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Full text of "Recueil de Mémoires, ou Collection de Pièces Académiques"

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5.  ^§3,// 


COLLECTION 

ACADEMIQUE. 


TOME  TROISI^ME,  PARTIE  FRAN(:OISE. 


So^-:s 


\- 


R  E  C  U  E  I  L 

DE    MEMOIRES, 

o  u 

COLLECTION 

DE  PIECES  ACADEMIQUES, 

Concernant  la  Medecine,  rAnatomie  &  la  Chirurgic,  la  Chymie  ,  la 
Phyfique  exp^rimentale ,  la  Botanique  &c  I'Hiftoire  naturelle  , 

TIRfiES    DES   MEILLEURES    SOURCES, 

Ec  mis  en  ordre  par  feu  M.  J.  BERRYAT.  Confeiller-Medecin 
ordinaire  du  Roi,  Incendant  de  fes  Eaux  minerales ,  Correfpondant 
de  I'Academie  Royale  des  Sciences  de  Paris ,  &  Membre  de  la  Societe 
des  Sciences  &  Belles-Letcres  d'Auxerre. 

TOME^lIXi  PARTIE    FRANgOISE. 
A     DIJON, 

Chez     Francois    DesVentes,  Libraire,  de  S.  A.  S.   Monfeigneur 

le    Prince    de    Conde. 

A     PARIS, 

Charles  Panckoucke,  Libraire,  rue  &  a  cote  de  la  Comedie 
Chez  J  Francoife. 

Antoike  DesVentes  de  Ladoue,  Libraire ,  rue  Saint-Jacques , 


vis-a-vis  les  Colleges. 


M.    D  C  C.     L  X  I  X. 

AVEC    PERMISSION    ET    APPROBATION. 


if,                             ■-"■•ft  ffff*  r"-"      -                      ■  i'- 
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AVIS 
DES    LI  BRAIRES. 

Cv  E  troifieme  Volume  de  la  Colledlion  Academl- 
que,  Parde  Francoife,  faifant  le  Tome  dixieme  de 
rOuvrage,  renferme,  i?.  Un  Supplement  ou  Ton  a 
raflemble  par  ordre  de  matieres  tout  ce  qui  a  rapport 
a  i'objet  de  la  Colle6lion  Academique ,  &  qui  avoit 
echappe  lors  de  la  redadlion  des  deux  premiers  Volu- 
mes. z°.  LesMemoiresdesannees  1710, 1711,  171 2, 
1713.de  riiiftoire  &  des  Memoires  de  I'Acad^mie 
Royale  des  Sciences  de  Paris. 

Plufieurs  Memoires  relatifs  a  un  meme  fujet  qui  fe 
trouvent  repandus  en  plufieurs  volumes  de  1' Academic , 
ont  ece  reunis  en  un  feul  corps,  notamment  les  Me- 
moires fur  les  taches  du  foleii ,  fur  le  flux  &  reflux ,  Sec. 
Plufieurs  faics  ont  ete  raflembles  dans  une  table  ge- 
nerale,  fpecialement  les  Obfervations  fur  la  declinai- 
fondel'aimant.  On  n'a  conferve  des  extraits  de  I'Hifto- 
rien  de  I'Academie,  que  ce  qui  ajoutoit  quelque  chofe 
aux  Memoires,  &  au  moyen  de  ces  precautions,  on  a 
prevenu  beaucoup  de  redites  &  retranche  beaucoup 
de  difcours;  ainfi  ce  Volume  contient,  independam- 
ment  du  Supplement ,  tout  ce  qui  eft  relatif  a  Tobjet 
de  la  Coiiediion  Academique  tire  de  quatre  Volumes 
d'Hiftoire  &des  Memoires  de  I'Academie,  auquelon  a 


ij  AFIS    DBS   LIBRAIRES. 

joint  des  additions  aulli  tirees  des  ouvrages  de 
IMiM.  Ics  Academlciens,  fans  qu'on  aic  retranche  un 
feui  fait,  ni  une  feulc  vue  utile. 

Le  Tome  quarrieme  de  la  Partie  FrancolJ'c ,  &  le 
Tome  huiticme  de  la  Partie  Etrangere  ,  font  fous 
prelle.  Le  premier  de  ces  Volumes  paroitra  au  mois 
de  Fevrler ,  ou  de  Mars  au  plutard.  Ces  deux  Tomes 
feront  precedes  de  Difcours  proliminaires  comme 
aux  Volumes  des  Academies  Etrangeres. 


N.  B.  Messieurs  les  Souscripteurs  font  tns-injlam- 
ment pries  ic  (aire  retirer  leurs  ExcmpUnres  tout  le  plutot 
pojjihlc  ,  chcr^  les  Lib- aires  ci-iipres  nommes  ,  qui  font  les 
puis  qui  ayent  lafgnature  desfoufcriptions,  &qui/oient 
garantsdu  Volume  .i  dclivrcr  gratis  a  ceux  qui  ontfoufcrit, 
Tela:v.  ement  aux  conditions  public'es  &  donnees  en  1757 
&  1761,  defquels  demiers  Volumes  lis  demeureront  hien 
&•  vaL.blemen:  de'charges  envers  tous  ceux  qui  nauront 
pasjuged  propos  defaire  renouveller  leurs  foufcriptions ,  ou 
qui  ne  les  reprefenteront  point  jignies  des  deux  Lir 
hraires  ci-apres. 

A  DiJON,  chez  Francois  DssVjxtes  ,  Libraire  tie  S.  A.  S. 
AIonleign;;ur  le  Prince  dc  ConJc. 

A    PARISjcIizAntoine   DesVentesuf   Ladoue, 
rue  Saint- J.icques ,  vis-a-vis  ks  Colleges. 


"I 


AVERTISSEMENT 

Aux  Relieurs  pour  la  dijlribution  de  ce  Volume. 

A  P  R  ^  s  les  faufle-page  &  titre  ; 

L'Avis  des  Libraires  &  le  N.  B.  a  MM.  les  Soufcripceurs. 

L'Avertiircment    aux  Relieurs  &  rcxplication  de  quelques 

Flinches   &c    Figures. 
La  Table  des  Chapitres,  pag.  V,   &c. 
Toute  la  Matiere  du  Volume,  fans  incerrupcion,  jufqu'a  la 

Page  <i74. 
La  Table  Alphabetique  des  matieres  ,  pag.  i^y^  a  6io  ,    avcc 

I'Errata  &  rApprobation,  inclus. 
Enfuice  les  27  Figures,  luivant  leurs  chiflres  &c  numero. 


EXPLICATION 

D  E    QUELQU  E  S    FIGURES. 

PLANCHE  I. 

I  i  A  Figure  I  qui  reprefente  la  configuration  finguliere  de 
I'inteftin  ileon  ,  eft  I'elative  au  Memoire  de  la  page  616  du 
tome  I  de  la  CollecJion  yicademique ,  Partie  Frangoije. 

A.  Partie  de  1  ilcon  du  c()t6  de  lanus. 

B.  Partie  du  nieme  inteftin  du  cote  de  reftomac. 
CC.  Appendice  qui  formoit  la  hernie  partielle. 

La  Figure  II  de  la  meme  Planche  reprefente  une  pince 
courbe,  incifive,  inventee  par  M.  Littre  pour  divifer  les  os 
dun  fcetus  dans  !e  fein  de  fa  mere.  Cetre  figure  eft  relative  k 
un  Memoire  de  M.  Littre  qui  fe  trouve  page  8x_  de  ce  meme 
tome  I. 

A.  Branche  concave. 

B.  Flachure  de  fon  extremite. 

C  Fente  qui  doit  recevoir  la  languette  incifive  de  la  branche 
inferieure. 


IV 

D.  Branche  convexc. 

E.  Langiiette  incifive. 

La  Figure  III  ,  meme  Planche  I,  repr^fentc  une  feconde 
plnce  pour  extraire  par  le  fondement  les  os  diviles  par  la  pre- 
cedence. 

PLANCHE    IL 

Un  foie  de  mouton. 

PLANCHE    IIL 
Autre  foie  de  mouton. 

P  L  ANCHE    IV. 

Foie  de  boeuf. 

Les  autres  Figures  font  expliquees  dans  Ic  cours  de  I'ouvrage, 
&  placees  enfemble  a  la  fin  de  ce  Volume,  pour  la  plus  grande 
commodite  des  Ledeurs ,  vu  que  plufieurs  fontcitees  plus  d'une 
fois  &  en  difFerents  endroits  de  ce  dixieme  Tome. 


TABLE, 


^rr^t^>iSS>i3fl> 


TABLE 

DES     CHAPITRES. 


PHYSIQUE. 

^UR  Us  tsches  du  foUil.  Page  i 
Di  la  Lumkrt  ^odiacali.  .  8 
Changemens  dans  Us  fixes.  9 
Jupiter  &  fits  fatdUus.  1 1 
Sur  la  lune.  iS 
Sur  la  ptanttt  de  mars.  1 7 
Sur  i'aimanc.  .  Ibid. 
Obfervations  fur  la  dedinaifon ,  rinclinalfon  &  autres  phenomenis  de  l'ai~ 
mam.  2r 
Sur  Us  marees.  28 
Sur  U  flux  &  rejlux  qui  arrive  a  la  riviere  de  Menan ,  au  Royaume  de 
Siam.  .  l5 
JJu  jlux  &  rejlux  de  la  mer.  2  c> 
Explication  des  principaux  tffets  de  la  glace  &  du  froid  ,  par  M.  de  la 
Hire.  51 
Diverfes  obfervations  meteorologiques.  3  t 
Sur  la  pefanuur.  37 
Sur  la  differente  longueur  du  ptndule  a  diferencts  latitudes  ,  par  M. 
Richer.  a  8 
Sur  la  longueur  du  pendule.  Ibid. 
Optique.  3  9 
Sur  la  dilatation  appparente  des  objets  Lumineux.  Ibid. 
Sur  la  refraction.  43 
Sur  U  cryjlal  d' Iflande  ,  par  M.  Hughens.  Ibid. 
Quelques  faits  relatfs  a  l' optique ,  par  M.  Mariotte.  41 
Sur  la  refraclion.  41 
Obfervations  de  Ihori^nrz  de  la  mer  faiies  fur  la  montagne  de  Notre- Dame -de- 
la  Garde  ,  pres  de  Toulon.  Ibid. 
Sur  I'cffet  cCune  cicatrice  at  a  cornee  tranfparerue.  4J 
Circonflance  remarquable  de  I'occuitation  d'une  etoihpar  la  lune.  Ibid. 
Sur  les  imar^es  muhipUees  d^une  bougie  yui  dans  line  gl&Ct,  Ibid. 
Tome  III ,  Partie  Fran^oife.  b 


vj 


TABLE    DES     CHAPITRES. 


Sitr  liS  refraaions  horiipntaUs.  4^ 

Siir  Li  refract- on,  ^j 

Dijfcnaiion  fur  ks  diffirms  accidens  ds.  la  vue , par  M.  ile  la  Hire.  4<j 

Dc  la  v'li  coitrte.  5  o 

JDe  la  vue  tongue  ou  foible,  66 

Dt  la  vue  parfaiie.  79 

De  queljiies  accidens  qui  arrivent  aux  trois  fortes  de  rues.  82 


ACOUSTIQUE. 

^  U  R  uri  echo  fingulier.  ToS 

Extrait  du  mimoire  de  M.  Sauveur.  Ibid. 

Sur  les  Jons  des  cylindres  foUdes  ,  par  M.  Carre.  1 10 

Olfervation  d'acoufiique.  1 1  i. 


HYDRA  ULIQUE. 

XL  XPERIENCES  &  obfitvaiions  fur  Us  mouvemens  des  eaux ,  &c.  iiz 
Experiences  fur  la  hauteur  &  L' amplitude  de  la  projeUion  d'un  jet  de  rnercure ,  par 

M.  Roemer.  116 

Experiences  fur  la  rarefaclion  de  Pair  par  la  chaleur  de  [eau  bouillanit ,  par  M. 

Amoncons.  117 

Remarque  de  M.  Mznoite  fur  la  difference  de  la  chaleur  dufoleil  &  de  celle  dc 

notre  feu.  i  1 9 

Sur  la  refiflance  de  tair  &  celle  de  Heau.  Ibid. 

Sur  la  rtfraciion  des  balks  de  moufquet  dans  feau ,  &  fur  la  refiflance  de  a 
fluide  ,  par  M.  Carre.  lio 

Experiences  de  mechaniques.  lit 

Sur  la  force  des  mufcles.  1  i  J 

Table  con  tenant  le  reftdtat  de  plu/tturs  experiences  faites  fur  la  roideur  des  cor- 

des.  1 2.4 

Sur  les  fiottemens.  Ibid, 

Experiences  de  M.  Amontons///r  la  force  des  hommes  &  des  cluvaux.  i  z  5 

Sur  la  refiflance  des  bois  de  chine  &  defapin ,  par  M.  Parent.  1  i(J 


R 


C  H  Y  M  I  E. 


EMARQ^v E  de  M.  du  Hamel.  iiy 

Experience  de  M.  Boiilduc  fur  I' Ipecacuanha.  Ibid. 

Analyfe  dt  C urine  de    vache  ,  pur  M,   Mety,  11? 

Sur  hi  nature  du  fer,  J19 


TABLE    DES    CHAPITRES. 


VI, 


SurleSp'crraJigurcef,parM.Schc\xc\\zer.  ^  iji 

Sur  li  vernii  dcS   [ndci.  1J4 

Sur  unt  huilc  du  Malabar,  Ibid. 

Sur  Us  mouvirnens  exterkurs  des  planus.  i  j  j 

Sur  Us  arbits  marts  par  la  gelce  en  ijo'-).  X  }  8 

Obprvaiions  faites  d  VObfirvatoire  pendant  I'anriU  1709  ,  avec  titat  du  ther. 
mometre  &  du  baroriietre,  par  M.  de  la  Hire.  140 

Cornparaifon  des  ohj'ervations  failcs  d  I'Obfervatoire  fur  la  pluie  &  Us  vents  , 
arte  d'aulres  faites  prh  Saint-Malo  pendant  I'annee  1709,  par  M.  de  la 
Hire.  141 

Cornparaifon  de  mes  obfervadons  avec  celles  dt  M.  Sclieuchzer  ,fur  la  pluie  & 
fur  la  conjlitution  dc  Cair  pendant  I'annee  1709  ,  d  Zurich  en  Suijfc ,  par 
M.  de  la  Hire.  14J 

Experiences  de  I'effet  du  vent  fur  U  thermoinetre ,  par  M.  CafTini  Icfils,  1 44 

Experience^  fur  Us  ilurmometres ,  par  A'!,  de  la  Hire  U  fils.  145 

Experiences  jur  U  reffort  de  fair ,  par  M,  Caere.  149 

Sur  un  echo.  -     1 5 1 

Sur  U  flux  &  reflux.  1 5  i 

Elevation  des  rnarees  en  differens  pays.  157 

Extraitdt  I'ejfai  de  Phyfiquefur  I'hifloirede  la  mer ,  par  M,  le  Comte  Marfi- 
gli.  J  59 

Obfervations  relatives  a  rijifloire  meteorologique.  1 6  5 

Cornparaifon  de  nos  obfervations  fur  la  hauteur  de  teau  de  pluie  &  fur  U  baro- 
inetre ,  avec  celles  que  M  Scheuchzer  a  faites  d  Zurich  en  Sutfje  pendant 
Vannee  1710,  par  M.  de  la  Hire.  i  <^4 

Sur  la  caufe  de  la  variation  du  barometre.  1  (f  J 

NouvelUs  experiences  fur  la  dilatation  de  Pair ,  faites  par  M.  Scheuchzer  y«r 
Us  mnn:agnes  de  Suiffe ,  communiquees  par  M.  Maraldi.  16 j 

Sur  U  thermometrc.  ,  168 

Sur  la  neige.  11S9 

Sur  Us  couleurs.  Ibid. 

Sur  lacolU  de  I'Agathe.  Ibi-d- 

Sur  une  cryJialUfation.  Ibid. 

Sur  la  communication  de  Fair  dans  teau,  1 7^ 

Rcmarquesfur  qudques  couleurs  ,  par  M.  de  la  Hire.  1 7 1 

Experiences  pnur  connoiirefi  la  force  des  cordesfurpajfe  la  fomme  dcs  forces  des 
fils  qui  compofent  ces  mimes  corda  ,  par  M.  de  Reaumur.  175 

Obfervations  meieoroloziques  faites  a  I'Obfervatoire  royal  pendant  Fannie  1 7 1 1 , 
par  M.  de  la  Hire^  _  ,  ,'8° 

Cornparaifon  des  obfervations  meteorologiques  faites  a  Zurich  avec  Us  pieceden- 
tes  pendant  la  menie  annee.  i^^ 

Reflexion  fur  Us  obfervations  du  barometre ,  t'lrees  d'une  Uttre  ecrite  d'Upfal  en 
Suede ,  par  M.  Vallerius ,  DireUeur  de  plujleurs  mines  de  cuivre ,  par  M.  de 
UUivelefils.  184 


vii; 


TABLE     DES     CHAPITRES. 


C  H  Y  M  1  E. 


O^ 


)bserv^TI  ON  fur  racide  qui  fe  rrouve  dam  kfang  &  dans  Us  autres 
parties  des  animaux  ,  par  M.  Hoinberg.  185 

Sur  une  odiur  dt  rcmarin  produite  artijicidUmint.  i  i)  j 

SurUs  coukurs  diffcnnus  dis  pretipiui  dc  mercure  ,par  M.\.tmc\y  hjils.  Ibid. 
Maniere  de  copier Jitr  lever  re  ks  pierres  grarces ,  par  M.  Homberg.  2  i  i 

Sur  la  hauteur  de  I'atmojphere  ,  par  M.  de  la  Hire.  i  i  ^ 

Sur  un  cffet  de  la  chakur  fur  le  plornb.  4 1  8 

Sur  un  effet  de  la  geke.  Ibid. 

£es  differens  dcgres  de  chakur  que  Cefprit  de  vin  communique  a  I'eau  par  fort 
melange  ,  far  M.  GeofFroy  It  jeune.  Ibid 

Sur  ptufeurs  eaux  miniraks  de  France.  i  1 9 

Sur  le  charhon  de  terre.  Ibid 

Oljcrvations  meteorologiques  faices  a  I'Obfervatoire  royal  pendant  T  annee  1712, 
par  M.  de  la  Hire.  lio 

Experiences  &  reflexions  fur  la  prodigieufe  duclilite  de  divtrfes  matures  ,  par 
M.  de  Reaumur.  iii 

Sur  ks  tcintures  des  mhaux.  2Ji 

De  I'aBion  desfehjur  differentes  matiercs  Inflammables,  Ibid. 

Sur  le  vitriol  &  fur  le  Fer  ,  par  M.  Geoffioy  iaine.  254 

Sur  unefuhVimation  du  mere  are  ,  par  M.  Homberg.  *  j  9 

Sur  unefeparaiion  de  I' or  avec  i  argent  par  lafufion  ,  par  M.  Homberg.       24O 
Cbfervationfur  des  matieres  qui  penitrent  &  qui  traverfnt  ks  metaux  fans  ks 
fondre ,  par  M.  Homberg.  ^4^ 

Sur  le  bifmuth.  ^47 

Sur  ks  vapeuTS  de  tefprit  de  nitre  &  defel,  &c.  Ibid 

Sur  rhuile  du  laurkr  royal.  ■  148 


C  H  Y  M  I  E. 


A. 


_     S  ALY  S  E  des  plantes  marines ,  principakmcnt  du  corail  rouge.  249 

Obfervationsfur  ks  matieres  fuljurevjes  &  fur  lafacilite  de  ks  changer  d'une  ef- 
pcce  defoufre  en  une  autre ,  par  M.  Homberg.  2  5  j 

Iv'limoire  touchant  ks  vegetations  artificielks  ,par  M.  Homberg.  25  9 

Sur  ks  precipitations  chymiques  cit  I'on  examine  par  occaficn  la  dijfolution  de 
I'or  &  de  tar  gent ,  la  nature  particuliere  des  efprits  acides ,  &  la  maniere 
dont  Vefprit  de  nitre  a^itfur  celui  defel  dans  la  formation  de  I'eau  rigale  or- 
dinaire ,  par  M    Lemery  k  fils.  xC-j 
Obfcrvation  fur  la  matiere  fecak ,  pal  M.  Homberg.                                     iii© 


T  A  B  L  E     D  E  S     C  H  A  P  I  T  R  E  S.  ix 


HISTOIRE  NATURELLE. 

(_)  BSERVATIONS  diverfs  par  M.  Richer.  250 

Hur  une.  fraxindU  monjirueufc.  291 

Sur  quilques  firpcns  du  Brifil ,  par  M.  Marchand.  Ibid. 

Sur  I'yquetaya  &  la  grandefcorphulain  ,  par  M.  Marchand.  Ibid. 

Dijcnpiion    d'un  fo'ie  dt  mouton,  292, 

Sur  Us  fens  dont  plujliurs  corps  Jc  toiirnent.  in. 

Dijiripilon  d'une  wriue  dt  nur ,  par  M.  Mery.  104 

Extra'u  des  ngijtres  de  t'Academ'u  RoyaU  dis  Sciences,  du  1 1  Mars  1704.  197 
Sur  une  efpece  de  talc  qu'on  trouve  cnminunement  proche  Paris ,  au-dcffus  des 

'iancs  dc  pierre  a.  pldtre ,  par  M.  de  la  Hire.  259 

Examen  de  lafo'it  des  aralgnees  ,  par  M.  de  Reaum-ur.  J05 

Sur  I'injicie  des  limacons ,  par  M.  de  Rsaumur.  '  j  1  (j 

Sur  un  inJeUe.  5  1  tj 

Sur  la  lacque.  Ibid. 

Obfervatlons  fur  le  hi:^oard  &  furies  autrts  matUres  qui  en  approckent  ,p2rM. 

Geoffroy  le  jeune.  321 

Suite  des  obfrvationsfur  les  he^oards  &  autres  fubflances  de  mime  genre ,  avec 

quelqucs  pariicularites  touchant  le  coquillage  nomme  pinne-marine.  525 

Du  mouvemcn:  progrefjif  de  diverfes  efpeciS  de  coquillages ,  orcies  &  etoiUs  de 

Mer ,  par  M.  de  Reaumur.  5  j  i 

Z)es  moules  de  mer  3  j  2 

£)u  lavignon.  334. 

De  la  palourde,  337 

Du  fourdon,  339 

Des  lellines.  341 

De  I'ceil  dihouc.  34} 

Des  diffennus  cfpeces  de  coquillages  comprlfes  en  latin  fous  le  nam  de  turbo, 

trochiis,  buccinum,  &:c.  344 

Du  bernard-Phermite.  j4j 

Des  efpeces  d'orties  de  mer  qui paroiffent  toujours  attachees  aux  pierres.  3  ^g 
Des  oriies  errantes,  2<^ 

Des  cioiles  de  mer.  358 

Sur  la  moule  des  etangs  ,  par  M.  Mery.  3  (5 1 

De  la  maniere  dont  les  moules  ouvreni  &  ferment  liur  coquille,  ^61. 

Du  mouvement  progrefjif  de  la  moule.  3  C  5 

De  la  manitre  dont  la  moule  regoiifa  nourrlturt,  3  6^ 

Dei  parties  de  la  generation.  3^7 

Du  cxuT  de  la  moule.  368 

Des  poumons  &  de  la  lefpiration  de  la  moule.  369 

Sur  les  plantes  de  la  mer.  370 

Obfervution  fur  les  petit  s  oeufs  de  poule  fans  jaunt  que  fan  appellc  vulgairtment 

aufs  de  coq ,  par  M,  la  Peyronie.  374 


X  TABLE     DESCHAPITRES, 

Des  diffinntcs  manures  dont  pluficurs  efpues  d'anlmaux  dc  mcr  i'attachent  ail 

jiibli ,  aiix  p:erres  &  les  uns  aux  auins ,  par  M.  de  Reaumur.  j  7  S 

Sur  La  grotcc  de  Foligno,  jya 

Sur  KTi  tris-pciit  infecle.  391 

Dicouvtru  dune  nouvdlt  ttinturt  di  pourpre ,  &  diverfes  experiences  pour  la 

comparer  avec  ctlle  que  les  anciens  liroient  de  quetques  efpeces  de  coquilla^es 

que  nous  trouvons  fur  nos  cotes  de  C Ocean  y  par  M,  de  Reaumur.  391 

Suite  dcs  ohftrvations  fur  le  mouvement  progrejjif  de  quetques  coquillagcs  de 

mcr ,  par  M.  de  Reaumur.  Des  couieliers  ou  couteaux.  -      407 

Dis   DaiU.  411 

Dune  petite  etoile  de  mer  dont  les  rayons  rejfemblent  a.  des  queues  de  le^rds. 

419 
Dcs  hiri(fons  ou  ourjins  de  mer.  4  2. 1 

Sur  une  caverne  de  Franche-ComtL  -414 

Ohfcrvations  dhijloire  naturelle.  41 5 

Extraii  des  obfervatinns  de  M.  Maraldi/J/r  les  abeilks.  ^16 

Sur  Us  diurfes  reproduclions  qui  (i  font  dans  les  ecre\ijfes  ,  leshomars,  les  cra- 
kes ,  &c.  &  entr  autres Jur  celles  de  letirs  janibes  &  de  leurs  ecailles ,  par  M. 
de  Reaumur.  450 


BOTANIQUE- 

j3  1/ R  la  nonrriture  desplantes,  440 

Objervations  louchani  la  nature  des  plantts  &  de  quelques-unes  de  leurs  parlies 

cachees  ou  inconnues ,  par  M,  Marchant.  444 

Cb/irvatlons  fur  la  flruclure  &  I'ufage  des principales parties  des Jleurs ,  par  M, 

GeofFroy  lejeune.  44(> 

Explication  de  quelques figures  des  planches  XIV  &  Xy.  458 

Sur  un  gonflemeni  fingulier  d'acacia.  460 

Sur  dcs  fruits  mi-partis.  4(5 1 

Obfervaiion  fur  la  vegetation  des  trtiffes ,  par  M.  Geoffroy  lejeune.  Ibid. 

Eiablijfemeni  de  quelques  nouveaux  genres  de  plantes  ,  par  M.  NilTole.  468 
Defcnption  des  jleurs  &  des  graines  de  divers  fucus.  470 

Oofervation  d'un  phenomene  qui  arrive  a  la  Jliur  d'une  plante   nommee  par 

Brcynius  dracocephalon  americanum,  lequel  a  du  rapport  avec  lejigne  pa- 

thngnomonique  des  catalepiiques ,  par  M.  de  la  Hire  le  cadet.  494 

Obfervationfur  lesfigues  ,  par  M.  de  la  Hire  le  cadet.  497 

Sur  quelques  pieds  de  mais  dont  lafieur  male  a  pone  du  fruit,  499 

Sur  la  fkondation  des  palmiers  femelles.  500 

Defcription  d'un  coryfpermum  hylTopifolium  ,  plante  d'un  nouveau  genre  , 

par  M.  Juflieu.  V6\^. 

Defcription  ^u  ricinoi'des  ex  qua  paratur  Tournefol  Gallorum,  fi-t/e/'alypum 

Monfpelianum  ,  par  M.  NilTole,  501 

Exirait  de  I'hifloire  du  Carcajou  envoy ie  par  M,  Sarrafin ,  Midtcin  du  Roi  en 

Canada.  5°5 

Hifioire  du  cafe  par  M,  Juflieu.  <'05 


TABLE     DES     ClIAPITRES.  '    xj 

Chfirvation  hotanlqitc  ,  par  M.  de  Resiimur.  5  i  o 

Dicouvtru  desjliUTi  &  des  graines  d'unc  planic  rangic  par  ks  Botatiijlesjbtis 

U  genre  du  Lichen  ,  par  M.  Marchant.  Ibid. 

Sur  unc  morllU  branchue ,  de  figure  &  dc  couleur  de  cor  ail ,  &  trls-puanu  ,  par 

M.  de  Reaumur.  515 


MEDECINE,  ANATOMIE,  PHARMACIE. 

_/4  M  PUTATI  O  N  ci  lambeaux,                             .  517 

Okfirvation  fur  ta  rhubarbe.  jiS 

Sur  ta  noix  de  Bicuiba,  <  i  i 

Sur  ks  effcts  de  la  vapeurde  la  braife  di  boulanger.  Ibid. 

Sur  tufage  des  hains  froids  centre  le  rhumaiifme.  511 

Sur  une  conformation  vicieufe  du  itQcnm.  Ibid. 

Sur  diS  picrres  trouvecs  dans  unfac  adherent  au  duodenum,  jij 

Surun  icen'ii rrouve dans  une  tanche.  524 

Sur  une  tumeur  enorme  du  ventn.  Ibid. 

Sur  une  mon  fubite  &  fes  caufes,  525 

Sur  une  hydropifie  laiteufe.  Ibid. 

Sur  une  groffefje  incroyable.  5  2(j 

Sur  k  pareira-brava.  Ibid. 

Sur  le  bled  cornu  appelte  ergot.  528 
Obfervationfur  la  racine  de  mechoacan,  &  fur  fon  ufage,  par  M,  Boulduc.  5  50 
Obfervationfur  ks  fibres  du  cceur  &  fur  fes  valvules ,  avec  Li  maniere  de  ks  pre' 

parer  pour  les  demonirer  ,  par  M.  Winflow.  Ibid. 
De  la  maniere  dontfefont  lesfecrcdens  dans  les  glandes  ,par  M.  Winflow.  5  5  J 

Obfervationfur  la  gonorrhee,  par  M.  Litre.  5  3'^ 

De  la  gonorrhee  viruknie  des  glandes  de  Couper.  J  3  7 

Sur  un  i'crotum  prodigieux.  54" 

Sur  le  fang  hors  des  veines.  54' 

Sur  un  fxtus  fans  ccrvclk  ,  &c.  Ibid. 

Sur  des  hydatides.                                                             .  54^ 

Guirifon  d'un  aveugkment  accidentel  &  dunefurditi.  Ibid. 

Sur  la  nature  des  fucs  de  refiornac.  Ibid. 

Sur  feau  du  pericarde  &  des  ventricules  du  cerveau.  Ibid. 

Sur  i eruption  d'umpetitt  verole procuree par  le  bain.  5  45 

Sur  une  epilepfle.  ibid. 

Sur  un  nouveau  febrifuge.  544 

Sur  unefontaine  doni  Ceau  efi  contraire  aux  dents.  5  4S 

Sur  la  Brione  ou  coukvree.  Ibid. 

Sur  le  pavot  ou  coquelicot.  lu- j 

Obfervationfur  le  nerfoptique  ,par  M.  Mery.  Ibid. 

Sur  un  cacur fans  pericarde.  tu-j 
Sur  une  conformation  extraordinaire  du  vagin. 


Ibid, 


xij  TABLE     DES-CKAPITRES. 

>S'«/  une  conformation  firigulun  de  U  luetic, 

Sur  un  fiZtus  monjlrucux. 

Sur  un  autre  fiClus. 

Sur  une  membrane  r endue  par  le  vomijjertient. 

Sur  un  anevrlfmt  vrai ,  par  M.  Licre. 

De  VaEl'ion  dufer pris  interieurement ,  &  defes preparations. 

De  quelques  autres  propnetes  dufer  relatives  a  la  Midecine. 

Sur  le  quinquina. 

Extrait  d'un  mcmoire  de  M.  Litre  fur  I' hydropijie  tympanite. 

Obfervations  fur  une  efpece  d'enjlure  appellee  emphyfeme ,  par  M.  Litre. 

Sur  un  autre  emphyfeme. 

Sur  des  defames  de  veffie, 

Sur  Us  accidens  finguliers  d'une  hUffure  affez  legere. 

DiJJeHion  des  yeux  d'un  aveitgle. 

Sur  un  ajjoupijj'ement  extraordinaire ,  par  M.  Imbert. 

Sur  la  fjlute  lacrymale. 

Sur  des  as  trouves  dans  la  dure-mert. 

Sur  un  foetus  monfiiueux. 

Sur  les  valvules  figmo'ides. 

Sur  le  mouvement  des  inteflins  dans  lapaffion  iliaqui ,  par  M,  Haguenot. 


54? 

350 
Ibid, 
Ibid. 
551 
55^ 
557 
5J5> 
560 
5<r, 

5(^7 

5(rs 
Ibid. 

569 
570 
571 
571 
Ibid. 

57i 


Fin  de  la  Table  des  Chapitres. 


COLLECTION 


COLLECTION 

ACADEMIQUE, 

CoNTENANT  VExttait  des  Memoir es   de  I'AcadimiQ 
Roy  ale  des  Scie7ices  de,P,aris. 


PHYSIQUE. 


SUK   LES  TACHES  DU'S'OLElL.ia) 

■    ri-jii  t'jh  'j.;jj;'i  ^L  -jrjt  el:-',  arjrl   .'!<i^    . 

U  mois  cie  Movembre  iSio  ,  Galilee  etaiit  a  Padoue , 
vit  des  taches  dans  le  fobil ;  il  les  revit  Tannee  fuivante  a 
Rome ,  8c  les  fit  voir  a  plulieurs  perfonnes.  Les  refultats 
gcncraux  qu'il  cira  de  la  fiiice  de  fes  obfervations,  furent  : 
i".  Que  ces  taches  n'ecoient  pas  de  fitnples  apparences , 
oil  d-js  illu lions  d'optique  ,  inais  que  c'etoient  des  mafles 
opaques  plus  ou  moins  cpailfes ,  qui  fe  formoient  &  fe  de- 
n-uiioienr  en  aff.-z  peu  de  temS.  i°.  Qu'elles  etoietit  configucs  a  la  furface 
du  foleil.  j".  Qu'elles  etoient  variables  dans  leur  forme  ,  mais  conftantes 
a  fuivre  le  mouvement  de  revolution  du  foleil  fur  fon  axe,  de  mcme  que 

(a)  V.  Opcre  di  Galileo.  Firenzc.  4°.  Tom.   II,  pag.  507  &  jc8. 
Tom:  III ,  Panic  Fraiigoife.  A 


ACAD.ROVAIE 
DES  SciEN'ChS 

DE  Paris. 


COLLECTION 


cerrains  points 


its  plus  brillans  on  faciiles  qui  paroiffoient  aufli  qnelquefois 

Acad. Ro YALE  ^^^  '^  difque  de  cet  aftre.  4°.  Que  les  corps  celeftes  ne  font  pas  plus  inalte- 

DEs  Sciences     rabies  que  les  corps  fiiblunaives.  5°.  Qu'il  y  a  dans  le  difque  foiaire  une 

DB  Paris.       zone  comprife  cntre  ip  ou  30  degrcs  de  part  &:  d'autre  de  fon  equateur , 

SvFPiiiUEtiT.      c'ert-a-dire  de  fon  plus  grand  cercle  de  rotation,  dans  laquelle  paroilfent 

ces  caches ,  Sc  dont  elles  ne  s'ecarcent  jamais ,  ou  prefque  jamais.  6°.  Que 

ces  taches  ne  font  point  permanentes  ,  pulfqu'on  en  voit  qui  paroiirenc  & 

dilparoiirent  tout-a-coup  an  milieu  du  difque,  &  cependant  qu'une  fecon- 

de  revolution  du  foleil  les  ramene  quelquetois  fur  la  face  de  cet  aftre  qui 

eft  tournee  vers  la  terre.  7°.  Que  cette  cache  noire  que  Ton  vie ,  dit-on, 

du  terns  de  Charlemagne  fur  le  foleil  pendant  huit  jours  de  fuite  ,  &  que 

I'on  prit  nial-a-propos  pour  Mercure  ,  ccoic  une  vericable  cache  de  la  nacure 

de  celles  dont  il  s'agit  ici ;  cc  qui  eft  d'autant  plus  vraifemblable ,  qu'ea 

I'an  i(ji  I  &:  1611  on  apper(,"ut  a  la  vue  fnnple   des  taches  qui  paroilfoierfc 

egales  a  des  etoiles  de  la  premiere  grandeur  ,    8c  meme  .i  la  planece  de 

Mercure.  (a)  8°.  Que  le  paftage  de  routes  ces  taches  fur  le  difque  du  fo- 

..leil,    fe  fait  dans  _  un  terns  egal  ,    Sc  que   ce   terns  eft    d'un   pen   plus 

de  quatorze  jours.  9°.  Que  les  memes  taches  obfervees  aux  mcmes  heures 

en  des  lieux  eloignes  paroilTent  avoir  encr'elles  les  mcmes  rapports  de  li- 

tuation.    10".  Enfin  Galilee  trouvoit  dans  I'efFet  des  nuages  ,  ou  dans  celui 

de  quelques  goutces  d'un  bitume  difficilemenr  combuftible  ,  qui  tombent 

.  fur  un  fer  rouge ,  &  y  produifent  une  epailfe  fumee ,  I'idee  de  ce  qui  fe 

palTe  dans  le  foleil ,  lorfqu'il  s'y  forme  quelquesunes  de  ces  taches. 

Le  JefuiteScheinet  obferva  aulli ,  a  pen  pres  dans  le  memetems,  ces  fin- 
guliers  phcnomenes^  Sc  (i  Ton  pent  lui  difputer  I'honneur  de  la  premiere 
decouverte  ,  (/•)  on  ne  peut,  au-moins,  lui  refufer  la  gloire  d'en  avoir  fii 
tirer  un  grand  parti.  11  fe  trouva  dans  le  bon  moment  pour  ces  fortes  d'ob- 
fervations  :  le  foleil  n'etoit  prefque  jamais  fins  cache ,  &  il  y  en  eut  jufqu'a 
cinquante  a  la  fois.  Cette  multitude  de  faits  ne  fut  point  fterile  dans  fes 
mains  j  il  s'en  fervit  habilement  pour  determiner  I'inchnailon  de  I'tquateur 
du  foleil  fut  recliptique  a  fept  degres  Sc  demi ,  Sc  I'incerfedtion  de  ces 
deux  plans  au  huicieme  degre  du  fagittaire  Sc  a  fon  oppofice  :  decermi- 
nations  difficiles  ,  hardies  ,  &  qui  ont  ete  verifices  par  les  obfervations 
fubfequentes.  Son  hypothefe  fur  la  nature  des  taches  n'a  pas  ete  aulll 
beureufe;  il  croyoit  qu'elles  ecoient  produices  par  I'lnterpofition  de  plu- 
fieurs  petites  planetes  cres-voifines  du  foleil ,  &  qui  ne  pouvoient  devenir 
fenfibles  a  nos  yeux ,  que  lorfqu'elles  interceptoicnc  les  rayons  de  cet  aftre, 
M.  de  la  Hire  confidere  les  taches  comme  ccanc  produices  par  une  nftfle 
folide  qui  tantot  flotte  fur  la  furface  du  foleil ,  tantot  s'enfonce  entiere- 
ment,  ou  en  partie,  dans  le  corps  de  cet  aftre  qui,   par  confequent ,  eft 

(a)  De  maculis  folarihus  tres  epijlola  Apeltis  pojl  tahlam  latentis  ad  Manum  Velferum. 
Roma:.  161 3.  in-4'. 

ih)  Ante  menfes  feptem  ,  oHo  circiter  ,  eg",  unaque  mecum  amicus notavimus  qiiaf- 

iam   in  file    ni]ricantes  mncidas Sed  pani  rem  penfitantes  Hifiulimus    in   aliud 

rempiK,  On  voit  par  ces  parolci  du  l^fuite,  tirees  d'ure  Icrtre  c]u'il  cciivoit  a  Marc 
Welfcr,  le  ii  Novembrc  1611 ,  qii'il  n'nvoit  pns  vii  Ics  t:ichcs  avant  ie  r.iois  de  Mars  de 
cette  mcme  aWe  1 6 1 1 ,  tandis  que  Galilee  Ics  avoit  appcrjues  d«  it  10.  :  - 


ACADEMIQUE.  j 

fuppofc  liquiJo  :  11  foiule  cctte  hypothefe  fur  les  obfervations  fiiivante:.  :^s: 

11  n'a  j  imais  vu  de  caches  aux  deux  botds  oppofcs  du  foleil  cii  mcme  tetns  ,   Acad.Rov  Ar  e 

&  celles  qui  one  paru  le  plus  eloignees  emi'elles ,   ne  Ictuic-nt   pas  atfez     des  Sciencss 

pour  qu'elles  ne  piilTent  ctre  les  ditferentes  eminences  d'une  mcme  mafTc       ''^     aris. 

irreguliere.  (a)  Ces  laches  paroilfent  quelquefois  fubitement  au   milieu     SuvpU/uent. 

dii  difque  du  foieil,   ayant  prefque  toujours  route  leiir  grandeur ;  &:  dans 

ce  cas  on  ne  les  voir  pas  augmenter  par  degces ,  comme  on  les  volt  dimi- 

nuer  enfuite.   Lorfqu'apres  plufieurs  annces  ou  Ion  n'a  point  vu  de  ces  ^ 

taclies  ,  on  en  appercoit  de  nouveau ,  c'eft  ordinairement   a  Theme  &  a 

I'endroic  du  foleil  ou  elles  doivent  reparoicre ,  en  fuppofant  la  revolution 

de  vingt-fept  jours  Sc  quelques  heures;  ce  qui  fait  foupconner  que  ki 

malfe  qui  les  produit,  elt  comme  fixce  a  un  certain  endroit  du  foleil,  Sc 

non  pas  flottante  :  mais  11  femble  qu'il  faudroit  admettre  plufieurs  de  ces 

malfes;  car  il  y  a  quelquefois  des  taches  doxit  I'apparition  ne  s'accorde    ^ 

point  avec  la  revolution  de  vingt-fcpc  jours. 

Les  diffcrentes  configurations  des  taches  peuvent  ctre  attiibuees  aux 
divers  afpeds  fous  lefquels  fe  prefente  la  maiTe  opaque  ,  plus  ou  moins  en- 
foncee,  6c  a  quelque  mouvement  quelle  a  peut-ctre  fur  fon  centre  j  &  les 
difFerentes  apparences  dune  tache  ou  d'unamas  de  taches  viennent  de  leurs 
difFetentes  polltions  fur  le  corps  fphcrique  du  foleil;  ce  qui  eil;  pres  du 
milieu  paroiflant  plus  court ,  plus  ramalte ;  Sc  ce  qui  eft  pres  des  bords  , 
plus  long  Sc  plus  etroit. 

Dans  le  cours  de  I'annee  1676  ,  on  dccouvrit  jufqu'a  trois  taches  en  dif- 
ferens  terns  :  les  dix  annees  precedentes  n'en  avoient  pas  tant  produit ;  la 
troifieme  que  Ton  vie ,  parut  a  la  fin  d'Odobre ,  prete  a  aller  derriere  le 
foleil.  M.  Caflini  ne  laill;!  pas  de  determiner  fa  route,  &  de  predire  fon 
retour  pour  le  18  Novembre.  EUe  reparut  a  jour  nomme,  repalfa  derriere 
le  foleil  le  premier  Decembre  ,  He  fe  remontra  le  1 5  pour  la  troifieme  fois ; 
ce  que  n'avoit  encore  jamais  fait  aucune  tache  qu'on  eut  obfervce. 

Le  10  IV^ai  i(58o  ,  on  obferva  une  grolTe  tache  deja  avancee  fur  le  difque 
folaire  :  elie  difparut  le  30  en  palFanc  fiu:  Ihemifphere  oppolc,  &  reparut 
le  ij  Juln. 

Le  5  Mai  i  (J8  4  a  midi ,  M.  CafTuii  vit  une  caclie  noire  &  oblongue ,  aflfez 
proche  du  bord  oriental  du  foleil,  occupant  fur  le  difque  un  efpace  de 
plus  d'une  demi-minute ,  &  qui  palTIi  le  1 1  ,  fur  les  huit  heures  du  matin  , 
a  line  minute  &  demie  du  centre  de  I'.aftre.  Le  17  elle  parut  au  bord  occi- 
dental,  8c  fe  remonrra  le  premier  Juln  des  le  matin  au  bord  oriental, 
mais  fous  une  fotme  un  peu  ditlcrente. 

Au  mois  d'Avril  1686,  MM.  Caflini  &  de  la  Hire  obferverent  une 
tache  fur  le  foleil ,  qui  parvint  au  milieu  du  difque  apparent  le  29  a  huit 
heures  du  foir ,  marchant  fur  un  parallele  qui  dcclinou  de  I'cquareur  du 
foleil  de  iy  deglres  au  Sud.  M.  Caflini  la  comparant  a  celle  qu'il  avoir  /• 
obfervee  au  mois  de  Mai  1684,  &  avec  une  autre  obfervce  plus  ancienne- 
menc  par  le  Jcfulre  Sch^lner,  trouva  pour  les  deux  cas  ladiirce  de/a  revo- 
lution de  ly  jours  11  heures  jz  minutes. 

(a)  Vqyei  les  taches  d'Odobrc  &  Novembre  171  J. 

Aij 


COLLECTION 


xiEs  Sciences 
DE  Paris. 

SvPFLi.ltENT. 


~'  '  "— !-^  Le  ;o  Seprembre  ifiSS  ,  M.  Maraldi  vie  a  deux  her.res  du  foir,  pres  da 
Acad.  Roy AiE  bord  occident.il  dii  foleil,  des  taches  qui  ii'y  etoienr  p.is  encore  a  midi. 
xiEs  Sciences  ^^  premier  Novembre  fuivanr,  M.  Caflini  vie  une  petite  tache  compo- 
fee  de  deux  aurres,  laquelle  ctoit  environ  au  milieu  du  foleil,  &  ne  dura 
que  tiois  jours  :  il  en  revint  du  bord  oriental  deiTX  autres  dont  la  diftance 
apparente  varia  manifeftement  de  jour  en  jour,  &  qui  dilparurent  le  lo 
Novembre,  apres  avoir  palu-  le  centre  du  foleil.  Le  141!  parur  au  bord  da 
difque  une  facule  ronde  qui  fut  fuivie  de  quelques  autres  plus  petites  8c 
plus  claires  ,  entre  lefquelles  on  appercevoit  de  petirs  intcrvalles  obfcurs  j 
elles  quitrerent  routes  alfez  promptement  le  bord  du  foleil.  On  vit  encore 
quelques  taches  an  mois  de  Mars  1689,  apres  quoi  on  fut  plus  de  fix  aii- 
iiees,  fans  en  decouvrir  une  feule. 

M.  Caifini  a  remarque  que  depuis  la  fin  de  i<588  ,  qu'il  n'a  plus  paru  de 
taches  dans  le  foleil,  la  lumiere  zodiacale  commenca  a  s'afFoiblir. 

Le  17  Alai  i6c)^  ,  MM.  de  la  Hire  &c  Maraldi  appercurent  dans  le 
foleil  des  taches  qui ,  des  l.i  premiere  fois  ,  parurent  de  route  la  grandeur 
qu'elles  eurent  dans  la  fuite  :  elles  n'y  etoient  pas  encore  ie  24  Mai  a 
midi ,  &  elles  n'y  etoient  plus  le  3  i  a  dix  heures  du  matin. 

Les  7  &  9  Novembre  1700  ,  grande  tache  obfervee  a  midi  fur  le  difque 
du  foleil ;  elle  paroiffoit  compofee  de  plufieurs  petites  taches  jointes  enfem- 
ble.  Comparee  .a  celle  du  mois  de  Mai  i6<)^  ,  elle  donne  pour  la  duree  de 
chaque  revoluti^:;n  du  foleil ,  27  jours  7  heures  7  minutes. 

50  D-cembre  1 700  ,  plufieurs  taches  obfervees  par  M.  de  la  Hire  ,  faifanc 
enfenible  une  malfe  conliderable  qui  occupoit  fur  le  foleil  environ  2  \  mi- 
nutes :  le  deux  Janvier  fuivant  elles  etoient  aux  trois  quarts  du  foleil.  Le 
28  Decembre  precedent  on  avoir  examine  avec  foin  le  difque  de  cet  aftre, 
&  on  n'y  avoir  appercu  aucune  tache ,  quoique  celle-ci ,  fi  elle  eiit  etc  vifible 
alors ,  eut  Aii  y  paroitre  vers  le  quart  du  diametre. 

29  Mars  1701 ,  taches  obfervees  a  Montpellier  par  MM.  CalTini  &  M.a- 
raldi.  La  principale  pilfa  au  centre  le  meme  jour  a  huit  heiyres  du  foir. 
Comparee  a  celle  du  7  Novembre  precedent,  elle  donne  cinq  revolutions 
de  28  ^  jours  chacune. 

31  Odobre  1701  ,  tache  obfervee  a  Paris  par  M.  Caffini  le  fils ;  elle 
palta  par  le  centre  du  5  au  6  Novembre.  Comparee  avec  celle  du  29  Mars 
precedent ,  elle  donne  les  revolurions  du  foleil  de  27  jours  1 4  4-  heures. 

Le  6  Mai  1702,  M.  Callini  le  tils  appercut  pres  du  bord  oriental  da 
foleil  une  tache  petite  &:  etroite  ,  comme  on  les  voit  ordinairement  dans 
cette  ficuation. 

L'ayant  obfervee  le  7  avec  une  lunette  de  45  pieds,  elle  lui  parur  com- 
pofee de  deux  taches  jointes  enfemble,  dont  la  plus  petite  etoit  vers  le 
bord  oriental  :elle  eroit  environnee  d'une  armofpliere  &  de  plufieurs  facu- 
les  ou  parties  du  foleil  plus  luifanres  que  le  refte. 

Le  8  elle  parur  compofee  de  trois  taches  detachees  les  unes  des  autres, 
dont  les  plus  petites  etoient  entre  la  principale  t.ache  &  le  bord  oriental 
du  foleil. 

Le  f)  &  le  10  il  n'y  eut  point  d'aiitre  changement  fenfible  dans  Icurs 


A  C  A  D"6  M  I  Q  U  E.  5 

confi^arations,  que  celui  qui  rcfukoic  de  leur  differente  ruuation  dans  le  ■ 

difque  du  foleil-  Acad.  Royale 

Lc  1 1  elle  paroifToit  le  matin  de  la  meme  grandeur  que  li  veille,  mais    des  Sciences 
bcaucoup  moins  obfcure;  a  peine  la  diftinguoit-on  .avec  une  lunette  de       ^^  1  aris. 
17  pieds.  Sur  les  dix  heures  on  ns  put  I'appercevoir  avec  une  lunette  de  6     SutiiiMsait 
pieds,  nl  le  foir  avec  une  de  45  ,  enfoite  que  c'eft  la  diminution  de  fon 
obfcurite  &  non  celle  de  fa  grandeur  ,  qui  I'a  fait  difparoitre   Elle  avoit  une 
latitude  auftrale  de  dix  degres  &  demi  j  fon  mouvemenr  en  longitude  etoit 
de  treize  degres  en  vingt-quatre  neures. 

En  h  prenant  pour  la  rticme  que  celle  obfervee  a  Rhodez  en  Novembre 
1700,  elle  auroit  fait  depuis  le  midi  du  7  Novembre,  jufquaminuit  du  1 1 
Mai ,  vingt  revolutions  de  27  jours  1 1  heures  ;;  5  minutes. 

En  la  comparant  a  celle  qui  palfa  par  le  milieu  de  fon  parallele  fur  le 
difque  du  foleil  le  6  Mai  16SS  ,  a  fix  heures  du  matin,  M.  Caffini  le  his 
a  trouve  dans  cet  intervalle  de  tems  1S6  revolutions  de  17  jours  12  heu- 
res II  minutes,  qui  eft  precifement  la  revolution  moyenne  des  taches  ,  de- 
terminee  par  M.  Caflini  le  pere  d'apres  fix  grands  intervalles  d'obferva- 
tions,  fur  des  taches  du  mois  de  Mai. 

Le  2i  Decembre  1701,  M.  de  la  Hire  obfervant  le  foleil  dans  fon 
pafTage  par  le  meridien,  appercut  vers  le  bord  oriental  du  foleil  une  cache 
de  mediocre  grandeur,  compofee  de  deux  principales  ,  environnee  d'une 
efpece  de  nuage  termine  dans  fes  bords  ,  8c  qui  etoir  plus  clair  autour 
de  la  tache  que  vers  fes  extremitcs ,  comme  c'eft  I'ordinaire  :  elle  difpa- 
rut  le  premier  Janvier  fuivant. 

24  Mai  1703  ,  nouvelle  tache  obfervee  par  M.  Cadini  le  fils ,  ayant 
deux  degres  de  latitude  auftrale;  elle  avoit  du  entrer  dans  le  difque  ap- 
parent le  21  Mai,  en- fottir  le  4  Juin  i  deux  heures  du  matin,  &  pallev 
pres  du  milieu  le  28  Mai,  quelques  heures  avant  midi.  On  I'a  revue  le 
19  Juin  alfez  grande  ,  pour  taire  croire  qu'on  auroit  pu  I'appercevoir  des 
le  18  ;  elle  a  palTe  par  le  centre  le  24  Juin  ,  d'oii  il  fuit  que  fa  revolution 
n'a  cte  que  de  27  jours.  Sa  latitude  etoic  la  meme  qua  fon  apparition 
precedente. 

Le  8  Juillet  1703  ,  grande  tache  formee  de  plufieurs  amas  de  petites 
taches  feparees.  M.  de  la  Hire  remarqua  que  ,  quoiqu'elle  fiit  fort  avar- 
cee  fur  le  difque  ,  elle  etojt  fort  foible  ,  &  qu'il  nel'avoit  point  vue  la 
veille  en  obfervant  le  foleil  a  midi  ;  elle  difparut  le  17.  C'eft  une  des 
plus  grandes  que  M.  de  la  Hire  eut  obfervee  :  les  jours  de  fa  plus  gran- 
de force  furent  le  9  &  le  10  j  fa  revolution  eft  de  27  jours  8  '  heures,  ou 
de  27  jours  2  heures ,  ou  de  27  jours  5  \-  heures ,  felon  qu'on  la  compare  a 
celles  du  mois  de  Mai  1702  ,  ou  du  mois  de  Septembre  1701  ,  ou  de 
Decembre  1700. 

7  Janvier  1704,  deux  caches  obfervees  par  M.  de  la  Hire;  elles  n'e- 
toient  point  vifibles  le  5 ,  quoiqa'elles  eulTent  du  etre  deja  alFez  avancees. 

12  Janvier  1705  ,  deux  caches  obfervees  a  Moncpeliier  par  M.  de  Plan- 
tade,  vues  le  15  &  le  i(J  a  Paris. 

7  Avril  1705,  autre  tache  que  Ton  obferva  jufqu'au  17;  elle  avoit 


,;       •  COLLECTION 

^.■.■■.■.■,...—  une  declinaifon  feptentrionale  cle  1 1  a  1 5  degies  :  Jufques-la  toutes  !es 
Acad  Royaie  t-iclies  avoient  paru  dans  rhemifphere  meiidioiial.  {a) 
DEsSciENXES  17  mai   1705  ,   une  autre  tache  parut  tout  d'un  coup  a  deux  minutes 

DE  Paris.        du  centre  du  foleil ,  &  difparuc  tout  d'un  coup  le  lendemain,.quoique 
■SupfLiMEisr.     fort  eloisnee  des  bords  du  difque. 

4  Juillet ,  une  tache  d'abord  petite ,  mais  qui  le  lendemain  parut  plus 
oroire  &  comme  un  amas  de  taches  ,  fe  monrra  deja  fort  avancee ,  &: 
difparut  le  1 5  ,  quoiqu'encore  eloignee  du  bord  occidental.  Les  deux  ta- 
ches principales  de  cet  amas  changeolent  un  peu  de  lunation  &c  de 
grandeur;  mais  les  petites  changeoient  beaucoup  davantage. 

3  Aout  170?  ,  parurent  deux  taches  deja  fore  avancees  fur  le  difque. 
Le  lendemain  elles  avoient  entierement  difparu. 

4  Oclobre  1705  ,  taches  appergues  pres  du  bord  oriental :  elles  parurent 
au'^mentees  en  nombre  quelques  jours  aprcs.  Le  1 1  Octobre  ,  avant  qu'el- 
les  eulfent  atteint  le  bord  occidental ,  on  vit  de  nouvelles  taches  dans  la 
partie  orientale  du  difque  ,  peu  eloignees  da  centre  ,  auxquelles  on  loup- 
^onna  un  mouvement  fort  irregulier.  Elles  paroiffoient  encore  le  20 
0(51:obre  ,  pres  du  bord  'occidental. 

4  Novembre  1705 ,  noitvelle  tache  obfervee  pres  du  bord  oriental  ,  Sc 
qui  difparut  le  17  pres  du  bord  occidental. 

(?  Avril  170(5,  tache  mediocre  obfervee  a  3  minutes  du  bord  oriental 
du  difque  ,  allant  a  I'occident ,  environnee  d'une  grande  facule  ;  ce  qui 
annonce  ordinairement  la  prochaine  difparicion  de  la  tache.  Celle-ci  dif- 
parut le  10. 

4  Juin  i70(J,  petite  tache  prefqu'au  milieu  du  difque  fur  lequel  elle 
ne  fe  montroit  point  deux  jours  auparavant.  Le  lendemain  elle  ne  pa- 
roilToit  plus. 

19  Juin,  amas  de  taches  qui  paroit  Sc  difparoit  prefque  fubitemen: 
&  independamment  de  la  revolution  du  foleil. 

14  Septembre,   autre  tache  qu'on  ne  put   obferver    que  jufqu'au  10. 

10  Novembre,  deux  taches  aifez  grolfes  qui  difparurent  le  i  3  ,  etanc 
encore  dans  la  partie  orientate  du  difque. 

7  Decembre  ,  amas  de  taches  qui  palfa  par  le  milieu  du  difque  le 
12,  a  fix  heures  du  foir.  Cette  malfe  fuppofee  fphetique  ,  etoit  1728 
fois  plus  grolfe   que  la  terre. 

25  Fcvrier  1707,  trois  petits  amas  detaches  qui  s'avancerent  vers  lebord 
occidental  jufqu'au  premier  Mars ,  felon  I'hypothefe  des   27  4r  jours. 

20  Mars  ,  nouvel  amas  de  taches  dont  la  plus  grolfe  palfa  par  le 
milieu  du  difque  le  28  a  neuf  heures  du  foir.  Le  24  on  avoir  obfervc 
vers  le  bord  oriental    un' nouvel  amas  de  taches. 

1  ^  Mai ,  amas  de   taches. 

18  Septembre,  autre  tache. 

14  Novembre,  nouvelle  tache  proche  du  milieu  du  difque;  elle  dif- 

(«)  Galilee  avoit  cependant  dit  que  la  zone  des  taches  foUircs  s'ctenJoit  c!e  part  & 
d"autrc  de  I'eriuateur  du  foleil  :  il  avoit  done  vu  des  caches  qui  avoient  uuc  declinaifon 
fcpccntrionalc  avant  ccUc  de  1 7  o  j. 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  , 

parut  1e.  i<>  ,    5i:  on  en  vit  unc  autre  vers  Ic   bord  oriental,  qui  .inpio-  -^^m, 

choit  fort  du  bord  occidental  le  17.  En  meme  terns  on  en  vit  une  autre  Acad  Royaip 
vers  le  bord  oriental ,  dsns  rhemifphere  feprerttrional  ou  eile  avoir  une    des  Sciences 
dcclinaifon  de  15  degrcs  a  pen  prcs  :  comparce  a  celle  du  7  Avril  1705  ,        de  Paris. 
die  donne  la  revolution  du  ioleil  de  17  -^  jours.  SueeLtMENT. 

15  Decembre  ,  autre  tache  qui  paroit  la  meme  que  celle  du  16  No- 
vembre  precedent. 

J I  Aout  1708,  trainee  de  petites  taches  qiii  a  paru  tout  d'un  coup ,  &  ne 
fut  vue  que  jufqu'au  iS. 

1  Septenibre  ,  petites  ta,ches  qui  fembloient  etre  les  mc-mes  que  eel- 
les  du  1 1  Aout,  mais  qui  avoient  moius  de  declinaii'on.  On  les  apper- 
^ut  jufqu'au    14. 

14  Novembre  ,  taches  deja  fort  av^ancces. 

24  Novembre,  autres  taclies  qui  paroilFent  etre  les  metnes  que  celles 
du  mois  d'Aout. 

I  Decembre,  encore  quelques  am.as  de  taches. 

6  Janvier  1709,  deux  taches ,  dont  Tune  reparut  le  i()au  bord  oriental; 
elle  fut  obfervee  dans  I'lfle  de  la  Conception  par  le  P.   FeuiUce. 

J  Fevrier  ,  nouvelle  tache  qui  paroit  tout  a  coup  prcs  du  milieu  du 
difque,  &  qui  ne  paroit  plus  le  5. 

25  Aout,  deux  amas  de  taches  qui   paroiffent  tout  a  coup. 

li  Novembre,  tache  alTez  grolfe  qui  difparoit  le  1 8  ,  peut-etre  par- 
ce  qu'elle  avoir  paffe  derriere  le  foleil. 

24  Octobre  1710,  tache  qui  paroit  tout  a  coup  dans  la  partie  occi- 
dentale  du  difque.  Le  18  elle  conrinuoit  fon  cours  vers  I'occident ,  felon 
I'hypothefe  des  27  -i^jours  ^  mais  fa  dcclinaifon  ctoit  devenue  fepten- 
trionale  de  la  meme  quantite  dont  elle  etoit  meridionale  ie  25.  Celle  du 
6  Janvier  1709  avoir  aulll  change  fa  dcclinaifon  de  4  minutes  10 
fecondes  meridionales,  en  40  feptentrionales, 

171  J,  une  feule  tache  obfervee  par  M.  Cafllni  le  19  Mai,  n'a  cte 
fuivie  que  jufqu'au  2(J,  a  dii  palFer  le  25  par  le  milieu  du  difque  .appa- 
rent, avec  une  latitude  meridionale  de  14  a  15  degres. 

21  AoUt  1714,  deux  taches  egales,  rondes,  &  noires  ,  dont  I'une  dif- 
parut  le  16  Sc  Tautre  le  30  :  elles  etoient  dans  I'hemifphere  fepten- 
nional,  avec  une  dcclinaifon  de  15  a   16  degres. 

Autre  tache  le  25  Septembre  17 14,  dont  le  diametre  ctoit  la  vingtieme 
partie  de  celui  du  foleil. 

Lorfque  le  foleil  fut  eclipfe  le  3  Mai  171 5,  il  avoit  des  taches,  & 
on  vit  la  lime  les  cacher ,  puis  les  lailfer  reparoitre  5  ce  qui  a  etc  obfervc 
en  difterens  heux  de  I'Europe ,  &  ne  I'avoit  peut-etre  pas  encore  ete. 

Sur  la  fin  d'Oftobre  fuivant  ,  parut  une  tache  pres  du  bord  orien«- 
tal,  dans  I'hemifphere  feptentrional ,  avec  une  dcclinaifon  d:-  15  degres 
de  la  circonference  du  foleil  ;  &  au  commencement  de  Novembre,  il 
en  parut  une  autre  audi  vers  le  bord  oriental  ,  mais  dans  Themifphere 
meridional,  avec  une  dcclinaifon  de  19  degres.  Cette  .innee  1715,  il  y 
a  eii  onze  apparitions  de  taches;  mais  il  ell  rare  d'en  voir  deux  amas  a 
la  fois  &c  de  declinaifons  aulli  difTerente*. 


COLLECTION 

Depuls  ce  terns ,   les  Aftronomes  onr  prefqne  toiijaurs  vu  de  ces  ra- 

~,  n       .,,  ches;    mais  on  ne  fcra   menrion  dans  la  fiiite   que  de  celles  qui  pour- 

DEs  Sciences  "-'on!^  intcrefler  par  leur  lingulanrc  ,    ou  rcpandie  de  nouveiles  lumieres 

UE  Paris.  fur  leur  hiftoire  phyfique  &:  fur  celle  du  foleil. 


Surl'I-tMENT. 


De  la  Lumierc  Zodiacah.   {a) 


C 


_  I  Ette  luniiere  fcmble  n'crre  autre  chofe  que  ratmofphere  du  foleil , 
repandue  en  plus  granJe  quautite  autour  de  I'equateur  de  cet  aftre  , 
que  par-tout  ailleiirs  j  elle  paroit  tantot  fous  la  forme  d'une  lance  , 
tantot  fous  celle  d'une  pyramide  ou  d'un  fufeau,  comme  doir  paroitre 
tout  corps  lenticulaire  vu  de  profil.  Cependant  les  diffcrens  etats  de  I'at- 
inofphere  terreftre  font  varier  fa  figure  apparente  ;  elle  fuit  conflam- 
ment  Ic  mouvement  du  foleil ;  plus  ou  moins  inclinee  dans  nos  climats , 
perpendiculaire  fous  la  zone  torride.  Sa  hauteur  ,  depuis  le  centre  du 
foleil,  varie  en  diftcrens  lieux  &:  en  diflcrens  tems ,  de  45  a  120  degres  , 
&  fa  plus  gtande  largeur  a  I'horizon,  de  8  a    30. 

Cette  lumiere  avoit  cte  appercue  dcs  i(J68,  par  M.  Caflini,  a  Paris, 
&  par  plufieurs  autres  Obfervateurs  a  Hifpahan,  a  Goa,  a  San-Salvador  8c 
le  long  du  Cap  de  Bonne- Efperance ;  mais  ce  ne  fut  que  du  18  Mais 
1683,  que  M.  Caflini  crut  en  avoir  fait  vraiment  la  decouverte ,  parce  que 
ce  ne  fut  que  de  ce  jour-la  qu'il  connut  fon  mouvement  Sc  fes  rapports 
avec  le  foleil. 

Cette  merae  lumiere  fut  vue  a  Siam  en  i6Sy  &:«(J88  ,  <S:a  Pondicheri 
en  kJjo  :  elle  ctoit  fort  large  ,  Sc  s'etendoit  prefque  le  long  de  I'equateur. 
Peu  apres  le  coucher  du  foleil,  elle  s'elevoit  de  plus  de  40  degres ;  elle  s'a- 
vancoit  vers  le  Nord  a  mefure  que  le  foleil  defcendant  plus  bas  fous  I'hori- 
fon ,  s'en  approchoit  aulli.  Cette  lumiere  fe  diftinguoit  encore  trois  lieures 
apres  le  coucher  du  foleil. 

Le  1  Mars  1701 ,  M.  Maraldl  etant  a  Rome  vit  fur  les  fix  heures  du 
foir  une  trace  de  lumiere  femblable  a  la  queue  d'une  comete ,  longue 
d'environ  30  degres  d'un  grand  cercle  ,  large  d'un  degre  a  fon  origine  ,  al- 
lant  un  pen  en  diminuant,  dirigee  au  foleil,  fuivant  le  mouvement  des 
fixes  a  I'occident ,  &  fe  trouvant  dans  le  m£me  lieu  du  ciel ,  aux  memes 
jours,  que  la  lumiere  obfervee  par  M.  Caffini  en  166S. 

Le  frere  de  M.  Caflini  I'avoit  appercue  le  16  Fevrier  precedent  a  Peri- 
iialdoj  &  M.  Manfredi  qui  I'obferva  le  meme  jour  a  Bologne,  jugea  fa 
longueur  dirigee  au  foleil ,  inclinee  d'environ  30  degres  a  I'axs  de  la  revo- 
lution du  loleil ,  &  fa  lanjeur  d'environ  deux  degres. 

Dans  I'cclipfe  de  foleil  du  11  Mai  170(3,  laquelle  a  ete  totale  en  Laii- 
guedoc,  en  Provence  ,  a  Geneve  Sc  a  Zurich,  on  commenca  a  appercevoir 
une  couronne  de  lumiere  autour  de  la  lune ,    lorfquc  le  degre  de  I'obfcu- 

(a)  Voyei  la  Cone6lion  AcaMmique,  Partie  Etrangere,  Tom.  VI,  &  le  premier  de  la 
Phyjique  expir'mentale  ppar^ ,  pag.  jij.      " 

rite 


ACAD^MIQUE.  P 

rue  fur  rel  qu'ow  pDuvoit  diftlnguec  los  ecoiles  qu'on  112  commence  ordi- 

nairemenc  a  voir,  que  lorfque  la  lumiere  zodiacale  eft  pr^te  a  parokre.    On  Acad.Royaie 
diftiiigua  mcme  a  Moiitpellier,    aucour  de  cette  couronne ,   une  aire  In-    i>£s  Scu.nces 
niineufe  plus  pale  ,  qui  s'etendoic  jufqu'a  quaere  degres  de  part  &  d'aurre       ^^  Paris. 
du  foleil ;  mais  on  n'apperguc  aucun  veftige  de  la  partie  la  plus  rare  de      SuhUjient. 
la   lumiere  zodiacale ,  qui  ne  paroic  le  matin  qu'avant  que  le  crepufcule 
commence,    &c  le  foir  qu'apres  qu'il  eft  fini.   Audi  les  Obfervateurs  de 
Montpellier  remarquerent-ils  que  la  plus  grande  obfcurite  ne  pouvoit  etre 
comparee  ni  a  la  nuit ,  ni  au  crepufcule. 

Dans  I'eclipfe  totale  d.-  foleil  de  171 5  ,  les  Aftronomes  de  Londres 
obferverent  que  dans  le  terns  de  la  parfaite  obfcurite  ,  le  bord  de  la 
lune  paroilToic  environne  d'un  anneau  clair  d'enviroa   j   minutes  de  lar- 

fe,  avec  une  efpece  de  penombre  du  cote  de  I'air  :  quelques-uns  I'attri-  . 
uerent  a  I'atlimofphere  de  la  lune ,  d'autres  a  rathmofphere  terreftre  ;  mais 
M.  de  la  Hire  crut  que  cet  anneau  etoit  un  efFer  des  rayons  folaires  re- 
flechis  dans  les  inegalitcs  des  bords  de  la  lune,  &  qu'il  etoit  femblable 
a  celui  qu'il  vit  autour  d'un  globe  de  pierre  non  poli  ,  qu'il  avoic 
fufpendu  a  une  fenetre  du  cote  du  foleil  ,  en  le  regardant  du  centre 
de  Vombre ,  &  d'une  diftance  telle  que  le  globe  lui  caclioit  tout  le  corps 
dft  foleil  &  un.peu  plus. 

II  fuivroit  de  cette  explication  que  I'anneau  devroit  etre  interrompu 
aux  endroits  qui  repondent  a  des  montagnes  ;  caron  fait  que  la  lune  en  a 
d'alfez  hautes  pour  empecher  la  lumiere  rcflechio  d'eclairer  ces  endroits. 

La  lumiere  zodiacale  avoir  etc  obfervee  plus  de  1000  ans  auparavant 
par  Anaxagore;  171  ans  avant  J.  C.  par  Callifthene,  &:  dans  nos  tems 
modernes,  par  Kirker,  Defcartes,  Childrey,  &  enfin  par  Samuel  Maioli , 
Evcque  de  Voltiurara.  (a) 

Le  tems  le  plus  commode  pour  bien  voir  cette  lumiere  a  Paris ,  eft  vers 
le  premier  Mars  a  fept  heures  un  quart  du  foir,  le  crepufcule  finilTant, 
&  le  point  equinoxial  etant  dans  I'horifon  ;  Sc  aux  environs  du  folftice 
d'hiver,  le  matin  &  le  foir.  Son  axe  fait  alors  avec  I'horifon,  un  angle 
de  5  5  degres  Ic  matin  ,  de  .(.3  le  foir  ,  &  au  mois  de  Mars  de  (J4. 

^  Au  refte  il  faut  favoir  que  I'apparition  de  cette  lumiere  eft  fujette  a  des 
viciffitudes  confiderables ,  8c  dont  les  periodes  n'ont  pas  encore  etc  de- 
terminees.   (/>) 


Ckangemens  dans  les  Fixes. 

J_iEio  Juin  1^70,  Dom  Anthelme ,  Chartreux  de  Dijon,  decouvric 
proche  la  tcte  du  Cygne  une  nouvelle  etoile  qui  s'evanouit  au  mois  de 
Sej)tembre.  11  y  en  a  une  autre  dans  la  meme  conftellation ,  lujttte  au 
tneme  changement. 

(a)  Voyei  les  jours  canicubira ,  chap  des  mMores  ,  oil  cct  Eveque  dit  qu'il  a  vu  tre?- 
louvent,  particuUerement  dans  Icscrcpufculcsd'Automne,  une  matiere  ^clatantc  Sc  com- 
nic  ardcntc,  en  forme  dune  colonne  ou  d'une  poutre  ,  tantoc  droite  &  tantot  obliaue. 

(A)  l^oyei  I  AJlronomie  de  M.  de  la  Landc. 

Tome  III ,  Pariii  Fra>iioife.  '  B 


10 


COLLECTION 

■  Outre  ces  deux  etoiles  du  Cygne  ,  (a)  Sc  celle  dii  con  de  la  Baleine ,  (&) 

AcAD.RoYALE  qiii  jxiroiireiit  &  difparoiflent  ,  M.  Maialdi  a  obferve    d'autres  fixes  fii- 
DES  Sciences     jettes  aux  memes  changemens.   i°.  L'etoile  qui  eft  a  la  jambe  gauche  pre- 
D£  Paris.        ccdente  du  Sagittaire  ,  eft  marquee  dans  Bayer  de  la  troilieme  grandeur  ; 
SuteiiMENT.     g„  I  (jy  I  ,  M.  Caffini  la  vit  de  la  fixieme  ;  eni6j6  elle  lui  parut  fort  belle , 
&  M.  Halley  la  mit  alors  de  la  troilieme  grandeur;  en  1691,  a  peine  M. 
Maraldi  pouvoit  I'appercevoir  ;  dans  les  deux  annees  fuivantes  elle  lui  pa- 
rut  de  la  quatrieme  grandeur. 

U  y  a  encore  dans' la  menie  conftellatlon  d'autres  etoiles  fujettes  a  chan- 
ger :  celle  qui  eft  dans  la  partie  auftrale  de  Tare ;  une  a  la  tete  &  unc  autre 
a  I'epaule  droite ;  celle  du  bras  droit.  Celle  de  la  cuifte  droite  eft  tou- 
jours  invilible. 

La  derniere  de  la  queue  du  Serpent;  la  feizieme  du  Serpent;  celle 
du  pied  precedent  du  Serpentaire  qui  avoir  difparu  au  terns  des  obferva- 
tions  de  M.  Montanari ,  eft  toujours  invilible;  la  onzieme  du  Lion  que 
M.  Montanari  vit  paroitre  en  i6yo  ,  apres  s'ctre  rout-a-fait  eteinte ,  & 
qui  a  reparu  en  Kjgi;  la  douzieme  du  Lion,  la  rreizieme :  on  ne  voir 
plus  l'etoile  marquee  i  de  la  fixieme  grandeur  ;  mais  on  en  voit  huit 
dans  cette  conftellatlon  &  tout  proche  ,  dont  les  catalogues  ni  les  car- 
tes ne  font  aucune  mention.  La  vingt-quatrieme  du  Cygne,  la  plus  claire 
de  la  tete  de  Medufe  ,  la  plus  feptentrionale  de  la  meme  tete,  l'etoile 
marquee  de  la  troifieme  grandeur,  qui  eft  a  I'oreille  dfoite  du  grand 
Chien.  La  trente  -  unieme  &:  la  trenre  -  deuxieme  du  Navire  , 
qui  difparurent  au  terns  des  obfervations  de  Montanari  ,  font 
toujours  invifibles.  (1694)  L'etoile  A  felon  Bayer  dans  Andromede ,  dif- 
parut  du  terns  de  M.  Caflini ,  eft  a  prefent  vifible  :  on  voit  quatre  nouvel- 
les  etoiles  dans  cette  conftellatlon.  En  1671  ,  M.  Caflini  trouva  cinq 
etoiles  nouvelles  dans  Cafl^iopee  ,  dont  trois  ont  difparu ;  huit  nouvelles 
dans  le  Pegafe ,  trois  autour  des  Hyades ,  trois  dans  la  'V^ierge.  M.  Ma- 
raldi remarque  que  prefque  tous  les  changemens  arrivent  dans  la  voie  lac- 
tee.  Celle  que  Tyclio  obferva  le  11  Novenibre  1571,  faifant  un  rhombe 
parfait  avec  les  etoiles  a,  ^,  y,  de  Cafliopee  ,  parut  tout-a-coup  fort 
eclatante  ,  furpaftant  Syrius  &  meme  Jupiter  perigee.  La  nouvelle  etoile 
du  Serpentaire  qui  parut  le  10  Ottobre  160^,  fut  aufli  brillante  que 
celle  de  1572  ,  difparut  en  Oftobre  1^05  ,  n'avoit  point  de  parallaxe. 
L'etoile  C  de  I'Aigle  ,  paroit  varier  pour  la  grandeur,  &  etre  plus  eloignee 
de  a  qu'autrefois. 

M.  Maraldi  s'appercut  en  ijoS ,  vers  la  fin  de  Fevrier ,  qu'une  etoile 
de  I'Hydre  difparoirtoit ;  il  la  revit  au  mois  d'Avril  1708  jufqu'au  mois 
de  Juin ,  &c  il  reconnut  que  fa  grandeur  apparente  etoit  variable.  D'a  - 
bord  elle  furpaftoit  a  peine  les  etoiles  de  la  fixieme  grandeur ,  di  le  zo  Mai 
elle  lui  parut  plus  belle  que  Tantepenultieme  de  I'Hydre;  apres  cjuoi  elle 
diminua  &  difparut  encore  :  fes  difparitions  n'ont  point  de  periode  fixe 
connue. 

(:i)  Les  pciioJcs  de?  phafe^  de  ces  deux  Etoiles  font  v.iriab!cs. 

(5)  tapetiodcdcsphafesde  cette  ecoile  eft  de  170  jours,  a  quinze  jours  pres,  felon 
M.  Caflini. 


T. 


ACADEMIQUE.  u 

M.  Maialdi  a  encore  obferve  d-antres  ^coiles  qui  paroifTent  &:  difpa-  «.__«___„ 
roilTenr;    cclle  de  la  fixL-me  grandeur  au-delTous  de  la  main  auftrale  de  Acad.  Rovaie 
la  Vierge;   une  autre  de  la  lixieme  <;randeur  fur  la  cui{re  borcale  dc   la    des  Sciences 
Vierge  j  une  autre  de  la  fixieme  grandeur  dans  la  Balance  occidentale  au       ^^  Paris. 
11  f  degrc   du  Scorpion  ,  avec  une  latitude   feptentrionale  de  j  degres  ;     SuffLtMEti 
une  autre  de  la  quatrieme  grandeur  dans  le  baflin  oriental  de  la  Balance ; 
une  autre  de  la  quatrieme  grandeur  dans  le  Lievre. 

Ce  n'ell:  pas  de  ce  (iecle  leulement ,  que  Ton  voir  paroitre  de  nouvelles 
etoiles  :  celle  qui  fur  obfervee  par  Hipparque  ,  125  ans  avant  J.  C.  eft 
fameufe,  Sc  nous  a  valu  le  denombrement  des  etoiles  alors  connues. 
Hipparque  I'entreprit  pour  conltater  Tetat  du  Ciel ,  &:  donner  a  ceux  qui 
viendroient  apres  lui  le  ir.oyen  de  pouvoir  toujours  diftinguer  les  etoi- 
les nouvelles ,  d'avec  celles  qui  appartiendroient  a  I'ancien  fonds.  II  eu 
parut  une  autre  plus  brillante  que  Venus  ,  du  tems  d'Hadrien  ,  I'an 
150  de  J.  C.  une  autre  dans  le  Cygne,  I'an  359;  une  autre  en  589  , 
dans  le  quinzieme  degrc  du  Scorpion  :  fa  lumiere  cgaloit  celle  de  la 
quatrieme  partie  de  la  lune;  elle  ne  parut  que  pendant  quatre  mois  :  une 
autre  vers  I'an  945 ,  encre  Cephee  &  Cafliopee  :  une  autre  vers  le  meme 
endroit  en   1164. 

Syrius  qui  briUe  aujourd'hui  d'une  lumiere  fi  nette  &  fl  pure,  avoir 
autrefois,  die- on,  une  teinte  de  rouge. 


Jvpltcr  &  fes  Satellites. 

JL/E  5  Juin  1(^79,  MM.  Caffini  &  de  la  Hire,  obferverent  une  eclipfe 
de  Jupiter  &  de  ies  Satellites  par  la  lune.  Ces  planetes  ne  parurent 
point  changer  de  figure  a  leur  rencontre  avec  le  difque  lunaire ,  ce  qui 
devroit  arriver  ,  fi  la  lune  etoit  entouree  d'une  atiunofpWere  comme  la 
terre.  [a) 

Le  iS  Juin  171  s  ,  Venus  ayant  etc  eclipfee  par  la  lune  a  une  heure  &: 
demie  apres  midi,  MM.  di  Malezieu,  Caffini  &  Maraldi  qui  obfervoient 
chacunavec  une  lunette  difterenre,  ne  virent,  foit  a  I'imiTierfion ,  foit  a 
I'cmerfion  de  Vc'nus,  aucun  cliangement  ni  dans  fa  figure  ,  ni  dans 
fon  mouvement ,  ni  dans  fa  couleur  ,  quoiqu'ils  y  fuifent  fort  attentifs. 
Us  n'en  avoient  jamais  apper^u  non  plus  a  routes  les  eclipfes  pareilles  de 
planetes  par  la  lune  ,  qu'ils  avoient  obfervces  foit  de  nuit ,  foit  en  plein 
jour.  Au  contraire  Mrs  de  Louville,  de  Lifle  le  cadet  &  Cliardelou  qui 
obferverent  enfemble  ,  virent  Venus  qui  etoit  blanche  &  brillante  lorf- 
qu'elle  ctoir  eloignee  de  la  lune  ,  changer  aflfez  fubitement  de  couleur 
lorfqu'elle  en  approcha  ,  &  cela  pendant  une  bonne  minute  de  terns. 
Sou  bord  le  plus  proche  de  la  lune,  foit  dans  I'immerfion ,  foit  dans  I'e- 

(a)D'ahordM.  F.uler  en  1748,  cnfuire  M.du  Stjour  en  I7«?,  ont  concla  I'inflcxion  dcs 
nyons  paffant  ptcs  dc  la  luiic  :  M.  du  Sciour  la  croir  de  4  "  ;  ce  fcroit  i  "  pciir  la  re/rac- 
tioa  horizontalc  de  la  lime.  ( Vovez  iAjhonomie  de  M.  de  la  Lands. ) 

B  ij 


li  COLLECTION 

^  merfion ,  devint  fouge  ,  &  le  bord  oppofe  bleu ,  ce  que  M.  de  Lifle  attrl- 

^cAD.  RoYALE  buoit  a  riiiflexion  des   rayons   de   Venus  ,    rafant  les  bords  de  la  lune. 

^DE  Paris^^     ^^'  Caflini  I'attnbuoit  a  I'etFet  des  verres  des  lunettes,  d'autant  plus  qu'ils 

S'J'"L*uENT      '^'^■^'■'sn'^  Iss  mcmes  couleurs  aux  ctoiles  fixes.  Jupiter,  eclipfe  par   la  lu- 

'     ne  peu  de  tems  apres  ,  ne  montra  aucune  couleur  imputable  a  la  lune  ; 

mais  M.  de  Louville  dit  que  c'etoic  a  caufe  du  grand  eloignement  de 

Jupiter. 

On  a  obferve  des  taclies  fur  les  fatellites  de  Jupiter  ,  dans  leurs  con- 
joncVions  inferieures ;  ils  paroiflent  done  plus  petits  qu'ils  ne  font,  & 
c'eft  apparemment  pour  cette  raifon  ,  que  I'ombre  du  quatrieme  paroit 
quelquefois  par;  grande  que  ce  fatellite  lui-meme  ,  &:  que  ces  fatellites 
chmgentde  grandeur  apparente  dans  des  fituations  qui  font  les  memes  a 
I'egard  de  Jupiter  &  du  foleil. 

M.  Caffini  en  a  conclu  le  mouvement  de  ces  fatellites  fur  leur  axe  ^ 
&  a  foupconne  une  atlimofphere  au  premier ,  fonde  fur  ce  que  dans  quel- 
ques  nnes  de  fes  conjondions  inferieures  avec  Jupiter ,  il  n'avoit  pu  ap- 
percevoir  Tombre  de  ce  fatellite ,  quoiqu'il  cut  bien  reconnu  le  fatel- 
lite meme  a  fes  raches. 

Le  cinquieme  fitellire  de  Saturne  demeure  plus  dun  mois  invifi- 
ble,  fur-tout  lorfqu'il  eft  dans  la  partie  orientale  de  fon  orbe.   (a) 

29  Mai  16S6,  nouvelle  tache  obfervee  par  M.  Callini  dans  Jupiter; 
elle  occupoit  environ  la  fixieme  partie  du  diametre  de  cette  planete,  & 
fa  revolution  fut  reconnue  de  9  heures  5  5  minutes  ,  plus  courte  d  une 
minute  que  la  revolution  d'une  autre  tache  obfervee  dans  la  meme  planete 
par  M.  Callini  le  8  Avril  precedent. 

14  Decembre  16^0  ,  a  quatre  heures  10  minutes  du  foir,  M.  Caffinf 
ne  voyoit  que  deux  bandes  obfcures  dans  le  difque  de  Jupiter ,  un  peu 
cloignees  de  fon  centre,  I'une  au  Nord,  I'autre  au  Midi.  CcUe-ci  etoit 
la  plus  etroite  ;  celle  du  Nord  paroit  prefque  toujours  la  meme  depuis 
40  ans.  A  4  heures  18  minutes  ,  on  appercut  dans  la  bande  me- 
ridionale  une  ifle  claire  &  blanche  dans  le  milieu.  On  vit  auffi  un 
veftige  d'une  bande  plus  feptentrionale,  etroite  ,  eloignee  de  la  plus 
large  d'un  peu  moins  de  fon  epaid'euj.  Cette  bande  n'etoit  pas  abfolu- 
ment  nouvelle  ;  on  la  voit  tres-fouvent ,  mais  elle  ne  s'etend  pas  toujours 
jufqu'aux  bords  du  difque  j  elle  manque  tantot  du  cote  de  I'Eft,  tantoc 
du  cote  de  I'Oueft. 

II  parut  aulli  au  bord  oriental  de  Jupiter,  &  dans  fa  partie  mcridio- 
nale  qui  etoit  forr  claire  ,  un  comiriencement  d'une  quatrieme  bande 
qui  s'avancoit  peu-a-peu  vers  le  bord  occidental  j  de  forte  qu'au  bout  d'une 
heure  Sc  demie  ,  elle  s'etendoit  d'un  bord  a  I'autre ,  &  Jupiter  avoir  alors 
quatre  bandes  entieres  paralleles  entr'elles.  Le  16  Decembre  on  en  vit  fix, 
favoir  trois  meridionales  &  trois  feptentrionales ,  routes  fix  paralleles  en- 
tr'elles. Le  meme  jour  a  6  heures  58  minutes,  on  vit  dans  I'intcrvaile, 
cntre  les  bandes  meridionales  &  les  feptentrionales,  qui  etoit  alFez  large  , 

(a)  Cepcndant  en  1705  il  a  etc  vifib^s  dans  la  partie  orientale,  de  mcmc  ijue  dans  la 
fartie  occidcncale. 


ACAD^MIQUE.  ij 

tine  bandc  oblique  qui  palToic  par  le  centre  ,  &  ne  fe  voyolt  que  dans  la  •  — — 

partie  occidentale  ,  declinanc  beaucoup  vers  le  Sud  :  c'eft  la  premiere  que  Acad.  Rovale 
M.  Caflini  ait  obfervce  avec  une  obliquite  fi  fenfiblej  en  forte  que  non-    des  Sciences 
feuleinenc  il  y  a  des  bandes  interrompues  dans  Jupiter,  mais  encore  qu'il       ^^  Paris. 
s'en  forme  de  nouvelles  d'un  jour  a  I'aurre.    La  binde  meridionale  la  plus     SvvtLtMSUT. 

firoche  du  centre,  ne  paroit  jamais  interrompue ,  &:  occupe  dix  degrc  sfur 
e  difque  de  Jupiter. 

Pendant  les  fix  derniers  moisde  i(?(J5  ,il  parutfur  Jupiter  une  cache  ron- 
de  ,  adherente  a  la  bande  la  plus  meridionale  ,  du  cote  du  centre  apparent  , 
&  dont  le  diametre  paroit  etre  la  dix-feptieme  partie  de  celui  de  la  pla- 
nete.  Du  mouvement  bien  obferve  de  cette  tache  ,  M.  Caflini  deduifit  la 
revolution  de  Jupiter  fur  fon  axe  en  9  heures  5  6  minutes.  Cette  tache 
s'efFaga  en  i66j ,  &  reparut  enfuite  depuis  le  commencement  de  1671, 
jufqu'a  la  fin  de  1674  qui  eft  la  plus  longue  apparition  :  elle  difparut  en- 
core, &  revint  en  1^77;  &  apres  diverfes  autres  apparitions  &  difpari- 
tions,  elle  fut  revue  en  Novembre  &  Decembre  1689,  &i  enfin  au  mois 
d'Avrii  1708  pour  la  huitieme  fois  depuis  166^,  toujours  dans  la  meme 
fituation  a  I'egard  de  la  bande  a  laquelle  elle  etoit  adherente  ,  &  apres 
avoir  etc  inviiible  pendant  quatorze  annees,  qui  eft  le  plus  long  intervalle 
qu'il  y  ait  eu  entre  deux  apparitions  fucceilives. 

Le  5  Decembre  1689,  a  5  heures  15  minutes  du  foir ,  M.  Caflini  vie 
line  nouvelle  tache  ronde ,  adherente  a  la  bande  la  moins  meridionale  du 
cote  du  centre  dont  elle  dtoit  fort  proche ,  a  peu  pres  grande  comme  I'A- 
frique.  Sa  revolution  fut  trouvee  de  9  heures  5 1  minutes  j  elle  changea 
j)lulieurs  fois  de  figure  ,  elle  s'allongea  ,  elle  fe  retrecit ,  fes  parties  fe  croi- 
lerent,  elle  fe  fcpara  en  plufieurs  taches  comme  celles  du  foleil. 

1 3  Decembre ,  deux  autres  taches  dont  la  revolution  fut  trouvee  de  9 
heures  51  {-  minutes.  Cette  difference  dans  la  duree  de  la  revolution  de 
ces  taches  ,  difference  qui  s'obferve  aufli  dans  celles  du  foleil ,  fait  foupcon- 
ncr  un  mouvement  propre  a  chaque  tache  qui  complique  le  mouvement 
de  Jupiter  fur  fon  axe. 

M.  Caflini  remarqua  en  1690  que  Jupiter  qui  lui  avoir  paru  autrefois 
d'une  figure  un  peu  ovale  ,  dont  le  plus  grand  diametre  tendoit  d'Orienc 
en  Occident ,  paroilfoit  a  prefent  parfaitement  rond. 

Le  9  Juin  1691  ,  il  le  revit  ovale,  en  forte  que  le  plus  grand  diametre  , 
qui  alloit  d'Orient  en  Occident ,  furpaflbit  I'autre  d'une  quinzieme  partie 
a  peu  pres.  M.  de  la  Hire  a  obferve  la  meme  chofe. 

M.  CalTini  remarqua  de  plus  que  les  taches  de  Jupiter  femblent  faire 
leur  revolution  plus  vite  loin  du  centre  tjue  proche  du  centre. 

On  n'a  jamais  vu  tant  de  taches  dans  Jupiter  qu'en  1651,  Jupiter  etant 
dans  fon  perihelie. 

Le  13  Fevrier  1593,  M.  Caflini  revit  fur  les  fix  heures  du  foir  la  tache 
ancienne  de  Jupiter  ,  revenue  apres  plufieurs  difparitions  .nu  milieu  du 
difque  de  cette  planete,  &c  toujours  adherente  a  la  bande  la  plus  meri- 
dionale du  cote  du  centre.  La  bande  qui  eft  entre  cette  tache  &  le  centre  , 
avoit  augmentc  de  largeur  au  point  quelle  furpalToit  quelquefois  celle  de 


14  COLLECTION 

_  la  b.-aide  feptentrionab  qui  avoir  jufques-la  paru  la  plus  large  de  toutes. 

~         '  Le  Z4  Fevrier ,  M.  Cadini  appercut  le  premier  facellue  comme  line 

DES  Scir°N«sf  tache  claire  &  blanche  fur  cecce   bande  elargie. 

DE  Paris.  Au  mois  de  Fevrier  i (J514 ,  la  tache  ancienne  reparut  apres  avoir  e[(^  invi- 

SvffLiMSNT.     iible  plus  de  deux  ans ,  &  fon  mouvemeiit  fembloic  avoir  aiiticipefur  les 

tables ,  pendant  cc  terns  ,  de  deux  heures  &  iin  peu  plus ;  ce  qui  ne  fuppofe 

suere   plus  d'un  quart  de  leconde  d'erreur  dans  I'obfervation  pour  cha- 

que  revolution. 

