il donne à ce squelette. « Cet animal,
i) dit-il , n’ayant point d’apophyses aux vertèbres , et étant sans bras
>y et sans jambes, ne sauroit être un crocodile , mais un physe-
y> ter (i). » Mais l’extrême fatalité qui semble avoir poursuivi ce
savant géologiste dans toute cette matière des crocodiles, l’a fait
pécher ici dans tous les sens possibles.
I O. Cet animal avoit des apophyses aux vertèbres , des bras et des
jambes, selon le rappoi't exprès de Chapmann et de Wollerj
20. Quand même il n’auroit pas eu d’apophyses ni de bras, ce
n’auroit pas été une raison pour qu’il fut un physeter, car les physe-
ters en ont; ç’auroit au contraire été une raison de plus pour qu’il
n’en fut pas un \
3o. D’ailleurs la présence des dents aux deux mâchoires ne per-
mettoit nullement de le nommer physeter, puisque le caractère des
physeters ou cachalots est de n’en avoir qu’à la mâchoire inférieure ;
4°. Enfin la présence d’un fémur et d’une portion de bassin l’ex-
clut entièrement de l’ordre des cétacés, qui n’ont que de fort petits
vestiges de pubis.
II reste maintenant à savoir si c’est un crocodile ou Tun de ces
nouveaux genres découverts dans les mêmes bancs. Les os des ex-
trémités y sont trop incomplets, et la tête n’y est pas représentée
avec assez de détails, pour décider la question; mais les vertèbres me
paroissent plus longues relativement à leur diamètre que dans les
nouveaux genres , et plus semblables par ce caractère à celles des
crocodiles. Ceux qui retrouveront l’original, s’il existe encore,. pour-
ront seuls nous apprendre si les autres caractères répondent à celui-
là. M. Conybeare (/oc. cit.') assure n’avoir point eu d’occasion de
l’observer.
Les crocodiles de Franconie n’ont pas été connus sitôt que ceux
d’Angleterre , mais leur genre n’est pas sujet aux mêmes doutes.
(l) Essais, dÿ Géologie ,1, . 'P . i6o..
FOSSILES. u5
Autant qu on en peut juger, ils sont aussi dans une gangue très-
semblable à celle de Honfleur.
On la décrit comme une pierre calcaire ou mauvais marbre de
cou eur grise , toute pétrie d’ammonites et d’autres coquilles an-
ciennes. Les carrières sont près de la petite ville d’Altorf, qui étoit
autie GIS sujette de celle de Nui’emberg, et qui vient de passer avec
e e so^ s a omination du royaume de Bavière. La position des cou-
ches s accorde avec leur nature jmur les faire considérer comme ai>
partenant aux assises moyennes du Jura.
La première tête du genre dont nous parlons fut découverte par
un bourgmestre d’Altorf nommé Bauder, et décrite en 1776 par
Walchj dansle IX^. cahier de l’ouvrage périodique allemand inti-
tulé le Naturaliste {Naturforscher) , p. 279. On y donna la figure
du museau seulement, pi. IV, fig. 8. VV'alch la regarde comme appar-
tenant au gavial: le reste de la tête, dit-il, étoit resté adhérent à la
pierre, de manière qu’il étoit impossible d’en donner une figure dis-
tincte. °
Merk , en 1 786, dans sa troisième Lettre sur les os fossiles, p. 25 ,
it aussi avoir possédé une tête de gavial de ces carrières, laquelle a
passe dans le cabinet de Darmstadt ; mais M. Sœmmerring semble
croire que c’étoit la même que celle de Bauder, et en effet, bien que
mal dessinée, la figure citée ci-dessus paroît s’y rapporter.
11 y en a une dans le cabinet de Manheim qui est incontestable-
ment d’un autre individu.
Collim l’a décrite et représentée, en .784, dans les Mémoires de
Academte palatme, t. V, pl. III , fig. r et e , en hésitant s’il devoit
autre animal marin. ’ ""
Feu M. Faujas a pubUé de nouvelles figures des morceaux de Col-
lim (i) et de Merk qu’il avoit fait dessiner dans un de ses vovaues •
iîiaisces figures sont peu exactes. ^ ^ ’
Celle de la tête de Manheim surtout, comparée à la figure et aux
i5 *
P) Hitt. de la Mont, de Saint-Pierre , pl. LUI.
CROCODILES
ii6
mesures précises données par Collini , se trouve avoir le museau de
])lus d’un quart trop court.
Cette tête a, selon Collini, un pied sept pouces (o,5i5) de lon-
gueur, quoique le museau soit tronqué, et cinq pouces six lignes
(0,149) largeur à la base.
C’est comme 38 à 1 1 , ou près de trois fois et demie la largeur.
La figure de Collini annonce même une longueur encore plus con-
sidérable, et qui égaleroit quatre fois et demie la largeur; tandis que
dans la figure de M. Faujas elle n’est pas tout-à-fait triple.
Le discours de ce dernier auteur n’éclaircit pas l’obscurité pro-
duite par la figure ; car dans un endroit il dit que cette tête a deux
pieds de long (i) , dans un autre il s’en tient à la mesure donnée par
Collini (2).
Le dessinateur de Collini s’est-il trompé en plus.^ celui de M. Fau-
jas s’est-il trompé en moins? ou le morceau a-t-il été raccourci par
quelque accident? c’est ce que le premier observateur qui visitera ce
cabinet pourra sans doute nous apprendre (3). Quant à moi, d’après
ce que je dirai plus bas sur une des espèces de Honfleur, je suis per-
suadé que le dessinateur de Collini est encore celui qui nous donne
l’idée la jtlus juste de ce morceau.
Quoi qu’il en soit, dans le grand gavial du Gange, la longueur
est à la largeur à la base comme à 9, ou la comprend un peu plus
de deux fois et deux tiers de fois ; par conséquent la tête fossile n’est
pas de la même espèce.
D’ailleurs la forme de la tête de gavial qui se rétrécit subitement
en avant pour former le museau, et dont le crâne est plus large
que long, est toute differente de celle de ce fossile, dont le crâne
est oblong et diminue graduellement en avant. Sous ce rapport, l’a-
nimal d’Altorf ressemble essentiellement à l’un de ceux de Honfleur.
11 y avoit des embarras semblables sur les dimensions de la tête de
(1) Hist. de la Mont, de Saint-Pierre, 25o.
(2) Essais de Géologie , I , jJ. i6i.
(3) J ai prie M. Succow, directeur du cabinet de Manlieim , de me jirocurer un dessin
exact de ce morceau , et j’espère pouvoir en faire, jouir mes lecteurs.
FOSSILES. iir^
Darmstadt: Merk, dans une lettre à M. de Soèmmerring , en portoit
la longueur à vingt-six pouces. Si c’est la même que celle de Bauder ,
elle n en auroit eu selon TValch que vingt-trois. Cette dernière me-
sure s accorde assez avec celle de M. Faujas, qui lui en donne vingt-
deux. Mais d un autre côté, la figure de M. Faujas ne ressemble
pas à celle de Walcli, et le nombre des dents annoncé par Merk et
par M. Faujas est plus considérable c£u’il ne paroît dans W^alch.
M. Schleyermacher vient de mettre tin h ces incertitudes, en m’a-
dressant de beaux dessins de ce fossile, faits avec la dernière exac-
titude, par M. Müller, directeur de la galerie de Darmstadt. On
y voit que le fragment de museau ne se joint pas complètement au
reste de la tete, c[u’ ainsi Ion ne peut assigner parfaitement la lon-
gueur de celle-ci, mais quelle va en diminuant par degrés du
crâne au museau, et ressemble par conséquent à celles de Honfleur.
Nous y reviendrons à l’article de ces derniers.
La couleur grise de la pierre, les cristallisations spatbiques dont
les os sont remplis , selon Collini , sont autant de circonstances qui
font ressembler la gangue de ces animaux à celle des ossemens de
crocodile de Honfleur que je décrirai bientôt ; et il est fort à regretter
que quelque minéi-alogiste moderne ne nous ait point encore décrit
ces carrières d’Altorf, ni rapporté exactement la nature des couches
placées au-dessus et au-dessous de celles qui ont fourni les os de
crocodiles.
H paroît que l’on a déterré de ces animaux en d’autres endroits de
1 Allemagne, mais on n’a aucune indication précise des couches qui
les renfermoient.
Ainsi, selon Schrœder (i), on auroit découvert en 1755, àErke-
rode h une demi-lieue de Brunswick, un squelette entier de croco-
dile, dont la tête, longue d’un pied, avec toutes ses dents, seroit
dans le cabinet ducal de cette dernière ville. C’est encore là un de
ces trésors que l’incurie des gardiens des cabinets des princes semble
se faire un plaisir de cacher au monde savant.
(0 Matériaux pour VHist. nat., en allem., 1774,11. ,48 , cité par M. de Sœmmerring.
ii8 CROCODILES
Quant aux os du crocodile du Vicentin, leur gangue ne ressemble
pas précisément à celles des échantillons précédons, mais elle ap-
partient aussi au calcaire dit du Jura.
Il en fut découvert des portions considérables de mâchoires dans
une montagne près de Rozzo, district des Sept Communes, sur les
confins du Vicentin et du Tyrol , et ce morceau se trouve aujourd’hui
dans le cabinet de M. Jérôme Berettoni à Schio : il est dans une
pierre calcaire d’un jaune rougeâtre.
M. le comte Marzari Pencati de Vicence, dans une lettre à
M. Isimbardi sur les terrains du val ïravaglia, nous apprend que
cette pierre est le calcaire ammonitifère du Jura, lequel est recour-
vert par cet autre calcaire du Jura qui manque de coquilles.
M. Faujas fait mention de ce crocodile {^Mont. de Saint-Pierre ,
p. 225, et Essais de Géologie , I, p. i65i), d’après un dessin que
Fortis lui avoit procuré , mais qu’il n’a point fait graver.
M. le comte de Sternberg y a suppléé dans son Voyage en
Tyrol y etc., publié à Ratisbonne en i8o6, où il donne une bonne
figure de ce morceau , réduite h demi-grandeur.
On y voit la portion antérieure du museau et les deux moitiés de
la mâchoire inférieure détachées l’une de l’autre , mais restées presque
dans leur position naturelle. La mâchoire inférieure est longue de
vingt-cinq pouces et demi et large de huit, mesure de Vienne (i).
Une bonne partie des dents étoit tombée, et avoit été saisie ensuite
par la pierre où elles entourent les os maxillaires. On voit d’ailleurs
en place leurs alvéoles et même une partie de leurs racines; mais
M. de Sternberg assure qu’il n’y a point de petite dent dans la cavité
des grandes.
La mâchoire supérieure ne montre que deux de ces alvéoles en
avant, et cinq sur l’un de ces côtés, l’autre côté les ayant toutes
perdues; mais on en voit encore seize d’un côté et douze de l’autre
à l’inférieure.
Ces ossemens paroissent bien appartenir à un crocodile ; mais il
(i) Sternberg , loc. cit. , p. 86 et 87.
FOSSILES.
est fort aisé de^ s’apercevoir qu’ils ne viennent pas du gavial ordi-
naire , comme l’assure si positivement M. Faujas. La portion posté-
^ 6 e la mâchoire ne seroit pas presque en ligne droite avec l’an-
erieure, cest-à-dire avec celle qui appartient à la symphyse, mais
elle feroit avec elle un angle pour s’écarter davantage de sa corres-
} ou ® autre côté, ainsi qu’on peut le voir en jetant un coup
arvraigaviat’™ mâchoire inférieure
^ Ce caractère suffit pour distinguer cette tête de crocodile , et prin-
cipalement sa mâchoire inférieure, de celle du gavial, et pour la rap-
procher beaucoup de celle d’Altorf et de l’une de celles de Honfleur.
‘ e nhesiterois même pas à les regarder toutes les trois comme ap-
partenant à une seule et même espèce , s’il étoit sur de s’en rapporter
e simples dessins dans des matières aussi épineuses.
véritables crocodiles, que les natu-'
.atees avorent fart connoître avant la première édition de cet ou-
ouJ'ét'é d qui
ecouverts depuis par moi ou par d’autres.
e commencerai par le plus complet et le plus incontestable de
- ----- -
Je traiterai en second lieu de celui qui a été récemment découvert
dans les carrières de pierre à chaux des environs de Caen.
mêle ZsT "“'t" Pêlu-
fleur et du Hâ^r pyriteuses des environs de Hon-^
.■ao5L''fixS TàTr' e, leurs ca-
distinction. ' “ nécessaire pour établir leur
Je terminerai cette section par les fragmens trouvés en divers
pas airm“f'r“‘
Je nCrl"'’ certithde les espèces.
“ai point a parler des prétendus crocodiles de Dax qui ne
120 CROCODILES
sont que des dauphins (i), non pins que de ceux de Thuringe qui,
I ainsi que je l’ai dit plus haut, sont des raonitors.
Article II.
Du Gavial des schistes calcaires de Moniieim en Franconie ,
décrit par M. de Sœmmerring.
Il est peu de contrées plus célèbres pai'rai les naturalistes et les
amateurs de pétrifications, que celle qui s’étend le long des rives de
rAltmuhl, l’un des affluens du Danube, vers Pappenheim et Aich-
sted, où de nombreuses carrières d’un schiste calcaire blanchâtre que
l’on exploite pour en faire des carreaux d’appartement , et que 1 on
débite dans une grande partie de l’Europe et jusques en Asie, offrent
sans cesse des empreintes de poissons et de crustacés, entièrement
étrangers à l’Allemagne d’aujourd’hui, et peut-être encore pour
la plupart inconnus dans la nature vivante , et ont donné aussi
quelques reptiles fort curieux, dans le nombre desquels on doit re-
marquer surtout les ptérodactyles que nous décrirons bientôt.
Ces schistes vont acquérir une célébrité encore plus générale par
l’emploi que l’on en fait depuis quelques années pour 1 art merveil-
leux de la lithographie, qui a d’abord été essayé sur eux, et auquel
ils sont en effet plus spécialement appropriés qu’aucune autre pierre.
Le profond géologiste M. Léopold de Buch, dans une lettre à
M. Brongniart, imprimée dans le Journal de Physique d’octobre
1822, t. XCY, p. 208, a fait connoître leur position précise.
Ils appartiennent à cette prolongation de la chaîne du Jura, t[ui ,
après avoir laissé tomber le Bhin à Schaffhouse, s’étend en Allemagne
jusque sur les bords du Mein , et près de Cobourg.
La vallée de l’ Altmuhl a ses flancs très-escarpés , et il est aisé d’y
voir, sur deux cents pieds de hauteur, les couches qui les composent.
(i) Ceci répond à la question de M. de Sœmmerring , sur ces prétendus crocodiles de Dax,
dans son Mémoire sur le squelette de Monheim , § 17.
FOSSILES. 121
Les schistes calcaires, si riches en poissons, en crustacés, en reptiles,
en astéries même, mais qui ne contiennent presque d’autres co-
quilles que deux espèces de tellines et c[uelques petites ammonites,
y occupent le sommet. Ils reposent sur une masse considérable de
dolomie ou calcaire magnésien, dont M. de Buch donne une his-
toire fort intéressante. Elle n’est point stratifiée , et u’offre presque
nulle part des traces de pétrifications. Cette dolomie et les schistes qui
la recouvrent n existent pas à beaucoup près dans toute la ehaine du
Jura. Ils ne commencent à paroître qu’entre Donawert et NordJingen.
La dolomie elle-même s’étend vers le nord beaucoup plus que les
schistes, et c’est dans ses masses que sont percées les fameuses cavernes
à ossemens dont nous avons parlé dans notre quatrième volume.
Sous elle sont des bancs de calcaire blanc-grisàtre , compacte, sans
éclat, à cassure écailleuse, riche en ammonites, qui fournissent d’é-
normes pierres de taille , et enfin un grès brun ou gris, à grain fin,
qui sert de base à toutes les collines de ce canton.
La plus célébré de ces carrières de schistes est celle de Solen-
hoffen dans la vallee même de l’Altmuhl, un peu au-dessous de
Pappenheim,, dont Rnorr a donné une vue au frontispice du pre-
mier volume de ses Monumens du Déluge.
Le fossile qui va nous occuper s’est trouvé à peu de distance de
ce lieu.
On le découvrit à Daiting, à deux lieues de Monheim, au sud-
ouest de SolenhofFen , dans le canton communément appelé Meu-
lenhard, endroit où il y a une exploitation de fer en grains, dont le
minerai remplit les vides et les fentes des couches du scliiste. M. le
comte de Reisach, préfet de Monheim, donna ce superbe morceau
a M. de Sœmmerring, qui la fait connoître dans un mémoire lu à
l’Académie de Munich, le i6 avril i8i4, imprimé dans le recueil de
cette compagnie savante , et dont on a quelques exemplaires à part.
Les deux plaques qui le contiennent sont d’un calcaire schisteux
niarneux, gris-jaunâtre , tacheté d’oxide de fer roux etjaune, et mêlé,
Cl et la, de parcelles de quartz, avec des veines très-déliées, noirâ-
tres et cristallisées.
T. V, ae. P.
i6
122 CROCODILES
On y voit quelques empreintes que l’on a rapportées à des*ammo-
nites, mais qui, d’après la figure, pourroient également bien venir
de planorbes.
Il y a aussi l’empreinte de la queue d’un petit poisson, et quel-
ques restes d’un insecte.
Les os eux-mêmes sont plus bruns que la pierre : d’après l’analyse
que M. Gehlen en a faite, ils n’ont pas perdu toute leur matière ani-
^ male, et conservent particulièrement une proportion notable d’acide
phosphorique.
La plus grande de ces plaques, longue de trois pieds sur quinze
pouces de largeur, contient la tête , le tronc et la queue de cet ani-
mal , d une extrémité à l’autre et fort peu dérangés , et un pied de
derrière presque entier, détaché du tronc et incrusté à cjuelque dis-
tance : des parties écailleuses y sont mêlées aux os.
M. de Sœmmerring a publié une excellente figure de ce morceau,
dont nous donnons une copie réduite et au trait, pl. YI, fig. i.
On y voit la mâchoire inferieure par sa face supérieure, por-
tant vingt-cinq ou vingt-six dents de chaque côté, ayant les branches
écartées de 3o°; la supérieure (3) par sa face palatine, la paroi supé-
rieure et d’autres parties du crâne ensemble, mais un peu détachées
d avec le museau. Le condyle (c) pour l’articulation avec l’atlas, et
la facette articulaire de l’os tympanique (d') pour la mâchoire infé-
rieure s’y reconnoissent néanmoins très-bien. La série des vertèbres
n’est dérangée c[ue vers le bout de la queue, et en contient soixante-
dix-neuf. Celles du cou ont perdu leurs apophyses transverses ou côtes
cervicales. Vingt-trois côtes, plus ou moins entières, sont toutes hors
de place ou à peu près. On voit encore un fragment de sternum (e) ,
un os des îles (J') , un os ischion du côté gauche , et un os coracoïde
C^') , tous les trois détachés , et quelques autres os moins détermi-
nables. Le pied de derrière gauche y est à sa place (en h) , inaisjléta-
che et désarticulé; le pied de derrière droit y est au contraire jeté
hors de place (en^), mais a conservé ses parties dans leurs connexions
naturelles.
Cette figure nous met à même de déterminer les caractères de cet
FOSSILES. 123
nimal aussi exactement que si nous l’avions sous les yeux , et c’est
e que nous allons essayer de faire. Notre travail ne laissera pas que
e conservei quelque utilité, parce que le savant anatomiste auquel
ous evons ce mémoire, au moment où il l’a fait imprimer, n’avoit
pas encore le dessin de squelette de petit gavial que je lui ai fait
enii , et qm a été gravé depuis dans l’ouvrage de MM. Oppel et
Iiedeman sur l’histoire des crocodiles.
Un premier coup d’oeil jeté sur ce fossile fait voir qu’il ressemble
au petit gavial plus qu’à aucun autre animal connu.
II en a en gros les proportions, le nombre des parties, la forme
du museau, celle des pieds, des dents, etc.; en un mot, il faut
quelque attention pour en découvrir les différences, mais on trouve
bientôt que celles-ci sont tout-à-fait spécifiques.
1°. La partie symphysée de la mâchoire inférieure est beaucoup
moins longue à proportion ; elle ne surpasse que d’un dixième la
t,ueur de chaque branche: dans le petit gavial elle la surpasse
eis ; c ans le grand elle la surpasse encore d’un quart et plus,
est impossible qu il n’y ait pas une différence de proportion cor-
lespondante dans le museau supérieur, mais on ne peut la donner si
c ement, parce qu’il est détaché du crâne.
20. Les dents de la mâchoire inférieure sont régulièrement et al-
ternativement plus longues et plus petites à compter de la quatrième ,
en sorte que la cinquième est de moitié plus courte que la sixième ,
la septième que la huitième , et ainsi de suite : dans les gavials , grand
et petit, cette inégalité régulière n’a pas lieu. Les dents qui suivent
a quatrième sont à peu près égales, excepté celles qui ont nouvel-
lement repoussé. ^
supérieure il y a d’abord de chaque cité deux
petites dents, puis un peu en arrière une très-grande, et les autres
sont a peu près égales et courtes. Dans le petit gavial il y a d’abord
e chaque côté une petite dent, puis à quelque distance une autre
petite suivie d une p^ande ; puis une un peu plus grande , et les sui-
ntes sont a peu près égalés, mais aussi longues que celles d’en bas.
^ 1 ouverture est celle des narines externes, elle est plus
124 CROCODILES
large, moins longue, et placée plus avant que dans le petit gavial; si
c’étoit le trou incisif, comme on pourroit le croire d’après la position
de la tête, le caractère seroit encore plus distinctif.
5o. Si, comme on peut le croire d’après la figure, le trou a: est
celui que les crocodiles ont entre le pariétal, le mastoïdien et le
frontal antérieur, il est beaucoup plus grand que dans le petit gavial,
bien qu’il y ait la même forme. Il y surpasse la grandeur de l’orbite ,
ce qui n’a pas même lieu dans le grand gavial, où d’ailleurs ce trou
est plus large cpe long ; ici il est plus long que large.
6°. On compte au -squelette fossile soixante-dix-neuf vertèbres ;
le petit gavial n’en a jamais plus de soixante-huit. C’est à la queue
cju’est surtout cette différence. Elle a au moins dix vertèbres de plus
cju’à aucun crocodile connu.
y O. Les apophyses épineuses des cervicales sont carrées et se tou-‘
chent entre elles, ce qui, dans le petit gavial, n’a lieu que pour les
dorsales. Les apophyses articulaires des mêmes cervicales sont aussi
moins avancées au-delà de leur corps. Cette différence se continue'
dans le dos..
On ne voit point de traces des apophyses épineuses inférieures qui
existent dans les dernières cervicales et les premières dorsales du
' petit gavial. Les vertèbres de la queue , outre leur plus grand nombre ,
sont sensiblement plus grosses et plus courtes que celles du petit
gavial. Leurs apophyses épineuses , comme celles des cervicales , sont
plus larges et se rapprochent davantage , surtout vers le milieu de
la queue.
8». L’os des îles a le col plus long, et l’ischion a sa partie évasée
plus large et plus courte de beaucoup que dans le petit gavial.
go. La longueur du fémur dans le fossile est plus que double de
celle de la jambe. Dans le petit gavial elle ne la surpasse que d’^en-
viron un quart.
10®. Le tibia est bien plus gros à proportion de sa longueur que
dans notre gavial.
II®. La même différence a lieu pour les métatarsiens , et particu-
lièrement pour ceux du petit doigt.
FOSSILES. 125
Ces différences sont assurément pins que suffisantes pour prouver
que le gavial fossile de Monheim est une espèce inconnue jusqu’à ce
jour; nous adopterons donc à ce sujet l’opinion deM. de Sœmmer-
nng, et nous appellerons comme lui cet animal
CROCODILïfS PRISCUS,
rostro elongato cylindrico , dentibus inferis altematbn longio-* *
nbus , Jemoribiis dupla tibiarwn longitudine.
L’individu décrit par M. de Seemmerring avoit ele longueur totale
deux pieds onze pouces sept lignes , ou o,q65.
La longueur de sa tête 0,171 ; la queue o,483-.
D’après le tableau que nous avons donné ci-dessus, p. io4, on
voit que sa taille et ses proportions sont, h bien peu de chose près,
les mêmes c[ue celles de l’individu de moyenne grandeur envoyé de
Calcutta au Muséum par M. Wallich. Il est bien remarquable surtout
que la rpeue ne soit pas plus longue à proportion du corps , malgré
les dix vertèbres quelle a de plus.
Idu crocodile de JBoll dans le TVurteinherg , coizserpé an cabinet
royal de Dresde^
Depuis long-temps ou parloit dans les ouvrages sur les pétrifica-
tions (i) d’un squelette de crocodile pétrifié, c[ui se trouvoit, disoit-
on, dans le cabinet de Dresde, et venoit de Boll , dans le Wurtem-
berg, lieu célèbre dès le seizième siècle par la description que Jean
iBauhm a donnée de ses bains et des fossiles de leurs environs (2) ,
et situé entre la FFils et la Lindach , deux affluens duNecker, au
pied nord-ouest de 1 Albe de Souabe, qui est une continuation du
Jura, mais, par une singulière négligence, aucuns des naturalistes qui
avoient eu occasion de voir ce morceau n’en avoient donné de figure
(1) Eulenbourg , Description da Cabinet royal de Drede touchant l’Histoire naturelle,-
Dresde, 1755, iii-4'’*) P- 27; Description des objets remarquables de Dresde , -çAt Dassdorf ^
^ allem. , 1782, in-4 p. 5oo; TValch, Commentaire sur les Monumens du Déluge de
Knorr , t. II , p. jyo ; Pœtsch, Description du Cabinet de Dresde, i8o5, in-S". , p. i5— 18.
r ^ novi et admirabilis Fontis Balneique Bollensis , etc. Monlisbeligardi ,,
*598 , ifi-zj»;.
I2Ô CROCODILES
ni de description scientificjue , et jen’avois pu en dire rien de positif
dans ma première édition.
J’en ai obtenu depuis deux dessins : l’un, fait par M. le docteur
Reichenbach , m’a été envoyé il y a quelques années par M. Flei-
scher, libraire de Leipsik , bien connu par les ouvrages soignés qui
sortent de ses presses; l’autre m’est parvenu récemment, et je le dois
à la faveur que M. de Sœmmerring veut bien accorder à mon ou-
vrage ; c’est celui qu’il faisoit espérer dans son mémoire sur le cro-
codile de Monheim, p. i6. On a gravé d’après ces deux dessins, et
en les éclaircissant l’un par l’autre , la fig. 19 de notre pl. VL
Ce fossile paroît assez mal conservé; sa gangue est une argile schis-
teuse grise , et l’on y voit une empreinte d’ammonite; la tête, la
poitiine, les membres antérieurs et la moitié postérieure de la queue
lui manquent. On assure qu’ils ont existé , et qu’on les voyoît dans
un cabinet particulier qui a été dispersé ; néanmoins ce qui en reste
m offre assez de caractères pour le rapporter au genre des crocodiles,
et meme je regarde comme assez vraisemblable qu’il est la même
espèce que celui de Monheim , d’autant que leur gisement le long
■des deux lisières d’une même chaîne est fait pour donner du poids
à cette conjecture.
Ce tronçon a quarante -cinq pouces un quart de long; les deux
genoux sont écartes de vingt-trois pouces et demi. On n’y voit net-
tement que cinq vertèbres du dos, les fémurs, et une partie de la
jambe et du pied gauche. Mais la forme des vertèbres, longue
étroite, coupée carrément aux deux bouts, plus rétrécie dans le mi-
lieu, sufîîroit pour en faire un crocodile plutôt qu’un monitor. Dans
;Ce dernier genre elles seroient plus larges en avant, plus étroites en
arrière; terminées en avant par un arc concave, en arrière par un
arc convexe, etc.
La ressemblance des vertèbres de BoH avec celles de Monheim est
au contraire fort sensible, comme on peut s’en assurer en jetant un
coup d’œil sur les fig. i et 19 de notre pl. VI.
La courbure des fémurs en y' italique est aussi celle du crocodile.
Dans le monitor leur fust seroit plus droit. Les empreintes de la
FOSSILES. J 2^
queue du pied et des côtes n’ont d’ailleurs rien qui démente ce
qu annoncent les parties plus complètes.
Article III.
Du Gavial des carrières de pierre calcaire des environs de Caen.
La ville de Caen chef-lieu du département du Calvados, et autre-
tois capitale de la basse Normandie , est entourée de carrières d’un
calcaire très-fin , dont on tire de superbes pierres de taille et des
dalles d une grande beauté, qui ont servi à la construction de cette
ville et d’un grand nombre d’églises et d’autres édifices publics ,
non-seulement en Normandie, mais jusqu’en Angleterre, où la plu-
part des cathédrales élevées sous les rois normands passent pour avoir
été construites de pierres de Caen.
La nature de cette pierre a quelque ressemblance avec celle d’une
^ e Uï'cie , et la position géologique de ses bancs est incontesta-
^ ement inféiieure à la craie des environs de Paris , laquelle s’étend
linFaue Normandie , et occupe toute la haute ,
ainsi que la Picardie et les côtes opposées de l’Angleterre
M. de Magneville , président de l’Académie de Caen , et très-habile
otaniste et agriculteur, a bien voulu me donner une notice , accom-
pagnée de la carte géologique et des coupes de toute cette contrée,
d apres lesquelles son sol se composeroit essentiellement de quatre
sortes de bancs.
la terrtT^^qT’ canton est immédiatement sous
un caLirf passer sous la orale, est
catre a gros grams spathiqùes, rempli de polypiers, dencri-
es , de terebratules et de quelques ammonites.
G est là que se sont trouvés la plupart des polypiers décrits par
Lamouroux. ^
Caen spécialement nommée pierre de
Hères’ ammonites, des pinnites d’espèces particu-
> et cl autres coquilles, mais en assez petit nombre.
128 CROCODILES
Le troisième, dît banc-bleu, composé d’une marne bleuâtre très-
dure, et souvent pyriteuse, est d’une grande étendue, et forme
les falaises qui sont derrière les Vaches noires. C est dans ce banc
bleu que l’on auroit trouvé les ossemens de crocodile de Ronfleur.
Il contient beaucoup de gryphites, d’ammonites, de nautiles, d’huî-
tres, de térébratules, des ossemens, des encrinites, dubois fossile.
Au-dessous de ce banc bleu /est le calcaire oolithique qui occupe
un très-grand espace dans le département, .et fournit presque toute
la pierre à chaux du pays. Ses bancs sont horizontaux, de différente
épaisseur, séparés par de la glaise. Ils contiennent des oolitbes , des
bélemnites, des nautiles, des térébratules, des encrinites étoilées.
M. de Magneville y a trouvé un poisson qui me paroît le même que
\e dapedium politum reûxé du lias àe Lyme-re gis , côte du comté
deDorset , par M. de Labèche (i). Ses lits inférieurs sont très-minces
et contiennent des cailloux siliceux roules.
Il repose enfin sur le grès rouge , ou todte-liegende des Allemands,
avec les schistes, les diabases et les marbres qui lui sont subordonnés.
Plus récemment M. H. T, de Labèche, savant géologiste anglais,
a donné (dans les Mém. de la Société géologique de Londres, 1. 1
de la seconde série, p. 78) une description et une énumération
beaucoup plus détaillée des bancs de cette partie de la France,
qu’il a suivis depuis Fécamp jusqu’à Cherbourg, et dont il a fait une
comparaison soignée avec ceux de son pays.
Au-dessous de la craie et du sable vert et ferrugineux qui lui sert
de base est un banc de marne bleue qui commence à se montrer au
Havre, et s’élève davantage de l’autre côté de la Seine, à Henque-
ville , entre Ronfleur et les Vaches noires. C’est dans ce banc que l’on
a trouvé, près du Havre, des os de crocodile.
Sous ce banc reposent des vestiges du calcaire de Portland,, et aur
dessous, un banc inadréporique , celui qu’on nomme en Angleterre
co?'ol rag. C’est sous ce dernier que se trouvent des bancs souvent
épais de trois cents pieds d’une autre marne bleue analogue à celle
(i) Trans. of tlie geological $oc. , II. sériés , vol. J , part. I , pl- 'VI,
129
FOSSILES.
d’Oxford, qui forme les Vaches noires, et où Ton a déterré les cro-
codiles que nous décrirons dans l’article suivant, et l’espèce de i-eptile
que M. Gonybeare a nommée plesiosaunis. Entre cette marne et la
pierre de Caen, il y auroit encore deux bancs analogues à ceux que
l’on nomme en Angleterre cornhrash el forest jnarhle’ ce dernier
seroit le banc rempli de coraux dont parle M. de Magneville, et sous
lequel seulement se trouve la pierre de Caen^ après elle viendroit
encore un banc d ooliihe , et enfin ce dernier banc de pierre mar-
neuse bleue , seul analogue du lias d’Angleterre qui repose sur le
grès rouge. M. de Labèche a lieu de croire c[ue ce lias de France
contient des os di ichtyosaurus comme celui d’Angleterre.
De cette manière de voir , qui établit trois bancs distincts de
marne bleue, il résulteroit une grande interversion dans l’âge res-
])ectif de nos dilFérens crocodiles j celui du présent article seroit plus
ancien cjue ceux de l’article suivant , tandis c[ue , d’après l’énumération
faite par M. de Magneville , il seroit plus nouveau,
M. Prévost, qui a fait aussi un examen très-soigné des côtes de-
puis Calais jusqu’à Cherbourg, s’accorde jusqu’à un certain point
avec M. de Labèche. D’après le tableau de ses observations sur le
meme pays, tel que le donne M. de Humboldt dans son Essai sur le
gisement des Roches , p. a85, les couches supérieures seroient les
argiles de couleur bleuâtre des environs du Hâvre, avec lignites; en-
suite viendroit le calcaire de Caen, dont les couches supérieures
renlermeut des polypiers, des trigonies et des cérites, et les infé-
rieures, des os de crocodile ^ sous ce calcaire seroient les argiles bleues
inférieures, et les oolithes alternant avec du lias, contenant les ich-
tyosaurus, et le tout reposeroit sur le calcaire à gryphées et le cal-
caiie lithographique, qui ne seroit pas sans doute le même que celui
de Solenhofen.
Ce qui demeure cependant incontestable, c’est que ce crobodile de
Caen, ainsi que celui deMonheim, ceux de Honüeur, et plusieurs
de ceux dont nous parlerons dans les articles suivans, 'appartient à ce
gtand ensemble de bancs que les géologistes sont convenus d’appeler
Joi mation du Jura, et qui tient une sorte de rang mitoyen parmi
T. V, 2e. P. ,1/
l
i3o CROCODILES
les terrains secondaires, se trouvant placée au-dessous de la craie et
au-dessus de cette autre formation secondaire qu’ils ont nommée
alpine.
Ce crocodile ne paroît pas avoir été très-rare dans ces environs à
l’époqne où il vivoit, car, depuis c[uelques années seulement que
1 on donne attention a ce genre de monumens, on en a recueilli les
restes d’au moins dix individus.
Le morceau appartenant à cette espèce qui a le plus excité l’atten-
tion s est trouvé à la fin de 1817 , dans la partie des bancs de pierre
de Caen qui occupe la droite de l’Orne , et dans les carrières d’un
village nommé Allemagne , à une petite lieue au sud de la ville de
Caen. On a déjà à son sujet un raj)port imprimé par ordre de M. le
comte de Monllivault , préfet du Calvados, et une notice insérée par
M. Lamouroux dans \q% Annales générales des Sciences physiqices ,
t. III, p. 160.
D’après un profil de ces carrières, que M. de Magneville a bien
voulu m adresser, il etoit a quinze mètres et demi au-dessus de la
rivière d’Orne en temps de haute mer , et à près de treize mètres
au-dessous du plateau dans lecpel ces carrières sont creusées.
La principale pièce, pl. VII, %. i4 (au sixième), étoit composée
de quinze à seize vertèbres, placées sur une ligne continue, et à peu
près dans leur position naturelle, avec quelques portions de côtes,
et un grand nombre d’ocailles encore en connexion, et telles à peu
près c]u’elles forrnoient la cuirasse de l’animal.
Ce beau morceau fut recueilli par trois jeunes étudians en méde-
cine, MM. Luart, Canivet et Deslongchamps, et offert à l’Académie
des Sciences et Belles- Lettres de Caen, qui le fît déposer dans le
cabinet de la ville, et qui a bien voulu permettre que l’on en prit ,
pour le cabinet du Roi, une empreinte en plâtre, d’après laquelle
nous donnons la fîg. i4 de la pl. VII.
Ce modèle a été fait par M. Odelli, professeur d’architecture et
de sculpture, sous les yeux et la direction de M. de Magneville et de
M. Pattu, ingénieur des ponts et chaussées, ainsi que des autres
membres de la section d’histoire naturelle de l’Académie,
rOSSILES. i3i
On avoit découvert en même temps, et à très-peu de distance,
une portion considérable de la tête (pl. VljTfig. i— 5, de grandeur
naturelle), qui me fut remise par M. Lamouroux, professeur d’his-
toiie naturelle a la Faculté des Sciences de Caen, bien connu du
monde savant par ses ouvrages sur les polypiers et sur la géographie
physique.
M. Lair, secrétaire de 1 Académie, me fit présent de quelques
vertèbres incomplètes , et d’un groupe d’écailles qui avoient été
trouvées plus anciennement dans une autre carrière , aussi sur la
rive droite de l’Orne , et près du faubourg de la ville de Caen qui
se nomme Vauxcelle.
Enfin, en février 1822, M. Lamouroux se procura deux blocs
tres-considerables qui venoient d’être découverts à Cuilly, village
situe a trois lieues au sud de Caen, sur la route de Falaise, au-dessus
du bourg de Bretteville, et dont les carrières, ouvertes sur le vallon
de la rivière de l’Aise qui se jette dans l’Orne, sont percées dans
des bancs continus à ceux du village d’Allemagne.
^ Ces deux blocs qui se recouvrent offrent une empreinte de la
tete, de la queue, d’une partie des côtes et des os longs. En les fai-
sant sauter on a perdu beaucoup des os qui avoient formé ces em-
preintes. 11 ne s est conservé que des portions du pariétal, le frontal
et le museau presque entiers , quelques vertèbres et quelques autres
fragmens.
M. Lamouroux m’a envoyé des dessins fort exacts du tout, faits
parM. Gordier, et dont nous donnons une réduction , pl. VII, fig. i3.
Il m a communiqué aussi les os particuliers sauvés lors de l’écla-
tement, en sorte que j’ai pu les examiner par toutes leurs faces.
I^ous allons successivement décrire ces diverses pièces, et en dé-
duire les caractères de l’animal.
La portion de tête que M. Lamouroux avoit obtenue, ayant été
egagée de la pierre avec soin, se trouva offrir à peu près tout ce que
on pouvoit désirer de connoître sur cette partie de l’ostéologie.
etoit une moitié du côté gauche qui avoit été détachée longitu-
6ment de 1 autre moitié , et ne raonlroit d’abord que sa coupe
17’
,32 CROCODILES
verticale et longitudinale, pl. VU, fig. i ; mais lorsqu’on l’eut débar-
rassée de son enveloppe pierreuse , toutes les parties se trouvèrent
parlaitement conservées depuis l’occiput j risques au-delà de l’extré-
mité antérieure des lachrymaux , comme on les voit, fig. 2, par le
côté; fig. 3, eu dessus; fig. 4 5 en dessous; et fig. S , en arrière.
Tl a été très-facile avec cette moitié de refaire l’autre , et de se re-
présenter la tête entière par toutes ses faces.
Le premier coup d’œil jeté sur ce morceau ainsi débarrassé de sa
gangue, annonce qu’il a appartenu à un gavial, également différent
et des vivans et des fossiles découverts jusqu’à présent.
Voici ses caractères spéciaux :
%
I. ^ la face supérieure , fig. 3, comparée à celle du gavial du
Gange,
lo. Les côtés se rapprochent graduellement pour former le mu-
seau;
20, Le frontal antérieur, a , avance moins sur la joue ; le lachry-
mal, b , y avance bien plus, et est plus large à sa base; le jugal, c, y
est au contraire plus étroit ;
30. Les bords des orbites ne sont pas relevés: les orbites, g , sont
plus rapprochés l’un de l’autre, et de figure circulaire ;
40. I^e frontal principal, d , entre eux n’est point concave;
50. Le trou du crotaphite, est beaucoup plus grand à propor-
tion , et de forme à peu près carrée et non pas ronde ;
60. Le frontal postérieur qui sépare ce trou de l’orbite est beau-
coup plus long et plus étroit ;
y O. La surface pariétale, h, entre les deux trous crotaphidiens est
.plus allongée;
8®. La crête occipitale , i, i, n’est pas en angle droit, mais en lame
très-mince, très-tranchante, s’étendant depuis le pariétal jusques à
l’angle mastoïdien.
IL A la face occipitale, fig. 5,
1°. L’angle mastoïdien, h , ne s’unit pas sans interruption avec le
FOSSILES. i33
clos de l’apophyse articulaire de la caisse, l. 11 eu est séparé par im.
grand enfoncement, o, au-dessus duquel s’avance une crête tran-
chante, m, c|ui appartient à l’occipital latéral;
20. L’os mastoïdien a dans sa partie 'descendante une concavité,
n ^ dont il n’y a nulle trace au gavial ;
3°. L’échancrure du bord inférieur de cette face, entre l’apophyse
articulaire de la caisse, l, et la tubéi’osité du basilaire, est beau-
coup moindre que dans le gavial, et par conséquent cette apophyse
moins saillante vers le bas et moins détachée.
III. A lajace inférieure , fîg. 4 1
10. Les palatins , q, q , ne ferment en dessous la cavité nasale que
jusque vis-à-vis le bord postérieur du grand trou palatin, r- en sorte
que la fosse nasale postérieure est très-grande, et bien eloignee de
ne s’ouvrir que vers l’extrémité de la face basilaire. , où sont dans
les crocodiles ordinaires les arrière-narines très-peu avant le trou des
artères, t;
20. L’aile ptérygoïde, u, ne s’élargit point en dehors comme dans
tous les crocodiles, mais est rétrécie par une large échancrure dans
la partie où elle va s’unir à l’os.
IV. A la face latérale, fig. 3 ,
10. Le bord orbitaire du jugal ne s’élève point, et ne laisse pas
derrière lui une échancrure profonde comme dans le gavial;
20. Le jugal, c , ne remonte pas pour s’articuler avec le frontal
postérieur ,f, c est au contraire celui-ci qui descend vers pour se
joindre au jugal, au bord externe de l’orbite, à son angle postérieur;
3o. Le vide , w , fp , entre l’orbite et le bord antérieur de la caisse ,
est tres-allongé dans le fossile , et occupe les quatre cinquièmes de
la fosse temporale; en sorte que la cavité de la caisse, x, est beau-
coup plus courte et plus rejetée en arrière;
4®. La partie antérieure de cette fosse temporale est aussi fort
ctioite et aiguë, ce qui lui donne une tout autre figure que dans le
gavial;
CROCODILES
i34
. 5o. L’os analogue à l’étrier, qui, chose bien remarquable, a été
conservé en place dans ce morceau, est cylindrique, et beaucoup
plus gros à proportion que dans aucun crocodile ni autre reptile
connu.
Il y a dans ce morceau onze alvéoles, dont deux seulement con-
tiennent encore leurs dents. Ces cavités sont toutes à peu près de
même diamètre, et sont remplies de" la matière de la pierre, ce
qui prouve que les dents en étoient sorties avant que l’incrustation
se fit.
Voici les dimensions de ce morceau , unique par sa conservation
et les formes qui lui sont si particulières.
Demi-largeur de l’occiput o,o53
Sa hauteur au milieu. o,o38
Largeur du condyle occipital. , o,oi5
Sa hauteur ^ o,oi
Largeur du trou occipital o,oi8
Sa hauteur | ;
Longueur du trou du crolaphite au milieu.
Largeur au milieu ,..., 0,04
Diamètre de l’orbite O.oi3
Demi-largeur du crâne derrière les orbites. 0,048
Id devant o,o3
Longueur du vide entre le frontal post. et le hord antér. de la caisse en bas. 0,044
Plus grande hauteur 0,01 1
Distance du hord post. des narines à la convexité du condyle occipital.. . . o,o5’j
Longueur du grand trou palatin 0,082
Plus grande largeur ^ ^
Pour achever de bien faire connoître cette tête, il ne s’agit que de
la compléter au moyen de l’empreinte et des restes d’os offerts par
les blocs de M. Lamouroux, pi. VU, fîg. i3.
Ces morceaux, bien que d’un individu quatre fois plus grand,
appartiennent à la même espèce que la première portion de la tête,
comme on peut s’en assurer par ce qui reste du frontal, du pariétal
et des frontaux antérieurs (pl. VII, fig. 6).
On peut même remarquer que la crête plus étroite, formée sur le
pariétal par le rapprochement des fosses temporales , est un effet
FOSSILES. . i35
ordinaire de Fàge qui grandit les muscles crotaphites. C’est ce qui
arrive aussi dans le gavial du Gange.
J attribue également à l’àge, la courbure en chevron de la crête,
beaucoup plus marcjuée dans ce grand crocodile que dans le petit ,
ce c[ue j ai jugé par une portion d’un troisième crâne, que j’ai recon-
nue parmi d’autres débris.
Ce frontal est singulièrement plat. Une arête légèrement saillante
parcourt le milieu de sa longueur, et des bosselures ou des verrai-
culaiions rendent sa surface un peu inégale.
On voit d après l’empreinte, fig. i3, que le museau de ce cro-
codile étoit encore plus long à proportion que celui du gavial; qu’il
alloit davantage en s’amincissant vers le bout, où il se dilatoit un
peu, et qu au total la tete devoit avoir plus de trente-sept pouces de
longueur.
Dans les fragmens conservés lors de l’éclatement de ce bloc se
trouve une portion de museau de vingt pouces de longueur, repré-
sentée par sa face inférieure, pl. Yll, fig. 8 et 9.
Elle va en s amincissant en avant, comme l’empreinte qu’elle avoit
laissée sur la pierre. Sa dépression est un peu plus forte qu’au gavial ;
es os du nez y descendent plus bas et y forment un angle plus aigu
Sur sa longueur règne une côte mitoyenne, très-légèrement sail-
lante, et marquée d’un sillon, aussi longitudinal..
Sa coupe offre a peu près les mêmes vides que dans le gavial.
Lon voit par les racines restées, soit d’un côté, soit de l’autre,
que dans cette longueur de vingt pouces, il devoit y avoir au moins
trente dents.
D après l’empreinte, le museau complet devoit être long de vingt-
ueuf ou trente pouces; et ce n’est point s’éloigner des probabilités ,
que de porter a quarante-einq le nombre total des dents que ce cro-
codile pouvoit porter de chaque côté à chaque mâchoire. Ce seroit
cent quatre-vingts dents en tout.
Le gavial n’en a que vingt-sept cm vingt-huit de chaque côté: en
tout cent douze.
amouroux m a communiqué aussi un autre morceau qui con-
j36 . CROCODILES
teuoit uii fi’agiiieiit considérable de la niachoiie inferieure , ou se
voyoit la partie des os operculaires voisine de leur pointe.
Ce fragment, pi. VII, üg. n, en dessous j fig.i2,par le côté; long,
du côté où il est le plus entier, de 0,066, et large dans son milieu de
o,o33 , n a que 0,011 d’épaisseur, ce qui est beaucoup moindre que
dans le gavial , où l’épaisseur fait plus de moitié de la largeur , et à
plus forte raison beaucoup moindre que dans l’un et l’autre croco-
dile de Honfleur, qui, tous deux, et surtout le premier, ont la mâ-
choire inférieure plus épaisse que le gavial.
Ce fragment a, du côté droit, trois dents, dont la moyenne a le
double delà grandeur des deux autres. Du côté opposé, toutes les
dents étoient tombées avant qu’il fut incrusté, et les alvéoles sont
remplis de la matière de la pierre. Les dents sont longues, grêles,
arcpées et très-pointues, mais non pas tranchantes.
On voit par les cassures, que les dents de remplacement sont
logées dans le creux des dents en service , comme dans les autres
crocodiles.
Je dois aussi à la complaisance de l’Académie de Caen, un mo-
dèle du bout antérieur de cette mâchoire inférieure, pl. VII,
fig. 10.
11 est fort déprimé, s’élargit un peu en avant, et s’échancre à son
extrémité. On y voit d’un côté douze dents, sur une longueur de
O o55 , qui sont alternativement plus longues ou plus courtes , mais
toutes assez longues à proportion de leur grosseur.
Le gavial ne les auroit pas a beaucoup près si serrees.
La première , d’un côté , a 0,0 1 5 ; et la seconde , de l’autre , 0,0 1 7 .
de longueur. Les suivantes sont un peu plus courtes, mais dans des
proportions diverses.
Ce fragment de mâchoire est large en avant de 0,022 , et en arrière
de 0,016.
Tous les caractères que je viens d’exposer éloignent le gavial de
Caen de mes deux espèces de Honfleur que je décrirai dans l’article
suivant, encore plps que du gavial du Gange; et aucun ne le rap-
proche des crocodiles ou des caïmans ordinaires.
FOSSILES. i3^
Après avoir ainsi reconnu les caractères de la tête, il s’agissoit de
déterminer ceux des vertèbres.
J ai les parties annulaires de deux vertèbres cervicales, avec des
fragmens des petites côtes du même nom ( pl. VII , fig. i5).
^ Elles ne diffèrent de leurs analogues dans les crocodiles ordinaires
r/ue par des apophyses épineuses, plus larges d’avant en arrière, et
plus inclinées en arrière.
Malheureusement le corps étant enlevé , on ne peut voir s’il est
convexe d’un côté , ni duquel.
L’antérieure, qui a seule une de ses dimensions entières, est
longue de o,o4, à prendre d’une apophyse articulaire à l’autre.
Le grand bloc de l’Académie de Caen, pl. VII, fig. i4, contient
manifestement en arrière les deux vertèbres sacrées, a ,h , avec.une
portion de l’os des îles et de la cavité cotyloïde.
En avant sont trois vertèbres lombaires ,c,d ,e , et dix vertèbres
dorsales portant des côtes.
La plus antérieure des dix a perdu la plus grande partie de ses
apophyses, mais son corps subsiste et se détache de la pierre. Il a ses
deux faces très-légèrement concaves, «t sou milieu rétréci.
La vertèbre suivante, qui est aussi fort mutilée de sa partie annu-
laire, a son corps entier, dont les deux faces, comme dans la pré-
cédente, sont légèrement concaves.
C est là, comme on voit , un caractère fort différent de celui des
crocodiles vivans, où toutes les faces postérieures sont très-convexes,
et les antérieures très-concaves ; mais ce caractère est le même que
nous reconnoîtrons dans notre deuxième espèce de Honfleur.
Les autres vertébrés de ce bloc ne montrent que leur partie annu-
laire,^ ont les apophyses epineuses ont même été cassées, en sorte
que l’on n’y voit bien que les transverses et les articulaires.
Celles-ci me paroissent un peu plus rapprochées que dans les cro-
codiles vivans.
^ Les transverses sont faites génériquement, comme dans les croco-
. f ^l'^sns, c est-a-dire horizontales, larges, rétrécies à leur extré-
mite, et échancrées à leur bord externe et antérieur pour l’insertion
T.V,2e.P.
i38 CROCODILES
de la tête de la côte; mais je trouve leur dimension antéro-posté-
rieure plus grande à proportion de la transverse , que dans aucun
des crocodiles dont j’ai les squelettes. Elles se rétrécissent aussi un
peu plus vers leur extrémité , et leur bord postérieur est un peu
courbé en arc concave , et un peu dirigé en arrière de sa partie ex-
terne, ce qui n’est pas dans les crocodiles vivans.
Ces dix vertèbres dorsales occupent ensemble un espace de o,45;
leur longueur moyenne, d’une apophyse articulaire à l’autre, est
d’environ o,o55; l’ avant- dernière , qui est la plus entière, a en lar-
geur, d’une pointe d’apophyse transverse à l’autre , o,i.
Les vertèbres lombaires sont un peu moins étendues en travers ,
et davantage d’avant en arrière.
Les sacrées sont très-fracturées, ainsi que l’os des îles , et en partie
encore encroûtées dans la pierre; mais dans ce qu’on en voit, elles
ressemblent à leurs correspondantes dans les crocodiles vivans.^
A leur suite viennent encore dans ce bloc des portions des trois
r r
premières vertèbres de la queue, h, i, k , et nous en avons séparé-
ment une quatrième.
Celle-ci, que nous avons soigneusement séparée de la pierre,
pl. VII, % i6, nous montre la face antérieure de son corps, son
apophyse articulaire antérieure et l’épineuse entière.
L’apophyse épineuse a plus d’étendue d’avant en arriéré , et la face
antérieure du corps est moins concave que dans les crocodiles vivans.
Les apophyses transverses des trois premières caudales se voient
dans le bloc de 1 Academie.
M.Laraouroux a retiré de son bloc le corps de la première vertèbre
sacrée, mutilée d’une de ses apophyses transverses et de toute l’é-
pineuse.
Elle diffère assez, dans ce qui en reste, de sa correspondante dans
le crocodile commun. Son corps, au lieu d avoir sa face anterieuie
et la postérieure h peu près égales, a cette dernière plus petite, en
sorte qti il est nn peu en cône tronqué ; l’apophyse transverse est
plus déprimée, sa face supérieure est plane, au lieu que dans les cro-
codiles vivans elle est convexe, etc.
FOSSILES. i3g
On a trouvé avec le grand bloc de l’Académie de Caen trois des
vertébrés de la seconde moitié de la queue , et l’on en voit les
douze ou treize dernières de suite dans le bloc de M. Lamouroux.
Celles-ci ne montrent aucune de leurs apophyses.
Les trois de l’Académie ont des apophyses épineuses plus larges
d avant en arrièx’e que dans les crocodiles vivans, en sorte que ce
caractère paroîtroit régner sur toute la queue.
Autant qu’on en peut juger par ce qui reste des côtes dans le bloc
de l’Académie de Caen, elles étoient plus grosses que dans les cro-
codiles vivans.
J’ai peu de chose à dire des os des extrémités. Le bloc de M. La-
mouroux ra’ofifre seul quelques fragmens et quelcjues empreintes
propres à m’éclairer à ce sujet.
Il y a la tête supérieure de l’os coracoïdien du côté droit , la moitié
Supérieure de l’humérus du même côté, la tête supérieure de celui
du côté gauche, et un petit fragment du bassin.
Ces parties ressemblent à leurs analogues dans les crocodiles
Vivans, mais offrent toujours quelques différences légères dans les
courbures ou dans les méplats, pins fhciles à voir lorsqu’on les
compare qu’à exprimer par des paroles, mais qui, aux yeux de
l’homme exercé , ne laisseroient pas d’annoncer des différences d’es-
pèces.
On a trouvé beaucoup d’écailles de ce crocodile de Caen, et de
leurs empreintes, presque adhérentes encore aux endroits du corps
auxquels elles appartenoient, en sorte qu’on ne peut douter qu’elles
ne soient de cette espèce.
Elles different de celles des crocodiles vivans plus qu’aucune
partie du squelette , et ce crocodile de Caen étoit sans comparaison
1 espece la mieux cuirassee de tout le genre. Elles sont très-épaisses ,
rectangulaires, amincies vers le bord, et ont toute leur surface ex-
térieure creusée de petites fossettes demi-sphériques, de la grosseur
dune lentille ou d un pois, et serrées les unes contre les autres. On
en voit une pl.VII, fig. 17.
Ces écailles étoient disposées comme dans nos crocodiles actuels.
18
i4o CROCODILES
en séries régulières dans le sens longitudinal aussi bien que dans le
sens transversal. Le bord postérieur de l’une recouvroit la base de
celle qui la suivoit.
Le bloc de l’Académie de Caen offre presque toutes celles d’un
côté dans leur situation naturelle. On voit que depuis la première
des vertèbres dorsales conservées jusqu’à la naissance de la queue il
y en avoit quinze ou seize rangées transversales, et que chaque
rangée en contenoit cinq de chaque côté; en sorte qu’il y en avoit
au moins dix rangées longitudinales.
Il reste à déterminer les dimensions de cette espèce , ou du moins
des individus dont on a les débris.
D’après le bloc de M. Lamouroux, la tête , dont on y voit l’em-
preinte , étoit longue au moins de i,o8, ou de trois pieds quatre
pouces à peu près, depuis le bout du museau jusqu’à l’épine occi-
pitale.
La plus grande des têtes de gavials du Muséum n’a ce même inter-
valle que de deux pieds quatre pouces ; et il est aisé , d’après les
données de la première section de ce chapitre, de conclure que l’in-
dividu auquel elle appartenoit étoit long de plus de quatre mètres et
demi ou de près de quinze pieds. Si l’on pouvoit supposer que la
proportion de la tête au reste du corps étoit la même dans le cro-
codile de Caen , on en concluroit que sa longueur totale étoit de plus
de six mètres et demi ou de près de vingt pieds.
Il seroit un peu moins long si la longueur de son museau excédoit
la proportion qu’elle a relativement au corps dans le gavial.
L’individu dont les restes sont dans le bloc de l’Académie de Caen
étoit beaucoup moins grand.
En prenant la_ longueur des vertèbres dorsales et lombaires de-
meurées dans ce morceau, et qui est de o,58 , et la comparant à celle
des mêmes vertèbres dans un gavial, on trouve qu’il doit avoir eu
près de treize pieds.
La portion de tête de notre pl. YII, fig. i à 5, comparée avec les
parties correspondantes de celle du grand bloc de M. Lamouroux ,
ne semble annoncer qu’un individu de moins de dix pieds; ce qui
FOSSILES. i4î
me fait douter qu’elle ait appartenu au squelette de l’Académie.
Quoi qu’il en soit, on voit que ce crocodile de Caen, quelque
singuliers que soient ses caractères, n’excédoit point les dimensions
de nos crocodiles actuels; mais il n’en est pas moins évident qu’il
formoît une espèce parfaitement distincte de celles que nous connois-
sons vivantes.
Il n’est pas aussi aisé de le distinguer du crocodile fossile de Mon-
licim ou CKOoodilits "pvzsotis y décrit duus notre article précédent.
Il lui ressemble beaucoup par cette alternance de grandeur des
dents et par la dilatation de l’extrémité antérieure des deux mâ-
choires.
Toutefois la forme plus allongée, plus amincie en avant de sa mâ-
choire supérieure, et celle de sa fosse temporale, plus large que
longue, tandis que dans le crocodile de Monheim elle est plus longue
que large , nous paroissent l’en dilFérencier suffisamment.
Crocodile semblable à celui de Caen tro wé dans le Jura,
Ou a vu au commencement de cet article que le crocodile de Caen
appartient à la série de formations novaxaèe oolitique par les géolo-
gistes anglais; série que les géologistes allemands, d’après M. de
Humboldt, nomment calcaire du Jura, Il y en a des restes dans le
Jura même , et dans ses couches les plus compactes, les plus sembla-
bles au marbre par leur dureté et le beau poli dont elles sont sus-
ceptibles, et il y est accompagné de plusieurs espèces de tortues.
M. Hugi, professeur à Soleure, a bien voulu me communiquer
un grand nombre d ossemens incrustés dans des pierres que j’ai recon-
nues au premier coup d’œil pour appartenir à l’ordre des couches
dont je viens de parler. Je fus frappé par un fragment, pl. VI, %. 6,
décaille, creusé de petites fossettes demi-sphériques, absolument
Comme celles du crocodile de Caen. Des empreintes pareilles ,
aissées par d autres écaillés, confirmèrent ce premier aperçu, et
examen des autres os ne me laissa point de doute sur l’identité de
1 espece.
1^2 CROCODILES
Trois vertèbres surtout, une dorsale, une sacrée et une caudale,
offrirent les mêmes faces, les mêmes apophyses que leurs correspon-
dantes dans l’animal de Caen. On les voit pl. VI, hg. 2 ? 3,
On trouve parmi ces os du Jura une petite dent pointue et un
peu tranchante , fort semblable à celle du crocodile de Caen ,
pl. VI, fig. 8.
Mais il y en a aussi de beaucoup plus grosses et plus obtuses, telle
que celle de la %. 7 , qui poiirroient annoncer une autre espèce.
Cette dernière est longue de 0,028 depuis son sommet jusqu’au
bas de sa couronne , où elle a 0,02 1 de diamètre. ^
C’est une chose bien remarquable que cette presence d un animal
éminemment d’eau douce , tel que le crocodile , dans des couches
de la formation du Jura ; elle est d’autant plus digne d être observée
qu’il y est accompagné de beaucoup de tortues également deau
douce. Ce fait, joint à plusieurs autres dont nous parlerons, prouve
qu’il a existé des terres sèches arrosées par des fleuves à une époque
extraordinairement reculée , et bien avant les trois ou quatre suc-
cessions de ces sortes de terres que nous avons observées dans les
environs de Paris.
Nous reviendrons sur cet important sujet dans le chapitre suivant,
où nous traiterons des tortues trouvées dans ces mêmes lieux, et
nous y donnerons la description des couches , telle que nous la de-
vons à l’extrême complaisance de M. Hugi (i).
(i) Nous espérons pouvoir parler aussi dans le supplément de ce volume d’un crocodile
découvert dans l’oolillie de Stonesfield , près d’Oxford , par M. Buckland , et qui nous paroît
avoir de grands rapports avec celui de Caen.
FOSSILES.
[43
Article IV.
Des os de deux espèces inconnues de Gavials , trouçés pêle-
mêle près de Honfleur et du Hâi>re.
Une liche collection de ces os, recueillie autre lois près de Hon-
fleur, par l’abbé Bachelet, naturaliste de Rouen, nous a été remise
il y a quelques années pour le Muséum d’Histoire naturelle, par les
ordres de M. le comte Beugnot, alors préfet de la Seine-Inférieure,
et depuis conseiller et ministre d’Etat. C’est seulement par les éti-
quettes attachées h ces os que j ai connu le lieu de leur origine, ainsi
que le nom de leur collecteur, et l’idée qu’il se faisoit que c’étoient
des os de cachalots. Je ne trouve point que l’abbé Bachelet ait rien
publié sur leur gisement, ni sur la manière dont il en fit la décou-
verte; mais il y a dans le Journal de Physique (i) un mémoire de
1 abbé Dicquemarre sur les os des environs du Havre, qui, étant de
la meme espèce et dans le même état que ceux de Honfleur, ainsi
que je m’en suis assuré en confrontant plusieurs échantillons des uns
et des autres , doivent sans doute aussi leur ressembler par la position
J’avois pensé d’abord, d’après ce qui ra’avoit été rap))orté, qu’ils
sont tous dans un banc de marne calcaire endurcie , d’un gris bleuâtre ,
qui devient presque noirâtre quand elle est humide; et j’ayois cru
que ce banc règne des deux côtés de l’embouchure de la Seine , le
long du rivage du pays de Gaux et de celui du pays d’Auge , comme au
cap de laHéve, etentre Touque et Dives, vis-à-vis les Vaches noires.
Il est certain qu’en basse Normandie, un banc de cette sorte de
marne, connu sous le nom de banc bleu, règne sur de grandes éten-
dues; mais les observations de M. de Labeche tendroient à prouver
flue 1 on a confondu plusieurs bancs de nature et de couleur plus ou
^oins semblables.
Le veiitable banc bleu, celui qui repose sur le grès rouge et ré-
de Phjs,, t. yil (k premier de 1786) , p. 4o6 et siiiv.
i44 CKOCODILES
pond au lias des Anglais, seroit inférieur à la pierre de Caen, qui
contient les crocodiles décrits dans rarticle précédent; il forme les
falaises de Port-en-Bessin et d’Arromanche ; mais les falaises de Dives
et de Villers-sur-Mer , au pied desquelles sont les Vaches noires, ap-
partiendroient à un bane supérieur à cette pierre de Caen, et ana-
logue à ce que les géologistes anglais ont nommé marne ÆOxfort
et le troisième de ces bancs de marne bleue, qui se voit sous la craie
des deux côtés de l’embouchure de la Seine, seroit encore supérieur
au précédent , dont il est séparé par divers lits de la formation ooh-
tique.
Ainsi les os que je vais examiner pourroient venir de deux bancs
assez différens l’un de fautre, mais supérieurs à celui de la pierre
de Caen.
Ce qui du moins est certain , c’est quils sont plus anciens que
la masse immense de craie qui repose sur eux , et qui , s devant en
falaises de cinq et six cents pieds de hauteur, forme tout le pays de
Caux , une partie du pays d’Auge, et s’étend en Picardie, en Cham-
pagne et dans tout le sud-est de l’Angleterre.
Ces os appartiennent donc à des couches bien antérieures à celles
qui récèlent les os de quadrupèdes même les plus anciens, comme
sont nos gypses des environs de Paris, puisque ces gypses reposent
sur le calcaire coquillier le plus commun, qui repose lui-même sur
la craie.
La substance des os est d’un brun très-foncé , et prend un beau
poli; les acides la dissolvent, et en prennent une teinte rougeâtre
qui annonce quelle est colorée par le fer. Elle a cependant conservé
une partie de sa nature animale.
Les grandes cavités des os , comme la boîte du crâne , le canal des
narines, celui des vertèbres, sont remplis par la même marne en-
durcie et grisâtre qui enveloppe leur extérieur; mais les pores ou les
petites cellules de leur diploë sont occupés par un spath calcaire
demi-transparent, et quelquefois teint en jaunâtre. La pyrite tapisse
ordinairement chaque cellule, et enveloppe le spath d’une couche
mince et brillante. L’intérieur des coquilles en est aussi quelquefois
FOSSILES, 145
é t î'5
garni, et 1 on en trouve dont la substance a été entièrement rempla-
cée par de la pyrite.
Je n’ai malheureusement aucun moyen de reconnoître dans le-
quel des deux ou des trois bancs chaque os a été pris.
§ I. Mâchoires inférieures.
Le morceau le plus considérable de la collection de l’abbé Bache-
let est une mâchoire inférieure presque complète, que nous repré-
sentons par ses faces supérieure et latérale, pl, VIII, fig. i et 2 -,
il ne paroit y manquer que l’extrémité articulaire des branches.
Cette mâchoire porte les caractères incontestables des crocodiles 5
ses dents sont coniques, striées: la plupart, il est vrai, sont cassées,
mais on en voit a cote et dans la meme pierre de bien entières, et où.
Ion distingue les deux arêtes tranchantes; plusieurs de celles qui
sont en place montrent même, dans leur cavité, le petit germe
qui devoit les remplacer. J’ai un autre morceau cassé précisément
selon 1 axe de la dent en place, et où l’on voit le germe de rempla-
cement déjà fort avancé, et occupant tout le vide de cette dent.
On distingue aussi fort bien les suturas qui divisent cette mâ-
c loire en six os de chaque coté, à peu près dans les mêmes posi-
tions et de même forme que ceux dont se compose celle du gavial
On ne peut donc nullement prendre cette mâchoire pour celle
d un daupWn ou d’un cachalot, comme l’avoit fait l’abbé Bachelet,
cjuoiqu elle ne soit pas sans rapport avec cette dernière par sa forme
générale.
Néanmoins un examen attentif ne tarde pas à y découvrir des ca-
ractères particuliers, qui la distinguent tout aussi clairement de celle
d un gavial.
1 . Les blanches sont beaucoup plus longues à proportion de la
partie antérieure ou syinphysée , qu’elles surpassent de quelques
centimètres. Dans le gavial , lorsqu’on en a retranché, comme ici, la
partie articulaiie, elles sont au contraire plus courtes de plus d’un
et meme, en ajoutant cette partie, elles sont encore plus
courtes d’un sixième.
T- V, 2e. P.
19
i46 crocodiles
20. Elles ne font pas ensemble un angle si ouvert que dans le ga-
vial; le leur est de 3o et quelques degrés; celui du gavial de près
de 6o , en prenant ces deux angles en dedans et entre les lignes que
forment les bords internes des branches.
3o. Par la même raison, elles s’écartent moins de la ligue exté-
rieure de la partie symphysée , et en paroissent presque des prolon-
gemens. Dans le gavial, elles s’en écartent par une inflexion beaucoup
plus sensible.
Un sillon mitoyen , et deux sillons latéraux qui se rapprochent en
avant, creusent la face supérieure, qui est lisse dans le gavial.
Le diamètre transverse , près du tiers antérieur de la partie sym-
physée, ne surpasse pas tout-à-fait d’un cinquième le diamètre ver-
tical. Dans le gavial il en est presque le double.
4°. L’échancrure qui sépare les branches pénètre plus avant entre
les dents que dans le gavial. 11 y a sept dents sur chaque branche.
Dans le gavial , il y n’en a que deux ou trois.
5». Cependant le nombre total est moindre : on n’en compte que
vingt-deux de chaque côté; le gavial en a vingt-cinq et même vingt-six.
6°. Enfin, il ne paroit point y avoir eu de trou ovale à la face ex-
terne de la branche.
Les principales dimensions de ce morceau sont les suivantes ;
Plus grande longueur, a 0 0,-]5
Longueur de la partie symphysée depuis le bout jusqu’à l’angle de réunion
des branches, 0,87
Longueur de ce qui reste de la plus longue branche , c b 0,89
Ecartement des branches à l’endroit où elles sont tronquées , b d o,i85
Largeur de la partie symphysée au milieu , cf. o,o5?.
Hauteur , ib.,fg o,o.jo
Il offre, comme on voit, plus de caractères qu’il n’en faut pour
déterminer une espèce et la différencier du gavial , et même il ne lui
ressemble pas assez pour que sur cette mâchoire je puisse asseoir
une conjecture suffisamment probable touchant les dimensions de
l’individu dont elle provient.
Mais dans les mêmes couches, on trouve aussi des fragmens
FOSSILES.
d ane autre mâchoire inférieure infiniment plus voisine du gavial.
présente la partie de la symphyse dans laquelle est
mpris 1 os operculaire. Si elle n’étoit un peu plus déprimée, et un
peu plus hsse en dessous que dans le gavial, on ne sauroit comment
en distinguer; cette distinction même, si elle étoit seule, pour-
ï’egardée comme spécifique.
“'“P"® ““ Pcécédenl, ne nous avertit pas
crocodile, et cette indication doit nous servir de guide dans V examen
et la comparaison des autres os.
Ce fragment de mâchoire déprimé est long de o,i6, large de
0,045 en avant, de 0,06 en arrière au point où il est encore entier ,
et haut de 0,09.
J en ai vu un autre qui pourroit venir de la même espèce, mais
qui est très-remarquable par sa grandeur. 11 a été trouvé sur la rive
gauche de l’Yonne, à un petit quart de lieue au-dessus d’Auxerre ,
P oaoulin dit le Batardeau, et m’a été commmiiqué par
^ autre Desormes, propriétaire dans ce département. C’est la
symphyse. .Te le représente, pl. X, fig. 8,
P ? ig- 9, de coté; fig. 10, en arrière. Les deux branches
sont cassées; mais on voit en arrière le sommet de l’angle ou plutôt
de lare où se faisoit leur réunion, et qui est creusé d’une grande
osse ronde ou sinus, comme il y en a un, mais déprimé, dans le
gavial qui pénètre d’un ou deux pouces. Ce fragment, sur une lon-
gueur de 0,2 contient de chaque côté la place de sept dents, et il y
en a encore d un côté les racines de cinq, contenant dans leur inté-
codlfsX» comme dans tous les c.o-
codiles. Sa largeur en arriéré est de o,i3 ; en avant de o oo • sa hau
teur moyenne de 0,04. ’
Les proportions de cette espèce paroissant ressembler beaucoun
dimen^*^" TT ’ """’P"'' ™ déduisant de ci
dimen^ns la longnenr de l’individu. Elle devoit être d’environ dix-
fragment dont vient le premier
feront , n etoit pas si grand ; à peine devoit-il avoir douze pieds.
'9*
I
CROCODILES
§ II. Les crânes et les mâchoires supérieures.
r®. Tête à museau plus allongé.
Averti par ces deux mâchoires inférieures qu’il pouvoit exister
deux espèces à Honfleur, je devois songer d’abord à en retrouver
le crâne et la mâchoire supérieure. La collection que j’avois reçue de
itouen m en ottroit Dieu quci^LUvo ~ i- / .
priétaire avoit eu la malheureuse idée de les faire scier et polir ; il
en avoit même dispersé une partie dans d'autres cabinets. C’est par
une suite presque incroyable de hasards que j ai rassemble et que
j’ai pu rapprocher six morceaux qui avoient appartenu an même
crâne , et dont deux étoient restés chez l’abbé Bachelet ; deux avoient
passé dans le cabinet de M. de Drée; deux autres enfin me furent
envoyés de Genève par feu M. de Jurine, sans quil se doutât de
l’importance dont ils étoient pour cette recherche particulière.
Au moyen de ces six morceaux, je suis parvenu à reconstruire
une portion considérable du crâne , contenant tout l’occiput et la
plus grande partie de la face supérieure et des côtés jusqu’au museau.
C’est par des hasards semblables que j’ai rassemblé trois fragmens
qui avoient appartenu à un seul et même museau, et dont je n’avois
donné que deux clans ma première édition (pl. VIII, fig. 3 et 4).
Ces deux-ci étoient dans le cabinet de feu l’abbé Besson (1)5 le
troisième étoit dans celui de M. Faujas, à qui Besson l’ avoit donné,
sans s’apercevoir qu’il ne formoit qu’un même tout avec les deux
autres.
Après avoir réuni ces trois pièces comme elles l’avoient été au-
trefois dans la nature, j’ai eu l’idée de les rapprocher du crâne for-
mé, comme je viens de le dire, par le rapprochement de six autres
(i) L’abbé Besson les tenoitde l’abbé Bachelet , et ils venoient de Honfleur. Cest tout-à-
fait au hasard, comme il lui étoit trop ordinaire, que M. Faujas avoit imaginé qu ils
venoient d’Altorf. Ceci répond encore à la demande faite à ce sujet par M. de Sœmmcrring.
(Mém. sur le Crocod. de Monheim , § 20).
FOSSILES. ï4g,
morceaux, et j’ai vu que ce museau s’adaptoit si bien à ce crâne,
qu il ne me reste aucun doute qu’il n’y ait appartenu, qu’il n’ait été
trouvé en même temps, en un mot, que ces neuf fragmens n’aient
fait originairement partie d’une seule et même tête individuelle, et
n aient été ainsi dispersés par l’incurie et le peu de connoissances de
leur px’emier possesseur.
Leur réunion, comme tant d’autres hasards heureux dont j’ai été
favorisé dans le cours de mes travaux scientifiques, me met aujour-
oo«r,oîtro procqno enmplétement la tête de
cette espèce remarquable.
^ Quand a toute force on ne voudroit pas admettre que le museau
fut du meme individu cjue le reste du crâne, il n’en demeureroit pas
moins certain cfu’il appartenoit à un individu de même espèce et de
même grandeur; par conséquent les caractères de cette tête n’ense-
roient pas moins constatés.
Nous la représentons, pl.X,fig.i, en dessus ;fig. 2, en dessous;
hg. 3, de côté; fig. 4, en arrière.
Sa longueur, dans son état mutilé, est de trente-deux pouces ou
0,^7 , et comme on ne peut donner moins de quatre pouces pour
e bout dn museau qui manque, elle doit avoir eu trois pieds
La plus grande de mes têtes de gavial n’a que trente -un pouces •
mais cette différence est la moindre de celle que présentent ces deux
espèces.
Le gavial a le museau plus large à proportion, et même absolu-
ïai’f^eur au milieu est de 3" 3'" (0,89), celle du fossile de
2" 3'" ( o,o63 ).
L’excès de largeur du gavial est bien plus marqué encore à l’occi-
put. Il a entre les deux angles mastoïdiens 8" 5- (o,23), le fossile
n a que 6' 3'" (0,17). ^
Il résulte de là que le crâne du fossile a une forme oblongue tout
«mre que celle du gavial, et qui se joint au museau par un rétrécis-
ement insensible, et non par une contraction brusque.
détails des parues donnent des différences non moins évidentes,
put du gavial est limité en haut par une ligue horizontale
15^0 CROCODILES.
droite. Dans le fossile c’est une ligne anguleuse, dont l’angle saillant
du milieu répond h la crête sagittale.
En effet, les trous crotaphitiens du fossile sont beaucoup plus
larges , et surtout beaucoup plus longs que ceux du gavial ; leur figure
est elliptique, et leur grand diamètre longitudinal; ils interceptent
une crête sagittale longue et étroite , et non une surface pariétale
courte et plate comme dans le gavial.
L’arcade, formée par le frontal postérieur et le mastoïdien qui
CrOt9J>lî-ï-tioi3. on. tloooovioj kX* vlov vlci.ii.3
le gavial, mais forme une convexité en dehors.
A la longueur des trous crotaphitiens correspond celle du crâne
et de tout ce qui l’entoure , d’où il résulte que les orbites sont portés
plus en avant à proportion dans le fossile que dans le gavial.
Le frontal du fossile n’est pas concave comme dans le gavial, mais
plat. Les orbites l’échancrent beaucoup moins ; leurs bords ne sont
pas relevés; d’où il résulte aussi que les os qui forment ces bords,
les frontaux antérieurs, les lachrymaux , les jugaux, ont une forme
plus unie, nullement concave.
Les frontaux antérieurs sont beaucoup plus grands dans le fossile
à proportion des lachrymaux.
Il y a surtout une chose remarquable , c’est qu’au lieu de la lé-
gère échancrure du bord orbitaire du. frontal antérieur qui est dans le
gavial, il y a dans le fossile un demi- canal lisse, qui descend sur la
jonction du frontal antérieur et du nasal.
Le nasal, au lieu de remonter en entier le long du bord interne
du lachrymal et du frontal antérieur, s’élargit pour embrasser la
pointe du frontal antérieur dans une échancrure de sa base. L’apo-
physe externe de cette base sépare la pointe inférieure du jugal d’avec
le lachrymal et le frontal antérieur.
La base du museau en dessous, à l’endroit où les palatins entrent
dans sa composition, est beaucoup plus bombée , plus haute verti-
calement dans le fossile que dans le gavial. Sa hauteur est dans le
premier de !\' dans 1 autre de 2 9 (^>^74) seule-
ment.
FOSSILES.
Ces caractères, pris de la base du museau, tant en dessus qu’en
c essous, sont confirmés par un fragment tiré d’un plus petit indi-
Uj et que j avois déjà fait connoître dans ma première édition.
Onlevoitpl.VIII, fîg.8.
II comprend en dessus la pointe la plus inférieure du frontal, b ,
a partie supérieure des nasaux, et une grande portion des fron-
aux anterieurs, c, c. Le canal dont nous avons parlé s’y voit com-
de l’imérieur des
tes en arrieie. Ln dessous, il y a une portion considérable des
palatins entre les parties des maxillaires qui les enchâssent.
Ce morceau montre bien le passage assez rapide de cette hauteur
verticale de la base du museau à la dépression du reste de son éten-
<^uej dépréssion beaucoup moindre, comme nous l’avons vu rme
celle du gavial.
^ On voit qu’il manque encore à cette longue tète l’extrémité anté-
rieure du museau et l’ouverture extérieure des narines; mais on
^rouve 1 une et l’antre dans la tète du cabinet de Darmstadt, décou-
te par Bauder, et que je rapporte avec confiance à notre espèce.
pu m y déterminer, car elle a le double défaut d’être beaucoup tron
courte et de représenter le crâne renversé et par une autrf face
que le museau. Les excellentes figures que vient de m’adresser
l' clont je donne des copies réduites au quart,
P J fig. 10 i5, m’ont beaucoup mieux instruit. On y voit,
b- lo, le reste de crâne par sa face supérieure; à peine y reconnoît-
PaVTa'fac^'" I ^ est le museau, aussi
«X su ^
comme celü. I T ™ «e museau,
, 8“'’“»' > on cylindre aplati horizontalement,
en po^i' le passage de la quatrième dent d’en bas-
riucTV'f'''^ duquel sont percées les iia-
larrLe “ “T™ “““ 0-> J cecomioit vers
avoir été d^ restes de fosses temporales, qui paroi, ssent
e igure ovale comme dans notre individu de Honfleur;
i53 • CROCODILES
et en avant, en h, il est resté un fragment de la mâchoire inférieure
adhérant sous la supérieure. Le profil, fig. 1 3 eti4? est celui du côté
«auche , la tête étant couchée comme elle l’est au cabiuet , sur sa
face supérieure (i). On y voit que le museau est un peu arqué en
dessus j en sorte que dans tout ce que l’on aperçoit de ses caractères,
le crocodile d’Altorf ressemble à notre première espèce de Honfleur.
La longueur de la portion du crâne est de
Sa plus grande largeur.
La longueur du fragment de museau. .
Sa lai-geur au milieu
La largeur de sa dilatation anterieure. .
0,390
0,180
0,2^5
0,045
0,062
En supposant, comme on doit le croire, qu’il manque quelque
chose entre le museau et le crâne , ces dimensions sont à peu près
les mêmes qu’à la tête de Honfleui’.
20. Tête à musecLu plus court.
, De même que nous avons trouvé parmi ces os de Honfleur des
fragmens de deux mâchoires inférieures , il y existe aussi des frag-
mens de deux museaux différens par 1 espece. ^
Le cabinet de l’Académie de Genève en possède un que j y ai
dessiné en i8n , et dont M. de Labêche a publié depuis une htho-
oiaphie de grandeur naturelle. Mon dessin (au quart de la grandeur)
est gravé , pl. X, fig. 5 , en dessus; fig. 6, en dessous; fig. 7, de côté.
On y voit, en a, les extrémités antérieures des os du nez, for-
mant , comme dans le gavial , une pointe précédée par la réunion
des maxillaires , b , h , qui continuent le tube des narines en avant
jusqu’aux interraaxillaires.
L’ouverture antérieure des narines est ovale, et les intermaxil-
laires l’entourent d’un cadre également ovale, et non pas renflé laté-
(1) N. B. Dans mes copies, fai été obligé de retourner la partie du museau qui pareil
être renversée dans le morceau tel qu’on le conserve , ce qui probablement aura occasionne
l’une des erreurs de la planclie de M. Faujas.
FOSSILES.
i53
râlement comme celui du gavial. Le bord postérieur et supérieur
donne deux petites proéminences qui ne sont pas au gavial.
Les sutures ne sont pas assez marquées pour que je puisse déter-
miner si ces proéminences appartiennent aux maxillaires ou aux in-
termaxillaires.
Indépendamment de la forme de ses narines, ce museau diffère
de celui du pvialpar sa forme générale, qui s’élargit plus rapide-
ment en arrière, ce qui devoit le rendre plus court, sans toutefois
que sa composition puisse permettre de le rapprocher des crocodiles
proprement dits, même de ceux qui l’ont le plus allongé, puisque
dans les crocodiles les os du nez descendent jusqu’aux narines.
Ce fragment est long de 0,894, large à sa base de o,io4j et au mi-
lieu des intermaxillaires de 0,009.
J’y rapporte avec assurance le fragment de Honfleur représenté
pl. VIII , fig, 6 et 7 , et contenant les trois dernières dents de chaque
côté , et la plus grande partie de l’ouverture des narines. Sa forme
est absolument la même C[ue dans le museau de Genève, et je ne
vois pas comment il s’adapteroit à ma première tète. Ainsi je n’aî
point de Honfleur Textréraité du museau de cette première tête,
et je ne la retrouve qu’à l’aide du morceau de Darmstadt- et c’est
au contraire le crâne et toute la partie postérieure qui me manque
dans celle de Genève.
Il faut maintenant rapporter chacune des deux mâchoires décrites
piecedemment a chacune des deux têtes, et je n’hésite guère à penser
que celle des fig. i et a, pl. VIII, appartient à la tête de Genève.
Ce qui m’y détermine , c’est qu’elle offre h peu près le même élar-
gissement graduel. Ainsi les fragmens de mâchoire déprimée, et
notamment celui des fig. 8 à xo, pl. X , appartiendroient naturel-
lement a 1 autre espèce, à celle à long museau.
§ III. Les vertèbres,
J distinction de deux espèces, annoncée par les mâchoires
n erieures, confirmée par les têtes, a continué de se montrer dans
L. V, ae. P.
20
CROCODILES
Le premier morceau qui se présente (pl, VIII, fig. 9
fig. 10 en dessous, fig. ii en avant) offre l’atlas et l’axis so
i54
plusieurs parties du squelette. En effet, un examen attentif des ver-
tèbres a fait voir qu’elles forment deux systèmes, et auroit indiqué
l’existence de deux crocodiles différons dans ces bancs marneux ,
quand meme on ne 1 auroit pas reconnue par les mâchoires 5 c’est
même par les vertèbres que j’en ai été averti d’abord le plus posi-
tivement.
de côté,
; ) offre l’atlas et l’axis soudés en-
semble, et personne n y méconnoîtra les deux premières vertèbres
d’un crocodile. L’atlas n’a conservé que sa pièce inférieure, et
une partie des latérales, /â, c, destinées à embrasser le condyle de
l’occiput. Tout ce qui contribuoit à former le canal a disparu. L’axis
est plus complet, n’ayant perdu que la partie postérieure de sa pièce
annulaire. Il y a déjà dans ce morceau plusieurs caractères qui annon-
cent une espèce différente du gavial du Gauge et des autres croco-
diles vivans; entre autres, le tubercule, c/, de l’axis, qui fait penser
que la fausse cote de cette vertèbre avoit deux têtes, comme celles
des cervicales suivantes. Dans le crocodile et le gavial elle n’en a
qu’une, qui s’attache au tubercule analogue à e.
Mais un caractère plus frappant encore, et qui répond à ceux que
nous allons remarquer dans les vertèbres suivantes, c’est que la face
postérieure du corps de l’axis est concave, tandis qu’elle est convexe
dans tous les crocodiles connus.
Lonsueur totale des deux vertèbres.
Longueur particulière de l’axis en dessous.
0,074
0,043
Sa hauteur au milieu de son apophyse epineuse o^oG’
L’existence tlu deuxième système vertébral dans ces bancs s’est
annoncée dès ces premières vertèbres cervicales , car j’ai trouvé aussi
un autre morceau contenant l’axis et l’atlas, mais avec des propor-
tions différentes. II étoit mutilé à Honfleur, mais je l’ai retrouvé
beaucoup plus parfait dans un morceau envoyé d’Alençon , et je puis
le décrire immédiatement.
Nous le représentons, pl. IX, fig. y en dessous, et fig. 8 de côté.
En le comparant avec le premier morceau analogue, pl. VIII, fig. 9,
FOSSILES.
IG et 1 1 , on verra que Taxis y est plus long à proportion j qu’au
ieu cl une seule carène en dessous il y a une face longue et plate
qui fait de son corps un prisme quadrangulaire. '
Longueur totale des deux vertèbres.
Longueur particulière de l’axis en dessous .' .’ . ’ ! o^oS-j
Hauteur totale de l’axis au milieu de son apophyse épineuse o,o65
Je passe maintenant aux vertèbres suivantes , en les distinguant
d apres les deux systèmes auxquels elles appartiennent, et que je
nommerai 1 un système comexe en avant , et l’autre sy^tèjne concaue.
Un grand et beau morceau de Ronfleur, pl. VIII, fig. 12, nous
seivira de premier échantillon du système convexe. Il offre trois des
piemières vertèbres dorsales , etsufiîrok à lui seul pour démontrer
que 1 animal dont il provient a été un crocodile , et un crocodile
inconnu.
Le genre résulte d’abord de la suture cpii joint le corps à la partie
annulaire , et qui ne s’observe que dans les crocodiles et les tortues ;
mais l’espèce se distingue aussitôt par beaucoup de caractères.
1°. En les plaçant de manière c[ue la facette articulaire cjui re-
garde en dehors soit la postérieure , la face antérieure du COrps se
trouve convexe et la postérieure concave : ce seroit le contraire dans
toutes les vertèbres des crocodiles connus.
Cette convexité antérieure se rapporte évidemment à la concavité
de ici face postérieure de 1 axis, et annonce qu’au moins une grande
] aitie de^ 1 epine de notre animal avoit les faces de ses vertèbres dis-
posées d une manière contraire à celle des crocodiles ordinaires.
fonT' ^ transverse naît par quatre cotes saillantes qui lui '
font une base pyramidale. ^
Ces deux sortes d’inégalités manquent aux crocodiles connus.
Au heu d’une apophyse épineuse inférieure unique, comme
miLT.T' ' crocodiles, nous trouvons ici deux arêtes, ter-
Chacune en avant par un tubercule.
y bien parmi les quadrupèdes vivipares des ordres entiers,
20*
i56 CROCODILES
tels que les ruminant et les solipèdes , qui ont le corps de leurs
vertèbres cervicales convexe en avant 5 mais toutes leurs apophyses
sont autrement arrangées.
Pour mieux faire saisir les caractères distinctifs de ces vertèbres,
j’en ai représenté une séparée et dans une situation horizontale, à
demi grandeur, pl. VIII , fig. i3. •
Longueur du corps , ah o,o85
Hauteur totale , c 0,1 5o
Il ne paroît pas au reste que ce crocodile fossile eut, comme ceux
d’aujourddiui, toutes les vertèbres convexes aune face et concaves
à l’autre.
La convexité antérieure diminue déjà sensiblement dans un troi-
sième morceau , pl. IX, fig. 10, qui est le corps d’une dorsale,
analogue à peu près à la quatrième de notre crocodile vivant. Sa
partie annulaire a été enlevée j mais on voit encore, en e , les dents
de la suture c[ui l’unissoit au corps. On voit aussi, en la facette
pour la tête de la côte, et derrière, en d, la fosse profonde, qui est
un des caractères des vertèbres de notre espèce ; mais il n’y a ni arête,
ni tubercules inférieurs.
Le corps de cette vertèbre , ainsi que des suivantes , est beaucoup
plus rétréci dans son milieu que dans les crocodiles connus.
Longueur 0,072
Diamètre d’une des faces o,o63
Diamètre du milieu o,o4i
Une autre vertèbre, semblable à la précédente, mais qui paroît
avoir été placée plus en arrière, attendu que sa facette costale est
un peu plus haut, a déjà les deux faces de son corps à peu près égales
et planes.
J’en trouve ensuite plusieurs (par exemple les trois de la fig. 6,
pl. IX) qui n’ont plus de facettes costales au corps, et qui appar-
tiennent par conséquent ou aux dernières dorsales ou aux lombaires.
Pour décider leur place, il faudroit savoir s’il y a une telle facette à
leur apophyse transverse, et celle-ci a été cassée. On voit du moins
dans deux d’entre elles, pl. IX, fig. 3, qui ont conservé leur partie
FOSSILES. ^ i57
annulaire, que l’apophyse transverse naissoit aussi d’une pyramide
formée par des arêtes saillantes, a, h , comme celle des deux pre-
mières dorsales que nous avons décrites. Elles appartiennent donc
bien sûrement à une même colonne épinière, qui vient d’un très-
grand individu.
La longueur de la vertèbre entière est de o,og3
Le diamètre de ses faces de. o,o8S
Celui de son milieu o,o38
Mais à côté de ce premier système de vertèbres dorsales dans les
mêmes couches, et souvent pêle-mêle dans les mêmes morceaux,
s’en trouve un autre très-différent , qui a bien appartenu aussi à un
crocodile, et à un crocodile inconnu, mais qui ne peut avoir été de
la même espèce que le précédent: c’est celui que je nomme système
concaçe. Les vertèbres qui le coniposoient n’ont point le corps ré-
tréci au milieu; leurs apophyses transverses ne naissent point de la
réunion de plusieurs arêtes saillantes; elles ressemblent donc en gé-
néral beaucoup davantage à celles de nos crocodiles vivans; mais
leur différence principale , et de nos espèces vivantes et de la pre-
mière espèce fossiln, c’est que les faces de leurs corps ne sont con-
vexes ni l’une ni l’autre , mais toutes les deux légèrement concaves.
Du reste , elles ont la suture et toutes les dispositions d’apophyses
qui peuvent caractériser génériquement des vertèbres de crocodiles.
J’en ai une qui répond à la troisième cervicale des crocodiles or-
dinaires par ses apophyses et tubercules costaux, mais qui, outre
le défaut de convexité en arrière, en diffère ainsi que de toutes les
suivantes, parce cju’elle n’a point en dessous de tubercule impair ou
ajjophyse épineuse inférieure.
Celle de la pl. IX, fig. ir, répond à la deuxième du dos des cro-
codiles vivans, parla position de sa facette costale, a, b; mais elle
en diffère également par l’absence de toute apophyse épineuse infé-
rieure.
Celle de la fig. 4> qui répond à la quatrième ou cihrjuièrae dor-
nos espèces vivantes, parce que sa facette costale, f, est plus
voisine de l’apophyse transverse , manque aussi de cette apophyse
i58 CROCODILES
épineuse inférieure quelle devroit encore avoir dans nos espèces.
La ressemblance devient plus grande quand, on arrive aux vertè-
bres qui n’ont pas cette apophyse épineuse dans les espèces vivantes ;
elles ne diffèrent plus alors que par l’absence de convexité à la face
postérieure. Telles sont des cinquième et sixième dorsales que j’ai
en groupe.
Celles de la fig. 9 répondent à la sixième ou septième dorsale , et
lui ressemblent très-bien par la longueur de leur apophyse trans-
verse, et parce qu elle porte la facette costale sur le milieu de sou
bord antérieur; leur seule différence est aussi dans la concavité des
devrx faces de leur corps.
I3ans les dernières dorsales, outre cette différence générale, on
observe que les apophyses transverses sont moins aplaties , plus
grosses que dans les espèces vivantes.
J’ai encore quelques grosses vertèbres lombaires qui appartiennent
au même système, et qui ne diffèrent aussi de leurs analogues dans
nos crocodiles, que par l’absence constante de convexité à leur face
postérieure.
11 me reste à parler des vertèbres du bassin et de la queue. Toutes
celles que je possède me semblent se rapporter au deuxième sys-
tème par le peu de rétrécissement de leur corps dans son milieu,
seul caractère qui l’este h employer, puisque les vertèbres du premier
système avoient déjà cessé d’être convexes en avant, dès le milieu du
dos, et que celles-ci deviennent à peu près planes par leurs deux
faces.
J’ai deux vertèbres, pl. V, fig. 10, que je crois des vertèbres sa-
crées , a cause de la grosseur de leurs apophyses transverses et de la
manière dont elles s’engrènent avec le corps. La face inférieure de
corps est moins aplatie que dans les crocodiles vivans , et offre
même un vestige de carène obtuse. Les faces antérieure et posté-
rieure sont toutes les deux concaves.
On reconnoit aisément celles de la queue à la compression de leur
partie annulaire et aux deux petites facettes de leur, bord postérieur
inférieur, pour porter l’os en chevron.
FOSSILES.
Nous en représentons une des antérieures, pi. IX, fig. 5, et une
des moyennes, fig. 12. L’une et l’autre sont considérablement moins
gre es, moins allongées et moins comprimées que leurs correspou-
antes dans les crocodiles vivans , ce qui peut faire présumer que le
ossile avoit la queue plus courte à proportion.
On trouve aussi dans les morceaux que j’ai sous les yeux plusieurs
de ces osse ets en chevron, qui s’articulent en dessous de la queue
du ci’ocodile et de plusieurs autres sauriens.
Ici vont naître nécessairement deux cpestions analogues à celles
qui ont terminé la description de la tête.
I Auquel des deux axis et atlas décrits d’abord appartient chacun
des deux systèmes vertébraux dont nous venons de parler ?
20. A laquelle des deux têtes et des deux mâchoires inférieures
se rapporte chacun de ces mêmes systèmes ?
II n’est certainement pas facile de répondre tant <ju’on n’aura pas
vil les pièces articulées ensemble, ou du moins rapprocbécs avec une
apparence d ordre naturel ; mais si l’on peut s’en rapporter h des
conjectures, je croirois plutôt ijiie le système il face antérieure con-
vexe , qm ressemble moins à celles des crocodiles vivans doit aunar-
temr a la mâchoire qui est aussi la moins resssemblante J c’est-à-dire
à celle que j’ai décrite la première, à celle dont la symphyse lit
moins déprimée, et qui tenoit au museau le plus court et le plus
obtué.
Par la même raison je crois que c’est à ces vertèbres convexes on
avant que répond l’axis plus allongé , et qui a en dessous une face
§ IV. Les os des extrémités.
os’ïirs tt“ quelques
Un Km T ““li'és et peu recoimoissables.
5 pl. X, fig. II, dim individu que l’on peut supposer
i6o CROCODILES
de dix à onze pieds, est beaucoup moins courbé, a le trochanter
beaucoup moins saillant , et est beaucoup plus comprimé dans sa
partie moyenne que celui des crocodiles vivans.
Il y en a un autre , pl. X, fig. 12 , plus petit , et évidemment
d’une autre espèce, car il est plus arqué et a d’autres contours.
Voilà tout ce que j’ai pu recueillir dans les collections dont j’ai pu
disposer qui m’ait paru appartenir avec certitude à ces deux croco-
diles j mais il y avoit dans ces mêmes collections plusieurs autres os,
qui, bien que venant des mêmes couches, appartenoient nécessai-
rement h d’autres animaux. J’ai eu beaucoup de peine h ne pas me
laisser induire en erreur par ces os, et à ne pas les donner à mes
deux crocodiles, ce qui en auroit infailliblement fait des monstres
anatomiques 5 mais depuis les découvertes faites en Angleterre des
reptiles appelés ichtyosaures , plésiosaures et mégalosaurus, j’ai cru
en recoimoître les véritables genres, et j’en traiterai dans les chapi-
tres suivans.
Je ne crois plus au reste avoir besoin d’insister sur la distinction
à établir entre ces crocodiles et ceux que l’on connoît vivans , ni êU’e
obligé de répondre à ceux qui penseroient encore que l’on pourroit
expliquer les différences extraordinaires c[ui distinguent ces deux
sortes d’os de ceux du gavial, V influence de l’âge, de la nour-
riture , du climat ou du passage à Vétat de pétrification , ainsi
que l’avoit voulu feu M. Faujas dans le passage cité au commence-
ment de ce chapitre.
Toutes ces causes réunies auroient-elles pu mettre en avant la
convexité que les autres crocodiles ont en arrière de leurs vertèbres?
auroient-elles pu changer l’origine des apophyses transverses, aplatir
les bords des orbites, diminuer ou augmenter le nombre des
dents, etc.? Autant vaudroit dire que toutes nos espèces vivantes
viennent les unes des autres.
FOSSILES.
î6î
Article V.
l^es Crocodiles qui se trowent dans la craie et dans les couches
placées immédiatement au-dessus et au-dessous de la craie.
Après avoir traité dans les trois articles précédens des crocodiles
ks plus anciens , de ceux des formations connues sous le nom de
.jurassiques, nous remontons dans l’espace, et nous arrivons aux
couches un peu plus récentes qui appartiennent à l’àge de la craie.
On a découvert des crocodiles: sous la craie dans les sables ferrugi-
neux d Angleterre; dans la craie à Meudon; et immédiatement sur
la craie dans les lignites et l’argile plastique de plusieurs endroits.
Malheureusement on n’eu a pas recueilli des morceaux assez com-
})lets pour eu déterminer les espèces, et ce que je vais eu dire con-
sistera plutôt en indications qu’en descriptions positives; c’est pour-
quoi je réunis ces divers morceaux sous un seul article.
§ I. D’une dejit de crocodile de la craie de MeudoN.
Elle m a été donnée par M. Brongniart , et je la représente, pl. VI ,
lig. 9. Elle est fendue longitudinalement, et on n’en possède qu’une
moitié. Son diamètre à la base est de 0,02^, et sa hauteur de 0,04.
Sa forme, sa courbure, l’arête légère qui règne sur un de ses côtés, la
rendent très-semblable à celle des crocodiles ordinaires. L’individu
dont elle provient devoit être long à peu près de vingt pieds.
§ II. Des os de crocodiles des sahles feiv^ugineux du dessous de la
craie , trouvés dans le comté de Stissex ,pa;t^ M. Mantell.
M. Gedéon Mantell, membre du Collège royal des Chirurgiens
e Londres , demeurant à Lewes , bourg du comté de Sussex , dans un
ouvrage très-intéressant sur la géologieducomtéqu’ilhabite(i), oùif
^0
T V or llluslralioiis ofthe Geology ofSiisscx^, i
vol.
jf)2 CROCODILES
fait connoître en détail les fossiles appartenant a chaque couche, s est
attaché surtout k décrire ceux quil a trouvés en abondance dans la
forêt de Tilgate, située au nord de ce comté près de Horsham, et à
déterminer les couches dont le sol de cette forêt se compose.
D’après les coupes qu’il a données du pays environnant, on voit
que ces couches sont du nombre de celles qui sont immédiatement
au-dessous de la craie. Après la craie ordinaire avec ses silex , vient
une craie inférieure sans silex, puis une sorte de marne grise ou craie
une marne argileuse LleuiUrG analoguG k celle du îîavre , le
sable vert ou glauconie crayeuse, une argile renfermant des lits de
calcaire appelé marbre de Sussex, et enfin le sable ferrugineux dont
la couche est si étendue en Angleterre.
Les divers bancs sont placés obliquement, de manière que le plus
inférieur s’élève du côté de l’est, et forme des plateaux aussi hauts
que peuvent l’être ceux de craie du côté de l’ouest, et cest sur un
de ces plateaux c[ue la forêt de Tilgate est située , en sorte que le
sable ferrugineux s’y trouve immédiatement sous la couche meuble
superficielle ou diluviale.
Parmi d’innombrables restes de testacés, de crustacés et de pois-
sons, ce sable renferme aussi beaucoup d OS de reptiles, et notam-
ment de tortues et de crocodiles, dont M. Mantell donne 1 énumé-
ration et la description p. 47 et suiv.
Il y reconuoît des restes de trois tortues, que nous aurons à rappe-
ler ailleurs, et plusieurs dents, vertèbres et autres os de crocodiles.
Depuis la publication de son ouvrage, l’auteur a continué ses re-
cherches et a fiiit encore beaucoup de découvertes. Il a recueilli
beaucoup d’os d’une immense espèce de lézard que nous décrirons
sous le nom de mégalosaurus , qui lui a été donné par M. Buckland,
et surtout des dents très-singulières venant d’un reptile, mais qui
les usoit par la détrition comme les herbivores.
M. Mantell a bien voulu me communiquer quelques-uns de ses
5 Londres 1822 , avec de belles figures dessinées par l’auteur et gravées par madame
jMantell.
FOSSILES. i53
morceaux, et j’y ai reconnu, comme lui, des dents et des vertèbres
appai tenant manifestement à ce genre.
Les dents se voient pl. X, fig, a5 , 26, 27 et 3o.
H se trouve parmi les vertèbres une quatrième dorsale, pl. X,
fig. 33 et 34 ; une du milieu de la queue , iôid. , fig. 3i et 32 ; et une
d un peu plus loin, ibid. , fig. 28, provenant d’un individu de neuf
à dix pieds de long.
Les vertèbres sont un peu concaves aux deux extrémités, ce qui
les rapproche du crocodile de Caen et du deuxième de ceux de Hon-
fleur 5 cependant je les trouve plus voisines du premier pour l’en-
semble. Les dents sont pour la plupart plus obtuses même que dans
nos crocodiles vulgaires, et ressemblent en ce point à la seconde du
Jura que j’ai décrite ci-dessus.
§ III. De dents et os de crocodile des lignites et de V argile
plastique d’ Auteu il près de Pajds.
On a pu voir dans notre deuxième volume, 2“®. partie, p. 253,
qu au dessus de la craie et sous le Calcaire grossier sont interposés des
1 s argi e, dans lesquels sont souvent mêlés des couches charbon-
neuses et pyriteuses d’une nature différente de celles des anciennes
houilles, qui sont inférieures de beaucoup et subordonnées aux
couches les plus profondes du Jura.
Il est même très-j^robable aujourd’hui pour moi, qu’il existe des
couches de lignites plus modernes encore et supérieures au calcaire
b ossier.^ Ce ne sont pas seulement les autbracothériums qui me le ren-
en vraisemblable. Les restes d’animaux de genres très-récens , d’hip-
popotames et de castors, découverts depuis peu dans les lignites d’Hor-
^en pies e Zurich, par M. Meissner, ne me laissent presque pas de
orne que eurs couches n’appartiennent aux terrains de transport.
lignites-là qu’il s’agit main-
l êlect physicien connu par de belles expériences sur
magnétique et sur d’autres sujets intéressans, ayant fait
21
i64 CROCODILES
près d’Auteuil des fouilles dont nous avons fait mention dans notre
deuxième volume , partie, p. 2^9 et34i , qui ont pénétré jusqu à
l’argile plastique et à la craie, en a obtenu, avec du succin et d’au-
tres minéraux peu communs, quelques très-petits fragmens d’os,
parmi lesquels j’ai reconnu incontestablement une portion de la tête
supérieure d’un humérus , et une dent d’un petit crocodile d’environ
trois pieds de longueur.
Je donne la figure du fragment d’humérus, pl. VI, fig. 18, afin
de montrer comment des fragmens si petits, et auxquels autrefois
on auroit domjé si peu d’attention, peuvent conduire à la déter-
mination de faits d’une grande importance.
Il y avoit à côté une très-petite dent pointue, pl. VI, fig. 19.
Ce gisement étant bien plus ancien que celui de nos crocodiles des
plâtres, puisque toute la formation de calcaire grossier est interposée
entre celle des plâtres et celle de l’argile plastique , il y a grande
apparence quel’ espèce de crocodile dont provient ce fragment diffère
de celle dont nous avons trouvé des restes à Montmartre ÿ mais il est
impossible sur un si mince débris d’en fixer les caractères.
§ IV. Des os de crocodiles des lignites de Provence.
M Blavier, ingénieur en chef des mines, a trouvé dans le milieu
d’une couche de charbon de terre, dite des Quatre-Pans , à Mîmet,
département des Bouches-du-Rhône , la moitié supérieure d’un fé-
mur gauche manifestement de crocodile, pl. VI, fig. 17.
Comparé avec son analogue dans les crocodiles ordinaires, il est
un peu plus courbé en y'italique ; sa tète est un peu moins étendue
d’avant en arrière j elle a une convexité plus marquée à sa face in-
terne ; et la tubérosité de la face interne de l’os , qui tient lieu de
petit trochanter , est beaucoup plus saillante.
Il n’est pas douteux d’après ces caractères c[ue cette couche ne
renferme les os d’une espèce particulière de crocodile , dont il seroit
fort intéressant d’avoir d’autres fragmens.
Les géologistes ont bien déterminé la position de ces charbons;
FOSSILES. i65
ce sont de vrais Ugnites , et dans la meme situation relative que
notre argile plastique.
Il n’y auroit rien d’impossible à ce que l’espèce des crocodiles fût
la même que celle d’Auteuil.
§ V. Des os de crocodiles de Sheppey,
Parmi les fossiles que feu M. G. -A. Deluc avoit recueillis dans les
falaises de l’île de Sheppey, à l’embouchure de la Tamise, et que
j’ai dessinés chez lui à Genève, en 1809, étoit une troisième cervi-
cale parfaitement reconnoissable, et fort semblable à sa pareille dans
l’un de nos crocodiles vivans. L’individu pouvoit avoir environ cinq
pieds de longueur^ La couleur de ce morceau étoit un gris-noirâtre.
M. Deluc avoit trouvé tout auprès une vertèbre plus petite, que
j’ai reconnue pour être de monitor ou d’un genre voisin.
Il est à regretter que la hauteur et la nature du lit où ces os ont
été découverts n’aient pas été déterminées avec plus de précision ;
cependant, comme il est certain que la plus grande partie de l’île de
Sheppey appartient à la formation de l’argile plastique , il est pro-
bable que c’est aussi à cette formation qu’appartiennent les deux
reptiles dont ces os proviennent. Ils y sont accompagnés de tortues
dont nous parlerons ailleurs, de crabes très-variés, et d’une infinité
de fruits divers, dont M. Crow , habitant de Feversham , a fait
une immense collection. Notre Muséum lui en doit une très-belle
suite, et je saisis avec plaisir cette occasion de rendre témoignage à
la noble libéralité avec laquelle il nous a enrichis.
Article VI.
Des Crocodiles dont les ossemens se trouvent arec ceux de
palæothériums et de lophiodons.
^ Nous arrivons toujours plus près du temps présent. Les palæothé-
riums et les lophiodons, tout anciens qu’ils sont parmi les quadru-
pèdes , sont des animaux fort modernes en comparaison de ces cro-
i66 CROCODILES
codiles des couches jurassiques et de la craie dont nous avons parlé
jusqu’ici ; néanmoins ils ont aussi vécu avec des reptiles de ce genre,
et l’on en trouve les ossemens épars avec les leurs ; mais il paroît
cpie ces crocodiles-là étoient beaucoup plus voisins de ceux d’à-pré-
sent, et n’appartenoient nullement à ces espèces antérieures à la
formation de la craie.
§ I. Crocodiles des plâtrières.
Nous possédons depuis bien long-temps, et nous avons décrit et
représenté dans notre troisième volume, p. 335, le frontal d’un petit
crocodile dans le plâtre de Montmartre. Ce frontal à lui seul donne la
preuve qu il a appartenu à un animal du genre des crocodiles , qull
iiétoit pas, comme les précédens, du sous-genre des gavials, mais
qu’il venoit ou d’un crocodile proprement dit ou d’un caïman, et
probablement d’un caïman très-voisin de notre caïman à lunettes
( crocod. sclerops') ; cependant ce seul frontal prouve aussi qu’il étoit
d une espece dilfeiente. L individu ne devoit pas avoir plus de deux
pieds.
J’ai décrit des mêmes carrières (vol. III, p. 336) un humérus
gauche, cpi n’avoit perdu cjue son tiers inférieur; il venoit d’un in-
dividu de près de six pieds de long. Je ne trouve pas à le distinguer
d’une manière sensible de celui d’un caïman à museau de brochet
de même taille,
§11. Crocodiles des marnières d' Argenton.
Ce qui est bien remarquable, c’est que des crocodiles, également
fort semblables aux nôtres, accompagnent les palæothériums et les
lophiodons des calcaires d’eau douce, comme ceux du plâtre, et ce
qui l’est peut-être encore davantage, c’est cju’ils y sont aussi avec
des trionyx.
Ainsi, parmi les os que M. Rollinat a recueillis près d’Argenton,
il y en a presque autant de crocodiles que de lophiodons.
Il s y trouve des parties de sept fémurs gauches, ce qui annonce
FOSSILES. 167
au moins sept individus ; tous de taille médiocre, au plus de neuf
pieds de longueur.
On observe quelques différences dans la courbure des surfaces,
et le trochanter y est un peu creux au milieu de sa saillie.
Les dents, pl. X, fig. i5 et 16, dont la Cjuantité est prodi-
gieuse, confiiment cette indication : elles sont beaucoup plus com-
primées que dans les crocodiles connus, et ont deux bords fort tran-
chans, dentelés pour la plupart, presque comme certains raonitors ,
ce qui m avoit cl abord donne lidee qu elles venoient de ce genre,
et toutefois aucun autre os 11’ est de raonitor; tous sont de croco-
diles, et analogues aux os des sous-genres connus.
Ainsi 1 on y voit des vertèbres cervicales, dorsales, lombaires et
caudales , cjui toutes ont une concavité en avant , et une convexité
hémi-sphérique en arrière. Dans les monitors, cette convexité seroit
beaucoup plus large que haute. Une cpatrième dorsale est repré-
sentée fig. a3, et une caudale moyenne lig. 24.
Chacune de ces sortes de vertèbres, comparées à son analogue
dans les crocodiles vivans , offre quelque différence, mais de peu
d’imjjortance.
Les dorsales, par exemple, sont plus courtes à projioitïon de leur
longueur; les lombaires ont à la face inférieure une impression lon-
gitudinale un peu concave, dont on ne trouve qu’un léger vestige,
et dans le gavial seulement, etc.
Mais j ai trouvé des caractères plus marqués encore dans quelques
fragrnens de tête.
11 y en a un, fig. , de Fos maxillaire supérieur, avec quelques
alvéolés de dents et une portion du canal des narines , d’après laquelle
on peut conclure que le museau, au moins dans cette partie, étoit
comprimé par les côtés , c’est-à-dire étroit et élevé verticalement.
Un autre fragment , fig. 1 8, pris au devant de Forbite , annonce que
cette région étoit très-rugueuse , et qu’il y avoit un enfoncement cerné
es deux côtés et plus marqué que celui du crocodile h deux arêtes.
Malheureusement je suis loin encore de pouvoir rétablir la tête,
^ttie je 1 ai fait pour une espèce de Honfleur et pour celle de Caen.
i68 crocodiles
Le tibia, dont j’ai eu trois échantillons, avoît la tète supérieure,
fig. 21 , plus grosse à proportion, et le bord antérieur de cette tète
saillait en avant sur la face antérieure de l’os, ce qui n’est pas dans
les crocodiles vivans. La tête inférieure , fig. 22, se rapproche davan-
tage de ceux-ci.
A en juger d’après une de ses phalanges onguéales, il doit avoir
eu les ongles plus larges, plus courts et plus plats que les crocodiles
ordinaires.
Les écailles étolent épaisses , et creusées de petites fossettes moins
profondes qu’à celui de Caen.
'Il y en a dans le nombre qui portent au milieu une crête osseuse
très-saillante.
Je n’ai rien trouvé qui donne lieu de croire que cette espèce par-
vint à une grande taille. Il ne me paroît pas qu’aucun des morceaux
qui m’ont été remis annonce un individu de dix pieds 5 si ce n’est le
fragment du devant de l’orbite, 11 pourroit venir d’un individu de
douze à quinze pieds.
Avec ces os de crocodile se trouvoient encore quelques vertebies
d’assez grands serpens.
g III. Crocodiles des couches de grai^ier de Castelnaudary ,
Parmi ces os nombreux de lophiodons, découverts par M. Dodun
le long des pentes de la montagne Noire, près de Castelnaudary,
nous avons reconnu un axis , une des premières dorsales et une
deuxième sacrée de crocodiles, dont les faces avoient leur convexité
placée comme dans nos crocodiles vivans , et dont les apophyses
étoient respectivement semblables. Ces vertèbres indiquoient les
unes six , les autres neuf pieds de longueur pour les individus.
11 y avoit en outre une tête inférieure d’omoplate d’un individu de
neuf à dix pieds, dont les formes différoient extrêmement peu de
celles d’à-présent j elle étoit seulement un peu plus étroite et plus
pointue.
On voit cet axis pl. X , fig. 35 , et la 4^0. ou 5“^, dorsale fig. 36.
FOSSILES.
169
§ IV. De quelques dents de crocodile des eni^irons de Dlaye.
Nous ne pouvons que rappeler ici ce que nous avons dit de ces
dents dans notre premier volume, p. 333. Elles étoient à vingt pieds
sous terre, dans un banc calcaire (sans doute de calcaire marneux'
d’eau douce), avec les dents d’un quadrupède voisin de l’hippopo-
tame, nrais plus petit que le cochon. ]VI, .Toncn7i;j0[^ qui les a décou**
vertes, m’en a envoyé cjualre qui ne dilFèrent en rien des dents ana-
logues d’un crocodile qui auroit huit ou dix pieds de long.
§ V. D\m os de crocodile de JBrentfort.
M. G. A. Deluc m’a communiqué un calcanéum qui fut découvert
en , àBrentfort, dans le comté de Middlesex, avec des os d’é-
léphans, d’hippopotames, de rhinocéros et de cerls, dont nous avons
parlé aux chapitres consacrés à ces divers genres.
Comparé à celui d’un crocodile vivant, ce calcanéum est plus long.
Sa tubérosité postérieure et sa tête antérieui’e sont beaucoup moins
élargies relativement au diamètre de sa partie moyenne ; sa poulie
péronéale est beaucoup plus mince ; en un mot, avec les caractères
du genre, il porte incontestablement des marques d’une espèce dis-
tincte; mais il est malheureux que son isolement ne permette pas de
reconnoître si c’est h l’une des espèces fossiles déjà déterminées ou
bien à une espèce encore inconnue qu’il appartient.
S il se trouvoit dans une position naturelle et n’avoit point été
tiansporté à cet endroit avec les débris d’autres couches, ce seroit
l’un des restes les plus récens du genre des crocodiles.
§ VI. Des os de crocodiles fossiles des empirons du Mans.
AI- Matiny, professeur de botanique au Mans, a bien voulu me
comn^^jj^^^g^ des dessins de quelques ossemens découverts dans le
departement de la Sarthe.
T. V, 2e. P.
22
1^0 CROCODILES
L^un d^eux représente une portion de mâchoire qui contient six
dents entières, coniques, aiguës, striées, légèrement arquées, por-
tant, en un mot , tous les caractères de celles du gavial, et par consé-
quent aussi de notre animal de Honfleur. Elles ont été trouvées dans
une pierre calcaréo-argileuse des environs de Ballon, à trois lieues
du Mans, département de la Sarthe.
Un autre représente une dent isolée, plus grosse que les précé-
dentes, mais également striée et pourvue des deux arêtes tranchantes
qui distinguent toutes les dents des crocodiles , son émail est teint
en noir. Elle est dans une pierre calcaire blanche de la commune de
Bernay, même département.
J’en ai placé moi-même au cabinet du Roi une de cette forme et
du même pays, qui surpasse en grosseur toutes celles que j’ai vues
à des crocodiles vivans, et semble annoncer un individu de trente
pieds au moins. Sa gangue est un calcaire sableux. Quoique cassée
aux deux bouts, sa hauteur est encore de 0,07; le diamètre de sa
base de o,o35. Les stries de son côté concave sont remarcpiables par
leur saillie tranchante et leur nombre de epinze ou seize. Du côté
convexe , il n’y en a au contraire que trois très-écartées. L’émail est
teint en brun-noirâtre.
Je l’ai due dans le temps à l’amitié de M. Bureau de La Malle, fils ,
aujourd’hui membre de l’Académie des Belles-Lettres.
Les dessins de M. Mauny présentent encore deux vertèbres lom-
imires, d’une carrière de pierre calcaire de Chaufour, près du Mans.
Depuis ma première édition j’ai reçu de M. Dodun, ancien ingé-
nieur des ponts et chaussées, le même qui a découvert tant de beaux
fossiles près de Gastelnaudary , le dessin d’une partie de mâchoire
contenant cinq dents, et d’une énorme vertèbre, trouvés dans une
])ierre calcaire coquillière de cette même commune de Chaufour ,
sur la route du Mans à Laval.
Tous ces objets paroissent n’avoir été ramassés c[ue par les ou-
vriers qui exploitent ces carrières pour le raccommodage de la grande
route.
Il seroit bien important que quelque naturaliste fît des recherches
FOSSILES. 171
régulières, tâchât d’obtenir des morceaux assez caractérisés pour
en déterminer l’espèce et s’occupât d’assigner avec précision le gi-
sement des couches d’où on l’a tirée.
Article VII.
Résu/né de ce chapitre.
On voit que si les crocodiles encore existans sont plus nombreux
qu’on ne l’avoit cru , les espèces fossiles de ce genre présentent aussi
une assez grande variété; nous pouvons en compter au moins six de
parfaitement distinctes, et qui ne diffèrent pas moins des cr-ocodiles
vivans quelles diffèrent entre elles : ce sont l’espèce de Monheim ,
les deux de Honfleur et celle de Caen, qui tentes les quatre appar-
tiennent au sous-genre des gavials , et les espèces de Montmartre et
d Argenton , dont le sous-genre paroît être plutôt celui des croco-
diles ou des caïmans.
Si nous avions eu des parties plus considérables des squelettes de
ce genre qui se sont trouvés à Castelnaudary , à Mimet, à Auteuil;
si nous avions pu voir et comparer les morceaux de Lombardie et les
anciens d’Angleterre, il est assez probable que nous aurions été dans
le cas de déterminer encore les caractères de quelque autre espèce.
Telles qu’elles sont, nos connoissances sur ce genre ne laissent pas que
d avoir un grand intérêt, puisqu’elles nous prouvent que les croco-
diles ont subi la même loi que les mammifères, et que leurs espèces
n ont point résisté aux catastrophes qui ont bouleversé la croûte ex-
térieure du globe; mais ce qu’ elles ont surtout de bien remarquable,
c est cette vente dont nous apercevons ici le premier indice ; que
les diverses classes d’animaux vertébrés ne datent pas de la même
époque , et que les reptiles en particulier sont de beaucoup anté-
î'ieurs aux mammifères.
fait remarquer en effet dans les parties précédentes
lîotre ouvrage , que les mammifères fossiles des genres les plus
22
JH2 CROCODILES
connus paroissent être ceux qui ont péri seulement lors de la der-
nière révolution de la terre; que leurs débris en remplissent les cou-
ches les plus superficielles; que plusieurs d’entre eux y ont encore
laissé de leurs parties molles; cp’il y en a même que Ton a trouvés
conservés en entier par la glace qui les a saisis au moment de leur
destruction, et dont ils n’ont jamais été débarrassés depuis. Si l’on
remonte plus haut dans les âges, ou en d’autres termes si l’on pénètre
plus profondément dans les couches, on y découvre des mammi-
fères de genres moins connus ou meme entièrement ignorés dans
l’état de vie, tels que les palæothériums , les anoplotbériums et les
lophiodons. Us appartiennent à des couches pierreuses , formées dans
l’eau douce il est vrai, mais que recouvrent d’autres couches égale-
ment pierreuses et d’origine évidemment marine. Avec ces êtres
singuliers se trouvent aussi quelques especes des genres subsistans ,
mais leur nombre est petit , et l’on voit qu’elles sont loin d avoir
formé le caractère de la population animale de ces époques reculées.
Encore avant elles, dans le calcaire grossier ou à cérithes, on ne
trouve plus que des mammifères marins, dauphins, phoques, laman-
tins et autres de cette nature^ et au-delà il n’y a plus de vestiges de
mammifères, ou du moins il n’y en a plus qui soient hors de doute
quant à leur origine.
Je ne regarde pas, en effet, comme des exceptions les anthraco-
thériunis et autres mammifères des lignites, non plus que ceux des
schistes d’OEningen , par la raison que je suis loin d’avoir arrêté mes
idées sur la position de ces deux genres de couches, et que j ai tout
lieu de croire que ces schistes et plusieurs des couches de lignites ne
sont pas d’une antiquité aussi grande qu’on le croit communément.
Dans tous les cas ces terrains, que l’on regarde comme les plus
anciens des tertiaires , seroient les premiers qui auroient enveloppé
des restes de mammifères ; et en supposant exact ce que l’on dit du
petit nombre de lieux où ils offrent des débris de cette classe, ils fe-
roient seulement admettre une révolution de plus, c’est-à-dire 1 exis-
tence de terres habitées par des mammifères avant l’invasion de la
mer dans laquelle s’est formé le calcaire à cérithes.
FOSSILES. 1^3
Quoiqu’il en soit, les crocodiles'ue donnent lieu à aucun doute de
cette nature : on les voit paroitre dès les premiers terrains secon-
daires. Les monitors des scliistes cuivreux les précèdent seuls dans le
temps; mais ils se montrent immédiatement après dans ce lias des
Anglais , ce banc bleu des Normands, ou dans cette marne calcaire
bleuâtre et pyriteuse, qui a tant d’analogie avec le schiste cuivreux.
Depuis lors jusqu’à l’avant-dernière époque, il en a subsisté tou-
jours quelques espèces, et en assez grande abondance. A ceux des di-
vers bancs de la formation du Jura succèdent ceux de la craie. Il y en
a au-dessus de la craie dans les lignltesd’AuteuiletdeMimet, et dans
les grès du comté de Kent. Au-dessus du calcaire à cérlthes il s’en
trouve dans la marne d’eau douce d’Argenton , et dans les gypses à
ossemens des environs de Paris. Enfin il y en auroit même dans les
couches meubles et superficielles où sont enfouis tant de cadavres
d’éléphans et d’autres grands quadrupèdes , si du moins le petit
nombre de fragmens recueillis à Brentfort n’y avoient point été ap-
portés d’ailleurs.
On doit avouer néanmoins qu’ils sont extrêmement rares dans ces
derniers dépôts. Je n’en ai vu ni dans ces immenses collections d’os
de toute taille faites dans le val d’Arno , ni dans celles d’Allemagne ,
ni dans aucun de nos dépôts de France; ce qui doit paroitre d’autant
plus extraordinaire, que les crocodiles vivent aujourd’hui dans la
zone torride avec les éléphans, les hippopotames et tous les autres
genres qui ont fourni ces os. On vient seulement de m’assurer qu’il
s en est trouvé récemment quelques-uns dans les couches meubles do
val d’Arno.
CHAPITRE II.
Des Ossemens de Tortue.
Je nG niG proposG pas de traiter des iiornbreuses espèces qui com-i
posent aujourd’hui ce genre, ou plutôt cette famille entière de rep-
tiles. Une pareille enti'eprise excéderoit de beaucoup les limites que
je me suis tracées. I) ailleurs si les énumérations ou les histoires des
tortues que l’on possède sont encore incomplètes, il n’y règne pas le
meme désordre cpe dans celles des crocodiles, et les espèces dont il
y est question y sont assez bien fixées par des figures ou des des-
criptions suffisamment exactes, en sorte que nous pouvons nous y
référer dans les comparaisons auxquelles nous aurons à nous livrer.
Je passerai donc immédiatement à l’ostéologie des tortues et aux
caractères que nous offrent les squelettes de leurs différens sous-
genres, me réservant d’éclaircir à l’occasion de chaque espèce fos-
sile ce qu il pourra être resté d’obscur sur les espèces vivantes les
plus voisines.
OSTÉOLOGIE
17G
PREMIÈRE SECTION.
De l'Ostéologie des Tortues vivantes.
Article premier.
De. la Tête.
Les sous-genres des tortues diffèrent entre eux par la tête beau-
coup plus que ceux des crocodiles, et il est nécessaire de les décrire
séparément (i).
Dans les tortues de terre , telles que la grande tortue indiemie
(pl. XI, fig. 17 — 2o), la tête est ovale, obtuse en avant; 1 intervalle
des yeux est large et bombé ; l’ouverture des narines grande, plus
haute que large , un peu couchée en arrière ; les orbites grands ,
presque ronds, encadrés de toute part, dirigés de côté et un peu en
avant. La région pariétale du crâne s’aiguise en arrière en une grande
épine occipitale très-saillante, et a de chaque côté deux très-grandes
fosses temporales sous lesquelles sont deux énormes caisses; en ar-
rière de ces caisses et un peu eu dessus saillent deux grosses protu-
bérances mastoïdiennes, et sous elles sont les apophyses qui servent
à l’articulation de la mâchoire inférieure. Ces apophyses descendent
(i) M. TViedemann &àécr\t les os d’une tête de tortue terrestre ( testudo labulata) , Archiv.
zool. , vol. II , cali. 3 , p. 181 et suiv. Il a bien connu les six occipitaux , les pariétaux , les
frontaux, le frontal postérieur , la caisse. Mais il a pris le rocher pour la partie écailleuse du
temporal ; il a indiqué le mastoïdien sans le nommer ; il a donné à mon temporal le nom de
jugal , et à mon jugal celui de morceau détaché du maxillaire. Il a pris les frontaux anté-
rieurs pour des nasaux, et les palatins pour des lachrymaux; il n’a pas distingué le vomer
du corps du sphénoïde.
M. Spix a donné aussi , sous le faux nom de caret, pl. IV, fig. 12 — 15 de son Cephaloge-
nesis , une tortue qui n’est nullement marine, comme il le croit, mais bien terrestre, et
d’une espèce approchante du V. marginata , si ce n’est pas le T- viargmata lui-meme. Nous
verrons dans le texte les points sur lesquels je diffère de ce savant anatomiste dans la déter-
mination des os. Il donne dans le même ouvrage , pl. IX , fig- ^3 , la tete du testudo orhi-
cularis.
DES TORTUES.
Terücalement, et ne se portent pas en arrière comme dans le croco-
dile. En dessous, fig. 19, la région basilaire est plane, la palatine
concave; et c’est à la partie antérieure de celle-ci que s’ouvrent les
arrière-narines osseuses, les palatins n’ayant point de plancher pala-
tin, et la partie palatine des maxillaires étant évidée jusques au
quart antérieur du museau ; disposition que rendoit nécessaire la
manière dont les tortues respirent, et qui ressemble autant à celle
des grenouilles qu’elle diffère de celle des crocodiles
La région occipitale est au total verticale, quoique l’épîne occi-
pitale, les protubérances mastoïdiennes et le condyle articulaire de
latete, qui est un tubercule très-saillant, la rendent fort inégale.
Le premier trait remarquable de la composition de la tête des
tortues, c’est qu’il n’y a point d’os du nez.
Dans l’animal frais, les narines osseuses extérieures sont rétrécies
par des lames cartilagineuses qui représentent ces os; mais dans le
squelette on trouve immédiatement à leur bord supérieur l’os frontal
antérieur [a, a), qui prend sa place ordinaire dans le cadre de l’or-
bite, s articule aussi, comme à l’ordinaire, à l’apophyse anté-orbitaire
du maxillaire (ô, ô), descend en dedans de l’orbite, en a', forme
la cloison antérieure qui sépare l’orbite du nez, et s’articule infé-
rieurement avec le palatin (c, c) et le vomer {d), laissant entre lui ,
le maxillaire et le palatin un trou oblong, qui donne dans les arrière-
narines.
La cavité osseuse du nez est oblongue, et formée par les maxil-
laires , les intermaxillaires (e,e),\e vomer, les deux frontaux anté-
rieurs et les frontaux principaux {/,/). L’étendue des frontaux an-
terieurs et 1 absence des nasaux fait que les premiers s’articulent l’un
avec 1 autre, et qu’ils s’étendent au-dessus de l’orbite et en dehors
des frontaux principaux jusqu’aux frontaux postérieurs (g, g) dans
cette espèce, ou très-près d’eux dans quelques autres (i).
rec caractères de ces frontaux antérieurs soient fort apparens , ils n’ont pas
propres du nez ; oubliant que les os propres
qu’il '^^^M^rnais fournir des parois à l’orbite. Il est vrai que s’il les eût reconnus pour
sont, il nauroit pu continuer à regarder les frontaux antérieurs, en général.
T. V, ae. P. ^3
1^8 ' OSTÉOLOGIE
Les intermaxillaires n’ont pas d’apophyse montante. Ils forment y
comme à l’ordinaire, le bout du museau, et marchent en arrière
dans le palais entre les maxillaires et même entre les arrière-narines
iusqu’au vomer.
Les arrière-narines sont deux larges ouvertures percées de chaque
côté , au milieu du plancher de la cavité nasale , entre les maxillaires ,
les intermaxillaires, le vomer et les frontaux antérieurs.
Le fond de la cavité du nez est couvert en dessus et fermé en ar-
rière par les frontaux principaux, qui laissent entre eux une large
ouvei'ture, fermée dans le fraix par un cartilage qui laisse passer les
filets du nerf olfactif.
' Plus bas et latéralement il y a, entre le frontal, le frontal anté-
rieur et le vomer, un assez grand espace fermé dans le fraix par une
continuation de ce même cartilage , laquelle représente 1 os pla-
num (i).
Dans la tortue de terre il n’y a point ou presque point de cloison
interorbitaire cartilagineuse simple , ce qui tient à la gi’ande profon-
deur de ses cavités nasales en arrière , et à ce que la partie antérieure
et cartilagineuse de la boîte cérébrale s’en rapproche beaucoup; mais
il n’en est pas de même dans d’autres sous-genres , comme nous le
verrons.
comme des parties du jugal , car ici ils n’ont aucun rapport avec ce dernier os ; et leur articu-
Jation avec lui dans le crocodile est une circonstance particulière, c[ui ne se reproduit pas' à
beaucoup près dans tous les vertebres.
M. Ulrich les regarde avec quelque doute comme une réunion des os du nez avec les la-
clirymaux, et fait là-dessus un raisonnement d’après lequel on croiroit qu’il a aussi pris
pour des nasaux les frontaux antérieurs du crocodile , quoique dans le crocodile il y ait des
nasaux parfaitement distincts.
M. Dojanus veut y voir des elUmoïdaux latéraux , comjne M. Oken en voit dans les fron-
taux antérieurs du crocodile ; mais le même genre de réfutation que nous avons employé
ci-dessus relativement au crocodile s’applique à la tortue : en effet , toutes les parties de
l’elfamoïde y existent à l’état cartilagineux, comme nous le disons dans le texte.
(i) M. B&jamis dessine parfaitement celte structure dans son analoJ“‘® de la toi-lue d’eau
, douce d’Europe , pl. XXYI , fig. 44 et 4^ ; en sorte que l’on est étonne quil ait persisté à
chercher l’etlimoïde dans le frontal antérieur , tandis qu’il l’avoit tout entier sous les yeux à
J’état cartilagineux.
DES TORTUES.
Les frontaux ne couvrent que très -peu de k boîte cérébrale,
parce qu ils sont courts, et qu’ensemble ils forment un losange plus
large que long.
Les pariétaux /i) forment ensemble un pentagone, dont l’angle
le plus aigu va s’unir à l’épine occipitale. Ils couvrent plus de moitié
de la boite cérébrale, et se reportent en arrière, par suture écail-
leuse , sur 1 occipital et sur le rocher. De chaque côté le pariétal des-
cend très-bas dans la fosse temporale ; il y occupe presque tout Fes-
pace qu’occupe dans le crocodile l’aile temporale du sphénoïde , et
il ne reste de cette aile, dans la tortue, qu’une très-petite pièce, qui
s’unit, d’une part, à cette partie descendante du pariétal; de l’autre,
au palatin, à l’os ptérygoïde interne, au corps du sphénoïde, à la
caisse et au rocher.
Dans la tortue franche elle est encore plus petite , et collée sur le
pied de la partie descendante du pariétal (i).
L’os jugal (^■, i) s’articule comme à l’ordinaire avec l’angle ex-
terne et postérieur du maxillaire.
11 est étroit et règne sous l’orbl|^ en arrière duquel il rencontre
le fiontal postérieui’ qui en complette le cadre dans cette partie, et
le temporal écailleux, {/c, /c) cpii forme à lui seul toute l’arcade
gomatique, ce dont nous avons déjà vu une multitude d’exemples
dans les cétacés.
Ce temporal s’élargit pour s’unir à la caisse (1,1), laquelle est extrê-
mement grande. Elle forme un cadre presque complètement osseux ,
pour un large tympan; et sous ce cadre elle descend, en forme d’apo-
physe (l”, /"), pour 1 articulation de la mâchoire inférieure. Ce cadre
donne entrée dans une vaste cavité complétée seulement à son angle
postérieur supérieur par le mastoïdien ( m, m). Au fond de cette
cavité est un trou au travers duquel passe l’osselet auditif pour arri-
(0 C est celle petite aile temporale que M. Geotfroy a prise pour l’analogue de l’os trans-
^rse des crocodiles; mais cet os manque dans les tortues. L’aile temporale elle-même
l’aTnlle* ^ espèces. Cependant M. GeolFroy n’auroit pas eu tort s’il se fût borné à
l’aile t plerygoïde externe , en tant que cetle apophyse est toujours inhérente à
^ temporale,
23
i8o OSTÉOLOGIE
ver à une seconde cavité, formée en dehors par l’os de la caisse, au
côté interne par le rocher et les occipitaux, en dessous un peu par le
sphénoïde, et fermée en arrière par. du cartilage.
C’est une seconde partie de la caisse qui se trouve ainsi divisée
par un rétrécissement, comme on en a des exemples parmi les mam-
mifères, notamment dans le genre des chats, bien que la communi-
cation entre les deux parties y soit moins rétrécie que dans la tortue.
Cet os tympanique fait d’ailleurs (en l'") une bonne partie des
parois postérieures de la fosse temporale.
Entre lui et le pariétal se montre dans cette même fosse le rocher
, et le crâne est clos en arrière par l’occipital, qui ici est divisé
en six os, et non pas en quatre; car les occipitaux latéraux sont
chacun divisés en deux parties, dont je me vois obligé d’appeler la
plus externe occipital extériem^ (o, o).
Le désir naturel de ne pas multiplier les exceptions m’avoit long-
temps porté à croire que ces parties détachées des occipitaux latéraux
etoient les rochers , et que les vrais rochers étoient les ailes temporales,
et je vois que cette opinion e^ encore suivie par M. Spix et par
M. Ulrich; mais un examen attentif, la dissection de l’animal frais
et la comparaison avec le crocodile, ne me permettent pas de la
conserver^
En comparant, soit par dedans, soit par dehors, le crocodile et
la tortue , on reconnoît que ce prétendu rocher est un démembre-
ment de l’occipital latéral, tout comme le frontal postérieur en est
un du frontal principal.
Sa forme, sa situation entre l’occipital supérieur (/;), le latéral
(ÿ), le mastoïdien (w), la caisse (Z) et le vrai rocher (72), ses trous,
ses cavités et ce quelles contiennent, les passages des nerfs et des
vaisseaux, sont exactement les mêmes.
Il en est ainsi pour le vrai rocher (72), avec cette seule différence,
que dans le crocodile il ne se montre pas à l’extérieur du crâne , si
ce n est un peu dans le trou des nerfs de la cinquième paire, et que
dans la tortue il occupe un assez'grand espace dans la fosse temporale,
au côté interne de celui qu’y occupe l’os tympanique.
DES TORTUES.
i8i
La fenêtre ovale est commune à ce rocher et à cet occipital externe ,
comme, dans le crocodile, elle Test au rocher et à l’occipital latéral
ordinaire.
La fenêtre ronde au contraire est percée dans cet occipital externe,
comme elle 1 est dans l’occipital latéral du crocodile.
Les deux os contribuent à la formation de la cage du labyrinthe
avec l’occipital supérieur, comme le rocher et l’occipital latéral y
contribuent dans le crocodile (i).
Dans les deux genres, le grand trou pour la sortie de la cinquième
paire est en avant du rocher, entre lui et l’aile temporale. Dans la
toi tue de mer, ce trou est entre le rocher et la partie descendante
du pariétal.
L’osselet auditif est simple, comme dans le crocodile, et formé
d’une tige grêle qui s’évase au moment d’approcher de la fenêtre
ovale, et qui s’y ap^Dlique par une face ronde et concave, en sorte
qu’il a à peu près la figure d’une trompette. Le bout extérieur de sa
tige, placé dans la partie extérieure de la caisse, est eu grande partie
cartilagineux , et se termine par une plaque de même substance et
de forme lenticulaire , qui est enchâssée dans la membrane du tym-
pan et que l’on peut, si on le juge à propos, considérer comme
1 analogue du marteau.
La trompe d eustache est toute cartilagineuse ou membraneuse.
Elle commence dans la chambre extérieure de la caisse, dans le
haut, par une large échancrure du bord postérieur de l’os tympa-
«on occipital i,
LÉC.T..IE q„i „ pomroLa, h tr™,™ ' « V'” “ i"»"”™' '= ™aTOob
celai de M. LL,\ «M aTSuZt::’ M "b7"'
céublisse pour lai 1. „„„ dVc caccd, et il le resacde cm™ raa.’lasa. dé T.mpr.! 1.”
I , ce qui c contramt a faire pour le véritable temporal écaillenx et lygomatiquc le nom
jugal postérieur. Il semble oue ce nVtoit r>as 1-. wo' d • t ^
pour ar/ • ■ „ ; . T P mon frontal postérieur
pour arriver a un jugal postérieur. M. Ulrich nomme aussi mon orrinh.l » i ^ i.
mais do wvc i, -I r ■» 1 aussi mon occipital externe rocher:
« ue mon rocher il rait la eraTi//,. .,,7,. oo mu' j t ,
”■^0 partie a» ' • • , ’ ^ «i'o loge
■»0"< ia«ie « ■>»»»' P““SC an nerf acoa.tlqae, cliote entiére-
■> Wmple, 1 "T” ■Jc«c«bcBent de plu. , ce dont il v a tant
» que d intervertir les fonctions essentielles , ce qui ne se voit presque jamais
j8a OSTÉOLOGIE
iiicjuGj tout près dti bord du lai-ioeo>ej et se porte obli-
quement en dedans , en passant entre 1 os de la caisse et le muscle
abaisseur de la mâchoire inférieure, jusque vers une échancrure du
bord latéral et postérieur de l’os ptérygoklien , par où elle pénètre
dans l’arrière-bouche, sur le côté, tout près de l’articulation de la
' mâchoire inférieure, mais assez loin de sa congénère, et surtout fort
loin en arrière des narines internes.
On voit au palais, ou plutôt à l’arrière du plafond de l’arrière-
bouche , les orifices des deux trompes , sous forme de deux petits
trous écartés l’un de 1 antre.
X\evenons a la face inferieure du crâne.
Derrière les maxillaires et les frontaux postérieurs des deux côtés
du vomer sont les palatins {c , c), entourés en arrière et en dehors
des os ptérygoïcliens s), qui eux-menies s etendent le long du
bord extérieur des palatins jusqu’aux maxillaires (è, i)- Le reste
de ces os ptérygoïdlens couvre la face inférieure du crâne entre les
deux caisses (l, l) et les deux ailes temporales (^, x), laissant voir
en arrière seulement une petite partie triangulaire du corps du sphé-
noïde (^).
On voit que les palatins n’ont ici que leur partie supérieure, c’est-
à-dire celle c{ui dans les mammifères sépare les arrière-narines des
orbites et qu’ils manquent de cette partie recourbée qui prolonge
le plancher du palais en arrière des maxillaires (i).
Il m’a été jusqu’à présent impossible de découvrir d’os lachrymal
(i) M. Oken ( liis i8i8 , 2'. cahier, p. 286 ), après avoir traduit d’une manière peu intel-
Ho^ible ce que j’ovois dit sur la tète des tortues , s’étonne que je n’aie pas vu la partie infé-
rieure des palatins ; il ra’olFre poliment de m’envoyer une tète de tortue s’il n’y en a pas à
Paris. J’iiuagine que maintenant qu’il sait qu’il y en avoil beaucoup , il a regret à ce style.
Tout autre auroit cherché auparavant si lui-même avoit vu toutes les tortues. L’étonnement
Je M. Oken vient de ce que j’avois décrit une tortue de terre , et que lui n’en avoit vu
qu’une de moi-.
M. Splx a donné au palatin de la tortue le nom de lachrjmal. Il est impossible de soup-
çonner, même de loin , ce qui a pu occasionner une dénomination si inattendue. Dans son
système , c’est le frontal antérieur qu’il auroit dû appeler lachrymal , mais il ne le pouvoit ,
lui ayant déjà donné le nom de nasal. M. Ulrich l’a très-bien relevé (loc. cit. , p. 82) , et
nomme ces os correctement.
DES TORTUES. i83
dans les tortues, non plus que dans les phoques et les dauphins,
bien que j’en aie reconnu un vestige dans les baleines, et je ne vois
pas que MM. Ulrich ou Bojanus en aient trouvé plus que moi, mais
j observe vers le point de réunion du frontal antérieur, du palatin,
et du maxillaire un trou qui pourroit bien remplir les fonctions de
trou lacivymal.
Les nerfs olfactif et optiqu-e sortent par les cloisons cartilagineuses
du crâne, et n’ont pas de trou particulier clans le scfuelette.
Je crois qu’il en est de même de la troisième et de la cfuatrième
paires : la sixième sort par un petit canal du corps du sphénoïde.
La cinquième paire a un grand trou entre le rocher et l’aile tem-
porale , divisé en deux à l’extérieur.
Il y a au bord externe du palatin un trou analogue au ptérygo-
palatin.
Intérieurement la cavité cérébrale est plus haute que large; le
fond en est très-uni: mais il y a en avant dans le sphénoïde une fos-
sette profonde pour la glande pituitaire, une espèce de selle. Des
cotés de cette partie naissent les cloisons cartilagineuses, qui, en
allant se joindre à la cloison anté-cérébrale du frontal, ferment en
avant la cavité du crâne, supportent toute la partie antérieure de
l’encéphale,' et tiennent lieu de la lamecribleuse, des ailes orbitaires'
ou autrement du sphénoïde antérieur, et de la plus grande partie des
ailes temporales, dont une autre partie considérable est remplacée
par les portions descendantes du pariétal; en sorte que ce qui en reste
ne participe à la formation de la boîte du crâne qu’un peu au-devant
du trou de la cinquième paire (i).
Il n y a pas plus de trace osseuse de sphénoïde antérieur que dans
le crocodile (2).
(•) On peut se rappeler que dans les ruminans, et surtout dans les codions^, l’aile teinpo-
n a guère plus d étendue; que dans le cabiai elle n’existe presque pas.
Sia-Ji ^1*^*®*' nomment bien ainsi une partie saillante du corps du sphénoïde
■ ' en avant de la fosse pituitaire , et qui donne attache à la cloison interorbitaire ;
mais je ne tï- ...
remprt pas que celle partie se détaobe jamais du reste de l’os, et d’ailleurs elle ne
1 nu leinent les fondions du sphénoïde antérieur.
i84 OSTÉOLOGIE
Cette description 5 prise de la tortue indienne, convient assez aux
autres tortues de terre proprement dites.
Dans la tortue grecque, le crâne est moins bombé entre les or-
bites; les frontaux principaux , plus longs que larges, atteignent le
bord de l’orbite entre les deux autres frontaux, et redescendent dans
son plafond.
Dans les éniydes ou tortues d eau douce ordinaires (i) , la tête est
plus aplatie. Les frontaux principaux, quoique plus larges que longs,
n’atteignent pas toujours le bord de l’orbite, tel est par exemple le
cas du testudo europcea (pl. XI, fig. i3 — 16)^ le frontal postérieur
est plus large.
Le cadre du tympan n’est pas complet, et au lieu d’un trou il y a
une scissure pour le passage de 1 osselet de l’ouïe d’une cavité de
la caisse dans l’autre. La région basilaire et la palatine ne font qu’un
seul plan ; les palatins n’étant pas même concaves (2),
Les test, scripta , picta , scabra, dorsata, centrata, clausa,
virgulata appartiennent à cette cathégorie.
Certaines émydes , comme Vémjs expansa ( pl. XI , fig. 9 12),
tiennent des tortues de mer et de celles d’eau douce, et montrent
encore des caractères qui leur sont propres. La tête est déprimée, le
museau court, les orbites petits et très en avant,
Elle manque de vomer osseux, en sorte que ses deux arrière-na-
rines ne forment qu’un trou dans le squelette. Ses palatins n’ont point
la partie palatine. Le cadre de la première chambre de sa caisse est
complet; cette chambre communique seulement par un trou étroit
avec la cellule mastoïdienne, et la trompe d eustache y naît par une
fente qui est une extension du trou par lequel l’osselet passe dans
la seconde chambre.
(0 On pourra suivre cette description et les suivantes sur les ligures indiquées, où les
lettres ont la même signification que dans celles de la tortue de terre.
(2) Sur 1 osteologie de la tortue d’eau douce, ou émyde d’Europe {testudo evropœa) ,
comme sur toute son anatomie , on doit consulter principalement la belle monographie de
M. Bojanus, intitulée Ariatome testitdinis europæœ , i vol. in-folio, avec 3i planches supé-
rieurement gravées et d’une exactitude très-rare. Il n’y a point d’animal vertébré , si l’on
excepte 1 homme et les animaux domestiques , dont on ait une anatomie aussi complète,
DES TORTUES. i85
La tempe est recouverte, comme dans les tortues de mer, par le
pariétal, le temporal, le jugal et le frontal postérieur. Ce dernier
est fort étroit. Il a une partie descendante dans la tempe, qui, s’unis-
sant à une partie montante du palatin et à une rentrante du jugal ,
forme une cloison qui sépare l’orbite de la fosse temporale, ne lais-
sant de communication qu’un grand trou voisin de cette partie des-
cendante du pariétal qui remplace l’aile temporale.
L’os ptérygoïdien s’unit en avant au palatin et au jugal, et non au
maxillaire qui ne va pas jusque-là en arrière. Son bord extérieur
se recourbe avec la partie voisine du jugal , et forme ainsi dans le
bas de la tempe une espèce de canal qui prend son commencement
au trou de communication de la tempe avec l’orbite. Son angle
postérieur au contraire se dirige un peu vers le bas , descendant
plus que la facette articulaire pour la mâchoire inférieure, et lais-
sant entre lui et la partie relevée du bord externe une large échan-
crure.
Entre cet angle et la facette articulaire est une fosse creusée dans
le tympanal , dans le sphénoïde et dans l’os ptérygoïdien.
Les tubercules mastoïdiens sont déprimés, très-saillans en arrière
et pointus. Leur pointe est formée par moitié par le mastoïdien et
l’occipital extérieur.
De chaque côté , en avant de la caisse , le bord inférieur de la tête
a une large échancrure coupée dans le temporal, le jugal et le maxil-
laire inférieur, comme aux tortues de terre.
Le sphénoïde sc montre en dessous sur une surface bien plus
large que dans les tortues de terre , et le basilaire y paroît moins.
Les occipitaux latéraux sont aussi fort petits, et se soudent promp-
tement avec le basilaire.
Le tubercule , pour l’articulation avec l’atlas , fait moins de saillie
que les apophyses mastoïdiennes.
Dans la tortue serpentine , qui est une émyde, je ne trouve déjà
plus, à un certain âge, l’occipital extérieur distinct. Il est uni à l’oc-
cipital latéral; tandis c|ue dans les tortues de terre c’est à l’occipital
supérieur qu’il se soude le plutôt.
T. V,2e. P. .
24
i86 OSTÉOLOGIE
La tête de la serpentine est déprimée en avant; le museau très-
court; les orbites médiocres et rapprochés du museau; la tempe
couverte seulement à sa partie antérieure par une lame du pariétal
moins complète qu’aux tortues de mer, et par un élargissement du
frontal postérieur et du jugal.
Les palatins n ont point de lame palatine ; la région palatine et
ptérygoïdienne est tiès-plate. Les trous analogues des ptérygo-palatins
sont très-grands.
Le passage de 1 osselet de l’ouïe se fait par un trou et non par une
scissure*
Dans les trionyx ou tortues molles (pl. XI, fig. 5—8 ) la tête est
déprimée, allongée de l’arrière; le museau pointu dans certaines es-
pèces, comme celle du Xil, court et arrondi dans quelques autres.
Les intermaxillaires sont très-petits, et n’ont d’apophyse ni nasale ni
palatine. Il y a derrière eux un grand trou incisif. Les maxillaires
s unissent entre eux dans le palais sur un assex long espace , en sorte
fjue les arnère-narmes sont plus eu arrière que dans les tortues de
terre. Les palatins ne se réunissent pas en dessous pour prolonger le
palais; ils sont creusés en demi-canal en avant, et moins étendus
quaux tortues de terre. Le corps du sphénoïde atteint jusqu’à eux
en marchant entre deux os ptérygoïdiens, qui ne s’unissent point l’un
à l’autre, mais se rendent depuis l’occipital latéral, entre les caisses
et le basilaire, et aux côtés du corps du sphénoïde jusqu’aux palatins
et aux maxillaires, ce qui rend toute la région basilaire et palatine
large et plate.
En dessus, les frontaux antérieurs s’avancent entre les maxillaires,
et tiennent exactement par cette partie la place des os propres du
nez, sans qu aucune suture les distingue ; ils viennent même former
une pointe sur 1 ouverture extérieure des narines, comme les os du
nez le font souvent dans les mammifères.
Les frontaux principaux forment presque un carré; ils atteignent
le bord de orbite. Le frontal postérieur est aussi large dans le haut
quil est élevé. Le jugal forme une partie du bord postérieur et in-
/ .
DES TORTUES. j3^
férieur de 1 orbite, et presque toute l’arcade zygomatique, dont le
temporal écailleux fait seulement une petite partie en avant de la
caisse, où il est comme relégué. Celle-ci a son cadre complet. L’os-
selet passe par un trou pour se rendre dans la seconde chambre de
la caisse, laquelle, comme dans les autres tortues, n’est fermée en
arrière que par du cartilage.
^ La t mpe d eustache commence par une échancrure du bord pos-
térieur, comme dans les tortues de terre.
L’épine de l’occiput et les tubérosités mastoïdiennes sont toutes
lestroispointues, et plus saillantes en arrière que le condyle articulaire.
L’espace occupé par la caisse au bord postérieur de la fosse tem-
porale est fort étroit, mais elle s’y élargit en redescendant vers son
apophyse pour la mâchoire inférieure. Le rocher et les occipitaux
n ont rien de particulier.
L aile temporale est placée au-dessous et en avant du grand trou
de la cinquièmepaire, et la partie descendante dupariétal vient s’ar-
icu er au-devant d’elle à l’os ptérygoidien interne. Elle entre donc
mieux dans la composition du ci:âne, et se fait mieux reconnoître
pour ce qu elle est que dans les autres tortues.
Je ne vois nulle trace osseuse du sphénoïde antérieur ni de ses
ailes. Une membrane assez mince en tient lieu, et ferme de chaque
côté le devant de la cavité cérébrale (i).
Le principal caractère des tortues marines ou chélonées (pl. XI,
fag- ^—4) (^) , c’est qu’une lame de leur pariétal , leur frontal posté-
elui du jNu le museau est bien plus pointu.
(2) M. Spix a repre'senté la tête osseuse d’une ior/ue franche {T. mjdas) dans son Ce-
'wirv-r n ’ “5- ■'
r tortue de terre.
" "" : r ^
AnnS q"’- donnée M. Ulrich, dans
comme le sigmfîcalione Ossium Capitis , c’est peut-être le caouane ,
croit M. Bojauus, mais je n’oserois l’aifirmer.
24
i88
OSTÉOLOGIE
riGur, leur mastoïdien, leur temporal et leur jugal, s unissent entre
eux. et avec la caisse par des sutures pour couviir toute la legion de
la tempe d’un toit osseux qui n’a point de solution de continuité.
Leur museau étant plus court qu’aux autres tortues et leurs orbites
beaucoup plus grands, leur cavité nasale est plus petite, et aussi
large que haute et que longue. Sa paroi postérieure appartient toute
entière aux frontaux antérieurs , et c’est entre eux que s’y fait l’in-
troduction des nerfs olfactifs. Les tubes osseux des arrière-narines
commencent dans le bas de cette cloison postérieure ; et comme les
palatins ont une partie palatine ou lame inférieure, ces tubes sont
un peu plus longs , plus dirigés vers l’arrière , et ressemblent moins
à de simples trous.
11 résulte aussi de la grandeur de l’orbite que l’espace interorbitaire
membraneux ou cartilagineux est plus étendu. La pièce que nous
regardons comme l’aile temporale est dans la tortue franche singu-
lièrement petite, tout-à-fait à la face externe, et simplement collee
sur la suture de la partie descendante du pariétal avec le ptérygoi-
dien.
Dans le caret et la couane je n’en trouve même aucun vestige.
L’osselet auriculaire ne passe pas par un trou, mais par une large
échancrure , de la première chambre du tympan dans la seconde , et
cette seconde est cartilagineuse dans toute sa cloison postérieure.
C’est par la même échancrure que la trompe d’eustache descend
vers l’arrière-bouche.
La première chambre du tympan est peu concave 5 il n’y a point
de cellule mastoïdienne proprement dite ; mais l’os de ce nom com-
plette seulement le plafond de cette chambre, et étend ainsi sa con-
cavité.
Le trou de la cinc[uième paire est ovale et très-grand, entre la
partie descendante du pariétal , le ptérygoïdien et le rocher.
Du reste la tète des chélonées ressemble à celle des tortues pré-
cédentes.
J’ai cru découvrir dans l’une d’elles (une jeune tortue franche ) un
vestige de suture qui sépareroît un os lachrymal de la partie orbi-
DES TORTUES. 189'
taire du maxillaire , mais ce n’étoit qu’un indice à peine aussi fort
que celui qui marque l’intermaxillaire de l’homme.
La tête de tortue la plus hétéroclite est sans contredit celle de la
matamata {testudo Jîmhriata) (pl. XI, fig. 21 — 24)5 extraordinai-
rement large et plate, elle semble avoir été écrasée. Les orbites très-^
petits sont tout près du bout du museau. L,a région postérieure du
crâne est relevée, et les deux os tympaniques, en forme de trom-
pettes , s’évasent de chaque côté du crâne. La tempe est une large
fosse horizontale, peu profonde et nullement recouverte; si ce n est
sur l’arrière, par l’union de l’angle postérieur du pariétal avec le
mastoïdien; et ce qui est surtout particulier à ce sous-genre, cette
fosse n’est point encadrée en dehors, parce qu il n y a point de tem-
poral osseux, ou qu’il est réduit à un simple vestige.
Les deux maxillaires forment ensemble un arc transversal, au
milieu duquel, en dessous, est un interpariétal unique, et au-dessus
l’ouverture extérieure des narines, qui, dans le fraix, se continue
dans une petite trompe charnue.
Les deux palatins, et entre euxle voiner, remplissent en dessous
la concavité de cet arc, et ont en avant les deux arrière-narines bien
séparées, mais que les palatins n’entourent pas en dessous. Au bord
postérieur du palatin est un assez grand trou ptérygo-palatin.
Les frontaux antérieurs et les postérieurs forment le dessus des
orbites. Les frontaux principaux s’avancent entre les antérieurs jus-
qu’au bord des narines externes. Il n’y a pas plus de nasaux que dans
les autres tortues.
Le jugal prend depuis l’angle postérieur de l’orbite, entre le maxil-
laire et le frontal postérieur qu’il ne dépasse point, touchant un peu
en arrière et en dessous au ptérygoïdien ; mais ne formant aucune
saillie en arrière pour border la tempe. Celle-ci se trouve de celte
ïnanière séparée de l’orbite par une branche postorbitaire d’une lar-
geur bien excessive, et qui prend la totalité du frontal postérieur et
i«gal.
’igo OSTÉOLOGIE
Le frontal postérieur s’articule lui-même au ptérygoïdien par son
angle externe postérieur. Le reste de son bord postérieur est libre ,
et se continue avec celui du pariétal pour couvrir un canal de com-
munication large et plat, allant delà tempe à l’orbite, et formé en
dessous par le ptérygoïdien et le palatin.
Les deux ptérygoïdiens sont énormes. Ils forment la plus grande
partie de la base du crâne et du fond de la tempe.
Leur boid externe est recourbe dans sa partie antérieure pour se
continuer avec le bord libre du frontal postérieur. Il n’y a ni ailes
orbitaires ni ailes temporales. Les pariétaux , rjui foi-ment en dessus
un grand rectangle, s’unissent par leurs parties descendantes aux
palatins, aux ptérygoïdiens , aux rochers et aux occipitaux supérieurs.
Ils forment à eux seuls presque tout le toit du crâne.
A la suite du ptérygoïdien, la tempe est bornée en arrière par le
tympanique ou la caisse cjui ressemble en partie à une trompette. Le
cadre du tympan est complet. Un trou de la paroi postérieure laisse
passer 1 osselet dans la seconde chambre, qui, dans le squelette,
n’est qu’une longue rainure de la face postérieure de la caisse , la-
quelle se termine dans une cavité à laquelle concourent le rocher,
• 1 occipital externe et le latéral. Elle n est fermée en arrière que par
du cartilage et des membranes , et dans la paroi du côté du crâne sont
percées les deux fenêtres , comme à rordinaire.
Au-dessus de ce trou de la première chambre, par où passe l’os-
selet, est un autre qui conduit dans la cellule mastoïdienne, laquelle
à cause de la saillie du tympan vers le dehors, se trouve en dedans
et non en arrière.
L épine occipitale est une crete vertébrale courte, et les tubercules
mastoïdiens sont des cretes transversales qui appartiennent entière-
ment au mastoïdien.
On distingue, même dans de grands individus, les six occipitaux
ordinaires aux tortues.
En dessous, le ci’âne lisse et presque plane présente comme une
sorte de compartiment régulier , formé des intermaxillaires , des
maxillaires, du vomer, des palatins, des ptérygoïdiens, du sphé-
DES TORTUES.
191
noide, des rochers, des caisses, du basilaire et des occipitaux laté-
raux et extérieurs.
Dans 1 anière du plancher de la tempe, le rocher forme un com-
partiment carré, entre le ptérygoïdien, la caisse, l’occipital extérieur,
ie supérieur et le pariétal.
Article IL
De la mâchoire nvférieure.
La mâchoire inférieure des tortues est divisée d’une manière qu’il
n’est pas très-facile de rapporter à celle du crocodile, à laquelle
celle des oiseaux ressemble d’une manière bien plus frappante; mais
cette mâchoire des oiseaux se rapprochant aussi de celle des tortues,
nous aide à la ramener au type commun.
L espace occupé dans le crocodile par les deux dentaires et les
eux operculaires ne l’est dans les tortues de mer, d’eau douce et de
teire, ainsi que dans les trionyx, que par un seules, i , analogue aux
c eux dentaires. Je n’ai vu dans tous ces sous-genres, même dans le
jeune âge , aucune trace de symphyse. L’os y est continu comme
C ans es oiseaux. La matamata ou cheljde , au contraire , conserve
à tout âge une division à la partie antérieure.
L operculaii e , 2, fîg, 25, existe toutefois, comme danslecroco-
1 e, à la face interne, mais il est reporté plus en arrière, et atteint
jusqu à l’extrémité postérieure.
Sous lui est rangulaire,3, fig. 5, 9, i3, 17, .3 et =5, faisant
Je bord inferieur de la mâchoire.
Celui que nous nommons sur-angulaire, ib., 4, occupe la face
x.erne de cette partie de la mâchoire, et va aussi jusqu’à son extré-
mité postérieure, mais ne touchant l’angulaire que tout en arrière
^uXnta”^ antérieurs par une longue pointe
En 1
est situé ^ anière, entre l’operculaire et le sur-angulaire,
^^ticulaire , ib. , 5, comme dans les oiseaux; mais ici il est
1^2 OSTÉOLOGIE
réduit à de plus petites dimensions , ne servant absolument que
pour l’articulation et pour l’insertion du muscle abaisseur ou ana-
losue du digustTKjue, ,
L’apophyse coronoïde,?<^.,6, n’appartient aucunement ici au
angulaire, mais à un os placé entre le dentaire, Xoperculaire et le
sur-angulaire , et en avant de l’ouverture par où les nerfs entrent
dans la mâchoire, ouverture qui se trouve ici au bord supérieur, au
lieu d’être, comme dans le crocodile et les oiseaux , à la face interne.
Cet os, que je ne retrouve pas dans les oiseaux, ne peut répondre
qu’au complémentaire du crocodile.
J’ai vu dans Xeinys expajisa le sur-angulaire , 1 operculaire et
l’articulaire soudés ensemble, et leurs sutures effacées à une époque
où toutes les autres étoient encore visibles.
La forme générale de la mâchoire osseuse correspond à peu près
à ce qu’on voit à l’extérieur.
Plus pointue dans lestrionyx et le caret; plus obtuse, plus para-
bolique dans le mydas , les tortues de terre; demi-circulaire en avant
des apophyses coronoïdes dans la matamata ,• elle se différencie
aussi par le sillon dont elle est creusée ; étroit , profond et également
large dans les tortues de terre , s’élargissant et s’approfondissant vers
la symphyse dans le mydas, manquant entièrement dans les tnonyx
et le caret , etc.
Article III,
De Vos hyoïde.
\
L’os hyoïde des tortues est plus compliqué que celui des croco-
diles, et varie singulièrement pour la forme, d’un genre et même
d’une espèce à 1 autre. ' i-x
Il est en général compose cVnn corps ^ pl. XU? §• ^ 4 ?
quelquefois subdivisé lui- même en plusieurs pièces, et de deux ,
quelquefois de trois paires de cornes, ih. , hh, ce, dd^ et sous la
partie antérieure de son corps est encore suspendu un os ou un
cartilage quelquefois double, qui est l’os particulier de la langue,
DES TORTUES. ïç)3
ib., e, 1 analogue de celui qu’on voit dans les oiseaux, mais arti-
culé chez eux en avant du corps de l’hyoïde, au lieu que dans les
tortues il est suspendu dessous (i).
Les plus grandes cornes, b <5, (la paire antérieure quand il n’y en
a que deux, la moyenne quand il y en a trois, celle qui représente
les os styloïdiens) embrassent l’œsophage et remontent derrière les
muscles analogues des digastriques ou abaisseurs de la mâchoire
inférieure, mais sans être fixées autrement que par leurs propres
muscles.
Les tortues de terre ont le corps de l’hyoïde plus large , sa pointe
antérieure plus longue, et manquent de petites cornes antérieures,
bien que l’angle antérieur soit fort prononcé.
11 y a dans le milieu du disque deux espaces ronds, qui, dans cer-
taines tortues ( telles que Xindica) , sont seulement plus minces ; mais
qui dans d’autres , telles que le coüi ( T. racliata)^ fig^ 4o , sont abso-
lument membraneux.
Dans certaines tortues d’eau douce, telles que Xeuropœa, le
clous a , le corps est plus long que large, il a sur le devant un petit
espace membraneux, et porte à ses angles antérieurs les petites
cornes latérales (2).
Il S y forme quelquefois deux ou même quatre noyaux osseux.
Celui des trionyx diffère davantage.
Son corps, a! , lig. 42, est composé en avant d’une pointe cartilagi-
neuse, sous laquelle est suspendu un grand cartilage lingual, e, de
(i) M. Geoffroy (Philos, anat. , t. I , p. iSa et suiv. ) , dans la vue d’e'lablir une analogie
plus complète entre le nombre des pièces de l’os hyoïde des oiseaux et des mammifères ,
suppose que dans les oiseaux le corps de cet os a exécuté un mouvement de bascule ou de
rotation , et que ses cornes postérieures s’étant portées en avant sont devenues des os linguaux,
tandis que 1 apophyse antérieure (qui s’observe dans les chevaux , les ruminaus , etc.) s’est
jetée en arrière sous le larynx ; mais indépendamment de l’impossibilité de concevoir une
pareille conversion , qui ne pourroit avoir lieu sans changer toutes les connexions avec les
l-m muscles , les nerfs et toutes les autres parties molles, la seule présence simul-
. meme de deux os linguaux , et des cornes postérieures dans les tortues , prou-
' que cette hypothèse n’est pas admissible.
Voyez Bo]amis, pl. XIII , fig. 4a.
T- V, 2e P.
25
194 OSTÉOLOGIE
forme ovale. A la base de cette même pointe adhère de chaque côté
une pièce osseuse rhomboïdale, a";, qui représente les cornes anté-
rieureSj et ensuite quatre autres^ (i ^ ^ ^ d ^ formant un disque épais ^
concave en dessus, plus large en avant, échancré par les côtés et
en arrière. Aux angles antérieurs de ce disque adhèrent les cornes
moyennes, ^ Z», et aux postérieurs les postérieures , c <7. Toutes les
quatre sont très-osseuses. Les moyennes d’une pièce longue, com-
primée, arquée et terminée par un petit cartilage. Les autres, plus
larges , plus plates et prolongées par un cartilage , d d , dans l’épaisseur
duquel sont incrustés à la file cinq et jusqu'à six noyaux osseux,
ronds ou ovales, très-durs et très-distincts ; en sorte que la totalité
de l’os comprend vingt pièces osseuses différentes; dont la distinction
paroît se conserver même Jusqu’à la vieillesse.
Le plus singulier de tous est celui de la chelyde, fig. 4^-
très-bonne heure entièrement osseux.
Son corps, a, est composé d’une pièce longue, étroite, pris-
matique, creusée en dessus d’un canal où marche la trachée. En
avant cette pièce se dilate, et en pOtte de chaque côté deux an-
guleuses, quatre en tout, sans la compter elle -même. Les deux
mitoyennes, d d , se réunissent en avant, laissant entre elles et
le corps principal un espace membraneux, sur lequel repose le
larynx.
Les latérales, d' d' , représentent peut-être les petites cornes ante-
rieures. C’est sur l’angle quelles forment avec la dilatation du corps
])rincipal que s’articulent les cornes moyennes, h h , qui sont très-
fortes, prismatiques dans leur moitié interne; ensuite grêles et ter-
minées par une pièce osseuse et pointue, b' b', distincte du reste de
la corne.
Les cornes postérieures, cc, s’articulent à l’extrémité postérieure
du prisme qui forme le corps principal. Elles sont longues, fortes, un
peu comprimées et courbées en arc.
Sous la partie antérieure et dilatée est suspendu l’os de la langue,
e, formé en avant d’un cartilage demi- circulaire , et en arrière de
deux pièces osseuses en forme de croissant, dont l’angle interne se
DES TORTUES. ig5
prolonge en une espèce de queue ou de pédicule qui règne sous le
corps prismatique de l’os hyoïde (i).
Dans les tortues de mer (le caret), fig. 43, le corps, a, est en forme
de bouclier oblong, concave en dessus où reposent le larynx et le
commencement de la trachée j aiguisé en avant en une pointe qui
pénètre dans la chair de la langue en passant sur l’os lingual. 11 donne
ensuite de chaque côté un angle pour porter la corne antérieure qui
est fort petite 5 la grande corne , bb ^ courbée en angle obtus pour
tourner autour de 1 œsophage et de la mâchoire, plus osseuse que
tout le reste de l’appareil, s’articule au milieu du bord latéral du
corps, et son extrémité libre ou supérieure se termine par une petite
articulation cartilagineuse. Les cornes postérieures, cc , s’articulent
aux angles postérieurs. Elles sont cartilagineuses, plates , un peu
larges et à peine arquées.
Article IV.
Des os du. Tronc.
I O. Du bouclier dorsal.
On a pu voir par ce qui précède , qu’il y a plus de différence dans
l’arrangement et les rapports mutuels des os de la tête des différentes
tortues que peut-être dans les têtes de tous les quadrupèdes , et à
coup sûr, que dans la classe toute entière des oiseaux. On ne s’éton-
neroit donc pas de trouver dans le reste de leur squelette des diffé-
rences proportionnées j mais elles ne sont pas aussi considérables que
celles des têtes porteroient à le croire.
Tout le monde sait que le caractère général des tortues, et ce qui
(*) M. Geoffroy a déjà fait voir que l’os lingual est double dans plusieurs oiseaux: c’est
^ 6 analogie de plus avec celui de ces tortues , et par conséquent une preuve de plus que
les oiseaux il ne provient pas du retournement des cornes postérieures.
a5 *
jg6 OSTÉOLOGIE
]es distingue sans exception de tous les vertébrés, c’est d’avoir les os
de leur thorax en dehors, enveloppant d’une cuirasse ou d’un double
bouclier ce qui subsiste des muscles, et servant même d’abri aux os
de l’épaule et du bassin.
Le bouclier dorsal est principalement formé de huit paires de
côtes, voyez pl. XIII, % i à 5, a' à (iV. On fera attention
que la fig. 5 est retournée de haut en bas.), unies vers le milieu par
une suite longitudinale de plaques anguleuses (mêmes figures, de
5^ a ^’^) qui adhèrent aux parties annulaires d’autant de vertèbres ou
en font même partie^ mais ce qui est bien remarquable, c’est que
ces parties annulaires , fig. 3 , à z", alternent avec les corps des ver-
tèbres, et ne leur répondent pas directement, comme nous le dirons
tout à l’heure.
Les côtes s’engrènent par des sutures avec ces plaques; elles s’en-
grènent aussi entre elles, sur toute ou partie de leur longueur, suivant
les espèces , et même dans chaque espèce suivant les âges.
Il y a eu avant huit vertebres qui n entrent pas dans cet engrenage.
Les sept premières, qui sont les cervicales ordinaires, sont libres
dans leurs mouvemens. La huitième , que l’on peut regarder comme
la première dorsale, est placée obliquement entre la dernière cer-
vicale et la première des vertèbres fixes du bouclier dorsal, ce qui
la raccourcit en av^ant; en arrière, son apophyse épineuse s’allonge
et grossit un peu pour s’attacher par synchondrose à un tubercule de
la face inférieure de la première des plaques, Z»% de la série mitoyenne
du plastron.
La première de ces vertèbres fixes , qui est la deuxième dorsale ,
est encoie assez courte, et porte aussi sa partie annulaire propre,
dont 1 apophyse épineuse, plus courte que la précédente, s’attache
de meme a la deuxième plaque par un cartilage.
Cette deuxième plaque 3^, plus étroite que la première, ne fait
qu un os avec une partie annulaire qui est dessous, et dont la partie
anterieure s articule par deux petites apophyses avec les apophyses
articulaires de la deuxieme dorsale dont je viens de parler.
C’est donc à proprement parler la partie annulaire de la troisième
DES TORTUES.
dorsale, mais le corps de cette troisième vertèbre ne s’articule que
par sa moitié antérieure avec la moitié postérieure de cette troisième
partie annulaire, et de sa moitié postérieure il s’articule à la moitié
antérieure de la quatrième partie annulaire, et cette alternative
continue de manière que le corps de la quatrième vertèbre répond
aux parties annulaires de la troisième et de la quatrième j le corps
de la cinquième aux parties annulaires de la quatrième et de la cin-
quième, et ainsi de suite jusqu’à la dixième.
On doit distinguer dans les cotes la plaque, <2*— engrenée dans*
le bouclier, et une petite branche, à c">, fig. 3, qui part de sa face
inférieure et qui représente ce que nous appelons la tête dans les
côtes ordinaires. Cette tête s’articule toujours entre deux corps de
vertèbres.
Cependant la première de toutes les côtes, c%n’a que cette petite
branche, sans qu’aucune plaque lui appartienne dans le bouclier,
excepté seulement dans quelques émydes, où l’on voit, entre la pre-
mière et la seconde plaque longitudinale, et la première côte élargie
ou a deuxieme, une petite pièce qui ne jjeut repi'ésenter qae la
portion élargie de cette première côte, mais qui ne tient cependant
nullement à sa tête. Elle s’articule entre la huitième vertèbre ou
première dorsale, et la première vertèbre fixe, et de son autre ex-
trémité s’applique à la face interne de la seconde côte. Celle-ci a une
plaque, qui s’engrène de son bord antérieur avec la première de la
sene longitudinale de son bord spinal avec la deuxième pièce de
cette sene , fig. 2 , ou la partie annulaire de la troisième vertèbre
et par sa tête entre le corps de la seconde vertèbre, et celui de la
troisième, z , fig. 3. Les côtes suivantes observent la même loi, s’ar-
ticulant de leur tete entre le corps d’une vertèbre et celui de la ver-
tèbre suivante , et s’engrenant de leur partie dilatée avec la plaque
qui représente la partie annulaire de la deuxième de ces deux vertè
ce qui revient à la loi générale; car dans l’homme et dans les
et ^ articulent de leur tête entre deux vertèbres ,
deux T ' l’apophyse transverse de la seconde des
‘ ^es parties dilatées des côtes de la tortue, dans la partie où elles
198 GSTÉOLOGIE
s’engrènent avec les plaques de la série longitudinale, représentent
donc les tubérosités des côtes des mammifères.
La neuvième plaque de la série longitudinale, qui appartient à
la dixième dorsale est la dernière à laquelle il s’engrène une paire de
côtes dilatées, et celle-ci est la neuvième en tout ou la huitième de
celles qui entrent dans la composition du bouclier dorsal, Elle se
porte de son bord postérieur obliquement en arrière , et embrasse
encore les plaques suivantes aux bords externes desquelles elle
s’engrène.
Mais ces trois plaques, non plus que la première, ne servent plus
à compléter des canaux de vertèbres.
La dixième côte, fig, 3, attachée entre le corps de la dixième
et celui de la onzième vertèbre, et z”, ne produit plus de plaque
et n’entre plus dans la composition du bouclier dorsal. Semblable à
la première, elle n’a que la partie de la tète, et se colle de son autre
extrémité à la face interne de la neuvième.
La onzième vertèbre après les cervicales est la seule qu’on puisse
appeler lombaire. Elle ne porte point de côte.
Dans la tortue de mer, sa partie annulaire donne encore une plaque
à la série longitudinale du bouclier dorsal , et c’est la dixième et la
plus petite des pièces de cette série, b^°, fîg. 2.
La douzième et la treizième vertèbre sont les vertèbres sacrées. A
leurs côtés s’attachent deux pièces latérales assez semblables à ce que
nous avons appelé des têtes de côtes, mais plus fortes, surtout la pre-
mière, renflées au bout, pour s’unir a 1 angle postérieur et supérieur
de l’os des îles. Leur partie annulaire est close et complète, et ne fait
point corps avec les plaques du bouclier qui suivent celle de la on-
zième vertèbre.
Il en est de même des vertèbres de la queue ; elles sont libres
comme celles du col : en sorte que les plaques de la série longitu-
dinale, qui suivent encore la dixième, n’adhèrent point à des ver-
tèbres, et, si elles leur appartiennent, ne le font que par une relation
métaphysique , et autant qu’on les considéreroit comme en ayant été
démembrées. 11 en est de même de la première de toutes les plaques
DES TORTUES. 199
de la série. Elle ne donne qu’une attache par synchondrose à la
partie annulaire, d’ailleurs close et complète, de la première vertèbi'e
dorsale, et si on vouloit la regarder comme lui appartenant, il fau-
droit la considérer comme en ayant été démembrée.
Les tortues de mer ont trois placjues longitudinales après la dixième ,
ce qui leur en fait treize en tout; mais la seconde (3^ ) se partage quel;
quefois en deux, et la neuvième {b^') aussi, ce cjui porte alors leur
nombre à quinze.
J’en trouve quatorze dans certaines émydes, telles que l’émys
serrata; mais la onzième et la douzième y sont fort petites; mais
il n’y en a qu’une seule après la dixième dans les tortues de terre
et dans les chélydes, en sorte qu'elles n’en ont c[ue onze en tout.
Il arrive cjuelquefois qu’une ou deux de ces plaques ne se voient
point à l’extérieur. Ainsi dans les tortues k boîte, les deux cotes de
la dernière paire se joignent l’une à l’autre, et couvrent ainsi la neu-
vième plaque.
Il y a aussi k cet égard diverses variétés dans la même espèce.
M. Bojanus en a donné sur sa 111^. planche plusieurs exemples pris
de la tortue d’Europe.
Dans les chélydes, la dernière et l’avant-dernière côte s’attachent
à la huitième plaque, et la neuvième demeure cachée.
Dans les deux cas , la dixième et la onzième subsistent comme k
l’ordinaire.
Dans les tortues de mer, les huit paires de côtes dont nous avons
parlé , et les treize plaques de la série longitudinale forment un bou-
clier peu bombé , de forme ovale , un peu rétrécie en arrière.
Les cotes ne s engrènent point dans toute leur longueur; il reste
vers leur extérieur une portion étroite , et les intervalles entre cette
portion et celles des côtes antérieure et postérieure ne sont remplis
que d’une membrane cartilagineuse.
Ce n’est que dans l’extrême vieillesse que quelques-unes s’élar-
gissent jusqu’au bout. Nous avons vu quelquefois les trois premières
et une partie de la quatrième dans cet état. Peut-être n’y arrivent-
®lles jamais toutes.
200
OSTÉOLOGIE
Dans ]es tortues d’eau douce et dans les chélydes , le bouclier se
remplit entièrement avec le temps, et les côtes s’engrènent sur toute
leur longueur entre elles et avec les pièces marginales. L’ossification
va encore plus vite dans les tortues de terre , et ce n’est que dans
leur premier âge que l’on observe des vides entre les parties externes
de leurs côtes.
Ce bouclier est plus ou moins bombé suivant les espèces.
ir 1 est en général davantage dans les tortues de terre , où l’on re-
marque de plus que les côtes sont alternativement plus larges ou
plus étroites du côté dorsal , et réciproquement plus étroites ou plus
larges du côté marginal (voyez à Æ®, fig. 4), Ce rétrécissement
du côté du bord est surtout très-marcjué dans la troisième, la cin-
quième et la septième.
Celles des tortues de mer, des tortues d’eau douce et des chélydes
sont plus égales, et ont leurs sutures plus parallèles.
En général, la première paire est plus large que les autres, surtout
dans les tortues d’eau douce , et encore plus dans les chélydes.
Autour du bouclier dorsal règne un cadre de pièces osseuses, au
nombre de onze de chaque côté, â} à fig. 134, toutes engrenées
ensemble, et avec les deux plaques extrêmes de la série longitu-
dinale.
Dans les tortues de mer, les extrémités rétrécies des côtes donnent
dans des fossettes creusées à la face interne de ces pièces marginales ,
et s’y attachent par synchondrose.
La deuxième côte ( la première des élargies, fig. 3) se joint à
la troisième pièce marginale, â?, la troisième à la quatrième, et ainsi
de suite juscjua la septième cote, qui s’unit à la huitième pièce; mais
près de sa suture avec la neuvième; dans le caret, celle-ci ne reçoit
aucune côte; c’est la dixième pièce qui reçoit la huitième côte, et
la onzième pièce qui reçoit la dernière des côtes dilatées, ou la neu-
vième; en sorte que ces pièces marginales ne correspondent pas exac-
tenient aux cotes. Dans les autres tortues de mer, c’est la dixième
qui ne reçoit aucune côte.
Ce ne pourroit donc être aussi que sous un point de vue philoso-
DES TORTUES. 201
plîique que 1 on regarderoit les pièces marginales comme représen-
tant les cartilages ou parties sternales des côtes. Toutefois, comme il
y en a onze, ce qui est précisément le nombre des vertèbres dorsales
et lombaire, c est un motif pour adopter ce point de vue. Les deux
piemières et les deux dernières seroient, comme on l’a dit en d’au-
ties occasions, des cotes sternales auxquelles leurs côtes vertébrales
manqueroient. On en voit de telles sous l’abdomen du crocodile,
comme nous l’avons dit à son chapitre.
Dans les toi tues de terre, les pièces marginales, aussi au nombre
de onze, s engrènent avec les extrémités des côtes, et forment avec
elles un tout continu. Les trois premières s’articulent à la seconde
côte, à la première des dilatées. Les six suivantes, dans les tortues
de terre, répondent aux six autres côtes, mais irrégulièrement,
parce que leur largeur est à peu près égale, tandis cjue les côtes sont
alternativement plus larges ou plus étroites j et il y en a deux pour
la huitième ou pour la dernière des dilatées.
Dans les tortues d’eau douce, où les côtes sont plus égales, il y a
tiois pièces marginales pour la seconde côte ou la première des di-
latées. La quatrième jîièce s’articule entièrement avec la troisième
cote, qui reçoit aussi une partie de la cinquième pièce. Ensuite les
pièces et les côtes s’articulent alternativement, de manière qu’une
pièce répond à deux côtes, et ainsi de suite jusqu’à la onzième pièce,
qui répond à la huitième côte et aux deux dernières pièces de la
série longitudinale.
Dans la chélj’^de, la deuxième côte, c’est-à-dire toujours la pre-
mière dilatée, s’articule entre la troisième et la quatrième pièce, et
cela continue ainsi (sauf quelques irrégularités), de manière que la
huitième de ces côtes élargies correspond à la di.viènie et à la onzième
pièce marginale, en même temps quelle répond h la huitième et
à la dixième plaque longitudinale, et qu’elle couvre la neuvième.
Les trionyx ou tortues molles ont leur bouclier dorsal, et surtout
son cadre extérieur, constitué assez différemment des autres,
tue d ^ paires de cotes engrenées, qui, ainsi que dans les tor- '
s e mer, ne sont pas dilatées jusqu’au bout extérieur 5 mais dont
T- V, 2e. P.
302
OSÏÉOLOGIE
la partie élargie avance d’autant plus vers le bout que 1 animal est
plus âgé (i).
En avant des huit côtes est une pièce impaire, transversale,^',
fîg* 5 J est la première des plaques longitudinales; mais qui, dans
ce sous-genre, s’étend beaucoup plus de droite à gauche.
Elle laisse dans certaines espèces (comme le trionyx suhplanus ,
Geoffr. ) un vide dans le milieu, au travers duquel paroît la deuxième
vertèbre dorsale, celle qui ne porte que des têtes de côtes. D’au-
trefois, comme dans le trionyx granosus de Schœpf ( Tr. coroman-
delicus de GeolFr. ) ou voit encore en avant une petite pièce détachée.
Viennent ensuite huit autres de ces plaques longitudinales; mais
il arrive quelquefois (nommément dans le trionyx d’Egypte) que
les côtes de la dernière paire, et même une partie de celles de l’avant-
dernière , se réunissent sur le dos, et font disparoître ainsi la dernière
des plaques.
Ces côtes et ces plaques qui ne portent point d’écailles se distin-
guent de celles de toutes les autres tortues par les venniculations,
ou les grains dont leur surface est toute bosselee.
Tout ce qui est au-delà des côtes vers le bord n’est formé que de
cartilage; mais il y reste quelquefois des vestiges, plus ou moins con-
sidérables, des pièces marginales. , , J
Dans le trionyx d’Egypte , ce sont des grains osseux places dans
l’épaisseur de ce cartilage. Un grand échantillon, assez mal conservé,
m’en montre deux vis-à-vis l’extrémité de la troisième des côtes dila-
tées, deux vis-à-vis la quatrième, et un vis-à-vis la cinquième.
Dans le trionyx granosus , ü y a sur le tiers postérieur du bord de
la carapace une série continue de pièces, dont le nombre, en ayant
égard aux sutures dont on voit encore des traces, peut bien aller à
dix ou onze, et C[ue l’on peut en conséquence regarder comme re-
présentant toutes ces pièces marginales qui auroient ete repoussees
en arrière.
(i) Ce fait , que nous avons constaté sur plusieurs espèces , nommément sur le trionjx de
Coromandel ou. granosus , empêche que l’on ne puisse prendre pour caractère spécifique la
proportion de la partie dilatée et de la partie étroite.
/
DES TORTUES. ao3
Les autres tiaonyx m’ont paru manquer de ces vestiges de pièces
marginales; et même dans le trionjx gangeticus , je me suis assuré
par un examen scrupuleux qu’elles n’existent pas.
20. Du sternum ou plastron,
La partie antérieure de la grande cuirasse des tortues, ou ce que
les zoologistes ont nommé plus tr 071 , est formée par le sterizurn,
lequel, ainsi que l’a fait voir M. Geoffroy (i), se compose toujours
(1) Philosophie anatomique , 1. 1 , p. 104 ; et Ann. du Mus., t. XIV.
N. B. Le sternum des oiseaux se compose originairement de cinq pièces: la grande im-
paire , qui porle la carène ; deux late'rales antérieures triangulaires, auxquelles s’articulent
plusieurs côtes, et d’où partent les muscles sleriio-hyoïdiens ; et deux latérales postérieures
fourchues, qui forment ensuite les angles postérieurs. M. Geoffroy nomme la première
ento-sternal, et les autres hyo-sicrnaux et liypo-sternaux.
Il retrouve ces deux paires-ci dans nos secondes et troisièmes paires de la tortue , et son
ento-sternal dans la pièce impaire ; mais pour établir une analogie complète de nombre avec
les tortues , il ajoute quatre pièces à celles que l’on connoissoit dans les oiseaux. II forme les
deux premières de cette apophyse, que l’on observe en avant de l’enlo-stemal entre les ar-
ticulations des os coracoïdiens , et qui est généralement fourcbue dans les passereaux , et il
suppose qu’elle naît par deux points distincts d’ossification. De même il forme les deux
autres de ce prolongement cartilagineux , qui , dans les jeunes sujets, prolonge l’ento-sternal
en arrière , et dont il croit avoir vu l’analogue dans le picverd, sous forme de deux petites
anses ecarlees 1 une de l’autre , et adhérentes à la branche interne de l’hypo-sternal. Il
nomme cette paire anterieure , qu’il établit ainsi entre les coracoïdiens , épi-slernal ; et celle
qu il place en arrière de l’ento-sternal , xj'phi-siernal; et il en cherche les analogues dans la
première et la dernière paire du sternum des tortues.
J’avoue que je n’ai jamais pu voir l’épi-sternal , ni le xyphi-sternal ordinaire constituant
des points d ossification particuliers , et qu’il m’a paru que leur ossification n’étoit qu’une
suite et un prolongement de celle de l’enlo-slernal , sans que j’aie aperçu qu’il y ait entre
eux et lui de suture. Cependant M. Geoffroy assure avoir vu l’épi-sternal séparé dans un
jeune rouge-gorge.
Quant au petit disque cartilagineux , qui prolonge en arrière la branche interne de l’hypo-
slernal dans le pic , c’est une particularité très-réelle de l’organisation de cet oiseau , et que
I ai vérifiée ; seulement c’est un disque cartilagineux plein, et non pas une anse évidée au
milieu , comme le représente M. Geoffroy , loc. clt . pl. II , fig. 17 , p. p. Je n’ai rien trouvé
de- semblable dans d autres genres, pas meme dans les coucous , ni dans les perroquets ;
P ut etre cependant les torcols 1 offriront-ils aussi ; mais je doute que jamais on puisse y
. ^ uualogue du prolongement cartilagineux de l’ento-sternal , qui s’observe dans tous les
l^unes oiseaux, et même dans les jeunes pics comme dans les autres.
26=^
2o4 OSTÉOLOGIE
de neuf pièces, voy. pl. XII, fig. 44 ^ 47? ^HI, fig. 6, dont
huit sont paires, et dont la neuvième est impaire , et placée constam-
ment entre les quatre antérieures, avec les deux premières des-
cfuelles elle adhère de préférence, quand elle ne s’articule pas avec
les quatre.
Ces neuf pièces varient beaucoup en figure, selon les genres et les
espèces.
Dans les tortues de terre et d’eau douce, et dans les chélydes,
elles ne laissent de vides entre elles que dans le premier âge seule-
ment, où elles se forment de rayons osseux cUiigés en divers sens
dans le disque encore cartilagineux du plastron, comme les os du
crâne dans les fétus de mammifères; mais avec l’àge ces rayons se
joignent de toute part, et forment un disque compact dans toutes
ses parties, et qui s’unit, par une étendue plus ou moins considérable
de chaque côté, au bouclier dorsal. Voyez, pl. XII, fig. 44?
tron d’un jeune testudo scahixi.
Dans les tortues de mer ou clielonées , et dans les trionyx ou tor-
tues molles , ces expansions rayonnantes ne se réunissent pas partout ,
et bien que les ejuatre pièces de chaque côté s’unissent ensemble ,
et que la pièce impaire se joigne à celles de la première paire, il reste
au milieu, entre elles toutes, et de chaque côté , entre elles et le
bouclier dorsal, de grands vides qui ne sont remplis que par du car-
tilage.
Dans les tortues terrestres, pl. XII, fig. 45 , la première paire, a',
forme une avance diversement configurée sous le cou de l’animal,
dont la face supérieure donne en arrière une pointe qui rentre vers
la poitrine.
La pièce impaire, «9, est ovale à l’extérieur, et paroît eu dedans
triangulaire, et pointue en arrière. C’est surtout aux dépends de la
seconde paire c[u’elle occupe une place.
La seconde paire, a de chaque côté l’échancrure, h , pour le
passage du pied de devant qu’elle forme en commun avec la troisième
pièce marginale, et donne une apophyse, b\ qui monte sous le bou-
clier dorsal, le long de la face Interne de cette troisième pièce margi-
DES TORTUES.
20à
nale, jusqu’à la première côte élargie, et faisant partie du bouclier
(c est ‘à-dire à la deuxième). Son bord s’engrène ensuite avec celai
de la troisième, de la quatrième et de la cinquième pièce marginale.
La troisième pièce latérale du sternum, continue à s’engrener
avec la cinquième, la sixième et la septième pièce marginale, donne
une apophyse, c', qui remonte en s’articulant avec cette septième
piece jusqu a la sixième et la septième côte, et forme ensuite avec la
septième pièce marginale une échancrure, c, pour le }ûed de der-
rière, qui est moins profonde que celle de la deuxième pièce pour le
pied de devant, ce qui, joint à l’absence d’une échancrure pour une
pièce impaire, la fera aisément distinguer.
La quatrième et dernière paire , «'i, forme une proéminence sous
le ventre et la queue de l’animal, plus large et plus échancrée au mi-
lieu que celle du dessous du col , et qui de plus a un bord rentrant
sur le devant et n’en a point en arrière. ^
Dans les tortues à boîte, la partie mobile du plastron est demi-
ovale, composée des cinq pièces antérieures du sternum, dont l’im-
paire est fort grande. La partie fixe plus grande , également en demi-
ovale, est composée des quatre autres. C'est la troisième paire qui
s unit par une face articulaire fort lisse au bord inférieur et interne
de la cinquième et de, la sixième pièce marginale. Ce sternum n’a
point d échancrures. 11 n’y a pour les pieds d’autres vides que ceux
qui résultent de la courbure relevée des bords latéraux du bouclier
dorsal.
Plusieurs tortues d’eau douce ressemblent au reste aux tortues à
boite par un peu de mobilité dans la partie antérieure de leur plas-
tron. Cela est sensible dans le Test, europœa, ainsi que l’a bien re-
marqué M. Bojaniis.
Dans les chéljdes, l’articulation avec le bouclier dorsal est très-
forte, et se fait par des productions de la seconde et de la troisième
P^ire, qui s unissent à la quatrième, la cinquième, la sixième, et
ïïieme un peu a la septième de pièces marginales, et à la première et
^ quatrième des côtes élargies.
La dernière paire s unit aussi très-solidement à la huitième et la
2o6 OSTÉOLOGIE
neuvième côte, par rinterraédiaii’e des os du bassin, comme nous
]e verrons.
Dans les tortues de mer, pi. XIII, fig. 6, la première paire forme
par deux arcs le cadre de la saillie antérieure. La pièce impaire , arti-
culée avec elles par une partie transversale , se prolonge en arrière
par une apophyse pointue.
Les pièces de la seconde paire s’unissent chacune à celle qui la
précède, par une apophyse pointue et oblique; et à celle qui la suit,
par, une suture transversale. Elles donnent , ainsi que celles de la
troisième paire , de leurs bords interne et externe des pointes rayon-
nantes, en nombre différent selon les espèces.
Celles de la troisième engrènent en arrière par deux ou trois
pointes avec celles de la quatrième, qui entourent aussi comme deux
arcs la saillie postérieure du plastron.
Les trionyx ont les mêmes neuf pièces, mais diversement confi-
gurées, Dans ceux d’Egypte, de Java, dans le Tr. carinatus et le
gangeticiis ) figuré pl. XII, fig, 46, celles de la première paire sont
en forme de chevrons qui se regardent par leur angle , et la pièce
impaire est un troisième chevron qui réunit les deux autres, en tour-
nant son angle en avant. Les trois ensemble prennent la figure d’un
il ou d’un X.
La seconde et la troisième paire de chaque côté s’unissent pour
former un disque plus large que long, dont la surface est le plus sou-
vent vermiculée, comme celle des côtes l’est au bouclier dorsal, et
qui donne de ses quatre angles des faisceaux d’apophyses rayonnées ,
plus ou moins nombreuses à chaque faisceau selon les espèces.
î^e faisceau postérieur interne entrelace ses dernières apophyses
avec celles de la dernière paire, qui forme un disque triangulaire
également vermicLilé avec trois faisceaux d’apophyses, et dont le
faisceau antérieur externe s’articule comme nous venons de le dire,
tandis que l’antérieur interne s’entrelace avec celui de la pièce du
côté opposé.
Dans le trionyx granosus , pl. XII, fig. 47 -, D première paire pré-
sente à l’exterieur un grand ovale irrégulier de chaque côté; l’im-
DES TORTUES. 20^
paire, un disque rond ; les paires mitoyennes forment de chaque côté
ensemble un grand chevron très-large , dont l’échancrure tournée en
• >
arriéré sert au passage des cuisses; enfin la dernière paire montre un
quadrilatère plus large en avant (i).
Dans ces tortues, non plus que dans celles de mer, il n’y a point
d articulation du sternum avec le bouclier dorsal, et ces deux parties
de la cuirasse ne sont réunies que par des cartilages.
30. Des vertèbres,
L’^atlas des tortues est composé de quatre pièces.
Les deux premières, unies en dessus en une légère proéminence
tipineuse, après avoir entouré le canal vertébral et donné en ari’ière
chacune son apophyse articulaire, viennent concourir avec une troi-
sième fort petite à la formation de l’anneau qui reçoit le condyle de
la tête: je dis anneau, parce que dans le squelette cette fossette est
ouverte, et que son fond est rempli par une quatrième pièce qui
est un véritable corps de vertèbre sans partie annulaire, et qui, pré-
sentant une face antérieure convexe dans le vide dont je viens de
parler, s’articule en arrière par une face concave sur le corps de
1 axis. Cette pièce, analogue à celle que nous avons déjà vue clans le
crocodile , représente l’apophyse odontoïde de l’axis des mammi-
fères. Sur leur jonction, en dessous, est encore attaché un petit os
fait à peu près comme une rotule.
Ce qui prouve cjue cette pièce, analogue à rodontoïde, est dans
le fait le corps de l’atlas , c’est que dans la matamata elle se soude
aux trois premières , et prend toute la forme d’une vertèbre, s’arti-
culant avec l’axis, et pourvue, comme lui, en dessous d’une crête
longitudinale, et sur les côtés de petites apophyses transverses.
L’axis et les vertèbres suivantes se composent d’un corps à peu^
^ (Ann. du Mus. , t. XIV, p. >6) n’a pu décrire qu’un très-jeune individu-
^ J dont les deux pièces postérieures n’etoient point encore réunies pour former'
dulte te! ^ pourquoi il a compté sept disques granuleux au plastron : dans l’a»
1“® l’a rapporté M. Leschenault il n’y en a que six.
V
2o8 ostéologie
près rectangulaire, caréné en dessous, concave en avant, convexe
en arrière, et d’une partie annulaire qui demeure distincte du corps
jjendant toute la vie par deux sutures , est relevée en dessus d’une
crête au lieu d’apophyse épineuse, et dont les apophyses articulaires
antérieures, placées d’abord sous les postérieures de la vertèbre
précédente, se relevent obliquement pour les embrasser un peu jus-
qu’à la sixième, et reprennent à peu près leur position horizontale
dans les deux suivantes.
A l’angle antérieur de chaque côté du corps est une petite facette
commune au corps et à la portion annulaire.
Ijcs vertèbres adhérentes au bouclier dorsal ont leur corps large
et foiblement caréné dans les tortues de mer et d’eau douce. Dans
celles-ci il est même aplati aux antérieures. Il est aussi large et peu
convexe dans les trionyx , et les chélydes l’ont large" et relevé longi-
tudinalement d’une petite crête. Mais il y a des tortues de terre, telles
que T . geometrica , et surtout T. radiata , où il est excessivement
comprime , et meme ne se joint presque partout que par une cloison
membraneuse aux pièces de la série mitoyenne du bouclier, ces
pièces ne donnant chacune que deux lames étroites et descendantes
sur chaque articulation de deux corps.
C’est dans un dédoublement du bas de cette membrane, entre
ces lames verticales, et dans un demi-canal creusé à la partie supé-
rieure des corps que marche la moelle épinière.
Dans les autres sous-genres, les pièces de la série longitudinale du
bouclier dorsal donnent des cloisons verticales plus complètes, qui
forment avec les corps un canal osseux continu, dont les nerfs sor-
tent par des trous qui restent entre les lames.
Les vertèbres sacrées et caudales sont composées chacune du corps
concave en avant, convexe en arrière; d’une partie annulaire aplatie
carrément et sans épine en dessus, dont les apophyses articulaires
antérieures embrassent obliquement par dessous les postérieures de
la vertebre precedente et de deux apophyses traiisverses, courtes,
articulées de chaque côté sur la suture qui joint le corps à la partie
annulaire, Je compte vingt-trois caudales dans le T. grœca, le T-
DES TORTUES. 209
indica et d autres tortues de terre, et même jusqu’à vingt-sept dans
le T. radiata. Il n’y en a que dix-huit dans le T. geometrica, et
je n eu trouve aussi que dix-huit dans les tortues d’eau douce et de
*ïier, dont j’ai observé les squelettes.
Article V.
Des grands os des extrémités.
Dans 1 obligation singulière où étoit la nature de mettre les os de
1 épaulé et du bassin au dedans du tronc et d’y attacher leürs mus-
cles, elle semble avoir encore fait des efforts pour s’écarter le moins
possible de son plan général.
L os qui va du bouclier dorsal au sternum est supendu par un li-
gament sous la dilatation de la seconde côte, mais en avant de la
piemière, qui, ainsi que nous l’avons vu, ne consiste que dans une
tete articulée sous la seconde, en sorte qu’à quelques égards cet os
est encore hors du thorax.
Il y a quelquefois, dans le ligament par lequel il s’attache, un et
même deux petits os particuliers.
M. Bojanus en a décrit et représenté un dans la tortue d’Europe.
Je 1 y ai trouve aussi, mais encore à l’état cartilagineux. J’en ai ob-
servé deux dans une tortue à boîte d’Amérique 5 mais je me suis
assuré quil n y en a point dans de très-grandes tortues de terre, et
je n en ai point vu non plus dans celles de mer que j’ai disséquées.
Los dont nous parlons, pl. XII, %. , àS, est d’abord à peu
pies cy in riquej il se porte en avant, et après avoir donné de sa
face externe une portion de la facette articulaire qui reçoit la tête de
1 humérus, il va, en faisant une inflexion plus ou moins prononcée
en dedans, attacher son autre extrémité, ô, à la face interne du ster-
num, vers l’angle latéral de la pièce impaire.
ai Vu dans une tres-jeune tortue de mer cette branche sternale
visee par une suture, en sorte que sa portion qui joint le sternum
210 OSTÉOLOGIE
m’a para un os distinct ; mais si cela est général, il faut qu’il s’unisse à
l’autre de très-bonne heures car je n’ai pas retrouvé cette suture dans
des individus de tortues de terre et d’eau douce extrêmement jeunes.
Le reste de la facette pour l’articulation de l’humérus est fourni par
un autre os, c, qui se porte plus ou moins obliquement eu arrière
et vers la ligne moyenne, en s’élargissant en éventail; et qui demeure
ainsi à peu près parallèle au sternum.
Lors de mes premiers essais d’ostéologie comparée (Leçons, t. I,
p. 2.S2 ) , j’avois dit que la branche osseuse , allant de la première côte
au sternum, avoir du rapport avec la clavicule et la fourchette des
oiseaux, et que l’os aplati pouvoit sembler une omoplate.
Depuis c[ue j’ai mieux étudié les os de l’épaule en général , et sur-
tout depuis que j’ai fait la myologie et l’ostéologie d’à peu près tous
les genres de vertébrés, je me suis convaincu que la branche osseuse,
a, qui vient du bouclier osseux est l’omoplate; cjue la partie,
qu’elle porte au-delà de la facette articulaire est son acromion. Quant
à l’os aplati, <7, qui se porte en arrière, c’est incontestablement l’os
coracoïdien.
Tous les muscles qui partent de ces os pour se rendre au bras sont
respectivement les mêmes que dans les oiseaux , quelques change-
mens qu’ils aient éprouvés dans leur position relativement à l’horizon,
et dans leur grandeur et leur ligure.
Il reste à savoir s’il y a une clavicule.
Si la suture que j’ai observée dans un individu de tortue de mer étoit
constante, il n’y auroitpas de difficulté. On feroit la clavicule de l’extré-
mité sternale de l’os qui va de la carapace au sternum, ce qui seroit
d’autant plus naturel qu’ilva s’attacher àla pièce impaire du sternum.
Dans le cas où ce ne seroit qu’un accident, il faudroit supposer que
la clavicule manque comme au crocodile, ou la chercher dans la
paire antérieure des pièces du sternum, dont la position est dans le
lait, relativement à la pièce impaire, assez semblable à celle de la
clavicule des sauriens et de l’orniihorhynque (i).
(i) Je rne suis quelquefois étonné que ce rapproclienient n’ait pas été fait par M. Geof-
froy; il sembloit plus naturel que celui Je celte première paire avec l’apophyse épi-sleniale.
DES TORTUES. an
Cette épaule à trois branches, cette omoplate presque cylindrique,
cette portion acromiale à peu près égale en volume au reste de l’o-
moplate, sont caractéristiques des tortues. 11 n’y a rien de pareil dans
Igs autres animaux, parce qu’il n’y a point d’autre épaule qui soit
dedans du thorax.
Leurs formes varices donnent aussi de très-bons caractères pour
les sous-genres.
Dans les tortues de mer (fig. 5, prise du caret), la partie de l’o-
moplate qui va former la face articulaire se détache en quelque
sorte de l’os, et eu fait une apophyse latérale; et les deux bran-
ches, à 1 angle rentrant qu’elles font ensemble, sont comprimées,
plates et larges. L’acromion est comprimé, mais dans un autre
sens; et l’os coracoïdien est très-long et peu élargi à son extrémité
sternale.
Dans les tortues de terre (hg. i , prise du couï), où le bouclier
dorsal plus élevé donne plus de place pour l’extension de l’omoplate
et de son acromion , l’angle en est plus ouvert et l’os y est moins
comprimé. L os coracoïdien est court et tellement élargi que son
bord sternal égale sa longueur.
Dans les tortues d’eau douce ( fig. 2 , prise de l’émyde d’Eù-
rope), 1 épaule tient une sorte de milieu. L’os coracoïdien y est plus
long que large; la branche acromiale y est comprimée; l’angle qu’elle
fait avec 1 omoplate y est prononcé , mais moins que dans celles
de mer.
Les chélydes, fig. 3, ont l’os coracoïdien plus large et plus court
que les tortues d eau douce , moins que celles de terre.
Dans les^ trionyx , fig. 4 , l’angle est assez prononcé , mais l’os co-
lacoïdien s y fait remarquer par une forme particulière; plus élargi
que dans les autres sous-genres; son bord externe y est convexe et se
continue avec le postérieur, tandis que l’interne est un peu concave;
qui fait singulièrement ressembler le contour de cet os à celui de
certaines omoplates de mammifères.
L Humérus des tortues , fig. 6 à 1 0 , a du singulièrement tourner
son axe pour placer le pied de devant dans la position qu’exi-
^7"
212 OSTÉOLOGIE
geoit la cuirasse osseuse qui ne lui laisse de passage que par une échan-
crure étroite.
Il est résulté de Ih que sa tubérosité interne, a , est devenue pos-
térieure et supérieure, et que l’externe, h, est devenue interne et
aussi un j)eu postérieure.
La tête est sortie hors de l’axe plus que dans aucun animal, et
cela vers la face postérieure qui, dans la position ordinaire, est la
supérieure. Elle est en segment de sphère et fort convexe.
Les deux tubérosités sont très-grandes, très-saillantes , et laissent
entre elles une concavité, comme il y eu a une en arrière entre les
condyles de l’humérus dans la plupart des mammifères.
La tubérosité interne, devenue, comme j’ai dit, postérieure, est
la plus grande. Elle a la forme d’une longue crête obtuse, analogue
de la crête deltoïdienne, et c[ui reçoit les mêmes muscles.
L’autre tubérosité forme aussi une crête, mais beaucoup plus
courte. L une et 1 autre régnent jusque près des bords de la tête.
Le corps de 1 os est arqué, et sa concavité, qui seroit antérieure
dans l’homme, se trouve ordinairement inférieure. La face opposée
est convexe. Dans le haut elle a un petit creux vis-à-vis la fin de la
fosse qui est entre les deux tubérosités.
Le bas de l’os est élargi , et un peu aplati d’avant en arrière. On y
remarcjue au bord externe un sillon peu. prononce dans les tortues
de terre, plus profond dans les émydes, les chélydes et les trionyx ,
et qui sépare presque dans les tortues de mer la tête inférieure en
deux parties inégales. Ce sillon est peut-être le meilleur caractère
pour distinguer la partie inférieure de l’humérus de celle du fémur
qui n’en porte point, mais qui, dans tout le reste, n’offre que de
très-légères différences.
Sa tête inférieure, transversalement oblongue et d’une convexité
uniforme, reçoit les os de l’avant-bras sans leur oflVir deux facettes
distinctes.
Les trionyx, fig. 9, ne diffèrent des tortues de terre, fig. 6, que
par plus d’écartement des tubérosités.
Les émydes, fig. 7, ont en outre l’os pi us grêle et un peu moins arqué.
DES TORTUES. 2i3
Les chélydes, fig. 8, l’ont encore moins arqué, mais plus gros
que les emydes. Ses deux tubérosités sont presque dans le même
plan, ce qui rend sa partie supérieure plus plate.
L humérus des tortues de mer, fig. lo, diffère de tous les autres en
ce qu il n est point arqué sur sa longueur, mais à peu près droit ; eu
ce que sa grande tubérosité, a, (l’analogue de la petite ou de l’in-
terne de 1 homme) est plus longue, dépasse la tête et ressemble à un
olécrane; enfin en ce que l’autre tubérosité, b , est plus courte, et
représente une crête transverse en forme de chevron.
Il y a toujours deux os à 1’ avant-bras, mais peu mobiles l’un sur
l’autre.
Ils sont placés , lors de la marche , de manière que le cubitus fait
le bord extérieur du bras, et le radius l’intérieur.
Le RADIUS, a, fig. ii à i5, a la tête supérieure demi-circulaire,
un peu concave; le corps aminci; la tête inférieure comprimée et
coupée obliquement, en sorte qu’il est plus court au côté cubital.
Le CUBITUS, b, ibid. , est comprimé. Sa tête supérieure est trian-
gulaire et coupée obliquement, en sorte que son bord externe est
plus long vers le haut que le radial, sans qu’il y ait cependant d’olé-
cràne proprement dit. Ce bord est tranchant. L’inférieur est coupé
carrément.
Dans les trionyx , fig. 1 4 > le radius dépasse le cubitus comme dans
les tortues de mer , fig. i5. Le cubitus n’est point aussi comprimé que
dans les autres sous-genres; il est même rond dans le milieu, où il est
aminci, et a versle bas en avant une arête saillante qui le rend presque
JH’ismatique.
Dans les tortues de mer, les deux os sont en c[uelque sorte l’un
sur l’autre : en supposant le carpe horizontal , le radius est placé sous
le bord antérieur du cubitus. Le radius est le plus long des deux.
Dans le haut, sa forme est en cylindre comprimé; dans le bas, eu
Rrisme triangulaire; et cette partie descend jusqu’à moitié du premier
rang du carpe. Sa forme est comprimée et rétrécie aux deux bouts.
De bassin des tortues, fig. i6 à se compose toujours de trois*
os c istincts, contribuant, comme dans les quadrupèdes, à la co.mpo-
2i4 ostèologie
sition de la fosse cotyloïde j un. os des îles allonge j ihid. ^ ®
tache par des ligamens aux apophyses transverses des vertèbres sacrées
et à la partie voisine de la huitième paire des côtes dilatées j un pubis,
ô, et un ischion, c , qui se portent, en s’élargissant, vers le plastron,
et s’y réunissent chacun à son semblable.
A l’endroit où ils s’unissent pour former la cavité cotyloïde, chaque
os a trois faces : une pour chacun des deux autres , et une pour la
cavité.
Sur le reste de sa longueur, l’os des îles est oblong, l’ischion
va , en s’élargissant, directement vers la symphyse , et le pubis , après
s’être d’abord porté en avant, se courbe vers la symphyse, et s’é-
largit aussi pour y arriver.
Dans les tortues de terre, fig. i6et 17 , le pubis donne de l’angle où
il se courbe une apophyse pointue , ô', epi se dirige vers le plastron.
Dans les tortues d’eau douce, fig. 18 et ig, cette apophyse est
aplatie et dirigée latéralement, et souvent tronquée ou arrondie.
Dans les tortues de terre et d’eau douce , les pubis vont ensemble
s’unir aux ischions, et laissent ainsi de chaque côté un trou ovalaire, o.
Dans les tortues de mer, fig. 28 et 24, et les trionyx, fig. 21 et 22,
les pubis et les ischions ne s’unissent au milieu que par un cartilage ,
en sorte que dans le squelette il n’y a qu’une seule ouverture , maïs
très-grande, qui remplace les deux trous ovalaires.
Dans ces quatre sous-genres , ces deux os ne sont fixés au plastron
que par des ligamens.
Dans les chélydes , fig. 20, le bassin s’engrène plus solidement et
avec le plastron, en dd, et avec le bouclier dorsal, en ses os s’y
articulent par de larges surfaces, l’os des îles, à la huitième côte di-
latée , les deux autres os à la dernière pièce du plastron.
La position de ce bassin est toujours telle que l’os des îles se porte
obliquement d’arrière en avant et vers le plastron, que la surface
commune des deux autres os est parallèle au sternum, et que la
fosse cotyloïde regarde de côté, ce que démontrent les fig. 17 , ig,
20, 22 et 24*
Dans les trionyx et les tortues de mer, le pubis est simplement
DES TORTUES. 2i5
dilaté en éventail à sa partie antérieure , et légèrement divisé par
un aie rentrant en deux lobes, dont Tinterne va former la symphyse.
L ischion des tortues de mer est simplement oblong j dans les trio-
et les tortues d eau douce , il s’élargit carrément du côté de la
^mphyse, ce qui lui donne un angle saillant à son bord postérieur,
üans les tortues de terre, cet angle devient pointu; et en général
ans les eux derniers sous-genres, le pubis et l’ischion composent
ensemble une surface plus ou moins concave du côté du plastron.
Le FEMUR des tortues, fig. a5 a 34, seroit facile à prendre pour un
humérus de quadrupède. Sa tête ov^ale s’écarte du corps de l’os sans
en etie précisément separee par un col étroit. Au lieu de trochanter
est une crête transversale, peu élevée, séparée de la tête par un en-
foncement serni- circulaire. Le milieu de l’os est aminci et rond, et
je bas comprimé d avant en arrière, et s’élargissant par degrés pour
ormer la tête inférieure, qui est une portion transverse de cylindre
Un peu infléchie vers l’arrière.
Dans les toitues d eau douce, fig. o.j et 28, la tête est plus oblon-
bUe , et les deux trochanters sont des tubercules distincts , séparés l’un
autie par un arc rentrant de la crete. Leur séparation est encore
P us marquée dans les trionyx, fig. 3 1 et 82 ; ils y sont presque aussi
distincts que les tubérosités de l’humérus, mais plus égaux.
Dans les tortues de mer, fig. 33 et 34 , la tête est ronde , et il n’y a
qu une crête plus élevée et plus grosse dans son milieu. L’os est plus
court et plus épais.
^ Les deux os de la jambe sont à peu près droits; le tibia, a, fig. 35
a 39, plus gros et à peu près semi-circulaire dans le haut, redevenant
aussi un peu gros dans le bas; le riHo.B, , plus comprimé et
plus large dans le bas. Le premier présente une surface un peu concave ,
uniforme ; 1 autre une un peu convexe et rhomboïdale à l’astragale'
Dans les tortues de terre, fig. 35, le milieu de l’os est assez grêle'
^ tete supérieure présente deux facettes légèrement concaves, et la
inférieure porte un tubercule saillant qui
h. 3/°”'^ ^ concave de l’astragale. Dans les émydes,
> ce tubercule inférieur existe aussi , et la tête supérieure est
2i5 ostéologie
déjà un peu convexe. Les chélydes, fig. 3;, ont cet os plus égal en
«grosseur la tète supérieure convexe , et le tubercule inférieur encore
un peu prononcé. Dans les trionyx , fig. 38, il en est à peu près
comme dans les chélydes 5 mais le tibia des chélonées, fig. 89, est
aussi large au milieu qu’aux extrémités. Les tètes supérieure et
inférieure sont convexes , et il n’y a plus de tubercule externe à Tin-
férieure.
Article VT.
Des os des mains et des pieds.
§ I. Des mains.
Dans les tortues de mer, fig. i5, tous les os du carpe sont plats et
à peu près coupés carrément.
Au premier rang sont deux os , c et d, adhérant au cubitus, et au
dernier rang cinq plus petits, i à 5, portant les cinq os du métacarpe.
Il y a de plus un os intermédiaire, e, sous le premier os cubital,
et sur le deuxième et le troisième du dernier rang. 11 paroît répondre
à cet os démembré du trapézoïde que l’on voit dans les singes.
Enfin il y en a un grand en demi- croissant hors de raug,^, adhé-
rant au bord externe de celui qui est au-dessus du métacarpien du
petit doigt. C’est un vrai pisiforme , bien qu’un peu descendu.
Entre celui qui est sur le métacarpien du pouce, i, et le radius, a,
il n’y a long-temps que des ligamens , et l’on ne voit point le grand
os scaphoïdo-semilunaire que nous verrons, dans les autres sous-
genres ; mais avec l’âge il se montre en cet endroit un petit os radial.
Les très-grands individus ont aussi les deux avant-derniers os du
deuxième rang soudés ensemble.
Le métacarpien du pouce, 1', est court et large.
Les autres sont longs et grêles.
Le petit doigt n’a que deux phalanges. Il n’est pas plus long que
le pouce.
DES TORTUES. 317
Les trois autres s’allongent, surtout le médius.
Il résulte du tout une main pointue, où le pouce et l’index seuls
ont leur onguéal armé d’un ongle.
Dans les tortues de terre , fig. 1 1 , on est obligé de reconnoître qu’il
n’y a que deux phalanges à chaque doigt, ou bien il faudroit sup-
poser qu’il manque soit le dernier rang d’os au carpe, soit tous les
métacarpiens, ce qui n’est pas admissible, parce que l’on volt bien
par les formes et par la comparaison avec les tortues d’eau douce que
ce sont ces métacarpiens et ces os du carpe qui existent.
Cela posé , on trouve au carpe un grand os radial ou scaphdido-
semilunaire , a! , deux os cubitaux presque carres, c et<f, cinq os du
second rang portant les cinq métacarpiens, et un os intermédiaire,
e, placé entre le grand radial, le premier cubital, et ceux qui portent
le troisième et le quatrième métacarpien.
Cet intermédiaire se soude assez souvent aMScaphdido-semilunaire.
Les os du métacarpe sont plus courts même que les phalanges.
Dans les tortues d’eau douce, fig. 12 , les trois doigts mitoyens ont
leurs trois phalanges bien développées 5 mais il n’y en a que deux au
pouce et au petit doigt. Les métacarpiens sont assez longs , et les deux
externes sont portés sur un seul os du carpe ; néanmoins la dernière
rangée est aussi de cinq os , parce qu’il y en a un très-petit en dehors
du côté du pouce.
Au premier rang , le cubitus , du moins dans la tortue d’Europe ,
porte quatre os : deux grands , un petit intermédiaire et un autre
petit hors de rangj mais il y a d’autres espèces, comme T. clausa,
où les deux petits ne s’observent pas.
Le grand os radial ou scaphoïdo-semilunaire passe en partie sous
les deux os cubitaux (1).
Les chélydes, fig. i3 , ont la main faite à peu près comme les tor-
(i) N. B. La fig. 12 , pl. VI de M. Bojanus, est semblable à ce que j’ai observé, si ce
n’est qu’il n’a pas représenté le petit os cubital intermédiaire , et qu’il donne comme divisé
l’externe de la seconde rangée. Dans mes individus , et de plusieurs espèces , il n’y a qu’un
à la place des deux que M. Bojanus représente ; à la vérité il est bilobe.
T. V, ae. P. 28
2i8 ostéologie
tues d’eau douce, si ce n’est que leur os radial est petit et rentré vers
le dedans du carpe à côté de l’os que nous avons nommé intermédiaire,
et que le petit doigt a, comme les trois intermédiaires , trois phalanges.
Lestrionyx, fîg. i4î ont aussi l’os radial rentré à côté de l’inter-
médiaire. Leurs trois premiers doigts ont leurs troisièmes phalanges
grandes , larges et pointues pour porter leurs ongles. Le quatrième en
a quatre, toutes assez grêles 5 et le dernier trois.
§ IL Des pieds.
Dans les tortues en général le calcanéum n’a point de proéminence
en arrière , en sorte que leur tarse est plat comme un carpe.
Il se compose dans les tortues de mer, fig. 3g, de six os ou de sept,
suivant que l’on comptera le premier du petit doigt. Deux au premier
rang, dont un plus grand, a', à peu près rhomboïdal, répondant éga-
lement au tibia et au péroné, est l’astragale; un plus petit, b', carré,
articulé semement au péroné, est le seul vestige de calcanéum.
Au second rang il y en a quatre : trois cunéiformes pour les méta-
carpiens du pouce et des deux doigts suivans, et un plus grand pour
les deux derniers métatarsiens.
Les os du métatarse du pouce et du petit doigt sont pi us courts
que les autres, et singulièi'ement larges et aplatis. On pourroit cepen-
dant prendre celui du petit doigt, c, pour un os hors de rang du tarse.
En ce dernier cas, le petit doigt n’auroit que deux phalanges* autre-
ment il en auroit trois comme les autres.
Le pouce n’en a que deux. I] porte un ongle , et le doigt qui le suit
en porte également un.
Les deux suivans ont encore leurs dernières phalanges assez grandes,
quoique sans ongles, mais le dernier l’a fort petite.
Dans les tortues de terre, fig. 35^ pos analogue à l’astragale est
P us gios, P us épais; et 1 os péronien , ou analogue du calcanéum,
plus petit. Les quatre autres os existent; et cel ui que nous avons
appelé metatarsieu du petit doigt semble leur faire suite par sa
position et par sa figure. Il porte quelquefois un vestige de doigt
DES TORTUES.
219
dune seule pièce, qui me paroît même manquer dans plusieurs
espèces.
Le métatarsien du pouce est très-court et non aplati: les autres
sont un peu plus longs. Aucun des quatre doigts existans n’a plus
de deux phalanges.
^ Le tarse des tortues d’eau douce , fig. 36, est à peu près le même,
si ce n est que 1 osselet jîéronîen ou calcanéum , quand il n’est pas
réuni à 1 astragale, est plus grand, que l’osselet qui sert de vestige
de petit doigt est plus long, et que les trois doigts qui suivent le
pouce ont leurs trois phalanges bien distinctes.
Dans le tarse des fig. 38, l’ospéronien descend en dehors
des trois cunéiformes, et porte moitié de la tête du troisième méta-
tarsien et toute celle du quatrième. A son bord externe adhère un
grand os carré, celui dont nous* avons douté si c’étoit un métatarsien
Ou un os hors de rang. Il porte le cinquième métatarsien ou la pre-
mière phalange du petit doigt; mais en ce cas le petit doigt en auroit
trois. Il est vrai que le quatrième doigt en a quatre, sans compter
son métatarsien.
Le pouce en a deux, et les deux doigts suivans chacun trois. Dans
tous les trois, la dernière est grande, large et pointue pour porter
un ongle. Dans le quatrième et le cinquième doigt, cette dernière
phalange est très-petite et sans ongle.
Dans les chélydes ou matamata, fig. 37, le quatrième doigt est,
comme les deux précédens, composé de trois phalanges et armé
^ un ongle; le cinquième aussi a trois phalanges, et même il en
auroit quatre, si 1 on ne regardoit pas l’os sur lequel nous sommes
en doute comme un os du tarse; mais la dernière est très-petite,
cartilagineuse et sans ongle.
Leur tarse est comme dans les trionyx , avec cette différence que
CS analogues de 1 astragale et du calcanéum sont divisés transversa-
Cttient chacun en deux os ; en sorte que celui qui se détache du cal-
quatrième cunéiforme pour le quatrième métatar-
uor/ T détache de l’astragale est un vrai scaphoïde , qui
^ ® les trois premiers cunéiformes.
28*
220
TORTUES
,1 i.ji I — — — —
SECTION IL
Des Tortues fossiles.
Le nombre des tortues vivantes est si considérable, qu’il est très-
difficile de décider si une tortue fossile est ou non d’une espèce in-
connue , d’autant qu’il faudroit pour cela lui comparer non pas seule-
ment des carapaces et des plastrons revêtus de leurs écailles , tels
qu’on les voit d’ordinaire dans les cabinets et qu’on les représente
dans les livres, mais des squelettes où l’on apercevroit à nu les join-
tures des côtes et des autres os qui concourent à la composition de
ces cuii’asses.
J en ai fait dépouiller à la vérité un assez grand nombre : les ché-
lonees franche , vergetée , tachetée et d’autres variétés ÿ le caret ^
la couane^ la tortue grecque^ les Test, tahulata, T. radîata, T.
marginata, T. angulata, T. cqjfra, T. geometrica , T. areolataj
les grandes tortues des Indes , Vémyde d’Europe , les Em. serrata,
Em. centrata, Em. vîrgulata, Em. clausa, Em. scripta, Em.
scahra y Em. picta, Em. doj'sata. , Em. expajxsa ÿ les trionyx
d’Egypte , de Jaça , du Gange ^ aplati; Idimatamata, et d’autres
encore. Ainsi j’ai bien pu constater les caractères qui distinguent les
tortues fossiles de toutes ces especes^ mais ce n est que par induction
que je peux croire que les premières diffèrent également de celles
que je n ai pas eues aussi complètement à ma disposition.
J en serai donc réduit pour plusieurs à assigner leur sous-genre j
mais c’est déjà une circonstance assez importante, puisqu’elle marque
leur séjour et donne quelque probabilité sur l’origine du terrain qui
les enveloppe, ou du moins sur l’existence ou la non existence de
quelque terre sèche dans le voisinage des eaux où ce terrain se formoit.
J ai joui pour cette partie de mon travail d’un secours dont il est
juste que je fasse mention j c’est un mémoire sur les tortues fossiles
I
FOSSILES. 221
de M. Bourdet de la Nièvre, naturaliste voyageur, dont il a été
donné un extrait dans le Bulletin des Sciences de la Société philo-
matique 1821. L’auteur, qui y décrit et représente plusieurs
morceaux qu’il a observés dans les cabinets de la Suisse et ailleurs ,
a bien voulu me confier son manuscrit et ses figures , en me permet-
tant d’en faire usage; je lui en témoigne ici ma reconnoissance.
M. Hugi, professeur à Soleure , et observateur très-zele , m a rendii
aussi un très-grand service en me communiquant plusieurs des nom-
breux morceaux qu’il a recueillis dans les carrières des environs de
cette ville , et en m’envoyant les dessins des pièces trop grandes pour
être transportées, et parmi lesquelles il en est plusieurs d un grand
intérêt.
Ces renseignemens,' ceux que j’ai recueillis moi-même en divers
lieux, et quelques objets arrivés au Muséum depuis la première édi-
tion de ce livre, m’ont mis à même de donner sur ce sujet encore
peu étudié des tortues fossiles, des notions un peu plus complètes
que celles que l’on possédoit.
Article premier.
Des os fossiles de TrionYX.
Je commence par ce sous-genre, à cause de la singulière abon-
dance avec laquelle on trouve ses os dans des couches d’un âge
moyen , avec les palæothériums , les lophiodons , etc. , bien que dans
les temps historiques il paroisse avoir toujours été étranger à l’Surope.
En effet, les trionyx les plus voisins de nous sont le thirsé du
Nil ( testudo ùiimguis, Forsk. ) , si bien décrit par M. Geoffroy (i) ,
et le rqfcht de l’Euphrate, indiqué et assez grossièrement repré-
senté par feu M. Olivier (2).