Le  I  I  Juin  i(?99,  on  vita  10  heures  38  minutes  du  foir,  au  centre  de 
Jupiter  ,  une  tache  obfcure  fur  une  bande  mince  qui  fervoit  comme  de 
diametre  a  la  planete.  Cette  tache  etoit  longue  de  la  fixielne  partie  du 
demi-diametrc  ,  &  large  de  la  moitie  de  fa  longueur  qui  etoit  un  peu  obli- 
que a  la  mcme  bande. 

II  y  avoit  dans  Jupiter  deux  autres  bandes  plus  larges  &:  plus  obfcures  , 
une  du  cote  du  Midi ,  6c  I'autre  du  cote  du  Septentrion ;  celle-ci  moiiis 
eloignee  du  centre.  Outre  ces  trois  bandes ,  il  y  en  avoit  dans  la  partie 
feptenrrionale  deux  minces  Sc  paralleles  aux  autres.  On  vit  un  peu  apres, 
vers  le  bord  oriental  de  Jupiter,  une  autre  tache  plus  grande  que  la  prece- 
denre,  &:  un  peu  plus  meridionale.  A  11  heures  14  minutes,  ces  deux 
taches  ctoient  a  egale  diftance  du  milieu  de  Jupiter ;  la  feconde  y  arriva  fix 
minutes  apres  minuit ,  &c  alors  on  ne  diilinguoit  plus  la  premiere  tache 
qu'on  avoit  vue  un  peu  auparavant  proche  du  bord. 

A  I  heure  3  2  minutes  apres  minuit ,  on  voyoit  la  feconde  tache  pro- 
che da  bord  occidental  de  Jupiter ,  &  en  meme  tems  on  en  vit  une  troi- 
fieme  encore  plus  grande  fur  le  bord  oriental ,  laquelle  etoit  precedce  d'une 
petite ,   egale  a  peu  pres  au  difque  d'un  fatellite. 

A  1  heures  41  minutes  ,  le  milieu  de  cette  troifieme  tache  plus 
grande  etoit  au  milieu  de  Jupiter  j  elle  paroilToit  aufli  meridionale  qiie 
la  feconde  dont  elle  etoit  eloignee  de  91?  degrcs  de  la  circonference  de 
Jupiter  :  la  diftance  de  la  feconde  a  la  premiere  n'etoit  que  de  54  degres. 
Toutes  trois  font  fituees  dans  la  meme  bande  claire,  entre  deux  obfcures  , 
oil  ctoient  les  taches  obfervees  en  16^1  &  \6^t  ;  mais  les  deux  bandes 
obfcures  ne  font  plus  fituees  comme  alors  ,  etant  plus  eloignces  entr'elles. 
M.  Caflini  remarque  a  cette  occafion  qu'il  arrive  des  changemens  confide- 
rables  aux  bandes  de  Jupiter ,  d'une  annce  a  I'autre.  Tantot  elles  s'etrecif- 
fent ,  tantot  elles  s'elargiifent ;  elles  s'interrompent  quelquefois  &  fe  reunif- 
fent  enfuite ;  il  s'en  efface  Sc  il  s'en  forme  de  nouvelles.  Depuis  deux  ans , 
dit-il ,  la  feptenrrionale  qui,  peujlant  plus  de  40  annees,  avoit  paru  la 
plus  large  de  toutes ,  s'eft  etrecie  ,  &c  la  meridionale  s'eft  elargie  au 
point  qu  elles  font  devenues  egales.  Ces  grands  changemens  ne  peuvent 
ctre  attribues  a  une  illulion  d'oprique ,  &c  doivent  avoir  des  caufes  phyfi- 
ques  &  des  caufes  trt-s-puilfantes,  puifqu'ils  ne  font  pasmoins  conhdera- 
bles  que  fi  1  Ocean  inondoit  route  la  terre  ferme  ,  Sc  laiflbit  a  decouvert  de 
nouveaux  continens. 

Au-refte,  on  n'ai/oit  pas  encore  vu  paroitre  a  la  fois  dans  Jupiter  troi« 
laches  auffi  grandes.  Jupiter   etoit  pres  de  fa  moyenne  diftance   au  (o- 


ACADlfeMIQUE.  ,5 

leil  {a) ;  la  revolution  de  la  premiere  a  ere  rrouvee  de  9  heiircs  50  minu-  r*— ""»- 
res,  &  celle  de  la  feconde  de  9  heures  51   minutes:  lefciucls  refultats ,   acad.  IIoyale 
compares  avec  qiielques  autres  de  mcms  s^enre  ,  confirment  la  remarque  do     des  Sciences 
M.  Caflini,  que  les  rachesqiii  palfent  plus  prcs  du  centre  apparent  de  Ju-       °''-  '''^"■'S- 
piter ,  ont  un  mouvement  plus  vite  que  celles  qui  en  font  phis  eloi^nees.      iiueFiiuENT, 

Le  plus  grand  nombre  des  taches  de  Jupiter,  depuis  166^  ,  a  paru 
dans  fon  hemifphere  meridional  ;  &  il  ell  vraiTcmblable  que  chaque 
tache  depend  de  la  bande  a  laquelle  elle  eft  adherente  ,  puifqu'on  i>.'a  ja- 
mais vu  de  tache  fans  bande ,  quoiqu'on  voie  quelquefois  des  bandes  fans 
aucune  tache. 

Le  16  Mars  1707,  a  6  heures  50  minutes  du  foir,  M.  Maraldi  ap- 
percut  dans  Jupiter  une  tache  qu'il  n'y  connoilfoit  pas  ;  elle  n'etoit  point 
inherente  au  corps  de  Jupiter,  ce  qui  fut  conclu  de  ce  que  ni  fa  grandeur, 
ni    fa  vitefTe  apparentes  ne  diminuerent  lorfqu'elle    approcha  du   bord 
occidental.    De-plus  fon  mouvement  etoit  beaucoup  plus  lent  qu'il  n'au- 
roit  du  I'etre  par   la  revolurion  de  Jupiter  fur  fon  axe  en  dix  heures  : 
elle  ctoit  ronde  Sc  noire  comme  font   les  ombres  que  les  fatellites  jet- 
tent  fur  Jupiter.     Mais  des  quatre  fatellites,  les  trois  les  plus  proches  de 
Jupiter  ctoient  rrop  cloignes  de  la  conjoncftion  ,   &  pour  le  quatrieme  , 
il  eft  vrai  qu'il  etoit  alors  en  conjonftion  a  notre  cgard  ,   &  qu'il  paf- 
foir  fur  le  difque  de  Jupiter;  mais  par  cette  raifon  meme,    fon  ombre 
n'y  croit  pas ,  Sc  felon   le  calcul  aftronomique  ,    elle  ne  devoir  etre    a 
I'endroit   on  ctoit  la    tache  que  fept   heures  plus  tard.    11   falloit   done 
que  cette  tache  fur  une  partie  plus  obfcure  du  quatrieme   fatellite  lui- 
meme,  qui  parcouroit  le  difque  de  Jupiter.    En  effet  la  ilruation  ,    le 
mouvement,  tout  convenoit,  &  peu  de  terns  aprcs  que  la  tache  fur  for- 
tie  du  difque  de  Jupiter ,  on  vit  le  fatellite  qui  en  etoit  aulll  forti  par 
le  meme  endroir,    &  dont  jufques-la    la  partie  lumineufe  avoit  -etc  in- 
vifible.  Dela  M.  Maraldi  conjeftura  que  la  tache  Sc  la  partie  claire  plus 
orientale  que  la  tache  ,  faifoient  le  diametre  enrier   du  fatellite  ;  &  le 
terns  que  le  tout  employa  a  fortir  de  Jupiter ,  eft  affez  exadtcment  ce- 
lui  que  doit  employer  ce  diametre  ,  donr  la  grandeur  eft  connue  d'ailieurs. 
Par  une  obfervation  Sc  des  raifonneniens  femblables  ,  M.  Maraldi  re- 
connut   audi   une  tache    dans  le    troifieme  fatellite ,  le  4  Avril  au  foir. 
M.  Callini  en  avoit  decouvert  ou  foupgonnc  dans  tous  les  quatre  en  divers 
autres  terns. 

Un  effet  remarquable  de  ces  taches  ,  c'eft  la  variation  des  grandeurs 
apparentes  des  fatellites  ,  independamment  de  leurs  diftcrens  eloigne- 
mens,  foir  a  I'cgard  de  Jupirer,  ou  du  foleil ,  ou  de  la  terre.  Cctre 
variation  eft  telle  que  le  qu:itrieme  fatellite  qui  eft  ordinairement  le 
plus  petit  de  tous,  paroit  quelquefois  le  plus  gros  ,  &  que  le  troifieme 
qui  eft  ordinairement  le  plus  gros  ,  eft  quelquefois  le  plus  petit  :  il  en 
va  de  meme  des  deux  autres.  Tout  cela  ne  pent  s'expliquer  plus  naturelle- 
menr  qu'cn  leur  donnanr  de  grandes  taches  qui,  felon  quell .s  font,  ou 

( j)  On  a  icconnu  que  les  retours  de  la  tache  ds  i  Stfj  n'avoicnt  aucun  rapport  avec  Ics 
diffcieiitcs  diftaaces  de  Jupiter  an  fokil. 


i6  COLLECTION 

■'"     '  entierement  oil  en  partle  tournces  vers  la  terre  ,  diininuent  plus  ou  moins 

Acad. RoYALE  I'apparence  de  leur  grandeur  ,    Sc   laifl'jnc   paroitre  cette  grandeur  telle 
Drs  Sciences    qu'elle   eft  ,  lorfqu'elles  font  taat-a-fait  dans   rhcniifpliere  cache   a   nos 
DE  Paris.       ycnx.    U  y  a  plus;   quelquefois  quand  on  voit  en  nieme  terns  un  fatellite 
5i/ppLi,!/£.\T.     a  quelque  diftance  de  Jupiter,    &c  fon  ombre  fur  Jupiter,  on  voit  I'om- 
bre  plus  gtande  que  le  fatellite ,  quoiqu'elle  foit  certainement  plus  pe- 
tite ,  &;  de  fis;ute  conique  ;  mais  c'eft  qu'alors  le  fatellite  fait  ombre    par 
fon  corps  entier  ,  Sc  n'eft  vu  que  par  la  partie  claire  de  ce  globe. 

Ces  taches  font-elles  fixes  comme  celles  de  la  lune,  ou  palfageres  comme 
celles  de  Jupiter  &  de  Mars?  C'cft  ce  que  M.  Caflini  n'a  pas  encore  ofe 
determiner.  Si  elles  font  fixes  ,  il  eft  clair  que  puifqu'on  ne  les  voit 
pas  toujours  lorfqu'un  meme  fatellite  pafTe  devant  Jupiter,  les  fatellites 
tourneront  fur  leur  axe ,  &  qu'il  faudra  un  grand  nombre  de  leurs  con- 
jonftions  avec  Jupiter,  pour  s'aflurer  qu'une  tache  eft  la  meme,  &  pour 
prcdire  fes  retours  qui  dcpendront  de  la  compofition  du  mouvement  du 
iatellite  autour  de  Jupiter,  &  de  fa  revolution  fur  fon  axe.  Si  elles  font 
palfageres,  il  faudra  encore  une  plus  longue  fuite  d'obfervacions ,  pour  s'af- 
furer  qu'aucune  periode  ne  les  ramene. 

La  nuit  du  iz  Septembre  1713,  M.  Maraldi  reconnut  fur  le  quatrieme 
fatellite  de  Jupiter  une  tache  qu'il  jugea  occuper  la  moitie  du  difque  ap- 
parent de  ce  fatellite. 

Cette  meme  annee  1715,  M.  Maraldi  ayant  vu  fe  former  dans  Jupiter 
la  bande  .1  laquelle  tient  toujours  la  tache  de  1665  ,  vit  bientot  reparoitre 
audi  cette  taclie  a  la  mcme  diftance  du  centre  apparerrt  de  la  planete ;  Sc  il 
conclutdefes  revolutions  apparenres,  que  la  revolution  moyenne  de  Jupi- 
ter fur  fon  axe  etoit  de  9  heures  56  minutes,  precifement  telle  que  M. 
Cadini  I'avoit  decerminee.  II  conclut  aulfi  que  la  tache  etoit  inherente  a  la 
furface  de  Jupiter ,  parce  qu'elle  paroilfoit  etre  plus  grande  &  aller  plus 
vite  vers  le  milieu  du  difque ,  que  vers  les  bords. 


Sur  la   Lune. 

J_J  Ans  I'eclipfe  de  lunedu  13  Decembre  1703 ,  obfervee  a  Montpellier, 
cet  aftre  difpatut  dans  le  Ciel  .i  fix  heures  &:  uemie  du  matin ,  quoi- 
qu'il  ne  dut  fe  coucher  qu'apres  fept  heutes  &  demie  ,  que  le  Ciel  fiit  trcs- 
ferein,  &  le  crepufcule  fi  foible,  que  Ton  voyoit  des  etoiles  ,  meme  du 
cote  de  Torient.  Aprcs  I'immerfion  totale  ,  la  lune  avoit  paru  plus  rougea- 
tre  qu'a  I'ordinaire,  fur-tout  a  fa  citconference,  le  milieu  reftant  fort  obf- 
cur.  A  Aries  la  lune  parut  toujours  d'un  rouge  obfcur  apres  rimmerfioii 
totale ,  Sc  au  contraire  d'un  rouge  tres-clair  a  Avignon  :  elle  fut  rougeatre 
a  Marfeille  dans  fa  partie  Nord-Oueft,  &  fort  obfcure  dans  fa  partie  oppo- 
fee  :  elle  difparut  aufti  vers  les  fept  heures ,  le  Ciel  etant  fort  net.  Ces  difte- 
rentes  appatences  de  la  lune ,  vues  en  meme  terns  de  differens  endroits  , 
ne  peuvents'attribuerqu'ala  difference  des  vapeurs  invifibles  rcpandues  d.ins 
I'athmofphere  de  cha<jue  lieu,  lefquelles  aiironr  pu  colorer  la  lune  diverfe- 

ment , 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E. 


17 


ment,  &  mcme  comme  le  fond  du  Ciel ,  &:  par  confcqucnt  lafeire  difpa-  ^ 


SuefLt.UBliT. 


ACAD.ROYAIB 

L:\  lune ,  ou  du  moins  le  cote  quelle  nous  prefente  ,  eft  fort  inegal ,  &    oss  Sciemcks 
herilfc  dc  monragnes  plus  hautes  que  Iss  notres,  felon  Galilee.  II  y  a  aiifil,       ^^     Aais. 
felon  M.  de  la  Hire  ,  des  lacunes  ou  cavitcs ,  &C  c'eft  ce  qui  fait  que  I'afpscSt 
de  la  lane  eft  fi  variable  felon  les  differences  dire6lions  des  rayons  iiicidens 
&  reBechis. 

Tout  le  corps  de  cet  aftre  paroic  ctre  de  matiere  folide ,  puifqu'il  ne  re<;oit 
aucuiie  alteration  apparente ,  &  que  d'ailleurs  ^  au  milieu  des  taches  obfcu- 
resqu'on  a  nommees  des  mers,  on  appercoit  des  cavites  feniblables  a  celles 
qui  font  dans  la  partie  blanche.  Aulli  a-t-on  reconnu  dans  plufieurs  ren- 
contres ou  conjoiidlions  des  etoiles  &  des  planetes  avec  la  lune ,  quelle 
n'avoit  autour  d'elle  aucune  atmofphere  fenfible ,  ou  du  moins  qui  pro- 
duisit  une  rcfrad:ion  fenilble.  Cependant  en  quelques  autres  obfervations 
fubfequentes ,  I'etoile  paroilFoit  s'alonger  uii  peu  en  fe  cachant  derriere  la 
partie  rant  obfcure  que  claire  de  la  lune. 

Lorfque  la  lune  eft  dans  fon  croilTanc  ou  dans  fon  decours ,  on  ne  laifte 
pas ,  fi  le  terns  eft  ferein ,  d'appercevoir  tout  le  corps  de  cette  planete,  & 
meme  fes  taches ,  a  la  lueur  des  rayons  du  foleil  reflechis  par  la  terre.  (a) 


Sur  la  Planete  dc  Mars. 

X  Armi  les  differentes  taches  obfervees  fur  le  difque  de  Mars  en  1704, 
on  en  a  remarque  une  en  forme  de  bande  vers  le  milieu  de  fon  difque  , 
a  peu  prcs  comnie  une  des  bandes  de  Jupiter  :  elle  occupoit  un  peu  plus 
de  I'hemifphere,  &  elle  avoit  a  90  degres  de  fon  extremite  precedence 
dans  la  revolution  de  I'aftre  ,  un  coude  avec  une  pointe  aflez  bien  termi- 
nee  ,  &:  cournee  du  coce  de  I'hemifphere  feptentrional. 

On  a  auill  remarque  plufieurs  fois ,  depuis  cinquante  ans ,   deux  taches 
claires  proche  des  deux  poles  de  la  revolution  de  Mars. 


Sur  I'Aimant. 

\J  N  s'eft  appergu  que  I'aiguille  aimancee  declinoic  dans  une  boite  de 
cuivre ,  tout  autrement  que  dans  une  boice  de  bois  (annee  16^98).  Le 
R.  P.  Feuillee  I'a  cru  ainli  d'aprcs  fon  experience. 

M.  de  la  Hire  a  remarque  du  changemenc  dans  le  pole  d'une  pierre  d'ai- 
mant  fpherique  de  crois  pouces  de  diamecre. 

M.  Caflini  a  trouve  que  le  pole  de  la  vercu  n'avoit  point  chajige  depuis 

(j)  V.  Operedi  Galileo,  in  Firenzc.  ia-4.0.  Tom.  II.  pag.  lysj 

Tome  III,  Partie  Frangoife.  Q 


,8  COLLECTION 

30  ans  dans  un  globe  d'aimant  de  n-ois  polices  &c  im  tiers  de  diametre  , 


Acad.  Ioyale  fur  lequel  M.  Peck  I'avoit  marque  avec  exaftitude ,  non  plus  que  dans  un 
Dis  Science:  '  .    _  ..         .  ■        .       •      .       1 

DE  Paris. 
Svfni.uENT 


Di  s  Sciences     gros  aimant  du  Colleje  des  Jefuites  depuis  plus  de  40  ans 
DE  Paris         ° ''  ■     ■    -       ^   •  "         ■     ^  '- ■ 


M.  de  rifle  ayanr  compare  plufieurs  o!:^fervations  Elites  en  difFcrens  en- 
droits  du  Royaume ,  en  a  tire  les  rcfultars  fuivans. 

La  declinaifon  de  I'aigriille  aitnantee  eft  roujours  plus  grande  a  rOrienc 
de  Paris,  &  plus  petite  a  I'Qccidenr. 

De  Saint- Malo  a  Geneve,  il  n'y  a  tout  au  plus  qti'un  degre  &  demi  de 
difference  de  declinaifon. 

Depuis  1705  jufqu'en  171 1,  la  declinaifon  a  augmente  vers  rOneft  a 
Geneve,  a  pen  prcs  de  mcme  qu'a  Paris  ,  c'eft-a-dire  d'eiiviron  1 5  minutes 
par  an,  excepte  de  17 10  ai7ii,  oa  elie  n'a  augmente  que  de  5  minutes 
dans  les  deux  endroits. 

Depuis  1706  jufqu'en  171 1  ,  la  dccUnaifon  a  augmente  en  plufieurs 
Villes  de  France,  a  peu  pres  comme  a  Paris.  La  vertu  qu'a  I'aimant  d'atti- 
rer  le  fer,  a  etc  connue  des  Anciens.  De-la  ,  jufqu'au  terns  oil  I'on  a  de- 
couverc  fa  diredion  vers  le  pole  ,  il  y  a  un  tres-grand  intervalle ,  puifque  le 
premier  qui  en  parle  ,  ell  un  Pocre  Francois  du  treizreme  fiecle.  La  decli- 
naifon vient  rrois  cens  ans  apres  :  Caboto ,  navigateur  Vcnitien  ,  eft  le  pre- 
mier qui  I'aJt  publiee  en  1 549  i  mais  M.  de  I'llle  a  un  manufcrit  d'un  Pi- 
lote  Dieppois  nomme  Crignon  ,  ouvrage  dedie  a  I'AmiralChabot  en  1 534,^ 
&  ou  il  eft  fait  mention  de  la  declinaifon  de  I'aimant.  Cette  nouveautc 
revolta  les  Philofophes  dont  elle  derangeoit  trop  les  idees  :  ils  la  nierent 
fierementj  mais  eniin  elle  devint  inconteftable  ,  &  ils  travaillerent  a  I'ex- 
pliquer. 

On  obferva  que  fous  le  meridien  des  Acores  ,  il  n'y  avoir  point  de  de- 
clinaifon ,  &  Ton  crut  avoir  trouve  un  principe  naturel ,  pour  y  fixer  le  pre- 
mier meridien  j  ee  qui,  jufque-la  ,  n'auroit  puetre  fait  qu'arbitrairement, 
&  par  confequenc  n'auroit  point  ete  au  gout  de  tout  le  monde.  Comme  on 
voyoit  par  la  direftion  de  I'aimant  qu'il  avoit  d£s  poles,  &  par  fa  declinai- 
fon ,  qu'ils-  n'etoienc  pas  les  memes  que  ceux  de  la  terre ,  on  les  plaga  ou 
Ton  voulut ,  avec  une  aflez  grande  liberte. 

On  vine  enfuite  a  s'appercevoir  de  deux  nouveaux  meridiens ,  exempts 
de  declinaifon;  I'un  qui  palfoic  par  un  Cap  fitue  proche  du  Cap  de  Bonne- 
Efperance ,  &  qu'on  appella  pour  cette  raifon  le  Cap  des  Aiguilles ;  I'autre 
qui  palToit  a  Canton  dans  la  Chine.  On  determina  les  angles  d'interfec- 
tion  de  ces  meridiens  que  Ton  croyoit  fixes,  parce  que  la  prefomption  eft 
toujours  pour  I'immobilite.  On  remplic  leurs  intervalles  d'autres  meri- 
diens fous  lefquels  il  y  avoir  declinaifon ,  arranges  proportionellement , 
parce  que  la  prefomption  eft  roujours  auSi  pour  Totdce  ,  &  mcme  pour 
celui  qu'il  nous  eft  le  plus  aife  de  connoitre ;  mais  enfin  tout  cela  etoit  pre- 
cipite. 

On  deconvric,  &  M.  Gaffendifuc  le  principal  aiiteur  de  cette  deccu- 
•vierte,  que  la  declinaifon  de  I'alinanc  avoir  une  variation  ,  c'eft-a-dire  que 
dans  un  meme  lieu  elle  changeoit  d'an  terns  a  un  autre,  &  changeost  per- 
petuellement.  Ce  pheaojnene  eileatkl  renverfa  pcefq^aej  tous  les  fyllcnies 


A  C  A  D  fe  W  I  Q  U  E.  1^ 

mfTcs  &  futiirs ;  il  ne  rcfte  plus  aiijourdiliui  que  celui  deM-Halley  i^]-  Ct 

Philofoplie  a  trace  fur  le  globe  terriilre,  pour  I'annee  1700,  uneligneqiii  AcXcUovale 

I'eniliraire  ,  &  qui  ell:  exumpre  de  deelinaifoii  :  ce  n'eft  ni  un  iT)6ridi(?n  ,  tii     des  Scipnms 

un  cercle  ,  mais  une  courbe  affez  irrcgiilia'e.    La  variation  de  la  d^t'lissi-       de  Taris. 

Con   en  chaque  lieu  particiilier  deinandoit  qne  cetre  ligne  fut  mobilfe  ,  &      SuppI.i.«E^'T• 

Ton  voit  dqa  trcs-fenllblenient  qu'elle  I'eft  en  effet.    ll  y  a  bien  de  lap- 

parence  aulli  qu'elle  change  de  figure ,   parce  que  las  variations  de  decfi- 

naifon  dans   un  lieu  ne  feront  pas  toujonrs  proportionnelles  a  cellcs  dun 

autre.   Cetre  ligne  de  M.  Halley  palTe  d'un  core  dans  la  mer  duNord  'prfr 

les  Bermudos ,  &:  de  I'aurre  par  la  Chine  ,  a  cent  lieues  de  Canton  a  I'Eft. 

M.  de  rule,  fur  les  obfer\'ations  d'un  vaifTeau  Francois  qui  alia  a  la 
Chine  en  1710  par  lamer  du  Sud,  i^c  fut  le  premier  de  la' Nation  qui  y  ait 
«tc  par  cette  route  ,  a  trouvc  une  autre  ligne  exempte  de  declinaifon  ,  q\it 
traverfe  la  mer  du  Sud  du  Septentrion  au^Midi ,  a  peu  pres  commE  un  \tik- 
iridien.  C'eftla  une  addition  tres  confiderable  au  fyfteme  &  a  la  carte  de 
-M.  Halley,  011  Ja  met  du  Sud  manquoit  entierement. 

Jl  y  a  une  difference  remarquable  entre  les  deux  lignes  ou  poitiotts  de 
ligne  de  M.  Halley  &  celle  de  M.  de  I'llle  ,  comparees  !es  unes  aux  autres. 
A  rOrient  de  la  ligne  fms  declinaifon  qui  pafie  par  les  Bermudes ,  la  dc- 
<chnaifon  eft  Nord-Oueft ,  &  Nord-Eft  a  fon  Occident.  C'eft  le  contraire 
Dour  cells  qui  patle  par  la  Chine  \  Si.  a  l'e.gard  de  celle  de  la  ftieT  du  Sud  , 
la  declinaifon  eft  Nord-Eft  des  deux  cotes.  Cette  difrerence  appercue  par 
M.  de  rille,  leur  donne  a  chacune  un  caradrere  qui ,  s'il  eft  mvanable  , 
fervira  ales  diftinguer  toujours,  quelque  chemin  qu'elles  falfent. 

M.  de  riOe  ayant  cherche  a  demeler  avec  foin  quelques  traces  du  mou- 
vement  que  doivent  avoir  eu  les  trois  lignes  ,  pour  venir  a  la  polition 
qu'elles  out  aujourd'hui ,  eft  perfuadc  que  celle  qui  paffe  par  les  Bermudes  , 
eft  la  nume  qui,  vers  1600,  paffoit  par  le  Cap  des  Aiguilles.  Ella  s'eft 
done  mue  d'Orient  en  Occident,  mais  non  prallelement  a  elle-nume. 
En  i(Joo  elle  etoit  a  peu  pres  un  mcridien  qui  palToit  par  le  Cap  des  Ai- 
guilles, par  la  Morde  &  par  Ic  Cap  du  Nord  ;  mais  depuis  ce  tems-la  ji  ' 
qu  a  prcfent ,  elle  a  fait  1400  lieues  par  fa  pattie  feptencrionale ,   &:   5 


illes,  par  la  Morde  &  par  Ic  Cap  du  Nord  ;  mais  depuis  ce  tems-la  juf- 
;  a  prcfent ,  elle  a  fait  1400  lieues  par  fa  pattie  feptencrionale ,   &:   500 
lieues  feulemeiit  par  la  mcridionale,  de  forte  qu'elle  eft  aujourd'hui  fitue 
Nord-Oueft- Sud-Eft,    ?;:  fort  inclinee  k  fon  ancienne  pofition.  Sa  parti 


ituee 


.  ,     ,  -  —    -  -- polition.  Sa  partie 

feptentnonale  pafta  par  Vienne  en  Autriche  en  1653  ,  par  Paris  en  1666  , 
par  Londres  en  166-/ ■,  car  ces  lieux-la  furent  exempts  de  declinaifon  dans 
lesannees  m.arquees.  M.  de  I'lfle  croic  de  meme  que  la  ligne  qui  eft  prc- 
fentement  cent  lieues  a  I'Eft  de  Canton,  eft  celle  qui  en  1600  palfoit  par 
cette  Ville;  d'oii  il  fuit  qu'elle  achemine  d'Occident  en  Orient,  au  con- 
traire de  1  autre ,  &  fort  lentement  par  rapport  a  elle.  Si  ces  deux  lignes 
continuent  leur  cheinin,  elies  itont  a  la  rencontre  I'une  de  I'aucre,  &  il 
ne  feroit  pas  aife  de  prevoir  ce  qui  en  arrivera. 

.Comme  on  n'a  point  d'obfervations  anciennes  de  la  mer  du  Sud ,  il  fe- 
roit temeraire  de  rien  avancer  fur  la  ligne  qui  y  palfe ;  feulement  ne  pour-- 

(a)  V.  les  annees  1701 ,  1 705 ,  1706  &  170S  dc  ces  Mcmoires  dans  la  ColMkn  Aca.- 
dimique.    Pattie  riau^oifc,  Tom.  11. 

Cij 


io 


COLLECTION 


Acad.  RoYALE 

BES  Sciences 

DE  Paris. 

Suei'lffMEt(T, 


roit-on  pas  foupconner  que  c'eft  lameme  qui  paflToit  autrefois  par  les  Aqo^ 
res ,  Sc  qui  s'eft  mue  d'Orient  en  Occident  ?  Nous  joindrons  encore  a  tout 
ceci  quelques  remarques  de  M.  de  I'llle. 

En  differens  lieux ,  les  differences  de  la  dcclinaifon  ne  font  point  dU 
tout  proportionnelles  auxdiftances  de  ces  lieux  a  leur  ligne  exempte  de  dc- 
clinaifon ;  ou  ,  ce  qui  eft  la  meme  chofe  ,  a  un  degre  de  difference  de  la 
dcclinaifon  de  I'aiguille  repondent  des  diftances  tres-diffcrentes  fur  la 
furface  de  la  terre.  Dans  la  carte  de  M.  Halley  ,  la  plus  grande  de  ces  dif- 
tances eft  de  130  lieues  ,  &  la  plus  petite  de  1 5  ;  mais  il  n'a  poufTe  fi  carte 
que  jufqu'au  60'"'  degre  de  latitude  feptentrionale;  &  M.  de  I'l/le  qui 
a  des  obfervations  faites  2.0  degres  plus  au  Nord ,  trouve  qu'il  y  a  tel  de- 
gre de  difference  de  dcclinaifon  qui  ne  donne  que  huit  lieues  de  diftance, 
11  paroit  jufqu'ici  que  dans  lescliinats  plus  feptentrionaux ,  de  plus  petices 
diftances  repondent  a  un  degre. 

Dans  un  meme  lieu,  la  dcclinaifon  ne  varie  pas  egalement  en  tems 
egaux.  M.  Caflini  trouvoit  qu  a  Quebec  elle  n'avoit  varie  que  d'un  demi- 
degre  en  trente-fept  ans ;  &c  par  d'auttes  obfervations  que  M.  de  I'lfle  a. 
entre  les  mains,  elle  a  varie  d'un  degre  en  onze  ans. 

Malgrc  tout  cela ,  on  appercoit  quelque  progreflion ,  quelque  regula- 
rite,  &  e'en  eft  aftez  pour  empecher  les  Philofophes  de  perdre  cour.age  a 
la  vue  de  tan;  de  bizatreiies  apparentes.  (Hiftoire  del'amiee  1712.) 


ACADEMIQUE. 


21 


Acad.  Ro\  alu. 
D£S  Sciences 


OBSERVATIONS  fur  la  dcdinaifon ,  Vindinaifon  &     «^  I'^ris.  ■ 
autrcs  phenonicnes  dc  I'yliinant. 


•  T  E  M  S 

D    E 

l'observation. 


1704. 


1672.  .  ;  .  . 

1671 

1675 

1679.  Septembre. 

1680.  Septembre. 
1680.  I  f  Oftobre. 
16S1.  Oftobre. 
l68i.      J  Septemb. 

7  Septemb. 
II  Odlobre. 

19  Odtobre. 

20  Novemb. 
9  Fevrier. 

zi  Novemb. 

i-t  Novemb. 

Novembre. 

Decembre. 
Cours  de  i68i. 
1685.  z8  Janvier. 


1684. 

1702. 
168  f. 


LlEUX    D  E   L'oBSER  VATI  ON. 

Longitude.  Latitude. 


Dig.       Min.  Dcg,      Min. 


Cayenne.    .    .     . 

Paris 

Paris 

Breft 

Bayonne.  .  .  . 
Royan.  .  .  . 
St.  Male.  .  .  . 
La  Guadeloupe. 

liideir. 

Ibidem.  200  pas  plus  loin 

Ibidem 

La  Martinique.     .     . 
La  Martinique.     .     . 

Ibidem 

Ibidem 

Antibes 

Toulon 

Rade  de  Goree.  (a) 
Ifle  de  Sebalt  ou  de 
Ward,  (b)  .  .  . 
Mer  du  Sud  .  .  47.  . 
Ihidem.  .  .  ;6. 
Cap  des  AiguiUes  (r) 
215  lieues  plus  a  I'Oueft.  . 
Au  Cap  de  Boiine-Erperance. 
A  cent  lieues  de-la  .  .  . 
Macao 


bble  de 

10.  Sud, 
00. 


Dcdinaifon. 


Dig.      Mm. 


II.  CO.  E. 


I.  4f.O. 
I.  20.0. 

1.  20.0. 

2.  00.0. 

5.    R.E. 

3.  n.E. 

4.  if.E. 
4.  18.  E. 


4.ioaM'.£ 
6    5  a  10.  E. 

4.  6.E. 
4.  13.  E. 
3.  40.  O. 
3.  4y.O. 

o.    o. 


i5- 
If. 


10.  E. 
30.  E. 
!S.  00.  E. 
10.  00.  O. 
00.  00. 
12.  30.0. 
ly  00.  O. 
4.  00.0. 


Inclinaifon. 


Dtgt      Mm. 


SO. 


IS- 


N. 
N. 

N. 


(a)  La  dcdinaifon  de  TAimant  eft  fort  inconrtante  dans  Tide  de  Goice  :  elle  yvarie  en  divers  endtoiti 
de  I  degrc  Notd-Oucft ,  a  ^degtis  auiriNotd-Oueft. 

(t)  QuclqueS'Uns  pcecendcnt  que  pendaut  tout  le  dii-feptieme  ficcle  ,  la  variation  n'a  point  change  la 
cap  dc  IlorA. 

(f)  Lcs  Matins  ont  remarquc  que  lorfque  la  declinaifon  floit  zero  au  Cap  dc:  Aiguilles,  elle  ctoit  i 
Lilboniie  de  7  degifs  &  dcmi  a  I'Eft  ,  &  nuUc  .i  Nanquin  ;  qut  du  Cap  des  i>-iv;uilles  a  Madagafcai  ,  elle 
augmcntoii  de  i)  degtcsa  TOucft  ;  que  de  Madagalcar  aux  cctes  de  MozaniLiquc  6:  d'Ajan  ,  elle  dimi- 
nuoii  dc  J  degres  \  que  de  la  i  Zocotora  elle  rtltoit  i  tres-ptu  prcs  la  nicme  i  que  lotr.iu'elle  6toil  nutlc 
au  Cap  des  Aiguilles  ,  elle  ctoit  dc  17  dcgtJs  Oucft  i  Go.l ;  &  qu'clam  de  4  deg:cs  Oucit  :u  Cap  ,  elle  fc 
trouvoit  a_Goa  de  1 1  dcgrfs  Oucft  ,  Sc  s'cioit  fai  confequent  tappiotbce  vets  I'tft ,  dc  la  mCme  quaaiite 
doat  elle  s  eo  ctoit  tloignOe  au  Cap. 


COLLECTION 


Acad.  Roy  ALE 

DES   ScVfNCES. 

DE  Paris. 

SvtrLtjllBNT. 


T  E  M  S 

D    E 

I'OBSERVATION. 


1686. 


■1649.       .      . 

4(58-.  Juin. 
ii688.    .     . 


■16S9 

■1689 

169J 

167D 

169s 

1640.    .     • ,  •    • 

1697.  16  Decemb. 

1698 

1698 

1600 

1698.  io  Mai.  . 
1702.  (a)  •  .  • 
1704.    9  revrier. 

io  Fevrier. 
18  Juillet. 


20  Juillet. 


Cours  de  1704. 


LlEUX  DE  l'observation 
Longitude.  Latitude. ) 


Declinaifon. 


Dn 


AUn, 


Ve^'     Mtn. 


li'S- 


' 


1680. 
1704. 


Louvo 

Quebec 

Quebec 

Cap  de  Bonne-Efperance 
Louvo    &    Siam  ,    prcfque 

comme  a  Paris.     . 
Pondicheri.     .     . 

Ava 

Rome 

Rome 

Bologne  en  Italic  ,  &  Paris, 
Bologne  enltalie,  &  Paris 
Lisbonne.    .     .     ^     .     . 
Genes.     ....     .     . 

Londres 

Londres 

Paraibe 

Pointe  de  Madagafcar.  . 
La  Martinique.     .     . 

Ibidem 

Entre  Porto  -  Cabeillo  ou 
Golfo-Trirte,  &  Cura- 
cao  

Proche  du  Cap  des  Aiguil- 
les ,  peu  dilunt  des  hautes 
montagnes  de  Ste  Mar 

the 

Porto-Belo 

Port-Louis 

5f7 22.  00.  N. 

?53 16.  ^o.    S. 

354.  ..  .  18-23.  00.   S. 

357 28.    CXD.     S. 

Vue  du  Cap  de  Bonne-Ef- 
perance ^  &:  de  toute  la  co- 
te d'Angole  jufqu'a  Ben- 
gale _ 

Banc  des  Aiguilles  du  cote 
del'Oueft.     .... 

Ibidem,  du  cote  de  I'Eft. 

Ibidem 

Canal  de  Mozambique  juf- 


4. 

If- 
16. 
II. 


7- 
2. 

7- 
3- 
4- 
9- 
7- 
II. 

5- 
7- 
6. 
6. 


Mtn. 


4f.  p 
30.  O. 

OQ.    O. 

50.  o. 


30. 

0. 

CO. 

0. 

00. 

E. 

OD. 

0. 

.30. 

0. 

oo. 

U. 

0 

E. 

18. 

0. 

GO. 

0. 

00. 

0. 

20. 

E. 

;f- 

E. 

00. 

0. 

f 

E. 

10 

E. 

40.  E. 


Inclinaifon. 


Dtg.        Min. 

SlL'voit  nota 
j  blement  du 
^coccduNord 


7. 

6. 

E. 

7- 

if- 

E. 

S- 

00. 

0. 

00. 

00. 

E. 

2. 

30. 

^• 

30. 

E. 

6. 

GO. 

E. 

9 

a  10. 

00 

0. 

12 

00 

0. 

M 

~a  14 

.  CO 

0. 

7" 

a  8 

00 

0. 

(0 
(0 


i^) 


{a)  En  1700  ,  I'cndroic  oil  raiguille  ne  dL-cltnoit  point ,  ^toit ,  felon  M.  des  Hnics  ,  bcaecoup  pl05  pro- 
che de  Cayenne  que  dc  Gorec.  A  Ton  rccoiir  des  Iflcs  en  Fcance  ,  it  trottva.  que  la  dcdinaiion  paifoil  dki 
Notd-Ert  au  Nord   Oucft  ,  a  la  latitude  de  ^o  a  ji  degics. 

(6)  Dans  ccs  mimes  endroitsla  diclinaifon  ctoit  en  isSi  de  i  i  def;rfs  Eft. 

(■^j  Cettc  vatiatio'i  dinnmia  en  faifant  route  a  I'Eft  ,  Sc  pafTi  enluitc  a  rotieft, 

("')  Dans  cet  ciidroit  \c-^  lignes  f^iii  niarc]Uoient  Ics  dcgrcs  de  variation  ,  coupoicnt  prefquc  pcrpcndicii- 
laircinent  ri-qiiiuoxial ,  &  pouvuicm  fctvu  i  uouver  ailci  exadtenicnc  la  longitude  du  litu  ou  Ton  avoi: 
observe  U  vairiation. 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E. 


*J 


T  E  M  S 

1-IEU.XDE    l'observation. 

D    E 

Longitude.                 Latitude. 

Declinaifon. 

Inclinaifon. 

l'observation. 

^■:- 

1 
1 

Dtg.       Min^                ^fg-       Min. 

Drg. 

Min. 



Dig.      Mm. 

qu'a   la  vue  de    la  Baie  de    S. 

■ 

Auguftin 

22al; 

.00.0. 

i582 

IHdem 

^  8a  1 0.00.0. 

;I704-I7oy.        .     . 

Vue  de  I'Ifle  de  Jean  de  Noua. 
Vue  des  Ifles  Mayote,  Amfuam 

22. 

co.O. 

&  Moely 

20. 

50.0. 

70 00.            00. 

16. 

00.0. 

87 If.        00.  N. 

10. 

50.0. 

1 

Vue  de  Canara.     16.        00.  N. 

Sc  tout  le  long  de  la  cote  de  Ma- 

labar  

6. 

50  0. 

CapComorin 

7. 

30.0. 

I'roche  la  pointe  de  Galle,  dans 

rifle  de  Ceylan 

S- 

30.0. 

Prts  de  la  cote  de  Coromandel. 

f. 

00.0. 

Ifles  d'Andaman  &  de  Nicobar. 

5. 

00.0. 

Vue    de  rifle   Diego-Rodiigue. 

16. 

50.0. 

Vue  de  I'lfle-Maurice.     .     .     . 

21. 

CO.O. 

Vue  de  rifle-Bourbon.     .     .     . 

iia22 

.00.0. 

74.  .  .  .   00.      25-.  .    00.  s. 

^3- 

30.0. 

7_2.  a  65.  4r.     27-35.      If.  S. 

i4- 

30.0. 

Faifant  route  au  banc  des  Aiguil- 

les    .     .     .  _  jf.  .  .  .  .^0.^  S. 
Vue  de  Ste.  Helene  du  cote  de 

I?- 

00.0. 

I'Eft 

I. 

20.0. 

Ifle  de  I'Afcenfion 

oao. 

co.E. 

jy7-8.   .    CO.  fous  la  ligne.     . 
Vue  des  Ifles  Corves  &:  Flore.  . 

00. 

00. 

4. 

ij.O. 

Approchant  de  Terre-Neuve.  . 

7- 

30.0. 

Cote  de  Bretagne 

s- 

00.0. 

C'') 

i-Of.  Janvier.  .    . 

Cartagene 

7- 

12.E. 

1706.    .... 

La  Martinique 

6. 

lo.E. 

1706.  i7  Decemb. 

Pres  de  rifle  de  I'Afcenfion.    .    . 

7. 

30.  E. 

(^0 

1I706 

A  2?  lieues  N.  N.  E.  de  rifle  de 

' 

■      Porto-Santo  ,  pres  de  Madere. 

s- 

00.0. 

(0 

Selon  Ivl.  Hallev  (en  1700.)  .  . 

4- 

0. 

Tout  yroche  de  Madeie  au  S.  O. 

4- 

30. 0. 

Acad.  RoYALE 

DES  Sciences 

DE  Paris. 

SuPPliMEKT, 


fa)  TouKs  en  obfcrvations  ,  dtpuis  ccUc  de  Port-Louis  1704  ,  font  dt  M.  Houdaic,  Officicr  i:  Ma- 
rine ,  qui  iUit.  Imit  voyages  aux  liides  occidcnulej.  Quelqucs-unes  s'acco^dcm  cjaflcmcnt  J  tcHcs  cjui 
fonc  nurqucts  cLuis  la  cane  de  M.  Halley  ,  &  la  plupatt  n'en  dilt'erciit  que  d'enviton  an  dcgrc.  U  en  eft 
de  mcmc  des  ublervaiions  que  fit  M.  de  May  ,  Mifiionnairc  a  la  Chine,  en  I'annie  170J. 

(t)  Lcs  trois  obfervations  prjcMcntcs  ont  ere  faites  fuc  le  Maurepas  :  toutes  Ics  aurres  qui  ont  ete  faitcs 
fur  Ic  mcnie  vaillcau  depuis  Ic  Cap  de  Horn  juf.jue  pics  de  la  ligne  ,  s'accordenc  la  plupaic  a  ua  degr^ 
pics ,  avec  celks  qui  lorn  marquees  dans  la  carte  de  M.  Halky. 

(■')  Let  oblccvations  fuivantcs  ont  ccc  rirces  par  M.  de  i'lfle  ,  du  Journal  de  M.  D.iunus ,  prcTntcr 
rT!.)te  du  vaillcau  Ic  baini  Louis ,  allauc  .i  la  niei  du  iud  ,  £c  du  Joutnil  de  M.  Brunei ,  uadci  oacicit 
du  u;£me  vaillcau. 


i4 


COLLECTION 


Acad.  Roy  ALE 

DES    ScltNCES 

DE  Paris. 


T  E  M  S 

D    E 

l'observation. 


1706. 


i4  Septemb, 


f  Decemb. 


.lEUX    DE   L  OBSERVATION, 

Longitude.  Latitude. 


Deg.     Alin.  Dcg.     Mm. 

Selon  M.  Halky 

Entre   I'Ifle  de  Madere  &:  celle 

de  Per 

Selon  M.  Hallejf 

A   p  lieues  au  S.  S.  O.  de  Tlfle 

de  Fer 

Selon  M.  Halley.     .... 

U7 18.     .     If. 

Entre  le  lieu  precedent  &  le  banc 

des  Bifagos  ,  fur  les  cotes  de 

Guinee,  d'apres  4  obfervations. 
Selon  M.  Halley ,  environ  .  .  . 
3j8.  .  .   .  00.  ...  6.  ...    00. 
CO.  ...  10.  ...  5.  .  V,.     15. 

Selon  M.  Halley 

A  10  lieues  auNord-Eftderiile 

de  I'Afcenfion 

Selon  M.  Halley .    . 

A  60  lieues  S.  O.  du  detroit  de 

le  Maire.  .  .  .  jy.  .  .    10.  S. 
Et   I'efpace   de    40    lieues   juf- 

qu'a 57.  .  .   40.  S. 

A  la  Ville  de  la  Conception.  .  . 

A  Val-Paraife 

A  Pifque  &:  a  Cafiette 

Au  Callao 

A  30  lieues  des 

cotes  du  Chili.    44.  .  .  4J.  S. 
A  no  lieues  de  ces 

memes  cotes.  .  44.  .  .  4y.  S. 
A  10  lieues  de  ces 

cotes.   .  .  .  -  .   40.  .  .  30.  S. 


Dcclinaifon. 


Deg.       Mm. 

,.  30.0. 


4- 
5' 

3- 

1. 
2. 


2. 
I. 
2. 
2. 
o. 

6. 
6. 


26. 

9- 
8. 
6. 
6. 


00.0 

00.0. 

00.0. 
00.0. 
30.0. 

35.0. 

00.0. 
00.0. 
00.0. 
30.0 

co.E. 
00.  E. 


00.  E. 
50.  E. 
00.  E. 
30.  E. 
00.  E. 

00.  E. 

00.  E. 

00.  E.  I 


C"^) 


(i) 


(c) 


[<i]  depuis  cetendroit ,  tirant  mi  Sud  Eft  jafqu'a  la  ligne  equinosiale  que  Ic  viilTeau  coupa  par  les  7 
dtfics  de  longitude  le  6  Scpcembrc  lyai; ,  la  variation  changca  au  bout  de  50  lieues ,  d^  1  a  j  degrcs  ; 
5.) 'lieues  plus  loin,  de  ^  a  4,  &  so  aiilres  lieues  au-dcla,  de  4  a  ;.  M.  Halley  nc  met  en  ces  endroits 
qu'un  dcgic  ou  un  degtc  &  demi ,  8c  matque  80  lieues ,  au  lieu  de  5  o  ,  entre  chaque  degrc  de  variation. 

Ayant  palTe  la  ligne  ,  il  tira  au  S.  O.  jufqu'as  degres  de  latirudc  meridionale,  &  J5^  deg.  i  s  min.  de 
longitude,  &  tiouva  que  la  variation  diminuoit  d'un  degre  par  jo  lieues;  en  forte  qu'au  bout  de  1^0 
lieues,  elle  fe  trouva  nulle  ,&  so  lieues  plus  loin,  d'un  degre  Nord- Eft  ,  au  lieu  qu'clle  avoir  ere  Notd- 
Oueft  jufqu'alors.  Ainii  le  point  oh  le  vaiffeau  coupa  la  ligne  que  Ton  peut  appellcr  de  dircftion,  fe 
trouve  par  leur  eftime  ,  plus  occidcmale  de  100  lieues  ,  que  cclle  que  M.  Halley  dit  crrc  ejiempte  de  va- 
riation. 

[63  AUant  de-la  au  detroit  de  Magellan  ,  ilobferva  11  degrcs  N.  E.  de  variation,  oil  M.  Halley  en  met 
!■  4,  I!  oOi  ilen  met  i;  1,  i«  ou  il  en  met  iS  i,  17  oil  il  en  met  iS  i,  iS  oil  il  en  met  19,  19  ou  il  en 
met  ij  1,  &:  19  ioti  il  met  10  degres ,  c'cft-i-dire  a  la  hauteur  de  40  deg.  50  rain,  de  laritude  Sud;  &  Ic 
vailleau  ayant  fait  ici  fii>  lieues  fous  le  meme  par.^Ucle  ,  la  variarion  fat  trouvee  roujours  la  m^me  par 
ti  ois  obfervations ;  ce  qui  s*accorde  parfaitement  a  I'inclinaifon  que  M.  Halley  donne  aiix  ligncs  de  va- 
riation vers  ccr  endroit ;  car  ellesy  fonr  inclinces  de  I'Eft  a  I'Ouelt ,  I'efpace  dc  jo  a  (So  lieues,  apies 
quoi  cllcs  toutnent  inlViifibiemcnt  vers  le  S.  O.  jufqn'au  detroit  dc  Magellan. 

[tj  A  mefare  qu'on  s'eloii|;'ioit  des  coles  vers  TOccidenr,  en  meine  parallelc  5  la  variation  diminuoit  p 
CCQime  on  peut  le  voir ,  par  les  irois  cbrcivations  fuiyantes. 

A 


A  C  A  D.  E  M  I  Q  U  E. 


i5 


T  E  M  S 

D   E 

l'observation. 


lyoC-. 


iiyoj.  14  Mai. 
30  Aoilc. 


J I  Aoiit.    . 
9  Octob. 
I)-  Oitob. 
16  Decemb. 
31  Decemb. 


1707-170S. 


170S.  18  Mars. 


LlEUX    DE  l'oBS  ER  VATION. 

Longitude.  Latitude. 


Deg.     Mir.. 

A  i;o  heuesde  ces 

cores ^o 

A  60   lieu£s. 


A  110  lieues. 

i97.     50.  .  .  .'  .' 

fi  lieues  du  Cap 

Fiiiifterre,  &  .1 

60  lieues  de-li 


y 


;o. 


30. 


■  30.  s. 
50.  s. 
30.  s. 

49-  S. 


auS.  O. 

JCX).      10. 


Z99. 

290. 
197. 
310. 

A  k 


if- 

17. 

II. 

30. 

fO. 


44- 
51.  , 

T. 


4f-N. 
.  6.  S. 


30. 
I. 

6. 
19. 
If 


---riviere  de  Gallegue  ,  peu 
eloignee  du  dccroit  de  Mai^el- 
lan ° 

A    60  lieues  a  I'Ell.  '.  '.  .'.'.\\ 

A    30  lieues,   iiem 

A  i;o  lieues,  litm ' 

A  no  lieues,  iiem 

A  ifo  lieues,  iiem 

A    60  lieues,  idem 

A    p  lieues',  idem 

A    20  lieues.  Idem 

A    30  lieues,  id^m ] 

A      S  lieues,  idem 

?  r^n''^"*^  P'"'  ^°'">  toujours  a 
I  hft 

A  1 20  lieues  plus  ioin.   .  .    .' .'  ." 

60  lieues  plus  a  I'Lll \ 

80  lieues  plus  loin 

60  lieues  plus  loin \ 

140  lieues  plus  loin.  ...... 

60  lieues  plus  loin  ,  pres  le  Ca[5 
de  i3onne-Efper4nce 


Declinaifon. 


Dig.  '  Min. 

6.  00.  E, 

7.  00.  E. 
f.  00.  E. 

8.  oo.E. 


7- 

7- 

10. 

7- 
20. 

2. 


22. 
20. 
i8. 
16. 
14- 

12. 
II. 
10. 
lo. 

.  4- 
00. 
2. 
4- 
7- 
9- 


20.0. 

oo.E. 
00.  E. 
00.  E. 
co.E. 

oo.E. 
30. 

00.  E. 

.  .  E. 

.  .  E. 

.  .  E. 

.  .  E. 

.  .  E. 

.  .  E. 

.  .  E. 


E. 

.   . 

E 

E. 

E. 

00 

00 

0. 

00 

0. 

00 

0. 

50. 

0. 

00 

0. 

Inclinaifon. 


M.n. 


[■J 


CO 


AcAD.RoYAI.E 

DBS  SciENChS 

DE    I'aRIS. 

SuenLi.uEtiT. 


w 


£"]  «  dcgrcs  -i  «  i ,  felon  M.  Hilley. 

[4]  U  deg.  (o  minutes  ,  Man  M.  Hallty. 

C  •]  Scion  M.  H.liryTlavi^ra  ion. nfl^?  "•'''"  ""f  1"' '°'"  ■"«1"«'<i"s  U  «hc  dc  .M.  Hallcy. 
d^nsl-efpaccdcl+i  Luis     rosier.        i''°"'''"".."'''"''  '=  *'■"  ''"  '^^P""  •  '*'=  '°  ^  ^'  ''=g«s, 

,0  lieues  d  I'Oucft,  comic  el  "avoiM,,  -T"'  '^f  ' '  <^=S=",S'«' '  '^  "&"=  «  di,..-»ion  .  changi  de 
goc ,  &  dc  .00  l.cuesl  u";,  ld=  S,  /i-  ^  ^'l'*'  '-"  ''-""  *  '"  '•«i:"-^^S'id  dc  ..  dcgrcs,  felon  M  Bi- 
quj  l-icncote  «ouv4e  olm  occki,nr,l  ^  °',"'  '""'"""  v<^ts  I'o.cidcnt ,  felon  Ic  mc:„c  M.  Bicoc 
tcioiulc.  ""vceplus  occ.dcr.talc  que  ae  Ic  marque  M.  HaUcy  a  18  degi^s  dc  UiUuic  fcfccn- 


Tom,  III,  Parcic  Franioifc. 


D 


i6 


COLLECTION 


ACAD.ROYALE 
DES  SCIEN'CES 

DE  Paris. 


T  E  M  S 

D   E 

l'observation. 


1708.  iz  Janvier. 
1708.     .     ,     .     . 


LlEUX  DE  l'observation. 

Lor^itude.  Latitude. 


Min. 


Deg.      Min. 


f50  lieues  plus  loin  a 

I'Eft :  53/.  30-  S- 

De-la  jufqu'a  Pondicheri ,    la  va- 
riation alia  toujours  en  diminuant, 
&  au  vetiour  elle  fe  trouva  la  me- 
me  aiix  memes  diftances,  dn  Cap. 
A  la  rade  de  Juida ,  fur  les  cotes 

de  Guinee 

M.  des  Marchais  (  en  I70f.  )  . 
Selon  la  carte  de  M.  Halley.  . 
A  la  partie  orientate  de  I'lfle  de 

San-Thome ,  lous  la  ligne. 
Selou  M.  Halley.  .  .  .  .  . 

M.  Bigot  de  la  Cante,autetir  des 
deux  obfervations  precedentes,  & 
de  celle  du  30  Aout  1707,  ayant 
tourne  I'llle  de  San-Thome  ,  fit  le 
Sud-Elt  jufqu'a  4  deg.  de  latitude 
meridionale ,  non  loin  des  cotes 
de  Congo ,  d'oii  il  t'ra  toujours 
au  S.  O.  &  a  I'O.  S.  O.  jufqu'a 
I'embouchure  de  la  Plata.  Cette 
route  qui  elt  de  1400  lieues ,  cou 
pe  prefque  perpendiculairement 
toutes  les  lignes  que  M.  Halley  a 
tracees  dans  cette  mer.  La  varia 
tion  N.  O.  diminua  de  jbur  en 
jour.    Au  boirt  de  ;6o  lieues  elle 

fut  nolle 

Selon  M.  Halley 

Mecidien  duTene- 

riffe 5f.     ;j.N 

Selon:  M.  Halley 

Mer  du  Sud  le  long 

de  la  cote   oeci- 

deutale  del'Ame- 

rique'. 44, 

Uidtw 4?. 

Ibidem 


49.  S. 


53- 

Ibidem ;6. 


57- S. 
4i.S. 


Declinaifon. 


De.. 


i4.     30. 0, 


S. 
8. 
f- 

II. 
J- 


CO. 

I. 

4- 
4- 


12. 

If- 

17- 


20.0. 

00.0. 
00.0. 

30.0. 

30.0. 


00. 

30.  E. 

^f.O. 

00. 


00.  E. 
00.  E. 
CO.  E. 
00.  E. 


Lnclinaifon. 


Org.       Min. 


(«) 


(l>) 


ft:]  M  Halley  marque  no  lieues  plus  a  I'Fil  la  li^ne  oil  il  n*y  a  point  de  vatjation.  Au  refle ,  Ics  o[t 
fecvations  da  retour  ,  quoique  la  route  fjit  la  rr.eac  pendant  Tefpacc  de  800  lieues ,  ne  s'accoidcient  yulni 
avec  cclksqni  avoiem  etc  faites  en  albr.t.  Par  rx.  le  licucu  on  avoir  tronve  10  minutes  de  variation  N.  E. 
e.-ialljat .  Is  trauvA  par  i*ft)me  dz  ^  ''rgr^s  plus  oriental  que  cclui  ou  en  trouva  if,  minutes  en  revenanr  , 
&  les  autrei  eitdroiis  .iproponion  de  Icue  iirfhnce  a  rcflibouchurc  dc  ccitegrande  riviere  de  la  !?Ic;U, 
done  le  courant  pcuc  rewtdecUmarchedes  vaifleaux  artivans ,  &  accelcrer  ccUe  des  vaifieaux  patcans. 

f5]  Dans  les  autrcs  points  dela  roure  du  vaiiTcau,  ca  it  paroit  par  'edfgre  deIonptu:^c  qu*!'  etcir 
iloigne  ties  cotes  de  pluHcurs  dcg:cs ,  U  variation  cll  u;arquCe  diiiereiite  lous  Ics  UKrrjes  puiuUslf.^. 


( 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E. 


^7 


T  E  M  S 

D    E 

l'observation. 


1708. 


LiEux  DF.  l'observation. 
Longitude.  Latitude. 


Dtg.     Mm. 


1709, 
1709, 


I  f  Mai-s. 
ii  Mars. 


I J  Aout. 


1709. 


I710.  Avril. 
S-  Juiji.  . 


Dig.     Min. 

i7.    f8.  N, 
?6.    00.  N. 


5n-  • .  ■  40. . 
y-s-  ...  46. . 

24&i^Janv.     Malthe 

il  Aoilt.  .  .       Buenos- Aires ] 

i4  Janvier.  .      Ide  de  la  Conception .' 

A  lio  lieues  des  cotes 

de  France.  ...      44.     4f.  N. 

Selon  M.  Halley 

Selon  M.  Halley 

540.  .  46    .  .     43-     4J-  N. 

A  250  heues  de  la  Ro- 

chelle 46.     yo.  N. 

Selon  M.  Hallev 

A  i6o   lieues   de    la 

Rochelle  ....  4;-.  00.  N. 
Selon  M.  Halley  .  .  '. 

Selon  M.  Halley -  .  . 

316.  .  .  .  :J0.  .  .  .     18.     50.  N. 

Selon  M.  Halley 

3Z1.  .  .  .  4f.  .  .  .    32.     If.  isi. 
Selon  M.  Halley.  ........ 

3^9 36.      fo.  N. 

Selon  M.  Halley.  ....... 

Selon  M.  Halley 

Coquimboj  jofii''' ipd- j4imin. 
.  1   llo     .    .      3o6f'i.!7«}6imin. 


Dcclijiaifon. 


Inclinaifon. 


Dtg. 

4- 

r- 

10. 

If- 
10. 


7- 
7- 

8. 
8. 
6. 

3- 
I. 
I-. 

4- 
1. 

4- 
10. 


s. 

6. 


Min. 

32.0. 
8.0. 

2f.g. 

}2.K. 

io.  E. 

00.0. 
jo.O. 
40.0. 

30.  o.- 
00.0. 

fo.O 
30.0, 

00.0. 

00.0. 
00.0. 
45.0. 
30.0. 
00.  E. 
10.  O. 
10.  o. 
10. 0. 
30.0. 
10.  o. 
10. 0. 

32.  E. 
3S.E. 


CO 

(f) 

6. 
6. 


(0 


20.  S. 


AcAO.RoYAIE 
DES  SciFNCtS 

DE  Paris. 


2,.S. 

45-.S. 


[a]  I  dcg.  10  min.  felon  M.  Halley. 
r^]   5  i  deg.  felon  M.   Halley. 
to  8  dcg.  fcloa  M.  Halley. 


Di) 


ti 


COLLECTION. 


Acad.  RoYALE 

DES   SCIEWCES 

DE  Paris. 

Si/ePltiUBNT, 


E  X  T   R  A    I  T 

DE    LA    SECONDS    PARTIE 

DES     OBSERVATIONS 

Fakes   par  pluCeurs  AcademJciens  &;   Correfpondans 

de  r Academic. 


Sur  Ics   Maries. 

J  1  A  plus  haute  &  la  plus  baflTe  maree  a  Gorce,  eft  un  jour  ou  deux  apres 
la  conjondion  &  apres  roppofition.  La  difference  du  plus  hauc  &  du  plus 
bas,  eft  d'environ  cinq  pieds,  &  raremenc  elle  moiite  un  ou  deux  pieds 
de  plus  ,  ce  qui  arrive  particulieremenc  dans  les  grands  vents  de  mer.  Les 
jours  de  la  nouvelle  &  de  la  pleinelune,  la  haute  mer  ariivoit  environ  a 
iept  heures  &:  demie  du  matin. 


Observations  envoyces  a  rAcademie  par  les  Peres  Jefuires 
qui  vont  k  la  Chine  en  qualite  de  Mathematiciens  du  Roi. 

Sur  Ic  flux  &    reflux   qui  arrive  a    la  riviere  de  Menan  ,    au 
Royaume  de  Siam. 

CJ  N  m'a  affurc  qu'a  Bankoc,  qui  eft  une  forterelTe  fur  le  Menan,  a_ 
11  lieues  environ  de  I'embouchure  de  ce  fleuve,  I'eau  monte  aux  nouvel- 
les  &  pleines  lunes  pendant  iz  heures,  &  defcend  apres  pareillement 
pendant  n  heures,  auquel  terns  elle  s'eleve  de  io  pieds,  &  que  hors  les 
terns  des  nouvelles  &  pleines  lunes,  I'eau  monte  feulement  pendant  6 
heures,  &  defcend  pendant  tout  autant  de  terns.  C'e!t  un  Jefuite  qui  a 
demeure  alLez  long  terns  a  Bankoc  avec  les  troupes  du  Roi ,  qui  m'a  com- 
munique cette  obfer' ation  ,  qu'il  m'a  dit  avoir  taite.  J'ai  remarque  moi- 
mc-me  a  peu  pres  la  meme  thofe  a  la  Yiile  de  Siam ,  qui  eft  eloignee  de 
Bankoc  d'environ  30  lieiies. 


A  C  A  D  £  M  I  Q  U  E.  19 


Acad.  RoYALE 

DES  SciENXHS 


E  X  T  R  A  I  T  des  Obfervations  Aftronomiques   &  ^  Phyfiques      de  Paris 
faices  a  la  Cayenne.  SvffU.in^r. 


Par     M.      Richer. 


Du   Flux  &  Reflux  dc  la  mcr. 

JLj  E  flux  tc  refliix  de  la  mer  eft  regie  aiix  cores  de  I'Amcrique  ,  autour 
de  I'lfle  de  Cayenne,  &  vers  I'embouchure  de  la  riviere  des  Amazones, 
comme  aux  cotes  de  France  fur  I'occan.  Il  eft  haute  mer  autour  de  I'lfle  de 
Cayenne ,  fur  le  bord  de  la  grande  mer  ,  les  jours  de  la  nouvell&  & 
pleine  lune ,  .1  trois  heures  trois  quarts  apres  miJi ;  &  plucot  que  cette 
heure ,  plus  on  approche  de  I'equateur ,  en  fuivant  les  cotes  fur  le  bord 
de  la  grande  mer.  A  quoi  j'ajoute  que  la  mer  haulfe  &  baifTe  autour 
de  cette  Ifle ,  de  fix  pieds  aux  jours  de  la  nouvelle  &  pleine  lune ,  ce 
que  j'ai  remarque  pendant  une  annee  entiere  ,  &r  qu'aux  equinoxes  , 
dans  le  terns  des  grandes  marees  ou  la  mer  monte  beaucoup  plus  hauc 
aux  cotes  de  I'Europe  fur  I'ocean  que  dans  les  autres  terns  ,  elle  ne 
monte  a  la  Cayenne  que  d'un  demi-pied  plus  haut  qu'a  I'ordinaire  dans 
les  terns  de  la  nouvelle  &  pleine  lune ,  ce  qui  arrive  pendant  deux 
grandes  marees  ,  avant  &  apres  celle  des  equinoxes.  11  arrive  audi  en 
ce  mCme  lieu ,  comme  aux  cotes  de  France  fur  I'ocean  ,  que  la  mer 
monte  toujours  plus  haut  le  troifieme  jour  apres  la  nouvelle  &  pleine 
lune  exclufivement ,  que  dans  les  jours  meme  de  fon  oppofition  &  de 
fa  conjondtion. 

J'ajouterai  a  ces  obfervations  du  flux  &  refiiix  de  la  mer  faires  a 
Cayenne  ,  celles  que  jc  fis  en  I'annee  1670  aux  cotes  de  i'Acadie  ea 
Canada ,  &  aux  cotes  de  la  nouvelle  Angleterre. 

Je  remarquai  etant  aiix  cotes  de  i'.'^cadie  ,  dans  la  riviere  de 
Pentagoet  ,  au  Fort  du  meme  nom ,  dont  la  hmtfcur/du  pole  eft  de 
44  deg.  12  min.  10  fee.  &  qui  eft  avance  d'environ  douze  lieues  dans 
la  riviere  pofee  Nord  &  Sud  ,  que  la  mer  y  etoit  haute  le  5 1  Juillec 
1^70,  jour  de  U  pleine  lune,  a  neuFou  dix  fecondes  de  tems  avant  mi- 
di.  En  ce  tems  le  vent  vc-noit  tantot  de  I'Oueft,  tantot  du  Sud-Oueft, 
&  etoit  fort  petit-  Je  remarquai  aufli  en  ce  meme  endroit  que  le 
4C  jouv  d'Aoiit  qui  etoit  le  ^e  apies  l,i  pleine  lune,  la  mer  y  monia  plus  haut 
que  les  autres  jours,  &  que  la  difference  encre  la  luuce  5i  balTe  mer 
dans  le  temps    le  la  pleine  lune  ,  etoit  de  dix  picds. 

Aux  lotts  de  la  Nouvelle  Angtcttrre  ,  dans  le  port  d'nn  lieu  qui  s'ap- 
pelle  Pefcatoue ,  qui  eft  fur  le  bord  de  la  grande  mer,  &  dont  la  hau- 
teur   eft  de  45   deg.  7  mia.  j'obfetvai  que  la  tKcr    etoit  haute  le  16  Juil- 


JO  COLLECTION 

-— '  — —  let  i<?73j    jour   de    la   nouvelle  June,    a  onze    heures  8c    un   quart  da 

Acad. lloYALE  matin. 

Bti  SriEKCES         Ed  cette  meme  annee    i6jo  ,    etant  a  la  Rochelle  au  terns  des  deux 
D£  1'aris.       equinoxes,    entre  lefcjuels   je  fis  le   voynge    du  Canada,   j'y  remarquai, 

SuF?Li.u'£:iT.  jo_  Qyg  [gj  hautes  marces  les  plus  proches  des  equinoxes  y  inonterent  fort 
haut ,  &  fciivant  le  rapport  des  I'llotes  &  des  Matelots ,  beaucoup  plus 
qu'a  I'ordinaire  en  pareille  rencontre.  i°.  Qu'aux  jours  de  la  nouvelle 
6:  pleine  lune  aprcs  cclie  des  cquiniwes  ,  la  mer  y  monta  en  cette  an- 
nee quaere  pieds  moins  qu'aux  terns  de  celles  qui  font  les  plus  proclies 
des  equinoxes.  }".  Qu'aux  jours  de  la  nouvelle  &  pleine  lune,  il  y  eft 
toujours  haute  mer  trois  heures  &C  demie  apres  midi. 

La  plus  grande  hauteur  du  mercure  dans  le  barometre,  pendant  une  an- 
nee cntiere,  n'a  point  palfe  27  pouces  une  ligne  dans  I'lile  de  Cayenne, 
en  un  lieu  qui  n'ctoit  eleve  au-delFus  du  niveau  de  la  mer,  que  de  i  5  a  30 
pieds. 

Les  vents  qui  regnent  dans  cette  Ille  &  vers  la  riviere  des  Amazones , 
font  moins  changeants  que  fur  les  cotes  de  I'Europe.  Depuis  le  mois  dc 
Juillet  jufqu'a  la  fin  de  Decembre,  qui  eft  la  faifon  des  fecherelTes  ,  ils  vien- 
nent  toujours  d'entre  I'Eft  &  le  Nord  ;  6c  depuis  la  fin  de  Decembre  juf- 
qu'au  mois  de  Juillet  fuivant,  qui  elt  la  faifon  des  pluies  ,  ils  viennenc 
d'entre  I'Eft  6i  le  Sud.  Il  arrive  cependant  quelquefois  qu'ils  viennenc 
dii  mcme  point  dins  des  faifons  differentes;  mais  il  eft  tres  rare  qu'ils 
seloignent  du  Nord  8c  du  Sud  du  core  du  couchant.  lis  commencent  le 
matin  entre  huit  &  neut  heures,  particulierement  dans  la  faifon  de  la 
feclierelfe  ,  &c  durent  Jufqu'au  coucher  du  foleil,  aftez  forts  pour  faire 
nioudie  les  moulins  a  vent;  enfuite  ils  s'abaiflent  peu  a  peu  jufqu'au 
lendemain  :  ils  fervent  beaxicoup  a  temperer  la  chaleur  qui  feroit  excef- 
five  fans  cela.   [Ancicns  Mcmoins,  Torn.  FII.) 

Le  Jefuite  Antoine  Thomas  a  remarque  dans  fon  voy.ige  de  Slam  a 
Macao,  que  I'eau  de  la  mer  bouillonne  d'une  maniere  fenfible ,  avant 
qu'il  s'eleve  un  typhdn,  &:  que  I'air  paroic  alors  rempli  d'exhalaifons 
fulfurees  qui  cachent  le  foleil  &  les  etoiles  fous  une  efpece  de  croiite 
cuivreufe,  quoiqu'il  n'y  ait  alors  aucun  autre   nuage.  (Ilndem.) 

Ayant  fait  I'experience  de  Toricelli  en  divers  lieux  entre  les  rropi- 
ques  ,  j'ai  trouve  par  tout  une  difference  alfez  fenfible,  non  feulemenc 
dun  lieu  a  un  autre  ,  mais  dans  un  meme  lieu.  Cette  difference  n'ex- 
cede  pas  cinq  a  fix  lignes. 

J'ai  oblerve  encore  que  le  mercure  fe  foutenoit  a  une  haOteur  d'aut.mt 
moiudre  ,.  que  la  chaleur  eroit  plus  grande.  Auifi  ,  dans  touces  mes  ex- 
periences ,  ai-je  eu  egard  au  degre  de  chaleur  qu'indiquoit  le  therjno- 
metre.  La  chaleur  etant  a  6^  degres  a  Malaca  ,  &  le  Ciel  pur  &  fe- 
rein  ,  le  mercure  fe  foutint  conftamment  a  2.15  pouces  6  |- lignes  :  une 
autre  fois  le  thermometre  etant  a  6'^  degres,  le  mercure  du  barometre 
fut  a  i<J  pouces  10  i  lignes,  le  Ciel  etant  convert.  Une  autre  fois  a 
Batavia  le  Ciel  etant  pur ,  &c  le  thermometre  a  78  degres  ,  la  hauteur 
du  mercure  fut  de  z6  pouces    1  i  4-  hgnes. 

Trois  pouces  d'air  inttoduits  dans  un  tuyau  de  1^  pouces ,  occupoient  7 


i 


ACADEMIQUE.  31 

polices  10  lignes,  &  le  mercure  ne  s'clevoic  que  de  20  pouces  7   lignos  ; 

au-deJius  dii  niveau.  Acad.  Royaie 

DES  Sciences 

______^___^  DE   1'aris. 

Sv'thtKViTs 


Explication  dcs  principaux  effcts  dc  la  glace  &  dufroid. 
Par     I\}.     D  E     L  A    M  I  R  e; 

J  E  fuppofe,  dit  \J.  de  la  Hire  ,  que  le  fentimenc  de  froid  que  nous 
avons ,  vient  de  ce  que  les  particules  d'eau  qui  nous  environnenc ,  foic 
qu'elles  foienc  feparees  comme  elles  font  dans  I'air,  ou  qu'elles  foienc 
reuiiies  routes  enfemble  ,  ont  moins  de  mouvement  que  celles  de  I'eaii 
qui  ell  au  dedans  des  parties  de  notre  corps  qu'elles  touchent 

M.  de  la  Hire  ajoute  enfuice  qu'il  n'y  a  que  de  certains  fels  qui  foienc 
capables  d'arriter  le  mouveraent  des  particuies  de  i'eau ;  qu'il  n'y  a  que 
peu  de  ces  fels  mcles  Sc  engages  dans  le  fel  commun,  beaucoup  plus  dans 

le  falptcre  &  une  grande  quantite  dans  le  fel  ammoniac que   les 

particules  de  ces  fels  penetrent  les  corps  ks  plus  denfes  &  les  plus  durs,- 
qu'elles  font  facilement  emportees  dans  I'air  ;  enhn  que  ces  particules 
s'arretenr  &  fe  jcignent  plus  facilement  a  1  eau  ,  &  reciproqtiement  I'eau 
a  ces  (els ,  qu'a  tout  autre  corps  ;  &  ces  particules  falines  deviennenc 
dans  les  mains  de  cet  habile  homme  un  inftrument  univerfel  pouc 
operer  ,  dans  la  theorie  ,  les  divers  phenomenes  de  la  congelation,  de  la 
liquefadVion  ,  du  refroidilTement ,  Sec.  Par  exemple  :  I'efprit  de  vin  jette  fuc 
un  melange  de  glace  &  de  faipetre  accelere  la  congelation  de  la  liqueur 
qui  y  ell  contenue  ,  parce  que  I'efprit  dc  via  contient  de  I'eau ,  £<  que 
cette  eau  fixe  les  particules  du  fel  glacial.  Les  fruits  font  moins  expo- 
fes  a  fe  geler ,  fi  on  les  couvre  d'un  peu  de  paille  ,  &  qu'on  etenda  dcf- 
fus  un  linge  mouille,  parce  que  I'eau,  dont  ce  linge  eft  imbibe,  arrete 

les  particules  des  fels Les  pierres   de' taiile  qui  entrent  dans   nos 

batimens ,  gelent,  parce  qu'en  les  taillant,  fur-tout  en  les  dcgrolliiranc 
avec  de  g-os  marteaux,  on  ctonne  toute  la  malfe ,  il  s'y  fait  de  petites 
fentes  ou  I'eau  pcnetre  ,  &c  •  &  ce  qui  prouve  cec  efiet  de  la  taiile  , 
c'ell  I'expcrience  fuivr.nte  qu'a  faite  M.  de  la  Hire.  Il  prit  un  grcs  foic 
gros  &  d'une  conlilVance  ferme  &  folide  :  le  tenant  dans  fa  maiii  ,  il 
fr.ippa  dellus  a  petits  coups  de  marteau  ;  en  tres-  peii  de  tems  il  fe  fei:- 
dic  en  plulieurs  ennroirs  dont  il  tomboit  qustquts  grains  ,  &  a  la  fin 
il  ctoit  tellement  ebranle  d:.r,s  routes  fes  parties  ,  qu'on  pouvoit  le  rc- 
duire  en  poudre  en  le  froilTant  dans  fes  doigrs  ;  2c  a  cette  occadon  il 
fiut  remirquer  que  les  Sculpteurs  Sc  les  Arciiitccles  s'abftiennent  foi- 
g  leulement  des  blocs  de  marbre  petardcs,  parce  que  I'effotc  de  la  pou- 
dre a  ctonne  la  maiTe,  &c. 

Il  explique  toujours  par  fon  fel  glacia]  ,  I'experiencc  faite  fur  la  pietre 
de  Saint-Leu.  On  en  empioya  d-.ns  un  badn-ent  confidcrable  ,  de  trois  ef- 
peces  :  les  unes  s'ttoienc  reiTuyces  entietement,  &:  one  bien  rtfule  pendant 


Ji 


COLLECTION 


^  I'hiver  :  les  fecondes  qui  s'etoienc  rsfTuyces,  ^&   qui  enfuite  avoient  etc 
AcAD.RoYALE  fubmergees  quelque  rems  foas  I'eaii ,  one  audi  rcfiHe  alFez  bien  :  les  troi- 
DES  Sciences     fiemes  qui    etoiein  nouvellemenc  tirees   de  la  carnere ,  8c   point  du   touc 
D£  Paris.       relTuyees,  fe  font  prefque  routes  caiTees  en  fe  gelant.  . 
6'vPi'ii-WEWT.  £nfm  ii  explique  de  la  mcme  facon    pourquoi  la   lefradlion  de  la  gla- 

ce ell  un  peu  tnoindre  que  celle  de  I'eaii,  &c  pourquoi  les  diffeientes 
matieres  qui  font  melees  avcc  I'eau  ,  peuvent  changer  les  qualites  ordi- 
naires  de  la  glace ,  &  mcme  la  forme  de  fes  bulks  d'air  ,  Sec.  (  Anchns 
Memoires  ,   Torn.  IX.  ) 


Diverfcs  Obfcrvations  Midorologiques. 

XLn  ii?7i  ,  le  foleil  etant  prct  de  fe  coucher,  &  fe  trouvant  cache 
derriere  une  nuee ,  parut  furmonti-  d'un  grand  arc  d'une  lumiere  alTez 
claire  ,  foutenu  a  fes  deux  extremites  par  deux  foleils  dont  la  lumiere  etoic 
encore  plus  vive  que  celle  de  Tare.   (Jndens  Memoires ,  Tom.  X.) 

Le  ii  Mai  1672,  a  huit  heures  du  foir ,  on  vie  une  efpece  de  lance 
lumineufe  a  I'Occidenr,  perpendiculaire  a  I'liorizon  ,  venant  direderaenc 
du  foleil,  &  fuivant  fon  mouvement.  Cette  lumiere  dura  jufqu'i  huic 
heures  ii  minutes  ,  &  difparut  aprcs  avoir  palTe  le  couchant  d'cte. 

En  i(J75  ,  M.  Picart  vit  a  robfervatoire  un  barometre  qui,  lorfqu'cn  le 
remuoit  alFez  pour  faire  balancer  la  colonne  de  mercure ,  jettoit  une  cer- 
taine  lumiere  comme  entrecoupee,  qui  remplilToit  toute  la  partie  fupe- 
rieure  du  tuyau  011  fe  faifoit  le  vuide  ;  mais  cela  n'arrivoit  que  lorfque  le 
vuide  fe  faifoit,  &  feulement  dans  la  defcente  du  mercure. 

Le  17  Mai  i6'77  ,  fur  les  deux  heures  du  matin  ,  la  lane  parut  au  cenirc 
d'une  croix  verticale ,  dont  les  quatre  bras  etoient  egaux,  &C  longs  d'envi- 
roii  I  z  degres  :  leur  largeur  dans  la  lune  etoit  egale  au  diametre  de  I'AlUe  , 
elle  augmentoit_vers  leur  extremite. 

Le  meme  jour  a  onze  heures  du  matin  ,  le  foleil  parut  au  milieu  d'une 
ccutonne  blanche  ,  dont  le  diametre  etoit  de  44  \  degres ,  &  la  largeur  de 
la  zone  ,  x  i  Jegrcs  :  elle  fe  terminoit  au  dedans  a  une  couleur  rougeatre  qui 
ne  prenoit  qu'uu  quart  de  dcgte.  L'interieur  de  cette  couronne  paroilioic 
comme  une  nuee  ronde ,  obfcure  vers  la  circonference  ,  &c  claire  vers  le 
centre.  D'autres  nuees,  apparemment  infcrieures  ,  cachoient  tantot  une 
partie  de  la  couronne  6c  tantot  une  autre.  Ce  jour  la- il  y  avoir  eu  une 
eclipfe  de  lune. 

Le  10  du  meme  mois ,  a  fept  heures  du  foir ,  il  y  eut  une  couronne 
femblable  autout  du  foleil,  mais  moins  bien  terminee  ,  &  dont  Ijs  trcis 
quarts  feulement  paroiffoient  au-dellus  de  I'horizon.  Ily  avoir  de  plus, 
de  cote  &  d'aucre  du  foleil  en  ligne  droite  ,  un  parciie  :  celui  du  c6[e  du 
Nord  etoit  rougeatre ,  &  avoit  une  queue  horizontale  de  quatre  degres, 
lerminee  par  un  autre  parelie  beaucoup  plus  foible.  Ces  phenomenes  furen? 
fiiivis  de  tres  grandes  chalsurs, 


ACADEMIQUE.  jj 

Le  14  Avril  kJSj  ,  fur  les  neuf  heures  du  matin  ,  M.  Caflini  vie  autour  ; 
du  foleil  un  cerclc  dont  le  bord  fuperieur  ttoit  eleve  de  6  1  degres  10  mi-  Acad. Royals 
mices,  rinicrieur  de  16  degics  10  minutes.    La  hauteur  dufolciI&:  de  deux    des  Sciemces 
parclies  hors  du  ccrde  ,  ctoit  de  39  degres   10  minutes  :  le  cetcle  horizon-       de  1  aris. 
tal  des  parches    s'ctendoit    de   10   degtcs  de  part  &  d'autre  a  I'Eft  He  a     SuprUA/snr. 
I'Ouell: ,  &  formoit  une  efpece  de  queue  aux  deux  parciies  ,  lefquels  croien: 
hors  du  premier  cerde  6c  de  forme  oblongue. 

Le  14  Mai  16S3 ,  fur  les  fix  heures  du  matin  ,  le  Ciel  ayant  ete  ferein 
jufques-la  ,  il  s'eleva  tout-a-coup  a  Provins  ,  du  cote  du  Septcntrion,  une 
efpece  de  brouiUard  c[ui  cacha  bieiuot  le  foleil,  apres  quoi  il  reparut  en- 
vironnc  d'une  couronne  de  10  degres  de  diametre,  fur  laquelle  etoic,  du 
cote  du  Sud  ,  un  paielie  qui  fe  remontra  a  midi  avec  une  couronne  touts 
femblable  a  la  premiere.  Au  Sud-Oueft  de  cette  couronne,  on  vit  un  arc 
irife  qui  lui  ctoit  concentrique  ,  Sc  un  autre  arc  irife  de  meme  &  oppofe 
au  premier  par  fa  convexite ,  de  telle  faijon  que  le  point  de  contadl  des 
deux  cSnvexites,  etoit  le  zenith. 

Le  17  Novembre  i(?S4,  vers  les  dix  heures  du  matin  ,  globe  de  feu,  de 
couleur  bleuacre ,  vu  a  Saint-Aubin  en  Bretagne  pendant  fept  a  huit  mi- 
nutes. Sa  queue  qui  etoit  oppofee  au  foleil ,  jettoit  des  efpeces  d'etincelles. 
Le  15  Septembrc  16815,  au  golfe  Grimaud  en  Provence,  la  mer  ecanc 
calme  &  leCiel  ferein  ,  a  quelques  vapeurs  presqui  s'elevoient  de  3  degres  a 
I'Orient ,  M.  de  Chazelles  vit  paroitre  tout  d'un  coup  fur  I'horizon  ,  le 
difque  entier  du  foleil,  fort  brillant ,  mais  mal  termine.  Une  minute 
apres  ,  comme  fi  le  foleil  fut  retourne  fous  I'horizon ,  il  ns  paroilfoit  plus 
que  la  moitie  de  fon  difque  Eres-bien  termiiiee  &  fort  rougeatre.  Enfuite 
le  foleil  fe  leva  a  I'ordinaire  ,  mais  fuivi  d'une  clarte  fort  vive  qui  faifoic 
piedeftal,  Sc  fe  changea  en  un  cone  de  lumiere ,  dont  la  pointe  touchoic 
I'horizon  lotfque  le  loleil  fe  fut  eleve  de  la  hauteur  de  fon  diametre  :  une 
minute  apr^s  elle  difparut.    (V.  U  par  ilk  du  18  JanvUr  1693.) 

Le  2.1  Mai  \6Sj ,  boule  de  feu  de  la  grandeur  de  la  lune,  vue  a  Paris 
vers  le  Sud-Oueft  ,  3  degres  au  delfus  de  I'horizon  :  elle  dura  4  fecondes 
en  un  niCme  enJroit,  &  fe  dillipa  en  plufieurs  etincelles,  dont  quelques- 
lines  firent  I'elfet  d'une  fufee. 

Le  17  Avril  1689  ,  deux  heures  &  demiedu  matin  ,  globe  de  feu  tres  lu- 
mineux,  vu  a  Heilbrun  fur  le  Neer,  pendant  un  quart  d'heure,  traverfanc 
le  Ciel  depuis  le  dos  de  la  Baieine  a  la  tcte  d'Andromede  ou  il  fe  perdit , 
lailTant  une  queue  ondoyante  de  60  degres,  qui  palfoit  fur  la  tcte  d'-^ries. 
Le  19  Mars  KJ91  ,  6  i  heures  du  matin,  pareli^  dont  le  centre  etoit  a 
11  degres  da  celui  du  foleil ,  au  Nord  ,  &C  un  peu  pus  pres  de  I'horizon.  Il 
parut  de  la  meme  grandeur  que  le  foleil;  fa  lumiere  etoit  tres-vive,  & 
la  partie  tournee  du  cote  du  foleil,  fort  rouge  ,  &refta  rouge,  taudis  que 
la  partie  oppofee  devint  bleue  (a) ,  &  enfin  la  place  qu'ocrupoit  le  parelie  , 
ne  parut  plus  que  comnie  une  portion  d'arc-en-ciel  que  Ton  auroit  vue  an 
travers  des  nuages,  entrecoupee  de  qu;lques  bandes  obfcures,  &  un  peu 

(a)  Lorfc]u'on  regar.Ic  la  lumiere  d'une  bougie  au  travers  d'un  verre  tcrni  par  I'haleine, 
Ic  rouge  de  litis  qui  paroit  aucour  de  la  bougie ,  eft  en  dehors ,  Sc  le  bleu  en  dedans. 

Tome  III ,  Pariii  FrancoiJ'e.  E 


34 


COLLECTION 


-    ■ ,  -— —  plus  longue  que  large,  ll  dura  io  minutes,  &c  Ton  n'en  avoi't  pas  vii  le 

jtfAD.RoYALE  commencement. 

i-'Es  Sciences  H  eft  a  remarquer  que  le  demi-diametre  de  ces  cercles  blancs  qui  paroif- 

BE  i'ARis.       fgj^j  quelquefois  autour  de  la  lune  ,  a  ete  obferve  de  13  degtes  &  10  minu- 
Svpyi.t.vENT.     [gjj  j.giyj  jgj  Halos  de  ii  degres  45  minutes  j  quelquefois  les  uns  &  les 
autres  de  zi  degres. 

Le  ii  Mars  itfpi,  M.  Caflini  vit  a  I'Occident  une  lance  de  lumiere , 
haute  de  i  4  degres ,  large  de  deux  ,  traverfee  de  quelques  nuages  longs  Sc 
paralleles  a  Thorizon  J  la  couleur  ctoit  d'abord  d'un  jaune  clair,  &  devint 
par  degres  couleur  de  feu ;  elle  fembloit  venir  diredtement  du  foleil ,  & 
fuivoit  fon  mouvement ;  en  un  mot  elle  avoir  beaucoup  de  tapporc  avec 
celle  du  11  Mai  1:371. 

La  difference  de  relevation  du  mercure  du  barometre  entre  les  tropi- 
^ues,  n'excede  pas  5  ou  6  lignes  felon  le  P.  Beze. 

Le  18  Janvier  169;,  au'lever  du  foleil,  a  7  lieures  prefque  58  minutes 
du  matin  ,  le  Ciel  etant  couverr  de  nuages  a  I'Orient,  a  la  referve  S'un  de- 
gre  a  I'endroit  dc  I'horizon  oule  foleil  devoir  fe  lever ,  on  apper9ut  dans  cec 
endroic  une  krniere  eclatante  de  la  largeur  du  foleil,  dc  qui  s'elevoir  per- 
pendiculairemenc  jufqu'aux  nuages  :  enfuite  on  vit  patoitre  dans  cette  lu- 
miere,  entre  des  brouillards  eclaires  ,  I'lmage  du  difque  entier  du  foleil, 
d'ou  selevoient  des  rayons  perpendiculaires  a  I'hoiizoii  qui  alloient  finir  en 
pointe  a  la  hauteur  de   10  degres. 

Bientot  apres,  le  veritable  foleil  parut  aufli  brillant  qu'il   eft  dans  les 
terns  feteins,  &  s'etant  cache  prefque  tout  entier  dans  les  nuages,  parut 
un  troilieme   foleil  de  la  meme  grandeur ,  de  la  meme  figure  &  dans  la 
mcme  ligne  verticale  que  les  deux  autres,  ayant  au-deflous  une  trainee  de 
lumiere  femblable  a  celle  que  le  premier  avoir  au-deffus.  Ce  premier  foleil 
paroilloit  encore,  mais  fts  rayons  perpendiculaires  commengoient  a  s'afFoi- 
blir  &  a  fe  raccourcir  ,  &  les  deux  faux  foleilss'efiacanr  peu  a  peu  ,  difparu- 
rent  entieremenr  a  7  heures  58  minutes;  leurs  centres  n'etoient^  eloignes 
de  celui  du  vrai  foleil  que  de  54  minutes  ,  au  lieu  que  L  diftance  des  pare- 
lies    ordinaires  ,   eft    de    11 4)  quelquefois  45  ,     &   meme    510    degres. 
M.  Caflini  explique  ces  apparences  par  des  fcuilles  de  glace  difpofees  de 
maniere  a  reflechir  les  rayons  du  foleil  une  ou  pli.fieurs  fois  foiis  ces  difle- 
rens  angles,  &  il  regarde  ce  phenomene-ci  co.vune  de  meme  genre,  mais 
beaucoup  plus  complet  que  ceiix  du  ii  Mai  1671,  1  j  Septembre  i(586,  & 
21  Mars  1691.  Il  eft  meme  fort  porte  a  croire  que  ce  foleil  que  virent  les 
Hollandois  dans  la  nou*lle  Zemble ,  14  jours  plutot  qu'il  ne  devoir  paroi- 
tre,  n'etoit  quuno  parSie  de  la  nature  de  celui  ci,  d'autant  plus  que  le 
foleil  ne  leur  parut  fort  clair  que  le  19  Fevrier  a  midi,  etant  eleve  de  3  de- 
gres fur  I'horizon  ,  dans  le  vrai  lieu  011  il  devoir  paroure  en  erfet. 

Le  10  Juin  1(^93  ,  a  10  heures  iCi  minutes  du  foir  ,  le  Giel  etant  trouble  , 
&  la  lune  au  travers  des  brouillards  paroiilant  tres-pale  &  mal  terminee  ,  . 
M.  Caflini  appcrcur  du  cote  du  Midi  romme  un  petit  nuage  hlanc  de 
meme  hauteur  que  la  lune ,  c'eft-a-dire  a  11  degres  40  minutes,  eloigne  de 
cet  aftre  de  23  deg.  40  min.  &  qui  fuivoit  le  mouvement  de  la  lune  ;  c'ctoit 
un  parafclene.    Hen  parut  un  autre  du  cote  du  Norj,  a  10  heures  54  rninu- 


ACADEMIQUE.  j5 

tes  ,  <lo  niLTno  a  2  5  cJci^rcs  40  minutes  de  la  lune.  Sa  clartc  qui  ctpit  d'abord  .._„ 

tics  foible,  augm^jiu.i  par  degrcs  jufqii'i  cgalcr  celle  du  premier  qui  s'affo'-  Acab.Royale 
hlit  peu  a  p.'ii ,  &  difp.iruc  eiuieremenc  a  10  heures  5 1  minutes.  Le  fccar.d    pes  Sciences 
s'cvanouic  a  1 1  heures.  P^  Paris. 