Toutes les autres espèces, dont la patrie est connue , soit celles
(0 Mémoire sur les Tortues molles, nouveau genre sous le nom de trionyx, Ann. du
, t. XIV.
(2) Vojage dans diverses parties de l’Empire ottoman, atlas, pl. 4i-
I
222 TORTUES
que M. Geoffroy a caractérisées (i), soit une nouvelle qui vient
d’éue envoyée du Gange par M. Duvaucel, et dont les os sont des-
sinés pl, XII (2), habitent les rivières des pays chauds, ce qui ne
peut guère laisser de doute que celles dont la patrie est ignorée (3)
ne se tiennent dans des séjours semblables.
II y a tout heu de croire que c’est le thirsé du Nil, qui a été désigné
par Anstote sous le nom ^émjs ou ^anunys (4); c’est du moins la
seule espece dont il ait pu à\x^{depart. An. ,.lib. III, cap. 9) qu’elle
a le test assez mou pour laisser transpirer ses humeurs} il est vrai
qu’il devoit la connoître assez mal, puiscju’il emploie ce trait d’orga-
nisation pour rendre raison d’un fait très- faux, pour expliquer pour-
quoi elle na ni reins ni vessie. J’ai examiné exprès la chose sur plu-
sieurs trionyx, et je puis assurer qu’ils ont une vessie et des reins
comme toutes les tortues (5).
§ I. Trionyx des plâtrières des entrons de Paris.
Nous ne ferons que rappeler ce que nous en avons dit au long dans
notre Ille. vol. , p. 329. Un trionyx au moins abondoit dans nos en-
(1) Loc. eu. , sous les noms de Tr. œgjrptiaticus , Tr. jamnicus, Tr. corom arideUcus ,
J r, géorgiens , Tr. euphralicus.
(2) Ce trionyx du Gange ^ Tr. gangeticus , Duvaucel) a le museau osseux beaucoup
moins pointu que celui d’Égypte ; l’ovale osseux de sa carapace est plus large à proportion
de sa longueur , surtout en avant ; les deux pièces antérieures du sternum ont leur branche
antérieure plus grêle et plus allongée ; et les pièces latérales leurs dentelures du côté int
moins nombreuses. Dans l’état de vie, le bouclier et le sternum sont enveloppés dan
carapace et un plastron carülagineux , mous et lisses, bruns clair. La carapace est eTtièrr
ment piquetce et vermiculee de brun foncé verdâtre Des li,.noc ' ' r- / ^
b...... e ' e . 1 udire. jjes lignes irregulieres de ce même
»«ll. de la carapace depaaae la parl.e 0S3e„,e en amère beanc.up plus ,„e »r lea cL et
“««rte par le bord po.térienr de la carapace. Un
eie singu ler , c est un trou naturellement percé aux quatre pieds dans la partie de
leur membrane qui est entre le deuxième et le troisième doigt.
(3} Tr.carinatus, Tr. stello.us , Tr. subplanus , Geoffroy.
(4) M. oc ineider, ne conuoissoit d’autre tortue molle que celle de Virginie , a sup-
pore que le passage d Anstote se rapport.i, à quelque espèce iueonuue. Hist. naturelle L
Tortues , p. 76.
(5) Rondelet a donc eu raison de relever cette erreur d’Aristote.
fossiles. ^^3
riumr I y vivoient les palæothériums, les anoplothé-
tous r. les sarigues, les crocodiles et
ro„vrd“‘“““l 1 ie ”’»i *a
ci%L « ee fixer les caractèreS spé-
Trionyx des plâtrières fl Aix.
Je ne connois ces restes que par le Mémoire de M. Bonrdet; et ce
naturaliste ne les a pas vus en place , mais les a découverts parmi des
morceaux de pierre à plâtre venus de ces carrières. Il a donné à l’es-
G^nève maunoir d’après le célèbre chirurgien de
Ces débris consistent en une carapace qui a perdu une grande
Ci‘r 1 Tv r ““ <=3té
a oit,pl. XV,fig. 1, et en une moitié gauche presque complète du
larg^cle huh ( «t
Sa converité transversale est telle que la flèche de l’arc est moindre
du cinquième de la corde. ®
La pièce impaire en avant de la première côte arrive avec elle au
de dess77l’e t '''«‘'“‘culée jusqu’à son bord. C’est
sefe7:::tt;?u:r;re7rdrdos
Geoffroy. ? “ ““‘“e ™ de
creÜ’7““”'^‘ P«“«® vermiculures de la surface sont
La réunion de ces trois carartprpc élm'ann. t
belles onrs • ^cteres éloigné cette carapace de toutes
4^e nous connoissons.
® tnonyx de Java est le seul qui ait sa pièce impaire disposée'
TORTUES
comme o,i la voit ici. Dans celui d’Egypte , il y auroit au bord de sa
partie vermiculée une portion lisse et dentelée; dans le caréné, a
pièce impaire seroit petite et très-séparée; dans celui de Coroman-
del il y auroit une petite pièce impaire séparée, et Ton n apercevroit
pas’le bout de la côte. Celui du Gange approche beaucoup à cet
égard et de celui de Java et du fossile , mais il à encore un peu de bord
lisse et dentelé comme celui d’Egypte; d’ailleurs ni l’un m 1 autre
n’a les plaques vertébrales relevées. • i r
Le plastron a d’assez grands rapports avec ceux du Nil et du Gange ;
c’est même de celui du Nil qu’il se rapproche le plus par la forme
de sa pièce moyenne, et le peu d’étendue de l’articulation mutuelle
de ses deux pièces postérieures. Toutefois les dentelures supérieures
forment un groupe plus allongé, et la pièce postérieure n’a que son
milieu de venuiculé ; son contour antérieur et externe est lisse , ce
qui, dans l’espèce du Nil, n’a lieu qu’à ses angles. L espece de Java
au contraire a cette pièce h peu près entièrement lisse et engrenee
avec son opposée sur plus de moitié de sa longueur.
Il n’est donc pas douteux que ce trionyx des plâtrières d’Aix ne
soit d’une espèce inconnue parmi les vivantes. Il restera à déterminer
s’il diffère de celui des plâtrières de Paris; mais on n’y parviendra
que si l’on découvre dans celles-ci de nouveaux morceaux.
§ III 'l'rionyx de la molasse du département de la Gironde.
M le duc de Caze^, qui s’intéresse toujours comme particulier
aux sciences naturelles auxquelles il a rendu tant de services comme
ministre, a bien voulu me donner plusieurs morceaux d’une pierre
analogue à la molasse de Suisse, dont il y a des carrières dans sa terre
de la Gjuÿe, commune de Bonsac, département de la Gironde , et
tout près de la rivière d’isle, qui se jette dans la Dordogne entre
Libourne et Fronsac.
Cette pierre contient souvent des débris osseux de plusieurs genres.
J’y ai reconnu des dents, des fragmens de mâchoires, et d autres
os de palæothérium d’une espèce que je crois identique avec notre
palœotheriurn medium des environs de Paris, ou qui du moins ri
FOSSILES. 225
ressemble beaucoup par la grandeur et la forme de ses dents. Il con-
viendra même d’ajouter cette localité à toutes celles où il a été dé-
couvert des palæothériums, et dont j’ai donné l’indication dans mon
Ille. vol., p. a52 et suiv.
Ce qui nous intéresse pour notre pi’ésente recherche, c’est qu’il
s y trouve aussi en très-grand nombre des fragmens manifestes de
tortues, et spécialement de trionyx, et même j’en ai un de ce der-
nier genre qui me suffit pour affii'mer que l’espèce diffère de celles
dont nous avons des squelettes.
C’est un fragment, cassé en deux et assez mutilé, de la première
pièce de la carapace, de cette pièce impaire et transversale qui n’ ad-
héré ni aux côtes ni aux vertèbres : on la reconnoît à cette arête ir-
régulière qui parcourt obliquement sa face inférieure, et aux trous
obliques qui y sont percés pour les vaisseaux. D’après ce qui en
reste, son diamètre antéro-postérieur doit avoir été plus considé-
rable à proportion de sa largeur, et sa partie mitoyenne plus concave
en dessous que dans tous nos trionyx. L’espèce de Java en approche
le plus, mais est encore loin de lui ressembler tout-à-fait.
11 se trouve aussi dans le nombre des fragmens de plastron, malheu-
reusement trop mutilés pour en déduire les caractères spécifiques-
Ce trionyx devoit égaler pour la taille celui du Nil. Parmi nos
fragmens, il eu est un provenant de la troisième ou de la quatrième
côte , aussi large que dans la plus grande carapace apportée d’Egypte
par M. Geoffroy.
C est probablement à la même formation, et peut-être à la même
espèce , que doivent être rapportés les trionyx de XAgenois et du
Quercy , dont M. Bourdet a décrit une côte et une épaule. Ils lui
ont ete donnes par M. Daudebart de Férussac, qui me les avoit aussi
communiqués dans le temps. Leur gangue est une molasse semblable
à celle de la Grave, et dont les bancs paroissent occuper beaucoup
d étendue sur les plateaux de la droite de la Garonne , entre la Dor-
dogne, le Lot, le Tarn, etc.
L épaule dont nous reproduisons la figure , fig. 3 , ressemble
® ornent à celle du trionyx de Montmartre de notre Ille. vol. ,
T. V, ae. P. _
226 TORTUES
])]. LXXyi, fig. 9, qu’à la mutilation près de l’os coracoïdien on
dirait qu’elle en a été copiée.
M. Bourdet représente aussi un fragment trouvé dans la même
sorte de pierre, aux environs de Lauzerte , département de Tarn-
et-Garonne, qu’il regarde comme venant de la pièce postérieure
du plastron d un trionyx 5 mais nous devons avouer que ce morceau
ne nous paroit offrir aucun des caractères qui pourroient le faire
rapporter à ce genre.
§ IV, Trionyx des couches de grmner et d'argile de
Hautevigne , département de Lot-et-Garonne.
Nous avons parlé dans le supplément de notre Ille. vol. , p. 4o4,
des os fossiles trouvés à Hautevigne, département de Ijot-et-Garonne ,
parmi lesquels en étoient d’une espèce voisine des anthracotliériums.
11 y avoit dans les mêmes couches des os de tortues , et nommé-
ment de trionyx. Dans le nombre de ceux que M. de Saint- Amans
m’a communiqués, on voit plusieurs morceaux de côtes parfaitement
reconnoissables ; mais il ne s’y trouve de propre à caractériser un peu
l’espèce, qu’une portion où l’on voit encore un reste de la tète de la
cote. Ce reste de tète m’a paru se relever un peu plus, c’est-à-dire
faire avec la face concave de la partie dilatée un angle un peu moins
obtus que dans mes autres squelettes de trionyx.
§ Y. Trionyx des couches de grapier des environs de
Castelnaudary.
Dans ces graviers agglutinés du pied de la montagne Noire, dont
M. Dodun m a envoyé des échantillons remplis d’ossemens de plu-
sieurs animaux, tels que lophiodons et crocodiles, et dont j’ai parlé
dans mon ID, vol. , rae. part. , p. et suiv. , et dans celui-ci, p. 168,
il s est trouvé aussi des fragmens de tortue et de trionyx ; malheu-
reusement je ne puis dire de ces derniers autre chose si ce n’est que
ce sont des cotes de trionyx , bien reconnoissables à leurs vermicu-
lations.
FOSSILES.
227
§ Triontj^ des couches sableuses des environs <^’Avaray.
mm. LocJcard et Chouteaii , qui nous ont communiqué tant d’os-
semens d éléphans, de mastodontes, de rhinocéros et d’autres mam-
mifères recueillis près d’Avaray, dont nous avons parlé plusieurs
fois (1) , y avoient joint un fragment qui, à lui seul , nous a suffi pour
nous prouver que le genre des trionyx existoi't encore dans nos con-
trées lorsque s’y sont formées les couches meubles super/icielles.
Article II.
Des Einjdes ou Tortues d’eau douce.
§ I. Des tortues d’eau douce des pîâtrières de Paris.
Je n en reparle ici que pour mémoire , ayant déjà décrit les prîn-
cijiaux morceaux que j’en possède dans le Ilïe. volume, p. ^29.
§ ll.Des tortues d’eau douce découvertes avec des crocodiles dans
les carrières de calcaire du Jura des environs de Soleure.
Sur la gauche de 1 Aar , a un quart de lieue au nord de la ville de
Soleure , sont des carrières nombreuses, où M. Hugi ^ professeur au
collège de cette ville , a fait des observations intéressantes et des
découvertes précieuses. C’est d’après les lettres qu’il a bien voulu
nous adresser que nous allons les décrire.
Elles sont creusées dans la colline qui borde la vallée, et qui est
sUuee au pied de la portion de la haute chaîne du Jura , la plus voi-
sine de la Suisse, qui va aboutir au Rhin près du confluent de l’Aar,
et qui sépare en partie le canton de Soleure de celui de Bâle et du
P^ys de Porentruy.
La pierre dont elles se composent est un calcaire des formations
228 TORTUES
récentes da Jura , dur sans être cassant , de couleur blanchâtre tirant
au gris, au bleuâtre et quelquefois au jaunâtre. On en fait de beaux
ouvrages de sculpture, et en divers endroits elle donne un véritable
marbre.
Ses couches sont^généraleraent horizontales. On les voit en plu-
sieurs endroits reposant sur les bancs marneux des formations inter-
mediaires, et elles ne lorinent iiulle part de chaînes complètes et
régulières.
On en retrouve plusieurs semblables de Tautre côté de la grande
crête.
Les carrières d’auprès de Soleure offrent neu fou dix bancs exploités.
Dans le supérieur, la pierre fendue en divers sens ne sert qu’à faire
de la chaux. Elle contient des strombes, des turritelles, des huîtres.
M. Hugi assure qu’il y a aussi des os , mais très-rarement.
Le second, d une épaisseur régulière de trois pieds et demi, four-
nit, avec des térébratules, des oursins et des huîtres, quelc[ues dé-
bris dos de tortue, et des portions de mâchoires de poissons gar-
nies de dents en forme de pavés, telles qu’en ont les mâchoires des
spares, les os pharyngiens des labres, des pogonias et de plusieurs
sciènes.
C’est dans le troisième qu’il y a le plus de débris de tortues, mais
jamais de bien conservés. Ils y accompagnent des dents de croco-
diles, dont nous avons parlé dans le chapitre précédent, et des co-
quilles marines des genres que nous venons de mentionner.
Ces dents de poissons reviennent dans le quatrième avec quelques
débris d’os. Le cinquième donne de nouveau des coquilles. Le
sixième est une petite couche de marne; c’est dans celui-là que l’on
a trouvé des os de tortue plus entiers, avec des buccins, des cames,
le stromhus denticulatus de Schlotheim.
^ Le septième et le huitième sont remplis de térébratules, et con-
tiennent quelques vertèbres de poissons et très-rarement des os. Le
neuvième présente des cristaux de pyrites et point de pétrifications.
Le dixième, qui est très-épais , d’un gros grain et fort cassant,
ne s exploite plus. On n’y trouve cpe des térébratules.
FOSSILES. 229
On voit d’après ces détails que cette formation, toute particulière
qu elle paroisse, est néanmoins marine; et il est assez étonnant d’y
trouver des animaux dont les genres ne vivent aujourd’hui que dans
î eau douce, tels que l’émyde et le crocodile : cependant c’est ce qui
paroît bien certain.
M. Hugi m’a envoyé le dessin d’une cuirasse bien complète, avec
sa carapace et son jilastron, fig. 4 et 5, où l’on distingue même en-
core les empreintes des écailles.
Elle est longue de vingt-quatre pouces, et en a vingt à sa plus
grande largeur, qui est vers le tiers inférieur. Sa forme est un bel
ovale , arrondi aux deux bouts , et médiocrement convexe. Les
échancrures pour les pattes sont larges, et le plastron est d’un tiers
plus court que la carapace, ce qui laissoit en avant et en arrière assez
de place pour la liberté des mouvemens de l’animal.
Les écailles du milieu du disque paroissent avoir été aussi larges
que celles des côtés; mais celles du bord étoient fort étroites.
Le meme savant m’a encore adressé les dessins de portiojïs con-
sidérables de carapaces appartenant à deux autres espèces.
L’une d’elles , fîg. 6 , qui est une portion latérale contenant des
restes de quatre côtes et les pièces marginales correspondantes, est
remarquable par sa grandeur: elle est fort plate, et mesure plus
de onze pouces d’arrière en avant; ce qui en indique le double pour
la carapace entière.
L’autre, pl. XXI, fig. i, est la partie postérieure d’un bouclier dor-
sal, vue par dedans. Elle se fait distinguer par trois arêtes saillantes
dans sa partie antérieure et la plus creuse; on peut y observer dans
1 arrangement des os plusieurs singularités.
Les deux dernieres cotes se joignent l’une à l’autre au-devant
d’une pièce dorsale fort petite, qui est suivie d’une autre très-grande,
triangulaire, laquelle en a une très-petite à chacun de ses côtés. En-
suite viennent les deux dernières pièces dorsales, toutes deux assez
^^rges, avec deux des os du pourtour de chaque côté.
^ Il n est pas sans exemple de voir dans nos émydes ou nos tortues
Vivantes des côtes ainsi unies l’une à l’autre sur la ligne dorsale, et
TORTUES
aSo
faisant disparoître ou rapetissant beaucoup les plaques dorsales qui
devroient les séparer.
On voit aussi quelquefois de ces espèces d’os vormiens au bout
des côtes ou en d’autres endroits de la carapace ; mais je n’en ai
point vu encore disposés comme dans ce morceau.
Les trois arêtes saillantes y sont encore une particularité dont les
espèces que j’ai vues en squelette m’ont à peine offert quelque léger
vestige.
M. Hugi ni’a aussi communiqué en nature un assez grand nombre
de morceaux de ces émytles de Soleure.
Telle est par exemple la tête, fig. 7.
Elle est cassée en arrière par un plan qui ne laisse que la paroi
antérieure de l’os tympanique; son frontal postérieur est large, plus
que dans l’émyde d’Europe, mais non autant que dans Xexpansa ou
le serpeniina j il ne couvre la tempe en arrière que jusque vis-à-vis
le bord anterieur de la caisse, comme dans les émydes ordinaires;
mais le paiietal ne se joint point a lui pour couvrir le reste de cette
fosse, ce ^tii exclut les toi tues de mer. Celles de terre sont exclues
parce qu’ elles auroient le frontal postérieur beaucoup plus étroit.
Du reste, la grandeur de 1 orbite, la brièveté du nez et du museau,
la forte échancrure en arrière du bord maxillaire, tout est dans cette
tête comme dans les émydes les plus ordinaires.
Longueur de cette tête depuis là pointe de l’épine occipitale jusqu’au bord
de la mâchoire supérieure o
Hauteur depuis le bord inférieur de la mâchoire inférieure jusques au haut
du crâne t-
o,o5
Longueur de la mâchoire inférieure ^
Diamètre de l’orbite.
0,022
Intervalle des orbites
0,012
Outre cette tete, j’ai distingué les morceaux suivans :
Deux plaques de la série dorsale , fig. 8 et 9 , qui m’ont paru
devoir être la sixième et la septième; toutes les deux en hexagone
presque régulier , bombées longitudinalement au milieu, et dans
lesquelles on doit surtout remarquer l’extrême épaisseur. Sur une
longueur de o,o55 elle est de 0,027. Dans une emj^s serrata, les
FOSSILES. *’ ■ ^3j
plaques analogues, sur une longueur de 0,022, n’ont pas trois milli-
métrés d’épaisseur.
C est 1 ernys serrata dont les plaques approchent le plus de celles-
ci pour le contour, et néanmoins il s’en faut beaucoup que leur
hexagone soit aussi régulier.
Plusieurs portions diversement mutilées de carapace et de plastron,
qui m ont paru se rapporter au moins à deux espèces, fune plate et
épaisse, I autre plus mince et plus courbée.
En comparant soigneusement ces morceaux avec des carapaces
d émydes vivantes, on parvient à fixer les places qu’ils occupoient,
et les côtes ou les plaques, soit dorsales, soit marginales, dont il y
est lesté quelque portion ; mais 1 ensemble de la carapace ou du plas-
tron n’en résulte pas assez clairement pour servir à désigner l’espèce.
Un morceau, formant l’extrémité postérieure d’une carapace, a
son élévation longitudinale presque comme l’arête d’un toit, et je
pense que c’est à cette espèce que se rapportent les fragmens planes 5
en sorte que la carapace dont ils proviennent doit avoir été formée
e deux jolans inclines l’un sur l’autre d’environ cent degrés.
Un bassin mutilé , fig. 10, mais où l’on voit encore tous les
traits de celui d’une émyde. Toute la partie de la symphyse est
enlevée; mais l’inclinaison de ce qui reste du pubis et de l’ischion
est exactement, ainsi que leur contour et la direction de l’os des
des, comme dans les émydes.
Un os coracoïdien mutilé dans sa partie aplatie , et qui va vers le
sternum; mais encore entier et reconnoissable dans sa tête qui con-
court a la facette glénoïde. ^
Ces pièces suffisent parfaitement pour établir qu’il existe dans les
carrières de Soleure des restes nombreux de deux grandes émydes
Un os, flg. Il, qui semble être un fragment de plastron, dont
«e nombreuses, mais nou dans
se.ffi!lT ‘ “ des chélouées,
M ““"“«cm- un genre particulier encore indéchiffrable pour moi.
»gi, qui possède beaucoup d’autres morceaux que je n’ai
23a ' TORTUES
pas vus, m’écrit qu’ils appartiennent peut-être à vingt espèces dif-
férentes. On doit désirer que cet ardent observateur publie promp-
tement ses découvertes avec plus de détails. Tout nouvellement il
vient de m’adresser un os fait pour augmenter beaucoup ce désir:
c’est un humérus (pl. XV, fig. ii') qui, par l’aplatissement de sa
partie supérieure, ressemble, à s’y méprendre, h celui de la chélyde.
Je soupçonne qu’il appartient à la même espèce que la carapace ca-
rénée et à bords planes dont j’ai parlé p. 229, et que nous repré-
sentons, fig. 6.
§ III. E MT DES des sables ferrugineux du comté de Sussex.
Dans cette partie des couches de la forêt de Tügate , au comté
de Sussex, où M. Mantell a recueilli des os de crocodile que nous
avons fait connoître ci-dessus, p. 16 r, il en a aussi trouvé quelques-
uns qui me paroissent ressembler singulièrement à cette émyde plate
dont nous venons de parler d’après M. Hugi.
Un des deux fragmens que m’a communiqués M. Mantell paroît
même avoir appartenu à une partie de la carapace qui etoit un peu
concave.
L’autre est une portion du rebord antérieur.
Ces deux morceaux doivent provenir d’un individu approchant de
très-près pour la taille de celui de Soleure.
Le premier est dans un sable ferrugineux très-fin, fortement ag-
glutiné ; l’autre dans un agglomérat de diverses petites pierres roulées
ou de gravier, agglutinés en partie par du sable, en partie par des in-
filtrations spathiques.
§ IV, Emydes des molasses de la Dordogne et de Suisse.
Ces immenses couches de grès tendre connues sous le nom de
molasse, qui remplissent les parties basses de l’Helvétie, et cjui se
reproduisent sur de grands espaces dans la France méridionale et
dans la Hongrie, passent, ainsi que les lignites et les autres lits
FOSSILES. 233
subordonnés qu’elles contiennent, pour être dans la même position
relative que nos argiles plastiques et lignites des environs de Paris ,
c’est-à-dire supérieures à la craie, et inférieures, ou peut-être en
quelques endroits contemporaines, au calcaire grossier et à quel-
ques-uns des autres bancs tertiaires plus récens (i).
Riches en produits de la terre et de l’eau douce, en crocodiles,
en trionyx, en palæothériums , il n’est point étonnant qu’elles recè-
lent aussi des émy des. J’en ai trouvé des restes dans ces mêmes pierres
de la Grave qui m’ont donné des palæothériums, des trionyx, et ces
restes doivent avoir appartenu à des espèces très-grandes.
Emydes des molasses de la Grave.
Les fragmens que je possède répondent à peu près pour la forme
aux endroits correspondans du plastron ou de la carapace de Xemys
serrata, mais l’épaisseur de plusieurs d’entre eux est triple ou qua-
druple. J’ai un fragment de la partie antérieure qui doit venir d’un
individu d’au moins trois pieds de longueur, ce que je crois rare
parmi les émy des d’aujourd’hui.
Il se trouve même dans le nombre une tête d’os coracoïdien d’un
individu peut-être de quatre pieds. Un envoi tout récent contient un
humérus complet dont la carapace auroit dix-huit pouces de lon-
gueur. Nous le représentons pl. XV, fig. 19. Sa forme est la même
que dans l’émyde vulgaire.
Emydes des molasses de Suisse.
M. Bourdet décrit et représente une portion de plastron et un os
du pourtour d’émyde trouvés en i8o5, dans une molasse très-mar-
neuseprèsde la ville à'Aarbergen Argovie, sur la rive droite de
^Aar, et à environ trente pieds au-dessus du niveau de cette rivière.
Le fragment de plastron, qui appartient à la partie postérieure.
(0 Voyez notre II'. Yol. , 2'. partie, p. 35o et suiv. ; et l’Essai géologique sur le gisement
“es Roches de M. de Humboldt, p. 3o3 et suiv.
T. V, 2e. P. 3o
3o
234 TORTUES
est fort semblable à la partie correspondante dansTémydé d’Europe.
Le plastron entier auroit eu à peu près neuf pouces de longueur.
M. Bourdet nomme l’espèce émyde de Wyttembach.
§ V. Emydes de Vile de Sheppey.
On a pu voir dans notre IL. volume (2e. partie, p. 347 ) que la
formation argileuse de l’îlede Sheppey, à l’embouchure de la Tamise,
est la suite et la continuation de notre argile plastique des environs
de Paris, et l’on peut en conséquence la regai-der comme parallèle
à la molasse 5 aussi contient-elle des émydes bien reconnoissables.
M. Crofp, habitant de F eversham , qui s’est rendu recomman-
dable par la constance avec laquelle il s’est attaché depuis plusieurs
années à la recherche des pétrifications de Sheppey et par le nombre
immense qu il en a recueilli , nous a remis, entre autres beaux mor-
ceaux pour le cabinet du Roi, une portion de carapace, pl. XV,
fig. 12, un peu comprimée et déformée, mais où l’on reconnoît en-
core parfaitement tous les caractères de ce genre. On y distingue
cinq paires de côtes , et des restes d’une sixième avec six plaques
vertébrales. La cinquième de ces plaques est séparée de la sixième
par une pointe que font les côtes de la cinquième jiaire, pour s’unir
ensemble au-devant de la sixième plaque qui est très-petite; arrange-
ment qui rappelle un peu celui que nous avons vu dans une émyde
du Jura.
On y voit aussi les empreintes entières de deux écailles de la série
du milieu; et en comparant ce morceau avec des carapaces entières,
il y a tout lieu de croire qu’il n’y manque que les deux premières
côtes.
Celles c[ui subsistent sont d’égale largeur sur leur longueur, ce
qui est un caractère constant des émydes. Les plaques vertébrales
sont plus étroites que dans les espèces dont j’ai les squelettes. On
voit aussi par les empreintes cjue les écailles de la rangée mitoyenne
sont plus longues que larges.
Sous ces deux rapports, c’est, parmi les espèces que je connois,
FOSSILES.
235
1 eniys expansa qui ressemble le plus à ce fossile. Les tortues de
mer ont bien aussi leurs côtes d’égale largeur ; mais leurs écailles
mitoyennes sont rliomboïdales ou même plus larges que longues.
La longueur de ce morceau est de 0,165 la largeur moyenne des
cotes de 0,027 ou o,o3; la longueur de la seconde plaque verté-
brale, qui est la plus grande, de o,o3j et sa largeur de 0,017.
La concavité est remplie d’une marne durcie de couleur grisâtre.
M. Parkinson, dans ses Orgcmic. remains, t. III, pl. 18, fig. 2,
représente un plastron de cette meme île de Sheppey, dont nous
donnons une copie, fig, i3.
Les pièces qui le composent ne paroissent pas avoir été complète-
ment unies par des sutures, ce qui a pu faire soupçonner qu’elles
provenoient d’une tortue de mer ou d’un trionyx ; mais je crois
plutôt qu’elles appartenoient aune émyde encore jeune, dont l’os-
sification n’étoit pas terminée.
J’en ai de semblables de jeunes émydes vivantes, où se trouve
de meme un intervalle en forme de croix et un vide rhomboïdal
entre les pièces du milieu (voyez pl. XII, fig. 44)-
Dans les tortues de mer la forme des pièces est tout autre.
Je crois devoir également rapporter aux émydes la cuirasse dont
je donne les deux faces d’après M. Bourdet, pl. XV, fig. 14 et i5.
Elle vient aussi de Sheppey, et est conservée dans le cabinet de
M. Deluc à Genève.
xùutant qu’on en peut juger par ce qui en reste adhérant à l’argile ,
son plastron devoit ressembler à celui de Parkinson, et son bouclier
dorsal à celui de M. Crowj en sorte qu’il ne seroit point impossible
que tous ces débris fussent de la même espèce.
Parkinson agiave, t. III, pl. 18, fig. 3, une tête du même lieu ,
qui est probablement aussi d’une émyde, bien qu’elle participe des
caractères des tortues de mer par la manière dont le pariétal recouvre
sa tempe 5 mais nous avons vu que Vemys expansa diffère très-peu
tortues de mer à cet égard, et la partie antérieure de la tête fos-
e ressemble davantage à celle d’une émyde qu’à celle d’une ché-
Oûce, surtout par le peu de largeur de l’intervalle des yeux.
3o-^
a36
TORTUES
§ VI. Emjdes des emnrons de Bruxelles.
Elles se trouvent dans les carrières du village de Melshroech ;
M. de Burtin en représente une carapace, vue à son côté interne,
dans son Oryctographie de Bruxelles , p. 5, et dit eu avoir possédé
une autre c[u’il donna à Pierre Camper.
M. Faujas, dans son Histoire de la Montagne de Saint-Pierre ,
en cite encore cpiatre, savoir: deux que M. Burtin avoit acquises
depuis la publication de son ouvrage j une du cabinet de l’Académie
de Bruxelles, cl une de celui du prince d’Anhalt.
M. de Burtin, Oryctogr. , p. 94, avoit soupçonné que ses tortues
pourroient être de l’espèce nommée corticata par Rondelet , qui est
le caouane de MM. de Lacépède et Daudin {^test. caretta. Lin.).
M. Faujas dit plus affirmativement que ce sont des tortues franches
fest. mydos).
Dans ma première édition, j’avoîs accordé à ces deux géologistes
que ce sont bien des tortues marines, mais en leur faisant remarquer
c[ue ce ne sont ni des tortues franches ni des caouanes, ni aucune
des tortues de mer que nous connoissons. Une étude plus suivie des
carapaces des différens sous-genres et des sutures qui unissent leurs
os, m’apprend aujourd’hui que j’avois trop accordé. Ce ne sont point
des tortues de mer, mais de vraies émydes.
Pour en donner une idée, je ne me suis pas contenté de faire co-
pier au trait le dessin que M. de Burtin a fait graver de l’une d’elles,
j’ai profité de mon passage à Bruxelles , en 181 1 , pour en faire des-
siner très-exactement une autre, que je donne pl. XV, fig. 16.
C’est, comme dans la première qui a été gravée, le côté concave
que l’on voit : son contour est ovale, un peu rétréci en arrière, mais
pas plus que dans Yemjs centrata ou terrapin par exemple. Les
côtes s’unissent sans interruption avec les pièces marginales, comme
dans toutes les émydes et les tortues de terre. La courbure de ces
côtes est à peu près la même que dans Vemjs centrata. Les plaques
vertébrales sont singulièrement étroites , plus que dans aucune
FOSSILES. 287
émyde vivante dont je connoisse le squelette, plus même que dans
l’emyde fossile de Sheppey. On peut y remarquer cette particularité ,
que la septième et la huitième côte s’unissent chacune à leurs oppo-
sées, entre la huitième et la neuvième plaque vertébrale ; circons-
tance qui a lieu aussi par rapport à la septième paire dans l’émyde
de Sheppey , et qui se retrouve pour la huitième paire, mais à la face
interne seulement, dans centrata , mais qui a lieu exacte-
ment dans 1 eniys expansa , comme dans celle que nous exa-
minons.
L’individu représenté par M. de Burtin, et copié pl. XIII, fig. 8,
offre à peu près le même contour et les mêmes plaques dorsales
étroites; en sorte que j’ai tout lieu de la croire de la même espèce;
mais je soupçonne M. de Burtin de n’avoir pas été aussi exact qu’il
le dit, dans la représentation des sutures, puisqu’il marque neuf
paires de côtes, ce dont je ne connois pas d’autre exemple.
La carapace que j’ai fait dessiner est longue de 0,87 , et large de
0,33 , ou à peu près de quatorze pouces et d’un pied.
Si l’on veut maintenant rapprocher cette carapace de celle d’nne
tortiae de mer quelconque de même grandeur, on sera sur-le-champ
frappé d’un caractère spécifique fort marqué ; c’est que la tortue fos-
sile a les intervalles de ses côtes complètement ossifiés , et qu’il ne
reste aucun vide entre eux et les pièces du bord, lesquelles sont
aussi beaucoup plus larges à proportion que celles de la tortue de
mer.
Dans une tortue franche, par exemple, à l’àge où sa carapace n’a
encore que treize ou quatorze pouces de long, il reste entre les côtes
un vide non ossifié qui égale presque la moitié de la longueur de la
côte, comme on peut le voir dans les fig. 2 et 3 , pl. XIII. Une partie
de ce vide subsiste encore, comme je m’en suis assuré, dans un in-
dividu dont la carapace a trois pieds et demi de longueur. J’en ai
aussi vérifié l’existence sur plusieurs individus de taille intermé-
diaire.
Il est donc de toute impossibilité que les tortues fossiles de Mels-
I>roeck soient des tortues franches. Parla même raison ce ne peuvent
238 TORTUES
être ni des carets ( imhricata) , ni des caouanes caretta),
ni des tortues flambées de la mer des Indes (test, virgata, Dumer.,
Bruc. , T^oyage eti -Abyss. ^ V, pl. ) , ni meme aucune des espèces
ou variétés non encore décrites qui existent au Muséum, et qui sont
plus ou moins voisines de la franche 5 car je me suis assuré que l’os-
sification ne va pas plus vite dans ces especes que dans la franche.
Ce ne peuvent non plus être des luths ( test, cojiacea ), car leur
caiapace est plus large a proportion, et n’a point les trois lignes sail-
lantes qui distinguent celle du luth.
§ VIL Emjtde des sables marneux de la proi>ince <£’Asti.
Il en existe une empreinte dans le cabinet de M. Deluc à Genève
où M. Bourdet l’a dessinée et décrite , et l’a nommée émyde de
Deluc. Cette empreinte est légèrement concave 5 on y distingue non-
seulernent les traces des sutures des os , mais celles des marques que
les écailles avoient laissées sur eux. Il y a huit plaques dorsales, com-
mençant par la deuxième 5 huit côtes presque entières d’un côté ; les
portions vertébrales de huit du côté opposé; et un petit fragment de
pièce marginale au bout de la deuxième côte du côté gauche.
Le peu de largeur et d’obliquité de la dernière côte , l’égalité et
la forme a peu près carree des plaques vertébrales, me font regarder
cette empreinte comme plus voisine de notre tortue d’eau douce
d’Europe que d’aucune autre.
Cette portion de carapace est longue de 0,24 , c’est-à-dire à peu
près neuf pouces. Les plaques vertébrales ont environ o,o36 de large
sur o,o3 de long. La largeur moyenne des côtes est d’environ o,o3
ou o,o35.
On parle aussi de diverses autres tortues d’eau douce trouvées
dans les terrains meubles a os d’éléphans; par exemple, dans le tuf
calcaire de Burgtonna, où, selon M. de Schlotheim, on trouve des
trionyx et des émydes (i) ^ et dans le val d’Arno où s’est trouvé
(i) Petrefacten-Kimde , p. 35.
FOSSILES.
près de Monteparchi un fragment d’émyde assez semblable à celle
d Europe, que M. Pentland a vu dans le cabinet du gi’and-duc à
Florence.
MrKarg assure qu’ily avoit dans la collection de M. Lavater, dans
un schiste d OEningen , une tortue où Ton croyoit trouver toutes les
parties, formées comme dans lémyde commune d’Europe (i).
Parkinson en cite des environs de Vérone, qu’il rapporte au genre
trionyx (2)5 mais je doute beaucoup que le fragment du comte de
Glocester, quil représente pl, X.VIII, fig. i , appartienne même en
aucune façon au genre des tortues.
Article III.
Des Tortues de mer ou Ciiélonées.
§ I. Chelojiées des enç>iro7is de Maestricht.
On les trouve dans ces fameuses carrières d’une sorte de craie
grossière et d’apparence sablonneuse , creusées dans la montagne de
Saint-Pieri’e, dont nous aurons bientôt occasion de reparler., et elles
y sont pêle-mele avec des productions marines de tant de sortes, et
avec les os de saurien gigantesque qui ont rendu cette montagne
célébré en géologie. Le chirurgien Hofmann fut le premier qui en
recueillit 5 Walch, Camper et de Burtiu en ont parlé, mais en abrégé
et vaguement ; Buchoz, dans sa collection de planches, et M. Faujas,
ans 1 histoire quil a publiée des fossiles de ces carrières, sont les
premiers qui aient donné de bonnes figures de quelques-uns de leurs
tests. . '
Nous en donnons d’autres, prises sur nature, pl. XIV, fig. i et 2 ,
fitii ne représentent que des portions incomplètes du test supérieur
carapace. ^
Ô) Mémoire de la Société des Naturalistes de Souaùe, 1 , 28.
^ganic, remains, III , 269.
■ '.f'
a4o TORTUES
Feu M. Faujas, frappé de la saillie que forme de chaque côté la
partie antérieure du bord de ces carapaces, avoit conçu de leur struc-
ture, dans l’état parfait, une idée véritablement singulière, et que
je ne puis m’empêcher de rapporter dans ses propres termes.
a Cette partie supérieure, dit-il (Hist. de la Montagne de Saint-
3) Pierre , p. 86), — ressemble assez au haut d’une cuirasse raili-
)) taire quiseroit munie d’avant-bras, et annonce que les pattes de
» devant — étoient recouvertes en partie d’écailles adhérentes au
)) bouclier ; ce qui constitue incontestablement un caractère tran-
)) chant , bien pT'opre à former un genre particulier. — Aucune
51 des tortues vivantes que nous connoissons ne nous a encore offert
5) ce caractère. »
Il répète cette idée dans ses Essais de Géologie (t. I, p. 1 83) :
« Elles diffèrent des tortues ordinaires par deux espèces ^^’avant-
« BRAS formés de trois pièces, qui se prolongent de côté comme une
5) manche d’habit. »
Il n’y a cependant h ces prétendus avant-bras rien d’extraordi-
naire , ni qui ne se retrouve dans toutes les tortues de mer, aussi
bien que dans celles de terre et d’eau douce , les seuls trionyx excep-
tés; et M. Faujas s’en seroit convaincu lui-même, s’il eût comparé,
comme il étoit naturel de le faire, ces tests fossiles avec des tests
dépouillés de leurs écailles et réduits k leur charpente osseuse, et
non pas avec des carapaces encore recouvertes de leur enveloppe
extérieure.
Il auroit vu que ce qu’il nomme avant-bras n’est que le commen-
cement du bord qui entoure la carapace, et qui est ordinairement
formé, comme nous l’avons dit, par vingt-quatre pièces osseuses.
Deux ou trois de ces pièces seulement étoient restées à ses échan-
tillons, les autres étoient tombées. L’échancrure qui sépare ce com-
mencement de rebord du disque de la carapace est produite par l’es-
pace non ossifié qui reste dans les tortues , et surtout dans celles de
mer, jusqu’à une époque plus ou moins avancée, comme nous l’a-
vons dit plus haut , et comme nous le montrons dans nos fig. a et 3
de la pl. XIII.
FOSSILES.
241
Voila tout le mystère.
Ainsi les tests de tortues fossiles de Maestricht , représentés dans
\ Hist. de la Montagne de Saint-Pierre , autant que l’on peut en
juger par ce que 1 on en voit, n’annoncent point un nouveau genre j
ils ne montrent aucune partie qui ne soit dans les tests de toutes les
tortues, ni rien qui ne ressemble aux tortues de mer, et l’on pour-
roit aisément dessiner ce qui a été emporté du rebord , dont la por-
tion conservée a donné lieu aux conjectures que nous venons de
relever. Nous indiquons le commencement de ce dessin par des
points dans la fig. 2 , pl. XIV.
M. Faujas, dans un autre ouvrage, va bien plus loin encore j non
content d’avoir établi ce premier genre, il en établit encore un autre,
ou du moins une autre espèce, toujours avec ces tortues de la mon-
tagne de Saint-Pierre , mais avec des échantillons mutilés autrement.
Camper avoit dit qu’il possédoit le dos entier d’une tortue de
cette montagne , long de quatre pieds et large de seize pouces (i) j
et un chanoine de Liege, irlandais de naissance, nommé le comte de
Preston, en avoit un dans son cabinet, à peu près de la même gran-
deur , que Buchoz a aussi fait graver.
M. Faujas regarde cette disposition singulière comme tenant à
une espèce particulière et inconnue (2) , et quelques lignes plus
loin il ajoute que les trois indwidus du Muséum ojffrent deux au-
tres espèces bien distinctes.
Il nous paroit, et il paroitra sans doute de même au lecteur, que
les deux échantillons de Camper et de Preston avoient simplement
perdu la totalité de leur bord, en ne conservant pas même ce com-
mencement resté dans les autres, et nommé aoant-bras par M. Fau-
jas, tandis qu’il leur étoit resté la partie dorsale complète; mais c’est
là un pur accident d’où l’on ne peut tirer aucun caractère.
Cependant, tout certain qu’il est que les tortues de Maestricht,
dans tout ce que nous en connoissons, portent les caractères généri-
(0 Trans. phil. pour 1786.
(2) Essais de Géologie, I, 182.
T. V, 2». P.
3i
TORTUES
242
ques des chélonées ou tortues de mer, il est certain aussi qu’elles
appartiennent à une espèce très -différente de toutes les chélonées
connues.
Les chélonées de cette taille auroient leurs côtes ossifiées presque
jusqu’au bout, tandis qu’elles sont à peine ossifiées sur le tiers de
leur longueur , ce qui réduit en effet la partie osseuse continue de
leur carapace à une largeur moindre que dans les autres espèces ,
même en prenant celles-ci assez jeunes, comme on peut le voir par
nos %. 2 et 3, pl. XIII.
On voit toutefois que , dans ces tortues comme dans les autres ,
l’ossification faisoit des progrès avec l’âge 5 car, dans le grand individu
de la fig. I J pl. XIV, la pièce impaire s’est déjà élargie au point de
toucher la deuxième pièce du bord par une assez grande suture ,
tandis qu’elle en est encore éloignée dans l’individu moindre de la
fig. 2. . . .
L’examen des seules carapaces nous donne donc déjà ce résultat,
que les tortues de Maestricht sont du genre des tortues de mer, et
d’une espèce inconnue.
En partant de ce principe, nous pouvons avancer plus sûrement
dans l’examen de leurs autres os.
Nous avons dit ci-dessus que les tortues de mer ont les pièces de
leur plastron irrégulièrement lobées et dentelées, et nous avons fait
représenter, fig. 6 et 7 , pl. XIII, les plastrons de la tortue franche et
du caret, pour montrer à la fois leur caractère générique, et jus-
qu’où peuvent aller leurs différences spécifiques.
Les plastrons des tortues de Maestricht paroissent avoir ressemblé
beaucoup à celui du caret, a en juger du moins par les fragmens
que l’on en a , et que nous donnons pl. XIV, fig. 3.
Ce sont ces morceaux que M. Faujas avoit pris pour des bois
d’élan, et représentés pl. i5 et i6 de son Hist. de la Montagne de
Saint-Pierre , ce qui avoit avec raison fort surpris tous les géolo-
gistes; car lelan, animal terrestre, animal du nord, enseveli avec
de grandes tortues de mer et avec des gavials , tels que l’on croyoit
alors le mouitor de cette montagne, devoit sembler un phénomène
FOSSILES. ‘ a43
bien rare parmi tous ceux de cette nature j mais en examinant avec
attention les pierres qui contiennent ces prétendus bois, et en en
retournant une , nous nous sommes aperçu qu’elles se rejoignent
entre elles et avec une troisième donnée aussi par M. Faujas , pl. ro ,
et qu’elles présentent alors le groupe dessiné dans notre fig. 3, où
1 on peut remarquer que les deux pièces dentelées se rapprochent
pour n en faire qu une qui est analogue à la pièce latérale supérieure
du plastron du caret. Le lecteur s’en convaincra s’il veut comparer
ce morceau, ah, fig. 3, pl. XIV, avec la partie, ab, du plastron
du caret, fig. 7 , pl. XIII.
La pièce , c c?, du morceau fossile est une partie du bord inférieur
de ce même plastron, analogue à ctf du caret; e et/sont des os du
carpe; ghi, qui, dans la séparation des morceaux , «voit presque
entièrement disparu, se trouve être un humérus , et Æ Z un fémur,
parfaitement semblables à leurs analogues dans les tortues de mer.
Quant au morceau de notre fig. 6, pl. XIV, que M. Faujas a
donné aussi, dans sa pl. 17, pour un bois de cerf ou d’élan, nous
avons déjà dit ailleurs que c’est un fragment des trois os dont la réu-
nion forme l’épaule de la tortue, et nous le prouvons ici, en dessi-
nant à côté, fig. 5, les mêmes os pris d’une tortue de mer dans leur
entier. Il faut seulement faire attention que l’articulation humérale,
a, est cassée dans le fossile, ainsi que l’extrémité de l’omoplate, b ,
l’acromion c , et l’os coracoïdien d; mais dans tout ce qui est con-
servé l’identité est parfaite.
§ II. Tortues des ardoises de Glaris.
Auprès de Glaris, dans la montagne Tlattenberg oxxxnon-
tagne des Feuillets ou des Plaques, est une carrière d’ardoises, à lits
inclinés au midi, que l’on exploite de temps immémorial pour faire
des tables et d’autres objets utiles. Cette ardoise est riche en impres-
sions de différens poissons, dont Scheuchzer et Rnorr ont représenté
quelques-uns, mais d’une façon peu caractéristique, et telle qu’il
est difficile de dire s’ils sont de mer ou d’eau douce.
La tortue dont il va être question paroît s’être trouvée dans la
3i-^
244 TORTUES
même carrière. Déposée dans le cabinet de Zoller, elle fut repré-
sentée assez mal pour la première fois dans l’ouvrage de Knorr,
t. r , pl. 34» Andreæ en donna, dans ses Lettres sur la Suisse, pl. 16,
une figure meilleure, que nous avons fait copier en petit dans notre
pl. XIV, fig. 4.
Ceux qui ont cherché à en déterminer l’espèce l’ont prise pour
une émyde commune d’eau douce ( testudo europœa). C’est ainsi
que la nomme Andreæ , en ne manquant pas d’observer qu’il y avoit
autrefois de ces animaux dans les lacs de la Suisse; comme si la
formation des montagnes d’ardoise pouvoit avoir rien de commun
avec les lacs actuels de la Suisse.
Pour moi, je ne doute pas que ce ne soit une tortue de mer et
j’en tire la poeiive de l’allongement, et surtout de l’allongement in-
égal de ses doigts. Dans les tortues d’eau douce , les doigts sont de
longueur médiocre et à peu près égaux; dans celles de terre, ils sont
à peu piès égaux et tous très-courts; dans les tortues de mer ils sont
fort allongés, et ceux de devant forment une nageoire pointue, parce
qu’ils vont en croissant du pouce au médius , et ensuite en décrois-
sant. Or, c’est précisément ce qu’on observe dans la tortue de Claris;
mais elle est du reste trop mal conservée pour que l’on en détermine
1 espece, ou meme pour que l’on puisse dire si c’est ou non une es-
pèce connue , quoique la forme arrondie de sa carapace en arrière ne
le rende pas vraisemblable.
Article IV.
Des Tortues terrestres.
§ I. Tortues des enpirons d’Aix.
Elles ont été représentées en 1780 par feu Lamanon, dans le
Journal de Physique, t. XVI, p. 868, pl. III, mais les figures en
sont si imparfaites, quà peine peut-on y réconnoître le genre; et
toutefois, si ce sont des tortues, comme nous sommes à la fin obligés
FOSSILES. 245
de le croire, leur carapace est trop bombée pour qu’elles soient
autre chose que des tortues de terre.
On les avoit prises d’abord pour des têtes humaines; Guettard
iniagina que c’étoientdes nautiles; Lamanon fut le premier qui les
reconnut pour ce qu’elles sont. Nous donnons des copies des figures
de cet auteur pl. XIII, fig. 9, 10 et 11.
Il paroit, d après les termes de Lamanon, que ce sont des noyaux
qu il a décrits, v Toutes les lames et sutures ne paroissent dans la
» tortue pétrifiée qu’après avoir enlevé ce qui reste de l’écaille.
)) — La matière du rocher étant encore molle a pris la place de l’a-
y> nimal, et formé un noyau sur lequel on distingue parfaitement
toutes les parties de l’écaille. » Du reste l’auteur décrit assez bien
les sutures, quoiqu’il faille quelques commentaires pour l’entendre.
« Il y a huit lames de chaque côté (les côtes), elles sont très-
» recourbées, et aboutissent à de petites pièces qui sont rangées
» longitudinalement (les plaques vertébraleé) , et séparées par un
» sillon assez profond. » (C’est que la saillie des corps des vertèbres
s étoit imprimée en creux sur le noyau.)
Lamanon donne ensuite un caractère qui se joint à la grande con-
vexité pour prouver qu’il s’agit de tortues terrestres.
« — Les lames ne sont pas de la même largeur dans toute leur
)) longueur: elles vont en se rétrécissant, et s’emboîtent les unes
)) dans les autres, de façon qu’après une base vient un sommet, et
» ainsi de suite. » C’est précisément ce que nous avons observé ci-
dessus dans le squelette de la carapace des tortues de terre.
La hauteur de ces tests étoit de sept pouces sur une largeur de
six ; convexité aussi grande qu’il y en ait dans aucune tortue de terre.
On les trouva, selon Lamanon, en 1779, à quatre ou cinq cents
toises d Aix, dans un rocher calcaréo-gypseux, mêlé de grains de
quarz roulé, situé au pied de la petite montagne dans laquelle sont
creusées les plâtrières de cette ville, le long du chemin d’Avignon,
et il est très-probable que la couche qui les contenoit appartient à
a même formation que celles que l’on exploite pour en tirer le plâtre ,
et ou l’on trouve de nombreux poissons et des feuilles de palmiers.
246 TORTUES
Ce rocher contenoit aussi (dit toujours Lamanon) « des ossemens
J) de toute espèce, comme des tibia, des fémurs, des côtes, des
» rotules, des mâchoires et des dents. Quelques fémurs sont trop
» longs et trop gros pour avoir appartenu à des hommes. — H y a
» aussi des ossemens plus petits encore que ceux de la souris. —
y) Quant aux rotules, aux mâchoires et aux dents, elles sont entiè-
» rement semblables à celles que M. Guettard a fait graver à la
y) suite d’un mémoire qui est le troisième de sa collection. » (La plu-
part tirées de Montmartre. )
Lamanon , qui connolssoit Montmartre , ne put manquer d’être
frappé de cette ressemblance entre les carrières à plâtre d’Aix et
celles des environs de Paris, où l’on trouve également des ossemens
d’animaux terrestres , des squelettes de poisson, des tortues et des
restes de palmiers , et il parle expressément de ces rapports singuliers.
Il est malheureux que ni lui ni les autres descripteurs des plâ-
trieres de Provence n aient poussé plus loin les recherches compa-
ratives, ou n aient donne du moins des figures exactes des autres
restes des corps organisés qu’elles recèlent.
On peut compter cependant , parmi ceux qui en ont parlé après
lui, trois hommes habiles, Darluc, Saussure et M. Faujas; mais
quoique les deux derniers aient indiqué avec plus ou moins de détail
les divers bancs de marne qui recouvrent ceux de gypse, ils n’ont
parlé des poissons que d’après Darluc. Or, celui-ci dit d’abord qu’on
y trouve « l’empreinte de petits poissons rouges avec la tête un peu
» large, le bec effilé et le corps formé en losange, dont les arêtes,
)) 1 epine du dos et la queue sont attachées a la pierre par le suc la-
)) pidifique ; qu on les prendroit, au premier aspect, pour autant de
« petites dorades, mais qu’on en feroit plutôt des malarmats ou ga-
» linetos, dont les analogues ne sont point dans nos mers (i)- »
Certainement c’est là un discours inintelligible, car il n’y a nulle
ressemblance entre une petite dorade, soit que l’on entende par là
le cyprinus auratiis , ou le sparus auratus , ou le coryphena hip-
(i) Darluc, Hist. nat. de Provence, I, 4g.
FOSSILES. 247
puris, ei\Q malarmat ( cataphracta)-^ d’ailleurs le malarmat
n est nen moins qu’étranger aux mers de Provence.
Lors donc que Darluc ajoute « qu’on y voit aussi des mulets bar-
» bus, de grandes dorades et des loups, et qu’il y a observé un
^ merlan qui se mordoit la queue , » on peut bien révoquer en doute
1 exactitude de sa nomenclature.
On pourroit même suspecter la murène dont parle d’après lui
Lamanon.
Saussure y découvrit une empreinte qu’il jugea de feuille de pal-
mier (]). M. Faujas en ayant rapporté une autre, M. Deslbntaines l’a
regardée comme venant de quelque grande espèce de graminée
étrangère à nos climats (2).
M. Faujas nous a donné les hauteurs des divers lits. Celui qui ren-
ferme les poissons est à trente-sept pieds de profondeur; le premier
banc de plâtre exploité, à six pieds plus bas; et le second, à trente-
neuf pieds plus bas. Celui-ci, qui a cinq pieds d’épaisseur, repose
sur un plâtre feuilleté qui contient encore des petits poissons (3).
Je me suis procuré quelques-uns de ces poissons d’Aix. J’en ai eu
es plus petits assez entiers. Ce sont des acanthoptérygiens thoraci-
ques à deux dorsales: la première est haute, pointue, soutenue par
six épines dont la deuxième est la plus longue et la plus forte; la
deuxième dorsale est aussi assez haute en avant , contiguë à la pre-
mière, et compte onze ou douze rayons, dont le premier est épineux
Gt le plus long. La caudale est fourchue et de quinze rayons. A l’a-
nale on en compte dix, dont les trois premiers épineux et forts, sur-
tout le second. Je n’ai pu compter ni les rayons branchiostéges, ni
ceux des pectorales et des ventrales, et je n’ai pu voir s’il y a des
dentelures ou des epmes aux pièces operculaires ; mais d’après toute
a ournure de ces poissons, je les crois de petites espèces du genre
Perça. Les poissons plus grands dont j’ai eu des restes sont aussi des
0) f^ojrage dans les Alpes, t. III , p.
,2 du Muséum, t. y III , p. 226.
2.5.
248 TORTUES
acanthoptéryglens thoraciques à deux dorsales , mais je n’en ai pas
reçu d’assez entiers pour approcher même de la détermination du
genre. Je ne puis donc dire s’ils sont marins ou d eau douce. Il seroit
bien important que les naturalistes qui habitent à proximité de ces
carrières tâchassent d’obtenir des échantillons plus entiers, mais en
remarquant soigneusement a quel lit chaque espèce appartient.
Si les espèces des lits supérieurs au gypse sont marines, la ressem-
blance des plàtrières d’Aix avec celles de Paris deviendra de plus en
plus complète.
g II. Des os de tortue troiwés à Vile de France sous des couches
volcaniques.
Voici des morceaux bien remarquables pour nous, en ce que ce
sont les premiers fossiles des pays chauds de l’ancien continent que
les géologistes aient eu à produire.
Je les dois a feu M.. de Fourcroy qui les tenoit de M. Néraud, ha-
bitant de nie de France.
Ils ont été trouvés avec d’autres os du même genre, au lieu dit des
Quatre Cocos, en creusant une citerne, dans un banc crayeux fort
épais, situé sous la lave qui forme une grande plaine tout le long de
la côte orientale de l’île. Cette lave, dont la surface se décompose
et devient d’une fertilité extraordinaire, est la couche la plus nou-
velle qu’il y ait dans l’île, etM. Néraud n’est pas éloigné de croire
qu’elle a été produite dans les temps historiques.
On seroit tenté de faire la même conjecture sur les os.
L humérus, pl. XV, fig. ly, ne diffère presque pas de celui de
cette enoime tortue terrestre dite des Indes , que l’on nous apporte
assez souvent de l’Ile de France. Il est seulement un peu plus gros
à proportion de sa longueur , et une empreinte qu’il a en avant pour
un vaisseau est plus large et moins profonde.
J’ai trouvé au contraire dans le cabinet de M. Faujas, un tibia?
ih., fig. i8, venu de la même île et des mêmes couches, qui est plos
long et moins gros que celui de l’espèce vivante.
FOSSILES.
249
Article V.
Résumé.
On voit que nous ne sommes pas arrivés pour les tortues à des
résultats aussi précis que pour les crocodiles, mais cette différence
tient moins a celle des rapports de ce genre avec les couches, qu’à
la difficulté d’en déterminer les espèces d’après la simple ostéologie
des carapaces. Toutefois nous avons pu nous assurer que les tortues
sont aussi anciennes dans le monde que les crocodiles’, qu’elles les
accompagnent généralement, et que le plus grand nombre de leurs
débris appartenant à des sous-genres dont les espèces sont propres
aux eaux douces ou à la terre ferme, elles confirment les conjectures
que les os de crocodiles avoient fait naître sur l’existence d’îles ou de
continens nourrissant des reptiles, avant qu’il y ait eu des quadru-
pèdes vivipares, ou du moins avant qu’ils aient été assez nombreux
pour laisser une quantité de débris comparable à ceux des reptiles.
C’est un grand fait géologique dont nous ti'ouverons de nouvelles
preuves dans le chapitre suivant.
Au reste , j’ai encore connoissance de débris de tortues trouvés
dans bien des lieux différens , mais dont les caractères sont peu ou
mal déterminés ; ainsi l’on en trouve dans le bassin du Puy en Vélay,
avec des coquilles d’eau douce et des os de quadrupèdes. 11 y en a
qui paroissent marines dans les marnes bleuâtres du Plaisantin , si
abondantes en coquilles de mer et en ossemens de cétacés, etc., etc.
T. V, P.
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CHAPITRE II.
Des O ssemen s de IjÈzards,
PREMIÈRE SECTION.
De l Ostéologie des Lézards vivans.
T
E prends ici ce mot dans son acception la plus générale , et comme
embrassant tout ce qui reste de l’ancien genre des lacerta de Lin-
næus, quand on en a retranché les crocodiles d’une part, et les sa-
lamandres de 1 autre. Tous les animaux dont je vais parler ont en
effet une strnctnie de tete, d épaule, d’os hyoïde à peu près sem-
lable , ou n offrant que des différences légères de composition et de
pioportions de pai’ties, tandis qu’ils diffèrent considérablement des
crocodiles et des tortues, et plus encore des salamandres.
On pourroit même y joindre les serpens de la famille des anguis,
car leur ostéologie , du moins celle de leur tête , ressemble beaucoup
à celle de plusieurs lézards.
Article premier.
De la Tête.
Les caractères communs de celte famille, relativement à l'ostéo-
ogie de la tete , consistent principalement dans les points suivans (i) :
10. Les quatre occipitaux ordinaires, o, qq, t, forment l’anneau
qui emoure 1 encéphale en arrière. Loccipital latéral, q, n’est pas
_;v^deux comme dans les tortues. En avant des occipitaux sont
a a marque les mêmes lettres aux mêmes os tjaus toutes les figures de la pl, XVI.
32=^
252 OSTÉOLOGIE
placés le sphénoïde , s, inférieurement, elle rocher,^ latéralement.
Le pariétal, couvre le tout comme un toit.
20. Le sphénoïde est visible par toute sa face inférieure ; les pté-
rygoïdiens, formant une simple continuation des palatins, se pro-
longent jusques au bord interne des caisses, ne touchant au sphé-
noïde que sur une tubérosité latérale de cet os, et ne s’unissant
point entre eux.
3o. Le sphénoïde se prolonge en avant en une tige cartilagineuse
sur laquelle s’élève la cloison interorbitaire , et dans celle-ci il se
montre divers points d’ossilications qui appartiennent à l’ethmoïde.
40. L’os analogue au rocher, qui n’est plus caché par la caisse,
prend de l’extension au dehors, et forme, entre le sphénoïde et les
occipitaux, toute la paroi latérale postérieure du crâne.
5o. La paroi latérale et antérieure du crâne , depuis le rocher jus-
qu’à la cloison interorbitaire, est membraneuse, et contient seule-
ment de chaque côté un os diversement configuré, z, selon les es-
pèces , et qui représente l’aile temporale et l’aile orbitaire.
6®. Une tige, y, osseuse monte du bord supérieur du ptérygoïdien
où elle s’articule dans une fossette jusqu’aubord latéral du pariétal où
elle s’attache par un ligament. Quelques anatomistes ont cru y voir
l’analogue de l’aile temporale (i) , mais elle n’en remplit pas les fonc-
tions; d’autres (2) l’ont nommée tyinpanique , sans que l’on puisse
apercevoir un motif même éloigné pour cette détermination. On ne
peut même pas dire qu’elle soit proprement comprise dans la paroi
du crâne, et cette paroi a aussi quelquefois dans l’épaisseur de ses
membranes un point d’ossification qui représente la véritable aile
temporale; j’appellerai donc cette tige, que je regarde comme un
os nouveau, du nom particulier de columelle. Son objet est de sou-
tenir la voûte du crâne c[ui n’est plus appuyée en avant, parce que
l’aile orbitaire, l’aile temporale et l’ethmoïde sont en grande partie
membraneux.
(i) MM. Oken et Spix.
(?.) M. Bojanus , Isis de 1821 , XII*. cahier. _
DES LÉZARDS. ^53
70. L’occipital latéral dorme une partie saillante en dehors, à la-
quelle viennent se réunir par leur extrémité le mastoïdien qui est
fort réduit, et le temporal, Z; à cette réunion commune des trois os
est suspendu l’os tympanique, r , qui descend verticalement pour
servir de pédicule. à la mâchoire inférieure. Cet os ne donne le plus
souvent attache qu’au bord antérieur du tympan; et le reste du con-
tour de cette membrane, ainsi que la paroi postérieure de la caisse,
sont cartilagineux ou même simplement membraneux.
La trompe d’eustache n’est qu’une large communication de la
caisse à l’arrière-bouche entre l’extrémité du pterygoïdien et le sphé-
noïde. Dans l’animal frais , elle répond au dedans de la bouche près
l’articulation des mâchoires, et la communication est quelquefois si
ouverte, que l’on pourroit dire que l’osselet de l’ouïe est dans la
bouche ou dans le pharynx. ♦
La cavité du vestibule est formée en commun par le rocher , 1 oc-
cipital latéral et l’occipital supérieur. La fenêtre ovale où s’attache
l’osselet auriculaire est commune au rocher et à l’occipital externe.
Sous elle est une ouverture plus large, percée dans l’occipital la-
téral seulement, et au fond de laquelle sont deux trous : un anterieur,
qui va dans le crâne ; et un postérieur, qui est la fenêtre ronde, et donne
dans une fossette de la cavité vestibulaire qui représente le limaçon.
80. L’os transverse, x , unit l’os pterygoïdien , v, au jugal, g, et
au maxillaire, d, comme dans le crocodile.
90. Les palatins, u, n’ont point de lame palatine , ou du moins ces
lames ne sont pas assez étendues pour s’unir; et les narines posté-
rieures osseuses sont de grands trous dans la partie antérieure de la
voûte du palais, entre les maxillaires, les vomers et les palatins.
10°. Les extrémités des narines osseuses extérieures sont toujours
séparées dans le squelette par une apophyse internazale de l’inter-
maxillaire et quelquefois du maxillaire.
Du reste la division du frontal en principal, c, antérieur, e, et
postérieur, i, et les autres circonstances ostéologlques, sont comme
dans les deux familles que nous avons déjà décrites.
Cette constitution de la tête des lézards, qui nous servira aussi à
2^4 OSTÉOLOGIE
expliquer celle des oiseaux, a besoin sur quelques points d’être dis-
cutée et prouvée.
C’est ce que nous allons entreprendre.
Il n’y a aucune difficulté à l’égard des occipitaux , qui sont au
nonibie de quatre comme dans le crocodile et les mammilères.
Le frontal principal et le pariétal se laissent démontrer pour ce
qu’ils sont par les mêmes argumens que dans le crocodile et la tortue.
Ces argumens sont aussi parfaitement applicables aux frontaux
antérieurs et postérieurs, aux lachrymaux, aux maxillaires et inter-
maxillaires.
C’est donc, comme à l’ordinaire, dans la région des tempes et de
l’oreille qu’il reste quelques difficultés.
Mais on les décide aisément en considérant chacune des pièces c[ui
la composent dans les genres où elles offrent des analogies saisissa-
bles avec les crocodiles et les tortues.
Ainsi la nature du rocher est déterminée , comme dans le croco-
dile et la tortue, par la pan qu’il prend au revêtement de l’oreille
interne, et spécialement de la cavité vestibulaire , ainsi qu’à l’échan-
crure pour la sortie du nerf de la cinquième paire.
L’os tympamque est presque toujours réduit à une forme prisma-
tique, ne s engrène point avec les autres os pour former une partie
de 1 enveloppe solide de la tete , et semble dans le squelette n’être
qu’un pédicule pour la mâchoire iuférieure. Mais outre que le tym-
pan s’y attache toujours, quand on l’examine dans la dra<rone
fig. 1 2 , par exemple , on le trouve en forme de timbale , plus cireux ’
h bords plus revenans en avant que dans les tortues elles-mêmes’
ayant en amère , comme dans les tortues , une échancrure pour l’os-
selet de 1 ouïe.
La seule différence c’est que sa cavité ne s’étend pas dans le mas-
toïdien.
Dans le scinque il est encore tres-large et concave , bien que
moins clos par les rebords que dans la dragone.
Ce même scinque nous montre aussi une analogie frappante avec
les tortues, en ce que sa tempe est recouverte par une lame du pa-
DES LÉZARDS. o.55
riétal qui s unit avec un grand élargissement du frontal postérieur,
et avec un temporal placé et écliancré comme dans certaines tortues,
bien que plus long et plus étroit. On est bien alors obligé de recon-
noitre le mastoïdien pour ce qu’il est, malgré son extrême petitesse.
Le lézard commun a la même couverture sur la tempe, et de
plus tout le dessus de son orbite est recouvert par une expansion du
frontal antérieur.
Cette famille se laisse subdiviser en deux tribus par rapport à la
composition du museau.
Celle des monitors de l’ancien continent, qui n’ont qu’un seul os
du nez et deux os principaux du front.
Celle des sauvegardées du nouveau continent, qui embrasse aussi
la plupart des autres genres de sauriens, et où il y a deux os du nez
et un seul frontal principal.
La première famille ne comprend que les seuls monitors de l’an-
cien continent (à petites écailles sous le ventre et sur la queue).
Nous prendrons d’abord pour exemple le grand monitor du Nil,
ouaran des Arabes (lacerta nilotica') (i).
(i) C’est l’espèce commune dans le Nil que Hasselquist et Forskahl ont décrite sous le
nom de lacerla mlolica, mais qui etoit déjà depuis long-temps représentée par Séba, I,
pl* toi , figure dont Linnæus avoit fait son lacerta dracœna. tj^ormius en avoit aussi donné
nne i epresentation assez reconnoissable dans son Muséum , p. 3i3 ; mais il y en a une infi-
niment supérieure publiée par M. Geoffroy dans le grand ouvrage sur l’Egypte , Reptiles ,
pl. I , fig. I ; c est le varanus dracœna de Merrem,
Un des exemples les plus frappaus des progrès que toutes les parties de la zoologie ont
epuis vuigt ans , c est 1 e’tal oii se trou voient nos connoissances sur ces grands lézards
au commencement de ce siècle. On croyait alors qu’il n’y en avoit qu’une espèce , que l’on
supposoit, comme le crocodile, commune aux deux hémisphères. On ne remarquoit pas
que les especes de 1 ancien continent sont non-seulement toutes difiërentes du nouveau, mais
qu elles forment meme un genre autrement organisé à l’intérieur et à l’extérieur. On appll-
quoit a cette espèce factice le nom de tupinambis , qui est un nom de peuple , et cela par
«ne erreur plaisante: c’est que Margrave ayant dit en latin qu’une de celles qu’on y rap-
I «oit est nommée lemapara chez les Topinambous {temapara Tupinambis) , on avoit
Pi-'s ces deux mots pour un seul nom.
«Je lézards de l’ancien continent, à tête couverte
les J a langue extensible et fourchue , et sans dents au palais , forment nu
I
256 OSTÉOtOGlE
La tète, pl. XVI, fig* i, 2 et 3, est en cône allongé, déprimé, à
' pointe mousse , à région frontale et pariétale anterieure plane. Les
orbites sont ronds et à peu près au milieu de chaque côté • les na-
rines osseuses extérieures remontent presque jusqu’à la hauteur des
orbites.
Il n’y a qu’un intermaxillaire, a, élargi en avant, où il porte quatre
dents de chaque côté, montant par une longue apophyse comprimée
jusque vers le milieu des narines, où elle s’unit à une semblable de
l’os nasal. Celui-ci, 6, fig. i et 2, qui est également impair, s’élargit
dans le haut, et s’y bifurque pour s’unir aux deux frontaux.
Ces derniers, ib. ,cc, occupent leur place ordinaire entre les or-
bites, et ont en dessous chacun une lame orbitaire qui se rapproche
et s’unit à sa correspondante pour compléter le canal des nerfs ol-
factifs.
lies maxillaires, dd, embrassent en avant, par une partie dépri-
mée, la partie élargie de l’intermaxillaire , laquelle a en dessous, der-
rière les dents, une apophyse saillante , et va s’unir, par une produc-
tion courte, fourchue et marquée d’une rainure, aux os vomériens
qui occupent le milieu du palais.
Les maxillaires en forment, comme à l’ordinaire, les bords, lais-
sant de chaque côté entre eux et les vomers et les palatins, une large
arrière-narine, qui s ouvre par conséquent dans le palais.
Les maxillaires forment aussi les côtés du museau ou les joues, et
se terminent en s’élargissant vers l’orbite dont ils sont séparés par le
frontal antérieur, le lachrymal et le jugal.
Le frontal antérieur, ee , a, comme a l’ordinaire, une partie fron-
tale et une orbitaire qui sert de cloison postérieure à la cavité nazale.
genre considérable que l’on peut subdiviser en deux sous-genres d’après ses dents coniques
ou tranchantes ; et que le sauvegarde des Américains , autre lézard non moins grand , à
langue egalement fourchue , à palais également dégarni de dents , mais à tête couverte de
plaques, est le chef d un deuxième genre assez nombreux aussi , dans lequel viennent se
ranger une espèce qui 1 égale en grandeur , la dragone de Lacépède , et plusieurs autres
plus petits , dont Daudin , sous le nom i’ameii'as , ne faisoit qu’une tribu du genre des lézards
propres.
DES LÉZARDS. 2^7
Le lachrymal,j(y ^ est en partie sur la joue, en partie dans Torbitej
il a une pointe saillante au bord de l’orbite, un trou lachrymal en de-
dans, et laisse un autre trou assez grand entre lui et le frontal anté-
rieur.
Le jugal, g touche au lachrymal, au palatin et au transverse 5
c est un stilet arqué et pointu qui n’atteint pas le frontal postérieur
ni le temporal , en sorte que l’orbite est incomplet, exemple qui ne se
retrouve parmi les sauriens que dans le genre des geckos.
Mais un os particulier, hh, et qui ne peut être comparé à ceux
que nous avons vus jusqu’ici, est celui que j’appellerai il
s articule par une partie élargie au bord orbitaire du frontal antérieur,
et dirige en arrière une apophyse pointue qui protège la partie du
dessus de l’œil. Nous le retrouverons dans les oiseaux.
La ligne d’union des frontaux avec le pariétal est presque droite.
Sur les deux extrémités de cette ligne s’articulent les frontaux
postérieurs, ii, moitié sur le frontal principal, moitié sur le pariétal.
Chacun d’eux donne une apophyse orbitaire, et une en arrière,
grele , pointue , qui s’unit obliquement au temporal pour former
l’arcade zygomatique.
Celle-ci est grêle et un peu arquée vers le haut. Elle est princi-
palement formée par un temporal de même forme, II, qui se colle
par son extrémité postérieure au mastoïdien, mm, également grêle
et arque, et celui-ci se colle sur la pointe latérale du pariétal.
Le pariétal, n , est unique, en forme de bouclier élargi en avant 5
creusé sur les côtés des deux fosses temporales, fourchu en arrière,
et y donnant deux longues pointes, n’ n', qui s’écartent pour aller
avec le temporal et le jngal dont nous venons de parler, et avec
une apophyse saillante de 1 occipital latéral, donner un point de sus-
pension a l’os tympanique.
On doit remarquer un trou qui est naturellement percé dans le
pariétal à peu près vers le milieu , et qui se retrouvera dans beaucoup
d’autres sauriens, et jusque dans V ichthjosaurus.
I|ans cette bifurcation du pariétal est placé en arrière l’occipital
tiperieur, o , qui ne tient a 1 échancrure du pariétal que par un liga-
T. V, 2e. P. 33
i58 OSTÉOLOGIE
ment rond et non par une suture; les rochers, pp^ assez étendus
couvrent en dessus et en avant le vide resté de chaque côté entre
les occipitaux et le sphénoïde.
Outre l’espace vide qui descend dans la fosse temporale, entre
le pariétal, le frontal postérieur et le temporal, il y en a un autre
qui y pénètre par derrière entre la pointe du pariétal et les occipi-
taux.
Ce sont de grands espaces qui répondent à des trous qui existent
déjà dans le crocodile, mais qui y sont beaucoup moindres parce que
les os y sont plus dilatés.
La fenêtre ovale est, comme à l ordinaire , commune au rocher et
à l’occipital latéral. La fenêtre ronde est percée dans une fosse de
l’occipital latéral, ç q.
Ce dernier os se porte latéralement et ayant devant lui le rocher,
pour se joindre par son extrémité externe à l’extrémité postérieure
du mastoïdien , en dehors de laquelle se termine aussi celle du tem-
poral. Il se trouve a cet endroit, entre l’occipital et le mastoïdien et
au-dessus du tympanique, une très-petite pièce osseuse distincte de
toutes les autres, et c[ui est une espèce d’épiphyse ou plutôt d’os in-
terarticulaire pour le tympanique.
L’os tympanique , /'r, suspendu à ce pédicule auquel, comme on
voit , cinq os contribuent , est prismatique , presque droit , légère-
ment creusé en demi-canal k sa face externe.
11 ne munit la cavité de la caisse qu’à sa paroi antérieure.
Le tympan n’est tendu en arrière c|ue sur des parties membraneuses,
et quand on ouvre la gorge et que l’on écarte un peu les muscles
ptérygoïdiens en dehors, la cavité tympanique se montre comme un
simple enfoncement du plafond du pharynx.
Le plancher du crâne sur le sphénoïde, s , et le basilaire, t , est
concave; la fosse de la glande pituitaire est très-grande, et séparée
presque horizontalement de celle du cerveau par une lame saillante
du sphénoïde.
Revenant en dessous, nous trouvons des palatins, uu, fîg. i et3,
courts, concaves en avant pour conduire aux arrière-narines, s’unis-
DES LÉZARDS. ^5^
santaux vomers, aux frontaux antérieurs, aux maxillaires, aux trans-
verses et aux ptérygoïdiens; mais ne s’unissant point entre eux, et y
aissant un giand espace vide j formant, comme à l’ordinaire, une
partie du plancher de l’orbite.
Ils sont percés chacun d’un petit trou analogue au ptérygo-palatin.
^ Les pterygoidiens, continuent les palatins ; restant fort écar-
tes l un de 1 autre et devenant verticaux, ils s’appuient en passant
sur I apophyse latérale du sphénoïde, qui leur est destinée, et
vont se terminer en pointe près du bord interne inférieur de Los
tympanique.
^ Ils donnent de leur côté externe une apophyse pour leur articula-
tion avec l’os transverse, a: x, qui est court et large, et unit le ptéry-
goidien au palatin, au maxillaire et au jugal de chaque côté, laissant
entre lui, le ptérygoïdien et le palatin, un trou ovale assez grand,
quoique beaucoup moins à proportion que dans le crocodile.
Sur le milieu de l’os ptérygoïdien, dans une fossette, s’articule cette
verge osseuse, fig. i et 2, grêle et droite , que j’ai cru devoir appeler
U nom spécial de coliimelle. Son autre extrémité va s’unir cl l’extré-
mité antérieure de la jonction du pariétal et du rocher. Elle est à peu
près parallèle à sa correspondante, et c’est entre elles deux que les
cloisons membraneuses qui ferment le crâne en avant commencent
à se rapprocher l’une de l’autre, pour se confondre dans la cloison ,
également membraneuse , qui sépare les deux orbites. Le bas de cette
cloison est soutenu, par la prolongation de l’apophyse antérieure et
mitoyenne du sphénoïde, #",qui, diminuant d’épaisseur et de consis-
tance en avant, finit par s attacher entre les deux vomers.
Dans les cloisons membraneuses antérieures du crâne est une
bianc e osseuse, 2 fig. i , Jabord contournée en croissant pour en-
tourer le bord postérieur ou externe du trou optique, et donnant
ensuite une pointe en avant et une en dessus qui s’étendent dans la
membrane et aident à la soutenir.
C est le seul représentant qui existe de l’aile orbitaire et de l’aile
temporale.
s Vomers, fit a, forment le milieu du dessous du palais, allant de
33 "
200 OSTÉOLOGIE
l’intermaxillaire aux palatins , et creusés chacun en avant en un petit
canal.
Toute la partie antérieure et inférieure de chaque grande narine
osseuse est occupée par un os en forme de cuiller, /3|3, fig. i et 2,
qui, vu par dessus, est concave en arrière et convexe en avant, et
qui répond manifestement au cornet inférieur du nez.
Il va, dans toute cette partie, du vomer au maxillaire, laissant en
dessous, en avant, entre le maxillaire et le vomer, un trou cpi pé-
nètre dans sa partie convexe.
Un peu plus avant est de chaque côté un trou incisif entre le
maxillaire et l’intermaxillaire.
Outre ses huit dents intermaxillaires, cet ouaran a ordinairement
onze dents à chaque maxillaire et autant de chaque côté de la mâ-
choire inféi’ieure. Les antérieures coniques et pointues, les posté-
rieures mousses ou en massue.
A quelcpes légères dilFérences près dans les proportions , je trouve
la même structure dans tous les inonitors. La principale de ces diffé-
rences consiste dans le nombre et la forme des dents qui sont tran-
chantes dans beaucoup d’espèces; le ouaran el Jiard ou monitor
terrestre (i), par exemple, les a en nombre impair dans l’inter-
maxillaîre. U en est de même dans celui de Java que nous repré-
sentons fig. 7 et 8, et peut-être dans toutes les espèces à dents tran-
chantes.
Ces monitors à dents tranchantes ont en général les cornets infé-
rieurs un peu autrement faits, et entièrement convexes en dessus (2).
(1) C’est l’espèce représentée par M. Geoffroy, grand ouvrage sur l’Egjpte , Ilist, nat. ,
Reptiles, pl. II, et celui qu’Hérodote nommoit crocodile terrestre, et qui est le véritable
scînque des anciens {varanus scincus , Merrem).
(2) M. Geoffroy donne la tête du monitor du Nil en dessus et en dessous , Description de
l’Egypte, Hist. nat. , planches, t. I, Reptiles , pl. 4 > Hg- 5 et 6 ; et celle du monitor de
terre en dessus , qui est à dents tranchantes, ibid-, fig. 14. Il y en a aussi une du monitor
du Nil sous le nom de lupmambis , par M. Camper, Ann. du Mus. , t. XIX , pl. XI, fig. 5-
M. Spix donne celle d’un monitor à dents tranchantes , vue obliquement , et ses os séparés ,
Cephalogenesis , pl. V, fig- III, IV, V.
DES LÉZARDS.
261
Le sauvegarde d’Amérique, fig. 10 et 1 1 (i) , nous servira de type
principal pour la seconde famille.
Comparé au monitor du Nil, il a la tête plus courte et moins dé-
primée ; le museau un peu plus relevé. Son intermaxillaire est egale-
ment impair, mais l’apophyse nasale en est beaucoup plus courte , et
au lieu d’un nasal unique , il y a deux grands os propres du nez qui
recouvrent la plus grande partie de la cavité nasale , en sorte que
les narines osseuses extérieures sont petites et tout-a-fait vers le de-
vant du museau. C’est au contraire le frontal principal qui est unique.
La pointe du bord de l’orbite appartient au frontal antérieur et non
au lachrymal , qui est fort étroit et même n est pas perce. Le trou
lachrymal unique est entre les deux os , et au-dessous de lui se voit un
trou ptérygo-palatin ou un sous-orbitaire postérieur , pratique entre
le frontal antérieur, le palatin, le maxillaire et le lachrymal.
Il n’y a point de trou au pariétal.
Le jugal va rejoindre le frontal postéi’ieur et dot le cadre de 1 or-
bite. Les lames descendantes du frontal principal sont très-peu sail-
lantes. Il n’y a point de sur-orbitaire ; mais, ce qui est bien remar-
quable, le frontal postérieur est divisé par une suture oblique en
deux os, dont l’un ne tient qu’au frontal et au pariétal, l’autre au
jugal et au temporal (2).
En dessous, rinterniaxillaire , au lieu de donner une production
en arrière, y éprouve une échancrure, et dans cette échancrure en-
(1) C’est le lejru-guazii ou temapara de Margrave , p. , que mademoiselle Mérian a
nommé sauvegarde d’après les colons hollandais , sans dire pour quel motif. II y en a plu-
sieurs figures dans Séba , qui tantôt le nomme sauvegarde , tantôt teyu-guazu , tantôt
iéguixin, Linnæus l’avoit en partie confondu avec les divers monitors de l’ancien continent
sous le nom de lacerta monitor, et en partie distingué sous celui de L. teguixin. Je pense
qu’aujourdhui toutes ces confusions sont éclaircies , voyez mon Règne animal , II , a6.
M. Merrem vient de le nommer teins monitor.
(2) M. Spix, Cephalog. , pl. IX, fig. I , aime mieux rapporter cette seconde partie au
jogal ; mais s’il avoit étudié le frontal postérieur du monitor , qu’il a donné pl. V, fig. V,
d auroit vu que c’est à lui qu’elle appartient. Dans tous les cas , voilà encore une exception
à la règle de l’identité du nombre des os.
262 OSTÉOLOGIE
trent les pointes des maxillaires et des vomers. Les trous incisifs
sont extrêmement petits.
Les cornets inférieurs sont ossifiés comme dans Touaran, mais on
ne les voit pas si aisément dans la tête entière parce qu’ils sont re-
couverts par les os propres du nez.
Les vomers sont plus courts, plus larges et non creusés; les pala-
tins se portent plus en avant, ce qui rend les arrière-narines plus
étroites. Elles se continuent cependant sous les palatins dans une
concavité de leur surface. Ces deux os s’écartent moins l’un de l’autre,
Les ptérygoïdiens ont leur partie entre l’apophyse da sphénoïde
et l’os tympanique creusée en canal plus profond à sa face inférieure
ou interne.
L’os tympanique est élargi dans le haut et légèrement concave
en dehors.
Le basilaire a de chaque côté un tubercule descendant qui lui
manque dans l’ouaran.
La lame qui séparé la fosse pituitaire de celle du cerveau est moins
saillante.
Les osselets qui représentent les ailes temporales sont en forme
d’Y, dont les deux branches supérieures aboutissent au frontal et
au pariétal, et l’inférieure au sphénoïde à l’endroit où il se porte en
avant en forme d’arête pour servir de base à la cloison interorbitaire.
Dans la cloison interorbitaire sont aussi des parties ossifiées repré-
sentant l’aile orbitaire, et distribuées de manière à laisser un trou
commun à cette cloison interorbitaire et à celle du cerveau. C’est
dans ce trou que passent les nerfs optiques , devant les deux ailes
temporales dont nous venons de parler. Derrière elles, mais en avant
du point vis-a-vis ducpiel est la columelle, passent les nerfs de la
troisième, de la quatrième et de la sixième paire, et le nerf de WllHs;
et derrière cette même columelle, dans une échancrure du rocher,
passe le reste de la cinquième paire. Ainsi cette échancrure répond
au trou rond et à l’ovale (i).
(i) ]\X. ^dr* CojnpcT donne, sous le nom de grand tégmxmy In tet© d*un sauvegarde
DES LÉZARDS. 263
Ijadragone, fig. 12 et i3 (i), ressemble presque en tout au sauve-
garde.
Sa tete est encore plus courte à proportion; son pariétal a une
partie temporale ou descendante assez considérable, et qui rappelle
^a tortue.
Son os tympaniquela rappelle encore mieux par sa forme concave,
échancrée en arrière, et son entrée rétrécie.
L’échancrure du rocher pour le passage de la cinquième paire est
presque un trou entièrement entouré.
Le lezardet (2) et Yamewa (3) sont encore beaucoup plus sem-
blables au sauvegarde que la dragone ; ils ne diffèrent du premier
que par un museau un peu plus aigu.
Les lézards proprement dits, tels que lac. agilis , etc. (4), ont,
sauf quelques détails de formes et de proportions, tous les caractères
des sauvegardes, si ce n’est.
Que leur frontal principal se divise longitudinalement en
deux
os:
d’Aménque , Ann. du Mus, XIX , pl. XI , en dessus , fig. 6 ; de côté , fig. 8 ; la mâchoire
inferieure, fig. 7. M. Spix , Cephalogenesis , donne aussi la tête d’un sauvegarde, pl IX
fig. I. Ces dessins sont faits d’après des individus âgés, dont les dents avoient déjà perdu’
leurs dentelures.
(«) Cette espece , décrite et représentée pour la première fois par M. de Lacép'ede , Quadr.
72' 2\ 2 , mais très-différente du lacerta dra-
auxdeh on T"*' ’ T «^‘fférente encore du genre des crocodiles
iguarfcu associée , vient d’être nommée par M. Merrem fems
(2) Lac. bicarinala, L. teius bicarinatus , Merr.
(3) L. ameiva, L. teius ameiva , TfUerr . , Lacép. , I, XXXT - =1 • •
17; T\
^.a/oDand.,Sab,,I XCI,3i^m. Séb., l.XC,,, Am. Umiàcala-
P'- vii t‘ "■ *"■ ■)« '«=■■ . XII-. chier,
’ ~9- Ca mienne est faite d’après le grand lézard ocellé d’Espagne.
264 OSTÉOLOGIE
20. Que leur frontal antérieur descend peu dans l’orbite où le la-
chrymal tient beaucoup plus de place (i) 5
3°. Que leur frontal postérieur, augmenté encore à son bord pos-
térieur de petites pièces dans le genre de celles qui sont sur l’orbite ,
s’unit au pariétal pour couvrir le dessus de la tempe (2) ;
40. Qu’un large sur-orbitaire , divisible en plusieurs pièces (3) ,
s’unit au frontal antérieur, au frontal principal et au postérieur pour
couvrir le dessus de l’orbite j
f)0. Que les ptérygoïdiens ont chacun une rangée de petites dents
près de leur bord interne vers le milieu de leur longueur.
On voit un petit trou au milieu de leur pariétal.
Les lézards à langue courte ont, avec la composition des sauve-
gardes, la tête en général moins allongée*
Les cordyles (4) ont, comme les lézards ordinaires, une voûte os*
seuse sur la tempe et sur l’orbite , formée par le frontal postérieur
et le sur-orbitaire. Leurs narines sont très-petites. Ils n’ont pas de
dents ptérygoïdiennes.
Dans les stellions fouette-queues , fig. 17 et 18 (5), la tête est dé-
primée et élargie par la direction en dehors etla grandeur des jugaux,
qui produisent ce gonflement des joues sensible à l’extérieur dans ces
(1) M. Bojanus donne à ce frontal postérieur le nom de pariétal , et au vrai pariétal celui
d’inlerpariétal. 11 a donné à une des pièces accessoires le nom de jugal postérieur, qui,
pour lui , est l’équivalent de mon temporal écailleux , dont elle recouvre en efl’et une partie ;
mais ce temporal est un os distinct , qui se montre un peu au Jour en arrière de la pièce qui
le recouvre , et entre le mastoïdien et le lympanique.
(2) M. Bojanus , qui a bien connu ces pièces , les nomme squamœ supra orbitales , et les
suppose analogues au cercle osseux de la sclérotique des oiseaux , etc. ; mais les lézards ont
ces pièces de la sclérotique indépendamment de celles du dessus de l’orbite.
(3) M. Bojanus ne fait qu’un OS du lachryraal et du frontal antérieur, ou , comme il 1 ap-
pelle, de l’ethmoïde latéral , parce qu’il n’a pas vu leur suture, et il cherche un vestige de
lachrymal au bord de l’ouverture de la narine : c’est un des cornets du nez. ^
(4) Lac. cordjlus L. Séb. , I , LXXXIV, 3 et 4 ; et II , LXII , 5. On ne voit pas pour-
quoi M. Merrem a changé le nom générique de cordyle en celui de zonurus.
(5) Règne anim. , II, 32. Uromastix , Merrem.
DES LÉZARDS.
2 65
animaux. Le frontal est fort étroit; les nasaux petits et courts; les na-
iines externes et les orbites très-grands ; le jugal très-large ; les bran-
ches postérieures du pariétal fort longues; son bord antérieur, à
endroit où il se joint au frontal, écliaucré par un large trou que
ferme une simple membrane; les frontaux antérieurs et postérieurs
petits, surtout ces derniers que je ne trouve pas divisés; les anté-
rieurs foiment un petit angle eu devant de f orbite; les palatins sont
larges et courts ; l’angle externe, à la réunion de l’os ptérygoïdien et
du transverse, est un peu dirigé en en bas; le bord de l’intermaxil-
lairesaille entre les dents maxillaires sans porter lui-même aucune dent.
Dans le stellion ordinaire (i), le frontal est plus court; les or-
bites et les narines moins grands ; les tempes le sont davantage ;
l’angle saillant du frontal antérieur est plus marqué ; il y a deux dents
à l’intermaxillaire , et la seconde du maxillaire est une espèce de ca-
nine (2).
La tête du dragon est à peu de chose près semblable à celle du
steliion (3).
Il y a des againes (4) j tels que Yianbre, fig. 20 et 21 , où le jugal
s élargit de manière à couvrir une bonne partie de la tempe et de
la joue; le museau y est court et plane; les narines petites; les an-
gles des ptérygoïdiens descendent presque autant que les os tympa-
niques (5).
Les marbres (6) ont le museau court, large et plane; un angle
saillant à leur frontal antérieur et au postérieur ; des dents ptéry-
goïdiennes; un angle ptéi’ygoïdien peu saillant.
Les anohs (7) reviennent en partie à la forme des sauvegardes par
(1) Règne anim., Il, 3i. Agama cordj-lea Merr.
(2) C’est, je crois, le sleUion ordinaire dont M. Spia: donne la tête, Cephalogenesis ,
pl. lA, ng. 7 J sous le nom à^agama mpera,
(3) Le meme auteur donne la tète du dragon , ib. , fig. 6.
(4) Régné anim. , Il , 33. Agama umbra Merr. et quelques autres ; mais non pas la tota-
lité de son genre agama. ”
(5) Il y a une lèle ?^agame donnée par M. mtzsch , dans les Archives physiol. de Mectel
»• VII, pl. I, fig. 7. ’
(6) Règne anim. , II , 4o.
^l)Jbid.,^i.
T. V, 2e. P.
34
2Ô6
OSTÉOLOGIE
leur tête plus ou moins allongée et déprimée, etleur jugal étroit et
peu saillant. Mais les crêtes temporales de leur pariétal se rappro-
chent en arriére en une seule, et sont très-saillantes ; les branches
de ce même pariétal étant fort saillantes aussi ne forment qu’une
crête demi-circulaire assez semblable à la crête occipitale de certains
mammifères ; les palatins sont élargis ; il y a des dents ptérygoïdiennes 5
l’angle ptérygoïdien descend médiocrement.
Le basilic (i), qui n^a pas de dents ptérygoïdiennes, ne diffère
presque du sauvegarde que par un museau un peu plus court, plus
bombé sur le nez ; un frontal plus large ; des crêtes pariétales plus
rapprochées; plus de largeur et de brièveté dans le jugal, le tem-
poral et le frontal postérieur qui n’est pas divisé ; enfin plus de lar-
geur et de concavité dans les vomers et les palatins, plus de recule-
ment en arrière et plus de saillie vers le bas de l’angle ptérygoïdien.
Toute la région basilaire est aussi un peu plus courte, et les parties
ossifiées des cloisons interorbitaire et anté-cérébrale un peu autre-
ment configurées.
Les iguanes (2), fig. 28, 24 et 25 (d’après l’iguane cornu), sont
le genre le plus considérable parmi les lézards à langue courte.
Leur museau est renflé et bombé , ce qui tient surtout à leurs os
propres du nez ; leur frontal est plat ; leurs crêtes pariétales se rap-
prochent de bonne heure en une seule ; le trou de la face supérieure
du crâne est assez considérable , et percé dans la suture transverse
qui unit le frontal au pariétal ; leur frontal antérieur est large sur la
joue, et a un tubercule au-devant de l’orbite ; le postérieur est divisé
en deux parties : une qui fait un tubercule en arrière de l’orbite,
1 autre qui descend pour en compléter le cadre, et s’élargit vers le
bas pour joindre le jugal et le temporal : leur mastoïdien s’étend prin-
cipalement sous la branche latérale du pariétal , tandis que dans le
sauvegarde il est à sa face externe.
Les narines internes sont fort longues et échancrent profondément
(1) Régné animal, II, 36.
(2) Ibid., 3g.
DES LÉZARDS. 25^
les palatins qui sont très-larges, aussi bien que la partie adjacente
es ptérygoïdiens, sur laquelle est placée obliquement une rangée
de petites dents.
L angle externe de Tunion du ptérygoïdien au transverse descend
autant que la caisse, et en arrière de lui le ptérygoïdien a une con-
cavité en forme de canal.
Le sphénoïde est concave en dessous, et le basilaire très-large et
Les ailes orbitaires, dans la cloison antérieure du crâne, sont
fourchues. Je vois un point d’ossification , en avant de l’échancrure
du rocher par où sort la cinquième paire. Il me paroît, et j’es-
pere qu’il paroîtra à tout le monde, répondre à la véritable aile
temporale beaucoup plus que la columelle, qui, jusqu’à présent, en
U usurpé le nom.
_ La cloison interorbitaire a aussi plusieurs parties ossifiées dans les
vieux individus et l’endroit où elle se bifurque pour donner passage
au nerf olfactif est ossifié en arrière de manière à ne laisser aucun
aoute sur sa nature ethmoïdale (i).
Les GECKOS, fig. 27 et 28 (2), diffèrent beaucoup des autres lézards
par la petitesse extrême du jugal et du temporal osseux, et par la di-
vision longitudinale de leur pariétal en deux os.
Leur museau est plus ou moins allongé et déprimé selon les es-
tles mâchoires s’accommodent à ces va-
riétés. Le frontal principal est large, et surtout en arrière et légè-
rement concave. L’orbite est grand rond nr • 1 ^
1- T ^ f ^ ^ incomplet du côté de
la tempe. Le frontal anterieur en borde presque tout le dessus, sans
(I) M. Adr. Camper donne, dans les Ann. du Mus. , t. XIX, pl XI fi R
^ >guane en dessus , el fig. G de profil. On voit bien dans celles-ci les ramifiSf ’
interorbitair“^^To:::
- <i’un isr ’ %• 3) , et une autre ,u’il croitîuu
34^
268 OSTÉOLOGIE
atteindre cependant le postérieur qui borde , comme un chevron ,
l'angle saillant que le pariétal et le frontal principal forment ensemble.
Un très-petit jugal s’attache au bord inférieur de l’orbite, sur
l’angle postérieur du maxillaire , et est bien éloigné d’atteindre le
frontal postérieur, en sorte qu’une grande partie du bord postérieur
de l’orbite n’est cernée que par un ligament.
La division du pariétal ne l’empêche pas de se joindre en arrière
par une branche sur la jonction de l’occipital latéral et du tympanique.
Le mastoïdien qui est très-grêle se colle en dehors à cette branche,
et le temporal , également très-grêle , se colle tellement au mastoïdien
qu’il semble ne faire qu’un avec lui. Les ptérygoidiens, très-écartés
l’un de l’autre , n’ont point de dents (i).
Malgré sa forme bizarre , la tête du caméléon (2) se laisse assez
aisément ramener à la composition des autres lézards.
Le casque de son occiput est soutenu par trois arêtes , dont l’une
appartient au pariétal et les deux autres aux temporaux.il n’y a qu’à
se représenter un pariétal fort étroit, qui, au lieu de se bifurquer
pour envoyer des branches aux temporaux, s’élève en pointe comme
un sabre , et les temporaux envoient aussi des arêtes pointues qui
vont unir leurs pointes à celle du pariétal. Il n’y a qu’un frontal
principal bordé de chaque côté , au-dessus de l’orbite , par le frontal
antérieur et le postérieur, qui se joignent pour former en dessus le
cadre de cette cavité, et en même temps l’espèce de crête dentelée
que le caméléon a dans cet endroit. Le reste de ce cadre est formé
parle lachrymal et par le jugal, qui remonte pour aller se joindre
au frontal postérieur et au temporal. Le museau est formé par les
maxillaires supérieurs, entre lesquels est un extrêmement petit inter-
maxillaire.
(1) Il y a une tête de gecko représentée par M. Spix , Ceplialogen. , pl. IX , fig. 5.
M. Nitzsch donne celle du geckotte dans les Archives de Physiologie de Meckel , t. VU)
pl. I , lig. 3—5.
(2) Lac. africana Gmel. , Lacép. , I , XXII ; Séb. , I , LXXXII , 1.
DES LÉZARDS. 269
Par une disposition bien extraordinaire, c’est dans le maxillaire
que sont percées les narines externes, une de chaque côté, dont le
bord est un peu complété en dessus par le frontal antérieur. Néan-
moins sur le museau sont, dans le squelette, deux trous couverts à
1 extérieur par la peau, et entre lesquels se montrent deux très-petits
os nasaux , cernes d’ailleurs en arrière par le frontal principal , de côté
parles frontaux anterieurs et en avant par les maxillaires. En dessous,
les narines postérieures sont fort en avant ^ les v^oniers étroits et
courts; le canal des palatins presque transverse; la partie anguleuse
et postérieure des ptéry goïdiens , qui sont fort écartés l’un de l’autre,
descend beaucoup en s’élargissant et en se tournant presque verti-
calement. L’os tympanique est cylindrique, droit et sans concavité.
Dans les espèces à casque plat (i), c’est l’apophyse pointue du
pariétal qui se courbe moins en dessus, et quelquefois s’élargit trans-
versalement.
Dans les espèces à museau fourchu (2), ce sont les maxillaires su-
périeurs et les frontaux antérieurs qui produisent les branches de la
fourche ou les tubercules.
Ce sont deux de ces espèces dont nous donnons la tète , le chamœl.
Parsonh, fig. 3o et 3r , et le chamœl. bifia'cus , fig. 32 et 33 (3).
Bien que le caméléon n’ait pas de tympan extérieur, il n’en existe
pas moins chez lui une cavité tympanique assez grande, fermée de
toute part par des muscles ou des os, et du côté de la bouche par
une membrane qui double celle du palais, et est tendue entre le ba-
silaire et la pointe postérieure du ptérygoïdien.
Il y a h cet endroit, de chaque côté du palais, un trou étroit, mais
tiès-visible , qui tient lieu de trompe d’eustache.
L’osselet fixe la pointe de son manche entre l’os tympanique et le
(1) Lac. chamœleon Grael. , Séb. , I , LXXXII pwnila Gmel. , Daud. , IV, LUI.
(2) Chamœl. bifitrcus Brongn. , Daud. , IV, LIV ; et Chamœl. Parsonn , Trans. pliil. ,
t- LVIII. ^
(3) Autres figures de têtes de caméléon, Spix , Cepl»logenesis , pl. IX, fig. 8; c’est
^ pece ordinaire à casque saillant. La inêine espece est représentée par M. Oken, Isis
XI'. cahier, pl.XX, fig. IX.
270 OSTÉOLOGIE
muscle analogue du digastrique, et va, comme à Fordinaire, insérer
sa platine à la fenêtre ovale percée dans le fond d’un creux commun
aussi bien qu’elle au rocher et à l’occipital latéral. Une très-petite
fenêtre ronde est percée au-dessous dans l’occipital latéral.
Les scinques (i) en général ont à peu près la composition des
iguanes 5 mais leurs os nasaux sont moins larges , leur pari étal plus plat ;
les canaux, que leurs arrière-narines forment dans les palatins, sont
plus creux et plus obliques. Leur frontal postérieur n’est pas toujours
divisé, et s’élargit plus ou moins selon les espèces.
Dans les grands scinques à grosse queue , comme lacerta scin-
cdides Shaw, etc., fig. 35 et 36, qui n’ont pas de dents ptérygoï-
diennes, le frontal postérieur, uni au pariétal et au temporal, couvre
tout le dessus de la tempe , excepté un petit trou en arrière.
Dans le scinque commun des boutiques (^c. qfficinalis') , il en
couvre un peu plus de moitié. L’intermaxillaire forme une petite
corne en avant.
Dans le scinque à longue queue du Lei>ant{^sc. cyprius), il n’en
couvre guère que le tiers et il est divisé.
Ces deux espèces ont des dents ptérygoïdiennes (2).
C’est à la famille des scinques qu’appartiennent par la tête 1 ophl—
saure et X orvet.
La tête de Xophisaure (3) ressemble à celle du scinque à longue
queue du Levant , dont la région pariétale et temporale auroit été
tirée en longueur. Le frontal postérieur y est divisé , et les palatins
aussi bien que les ptérygoïdiens chargés de petites dents. Les bran-
ches du palatin y sont aplaties verticalement (4).
(l) Régné, animal, II , 5a.
(3) M. Nitzsch a donné la tete du scingue des boutigues dans les Archives physiologiques
de Meckel , t. YII , jd. I, lîg. 6.
(3) Régné anim. , II , 5g , et pl^VI , fig. 7, 8, 9.
(4) M. Spix a donné la tête de \’ ojjhisaurus ventralis , Cephalogenesis , pl. IX, fig. 9,
mais trop courte, et avec un frontal principal double : ce qui n’est pas.
DES LÉZARDS.
L orpet (i) est un peu moins allongé que l’ophisaure, et n’a point
de dents palatines ni ptérygoïdiennes : du reste il ressemble de même
aux scinques. Son frontal postérieur est divisé.
^ Le bipède de la N oup elle- Hollande (2) a encore à peu près la
tete des précédens, mais son jugal ne s’ossifie point, et son pariétal
est divise longitudinalement en deux comme dans les geckos. Ses
pterygoïdiens manquent de dents. Le canal de son tympanique est
très-creux. Son frontal antérieur et le postérieur se rencontrent au-
dessus de l’orbite.
Article II.
De la Mâchoire inférieure.
La mâchoire inférieure des lézards est composée de six os comme
dans le crocodile et la tortue, mais un peu autrement disposés, et
produisant une forme générale un peu différente, qui tient surtout à
jue apophyse coronoïde est très-saillante et plus en avant, à ce-
que 1 angle inférieur est également plus en avant, et à ce que la
partie dentaire est plus courte à proportion.
L os dentaire'^ fig. 4 et 5 (3), ne porte pas, comme dans le
crocodile, les dents dans des alvéolés, mais elles adhèrent à sa face
interne, ainsi que nous le dirons plus loin. Sa face externe s’unit en
Ririère par suture ecailleuse à celles du complémentaire, du sur-an-
gulaire et de l’angulaire.
J^a partie de la face interne du dentaire, que Xoperculaire , b
couvre au-dessous et en arrière des dents, varie beaucoup en étendu
selon les sous-genres. L operculaire s'unit en arrière à la face intern
du complementaire , de l’articulaire et de l’angulaire, et souvent
celle du sur-angulaire.
(0 Règne anim. , II , 5g.
(3) m-gne anim. , II, 56 , et pl. YJ, fig. ,,8,9. Pjgopus lepidopus Merr.
Quant à 1 au-dessous de chaque tête sa mâchoireûnfeneure par sa face externe.
celle dp i-"*- es'' à donner , fig. 5, celle du monitor du Nil, et fig. i5,
'c «e tignane ' 6 t
2^2 OSTÉOLOGIE
Le complémentaire ^ c, forme seul la grande apophyse coronoïde ,
s’étend sur le bord supérieur de la mâchoire en avant de cette apo-
physe 5 et descend en arrière à la face interne , où il traverse le sui’-
angulaire pour s’unir a 1 articulaire.
\2 articulaire , d, donne la facette glénoïde, l’apophyse qui est à
son arrière pour le muscle digastrique , et a même souvent une petite
épiphyse à l’extrémité de cette apophyse ; il s’avance à la face in-
terne, et même quelquefois le long du bord inférieur, jusqu’à l’o-
perculaire.
\J angulaire , e , s’étend sous la portion du bord inférieur, qui est
entre l’angle inférieur d’une part, et le dentaire et 1 operculaire de
l’autre. Ce n’est pas toujours à lui qu’appartient entièrement l’angle
de la mâchoire ; l’operculaire y contribue aussi quelquefois.
Le sur-angulaire , f , occupe presque toute la face externe de la
moitié postérieure entre les quatre autres os que l’on voit à celte
face. 11 forme le bord supérieur entre l’apophyse coronoïde et l’arti-
culation.
Il y a pour l’entrée des nerfs et des vaisseaux une grande ouverture
à la face interne derrière l’apophyse coronoïde, entre le complémen-
taire, le sur-angulaire et l’articulaire; et pour leur sortie des trous
à la face externe du dentaire et à l’interne dé l’operculaire, dont le
nombre et la position varient selon les sous-genres et les espèces. Le
sur-angulaire en a aussi généralement deux.
Après cette indication des dispositions générales communes à tous
les lézards, il convient d’ajouter les principales différences au moyen
desquelles on peut reconnoître les sous-genres.
Ainsi dans le monitor, fig. 4, 5 et 8, le dentaire à la face externe
s’unit presque carrément aux trois os qui sont derrière lui. L’articu-
laire est deux fois plus long que haut. Son bord inférieur est en ligne
concave. C’est à l’operculaire qu’appartient proprement l’angle infé-
rieur, et cet operculaii’e ne couvre à la face interne qu’une petite
partie du dentaire , lequel ne remonte point vers le côte interne des
racines des dents.
A la face externe du dentaire est d’abord un assez grand trou pour
DES LÉZARDS. 2^3
la sortie des nerfs, puis quatre ou cinq plus petits le long du bord
a V eo aire. A la face interne il y eu a un à l’operculaire près du bord
niterieur, et un entre lui et le dentaire.
Dans \q sawegarde, fig. ii, le dentaire à la face externe estéchan-
cre en arriéré j 1 angulaire est à sa face externe presque aussi haut que
ong, et a son bord interne en angle saillant vers le bas et le dedans.
opercu aire s étend à la face interne sur toute la longueur du
dentaire, dont le bord alvéolaire interne est très-relevé. Il n’y a que
de petits trous à la moitié antérieure du dentaire, à sa face externe 5
mais il y en a un assez grand à la face interne de l’operculaire.
Dans la dragone , fig. i3, on ne voit rien du sur-angulaire à la
face interne, et il s’avance moins à l’externe que le complémentaire;
la totalité de la mâchoire est aussi plus haute à proportion.
La mâchoire inférieure des lézards se fait remarquer par un angle
ou arete saillante longitudinale, qui règne sur son sur-angulaire et
fait rentrer son plan inférieur presque horizontalement.
cul y occupe peu de place à la face externe ; mais l’oper-
^ aire couvre a la face interne tout le dentaire, son bord alvéolaire
interne excepté. Il a un fort grand trou ; mais à la face externe du
entaireil n y en a que sept ou huit petits rapprochés du bord supérieur.
Dans les iguanes, fig. 24 et 25 , le bord alvéolaire interne est peu
marqué , l’operculaire est réduit à un petit rhomboïde qui ne couvre
pas le tiers de la longueur du dentaire. L’angle du bord inférieur de
I articulaire est fort saillant, et se dirige en dedans en prenant une
forme de crochet.
trous • ^ la f ®xteine du dentaire que trois ou quatre petits
supTrieÜn “ ™ ™ grand à son bord
Les scmques, fig. 36, diffèrent peu des iguanes par la mâchoire
mleneure; leur apophyse postérieure est seulement à peu près effa-
cée, et confondue dans le contour de celle en crochet.
dem "î ^ ^ petits trous sur la moitié antérieure du
^^ntaire et au milieu de sa hauteur. A la face interne, l’operculaire
Un grand près de sa pointe antérieure.
T. V, P.
35
274 OSTÉOLOGIE
Dans les stelUons et les agames, fig* 21 , le dentaire s’étend davan-
tage en arrière , ce qui raccourcit beaucoup le sur-angulaire et la partie
de l’articulaire que l’on voit à la face externe. La réduction est encore
plus forte pour l’operculaire, qui est presque réduit à rien, et laisse en
avant, au lieu d’un simple trou, un long sillon creusé dans le dentaire.
Cette extension du dentaire, cette réduction du sur-angulaire sont
encore plus fortes dans le caméléon, où je ne sais même s’il existe un
vestige d’operculaire ; je n’en ai pu découvrir, même dans la grande
espèce à museau échancré.
Dans ces trois genres , les dents semblent à la première vue n’être
que des dentelures des mâchoires.
Nous verrons ailleurs que' la mâchoire des serpens proprement
dits est composée comme celle des lézards, si ce n’est que le sur-
angulaire et l’articulaire ne s’y distinguent pas, ou du moins s’y sou-
dent de très-bonne heure ensemble.
Article III.
Des Dents.
Elles ne sont point dans des alvéoles comme celles du crocodile, et
celles qui doivent les remplacer ne se produisent point dans leur cavité.
Les noyaux gélatineux des dents adhèrent à la face interne de l’os
dentaire, sans avoir entre eux de cloisons osseuses, et quelquefois
sans être garantis du côté interne par une lame de cet os; leurs bases
sont alors seulement separees de la cavité de la bouche par la gencive.
Cette base ne se divise point en racines; mais quand la dent a pris
son accroissement, il arrive le même phénomène que dans les pois-
sons. Le noyau gélatineux s’ossifie; il s’unit intimement, d’une part,
à 1 os de la mâchoire , en contractant, de l’autre, une adhérence in-
time avec la dent qu’il a exsudée ; la dent paroît alors comme une
proéminence, comme une apophyse de la mâchoire, seulement elle
est couverte d émail , tandis que sa base est nue et purement osseuse,
et l’on voit autour de cette base des stries et de petits pores par où
DES LÉZARDS. 275
les vaisseaux ont pénétré ou pénètrent encore dans sa cavité inté-
rieure, et cpii marquent aussi l’endroit où se fera la rupture quand
cette dent devra céder sa place.
Les dents nouvelles naissent , non pas dans la cavité des anciennes
et de manière a les enfiler comme dans le crocodile , mais près de
a face interne de leur base, ou, dans certaines espèces, dans l’épais-
^ur de 1 os au-dessus ou au-dessous de cette base, selon la mâchoire.
Dans ce dernier cas, qui a lieu, par exemple, dans les sauvegardes
et les dragones, il se forme dans l’os une cavité qui loge pendant
un certain temps le noyau pulpeux et la calotte qui naît dessus.
Cette cavité s’ouvre par degrés à la face interne de l’os dentaire.
Dans l’autre cas, le noyau pulpeux se développe simplement sous
la gencive 5 mais à mesure que sa calotte dentaire prend de l’accrois-
sement, il se forme souvent une échancrure dans la base de la dent
en place la plus voisine, où elle est en partie enchâssée. C’est alors
qu on pourroit croire que la nouvelle dent est dans la dent ancienne,
mais elle n en est jamais entièrement enveloppée.
6 quelque maniéré que soit venue la dent nouvelle, il arrive un
moment où son accroissement pousse tout-à-fait en dehors la dent
ancienne, produit sur la base ossifiée une espèce de nécrose qui
rompt son adhérence à la mâchoire et la fait tomber. Ce n’est pas
une rupture en quelque sorte spontanée comme celle des anciens
ois de cerfs qui tombent avant que les nouveaux aient poussé. II
m a paru que la dent nouvelle y étoit toujours pour quelque chose.
est aisé d’après ces explications, de distinguer les dents des lé-
tain poim^^ crocodiles 5 et même entre elles jusqu’à un cer-
Dans les monitors qui n’ont point de bord alvéolaire interne, les
dents nouvelles naissent dans l’épaisseur de la gencive, entre les
ases des dents en place, ou à la face interne de leur base On les
découvre aisément en détachant la gencive.
^ Les dents de ce genre sont coniques; dans le très-grand nombre
tra pointues, comprimées latéralement,
nchantes en avant et en arrière, et un peu arquées.
35*
276 OSTÉOLOGIE
Le monitor aquatique d’Egypte ( ouaran d’eau , lacerta nüotîca)
et une ou deux autres espèces d’Afrique ont seuls les postérieures
en cônes droits, obtus, ou même entièrement arrondis et émoussés
au sommet.
Les especes a dents tranchantes ont le tranchant très— finement cré-
nelé, mais leurs crénelures ne sont quelquefois visibles qu’à la loupe.
On voit, fig. 9, une de ces dents tranchantes grossie, et fig 6, une
de celles à sommet mousse également grossie.
Ces dents ne sont pas très-nombreuses : on en compte de douze à
quinze de chaque côté. Il n’y en a point au palais.
Il n’y a pas non plus de dents au palais dans le sauvegarde , l’a-
nieiva , la dragone et les autres especes de ce sous— genre propre à
l’Amérique.
Certaines espèces les ont dentelées ; dans d’autres elles sont côni-
ques j enfin il y en a où les postérieures sont arrondies et même hémi-
sphériques. Dans toutes les grandes, les dents nouvelles naissent dans
des cavités qui se forment dans l’épaisseur de l’os maxillaire ou de
l’os dentaire , et qui sont ouvertes du côté de la bouche. La dragone
a même à cet égard une ressemblance notable avec les spares, et
qui n’auroit qu’un fragment de sa mâchoire pourroit être exposé à
s’y tromper.
Les stellions, les agames , les basilics, les caméléons manquent
aussi de dents au palais.
Leurs dents maxillaires et mandibulaires sont sur une seule ran-
gée, courtes , comprimées, uniformes, adhérentes au bord de la mâ-
choire , de manière à sembler n’en faire que des dentelures.
Celles de devant prennent dans les trois premiers sous-genres une
forme plus pointue, et quelques-unes deviennent plus longues de
manière à former des espèces de canines. Dans les caméléons au con-
traire , les dents antérieures deviennent graduellement plus petites
que les postérieures. Les fig. 19 ^ 22 et 3a montrent les dents du
fouette-queue , de l’agame ombre et du caméléon bifurqué.
Je n’ai pu voir encore ni aux uns ni aux autres des dents de rem-
placement.
DES LÉZARDS.
T . ^ ^
i^es sous -genres, qui ont des dents palatines, sont les lézards pro-
prement dits, les iguanes, les marbrés, les anolis et plusieurs scin-
ques.
Dans tous ces animaux il y a, de chaque côté du fond du palais,
une série de petites dents adhérentes h la partie antérieure ou pala-
tine de leur os ptérygoïdien. Ils ont aussi toutes les dents des mâ-
c O et régulièrement placées sur un
rang le long et en dedans du bord de l’os, mais couvertes seulement
parla gencive du côté interne, et c’est parmi eux surtout que les
dents de remplacement naissent sur la base des dents en place , y
produisent des échancrures et s’y enchâssent d’abord plus ou moins
profondément.
On peut encore distinguer entre eux les principaux de ces sous-
genres, par la forme que prend le sommet de leurs dents maxil-
laires, et par la position relative de leurs deux séries de dents pala-
tin PC ^
Les iguanes ont le sommet de leurs dents maxillaires comprimé, à
P n e o tuse , et le tranchant divisé do chaque côté en quelques
nés dentelures. La fig. 26 est une de ces dents grossie, à la base
e aquelle on voit une dent de remplacement. Leurs dents pala
unes sont nombreuses, et les deux séries forment un chevron dont
1 angle est dirigé en avant.
Les marbrés ont une dentelure seulement de chaque côté à leurs
ents maxillaires, et leurs séries palatines sont presque parallèles.
Lllesie sont tout-à-fait dans les lézards ordinaires, qui, de plus
nrnm^ des dents des mâchoires peu apparente et s’eflfacant
promptement , ce qui les fait paroître simplemern obtuses
les lézards elbs ^ ““ 'J™'*'--. les marbrés et
les lezaras, elles s effacent promptement comme à ces derniers du
moins dans les grandes espèces. Leurs séries palatines se rapprochent
Un peu en avant. ‘ ^
^ Je ne vois point de dents palatines au cordyle, et ses dents
laires sont toutes simplement obtuses.
geckos manquent aussi de dents palatines; leurs dents maxil-
278 OSTÉOLOGIE
laires sont à sommet simple , tantôt pointu , tantôt comprimé , et un
peu obtus selon les espèces, voy. fig. 2g.
Parmi les scinques, ceux a grosse queue courte, comme le lac.
scincdides de Shaw, ont les dents maxillaires à tranchant dentelé ,
fig. 37 , et manquent de dents palatines ; d’autres ont des dents pa-
latines, et leurs dents maxillaires sont simples 5 tel est notamment
le scinque des boutiques [lac. scincus , L.).
Dans tous elles sont nombreuses, serrées, non couvertes du côté
interne, et laissant venir les dents nouvelles en partie entre elles, en
partie dans les échancrures de leur base.
Les seps et bipèdes ont à peu près les dents des scinques vulgaires,
mais l’orvet a les dents des mâchoires aiguës, tranchantes, en petit
nombre , et il manque de dents palatines.
L’ophisaure, et probablement aussi le sheltopusik , a les dents
maxillaires serrées, simples, et les dents palatines courtes, obtuses
sur plusieurs rangs, garnissant d’une espèce de pavé les os ptérygoi-
diens , et même quelque chose des palatins.
Article IV,
De Vos hydide.
A mesure que nous approchons des poissons , l’os hyoïde prend de
l’importance.
On sait que dans l’homme il est composé de cinq parties : un corps
en forme d arc transversal aplati 5 deux cornes antérieures très-lon-
gues qui vont s’attacher au temporal au-dessous du méat auditif,
et dont la partie supérieure s’y soude de.très-bonne heure et prend
le nom d’apophyse styloïde du temporal , tandis que la partie infé-
rieure, long-temps simplement ligamenteuse (i), a tout au bas , au
(1) Cette partie ligamenteuse s’ossifie quelquefois dans la vieillesse en plusieurs articula-
tions , et alors la corne antérieure est sous tous les rapports la plus grande , et ne diffère des
DES LÉZARDS.
379
point de sa jonction avec le corps, un grain osseux que l’on nomme
petite corne; enfin deux cornes postérieures osseuses, portant le
larynx au moyen d’un ligament qui leur attache le cartilage thyroïde ,
et connues sous le nom de grandes cornes, mais grandes seulement
par comparaison aux grains osseux qui forment ce que l’on nomme
les petites.
De la forme du corps, de la plus ou moins prompte soudure qu’il
contracte avec les cornes postérieures, du nombre, de la forme et de
la proportion des pièces des cornes antérieures, dépendent ensuite
les nombreuses variétés qu’il éprouve dans la classe des mammifères.
Tres-souvent dans les ruminans, les solipèdes et les cétacés, le corps
pi end, en se soudant avec ses cornes postérieures, la forme d’un
croissant, et il lui arrive souvent aussi, surtout dans les deux pre-
mières familles, de produire en avant une apophyse plus ou moins
ongue; mais les cornes antérieures vont toujours se suspendre au
crâne, et presque sans exception à une petite apophyse de l’os du
rocher et à la partie voisine de la caisse.
^ tte suspension n a plus lieu dans les oiseaux où les cornes anté-
rieures se contournent autour du derrière du crâne, et ne s’y atta-
c ent que par les muscles et la cellulosité.
Le corps y prend le plus souvent une forme rhomboïdale. A son
arrière s’articule ou se soude un os grêle, impair, sur lequel repose
arynx , et qui représente à lui seul les deux cornes postérieures 5
et a son avant un autre os, quelquefois double, qui pénètre dans la
angue , et que je nomme l’o^ lingual. Les cornes antérieures n’ont •
généralement que deux pièces (i).
quadrupèdes ordinaires que par sa soudure au temporal. Voyez en a i i
M. Geofvoy, Philos, anat. , I , pl. IV, %. 4. et 87.
» t- 1 ) P- i52 et suiv. ) , dans la vue d’établir une analoeie
plus complété dans le nombre des pièces de l’hyoïde des oiseaux et des mammifères a
••olatior le considérer , et suppose que son corps a exécuté un mouvement de
les os lin/ postérieures s’étant portées en avant sont devenues
nans apophyse antérieure , qui s’observe dans les chevaux, les rumi-
eonversi ’ ' ''oir qu’une semblable
n , possible dans un squelette artificiel , ne le seroit pas dans un animal sans
28o OSTÉOLOGIE
Nous avons vu dans les chapitres precedens quelle est la simpli-
cité de l’os hyoïde du crocodile et la variété de ceux des differentes
tortues. Dans les lézards, il ofFre quelques rapports avec celui des
oiseaux, mais sa composition est plus complexe.
11 a généralement un corps simple , et deux paires de cornes aux-
quelles s’en ajoute quelquefois une troisième.
Le corps donne toujours en avant une tige grêle qui se prolonge
plus ou moins en un cartilage, lequel pénètre dans la langue.
Les cornes antérieures sont diversement repliées, et les posté-
rieures diversement dirigées selon les espèces. Quant à celles de la
troisième paire, elles n’existent que rarement , et quelquefois ce sont
plutôt des productions postérieures du corps que des cornes parti-
culières.
Dans le monitor, pl. XVII, fig. i , la pointe antérieure du corps,
a, est de longueur médiocre, et ne se porte pas même aussi avant
que le larynx. Les cornes antérieures, h, dirigées d’abord en avant,
s’y dilatent et y éprouvent une articulation. Leur seconde pièce, h' ,
d’abord aussi dilatée, se dirige en arrière, se courbe en dehors, se
croise avec la première , et se recourbe de côté pour aller se perdre
sur les côtés du col. La deuxième paire de cornes , composée aussi
de deux pièces, c et c', se dirige obliquement en arrière et vers l’é-
paule, et se termine au-dessus de l’omoplate, ce qui est tout-k-fait
particulier à ce sous-genre. 11 n’y a point de troisième paire.
Dans les autres sous-genres, la première articulation de la paire
antérieure est plus courte ; la seconde ne se croise pas, mais se porte
sur les côtés du cou en suivant à peu près la courbure des muscles
de la mâchoire inferieure j la paire postérieure se courbe parallèle-
ment à l’antérieure; la troisième paire, quand elle existe, se porte
en arrière sous le larynx.
Les sauvegardes d’Amérique, fig. 2 , ont le corps de l’os en forme
de chevron, prolongé de part et d’autre par la corne postérieure. Sur
rompre toutes les connexions avec les ligamens , les muscles , les nerfs et toutes les autres
parties molles.^
DES LÉZARDS.
sa jointure s’attache la première articulation de la paire antérieure qui
se c irige en avant, et fait un angle aigu sur elle-même pour recevoir
la seconde, qui se recourbe, comme à l’ordinaire , sur les côtés du
cou, et ang e se prolonge en avant, et se termine en un ligament
qui va se perdre à la face interne de la mâchoire inférieure. En avant
le corps donne une courte apophyse dans la base de la langue. Les
cornes postérieures sont la partie la plus ossihée de cet hyoïde, mais
leui pointe en arriéré est encore cartilagineuse.
Dans les geckos , fig. 3, le corps est une longue tige grêle qui pénètre
dans la langue , et dont la partie postérieure se bifurque pour porter
les cornes postérieures. La première articulation des antérieures, di-
rigée en avant, est élargie, et si mince que c’est plutôt une membrane
qu un cartilage. La seconde, qui contourne le col comme à l’ordi-
naire, est grêle et plus dure.
Dans les iguanes, fig. 4, et les dragons, le corps de l’os hyoïde ne
rnrtigTrrêf n-- avoir formé en avant
de co^ ^ -1^ ^ langue et donné articulation à ses deux paires
rnes, il se prolonge directement en arrière en une troisième
paire, dont les branches, collées ensemble, marchent dans le
tranc ant du fanon cjue ces animaux portent sous la gorge et main-
tiennent son élasticité. Les deux paires de cornes sont grêles et à
peu près de meme grandeur. L’antérieure a en avant son articula-
tion ordinaire.
Les lézards proprement dits , fig. 5 et 6 , sont ceux qui présentent
te plus distinctement cette troisième paire dirigée sous la trachée
ftrtér©.
dn^Tsu^r ^ 7 deuxième articulation dilatée à son ori-
gine et sur une partie de sa longueur.
Il m a semblé voir que sa pointe externe est encore suspendue
par un ligament à une tige cartilagineuse, e, qui revient en avant et
s attache à une apophyse de l’os basilaire.
Les scinques, fig. 7, ont la troisième paire, et en général l’en-
jmble de l’hyoïde, comme les lézards : on y voit très-distinctement,
r out dans les grands (tels que lac. occidua et scincdides), la tige
LV, ae.p. 3g
282 OSTÉOLOGIE
fourchue, e, qui tient à la tête, et à laquelle se suspend, mais par
un ligament presque membraneux, la corne antérieure ordinaire.
Cette tige tient à l’occipital latéral , tout près de la fenêtre ovale , et
représente évidemment l’os styloïdien (i).
Dans les caméléons, fig. 8, le corps de l’os est une tige longue et
forte pour la langue ; les cornes antérieures , d’une seule pièce , por-
tent vers leur milieu un petit disque cartilagineux , les cornes infé-
rieures portent dans quelques espèces un sac membraneux attenant
au larynx.
L’os hyoïde des lézards se continue avec peu de changemens jus-
que dans les ophisaures, les orvets et les amphisbènes.
Dans les deux premiers , la corne antérieure est presque réduite
à l’état membraneux j mais la postérieure est bien ossifiée. Dans
l’amphisbène , la seconde articulation de la corne antérieure est ré-
duite à un simple vestige. Il n’y a dans aucun de troisième corne.
L’os hyoïde finit par se réduire dans les vrais serpens à deux longs
filets cartilagineux , qui ne soutiennent plus en avant , pour tout
vestige de corps, qu’une espèce de membrane, à peine discernable
dans ceux qui ne sont pas très-grands.
Il résulte de ces comparaisons que les cornes postérieures de
l’hyoïde sont plus osseuses et d’une forme plus fixe j que les anté-
rieures varient davantage pour la direction et les repUs, et que plu-
sieurs de leurs parties demeurent souvent à un état ligamenteux.
Nous verrons dans la suite les variétés que l’appareil hyoïdien
éprouve dans les batraciens, et comment ces variétés nous condui-
sent à expliquer sa composition dans les poissons.
(i) C’est une preuve , entre plusieurs autres , qu’il est inutile de supposer une fusion de
l’os styloïde avec Tos tympanique pour former l’os carré.
DES LÉZARDS.
283
Article V.
Des vertèbres et des côtes.
L étude des vertèbres dans les lézards nous est fort nécessaire
pour reconnoître ces os parmi les fossiles où on en trouve un assez
grand nombre de cette famille.
On doit considérer leurs divisions , leur nombre , leur forme et
leur composition.
L’atlas du monitor, pl. XVII, fig. 9 à 12 (i), est un anneau
composé de trois pièces; deux supérieures, unies l’une à l’autre à
la partie dorsale, échancrées en avant et en arrière pour les nerfs, et
une inférieure.
La face antérieure de l’axis, ou plutôt de sa pièce analogue à l’o-
dontoïde, pénétré dans 1 anneau de l’atlas et remplit à peu près moitié
de sa largeur, laissant toutefois en avant un® concavité pour le con-
dyle de la tête. En dessous, sur la jonction de l’atlas, de l’odontoïde
et du corps de l’axis, est une pièce triangulaire qui donne un crochet
pointu dirigé en arrière.
L’axis, fig. i3 à 16, est comprimé; sa partie annulaire est en des-
sus en forme de crête longitudinale, aiguë; ses facettes articulaires
antérieures ont leur plan tourné en dehors; les postérieures les ont
en dessous ; le corps se termine en une convexité transversale de la
forme d un rein 5 à chacune de ses faces latérales est une petite crête
peu saillante qui a, vers son tiers antérieur, une petite pointe; en
dessous, il y a une crête sous la partie postérieure, laquelle s’élargit
en arrière.
Les sutures qui distinguent la partie annulaire du corps s’effacent
(0 Dans toutes les fîgu-es de vertèbres de cette pl. XVII, le premier numéro de
Çl'acune représente la face latérale ; le second , la face antérieure ; le troisième , la face
'nférieure ; et le quatrième , la face postérieure.
36^
284 OSTÉOLOGIE
assez promptement; mais on voit long-temps une petite épiphyse à
la pointe postérieure de chacune des deux crêtes.
Les cinq vertèbres suivantes ressemblent à l’axis, excepté qu’elles
n’ont pas d’odontoïde, mais que leur face antérieure a une concavité
proportionnée à la convexité de la vertèbre précédente , que leur
crête dorsale s’élève et devient moins longue , et que les pointes de
leurs arêtes latérales s agrandissent un peu et présentent une facette
convexe qui porte la cote cervicale.
La crete inférieure y subsiste , et c’est ce qui les distingue des ver-
tèbres dorsales dont le corps est uni en dessous, excepté toutefois
les trois premières, <jui ont encore chacune un tubercule de plus en
plus petit. A la pointe de ces crêtes est une épiphyse qui, dans d’autres
sous-genres, formera la crête à elle seule.
Les fig. 17 à 20 représentent la troisième cervicale.
Les dorsales, fig. 21 à 24, d après la deuxième, ont toujours
une crête doisale carrée, une face antérieure concave et une posté-
rieure convexe, toutes deux eu forme de rein, des apophyses articu-
laires horizontales, la postérieure regardant en dessous, l’antérieure
en dessus; et de chaque côté sous l’antérieure, pour toute apophyse
transverse, un tubercule en ovale vertical pour porter la cote.
On compte vingt-deux de ces vertèbres et aucmres lombaires, car
il y a des cotes depuis le col jusqu’au bassin, au nombre de vingt-
sept paires en comptant les cinq cervicales; mais les premières et les
dernières de ces côtes sont fort petites.
La première paire est attachée à la troisième cervicale.
Les cinq premières ne vont pas s’unir au sternum par des carti-
lages, et c est rneme cette circonstance que nous prenons pour carac-
tériseï les vertebres cervicales, ce qui, en y joignant l’atlas et l’axis
qui n ont pas de cotes , porte leur nombre à sept comme dans les
crocodiles et presque tous les mammifères.
Les trois premières côtes dorsales s’attachent seules au sternum ;
les dix-sept suivantes sont de fausses côtes.
L absence totale des vertèbres lombaires me paroît une règle
générale dans cette famille des lézards.
285
DES LÉZARDS.
Il n y a que deux, vertèbres sacrées dans le monitor.
La première, fig. a5 à 28, a, au lieu d’un petit tubercule, une
grosse apophyse renflée encore en dehors, et présentant à l’os des
îles une face articulaire échancrée en arrière et en forme de fer à
cheval.
La seconde a aussi une grande apophyse, mais simplement élargie
et aplatie horizontalement.
Les vertèbres caudales, fig. 29 à 3a, d’après Ja huitième, sont
très-nombreuses, soixante-dix, quatre-vingt et plusj on les recon-
noît aisément à ce que leurs apophyses épineuses et transverses sont
longues et étroites, et leurs apophyses articulaires presque verticales 5
l’antérieure regardant en dedans, la postérieure en dehors j et en ce
quelles ont à leur face inférieure, vers l’arrière, deux petits tuber-
cules pour porter l’os en chevron , qui est pour elles comme une
apophyse épineuse inférieure.
Ces deux petits tubercules y sont placés plus en avant que dans
les autres sous-genres, car dans ceux-ci ils touchent à l’articulation
posteneure tellement que l’os en chevron paroit s’y attacher aux
deux vertèbres.
Du reste, ces vertèbres caudales de monitor ont toutes, comme
les précédentes , la face antérieure concave et la postérieure con-
vexe.
Je n ai pas besoin de dire qu’elles vont en diminuant à mesiu’e
qu elles approchent de l’extrémité de la queue, et que toutes leurs
proéminences finissent par s’y réduire presque h rien.
Je VOIS dans le sauvegarde d’Amérique les crêtes inférieures des
vertebres cervicales se montrer comme des épiphyses ou même des
osselets particuliers attachés sur l’articulation des deux vertèbres,
mais qui finissent par se souder à l’antérieure.
Les vertèbres cervicales, déterminées par les fausses côtes anté-
rieures, sont au nombre de huit, c’est-à-dire qu’il y a six paires de
ces fausses côtes, et ce nombre se retrouve dans beaucoup d’autres
sous-genres, notamment dans les iguanes, les basilics, les lézards,
CS geckos, les anolis, les agames, les stellions.
286 OSTÉOLOGIE
11 faut avouer cependant que les deux et quelquefois les trois der-
nières, bien qu’elles n aillent pas jusqu’au sternum, sont placées
sous l’épaule et concourent à la formation du thorax.
Ain^ on pourra , si l’on veut, mettre les vertèbres qui les portent
au nombre des dorsales, ce qui réduira à cinq le nombre des vertè-
bres appartenant vraiment au cou ; il suffira de s’entendre.
Dans les lézards ordinaires, les scinques, et un peu dans les anolis
et les geckos, les côtes cervicales attachées aux vertèbres quatrième,
cinquième et sixième , sont singulièrement comprimées et élargies à
leur extrémité libre.
Jjes différences qni caractérisent les vertèbres des divers sous-
genres , indépendamment de celle que nous avons déjà remarquée
sur la position des tubercules des caudales pour les os en chevron,
consistent surtout dans la longueur et la grosseur respective de leurs
corps, la longueur et la largeur respective de leurs apophyses. Nous
serions obliges d entrer dans des détails infinis si nous voulions les
spécifier toutes.
Nous nous bornerons à consigner ici celles des grandes espèces
qui importent davantage à notre étude des fossiles , et que nous al-
lons comparer au monitor.
iguane a les apophyses épineuses de ses dorsales moins hautes
et coupées plus obliquement.
Les corps de ses vertèbres caudales sont plus allongés, en sorte
qu’avec un moindre nombre elles forment une plus grande longueur.
Leurs apophyses épineuses décroissent plus rapidement.
Les basihcs ont a peu près les caractères des iguanes , mais leurs
apophyses epineuses dorsales sont hautes et étroites, ainsi que celles
d’une partie de leur queue.
Les agames ont aussi les apophyses épineuses du dos hautes,
droites et étroites; mais les stellions les ont basses ; les lézards les
ont assez hautes, mais un peu obliquement dirigées en arrière, etc.
Une remarque qui nous paroît avoir un grand intérêt , c’est qu’une
grande partie des vertèbres caudales des lézards ordinaires sont di-
visées verticalement dans leurmilieucn deux portions qui se séparent
DES LÉZARDS. 28^
fort aisément, plus aisément même de beaucoup que ne feroient
deux vertèbres à l’endroit de leur articulation, par la raison très-
simple que cette articulation est compliquée et formée par plusieurs
apophyses, et raffermie par des ligamens, tandis que la solution de
continuité dont nous parlons n’est retenue que par le périoste et les
tendons envîronnans.
G est probablement à cause de cette particularité (très -peu
d’accord avec aucun système sur la correspondance dans le nombre
des pièces osseuses) que la queue des lézards se rompt si faci-
lement.
Nous l’avons aussi observée dans les iguanes, les anolis, et l’on en
trouvera probablement des vestiges dans toutes les espèces où cette
rupture est commune.
Chacun sait que la queue repousse après avoir été rompue, mais
ni son squelette ni ses tégumens ne sont alors les mêmes qu’avant la
rupture. Les écailles de la peau sont généralement petites jsans arêtes,
sans épines, quoiqu’elles aient eu les qualités contraires dans la queue
primitive j et à l’intérieur il n’y a, au lieu de nonxbreuses vertèbres
avec tout leur appareil d’apophyses et de ligamens, qu’un long cône
cartilagineux tout d’une pièce , qui ne présente que des rides annu-
laires nombreuses , mais peu saillantes.
Ce seroit une belle recherche physiologique que d’examiner dans
tous ses détails ce curieux phénomène.
Les cotes des lézards sont grêles , rondes , et les antérieures seu-
lement ont la tête costale un peu grossie et comprimée. Je ne leur
ai jamais vu de division à leur extrémité supérieure en tête et en
tubercule.
Les antérieures des monitors sont un peu plus élargies dans le haut
goe celles des autres.
Au lieu de ces côtes simplement ventrales qu’on observe dans le
•crocodile , plusieurs sous-genres , et surtout les marbrés , les anolis
les caméléons, après les côtes qui s’unissent au sternum, en ont
288 OSTÉOLOGIE
d’autres qui s’unissent mutuellement à leur correspondante , et en-
tourent ainsi l’abdomen par des cercles entiers.
• Il y a long-temps que j’ai fait remarquer que cette singularité
paroît propre aux sous-genres qui changent de couleur.
NOMBRE DES YERTÉBRES
NOMS DES ESPÈCES.
CERVICALES
-
saos fausses
côtes.
avec fausses
côtes.
Monitor du K il
6
3
6
I
— de la Nouvelle-Hollande.
6
2
— piqueté de blanc
6
2
Espèce indéterminée
7
2
Sauvegarde d’ Amérique . • . ,
3
5
— à traits noirs,.
3
5
4
4
Lézard vert ocellé
2
6
— de Fontainebleau
2
6
— gris • • . .
2
6
Le cordjle
2
6
Le stellion
4
4
4
4
4
4
Le dragon
5
3
Iguane ordinaire
4
4
— ardoisé
4
4
Marbré de la Guyane
4
4
Grand anolis noir bleuâtre . .
4
4
Gecko à goutelettes
2
6
Caméléon d’Egypte
3
2
— à casque plat du Sénégal .
3
2
Le scinque du Levant
3
5
. — doré
3
5
Grand scinque de la Nou-
velle-Hollande
1 3
5
DORSALES.
LOHBAIRÈS.
SACRÉES.
CAUDALES.
3o
0
2
83
22
0
2
• 117
22 '
0
2
65
incompl.
21
0
2
20
0
2
lOI
l6
I
2
26
environ la
moitié d’une
seule pièce.
17
1
2
27
idem.
»7
1
2
70
environ.
>9
0
2
55
environ.
20 .
0
2
53
environ.
20
0
2
26
incomplète.
16
0
2
28
16
0
3
27
incompl.
i5
0
2
28
incompl.
24
moitié d’une
seule pièce.
16
0
2
41
i6
0
2
24
incomplète.
16
0
2
55
environ.
î9
0
2
75
16
0
2
i6
Incomplète.
18
0
2
3o
environ.
2
2
68
i5
2
2
54
21
0
2
5i
incomplète.
18
0
2
20
incompl.
39
0
. 2
29
DES LEZARDS.
Article VI.
Du sternum et de V épaule.
289
Le sternum des lézards veut être décrit avec leur épaule qui forme
avec lut une espece de cuirasse pour le cœur et les gros vaisseaux.
est plus compliqué que dans les crocodiles, et formé sur un plan
assez différent de celui des tortues.
I un os long, étroit, déprimé, a,
P . A. V 11, hg,^ 83 a 37 , qui antérieurement donne deux branches dirigées
e c aque coté, plus ou moins récurrentes selon les espèces, et entre
esquelles sa pointe passe quelquefois pour se porter plus en avant
rtilal"u";e 1
rvant ri ’ ' “ entour rhomboïdal, qui a deux côtés en
division I *** j" “'■ <1“* souvent montre des traces d’une
division longitudinale en deux moitiés.
es cotes antérieurs se continuent avec les bords de la partie an-
terieure e 1 os, mais en s’écartant à droite et à gauche. Ils s’ossifient
quelquefois, particulièrement leur bord, qui a une rainure, pour
ODuer appui comme une mortaise au bord sternal de l’os clavi-
culaire.
Les côtés postérieurs du cartilage rhomboïdal servent à l’insertion
des tausses côtes.
antÎrLmes défi' «du bien différent du crocodile que les branches
rèchëTlne c ‘1’“ T, d’une
tlecne ou d une croix , suivant les especes.
Une différence plus considérable consiste dans le développement
que prend 1 os coracoïdien, et dans la présence constante d une cla-
vicule plus ou moins grande.
L’os coracoïdien, c, comme dans les crocodiles, les tortues et tous
és animaux qui ont un vrai bras, concourt à la formation de la fosse
U cno.de et le. .1 en donne à peu près la moitié. S’élargissant plus
T. V, ae. P. 3^
/
290 OSTÈOLOGIE
que la partie osseuse de l’omoplate, il vient s’articuler au bord du
rhomboïde sternal par un large bord qui prend la forme d’un fer de
hache; mais ce qui lui est tout particulier, c’est de donner une ou
deux apophyses, d et c", au moyen desquelles il porte un grand arc
cartilagineux , d, qui passe sur l’os grêle et avancé du sternum, et s’y
croise avec celui de l’os coracoïdien de l’autre côté. Il faut remar-
quer que dans ce croisement singulier que nous verrons se repro-
duire jusqu’aux derniers batraciens , c’est généralement le cartilage
du côté droit qui passe sur celui du côté gauche.
11 y a toujours un petit trou pour les vaisseaux, percé au col de
l’os entre ses apophyses et sa facette glénoïde.
De plus les apophyses qui vont se joindre au demi-cercle ou disque
cartilagineux laissent entre elles une ou deux ouvertures ovales, qui
entament même le demi-cercle, et qui ne sont fermées que par une
membrane.
Ce demi-cercle cartilagineux prend avec l’âge de la consistance et
de la dureté, mais non pas celle des autres os. Il se durcit par l’ac-
cumulation de petits grains calcaires , comme font les os des poissons
chondi’optérygiens.
C’est lui que l’on a comparé à la pièce osseuse qui adhère à l’os
coracoïdien de l’ornithorhynque et de l’échidné; et en effet, cette
pièce que nous avons marquée rn sur les pl. X-III , fig. i3, et X.lV^,
fig. 5 de la i^e. partie de ce cinquième volume, est placée comme ce
cartilage, et se croise de même avec son opposée sur le premier os
du sternum, lequel est aussi en forme de T; mais il manque à cet
appareil les grands vides membraneux qui l’échancrent dans les
lézards.
L omoplate , e, donne l’autre partie de la facette glénoïde; elle se
porte contme a 1 ordinaire en s’élargissant sur le côté du thorax et
vers le dos; et dans le tiers ou le milieu de sa longueur à peu près,
sa partie osseuse se termine tout d’un coup, et elle se continue en
une portion ,jf, cartilagineuse ou qui, lorsqu’elle s’ossifie, comme
il lui arrive souvent, le fait d’une autre manière et présente un
autre grain, comme le cartilage adhérent h l’os coracoïdien. Dans ce
DES LÉZARDS. 291
0
cas d’ossification , l’onaoplate est constamment divisée en deux os.
La clavicule,^, s’appuie d’une part contre 1 os grêle du sternum ou
contre sa branche latérale, et souvent aussi elle touche à la clavicule
opposée; de l’autre part elle va appuyer contre le bord antérieur de
l’omoplate, soit de sa portion osseuse, soit de celle qui demeure
plus long-temps cartilagineuse , et qui souvent donne un tubercule
ou une petite crête pour la recevoir.
Quelquefois l’omoplate osseuse donne aussi une apophyse qui va
soutenir le corps de la clavicule , mais c’est tout ce qu’elle a qui res-
semble un peu à un acromion. Le tubercule de la partie cartilagi-
neuse y ressemble bien davantage.
La structure que je viens de décrire est générale et commune a
tous les lézards. On voit quelle ne diffère guère de celle des croco-
diles que par la présence d’une clavicule et de cet appendice Carti-
lagineux qui élargit l’os coracoïdien.
L’os en forme de T ou de flèche peut aussi à la rigueur être com-
paré à 1 os impair du plastron des tortues qui prend quelquefois cette
forme, et il ne manquera pas de personnes qui penseront que les
deux premières pièces paires de ce même plastron sont les représen-
tans des clavicules; les secondes, des appendices cartilagineux des
coracoïdiens ; les troisièmes, de la pièce rhomboïdale qui, dans les
lézards même, offre souvent un sillon longitudinal , indice d’une divi-
sion ; enfin les quatrièmes des appendices qui portent quelquefois les
deux derniers cartilages des côtes. Ces rapprochemens ri’ont jamais
rien de bien difficile, quand on néglige tous les rapports avec les
parties molles.
Les différences qu offrent à cet égard les divers sous-genres sont
de peu d’importance.
Dans les monitors , fig. 33, l’os impair a un peu la forme d’une
arbalète ; ses branches sont longues ; la clavicule est grêle et ne vient
point toucher son opposée ; il y a deux ouvertures ovales entre l’os
coracoïdien et son cartilage ; le cartilage rhomboïdal est sensible-
ïnent divisé par une suture longitudinale.
Les cartilages des deux troisièmes côtes partent de sa pointe pos-
37-
292 OSTÉOLOGIE N
térieure. Ceux des premières et des secondes, de chacun de ses cô-
tés (r).
Dans les sawegm^des , l’os grêle ressemble à une flèche; ses bran-
ches sont courtes; les clavicules sont larges et fortes; elles se tou-
chent l’une l’autre par leur bord interne , où elles ont un espace ovale
simplement membraneux ; de leur autre extrémité elles s’appuient
sur un angle saillant de 1 omoplate, cjui porte aussi sur elles, de la
partie de son bord plus voisine du col que cet angle, une apophyse
particulière, et comme l’os coracoïdien donne lui-même trois apo-
physes pour porter son apophyse cartilagineuse, il y a dans cette partie
de la cuirasse pectorale trois espaces membraneux.
Le cartilage rhomboïdal porte deux cartilages de côtes à chacun
de ses bords, et son angle postérieur porte les quatre suivans, qui
marchent d’abord en arrière collés les uns contre les autres.
Dans les lézards proprement dits , fig. 35 et 36 (d’après le lézard
veit de Fontainebleau), 1 os coracoïdien n’a que deux apophyses
et ne forme qu’un espace membraneux avec son cartilage; les
clavicules sont larges, et tantôt percées en avant d’un espace mem-
braneux, tantôt simplement échancrées ; elles se touchent l’une
l’autre au-devant de l’os impair, qui a la forme d’une croix , et dont
les branches vont toucher de leur extrémité un angle saillant du bord
postérieur de ces clavicules. Le disque rhomboïdal est percé dans son
milieu, porte de chaque côté trois cartilages de côtes et à sa pointe
deux que l’on pourroit appeler ses appendices, car chacun d’eux
après s’être bifurqué, porte un quatrième et un cinquième cartilages
de côtes (2).
Dans \q?> iguanes , fig. 34, 1 osimpair est comme dans le sauvegarde ;
(1) M. Geoffrojr a bien représenté l’appareil sterno-huméral du monilor , dans sa Philo-
sophie analoniique , pl. II , fig. 20 , si ce n’est qu’il établit à la naissance de la troisième
paire de cartilages des cotes , une brisure qui n’y existe pas naturellement , ce qui lui fait
compter deux pièces , P , P , de plus qu’il ne s’en trouve.
(2) M. Geoffroy, Philos, anat. , pl. H ^ fig , représente l’appareil sterno-huméral du
grand lézard ocellé , mais n’y donne point l’appendice cartilagineux de l’os coracoïdien , ni
le cinquième cartilage qui s’attache à la branche interne de l’appendice.
DES LEZARDS. ^^3
la clavicule n’est point percée, et il y a jusqu’à quati’e‘ espaces vides
dans la cuirasse scapulaire, attendu que l’apophyse de l’omoplate est
assez longue pour en laisser encore un entre elle et l’endroit où la
clavicule touche à son bord. Le cartilage de l’omoplate est dentelé
du cote de 1 epine ; le disque rhomboïdal porte quatre cartilages de
cotes de chaque coté, et son angle postérieur se bifurque j et chaque
bx*auche se divise encore en deux cartilages de côtes.
Les s’éloignent peu des iguanes. Leur os impair est en
forme de flèche j ses branches s’écartent un peu en arrière des clavi-
cules qui né touchent que sa pointe; le disque rhomboïdal est percé
dans son milieu de deux grands espaces membraneux ovales; sa
pointe postérieure est tronquée, et chacun de ses côtés porte quatre
cartilages de côtes.
Il en est à peu près de même dans les agames. Les espaces mem-
braneux y sont seulement plus petits, et les branches de la flèche
plus courtes. La pointe postérieure du disque rhomboïdal se prolonge
en deux longues tiges greles, qui portent chacune deux cartilages de
cotes. Les bords du disque lui-même en portent deux autres.
Dans les anolis , ces tiges en portent chacune trois; en suite de
quoi les cartilages des côtes d’un côté s’unissent à ceux de l’autre, et
entourent ainsi l’abdomen de cercles continus.
Les geckos se rapprochent des sauvegardes. Leur clavicule est
large et n a qu un petit trou au lieu d’espace membraneux. 11 y a
deux de ces espaces à leur os coracoïdien, et leur os impair, au lieu
d être grêle et d avoir ses branches comme celles d’une flèche ou
d’une croix , est lui-même de figure rhomboïdale.
Le disque rhomboïdal n’est point percé; il porte de chaque côté
trois cartilages de côtes; de sa pointe postérieure naissent deux tiges
qui en portent chacune un, et s’unissent ensuite en une seule qui en
porte trois.
Les scinques, fig. 87, ont, comme les lézards, l’os impair en forme de
^^oix, les clavicules larges et percées; il n y a qu’un espace membra-
à leur os coracoïdien ; leur disque rhomboïdal est sans ouver-
^ure; il porte trois cartilages de chaque côté; les tiges qui tiennent à
294 OSTÉOLOGIE
sa pointe post'érieure portent chacune un cartilage de côte, et s’unis-
sent ensuite en un point auquel viennent se joindre de chaque côté
deux autres cartilages.
Cet appareil sterno-huméral diminue de volume et de consistance
dans \Qsseps, les bimanes, etc. ; mais il en reste des parties jusque
dans les ophisaures et les on>ets qui n’ont plus de bras. On leur
trouve encore sous la peau une clavicule grêle , une omoplate et un
os coracoïdien avec deux espaces membraneux, enfin un reste du
disque cartilagineux rhomboïdal, mais plus large que long et tout-à-
l’ait privé de sa partie postérieure.
Le caméléon, fig. v38, revient à une simplicité égale à celle du
crocodile; il n’a ni clavicule ni même d’os impair saillant en avant,
mais seulement le disque cartilagineux et rhomboïdal. Les os cora-
coïdiens fort élargis, mais sans espaces membraneux, s’enchâssent
dans la rainure de ses bords, et se touchent l’im l’autre en avant de
son angle antérieur.
Ses bords postérieurs portent quatre cartilages de côtes et son
angle postérieur un,
Article VII.
Du bassin.
Le bassin des lézards, fig. 3g et 4o (d’après le monitor), est
composé de trois os qui concourent , comme dans les quadrupèdes
vivipares, à la composition de la fosse cotyloide. Cette fosse est peu
profonde. L os des îles , a, en prend la moitié supérieure ; son col
est large et court; sa partie spinale, au lieu de se diriger en avant
comme dans les vivipares, ou de s’arrondir comme dans le crocodile,
se porte obliquement en arrière en forme de bande étroite, et il n’a
en avant qu’une petite pointe.
Le pubis, b, et l’ischion, c, s’unissent chacun à son opposé dans
la ligne moyenne inférieure , mais le pubis ne s’y joint pas à l’ischion ,
et les deux trous ovalaires ne sont séparés que par un ligament.
DES LÉZARDS. 295
Leur col est large , court et plat. Celui du pubis est percé d’un
trou assez grand , et son bord antérieur produit une pointe qui se
recourbe en bas et en dehors.
Les bassins des divers sous-genres se distinguent surtout par la
symphyse du pubis qui se fait par une troncature assez large dans les
monitors, et meme un peu dans les sauvegardes, et seulement par
une pointe étroite dans la plupart des autres.
Celle de l’ischion se fait toujours par une large troncature.
Le caméléon, fig. 41 et 41 ^ diffère de tous les autres par son os
des îles étroit, qui va perpendiculairement, en s’élargissant un peu,
s attacher à l’épine. Cet os des îles se distingue encore par un carti-
lage triangulaire , cû , analogue à celui de l’omoplate qu’il porte à
sa partie supérieure.
La symphyse de son pubis se fait par une troncature, et il n’a pas
de pointe latérale.
Il subsiste des vestiges du bassin dans Yophùaure et dans Vojvet,
qui consistent dans un petit os des îles avec un petit vestige d’ischion,
mais sans symphyse; s’il y en a dans le èzmane, ils m’ont entièrement
échappé.
Article VIII.
Des os longs de V extrémité.
U humérus des lézards, fig*. 42, a de grands rapports de forme
avec celui des oiseaux.
Sa tête supérieure, fig. 43, est de même comprimée pour ré-
pondre à la fossette en portion de cylindre creux que lui présentent
en commun l’omoplate et l’os coracoïdien.
Sa poulie inférieure , fig. 44 , est formée de même de deux portions
saillantes de roue arrondies en tout sens, dont l’externe remonte da-
'’antage.
Le condyle interne y saille aussi beaucoup plus que l’externe, la
^rete deltoïdale y produit un angle plus saillant en avant, et la tubé-
2(j6 ostéologie
rosité postérieure y est moins crochue. Sous ces deux derniers rap-
ports, il ressemble davantage h celui du crocodile, mais il a en gé-
néral toutes les faces articulaires bien mieux prononcées.
Au reste, on distingue toujours l’humérus d’un lézard de celui
d’un oiseau , parce que le premier n’est pas creux ni percé de trous
pour l’entrée de l’air dans son intérieur.
Le cubitus des lézards, a, fîg. 45, est comprimé, tranchant par son
bord radial. Sa facette sygmoïde est ovale; son olécrane peu saillant;
sa tête carpienne ovale et uniformément convexe.
Leur radius , b , ib., est mince; sa tête supérieure ovale concave;
finférieure , un peu renflée , présente au premier os du carpe un tu-
bercule arrondi et une fossette en forme de croissant.
he fémur des lézards, fig. 46 et 47 , par sa partie supérieure, res-
semble a celui du crocodile beaucoup plus qu’à celui des oiseaux , ce
qui tient à la direction du pied des reptiles.
Sa tete supérieure, fig. 48, est comprimée et courbée en avant,
et a son trochanter à la face du côté tibial ; mais cette face, moyennant
la direction dont je parle, se trouve presque toujours tournée en
dessous. Ce trochanter est placé plus près de la tête que dans le
crocodile, beaucoup plus saillant et de forme comprimée.
La tete inferieure, fig, 49, ressemble au contraire beaucoup à
celle des oiseaux, surtout par le petit creux dont elle est sillonnée
au côté péronien pour la tête du péroné.
La rotule est très-petite, souvent à peine visible.
La jambe, fig. 5o, est toujours composée de deux os, dont le
tibia, est le plus gros. Il a, comme à l’ordinaire, sa tête supé-
rieure en triangle; 1 inférieure est transversalement oblongue, plane.
Le péroné des monitors, b, ib., est aplati et élargi dans le bas,
où il s’unit au tarse par une ligne étroite.
Dans les iguanes et la plupart des autres genres, il est à peu près
d une venue, grêle, à tête supérieure comprimée, l’inférieure demi-
ovale et un peu oblique.
DES LÉZARDS.
297
Article IX.
Des os des mains et des pieds.
Le carpe des lézards, fig. 45 , se compose de neuf os comme celui
des toi tues, et sa composition peut également se comparer à celle
des singes.
Au premier rang se trouve un os radial, c, un cubital, d , assez
grands, et un pisiforme , collé contre le bas du cubitus 5 au rang
inférieur, cinq petits disposés sur une courbe et répondant aux cinq
métatarsiens, et un neuvième, e, placé entre les deux grands du
premier rang, le premier, le second, le troisième et le quatrième du
•second rang.
Les métacarpiens du pouce , i , et du petit doigt , 5 , sont un peu
plus courts que les trois mitoyens.
Les nombres des phalanges sont deux au pouce, trois à l’index,
quatre au médius, cinq à l’annulaire et trois au petit doigt, ce qui,
au total, ne donne cependant qu’une main assez arrondie.
Le tarse des lézards, fig. 5o, n’a que quatre os comme celui du
crocodile. Au premier rang il y en a deux : i». un tibial, a!, qui s’é-
tend aussi en partie sous le péroné et lui donne une facette j il est
irrégulièrement rectangulaire , plus large que long, un peu concave
a sa face antérieure, épais au bord interne, et y offrant, par son
profil, quelque rapport avec l’astragale d’un ruminant. 20. Un péro-
nien, b ^ plus petit, s unissant bientôt en une seule pièce au précé-
dent, avec lequel il est sur le même plan. Au second rang il y en a
également deux; un plus grand, c, triangulaire à sa face antérieure,
plus gros en arrière où il s’articule avec les deux du premier rang,
et portant les métatarsiens du quatrième et du cinquième doigt; un
second, d, plus petit, placé entre le précédent et les métatarsiens
du troisième et du deuxieme doigt. Ce dernier touche aussi un peu
1 astragale qui porte seul le métatarsien du pouce.
T. Y, 2e. P.
38
298 OSTÊOLOGIE
Les quatre premiers métatarsiens sont grêles et à peu près droits.
Ils vont en s’allongeant jusqu’au quatrième. Le cinquième est court,
élargi et recourbé de sa tête supérieure vers le grand os du second
rang , auquel il s’articule par le coté.
Le pouce a deux phalanges; le deuxième doigt, trois j le troisième,
quatre ; le quatrième, cinq. G est celui-ci qui est le plus long, et qui
donne au pied celte forme allongée et inégalé qui le caractérise dans
les lézards. Le cinquième, presque aussi court que le pouce , en a
quatre comme le troisième.
11 faut observer que dans la position ordinaire où ces animaux
tiennent leur pied de derrière , les doigts dirigés en arrière, c’est le
tibia et le pouce qui sont au bord externe et le petit doigt à l’interne.
Les phalanges ongueales de tous les pieds sont tranchantes, ar-
quées et pointues.
Cette description, à quelques différences près dans les proportions,
convient a tous les sous-genres qui ont les pieds développés, exceptés
les seuls caméléons et quelques particularités relatives à certains
doigts dans quelques geckos; et même dans le caméléon, c’est la
proportion des os du carpe et du tarse qui diffère plutôt que leur
nombre et leur arrangement. Les cinq os du dernier rang du carpe,
fig. 5i , sont plus grands, oblongs au lieu d’être aplatis. Vu l’état de
pronation et de toi’sion où se trouve le pied, le pisiforme est collé
le long du côté interne du cubitus, et entre lui et le radius; l’os cu-
bital, d, et le radial, c, sont petits; le central, e, est le plus grand
de tous, et celui autour duquel sont rangés en rayons les cinq os du
dernier rang, qui sont plus longs que dans les lézards, à ce que je
crois, parce qu ils compiennent aussi les os du métacarpe ou qu’ils
leur sont soudes; en effet, si 1 on vouloit compter des métacarpiens
sépai’és, il se trouveroit à chaque doigt une phalange de moins.
I.eurs nombres seroient i , 2 , 3 , 3 , 3 ; mais il y a tout lieu de croire
que ce qui pom rort être pris au premier coup d’œil pour des os de
métacarpe sont îles premières phalanges : ainsi les vrais nombres
seront 2 , 3, 4? 4> Chacun sait que dans l’animal entier le jiouce,
l’index et le médius sont réunis par la peau jusqu’aux ongles en un
DES LÉZARDS. 299
seul groupe dirigé en dedans; Tannulaire et le petit doigt en un autre
dirigé en dehors.
Dans le tarse du caméléon, fig. , l’os tibial, a! , et le péronien,
^ J sont egalement très-petits, et l’os du centre, d, qui s’articule avec
tous deux, est en forme de sphère et sert de pivot aux mouvemens
du pied. Il en porte un autre, c, au côté externe, et le reste de son
pourtour est occupe par les cinq métatarsiens, dont la forme courte,
étranglée au milieu, est la même que celle des os que j’ai crus formés
à la main par l’union des os du dernier rang du carpe et de ceux du
métacarpe.
Ainsi , le pouce a deux phalanges ; le premier doigt , trois ; le
deuxième et le troisième, quatre; le cinquième, trois. Ce sont les
mêmes nombres qu’à la main.
On sait qu ils sont groupés dans l’animal entier d’une manière in-
verse : le pouce et le premier doigt ensemble et dirigés en dedans;
les trois autres ensemble et dirigés en dehors. Aristote avoit déjà
fait cette observation singulière.
38 *
3oo
SAURIENS
SECTION IL
Des Os sem en s fossiles de S au riens.
Article premier.
Des Sauriens du genre des monîtors qui se trowent dans les
schistes pyriteux de la Thunnge et d’autres contrées de
ï Allemagne.
Dans presque toutes les parties de la Thuringe et du Koigtland,
dans les portions limitrophes de la Hesse , et jusqu’en Franconie et
en Bauière , règne une couche de schiste marneux et bitumineux ,
que M. TVerner regarde comme la plus basse de ce qu’il nomme
première formation du calcaire secondaire, et qui se trouvant
presque toujours parsemée de grains de pyrite cuivreuse contenant
argent, est exploitée en plusieurs endroits pour ces deux métaux,
quoiqu’elle en soit assez pauvre; car M. Rarsten m’écrivoit qu’elle
donne h peine deux pour cent de cuivre. Elle n’est pas non plus fort
puissante, car elle a rarement plus de deux pieds d’épaisseur; sou-
vent elle ne passe point un ou deux pouces, et les ouvriers sont
obligés d’y travailler couches, afin de ne point enlever plus de pierre
qu’il n’est nécessaire. Cependant on ne laisse pas que d’eu tirer un
revenu considérable. Les mines de Rothenburg , dans le pays de
Halle, par exemple, produisent, année commune, 5ooo quintaux
de cuivre dont on extrait 3 à 4ooo marcs d’argent. Celles de Hek-
stedt, d’Eisleben, de Mansfeld, de Burgorner en Thuringe, deRie-
gelsdorf en Hesse , de Munsteroppel dans le pays de Cologne , de
Weissbach en Franconie , etc. , fournissent sans doute aussi des
quantités suffisantes de ces deux métaux pour rendre leur exploita-
tion profitable.
FOSSILES.
3oi
On peut consulter au sujet de cette couche si intéressante l’ou-
vrage spécial où M. Freyesleberi en a fait l’histoire (i).
M. de Humboldt en a traité plus nouvellement dans son ouvrage
sur le gisement des roches, ét l’a retrouvée dans plusieurs contrées
de l’Amérique.
Elle repose sur un grès rouge qui contient de la houille en divers
endroits, et que les mineurs ont nommé das todte liegende , ou la
couche morte, parce qu’il ne donne point de cuivre.
Au-dessus du schiste cuivreux sont des couches calcaires désignées
dans le pays sous le nom de zech'Stein , et par les géologistes actuels
sous celui de calcaire alpin , qui contiennent les coquilles et zoo-
phytes les plus anciens, tels que bélemnites, entroques, auoinies et
autres. Le gypse, accompagné de sel-gemme, surmonte ce calcaire,
et est surmonté à son tour par des grès que recouvre une seconde
sorte de gypse dépourvu de sel et surmonté par un autre calcaire
analogue à celui du Jura, et dont quelques couches sont creusées
de ces fameuses cavernes remplies d’ossemens d’ours et d’autres
carnassiers dont nous avons parlé ailleurs.
Ainsi cette couche de schiste bitumineux est des plus anciennes
parmi celles qui contiennent des débris de corps organisés.
C’est d’entre ses feuillets que l’on retire cette foule de poissons
fossiles qui ont rendu les cantons de Mansfeld, d’Eisleben, d’Ilme-
nau et d’autres endroits de la Thuringe et du Voigtland, si célèbres
parmi les descripteurs et les collecteurs de pétrifications (2).
Les poissons s’y tiouvent comprimés comme dans tous les schistes
qui en recèlent, et ce sont eux surtout qui sont pyritifiés, ce qui
sans doute en a déjà fait détmiire un grand nombre de très-curieux.
L’opinion générale est que ce sont des poissons’ d’eau douce, et
tout extraordinaire qu’il puisse paroître de voir des productions
d’eau douce recouvertes par des masses immenses des productions
(1) Geognostischer Bejrtrag zur Kentniss des Kupfer-Schiefer Gebirgs , etc. , 4 vol. iri-8'’.
(2) Voyez surtout le Commentaire de TValch sur les Monuraehs du Déluge de Knorr, ot
*0 Catalogue du cabinet de Davila , par Borné de Lille.
3o2 sauriens
marines les plus anciennes, nous avons tant d’autres preuves, même
dans nos environs, que la mer a plusieurs fois recouvert les conti-
nens, que ce ne seroit pas une raison de mettre cette opinion en
doute.
L’examen que j’ai fait de ces poissons ne prouve précisément ni
pour ni contre cette opinion, car j ai constaté qu’ils appartiennent
à un genre aujourd hui inconnu des ichtyologistes , mais elle prend
de la vraisemblance si 1 on considère que les seuls genres auxquels
on puisse les comparer, ceux des esturgeons et des lépisostées, sont
d’eau douce, et que les quadrupèdes ovipares que je vais décrire
habitent le même séjour. Ces reptiles, il est vrai, ne sont pas des
crocodiles comme on l’a cru; mais ce sont toujours des animaux dont
le genre fréquente les marais et les bords des rivières.
Je n’ai vu par moi-même aucune de ces empreintes de reptiles;
mais j’én ai trouvé trois gravées dans des livres, et mes amis de Berlin
m en ont procuré le dessin d’une quatrième. Ces images, sans me
mettre en état de porter un jugement aussi complet et aussi sûr que
si j’avois eu les pièces même à examiner et à disséquer, me fournis-
sent cependant déjà des données suffisantes pour déterminer le genre
et pour caractériser, jusqu’à un certain point, l’espèce des animaux
qu’elles présentent.
La première est celle que Chrétien-Maximilien Spener, médecin
de Berlin, sur l’invitation du grand Leibnitz, publia, en 1710, dans
les Miscellanea berolinensia , I, fig. 24 et 25, p. comme une
empreinte qu’il supposoit de crocodile, mais avec quelque doute.
Le morceau venoit des mines de Rupfer-Suhl, à trois lieues d’Eise-
nach, et une et demie de Salzungen. Onl’avoittiré de près de cent
pieds de profondeur. Les os étoient en quelque sorte métallisés
comme la plupart des poissons des mêmes couches.
La seconde de ces empreintes, donnée aussi pour celle d’un
crocodile, fit 1 objet d’une lettre de Henri Link, pharmacien de
Leipsick, au célébré géologiste anglais AVoodwardt, imprimée en
17 18, et dont une partie, ainsi que la planche, fut insérée dans les
Acta Eruditorum de la même année, p. 188, pl. II; elle est du
FOSSILES. 3o3
même lieu et sur la même sorte de pierre que la précédente (i).
La troisième est gravée dans le traité de Cupro du fameux Emma-
nuel Swedenborg, pl. II. L’auteur la regarde comme une espèce de
guenon ou de sapajou, -et c’est sous ce titre qu’elle est citée dans la
plupart des traités sur les pétrifications (2) ; elle venoit des mines de
Glücksbrunn près d’Altenstein , dans le pays de Meinungen, où on
l’av oit trouvée en 1733.
Enfin la quatncnjc^ dont je donne aujourcFhm une gravure, a été
retirée, en 1793, des mines de Rothenbourg près de la Saale, dans le
pays de Halle , à deux cent soixante-quatre pieds sous le sol , et est
aujourd’hui dans le cabinet royal de Berlin. J’en dois un beau dessin
à l’amitié du célèbre minéralogiste M. Rarsten, et au talent de l’ha-
bile artiste M. Wachsmann.
Ces quatre morceaux , trouvés dans des couches de même nature ,
présentent certainement aussi des animaux d’une même espèce ,
comme on peut en juger par la ressemblance de forme et de grandeur
de toutes les parties communes, et spécialement de l’épine, de la
queue et d une partie des membres.
On peut donc les employer toutes pour reconstruire un individu
complet, en rattachant au tronc commun les parties isolées dans
chaque morceau.
Spener nous fournit la tête, le pied de devant et presque toute la
queue. Celle-ci se trouve aussi dans Link, avec une extrémité de
derrière, les deux de devant complètes et une bonne partie du tronc.
Swedenborg a les côtes, presque toute la queue , les deux extrémités
de derrière bien complètes, et plusieurs parties de celles de devant.
(i) Kundmann, Rar. Nat. et Art. , p. 77 ; il y en a aussi une copie dans la Physique
sacrée de Scheiichzer, t. I, pl. LII.
(a) Comme d’Avgetmlle, Oryctologie , p. 33i; IV alch , sur Knorr, t. II, sect. II,
P- '5o; Gmelin, Syst. nat. Hn., t. III, p. 387. En effet, meer-kaize (chatde mer) signi-
^3nt en allemand une gue.non ou un sapajou, on a du croire que c’éloit là ce que Sweden-
•"S 'ouloit dire par les TaoX& felis marina; M. de Sœmmerring croit qu’il aura plutôt
•endu le phoca ursina que Miiller a aussi nommé chat de mer ; mais le fossile dont il est
‘lueshon n’est pas plus un phoque qu’un sapajou-, '
3o4 SAURIENS
Enfin ce que le dessin de M. Wachsraann offre de plus important,
c’est l’empreinte d’une portion du bassin.
Ces diverses parties sont plus que suffisantes pour nous éclairer
sur la nature de cet animal.
La forme de sa tête, ses dents toutes aiguës, la grandeur des ver-
tèbres de sa queue montrent déjà suffisamment que c’est un quadru-
pède ovipare 5 sans avoir besoin de ses membres postérieurs qui le
confirment encore mieux.
La tête n’est pas sans ressemblance avec celle du crocodile du
Nil, et Spener, qui ne connoissoit que la figure extérieure du croco-
dile d’après des gravures, est excusable de l’avoir pris pour tel.
M. Faujas lui-même, qui paroît n’avoir connu ni la figure de Link
ni celle de Swedenborg , n auroit peut-être mérité aucun reproclie
s il s etoit borne a voir dans le morceau de Spener un crocodile en
général 5 mais comment a-t-il pu affirmer que c’est un crocodile à
long bec, un véritable GAr^idL {Hist. de la Mont, de Saint-Pierre,
p. 226) ? et redire encore la même chose eu d’autres termes (^Essais
de Géologie iSy).!! est au contraire évident que son museau est
très-court , et diffère plus du gavial que d’aucun autre reptile saurien.
Mais je vais plus loin, et j’affirme que cette tête, gravée par Spener,
indique déjà à elle seule le genre de l’animal. Si c’étoit un crocodile ,
elle auroit au moins quinze dents de chaque côté à la mâchoire in-
férieure, et dix-sept ou dix-huit à la supérieure, lesquelles rCgoe—
roient jusque sous le milieu des orbites; elle n’en a que onze qui
s’arrêtent sous l’angle antérieur de l’orbite; c’est le caractère de l’une
de ces nombreuses espèces qui ont été entassées par Linnæus sous le
nom de lacerta monitor , et distinguées par Daudin , mais sous le
mauvais nom générique de tupinambis.
Ce premier trait une fois saisi, tous les autres le confirment.
Les pieds de derrière, qui sont d’une conservation admirable dans
l’empreinte de Swedenborg, y montrent cinq doigts très-inégaux,
dont le quatrième est le plus long, et qui ont les nombres d’osselets
suivans, en commençant par le pouce et en comptant les os du mé-
tacarpe : 3, 4? 5, 6, 4-
FOSSILES. ' 3q5
On ne peut soupçonner l’auteur d’avoir suppléé à son échantillon
apres ses connoissances d’anatomie , car soit qu’il regardât cet ani-
la comme un singe ou comme un phoque, ces nombres réfutoient
ja son idée 5 une guenon auroit eu 3, 4, 4? 4? 4? et le troisième
oigt auroit ete le plus long; un phoque auroit eu ces mêmes nom-
bres, mjs ses deux plus longs doigts auroient été les deux extrêmes.
Link donne aussi les mêmes proportions et les mêmes nombres,
quoique sa figure ne les exprime pas aussi clairement, parce qu’elle
est rapetissée.
Or, ce nombre et cette proportion des doigts, ce nombre des arti-
culations de chaque doigt sont exactement les mêmes que dans les
monitors, ainsi que dans les lézards ordinaires et les iguanes, mais ne
conviennent nullement aux crocodiles, qui n’ont aux pieds de der-
rière que quatre doigts peu différens en longueur, et dont les nom-
bres sont 3, 4, 5, 4-
Les pieds de devant ne se voient que dans la figure de Link et
lis y sont rendus d’une manière peu nette. On y distingue cependant
c q oigts presejue égaux. Jjes crocodiles ont Lien cinq doigts de-
vant comme les lézards, mais leur petit doigt est sensiblement
moindre à proportion.
Spener conjecture que la longueur de son animal devoit appro-
cher de trois pieds; ceux de Swedenborg et de Link ont à peu près
la même dimension , et c’est à peu près aussi celle qu’atteignent fort
souvent les monitors des espèces les plus ordinaires, tels que celui
de terre et celui de rivière d’Egypte , celui du Congo décrit par
Daudin , ceux des Indes orientales , etc. ; tous animaux encore assez
mal distingues dans les auteurs, mais que j’ai la faculté de voir et de
comparer dans ce Muséum, et dont plusieurs y sont aussi en sque-
lette.
La comparaison peut se suivre sur les os des cuisses, des bras des
jambes et des avant-bras; les vertèbres des queues, telles qu’on les
voit dans les quatre figures avec des apophyses épineuses hautes et
étroites, sont aussi très-semblables à celles des monitors ; en un mot ,
le n’y trouve qu’une ou au plus deux différences spécifiques.
T. V, .0. P.
3o6 SAURIENS
La première sur laquelle toutes les figures s’accordent, c’est que
les apophyses épineuses des vertèbres dorsales sont beaucoup plus
élevées que dans les monitors dont j’ai les squelettes, égalant presque
celles de la queue ; l’autre que je trouve la jambe un peu plus longue
à proportion de la cuisse et du pied.
Mais ces deux différences n’empêchent pas que la détermination
du genre ne soit juste et rigoureuse.
On ne comptera donc plus les animaux de Spener et de Link parmi
les crocodiles, ni celui de Swedenborg parmi les guenons ou les sa-
pajous j mais on les rangera tous parmi les monitors ou tupiiiambis.
Il est probable que l’on doit aussi rapporter à ce chapitre l’em-
preinte que possédoit Rundmann, et dont il s’est borné à faire une
légère mention (i), lui qui a fait graver tant de choses infiniment
moins importantes.
A cette histoire des monitors du schiste cuivreux, je crois devoir
ajouter quelques mots sur les poissons beaucoup plus nombreux dans
les mêmes couches.
Dans le dessein d’en déterminer les espèces, j’en ai recueilli depuis
nombre d’années une quantité considérable d’échantillons, et j’ai
surtout été secondé dans cette recherche par MM. de Humboldt et
Brongniart, dont le premier m’en a fait venir plusieurs, et dont le
second m’en a lai-meme recueilli quelques-uns sur place.
Ce qui est bien remarquable, c’est que dans plus de soixante mor-
ceaux, soit des mines de Thuringe, soit des mines du Palatinat, je
n’ai trouvé qu’une seule forme générique distincte, et à peine deux
ou trois individus imparfaits d’une autre.
La première de ces formes est celle dont il a été gravé si souvent
des échantillons dans Scheuchzer (2), dans Rnorr (3) et dans beau-
coup d’autres auteurs (4).
(t) Rar. Nat. et Art., p. 8o.
(2) Pisciuvi querelœ, pl. II , fig. , , Je Eisleben ; pl. IV, fig. 2 , de Hesse.
(3) Monumens du Déluge, 1. 1 , pl. XVII , fig. i et 2 ; pl. XVIII, fig. 2 ; pl. XIX , fig. i
et 3 ; pl. XX , fig. 2 et 3,
(4) Mus. Besler., pl. XXXIl, fig. , et 4; Butiner, Rudera diluv. testes, pl. XVIII-
FOSSILES.
3o7
Je dois croire que c’est elle qui , dans ses diverses dimensions et
dans les diverses apparences qu’elle a prises suivant les hasards de la
position des poissons lorsqu’ils lurent saisis par le schiste, a donné
lieu a M. de Blainville d’établir ses genres palœoniscurn el palœo~
thrissum (i), ou du moins une partie des espèces comprises dans ce
dernier.
Ce qui est étonnant, c’est que personne encore n’ait été l'rappé de
la singulière ressemblance des écailles de ces poissons avec celles des
lépisostées de Lacépède ou de Yesox osseus de Linnæus.
Il est vrai que Rnorr (2) avoit pu éloigner cette idée en soute-
nant que les lozanges qu’offre la surface des fossiles proviennent
des couches de leurs muscles et non pas de leurs écailles, mais un
naturaliste n’auroit pas dit s’y laisser tromper.
11 suffît d’ examiner quelques-uns de ces ichtyolites avec un peu de
soin pour se convaincre que leur corps est entièrement revêtu d’é-
cailles épaisses, lisses, osseuses, de forme rhomboïdale, et disposées
sur des lignes descendant obliquement d’avant en arrière, absolu-
ment comme dans le lépisostée ou dans Je poJypterus 5 on trouve
meme quelquefois de ces écailles détachées et jetées à côté du poisson.
La queue, qui est ce que l’on voit d’ordinaire le plus distincte-
ment, se termine par une nageoire fourchue, dont le lobe supérieur
est le plus long, et a ses deux faces en grande partie revêtues de
petites écailles rhomboïdales plus aiguës et plus étroites que celles
du corps, et son tranchant dorsal garni d’écailles triangulaires qui se
recouvrent comme des tuiles.
Cette conformation pourroit conduire à placer ce poisson dans le
voisinage de l’esturgeon, dont la caudale a les mêmes écailles et res-
semble encore plus que celles du lépisostée à la caudale fossile par
sa bifurcation et par l’inégalité de ses lobes.
fig. 3 et 4 ; TVolfart, Hist. nat. Hass. inf. , I , pl. XII , fig. i ; pl. XIV, fig. 3 et 4 ; pl. XV,
XVI, XVII; pl. XX, fig. 2; Liebknecht, Hass. sublerr. Specimen, pl. V, fig. i ; Mjlius
’nemorab. Saxon, subterr. , I". part. , p. 4.
(1) Nouveau Dictionnaire d’Histoire naturelle, 2'. édition , t. XXVII ( 1818) , p. 320.
(2) Monumens du Déluge, 1. 1 , trad. fr. , p. 33.
39*
3o8 SAURIENS
Cependant le lépisostée a sur sa caudale carrée une production
écailleuse (i), pointue, qui rappelle très-bien celle qui revêt le lobe
supérieur du fossile , et les écailles de son bord dorsal sont exacte-
ment les mêmes.
Dans le fossile, il y a en avant de la caudale, sur le dos de la
queue, une série longitudinale de quelques écailles plus grandes
que les autres.
La même chose a lieu en avant de la dorsale, dont le tranchant an-
térieur est aussi garni de fortes écailles se recouvrant comme des
tuiles, ce qui est exactement de même dans le lépisostée, à la diffé-
rence de l’esturgeon, où le revêtement de ce tranchant ne consiste
que dans les pointes des premiers rayons qui se dépassent successi-
vement.
Cette dorsale est placée un peu plus avant que l’anale , circons-
tance par où le fossile diffère du lépisostée pour se rapprocher de l’es-
turgeoii , car dans celui-ci la dorsale est placée de même, tandis que
dans le lepisoslee elle est au contraire un peu plus en arrière. Les
ventrales sont à peu près à égale distance, entre les pectorales et
l’anale.
Quant à la tête , elle ne ressemble à celle d’aucun des deux genres
auxquels nous comparons ces fossiles j elle paroît avoir été courte et
obtuse, mais la compression l’a tellement déformée que je ne puis
en distinguer les parties, ni même dire quelle étoit la direction de la
bouche , si elle étoit ou non armée de dents , et s’il y avoit des rayons
à la membrane branchiostège.
C est de ces deux circonstances que dépendra le placement de ce
poisson dans la pioximite des esturgeons ou dans celle des lépisostées.
Leur squelette n ayant presque jamais laissé de traces distinctes,,
on pourroit etre porté à croire que ces poissons étoient cartilagineux,
et cette idée serolt encore favorable à leur rapprochement avec
l’esturgeon.
Parmi les divers échantillons que j’ai sous les yeux, j’en vois qui
i'' Voyez seulement sa figure dans Bloch, pi. 3go.
FOSSILES. 3og
ont le corps plus grêle et la dorsale plus en avant ; ils viennent
tous des vrais schistes cuivreux bitumineux noirs. D’autres sont plus
élevés, et leur dorsale n’est que de peu de chose plus avancée que
1 anale : je n’en trouve que dans les mines de mercure du Palatinat.
J ai lieu de croire que ce sont deux espèces difïérentes , mais du
meme genre, genre qui ne paroît pas au reste avoir été absolument
particulier au schiste cuivreux bitumineux ; car je vois dansles schistes
grisdePapenheim des restes d’une grande espèce qui, par ses écailles
et par l’armure de sa caudale, ne peut manquer d’y avoir appartenu,
et j’en ai sous les yeux de nombreux échantillons de deux autres
dans des schistes noirs non cuivreux, les uns des environs d’^ü<j-
tun (i), les autres du Connecticut dans les Etats-Unis.
Ainsi lors de la première déposition des terrains secondaires , un
genre de poissons aujourd’hui inconnu étoit répandu sur des points
qui appartiennent maintenant aux deux hémisphères.
L’autre forme, peut-être générique, mais à ce que je crois de la
même famille que la précédente, a été représentée aussi par divers
auteurs (2).
On la trouve surtout dans des rognons de schiste noir mêlés de
veines de calcaire blanc ; sa forme est bien plus haute et plus courte •
ses écailles paroissent avoir été rectangulaires et disposées sur des
lignes verticales j sa dorsale et sou anale occupoient une plus grande
longueur j mais sa caudale etoit de même fourchue, à lobes inégaux,
revêtue d’écailles seulement au lobe supérieur. Ceux qui ont cru y
voir des pleuronectes se sont fortement trompés.
Je reviendrai sur ces poissons et sur les autres poissons fossiles
dans 1 ouvrage que je me propose de publier immédiatement après
celui-ci.
(1) C’est probablement celui que M. de Blainville désigne sous le nom palæoihrissum
(2) Scheuchzer, Piscium querelæ, pl. IV, fig- i et 3; TVolfart, Hist. nat. Hassiæ infer.,
I, pl. XIII, pl. XIV, fig. I ; Mylius, memorabilia Saxoniæ infer., IP. partie, p. 85;'
norr, Monumens du Déluge , pl. XX, fig. i.
SAURIENS
3 JO
Article IL
Sur le grand S au ri en fossile des carrières de Maastricht.
J’ai traité dans l’un des chapitres précédeos et dans celui-ci de la
plupart des animaux fossiles qui ont été considérés à tort ou à droit
comme des crocodiles. Il me reste à parler du plus célèbre et de celui
qui a occasionne le plus de controverses, ayant été pris tantôt pour
un crocodile , tantôt pour un saurien de quelque autre genre, tantôt
enfin pour un cétacé ou pour un poisson.
On n’en a découvert jusqu’ici les ossemens que dans un seul can-
ton assez peu étendu , dans les collines dont le côté gauche ou occi-
dental de la vallée de la Meuse est bordé aux environs de Maestricht,
et principalement dans celle qui porte le fort Saint-Pierre près de
cette ville, et qui forme un cap entre la Meuse et le ruisseau du
Jaar (i).
Ija gangue est une pierre calcaire très-tendre, dont beaucoup de
parties se réduisent aisément en poussière , et s’envoient en Hollande
où pn mêle cette poussière au terreau destiné pour la culture des
fleurs. D’autres portions de cette pierre sont assez dures pour fournir
des moellons propres à bâtir, et ces deux usages en ayant fort étendu
l’exploitation, les carrières en sont aujourd’hui très-vastes.
Celles du fort Saint-Pierre ont environ vingt-cinq pieds de haut* le
massif calcaire au-dessus d’elles a été trouvé de deux cent onze pieds,
et l’on a creusé à deux cent treize au-dessous sans découvrir d’autre
pierre. Tout est de meme nature, à 1 exception de seize pieds envi-
ron d’argile ou de terre végétale qui couronnent la colline.
(i) Je vois dans une note adressée par le àoclenr Mitchül de New-York à l’administration
du Muséum d’Histoire naturelle , que ce savant a des dents fossiles tirées des marnières du
comté de Monmouth, dans l’état de New- Jersey, qu’il considère comme de la même
espèce que 1 animal de Maestricht. L’auteur n’en donne point de description détaillée.
Quant à 1 animal fossile de Monheim, que M. de Sœmmerring avoit aussi regardé comme
identique avec celui de Maestricht, nous verrons à l’article suivant qu’il en diffère à plu-
sieurs égards
FOSSILES.
3i I
^ Ce massif calcaire a donc au moins quatre cent quarante-neuf pieds
d épaisseur; on y trouve en beaucoup d’endroits des rognons de
silex; et ce qui achève de montrer qu’il appartient à la formation
crapuse , c est que la pierre se change par degrés en une véritable
craie, quand on remonte à quelques lieues la vallée de la Meuse;
elle contient d ailleurs les mêmes fossiles que nos craies de Meudon
et des autres entrons de Paris 5 savoir, des dents de squales, des gry-
phites, des echinites, des bélemnites et des ammonites. Toutes ces
coquilles se trouvent avec les os dans les parties inférieures de la
masse qui sont aussi les plus tendres; les parties supérieuTes sont plus
dures et contiennent plus de madrépores, aussi n’a-t-on de ces der-
niers que lorsqu il s’éboule quelques fragmens du haut de la mon-
tagne. Il y en a plusieurs de changés eu silex.
Je dois cette description à l’amitié de M. le docteur Gehler de
Leipsick , qui la tient lui-même de M. Minkelers, pharmacien à
Maestricht, autrefois professeur à l’école centrale de la Meuse-Infé-
neure , et tres-habile chimiste et naturaliste. On s’étonnera sans
G a trouver si differente de celle <jue présente V Histoire
naturelle de la Montagne de Saint-Pierre , par M. Fauja^, p. ,
mais il paroit que celui-ci n’avoit connu la composition intérieure de
a montagne que par une excavation qu’une mine avoit produite pen-
ant le siege et où toutétoit bouleversé; au lieu que la description
de M. Minkelers résulte de fouilles régulières faites sous les ordres
des ingénieurs français pour les travaux des fortifications.
M. Faujas n’a pas même exactement assigné la nature de la pierre
e>-ès quartzeux à grain fin , foiblemem
Lie par un gluten calcaire peu dur.
M. Loisel, associé de l’Institut, qui a été lo„g-ten,ps préfet de la
Meuse-Infeiieure, m ayant assuré quelle étoit entièrement calcaire
jen ai fait 1 expérience, qui étoit d’autant plus aisée que nous en
avons ici de nombreux échantillons. En effet, tout s’est dissout dans
es acMes; à peine est-il resté un peu de poudre siliceuse; la plupart
^es pierres calcaires et des craies de nos environs en laisseroient da-
"tage. Deluc avoit déjà fait celte observation dans ses Lettres à
3i2 sauriens
la reine d'Angleterre , t. IV, p. i23 , et elle est confirmée par
M. Clère, ingénieur des mines , dans un mémoire sur le terrain des en-
virons de Maestricht , inséré dans le Journal des Mines d’octobre 1 8 1 4-
Les produits multipliés de la mer dont cette pierre est remplie
sont généralement très-bien conservés, quoiqu’ils soient rarement
pétrifiés, mais que la plupart aient seulement perdu une partie de
leur substance animale.
Les plus volumineux de tous ces objets , et ceux qui par leur forme
extraordinaire ont du frapper de préférence les yeux des ouvriers et
s’attirer davantage l’attention des curieux, ce sont les os de l’animal
que nous allons examiner.
Il ne paroît pas cependant qu’on s’en soit beaucoup occupé avant
l’année 1766, qu’un officier, nommé Drouin, commença à s’en faire
une collection qui a passé depuis au Muséum teylérienà Haarlem.Le
chirurgien de la garnison, nommé Hofmann, marcha sur les traces
de Drouin, et acquit un certain nombre de morceaux qui furent
achetés après sa mort , arrivée en 1782 , par l’illustre Pierre Camper,
lequel fit hommage de quelques-uns au Muséum britannique.
Cependant la plus belle des pièces recueillies par Hofmann, qui
étoît une tète presque entière trouvée en 1780, lui fut enlevée en
vertu de je ne sais quels droits du chapitre de Maestricht, et passa
dans les mains du doyen de ce chapitre, nommé Goddin, qui, à
l’époque de la prise de la ville par l’armée française, céda ce mor-
ceau pour le Muséum d’Histoire naturelle, où il est encore aujour-
d’hui conservé avec plusieurs autres.
Les carrières creusées sous le fort Saint-Pierre de Maestricht sont
celles qui ont fourni le plus grand nombre de ces objets intéressans;
mais on en trouve aussi dans toutes les autres collines, et dans ces
derniers temps , le village de Seichem , placé à deux lieues au nord-
ouest de la ville , en a donné un assez grand nombre , et entre autres
plusieurs séries de vertèbres qui ont été aussi apportées au Muséum
par les ordres de M. Loisel. Elles y avoient été précédées d’un excel-
lent mémoire de M. Minkelers, et de dessins aussi exacts qu’élégans
faits par M. Hermans , son collègue.
FOSSILES.
3i3
Tels seront les principaux matériaux que j’emploierai dans mes
recherches.
Je ne manquerai pas non plus de secours littéraires.
Cinq auteurs ont traité avant moi de ce sujet curieux.
Le premier fut Pierre Camper qui porta sur les os de Maestricht
cette meme curiosité ardente, ce même coup d’œil rapide qui lui
ont donne matière à tant d’aperçus brillans, mais qui ne lui ont
presque laissé approfondir aucun des sujets qu’il a si heureusement
effleurés.
Dans un mémoire imprimé parmi les Transactions philosophi-
ques, en 1786, il déclara que ces os venoient de quelque cétaoé.
M. Van Marum vint ensuite et décrivit les objets du cabinet de
Teyler, dans les mémoires de la Société qui porte aussi le nom de
ce généreux bienfaiteur des sciences, année 1790. Il adopta entière-
ment l’opinion de son maître CamjDer.
Cependant les premiers collecteurs, Hofmann et Drouin , s’étoient
g que^ our animal devoitetre un crocodile, et leur idée s’étoit
répandue à Maestricht et ailleurs. Camper ne put les faire revenir à
la sienne.
M. Faujas, qui, en sa qualité de commissaire pour les sciences
dans la Belgique, à la suite de l’armée du Nord, avoit contribué à
procurer au Muséum les pièces de la collection de Goddin et quel-
<jues autres quil recueillit pendant son séjour à Maestricht, com-
mença bientôt après son retour à publier par livraisons un ouvrage
intitulé : mstoire naturelle de la Montagne de Saint-Pierre, où
. it graver de tresiellea figures de tous ces objets. Il s’y attacha aux
.dee eu vogue a Maestncht , et y donna constamment à notre aui-
mal le titre de crocodile.
Mais avant que son livre fût entièrement terminé, M. Adrien
Camper , digne fils d’un grand anatomiste (i), examinant de nou-
veau les pièces laissées par son père, se convainquit quelles ne ve-
noient ni d’un cétacé , ni d’un poisson , ni d’un crocodile , mais bien
(') Journal de Physique , vendémiaire an IX
T. V, 2e. P.
40
3i4 SAURIENS
d’un genre particulier de reptile saurien qui a des rapports avec les
sauvegardes ou monitors (i) , et d’autres avec les iguanes.
Toutefois M. Faujas continua d’appeler cet animal crocodile de
Maestricht , et même il annonça quelque temps après que M, Adrien
Camper s’ était rangé de son opinion (2) , quoiqu’il y ait bien loin
du crocodile à l’iguane ou au tupinambis; car ces trois animaux, pla-
cés par Linnæus et par Gmelin sous le genre lacerta, diffèrent plus
entre eux par les os, par les dents, par les viscères de la dégluti-
tion, de la digestion et de la génération, que le singe du chat, ou
l’éléphant du cheval.
Nous allons prouver aujourd’hui que M. Adrien Camper est le
seul qui ait réellement saisi les caractères de cet animal, et en même
temps nous allons donner une description aussi complète qu’il nous
sera possible de l’ostéologie de ce monstrueux reptile : description
que le grand ouvrage sur la montagne de Saint-Pierre n’a point ren-
due superflue ; car on n’y donne que des figures et quelques dimen-
sions sans aucune comparaison , ni rien qu on puisse appeler ostéo-
logique.
Un deuxième mémoire de M. Adrien Camper, imprimé depuis
notre première édition dans le X.IX®. vol. des Annales du Muséum
d’Histoire naturelle , nous aidera à compléter cette description , par
plusieurs morceaux qu’il possédoit seul, et qui, depuis sa mort, ont
passé avec tout son cabinet dans celui de l’université de Groningue.
Mais avant de procéder à ce travail, il est convenable d’examiner
en peu de mots les raisons sur lesquelles s’appuient les sentimens op-
posés au nôtre et à celui de M. Adrien Camper.
Celles de Pierre Camper (3) sont au nombre de sept, dont voici
l’exposé fidèle :
(1) L’animal que M. Camper appelle dragone dans sa dissertation, et qui
lacerta dracœna de Lin. , est du genre monùor ; c’est même très-probablement fnonitor
dleau d^ Egypte , ouaran des Arabes, et le lacerta nilotica de Lin.
(2) Essais de Géologie, I , p. 168.
(3) Voyez les Trans, phil. pour 1 786, vol. LXXYI , p. 443 et suiv. ; et dans la traduction
française des OEuvres de Camper, t. I, p. SSç.
FOSSILES. 3,5
1°. Tous les objets qui accompagnent les os de Màestricht
sont marins et non Jliwiatiles^
2°. Les os sont polis et non rudes'^
3o. La mâchoire inférieure a en dehors plusieurs trous potêr
I issue des nerfs , comme celle des dauphins et dés cachalots ;
4«, La racine des dents est solide 'et non pas creuse'
5o. Il y d des dents dans le païciis , ce qu on voit dans plusieurs
poissons y mais non pas dans le crocodile •
6o. Les vertèbres nont point de suture qui sépare leur partie
annulaire de leur corps j comme il y en a toujours dans les cro-
codiles j
70. Il y a des différences entre les phalanges et les côtes Jos-
sdes et celles des crocodiles.
Ces raisons, excepté la première qui n’est pas de grànde valeur ,
prouvent en effet d une manière démonstrative que l’animal en ques-
tion n est pas un crocodile, mais aucune ne prouve que ce soit un
cétacé plutôt qu un reptile; car plusieurs reptiles, et notamment lès
raomtors et les iguanes, ont les os poli», des trous nombreux à la
mâchoire inférieure, la racine des dents osseuse et solide, et des
vertèbres sans suture.
Il y a plus, le cinquième caractère, celui des deûts dans le palais,
démontreroit à lui seul que ce n’est ni un crocodile ni un cétacé; car
ni les uns ni les autres n’ont des dents au palais , et Camper a été in-
duit à employer ce motif, parce qu’il confondoit alors lès cétacés
sous le nom et l’idée commune de poissons avec les poissons à bran-
chies, dont plusieurs ont en effet ce caractère.
Peut-être m’opposera-t-on le cétacé dont M. de Lacépède a fait
son genre hyperoodon; mais nous avons déjà dit ailleurs (i) qu’il
n’y a au palais de l’hyperoodon que des pointes cartilagineuses ou
cornées, adhérentes à la peau du palais, comme dans ce quadrupède
épineux de la Nouvelle-Hollande que j’ai appelé échidné (^omitho-
rhynchus histrix de Home , de Shaw, etc. ) , et non pas de véritables (*)
40*
(*) Tome V, première partie, p. 3a6.
3r6 SAURIENS
dents implantées dans les os palatins , aussi est-ce avec l’échidiié que
M. de Lacépède compare à cet égard son hyperoodon.
Nous trouverons d’ailleurs par la suite une infinité d’autres raisons
pour enlever notre animal à la classe des cétacés, et M. Adrien
Camper en a déjà indiqué plusieurs.
Pierre Camper avoit donc mal placé son animal, mais il sembloit
avoir très-bien prouvé que Hofmann, Drouin et Goddin n’avoieat
pas ete plus heureux que lui, et puisque M. Faujas vouloit soutenir
I opinion de ces habitans de Maestricht , on auroit dû s’attendre qu’il
chercheroit à réfuter les argumens contraires de Camper, et à four-
nir de nouveaux argumens favorables.
Or il ne dit pas un seul mot qui tende à renverser les premiers,
qu’il ne rapporte même pas ; et quant aux seconds , j’ai eu beau lire
et relire son grand ouvrage sur la montagne de Saint-Pierre et ses
Essais de Géologie, je n’ai jamais pu en trouver qu’un seul qu’il n’a
développé nulle part, quoiqu’il le rappelle en beaucoup d’endroits
et qu’il semble y mettre beaucoup de confiance.
(t L’illustre Camper (i) , dit-il, s’appuyoit sur le système particulier
» des dents de l’animal dont il est ici question , pour soutenir qu’il
» ne pouvoit pas être de la famille des crocodiles. La conformation
» de ces mêmes dents nous servira , à nous, d’indice pour regarder
» au contraire 1 animal de Maestricht comme plus rapproché des
» crocodiles que des physeters. »
Et il représente en effet sur deux planches différentes les dents des
crocodiles et celles de cet animal pour faire saisir leur ressemblance.
« Un fait des plus remarquables et des plus instructifs, dit-il ail-
» leurs (2) , est celui qui a rapport à la structure des dents. — On
» reconnut, en tirant quelques-unes des dents de cet amphibie (le
» crocodile) , que d’autres petites dents se montroient dans le fond
3) des alvéoles. Ce caractère qui m’a été si utile pour déterminer dans
3) quelle classe il falloit ranger l’animal inconnu de Maestricht, etc. »
(1) Montagne de Saint-Pierre , p. 73..
(2) Essais de Géologie ,1, 146 et 147..
FOSSILES. 3x7
Voilà le seul et unique motif apporté par M. Faujas pour soutenir
1 opinion des habitans de Maestricht. Or, j’ose affirmer que la den-
tition de cet animal n’a rien du tout qui soit propre au crocodile ; que
tout ce qu’elle a de commun avec cet amphibie , lui est aussi com-
mun avec une infinité de poissons et de reptiles 5 enfin qu’elle a plu-
sieurs choses que le crocodile n’a point, et qui distingueroient par
conséquent a elles seules notre animal de cet amphibie, quand même
on ne trouveroit pas encore entre eux toutes les différences alléguées
par les deux Camper et la foule de celles que nous y ajouterons.
Nous avons vu, dans notre ostéologie du crocodile, que dans cet
animal la dent en place reste toujours creuse ; quelle ne se fixe ja-
mais à l’os de la mâchoire, mais y reste seulement emboîtée; que la
dent de remplacement naît dans le même alvéole; que souvent elle
pénètre dans le creux de la dent en place, et la fait éclater et tom-
ber, etc.
L animal de Maestricht , au contraire , n’a les dents creuses que
pendant qu elles croissent, comme le sont alors celles de tous les ani-
maux; elles se remplissent à la longue, et on les trouve le plus sou-
vent entièrement solides ; elles finissent par se fixer à la mâchoire au
moyen d’un corps vraiment osseux et fibreux très-différent de leur
propre substance, quoiqu’il s’y unisse fort intimement; la dent de
remplacement naît dans un alvéole particulier qui se forme en mênie
temps qu elle ; elle perce tantôt à côté , tantôt au travers du corps
osseux qui porte la dent en place; en grandissant, elle finit par déta-
cher ce corps de la mâchoire avec laquelle il étoit organiquement lié
par des vaisseaux et par des nerfs ; il tombe alors par une espèce de
nécrose comme le bois du cerf, et fait tomber avec lui la dent qu’il
portoit; petit à petit la dent de remplacement et son corps, impro-
prement appelé sa racine osseuse, occupent la place que l’ancienne
dent a quittée , etc.
Mes lecteurs pourroient voir la plus grande partie de ces diffé-
rences dans les planches même de l’ouvrage de M. Faujas. Celle de
I existence d une racine ou plutôt d’un socle solide, osseux et fibreux,
le organiquement a la mâchoire , socle au côté ou dans l’épaisseur
3i8 SAURIENS
duquel s’ouvre quelquefois l’alvéole de la dent de remplacement, y
est surtout très-frappante.
Pierre Camper, qui s’étoit fort bien aperçu de ce mode de denti-
tion , n’avoit garde de le comparer à celui du crocodile. Il paroît
même qu’il en fut extrêmement frappé.
tf La dentition est si singulière, dit-il , dans ces mâchoires fossiles,
» quelle mérite une description particulière (i). — Une petite dent
)) secondaire est formée tout à la fois avec son émail et sa racine
)) solide dans la substance osseuse de la dent temporaire. — En con-
)) tinuant à croître , elle semble former par degrés une cavité suffi-
» santé dans la racine osseuse de la dent primitive , mais il m’est im-
« possible de décider ce quelle devient ensuite, ni de quelle ma-
» nière elle tombe (2). »
Tout 1 embarras de cet habile homme venoit de ce qu’il n’avoit
pas étudié la dentition des poissons osseux , ni celle des monitors et
de plusieurs autres reptiles sauriens ou ophidiens j car elle est la
même que dans notre animal.
J’avois déjà exposé l’histoire de cette dentition dans mes Leçons
d’ Anatomie comparée , III, iii , ii3, etc.; mais j’y ai aussi com-
mis l’erreur d’appeler racine cette partie celluleuse et osseuse qui
s unit a l’os maxillaire. J’ai reconnu depuis , et c’est ce que j’explique
p. 274 ci-dessus , dans l’histoîre de la dentition des lézards, que c’est
simplement le noyau de la dent qui, au lieu de rester pulpeux comme
dans les quadrupèdes jusqu’à ce qu’il se détruise , s’ossifie et fait corps
avec son alvéole. La dent n’a point de vraie racine, mais elle adhère
fortement à ce noyau qui l’a sécrétée, et elle y est encore retenue
par le reste de la^ capsule qui avoit fourni l’émail, et qui, en s’ossi-
fiant aussi et eu s unissant , et à l’os maxillaire et au noyau devenu
osseux , enchâsse ou sertit la dent avec une nouvelle force. On con-
çoit très-bien que ce noyau identifié avec l’os maxillaire puisse subir
les mêmes changemens que lui; que l’alvéole de la dent de rempla-
(1) OEwres de Camper, trad. franç., 1 , 366-
(2) Ibid., 367.
FOSSILES,
3x9
cernent puisse pénétrer sa solidité ; que la compression puisse le dé-
tacher, soit en le cassant, soit en oblitérant les vaisseaux qui le nour-
rissent j en un mot, qu’il soit exposé à des révolutions analogues,
comme je l’ai dit, à celles du bois des cerfs , mais très-dilFérentes de
celles qu éprouvé la dent qui est toujours un corps devenu étranger
à 1 animal qui 1 a sécrété, ainsi que je l’ai démontré après Hunter,
dans mon chapitre sur les ossemens d’éléphans(t. I, p. 3i et suiv.).
Les cétacés n’offrent rien de semblable, non plus que les croco-
diles; les dents des cétacés se remplissent, il est vrai, avec l’âge et
deviennent solides ; mais loin d’adhérer à l’alvéole par une pièce os-
seuse intermédiaire, elles n’y sont que foiblement retenues par la
substance fibreuse de laigencive, une fois qu’elles sont remplies de
la substance de l’ivoire et que leur noyau pulpeux s’est oblitéré.
On ne peut donc hésiter sur la place de notre animal qu’entre les
poissons osseux et les iguanes et monitorSi Un examen attentif de ses
mâchoires mettra bientôt fin a ce doute, en même temps qu’il con-
firmera 1 exclusion donnée aux cétacés et aux crocodiles.
Pour y procéder plus facilement, nous avons encore fait dessiner
et graver, fig. i ^ la grande tête de notre Muséum, qui l’a déjà été si
souvent, mais toujours assez incorrectement et sans explication os-
téologique (i).
. Cette tête, un peu en désordre, présente ,
1°. Le côté gauche de la mâchoire inférieure bien entier, et vu à
sa face externe , « ô;
20. Le côté droit, vu à sa face interne , c d, dont la partie posté-
rieure, un peu masquée par les palatins, se continue jusqu’en e,’
3o. L’os maxillaire supérieur droit, vu par sa face interne et par
(i) Il y en a une gravure grossière dans les Dons de la Nature, par Budhoz, pl. 6; une
autre , qui ne l’est guère moins , dans le Magasin encyclopédique, première année, t. VI
P- 34 ; une troisième , où elle est représentée à rebours , Hist. de la Mont, de Saint-Pierre ,
pl. IV ; une quatrième, très-belle , d’après Maréchal , mais mal terminée dans le haut, ibid. ,
pl. LI; une cinquième , qui n’est que la réduction de la précédente, Essais de Géologie, I ,
pl. VIII bis. Enfin M. Fan Maruni donne les os palatins séparés , Mém. de la Société Teylé-
■ *79°) P^' M. Adrien Camper , la partie postérieure de la mâchoire
erieure , Journ. de Phys. , vendémiaire an 9 , pl. II , fig. 4.
320 SAURIENS
le palais , conservant à peu près sa situation naturelle relativement
au précédent;
4°. Un fragment de celui du côté gauche, déplacé et tombé sur la
mâchoire inférieure , h i; .
5«. et 6«. Les,dw,os ptérygoïiUens, mj, et k', l, m', o,
déplacés et jetés l’un sur l’autre , et, sur la partie droite de la mâchoire
inférieure, .«h irin eu. . . . 9,,
II y a encore dans le morceau orîgioal une pièce osseuse fracturée,
posée de MÈyers.^,retuae antçe,en y, que j’ai fait omettre dans le
dessin , pance,qu’alIes.sOnt«nutilées,et indéchiftiobles, et quelles mas-
q.uentilesrpièces iastruotives. -nr,];) gup
-,rLa mâehoirerinférieum nous montre d’abord quatorze dents de
chaque côté;. toutes conformées, ainsi, que nous l’avons dit, à la ma-
nière de celles des monitors ; mais les monitors n’en ont que onze ou
douze; les crocodiles en ont quinze,: mais très-inégales : celles-ci sont
égales ou à peu près. Leur nombre est plus considérable dans les
Iguanes.
On y voit des trous grands et assez réguliers, au nombre de dix à
douze. Il y en a cinq ou six dans les iguanes , six à sept dans les mo-
nitors; les crocodiles en ont uhe infinité de petits et d’irréguliers ; un
dauphin n en auroit que deux ou trois (vers le bout.
11 y a , en p , une apophyse 'coronoïde relevée, obtuse, dont le
bord antérieur est élargi comme dans les monitors. Aucun crocodile
n’a rien de semblable; celle du dauphin est beaucoup plus petite et
plus en arrière ; dans l’iguane elle seroit plus pointue.
La facette articulaire, /■, est concave et très-près du bout posté-
rieur, comme dans tous les sauriens; mais elle est plus basse que le
bord dentaire, comme dans les monitors; dans les crocodiles et les
iguanes, elle est plus haute ou au moins de niveau. Les dauphins
1 ont convexe et placée tout-à-fait . an bout.
L apophyse, ô, pour le muscle analogue du digastrique est courte
comme dans 1 iguane; le crocodile l’a plus longue, le monitor encore
plus.
Enfin la composition de cette mâchoire annonce de plus grands
FOSSILES.
321
rapports avec le monitor qu’avec aucun autre saurien, et exclut en-
tièrement tous les cétacés, ces derniers ayant, comme tous les mam-
mifères, chaque côté de la mâchoire inférieure d’une seule pièce.
Pour bien entendre ceci, il faut comparer la mâchoire inférieure
du monitor (i), fig. 2 et 3, à celle du crocodile donnée dans l’ostéo-
logie de ce genre, pl. UI, fig. 3 et 4.
Les memes os composent l’une et l’autre ; mais dans le monitor ,
X os angulaire , v , beaucoup plus court et plus étroit, et lesur^an-
gulaire, x, ne laissent point entre eux de grand trou ovale; x est
coupé carrément en avant pour s’unir au dentaire, u. L’apophyse
coronoïde est formée par l’os que dans le crocodile j’ai nommé sup-
plémentaire , z. \i articulaire , y , forme seul l’apophyse posté-
rieure; et à la face interne il va rejoindre l’os supplémentaire, et
reporte au bord supérieur de l’os l’ouverture si grande dans le cro-
codile pour l’entrée du nerf maxillaire; enfin il n’y a pas non plus
d ouverture à la face interne, entre X operculaire , &, et X angu-
laire, V ^ mais il y en a une petite dans l’operculaire même, et une
plus grande entre lui et le dentaire.
On voit dans notre animal, soit par la grande tête, soit par les
portions de mâchoires publiées par MM. Camper et van Marum ,
' lo. Qu’il n’y avoit pas de grand trou ovale à la face externe;
^ 20. Que l’apophyse coronoïde étoit aussi un os à part, analogue au
supplémentaire,
3o. Que l’os articulaire faisoit à lui seul l’apophyse postérieure, et
repoussoit l’angulaire fort en avant;
4°- Q*i® 1® sur-angulaire se joignoit carrément avec le dentaire;
5®. Qu il y avoit une petite ouverture dans l’operculaire.
Ainsi à tous ces égards , c’est du monitor que notre animal se rap-
proche le plus; il s’en rapproche même plus que de l’iguane, tant
par la mâchoire inférieure que par la structure des dents , leur figure
(0 J’ai choisi l’espèce appelée en Egypte ouaran aquatique , qui paroît le laceria nilotica.
C’est aussi celle que représente Séba dans la planche que Linnæus cite sous son lacerta dra~
^<^na. J’y ai joint à côté la mâchoire de Viguane comu de Saint-Domingue.
T. V, 2e. P. 4i
^22 SAURIENS
et leur insertion , quoiqu’il ait aussi en ce point quelque chose de
particulier.
En effet, dans le monitor comme dans l’iguane, les dents adhè-
rent simplement à la face interne des deux mâchoires, sans que les
os maxillaires se relèvent pour les envelopper dans des alvéoles j mais
ici les socles ou noyaux osseux qui portent les dents adhèrent dans
des creux ou vrais alvéolés pratiques dans l’épaisseur du bord de la
mâchoire.
La mâchoire supérieure de notre tète fossile porte onze dents;
mais comme l’os interinaxillaire paroit avoir été enlevé , et qu’il pou-
voit fort bien en avoir trois comme dans les monitors, il y en auroit
eu le même nombre en haut qu’en bas. Le monitor d’eau d’Egypte
en a aussi quatorze en haut, mais seulement douze en bas.
M. Adrien Camper a cru avoir l’os intermaxillaire dans une pièce
qii il figure , et que nous copions pl. XX, fig. 3, au quart ; il suppose
que c est 1 intermaxillaire gauche , que le trou a est la base où abour-
tissoient les narines, et il en conclut que notre animal avoit l’inter—
maxillaire double , et l’ouverture des narines unique et supérieure
comme le crocodile , et non pas l’intermaxillaire simple et les narines
latérales comme les sauriens. Ni ce raisonnement, ni le fait sur le-
quel il s appuie ne me paroissent exacts. Ce fragment est très-proba-
blement une extrémité de mâchoire inférieure ; et le trou qu’on y
voit est la terminaison du canal dentaire cjui vient au bout de la mâ-
choire se rapprocher et peut-être se joindre à celui du côté opposé.
Dans l’animal fossile, toutes les dents sont pyramidales, un peu
arquées; leur face externe est plane, et se distingue par deux arêtes
aiguës de leur face interne qui est ronde ou plutôt en demi-cône.
Une partie des monitors a les dents coniques; une autre les a com-
piimées et tranchantes; le sauvegarde d’Amérique, ainsi que les
ameiva, les i^anes et beaucoup d’autres sous-genres, les ont à tran-
chant dentele. 11 y a seulement des dentelures très-fines et presque
microscopiques dans les monitors à dents tranchantes. Dans notre
fossile, l’arête est entière et sans entailles.
Jusqu ici 1 animal de Maestricht seroit donc plus voisin des moni-
FOSSILES. 323
tors que des autres sauriens , mais tout d’un coup nous trouvons dans
ses os pteiygoïdiens un caractère qui l’en éloigne pour le porter vers
les lézards proprement dits et les iguanes; ce sont les dents dont ces
os sont armes qui constituent ce caractère.
Les crocodiles, les monitors, les sauvegardes, la dragone de M. de
acepede, es atueiva, les dragons, les stellions, les cordyles, les
aganaes, es basilics, les geckos, les caméléons, plusieurs scinques et
les chalcides ont tous le palais dépourvu de dents. Les iguanes, les
anolis, Igs lézards ordinaires, les marbrés et un certain nombre de
scinques, parmi les sauriens, partagent seuls avec plusieurs serpens,
batraciens et. poissons cette armure singulière.
Mais les iguanes et autres sauriens la portent aux ptérygoïdiens
seulement; les serpens, aux palatins comme aux ptérygoïdiens; les
grenouilles, les rainettes, les salamandres, aux vomers les premières
sur une ligne transversale, les autres sur une ligne longitudinale.
Plusieurs poissons , tels que les gades, les saumons et les brochets en
ont aussi sur une ligne longitudinale, et c’est ce qui avoit fait quel-
que 1 usion à Pierre Camper et à M. Van Marumj mais si nous com-
parons les os même qui portent ces dents, nous verrons bientôt
qu ils sont de reptiles et non pas de poissons.
Pour cet effet, nous avons fait graver la tête d’un monitor, fîg. 3,
et celle d’un Iguane, fîg. 2, vues en dessous. L’os ptérygoïdien n’est
plus, comme dans le crocodile, uni à son semblable, ni élargi en une
grande plaque triangulaire. C’est ici un os à quatre branches, dont
une,^, se porte en avant et s’unit au palatin antérieur. B; la seconde
O, va de côte se joindre a 1 os A, qui est mon os transverse, lequel
s unit lui-meme a 1 os maxillaire supérieur D; la troisième, m, ap-
puie , par une facette garnie d’un cartilage, sur une apophyse de la
base du crâne; enfin la quatrième, l, se porte en arrière et donne
attache a des muscles , mais ne s’articule à aucun os.
C’est sur le bord de la branche antérieure, u , qu’est implantée la
Sérié de dents qui caractérise les iguanes. Les anolis ont cet os plus
arge dans toutes ses parties , et la branche postérieure , l, plus courte ,
mais du reste à peu près comme les iguanes. Les monitors, au con-
SAURIENS
3a4
traire, ont toutes les parties de l’os plus grêles et n’y portent point
de dents, comme on le voit par la figure.
Que l’on jette maintenant les yeux sur les os ptérygoïdiens de
notre animal fossile , et l’on y reconnoîtra sur-le-champ les parties
que nous venons de décrire. Celui quiparoît en dessus, h ,1, m, est
celui du côte droit. 3on apophyse externe, o, se trouve cachée j mais
la postérieure,/, quoique cassée au bout, montre qu’elle devoit être
aussi longue à proportion que dans l’iguane.
L’autre, o', k' , est celui du côté gauche. Il montre ses quatre
apophyses bien distipctes. La prii^cîp'ale dîfFévencé spécifique qu’il
offre, c’est que l’interne, ^^st'plus'fongue à propoftion que dans
les deux genres que nous lui comparons.
11 n’y a pas ici le moindre rapjiorfde forme avec l’os palatin des
poissons, encore moins avec leur ptérygoïdien qui entre dans un
tout autre système.
Cet os paroit avoir porté dans notre animal fossile huit dents qui
croissoient, se fixoient et se reiiiplàçoîènt comme celles des mâ-
choires, quoique beaucoup plus petîtés.
Les autres petites pièces ^ui so'iit'^placées dans ce groupe sont,
comme je l’ai dit , malaisées à récohnoître , éürtôiit à cause de la pierre
qui les encroûte encore eu partie; je crois pÔuftant y avoir distingué
les os tympaniques, mais on les voit encore plus entiers dans une
figure donnée par M. Camper j du moîû’S'S', comme il le croit, elle
représente un de ces os. Je la copie pl. X’X , fig. 2 , au quart, et je la
place en sens contraire du dessin original. Eu effet , en considérant le
bord et b , comme celui par lequel cet os étoit suspendu au mastoï-
dien et au temporal, -et le bord c d, comme celui par lequel il por-
toit la mâchoire inférieure , on lui trouve assez de ressemblance avec
le tympanique de plusieurs lézards, nommément du basilic à crête
{lacerta ainbdinensis , L.); mais dans aucun cas il ne peut avoir de
rapport avec celui d’un crocodile.
M. Camper a aussi publié le dessin d’une pièce de son cabinet
qu’il considère comme le frontal vu en dessous, et à laquelle il
trouve de la ressemblance avec le frontal, ou, comme il l’appelle
FOSSILES. 325
d’après M. Geoffroy, l’ethmoïde du gavial j mais ce n est qu’une res-
semblance apparente du contour, que la face inférieure du gavial
dément aussitôt.
Pour nous, après avoir bien étudié ce fragment, que nous copions
pl. XX, fig. I (au quart de sa grandeur), nous ne pouvonsy aper-
cevoir que des restes d’un frontal principal et des deux frontaux
antérieurs, tous fort mutilés par leurs bords. En prenant la chose
ainsi, il y auroit assez de ressemblance avec les parties analogues
d’un crocodile ordinaire. Les deux apophyses, a et a, seroiént celles
par lesquelles les frontaux antérieurs vont s’articuler avec les palatins^
d, è seroient leurs parties latérales qui s’étendent sur la basé de la
joue J on verroit en c, c quelques restes du frontal principal qui s a-
vanceroit jusqu’en d , entre les faces Inférieures des os propres dû nez.
Si l’on veut n’y voir qu’un frontal principal seulement, il faudra
admettre que ses bords latéraux s’élargissent sur les orbites en lames
horizontales, b ,b y ce qui n’a d’exemple dans aucun sauiien.
Nous n’avons ni le pariétal , ni aucune des parties de l’occipital et
du sphénoïde j mais le grand morceau (jonservé à Hai’lem nous donne
sur le maxillaire supérieur des idées un peu plus complètes que celui
du Muséum; nous le copions pl. XVIII, fig. 8. On voit qu’il étoit al-
longé et peu élevé, que ses bords le long de l’ouverture extérieure des
narines étoient entiers sur un long espace , à peu près comme dans
lesraonitors et l’iguane cornu, ce qui doit faire conjecturer que ces
narines étoient grandes et les os du nez fort peu étendus , circonstance
qui exclut absolument les crocodiles et les sauvegardes.
Le principal trou pour la sortie du nerf sous-orbitaire est plus près
du bord des narines que dans aucune espèce que je connoisse.
Au reste, quelques doutes qui puissent subsister touchant ces pièces
éparses, ils n’empêchent pas d’assigner avec précision la place de
notre animal. Satêtele fixe irrévocablement, comme nous l’avons dit,
entre les monitors et les iguanes. Mais quelle énorme taille en com-
paraison de celle de tous les iguanes et monitors connus. Aucun n’a
peut-être la tête longue de plus de cinq pouces, et la sienne appro-
choit de quatre pieds.
3a6
SAURIENS
Voici les dimensions de toutes les pièces restées dans le beau mor-
ceau du Muséum, pl. XVIII, fig. i.
Lougueur de la demi-mâchoire inférieure, a, h.
Hauteur à l’endroit de rapoj)hyse coronoïde , s, t
— à l’endroit de la dernière dent, q, u
— ■ vers la troisième , a: ,j-,
Dimension de l’os palatin postérieur , k', m’ ,
Id... k, 1
Id k',o'
1,24
0,267
0,127
0,07
o,4o5
0,53
0,2(5
En zoologie, quand la tete et surtout les dents et les mâchoires
sont données, tout le reste est bien près de l’ètre, du moins pour ce
qui regarde les caractères essentiels; aussi n’ai-je point eu de peine
à reconnoître et à classer les vertèbres, quand une fois j’ai bien connu
la tête.
Pierre Camper en avoit dessine une isolée, qu’il prétendit com-
parer a celle cl un cetace. M. Faujas en a représenté cjuatre groupes
{Mont, de Saint-Pierre , pl. VU, VIII, IX et LU); mais il n’a
songé à les comparer à rien : car s’il l’eiU fait , il se fût aisément aperçu
qu elles n’avoient point d’analogie avec celles du crocodile; il n’en
donne même aucune description détaillée.
Les découvertes faites à Seichem^ et le mémoire de MM. Minke-
1ers et Hermans qui les expose, en y joignant le supplément que
M. Adrien Camper y donne dans son second mémoire, me pi-ocurent
la facilite, non-seulement de décrire les diverses sortes de ces vertè-
bres en particulier et de les comparer à leurs analogues dans les ani-
maux vivans, mais encore d’indiquer avec beaucoup de vraisem-
blance leur succession et le nombre de chaque sorte dans l’épine
Toutes ces vertèbres, comme celles des crocodiles vivans, des
monitors , des iguanes , et en général de la plupart des sauriens et des
ophidiens , ont leur corps concave eu avant et convexe en arrière , ce
qui les distingue déjà notablement de celles des cétacés qui l’ont à
peu près plane , et bien plus encore de celles des poissons , où il est
creusé des deux côtés en cône concave.
Les antérieures ont cette concavité et cette convexité beaucoup
plus prononcées que les postérieures.
FOSSILES. S21
Quant aux apophyses, leui’ nombre établit cinq sortes de ces ver-
tèbres.
Les premières, pl. XIX, fig. i , ont une apophyse épineuse supé-
rieure, longue et comprimée ; une inférieure, terminée par une con-
cavité 5 quati’e articulaires, dont les postérieures sont plus courtes et
legardent en dehors, et deux transverses, grosses et courtes : ce sont
les dernieres vertebres du cou et les premières du dos. Leur corps
est j)lus long que large , et plus large que haut j les faces sont en ovale
transverse ou en figure de rein.
D autres, ib. , fig. 2, ont l’apophyse inférieure de moins, mais
l’essemblent aux précédentes pour le reste} ce sont les moyennes
du dos.
II en est ensuite, ïb., fig. 3, qui n’ont plus d’apophyses articu-
laires : ce sont les dernières du dos, celles des lombes , et les pre-
mières de la queue} et leur place particulière se reconnoît à leurs
apophyses transverses qui s’allongent et s’aplatissent de plus en plus.
Les faces articulaires de leur corps sont presque triangulaires dans
les postérieures, telles que celles de la fig. 4.
Les suivantes, fig. 5, ont, outre leur apophyse épineuse supé-
rieure et les deux transverses, à leur face inférieure deux petites
laceltes pour porter 1 os en chevron. Les faces articulaires de leur
' corps sont pentagonales.
1 uis il en vient, fig. 6, A et B, qui ne difîérent des précédentes
que parce quelles manquent d’apophyses transverses. Elles forment
une grande partie de la queue, et les faces de leur corps sont en el-
lipses, d aboid transverses, et ensuite de plus en plus comprimées
par les côtés, coramc celle de la fig. Vos en chevronji’y est pins
articule, mais soudé, et fait corps avec elles.
Enfin les dernières de la queue, fig. 8, finissent par n’avoir plus
fi’apophyses du tout.
A mesure qu on approche de la fin de la queue , les corps des ver-
'ebres se raccourcissent, et presque dès son commencement, ils
sont moins longs que larges et que hauts. Leur longueur finit par être
^ooiiié moindre que leur hauteur.
3^8 SAURIENS
Cette suite de vertèbres donne lieu à plusieurs remarques impor-
La première est relative à l’os en chevron et à la position de son
articulation. Sa longueur et celle de l’apophyse épineuse qui lui est
opposée prouvent assez que la queue étoittrès-élevée verticalement.
L’absence des apophyses transverses sur une grande partie de la
longueur de la queue prouve en même temps quelle étoit fort aplatie
par les côtés.
L’animal étoit donc aquatique et nageur à la manière des croco-
diles, faisant agir 1a rame de sa queue k droite et k gauche, et non
pas de haut en bas comme les cétacés. Les monitors ont la queue
plus ronde , et les apophyses transverses y régnent beaucoup plus loin.
Dans les crocodiles, les iguanes, les basilics, les lézards, les stel-
lions , et en général dans tous les sauriens que je connois , excepté les
monitors, et même dans les cétacés et dans tous les quadrupèdes à
grande queue , l’os en chevron est articulé sous la jointure et se
trouve commun à deux vertèbres. Les monitors seuls ont sous le
corps de chaque vertèbre deux facettes pour le recevoir comme
notre animal; seulement le corps de leurs vertèbres étant plus al-
longé, ces facettes sont au tiers postérieur. Dans le fossile, qui a les
vertèbres fort courtes d’avant en arrière , les facettes sont presque au
Mais je ne connois aucun reptile où 1 os en chevron se soude et
fasse corps avec la vertèbre, comme dans celui-ci, pour toute la
partie postérieure de la queue. C’est un caractère de poisson, et il
devoit beaucoup en augmenter la solidité.
Un autre caractère qui distingue notre fossile , et des monitors et
de tous les sauriens , c’est la prompte cessation des apophyses arti-
culaires des vertèbres qui manquent dès le milieu du dos, tandis que
dans la plupart des animaux elles régnent jusque très-près du bout
de la queue.
Les dauphins montrent ce caractère, et c’est probablement ce qui,
joint à la brièveté du corps des vertèbres, aura encore contribué à
faire illusion à Pierre Camper.