Le  1 9  Juin  il  vie  un  arc  en-ciel  qui ,  ayant  paru  un  peu  avant  le  coucher  SuteLiMS^T. 
du  foleil ,  ne  di.'paruc  qu'un  demi-quar:  d'heure  apres  le  coucher  de  cec 
afire.  Au  moment  du  coucher  Tare  ctoic  de84degres,  fa  hauieur  de  42 
de^.  a.  8  heures  S  rmin.  de  42  deg.  20  min.  a  S  heures  1 1  miii.  50  fee.  de 
45  deg.  40  min.  .i  S  heures  i  j  min.  il  difp.iruc;  d'ou  il  rcfulte  que  les  va- 
peurs  oil  cec  arc  fc  formoic ,  ccoienc  elevees  un  peu  plus  de  3000  pieds. 

Le  7  Dccem'ore  1(594  >  ^  7  r  heures  du  matin  ,  M.  Caffini  qui  naviguoit  a 
la  hauteur  de  Chiavari ,  vie  le  foleil  fe  lever  a  la  pointe  du  Cap  Mefco  ,  fous 
la  forme  d'une  colonne  de  feu  ariondie  pat  le  hauc,  traverfee  d'un  nuage  , 
&  qui ,  ,a  mefure  quelle  s'clevoit  fur  I'horizon  ,  fe  retrecilloit  par  le  milieu  , 
jiifqu'a  ce  qu'elle  prit  la  forme  de  deux  foleils  qui  fe  touchoienc,  6i  don: 
I'un  ccoit  au-delfus  de  I'horizon  ,  &  I'autce  a  moitic  au  delTous.  lis  fe  fepa- 
rerenc ,  &  le  veritable  s'cleva  a  mefure  que  le  faux  s'abailloir. 

Le  1 5  Mai  i'j99  ,  fur  le;  neuf  ou  dix  heures  du  matin  ,  on  vit  a  Marfeille 
un  grand  cercle  blanc  &  vivement  marque,  de  (>9  degres  de  diametre  ,  paf- 
fant  par  le  centre  du  foleil ,  ayant  le  fien  dans  la  ligne  du  zenith  ,  &  s'eten- 
dant  fur  des  nuees  ou  fur  des  vapeurs  parallelement  a  I'horizon.  LTn  autre 
cercle  d'environ  22  degres  de  rayon,  couronnoit  le  foleil  auquel  i!  etoic 
concentrique.  Dans  les  deux  points  oii  cette  couronne  &  le  cercle  hori- 
zontal fe  coupoienr,  on  vie  deux  parelies  foibles;  on  en  apper^ut  d'autres 
encore  plus  foibles  au-del.i  de  ces  intetfedions,  6i  cela  a  diverfes  reprifes. 
Ce  phenomene  dura  en  tout  plus  de  deux  heures  &c  demie. 

M.  de  la  Hire  obferva  le  matin  du  I  i  Mai    1701,  a  I'obfervatoire  ,  un 
rayon  lumineux  perpendiculaire  a  I'horizon  ,   8c  egal  au  diametre  du  fo- 
leil dans  toute  fa  hau:eur,  qui  etoic  d'environ  9310  degres.  Cette  lumiere 
a  paru  quelque  terns  avant  tS:  apres  le  levee  du  foleil;  le  Ciel  etoit  brouillc 
de  petics  nuiges  couches  en   long  fur  I'horizoa  qui   tracoient  de  petites 
bandes  noires  lur  le  difqii.2  folaire ,  &  faifoien:  paroirre  comme  des  de- 
chirures  vers  fes  bords.    Ce  phenomene  a  du  rapport  avec  ceux  obfervcs 
par  \i.  Caffini  en  Kj/i  &  kJ^z.    M.  de  la  Hire  I'explique  endifant  qu'il 
arrive  aux  rayons  du   foleil  qui  renconcrent  les  nuages  dont   on  a  parle  , 
la  mime  chofe  que  ce  qu'on  appergoit  lorfqu'on  regarde  la  lumiere  d'une 
chandelle  au  ttavers  d'un  verre  qui  eft  un  peu  gras,  Sc  quand  on  I'a  frotte 
avec  la  main  dun  cettain  fens ;   car  il   s'y  forme    alors  une    infinite    de 
petits  fiUons  dont  la  partie  elevse   tenvoie  la  lumiere    vers  I'ceil,  &  Ton 
voir  ces  rayons  etendus  felon  la  perpendieulaire  a  la  diredion  de  ces  fiUons. 
Le  rayon  de  lumiere  doit  paroitre  a  peu  prcs  egal  au  diametre  du  corps  lu- 
mineux, parce  qu'il  n'y  a  que  ceux  qui  rencontcent  perpendiculairemenc 
la  diretlion  des  fillons,  qui  pailfent  fe  rcllechir  vers  I'dil. 

II  rcfulte  des  obfervations  qae  le  P.  Feuillee  a  faites  en  1707  &  170S 
fur  la  hauteur  du  baromecre  dans  I'Ifla  de  ivialthe  ,  comparees  avec  cel- 
les  qui  one  etc  faites  les  mCines  jours  a  I'oblervatoire  de  Paris,  que  la  dif!e- 

Eij 


jff  COLLECTION 

^^^^^^^^^^^  rence  de  hauteur  obfervee  dans  les  deux  endroits ,  varia  entre  fix  lignes  Si 
Acad.  Royalb  una  demi-ligue  ,  &  que  les  vents  n'etoient  pas  les  memes. 
^DE  Pa^ris^^  '-^  ''  ^"*'  '  '^°^  '  °"  ^'^  ^  Clermont  en  Beauvoifis  ,  autonr  du  foleil,  una 

c„       .       '        couronne  fpacieufe  &  parfaitementronde  qui  avoir  les  couleurs  de  I'arc-en- 

OUPi'l.tiUENT.  iTl-.-'r  Jl  ■  Jo 

ciel.  II  sy  joignoir  uneelpece  de  colonne  qui  rournoit  un  peu  en  rond  Sc 
avoir  les  mcmes  couleurs ,  mais  plus  foibles ;  elle  ecoit  audi  un  peu  moins 
large.  Le  lendemain  le  meme  phenomene  reparut  encore ,  a  cela  presqu'au 
lieu  de  la  colonne ,  c'etoient  deux  petites  couronnes  qui  fe  joignoient  a  la 
grande. 

Le  50  Juiller,  vers  le  coucher  du  foleil ,  il  fe  fit  un  orage  adez  long,  & 
dans  le  milieu  de  fi  duree  ,  le  ciel  s'eclaircir  un  peu  vers  le  couchanrj  il 
eroir  forr  rouge  ,  &c  enrremele  de  nuages  epais.  M.  de  la  Hire  vit  alors 
a  I'Orient  un  arc-en-ciel  tres-bien  forme  ,  &c  qui  etoit  un  demicercle  par- 
fait,  parce  que  le  foleil  eroir  a  I'horizon  :  cer  arc-en-ciel  n'ctoir  que  d'un 
rouge  afTez  dair  &  alfez  vif ,  a  I'exceprion  d'une  perite  bande  bleue  qui  le 
terminoit  en  dedans.  La  partie  du  ciel  renfermee  dans  Tare ,  ctoir  audi 
d'un  rouge  afTez  clair  ,  mais  beaucoup  plus  foible  :  au  dehors  le  ciel  droit 
noir ,  &  Ton  appercevoit  le  fecond  arc-en-ciel  rouge  aufli ,  mais  foible 
comme  il  doit  I'ctre. 

Le  9  Avril  1708,  a  une  Heure  apres  midi,  a  I'Obfervatoire  ,  M.  de  la 
Hire  vit  autour  du  foleil  un  grand  cerde  lumineux  tres-regulier,  dont  le 
foleil  occupoit  le  centre,  &c  qui  avoir  5 (5  degres  de  diametre ,  &  i  {  degre 
de  largeur.  Le  bord  interieur  de  cer  anneau  etoit  rougeatre  8c  alTez  bien 
termine  ;  I'exterieur  etoit  blanc  Sc  fe  noyoit  avec  le  ciel  comme  une  penom- 
bre.  Le  ciel  qui  paroifToir  au  dedans  du  cerde  etoir  obfcur  &  principale- 
ment  a  I'endroir  ou  le  cercle  le  touchoit  j  mais  ce  qui  etoit  au  dehors  etoit 
beaucoup  plus  clair  8c  plus  blanc.  Tout  I'air  etoit  alors  rempli  d'un  leger 
brouillard  for  eleve. 

Le  6  Decembre  1713  ,  a  huit  heures  quarante  minutes  du  matin  ,  I'hori- 
zon etant  charge  de  vapeurs  epailTes,  M.  Caflini  apper^ut  autour  du  foleil 
un  cercle  lumineux  qui  eroit  interrompu  par  quelques  nuages  ;  le  foleil  en 
etoit  le  centre ,  Sc  deux  parelies  mal  termincs  eroient  aux  deux  extremites 
du  diametre  horizontal  qui  etoit  d'environ  45  degres.  La  lumiere  de  ce 
cercle  diminua  peu  a  peu,  8c  le  foleil  s'etant  eleve  au-delTus  des  vapeurs, 
il  n'en  refta  aucun  veftige  a  neuf  heures  Sc  deiiiie. 


i^ 


ACAD^MIQUE. 


37 


M< 


Sur  la  Pefanteur. 


Acad.  Ro-^  ALE 

DEs  Sciences 

DE  Paris. 


1 ONSIEUR  de  Roberval  cnit  que  pour  connoure  la  pefanteur ,  il  nons  fau- 
droit  quclque  fens  particulier  &c  ipecifique  done  nous  manquons. 

M.  Frenicle  &  Mariotce  fiippoferent  une  inclination  naturelle  que  les 
parties  d'un  corps  ont  a  fe  tenir  jointes  enfcmblc  ,  &  une  attraElwn  par 
laqueile  la  terre  rappelle  les  fiennes  lorfLju'elles  s'cloignenr.  lis  alleguerent 
laiinant,  les  petites  gouttes  d'eau  ,  le  mouvement  pat  lequel  de  petites ai- 
guilles trcs-legeres  &  qui  nagent  fur  I'eau  ,  fe  vont  chercher  les  unes 
les  autres,  les  tuyaux  capillaires  de  verre  ou  I'eau  monte  a  un  pouce  ou 
deux  ,  mais  non  le  vif  argent ,  a  moins  que  Ic  tuyau  ne  fut  de  quelque  metal, 
exceptc  neaninoint  de  fer ;  une  goutte  de  firop  qui  defcendant  du  bout  d'uti 
baton  ,  &  ayant  file  quelque  terns ,  yient  enfin  a  fe  rompre  en  deux  &  tombe 
du  cote  d'en-bas  en  goutte  ronde  ,  tandis  quelle  remonte  du  cote  d'en-hauc 
vers  le  baton ,  &c. 

M.  Frenicle  avoit  obferve  trcs-exadement  qu'une  balle  de  moclle  de  fu- 
reau  qui  avoit  environ  quatre  lignes  de  diametre  ,  etant  tombee  de  vingt 
pieds  de  haut ,  n'augmentoit  plus  fa  viteffe  j  qu'un  autre  corps  encore  plus 
leger,  ceJoit  de  I'augmenter  a  douze  pieds,  &  que  la  balle  de  moclle  de 
fureau  &  une  de  plomb  de  mtme  volume  tomboient  egalement  vite,  quand 
ellcs  ne  tomboient  que  de  quatre  ou  cinq  pieds. 

M.  Mariotte  prouva  que  la  premiere  viteffe  dont  un  corps  pefanc  com- 
mence atomber,  u'eft  point  inhniment  petite,  mais  d'une  quantite  derer- 
minee  ,  parce  que  d'apres  I'experience  ,  un  jet  d'eau  vertical  choquant  direc- 
tement  un  corps  pefant  fufpendu  a  un  fil,  ne  le  foutient ,  le  fil  ctant  coupe  , 
cue  dans  le  feal  cas  ou  la  viteffe  des  premieres  parties  du  jet ,  furpaffe  autanc 
la  premiere  viteffe  dont  le  corps  tend  a  tomber  ,  que  fa  pefanteur  furpaffe 
celle  des  gouttes  d'eau  qui  font  les  premieres  parties  du  jet. 

M.  Perrault,  entr'autres  objedions  contre  I'attraction,  dir  que  fi  elle 
avoit  lieu,   les  corps  qui  tombent  dans  un  puits  fort  profond,  diminue- 

roient  fenfiblement  leur   viteffe  en  defcendant Qu'un    plomb  le  lono- 

d'une  niurai'le  qui  feroic  au  pied  d'une  montagne  ,  inclineroit  vers  le  pied 
de  la  montagne.  (Tout  cela  s'eft  trouve  vrni,  ^:  Tobjedion  s'eft  touinee  en 
preuve.) 

La  hauteur  du  Mont  St.  Michel  prife  depuis  la  greve  jufqu'a  I'horloge  qui 
e(V  fur  le  milieu  de  I'Eglife ,  fur  trouvce  de  6^  toifes,  &  la  difference  de 
hauteur  du  mercure  dans  le  barometre  fimple  ,  etoit  de  quatre  lignes  &C 
demie.  [Annie  ifiSi.) 

Le  7  Dccembre  i  (58 1 ,  M.  de  la  Hire  trouva  la  hauteur  du  mercure  dans 
le  barometre  fimple  au  fcmir^eT:  du  Mont  Clairet,  pres  de  Toulon,  de  x6 
pouces4i  lignes,  &  trois  heures  apres  au  bord  de  la  irer  de  28  pouces  1 
lignes.  La  hauteur  du  Monc  Clairet  fut  trouvce  de  2S7  toifes.  ( Annie 
i(?Ki.)  ^ 

M.  I'icart  a  determine  le  rapport  de  la  gravite  fpccifique  de  I'eau  a  telle 


jS  COLLECTION 

^ j^  |,_^.^^  commc  9<Jo  a  un  ,  &  celui  da  lagravice  fpecifique  de  I'eaii  de  mer 

AcAD.RovALE  ^  I'eau  de  la  Seine  ,  comme  4  5  a  44. 
DEs  Sciences         Le  vin  pefe  -    moins  que  I'eau. 
DE  Paris.  r        h  t 


SveeLi.uEHT- 


Sur  la  differentc  longueur  du  Pcndulc  a  differentes  latitudes. 

Par    Af.    Richer. 

J-j'uNE  des  plus  coiifiJcrables  obf:rvations  que  j'.ii  fjites  ,  dit  M.  Richer, 
ell  "Telle  de  la  longueur  du  pendule  i  lecondes  ,  iaquelie  s'eft  trouvce  plus 
courte  X  Cayenne  qu'a  Paris  d'une  ligne  £<.  un  quarc.  La  nicme  mefure  qui 
avoir  ete  marquee  a  Cayenne  fur  une  verge  de  fer  ,  fuivant  la  longueur  qui 
s'ctoit  trouvee  necelLiire  pour  y  faire  un  pendule  a  fecondes  de  tems  ,  ayanc 
ete  apportee  en  France  &;  comparce  avec  celle  de  Paris ,  celle-ci ,  qui  eft  de 
5  pieds  S  -  lignes  ,  s'eft  rrouvee  plus  longue  d'une  ligne  &  un  quarr.  Cette 
obfervation  a  etc  reiteree  pendant  dix  mois  enciers  ou  il  lie  s'eft  pas  palFe  de 
feniaine  quelle  n'ait  ete  faite  plufieurs  fois  avec  foin.  Les  vibrations  du 
pendule  fimple  done  on  fe  fervoic  etoienc  fort  petites  &  duroient  fort  fen- 
fibles  juTqu'a  41  minutes  :  on  les  a  comparess  a  celles  d'une  excellente  hor- 
loge  a  fecondes. 

Ayant  mis  le  barometre  au  pied  de  la  montagne  de  Notre-Dame  de-la- 
Gatde  ,  en  un  endroit  ou  le  mercure  fe  tenoit  precifement  a  la  hauteur  de 
28  pouces  ,  &  I'ayant  porte  enfuite  fur  la  montagne  a  la  hauteur  de  1070 
pieds  ,  le  mercure  fe  trouva  bailfe  de  i(j  lignes  &  un  tiers,  &c  fur  le  Mont 
Coudon  ,  d'un  pouce  5i  onze  lignes  pour  184  toifes  de  hauteur.  Remarquez 
que  le  lieu  le  plus  bas  de  I'obfervation  etoit  encore  elevc  au-delFus  de  la  mer 
d'environ  60  toifes.  (  Anciens  Mcmoires ,  Tvim  FIL) 


Sur  la  longueur  du  Pendule. 

J_iE  z8  Avril  16S2  ,  on  trouva  a  I'lfle  de  Goree  la  longueur  du  pendule  a 
fecondes  de  }6  pouces  6  -j  lig.  2  lignes  plus  court  qu'on  ne  I'avoit  trou- 
ve  en  France  avant  de  partir  ,  &:  ^  ligne  plus  court  que  M.  Richer  ne 
I'avoit  trouvc  a  Cayenne. 

La  meme  annce  elle  fut  trouvee  aux  Antilles  de  5(?  pouces  6  ~  lignes. 

En  16S0,  a  Louvo  qui  eft  a  peu  pres  fous  le  meme  parallsleque  Goree  , 
elle  fut  determinee  par  le  P.  Gouie ,  Jefuite  ,  &:  Compagnie ,  a  }6  pouces 
6  -i  lignes  au  plus. 

En  Novembre  KJgy  ,  M.  Couplet  crut  conclure  de  fes  obfervations 
que  le  pendule  de  fon  horloge ,  pour  marquer  le  tems  nioyen  ,  devoi: 
etre  plus  court  a  Lisbonne  qua  Paris ,  de  i  i  lignes  ;  mais  cette  con- 
clufion  n'a  point  ete  confirmee  par  les  faits ,  Si  ne  paroit  point  avoir  ete 
adoptee  par  les  Savans. 


ACADEMIQUE.  39 

En  Septembrc ,  Odobre  &  Novembre  1704,  le  P.  Feuillee  troMva  la  •  •       ■■ 

longueur  du  pendule  a   Porto-lklo  ,   de  3    pieds  5  lignes  y'^.  Acad.  Rov ale 

En    1  706   le  mcme  I'ere  la  trouva  a  la  Martinique  de  3  pieds    5    li-     i'Es  Sciences 
ones  -°.  ^^  Paris. 

Le  mcme  Pcre  Feuillee  ayant  fait  diverfes  experiences  avec  fon  ario-     SueeUitEKT, 
metre    ou    pefe-liqueur   fur   la    fin   de    1707    &   au    commencement    de 
1708,   trouva  que  cet  inftrument  plonge  dans  I'eau  de  la  mer  a  Mar- 
feille ,  en  forte  que  fon  txtremite  eroit  horizontale  avec  la  fuperficie  de 

I'eau,    pefoir i.  onces.    j_  dfagmcs.    ,  g  J._  graiat. 

A  Toulon  dans  I'eau  de  mer 2.  j.  cj, 

A  la  rade  de  Cagliari. 2.  j,  tg. 

A  fix  lieues  des  cotes  de  Sicile  ,  dans  un 
endroit  ou  I'eau  de  U  mer  etoit  trou- 
ble   - 2.  J.  j8. 

A  Malthe 1.  j.  jy. 

A  Malthe,  dans  la  meme  eau  de  mer 

filtree   trois   fois  a   travers  du  fable..  2.  5.  jg. 

A  Malthe,  dans  de   I'eau  de   Fontaine...   2.  3.  jpi 

A  Malthe  ,  dans   I'eau  de  la  citerne  de 

M.  le  Commandeur  de  I'Encelot.  ...   1.  5. 


19- 


O  P  T  I  QU  E 
c    .  • 

kJ  I  1  on  ferme  un  ceil,  &  qu'on  arrete  I'autre  fur  un  point  fixe  fitue  a 
la  hauteur  de  cet  ocil ,  &  eloigne  de  neufou  dix  pieds  ,  alors  on  perd  de 
vue  un  objet  qui  fera  deux  ou  trois  pieJs  plus  bas  que  le  point  fixe,  &  a 
cote  vers  la  droite,  d  Ton  fe  fert  de  I'cEil  droit,  ou  vers  la  "auche,  fi 
i'on  fe  fert  de  Tail  gauche,...  r.mdis  qu'on  voir  d'autres  objers  plus 
obliques  . . .  c'eft  que  cer  objer  va  frapper  juftement  la  bafe  du  nerf  opti- 
que  qui  eft  audeiius  du  milieu  de  ToEi!,  Si  \m  peu  a  cote,  tirant  vers 
Is  nez;  &c  comme  la  rctine  recouvre  cette  bafe  du  nerf  optique,  &:  que 
la  choro'ids  manque  precifement  en  cet  endroit,  M.  Mariotte  en  conclut 
q'le  c'eft.Ia  choroi'de  &  non  la  rctine  qui  eft  I'organe  de  la  vifion  ,  ce 
qui  fur  vlvement  contredu  par  Mrs  Pecquet  6c  Perrault,  &  donna  lieu 
a  une  difpute  vive  oc  favante  qui  fe  trouve  tout  au  long  dans  I'annee  16 j&. 


Sur  la  dilatation  apparentc  dts  objcts  lumineux. 


D 

■'-j^ANs  line  operation  geographique  qui  tendoit  ,1  determiner^  l.i  vdri- 

ta.-iie  mefure  de  la  terre,  on  rernarqua  que  les  objtts  !i;mineux,  mcme  avec 
Li  lunettes  d'approche ,  piroilfent  toiijours  plus  errands  qn'iLs  ne  de- 
vtoienc;  car  un  des  filets  du  foyer  de  I'objcdiit,  do'nt  la  grolTeur  ccoit  Ja 


40  COLLECTION 

..  1500'  partie  d'an  nouce  ,   occupoic  dans  une  lunette  de  trente-fix  poii- 

Acad  Roy^le  ces  un  efoace  d'env.ron  quatre  lecondes  ,  &  cependant  il  ne  cachou  qua 

UES  Sciences    moiiie  un  feu  de  ciois  pieds  de  lar^eur  qui  ,  felon  la  dirtance  ou  il  etoic, 

DE  Paris.        n'auroit  du  etie  vu  que  fous  un  angle  de  trois  fecondes  quatorze  tierces. 

SvypLiMSNT.     (^Jnnie  1670.) 


Sur  la    Refraclion. 

X  YCHO  fut  prefque  le  premier  qui  decouvric  la  refracilion ;  il  trou- 
va  que  les  vapeuts  de  la  cerre  eleveiit  les  aftres  de  plus  d'un  demi-degte 
quand  ils  font  a  I'horizon,  &c  il  crut  quelle  alloit  diminuant  jufqua  la  hau- 
teur de  45  degres  oij  elie  celToit.  Delcartes  au  contcaire  pretendoit  qu'elle 
ne  devoir  celTer  qu'au  zenit ,  Sc  fon  fcntiment  fut  confirme  par  I'experience 
&  par  les  obfervations  de  Richer  a  Cayenne.  La  refraftion  peut  clever  le 
foleil  a  rhorizon  de  3  2  min.  20  fee.  meme  jj  min.  a  la  hauteur  de  i  deg. 
10  min...  25  -J  min.  a  3  deg.  20  min...  15  4  min.  a  4  deg.  50  min.  lo-jinin. 
a  7  deg.  4  5  min.  6  -^  min.  a  1 5  deg.  34  min.  3  j-  min.  3220  deg.  1  j-  min, 
a  25  deg.  2  min.  a  3  2  deg.  i  ■;  min.  a  43  deg.  i  min.  a  61  deg.  i  min.  a  70 
deg.  4  min.  a  80  deg.  10  fee.  a8S  deg.  1  fee.  [Annk  1671.) 

M.  Picard  s'apper^ut  qn'au  lever  du  foleil ,  le  bord  fuperieur  de  cet  aftre 
lorfqu'il  touche  I'hori^on  ,  a  une  refradtion  plus  grande  de  25  fecondes  que 
le  bord  inferieur  lorfqu'il  vient  aufli  a  toucher  I'horizon.  D'ailleurs  les  rc- 
fradtions  varient  non-feulement  au5t  diverfes  heures  d'un  meme  jour,  mais 
encore  aux  memes  heures  de  differens  jours,  &  par  le  plus  beau  terns. 


Sur  le  Cry/lal  d'J/Iande , 

Par    M.    H  u  G  H  E  N  s. 

L  \u  N  rayon  tombant  fur  une  des  furfaces  du  cryftal  d'Iflande  ,  fe  par- 
tage  en  deux,  ce  qui  fait  paroitre  doubles  les  objets  vus  au  travers,  fur- 
tout  ceux  qui  font  appliques  tout  centre. 

II.  Le  rayon  perpendiculaire  fe  rompt ,  &  il  y  a  des  rayons  obliques  qui 
palTent  tout  droir. 

III.  Aprcs  que  les  rayons  qui  font  tombes  d'un  certain  fens  fe  font  rom- 
pus,  ils  fe  detournent  a  droit  ou  a  gauche  du  plan  perpendiculaire  oil  ils 
etoient  en  tombant. 

IV.  Un  rayon  s'ctant  partage  en  deux  a  la  rencontre  du  cryftal,  I'un  des 
deux  nouveaux  rayons  qui  s'en  font  formes ,  a  une  certaine  refracflion 
reglee  par  une  proportion  conftante  des  finus,  ainfi  que  dans  les  autres 
diaphanes;  I'autre  a  une  refradlion  reglee  par  d'autres  grandeurs ,  &  cette 
refraction  difference  de  la  leguliere  ,   fe  divife  en  deux  efpeces  qui  fe  re- 

t,  gleiK 


ACAD^MIQUE.  ^t 

glent  par  deux  fortes  de  proportions  d;flcrentes,  felon  que  les  rayons  font  ______„_„„ 

tombes  d'un  certain  fens  on  d'un  autre.    Comnie  dans  la  double  retradion    .  j7    '_ 

dun  mc-me"  rayon,  la  regaliere  a^compaj^ne  toujours  I'une  ou  I'autre  des     des'scie'n'-fs* 
deux  irrcgulieres,  il  arrive  qu'un  pnpiet  ecrit  etant  pofe  fous  ce  cryftal ,  les       ce  Paris. 
lettres  paroillcnt   ecrites  comme  dans  deux  etages  differens  tout  a  la  fois.     Sv??LtMiiir. 
L'etace  proiluit  par  la  rcfradioii  reguliere  aui  ne  change  point ,  eft  tou- 
jours a  la  mc-nT;  hauteur ;  mais  I'autre  eft  plus  haut  ou  plus  bas  felon  cells 
des  deux  refradions  irregulieres  qui  agit  alors. 

M.  Hughens  avoit  aulfi  apper^u  la  double  refra(5Hon  dans  le  cryftal  de 
rochc  ;    mais  I'nne  &  I'autre   ctoit  reguliere,   ds:  il   I'expliquoit  par  une  • 

double  emanation  d'ondcs  circulaires,  I'une  un  peu  plus  lente  que  I'autre. 
Il  tacha  aulli  d'expliquer  la  double  rc'Fraftion  du  cryftal  d'lilande  par  deux 
fortes  d'ondes,  les  unes  circulaires  aiixquelles  il  aflignoit  la  refrattion  re- 
guliere ,  &  les  autres  ovales  auxquilles  il  attribuoit  la  retrattion  irreguliere  ; 
mais  il  avoua  avec  le  courage  dun  grand  homme ,  que  les  phenomenes 
fuivaiis  echappoient  a  toutes  fes  explications. 

V.  Deux  morceaux  de  cryilal  d'lflande  etant  pofcs  de  forte  que  toijj 
les  cotes  de  I'un  foient  paralleles  a  ceux  de  I'autre  ,  foit  qu'on  laifte  ou 
lion  de  I'efpace  entre  deux,  un  rayon  qui  fe  fera  portage  en  deux  dans  le 
piemier  cryftal,  ^  qui  aura  fait  une  refradlion  reguliere  &  une  irregu- 
liere ,  ne  fe  partagera  phis  en  entrant  dans  Le  fecond ;  mais  le  rayon 
qui  a  etc  fait  de  la  refradion  reguliere ,  y  en  fera  encore  une  ,  &  de 
meme  I'autre  rayon  fuivr.i  fa  route.  Dans  une  autre  pofition  des  cryf- 
laux  ,  les  deux  rayons  venus  d'un  feul  rayon  en  palfant  du  cryftal  fupe- 
rieur  a  I'inferieur  font  echange  de  leurs  refradlions  :  dans  routes  les  au- 
tres  pofitions ,  un  rayon  fe  repartage  de  nouveau  en  deux.  (  Annie  i6j^.) 


D 


Qudques  faits  rclatifs  h  TOptiquC' 
Par    M.     M  A  R  I  o  T  E. 


A  N  s  les  opales  &  la  nacre  de  perie  ,  un  mcme  endroit  paroit  fuc- 
ceffivement  rouge  ou  verd,  felon  qu'il  eft  vu  plus  ou  moins  obliquement. 

Dans  la  gorge  de  pigeon  ,  ce  n'eft  pas  le  meme  endroit  de  la  plume 
qui  paroit  rouge  ou  verd,  ce  font  <Iifterentes  parties  de  la  plume  qui 
font  alternativement  rouges  ou  vertes  ,  ainfi  qu'on  le  voit  au  microf- 
cope  ;  &c  c'eft  ce  que  I'art  a  imite  dans  les  etoffes  changeantes  ou  la 
trame  eft  d'une  couleut  5i   la  chalne  d'une  autre. 

Une  jonquills  vue  au  travers  de  la  flamme  bleue  de  I'eau  de-vie,  pa- 
roit verte. 

Le  bois  de  Brefil ,  bouilli  dans  plu.leurs  eaux,  y  laifTe  prefque  route 
fa  teinture  rouge ,  fans  que  la  confiftance  de  fes  fibres  en  re^oive  aucune 
alteration  fenfible  :  bouilli  trois  ou  quarre  heures  dans  le  jus  de  citron  , 
ne  lui  donne  aucune  teinture  appatente,  a  nioins  qu'on  ne  verfe  quel' 
ques  gouttes  d'huile  de  tartre. 

Tonii  III ,  Panic  Fran^oife.  F 


it 


COLLECTION 


;^^s;;=:^s  Le  corail  rouge  perd  en  peu  de  terns  route  fa  teinture  par  un  feu 
AcAD.RoYALE  mediocre. 
DEs  Sciences  Le  jus  de  citron  enleve  toiue  la  rongeur  du  corail  fans  fe  I'approprier. 
Les  plumafliers  font  paller  dans  leurs  plumes  la  couleur  des  laines 
teintes  en  ecarlate ,  fans  qu'elle  en  regoive  aucune  diminution  fenlible 
de  beaute. 

Si  Ton  met  fous  un  rubis  de  I'eau  contenue  dans  un  vafe  dont  le  fond 
foit  obfcur  ,  la  couleur  du  rubis  difparoitra  prefqu'entierement.  ( ^n- 
nee  icJyp.) 


DB  Paris. 
Svfpf,ia/BiiT. 


Sur  la  difference  du  feu  folaire  &  dc  notrc  feu  ordinaire. 

J—/  A  chaleur  du  foleil  ne  fe  fepare  point  de  fa  lumiere  en  traverfant  lei 
corps  tranfparens;  mais  ces  memes  corps  qui  donnent  pafTage  a  la  lu- 
miere du  feu,  femblent  arreter  fa  chaleur. 


M 


Sur  la  RifraSion. 


.  o  N  s  I E  u  R  de  la  Hire  obferva  au  fommet  du  Mont  Claifet  Tangle  du 
iiiveau  apparent  de  la  mer  avec  Thorizon  veritable  ,  qu' il  trouva  de  3  9  min. 
io  {qc.  d'ou  il  conclut  ,  en  fuppofant  le  demi-diametre  de  la  terre  de 
3169197  toifes,que  la  refradiion  elevoit  le  niveau  apparent  de  la  mer 
de  5  min.  46  fee.  {Jnnie  i6'ii.) 


Obser  VAtions  de  Thoriyon  de  la  mer  faitesfur  la  Montagnc 
de  Notre-Dame-de-la-Garde ,  pres  de  Toulon. 


Hauteur 

Bassesse    apparente 

au-defTus  du  niveau 

de    I'horifon 

de  la  Mer. 

de  la  Mer  calculee. 

I  08  J  P''<Js.    lo-i  P«"«s. 

2  g  minutes,    j  §  fecond. 

72J.          JO. 

29.             iS. 

5  5  5-          ^^ 

25.       25. 

3'Ji.          7i. 

20.                54. 

270.          0. 

17.                  I. 

175-          2. 

14.              41 

9.          0. 

3.                18.             j 

A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  4J 

^——————•'-~  ACAD.ROYALE 

DES  SciENCHS 

Sur  tcffct  dune  cicatrice  a  la  comic  tranfparcntc,  de  Paris. 


\^  N  homme  ayant  etc  bfefle  dans  I'ccil  d'un  coup  qui  avoit  fendu  la 
coinee,  fans  coutefois  en  faire  fortir  I'humeui"  aqueufe  ,  la  plaie  s'ecant 
cicatrifee  ,  il  demeura  au  milieu  comme  un  fillon  qui  alteroit  la  co:)- 
vexite  rcguliere  de  cetce  membrane  ,  &  formoit  comme  deux  convexi- 
tes,  ce  qui  faifoic  que  cet  homme  voyoic  les  objecs  doubles  aveo  cec 
cell  {Tomt  IX.)     - 


Circonjlancc  remarguabk  dc  roceultation  d'une  itoUc  par  la  lunc. 

J— lE  7  Mars  le  P.  Feuillee  ,  Minime,  en  obfervant  roceultation  d'une 
ctoile  par  la  lune  ,  remarqua  que  I'etoile  ,  apres  avoir  touche  le  bord 
lumineux  de  la  planete  ,  ne  lailFa  pas  de  paroitre  pendant  quelques  fe- 
condes  fur  fon  difque  eclaire,  fur  lequel  elle  parut  avancer,  apris  quoi 
elle  difparut  tout-a-tait  j  ce  que  le  P.  Feuillee  expliqua  en  fuppofant  une 
athmofphere  a  la  lune  :  mais  M.  de  la  Hire  ayanc  repcte  cette  obferva- 
tion  &  remarque  que  I'etoile  s'etoit  avancce  coujours  d'un  mouvemenc 
egal  vers  le  bord  de  la  lune ,  ce  qui  ne  pouvoic  avoir  lieu  fi  la  lune 
euc  eu  en  efFet  une  athmofphere  plus  rare  ou  plus  denfe  que  le  rede  de 
I'ether ,  il  conclut  que  I'apparence  du  corps  de  I'etoile  fur  le  difque 
eclaire  de  la  lune  ,  devoir  etre  atcribuee  a  la  lumiere  du  corps  de  la 
lune  qui  paroir  toujours  plus  grande  qu'elle  n'eft  en  efFct ,  lors  meme 
qu'on  la  voir  avec  une  grande  lunette  ,  en  forte  que  le  corps  de  I'eroile 
qui  eft  beaucoup  plus  brillant  que  le  corps  de  la  lune,  peut  paroitre 
au  travers  de  cette  lumiere  apparente  ,  &c  que  I'Dccultation  ne  fe  faic 
que  lorfqus  I'etoile  touche  le  veritable  bord  de  la  lune.  [Annie  ifJpp.) 


Sv?fLt.'UEUT- 


Sur  Us  images  multiplUcs  d'une  bougie  vue  dans  une  glacC' 

y,/  u  A  N  D  on  eft  proche  d'ufrmiroir ,  &  qu'on  y  regarde  d'une  ma- 
niere  alFcz  oblique  a  fa  furface,  i'imnge  d'une  bougie  qui  en  eft  proche 
audi,  on  la  voir  multipliee  plufieurs  fois  ,  &  ces  images  muitipliees 
quelquctois  au  nombre  de  quatre  ou  cinq  ,  vont  toujours  s'affoiblirtanc 
depuis  la  premiere  &  la  pnncipale.  De  mcme  fi  IHan  voit  daps  I'obf- 
curite  un  objet  lumineux  comme  une  bougie  ,  au  travers  d'un  verre 
plat  &  bien  poli  ,  on  le  verra  multiplie  plufuurs  fois,  Sc  les  image-; 
diminuanc  de  vivacice  par  degrcs,  &  feparees  par  des  intervalles  egaux , 

Fij 


44 


COLLECTION 


—  le  rout  d'flUtant  mieux  &  plus  dilHnaement ,  que  la  ligne  tnetiee  tie  I'ob- 
jec  a  Iffiil ,  fi-Ta  plus  oblique  fur  le  verre ,   ce  qui  fuppofe   plufieurs   rc- 
^^t\f:^^^jt\^   flexions   i^e  la  mcme  imaoe   d'une   furface  a  I'autre ,   &  que  ces  furfaces 
DE  Paris.      ne  font  point  parallels.  {Annee  1699.) 

SutfLiMBNT. 


Sur  les  RefraSions  hori:^ontales. 

J..-.0NSIEUR  Caflini  a  conclu  des  obfervations  faites  par  M.  Richer 
a  Cayenne  ,  que  vers  I'Equateur  ,  les  rcfraftions  liorizontales  etoien: 
moindres  que  celles  de  notre  climat  d'environ  uii  tiers,  &  que  cette 
difference  alloit  en  diminuant  jufqu'a  la  hauteur  de  60  degres  ,  apres 
quoi  elle  celToit  prefqu'entid'-ement  jufqu'au  zenith  j  &  fi  les  obferva- 
tions des  Aftcouomes  Suedois  font  juftes  ,  les  refrsttions  horizontales  i 
Torno  ,  font  prefque  doubles  des  notres ,  quoique  le  barometre  ait  les 
memes'h.niteurs  &  les  memes  variations  a  peu  pres  a  Stokolm  qua  Pa- 
ris *.  [Annci  1700.) 

*  Par  les  obfervations  des  Academiciens  de  France  en  175 <5,  la  refraction  fe  trouva 
enLaponie  conforme  aux  tables  de  M.  Caflini.  M.  de  la  Caille  I'a  trouvee  plus  petite 
au  Cap  qua  Paris  de  4^5'-  M.  Bouguer  I'a  trouvee  plus  petite  dans  I'lfle  de  I'lnca ,  d'un 
feptieme  quelle  n'cft  en  Europe  ,  favoir  la  rdfraaion  horizontale  de  17  min.  &  a  (S 
dee.  dc  hauteur,  de  7  min.  4  fee.  t-    r\i 

Les  refraftions  de  la  nuit  font  toujours  plus  grandes  que  celles  du  jour.  En  Dicem- 
bre  I7?8,  M.  Bouguer  trouva  la  refraflion  horizontale  a  Chimboraco  (1388  toifes 
au-delfus'du  niveau  de  la  mer)  de  19  i  min.  a  la  croix  de  Pitchincha  (1044  toifes) 
de  10  min.  48  fee.  i  Quito  (147?  toifes)  de  ix  min.  50  fee.  douil  a  conclu  que 
dans  la  Zone  Torride,  la  matiere  refraaive  ne  produit   plus  d'eftet  fenlible  au-dellus 

de  5158  toifes.  .  n   -  ,       /r    n- 

La  variation  dc  la  r^fraftion  relative  au  baromctre ,  eft  a  la  refraaion  moyenne, 
comme  la  variation  du  baromctre  eft  a  fa  hauteur  moyenne,  regie  adoptee  par  les  plus 
habiles  Aftronomes.  M.  Mayer  a  trouve  que  la  refraaion  moyenne  changeoit  de 
— '•  pour  M  lignes  de  variation  du  baromctre,  ou  pour  10  deg.  du  thermometre ,  en 
prenant  pour  fi^fraaion  moyenne  celle  qui  ripond  a  z8  pouces  du  baromctre  &  a 
o  deg.  du  thermometre.  M.  de  la  Caille  a  trouve  que  pour  10  deg.  du  thermometre,  il 
ne  falloit  compter  que  -^'-  dc  la  refraaion  moyenne.  ,     ,  ,     „ 

Hanksbc^e  a  rrouvd  par  des  experiences  faites  fur  un  air  condenfe  au  double  &  au 
triple  ,  que  les  r^fraftions  font  proportionneUcs  i  la  denfite  du  milieu.  La  Socicti 
Royale  de  Londres  a  trouvi  qu'un  rayon  qui  paffoit  du  vuide  dans  1  air  le  rompoit 
&  a  mefur^  cette  refraaion.  rAcademie  des  Sciences  de  Pans  trouva  en  1700  qu  .1 
ne  fe  rompoit  pas  en  palTant  dans  un  tuyau  vuide  d'air  dont  un  bout  etoit  tcrmine 
par  un  verre  plat  perpendiculaire  a  I'horizon ,  «  I'autre ,  par  un  vcrre  kmblable  in- 
cline dc  45  deg.  \Voyei  I'Aponomie  de  M.  ds  la.  Lande.)  ^ 


A  C  A  D  £  M  I  Q  U  E.  45 


Acad.  RoYALE 
„         ,       „,/,_.  D£S  Sciences 

<iur   la    Rejradion.  de  Paris. 


J_iA  refradtion  terrcftre  eft  a  pen  pres  la  neuvieme  panic  de*  Tare  de 
ia  terre  compris  entre  le  lieu  de  I'obfervateur  &  le  lieu  obferve  :  elle 
eft  fujette  a  des  variations  fort  irregulieres.  On  voit  des  cotes  de  Genes 
&  de  Provence  les  montagnes  de  1  Ifle  de  Corfe  a  ccrtaines  heures  du 
jour,  &  a  d'autres  heures  on  ne  les  voit  plus.  Les  refradions  voifines  de 
rhorizon  ,  font  fort  zffi£tees  par  les  vapeurs  &  les  fumees  qui  s'^le^ent 
au  Nord  de  I'obfervatoire  de  Paris ,  de  defTus  cette  grande  Ville.  Les 
vapeurs  Sc  I'lnimiditi;  de  I'air  influent  beaucoup  fur  cts   refra(5tions. 

Le  Pere  Laval ,  Profefleur  d'hydrographie  .-i  .Marfeille  ,  a  trouve  que 
Tare  de  la  circonfcrence  de  la  terre  ,  compris  depuis  fon  obfervatoire 
eleve  de  144  pisdsjufqu'a  {'horizon,  varie  entre  14^  min.  &c  11  min. 
4(j  fee.  M.  Callini,  apres  la  hauteur  de  cet  obfervatoire  &  le  rayon  de 
la  terre  connu> ,  determine  Tare  de  la  circonfcrence  de  la  terre  qui 
doit  en  etre  apper9a ,  a  ij  min.  14  fee.  &;  attribuant  les  diminutions 
apparentes  de  cet  arc  aux  retradions ,  il  ci-.;it  que  les  augmentations  ap- 
parentes  viennent  de  ce  que  lorfque  Ton  pointe  la  lunette  a  I'extremite 
de  rhorizon  de  la  mer  pour  faifir  la  ligne  ou  la  mer  paroit  fe  joindre 
au  ciel ,  il  arrive  que  la  mer  en  cet  endroit  agiffant  comme  miroir ,  re- 
Hechit  I'image  du  ciel  qui  fe  confond  avcc  le  ciel  mJme,  8c  fair  que 
pointant  la  lunette  trop  bas,  on  trouve   un   arc  trop  grand. 

Lorfque  la  mer  a  ete  groffe  ,  ou  que  I2  NordOusft  ou  le  Sud-Eft 
ont  ete  frais ,  &  que  lair  a  ete  rempli  a  1  horizon  d'une  brume  deliee , 
le  P.  Laval  a  trouve  que  la  refraiftion   ecoit  ordinairement  moindre. 

I«  refraiflion  d'un  aftre  ,  vu  au  travers  d'un  nuage  ,  n'tft  pas  plus 
grande.   [Annce  1-06.) 

Du  haut  du  rocher  nommc  Saint -Pilon,  qui  eft  au- defTus  de  la 
Sainte  -  Baunie  ,  &  dont  la  hauteur  a  ere  condue  de  48 1  toifes 
au-dellus  du  niveau  de  la  mer,  le  P.  Laval  a  trouve  que  la  va- 
riation apparenre  de  I'horizon  de  la  mer  ctoit  comprife  entre  55  min. 
&^  57  min.  4  fee.  {a)  qui  font  des  limites  plus  ecroites  que  celles  dii 
meme  horizon  vu  de  fon  obfervatoire,  &:  ce!a  fans  aucun  rapport  avec 
la  pefanteur  ^  la  chaleur  de  I'air.  Seulcment  il  a  remarque  que  lorfque 
les  refraftions  elevoient  le  plus  I'horizon  ,  I'nir  etoir  alTez  ferein  &  le  venc 
de  Sud-Oueft  foible,  &  qu'au  contraire  lorfqu'elles  ont  laiiTe  paroitre 
I'horizon  le  plus  bas  ,  il  y  avoir  une  brume  6c  un  vent  de  Nord-Oueft 
affez  frais.  {.-innu  170S.) 

*  L'arc  vcrltatle  vu  de  cctte  hauteur  dans  un  milieu  nniforme  «t  fans  rcfraftion  , 
a  hi  cakuli;  de   j8   min.   57  fee. 


SvifLiMiHT' 


^6  COLLECTION 


jAcAD.  ROYALE 

DES  Sciences 
DE  Paris. 

Supni-UBNT, 


DISSERTATION 

SUR  LES  DIFFERENS  ACCIDENS  DE   LA  VUE  , 

Par    M.     D  E    L  A    li  I  a  E. 

PREMIERE     P  A  R  T  I  E. 

I.  V>^  N  diftingue  ordinairement  toutes  fortes  de  vue  par  les  trois  noms 
tie  vue  courbe  ou  force,  vuc  longue  on  foible,  &  bonne  vue  ou  vue  par- 
faite.  Ceux  qui  ont  la  vue  courre  peuvenc  voir  diftiniSement  les  objets 
qui  font  fort  proches,  &c  ne  font  qu'entrevoir  les  objets  tloignes  :  ce  font 
les  Myopes.  Au  concraire ,  ceux  qui  ont  la  vue  longue  &  que  Ton  ap- 
pelle  Presbytes  ,  voient  mieux  les  objets  eloignes  que  ceux  qui  font 
proches.  Enfin  ,  ceux  qui  ont  la  vue  bonne  6c  qui  ciennent  le  milieu 
entre  les  Myopes  &  les  Presbytes  voient  fort  bien  les  objets  qui  font 
dans  une  mediocre  diftance  comme  d'un  pied  ,  8c  femblablement  ceux 
qui  font  fort  eloignes ;  c'eft  cetce  forte  de  vue  que  Ton  peut  conUderec 
comme  la   plus  parfaite. 

II  me  femble  qu'il  y  a  encore  trois  principaux  accidens  qui  peuvent 
arriver  a  chacune  de  ces  trois  fortes  de  vues  qui  leur  caufent  de  grands 
changemens. 

Le  premier  eft  I'imperfedion  de  I'organe  qui  peut  etre  dans  les  hun-«urs- 
ou  bien  dans  la  I'etyie  que  je  fuppofe  le  principal  organe  de  la  vue ,  quoique 
je  fois  tres-convaincu  de  la  vecite  de  I'experience  de  M,  Mariotre.  Le 
fecond  eft  une  dilatation  extraordinaire  de  I'ouvertute  de  la  prunelle 
qui  ne  laiffe  pas  de  pouvoir  fe  retrecir  un  peu  dans  la  grande  lumiere. 
Le  troifieme  au  contraire  eft  un  grand  refiferrement  de  cette  mcme  ou- 
verture  ,  qui  peut  pourtant  s'entrouvrir  un  peu  dans  une  grande  obfcurite. 

Quoique  la  prunelle  fe  dilate  toujours  dans  I'obfcurite ,  &  qu'au  con- 
traire elle  fe  referme  a  la  lumiere  ,  cette  dilatation  &  ce  rellerrement 
ne  font  pas  pourtant  egaux  dans  toute  forte  de  vues.  Les  enfans,  parce 
que  leurs  mufcks  (l^i  leurs  tendons  font  encore  fort  mous ,  peuvent  avec 
facilite  dilacer  beaucoup  I'ouvertute  de  la  prunelle  dans  I'obfcurite,  &  la 
rcflerrer  beaucoup  dans  la  grande  lumiere.  Le  mufde  de  la  prunelle  peut 
faire  ces  grands  mouvemens  ,  &  il  y  eft  force  par  la  dclicnceire  de  la 
retine  qui  feroit  touchee  trop  fortement  par  une  grande  lumiere.  Les 
adultes  n'ont  pas  cette  facilite  a  ciufe  du  mufcle  de  la  prunelle  qui  a 
pris  plus  ds  fermete ;  &  enfin  les  vieillards  I'ont  prefque  toujours  d'une 
mcme  grandeur  dans  I'obfcurite  &  au  grand  jour.  La  dilatation  ou  le  ref- 
ftrrement  de  la  prunelle  eft  une  chofe  fort  vifibie ;  mais  le  defaut  de  I'cr- 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E,  47 

gane  ne  peut  s'appercevoir,  a  moins  que  les  humeurs  ne  foient  troubles  — ^ 

ik.  blanclratres.  ^Acad.  Royale 

II.   J'ex.aminerai  ce  qui  peut  arriver  a  chaque  vue  en  particulier  avec     dis  Scu;nc£s 
les  accidens  de  la  dilaracion  ou  du  rellerremtnt  de  la  prunelle  ,  en   fup-       "^  Paris. 
pofant  I'organe  ou  defedtueux  ,  ou  fain.    Pour  ce  qui  ell  de  la  caufe  de    Supplement. 
la  courte  ou  de  la  longus  vue,   on  fait  a(Tcz  que  ce   n'cft  que  la   con- 
formation des  humeurs  1?^  de  tout  le  globe  de  ra-il.  Je  dirai  feuiement 
que  ceux  qui  ont  la  cornee  fort  convtxe  ,  ont   pour  I'ordinaire   la  vus 
courte,   a  moins  que  le  cryftallin  ne  foit  fort  plat,  ou  que  tout  le  glo- 
be de   I'a-il  ne  foit  fort  petit ,  auquel  cas  cette  convexite  de  la  cornee 
qui  paroitroit  extraordinaire,  ne  feroit   pas  plus  clevie  a  proporcion   au- 
defliis  de  la  fphere  de  ['cell ,  que  dans  un  autre  ail  qui  auroit  une  vue 
mediocre. 

II  peut  encore  arriver  qu'une  vue  fera  courte  ,  quoique  la  cornee  foit 
plare  ;  car  fi  le  cryftallin  ecoit  fort  convexe,  les  rayons  qui  viendroient 
d'un  point  cloigne  ne  fouffriroient  prefque  aucune  refraction  en  entrant 
dans  I'ocil ;  mais  comme  la  refradion  feroit  fort  grande  en  palfant  dans 
le  cryftallin,  ils  concourreroient  avant  que  de  rencontrer  la  retine  ,  Sc 
par  confequcnt  il  y  auroit  de  la  confufion  fur  la  retine  &  dans  la  vifion  , 
ce  qui  n'arriveroit  pas  fi  I'objet  etoit  proche  de  I'cEi! ,  car  alors  le  con- 
cours  des  rayons  feroit  plus  cloigne    du  cryftallin. 

III.  On  doit  ttmarquer  ici  en  palTant  qu'une  femblable  conformation 
d'humeurs  n'eft  pas  futHfante  toute  feule  pour  faire  une  egale  perfec- 
tion de  vilion  ,  conime  un  ceil  de  deux  lignes  de  diametre  qui  auroit 
les  humeurs  femblables  en  figure  a  un  ceil   d'un  pouce  de  diametre,  ne  y 

pourroit  pas  voir  les  objets  fort  eloignes  audi  diftindtement  que  celui 
qui  a  un  pouce  de  diametre,  a  moins  qu'il  n'edt  I'organe  trente-fix  fois 
plus  fin  Sc  plus  ftnfible  que  celui  de  I'ceil  dun  pouce  j  car  la  peinture 
d'un  objet  feroit  trente-fix  fois  plus  petite  dans  le  petit  ceil  que  dans 
le  grand ,  les  fuperficies  des  globes  de  ces  yeux  etant  dans  la  raifon 
d'un  a  trente-fix.  II  s'enfuit  de-la  que  les  oifeaux ,  Sc  printipalemenc 
ceux  qui  vivent  de  proie,  doivent  avoir  I'organe  de  la  vue  trcs  fin ,  pour 
pouvoiu  appercevoir  de  fort  petits  animaux  dans  une  tres  grande  diftance. 
^  IV.  La  grandeur  de  Iceil  ,  fa  forme  en  general  &  celle  de  chaque  hu- 
meur  en  particulier  ,  augmentent  ou  diminuent  la  peinture  des  objets 
fur  la  retine  ;  c'eft  pourquoi  routes  ces  parries  etant  ditferentes  dans  la 
plupart  des  yeux  ,  il  eft  certain  qu'ils  ne  voient  pas  les  objets  de  me- 
me  grandeur  ,  c'efta-dire  que  les  mcmes  objets  dans  un  meme  eloigne- 
ment  ,  n'y  font  pas  des  psintures  egajes.  Mais  comme  dans  un  meme 
CEil  tous  les  objets  font  augmentes  ou  diminucs  dans  une  meme  propor- 
tion ,  des  yeux  difFirenrs  jugeront  tous  de  meme  de  la  grandeur  des 
objets,  en  les  comparant  les  uns  aux  autres. 

Nous  difons  qu'un  objet  eft  egal  ou  plus  grand  qu'un  autre  objet , 
lotfque  fa  peinture  lur  la  retine  etant  egale  ou  plus  grande  que  ceile 
de  lautre  ,  nous  ne  connoifTons  rien  qui  nous  puilfe  faire  dourer  de  la 
julteffe  de  la  comparaifon  que  nous  en  faifons  :  mais  il  arrive  raremcnc 
que  cette  comparaifon  foit  jufte ,  a  caufe  que  nous  fommes  prefque  tou- 


4?  COLLECTION 

jours   trompe  par  la   ciiftance  de   ra-il  a  I'objet;  car  fi  denx  objets  font 
AcAD.RoYAT.E   leurs  peintures   egalcs   (iir   la  retine  &:   que  nous  ne  puiffions*  avoir  au- 

DE5  Sciences     cune  connoiirance    de  leur  diftance  jufqu'a  I'ceil,  nous  jugeons  que   ces 
DE  Paris.        deux   objets    fonr   cgaux,    quoiqu'ili  puillcnt   ctre   en  eftct   fore    inegaux. 

5vyrLt.\t£tiT.  Ji^^^  contraire  deux  objcrs  train  entierc;nieiu  egaux  &:  femblables,  fi  nous 
jugeons  que  la  diftance  de  I'un  foic  plus  grande  que  la  diftance  de  i'au- 
tre  ,  nous  eftimeions  que  celui  que  nous  croyons  le  plus  eloigne ,  eft 
aulTi  le  plus  grand,  quoiqu'en  efFer  ces  deux  objers  faHenc  leur  peinture 
ecile  fur  la  rccine.  (Ttft  en  parrie  ce  faux  jiigemenc  qui  nous  fait  croire 
que  la  lune  cranr  vers  I'horizon  ,  eft  bien  plus  grande  cjue  quand  elle 
eft  forr  clcvee. 

V.  La  grandeur  apparenre  d'un  objet  nous  fert  beaucoup  pour  juget 
de  fa  diftance  quand  il  nous  refte  une  idee  diftindle  de  la  grandeur 
appireine  de  ce  ce  tncme  objet  ,  lorfqu'il  croit  eloigne  de  notre  ceil 
d'nne  diftance  connue.  Mais  la  grandeur  apparenre  d'un  objet  ,  c'cft-a- 
dire  la  grandeur  de  fa  peinrure  fur  ia  retine  etant  toujouis  accom- 
pngnee  d'une  couleur  qui  doit  paroicre  moins  forte  quand  robjet  eft 
eloigne  que  q  land  il  eft  proche,  il  s'enfuii  que  la  couleur  apparenre 
d'un  objet  nous  doit  fervir  beaucoup  a  juger  de  fon  eloignement  lorf- 
que  nous  pouvons  comparer  les  couleurs ;  cat  fi  nous  fommes  aftures 
que  deux  objets  font  d'une  couleur  egale  &c  fetnblable  ,  &  que  I'un  nous 

Faroilfe  quatre  fois  plus  vif  en  couleur  que  I'autre ,  nous  jugeons  par 
experience  que  celui  donr  la  couleur  nous  paroit  quatre  fcis  plus  vive  , 
eft  fculemenr  une  fois  plus  proche  de  I'ceil  que  I'autre  ;  car  la  lumiere 
fe  repandant  fpheriquemenr,  une  tneme  quantire  eclairera  ou  touchera 
des  fuperficies  qui  feront  enir'elles  ,  comme  les  qiiarres  des  dillances  de 
ces  fuperficies  jufqu'a  I'objet  lumineux.  Ainfi  a  douze  pieds  de  diftance 
de  I'objet  lumineux  ,  une  fuperficie  de  quarre  pieds  ne  recevra 
pas  plus  de  lumiere  que  celle  d'un  pied  a  fix  pieds  de  diftance  du  me- 
uieme  objet. 

La  connoilTance  que  nous  avons  des  couleurs  des  objets ,  nous  fert 
done  aufli  a  juget  de  leurs  diftances ;  mais  lorfque  ces  objets  ne  font 
pas  prefens  ,  il  ell:  fort  difficile  d'en  faite  la  comparaifon  ,  car  les  cou- 
leurs nous  paroilfent  differentes  par  leurs  oppofitions  ou  accon-.pagne- 
mens.  Une  couleur  qui  n'eft  que  de  mediocre  vivacite  ,  paroir  noire 
Cote  d'une  fort  claire  j  maiS  cette  meme  couleur  oiroitra  claire  a  cote 
d'une  obfcure  ou  noire.  La  qualite  de  la  lumiere  qui  eclaire  les  couleurs 
les  change  confidcrablement ;  le  bleu  paroit  verd  a  la  chandelle,  &  le 
jaune  y  paroit  blanc  :  le  bleu  paroit  blanc  a  une  foible  lumiere  comme 
au  commencement  de  la  nuit.  Les  Peintres  connoilfent  des  couleurs  dont 
I'eclat  eft  beaucoup  plus  grand  a  la  lumiere  de  la  chandelle  qu'au  jour. 
Au  contraire  il  y  en  a  plufieurs  qui,  quoique  tres-vives  au  jour  ,  per- 
dent  entierement  leur  beaute  a  la  chandelle  :  Par  exemple,  le  verd  de 
gris  paroK  d'une  tres-belle  couleur  a  la  chandelle,  &  lorfqu'il  eft  tres- 
toible  en  couleur,  c'eft-a  dire  lorfqu'on  y  mele  une  tres  grande  quan- 
tite  de  blanc,  il  paroit  d'un  allez  beau  bleu.  Les  cendres  qu'on  appelle 
ou  vertes  ou  bkues,  paroiifent  a  la  chandelle    d'un  fort  beau  bleu  ;  les 

rouges 


a 


ACADEMIQUE.  49 

rouges  qui  tiennenc  de  la  laque  paroiffent  tresvives  a  la  chandelle,    Sc  "  '" 

les  autres  ,  comme  la  mine   Sc   le  vermilion   paroifTenc  ternes.  Acad.Royai.i 

VI.  On  voic  parce  que  je  viens  de  rapporcer  ,  qu'on  ne  fauroit  jugsr     nRS   Sciences 
qii'avec  peine  li  un  objct  eft  pins  proche  qu'un  autre  objet  par  la  gran-       ^^  '  aris. 
deur  de  fa  peinnire  fur   la  recine ,    &  par  la  vivacite  de  fa  couleur ,  &c     SueeLi.uENT. 
qu'il  eft  plus  difficile  d'en  juger  quand  les  objers  ne  fon:  pas  prefents , 

que  lorfqu'ils  le  font;  ce  qui  eft  ptefqu;  impoffible  quand  on  ne  fe  fere 
que  d'un  feul  cril,  L'habitude  que  nous  avons  prife  en  regardant  avcc 
les  deux  yeux  ,  nous  fert  beaucoiip  dans  le  jugement  que  nous  faifons 
de  I'eloigncment  des  objets  lorfqu'ils  font  prefents  ;  car  pour  voir  un 
objet  proche  il  faut  donner  aux  deux  yeux  une  difpofition  fort  difFe- 
■rente  de  celle  qui  eft  requife  pour  en  voir  un  qui  foit  eloigne ,  &  la 
peine  que  nous  fentons  quand  nous  voulons  voir  un  objet  fort  proche, 
aprcs  en  avoir  confiderc  un  qui  etoit  eloigne  ,  ou  au  contraire,  ne  vienc 
que  de  la  difficulce  qu'on  a  de  diriger  les  axes  des  deux  yeux  vers  le 
nieme  enJroit,  &  non  pas  de  I'eftort  qu'il  faut  faire  pour  donner  aux 
yeux  des  conformations  diiferentes  pour  voir  diftinftement  les  objets  a 
differentes  diftances,  ce  que  je   demontrerai  dans  le  difcours  fjivant. 

On  peut  faire  I'experience  fuivante  pour  connoitre  la  difficultc  qu'on 
a  de  juger  des  diftances  avec  un  feul  ceil.  On  fufpend  un  anneau  a 
deux  ou  trois  pieds  dc  Tceil  ,  8c  I'on  tourne  cet  anneau  en  forte  qu'on 
n'en  voit  que  le  cote;  enfuite  ayant  ferme  un  ceil  on  cprouvera  qu'il 
fera  aftez  difficile  d'entiler  cet  anneau  avec  une  baguette,  fur- tout  fi 
I'on  va  un  peu  vite. 

VII.  La  parallaxedes  objets  eft  ce  qui  nous  fert  le  plus  a  nous  en  faire 
connoitre  I'eloignement  j  mais  il  fnut  que  I'oeil  change  de  pisce  pour  re- 
connoitre lequel  des  deux  objets  eft  le  plus  proche.  Far  example  ,  ii  deux 
objets  paroilFfnt  fort  proches  I'un  de  I'autre  dans  une  certaine  poficion 
de  I'csil ,  lorfque  loeil  fe  meut  vers  la  droite  ,  I'objet  qui  paroit  aufll 
s'eloigner  de  I'autre  vers  la  droite  eft  le  plus  eloigne ,  &c  I'autre  qui  de- 
meure  vers  la  gauche  fera  le  plus  proche;  de  mcme  fi  Tceil  fe  meut 
vers  la  gauche,  I'objet  le  plus  eloigne  paroitra  aulli  s'ccarter  de  I'autre 
vers  la  gauche,  &  le  plus  proche  demeurera  a  droit. 

Vni.  Eniin  lorfque  Iffiil  peat  voir  diftiniflemcnt  les  petites  parties 
d'un  objet,  il  juge  que  cet  objet  eft  plus  proche  que  celui  dont  il  ne 
voit  les  parties  que  confufement. 

IX.  Il  y  a  done  cinq  chofes  qui  fervent  a  la  vue  pour  juger  de  I'e- 
loignement  des  objets ,  leur  grandeur  apparente  ,  la  vivacite  de  leur 
couleur,  la  direction  des  deux  yeux,  la  parallaxe  des  objets  &  la  dif- 
tindion  des  petites  parties  de  I'objet.  De  ces  cinq  chofes  qui  fervent  a 
faire  paroitre  les  objers  proches  ou  cloignes,  il  n'y  a  que  les  deux  pre- 
mieres dont  les  Peintres  puiiTenc  fe  (ervir  dans  leurs  tableaux  :  c'eft 
[)ourquoi  il  ne  leur  eft  pas  poftible  de  tromper  parfaitement  la  vue  dans 
es  decorations  thcattales.  On  joint  ces  cinq  chofes  routes  enfemble  , 
&  il  ne  faut  pas  s'etonner  fi  Ton  ne  fauroit  fe  defendre  d'etre  trompe.  On 
y  diminue  la  grandeur  des  objets  a  ptoportion  qu'on  veut  les  faire  pa- 
roitre cloignes,  &  en  mcme  terns  on  diminue  la  vivacite  de  la  cou- 
Tomc  11/ ,  Panic  Frangoifc,  G 


5'^ 


COLLECTION 


■^^  leur.  On  reprefente  fur  difFerens  tableaux  qui  font  un  pen   eloignes  les 
AcAD.RoYAiE  uns  des  autres ,  les  parties  d'un  meme  objet  qu'on  v^ut  faire  paroitrc  3 
BES  Sciences     tJiff^fgntes  diftances  comme  des  colonnes  dans  un  ordre  d'architeiaure , 
BE    ARis.       ^g^  ^^^  j^^  j^^^  ^^^^   foient  obliges  de  changer   leur    diredion    pour 
OVftiJ/uENT.     appercevoir   diftindtement  les  parties  du  tableau  proche  &  de  celui  qui 
£i\  un  peu  eloicne.    Ce  meme  eloignement  des  tableaux  les  uns  des  au- 
tres ,    fert  audi  a  faire  remarquer   un  peu   de  parallaxe  en  changeant   la 
pofition  de  I'ceil  j    &  comme  on  ne  conferve  pas  une  idee  diftinfte  de 
la  quantite  de   la  parallaxe  fuivant  la    diftance   des  objets  ,   il  fuflfit  de 
connoicre  qu'il  y  en  a  pour  etre  convaincu   qu'ils  font  eloignes  les    uns 
ties  autres  fans  en  determiner  la  dillancej  c'eft  pourquoi  ces  quatre  clio- 
fes  fe  trouvant  enfemble  ,  on  juge  d'abord  que   des  objets  alTez  proches 
doivent  etre  fort  eloignes.     Pout  la  derniere  chofe  qui  pourroit  un  pen 
decouvrir  la  ttomperie  ,     on    ne  fautoit   Tappercevoir  a   caufe  du   faux 
jour  des  lumieres  done  on  eclaire  toutes  les  decorations. 

X.  Nous  avons  un  endroic  de  la  retine  qui  eft  le  plus  fenfible  de 
tons  pour  etre  touchd  plus  finement  par  les  objets.  Lotfque  la  poirrte 
des  pinceaux  des  rayons  tombe  fur  cet  endroit  ,  nous  voyons  les  ob- 
jets bien  mieux  que  lorfque  les  rayons  tombent  ailleurs.  Nous  prenons 
done  une  habitude  de  tournet  le  globe  de  Tosil  dune  certaine  maniere, 
afin  que  les  objets  que  nous  voulons  voir  diftindement  falTenc  leur  pein- 
ture  fur  cec  endroit  de  la  tetine,  Ce  point  de  la  retine  doit  etre  natu- 
rellement  celui  qui  eft  expofe  diredement  aux  objets,  afin  quelle  en 
foit  plus  fenfiblement  touchee  ;  cependant  foit  par  une  habitude  ou  par 
un  defaut  de  I'organe  qui  n'eft  pas  affez  delicat  dans  cec  endroic-la  ,  il 
y  a  des  yeux  qui  font  obliges  de  fe  tourner  de  biais  pour  faire  enforta 
que  les  objets  qu'ils  veulent  bien  voir  faffent  leur  peinture  fur  I'endroic 
de  forgane  qu'ils  ont  le  plus  fenfible  quoiqu'ils  y  tombent  oblique- 
ment,  &  c'eft  le  defaut  des  vues  que  nous  appellons  louches.  (a) 


De   la   J^uc   courte. 

XI.  \J  I  une  vue  courte  a  les  organes  bien  nets  &  bien  fains  &  la  pru- 
nelle  mediocrementouverte  ,  elle  diftinguera  parfaitement  les  plus  petirs 
objets  lorfqn'ils  feront  proches  de  I'ceil  a  la  diftance  qui  eft  necefiaire 
pour  faire  que  leurs  im.iges  foient  diftindtes  fur  le  fond  de  I'ceil;  car 
iimage  de  ces  objets  etanc  fore  graiide  ,  la  peinture  des  plus  petites  par- 
ties occupera  un  efpace  alfez  confiderable  fur  la  tedne,  ce  qui  en  ren- 

(o)  Si  I'ceil  louche  nc  fe  tournoit  de  biais,  lorfqu'on  re5;arJe  des  deux  vcux  ,  que 
pour  reccvoir  la  peinture  de  I'obict  quit  vcut  bien  voir  (tr  I'cndroit  le  plus  fenfi- 
ble, pourquoi  fe  dirigeroit-il  droit  a  I'objct  des  que  le  bon  ceil  eft  ferrae  ?  Cette 
objeftion  eft  de  M.  Jurin.  ( V.  un  excelhnt  Memom  fur  le  Snulifme ,  par  M,  de 
Buffcn,  Annde  1743-) 


ACADEMIQUE.  5* 

dra  la  vifion  plus   diftinde  &C  plus  partictilsrifce  que  fi  elle    n'occupoit  __» 

qu'uii  ttcs-petit  efpace  ou  il  fe  feroit  roujours  quelque  peu  de  confufion.  Acad.Royale 
XH.    Mais  fi  les  humeurs  etoient  troubles,  comme  il  arrive  fouvent  ,    des  Scienxes 
cette  forte  de  vue  ne  pourroit  s-oir  iss  objets  que  confufement  ,  qtioique       de  Paris. 
leur  imaoe  en  fuc  fort  grande  fur  le  fond  de  I'ceil  ,  a  moins  que  ce  ne     S'j?PLtMEtn- 
fut  dans  un  grand  jour  ,  ou  la  grande  lumiere  pourroit  en  quelque  fa^on 
compenfer   I'opacite  des  humeurs.    Ces  vues  font  afteftees  de  la  tneme 
maniere  que  celles  qui  feroient  bien  faines  ,  &  qui  vertoient  les  objets 
au  travers  d'un  crefpe  blanchatre. 

XIII.  Si  les  humeurs  n'ctoient  point  troubles,  mais  fi  elles  etoient  teintes 
feuiement  de  quelque  couleur ,  comme  de  rouge  ou  de  jaune  ,  on  verra 
les  objets  teints  de  cette  couleur  quoiqu'o:i  les  vir  fort  diftinctement  ; 
&  ce  feroit  a-peu  pres  de  la  meme  maniere  qu'on  verroit  une  vue  biea 
faine  qui  regarderoit  au  travers  d'un  verre  reint  de  ces  memes  couleurs. 
Ce  qui  eft  de  remarquabie  en  ce  defaut ,  c'eft  que  Ton  ne  peut  s'en  ap- 
■  percevoir  ,  a  moins  qu'il  ne  foit  trt-s-confiderable  ,  &  qu'il  ne  furvienne 
toutd'un-coup  :  car  alors  il  refte  une  memoire  des  couleurs  qui  fert  d 
faire  la  comparaifon  d'un  mcme  o'jjet  diverfement  colore  dans  differens 
remps.  Mais  il  faur  qUe  nous  ayons  une  connoilfance  certaine  par  una 
longue  experience  ,  que  I'objet  que  Ion  regarde  doit  ctre  d'une  certaine 
couleur ,  laquelle  foit  immuable. 

Il  n'y  a  rien  a  quoi  I'oeil  s'accoutume  plus  vlte  qu'au  changement  des 
couleurs  ,  on  en  peut  faire  tres-facilement  I'experience  ,  en  regardant  au 
travers  d'un  verre  un  peu  colore  de  verd  ou  de  quelqu'aucre  couleur  , 
&  en  cachant  les  objets  qu'on  pourroit  voir  fans  I'interpofition  de  ce 
milieu  ;  car  en  trcs-peu  de  temps  on  ne  s'appercevra  plus  que  tousles 
objets  feroiit  teints  de  couleur  verte  ou  d'autre  couleur  ,  6c  I'cn  s'en 
appercevra  encore  bien  moins  fi  Ton  met  le  verre  devant  les  yeux  apres 
les  avoir  tenus  alfez  long  temps  fermes  ,  &  avant  qu'ils  fulTent  ouverts. 

XIV.   On  ne  fauroit   fe   perfuader   plus  facilement  que  Ton  voir  tous 
les  objets  de  differente  couleur  au  jour  &  a  la  chandelle  ,  a  caufe  que 
Ton  compare   routes  les  couleurs  enfemble  ;   il    eft   pourtant  vrai  qu'un 
certain  bleu  y  paroir  verd  ,   &  li   nous  n'avions  jamais  vu  le  bleu  qua.  la 
lumiere  de  la  chandelle  ,  nous  ne  diftinguerions  pas  cette  couleur  d'avec 
le  verd.  Pour  connoitre  quelle  difference  il  y  a  entre  la  couleur  des  objets 
cclaires  de  la  lumiere  de  la  chandelle  ,    &:  la  couleur  de  ceux  qui  font 
cclaires  de  la  lumiere  du  foleil  ,   il  faut  bien  fermer  les  fenetres  d'una 
chambre  pendant  le  jour  ,  &  y  allumer  de  la  chandelle  qui  puilfe  bien 
eclairer  tous  les  objets  qui  y  font  ,  &  palTant  enfuite  dans  un  autre  lieu 
cclairc  de  la  lumiere  du  foleil ,  fi  I'on  regarde    au   travers   de  la  porte 
de  la  chambre  les   objets   qui  y  font  cclaires  de  la  lumiere  de  la  chan- 
delle ,  ils  paroitront  teinrs  d'un  jaune  rougeatre  par  comparaifon  a  ceux 
qui  font  edaites  du  foleil  ijc  qu'on  peut  voir  en  mcme  temps  ;  ce  qu'on 
ne  peut  remarquer  lorfqu'on  eft  dans  la  chambre  ou  eft  la  chandelle. 

XV.  A  I'occafion  de  ces  differentes  apparences  de  couleurs ,  j'ai  cherche 
s'il  n'ctoit  pas  poiTible  de  connoirre  fi  I'on  voir  avec  I'nn  des  yeux  les 
objets  teints  d'une  couleur  difference  de  celle  qui  paroit  avec  I'autre  ceil. 

Gij 


■ji  COLLECTION 

^^^^^^^^^^^^  Quolqu'un  mettle  objet  faflfe  deux  images  differences  dans  les  deux  ytux^ 
^IcAD. RoYALE  nous  HC  voyoHS  pourcanc  cju'uii  objet,  lorfcjue  nous  pouvons  tourner  les 
DE  Pari^^^     y^"^  ^^  ^^"^  maniere  que  les  images  tombent  fur  des  parties  analogues 
^„=,.,j       '       de  I'oraane  de  la  vue  ;  Sc  pour  ne   voir  qu'un  feul  obiec  avec  les  deux 
yeux  ,  11  rauL  necellniremenc  que  les  yeux  prennent  la  dilpolinon  qui  eit 
convenable  a  ce:  effet  ,  foit  que  I'objet  qu'on  regatde  avec  les  deux  yeux. 
foit  proche  ou  cloignc.  Cette  difpofition  doit  ctre  ,  pour  I'otdinaire  ,  la 
dire&ion  des  axes  des  yeux  vers  I'objet  qu'on  regarde.  Tout  autre  objet 
plus  proclie  ou  plus  cloigiie  que  ceUii  vers  lequel  les  axes  font  dirigcs  , 
paronra  double  ,  a  caufc  que  la  peinture  ne  s'en  fait  pas    dans  les  deux 
yeux  fur  deux  endroits  analogues  I'un  a  I'autre.  On  en  peut  faire  I'expc- 
rience  ,    il  en  dirlgeant  les  deux  yeux  vers  quelque  objet  eloigne  ,    on 
fait  en  mcme-temps  attention  a  un  autre  objet  qui  foit  proche;   car  cec 
objet  pioche  paroi:ra  double  ;  &  aii  contraire  ,  11  les  yeux  font  diriges 
vers  quelque  objet  proche  ,  i'objet  eloigne  paroitra  double.  De  meme  li 
en  cirant  les  paupieres  d'un  ceil  vers  le  coin  excerieur  ,  on  I'empeche  de 
prendre  fa  lituation  ordinaire  ,  I'objet  que  Ton  regardera  avec  les  deux 
yeux  paroitra    aulli  double  ;  car  la   peinture  de  I'objet   ne   fe    fera  pas 
dans  I'ceil  contraint  fur  I'endcoit  analogue  a  celui  ou  elle  fe  fait  dans  Tceil 
librc. 

On  pcut  encore  voir  un  objet  double  en  mettant  au  devant  de  I'un 
des  yeux  un  verre  qui  foit  allez  convexe  &  en  regardant  I'objet  de  cote  5. 
car  les  rayons  qui  viendront  de  I'objet  ,  &  qui  renconrreront  obliqiie- 
nieiit  le  verre  ,  fe  detourneront  conime  s'ils  venoient  d'un  autre  point 
&  feront  par  confequent  leur  peinture  dans  Ic  fond  de  Tceil  en  un  en- 
droic  qui  ne  fera  pas  analogue  a  celui  ou  elle  fe  fait  dans  I'ceil  q^ui  eft 
decouvert. 

Toutes  ces  manieres  de  voir  un  objet  double  ctant  contraintes  ou  al- 
terees  pat  le  verre  que  Ton  met  entre  deux  ,  on  ne  peut  pas  s'en  fervir 
pout  connoitre  certainement  fi  Ton  voir  un  meme  objet  de  difterentes- 
couleurs  avec  les  deux  yeux  5  car  fi  les  deux  images  fe  confondoient , 
leurs  couleurs  aufE  fe  meleroient. 

XVI.  Apres  avoir  regarde  avec  un  feul  cell  une  grande  lumiere  pendant 
quelque  temps  avec  une  lunette  d'approche  qui  occupe  tout  I'cEil  ,  on 
.s'appercoit  facilement  que  les  objets  que  Ton  voit  avec  eet  o;il  paroilFent 
be.iucoup  plus  fombres  qu'avec  I'autre  que  Ton  a  tenu  ferme. 

Cette  experience  eft  facile  a  faire  au  commencement  de  la  nuit,  en  regar- 
dant alternativement  avec  lesdeux  yeux  une  muraille  blanche  ou  une  feuille 
de  papier  blanc  ,  apres  avoir  obferve  la  liine  avec  une  lunette  d'approche.K 
La  veritable  raifon  de  cet  effet  ne  peut  etre  que  le  retrc-ciffement  de 
I'uuverture  de  la  prunelle  qui  a  eti  caufe  par  la  grande  lumiere  ;  car 
elle  s'eft  fermee  autant  qu'il  lui  a  ete  portibli  ,  a  caule  de  la  grande  clarte 
de  I'objet  ,  I'ouvercure  de  I'autre  prunelle  s'etant  bien  m,oms  retrccie 
feulement  par  fympathie.  Ainfi  il  entre  bien  moins  de  rayons  de  I'objet. 
blanc  par  la  petite  ouverture  de  la  prunelle  que  par  la  plus  grande  j 
c'eit  pourquoi  i'objet  paroit  plus  blanc  avec  i'ffiil  q,vii  a  ete  ferme  c^u'avee 


A  C  A  D  £  M  I  Q  U  E.  53 


I'autre.  Si  la  muraille  blanche  ctoit  fort  edairce  comme  au  grand  jour ,  

on  ne  pourroit  pas  bien  faire  cette  experience  ;  car   la   grande   lumiere  Acad.  Ro'i  ale 
de  I'objet  bianc  toucheroic  avec  trop  de   violence   roeil  qui  la  recevroit  1'aris^* 

par  une  petite    ouverture  ,   pour  la  diftingucr  d'avec  ccUe  qui  entreroit     SvpfUmeut 
dans  I'autre  ocil  par  une  ouverture  mediocre. 

On  pourroit  encore  ajouter  a  cette,  raifon  que  la  rctine  ayant  etc  for- 
tement  ebranUe  par  une  grande  lumiere ,  elle  ne  peut  pas  Iccre  auflitoc 
par  celle  d'un  objet  mediocrement  eclaire  ;  c'efl;  pourquoi  elle  en  ell 
touchee  bien  moins  vivement  que  celle  de  I'autre  oeil  ,  &  ainfi  on  verra 
cet  objet  plus  clairement  avec  ra:il  qui  a  cte  fermc  qu'avec  celiii  qui  a 
regardc  une  j^rande  lumiere  j  il  ell:  toujours  facile  ile  faire  ces  fortes 
d'expcriences  lorfque  les  ditferences  font  fort  giandes  ;  mais  il  n'en  eft 
pas  de  mcme  lorfqu'elles  font  prefque  infenlibles.  Il  fe  trouve  peu  de 
perfonnes  qui  aient  les  deux  yeux  parlaitement  femblables  ;  avec  I'un  on 
voir  les  objets  dans  une  certaine  diftance  bien  mieux  qu'avec  I'autre  ,  &: 
il  eft  alfez  difficile  de  s'appercevoir  de  ce  dcfant  ,  a  moiiis  qu'il  ne  foit 
tres-petit  j  &  pour  le  reconnoitre  on  peut  fe  fervir  de  la  metliode  que 
j'expliquerai  dans  la  feconde  Partie  pour  mefurer  exadtement  la  force 
&  la  foiblelfe  des  vues  :  mais  il  eft  plus  difficile  de  favoir  fi  Ton  voic 
un  meme  objet  de  difFsrentes  couleurs  avec  les  denx  yens  ,  lorfque  la 
difterence  eft  petite  j  voici  pourtant  une  mcthode  pour  le  connoitre  cer- 
tainement  ,  quelque  petite  que  foit  cette  difference.  On  prend  deux  cartes 
minces  ,  comme  font  celles  dont  on  joue  ,  &c  I'on  fait  a  chacune  un  petir 
trou  ronJ  &  egal ,  de  la  grandeur  d'un.  tiers  ou  d'un  quart  de  ligne  ,  Sc 
les  ayant  appliqueet  chacune  a  un  ceil,  on  regarde  au  travers  des  trous 
un  papier  b[inc  egaUmeut^  eclaire.  II  paroit  achaque  ceil  .uii  cerde  du 
papier  au.  travers  des  trous,  &  ces;  ceryles  jje^'ont  Juiijts  I'un  fur  I'autre 
&  n'en  feront  qu'un  ,  h  It^,  rayons  qui,  vienneat'  d'un  .nitme  point  du 
papier  ,  6;  qui  ayant  pade  au  travers  du  milieu  de  chaque  trou  des 
cartes  ,  vont  rencontrer  le  fond  des  yeux  dans  des  points  analogues , 
apres  s'etre  rompus  dans  les  humeurs  de  I'oeil.  Mais  ii  Ion  change  la 
polltion.de  ces  cartes. on  .verra  deux,  cercles  du  papier  fepares  I'un  de 
I'autre.  Ainfi  en  approchanc  ou  en  ecaftant  lies  cartes  I'une  de  I'autre  , 
on  pourra  faire  en  forte  cjue  ces  deux  cercles  fe  touchent  par  leuc  cir- 
conference.  Si  I'un  des  cercles  paroiftoit  un  peu  plus  grand  que  I'autre, 
il  n'y  auroit  qua  eloigner  de  I'ceil  le  trou  de  la  carte  au  travers  duquel 
il  paroit ,  car  le  cercle  paroitra  d'autant  plus  petit  que  le  trou  fera  plus 
eloigne.  .■ ;  . 

Ces  deux  cercles  du  papier  etant  proches  I'.un  de  I'autre,  il  fera  fort, 
facile  de  faire  la  comparaifon  de  leur  couleur  ,  £<  li  les  yeux  font  par- 
faitement  egaux  ,  la  couleur  des  cercles  du  papier  paroitra  egale  Mais 
C  les  humeurs  des  yeux  fonr  teintes  de  qaelques  couleurs,  ou  fi  les  le-ir. 
tines  ne  font  pas  egalement  fenfibles  a  I'lmpreffion  des  objets,  les  cer-. 
ties  paroitron:  de  ditferentes  couleurs.  On  doit  appiiquev  alternative- 
ment  les  cartes  aux  deux  yeux  ,  pour connoitre  li  la  diverfue  des  trous  n'af- 
porte  pas  tjuelque   changement  a  cette  apparence. 


5l  C  O  L  L  E  C  T  I  O  i\ 

XVir.  J'ai  remarque  par  cette  experience  que  ceux  qui  voient  les  ob- 
^cAD.  KovAtE  jecs  plus  rouges  avec  un  ceil  qu'avec  un  autre  ,  eftiment  cec  CBil  !e 
^D^E  ParTs^'  nieilleur  dans  I'ufage  ordinaire.  On  ne  pen:  pas  dire  que  cet  effet  foir 
SvryiiiiENT  ^^^'^  P-^"^  I'ouverture  de  la  prunelle  ,  ce  que  I'on  pourroic  attribuer  i 
celle  qui  feroit  la  plus  grande,  puifqu'elle  eft  cgale  pour  les  deux  ytux , 
ecanc  reduice  a  I'ouveriure  des  trous  des  cartes  j  c'eft  pourquoi  on  pour- 
roic croire  que  cette  rougtur  vienc  de  la  delicatelTe  de  la  retine  de  cec 
ceil,  qui  ecanc  ebranlee  plus  fortemenc  que  celle  de  I'aucre  osil,  lui  fait 
paroure  le  meme  objet  plus  rouge. 

Si  I'on  veut  fiiire  cette  experience  avec  plus  de  juftelTe  ,  il  fauc  tenir 
les  yeux  fermes  un  peu  de  cems  avanc  que  de  regarder  au  travers  des 
trous  des  cartes.  L'on  remarquera  aufli  que  fi  Ton  fe  frotte  legeremenc 
un  ceil ,  on  en  verra  I'objec  plus  rouge  qu'avec  I'autre ,  ce  qui  durera 
un  peu  de  terns,  &  peut  ecre  caufe  par  I'ebranlement  de  toutes  les  par- 
ties de  I'osil  ou  d'un  peu  de  fang  qui  s'epanche  par  ce  frottemenc  dans 
les  humeurs  liquides   de  I'oeil. 

Il  peuc  arriver  que  Ton  verra  des  couleurs  differences  avec  le  me- 
me ceil  dans  des  cerris  differens  ,  ce  qui  peuc  venir  de  quelque  accidenc 
des  humeurs  ou  de  la  rerine  quand  meme  elle  ne  feroit  pas  le  princi- 
pal organe  de  la  vifion  :  car  fi  l'on  fuppofe  qu«  ce  foit  la  choroide , 
les  changemens  qui  pourronc  lui  arriver  cauferonc  aufli  des  differences 
fans  coutefois  en  exclure  la  retine  par  ou  les  rayons  doivenc  palfer  avanc 
que  de  comber  fur  la  clioroi'de. 

XVIII.  On  remarque  ordinairemenc  que  ceux  qui  one  la  vue  courte 
ne  regardenc  pas  actentivemenc  ceux  qui  leur  parlent ;  je  crois  que  cela 
vient  de  ce  qu'ils  ne  fauroient  confiderer  les  mouvemens  des  yeux  de 
ceux  qui  parlent ,  ce  qui  contribue  beaucoup  a  expliquec  la  penfee  Sc 
augniente  la  force  des  paroles  ,  &  qu'ils  font  feulemenc  attentifs  a  leurs 
difcours  fans  avoir  aucun  objet  fixe  fur  quoi  ils  atcachenc  leurs  yeux  , 
comma  on  faic  ordinairemenc  en  penfanc  fortemenc  a  quelque  chofe  avec 
les  yeux  ouverts  fans  rien   voir  dillindement. 

XIX.  Les  vues  cources  done  les  organes  font  fort  fains ,  ne  voient  que 
raremenc  les  objecs  tces-diftindtemenc  a  quelque  diflance  que  ce  foit ,  fi 
I'ouverture  de  la  prunelle  eft  trop  grande;  car  il  faudroit  une  confor- 
mation aux  courbures  de  fccil  fort  differente  de  celle  qu'on  y  remarque 
pour  faire  que  les  rayons  qui  viennent  d'un  poinc  ,  apres  avoir  fouffert 
crois  refradlions  differences,  allalfent  s'aifembler  exacftemenc  dans  ur;  au- 
tre poinc  qui  devroit  ecre  determine  par  la  forme  des  courbures  *  fe 
rencontrer  audi  fur  le  fond  de  I'ceil.  S'il  y  a/oic  quelque  vue  courte 
qui  eur  cous  ces  avantages,  elle  en  auroit  encore  un  autre  fore  grand  j 
car  elle  pourroit  voir  dilfindtement  les  objets  dans  des  lieiix  fort  fom- 
bres,  a  caufe  de  la  quantite  des  rayons  qui  encrercienc  dans  roeil  & 
qui  y  formeroienc  une  peinture  diftindle  :  mais  ces  fortes  de  vues  ne 
pourroient  qu'avec  peine  fupporter  la  grande  lumiere ,  laquelle  feroic 
une  trop  forte  imprelHon  fur  le  nerf  optique.  Ceux  done  qui  n'auronc 
pas  les  crois  fuperficies  des  Immeurs  d'une  convexite  tequife   pour   taf- 


A  C  A  D  E  M  1  Q  U  E.  j  j 

fembler    exa(ftemeiu  les   rayons  qui  viennent  d'un   point   dans  un  autre  

point  fuc  le  fond  de  1  cril ,   verront  Ics  objets  confus,  &  ils  les  verront  Acad.  Royale 
d'autant  plus  confus  qu'ils  feront  dans  des  lieux  plus  obfcurs ;  cette  con-     ees  Sciences 
fufioii  ne  venanr  pas  de  rohfcurite  dii  lieu  ,   mus  de  ce  (jue  I'ouverture       ^^  I'aris. 
de  la  prunelle  le  dilatant  encore  [>ius  dans  rohfcurite  que  dans  le  "rand     Suf?LiHEt<7. 
jour,  les  extremitcs  des  rayons  qui   feront  coupees  hir  le  fond  de   I'ocil, 
en  feroiu  d'aucan:  plus  grandes,  &c  feront  par  confcquent  une  plus  grande 
coiifufion;  car,  il  n'y  a  prefque  point  de  vue  dont  la  prunella  n'ait  queU 
que  latitude  d'extenfion  Sc  de  reircciirement  dans  I'obfcutitc  &   dans   le 
grand  jout. 

XX.  Il  arrive  encore  aux  vues  courtes  de  voir  les  objets  doubles 
quand  ils  font  cloigncs,  conime  les  lignes  noires  des  heures  de  quelque 
grand  cadran  folaire  dont  le  fond  ell  clair  ;  j'entends  feulemejit  des 
vues  courtes  qui  peuvent  dillinguer  nicdiocrement  les  objets  cloignes  • 
car  pour  celles  qui  font  tres-courtes  ,  quoique  le  meme  accident  leur 
arrive,  elles  ne  fauroient  le  remarquer  a  caufe  de  la  ttop  grande  con- 
fufion  des  images.  Cet  accident  des  vues  couttes  leur  eft  commun  avec 
les  vues  foibles,  &:  il  m\a  femble  un  des  plus  difticiles  a  expliquer.  J'a- 
vois  cru  d'abord  que  la  feule  confulion  de  Timage  d'un  objet  noir  fur 
un  fond  blanc ,  pouvoit  caufer  ceteffet;  mais  ayant  examine  la  chofe 
attentivement ,  j'ai  trouve  qu'il  ne  devoir  paroitre  feulement  qu'une  pe- 
notnbre  aux  deux  cotes  du  ttait  noir,  qui  paroitroit  alors  plus  petit  qu'il 
ne  devroit.  Il  C.mz  done  cherclier  ailleurs  la  caufe  de  cet  efiet;  mais 
comme  elle  ne  peut  ette  que  dans  les  humeurs  de  I'oeil ,  il  faut  tacher 
de  I'y  decouvrir. 

XXI.  M.  Defcartes  fut  le  premier  que  je  faclie  qui  examina  les  cour- 
butes  des  corps  tranfparens  qui  rompent  les  rayons  de  la  lumiere  pour 
faire  que  ceux  qui  viennent  d'un  mCine  point  s'allemblcnt  auil:  en  unmemi 
point,  aprcs  avoir  palle  au  travers  du  corps.  J'ai  trouve  aulli  dans  Ifs 
manufcrits  de  M.  de  Robetval  cette  matierc  traitee  a  fond  ,  &  enfiii 
depuis  peu  M.  Huygliens  en  a  fait  imptimer  une  dcmonlhation  dans 
fori  Traite  de  la  lumiere.  On  connoit  done  par  ce  que  ces  excellens 
Geomettes  en  ont  ccrit,  que  les  verres  lenticuLiires  qui  font  formes  de 
deux  convexitcs  fphcriques  ,  ne  font  pas  propres  a  faire  que  les  ravons 
qui  viennent  d'un  point  lumineux  qui  eft  proche  du  verre  ,  fe  raltem- 
blent  en  un  autre   point  apre;  avoit  pafTe  au  ttavers  du  verre.    Ce  fera 

peu^pres  la  meme  chofe  de  tous  les  autres  ccrps  tranfparens, 
^  Si  Tune  des  convexites  du  corps  tranfparent  eft  fpherique,  I'autte  doit 
crre  plus  clevce^  dans  le  milieu  &  recourbee  enfuite  en  fens  contrnire 
vers  les  bords.a  peu  pres  comme  la  pteniiete  des  concoides  de  Nico- 
mede  ;  ou  bien  fi  i'on  veut  diftnbuer  cette  courbure  a  routes  les  deux  furfaces 
du  corps  tranfparent,  il  faudra  que  le  milieu  de 
ce  corps  foit  plus  cleve  que  les  bords  ,  ce 
qui  eft  facile  a  connoitre.  Il  fant  dene  que  le 
cryftallin  ait  cette  figure  ,  ponr  faire  qu'un  gW 
qui  fera  ptoche  d'un  objet  le  voie  diftindement. 


a 


5^  COLLECTION 

— Une    femblable  conformation  de  la  cornee   pent  aufli   fervir  a  la  meme 

Acad.  RoYALE  chofe  :  miis  ceux  qui  one  la  viie  de  cette  iotte  ne  peuvenc  pas  voir 
D£S  Sciences  diltindement  les  objecs  eloignes  ,  &  ils  peuvent  are  Myopes  par  I'une 
DE  I  ARis.  tjg  j-gj  deux  caufes,  ou  par  routes  deux  enfemble;  car  le  verre  qui  a  la 
SveyLt-iiENT-  figure  necelFaire  pour  que  les  rayons  qui  viennenc  d'un  point  lumineux 
qui  en  eft  proche  ,  s'aflemblenc  exadlement  en  un  autre  point  fort  pro- 
che,  pent  etre  confiJere  en  qutlqus  facon  comme  etant  compofe  de 
deux  verres  lenticulaires  &  fpheriques  de  diftcrens  foyers,  dont  le  plus 
convexe  eft  place  au  milieu  de  I'autre  qui  n'elt  que  comme  un  anneau. 
On  fait  par  Its  regies  de  dioptrique  que  le  plus  convexe  des  deux  ver- 
res qui  resolvent  les  rayons  d'un  objet  cloif;ne,  fait  fon  foyer,  qu'ori 
appelle  abiolu ,  plus  proche  que  celui  qui  eft  le  moins  convexe.  II  doic 
done  arriver  que  le  cryftallin  qui  aura  la  figure  propre  pour  rafTembler 
en  un  point  les  rayons  lumineux  qui  viennent  d'un  autre  point  proche 
de  I'cEil,  tera  deux  foyers  fcparcs  &  diftincts ,  h  le  point  lumineux  eft 
fort  eloigne  de  I'oell ,  quoiqu'il  palfe  plufieurs  rayons  entre  ces  deux 
foyers;  mais  il  eft  certain  qu'en  ces  deux  points  il  y  en  a  une  plus 
grande  quantite  qui  y  concoure  que  par  tout  ailleurs.  J'ai  eu  entre  les 
mains  un  verre  de  lunette  d'approche  de  1 5  pieds  de  foyer  ,  qui  avoic 
audi  deux  foyers  tres-diftinfts ;  mais  je  doute  que  cela  vi:u  de  la  figure 
du  verre  ;  je  crois  plutot  que  cela  venoit  du  peu  d'homogeneite  de  la 
matiere  dont  une  partie  faifoit  une  plus  grande  refraftion  que  I'autre. 
Ce  verre  n'etoit  pas  d'un  bon  ufge,  car  les  deux  foyers  differens  cau- 
foient  de  la  confufion  dans  I'image  des  objets.  Il  fe  pourroit  faire  aufli 
par  la  meme  raifon  ,  que  la  matiere  du  cryftallin  n'etant  pas  homogene  , 
pourroic  caufer  des  inegalices  dans  les  refractions  ,  §c  rendre  la  vifion 
confufe. 

Si  I'oEil  eft  done  difpofe  de  fa^on  que  les  rayons  d'un  objet  eloignd 
ayant  palfe  au  travers  de  la  partie  du  milieu  du  cryftallin  telle  que  je  la 
viens  de  reprefenter  ,  concourent  ftir  la  rctine ,  il  fe  fera  en  cet  en- 
droit  une  peinture  de  I'objet  j  mais  aufli  I'anneau  du  bord  du  cryftallin 
qui  fait  fon  foyer  plus  loin  ,  peindra  le  meme  objet  comme  un  petit 
anneau    autour    du  premier  ;    car  les  rayons  ne   concourent    pas  encore 

fiour  former  Icur  foyer.  Ainfi  fi  I'objet  eft  un  point  noir  place  fur  une 
uperficie  mediocrement  blanche,  il  doit  former  un  petir  point  noir  a 
I'endroit  du  foyer  de  la  partie  du  cryftallin  ;  mais  fi  les  rayons  qui  one 
paffe  par  le  bori  du  cryftallin  s'aftemblent  en  un  point  fur  la  retine  , 
ceux  qui  paiTeront  par  le  milieu  ne  rencontreront  la  rctine  qu'apres  leur 
point  de  concours ,  &  y  formercnt  une  bafe  confufe. 

11  arrivera  de  li  quo  fi  I'ouverture  de  la  prunelle  eft  fort  grande ,  Si 
fi  le  cryftallin  eft  de  la  figure  dont  je  viens  de  le  fuppofer  comme  il 
convient  aux  Myopes >  I'a-il  vcrra  I'objet  double  quand  il  en  fera  fort 
floigne ;  car  les  rayons  qui  venoient  d'un  objet  proche  s'aiTembloient  rous 
fur  la  rctine,  &  quand  Tobiet  fera  eloigne,  ceux  qui  toniberont  fur  les 
bards  du  cryftallin  s'alFembleront  au-delfus  de  la  retine  &  au-deffous 
du  point  de  concours  de  ceux  qui   tombenc  vers  Ic  milieu  j  car   alors 


A  C  A  D  £  M  I  Q  U  E.  57 

ces  rayons  comme  paralleles   font  deux  foyers  diffcrens ,  ce  qui  eft  fa-  ,^_^______ 

Cile  a  connoltie   C'eft  pourquoi  chaque  poinc  de  la  ligne  noire  fera   des  T  7. ' 

cercles   ou  anneaux  comme   on  le   voir  dans  cette   figure  :   mais  ces  an-  ■"'^^''•'^oyai.e 

f  t  t  I  r'.-i  J-  DESoCIENCES 

neaux  le  recouvrant  les  uns  les  autres  vers  leur  extrcmite,  ils  y  feront      de  Paris. 

paroicredeiix  lignesou  bandes  noires  plus  larges  que  la  vericable  image  dii  Sufeti.itENT, 
trait  noir  du  cadran.  Pour  ce  qui  eft  de  I'imnge  formee 
par  les  rayons  qui  tombent  fur  le  milieu  du  verre,  elle 
ne  peut  apporter  aucun  changement  a  cette  apparence : 
car  comme  ces  rayons  concourent  fort  proche  du  verre  , 
la  rencontre  de  leur  cone  fur  la  retine  eft  fort  large,  &c 
paiTe  par-defTus  les  exttcmitcs  des  anneaux  ,  &c  augments 
autant  la  force  des  deux  bandes  noires ,  qu'elle  obfcut- 
cit  la  partie  qui  eft  encre  deux. 


On  doit  remarquer  que  les  deux  bandes  ou  traits  noirs  qui  fe  re- 
prefentent  dans  I'a-il,  font  dans  I'ordre  naturel  ;  c'eft-a-dire  que   fi  Ton 

met  un  corps  obfcur  AB,  encre  i'a:il  &  I'ob- 
jet  Si  afTez  proche  de  I'cril ,  Sc  qu'on  le  fade 
avancer  peu  a  peu  de  droit  a  gauche,  le  trait 
noir  de  la  gauche  forme  par  les  parties  des 
anneaux  comme  D ,  doit  difparoitre  le  pre- 
mier, car  le  cote  droit  du  cryftallin  etanc 
cache,  la  bande  noire  qui  fe  trouve  a  gauche 
dans  le  fond  de  I'ceil  difparoitra  j  Sc  comme 
nous  fommes  accoutumes  a  juger  les  objets 
dans  une  pofition  contraire  a  celle  oil  la 
pcinture  sen  fait  dans  notre  osij  ,  nous  ju- 
geons  aufli  tot  que  c'eft  la  bande  droite  q«i 
difparoit;  mais  en  examinant  i'ceil  des  Pref- 
bytes  je  parierai  plus  au  long  de  cet  effet. 

Si  le  cryftallin  a  une  conformation  contraire  a  la  precedente  ,  je  veux 
dire  (i  la  partie  du  milieu  eft  plus  applatie  que  celie  des  bords  comme 
on  le  voit  dans  la  figure  fiiivante  ,  ce  qui  convient  aux  Presbytes  ,  il 
s  enfuivra  que  les  rayons  qui  tomberont  fur  le  milieu  de  la  convexitc 
en  venant  d'un  point  eloigne  comme  s'ils  etoient  paralleles  entr'eux  , 
feront  un  foyer  plus  eloigne  que  ceux  qui  tomberont  fur  les  bords  ;  car 
ces  bords  font  portion  d'une  lentilie  fpherique  plus  convexe  que  la  par- 
tie  du  milieu. 

Si  Ton  fuppofe  done  comme  ci-devanc,  que  le  fond  d'un  ceil  foit  a  I» 
diftance  qui  eft  necelfaire  pour  recevoir  la  pointe  des  pinceaux  des  rayons 
qui  ont  palTe  par  le  milieu  du  cryftallin,  Sc  que  I'ouverture  de  la  pru- 
nelle  foit  fort  grande ,  les  rayons  qui  pafferont  par  les  bords  feront  leur 
foyer  avant  quils  rencontrent  le  fond  de  I'osil,  Sc  ils  formeront  fur  le 
fond  de  I'oEil  au-dela  de  leur  concours  un  ajineau  noit  fi  I'objet  eft  un 
Tome  III  ,  Panic  Frangoifc.  H 


Acad.  Roy  ALE 

DEs  Sciences 

DE  Paris. 

SuPFLi.VENT. 


COLLECTION 

point  noir.  Il  arrirera  done  a  cet  ceil  la  tne- 
me  chofe  qu'a  I'autre  j  car  fi  I'cbjet  eft  eloigne 
&  que  ce  foit  un  trait  noir  fur  un  fond  ine- 
diocrement  eclaire,  il  fe  formera  fur  la  re- 
tine  deux  petices  bandes  noires  par  les  ren- 
contres des  anneauK  qui  font  formes  par  cha- 
que  point  noir  de  la  ligne  de  I'objet ,  &  les 
points  du  milieu  qui  feiont  les  foyers  de  la 
partie  du  milieu  du  cryftallin,  doivent  former 
un  petit  trait  qui  fera  prefque  toujours  efface 
par  la  lumiere  des  cotes  qui  I'environne  ,  d 
le  fond  e(l  fort  clair  8c  que  le  trait  foi:  delie. 
Le  trait  du  milieu  forme  par  les  pointes  des  pinceaux  du  foyer  de  la 
partie  du  milieu  da  cryftallin  poutra  auffi  s'evanouir,  fi  I'ceil  eft  un  peu 
plus  ou  moins  long  qu'il  n'eft  neceflaire  pour  recevoir  exadtment  fur  la 
retine  la  pointe  des  pinceaux  des  rayons  qui  ont  palfe  par  le  milieu 
du  cryftallin. 

On  doit  aufti  remarquer  qu'il  arrivera  a  cet  cell  le  coiitraire  de  ce  que 
nous  avons  dit  de  I'autre  ,  fi  I'objet  eft  proche  ;  car  les  rayons  qui  tombenc 
rant  fur  le  milieu  du  cryftallin  que  fur  les  bords  ,  faifant  leur  foyer  fcpare 
&  au-dcla  de  la  retine  ,  fil'on  fait  avancer  de  droit  a  gauche  proche  de 
I'ceil  nn  corps  noir  entre  I'objet  &  I'oeil,  cet  objet  paroitra  cacher  la  bande 
noire  qui  eft  de  I'autre  cote  que  I'objet  qui  s'avance  ou  qui  cache  la  moitie 
du  cryftallin  ,  comme  je  I'expliquerai  en  parlant  de  la  vue  foible.  Mais 
cet  ceil  cjui  doit  palfer  pour  celui  d'un  Myope  quand  I'ouvertute  de  la  pru- 
nelle  eft  grande  ,  comme  je  I'ai  fuppofee  ,  a  caufe  que  l.i  plus  grande  par- 
tie  des  rayons  qui  tombent  fur  les  bords  font  un  foyer  plus  vif  que  ceux 
qui  tombent  au  milieu  ,  dolt  au  contraire  pafter  pour  I'ccil  d'un  Presbyte, 
fi  I'ouverture  de  la  prunelle  eft  petite ,  parce  qu'il  n'y  aura  que  les  rayons 
du  milieu  qui  toucheront  la  retine  &  qui  la  rencontreront  fort  loin  du 
cryftallin.  Mais  quand  I'ouverture  de  la  prunelle  feroit  grande,  fi  la  figure 
du  cryftallin  ,  comme  je  viens  de  la  fuppofer  ,  ne  peut  faire  concourir  les 
rayons  des  bords  qu'au- dels  de  la  retine  ,  cet  ceil  pafiera  toujouts  pour 
ceKii  d'un  Presbyte. 

XXII.  J'ai  dit  encore  que  la  figure  exterieure  de  la  covnee  pouvoit  faire 
le  meme  effet  ;  ce  qui  eft  tres-facile  a  compreiidre  apres  ce  que  j'ai  ex- 
p-lique  ;  &  c'eft  aufti  pour  cette  raifon  ,  qu'un  homme  ayant  ^t6  blefte  dans 
I'osil  d'un  coup  qui  avoir  fenJu  la  cornee  ,  fans  toutefois  en  faire  fcrtir 
I'humeur  aqueufe  ,  la  plaie  s'etant  guerie  ,  il  refta  au  milieu  comme  un 
fillon  qui  corrompoit  la  convexite  ordinaire  de  cette  membrane  ,  &  qui  for- 
moit  comme  deux  convexites  dift'erentes,  ce  qui  faifoic  que  cet  homme 
voyoit  les  objets  doubles  avec  cet  oeil. 

XXIH.  C'eft  aufti  par  les  irregularites  du  cryftallin  ou  de  la  membrane 
cornee  que  Ton  expliqae  facilemenr  les  couronnes  Sc  les  iris  que  Ton  voir 
la  nuit  autour  des  chandelles ;  &  fi  Ton  voir  toujours  ces  couronnes ,  on 
peut  etre  affiire  que  c'eft  le  defaut  de  la  fupeificie  du  cryftallin  ou  de  la 
cornee :  mah  fi  on  ne  le    voir  aue  dans  de  certains  temps  ,  on  ne  peutpref- 


A  G  A  D  6  M  1  Q  U  E.  59 

que  attflbuer  cet  accident  qua  un  changement  de  figure  de  h  cornce  ,  ccym-  "* 

me  quanJ  on  a  tenu  la  main  long-temps  appuyee  comre  I'tril,  laquellc  a  Acad.RovalS 
comptime  la  partie  la  plus  clevee  de  cene  membrane.  "^^  bcJE>}(  25 

On  voit  dans  les  figures  precedentes,  que  les  deux  foyers  que  cau- 
fent  les  fuperticies  irregiilieres  des  humeurs  dans  de  certaines  diftances  ,  "J"?^  <" 
font  qu'il  fe  peint  fur  la  tetine  u:i  cercle  lumineux  &  foible  autour  du  point 
oil  il  fe  ramaife  plus  de  rayons,  ce  qui  fait  voir  plus  diftir,<£terr>eiit  I'objet  , 
&c  c'eft  ce  cercle  qui  nous  fait  paroicre  des  couronnes  autmir  des  objcts 
lumineux  pendant  la  nuit.  Si  I'lrrcgularitc  de  la  fuperfi^ie  des  humeurs  n'eft 
pas  fort  confidsrable  ,  on  verra  feulemenc  un  cercle  dair  fans  pouvoir  y 
appercevoir  des  couleurs  ;  mais  li  elie  eft  fort  grande  ,  il  fe  fera  une  grande 
refraction  qui  fera  voit  des  couleurs. 

On  pourra  s'alTurer  de  ce  que  je  viens  d'expliquer  en  faifant  pafTer  un 
objet  noir  au  devant  de  la  pcunelle  Sc  proche  de  Torilj  car  quand  cetobiet 
couvrira  la  moitie  de  la  prunelle,  la  moitie  du  cercle  lumineux  difparot- 
tra  d'un  cote  ou  d'autre  ,  fuivant  la  nature  de  I'ceil,  comme  je  I'ai  expli- 
que  ci-devant  j  &  cet  effet  arrivera  toujours ,  fi  Ton  prend  la  precaution  de 
mettre  I'objet  noir  fort  proche  de  I'oc  1  quand  !«  corps  luminewc  fen 
grand;  s'll  eft  petit,  cet  objet  incerpofe  ,  pourra  etre  un  peu  eloigne  de 
Tccil ;  mais  aulli  le  cercle  paroitra  moins  lumineux  fi  klumiere  eft  petite. 
XXIV.Silalumiete  eft  petite,  quelques  philofdphesont  attribuecet  effet  i 
des  plis  ou  des  tides  circulaires  Cur  les  lurfaces  des  humeursjmais  il  feroit  dif- 
ficile d'expliquer  dequeLle  maniereces  rides  fe  feroient  formees  ,  outrj  queje 
ne  crois  pas  qa'on  au  jamais  rien  obfervc  de  femblable  dans  aucun  ceil. 

XXV.  Si  une  vue  courte  a  I'ouverture  de  la  prunelle  fort  petite  &  lej 
otganes  fort  fains,  elle  pourra  voir  trcs-diftinctement  les  plus  petits  ob- 
jets  lorfqu'ils  feront  expofes  au  grand  jour  ,  done  la  force  ne  pourra  blef- 
fec  la  retine  ,  parce  qu'il  n'entreca  dans  Teeil  que  peu  de  rayons  ;  &  quoi- 
que  cet  ceil  foit  aulTi  convexe  qu'un  autre  ceil  qui  auroit  Touverture  de  la 
ptunelle  plus  grande  ,  il  ne  laillera  pas  de  diftinguec  les  objets  eloigneS 
bien  mieux  que  I'autre  :  car  les  cones  des  rayons  lumineux  etant  plus 
aigus  ,  leurs  pointes  fetont  plus  delices  ,  &  elles  formeront  une  peinrure 
plus  diftincle  fur  le  fondde  Tceil ,  que  fi  ces  cones  etoient  plus  obtus.  Mais 
ces  fortes  de  vi'.es  courtes  ont  un  aiure  defaut  fort  confiderable  ,  qui  eft 
qu'ellcs  ne  peuvent  pas  voir  les  objets  proches ,  s'ils  ne  font  fort  eclai- 
res  ,  a  caufe  que  I'image  etant  ttes-grande  fur  le  fond  de  I'oeil ,  la  force  de 
Li  lumiere  y  eft  fort  dilUpee. 

Les  vues  courtes  qui  one  I'ouverture  de  la  prunelle  fort  petite  &  les  hu- 
meurs troubles  ,  voient  confufement  les  objets  au  grand  jour  ,  &  ne  voient 
que  tres-  foiblement  ceux  qui  font  dans  I'obfcufite  :  car  la  retine  n'eft  tou- 
chee  que  tres-foiblement  par  les  rayons  lumineux  de  I'objet.  Enfin,  les 
plus  defecftueufesde  toutes  les  vues  courtes,  font  cellesdont  la  retine  n'eft 
pas  bisn  faine  ;  car  elhs  ne  voient  ps  les  objets  eloignes  ,  &  elles  ne 
peuvent  appercevoir  que  tres-confufement  des  objets  mediocrement  eloi- 
gnes ,  comme  font  ceux  qui  nous  environnent  &  que  boms  devons  eher- 
cher  ou  cviter  pour  la  confervation  de  notre  vie. 

XXVI.  On  voit   les  objets  d'autanr  plus  grands  qu'on  a  la  vue  plus 

H  ij 


4o 


COLLECTION 


ACAD.ROYALE 

DKs  Sciences 
DE  Paris. 


conrte  ,  en  cotnparant  ces  memes  objets  a  eux-memes  quand  on  les  volt 
diftinftement  par  le  moyen  d'un  verre  concave.  C'eft  ordinairement  ce 
qui  furprend  le  plus  ceux  qui  one  la  vue  fort  courte,  &  qui  n'onr  pas 
accoutume  de  fe  fervir  de  verres  concaves  pour  voir  des  objets  ^loignes : 
car  ils  font  etonncs  de  voir  fi  diftindbement  des  objets  eloignes,  en  les 
comparant  a  ces  mcmes  objets  qu'ils  voyoient  auparavant  fi  grands  ,  mais 
confufement,  etant  prevenus  que  Ton  doit  voir  les  objets  moins  diftinc- 
tement  quand  on  les  volt  plus  petits  ,  comme  s'ils  etoient  plus  eloignes 
de  TcEil.  Pour  les  vues  courtes  qui  p'ont  pas  la  rc'tine  bien  fame  ni  bien 
delicate  ,  elles  ne  peuvent  titer  prefque  aucun  avantage  des  vetres  con- 
caves :  car  comme  ces  verres  feuls  etant  places  contre  I'ceil  ,  approchent 
les  pointes  des  pinceaux  les  uns  des  autres  en  les  rendant  plus  courts  , 
ils  en  forment  una  image  plus  petite  fur  la  retine  qui  ne  peut  pas  etre 
touchee  alfez  fenliblement  pour  faire  une  vifion  diftin<5be.  II  n'enn'eft  pas 
de  mcme  fi  Ton  fe  fert  de  deux  verres  alTembles  ,  dont  I'un  foit  convexe 
&  I'autre  concave  5  carles  rayons  ayant  pafle  au  travers  de  ces  verres, 
fe  trouvent  difpofes  comme  il  eft  neceffaire  pour  entrer  dans  I'oEil ,  & 
potir  fe  reunir  fur  la  retine,  &  de  plus  ils  font  detoutnc's  de  telle  ma- 
niete  qu'ils  y  forment  une  image  beaucoup  plus  grande  qu'a  la  vue  Am- 
ple,  qui  eft  tout  ce  qu'on  pourroit  defirer  pour  le  fecours  de  la  vue ,  (1 
Ton  pouvoit  appercevoir  un  grand  efpace  tout  a  la  fois.  Si  les  verres  qu'on 
joint  enfemble  font  tous  deux  convexes  ,  on  peut  voir  un  aiTez  grand 
champ  ,  mais  les  Myopes  tirent  peu  de  fecours  de  ces  fortes  de  verres  dans 
I'ufage  ordinaire  de  la  vie;  outre  que  les  objets  y  paroilTent  renverfes  ,  a 
moins  qu'on  aflemble  trois  ou  quatre  de  ces  verres  ,  ce  qui  fait  les  lunettes 
d'approche. 

XXVII.  Ceux  qui  ont  la  vue  courte  ecrivent  ordinairement  de  petits 
carafteres  ,  &  ne  fauroient  foufFrir  les  grolfes  lettres  ,  car  il  leur  arrive 
a  peu  pres  la  mcme  chofe  qua  ceux  qui  ont  la  vue  bonne  quand  ils 
lifent  de  pres  de  grofles  lettres ,  comme  des  affiches  qui  font  eciites  en 
lettres  capitales  ,  a  caufe  qu'il  faut  trop  remuer  les  yeux  &  la  tete  pour 
parcourir  peu  de  mots,  ce  qui  eft  fort  incommode  ,  car  on  fait  par  expe- 
rience, que  pour  etre  fort  attentif  a  quelque  chofe,  il  ne  faut  pas  remuer 
la  tete ,  les  idees  fe  diflipant  facilement  par  ce  mouvement ,  &  c'eft  ce 
qu'on  cprouve  ordinairement  dans  la  peinture  quand  on  copie  quelque 
chofe  &  qu'on  eft  oblige  de  dctourner  la  tete  de  delTus  le  tableau  pour 
regarder  I'objec  original.  Pline  appelle  Hebetiorcs  ceux  qui  ont  les  yeux 
gios  &  faillans  liors  de  la  tete  :  mais  ce  n'eft  pas  cette  grolfeur  qui  peut 
oter  quelque  chofe  a  la  vivacite  de  I'efprit;  ce  n'eft  a  ce  qu'il  me  femble 
que  parce  que  la  plupart  de  ceux  qui  ont  les  yeux  fort  gros  ,  ont  ordinai- 
rement la  vue  courte  ;  &  comme  ils  ne  regardenr  pas  attenrivement  cernt 
qui  leur  patient,  comme  je  I'ai  remarque  ci  delTus,  on  croit  qu'ils  font 
plus  ftupides  que  les  autres  ,  car  on  juge  ordinairement  de  I'attention 
par  la  difpofition  des  yeux. 

XXyill.  Ceux  qui  ont  la  vue  contte  &  qui  n'ont  pas  la  cornee  fore 
clevee  jdoivent  avoir  le  cryftallin  fort  convexe  au  moins  pour  I'ordinaire, 
&  ces  fortes  d'yeux  ne   peuvent  pas  titer  un  grand  fecours  des  verres 


ACADfeMIQUE. 


6t 


concaves  pour  voir  diflin(aemenc  des  objets  eloignes  :   car  les  rayons  qui  ^=: 

viennent    des   objets,  doivent  fe  rompre  peu-apeu  &  en  trois  temps  AcacRoyaie 

diffcrents  &  a-peupres  cgaux  ,  pour  faire  une  reunion  plus  parfaite  fur     des  Scienxes 

la  rctine  &  fans  y  bire  paroitre  de  couleurs  ,   &  dans   cette  conforma-       °^    aris. 

rion  ou  la  cornee  efl  pen  convexe  ,  leur  tcfradion  fe  fera  prefque  route     SvFfLt.uENT. 

a  I'entree  &  a   la  fortie  du  cryftallin  ,    en  deux  temps  feulement  :  mais 

cette  refraftion  etant  bien  p'us  grande  qu'il  ne  faut  pour  voir  des  objets 

eloignes  ,   on  doit  lui  otev  ce  qu'clle  a  de  trcp  ,  &  on  ne  peut  le  faire 

qu'en  diminuanten  quelque  facon  la  coiivexite  exterieure  de  I'oeil  qui  eft 

ceile  de  la  cornee  ,  par  I'application  du  verre  concave,  en  forte  que  la 

premiere  refraction  fe  peut  trouver  entierement  dctruite  ;   &  les  rayons 

patTant  alors  au  travers  du  vcire  concave    &  de  I'liuineur    aqueufe ,  qu'on 

peut  confidcrer  comme  un  feul  corps   tranfparent  ,  fans  fouffrir   aucune 

rcfradlion  ,   les  trois  rcftadtions  ordinaires  fe  reduiront  a  deux  feulen^enr, 

Sc   les  couleurs  qui   font  toujours    fenfibles  dsns  Ls  grandes  refradlio.iS 

fe  joignant  a  la  petitelfe  de  la  peinture  de  I'objet  eloigne  ,  ia  vilion  ne 

fera  pas  parfaite.  En  voici  li  demonftration  dans  la  figure  fuivante. 

Soit  Toeil  ABR  ,  avec  fon  cryftallin  CDEF  ,  &:  fa  cornee  AB.  Soir  un 
objet  place  en  O  ,  en  forte  que  les  rayons  qui  viennent  de  ce  point  O 
s'ccant  rompus  fur  la  cornee   comme  en  A  &   en  B ,   fe  dctournent  dans 

rimmeur  aqueufe  AC  &  en  BE  ,  &  rencon- 
trant  la  fuperficie  antcrieure  CE  du  cryftallin  , 
ils  fe  rompent  encore  &:  pafTent  dans  le  cryftal- 
lin par  les  lignes  CD,  EF  :  enfin  en  fortant  du 
cryftallin  ils  fe  rompent  pour  la  troiiieme  fois 
&  pafTent  dans  I'humeur  vitrce  par  les  lignes 
DR ,  FR  ,  pour  s'adernbler  au  point  R.  Si  Ton 
pofe  maintenant  un  objet  au  point  P  dans  la 
rencontre  des  rayons  CA  ,  EB  prolonges  ,  Sc 
fi  du  centre  P  on  decrit  la  courburo  GH  pour 
la  figure  exterieure  du  verre  dont  I'lnterieur 
AB  foit  accommodee  a  celle  de  la  cornee  ,  il 
eft  evident  que  les  rayons  qui  viendront  de 
I'objet  P  ,  iront  s'aflembler  fur  la  retine  au 
point  R,  apres  avoir  pafle  au  travers  du  verre 
&  des  humeurs  de  I'ceil ,  comme  s'ils  venoienc 
du  point  O  ;  car  fuppofant,  comme  j'ai  deja 
fait ,  que  le  verre  &  I'humeur  aqueufe  ne  faf- 
fent  qu'une  meme  humeur  &  de  meme  na- 
ture,  les  rayons  qui  viendront  de  I'objet  P, 
entreront  dans  le  verre  qui  eft  comme  la  pre- 
miere humeur  fans  aucune  refraftion ,  &  pene- 
treront  jufqu'a  la  futface  du  cryftallin  en  droite 
ligne  jufqu'en  C  &:  en  E.  Mais  ces  rayons  qui 
viennent  de  I'objet  P ,  ne  fouffnront  que  deux 
refractions  avant  que  de  i'alTembler  au  point 
R  j   &  fi   cec  objet  n'eft  qu'a  une  diftance  mediocre ,  "comine  de  deux 


(I  COLLECTION 

«—  ou  troU  pieds,  qui  eft  celie  ou  Ton  voir  diftindement  les  objets  quand 

Acad. RoYALE  ^'^'^  ^^  ^ien  conforme,  il  s'enfiiit  que  cec  ceil  myope  reunit  les  rayons 
DES  Sciences     d'lin  objet  place  dans  une  diftance  mediocre  apres  deux  refra£tions  feule- 
BE  Paris.       ment ,   ce  qui  eft  un  defauc,   puifque    I'ccil  bien  conforme  ne  les   doic 
SveiwiftBNT.     reunir  qu'apres  trois  fefradions  quand  ils  font  places  a  cette  tneme  dif- 
tance. 

Si  Tobjet  etoit  plus  eloigne  que  !e  point  P 
comme  en  S  dans  la  figure  fuivante ,  il  eft  fa- 
cile a  voir  qu'il  faudroit  que  la  partie  excerieure 
GH  du  verre  concave ,  fuc  plus  concave  qu'elle 
n'etoit  quand  I'objer  etoi:  au  point  P  oil  etoic 
audi  le  centre  de  la  concavite  du  verre,  c'eft- 
a-dire  qu'il  faudroit  que  le  centre  de  cette  con- 
cavite fut  plus  proche  de  Toeil  comme  en  K , 
Sc  alors  les  rayons  qui  viendroient  de  I'objet  S, 
feroient  une  rcfradion  en  fens  contraire  a  celle 
qui  fe  doit  faire  naturellement;  car  ils  feroienc 
plus  divergents  que  s'ils  venoient  du  point  S  , 
puifqu'ils  doivent  fe  detourner  dans  le  verre 
Sc  dans  I'humeur  aqueufe  comme  s'ils  venoient 
du  point  P  ,  pour  (e  reunir  enfuite  fut  la  re- 
tine  au  point  R  ,  en  forte  qu'il  arrivera  rou- 
jours  que  les  rayons  ne  fe  feront  convergents 
qu'en  deux  terns  avant  leur  reunion  au  point 
R,  ce  qui  fera  toujours  une  vifion  imparfaite , 
puifqu'elle  eft  conttc  I'ordre  ordinaire  de  la 
nature. 

Mais  fi  le  cryftallin  de  Toeil  d'un.  myope  eft 
a-peu-pres  de  la  meme  convexite  que  celui  d'un 
ceil  bien  conforme  ,  &  que  tout  ce  qui  rend 
cet  ceil  myope  ne  vienne  que  d§  la  grande  con- 
vexite  de  la  cornee,  il  eft  certain,  que  (1  d'ailleurs 
les  organes  de  la  viiion  font  bien  fains  ,  &  les 
humeurs  bien  tranfparentes  ,  I'ufage  du  verre 
concave  donnera  a  cette  vue  tout  ce  qui  lui 
manque  pour  la  rendre  parfaite ;  car  il  eft  fa- 
cile de  voir  par  ce  que  j,e  viens  de  dire,  que 
le  verre  concave  qu'on  mettra  au-devant  de  la 
cornee  ,  ne  faifant  avec  I'hiimeur  aqueufe  que 
comme  une  meme  humeur  ,  ptera  a  la  cornee 
&  par  confequent  d  I'humeur  aqu«ufe  ce  qu'elle 
a  de  trop ,  pour  faire  que  les  rayons  qui  vien- 
dront  d'un  objet  mediocrement  eloigne  ,  puif- 
fent  entrer  dans  I'oeil  comme  il  feut  pour  s'af- 
(embler  fur  la  retine  apres  rrois  refraiSions, 
comme  dans  les  vues  bien  conformees. 

Il  fau:  tematquer  que  fi  Ion  fuppofe  que  1;? 


ACADfeMIQtTE.  tf, 

partie  AB  du  verre   concave  qai  eft  tournec  vers  I'oeil ,   foit  accomtno-  r^^TT^::^^:^ 
dee  &    appliquee   immcdiatement  a  la  cornee  ,    comme  je   I'ai  fiippofe  Acad.  Royale 
dans  le    cas  precedent ,   il   faudra  que  fa  fuperficie  extcrieure  GH ,  foit     des  Sciences 
convexe   &  non  pas  concave  ,  &  qu'elle  aic  a  pen  pres  la  meme  con-       i>e  Paris- 
vexite  que  celle  dun   ceil   bien   conformej  car   alors  I'humeur  aqueufe    SvePLtMEnr. 
Si  le  verre  ne  font  confiderces  que  comme  une   mcme  humear.    Mais 
ft  Ton  fe  fere  dun  verre  concave  des  deux  co- 
tes ou  feulement  concave  d'un  cote,  &  plat  de 
I'aurre,  alors  les  rayons  feront  cinq  refractions 
avant  que  de  fe  rcunir  au  fond  de  I'ceil ,  done 
les   deux    premieres  qui    fe  font  fur  le  verre , 
rendront  les  incidents  plus  divergents  qu'ils  ne 
font ,  Si  les  trois  autrcs  qui  fe  feront  dans  Toeil 
les    rendront    convergents,    Ainfi    la  refraftion 
des  rayons   d'un  objet  mddiocrement  eloigne  , 
fe  fera  dans  cet  ceil  dun  myope  en  trois  terns  , 
comme  dans  celui  qui  eft  bien  conforme. 

Enfin,  fi  tout  ce  qui  rend  I'osil  myope  n'eft 
qu'une  trop  grande  longueur   de   riiunieur  vi- 
tree   ,    qui   fait  que  la  retine  eft  trop  eloignce 
du  cryftallin  ,  &  que  les  rayons  d'un  objet  me- 
diocrement   eloigne   qui   fe   font  rompus    dans 
1  humeur   aqueule   &    dans  le    cryftallin  de    la 
mt-me  maniere   que  dans   un   osil  bien  confor- 
me ,    ne    peuvent    s'alfembler  fur    la   retine  , 
mais  plus  proche  du  cryftallin  ,  le  verre  concave  que  Ton  metrra  au-dc- 
vant  de  la  cornee  ,  renjra  Iss  rayons  un  peu  plus  divergenrs  en  entrant 
dans  1  cell  qu'ils  n'etoient  fans  Ic  verre ,   &  ils  fe  rompront  toujours   en 
trois  temps  pour  venir  jufqu'a  la  retine  ou  la  vifion  fera  parfaite.   Cette 
efpece  d'oeil  myope  n'a  b.Toin  que  d'un  verre  trcs  pcu  concave  ,  car  pour 
peu  qu'on  detonrne  les  rayons  en  entrant  dans  I'oeil ,   leur  concours  s'a- 
longe  ou  fe  raccourcit  beaucoup.    C'eft  a  ce  dernier  cas  de  Iceil  myope 
qu'on  peut  attribuer  ce  que  j'ai  obferve  a  piufieurs  vues  ,  qui  etant  bonnes 
dans  la  jeunelfe  jufqu'a  I'age    de  vingt-cinq   on  vingt-fix  ans  font  deve- 
nues  enfuite  myopes  ,   &  ne  pouvoient  plus  voir  les  objets  eloignes  aulil 
facilement  qu'ils  les  voyoient  auparavant ,  quoiqu'ils  vilTent  toujours  tres- 
diilinilement  ceux  qui  n  ccoient   eloignes  que  d'un  ou  de  deux  pieds.   Je 
dis  done  qu'il  eft  difticile  d'attribuer  ce  changcment  ou  a  la  cornee  qui 
eft  fort  dure   &    feche   de   fa  nature,  ou  au  crjftallin  qui  eft  un   corps 
homogene  ,  &   qui  n'a  que  des    corps  liquides  qui  I'environnent  ;   mais 
il  me  femble   que    fi  k-s  mufcles  de   I'oeil  qui  Tenveloppinr    deviement 
plus   forts  (S:  plus  gros  qu'ils  n'etoient  a'lparavant  ,  ou  bien  fi  les  grailfts 
qui  font  en  affez  gran  e  quantite  dans  CL-tte  partie  viennent  a  s'augmenter 
peu-a-peu  ,   ellss  comprimeront    le    glooe  de   I'oeil  par   le  cote  ,    &  fa 
figure  changeant  peu  i-p;u  ,   &  devenant   plus   longne'  qu'elle  nVtoit  au- 

f)aravant  ,  fans  qu'il  arrive  aucun  thangement  a  li  coinee  ou  au  cryftal- 
in  ,  la  retine  s'eloignera  du  cryftallin  ,  &  cet  ceil  djviendra  un  peu  ir.yope. 


<f4 


COLLECTION 


ACAD.ROYALE 

DF.s  Sciences 
DE  Paris. 

SuPPLiMEHT. 


II  fe  pourroit  faire  audi  que  I'ocil  s'alongeroit  par  im  accidenr  particu- 
liet  de  la  membrane  fclerocique  &C  mcme  par  un  effet  contraice  a  celui 
que  je  viens  de  rapporter  ,  c'eft-a-dire  par  iin  amaigriffement  de  I'oeiL 
Car  la  plus  giande  parcie  des  grailTes  de  I'oEil  font  placees  au  fond  entre 
les  quaere  principaux  mufcles  ,  &c  fi  ces  grailFes  viennent  a  diminuer  , 
les  mufcles  preflaiu  toujours  la  fclcrotique  par  les  cotes  ,  ils  feroiic 
prendre  peu-apeu  a  I'oEil  une  figure  plus   iongue   que  celle   qu'il  avoir 

auparavant.  .     .  .       .    ,  -  . 

11  fe  peut  faire  plufieurs  combinaifons  des  trois  differentes  caufes  qui 
font  ToEil  myope  ,  en  les  confideranc  feparees  ou  jointes  ,  &  felon  qu'elles 
feront  plus  ou  moins  grandes  j  mais  je  n'expliquerai  pas  plus  au  long 
les  differents  accidents  qui  en  pourroient  arriver  ,  puilqu'il  lera  facile 
de  les  deduire  de  ceux  que  j'ai  donnes  ,  fi  Ton  fuit  les  principes  de 
I'opcique  comme  je  le  fuppofe  ici. 

XXIX.  Les  myopes  qui  one  I'ouverture  de  la  prunelle  fort  grande  font 
moins  choques  par  la  grande  lumiere  qui  entre  dans  I'cEil ,  que  ceux  qui 
ont  la  vue  bonne  ,  ou  que  les  presbytes  avec  une  meme  ouverture  de 


tres  ,  a  cauie  qu 
ne   regarde  pas , 


baze  dans  I'ceII  presbyte  ;  c"eft  pourquoi  ils  la  touchent  trop  vivemenc 
dans  ces  deux  efpeces  d'yeux  &  y  caufent  de  la  douleur  ;  ce  qui  n  arrive 
pas  a  I'ffiil  myope  ,  a  caufe  que  ces  memes  rayons  font  une  baze  trop 
orande  fur  la  rctine  :  car  routes  chofes  egales  ,  rceil  myope  voit  tou- 
jours le.'!  objets  plus  confufement  que  Iffiil  presbyte  ,  &  cette  confufion 
eft  caufee  par  I'efpace  que  les  rayons  qui  viennent  de  chaque  point  de 
lobjet  ,  occupent  fur  le  fond  de  I'oEil. 

XXX.   U  arrive  une  chofe  confiderable  a  routes  les  vues  ,    mais  elle 
eft  ordinairement  plus  fenfible  a  ceux  qui   ont  la  vue  courte  qu'aux  au- 
tres  ,  a  caufe  qu'ils  ont  la  cornee   fore  elevee.   On  voit  un  objet  qu'oii 
&c  Ton  ne  voit  pas  ce  meme  , objet  quand  on  le  re- 
garde  ;   c'eft  un  paradoxe 
d'optique.  Pour  faire  cet- 
te experience  il  faut  met- 
tre  centre   la   joue  quel- 
que    corps    plat    &    noir 
comme  le  bord  d'un  cha- 
peau  qui  empcche  de  voir 
les  objets  qui  font  a  cote; 
&  fans  remuer  I'oeil  il  fauc 
tourner    la    tete    avec    le 
corps  noir  applique  con- 
tre  la  joue  ,    t?nt  qu'on 
appercoive  quelque   petit 
objet  blanc  qui  foit  place 
centre  un  corps  noir  ou 
alors  fi  I'on  arrets  la  tete  ferme  Sc  qu'on  t»urne  roeil  feulement 

vers 


bf  un  ; 


i 


A  C  A  D  1&  M  I  Q  W  E.  'tfj 

vers  I'objet  blanc ,    on  ne  le  voic  plus.    Cetce  experience  furprend  d'a-  ^^^"^ 

borcl  I  mais  il  eft  tics  facile  d'en  rendre  raifon  par  la  conformation  de  Acad.Royale 
I'lcil  ;  car  foit  I'ocil  AlK  &  le  corps  noir  CL  place  proche  de  I'ceil  ,  "^e  Par"' 
I'objet  blanc  foit  O  cloigne  de  I'oeil  ,  I'ouverture  de  la  priinelle  CD  SupyLtiiEN'T. 
etan^  d'abord  tournee  vers  M  ,  les  rayons  qui  viendtont  de  I'objer  O , 
en  pafT-int  par  delFus  I'objet  noir  BL  ,  rencontreront  la  cornce  oblique- 
ment  en  A ,  &  fe  dctoiirneront  dans  rhumeur  aqueufe ,  en  forte  qu'ils 
palTeront  par  I'ouvertiire  CD  de  la  prunelle  ,  &  feront  une  impreflion 
fur  la  retine  en  quelqu'endroit  que  ce  foit  j  ce  qui  fera  appercevoir  I'ob- 
et  O  ,  quoique  Tcril  ne  foit  pas  dirigc  vers  cet  endroit.  Maintenant  fi 
'on  fait  mouvoir  I'oeil  fans  tourner  la  tcte  ,  il  doit  tourner  a  peu-pres 
fur  fon  centre  H,  ik  par  confequent  la  cornee  &  I'ouverture  de  la  pru- 
nelle changeront  de  pofuion  en  s'approchant  de  I'obftacle  noir  BL  :  ainfi 
quand  meme  dans  cette  pofuion  de  I'ceil,  les  rayons  qui  venant  de  I'ob- 
jet O,  palTent  par  delfus  I'obltacle  BL,  pourroient  encore  rencontrer  la 
cornce,  ils  ne  pourroient  pas  entrer  dans  I'ouverture  de  la  prunelle  EF, 
en  fe  dctournant  dans  I'humeur  aqueufe ,  d'oii  il  eft  evident  que ,  quoi- 
que I'oeil  loit  alors  dirige  vers  I'objet  O  ,  il  ne  peut  pourtant  pas  le  voir. 

XXXI.  L'osil  myope  qui  a  I'ouverture  de  la  prunelle  tres  petite  peuc 
voir  diftiniflement  les  objets  cloignes,  &  ceux  qui  font  fort  proches  audi 
r.tcs-diftinitement  par  fa  conformation  naturelle.  11  a  done  un  trcs-grand 
avantage  par-defTus  cekii  qui  eft  bien  conforme ,  en  ce  qu'il  peut 
appercevoir  de  tres-petites  parties  de  cet  objet  proche  ,  a  caufe  qu'il  le 
peut  voir  de  plus  prcs  ,  &c  qu'il  recevra  beaucoup  plus  de  rayons  que 
I'autre  avec  une  femblable  ouvercure  de  prunelle  ;  8c  les  pinceaux  des 
rayons  qui  ont  pour  baze  I'ouverture  de  la  prunelle  etant  fort  deli^s  ne 
laiflent  pas  de  faire  une  peinture  diftinde  fur  la  retine  ,  quoiqu'ils  ne 
la  rencontrent  pas  exaftement  dans  leur  pointe. 

XXXII.  Il  y  a  des  myopes  qui  peuvent  appercevoir  un  objet  eloignc 
plus  diftincftement  qu'ils  ne  faifoienc  ,  en  mettant  le  doigt  fur  Tangle 
exteticur  de  I'ceil  &  en  tirant  les  paupieres  en  dehors  ,  en  les  compri- 
mant  centre  I'os  de  la  tenipe.  Par  ce  moyen  ils  font  deux  chofes  qui 
rendent  I'oeil  plus  propre  a  diftinguer  les  objets  eloignes;  car  premiere- 
mem  ils  en  font  la  figure  un  peu  plus  platte  par  la  compreflion  exterieure 
que  caufent  les  paupieres  qui  font  bandces  ,  &  en  meme  terns  ils  ne 
laillent  que  peu  d'ouverture  a  la  prunelle  entre  les  paupieres  qui  s'appto- 
chent  I'une  de  I'autre  etant  tirees  en  long. 

J'aurois  encore  plufieurs  obfervations  confiderables  a  faire  fur  les  Myo- 
pes; mais  comme  elles  n'ont  rien  qui  ne  leur  foit  commun  avec  les  Pref- 
bytes  &  avec  ceux  qui  ont  la  vue  bien  conformce  ,  je  n'en  parlerai  qu'aprcs 
avoir  examine  les  accident  de  I'ceil  des  Presbytes  &  de  ceux  qui  tiennenc 
le  milieu  &  qui  ont  prefque  tous  les  avantages  des  Presbytes  Sc  des 
Myopes ,  fans  en  avoir  les  dcfauts ,  ce  qu'on  appelle  ordinairement  une 
bonne  vue. 

Tome  JIJ ,  Parue  Frangoife.  I 


6^ 


COLLECTION 


ACAD.ROYALI 
DES    SCIENCSS 

DE  Paris. 
Svepii/uEUT, 


De   la    Vuc  longue  ou  foible. 

J_i  E  s  Presbytes  font  ceux  qui  ne  fauroient  voir  diftin6iement  les  objets 
proches  ,  mais  qui  voient  bien  ceux  qui  font  eloignes.  Cependant  il  y 
a  quelques  Presbytes  qui  ne  fauroient  voir  bien  diil:iii6tement  les  objets 
eloignes;  mais  ils  les  voient  toujours  bien  mieux  que  les  Myopes.  Les 
humeurs  de  cette  efpece  d'oeil  ne  fauroient  faire  concourit  les  rayons 
qu'elles  reijoivent  comme  paralleles  ,  que  dans  un  point  au-dela  de  la 
letine. 

XXXin.  Les  Presbytes  qui  ont  I'ouverture  de  la  ptunelle  fort  petite, 
ne  fauroient  voir  un  peu  diftinftement  les  objets  que  dans  le  grand  jour: 
car  ,  comme  ils  ne  peuvent  pas  bien  diftinguer  les  objets,  s'ils  ne  font 
eloignes  de  I'cEil  d'une  dillance  d'environ  trois  pieds ,  afin  que  les  ravons 
puilknt  entrer  dans  I'a-il  comme  paralleles  entr'eux  ,  fi  I'ouverture  de  la 
prunelle  eft  petite  ,  il  n'entrera  dans  I'oeil  qne  peu  de  rayons,  qui  ne  pour- 
ront  pas  toucher  fenfiblement  la  rttine  \  c'ell  pourquoi  il  faut  que  la  grande 
lun.iere  conipenfe  en  quelque  fagon  la  petitelfe  de  I'ouverture  dc  la  pru- 
nelle. Wais  I'ouverture  de  la  prunelle  pouvant  un  peu  fe  rellerrer  &i  fe  dila- 
ter  mcme  dans  ceux  qui  fon  ages  ,  il  arrive  que  cet  ceil  etant  au  grand  jour 
pour  voir  plus  diftintftement  ou  plus  vivcment  un  objet,  fa  prunelle  fe 
rerme  plus  qu'elle  n'etoit  auparavaiit,  &  il  perd  une  partie  de  I'avantage 
qu'il  devroit  tetirer  de  la  grande  lumiere. 

Onremarque  audi  que  cet  ceil ,  qui  ne  fauroit  lire  qu'a  peine  une  ecriture 
de  mediocre  grandeur  a  la  diftance  d'un  pied  environ  s'il  fe  tient  ferine 
pendant  quelque  temp' ,  &  cache  de  quelque  corps  obfcur  ,  aufli-tot  qu'il 
regardera  I'ecritute  qu'il  ne  pouvoit  dillinguer  qu  a  peine  auparavant ,  il 
la  verra  alfez  diltindtemenr. 

XXXIV.  Cet  avantage  nelui  vient  c^ue  d'une  plus  grande  ouverture  de 
prunelle  qui  fe  perd  promptement ;  car  la  grande  lumiere  Tobtige  de  fe 
ret'ermer  prefcjue  aufli-tot  :  mais  il  y  en  a  une  autre  qui  dure  un  peu  plus 
long-temps :  quand  on  a  detouvne  losil  de  delliis  I'ecriture  ,  qu'on  ne  peuc 
lire  qu'avec  tres-grande  peine  ,  il  faut  le  fermer  &  le  frotter  pendant  quel- 
que temps  ,  en  le  tournant  &  en  le  conipriman:  p,ir  les  cotes :  par  ce  moyen 
on  met  en  mouvement  le  fang  qui  eft  contenu  dans  les  vailleaux  qui  font 
proches  derosil  ;  d'ou  il  arrive  que  les  muscles  qui  I'environnent ,  fe  rem- 
plilfent  &  dcviennent  plus  gros  qu'ils  n'eroient  avant  le  frotten  ent ,  en- 
forte  qu'ils  peuvent  comprimer  un  peu  1'-  il  par  les  cotes,  ce  qui  lui  fait 
prendre  une  figure  plus  lonoue  qu'il  n'avoit  aupuravant  :  ainfi  il  peut  ap- 
percevoir  bien  mieux  les  objets  proches  qu'il  ne  faifoit  j  &  comme  la  fi- 
gure qu'il  a  acquife  ,  dure  autant  de  temps  que  le  fang  eft  en  grand  mou- 
vement &  que  les  mufdes  font  plus  gonfles  qu'a  I'ordinaire  ,  il  poufta 
audi  voir  robjet  diftinftemenr  pendant  un  temps  adez  confiJerable. 

XXXV.  Ceft  une  chofe  fort  rare  que  ceux  qui  font  Presbytes  ,  de- 
viennent  Myopes,  ou  qu'au  moins  ils  puilTent  acqueiir  une  vue  me- 
diocre &:  bonne  ,  pour   voir  des  objets  a  une  meuiocie  diftance  ,  coname 


A  C  A  D  £  M  I  Q  U  E.  C-, 

d'un  pied.  Cepen.l.int  il  s'en  trouve  quelcjues-uns  a  qui  ccia  arrive  apres .-z:^ 

line  nuladie,  is:  mcme  aprcs  que.'que  Huxion  fur  Ics  yeux.   11  y  a  plufieurs  Acad.Royaie 
caufcs  qui  peuvent  produire  cetefttft ;  \i%  nnifcles  qui  enveloppcnt  le  globe    pes  ^cihn'ces 
dc  Iccil  pcuvent  it    recirer  ,  &  devenant  plus  gros  ,  prelkr  Iceil  par  les       ^^  1  aris. 
totes  ,&  lui  donner  une  figure  plus  longue,  ou  par  la  cornce  qui  change  de     o'"'"'-*"^-"*^- 
figure   en   devenant  plus  convex;  j  ou  enfin  par  la  membrane  fclerotique  , 
C]ui  fe  ferrant  par  les  cotes ,  donne  a  I'ccll  une  figure  plus  longue  quelle 
n'avoit  auparavant.   Il  feroir  plus  difficile,  a  ce  qu'il   me  femble ,  qu'il 
lui   arrivat  quelque  clungement  de  la  part  du  cryftallin  ,  parce  qu'il  eft 
fnvironne  dcs  humeurs  dont  il   ne  diftl-re  qu'en  (olidited-  fubftance  ,  6c 
qu'il  n'a  point  de  mufcle  auquel  il  puilFe  artiver  du  cliangement. 

XXK VI.  Il  eft  plus  ordinaire  que  les  Presbytes  deviennent  plus  Presbytes 
par  les  maladies ,  que  de  devenir  Myopes  j  car  routes  les  parties  fe  rela- 
chenr,  les  mufdes  s'amaigriirent ,  &  I'ceil  ctant  toujours  prelle  par  devanr 
&c  par  derriere  ,  s'appLuit  platot  qu'il  ne  s'alonge  j  ainfi  ilg  voyent  en- 
core moins  de  prcs  qu'ils  ne  faifoient  auparavanr. 

XXXVII.  Les  Presbytes  qui  ont  les  organes  bieii  fains  &:  fur-tout  la  ra- 
tine tres  dclicare  &  trcs  -  fenfible  ,  eloigneiit  de  I'oEil  les  petits  objets 
pour  les  voir  diftinftement  j  ce  qui  piroit  extraordinaire  ,  parce  que  Ton 
a  coutume  d'approcher  de  Iceil  les  petites  chofes  qu'on  veut  bien  diftin- 
guer  :  ils  pcuvent  lire  trcs-bien  de  petites  lettres  a  deux  ou  troispiedsde 
diftance  ctant  au  grand  jour  ,  &  ils  ne  les  vertoient  que  trcs-confufcment 
a  un  pied;  car  les  rayons  qui  viennent  de  deux  ou  trois  pieds  ,  entrenr 
dans  i'ail  comme  paralleles  cntr'eux  ,  &  vont  s'alTembler  exaiftemenc 
fur  laretine,  ou  ils  forment  une  peinture  diftir.<5te.  Mais  la  vue  d  minue 
toujours  avec  I'age  ;  il  vienr  un  temps  oii  I'ocil  devenant  plus  applati  qu'il 
n'ctoit  ,  ne  peut  plus  voir  I'objet  cliftindtement ,  a  moins  que  les  rayons 
n'entrent  convergens  ,  ce  qui  ne  fe  peut  faire  par  la  feule  poficion  de  I'ob- 
jet d'oii  ils  viinnentjcar  s'ils  fo.nt  proclies  ils  entrent  dans  I'oeil  diver- 
gens  ,  &  s'lls  font  eloignes  ,  ils  y  entrent  comme  paralleles. 

Puifque  la  reiine  eft  alTez  delicate  &  aflez  fenfible  pour  recevoir  les 
jmpreflions  des  objets  quoiqu'ils  foien:  tres- petits,  ce  que  Ton  peut 
connoitre  par  le  calcul  iuivanc  ,  il  fauc  que  les  filets  qui  la  compo- 
fent  fci.Mit  ties  dclicats. 

XXXVIII.  Oi;  peut  voir  facilement  a  .^jooo  toifes  de  diftance  une 
aile  de  moulin  a  vent  que  je  fuppofe  de  6  pieds  de  large  ;  &  I'oeil  ctant 
fuppofe  d'un  pouce  de  diametrc  ,  la  pointure  de  cette  aile  fera  dans  le 
fond  de  I'oeil  fur  la  retine  de  Thz  de  pouce  :  car  je  fuppofe  que  les 
rayons  principaux  qui  viennent  des  extremites  de  lalargeurde  I'aile,  paf- 
feiit  par  le  centre  de  I'ail  &  qu'ils  rencontrent  la  retine  dans  le  point 
de  reunion  des  rayons  ,  ce  qui  ne  peut  etre  que  tres-peu  eloigne  de  la  verite. 
Mais  xizz  pattie  d'un  pouce  eft  un  peu  moins  que  la  666""partie  d'mie 
ligne  ,  &  fi  une  lignc  a  fa  largeur  ^gale  a  celle  de  dix  cheveux  mediocres , 
la  largeur  qu'occup^ra  la  peinture  de  I'aile  de  moulin  a  vent  fur  la  reti- 
ne ,  ne  feta  que  la  66""=  partie  de  celle  dun  cheveu  mediocre  ;  &  enfin, 
fi  la  largeur  d'un  filet  de  ver  a  foie  ,  n'eft  que  la  huitieme  partie  de 
celle  d'un  cheveu  ,  la  peinture  de  I'aile  dans  le  fond  de  Tofil    ne  fera 


68  COLLECTION 

„_,„___  que  de  la  huitieme  partie  de  la  largeur  d'un  filet  fimple  de  ver  a  foie :  Si 

AcAD.RoYAiE  P^"^  confequent ,  puifque  cette  peinture  faic  impreffion  fuc  le  nerf  optique 

DEs  Sciences     &    quelle  eft  diftinguee  d'un  autre  objet  qui  en  eft  proche  ,   il  faut    tout 

DE  Paris.       au  moins  qu'iin  des  filets  du  nerf  optique  ne  foit  que  de  la  largeur   de 

"Svpfiid/EWT.    la    huitieme  partie  de  celle  d'un  filet  de   ver  a  foie  ;  ce  qui  paroit  ptef- 

que  inconcevable  ,  puifqu'il  faut  que  chacun  de  ces  filets  du  nerf  optique 

foit  un  tuyau  qui  contienne  des  efprits. 

Si  les  oifeaux  peuvent  appercevoir  des  objets  eloignes  auffi-bien  que 
ks  hommes  ,  ce  qui  paroit  alfez  vraifemblable  par  la  facilite  qu'ils  one 
de  retourner  dans  des  lieux  tres- eloignes  d'oii  ils  font  partis  j  il  faut 
qu'ils  aient  les  filets  qui  compofent  le  nerf  optique  beaucoup  plus  delies 
que  les  hommes  ,  puifque  la  peinture  des  objets  fur  leur  retine  eft  beau- 
coup  plus  petite  que  celle  qui  fe  fait  dans  I'cril  de  I'homme. 

XXXIX.  L'ceil  qui  eft  f\  foible  qu'il  ne  peut  vx>ir 
diftindtement  les  objets  eloignes ,  ni  encore  moins 
ceux  qui  font  proches  ,  lorfgu'il  regarde  une  chan- 
delle  a  dix  ou  douze  toifes  de  diftance  :  fi  Ton  faic 
avancer  un  corps  obfcur  du  cote  droit  vers  I'oEil, 
enforte  que  ce  corps  commence  a  lui  cacher  la  lu- 
miere  de  la  chandelle  ,  il  voir  ce  corps  dans  une 
pofition  retiverfee ;  car  il  lui  femble  que  la  chandelle 
commence  a  fe  cacher  vers  fa  partie  gauche  , 
quoique  ce  corps  foit  vets  la  droite.  On  ne  fauroic 
attribuer  cet  effec  au  renverfement  de  la  peinture 
des  objets  dans  le  fond  de  l'ceil ,  puifqu'elle  fe  fait 
aulfi-bien  pour  les  objets  proches  que  pour  ceua 
qui  font  eloignes;  &  comme  nous  jugeons  toujours 
par  habitude  ,  que  les  objets  font  dans  une  pofition 
contraire  a  celle  de  la  peinture  qui  fe  fait  fur  la 
retine,  il  femble  que  dans  ce  cas  I'ordre  de  la  nature 
eftrenverfe;  puifque  par  cette  experience  on  devroit 
condure  que  I'objet  fait  la  peinture  dans  le  fond  de 
I'oeil  du  cote  oii  il  eft  ,  ce  qui  eft  entierement  con- 
traire a  routes  les  loix  de  I'optique  Sc  a  toutes  les 
experiences.  Pour  expliquer  ce  phenomene,  il  fauc 
confiderer  que  la  .chandelle  A  qui  eft  un  petit  ob- 
jet eloigne  de  I'oeil  ,  ne  doit  ctre  confideree  que 
comme  un  point  lumineux  dont  les  rayons  qui  vien- 
nent  a  I'oeil  CGDE,  Si  qui  entrent  pat  I'ouverture 
de  la  pruneile  CG  ,  apres  s'etre  rompus  dans  les 
humeurs  de  I'oeil ,  iroienc  s'affembler  en  un  peine 
comme  H  au-dela  de  la  retine  ,  enforte  que  ces 
rayons  de  lumiere  forment  un  cercle  DE  fur  la  re- 
tine. Mais  il  faut  remarquer  que  la  figure  circulaire 
lumineufe  qui  fe  forme  fur  la  retine  ,  depend  en-^ 
ticrement  de  la  figure  du  trou  de  la  pruneile  qui  eft: 
comme  la  bafe  du  cone  dont  H  eft  le  iommet  5  quoi- 
qu'ii  foit  vrai  que  la  figure  CDHEG  forsaee  par  les 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  ^9 

rayons  lutnineux  qui  craverfenc  I'oeil,  foit  compofc'e  dc  quatre  difFerens  -^— . 

fegmens   de  pyramides,   ce   qui  eft  facile  a   voir,    puifqu'il  fe   fait   iin  Acad. Royaie 
iegmenc  different  dans  chaque  humeur  de  I'oeil.   Cependant  quoique  cette     "^^  Sciences 
figure  lumineufe  foit    compofce    dc   quatre  fegmens  de   pyranndes  ,    il       de  1  aris. 
clt     evident     que  les    bales    de    chatun    de    ces     fegiiuns'  feront    des     SvryU/uEtn. 
cercles,    (i  la   bafe  du  premier  eft  an  cercle ;  &  fi  la   bafe  du  premier 
eft  une  figure  ttiangulaire  ou  quarrce ,  les  bafes  de  tous  les  autres  feronc 
aufli  triangulaires  ou  quarrees ,   Si  ainfi  de  toute   autre  figure.     Mais  la 
bafe  du  premier  fegment  eft  I'ouverture  de  la  prunelle;    c'eft  pourquoi 
les  bafes  de   tous  les  autres  feront  des  figures  femblables  a  I'ouverture 
de  la  prunelle  :  ainfi  la  figure   lumineufe  DE  fur  la  tetine,  fera  fembla- 
ble  a  telle  de  I'ouveiture  de  la  prunelle. 

Cet  ocil  dont  la  retine  eft  touchee  dans  toute  fa  partie  DE ,  ju^e  qu« 
la  lumiere  de  la  chandelle  eft  d'une  grandeur  propre  a  lui  faire  cette 
grande  impreflion,  car  il  ne  diftingue  aucune  parcie  dans  cette  lumiere; 
&  s'll  n'avoit  jamais  vu  la  lumiere  d'une  chandelle  de  plus  pies  que 
dix  ou  douze  toifes ,  il  ne  pourroit  point  connoitre  la  veritable  forme 
de  fa  Hamme.  Je  dis  de  plus  pres  que  de  dix  ou  douze  toifes  ,  quoiqu  il 
foit  tres-certain  qua  cette  difiance  il  doit  mieux  diftinguer  la  figure  de 
la  flamme  de  la  chandelle  qu'a  une  diftance  plus  petite ;  mais  la  figure 
de  cette  flamme  a  une  petite  diftance ,  fe  fait  mieux  connoitre  a  caufe 
de  fa  grandeur ,  quoique  chaque  partie  feparcment  foit  plus  confufe  qu'a 
une  plus  grande  diftance.  L'oeil  presbyte  jugeant  done  que  la  fi^'ure  de 
la  Hamme  de  la  chandelle  eft  fort  grande  &  ronde,  comme  eft  I'ouver- 
ture de  la  prunelle,  il  en  diftingue  les  parties  par  rapport  a  I'image  DE 
qui  fe  forme  fur  la  retine ,  &  il  eftime  que  la  partie  E  de  I'image  eft: 
la  partie  gauche  de  la  lumiere  ,  6.:  au  contraire  que  la  partie  D  de  I'i- 
iiiage  eft  la  partie  droite  de  la  lumiere  ou  de  la   fiamme. 

Maintenant  fi  Ton  met  le  corps  B  opaque  &  noir  affez  proche  de  I'ceil 
vers  la  droite,  en  le  faifant  avancer  peu  a  peu  vers  le  milieu  de  I'cejI  , 
enforte  que  fon  extremite  vienne  comme  en  B  ,  i!  eft  evident  que  la  moi- 
tie  de  I'ouverture  de  la  prunelle  eft  cachee  par  ce  corps ,  &.'  quelle  n'eft 
plus  que  d'une  figure  demi-circulaire  par  rapport  au  point  lumineux  A  j 
c'eft-a  dire  qu'iln'encre  plus  dans  I'cjjil  de  rayons  lumineux  que  par  la  moitie 
de  I'ouveftute  de  la  prunelle  laquelle  eft  vers  C  :  ainfi  la  figure  de  la  lu- 
miere n'eft  plus  qu'un  demicone,  ou  plufieurs  demi  cones  joints  les  uns 
aux  autres.  La  peinture  de  la  lumiere  fur  le  fond  de  I'ceii  fera  done  en 
denii-cercle  fuivant  ce  que  j'ai  dit  ci-devant,  &  ce  fera  vers  le  cote  gau- 
che D  que  la  lumiere  demeurera  fur  le  fond  de  I'osil  :  ainfi  a  mefure 
que  le  corps  B  s'avance  de  la  droite  vers  la  gauche' pour  couvrir  la  pru- 
nelle ,  I'image  lumineufe  ED  fur  le  fondder<ril,  commence  aulli  adif- 
paroitre  ou  a  s'eteindre  ,  en  allant  aufli  de  la  droite  a  la  gauche  ;  c'eft- 
a-direde  E  en  1  vers  D.  Mais  comme  on  juge  que  la  partie  E  de  la  pein- 
ture de  la  lumiere  eft  fa  partie  gauche  ,  &  que  D  eft  la  droite,  on'  voic 
que  la  lumiere  commence  a  difparoitre  du  cote  gauche  qui  eft  oppofei 
celui  oil  eft  le   corps  opaque  B. 

Quoique  le  corps  B  intercepte  les  rayons  de  la  lumiere  du  cote  E  »  oi 


70 


COLLECTION 


DE?  Sciences 
DE  Paris. 

SuPyLtillBNT, 


S^  il  eft  place  ,  ilne  hide  pas  pour  cela  de  faire  fa  peinture  en  D  F  dans  h 
Acad.  RoYALE  p.irrie  gauche  de  Tceil  fuivaiu  Us  loix  di  I'optiquj,  puifqu'il  eft  place 
au  dehors  en  B  vers  la  droite  :  c'cft  pourquo;  la  peinture  de  ce  corps 
obfcur  s'avancera  fur  le  fond  de  Tccil  dans  u:i  fens  contraire  a  celui  de 
deiiors  ;  &Vi  ce  corps  eft  place  a  la  droite  en  B  &  qu'il  s'avance  vers 
le  milieu  de  TcEil  en  B,  fa  peinture  fe  fera  en  F  Da  gauche  dans  le  fond 
de  TcEJl  J  dc  s'avancera  vers  la  droite  :  on  verra  done  d'abord  une  penom- 
bre  qui  piroitra  cacher  I'image  de  la  lumiere  en  s'avangant  du  meme 
tote  que  le  corps  obfcur  ;  car  fa  peinture  s'en  fera  dans  le  fond  de  I'ceil 
dans  un  fens  contraire  :  mais  aurti-tot  que  I'extrJmite  du  corps  obfcur  fera 
parvenue  dans  le  rayon  A  G  ,  qui  eft  le  premier  qui  entre  dans  la  pru- 
nelle  ,  I'image  ronde  de  la  lumiere  commencera  a  difparoicre  du  cote 
oppofe ,  comme  je  viens  d'expiiquer. 

XL.  Il  n'arrive  p.is  la  meme  chofe  a  I'ceil  d'nn  Myope,  quoique  I'i- 
ni3ge  de  la  lumiere  A  foit  tres  grande  dans  le  fond  de 
I'oeil ,  &  qu'cUe  foit  de  h  meme  figure  que  I'ouver- 
tare  de  la  prunelle  ;  car  le  coiicours  H  des  rayons 
Jumineux  qui  viennenc  vers  I'ceil  comme  parallfles 
entr'eux  ,  fe  faifant  au  dedans  de  I'oeil ,  ils  doi  /enc 
rencontrer  le  fond  de  roeil  en  ED  qui  fera  la  bafe 
d'un  cone  oppofe  a  celui  qui  eft  forme  par  le  con- 
^)riMi(iiii"miiiiiLim]ll  cotirs  des  rayons  dans  I'oeil  ,  Sc  ces  cones  oppofes 
auront  lenr  fommet  commun  au  point  H  :  ainfi  la 
partie  E  de  la  bafe  lummeufe ,  laquelle  eft  a  gauche 
dans  le  fond  de  I'oeil ,  appartient  au  rayon  AG  qui 
eft  a  droite.  On  jugera  done  quand  le  corps  B  tou- 
chera  ce  rayon  ,  que  ce  fera  la  partie  droite  du  corps 
lumineux  qui  en  fera  touchee  ,  &  a  mefure  que  ce 
corps  s'avancera  vers  le  milieu  de  I'oeil  en  b ,  I'image 
de  la  lumiere  commencera  a  diminuer  du  cote  gau- 
che E  en  allant  en  I  vers  D  ,  ce  qui  fera  juger 
que  ce  corps   B  obfcurcit  la  lumiere  fuivant  I'ordre 


EI 


nature],  Le  corps  B  ne  fera  point  de  penombre  comme  dans  I'cril  d'un 
Presbyte  ;  car  quand  fon  extrcmite  B  rouchera  le  rayon  AG  ,  la  pein- 
ture de  cette  extremite  fera  fort  nette  au  point  E  (or  la  rcrine ,  8c  il 
verra  diftin£tement  ce  corps  B  dont  route  la  peinture  fera  en  FE ,  jqui 
s'avancera  fur  la  lumiere  ED  fuivant  I'ordre  naturel,  quoiqu'elle  paroille 
forr  grande. 

XLL  Les  Presbytes  font  fnjets  a  voir  des  taches ,  des  filets  &  com- 
me des  mouches  volantes  qui  font  toujours  devant  leurs  yeux,  mais  prin- 
cipalement  lorfqu'ils  regardent  un  objet  blanc  ou  fort  clair.  Ces  taches 
ne  font  pas  routes  de  meme  nature;  il  y  en  a  que  j'appelle  permanentes, 
parce  qu'elles  ne  changent  pas  de  place  a  I'cgard  de  I'axe  de  la  vilion  ; 
car  on  les  voir  toujours  dans  le  meme  endroit  par  rapport  au  point  de 
I'objet  qu'on  regarde  attentivement  ,  &  quelquefois  elles  font  dans  ce 
nicme  point  &  par  confequenr  dans  I'axe  de  la  vifion  :  les  autres  font 
floctanteJ  &  changen:  continuellement  de  place.    Les  unes  Si  les  autres 


A  C  A  D  E         I  Q  U  E:  71 

de  ce$  taches  n'ont  pas  une   figure  conftante  ,  6c  de  plus  les  premieres 

ne  font  que  cornme  dcs  taclies  obfcures  Acad. Koyale 
r  ■       r  II  o    I      J       •  D£S  Sciences 

laites  lur  un  corps  blanc  ,  &  les  dernieres       ^^  Paris 

paroiirenc  comme   les  nccuds  du  bois  de     c„„-,/„^.,' 
V  -v;-a<:_-^g^         r     ■  ■    r  '     r  i        i  oVfFLt.ui.ttT, 

x^jCS.v  ..  ^v  ^^       lapin   qui  lone  coupes  lur  une  planche  : 

■ — '^^Y^^i^^  R       files   one   une  partie    fort    daire   cjui  eft 

environnee  de  filets  noirs,  &  on  y  voir 

fouvent  plufiturs  fils  noirs  irreguliers  qui 

les    accompagnent   avec    des  efpeces   de 

fils   pofcs    en    diffcrentes   manieres  done 

le   milieu    paroit   fort  dair  &   les   deux 

bords   obfcurs ,   comme  en  le  peut  voir 

dans  cette  fi'^ure.    On  trouve  fouvent  des  morceaux  de  glace  &  de  verre 

qui  ne  font  pas  encore  polls,   qui  font  voir  des  apparences  toutes  fem- 

blables  quand  on  les  expofe  aux  rayons  du  fokil  &  qu'on  revolt  fur  un 

papier  blanc  ces  rayons  qui  ont  palle  au  traveis.     Cette  experience  m'a 

ete  d'une   grande  utilice    pour   reconnoitre  de    quelle   facon  fe    formoic 

la  feconde  efpece  de  taches  qui   paroiilenc  fur  les  objets  comme  je  I'ex- 

pliquerai  dans  la  fuite. 

XLII.    Les   caches    que  j'appelle    permanentes   fe   font  voir  tout  d'un 

coup,   &  foi-.t  ordinairement  rondes  j  &  quand  on   tient  lail   fixement 

attache  fur   quclque   pattie  d'un  objec  blanc  ,    on   les  voit  aulli  fur   ce 

meme  objet  fans  qu'cUes  changent  de   place.   Comme  fi  I'ceil  eft  attache 

a  confiderer  la  Icttre  A  qui  eft  ecrite  fur  un  papier 

blanc  ,    on  voit  la  tai-iie  comme  en  B ,  &  elle  ac- 

.  •*■?  A"   i        compag'ie  tcujouts  a    la  muiie    diftance  &  dans  le 

•A.        ?  1-.        J        meme  endcojc   cette  letcre  qu'on   regarde  attentive- 

^•^^iii*'''  ment.    ll  y  a  de  ces  taches  qui  demeurent  pendant 

toute   la  vie  ;    mais   quelques-unes   ne   durent    que 

quelques  mois  ,  &  quand  elles  fe  diffipent ,  on  commence  a  s'appercevoir 

que  ce  milieu  s'cclaircit,  Sc  cette  partie  ciaire  s'augmentant   peu-d-peu  , 

elle  s'ctend   vers  I'un  des  bords   Sc  ne  lailfe  plus  qu'une   partie  de  la  ta- 

che  en    forme   de    croill'ant  irregulier  ,    qui   devenant    de  jour   en  jour 

plus  foible ,  fe  dilTipe   enfin   tout-a-fait. 

Il  eft  certain  que  ce  qui  torme  ces  taches  eft  arrcteen  quelque  endroir 

dans  I'otil ,  puifqu'elles  paroitrcnt  toujours  dans  la  meme  place  a  I'egard 

de  I'axe  de  la  vifion.   11  faut  done  examiner  en  quel  endroit  il  peut  Ctte 

arrcie.  Je  dis  que  ce  ne  fauroit  etre  dans  I'iiumeur  aqueufe  ;  car  les  taches 

ne  paroiiroient  pas  terminees    par  les  bords  ;  puifque  les  rayons  qui  en- 

trent    dans  I'cril  par  lescott's,  empecheroient  que  robfcurice   ou  I'ombre 

du  corps  qui  forme  les  taches,    ne  fitt  terminte  :  ce  ne  facroit  etre  non 

plus  fur  la  furface  ,  ni   au-dedans  du  cryftallin  ,    ni  dans  I'humeur  vitree 

pour  la  meme   raifon  ;  outre  que   dans  ces  deux  dernieres  humeurs  qui 

font  dune  cor.fiftmce  alRz  foiide  ,  il  fetoic  diHicile  qu'il  fe  put  former 

un  corps  ctranger  &  prcfjiie   en  un  moment.  Il  ne  refte  done   plus  que 

Il  retine   ou   elles  fe  DuilFcnc  former  ;  c'eft  aufli  par  nn  accidenr  qui  peut 

facilement  lui  atrivsr ,  que  je  pretends  rendie  raifon  de  cette  appattnce. 


7i 


COLLECTION 


=  On  fait  que  la  recine  eft  femee   de  plufieurs  vaifTeaux  fanguins  qui  foot 


DE  Paris. 
SueeLiuENT, 


AcAD.RoYALE  afTcz  confiderables  ;  &  s'il  arrive  qu'il  fe  filTe  un  epanchemenc  du  fang 
DES  Sciences  Je  quelques  uns  de  ces  petits  vaifTeaux  fur  la  retine  ,  il  eft  certain  que 
la  paitie  ou  ce  fang  s'ctendra,  ne  pourra  plus  recevoir  comme  auparavanc 
les  impreflions  des  olijets;  c'eft  pourquoi  il  paroitra  une  taclie  obfcure 
fur  tous  les  objets  qa'on  regardera  ,  &r  elle  aura  fa  figure  terminee  par 
celle  de  I'epanchement  du  fang.  Cette  figure  fera  a-peu-pres  ronde  i"  car 
les  epanchemens  qui  partent  d'un  point ,  s'etendent  ordinairement  en 
rond.  Ce  fang  extravafe  fe  diffipe  peu-a-peu  dans  la  fuite ,  comme  il  ar- 
rive aux  parties  du  corps,  &  ainfi  cette  tache  fe  diffipe  auffi  peu-a-peu, 
&  entin  die  s'evanouit.  Mais  quand  les  taches  demeurent  toujours ,  il 
faut  que  I'endroit  de  la  refine  oil  elles  font ,  foit  affede  de  telle  maniere 
qu'il  ne  puilTe  plus  fe  retablir.  Ces  taches  font  plus  fenfibles  a  ceux  qui 
ont  I'ouverture  de  la  prunelle  fort  petite  ,  &  fur-tout  a  ceux  qui  font 
Presbytes  ou  Myopes ,  mais  plutot  aux  Presbytes ,  qui  ont  ordinairement 
i'ouverture  de  la  prunelle  petite  ;  car  les  impreffions  des  objets  fur  la 
retine  font  d'autant  plus  foibles  ,  que  I'ouverture  de  la  prunelle  eft  plus 
petite,  8c  que  la  bafe  des  rayons  qui  partent  de  chaque  point  de  I'objet, 
eft  plus  eloignee  de  fon  point  de  concours  ,  comme  il  arrive  a  ceux  qui 
font  fort  Presbytes.  Il  arrive  auffi  que  fi  I'oeil  Presbyte  fe  fert  d'un 
verre  convexe  un  peu  fort  pour  voir  les  objets ,  la  lache  qu'il  voyoit 
auparavant  ne  paroit  prefque  plus ;  car  par  le  moyen  de  ce  verre ,  il 
entre  beaucoup  de  rayons  dans  I'cEil ,  qui  allant  s'.aflfembler  exadlement 
fur  la  retine ,  la  touchent  alfez  fortement  pour  y  faire  une  impreffion 
fenfible  au  travers  du  fang  extravafe. 

XLIII.  Il  eft  plus  difficile  d'expliquer  comment  fe  forme  la  feconde 
efpece  de  taches  ,  avec  ce  qui  les  accompagne  ordinairement.  J'ai  die 
ci-devant  que  I'experience  que  j'avois  faite  de  quelques  niorceaux  de 
verre ,  m'avoic  beaucoup  fervi  pour  trouver  la  caufe  de  ces  fortes  de 
taches.  Quand  on  fait  le  verre  ,  il  s'y  rencontre  fort  fouvent  comme  des 
grains  Sc  des  filets  d'une  matiere  tranfparente  ,  mais  route  differente  du 
refte  ,  enforte  qu'elle  fait  une  refraifticn  differente  de  celle  du  verre 
dans  lequel  elle  eft  enveloppee.  Ces  grains  &  ces  filets  etant  ordinai- 
rement d'une  matiere  trcs-dure  ,  ils  ne  fe  fondent  pas  auffi  facilemenc 
que  le  refte;  c'eft  pourquoi  ils  nes'y  mclent  pas  entierement ,  &c  il  refte 
un  petit  noyau  tant  dans  les  grains  que  dans  les  filets;  &  comme  ils 
ont  du  rapport  aux  corps  tres-durs,  ils  font  une  plus  grande  refradlion 
que  le  refte,  &:  par  confequent  les  rayons  ayant  palFe  au  travers  ,  ils  font 
leur  foyer  plus  court  que  celui  de  la  matiere  dans  laquelle  ils  font  re- 
pandus  :  ainfi  en  confiderant  tout  I'osil  comme  s'll  n'etoit  retnpli  que  d'une 
feule  humeur,  &  que  la  forme  de  cet  o?il  le  rendit  Presbyte,  on  yoic 
clairement  que  les  rayons  de  lumiere  qui  palTeroient  au  travers  des 
grains  &  des  filets  de  matiere  plus  denfe  ,  feroient  leur  foyer  a-peu-pres 
lur  la  retine  ,  ou  il  fe  feroit  un  point  ,  &:  des  filets  lumineux  envi- 
ronnes  d'un  cote  &c  d'autre  d'un  trait  obfcur,  comme  il  paroit  quand 
on  expofe  au  foleil  un  verre  convexe  qui  fait  fon  foyer  lumineux  dans 
le  milieu  d'une  ombre  tres-forte  done  il  eft  environpe. 

Ces 


A  C  A  D  ^  M  I  Q  U  E.  75 

Ces  tACiies  &r  ces  filets  ne  dcmeurencpas  coujours  dans  la  mctne  place  ,     '  1 

on  les  voic  changer   de   pofition  fur  les  obiecs  qu'on  regarde  fuivaiu  les   ,  n       .    „ 

,-rri  J        !■         T  o  1        I        •  J  !•  J         ACAD.KOYAI.E 

diftcrens  mouvcmens  de  1  ceiI  j  Sc  quand  il  sen   rencontre  dans  1  axe  de     des  Sciences 
la  vifion  ,  fi   Ton    dctourne  i'ccil  le  plus  qu'il   eft  poilible  ,  a  droite  ou  a       de  I'aris. 
gauche ,   elles    s  ccartent  aulli-tot.  On    remarque    encore    que   lorfqu'ou     SuibUuent. 
rient  la   tete    droite  ,   &  qu'on  regarde  quelque   objet  a  mcme  hauteur 
que  Toeil,  on  voic  defcendre  ces  caches  peu  a  peu.  Pour  expliquer  rou- 
tes ces    apparences,  je  dis  que  les  grains    &c  les  filets  qui  formenc  ces 
caches  ,  doivcnc    nccelTairemenc   Hotter  dans  une  des  humeurs  de  I'ocil  , 
puifqu'elles  changent   de  place    fi   facilement ,  &:  il  fauc  que    la  matiera 
dans  laquelle   ils    nagenc  ou   Hottent ,  foic    fort    liquide  j  c'eft  pourquoi 
ce  ne  psuc    cere  que  dans  I'humeur  aqueufe.    Les  grains  &  les  hiets  qui 
formenc  ces  caches  ,  etanc  tranfportes  en  diftcrens  endroirs  de  cette  hu- 
meur,  font  paroitre  ces  taches  en  differens  endroits  des  objets  qu'on  regar- 
de,  par  rapport  al'ixe  de  la  vifion.  Mais  il  faut  remarquer    que  ,  quand 
rceil  eft  en  repos  ,  on  devroit  les  appetcevoir  qui  s'eleveroicnt  fur  les  ob- 
jets,&  on  ne  les  verroit  pas  defcendre  comme  il  arrive  ordinairemenr,  a  caufe 
du  renverfement  de  la  peincure  fur  la  retine  ;  ce  que  j'explique  en  cette  forte. 
Si   I'ncil  ecoic  bien  conforme  ,    en  forte   que   les   rayons  des    objets 
pofes  a  une  mediocre  diftance  ,  concourufTent  fur  la  retine  ,  il  eft  certain 
que  cet    ceil   ne  verroit    que  quelque  ombre  legere  ,   quoiqu'il  y  eiit  des 
grains  Sc  des  filets  dans  I'humeur  aqueufe  :  car  ces  corps  ctrangers  ne   fe- 
roienc  qu'incercepter  quelques  rayons  de  ceux  qui   viendroienc  des  objets  , 
ce  qui  n'empccheroit  pas  que   la  plus  grande  partie  ne  fit  fon  foyer  lur  la 
retine  ,   &:  leur  image  y  etant  bien  peinte  ,   la  vifion  ne   paroitroit  pas 
interrompue  par  ces   obftades ,  de  la  meme  maniere  que  les    objets  fe 
reprefentent  diftindtement  dans  une  chambre  obfcure  par  le  moyen  d'un 
verre   convexe ,  quoiqu'o*  ait  fait  fur  ce  verre  plufieurs  taches,  8c  traits 
avec  ds  I'encre  ;  &  fi  ce  mcme  verre  avec  ces  taches  ,  etoit  I'objectif  d'une 
lunette,  on  ne  lailleroit  pas  de  bien  voir  les  objets,  mais  ils  paroitroienc 
un  peu  obfcurs ,  parce  qu'une  partie  des  rayons  feroit  empcchee  par  les 
t.-.ches.  II  n'en  feroit  pas  de  mcme  fi  ces  taches  etoienc  dans  le  verre  ocu- 
Liire,  cat  elles  paroitroienc  coutes  fur  les  objets  ,  quoiqu'elles  fuffent  cres- 
deliees,   &  fur  cauc  fi  I'ouverture  du  verre  objedif  etolt  fort  pecite.  Il 
arrive  prefque  la  mcme    chofe  a  I'cEil  presbyte   qui  a  I'ouvertute  de  la 
prunelle  fore  ctroite  ,  que   I'on  pent  comparer  en   quelqae  fa^on  a  I'ou- 
verctire  du  verre  objeftif  d'uns  lunette  ,   Sc  les  corps  etrangers   qui  for- 
menc les  taches  etant  proche  du  cryftallin  &  le  touchant ,  feront  a  -  peu- 
pres  le  mcme  etfsc  que  les  craits  &  les  taches  d'encre  fur  le  verre  oculaire 
de  la  lunette  5  car  I'ombre  des  grains  &  des  filets  fera  fenCble  fur  la  re- 
line  avant  la  concours  des  rayons. 

Ces  taches  demeurent  afiez  conftammenc  de  la  nieme  figure  ;  car  on 
ne  s'apper^oic  pas  ordinairemenr  qu'elles  changent  qu'apres  plulieurs  heu- 
res  ,  &  quelquefois  d'un  jour  a  I'autre.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  confidc- 
rable  c'eft  leur  mouvement  propre  ;  car  lorfqu'on  tient  Tccil  fixement 
accache  fur  quelqu'objec  fort  clair  ,  fur-tout  apres  avoir  remue  I'ccil  promp- 
tsmenc  vers  diftcrens  cotes  ,  on  voic  que  ces  caches  defcendenc  fur  les 
Tome  IIJ ,  Panic  Francoiji.  K 


74  COLLECTION 

■  objets  :  11  faut  done  qu'il  leur  arrive  le  contraire  d.ins  Tcei!  ,  puifque  la 

AcAD.RoYALE  peinture  desobjets  fur  la  retine  eft  roujouis  dans  une   pofition  contraire  i 

DEs  Sciences     celle  ou  nous  la  jugeons.  J'ai  dit  ci-devant    que    les   corps  etrangers  qui 

Di  Paris.        formoient  les  taclies  ,  faifoient  un  foyer  plus  court  que  celui  de  la  ma- 

SvriLiMENT.     tiere  dans  laquelle  its  nageoient:  mais  ce  n'eft  pas  a  dire  pour   cela  qu'ils 

foient   plus  pefants  que  cette  matiere;   au  contraire  ils  peuvent  ecre  plus 

legers  &c  faire  plus  de    refra6lion  ,  pourvu  qu'ils  foient  plus  gras,  com- 

me  la  plupart  des  huiles  par  rapport  a  I'eau.  Ainfi  ,  loifque  ces  corps  font 

agites  dans  I'humeur  aqueufe  par  un  violent  mouvement  de  I'cEil  ,  ils  for- 

tent  hors  de  leur  polltion  naturelle  qui  eft  le  haut ,  mais  enfuite  ,  quand 

I'oeil  eft  en  repos  ,  lis  y  remontent   peu-a  peu  ,  &  par   confequent  on  doit 

voir  les  taclies  defcendrefur  les  objets;  &  quand  ces  corps  etrangers  qui 

font  ordinairemencaupres  dactyftallin  ,  fe  font  arretes  en  quelque  endroit, 

on  voir  les  taclies  permanentes  en  cet  endroit  tant  qu'on  ne  remue  pas  I'ceiL 

XLIV.  Voici  les  refultats  de  quelques  experiences  que  j'ai  faites  pour 

m'afTurer  des  refradtions  de  I'liuile ,  par  rapport  a  I'eau  ou  a  I'air.  J'ai  fup- 

pofeavec  tons  lesOpticiens  ,  que  le  finus  de  Tangle  d'incidence  dans  I'air, 

ctoit  au  finus  de  Tangle  de  refradtion  dans  le   verre  ,  comme  5  a  i  ,  oit 

bien  comme  60  i  40  ;  8c  j'ai  trouve  que  le  finus  de  Tangle  d'incidence 

dans  Tair,  etoir  au  finus  de  Tangle  de  rcfradiion  dans  I'eau  ,  comme  i-  a  3  , 

ou  comme   (Jo  a  45;  dans  Tefprit  de  vin  tres-bien  redtific,  conme  60  a  44  , 

•  ce  qui  approche  fort  de  la  refraftion  de  Teau  ;  enfin  dans  Thuile  d'olive 

fort  liquide ,  comme  (>o  a  41  ,  ce  qui  approche  plus  de  celle  du  verre  que 

de  celle  de  Teau ,  quoique  Thuile  (bit  bien  plus  legere  que  Teau ,  &  que 

le  verre  foit  plus  pefant. 

XLV.  Les  corps  etrangers  qui  s'engendrent  dans  Thumeur  aqueufe  ,  & 
qui  font  la  feconde  efpece  de  taches  dont  je  viens  de  parlor  ,  forment  aufli 
les  cataradtes  quand  il  s'en  trouve  une  grande  quantite,  &  qu'ils  s'arrctenc 
les  uns  aux  autres  ;  car  il  s'en  fait  un  tilFu  epais  qui  empeche  la  lumiere  de 
palfer  ,  ou  s'il  la  lailTent  palfer  ,  elle  eft  tres-foible.  Quelques- uns  croyenc 
que  les  cataracStes  viennent  des  pellicules  dont  le  cryftalliii  eft  forme, 
qaand  celles  qui  font  du  cote  de  I'humeur  aqueufe  deviennent  opaques  Sc 
s'endurciftent  ;  &  ils  apportent  pour  raifon  ,  que  tous  ceux  a  qui  Ton 
abat  des  cataradles  ,  ont  befoin  d'un  verre  fort  convexe  pcur  voir  dif- 
tindlement  les  objets  apres  Toperation  ,  quoiqu'ils  viffent  fort  bien  fans 
lunette  ou  verre  convexe  avant  que  la  catarafte  fe  fiitformee  ;  car  ils  di- 
fent  que  cette  pellicule  ,  qui  faifoit  partie  du  cryftallin  ,  en  etant  deta- 
chee  ,  le  rend  bien  moins  convexe  qu'il  n'etoit  auparavant ,  a  quoi  il  fauc 
fuppleer  ,  en  me'tant  au-devant  de  Toeil  un  verre  convexe  ;  cS:  que  fi  la  cata- 
raifte  venoit  feulement  de  quelques  corps  etrangers  formes  dans  Thumeue 
aqueufe  ,  lorfque  ces  corps  feroient  detournes  de  devant  Touverture  de 
la  prunelle ,  on  devroit  voir  les  objets  comme  on  les  voyoit  avant  la 
catarafte  ,  Toeil  n'ayanr  point  change  de  figure.  Toutes  ces  raifons  font  fore 
bonnes;  mais  il  eft  facile  d'y  repondre  par  ce  que  j'ai  appris  d'un  tres- 
habile  cpetareur.  Il  dit  qu'il  eft  impoftible  de  faire  cette  operation  fans 
.  qu'il  forte  beaucoup  de  Thumeur  aqueufe  par  la  piqure  ,  &  c'eft  ce  qui 
m'a  faic  croire  que  U  foiblefle  de  vue  que  Ton  remarque  i  tous  ceux  a 


Acad.  RoYALE 

DEs  Sciences 

DE  Paris. 


ACADfeMIQUE.  75 

qui  on  a  abattii  des  catarades  ,  ne  vienc  que  de   cet  epanchement  qui 

lend   I'oeil    plus  plat  qu'il  n'ticoic    auparavanc    Je    ne   fais  pas   de  doute 

que  ,  lorfqu'on  fait   I'opciarion  a  ds   jeuties    gens  ,  I'ffil  ne  fe   rc.'abliiTe 

dans    fon   premiet  ccat   apres   quelque   temps  ,   puifque   nous    avons  des 

experiences    que  I'humeur  aqueufe   ayant  etc  tiree  de  I'oeil  de  quelques     SvprLt.'uu(T, 

animaux  ,  &:  I'ceil  paroilFant  tout  decri,  peu  de  temps  apres,  il  s'eft  re- 

tabli  dans  fon  premier  ctat. 