FOSSILES. Sap
, Les premières vertèbres dorsales ont leurs apophyses transverses
courtes et terminées par une facette bombée, oblongue, et dont la
direction est oblique par rapport à Taxe de la vertèbre. Cette facette
qui porte la côte est unique : en conséquence la côte ne s’y attache
que par une seule tête. C’est un caractère des monitors et de la plu-
part des sauriens, excepté ïes seuls crocodiles, dans lesquels préci-
sément il n a point lieu j car dans le cou il y a deux tubercules de
clici(jU-G cote pour chcicjue cote 5 dsiis le dosj Igs cipojphyses trciusverses
sont longues, déprimées, tranchantes, et les antérieures ont deux
facettes pour chaque côte, l’une au bofd antérieur, l’autre à l’extré-
mité. Les trois dernières cotes sont les seules qui n’aient qu’une tête.
Aussi peut-on regarder comme l’une des grandes singularités de l’ou-
vrage de M. Faujas, qu’il ait fait graver, pl. LU, une partie dp dos
trouvée à Seichem, ajoutant, p. 248, que ce dessin proiwe mieux
que tout ce qu il pourrait dire ^ que V animal de Maestrichi a ap-
partenu à un crocodile ^ tandis que cette pièce à elle seule nous
raettroit en état de prouver le contraire.
, XJne partie de ces vertèbres antéri^-ures <juî portent mi tubercule
ou apophyse épineuse inférieure appartenoient sans doute au cou j
mais comme on ne trouve dans aucune les deux tubercules qui, dans
le crocodile , portent la petite fausse côte de chaque côté , c’est en-
core une preuve que notre animal n’est pas un crocodile, et qu’il
avoit plus de liberté que cçt amphibie pour porter sa tête de côté.
Les apophyses épineuses inférjeures sont bien dans les crocodiles;
mais elles sont aussi dans les autres sauriens et dans beaucoup de
serpens; il y en a même dansles, ruminans et dans les chevaux. Quant
aux cétacés, la brièveté de leuf cou, la fréquente réunion de plu-
sieurs de leurs vertèbres cervicales en une seule , ne leur permettent
pas de montrer la moindre apparence de ces tubercules.
- La figure et la position de cette apophyse inférieure varient* la
plupart des genres de sauriens l’ont comprimée et au bord posté-
rieur ; les crocodiles 1 ont ronde et au bord antérieur; notre animal
fossile l’a ronde^ tronquée et au milieu de la vertèbre.
Nous n avons pas trouvé dans nos morceaux l’apophyse transverse
T. V, 2e. P. 42
33o
SAURIENS
de toutes celles des vertèbres de l’arrière du dos ou des lombes qui
mancjuent d’apophyse articulaire. Elle est cassée dans presque toute
la suite gravée par M. Eaujasj mais nous avons lieu de croire que
c’est à cette sorte que doivent appartenir celles que donne M. Adrien
Camper dans son deuxième mémoire, et que nous copions pl. XX
fig. 12 et 1 3. Leur caractère consiste dans des apophyses transverses’
fortes et montantes, et il avoit fait croire à M. Camper que ces ver-
tèbres pouvoient bien venir d’une autre espèce. A la vérité, il n’y a
lien de semblable dans les sauriens ordinaires, où les apophyses
transverses vont en se rappetissant en arrière j mais les sauriens or-
dinaires n’ont jamais non plus de vertèbres dorsales sans apophyses
transverses, comme notre animal; d’ailleurs le crocodile a aux lom-
bes ces apojjhyses très-grandes et au moins horizontales, et nous en
veirons de montantes comme celles-ci dans plusieurs des vertèbres
du plésiosaurus, qui, au total, se rapproche aussi beaucoup des lé-
zards.
Dans toutes ces descriptions de vertèbres, nous n’avons pas parlé
de l’atlas ni de l’axis, parce qu’on ne les connoît que sur des dessins
laissés par Hofmann sans explication, que M. Adrien Camper a fait
graver, et que nous copions fig. et i5. Ils les représentent, à ce
quil me semble, fig. r/J., obliquement en dessus et en avant, et
fig. i5, en dessous et en arrière. L’axis est en a, h, b; son osselet
odontoïde ou peut-être, comme l’a cru Camper, le corps de l’atlas
eu c, c; enfin les deux pièces latérales de l’atlas en d, d.
Ces os tiennent à quelques égards du crocodile et s’en éloignent
à d’autres.
^ Et d’abord il sernbleroit à l’écartement des arceaux latéraux de
1 atlas, c[u ils avoient au-dessus d’eux une pièce impaire comme dans
le crocodile j piece qui leur manque dans les lézards. On voit aussi
que les apophyses articulaires supérieures de l’axis sont très-rappro-
chées de son apophyse épineuse, ce qui a lieu dans le crocodile, mais
non dans les lézards. La pièce inférieure, c, soit qu’elle appartienne
a 1 axis ou a 1 atlas, ne ressenible h celle d’aucun des deux genres
auxquels nous la comparons; enfin et surtout la largeur extraordi-
FOSSILES. 33j
naire du corps de Taxis, distingueroit à elle seule cette vertèbre de
ses analogues dans tous les autres reptiles.
Camper avoit considéré la petite côte, fig. 20, comme répon-
dant a celle qui, dans le crocodile, adhère au corps de Tatlas; mais
elle ressemble davantage aux côtes des dernières cervicales des mo-
nitors et autres lézards.
Il s agit a présent de déterminer le nombre absolu des vertèbres
de chaque sorte. C’est en replaçant dans leur ordre les vertèbres
trouvées récemment à Seichem, et qui paroissent y avoir formé une
seule et meme épine , que nous y parviendrons ; et c’est ici que nous
trouvons surtout des secours précieux dans le mémoire de MM. Her-
mans et Minkelers.
L’un de ces morceaux, qui a été gravé isolément dans l’ouvrage
de M. Faujas, pl. LU, en montre déjà onze qui occupent une lon-
gueur de 0,77 , avec des portions ou des empreintes de douze côtes
qui y adheroient. G’étoient donc autant de vertèbres du dos ; les
eux premières seulement ont des apophyses articulaires.
cpendant la première des onze vertèbres n’ayant pas de tuber-
cule^ inférieur, comme notre fig. i, pl. XIX, devoit encore être pré-
cédée de quelques autres vertèbres dorsales.
En effet, on a encore trouvé à Seichem cinq de ces vertèbres à tu-
beicules inférieurs, qui etoient probablement en avant de ces onze.
Mais un morceau du cabinet de Camper, cité dans la dissertation de
son fils (i), et que nous copions pl. XX, fig, 9, prouve que le vé-
ritable nombre de cette première sorte étoit au moins de onze. Je
trouve le même nombre de ces vertèbres à tubercules inférieurs dans
le crocodile, mais le raonitor n’en a que sept ou huit; l’iguane que
quatre ou cinq seulement.
Trois autres vertèbres trouvées à Seichem dévoient encore se
placer entre ces onze et les onze mentionnées d’abord ; car elles
avoient des apophyses articulaires très-marquées et manquoient d’a-
Pophyses inférieures, comme notre fig. 2, pl. XIX.
b) Journ. de Physique , vendémiaire an IX.
42
33a SAURIENS
Enfin il y en a neuf, toujours du même lieu, pareilles à celle de
notre fig, 3 , qui , par la forme de leur corps et l’absence des apo-
physes articulaires, dévoient venir à la suite des onze, mais dont une
partie portoient encore des côtes, à en juger par leurs apophyses
transverses.
Ce seroient donc trente-quatre vertèbres en tout pour le cou, le
dos et les lombes, et trente-six en comptant l’atlas et l’axis; je n’en
trouve que trente-une dans le monitor, même en y comprenant les
deux vertèbres sacrées.
La longueur totale de ces vertèbres cervicales , dorsales et lom-
baires doit être de bien peu au-dessus de deux mètres , toujours sans
compter l’atlas et l’axis.
On a trouvé de plus à Seichem deux séries qui faisoient suite l’une
à l’autre, et dont l’une est encore aujourd’hui encastrée dans la pierre.
Elles constituent une portion de queue de soixante-onze vertèbres.
Les vingt premières ont l’apophyse épineuse , les transverses et les
deux facettes pour l’osselet en chevron, comme notre fig. 5, pl.XIX.
Les quarante -quatre suivantes manquent des apophyses trans-
verses, comme notre fig. 6, et deviennent de.plus en plus compri-
mées et petites. Les sept dernières, qui terminoient évidemment la
queue, sont fort petites, et n’ont plus d’apophyses du tout.
Ces deux séries forment ensemble une longueur de 2,65 , ou de
huit pieds deux pouces.
Mais elles ne composoient pas toute la queue, et il s’en est trouvé
encore une autre série de vingt-six, dont les six dernières seules ont
des facettes inférieures. Les vingt qui n’en ont pas, mais qui sont
plus grandes et qui ont leurs apophyses épineuses et transverses ,
comme notre fig. 4j dévoient être à la base de cette queue.
La longueur de ces vingt-six est de i,6. Ce seroit donc pour la to-
talité de la queue 3,a5 ou dix pieds divisés en quatre-vingt-dix-sept
vertèbres.
Nous voilà bien loin du nombre du crocodile, qui n’en a que qua-
rante-deux ; mais nous égalons à peine celui des monitors.
Je compte quatre-vingt-six vertèbres caudales à un de mes sque-
FOSSILES.
333
lettes de l’ouaran dont la queue est bien entière, et cent seize au
grand monitor élégant de Sumatra.
Si nous récapitulons maintenant ces différentes séries, en clas-
sant les vertèbres d’après leurs formes et le nombre de leurs apo-
physes, nous trouverons que Tépine de notre animal se composoitde.
1 long de
L’axis '...J . I
Onze vertèbres avec l’apophyse inférieure , les articulaires, les
transverses
Cinq id. sans l’apoph. infér
Dix-huit id. sans apoph. artic. , dans le nombre desquelles les
sacrées sont peut-être comprises
Vingt id. de la queue
Vingt-six id. avec les deux facettes infér. pour l’os en chevron.
Quarante-quatre id. sans apoph. transv
Sept sans aucune apophyse
5
i8
20
26
44
7
0,32
1,2
1.2
1.3
1,65
o,i5
Total i33 8,59
Ce nombre de vertèbres est plus que double de celui du crocodile
qui n en a que soixante-huit, mais s’accorde très-bien avec les mo-
nitors où j’en compte de cent dix-sept à cent quarante-sept.
Cependant le grand nombre des vertèbres de la base de la queue
qui n’auroient point porté d’os en chevron , tandis qu’il n’y en a
qu’une ou deux de telles dans les monitors aussi bien que dans les
crocodiles, m’a causé un instant quelque doute. En vain aurois-je
voulu placer le bassin plus en arrière ; car alors j’aurois multiplié les
vertèbres des lombes, et je me serois écarté des monitors pour la
structure du tronc qui est naturellement plus constante que celle de
la queue. J ai donc fini par croire que c’est ici l’un des caractères
propres et distinctifs de notre animal qu’il ne partage point avec d’au-
tres sauriens, et qui contribue à en faire un genre particulier. Sa
queue étoitdonc très-vraisemblablement cylindrique à sa base, et
s’élargissant dans le sens vertical, seulement à quelque distance, en
même temps quelle s’aplatissoit par les côtés, elle ressembloit à une
^'ame, beaucoup plus encore que celle des crocodiles.
Ce qui contribue à rendre cette multiplication des vertèbres eau-
334 SAURIENS
dales sans osselets en chevrons dans le squelette de notre animal
assez vraisemblable, c’est qu’on en rencontre beaucoup de cette
sorte isolées ou en groupe de cinq ou six dans les pierres des car-
rières.
Au reste, il ne faut point oublier, qu’excepté la série des vingt-
six caudales et celle des onze dorsales avec leurs côtes, toutes ces
vertèbres sont aujourd’hui détachées de la pierre, et que les ou-
vriers qui les ont rassemblées peuvent en avoir égaré ou mutilé
quelques-unes, quils peuvent aussi en avoir ajouté qui ne s’étoient
point trouvées tout-à-fait dans l’alignement des autres ; mais ces alté-
rations ne peuvent pas avoir été considérables, vu l’accord remar-
quable qui se trouve entre ces nombres et ceux du genre le plus
analogue.
M. Faujas qui a profité , comme moi , du mémoire envoyé de Maes-
tricht, en a tiré un résultat bien différent, car il annonce (^Monf. de
Saint Pierre, p. 247) une épine dorsale de trois pieds neuf pouces ,
et une queue de quatre pieds neuf pouces ou de cinq pieds quatre
pouces^ mais c’est qu’il n’a pas fait attention que ce qu’il nomme
épine dorsale appartient aussi à la queue, et qu’il néglige de faire
entrer en ligne de compte plusieurs morceaux, et notamment celui
d’onze vertèbres avec les côtes.
Mon énumération resuite d une comparaison attentive des notes
contenues dans le mémoire de M. Minkelers, avec les objets même
que j’ai maintenant sous les yeux, et avec le. mémoire et les figures
de M. Camper, et l’on peut y avoir d’autant plus de confiance qu’elle
est parfaitement d’accord avec les rapports naturels.
Dans cette longueur commune du tronc et de la queue de 6,5q,
ou de vingt pieds six pouces , nous ne comprenons point l’atlas ni
axis , parce qu ils étoient sans doute placés entre les deux apophyses
postérieures de la mâchoire inférieure, et qu’ils ne contribnoient
point à la longueur totale du corps.
La machoiie ayant trois pieds neuf pouces, l’animal entier devoit
être long de vingt-quatre pieds trois pouces ou à peu près, et sa tête
approchoit du sixième de sa longueur totale, proportion assez sem-
FOSSILES. 335
blable à celle da crocodile, mais fort différente de celle des moni-
tors, où la tête forme à peine un douzième. Aussi M. Adrien Camper
etoit-il parvenu a deviner à peu près cette longueur en calculant
d’après la proportion du crocodile.
La queue ayant dix pieds n’est que la moitié à peu près du total.
Elle est donc encore plus courte que dans le crocodile, où elle sur-
passe d’un septième la longueur du reste du corps , et à plus forte
raison que dans les monitors où elle a moitié en sus. La brièveté ex-
trême du corps des vertèbres fossiles est ce qui rend cette queue si
courte.
Elle devoit etre fort robuste, et la largeur de son extrémité devoit
en faire une rame très-puissante, et mettre l’animal en état d’affron-
ter les eaux les plus agitées, comme l’a très-bien remarqué M. Adrien
Camper. Aussi n y a-t-il nul doute, par tous les autres débris qui ac-
compagnent les siens dans les carrières , que ce ne fût un animal
marin.
Je ne puis parler beaucoup des côtes, ni surtout de la manière
ont e es se joignent en dessous, soit entre elles, soit avec le ster-
num; mais une chose est certaine, c’est que toutes celles que l’on a
trouvées sont rondes comme dans les lézards, et non pas plates
comme dans les crocodiles.
Il ne s agit maintenant que de rétablir les extrémités de notre ani-
mal, mais les os qui les composent n’ont été recueillis qu’en très-
petit nombre, et même la rareté de ces os m’avoit fait mettre un mo-
ment en doute s il n’étoit pas dépourvu d’extrémités; mais je fus
détrompé dès ma première édition en reconnoissant un os de bassin
qui ne peut etre qu à lui.
Il est gravé {Mont, de Samt-Pierr^e , pl. XI) sous le nom d’o-
moplate , mais c’est un pubis, et un pubis presque entièrement sem-
blable à celui d un monitor. Ils ont tous deux la même courbure, la
Oieme articulation, une échancrure semblable au bord antérieur;
seulement celle du fossile est plus profonde. On peut s’en assurer en
^ parant notre fig. lo, pl. XIX, qui représente ce pubis fossile,
3vec la fig. 12 quj représente celui du monitor.
336 SAURIENS
J’ai trouvé aussi, parmi les morceaux envoyés de Seichem, une
portion d’un os plat qui m’a paru d’abord avoir été une omoplate,
très-semblable par sa grande largeur , par la courbure , la grosseur
et' la brièveté de son cou, à cette même partie dans les monitors,
maïs très-différente de l’omoplate étroite du crocodile, et même de
celle de l’iguane. Nous donnons l’omoplate fossile fig. 9, pl. XIX, et
céllè du monitor, fig. ii.
Mais tout récemment, M. Henkelius , pharbaacien de Maestricht ,
a bien voulu m’adresser le dessin colorié et de grandeur naturelle
d'tm bs, fig. i4j qni paroît avoir éftê lé même, mais où il semble
qu’il y ait eu une profonde échancrure, et vers la base duquel il pa-
i-bît' y avoir eu un trou, ce qui le fait fortement ressembler h l’os
Iciàvîcülaire d’un lézard ordinaire. '
r»
Sur la même pierre, est un autïe bS' fig. i5, plat, plus large à
qifôportion que le précédent, et qui parÔîf avoir eu une large échan-
crure d un cote de son bord, et une petitb^ de l’autre. Sa face gle-
noïde est large. Peut-être a-t-il autant de droit que le précédent à
être regardé comme l’os coracoïdienY dans tous les cas, l’épaule de
notre animal doit avoir eu de grands rapports avec celle des lézards.
Jè n’ai pu me procurer encore aucun os’ long.
Celui qui est donné pour \xn féihhr de Saint-Pierre ,
pl. X.) n’est autre chose que l’humérus' d’une grande tortue vu par
le côté de sa petite tubérosité, et ddnTîà‘gfahcté est détruite OU ca-
chée dans la pierre. Nous le représentons pl. XIX, fig. x3.
M. Adrien Camper, dans son second mémoire, en représente un
ou il a cru voir un humérus mutile. En renversant sa figure, j’y
trouve plutôt (pl. XX, fig. 24) le cubitus d’un monitor, et s’il vient
de notre animal, il annonceroit que ses extrémités étoient assez
élevées.
Les os des mains et des pieds, autant qu’on les connoît, semble-
roient au contraire avoir appartenu à des espèces de nageoires assez
contractées, et plus ou moins semblables à celles des dauphins ou des
plésiosaurus. C’est à M. Camper qu’on en doit les figures; mais ces
os tirés de la collection de Hofmann, recueillis à différentes époques
FOSSILES, 33^
et sur différens points, n’ofSfrent que leurs formes individuelles pour
moyen de détermination.
^ Quelques-uns paroissent ressembler beaucoup aux deux os prin-
cipaux du carpe du crocodile: fîg. 4, pl. XX, par exemple , à Tin-
terne, et fig. 6, à 1 externe; d’autres, comme fig. 7 et 8, pourroient
être des phalanges; fig. 21 seroit probablement une phalange on-
guéale; fig. 5 ne peut guère se comparer qu’à l’os cubital du premier
rang d'unsaurien, mais qui seroit de taille énorme; quant aux fig. 22
et 23, leur largeur me fait mettre en doute s’ils ne proviennent pas
des tortues, non moins communes dans ces carrières que le grand
saurien.
Au reste , je n ai pas besoin de dire que ce n’est qu’en hésitant que
je me permets de présenter des conjectures d’après de simples des-
sins, sur des os où la comparaison immédiate elle-même sulliroit à
peine, tant est grande leur variété et le peu de précision de leurs
formes dans les reptiles.
Il n’en reste pas moins constant que le grand animal de Maestricht
a U ormer un intermediaire entre la tribu des sauriens sans dents
au palais, qui comprend les monitors, les sauvegardes, les araeiva,
et celle des sauriens à dents palatines ou plutôt ptérygoïdiennes, tels
que les lézards ordinaires, les iguanes, les marbrés et les anolis; mais
gu il ne tenoit aux crocodiles que par quelques caractères partiels et
par les liens généraux qui réunissent toute la grande famille des qua-
drupèdes ovipares.
Sans doute il paroîtra étrange à quelques naturalistes de voir un
animal surpasser autant en dimensions les genres dont il se rapproche
le plus dans I ordre naturel , et d’en trouver les débris avec des pro-
ductions mannes, tandis qu’aucun saurien ne paroît aujourd’hui
vivre dans l’eau salée; mais ces singularités sont bien peu considé-
rables en comparaison de tant d’autres cpie nous offrent les nom-
breux monumens de l’histoire naturelle du monde ancien. Nous
avons déjà vu un tapir de la taille de l’éléphant; le mégalonyx nous
offre un paresseux de celle du rhinocéros; qu’y a-t-il d’ étonnant de
trouver dans 1 animal de Maestricht un lézard grand comme un cro^
T. V, 2e. P. ^3
338 SAURIENS
codile. Bientôt d’ailleurs nous allons voir plusieurs autres lézards
aussi grands et même davantage.
Mais ce qui est surtout important à remarquer, c’est cette con-
stance admirable des lois zoologiques qui ne se dément dans aucune
classe, dans aucune famille. Je n’avois examiné ni les vertèbres ni
les membres, quand je me suis occupé des dents et des mâchoires,
et une seule dem m’a, pour ainsi dire, tout annoncé. Une fois le
genre déterminé par elle, tout le reste du squelette est en quelque
sorte venu s arranger de soi-meme, sans peine de ma part comme
sans hésitation. Je ne peux trop insister sur ces lois générales, bases
et principes des méthodes, qui, dans cette science comme dans toutes
les autres, ont un intérêt bien supérieur à celui de toutes les décou-
vertes particulières, quelque piquantes qu’elles soient.
M. Gonybeare a récemment proposé pour cet animal fossile de
Maestricht, le nom de rnosasaurus , que l’on peut adopter en atten-
dant un nom générique mieux calculé sur ses caractères.
Article III.
Z> un grand reptile des environs de Monheim. ^décoiwert par M. de
SoEMMERRiNG , nomme par lui lacerta gigantea, et que je con-
sidère comme un noiweau sous-genre intermédiaire entre les
crocodiles et les monitors {^grosatirus Cuv.).
Les restes de cette espèce remarquable ont été recueillis dans le
canton à\t Meulenhardt , à dix pieds de profondeur et à quelques pas
du crocodde dont nous avons parlé dans notre premier chapitre
(p. 120 Cl essus), par les ouvriers employés à exploiter la mine de
1er en grains qui remplit les fentes des couches du schiste calcaire.
Enveloppés dans un banc plus marneux , plus mou que celui où le
croco 1 e étoit incruste,. ils étoient moins bien conservés, et ce n’est
qu avec peine que 1 on a pu en dégager assez certaines parties pour
en reconnoître les caractères.
M. de Sœmmerring, à qui M. le comte de Reysach ht présent de
FOSSILES, 33g
ces precieax débris, en a publié , dans les Mémoires de Munich pour
i8i6, une description exacte accompagnée d’une belle lithographie,
dont je donne des copies réduites pl. XXT, fig, 2 — 8. Il a bien
voulu aussi m’envoyer une empreinte en plâtre de la tête, et c’est
d apres ces docuniens que j’ai rédigé le présent article.
Ces os sont prescjue calcinés. On voit auprès une ammonite plate
large de quatre pouces, un fragment de coquille bleuâtre, et une
grande quantité de petites écailles qui , suivant la conjecture de M. de
Sœmmerring, viennent ou de quelques poissons, ou peut-être de
l’animal lui-même , s’il est vrai qu’il ait été un monitor ou quelque
autre lézard à petites écailles.
Les dents, fig, 4 — 6, ont conservé leur émail, qui est dur, lui-
sant et brun, comme dans beaucoup de glossopètres.
La têie, fig. 2 et 3, a été comprimée, et ses deux côtés se sont
rapprochés au point de se toucher, et d’empêcher qu’on ne puisse
voir quelle étoitla disposition des os du palais et s’il y avoit des dents
dans les ptérygoïdiens.
Il n est pas facile non plus de distingaer'les os de la face ni les sa-
tures qm les séparoientj tout ce que l’on aperçoit, c’est que l’orbite
etoit grand, et que le museau po-uvoit ne pas se prolonger beaucoup,
ce qui auroit rendu au total la configuration de la tête assez sem-
blable à celle des monitors.
La forme des dents paroît assez bien confirmer ce résultat. Elles
sont en effet un peu comprimées, tranchantes en avant et en arrière,
pointues, un peu arquées, et leur tranchant offre surtout une
dentelure fine et serrée, tout-â-fait semblable à celle qu’on ob-
serve dans le monitor terrestre d’Egypte et dans plusieurs espèces in-
diennes de ce genre, lorsque leurs dents ne sont pas encore usées,
mais que nous avons vue aussi dans les dents du crocodile d’Ar-
genton, pl. X, fig. 14 — ifi, et ci-dessus p. 166.
On compte quatorze ou quinze de ces dents du coté gauche en
haut, mais il en manque quelques-unes en avant; et même on a
trouvé un fragment qui pourroit avoir appartenu au bout antérieur
U museau , et qui en contient encore trois.
43-’
34o SAURIENS
Les dernières de ces dents sont plus petites que les autres et ré-
gnent jusque sous Torbite, comme dans les crocodiles et les sauve-
gardes.
Du côté droit, il ne reste que sept dents; les postérieures sont
tombées. ’.t' - . U)
Elles ne paroissent pas non plus é être bien conservées à la mâ-
choire infeiieure, qui n en montré* qtié cinq de chaque côté, mais
dans des positions différentes.
L os jugal, conservé du côté droit*,%^ fig. 2 ,paroît s’ être prolongé
en arrière et sous l’orbite plus quë dansî?tt5smonitors ordinaires, où il
finit en pointe 5 et ce prolongement; ' dti fossile est tel que l’on pour-
roit croire qu’il se rejoignoit en âtrière au temporal, et par lui à l’ar-
riere tete, comme dans les ciocodileset plusieurs sauriens différens
des monitors. On voit au bord antérieur de l’orbite une tubérosité
pointue, semblable à celle que le lachrymal forme à cet endroit dans
le monitor; mais une particularité sùrtout bien caractéristique, c’est
un cercle ou un anneau dè‘ lames osse^ès qui occupe l’intérieur de
l’orbite gauche , et qui se compose évidemment (ainsique M. Cony-
heare l’a déjà remarqué) des écailles 'osSéilseS' qui revêtoient la sclé-
rotique de l’œil de l’animal, comme il y en a à celle des oiseaux, des
tortues, d un grand nombre de reptiles, eVnbtararnent des monitors,
et comme nous les retrouverons encore plus marquées dans les
énormes yeux de Fichtynsaurùs. '*
M. de Sœmmerring ne les appèlle que des débris du crâne * mais
ce sont à coup sûr des débris de l’œil.
Je les considère comme rapprochant notre animal des sauriens
plus que des crocodiles, car on en voit d’aussi fortes dans les moni-
tors, tandis que je n en ai pas trouvé dans des yeux d’assez grands
crocodiles. sq Jnoa an üo
Le savant anatomiste dont j'emprnm^ cette description a été
frappe de la ressemblance de cette tête de Monheira avec celle de
notre grand saurien de Maestricht, qui est à la vérité quatre fois
plus grande, mais dont les contoum sont tels qu’on peut appliquer
la tête de Monheim sur la figure réduite au quart de celle de Maes-
FOSSILES. 341
tricht (Faujas, Mont, de Saint-Pierre , pl. LI), et qu’elle s’y rap-
porte très-bien.
D’après cette circonstance , M. de Sœmmerring a pensé que ce
pourroit être ici un individu plus jeune de la même espèce ; mais
cette rencontre n’est guère qu’un effet du hasard, car, dans la figure
en question, les luâçhoire^ sont beaucoup plus écartées l’une de
1 autre, et si elles étpjieatyapprocUê^s cointne ipi^ le rapport des con-
tours n’auroit pas lieu. \
Les dents de Maestricht sont aussi plus grosses, plus larges de
droite à gauche , plus rondes à la face interne, et les arêtes qui dis-
tinguent cette face interne et convexe de la face externe et plane sont
sans ancune dentelure. J’ai vérifié expressément ce fait sur notre
grande tête , dont les figures sont très-exactes sur ce point.
A la vérité, Pierre Camper, dans les Transactions de 1786,
t. LXXVI, pl. Xy, fig. 6,,semble indiquer une légère crénelure aux
arêtes d’une de ces dents; mais il n’en marque aucune dans la grande
mâchoire de la pl. XVI, copiée dans THistoire de la Montagne de
Saint-Pierre, pl. VI,, oq.sjx de ses.depts en place
et de grandeur naturelle. Son fils n’en marque pas davantage dansun
dessin de grandeur naturelle qu’il m’a envoyé d’une autre mâchoire,
a présent déposée au IVInséum britannique , et où huit dents sont en-
core entières. Il n’y eq,p pas non plus dans les mâchoires du Musée
de Teyler , déjà gravées dans les mémoires de la Société teylérienne
pour 1790, et dans l’Hist.. de la Montagne de Saint-Pierre., pl. V,
et dont je dois un nouveau dessin à la complaisance, de M. Van Ma-
rum; ainsi M. Faujas, coupable de tant d’ autres erreurs, n’est point
blâmable de n avoir point dessiné qes dentelures, dans ses figures, et
nommément dans les sixiènie et septième de sa pl. XVIII.
Les formes des vertèbres ne sont pas non plus favorables à ce rap-
prochement des deux espèces pi à l’idée qu’il s’agisse absolument
d'un monitor pareil aux nôtres. .j
Il y en a deux suites.
Dune, fig. 7, qui est continue, offre d’abord huit vertèbres à
*^orps rétréci dans le milieu, un peu concave à ses deux faces, et
34a SAURIENS
munies de grandes apophyses transverses j ensuite la place de deux
ou trois plus courtes à proportion que les premières, et près des-
quelles sont des restes du bassin et des fémurs.
L’autre suite, fig. 8, contient cinq vertèbres semblables aux pre-
mières de la suite précédente. Sur les unes et sur les autres sont jetés
en désordre un certain nombre de côtes ou de fragmens de côtes.
Je dis que ces vertèbres ne ressemblent point à celles de l’animal
e Maastricht et des monitors, car celles-ci ont toujours à leur corps
uiie face concave en avant, et uue convexe en arrière; les apophyses
trcknsvcrscs de cgHgs du. dos sont courtes et tenuinées en tul)0r—
cule 5 etc.
Les vertèbres fossiles , avec leurs longues apophyses transverses
et leurs concavités aux deux bouts, ressembleroient bien davantage
à celles du crocodile du Jura et de Caen qu’à celles de Maestricht,
et si 1 on n avoit pas eu les dents, ce seroit plutôt parmi les crocodiles
que 1 on auroit classé cet animal : encore avons-nous vu que le
crocodile d’Argenton a, comme lui , des dents tranchantes et dentelées.
Je trouve aussi, pour ce qui reste du bassin, plus de ressemblance
du.fossile avec le crocodile qu’avec le monitor.
On y voit par exemple deux pubis, « et b, fig. 7, parfaitement
semblables à ceux du crocodile, et très-différens du monitor et de
tous les sauriens^
Les deux fémurs, c et sont aussi manifestement de crocodile
plutôt que de lézard , puisqu’il ne reste point de trace d’un trochan-
ter considérable.
I UC Ô dC*’
louant aux deux autres os, leurs formes ( s’ils sont entiers)
cordent entièrement ni avec l’un ni avec l’anlre genre.
Si 1 on regarde le plus large, e, avecM. de Sœmmerring, comme
nu ischion, il se rapprochera un peu de celui du monitor; mais le plus
étroit ne m’offre de rapport avec rien que je commisse. En les sup-
posant déplacés, et regardant le plus large comme un os des îles, on
pourroit prendre le plus étroit pour un ischion ; mais alors même ils
seroient tous deux assez loin d’offrir les formes caractéristiques du
crocodile.
FOSSILES. 3^3
Je me croîs donc bien autorisé à considérer cet animal de Mon-
heim comme un nouveau sous-genre de l’ordre des sauriens, au-
quel je donne provisoirement le nom à.^ geo sauras (par allusion à
la terre mère des géans). Je ne peux lui laisser l’épithète de gigan-
tesque, car, dans le grand genre lacerta, nous avons d’abord l’ani-
mal de Maestricht ou mosasaurus qui le surpasse de beaucoup , et
nous allons en voir un autre (lemégalosaurus) quî lui est aussi très-
supérieur.
Dans 1 individu représenté par M. de Sœmmerring, la tête est,
comme nous l’avons dit, à peu près le quart de celle de Maestricht :
aucune de ses parties n’étant entière, on ne peut en donner des di-
mensions précises. La couronne de ses dents est haute d’environ
0,01 5; la série de quatorze vertèbres fait une longueur d’à peu près
0,45; leur longueur est de o,o35 ; leur diamètre au milieu de o,oi3;
aux extrémités de 0,24. Ces dimensions diffèrent peu de celles du^
squeleua de crocodile de Caen, et on peut conjecturer que l’Indi-
vidu de Monheim devoit aussi, sauf le plus de brièveté de sou mu-
seau, en différer assez peu pour la taille, et être à peu .près long de
douze a treize pieds.
Article IV.
Du Mégalos AU RU s , ires-grande espèce de reptile, fort voisine
de la précédente , découverte dans les bancs d'oolithe de Sto-
nesfield près d’ Oxford, par M. Bückland , et qui paraît tenir
des sauriens et des crocodiles. On y traite égalemejit de plu-
sieurs vestiges d autres très-^ands sauriens. ‘
Si 1 on pouvoit donner le nom de lacerta gigantea à un autre
animal qu à celui de Maestricht, c’est l’espèce actuelle qui le niérite-
roit; son seul fémur, long de trente-deux pouces anglais ou o,8o5,
annonceroit, en lui supposant les proportions d’un monitor, une lon-
gueur totale de plus de quarante-cinq pieds de roi, et même, s’il y
^ de ces fémurs de quatre pieds et plus, comme on l’a dit, sa Ion-
344 SAURIENS
gueur seroit encore plus étonnante; mais il est probable que sa queue
n’est pas si longue à proportion : en le comparant seulement au cro-
codile, on lui donneroit toujours plus de trente pieds.
L’un des hommes qui honorent la géologie par des observations
précises et suivies, et par la résistance la plus constante aux hypo-
thèses hasardées, M. le professeur Buckland a fait depuis plusieurs
années cette belle decouverte, et j’en ai vu les pièces chez lui à Ox-
ford, en i8i8; j’y en ai même dessiné quelques-unes; mais il a eu,
depuis, la complaisance de m’adresser le mémoire qu’il va donner sur
ce sujet dans le recueil de la Société géologique de Londres, où il
fait connoître exactement les OS qu’U possède et les circonstances de
leur gisement : c est de cet écrit que je tire les principaux matériaux
du présent article.
On a découvert ces os à Stonesfield , lieu de l’Oxfordshire , situé
près de Woodstok, à douze milles d’Oxford , dans un banc de schiste
calcaire qui devient sablonneux en quelques endroits , et queM. Buck-
land , dans son tableau géologique des couches de l’Angleterre ,
nomme schiste de Stoiie^eld. Cette pierre , que l’on exploite pour
en couvrir les maisons, est placée un peu au-dessous de la région
moyenne des couches oolitiques et au-dessus du lias qui contient les
ichthyosaurus. Elle doit ressembler beaucoup aux schistes calcaires
de Bavière, et il ne seroit pas impossible qu’elle leur correspondit
plus qu’on ne croit dans l’ordre géologique.
On y arrive par des puits percés au travers de plus de quarante
pieds d’un roc solide de cette autre espèce de pierre que les Anglais
nomment cornbrash , et d’argile feuilletée.
Ce banc de schiste, qui n’a jamais plus de six pieds d’épaisseur,
s’étend fort loin dans l’Angleterre ; c’est donc une couche aussi ré-
gulière qu ancienne , et il n’y a pas lieu de croire que les os fossiles
quelle contient y aient pénétré par quelque fente ou quelque autre
ouverture accidentelle.
Les morceaux que l’on a recueillis sont un fragment de mâchoire ,
pl. XXI, fig- 9 long de 0,29, contenant une dent développée
et plusieurs germes; un fémur, fig. 18 et 19, long, comme je viens
FOSSILES. 3^5
de le dire, de o,8o5; une suite de cinq vertèbres, fig. 14, faisant
ensemble une longueur de o,56^ un grand os plat, fig. 17 , qui semble
un coracoïdien, et quelques autres os moins déterminables, dont
une partie paroîssent avoir été roulés et usés par le frottement.
Par malheur ils ne se sont pas trouvés ensemble, ni même (à
I exception des vertèbres) réunis deux à deux, ou trois à trois, de
manière à rendre vraisemblable qù’iU soient provenus du même in-
dividu, et, qui plus est, ce n’est que par leurs rapports zoologiques
et par leur existence dans les mêmes carrières que l’on peut conclure
qu’ils viennent d’une même espèce ; encore ces rapports zoologiques
sont-ils d’une nature assez équivoque et assez mélangée.
Pour commencer leur examen par les dents, on peut remarquer
d’abord quelles sont très-semblables h celles de l’animal de Mon-
henn que nous venons de décrire, c’est-à-dire comprimées, aiguës,
arquées vers l’arrière, et à deux tranchans finement dentelés. Leur
tranchant antérieur est un peu'plus épais, et les dentelures s’y usent
plus vite. ^
11 paroit, par la fig. 9, qu*elles sohtfeiht cTalvéoîes assez bien cernés
et que les germes de remplacement percent la mâchoire au côté in-
terne des dents en place , et dans des alvéoles distincts.
On en a représenté une des plus fortes à moitié grandeur, fig. n,
par le tranchant, et fig. 1 2, parle plat ; et de grandeur naturelle, fig. 1 3.
La dent toute developpee a sa couronne longue de o,o55, en me-
surant la corde de son bord concave; c’est, par rapport au fémur
une dimension plus grande encore que n’indiqueroit la proportion
entre une dent et un fémur de monitor à dent tranchante ; car, dans
un monitor de quatre pieds efdend de long, Jes dents n’ont cette
partie que deo,oo5; ainsi, en admettant ces proportions, l’animal
auroit près de cinquante pieds. I
Du reste cette dent fossile, qui est en grand le portrait exact
d’une de ces dents de monitor, n’est pas non plus sans ressemblance
avec celles du crocodile d’Argehton que nous avons décrites ci-des-
sus,p. 166.
M. Buckland dit que ces dents ne prennent point d’adhérence à la
44
T. V, 2e. P.
346 SAURIENS
mâchoire , ce qui les rapprocheroit encore du crocodile ; mais il ajoute
que le bord externe de la mâchoire s’élève de près d’un pouce plus
haut que l’interne, et forme ainsi aux dents une espèce de parapet
du côté extérieur , ce qui est un caractère de monitor.
La face externe offre quelques trous rugueux pour l’issue des
filets du nerf maxillaire inférieur.
La portion de cette mâchoire que l’on possède n’offre point de
courbure sur sa longueur, et semble annoncer que le museau étoit
droit et allongé.
Le plus remarquable de ces os de Stonesfield est celui de la fig. i y.
Il est plat; un peu concave à la face représentée, un peu convexe à
1 autre ; plus mince vers le long bord arqué, ah^ épais, surtout à la
plus grosse apophyse, c.
Un de ses bords, ab , est en arc peu courbé; le bord opposé est
fortement échancré dans son milieu en/*,* d’un côté l’os se termine en
pointe , ^ de 1 autre il est comme tronqué et divisé en deux apo-
physes par une échancrure étroite , g.
Le seul os avec lequel je puisse trouvèr à ce fossile quelque ana-
logie , c’est l’os coracoidien d’un saurien. a, h seroit le bord sternal
qui s’inséreroit dans la rainure du disque rhomboïdal du sternum;
c, le col qui s’articuleroit à l’omoplate ; d, l’apophyse du bord anté-
rieur ; mais il faudroit supposer que la facette humérale est beaucoup
plus profonde, le col beaucoup plus long, le bord sternal plus étendu
et l’apophyse antérieure moins dirigée en dedans et séparée du col
par une échancrure plus étroite et plus profonde que dans aucun des
sauriens que je connois. Le bord sternal est aussi plus prolongé à
proportion que dans aucun d’eux.
Toutefois je ne puis guère douter que ce ne soit un coracoidien
de saurien : il ressemble beaucoup moins à leur os des îles, auquel
M. Buckland l’a comparé.
La longueur de cet os est de o,65 , ce qui fait seize fois la lon-
gueur de celui que je lui compare, en le prenant dans un monitor
de quatre pieds et demi. Cette dimension , dans un reptile , est
vraiment effrayante ; car , en admettant des proportions sembla-
FOSSILES.
347
blés , on en concluroit une longueur de plus de soixante-dix pieds.
Un autre os plat, fig. 21 , élargi d’un côté et aminci vers son bord,
large , rétréci et plus épais à son col , me paroît ressembler , comme
le dit M. Buckland , à un ischion de saurien ; mais sa proportion est
beaucoup moindre que celle de l’os précédent.
Le fémur , comme les dents , présente une espèce de mélange des
caractères du monitor et du crocodile ; il est arqué en deux sens ,
d’abord concave en avant, puis en arrière j sa tête articulaire, dirigée
en avant, a derrière elle un trochanter comprimé et assez saillant 5 il
grossit vers le bas, et s’y termine par deux condyles articulaires in-
égaux. Le diamètre transverse de satete inferieure est de o,i65. A
peu près au tiers de sa hauteur, il a, sur ses deux faces, un renfle-
ment comme on en voit un à la face interne du crocodile. Le fémur
d’un monitor seroit moins arqué que le fossile.
La cavité médullaire de celui-ci est large et remplie de spath.
M. Buckland représente encore trois os longs de ces mêmes car-
rières , et qui lui paroissent appartenir au même animal.
Celui de la fig. 20 , qu’il regarde comme u» métatarsien , me paroît
ressembler à un humérus plus qu’à aucun autre os; mais à un hu-
mérus assez différent de ceux de la plupart des reptiles , car sa tête
est ronde et non comprimée ; elle est placée obliquement par rapport
à l’axe de l’os.
L’os de la fig. 22 , droit, grêle, un peu élargi et comprimé au bout,
qui est tronqué obliquement , pourroit être un radius , et ne s’éloi-
gneroit beaucoup ni de celui d’un monitor ni de celui d’un crocodile;
mais, mutilé comme il est, il seroit difficile de soutenir que ce ne
peut aussi bien être un péroné , comme le croit M. Buckland.
Sa longueur est de 0,61, quoiqu’il lui manque quelque chose.
Celui des fig. 28 et 24 est le plus embarrassant. M. Buckland pense
que c’est peut-être une clavicule ; mais ce seroit tout au plus parmi
les lézards proprement dits que l’on observeroit quelque ressem-
blance, et, en prenant les proportions, on trouveroit qu’elle a dû
venir d’un animal de plus de cinquante-cinq pieds. En prenant les
proportions d’un grand scinque , genre où la clavicule a aussi quel-
44*
348 SAURIENS
que chose de cette inflexion, on trouveroit une longueur totale
moindre, et seulement de trente-neuf pieds. J’avois pensé au péroné;
mais tous les péronés de crocodiles et de sauriens sont droits. Cet
os-ci est arqué sur sa longueur, prismatique dans son milieu, élargi et
aplati à ses deux extrémités. Je ne vois guère que le caméléon dont
le péroné soit un peu arque, mais il n a pas les mêmes dilatations.
Cet os est long de 0,58, ou de vingt-et-un pouces et demi à peu
près; ainsi, en admettant que ce fût un péroné et qu’il appartînt au
même animal que le fémur, l’extrémité postérieure de cet animal au-
roit pu l’elever au-dessus de terre de plus de quatre pieds, sans
compter la hauteur du pied lui-même m celle de l’épine du dos au-
dessus de la cavité cotyloïde.
Quant aux vertèbres, celles que l’on a ne ressemblent ni h celles
de nos crocodiles vivans, ni à celles des monitors et des autres lé-
zards, et on ne pourroit les comparer qu’à celles du premier de nos
crocodiles de Honfleur ou de quelques autres espèces fossiles de ce
genre.
Elles ont un tiers de plus en longueur qu’en largeur; la partie an-
nulaire s’y joint par une articulation très-marquée, ce qui les rap-
proche des crocodiles plus que des monitors. Elle est élevée et creu-
sée d’une cavité, comme dans l’espèce de Honfleur dont nous venons
de parler; leur corps est un peu rétréci dans son milieu, mais moins
que dans le crocodile de Honfleur; ses deux faces sont planes; l’a-
pophyse épineuse est peu élevée et coupée carrément; les trans-
verses, assez longues et déprimées, montent un peu obliquement.
La longueur du corps de l’une de ces vertèbres est de o,i3; ce qui,
en admettant les proportions d un monitor, donneroit une longueur
totale d a peu pies trente-six pieds, mais, en admettant celles d’un
crocodile, n’en produiroit que vingt-cinq.
M. Buckland représente deux côtes: une courte, fig. a5, qui pa-
roit avoir été cervicale, et une plus longue, fig. 26, et placée plus
en arrièrç. Elles sont munies chacune d’une tête et d’un tubercule ,
et cette derniere circonstance est entièrement propre aux crocodiles
et étrangère au plus grand nombre des sauriens.
FOSSILES.
349
Quand même ces différens os ne viendroient pas du même animal,
il n’en est pas moins certain que la plupart ne peuvent venir d’aucun
animal connu, et ne rapportât-on ensemble que le fémur et les dents,
ou même ne prît-on ses caractères que du seul fémur, on pourroit
déjà dire qu’il y a dans les carrières de schiste calcaire de Stonesfield
des restes d un très- grand reptile foi’t voisin' du géosaurus des
carrieres.de schiste calcaire de Monheim, et rapproché à plusieurs
égards des crocodiles et des monitors. Si on lui rapporte encore,
comme tout semble le justifier, ce grand os coracoïdien, on en con-
clura qu’il devoit essentiellement tenir aux lézards. Toutefois on ne
pourra obtenir à ce deniier égard de certitude complète que lorsque
l’on connoîtra la forme de sa tête. Il surpassoit à coup sûr les plus
grands crocodiles connus, et approchoit, pour la taille, d’une petite
baleine. D’après la forme tranchante de ses dents, il n’est pas dou-
teux que son naturel étoit excessivement vorace. Tout ce qui accom-
pagne ses débris dans les carrières où il est enseveli annonce qu’il
étoit marin. On y voit des nombres immenses de nautiles, d’ammo-
nites, de trigonies, de bélemnites, quelques dents de squales et
d’autres poissons, d’autres os de poissons et des restes d’une ou deux
espèces de crabes. Parmi ces innombrables fossiles marins sont tou-
tefois quelques os longs qui ont paru venir d’oiseaux de l’ordre des
échassiers, et même, à ce qu’on assure, deux fragmens de mâchoire
qui, lors d’une inspection rapide que j’en pris à Oxford en 1818 , me
semblèrent de quelque didelplie (i).
M. Buckland ajoute qu’on y trouve même des élytres de plus
d’une espèce de coléoptère.
Il n est pas probable qu’un aussi énorme animal ait été confiné
(i) M. Prévost, naturaliste bien connu , qui voyage en ce moment en Angleterre , vient
de m’envoyer le dessin d’une de ces mâchoires ; il me confirme dans l’idée que la première
•nspeclion m’eu avoit donnée. C’est celle d’un petit carnassier dont les màchelières ressem-
i*lent beaucoup à celles des sarigues ; mais il y a dix de ces dents en série , nombre que ne
■contre aucun carnassier connu. Dans tous les cas, si cet animal est vraiment du schiste de
Stonesfield, c’est une exception bien notable à la règle, d’ailleurs si générale, que les
couches de celle ancienneté ne recèlent point de restes de mammifères.
35o SAURIENS
dans un sguI canton j aussi paroit— il s en trouver dans ^uel(jues au~
très lieux de l’Angleterre.
M. Gedeon Mantell, de Lewes en Sussex , dont j’ai déjà eu l’oc-
casion de citer ci-dessus, p. i6i et aSa , le bel ouvrage sur les fos-
siles de ses environs , m écrit que dans le sable ferrugineux de la
forêt de Tilgate, où il a recueilli tant de fossiles de diverses classes,
il a trouvé aussi des os de mégalosaurus d’une dimension énorme;
entre autres des fragmens de fémur , dont le plus grand a vingt-deux
pouces anglais de circonférence, ce qui fait conclure à M. Mantell
que sa longueur devoit approcher de cinquante — quatre pouces ou
1,37. 11 a eu la complaisance de m’adresser un de ces fragmens et
d’y joindre quelques dents et quelques autres os ou fragmens d’os.
Les dents , quoique beaucoup plus petites que celles de M. Buck-
land, sont parfaitement de la même forme, et il n’est guère dou-
teux qu elles ne soient de la même espèce.
Une vertèbre, longue de 0,11, me paroît ressembler aussi fort
exactement à celles de M. Buckland. Un caractère remarquable qu’on
y observe, c’est une arête vive ou carène longitudinale à sa face in-
férieure. Je la donne, vue en dessous, pl. XXI, fig. 27. A la gros-
seur de ses apophyses ou pourroit croire que c’est une vertèbre
sacree ; elle a , comme celles de Stonesfield , beaucoup de rapports
avec nos vertèbres de Honûeur, pl. IX, fig. 3, 6 et 10. Je trouve
cependant que l’ arête est beaucoup moins marquée, même dans
celles de ces dernières qui en offrent quelques vestiges.
Des fragmens d’os du métacarpe ou du métatarse sont si gros
qu’au premier coup d’œil je les avois pris pour cens d’un grand bip-
popotame,
Avec ces os de mégalosaurus , M. Mantell en a trouvé de croco-
dile, de tortue, de plésiosaurus, de cétacés et d’oiseaux, et il en a
recuei i aussi dont il n’est pas possible d’assigner le genre. On ne peut
trop l’encourager dans le projet qu’il a de donner bientôt au public
une description détaillée et des figures de ces trésors géologiques.
La première place pour la singularité y appartiendra sans doute à des
FOSSILES. 35i
dents, pl. XXI, fig. 28 — 3a , dont il a bien voulu me communiquer
quelques-unes, et dont je ne puis m’empêcher de dire ici quelques
mots , d’autant que si elles peuvent venir d’un poisson , comme on
le soupçonne , il n’est pas impossible qu’elles proviennent aussi d’un
saurien , mais d un saurien encore plus extraordinaire que tous ceux
dont nous avons connoissance.
Ce qui leur donne un caractère unique , c’est d’user leur pointe et
leur fust transversalement comme les quadrupèdes herbivores, et
tellement que la première qui me fut présentée s’étant trouvée dans
cet état de détrition, je ne doutai nullement qu’elle ne vînt d’un
mammifère; il me sembloit même quelle ressembloit beaucoup à
une mâchelière de rhinocéros, ce qui, vu son gisement, auroitdé-
ï^ngé toutes mes idées sur les rapports des os avec les couches , au
moins autant qu’auroit pu le faire le petit carnassier de Stonesfield.
Ce n’est que depuis que M. Mantell m’en a envoyé une série d’en-
tières et de plus ou moins usées que je me suis entièrement convaincu
de mon erreur.
Les plus grandes de ces dents ont une racine un peu courbée, qui
s’amincit vers son extrémité profonde. Leur couronne est prisma-
tique, plus large à sa face externe. Cette face est seule couverte d’é-
mail , ou du moins elle a un émail plus épais et plus dur que le reste
du pourtour, comme dans les incisives des rongeurs. Elle s’élargit
d’abord à partir de la racine, et ensuite ses bords se rapprochent
pour former la pointe tranchante qui termine la dent. Les deux
bords qui, à partir de l’élargissement, vont se réunir à cette pointe
sont fortement dentelés en scie. La face externe et émaillée de la
dent a deux aretes longitudinales très-obtuses, très-peu saillantes,
qui la divisent entrois parties, aussi longitudinales et très-légèrement
concaves.
Une fois servant à la mastication, cette dent use d’abord sa pointe,
petit à petit la détrition fait disparoître toute la partie qui a les
^ords dentelés ; en même temps elle produit sur la dent une troncature
qui devient de plus en plus large, mais qui est toujours oblique, parce
que la face externe et émaillée s’use moins que le reste. C’est quand
35a
SAURIENS
toute sa partie dentelée a disparu qu’on peut être tenté de prendre
ces dents pour des dents de mammifères herbivores usées jusqu’à la
racine; car on ne voit point de linéaraens d’émail sur la couronne,
et même l’absence de ces linéamens obligeroit, pour les attribuer à
des mammifères, de supposer que ce sont des incisives; mais c’est
une supposition difficile à admettre, car on ne connoît point d’inci-
sives de mammifères' qui ressemblent le moins du’ftionde à ceUes-là.
Il y a de ces dents plus petites les unes^que les autres, et les
moindres n ont ordinairement à leur face externe qu’une arête lon-
gitudinale obtuse, mais alors ori voit sut* les côtés plusieurs arêtes
plus petites et aiguës qui y' forment des stries.
On en tiouve aussi à tranchant simple, sans dentelure, légère-
ment convexes a leurs deux faces, et terminées par une pointe ob-
tuse , qui ressemblent assez à des canines ou à des incisives latérales
de tapirs ou d’autres animaux à canines courtes.
Je pense que ces diftérences tiennent seulement aux places que ces
dents occupoient dans la bouche de l’animal.
On voit, pl. X.X.I, fîg. 28, 2Q et 3o, des figures de quelques-unes
des dents que m’a envoyées M. Mantell, et fig. 3i , 82 et 33, des
copies de trois autres tirées de la planche de l’ouvrage qu’il va pu-
blier à ce sujet.
Ces dents ne sont pas les seuls indices qui annoncent encore l’exis-
tence, à ces époques reculées, d’espèces gigantesques de sauriens,
égales on à peu près au mégalosaurus, à l’animal de Maestricht et
aux crocodiles.
J ai surtout parmi les os recueillis à Honfleur des vertèbres de
plusieurs sortes que je ne puis rapporter à aucunes des espèces dé-
crites jusqu à présent, et dont il convient que je marque ici les ca-
ractères comme des pierres d’attente sur lesquelles s’élèveront un
jour, comme des édifices, les squelettes de ces espèces antiques.
J en ai par exemple de très-grandes du Havre et de Honfleur,
pl. XXII, fig. I et 2, à corps cylindrique, presque aussi long que
large, marqué de chaque côté d’une petite fossette, à faces planes,
FOSSILES. 353
circulaires, à canal médullaire fort étroit, à partie annulaire non
articulée ; l’apophyse épineuse haute et droite j les transverses au
niveau du canal médullaire, grosses, cylindriques, dilatées vertica-
lement au bout; et, ce qui est très-remarquable, les articulaires pos-
térieures petites, pointues, rapprochées, et donnant dans deux petites
fossettes entre les antérieures et au-devant de la base de l’épineuse.
Elles doivent appartenir à une espace dp saurions trè.s-voisine des
plésiosaurus que je décrirai plus loin. Leurs seules différences avec
les vertèbres de ce dernier genre tiennent à une plus grande largeur
proportionnelle de leur corps, et à ce que ses petites fossettes sont
creusées à ses côtés au lieu de l’être en dessous.
J’en ai de New-Castle d’un peu plus petites, mais dont le corps a
les mêmes proportions, et manque seulement des petites fossettes la-
térales. Malheureusement les apophyses articulaires y sont brisées.
A l’une ou à l’autre des espèces annoncées par ces vertèbres doi-
vent appartenir divers grands os d’extrémités trouvés avec elles.
Une extrémité inférieure de tibia de Honfleur avec l’astragale, un
autie os du tarse et un fragment que l’on peut croire de péroné
(pl. XXI, fig. 34 — 38) annoncent surtout une structure de pied de
derrière tout-à-fait extraordinaire.
Pour en saisir l’analogie , il faut se représenter que la jambe à la-
quelle ces os appartenoient étoit fortement comprimée par les côtés,
de maniéré a être tranchante en arrière comme les tarses des canards,
au lieu d’être aplatie d’avant en arrière comme celle des crocodiles,
et plus encore celle des monitors.
Une fois cette idee admise, on retrouve dans l’os, a, a, fig. 34,
35 et 36, quelque trace de la forme de l’astragale du crocodile ; mais
on voit que le calcanéum a du être tout-à-fait en arrière et fort petit.
La face articulaire du tibia est longue de 0,1 4; sa plus grande lar-
geur est vers son quart antérieur, et de o,o4, en angle aigu; en ar-
riéré , elle a le côté interne serpentant.
Une arete courbee remonte obliquement à la face interne du
'^ibia, et forme une articulation avec une apophyse montante et
comprimée de l’astragale.
T. V, 26. P.
45
^^4 SAURIENS
La forme de cet astragale est si bizarre à cause de sa compression ,
qu on le prendroit d’abord pour un calcanéum de mammifère.
Il est en dessous en portion de cylindre convexe; en dessus il est
irrégulièrementconcave pour s’accommoder aux sinuosités de la face
articulaire du tibia; de son bord interne, en arrière, s’élève cette
apophyse comprimée dont j’ai parlé.
Sa face intérieure est semi-lunaire. En arrière^ il est tronqué par
une petite facette concave qui répond sans doute au calcanéum.
L individu dont ce bas de jambe et ce tarse sont provenus ne peut
avoir eu moins de trente-six pieds de long, en le supposant à peu
près proportionné comme les gavials. En prenant pour type les pro-
portions d’un monitor, il en auroit quarante-six.
Il ne seroit pas impossible que l’os, fig. 3g, fût la tête supérieure
du péroné du pied que je viens de décrire. Sa face supérieure est en
triangle allongé , convexe selon sa longueur. La partie descendante
du corps de 1 os est ensuite comprimée en sens contraire de la tête;
convexe du côté où la tête est plus large , plane de l’autre. L’intérieur
paroit avoir été entièrement rempli par de la cellulosité. La fig. 3y
seroit probablement l’extrémité inférieure de ce péroné.
La fig. 38 paroît aussi un os de tarse, mais je ne puis en assigner
la place.
Dans les memes bancs que ces vertèbres et ce pied de Honfleur
se sont trouves de grands os plats qui paroîssent venir de l’épaule
ou du bassin de très -grands sauriens.
Celui de la fig. 3, pl. XXII, ressemble un peu à un pubis de très-
grand crocodile; il s’aplatit de même dans sa partie élargie, mais son
extrémité rétrécie est comprimée dans un sens contraire à celui de
l’extrémité élargie, ce qui n’a pas lieu dans le crocodile.
Les carrières d’oolithes de Caen m'ont fourni encore un os qui
annonce à coup sûr un animal gigantesque de la classe des reptiles.^
C’est un operculaire du côté gauche de la mâchoire inférieure ,
pl. XXII, fig. 4, long de o,6.
Il a , en arrière , une échancrure qui semble montrer qu’à cet en-
FOSSILES. 355
droit se trouvoit un trnu semblable à celui qu’on voit à la face in-
terne des crocodiles^ mais sur toute sa longueur, vers son bord supé-
rieur, régné une arête obtuse qui se bifurque en arrière, et dont le
crocodile n’offre aucune trace.
Dans aucun cas, cet os ne peut appartenir à l’espèce de gavial des
memes cairières; il seroit plus vraisemblable qu’il vient de la mâ-
choire d un megalosaurus : malheureusement il n’est accompagné
d’aucunes dents.
Article V.
D un Saurien des empirons de Lunéi^ille , qui se rapproche aussi
à plusieurs égards des crocodiles.
Cette espèce , aussi nouvelle pour la géologie que pour la zoolo-
gie, a été découverte par M. Gaillardeau, médecin de Lunéville,
et très-habile naturaliste, dans les carrières qui fournissent à cette
ville ses pierres de construction.
Ces carrières, qui s’exploitent à ciel ouvert près des villages de
Kehainvilliers et de Monts, à une lieue au sud de Lunéville et sur la
rive gauche de la Meurthe, sont peu élevées au-dessus du niveau de
cette rivière.
La pierre qui les compose est compacte, en couches horizontales
d épaisseur médiocre , séparées par des couches minces formées de
débris de coquilles ou de coquilles entières accumulées; des térébra-
tules et des mytulites y sont surtout en grande abondance.
M. Brongniart, qui en a fait l’examen, y a observé la coquille
nommée par M. St^oihQimmyty'lus socialis , Nachtr. ,pl. XXXVII,
fig' I ) s® retrouve au pied du mont Meissner, en Hesse, et au
pied du mont P haron, près de Toulon , dans un calcaire tout sem-
blable.
D y a vu aussi le mytylus eduliformis, Schloth., ib., fig. 4j nne
Wtre très-semblable à Vostrea spondyldides , ib., pl. XXXVI,
I , a, è,- le terebratula subrotunda.
45’
•356 SAURIENS
. On y trouve encore, selon M. Gaillardeau, des gryphées de l’es-
pece suborhiculaire , et une ammonite semblable à celle que Mont-
fort a décrite sous le nom de impartie , et dont le diamètre va de
quatre à quator?;e pouces.
Des corps remarquables et qui offrent des rapports avec des becs
de sèche, mais d’une sèche qui auroit le bec de nature testacée et non
pas cornée , sont aussi tres-eommuns dans ces carrières ; ils ressèm-
ent a ceux des environs de Gœttingue, décrits et représentés par
M. Blumenbach, dans son Archœologia telluris.
Ce qui, dans 1 esprit de M. Gaillardeau, a ajouté à la vraisem-
blance que ces becs viennent de quelque sepia, c’est qu’il les a
toujours trouvés accompagnés d’uue matière noire semblable à de
la suie, et qu’il suppose avoir été l’encre de l’animal.
Il y en a de deux espèces.
Tous ces fossiles appartiennent, ainsi queM. Gaillardeau l’a très-
bien leconnu, aux couches inférieures de l’ordre du Jura, ou aux
supérieures de celles que l’on nomme n^mchel-lcalk ou calcaire
alpin.
C’est parmi ces différens corps, et parmi des dents de squale et des
os nombreux qui semblent venir de quelques tortues de mer que se
sont trouvés les os que je vais décrire et qui appartiennent manifes-
tement à un saurien.
Ils consistent en une vertebre, un cOté de mâchoire inférieure
quelques côtes, et des os de l’épaule et du bassin.
Comme les autres os qui les accompagnent, ceux-ci sont d’une
couleur fauve-grfeâtre; ils n’ont point conservé de gélatine et ne de-
viennent pas noirs au feu.
La vertèbre, dont on n’a que le corps, pl. XXII, fig. 7 et 8, ne
ressemble qu à une caudale d’une de ces espèces de crocodile dont
les faces des corps des vertèbres sont planes ou légèrement con-
caves l’une et l’autre, à» I -si 91
On y voit de même en dessus deé 'Sutures pour la partie annulaire,
qui laissent peu déplacé pour le canal vertébral, et sur leurs côtés,
deux autres sutures pour les apophyses transverses, qui, dans les
FOSSILES. 357
caudales de crocodiles, sont des pièces séparées. En dessous, èt à la
moitié postérieure , il y a deux tubercules pour Vos en chevron , mais
beaucoup plus grands et à surface plus âpre que dans les crocodiles.
La mâchoire, représentée lig. 5 par sa face externe, et fig. 6 par
sa face interne, a des caractères de crocodiles et d’autres de lézards.
Elle est longue et grêle plus que dans Iç crocodile vulgaire.
Les alvéolés cies dents sont bien, séparés. et clos, ils sont ranges sur
une seule ligne, et l’on en compte vingt-sept dans le morceau que
j’ai sous les yeux , bien que mutilé en avant. Les dents, paroissent
avoir été alternativement plus grosses et plus minces, et d’après ce
qui en reste, on voit qu’elles étoient creuses intérieurement.
Jusque-là tout s’accorderoit assez avec les crocodiles, mais la com-
position de la mâchoire est très-différente.
L’apophyse coronoïde, qui est courte et obtuse, appartient à 1 os
supplémentaire, qui, au lieu d être petit et en forme de croissant
comme dans le crocodile,. se porte en avant entre le dentaire et l’o-
perculaire et le long des bords internes des dents sur une longueur
de plus de dix-huit alvéoles. L’operculaire est aussi porté très en
avant, et, au lieu d’un-simplé trou intercepté entre lui et l’angulaire,
et indépendant de la grande ouverture derrière l’operculaire et l’an-
gulaire qu’on observe dans le crocodile,. il n’y a qu’une seule ou-
verture très-longue, qui règne depuis la pointe postérieure de l’o-
perculaire jusques à l’articulation, et qui a en dessus le complémen-
taire et le sur-angulaire , et en dessous l’angulaire.
A la face externe , le sur-angulaire présente une arête longitudinale
aiguë.
• L’articulation ressemble assez à celle d’un crocodile, mais Vapo-
physe postarticulaire semble avoir été un peu plus courte à proportion.
On peut , sur ces deux piècei^ seulement , prononcer sans hésitation
quelles viennent d’un reptile inconnu j très-probablement de quel-
■que genre intermédiaire entre les crocodiles et les sauriens, tels que
ceux que nous avons décrits , dans les articles précédens.
11 s’est trouvé dans leur voisinage des côtes, fig. i5, 16. et 17 , qui
pourroient aussi venir de la même espèce , et qui , par leur tète simple
358 SAURIENS
et oblongue, ressemblent beaucoup à celles des lézards, et particuliè-
rement à celles des monitors.
Les dents des fig. 9 à la , trouvées dans les mêmes pierres, pour-
roient très-bien venir aussi de la même espèce, mais d’individus plus
grands que la mâchoire.
Toutes sont coniques et fortement striées; les unes sont courtes,
droites et obtuses; les antres plus on moins longues , et plus ou moins
arquees; mais ces différences , qui ont aussi Ueu pour les dents pla-
cées aux divers endroits de la mâchoire dans uncrocodile, excluent
pas l’identité d’espèce.
La fig. i3 représente un os qui, par la forme, ne peut être qu’un
coracoïdien d’un animal voisin de l’ichthyosaurus ou du plésiosaurus.
11 porte en a, b deux facettes destinées à recevoir l’omoplate et l’hu-
mérus; son corps éprouve, comme dans.l’ichthyosaums, un rétrécis-
sement; mais 1 élargissement du bord sternal est autrement figuré:
il paioit qu il formoit une pointe en avant.
La fig. i4 est un os qui ressemble beaucoup au pubis du squelette
de plésiosaurus que vient de publier M. Conybeare. La fig. i5 a
aussi beaucoup de rapport avec l’humérus de ce plésiosaurus en
sorte qu il ne seroit pas impossible que ces différens os appartinssent
à une espèce de ce genre.
Artiglje VI.
Sur un genre de Sauriens, caractérisé par l’excessif allongement
du quatrième doigt de deuant, auquelnous aeons donné le nom
de Ptérodactyle.
Ce n’étoit pas seulement par la grandeur que la classe des reptiles
annonçoit sa prééminence dans les anciens temps ; c’étoit encore par
des formes plus variées et plus singulières que celles qu’elle revêt de
nos jours. En voici qui voloient non pas par le moyen de leurs côtes
comme nos dragons, ni par une aile sans doigts distincts comme celle
FOSSILES. 359
des oiseaux . ni par une aile où le pouce seul auroit été libre comme
celle des chauve-souris , mais par une aile soutenue principalement
sur un doigt très-prolongé, tandis que les autres avoient conservé
leur brièveté ordinaire et leurs ongles. En même temps, ces reptiles
volans, dénomination presque contradictoire , ont un long cou, un
bec d’oiseau, tout ce qui devoit leur donner un aspect hétéroclite. Les
ichthyosauruset les plésiosaurus, par lesquels nous terminerons cette
dernière partie de notre ouvrage, compléteront, par leur aspect de
cétacés , tout ce qui pouvoit enrichir cette classe de formes extraor-
dinaires et imprévues pour les naturalistes.
§ I®r. De la grande espèce à museau allongé ( pterodactylus
LONGIROSTRIS Cuv.).
On en doit la première connoissance à feu M. Collini , directeur
du cabinet de l’électeur Palatin à Manheini , homme de lettres flo-
rentin, connu parmi nous pour avoir été pendant quelque temps at-
tache a Voltaire, sur lequel il a donné des Mémoires. Avec de l’esprit
et de la sagacité, mais peu de connoissances positives d’histoire na-
turelle et d’anatomie comparée, il n’a pas laissé que de rendre des
services essentiels à ces deux sciences, en publiant les objets les plus
intéressans du dépôt confié à sa garde; attention que tant d’autres
conservateurs de riches collections devroient bien imiter; car le seul
mérite réel d’un cabinet , le seul but raisonnable des gouvernemens
qui en font recueillir , est de fournir des accroissemens aux sciences ,
en offrant des sujets de méditation h ceux qui les cultivent.
Dans un mémoire inséré parmi ceux de l’Académie palatine (partie
physique, t. V, p. 58 et suiv.), Collini décrivit les os fossiles de ce
cabinet, notamment ceux d’hyène, de rhinocéros et de crocodile
dont j’ai parlé ailleurs, et le squelette entier qui fait l’objet de notre
présent article.
Il avoit été trouvé, dit l’auteur , dans une de ces pierres marneuses ,
feuilletées, grises, et quelquefois jaunâtres, ^Aichstedt, qui abon-
<Ient en dendrites et en pétrifications animales.
SAURIENS
On sait qa' Aichstedt est dans la vallée de VAltmiihl, un peu au-
dessous de Solenhofen, village du comté de Pappenheim, célèbre
depuis long-temps parmi les amateurs de pétrifications, par ses
schistes calcaires si abondans en poissons, en crabes et en écrevisses
en grande partie inconnus , et offrant quelquefois jusqu’à des animaux
du genre du crabe des Moluques {monoculus polrphemus Lin.,
hmulus Fabr.). Nous avons parlé amplement de ce! schistes ci-des-
sus, apres IV . e Buch , a 1 article du crocodile de Monheim qui en
a aussi été retire. Les poissons qui s’y trouvent, et dont nous avons
fait récemment l’examen, appartiennent, au moins en partie, à des
genres marins. Nous y avons parfaitement distingué, par exemple
une espèce bien caractérisée à’anchois, probablement le clup/a
sprattiformis de M. de Blainville.
La figure extraordinaire du squelette que j’examine dans cet ar-
ticle m ayant beaucoup frappé, j’aurois bien désiré pouvoir obser-
ver ce morceau par moi-même; mais M. le baron de Moll, minéraT
logiste célébré , à qui je m’adressai pour en avoir des nouvelles ,
m’écrivit qu’il n’avoit pu le retrouver.
Je fus donc obligé, lors de ma première édition, de me contenter
de la figure et de la description de Collini , qui heureusement sont
mieux faites et plus détaillées qu’il n’arrive d’ordinaire, et me suffi-
rent pour déterminer la classe de l’animal et pour en caractériser le
genre.
Cependant le morceau n’étoit pas perdu; on le conservoit au con-
traire avec beaucoup de soin, et il devint l’objet d’une dissertation
de M. de Sœmmernug que ce savant anatomiste lut à l’Académie
de Munich, en décembre i8io, et qu’il accompagna de quelques
notes sur la mienne, dont il •
’ uont 11 reçut un exemplaire au moment meme
ou la sienne alloit être imprimée. Ce fut aussi seulement alors que
feu M. Oppel voulut bien m’envoyer le nouveau dessin gravé
pl. XXIII, fait par lui -meme avec tout le fini qui distinguoit son
talent; enfin mon ami M. Brongniart ayant passé à Munich en i8i8
avec M. Prévost, ils y dessinèrent, sur ma demande, les détails partL
culiers du carpe , du tarse et des phalanges qui me manquoient encore.
FOSSILES. 36i
C est d après cesmatériaux que je reprends ce sujet et que je l’exa-
mine tout de nouveau. j
Collini ne s’en étoitpas fait une idée complètement exacte. A la
vente il avoit bien distingué les diverses parties de la tête, le cou,
la direction rétrograde du tronc, la petitesse de la queue, la jambe
gauche et ce qui appanienuaux deux' brtis ; mais il n’avoit pas re-
marqué la division du métatarse 5 il dwueoit si les pieds R et S ap-
partenoient au même individu] ■ et ' il îés croyv>it éloignés de leur
place naturelle ; il n’attribuoit à la jambe droite que les os T et U,
et il prenoit l’ischion L pour le coccyx.
Quant au genre de l’animal, après avoir fait remarquer que ce n’est
ni un oiseau ni une roussette, il se demande si ce ne seroit point
quelque amphibie, et finit par conclure cpi’il en faut chercher l’ori-
ginal parmi les animaux marins.
Un léger examen ne tarda pas à me faire voir que la seconde
jambe de derrière n’est ni tmssî dérangée ni aussi mutilée qu’il le
dit; on peut, au contraire, en suivre toutes les parties. T est le fé-
mur, U est le tibia et R le pied, dontJa joncvion avec le tibia ne se
distingue pas bien , parce qu’elle est -cachée par l’épine du dos.
Ce pied R étant plus développé que l’autre me fit apercevoir une
seconde erreur , qui est d’avoir pris pour un seul os le métatarse P ,
qui est au contraire compose de plusieurs, mais jetés les uns sur les
autres.
Ce pied R ne venant point d un autre animal, et n’étant point dé-
taché de sa place naturelle, il n’y avoit pas de raison pour croire
que le pied S le fût. 11 me sembla donc voir en S trois doigts d’un
pied de devant , attaches au bout d’un long métacarpe et accompa-
gnés d’un quatrième doigt 4, 6 , 7 , beaucoup plus long que les
autres. Le carpe se trouva alors en S , ou l.on distingue en efïet plu-
sieurs osselets. Les os 2 et 2' forment les avant-bras, i et i' sont
les humérus j les os X et G sont les clavicules , et les os 9 et 9', dont
Collini ne parle pas, les omoplates.
L os détaché Y ne me parut autre qu un pubis d’une forme parti-
culière, ce qui acheva de déterminer à mes yeux la classe de l’animal.
T..V, 2e. P. /5
362 SAURIENS
Collini ne me parut pas non plus avoir bien compté les phalanges
du pied R, et sa figure me sembla en montrer clairement deux au
premier doigt, trois au second, et quatre aux deux suivans, sans
compter les os du métatarse; les mêmes nombres exactement s’ob-
servent à ceux du pied de devant.
Enfin , ayant encore porté mon attention sur le petit os cylindrique
marqué g, qui va du crâne a I articulation des mâchoires, je me
crus muni de tout ce qui étoit nécessaire pour classer ostéologique-
iiient notre animal parmi les reptiles.
Il étoit inutile de songer ni à un poisson ni à un cétacé.
Ce n’ étoit pas non plus un oiseau, quoiqu’il eût été rapporté aux
oiseaux palmipèdes par un grand naturaliste (i).
Un oiseau auroit des côtes plus larges, et munies chacune d’une
apophyse récurrente ; son métatarse n’auroit formé qu’un seul os , et
n’auroit pas été composé d’autant d’os qu’il y a de doigts.
Son aile n’auroit eu que trois divisions après l’avant-bras, et non
pas cinq comme celle-ci.
Son bassm auroit eu une toute autre etendue , et sa queue osseuse
une toute autre forme; elle seroit élargie, et non pas grêle et conique.
Il n’y auroit pas eu de dents au bec ; les dents des karles ne tien-
nent qu’à l’enveloppe cornée , et non à la charpente osseuse.
Les vertèbres du cou auroient été plus nombreuses. Aucun oiseau
n’en a moins de neuf; les palmipèdes, en particulier, en ont depuis
douze jusqu’à vingt trois , et l’on n’en voit ici cpe six ou tout au plus
sept.
Au contraire, les vertebies du dos 1 auroient été beaucoup moins.
Il semble qu il y en ait plus de vingt, et les oiseaux en ont de sept à
dix, ou tout au plus onze.
Feu Hermann, professeur de Strasbourg, qui m’avoit rendu
attentif à cet animal, le supposoit un mammifère, et s’étoit même
amusé à le dessiner entier, revêtu de son poil.
« Je voulois depuis long -temps publier un mémoire sur cette
j(i) BlumenbachjM^nueX d’Histoire naturelle, éd. de 1807 , p- 73i.
FOSSILES. 363
» pièce (m’écrivoit-il) , et montrer que l’animal doit avoir formé
)) une espèce plus intermédiaire encore que les chauve-souris entre
» les mammifères et les oiseaux. »
Malgré l’autorité de cet habile homme , je pensai qu’il y avoit
de fortes raisons pour ne point admettre son idée, et je les énonçai
dans ma première édition d’une manière qui me parut devoir suf-
fire pour la conviction des naturalistes.
Cependant une autorité plus grave encore que celle d’Hermann,
s’est élevée en faveur de son opinion. M. de Scemmerring avoit rangé
notre animal parmi les mammifères et dans le voisinage des chauve-
souris, et il a exposé en détail, à la suite de son mémoire , les motifs
qui lui paroissent affoiblir ou détruire mes argumens; je suis donc
obligé de reprendre toute la description de ce squelette, de donner
plus explicitement mes raisons sur chacun de ses caractères et d’exa-
miner les raisons contraires de M. de Scemmerring. C’est un petit
procès que j’ai là avec un ami , dont je respecte autant le savoir que
le caractère , et dont je le ferai volontiers juge.
Ici j aurai pour auxiliaire M. Oken, qui, ayant vu de ses yeux le
fossile original, l’a considéré aussi comme un reptile, et en a même
expliqué heureusement quelques parties que je n’avois pu bien juger
sur la gravure de Collini; son mémoire à ce sujet est dans l’Isis de
1819, t. I, p. 1788.
Les dents, par où il faut toujours commencer l’examen d’un ani-
mal , ne présentent ici aucune équivoque. Elles sont toutes simples ,
coniques , et à peu près semblables entre elles comme dans les cro-
codiles, les monitors et d’autres lézards. Tout le monde sait que les
dauphins, seuls, parmi les mammifères, pourroient présenter quel-
que chose de comparable j mais il n’y a pas moyen de songer à ce
genre. M. de Scemmerring s’est beaucoup appuyé sur les grandes di-
versités de nombres que MM. Pallas et Geoffroy ont assuré exister
dans les chauve-souris, et en a conclu que ces variétés pourroient
l*ien aller jusqu’à la dentition de notre fossile. Mais il est de fait
les chauve-souris n’ont jamais que deux formes de mâchelières ;
Unes, savoir les roussettes qui vivent de fruit, les ont à couronne
46’^
364
SAURIENS
a- deux collines longitudinales qui deviennent plates par la détrition ;
dans les autres, c’est-à-dire dans les innombrables vraies chauve-
souris, quels que soient leurs sous-genres, ces mâchelières sont hé-
rissées de pointes dans un ordre déterminé, et leur nombre ne va
pas à plus de sept en haut et six en bas.
On peut s’en rapporter avec confiance à ce sujet à ce qu’en a dit
mon frère dans notre IV™. volume, p. a6i et suiv., et dans son
ouvrage sur les Dents des Mammifères.
Les vaiiationsde nombre d après lesquelles (faute d’assez d’étude)
IVIM. Pallas (i) et Geoffroy (2) avoient voulu infirmer l’importance
des caractères que fournissent ces dents, ne portent que sur les inci-
sives et les fausses molaires, et encore celles des dernières dépendent-
elles presque toujours de l’àge.
Ces variétés de nombre des incisives caractéi’isent plusieurs sous-
genres ; mais dans aucun de ces sous-genres on ne trouve toutes les
dents éj,ales et semblables, ni rien d’approchant; il y a toujours des
incisives, des canines très-grandes, des fausses molaires et des mâ-
chelières. Ainsi , de toutes les variations possibles des dents des chauve-
souris, 011 ne peut rien conclure relativement à l’analogie de notre
animal.
On y voit aujourdhui, du côté conservé, dix -neuf dents en bas,
et onze en haut, ce qui feroit soixante en tput; mais la mâchoire su-
périeure en a probablement perdu quelques-unes.
Ce qui achève de prouver que ce sont des dents de reptiles c’est
qu’il y a dans les mâchoires, le long de leurs bases, des trous bien
figurés parM. Oken et d’où dévoient sortir les dents de rempla-
cernent. On en voit de tout sembUblcir. d. 1 ' ^
J , - i^emDiaoies dans le sauvegarde, et sur-
tout dans la dragone.
La mâchoire inférieure est également celle d’un reptile , n’ayant
ni apophyse condyloide saillante, ni proéminence coronoïde; je ne
vois guère que les pangolins qui offrent quelques rapports de forme
(1) Spicil. zool. , III'. cali.
(a) Annales du Muséum , t. XV et aiHeiirs.
FOSSILES. 365
avec cette mâchoire; mais ils uont aucunes dents. Quant aux
chauve-souris, il n’y a pas le moindre rapprochement à faire.
On ne peut pas en faire davantage pour l’énorme prolongement
du museau. Les vraies chauve-souris ont toutes le museau assez court;
la plupart l’ont même très-court et obtus; les roussettes Font un peu
plus allongé, mais non au-delà des proportions d’un chien ou d’un
renard.
Sur ce point, M. de Sœmmerring (§ 23) a été induit en erreur
par une phrase équivoque de M. Leschenault (i) , lequel , en parlant
de la petite roussette des Indes [pteropus inimmus Geoffr.), qui
n’a le corps long que de trois pouces et demi , dit que sa langue est
longue de deux pouces.
Supposant qu’il s’agit de sa longueur dans l’état de repos , M. de
Sœmmerring calcule quelle doit être celle des mâchoires qui la re-
çoivent, et trouve qu’elle ne peut être guère moindre à proportion
que dans l’animal fossile; mais M. Leschenault ne parloit que de
l’allongement que cette langue peut prendre quand la roussette la
fait sortir, ce qui ne conclut pas plus pour les mâchoires que ne feroit
celui de la langue du pic pour son bec. En effet, plusieurs chauve-
somis ont la faculté d’allonger beaucoup leur langue, et Pallas en
cite déjà un exemple dans son vespertüio soricinus ^ enfin, ce qui
coupe court à tout, sur cet article, c’est que \epteropus minimus ,
que nous représentons fig. 2 , de grandeur naturelle, n’a réellement
la tête longue que de o,o3, et les mâchoires que de 0,02.
J’en avois envoyé le dessin à M. de Sœmmerring, ainsi qu’il l’an-
nonce dans une note, et cependant cela ne lui a rien fait changer à
son raisonnement.
L’apparence que présente aujourd’hui la tête fossile seroit inex-
pliquable en admettant qu’elle provînt d’une chauve-souris ou d’un
mammifère quelconque.
Aucun mammifère n’a le crâne si petit à proportion; il faudroit
supposer que le grand vide à contour arrondi, c, est l’orbite , et alors
(î) Annales du Muséum, XVI , p. gn.
366 SAURIENS
on ne concevroit pas cet autre vide plus grand situé en avant, car il
auroit dû appartenir à la cavité nasale , et il devroit y être resté des
débrisdescornetsdunezetlalamedumaxillaire quicouvre cetendroit.
Du petit vide en arrière du rond, il faudroit faire la fosse tempo-
rale , et on ne verroit pas comment l’articulation de la mâchoire in-
férieure seroit portée sous son angle antérieur, sous sa jonction avec
1 orbite, tandis que dans tous les mammifères elle est sous son angle
postérieur.
Admettons, au contraire, que ce soit une tête de reptile d’un
genre voisin des raouitors, par exemple, qui ait été couchée sur le
côté droit, qui ait laissé adhérons à la pierre ses os de ce côté, et
dont toutes les parties moyennes et gauches aient disparu. Il reste
sans doute encore des caractères génériques et spécifiques singuliers,
mais d’ailleurs tout devient susceptible d’être expliqué.
Le triangle, A dont la surface est concave, est l’os maxillaire
droit vu par sa face interne et attaché à la pierre par l’externe ; il lui
manque probablement quelque chose vers a, et c’est ce qui allonge
si fort l’espace vide, a h , qui est l’orbite. En d est un reste du fron-
tal. Vers h descend une apophyse qui appartient au frontal posté-
rieur, et qui se joint à une apophyse montante du jugal pour cerner
l’orbite en arrière et le séparer de la fosse temporale. C’est cette der-
nière qui a laissé le grand vide Ce, un des bords duquel est formé
par l’apophyse postérieure de Tos basilaire , ec , qui va joindre le pté-
rygoïdien, eg. L’apophyse postérieure de ce dernier, se porte en
arrière. Il paroît que le crâne n’a pas été divisé comme la face ou du
moins que son intérieur est resté moulé sur la pierre , où quelque
chose de sa convexité du cote gauche subsiste encore à la surface.
D après cette maniéré de voir, la mâchoire inférieure, E F, dont
on ne voit aussi que le coté droit par sa face interne , seroit un peu
déplacée , et ne tiendroit plus à son articulation qui auroit dû être
plus en arrière ; mais tout ce qui regarde l’os tyrapanique est si ob-
scurément exprimé , soit dans le moule soit dans le dessin de M. Op-
pel, que je ne puis en porter de jugement.
J’étois tenté autrefois de le voir dans cette pièce g, ce qui remet-
FOSSILES. 367
troit la mâchoire à sa place naturelle, et M. Oken, qui l’a observé
en nature, pense que j’avois raison. Eu effet, Gollini paroissoit l’avoir
représenté comme un tympanique de lézard ; mais M. de Soem-
merring affirme que cette partie de la figure de Colliui est erronée.
Il est rare aussi que cet os se porte aussi obliquement en avant dans
les lézards; la sirène seule, parmi les batraciens, offriroit quelque
chose d analogue. C’est un point qui ne pourra être décidé que par
une inspection nouvelle et soigneuse du fossile original.
M. de Sœmmerring (§ 5) paroît croire que c’est le côté gauche
des deux mâchoires que l’on voit, mais leur concavité bien sensible
sur l’empreinte m’avoit suggéré une idée toute contraire, et les trous
marqués sous leurs bases dans la figure de M. Oken ont achevé de
m’en convaincre. C’est toujours à la face interne que les trous pour
les dents de remplacement se voient dans les lézards où ils existent.
Quant au rétrécissement que la mâchoire inférieure éprouve dans
sa moitié postérieure, il seroit possible qu’il vînt, comme le pense
ce célébré anatomiste, de quelque mutilation; mais peut-être aussi
la partie antérieure plus large étoit-elle la partie symphysée.
La longueur du cou est proportionnée à celle de la tête. On y voit
cinq vertèbres, grandes et prismatiques comme celles des oiseaux à
long cou, et une plus petite se montre à chaque extrémité, peut-être
meme y en a-t-il deux vers la tête, en sorte que le nombre total se-
roit de sept comme dans les mammifères, dans les crocodiles, ou de
huit comme dans les tortues. M. Oken en compte deux petites en
avant; mais il regarde la petite de farrière comme une première
dorsale, attendu qu elle lui a paru porter une côte.
Ce qui est le plus fait pour étonner, c’est que cette longue tête et
ce long cou soient portés sur un si petit corps; les oiseaux seuls offrent
de semblables proportions, et sans doute c’est, avec la longueur du
grand doigt, ce qui avoit déterminé quelques naturalistes à rappor-
ter notre animal à cette classe , dont il s’éloigne par tant d’autres ca-
ractères.
Le cou est tellement recourbé en arrière que l’occiput touche au
^ssin. Je compte dix-neuf ou vingt vertèbres dans le dos et dans les-
368 SAURIENS
lombes. M. Oken en admet vingt-deux, en y comprenant les sacrées.
II est difficile de dire combien de ces vertèbres portoient des côtes,
mais il semble qu’il en est resté au moins douze en place du côté gauche.
Les vertèbres montrent leurs corps et leurs apophyses épineuses,
mais le côté gauche de la partie annulaire est enlevé à presque toutes',
en sorte que l’on aperçoit le canal médullaire. Les apophyses épi-
neuses antérieures sont un peu plus longues^ les postérieures sont
courtes et coupées carrément. Ni les oiseaux ni les chauve-souris
n’en ont de telles.
M. Oken a vu encore les apophyses transverses, au moins des sept
premières vertèbres, et c’est h ces apophyses que tiennent les côtes.
Passé la neuvième, dit-il, il n y en a plus, et la côte tient immédia-
tement à la vertèbre.
Toutes les côtes sont singulièrement giéles et filiformes, ce qui
écarte encore absolument cet animal des oiseaux, où les côtes sont
larges et munies chacune d’une apophyse oblique et récurrente fort
particulière.
La petitesse de la queue est le principal argument c]ue M. de Soem-
merring(§ 20 et 55) ait employé contre notre classification de cet
animal. En effet, elle est très-courte, très-grêle, et l’on n’y compte
que douze ou treize vertèbres. Mais rien ne prouve qu’une queue
longue et épaisse soit un caractère essentiel de tous les sauriens 5 déjà
le tapaye Va beaucoup plus courte et plus mince que la plupart des
autres 5 elle est courte et mince dans presque toutes les tortues; ou
ne voit pas pourquoi cette singularité peu importante n’auroit pu
coexister avec tant d autres infininient plus considérables qui carac-
térisent ce genre.
La faculté que 1 animal avoit sans doute de voler, et la difficulté
où il devoit être de ramper et de marcher à cause de la longueur dis-
proportionnée de son cou et de sa tête sont probablement ce cpii
lui avoit rendu une longue queue peu nécessaire.
Les épaules et le sternum sont assez mal conservés; mais tels
que je les vois, ce sont de vraies épaules et un vrai sternum de rep-
tile et nullement de chauve-souris.
FOSSILES. 36g
JMais pour comprendre ces parties , il ne faut pas les nommer
comme M. de Sœmmerring, qui commence par déclarer (§ 21 ) que
1 os g du côté gauche est pour lui problématique (i), et que 9' du
cote droit n’est qu’un léger enfoncement sans reste d’os^ qui voit en-
suite le sternum dans les os G' et X , bien qu’ils soient pairs et jetés
sur le côte, et qui enfin cherche les clavicules dans les os i et 1', ce
qui leur oteroit toute proportion et les supposeroit entièrement dé-
placées, tandis que le reste du squelette tient évidemment encore
par ses articulations naturelles. Que l’on veuille au contraire suivre
avec un peu d’attention la détermination que j’ai donnée de ces os,
on verra que tout est naturel, et même que tout est encore h sa
place.
9' est l’omoplate droite; 9, l’empreinte de la gauche: elles sont
toutes les deux longues, étroites comme dans le crocodile; déplus
elles paroissent avoir été parallèles à l’épine comme dans les oiseaux,
par la raison c[u ici comme dans les oiseaux elles dévoient prêter un
appui solide aux rnouvemens de l’aile.
Les os G' et X sont les deux os coracoïdiens ( que je nommois cla-
vicvdes dans ma première édition , parce que c’étoit alors leur déno-
mination reçue). Celui du côté droit. G’, est ou mutilé ou en partie
caché dans la pierre; il seroit même possible que ce ne fût, comme
le pense M. Oken, que la crête deltoïdienne de l’humérus, V, Celui
du côté gauche est à peu près entier. Il ne paroit pas y avoir eu de
vraies clavicules; mais le crocodile et le caméléon n’en ayant pas non
plus , elles ont pu très-bien manquer à notre animal.
1 est 1 empreinte de l’humérus gauche tenant encore à son épaule
et dans sa position naturelle relativement au tronc.
On peut remarquer que sa tubérosité antérieure, i", est fort sail-
lante comme dans les tortues de mer et dans les oiseaux, ce qui con-
venoit très-bien au premier os d’une véritable aile. L’humérus droit.
(^) 11 demande meme dans sa note s^il n^y auroit pas tjuelcjue os impair analogue à celui—
> a l’endroit où le manteau de la céphalote ( Geoffroy, Ann, du Mus. , VIII'. ann. , VU)
'ere à son dos ; mais on doit lui répondre négativement.
T. V, ae. P.
kl
SAURIENS
370
i', à peu près conservé en entier, tient aussi à son épaule; mais il
est rejeté en avant, tandis que son congénère est resté dirigé en
arrière.
Les parties minces , larges et comme membraneuses, placées en
18, 18, sont très-probablement la dilatation rhomboïdale du sternum,
qui sans doute etoit assez robuste dans notre animal pour donner at-
tache aux grands pectoraux. Je n’avois pu en parler dans ma première
édition, parce que Gollini ne les avoit ni remarquées ni dessinées.
M. de Sœmmerring croit y voir des omoplates ; la seule empreinte
qu’il m’a envoyée m’avoit déjà suggéré que c’étoit la lame rhoinboï-
dale du sternum, lorsque j’ai trouvé la même opinion exprimée par
M. Oken , d’après l’inspection de l’original. Il dit même que cette
seule pièce caractériseroit l’animal pour un lézard. On peut remar-
quer au reste que cette pièce, comme toutes les autres, est à peu
près à sa place naturelle, et dérangée seulement autant que l’écra-
sement de l’animal l’a exigé.
M. de Sœmmerring, qui faisoit de i et i' des clavicules, a du re-
garder les os 2 et 2' comme les humérus; mais comme évidemment
ces os sont doubles de chaque côte, soit qu’on consulte les dessins
ou le modèle en plâtre , je ne puis y voir que les os de l’avant-bras,
ce qui confirme bien la dénomination d’humérus donnée aux os
I et i'.
Au bout de ces deux avant-bras doit naturellement venir le carpe;
aussi voit-on à cet endroit de petits os qui m’avoient paru tels dans
la gravure de Gollini. M. de Sœmmerring, qui est obligé, par ses
suppositions relatives a 1 humérus et a 1 avant-bras , de porter son
carpe plus bas vers u, u' , croit 28) que ce sont des IVagmens de
la tète inférieure de l’humérus, et que les vrais os du carpe ont dis-
paru à cause de leur état cartilagineux. Gette question important
beaucoup à la solution générale, je priai mon confrère et mon ami
M. ^rongniart , qui devoit passer par Munich, d’examiner avec soin
ces petites parcelles; il en prit avec M. Prévost, un dessin un peu
grossi, que je donne à côté en fig. 3 et 4.
C’est, dans tout ce qu’on en voit, un vrai carpe de lézard.
FOSSILES. 371
Du côté gauche, il y a au premier rang un os àTextrémîté du cu-
bitus et un à celle du radius; on voit attaché au second rang un petit
pisiforme dont la figure est la même que dans le monitor. Il ne reste
au second rang que deux autres os , mais on voit qu’il en manque et
qu’il reste une place vide.
Leur nombre est plus considérable du côté droit, et bien qu’ils y
soient places un peu en désordre , j’y en compte neuf comme dans les
lézards.
Je n’ai donc aucune raison de douter que ces petits os ne soient les
os du carpe.
M. de Sœmmerring demande comment les doigts , ont pu se dé-
tacher de ce carpe pour aller ensemble se placer où ils sont; mais
c’est qu’ils ne se sont point détachés , qu’au contraire ils sont à leur
vraie place. Les articulations 3 et 3' sont les métacarpes, et en 3- il ne
reste que les phalanges.
Je ne puis distinguer de combien d’os ces métacarpes se compo-
sent , mais il est certain qu’il y en a plusieurs. Il me semble en voir
trois à droite , dont un épais et deux grêles. Peut-être même y en a-
t-il un quatrième caché dessous.
Une fois- ces os déterminés, les doigts achèvent admirablement de
s’accorder avec ce qu’on observe dans les lézards relativement aux
nombres de leurs articulations.
Il y a d’abord trois petits doigts , dont un de deux phalanges et un
de trois; la dernière, dans l’un et dans l’autre , est un onguéal com-
primé , arqué et pointu.
Un troisième de cespetits doigts , A , a trois phalanges, et est rompu
avec la pierre a 1 endroit ou très-probablement s’en trouvoit une
quatrième , onguéale comme celle des deux autres.
M. de Sœmmerring assure même ( dans son mémoire sur l’espèce
suivante) que cet onguéal existoit du temps de Collini, qui en effet
l’a représenté , et qu’il ne s’est perdu qu’à l’époque où l’on a encadré
^ette pierre.
Les nombres sont exactement ceux des trois premiers doigts dans
les crocodiles et dans les lézards.
kr
372 SAURIENS
Enfin il y a ce doigt énormément prolongé en tige grêle, qui ca-
ractérise éminemment notre animal.
11 a quatre articulations sans ongle. Le quatrième doigt des lé-
zards auroit cinq articles et un ongle 5 mais dans les crocodiles, il n a
que quatre articles , et il est dépourvu d’ongle comme ici; seulement
il n’y éprouve pas ce prolongement extraordinaire.
Le crocodile et les lézards ont en outre un cinquième doigt, qui
dans les lézards a quatre articles, et dans le crocodile est réduit a
trois sans ongle.
11 parok que dans l’animal fossile il ne reste qu’un vestige de cin-
quième doigt, mais assez obscur et sujet k contestation.
Le grand doigt est probablement le quatrième, car c’est aussi le
quatrième qui est le plus long dans les lézards. ,
Les trois autres le précédoient dans l’ordre inverse du nombre de
leurs articles.
Pour compléter la ressemblance, c’est la pénultième phalange qui
est la plus longue. Celle qui la précède dans le troisième doigt est la
plus courte , absolument comme dans les lézards.
La forme des phalanges onguéales est aussi la même, celle d’un
demi-croissant comprimé, tranchant et pointu; il est vrai qu a cet
égard elles diffèrent peu des chauve-souris.
Il est fâcheux que les petits doigts de la main gauche soient enlevés
vers 21 ave’c la portion de pierre qùi les contenoit probablement;
car ils auroient sans doute confirmé ce que ceux du côté droit nous
ont fait voir; mais nous en trouverons une confirmation complète
dans la seconde espèce de ptérodactyle dont nous parlerons bientôt.
M. de Sœmmerring se borne k dire qu’il y a ici quelque erreur
dans le dessin de Collini;mais le dessin de M. Oppel, et l’empreinte
que M. de Soêmmerring m’a envoyée lui-même, sont en ce point
parfaitement conformes au dessin de Collini. Ainsi je vois à cet en-
droit des doigts de lézard attachés à un carpe de lézard ; de pareilles
coïncidences dans des nombres compliqués ne peuvent pas arriver
par hasard.
Je ferai remarquer ici que les chauve-souris, loin d’avoir quatre
FOSSILES.
373
phalanges ossifiées aux longs doigts de leurs ailes, n’en ont ordinaire-
ment que deux.
L’index des roussettes qui a un ongle, et le médius des phyllo-
stomes et peut-être des rhinolophes, où la troisième phalange est al-
longée et osseuse, font exception 5 mais dans les autres doigts, la troi-
sième phalange est toujours réduite à un vestige à peine cartilagineux.
Il n’est guère possible de douter que ce long doigt n’ait servi à
supporter une membrane qui formoit à ranimai, d’après la longueur
de l’extrémité antérieure , une aile bien plus puissante que celle du
dragon, et au moins égale en force à celle de la chauve-souris. Notre
animal voloit donc autant que la vigueur de ses muscles le lui per-
mettoit; il se servoit ensuite des trois doigts courts et armés d ongles
crochus pour se suspendre aux arbres.
Le bassin n’est pas disposé d’une façon bien claire, aussi M. de
Sœmmerring (§ aS) renonce-t-il à l’expliquer. Tel C[ue je le vois,
c’est encore dans les seuls sauriens qu’il peut trouver une explication
satisfaisante.
Les os M et in seroient les deux os des îles, adhérens à 1 epine et
côté gauche^ l’os le pubis du même côté dirigé en avant, étroit et
pointu comme dans beaucoup de lézards; l’os Y, qui est détaché,
sera peut-être l’ischion de l’autre côté.
Pour faire de ce bassin un bassin de mammifère , il laudroit sup-
poser que l’os ^ est l’os des îles, ce qui en effet pourroit se soute-
nir; mais alors h seroit le pubis, M seroit l’ischion, et leurs sym-
physes ne seroient pas unies l’une à l’autre, ce dont je ne connois
d’exemple que la taupe parmi les mammifères.
i\I. Oken admet cet arrangement, et conclut cependant de cette
séparation des symphyses ischiale et pubienne que c’est un bassin de
reptile; mais je ne connois aucun reptile où l’ischion se porte ainsi
en avant et le pubis en arrière.
I/extrémité postérieure gauche est en place , et montre toutes ses
parties bien conservées et dans leur liaison naturelle. N, la cuisse;
*^5 la jambe ; P , le pied.
SAURIENS
374
On retrouve aussi avec un peu d’attention les ti’ois parties de l’ex-
trémité droite ; savoir : T, la cuisse ; U, la jambe ; I\ , le pied. Ce pied-
ci même supplée à ce cjue l’autre n’offroit pas assez clairement.
La rotule ne se voit ni d’un côté ni de l’autre.
On doit lemarquer la longueur de cette extrémité pour un si petit
corps. Elle peut faire croire que notre animal se tenoit seulement sur
ses pieds de derrière , et que son extrémité antérieure , repliée
comme une aile d oiseau, ne lui servoit pas à la station.
Je ne puis dire s il y avoit deux os à la jambe j on n’en voit plus
qu’un sur le fossile.
Le tarse ne présente pas de calcanéum saillant, on n’y voit que de
très-petits osselets. D après le dessin très-soigné que m’en a fait
M. Brongniart (fig. 5), et qui s’accorde avec celui de M. Oppel, il
y en auroit quatre ou cinq; deux un peu plus grands au premier
rang, deux ou trois très-petits au second: ce seroit un tarse de lé-
zard. Un tarse de chauve-souris auroit laissé quelque trace de la
longue queue que forme son calcanéum. Tout autre quadrupède
auroit montré quelque reste d’un calcanéum saillant en arrière. A la
vérité M. de Sœmmerring (§4, d, et § 14) suppose que le tarse
étoit encore cartilagineux; mais il y a dans ce squelette tant d’os
complets et sans vestiges d’epiphyses , qu’en général cette idée de
jeunesse est difficile à admettre.
Les doigts de derrière ne sont pas moins conformes que ceux de
devant à ce qu’ils doivent être dans les lézards.
En P, les os du métatarse se recouvrent un peu, mais on les voit
bien en R ainsi que les phalanges, et ce qm surtout est important,
le nombre de ces phalanges est, pour ce qu’on en voit, le même dans
les deux pieds.
On en compte au premier doigt deux (sans le métatarsien), au
suivant trois, au suivant quatre, et enfin cinq au dernier. Ce sont
exactement et rigoureusement les nombres des quatre premiers
doigts des lézards. Il paroît qu’ici le cinquième étoit réduit à un
léger vestige de deux pièces.
Ce sont aussi les nombres des oiseaux quant aux phalanges, mais
FOSSILES. 375
les oiseaux n’ont qu’un seul métatarsien, et, les martinets exceptés,
ils n ont jamais les quatre doigts dans la même direction.
Quant aux chauve-souris, elles auroient trois phalanges à chaque
doigt, le pouce excepté.
Je le demande J cette concordance peut-elle être l’effet du hasard?
en fait, elle n’est sujette à aucun doute; car, bien quelle ait été né-
gligée par M. Oken et incomplètement indiquée par M. de Sœmmer-
ring, je la vois clairement sur l’empreinte envoyée par M. de Sœm-
inerring, sur le dessin de M. Oppel et sur celui que MM. Bi’ougniart
et Prévost m’ont fait à la loupe (voyez la fig. 6).
Gollini avoit marcjué une phalange de moins au quatrième doigt ,
ce c|ui m’ avoit fait dire dans ma première édition que le pied fossile
avoit les nombres du crocodile.
M. de Sœmmerring, dans sa figure, ne montre ni Tune ni 1 autre
de ces deux petites phalanges, ce qui est apparemment une inadver-
tance de son dessinateur.
Il les a vues cependant, et il croit (§ 16, § 4^ 5 § 4^^? § ^2) que
Collini avoit pris les épiphyses des métatarsiens du troisième et du
quatrième doigt pour des os particuliers; mais ces petites phalanges,
sur lesquelles j’insiste , viennent non pas après les métatarsiens, mais
après les premières phalanges, comme il arrive dans les lézards; or
comment supposeroit-on que ces premières phalanges étoient encore
épiphysées, et que les métatarsiens ne l’étoient plus? comment celle
du quatrième doigt auroit-elle eu deux épiphyses au même bout?
Ajoutez, comme l’observe M. de Sœmmerring lui-même, que les
métatarsiens, comme dans les lézards, sont beaucoup plus longs
que les secondes phalanges, et que dans les chauve-souris ils se-
r oient plus courts.
Les ongles de derrière n’ont, comme ceux de devant, rien qui les
distingue des lézards, qui, à la vérité, ressemblent assez en ce point
anx chauve-souris.
Voilà donc un animal qui, dans son ostéologie, depuis les dents
jusqu’au bout des ongles, offre tous les caractères classiques des
sauriens ; on ne peut donc pas douter qu’il n’en ait eu aussi les carac-
376 SAURIENS
tères dans ses tégiimens et dans ses parties molles; qu’il n’en ait eu
les écailles , la circulation, les organes de génération , etc. Mais c etoit
en même temps un animal pourvu des moyens de voler, qui dans
la station devoit faire peu d’usage de ses extrémités antérieures, si
même il ne les tenoit toujours reployées comme les oiseaux tiennent
leurs ailes, qui cependant pouvoit aussi se servir de ses petits doigts de
devant pour se suspendre aux branches des arbres, mais dont la po-
sition tranquille devoit être ordinairement sur ses pieds de derrière,
encore comme celle des oiseaux; alors il devoit aussi, comme eux,
tenir sou col redressé et recourbé en arrière pour que son énorme
tête ne rompît pas tout équilibre.
D’après ces données, on pourroit le dessiner à l’état de vie; mais
la figure que l’on obtiendroit seroit des plus extraordinaire , et sem-
bleroit, à ceux qui n’auroient pas suivi toute cette discussion, le
produit d’une imagination malade plutôt que des forces ordinaires
de la nature.
On en voit quelquefois d’approchantes dans les peintures fantasti-
ques des Chinois. Hermann m’en avoit même indiqué une gravée
dans le journal intitulé Naturjorscher , Ville, cahier, pl. C, fîg. l\,
et tirée d’un livre d’histoire naturelle chinoi^que l’on conserve dans
la bibliothèque de Trew à Altorf. Elle représente une chauve-souris
avec un bec d’épervier et une longue queue de faisan ; mais ce ne se-
l’oit pas là ce qu’on pourroit appeler une représentation de notre
animal.
§ IL D'un petit Ptérodactfle à museau court ( Pterodactylus
brevirostris ).
11 vient des mêmes couches que le précédent , et a été trouvé dans
les carrières de FPindischhqfh. une demi-lieue ^ Alichstedt.^- Gras-
segger, conseiller municipal à Neubourg sur le Danube, l’avoit acheté
dans une ancienne collection, etM. de Sœmmerring, averti de l’exis-
tence de ce morceau par M. le comte de Reisach, en ayant demandé
communication , il lui fut adressé à Munich, où il en fit une descrip-
FOSSILES. 377
tion insérée avec une gravure dans le volume de l’Académie bava-
roise pour 1816 et 1817.
Depuis lors , M. Oken s’est rendu à Neubourg pour l’observer , et
a donné, dans l’Isis de 1819, une nouvelle description et une
autre figure, à la suite de son article sur l’espèce précédente.
C’est d’après ces deux naturalistes que nous allons en parler, et
que nous le représentons fig. 7.
La pierre qui le porte offre aussi les restes d’un très-petit poisson
et quelques petites astéries. Elle est , comme tous ces schistes , d’un
gris roussâtre. Les os s’en distinguent par une teinte plus brune 5
leurs cavités sont remplies d’un spath blanchâtre.
L’individu est plus petit d’un tiers pour le tronc que le précédent,
et sa tête et son cou sont beaucoup moins allongés à proportion.
Sa tête est beaucoup moins bien conservée , et qui la verroit isolée ,
la prendroit plutôt pour celle d’un oiseau ( d’une oie sortant de l’œuf
par exemple) que pour celle d’un reptile.
Les figures n’y marquent aucunes dents. M. de Sœmmerring dit
cependant qu’on y en voit de petites aux deux mâchoires, dont les
unes ressemblent aux antérieures des chauve-souris, les autres à leurs
molaires; que sur la pierre opposée il en reste à la mâchoire infé-
rieure huit pointues, et à la supérieure cinq. M. Oken n’en parle pas
du tout. Ce seroit cependant un point assez important à éclaircir.
M. Oken pense avoir vu un os tympanique séparé et reconnois-
sable.
On compte sept vertèbres au cou. M. de Sœmmerring marque aux
trois ou quatre dernières des apophyses épineuses qui ne reparoissent
pas dans la figure de M. Oken.
11 y a dix ou onze vertèbres entre les cervicales et les sacrées,
toutesmunies d’apophyses épineuses peu élevées, coupées carrément,
et qui paroissent avoir toutes porté des côtes. Celles-ci sont grêles
et simples comme dans l’autre espèce.
^ La queue est aussi courte, grêle et pointuç, mais il n’est pas aisé
en compter les vertèbres : il semble que les dernières soient divi-
sées en deux parties.
T. V, ae. P.
48
378 SAURIENS
L’épaule et le sternum sont assez’obscurs dans la figure de M- de
Sœmmerring, qui ne marque pas même d’omoplate. M. Oken voit
l’omoplate dans un os long , A , où il aperçoit même une pièce carti-
lagineuse vers le bout spinal, l’os coracoïdien en B , et le disque du
sternum en C.
S il en est ainsi, on y retrouveroit à peu près l’épaule et le sternum
du précédent et du crocodile.
Le bassin est encore plus nettement un bassin de lézard. A, l’os
des îles; B, l’ischion; C, le pubis. Lorsque M. de Sœmmerring me
communiqua pour la première fois ce beau morceau, je m’empressai
de lui écrire que ce pubis seul prouveroit que l’animal est un reptile;
et plus je m en suis occupe, plus je me suis confirmé dans cette con-
viction.
On voit dans sa figure le pubis de l’autre côté, qui manqüoit au
morceau quand M. Oken l’a dessiné. Peut-être a-t-il été perdu dans
les transports que la pierre a subis.
Le bras est le même que dans la grande espèce.
Celui du côté gauche est peu déplacé.
L’humérus, est en partie masqué par les côtes; l’avant-bras, h,
relevé presque verticalement, ne se voit qu’à moitié. On y distingue
une trace de division en deux os, et vers le bout sont ou de petits
os, ou des facettes qui annoncent qu’à cet endroit étoit le carpe.
M. de Sœmmerring , qui , dans cette espèce comme dans la précé-
dente, prend l’avant-bras pour l’humérus, ne voit dans ces petits
restes que des traces d’épiphyses.
Il paroit n être resté que le gros os du métacarpe , i, si toutefois
l’animal en a eu plus d’un.
Les trois petits doigts onguiculés a , 3, 4 montrent distinctement,
dans la figure de M. de Sœmmerring aussi-bien que dans celle de
M. Oken , les mêmes nombres de phalanges que dans la grande es-
pèce et que dans tous les lézards. Celui de quatre phalanges nous
montre même son onguéal, qne nous n’avions pu que conclure dans
le précédent ou il est emporté. Le long doigt a la même proportion
que dans la grande espèce, et se compose de même de quatre arti-
FOSSILES. 379
culations, dont la dernière n’a pas d’ongle. Elles sont marquées k ; l,
m eXn.
Les os de l’autre bras sont rejetés en arrière.
L’avant-bras est en o j vers p semblent être des os du carpe dis-
tincts 5 q est un métacarpe qui paroît aussi réduit à un seul os. Les
deux petits doigts à deux et trois phalanges sont encore en place ;
celui qui en a quatre est un peu dérangé , mais on voit encore trois de
ses articles, dont un est l’onguéal.
Quant au grand doigt, on ne voit que ses deux premières pièces ^
r et s.
Les pieds de derrière sont tous les deux complets, a d sont les
fémurs; b et e, les tibias, qui paroissent avoir ete simples; c ,
les pieds, composés chacun de quatre doigts avec un métatarse de
quatre os comme dans la grande espèce.
Quant aux phalanges, les deux figures de M. de Sœmmerring et de
JVI. Oken s’accordent à en donner à ces doigts les mêmes nombres
que dans les mammifères ; savoir , deux au premier, et trois à chacun
des trois autres; mais je soupçonne beaucoup cpae ces naturalistes
n’ont pas remarqué dans les deux derniers les petites phalanges in-
termédiaires qui sont si visibles dans la grande espèce.
Ces détails de l’organisation des extrémités suppléent à ce que la
tête peut nous apprendre, et ne laissent aucun doute qu’il n’y ait eu
dans ce canton, à l’époque où s’y formoient les couches lithographi-
ques et où y vivoient les crocodiles , les monoculus et tant d autres
êtres dont les genres sont aujourd’hui confinés dans la zone torride;
qu’il n’y ait eu , dis-je, deux espèces de sauriens qui voloient au moyen
d’une membrane soutenue par un seul des doigts de la main; qui se
suspendoient et peut-être rampoient au moyen des trois autres doigts
de cette main; qui se tenoient,icle*bout; sur leurs pieds de derrière
seulement, et dont la grandeftète 4toit fendue d’une énorme gueule
armée de petites dents pointues, propres seulement à saisir des in-
sectes et d’autres petits animaux.
Ce sont incontestablement de tous les êtres dont ce livre nous ré-
vèle l’ancienne existence, les plus éxtraordinaires , et ceux qui, si p?
48
38o SAURIENS
les voyoit vivans, paroîtroient les plus étrangers à toute la nature
actuelle.
§ III, Sur divers os longs qui paroissent woir appartenu à une
grande espèce de Ptérodactyle.
M. Blumenbach a le premier fait connoître un de ces morceaux
qii il regardait comme provenant d’une aile de roussette (i). Il se
composoit de trois articles, et se voyoit dans un ancien cabinet de
Nuremberg, où on l’avoit reçu des carrières de Solenhofen.
M. de Sœmmerring s’est donné beaucoup de peine pour être in-
formé du sort de ce fossile, et a appris qu’il avoit été acheté par un
Français nomme Gachet, qui le transporta successivement en dilFé-
rens lieux, et le plaça enfin dans le cabinet de l’évêque de Constance
a Moersbourg. Ce cabinet ayant été réuni en 1802 à celui de Carls-
1 uhe , on devoit supposer que ce morceau s’y retrouveroit; mais
c’est en vain qu’on y en a fait la recherche.