XLVl,  Lorfque  Ton  a  fait  quelque  effort ,  ou  en  eternuant  avec  violence  , 
ouenfe  mouchant  fortemcnt ,  on  voitdes  etincelles  de  feu  qui  paroifTent 
courir  d'un  cote  &  d'autre  fur  les  objets.  J'ai  vu  auffi  une  pcrfonne  a  qui 
il  en  paroilToit  de  femblables  ,  apres   avoir  regarde  quelque  temps  un  ciel 
fort  clair  avec  grande  attention.  Cet  accident  paroit  d'abord  furprenant ,  &  il 
donne  de  la  frayeur  :  car  Ton  a  des  exemples  de  quelques  perfonnes  qui 
ont  perdu  la  vue  apres   des  accidens  a-peu  -  prcs  femblables.  On  ne  peut 
pas    rechercher  la   caufe  de  ce  phenomene  en  d'autre   endroit  que  dans 
la  retine  ,   que  je   regarde  toujours   comme  le  principale  organe  de   la 
vifion  ;  m-'s   comme    nous  ne  pouvons   pas   connoitre  ce  qui  lui  arrive 
avec  autant  d'evidence  qu'aux  autres  nerfs  qui  font  repandus  dans  quel- 
ques parties  de  notre  corps,  nous  n'en  pouvons  juger  que  par  comparai- 
fon.   Qiiand  on  a  renu  long-temps  le  bras   ou  la  jambe  dans  une  pofture 
conttainte  ,  la  main   &   le  pied    deviennent  engourdis ;  &:  fi  ces  parties 
demeurent  toujours  dans  la  meme  difpofition  ,  on  fent  dans  cet  engourdiire- 
ment  des   elancemens    comme  fi  I'on  piquoit    la  chair    en   dirfcrens   en- 
droits  J  ce  qui  caufe  unedouleut  fort  confiderable.  On  fent  audi  la  meme 
chofe  quand  on  recoit    quelques   coups  aux  extremitcs  du    corps  ;  &  fi 
Tceil  eft  blelTe  dans  fes  parties  excerieures  ,  on  fe  perfuade  voir  une  grande 
quantite  d'ctincelles  de  feu.  Il  eft  facile  de  juger  que   tous  ces  accidens 
viennent  de  la  meme  caufe,  &  que  le  cours  des  efprits  etant  interronipu 
dans  les  nerfs  ,  Sc   coulant   enfuite    par  reprifes  &   fecoalTes  ,  nous    faic 
fentir  dans  les  chairs  ces   piqures   violentes ,  &  dans  I'cEil  nous  faic  voir 
des  etincelles  de   feu,  les  nerfs  etant  ebranles  de  la  meme   maniere  que 
fi   ces  piqures  etoient  reelles  &  que   ce  feu  fut  ^rcfent.    Ainfi  en  eter- 
nuant ou   en  fe  mouchant  avec  violence ,  on  cbranle  tous  les  nerfs  qui 
font  repandus    dans  la    tete ,   enforte  que  Ton    fent  for:   (ouvent  dans 
ce  meme  moment,   ou  une  violente  douleur  de  tete  ,  oa  une  douleur 
d'oreille  qui  fe  diflipe  promptement ,  Si  Ton  voir  auffi  des  etincelles  de 
feu   qui  fe  repandent  d'ua  cote  5c  d'autre,  mais  qui  ne   durent  au   plus 
qu'une   demi- minute.    Pour   ce  qui  eft  des  etincelles  de  feu  qu'on  voic 
apres  avoir  regarde   quelque  terns  le  Ciel  fort  eclaire  ,  je   les    compare 
aux    piqures  qu'on  fent  dans  I'engourdilTement  des  mains  ou  des  pieds. 
XLVn.  L'ccil  presbyte  reqoit  de  bien  plus  grands  avantages  de  I'ufage 
des  verres  convexes,    que   I'ceil   myope   n'en  recoit  des  verres  concaves. 
Un  des  plus  confiderables  eft  la  grande  quantite  de   rayons  que  ces  ver- 
res font  entrer  dans  I'oeil  en  les  detournaut  comme  il  eft  necelfaire  pour 
faire  une  peinture  diftindle  fur  la  retine;  car  I'lril   presbyte    n'ayant  fes 
humeurs  conformees   que  pour  reunir  au-dela  de  la  retine  les  rayons  qui 
vienasiu  d  lui  d'un  objet  proche ,  il  faut  que  ces  memes  rayons  enttenc 

Kij 


BES  Sciences 
DE  Paris. 

SvefitMEMI, 


-ff.  COLLECTION 

—  convergents  dans  Tceil  afin  de  pouvoir  fe  reanir  fur  la  rctine.  Or  h 
Acad  Royale  proptiete  des  verres  convexes  etaiit  de  teunir  les  rayons  apres  qu'ils  ont 
paffe  au  travers  ,  il  s'enfuic  que  les  rayons  qui  viennent  dun  objet  pro- 
che  ,  apres  avoir  palTc  au  rravers  d'un  verre  plus  ou  moins  convexe, 
font  difpofes  en  enrranc  dans  I'oeil  pour  concourir  fur  la  rerine  oii  i!s 
font  une  peinture  diftinde  de  I'objet.  Mais  lorfque  les  rayons  ont  paffe 
au  travers  du  verre  convexe,  ils  occupent  moins  d'efpace  qu'ils  ne  fai- 
foient  auparavant,  puifqu'ils  font  difpofes  pour  concourir  en  un  point; 
c'eft  pourquoi  I'ouverture  de  la  rerine  en  regoir  beaucoup  plus  apr^s 
qu'ils  one  paffe  au  rravers  du  verre  convexe  que  s'ils  n'y  avoient  point 
CAffe;  &  comme  la  plupart  de  ceux  qui  font  Presbytes  ont  I'ouverture 
de  la  prunelle  fort  petite  ,  il  s'enfuit  que  les  Presbyres  regoivent  un  dou- 
ble avancage  de  I'ufage  des  verres  convexes,  puifque  par  leur  moyen  la 
peinture  de's  objets  ell  diftinfte  fur  la  retine  &  aulli  vive  que  s'ils  avoient 
i'ouverture  de  la  prunelle  fort  grande. 

La  quantite  des  rayons  qui  entrent  dans  rocil 
rendent  I'image  plus  vive  &  plus  fenfit'-;,  &  d'au- 
tant  plus  que  le  verre  convexe  eft  plus  cloigne  de 
Toeil  j  iTiais  il  faut  remarquer  qu'un  meme  verre 
convexe  ne  peut  pas  fervir  pour  un  meme  ceil  a 
routes  fortes  de  diftance  de  I'ocil  &  de  I'objet.  Par 
exemple,  fi  la  lentille  ou  verre  convexe  AB  efl 
placee  a  une  certaine  diftance  de  I'oeil ,  pour  fairs 
que  les  rayons  qui  viennent  de  I'objet  O  s'etaiit 
rompus  dans  ce  verre,  &i.  ayant  enfuite  paffe  dans 
I'ceil  par  I'ouverture  de  la  prunelle  CD ,  concou- 
rent  fur  la  retine  en  G  j  cette  meme  lentille  etant 
plus  eloignee  de  I'ceil  ,  &  etant  placee  comme  eji 
Eil,  les  rayons  qui  viendront  du  meme  objet  O, 
apres  avoir  paffe  par  ce  verre  &  par  les  luimeurs 
de  Tail ,  ne  pourront  plus  fe  reunir  fur  la  retine  : 
.car  fi  nous  fuppofons  que  le  verre  eft  place  ea 
AB,  &  que  les  rayons  qui  viennent  de  I'objet  O, 
puilfcnt  concourir  ou  faire  leur  foyer  dans  I'air  aa 
point  F  lorfque  ce  meme  verre  fera  place  en  ER , 
le  point  F  ne  fera  plus  le  point  de  concouts  des 
rayons  ,  qui  venant  du  point  O  de  I'objet  ,  fs 
rompcnt  dcins  ce  verre,  exccpte  dans  le  feul  cas  oj 
la  diftance  de  ER  au  poinr  O  ,  eft  la  meme  que 
celle  de  AB  au  point  F;  maif  par-tout  aillenrs  le 
foyer  etant  plus  proche  ou  plus  loin  de  I'ceil  que 
le  poinr  F  les  rayons  qui  entreront  dans  ToeiI 
feront  difpofes  pour  concourir  plus  proche  ou  pk;s 
loin  que  le  point  f  ;  car  I'ceil  etant  toujours  dans 
le  meme  endn  it ,  il  faut  que  les  rayons  qui  doi- 
vent  concourir  fur  la  retine  ,  tendent  au  point  F 
avanc  que  d'entrer  dans  I'ceil ;  c'eft  pourquoi  ils 
ne  feront  pas  fur  la  retine  une  peinture  diftir.'Tce 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  £.  '77 

de    I'objet.    Mais   fi  Ton  place   un  aurre  verre   en   ER,  enforte  que  fa  ^=^51^;:^ 
figure  foic  propre  pour   faire  que   les  rayons  qui  viennent  du  point  O,  Acad.Royale 
concouren:  au  meine  point  F  ou  le  verre  AB  les  faifoit  concourii;  aupa-    ^^^  Sciences 
ravant  ,  il  eft  evident  que  ce  verre  les  dctournera  comme  il  faut  pour       ^^    aris. 
faire  une  peinture  dilHntte  fur  la  retine ;  mais  il  y  aura  encore  cet  avan-    SueBLtMitir. 
tage  qu'il  entrera  dans  Tocil  par  le  moycii  de  ce  verre  ER  beaucoup  plus 
de  rayons  qu'il  n'en  entroit  par  le  moyen  du  verre  AB  ;  car  les  lignes 
FC  ,    FD    qui  compienent  tous  les   rayons  qui  peuvent  entrer   dans   cec 
ceil  pour  f-Mce  une   peinture  diftinifle,  occupent  plus  de  place  fur  le  verre 
ER  que  fur  le  verre    AB  ;  &  ER    ctant   plus  proche   de  I'objet    O   que 
AB ,   Tangle  EOR  qui  contient  tous  les  rayons  qui  peuvent  entrer  dans 
I'osil  apres  avoir   palle  pat  le  verre  ER  ,    eft  be.mcoup  plus  grand  que 
Tangle  AOB. 

Ce  n'elt  pas  ici  le  lieu  de  determiner  quelle  doit  etre  la  convexite  du 
verre;  la  diftance  de  I'objet  a  Tosil  &  du  verre  a  Tosil  ctant  donnee  dans 
une  conformation  de  Tail  qui  foit  detetminee.  Il  fuffit  fculcment  de 
remarquer  que  fi  Tobjet  eft  fort  eloigne  ,  Sc  que  le  verre  etant  eloigne 
de  Tceil  de  deux  ou  trois  pieds  au  plus ,  on  puilFe  voir  au  travers  les 
objets  diftindlement ,  on  les  verra  beaucoup  plus  grands  qu'a  la  vue  fim- 
ple  ,  Sc  plus  Tosil  fera  piesbyte,  plus  Timage  fera  grande  ;  enforte  que 
par  le  moyen  d'un  feul  verre  convexe  ,  1  oeil  presbyte  re9oit  le  mcme 
avantage  que  d'une  petite  lunette  compofee  de  deux  verres.  Voici  de 
quelle  maniere  fe   fait  cette  augmentation. 

XLVIII.  Je  confidere  Tccil  comme  etant  d'une  matiere  homogene ,  la- 
quelle  eft  propre  avec  la  figure  fpherique  a  faire  ,  que  des  rayons  or- 
donnes  qui  tendent  en  un  mane  point  ptoche  ou  eloigne,  en  entrant  dans 
cet  ceil  puilfent  concourir  fur  le  fond. 

Soit  done  Tffii!  G  H  C  D  de  figure  fpherique  dont  K  fort  le  centre,  &  le 
verre  convexe  E  R  place  a  deux  pieds  de  Tail  ay.int  fon  foyer  abfolua  la 
diftance  F  I  ,  c'eft-.i-dire  que  les  rayons  qui  tombetoient  comme  paral- 
leles  entr'eux  ,  en  rencontrant  le  verre  ,  iroient  concourir  vers  la  li- 
gne  F  I  qui  eft  plus  cloignce  du  vetre  que  Tocil  CDGH.  Pofons  mainte- 
nantque  cet  ceil  ne  puille  faire  concourir  fur  fon  fond  G  H  des  rayons  qui 
foient  comme  parallcles  entr'eux,  a  moins  qu'ils  ne  tendent  a  des  points 
de  la  ligne  F  I.  S'll  y  a  done  quelque  objet  T  V  dont  les  rayons  T  E  ,  T  S 
qui  viennent  du  point  T ,  foient  comme  paralleles  en:r'tux  &  VR,  VS 
aulli  p.iralleles  lefqucls  viennent  du  point  V,  ces  rayons  ayant  palle  au  tra- 
vers du  verre  ,  iront  s'alfeinbler  aux  points  I  &  F  fur  leur  rayon  principal 
TSI  6c  VSF  qui  palfe  par  le  centre  S  du  verre.  Ces  deux  rayons  TS , 
VS  ,  comprenent  Tangle  TSV  fous  lequel  on  voit  cet  objet  qui  eft  com- 
pris  entre  fes  extremites  T  &  V;  car  on  ne  tient  pas  compte  de  la  dif- 
tance qu'il  y  a  de  Toeil  au  verre  par  rapport  a.  Tobjet,  &  q'li  fait  que 
Tangle  TSV  eft  un  peu  plus  grand  que  celui  fous  lequel  on  verroit  Tob- 
jet fans  Tinterpolition  du  vetre.  Si  ces  tayons  paralleles  ayant  pade  aii 
travers  du  verre,  &  etant  devenus  convergents  vers  les  points  1  Si  F, 
rencontrent  Toeil ,  ils  s'y  detournent  pour  allcr  s'alfcmbler  fur  le  fond  GH  ^ 
mais  tous  les  rayons  qui  enttenc  dans  Tccil  &:  qui  tendent  vers  les  points. 


78 


COLLECTION 


Acad.  Roy  ALE 

DES  Sciences 

DE  Paris. 

SvffLt.mtiT. 


I  &  F,  dolvent  s'affembler  fur  celui  qui  pade  par  le  centre  K  <fc  I'oeil 
qui  doit  etre  conndere  comnie  le  principal  pat 
rapport  a  Toeil  ,  c'ell-a-dire  fur  les  rayons  IK, 
FK  qui  rencontrent  le  fond  de  I'oeil  en  H  &  en 
G  ou  fe  fera  la  peinture  des  points  T  &  V  de 
robjet.  I!  eft  facile  a  connoitre  que  Tangle  HKG 
ou  IKF  lous  lequel  on  voir  I'objet  apres  que  ces 
rayons  ont  pa(fe  au  travers  du  verre  ,  eft  plus 
grand  que  Tangle  ISF  ou  TSV  fous  lequel  on  le 
verroit  a  la  vue  fim'ple  ,  puifque  dans  les  deux 
triangles  FKI  ,  FSI  ,  le  fommet  K  eft  plus  pro- 
che  de  la  bafe  commune  IF  que  le  fommet  S  , 
Sc  de  plus  I'angle  TSV  eft  un  peu  plus  grand  que 
TKV,  qui  feroit  celui  fous  lequel  on  verroit  les 
objets  a  la  vue  fimple  ;  car  les  rayons  principaux 
qui  viendroient  a  I'ceil  des  points  T  &  V  de  I'ob- 
jet ,  palTeroient  par  le  centre  K  de  Toeii.  Je  ne 
tiens  pas  compte  de  la  confufion  de  I'image  a 
caufe  que  I'ojil  eft  presbyte  &  qu'il  ne  pent  pas 
faire  concourir  fur  la  retine  les  rayons  qui  vien- 
nent  des  points  de  Tobjet  TV. 

XLIX.  Ceux  qui  font  Presbytes  &  qui  ont  la 
cornee  fort  convexe  ,  doivent  avoir  le  cryftallin 
fort  plat ;  mais  ils  ne  laillent  pas  de  voir  les  ob- 
jets fort  diftindbement  en  fe  fervant  d'un  verre 
convexe  pour  mettre  au-devant  de  I'ceil  ]  car  ce 
verre  convexe  detournant  les  rayons  pour  les  faire 
concourir  en  un  point  ,  ils  rencontrent  les  hu- 
meurs  de  VcsW  qui  les  decournent  encore  du  me- 
ine  fens  Sc  en  trois  terns  difterens  j  ainfi  les 
rayons  qui  entrent  dans  I'ceil  fe  rompent  du  me- 
me  fens  en  quatte  ou  cinq  terns  difterens,  ce  qui 
ne  rend  pas  la  vilion  moins  diftinito  ;  car  quoi- 
que  les  refradiions  qui  fe  font  a  I'entree  &:  a  la 
fortie  du  cryftallin  foient  bien  moindres  que  celle 
qui  fe  fait  a  I'entree  de  I'humeur  aqueufe  fur  la  cornee  ,  la  vifion  ne 
lailfe  pas  d'etre  diftindte  ,  les  rayons  rompus  ne  faifant  pas  des  angles 
trop  aigus,  comme  il  arriveroit  fi  route  la  refradhion  des  rayons  fe  tai- 
foit  en  deux  tems  feulement. 

Il  feroir  difficile ,  pour  ne  pas  dire  impoilible  ,  qu'un  ceil  fut  presbyte 
ayant  le  cryftallin  fort  convexe  ;  car  comme  il  fe  tait  toujours  deux  re- 
fradions  fur  le  cryftallin  lorfque  les  rayons  y  entrent  &:  qu'ils  en  for- 
tent  J  &  qu'il  faut  aufli  que  la  figure  de  la  cornee  foit  convexe  pour 
s'accommoder  a  celle  de  tout  I'oeil ,  il  fe  fera  roujours  trois  refradions  , 
dont  deux  etant  fort  grandes ,  I'oeil  fera  plutot  myope  que  presbyte.  Il 
fe  pourroic  pourtant  faire  que  I'humeur  vitrce  feroit  en  (i  petite  quan- 
tite,  que  le  cryftallin  touchant  prefque    au   fond  de  I'osil  ,    les  rayons 


ACADfeMIQUE.  79 

ne  pourroient   pas  concourir   fur  la   retine  a  la    foitie  cJu   cryftallin  ,    ^  ■» 

cauie  qu'il    n'y  aiiroit  pas  alTez  de  diftance;   mais    cet  accident   eft  for^   a^,,^  i^^^i.. 
rare,  tic  il  left  encore  plus  qu  iin  a'll  n  au  point  d  luimeur  vnrce  &  que     d£s  Sciences 
le   cryftallin  touche  d  la  retine  ,  ce  qui  s'eft   pourtant   ttouve  dans  quel-       de  Paris. 
ques  {ui«cs  &  fur-tout  dans  des  chevaux.    Mais  il  n'eft  pas  polTible  dans     Suppii.vE.vik 
des  conformations  C\  extraordinaires ,  que  les  organes  de   la  vifion  foienc 
demeures   fains ,   fur-tout  la  retine  Ci  elle  touclie  au  cryftallin. 


De  la   J^uc  parfaitc. 

I-   >^Eux   qu'on  dit  avoir  bonne  vue  voient  diriin(fl:ement  les  objet3 
a   un  pied  de  diftance  ou  name  plus  pres  ,  de  mtme  que  ceux  qui  fonc 
fort   eloignes.     Il   femble   que   puifqu'ils    voient  diftindtement  les  objets 
fort  eloignes ,  ils  devroient  ctre   Presbytcs  ,   car  on  ne  met   pas  d'aiitre 
difference  entre  les  Myopes  &  les  Presbytes ,  fi  ce  n'eft  que  les  premiers 
voient  bien  les  objets  proches  &:  ne  voient  pas  ceux  qui   font  eloignes  : 
au  contraire  les  aurres  voient  bien  les  objets  eloignes  Sc  ne  voient    pas 
ceux  qui  font  proches  \  c'eft  pourquoi  fi  ceux  qu'on  dit  avoir  la  vue  par- 
faite   voient  diltindement  les  objets  eloignes  ,    ils    doivent   etre  mis   an 
nombre  des  Presbytes  &:  ils  ne  doivent  pas  bien  voir  les  objets  proches. 
Il  eft  vrai  que  fi  Ton  donne  le  nom  de  Presbytes  a  ceux  dont  la   con- 
formation de  I'ocil  eft  propre  a  ralTembler  fur  la  retine  les  rayons  qui  y 
entrent  comme  paralltks  entr'eux  ,   &c  qui  viennent  par  confequent  des 
objets  fort  eloignes  ,    il  s'enfuit  que   ceUii  qui  a  la  vue   parfaite  comme 
je  1  etablis  ici ,  doit  audi  etre   appclle  Presbyte  en  ce  fens  :  mais  par  les 
noms  de  Myopes  &  de  Presbytes  on  entend  les  deux  execs  oppofes,  &z 
pat  le  nom  de  vue  paifaite  on  enrend  celle  qui  tient  le  milieu  entre  ces 
deux  extremites.    Ainfi  la  vue  parfaite  ne  difFere  pas  beaucoup  d'un?  des 
efpeces   de   Myopes  &c  de  Presbytes.    II  faut   feulement   remarquer  que 
la  diftance  de  trois  pieds  environ  doit  etre  confideiee  comme  une  trcs- 
granrle   diftance  ,    &  que  fi  un  cril   Presbyte  ne  peut  pas  voir  un   objet 
place  a  cette  diftance,  il  ne  verra  pas  non  plus  ceux  qui  font  plus  eloignes. 
LI.  Mais  comme  routes  les  vuespeuvent  bien  diftinguer  des  objets  unpeu 
plusou  moins  eloignes  ,  celui  qui  aura  la  vue  propre  pour  voir  rres-diftinc- 
tement  les  objets  a  deux  pieds  de  diftance  ,  les  vtrra  encore  bien  a  un  pied 
&  a  trois  pieds,  &  par  confequent  il   verra  bien  ceux  qui  font  tres  eloi- 
gnes ,  qui  eft  ce  que  j'appelle  ici  vue  parfaite.  Mais  celui  qui  aura  la  vue 
propre    pour   voir  tresdilHnftement  un  objet  a  quatre  pieds  de  diftance  , 
verra  aulli  alfez  bien  celui  qui  fera  a  trois  pieds ;  mais  il  verra  un  peu  con- 
fufement  celui  qui  fera  a  un  pied  ,  &  plus  confufement  encore  celui  qui  fera 
plusproche  :  il  pourra  voir  audi  diftinflement  ceux  qui  feront  plus  eloi- 
gnes que  quirre  pieds  a  quelque  diftance  qu'iis  foient  places,  qui  eft   ce 
que  j'appelle    Presbyte ,  6c  ceux  qui  font  for:  Presbytes  ,  ne  voient   que 
trcs-confufement  les  objetaiqui  font  places  a  une  mediocre  diftance  ,  &: 
ne  voient  pas  diftini^ecnent  les  objets  eloignes ,  quoiqu'iU  les  voient  mieux 


So  COLLECTION 

—  que  ceiix  qui  font  proclies.  Au  contraire  celuiquia  I'oEil  difpofe  pour  voir 

AcAD.RovALE  tres-didindement  a un  demi-pied  de  diftance,  pourra  voir  aflez  bien  un 
DEs  Sciences     objet  eloigne  feulemenc  de  croisou  quaere  pouces  &  d'un  pied  a  peupres,. 
£     ARis.       maisiine  verra  pas  ceux  qui  feront  plus  eIoignc's,&c'eItce  que  I'appelleAlyo- 
vppLiMEtiT.     pe  ,  &  ceux  qui  font  fort  Myopes  ne  fauroienc  voir  diftindlement  les  ob- 
jets  s'ils  ne  font  tout  pres  de  I'ccil :  cette  latitude  de  vue  vient  en  partie  de 
ce  que  Ton  peuftrctrecir  ou  elargir  I'ouverture  de  la  prunelle,  fuivant  que 
les  ob;ets  font  proches  ou  eloignes  de  I'ffiil,  ce  quej'examine  fort  au  long 
dans  la  feconde  partie  de  ce  traite  ,  oii  je  donne  la  maniere  de  mefurer 
exadtement  la  force  de  la  vue  ,  en  dcmontrant  que  Fo^il  ne  change  point 
de  conformation  pour  regarder  I'un  aptcs  I'autre  des  objets  proches,  & 
dautres  qui  font  eloignes. 

LI  I.  II  y  a  des  vucs  parfaites  ,  comme  je  les  etablis  ici ,  qui  ayant  la 
retine   tres- delicate  &  tres-fenfible,  ne  fauroient  foufFrir   la  grande  lu- 
miere  :  c'elt  pourquoi  elles  fe  font  accoutumees  a  retrecir  Touverture  de  la 
prunelle  quand  il  fe  prefente  quelque  objet  mediocrement  edaire,  &   par 
cette  habitude  I'ouverture  de  la  prunelle  eft  ordinairemnt  fort  petite.  Ces 
fortes  de  vues,  quoique  tres-bien  conformees  d'ailleurs  ,  ne  fauroient  voir 
diftindementde  petits  ob;ets  s'ils  ne  font  expofes  au   grand  jour,  afin  que 
maigre  la  petitellede  la  prunelle  ,  il  entre  encore  afTez  de  rayons  dans  I'ffiil 
pour  faire  une  impreflion  fenfible  fur  la  retine.   Quoiqu'eiles  ne  foicnt  pas 
Presbytes,  elles  ne  laiflTent  pas  de  le  paroitre,car  elles  font  obligees  de  fe  fervir 
de  lunettes  convexes  pour  voir   de   petits    objets  comme  les    Presbytes: 
mais  ce  n'eft  pas   pour    en    detourner  les  rayons  ,  enforte  qu'ils   faffent 
leur  foyer  fur   la  retine  ,  mais   feulenient   pour  en  faire  entrer  une  plus 
grande  quantite  dans  I'ceil  ;   car   les  verres  convexes   ont  ces   deux  pro- 
■     prietcs  tout   enfemble  ,   comme   je  I'ai  remarque  ci-dellus,  en  parlant 
de  leur   ufage.  Mais  il  femble  que  ces  fortes  de  vues   parfaites   ,  qui  fe 
fervent  de  verres  convexes   pour   faire   entrer  plus  de  rayons  dans  Tceil  , 
afin  d'en  voir  I'objet  plus  diftindement,  en  devroient  recevoir  un   tres- 
grand  defavantage  ,   puifque  les  rayons  feroient  detourncs  de  telle  maniere 
qu'ils   ne   concoureroient  plus  fur  la  retine   de  cet  ceil   parfait  ,   ce  qui 
doit  toujours  arriver  ,  puifque  ces  deux  eftets  du  verre  convexe  fontinfe- 
parables  :  mais  on   remedie  facilement  a  ce  defaut  en  approchant  un  peu 
Tcril  de  I'objet.    On  en   pcut  faire  ['experience  en  prenant  un  verre  fort 
convexe  ,  Sc   en  regardant  au  travers  quelque    objet ;   car  on    trouvera 
une  diftance  de  cet  objet  a  I'osil  ou  I'on   verra  toutes  fes  petites  parties 
fort  diftindement.  J'ai  vu  une  perfonne  qui  avoit  TceII  de  cette  efpece  ,  8c 
qui  etoit  obligee  de  fe  fervir  de  lunettes  convexes  pour  voir  de  petits  objets. 
H  lui  furvint  un  jour  une  grande  inflammation  aux  yeux  ,  &c  il  remarqua 
qu'il  pouvoit  dans  ce  temps-la  voir  fort   diftindement  de  tres  petits  ob- 
jets fans  le  fecours  des  lunettes  convexes:  mais  quand  il  commen^oit  a 
regarder  les  objets  eclaires  il  fouffroit  une  grande  douleur  ,  qui  diminuoic 
un  peu  dans  la  fuite.  Il  eft  facile  d'expliquer   cet  eftet ,   parce  que  j'ai  die 
ci-devant :  car  I'intlammation  de  fes  yeux  ne  laiftant  pas  la  liberie  au  muf- 
chde  la  prunelle  de  la  fermer  a  I'ordinaire  ,  *entroit  alors  dans  iVi^il  une 
aifez  grande  quantite  de  rayons  pour  rendre  la  vifion  fort  diftinde  ,  les 

organes 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  gr 

organes  n'etanc  point  malades.  La  grande  douleur  qu'il  fentoit  d'abord ,  „_______ 

venoit  de  limprtllion  de  ces  rayons  fur  la  ratine  qui  en  ctoit  cbranlde  avec  Acad.  Ro  vale 
une   crop  grande  violence  ,  &c  de  1 'effort  qu'il  faifoic  aumufclede  la  pru-     des  Sciences 
nelle   pour  la  fermer  comme  a  fon  ordinaire  ;  ce  mufole  etant  affligc  par       de  I'aris. 
I'huineur  qui  caufoit  I'inrtamniation.  Mais  cette  douleur  diminuoit  enfuire     Supn.iiiit.NT. 
un  peu,  car  cemufde  ayant  fait  fon  effort  demeuroit  dans  la  mtme  pofi- 
tion ,  ce  qui  ell  femblable  a  ce  qu'oii  cprouve  ,  quand  on   veut   mouvoir 
quelque   partie  afiligee  d'une    fluxion;  car  la  douleur  n'eft  fort  fenfible 
que   dans  le  changement  de  pofuion  de  cette  partie. 

LIII.  Ceux  qui  n'ont  pas  accoutuniede  regarder  dans  les  lunettes  d'appro- 
che  ,  y  voient  ordinairement  les  objets  bordes  de  bleu  Sc  de  rouge  ,  quoi- 
qu'ils  aient  la  vue  fort  bonne  :  la  raifon  de  ces  couleurs  vient  de  la  grande 
refradtion   des  rayons  en  entrant  dans  I'ocil  :  car  tous  les  rayons   d'une  lu- 
miere  vive  ou  d'un  corps  fort  eclairequi  font  termincs  par  le  noir  ,  s'etant 
rotnpus  ,  paroilTent  avoir  fur  leurs  bords  des  couleurs  rouges  ou  bleues. 
Mais   quoique  les  rayons   rompus  falFent  les  couleurs  ,  il  faut  qu'il  y  aic 
encore  un  ecart  dans  ces   rayons  pour   rendre  les  couleurs  fcnfibles  ;  car 
fans  cela  I'cEil  ne  pourroit  pas  les  appecevoir.  Cell  pourquoi  ceux  qui  n'ont 
pasl'ufage  de  regarder  dans  les  lunettes  d'approche  ,  ne  mettent  pas  ordi- 
nairement le  verre  oculaire  a  la  diftance  que  I'objedif  demande  pour  con- 
venir  a  leur  vue  ,  &  ils  voient  les  objets  un  peu  confus  a  caufe  de  I'ecarc 
des  rayons  ,  ce  qui  leur  rend  auffi   les  couleurs  fenfiblcs ;  &  con-.meils  ne 
fent  pas  accoutumes  a  voir  diftinfter.tent  les  objets  eloignes  ,  ils  font  bien 
moins  d'attention  a  la  diftiniition  de  I'objet  qu'a  ces  couleurs  qui  leur  pa- 
roilfent  extraotdinaires  &  furprenantes.   Mais  ceux   qui  favent  connoitra 
par  i'experience   que  les  objets  n'ont  pas  toute  la  nettere  qu'ils  peuvenc 
avoir  ,  ils  avancent  ou  ils  recuknt  le  verre  oculaire  tant  qu'il  foit  a  la  diftance 
Je  I'objedif  laquelle  eft  convenable  a  la  portee  dt  leur  vue,  &  alors  ils  ne 
voient  point  de  couleurs  ;  ce  n'eft  pas  qu'il  n'y  en  ait  toujours,  mais  elles 
ne  leur  font  pas  fenfibles  a  caufe  du  trop  peud'ecart  des  rayons.  Pour  faire 
voir  qu'il  n'y  a  pas  d'autre  raifon  de  cet  effet ,  c'eft  que  ceux  qui  font  le 
plus  accoutumes  .i  regarder  dans  les  lunettes  d'approche  ,  &   qui  n'y  re- 
marquent  point  de  couleurs  ,  voient  les  objets  colores  s'ils  approchent  ou 
s'lls   ecartenr  le  veire   oculaire  de  I'objeftif  plus  qu'il  ne  convicnt  a  leur 
vue  :  I'experience  fuivante  fervira  encore  de  conhrmation  a  ce  que  je  viens 
de  dite. 

LIV.  Quand  on  a  rempli  d'eau  une  petite  phiole  bien.ronde  d'un  pouce 
de  diametre  ou  environ  ,  &  qu'on  I'expofe  au  foleil  dr.ns  une  chambr^ 
obfcure  ,  fil'on  regarde  cette  phiole  en  tournant  un  peu  le  dos  au  foleil , 
enfotte  que  la  ligne  droite  qui  va  de  I'ceil  a  la  phiole ,  faffe  un  angle  de 
4i  degtcs,  environ  avec  celle  qui  vient  du  foleil  a  la  meme  phiole;  on  y 
verra  un  point  d'une  coaleur  rouge  tres-vive  &  enfuite  on  verra  da  jaune  , 
du  verd  ,  du  bleu  Sc  du  pourpre  en  remuant  un  peu  I'ccil  de  la  place  ou 
il  voit  le  rouge.  C'eft  par  ce  moyen  qu'on  explique  les  couleurs  de  I'arc- 
cn-ciel :  mais  ce  qui  eft  de  plus  remarquable  dans  cette  experience  ,  c'eft 
que  ceux  quiont  la  vue  parfaite  ,  ou  qui  ne  font  qu'un  peu  Presbytes,  ne 
voient  prefque  pas  ces  couleurs,  quand  la  phiole  n'eft  eloignee  de  I'oeil 
Tome  III  f  Panic  Francoiji,  L 


Si  COLLECTION 

•  que  de  5  ou  4  pieds ,  au  -  lieu  que   ceux   qui   font  fort  Presbytes  on  un 

yVcAD. RoYALE  pj-y  Myopes,  voient  ces  couleurs  fort  diftiniStes  8c  fort  wives.  Ces  for- 

DEsbciiSNCES      tes  d'yeux  voient  tres-diftin<5lement  les  petites  parties  de  la  boule  d'ou  la 

c        ^       '        lumiere  rompue  fe  retlechit  vers  ToEil  ,  fes   rayons  ne  font  prf^fque  point 

d  ecart  &  par  confequent  les  couleurs  ne  lont  point  ou  ttes-peu  lerlibles: 

mais  quand  la  phiole  eft  fieloignee  de  ces  yeux  par  rapport  a  fa  grolLur, 

qu'ils  ne  peuvent  plus  en  diftinguer  les  petites  parties  ,  &  les  rayons   qui 

font  les  couleurs  s'ecartanr  toujours  de  plus  tn  plus  au-del.l  de  la  lumiere 

pure  ,  iis  y  voient  des  coukurs  comme  les  autrts  yeux:  c'eft  pourquoi  ils 

voient  fort  bien  les  couleurs  de  I'arc-en-ciel  dans  ks  petites  gouttes  de 

pluie.  (rt) 

LV.  C'eft  acidi  par  la  meme  raifon  que  ces  fortes  de  vues  ne  voient  pas  or- 
dinairemenc  ks  ..oulcurs  de  I'arc-en-ciel  dans  les  gouttes  de  rofee  qui  font 
attaclices  fur  ks  iierbes,  a  moins  que  ces  gouttes  ne  foient  tres  petites  ,  ou 
qu'elles  ne  foient  fort  eloignees  de  I'ccil  \  car  a  4  pieds  de  diftance  envi- 
ron, i!s  voient  trop  diftin(5tement  les  petites  parties  de  ces  gouttes  :  c'eft 
pourquoi  les  rayons  de  la  lumiere  ne  faifant  pas  un  affez  grand  ecart  dans 
leurs  yeux,  ils  ne  fauroient  appercevoir  les  couleurs  qu'elle  y  forme.  Mais 
s'ils  m-ttcnt  au-devant  de  Toeil  un  verre  convexe  on  concave,  ce  qui  les 
rend  alors  Myopes  ou  Presbytes,  ils  apper^oivent  les  couleurs  comme  fi 
leurs   vues  avoient  ces  defauts. 


Dc  qudqucs  accidcns  qui  arrivcnt  aux  trots  fortes  dc  Vues. 

LVI.  JVl  oNsiEuR  Descattc;  dit  que  lorfque  les  rides  qui  fe  font  fur  les 
furfaces  deshumeurs  de  I'ccil  font  droites  6i  qu'elles  fe  croifent  dans  I'axe  , 
ce  qui  fe  rencontre  fouvent  ,  nous  voyons  de  grands  rayons  cpars  cp.  &:  la 
autout  des  flambeaux.  Mais  cette  raifon  n'ell  pas  vraifembiable  j  car  il 
faudroit  qu'il  y  eut  toujouts  de  ces  fortes  de  rides  fur  ks  yeux,  ou 
qu'elles  fulfent  formees  par  le  clignotement  ,  &  qu'elles  fulfent  feule- 
ment  de  haut  en  bas ;  cat  toutes  les  fois  qu'en  regardant  une  chandelle 
on  ferme  prefque  I'cEil ,  on  voir  toujours  de  ces  rayons  qui  .s'etendent 
feulementen  haut  &  en  bas. 

LVn.  M.  Rohaut  explique  ce  phenomene  d'une  maniere  fort  diffe- 
rente  de  celle  de'M.  Descartes  \  car  il  dit  que  les  deux  paupieres  H  &  I 
{  figure  fuivante  )  etaiit  fort  proches  I'une  de  I'autre  ,  ne  lailTent  qu  .i  peine 
une  petite  ouverrure  entre-deux,  par  laquelle  les  rayons  qui  partent  de  la 
chandelle  BCD,  vont  tracer  fon  image  dans  I'endroir  E  F  G  de  k  retine  , 
&  que  ks  bords  des  paupieres  qui  fe  touchent  ordinairement ,  font  lilies 
comme  deux  miroirs  convexes  qui  reflechilfent  ks  rayons  de  lumiere  qu'ils 

(a)  On  fait  a  prefent  <]ue  I'inegale  refranj;ibilite  des  rayons  eft  la  vraie  caiife  de 
rapparcncc  dc  ces  couleurs  :  on  a  mcme  trouve  les  moyens  d'cmpecher  ces  conleurs 
de  paroitre  ,  foit  par  la  forme  qu'on  a  donnce  aux  objcilifs  ,  foit  par  le  choix  des 
maticrcs  dlffaerament  refringentcs  dont  on  les  a  compofts. 


■SupyiiMEHT. 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  o, 

envoicnt  vers  la  retine  aux  endroits  E  K  ,  G  L  ,  qui  fans  cela  ne  feroient    1,      r.-     'SSS 
^branles  que  par  les  objets  qui  feroienr  vers  B  M  &  C  N;  ainfi  rimpredion  Acad.Royaui 
qui  fe  fait  en  E  K  ,  caufe  I'apparence  des  rayons  lumineux  qu'on  rapporce     des  Sciences 
en  B  M,  Sc  ccUc  qui  fe  fait  en  G  L  caufe  I'apparence  des  rayons  qu'on       °^  I  aris. 

imagine  en  C  N. 
Mais  il  ajouteque 
la  partie  B  de  la 
flamme  eclairanc 
la  paupiere  infe- 
rieure  I.fes  rayons 
font  reHechis  fur 
cette  paupiere,  & 
vont  toucher  la 
retineenhautdans 
y_£^  fa  partie  LG ,  ce 
qui  caufe  I'appa- 
rence des  rayons 
d'en  bas  C  N.  Si 
Ton  met  done  un 
corps  opaque  OP 
entre  I'oeil  &c  le 
haut  de  la  flamme ,  on  cedera  de  voir  les  rayons  d'en  bas  &  on  con- 
tinuera  de  voir  ceux  d'en  haut  parce  qu'ils  font  formes  par  les  rayons 
CH  qui  partem  du  bas  de  la  flamme  Sc  qui  ne  font  poinc  interceptesj 
mais  alors  ils  ne  paroilTent  plus  a  la  meme  dirtance  que  la  chandelle , 
mais  fur  le  corps  opaque. 

LVIII.  Cette  explication  a  regu  beaucoup  d'applaudiflemens ,  &  elle 
paroit  d'abord  fort  convaincante  ,  mais  il  me  femble  qu'en  I'examinant 
de  pres  elle  ne  pent  pas  fe  foutenir.  M.  R.  remarque  tres  bien  qu'il  faut 
que  la  cliandelle  foit  cloignce  de  I'ceil ,  &  I'expinence  fait  voir  que  le» 
rayons  paroiflent  bien  mieux  lorfque  la  chandelle  eft  fort  eloignee,  que 
lorfqu'elle  ell;  prociie  :  mais  c'eft  ce  qui  detruit  enticrement  f.i  demonftra- 
tion  ;  cir  alors  on  ne  doit  plus  confiderer  dans  la  chandelle  de  partie  haute 
ni  de  bade  comnie  il  a  fait ,  les  rayons  qui  en  viennent  al'oEil  ctant  comma 
paralleles  entr'eux.  De  plus,  quand  il  dit  que  les  rayons  B  I  qui  viennenc 
de  la  partie  fuperieure  B  de  la  flamme  ,  font  I'apparence  des  rayons  C  N  en 
allant  toucher  U  partie  fuperieure  G  L  de  la  retine  ,  il  ne  confidere  pas  que 
les  rayons  du  milieu  de  la  chandelle  &  meme  ceux  de  la  partie  inferieure  , 
vont  aulli  rencontrer  la  fuperficie  convexe  de  cette  paupiere  inferieure  I , 
&  par  confjquent ,  quand  on  metttoit  le  corps  opaque  OP,  on  ne  cache- 
roit  qui2  quelquesuns  de  ces  rayons  qui  feroienr  fur  la  retine  immediate- 
menc  au-defTus  de  la  chandelle,  leur  extremite  L  paroiflant  loujours ,  la- 
quelle  feroit  tormee  par  la  lumiere  du  milieu  &:  du  bas  de  la  chandelle  :  eg 
rayon  ne  dilparoitroit  done  eiuieremi,nt  que  lorfqu'il  ne  tomberoit  plus  au- 
cune  lumiere  fur  la  paupiere  I.  Mais  s'll  n'y  avoir  plus  aiicun  rayon  de  lu- 
miere qui  put  rencontrer  la  paupiere  I  ,  il  n'y  en  auroit  point  qui  tombac 
fur  la  paupiere  H  j  car  route  la  chandelle  lui  feroit  caches  par  le  corps  opa- 

L  ij 


t4  COLLECTION 

•  ^^^  que,&  fi  Ton  mcttoit  les  corps  opaques  proche  de  Tosil ,  apres rinterfec- 

AcAD.RoYAH  tion  Jes  rayons ,  il  arriveroit  le  coiuraire  de  ce  que  die  M.  R.  ,  ce  qui  re- 

DES  Sciences     p^gng  ^  I'experience  :  il  faut  done  chercher  ailleurs  la  caufe  de  cetce  appa- 

DE  I'ARis.       r   fa  .1  .,    -  ,    ,-  .         „  rr 

c        jL  rence  ;  mais  il  faut  auparavant  rapporter  plutieurs   circonltances  que  cec 

aureur  n  a  pas  remarqueesou  qu  il  a  negligees  ,  &  raire  voir  en  meme- temps 
qu  elles  ne  peuvent  pass'accorder  avec  fon  fyfteme. 

LIX  Je  remarque  premierement ,  que  lorfqu'on  panche  un  peu  la  tete 
en  bas  &  qu'on  regarde  la  chandelle,  on  voir  feulement  le  rayon  d'en  bas 
CN  ;  &  au  contraire  lorfqu'on  leve  la  tete  on  ne  voit  que  des  rayons  en 
liaut  comnie  B  M  ,  &  enfin  que  pour  voir  de  rayons  eu  haut  Sc  en  bas ,  il 
faut  tenir  la  tete  droite  &  fermer  prefque  I'asil. 

Pour  expliquer  ces  eftets  ,  il  faut  confiderer  que  la  paupiere  d'en  haut  a 
un  fort  grand  mouvemenc  en  comparaifon  de  celle  d'en  bas  qui  n'en^  a 
que  peu  >  &  que  lorfque  la  tete  eft  un  peu  bailfee  ,  le  globe  de  I'acil  s'eleve 
en  haut  pour  regarder  la  chandelle  ,  enforte  que  I'ouvertiire  de  la  prunelle 
fe  trouve  alors  fort  cloignce  du  bord  de  la  piupiere  d'en  bas  ,  qui  ne  peuc 
pas  s'elever  jufqu'a  I'ouverture  de  la  prunelle  ,  &  par  confequent  il  ne 
pent  pas  reHechir  dans  I'eeil  aucun  rayon  du  bord  de  la  paupiere  d'ea 
bas,  ou  s'il  en  reflechit  ,  ce  ne  peur  etre  que  bien  moins  que  lorfque 
I'cEil  eft  mcdiocrememt  ouvert  :  mais  comme  il  n'y  en  reflechit  point 
quand  I'ocil  ell:  mcdiocrement  ouvert,  ce  qui  eft  confirme  par  I'expe- 
rience ,  puifqu'on  nevoit  point  de  rayons,  il  n'y  a  done  point  de  rayons 
reflcchis  de  la  paupiere  d'en  bas  dans  cette  pofition  de  la  tete,  &  par 
confequent  on  ne  verra  point  le  rayon  C  N  qui  accompagne  la  chandelle 
vers  le  bas  ;  car  les  rayons  reflechis  de  la  paupiere  d'en  bas  I  font  ceux 
qui  font  voir  les  rayons  C  N  en  bas  dans  I'explication  deM.  R.  a  caufe 
qu'ils  ftappent  la  partie  fuperieure  G  L  de  la  retina  ,  ce  qui  eft  entiere- 
ment  contraire  a  I'experience. 

Mais  dans  cette  pofuion  de  la  tete  qui  eft  baiffee  ,  I'ouverture  de  la 
'prunelle  fe  rencontrant  vis-a-vis  du  bord  de  la  paupiere  d'en  haut ,  les 
rayons  qui  viennent  de  la  chandelle  vers  Tceil  ,  devroient  fe  reflechir  fur 
le  bord  convexe  de  cette  paupiere  ,  &  aller  occuper  la  partie  inferieure 
E  K  de  la  retine  ,  qui  feroient  voir  le  rsyon  B  M  au-delTus  de  la  chan- 
delle ,  ce  qui  eft  entierement  oppofe  a  I'experience.  Tout  le  contraire 
doit  arriver  lorfqu'on  levera  la  tete.  j  car  alors  I'ouverture  de  la  prunelle 
fe  rencontrant  proche  du  bord  de  la  paupiere  d'en  bas  ,  les  rayons  de  la 
chandelle  qui  s'y  reflechlront  ,  iront  occuper  dans  I'oeil  la  partie  fupe- 
rieure ,  &  par  confequent  ils  feront  voir  le  rayon  de  lumiere  C  N  au- 
defTous  de  la  chandelle  ,  ce  qui  eft  encore  contraire  a  I'experience  ;  car 
la  tete  etant  levee  on  ne  voit  que  le  rayon  d'en  haut  B  M.  On  ne  peuc 
pas  dire  cfue  ces  effets  arrivent  a  caufe  de  la  grandeur  de  la  chandelle , 
qui  envoie  des  rayons  differenrs  de  la  partie  fuperieure  &  de  I'infc- 
rieure  ;  car  lorfqu'elle  eft  fort  eloignce  de  I'oeil  ,  &  qu'on  met  au  de- 
vant  une  carte  percee  d'un  petit  trou  ,  on  ne  laifle  pas  de  voir  la  memo 
chofe  ,  quoique  les  rayons  qui  viennent  de  cotites  fes  parties  foient  comme 
paralleles  entr'eux. 

On  remarque  aufK  qu'en  regardant   la  lumiere  de    la  chandelle  an 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  85 

travers  de  ce  trou  ,    la  tcte  etant  mcdiocrement  bailTce  ,    on  voir  des  =r=^=:=^ 

rayons  cjui  s'ctendent  au-delTous  de  la  lumiere  du  trou  ,  &  que  fi  on  la  Acad.Royalb 

bailie  un  pcu  plus,  ies  rayons  difparoiifent  tout-d'un-coup  ,    quoiqu'on  voie     ^^^  1'ar^s"^ 

encore  la  lumiere  au  travers  du  trou.    Cert  ce  qui  fait  trcsbien  connoitre     Cypyi.^  „ent. 

que  ce  ne  font  pas  Ies  rayons  de  la  lumiere   qui ,   frappant  fur  le  bord 

de  la  paupiere  infcrieure   Ik.  fe   reflcchiflant  vers  la  parcic  fuperieure  de 

la  reiine  ,  formenc  Ies  rayons  qui  paroiflenr  au  defTous  de  la  lumiere  du 

trou  ;  car  puifqu'on  voit  encore  la  lumiere  du  trou  ,  lien  n'empcche  que 

cette  lumiere  ne  donne  fur  le  bord  de  la  puipicre.  Il  faut  done  chercher 

line  autre  -.aufe  de  ces  efFets  :  Si  voici  celle  que  je  regacde  comme  fa- 

tisfaifante  a  tous  ^gards. 

LX.  Soit  done   comme  ci-devant  I'oEil  A  &:  le  point  Inmineux  B  ,  i 
quelle  diftance  on  voudra  ,  pourvu  qu'il  ait  encore  alFcz  de  force  pout 
toucher  I'aEil  vivement.  On  fait  que  I'cril  ell  toujours  liunitde  d'unc  eau 
glaireufe   qui  fe  ramall'e  en  plus  grande  quantite  au  bord  dts  pnupieres 
que  dans  Ies  autres  endroits ,  parce  qu'e'.les  frottent  fur  la  cornee.    Cette 
liqueur  qui  s'attache  aux  paupieres  en  s'y  elevant,  forme  une  cavite  en- 
ire  la  paupiere  &  la  cornee ,  &  Ies  rayons  qui  viennent  du  po'.nt  lum 
neux  13  en  palfant  au  travers  de  cetce  cavite  vers  H  ,  fe  dctournent  vers 
la   perpendiculaire  &c  palTent  dans  TcEil  vers  la  partie   fuperieure  de  la 
retine  ;  c'eft  pourquoi  fi  la  paupiere  H  fe  trouve  vis  avis  de  I'ouvcrture 
de   la  prunelle  ,    comme  il  arrive  lorfque   l.i   tcte  eft.  un  peu  bailT'ee  ,  il 
s'enfuit  que  Ies  rayons  de  la  lumiere  qui  fe  ronipent  vers  le  bord  H  de 
la  paupiere  fuperieure  ,  rencontrent  la  retine  en  OL ,  &  forment  le  rayon 
lumineiix  qu'on  voit  au-deffous  du  point  B  en  BN  :  mais  fi  Ton  baide  uii 
peu  trop  la  tete,  &  que  la  faillie  du  fourcil  &  de  la  paupiere  pu;lTe  em- 
peclier  que  Ies   rayons  de  la  lumiere  ne  donnent  plus  fur  la  petite  con- 
cavitc  formce   par  I'humeur  de  I'oeil  au  bord  de  la   paupiere   fuperieure 
H  ,    le   rayon    lumineux  qui    paroit  au-dcrtous  du   point   D  ,    difparoitr.t 
comme  il  arrive  en  effet ,  quoiqu'on  voie  encore  le  point  lumineux  B  par 
le  moyen  des  rayons  qui  tombent  a  Fordinaire  fur  la  partie  de  la   cor- 
nee qui  ert  entre  Ies  deux  paupieres  &  qui  peuvent  entrer  dans  I'oeil  par 
I'ouvcrture  de   la   prunelle.    11   eft  evident  qu'il  ne   fauroit   paroitre  de 
rayon  au-delfus  du  point  B  lorfque  h  tete  ell  baiiTce  ;    car   la   paupiere 
infcrieure  etant  alors  au  delTous  de  I'ouverture  de  la  prunelle  ,  Ies  rayons 
qui  tombent  fui  la  concavite  faite   par  I'humeur  qui  eft  au  bord   de   la. 
paupiere  I  ,    fe  detournent   vers  le   bas  de  TQcil  fans  pouvoir  pader  au- 
dedans  par  I'ouverture  de  la  prunelle  qui  eft  au-dclFus  ,  ce   qui  eft  con- 
firme  par  experience.    Mais  fi  la  tete  eft  dtoite  ,    &  que  Ies  deux  pau- 
pieres foient  approche'es  I'une   de  I'autre  ,    la  concavite  qui  eft  formee 
entre  deux  par  la  liqueur,  recevant  Ies  rayons  du  point  lumineux  R,    tes 
detourne  ,  en  forte  que  ceux  cjui  rencontrent  la  courbure  vers  la  paupiere 
infcrieure  ,  vont  vers  ie  bas  de  I'ceil  en  K  ,  I'iceux  qui  rencontrent  la  courbure 
vers  la  paupiere  fuperieure  H ,  vont  vers  le  haut  en  L  j   &  comme  dans 
cette  pofition  de  loeil  f :  des  paupieres  ,   I'ouverture   de  la  prunelle  RS  , 
fe  trouve  entre  Ies  deux  paupieres,  Ies  rayons  dccournes  pcurront  pt'netrer 
au  dedans  de  i'aeil  &  renconcrer  la  retine  au-dclTus  &  au-dcircus  de  I'axe 


S^  COLLECTION 

ill  de   I'oeil  ,    8c  ainfi  ils  feronc  voir  deux  rayons   de   lumiere  BM  ,    BN 

Acad. Roy AiE  tout  enfemble  ,  au-delTus  ^  au-defTous  du  point  iunjineux. 
t>rs  Sciences  Si  on  leve  maintenanc  la  tete  fort  haute  ,  on  appercevra  un  feul  rayon 
BM  au-delfus  du  point  lumineux;  car  ie  globe  de  I'oeil  fe  bailTant  pour 
mettre  fon  axe  dans  la  iigne  qui  vient  du  point  B  ,  la  courbure  qui 
touche  la  paupiere  inferieute  fe  trouvera  vis-a-vis  I'ouverture  de  la  pru- 
nelle,  &  les  rayons  qui  fe  detourneront  fur  cette  courbure  en  defcen- 
dant  vers  le  bas  de  I'oeil,  pourront  penetrer  au-dedans  ,   &  rencontrer 


DE  Paris. 

SuerLtMENT. 


la  retine  en  K  au-deflous  de  I'axe  ,  d'oii  11  arrivera  qu'on  verra  un  feui 
rayon  de  Uimiere  BM  au-delFus  du  point  lumineux  B.  On  n'en  verra 
point  au-defTous  ,  car  les  rayons  qui  rencontrent  la  courbure  qui  eft 
contre  la  paupiere  fuperieure  H,  en  fe  detournant  vers  le  haut  de  I'oeil , 
ne  fauroient  entrer  par  I'cuverture   de  la  prunelle   qui  eft  au-dellous. 

Quand  on  pleure  ,  I'abondance  de  la  liqueur  forme  une  plus  grande 
concavitc  au  bord  des  paupieres  ,  d'ou  il  arrive  que  la  refradlion  etant 
plus  grande,  les  rayons  de  lumiere  paroillent  plus  vifs  &  plus  longs  (<2). 

Il  refte  maintenant  a  expliquer  ce  qui  arrive  lorfqu'on  met  un  corps 
opaque  entre  I'ceil  Sc  la    lumiere. 

Il  faut  premierement  remarquer  qu'on  doit  placer  le  corps  opaque 
procfie  de  I'ceiI  pour  faire  un  effet  plus  fenfible.  Lorfque  la  tete  eft 
bai.Tee  ,  &  qu'on  voit  les  rayons  en  bas  ,  fi  I'on  place  le  corps  opaque 
vers  le  b.is  de  roeil  >  les  rayons  qui  paroiirent  en  basdemeurent  ;  ce  qui 
paroit  evident  par  ce  que  j'ai  explique  ci-devant  ,  car  les  rayons  de  la 
lumiere   qui  font    interceptes    par    le  corps  opaque  ,   n'apportent  aucun 


I 


(a)  Si  ce  phenomene  etoit  un  efFct  de  la  rcfraiftioii  commc  Ie  fuppofe  ici  M.  de 
la  Hire,  les  rayons  refraifles  dcvroient  paroitie  colorcs  divcrfemcnt  ;  &  comme  cela 
a  a  point  lieu ,  M.  Smith  en  conclut  que  cette  appareiicc  eft  pluiot  produite  par  I'in- 
flexion  des  rayoiis  palTant  pres  des  bords  des  paupieres. 


ACADiMIQUE.  87 

changement  a  ce  qui  fe  pafTc  au-dedans  de  Tail,  puifqu'ils  n'y  enrroient  ■ 

pas  auparavant.    Mais   fi   I'on  place  le  corps  vers  le    haut   de  loEil  ,   en  Acad-Rovalb 

avancant  ton  bord  vers  Is  bas  ,  ies  rayons  qui  paroilTent  au-delfous  de  la       ^^  1'aiu"* 

luiniere  difparoiirent  tout-d'uncoup  ,  quoiqu'on  vole  encore  la  cliandelle.     i^yyiUjicuT 

Ceci  eft  aifc  a  expliqusr  ;  car  le   corp>  opaque  P  iiuerceptant  alors  Ies 

rayons  de   la  lumicre  qui  tomboient  fur   la  concavite  de  la  liqueur,  qui 

ctoit  amaiTce    aurour   de  la  paupitre  fupjrieuie  H  ,  n'entrenc  plus  dans 

I'oeil  ,  &   ne  vont  plvjs  toucher  la  partie    fupeneure  de  la  retine  ;    c'eft 

pourquoi   Ies   ray.ns  qui  paroilTent  au  bas  de   la   lumiere  difparoilFcnt  ; 

mais  comme   il  y  a  encore   des  rayons  de  la   lumiere  qui  rencontrcnt  la 

cornte  entre    Ies  deux  paupicres  ,  lis  vont  s'afTtniblcr  au  fond  de  I'cril  , 

&  y  font  a  I'ordinaire  une  peinture  exaifle  de  I'objet  lumineux.  Le  con- 

traire  arrivera  par  une  meme  caufe  pour  le  rayon   BM  ,   qui  paroit  au 

haut  de  la  lumiere  en  levant  la  tete  ;  ce  qu'il  n'eft  pas  nccellaire  d'expli- 

quer  plus  au  long. 

Quoique  Ic  fentiment  de  M.  R.  fur  Ies  rayons  qui  paroilTent  aux 
chandelles  ne  puil'e  pas  fe  foutenir  ,  on  ne  peut  pas  nier  pourtant  que 
I'epailfeur  des  paupieres  ne  rcflifchilFe  la  lumiere  au-dedans  de  I'ccil , 
dans  quelques  pofitions  de  I'oeil  &  de  la  chandelle  :  mais  cette  lumiere 
reflechie  fait  une  appatence  fort  ditferente  des  rayons  done  nous  avons 
parle  ci-devant, 

Auditor  que  j'eus  trouve  cette  explication  ,  je  refolus  de  la  faire  im» 
primer  en  particulier  \  mais  ayant  rencontre  le  petit  Traite  qui  a  pour 
titre  ,  rOjihtalmographie  par  M.  Brigs  ,  Medecin  Anglois  ,  j'y  vis  en  ge- 
neial  la  meme  explication  de  cette  apparence. 

LX!.  Il  y  a  une  efpece  de  tnche  qui  peuc  paroitre  dans  route  forte 
d'yeux  ,  &  dont  je  n'ai  point  parle  ci-delTus;  mais  elle  ne  peut  jamais 
apporter  aucun  dommage  a  Iffiil ,  car  elle  n'eft  caufee  que  par  que'.que 
glaire  cpailie  &  irreguliere  qui  glilTe  fur  la  cornee  ,  ians  lui  donner 
aucune  incommodite  ,  fi  ce  n'cft  de  I'empLcher  de  voir  dilrindlsmenc 
lorfqu'elle  fe  rencontre  devant  I'ouverture  de  la  prunelle  :  mais  en  re- 
muant  un  peu  la  paupiere  ,  on  detourne  ce' corps  eiranger  &  aufli-tot  la 
tache  difparoit.  On  ne  s'appercoit  de  ces  taches  que  quand  cm  regarde 
une  chandelle  ou  une  lumiere  fembable  dans  un  lieu  obfcur  ,  &  il  faut 
que  I'image  de  la  lumiere  paroilTe  confufe  :  c'tft  pourquoi  fi  cette  lumiere  * 

eft  a  une  diftance  de  douze  ou  quinze  pieds  ,  1  ceil  qui  la  regarde  doic 
etre  myope  ou  fort  presbyte  pnur  voir  cette  forte  de  tache  ;  car  alors 
la  peinture  de  cette  lumiere  qui  fe  fait  dans  le  fond  de  Iceil  ctant  con- 
fute ,  on  voir  la  figure  de  I'ouverture  de  la  prunelle,  comme  j'ai  die 
ci-devant  ,  &  non  pas  celle  de  la  lumiere.  C'eft  pourquoi  lorfqu'un  corps 
opaque  fe  met  au-devant  de  cette  ouverture  ,  il  en  change  la  figure  ,  Sc 
ce  corps  doit  aufli  paroitre  fur  la  peinture  de  la  lumiere  qui  eft  dans  le 
fond  de  loeil  ,  puifque  la  figure  circulaire  qui  eft  au  fond  de  I'ceil  doit 
ctre  femblable  a  celle  de  I'ouverture  ,  &  en  avoir  routes  Ies  irrcgularites. 
Mai;  un  ceil  bien  conforme  pour  voir  diftindtement  Ies  objets  a  la  dif- 
tance oil  la  chandelle  eft  pofee  ,  ne  verra  point  cette  tache  ;  car  la  pein- 
ture de  la  chandelle  fera  diftiniSe  fur  le  fond  de  I'osil ,  de  quelque  figure 


ss  colhection 

■  ~— •  que  foit  la  pruttelle  &:  quelques  irregiilarites  quelle  puifTe  avoir.  Cepen- 

AcAD.RoYALE  daiit  fi  cec  <e\[  bien  contorme  veuc  voir  ces  fortes  de  caches  ,  il  n'a  qua 

DES  Sciences     prendre   un   morceau  de  verre    ordinaire  qui  foit  un  peu  eclate  fur  le 

DE  I  ARis.       hotd,  Sc  approcher  cet  endroic  tout  contre  I'ceil ,  alors  ce  petit  eclat  lui 

SvpfLiMEUT,     enverra   dans  I'oeil   une  lumiere  ,   comme  s'il  y  en  avoit  une  a  i'endroic 

nieme  de  cet  eclat  de  verre.  Mais  cet  osil  n'etant  pas  difpofe  pour  voir 

diftiniStement  des  objets  qui  font  fort  proches  ,  il  doit  etre  coniidere  par 

rapport  a  cet  objet  lumineux  ,  comme  un  ceil  fortpresbyte  ,  &  il  verra  la 

tache  fur  la  lumiera  de  cet  eclat.  Il  ne  lailFera  pas  aufli  de  voir  diftinde- 

ment  la  lumiere  de  la  chandelle  a  cote  de  I'autre. 

Cette  forte  de  tache  qui  paroit  grande  a  proportion  de  la  grandeur 
du  corps  qui  la  forme  fur  la  cocnee  ,  difparoit  auffi  tot  qu'on  ecarte  ce 
corps  de  devant  la  ptunelle  ,  en  remuant  ou  en  fermant  les  paupieres. 
Lorfque  I'humeur  qui  enduit  la  cornee  eft  fort  vifqueufe  ,  C\  Ton  ferme 
la  paupiere  de  delTus  en  bailTant  un  peu  la  tete  ,  enforte  que  le  cercle 
lumineux  fous  la  figure  duquel  on  voir  la  chandelle  ,  paroifle  coupe  ega- 
lement  pat  la  paupiere  ,  quand  on  releve  la  paupiere  tout-a-coup  ,  on 
voit  une  ligne  ou  bande  obfcure  a  I'endroit  oii  I'ombre  de  la  paupiere 
coupoit  la  lumiere  apparente.  Cette  ligne  eft  formee  par  une  elevation 
de  I'humeur  glaireufe  ,  qui  refte  un  peu  de  temps  fur  la  cornee  a  I'en- 
droit oil  etoit  le  bord  de  la  paupfere  ,  mais  enfuite  elle  s'etend  avec  le 
refte  Sc  la  ligne  difparoit. 

LXII.  J'ai  dit  ci-devant  dans  le  paragraphe   X  ,  que  fi  Ton   a  un  en- 
droit  de  la  recine  plus  fenfible  que  les  autres  ,  &  que  cet  endroit  ne  foit 
pas  dans  I'axe  de  la  vifion  ,  on  tourne  I'oeil  en- 
forte   que  la  pointe    du  pinceau  des   rayons  qui 
viennent    de    I'objet   qu'on   veut  voir   diftinfte- 
menc ,    tombe  fur  cet  endroit ,  &c  alors  il  fem- 
ble  que  chatun  des  deux  yeux  regarde  en  diffe- 
rens  endroits  ,   ce  qui  fait  la  vue  louche  :  mais 
ce  dcfaut  de  la  vue  peut  venir  auffi  d'une  autre 
caufej  car  fi  le  cryftallin  n'eft  pas  fufpendu   bien 
droit  au-devant  de  I'ouverture  de  la  prunelle ,  Sc 
qu'il  foit  plus  incline  d'un  cote  que  d'autre  com- 
me on  voit  dans  cette  figure ,  la  pointe  des  pin- 
ceaux  des  rayons  AB  qui  viennent  diredtement 
a   I'oeil  Sc  qui  devroient  tendre  au  point  P  fur 
la  retine  dans  I'axe  CP  ,  fe  dctourne   en  D  vers 
I'endroit  oii  le  cryftallin  eft  le  plus  eleve.  Mais 
fi  le  point    P  de  la  retine  ,  lequel  eft  dans  I'axe 
CP,  eft  le  plus  fenfible  comme  il  I'eft  ordinairement ,  les  rayons  qui  vien- 
dront   obliquement    dans  I'ceil   comme   font    EB  ,   ay?nc    palfe    au    tr.a- 
vers    des    humeurs  de  I'oeil,   iront  s'affembler   fur  la  retine  en  ce   point 
P  ,  &  I'objet  qui  enverra  les  rayons  EB  ,  fera  vu  le  plus  diftinclement  de  tons  ; 
c'eft  pourquoi   cette  vue   patoitra    louche,  car  I'oeil  fera  artencif  a  I'objec 
vers  lequel  il  n'eft  pas  dirige  {a) ,  Sc  ce  defaut  paroitra  encore  plus  grand  , 
(a)  II  rac  femble  que  ce  n'eft  point  Tail  louclie  qui  eft  attcntif  &  qui  voit  dans  le 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  'ij 

ii  le  cryftallln  n'efl:  pas  incline  du  nicme  cotd  dans  chacua  des  deux  yCux  (a).  < 

J'ai  fuppofe  dans  ce  que  je  viens  d'expliquer  que  les  rayons  s'alTem-  Acad.Royale 
blent  evidtement  fur  la  rctine  ;  quoiqu'il  foic  certain  ,  quo  fi  le  cryf-  des  Sciences 
tallin  ecoit  fufpendu  obliqucniL-nt  dans  I'lEil  ,  la  vifion  ne  fe  pourroic  ^^  Paris. 
jamais  faire  bien  diftin(fle.  Mais  fi  Tccil  ne  peut  voir  Tobjet  que  confu-  •St/FPti.«£NT. 
fement ,  foit  qu'il  foit  presbyte  ou  myope  ,  &  que  I'objec  foit  trop 
proche  ou  trop  loin  ,  I'image  de  I'objec  fera  confufe,  mais  d'une  maniere 
route  particulicre  ,  ce  qui  paroitra  fort  clairement  ,  il  Ton  regarde  un 
objet  lumineux  comme  une  cliandelle  dans  I'obfcurite  ;  car  fon  irrwge 
paroitifl  ovale  ,  au  lieu  qu'on  la  devroit  voir  route  ronde  fuivanc  la  foi>» 
me  de  I'ouverture  de  la  prunelle.  Cet  ovale  aura  fon  petit  diametre  dans 
la  ligne  qui  determine  I'inclination  du  cryftallin  ,  &  Ton  poutra  par  ce 
moyen  connoicre  de  quel  cote  le  cryftallin  eft  incline  dans  I'ocil.  On  pour- 
ra  auiTi  remarquer  fi  le  cryftallin  eft  incline  de  la  meme  maniere  ou  differem- 
ment  dans  chaque  oeil ;  car  en  fermant  alternativement  les  deux  yeux , 
&  regardant  toujours  la  meme  chandelle,  on  verra  fi  les  images  de  la 
lumiere  font  toutes  deux  ovales,  &  fi  ces  ovales  font  inclines  du  meme 
fens  ou  diverfement  ,  ou  d'un  fens  contraire  ,  ce  qui  fera  connoitre  les 
differences  inclinaifons  du  cryftallin.  Ceux  qui  ont  le  cryftallin  incline 
en  fens  contraire  dans  les  deux  yeux,  verront  la  lune  comme  deux  ova- 
les qui  s'entrecoupent,  comme  il  paroit  dans  cetce 
JTCt-y^-'^-rl  figure ,  &  ils  jugenc  d'abord  qu'ils  voient  cinq  lu- 
;■.,.„.„,  .  nes  jointes  enfemble  ;  car  la  parcie  du  milieu  qui 
eft  commune  aux  deux  ovales,  paroit  au  milieu  des 
autres  Sc  la  plus  claire  parce  quelle  a  double  lu- 
miere. Les  quaere  excrcmites  qui  debordent  audela 
de  la  partie  du  milieu  ,  paroilfenc  comme  tjuatre 
autres  images  de  la  lune ,  done  les  centres  feroienc 
eloignes  les  uns  des  aiicres  &  qui  feroient  en  par- 
tie  recouverces  par  celles  du  milieu. 
LXIII.  J'ai  aufii  dcmonirc  ci-devanc  paragraphe  XX  ,  commenc  un  fcul 
objec  pouvoit  paroitre  double  avec  un  feul  osil  qui  eft  presbyre  ou  myope  ; 
mais  il  faut  voir  prefencenient  comment  il  fe  jieut  faire  que  toutes  fortes 
de  vues  puifPent  voir  un  meme  objet  multiplie  plufieurs  fois~,  fansqu'il 
y  ait  aucune  chofe  extcrieure  qui  dccourne  les  rayons  comme  on  le  peu: 
remarquer  dans  I'expcrience  fuivante. 

Si  Ton  mec  au-devanc  de  losil  Sc  tout  proche  un  papier  ou  un  carton 
mince  c^ui  foic  ouve«t  d'une  fence  longjic  &  fore  ccroite,  8c  qu'on  re- 
moment  ou  il  fe  detoiirnc  ;  il  ne  fe  d<itourne  au  contraire  que  pour  nc  point  obfcur- 
cir  I'image  du  bon  ceil.  (  V.  ci  dejfus  la.  note  du.  paragraphs  X. ) 

(a)  Je  ne  fais  <i  ce  cas  eft  dans  la  nature;  mais  je  nc  fadic  pas  qu'il  y  en  ait  en 
fcul  cxcmplc  bien  avere.  Toutes  les  pcrfonncs  louchcs  ont  toujours  un  de  leurs  ycui 
tourni  dir;c1enicnt  vers  I'objct  cju'cUes  rcgardcn: ,  &  (i  fermant  Ic  bon  ocil  cllcs  vcu- 
Ivnt  rcffardcr  avcc  celui  cjn'cllcs  detomnoient  auparavaut,  cclui-ci  fc  tedrclTc  aufli-:6t 
&   fc  dirige  droit  a  I'objet. 

Tome  III ,  Partie  Fran^oifc,  M 


?• 


COLLECTION 


■I  — —  garde   line    ctandelle    dans  I'obicurite  ,   il  y   aura  peu   de  vnes  qui  ne 

Acad.  RoYALE  voient  cette  chandelle  multipliee  plufieurs  fois  felon  la  longueur  de   la 

DEs Sciences     fence;  en  force  que  fi   cette  fence  eft  placee  horizoncalement  audevant 

DE  I  ARis^  de  I'tEil ,  on  verra  plufieurs  chandelles  rangees  les 

SveeiiM^HT,      I  A   A  A  A  A  A  unes   aux  cotes  des  autres   a-peu-prcs    comma  en 

cette  figure,  &  j'ai  trouve  des  yeux  qui  en  voyoienc 
jufqua  fix, 

Pour  rendre  raifon  de  cette  apparence  ,  il  fauc 
d'abord  confiderer  que  fi  iQEil  a  une  conformation 
propre  pour  voir  tres  -  dirtindrement  cette  chandelle  a  la  diftance  oil 
elle  eft:  placee ,  il  n'en  doit  voir  qu'une  feule  fore  diftindtemenc  au 
rravers  de  la  petite  fence  5  mais  elle  doit  paroitre  un  peu  moins  lumi- 
neufe  que  fi  la  carte  n'etoit  pas  audevant  de  I'oEil  ,  car  il  enttera 
moins  de  rayons  dans  I'ocil  j  &  il  eft  certain  que  la  petite  fence  de 
la  carte  qui  change  la  figure  de  I'ouverture  de  la  prunelle  ,  ne 
pent  apporcer  dans  ce  cas  aucun  changement  a  la  figure  de  I'objec  , 
comme  on  le  demontte  dans  I'opcique.  Mais  quoique  I'a'il  ne  puilfe  pas 
voir  tres-diftinftement  iin  objet  dans  nne  certaine  diflance  ,  on  ne  fau- 
roit  prefque  s'appercevoir  de  ce  defaut  fans  cette  experience  ,  a  caufe 
de  la  grande  ouverture  de  la  prunelle  ;  car  la  plus  gcande  partie  des 
rayons  qui  cntrent  dans  I'oeil  ,  s'alfemblant  en  un  endroit  qui  a  peu  de 
latitude,  lorfque  Tobjec  eft  place  a  une  diftance  propre  pour  hire  que  cec 
endroit  fe  rencontre  fur  la  recine,  on  croit  voir  I'objec  tore  diftinftement, 
les  rayons  qui  s'ecartent  de  cote  &  d'autre  ,  n'etant  pas  alTez  forts  pour 
faire  une  impreffion  fenfible  fur  la  retine.  Ainfi  ,  quoiqu'un  ceil  ne  foit 
ni  presbyte  ,  ni  myope  ,  il  n'eft  pas  pour  cela  parfait.  Mais  fans  confi- 
derer ici  fi  Toeil  eft  presbyte  ou  myope  ,  ou  paifait  ,  comme  je  I'ai  de- 
fini  dans  le  commencement  de  ce  difcouts  ,  je  fuppofe  feulemenc  qu'ii 
n'y  a  poinc  d'endroir  au  dela  du  cryftallin  ,  ou  tous  les  rayons  qui  en- 
ttent  dans  I'oEil  puilTent  s'alfembler  exadement.  Il  femble  d'abord  qu'on 
ne  devroit  voir  feulemenc  qu'une  lumiere  longue  fuivanc  la  figure  de 
la  fente  ;  car  I'ouverture  de  la  prunelle  etant  alors  changee  &c  etant 
longue  ,  la  lumiere  qui  fe  peine  lut  la  recine  doic  avoic  la  figure  de 
I'ouvercure  de  la  prunelle  comme  je  I'ai  demoncre  dans  le  pnragraphe 
XXXIX  :  msis  la  difficulte  eft  d'expliquer  commenc  cetce  lumiere  longue 
fe  divife  en  plufieurs  parties  ,  qui  reciennenc  touces  la  figure  de  I'objec 
lumineux. 

Je  dis  done  qu'il  fe  trouve  peu  de  vues  done  les  fuperficies  du  cryf- 
tallin Sc  de  la  cornee  foienc  de  celle  figure  qu'elles  puifienc  raftembler  au- 
dedans  de  I'cEil  tous  les  rayons  des  objets  qui  lone  places  a  differences 
diftances  comme  je  I'ai  obferve  paragraphe  XXI  ,  &  c'eft  par  cecce  ir- 
regularicc  de  furfaces  des  humeurs  de  I'cril  que  j'explique  I'apparence 
done  il  s'agic  ici.  Soic  ACDF  la  convexlce  de  la  cornee  qui  foie  d'une 
figure  uniforme  comme  celle. d'une  portion  de  cerde  ;  GOH  la  fuper- 
ficie  anterieure  du  cryftallin,  &  n  *  n  fa  fuperficie  pofteiieure  ,  &  que 
ces  deux  fuperficies  foienc  itreguiieres,  enforte  qu'elles  decournenc  les 
rayons  dans  quelqu'ordre  vers  differens  endioics. 


ACAD6MIQUE. 


^i 


Je  fuppofe  maintenant  qu'il  y  ait  uii  objec  B  d'oii  il  vient  des  riyons  = 

A  I'Gcil   cotnme   BA  ,    BC  ,  BF ,  &  que  ces  Acad.Royaw 


rayons  foienc  comme  paralleles  entr'eux  dans 
cet  exemple,  Sc  j'examine  premieremenc  ce 
qui    arrive  a   ces    rayons   fur  un  plan    qui 
pafle  par    I'axe  de  I'ceil  ,   ce  qui   elt   reprc- 
lente  dans  cette  figure.   Les  rayons  qui  vitn- 
nent  de   I'obje:  B  ,  &    qui    rencontrenc   la 
furface  de  la  cornce  ,  que  j'ai  fuppofce  d'une 
courbure   uniforme,  font  decournes  comme 
pour  les  faire  concourir   a-peu-pres  en   un 
meme  point  :  mais  en   renconttant  la   fur- 
face  anterieure  du  cryftallin  qui  eft  irrcgu- 
liere  ,  ils  fe  detournent  en  diffetens  endroits , 
Sc  cet  ecart  augmente  ou  diminue  fuivant 
I'irrcgularite    de    la   furface  poflerieure  du 
meme  cryftallin.   Je  fuppofe  done  dans  cet 
exemple  que  les  rayons  qui  tombent  autour 
du  point  O  fur  le  milieu  de  la  furface  an- 
terieure du   cryftallin  ,  ayanc  pafle   au  tra- 
vers  de    cette  humeur  ,    &  s'etant   encore 
detournes  fur  la  furface  poftcrieure  ,    con- 
courent  au  point  Y  fur  I'.ixe  de  rceil;  mais 
que  les  rayons   qui   tombent  autour   de   M 
6c  de  N  aux  deux  coies  du  point  O,  apres 
avoir  paffe  au  travers  du  cryftallin,  concou- 
rent  vers  les  points  ST  ou  ils  font  lent  foyerj 
enfin  que  les  rayons  qui  viennent  d'un  me- 
me point  de  I'objet ,  s'ecartant  vers  differens  endroits  ,  doivent  faire  de 
la  confufion  fur  la  retine  en  quelqu'endroit  qu'elle  foit  placee ;    car  fi  la 
retine  eft  en  LK,  ou  volt  que  les  rayons  qui  tombent  fur  le  cryftallin 
vers  les  points  G  &  H  ,    concourant  au  point  I  fur  la  retine  ,   y   repre- 
fentent  I'image  du  point  B  de  I'objet,  &  cette  image  fera  d'autant  plus 
vive    qu'elle   aura  les  rayons  de  deux  endroits  difterens  qui  fe  joignenc 
enfemble  &  qui  font  encore  fortifies  par  ceux  du  milieu  qui  concourent 
au  point  Y  ,  mais  qui   font  un  peu  de  contufion   en  ce  point  I  a  caufe 
que  les  rayons  du  milieu  qui  concourent  au  point  Y  qui   eft  plus  eloigne 
que  la  retine  ,  s'ecartent  un  peu  autour  du  point  I  pour  les  rayons  qui 
tombent  autour  des  points  M  &  N ,  &  qui  font  leut  foyer  en  S  &  en 
T,  ils  rencontrent  la  retine  aux  points   LK  ,  oia  ils  occupent    une  pe- 
tite place  ,    a  caufe  que  ces   points  LK  font  eloignes  des  foyers  ST.    Il 
fe  fera  done  fur  la  retine  LK  ,  trois  peintures  ditferentes  de  I'objet  B  ; 
une   fort  vive  au  point  I,   &   deux  autrcs   aux  deux   cotes  un  peu   plus 
foibles  &  un  peu  confufes  aux  points   LK. 

Maintenant,  ii  la  recine  fe  trouve  en  ST,  il  doit  arriver  par  les  mcmes 
raifons  que  je  viens  d'apporter  ,  que  I'objet  B  fera  cinq  peintures  diffe- 
lentes  fur  cette  retine,  fcavoit  deux  diftindles  aux  points  ST,  &  trois 

M  ij 


DES  Sciences 
DE  Paris. 

SvffLtUENT, 


91 


COLLECTION 


■  autres  un  pen  confufes  aux  points  Q  P  R  ,   ou  les  rayons  qm  foni  leurs- 

AcAD.RoYALE  foys^s  aux  points  I  &  Y,  font  coupes  hors  de  ces  foyers.   Enfin  ,  fi  la 

DEs  Sciences     letine  ell  plaeee  en   V  A  ,  il  s'y  fera  audi  cinq  peintures  de  I'objet ,  une 

DE  Paris.        diftinde  au  point  Y  ,  &c  quaere  autres  aux  points  V  X  Z  A  un  peu  con-. 

SUFFL^MEUT.       fufes. 

L'ceil  ecint  difpofc  comrae  je  le  fuppofe  ici  ,  en  voit  que  louvefture 
de  la  prunelle  etant  ronde  ,  au  lieu  des  points  S  QR  T  ,  &c.  dans  chaque 
pofition  de  la  prunelle  ,  il  doit  y  avoir  des  cerdes  ,  dont  tous  les  centres 
feront  d.ins  I'axe  DY,  &  ces  cercles  feront  plus  ou  tnoins  lumineux  & 
plus  6c  moins  larges  a  proportion  de  la  lumiere  qui  fe  rencontre  aux 
points  SQRT,  &c.  car  ce  n'eft  que  cette  mcme  lumiere  qui  tourne 
autour  du  centre  comme  P  ,  &  qui  fait  la  grande  confufion  de  la  vifion. 
Mais  fi  I'ouverture  de  la  prunelle  n'eft  qu'une  ligne  comme  je  I'ai  fup- 
pofe d'abord  ,  on  n'aura  que  des  points  r.inges  fur  une  ligne  dans  le 
nume  fens  que  celle  de  I'ouverture  de  la  piunelle  ,  &  c'eft  par  ce  moyen 
que  j'explique  la  repetition  apparente  de  I'objet.  Car  quoique  dans  I'une 
des  diftan;es  de  la  retine  comme  V  A,  les  points  marques  VXZa  aienc 
quelque  largeur  ,  parce  que  les  foyers  d'ou  ils  viennent  font  en  SIT, 
iis  font  pourtant  fi  petits  qu'ils  font  la  mcme  chofe  que  des  points  :  car 
alors  I'ouverture  de  la  prunelle  pour  chaque  point  n'aara  de  largeur  que- 
celle  de  la  fente  de  la  carte  ,  &  ne  s'etendia  en  longueur  qu'autant  que' 
le  demande  la  difference  des  courbures  ;  Si.  il  arrive  la  meme  chofe  pour 
chaque  point ,  que  fi  Ton  regardoit  I'objet  au  travers  d'un  trou  d'epingle: 
car  de  quelque  nature  que  foit  I'oEil  ,  on  voit  toujours  I'objet  diftinde- 
ment  ,  a  caufe  que  les  rayons  qui  pafl'ent  par  cette  petite  ouverture  qui- 
eft  la  bafe  des  cones  lumkieux  ,  n'ont  pas  un  ecart  fenfible  quoiqu'ils 
foient  coupes  beaucoup  aii-delTus  ou  au-delfous  de  leur  foyer.  Ainfi  la 
multiplication  de  I'objet  fe  fait  de  la  meme  maniere  que  fi  Ton  metroit 
une  chandelle  devant  un  carton  perce  de  trous  d'nne  demi-ligne  de  dia- 
metre  environ  ,  &  qu'on  re^ut  la  lumiere  fur  un  papier  blanc  au-dela- 
du  cartcn.  Il  faut  remarquer  que  dans  tous  les  cas  il  ne  laKfe  pas  d'y 
avoir  des  rayons  entre  tous  les  points  marques  fur  la  retine  dans  fes 
differentes  pofitions  ;  mais  comme  il  y  en  a  peu  ,  ils  ne  caufent  qu'un- 
peu  de  lumiere  dans  ces  endroits  j  fans  formsr  aucune  peinture  diftiniSte ,, 
qui  ne  peut  patoitre  que  par  le  concours  des  rayons  vers  un  meme 
endroit. 

Les  differentes  irregularites  des  trois  membranes  qui  r^nferment  les 
humeurs  de  Toeil  &c  fur  lefquelles  les  rayons  fe  rompent ,  caufent  plus 
ou  moins  de  foyers ,  qui  peuvent  avoir  fur  la  retine  des  difpofitions  dif- 
ferentes dont  je  n'ai  rapportc  qu'un  cas  pour  exemple. 

L'obfcurite  dans  laquelle  on  fait  I'experience  dont  je  parle  ici  ,  fere 
beaucoup  a  faire  voir  I'objet  repete  plufieurs  fois  :  car  I'ouverture  etant 
alors  plus  grande  qu'au  jour  ,  il  peut  entrer  dans  Tceil  une  plus  grande 
quantite  de  rayons  qui  rencontrant  une  plus  gtande  partie  des  fuperficies- 
du  cryftallin  &  de  la  cornee  ,  peuvent  etre  detournes  en  plus  de  manieres 
par  les  differentes  irtegularites  de  ces  fuperficies. 

On  peut  obferver  dans  cette  experience,  de  quelle  maniere  les  rayons 

1 


ACAD^MIQUE. 


pr 


i'ecartent  fur  la  rctine 

e 


TrjjIMilll: 


^^ 


car  fi  Ton  cleve  peu-a-peu  la  petite  fente  qui 
eft  au-devan:  de  I'ceil ,  on  verra  diminuer  le 
nombre  des  cliandclles  jiifqu'a  ce  que  la  pe- 
tite fcnte  touche  rouvetture  ronde  de  la  ptu- 
nelie  ,  &  alors  on  n'en  verra  plus  qu'une  ou 
deux  tout  au  plus  qui  difparoltront  tout  a  la 
fois  quand  la  carte  cachera  toutc  la  prunelle.  11  eft  evident  que  tela 
doit  arriver  ainfi  ,  puifque  la  multiplicite  des  chandclles  ne  vient  que 
de  la  graiide  ouverture  de  la  prunelle,  &  qu'a  mefure  qu'on  eleve  cette 
fente,  la  largeur  de  la  prunelle  qui  y  eft  comprife  devient  plus  petite 
comme  on  le  pcut  voir  dans  cette  figure  ou  ab  eft  plus  jjetite  que  cd  ^ 
&  t  encore  plus  petite  que  a  b  ,  cq  qui  doit  Ctre  confidcre  comnie  I'ou- 
verture  de  la  prunelle.  Ivlais  dans  la  figure  precedcnte  ,  li  la  rctine  tft 
pofee  en  LK,  &  que  la  fente  foit  placc'e  au  milieu  de  I'ouverture  de  la 
prunelle,  on  verra  d'abord  I'objet  multiplie  trois  fois  ;  enfuite  la  fente 
ctant  un  peu  elevce  retranchera  les  rayons  qui  font  autour  de  G  &  de 
H ,  &  qui  s'aflemblent  en  I  ;  c'eft  pourquoi  la  cbandelle  qui  patoifToic 
au  milieu  en  1  diminuera  beaucoup  de  lumiere  ,  car  il  ne  lui  reftera 
plus  que  les  rayons  du  milieu  qui  tombent  en  D.  Enfin  la  fente  ctanc 
encore  plus  elevee  ,  les  deux  chandelles  formces  en  L  &  en  K  difparoi' 
tront ,  &  il  ne  reftera  plus  que  celle  du  milieu  route  feule. 

^lais  fi  la  retine  eft  en  S  T  oil  Ton  voit    cinq  chandelles  aux  points 

5  Q  P  R  T ,  on  verra  d'abord  difparoitre  les  deux  chandelles  qui  font 
en  Q  &  en  R,  lefquelles  font  formees  par  les  rayons  qui  tombent  vers 
les  extreniites  du  cryftallin  en  G  &  en  H  ;  enfuite  celles  qui  font  en  S 

6  T  qui  font  les  plus  eloignees ,  difparoltront  ,  etant  formees  par  les  rayons 
qui  tombent  en  M  &:  en  N  ,  ic  il  reftera  celle  du  milieu  P  route 
feule. 

Enfin  ,  fi  la  rctine  eft  placee  en  V  A  ,  les  chandelles  difparoltront  dans 
I'ordre  naturel  ;  car  d'abord  en  elevant  la  fente  ,  on  ne  verra  plus  les 
deux  plus  eloignees  en  V  &  A  ,  lefquelles  font  formees  par  les  rayons  qui 
tombent  vers  les  extremitcs  du  cryftallin  en  G  &  en  H  ;  enfuite  les 
deux  autres  en  X   &  en  Z  ,    &  il  reftera  la  dernieie  en  Y  au   milieu. 

LXIV.  11  femble  que  les  rayons  qui  tbmbent  en  G  &  en  H  &  qui 
S'entre-coupent  au  point  I  ,  avant  que  de  rencontrec  la  retine  ,  foit 
qu'elle  foit  placee  en  ST  ou  en  V  a  ,  y  devroient  former  des  chandelles 
renverfces  j  mais  on  trouvera  qu'elles  doivent  paroitre  droites  comme 
les  autres  ,  en  confiderant  que  leurs  peintures  feront  renverfces  fur  la 
retine  ;  car  il  n'arrive  rien  d'extraordinaire  a  ces  rayons  ,  fi  cc  n'cft  le 
chaiigement  de  cote  de  droite  a  gauche  ,  la  petite  fente  faifant  alors 
I'ofiice  de  I'ouverture  de  la  prunelle.  On  verra  done  feulemenr  a  caufe 
du  changement  ,  que  fi  Ton  fait  avancer  quelque  corps  obfcur  fur  b 
petite  fente  qui  eft  placee  dans  le  milieu  de  I'oeil  ,  enforte  que  la  partie 
vers  F  foit  caciiee  ,  la  chandelle  V  difparoitra  d'abord  ;  enfuite  celle  qui 
eft  en  Z  ,  &  le  corps  continuant  a  s'avancer  vers  A  ,  celle  du  milieu 
s'en  ira  ,  puis  celle  qui  eft  en  X  &  la  derniere  en  A.  On  pout  juger  par 
tctte  mciiic  maniere  de  ce  qui  arriveta  fur  la  rctine  dans  quelque  en- 


AcAD. Royals 

D£S  ScitNCES 

DE   1'ARIS. 
SvttLi.itiUS, 


94  COLLECTION 

I  — «  droit  quelle  puiffe  etre  plaeee.  Eiifiii ,  par  les  experiences  de  1  ordre  Jant 

AcAD.RoYALE  lequcl  difparoltront  les  chandelles  ,  on  peut  connoitre  en  quelque  fa^oti 

DES  Sciences     la   forme  des  furfaces  du  cryllallin  &  de  la  cornee  ;  je  dis  en  quelque 

D£  Paris.       fa^on  ,  car  il  feroit  difficile  de  debiouiller  les  combinaifons   des  tefrac- 

SufpLt.vENT.      tions  de  ces   trois  furfaces. 

Ceiix  a  qui  les  rayons  de  la  lumiere  pofee  a  une  cercaine  diftance  ne 
font  que  ttes  peu  decart  ,  ne  pourroient  pas  voir  plufieurs  chandelles, 
quand  mcme  les  furfaces  des  humeurs  auroient  des  irregularites  :  mais 
s'ils  mettent  au-devant  de  I'ceil ,  entre  la  feme  Sc  la  cornee  ,  un  verre 
cohvexe  ou  concave  ,  qui  ecarte  beaucoup  les  rayons  fur  leur  retine  , 
ilis  appercevron:  auflltot  la  multiplicite  des  chandelles  ;  car  par  ce  moyen 
ils  pourront  rendre  leur  vue  ou  myope  ou  presbyte  :  au  contraire  ,  ceux 
qui  voient  naturellement  plufieurs  chandelles  au  travers  de  la  fente  ,  la 
chandelle  ecant  dans  une  certaine  diftance  de  lail  ,  nen  verront  plus 
qu'une  au  travers  de  la  fence  ,  s'ils  donnent  a  leur  vue  par  le  moyen 
d'un  verre  convexe  ou  concave  ,  ce  qui  lui  eft  neceffaire  pour  aftemblec 
les  rayons  de  la  chandelle  a-peu-pres  en  un  point  de  la  retine,  quoi- 
qu'en  efFet  ils  aient  les  fuperficies  des  humeurs  irregulieres  ;  car  ils  ne 
pourront  appecccvoir  la  multiplicite  des  chandelles  qui  fe  confondent. 

J'ai  dit  ci-devant  que  la  futface  excerieure  de  la  cornee  &  celles  du 
cryftallin  devoient  etre  irregulieres  pour  faire  I'effet  que  je  viens  d'expli- 
quer  :  mais  il  pourroit  auffi  arriver  la  meme  chofe  par  une  autre  caufe, 
&  qui  eft  conni'.e  de  ceux  qui  fe  font  appliquds  a  la  dilfedtion  des  yeux. 
Car  ils  favent  que  le  cryftallin  eft  forme  de  plufieurs  enveloppes  les 
unes  fur  les  autres  comme  font  les  oignons  ,  Sc  que  dans  le  milieu  il 
y  a  un  petit  noyau.  Il  arrivera  done  fi  la  nature  de  ces  enveloppes  tranf- 
parentes  caufe  differentes  reftaftions  ,  que  le  cryftallin  fera  les  efFets 
que  j'ai  expliques  ,  quoique  fa  figure  exterieure  foit  fort  reguliere  j  ce  qui 
eft  tres-  facile  a  connoure. 

LXV".  Ce  feroit  ici  le  lieu  oii  je  devrois  parler  de  la  multiplication 
des  objets,  qui  fe  fait  en  les  regardant  au  ttavers  de  plufieurs  petits  trous 
qui  font  perces  dans  un  papier  ou  dans  une  carte  mince  ,  &  qui  ne 
font  pas  plus  eloigncs  les  uns  des  auttes  que  la  grandeur  de  I'ouverture 
de  la  prunelle  :  mais  comme  ce  phenomene  ne  depend  poinr  de  la  con- 
formation des  yeux,  fi  ce  n'eft  en  ce  que  cette  multiplication  ne  s'ap- 
percoit  que  par  I'cell  qui  eft  presbyte  oa  myope  ,  I'objet  etant  place  a  la 
diftance  oii  I'oEil  ne  fauroit  le  voir  diftin6t;ment  ;  Sc  comme  j'en  tire 
une  longue  fuice  de  confequences  pour  la  conformation  de  I'cril  &  pouc 
la  mefuredefa  force  ou  de  fa  foibleflfe  ,  j'ai  trouve  a  propos  d'en  com- 
pofer  la  feconde   partie  de  ce  Traite. 

LXVI.  Il  auroi;  etc  difficile  que  la  membrane  iris  ,  de  la  maniere  dont 
elle  eft  difpofee  dans  les  hommes  &  dans  la  p'.upart  des  animaux ,  eiit  pu 
faire  une  aufli  grande  Sc  aufli  prompce  contraftion  Sc  dilatation  que 
celle  que  nous  appercevons  dans  les  chats.  L'ouverture  de  cette  mem- 
btane  ne  paroit  dans  I'ocil  de  ces  animaux  que  comm?  une  fente  de  haut 
en  bas  felon  la  ligne  A3.  Les  mufcles  qui  fervent  a  I'ouvrit  ne  font 
que  la  titer  de  chaque  cote  vers  E  Sc  F ,  Sc  elle  peut  fe  former  ou  pat 


ACADfeMlQUE. 


95 


line    verca  de  reffbrt  ou    par  d'autres   mufcles  qui  tircnt   en    fens   con- 


traire  vers  A   &c  vers  B.    Ces  fortes  d'yeux  ont  Acad.Royai.e 
done    un  crand  avantage    fi  les  humeurs    font     "^^  Scienxe^ 

.   .  ,P         ,  -t  •  D£  I'ARIS. 


bien  conformecs  ,  car  ils  peuvent  appercevoic 
k's  objets  diftindlement  dans  I'obfcuriti:,  a  caufe 
de  la  grande  quantitc  des  rayons  qui  encrenc 
dans  Tocil  lorfque  la  prunelle  eft  dilatce  autanc 
qu'elle  pent  I'ctre  ;  &  ils  ne  font  point  clioques 
par  une  grande  lumiere  ,  puifquils  peuvent  fa- 
cileinent  6<:  fubitemcnt  fermer  rouverture  de  l.i 
prunelle  &^  bire  enforte  qu'il  n'entre  que  pen 
de  rayons  de  I'objec  qui  puiflent  toucher  la  re- 
tine.  Enfin  cette  ouverture  pcut  etre  encore  di- 
ininuee  &c  reduite  a  un  petit  trou  quand  les  paupieres  viennent  a  fe  fer- 
mer ,  ce  qui   rcndra  la  vifion  trcs-diftinifle  de  prcs  &  de  loin. 

Mais  cette  conformation  de  vue  n'a  pas  etc  donnee  a  rhomme  ,  &: 
ceux  qu'on  die  avoir  des  yeux  de  chat  ,  font  ceux  qui  peuvent  voir  dif- 
tindement  pendant  la  nuit  ,  c'eft-a-dire  dans  une  trcs- foible  lumiere 
comme  eft  feulement  celle  des  etoiles  5  car  il  eft  certain  qu'il  u'y  a  point 
d'yeux  qui  puiirenc  voir  dans  une  parfaite  cbfcuritc.  Ces  fortes  d'yeux 
ont  I'ouverture  de  la  prunelle  fore  grande  ;  &:  conime  les  hommes  ne 
peuvent  pas  relferrer  beaucoup  cette  ouverture  ,  au  moins  s'ils  font  un 
peu  avances  en  age  ,  il  leur  arrive  qu'ils  ne  fauroient  fouffrir  la  grande 
lumiere  ,  comme  je  I'ai  dcja  remarque  ci-devant  ,  parce  qu'elle  cbranle 
trop   fortement  la  rctine  ,  ce  qui  caufe  de  la  douleur. 

LXVII.  C'eft  par  la  mcme  raifon  que  ceux  qui  viennenc  d'un  lieu  obfcur 
ou  ils  ont  demeure  long  terns  ,  fi  ils  regardent  fubitsment  une  grande 
lumiere,  perdent  quelquefois  la  vue;  ou  y  fentenr  une  diminution  confi- 
derable  :  car  par  le  long  fejour  qu'ils  ont  fait  dans  I'obfcurite  ,  la  pru- 
nelle ctanc  toujours  demeurce  fore  ouverte  ,  la  membrane  iris  a  perdu 
I'ufage  de  pouvoir  fe  rederrer  ,  &  les  rayons  de  lumiere  entrant  dans 
I'cEil  en  grande  quantite  ,  cbranlent  fi  fortement  le  tilfu  de  la  retine, 
qu'ils  le  rompent  a-peu  prcs  de  la  mcme  maniere  qu'ils  feroient  fi  ayanc 
paffe  au  travers  d'un  grand  verre  convexe  ,  ils  fe  ralTembloient  fur  quelque 
corps  dont  la  tilFure  flit  fort  delicate.  Auffi  ceux  qui  ont  marche  long- 
tems  dans  les  neiges ,  croient  voir  une  blanchcur  qui  couvre  les  objers 
colores  ,  comme  s'lls  etoient  couverts  d'un  crepe  blanc  j  ce  qui  n'eft 
qu'une  maladic  de  la  retine  ,  qui  a  etc  trop  fortement  ebranlee  par  la 
blanchenr  de  la  neige. 

LXVIII.  Il  arrive  quelquefois  par  une  maladie  particuliere  de  I'o-il , 
que  I'ouverture  ds  la  prunelle  fe  dilate  extraordinairement ,  &  qu'elle 
occupe  toute  la  membrane  iris ;  ce  qui  peut  arriver  ,  ou  parce  que  certe 
membrane  perd  entierement  le  reftbrt  qui  la  tient  etendue  ,  ou  parce  que 
le  niufcle  qui  la  relFerre  e:l  entierement  relachc  &  n'cgit  plus  centre  celui 
qui  I'ouvre  ,  on  enfin  parce  que  le  mufde  qui  la  dilate  ne  peut  plus  fe 
relacher  ;  d'ou  il  arrive  que  ceux  qui  ont  cetce  maladie  ,  ne  fauroient 
foutTiic  la  lumiere ,  d'autant  qu'elle  fait  une  trop  grande  impreflion  fui 


SvetLiMENT, 


i)S  COLLECTION 

le  tiflTu  de  la  retine  ,  comme  je  I'ai  remarque  ci-devanr ,   &  c'efl:  peur- 

V\cAD. RoYAi.E  ^'■'■^  P^"-  ^^^^^  raifoii  qu'Aiiltote  a  dit  qu'ils  voient  les  ohjets  plus  grands 

DEs  Sciences     qu'ils  ne  les  voyoienc  auparavanr  ,  parce  que  la  grande  lumi3re  ebranle 

DE  Paris.       plus  de  parties  de  Li  retine  que  ne  fait  une  lumiere  mediocre.   C'efl:  aufli 

SvtPLiMENT.     pour   la  mcme  raif'on  qu'une    petite  cliandelle  paroic   la   nuit  dans  une 

crcs- grande  diftance.   Alais  cette   grande  augmentation  d'image   ne  peuc 

etre    que   pour  quelques  petits  objets  himineux  ,    comme  une  chandelle 

vue  dans  une  dill.ince  de  cinquante  toifes  environ  :  encore  faut-il  fup- 

pofer  que  I'ocil  eft  parfait  pour  voir  diftindtement  la  chandelle  dans  cette 

diftance   ;    car    autrement  ce  ne  feroit  plus  I'augmentation  de   i'objet , 

mais  feuLment  I'image  de  I'ouverture  de  la  prunelle  :  ce  que  j'ai  explique 

ci-devant. 

LXIX.  II  atrive  quelquefois  qu'on  voit  les  objets  doubles  en  les  re- 
gardant avec  les  deux  yeux  ,  &  que  quelqu'effort  qu'on  puide  faire  pour 
diriger  I'axe  des  yeux  vers  le  mtnie  endroit  qu'on  regarde ,  on  ne  fliuroit 
les  voir  fimples  ;  cet  accident  furprend  ceux  a.  qui  il  arrive  ,  mais  il  n'eft 
pas  confiJcrable  ,  &  il  ne  dure  pour  I'ordinaire  que  pen  de  jours  ;  car 
il  n'eft  caufe  que  par  quelque  fluxion  qui  fe  jette  fur  I'un  des  mufcles 
de  I'osil ,"  &  I'empeclie  de  fe  mouvoir  comme  il  a  accoutume  ;  ce  qui 
fait  a-peu-pr^s  le  meme  effec,  que  li  Ton  contraignoit  I'un  des  yeux  en 
appuyant  fortement  le  doigt  fur  I'un  de  fes  angles.  Mais  quand  le  mufcle 
demeureroit  toujours  immobile  ,  cette  apparence  ne  laifleroit  pas  de  fe 
diiliper  promptement  ;  car  TceII  qui  eft  fain  ,  s'accommoderoit  en  peii 
de  terns  a  I'infirmite  de  I'autre  ,  &c  I'habirude  feroit  bientot  fur  la  retine 
de  nouvelles  parties  de  meme  fenfation,  comme  il  arriveroit  fi  I'on  tenoic 
pendant  quelques  jours  deux  doigts  croifes  I'un  fur  I'autre  ;  car  alors  les 
corps  qu'on  toucheroit  ne  paroitroient  plus  doubles  ,  comme  ils  faifoienc 
dans  les  premiers  moments. 

LXX.  Les  images  du  foleil  differemment  colorees  qu'on  voit  de  tous 
cotes  apres  I'avoir  regarde  ,  ne  viennent  que  d'un  trop  fort  ebranlement 
des  parties  de  la  retine  ;  car  I'endroit  de  la  retine  qui  a  etc  fortemenc 
ebranle  ,  ne  peut  plus  recevoir  Timpreftion  des  rayons  qui  viennent  des 
autres  objets  :  c'eft  pourquoi  il  paroit  une  tache  de  la  figure  du  foleil 
ou  de  celle  qu'il  a  prife  en  paffant  par  quelque  ouverture  ou  autrement. 
Mais  la  couleur  de  cette  tache  fe  dillipe  peu-a-peu  a  mefure  que  I'ebran- 
lement  des  fibres  de  la  retine  diminue  :  car  fi  Ton  ferme  d'abord  les 
yeux  apres  avoir  regards  le  foleil  ^  on  croit  voir  ces  taches  de  couleur 
rouge  a  caufe  du  violent  ebranlement  de  la  retine  ;  enfuite  en  tenant 
toujours  I'osil  ferme  la  tache  paroJt  jaune  ,  puis  verte  &  enfin  bleue.  Mais 
fi  Ton  regarde  des  objets  differemment  colores  ,  les  taches  paroiflent  de 
diffcrentes  couleurs  par  la  comparaifon  de  celles  qui  les  environnent, 
&c  par  leur  melange  avec  elles ,  ce  qua  Ton  peut  connoitre  facilement  ; 
car  il  eft  certain  que  ce  qui  paroit  blanc  lorfque  le  fond  eft  noir  ,  psi- 
roitra  noir  ou  brun  quand  le  fond  iera  blanc  ;  Hi  la  tache  qui  paroiitbic 
jaune  ou  bleue  les  yeux  etant  fermes ,  paroitra  verte  fi  Ton  regarde  du 
bleu  ou  du  jaune  5  cat  le  vert  fe  forme  par  le  melange  de  ces  deux 
couleurs, 

LXXL 


A  C  A  D  6  M  !  Q  U  E.  ^^ 

LXXI.   II  arrive   quelquefois  qu'apres  qii'on   a  lu  long-temj  au  grand 
folcil ,  on  voir  routes  les  lettres  de  coulcur  rouee  fore  vive.  Cette  appa-  Ac^d.  Royale 
rence  ne  peut  venir  que  du  fore  ebranlement  de  la  rcrine  par  la  reflexion     des  Sciences 
du  foleil  lur  le  papier  blanc  ,  ce  qui  fair  comme  une  grande  lumiere  au       de  Paris. 
travers  de  laqueile  on    voir    le  noir  dcs  lettres.    Ces  hrtres    paroidenr     Svppi.i.iiBi<T, 
rouges  par  la  mLme  caufe  qui   fait  que  la  planete  de  Mars  paroit  rouj;e  , 
car  fon  corps  lumineux  eft  couvert   di   plufieurs   caches   noires.    Toutes 
les  experiences  qui  one  etc  faices  fur  les  couleurs ,  nous  prouvent  que  les 
corps  noirs  un  peu  tranfparens  paroillent   rouges  quand  ils  font  expofcs 
centre   ime  grande  lumiere;  &  les  corps  biancs   paroillent  bleus   fur  un 
fond  noir.    C'ell  la  raifon  qu'on  rend  ordinairemeni  de  la  couleur  bleue 
qui  paroit  au  Ciel,   &c  c'eft  aulli  telle  qu'on  peut  donner  de  I'apparence 
rouge  du  foleil  &  de  la  lune  dans  I'horizon  j  car  alors  leur  lumiere  pa- 
role au  travers  des  corpufcuies  des  vapeurs  done  la  partie  obfcure  eft  tour- 
nee  vers  loeil.    Ce  fera  aulli  par  la  mime  raifon  que  fi  Ton  regarde  long- 
tems  au  foleil  de  Tecritute   blanche  fur  un  fond  noir  ,  cette  ecriture  pa- 
roitra  bleue.' 

LXXII.  II  y  a  quelques  Opciciens  qui  croient  que  la  difference  qui  eft 
entre  I'air  libre  &  celui  qui  eft  renferme  dans  une  charabre  ,  fait  qu'on  jie 
peut  pas  voir  au  travers  des  vitres  les  objets  qui  font  au-dedans  lorfqu'on 
eft  dehors  j  &  qu'au  contraire,  quand  on  eft  dedans ,  on  voir  tres-diftindle- 
njent  ce  qui  eft  au-dehors.  Cette  raifon  n'eft  pas  foutenable  :  m'ais  pour  de- 
vrir  la  veritable  caufe  de  cat  efFet  ,  il  ne  faut  que  confiderer  ce  qui  arrive 
au  verre  au  travers  duquel  on  voir  les  objets ,  quoiqu'il  n'en  foit  pas  la 
feule  caufe  ,  puifqu'il  eft  certain  que  quand  il  n'y  auroit  point  de  vitres  a 
la  fenetre ,  on  ne  ponrroit  pas  voir  de  dehors  les  objets  qui  font  dans  la 
chambre  ,  a  moins  qu'ils  ne  fulfont  autant  eclaires  que  ceux  du  dehors ;  car 
ceux  de  dehors  etanc  fort  ecbires  cbranlent  fi  vivement  la  retine  qu'elle 
ne  peut  pas  i'etre  fenfiblement  par  ceux  qui  font  dans  la  chambre  ,  Si  done 
la  lumiere  n'eft  ordinairenient  que  mediocre.  Mais  pour  ce  qui  eft  du  verre 
de  la  fenerre  ,  il  eft  aife  de  voir  que  fa  furface  exterieure  doit  reflechir 
line  forre  lumiere  vers  nos  yeux  quand  on  eft  dehors  ,  ce  qui  empcche  que 
les  rayons  d'une  foible  lumiere  qui  part  des  objets  qui  font  dans  la  chambre  , 
puiltent  faire  une  imprcflion  fenlible  fur  la  retine.  On  peut  dire  audi  que 
les  rayons  de  la  lumiere  exterieure  empechent  en  quelque  fa^on  I'adlion  de 
ceux  qui  font  plus  foibles,  comme  on  le  remarque  aux  lunettes  d'approche 
lorfqu'il  entre  quelque  lumiere  dans  le  tuyau.  II  n'arrive  pas  la  meme  chofe 
a  ceux  qui  font  dans  la  ciiambre  &  qui  regardtnt  les  objets  qui  font  au- 
dehors  ,  les  rayons  qui  paflent  au  travers  du  verre  viennent  fans  aucun 
empcchement  vers  I'ctil ,  car  la  furfrce  du  verre  qui  eft  tourncc  vers  J'oeil 
•ne  peut  renvoyer  que  peu  de  lumiere  ,  celle  de  la  chambre  crane  fore 
foible  en  comparaifon  de  celle  qui  vienc  du  dehors  &  qui  palfe  au  travers. 
Ce  que  je  viens  de  dire  du  verre  ne  doit  s'entendre  que  lorfqu'il  eft  fore 
nee-,  car  s'il  eft  couvere  de  poufticre  comme  il  arrive  fore  fouvent,  il  ne 
feroic  pas  poflible  de  rieii  voir  au  rravers  quand  on  feroie  hors  de  1» 
chambre ,  parce  que  les  petites  parties  de  poulliere  font  plus  propres  a 
rellcchir  la  lumiere  que  la  furface  du  yeite  qui  eft  poUe  5c  qui  donns 
Tome  in.  Panic  Franfoiji,  -  N 


9? 


COLLECTION 


DE  Paris. 

SvePLtMEtiT. 


I  pafTage  a  fes  rayons  :  mais  ceux  qui  font  dans  la  chambre  ne  s'apper^oi- 
j^cAD.RoYALE  ^^"'^  'P'^  peine  de  ce  que  la  poulliere  leur  ote  de  la  lumiere  des  objets 
BEs  Sciences     exccrieurs  ,   car  il  en  palTs  coujours  affez  encre  les  particules  de  la  pouf- 
fiere  pour  faire  une  plus  forte  impreflion  fur  I'oeil  que  celle  qui  y  eft  cau- 
fee  par  les  objets  du  dedans  de  la  chambre. 

LXXIIL  Tous  ceux  qui  avoient  ecrit  de  I'optique  jufqu'a  nous  avoienf 
regarde  que  la  retine  eft  le  principal  organe  de  la  vue  j  car  iis  ne  pou- 
voient  pas  s'imagintrr  qu'on  dut  chercher  !e  principal  organe  d'un  fens, 
ailleurs  que  dans  les  nerfsj  &  la  retine  etant  uii  tiflu  des  filets  du  nerf  op- 
tique  qui  fe  repand  dans  tout  le  fond  de  I'oeil  ,  c'etoit  avec  ties-grande 
raifon  qu'ils  la  regardoient  comme  I'organe  immediat  de  la  vifion.  Mais 
M.  Mariotte  s'ecant  apperqu  qu'il  y  avoit  un  endroit  dans  le  fond  de  I'ceil 
fur  lequel  les  objets  exteiieurs  ne  faifoient  point  d'inipreflion  ,  quoique 
la  retine  y  fut  egalement  repandue  ,  &  ayant  fait  voir  par  pkiiieurs  expe- 
riences que  cet  endroit  etoit  celui  oil  le  nerf  optique  entre  dans  I'oeil ,  oii- 
Ton  ne  peut"  pas  croire  que  la  retine  foit  moins  fenfible  que  par-touc 
ailleurs,  il  foutinc  que  la  membrane  choroi'de  ctoit  I'organe  immediat  de 
la  vue ,  parce  que  I'endrolt  ou  la  vifion  manquoic  etoit  ceiui  oil  la  cho- 
roi'de etoit  percee  par  le  nerf  optique.  Cette  opinion  fut  d'abord  criti- 
quee  par  MM.  Perrault  &  Pecquet  ,  qui  ne  pouvant  pas  nier  le  fait, 
cherchoient  la  caufe  de  ce  defauc  de  vifion  autre  part  que  dans  le  defauc 
de  la  choroi'cfej  propofant  quelques  petites  vcines  Si  arteres  qui  etoient 
melees  dans  la  retine;  mais  leurs  raifons  ne  parutent  pas  fuffifantes  pour 
dctruire  I'opinion  de  M.  Mariotte.  Je  ne  crois  pas  audi  qu'on  puilfe  attii- 
buer  le  defaut  de  vifion  dans  cet  endroit  de  I'oeil  a  autre  cliofe  qu'au  de- 
faut  de  la  choroi'de;  mais  je  ne  penfe  pas  pour  cela  qu'on  doive  regarder 
la  choroi'de  comme  le  principal  organe  de  la  vue. 

Pour  trouver  quelque  eclairciirement  dans  cette  difficulce,  il  fauc  con- 
fiderer  ce  qui  arrive  aux  autres  fens,  &  il  me  femble  que  par  comparai- 
fon  on  peut  tres  bien  prouver  que  la  retine  eft  le  principal  organe  de  la 
yue,  quoiqu'elle  ait  un  endroit  qui  ne  foit  pas  fenfible  aux  impreflions 
des  objets  exterieurs.  Je  dis  done  que  la  retine  eft  le  piincipal  organe 
de  la  vue  comme  etant  une  expanhon  du  nerf  optique  ,  puifqu'on  ne 
doit  pas  rechercher  le  fentiment  autre  part  que  dans  les  nerfs ;  mais  que 
cet  organe  doic  recevoir  rinipreilion  de  la  lumiere  d'un  organe  moyen 
qui  la  recoit  de  I'objet  comme  il  arrive  aux  autres  fens ;  d'oii  il  eft  evidenc 
qu'il  faut  que  ce  foit  la  choro'ide  puifqu'elle  touche  la  retine,  &  qu'etanc 
d'une  couleur  obfcure ,  elle  eft  plus  propre  a  etre  ebranlce  par  les  impref- 
iions  de  la  lumiere  que  fi  elle  etoic  blanche  &  tranfparente.  C'etoit  znCTi 
un  des  argumens  de  M.  M.  contre  I'ufage  de  la  retine;  cat  il  difoit  qu'il 
n'etoit  pas  vcaifemblable  que  les  diffeventes  modifications  de  la  lumiere  ' 
puifent  faire  aucune  impreffion  fenfible  fut  la  retine  a  caufe  de  fa  tranf- 
paience.  Je  dis  audi  qu'il  etoit  necefiaire  qu'il  y  eiit  dans  I'oeil  une  psr- 
tie  qui  put  recevoir  ficilement  toutes  les  differentes  impreflions  de  la  lu- 
miere ,  pour  les  tranfmettre  enfuite  au  principal  organe  &  les  lui  ren- 
dre  fenfibies  par  une  modification  propre  a  cet  c-fFet  ,  &i  c'eft  ce  qui  fe 
ttouve  dans  ia  choro'ide.   Ainfi  la  retine  ne  fera  point  tciichee  pair  la  fu-  ■ 


A  C  A.  D  6  M  I  Q  U  E.  P9 

•mlere,    comme  il  eft  neceflaire  pour  avoir  le  fcntimenc  des  objets  lorf-  •"•^•-  ■ 
qu'cUe  n'en    reccvra   pas   les  imprenions  de   la   choroide ,  &  par  confc- 
qiient  il  y  aura  un  detauc  de  vilion  a  I'endrcit  de  la  rctine  qui  n'ell  pas 
fouccnu  par  la  choroide  (a). 

La  nature  agit  de  la  mcme  maniere  dans  le  fens  de  roui'e  ,  &  c'eft  ce 
qui  me  fere  de  preuve  pour  la  propofition  que  j'avance  ici  ;  car  la  lame 
Ipirale  eft  propre,  par  fa  nature  6c  par  fa  difpofition  ,  a  reccvoir  lescbran- 
lemens  diffcrens  de  lair  qu'elle  communique  aux  ramifications  du  iierf 
auditif  qui  iui  font  jointes.  II  arrive  auifi  la  mcme  chofe  dans  les  autrcs 
fens,  comme  I'a  obferve  M.  du  Verney  dans  fon  Traite  dt  Corgane  dc 
I'ouie ,  pag.  <)6  :  car  les  nerfs  font  d'une  nature  trop  tendre  8c  trop  de- 
licate pour  etre  expofes  a  nud  a  I'adlion  des  corps  exterieurs ;  c'eft  pourquoi 
il  faut  que  les  membranes  qui  recouvrent  les  nerfs  &  qui  font  comme 
iin  organe  moyen  ,  recoivent  des  imprellions  propres  &:  particuliercs  pjur 
les  communiquet  aux  nerfs,  avcc  la  difpofition  qui  convient  a  la  f;n- 
fation. 


AcAD.ROYvME 

D£S  SciENClS 

DE  pARfS. 


S  E  C  O  N  D  E     P  A  R  T  I  E. 

I.  xTLpres  avoir  examine  dans  la  premiere  partie  de  ce  Traite  tout 
ce  qui  peut  arriver  a  la  vue,  fuivant  les  difFerentes  conformations  Je  I'oeil , 
il  ne  me  refte  plus  ici  qua  refuter  quelques  opinions  communement  recues 
fur  la  maniere  dont  fe  fait  la  vifion ,  &  a  donner  des  regies  certaines  pour 
connoitre  la  difpofition  des  yeux  &  mefurer  exaclement  leur  force  ou  leur 
foibleflfe  dans  tous  les  changemens  qui  leur  peuvent  arriver  ,  canr  a  I'egard 
d'eux-memes  dans  des  temps  diffcrens  ,  que  par  rapport  aux  autres  ;  ce 
qui  n'avoit  point  encore  ete  fait  jufqu'a  prefent.  C'eft  de  cette  mefure  que 
je  me  fers  pour  faire  voir  qu'il  n'arrive  aucun  changement  a  la  confor- 
mation de  I'ceil  pour  voir  des  objets  proches  Sc  cloignes ,  ce  qui  eft  con- 
traire  au  fentiment  de  ceux  qui  ont  traite  de  I'optique  ;  &  je  demontre , 
enfin  ,  qu'il  n'eft  pas  neceifaire  qu'il  Iui  arrive  les  changemens  qu'on  avoir 
fuppofcs ,  pour  voir  des  objets  i  differentes  diftances. 

II.  Ceux  qui  connoilfe.it  la  ftrucbure  de  I'ceil  &  la  nature  de  toutes  les 
parties  qui  le  compofent ,  auront  de  la  peine  a  fe  perfuader  qu'il  puifte 
Iui  arriver  les  changemens  qu'on  a  fuppofcs ,  pour  rendre  raifon  de  la 
maniere  dent  fe  fait  la  vifion.  C'eft  aufE  ce  qui  pourroit  leur  faire  croire 
que  ceux  qui  ont  ecrit  de  I'optique ,  n'ono  eu  en  vue  que  de  donner  un 
fyfteme  qui  puilfe  expliquer  les  apparences,  fans  fe  niettre  en  peine  fi 
leurs  fuppofitions  convcnoient  en  toutes  chofes  avec  la  nature.  Cependanc 
la  maniere  dont  ils  ont  expliquc  la  vifion  avec  la  conftruiflion  de  I'tril 
attificiel  ,  dont  ils  fe  font  fervis  dans  leurs  demonftrations  ,  ont  C  fort 
ptevenu  tout  le  monde  en  leur  faveur ,  qu'il  ne  femble  pas  qu'on  puiffe 

(a)  M.  le  Cat  a  aJopti  le  fentiment  ic  M.  Mariote  dans  fon  Triiti  des  fens ;  il  7 
fouticnt  que  la  choroide  eft  Torganc  immcdiat  dc  la  vue,  &  il  Icprouvcpar  les  fairs, 

N  ij 


ACAD.ROYALF 

DEs  Sciences 
DE  Paris. 

SuFPLt.llEHT. 


100  COLLECTION 

douter  d'aucune  chofe  de  ce  qu'ils  ont  av.mcc.  En  effet  ,  il  n'y  a  rien  qin 
paroille  plus  convaincant ,  pour  expliquer  ies  diflerens  effets  de  la  vue  ,  que 
de  taitc  la  comparaifoii  des  humeurs  de  I'ceil  avec  des  verres  convexes  ,  puif- 
que  perfonne  ne  doute  que  Ies  rayons  de  liimiere  no  regoivent  pas  d'autres 
alterations  dans  ces  humeurs  que  dans  Ies  verres.  On  a  done  cm  que  tout 
ce  qu'on  remarquoic  dans  I'osil  artificiel  etoit  de  mcme  dans  I'ccil  ,  fans 
falre  alfez  d'actention  aux  mouvemens  naturels  de  fes  parties ,  auxquels  on 
en  a  fublUtue  d'autres  qui  font  connxis  &  familiers  dans  I'ufage  des  lunettes 
d'approche  &  qui  conviennent  aufll  a  I'ccil  artificiel.  On  favoit  que  dans 
la  lunette  d'approche  &  dans  I'ccil  artificiel ,  la  peinture  des  objets  proches 
fe  faifoit  plus  loin  du  verre  que  celle  des  objers  eloignes  ;  c'eft  pourquoi 
comme  on  jugeoit  qu'il  devoir  arriver  la  mtme  chofe  dans  I'oeil ,  on  croyoit 
aufll  qu'il  falloit  que  la  retine  qui  efl:  reprefentee  par  la  furface  fur  laquelle 
fe  fait  la  peinture  dans  I'oEil  artificiel ,  s'eloignac  d'autant  plus  des  humeurs 
de  TceII  que  Ies  objets  en  etoient  plus  proches  :  mais  la  retine  ne  pouvant 
pas  s'eloigner  des  humeurs  de  I'oeII  ,  il  a  fallu  necellairement  fuppofer  que 
Ies  humeurs  s'alongeoient  pour  falre  le  mcme  effet  ,  ou  bien  que  le  cryftal- 
lin  ,  qui  eft  celle  des  trois  humeurs  qui  fait  la  plus  grande  refracflion  ,  poit- 
voit  changer  de  conformation  a  I'afpedl  des  objets  differemment  eloignes. 

III.  11  y  a  done  deux  opinions  difFerentes  fur  le  changement  qu'on  a 
cru  qui  devoir  arriver  a  I'cEil ,  pour  voir  diftinftement  des  objets  places  a 
differentes  diftances.  La  premiere  eft  celle  qui  fuppofe  I'alongement  de 
rout  le  globe  de  I'ojil  pour  voir  des  objets  proches  ,  &  fon  applatilfemens 
pour  voir  ceux  qui  font  eloignes.  La  feconde  n'admet  que  le  changement 
de  figure  du  cryftallin  qu'on  doit  applatir  pour  voir  des  objets  eloignes, 
&  render  pour  voir  ceux  qui  font  proches. 

IV.  Iln'y  a  perfonnne  de  ceux  qui  tienntntla  premiere  de  ces  deux  opinions, 
qui  ait  avance  que  la  cornee  change  de  figure  ,  &  qu'on  la  peut  rendre  plus 
ou  moins  convexe  quand  on  veut  voir  des  objets  plus  ou  moins  eloignes  y. 
car  elle  eft  d'une  nature  qui  ne  lui  permet  pas  ces  changemens ,  Sc  on  n'y 
remarque  point  d'organes  pour  cet  effet.  Mais  Ci  la  cornee  ne  peut  pas  chan- 
ger de  figure  ,  il  n'y  a  pas  de  taifon  pour  quoi  la  fclerotique  qui  renferme 
toures  Ies  humeurs  de  I'ccil  en  pourroit  changer  ,  puifqu'elle  elt  fort  dure,, 
&  que  Ies  mufcles  qui  I'environnent,  &  qui  fervent  aux  differens  mouve- 
mens de  I'ceil ,  ne  fauroient  faire  cet  effet. 

V.  Ceux  qui  tiennent  le  parti  du  cryftallin  ,  donnent  une  raifon  qui  pa- 
roit  fort  plaufible  ;  car  ils  difent  que  le  ligament  ciliaire  qui  tient  le  cryftal- 
lin fufpendu  entre  Ies  deux  autres  humeurs  ,  eft  un  veritable  mufcle  dont 
Ies  fibres  rendent  vers  le  centre  du  cryftallin,  Sc  qu'il  doit  s'applatir  quand 
le  mufcle  fe  gonfle  ,  puifqu'il  le  tire  egalement  par  route  fa  circonference. 
Mais  Ies  plus  habiles  anatomiftes  ne  remarquent  rien  de  mufculeux  dans  ce 
ligament ,  &  il  ne  femble  pas  que  cette  humeur  qui  eft  alfez  folide ,  &  qui 
eft  compofee  comme  de  plufieurs  pellicules  Ies  unes  fur  Ies  autres,  puilFe 
facilement  changer  de  figure  fans  que  ces  fuperficies  faffent  des  plis  qui 
corromproient  Ies  images  des  objets  fur  le.fond  de  I'reil.  Mais  fans  m'ar- 
reter  acombattre  ces  opinions  par  la  ftru€lure  des  paJti?s ,  je  rapporterai 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  lor 

feulemcnt  les  experiences  (uivantes ,  qui    feronc  voir  clairement  qu'elles  

ne  peuvcnt  pas  ie  foutenir.  Acad.  Rov ale. 

VI.  On  enfeigne  communcment  dans  I'optique  ,  que  fi  Ton  regarde  une    des  Sciences 
cliandelle  ,  on  un  aiuce  objet  lumineux  ,   au  travers  de  pliifieurs    petits       ^^     aris. 
troiis  qu'on  aura  fairs  dans  une  carre  ,  on  verra  I'objec  autant  de  fois  mul-     SveeiiMiNT, 
tiplie  qu'il  y  aura  de  petits  trous  ,  pourvu    que  la  diftance  entre  ces  trous 
ne  foit  pas  plus  grande  que   I'ouvertiire  de  la  prunelie.   Mais  fi  I'objet  eft 
fealenient  a  la  diftance  de  la  vue  ou  elle  le  peut   voir  diftinftemenc ,  on 
verra  I'objec  fimple  quoiqa'on  le  regarde  au  travers  de  plufieurs  trous.  Il 
fauc  done  que  I'objet  foit  hors  de  la  porcce  de  la  vue  :  par  exemple  ,  pour 
les  Myopes  qui  ne  pourroionc  bien  difcerner  les  objett  s'ils  n'etoient  a  fix  pou- 
cesde  I'a'il,  il  faudraque  I'objet  foit  plus  cloigne  que  fix  pouces.  Dememe, 
fi  I'ccil  ne  peut  voir  diftinftement  un    objet  qu'd  fix  pieds  on  plus  de  dif- 
tance ,  il  fiudra  qu'il  foit  plus  proche  pour  paroitre  multiplie. 

11  eft  facile  de  donner  la  raifon  de  cetce  multiplication  j  car  fi  les  rayons 
qui  partent  de  chaque  point  de  I'objet,  vont  fe  reunir  exadtement  fur  la 
retine  chacun  en  un  point  ,  on  verra  toujours  I'objet  fimple  ,  quoiqu'on 
le  regarde  au  travers  de  plufieurs  trous  ,  puifque  chaque  point  ne  pein- 
dra  qu'un  point  fur  le  fond  de  I'cBil  ;  car  les  petits  cones  lumineux  qui 
ont  leur  fommec  dans  le  point  de  I'objet,  &  leurs  bafes  aux  petits  trous 
de  la  carte  ,  auront  audi  tous  leurs  fonimets  oppofes  dans  un  mime  poinr 
fur  la  retine  ,  ce  qui  doit  faire  I'objet  fimple.  Mais  fi  Tosil  n'a  pas  la 
conformation  ncceilaire  pour  reunir  ces  rayons  fur  la  retine  ,  il  arrivera 
que  chacun  des  petits  cones  au  dedans  de  I'osil  fera  coupe  par  la  retine 
avant  ou  apres  la  reunion  des  rayons  :  chaque  point  de  I'objet  touchera 
done  le  fond  de  Iceil  en  autant  de  points  differens  qu'il  y  aura  de  trous 
a  la  carte  ,  &  par  confequent  I'objet  paroitra  multiplie  felon  le  nombre 
des  trous.  Il  arrivsra  auffi  que  chacun  de  ces  objets  mulciplic's  paroitra 
bien  plus  diftindl  que  s'il  etoic  vu  fans  I'interpofition  de  la  carte  ,  parce 
que  les  cones  des  rayons  au  dedans  del'cEil,  ayant  alors  pour  bafe  route 
I'ouverture  de  la  prunelie ,  feront  une  fedion  fur  le  fond  de  I'oeil  qui  fera 
plus  grande  que  celle  des  cones  qui  n'auroient  pour  bafe  que  les  trous 
de  la  carte ,  ce  qui  feroit  beaucoup  plus  de  confufion  dans  la  peinture 
de  I'objet.  Mais  audi  chaque  objet  multiplie  par  les  petits  trous ,  pa- 
roitra d'une  lumiere  bien  plus  foible ,  que  celui  qu'on  verroit  fans  les 
trous  ,  parce  que  ciiacun  de  ces  objets  ne  fera  forme  que  par  une  pe- 
tite partie  des  rayons  de  I'autre.  11  eft  auffi  evident  que  la  diftance  en- 
tre les  objets  multiplies  ,  fera  d'aurant  plus  grande  que  les  trous  feront 
plus  ecartes  I'un  de  I'autre  ,  ou  que  la  reunion  des  rayons  fera  pluseloi- 
gnee  du  fond  de  I'ceil  ;  car  fi  les  trous  font  fort  eloign^s  I'un  de  I'autre  , 
leurs  cones  feront  audi  plus  ecartes,  &:  femblablement  leur  rencontre  fur 
la  retine.  De  mCme  fi  la  reunion  des  rayons  eft  fort  ccartce  de  la  retine  , 
la  diftance  entre  la  rencontre  de  cones  fur  la  r^rine  fera  aulfi  fort  grande  ; 
car  ces  diftances  feront  les  bafes  des  triangles  qui  auront  leur  fommet 
commun  au  point  de  reunion  des  rayons,  foit  au-de^a,  foit  au-dela  de 
la  retine. 

On  poutra  remarquer  dans  I'oeil  artificiel  tout  ce  que  je  yiens  de  dire. 


101 


COLLECTION 


I....  en  mettant  une  carte  percee  de  trous.iu-devant  du  vene  qui  repiefentela 

Acad.  Roy  \i.E  cornee,  &  en  pla^ant  la  lurface  blanche  qui  faic  I'ofiice  de  la  retine  a  dif- 

DES  Sciences     ftrentes   diftances  du  vene  qui  fcrc  de  cryftailin,  foic   dans  le  concours 
DE  Paris.-      des  rayons  lumineux ,  foic  plus  proche  ou  plus  loin, 

Sufpi,£'ijEf(T.  Si  un  ffiil  n'etoit  qu'un  peu  crop  convexe  ou  crop  plat  pour  faire   con- 

courir  fur  fa  retine  les  rayons  d'un  objec  place  a  deux  pieds  de  dillance 
deTosil,  il  ne  pourroit  juger  aflurement  li  cet  objec  lui  paroit  confus, 
parce  que  la  rencontre  des  cones  des  rayons  de  cet  objec  confus  avec  la 
retine,  y  occupe  un  crop  petit  efpace  pour  caufer  dans  I'image  une  confu- 
fion  apparente.  Mais  fi  Ton  met  au  devanc  de  I'oeil  une  carte  percee  de  deux 
trous  feulement,  on  s'appercevra  du  defaut  de  I'oEil  par  la  duplicite  de 
I'objet  ,  laquelle  fera  tres-fenfible  pour  peu  que  I'oeil  n'aic  pas  la  confor- 
mation requife  pour  ralFembler  exadtemenc  les  rayons  fur  fa  retine. 

Pour  faire  cette  experience  avec  exaditude  ,  il  faut  regarder  un  petit 
point  lumineux  dans  un  lieu  obfcur  ,  comme  un  petit  trou  dans  une  carte 
qui  fera  au-devant  d'une  chandelle  ,  ou  bien  il  faut  regarder  un  petit  objec 
noir  fur  une  furface  blanciie. 

On'  pent  done  connoitre  par  cette  methode,  fi  un  oeil  eft  trop  plat  ou 
trop  convexe  pour  voir  diftinftement  un  objet  place  dans  une  certaine 
diftance  :  mais  on  fe  fervira  de  la  maniere  fuivante  pour  mefurer  avec 
exaftitude  les  changemens  de  forme  qui  peuvent  arriver  a  une  vue  en  diffe- 
rens  terns ,  8c  pour  favoir  s'il  eft  pofllble  qu'il  lui  en  arrive  quelqu'un 
en  difi^erences  rencontres. 

VII.  Je  fuppofe  maintenant  qu'un  oeil  eft  trop  plat  ou  trop  convexe 
pour  voir  diftindement  un  objet  a  une  diftance  determinee  comme  de 
fix  pieds,  Sc  je  veux  connoitre  quelle  eft  la  .quantite  de  fon  defaut,  c'eft- 
a-dire  ,  ce  qui  lui  manque  pour  voir  cet  objec  diftincflement.  11  eft  cer- 
tain,  d'aprcs  ce  que  je  viensd'expliqiier  ,  que  cet  ceil  verra  I'objet  dou- 
ble au  travers  de  deux  trous  d'une  carte  ,  qui  fera  placee  contre  I'osil  ; 
mais  fi  I'oeil  &  I'objet  demeurant  toujours  dans  la  meme  diftance  ,  ori 
met  contre  la  carte  ,  ou  vers  I'ofil  ,  ou  vers  I'objet ,  un  verre  convexe  oa 
concave  de  telle  force  que  I'objet  qu'il  voyoit  double  auparavanr  ,  ne 
baroilfe  plus  que  fimple  ;  on  fera  alFure  que  ce  verre  eft  la  mefure  de  ce 
qui  manque  a  cet  ceil  pour  voir  diftinfteinent  un  objet  place  a  fix  pieds 
de  diftance.  On  ne  ne  doit  pas  dire  que  cette  experience  foit  defedlueufe 
en  ce  que  le  meme  verre  pent  fervir  avoir  diftin£lement  le  meme  objec 

filace  3.  quelque  diftance  que  ce  foit  au-dela  de  fix  pieds  ;  car  il  arrive 
a  mime  chofe  a  routes  les  vues  qui  voyent  les  objets  a  cette  diftance 
fans  fe  fervir  de  verre  ,  ce  qui  vient  feulement  de  ce  que  les  rayons  qui 
viennent  des  points  de  I'objet,  forment  des  cones  fi  aigus  a  la  diftance 
de  fix  pieds  &  au  dela ,  n'ayant  pour  bafe  que  I'ouverture  de  la  prunelle 
qui  eft  d'une  ligne  environ  ,  qu'ils  peuvent  pafter  pour  paralleles  ea- 
tr'eux  ,   &  qu'ils  doivent  avoir  le  meme   foyer. 

On  peut  done  connoitre  exadtement  par  li  le  rapport  d'une  vue  a  une 
autre ,  puifque  leur  difference  fera  mefuree  par  la  ditference  des  foyers 
dcs  verres  dont  ils  feront  obliges  de  fe  fervir  pour  voir  un  objet  eloigne 
de  fix  pieds,  qui  eft  a-peu-pres  la  diftance  la  plus  courts  d'oii  les  rayons 


A  C  A  D  £  M  1  Q  U  E.  loj' 

entrent   Jans  IVil  comme   para  lleles  entr'eux.  Si  un  ceil ,  par  exemple  , 
avoir  befoin  d'lia  veire  convexe  dun  pied  de  foyer  pour  voir  les  objets  Acad.  Royale 
fimples  an  trav^rs  dcs   rrous  de  la  carte  a  cette  diftance  de  fix  pieds,  &     des  bciENCE-s 
<]u  un  autre  cril  les  v'lt  (implcs  fans  le  fecours  du  verre  ;  ce  verre  dun  pied       °^     ^^^^'    . 
de  foyer  feroit  la  mefure  de  la  difference  de  ces  deux  yeux  pour  voir  des    SuFfLt-iiENTr  ■ 
ohjers    de  fix  pieds  on  plus.  Mais  fi  I'auire  ceil  avoir  befoin  d'un  verre 
convexe  de    quinze  pouces  de   foyer  ,  on  diroit  qu'il  n'y  auroit  que  trois 
pouces  de  difference  entre  la   force  de   ces  deux  yeux  par  rapport  a  Tun 
des  foyers  des  verres.  Enfin  ,  fi  ce  mcme  ceil  avoir  befoin  d'un   verre  con- 
cave de    dix  pouces  de  foyer  pour  voir  ce  mtme  objec  ,  la  difference 
entre  ces  deux  yeux  feroit    mefuree  par  douze   pouces ,   ou  un  pied  dc 
foiblelFe    &    dix  pouces  de  force.  Ce  que  je  viens  de  dire  pour  la  com-, 
paraifon  de  deux  yeux  differens,  fe  pent  dire  auffi  pour  celle  d'un  meme ' 
ceil  dans  des  terns  &    dans  des  ages  difft-rens  ;  car  C\   un  ceil ,  a  I'age  de 
50    ans ,  a  befoin  d'un  verre  convexe  de  quinze  pouces  de  foyer,  &:  qu'i 
I'aoe    de    60    ans   il    air  befoin    d'un   verre    de    10   pouces  ,     on    peuc 
dire  que   fa  vue  a  diminue  de  5  pouces.   De  mtme  fi  un  oeil  a  befoin  d'un 
verre    concave  de  S  pouces  de  foyer  a    I'age  de  ;o  ans ,  &  qu'a  I'age   de 
40  il  en  ait  befoin  d'un  autre  de  10  pour  la  mcme  experience  ,  on  feta 
alTure  que   cet  ceil    fe  fera  affoibli   de    deux    pouces.  Ce    fera  la  tneme 
chofe   pour  des    tems   differens,  comme  devant  &  apres  une   maladie.  II 
eft  fort  rare  qu'une  vue  devienne  presbyre  aprcs  avoir  etc  myope  ,  ou  au 
contraire  de    presbyte    devienne    myope  :  mais  quand  cela  fe  renconrre- 
roit ,  on  pourroit  le  reconnoitre  par  ce  mdyen  ,  &  mefurer  exadtement  le' 
changement  qui  lui  feroit  arrive. 

On  pourroit  auffi  reconnoitre  les  diffirens  changemens  qui  feroieiir 
arrives  a  une  vue  fans  fe  fervir  de  verre  ,  en  mefurant  feulement  la  dif- 
rance  depuis  I'objet  jufqu'a  I'osil  ou  on  commenceroit  a  le  voir  fimple  au 
travers  des  trous  de  la  carte  :  mais  cette  methode  ne  feroit  bonne  que  pour 
quelques  vues  ;  car  pour  les  Presbytes  qui  ne  voient  pas  les  objets  fimples  a, 
fix  pieds  de  diftance  ,  ils  ne  pourroient  pas  mefurer  combien  leur  vue  dimi- 
nueroit  dans  la  fuite  ,  puifqu'ils  verroient  toujours  les  objets  doubles  a 
quelque  diftance  que  ce  fiit. 

Cell  audi  par  le  mcme  moyen  qn'on  peut  favoir  fi  un  cril  efb  presbyte 
ou  myope  par  rapport  a  une  certaine  diftance  de  I'fEil  a  I'objec ,  c'tft-.i- 
dire,  fi  le  concours  des  rayons  de  cet  objet  fe  fai-t  au-dega  ou  au-delade  la. 
rccine  5  car  fi  Ton  couvre  I'un  des  trous  de  la  carte  &  qu'un  des  deux  objets  " 

femble  difparoitre  du  meme  cote  que  le  trou  qui  eft  convert,  on  eft  allure' 
que  le  concours  des  rayons  eft  dans  Tceil  au-deca  de  la  rctine  :  mais  au  con- 
traire fi  Tobjet  difparoit  de  I'autre  cote  que  !e  trou  qui  eft  couvtrt  ,  on 
connoit  que  le  concours  des  rayons  eft:  au-de!a  de  la  rcrine  quoique  le 
trou  qu'on  couvre  paroilFe  toujours  du  meme  cote  oaileften  eflet.  Par 
exemple  ,  fi  Ton  couvre  le  trou  qui  eft  ,  &  qui  paroit  a  dtoite ,  &  que  I'obiec 
qui  paroir  audi  a  droite  difparoifte  ,  le  contours  des  rayons  feta  avcnt  la  ren- 
contre de  la  retine,  ce  qui  fait  I'all  myope.  Mais  le  trou  qu'on  couvre  etant  &' 
p.uoiffant  roujours  .1  droite  ,  fi  I'objet  qui  difparoit  eft  .-i  f;auche  ,  le  concpurj 
d;s  rayons  ne  doit  are  quau-deli  de  la  rctine  ;  ce  qui  fait  I'ocil  Presbyte, 


104  COLLECTION] 

VIII.  II  eft  facile  de  voir  qu'un  osil  de  quelque  conformation  qu'il  foir ,' 

Ac\r).RoYALE  P^"^  f^'"^^  tomes  les  experiences  des  autres  yeux  par   le  moyen  des  verres 

D£s  Sciences     de  differentes  convexites  Sc  concavites ,  fans  etre  oblige  de  s'en  rapporter 

DE  Paris.        a  d'aiures  pour  faire  une  jufte   comparaifon  des  differences  fortes  de  vucs. 

SvFfLiMENT.     Cette  metliode  peut  fervir  encore  a  determiner    surement  quelle  doit  etre 

la  convexite  ou  la  concavite  du  verre  ,  dont  une  vue  doit  fe  fetvir  pour 

voir  diftindemenc  un  objet  fans  forcer  la  nature  ;  j'entends  a  une  dillance 

mediocre  ,   comme    d'un  pied  &c  demi  pour  y  lire  de  petits  caraifleres  :  car 

fi  Ton  piend  un  verre    plus   fort  qu'il  n'eft  neceilaite  pour  cet  effet  ,  on 

fera  oblige  d'approcher  I'ectiture  plus  pres  de  TxeII  pout  la  voir  diftindte- 

ment. 

On  connoitta  audi  par  la  file  defaut  de  la  vue  vientde  la  conforma- 
tion de  I'cEil  ou  du  vice  de  ces  parties.  Par  exemple  ,  fi  la  tetine  dunosil 
n'eft  pas  fort  delicate  &  que  I'ouverture  de  la  prunelle  foit  fort  petite  ,  il 
eft  certain,  comme  je  I'ai  reniarque  dans  la  premiere  partie  de  ce  traite, 
que  cet  ceil  ne  verra  les  objets  que  confufcment  dans  un  jour  mediocre, 
quoique  d'ailleurs  il  foit  bien  conforme  pour  en  faire  concourir  les  rayons 
fur  fa  rttine  dans  la  diftance  ou  les  objets  font  places. 

IX.   Voyons  maintenant  s'il  fe  peut  faire  que  le  globe  de  I'oeil  ou  le  cryf- 
tallin  change  de  conformation ,  pour  voir  diftindtement  des  objets  diffe- 
remment   eloignes.   Ceux  qui  font  de  cette  opinion  demeurent  d'accord 
qu'il  faut  des  conformations  differentes  pour  voir  un  objet  qui  foit  eloigne 
dun  pied  &  demi ,  &  un  autre  objet  qui  foit  eloigne  de  fix  pieds  :  ainfi  Tail 
qui  eft  attentif  a  confiderer  un  objet  eloigne  d'un  pied  Sc  demi ,  s'il  a  la 
conformation  neceflaire  pour  le  voir  diftindement  ,  il  n'aura  pas  celle  qu'il 
faut  pour  en  voir  un  a  fix  pieds  :  mais  s'il  a  la  conformation  neceflaire  pour 
voir  I'objet  a  un  pied  &  demi  de  diftance,  on  en  fera  afTure  en  mettant  au 
devant  de  I'cBil  une  carte  percee  de  deux  trous  ;  car  I'objet  paroitra  toujours 
fimple.  Maintenant  que  ce  meme  ceil  s'applique  a  confiderer  un  objet  a  fix 
.    pieds  de  diftance  ,  &  comme  il  y  eft  fort  attentif,  &  qu'il  doit  avoir  prls 
la  conformation  qui  convienc  a  cette  diftance  ,  quil  le  regarde  au  travers 
des  trous  de  la  carte  ,  il  doit  le  voir  fimple  dans  cette  hypothefe,  comme 
•     il  le  voyoit  a  un  pied  &  demi ;  cependant  I'exp^rience  montre  le  concraire  , 
car  il  le  voir  double  :  cet  ceil  n'a  done  pas  pris  la   conformation  qu'il  faut 
pour  voir  cet  objet  a  fix  pieds  de  diftance ,  quoiqu'il  I'eut  pour  un  pied  & 
demi.  Si  s'il  ne  I'a  pas  pour  fix  pieds  ,  il  ne  I'a  pas  pour  route  autre  dif- 
tance au-dellus,  les  rayons  qui  entrent  dans  I'osil  etant  comme  paralleles 
entr'eux  dans  ces  diftances. 

Mais  changeons  d'expcrience  &  appliquons  a  cet  ceil  qui  ne  peut  pas 
prendre  la  conformation  necetfaire  pour  voir  un  objet  a  fix  pieds ,  un 
verre  qui  puilfe  lui  donner  ce  qui  lui  manque  ,  enforte  qu'il  voie  diftinc- 
tement  I'objet  fimple  au  travers  des  trous  de  la  carte  :  il  eft  certain  ,  s'il 
confidere  cet  objet  avec  le  verr;  fans  I'interpofition  de  la  carte  ;  qu'il  le 
verra  bien  plus  diftindlement  qu'il  ne  le  voyoit  a  la  vue  fimple  ,  quoi- 
qu'il crut  lui  avoir  donne  la  conformation  propre  pour  cet  effet,  en  obfer- 
vant  de  mettre  toujours  le  verre  a  meme  diftance  de  fail  dans  routes 
les  experiences  i  car  autrement  I'ouverture  de  la  prunelle  demeurant  tou- 
jours 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  io{ 

jour  la  mcme  ,  les  rayons  qui  entreioient  dans  lail  apr^s  avoir  paflc  au 
travers  des  verres  places  a  differences  diftances ,  feroient  plus  on  moins 
converwens  ou  divergens.  Mais  qu'eiifin  cec  cell  regarde  avec  le  mcme 
veire  lobjec  a  un  pied  8c  demi  de  diftancc  ,  &  qu'il  change  fa  conforma- 
tion pour  le  voir  diftiiicfbement  ,  &  quand  il  y  fera  atcentif  s'll  iiucrpofe 
la  carte  en  iailTanc  toujours  le  verre  ,  elie  lui  fera  connoitre  qu'ii  voic 
I'objet  double. 

La  menic  chofe  arrivera  encore  ,  fi  I'oeil  qui  confiJ^re  a  nud  un  objet  a  fit 
pieds,  &  qulle  voic  fimple  au  travers  des  trous  de  la  carte,  vient  enfuite 
a  confiderer  celui  qui  n'eft  qu'a  un  pied  &  demi;  car  il  le  verra  double. 
Et  s'll  prend  un  verre  pour  voir  cet  objec  fimple  a  un  pied  &  demi  ,  il  le 
verra  double  a  fix  pieds  avec  le  meme  verre.  Ce  que  je  dis  de  fix  pieds 
&  dun  pied  &  demi,  fera  vrai  des  autres  diftances  ou  plus  petites  ou 
plus  grandes.  On  ne  peuc  pas  dire  que  I'interpofition  de  la  carte  ap- 
porte  du  changement  a  cette  experience  ,  puifque  tout  ce  qui  pourroit 
determiner  Vced,  a  quelque  changement ,  ne  pourroit  venir  que  du  man- 
que de  connoiffance  de  la  diftance  ,  done  on  juge  toujours  de  meme  , 
loit  qu'on  regarde  I'objet  a  la  vue  fimple  ou  au  travers  d'un  ou  de  plu- 
fieurs  peiits  trous.  11  n'eft  done  pas  vrai  que  I'oEil  ou  le  cryftallin  change 
de  conformation  pour  voir  des  objets  a  difFerentes  diftances 

On  nedoit  pas  juger  de  ce  que  j'avance  ici  fur  quclques  experiences  pir- 
ticulieres  j  car  il  fe  renconttera  des  vues  tellemenc  difpofees  qu'elles  ne 
pouiront  pas  faire  celles  donr  je  me  fers,ou  qu'elles  les  feront  fi  impar- 
faicement,  qu'on  auroic  lieu  de  douter  de  la  verite  ,  &  qu'on  pourroit  en 
titer  des  confcquences  couc-a-taic  contraires  aux  loix  de  loptique  ;  car 
G  le  cryftallin  etoir  obliquement  pofe  par  rapport  a  I'axe  de  la  vifion  , 
ou  qu'il  flit  d'une  figure  tout- a- faic  irreguliere,  ou  que  la  retine  n'euc  pas 
toute  la  delicatelTe  necelTaire  pour  une  vilion  diftinde  ,  ou  que  les  humeurs 
fulTent  troubles;  on  fera  toujours  fort  mil  les  experiences  que  je  propofe  : 
mais.il  fera  facile  de  reconnoitre  le  defaut  de  ces  yeux  &  ce  qui  faic  que 
les  experiences  communes  ne  leur  reufilfent  pas  ,  en  les  examinanc  fuivanc 
les  remnrqu^s  que  j'ai  faices  dans  la  premiere  partic  de  ce  traite. 

On  doit  prendre  garde  dans  les  experiences  qu'on  fait  avec  des  verres 
comme  font  ceux  des  lunettes  otdinaires,  de  ne  pas  fe  fervir  de  differens 
endroits  du  mcme  verre  p.iur  regarder  un  meme  objer  au  travers  des 
t.-cus  de  la  carte  ,  &  fans  riiuerpoficion  de  la  carte ;  car  ces  fortes  de 
verres  font  ordinairement  des  refradions  tres  -  differentes  en  differens 
endroits  ,  d'ou  Ton  ne  pourroit  titer  de  confequence  qui  fut  jufte. 

X.  Aprcs  avoir  demontre  que  I'oeil  ne  change  pas  de  conformation  pour 
voir  des  objets  differemment  eloigncs,  il  faut  faire  voir  qu'il  n'a  pas  be- 
ioin  de  ce  changement,  Sc  qu  il  peut  voir  un  objet  a  un  pied  &  demi 
&  a  fix  pieds  oil  au-deiiis  affez  diftinclement ,  pour  ne  pas  s'appercevoir 
qu'il  y  ait  aucun  defaut  dans  la  vifioa  ,  fans  qu'il  foic  befoin  de  recou- 
nt a  un  changement  de  conformation.  Je  parle  feulement  dans  c?  cas 
d'une  vue  bonne  comme  je  I'ai  etablic ,  laqiicUe  tient  le  milieu  entre 
les  Myopes  &  les  Presbytes  j  car  pour  ccux-ci  on  en  jugera  par  compa- 
raifon  a  I'autre. 

Tome  III ,  Partic  Francolfi,  j  O 


ACAD.ROYALE 

DES  Sciences 
DE  Paris. 

SvttLtUEHT. 


10<f 


COLLECTION 


—       La  difference  du  eoncours  des  rayons  d'nn  objet   eloigne  d'lin  pied  Sc 
Acad  Royaie  <lemi  &c  d'un  autre  eloigne  de  fix  pieds.n'eft  pas  alTez  conliderable  pour 
»ES  Sciences    faire   de  la    confufion  dans  la  vifion  ,  quoiqu' on  puilFe  voir  I'objec  dou- 
DE  Paris.       ble  avec   ks  trous  de  la  carte.    Mais   dans  la  fuppofuion  de  Toeil  que  je 
SvfftijyBiiT,     fais  ici ,  il  doit  voir  I'objet  double  avec  les  deux  trous   de^  la  carte  a  la 
dillmce  d'un  pied  ik  demi  avant  le  eoncours  des  rayons,  &  a  la  diftance 
de   fix  pieds    apres  leiirs  conc-oars  :  c'eft;  pourquoi  cette  difference  eft  fi 
petite  qu'on  ne  peut  s'en  appercevoir  a  la   vue  limple  ,  Si  c'eft  ce  qui  fait 
.  cju'on  cFok  voir  egalement  bien  les  objets  a  ces  diflances.   On  en  peuc 
faire  I'experience  avec  une  petite  lunette  compofee  de  deux  verres  con- 
vexes  done  I'objeflif  foic  dun  pouce  de  foyer,  qui  eft  a  peu-ptes  le  dia- 
metre  de  I'oEil  ,  &  ne  lui  donner  d'ouverture  quune  ligne,  comme  celle 
de  la    prunelle  ;  I'oculaire   doit  etre  plus  foible  que  I'objedif ,  &  ne  lui 
donner  que   peu  d'ouverture  ,  puifqu'il  ne  doit  fervir  ici  qu'a  detourner 
les  r.iyons  comme  il  faut  pour   entrer  dans  Iffiil  &  pour  faire  lenr  pein- 
ture  fur  la  rctine.    On  verra   avec  cette  petite   lunette    les   objets  a  un 
pied  8c  demi  de  diftance  aulfi  dil1in£tement  que  ceux  qui  feronta  fix  pieds  , 
ians  qu'il  foit  befoin  d'alonger  Sc  de  raccourcir  la  ditlance  entre  les  deux 

verres.  ^ 

Mais  on  m'objedtera  que  s'il  n'ctoit  pas  neceflaire  de  donner  a  I'ceil  une 
conformation  ditferente    a  un  pied  &  demi  de  diftance  ,  &  nn  autre  a  fix 
pieds  ,  d'ou  vient  done  qu'apres  avoir  etc  attentif  a  confiderer  un  objet  a 
un  pied&  demi,  on  ne  peuc  voir  difbindlement  celui  qui  efl  a  fix  pieds  » 
■  -       '  '        "         .1     /-  ■         V     -^    _i.  j-_.  [g  mcme 

dif- 
tance? Je  repons  qu'il  eft  vrai  qu'on  fent  de  la  difliculte  ,  mais  que  ce' 
n'elt  point  parce  que  le  globe  de  I'oeil  ou  le  cryllallin  doit  prendre  dif- 
ferentes  conformations  pour  voir  ces  deux  objers  ;  mais  quelle  vient 
feulemenc  de  ce  que  la  direftion  des  axes  des  deux  yeux  doit  C-tre  dif- 
ferente  pour  un  objet  eloigne  d'un  pied  &  demi  ,  &  pour  un  autre 
eloii-ne  de  fix  ,  afin  que  les  rayons  lumineux  qui  entrent  dans  chaque' 
ffiil?  falfent  leur  peinture  fur  des  points  analogues  de  la  retine .  On  me 
dira  que  cette  reponfe  n'efl  pas  fuf^^ffante  puifque  Ton  fent  toujours  la 
meme  difKculce,  quoiqu'on  ne  regarde  ces  objets  a  diffcrentes  diftances 
qu'avec  un  feul  Q=il.  Je  repons  encore  qu'il  eft  vrai  ;  mais  que  cette  dif- 
ficulte  n'eft  pas  fi  grande  quand  on  ne  fe  fert  que  d'un  ctil  ,  que  quand 
onfefert  des  deux,  Sc  que  ce  qui  la  fait  nell  en  partie  que  raccoutii- 
mance  que  Ton  n  de  diriger  les  axes  des  deux  yeux  tout  enfemble  ,  vers 
un  meme  endroit  dont  on  peut  connoitre  d'ailleurs  a  peu-pr^s  la  difVance. 
On  ne  peut  done  pas  dire  dans  I'experience  des  trous  de  la  carte  que 
le.  chanoement  de  conformation  de  Tceil  fe  fait  prefque  en  un  mornenr , 
comme  quelques-uns  ont  voulu  le  foutenir,  puilqu'ils  font  obliges  dans 
celle-ci  d'avouer  que  I'oeil  demande  un  temps  conliderable  pour  s'accom- 
moder  a  difFerentes  diftances.  Lorfqu'on  regarde  dans  la  petite  lunette 
dont  je  viens  de  parler,  des  objets  proches  A  un  pied  &  demi  &  d'au- 
tres  pins  eloignes ,  on  ne  fenr  poinfde  difHculte  pour  pafler  des  uns 
aux  autres  ;  car  comme    on  ne  reg.irds  qu'avec  unfeul   c^i! ,  Sc  que  Ton 


quoiqu'ils  paroilfent  fe  toucher   Sc  qu'ils  foient  a-peu-pres  dans 
rayon  fans  demeurer  un  peu  de  temps  a  accommoder  I'oeil  a  cett£ 


A  C  A  D  6  M  I  Q  tr  E.  107 

■'a  prefque  aucune  connoilfance  de  la  diftance  de  cei  objets,  on  Icj  voic 
tous  comme  s'ils  ccoienc  pcints  fur  uiie  mime  fuperficie. 

XI.  Je  disenfin ,  que  la  ditficiiltc  qae  I'on  a  d'accommodet  TceII  pour 
voir  des  objecs  .1  diffacncesdiftances ,  n'eft  pas  feulement  la  diredtioii  des 
axes  ,  mais  que  c'eft  un  r^irerremeiu  &:  un  clargiiremenc  de  la  pru- 
nelle ;  car  perfonne  ne  contefte  que  la  membrane  iris  ne  foit  un  mufcle , 
&  qu'elle  ne  fe  retrecilFe  &  ne  s'elargilfe  alTez  facilement  a  I'afped  de» 
objet^  qui  font  plus  ou  moins  eclaircs.  Or  il  eft  certain  qu'il  entre  dans 
I'a-il  plus  de  rayons  d'un  mcme  point  de  i'objet  a  proportion  qu'il  en 
eft  plus  proche  ,  fuppofant  toujours  la  meme  ouverture  de  prunelle  ,  Sz 
que  ces  rayons  s'aftemblant  fur  la  retine  y  doivent  faire  une  impreftion 
bien  plus  vive  que  s'ils  venoient  d'un  point  eloignc  ,  ce  qui  oblige  la 
membrane  iris  a  fe  relferrer  pour  fermer  I'ouverture  de  la  prunelle  & 
pour  moderer  la  vivacitc  de  la  peinture  de  I'objet  :  au  contraire  ,  fi  I'objet 
que  I'cEil  confidere  eft  eloigne  ,  il  doit  entrer  dans  I'cril  peu  de  rayons 
de  chacun  de  ces  points  dont  la  retine  n'eft  touchce  que  foiblcment.  Il 
fait  done  alors  tous  (es  efforts  pour  donner  entree  a  une  plus  grande 
quantite  de  rayons  en  elargilfanc  I'ouverture  de  la  prunelle  pour  apper- 
cevoir  I'objet  plus  diftindtement.  On  en  peut  faire  I'experience  dans  les 
enfans  qui  ont  une  gtande  facilite  a  ouvrir  &r  a  fermer  la  prunelle  & 
leur  montrer  quelque  petit  objet  en  lent  faifant  tourner  le  dos  a  la  lu- 
niiere  ,  afin  qu'elle  laifte  route  la  libertc  a  la  prunelle  de  fe  pouvoir  ou'vric 
Sc  fermer  :  car  on  remarquera  que  lorfque  I'objet  ftra  proche  de  I'oeil  , 
I'ouverture  de  la  prunelle  fera  fort  petite,  &c  qu'au  contraire  elle  fera 
fort  grande  quand  I'objet  fera  eloigne. 

Ces  diffcrentes  ouvertures  de  la  prunelle  fervent  encore  beaucoup  a 
la  diftindion  des  objets  ditferemment  cloignes  ,  fans  qu'il  foit  befbin  de 
recourir  aux  difFcrentes  conformations  de  I'oeil.  Caril  eft  evident  que  files 
cones  des  rayons  qui  entrentdans  I'osil  font  fort  aigus  ,  la  peinture  des  objets 
fera  toujours  diftinde  ,  puifque  la  rencontre  de  chacun  de  ces  cones  fur  la 
retine ,  ne  peut  etre  conllderee  que  comme  un  point  ;  Sc  fi  I'ceil  a  la  con- 
formation neceftaire  pour  voir  diftindenieur  un  objet  a  fix  pieds  de  diftance, 
d'ou  les  cones  des  rayons  font  foit  aigus ,  quand  il  regar-iera  enfuite  un 
objet  a  un  pied  &  demi ,  il  relTerrcra  la  prunelle  pour  ne  lailfer  entrer 
dans  I'ocll  que  peu  de  rayons  qui  feront  aufli  a  cette  diftance  des  canes 
adez  aigus  pour  ne  point  faire  de  confufion  fenfible  fur  la  retine.  Ainfi 
les  eft'ets  que  Ton  attribue  aux  diftcrentes  conformations  de  I'oeil ,  doi- 
vent ctre  rapportcesaux  difFcrentes  ouvertures  de  la  prunelle  qui  a  tou- 
jours une  adiion  aftez  confidcrable  dans  les  yeux  qui  font  naturellement 
grande  ou  petite  ,  pour  pouvoit  moilcrer  un  peu  r.-i(flion  de  la  lumiere, 
&  pour  faire  voir  par  mcme  moyen  ceiix  qui  font  cloignes  avec  alfez  de 
force ,  &:  ceux  qui  (ont  proches  avec  aifez  de  nettete  pour  les  ufages  or- 
dinaires  de  la  vie  ;  enforte  que  toute  la  latitude  que  Ton  remarque  dans 
routes  fortes  d'yeux  ,  vient  feulement  des  difFcrentes  ouvertures  de  la  pru- 
nelle Sc  non  pas  des  diffiirentes  conformations  du  globe  de  I'acil  ou  du 
ttyftallin.  ( a ) 

(a)   M.  Jurin  croic  que  loifque  nous   rc;jar(3oDS  des  objets  en  dc^^    de   la  porccc- 

Oij 


AcAC.lvOYALE 

t>t%  SciEvces 

DE  Paris. 

SvtrLi.ussT. 


io8 


COLLECTION 


Acad.  RoYALE 

DES  Sciences 

DE  Paris. 

SuFflijUENT. 


ACOUSTIQUE. 


Sur  un  £,cho  Jingulier. 

JLi  A  Gout  clu  Genotay  ,  maifon  de  Plaifance  pres  de  Rouen  ,  eft  de  la 
forme  repriifentce  par  la  figure  ;  el!e  eft  terminee  dans  le  fond  par  k 
corps -de-logis  ,  &  de  tous  les  aurres  cotes  par  une  enceinte  de  murs 
en  demi-cercle.  On  y  entend  des  echos  finguliers.  {V.  PL  I,  Fig.  I. 
d  la  fin  de  ce  volume.  ) 

cue  eft  I'enceinte  de  la  cour  dont  H  eft  I'entree;  ADB  I'endroit  ou  fe 
placent  ceux  qui  ecoutent.  Celui  qui  chante  fe  met  a  I'endroit  marque 
G ,  &C  ayant  le  vifage  tourne  vers  H  ,  il  parcourt  en  chantant  I'efpace 
GF  qui  eft  de   to  a  iz  pieds  de  longueur. 

Celui  qui  chante  etant  en  G  ,  I'echo  s'entend  en  L,  comme  s'il  y  avoit 
plufieurs  voix.  Celui  qui  chante  s'avangant  vers  E,  ceux  qui  font  en  D,  en- 
tendent  I'echo  comme  s'ils'approchoic  d'eux  ;  &  la  voix  etant  en  E  ,  ceuxqui 
font  en  D  I'enrendent  comme  fielle  etoit  aleursoreilies  &  n'enrendent  point 
la  voix  diredbe  ,  tandis  que  celui  qui  chante  s'entend  Si  n'entend  point  I'echo. 

Celui  qui  chante  continuant  de  s'avancer  vers  F  ,  I'echo  femble  s'eloigner 
de  plus  en  plus  au  -  dela  de  D.  Lorfque  la  voix  eft  en  F  ,  wn  ne  Tentend 
plus  en  D  ,  mais  feulement  en  A  comme  fi  I'on  chantoit  a  gauche,  & 
en   B  comme  fi  I'on  chantoit  adroite,&  encore  tres-foiblement. 


Q 


Extrait  du  Memoirc  dc  M.  Sauveur. 


u  A  N  D  on  entend  accorder  des  orgues  ,  &  que  deux  tuyaux  qui 
approchent  de  I'unilfon  jouent  enfemble  ,  il  y  a  certains  inftans  oii  le 
fon  commun  qu'ils  rendent  eft  plus  fort,  &C  ces  inftans  femblent  revenic 
dans  des  intervalles  egaux :  les  organiftes  ou  fadlcurs  difent  alors  que  les 
tuyaux  batttnt.  M.  Sauveur  croit  que  ces  battemensont  lieu  routes  les  fois 
que  les  vibrations  des  deux  tuyaux  ,  apres  avoir  ete  feparees ,  viennent  a 
fe  reunir  ,  &  s'accordenc  a  frapper  I'oreille  d'un  meme  coup 

ordinaire  de  nos  yeux ,  I'uvee  qui  fe  refTerrc  alors  tire  en  dedans  la  circonfercnce  dc 
la  corn^e  tranfparcnte  a  laquelle  die  tient  par  fon  grand  anneau  mufculeux  ,  ce  qui 
augmcnce  la  convexit^  de  cette  membrane  ^laftique  &  flexible  ,  &  par  confequcnt 
rend  la  premiere  r^fradion  des  rayons  plus  forte,  &  corapenfe  leur  tres-grandc  diver- 
gence caufte  par  la  proximit^  de  robjec.  Si  au  contraire  nous  regardons  des  objcts 
cloigncs  au-dela  de  la  portee  dc  nos  yeux  ,  dans  ce  cas  les  ligamens  ciliaires  qui  fe 
contraflent,  tirent,  felon  M.  Jurin  ,  les  bords  de  la  capfule ,  &  prcflant  vers  la 
circonf^rence  I'eau  qui  fe  trouve  entre  cette  enveloppe  &  le  corps  du  cryftallin  ,  dimi- 
nuent  fon  ^pailfeur  ou  plutot  fa  convexite  ,  U  compenfc  Ic  dcgre  dc  divergence  qui 
manque  aux  rayous  qui  viennent  de  trop  loin. 


A  C  A  DIE  M  I  Q  U  E.  lop 

Si  Ton  prenoit  deux  tuyaux  tels  que  les  intervalles  de  kurs  battemens  ■■  ' . 

fulTcnt  alfez  grands  pour   ttre  mcfurcs  par  les  vibrations  d'une  pendule  ,   Acad.Royale 
on  fauroit  exa(5tcment  par  la  longueur  de  ce  pendule,  la  durce    de    clia-     nEs Sciences 
cune  de  fes   vibrations  ,  8c  par  conlequenr  celle  de  lintervalle  dc  deux        de  Paris. 
batttmens.  On  fauroit  d'ailleuts  par  la  nature  de  I'accord  des  tuyaux  ,  com-    SverLiUENT. 
bicn  i'un  feroit  de  vibrations,    pendant   que  I'autre  en  feroit  un  nombre 
determine  j   &  comnie  ces  deux  nonibres  feroient  compris  dans  I'intcr- 
valle    de    deux  battemenj  dont  on  connoitroit  la  durce,  on   fauroit  prc- 
cilcment  combien  chaque  luyau  feroit  de  vibrations  pendant  un  certaiii 
temps  ,   &     par   confequent  ie  nombre   des   vibrations  qui  apparticnt   a 
chaque  ton. 

^l.  Sauvcur  prend  pour  fon  fixe  celui  qui  fera  Too  vibrations  en  une 
feconde  (a)  :  il  a  trouve  qu'un  tuyau  d'orgue  d'environ  cinq  pieds  ou- 
vetts  rendroit  ce  fon  fixe  ,  Sc  qu'un  tuyau  de  40  pieds  rend  le  fon  le 
plus  grave  qui  puirte  etre  diftingue  :  5:  comma  ce  tuyau  de  40  pieds  eft  huic 
fois  plus  long  que  celui  de  5  qui  fait  100  vibrations  dans  une  feconde  , 
il  ne  fera  que  ii  i  vibrations  dans  le  meme  temps.  De  meme  fi  le  tuyau 
le  plus  court  dont  on  puille  diftinguer  le  fon  ,  eft  au  tuyau  dc  5  pieds 
comme  i  a  64,  le  fon  le  plus  aigu  fera  en  une  feconde  6400  vibra- 
tions ,  &  le  rapport  des  vibrations  du  plus  grave  a  celle  du  plus  aigu  , 
fera    a-peu-pres  comme  I  a  ^12. 

M.  Sauveur  a  trouve  encore  que  le  milieu  d'une  corde  qui  rendoit  le 
fon  fixe  ,  &  qui  avoir  fon  diametre  de  i  de  ligne  ,  parcouroit  dans  fes 
deniieres  vibrations  fenfibles  ri'  de  ligne  ce  qui  donne  pres  de  6  li- 
gnes  pour  100  vibrations  ,  &  que  dans  les  premieres  elle  parcouroit 
foixanre-douze  fois  plus  de  chemin  ,  c'eft-a-dite  5   pieds  par  feconde. 

M.  S.  aremarque  que  quand  deux  tuyaux  faifoient  un  tel  accord,  qu'ils 
re  battoient  que  fix  fois  dans  une  feconde  ,  on  diftin"uoit  ces  batte- 
mensavec  alFez  de  facilitc....  Ce  font  les  dilfonances  ;  les  accords  au  cou- 
traire  dont  on  ne  diftingue  pas  les  battemens  ,  font   les  confonances. 

Le  mcme  M.  Sauveur  a  obfervc  que  ii  une  corde  d'inftrumenc  eft  ten- 
due  fur  une  table  ,  &  qu'un  chevalet  mobile  qui  coule  fous  cette  corde 
foit  arrctd  fous  quelqu'un  de  fes  points  ,  enforte  qu'il  n'empeche  pas  en- 
tieremcnt  la  communication  des  vibrations  des  deux  parties  de  la  corde 
les  deux  parties,  quoiqu'incgales ,  rendent  le  mcme  con  &  font  le  mc- 
me accord  avec  la  corde  entiere.  Si  I'obftacle  eft  au  quart  de  la  corde   ce 

(a)  C'ctoit  une  determination  provifionnellc  ;  mais  dans  un  Memoire  pofthume  im- 
prime  en  1715  ,  M.  S.  a  pri?  le  (on  qui  fait  ij6  vibrations,  fSe  puiflance  dc  i,)pour 
ie  (on  fixe  fondamental  de  I'oaave  moyenne  ,  chaque  vibiation  ctan:  compo'fee  de 
I'allee  &  du  retour;  enforce  que  les  nembres  51a  ,  1014,  104S  ,  &c.  (  ^s:,  loe,  1  ic,  &c. 
puilfanccs  de  1)  forment  les  fons  fondamenraux  des  i'- ,  if,  3c,  &c.  oflavcs  fixes; 
&  les  nonibres  1 18,  C4,  51,  &c.  (?=>«=,  !=,&c,  puillances  dc  1.)  des  ire,  ic,  je.&c'. 
fous-oiflavc?   fixes.    Tous  les  fons  polTibles  font  renfermes  entre  la   ;e  &  la  i  ye  od.i- 

vc  ain(i  ddterminee Les  cordcs  de  fcr  ou  d"acier  tirifcs  a  filiere  font  les  plus  suits 

pout  faire  les  experiences  des  cordcs  fonores.  Ccllcs  d'acicr  calTcnc  ctant  tcndues  par 
un  poids  iioco  fois  plus  grand  cue  Ic  poids  dc  40  pouces  de  ces  cordes  :  cellcs  de 
c'.uvie  jaune  par  ks  ticis  quarts  dc  ce  poids,  &  cclk  de  cuivre  rouffc  p.ir  les  c-mi 
flouiicnus. 


no  COLLECTION 

quarc  Sc  les  autres  I  font  entendre  la  double  oftave  aigue  ;  &:  s'il  eft  au 
Acad.  Roy  Me  "'^'^^ ,  au  5*  au  6  c    &  de  la  corde;  la   partie    plus  longue  de  la  corde  , 
DES  Sciences     rendra  toujours  le  ton  de  la  partie  la  plus  courte  ,  qui  fera  dans  les  cas 
DE  Paris.       propofes  ,  celui  de  la  5  '  ,  5  "^ ,  6  '  partie  de  la  corde  j  fi  au  ?"  >  ce   fera  le 
SuppLi.iiENt.     tO"  '111  5  '  de  la  cotde  j  fi  aux  tV"  ,  te  fera  le  ton  du  2.0  '   de  la  corde  ,  Sc 
en  general  I'obftacle  etant  mis  fous  une  partie  aliquote   ou  non  aliquote 
de  la  corde  ,  la  corde  fe  partagera   toujours  dans  le   nombre  des  parties 
marque  par  le  denominateur  de  la  fradion  ,  lefquelles  feront  leurs  vibra- 
tions routes  egales  entr'elles  ,   entre  aucant  de  noeuds  ou  points  fixes  & 
iinmobiles  ,  ce  qui   a  etc    verifie  pat    les    experiences   de  I'Academi-e, 
(  Annie  1701  j 

M.  Sauveur  a  enccire  remarque  qu'urie  'corde  de  clavecin  ^tnnt  pincee  , 
outPe  le  fon  qu'elle  rend  ,  proportionne  a  fa  longueur  ,  a  fa  groiTeur  &  a 
fon  degre  de  tention  ,  fait  encore  entendre  en  meme  terns  a  une  oreille  fine 
&C  exercee  ,  d'autres  fons  plus  aigus,  comme  I'odtave  ,  la  douzieme  ,  la 
double  odave,  la  dix-feptieme,  la  dix-neuvieme  dont  les  rapports  font 
reprefentes  par  ces  nombres  i  7  ,  f,  i,  1,  «  ,  &c.  Ces  fons  harmoniques 
font  donnes  par  la  nature  meme,  &:  quoique  leuc  generation  ait  ete 
jufqu'  ici  totalement  inconnue  ,  les  muficiens  les  ont  trouves ,  conduits 
pat  leur  oreille  &  par  leur  experience,  au  point  que  route  la  compofi- 
tion  des  orgues  ,  roule  furce  principe  qui  n'etoit  rien  moins  que  developpe 
dans  la  tete  desfadleurs  &  des  organiftes.  (  Annk  lyoi, ) 


Sur  les  Jons  des    CyUndres  folides , 

Par     M.      Carre. 

VfcUAND  on  voir  des  cordes  d'inftrument  pincees  ou  frappees  ,  fremir 
dans  route  leur  etendue  ,  &  qu'on  entend  que  les  fons  qu'elles  donnenr, 
fuivent  de  certaines  proportions  de  leurs  longueurs ;  que  pkarexemple  ,  elles 
donnent  I'oilave  \  (1  ces  longueurs  font  comme  i  a  z  la  quinte  ,  fi  elles  font 
comme  135,  &c.  il  eft  fort  naturel  de  croire  que  les  tons  dipendenr 
des  fremilfemens  ou  vibrations  que  font  les  cordes  entieres  dans  toute 
leur  longueur,  &  en  efFet,  la  plupart  des  muficiens  &  meme  des  phyfi- 
ciensfont  tombes  dans  cette  penfee.  Cependant  M.Carre,  apres  avoir  fort 
etudie  cette  matiere ,  eft  perfuade  que  ce  qui  produit  les  fons  immediate- 
,ment,  font  les  vibrations  particulieres  de  routes  les  petites  parties  de  la 
corde  ou  plus  gcneralement  du  corps  fonore  ,  mifes  en  reltbrt  les  unes 
apres  les  autres  par  la  premiere  percullion ,  &c  que  les  vibrations  totales 
ne  fetvent  qua  augmer.ter  la  force  du  fon  ou  faduree. 

Pour  s'alTiirer  de  cette  opinion  ,  il  a  examine  des  corps  fonores  inca- 
pables  de  vibrations  totales,  comme  des  cylindres  de  bois  ,  &  il  les  a  pris 
d'abord  de  bois  de  hetre  ,  &  enfuite  de  merifier  ,  comme  ayant  plus 
de  fon  :  il  leur  a  trouve  des  tons  ditTetens  ,  felon  les  difFereates  grandeurs  , 
niais  dans  des  proporcions   bien  diffetentes  de  cellcs  dis   cotJes. 


ACADEMIQUE.  ll^ 

Afin  que  deux  cylindres  de  bois  pleins  £<  folides  foient  a  I'oftave  ,  il  _____^„ 
faut  que  leurs  folidites  foient  comme  i  &  if,  an- lieu  que  les  longueurs  de  7         71  ~ 

deox  cordes  ,  doiveiu  etce  comme  i    8c  i.    Deux   cylindres  qui  donnent     desSciencps 
la  quince  font  comme  8  &  z?  ,  &  deax  cordes  comme  i  &   j ;  &:  en  ge-       de  Paris. 
ncral  ,  afin    que    deux  cylindres   falTent   «n    accord  determine  ,   il   faut     SvrFiiMESiT. 
que  Icurs  folidites  foient  einr'elles  comme    les  cubes  des  longueurs  des 
cordes  qui  feroient  ce  mcme  accord  j  ainii  1  on  voic  tout  d'un  coup  ,  que 
ii  deux  cordes  qui  font  comme  5  &:  4  font  la  qu.irte ,  deux  cylindres  qui 
feront  comme  17  Sc  6+  la  feront  audi. 

Mais  ce  qui  eft  bien  a  remarqucr ,  il  ne  fufiir  pas  que  les  folidites  de  ces 
cylindres  qui  font  I'ottave  ,  la  quinte  ,  la  quatte  &:c ,  foient  comme 
1,8,  zj  ,  64  ,  &;.  Des  cylindres  de  difFerentes  proportions  ,  c'eft-a-dire 
done  la  hauteur  6c  le  rayon  de  la  bafe  auront  differens  rapports  ,  peu- 
vent  avoir  leurs  folidites  ,  par  ex:mp!e ,  comme  1  a  S  ,  &  tous  ces  cylin- 
dres-la  pris  deux  a  denx  ,  ne  teront  pas  I'odlave ;  il  n'y  aura  que  les  deux  done 
les  hauteurs  &  les  rayons  de  la  bafe  ,  auront  le  reicme  rapport  de  1  i  2  y 
&  qui  par  confequent  feront  femblables  ,  puifqiie  leurs  hauteurs  &:  leurs 
rayons  feront  en  meme  proportion  j  il  en  va  de  mcme  des  cylindres  qui 
font  les  'aucres  accords. 

Cette  experience  confirme  bien  la  per.fce  011  eft  M.  Carre,  que  les 
vibrations  des  petites  p'arties  da  corps  fbnore ,  font  la  veritable  caufe 
du  fon  :  car  cela  fuppofe  ,  il  eft  necelTaire  qu'un  cylindre  frappe  frcmilFrf, 
non-fealement  felon  toute  fa  l-ongueiir  ,  mais  encc)re  felon  tous  les  cercles- 
qui  le  compofent  ,  &  qu'il  ait  des  vibrations  rant  circulaires  que  lon- 
gicudinales  ,  en  un  mot  qu'un  corps  folide  en  ait  felon  (cs  trois  dimenfions. 
iii  la  mture  de  I'ofbave  eft  telle  qu'il  fe  doive  faire  deux  vibrations  d'uif 
cote  ,  tandis  qu'il  ne  s'en  fait  qu'une  de  I'autre  ,  il  f.uit ,  afin  que  deux  cy-- 
lindres  falTent  cet  accord  ,  que  I'un  faflfe  deux  vibrations  tant  longitudinal 
les  que  circulaires,  tandis  que  I'autre  n'en  fera  qu'une  de  chaque  efpece  : 
&  fi  un  cylindre  moins  long  de  moitie  qu'un  autre,  emploie  la  moitie 
moins  de  cems  a  faire  urre  vibration  longitudinals,  il  doitauflr  avoir  une" 
circonference  ,  on  ce  qui  revient  au  meme,  un  rayon  la  moitie  moindre 
pour  mettre  la  moitie  moins  d^tems  a  une  vibration  circulaire  ,  &  par 
confequent  il  faut  que  les  deux  rayons,  aulli-bien  que  les  longueurs  ou 
hauteur's  foient'  dans  \e  nieme  npparc dc  r  i  i  ,  Sz  c'eft  abfoiatneiTf  fa 
mcme   cho(*  pour  les  autres  accords. 

Par-la  il'el!  vifible  que  dieux  cylindres' cjUf  atiront  la  meme  foli'dite , 
mais  dirterens  rapports  de  leur  hauteur  a  leur  rayon  ,  feronr  differens 
accords  avec  un  meme  cylindre  ,  6c  c'eft  auili  ce  que  M.  Carreatiouvi 
par  un  grand  nombre  d'experiences. 

Les  cordes  doivent  ctre  comprifes  dans  la  theorie  generale  des  cylin- 
dres, puifqu'elles  en  font  elles-memes;  maiscefont  des  cylindres  donr 
le  rayon  eft  prefque  iflfitiiment  petit  par  rapport  a  leur  hauteur  ou  lon- 
gueur ,  &■  par  confequent  la  bafe  difparo'it  dans  les  etfets  fenfibles  ,  &  il 
n'eft  p!us  queftion  que  de  la  lonnuenr  qui  determine  les  accords.  CrV 
peuc  croire  cepenJant  qu'un-  accor-J.  de  deivx  cordes ,  fet&it  encore  plus 


I II 


COLLECTION 


DE  Paris. 

SuffitjUENT. 


■"■■■"—-'"  jufte  &  plus  patfaic  ,  fi  leiirs  bafes  fuivoient  la  proportion  que  dolvent 
Acad.  RoYALE  avoir  celles  de  deux  cylindres  pour  rendre  le  nieme  accord. 
D£S  Sciences  M.  Carre    a  enrore  trouve   que   ies  parallelipipedes  ,    pour  faire    des 

accords  ,  doivent  etre  femblables  entr'eux  comme  les  cylindres,  &  fem- 
blables  felon  les  memes  rapports.  Mais  qu'un  cylindre  de  meme  longueur 
qu'un  parallelipipede  ,  &  done  le  diametre  de  la  bale  etoit  egal  a  la  dia- 
gonale  de  la  b.ife  du  premier  qui  etoit  un  quarre ,  rendoit  un  fon  plus  ai- 
gu  d'un  ton  etitier  que  le  parallelipipede  :  ce  qui  vient  apparemment  de 
ce  que  les  vibrations  circulaires  du  cylindre  fe  font  plus  aifeoient  &  en 
moinsde  temps  que  les  vibrations  quarrees  du  parallelipipede. 

Il  feroit  curieux  de  voir  quels  changemens  de  tons  repondcnt  aux  chan- 
gemens  de  dimenfions ,  ou  des  cylindres  ou  des  parallelpipedes,  ou 
meme  de  quelques  figures  comme  les  coniques  ,  &  s'il  y  a  dans  ces  varia- 
tions quelque  fuite  reguliere  \  il  faudroit  audi  eptouver  des  cylindres  de 
metal ,  Sc  de  difFerens  rnetaux,  des  tuyaux  creux  ,  aufll  bien  que  des  cylin- 
dres folides.  M.  Carre  a  deja  fait  quelques-unes  de  ces  experiences,  & 
en  promet  de  nouvelles.    [Annie  1709.) 


Obfcrvatlon  d' Acoujllquc. 

Pi.  l'o  c  c  A  s  I  o  N  du  memoire  de  M.  Carre  ,  M.  de  la  Hire  fir  remar- 
quer  que  quand  on  frappe  un  cylindre  de  bois  fuccefllvement  dans 
routes  fes  parties,  (elon  fa  longueur ,  ilyatoujours  vers  fes  deux  bouts  , 
deux  endroits  oii  ie  fon  eft  confiderablement  amorci  &  piefque  eteint ; 
il  n'importe  de  quelles  dimenfions  foit  le  cylindre  :  ce  font  comme  deux 
foyers  non  de  reunion  &  d'augmentation  de  force  ,  mais  de  diflipation 
&  d'afFoiblilTement. 


HYDRAUI.IQUE. 


Experiences  &  Obfcrvations  fur  ks  mouvemens  des  Eaux ,  &c. 

J-J  E  u  X  vafes  cylindriques  de  meme  hauteur  ,  &:  de  largeur  differente  , 
dont  le  fond  eft  perce  d'ouvertures  egales,mais  petites  relativement  a  la 
bafe  ,  8c  que  Ton  encrecient  toujouis  pleins  d'eau  ,  en  rendent  une  cgale 
quantite  ,  en  temps  egaux. 

2°.    II  n'importe  en  quel  endrolt  le  fond  eft  percc. 

j'.La  furface  de  I'eau  qui  s'ecoule  d'un  vaiffeau  cylindrique  defcend 
en  des  parties  egales  de  temps  par  des  efpaces  inegaux  ,  qui  font  dans 
un  ordr»  renverie  ,  les  mimes  que  parcout:  un  corps  pefant  par  (a  chute 
acceleree.  [Annec  iCj(j8.  ) 


I 


ACAD^MIQUE.  nj 

Que  Ton  fiifTe  tourner  de  I'eaudans  un  vailTeau  qui  ait  le  fond  plat,  ^^^^^^^^^^ 
aprcs  y  avoir  mis  quelques  parcelles  de  maciere  un  peo.  plus  psfanre  que  Acad.  Rovai.e 
I'eau  ;  on  verra  qu'au  coinmencemenc  ces  petits  corps  Hoccant  dans  I'eau  ,    "^^   n'^"^^' 
uiivronc  ion  mouvement  circulaire   lans  sapprocher  du  cenrre  :  mais  li-     c        ^ 
tot  qu  lis  commenceroiu  a  toucher  au   tond  ,  &  que    par-la    leurniou- 
vemen:  circulaire   fera  interrompu  ou  diminue  ,  iis  iron:  vers  Ic  centre 
par   des  lignes  fpirales  &  s'y  amaircront. 