En revanche, il s’est trouvé que l’on y possède une plaque bien
plus remarquable, qui présente plusieurs os longs, encore en partie
articules ensemble, et dont l’examen a fait juger à M. de Sœmmer-
ring qu’ils viennent d’animaux du même genre.
Nous en donnons la figure pl. XXII, fig. 8, d’après la lithogra-
phie de M. de Sœmmerring, et d’après une empreinte en plâtre prise
sur l’original qu’il a bien voulu nous adresser.
C’est le même schiste calcaire c[u’à Solenhofen, et même l’on voit
au reveis de la plaque une foule de ces petites astéries communes
dans ces carrières, et qui ont été si souvent gravées (2), en sorte
qu on ne peut douter qu’elle ne vienne de cette formation.
On y voit d’al;)ord deux os bien entiers, A et B, que M. de Sœm-
(0 Archœologia lelUiris, Gœlt. , i8oi , dans les Mém. de la Société royale, p. 144;
-Anatomie comparée , Gœtlingue, i8o5 , p. riotQ , Matériaux pour l’Hist. naturelle,
ib. , 1806 , p. I ig.
(3) Barer, Ôryctogr. noric. , YIH, 4 , Supplém. , YII, 2 , 3 , 4,5; P.oesel, Insecte* ,
III , pl. XG , f . I , 2 , 3 J Knorr, etc.
FOSSILES. 38i
merring regarde comme un fémur et un tibia, et au bout de ce dei-
nier quelques restes de tarse.
Puis deux articulations longues et grêles, GetD, avec un reste, E,
de celle à laquelle adhéroit la plus forte des deux; elles ressemblent
manifestement aux deux articulations moyennes du grand doigt des
ptérodacty les.
Enfin l’empreinte et quelques fragmens d’un os plus gros qu aucun
des autres, F, à l’extrémité duquel paroît un petit reste indéchif-
frable, G. M. de Sœmmerring juge que c’est l’os de l’avant-bras, et
qu’il présentoit son côté interne.
H en conclut que cet animal , comme le galéopithèque et plu-
sieurs chauve-souris, n’avoit qu’un seul os à l’avant-bras, os que
M. de Sœmmerring (dans une note sur le § 20 de son mémoire sur
le '^xevoiiQv ptérodactyle^ croit plutôt devoir etre appelé cubitus que
radius.
Je remarquerai ici en passant que le galéopithèque et toutes les
chauve-souris connues ont deux os à l’avant-bras, et que la nature
de ces deux os s’y laisse déterminer sans aucune équivoque. Le plus
grêle, qui dans le galéopithèque descend jusqu au carpe, mais qui
dans les chauve-souris ne dépasse guere le milieu de 1 avant-bias, ne
peut-être méconnu pour le cubitus , puisque c est à lui qu appartient
l’olécràne ; ainsi le plus gros est le radius ; il en a d ailleurs toutes les
formes et les articulations; et de plus cette théorie s’accorde avec
ce qu’on voit dans les ruminans, où le cubitus diminue par degiés,
et se réduit enfin à un olécrane attache en arriéré du radius.
Revenant à notre fossile, je dirai que les deux articles G et D me
paroissent, comme à l’auteur que je cite, les deuxième et troisième
phalanges du grand doigt d’un ptérodactyle.
La plus grande. G, seroit presque quadruple de sa correspondante
dans notre première espèce; l’autre ne seroit que triple, mais elle
n’est peut-être pas entière.
Quant aux deux os A et B, leurs formes ne sont pas assez bien
conservées pour que l’on puisse dire positivement s’ils sont le fémur
et le tibia , ou bien l’humérus et le radius ; mais leur proportion re-
SAURIENS
38a
lative est assez semblable à celle du fémur et du tibia du premier
ptérodactyle pour que Ton puisse adopter la conjecture de M. de
Sœmmerring. En ce cas, l’os F pourra etre, comme le pense aussi
M. de Sœmmerring, celui de l’avant-bras, ou le radius, et je tirerai
parti de sa ressemblance avec celui qui est marqué 2 dans notre
lig. I, pour prouver que ce dernier est aussi, comme je l’ai dit,
l’os de l’avant-bras, et non pas celui de l’humérus ainsi que le
pense M. de Sœmmerring.
Ce ptérodactyle devoit être considérable pour la taille, et, com-
parativement aux deux autres, on peut très-bien le novanxev pter^~
dactylus grandis.
Voici les dimensions des os conservés sur cette plaque :
Longueur du fémur A o,ii5
— du tibia B 0,206
— de l’os de l’avant-bras F 0)169
— de la deuxième phalange G
— de la troisième phalange D 0,109
§ IV. D’une extrémité de doigt des mêmes carrières , pouvant
provenir d’un ptérodactyle ou d’une chauve-souris.
M. Spix a publié encore dans les Mémoires de l’Académie de Ba-
vière , t. V, une plaque des carrières de Solenhoffen , qui contient
deux articulations longues et grêles, dont la seconde , terminée en
pointe aiguë et un peu courbée, est manifestement la dernière du
doigt auquel toutes les deux appartenoient. Nous en donnons une
copie pl. XXIÜTfig. 9.
On pourroit croire , d’après quelques osselets ou fragmens d’os
qui sont à la base de l’autre , que ce doigt n’avoit que deux articles,
et ce motif a engagé M. Spix à le considérer comme un doigt de
vampyre , c’est-à-dire sans doute de pbyllostome.
En effet, dans les phyllostomes comme dans la plupart des chauve-
souris, l’index n’a que deux articles; mais quoique le second article
soit un peu moins exigu dans les phyllostomes , et nommément dans
le vampyre, que dans nos chauve-souris vulgaires, il s’en faut bien
FOSSILES. 383
qu’il y approche de la longueur proportionnelle qu’il a dans le fossile.
Le deuxième article fossile est plus long que l’autre, et celui du vam-
pyre n’a guère plus du quart de la longueur de celui qui le précède.
Des découvertes ultérieures pourront nous apprendre s’il s agit
ici, comme je suis disposé à le croire, des deux dernières articula-
tions du long doigt d’un ptérodactyle, qui seroit un peu moins grand
que l’individu dont nous venons de décrire des fragmens, ou si les
petits os du bord appartenant au carpe , il s agit d’un doigt à deux
articles , et si ce doigt provient dun nouveau genre voisin des pté-
rodactyles ou enfin d’une chauve-souris.
J’avoue qu’il me faudroit des preuves bien démonstratives pour
me faire adopter cette dernière opinion qui s accorderoit si peu avec
ce que nous apprend jusqu’ici l’étude des os fossiles.
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Sia/rtlglUi' 9é^îül3 9IJ9 > 9Î) 9i;^ÔU .Ir , ( ;, .
. V .
CHAPITRE lY.
D ES O SSEMEN S DE BaTR^C lEN S.
Les animaux analogues à la grenouille, au crapaud, à la salamandre
ces reptiles nus et sujets à métamorphoses, qui forment une petite
famille si isolée dans le règne animal par toute son organisation, exis-
toient déjà dans les terrains détruits par les révolutions du globe, el
quoique dilférens par les espèces , ils étoient soumis aux mêmes lois
de coexistence et de forme des organes. On y en voyoit cependant
assez peu, si l’on en juge par le petit nombre des débris qui s’en sont
conservés, et par le petit nombre des lieux où on les a découverts.
A bien dire, je crois même qu’il n’y en a de certains que ceux des
canieies si problématiques d’OEningen; mais ce chapitre n’en sera
pas moins intéressant, à cause des observations remarquables que
nous offre l’ostéologie de cette classe singulière.
T. V, ae. P.
49
386
OSTÉOLOGIE
PREMIÈRE SECTION.
De lOstéologie des Batraciens.
Article premier.
Des Grenouiiles , Rainettes , C?'apauds et Pipas.
§ I. De la Tête.
Dans les batraciens 5 la composition du crâne se simplifie beaucoup.
Il n y a plus que les deux occipitaux latéraux, sans occipital supé-
rieur ni basilaire ; un seul sphénoïde , sans ailes temporales ni orbi-
taires j un seul os remplaçant à la fois le frontal principal et l’ethmoïde ,
et pouvant prétendre a 1 un et à l’autre nom; point de frontaux pos-
térieurs, deux frontaux antérieurs, deux pariétaux et deux rochers.
La face est également simplifiée en ce que le transverse ne fait
qu’un avec le ptérygoïdien , et le temporal avec le tympanique ; et
qu’il n’y a point de mastoïdien.
La GRENOUILLE Verte commune ( rana esculenta L.), pi- XXIV,
lig. I et 2 (i), a l’ensemble de la tête déprimé à cause de l’écarte-
ment des maxillaires et des jugaux, de la grandeur des orbites, de
la situation presque horizontale de leur plan, etc.
Le contour extérieur, forméparles intermaxillaires, les maxillaires
et les jugaux, et terminé de chaque côté par l’extrémité postérieure
des tympaniques , est de figure à peu près parabolique.
Entre les orbites est le crâne de forme parallélipipède allongé, s’é-
largissant en arriéré en deux bras transverses qui contiennent les
(,) Il y a une figure de tête de grenouille dans le Cephalogenesis de Spix , pl. I, fig. 8,
et d’autres plus nettes par M. Bojanus , dans l’Isis de 1821 , Xir. cahier , pl. 8, fig. 10, ii
et 12. On en voit beaucoup d’autres dans divers ouvrages , mais qu’il est inutile de citer ,
parce qu’on y a donné peu d’attention à la division des os.
DES BATRACIENS. 887
oreilles internes, et qui s’unissent à l’angle postérieur externe de la
parabole par le moyen des tympaniques.
Le crâne est formé en avant par un os en prisme triangulaire, a,
dont une face est en dessus, les deux autres de côté, et qui s’appuie
par son arête inférieure sur le prolongement antérieur du sphénoïde.
Cet os s’évase en avant, et y est creusé de deux cônes pour servir
de fond aux deux narines^ le nerf olfactif passe par un trou de la
pointe de chaque cône, et celui de Willis par un autre plus petit, 1 ,
percé à la face orbitaire en avant et en dessus, et donnant dans le
cône de son côté.
Ainsi le tube du crâne est complété a sa partie anterieure par un
seul os qui l’entoure entièrement. Cet os, en forme d’anneau ou de
ceinture, représente très-bien les deux frontaux des serpens reunis 5
je ne l’ai pas trouvé divisé, même dans des individus tres-]eunes qui
avoient encore un gi’and espace membraneux entre les OS du dessus
du crâne.
En arrière, le pourtour du trou occipital est entièrement formé
par les deux occipitaux latéraux, h, b, qui ont chacun un condyle.
11 n’y a aucun occipital supérieur ni aucun basilaire 5 ce que l’on
aura sans doute cjuelque peine à concilier avec la théorie qui compose
toujours le crâne d’un certain nombre de vertèbres.
Le dessus du crâne est formé par des os qui se réunissent de bonne
heure en un seul, c , c, de forme à peu près rectangulaire, qui règne
depuis le dessus des occipitaux jusque sur l’os en ceinture, sur la
})artie supérieure et postérieure ducjuel il s’étend par une avance
écailleuse. En arrière, il s’élargît pour s’unir aux rochers et aux occi-
pitaux. Sur les côtés, il se replie un peu en dessous, mais pas assez
pour descendre jusqu’au sphénoïde, comme le fait l’os en ceinture.
Dans les individus plus jeunes, cet os du dessus du crâne se divise
longitudinalement en deux, et même il y a des espèces, telles que la
rainette et le crapaud sonneur , où leur intervalle demeure très-long-
^^mps, et peut-être toujours, membraneux; mais il n’est pas si aisé
^ y voir une suture transversale.
Ce n’est c]ue dans les jeunes têtards que l’on sépare une partie
49’'
OSTÉOLOGIE
postérieure de forme ronde de l’antérieure qui est allongée (i). Si ,
comme on peut le croire, ces deux pièces sont le frontal et le pa-
riétal, l’os en ceinture deviendra naturellement un ethmoïde ossifié,
ce qui sera une grande singularité.
Le sphénoïde, d, est semblable à une croix, dont la branche im-
paire la plus courte s’étend sons, la suture moyenne qui unit les occi-
pitaux entre eux, dont les branches latérales s’étendent sous la su-
tuie inferieure des occipitaux avec les rochers, et dont la tige se
porte en avant jusque sous l’os en ceinture, qu’il garnit sous toute
son arête inférieure (2).
De chaque côté, sur la branche de la croix et en avant est le ro-
cher, e,e, ayant le pariétal en dessus, l’occipital latéral en arrière ,
et formant avec celui-ci, auquel il se soude de très-bonne heure,
la fenêtre ovale et la cavité de l’oreille interne.
L’espace entre le rocher, l’aile descendante du frontal, le pariétal
et la tige du sphénoïde, où seroient naturellement la grande aile tem-
porale et 1 aile orbitaire, est simplement membraneux.
Dans cette membrane est le trou optique.
Le trou de la cinquième paire est dans une échancrure du rocher, 2.
Si nous examinons maintenant la face, nous trouverons d’abord
en avant les intermaxillaires,/, leur partie dentaire complette le
pourtour des mâchoires. Ils ont chacun une apophyse montante,
peu longue, plus étroite que la partie dentaire, et qui n’atteint lias
le fftintal antérieur.
Ces deux apophyses ne se touchent pas. te trou de la narine exté-
rieure est percé dans la membrane, près de leur pointe. En dehors
de ce trou, dans cette même membrane, est suspendu un très-petit
os dentele, g, g, qui est un vestige de nasal (3).
(0 M. BojaniiS miLrque cette division dans «ne tdte adulte; mais c’e,st à peine si j’ai pu la
retrouver dans de très-jeunes têtards.
(2) M. Bojanus divise aussi cet os en deux par une ligne transverse, pour en faire m. '
sphénoïde antérieur et un postérieur ; mais un Irait de plume n’est pas une suture ; j’ai
trouvé cet os simple, même dans les têtards.
(3) M. Bojanus, qui n a pas connu ce petit nasal , en a transporté le nom an frontal an-
térieur.
DES BATRACIENS. 38g
Les frontaux antérieurs, h, h, sont très-grands, de forme triangu-
laire, plus, larges que longs, leur angle externe se prolongeant pour
s articuler avec la mâchoire et limiter Forbite en avant.
Il n’y a pas de lachrymal, et l’espace où il seroit naturellement à
la face antérieure de Forbite est occupé par une membrane.
Je ne vois pas de trou lachrymal, et nous avons déjà remarqué
que le trou pour Fintroduction du nerf ophtalmique dans le nez est
percé dans Faile descendante du frontal principal.
Sous la partie antérieure et évasée de Fos en ceinture, en avant de
la pointe du sphénoïde , est , de chaque côté, une branche transversale
osseuse, /, i, qui va se joindre à Fos maxillaire, h, h, sous l’endroit
d’où cet os donne une petite apophyse montante qui va s’unir à l’angle
latéral du frontal antérieur. C’est l’analogue du palatin.
Tj’espace triangulaire entre ces deux palatins et le bord antérieur
des mâchoires est occupé , du côté du palais, par deux os plats , /, l,
qui répondent à ceux que nous aA’onsnommés vomers dans les autres
reptiles. Du cote externe, ils ont trois pointes et deux échancrures,
et c est dans leur- échancrure postérieure, ét en avant du palatin,
qu’est percée la narine interne, laquelle se trouve, comme on voit,
fort en avant (i). Du bord par lequel il se touche naît, sur chacun,
une lame verticale, le plus souvent cartilagineuse, adossée à sou
analogue, et formant avec elle la cloison des narines.
Dans la grenouille, les vomers portent chacun, près de leur arti-
culation avec le palatin, une rangée transversale de petites dents
pointues.
En examinant toujours la tète en dessous, on <mit, en arrière de
1 orbite, un os a trois branches, m, dont lune, antérieure et ex-
terne, s’unit par son bord externe à Fos maxillaire, et par sa pointe
antérieure à l’extrémité externe de la traverse palatine et au bas du
(i) M. Bojanus appelle l’os grêle placé en U'&'itTs,ptérj:goïdien, et le regarde comme ana-
à mon os transverse : il nomme l’os plat et anguleux palalin; mais ces dénominations
pai-oissent incompatibles avec leur position. La narine dans les lézards s’ouvre vers la
^'Onche , absolument comme ici , par une édiancrure du vomer et en avant du bord antérieur
palatin.
390 OSTÈOLOGIE
îrontal antérieur; la seconde, postérieure et externe, va s’unir au
bas de l’os tympanique en dedans de son extrémité postérieure; la
troisième, intermédiaire et interne, va rejoindre l’extrémité de la
branche transversale du sphénoïde et la partie voisine du rocher. Il
est sensible que cet os répond à l’os ptérygoïdien et au transverse
des lézards, et par conséquent que dans la grenouille ces deux os
n en font quun; mais que c est un ptérygoïdien dont la branche
palatine a manque. Ce rapprochement de la pointe antérieure avec
1 extrémité externe du palatin et 1 inférieure du frontal antérieur
répond a celui qui a lieu dans plusieurs lézards de la part de fos
transverse.
L os tympanique, n, bien reconnoissable par sa situation et
sa fonction , a aussi trois branches : une supérieure postérieure , qui
rentre en dedans pour s’articuler avec le rocher ; une supérieure anté-
l’ieure, qui se porte en avant en descendant un peu , et dont la pointe
reste libre en arrière de la fosse orbito-temporale. Ces deux branches
font l’office de l’os que nous avons appelé temporal les autres
reptiles, mais qui , dans la grenouille, est uni, au moins de très-bonne
heure , avec le tympanique. La troisième branche de ce tympanique,
qui en est la partie essentielle , descend et se termine près de la fa-
cette articulaire pour la mâchoire inférieure, entre l’extrémité pos-
térieure du ptérygoïdien et celle du jugal.
Ce dernier os, o, o , est une tige courte et grêle, allant depuis la
pointe postérieure du maxillaire jusqu’à la facette articulaire qui lui
appartient presque entièrement, le tympanique ne faisant que s’ap-
puyer sur sa face externe.
Cette disposition du jagal est, comme on voit, très-difFérente de
ce qui a lieu dans les autres reptiles, le crocodile excepté, qui en
approche un peu, mais elle ressemble à ce qu’on observe dans les
oiseaux , et surtout à ce que nous retrouverons dans les poissons.
Le tympan est tendu sur un grand cadre cartilagineux ovale, qui,
de son bord antérieur , se colle en partie sur l’os tympanique , et dont
le postérieur est entre la peau et le muscle analogue du digastrique
ou abaisseur de la mâchoire.
DES BATRACIENS. 3qi
Une partie du bord de la fenêtre ovale du côté de l’occipital est
formée par un simple cartilage.
De cet examen il résulte cjue le crâne de la grenouille n a que dix
os: un ethmoïde, deux frontaux, deux pariétaux, deux occipitaux,
un sphénoïde, deux rochers; et la face seize: deux interraaxiliaires,
deux nasaux, deux frontaux antérieurs, deux palatins, deux vomers,
deux ptérygoïdiens, deux tympaniques et deux jugaux; et ce crâne
ne s’accorde pas plus avec la théorie des trois, des quatre ou dés sept
vertèbres, même avec celle d’une vertèbre, qu’avec celle de l’iden-
tité de nombre des os.
En effet, l’argument le plus plausible de ces dernières théories
consiste dans la ressemblance de l’articulation de la tête sur 1 atlas
avec celles des vertèbres entre elles.
Or, dans la grenouille , la tête s’articule par deux condyles , et les
vertèbres par un seul tubercule donnant dans une facette concave
de la vertèbre suivante.
Les vertèbres ont toutes un corps et une partie annulaire , et dans
1 occiput de la grenouille, il n’y a ni corps ni partie éjnneuse j)ossible,
puiscjue la suture qui divise les deux seuls occipitaux est une suture
mitoyenne et dans le plan vertical.
Cette composition, prise d’une grenouille verte [rana esculenta
L. ) d’âge moyen, peut servir de type principal à cette famille,
Dans des individus plus jeunes, l’os en ceinture est moins ossifié
en longueur , les pariétaux restent séparés par un espace membraneux
plus large eu avant.
Dans des individus plus âgés, l’os en ceinture g’éteud davantage
en arrière ; l’échancrure du rocher pour la cinquième paire se ferme
et se change en un trou.
La grenouille brune {rana temporariah.) a la tête plus courte,
plus large, plus arrondie, en quoi elle se rapproche un peu du cra-
paud.
Dans de grandes grenouilles d’Amérique {l'ana hoans L.) , fig. 3, les
OSTÉOLOGIE
392
frontaux antérieurs et les pariétaux couvrent Fos en ceinture en des-
sus, au point de n’en laisser voir qu’un petit losange. La cloison mi-
toyenne du frontal principal entre les deux cônes se porte si avant
dans les narines cju’elle y forme une cloison osseuse.
Les j^arties latérales de ce même os se portent tellement en arrière
que l’espace membraneux des côtés du crâne est très-petit; c’est une
espèce de trou optique uni à la fente sphéuo-orbitaire , et compris
entre le sphénoïde, l’os en ceinture, le pariétal et le rocher.
La cinquième paire passe par un vrai ti^ou du rocher.
Sur le derrière du crâne, on voit, sur le pariétal, une crête sagit-
tale et une crête occipitale ; cette dernière fait un angle en avant. Les
dents des vomers sont plus nombreuses, et leurs rangées forment en-
semble un angle obtus dirigé en arrière.
Dans la rainette commune {rana arborea L. ), les pariétaux res-
tent pendant très-long-temps séparés l’un de l’autre en dessus, et
laissent ainsi un espace membraneux considérable à la paroi supé-
rieure du crâne.
L’espèce que l’on nomme communément crapaud sonneur {ratia
hombina) est une vraie grenouille, par les dents quelle a à la mâ-
choire et aux vomers. Son crâne, comme celui de la rainette, est
long-temps, et peut-être toujours, membraneux entre les parties
antérieures des frontaux.
Le crcipciud coinmim a la tête plus courte et plus large à proportion
que la grenouille, et le contour de la face à peu près en demi-cercle.
Son crâne est surtout plus court, plus large, plus plat; les parié-
taux restent plus long-temps sépares , et couvrent presque totalement
l’os en ceinture.
Il n y a aucunes dents, pas même aux vomers.
Les petits osselets nasaux sont un peu plus considérables.
Le crapaud à bande dorsale jaune {hufo calmnita') différé du
commun par une crête temporale relevée le long de chaque pariétal,
qui s unit à sa correspondante en arrière par une arête transversale.
Son jugal est aussi à proportion plus court et plus gros, et son frontal
plus découvert en dessus.
DES BATRACIENS. 893
Dans un crapaud de la Caroline , ces crêtes se relèvent encore plus,
et se terminent chacune par un gros tubercule sur le bord postérieur
de chaque orbite.
Dans le crapaud du Bengale (Daud.), fig. 4? l^s pariétaux elles
fi'ontaux antéi'ieurs, fort élargis et un peu concaves, s’unissent en
croix par dessus l’os en ceinture , sans en rien laisser voir à la surface
supérieure du crâne. La partie de l’os de la caisse qui représente le
temporal, et que l’on pourroit aussi prendre pour analogue au mas-
toïdien, s’élargit beaucoup, mais toujours sans qu’on puisse la sépa-
rer du reste de l’os.
Dans le crapaud perlé , fig. 5 , une crête osseuse mince et haute com-
mence au-dessus de l’orbite sur le frontal antérieur, continue sur le
pariétal, et se termine par un grand élargissement de la partie tem-
porale du tympanique.
La tête du pipa, fig. 6 et 7 , diffère beaucoup de celle des autres
crapauds, et même elle est fort anomale par rapport à la famille en-
tière des grenouilles.
La partie antérieure est écrasée et mince comme une carte. Elle
est formée d’abord en dessus par deux frontaux antérieurs élargis en
avant^ sous leur bord sont comme collés les deux intermaxillaires,
et plus extérieurement les deux maxillaires j et entre les uns et les
autres sont les nasaux, semblables à un filet aplati, courbé en forme
à’ S, qui ne laisse de narine externe qu’un très-petit trou vers le
bout du museau.
Les maxillaires joignent la branche antérieure des ptérygoïdiens ,
et se collent dessous sans la dépasser. Il n’y a qu’un très-petit jugal,
et II occupant que la place de l’articulation. Le pariétal s’étend depuis
la crête occipitale jusqu’entre les frontaux antérieurs, où il s’avance
par une pointe. Au lieu d’un os en ceinture , il y a deux os qu’il est
difficile de ne pas prendre pour les deux frontaux principaux, et
qui sont séparés l’un de l’autre par cette partie avancée du pariétal,
triangulaires et engagés par leur angle postérieur chacun dans une
échancrure du pariétal. Il n’y a que deux occipitaux ; savoir les laté-
’’^ux, comme dans toute la famille , qui s’étendent en dehors comme
T. V, ae. P. 5o
394 OSTÉOLOGIE
les branches d’une croix j ils sont tellement unis avec les rochers qu’on
ne peut les séparer, au moins dans les adultes. A l’extrémité de cette
branche saillante est Vos de la caisse, cjui présente en avant un petit
cadre de tympan plus osseux que dans les autres grenouilles , quoique
dans le pipa, le tympan lui-meme reste toujours caché sous la peau.
En arrière et en dessous de cet os est le jugal, qui fournit, comme à
1 ordinaire, 1 articulation pour la mâchoire inférieure, et qui paroît
rester long-temps cartilagineux. Un petit osselet auditif un peu
courbe va s’appuyer sur la fenêtre ovale , qui est percée dans cet
os lorrné du rocher et de l’occipital latéral; elle sert d’orifice à un
long conduit cylindrique creusé dans l’axe de cet os, et qui mène
au vestibule creuse lui-meme dans la partie de l’os plus rapprochée
de la cavité cérébrale.
Le dessous du crâne est formé principalement par un très-grand
sphénoïde plat presque rectangulaire, et qui dirige aussi en avant
une pointe répondant au-dessous de celle du pariétal. Ce pariétal et ce
sphénoïde s unissent de bonne heure tres-intimement parleurs côtés.
En arrière, ce même crâne est complété en dessous par les bran-
ches rentrantes des os ptérygoïdiens et par les occipitaux latéraux
qui se divisent, presque par moitié avec ces branches, la face infé-
rieure de cette partie eu forme de ci’oix, au bout de laquelle est Vos
tympanique et le jugal.
L’aplatissement excessif du crâne fait que ses côtés sont très-peu
élevés. Ils sont creusés d’un sillon profond. Leur partie antérieure
appartient au frontal j la postérieure, qui se dirige ensuite en dehors
et devient le devant de la branche de croix , appartient au rocher.
Je ne trouve pas plus de palatin que de jugal. Je ne trouve non
plus aucun vomer. La cavité de chaque narine, qui est singulièrement
plate, n est fermée en dessous que par la membrane du palais.
Le nerf olfactif, avant de sortir du crâne , traverse un long conduit
creusé dans une cellulosité osseuse entre le pariétal et le sphénoïde,
mais dont je ne puis affirmer si elle appartient h l’un ou à l’autre. Le
nerf optique sort par un très-petit trou de cette partie du côté du
crâne qui appartient au frontal. Les petits nerfs de l’œil et la plus
DES BATRACIENS. 3g5
grande partie de la cinquième paire sortent par un grand trou entre
cette partie du frontal et le rocher.
Il y a ensuite , à la face antérieure de la branche en croix. , un trou
médiocre pour le nerf de Willis, qui entre dans le nez par un très-
petit trou percé sous le sphénoïde près de son bord anterieur.
Les osselets de l’oreille des grenouilles se prêteroient plus aisément
que ceux de beaucoup d’autres reptiles au système de l’identité du
nombre des os.
Sur la fenêtre ovale est appliquée une espece de lentille cartilagi-
neuse j une tige osseuse , attachée au tympan par une queue cartila-
gineuse , va s’articuler par son autre extrémité , qui est dilatée et un
peu échancrée, à la lentille dont je viens de parler. Si on veut voir
dans l’appendice cartilagineux le marteau, et dans la tige osseuse 1 en-
clume, on pourra faire l’étrier du cartilage lenticulaire.
Le vestibule a intérieurement la même petite masse amilacée que
dans les autres reptiles.
Chacun sait par quelle large ouverture de chaque cote 1 arriere-
bouche communique avec la cavité tympanique qui n’en est presque
qu’un sinus.
§ IL De la mâchoire ir^érieure.
Je ne puis apercevoir à la mâchoire inférieure de la grenouille que
trois os de chaque côté.
Un principal , r, fig. i , qui en fait sans comparaison la plus grande
partie , surtout du côté interne, et où l’on voit une élévation qui tient
lieu d’apophyse coronoïde ; il est creusé extérieurement d’un sillon ,
dont la moitié antérieure est fermée par un second os , plat et mince ,
qui dépasse le premier en avant et s’y renfle pour former la sym-
physe avec celui de l’autre côté; enfin un tubercule articulaire, t,
posé sur l’extrémité postérieure du premier os. Si nous regardons l’os
floi forme la symphyse comme analogue du dentaire , nous serons
obligés de convenir que le grand os répond à la fois à quatre
5o*
ou
OSTÉOLOGIE
cinq des autres os des lézards. La même structure se répète dans
les autres sous-genres. • •
§ III. De Vos hydide.
C’est surtout la grenouille qui nous apprend quelle est la vraie
nature de l’os hyoïde des poissons, elle qui dans son premier état
lespire à leur manière, et dont l’appareil branchial se change par de-
grés et à vue d’œil en un os hyoïde véritable.
J’ai dd étudier avec soin cette métamorphose, excité par l’intérêt
général dont elle est pour les théories ostéologiques, et je donnerai
ici mes premiers résultats, bien que leur difficulté ne me permette
pas de les croire encore parfaits, dans l’espoir que quelque obser-
vateur, qui pourra mettre dans cette recherche plus de temps et de
suite que moi, complétera ce que je n’ai pu qu’ébaucher (i).
Lorsqu on prend le têtard au moment où ses branchies sont en
P eme activité, et ou ses poumons sont encore réduits à un tissu noi-
râtre qui n’a point pris l’air, les rangées de dents attachées à ses lè-
vres et les lames cornées qui revêtent ses mâchoires servent seules
a la mastication ; ses mâchoires à peine cartilagineuses ont pris très-
peu de développement; ses os tympaniques au contraire en ont un
fort grand : c’est à eux qu’est suspendu l’appareil branchial.
Il y est suspendu de chaque côté par vine branche assez grosse
anguleuse, a, lig. 8 et 9, et qui représente celle qui, dans les poissons'
composée de trois os, suspend tout l’appareil branchial à l’os que je
crois représenter le temporal, et porte les rayons branchiostéges (2).
(1) M. Stemheim qm, dans un mémoire imprimé à Hambourg en 1820 (le Développe-
ment es renom es, en allemand), a donné plusieurs bonnes observations sur la méta-
morpbose du têtard , a précisément négligé ce qui concerne les changemens des cartilages
ranc laux. I' n en est pas question non plus dans la dissertation latine de M. van Hasselt ,
imprimée a romnpn la même année, de Melamorphosi quarundam partium Ranæ
temporanæ. ca emie des Sciences les avoit principalement en vue lorsqu’elle proposa
en 1020 , un prix sur ce sujet. ' *
(2) M. Geoffroy nomme deux de ces os hyo-sternal et hjpo-stcrnal , et celui qui oiibre ta
suspension stilhjal. Sur ce dernier, je suis eutièrement d’accord avec lui.
DES BATRACIENS. 897
On y voit même dans les premiers momens une trace de division.
Entre ces deux branches est une pièce impaire, qui répond à la
chaîne d’osselets impairs placée dans la plupart des poissons entre les
deux premiers arcs branchiaux (i).
A sa pointe postérieure s’attachent latéralement deux pièces rhom-
boïdales, c, c, au bord externe desquelles sont suspendusles arceaux
qui portent les branchies. Ces deux pièces tiennent lieu des osselets
pairs qui terminent la chaîne dont je viens de parler, et qui, dans
beaucoup de poissons, portent les deux derniers arcs branchiaux (2),
Si on prend ensuite des têtards de plus en plus âgés, on voit les
branches qui suspendent l’appareil devenir de plus en plus longues,
de plus en plus grêles, et finir par se changer en ces deux longs filets
cartilagineux qui supportent l’os hyoïde et 1 attachent au crâne un
peu au-dessous de la fenêtre ovale. L’angle que leur extrémité anté-
rieure formoit en avant devient un petit crochet de ce filet.
En même temps, la pièce impaire et les deux pièces rhomboïdales
se soudent, s’étendent, s’amincissent, perdent petit à petit les arcs
branchiaux qui s’y attachoient et qui sonc résorbés, deviemient enfin
un grand disque ou bouclier dont les angles anterieuis s élargissent
en fer de hache, dont les postérieurs portent souvent encoie dans
une échancrure qui les divise la trace des arcs branchiaux qui en par-
toient, dont le bord postérieur enfin porte deux cornes osseuses qui
se sont formées dans les angles postérieurs des pièces paires , et qui
pourroient bien correspondre aux pharyngiens inferieurs des pois-
sons (3), en sorte que ces pharyngiens- inférieurs seroient tout sim-
plement les cornes postéi-ieures de l’hyoïde.
On voit encore assez long-temps dans ce grand disque hyoïdien
des sutures qui distinguent les trois pièces dont il se compose.
Et ni le sternum ni le larynx ne sont intéressés dans toutes ces va-
riations de forme, ni ne prennent part a cette composition j car le
larynx se fait déjà très-bien voir avec les poumons qui en dépendent.
(0 M. Geoffroy les nomme glossohj-al , hasihjal et urohyal.
(a) Les arjthénéaux de M- Geoffroy.
(3) Les cricéaux de M. Geoffroy.
3g8 OSTÉOLOGIE
et le sternum avec les os qui s’y appuient, que l’appareil branchial
ou hyoïdien montre fort nettement encore toutes les pièces qui le
composent (i).
Cependant ou ne peut pas dire que le larynx des grenouilles soit
moins complet que celui des autres ovipares j il prend même dans le
pipa une grandeur et une consistance osseuse tout-à-fait surpre-
nantes (2).
Nous avons montré dans notre pi. XXIV, fig. 8 — 21 , ces transfor-
mations de 1 appareil branchial telles qu’elles ont lieu dans la gre-
nouille commune , et fig. 22 — 25 dans la jackie {rana paradoxa).
Dans toutes ces figures , la branche qui suspend l’os hyoïde est mar-
quée a, la piece impaire du milieu b , les pièces latérales c , la mâ-
choire inférieure d, les os tympaniques e.
La fig. 26 représente l’os hyoïde du crapaud agua , avec le laiynx
et les poumons; et la fig. :i'j , celui de la grande grenouille de l’Amé-
rique septentrionale , placé de manière à laisser voir comment le filet
a s’attache au crâne.
§ IV. Des os du tronc.
L épine des grenouilles , fig. 28 (3) , est singulière par le petit
nombre de ses vertèbres.
(1) Tel est l’exposé qui m’a été demandé plusieurs fois des motifs qui m’empêchent de
reconnoître que les pièces du sternum et du larynx interviennent dans la composition de
l’appareil branchial des poissons ; ils seront renforcés encore par ce que nous allons voir dans
la sirène et les salamandres. A la venté , l’appareil branchial dans les batraciens ne compte
pas autant de pièces que dans la plupart des poissons, mais il s’en faut de beaucoup que
dans ceux-ci le nombre en soit constant; dans les squales, par exemple , il n’y a dans la
igne médiane que deux pièces pour en représenter sept ou même neuf de la morue ou du
turbot.
(2) L’organe que M. Schneider a trouvé dans la poitrine du pipa mâle , et qu’il a décrit
sous le nom de cistapectoralis , n’est autre qu’un énorme larynx consistant en quatre grandes
pièces parfaitement ossifiées ; une grande plaque inférieure, répondant jusqu’à un certain
point au thyroïde ; une supérieure , au cricoïde , et deux intérieures cylindriques qui sont
les arythénoïdes.
(3) Cette figure et celle des extrémités sont prises de la grande grenouille de l’Amérique
DES BATRACIENS.
399
On n’y en compte c[ue neuf. Les sept intermédiaires ont toutes les
faces articulaires de leurs corps concaves en avant et convexes en
arrière; mais ce tubercule convexe qui entre dans la concavité de la
vertèbre suivante est produit par l’ossification du cartilage interver-
tébral. Dans le têtard, les deux faces sont concaves, ainsi que l’a
très-bien remarqué M. Dutrochet et que je l’ai vérifié. Ces vertèbres
ont de longues apophyses transverses , des épineuses courtes, et des
articulaires presque horizontales , les postérieures d’une vertèbre
posant sur les antérieures de la suivante.
La première, a, qui est l’atlas, n’a point d’apophyses transverses,
et offre en avant deux facettes pour les deux condyles occipitaux.
La dernière, b , ou la première sacrée, a au contraire de grandes et
larges apophyses transverses auxquelles se suspendent les os des îles,
et en arrière elle offre deux tubercules qui s’articulent dans deux fa-
cettes d’un os unique, c , qui s’étend depuis cette vertèbre jusqu’au-
dessus de 1 anus , et que l’on peut considérer ou comme une seconde
vertèbre sacree, ou comme un coccyx (i).
Cet os est très-long, terminé en pointe cartilagineuse, et relevé
tout du long de sa face dorsale d’une crête dans la base de laquelle
le canal vertébral se termine en se rétrécissant beaucoup.
Il y a de la variété dans les apophyses transverses des vertèbres;
la troisième les a ordinairement les plus longues. La vertèbre sacrée
les a plus larges et dirigées un peu en arrière. Elles y sont en général
plus larges dans les crapauds. Dans le sonneur ( rana hombma) , elles
s’évasent au point que leur bord externe surpasse leur largeur trans-
verse.
Lepipa,fig. 2g, n a que sept vertèbres, parce c[ue l’atlas est soudé
avec la seconde, et la vertèbre sacrée avec fos allongé ou coccyx.
Les apophyses transverses de la troisième et de la quatrième sont
(1) Comme il ne dépasse pas les os des îles, et qu’il se termine au-dessus de l’anus, j’ai
*nieux aimé l’appeler sacrum que coccj-x. M. Schultze (dans les Arcliives physiologiques de
^leckel , t. IV, p. 38i ) prétend que c’est à tort, parce qu’il naît dans la tige cartilagineuse
la queue , qui , dit-il , s’ossifie plus tard que les vertèbres , mais ne disparoît point tout-à-
fait ; or il suffit de regarder un squelette de têtard pour voir que l’os en question ne se
forme que dans le bassin et nullement dans la queue.
4oo OSTÉOLOGIE
très-loDgues, cylindriques, dirigées obliquement en arrière, et, ter-
minées par une lame cartilagineuse. Les trois suivantes les ont petites
et dirigées obliquement en avant. Celles de la vertèbre sacrée sont
si larges et s’évasent tellement en dehors que leur bord externe est
plus que double de leur dimension transversale.
§ V. De V extrémité antérieure.
L’épaule de la grenouille est remarquable en ce que ses trois os
concoui'ent à la formation de la cavité cotyloïde.
L’omoplate , fig. 3o , 3 1 et 3a , est divisée en deux parties ; une spi-
nale plus large, beaucoup plus mince, cjui ne s’ossifie pas entière-
ment, conservant toujours un bord cartilagineux (i). Elle s’articule
par synchondrose , et en consei’vant sa mobilité avec l’autre partie , h,
qui va en se rétrécissant vers le col, est bien osseuse et plus épaisse
que la précédente. Sa face pour la cavité glénoïde est au bord pos-
térieur de son col ; puis l’os s’avance en s’élargissant pour s’articuler
avec la clavicule.
L’extrémité humérale de la clavicule, c , fig. 3i et 3a, est élargie
pour correspondre au bord articulaire de l’omoplate. Son angle pos-
térieur contribue à la cavité glénoïde, qui a, entré cette partie de ses
parois et celle que lui fournit l’omoplate, un trou assez large.
Elle est complétée par l’os coracoidieu, d, id. , qui s’articule àcet
effet avec la clavicule et avec l’omoplate.
Le corps de la clavicule est grêle , ferme, droit, et va s’unir à son
semblable dans la ligne moyenne.
Le coracoïdien en fait autant 5 mais il s’élargit beaucoup à sa ligne
de rencontre apres s etre rétréci dans son milieu.
(i) M. Geojfroj (Philos, anat. , 1 , 1 18) pense que cette partie spinale n’est que le carti-
lagequi existe dans toutes les omoplates de mammifères , etc. ; mais ce cartilage existe aussi
dans l’omoplate des grenouilles , et précisément dans cette partie dorsale , ce qui n’empêche
pas que le reste de cette même partie ne soit encore un véritable os , très-fibreux , fort dur
dans les grandes espèces , et séparé par une articulation mobile de la partie humérale ; en
un mot , l’omoplate des grenouilles est composée de deux os , sans compter la clavicule et le
coracoïdien.
DES BATRACIENS. !^oi
Le sternum n’a ordinairement que deux pièces ossifiées, placées
l’une, e, en avant des clavicules, l’autre,^ en arriéré des coracoïdiens.
La première est large en arrière, étroite en avant, ou elle se con-
tinue en une lame cartilagineuse en forme de croissant.
La seconde est rétrécie dans son milieu , large dans ses deux bouts,
et se termine par une lame cartilagineuse xyphoïde, aussi en forme de
croissant, mais plus large, et dont le bord postérieur ou convexe est
fortement échancré.
On ne voit guère entre les clavicules et entre les os coracoïdiens que
ce qu’il y a toujours de fibro-cartilage dans les articulations de ce
genre, en sorte que l’on peut déjà dire que la jonction de ces os de
l’épaule entre eux interrompt le sternum.
Il y a cependant des espèces où il s’ossifie aussi un filet intermé-
diaire; on voit un filet semblable en g, fig. 3i et 82 : mais dans les
crapauds et certaines rainettes, il n’y a pas même de fibro-cartilage.
On voit dans certaines espèces, par exemple dans la grande gre-
nouille d’Amérique, représentée fig. 3i et 82, A, à la partie anté-
rieure de la clavicule , une petite pièce triangulaire qui passe par
dessus cette clavicule , s’élargit et va s’unir à celle du côté opposé ,
de sorte que la clavicule ne s’unit a sa congenere que par sa face infe-
rieure. Si ces pièces ne sont pas simplement des epiphyses de la cla-
vicule ou de la pièce antérieure du sternum , il faudra les regarder
comme deux pièces du sternum. Les extrémités sternales de la clavi-
cule et du coracoïdiensont jointes dans chaque épaule par un cartilage
en forme de croissant, et les cartilages croisent un peul un sur 1 autre ,
le droit passant sous le gauche comme dans les salamandres (i).
Dans ces mêmes espèces, la pièce postérieure du sternum est sus-
pendue en arrière , et entièrement cartilagineuse. L’antérieure man-
que entièrement.
11 en est de même dans le pipa, fig- 33 et 34 j où seulement les carti-
lages en forme de croissant et le cartilage xyphoïde ont pris une très-
<i) Dans la thèse de M. Steffen,{Ae. Ranis nonnullis Obs. anat. ) , ces arcs cartilagineux
sont considérés comme des pièces du sternum-
T. V, 2e. P. 5i
OSTÉOLOGIE
402
grande extension. Les premiers se joignent sur la ligne médiane sans
se croiser 5 le dernier est rhomboïdal et aussi large que long (i).
On doit remarquer aussi que l’omoplate (dans la partie humérale,
b , ih.') est fort petite; que sa partie spinale, a, a son os fourchu et
petit, en comparaison de son cartilage qui est très-dilaté, et que son
coracoidieu, s’élargit beaucoup, mais obliquement, à son extré-
mité sternale.
Le sonneur {j'ana bomhina) a le sternum réduit à un cartilage qui
se bifurque en arrière en deux longs filets. La clavicule est grêle, ar-
quée, et se recourbe avec son opposée. Ge coracoïdien est grêle
aussi, et non élargi, mais plus coui’t que la clavicule.
L’humérus, fig. 35 et 36, a la tête supérieure convexe, un peu
échancrée du côté interne. En avant est une forte crête deltoïdale;
vers le bas , il est aplati en arrière, et la plus grande partie de sa poulie
est occupée par une espèce de globe pour l’articulation avec l’avant-
bras; il a du côté externe une crête un peu aiguë.
L’os de l’avant-bras, fig. 87 et 38, a, est court, et se compose d’un
radius et d’un cubitus soudés ensemble, et qui ne se distinguent que
par un sillon de chaque côté dans leur moitié inférieure, et par un
double canal médullaire intérieurement.
La tête supérieure est très-concave ; le cubitus s’y porte un peu en
arrière et y forme un très-petit olécrâne.
Il se forme quelquefois un petit osselet séparé dans le tendon des
extenseurs de l’avant-bras.
La tête inférieure est plus grande, oblongue, et a à sa partie cubi-
tale une petite convexité, et à la radiale, une plus large et plus plane.
Oh compte six os dans le carpe, savoir: deux au premier rang,
un radial, ô_, fig. 38, à face supérieure un peu concave, l’inférieure
(i) On voit une bonne figure de ces parties dans la thèse de M. Breyer (Observ. anat.
circa fabr. Hanse, Pipæ), pi- II , fig. i ; mais l’auteur nomme aussi ossa sierni antica et
posiica, les cartilages en forme de croissant qui ne font chacun qu’une pièce , et qui appar-
tiennent à l’épaule bien plus qu’au sternum , comme on peut le voir dans les lézards , où ils
existent simultanément avec un vrai sternum. En réalité, le pipa , comme les crapauds ,
comme les salamandres , n’a de sternum que le cartilage xyphoïde.
DES BATRACIENS.
4o3
en poulie oblique; un cubital, c , qui offre en arrière un petit creux
pour la convexité du cubitus; un au second, interposé entre le ra-
dial et les deux premiers du troisième rang. Ces deux-ci, e, e , sont
petits, et répondent au métacarpien de l’index et au vestige de pouce.
Le troisième et dernier du troisième rang est le plus grand de tous ;
il répond à la fois aux deux os du premier rang , et porte les trois der-
niers métatarsiens. En dessous, il donne une assez forte protubérance
sous le poignet.
Les quatre métatarsiens diffèrent peu en longueur; celui de l’index
est gros et anguleux.
L’index et le médius ont chacun deux phalanges ; les deux autres
doigts chacun trois. C’est l’index qui est si gros dans les mâles. Le
médius est généralement plus court que lui et que l’annulaire.
§ VI. De V extrémité postérieure.
Une singularité du bassin des grenouilles, fig. 28 et 28^, c’est la
réunion de ses pubis et de ses ischions en un disque vertical qui se
bifurque en dessus pour les os des îles.
On pourroit même y contester l’existence séparée du pubis , qui
n’est représenté que par un cartilage en avant du disque.
La suture de séparation des os des îles traverse directement de
l’angle postérieur du disque à son bord antérieur, en divisant en deux
la cavité cotyloïde. Son aile est très-longue, très-étroite, rétrécie
immédiatement au-dessus de la cavité cotyloïde, puis un peu dilatée,
et ensuite se rétrécissant peu à peu jusqu’à son sommet, qui est creux
et rempli par un cartilage qui le suspend à l’apophyse transverse de
la dernière vertèbre. Le bord supérieur ou spinal de cette partie al-
longée de l’os est tranchant; l’inférieur est mousse ou arrondi.
Dans le pipa, fig. 29, les ailes des os des îles deviennent horizon-
tales en avant, et s’attachent sous les énormes apophyses transverses
de l’os sacrum.
Tout le monde sait combien l’extrémité postérieure des grenouilles
surpasse celle de devant en longueur et en force.
5U
4o4 OSTÉOLOGIE
Le fémur, fîg. 3q et 4© , est un long os cylindrique, un peu courbé
en S, à tête supérieure arrondie ; Tinférieure un peu dilatée et tron-
quée, et ayant à sa face postérieure une crête longitudinale pour tout
trochanter.
Sa longueur proportionnelle , ainsi que celle du tibia , varie selon
les espèces , plus grande dans les grenouilles et les rainettes , moindre
dans les crapauds, etc.
Lajambe,fig. 4i, se compose de deux os soudés ensemble sur toute
leur longueur, comme le métacarpe et le métatarse des ruminans, et
qui ne font plus sentir leur distinction que par unsillon plos ou moins
marqué de leur face antérieure et postérieure, par un trou percé au
milieu de leur longueur d’avant en arrière, et par le double canal
médullaire dont leur intérieur est creusé (t).
La tête supérieure de cet os double est arrondie en avant et en
dessus , et forme une demi-poulie pour le fémur j l’inférieure est apla-
tie, et forme aussi une poulie, plus large en travers, pour le pied.
Les extenseurs de la jambe s’y insèrent immédiatement sans ro-
tule, et au plus avec un léger renflement cartilagineux.
Il n’est pas très-facile d’assigner les noms des os du tarse.
(i) M. Rudolphi, à ea juger d’après plusieurs thèses de ses élèves *, considère les deux
grands os du tarse comme le tibia et le péroné , et donne à l’os de la jambe le nom àe fémur
secundarium , mais celte nomenclature n’est aucunement admissible; non-seulement ce
prétendu yèmur secundonum seroit sans aucun analogue y mais on peut prouver directement
qu’il se compose du tibia et du péroné ; i°. par son double canal médullaire ; 2°. par sa di-
rection en arrière , tandis que les deux grands os du tarse , comme tout le pied , se dirigent
en avant ; 3». parce que c’est à lui que s’insèrent les muscles ordinaires de la jambe , soit
extenseurs soit fléchisseurs ; 4“. parce que c’est le long de ses faces que régnent les muscles
ordinaires du pied, gastrocnémiens , tibiaux et péroniens.
On prétend que les deux os de la jambe de la salamandre répondent aux deux grands os
du tarse des grenouilles , que ceux-ci par conséquent sont vraiment les os de la jambe ; mais
dans les salamandres, on retrouve ces deux derniers os dans le tarse avec tous les autres;
ils y sont seulement de la grandeur ordinaire , et non pas aussi excessivement prolonges
que l’organisation des grenouilles pour le saut l’exigeoit, Du reste , les os de la jambe de
la salamandre reçoivent et soutiennent les mêmes muscles que l’os unique des grenouilles.
Un autre élève de M. Rudolphi laisse à la jambe son vrai nom , et ce sont les deux longs
* Atefeiiy de îlanis nonnullis Obs, anat., Berl, i8i5, P* et ig; Klaclx^hc y Diss. anat. de Tiaui cornulà ,
Bcrl. 1816, p. 5,
DES BATRACIENS. 4»^^
Les deux principaux, a b , fig. 4^? soudes ensemble par leurs
extrémités, laissant entre eux un grand vide ovale, égalent en lon-
gueur la moitié de Tos de la jambe j l’externe est le plus gros ^ ils sont
rétrécis dans leur milieu. Leurs extrémités, renflées et soudées en-
semble, présentent à la jambe une poulie articulaire obliquement
creusée d’une large fosse dans son milieu, et au pied une autre , qui
est échancree en arrière du côté externe, en sorte que celui-ci se tei-
mine en petit crochet.
Souvent en arrière de l’articulation de ces deux os avec la jambe
se trouvent un ou deux petits osselets dans le tendon des extenseurs
du tarse ou du court fléchisseur des doigts (i).
- Entre ces deux grands os et le métatarse, il y en a quatre petits,
un triangulaire, c, hors de rang au bord interne , deux anguleux, d
et e, sur le métatarsien du pouce, et un très-plat,/, de forme seni-
blable à un scaphoïde , qui porte le deuxieme et le troisième méta-
tarsien.
5 Le deuxième des anguleux et le plat tiennent à l’interne des deux
grands os précédons.
Le quatrième et le cinquième métatarsien tiennent immédiatement
, au grand os externe.
Il y a dans le pipa encore un osselet en dessous des autres.
Les os du métatarse vont en grandissant du pouce au cjuatrième ;
le cinquième redevient un peu plus court.
Il en est de même des premières phalanges, qui ont à peu près
chacune les deux tiers de la longueur de son métatarsien.
Le pouce et le premier doigt ont chacun deux phalanges, le
os du tarse qu’il nomme crus secundarium , opinion qui seroit un peu plus soutenable, et
sur laquelle l’auteur hésite cependant , puisqu’il ajoute vel astragalus duplicatus
(i) Dans les thèses que je viens de citer, on appelle ces osselets rotules mais leur seule
position en arrière répugne à cette dénomination ; aussi, dans l’une de ces thèses , propose-
t-on encore pour eux la dénomination de calcanéum, et même dans le pipa, où il y en a
, ceWe àe calcanéum duplex *** . . ,
* Brejer, Obs. anat. circa fabvicam Ranæ , Plpæ , Bcrl. iSi i , p. 1 1 et a3.
Jireyer, de Pipü , p. 10 ; Stejfen , de Eanis nonniilHs, p. i8 ; Klœtzke , de Ranâ cornulà ,p-3.
.ûrejer, loc. cil. , p. II.
4o6 OSÏÉOLOGIE
deuxième doigt trois; le quatrième, quatre; et le cinquième, trois.
Ils vont en s’allongeant du pouce au quatrième doigt; le cinquième
est un peu plus court que le troisième.
L’os hors de rang, c, prend quelquefois assez d’extension pour
sembler un vestige de cinquième doigt.
Article IL
Des Salamandres et des Axolotls.
§ I. Des Salamandres.
^ La SALAMANDRE TERRESTRE , pl. XXV, fig. I , Q et I o , a le crâne pres-
que cylindrique, élargi en avant pour former la face qui est en demi-
cercle , et en arrière pour ces deux branches en croix semblables à
celles des grenouilles, et contenant les oreilles internes.
La composition de sa tête , qui ressemble à celle des grenouilles
pour l’arrière et le dessous du crâne , en diffère étonnamment par
d’autres parties.
11 n’y a point d’os en ceinture , et tout ce qui peut représenter
l’ethmoïde demeure à l’état membraneux.
En dessus, le crâne est divisé presque également entre les deux
frontaux, c, c, et les deux pariétaux, d , d . La partie antérieure des
frontaux s’articule en avant avec les os du nez , et latéralement avec
les frontaux antérieurs. Les apophyses montantes des intermaxillaires
sont très-larges, ce qui fait que les narines osseuses externes sont
très -écartées. Le nasal, g ^ occupe le dessus de chacune d’elles,
entre l’intermaxillaire ,y , le frontal , le frontal antérieur , , et le
maxillaire, k. Le frontal antérieur occupe la joue en avant de l’angle
antérieur de l’orbite , mais ne descend pas dans cette cavité , dont la
paroi antérieure est simplement membraneuse. Je crois cependant
voir à l’angle externe du frontal antérieur un très-petit lachrymal.
La partie dentaire du maxillaire se porte en arrière comme à l’or-
dinaire, mais sans se joindre au ptérygoïdien ni au jugal.
DES BATRACIENS. 407
Non-seulement je ne trouve que deux occipitaux, b , b , comme
dans les autres batraciens, mais chacun d’eux s’unit intimement avec
la partie analogue au rocher, e. Un grand trou rond, bien encadré,
sert d’entrée au vestibule, et par conséquent de fenêtre ovale.
Il est fermé dans l’animal frais par une plaque cartilagineuse, sans
tige, et entièrement cachée sous les muscles.
A cet os, remplaçant à la fois l’occipital latéral et le rocher, s’en at-
tachenttrois, dont le plus inférieur, le ptérygoidien, 7/1, rappelle en-
core par sa figure triangulaire les trois branches dont il est formé dans
les grenouilles. Son angle antérieur, comme nous lavons dit, n at-
teint point le maxillaire , et ne s’y lie que par un ligament j l interne
n’atteint pas non plus au sphénoïde; l’externe règne sous le second
des trois os dont nous parlons, l’os intermediaire , o , celui auquel ap-
partient la facette pour l’articulation de la mâchoire.
Cet os est bien difficile à définir.
Je paroîtrai peut-être bien téméraire si je le nomme jugal, car
loin d’être placé horizontalement et d’aller en avant joindre le maxil-
laire, il est transversalement sur le bord postérieur du pterygoïdien.
Il y a cependant un ligament qui l’unit à la pointe postéiieure du
maxillaire.
Le troisième et le supérieur des trois os dont je parle, n , est collé
sur le précédent et dans la même direction ; il est oblong et plat,
et s’attache par son extrémité interne sur l’occipital latéral, sans
atteindre jusqu’au pariétal. En supposant que le jugal soit bien
nommé, celui-ci sera le tympanique ^ et en effet, si la platine qui
couvre la fenêtre ovale avoit un manche , il passeroit derrière l’os
dont nous parlons , comme dans les grenouilles il passe derrière le
tympanique.
En dessous, il n’y a qu’un seul sphénoïde, d, oblong; deux
larges os triangulaires, l, qui sont manifestement analogues à ceux
que dans les grenouilles nous avons nommés vomers , forment le
plancher des narines en dessous, et donnent chacun une apophyse
grêle, qui marche en arrière sous le sphénoïde parallèlement à sa
correspondante. C’est à ces os et à leurs apophyses qu’adhèrent les
4o8 OSTÉOLOGIE
deux rangées longitudinales des dents du palais des salamandres (i).
Il y a entre la partie antérieure de ces os, derrière les interniaxil-
laires, un large espace ovale, qui n est rempli que par la membrane
du palais. Leur apophyse postérieure et dentaire s’étend px’esque
aussi loin en arrière que le sphénoïde. Peut-être est-elle partagée à
certaines époques en deux par une suture , et y distingue-t-on alors
un palatin , mais je n’ai pu m’en apercevoir.
Dans l’orbite, à sa paroi antérieure, est un grand espace membra-
neux, entre le maxillaire, le frontal antérieur et ce vomer dont je
■viens de parler ; et c’est au bas de cet espace, et dans une échancrure
du vomer, qu’est percée de chaque côté la narine interne.
Le fond de l’orbite, ou le côté du crâne, entre le frontal et le pa-
riétal d’une part, et le vomer et le sphénoïde de l’autre, est occupé
par un os oblong , u , dans lequel est percé le trou optique , et qui ne
peut répondre qu’à l’aile orbitaire du sphénoïde.
C’est précisément cette partie, qui est membraneuse dans les gre-
nouilles, qui n’existe point du tout dans les serpens, où le pariétal
et le frontal la suppléent chacun pour moitié , et qui ici se trouve su-
bitement reportée à la dignité d’un os particulier.
Les deux condyles occipitaux sont très-séparés l’un de l’autre, et
placés aux deux côtés du trou occipital.
La tête des salamandres aquatiques de notre pays, pl- XX VI,
fig. 6,7 et 8 (où les mêmes lettres désignent les mêmes OS que dans
la salamandre terrestre de la planche précédente), diffère en géné-
ral de la terrestre parce que l’ensemble de la tête est plus oblong 5
que les narines externes sont plus rapprochées 5 que l’espace vide
d’entre les vomers est un simple petit trou; que l’os ptérygoïdien
n’est qu une lame large en arrière, pointue en avant, etc. , etc.
Elles diffèrent entre elles par des traits assez marqués.
Le triton gesneria. un petit trou sur le devant du museau entre les
(i) On ne conçoit pas comment M. Rusconi (Amours des Salamandres , p. 55) a pu dire
que ces os sont seulement dentelés et ne portent pas de dents ; il faut qu’il n’ait observé
que des têtes dont les dents étoient tombées , autrement la moindre loupe les lui auroît
fait voir avec leur émail et tous leurs autres caractères.
DES BATRACIENS. 409
os du nez, et au frontal, une apophyse postorbitaire pointue, fort
marquée, dirigée en arrière.
Le trou devient une petite fente dans Xalpestris , où le museau
est plus court , et l’apophyse postorbitaire plus petite et plus trans-
verse.
triton cristatus ) l’apophyse postorbitaire est peu marquée,
et la région antérieure du crâne, singulièrement rugueuse, n’a qu’un
simple enfoncement au lieu de trou.
Dans le triton punctatus et dans le palmatus , l’apophyse post-
orbitaire est plus longue, même que dans le triton gesneri , et sur le
devant du crâne, il y a deux lignes un peu saillantes, qui se réunis-
sent en avant comme un Y (i).
Dans la très-grande salamandre des monts Alleganis , fig. 3, 4 et
5, îb. {^salamandra gigantea Barton) (2), les frontaux principaux
et antérieurs sont plus étroits et plus allongés. Les premiers pénètrent
en pointe en arrière entre les pariétaux j en avant , ils se portent jusque
sur 1 ouverture extérieure des narines. Les nasaux se touchent entre
eux et sont placés entre les frontaux. Les hitermaxillaires et les ouver-
tures des narines.
Les ailes orbitaires sont peu élevées, percées de trous optiques
tort petits, et laissent encore entre elles et les rochers un espace mem-
braneux. Les rochers sont bien distincts des occipitaux latéraux, et
s’en séparent dans leur totalité par un cartilage dans lequel est percée
la fenêtre ovale.
Les ptérygoïdiens sont très-larges , et s’articulent par un de leurs
côtés à presque tout le bord externe du sphénoïde. Celui-ci est lui-
meme très-aplati et tres-large. Les deux vomers portent leurs dents
(i) Ces différences dans les têtes osseuses , jointes à celles que nous indiquerons pins bas
dans le nombre des vertèbres, réfutent suffisamment l’assertion de M. Rusconi, qui prétend
( Amours des Salamandres , p. 82 ) que toutes les observations sur lesquelles Dufay et M. La-
treille ont établi différentes espèces de salamandres aquatiques sont vaines. Apparemment
que lui n’en a vu que deux.
(a) Barton, Menioir concerning an animal of the class of reptilia or amphibia , which is
l'^nown by the names of alligator and Hellbender .
T. V, 2e. P.
52
4, 10 OSÏÉOLOGIE
non pas longitudinalement, mais en travers, à leur bord antéiâeur,
et parallèlement aux dents des intermaxillaires et des maxillaires.
La tête des salamandres aquatiques à l’état de larve ofFre des diffé-
rences qui mériteroient d’être étudiées mieux que je n’ai pu le faire
au milieu de tant d’autres occupations.
Ainsi les os que je nomme vorners sont moins fixés à la base des
narines, et au heivd’nne seule série de dent,, ils en ont leur surface
toute garnie (i). Les apophyses montantes des întermaxillaires sont
plus longues et plus étroites , les maxillaires sont moins dévelop-
pes , etc. j toutQS, circonstances que nous, retrouverons’ dans l’axolotl ,
et dont il y a des traces jusque dans la sirène.
Les salamandres ont à leur mâchoire inlërieure un véritable den-
taire , formant la symphyse avec son congénère , et portant les dents
à peu près comme dans le commun des lézards. Le reste se compose
dans les salamandres ordinaires adultes, d’une seule pièce, qui doublé
la précédente à la moitié postérieure de sa face interne, donne une
crête coronoïde, une proéminence eu amière , et porte le tubercule
artiailaire qui s’y soude intimement.
Dans la grande salamandre d’Amérique, ce deuxième os est lui-
meme divise en deux, un coronoïdieii et un articulaire.
L’os hyoïde de la salamandre éprouve des changemens analogues
à ceux de la grenouille, mais non pas aussi complets.
Dans son état de larve, elle a de mémo deux branches hyoïdiennes
venant des os occipitaux , se réunissant en avant sous la mâchoire in-
férieure, et un appareil branchial cartilagineux suspendu au point de
réunion de ces branches et portant quatre arceaux de chaque côté
attachés, le premter à une tige intermédiaire, les trois suivans à une
seconde de deux articles, et ces deux paires de tige à une branche
impaire, comme nous le verrons plus clairement dans l’axolotl (2).
Les salamandres aquatiques adultes, fig. 9, conservent, à l’état
(0 C’est une observation due à M. Rusconi , et que j’ai vérifiée
(2) M. Husconi représente bien cet appareil dans sa Descr. anat. des organes de la circu-
lation des Larves de Salamandres , Milan 1817 , en ital. , in-4». , fig. 5. Il donne aussi l’os
hyoïde de l’adulte dans la Monographie du Proteus , Payie 1819 , pl. IV, fig. lo.
DES BATRACIENS. 411
osseux, les branches qui y tiennent encore au-dessous de la fenêtre
ovale, et se terminent en avant par une troncature, sous le milieu
de la mâchoire inferieure, mais l’articulation antérieure de ces bran-
ches est devenue membraneuse.
La tige impaire , à l’état osseux , porte de chaque côté une branche
osseuse de deux articles, terminée par une pointe cartilagineuse, et,
plus en dedans, une autre branche simple et réduite à un filament
qui va de la tige impaire à la seconde articulation de la branche ex-
terne.
Dans la salamandre terrestre, qui ne peut avoir été qu’un temps
très-court à l’état de larve , ^tout reste cartilagineux. Les deux bran-
ches suspensives ou cornes antérieures sont minces et plates , et ne
tiennent pas au crâne ; et la tige impaire, avec ses deux branches de
chaque côté soudées par leurs'deux bouts ne forme plus cpi’un seul
cartilage en chevron, dont chaque branche est percée d’un grand
vide. I f;
Ce reste ou vestige d’appareil branchial n’empêche point qu’il
n existe aussi un larynx et un vestige^dé? 'sternum 5 A la vérité l’un et
l’autre foibles et membraneux plutôt que cartilagineux.
L épaule des salamandres (fig. lO et i i, prises de la salamandre
aquatique) est fort curieuse par la jirompte 'Soudure de ses trois os en
un seul, qui porte la fossette glénoïde à son bord postérieur, envoie
vers l’épine un lobe carré un peu élargi dans le haut, qui est l’omo-
plate , et vers la poitrine un disque arrondi , légèrement lobé , qui se
compose de la clavicule et du coracoïdien , où l’on voit assez long-
temps une suture qui les sépare, et où il reste même toujours un petit
trou. Ij omoplate a son bord spinal augmenté d’un prolongement car-
tilagineux. Le disque cléido- coracoïdien est aussi entouré d’une
grande lame cartilagineuse en forme de croissant, qui croise sur sa
congénère sous la poitrine , car il ne reste absolument de vestige de
sternum qu’une lame cartilagineuse placée en arrière des deux pre-
cedentes , et qui représente le xyphoïde.
L’atlas de la salamandre , fig. 12, a, s’articule avec la tête par deux
^^cettes concaves, et avec la seconde vertèl)re par la face de son corps
52“^
4i2 ostéologie
qui est aussi concave ; car, à l’inverse des grenouilles et des lézards ,
toutes les faces antérieures des corps des vertèbres sont convexes
dans les salamandres, et toutes les postérieures concaves- le dessus
en est plat.
Les apophyses articulaires sont horizontales, et réunies de chaque
côté par une crête qui, jointe à celle de l’autre côté , donne Èi la ver*
tebre une sorte de toit rectangulaire, mais à bords latéraux un peu
lentians. Les postérieures d une vertèbre posent sur les antérieures
e celle qui la suit. 11 n y a pour apophyses épineuses qu’une légère
apparence d’arête longitudinde. Le corps, cylindrique , rétréci dans
son milieu, adhèi-e sous le toit dont nous venons de parler
Les apophyses ttansverses adhèreM de même sons les crêtes laté-
rales et sont dirigées un peu en arrière, et divisées par un sillon à
chacune de leurs faces, en sorte que leur extrémité a comme deux
tubercules pour porter ceux dans lesquels se divise la base de la pe-
tite côte. 11 y a de ces petites côtes à toutes les vertèbres du dos’et
des lombes, excepté à l’atlas, mais longues seulement de deux ou
trois lignes. Elles sont fort loin de pouvoir entourer le tronc ou arri*
ver jusqu’à un sternum.
Parmi les salamandi-es aquatiques, le triton gesneri a la crête des
vertèbres dorsales plus relevée et plus aiguë que la salamandre ter-
restre ; elle 1 est aussi un peu plus dans le triton alpestris , et même
dans \e punctatus et le palniatiis • mais ce qui est singulier, c’est
précisément le tr. cristatus qui a cette crête plus effacée et où le
dessus de la vertèbre est presque planei
Les vertèbres de la queue, au nombre do •
^ de vingt-cinq ou vingt-six
dans la salamandre terrestre, pl. XX V, fig. , , ont des crêtes et des
transveises comme cellesdu dos ; ces dernières deviennent
e plus en plus petites, et, à compter de la troisième caudale, il y a
sous le corps une lame trausverse dirigée obliquement en arrière,
percée d un trou a sa base qui remplace les os en chevron des lé-
zards et des autres animaux à longues queues.
Je compte trente-trois caudales au tr. alpestris et au cristatus ,
trente-quatre au tr. gesneri, trente-six au tr. punctatus. Elles for-
DES BATRACIENS. 4^3
ment une queue aplatie latéralement, à cause de rélévation de leurs
crêtes supérieures et inférieures.
ï^es os des membres sont proportionnés à la petitesse des mem-
bres eux-mêmes.
L’humérus a, dans le haut, une tête ronde; un peu plus bas, en
avant, une tubérosité comprimée et obtuse, et en arriéré, encore un
peu plus bas, une autre très-pointue. Sa tête inférieure est aplatie
d’avant en arrière, élargie pour arriver aux condyles, entre lesquels
est une tête articulaire, ronde pour l avant-bras, et au-dessus, en
avant , une petite fossette.
La salamandre aquatique ba moins élargi dans le haut que la tei-
restre.
L’avant-bras se compose de deux os sépares. Le radius a une tete
supérieure ronde, un corps rétréci, et une tête inférieure comprimée
et élargie. Le cubitus est plus égal dans sa grosseur ; son olecrane est
très-court et arrondi.
Le carpe a cinq os et deux cartilages qui en tiennent lieu , sept en
tout; tous plats, anguleux, disposés un peu comme des pavés, et
annonçant déjà, à quelques égards, ce que nous verrons dans l’ich-
tyosaurus.
Au premier rang , il y en a deux , dant le plus petit , radial , est car-
tilagineux. Le plus grand tient au radius et au cubitus. Entre eux en
est au second rang un seul ; puis en viennent au troisième rang quatre
pour les quatre métacarpiens. Le premier reste cartilagineux; les mé-
tacarpiens sont courts, plats, rétrécis dans leur milieu ; je ne trouve
qu’une phalange ossifiée au premier doigt, deux au second et au qua-
trième, et trois au troisième.
C’est une chose très-singulière que la variété des points où le
bassin s’attache à l’épine. J’ al des individus de salamandre terrestre
où il est suspendu à la quinzième vertèbre (l’atlas compris) , et d au-
tres où il l’est à la seizième.
M, Schultze en a vu une (i), dont il ne détermine pas l’espèce,
(') Archives physiologiques de Meckel, etc. , t. IV, p. 879 , note.
OSTÉOLOGIE
oi'i il l’étoit d'un côté à la seizième, de l’autre à la dix -septième.
Quant aux salamandres aquatiques, je l’ai constamment trouvé
suspendu à la quatorzième dans le tritoji palmatus et le tr. alpes-
tris; à la quinzième, dans le tr. punctatus et le tr. gesneri- à la
dix-septième ou à la dix-huitième , dans le tr. cristatus. J’en ai même
un individu de cette dernière espèce où il l’est d’un côté à la dix-
septième, et de l’autre à la dix-huitième.
Ce bassin est tout autrement fait que celui des grenouilles j la ver-
tébré qui le porte est semblable à celles c|ui la précèdent, et a,
comme elles, de chaque côté une petite côte, à l’extrémité de la-
quelle l’os des ües est suspendu par un ligament.
Il est cylindrique, et s’élargit un peu en arrivant à la cavité coty-
loïdc. Le pubis et l’ischion se soudent l’un à l’autre, et forment, avec
ceux de l’autre côté, dont ils demeurent distincts, un grand disque
concave en dessus, plat en dessous, coupé carrément en avant et à
la partie antérieure des côtes, échancré latéralement et rétréci der-
rière les fosses cotyloïdes , terminé en arrière en arc concave.
Le pubis est bien plus long-temps cartilagineux que l’ischion, avec
lequel il s’unit par une sutqre qui fait une croix avec la symphyse,
et en avant de cette symphyse est un cartilage en forme d’Y dans
les muscles , qui rappelle les os, marsupiaux des didelphes.
Le fémur a une tête supérieure ovale 5 à la face interne du col, une
apophyse très-pointue, tenant lieu de trochanter; la tète inférieure
élargie et aplatie d’avant en arrière.
Il y a deux os à la jambe.
Le tibia, fort gros dans le haut, porte en avant une arête quise dé-
tache de la partie supérieure de l’os en une tige grêle, ressemblante
au vestige de péroné de divers rongeurs, ce qui n’empêche pas qu’il
n y ait un vrai péroné aussi gros que le tibia, et qui descend un peu
plus bas.
Le tarse a neuf os, tous plats et disposés en pavé. Le rang infé-
rieur en compte cinq j)our les cinq métatarsiens; les quatre autres
sont comme il suit: un petit, tibial, au bord interne, un grand, péro-
nien, au bord externe, un oblong entre deux, placé obliquement et
DES BATRACIENS. 4i5
répondant au tibia et au péroné ; enfi n un carré au milieu de tous
les autres.
Je ne trouve qu’une phalange au premier doigt; deux au second;
trois au troisième et au quatrième ; deux au dernier.
Outre le squelette de salamandre terrestre, pl. XXV, fig. i , on
voit, pl. XXVI, la tête et les os séparés du tronc et des membres
de la salamandre aquatique aü double* de leur grandeur naturelle.
Les fig. 6, 7 et 8 représentent la tête vue par dessus, par dessous et
de côté ; la fig. 9, Tos hyoïde; les fig. 10 et 1 1 , 1 épaulé et le ster-
num; la fig. 12, les six premières vertèbres; les fig. i3 et 14, 1 hu-
mérus dépouillé de ses tètes supérieures'.et inferieures cartilagi-
neuses ; la fig. 1 5 , Eavant-bras et la' main ; les fig. 1 6 et 1 7 , le bassin ;
la fig. 18, le fémur, également dépouillé de ses têtes cartilagineuses;
la fig, 19, la jambe et le pied, si
§ IL De V Axolotl.
I!
L AXOLOTL ^1^ tient beaucoup de là salamandre, et surtout de sa
^ larve. Son crâne, pl. XXVII, fig. ^4 et îi5 (les mêmes lettres y sont
placées aux mêmes os que dans la salamandre ) , est plus déprimé ; sou
sphénoïde plus large et plus plat; ses os propres du nez proportion-
nellement plus petits; les apophyses montantes de ses intermaxillaires
plus longues et plus étroites; mais surtout, au lieu de ces os larges
et fixes que j’ai appelés vomers ou palatins , il a deux plaques oblon-
gues, détachées du crâne, chargées de dents en quinconce, et se con-
tinuant avec les ptérygoïdiens, qui les atteignent parce qu ils sont plus
longs que dans la salamandre', et qui portent aussi des dents en avant
à leur bord externe. En arrière , ces ptérygoïdiens sont élargis, sans
toutefois s’articuler au sphénoïde comme dans la salamandre des
«lonts Allegannys.
(0 J’ai donné dans le volume des Observations zoologiques de M. de Humboldt , une
description de l’axolôll , avec des figures parmi lesquelles plusieurs sont relatives à son sque-
lette, maison n’y voit pas les sutures des os de la tète.
4i6 OSTÉOLOGIE
L espace membraneux entre l’orbitaire et le rocher est aussi plus
considérable que dans les salamandres.
La mâchoire inférieure de l’axolotl a un dentaire régulier, for-
mant la symphyse et la plus grande partie de la face externe, et
armé le long de son bord supérieur de petites dents fines et pointues-
un articulaire qui double la partie postérieure de la face interne du
précédent, forme l’angle postérieur, et porte le tubercule articu-
laire j enfin un vrai operculaire , long et mince , couvrant à la face in-
teine linteivalle des deux precédens, mais garni partout de très-
petites dents pointues en quinconce.
C’est la structure que nous retrouverons clans la sirène avec cette
différence que le dentaire n’y a point de dents, mais gu’on en voit
seulement à l’operculaire. ^
Dans tous les axolotls que j’ai examinés, l’appareil branchial étoit
demeuré cartilagineux.
Il consiste en deux branches suspensoires ou cornes antérieures
attachées au crâne sous la fençtre ronde, portant une pièce impaire
à laquelle s’attachent de chaque côté deux branches latérales; la pre-
mière porte le premier arceau des branchies; la seconde, les trois
autres. Le premier de ces arceaux a des dentelures à son bord posté-
rieur; le dernier, à son bord antérieur; les deux intermédiaires, à
leurs deux bords. Sous la piece impaire en est encore une qui se
porte en arrière, et dont l’extrémité, se bifurque.
C’est ce qui existe dans les larves de salamandre, et presque litté-
ralement ce que nous allons voir, mais en partie très-ossifié, dans la
sirène.
Tout le reste de l’ostéologie de l’axolotl reproduit celle de la sala-
mandre, mais dune salamandre non encore parfaitement adulte;
seulement les os des membres sont plus grêles , les apophyses épi-
neuses des vertebres un peu plus hautes, et surtout les faces articu-
laires de leur corps concaves l’une et l’autre , ainsi que l’a bien ob-
servé sir Everard Home. Le bassin est suspendu à la dix-septième;
il y a des cotes à toutes, excepté à l’atlas; la queue en a vingt-trois.
Plus j ai examiné de ces animaux, et plus je me suis convaincu
DES BATRACIENS. 417
qu’ils sont des larves de quelque salamandre inconnue, mais ce ne peut
pas être, comme je l’avois soupçonné, la larve de celle des monts Alle-
gannys, car nous en possédons maintenant une bonne figure (i), et
elle ressemble à son adulte beaucoup plus que ne fait l’axolotb La
concavité des deux faces du corps des vertèbres ne me paroît nul-
lement devoir détourner de cette idée, comme l’a pensé M. Home,
attendu que j’y trouve un cartilage intervertébral qui pourroit bien
se fixer et s’ossifier dans l’adulte. C’est précisément ce qui arrive dans
les autres batraciens, qui, ainsi que l’a observé M. Dutrochet, ont
à l’état de larve les deux faces du corps de leurs vertèbres concaves
comme l’axolotl.
Article III.
De la Sirène et du Proteus.
§ I. De la Sirène.
La SIRÈNE {siren lacertina L.) est bien sûrement l’un des êtres les
plus remarc£uables de la classe des reptiles et de tout le règne ani-
mal , par les anomalies de son organisation, et par ces rapports appa-
rens avec des familles et des classes diverses qui étonnent toujours le
naturaliste quand il les rencontre. Chacun sait que l’on en doit la
connoissance à un médecin de Charlestown , nommé Alexandre
Garden, qui en envoya eu 1765 et 1766, une description et des in-
dividus à Linnœus et à J. Ellis. Sur l’assurance qu’il donna que cet
animal ne change point de forme , Ijinuæus se décida à créer pour
lui un ordre particulier d’amphibies sous le nom de rneantes; mais
son assentiment ne détermina point celui de plusieurs autres natu-
(i) Je considère du moins comme telle une larve longue d’un pied et plus, qui me 2>aroît
entièrement semblable à cette grande salamandre , sauf les branchies qu’elle conserve , et
dont un individu , envoyé du lac Saint-Clair au docteur Mitchill , a été dessiné par M. Mil-
l^ert. Les cicatrices que l’on voit à la grande salamandre prouvent bien qu’elle conserve
tres-long-temps ses branchies.
T. V. 26. P.
53
4i8 OSTÉOLOGIE
ralistes de distinction ; Pallas (i), Herman (2), Schneider (3),
M. de J.ace'pède (4) 5 ne virent dans la sirène que la larve de quel-
que grande salamandre inconnue , et Camper, suivi par Gmelin-, alla
même jusqu’à en faire un poisson du genre des anguilles (5).
Il y a dix-septans que, dans un mémoire lu à l’Institut le 19 jan-
vier 1807, et inséré dans, le 1er. vol. des Observations zoologiques
de M. de Hurabeldt, p. 93, j’ai essayé d’établir.,' par des observa-
tions faites sur l’ostéologie et la splanchnologie de la sirène , que ,
quelques changemens qu elle puisse subir, c’est uûre|5tile d’un genre
à part, qui ne peut prendre de pieds d.e derrière, et dont toute la
charpente osseuse diffère e.ssentielleraent de celle des salamandres 5
c{ue même il n’y a aucune probabilité quelle change jamais de forme
ni quelle perde ses branchies , et que c’est par conséquent un véri-
table amphibie, qui respire à volonté pendant toute sa vie, ou dans
l’eau avec ses branchies, ou dans l’air avec ses poumons.
Le temps n’a fait que confirmer ces conjectures.
D une part , on a publié à Londres, en 1821, la correspondance de
Garden avec Linnœus et ayec ElUs (6) , où l’on voit que ce mé-
decin avoit observé des sirènes depuis la longueur de quatre pouces
jusqu’à celle de trois pieds et demi ; qu’il s’étoit assuré que dans toute
la province on n’ avoit, à l’exception du crocodile, aucun lacerta (ni
saurien, ni salamandre) qui passât sis 04, sept pouces (7), et qu’il
avoit fini par se convaincre qu’elfe est. ovipare et qu’elle propage
sans quitter ses branchies (8).
D’autre part, tous les voyageurs tous les naturalistes araérir
-~n\
{i) Nw. Comment. Petrop., ^ „ . - ?
(3) Commentarius Tabulœ affinitatum Animalium, p. a56.
(3) Histor. Amphibior. nat. et Utteraria i. -,
Hist. nat. des Quadr. ovip. ,1 , Ç>i\. Jll»»: f fib
(5) Opuscules, trad. franç. , II , 29a.
(6) A Sélection of the Correspondence of Linnæus and other Naturalists , by sir James
Edward Smith , 2 vol. in-8». , Lond. 1821.
(7) Voyez sa Lettre du 4 août 176(5 , p, 3ai du i«. vol.
(S) Lettre du 20 juin 1771 , p. 334.
DES BATRACIENS. 419
caius (i), ont confirmé les faits annoncés par Garden; plusieurs si-
rènes de toute taille ont été envoyées en Europe, toujours avec des
branchies et sans vestiges de pieds de derrière. Tout nouvellement
encore, en 1822, le docteur Mitchill de Ne’w-York, dans une note
adressée à notre Muséum, en décrit une espèce beaucoup plus petite,
rayée et tachetée de blanc, -et rapporte que toutes les deux rendent
leurs œufs pour peu qu’on leur presse Eabdomen , bien que leurs
branchies soient dans toute leur vigueur.
Cependant M. Rusconi, médecin de Milan , dans un ouv'rage sur
le proteus, a encore élevé des doutes contre tous ces témoignages,
et même dans Un écrit plus récent, intitulé Amours des Salaman-
dres, il croit être arrivé à la démonstration des métamorphoses delà
sirene , parce qu’un voyageur allemand lui écrit avoir vu au Mu-
séum des Chirurgiens de Londres une sirène à quatre pieds et sans
branchies. •
On a peine à concevoir que ce voyageur ne se soit pas informé un
peu plus exadtement de ce qu’il voyoit, ou que M. Rusconi ait fait
SI aisementfond sur son témoignage. Oe reptile à quatre pieds, très-
différent de la sirène par plusieurs caractères essentiels , étoit bien
connu de Garden, qui l’avoit décrit et caractérisé dans ses lettres à
Linnæus (a) , et l’avoit nommé, dans celles à Ellis , amphiuma
means (3). Le docteur Mitchill en a' envoyé, en 1822 , une descrip-
tion fort exacte à notre Muséum , et il en a paru une autre par le doc-
teur Richard H arlan , avec une lithographie parM. Lesueur , dans
le Journal de l’Académie des Sciences naturelles de Philadelphie du
mois de mai i823. Il y en a même une dans le Medical Recorder Ae
juillet 1822, où on le nomme chrysodonta laivceformis.
C’est encore un genre à part , plus voisin du proteus que de la si-
rène, par ses quatre pieds; mais différent de l’un et de l’antre parce
que , du moins dans son état adulte , il n’a point du tout de branchies , (*)
(*) Voyez surtout Barlon , Some account of tlie Siren lacertina and olher specie of tbe
saine genus , Philadelphie, août 1808.
(2) Lettre du 20 juin 1771 , p- 333.
(3) Lettre du i5 mai 1778 , p. Sgg.
.33*
420 OSTÉOLOGIE
et que les ouvertures, percées aux côtés de sa gorge, paroissent ne
servir qu’à l’évacuation de l’eau, comme les évents des cétacés. Ses
pieds de devant n’ont que deux doigts, et non pas quatre comme à
la sirène, ni trois comme dans le proteus : ceux de derrière n’en ont
aussi que deux, et en cela ils ressemblent à ceux du proteus. Ses
dents sont encore très-différentes ; il n’en a qu’une rangée autour de
chaque mâchoire, et deux rangées longitudinales dans le palais : toutes
ont a leurs pointes un éclat doré. Ses petits rudimens de côtes sont
aussi foibles que ceux du proteus.
Ce n’est donc point d’après Yamphiuma qu’il faut juger de la si-
rène, mais d’après elle-même; pour cet effet, je m’en suis procuré
encore quelques-unes, et j y ai vu une ostéologie tellement finie ,
tellement durcie, qu’il m’est impossible de croire qu’elles ne soient
pas adultes, et je ne doute pas cpie les anatomistes qui verront les
têtes que je vais décrire ne partagent mon avis; cependant les bran-
chies des individus dont j ai tiré ces squelettes et ces pièces osseuses
etoient parfaitement entierès, et leurs poumons complètement dé-
veloppés et riches en vaisseaux très-remplis. Je ne doute donc pas
non plus qu’ils ne se soient servis des uns et des autres.
On avoit fait l’objection qu’il doit leur être impossible d’inspirer
de 1 air sans cotes ni diaphragmé , et sans pouvoir, comme les tortues
et les grenouilles, le faire entrer par les narines et l’avaler, puisque
leurs narines ne donnent point dans la bouche, et que les ouvertures
branchiales doivent le laisser échapper. Mais des observations plus
exactes que celles que j’avoispu faire d’abord sur des individus mal
conservés , m’ont appris que les narines communiquent avec la bouche
par un trou percé , comme dans le proteus, entre la lèvre et l’os du
palais qui porte les dents (i),
Ijcs opercules membraneux de leüt'S branchies sont musculaires
intérieurement, et capables den fermer hermétiquement les ouver—
(I) J’ai fait cette recherche sur l’invitation de M. Oken ( Isis de .821 , XII'. cahier) , qui
y mettoit avec raison de 1 importance , attendu que cette communication des narines avec la
bouche est pour lui le principal caractère distinctif entre les reptiles et les poissons.
DES BATRACIENS. 4^i.
tures; alors il leur est bien aisé, en dilatant leur gorge, d introduire
de l’air dans la bouche , et de le forcer ensuite , en la contractant, à
entrer dans leur larynx. A défaut de narines, ils pourroient produire
le même effet en entr’ouvrant un peu leurs lèvres, et j’applique cette
théorie au protée comme à la sirène.
L’existence simultanée d’un larynx ^ et d’une trachée artère avec
un appareil branchial non-seulement pei'matJ.ent, mais parfaitement
ossifié dans plusieurs de ses parties, est aussi un fait sur lequel je
dois rendre mes lecteurs attentifs, et qui achevé de prouver ce que
déjà nous avions rendu assez évident aux articles des grenouilles et
des salamandres ; c’est que l’appareil branchial n est autre quun os
hyoïde plus compliqué , et non pas une combinaison de pièces prO”
tenues du sternum et du larynx.
C’est des salamandres que la sirène se rapproche encore le plus
par la tête, bien que ni la forme générale, ni les proportions des
parties ne soient pas à beaucoup près semblables (i).
Le museau est rétréci en avant, à cause de l’excessive réduction
des maxillaires , qui ne consistent, que très-petit point osseux.
En arriéré est une forte crête occipitale sur les paiietaux et les ro-
chers. Les pièces qui^portent la mâchoire inferieure, au lieu d etre
transverses comme dés branches de croix , se dirigent obliquement
en avant , etc.
Les pariétaux (pl. XXVII, fig. i — 6, c') occupent la plus grande
partie du dessus du crâne. Ils ont, en avant, chacun une pointe qui
s’écarte pour loger entre elles deux la partie postérieure des frontaux
principaux, c. Ceux-ci, ont chacun une rainure dans laquelle se loge
la pointe postérieure de deux os grêles, g, qui marchent à côté l’un
de l’autre jusqu’au bout du museau. A leurs côtés en sont attachés
deux autres , y*, grêles et pointus en arrière,, qui descendent et s’élar^
gissent pour soulever le bord antérieur de la mâchoire.
(ï) Les seules figures ostéologiques que l’on ait de la sirène , sont celles que j’ai données
dans les Observations zoologiques de M. de Humboldt ; mais les os de la tête n’y sont pas
détaillés.
422 OSTÉOLOGIE,
Je suis porté à prendre les premiers pour des nasaux, les autres
pour des intermaxillaires. Ceux-ci ne portent point de dents , mais
leur bord est tranchant et garni dans l’animal frais , ainsi que celui
delà mâchoire inférieure, d’une gaine presque cornée, qui se détache
aisément de la gencive , et qui a son analogue dans les têtards de
grenouille. Entre eux, au bout du museau osseux, est une ouver-
ture, mais ce n est pas celle des narines. Dans l’anithal frais, elle est
fermée , et la narine est percée de chaque coté en dehors de l’inter-
maxillaire. Que l’intermaxillaire adhère au côté externe du nasal,
c’est ce que nous voyons dans le' crocodile; que la narine soit en
dehors de Tapophyse montante de l’intermaxillaire , c’est ce que les
reptiles nous montrent tous, excepté le crocodile; mais ce qui est
particulier a la sirene, c est que 1 intermaxillaire, remontant jus-
qu’au frontal , rende le nasal entièrement étranger au cadre de la na-
rine externe. Le maxillaire donne au nasal la même exclusion dans
le caméléon , comme nous l’avons vu.
Un très-petit os suspendu dans les chairs, h, en dessous de la na-
rine externe et sans aucune dent , est le seul vestige de maxillaire que
j’aperçoive. ^ '
La cavité de la narine est couverte en dessous d’une simple mem-
brane ligamenteuse. La narine interne est, de chaque côté, près de
la commissure des lèvres, entre la lèvre et les dents palatines.
Tout le dessous du crâné et de la lace se compose d’un grand et
large sphénoïde, d, qui s’étend depuis le tron occipital jusqu’aux inter-
maxillaires. '
Les côtés dn crâne, dans la région orbitaire et le devant de la
tempoi ale , sont fei mes par un seul os , , dans lequel sont percés , en
avant, le trou olfactif, plus en arrière le trou optique, et un autre
trou pour la première branche de la cinquième paire, et probable-
ment pour les petits nerfs de l’oeil. '*' f
La face inférieure de cet os latéral, u' , fig. 5, fait partie du palais
aux cotes du sphénoïde. Il est sensible qu’il fait les fonctions de la
partie orbitaire du sphénoïde ou de ce qu’on a appelé le sphénoïde
antérieur, mais qu’il remplit aussi en partie celles de l’ethrnoïde.
DES BATRACIENS. 4a3
Entre lui et le rocher est un grand espace membraneux , dans le-
quel est percé le trou du reste de la cinquième paire.
Le rocher, e, et l’occipital latéral, h, sont parfaitement distincts.
L est dans le rocher seul qu’est percée, ou plutôt coupée, la fenêtre
ovale; mais la partie inférieure de son cadre est cependant complétée
par l’occipital latéral et le sphénoïde. Son ouverture, qui est grande,
se dirige un peu vers le bas. Dams i’ état frais , elle e^t fermée par une
plaque cartilagineuse ou étrier, semblable, à ce qu’on voit dans la
salamandre.
11 n’y a que le seul os tympaniqne , o , collé obliquement par sa tige
postérieure sur la face supérieure du rocher,- et s’élargissant en des-
sous presque comme une trompette , pour fournir une large facette
à la mâchoire inférieure.
Je ne trouve ni mastoïdien , ni ptérygoïdien, ni jugal, ni occipital
supérieur, ni basilaire ; ces deux derniers sont même impossibles , vu
la position de la suture qui sépare les occipitaux latéraux.
Au palais, sous la partie antérieure et latér^e du sphénoïde et de
1 orbitaire , sont collées deux plaques. minces, toutes hérissées de
dents en crochets. On les voit en y, fig* 3? gu place, et fig. S, déta-
chées. On pourroit le& prendre pour des vestiges de vomers et de
palatins , ou , si on l’aime mieux , de palatins et de ptérygoïdiens ;
mais je ne leur trouve pas des rapports assez marqués pour leur atta-
cher ces noms. La première , qui est la plus grande , porte six à sept
rangées obliques de dents pointues, et faisant la carde. Celles du
milieu ont chacune douze dents : les antérieures et les postérieures
en ont moins. La seconde plaque porte quatre rangées de dents pa-
reilles, chacune de cinq à six dents,
La mâchoire inférieure de la sirène se compose de quatre os de
chaque côté: un, fig. i et qui forme la symphyse et le bord
tranchant de la mâchoire, qu’il revêt extérieurement jusque vers son
extrémité postérieure. On ne peut s’empêcher de le reconnoître pour
1 analogue du dentaire , mais ce n’est pas lui qui porte les dents , et il a
seulement son tranchant revêtu dans l’animal frais d’une couverture
cornée , analogue k celle qui forme le bord opposé à la mâchoire sa-
4a4 OSTÈOLOGIE
périeure. L’extrémité postérieure de ce tranchant, plus relevée que
le reste du bord de l’os , sert d’apophyse coronoïde.
Le second os, r, id. , fait la plus grande partie de la face interne
et l’angle postérieur, et porte en dessus le troisième, zT, qui est le tu-
bercule articulaire.
Enfin le quatrième, fig. i', est une lame mince et étroite, qui
fait 1 office de 1 operculaire, et couvre à la face interne un vide laissé
entre les deux premiers.
Tout cet os est chargé de petites dents pointues, disposées en quin-
conce comme celles des plaques du palais.
.Te n’ai pas besoin d’insister sur le peu d’accord de cette compo-
sition de tète avec la théorie des trois ou des cinq vertèbres 5 chacun
le sentira à la moindre réflexion.
L’os hyoïde de la sirène , fig. i et 7 , est un os hyoïde de larve de
.salamandre ou d’axolotl, mais très-ossifié dans plusieurs de sesparties.
Labranche suspensoire ou corne antérieure, a, est un os plus gros
et plus long que l humérus, dilate a ses deux bouts, rétréci dans son
milieu, suspendu au crâne par un ligament.
La première pièce impaire, b , est également un os très-dur, dilaté
en avant, comprimé en arrière, rétréci dans son milieu. La deuxième
pièce impaire, b', est un pédicule qui, en arrière, se divise en plu-
. sieurs apophyses rayonnantes ; le tout est encore très-osseux. Les
deux branches latérales le sont également. La première, i, qui est
la plus grosse , porte le premier arceau des branchies ; la seconde 2
qui est la plus grêle, porte les trois autres.
Ces arceaux ne sont pas ossifiés, mais demeurent toujours cartila-
gineux comme dans 1 axolotl , dont ils ont aussi les dentelures. Ils
se réunissent par des ligamens à leur extrémité externe, qu’un liga-
ment rattache aussi a la racine de la corne antérieure.
Nous reverrons encore les mêmes pièces ou à peu près dans les
proteus.
L’omoplate de la sirène , 3 , fig. i , est grêle , presque cylindrique ,
rétrécie dans son milieu, et augmentée, du côté spinal, d’une lame
cartilagineuse.
DES BATRACIENS. 425
La clavicule et le coracoïdieu sont représentés par deux lobes car-
tilagineux, fîg. 8, a et l’un dirigé en avant, l’autre, beaucoup plus
large, se portant sur la poitrine et croisant sur celui du côte opposé.
Dans le bord externe de ce cartilage coracoïdien, près et un peu en
arrière de la fosse articulaire, est une lame osseuse semi-lunaire, c,
qui est la seule représentation du coracoïdien osseux; mais il ny a
rien de semblable pour la clavicule.
L’humérus, 4, fîg. i , comprimé latéralement dans le haut, d’avant
en arrière dans lé bas, et rétréci dans son milieu, a ses extrémités
cartilagineuses.
Ï1 en est de même des deux os de l’avant-bras, 5 , zô., tous deux
assez grêles, et dont l’interne ou le radius est élargi par en bas.
Les os du carpe restent cartilagineux.
Chacun des quatre doigts a un métacarpien et deux phalanges seu-
lement.
11 n’y a bien certainement aucun vestige de bassin et de pied de
derrière, ni osseux ni cartilagineux.
.Te ne trouve à un grand individu , représenté %. i, que quarante-
trois vertèbres dans le tronc et quarante-quatre dans la queue. Celui
que j’ai décrit en 1807 en avoit trois de plus.
Ces vertèbres, toutes parfaitement complètes et ossifiées, ne res-
semblent certainement à celles d’aucun des reptiles précédons , ni
même d’aucun animal.
Leurs corps ont leurs deux faces articulaires creuses, et réunies
par un cartilage en forme de double cône comme dans les poissons.
Leurs apophyses articulaires sont horizontales, et les postérieures
d’une vertèbre posent sur les antérieures de l’autre.
Une crête horizontale de chaque côté va de l’antérieure à la pos-
térieure.
Au Heu d’apophyse épineuse, elles ont une crête verticale, qui, à
moitié de leur longueur, se bifurque, et dont les branches vont se
terminer sur l’apophyse articulaire postérieure.
Leurs apophyses transverses, très-larges, se composent de deux
lames, unies h leur bord postérieur jusqu’à leur pointe commune; la
T. V, ae. P. 54
426
OSTÊOLOGIE
supérieure, oblique, venant de dessous l’apophyse articulaire anté-
rieure et de dessous la partie voisine de là crête latérale; rinférieure
venant des côtés du corps auquel elle tient par une ligne horizontale.
Le corps en dessous est aussi comprimé en une arête aicruë.
Dans les vertèbres qui portent des côtes, la lame supérieure de
l’apophyse transverse est peu marquée, et la poittte est grosse et di-
visée en deux lobes pour les deux tul>ercaleé de”lî^"cAte , comme
dans les salamandres. ' ■ ...
Je n ai trouve que huit de ces vestiges* de côtes de chaque côté /à
commencer de la seconde vertèbré'.Lesdfeux derniers ont îa tête simple.
A la queue, les apophyses transvet^sès^ d^jà âSse^: petites, dispa-
roissent promptement. Les apophyses articulaires diminuent aussi
par degrés. Le corps de la vertèbre prend Une forme très-comprimée,
et donne, en dessous, deux petites lames, qui interceptent vin canal
pour les vaisseaux comme les os en chevron des lézards.
Voyez le squelette déjà cité , et pour les détails, les fig. 9 à i3, qui
représentent une vertèbre dorsale, fig. 9, par le- côté; fig. 10, pat-
dessus; %. Il, par dessous; fig. 12 , en avant; fig. en amèfe.'^*
> .y ; 'tiJ') ïif.l u(}
* ' (0 TT n - n ^ 'rr'ifii , jëici aorUi-ir.
lilL tliCf Jiof- yll ëlJ..,. :j; ,1'; ! >g ^900 fiOZ 113 OU •TI?
Le jsTDteizÆ oettanimal non moins > extr>acM?<llsiaire quë la sirène
n’a été découvert qu’après elle, quoique bien plus voisin de nous.
On en doit la oonuoissance au baron de Zoïs, gentilhomme de Car-
mole, pays Où ce reptile se montre quelquefxjis lors des déborde-
mens des l.acs souterrains si nombreux dans la contrée; Ge fin d’après
es in ividus recueillis par,M. de Zoïs que L(uirenti\d).eiScopoU{:i)
en donnèrent les premières descriptions..,! t:4. j» ^3 rcj r.ei) 0.
On a cru long-temps que les lacs des environs de , dans la
basse Garmole, étoient seuls dans lesquels on pût en rencontrer;
y
(1) Specim. mcd. Jmphiùiis 1768.
(2) Anruis qmntus Histor. nat. , p. ^o.
DES BATRACIEINS.
427
niais on en a découvert récemment dans la grotte à’ A delsber g ou
Postoina^ sur la grande route de Trieste à Vienne, dont nous avons
déjà parlé (dans notre IV'^^. vol. , p. 3oo et 3oi) à l’occasion des os-
semens fossiles d’ours. Ils sont devenus ainsi plus faciles à obtenir , et
il s’en est répandu uu assez grand nombre chez les naturalistes.. M. de
Schreibers ^ direçtjeur du cabinet impérial de Vienne, etM. P.ictet,
célèbre professeur de Physique à Genève, m’en ont procuré de vivans ;
M. de Zoïs lui-même m’en avoit envoyé quelques-uns, et des plus
grands. G’ est avec les premiers de ceS matériaux que j’avois donné,
en 1807 î tme description de l’ostéologie de ce reptile dans le 1®^. vo-
lume des Observations] zoplpgiques de M. de Humboldt, et je la
compléterai aujourd’bui.aviec les autres.
Qo a d’ailleurs une très-boque description de ses viscères par
M. de Schreibers, dans les Transactions philosophiques de 1801 , et
MM. Cor^gliacchi et Rusconi en ont publié , à Pavie en 1819? tine
monographie ornée de très-belles figures, dans laquelle cependant
on ne trouve point encore la division des os de la tête. C’est à cette
lacune que nous avons, dvt surtout chercher à suppléer. .
On a fait(i), pour établir que le proteus n est qu une larve, les
memes raisonnemeus que pour la sirène, mais à mon gré avec tout
aussi peu dé succès. M. llusconi lui-même , qui veut à toute force
que la sirène en soit une , admet que le proteus ne doit pas changer
de forme. U n’y a eoi effet, dans tout le pays qu’il habite, aucune
salamandre que l’on puisse supposer en provenir ou dont on ne con-
noisse pas la ^véritable larve; et si les expériences par lesquelles on
dit que M. de Schreibers cherche à vérifier si ce ne seroit pas une sa-
lamandre modifiée par son séjour dans l’obscurité venoient à réussir,
on auroit à changer toutes les idées que l’on s’est jamais faites sur la
constance des races, et sur la force qui les maintient dans leurs carac-
tères primitifs.
Le PROTEUS AKGUiNus, pl. XXVII, fig. 14 et (les mêmes lettres
(1) Hermann, Tab. aff. Anîm, p. 2S6 et 257 ; Schneider , Hist. Amplii'b. nat. et lîtter. ,
1 > P- 45 -et suiv.
54
4a8 OSTÉOLOGIE
désignent pour la tète les mêmes os que dans la sirène ) , se rapproche
presque entièrement de la sirène par la tête 5 elle est seulement plus
déprimée, sans crête, et munie de ptérygoïdiens. Les pariétaux s’a-
vancent moins au côté des frontaux. Ceux-ci occupent un espace plus
long et plus large à proportion. Les os latéraux ; savoir les orbitaires
elles rochers, sont beaucoup moins élevés. Ceux que j’appelle nasaux
sont réduits presque à rien. Les intermaxillaires ont de longues apo-
physes montantes, entre lesquelles se glissent les très-petits nasaux.
Leur bord est garni d’une rangée de huit ou dix dents pour chacun.
Derrière ces dents intermaxillaires en estime rangée parallèle, mais
qui se prolonge beaucoup plus, en se dirigeant en arrière, le long de
chaque cote du palais. Elle appartient aux os que je croîs représenter
les voraers, qui, plus considérables que les plaques de la sirène, gar-
nissent en dessous la partie antérieure du museau. Chacun d’eux a
vingt-quatre dents dans sa rangée. Ils se continuent chacun en arrière
avec une branche, ni, fig. lo, qui porte aussi quelques dents, et
qui va s’attacher au bord interne du tympanique, en laissant un
vide entre elle et la base du crâne, et ne peut représenter par con-
séquent que le ptérygoïdien. Il n’y a conséquemment ni maxillaires
ni palatins, ou du moins ils sont réduits à des vestiges cartilagineux
ou membraneux. Tout le dessous du crâne est plat et formé par un
seul sphénoïde comme dans la sirène. Je ne trouve aussi que deux
tympaniques, deux rochers et deux occipitaux. La fenêtre ovale est
également toute entière dans le rocher.
Les dents sont donc le principal caractère qui différencie la tête
du proteus de celle de la sirène, et leur disposition se rapproche de
celle de la salamandre.
Les narines sont, comme dans la sirène , sans enveloppe osseuse en
dehors ni en dessous : elles pénètrent aussi dans la bouche sous la
lèvre inférieure 5 mais les deux mâchoires étant garnies de dents en
avant, il n y a point de lames cornées aux lèvres.
La mâchoire inférieure ‘est aussi plus semblable à celle de la sala-
mandre, et a le pourtour de” son dentaire garni de dents. Elle est
assez haute. Son apophyse coronôïde , quoique obtuse, est fort mar-
DES BATRACIENS. 429
quée. Le muscle crotaphyte passe sur l’os que nous avons appelé
ptérygoïdien : c’est à lui qu’est du le renflement apparent de la tête.
L’os hyoïde du proteus , fig. 1 6 , diffère très-peu de celui de la sirène
et de l’axolotl j seulement ses arcs branchiaux sont ossifiés comme
le reste.
Ses branches suspensoires tiennent, comme à l’ordinaire, au crâne
sous la fenêtre py^je. Sur leur réunion est porté en avant un cartilage
qui soutient la. langue, et en arrière une tige impaire assez longue.
A l’extrémité postérieure de celle-ci s’attachent les branches latérales
qui portent le premier arceau de chaque côté. Celles qui portent les
deux autres arceaux $ont petites , suspendues seulement par des Hga-
™ens, et c’est aussi par des ligamens que les arceaux y tiennent.
Ceux-ci ,3,4,5, comipe je viens de le dire, sont tous osseux. C’est
a leur extrémité externe qu’adhèrent les houppes branchiales.
La tige impaire n’a point cette seconde articulation fourchue ou
divisée en rayons que nous avons vue dans la sirène et dans l’axolotl.
Il y a trente vertèbres entre la tête et le bassin; deux auxquelles
ce dernier est suspendu, et vingt-cinq depuis le bassin jusqu’au bout
de la queue : cinquante-sept en tout. Excepté les dernières de toutes ,
elles sont bien ossifiées.
Les corps des vertèbres, comme dans la sirène et dans les pois-
sons , s’unissent par des faces creuses remplies de cartilages.
Les vertèbres du tronc (voyez le squelette, fig. i4) et pour les
détails, la vingtième vertèbre, fig. 19, vue par dessus, fig. 20, par
dessous, fig. 21 , par ,1e côté, fig. 22 , en avant, et fig. 28, en arrière)
sont plus longues à proportion que dans les salamandres; plates en
dessus, rétrécies dans leur milieu, élargies aux deux bouts pour les
apophyses articulaires qui sont horizontales , et posées , les posté-
rieures d’une vertèbre sur les antérieures de la suivante. Il n’y a point
d’apophyse ni de crête épineuse, si ce n’est dans les quatre ou cinq
premières, qui en oqt de petites sur l’arrière; mais dans toutes, le
bord postérieur de la partie annulaire se relève un peu sur la partie
suivante , et y est un peu bilobé ou échaucré dans le milieu.
En dessous, le corps est comprimé et tranchant, et a de chaque
4‘^o OSTÉOLOGIE DES BATRACIENS.
côté, sous la crête qui unit les apophyses articulaires et la dépassant,
une autre crête latérale triangulaire qui tient lieu d’apophyse trans-
verse.
C’est à l’extrémité de celle-ci que s’attache, dans les antérieures,
le rudiment de cote, et alors 1 apophyse transverse est plus courte.
Je trouve de chaque côté sept de ces rudimens, à compter de la
deuxieme vertebre. Ils sont fort petits, et leur tête ne se divise pas.
Lapi'emière vertèbre ou l’atlas est courte et en forme d’anneau.
Dans la queue , les vertèbres deviennent de plus en plus comprimées ,
perdent leurs crêtes latérales, et prennent en dessous des apophyses
qui tiennent lieu d’os en chevron.
Excepté le col de l’omoplate, 3 , fig. 17, et A, %.i4, tout le reste
de I epauIe est cartilagineux j mais le cartilage est divisé par de pro-
fondes échancrures en trois parties., qui répondent à l’omoplate, à '
la clavicule et au coracoïdien. Les deux coracoïdiens croisent l’un sur
l’autre, et il y a en arrière d’eux une lame cartilagineuse xyphoïdale.
Je trouve même le péricarde ou cartilagineux ou entouré d’un carti-
lage qui est peut-être un reste de sternum. \.
Le bassin est encore moins ossifié, s’il est possible, que l’épaule; à
peine trouve-t-on quelque chose de durci dans le cartilage qui ré-
pond à l’os des îles en B, fig. 14 J et deux petites plaques , fig. 18,
dans celui gui répond à l’ischion.
Les os des quatre pieds ont leurs extrémités constamment cartila-
gineuses, et sont tous petits et grêles. Il y a deux os à l’avant-bras
et à la jambe entièrement séparés. Les doigts, au nombre de trois
devant et de deux seulement derrière, ont chacun un métacarpien ou
un metataisien et deux phalanges ossifiées, mais le carpe et le tarse
restent cartilagineux. i. j v. . -
. j «i .'.Of icc,4ooiu m
. jBsj éiiOr, U > v
■ ' ; --.i
, U ' notlfiJtnoRoiqdi '
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BATRACIENS FOSSILES.
43 1
SECTION IL
‘ Batraciens fossiles.
■ JU, A ARTICtE PREMIER.
' i K.'l no
Sur le prétendu, nom i^E fossile des carrières d'OEningea , décrit
par Scheuchzçf, d’autres naturalistes ont regardé comme
un silure , et qui nest quune salamandre aquatique de taille
ë^S^ntesque et d’espèce inconnue.
Il étoit naturel que ceux qui attribuoient toutes les pétrifications
au déluge, s étonnassent de ne jamais rencontrer, parmi tant de dé-
bris d’ammaux de toutes les classes, des ossernens humains recon-
noissables.
Scheuchzer , qui a soutenu cette théorie avec plus de détail et de
suite qu aucun autre, étoit aussi plus intéressé à trouver des restes de
notre, espèce 5 aussi accueillit-il , avec une sorte de transport , un
schiste d 0^ningen,qw.i lui sembla offrir Tempreinte du squelette d’un
homme; il décrivit ce morceau en abrégé dans des Transactions
philosophiques 1726 (t. 34, p. 38). Il en fit Eobj et d’une dis-
sertation particulier^ , intitulée Y Homme témoin du Déluge [Homo
Dituoii testis)[i)-.^\ le reproduisit dans sa Physique sacrée , pl. 49,
assurait, p. 66, « qu il est indubitable — et qu’il contient une moitié,
» ou peu a en faut, d,u squelette d’un homme;.-, que la substance
)) meme des os , et , qui plus est , des chairs et des parties encore plus
» molles que les chairs, y sont incorporées dans la pierre; en un
» mot, que c est une des reliques les plus rares que nous ayons de
cette race maudite qui fut ensevelie sous les eaux, r
(I) Homo Dilmii ieslis et theoshopos. Tiguri, 1726 , in-4«. , avec une figure en bois , de
Celle encore la meilleure représentation que l’on ait de ce morceau,
e e la Physique sacrée , copiée dans Dargenville et ailleurs , est moins nette.
432 BATRACIENS
Il falloit tout Taveuglement de l’esprit de système pour qu’un
homme tel que Scheuchzer , qui étoit médecin et quidevoit avoir vu
des squelettes humains, put se tromper aussi grossièrement j car cette
imagination, qu’il a reproduite si opiniâtrement, et que l’on a si long-
temps l'épétée sur sa parole , ne peut supporter le plus léger examen.
Jean GesnercWe^ encore ce morceau pour un antropolite dans son
Traité des Pétrifications, imprimé à Leyde en 1758. 11 paroît cepen-
dant que ce naturaliste, devenu propriétaire d’uii morceau sembla-
ble, fut ensuite le premier à élever des doutes sur l’espèce qui l’avoit
lourni, et à conjecturer que ce pouvoit bien u’ètre qu’un mal ou
salut {^silui%cs glanis Lin.) (i) , opinion que les naturalistes adoptè-
rent aussitôt avec une confiance égale à celle qu’ils avoieut accordée
à Scheuchzer (2). ,j
Le morceau de Jean Gesner n’a pas été gravé , non plus qu’un
autre qui étoit, dit-on, dans le couvent des Augustinsd’OEningen(3)5
mais ou en a découvert un plus complet que celui de Scheuchzer,
qui appartenoit au docteur Amman de Zuric , et qui a passé au Mu-
séum britannique. 11 eu a paru une gravure publiée par M. Karg ,
dans les Mémoires de la Société de Souabe, pl. II, fig. 3. Nous la
fîmes copier dans notre première édition„^et on la voit, réduite au
sixième de la grandeur naturelle, pl. XXV, fig. 3 5 nous fîmes placer
â côté le morceau de Scheuchzer, fig. 2 , aussi réduit au sixième, et
un squelette de silui’e, fig. 4> dans une proportion à paroître à peu
près de même grandeur. En tête de la série nous plaçâmes, fig. i ,
un squelette de salamandre terrestre de grandeur naturelle.
C’étoit la manière la plus commode de mettre nos lecteurs à même
de suivre des raisonnemens qui ont été enfin si complètement 'con-
firmés.
La seule comparaison du premier de ces morceaux avec un sque-
(1) Andreæ, Lettres sur la Suisse , p, ,52.
(2) Vogel , Minerai. System. , p. 2/}^ . Uazountowskj, Acad, de Lausanne , t. III , p. 216 ;
Bliimenbach , Manuel, ed. de 1807 , p. 728 ; et Magasin de goigt, t. V, p. 22; Karg,
Mém. de la Société des Naturalistes de Sou.abe , 1. 1 , p. 34 et 35 , etc. , etc.
(3) Razoumowsky, loc. cit.
FOSSILES. 433
lette d’homme auroit déjà pu désabuser de l’idée que c’étoit un an-
tropolite.
Les proportions des parties offrent à elles seules des différences
tres-sensibles. La grandeur de la tête est bien à peu près celle d un
homme de moyenne taille; mais la longueur des seize vertèbres est
de quelques pouces plus considérable qu’il ne faudroit : aussi voit-
on que chaque vertèbre, prise séparément, est plus longue à pro-
portion de sa largeur que dans Thomme.
Les autres différences qui se tirent de la forme des parties ne sont
pas moins frappantes. La rondeur de la tête , qui aura été la princi-
pale cause de l’illusion, n offre cependant qu’un rapport éloigné avec
celle de l’homme. Qu’est devenue toute la partie supérieure , tout ce
qu’il devroit y avoir de front? Et si l’on suppose que le front a ete
enlevé, la rondeur totale ne sera plus qu’un effet du hasard, qui ne
prouvera rien.
Comment les orbites sont-ils devenus si grands? Que la tète ait été
comprimée d’avant en arrière , ou qu’il n’y en ait qu’une coupe ver-
ticale , cette grandeur d’orbites est également inexplicable. Plus on
enfoncera la coupe, plus les orbites y deviendront petits.
L’intervalle des orbites est garni d’os entiers, qu une suture longi-
tudinale distingue. Ouest l’analogue de cette structure dans 1 homme ?
Pourquoi ne voit-on ni les os ni la cavité du nez , et s’il n’y a que des
restes de la partie postérieure, comment cette suture s’y est-elle for-
mée?
Comment dans une tête, soit comprimée, soit coupée, n’est-il pas
resté trace de dents? tandis que les dents sont toujours la partie qui
se conserve le mieux dans les fossiles. Scheuchzer suppose que les os
placés aux deux côtés de la première vertèbre sont des restes de la
mâchoire inférieure ; mais où est la ressemblance, et pourquoi tou-
jours ce manque de dents ?
Ces motifs et beaucoup d’autres sont sans doute ce qui a fait cher-
cher à ce fossile un autre type que l’homme ; mais , au lieu de le
chercher par une comparaison directe , on aura employé la voie du
l’aisonnement. Les carrières d’OEningen, aura-t-on dit, fourmillent
T. V, 2e. P. 55
434 BATRACIENS
de poissons d’eau douce , qui paroissent tous des poissons d’Europe :
c est donc parmi les poissons , parmi les poissons d’eau douce, et
parmi les poissons d’Europe , que nous trouverons notre animal.
Or, quel est parmi ces poissons 1 espèce assez grande pour avoir
fourni ce squelette? On se sera souvenu alors silurus glanis
atteint souvent une très-grande taille, et que sa tête présente à l’ex-
terieur un contour arrondi, et l’on aura cru le problème résolu, sans
qu il fut nécessaire d’établir une comparaison plus directe.
Ce qui est fort singulier, c’est que M. Rarg ait encore adopté cette
opinion , après avoir observé et fait dessiner l’échantillon de M. Am-
mann , dont la ressemblance avec une salamandre est si frappante,
et qu il ait dit, en termes exprès , « qu’il ne doute pas que le fossile
» ne soit un silure, et quony voit la tête et les nageoires ai’ec
» une netteté remarquable. » (Loc. cit. , p. 36.)
Son éditeur, M. Jœger, que j’ai déjà eu occasion de citer comme
m ayant donne d excellens documens pour mon ouvrage, a pris un
moyen bien simple pour le réfuter; il a fait dessiner à côté du fossile
le squelette d’un silurus glanis.
Nous avons imité M. Jæger, en faisant aussi le squelette du silurus
glanis , et en le faisant dessiner à côté des squelettes fossiles de
Scheuchzer et de M. Ammann.
Dès le premier coup d’œil chacun peut remarquer,
lo. Qu’à grandeur égale de tête, le siherc n’auroit pas plus des
deux tiers de la longueur du squelette fossile de M. Ammann , le-
quel n’est pas encore complet ;
2®. Que , dans le même espace où l’épine du silure contient quinze
vertebres, celle des deux squelettes fossiles n’en offre pas plus de
cinq ou six;
3°. Qu’il n’y a aucun rapport de forme entre les vertèbres encore
plus courtes du reste de l’épine du silure et les vertèbres plus lon-
gues que larges des fossiles, et que la totalité de l’épine du silure est
de soixante-dix vertèbres, tandis que l’on n’en peut compter que
trente ou trente- deux dans l’épine beaucoup plus longue du fos-
sile;
FOSSILES. 435
4®. Que les fossiles n’offrent aucun vestige des longues apophyses
épineuses de la queue du silure ;
5®. Que c’est par un pur hasard qu’il y a des os d’extrémité au
fossile , vis-à-vis de l’endroit où sont attachées les nageoires ventrales
du silure; mais que la correspondance est illusoire; car, dans le fos-
sile, c’est 1 extrémité antérieure; dans le silure, c’est la postérieure;
60. Que 1 extrémité postérieure du fossile est fort loin en arrière,
et que , vis-à-vis du point où elle est attachée, la queue du silure est
prête à se terminer ;
7®. Que ces deux extrémités du fossile présentent des os solides',
cylindriques, semblables à ceux des jambes des quadrupèdes et des
reptiles, et nullement des rayons articulés ni épineux comme ceux
des nageoires des poissons ;
80. Que le silure ne montre rien de semblable aux petites côteï»
répandues des deux côtés de l’épine dans l’individu de M. Ammann ;
90. Enfin si 1 on compare la tête, qui a probablement donné lieu
à toute la supposition, on ny trouve de ressemblance ni dans les
contours généraux ni dans les détails.
Le contour du silure est beaucoup moins arrondi, et encore cette'
rondeur est due à la mâchoire inférieure, tandis que, dans le fossile ,
les branches latérales paroissent appartenir presque entièrement à
l’arcade zygomatique.
Les parties placées derrière l’orbiie n’ont pas à beaucoup près la
largeur qu’elles devroieut avoir dans le silure.
Depuis long-temps cette figure arrondie de tète avec ses deux grands
orbites me frappoit comme singulièrement ressemblante à une tête de
grenouille ou de salamandre, et je n’eus pas plutôt jeté les yeux sur
la figure de l’échantillon d’ Ammann, donnée par M. Rarg, que j’a-
perçus dans les vestiges de pieds de derrière et dans la queue une dé-
monstration en faveur du dernier genre.
J’appris avec grand plaisir, dans la note jointe par M. Jæger au
mémoire de M. Rarg, que mon savant ami, M. Kielmeyer, avoit eu
son côté la même idée, et je ne pus que me confirmer dans la
mienne sur une autorité aussi respectable.
55'^
436 BATRACIENS
Je vois meme par une lettre de Pierre Camper à feu Burtin, dont
ce dernier a inséré un extrait dans son mémoire sur les Révolutions
de la Terre, couronné par la Société de Teyler en 1787 (i), que le
grand anatomiste de Franeker en avoit déjà pensé ainsi ; Un lézard
pétrifié , dit-il, a pu passer pour un antropolite.
Prenez en effet un squelette de salamandre , et placez-le à côté
du fossile, sans vous laisser détourner par la différence de grandeur,
comme vous le pouvez aisément en comparant le dessin de salaman-
dre de grandeur naturelle, fig. i , avec les dessins des fossiles réduits
au sixième , fig. 2 et 3.
Tout s'expliquera alors de la manière la plus claire.
La forme arrondie de la tête, la grandeur des orbites, la suture
dans le milieu de leur intervalle , l’angle latéral pour l’articulation
de la mâchoire inférieure, la longueur des vertèbres par rapport à
leur largeur, les petites côtes attachées à leurs deux côtés, les restes
d’extrémités antérieures très-sensibles dans les deux squelettes fos-
siles, ceux d extrémités postérieures, qui le sont encore davantage
dans fun des deux (celui de M. Ammann) où l’on voit les fémurs,
une partie des tibia, et quelques fragmens du bassin; tout, en un
mot, forme preuve pour la famille des salamandres, et exclut toutes
les autres.
Je suis persuadé même (disois-je dans ma première édition) que
si l’on pouvoit disposer de ces fossiles et y rechercher un peu plus de
détails, on trouveroit des preuves encore plus nombreuses dans les
faces articulaires des vertèbres, dans celles de la mâchoire, dans les
vestiges des très-petites dents, et jusque dans les parties du labyrinthe
de foreille; et j’mvitois les propriétaires ou les dépositaires de ces
beaux morceaux à procéder à cet examen.
J ai eu depuis lors l’avantage de le faire moi-même.
M étant trouvé à Harlem en mai i8i i , le savant M. Van Marum ,
directeur du Musée de Teyler, voulut bien permettre que je fisse
creuser dans la pierre qui contient le prétendu antropolite de Scheuch-
(i) Imprime dans le VIII'. vol. de la deuxième Société de Harlem , 1790 , p. 35 et 36.
FOSSILES. 437
zer , afin d’y mettre à découvert les os qui pouvoient encore y être
cachés. L’opération se fit en sa présence et en celle de M. V %n den
Ende , inspecteur général des études, si recommandable par le dé-
veloppement qu’il a su donnèr à l’instruction primaire dans les Pro-
vinces-tJnîes. Nous avions placé devant nous un dessin du squelette
de la salamandre , et ce ne fut pas sans une sorte de plaisir, qu’à me-
sure que le ciseau enlevoit un éclat de pierre, nous voyions paroître
au jour quelqu’un des oS que ée dessin avoit annoncé d’avance. C’est
ainsi que cette table de schiste , gravée et regravée vingt fois depuis
un siècle comme elle l’est pl. XXV, fig. 2 , fut mise dans 1 état où on
la voit pl. XXVÏ, fig. 2.
Et d’abord nous avons trouvé autour de la rotondité, à droite et
à gauche , une double rangée de petites dents; ce qui nous a fait voir
que cette rotondité étoit produite par les mâchoires et non par le
crâne.
Nous y avons découvert ensuite de petites côtes au bout de cha-
cune des apophyses transverses, comme dans le morceau d’Ammann
et dans les salamandres.
Nous nous sommes assurés que ces cotes etoient de meme très
courtes et loin d’avoir pu embrasser le tronc.
Nous avons constaté que la tête s’articule sur la première vertèbre
par un double condyle, a, comme dans tous les batraciens.
Passant ensuite aux extrémités antérieures qui n’étoient indiquées
que par une petite face de l’humérus gauche , nous les avons mises à
découvert toutes les deux.
Il s’est trouve de chaque côté une omoplate, ô, très-dilatée à son
bord spinal , dont le contour est demi-circulaire : elle est tout-à-fait
semblable à celle d’une salamandre aquatique; mais il paroît que la
clavicule et le coracoidien étoient perdus.
Près des omoplates sont les deux humérus, c, c, d’une longueur
double de celle des omoplates, un peu élargis dans le haut et dans
^®bas, avec un sillon pour la séparation des condyles, absolument
encore comme dans les salamandres aquatiques.
Au bout des humérus sont des os des avant-bras, d, d, de moitié
438 BATRACIENS
plus courts, et l’un un peu plus gros que l’autre. Enfin les os des
doigts, incomplets à droite, mais complets, quoiqu’un peu en dés-
ordre, à gauche, ont fait voir exactement les mêmes nombres de
parties que dans les salamandres aquatiques, savoir: quatre doigts ,
un métacarpien et deux phalanges pour chacun, excepté le troisième
qui a trois phalanges.
Quelques années apres ^en i8i8), m’étant trouvé h Londres lors-
que le morceau d’Ammann venoit d’être placé au Muséum britan-
nique, j eus la facilité de l’examiner à loisir et de le faire dessiner tel
qu’on le voit pl. XXVI, fig. r-
Les omoplates et les humérus y sont les mêmes que dans celui de
Scheuchzer, mais les avant-bras elles mains y manquent. En revanche
on y voit les cuisses et les jambes vis— a— vis la dix— neuvième vertèbre
(une de nos salamandres aquatiques a, comme nous l’avons dit, son
bassin suspendu à la dix-huitième).
Les os des jambes y sont de moitié plus courts que les fémurs, et
le tibia est fort large. On aperçoit aussi quelques restes du bassin
et des doigts j mais pour en voir davantage , il faudroit des opérations
que je n’ai pu faire.
En arrière du bassin, il y a encore quinze vertèbres, et l’on peut
juger à la grandeur de leurs apophyses transverses qu’il devoit encore
y en avoir plusieurs derrière elles dans la queue entière.
La tete de ce morceau du Muséum britannique montre aussi des
dents vers son pourtour; sa forme est absolument la même qu’au
morceau de Harlem , et plus large à proportion que dans nos sala-
mandres. La grande des monts Allegannis en approche davantage, et
lui ressemble aussi par la largeur de ses ptérygoïdiens, et par la proé-
minence de son occiput en arrière des productions latérales qui por-
tent la mâchoire inférieure.
U ne reste donc à expliquer que les deux os, h, h, placés de
chaque côté de l’occiput, et qui se retrouvent dans l’un et l’autre
morceau. J avois cru, lors de ma première édition, qu’ils annonçoient
un appareil branchial considérable et permanent, ce qui m’avoit fait
rapporter ces animaux au genre des proteus; mais aujourd’hui qu’une
FOSSILES. 4^9
étude plus suivie de l’os hyoïde m’a fait mieux connoître les pièces de
celui qui subsiste dans la salamandre aquatique , je n’hésite point à
penser que les deux os en question sont les deux pièces de la corne
postérieure : la première est encore en partie cachée sous- le crâne j
la seconde se voit bien entière , et exactement de même forme que
dans nos salamandres aquatiques. Voyez fig. 9 un os hyoïde de sala-
mandre aquatique en h , h.
Ainsi nul doute que le prétendu antropolite d’OEningen ne fût une
salamandre aquatique d’une taille gigantesque dans son genre.
On peut en donner toutes les dimensions.
Sa tête étoit longue de.
— large en arrière de
Le diamètre de ses orbites de
Sa longueur totale de. n-
Ses extrémités de derrière et celles de devant etoient a peu près a a is
tance de
La longueur de sa queue étoit au moins de .....
Longueur de son bras • •
— de son avant bras.
— ' de sa main au plus long doigt
— de son fémur
— de sa jambe
0,130
0,1-36
0,045
1,100
0,340
o,5oo
o,o52
o,o33
0,040
o,o55
0,o32
Mais comment un animal si remarquable n a-t-il ete trouve que
dans ce seul endroit? et comment y est-il entouré de poissons si sem-
blables à ceux de nos eaux douces d’à présent.
En effet, lors de l’examen assez rapide que j’ai fait de la grande
collection de poissons acquise par le Muséum britannique , et parmi
plusieurs morceaux isolés, recueillis dans divers cabinets, je n y ai
vu que des poissons des genres du brochet, de la perche, de 1 an-
guille, et surtout des cyprins de différentes grandeurs; les uns avec
des caractères du sous -genre de la carpe, les autres avec ceux du
sous-genre des ablettes.
Je vois aussi dans les catalogues donnés par de Saussure, Razou-
mowsky et Rarg, que l’on assure y avoir trouvé X anguille {inurœna
anguilla), \e chabot {cottiis gohio) , perche {perça fluviatilis),
la truite {mlmo fario) , le brochet {esox luciwt) , la carpe {cjpn-
BATRACIENS
44o
nuscarpio)^ la tanche {^cyprinus tinca), et les cyprinus gohio ,
carassius, cephalus , brama, rutilas, nasus, albumus , phoxinus ,
bipunctatus et gryslagine ; mais je ne serois pas aussi hardi que plu-
sieurs naturalistes qui ont cru pouvoir déterminer toutes ces espèces.
Indépendamment du prétendu silure qui rend les autres dénomi-
nations suspectes, celui qui, parmi les poissons du Muséum britan-
nique, pourroit passer pour une perche, d’après sa forme générale,
ses rayons épineux, les dentelures de son préopercule, etc., n’a que
vingt-trois vertèbres, et notre perche de rivière en a quarante-deux
ou quarante-trois.
Celui dont la ressemblance avec le brochet est réellement des plus
frappantes, et qu’ont représenté ^ohQ\ic]xzev{Pisciwnquerelœ,^\.l)
' et Rnorr (Monumens du Déluge, 1. 1, pl. XXVI et XXVI a), ne
paroît cependant offrir aucune des grandes dents qui caractérisent
notre brochet vulgaire.
Je vois aussi, par le mémoire de M. Rarg, que l’on a cru recon-
noître des blennies, des trigles, des gobies et des aspidophores
{^cottus cataphractus) qui sont tous des poissons de mer, ce qui se
concilieroit peu avec le grand nombre des autres espèces.
Au surplus, je ne désespère pas de revenir un jour sur ce sujet, et
d’offrir alors à mes lecteurs des idées plus arrêtées.
C’est ici le lieu de dire un mot des célèbres carrières qui ont
fourni tant et de si beaux fossiles.
Elles ont été décrites en abrégé, en 1776, dans une note des Let-
tres sur la Suisse à’Andreœ, p. 56 5 le comte Grégoire Razou-
mofrsTcy en a donné une autre notice dans son mémoire sur \ Origine
des parties basses de la Suisse et de la Bat^ière , inséré en 1788
parmi ceux de l’Académie de Lausanne ; M. de Saussure en a fait une
description sur les lieux, et l’a fait entrer dans le 111™^. volume de
ses V oyages aux Alpes, imprimé en 1 796 j enfin M. Karg, médecin
de Constance, les a décrites tout récemment, et dans le plus grand
détail, dans un mémoire exprès, publié dans le premier volume de
\vi Société des Naturalistes de Souabe , p. i. Ces quatre ouvrages,
mais surtout le dernier, nous ont fourni ce que nous allons dire.
FOSSILES. 44ï
On sait que le Rhin , après avoir formé le lac de Constance , et
-s’être rétréci près de la ville du même nom, se dilate encore pour
foi’mer le lac appelé et ne reprend l’étroitesse ordinaire
de son lit cju’auprès de la petite ville de Stem.
C’est sur la rive droite, un peu au-dessus de Stein, qu’est le vil-
lage à' OEningeji ^ appartenant autrefois à l’évêque de Constance ,
et soumis aujourd’hui, comme le reste de l’évêché, au grand duc de
Bade.
La carrière des ichtyolithes est à trois quarts de lieue de là, sur
le penchant méridional d’une montagne appelée Schiener-Berg , et
au moins à cinq cents pieds au-dessus du niveau du lac (i). Un petit
ruisseau coule le long de son côté oriental , la partie elevee de la
montagne est d’un grès micacé tendre, et l’on trouve dans les champs
des granits roulés rouges et verts.
La carrière est ouverte sur deux cent soixante-dix pieds de lon-
gueur et sur trente de profondeur, mais le fond en est souvent plein
d’eau. Sous la terre végétale se trouve d’abord une marne bleuâtre
friable, de deux pieds d’épaisseur, que l’on emploie, faute de bonne
ai’gile, à faire des tuiles et des briques. Sous cette marne sont plu-
sieurs pieds d’un premier schiste, gris-jaunatre, tendre , a lames tres-
minces, rempli d’empreintes végétales. Vient ensuite une seconde
marne bleuâtre , semblable à la première, épaisse d’un demi-pied,
et sans corps organisés. Toutes les couches suivantes sont calcaires,
et répandent , quand on les raie, une odeur de pétrole plus ou moins
forte. On les distingue en plusieurs bancs 5 le premier est nomme par
les ouvriers le gros banc ou la pierre soiifréej il a de deux à six
pieds, et ne se divise point en feuillets. Le deuxième s’appelle ar-
doise blanche ‘'A est épais de quatre pouces , très-argileux, tendre,
et se divise en lames très-minces. On y voit des plantes, des insectes ,
et les premiers poissons. Un autre schiste le suit, nommé petits
morceaux , épais de deux pieds, divisible en feuillets minces, com'-
posé en grande partie de débris de végétaux , et renfermant beaucoup
(1) Karg, p. 2.
T. V, 2e. P.
56
442 BATRACIENS
de coquilles bivalves , excessivement petites , rondes et nacrées.
Le banc suivant se nomme jjiorceaux • c’est un calcaire feuil-
leté , épais de deux pieds, montrant à peine quelques traces de végé-
taux détruits.
On trouve ensuite deux lits, à peine de deux pouces de haut,
womvciQs plaques noires, qui paroissent aussi teints par des débris
de végétaux.
^^première plaque blanche les suit. On en fait des dalles pour les
appartemens, et 1 on y voit quelques grands poissons, quoiqu’on petit
nombre , et de belles dendrites. Elle a trois pouces de haut, et se
divise en gros feuillets.
Enfin vient plaque poissonneuse , qui tire son nom de la grande
quantité de poissons qu’elle recèle avec de petits limnées. C’est un
calcaire blanc, à grain fin, à feuillets minces, d’une dureté médiocre.
Sous elle est petite peau , tres-mince, d’un gris noirâtre; puis
la troisième plaque noire , haute de deux pouces et demi, que suit
pierre à cordons oxx pierre ^indienne. Celle-ci est un schiste gris,
à gros grains , piqueté et rayé de blanc et de jaune, rempli de pois-
sons et d’autres empreintes animales et végétales. On la recherche
beaucoup , et son épaisseur est de quatre pouces.
La pierre aux moules est un calcaire micacé , noirâtre , plein de
débris de végétaux , de petits limnees et de fragmens encore nacrés
de moules : elle est épaisse d’un pied.
Le dilL strechen, schiste calcaire, un peu micacé, à gros feuillets
d’un gris blanchâtre, épais de dix pouces, n’a point de fossiles.
petite peau blanche, schiste calcaire, tendre, à feuillets min-
ces , est d’un pouce de hauteur.
La petite pierre aux moules , schiste calcaire , à gros grains , sec ,
jaunâtre, contient une quantité innombrable de petits limnées, di-
verses autres coquilles d eau douce ou leurs noyaux, et des emprein-
tes végétales.
La grosse plaque , schiste gris, d’un demi-pied, à feuillets épais.,
ne contient que quelques fibres végétales.
plaque blanche, schiste calcaire, à gros grains, est très-riche
FOSSILES. 443
en pétrifications et en empreintes de toute espèce, et Ton y retrouve
rapproché tout ce qui existe séparé dans les autres couches.
Enfin la pierre de chaudière est le dernier banc où l’on puisse
arriver, encore dans les grandes sécheresses seulement j c’est un
schiste gris ou roussâtre , à feuillets minces, contenant d’innombra-
bles limnées et de très-belles empreintes de feuilles de diverses cou-
leurs.
Elle repose sur un grès grossier, bleuâtre, qui forme généralement
les bords du Rhin dans cette contrée , où l’on voit quelques veines
de houilles, et quelquefois de nombreuses moules que l’on assure
être d’eau douce.
A un petit quart de lieue au-dessus de la carrière d’OEningen, du
meme côté et plus près du lac, est une autre carrière qui appartient
au village de JVangen, et où l’on voit les mêmes pétrifications , à ce
qu’il paroît, dans des couches analogues.
M. Brongniart a décrit ( dans notre lime. vol. , p. 543 ) les couches
superposées a celles dont parle M. Rarg. A fleur de terre sont d!a-
bord des cailloux roulés qui lui ont paru venir de ee qu’en Suisse
on nomme nagelflue; puis une marne sablonneuse jaunâtre; un lit
de grès mollasse, dur; une couche de marne argileuse, jaunâtre ,
feuilletée, divisée par des lits très-minces de mollasses; une couche
de marne argileuse rubannée, et enfin la marne bleue à faire des
tuiles, par où commence l’énumération de M. Rarg.
M. Rarg , partant de la supposition que tous les animaux de ces
couches sont les mêmes que dans les eaux environnantes, a cherché
à faire voir qu elles ont dû se former assez récemment dans un étang
qui se sera vide ensuite par quelque accident arrivé à ses digues ,
et cette hypothèse fa empêché sans doute de nous donner plus de
renseignemens sur leur position par rapport aux couches voisines ,
et de nous mettre en état de juger de leur ancienneté relative ; mais
son opinion n’est point celle des plus savans géologistes, et M. de
Humboldt et M. Reuss s’accordent à regarder les schistes d’OEnjn-
§en comme appartenant à une formation ancienne et régulière ; le
dernier paroît même les croire de sa troisième formation calcaire,
56*
444 BATRACIENS FOSSILES.
M. Brongiiiart (loc. cît., p. 346) les regarde comme subordonnées à
la mollasse de Suisse, et comme contemporaines, et peut-être pos-
térieures, à nos gypses des environs de Paris; ce qui est certain, c’est
qu’ils constituent une formation d’eau douce qui contient, comme
on l’a vu dans le présent chapitre et dans celui où nous traitons des
rongeurs fossiles, des êtres entièrement inconnus au monde actueU
CHAPITRE V.
De l^Ichtyosaurus et dv Plesios^urus,
]Vous voici arrivés à ceux de tous les reptiles, et peut-être de tous
les animaux fossiles, qui ressemblent le moins a ce cjue 1 on connoît,
et qui sont le plus faits pour surprendre le naturaliste par des com
binaisons de structures qui, sans aucun doute , paroîtroient incroya-
bles k quiconque ne seroit pas à portée de les observer par lui-meine,
ou à qui il pourroit rester la moindre suspicion sur leur authenticité.
Dans le premier genre , un museau de dauphin , des dents de croco^
dile, une tête et un sternum de lézard, des pattes de cétacés, mais
au nombre de quatre, enfin des vertèbres de poissons; dans le se-
cond, avec ces mêmes pattes de cétacés, une tête de lézard, et un
long cou semblable au corps d’un serpent: voilà ce que 1 ichtyo-
saurus et le plésiosaurus sont venus nous offrir, après avoir été ense-
velis , pendant tant de milliers d’années , sous d énormes amas de
pierres et de marbres ; car c’est aux anciennes couches secondaires
qu’ils appartiennent ; on n’en trouve que dans ces bancs de pierre
marneuse ou de marbre grisâtre remplis de pyrites et d ammonites ,
ou dans les colites ; tous terrains du même ordre que notre chaîne
du Jura. C’est en Angleterre surtout que leurs débris paroissent etre
abondans ; aussi est-ce surtout au zèle des naturalistes anglais que la
connoissance en est due. Us n’ont rien épargné pour en recueillir
beaucoup de débris, et pour en reconstituer l’ensemble autant que
l’état de ces débris le permet.
On verra , parle résultat de ce chapitre , que , maigre les anomalies
de leur structure , ces deux animaux se rapprochent des lézards plus
que d’aucun autre genre, et que nous aurions pu en traiter à la suite
des sauriens; mais ces anomalies, et les doutes qu elles avoient d
446 DE L’ICHTYOSAURUS ET DU PLÉSIOSAURUS.
bord excités , nous ont engagé à reporter leur description après celle
des batraciens, afin de réunir pour leur examen un plus grand nom-
bre d’objets de comparaison.
Ce chapitre se divisera naturellement en deux sections, consacrées
à chacun des deux genres.
DE L’ICHTYOSAURUS.
447
PREMIÈRE SECTION.
De lIchttosau rus.
C’est à sir Eç>erard Home que le monde savant doit d’avoir fait
connoître le premier un morceau caractérisé de ce genre extraordi-
naire. Il publia, dans les Transactions philosophiques de i8i4j une
tete très-bien conservée , et quelques autres os déposés au Muséum
^Syptien de Bullock, dans la rue de Pall~Mall. Ils venoient de la
cote du comté de Dorset , entre Lyme et Charmouth. On les avoir
retirés d’un rocher à trente ou quarante pieds au-dessus du niveau
de la mer.
L auteurs aperçut bien que 1 épaule ofFroit quelques rapports avec
celle du crocodile 5 mais la position des narines, le cercle de pièces
osseuses qui entoure la sclérotique, lui parurent, ainsi que les vertè-
bres, se rapprocher des poissons, et c’est sur ces aperçus que M. Kœ-
nig , conservateur de la minéralogie au Muséum britannique, ima-
gina le nom ^ichtyosaurus.
Deux ans après (dans les Transactions de 1816) le chevalier Home
ajouta plusieurs details à ces premières indications. M. Johnson,
habitant de Bristol, qui depuis nombre d’années recueilloit les fos-
siles des falaises de Lyme, lui procura des morceaux d’où il déduisit
la forme de 1 articulation des côtes, l’omoplate et toute la nageoire
antérieure, qu’il coraparoit alors h celle des squales, ce qui lui faisoit
de plus en plus conclure que c’étoit un poisson.
Mais après deux ans encore (en 1818) , des pièces rassemblées par
divers particuliers , et sur lesquelles M. Buckland attira son attention ,
firent connoître à M. Home le sternum , la clavicule et le coracoïdien ,
«linsi que les rapports de ces parties avec celles de l’ornithorhynque,
qui, ainsi que nous 1 avons vu à son article , ressemblent elles-mêmes
't celles des lézards. Sir Everard abandonna alors l’idée que ce pût
448 DE L’ICHTYOSAURUS.
être un poisson. C’est aussi dans ce mémoire qu’il annonça l’exis-
tence probable de plus d’une espèce de ce genre.
En 1819, de magnifiques morceaux, et entre autres un squelette
entier, découverts par M. de Lahêche et le colonel Birch de Lyme,
mirent sir Everard à même de perfectionner encore sa description,
et de s’assurer notamment que l’ichtyosaurus avoit quatre pieds.
Mais une tete ou les narines etoient bouchées l’induisit en erreur, et
lui fit penser a tort que ce qu’il avoit pris jusque-là pour ces ouver-
tures étoit le produit de simples accidens. Ce fut aussi dans les Trans-
actions de cette année que l’auteur , d’après la ressemblance des faces
concaves des vertèbres fossiles avec celles du proteus, de la sirène et
de l’axolotl , proposa de nommer son animal proteosaums.
Enfin en 1820, les recherches opiniâtres du colonel Birch fourni-
rent encore à M. Home des matériaux d’après lesquels il détermina
la composition des vertèbres , et la manière dont la partie annulaire
s’articule avec le corps, ainsi que la structure singulière des nageoires.
On ne peut donc s’empêcher de reconnoître que cette suite de
mémoires et d’indications assure à M. le chevalier Home l’honneur
d’avoir presque entièrement révélé aux naturalistes le genre extraor-
dinaire dont nous nous occupons. Et toutefois, MM. de Labêche et
Conybeare ont encore ajouté plusieurs particularités intéressantes et
de grands détails à ce que ce savant anatomiste en avoit dit.
Dans un mémoire, inséré en 1821 parmi ceux de la Société géolo-
gique de Londres, ils publièrent leur grande découverte d’un nou-
veau genre de la même tribu, mais plus voisin des lézards ordinaires,
qu ils nommèrent Ils décrivirent la composition de la
mâchoire inferieure de 1 ichtyosaurUs, celle du museau et une grande
partie de celle des faces postérieure et inférieure du crâne.
Ils montrèrent que l’anneau de pièces osseuses à la sclérotique est
un caractère de lézard et non pas de poisson , et entrèrent dans de
nouveaux détails sur les vertèbres et l’articulation des côtes.
Un second mémoire des mêmes auteurs, dans les Transactions
géologiques de 1828, en même temps qu’il étendoit la description
du plésiosaurus, fixa davantage les idées sur les dents de l’ichtyosaurus,
DE L’ICHTYOSAURUS. 449
exprima nettement les caractères de ses espèces, rétablit la vérité
relativement à la position de ses narines, et marqua les rapports et
les dilFérences de structure de sa tète avec celle des lézards.
On auroit déjà pu, avec des matériaux si abondans et présentes
avec tant de soin par les auteurs de ces mémoires , composer une
description ostéologique de richtyosaurus, aussi complété au moins
que celle d’aucun autre animal perdu. Je pouvois y joindre plusieurs
dessins qui m’avoieut été adressés par des amis de la science. J ai du
notamment au zèle de M. Cumberland de Bristol l’esquisse d un
squelette entier de quatre pieds dix pouces de longueur, trouvé eu
i8i8 près de la mer à JT^atchet , dans le comte de Sommerset, et
appartenant àM. Morgan de Bristol; celle d’une tête et de dents de
plusieurs espèces de la collection de M. Johnson de Bristol ; celle de
plusieurs morceaux, entre autres d un oeil, trouves à f'Ve-ston
de Bath, et conservés par M. P. Hawker.
Il est de mon devoir de témoigner ici tout ce que ces attentions
m’ont inspiré de reconnoissance ; elles ont infiniment contribué à
me donner de plus en plus des idées claires de ces singuliers rep-
tiles.
Mais j’ai eu le bonheur d’avoir aussi par deveis moi des pièces
précieuses qui m’ont encore fourni des caractères interessans à ajou-
ter à ceux que l’on avoit reconnus avant moi.
Je me les étois procurées à une vente faite à Londres au mois de
mai 1820, et si l’ordre de la publication de mon ouvrage me l’eût
permis , elles m’auroient fourni l’occasioii de devancer les natura-
listes anglais sur quelques-uns des points qu’ils ont découverts. 11 me
restera du moins à montrer les formes du frontal et de ses accessoi-
res, le trou du pariétal semblable à celui des lézards, et le sphénoïde
aussi beaucoup plus semblable à celui des lézards quil ne 1 avoit
paru dans les débris analysés jusqu’à ce jour.
Nous avons dit que richtyosaurus est surtout abondant en Angle-
teri’e.
Il y a laissé des débris depuis le nouveau grès rouge en montant
jusqu’au sable vert qui est immédiatement sous la craie ; ainsi il ap-
T. V, 2e. P, 5Ï7
45o DE L’ICHTYOSAURUS.
partient à presque toute l’époque des terrains secondaires que l’on
appelle communément la formation du Jura.
On en trouve en effet des fragmens dans une marne associée au
sable vert, à Bensington; dans le grès calcaire sous l’oolithe , à Mar-
chani - immédiatement sous l’oolithe, à Shotouerhill , tous lieux du
comte cl Oxford (i). Il y en a aussi sous 1 oolitheàÆz'mwerzcf^e, dans
le comté de Dorset.
Mais c est surtout le lias , ou ce marbre gris-bleuâtre , marneux et
pyriteux, ainsi nomme par les Anglais, qui semble avoir été son tom-
beau : il eu a fourni d’innombrables débris dans les comtés de Dorset,
de Sommerset, de Glocester et de Leicester; et principalement dans
la vallee de 1 Avon , au comté de Sommerset , entre Bath et Bristol ,
et sur la côte du comté de Dorset, où les falaises d’entre Lyme et
Charraouth paroissent en être des carrières inépuisables. On y trouve
les ichtyosauriis à peu près comme dans nos plâtrières de Montmartre
les palæothériums, et leurs os y sont généralement entourés de quan-
tité de petites ammonites.
II y en a dans la même pierre beaucoup plus au nord , et nous eu
possédons de grands morceaux de Newcastle dans le Northumber-
land.
Les os d ichtyosaurus sont jusqu’à ce jour beaucoup plus rares sur
le continent 5 toutefois nous en avons des vertèbres évidemment re-
connoissables parmi nos groupes d’os de crocodiles de Houfleur,
Plus nouvellement, M, Lamouroux nous en a communiqué divers
morceaux de la côte du Calvados, et nous en avons reçu même de
l’intérieur de laFrance, et surtout de fort caractérisés, de Condat en
Agénois, et de Reiignj près Corbigny, dans le département de la
Nièvre. Ces derniers sont manifestement dans l’oolithe, mais la plu-
part des autres ont une gangue très-semblable au lias.
Il y en a aussi en Allemagne , et notamment dans ces carrières de
marbre gris, riche en pyrites et semblable au lias, des environs d’Al-
torf, où 1 on trouve des crocodiles comme à Honfleur.
(i) Labêche et Conybeare, i". Mémoire.
DE T/ICHTYOSAURUS. 45i
Il y en a même un morceau assez célèbre , et dont Thistoire prouve
avec quelle légèreté des naturalistes, d’ailleurs habiles, ont attribué
à l’espèce humaine des os fossiles ou pétrifiés.
Scheuchzer, se promenant un jour dans les environs à’Altorf,
ville et université du territoire de Nuremberg , avec son ami Lang-
hans , alla faire des recherches au pied du Gibet. Langhans, qui avoit
pénétré dans l’enceinte , trouva parmi les pierres un morceau de mar-
bre cendré , qui contenoit huit vertèbres dorsales teintes en noir et
d’un aspect brillant; saisi, dit toujours Scheuchzer, (fune terreur
Langhans jeta cette pierre par dessus le mur, et Scheuchzer
l’ayant ramassée, en garda deux vertèbres, qu’il considéra comme
humaines, et qu’il fit graver dans ses Pisciwn querelœ , pl. III. H
fait tout ce récit à Bayer, à l’occasion de deux vertèbres semblables,
et probablement du même lieu, que celui-ci avoit fait représenter
dans son Oryctographia norica , pl. VI, fig. 3a, et Bayer fit im-
primer la lettre de Scheuchzer dans les supplémens à cette Orycto-
graphie qui font suite à la description de son cabinet (i).
Ces vertebres, copiées par Dargen ville (2) , et citées par Walch (3)
et beaucoup d’autres descripteurs de pétrifications, et dont nous
donnons aussi une copie pl. XXV, fig. 6, 7 et 8 , ont depuis lors passé
sans contradiction pour humaines, jusqu’à ces derniers temps où l’on
n’en a plus parlé du tout.
Il n’est cependantbesoin que des plus légères notions d’ostéologie,
ou mieux encore de la présence d’un squelette, pour voir tju’elles
ne viennent pas d’un homme. On auroit pu les croire de crocodiles
ou de poissons ; mais aujourd’hui que l’on connoît bien celles d’ich-
tyosaurus, on ne peut hésiter à y rapporter celles dont je viens de
parler.
.l’en ai vu de semblables, et du même lieu, c’est-à-dire d’Altorf,
dans le cabinet du grand duc de Toscane.
(1) Joh. Jac. Bayer, Sciagraphia Musei sui , Norimb. iy3o , p. 3o.
(2) Oryctologie, pl. XVII, fig. 2.
(3) Monumens du Déluge de Knorr, II, sect. II , p. i43-
57-^
t
/,5a de L’ICHTYOSAURUS.
Enfin on vient de découvrir un squelette presque entier et plu-
sieurs autres débris d’ichtyosaurus à Boll, dans le Wirtemberg, le
même lieu où nous avons vu qu’il s’est trouvé des crocodiles et d’au-
tres fossiles en grand nombre appartenant aux séries secondaires. Ils
y sont dans un schiste calcaire analogue à celui de Solenhoffen , et
M. George Frédéric Jœger, directeur du cabinet royal de Stutt-
gard, vient de les lithographier et de les décrire dans une disserta-
tion (i) qu’il a bien voulu me communiquer, et qui ne laisse rien à
désirer sur l’identité du genre.
Ce savant naturaliste en a même reconnu plusieurs morceaux qui
avoient été tirés du même lieu depuis un grand nombre d’années,
et qui étoient épars dans divers cabinets où l’on ne s’éloit point oc-
cupé de leur détermination.
Les pièces que j’emploierai sont représentées sur mes planches
dans leur état actuel de désordre et de mutilation,
PI. XXVIII, fig. I , est un squelette long d’environ trois pieds et
demi. Il ne manque à l’épine que cpielques vertèbres au bout de la
queue, qui ont même laissé leur empreinte; mais il reste peu de
chose des côtes. La tête est écrasée, mais assez complète, ainsi que
les deux extrémités antérieures et la postérieure gauche. Le bassin
n’a laissé que quelques débris. Les omoplates, les clavicules et la
partie antérieure du sternum ont disparu.
Le squelette de la fig. 2 vient d’un individu plus grand , à dents
moins grêles; la queue et une partie des lombes lui manquent, ainsi
que le sternum, les omoplates et les clavicules, mais il a le reste des
extrémités antérieures complets, divers os de la tête en bon état,
plusieurs côtes dans toute leur longueur, un reste assez considérable
de bassin, et presque toute une extrémité postérieure.
J’ai ensuite de nombreuses vertèbres isolées ou réunies en suites
de huit, dix ou davantage.
Mes morceaux pour la description de la tête sont aussi fort complets.
(i) De Ichlfoscmri sive Proteosauri fossilis specimiiiibus in agro Bollensi in IVurlem-
bergid reperds, StiiUgard 182/j , in-fol.
DE L’ICHTYOSAURUS. 4^3
PI. XXIX , fig. I , est une tête à laquelle il ne manque que le
bout antérieur du museau et une partie de la région occipitale et ba-
silaire. Ses dents sont les mêmes qu’au squelette précédent.
C’est celle qu’a décrite sir Everard Home, dans les Transactions
de 1819, pl. XIII. Mais je l’ai encore mieux débarrassée de la pierre
qui la l’ccouvroit, et j’y ai découvert de nouvelles particularités,
et surtout les narines et le trou du pariétal.
PI. XXIX, fig. 2 à 5 , est une tète dont le museau est encore plus
tronqué, mais qui m’a été bien précieuse , parce quelle m’a donné
toute la région basilaire et^ palatine. Elle ne conserve quun petit
nombre de dents , grêles et droites.
Pig. 6 et 7 est une tête tronquée de l’avant jusqu’au pariétal, et
qui ne conserve aucunes dents; mais où la région temporale est bien
entière, et qui m’a aussi donné l’os hyoïde.
Deux autres têtes, aplaties verticalement , mais à peu près entières,
et dont les dents sont les mômes qu’à la grande de la fig. i et au
grand squelette, n’ont pas laissé que de me fournir d’heureux détails
sur les sutures et sur les trous, et ont confirmé ce qui regarde l’os
hyoïde.
Une mâchoire inférieure énorme, et qui, bien que fort tronquée
aux deux bouts, est encore longue de près de deux pieds, m’a fait
connoître jusqu’à quelle grandeur ce genre peut parvenir.
Enfin j’ai encore eu quelques os isolés, surtout de l’occiput, qui
m’ont été fort utiles pour éclaircir mes idées.
Quant à l’épaule et à toute l’extrémité antérieure il ne me manque
rien.
Pl. XXX, fig. I , est une partie d’un très-grand individu, où l’on
voit, avec beaucoup de vertèbres et de côtes, le sternum, les clavi-
cules, les coracoïdiens, une omoplate, deux humérus et deux avant-
bras.
Fig. 5, tiré d’nn individu plus petit, offre en situation le sternum,
les clavicules, les coracoïdiens, une omoplate, un humérus, un
avant-bras et un os du carpe.
Fig. 2, avec les mêmes os, offre encore une nageoire presque entière.
454 DE L’ICHTYOSAURUS.
Mais mon morceau le plus complet pour ces parties , est celui des
fig. 3 et 4 ; il vient d’un assez petit individu , et montre la nageoire
gauche entière et encore attachée à son épaule, laquelle est elle-
même complète, ainsi que le sternum et le coracoïdien de l’épaule
opposée.
Je n ai pas ete tout-a-fait aussi heureux pour l’extrémité posté-
rieure. Le bassin s’est trouvé assez mutilé dans mes deux squelettes,
et je ne 1 ai pas eu séparément; et comme je vois que ces parties sont
aussi assez incomplètes dans la plupart des raorceauux gravés en
Angleterre , je dois penser qu elles étoient plus foibles, moins adhé-
rentes, et iju’elles se détachoient plus aisément après la mort.
C’est principalement sur ces pièces, et non pas sur les gravures
déjà publiées, que j’ai travaillé, en sorte que ma description, dans
ce qu’elle a de commun avec celles de mes prédécesseurs, en est
une confirmation plutôt qu’une répétition.
Sur un petit nombre de points seulement, je serai obligé de re-
courir à eux pour me compléter, mais je le remarquerai expressé-
ment, et j en ferai de même lorsque je croirai avoir vu les choses plus
ou moins différemment.
Je dois dire ici que ces morceaux sont devenus beaucoup plus
instructifs qu’ils n’étoient d’abord, par les soins que s’est donné
M. Merlieux, jeune sculpteur attaché au Muséum d’Histoiie natu-
relle, pour les debarrasser de la pierre très-dure ou plutôt du marbre
qui les masquoit encore en plusieurs endroits.
Article premier.
Z)es Dents.
Les dents de tous les ichtyosaurussont coniques, et leur couronne
est emaillée et striée longitudinalement comme dans les crocodiles ;
elle est plus ou moins aiguë ^ plus ou moins renflée, plus ou moins
comprimée selon les espèces.
DE L’ICHTYOSAURUS. 455
Leur racine est plus grosse, non émaillée, mais striée comme la
couronne.
Elles restent long-temps creuses intérieurement.
Elles ne sont pas enchâssées dans des alvéoles aussi profonds et
aussi clos que celles du crocodile, et ne sont pas non plus aussi à nu
du côté interne que celles des lézards; mais il paroît qu elles sont
rangées simplement dans un sillon profond de l’os maxillaire, dont
le fond seul est creusé de fosses répondantes à chaque dent.
Leur manière de se remplacer est assez analogue à celle du cro-
codile, avec cette différence, que dans le crocodile, dont les dents
sont toujours creuses, la nouvelle dent pénètre dans l’intérieur de
1 ancienne, tandis qu’ici la racine étant ossifiée, la dent nouvelle ne
pénètre que dans la cavité que la carie a formée, cavité qui aug-
mente à mesure que la dent nouvelle grossit, et qui, venant enfin
à faire disparoître la racine, détermine la chute de la couronne de
la dent ancienne.
Cette couronne de la dent garde encore dans son intérieur une ca-
vité ordinairement remplie de spath, long-temps après que la racine
est ossifiée, de sorte qu’une coupeprésente alors la fig. 17, pl. XXIX.
La racine nouvelle commence à s’ossifier avant même que la dent
ancienne soit tombée ;'ce qui se voit dans la fig. 1 4 où la nouvelle dent ,
a , quoiqu’il existe encore en c une partie de la racine de l’ancienne
dent, a cependant déjà une partie de son noyau pulpeux, e, ossifié.
Leur nombre est considérable. M. Gonybeare n’en compte pas'
moins de trente de chaque côté à chaque mâchoire. Sir Everard
Home en montre quarante-cinq de chaque côté à chaque mâchoire ,
dans 1 individu de sa pl. XV des Transact. phil. de 1820.
MM. de Labêche et Gonybeare (2me. Mém. ,p. io8) ont trouvé
assez de différences parmi ces dents pour en déduire les caractères
fie quatre espèces distinctes.
L 1. communis , dont les dents ont la couronne conique , médio-
crement aiguë, légèrement arquée et profondément striée. Gette es-
pece est généralement grande , et c’est à elle qu’appartiennent les
individus les plus gigantesques.
456 DE L’ICHTYOSAURUS.
L’i. platyodon, où cette couronne est comprimée, et offre de
chaque côté une arête tranchante. Les individus de cette espèce va-
rient en longueur de cinq à quinze pieds.
L’/. tenuirostris , où les dents sont plus grêles, et qui, en outre,
a le museau plus long et plus mince.
Enfin r/. intennedius , à dents plus aiguës et moins profondé-
ment striées que celles du communis ^ moins grêles que dans le te-
Tiuirostris.
Les deux dernières espèces n’atteignent pas plus de moitié de la
taille à laquelle XI. communis peut parvenir.
En examinant mes morceaux, j’y ai retrouvé des dents auxquelles
conviennent les caractères assignés par ces naturalistes, et comme
elles y sont attachées à des parties plus ou moins considérables de
leurs têtes , et que plusieurs de ces têtes elles-mêmes tiennent à di-
verses portions du squelette, je me suis vu à même de porter le dé-
tail des caractères spécifiques sur toutes les parties des animaux.
C’est ainsi que dans la très-grande mâchoire inférieure , pl. XX VIII,
fig. 3, j’ai trouve en effet des dents a couronne comprimée, portée
sur une racine ronde et renflée , et que j’ai dû la rapporter à 1’/. pla~
tjodon. On voit une de ces dents de grandeur naturelle pl. XXVIII,
fig. 4 5 et sa coupe, fig. 5.
Par une raison semblable , mon petit squelette , pl. XXVIH, %• i j
celui du chevalier Home (Transactions phil. de 1819, pl. XV) et
îe fragment des deux mâchoires, pl. XXIX, fig. 8 et 9, ayant des
dents grêles et pointues , m’ont dù paroître de XI. tenuirostris.
Les dents coniques, médiocrement pointues, du grand squelette
de la grande tête, fig. pl, XXIX, et de celles de la fig. 9, les
caractérisent pour appartenir à 1’/. communis.
Enfin la tête, fig. 2 à 5, n’ayant que quelques dents grêles et
droites , pourroit être de 1’/. intermedius.
DE L’ICHTYOSAURÜS.
457
Article IL
t
De la Tête.
Ces espèces ne différant du reste que par des variations légères
dans les proportions des os , ruais non dans la composition des par-
ties, nous donnerons d’abord de la tête une description générique,
comme s il ne s’agissoit que de l’une de ces espèces, nous réservant
d entrer ensuite dans le détail de leurs différences.
§ I. De sa forme et de sa composition en général.
Le museau allongé et pointu de Tichtyosaurus est formé principa-
lement par deux os gai'nis de dents, qui, dans toute sa moitié anté-
rieure, s unissent l’un à l’autre, en dessus et en dessous, par une
suture, et qui sont écartés dans la moitié supérieure par deux autres
os qui s avancent entre eux en pointe.
De chaque côté de cette même moitié supérieure se voit un os
étroit dans lequel se continue la série des dents , et qui se prolonge
en arriéré jusque sous l’angle antérieur de l’orbite.
Les deux os longs, a, fig. i à 8, sont évidemment les intermaxil-
laires • les os-latéraux étroits, h ^ sont les Tnaxillaires j les deux os
mitoyens, c, les os propres du nez.
II n y a point de narines à la pointe du museau, et leurs ouver-
tures sont deux trous oblongs , d , dans le haut des intermaxillaires.
De leui bord anterieur , elles forment une échancrure dans le bord
supérieur des intermaxillaires.
liC bord supérieur et interne des narines est fait par l’os du nez
<iui s’élargit pour arriver là , en formant une suture dentée avec la
Lase de l’intermaxillaire.
Au bord supérieur, c’est-à-dire au plus voisin de l’orbite , concou-
rent, ou du moins s’approchent, deux os qui, de leur partie posté-
rieure, concourent aussi à la formation de la partie antérieure du
T. V, 2e. P. 58
DE L’ICHTYOSAURUS.
458
cercle de l’orbite, et même le supérieur, e, s’étend sur une bonne
partie de l’arcade surcilière. Celui-ci me paroît \eJrontal antérieur.
L’autre, qui est plus petit, pourroit bien être le lachrymal,
mais je n’y ai pu voir de trou lachrymal.
Les deux nasaux remontent entre les frontaux antérieurs jusques
aux frontaux principaux , auxquels ils s’articulent par une suture den-
tée qui varie de direction selon les espèces,
frontaux principaux , g , sont placés, comme à l’ordinaire,
sur le milieu de l’intervalle des orbites, mais il ne paroît pas qu’ils
arrivent jusqu’au bord supérieur de ces cadres.
Les frontaux postérieurs, h, viennent, lelong de l’arcade surcilière
et du bord externe des principaux, joindre les antérieurs. Ils forment
aussi tout ce bord postérieur de l’orbite en descendant pour se joindre
au jugal. Celui-ci, i, est grêle j il se place obliquement sur le maxil-
laire, pour former tout le bord inférieur de l’orbite, et remonte un
peu en arrière pour se joindre au frontal postérieur avec lequel il clôt
le cadre de l’orbite 5 mais cette partie montante est peu considérable ,
en sorte que l’échancrure que le zygoma montre en dessous dans les
lézards est moindre dans l’ichtyosaurns.
Ce qui en arrière de l’orbite est particulier à l’ichtyosaurus et le
distingue des lézards, c’est un os large, k, qui s’articule avec le bord
postérieur du frontal postérieur et du jugal , et va de son autre extré-
mité prendre part à la face articulaire qui porte la mâchoire infé-
rieure. L’os qui donne le reste de cette face articulaire est placé plus
en dedans que le précédent, et suspendu au mastoïdien et à l’occi-
pital latéral.
Il me paroît clair que les deux os que je viens de décrire sont le
temporal et le tympanique.
Le temporal , k , ressemble beaucoup pour la forme à celui des lé-
zards, seulement il s’articule par une ligne plus haute au frontal posté-
rieur et au jugal 5 mais son caractère particulier, c’est de descendre ,
comme dans le crocodile, jusqu’à l’articulation 5 et cependant, s’arti-
culant avec le frontal iiostérieur , il ne laisse pas, comme dans le cro-
codile , une seconde fosse temporale derrière l’orbite.
DE L’ICHTYOSAURUS. 4^9
Le temporal de la tortue de mer a beaucoup de rapport avec ce-
lui-ci, et pour la forme et pour les connexions j mais dans la tortue
de mer, le mastoïdien et le frontal postérieur s’unissent au pariétal
au-dessus du temporal, pour former une voûte à la tempe, et ici il
reste au contraire un grand vide comme dans les lézards, et comme
il y en a un de grandeur variable dans les crocodiles.
Le mastoïdien achève de cerner ce vide eu arriéré, en s articulant,
d’une part, au frontal postérieur et au temporal , et de l’autre, à
l’apophyse latérale postérieure du pariétal.
Dans les lézards, où il est fort petit, il ne s’articule qu au pariétal
et au temporal , parce que ce dernier s’interpose entre lui et le fron-
tal antérieur.
Dans les crocodiles, il ne s’articule qu’au frontal antérieur et au
pariétal , parce que le tympanique s’interpose entre lui et le tempo-
ral. Mais dans tous ces genres il contribue à porter 1 os tympanique,
et c’est ce qu’il fait de même dans l’ichtyosaurus.
Après avoir ainsi reconstitué la région zygomatique et l’articula-
tion de la mâchoire, revenons au crâne lui-même.
Le pariétal, l, ne peut être méconnu : il ressemble parfaitement à
celui d’un iguane. Les crêtes temporales s’y rapprochent comme les
deux branches d’un x. En arrière, il se bifurque en deux apophyses,
relevées chacune d’une crête , qui vont chercher les mastoïdiens et
s’y attacher pour former, par leur union, l’angle postérieur de la
fosse temporale. Sur la suture de sa jonction avec les frontaux princi-
paux, il est échancré d’un grand trou, m , qui, même dans certaines
espèces, se prolonge en une fissure sur presque toute sa longueur.
L’occipital supérieur, n, fig. ii , est très-semblable à celui dun
iguane , par la forme générale , par la grande échancrure qu’il a dans
le bas pour le trou occipital, par la petite qui est quelquefois dans
le haut pour le ligament qui funissoit au pariétal , par les faces âpres
qu’il offroit aux occipitaux latéraux et aux rochers.
Sa face externe est seulement d’une convexité plus égale. Il y a
deux trous pour les vaisseaux, diversement placés selon les espèces.
occipital inférieur ou basilaire, o , fig. 5 à i3, est très-épais , et
46o de L’ICHTYOSAURÜS.
se termine en arrière par un très-gros tubercule qui sert à peu près
seul pour l’articulation avec Tatlas , car c’est à peine si les occipi-
taux latéraux y prennent une part sensible*
Sa face inférieure est convexe, et non pas concave comme dans les
lézards, et il n’a pas non plus ces apophyses latérales qu’il porte chez
eux; en sorte qu’il ne prend point de part aux parois de l’oreille ex-
terne ou de la caisse : rapport marqué de l’ichtyosaums avec les tor-
tues.
Un autre rapport encore plus sensible, c’est la division de l’occi-
pital latéral.
Ces os ,p,p, fig. 1 1 , que nous avons bien entiers, et s’articulant
avec le supériear et Finférieur, laissent, en dehors et au-dessus
deux, un vide, et présentent, conjointement avec l'occipital supé-
rieur, ün bord dentele annonçant une suture qui ne peut être rem-
plie que par un occipital externe analogue à celui de la tortue , et
qui occupe l’espace que le rocher laisse derrière lui.
Ije sphénoïde^ 5^, fig. 4, et lo à i3, est aussi épais que l’occipital in-
ferieur. Une arete transverse de sa face supérieure distingue la région
cerebrale de celle où reposoit la glande pituitaire. Celle-ci est percée
a son fond d un canal qui se rend obliquement en arrière et sort à
la face inferieure de l’os par Un ou par deux trous , selon les espèces.
En avant, il donne une très-longue pointe pour porter, comme
ans es ezar s, a c oison verticale et membraneuse d’ entre les Or-
bites.
Latéralement il donne de chaque côté une apophyse tronquée pour
toucher à I ospterygo.d.eu et un peu plus en arrière, une face âpre
pour sa jointure avec os du roofiûi^ ^
"phénoïde de lézard. ““
Le est articulé , relativement au sphénoïde, de manière que
PvÔ.rrT“ ^ P™ P’’® parallèlement é la face
_ y premier et que , s’ils ne se touchoient pas comme dans
les tortues, .1 devoir rester fort peu d'espace entre Lx. La face ex-
terne du rocher est simple et un peu convexe comme celle de l’occi-
pital inférieur, et n a point cette crête qui, dans l’iguane , protège la
DE L’ICHTYOSAURUS. 46r
concavité au fond de laquelle est la fenêtre ovale : nouveau motif
pour croire que l’oreille externe étoit plus simple dans l’ichtyosaurus
que dans les lézards.
A la face interne du rocher est une cavité profonde qui recéloit le
vestibule, et qxn étoit fermée du côté du crâne par l’occipital supé-
rieur et l’occipital externe. On voit dans ses parois quelques restes
des canaux semi-circulaires.
Bien que j’aie l’occipital latéral dans deux ou trois de mes têtes , je
n’ai pu le dégager nettement, et mon rocher est aussi un peu fracturé
parles bords, en sorte que je ne puis dire positivement s’il y avoit
deux fenêtres ou une seule. Mais dès à présent j’ai tout lieu de
soupçonner qu’il n’y en avoit qn^une, et que notre animal avoit ce
rapport avec les salamandres, les sirènes et les protées, que son
osselet auriculaire étoit réduit à une simple platine répondant à celle
de l’étrier.
Les ptérygoïdiens, s, s, fig. 4, forment deux longues bandes larges
et plates, séparées en arrière par toute la largeur du sphénoïde, et
qui se rapprochent l’une de l’autre en avant, à peu près sous le bord
antérieur de l’orbite. Ils s’y aiguisent en une longue pointe qui s’in-
sère entre les palatins auxquels elle s’unit par une suture très-obli-
que. Ils s’élargissent latéralement vers leur milieu, probablement
pour donner attache à l’os transverse , qui me paroît joindre aussi
l’extrémité postérieure externe du palatin, et dont le bord externe
doit s’unir comme à l’ordinaire avec le jugal. L’extrémité postérieure
des ptérygoïdiens se termine par un léger élargissement, un peu en
arc concave en arrière. Ni eux , ni les palatins ne paroissent avoir
porté de dents.
Telle est donc en général la composition de la tête de l’ichtyosan-
rus : un museau formé presque en entier par les intermaxillaires; les
maxillaires relégués aux côtés de sa base; les nasaux à la face supé-
rieure de cette base; les naiânes percées entre les nasaux, les inter-
ïïiaxîllaires et les frontaux antérieurs; le frontal, le pariétal, l’occipi-
tal, les rochers, le sphénoïde, les ptérygoïdiens, à peu de chose près
comme dans les lézards, et surtout dans les iguanes; mais des carac-
46a DE L’ICHTYOSAURUS.
tères plus particuliers dans la région de Toreille et de la tempe; sa-
voir :
Un orbite entouré par le frontal antérieur, le postérieur et le ju-
gal; le trou de la tempe cerné par le temporal et le mastoïdien; le
temporal se joignant au tympanique, placé à sa face interne pour
fournir l’articulation à la mâchoire inférieure ; la région du crâne où
devroient être des concavités pour la caisse de l’oreille, lisse et même
un peu convexe; probablement point d’autre osselet de l’ouïe que la
platine de l’étrier.
Ce seroit un animal encore existant, que l’on ne connoîtroit pas
mieux l’ostéologie de sa tète.
Ce qui est le plus frappant dans cette tête , c’est l’énormité de son
œhl , et le cercle de pièces osseuses qui en renforce la sclérotique en
avant. Ces pièces forment, comme on sait, un caractère commun
aux oiseaux, aux tortues et auX lézards, à l’exclusion des crocodiles
et des poissons. En effet, dans les crocodiles, la sclérotique est sim-
plement cartilagineuse; dans les poissons, elle est souvent osseuse,
en tout ou en partie (i); mais jamais elle n’y est garnie en avant
d’un anneau de pièces osseuses comme dans les oiseaux. Ce seul
caractère , qui avoit déterminé d’abord , on ne peut deviner pour-
quoi , à rapprocher cet animal des poissons , auroit dû le faire , dès
les premiers raoraens, rapprocher des lézards.
§ II. Différences entre les têtes des différentes espèces.
La forme totale de la tele et celle de plusieurs os pris en particu-
lier annoncent, comme les* dents, parmi les têtes d’ichtyosaurus,
des différences qui doivent être spécifiques, mais dont les limites ne
sont pas aisées à fixer.
(i) J ai, par exemple, des sclérotiques de grands espadons {xiphias Lin.) qui forment
des globes de trois pouces de diamètre , à parois entièrement osseuses , sauf les ouvertures
pour le nerf et pour la cornée , et d’une ligne d’épaisseur , mais elles ne sont composées que
de deux pièces.
DE L’ICHTYOSAURUS. '
Dans la tête, pl. XXIX, fig. i , que je rapporte à l’ichtyosaurus
commun , par exemple , on voit à la racine du nez , entre les orbites ,
deux proéminences anguleuses en avant, et entre lesquelles est une
concavité anguleuse en arrière.
Le pariétal y est plus long que large , et percé de deux trous
oblongs, l’un en avant et l’autre en arrière, et ses crêtes temporales
se réunissent en une seule ligne.
Une autre tête plus petite a le pariétal à peu près pareil , mais
percé d’un seul trou. Cependant comme ses dents sont semblables,
ce pourroit n’être qu’une différence accidentelle.
Dans la tête , fig. 6 et 7 , le pariétal est au contraire aussi large que
long , et tout-à-fait aplati de l’arrière. U n’y a qu’un seul trou rond en
avant. Elle ne conserve point de dents j mais comme son pariétal et
son sphénoïde ressemblent a ceux de mon petit squelette que j a
déjà rapporté à VI. tenuirostris , et dont on voit la tete fig. 8, je
dois l’y rapporter également.
J’en ai une quatrième où il est de même plat et court, mais où le
trou rond qu’il a en avant se continue avec une fissure qui s élargit en
arrière en un deuxième trou.
C’est celle qui n’a plus que quelques dents droites et grêles, fig. 2
à 5, et je la rapporte en conséquence à XI. intermedius.
La tête de cette espèce , représentée par MM. de Labêche et Co-
nybeare, dans leur ame. Mémoire , pl. XYII, lui ressemble assez par
la l’égion temporale pour justifier ce rapprochement , et 1 on doit
probablement attribuer à sa mauvaise conservation les différences
qu’elle offre à la face basilaire et palatine.
Il me reste enfin une portion postérieure de tête , aussi grande que
la première, à pariétal aussi allongé à proportion, mais sans trou, et
dont le sphénoïde n’est pas le même; elle n a plus aucune dent, mais
par une conjecture assez naturelle, je dois croire qu elle est de 1/.
platjodon, le seul dont je n’aie point d’autre partie de crâne et de
mâchoire supérieure.
Le sphénoïde offre des différences spécifiques non moins frappan-
tes que le pariétal.
464 de l’ichtyosaürus.
Ainsi dans la dernière de ces tètes, celle que je crois d’/. platjo-
don, le sphénoïde, comme nous l’avons dit, est relevé en dessous
d’une arête longitudinale, percé en arrière de deux trous qui condui-
sent obliquement en avant et vers le haut au trou unique sous la
glande pituitaire, et son bord postérieur est coupé eu angle obtus.
Dans la tête que je rapporte h I’/. intemiedim , il a aussi deux trous
un peu écartés en arrière, mais il est coupé carrément et sans arête
saillante.
Daus le squelette de 1 1. tenuîrostris , il est un peu arrondi en ar-
rière , et percé de deux trous un peu écartés.
Dans celui d’/. cormnunis , fig. 1 2 et 1 3, il est très-épais, peu con-
vexe, coupé carrément, et percé encore de deux trous, mais plus
rapprochés. ^
Enfin j’en ai un cinquième, fig. lo, trouvé avec des occipitaux
latéraux et supérieurs, fig. Il, et dont j’ai tout lieu de croire qu’il
annonce une cinquième espèce.
Il est très-épais, coupé presque en croissant, et ses deux canaux
se réunissent en arrière en une seule ouverture transversale.
Article III.
De la Mâchoire iriférieure.
La mâchoire inférieure, pl. XXIX, 6g. ,$ et i6, allongée et
pomtae comme le museau, se forme de deux branches qui se rappro-
chent sans se couiberbeaucoup, et qui sont symphysées sur nu peu
plus de moitié de leur longueur.
Chaque branche se compose de six os, comme dans tous les lé-
zar s et dans les crocodiles , mais un peu autrement disposés que
dans les uns et que dans les autres.
Il n y a ni a la face externe ni à la face interne ces deux grands
trous que l’on observe dans les crocodiles.
DE UICHTYOSAURUS. 465
Le dentaire, forme la face externe depuis la pointe jusque sous
le milieu de l’orbite,
L’operculaire, b , occupe le bord inférieur et la face interne pres-
que sur un espace égal, pénétrant dans la symphyse presque jusqu’à
la pointe.
L’angulaire, c, et le surangulaire, d , se partagent la face externe
à la partie postérieure.
C’est au surangulaire que l’apophyse coronoïde appartient, au
contraire des lézards, et conformément à ce qui a lieu dans le cro-
codile.
Cette apophyse coronoïde est petite et très-obtuse. '
Le complémentaire, e , est fort petit et relégué à la face interne,
aussi comme dans le crocodile.
L’articulaire est peu considérable, et sa plus grande étendue est
à la face interne , encore comme dans le crocodile.
Article IV.
De VOs hjoïde.
Jai’vu dans trois individus les deux cornes antérieures de l’os
hyoïde (autrement les os styloïdiens) en place, grandes, prismati-
ques, et aussi osseuses qu’aucun des autres os. J’ai même observé
entre elles, en avant, un disque osseux, plus large que long, échan-
cré en arrière, que je soupçonne d’être le corps de l’hyoïde. N’ayant
vu d ailleurs rien qui annonçât des arcs branchiaux , je dois croire
que notre animal respiroit 1 air élastique, et n’avoit ni des branchies
comme un poisson, ni des houpes branchiales comme une sirène ou
un axolotl.
Je n’ai rien aperçu cependant qui pût me paroître un reste de la-
rynx ou de trachée artère.
T. V, 26. P.
59
466
DE L’IGHTYOSAURÜS.
Article V.
Des Vertèbres et des Cotes.
§ I. Des vertèbres.
Le nombre des vertèbres est assez grand.
M. Gonybeare l’estime entre quatre-vingt et quatre-vingt-dix.
J’ai un individu quinepouvoit en avoir moins de quatre-vingt-quinze.
Celles que 1 on distingue dans le beau squelette de sir Everard Home
vont à soixante-douze au moins.
I
Autant Tichtyosaurus ressemble aux lézards par l’ostéologie de la
tête, autant il en diffère par les formes de ses vertèbres, et, sous ce
rapport, il se rapproche à la fois des poissons et des cétacés, ainsi que
1 a très- bien remarque sir Everard Home.
Il n’a point d’atlas ni d’axis d’une forme différente , mais toutes ses
vertèbres sont à peu près semblables, comme dans les poissons.
Elles ont toutes leur corps en forme de dame à jouer, c’est-à-dire
que le diamètre en est plus grand que l’axe, et même deux ou trois
fois. Elles ont toutes les deux faces de leur corps concaves, encore
comme dans les poissons,
La partie annulaire s’y attache de part et d’autre par une face un
peu âpre , qui prend toute la longueur de chaque côté du canal mé-
dullaire.
L adhérence devoit en etre foible, car cette partie annulaire est
presque toujours perdue.
Elle s elevoit en dessus en une apophyse épineuse comprimée , qui,
dans le commencement de l’épine , est à peu près de la hauteur du
corps. Ces apophyses, placées obliquement et presque aussi larges
que les corps, formoient sur cette partie de l’épine une crête presque
continue. Celle d’une vertèbre appuie sa base en arrière sur celle de
la vertebro qui la suit, et, pour cet effet, chacune de ces apophyses
DE L’ICHTYOSAURUS.
467
a en avant une proéminence horizontale qui passe sous celle qui la
précède.
Cette disposition tient lieu d’apophyses articulaires.
Les parties annulaires se rétrécissent vers la queue , leurs apophy-
ses epineuses y diminuent en tout sens, et leurs lames articulaires
aussL
II n’y a point d’apophyses transverses proprement dites, mais dans
un certain nombre de ces vertèbres , le corps a de chaque côté deux
tnbercules plus voisins de son bord postérieur que de l’antérieur.
Le plus élevé est contigu h la partie annulaire et convexe. C’est le
seul vestige d’apophyse transverse que l’on observe; il sert à l’ar-
ticulation du tubercule de la côte.
L’autre est un peu plus bas et légèrement concave. II reçoit la tête
de la côte. D’après l’observation de M. Conybeare que j’ai vérifiée
snr deux de mes morceaux , cette disposition des tubercules latéraux
se continue depuis la première jusqu’à la dix-septième ou la dix-hui-
tieme. Ensuite le tubercule supérieur cesse d’ètre contigu à la partie
annulaire, et se rapproche par degrés de Finférreure.
Je l’ai trouvé encore convexe, quoique fort descendu, à la trente-
quatrième vertèbre.
Je les vois encore distincts dans un de mes individus jusqu’à la
quarante-troisième vertèbre , et tout près du bassin. Ils sont alors
petits et concaves tous les deux ; mais il peut y avoir à cet égard des
différences entre les espèces , ou même entre les individus ; car
M. Conybeare les trouve déjà réduits à un seul à la quarantième ,
dans un des siens.
Après le bassin, les caudales n’ont de chaque côté qu’un seul tu-
bercule petit et concave , assez rapproché de la suture de la partie
annulaire.
Elles se rapetissent par degrés jusqu’au bout de la queue qui se
termine en pointe.
Lans les individus entiers, on a pu s’assurer que la queue est plus
courte que le tronc d’environ un quart de la longueur de celui-ci ,
et que la tête fait à peu près le quart de la longueur totale.
59"
468 DE L’ICHTYOSAURUS.
Ces proportions sont prises d’individus de petite dimension.
Les formes des vertèbres, comme celles des têtes, annoncent des
différences d’espèce.
Dans les individus de taille moyenne ou petite, tels que ceux que
j ai représentes, la longueur d avant en arrière du corps, dans les
vertèbres du tronc, est a peu près moitié de son diamètre transverse ,
mais il y en a de beaucoup plus niinces.
M. Conybeare a représenté et m’a communiqué des vertèbres ti-
rées de l’argile de Rimmeridge, dont la longueur ne faisoit pas le
tiers et à peine le quart du diamètre transverse.
J’en ai aussi de proportions intermédiaires.
On peut observer en outre qu il y en a dont le diamètre trans-
verse est moindre que le vertical, et d’autres où il est plus grand.
Leur grandeur absolue diffère encore davantage.
J’en ai de cinq pouces et demi (o,i5) de diamètre transverse j en
les comparant à celles d’un individu de quatre pieds de longueur,
elles en annoncent un de vingt-six.
Pour mieux faire sentir toutes les particularités qui distinguent les
vertèbres d’ichtyosaurus, nous avons représenté, fig. , pl. XXVIII,
les treizième, quatorzième, quinzième et seizième vertèbres de
notre squelette de 1/. tenuirostris , de grandeur naturelle. On voit
en a lès proéminences des apophyses épineuses qui servent d’apo-
physes articulaires; en b , le tubercule qui sert d’apophyse trans-
verse ; en c , celui qui reçoit la tête de la côte. La fig. 6 représente
la treizième vertèbre vue par sa face antérieure, et la fig. 8, la sei-
zième par sa face postérieure. La fig. q est une apophyse épineuse
tirée du squelette de 1 /. communis ^ ainsi que la fig, lo, qui vient
du groupe qui a fourni les occipitaux représentés pl. XXIX, fig. i
Les fig. Il et 12 sont de ces vertèbres courtes de l’argile de Rim-
meridge, et la fig. i3 montre la coupe de deux vertèbres, afin de
mieux faire sentir la concavité de leur corps et la figure des espaces
intermédiaires.
DE L’IGHTYOSAURUS.
469
§ II. Des côtes.
Les côtes sont fort grêles pour un si grand animal, non compri-
mées, mais plutôt triangulaires. Presque toutes sont bifurquées dans
le haut, et s’attachent à leurs vertèbres par une tête et une tubérosité
qui est plutôt un second pédicule, qu’une seconde tête.
Il y en avoit, comme dans les lézards, sans exception à toutes les
vertèbres, depuis la tête jusqu’au bassin, car on voit tout le long du
tronc des tubercules costaux aux vertèbres.
Peut-être les côtes du col et des lombes etoient-elles courtes, mais
celles de la plus grande partie du tronc étoient assez grandes pour
l’entourer dans presque toute sa demi-circonférence. Malheureuse-
ment je ne puis voir encore comment, dans mes fossiles, elles se rat-
tachoient en dessous, soit au sternum, soit entre elles, ou avec leurs
correspondantes 5 mais, d’après un morceau représenté par sir Eve-
rard Home dans les Transactions de 1819, pl. XIV, il paroît que la
plupart se réunissoient ainsi, c’est-à-dire celles de droite à celles de?
gauche , à la manière des caméléons et des anolis.
Article VI.
Des extrémités.
§ I. Du sternum et de t épaule.
\J épaule et le sternum de l’ichtyosaums sont disposés pour l’es-
sentiel comme dans les lézards.
Le sternum osseux, «, pl. XXX, dans presque toutes les figures,
se compose d’une tige impaire qui, en avant, porte une traverse
latérale comme un T majuscule, et qui ressemble par conséquent
pour l’essentiel à son analogue dans le monitor et l’ornithorynque.
Aux branches de ce T s’attachent, par une suture oblique, deux
clavicules, b, b , arquées et assez fortes.
470 de L’ICHTYOSAURUS.
Je n’ai vu nulle part aucune autre pièce sternale.
En arrière de ce ï , et en partie au-dessus de sa tige impaire , est
la ligne de rencontre de deux grands coracoïdiens, c, c, un peu taillés
en éveptail, très-larges à la ligne moyenne, un peu rétrécis vers leur
partie externe où ils vont se joindre aux omoplates.
L omoplate, d, est aussi un peu dilatée en éventail vers l’endroit
où elle s’unit au coracoïdieo; elle se rétrécit, en se courbant, pour
remonter vers le dos, et elle a à son bord antérieur une proéminence
pour donner appui à l’extrémité de la clavicule.
Pour mieux faire comprendre celte disposition , nous avons copié,
fîg. 6, à côté des figures prises de nos divers morceaux, d’après sir
Everard Home, le dessin qu’il donne de ces parties restituées.
\
§ II. De la nageoire antérieure.
I>ans la fosse que l’omoplate et le coracoïdien forment par leur
réunionsarticule un humérus, e, ib. , gros et court, renflé et arrondi
à sa tête supérieure, un peu plus mince dans son milieu, et enfin
aplati et dilaté pour porter les os de l’avant-bras.
Ces deux derniers, y’et^, sont larges, plats et réunis ensemble et
avec ceux qui les suivent, de manière à entrer véritablement dans la
composition de la nageoire: aussi plusieurs anatomistes ne les ont-ils
pas reconnus pour ce qu’ils étoient, et ont. cru que l’avant-bras man-
quoit aux ichtyosaurus. Il ne lui manque pas, mais réellement il
semble former le premier rang de son carpe..
Le second rang, ou le premier du carpe véritable, est formé de
trois os, et il lui en succédé deux de quatre chacun, tous plats,
anguleux et réunis en une espèce de pavé, comme il y en a déjà des
commencemens dans les salamandres et surtout dans les dauphins,
mais moins compliqués.
Le reste de la. nageoire est formé par des séries d’osselets, compa-
rables aussi aux phalanges du dauphin , mais encore plus nombreux
et plus serrés.
Tl y a cinq ou six de ces séries régnant tout du long, et devenant
DE L’ICHTYOSAURUS.
471
seulement un peu inégales vers le bout pour faire la pointe; et une
sixième ou septième , d’osselets plus ronds et plus petits , le long
d une partie du bord antérieur.
Dans les nageoires complètes, on compte dans chaque série jusqu’à
vingt osselets distincts , et il en reste encore plusieurs petits et en dé-
sordre vers l’extrémité.
Tous ces ossontplats, et leurs angless’ajustent en manière de pavé,
de façon qu’ils dévoient former, comme dans les cétacés, une na-
geoire dont les parties avoient très-peu de mouvement les unes sur
les autres, et n’offroient nulle division visible à l’extérieur.
§ III. Du bassin.
Je n’ai pas été aussi heureux pour le bassin que pour l’épaule, et
je vois que mes prédécesseurs ne l’ont pas même été autant que moi.
En général, le membre postérieur étoit plus petit, plus foible et moins
fortement attaché que 1 anterieur, puisqu’il s’est plus souvent perdu
ou mutilé.
Un de mes squelettes en a deux os, mais un peu mutilés : l’un plus
grêle, s’aplatissant en avant; l’autre plus gros, triangulaire dans le
bas , et aussi un peu plus comprimé dans le haut. Articulés ensemble
par leurs deux extrémités, ils interceptent un trou de forme ellip-
tique allongée : je soupçonne qu’ils sont le pubis et l’ischion. Leur
extrémité postérieure est tronquée , âpre , et coucouroit à la fosse
cotyloïde, probablement avec un os des îles qui s’est perdu, mais
dont je crois trouver un reste dans un autre squelette. La fig. i4
représente le bassin et la nageoire postérieure de notre petit sque-
lette aux deux tiers de leur grandeur naturelle , pour en mieux faire
sentir la forme, et la fig. i5, le bassin et le fémur du grand squelette,
également aux deux tiers.
472
DE L’ICHTYOSAURUS.
§ IV. De la nageoire postérieure.
Le fémur est plus petit et plus court que l’humérus, mais il lui res-
semble un peu pour la forme, étant de même triangulaire dans le
haut et comprimé dans le bas.
Il porte de son bord inférieur les deux os du tibia et du péroné, qui
sont, comme ceux de l’avant-bras, aplatis et presque confondus avec
le reste de la nageoire.
Après eux, il vient un rang de trois os, puis un de cinq, et cinq
rangées d’os qui rapetissent de plus en plus à mesure qu’ils appro-
chent de la pointe de la nageoire.
Je ne puis compter exactement ces petits osselets, qui sont plus ou
moins dérangés dans tous mes échantillons , mais ils sont à peu près
aussi nombreux que dans la nageoire de devant et disposés de même.
Article VII.
Résumé général.
Ainsi nous possédons le squelette de l’ichtyosaurus dans toutes
ses parties , et si l’on excepte la forme de ses écailles et les nuances
de ses couleurs , rien ne nous empêche de nous représenter complè-
tement cet animal.
C’étoit un reptile à queue médiocre et à long museau pointu, armé
de dents aiguës; deux yeux d’une grosseur énorme devoiént donner
à sa tête un aspect tout-à-fait extraordinaire, et lui faciliter la vision
pendant la nuit. Il n’avoit probablement aucune oreille extérieure , et
la peau passoit sur le tympanique, comme dans le caméléon, la sala-
mandre ou le pipa, sans même s’y amincir.
Il respiroit l’air en nature, et non pas l’eau comme les poissons;
ainsi il devoit revenir souvent à la surface de l’eau. Néanmoins ses
membres courts, plats, non divisés, ne lui permettoient que de na-
ger, et il y a grande apparence qu’il ne pouvoit pas même ramper
DE L’ICHTYOSAURIJS. 473
sur le rivage autant que les phoques; mais que s’il avoit le malheur
d’y échouer, il y demeuroit immobile comme les baleines et les dau-
phins. Il vivoit dans une mer, où habitoient avec lui les mollusques
qui nous ont laissé les cornes d’ammon , et qui , selon toutes les ap-
parences, étoient des espèces de sèches ou de poulpes qui portoient
dans leur intérieur ( comme aujourd’hui le nautilus spirula) ces co-
quilles spirales et si singulièrement chambrées; des térébratules, di-
verses espèces d’huîtres abondoient aussi dans cette mer, et plusieurs
sortes de crocodiles en fréquentoient les rivages, si même ils ne l’ha-
bitoient conjointement avec les ichtyosaurus.
On peut assigner avec précision , du moins dans l’espèce à museau
grêle (/. tenuirostris) , les proportions de ses parties. Sur une longueur
totale de trois pieds et demi, qui est celle de mon petit squelette,
la tête et la queue eu prennent chacune un pied, et il reste un pied
et demi pour le tronc, aux deux extrémités duquel sont les nageoires,
car c’est à peine si l’on peut dire qu’il y ait eu un col. La nageoire
anterieure ( en comptant l’humérus) étoit longue de sept pouces et
demi , Sur une largeur de près de trois pouces. Ija nageoire posté-
rieure étoit un peu moindre et en largeur et en longueur.
Ma grande tête d’/. communis devoir avoir au moins deux pieds
et demi de longueur; ainsi elle annonce un individu long de neuf
pieds ou à peu près.
Je vois cependant qu’on ri’a pas laissé de rapporter à cette espèce
un squelette découvert par mademoiselle Marie Anning sur la côte
du Dorset-Shire , quoiqu’il n’eùt que cinq pieds. En effet, parmi les
reptiles , la taille peut varier aisément du double au simple , sans que
les dents indiquent l’âge.
Mais il y a de bien plus grands ichtyosaurus, surtout dans l’espèce
du platjodon. Mademoiselle Anning en a , dit-on , aussi découvert
un squelette long de vingt pieds.
M. Johnson en possède un crâne dont la largeur en arrière est de
Jeux pieds six pouces anglais, et le diamètre longitudinal de quatorze
pouces; et j’ai des vertèbres de six pouces de diamètre, qui, compa-
ï^ées à celles de mon petit squelette dont le diamètre n’est que d’un
T, V, ae. P. 60
474 L’ICHTYOSAURUS.
pouce, peuvent avoir appartenu à des individus de vingt et un pieds.
M. le docteur Davis , médecin de Bath , m’a envoyé le dessin
d’une de ces vertèbres, trouvée près de cette ville dans l’oolite, et
qui a près de sept pouces.
J’ai des portions de nageoires de Newcastle qui annoncent aussi
des individus de très-grande taille.
Cette espece d ichtyosaurus ne demeuroit donc pas beaucoup au-
dessous du mosasaurus de Maestricht, dont nous avons calculé la
longueur à vingt-cinq pieds.
M. GottheTf de Fischer a décrit sous le nom de dent d’ichtyo-
saurus une dent conique trouvée aux bords de VOcca^ de dix-neuf
pouces de long sur sept pouces de largeur à sa base, qui est creusée
d une fosse conique d environ sept pouces de profondeur. Ce seroit
bien le plus immense de tous, mais j’ai tout lieu de croire que ce
n’est qu’une défense d’éléphant ; j’en ai d’à peu près semblables de
Sibérie, et je suis convaincu que l’examen de son tissu confirmera ma
conjecture.
DU PLÉSIOSAURUS.
4?5
SECTION IL
D U Plèsiosaurv s.
Ce genre est encore tout anglais, et entièrement du à la sagacité
de M. Conyheare. Des vertèbres mêlées à celles de crocodile et
d’ichtyosaurus dans le lias des environs de Pristol , comme nous
verrons que nous en avons dans celui de Hojifleur , lui parurent
différer des unes et des autres. Une portion considérable de squelette
de la collection du colonel le confirma dans ses idées sur
l’espèce dont provenoient ces débris 5 il ajouta, pour les completel ,
quelques os d’extrémités trouvés avec ces vertèbres, et il fit con-
noître les caractères du nouvel animal en 1821 , dans un mémoire
qui lui est commun avec M. de Labêclie, et qui a été inséré dans
le t. Vme. ^jre. série) de la Société géologique de Londres.
Cependant la tête manquoit encore 5 mais ayant continué ses re-
cherches de concert avec M. de Labêche , et profitant toujours des
acquisitions de M. Birch, M. Conybeare se vit en état l’année sui-
vante de faire connoître une tête assez entière , bien qu’un peu écra-
sée, et une grande mâchoire inférieure qu’il crut devoir rapporter a
cette espèce. Il y ajouta encore plusieurs os. Ce second mémoire est
dans le 1er. vol. de la a®, série de la Société géologique.
Enfin cette année même 1824? au mois de janvier, un squelette
presque entier trouvé à Ljme-Regis , vint confirmer ou rectifier les
conjectures faites sur les parties que l’on avoit; mais il apprit une
particularité toute nouvelle, et que l’on étoitloin de soupçonner;
c’est que le cou de cet animal étoit d’une longueur démesurée, et
composé de beaucoup plus de vertèbres qu’il ne s’en voit même
dans les oiseaux qui en ont le plus , et particulièrement dans le
cigne, qui surpasse à cet égard tous les autres animaux.
60^
4?^ DU PLÉSIOSAURUS.
Ce morceau étonnant a été acquis par le duc de Buckingham, et
mis à la disposition de la Société géologique. M. Conybeare a bien
voulu m’envoyer, même avant sa publication, le mémoire où il l’a
décrit et les figures que M. Webster en a faites, en sorte que c’est
par cet habitant de l’ancien monde, peut-être le plus hétéroclite, et
celui de tous qui paroît le plus mériter le nom de monstre, que je
terminerai celte histoire des animaux perdus.
Le nom de plésios auras , imaginé par M. Conybeare, signifie
voisin des lézards , parce qu’il le trouve plus semblable aux ani-
maux de ce genre que V ichtyosaurus.
Ayant examiné de nouveau, d’après ces mémoires de M. Cony-
beare, plusieurs vertèbres et quelques autres ossemens de Honfleur
sur lesquels j’avois déjà précédemment porté mon attention, et
que je me proposois de décrire comme venant d’un saurien inconnu,
je me suis convaincu que ce sont des débris de plésiosaurus ; ainsi il
n est pas douteux que cet animal se trouve aussi dans nos couches
de deçà la Manche , et qu’il y accompagne , comme en Angleterre ,
I ichtyosaurus et des crocodiles de diverses sortes. J’en ai même de
1 inteiieur de la brance, de \jduxois, cest-à-dire des environs
d -Auxonne , departement de la Côte-d’Or. Il s’en trouve aussi dans
1 intérieur de 1 Angleterre , et fort loin de Lyme , car M. Brongniart
in en a communique qui viennent de Newcastle , dans le Northum-
berland , ce lieu si célèbre par ses mines de houille.
Ce superbe morceau de lyme, dont «ons copions la figure,
pl. XXXI , fîg. 1 , se compose de plusieurs pierres qui se rapportent
bien 1 une à. 1 autre 5 tout au plus pourroit— il y avoir quelque doute
a 1 endroit le plus étroit, vers la base du cou; mais ce cou ne dût-il
pas provenir du meme individu, n’en seroit pas moins un cou très-
extraordinaire par son allongement et provenant de la même
espèce.
L animal est couché sur le ventre, et sa longueur, dans l’état où
on le voit, est de neuf pieds six pouces anglais (trois mètres à peu
près ) depuis le bout du museau jusqu’à l’extrémité de la queue.
La tête est en avant, avec six vertèbres, en série continue ; puis
I
DU PLÉSIOSAURUS. 477
viennent quatre vertèbres un peu déplacées 5 mais la série reprend,
et offre dix-huit vertèbres dans leur ordre naturel. On en voit ensuite
douze, plus ou moins dérangées, dont quelques-unes peuvent déjà
appartenir au dos. Les six suivantes sont à peu près en place , et mas-
quent l’appareil huméro-sternal situé sous elles j il en vient ensuite
deux en travers , puis trois jetées assez loin de leur position naturelle.
Le reste des vertèbres du dos, jusqu’au bassin, au nombre de onze,
est bien en série, mais tout-à- fait hors de la direction de l’épine, et
jeté sur le côté gauche, ce qui a permis de voir l’arrangement des
côtes abdominales. Le bassin se trouve aussi en grande partie à dé-
couvert. En arrière du bassin, on compte vingt-cinq vertebres , for-
mant la queue, à peu près en ligne, excepté la sixième et la sep-
tième , et munies encore en grande partie de leurs osselets en
chevron.
Il y a des restes assez entiers des quatre membres j 1 anterieur du
côté droit et le postérieur du côté gauche ne laissent presque rien
à désirer pour une description complète.
Ces vertèbres, qui ont commencé à faire distinguer le plésiosau-
rus, se reconnoissent aisément par deux petites fossettes ovales
qu’elles ont toutes à leur face inférieure, et par les faces de leur
corps, à peine légèrement concaves , et dont le milieu redevient
même un peu convexe.
En général aussi, et en exceptant seulement une partie de celles
du cou, leur diamètre transverse est plus grand que leur axe, bien
que la différence soit moindre que dans l’ichtyosaurus j leur partie
annulaire s’articule avec leur corps par une suture, et s’en détache
facilement J elle a dans presque toutes une apophyse épineuse assez
élevée, et des apophyses articulaires dont les postérieures sont plus
hautes que les antérieures, et appuient leurs facettes à peu près ho-
rizontalement sur les antérieures de la vertèbre suivante.
Quant aux apophyses transverses et autres proéminences, elles
varient selon la place qu’occupe la vertèbre.
D’après les premières observations de M. Gonybeare , il lui avoit
paru qu’au moins quarante-six de ces vertèbres faisoient partie du
478 DU PLÉSIOSAURUS.
cou et du dos; mais nous verrons bientôt qu’il y en a un beaucoup
plus grand nombre.
Les antérieures sont un peu plus longues que les autres.
Elles ont pour toute inégalité latérale , de chaque côté , deux fosses
peu profondes, très-rapprochées l’une de l’autre , placées assez bas,
et qui donnent insertion aux deux tubercules d’une petite côte cer-
vicale.
Entre ces fosses et à la face inférieure sont les deux petites fos-
settes ou les deux trous qui caractérisent toutes les vertèbres de plé-
siosaurus, et les cervicales comme les autres. A mesure qu’on se
porte à des vertèbres situées plus en arrière , ou voit ces fossettes se
rapprocher, se confondre, la portion de la vertèbre où elles sont
cieusees devenir un peu saillante , prendre une figure verticalement
plus oblongue, et remonter, par degré, de manière à appartenir en
partie à la portion annulaire de la vertèbre, et non pas seulement
au corps.
La proéminence latérale se change ainsi, petit à petit, en une vé-
ritable apophyse transverse.
Dans les vertèbres qui suivent, cette apophyse est assez grande ,
obliquement dirigée vers le haut, et elle appartient entièrement à la
partie annulaire, en sorte que quand cette partie est tombée, il ne
reste plus sur le corps de la vertèbre aucune trace d’apophyse.
Les vertèbres de. la queue se distinguent, comme à l’ordinaire,
parles petites facettes qu’elles ont en dessous pour les os en chevron.
Ces os , dans le plésiosaurus comme dans le crocodile , sont arti-
culés sous la jointure de deux vertèbres, de façon qu’il y a deux fa-
cettes pour chacune de leurs branches, et que chaque vertèbre a
elle-même quatre facettes, deux à son bord antérieur, et deux au
postérieur.
Ces vertebres caudales ont aussi deux apophyses transverses, les-
quelles, comme dans les jeunes crocodiles, s’attachent par une suture
dont 1 empreinte reste visible au corps de la vertèbre, au-dessous de
la suture qui y joint la partie annulaire.
Plus on se porte en arrière sur la queue, plus ces apophyses di-
DU PLÉSIOSAURUS. 479
minuent de longueur et de grosseur, et les marques laissées par leurs
sutures diminuent à proportion.
Ces formes des vertèbres du plésiosaurus , quelque particulières
qu’elles soient, et malgré le peu de longueur de leur axe, ressem-
blent incontestablement à celles des crocodiles , et spécialement de
certains crocodiles fossiles , tels que celui de Caen et le deuxième de
Honfleur , beaucoup plus qu’à celles des ic7ityosaurus et même des lé-
zards; ainsi M. Gonybeare a eu raison de considérer le plésiosaurus
comme se rapprochant à plusieurs égards des crocodiles, en même
temps que par ses membres il tient de près à l’ichtyosaurus.
11 s’agissoit de savoir combien cet animal a de vertebres dans cha-
cune des portions de son épine ; et c’est sur quoi l’on n auroit ,
comme je l’ai dit, jamais pu deviner la vérité sans la decouverte sur-
prenante de ce squelette dont je viens de parler.
M. Gonybeare avoit seulement calculé, d’après ses premières le-
cherches, qu’il pouvoit y en avoir dans le cou et dans le dos un total
de quarante-six, ce qui surpassoit déjà beaucoup tous les sauriens
connus, et même l’ichtyosaurus.
Le squelette de Ijyme en montre en place trente-cinq évidem-
ment cervicales, et ne portant que de petites côtes articulées par
deux tubercules et terminées en forme de hache, à peu près comme
les petites côtes cervicales du crocodile; puis il en vient six dont les
petites côtes s’allongent, et prennent par degrés la forme des côtes
dorsales. Les vertèbres du dos et des lombes y sont un peu en des-
ordre , en sorte qu’on ne peut dire si leur nombre est complet. On
en compte vingt et une.
Il y a ensuite vingt-trois vertèbres caudales, et il paroît en man-
quer trois vers le bout, ce qui en porteroit le nombre à vingt-six.
C’est quatre-vingt-huit vertèbres en tout, et M. Gonybeare ajoutant
deux vertèbres sacrées en compte quatre-vingt-dix.
En avant de cette série de vertèbres est, dans ce squelette, une
tète si petite , qu’en la prenant pour unité , le cou a cinq fois sa lon-
gueur, et que le tronc paroît l’avoir quatre fois et la queue trois;
sinsi la tête ne feroit qu’un treizième du total , et même en exami-
48o DU PLÉSIOSAURUS.
liant 1 état du tronc et la longueur que devroient occuper les vertè-
bres qui lui appartenoient si elles étoient en ligne , j’ai lieu de croire
que l’épaule et le bassin ont été rapprochés et les côtes un peu mê-
lées, en sorte que le tronc doit avoir été un peu plus long qu’il ne
le paroît.
Il n’en reste pas moins certain que le plésiosaurus dans l’état de
vie devoit offrir un véritable cou de serpent porté sur un tronc dont
les proportions differoient peu de celles d’un quadrupède ordinaire;
la queue surtout, par sa brièveté, ne devoit point rappeler celle
des reptiles, et cet animal devoit montrer une forme d’autant plus
insolite , que ses extrémités , comme cèlles de Pichtyosaurus, étoient
de véritables nageoires semblables à celles des cétacés.
Dans le dos, ou dans sa plus grande partie , les côtes n’ont qu’une
tête , ou du moins le nombre de celles qui auroient eu en outre un
tubercule doit avoir été bien petit. Cette tête de côte s’articule avec
l’extrémité de l’apophyse transverse, que je trouve tantôt concave,
tantôt convexe, sans que je puisse bien assigner la place des vertè^-
bres qui ont ces deux conformations. Dans les groupes que j’ai sous
les yeux , près des vertèbres où le bout de l’apophyse transverse est
convexe , je trouve des côtes dont la tête est concave , et récipro-
quement.
Ces cotes, dans la plus grande partie du dos, paroissent avoir été
composées chacune de deux parties , une vertébrale et une ventrale ,
et on juge par le squelette de Lyme, que la partie ventrale d’une
côte s’unissoit à celle de la côte opposée par une traverse intermé-
diaire; de manière que chaque paire de côtes (les sternales, s’il y
en avoit, exceptées) entouroit l’abdomen par une ceinture com-
plète , et que cette ceinture était composée de cinq pièces : les camé-
léons;'les marbrés et les anolis ont aussi le ventre entouré par des
cercles complets , ce qui pourroit nous faire conjecturer que les
poumons du plésiosaurus, comme ceux de ces trois sous-genres,
etoientfort étendus, et même peut-être, qu’à moins qu’il n’ait eu des
écailles fort épaisses, il changeoit comme eux la couleur de sa peau
selon qu’il faisoit des inspirations plus ou moins fortes.
Dü PLÉSIOSAURUS. 4^1
M. Conybeare, dans son dessin restauré du plésiosaurus (que nous
copions pi. XXXII, fig. i), fait commencer les côtes simples et non
terminées en fer de hache àla trente-septième vertèbre j il en marque
septdechacjue côté, qui vont en grandissant, mais sans avoir de partie
ventrale^ ensuite il eri dessine quatorze avec cette partie ventrale 5 puis
trois qui en manquent; et plus en arrière, il place quatre vertèbres
lombaires sans côtes. Peut-être , d’après l’état du squelette, a-t-il été
obligé, ])our établir ces nombi'es , de recourir à des conjectures;
mais les erreurs qui pourroient s’être glissées dans cette partie de
ses déterminations ne seroient pas d’une grande importance.
L appareil huraéro-slernal avoit été en grande partie rétabli par
M. Conybeare dès son premier mémoire (voyez pl. XXXII, fig. 2)-
Ce qu’il a de plus marqué, c’est l’os coracoïdien, a, qui se dilate
en éventail plus que dans aucun autre saurien , et de manière que sa
dimension, d’avant en arrière, est presque triple de la transverse.
Son bord antérieur ne paroît pas avoir eu les échancrures que l’on
y remarque dans la plupart des sauriens, et il manque aussi du trou
qui se voit ordinairement dans le disque. J’ai dans mes morceaux
de Uonfleur des fraginens de cet os qui me paioissent bien justifier
Ja restauration que M, Conybeare en a faite.
L’omoplate , b , dans les dessins de ce géologiste, paroît longue,
étmite, relevée d’une crête peu saillante, et divisée transversale-
ment en deux parties; et il place en avant, d’une omoplate à l’autre,
une branche transversale, c, en forme de croissant, dont la con-
vexité, dirigée en arrière, s’uniroit aux extrémités antérieures des
deux coracoïdiens.
M. Conybeare nomme cette pièce transversale sternum, et ne lui
donne point d’apophyse longitudinale, en sorte que les deux cora-
coïdiens s’uniroient par la presque totalité de leur bord interne.
Sous ce dernier rapport, il n’y a point de difficulté à faire; mais
j’avoue que j’ai peine à croire que l’omoplate puisse, au lieu de se
diriger vers l’épine, se porter ainsi en avant pour s’unir au sternum;
je supposerois plutôt qu’on n’a pas encore ces parties en assez bon
état pour les rétablir, et je le pense d’autant plus volontiers, que,
T. V, 2e, P. 61
48a DU PLÉSIOSAURUS.
dans le squelette de Lyme , elles sont masquées par des vertèbres
et des portions de côtes.
Ce squelette montre le bassin mieux à découvert.
II paroît que sa partie ventrale , composée des pubis et des ischions ,
a et b, fîg. 3, ressembloit un peu à celle des tortues de terre, c’est-à-
dire que les pubis se joignoient l’un à l’autre, et les ischions l’un à
1 autre par une symphyse, et que l’extrémité postérieure des pre-
miers se joignoit à l’antérieure des seconds, de manière à faire au
total une suture en forme de croix , et à laisser de chaque côté un
trou rond analogue au trou ovalaire de l’homme et de la plupart des
mammifères.
Dans le plus grand nombre des reptiles, cette union d’une paire
d os avec I autre n’a pas lieu , et les deux trous ovalaires s’unissent
dans le squelette en une grande ouverture commune.
Le pubis paroît avoir été plus grand, et surtout plus large vers la
fosse cotyloïde que l’ischion. Celui-ci est élargi en éventail.
L os des îles, dont il ne reste qu’un, et déplacé, étoit étroit et peu
volumineux.
Les extrémités du plésiosaurus sont plus allongées cjue celles de
1 ichtyosaurus , et ses mains et ses pieds forment des nageoires plus
pointues.
L’humérus et le fémur sont d’abord cylindriques, terminés dans
le haut par une tête convexe sans col ni tubérosités; aplatis et élargis
dans le bas. Cependant l’humérus se distingue du fémur parce qu’il
est plus aplati vers le bas, et que son bord externe forme une courbe
plus concave.
Les os de 1 avant-bras et ceux de la jambe sont courts et larges,
et presque semblables dans les deux membres': l’un des deux plus
épais, rétréci dans son milieu; l’autre aplati, et le bord externe un
peu eu arc de cercle. Dans la jambe , cet os plat représente le péroné,
et il y est un peu échancré à ce bord externe ; dans l’avant-bras , il
représente le radius.
On voit ensuite quelques os plats et ronds qui représentent le
carpe et le tarse.
DU PLÉSIOSAURUS. 488
Au carpe, il y en a quatre au premier rang, dont un, un peu en
dehors, est le pisiforme j trois au second. Au tarse, il semble n’y en
avoir en tout que six, dont deux plus grands représentent probable-
ment l’astragale et le calcanéum des lézards.
Tout le reste de la nageoire est formé par les métatarsiens et les
phalanges, bien sensiblement disposés en cinq séries longitudinales
qui représentent les cinq doigts; mais les phalanges, comme dans la
nageoire des baleines, y sont en bien plus grand nombre qu’à l’ordi-
naire.
11 y en a au moins sept dans le deuxième et le troisième des doigts
de devant, qui sont les plus longs; et au moins dix au troisième de
derrière ; mais les nombres positifs sont difficiles à constater , parce
qu il peut s etre perdu quelque petite phalange, surtout aux doigts
latéraux. Le plus court paroît avoir été le pouce , qui semble n’avoir
eu que quatre ou cinq articulations, y compris son métacarpien ou
son métatarsien.
Voici le tableau que donne de ces nombres M. Conybeare, qui
a le squelette sous les yeux.
Pied de devant. Pied de derrière,
4 phalanges 4 phalanges.
7 8
7 et il en manque lo et il en manque.
6 et il en manque. ...... g et il en manque.
7
fous ces petits os se joignent par synchondrose, comme dans les
cétacés , plutôt que par des articulations à mouvement tout-à-fait
libre. Ils sont tous un peu aplatis, tronqués et dilatés aux bouts, et
rétrécis au milieu. Les derniers se terminent en pointe obtu.se.
Dans cet individu de trois mètres, qui a fourni le squelette de
Lyme, le membre antérieur, à prendre depuis la tête de l’humérus
jusqu au bout du plus long doigt, étoit d’à peu près vingt-trois
pouces anglais ou o,585. Le postérieur avoit 2 pieds ou 0,61. Ainsi
ïls dépasseroient peu le sixième de la longueur totale.
Ces formes et ces proportions sont en partie confirmées par un
61*^
Pouce
Deuxième doigt.
Troisième doigt.
Quatrième doigt.
Cinquième doigt,
484 DU PLÉSIOSAURUS.
squelette moins complet, découvert à Lyme par le capitaine Wu-
i'ing, et dont mademoiselle Moreland a bien voulu nous envoyer un
dessin, que nous donnons fig. 2 , pl. XXXI.
La tête est jusqu à présent ce que l’on connoît le moins bien dans
le plésiosaurus.
Néanmoins, dans ce qu’on en possède, c’est une tête de lézard ,
mais avec quelques caractères d’ichtyosaurus et de crocodiles.
Nous donnons, pl. XXXI, fig. 3 et 4, des cojDies de la première
tête qu’avoit représentée M. Gonybeare.
Le museau de longueur médiocre , la forme du pariétal , a, la
disposition des os qui entourent l’orbite, b , et la fosse temporale,
c, rappellent l’iguane ; mais les dents adhèrent dans des alvéoles dis-
tincts, comme dans le crocodile, et M. Gonybeare, qui a l’original
sous les yeux , croit que la narine est près du bord anterieui' de
l’orbite, comme dans lichtyosaurus.
Un petit bout du museau, que nous devons à la complaisance de
M. Buckland, ne nous a en eûet montré aucune trace d’ouverture
nasale; ainsi il sembleroit que dans ces deux genres de reptiles,
comme dans les cétacés, dont ils se rapprochoient à tant d’autres
égards, les narines étoient remontées vers le haut de la tête.
Ijes dents du plésiosaurus sont grêles, pointues, un peu arquées,
et cannelées longitudinalement : elles sont inégales. Les antérieures
d’en bas et les postérieures d’en haut sont plus grosses et plus lon-
gues que les autres; le nombre en est difficile h fixer pour les supé-
rieures d’après les matériaux dont on dispose; mais pour les infé-
rieures, M. Gonybeare a représenté , dans son deuxième mémoire,
des os dentaires entiers, dont il a bien voulu m’envoyer un moule,
et que je donne pl. XXXI, fig. 5, où l’on voit de chaque côté vingt-
sept alvéoles. Les six premiers de chaque côté sont Tes plus grands,
et la mâchoire est renflée dans cette partie, qui fait à peu près le
tiers de la longueur de l’os.
Ges os dentaires fournissent en outre des notions sur la taille que
le plésiosaurus peut atteindre.
Leur longueur est de o,/|3, ce qui, pour la mâchoire entière, ne;
DU PLÉSIOSAURUS. 485
pouvoit guère donner moins de o,']5 ou o,8. Or la mâchoire du sque-
lette de Lyme, qui a trois mètres, nest longue que de o,23.
Ainsi ce grand os dentaire ne pouvoit provenir d\m individu de
moins de neuf mètres.
Plusieurs de mes os de Honfleur s’approchent un peu de cette
grandeur.
J'ai, par exemple , des dorsales , lig. 6 et 7 , dont le corps a 0,8 de
diamètre, et celles de Lyme n’ont que o,5.
Un os pubis, fig. 8, a, d’avant en arrière , 0,24, et celui de Lyme
ne me paroît pas avoir plus de 0,1 1.
J’ai vu aussi et dessiné au Muséum britannique des humérus et
des fémurs de ce genre qui annonçoient une grande taille.
Il y a,, par exemple, un fémur de o,25 de longueur, et celui du
squelette de Lyme n’a que 0,17.
J’y ai observé aussi des vertèbres cervicales longues de o,o55 , et
celles de Lyme ne paroissent guère que de o,o36.
Mais peut-être mes morceaux, et même les os dentaires de M. Co-
nybeare, sont-ils d’une autre espèce que le squelette.
11 y a en effet plusieurs espèces de plesiosaurus comme d ichtyo-
saurus.
M. Conybeare en a déjà caractérisé une d’après des vertèbres
trouvées dans l’argile de Rimmeridge près de Weymouth,dans le
comté de Dorset.
Elles sont beaucoup plus courtes d’avant en arrière que celles du
plésiosaurus ordinaire, et aussi plates que des dames à jouer ou que
des vertèbres d’ichtyosaurus, bien que leurs faces ne soient pas si
concaves. On les reeonnott à leurs sutures, à leurs facettes et sur-
tout aux deux petits trous de leur face inférieure.
M. Conybeare nomme l’espèce qui a fourni le squelette de Lyme,
plésiosaurus dolichodeirus ou à long cou, et celle dont provien-
nent les vertèbres de Kimmeridge , plesiosaurus ixcentior.
Mais il en existe encore d’autres espèces. J’ai reçu de M. Bâillon
une vertèbre cervicale qui a été trouvée près de Boulogne, et à ce
qu’il paroît, d’après ce qui reste de sa gangue, dans de l’oolithe.
486 DU PLÉSIOSAURUS.
Elle se distingue par une arête longitudinale mousse de sa face infé-
rieure entre les deux petits trous , et ne peut manquer de venir d’une
espèce différente des deux premières, et que, sur ce caractère le
seul que je conuoisse encore , je nommerai provisoirement
sawus carinatus.
J’en ai d’autres dé Honfleur , également cervicales, mais plus
longues à proportion , et plus plates en dessous que leurs corres-
pondantes de Lymej cependant, comme il paroît que ces dernières
s allongent un peu vers le milieu du cou, je ne veux point insister
sur cette différence.
Mais je ne puis m’empêcher de regarder comme venant d’une es-
pèce à part celles que j’ai de V Auxois. Elles sont de la queue. Leur
corps est non pas cylindrique, mais exactement pentagonal.
Une conclusion toute semblable me paroît devoir être prise rela
tivement à une vertèbre de la côte du Calvados qui m’a été donnée
par M. Lamouroux,
Elle est triangulaire, comme quelques-unes de celles de l’animal
de Maestricht, c’est-à-dire plate et large en dessous, s’amincissant
vers le haut, et donnant, des côtés de sa face inférieure, ses apo-
physes transverses.
Je nommerai les espèces auxquelles je rapporte ces deux sortes
de \eTlèhves,plesiosauruspentag07ius et trigonus^ mais il est bien
convenu que ces dénominations pourront être changées si l’on vient
a reconnoitre des caractères plus apparens, ou. même s’il se trouve
en définitive que ces vertèbres diffèrent seulement en raison de la
place qu’elles occupent dans l’épine.
Je pense que c’est à l’une ou à l’autre de ces espèces que sera
rapporte un jour I os décrit et représenté par sir Everard Home,
ans es ransactions de i8i8. C’est uu humérus de plésiosaurus ,
mais il ne ressemble pas entièrement à ceux du squelette de Lyme.
ye qu’,1 est impossible de ne pas reconnoitre comme une vérité
esoi mais constante, c est cette multitude, cette grandeur et cette
variété surprenante des reptiles qui habitoient les mers ou qui cou-
vroient la surface du globe à cette époque antique où se sont dépov
DU PLÉSIOSAURUS. 487
sées les couches vulgairement désignées par le nom beaucoup trop
restreint de terrains du J ura ; dans des lieux et des pays immenses où
non-seulement rhomme n’existoit pas, mais où, s’il y avoit des mam-
mifères, ils étoient tellement rares, qu’à peine peut-on en citer un
ou deux petits fragmens.
Cette variété, celte grandeur, ce nombre sont encore annoncés
indépendamment des morceaux indéterminés dont j’ai parlé à l’ar-
ticle du mégalosaurus, par plusieurs de ceux qu’a recueillis M. Co-
nybeare, et qu’il croyoit d’abord appartenir au plésiosaurus , mais
qui n’ont pas leurs représentans dans le squelette de Lyrae.
On voit par exemple dans son mémoire , pl. XXI, une por-
tion de mâchoire inférieure et un os c|ui me semble un os des îiesÿ
pl. XXII, encore deux autres os qui me paroissent venir de dilFérens
bassins (i).
Le temps complétera les êtres dont ces débris font encore con-
jecturer 1 ancienne existence; et, d’après l’ardeur avec lacjuelle on se
livré maintenant de tous côtés à ces sortes de recherches, ce temps
ne sera pas bien long.
Je ne doute pas cju’à mesure que l’on achèvera ainsi les décou-
vertes déjà commencées , des découvertes nouvelles ne se multi-
plient, et que, dans quelques années peut-être , je ne sois réduit à
dire que l’ouvrage cjue je termine aujourd’hui, et auquel j’ai con-
sacré tantde travail, ne sera qu’un léger aperçu, qu’un premier coup
d’œil jeté sur ces immenses créations des anciens temps.
(1) On peut se faire une idée assez juste des deux genres de reptiles que nous venons de
décrire, par l’inspection de la pl. XXXII , copiée du mémoire de M. Conybeare , où l’ou
''oit leurs figures restituées. La fig. i représente le squelette de plésiosaurus dolichodeirus ;
%.a , son sternum; fig. 3, son bassin ; fig. 4) deux de ses côtes; fig. 5, une de ses vertè-
bres cervicales. La fig. 6 représente le squelette de V tcluj-osaiirus conmmnis , dont nous
avons un peu changé la direction de la tête , afin de laisser voir les trous pariétaux ; et la
^S- 7 sst une restitution du sternum et de l’épaule de ce même iclilyosaurus.
ADDITIONS ET CORRECTIONS
A TOUT L’OUVRAGE.
O. pourroit composer des volumes presque aussi nombreux que
les nôtres, si l’on vouloit spécifier et décrire tous les ossemens fos-
siles mis au jour depuis que nous avons commencé notre publica-
tion. Obligés de nous restreindre, nous allons faire un choix des
objets les plus intéressans, surtout de ceux qui ajoutent quelque
chose -à la connoissance des genres ou des espèces,
les Ossemens fossiles d’ Hommes,
Addition aux pages LXIV et suivantes du 1er. volume.
J’ai dit que les os humains, regardés comme fossiles, étoient dans
des terrains meubles et récents, ou dans des fentes ou anciennes
galeries de mines, ou enfin dans des stalactites ^ mais qu’il n’en exis-
toit point dans des lits réguliers, pas même dans ces couches meubles
qui recèlent les os des éléphans, des rhinocéros et des hippopotames.
M. d' Hombre-Firmas , maire d’Alais, a adressé à l’Académie des
Sciences un mémoire fort intéressant sur une caverne des environs
de Hin'j'ort près AAlais, connue dans le pays sous le nom de
Baume (ou grotte) des Morts , et où beaucoup de squelettes hu-
mains sont incrustés de stalagmite. L’abbé Dicjuemare en avoit déjà
décrit une semblable des environs du Havre dans le Journal de
Physique de 1779, t. II, p. 3o2.