Si  I'on  met  dans  le  vailTeau  un  corps  qui ,  artcte  entte  deux  filets ,  ne 
puilTe  fuivre  le  mouvement  circulaire  ,  &  qu'ayant  fait  tourner  quel- 
jue  temps  le  vailTeau ,  on  i'arrete  fubitement  ,  I'eau  confervera  encore 
on  mouvement  circulaire  ,  8c  le  corps,  empcche  dele  fuivre,  ira  droit  au 
centre  Sc  y  reftera.  L'experience  fe  fera  mieux  encore  fi  le  corps  eft  de  mS- 
nie  pefanteur  que  I'eau.  (  Annie  i66<). ) 

Une  chiite  d'eau  fe  faifant  librement  par  une  ouverture  egale  a  la  bafe , 
s'accelere  comme  celle.d'une  pierre  dans  I'air  ,  &  dans  ce  cas  I'eau  ne  jaillic 
qu'cnviron  a  la  moiti-i  de  la  hauteur  dont  elle  eft  defcendue. 

Dans  un  tuyau  recourbc  ,  s'il  y  a  un  robinet  entre  les  deux  branches 
qui  ait  etc  ferme  pendant  qu'on  en  a  rempli  une  d'eau  ,  on  voit  ,  lorf- 
qu'on  vient  a  I'ouvrir  ,  que  I'e.iu  qui  monte  dans  la  feconde  branche ,  mon- 
te  d'abord  plus  haut  qua  le  niveau,  redefcend  enfuite  plus  has,  &  ne  s'y 
fixe  enlin  qa'apres  plulisurs  balancemens  pareils  a  cenx  d'un  pendule 
qu'on  a  tire  de  fa  ligne  perpendiculaire  ,  lefquels  on  ne  peut  guere  attri- 
buer  qu'a  I'accelcration  dans  les  lieux  cas. 

Que  Ton  encretienne  un  tuyau  toujours  plein  d'eau  ,  I'ouverture  etanc 
cgale  a  la  bafe,  &  qu'on  prenne  garde  que  I'eau  y  tombe  doucemenr, 
1  eau  ne  jaillira  prefqiie   point  a  la  forcie  faute  d'accelcration. 

Celt  la  prellion  qui  fait  les  jets  d'eau,  il  faut  done  nedonnerau  tuyau 
qu'une  ouverture  tort  petite  relativemenr  a  la  bafe  ,  mais  ii  petite  que 
le  grand  frottement  du  jet  contre  les  parois,  ou  fa  trop  grande  divifion 
en  petites  gouttes  ,  ne  nuisit  trop  .a  I'elevation. 

L'alt  etant  prelTe  par  des  poids  ,  fort  d'un  tuyau  avec  des  viteftes  qui 
font  comme  les  racines  quarrces  de  ces  poids ,  &:  fes  eiforts  a  fa  furtie 
font  comme  ces  poids. 

Pour  que  I'air  eleve  le  mcme  poids  que  I'eau,  il  faut  qu'il  aille  iif  fois 
pUi=  vire  que  I'eau,  felon  Ivl.  Hughens,  &  23  a  i^  fois  felon  M.  Mariotte. 
De  I'eau  qui  coule  avec  la  vitelTe  d'un  pied  en  une  feconde  ,  &  qui  frappe 
diredlement  un  plan  quarre  d'un  pied,  le  frappe  avec  une  force  de  44 1  on- 
ces ;  &  fair  coulant  avec  la  vitelTe  de  ;o  pieds  en  une  feconde  ,  qui  eft 
celle  d'un  vent  nvMiocre  ,  frappe  un  pied  quarre  avec  la  force  de  3  (J  onces. 

.Aux  environs  de  Bologne  &  de  Modene,  pour  avoir  des  jets  d'eau, 
meme  des  puits  les  plus  profonds,  on  creufe  la  terre  jufqu'a  ce  qu'elle  pa- 
roilTe  gonliee  par  la  force  de  I'eau  qui  coule  &  qui  poulTe  par  dcllous  :  alors 
on  plonge  dans  le  fol  une  efpece  de  longue  tariere  ,  laquelle  t'tant  retiree  , 
I'eau  fort  avec  impetuofitej  &  non-feulement  remplit  les  puits  entiers  ,  mais 
arrofe  encore  par  fa  depsnfe  continuelle  ,  les  campagnes  qui  en  font  voi-  ' 
fin.'s.  Peur-ctreces  eaux  viennent-cllcs  par  ces  caiiaux  fouterreins  du  haut 
de  r.Appennin  qui  n'eft  qu'a  Jix  milles. 

Tome  III ,  Funk  Frangoifc,  P 


114  COLLECTION 

'  Dans  la  BaffeAutriche,  qui  ell  environnee  des  monragncs  de  la  Styrie, 

Acad.  Roy  ALE  '^s  habitans  fe  fervent  de  la  mane  manoeuvre  pour    faire  venir  I'eau  dans 
PES  Sciences    leurs  puics.  [Annee  i(J<5y) 

DE  1  ARis.  On  a  trouve  par  plufieurs  experiences  qn'un  refervoir  de  i  2  pieds  de 

ovFtLtMEUT,  liauf  ^  donne  par  un  ajutage  de  j  lignes  de  diametre  ,  14  pinres  en  une 
minute ,  c'eft-a  dire  un  ponce  d'eau  kiivant  le  langage  ordinaire  dont  on 
fe  fert  en  cette  matiere.  Cela  fere  a  determiner  la  depenfe  de  tout  autre 
jet  done  on  connoit  la  hauteur  du  refervoir  &  le  diametre  de  I'ajutage  j 
car  la  depenfe  eft  toujours  en  raifon  compofee  de  la  racine  quarree  de  la 
hauteur  &  du  quarre  du  diametre  de  I'ajutage.  Pour  eviter  les  frotte- 
tnens,il  faut  que  les  diametres  des  tuyaux  &  mcme  des  ajutages,  foient 
comme  les  racmes  quarrees  des  viteires.  L'cpailfeur  des  tuyaux  doit  etre 
en  raifon  compofee  de  leur  diametre  &  de  la  hanteur  du  refervoir.  La 
refiltance  de  I'airell  en  raifoii  doublce  de  la  hauteur  des  jets.  (  Arnee  i6-/ii) 

Dans  les  experiences  faites  feparement  ,  les  plus  grandes  ouvertures 
des  ajutages  dcpenfenc  plus.  Lorfque  les  ouvertures  difFerentes  font  au  me- 
me  fond  de  refervoir ,  les  petites  donnent  plus  a  proportion  que  les 
grandes. 

M.  Mariotte  ayant  rempli  d'eau  un  tuyau  de  100  pieds  foude  a  un 
tambour  de  plomb  d'un  pied  de  circonference  ,  &  dont  les  feuilles  avoienc 
1  i  lignes  d'epailfeur ,  le  poids  de  I'eau  fit  elever  les  deux  platines  du  tam- 
bour ,  &  leur  donna  un  pouce  &  plus  de  convexite  ,  (ans  que  rien  fe 
rompit.  M.  M.  fit  enfuite  limer  le  tambour  vers  fon  milieu ,  pour  dimi- 
nuer  fon  epaideur  ,  &  lorfqu'elle  fut  venue  a  un  peu  moiiis  d'une  ligne  , 
le  plomb  s'enfla  en  cec  endroit  ,  &  il  s'y  fit  une  fente  de  trois  pouces 
de  longueur  par  011  route  I'eau  s'ccoula.  [Annie  :6Si.  ) 

M.    Caflini  expliqua  comment  les  Ferrarois    nvoient    detourne    la   ri- 
viere de  Rene  qui  venoit  chez  eux ,  jufqu'a  7  milles  au-dela,  &  I'avoient- 
enfuite  fait  venir  a  Ferrare  par  un   autre  chemin  ,  quoiqu'il  n'y   ait  en 
tout  que  5  pieds  de  pente. 
'  M.  de  la  Hire  trouva  que  I'eau  de  la  Seine  depuis  les  \iinimcs  jufqu'a 

Paffy  ,  n'avoit  que    10  pouces  de  pente  fur    loootoifes. 

Sa  vitefle  ,  lorfqu'elle  eft  la  plus  balfe  ,  fut  trouvce  de  100  toifes  en  5 
minutes. 

Dans  un  canal  de  10  toifes  de  long,  1  {  pouce  de  largcui  &  autant  de 
profondeur  ,  la  quantite  d'eau  qui  y  entroit  etant  egale  a  celle  qui  en  for- 
toit,  elle  prit  4  lignes  de  pente  fur  les  10  toifes,  lorfqu'elle  etoit  four- 
nie  par  une  ajutage  d'un  pouce  ;  &  feulement  une  ligne  etant  foutnie  pat 
une  ajutage  d'un  demi-pouce.  (  Annie  1(585.  ) 

On  a  reconnu  par  des  experiences  faites  avec  foin  qu'un  corps  qui  nage 
dans  une  eau  trnnquille  ,  etant  tite  par  un  poids  donne  avec  une  vjtelfe 
donnee  ,  fera  tiie  avec  une  vjtelfe  double  par  un  poids  quadruple  du  pre- 
cedent \  enforte  que  les  vitelfes  font  comme  ks  tacincs  quarrees  des  poids. 

La  quantite  de  I'eau  qui  s'ecoule  par  une  ouverture  horizontale  re(flan- 
gle  ,  eft  a  la  quantite  d'eau  qui  s'ecoule  pir  une  ouverture  egale  cc  fembfa- 
b!e  ,  mais  verticale  ,  la  hauteur  etant  la  mcme  ,  comme  592. 

La  quantite  d'eau  qui  s'ecoulcra  en  24  heures  pnr  un  trou  rond   &  ver- 


A  C  A:D^  t  M  I  Q  U  E. 


"5 


Acad.  Royals 

rES  ScuNCf.s 

DE  Taris. 


ileal,  i'wn  poucc  de  diamstre  ,  fait  dans  une  lame  d'uii    tiers  de   linge 

d'epaiireiir,  la  faperficie  de  cette  eau  etaiu  abfolument  tranquille,  Sc  ne 

selevaiit  que  d'lina  ligne  au-defTus  du  trou  ,  fera  de  6^  {a.  65  t  tonneaux. 

Si  I'eaueft  iin  pen  plus  balfe  ,  enforce  que  le  petit  rebord  clcvc  qui  termine 

fa  (urtace  ne  foit  que  d'une  ligne  au-delFus  du    trou,  fans  cependant   que     SutfLt/uEUT. 

la  poufliere  jettee  lur  cette  eau  puifTe  fortir  par  le  trou,  il  ne   partera  que 

6j  T  tonneaux  en  24  heures  j  &  il  n'en  patfera  que  59  a  60  ,  fi  on    adapte 

au  trou  exterieur  un  tuyau  de  1 5  lignts  de  diamecre  &  de  5  t  pouces  de 

long. 

Dans  un  tube  AB,  dont  le  diametre  etoic  de  6  pouces  &  la  longueur 
de  mille  toifes,  dont  les  extremitcs  cuvettes  A  &  B  etoient  bien  de  ni- 
veau ,  puifque  I'eau  tranquille  fe  cenoit  dans  I'une  &  dans  I'autre  au 
bord  de  leut  ouvettute,  on  mit  cette  eau  en  mouvement  en  en  foutnif- 
fant  continuellenient  pat  rexttemite  B  la  quantite  de  6  pouces  ,  &  pour 
que  toute  cette  eau  s'ecoulat  a  mefute  pat  I'autt e  exttemite  A  ,  il  failur  percet 
le  tuyau  en  C,  5  pouces  au-dellous  de  A.  (  V.Fi.  II ,  Fig.  I ',  a  La  fin  dect  Vol.j 

Dan;  les  travaux  qu'on  a  enttepris  pour  conduite  des  eaux  a  VerfaiU 
les ,  &  qui  furent  diriges  par  M.  Picart ,  on  a  remarque  que  I'eau  de 
I'etang  de  Trape  etant  lach:e  avec  une  charge  de  ttois  pieds  ,  employa 
quatte  heutes  de  temps  a  faite  4000  toifes  de  chemin  avec  3  pieds  de 
pente. 

On  a  ttouve  par  des  experiences  faites  a  Verfailles,  qu'un  tuyau  de  plomb 
de  id  pouces  de  diametre  &  de  6f  lignes  d'epailfeur,  furtit  pour  une  co- 
lonne  d'eau  de  50  pieds  de  hauteut  ,  d'oii  Ton  peut  titer  repailTeur  re- 
quife  pout  les  tuyaux  de  difFcrens  diametres  &  de  difFerentes  hauteurs, 
par  cette  analogie.  Soient  D  d  les  diamettes  ,  H  h  les  hauteurs,  Ee  les 
epailleurs ,  on  aura  toujouts  D  H :  d  h  :  E'  :   :  e ' 


Pij 


llff 


COLLECTION 


AcAD.RoTALE 

DEs  Sciences 
DE  Paris. 

SuffLi/liSHI. 


Experiences  fur  la  hauteur  6"  F amplitude  dc  la  projcclion  dun 
jet  de   Mcrairc. 

Par    M.     R  o  E  M  E  R. 

X-i  E  fel  vertical  etanc  de    170  lif^nes,   la  hauteur  des  jets  inclines  a  ete 
determince  par  le  calcul  &  par  I'obfervation  de  la  maniere  fuivante  : 


Angles  di  la 
direilion . 


^mpUtude 
caUuUe. 


Amplitude 
obfervte. 


Corrcfpondance 
au-dejfus  dt  4^**. 


I    dc^rcs. 

yPo" 

■:•     io''B- 

10     .     .     . 

M   • 

•      5  •• 

15     .    .     . 

11  . 

.       6 .. 

15     .    .    . 

34  • 

6  .  . 

35    ■  •  • 

41   . 

■       3  •• 

45    .  .  . 

45   • 

0  .  . 

55    .  .   . 

41  . 

5  .. 

(J5   .  .  . 

34  • 

6  .  . 

75    .  .  . 

21   . 

6  .  . 

80  .  .  . 

M    • 

5  •  • 

85   .  .  . 

7   • 

.     10  . . 

90  .  .  . 

0   . 

0 .  . 

8  f  «"'• 
\6  .  . 
Z3    .    . 

55    •  • 

45    •  • 

44   •  • 

42   .  . 

35  •  ■ 
22  .  . 
15    .   . 

7    •    • 
o    .   . 


6  .  . 

9  •  • 

6  .  , 

o  .  , 

9  •  ■ 

o  .  , 
o  . 

4. 

2   . 


15  .  . 

22      .  . 

35    •  • 

42   .  . 


2  .  . 
4.. 

o  .  . 

o  .  . 


Hauteur 

Hauteur 

caUuite. 

ohfervce. 

2  '<& 

4'i6- 

8    .    . 

9   •  • 

18    .    . 

21   .  . 

48    .. 

51   .  . 

89    .    . 

94  .  . 

155    .    . 

140  .  . 

181    .    . 

187  .  . 

222    .    - 

116  .  . 

252    .    . 

254  .  . 

161.    .    . 

2(5l    .   . 

2.62,    .    . 

2^9     .    . 

270    .    . 

270  .  . 

Dans  ces  experiences  on  a  fait  les  remarques  fuivanres. 

I.  Le  filet  ou  petit  cylindre  de  mercure  etoit  beaucoup  plus  gros  que 
le  trou  par  oii  il  fortoit,  meme  lorfque  la  diretTtion  etoit  indinee  a  Tho- 
rizon. 

II.  Dans  les  jets  fort  obliques  ,  comme  de  45  ,  50,  55  degres  ,  le  fi- 
let fe  feparoit  non  en  forme  d'aigrette  on  de  pinceau ,  roais  en  large 
dans  iin  plan  vertical. 

III.  Le  jet  vertical  du  mercure  ne  s'eleve  pas  plus  pres  que  I'eau  de  la 
hauteur  de  fon  refervoir  :  ici  il  etoit  plus  bas  de  18  lignes  fur  deux 
pieds ,  quoique  le  diametre  du  tuyaa  fut  tres  grand  relativement  a  celui 
de  I'ouverture. 

Maintenatit  en  comparant  les  refultats  du  calcul  avec  ceux  de  I'ob- 
fervation, on  remarquera,  1*.  Que  les  direflicns  au-dellous  de  45  de- 


ACADtMlQUE.  117 

gres  ,  donnent  des  amplitudes  plus  grandes  que  leurs  corrcfpondantes 
au-de(Tus   de  45   degres. 

i".  Que  les  diredions  au-delTus  de  45  degres  donnent  des  refultats 
plus   conformes  au  calcul. 

j"*.  Que  les  amplitudes  s'accorderont  mieux  entr'clies  Sc  avec  le  cal- 
<ul ,  fi  Ton  s'attache  aux  goiittes  les  plus  cloignees  ,  au  lieu  de  fe  re- 
gler  fur  les  diftances  moyennes  comme  on  a  fait  dans  ces  experiences. 
(  Mcmoires  di  C Acadtmh  ,   torn.  Fl. ) 

Au  mois  d'Avril  1593  ,  M.  de  la  Hire  ayant  mefurc  fur  le  bord  d'un 
des  bartins  de  Meudon  ,  a  I'abri  dcs  vents,  une  diftance  de  douze  pieds, 
&  ayant  jette  une  petite  pierre  dans  I'eau  a  4  ou  j  pieds  du  bord,  vis-a- 
vis I'endroit  qu'il  avoir  mcfure ,  il  trouva  que  les  ondes  formees  dans 
I'eau  pat  l.i  chute  de  cette  pierre  ,  &  d'autres  pietres  plus  grolFes  iii 
plus  petites  ,  employerent  toujouts  S  r  fecondes  ou  environ  a  parcourir 
cec  efpace  de  11  pieds,  &  qu'elles  le  parcouroient  uniformemeiit  j  d'oii 
il  refulte  que  la  vitelle  des  ondes  de  I'eau  eft  a  celle  des  ondes  de  I'air  qui 

fiarcourenr  iSo  toifes  en  une  feconde  ,  comme  i  a  763  a-peu-ptcs  comme 
es  gravitcs  fpccifiques   de  ces  deux  fluides. 


ACAD.ROVAIE 
DES    SciENCtS 

DE  Paris. 


Expirkncts  fur  la  rarcfaciion  de  f  Air  par  la  chalcur  dc  tcau 

bouillaiite. 

Par    M.     Amontons. 

Premiere    Experience. 

KJ  N  a  plonge  dans  un  chaudron  plein  d'eau  les  boiiles  des  trois  rubes 
de  verre  ACD,  ACD,  ACD,  d'egale  longueur,  ciiacun  ouvert  en  A, 
recoufbe  en  C ,  &  fe  terminant  en  une  boule  D.  (V.  PI.  Ill ,  Fl".  in\ 
a  La  fin  de  cc  Volume.  )  Les  capacites  des  boules  etoient  entr'elles  com- 
me les  nombres  ,1,2,3,  audi-bien  que  celles  des  tubes  AB  qui  d'ail- 
leurs  etoient  alTez  ecroirs,  le  moyen  n'ayant  guere  qu'une  demi  Hone  de 
dianietce  interieur.  Il  y  avoit  dans  chaque  tube  du  mercure  depuis  fentree 
E  des  boules,  jufqu'en  B  oil  le  mercure  etoit  trois  pouces  plus  banc 
qu'en  E,  parce  que  I'air,  donr  les  boules  etoient  pleines  ,  n'ayant  trouve 
aucune  idue  lorfqu'on  avoir  verfe  le  mercure  par  les  ouvertures  A  ,  le 
foutenoit  par  fon  relfort  &  I'empechoit  de  defcendre  au  niveau  de  c'elui 
qui  (itoit  <ians  I'autre  branche  en    E. 

On  a  mis  le  tout  fur  le  feu  ,  &  le  mercure  qui  croir  en  B  eft  monte  c'ga- 
lement  dans  des  temps  egaiix  dans  les  trois  tubes  ,  enforte  que  lorfque 
I'eau  a  commence  a  fremir  ,  il  croir  neuf  pouces  plus  haut  que  B  ,  &  neuf 
pouces  dix  lignes  lorfqu'elle  a  ete  emicremeni  bouillante  ,  apies  quoi  il  a 
celle  entierenient  de  monter. 

Stconde    Experience 

Une  autre  fois  les  thermometres  marquant  jsrefqiie  le  rempcrc,  on  a 
ploijge  daus  I'eau  frwide  ks  boules  des  tiois  tubes,  &  \z  mercare  n'efVbai)fe 


iS 


COLLECTION 


ACAD.ROVALE 

DES  Sciences 

DE    1'aRIS. 

SvPl'Li.UENT. 


qu'envlron  ime  ligiie  jiu  deffous  de  B  ,  dans  Ic  tube  done  la  boule  ^tolt  la 
plus  ^rolFe  ,  de  deux  ligiies  dans  le  moyen  8c  de  trois  lignes  dans  le  plus 
petit.  Ces  trois  tubes  ayant  cte  retires  de  I'eau  ,  le  mercure  a  continue  de 
defcendre  d'environ  une  ligne  dans  le  plus  petit ,  de  dcux  lignes  dans  le 
moyen  &  d'environ  trois  iignes  dans  le  plus  gros  ,  enforte  que  le  mer- 
cure eft  reftc  pendant  un  temps  dans  les  trois  tubes  environ  quatre  lignes 
plus  bas  que  B ,  &;  a  remonte  enfuite  peu-a  peu  a  mefure  que  les  boules 
ont  fee  he. 

Dans  les  chaleurs  de  I'ete  ,  ayant  plonge  la  boule  du  zymofimetre  dans 
de  I'el'prit  de  vin  ,  le  relfor:  de  I'air  diminua  &  foutint  le  poids  d'une 
colonne  de  quatre  pouces  d'eau  moms  que  le  poids  de  ratmofphere  :  la 
boule  etanr  retiree  de  I'efprit  de  vin  ,  le  relToii  de  I'air  diminua  encore  de 
la  valeur  d'une  colonne  deau  de  cinq  pouces  de  hauteur,  ce  qui  faifoit  en 
tout  neuf  uouces  de  diminution.  Enfin  la  boule  ayant  ete  replongee  dans  le 
mime  efprit  de  vin  ,  le  rellort  de  I'air  augmenca  des  cinq  pouccs  dont  il 
etoit  diminue  dehors  ;  &  retire  encore  de  I'efprir  de  vin  ,  il  diminua  de  la 
meme  quantite  de  cinq  pouces. 

Troijieme   Experience. 

On  a  fait  conftruire  un  cube  creux  de  fer  blanc   ABCD,  exaftement 

clos  de  toutes  parts ,  &  parcage  en  deux  ega- 
lement  par  la  feparation  EF.  La  partie  infe- 
rieure  EBCF  n'a  aucune  communication  avec 
la  partie  fuperiture  AEFD  ,  que  par  le  tube 
Gtl  dun  pied  de  hauteur  ouvert  en  H,  ren- 
ferme  dans  un  plus  gros  IL  ferme  en  L  & 
embouthe  &  foude  en  I  a  la  partie  fupe- 
rieure  du  cube.  MN  eft  un  autre  tuyau 
qui  pcnetre  dans  la  partie  fuperieure  du  cu- 
be jufques  proche  le  fond  BF ,  Sc  eft  foadc 
a  cette  partie  en  O  ,  &  embouche  &  foude 
par  fon  extiemite  N  a  un  petit  refervoir  P. 
11  y  a  de  plus  vers  A  un  petit  robinet  pour 
donner  air  a  la  paitie  fuperieure  :  ce  robinet 
etant  ouvert ,  on  a  verfe  de  I'eau  dans  le  re- 
fervoir P;  cette  eau  eft  defcendue  par  le 
canal  NM  dans  la  partie  fuperieure  du  cu- 
be j  lorfqu'elle  a  ete  pleine,  on  a  ferme  le 
robinet  &  on  a  plonge  pendant  fix  fecon- 
des  la  partie  inferieure  du  cube  dans  I'eau 
bouillante.  L^ne  partie  confiderable  de  i'eau 
contenue  dans  la  partie  fuperieure  du  cu- 
be, poutTee  pir  le  reflort  de  I'air  contend 
dans  la  partie  inferieure,  eft  montee  avec 
precipitation  dans  le  refervoir  P.  Au  bout 
des  fix  fecondes  I'ayant  retiree  de  I'eau  bouil- 
■p'  ■        '■  ■       '  "c    laiue,  I'eau  du  refervoir  a  commence  a  re- 


A    1 


n 


M 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  115 

defccndre  ;   mais  au  bout  de  300    fecondes  elle  n'ctoit  pas  encore  reve-  ________ 

nue  ,1  fon  premier  t'tar.    On  a  mis  enfuite  cctte  partie  inftrieure  EBCF  Acad.  Royale 
dans  I'cMi  troide  de  mcme  temperature  que  Pair  pour  aihcver  de  rcduire    des  Sciences 
I'air  a  fon    premier  volume  ,    aprcs  quoi    I'ayant    replongee   dans   I'eau       de  Paris. 
bouillante  pendant  (ix  autres  fecondes,   &   I'e.iu  etant   retnontee  dans  le     SaftttMBHT. 
refervoir  P  comme  devant,  on  la  remife  dans  I'eau  troids  &  lair  a  repris 
fon  premier  \oiume  en   iS  cu  10  fecondes,  ce  cjui  a  ete  repete  piufKurs 
fois  avec  la  meme  refultat  ,   (oit  qu'on    ait  tenu  dans  leau  froide  la  par- 
tie  du  cube  ERCF  pendant  les  18  ou  10  feconJei  f-^s  inteiruption ,  foit 
qu'apris  I'y  avoir  trempee,   on  I'ait  retiree  dans  i'air. 

QualrUmc    Expirience. 

Ay  ANT  repete  les  mimes  experiences  avec  des  tubes  de  huit  pieds  au 
lieu  dun,  I'euU  monta  ,  mais  £11  moindie  quantiie. 

On  mit  aprcs  cela  la  partie  B  C  fur  des  charbons  ardens ,  ce  qui  fit  monter 
I'eau  dans  le  tcfervoir  P  ,  mais  moins  promptement  que  n'avoit  fait  I'eau 
bouillante  ,  &  qui  I'auroit  elevce  plus  haut  fi  le  cube  ne  s'ctoit  delFoudc-pac 
I'aiftion  d\i  feu.  (  Annie  i(J99.  ) 


Remarque  de.  M.  Manotte  fur  la  difference  de  la  chalcur  du 
filed  o'  de  cede  de  notre  feu. 

J_(  A  chalrur  du  foleil  ne  fe  fepare  point  de  d  lumiere  ,  elles  traverfenr 
enfemble  les  corps  ttanfparens  ;  mais  il  n'en  eft  pas  de  meme  de  U  lumiere 
&  de  la  chaleur  du  feu.  Que  Ton  difpofe  un  miroir  concave  devant  le  feu  , 
enforce  qu'cn  ne  pailfe  louffrit  la  main  que  tres-peu  de  tems  a  la  chaleur 
qu'il  y  aura  a  fon  foyer  •,  qu'cnfuite  on  mette  une  glace  devant  le  miroir , 
la  lumiere  du  foyer  fera  prefqu'auOi  vive  qu'aiiparavant  &  Ton  ne  fentira 
plus  aucune  chaleur  ;  &  qu.ind  meme  on  approcheroit  le  miroir  du  feu 
plus  qu'on  n'avoit  fait  d'abord  ,  enforte  que  la  lumiere  du  foyer  fut  plus 
grande  ,  I'cfFet  dc  la  chaleur  n'en  feroit  pas  pour  cela  plus  fenfible. 


Sur  la  refijlancc  de  I'air  £'  celle  de  I'eau. 

M.  OUR  connoitre  la  diffetence  du  mouvement  d'un  pendule  dans  I'aic 
&  dans  I'eau  ,  M.  de  la  Hire  fit  un  pendule  a  demi  -  fecondes  avec  une 
balle  de  plomb  de  deux  onces  de  pefanteur  ,  laquelle  etoit  fufpendue  a 
un  hi  delic  ,  &  il  la  mit  en  mouvement  dans  \'c:.\i.  11  remarqua  d'abord 
que  les  grandes  vibrations  s'accourcilfoient  promptement,  &:  que  le  mou- 
vement s'arretoit  fenfiblement  apr^s  une  minute  is:  un  peu  plus ,  &  nean- 
moins  que  les  vibrations  de  ce  pendule  dans  I'eau  ctoient  prefqu'auHi 


11(3  COLLECTION 

g promptes  que  dans  I'air ,  puifqii'il  en  fie  iii  au  lieu  de   izo  dans  une 

Acad.  RoYALE  jninute. 

DES  Sciences  j^^  meme  experience  ayanc  etc  repetee  avec  un  pendule  fimple  a  fecondes , 

DE     ARis.        j^^^^  j^  balle,  qui  etoit  de  plomb ,  pefoir  cinq  onces  ,  les  grandes  vibra- 

imFfLi.iiEUT,     j-j^j^j  s'accoiircirent  de  meme  fort  promptement ,  &  le  nombre  total  des 

vibrations  fut  de  1 14  pendant  deux  minutes  que  dura  le  mouvement  du 

pendule  dans  I'eau.  {Annk  1705.) 


Sur  la  rifraction  dcs  balks  de  moufquct  dans  I'cau ,  (5'  fur 
la  rifijlaacc  de.  ce  fluidc. 

Par    M.    Car  Ki. 

Premiere    Experience, 

J  'a  I  tire  avec  un  fufil  charge  a  balle  deux  coups  dans  un  baffin  de  pierre 
plein  d'eau  ,  de   i  t  pieds  de  diainetre  Sc  profond  de    i  6  pouces  fous  un 
angle  de  10  degres  &  fous  celui  de  So;  mais  je  n'ai  pu  m'appercevoir  , 
par  cette  experience,    C\  les  balles  foufFrent  quelque  changement  dans  la 
direftion  de  leur  mouvement ,  parce  que  le  grand  effort  de  I'eau  centre 
les  patois  du  baflin  oii  j'avois  mis  des  ais  ,  les  a  toujours  deranges.  Get 
effort  eft  fi  grand  qu'ayant  tire  trois  coups  de  fufil  dans  des  bennes  plcines 
d'ean,  elles  ont  ete  incontinent  brifees  ,  &  c'etoit  les  cerceaux  d'en  bas  que 
I'eau  faifoit  calfer.  Pour  m'alfurer  davantage  fi  c'etoit  le  grand  mouvement 
&  I'effort  de  I'eau  qui  faifoient  brifer  ces  vailleaux  ,  &  non  pas  la  balle  en 
padant  au  travers  ,  j'ai  fait  faire  une  cailfe  quarree  d'un  pied  de  liaut  &C 
de  fix  pouces  d'cpaiffeur,  dont  les  quatre  ais  qui  faifoient  la  longueur  avoienc 
chacun  un  pouce  d'cpaiffeur  &  les  deux  du  bout  en  avoienr  chacun  deux  , 
afin  d'y  bien  attacher  les  autres  avec  force  clous  ■■,  je  I'ai  reniplie  d'eau 
par  un  petit  trou  ,  enfuite  j'ai  tire  mon  coup  qui  a  percc  les  ais  fort  exac- 
tement  fans  les  brifer  ;  mais  I'eau  s'eft  tourmentte  de  telle  maniere  qu'cUe 
a  fait  ecartet  ces  ais  &:  a  brife  la  cailfe. 

Siconde   Experience. 

J'ai  fait  remplir  d'eau  un  baffin  de  pierre  de  i ;  pouces  de  profondeur , 
3  9  de  long  &  1 1  de  large  dans  oeuvre  ,  (  V.  PL  IF.  Fig.  ly.  a  la  fin  de  ce 
Volume  )  lemblable  a  ABCD  ;  j'ai  fait  attacher  inebranlablemenc  a  fon 
cote  BD  un  ais  pour  recevoir  les  ba!!cs  ,  un  autre  ais  E  F  precifement  au 
milieu,  &  fur  le  fond  C  D  un  troifieme  ais  qui  le  couvroit  enticreiiienr. 
J'ai  eleve  au-defTus  du  core  C  A  un  carton  G  A  perpendiculaire  a  I'horifon. 
L'arquebufe  HN  etoit  arretee  fixe  a  huit  pieds  du  balTin  j  I'ayant  tiree  , 
la  balle  a  perce  le  carton  en  K  ,  &  s'ell  trouvee  vers  M  applatie  a-pe'u- 
pres  conime  une  piece  de  douze  fous.  Du  fecond  coup  ,  elle  s'eft  trouvee 
divifee  en  trois  motceaux  anfli  applatis  fans  avoir  frappe  I'ais  du  milieu  EF. 

J'ai 


ACAD^MIQUE.  Yu 

J'ai  tire  deuK  antres  coups  avec  une  plus  forte  charge  de  poudre  ,  Sc  je  i   «i 

n'ai  poiiu  trouve  de  b.ille  au  fond  du  bafliii  ni  contie  les  ais  ;  ces  balles    «  n       .    - 

N       J  111-  o  •  »  T  ACADlvOVAlE 

avoieiu  prcs  de  quatie  lignes  de  diamecre  6c  nc  pouvoieiit  cere  pouUces     djs  Sciences 
dans  Ic  canon  qu'avec  une  baguette  de  fer.  de  Paris. 

Pour  m'edaircir  fur  cet  applatiflement  des  balles,  j'ai  fait  mettre  dans  SvecLt.iiztiT. 
iin  rcfervoirde  dix  pieds  en  quarre  deux  ais  paralleles  encr'eux  &  a  I'houzoa 
&  a  un  pied  de  dillance  I'un  de  I'aucre  ,  celui  de  dedus  ne  faifant  qu'un 
mcme  plan  avec  la  furface  de  I'eau.  J'ai  tire  deux  coups  fur  cet  ais  ,  fous 
un  angle  de  jo  degrcs ,  avec  une  cgale  charge  de  poudre;  le  premier  avec 
I'arquebufe  ci-de(T'us ,  done  le  canon  eft  de  j  8  t  pouces  &c  la  balle  }  i  lignes 
de  diametre  j  le  fecond  avec  un  fufil ,  dont  le  canon  a  46  i  pouces  6c  la 
balle  7  lignes  de  diametre  ;  la  grolfe  balle  a  perce  les  deux  ais  ,  8i  la  petite 
s'eft  trouvee  applatie  fur  I'ais  infcrieur. 

Ayant  tire  dans  le  baflin  A  BCD  avec  le  fufil  charge  du  poids  de  5 
•deniers  10  grains  de  poudre  &  d'une  balle  de  7  pouces  de  diametre  pefant 
17  deniers  6  grains,  fous  un  angle  de  20  degres  ,  la  balle  a  perce  le 
carton  G  A  en  K  ,  I'ais  E  F  en  P  ,  &  s'eft  arretee  en  R.  Ayant  vuide  I'eau 
du  ballin  ,  j'ai  fait  mettte  un  fil  fur  le  milieu  de  cette  balle  en  R  ,  que  j'ai 
fait  palfer  par  les  trous  P  &  K ,  en  le  conduifant  jufqu'au  centre  de  la 
bouche  du  canon  ,  &  il  m'a  paru  que  ce  fil  rendu  paflToit  alFez  exadlement 
par  le  centre  de  tous  ces  trous. 

La  meme  experience  erant  repetee ,  en  changeant  un  peu  la  fituation  da 
funl  ,  a  donne  le  meme  refultat. 

Ayant  augmente  la  charge  de  poudre  jufqu'au  poids  de  7  deniers  (?  grains 
de  poudre,  la  balle  du  fufil  s'eft  trouvee  vers  M  un  peu  applattie  d'un 
cote  ;  elle  avoit  un  peu  frappe  I'ais  E  F.  La  balle  de  Parquebufe  ,  avec  la 
meme  charge  ,  s'eft  ttouvce  vers  M  divifee  en  deux  parties  inegalement 
applaties ,  fans  avoir  touche  I'ais  E  F  :  avec  raoitie  de  la  charge ,  cette  balle 
n'a  perdu  que  peu  de  fa  fphericite  &c  n'a  point  atteint  I'ais  E  F. 

Pour  me  fatisfaireentierement  fur  rapplattiftement  des  balles ,  j'ai  etendu 
dans  I'eau  un  linge  parallele  a  I'horizon  ,  a  deux  pieds  de  profondeur ,  Sc 
j'ai  trouve  par  differentes  experiences  que  4  deniers  de  poudre  ou  environ 
poulTent  la  balle  de  7  lignes  affez  avant  dans  I'eau  fans  lui  faite  perdre 
rien  de  fa  fphericite  ,  qu'avec  8  deniers  elle  en  perd  la  moitie  ,  qu'avec 
1 1  elle  la  perd  entierement ,  qu'avec  iC  elle  fe  divife  en  plufieurs  parties  ; 
qu'elle  s'applatit  regulierement  lorfque  la  dire<5lion  du  coup  eft  perpen- 
diculaite ,  &  irregulierement  lorfque  fa  diredion  eft  oblique  ;  enfin  que 
la  force  du  coup  fait  jaillir  I'eau  quelque  fois  jufqu'a  la  hauteur  de  io  pieds. 
{^Annci  1705. ) 


Experiences    de  Mechanique. 

J_/ E  10  Juillet  on  s'affembla  extraordinairement  a  I'Obfervatoire  pour 
comparer  la  force  dun   homme  a  celle  d'un  clieval.  Ayant  applique  un 
cheval  alTez  fort  a  une  gtue  ,  on  lui  fit  enlever  491  livres  pefant :  enfuite 
Tome  in,   Pariie   Frangoife.  Q 


IZl 


COLLECTION 


Ac  AD.  Roy  ALE 

DES  Sciences 

DE  Paris. 


pour  enlever  le  meme  poids ,  il  fallut  fept  hommes  qui  parnrent  y  avoir 
la  mcme  peine  qu'avoic  eu  le  cheval  j  mais  il  y  a  de  I'appatence  qu'ils 
n'auroient  pas  refifte  fi  long-tems  dans  cette  adion  &  qu'ils  n'auroient  pas 
ece  aufli  vice.  Cetoit  57  7  livres  pour  chaque  homme  ,  non  compris  les 
frotcemens  ,  la  roideur  des  cordes  ,  les  parties  de  la  machine  qu'il  falloit 

clever,  &c.  .         , 

On  vouluc  verifier  par  I'experience  fi  un  homme,  nrant  a  unepoune, 
peuc  lever  plus  pefanc  que  lui,  Sc  on  reconnu:  que  plus  un  homme  fe 
charge  de  poids  confiderables ,  oc  plus  il  peuc  de  cette  fagon  lever  un  grand 

poids.  ,  ,  J  1 

Pour  tirer  de  bas  en  haut  un  poids  attache  a  une  corde  ,  un  homme  a 

plus  de  force  debout  qu  aflis. 

Un  homme  a  autanc  de  force  en  tirant  fur  foi  un  barreau  ,  qu'en  le  pouf- 

fant  devant  foi.  1     1     •        « 

Les  grandes  roues  font  prefcrables  aux  petites ,  parce  que  le  levier  eft 
plus  grand  ,  qu'elles  enfoncent  moins ,  qu'elles  font  plus  foutenues ,  qu'elles- 
trottent  moins  faifant  moins  de  tours ,  &  qu'ayant  moins  de  courbure  , 
les  obftacles  les  rencontrent  moins  diredement.  (  Jnnee  166S. ) 

U  n'efl-  pas  difficile  de  tenir  afiez  long- terns  deux  pendules  parfaitemen,t 
d'accord  entr'elles ,  pourvu  que  la  temperature  demeure  la  mcme  ;  mais 
auand  elle  change  ,  elles  varient  diverfetnent. 

Les  pendules  retardent  en  ete ,  les  vibrations  des  pendules  a  fecondes 
ctanc  plus  grandes  d'un  grand  pouce  de  chaque  cote  ;  ce  qui  n'eft  point 
compenfe  par  I'augmentation  de  mouvement  produite  par  la  chaleur. 
(  Annk  1 56  b'.  ) 

M.  Huohens  ,  les  premieres  annees  qu'il  appliqua  le  pendule  aux  hor- 
loges ,  attacha  contre  la  poutre  d'une  chambre  deux  horloges  a  pendule 
qui  etoient  a-peu-ptes  egalemement  reglees ,  fans  etre  cependant  parfaite- 
ment  d'accord ;  mais  qui  s'y  mirent  fi  bien  en  peu  de  tems  que  les  vibrations 
de  leurs  pendules  n'avoient  aucune  difference.  Ayanx  defaccorde  le  mou- 
vement de  ces  pendules ,  ils  fe  remirent  bientot  enfemble  ;  enforte  que 
les  trois  mouvemens  des  deux  pendules  &c  de  la  poutte  n'en  faifoient  qu'un 
qui  etoit  moyen  entre  tous. 

M.  de  la  Hire  a  fait  une  experience  de  meme  genre ,  en  attachant  uti 
pendule  a  fecondes  fait  d'un  plomb  de  5  a  <J  onces  (ufpendu  a  un  fil  non 
tottille  ,  a  Textremice  d'une  regie  de  bois  forr  mince  ,  laquelle  faifoir  un 
grand  reilort ,  &  en  fixant  I'aurre  extremite  de  la  regie  de  maniere  que  le 
pendule  etant  en  repos  le  fil  faifoit  un  angle  droit  avec  la  courbe  de  la 
regie  pliante.  Ce  pendule  ayant  ete  mis  en  mouvement ,  &  fes  vibrations 
fe  faifant  fuivant  la  longueur  de  la  regie  ,  il  n'y  remarqua  pendant  plufieurs 
minutesaucune  difFerence  fenfibleavec  celle  du  pendule  fimple  a  fecondes; 
mais  brfque  le  fil  faifoit  un  angle  foit  aigu  foit  obtus  avec  la  regie ,  les 
vibrations  de  ce  pendule  compofe  devenoient  plus  lentes.  M.  de  la  Hire 
explique  par  ces  faits  pourquoi  la  corde  de  la  trompette  marine  ne  fait 
pas  des  tons  differens  ,  quoiqu'on  la  touche  un  peu  au  defliis  ou  un  pea 
au-delTous  de  la  divifion  qui  convienr  a  ce  ton  :  les  vibrations  qui  dans 
ce  eas  fe  font  dans  ehaque  partie  de  la  corde ,  ecanc  compofees  de  deax 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  iij 

vibrations  un  peu  incgales,  fe  riduifent  enfin  a  tine  vibratioh  tnojenne  , 
qui  eft  celle  du  ton  jufte.  (  Mim,  de  1066  d  1699.  ) 


Sur  la  force  dcs  Mufcks. 

V^  E  n'eft  que  p.ir  Texperience  qu'on  peut  reconnoitre  !a  force  des  diffe- 
rens  mufcles  :  ainii  piufqu'un  homme  a  genoux  peut  fe  relever  en  s'appuyartt 
fur  la  pointe  du  pied  ,  &  qu'alors  les  feuls  mufcles  de  fes  jambes  &  de 
fes  cuilfes  elevent  tout  fon  corps ,  M.  de  la  Hire  conclut  que  ces  mufcles 
ont  une  force  au  moins  egale  au  poids  du  corps. 

Le  incme  homme  ayant  les  jarrets  un  peu  plies  peut  fe  redteffer ,  quoique 
charge  d'un  poids  de  150  livres  ;  alors  ce  poids  &  ceiui  du  corps  font  ia 
melure  de  la  force  de  ces  memes  mufcles,  mais  il  n'elevent  ce  fatdeau  , 
d'environ  500  livres  ,  que  de  deux  ou  trois  pouces. 

Les  ieuls  mufcles  des  lombes  font  capablcs  d'un  effort  de  170  livres 
dans  un  homme  qui  petit  lever  de  terre  un  poids  de  1 00  livres  place  entre 
fes  jambes ,  en  ployant  le  corps  pour  faifir  ce  poids  avec  fes  mains  &  fe 
redretfant  enfuite  :  cet  effort  de  170  livres  eft  compofe,  1°.  des  100  livres 
du  poids  &  de  70  livres  pour  la  pefanteur  de  la  partie  fuperieure  du  corps. 

La  force  des  bras  pour  titer  ou  pour  elever  un  fardeau  ,  peut  ctre  efti- 
mee  de  160  livres;  celle  d'un  homme  pour  porter  un  fardeau  fur  fes 
cpaules ,  a  150  Uvres ,  pourvu  qu'il  mardie  fur  un  plan  horifontal  &  fans 
faite  de  grands  pas. 

Celle  d'un  homme  pour  pouffer  borizontalement  avec  les  bras  ou  pout 
tirer  une  corde  horizontale  en  marcHant ,  le  corps  etant  incline  en  avant, 
foit  que  la  corde  foit  attachce  vetsles  epules  oir  au  milieu  du  corps,  efl 
d'un  peu  moins  de  17  livres. 

M.  Amontons  a  cvalue  la  force  employee  par  les  PolifFeurs  de  glace  a 
une  puiffance  concinuelle  de  11  t  livres  ,  faifant  i  de  lieues  p>ar  heure  ;  & 
celle  d'un  cheval ,  moindre  qu'une  puiffance  continuelle  de  60  livres,  faifant 
une  lieue  par  heure.  (  jinnee  1699.  ) 

M.  de  la  Hire  ayant  mis  fur  une- table  de  bois  non  polie  plufieurs  mor- 
cfeaux  de  bois  qui  ne  I'ctoient  pas  non  plus ,  dont  les  grandeurs  etoient 
inegales  ,  &:  qu'il  avoit  charges  de  forte  qu'ils  pefoient  tous  egalement, 
vit  que  pout  commencer  a  les  faire  couler  fur  cette  table ,  par  le  moyen 
d'un  poids  qui  leu*  cegk  awach^  &  qui  patlott  far  une  poutie  ,  il  falioic 
a  tous  le  meme  poids ;  &  il  croit  que  cette  proportion  des  poids  a  lieu 
dins  les  frottemens ,  lorfqu'il  s'agit  de  taire  plier  des  parties  Hexibles  ou 
de  defengrener  des  parties  dures  \  au  lieu  cfue  s'il  s'agiffoit  de  rompre  des 
parties  roides ,  il  penfe  que  c'eft  la  proportion  des  furfaces  qui  nura  lieu-, 
mais  alors  le  ftottement  (era  variable  a  proportion  da  nombre  des  patties 
roides  qui  fe  briferont ,  S>c  ces  parties  etant  fuppofees  coniques,  plus  le . 
poids  fera  grand,  plus  la  bafe  des  cones  rompus  fera  graiide  &  plus  il 
faudroit  de  force  pour  les  rompre  ,  &  dans  ce  cas  la  pioportion  des  poids 
auroit  lieu  ainfi  que  celle  des  furfaces. 


Acad.  Roy  ALE 

DES  Sciences 

DE  Paris. 

tSujPPii.«EWT» 


114 


COLLECTION 


"  La  refinance  caufee  par  les  frottemens  eft  a-peu-prcs  k  meme  dans  le- 

AcAD.RoYALE  cuivre  ,  le  plomb  ,  le  fer ,  le  bois  ,  en  quelque  maniere  qu'on  les  varie  j 

DBS  Sciences     lorfque  ces  matieres  font  enduites  de  vieux  oing  ,  8c  cecte  rcfiftance   eft 

•de  Paris.       apeu-pres  le  tiers  de  la  preflion  :  ces  rcfiftances  font  entr'elles  en  raifon 

SussLtjiiEHT,     compofee  des  poids  ou  preflions  des  parties  qui  frottent ,   des   terns  & 

des  vitelTes  de  leurs  mouvemens.  (  Annet  KJpp. ) 


Ta  b  le  contcnant  le  refultat  de  pluficurs  Experiences  fakes 
fur  la  roideur  des  cordes. 


Poids  dont  i        ^il'4'^nce  des       Rififtance  au-      Amour  d'un 

Cordes pardUles  ^f^"    ""'""'     T'S""  ^-^''T  ^■^''"'^'f  ^'  '  ^   ^  Crojfeurs  des 
etoiemchaTzdes.  ''■"JV'"'*^*  dre  d  un  pouce  de  pouce  de  diame-   Cordes. 
°     ■   jpoucedediam.    diametre.  tre. 

4}  onces ^  .  .         j  lignes. 


loliv 

40   . 
60  . 

10    , 

20    . 

60    . 


40 


^9 


1 1 4  onces. 

38 

38  . 


9c  once 
60  .  . 
30  . 
60  . 
40  . 
20  . 
30  . 
20  . 
10   . 


2 

X 

3 

2 

I 

J 

2 

I 

3' 
1 
1 


( Anneei6c)c).) 


Q 


Sur  les  Frottemens. 


_  u  E  Ton  ait  a  mouvoir  I'un  fur  Tautre  deux  corps  ayanr  des  furfaces 
raboteufes,  la  difficulte  de  ce  mouvement  ne  pent  venir  que  de  ce  qu'il 
faut  fouleyer  le  premier  pour  degager  fes  parties  engrainees  dans  celles  du 
fecond ,  ou  de  ce  qu'il  faut  brifer  &  ufer  les  parties  de  Tun  centre  celle? 
de  I'autre ,  ou  de  tous  les  deux  enfeaible. 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  laj 

Dans  le  premier  cas,  la  feule  diflficultc  de  foulcver  I'un  des  deux  corps  -... 

fait  telle  du  mouvemenr ,  Sc  par  confequent  Ic  frottement  ne  vient  que    «  o 

J,  J        J         •j</-r  ■     n.  \        '■  LT^j     Acad.  Roy  ALE 

de  la  f;randeur  du  poids  a  loulever  ,  ou ,  ce  qui  elt  la  mcme  chole  ,  de     pgj  Sciences 

fapreflion  ,  &  la  grandeur  des  furfaces  n'y  eft  pour  rien.  de  Paris. 

Dans  le  fecond  cas  ,  la  grandeur  des  furfaces  feule  feroit  tout ,  s'il  ctoit  Svp^iiiUSNi- 
poflible  que  ce  fecond  cas  fut  abfolument  fcpare  du  premier ,  c'eft-a-dire 
que  Ton  ufat  les  parties  d'an  corps  contre  celles  de  I'autre  fans  foulever  I'un 
des  deux  ,  car  il  eft  vifibie  qu'un  plus  grand  nombre  de  parties  a  brifer  font 
une  plus  grande  reliftance  :  mais  parce  qu'on  n'ufe  point  fans  foulever  , 
du  moins  dans  la  pratique  ,  la  refiftance  qui  vient  de  la  grandeur  des  fur- 
faces eft  toujours  melee  dans  ce  fecond  cas  avec  celle  qui  vient  de  la 
predion  ;  au  lieu  que  dans  le  premier ,  celle  qui  vient  de  la  predion  peut 
ctre  feule  &:  fans  melange  :  d'ailleurs  ce  qui  s'ufe  d'un  corps  par  un  frotte- 
ment eft  ordinairement  trSs-peu  de  chofe ,  par  rapport  au  grand  nombra 
de  fois  qu'il  aura  fallu  le  foulever  dans  ce  meme  frottement ,  &  a  routes 
les  petites  hauteurs  mifes  enfemble  oii  il  aura  fallu  le  porter.  Ainfi  ,  outre 
que  la  refiftance  qui  vient  de  la  predion  peut  ctre  feule  ,  outre  qu'elle 
accompagne  toujours  celle  qui  vient  de  la  grandeur  des  furfaces,  elle  eft 
ordinairement  beaucoup  plus  confiderable  quelle  lorfqu'elle  I'accompagne  ; 
&  c'eft  pourquoi  ,  dans  la  plus  grande  partie  des  experiences  ,  elle  eft 
la  feule  qui  Ic  fade  fentir  &  la  feule  qu'on  doive  compter  5  mais  comma 
il  eft  poffible  qu'en  certains  cas  la  ptedion  foit  treslegere  &  le  nombte 
des  parties  a  ufer  fort  grand  ,  ou  ce  qu'il  en  faudroit  ufer  fort  confiderable, 
il  doit  alors  arriver  que  le  frottement  fuive  la  proportion  des  furfaces. 
(  Annie  1705.  ) 


Experiences    de  M.   Amontons  fur  la  force  des  hommes 
(S'   des  chcvaux. 


D 


E  u  X  porteurs  de  chaife  charges ,  aliant  lear  train 

ordinaire,  ont  fait  en  80", 
Un  porte- faix  ,  charge  en  1 5  5  ", 
Un  homme  de  pied  aliant  le  pas,  en  lio", 
Un  homme  de  pied  courant  de  toute  fa  force ,  en  25  ", 
Un  tireur  de  chaife  roulante  chargee  ,  en  8(J", 
Un  cheval  tirant  fur  le  pave  une  charette  chargee  d'en- 

viron  1 500  livres,  en  111",  V   70  toifes. 

Deux  chevaux  qui  tiroient  au  train  ordinaire  un  carode 

roulant  fur  le  pave  ,  en  61 ", 
Deux  autres  chevaux  qui  tiroient  au  trot  un  carode  roulant 

audi  fur  le  pave  ,  en  4^  ", 
Un  cheval  de  felie  charge  de  fon  homme,  aliant  le  pas  , 

en  80", 
Autre  cheval  de  felle  aaflTi  charge ,  aliant  le  grand  pas , 
en  50", 


ii(?  COLLECTION 

— —       Les  Hotteurs  qui  etoient  a  leur  tache  portoient  par  jour  chacan  vingt- 
Acad  Royale  ^^^^  hottees  de  terre  pefaiu  chacune  trentelivres,  a  trois  cens  foixante- 
DEs  Sciences    dix  toifes  de  diftance. 

DE  Paris.  Un  homme  a  eleve  un  poids  de  vingt-cinq  livres  avec   une  corde  paffant 

Supsii.ft£tiT.     fur  uns  poulie  a  la  hauteur  de  deux  cens  vingc  pieds  en  cent  quarante-cinq 
iecondes. 

Un  homme  du  poids  de  cent  trente-trois  livres  a  monte  a  la  hauteur  de 
dix  toifes  deux  pieds ,  dans  un  efcalier  ,  en  trente  quatre  fecondes,  &  etoic 
entierement  hors  d'haleine. 

Un  Scieur  de  bois  a  donne  deux  cens  coups  de  fcie  &  autant  de  relevees 

en  cent  quarante-cinq  fecondes  :  a  chaque  coup  fa  main  faifoit  un  chemin 

de  dix  huit  pouces  avec  un  effort  de  vingt-cinq  hvres  :  il  etoit  deja  elfouffle. 

Deux  chevaux  atteles  a  une    charrue  ,    dans  une  terre  ni  trop  aifee  ni 

trop  difficile,  faifoient  chacunun  effort  de  cent  cinquante  liv.  (^^n/iee  1703.) 


Sur  la  rcfijlance  des  bois  d&  chine.  &  dcfapin , 
Par    M.    Parent. 

KJ  N  parallelipipede  redangle  de  chene  tendre  moyennement  dur  & 
fee,  large, de  cinq  lignes  ,  epais  de  fix ,  &  long  de  cinq  pouces  6i  demi  , 
ctant  retenu  par  un  de  fes  bouts  ,  a  foutenu  avant  de  fe  rompre  a  fon  autre 
extremite  13  livres  ,  etant  pofe  fur  le  chan. 

Un  autre  tout  pareil ,  mais  double  en  longueur ,  pofe  de  chan  fur  deux 
appuis ,  a  foutenu  a  fon  milieu  34  livres  &  demi  avant  I'inflant  de  fa 
rupture. 

Un  troifieme  femblable  au  precedent  &  egal  pofe  de  meme  ,  mais  ferre 
par  les  deux>  bouts ,  a  foutenu  dans  fon  milieu  5 1  livres  avant  fa  rupture. 

Un  quatrieme  tout  egal  au  premier,  pofe  &  tire  de  meme,  mais  d'lin 
chene  plus  dur,  a  foutenu  51  livres. 

Un  cinquieme,  tout  egal  au  fecond  ,  pofe  &  tire  de  meme  ,  mais  de 
meme  bois  que  le  precedent ,  a  foutenu  91  livres. 

Un  fixieme  de  lapin  moyennement  dur ,  tout  egal  au  premier ,  pofe  & 
arrete  de  meme ,  a  foutenu  57  livres  avaiit  de  fe  rompre,  &  apres  s'etre 
beaucoup  plus  courbe  que  ceux  de  chene. 

Un  feptieme  de  fapin ,  pareil  au  precedent  &  egal  en  tout  au  fecoxid  , 
pofe  &  tire  de  meme  ,  a  foutenu  au  milieu  Ci  livres  avant  la  rupture. 

Un  huitiema  en  tout  egal  au  troifieme  ,  pofe  &C  tire  de  meme  ,  6c  de 
meme  bois  queries  deux  precedens ,  a  foutenu  106  livres. 

Dans  les  foli4es  retenuspar  un  bout,  la  courbuf.e. qu'ils  prennefit  aecour- 
cit  le  levier  defa.45  '"^  partie  eaviton  ,  &  dans.  ce;iix  qi^i  fojpt  retenus  pat 
les  deux  bouts  ,  elle  Taccourcit  d'environ  6^  ""^' 

Un  neuvieme  parallelipipede  de  chene  fort  dur  &  fee ,  de  3  lignes 
un  tiers  d'epaiffeur  ,  13  7  lignes  de  largeur  &  fix  pouces  &c  demi  de  lon- 
geur ,  retenu  par  un  bout  fur  le  plat ,  etant  tire  perpendiculairement ,  a 
foutenu  avant  defe  rompre  381  livres. 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  117 

Un  dixieme  bien  moins  dur  ,  de  41  lignes  d^fpbiflTeur  ,  fur  5  t  3e  large 


&  dix  pouces  de  long,  pofc  fur  le  plat  ,  &  tire  perpendiculaiteinent  par  Acad.Royale 
le  milieu  ,  etant  pofe  fur  fes  deux  bouts ,  a  foucenu  25  livres.  D£s  Sciences 

Un  onzicme  de  mtme  bois  que  le  precedent  ,  de  47  lignes  d'epaifTeur  ,       de  Paris. 

5  T  dc  i.irgeur ,  &  14  pouces  de  longueur ,  pofc  fur  deux  appuis  a  plat  &c    Surn-tUEjix. 
horizonralement ,  a  foutenu  a  fon  milieu  18  7  livres. 

Un  douzieme  de  mcme  bors  ,  large  &  epais  d'un  ponce  8c  long  de 
deux  pieds,  pofe  fur  deux  appuis  de  niveau,  &  tire  a  plomb  ,  a  foutenu 
300  livres  julteavancde  fe  rompre. 

Un  treizieme  de  mcme  bois  de  14  pouces  de  longueur,  57  Hgnesd'epaif- 
feur,  &  de  47  lignes  de  largeur  ,  foutenu  fur  le  chan  &:  pofe  fur  deux 
appuis  ,  a  fuppottc   25  livres. 

Un  quatorzieme  de  chene  tendre  de  m^me  longueur  ,  ayant  6  lignes 
d'epaifTeur,  Sc  5  lignes  de  largeur ,  foutenu  de  chan  &c  tire  de  mcme,  a 
foutenu  57  T  livres. 

Un  quinzieme  de  mcme  matiere  &  Idiigueur  ayant  47  lignes  d'cpaiflfeur 
&:  5  T  lignes  de  largeur,  pofe  fur  le  plat,  a  foutenu  iz  livres  en  fon  milieu. 

Un  feizieme  de  mcme  matiere  &  longueur,  de  5  t  lignes  d'epaideur , 

6  de  4  5  de  largeur ,  foutenu  &  tir6  comme  les  pTecedens  ,  a  footenu 
17  i  livres  dans  fon  milieu  avant  de  fe  rompre. 

En  comparant  les  experiences  faites  fur  le  fapin  ,  on  tronve  qu'ua 
modele  de  ce  bois  pireil  i  ceiui  de  la  doiizieme  experience  ,  devroit 
foutenir  358  livres  ,  en  fuppofaut  que  les  refinances  proportionnelles 
font  entr'elles  comme  les  produits  des  quarrcs  de  leurs  hauteurs  par  leurs 
largeurs ,  ce  qui  donne  le  rapport  de  la  force  moyenne  du  fapin  &  du  chciie 
comme  <J  a  j  d-peu-pres.  {J Annie  1707'. ) 


C    H   Y    M  I   E. 


Remarque  d&  M.  du  HameL 

•*'».  duHamel  it  qu'il  avoii;-  vij  ehrre  les  mains  de  M..  Boyle 
deux  phioles  ,  chatune  a  demi-plein6  de  fa  liqueur ,  qui  etant  approchees 
I'une  de  I'autre  fans  fe  toucher,  paroifToienc  jetter  une  fumee  aJez 
cpaifle.   [Annec   1669.) 


M 


Experiences  dc  M.  Boutd^c  fur  TJpecacuanha. 


B  o  u  I.  D  u  c  ayant  depouille  I'ipecacuanha  de  fes  parties  rcfineufes  par 
le  moyen  de  I'efprit  de  vin  ,  &  de  fes  parties  falines  par  I'eau  de  pluje  , 
trouva  par  I'ufage  de  I'un  &  de  I'autre  que  c'etoit  des  parties  rchneufe*. 
que  dependoit  toute  U  violence  de  c'ette  racine  purgative. 


SuffLijltENT, 


iiS  COLLECTION 

,    ■,.^.->.  -  Le  premier  extrait  rcfineux  produific  par  le  vomiflement  des  effbrts 

'  encore  plus  violens  que  ne  fait  la  racine  meme  ,  avec  peu  ou  point  d'altric- 

/.CAD  RoYALE  tio„_  Le  fecond  extraic  qui  ne  concenoit  que  les  parties  falines  ,  fans  me- 

DE.  Sciences     j^^gg  jg  partie  rcfinenfe  ,  poufla  confiderabkment  par  les  urines,  purgea 

DE    ARis.        moderement  avec  peu  ou  point  de  naufees,  ^ptoduifit  enfin  I'effct  fpe- 

cifique  de  I'ipecacuanha,  qui  eft  de  gueric  la  dyllenterie.  Cette  experience 

a  ete  repetee  pluileurs  fois,  &  toujours  iieureufement.  (  Annie  1701.  ) 

La  fcammonee  eft  ie  fuc  laiteux  d'une  plante  de  nieme  nom  que  ron 
faitepaiftir  &  delfecher  aux  rayons  dufoleil.  La  meilleure  eft  celle  qui  de- 
coule  d'elle-meme  j  celle  qu'on  exprime  eft  beaucoup  moins  bonne  ,  & 
celle  que  Ton  melange  avec  d'aucres  fucs  laiteux  eft  la  plus  mauvaife  de 
toutes. 

En  diftillant  ce  mixte  a  la  maniere  ordinaire  ,  M.  Boulduc  a  remarque 
que  les  difterentes  parties  effentielles  s'en  feparenc  fort  difficilement  j  qu'il 
contient  peu  d'efprit  acide,  peu  d'urineux  &  de  fel  fixe,  tnais  beaucoup 
'.plus  de  patties  huileufes  :  il  n'a  pu  en  tirer  de  fleurs  par  la  fublimacion. 

De  quatre  onces  dilfoutes  dans  I'efprit  de  vin  ,  il  en  a  tire  trois  onces , 
foit  par  la  precipitation  ,  foit  par  I'cvaporation  a  feu  lent. 

L'eau  qui  avoit  ete  employee  pour  la  precipitation  n'avoit  aucune  vertu 
purgative  ,  &  n'a  rien  lailfe  apres  1  evaporation  qui  en  a  ete  faite. 

M.  Boulduc  a  tire  par  le  moyen  de  l'eau  un  extrait  des  parties  rerreftres 
fur  lefquelles  I'efprit  de  vin  n'avoit  pu  mordre  \  cet  extrait  a  plus  poulfe 
par  les  urines  que  par  les  felles. 

Il  a  tire  par  le  moyen  de  l'eau  &  des  triturations  reitcrees  ,  de  deux 
onces  de  bonne  fcammonee,  fix  dragmes  d'extrait  laiteux  fans  refine  &c 
du  refidu  une  once  de  refine  par  I'efprit  de  vin.  Par  le  vinaigre  diftille  il 
a  tire  detrx  onces  deux  dragmes  d'extraix  de  quatre  onces  de  bonne  fcam- 
monee ,  &  du  refidu  une  once  ,  deux  dragmes  de  refine  par  I'efprit  de  vin. 

Deux  onces  de  fel  de  tartre  fondu  dans  fuffifante  quantite  d'eau  ,  ont 
diffbut  quatre  onces  de  fcammonee  ;  il  s'eft  trouve  apres  I'evaporation 
cinq  onces  deux  dragmes  d'extrait  alTez  folide  ,  &  les  parties  ter»eftres 
n'ont  rien  donne  par  aucun  diflblvant  :  I'extrait  eft  un  purgatif  doux  de 
24  a  48  grains. 

Trois  livres  fix  onces  d'une  decoftlon  claire  de  huit  onces  de  bonne  re- 
glide  feche  ,  ont  tire  par  le  moyen  d'une  chaleur  douce  &  de  la  trituration , 
trois  onces  fix  dragmes  d'extrait  de  quatre  onces  de  bonne  fcammonee , 
lequel  extrait  en  contenoit  deux  onces  de  celui  de  la  fcammonee  ,  done 
le  refidu  ne  pefoit  que  douze  dragmes.  ( Annie  lyoz. ) 


Analyfc  de  r  Urine  de  vachc. 

Par    M.    I,  E    M  E  R  Y. 

v-»  E  T  T  E  urine   eft  ordinairement  un  peu  trouble ,  depofant  un  peu  de 
matiere  quand  on  la  laifle  repofer ,  fe  corrompanc  aifement  :  fa  couleur  eft 


jaune 


A  C  A  D  6  M  r  Q  U  E.  T19 

jaune  ou  citrine  ;  fon  oJeur  eft  fade  ,  un  peu  diflFcreiite  de  celle  ties  autros 
urines,  &  ay.uu  bien  dii  rspport  a  celle  de  la  fiente  ou  bouze  de  vaclv- ,  ;^cad.Royai.b 
mais  moins  forte ;  on  y  diftingiie  mcme  que^ue  chofe  qui  approche  un     ^^s  Sciences 
pcu  de  I'odeiir  du  laic  de  I'animal  iiouvellement  circ  :  fon  gour  eft  un  pcu       de  Paris. 
amer,  fale  &  acre,  principalement  quand  I'urine  vienc  d'une   vaclie  qui     SueitLtHEHi- 
a  cte  nourrie   dans  la   ville.  On   trouve  a  la   campagne  des  vaches  done 
I'ufine  nouvellemcnc  rendue  n'cft  qu'un  peu  amere  ,  fans  qu'il  y   paroille 
de   falure:  maisfi  I'on  la  garde  qiielques  lieures,  elle  devieiit  falee  &  acre. 

L'urine  de  vache  fcnnciite  avec  les  acides  ;  ce  qui  fait  voir  que  le  fel 
qu'elle  contient  eft  alkili.  J'ai  mis  en  diftillation  dans  des  cucurbites  de 
verrefeiiC  livres,  ou  luiit  pintes  d'urine  de  vache  qu'on  m'avoit  apportce 
de  la  campagne  ,  &  qui  avoir  etc  rendue  depuis  deux  jours,  ellc  etoic 
claire,  jaun.acre  d'un  odeur  ordinaire,  d'un  goiic  amer  &  fale  avcc  un  peu 
d'acrdcc.  J'ai  fait  boire  a  un  malade  deux  verrees  de  l'urine  diftillee  ,  elle 
a  purge  un  peu  ,  mais  beaucoup  moins  que  l'urine  qui  n'a  point  ete  diftillee. 
Cette  qualite  purgative  venoic  apparemmenc  d'une  portion  de  fel  vo- 
latil  que  I'eau  avoit  enlcvee  avec  elle,  car  elle  etoit  un  peu  falee.  J'ai 
continue  la  diftillation  de  I'urine  ;  j'en  ai  tire  en  la  maniere  ordinaire 
beaucoup  de  fel  volatil  &:  d'huile  ,  tous  deux  tr^spenctrans  ,  &  qui  none 
en  rien  diftere  du  fel  volatil  &  de  I'huile  qu'on  tire  de  I'urine  de  1  homme. 
II  eft  rerte  au  fond  du  vaiflfeau  une  malfe  feche  rarefiee ,  noire  ,  pefanc  quatre 
onces  ,  d'un  goi^it  amer  &  f.ilc  :  je  I'ai  mife  calciner  a  feu  ouvert  dans  un 
pot  qui  n'etoit  point  vernillc  ;  elle  s'eft  allumee,  elle  a  jettc  des  fumees 
&  fa  couleur  eft  devenue  grife  blanchatre  ;  j'en  ai  tire  par  la  kftlve  trois 
onces  Si  deux  dragmes  &  demie  d'un  fel  fixe  prive  d'odeur  ,  bl.inc  ,  acre 
Sc  ailcati  II  pent  fervir  comme  les  autres  fels  fixes  a  exciter  l'urine  ,  fi  Ton 
en  prend  demi-dragme  ou  deux  fcrupules  a  la  dofe. 

J'ai  fait  fecher  les  cendres  reftees  apres  rextradlion  du  fel ;  j'en  ai  eu 
trois  dragmes  &  dix  liuit-grains  :  elles  font  grifes  fans  odeur  ni  faveur  j  je 
les  ai  fait  toucher  au  couteau  aimante  &c  meme  a  la  pierre  d'aimanc ,  mais 
il  ne  s'y  eft  fair  aucune  attradion. 

J'ai  expcrimente  par  occafion  fi  I'aimant  attireroit  quelque  chofe  de 
la  come  de  cerf  cakmee,  de  I'ivoire  brfile  ,  du  crane  humain  calcine  ,  des 
OS  ordinaires  briles  ,  des  coquilles  d'huitres  calcinees  ,  Sc  des  cendres  de 
plufieurs  autres  parties  d'animaux ,  je  n'y  ai  apper^u  aucune  attraiftion  ni 
jonClion.  [Annie  1707.) 


Sur  la  nature  du  Fen 

IVl .  G  E  o  F  F  R  o  I  voulanc  prouver  la  generation  auificielle  du  far  ,  difoic 
que  de  quelque  maniere  qu'on  s'y  prk  pour  tirer  du  fer  d<.  I'argille,  on  y 
en  trouvoit  toujours  infiiiiment  rnoins  que  quand  on  I'avoic  mclce  avec 
riuule  de  lin  ;  d'ou  il  concluoit  que  ce  melange  produifoic  du  fer. 

M.  Lemeri  le  fils ,  qui  foutenoit  la  preexiftence  du  fer,  nioit  la  confc- 
quence  de  M.  GeofFroi  ,  par  la  raifon  que  le  fer  qui  fe  montre  par  I'addi- 

Tome  III ,  Panic  Francolfi,  R 


15© 


COLLECTION 


Acad.  RoYALE 

DES  Sciences 

DE  Paris. 


tion  de  I'huile  de  lin ,  peut  fort  bien  avoir  ete  {implement  developpe  Si 
non  produit  dans  I'argille  par  ce  melange  ,  &  il  appiiyoit  cette  poflibilite 
par  des  fairs. 

Tout  ce  que  I'aimant  attire  eft  fer  ;  c'etoit  un  principere9u,  (ou  fi  Ton 
veut  5  convenu  )  entre  les  deux  partis  :  mais  il  ne  s'enfuivoit  point ,  felon 
M.  Lemery  ,  que  tout  ce  que  I'aimant  n'attire  pas  ,  ne  foit  point  fer.  Le 
fer  peut  fe  trouver  en  tel  etat  qu'il  ne  foit  plus  ou  prefque  plus  attire  par 
i'aimant :  pour  le  prouver  ,  M.  Lemery  die  qu'ayant  verfe  un  acide  fur 
une  certaine  quantite  de  limaille  de  fer  ,  il  lui  fit  perdre  la  propricte  d'etre 
attiree  par  I'aimant  :  ayant  enfuite  divife  cette  limaille  en  deux  portions 
cgales  j  a  I'une  defquelles  il  ajouta  de  I'huile  de  lin  ,  &  les  ayant  mifes 
routes  deux  fur  un  meme  feu  ,  qui  etoit  mediocre  ,  &c  pendant  un  meme 
temps  ,  la  portion  oil  il  y  avoit  de  I'huile  de  lin  devint  noire  ,  &  reprit  fa 
propriete  magnetique  ,  tandis  que  I'autre  en  refta  prefque  entieremenc 
privee ,  &  route  rougeatre  ;  il  a  fallu  un  grand  feu  de  fonte  pour  la  rendre 
femblable  a  la  premiere.  Ici  I'huile  de  lin  ne  fervoit  qu'a  faire  reparoitre 
un  fer  deguife ,  &  M.  Lemery  foutenoit  qu'elle  ne  produifoit  pas  un  autre 
eftet ,  etant  combinee  avec  I'argille,  fans  compter  ce  qu'elle  pouvoit  four- 
nir  de  fer  de  fon  propre  fond. 

D'ailleurs  M.  Lemery  produifoit  une  mine  de  fer  fort  riche  ,  d<  qui 
contenoit  bcaucoup  moins  de  parties  attirables  au  couteau  aimante  que 
d'autres  mines  fortpauvres.  Le  ter  peut  done  etre  en  grande  quantire  dans 
quelque  matiere  quoique  fort  enveloppe  ,  &  ne  fe  decouvrir  que  par  les 
operations  auxquelles  on  le  foumet ;  &  celles  que  Ton  fait  pour  titer  ce 
metal  de  fa  mine  ,  font  parfaitement  femblables  a  celles  qui  fervent  a  le 
titer  de  I'argille.  On  y  ajoute  un  fondant  fulfureux  qui  produir  deux 
efFets  en  meme  temps  ;  il  fuimonte  la  difficulce  naturelle  qu'a  le  fer  a  fe 
mettre  en  fufion ,  &  il  le  degage  des  matieres  etrangcres  qui  le  renoienc 
embarralTe. 

Les  Chymiftes  conviennent  que  Ton  tire  des  plantes  les  principaux  fels 
mineraux ,  le  fel  marin  ,  le  nitre  ,  le  vitriol ,  &  il  fuflfit  a  AI.  Lemery  que 
ce  foit  en  forme  de  vitriol  que  le  fer  monre  dans  les  plantes.  Mais  com- 
ment ne  fe  rend-il  pas  fenfible  au  gout  &  a  la  vue  dans  les  fucs  &  dans  les 
huiles  qu'on  tire  des  plantes  ?  car  on  fait  par  experience  qu'un  grain  de 
vitriol  qui  ne  contient  pas  une  quatrieme  parrie  de  fer,  etant  diJlous  dans 
12  pintes  d'eau  ,  c'eft-a-dire  une  parcelle  de  fer  melee  avec  884756  par- 
celles  d'eau  qui  lui  font  egales  ,  leur  donne  un  peu  de  gout ,  Sc  les  teint 
d'un  rouge  Icger  ,  lorfqu'on  y  vetfe  de  la  folution  de  noix  de  galles.  W. 
Lemery  repondoit  a  cette  objecfcion  par  I'experience  fuivante  :  il  avoit  mis 
de  la  folution  de  vitriol  dans  trois  verres  ,  a  chacun  defquels  il  avoit  ajoute 
un  acide  different ;  la  noix  de  galle,  en  quelque  quantite  qu'il  I'eut  mile  , 
n'avoit  fait  aucun  effet  fur  aucun  des  trois  melanges,  au-lieu  qu'elle  en 
eiit  fait  un  tres- prompt  &:  ttcs-ma'nifelle  fur  la  folution  de  vitriol  ii  elle 
eut  cce  fans  melange. 

Pour  prouver  que  le  fer  eft  dans  les  plantes  comme  9.1ns  le  vitriol ,  M. 
Lemery  remarquoit  que  ni  le  vitrei,  ni  les  plantes  fimplement  de/Techees 
ne  donnent  de  fer  attirable  par  I'aimant ,  parce  que  dans  ces  deux  ecas , 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  M' 

les  pores  du  fer  fonc  bouch<Ss  par  dcs  acides  qui  ne  peuvent  &tre  emportts  ■ 

cjue  par  uii  grand  feu  de  fonte  ou,  par  uii  fimple  feu  de  calcination  avec  Acad-Rovale 

1  addition  d'un  fulfureux  qui  en  feconde  I'efFet ;  que  par  cet  raifon  le  fim-     °^^  Science* 

pie  feu  de  calcination  fait  parioirre  le  ferdes  plantes  qui  ont  toujours  en      °°    aris. 

elles-numes  rintermede  fulfureux  necefTaire;  enfin  que  le  fer  tire  &  des    •^""^^-uwi. 

ulaiues  Sc  du  vitriol  eft  toujours  moins  malleable  ,  parce  qu'il  a  perdu  dans 

les  operations  une  grande  partic  de  fes  foufres  qui ,  comme  on  fait  ,  font 

fa  niallcabilite  :  d'oii  M.  Lemery  concluoit  qu'on  pouvoit  bien  rendre  le 

fer  plus  malleable  ,  plus  attirable  ,  en  un  mot  faire  reparolcre  quelques- 

unes  de  fes  proprietes  deguifees,    en  ccartant  les  obftades  ,  ou  en  ajou- 

tantdesincermedes.maisjamaisproduircrceilement  dufer.  (  Jnnu  170S  ) 


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'J» 


COLLECTION 


Acad.  RoYALE  , 
DEs  Sciences 
DE  Paris. 


=^- 


An.u  17x0.  EXTRAIT 

D'UNE    DISSERTATION    LATINE 

DE    M.    JEAN    SCHEUCHZER. 

Correfpondant   de   TAcademie , 

SUK    LES    PIERRES    FIGUREES. 

i_i  E  s  carrieres  des  environs  de  Paris  ont  a  difFerenres  profondeurs  iet 
.lies  quelquefois  a(Tez  epais  ,  de  differences  efpeces  de  coquillages  forte- 
ment  lies  enfemble  par  de  la  terre  ou  du  fable.  Quand  ces  coquillages  one 
conferve  leur  fubllance  ou  leur  confiftance  naturelle  ,  ils  ne  meiirent  pas 
encore  le  nom  de  pierres  figurees  ,  ce  n'eft  propremenc  que  quand  ils  fonc 
perrifies  >  &  mieux  encore  quand  apres  avoir  fervi  de  moule  a  une  matiere 
moUe  ou  fluide  qui  les  a  enticremenc  remplis  ,  &  s'eft  durcie  enfuite  , 
leur  fubftance  a  ere  abfolumenc  detruice  par  le  terns  ,  &  qu'il  ne  refte 
que  cette  muiere  petrifiee  qui  reprefente  tres-exadtement  leur  figure  inte- 
rieure.  Alors  rout  ce  que  Ton  voir  n'eft  vericablement  qu'une  pierre  figu- 
ree  ,  &  Ton  ne  peuc  s'affurer  que  quelque  partie  d'animat  ait  contribue  a. 
la  formation  de  cette  pierre  que  par  I'exadte  conformice  des  figures.  M. 
Scheuchzer  ajoute  qu'autour  de  ces  pierres  il  y  a  roujours  dans  la  carriere 
unefpace  vuide,  qui  eft  precifement  celui  qui  remplilloit  le  coquiliage. 

Il  peut  fe  trouver  des  pierres  figurees  dont  I'analogue  nous  foic  prefen- 
temeiit  inconnu,  foit  que  les  coquillages  qui  les  one  formees  ne  fe  trou- 
venc  plus  dans  nos  mers  ou  qii'ils  nous  echappenc,  ou  enfin  que  quelques 
efpeces  de  coquillages  aienr  peri ;  mais  pour  employer  cette  idee  un  peu 
hardie  ,  il  faut  appercevoir  dans  une  pierre  des  rr.Tces  alTez  fenfibles  de 
cette  forte  de  formation  :  audi  ne  s'en  fert-on  pas  jijfqu'a  prefent  pour 
expjiquer  la  pierre  c]ue  Clulius  a  nommee  numifmale  ;  on  croyoic  qu'elle 
ne  fe  trou/oit  qu'en  Hongrie  &  en  Tranfilvanie,  mais  M.  Scheuchzer 
I'a  recrouvee  en  SuifTe  ,  &  encore  en  plus  grande  quantite  en  Picardie  aux 
environs  de  Noyon.  Certe  pierre  qui  a  tire  fon  nom  de  fa  figure  reffem- 
ble  pourtant  moins  a  une  mcdaille  ou  a  une  piece  de  monnoie  qu'a  un 
verre  convexe  des  deux  totes  ,  mais  plus  eleve  au  milieu  que  ne  demande 
la  coutbure  fpherique.  Sqs  deux  moitics  convexes  fe  feparent  facilement, 
&  quelquefois  fe  trouvent  naturellement  fcparees  :  alors  on  voir  dans  la 
pierre  des  tours  de  fpirale  comme  ceux  d'une  corde  roulee  autour  d'elle- 
meme  :  ces  rours  font  lies  par  des  efpeces  de  petlts  filamens  qui  s'eten- 
dent  obliquement  vers  la  circonference.  La  furface  exterieure  de  la  pierre 
eft  quelquefois  polie  ,  mais  le  plus  fouvent  elle  eft  herilfee  de  perits  points 
dont  dilierentes  fuites  font  des  efpeces  de  cannelures  itregulieres.  La  gene- 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  ijj 

ration  de  ces  Torres  de  pierres ,  fi  Ton  ne  pent  jamais  les  fonpgonner  d'avoir  j      n 

etc  moultes ,  rcduira  pcut-ecre  les  Pliylkicns  a  riiypoiiielc  <ies  ftmentcs  Acad.  Royale 
hafardcesparfeii  M.  Tournefort.  [a)  des  Sciences 

Pour  expliquer  les  coqiiillages  petrifies  &  quelquefois  enfevtlis  fous  ^^  1'aris. 
la  terre  a  des  grandes  profondeurs  ,  on  ccux  qui  par  une  longue  fuite  de  Anncc  1710. 
fiecles  fe  font  confumcs  apics  avoir  lallTc  feultinciu  rempteirite  dc  lours 
figures  ,  M.  Scheuchzer  a  recours  a  fon  hypothefe  du  deluge  ,  dcja  expliquee 
dans  I'hiftaire  de  1708  S/.c\\\\  lui  eft  commune  fur  ces  fortes  de  fujets  avec 
M.  fon  frere.  Si  ce  que  nous  avons  rapportc  d'apres  M.  Saulmon  dans  I'liif- 
toire  de  1707  ne  demande  pas  abfolument  cette  mc-me  hypoihefe  ,  dur 
ir.oins  faut-il  qu'une  partie  confiderable  de  ce  qui  eft  a'ujourd'liui  terre  aic 
etc  autrefois  un  fond  de  mer. 

Nous  ne  pafferons  point  ici  fous  fiience  une  idco  ,  fur  isquelle  cependant 
M.  Schcuthzer  a  declare  qu'il  ne  prctendoic  poiot  inlifter  ,  &  qu'il  n'a 
propofc  que  comme  une  efpece  de  ionge  philofophique  :  fi  Ton  fait  tuurner 
avec  alFcz  de  vitelFe  autour  de  fon  cencie  un  grand  bafiin  rondd  dcini-plein 
d'eau ,  jufqu'a  ce  qu'enfin  I'eau  ait  pris  toute  la  vitelfe  du  baffin  ,  &  qu'on 
vienne  a  I'arreter  brufquement  ,  I'eau  ne  lailTera  pas  de  continuer  a  fe 
mouvoir  ,  &  mCmc  avec  tant  de  force  quelle  poutra  furmonter  les  bords 
du  vaideau.  De  meme  fi  Dieu  arrcEoir  iubitenient  le  mouvement  circu- 
laire  de  l.»  terre  fur  fon  axe  ,  les  eaux  de  la  mer  fe  repandroient  dc  tou- 
tes  parts  fur  les  terres  avec  violence.  Cette  maniepe  d'expliquet  le  deluge 
n'eft  pas  moins  fimple  que  nouvelle.  {b)      ,, 

L'hirbariuni  di.lfiyianum  de  M.  Jean-J acquis .jScIieilch^er  iiqpritrie  a  Zu- 
rich en  1709  ,  &  envoyi:  il  I'acadtmie  par  fon  auteur  ,  roule  fur  le  rr.cnie 
prir.cipe  que  I'ouvrage  dont  nous  venons  de  parler,  &  que  tons  ccux  de 
ces  deux  treres  ,  dont  I'hiftoire  de  170S  a  fr.it  mention.  Get  hetbier  ex- 
traordinaire li'ell  compofc  que  de^  plantes  ,  qui  ayant  etc  enfeveligs  dans 
des  maticies  molles ,  ont  laitTe  I'empreinte  de  leurs  figures  fur  ces  mtmcs 
niatieres  lorfqu'el les  font  venues  enfuite  a  fe  peirifier.  Ces  empreintes  font 
fi  parfaites  &  ii  ex.iftes  ,  jufque  dans  les  plus  petites  parties  de  ce  qu'elles 
reprefentent  ,  qu'il  eft  impolTible  de  fy  meconnoitre.  Parmi  un  grand 
nombre  de  plantes  qui  font  touies  de  ce  pays-ci  ,  il  yen  a  une  Indienne, 
dont  la  pierre  a  ete  rrouvce  en  Saxe ,  ce  qui  s'accorde  ivec'iine  obferva- 
rion  deja  faite  dans  riiiftoire  de  1705.  \    1       <  -.      . 

M.  Schenclizer  attribu-e  ce  tranfport  d'une  plante  des  Indes  en  Atlema<'ne 
au  bouleverfement  que  le  deluge  a  du  caufer  fur  la  furface  de  la  terre. 
Il  fe  fert  aufli  de  quelques-unes  des  plantes  de  fon  herbier  &  principale- 
ment  d'un  epi  d'orge  pour  determiner  !e  terns  de  I'annee  ou  le  delude  a 
dii  commencer,  iJc  il  jiiace  cette  cpoque  .a  la  fin  de  Mai  :  ce  qu'il  con- 
firme  encore  par  uas  infecte  ou  deux,  dont  on  cannoic  alTez  la  vie  &  la 
faifon. 

11  y  a  certaines  pierres    qui  reprefentent   fur  leur    furface  ,  non  pas 

(a)  V.  M.  dc  1701  dajis  la  part.  Fian^oif^  de  la  Coll.  Acad.  prcm.  vol.  p.  801  &  fiiiv. 
(i)  Dc-la  il  fuivroit  qu'au  terns  oii  Jofu^  am-ta  k  foleil,  c'eft-a-ditc  la  terre  fcloit 
CofLTjiK" ,  il  a  du  ariivcr  vm  deluge,     . 


i;4  COLLECTION 

».— .I..!  — i.i»»i.  comme  celles  de  cec  herbier ,  une  feule  partie  d'tine  plante ,  ou  line  feule 
Acad.  RoYALE  f^"'"®  >   'i^'s  des  biiKrons  Sc   des  pstites  forets  tres-agreables  :  celles-la 
DES  Sciences     a   force  de  reprefenter  ,  ne  reprcfentent  lien  ;  &  en  efFet ,  a  les  examiner 
BE  Paris.       tantfoit  pen  ,  on  voir  que  ces  arbresou  builTons,  ne  rellemblent  a  aucune 
Annii  17  lo.    p'ante  vericable.   Us  font  mcme  quelquefois  accompagnes  de  petits  cha- 
teaux ou  de   figures  qui  en  variant  le  tableau  ,  le  metccnt  au  rang  des  jeax 
de  la  nature.  M.  Schciichzer  entreprend  d'expliquer  ce  qu'il  y  a  de  pliy- 
,  fojue   dans  ces  jeux  ,  c'eftidire  ,  comment  certains  fucs  qui  exudoienc 

des  pores  d'un  pierre  a  rhefure  qu'elle.  fe  formoit ,  ont  pu  fe  repandre  entre 
deux  des  couches  qui  la  coinpofoient ,  &  y  tracer  certaines  reprefentations 
a-peu-pres  regulieres  auxquelles  enfuite  notre  imagination  picte  quelque- 
fois un  p£u  dc  ce  qui  lent  manque.  II  a  mcme  rendu  fon  explication  fen- 
lible  aux  yeux  par  I'experience  route  femblable  de  deux  plaques  de  marbre 
poli'  qtj'il  frotte  I'une  centre  ['autre  ,  aprcs  avoir  mis  de  I'huile  entre-deux  : 
cetre  Uivile  s'y  repand  de  maniere  qu'elle  forme  des  troncs  &  des  branches. 
M.  Scheuchzer  compte  encore  entre  les  monumens  du  deluge,  un  gros 
tronc  d'atbre ,  qu'il  fait  qui  eft  couche  fur  le  fommet  du  mont  Stella  la 
plus  haute  de  toutes  les  montagnes  des  Alpes.  II  a  tente  deux  fois  d'aller 
le  voir  de  fes  propres  yeux  quoique  les  plus  determines  chalTeurs  n'aient 
jamais  ere  la  qu'avec  crainte  ,  mais  les  neiges  ont  ete  un  obftacle  invincible 
a  fon  deflfein.  Selon  fon  eftime  ,  ce  tronc  eft  eleve  de  4  milles  pieds  au- 
defflis  dtl  lieu  le  plus  eleve  de  ces  montagnes  ,  011  il  croifte  naturellement 
des  arbres,  car  parte  un  certaine  hauteur  il  n'en  croit  plus  ,  d'oii  I'auteut 
conclut  que  ce  tronc  d'arbre  y  a  ete  tranfporte  pat  les  eaux. 


OBSERVATIONS    DIVERSES. 


M. 


Sur  h    Vtmis    dts    Indcs. 


[.  de  la  Hire  a  apptis  par  un  mcmoire  que  lui  a  envoyc  de  Pondiclieri 
le  P.  Tachard  en  1709  ,  que  le  vernis  de  I'lnde ,  lequel  n'eft  pas  beau 
comme  celui  de  la  Chine  ou  du  Japon  ,  fe  fait  avec  une  gomme  de  cou- 
leur  d'ambte  blanc  ou  de  karabe  ,  qu'on  fait  fondte  dans  un  quart  d'huile 
de  lin. 


Sxir  une   Huile    du   Malabar. 

J-Ly  a  a  la  cote  de  Coromandel  un  arbre  affez  femblable  a  nos  chenes  ," 
qui  porte  une  efpece  de  gland  dont  on  tire  de  I'huile  comme  I'huile 
d'olive.  Les  Malabars  s'en  fervent  dans  leurs  alimens ,  &c  les  Europeens 
s'y  accoutument  fans  beaucoup  de  peine  :  les  Malabars  I'emploient  aufli 
a  bruler  dans  la  lampe  Sc  a  teindre  leurs  toiles 


ACADEMIQUE. 


i3f 


Sur  ks    mouvcmcns  exterieurs   dcs   Plantes. 

J-'ES  mouvemens  intcrienrs  des  plantes  font:  ceiix  qui  font  leur  vegeta- 
tion ;  les  yeux  ne  les  apper^oivenc  point ,  &  la  raifon  a  bien  de  la  peine 
a  en  faite  plus  que  les  yeux  :  mais  les  nioiivemens  exterieurs  ,  ceux ,  par 
exemple  ,  qui  font  que  les  plantes  pouflent  toujouis  leur  tige  verticalc- 
ment ,  qu'elles  fe  tournentdu  cote  du  grand  air;  que  leurs  flcurs  s'ouvrenc 
ou  fe  ferment  en  cevtaines  circonftances ,  &i  font  vifiblcs ,  Sc  cependant 
peu  obferves,  ou  s'ils  Ic  font  ,  les  caufcs  en  font  peu  connues  ,  peut-etre 
parcc  que  ces  mouvemens  exterieurs  tiennent  trop  aux  intcrieurs.  M. 
Parent  a  entrepris  de  donner  une  idee  generale  de  la  mechanique  qui  les 
produic ,  en  ne  fuppofant  que  ce  qui  eft  recu  de  tout  le  monde  fur  la  ve- 
getation. 