Ce sont des dépôts où l’on a jeté dans des circonstances urgentes,
tels c[u un jour de bataille , un grand nombre de corps.
Nous avons fait connoître nous-mêmes, t. IV, p. 193, une portion
T. V, 2e. p. 62
ADDITIONS
-49''^
de mâchoire d’homme trouvée dans les fentes qui sont remplies par
les brèches osseuses de Nice ; mais nous avons fait remarquer
qu’elle n’étoit enduite que d’une croûte légère de stalactite , et ne
paroissoit avoir adhéré par aucun côté à la masse de brèche.
M. Buckland, qui a vu en situation un squelette de femme et plu-
sieurs ouvrages d’art dans la grotte de Paviland, a très-bien expliqué,
dans l’excellent ouvrage qu’il vient de publier sous le titre de Reli~
quiœ dilwnanœ , comment ces objets récents se sont trouvés après
coup jetés sur les anciens dépôts.
Nous avons décrit {ib., p. cxvi), d’après M. Rœnig, le squelette
humain que possède le Muséum britannique, et qui a été détaché
d’un rocher .â la côte de la Guadeloupe, et à l’endroit dit le Moule
près de la Pointe-à-Pitre. Depuis lors, par les ordres de M. le mar-
quis de Clermont-Tonnerre , ministre de la marine, etpar les soins de
M. Llierminier, naturaliste instruit qui habite à la basse terre de la
Guadeloupe, il a été envoyé au Cabinet du Roi un squelette du même
lieu et incrusté de la meme manière. Il estmême plus complet, et offre
une partie des deux mâchoires, toute l’épine vue par derrière, une
grande partie du bassin, les côtes du côté gauche, tout le membre
supérieur gauche avec les doigts seulement un peu en désordre, et
la cuisse et la jambe du même côté. L’épine est arquée, et la cuisse
reployée vers le haut comme si l’individu étoit accroupi. Malheureu-
sement la partie supérieure de la tète manque , en sorte qu’il est dif-
ficile de déterminer la race dont ce squelette provient , mais la na-
ture de l’incrustation dans laquelle il est enveloppé n’est pas douteuse.
On l’a trouvé dans un lieu où il paroît qu’il y en a encore plusieurs
autres, endroit peu accessible, que la haute mer arrose sans cesse,
et où probablement quelques ravins tombent des falaises de l’île. On
doit croire que ces eaux déposent de la stalactite comme celles de
Tivoli, car la pierre est un travertin très-semblable à celui de Rome:
elle n’enveloppoit pas tout le squelette , et c’est par quelques parties
saillantes des os, qui se montroient à ciel ouvert, qu’on s’est assuré
de sa présence. On ne voyoit, quand il nous est arrivé, que quel-
ques parties de l’épine , du bras et du fémur. Noire ciseau a mis
ET CORRECTIONS.
491
tout le reste h découvert j mais nous avons détaché en même temps
beaucoup de petites coquilles incrustées comme le squelette. Les
unes sont des univalves d’eau douce, et toutes d’espèces connues à
la Guadeloupe; les autres de petites bivalves marines, communes
sur la côte. Il est évident que les premières ont été entraînées par
les ruisseaux, et les autres jetées par le flot, et que toute la pierre
qui les enveloppe est de formation récente. Sa portion supérieure
est plus molle que le reste, et ii mesure que l’on pénètre , on trouve
h la pierre plus de dureté. Le bloc , dit M. Lherminier, reposoit sur
un calcaire arénacé ou désagrégé, ce qui en a facilité l’extraction.
Cette sorte de tuf est tellement moderne que dans quelques masses
des mêmes environs il s’est trouvé des dents de caïman , des fragmens
de poterie de fabrique caraïbe, des haches en pierre, et surtout un
morceau de bois très-dur et très-noir, représentant dun cote un
masque difforme grossièrement sculpté, et de l’autre une enorme
grenouille étendue et simplement gravée. G’étoit du bois de gayac ,
mais devenu très-dur et noir comme du jaïet.
M. Lherminier a joint à ce bloc un grand nombre d incrustations
formées sur des coquilles et des madrépores, ce qui prouve de plus
en plus combien les eaux qui se versent sur ces parties de la rive sont
disposées à former du tuf ou de la stalactite.
La tête humaine d’une épaisseur monstrueuse, gravée dans l’O-
ryctologie de cV Argenville , pl. XVII, et décrite depuis dans une dis-
sertation spéciale par M. Jadelot, a aussi été présentée comme pou-
vant être fossile, et même comme pouvant avoir appartenu à une
espèce différente de la nôtre; mais on en a trouvé une toute sem-
blable dans un ossuaire de l’évêché de Munster, que M. de Sœm-
merring a fait connoître , et dont un modèle m’a été communiqué
par M. Schleyermacher. J’ai lu à l’Académie des Sciences un mé-
moire sur ces têtes, où non-seulement j’ai adopté et confirmé l’o-
pinion deM.de Sœmmerring et de plusieurs autres médecins, qu’elles
ont été déformées par cette espèce de maladie des os que l’on nomme
maladie éburnée, mais où, d’après l’état de la dentition, j’établis que
c’éioient des têtes d’enfans à l’âge oùils commencent à changer de dents.
62*
ADDITIONS
492
Ce seroit le cas de parler ici de ce prétendu fossile humain que
l’on a exposé ces jours derniers à la curiosité des habitans de Paris,
et dont on a cherché à faire quelque bruit dans les journaux; mais
j’aurois presque honte de perdre des paroles à établir qu’une confi-
guration accidentelle du grès, où l’on croit voir non pas des os, mais
une espèce de ressemblance avec le corps d’un homme et la tête d’un
cheval en chair et en peau, et si grossière qu’il n’y a ni les propor-
tions reqnises,ni aucuns détails de formes, qu’un tel jeu de la nature,
dis-je, n’est pas un fossile.
Sur les ÈlépliCLTis fossiles.
Addition à la page io4 du volume.
A la fin du mois dernier ( août 1 824 ) 5 on a découvert près de Lyon ,
sur la colline qui sépare le Rhône de la Saône, et dans la commune
de Calvire, a sept pieds et demi de profondeur, plusieurs ossemens
d’éléphant, un humérus long de deux pieds et demi, un tibia de
même longueur, une tête de fémur, les deux branches de la mâchoire
inférieure , contenant chacune deux dents. Une lettre de M. Bredia,
directeur de l’Ecole royale vétérinaire de Lyon , contenant le détail
de cette découverte, a ete insérée dans plusieurs journaux, et no-
tamment dans le Moniteur du i3 septembre.
Addition à la page 106.
M. le duc de Gazes a donne au Cabinet du Rot une màchelière d’é-
léphant déterree à Bonsac sur la rive gauche de la Dordogne, à cent
vingt pieds au-dessus de son niveau, et à quinze pieds de profondeur
dans du gravier recouvert par six pieds de terre grasse mêlée de dé-
bris de silex.
Addition à la page 1 08.
Madame la maréchale d’Echniihl a donné au Cabinet du Roi une
portion de defense déterrée dans le courant de mai 1824 à Virj~
ET CORRECTIONS. ^9^
Châtdlon, département de Seine-et-Oise, près la route de Fontai-
nebleau, dans un lit de gravier à cinq ou six pieds de profondeur, à
environ cent cinquante toises du lit de la rivière.
Tout récemment, il m’a été apporté un beau fragment de défense
retiré des sablières de Vaugirard, dans la plaine de Grenelle près
Paris.
Addition à la page 1 1 o.
Au mois de septembre i8a3, des ouvriers qui travaillaient à un
chemin vis-à-vis la ferme de Sainte-Croix , appartenante à S. A. R.
M®'. le duc d’Orléans, et située dans la vallée de la Bresle , entre
le T report et la ville àiEu , ayant à enlever une partie de terrain
d environ dix pieds d’épaisseur, mirent à découvert une portion de
défense et une mâchelière d’éléphant. M. Etancelin, régisseur des
domaines de S. A. R., recueillit avec soin ces morceaux, qui depuis
ont été donnés au Cabinet du Roi par M. le duc d’Orléans. Plu-
sieurs os de cheval accompagnoient ceux d’éléphant.
Addition à la page ii8.
Le 24 mars 1820, Fj-ançois ran der TFUligen, laboureur du vil-
lage de Heuhelom , dans le pays de Gorkum en Hollande, entre le
TVaal et le Leck, en visitant une rupture faite à une digue, décou-
vrit une tête presque entière de l’éléphant fossile. M. de Boemans,
propriétaire h Dort , a bien voulu me donner une gravure qui a été
faite de ce morceau, d’autant plus précieux que l’on y voit dans leur
entier les longs alvéolés des défenses qui caractérisent cette espèce.
La longueur, depuis le bord de ces alvéolés jusqu’aux condyles occi-
pitaux, est de 4i' du Rhin ( 1,072), et les alvéoles mômes sont longs
de vingt-trois pouces (0,6) et larges de 7 (o,i83). Du reste cette
tête est entièrement conforme à celles que nous avons décrites
P- 177 et suivantes.
4q4
ADDITIONS
Additions à la page laS et à la page 335 du 1er, volume, à la
page 373 du Ille.
Les découvertes d’os d’éléphans dans le Würtemberg se multi-
plient chaque jour.
M. Jœger a encore annoncé dans Y Annuaire würtembergeois de
1823, celles gui ont été faites pendant les deux années précédentes.
A Stuttgardt même , en creusant une cave , on a trouvé une défense
d’éléphant avec un humérus et une portion de péroné de rhinocéros,
une omoplate et des portions de crâne de très-grands bœufs.
Le Mercure de Souahe du 22 avril 1823 donne les détails de
plusieurs grands ossemens déterrés au Kahlenstein, colline des
bords de la vallée du Necker , où le Roi fait construire un château. Il
y avoit une défense longue de treize pieds sept pouces, quoique
mutilée h la racine , un grand morceau du bassin , une molaire , un
humérus d’un pied de diamètre dans le bas, etc. Tous ces morceaux
étoient dans du sable semblable à celui de rivière , à quatre-vingt-
deux pieds au-dessus du niveau du Necker, et à dix-sept ou dix-huit
pieds de profondeur. Ce sont les plus grands que l’on possède dans le
cabinet royal.
Le reste de l’Allemagne n’est pas moins fécond. Dans le seul der-
nier numéro des Archives du Monde primitif de MM- Ballenstedt
et Kriiger, on annonce une défense de huit pieds de long, retirée le
16 mai 1823 de la Lippe près de Ham, par un pêcheur; un fémur
pesant quarante livres, retiré le 9 août suivant par le même pê-
cheur; une molaire de neuf lames, longue de neuf pouces, trouvée
à la fin de 1823 à Laufen, non loin de Müllheim, en creusant un
puits ; une autre de huit pouces , déterrée pendant l’été de la même
année près de Philisbourg j et une défense de huit pieds, retirée le
12 février 1824 d’une sablonnière près du fVeser, dans le voisinage
de Minden.
ET CORRECTIONS.
49^
Sur les os d’ Kléphans fossiles de Prusse et de Pologne. '
Addition à la page iSy.
M. Charles Ernest de Bæhr, directeur du cabinet de zoologie et
professeur à Tuniversité de Rœnigsberg, dans une dissertation im-
primée dans cette ville en iSaS, de fossilibus Mammaliwn reliquiis
in Prussiâ adjacentihusque regionibus repartis , a procuré un
riche supplément à cet endroit de mon ouvrage.
11 rappelle lo. une dent d’éléphant trouvée en 1780 à huit milles
de Rœnigsberg , dans une colline sableuse au bord de la Pregel, dont
Bock (i) et M. Hagen (2) ont déjà parlé.
20. Une molaire retirée en 1811 du fond de la Dreventz, l’un des
alïluens de la Vistule, et que M. Hagen a décrite et analysée. Elle
est au cabinet de Rœnigsberg.
3o. Deux dents que possédoit feu le professeur de Baczko, et dont
l’une avoit été déterrée dans une colline sableuse près de la porte de
Rœnigsberg, dite de Brandebourg, et l’autre à Graudentz sur la
Yistule.
4®- De nombreux ossemens avec des défenses trouvés sous neuf
pieds de tourbe, et au milieu de beaucoup de troncs d’arbres dont
l’écorce étoit encore bien conservée, près du canal de Bromberg.
50. Une molaire fort usée , déterrée près de Dantzig vis-à-vis la
porte d’Oliva.
Nous ne parlerons pas des nouvelles trouvailles du même genre
laites en Angleterre, eu Italie, en Belgique, etc. , de crainte de gros-
sit inutilement un volume peut-être déjà trop gros. Ce qui est désor-
mais évident, c’est qu’il y a des os d’éléphans, et en grand nombre,
dans toute l’Europe, aussi bien que dans toute l’Asie septentrionale.
Nous ajouterons seulement un mot de ceux de l’Amérique.
(1) Hist. nat. de Prusse, en allemand, II, p. 4°2.
(a) Matériaux pour la comiaissance de la Prusse, en allemand, I, p. 56.
ADDITIONS
496
Sur les os fossiles d’Éléphant de V Amérique septentrionale.
Addition à la page iSy.
M. Richard Harlan , clans le Journal de l’Académie des Sciences
naturelles de Philadelphie, juin iSad, p. parle de quatorze
échantillons de cette espèce trouvés en Kentucky, en Caroline , et
sur 1 Ohio. 11 en représente quelques dents dans lesquelles on voit
les memes accidens de détrition que dans celles d’Europe.
Sur des dents semblables à celles de R Éléphant d'Afrique par
leurs lames en forme de losange, que Von dit être fossiles.
Addition à la page 167 du 1er. volume.
Outre les dents de cette forme que j’ai citées à cet endroit, j’ai
l’eçu, lo. de M. Schleyermacher, le dessin d’une à neuf lames, par-
faitement semblables a celles d Afrique , qui étoit avec le titre de
fossile dans le cabinet de M. le baron de Hupsch, mais sans indica-
tion du lieu de son origine , ce qui peut faire douter de sa nature.
20. M. Goldfuss en a fait représenter une (dans les Nouveaux
Mémoires de l’Academie des curieux de la Nature, t. X, 2®. partie,
pl. XLIV) de six ou sept lames, qui provenoit, mais également sans
indication de lieu, de la collection de feu M. de Mœhring , cha-
noine de Cologne.
Dans le XI®. volume du même recueil, 2®. partie, il en repré-
sente une autre, pl. LVII, a neuf lames, dont trois seulement com-
mencent à s user. Elle venoit, dit-il, de la collection de Beuth, et
avoit été deterree sur les bords de la Roer, dans le duché de Berg j
mais je ne vois pas que la forme de ses lames soit bien certaine ,
et il seroit nécessaire de la scier pour en être sur.
M. Goldfuss dit encore avoir vu de ces dents dans divers cabinets;
mais je soupçonne encore qu’il y a eu quelque erreur dans l’alléga-
tion de l’origine, attendu qu’une de ces dents, soi-disant fossile, qui
ET CORRECTIONS. 49^
m a été envoyée par ce savant professeur, n’a bien certainement
éprouve que les modifications qu’occasionne l’exposition à l’air ,
mais que son tissu intérieur a conservé tout le soyeux et toute la
consistance des dents fraîches.
Ce qui est remarquable, c’est que M. de Bæhr {^de fossib. Mam-
mal. reliq. mPrussiâ, p. 19) fait les mêmes observations sur des
dents d Afrique que l’on prétendoit avoir été déterrées près de Dant-
zig, Une des deux avoit même encore des membranes dans l’inté-
rieur de ses racines.
Quant aux dents d’Afrique que l’on a cru reconnoître parmi celles
de Tiede, comme on n’en a point encore de figures exactes, il est
impossible d’en porter un jugement.
J ajouterai a ces observations, qu’un marchand, en cjui j’avois eu
jusqu alors pleine confiance, et qui est mort maintenant, a cherché
un jour à me tromper, en me présentant une dent d’Afrique qu’il
avoit encroûtée de marne, et même je sais qu’il a été plus heureux
dans sa supercherie auprès d’une autre personne, et que ce fossile
artificiel est déposé dans un certain cabinet, où peut-être dans quel-
ques années on voudra le présenter comme une preuve en faveur de
cette seconde espèce d’éléphant; mais il sera toujours aisé de recon-
iioitre la vérité au simple aspect de sa cassure.
Su7' le Mastodonte à dents étroites , et sur les os de Mammifères
des lignites.
Additions à 1 article de ce mastodonte dans le Dr. volume , pages
a5o et suivantes, à la page 335 du même volume, aux pages 376
— 38o du Ille. volume , et à la page 4q3 du IV®. volume.
J’ai reçu encore plusieurs dents de cette espèce, ou leurs dessins,
de France , d Italie , d Allemagne et d’Angleterre. M. Ranzani m’en
^ adresse le moule d une grande trouvée sur les pentes de l’Apennin ,
du cote de Bologne. Tout récemment, il s’en est découvert une
superbe près de Montpellier, dont je dois un beau dessin àM. Node
T. V, ae. P. 63
498 ADDITIONS
Veran. Elle a douze collines, toutes divisées, et sa longueur va à
0,237. Mais le plus beau morceau de ce genre dont j’aie eu connois-
sance, c’est une demi-mâchoire inférieure, à laquelle il ne manque
qu’un peu de son apophyse coronoide, et dont M. le comte de
Brenner, directeur des mines en Autriche, a bien voulu envoyer un
modèle peint au Cabinet du Roi. Elle a été trouvée dans une des
terres de ce gentilhomme , à Stettenhof, au cercle du bas Manharts-
berg, dans la basse Autriche, et à peu près à trois lieues au nord-
ouest de K rems , où nous avons vu (t. I, p. 253) qu’il avoit été
recueilli en i645 des os de ce genre qui passoient pour ceux d’un
géant.
Cette demi-mâchoire , à ce que M. le comte de Brenner m’a fait
l’honneur de m’écrire, étoit sur le sommet d’une colline élevée à
quatre cents pieds au-dessus du niveau du Danube dans un sable
ferrugineux, agglutiné, cjui repose immédiatement sur le calcaire
grossier, et qui est recouvert par le terrain meuble où se trouvent
des os d’éléphans et quelquefois de rhinocéros. Les os de mastodontes
sont ainsi plus profondément et presque toujours cassés. Ceux d’élé-
phans et de rhinocéros sont plus superficiels et plus entiers. M. de
breuner en a même trouvé les squelettes presque complets de cinq
individus dans un même lieu.
La mâchoire de mastodonte en question est fort semblable à celle
du grand mastodonte , c’est-à-dire que son angle est moins arrondi
que celui de l’éléphant, son bord inférieur plus rectiligne, SOn bec
dirigé plus en avant. Elle porte une première dent à huit pointes et
un talon, usée, et une seconde aussi à huit pointes, mais encore in-
tacte. Les deux ensemble occupent une longueur de o,3a 5 la hau-
teur de l’apophyse condyloïde, au-dessus du bord inférieur, est de
0,43; celle de la coronoide de 0,40 ; la largeur de sa branche mon-
tante, au-dessous de ses deux apophyses, de o,3; la hauteur de sa
branche dentaire, entre les deux dents, de 0,19, et en avant de l’an-
térieure de 0,24. De ce point, la ligne oblique qui descend jusqu’au,
bout du bec, est de 0,24.
M. Boue , si connu par ses descriptions géologiques de l’Eçosse et
ET CORRECTIONS. 499
de l’Allemagne , ainsi que par ses nombreuses observations, m’assure
avoir vu dans le cabinet impérial de Vienne de ces os de mastodonte,
dans une gangue qu’il regarde comme analogue à la craie. Ils ont
été trouvés dans le Leithagebirge , chaîne qui sépare la basse Au-
triche, au nord du Danube, de la partie voisine de la Hongrie. Ces
dessins, que M. Boué m’a adressés, prouvent incontestablement que
les os viennent en effet de ce genre , mais il seroit peut-être néces-
saire de revoir leur gisement avant de leur donner une si haute anti-
quité. Cependant M. Boué cherche à appuyer son opinion par des os
deruminans qu’il m’a remis dans une gangue assez semblable à notre
calcaire grossier, et il allègue aussi en sa faveur les lignites de Suisse,
si riches en ossemens de mammifères, dont je vais parler.
Je ne puis en effet aucunement douter que ces lignites ne con-
tiennent des os de plusieurs grands quadrupèdes, et notamment de
ce mastodonte à dents étroites dont nous nous occupons maintenant,
ainsi que M. Meissner l’a annoncé dans le Muséum d’histoire natu-
relle de Berne, et dans l’Indicateur de la Société helvétique d’his-
toire naturelle, où il a décrit et représenté des portions très-recori-
noissables de dents de mastodonte des lignites de Kosp'fncLcliy sur le
bord occidental du lac de Zurich.
M. le comte V italien Borromeo de Milan, a eu l’estreme com-
plaisance de me confier pour mon inspection quatre morceaux tirés
des lignites diHorgen, un peu au-dessous de Rœpfnach, et parmi
lesquels il y a une petite molaire à quatre pointes , et deux fragniens
de défense parfaitement reconnoissables à leur tissu intérieur, pareil
à celui de l’ivoire, et à leur émail cannelé longitudinalement comme
celui du fragment de Sariac, dont nous avons parlé t. III, p. 378.
J’ai sous les yeux un dessin fait par M. Schintz, professeur à Zu-
rich, de trois grandes mâchelières , dont deux adhèrent encore à la
mâchoire, et qui sont manifestement de mastodonte. Elles ont été
tirées aussi des lignites de Rœpfnach. Il y avoit avec elles une dé-
fense brisée, dont la longueur doit avoir été de deux pieds et demi.
Son émail est cannelé comme celui des morceaux que je viens de
décrire.
63*
ADDITIONS
5oo
Le mastodonte n’est pas le seul genre dont ces lignites renferment
les restes.
Un autre dessin de M. Schintz repi’ésente une portion de mâchoire
supérieure de rhinocéros , probablement de l’espèce à narines cloi-
sonnées, contenant encore trois dents, dont deux entières. Ce mor-
ceau vient à’Elgg, près de Winterthur , sur la frontière du canton
de Zurich et de celui de Turgovie.
Je tiens de l’amitié de M. Brongniart un fragment de mâchoire de
castor avec des mâchelières bien caractérisées, encore enfermé dans
la lignite, et du même lieu à’Horgen. Ces faits sont probablement
du même ordre que ceux qui concernent les os de lophiodon des
terres noires des environs de Laon , dont nous avons parlé p. 218 et
219 de notre lU. volnrae, 2e. partie. Ou ils annoncent, pour l’exis-
tence des mammifères, une période plus ancienne que nos autres
recherches ne nous portent à l’admettre, ou bien ils donnent à
croire qu’il y a encore des distinctions à faire entre les couches de
lignites, plus nombreuses que celles que les géologistes ont recon-
nues jusqu’à présent.
Il n’y a pas si long-temps que l’on confondoit les lignites et les
houilles j ainsi l’on pourroit bien confondre encore des lignites de
plusieurs âges. Au surplus cette recherche est digne, sans contredit,
de toute l’attention des géologistes.
Le Muséum a reçu tout récemment, par les soins généreux de
M. de Humboldt, plusieurs os de ce mastodonte, déterrés près de
Santa-Fé de Bogota en Colombie , au lieu dit Cano del Fiscal.
Il y a dans le nombre un humérus presque complet, et un calcanéum
bien entier. L humérus est plus court à proportion que dans le grand
mastodonte, long de vingt-et-un pouces (o,568) sur sept de large
dans le bas (o,i8g), ce qui confirme l’idée que ra’avoit suggérée un
tibia du même canton; savoir, que le mastodonte à dents étroites
étoit plus bas sur jambes que les espèces voisines.
ET CORRECTIONS.
5oi
Tête T Hippopotame trowée en Angletei^e.
Addition à la page 3i4 da 1er. volume.
M. BucJdand, dans ses Reliquiœ dilmdanœ , pl. XXII, fig. 5,
copie une Egure de tête d’hippopotame, donnée par Lee, dans son
Yàsioixe (X\x Lajicashire , impiâmée à Oxford en 1700, et qui, selon
cet auteur, a été trouvée dans ce comté sous de la mousse, c’est-à-
dire probablement dans de la tourbe.
Os d” Hippopotame de Toscane.
Je ne puis m’empêcher de consigner ici la reconnoissance que le
Muséum d’Histoire naturelle doit à feu S. A. I. le dernier grand-duc
de Toscane, pour les présens d’ossemens fossiles que ce prince, ami
des sciences, nous avoit accordés peu de temps avant sa mort. Il a
ainsi procuré à nos collections une suite presque complète d’os de
l’hippopotame fossile, entre autres une tête, une mâchoire infeiieure
et un bassin, auxc[uelsil ne manque presque aucune partie. Ces su-
perbes morceaux confirment pleinement ce que M. Nesti et moi
avions annoncé sur les grandes ressemblances qui rapprochent cet
animal des hippopotames d’aujourd’hui , en même temps que sur les
légères différences qui l’en distinguent. Le désir de ne pas multiplier
à l’excès les planches dont mon ouvrage est déjà surcharge , m em-
pêche seul de représenter ces objets précieux..
Sur les molaires supérieures du Rhinocéros fossile à narines non
cloisonnées d’Italie.
Addition à la page 7 1 du IL. volume , partie.
M. Pentland m’a apporté de Toscane de ces molaires supérieures,,
et m’y a fait observer un caractère qui ne se trouve point dans les
autres espèces fossiles ni "vivantes : c’est que leur seconde colline
ADDITIONS
5o2
transverse, au lieu d’un simple crochet, en donne en avant plusieurs
petits, ce qui la fait paroître dentelée vers sa base , quand elle com-
mence à s’user.
Ce caractère pourra servir à reconnoître cette espèce par ses mo-
laires.
Sur le Rhinocéros fossile à dents inciswes.
Addition à la page 89 du IR volume, partie.
Une des mines les plus riches en ossemens fossiles qui se soient
ouvertes dans ces derniers temps, est une sablonnière di Eppelsheim,
dans la partie des Etats du grand-duc de Hesse , qui est à la gauche
du Rhin. Nous en avons déjà parlé dans notre IV^. volume, p. iq3.
Parmi une multitude d’os d’éléphans, de mastodontes, de lophiodons,
de chevaux et de ruminâns de diverses sortes , on y a surtout décou-
vert des parties de grand rhinocéros à dents incisives, plus complètes
qu’il n’en avoit jamais été vu, et qui ne peuvent plus laisser aucun
doute sur l’existence de cette espèce d’animaux fossiles.
M. Schleyeimacher , dont la complaisance a été inépuisable pour
tout ce quipouvoit m’aider à compléter mon ouvrage, m’a envoyé
un très-beau dessin d’une tête entière, très-bien caractérisée, et le
modèle peint d’une mâchoire inférieure, dont la partie antérieure
et la moitié gauche étoient intactes.
Cette tête est à deux cornes, et se rapproche de celle du bicorne
de Sumatra, que nous avons représentée t. III, pl. LXXVIII et
pl. LXXIX, lig. 3, plus que d’aucune autre; cependant une com-
paraison exacte que j’en ai faite avec les trois de cette espèce que
nous possédons, m’a prouvé qu’elle est spécifiquement différente.
Elle est moins longue à proportion; les os du nez qui portent la
corne sont plus larges et moins pointus; leur convexité est plus
saillante ; les arcades zygomatiques plus écartées, moins allongées,
moins hautes; l’intervalle des orbites plus étroit; l’occiput moins re-
levé; les fosses temporales plus rapprochées ne laissent entre elles
qu’une crête sagittale étroite , et non , comme dans l’espèce de Su-
5o3
ET CORRECTIONS.
matra, un plan rectangulaire j en dessous, la région basilaire est plus
large et plus courte, et il y a derrière la cloison des narines une fosse
longitudinale profonde, élargie en avant, qui manque au bicorne de
Sumatra. A la mâchoire inférieure, les incisives sont aussi longues,
aussi fortes et aussi pointues que celles de runicorne de Java , repré-
senté t. II , pl. IV, lig., 2 , et pl. Xyil.
M. Schleyermacher m’a aussi envoyé des dessins de plusieurs de
ces incisives isolées 5 ainsi rien ne manque pour confinner ce qu’an-
nonçoient déjà celles qu’a dessinées Camper (voyez ci-dessus t. II,
part. 2, p. 63 et 89), et celles C[u’ont recueillies MM. Lockard et
Chouteau (t. III, p. 890), et pour caractériser l’espèce que nous
avons nommée rhinocéros inciswus.
Mais il y avoit aussi à Eppelslieim d’autres rhinocéros, car parmi
les dessins qui m’ont été adressés, il y en a qui représentent un
crâne parfaitement semblable à celui de la grande espèce à narines
cloisonnées, que nous avons appelée rhinocéros tichorhinus^
Sur les os fossiles de Cheranx.
■diddition aux pages 109 — n3 du II®. volume, ii’®.: paitie.
Nous nous bornerons à dire que l’on a continué de trouver des os^
de chevaux en quantité immense dans tous les dépôts d’ossemens d é-
léphans, de rhinocéros et de mastodontes, dans le val d’Arno , en
Angleterre , à Eppelsheim et partout.
Nous ajouterons h ce que nous avons dit p. 109, que les dents
représentées par M. Gothelf de Fischer, dans son traité sur la tur-
quoise et la caldite, pl. I, fig. i et 2 , et pl. II, fig. 5, qui étoient
colorées en vert par du cuivre, ne sont que des dents de la mâchoire
inférieure du cheval.
5o4
ADDITIONS
Sur les os fossiles de Cochon.
Addition aux pages ia5 et 126.
Ce que j’ai dit des lignites de Suisse doit s’appliquer aux molasses
du même pays, que l’on considère comme d’une formation à peu
près contemporaine et parallèle à notre calcaire grossier. Il me paroît
impossible qu’il n’y en ait pas de plusieurs âges, car on trouve dans
certaines molasses des os d’animaux fort modernes. Ainsi M. Bourdet
de la Nièi^re m’a adressé le dessin d’une mâchoire inférieure de
cochon, trouvée dans une molasse très-solide, à ciment calcaire,
passant, dit-il, aunagelflue, du mont de la Molière près ^Esta-
vayer, au bord oriental du lac de Neufchâtel.
Il y a aussi un fragment de mâchoire supérieure de cochon de la
caverne de Sundwich, représenté par M. Goldfuss, Noç. A et. ac.
nat. Curios. ^ t. XI, 2®. part., pl. LVI, fig. 4, 5.
Sur les os de Tapir gigantesque et de Lophiodon.
Addition à la page 167 du II®. volume, 2® partie.
Les fouilles de la sablonnière di Eppelsheim , dont j’ai déjà parlé
plusieurs fois, ont fourni une dent de notre tapir gigantesque , bien
caractérisée par ses deux collines transverses et son talon j elle est
d’un grand volume, et à peu près comme le germe de notre pl. IV,
fig. 3. Ses racines ont acquis presque toute leur longueur, bien que
ses lames soient encore peu usees. M. Schleyermacher a bien voulu
m’en adresser un dessin et un modèle peint, qui est déposé au Cabinet
du Roi.
Addition à la page i83.
Ces memes fouilles ont aussi donné un fragment de mâchoire infé-
rieure de lophiodon, contenant les quatre dernières molaires, et qui
me paroît presque entièrement semblable à l’espèce moyenne d’Issel,
ET CORRECTIONS. 5o5
que j’ai décrite (loc. cit.) p. 177 — 183. J’en tiens un dessin de la
bonté de M. Schleyermacher.
Sur des os de Palœothériums du midi de la P rance.
Addition à la page a58 du tonie III.
M. le duc de Caze , faisant faire des travaux dans son parc de la
Graoe, commune de Bonsac , département de la Dordogne , on
a trouvé, en coupant une proéminence d’une colline, dans la molasse
qui fait presque tout le sol de ce canton, une multitude d ossemens
de trionjx, de tortues d'eau douce , de crocodiles et surtout àepa-
lœotherium , en sorte que l’association des genres y est à peu près
la même que dans nos plâtrières de Montmartre. Nous avons déjà
décrit dans ce volume les os des reptiles. Il nous reste a parler de
ceux des palæotliériums , qui ne nous étoient pas encore parvenus
quand nous composions notre Ille. volume.
Les morceaux déposés au Cabinet du Roi sont au nombre de plus
de soixante. Il y a des dents de toutes les sortes, presque tous les os
longs, des calcanéums, des vertèbres. Toutes les formes sont exacte-
ment celles de nos palæotliériums de Montmartre. Par la grandeur ,
on voit qu’il y en a de trois espèces. La plils petite est de la taille de
noXiQ palœotherium minus - la moyenne est un peu supérieure a
wQXxQpalœotheriwn crasswnj\di grande est encore un peu au-dessus
de celle-là, mais n’égale pas notre palceotherium magnum.
11 y a donc toute probabilité que ce sont ici des espèces différentes
des nôtres, mais dont on ne pourra compléter l’histoire qu’à mesure
que de nouvelles recherches donneront des morceaux plus entiers.
M. de Paravey, ingénieur des ponts et chaussées , bien connu par
ses recherches sur les zodiaques de la haute Asie, m’a remis une
dent de palæothérium , retirée d’une couche de gravier dans les
landes de Bordeaux.
T. V, 2e. P.
64
5o6
ADDITIONS
Sl^r Vostéologie de V Isatis ( canis lagopus Z/.).
Addition à la page 269 du tome III, et à la page 465 du tome IV.
J’ai comparé à Klein-Lanhurn , dans le cabinet de feu M. Cam-
per J une tete de 1 isatis avec une tete de renard commun : la première
a tous les caractères generaux des renards j elle est seulement un peu
plus courte à proportion que celle du renard vulgaire, et ses crêtes
temporales sont un peu moins marquées et moins rapprochées , mais
on sait que cette circonstance varie avec l’âge.
Sur une tête du genre de V Écureuil des plâtrières de Montmartre.
Addition à la page 3oi du Ille. volume.
On m’a apporté récemment de Montmartre un morceau de gypse
qui contient une tête de rongeur cassée horizontalement , à peu près
à la hauteur des arcades zygomatiques, et de manière que l’on ne
voit des dents que leurs racines ou plutôt leurs alvéoles, car la plu-
part étoient tombées. Comparée à celle d’un écureuil commun, cette
tête n’offre presque aucune difl^rence sensible. C’est donc un genre
à ajouter à ceux dont on trouve les débris dans nos carrières à plâtre.
Quant à l’espèce , ce morceau est trop mutilé pour qu’on puisse en
fixer les caractères.
Sur deux Anthracothériums du Puy en Vêlai.
Addition à l’histoire des Pachydermes, et spécialement aux pages
^96 4®^ du Ille. volume.
Nous avons parle, t. III, p. 2S2, d’un palæothérium dont les os
se trouvent dans un terrain d’eau douce mêlé de gypse des environs
du Puy en V elai , et qui a été découvert par M. Pertrand Roux ,
négociant de cette ville. Le même naturaliste a trouvé dans des cou-
ches voisines, de marne d’eau douce, des os de deux autres animaux
de la même famille , que je crois deux anthracothériums, dont il m’a
surtout fait voir des dents. Les mâchelières postérieures ressemblent
/
ET CORRECTIONS. 507
beaucoup à celles du grand anthracothérium que nous avons décrites
à l’endroit cité 5 mais les supérieures , indépendamment de leur gran-
deur , ont pour caractère particulier d’être plus larges que longues.
Elles ressembleroient beaucoup aussi à celles de l’anoplothérium ,
SI ce n’est que leur face externe est creusée de deux sillons profonds ,
un pour chaque pointe. Celle qui précède les trois dernières est
toute pareille à sa correspondante dans l’anoplothérium. A la mâ-
choire inférieure nous avons vu cinq dents; les trois dei’nières res-
semblent à leurs correspondantes dans l’anoplothérium, si ce n’est
que, comme dans l’anthracothérium , elles ont une forte pointe au
côté interne, vis-à-vis de la pointe externe qui doit devenir un crois-
sant. La dernière a deux de ces paires de pointes et une pointe simple ;
la pénultième n’a que deux paires de pointes; l’antépénultième aussi,
mais elle est plus petite. Celle qui les précède immédiatement est
plus simple et moins régulière, et en avant d’elle en est une compri-
mée , presque simple et un peu pointue. Nous n’avons malheureu-
sement aucune des dents antérieures en place.
Une partie de ces dents est d’une grandeur peu inférieure à celle
de l’anoplothérium commune. L’autre est de moitié plus petite,
M. Roux a adressé à l’Académie une excellente description géo-
logique des environs du Puy en Vêlai, dont j’ai rendu compte dans
mon analyse des travaux de l’Académie en iSaS, et qui donnera tous
les éclaircissemens nécessaires sur le gisement de ces fossiles.
Sur des dents et des os de Dromadaires.
Addition au tome IV, page 3.
J’ai dit n’avoir jamais obtenu d’os ni de dents fossiles de chameaux
ou d’antilopes. Si les trois dents que M. Bojanus vient de publier
dans les Nouveaux Mémoires des Curieux de la Nature de Bonn,
t. XII, pl. XXI (sous le nom de mericotherium sibericum), sont
effectivement fossiles et de Sibérie comme elles lui ont été annoncées
par le marchand qui les lui a vendues, ce sera le premier exemple
authentique appartenant au genre du chameau.
64*
5o8 additions
Leur grandeur, leur forme plus longue que large, l’absence d’une
arête ou d’un petit cône entre leurs colonnes ne peuvent laisser de
doute SUT leur geni'e. La giraflFe les auroit plus carrées, et avec une
petite pointe comme les cerfs j le bœuf auroit une arête cylindrique,
comme nous l’avons expliqué dans nos remarques préliminaii’es sur
les .Tuminans.
• M. Bojanus, qui a très-bien remarqué cet, te ressemblance géné-
-rale, a aussi observé quelques différences qui lui ont paru justifier la
création d’un nouveau nom pour l’animal j mais il ne le propose qu’a-
vec doute, et en s’offrant d’y renoncer si l’on vient à établir que ces
dents viennent vraiment d’un chameau ou d’un mouton'gigantesque,
ou d’une antilope (les seuls genres en effet qui manquent d’arêtes
entre les colonnes).
Je dois croire que les différences dont il parle viennent de ce que
les têtes de chameaux qu’il prenoit pour objet de comparaison étoient
beaucoup plus âgées que l’individu dont viennent ces dents. Un dro-
madaire seulement un peu plus âgé, et dont les dents étoient pres-
que encore dans le même état de détrition , ne m’a paru offrir aucune
différence qui ne fût purement individuelle. Ainsi que l’a très-bien
dit l’auteur que nous citons: ce sont la pénultième et l’antépénultième
molaires du côté gauche de la mâchoire supérieure.
Il reste à constater leur gisement, et à rechercher si les autres os
de l’animal ne fourniront point quelque caractère spécifique.
A l’instant même, M. Marcel de Serre, savant professeur de miné-
ralogie à Montpellier, me communique le dessin d’un fémur fossile
des environs de cette ville, qui re.ssemble aussi beaucoup, dans ce
qui en reste , à celui d’un chameau.
Sur un bois de Renne Jhssile.
Additioji à la page g4 du tome IV.
{
Nous avons vu des bois semblables à ceux du renne associés dans
la caverne de Breugue à des os de rhinocéros. Il y en a aussi qui
accompagnent les os d’éléphant dans les couches meubles du val
ET corrections. 5oç)
d’Arno. M. Pentland nous en a rapporté un qui, dans tout ce qui en
reste, ressemble à ceux de rennes de même grandeur.
Sur le grand bois de Cerf de Scanie , déçjdt par Retzius.
Correctioji à l’article IV, page 96 du IV®. volume.
M. JSilson, professeur à Lund, bien connu par son excellent
ouvrage sur rorniihologie de la Suède, a eu la complaisance de m’a-
dresser un dessin plus exact du bois de cet article, et d’après la com-
paraison que j’en ai faite avec les innombrables variétés que subissent
les bois de renne, je ne doute point qu’il n’ait appartenu à cette
espèce , dont les bois , au rapport de M. Wilson , ne sont pas rares
dans les tourbières de cette province. Il conviendra donc de rayer
ce morceau du catalogue des animaux perdus.
Le bois de renne retiré du Bog, dont j’ai dû un dessin àM. Bo-
janus , professeur de FCilna , se rapproche beaucoup de celui-là.
Dent d une espèce de Cerf des molasses de Suisse.
Addition à la page 106 du IV®. volume.
Elle vient d’une espèce moindre que le chevreuil, et se caractérise
bien, quant au genre, par la petite pointe qui est à la face externe
dans le bas du sillon.
Je la dois à M. Hugi.
Sur les os fossiles de V A in'ochs ou Bison, et du Bœiif primitif
ou Unis.
Addition aux pages i4o — 154 du IV®. volume.
M. Nilson a bien voulu m’adresser le dessin d’un squelette entier
de l’aurochs , qui a été retiré d’une tourbière de Seanie. Sa taille est
grande , car son fémur est long de o,55 , ce qui est plus d’un quart en
sus de notre squelette d’aurochs vivant. Du reste ses formes sont en
tout point les mêmes.
5io ADDITIONS
M. Nilson ajoute que Ton déterre aussi dans ces tourbières des
restes de Yurus ou bœuf primitif, qui surpassent encore davantage
nos bœufs domestiques que ce bison ne surpasse les aurochs de Li-
thuanie. Il s’y trouve également des os d’élan et de sanglier, bien
que ces deux espèces n’existent plus dans le pays de temps immé-
morial.
Les deux espèces de bœufs se trouvent aussi en Angleterre. On le
savoit déjà pour l’urus par Gains, cité par Gesner; mais M. Crow ,
l’un des habitans de l’Angleterre qui ont mis le plus de zèle à la re-
cherche des productions fossiles de ce pays, m’a fait voir deux des-
sins de crânes de sa collection , et dont l’un est celui d’un urus, et
l’autre celui d’un jeune bison.
L espece de 1 urus se trouve en Prusse et en Pologne , comme celle
du bison. M. de JBœhr {^dejhssilib. ^dnim. reliqidis , etc., p. os8 —
3o) en décrit un crâne long de 0,67 , des environs ^Angerburg.
Sur un os de Ruynincint dans une pierre que Von croit appartenir
à la formation crayeuse.
Addition à la page 106 du IVe. volume.
M. Boue' , que j ai déjà eu l’occasion de citer touchant certains os
de mastodonte qu’il croit dans une gangue crayeuse, a bien voulu me
communiquer des pièces qu’il juge devoir concourir de même à prou-
ver qu’il y a quelquefois des os de mammifères dans cette formation.
Il y a entré autres un canon bien caractérisé d’un ruminant à peu
près de la taille et des proportions du daim. La pierre qui le contient
est un calcaire composé de grains agglutinés, qui, vus à la loupe, pa-
roissent un détritus, principalement de coquilles ou de polypiers,
mais qui forment une aggrégation assez solide. L’aspect a quelque
rapport avec la craie tuffau de Maestricht , mais le grain est moins fin ,
et le tissu plus dur et plus ferme. On a tiré ces morceaux d’une car-
rière exploitée à Loretto , à six lieues de Vienne, dans la montagne
de Leitha , qui est entre la rivière du même nom et le lac de Neu-
ET CORRECTIONS. 5iT
siedel, et qui sépare en cet endroit la basse Autriche du comté d’OE-
demburg en Hongrie. L’on y trouve, dit-on, beaucoup de ces os.
D après la coupe que M. Boué m’a remise, ces carrières seroient
en effet inférieures aux argiles à lignitesj mais d’un autre côté, je
vois par une note de M. de Schreibers, que la montagne de Leitha
appartient essentiellement au calcaire grossier, et M. Beudant l’enlu-
mine dans sa carte minéralogique de Hongrie, en partie comme du
calcaire compacte , en partie comme du calcaire grossier.
Su?' les ewemes à osse?nens.
Addition au chapitre II de la 4®. partie (tome IV, page 291 — Sog).
L annee dernière , M. Buckland a publié , sous le titre de Reliquiœ
ddwnanœ, un ouvrage de la plus grande importance, dont ces ca-
vernes et les os quelles contiennent font un objet principal. A la des-
cription déjà d exacte qu’il avoit donnée de celle de Kirkdale, il ajoute
celle de plusieurs autres récemment découvertes en Angleterre.
lo. Celle du \idivc àe Duncombe , éloignée de la première,
qui ne contient que des os récents;
2®. Celle de Hutton, village du comté de Sommerset, au pied
des collines de Mendip , qui forment un petit cap dans le canal de
Bristol, au nord de la baie de Bridgewater. On y a trouvé des os d’é-
léphans, de chevaux, de sangliers, de deux espèces de cerfs, de
bœufs, le squelette presque entier d’un renard, et un os de méta-
carpe d’un grand ours;
30. Celle de Derdham-Down près de Cliftan, qui est tout près
de Bristol, à l’ouest : il y avoit des os de cheval;
40. Celle de Balleye près WirTcsiporth , dans le comté de Derby :
on y découvrit, en i663, des dents d’éléphans dont on conserve
encore quelque chose;
5®. Celle de Dreain, au village de Callow, près du même TVirks-
^orth. des ouvriers occupes de la recherche des mines de plomb,
3 découvrirent au mois de décembre 1822. On y trouva, au milieu
additions
d’une masse de limon, presque tous les os d’un rhinocéros en très-
bon état, qui ont été recueillis avec soin par le propriétaire, M. Gell^
6». Les trois séries de fentes et de cavernes d’Oreston , près de
Plymouth, dont nous avons déjà parlé plusieurs fois : c’est en faisant
disparoître, pour des travaux relatifs à ce port, une petite colline de
calcaire de transition, qu’on les a successivement ouvertes. La der-
nière ne l’est que depuis 1822. Outre les os de rhinocéros déjà dé-
crits par sir Everard Home, et dont nous avons parlé, on y a trouvé
des restes d’hyène, de tigre, de loup, de cerf, de bœuf, et surtout
de cheval. Les Transactions philosophiques de iS'îS contiennent une
lettre de M. Joseph FFidbey sur ces cavernes, avec deux coupes, et
suivie d’une description et d’excellentes figures des os les plus re-
marquables qui y ont été trouvés, faites par M. Clift, dont le beau
talent a déjà enrichi ce recueil de tant de planches, non moins re-
marquables par leur exécution que par leur fidélité ;
70. Celle de Nicholaston , sur la côte du comté de Glamorgan,
dans la baie ^Oxwich: on y trouva en 1792 des os d’éléphant, de
rhinocéros, de bœuf, de cerf ët d’hyène;
Et enfin 80. celles de Papüand , dans le même comté, entre la
baie à’Oxfpich et le cap de FForms qui marque l’entrée du canal
de Bristol : il y en a deux ouvertes dans une falaise, à trente ou qua-
rante pieds au-dessus de la haute mer, où l’on ne peut arriver qu’à
la marée basse, et dont le sol va en montant. Le curé et le chirur-
gien du village voisin de Portinan y trouvèrent une défense et une
molaire d’éléphant, en suite de quoi on y recueillit beaucoup d’au-
tres os d’éléphant, de rhinocéros, de cheval, d’ours, d’hyène, de
renard, de loup, de bœuf, de cerf, de rat, d’oiseau, et même un
squelette de femme et des épingles d’os; mais plusieurs de ces os
sont modernes, et des fouilles faites à des époques inconnues ont
déplacé les anciens, et les ont mêlés avec les modernes ainsi qu’avec
des coquilles de la mer actuelle.
A ces descriptions des cavernes anglaises, M. Buckland a joint
celles de plusieurs cavernes d’Allemagne, qu’il a pris la peine de visi-
ter exprès. Il établit que les os qui les garnissent sont du même âge
ET CORRECTIONS. 5i3
que ceux des cavernes d’Angleterre , et il y applique la même théorie ;
mais d après ses observations, il pense que, l’hyène y est plus rare
que je ne l’avois cru.
M. Goldfuss, dans la 2^. partie du XI^. volume des Nouveaux
Mémoires de l’Académie des Curieux de la Nature, imprimés en
1823, a continué ses recherches sur les os fossiles, et particulière-
ment sur ceux des cavernes de Westphalle et de Frauconie.
11 estime que la proportion des espèces y est à peu près telle que
pourhuit cents ours des cavernes on y trouve soixante ours arctoïdes,
dix i/rsi^s prisons , trente gloutons, vingt-cinq tigres ou lions, cin-
quante loups et vingt-cinq hyènes, ce qui est tout-à-fait l’inverse
des cavernes d’Angleterre.
Dans la caverne de Sundwich , et dans une caverne voisine plus
petite, dite de Henri, on a trouvé en différens temps, outre les
morceaux d’ours des cavernes, un crâne et une portion de mâchoire
d’hyène, des os de cerfs gigantesques, de cerf semblable à l’ordinaire,
d une troisième espèce de la taille du daim, un crâne de glouton, un
Iragment de mâchoire inférieure de cochon, des dents et un occiput
de rhinocéros, mais point de tigres ou lions, ni de loups. Ces amas
d’os ressemblent davantage à ceux d’Angleterre que ne font ceux de
Franconie , où c’est à peine si l’on trouve quelques débris d’animaux
herbivores.
Sur VOurs paresseux de VInde.
Additioji à la note de la page 324 tome IV.
Notre menagerie possédé aujourd’hui vivant ce fameux ours du
Bengale, qui avoit été pris d’abord pour un paresseux, et mon frère
va en publier la description. Je puis dire en attendant qu’il ressemble
parfaitement à la gravure qu’en avoit donnée M. Bewick. Les longs
poils qui lui font autour du crâne et des deux côtés du cou une es-
])èce de perruque 5 son museau allongé; ses cartilages du nez larges,
déprimés et mobiles ; la manière dont il tient ordinairement la tête
baissée et près du sol, lui donnent un aspect fort extraordinaire, et
T. Y, 2e. P. 65
5i4 ADDITIONS
très-différent des autres ours. Il est noir, et a le museau et les bouts
des doigts blanchâtres , .et sur chaque sourcil une tache d’un blanc
fauve : sa taille est celle d’un ours médiocre.
Une chose remarquable, c’est que cet individu a aussi perdu ses
incisives et usé une grande partie de ses canines.
Sur l’Ours de V Amérique méridionale.
Addition à la page 827 du tome IV.
11 existe des ours au Pérou, comme Acosta et Garcilasso l’ont
dit, et ce sont de véritables ours. M. le baron de Makau , l’un de
nos officiers de marine les plus distingués, en avoit apporté un de
Lima à M. le comte Redon, intendant de la marine à Brest, lequel
s’est fait un plaisir de l’offrir à la ménagerie du Muséum aussitôt
qu’il a su qu il pouvoit présenter quelque intérêt à la science. Malheu-
reusement cet animal est mort en arrivant, à ce qu’il paroît des
suites de l’excessive chaleur qu’il avoit éprouvée dans sa route sur
la rivière. C’est un jeune individu pris dans les Cordillères du Pérou.
Il a cependant déjà complété sa dentition: ainsi le changement de
dents se fait aussi vite dans cette espèce que dans les autres.
Sa forme est à peu près celle de l’ours ordinaire de l’Amérique du
nord, et il a de même le poil noir et luisant; mais sa tète est un peu
plus courte et plus grosse; son front un peu plus bombé 5 il a le des-
sus et les côtés du nez blanchâtres ; sa gorge est blanche; une ligne
fauve part de la racine du nez, monte entre les yeux, se bifurc|ue
comme un Y grec, et chaque branche va ainsi, en formant un sourcil
sur Toeil, jusque vers la racine de l’oreille.
En comparant son crâne à celui d’un jeune ours de l’Amérique
septentrionale à peu près de même grandeur, j’ai trouvé le museau
et toute la région palatine plus courts à proportion; la dernière
molaire aussi plus courte, et l’espace entre la première molaire et
la canine tellement resserré, que les trois fausses molaires qui l’oc-
cupent n’ont pas assez de place pour y demeurer en ligne droite"
ET CORBECTIONS. 5i5
La même brièveté de cet intervalle se fait remarquer à la mâchoire
inférieure, qui, à égalité de hauteur, est plus courte 5 enfin la région
du front est plus large et plus bombée. Il est très-probable , d’après
ces détails, que cet ours est d’une espèce distincte de l’ours noir de
l’Amérique du nord.
Sur les Ours bruns.
J’ajouterai ici que, d’après le témoignage de plusieurs voyageurs
très-capables d’en juger, et même d’après le dessin publié par
M. Choris, j’ai tout lieu de croire que l’ours gris ou brun d’Améri-
que, dont on a fait tant de récits exagérés, ne diffère point par 1 es-
pèce de nos ours bruns d’Europe.
Je dois dire encore que je me suis assuré à la ménagerie que les
ours bruns, d’abord revêtus d’un poil laineux, prennent, lorsqu ils
sont fort avancés en âge, ce poil serré, luisant et à reflets argentes
que j’avois observé sur des ours de Pologne , en sorte que cette dif-
férence ne tient qu’à l’âge.
Sur des ossemens d’Ours des caçernes decowerts en France.
Addition à la page 347 du IV*'. volume.
L’ours n’avoit pas jusqu’à présent été trouvé fossile en France : on
vient de le découvrir dans une fissure d’un rocher près de Chatillon,
lieu du département du Doubs, sur la rive gauche de cette rivière,
près de Saint-Hippolyte : c’est une colhne escax’pee , dépendante
du revers méridional du JLainriont, petite chaîne qui tient elle-même
à celle du Jura. M. Diwemqy, docteur en médecine à Montbéliard,
et autrefois mon très-utile coopérateur pour la rédaction des trois
derniers volumes de mes Leçons d’ Anatomie comparée, a bien voulu
m’adresser les os qui s’y sont trouvés, en les accompagnant d’une
notice instructive sur leur position et la roche qui les receloit.
Us sont enveloppés dans un tuf ochreux mêlé de stalactite , avec
lequel ils forment une brèche très-semblable à celle des montagnes
des bords de la Méditerranée , ou mieux encore aux parties durcies
65*
ADDITIONS
5i6
du tuf qui remplit les cavernes d’Allemagne. La plupart de ceux que
j’ai reçus étoient plus ou moins brisés, mais il se trouvoit dans le
nombre des mâchelières parfaitement reconnoissables pour être de
Y ours des capejvies.
Le cliateau ruine de Châtilloii etoit construit sur un rocher es-
carpé, au bord d’un vallon profond qui aboutit à la vallée du Doubs.
La roche est un calcaire compacte du Jura, en bancs inclinés de
degrés; vers le sommet du rocher, à l’ouest, est la fente presque
verticale d’où on a lii é ces os. Il y a avec eux , et dans le même limon
durci, beaucoup de pierres roulées qui appartiennent toutes aux
roches voisines, savoir, au calcaire compacte et àToolithe: par con-
séquent, les circonstances de leur déposition doivent avoir été les
memes que dans la plupart des fentes à brèches osseuses.
Sur des os d’Ours des caçejites troupes en Hainaut.
■Addition a la page 34^ du IV®. volume.
M. Drapiez , savant naturaliste de Bruxelles, dans son ouvrage
intitulé Coup di œil minéralogique sur la propince de Hainaut ,
parmi plusieurs os fossiles des environs de Ciplj près de Mons, cite
et représente exactement, pl. I et II, une tête ^ours des cavernes
parfaitement caractérisée, et ajoute que dans la même collection se
trouvoit une mâchoire inférieure et quelques débris du crâne d’un
individu beaucoup plus grand; mais comme il ne paroît p£is avoir ob-
servé ces os en place, mais seulement dans un cabinet, il pourroit
y avoir eu quelque confusion. La tête gravée et coloriée dont je viens
de parlei , lessemble de tout point, même pour la consistance et la
couleur, a celles que 1 on retire des cavernes de Franconie,
'^ur les Ours fossiles de Toscane.
Addition a la page 879 et à la page 507 du tome IV.
Les ours des couches meubles du val d’Arno diffèrent, comme
je 1 ai dit, de ceux des cavernes d’Allemagne, par les trois petites
ET CORRECTIONS. ^17
molaires qu’ils ont distinctes j mais on vient de leur trouver nu
caractère encore plus marqué dans leurs canines, comprimées au
point c[u’im de leurs diamètres ne fait pas le tiers de 1 autre. En
outre le bord concave de ces canines est tranchant. Notre Muséum
possède une portion d’une de ces dents, et le modèle peint dune
entière qui est au cabinet de Florence. Il doit l un et 1 autre a la
générosité du fou grand-duc.
Je trouve parmi les dessins fossiles du cabinet de Darmslaclt, qui
m’ont été envoyés par M. Schleyermacher , celui d une canine com-
primée cpii me paroît ressembler de tout point a celles de Toscane^
c’est ce qui me détermine h changer le nom d etniscus que j avois
donné à cet ours, en celui de cultridens.
Sur I’Once de Buffo?i.
Addition à l’histoire des grands F élis vivans, tome IV, page 428»
\Jonce de Buffon, qui n’avoit pas été vue depuis ce grand natu-
raliste , paroît s’être retrouvée. M. le major Charles Hainilton Smith,
l’un des naturalistes qui connoissent le mieux les quadrupèdes, m’a
fait voir le dessin d’un animal que le roi de Perse avoit envoyé au roi
d’Angleterre, et que l’on nourrissoit a la tour de Londres. Il venoit
des hautes montagnes du nord de la Perse , et il offre tous les carac-
tères que l’on observe dans la figure de Buffon : le poil plus fourre ,
la pâleur, l’irrégularité des taches. Il est probable que cet animal,
fjui paroît destiné à vivre dans des pays assez froids , est celui qui se
porte au midi de la Sibérie et dans le nord de la Chine j et il ne fau-
dra plus le chercher sous le nom indiqué par Buffon de tigf'e d’A-
frique, qui ne lui convient nullement. Au reste, ce n’est que par la
comparaison de sa tête osseuse avec celle de la panthère, que l’on
pourra s’assurer s’il forme une espèce ou seulement une variété.
5i8
ADDITIONS
Os fossiles de IF élis troui^és en Italie.
Addition à la page 456 du tome IV.
Le père Planciani, jésuite et professeur des sciences naturelles à
Viterbe, a inséré dans le 1er. vol. des Opuscoli sciejitificiàQ Bologne,
p. 345, un mémoire sur des os fossiles déterrés à Magognano , dans
le territoire de Viterbe, où, parmi des os d’éléphans et d’autres
grands herbivores , se sont trouvées des portions de mâchoire de deux
félis dont il donne les figures. Il y en a une de la taille d’ùn lion , et
une autre de celle de la panthère.
Sur une dent fossile de Porc-épic.
A ajouter à la page 65 du V^. volume, ire. partie.
M. Pentland a recueilli dans le val d’Arno , près de Sangiouanni ,
dans les memes couches sableuses qui recèlent tant d’ossemens de
grands quadrupèdes , une dent mâchelière exactement semblable à
celle d’un grand porc-épic , mais qui paroît avoir été bien fossile.
C’est encore un genre à ajouter à la liste jusqu’à présent assez peu
nombreuse des fossiles de cette famille.
Sur le Castor fossile.
Addition à la page 65 du V®. volume, ire. partie.
M. Goldfuss donne {^Nopa Acta Acad. nat. Curios., t. XI,
2*. part. , pl. LVII, fig. i ) un fragment de mâchoire inférieure de
castor d’un tuf calcaire qui couvre le trass, dans la vallée de Tonnis-
stein près d’Andernach. La même couche fournit beaucoup d’os de
cerfs et de chevaux-
ET CORRECTIONS.
5ig
Sur des os de Mégathérium trouvés dans les États-Unis ,
en Géorgie.
Addition à la page 174 du tome V, partie.
M. le docteur Mitchill de New-York a rendu compte, dans les
Annales du Lycée d’Histoire naturelle de New-York, de dents trou-
vées sur une île de la côte de Géorgie, qui ressemblent parfaitement
à celles du mégathérium. Dans le numéro du même jcmrnal de mai
1824 5 M. William Cowper donne un détail des os retirés des maré-
cages de cette île, qui se nomme Skidawaj. 11 y avoit quatre portions
de mâchoire, cinq fi’agmens de différentes dents, une partie de 1 axis,
trois autres vertèbres, dont aucune entière; la tête inférieure de l’hu-
mérus , les têtes supérieures des deux fémurs, une portion du péroné
et d’autres fragmens moins déterminables, mais qui paroissent tous,
aussi-bien que les dents décrites par le docteur Mitchiil , avoir appar-
tenu au même individu. M. Cowper, d’après une comparaison soi-
gnée de ces débris avec les figures et la description des os de méga-
thérium de ma première édition, conclut quils appartiennent a
cette espèce. MM. Waring et Habersharn , médecins de Saoannah ,
à qui il en avoit dû la communication, assurent qu’avec un peu de
travail on en trouveroit beaucoup d’autres, non-seulement à cet
endroit , mais dans un lieu de la côte nommé Whitebliijf, et dans
un autre un peu plus haut sur la Samnnah. Il seroit fort à désirer
que l’on parvînt à obtenir quelque chose de plus complet. On con-
stateroit ainsi que le rnégcitJiériuni a existé à peu près aussi loin de
l’équateur vers le nord que vers le sud.
Sur les Phoques vwans.
Addition aux pages aoS et suivantes , tome V, partie.
Nous devons des renseignemens précieux sur les phoques à deux
envois de peaux et de squelettes de ces animaux venus du Groenland,,
faits au Muséum par M. Reinhardt, professeur d’histoire naturelle à
520 ADDITIONS
Ijeide , a la rGConiiiiandation de S. A. R. le prince héréditaire de
Danemark, qui accorde aux sciences et à ceux qui les cultivent
dans tous les pays, une protection généreuse digne de son esprit
élevé et de son ]>rofond savoir.
Ce que nous avions conjecturé sur l’identité des phoca groënlan-
dica et oceanica ^ s’est complètement confirmé: des peaux et des
têtes de difFérens âges et de différens sexes, formant une série com-
plète, ne nous ont laissé aucun doute à cet égard.
Elles nous ont prouve en meme temps que le phoque de New-
York, envoyé parM. Milbert, et décrit p. 204, et la tête représentée
par sir Everard Home, et citée p. 2o5, appartiennent à cette espèce
et à de jeunes individus.
Une serie semblable de tetes du pJioca cvistatci ^ le prétendu lco~
nina de Fabricius, nous a confirmé également l’identité de cette es-
pèce avec le niitrata de Camper et avec notre individu de New-
York, pl. XVIII, fig. 3, décrit p. 210 et 21 1. A mesure cju’elle
vieillit, ses cretes, et suitout les surcilieres, deviennent rugueuses et
anguleuses.
Ces envois nous ont aussi fait connoître les crânes ài\x phoca bar-
hata et Ayi.phoca hispida que nous n’avions pas vus. he phoca hîs-
pida ressemble au groèhlandica et au vitulina , mais il a le crâne
un peu plus large, le museau un peu plus court, et surtout l’inter-
valle des yeux beaucoup plus étroit et plus comprimé. Ses dents sont
comme au groenlaiidica ^ et même les supérieures, excepté la der-
nière, manquent du petit lobe en avant. Sa taille doit être un peu
moindre qu’au vitulina. Le phoca harbata a à peu près les dents du
vitulina, un peu moins larges cependant; mais son crâne est plus
large, plus bombé; son museau aussi plus bombé par les côtés et à
la racine du nez, et 1 intervalle de ses orbites plus large, et formant
de chaque côte une crête surcilière plus marquée : il doit devenir
bien plus grand c[ue le vitulina. Ces détails s’accordent très-bien
avec ce que habricius dit de ces deux espèces, dont l’existence est
par là complètement établie.
Au reste , mon frere a aussi profite de ces envois pour le mémoire
ET CORRECTIONS. Saî
qu’il vient de publier sur les phoques (dans les Mémoires du Mu-
séum, t. XI, p. 174)5 où l’on trouvera les figures des tètes de ces
différentes espèces.
On voit une bonne figure du phoca mstata àd^ns le Journal du
Lycée de ISew-Yorck, mai 18245 pb VH*
Correction à la page 209, ligne 27 : au lieu de machelieres, lisez
incisives.
Correction à la page 21 1 , ligne 2 : au lieu de long, lisez large.
Sur un pied de demère fossile de P lioque.
Addition à la page 284 du V®. volume, partie.
Le Muséum de l’université de Pesth, en Hongrie, possède un
pied de derrière de phoque, encore assemble, et dont le tarse et le
métatarse sont entiers et en place , ainsi que les premières phalanges
du troisième et du quatrième doigt, et une moitié de celle du pouce.
Ce magnifique morceau, dont je dois un modèle peint à la complai-
sance de M. de Schreihers , directeur du cabinet impérial de Vienne,
est dans le calcaire grossier qui forme principalement la chaîne de
montagnes qui sépare la basse Autriche de la Hongrie. On 1 a trouve
à Holisch, bourg de Hongrie, dans le comté de JJ entra, sur la
rive gauche de la Morava, à dix lieues au nord-est de Vienne. Ce
pied, dans tout ce qu’on en voit, diffère très-peu de celui de notre
phoque ordinaire.
Sur le squelette du Morse et sur les os fossiles de cet animal.
Addition à la page 284 du tome V, ire, partie.
J’ai trouvé encore un témoignage en faveur de l’existence des os
de morse à l’état fossile; c’est celui de Georgi, dans son Histoire
naturelle de Russie, t. Ill, p. 591.
Moi-même , d’après un nouvel examen des os trouvés auprès
d’Angers, j’y ai reconnu une côte et une vertèbre de morse, et j’en
T. V, 2e. P. 66
522 ADDITIONS
ai eu des fragmens de dents du département des Landes. C’est ce
qui me détermine à profiter de l’occasion que j’ai d’oIFrir aux géolo-
gistes un objet de comparaison pour les ossemens de ce genre. Le
squelette de morse de la pl. XXXIII , le premier qui aura été publié
par la gravure, est dû au zèle inépuisable de M. le professeur Buck-
land, qui, ayant reçu de l’amirauté ce beau morceau recueilli dans
la mer Glaciale, par les compagnons du capitaine Parry, a bien voulu
me fournir par là les moyens de compléter l’iiistoire ostéologique des
grands mammifères.
Le cou est aussi long qu’aux phoques ; des côtes épaisses forment
un thorax large et solide.
II y a sept vertèbres cervicales, quatorze dorsales, six lombaires ,.
quatre sacrées, et huit ou neuf coccygiennes.
Le sternum a neuf os, et il y a neuf paires de côtes vraies.
Toutes les parties du squelette ressemblent beaucoup à celles du
phoque à ventre blanc.
Les apophyses transverses des vertèbres cervicales se prolongent
un peu plus.
Les apophyses épineuses des dorsales s’élèvent moins, et ont plus
de dimension d’arrière en avant.
Les corps des vertèbres sont plus courts et plus larges; les apo-
physes transverses des dorsales se renflent au-dessus de l’articulatiou
des côtes en tubercules rugueux..
La partie supérieure des côtes, surtout des antérieures,, est COm-
primée et plate d’avant en arrière.
L’omoplate est moins large de la partie antérieure, plus haute à
proportion par conséquent; son bord postérieur est plus rectiligne-;
son épine est plus saillante.
La crête deltoïdale de l’humérus et ses crêtes condyloïdiennes
sont plus marquées; l’ olécrane est moins haut, et ne fait pas en des-
sous un crochet si aigu.
Les dernières phalanges ont une forme très-particulière, tronquées
net au bout, ayant en dessus une fosse, au milieu de laquelle est
une très-légère arête servant de base à l’ongle. Cependant le phoque
ET CORRECTIONS. SaS
approche de cette forme, mais sa fosse n occupe fjue le bout de la
phalange.
Le bassin est plus allongé; son os des îles plus long et plus épais;
le fémur est aplati de meme, mais un peu plus long h propoition et
moins rétréci dans le haut.
Le tibia et le péroné sont moins arques.
L’astragale se rapproche davantage de la forme d’un astragale de
carnassier ; aussi le pied paroît-il pouvoir prendre plus aisément sa
position ordinaire dans ces animaux. Du reste, il est composé comme
dans le phoque.
La queue est plus courte à proportion que dans la plupart es
phoques.
Explication de la planche XXXÏII-
Le squelette du morse est représenté fig. i ; la tête, vue par sa face supérieure, fig. y
par sa face inférieure , fig. 3 ; par sa face antérieure , fig. 4i pa*" postérieure , ig-
Fig. 6 représente la face antérieure de Pomoplate; l’iiumerus, fig. 7 ; sa tele supérieure,
fig. 8; sa tête inférieure, fig. 9; le culiitus et le radius, fig. 10 ; leur tête supérieure, vue
par sa face antérieure , fig. 1 1 ; leur face inférieure , fig. 12 ; le carpe et le métacarpe , fig. 1 3,
le bassin, fig. le fémur, fig. l5; sa tête supérieure , fig. i6; sa tele inferieure, fig. 17;
le tibia et le péroné, fig. 18; leur tête supérieure, fig. 19; leur tête inferieure, g. ?.o ;
l’astragale , vu par sa kee inférieure , fig- » ■ i 'e calcanéum , fig. 22 ; le tarse et le métatarse ,
fig. 23 ; l’atlas^u par sa face supérieure, fig. 24 ; par sa face mfeneure, fig. a5.
Sur le Rorqual de la mer Adriatique au cabinet de Bologne.
Addition à la page 872 dn tome V, partie.
Ranzani a bien voulu m’envoyer un dessin parfaitement exé*
cuté de la tète de ce rorqual , vue par ses trois faces principales.
C’est un jeune individu; et en comparant ces dessins avec ceux de la
tête qui est au cabinet de Berlin , et dont je donne la figure pl. XXVI,
fig. 6, je l’ai trouvée entièrement semblable, en sorte qu’il n’y a
pas lieu de douter que la même espece de rorqual ne vive dans la
mer du Nord et dans la Méditerranée ; mais en même temps xl y
en a dans celte dernière mer une autre espèce, celle qui a échoue
aux îles Sainte-Marguerite, et que nous représentons même planche.
ADDITIONS
Sur le Sucilis des anciens Égyptiens.
Addition aux pages 1^5 — 49 du tome V, ae. partie.
Ma conjecture sur le sens du mot Suchis vient de recevoir une
confirmation remarquable. M. ChampoUionXe jeune, dans son Pan-
théon égyptien, a établi, par les monumens, que Souk étoit le nom
d un dieu qui correspondoit à Saturne, et que l’on représentoit avec
une tête de crocodile.
Sur rOste'ologie de la tête du Crocodile.
Addition aux pages 69—88 du V^. volume, ae. partie.
Je dois prévenir que mes observations sur la théorie de M. Geof-
froy Saint-Hilaire, concernant la tête du crocodile, ne se rapportent
qu’aux mémoires quil a publiés sur ce sujet dans les Annales du
Muséum, et non a celui qu il vient de lire à l’Institut, et où il pré-
sente des idées assez différentes des anciennes.. Ce dernier mémoire
n’étant pas encore imprimé en ce moment, 4 octobre i8a4, il ne
m’a malheureusement pas été possible de le prendre en considération.
Sur la tête fossile de Crocodile des carrières d’AltorJ, du cabinet
de Manheini.
ylddition à la page 116 du V®. volume, a^. partie.
M. le docteur naturaliste célèbre, directeur de ce cabinet
a bien voulu à ma prière m envoyer de nouveaux dessins de ce mor-
ceau, faits avec beaucoup de soin, et accompagnés de notes précises
sui ses chmensions. Comparaison faite de ces dessins avec ceux de
Collini et de M. Paiijas , il paroît que le premier le représentoit trop
long et le second trop court, ce qui peut venir de ce qu’ils ont rap-
proche plus ou moins le bec de la tête, ces deux portions ne se re-
joignant pas exactement. D’après M. Suckow, sa longueur est de
vingt-quatre pouces du Rhin (0,628), sa largeur de quatre pouces
ET CORRECTIOISS. 5a5
dix lignes (0,126). Au total, cette tête me paroîtcle la même espèce
que celle de Honfleur, pl. X, fig. i à 4> et confirme la longueur
que nous avons attribuée à son bec.
T)' une très-graJide Tortue de mer des carrières de Mont,
près de Lunéadle.
Addition à la page a43 du V^. volume, 2e. partie.
Les mêmes carrières d’où l’on a tiré les os d’un saurien que nous
avons décrit p. 355 de ce volume, ont donné aussi plusieurs os de
tortue. M. le chevalier de Villers, alors sous-préfet de Luneville, au-
jourd’hui préfet, a eu la complaisance de nous communiquer entre
autres un radius long de 0,29 sur o,o65 de hauteur moyenne, ce
qui indiqueroit une carapace de 2,56o ou de près de huit pieds de
longueur.
Parmi les os que nous a adresses de ce même lieu M. le docteur
Girardeau, se trouve aussi un pubis long de 0,095 sur 0,078, ce qui
se rapporteroit à une carapace de 0,620.
Plusieurs autres os annoncent encore cette tortue, qui, bien cjue
du sous-genre des cliélonées , ne laissoit pas que de différer assez et
de nos tortues de mer d’aujourd’hui et de celles de Maestricht.
Dernière Observation.
J’avois aussi le projet de donner des chapitres sur les os d’oiseaux
et de serpens ; mais le grand nombre d’animaux de la classe des rep-
tiles qui ont été découverts pendant le temps même que jetravaillois
à mon ouvrage ayant pris tout l’espace dont je pouvois disposer,
j’ai du renoncer à cette partie de mon plan.
Au reste, mes lecteurs y perdront peu ; l’ostéologie philosophique
de ces deux classes n’avoit que peu de choses à désirer, et en suppo-
sant que je ne sois pas prévenu à cet égard, j’aurai d’autres occasions
de la compléter. Quant aux os fossiles, ils sont si rares et fournis-
sent si peu de caractères spécifiques, qu’ils n’auroient pas conduit à
des conclusions bien positives. Ainsi, après Montmartre, il n’a guère
526 ADDITIONS ET CORRECTIONS,
été découvert d os d oiseaux en quelque abondance que ceux de
l’oolite de Stonesfield, que M. Buckland va bientôt faire connoître
dans les Transactions de la Société géologique de Londres; et ceux
du terrain d’eau douce des environs de Clermont, sur lesquels je
pourrai aussi donner un mémoire. Les os de serpens sont encore plus
rares, s il est possible. Je n en ai vu que des vertèbres des brèches
osseuses de Cette, dont j ai parle a 1 article de ces brèches et une
seule des terrains d’eau douce de l’île de Sheppey.
Je termine donc ici cette édition , probablement la dernière qu’il
me sera possible de publier, et laissant à mes successeurs à cultiver
un champ que je n’ai fait qu’ouvrir , et qui bien certainement leur
donnera encore des moissons plus riches que toutes celles que j’ai
pu recueillir ; je vais désormais consacrer ce qui me restera de
temps et de forces à publier des recherches déjà faites sur l’histoire
des poissons, mais surtout à terminer et à publier mon Traité général
d’ Anatomie comparée.
FIN.
RÉSUMÉ GÉNÉRAL
Des Ahimeiux dont les caractères ont ete indicj^ues ou
rectifiés , ou dont VOstéologie a été décrite dans cet
ouvrage,
VIVANS. FOSSILES.
pachydermes.
Éléphant d’Asie. i Éléphant fossile ou Mammouth des Russes
Éléphant d’Afrique. ), ’ ( EL primigenius). I, 75—195, 335',
III , 371 et 4o5 ; IV , 49 1 -
Grand Mastodonte (M. maximus). I,.
206' — 249; III J 376.
Mastodonte à dents étroites (il/, angus-
tidens)\. 1, 25o — a65 , 335^ IV, 493-
Mastodonte des CordelièresX
{M. Andium'). 1
Mastodonte humboldien (ÆT.I
Ilumboldü). l I, 266 —
Petit Mastodonte (df. minu-( 268..
tus). I
Mastodonte tapiroïde (M. ta-\
piroïdes ) . '
Hippopotame. I, 270—302. Grand Hippopotame fossile (//. major).
I, 3o4— 3225 III, 38o; IV, 4g3.
Petit Hippopotame fossile {H. minutus).
1 , 322 — -33 X 5 III , 382.
Moyen Hippopotame fossile (üT. médius).
1, 332—333.
Animal voisin des Hippopotames (ZT. du-
bius). 1,333 — 334*
Rhinocéros unicorne des Indes. II, 2'. Rhinocéros fossile à narines cloisonnées
part. , p. i6. {R. tichorhinus). II, part, i, p. 64;
IV, 496-
528
RÉSUMÉ GÉNÉRAL
•V IVAN s.
FOSSILES.
Rhinocéros unicorne de Java. II, i*'®. part.,
p. 33 ; III, 384.
Rhinocéros bicorne de Sumatra. III, 385.
Rhinocéros bicorne du Cap. II, i«'*. part. ,
p. 29; IV, 4g3.
Rhhiocéros fossile à narines non cloison-
nées et sans incisives ( R. leptor/iiniis).
II, part. I, p. 71-
Rhinocéros fossile à narines non cloison-
nées muni d’incisives (R. incisivus)-
II, part. I, p. 89; III, p. 390-, et'V,
part.' 2 , p. 5oi.
Petit Rhinocéros (iî. minutus). II, part.
2 , p. 89.
Cheval.
Cochon.
Daman.
Tapir d’Amérique.
II, part, t, p. gg.
II , part, t , p.
II , part. I , p. 12^,
II, part. p. 145.
Palæotherium magnum.
Pal. medium.
Pal. crassum.
Pal. latum.
Pal. curtum.
Pal. minus.
Pal. minimum.
tome III ,
ïpassim, et
' spécialem*.
>p. 25o ; et
l tome V, 2®.
j partie , p.
5o5.
Pal. aurelianense. III , 254 ; IV, 498 et
499-
Pal. isselanum. III , 258.
Anoplotherium commune.
Anopl. secundarium. et III,
396.
Anopl. gracile.
Anopl. leporinum.
Anopl. murinum.
Anopl. oblic/uum.
Chœropotamus parisiensis. III , 260 .
Adapis parisiensis. 265.
Anthracotlmrium magnum. 398.
Anthr. minus. 4°3.
Anthr. minimum. 4o4-
Anthr. alsaticum. IV, 5or.
Anthr. velaunum. V, 2®. part. , 5o6.
Elasmothérium. II , 1'®. part. , p. 95.
Cheval fossile. 109.
Cochon fossile. i25.
tome III ,
\passim, et
^spécialem'.
p. 25o.
Tapir gigantesque.
i65.
DES ANIMAUX DE CET OUVRAGE. 529
VIVANS. FOSSILES.
Tapir des Indes. II, part, r , p. i56.
Lophiodon moyen d’Issel. II, part, i,
Petit Lophiodon d’Issel. i83.
Grand Lophiodon d’Issel , d’Argenton et
de Soissons. II, 1". part., p. 184, 189
et 21 1.
Lophiodon secondaire d’Argenton. 191.
. Petit Lophiodon d’Argenton. 193.
Très-petit Lophiodon d’Argentoii. 1^4.
Grand Lophiodon de Buchsweüer. 200 et
Lophiodon secondaire de Bnchsweiler.
II , i". part. , 206.
Très-grand Lophiodon de Moiitabusard
près Orléans, et de Gannal. Il, i". part. ,
21 4 5 et III, 394.
Moindre Lophiodon de Montabusard. II,
i". part. , 216.
Lophiodon de Montpellier. 217.
Lophiodon du Laonnais. 218.
Cincpiième Lophiodon d’Argenton. IV,
498.
RUMINANS.
Cerf commun (C. elaphus). IV, 24.
Grand Cerf du Canada (C, canadensis).
IV, 26.
lûaxm{C. dama). 29.
Cerf de la Louisiane {C. virginianus).
IV, 33.
C. paludosus. • 3 g
C. Axis. il,,
C. Hippélaphe. 4o.
C. Mulet. 43.
C. Cochon. 43 et 5o3.
C. Rousso. 44-
C. equinus. 45-
C. des Marianes. ib.
C. de Manille. 46.
C. de Timor.
T. V, 2e. p.
Cerf à bois gigantesques. IV, 70.
Renne d’Étarapes et de Breugue. 89.
Daim gigantesque. 94*
Renne de Scanie. 965 et V, 2®. part. , 5og.
Cerfs semblables au Cerf commun. 98.
Chevreuil de Montabusard. io3.
Chevreuil des tourbières. io5.
Cerf des breches osseuses de
Gibraltar, etc.
1®’'. Cerf de Nice, à collet
saillant aux molaires.
2®. Cerf du même lieu.
Petite espèce de Pise.
Antilope ou Mouton de Nice.
67
IV, de 168
à 225.
53o
EÉSUMÉ GÉNÉRAL
VI VA N s.
FOSSILES.
Chevreuil.
IV, 47. Cerf des molasses de Suisse. V,
2®. part. ,
C. Munljak.
48.
5o8.
C. subeornutus .
5i.
C. Campestris.
5i et 5a.
C. Guazouti.
ib.
C. lîiifus.
ib.
C. lYemorivagus.
53.
Le Renne.
57.
L’Élan.
64 et 5o6.‘
C. Aristotelis .
5o3.
C. TVallichii.
5o5.
C. Duvauceüi.
5o5.
Bœuf commun.
IV, log. Aurochs fossile.-
IV, i4o.
Aurochs {B. unis L.).
ib. Bœuf fossile. i5o ; et V, 2®. part. ,
Bufï’alo (jf?. bison L. ).
117. Bufle musqué fossile.
io5.
Bufle (7?. biibalus L.).
122.
Sa variété à longues cornes
{B. ami). 127.
Bœufà queue de cheval (7?. gmnniens ).
IV, 129.
Bufle du Cap (B. Caffer).
1 3a.
Bufle musqué (7?. moschatus), i3J.
Bœuf des Jongles ( B. frontalis). 5o6.
CARNASSIERS.
Chats.
IV , a33 , 275.
Le Lion.
408.
Le Couguar.
4ii. Grand Félis des cavernes {Felis
spelψ).
Le Tigre.
414.
IV, 452.
Le Jaguar.
417. Petit Félis des cavernes (Felis antiqua).
Le Jaguar noir.
421.
ib.
La Panthère
4a5. Grand Félis des brèches.
IV, 193.
Le Léopard.
426. Petit Félis des brèches.
ib.
Le Léopard noir.
427.
L’Once. j et V,
a®, part. , 5t7.
Le Guépard.
43o.
Le Serval.
432.
Le Chibigouazou,
434.
L’Ocelot.
ib.
DES ANIMAUX DE CET OUVRAGE.
'53 1
VIVAIS.
Le Chati.
IV, 436.
Le Margay.
436.
Le Chat de Java.
ib.
Le Chat de Sumatra.
ib.
Le Chat de Diard.
437.
Le Chat sauvage.
ib.
Le Chat du Cap.
ib.
Le Jaguarondi.
438.
Le Caracal.
439.
Le Chaus.
440.
Le Lynx.
44i.
Le Lynx du Canada.
443.
Le Chat-Cervier.
ib.
Hyènes,
IV, 236 , 276.
Hyène rayée d’orient.
38 1 et suiv.
Hyène tachetée.
ib.
Ratel.
287.
Putois , Zorille , Marte.
23g , 277.
Zorille.
Grison, Taira, Glouton.
1 y
241 , 277.
Glouton.
476.
Ratel.
479-
Grison.
481.
Taira.
48 1.
Moufettes et Midaus.
241.
Le Chinche.
471.
Moufette du Chili.
ib.
Moufette de l’Amérique
septentrionale.
IV, 472.
Midaus.
474-
Gulo orientalîs de Horsfield. ib.
Loutres.
243, 277.
Blaireaux.
244, 277.
FOSSILES.
Hyène fossile.
IV, 3q2 et 507-.
Putois fossile.
467.
Belette fossile.
475.
Glouton fossile.
475.
Chiens.
Isatis.
Renard tricolor.
Corsac.
Chacal.
IV, 246, 267.
V, 2®. part, , p. 5o6.
IV, 463.
ib.
ib.
Loup fossile.
Renard fossile.
Chien fossile gigantesque.
Chien des plâtrières.
IV, 458.
4G1 et 5o8.
466.
III, 267.
G']*
532
RÉSUMÉ GÉNÉRAL
VI VANS.
FOSSILES.
Chacal à dos noir.
IV, 463.
Grand Loup rouge.
ib.
Loup du Mexique.
464.
Guaracba.
ib.
Loup crabier.
ib.
Loup des îles Malouïnes.
ib.
Chiens sauvages.
ib.
Mégalotis.
ib.
Chien hyénoïde.
386.
Civettes, Mangoustes, Geneltes, Para-
doxures.
Genette hyénoïde..
Suricate.
Ratons et Coatis.
Ours.
Ours brun.
IV
, 249, 277.
389.
25 1.
253 , 274.
255 , 273.
3i4 et 332.
Genette des plâtrières.
III,
Î72.
Ours gris. IV, 319; et V, 2«. part., 5 14.
Ours noir d’Europe. IV, 3i6 et 333.
Ours noir d’Amérique. 3 18 et 333.
Ours blanc polaire. 327 et 332.
Ours paresseux et à larges lèvres { JJ. la-
hiatus). IV, 3-22, 324 et 334; et V,
2'. part. , p. 5 12.
Ours malai ( U. malajanus). IV, 324 et
334.
Ours du Thibet. SaS.
Ours des Cordillères. V, 2®. part. , 5i4.
Insectivores. iv, 258.
Genre voisin des Coatis retiré des plâtriè»
III , 269.
Ours des cavernes (Z7. spelæus). 35i ; /f/"
et V, 2®. part. , p. 5i4 et 5i5.
Ours arctoïde ( U. arctoïdeus). îfS^ 356. îï^
Ours intermédiaire ( U. priscus Goldf.).
IV, 357.
Ours à dents comprimées de Toscane ( U.
cultridens ). IV, 378 et 507 ; et V, 2'.
part. , p. 5i6.
Sarigue des plâtrières. IH^
Carnassier de Stonesfield , voisin des Sari-
V, 2®. part., p. 349.
Phoque commun. V, i«. part. , p. 200.
Phoca groënlandica ou oceanica. 2o3 ,
et 2®. part., 520.
Phoca leporina.
Phoca lagura.
Phoca leptonyx.
Phoca monachus.
Phoca cristata. 210, et 2®
Phoca proboscidea.
part.
205.
206.
208.
ib.
520.
Phoques fossiles. V, P®, part., 232, et 2*.
part. ,521.
533
DES ANIMAUX DE CET OUVRAGE.
VIVAWS.
Phoca barbata. V, i”. part. , 2i4î et a®.
part. , 5ao.
Phoca hispida. 2x5, et 2'. part. , Sao.
Phoca ursîna? 217-
Phoca leonina ? 2 1 1 .
FOSSir.ES.
Morse.
V, 2«. part. , P- 522. Morse fossile. V, i^'-p., 234; et 2'. p., Sai.
RONGEURS.
Marmottes. V, r
Spermophiles.
Écureuils.
Castors.
Oryctères.
Géoriques.
Campagnols.
part. , p. 6 et 2g.
2 et 29.
9 et 28.
lo, 37 et 49-
12 et 3i.
3a.
13 et 42-
Rats. i4 et 3o.
Hamsters. • i5 et 3i.
Loirs. i5et3o.
Hyclromys. i5 et 3i.
Spalax. 16 et 3a.
Gerboises. 16 et 33.
Gerbilles. 3a.
Merions. ^4-
Hélamys. 17 et 43-
Ecliimys. 18 et 34-
Saccomys. 36.
Porc-ëpics. 18 et 39.
Couïa. 20.
Agoutis. 30 et 4o.
Paca. 21 et 37.
Anoeraa ou Cochon d’Inde. 22 et 41 •
Kerodontes. 42‘
Cabiai. a3 et 4o.
Lièvre. 24 et 43-
Lagomys. 26.
Aye-aye. ib.
Écureuil des plâtrières. V, 2'. part. , 5o6.
Castor des tourbières. V, i". part., 55, et
2®. part. , 5i8.
Trogonthérium. i”- part. , 5g.
Campagnol des schistes de Bohême. 65.
Campagnols des cavernes. 54-
Petit Campagnol des cavernes. ib.
Rat des cavernes. 55.
Loir des plâtrières. III , 297.
Second Loir des plâtrières. 3oo.
Porc-épic fossile. V, 3®. part. , p. 517.
Rongeur des schistes calcaires d’OEnin-
gen , voisin des Cochons d’Inde. 60.
Lièvre des cavernes. V, i”. part. , 55.
534
KÉSUMÉ GÉNÉRAL
VI VAN s.
FOSSILES.
ÉDENTÉS.
Paresseux. V', i”. part., p. 71 etsuiv.
Fourmiliers et Pangolins. 97 etsuiv. Mégalonyx. y part 160
Tatous el Onyclérops ,,,oisuiv. MégalMrium. .,4i et v’a-.' part.',’ 5,o.’
Orn.thoryuqueelEchidue. ,43etsuiv. Pangolin gigaulesque. part. , tgS.
Lamantin. V, 1'
Lamantin d’Amérique.
Lamantin du Sénégal.
Rytina.
Dugong.
part.
CÉTACÉS.
, p, a35.
24*-
354" Lamantin fossile.
256.
25g.
V, I". part. , 266.
part
Dauphins. V, i
Dauphin commun.
Delph. diibius.
Dauphin soudeur ou tursio.
Delph. frontatus.
Delph. acuminatus
Dauphin couronné.
Dauphin du Gange.
Dauphin marsouin.
Dauphin épaulard.
Dauphin bélier ou Z?, griseus. 284 et 297
Dauphin globiceps. 285 et 297.
Dauphin béluga.
Dauphin leucoramphe.
Narval.
Hyperoodon.
Cachalots.
Baleines.
Baleine franche et Baleine du Cap
273 et 290.
275.
295.
277 et 296.
278.
296 , 298 et 4oo.
ib.
279 et 298.
280 et 296.
a8i et 297.
Épaulard fossile. 3og_
Dauphin fossile de Sort, département des
Landes , à longue symphyse. 3x2.
Dauphin fossile de Sort , voisin du com-
mun.
Dauphin à long museau du département
de l’Orne. 317.
Rorquals.
287 et 297.
288 et 297.
3iq.
324.
328.
359.
362 et
373,
363 et 372.
Narval fossile.
Genre Ziphius.
Ziphhis cavirostris.
Ziphius planirostris .
Ziphius longirostris.
Rorqual fossile.
Baleine fossile.
349.
352.
ib.
356.
357.
390.
3g3.
DES ANIMAUX DE CET OUVRAGE.
)35<
VIVANS. FOSSILES.
REPTILES.
Crocodiles.
Crocodiles. V, à', part. , p. i4-
Gavial de Monheim et de Boll ( Crocodilus
Caïmans.
3o et 82.
prisons ). V, 2®. part. ,
120.
Caïman à museau de brochet.
82.
Gavial de Caen.
127.
Caïman à lunettes.
35.
Gavial de Honfleur. X ü t 5 5
Caïman à paupières osseuses.
38.
2®. Gavial de Honfleur. >
Crocodiles proprement dits.
3o et 42.
Crocodile de Meudon.
161.
Crocodile vulgaire.
42.
Croc, de Sussex.
ib.
Crocodile à deux arêtes.
49-
Croc. d’Auteuil.
i63.
Crocodile à lozange.
5i.
Croc, de Provence.
i64’
Crocodile à casque.
52.
Croc, de Sheppey.
i65.
Crocodile à deux plaques.
53.
Croc, des plâtrières. 166 •, et III, 335.
Crocodile à museau effilé.
55.
Croc, des marnières d’Argenton. ^
Crocodile à nuque cuirassée.
58.
part. ,
166.
Gavials.
3o et 5g;
Croc, des graviers de Castélnaudary.
168.
Grand Gavial.
60.
Croc, de Blaye.
169.
Petit Gavial..
62;
Croc, de Brentfort-
ib.
Croc, du Mans.-
ib.
Chélonieits.
Tortues. y, 2'. part.
,, p. lyS-
Trionyx fossiles.
221.
Tortues de terre.
ijti.
Tr. des plâtrières de Paris.
222.
Tortues d’eau douce.
184.
Tr. des plâtrières d’Aix.
223.
Tortues molles ou Trionyx.
186.
Tr. des molasses de la Gironde.
224.
Tortues de mer.
187.
Tr. des graviers de Lot-et-Garonne.
226.
Ghélydes.
200.
Tr. des graviers de Castélnaudary.
226.
Tr. des sables d’Avaray.
227.
Émydes ou Tortues d’eau douce fossiles.
Émydes du Jura.
ib.
Ém. de Sussex.
282.
Ém. des molasses de la Dordogne
et de
la Suisse.
282.
Ém. de Sheppey.
234.
Ém. de Bruxelles.
2 36.
Ém. des sables d’Asti.
238.
Chéloudes ou Tortues de mer fossiles. 289.
Chél. de Maestricht. ib.
536
RÉSUMÉ GÉNÉRAL, etc.
VIVANS, FOSSILES.
Chëioiit5e de Claris. V, 2“. part. , 24^’
Chél. de Lunéville. 5'i5.
Tortues terrestres fossiles. 244-
Tortues des environs d’Aix. ib.
Tortues de l’Ile de France. 24^-
Sauriens.
Lézards. V, 2^ part., 261.
Monitors. 255.
Sauvegardes. 261.
Lézards proprement dits. 2.63.
Cordyles, Stelüons. 264.
Dragons, Agames, Marbrés, Anolis. 266.
Basilic , Iguane. 266.
Gecko. 267.
Caméléon. 268.
Scinques, Ophisaures. 270.
Monitor fossile de Thuringe. 3oo.
Grand Saur ien des carrières de Maestricht
ou Mosasaurus . 3 10.
Grand Saurien de Monlieim ( Lacerta gi-
gantea Sœramerr. ). 338.
Mégalosaurus. 343.
Grand Saurien de Houfleur. 353.
Saurien gigantesque des carrières de Caen.
354.
Saurien des environs de Lunéville. 355.
Ptérodactyle à long museau. 358.
Ptérodactyle à museau court. SyG.
Grand Ptérodactyle. 38o.
Batraciens.
Grenouilles.
Rainettes.
Crapauds.
Pipa.
Salamandres.
Axolotl.
Sirène.
Proteus.
Ichtyosaurus. 447*
475.
386.
392.
ib.
393.
4o6.
4i5.
417.
4ï6.
Salamandre gigantesque d’OEningen, ou
prétendu homme fossile. 43 1.
Plésiosaurus.
TABLE DES CHAPITRES
DE LA DEUXIÈME PARTIE
DU CINQUIÈME VOLUME.
Huitième Pabtie. Des Osseinens de Reptiles. Pag. i
Observations préliminaires. Sur V Ostéologie des Reptdes et
sur la position géologique de leurs débris.
Chapitre premier. Sur les Ossernens de Crocodiles.
Première Section. Sur les différentes espèces de Croco-
diles vwans et sur leurs caractères distinctifs.
Article premier. Remarques préliminaires.
Art. II. Remarques sur les caractères communs au genre
des Crocodiles , et sur ses limites. 28
Art. III. Division du genre Crocodile en trois sous-genres.
— Caractères de ces trois sous-genres. 29
Art. IV. Détermination des espèces propres à chacun des
trois sous-genres. — Indication de ce qu’il y a de certain
dans leur synonymie. 82
r. Espèces de Cjïmans. ib.
11°. Espèces de Crocodiles. 4^
IIP. Espèces de Gavials. 5g
Art. V . Résumé et Tableau méthodique du genre et de ses
espèces. 64
Deuxième Section. Observations sur TOstéologie des Cro-
codiles vivons. 67
Article premier. Détermination des os de la tête dans les
Crocodiles proprement dits ^ et leur comparaison avec
ceux des Mammifères. 6g
Art. II. De la Mâchoire inférieure et de sa composition. 88
Art. III. Des Dents. 90
Art. IV. De Vos hyoïde. 94
T. V, 2e. P.
ib.
i3
4
ib.
68
538
TABLE
Art. V. Des os du tronc.
Art. VI. Les os des extrémités.
Art. VIÏ. Comparaison des squelettes de Caïmans et de Ga-
vials avec ceux de Crocodiles.
1°. Des télés de Caïmans.
2°. Des têtes de Gavials.
5®. Des mâchoires inférieures. •
4°. Du reste des squelettes.
95
lOO
105
ib.
106
107
ib.
Troisième Section. Sur Les Ossemens fossiles de Cro-
codiles.
Article premier. Résumé des découvertes d’os de ce genre
faites antérieurement à mes recherches.
Art. II. Du Gavial des schistes calcaires de Monheim en
Franconie, décrit par M. de Soemmerrirm.
Art. III. Du Gavial des carrières de pierre calcaire des en-
virons de Caen.
Art. IV. Des os de deux espèces inconnues de Gavials,
trouvés péle-méle près de Honfleur et du Havre.
§ I. Mâchoires inférieures.
§11. Les crânes et les mâchoires supérieures.
§ III. Les vertèbres.
§ IV . Les os des extrémités.
109
ib.
120
127
143
145
148
i53
i5y
Art. V. Des Crocodiles qui se trouvent dans la craie et dans
les couches placées immédiatement au-dessus et au-dessous
de la craie.
§ I. D’une dent de Crocodile de la craie de Meudon
§11. Des os de Crocodiles des sables ferrugineux du
dessous de la craie, trouvés dans le comté de Sussex
par M. Manlell.
§ III. De dents et os de Crocodile des lignites et de l’ar-
gile plastique d’ Auteuil près de Paris.
§ IV. Des os de Crocodiles des lignites de Provence.
§ ^ 'âe Crocodiles de Sheppey.
Art. VI. Des Crocodiles dont les ossemens se trouvent avec
ceux de Palæotheriums et de Lophiodons.
§ I. Crocodiles des plât rières..
161
ib.
ib.
163
164
165
ib.
166
DES CHAPITRES. SSg
§ IL Crocodiles des marnières d’ Argenlon. ib.
Q III. Crocodiles des couches de gravier de Caslelnau-
dary. ^^8
§ IV. De quelques dents de Crocodiles des environs de
Blaye.
§ V. D’un os de Crocodile de Brentfort. ib.
§ VI. Des os de Crocodiles fossiles des environs du
Mans,
Résumé de ce chapitre. 17 1 .
Chapitre IL Des Ossemens de Tortue,
i']S
Première Section. DeVOstéologie des ToTtiies vwcnites.
Article premier. De la tête.
Art. H. Delà mâchoire inférieure.
Art. III. De Vos hyoïde.
Art. IV. Des os du tronc.
1°. Du bouclier dorsal.
2“. Du sternum ou plastron.
3“. Des vertèbres.
166
ib.
191
192
195
ib.
2o3
207
Art. V. Des grands os des extrémités.
Art. VI. Des os des mains et des pieds.
g I, Des mains.
§ II. Des pieds.
Deuxième Section. Des Tortues jossiles. 220
Article premier. Des os fossiles de Trionyx,
§1. Trionyx des plâtrières des environs de Paris. 222
§ TI. Trionyx des plâtrières d’ Aix.
g III. Trionyx de la molasse du département de la Gi-
ronde. 2^4
§ IV. Trionyx des couches de gravier et d’argile de
Hautevigne , département de Lot-et-Garonne. 226
§ V. Trionyx des couches de gravier des environs de
Castelnaudary.
S VI. Trionyx des couches sableuses des environs d A*
227
varay. '
Art. il Des Emydes ou Tortues d’eau douce. ib*
68"
54o TABLE
§ I. Des Tortues d’eau douce des plâtrières de Paris. 227
§ II. Des Tortues d’eau douce découvertes avec des
Crocodiles dans les carrières de calcaire du Jura des
environs de Soleure. ib.
§111. Emydes des sables ferrugineux du comté de
Sussex. 232
§1V. Emydes des molasses de laT)ov([o^ne et de ib.
§ V. Emydes de l’üe de Sheppej. 234
§ VI. Emydes des environs de'ÇiVMyc^e.?,. 256
§ VIL Emjde des sables marneux de la province d’ ksX\. 238
Art. III. Des Tortues de mer ou Chélonées. 25g
§ I. Chélonées des environs de Maestriclit. ib.
§ II. Tortues des ardoises de Glaris. 243
Art. IV. Des Tortues terrestres. 244
§1. Tortues des environs d’ k\y.. ib,
§ II. Des os de Tortue trouvés à I’Wq de France sous
des couches volcaniques. 248
Art, V. Résumé. 24g
Chapitre III (’^). Des Ossemens de Lézards. 2S1
Première Section. De T Ostéologie des Lézards vù>ans. ib.
Article premier. De la tête. ib.
Art. II. De la mâchoire inférieure. 271
Art. III. Des dents. 274
Art. IV. De l’os hyoïde. 278
Art. V. Des vertèbres et des côtes. 283
Art. VI. Du sternum et de V épaule. 28g
Art. vil Du bassin.
Art. VIII. Des os longs des extrémités. 2g 5
Art. IX. Des os des mains et des pieds. 2g7
Deuxième Section. Des Ossemens fossiles de Sauriens. 3oo
Article premier. Des Sauriens du genre des Monitors qui
se trouvent dans les schistes pyrileux de la Thuringe et
d’autres contrées de V Allemagne. ib.
(*) Erratum , page 25i , chapitre II, Usez : chapitre III.
5io
358
345
355
DES CHAPITRES. 54i
Art. 11. Sur le grand Sauvien fossile des carrières de Maes-
tricht.
Art. 111. JD'un grand reptile des environs de M.onhem-1 , de-
couvert par M. de Sœmraerring , nommé par lui Laccrta
gigantea , et que je considère comme un nouveau sous-genre
intermédiaire entre les Crocodiles et les Momtors (Geo-
SAURUS Cur. ).
Art. IV. Du Mégalosaurus, très-grande espèce de reptile,
fort voisine de la précédente, découverte dans les bancs
d’oolithe de Stonesfield près d’ Oxford, par M. Buckland,
et qui parait tenir des Sauriens et des Crocodiles. On y
traite également de plusieurs vestiges d’autres très-grands
Sauriens.
Art. V. D’un Saurien des environs de LunevUle , qui se
rapproche aussi à plusieurs égards des Crocodiles.
Art, VI. Sur un genre de Saurien caractérisé par l’excessij
allongement du quatrième doigt de devant , auquel nous
avons donné le nom de Ptérodactyle.
§ 1. De la grande espèce à museau allongé ( Pterodac-
tylus longirostris).
g 11. D’un petit Ptérodactyle à museau court (Ptero-
dactylus brevirostris ).
g III. Sur divers os longs cjui paroissent avoir appar-
tenu à une grande espece de Ptérodactyle.
g XV. D’une extrémité des doigts des mêmes carrières ,
pouvant provenir d’un Ptérodactyle ou d’une Chauve-
. 582
souris.
[APITRE IV. Des Ossemens de Batraciens. 38 j
Première Section. De V Ostéologie des Batraciens. 386
Article premier. Des Grenouilles , Rainettes, Crapauds
et Pipas.
g I. De la tête.
g II. De la mâchoire inférieure.
§111. De l’os hyoïde.
§IV. Des os du tronc.
g V. De l’extrémité antérieure.
g VI. Do l’extrémité postérieure.
359
376
38o
ib.
ib.
3q5
596
398
400
4o3
TABLE DES CHAPITRES.
Art. h. Bes Salamandres et des Axolotls.
§ I. Des Salamandres.
§ IL De V Axolotl.
Art. III. De la Sirène et du Proteus.
§ I. De la Sirène.
§ IL Du P/’ote«s( Proteus anguinus Laurenti).
Deuxième Section. Des B atraciejis fossiles.
Article premier. Sur le prétendu Homme fossile des car-
rières d OLningen , décrit par Scheuchzer, que cC autres
naturalistes ont regardé comme une silure , et qui n^est
qu une salamandre aquatique de taille gigantesque et d’es-
pèce inconnue.
Chapitre V. De l Iciityosa urus et du Plésiosa urus.
Première Section. DeVIchtyosaurus.
Article premier. Des dents.
Art. II. De la tête.
§ I. De sa forme et de sa composition en général.
§ IL Différences entre les têtes de différentes espèces.
Art. III. De la mâchoire inférieure.
Art. IV . De l’os hyoïde.
Art. V . Des vertèbres et des côtes.
§ I. Des vertèbres'.
§ IL Des côtes.
406
ib.
4i5
417
ib.
426
43 1
ib.
445
447
454
457
ib.
462
464
465
466
ib.
469
Art. VL Des extrémités.
§ I. Du sternum et de Vépaule.
§ II. De la nageoire antérieure.
§ III. Du bassin.
S I^* la nageoire postérieure.
Art. VII. Résumé général.
Deuxième Section. Du Plésiosaurus.
Additions et Corrections à tout ï Ouvrage.
Résumé général animaux dont les caractères ont été indi-
qués ou rectifiés , ou dont l’Ostéologie a été décrite dans
cet ouvrage.
ib.
ib.
470
471
472
ib.
475
490
FIN DE LA TABLE.
LISTE DES SOUSCRIPTEURS
A la nowelle édition des Recherches sur les Ossemens fos-
siles, par M. le baron Çt. Cuvier, 5 volumes in- 1\9. , formant
sept Parties.
MM. Adelmann, professeur d’histoire naturelle à l’université de Louvain.
Aillaud, libraire à Paris. 3 exemplaires.
Ampère , membre de l’Institut.
A Roy (C. H. ), docteur en médecine , membre de l’Institut royal des
Pays-Bas, à Amsterdam.
Artaria et Fontaine, libraires à Manheim. 8 exempl.
Adcher-Eloy , libraire à Blois. 2 exempl.
Baber , professeur à Londres.
Bachelier , libraire à Paris.
Backer (Philippe), membre de la société géologique de Londres.
Baillière, libraire à Paris. i4 exempl.
Barbier, ancien bibliothécaire du Roi, à Paris. 2 exempL
Barde, négociant à Bordeaux.
Barrois l’aîné, libraire à Paris.
Basoches (de), propriétaire à Falaise.
Baudry , libraire à Paris.
Beaulieu (de), adjoint de la mairie d’Aix ( Bouches-du-Rhône )-
Béchet l’aîné , libraire à Paris. 4 exempl.
Béchet jeune, libraire à Paris. 6 exempl.
Berge (de la), docteur en médecine à Paris.
Bertrand (Arthus), libraire à Paris. i4 exempl.
Bertrand-Gesli.n , à Paris.
Bibliothèque (la) publique de la ville de Chambéry.
Bibliothèque (la) publique de la ville de Genève.
Bibliothèque (la) publique de la ville de Berne.
Bigot de Préameneu (le comte de), de l’Académie française.
Birch (le colonel).
544 LISTE DES SOUSCRIPTEURS. '
MM. Bohaire, libraire à Lyon.
Bontodx ( veuve), libraire à Nancy. 2 exeiiipl.
Bossange père, libraii’e à Paris. 26 exempl.
Bossange frères, libraires à Paris. 2 exempl.
Bolkdet de ea Nièvre (le chevalier), géologue du prince royal de
Danemarck.
Bresson, chef de division au ministère des affaires étrangères.
BreüNiXer (le comte), à Vienne en Autriche.
Bristol (le comte de ) , à Londres.
Brockaüs, libraire à Leipzig.
Brongniart (Alex.) , membre de l’Académie des Sciences.
Bruxot Labre , libraire à Paris, 3 exempl.
Büxbury (sir Henri) , major-général, à Londres.
. Cabinet (le) de minéralogie nationale à Bruxelles.
Camoin frères , libraires à Marseille. 2 exempl.
CnAssERi AU, libraire à Paris.
Chichester , à Londres. f
CoNDAMiNE ( de la), à Paris.
Conybeare, à Londres.
Crochard, libraire à Paris. ■
Coûtant, graveur.
Dalibon , libraire h Paris.
David (Emeric) , membre de l’Institut. 2 exempl.
Debeaüsseaux , libraire à Paris.
Debuee frères , libraires à Paris. 2 exempl., dont i pap. vélin,
Degon, bibliothécaire de la ville à Meaux.
De LAUNAY , libraire à Paris. 2 exempl.
Delée , à Paris.
Dentü ( Gabriel ) , libraire à Paris.
Desmarest , membre de plusieurs sociétés savantes.
Directeurs (les) de la fondation Teylérienne à Haarlem.
Drapiez, professeur d’histoire naturelle à Bruxelles. 8 exempl.
Due ART, libraire à Paris.
Dufour et compagnie, libraires à Amsterdam, 4r exempl.
Due AU et compagnie , libraires à Londres. 9 exempl.
Dupüy, à Paris.
Düsgate , à Londres.
LISTE DES SOUSCRIPTEURS. 545
MM. Ewbry, docteur en médecine à Aubenas.
Eymery, libraire à Paris. 2 exempl.
Eyriès , membre de plusieurs sociétés savantes.
Pantin , libraire à Paris. 3 exempl.
PiTTON (H. G.) , membre de la société géologique de Londres.
Fleuiuaü de Bellevüe , membre de la chambre des députés.
Fremery (N. C. de ), professeur à Uirecht.
Friedlandee (feu). 2 exempl. 3 dont i pap. vélin.
Gabon et compagnie j libraires à Paris. 4 exempl.
Gairdeker (W.)^ docteur en médecine à Londres.
Galignani frères , libraires à Paris. 2 exempl.
Graeff , libraire à Saint-Pétersbourg. 3 exempl.
Güilleminet , libraire à Paris,
HAZENBERG7Mrazor(H. W. ) , libraire à Lejde. 2 exempl,
Heyer, libraire , imprimeur de la Cour et de l’Unlversite de Giessen
(grand-duché de Hesse).
Hoeninghacs , négociant à Crefelt,
Hubert, libraire â Paris.
Hüzard , inspecteur-général des Écoles royales vétérinaires à Alfort,
Hczard (madame), libraire à Paris. 5 exempl.
IsNEARDY , bibliothécaire de la ville de Boiilogue-sur-mer.
Rilian, libraire à Paris.
Roctzofski, à Paris.
Lacroix, à Valence (Drôme).
Laduange, libraire à Paris. 2 exempl.
Laloi , libraire à Paris. 2 exempl.
Lance , libraire à Paris. 2 exempl.
Laurillard , à Paris.
Le Charuer , libraire à Bruxelles. 3 exempl.
Le Cointe et Dürey , libraires à Paris. 2 exempl.
Lecrêne, libraire à Caen.
Le Dentü , libraire à Paris. 2 exempl.
Le Doux, libraire à Paris. 2 exempl.
Leffler ( George ) , libi-aire à Saint-Pétersbourg.
Lequien , libraire à Paris,
T. V, 2e. P.
69
546 LISTE DES SOUSCRIPTEURS.
MM. Le Roüx, libraire à Mons. 3 exempl.
Le Roux, libraire à Mayence. 2 exempl.
Le Tourneux , libraire à Paris. 2 exempl.
Levkault , libraire à Strasbourg. i3 exempl.
Lucas fils , à Paris.
Luchtmans (S. et J.), libraires à Leyde. 2 exempl.
Manget et Cherbuluiez , libraires à Genève. 3 exempl.
Maraschini, à Florence.
Masson , père et fils , libraires à Paris. 2 exempl.
Mathan (le marquis de), à Paris.
Maze, libraire à Paris. 2 exempl.
Ménard de la Gkoye , à Paris.
Merlin, libraire à Paris. 2 exempl.
Ministère (le) de l’intérieur. 5o exempl.
Musée (le) de lecture à Amsterdam.
Nesti, à Florence.
Oken , à Leipzig.
Paravicin, à Paris.
Paschoüd, libraire à Genève. 2 exempl.
Pasqüier (le baron ).
Pélicier , libraire à Paris. 4 exempl.
Perkins ( Henri ) , à Londres.
Pebkins (Frederick) , à Londres.
Pesche, libraire au Mans.
PoNTiER , libraire a Aix ( Bouches-du-Rhône). 2 exempl.
PoTEY, libraire à Paris.
Pozzo DI Borgo ( le comte de). Pap. vélin.
Préfet (le) du département del’Oi&e, à Beauvais.
Raviro , à Paris.
Regley, à Paris.
Renoüard (A. A.) , libraire à Paris. 2 exempl.
Rey et Gravier , libraires à Paris, 3g exempl.
Rickets.
Riss et fils, libraires à Moscou.
Robertson , docteur en médecine à Londres..
Robyns, naturaliste à Bruxelles.
liste des souscripteurs. 547
MM. Roman , à Aix.
Roket , Libraire à Paris. 2 exempl.
Roïer, au Jardin du Roi. 12 exempl.
Rüdolfi, professeur au Musée royal d’anatomie à l’Academie de
Berlin. "
Sakillario (le baron de).
Salmono , à Londres.
SowERBT, libl'aire et naturaliste a Londres. 9 exempl.
Studer , professeur de géologie h l’Académie de Berne.
Temmincr ( C. J. ), directeur du Musée de S. M. le roi des Pays-Bas ,
à Amstex’dam. 2 exempl.
Tilliard frères, libraires à Paris.
Treüttel et WuRTZ, libraires à Paris, à Strasbourg et à Londres.
40 exempl. , dont 2 pap. vélin.
Trüchy , libraire à Paris.
Underwood , docteur en médecine.
Vanarere, libraire à Lille. 2 exempl.
VanBoereren (W.) , libraire à Groningue.
Van Cleef frères , libraires à Amsterdam.
Van de Kerrhom , à Gand.
Van Sw-inden, professeur à Amsterdam. Pap. véhn.
Vrolicr(G.), professeur à Amsterdam.
Vyvyan , à Londres.
Warée (Gabriel) , libraire à Paris.
Warée jeune, libraire à Paris. 2 exempl. pap. vélin.
Wellens (de), Bourguemestre de Bruxelles.
W^ooD, libraire à Londres. 4 exempl.
ZiRGEZ , libraire à Leipzig. 2 exempl.
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