Quand  le  (uc  nourricier  eft  arrive  a  Textremite  d'une  tige  naiftante ,  fi 
Ton  con^oit  qu'il  s'cvapore,  la  pefanteur  de  Fair  qui  I'environne  de  tous 
cotes  le  fera  :nontcr  verticalement ;  &  s'il  ne  s'evapore  point  ,  mais  quil 
fe  congele,  Sc  demeure  attache  a  cette  extrcmitc  par  oii  iletoit  prctafor- 
tir ,  la  mCine  pefanteur  de  I'air  ne  lailPera  pas  de  lui  donner  li  meme  di- 
reiftion  ,  de  forte  que  Li  tige  aura  acquis  une  nouvelle  partie  fort  petite 
pofee  verticalemenr.  II  arrive  alors  la  mime  chofe  a  peupres  que  dans 
une  chandelle  ,  qui  quoiqu'elle  flit  pofee  obliquement  a  I'horizon  ,  auroic 
toujours  fa  tlamme  verticale  par  la  prelTion  de  I'air.  Le5  nouvelles  gouttes 
de  fuc  qui  fuivront  cette  premiere  ,  prendront  la  mcme  direction  ,  SC 
comme  routes  enfemble  elles  forment  la  tige  ,  elles  la  rendront  dune  ver- 
ticale ,  a  moins  que  quelques  circonftances  particulieres  ne  la  dctournenc 
un   peu.  II    :f.c|  ■ 

A  regard  des  br.inches,  que  Ton  pent  fuppofer'  qui  forreiK  lar^rale- 
ment  de  la  tige  dans  le  premier  embryon  dc  la  pi.inte  ,  quand  meme  elles  tn 
fortiroient  alors  dans  une  direftion  horizontaie ,  elles  fe  releveroient  cli 
haut ,  par  la  direction  perpetuelle  da  fuc  nourricier,  qui  d'abord  ne  trou- 
veroit  aucune  tefiftance  dans  une  tresrpetite  branche  fort  fouple-,  &  en- 
fuite,  quoique  la  branche  devinc  plus  ferme  en  croilfant ,  agiroit  avec  plus 
d'avantage  ,  parce  que  cette  mcme  branche  plus  longue  feroir  pour  lui  uii 
plus  long  bras  de  levier.  La  foible  action  d  une  petite  goutte  de  fiio 
devient  trcs-puilfante  ..S:  par  fa  continuitc  ,  Ik  par  le  fccoursde  ces'  cir- 
conftances  favorables. 

^On  lait  auHi  que  fi  une  aiguille  mife  de  niveau  fur  un  pivot,  Vient 
a  etre  aiman;ee  ,  elle  s'incline  aulli-'tot  du  cote  du  pole  ardique  ,  &  on 
en  attribue  la  caufe  a  ee  que  la  matiere  magnetique  qui  fort  de  notre 
lumifphere  feptentrional ,  va  de  bas  en  haut,  &  commenqant  a  enfiler 
I'aiguille  aimantee  ,  lui  fait  prendre  fa  direttion  ,  Sc  par  confcquent,  la 
faic  pancher  vers  le  pole  ,  par  rapport  auque!  elle  tft  dirigee  de  bas 
en  haut  ,  comme  le  cours  de  la  mariere  mngnetique.  M.  Patent  pretend 
que  par  la  mtme  raifon  les  fucs  de  la  terre  ,  qui  vont  de  bas  en  haut 
enfilet  une  racine  naiilante ,  la  font ,  pout  ainfi  dire ,  paachet  en  bas  ^ 


AcAD.RoYALE 

DES  Sciences 
DE  Paris. 

jinnee  1710. 


i5(J  COLLECTION 

■  I'obligenr  a  fe  diriger  di.\  cote  de  la  terre  ,  &  c'eft  en  efFe:  dans   cette 

AcAD.RoYALE  ficuation  qu'elle  a  plus  de  facilite  a  les  lecvoir.   On  peut   ajouter  a  touc 
DEs  Sciences     celace  que  die  M.  de  la  Hire  fui  la  diredlion  des  tiges  &  des  racines   des 

BE  1  ARis.       plantes  dans  les  memoires  de  1708. 
Anrui   1710,  Si  la  predion  de  I'air  fur   une  plante  eft  inegale,  elle  determiner!  les 

fucs  a  fe  porter  dii  cote  oii  elle  fera  la  moindre  ,  &  a  tourncr  de  ce  cote  -  U 
les  branches  011  la  tige  meme.  Ainli  une  plante  enferm^e  ou  dans  une 
chambre  dont  la  fenetre  ell:  ouverte ,  ou  dans  une  cave  ,  fe  tournera  d'elle- 
meme  du  cote  de  la  fenetre  ou  du  foupirail  ,  comme  fi  elle  cherchoit 
le  plus  grand  air  ,  &  cela  en  eftet  parce  que  ce  plus  grand  air  eft  plus 
dilate  ,  &  fait  une  moindre  preffion  j  de  meme  les  arbres  en  efpalier 
femblent  fuir  la  muraille. 

11  faut  bien  remarquer  que  routes  ces  idces  n'ont  lieu  que  pour  les  jeu- 
nes  plantes  ,  &  qui  croilfent  encore  :  ce  n'eft  qu'en  ce  terns  la  qu'elles  lone 
en  etat  d'obeir  au  mouvem-^nt  des  fucs, qui  leur  donnent  un  pli  a  mefute 
qu'ils  les  forment  ;  &  ce  n'eft  pas  feulement  a  leurs  fucs  njurriciers  que 
M.  Parent  donne  ce  pouvoir,  mais  encore  a  d'autres  corjufcules  tout- 
a-fait  etrangers  qui  cependant  penetrent  les  plantes  :  ce  font  ceux  de  la 
matiere  magnetique.  II  a  ete  dit  dans  Tliiftoire  de  170J  que  M.  Parent 
attribiie  a  la  diredion  de  leur  cours  le  fens  determine  &  prefque  toujours 
le  meme  dont  fe  tournent  tons  les  corps  qui  fe  tournent  ,  comme  les 
coqiiilles  &  les  tiges  ou  les  fleurs  ,  ou  les  goulFes  de  certaines  ef.eces 
de  plantes.  II  y  ajoute  prefentement  les  plantes  foibles  qui  ont  befoin 
de  s'entortiller  autour  d'autres  plus  fermes  ;  telles  font  les  difFerens  cnn- 
volvulus  ,  les  feves  ,  le  houblon  ,  &c.  Get  entortillement  fe  fait  dans 
prefque  routes  ces  efpeces  de  gauche  a  droite  en  montant,  &c  c'eft  la  le 
fens  qui  regne  generalement  dans  tous  les  corps  tournes  que  nous  obfer- 
vons.  La  mariere  magnetique  par  une  a6tion  legere  ,  mais  continuelle, 
a  la  meme  force  fur  les  plantes  que  les   fucs  nournciers. 

Que  I'heliotrope  ,  les  foucis ,  les  martagons  ,  la  fcabieufe  argentee  ,  la 
difJitale  ,  &c.  fuivent  le  foleil ,  c'eft-d-dire  fe  panchent  toujours  vers  lui ; 
il  eft  evident  que  cela  vient  en  general  d'un  plus  grand  dellechement  des 
parties  tournees  de  ce  c6te-la  ,  a  quoi  il  faut  qu'il  fe  joigne  quelques  cir- 
conftances  particuiieres  comme  la  moilelfe  de  la  plante  ,  &  le  poids  des 
feuilles  ou  des  fleurs.  Les  parties  que  I'ardeur  du  foleil  a  delFechees  8c 
afFoiblies  par  une  trop  grandc  ttanfpiration  des  fucs,  I'humidite  de  la  nuit, 
ou  meme  quelquefois  ia  feule  abfence  des  rayons  du  foleil  les  doit  reta- 
blir  dans  leur  premier  etat.  Ce  raifonnement  a  lieu  pour  une  caufe  telle 
que  le  foleil,  qui  agit  plus  d'un  cote  de  la  plante  que  de  I'autre  ;  mais  non 
pas  pour  une  caufe  qui  embrafteroit  egalement  route  la  plante;  telle  eft 
I'humidite  de  la  nuit  qui  fait  que  certaines  fleurs,  comme  celles  de  tous 
les  convolvulus  ,  d'une  efpcce  d'ornithogale ,  Sic.  fe  ferment ;  &  qu'au 
contraire  celles  des  belles  de-nuit  6c  de  I'arbre- trille  s'c'panouillcnt.  Pour 
cesphenomenes,  qui  quoiqu'oppofes  en  apparence  ,  reviennent  au  meme  , 
il  faut  avoir  recours  a  I'incgilite  des  p.irties  de  la  plante  ,  plus  ou  moins 
extenfibles  d'un  cote  que  de  I'autre. 

On  peuc  imaginer  dans  les  plantes  des  tuyaiix  flexibles ,  creux  &  comme 

cylindriques, 


CY 


A  C  A  D  f  M  I  Q  U  E.  157 

cylinJrlqacs  ,  qui  mnt  remplis  i!  ■  .1  fluide,  quel  qu'il  foit,  fe  gonflciu, 
&  s'accourciHent  neceirairemunc.  Si  cuelquos-iins  de  ces  tuyaiix  font  noucs  ^';'^^<,^"J"*t^ 
&c  relfcrrcs  d  efpace  en  efpace  ,  lis  s  accourciront  beaucoup  plus  que  ceux  p^  Paris. 
done  toute  la  cavite  feroit  cgalemein  libre  ,  parce  qu'ils  ftront  fubdivifcs  j^^^^  i  ,  ic. 
en  aucant  de  petits  tuyaux  plus  courts  ,  done  chacun  s  accourcira  autant 
qu'auroic  fait  le  tuyau  entier.  Outre  ks  tuyaux  creux  ,  qui  font  ou  des 
fibres  ligneufes  ,  ou  les  interlHces  de  a^  fibres,  on  eft  perfiiadc  quil  y  a 
dans  les  plantes  des  utruules  ,  ou  petits  f.ics  difpofes  &  arranges  le  long 
dfs  fibres  ligneufes  auxqutlies  ils  font  attaclics  :  il  faut  les  concevoir  coni- 
me  faifant  un;  colonne ;  quand  un  Huide  les  gonfle  la  colone  s'alonge  , 
&  elL>  s'accourcit  quand  ils  font  vuides  j  c'eft  le  concrahe  des  tuyaux.  Voila 
felon  M.  l>.  les  principes  de  1,>  ditfcrente  extenfibilite  des  parties  des  plan- 
tes ;  nous  n'en  ferons  point  l\.pplication  qui  eft  facile,  car  on  eft  alFez 
le  niaitre  de  placer  ou  Ton  veut  en  plus  grande  ou  en  moiiidre  quantite 
les  tuyaux  Si  les  difFerens  utricules  :  le  meilleur  microfcope  ne  peut  guere 
retrancher  de  cette  liberte. 

Quelquefois,  ce  qui  peuc  furprendre  d'abord  ,  &  parokre  s'accorder 
mal  avec  ce  qui  vient  d'etre  dit  ,  la  mctne  partie  d'une  plante  eft  exten- 
fible  en  deux  fens  contraires  ,  q  loique  la  difpofition  des  tuyaux  &  des 
utricules  ne  puilTe  pas  changer  ;  ainfi  quand  la  fleur  de  la  couronne-im- 
periale  s'epanouit  ,  fon  pedicule  fe  courbe  tout- a -fait  en -dehors,  &: 
quand  la  H.nir  eft  palfee  ,  il  fe  rccourbe  en-dedans.  Mais  la  ftrufture  de 
ce  pedicule  ayant  cte  etablie  par  rapport  a  la  premiere  courbure  qui  fe  fait 
dans  le  terns  de  la  fleur  ,  une  moindre  quantite  de  fuc  qui  apresce  terns- la 
le  gonfie  moms  d'un  certain  cote  qu'elle  ne  faifoit  auparav.ant ,  fuffit 
pour  faire  entendre  la  courbure  contraire. 

Les  mouvemens  des  fenficives  meriteroienc  prefque  un  traite  a  parr. 
Des  qu'elLs  font  touchees  ou  par  un  vent  un  peu  fort,  ou  par  la  pluie, 
ou  par  la  grele,  ou  par  le  bout  dun  baton  ,  &c.  elles  plient  leurs  feuilles 
en-deirus  ,  &C  en  appliquent  exadement  les  deux  moities  I'une  contre 
I'autrc  :  il  y  en  a  meme  une  efp.ce  qui  faic  encore^lus ;  elle  abat  enticremenc 
fes  branches  contre  fon  tronc  ,  &  alors  un  pedicule  qui  attache  les  bran- 
ches au  ttonc  ,  t<c  qui  etoir  ecendu  ,  fe  plie-  tout-a-fait  en-deffbus :  c'eft 
aufli  par  le  moyen  d'un  pareil  pedicule  que  les  feuilles  feules  fe  plient; 
il  n'y  a  que  les  parties  ebranlees  par  le  mouvement  de  dehors  qui  fe  ref- 
ferrent  ainfi  ;  les  autres  demeurent  dans  leur  etar.  La  plante  en  fe  pliant 
n'eft  point  dans  une  efpece  de  defaillance  ,  comme  un  heliotrope  qui 
panche  fa  tete  du  cote  du  foleil ;  au-contraire  elle  eft  dans  une  contrac- 
tion fort  fenfible  ,  &  fe  roidit  avec  tant  de  force  ,  que  qui  la  voudroit 
remettte  dans  fon  premier  ctat  la  romproit.  La  gr.uide  relfembhince  de 
ces  mouvemens  a  ceux  d'un  animal  qui  a  fait  donner  a  la  fenfitive  le 
nom  de  mimofa  on  d'im'nairice ,  autorife  I'idee  de  M.  P.  qui  crcit  que 
ce  font  des  efpeces  de   mouvetr-ens  convulfifs. 


Teme  III ,  Partie  Frangoifc. 


-^F 


138 


COLLECTION 


ACAD.ROYALE 

BES  Sciences 
DE  Paris. 

Annce  17  lo. 


Sur  ks  Arbrcs  morts  par  la  gelec   dc   ijog. 

Xj  E  rigoureux  hiver  dc  1709  ,  done  la  memoire  durera  long -terns, 
fit  moufir  par  toute  la  France  un  nombre  prodigieux  d'arbres ,  inais  on 
remarqua  que  cette  mortalite  ne  s'etendoit  pas  fur  tous  indifFeremment. 
Ceux  qu'on  auroit  juge  en  devoit  ctre  les  plus  exempts  par  leur  force  , 
y  furent  les  plus  fujets ;  les  arbres  les  plus  durs  &  qui  confervent  leurs 
feuilles  pendant  I'liiver  ,  comme  les  lauriers  ,  les  cypres,  les  chCnes  verds  , 
&  entre  les  autres  qui  font  plus  tcndres  ,  comme  les  olivi'ers ,  les  cha- 
taigners ,  les  noyers  ,  ceux  qui  etoient  puis  vieux  &c  plus  forts  tnoutu- 
rent  en  plus  grande  (juantite. 

On  chercha  dans  I'academie  la  caufe  de  cette  bizarrerie  apparente. 
M.  Caflini  le  fils  I'attribua  ,  quant  aux  vieux  arbres ,  a  rimpreffion  que 
Je  froid  avoir  faite  fur  leurs  ecorces ,  &  qui  etant  moins  remplies  de  fucs 
&■  moins  adherentes  au  bois  que  dans  les  jeunes  arbres  ,  s'en  etoient  de- 
tachees  plus  facilement  comme  il  I'avoit  remarque  ,  d'ou  la  mort  des  vieux 
arbres  s'etoit  fuivie  •,  parceque  ,  felon  I'opinion  commune  ,  ce  n'ell  que 
par  I'ecorce  que  la  vie  de  I'arbre  eft  entretenue. 

M.  Chomel  en  imagina  une  autre  raifon  plus  generale  ;il  vint  une  tres- 
forte  gelee  ,  &  puis  un  degel,  enfuite  une  feconde  gelee  auffi  forte  que 
la  premiere  ,  &  qui  reprit  ttes-brufquemenr.  L'humidite  du  dcgel  dont 
les  arbres  eroieiit  remplis  fe  gela  done  ,  c'eft-a-dire  s'etendit  &  le  dil.;ta 
avec  beaucoup  de  violence  &  de  promptitude ,  &  exerca  fur  les  fibres  i?c 
fur  routes  les  parties  organiques  des  arbres ,  un  effort  d'autanr  plus  grand 
qu'elle  y  trouva  plus  de  rellftance.  Or  il  ell  certain  quelle  en  trouva  da- 
vantage  dans  les  arbres  les  plus  forts :  elle  dechira  done ,  &  detruifit  ces 
parties  organiques  ,  fibres  ,  veficules ,  &c.  6c  les  rendit  deformais  inutiles 
a  la  vegetation.  Les  vieux  arbres  fe  trouverent  aufli  dans  le  meme  cas  , 
parce  que  ,  comme  le  fit  obferver  M.  Hcmberg,  leurs  fibres  qui  ont  pris 
tout  leur  accroiflement  ,  &  par  tonfequent  qui  font  etendues  en  tout  fens 
autant  qu'elles  le  peuvent  etre  ,  ne  purent  fouffrir  d'extenfion  nouvelle, 
&  rcfifterent  puifTamment  a  la  dilation  de  Thumidite  que  le  degel  y  avoit 
portee  ,  Ik.  qui  fe  gela  de  nouveau  avec  precipitation  ,  tandis  que  les  fi- 
bres des  jeunes  arbres  ayant  encore  de  quoi  s'etendre ,  cederent  aux  efforts 
de  la  gelee  &  fe  preterent  a  la  diftantion  qu'occafionna  la  congelation  du 
fluide  qui  rouloit  dans  les  organes  de  la  vegetation. 

PKifieurs  arbres  qui  fembloient  avoir  echsppe  a  ce  cruel  hiver,  parce 
qu'ils  repoufferent  des  brandies  &  des  feuilles  a  la  feve  du  printems,  no 
purent  profiter  de  celle  de  I'automne  &  perirent  tout-a-fait.  Quand  on  les 
coupoit ,  on  les  trouvoit  plus  noirs  &  plus  brules  dans  le  coeur  que  vers 
Taubier  &  veis  I'ecorce.  Le  cceur  qui  eft  plus  dur  avoir  ete  plus  endom- 
magc  que  I'aubier  ,  &:  il  ctoit  deja  mort ,  tandis  que  I'aubier  confervoit 
encore  jjn  petit  refte  de  vie, 

Apces  ce  grand  &  cruel  hiver  d«  1705? ,  plufieurs  laboureurs  femerent 


A  C  A  D  6  M  r  Q  U  E.  ,5;, 

dubled  en  Avril  1  la  place  c!e  celui  qui  ctoic  morr.  Comme  ils  virent  qu'il  ■ 

ne  produifoit  point  dcpis,  la  plizp.irt  d'entt'eux  en  couperent  la  fane  &  Acad  Royale 
riicrbe  vers  la  faint- Jean  ,  d<  retournerent  leiirs  terres  :  qutlques-uns  apres    cts  jcunces 
avoir  coupe  riierbe  dubled,  laillerenc  quelque  petite  partie  de  leurs  terres      i>H  1'aris.    '' 
fans  la  retoutner,  &c  d'l  utres  ne  toucherent  point  du  tout  a  une  partie  de    ^nnee  1710. 
leur  bled.  \ 

Le  bled  dont  on  avoir  coupe  I'herbe,  &  dent  la  terre  n'avoit  point  etc 
retournee,  poiilTa  en  1710,  &  fut  de  10  cm  li  jours  plus  avancc  que 
les  autres  bleds  de  17 10  feme's  vers  la  faint-Mar-tin  170^  j  il  fut  moins  fore 
&  porta  moins  de  grain  ,  mais  un  grain  plus  gros  &  meilleur  pour  les  bou- 
langers. 

Le  bled  auquel  on  n'avoit  point  touchefut  fort  beau  en  1 7 1  o ,  &  meme 
quelquefois  plus  beau  que  celui  qui  avoit  cte  feme  en  automnt  J  709  : 1'un  Sc 
I'autrc  de  ces  deux  cas  ont  ete  verifies  en  dilferens  lieux. 

On  volt  par-la  que  du  moins  en  ce  pays-ci,  il  faut  que  le  bled  pafle  ua 
hiver  en  terre. 

I  I. 

A  cette  occafion  M.  Homberg  a  dit  que  fi  on  etete  des  piantes  annuelles 
avant  qu'elles  portent  leur  graine ,  elles  la  portent  I'annee  fuivante  &  que 
c'eft  un  moyen  siir  de  les  rendre  vivaces. 

I  I  I. 

M.  Carre  ecrivit  d'une  campagne  ou  il  etoit,  qu'il  y  avoir  vu  dubled 
qu'on  appelle  bled  de  Mars,  parce  qu'on  ne  le  feme  qu'en  ce  mois-la,  8C 
dont  par  cette  raifon  les  laboureurs  devroient  avoir  provifion  en  cas  d'un 
malheur  comme  celui  de  I'hiver  de  1-09.  Il  faut  etre  connoilfeur  pour  le 
diftinguer  d'avec  le  froment :  I'epia  des  barbes  6c  eft  alTez  court ;  il  eft  nean- 
moins  fort  different  d'un  autre  bled  qu'on  nomme  Barbu  ,  il  refifte  mieux 
que  le  fromen:  a  I'effbrt  des  vents  comme  M.  C.  atteftoit  I'avoir  vu  lui- 
meme  :  il  fait  d'aulfi  bon  pain  que  le  fromenr ;  cette  efpece  n'a  pas  befoin  de 
paffer  un  hiver  en  terre. 

I  V. 

M.  Jaugeon  a  dit  qu'il  avoit  vu  deux  pieds  d'arbre  afTez  eloignes  Tun  de 
I'autre  pat  le  bas,  qui  fe  font  enfuite  unis  en  un  feul  trsnc  jufqu'a  n'avoir 
<}u'une  ecorce  commune. 


Si) 


14©  COLLECTION 


''de^'soe^nce"  ^olci  la  continuation  des  ol^fcrvationsjur  la  pluic  ,  fur  h  thcrmo- 
BE  Paris.  metre  (5*  fur  le  baromctrc ,  qucj'ai  Jaites  comme  ks  annees prccc- 

Atuiic  1710.        dcntcs  ,  dans  le  memt  lieu  &  o-vec  les  mimes  injlrumens. 

Lafomme  de  I'eau  de  toute  I'annie  ijog,eJldez6i-,  lignes  ou 
Z I  pouces  9  ~  lignes  ce  qui  eji  un  peu  plus  que  les  annees 
moyennes  qu'on  a  determinees  a  ig  jours  [a). 

Par   M.    D  E    LA    Hire, 

P  lES  trois  mois  d'Avril,  Mai  &  Juin  one  donne  prefqu'autant  d'eau  que 
les  neuf  iutres  mois  de  I'annce,  &  c'eft  ce  qui  arrive  ordinairement  dans 
les  mois  de  Juin,  Juillet  &  Aoijt;  aufli  les  mars  qu'on  a  femes  fore  card 
ont  rapporte  beaucoiip.  La  grande  quantite  de  neige  qui  eft  tombee  pen- 
dant I'hiver  a  peut-etre  contribue  a  la  fertilite  de  laterre,  &  fi  le  froment 
&  le  feigle  n'euflencpas  ece  geles  jufques  dans  la  racine  ,  cette  annee  auroit 
cte  foit  abondance. 

Le  thermomerre  dent  je  me  fersipour  mefurer  la  chaleur  &  le.froid  ,  efl: 
le  meme  que  j'ai  conferve  depuis  40  ans  environ ;  mais  comme  il  a  ere 
place  en  differentes  expoficions  du  ciel ,  excepte  depuis  15  annees,  on  ne 
peut  pas  fcire  une  comparaifon  bien  exadle  des  piemieres  obfervations 
avec  les  dernieres.  Cependant  ces  obfervations  etant  toujours  faites  a  la 
pointe  du  jour  oii  I'air  eft  le  plus  froid,  on  en  peuc  condure  aftez  exadte- 
rnent  tout  ce  qu'on  peut  connoitre  par  le  moyen  de  cet  inftrument.  Je  re- 
marquerai  feulemenc  que  le  jugement  que  nous  faifons  ordinairement  du 
froid ,  depend  de  pluficurs  circonftances  particulieres,  comme  du  vent ,  de 
riiumidite ,  de  I'air ,  de  la  chaleur  ou  du  froid  des  jours  precedens ,  de  I'ex- 
pofition  des  lieax  oii  Ton  eft  &  de  la  conftitution  des  corps,  ce  qui  peut 
I'alterer  coniiderablement;  c'eft  pourquoi  il  fera  toujours  plu  sur  de  s'en 
rapporter  an  thermomerre. 

Le  froid  du  commencement  de  cette  annee  a  ete  exceftif  &  accompagne 
de  beaucoup  de  neige,  car  mon  thermomerre  eft  defcendu  jufqu'a  cmq 
parties  le  1  3  &  le  14  de  Janvier  j  &  les  jours  fnivans  etant  un  peu  remonte, 
il  revint  a  6  parties  le  20  &  le  11  35  heures  {,  mais  enfuite  le  froid  dimi- 
nua  peu  a  peu.  Ce  grand  froid  a  ete  fort  fenfible ,  car  le  4  de  ce  mois 
de  Janvier  ce  thermomerre  etoit  a  41  parties,  etat  fort  proche  du  moyen 
que  j'ai  determine  a  48  ;  \s  6  il  defcendit  a  30 ,  le  7  a  zz  ,  le  10  a 
9,  &  enfin  le  1  5  a  5  j  c'eft  fans  doute  ce  changement  fubit  qui  a  paru 
fi  extraordinaire.  Ce  grand  froid  eft  furveim  fans  aucun  vent  confidera- 
ble,  ou  par  un  vent  tres  foible  vers  le  Sud  ;  lorfque  le  vent  augmen- 
toit  &  tournoit  vers  le  Nord  ,  le  froid  diminuoit.  Ce  vent  du  Sud  fi 
froid  indiquoit  ce  qui  eft  effedlvement  arrive  dans  les  pays  meridionaux 
a  notre  egard ,  ou  la  mcr  s'eft  gelee  en  queiques  lieux  de  la  cote  de  Pro- 

(a)  V.  les  tables  des  obfeivations  dc  la  quantite  dc  I'eau  tombee  a  Paris  &  ailleurs  , 
Coll.  Acad.  part.  Etrangere,  torn.  VI,  pag.  584  &  fuiv.  &  une  table  des  dedinaifons  de 
raimant  ci-defl'us ,  pag.  ii ,  &  dans  k  meme  torn,  VI ,  pag.  loS. 


I 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  141 

vence,  &C  ou  la  pluparc  des  arbres  fruitiers  font  morts  aufii-bien  que  dans  » 

ce  p.iysci.  Acad.Royale 

Je   n'avois    point  encore  obferve   que    ce  ihermometre    fut  defcendu    des   Sciences 
aufli  bas  que  cecte  annee  j  je  trouve  fealemenc  dans  mes  regiftres  que  le       °^  ^  aris. 
6   icvrier  i<>95  ,  le  thermomeue  etoit  defcendu  a  7  parties  dans  le  me-    ■Atnic   ijio. 
me   lieu   on  il    eft  a  prcfent  :  le  froid  de  cet   hiver-la  qui  avoit  cotn- 
inencc  en   16^^,  a  ete  regardc  comme  un  des  plus  grands  qu'il  ait  fait 
depuis  long-tems;    mais   on    voir   qu'il  n'tft  pas  comparable   a  ceiui  de 
cecce  annce.    J'ai  encore  obferve  quelquefois  ce  thermometre  a  13  par- 
ties ,  mais  alPez  rarement. 

L'hiver  de  cette  annee  a  dure  fort  long-terns ,  car  le  1  j  Mars  il  ge- 
loit  encore  tres-fort,  le  thermometre  ctant  a  14  parties,  la  gelee  com- 
men^ant  quand  il  eft  a   }i. 

On  trouve  dans  I'hiftoire  de  France  de  Mczerai ,  que  l'hiver  de  I'an- 
nee  itfoS  fut  trcs-long  Sc  trcsrude  ,  &  que  la  plupart  des  jeunes  arbres 
furent  geles;  cepenuant  cette  annce-Ia  qu'on  appelle  I'annee  du  grand 
hiver ,  fut  fort  abondante.  Il  paroit  que  l'hiver  dernier  a  etc  encore  plus 
rude  ,  a  en  juger  par  la  perte  des  arbres  &  des  grains. 

Le  thermometre  a  ete  au  plus  haut  a  6}  parties  le  1 1  Aout  a  4 
heures  f  du  matin  ,  Sc  apr^s  midi  vers  les  trois  heures  375  parties. 
Dans  I'etat  moyen  il  eft  a  4S  au  fond  des  caves  de  I'Obfetvatoire.  La 
chaleur  de  cette  annee  a  ete  bien  moindre  que  celle  de  1707,  ou  le 
thermometre  etoit  monte  a  prcs  de  70  parties  le  2  i  Juillet  au  matin  , 
Sc  apres  midi  a  8z,  le  plus  haut  point  ou  il  ait  ete  dans  ce  pays-ci, 
fans  ctre   expofe  au  foieil. 

Pour  comparer  les  obfervations  de  mon  thermometre  avec  celles  qu'on 
auroit  faites  fur  celui  de  M.  Amontons  ,  dont  il  y  en  a  eu  beaucoup 
de  diftribues  dans  plulieurs  endroits,  j'en  ai  place  un  qu'il  avoit  fait  avec 
grand  foin  a  cote  de  celui  dont  je  me  fers  ordinairement.  On  fait  que 
dans  tous  les  thermometres  de  M.  Amontons,  le  5^^  degre  ou  54  pouces 
marque  la  temperature  de  I'air  des  caves  de  rObfcrvatoire ,  comme  dans 
le  mien  le  ^S"^  degre.  J'ai  done  obferve  que  lorfque  le  thermometre  de 
M.  Amontons  etoit  a  55  pouces  8  lignes,  le  mien  etoit  a  63  parties, 
en  forte  que  15  parties  du  mien  repondoient  a  10  lignes  de  celui  de 
A-L  Amontons  Mais  lorfque  le  mien  a  marque  dans  le  mois  de  Decembre 
18  parties,  celui  de  M.  Amontons  marquoit  51  pouces  6  lignes  ,  ce  qui 
donne  dans  le  mien  10  parties  au-deffous  de  I'etat  moyen,  &  dans  celui 
de  M.  Amont^ns  30  parties,  ce  qui  eft  un  rapport  bien  different  du  pre- 
mier ,  &  qui  peut  ttre  caufe  par  I'inegalite  de  I'interieur  des  tuyaux ;  & 
comme  celui  de  M.  Amontons  eft  fort  petit  <5<:  le  mien  mediocre,  je  croi- 
rois  que  I'inegalite  pourroit  etre  plus  grande  dans  celui  de  M.  Amontons 
que  dans  le  mien.  Cependant  on  peut  connoitre  par-la  qu'on  ne  fauroic 
avoir  rien  de  fort  exatft  dans  la  comparaifon  des  thermometres  en  diiferens 
pays  &  pour  un  meme  terns  ;  a  moius  que  les  tliermometres  n'aient  etc  rec- 
tifies I'un  fur  I'autre  dans  toutes  fortes  de  degres  de  chaleur  &  de  froid  ,  & 
je  crois  qu'il  ne  fera  pas  poflible  d'en  trouver  deux  egaux  ,    c'ell-a-dire 


14*  COLLECTION 

—  done  des  dcgres  egaux  dans  la  divifion  repondenc  a  des  degres  dgaiix  de 


AcAD.RoYALn  chaleuc  ou  de  froid. 

Di;S  Sciences  p^^j.  ^.g  ^^[  g(j  ^jg  ^^^y,  barometre,  il  eft  toujours  place  a  la  hauteur  de 
'^'       la  crande  faile  de  I'Obfervatoire;  je  I'ai  crouve  au  plus  liaiu  a  28  pouces 

A.'uiii  1710.  5  l!c'nes|Ie  19  Janvier  avec  calme  &  le  Cicl  ferein,  ce  qui  etoit  vers  le 
tems  du  plus  s;ran(l  froid  ,  &  le  31  Decembre  il  croit  a  iS  pouc.  5  lig.  j  avec 
un  tres-rros  brouillard  ,  &  calme.  Il  a  cte  audi  pludcurs  tois  au-dcl,i  des 
28  pouces  avec  des  vents  dift.rens  ,  niais  qui  p.ucicipoient  plutot  du  Nord 
que  du  Sud,  &  toujours  lans  pluie.  .'"ai  obkrvc  cc  baromttre  au  plus  bas 
a  16  pouces  7  lignes  4-  avec  fore  Sud  &c  pluie  mediocre,  le  16  Decem- 
bre. La  difference  entre  la  plus  grande  &  la  moindre  hauteur  du  baro- 
metre a  done  etc  d'un  pouce  8  lignes  qui  eft  un  peu  plus  que  la  diffe- 
rence mediocre  qu'on  obferve  ici  c|ui  eft  d'un  pouce  6  lignes.  Cet  inf- 
trua-isnt  a  etc  allez  exadt  a  prcdire  la  pluie  6i  le  beau  cems  fuivant  \i  fen- 
liment  commun. 


Compara'ifon  des  Obfcrvatlons  fakes  a  VOhfcrvato'ire  fur  la 
pluie  &  les  vents ,  avec  celles  que  M.  le  Marquis  de  Pont— 
B riant  a  faites  dans  Jon  Chateau  pres  Saint-Malo  ,  pendant 
I'annie  1705. 

Par    M.    D  E    LA    Hire. 


I 


L  eft  tombe  moins  d'eau  au  Pont-Brianc  qu'a  Paris,  ce  qui  eft  extraor- 
dinaire j  car  nous  avions  remarque  les  annees  precedentes  qu'il  pluc  beau- 
coup  moins  ici  que  dans  ce  pays  la  qui  eft  fur  le  bord  de  la  mer  :  il  eft 
vrai  que  pendant  I'ete,  il  y  a  eu  plus  d'orages  a  Paris  qu'au  Pont  Brianr. 

On  voir ,  par  le  Memoire  de  M.  de  P.,  que  la  forte  gelee  a  commence 
quelques  jours  plutoc  dans  ce  lieu-la  qu'a  Paris  ;  mais  il  y  a  neige  dans  le 
memetems  avec  un  vent  Nord-Oueft.  A  Paris  il  ne  faifoic  prefque  pas  de 
vent  &  il  etoit  vers  le  Sud. 

Le  mois  de  Janvier  lui  a  donne  33  lignes  y  d'eau,  &  a  Paris  feulement 
21  lignes  {.  Le  Memoire  porte  que  la  forte  gelee  avoit  diminue 
a  la  fin  de  Janvier  Sc  recommence  en  Fevrier,  Sc  que  la  nait  du  ij 
au  14  elle  fut  auffi  forte  que  depuis  le  6  jufqu'au  18  de  Janvier.  A  Paris 
elle  recommenca  aufili  en  Fevrier  a-peu-pres  dans  le  mcme  temps  ,  mais 
elle  fut  bien  moindre  qu'en  Janvier.  Il  ajoute  auflS  que  le's  vents  etoienc 
Nord-Oueft  tres-violens  :  a  Paris  le  vent  etoit  Sud  &c  tres-foible. 

l!  dit  enfin  que  le  froid  n'a  pas  ete  fi  grand  chez  lui  que  dans  le  milieu 
de  la  Bretagne ;  ce  qu'on  peuc  attribuer  a  la  proximite  de  la  mer  done  les 
vapeurs  humides  abiorbenc  une  partie  du  grand  froid ,  comme  toutes  les 
experiences  nous  le  font  connoitre  ;  car  pendant  la  forte  gelee  Pair  eft 
extrememenc  fee,  Sc  aufTi  tot  qu'il  devient  hiimide  il  dcgele.  Je  lemar- 
querai  encore  ici  que  j'ai  vu  en  1679  dans  le  jardin  du  Roi  a  Breft ,  des 
ananas  tres-beaux  en  pleine  lerre,  8c  je  crqis  qu'ils  y  avoieni  palle  Thiver  j 


A  C  A  D  jfe  M  I  Q  U  E.  MJ 

peut-ctre  aufTi  que  Ic  terrein  maritime  contribuoit  a  cela  ,  car  je  ne  crois  ^^^^  Roya« 

pas  qu'on  puilTe  les  clever  dans  ce  pays  ci.  j,j5  Sciences 

En  Decembre  ,  nous   avons  eu   ici  pendant  la  nuit  du  15   au  i(S   une      de  Paris. 

efpece  d'ouragan.  Annec  1710 

En  general ,  tons  les  vents  de  I'annee  font  un  pen  differens  au   Pont-  ' 

Bciand  &  a  Paris  ;  alTez  fouvent  ils  tiennent  plus  du  Nord  an  Pont-Briand 
qu'd  Paris ,  ce  qui  pourroit  ctre  caufc  par  la  dirtdion  de  la  Manche  &  par 
routes  les  cotes  de  lAllemagne  ,  da  Dannemarck  &c  de  la  Norvege  ,  piin- 
cipalement  quand  les  vents  viennent  entre  le  Nord  &  I'Oueft. 


Comparaifon  de  mes  Ohfcrvations  avcc  ccUcs  de  M.  Scheuch^er 
fur  la  pluie   ^  fur  la  conjlkution  de  I'air  pendant  I'annec 
1709  ,  a  Zurich  en  Suijje. 

Par    Af.     D  E     L  A      H  I  R  E. 

IVi.  Scheuchzer  m'a  envoye  les  obfervations  qu'il  a  faites  fur  la  quantite 
d'eau  de  pluie  qui  eft  tombce  a  Zuric  en  Suilfe,  ou  il  a  demeure  pendant 
I'annee  1709  ;  d'ou  Ton  voit  que  les  premiers  fix  mois  lui  ont  donne 
lyi  {  lignes  d'eau  mefure  de  Paris,  &  les  derniers  208  lignes ,  ce  qui 
fait  en  tout  jpof  lignes  ,  ou  51  ponces  6  lignes  ^  j  m3.\s  a  iaris  il  n'eii 
eft  tombe  que  21  pouces  9  lignes  &  7.  Il  ajoute  que  ceite  annee  lui  a 
fourni  i  pouce  10  lignes  plus  que  la  precedente. 

On  voit  par  la  comparaifon  de  ces  obfervations  qu'il  pleut  beaucoup 
plus  en  Suifie  qu'a  Paris.  J'avois  deja  remarouc  par  les  obfervations  de  la 
pluie  a  Lyon  qu'il  y  pleuvoit  bien  plus  qu'a  Paris,  ce  que  j'attribuois  au 
Toifinage  des  niontajnes  de  SuiHe  \  ainfi  ma  conjecture  fe  trouve  confirmee 
par  ces  dernieres  obfervations  :  car  on  ne  peut  pas  dourer  que  les  vapeuvs 
qui  font  foutenues  en  I'air  dans  un  pays  plat ,  &  qui  fe  crouvent  beau- 
coup  au-de(Tous  des  hautes  montagnes  ,  lorfqu'elles  viennent  a  les  rencon- 
trer  ne  s'y  arretent  &  ne  s'y  condenfent  en  forme  de  neige  dans  un  terns 
froid  ,  ce  qui  doit  produire  beaucoup  plus  d'eau  ,  ctant  poulfces  par  les 
vents  contre  ces  rochers ,  que  dans  les  lieux  oii  ellej  ne  s'arretent  point  ; 
&  fi  I'air  eft  alfez  chaud  pour  empccher  ces  vapeurs  de  fe  geler ,  elles  s'y 
amaftent  enfemble  ou  y  tombent  en  pluie  ,  outre  que  les  neiges  qui  le 
fondent  alors ,  &c  dont  une  partie  s'eleve  aufll  en  vapeurs ,  y  caufent  des 
pluies  trc'S-abondantes. 

Les  obfervations  de  M.  Scheuchzer  fur  les  augmentations  ou  diminu- 
tions de  la  riviere  de  la  Limage ,  fui vent  naturellement  celles  de  la  pluie  & 
de  la  fonte  des  neiges  dajis  les  faifons  oil  cela  arrive. 

La  plus  grande  hauteur  du  mercure  du  barometre  chez  lui  a  ere  de  i(J 
pouces  10  lignes  {  le  i  9  Janvier  ,  &  la  plus  balTe  de  26  pouces  le  20  &  le 
28  Fcvrier ;  par  confcquent  la  difference  n'a  etc  que  de  10  lignes  f  comme 
dans  I'annee  lyoS.  Ce  qu'il  y  a  de  confrdtrable  ici,  c'eft  que  men  ba- 
romctie  a  cte  audi  au  plus  hauc  le  mane  jour  jp  Janvier,  a  i8  pouces 


144  COLLECTION 

-  3  ligiies  I  avec  calme  :  ainfi  la  difference  eft  de  17  lignes  ;  &  fi  Ton  vou'.oic 

Acad.  RoYALE  conclure  de-la  ladiffeience  des  hauteurs  de  lieux  ou  ces  obfervations  one  ete 
"de  Pari"'  faites,  en  comptant  pour  une  ligne  de  certe  difference  12  toifes  5  pieds  , 
J      ,  comma  je  I'ai  determine  dans  ces  quartiers-ci ,  on  diroit  que  le  lieu  oii 

'      '    M.  Scheuchzer  a  obierve  ,  eft  plus  banc  que  le  milieu  de  l\)bfervatoire  ,  ou 
eft  mon  barometre  ,  de  211   toiles  f.  Mais  les  differentes  hauteurs  aux- 
quelles  nous  voyons  qu'un  mcme  mercure  fe  foutienc  dans  differens  tuyaux, 
quoique  dans  un  mtme  lieu,  lailTent  quelqu'incertitude  lur  cette  conclu- 
fion.  l^our  ce  qui  eft  de  la  moindre  hauteur  du  baiometre  de  M.  Scheuchzer , 
qui  etoit  a  z6  pouces  le  10  &  iS  Fcvrier ,  elle  ne  s'accorde  pas  tout-a-faic 
avec  les  miennes  dans  les  memes  jours  ;  car  le  18  Fevricr  j'avois  17  pouces 
1  lignes  avec  un  vent  mediocre.  He  par  confequent  la  difference  de  nos 
batometres  feia  ce  jour-l.i  de  14  lignes,  au  lieu  de   17  que  j'ai  trouvees 
dans  la  p'us  grande  hauteur  :  peut  etre  que  I'heure   de  nos    obfervations 
n'eft  pas  la  meme,  &  que  le  vent  peut  aulli   y  apporter  du  changement. 
M.  Scheuchzer  ne  marque  pas  ces  circonftances  :  mais  le   20  Fevrier  le 
mien  ecoit  a  16  pouces   10  lignes  au  lever  du  foleil  avec  un  vent  fort  ; 
ainh  la  difference  ne  feroit  que   de   10  lignes,  au   lieu  de  140U  15    que 
donnent  les  autres  obfervations ,  &  le  mien  feroit  plus  bas  qu'il  ne  devroic 
de  4.  a  5  lignes.  Ce  n'eft  pas  audi  dans  ces  jours-la  que  mon   barometre 
a  ete  au  plus  bas  ,  car  je  I'ai  obferve  le  1 6  Dccembre  a  26  pouces  7  lignes  [  , 
avec  un  vent  fort  de  Sud  ;  ainfi  le  mercure  du  barometre  auroit  des  chan- 
gemens  bien  plus  grands  a  Paris  qu'.i  Zuric  en  Suiffe.  II  me  femble  qu'on 
pourroit  atcribuer  ces  forres  d'inegalites  a  des  caufes  particulieres  ;  car  il 
n'eft  pas  vraifemblable  qu'elles  puiircnt  dependre  des  hauteurs  differentes 
de  I'atmofphere  ,  ce  qui  en  fait  la  pefanteur  dans  des  lieux  peu  eloignes 
les  uns  des  autres.  Ne  pourroiton  pas  croire  que  lorfqu'il  fait  un  grand 
vent  &  qu'il  y  a  beaucoup  de  nuages  &  principalement  dans  les  mon- 
tagnes  ,  comme  en  Suiffe  ,  I9  vent  comprimeroit  &  condenferoit  I'air  ren- 
ferme  entre  la  furface  de  la  terre  ,  les  rochers  &  ces  nuages  ,  enforte  qu'il 
feroit  alofs  une  bien  plus  forte  impreilion  fur  le  mercure  du  barometre  , 
que  s'il  n'y  avoir  point  de  vent  ?  Mais  comme  il  eft  rare   que  dans  ces 
fortes  de  lieux  oil  il  y  a  beaucoup  d'eau  ,   il  n'y  ait  ni   vent  ni  nuage , 
auffi   le   mercure  du  barometre  s'y  foutiendra-t  il  par  ces  caufes  prelque 
toujours  plus  hauc  que  dans  les  plaines. 


E 


Experiences  de  I'effet  du  vent  fur  le  Thermometrc. 
Par    At.    C  A  s  s  I  N  I    le  Fiis. 


NTRE  diverfes  obfervations  phyfiques  que  M.  I'Abbe  Teinturier  , 
Archiuiacre  de  Verdan  ,  m'a  envoyees  depuis  fon  rerour  de  Paris  3  il  a 
remarque  que  lorfqu'on  excite  du  vent  centre  un  thermomette  avec  un 
fouftlct,  la  liqueur  qui  y  eft  enfermee  augmente  de  hauteur,  ce  qui  lui 
paroit   contraire   a   rimpreflion  que  le   vent  fait   fur  nous   qui    paroit  y 

exciter  un  fentiment  de  froid. 

Pour 


A  C  A  D  It  M  I  Q  U  E.  145 

Pour  examiner  fi  le  mcme  effet  arrive   a  nos  thermometres ,  j'ai   ap-  ■ 

pliqiie  un  foufflec  ordinaire  a  un  tliermometre  renfcrmc  dans  une  cham-  AcAu.RoyALE 
bre,   qui   dans  les  caves   de  I'Obfcrvatoire  fe   tienc  a   la  haureur  de    50     cts  Sciences 
degres,   &  qui  ccoit  alors   a  la  hiureur  de  5 1   degres,  c'eft-i-dire  deux       de  1'aris. 
degres  au  dslTus  du  tempcrc  ,  &  qu'aprcs  avoir  foufflc  contre   la  boule    Annie   1710. 
pendanr  7  ou  S  minutes,  le  tliermometre  eft  monte  d'un  degrc.    J'ai  rcitcrc 
quelques  jours  apres  la  mcme  experience,  le  tliermometre  etoit  a  la  hau- 
teur de  46   degres,    iSc  il  eft  monte    aufli  d'un  degre   pendant  le  mane 
inrervalle  de  tems. 

Je  me  fuis  fervi  d'un  tliermometre  de  M.  Amontons,  que  j'ai  appliqu^  an 
foyer  d'une  for^e  011  il  y  a  plufieurs  annees  qu'on  n'a  fait  de  feu.  Ce 
tliermometre  eft  monte  de  prcs  d'une  lii;ne  dans  I'efpace  de  fix  minutes 
que  j'ai  fouftle  contre  le  tliermometre.  Enfin  j'ai  mis  le  menie  tliermo- 
metre au  foyer  de  la  forge  oii  je  I'ai  laifte  pendant  I'efpace  de  tiois  heu- 
res  ou  environ  ;  je  I'ai  enfuite  retire  pour  voir  la  hauteur  oii  il  etoit ,  que 
j'ai  marquee  de  53  pouces  z  lig.  j  ;  j'ai  foufflc  contre  ce  thermomerre  pen- 
dant I'efpace  de  5  minutes  ,  &  I'ayant  retire  je  I'ai  trouve  a  la  hauteur 
de  ?;  pouc.  4  lig.  \,  c'eft-a-dire  une  ligne  <S>.' -r  plus  haut.  Je  I'ai  resiis 
aufti-tot,  &  apres  avoir  fouffle  pendant  I'efpace  de  5  minutes,  je  I'ai  trou- 
ve a  la  hauteur  de  yj  pouc.  5  lig. 7.  Ayant  entin  fouffli  pendant  5  autres 
jTiinutes  ,  il  eft  monte  a  la  hauteur  de  5  5  pouc.  5  lig.  ~  \  enforte  que  dans 
I'efpace  d'un  qriart  d'lieure  le  thermometre  eft  monte  de  plus  de  5  lignes. 

On  pent  apporter  pour  raifon  de  cette  experience  que  tout  mouvement 
produit  de  la  chaleur,  &  qu'ainfi  I'air  exiite  avec  violence  acquiert  quel- 
que  degre  de  chaleur,  quoiqu'en  etFet  il  paroilTe  nous  caufer  un  fenti- 
ment  de  froid  a  caufe  que  les  particules  d'air  poufTces  avec  violence  s'ap- 
pliquent  avec  plus  de  force  &:  en  plus  grande  quantite  contre  notre  corps 
qui  eft  plus  chaud  que  I'air  que  nous  refpirons. 


Experiences  fur   les  Thermometres. 
Par   M.    D E    LA    Hire    le    Fils. 

JVloN  pere  avoir  obferve  autrefois  qu'ayant  couvert  de  neige  la  boule 
d'un  tliermometre  a  efprit  de  vin  expofe  a  fair,  mais  non  pas  au  vent, 
I'efprit  de  vin  ii'avoit  pas  change  de  hauteur  dans  le  tuyau ,  &  qu'enfuite 
ayant  foufflc  fortement  avec  un  foufflet  contre  cette  neige  ,  I'efprit  de  fin 
etoit  toujours  demeure  a  la  mcme  hauteur,  d'oii  Ton  pouvoit  ce  fcmble 
conclure  que  la  temperance  de  I'air  qui  agit  fur  I'efprit  de  vin  ,  n'y  pou- 
voit caufer  aucune  alteration  y  etant  fortemenr  poulfe ;  cependant  il  x 
paru  le  contraire  par  une  experience  rapportee  a  Tacademie  par  M.  Caf- 
fini  le  fils:  c'eft  pour  decouvrir  la  raifon  de  cet  effet  contraire  ,  que 
nous  avons  refait  I'experience  qu'il  a  rapportee  ,  mais  dans  differentes 
circonftances  ,  &  fur  quatre  thermometres,  dont  ttois  a  efprit  de  vin, 
&  un   a  air  de  fvl.  Amontons. 

Twui  III )  fariie  Fran^oifc.  ^  T 


AcAD.ROYALE 

DES  Sciences 
DE  Paris. 

Annie  1 7 1  o. 


i4(J.  COLLECTION 

Le  17  Novembre  1710  ,  vers  les  1 1  heures  du  matin  ,  nous  foufflames  fof- 
tement  avec  un  fouftlet  centre  la  boule  d'un  thetmometre  a  efprit  de  vin  , 
expofe  depuis  un  grand  nombre  d'annees  dans  la  tour  orientale  de  I'Ob- 
fervatoire  ,  laqu-Ue  eft  decouveite  ,  enforte  cju'il  y  eft  a  Tabii  du  vent  j 
I'efprit  de  vin  qui  etoit  a  35  parties  dans  le  tuyau,  ce  qui  marque  un 
air  un  peu  plus  chaud  que  le  commencement  de  la  gelee ,  car  lorfqu'il 
eft  a  51  il  commence  a  geler  a  la  campagne,  ne  monta  pas  fenfible- 
ment  dans  le  tuyau  :  nous  avons  pris  la  precaution  avant  de  nous 
fervir  du  fouftlet ,  de  le  mettre  pendant  deux  heures  dans  le  meme  endroic 
oil  etoit  le  thermonietre  \  de  peur  que  1«  fouftlet  n'echautFat  ou  ne  refroi- 
dit  I'air  qui  y  entreroit  ,  &c  que  cet  air  venant  enfuite  a  rencontrer  la 
boule  du  thermomtcre  ,  ne  fit  monter  ou  defcendre  la  liqueur  felon  la 
temperature  qu'il  auroit  acquife  dans  le  fouftlet ,  independamment  de 
I'effet  du  vent  qu'il  s'agilloit  d'examlner  :  cette  precaution  n'etoit  pas 
inutile  ,  car  aufli  -  rot  apres  I'experience  rapportee  ci-dilTus,  nous  fouf- 
flames avec  le  meme  (oufflet  contre  la  boule  d'un  autre  thermometre 
renferme  dans  le  cabinet  de  mon  pere  ,  011  I'air  etoit  beaucoup  plus  chaud 
que  I'air  exterieur  011  le  fL'afflet  avoit  ete  expofe  ,  ik.  aufli-tot  la  liqueur 
defcendit  d'environ  une  demi-ligne,  puis  elle  remonta  a  la  meme  hau- 
teur a-peu-pres  ,  quoique  Ton  continuat  de  fouffler. 

Nous  avons  fait  encore  une  autre  experience  fur  un  des  tjiermome- 
tres  a  air  ,  que  M.  Amontons  avoit  faite  d'abcrd  pour  I'experience  de  la 
chaleiir  de  I'eau  bouillante :  la  boule  qui  eft  au-bas  du  petit  tuyau  re- 
courbe  eft  fort  grofte  ,  elle  a  dans  fa  partie  interieure  adez  de  mercure 
pour  fournir  a  la  dilatation  de  I'air  de  la  boule  qui  le  fait  elever  dans  le 
tuyau  ,  lequel  eft  ouvert  par  le  hauc  ,  &  a  environ  quatre  pieds  de  hauteur  , 
enforte  que  I'air  n'eutre  point  dans  le  tuyau. 

Le  tj  Novembre  17  10  fur  les  quatre  heures  apres- midi ,  le  termome- 
tre  &  le  fouftlet  etant  reftes  dans  le  meme  lieu  plus  de  cinq  heures  ,  nous 
marquames  exaftement  la  hauteur  du  mercure  dans  le  petit  tuyau ,  apre« 
quoi  nous  foufflames  pendant  trois  minutes  contre  la  bou'e  qui  eft  remplic 
dair,  lequel  etoit  comprime  par  15  pouces  de  mercure  ,  &  nousne  remar- 
quames  aucun  changement  de  liauteur  au  mercure  qui  etoit  dans  le  tuyau. 

Le  lendemain  i8  fur  le  dix  heures  du  matin  ,  nous  reiterames  la  pre- 
miere experience  fur  le  thermometre  qui  eft  dans  la  tour  orientale  ,  & 
I'efprit  de  vin  ne  monta  point  fenfiblement.  Proche  de  ce  thermometre, 
il  yen  avoit  un  autre  a  efprit  de  vin  dont  la  boule  etoit  plus  petite  ,  £c 
le  ruyau  fort  delie;  nous  lotames  ,  nous  le  mimes  dans  un  lieu  a  cote 
qui  eft  ferme  &  oil  il  y  avoit  un  fouftlet  double  :  apres  I'y  avoir  laidc 
trois  ou  quatre  heures ,  nous  foufflames  contre  l.i  boule  de  ce  iecond  ther- 
mometre pendant  fept  minutes  ,  avec  le  foufflet  double,  &  Tefprit  de 
vin  monta  de  trois  lignes  dans  le  tuyau. 

Nous  primes  enfuite  le  thermometre  a  air  de  M.  Amontons  qui  ^toic 
depuis  long-tems  dans  ce  meme  lieu  ,  &  nous  foufflames  avec  le  foufflet 
double  contre  la  boule  pendant  fept  minutes  &  le  mercure  monta  auffi  de 
trois  lignes  ;  a  la  verite  nous  ctions  trois  ou  quatre  perfonnes  ,  &  quoi- 
qu'iiu  peu  eloigncs  du  tbermome[r&  pendant  I'experience  ,  nous  foupc^on- 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  147 

names  que  nous  ponvions  avoir  caufc  quelqiie  legere  augmentation  dans  ■      " 

la  chikur  de  I'air,  &c  par  confeqiient  avoir  un    ptu  contiibaca  I'clcva-  Acad.Royale 

tion   dii   merciire  ;  c'eft  pourquoi  nous  laidames  les  thermometres   I'un     des  Sciences 

profile  de  I'autre  pendant  deux  ou  trois  hemes  ,  Sc  enfuite  avec  un  fouf-       de  Paris. 

flee  ordinaire ,  nous  fouftlanies  pendant  tiuis  minutes  contre  chacune  des      J„„' 

boules  de  ces  deux  tlierinometres  5  I'efprit  de  vin  6i  le  mercure  qui  ctoient 

ledefcendus  a  la    hauteur  ou  ils  ctoient  avant  la  prccedente  experience  , 

remonterent  chacun  environ   d'une   ligns,  mais  celui  a  efprit  de  vin  un 

peu  moins  que  I'autre.  Nous  craignimes  encore  que  cette  difference  ne 

vint  de  ce    que  nous  avions  commence  par  le  thermometre  a  efprit  de 

vin  ,  &  que  le  foufflet  ne  fe  fiit  cchaurte  dans  nos  mains,  c'eft  poutquoi 

nous   les  lailFames  dans  la  mcme  pofition  Ik  le  foufflet  proche  d'eux  ,  (5c 

fur  les   fix  heures  du  foir  nous  foufflames  encore  pendant  trois  minutes 

centre  chacune  de  ces  deux  boules ,  en  commen^ant   par  celui  a  efpric 

de  vin  qui  monta  peu  ;  mais  celui  a  air  ne  monta  point  du  tout. 

Enfuite  avec  le  mcme  fouftlst  nous  fouftlimes  contre  la  boule  d'un 
autre  thermometre  a  efprit  de  vin  de  M.  Amontons,  qui  eft  place  dans 
le  cabinet  de  mon  pore,  ou  I'air  etoit  plus  chaud  que  celui  ou  croit  le 
fouftljt,  &  I'efprit  de  vin  monta  danjle  tuyau  de  7  de  ligne  ,  &:  ne  def- 
cendit   point  d'abord  comme  il  avoit  fait  la  veille. 

Le  4  a  fept  heures  du  matin,  le  thermometre  a  air,  le  gros  thermo- 
metre a  efprit  de  vin  ,  &  le  foufflet  ayant  palTe  toute  la  nuit  dans  la 
cour  orientale  ,  nous  foufflames  pendant  quatre  minutes  contre  la  boule 
de  celui  a  air  ,  &  il  ne  monta  point.  Nous  fouftlimes  enfuite  contre  la 
boule  de  celui  a  efprit  de  vin,  Sc  il  monta  d'environ  une  ligne  :  enfuite 
nous  fouffl.imes  pendant  plus  de  quatte  minutes  contre  la  boule  d'un 
autre  thermometre  a  efprit  de  vin  Sc  plus  petit  ,  que  nous  avions  lailfe 
proche  les  vitres  d'un  lieu  a  cote  qui  eft  fetme  &  expofe  au  niidi  ,  les 
rrous-du  fouftlet  etant  tourncs  contre  les  vitres,  la  liqueur  ne  monta 
prefque  pas  ;  maisen  continuant  de  fouftl;r  ,  les  trous  du  foufflet  toutnes 
de  I'autre  cote,  elle  monta  davantage. 

L'aptcs-midi  fur  les  deux  heures,  le  meme  thermometre  etant  refte 
dins  la  mcnr)e  place  ,  &  ayant  regu  rimpteilion  du  foleil  pendant  trois 
heures  &  demie  ,  &  le  foufflet  etant  refte  dans  le  meme  lieu  fur  un  fiege 
environ  a  lix  pieds  de  diftance  du  thermometre  ,  le  foleil  ayant  auill 
donne  deffus  ,  nous  fonfll.imes  contre  la  boule  de  ce  thermometre,  la 
liqueur  dcfcendit  plus  de  fix  lignes  ,  les  trous  du  fouftlet  n'ctant  pas 
tourncs  contre  les  vitre;,  Sc  continuant  de  fouffler  ,  I'efprit  de  vin  def- 
cendit  en;ore  conhderablement  quoiqu'il  fit  fort  chaud  dans  cet  endroit, 
le  foleil  y  donnant  pendant  I'experience ,  &  le  ciel  ayant  ete  tres  -  ferein 
toute  ia  journee. 

Le  5  au  matin  nous  portames  le  thermometre  a  air,&  le  petit  a  efpiic 
de  vin  dans  la  cave  dc  I'Obfervntoire  ,  &  aprcs  les  y  avoir  laide  pres  de 
trois  quarts  d'heure  ,  &  le  fouftlet  aulli ,  &  avoir  ouvert  &  ferme  le 
foufflet  pendant  du  terns  pout  lui  faire  prendre  en  dedans  la  mcme  cha- 
leur  que  celle  de  I'air  de  la  cave  ,  nous  fouftlimes  pendant  cinq  minutes 
contre   la  boule   du  thermometre  a  air  ,  &  le  mercure   monta  envifon 

T   ij 


148  COLLECTION 

de  trois  lignes  :  mais  cotnme  les   deux  thermometres  etoient  a   un  pied 


A^.rv  n«->^4Tt   de  diftance  Tun  de   Tautre  ,  &:   qu'avanc  de   foufflec  conrre  celui  a  ait 

DEs  Sciences     nous   avions   audi  remarque  la  hauteur  de   celui  a   1  elpnt  de  vin  j  nous 

DE  Paris.        nous  apper^umes  que  celui  a  efprit  de  vin  etoit  audi  monte  d'une  ligne  , 

AnnU    I7I0.    quoiqu'on  neiltpoint  fouffle   centre  :  enfuite  nous  fouftlames  pendant  le 

meme  terns  centre  celui  a  efpti:  de  vin ,  &  il  monta  aulll  d'environ  trois 

lignes,  &  pendant  ce  terns- la  le   ihermometre  a  air  ne  ttionta  point. 

Nous  avions  pris  la  precaution  de  les  porter  dans  la  cave,  craignant 
que  la  lumiere  rcpandue  dans  I'air  pendant  le  jour ,  ne  fit  fur  ces  ther- 
mometres quelque  imprelTion  qui  eiit  rapport  ace  qui  arrive  a  la  Pierce 
de  Boulogne  ,  &  autre  phofphore. 

Enfuite  nous  appliquames  un  morceau  dc  drap  en  deux  ou  trois  dou- 
bles centre  la  boule  du  thermometre  a  air  ,  &  fouftlant  avec  violence 
centre  ,  il  ne  monta  que  d'une  ligne  ,  &  pendant  ce  tems-  la,  le  ther- 
inometre  a  efprit  de  vin  qui  eteit  refte  a  la  meme  place  ,  monta  d'una 
denn  ligne  ;  enfuite  nous  appliquames  le  drap  centre  la  boule  du  thermo- 
nietre  a  efprit  de  vin  ,  &  apres  avoir  foiifile  centre  pendant  le  meme  tems  ,  il 
monta  encore  d'une  demi  ligne  ;  mais  le  thermometre  a  air  ne  monta  point 
pendant  ce  tems  la  ,  non  plus  que  dans  I'expetience  precedente. 

Quoiqu'en  general  les  experiences  que  nous  venons  de  rapporter ,  fern- 
blent  dctruire  I'ancienne  que  men  pere  avoir  faite  ,  cependant  elles  four- 
nilTi;nt,  a  mon  avis  ,  un  moyen  d'en  rendre  raifen  ,  &  d'expliquer  les  diffe- 
rences qui  fe  trouvent  entre  elles. 

Car  la  neige  qui  etoit  fur  la  boule  du  thermometre  ,  &  au  travers  de  !a- 
quelle  paffeit  I'air  peuffe  par  le  fouffler ,  etoit  alFez  froide  pour  refroidir 
les  particules  de  I'air  un  peu  moins  freides  que  la  neige  ,  qui  fe  fereienc 
appliquees  en  grande  quanti:e  &:  en  peu  de  tems ,  par  le  moyen  du  fouftlet , 
centre  la  boule  du  thermometre  ,  &  qui  au;oienr  fait  morter  la  liqueur. 
L'on  ne  pour  guere  dourer  que  ce  ne  foit  la  veritable  caufe  du  refultat  d3 
cette  derniere  experience  ,  &  il  femble  que  par  fon  moyen  ,  on  peut  ren- 
dre raifon  de  tout.s  les  differences  que  nous  avons  remarquees  dans  celles 
que  nous  avons  faites  ;  cependant  avant  de  decider  ablolumenr ,  nous 
croyons  qa'il  faut  artemire  quon  ait  fait  les  deux  experiences  fuivantes  r 
la  premiere,  eft  de  fouffler  centre  la  boule  d'un  thenuemetre  pendant 
un  tres  grand  iroid  ;  &  la  feconde  ,  d'y  fouffler  pendant  un  tres- grand 
chaud  ,  afin  de  voir  fi  ce  qui  arriveroit  dans  les  extremes  ,  fereit  conferme 
a  ce  qui  eft  arrive  dans  I'etat  moyen  ,  &  autour  du  moyen. 

Le  1(5  a  huit  heurcs  du  matin  ,  un  thermometre  a  efprit  de  vin  ,  &  de 
I'eau  dans  un  vailTeau  etant  rcftes  route  la  iiuit  dans  un  meme  lieu,  nous 
mimes  ce  thermometre  d.ins  cette  e.iu  ,  &  apres  I'y  avoir-  lailfc  afTez  de 
tems,  nous  ne  tcmarquan\es  point  que  I'e  prit  de  vin  eut  change  de  hau- 
teur dans  le  tu/au  ;  enfuite  nous  retirames  le  rhermometre  de  I'eau  ,  nous 
mouiiiames  un  linge  dans  cette  eau,  nous  I'appliquames  en  deux  ou  trois 
doubles  fur  la  boule  de  ce  thermometre  ,  &c  nous  feufflames  fortement 
avec  un  foufflet  ordinaire  conrre  ce  linge  pendant  435  min.  fans  que 
i'efprit  de  vin  changeat  de  haut  ur. 

Ayant  laifle  le  thermometre  dans  cet  etat  pendant  une  heme,  ncus- 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  149 

voulumes  refairel'expcrience;  nous  otames  le  linge  de  dclTus  la  boule  du     ' 
thennom-tre  pour  faite  prendre  a  I'efprit  de   vin  le  incme  degre  de  cha-  Acad.  Roy  ale 
leur  que  I'air  du  lieu  011  il  eroit ,  &c  en  attendant  qu'il  TeCit  reprife,  nous    des  Sciences 
voulumes  voir  fi  en  TaL^ilTant  dans  I'air  ,  il  ne   lui  arriveroit  pas  la  mCme       de  Paris. 
chole  qu'cn   fouffl.int  deiFiis  ,  ce  qui  nous  rcuflitjcar  I'ayant  agite  futte-    AnnU  1710. 
men:  dans  I'air  pendant  8  minutes  ,  I'elprit  de  vin  monta  de  deux  lignes 
dans  le  tiiyan  \  enfuite  I'ayant  lailfe  repofer  quelque  tenis  ,  il  ne  changea 
point  de   hauteur  :  nous  le  mimes  enluite  pendant  8  min.  dans  la  mcme 
eau  oii  il  avoir  cte  d'abord  ,  &:  la  liqueur  defcendit  qu.ifi  d'une  ligne  ,  mais 
ce   ne  fut  qae  pendant  les  quatre  dernieres  minutes  \  enluite  nous  le   reti- 
rames  de  I'eau  ,  &  ayant  applique  le  linge  mouillc  di.lTlis  ,  nous  foufflamcs 
avec    force  pendant  S  min.  contre  le  linge,  &  Tcfprit  dv;  vin  remonta  a 
la  mcme  hauteur  011  il  etoit  avant  d'avoir  etc  plopge  dans  I'eau. 

Le  17  au  matin  fur  Ls  neuf  heures  ,  le  meme  thermometre  a  efpritde 
vin  ,  ayant  palle  toute  la  nuit  Jans  la  cour  orientaie  de  I'Obfetvatoire , 
ainlique  plulicurs  morceaux  de  niarbre  que  noub  y  avions  mis,  nous  les 
appliquames  contre  la  boule  de  ce  thermometre,  &  en  une  dcmi-heure 
I'efprit  de  vin  defcendit  dans  le  tuyau  de  plus  dune  I'gne  ,  &:  enluite 
continuant  de  I'cxaminer  ,  nous  nous  appetgum^squ'il  ctoit  un  pen  remonte 
pendant  cette  experience  j  le  grand  thermometre  qui  demeure  toiijours 
■  dans  cette  tour  ,  etoit  remonte  d'environ  2  lignes  -r  :  cette  experience 
fenibletoit  prouver  que  le  marbre  fe  refroidit  plus  que  i'efprit  de  vin. 


Experiences  fur  Ic  rejfort  dc   V-Air. 
Par    M.    C  A  R  R  E. 

V  o  u  L  A  N  T  rcpeter  les  experiences  par  lefquelles  M.  Parent  a  voulu  prou- 
ver que  I'air  n'avoit  point  de  refTort  (a) ,  j'ai  fait  faire  d'abord  par  le  fieur 
Deviile  ,•  Emailleur  ,  quatre  petites  phioles  de  verre  a  long  cou  ,  fembla- 
bles  a  celles  de  M.  P.  Sc  preparces  de  la  mcme  maniere.  La  premiere  ctoic 
pleine  d'air  groflier ,  la  feconde  vuide  d'air  groOier,  la  troifieme  pleine 
d'ait  grollier  avec  une  petite  quantite  d'eau  commune  ;  la  quatrieme  ctoic 
vuide  d'air  grollier  &  contenoic  aufli  une  petite  quantite  d'eau  ;  elles 
eioient  toutes  fellces  hermetiquement.  Les  ayant  mifes  les  unes  aptcs  les 
autres  fur  les  charbons  ardens,  voici  ce  qui  eft  arrive.  Celle  ou  il  n  y  avoic 
que  de  I'air  grollier  &  qui  a  etc  quelque-tems  fans  faire  fon  effct  a  cau.*e 
quelle  etoit  un  pen  plus  cpailfe  que  les  autres,  s'efl:  ouvertc  par  un  en- 
droit  qui  s'eft  un  peu  alonge  auparavant,  &  on  a  entendu  un  (ifilement 
caufe  par  I'air  qui  en  eft  forti  fans  aucun  bruit  eclntant.  La  feconde  qui  etoit 
vuide  d'air  a  fait  i  peu  prcs  le  meme  efFet :  le  fiftlement  a  ete  un  peu  plus- 
fort;  la  partie  de  la  phiole  la  plus  echauffee  s'eft  alongee  un  peu  davan- 
tage ,  &  a  cede  plus  promptement.    La  troifieme  qui  etoit  pieine  d'air 

(a)  V.  Collec.  Acad.  Tart.  Pian^oife  j  pag.  ;jp ,  torn.  II, 


i5«  COLLECTION 

avec  une  petite  quantite  d'eau  ,  a  fait  en  fort  peu  de  terns  une  grande  de- 

AcAD.RoYALE   conation,  &  a  faute  en  eclats  fort  petits.    La  quacrieme  qui  contenoit  aufll 

DES  Sciences     une  petite  quantite  d'eau  &  qui  etoit  vuide  de  tout  air  groflier  ,  a  creve 

DE  Paris.        avec  bruit  &  fort  promptement ,  quoiqu'il  ne  s'y  foit  fait  qu'un  petit  trou. 

Annu  1 710,        J^  enfuite  fait  faire  quatre  autres  petites  lioles  femblables  aux  prcce- 

dentes.   La  premiere  qui  etoit  pleine  d'air  a  demeure  alfez  long- terns  fur 

les  cliarbons  fans  fiire  fon  effet ,  puis  elle   a  cteve  avec  bruit  en  s'alon- 

geant,  &  il  s'y  eft  fait  un  trou  alTez  grand. 

La  deuxieme  qui  etoit  aufli  pleine  d'air  a  fait  a-peu-prcs  le  meme  effet, 
mais  avec  moins  de  bruit ,  I'endroit  par  ou  elle  a  creve  s'eft  plus  alonge  , 
&  le  trou  etoit  plus  petit. 

La  troilisme  &  la  quatrieme  qui  ctoient  vuides  d'air  groflier  ont  rentre 
en  dedans  fans  crever,  lur  tout  la  quattieme  ,  de  mjniere  que  la  moitic  de 
la  convexite  qui  touchoit  les  cliarbons  s'eft  appliquee  alTez  txaftcment  fur 
la  concavite  de  I'autre  moitie  ,  &  ne  compofoit  plus  qu'un  hemifphere  creux 
en  forme  de  coupe.  Il  paroitroit  que  c'eft-la  ce  qui  devroit  toujours  arri- 
ver  dans  cette  experience  ,  parce  que  I'air  exterieur  quoique  tres-dilate  par 
la  chaleur  ,  doit  prelfer  plus  fort  que  fair  fubcil  de  dedans  ne  lui  rcfilte  , 
&"  obliger  ainfi  la  partie  la  plus  echauffee  de  la  pliiole  de  reiurer  en  dedans  , 
&  fi  cela  n'eft  pas  arrive  dans  la  premiere  experience  femblable  ,  c'eft  appa- 
remment  parce  qu'il  etoit  refte  aflfez  d'air  ou  de  quelqu'aucre  matiere  dans  la  " 
phiole  pour  la  faire  crever. 

Netant  pas  encore  content  de  ces  experiences  ,  j'ai  fait  faire  quinze 
autres  petites  phioles  femblables  aux  precedentes :  voici  le  detail  des  effets 
que  le  feu  a  produit. 

La  premiere  etoit  pleine  d'un  air  naturel  j  I'ayant  mife  fur  les  cliarbons 
elle  s'eft  caftee  en  morceaux  en  fort  peu  de  tems  avec  un  peu  de  bruit,  ce 
qui  n'etoit  pas  arrive  dans  les  premieres  experiences  femblables. 

La  deuxieme  etoit  vuide  d'air  groflier,  elle  s'eft  fondue  fans  crever  & 
s'eft  changee  en  hemifphere  creux. 

La  troilieme  etoit  pleine  d'air  avec  un  peu  d'eau,  elle  a  creve  avec  grand 
bruit  en  peu  de  tems. 

La  quatrieme  etoit  vuide  d'air  avec  un  peu  d'eau  ,  elle  a  creve  en  peu  de 
tems  ,  &  le  bruit  a  ete  un  psu  plus  fort  que  celui  de  la  prccedente. 

La  cinquieme  etoit  pleine  d'eau  j  elle  eft  demeuree  fort  peu  de  tems  fur 

les  charbons  qu'elle  a  jettes  de  tous  cotes  en  crevant  avec  un  tres-grand  bruit. 

La  fixieme  etoit  pleine  d'eau  &:  vide  d'air;  le  cou  s'etant  cafl'e  a  fait  une 

efpece  d'eolipyle  qui  a  dure  aflfez  de  tems,  &  quoique  le  feu  fat  fortvif, 

la  phioU  n'en  a  recu  aucune  alteration. 

La  feptieme  etoit  vuide  d'air  avec  un  peu  d'efprit  de  vin  colore  ;  elle  a 
creve  avec  allez  de  bruit  prefque  aulTi-tot  qu'elle  a  ete  mife  fur  les  charbons. 
La  Iniitieme  etoit  pleine  d'air  avec  un  peu  de  fel  marin  en  poudre  ;  elle 
s'eft  fendue,  &  il  s'y  eft  fait  un  petit  trou  avec  bruit. 

La  neuvieme  etoit  pleine  d'air  avec  un  peu  de  falpetre  ;  il  s'y  eft  f.iit  un 
petit  trou  en  tres-peu  de  tems  avec  un  peu  de  bruit. 

La  dixieme  etoit  pleine  d'air  avec  un  peu  d'udue ,  elle  a  creve  en  peu 
de  terns  avec  alfez  de  bruit. 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  ,51 

La  onzieme  citoit  vuidc  d'air  avec  un  pen  d'eau  falte,  elle  a  creviavec 


lui  fort  grand  bruit  &:  en  pen  de  terns.  Acad. Royale 

La  douiieme  etoit  vuide  d'air  avec  un  pen  dor  fulminant,  elle  a  crevc     des  Sciences 

prefque  aurti-toc  qu'eile  a  hi  mife  fur  les  clurbons  avec  un  peu  ds  bruit.        ke  Paris. 
La  trcizieme  ctoit  vuide  d'air  avec  un   ptu  de  foufre,  elle  s'cft  fondue      j„^j^  .    ,^ 

e  '  I!  r  \      r  *     \  1'    r       i  yifiricc    1710, 

&  a  rentre  en  dedans  lans  eiever;    le  loutie  1  elt  aulli  rondu  &   a  monte 
au  haut  du  cou  dc  la  phiole. 

La  quatorzicme  ctoit  plc-ine  d'air  avec  un  pcu  d'liuile  de  Inmpe,  elle  a 
demeure  alfez  long-tems  fur  les  clurbons  ,  puis  elle  a  crcve  avec  un  alfez 
grand  bruit 

La  quinzieme  etoit  vuide  d'air  avec  une  gouttc  de  mercure  dune  ligne 
de  di.Trretre  ou  environ  j  elle  ell  demeuice  lur  les  charhons  pendant  trois 
minutes  fans  recevoir  aucun  changenient.  (^uand  elle  a  etc  refroidie,  on  I'a 
remife  fur  le  feu  pendant  7  ou  S  minutes  fans  aucun  ertet  j  le  mercure  (e 
tenant  toujou'rs  au  liaut  du  cou  on  y  a  feulement  appercu  une  petite  fehire. 

Il  paroit  que  routes  ces  experiences;,  bien  loin  de  dctruire  le  relForc 
de  I'air,  fervent  plutot  a  I'etablir  \  mais  il  femble  aulTi  que  ni  li  dilatation 
ni  le  relfort  de  Pair  enferme  ne  font  la  caul'e  immediate  du  bruit  &  de  I'c- 
clat  des  patties  du  verre ,  piiifque  quelquesuncs  des  phioles  qui  etoienc 
vuides  dair  &  qui  contenoient  peu  d'eau,  d'efprit  de  vin ,  d'urine,  &:c, 
ont  edate  avec  bruit,  &:  que  d'.iutres  pliioles  qui  eroient  remplies  d'air 
ont  cteve  fans  eclat;  mais  ce  n'eft  pas  a  dire  que  fair  n'ait  point  de  relFort; 
il  fufht  pour  rendre  fa  fortie  tranquille  qu'il  trouve  une  ouverture  propor- 
tionnee  a  fa  vitelfe,  &  Von  concevra  la  chofe  comme  tres-pollible  ,  fi  Ton 
fait  attention  que  I'aii"  renfermc  dans  la  phiole  poufTe  egalement  en  tous 
fens  centre  fes  parois  intcrieures,  &  qu'il  eli  difficile  que  la  phiole  rellrte 
cg.Tlement  dans  tous  fes  points  :  il  faudroit  pour  cela  qu'eile  fiit  par-tout  da 
la  mcme  cpailTcur  ,  &  que  routes  fes  parties  fe  trouvallent  fondues  dans  le 
meme  inftant,  ce  qui  doit  etre  rare.  Il  fuit  de  tout  cela  que  I'air  a  du  ref- 
fort ,  mais  qu'il  ell  cert.-<ins  liquides  qui  etant  reduits  en  vapeur,  en  ont  en- 
core davantage.  Il  y  a  encore  deux  experiences  qui  doivent  etre  rappellees 
ici  a  caufe  du  rapport  qu'ellesont  avec  les  precedentes,  &:  qui  prouvent  l.i 
force  etonnante  de  la  dilatation  des  liqueurs.  Un  eolipyle  ayant  ere  mis 
fur  les  chatbons  &  le  feu  ayant  ete  poulle  un  peu  violemment,  il  fauta. 
de  deirus  le  rcchaud  &  alia  donner  contre  un  pilier  de  rable  qui  ctoit  .i 
deux  ou  trois  pieds  dc-la  avec  alfez  de  force  pour  fe  bolTuer,  &  pironetta 
pendant  quelque  terns. 

A  I'egard  de  la  feconde  experience,  voyez  la  Colleftion  Academique, 
Partie  htrangere,  torn,  i  ,  pag.   x'ii. 


Sur   un   Echo. 

iVl.  I'Abbe  Teintutier  ,  Archidiacre  de  'Verdun,  a  envoye  a  M.  Cadini  , 
le  tils  ,  la  relation  d'un  echo  qu'il  a  vu  a  trois  lieues  de  Verdun.  II 
eft   forme    par    deux    grolFes    tours    detachces  d'un   corps- de  -  logis  Sc 


151  COLLECTION 

__^^_^^_____^^^_^__  eloignees  I'line  de   I'autre  dc   vingt-fix  toifes.    L'uiie  a  un  appattemeiiE 

■7         T  bas  ,  de  pietres  de  taille  voiice,  I'autre  n'a  que  fon  veftibule  qui  le  foit : 

il'^^c         '^^''^  chacune  a  fon   efcalier.  Comme   tout  ce  qui  appartient  aux  eclios  peut 

DES  SCIENCES       a  11  /    1  j        /■  t        r         r         mi    1  X, 

DE  Paris.        ^"^  appelle  la  catopteique  du  ion  ,  parce  que  le  Ion  fe  reflechit  felon 

A      ,  les  memes  loix  que  la  lumiere  ,  on  peut  regarder  les  deux  tours  comme 

Jinnee  1710.     j  •     •  r        •     '      ■    p       j     !■  •  r  ■ 

'  deux  miroirs   poles  vis-a  vis  1  un  de  1  autre  ,  qui  le  renvoyent  mutuel- 

lemein  les  rayons  d'un  mcme  objet ,  en  multipliant  I'image,    quoiqu'en 

rafFoiblillant  toujours  &  la  faifant  paroitre  plus  cloignee.  Ainfi  lorfqu'on 

eft  fur  la  lig'  e  qui   joint   les  deux  tours  ,    &  qu'on   prononce   un   moc 

d'une    voix  alTez  elevee  ,  on    I'entcnd    repeter  douze  ou   treize  fois  par 

intervalles  egaux,  &  toujours  plus  foibiement.  Si  Ton  fort  de  cette  ligiie 

jufqu'a  une  certaine   diftance  ,    on  n'entend    plus  d'echo  ,   par  la  mcme 

raifon  qu'on  ne  verroit  plus  d'image  fi  I'on  s'eloignoic  trop  de  I'efpace 

qui   eft    entre  les   deux  miroirs.  Si  Ton   eft  fur    la    ligne  qui   joint  une 

des  tours  au  corps-de-logis,  on    n'entend  plus  qu'une  repetition,  parce 

que  ces    deux    echos   ne    jouent   plus  enfemble   a    I'egard   de    celui  qui 

parle  ,  mais  un  feul.   Les  Memoires   de    1691    parlenc   d'un    echo  plus 

iingulier.  {a) 


Sur  Ic  Flux  iS'  Ic  Reflux. 

JLiE  Memoire  circlaire  fur  le  flux  &  reflux,  envoye  par  ordre  de 
M.  le  Comte  de  Pontchartrain  dans  les  ports  de  I'Ocean  (^) ,  a  valu  a 
I'Academie  un  nombre  confiderable  d'obfervations  faites  a  Dunkeique  ,  au 
Havre-de-Grace  ,  a  Breft  ,  au  port  de  I'Orient  ,  a  Bayonne.  Voici  les 
refultats  generaux  que  M.  Caflini  a  tires  de  ces  obfervations. 

Les  plus  grandes  m.irees  n'arrivent  que  deux  ou  trois  jours  apres  les 
pleines  ou  nouvelles  lunes  ,  &  les  plus  petites  marees  de  deux  ou  tiois 
jours  apres  les  quadratures. 

Plus  la  lune  eft  proche  de  la  terre,  plus  la  maree  eft  grande  ,  &  au 
contraire. 

Des  nouvelles  ou  pleines  lunes  aux  quadratures  ,  le  retardenient  jour- 
nalier  des  marees  eft  plus  petit  que  des  quadratures  aux  nouvelles  Sc 
pleines  lunes.  C'eft  que  plus  une  maree  doit  etre  haute ,  moins  elle 
retarde.  Or  ,  puifque  les  plus  hautes  marees  n'arrivent  que  deux  ou 
trois  jours  apres  les  pleines  ou  nouvelles  lunes ,  &  les  plus  bafles  autaiic 
de  terns  apres  les  quadratures  ,  il  s'enfuit  que  I'intervalle  d'une  con- 
jondion  ,  ou  oppofition  a  la  quadrature  fuivante  ,  comprend  plus  de 
hautes  marees  que  I'intervalle  d'une  quadrature  a  la  conjon£iion  ou  op- 
pofition fuivante  ,  &  que  par  confequent  la  fomnie  des  retardemens 
des  mareis  fera  moindre  dans  le  premier  intervalle  que  dans  le  fecond. 

L'adlion  de  la  lune  ,  fur  les  marees ,  varie  non-feulemcnt  felon  fes 
phafes ,   mais   encore    felon    fa  diftance  a  la  terre  ,    6c  fa  dedinaifon  j 

(a)  V.  Collec.  Acad.  prem.  vol.  de  la  Partle  Fran^oife ,  pas;,  itj. 
(i)  V.  torn.  I  de  la  Coilec.  Acad.  Psctie  Frangoife,  pag.  635, 

or 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  i5j 

or  I'elfet  dc  f.i  tk-clinaifon  n'ell:  qii'a-peu-pvcs  h  moitie  de  I'efFet  de  fa  ~'    '  r'    "'.la 
dift.uice,  c'efta-dire  que  ll,    parcc  que  la  luuf   eft   dans   fon    perigee,  Acad.Royai.e 
la  maicj  c'.i  de  deux  pieds  plus  hau:§  ,  elle  ne  fera  que  d'un  pied  plus     des  Sciences 
haute  en  vercu  de  ce  que  la  lune   fera  dans  I'c-pateur.  de  Paris. 

Les  marces  defcendciu  plus  lentement  qa'ellci  n'ont  monte.  ^nnie   i/io. 

Plus  la  mer  a  moiitc,  plus  elle  defctiid  enfuice  au-dedous  du  niveau 
qu'elle  au  oit  ,  fi  elle  n'avoic  ni  Hux  ui    rttliix. 

La  vitell'v;  de  la  mer  qui  tnonie  ,  eft  une  vitelTe  retardce ,  c'eft  adire, 
que  le  proiires  de  (es  elevations  va  en  diniinuanc  du  commencement 
vers  la  fin  ,  de  forte  qu'a  la  fin  la  mer  eft  qutlque  terns  ftationnaire  ; 
aurcs  quoi  elle  redsfcend  au  contraire   avec  une  vitelTe  accelcrce. 

Vers  les  quadratures  les  irrregularites  font  plus  frequentes  ou  plus 
grandes  que  vers  les  conjoniftions  ou  oppofuions  ,  vraiftmblablt.meiit 
p.irce  que  la  force  qui  agit  dans  les  quadratures  ttant  moiiidre  ,  fon  etfet 
eft  plus  facilement  alterc  par  I'adllon  des  caufes  particulieres 

Versle  folftice  d'ete  ,  les  marees  du  foir  dans  les  nuuvelles  lunes  font 
plus  grandes  que  celles  du  matin,  6:  le  contraire  eft  prefque  toujour* 
vrai  aux  environs  du  folftice  d'iiiver. 

Le  foleil  a  part  aux  phcnomenes  du  Hux  &  du  reflux  ;  car  les  marees 
des  folftices  d'hiver  font ,  toutes  chofes  egales  d'ailleurs ,  plus  grandes 
que  celles  des  folftices  d'ete  j  or,  dans  ce  cas  ,  route  la  difference  con- 
fifte  enceque  le  foleil  eft  a  fon  perigee;  au  lifu  qu'il  eft  a  fon  apogee  eu 
cte.  Les  grandes  marees  des  equinoxes  paroillen:  aufti  avoir  rapport  au 
foleil  qui  fe  trouve  alors  dans  I'equateur ,  &  qui  par  confequent  doit  agir 
avec   plus  de  force ,  &  produire  des  marees  plus  hautes. 

Au  refte  toutes  ces  obfervations  ne  font  que  des  confirmations  des 
decouvertes  anciennes  :  Poilidonius,  au  rapport  de  Strabon ,  avoit  fore 
bien  diftin^ue  les  rrois  periodes  des  marees  de  I'Ocean  ,  qui  repondcnc 
a  celles  des  jours  ,  des  mois  Sc  de?  annees  :  mais  il  fuppofoit  apparemmenc 
d'apres  des  faits  particuliers  ,  que  les  marees  des  folftices  font  plus  gran- 
des que  celles  des  equinoxes  ,  (a)  ce  qui  n'eft  pas  confotme  a  nos  expe- 
riences. 

Pline  pretend  que  le  foleil  6c  la  lune  font  la  caufe  du  flux  &  du  reflux  :  il 
paroic  ctre  du  meme  fentiment  que  Poflidonius  en  ce  qui  regarde  les  pe- 
riodes journalieres  des  marees  ,&  celles  qu'on  obferve  dans  chaque  (evo- 
lution de  la  lune;  mais  il  alfure  que  les  plus  grandes  marees  arrivent  dans 
les  equinoxes ,  &  les  plus  petites  dans  les  folftices.  Il  ajoute  qu'elles  font 
encore  plus  grandes  dans  les  equinoxes  d'autcmne  que  dans  celles  du  prin- 
tems,ce  que  nous  n'avons  pu  encore  reconnoitre  par  les  obfervations. 
Ilafoin  d'avertir  que  tou^  ces  changemens  n'arrivent  pas  precifement  dans 
les  terns  marques  ci-delfus  ,  mais  quelques  jours  apres:il  a  reconnu  que 
les  marees  etoienr  d'autant  plus  grandes  que  la  lune  ctoit  plus  proche  de 
la  terre;  il  remarque  enfin  une  quatrieme  pcriode  des  marees ,  laquelle 
lenferme  les  principales  inegalites  dans  I'efpace  d'environ  huit  annees,  & 

(i)  En  ccrcaines  circonftances  ,  la  grande  proximicc  de  la  lunc  a  la  terrc  dans  Ic 
tcmi  du  folftice  pourroit  produire  cet'^efFet;  mais  il  ne  faudroit  pas  en  tircr  uflc  con- 
fcqucncc  g(5n^rale. 

Tome  III ,  tartic  Frangolfi.  V 


154  COLLECTION 

■  .—  cent  revolutions  de  la  lune  ,  apres  quoi  routes  ces  inegalires  revlennent 

AcAD.RoYALE  dans  le  meme  ordre.  Cttte  quatrieme  periode   paroit  alfez  evidemmenr 
DEs  Sciences    allujettie  a  celle  de   I'apogee  de  la  lune  qui  efl  en  effet  de  huit  a  neuf 

DE  Paris.  annees  ,  &  recommence  apres  iiS^  revolutions  de  cet  aftre. 
Jnme  1710.  Les  Philofophes  modernes  avec  routes  les  reflburces  de  leur  phyfique 
experimentale,  n'onr  pas  ete  beaucoup  plus  loin  que  Pline,  dans  la  con- 
noilfance  reelle  de  ce  grand  phenomene;  prefque  tous  fe  font  accordes> 
a  reconnoitre  avec  lui  les  trois  periodes  journalieres  ,  lunaires ,  &:  equi- 
noxiales  ;  ceux  qui  one  ere  le  mieux  inftruits  des  fairs  ,  ont  admis  comme 
lui  I'iftion  de  la  lune  &:  du  foleil  :  mais  quand  il  s'eft  agi  d'expliquer 
cecte  atlion  ,  tout  s'eft  divife. 

Galilee  ayant  rennrque  que  dans  la  revolution  joutnaliere  de  la  terre  , 
les  parties  expofees  au  foleil  font  emportees  d'un  fens  different  de  celui 
dent  la  terre  eft  mue  par  fon  mouvement  propre  ,  &  qu'au  contraire 
les  parties  de  la  furface  de  I'hemifphere  oppofe  au  foleil,  vont  dans  le 
fens  de  ce  mouvement  ,  en  a  conciu  que  les  parties  de  la  furface  de  la 
teire  font  mues  tantot  plus  vite  ,  tantot  plus  lentement  dans  I'efpace  de 
14  heures ,  Sc  que  les  eaux  de  la  met  ne  pouvant  fuivre  exaiteraent  le 
mouvement  de  la  tetre  ,  font  obligees  de  fluer  &  de  refiner  dans  ce 
meme  efpace  de  terns;  mais  que  par  I'efFet  de  la  tendance  de  I'eau  a  fe 
mettre  en  equilibre  ,  &  de  plufieurs  caufes  particulieres  ,  comme  les 
difFerentes  profondeurs  de  la  met  ,  la  diredtion  de  cotes,  &c.  le  flux 
peut  acceleter  de  1  ,  3,  4  ,  5  a  5  heures  ,  ce  qui  fait  qu'on  obferve  ordinaire- 
ment,  dit  il  ,  dans  la  Mediterranee   le    flux  de   6  heures   en  6  heures. 

A  i'egatd  des  periodes  des  mareei  qui  fuivent  ceiles  des  mois  lunai- 
TES  ,  il  ptetend  qu'elles  font  produires  par  I'inegalite  du  mouvement  de 
la  terre  qui  acquiert ,  felon  lui,un  plus  grand  degte  de  vitefTe  lorfque 
la  lune  eft  en  conjondtion  que  lorfqu'elle  efb  en  oppofition,  d'oii  il  fuivroit 
en  admettant  meme  cette  acceleration  inconnue  aux  Aftronomes,  que  les 
marees  qui  arrivent  dans  les  conjonftions  feroient  difFerentes  de  ceiles 
qui  arrivent  dans  les  oppofitions,  &  que  ceiles  des  quadratures  feroient 
les  plus  uniformes  de  routes,  ce  qui  efl  contraire  a  I'experience. 

Enfln  Galilee  attribue  les  inegaiites  de  la  periode  annusUe  des  marees 
aux  difFerentes  combinaifons  du  mouvement  annuel  &  du  mouvement 
journalier  ,  fuivant  les  difFerentes  fituations  de  la  terre  fur  I'ecliptique  ; 
car  la  revolution  joutnaliere  fe  faifanc  autour  des  poles  de  I'equateur  &  la 
revolution  annuelle  autour  des  poles  de  I'ecliptique  qui  en  eft  eloigne 
de  ij  fdegres,  il  fuit  que  lorfque  la  terte  efl  dans  les  rropiques,  ces  deux 
revolutions  fe  font  dans  le  meme  fens,  au  lieu  que  lorfque  la  terre  eft  dans 
les  equinoxes,  les  diredions  de  ces  deux  mouvemens  font  indinees  I'une  a 
I'autre  de  ij  f  degres.  Il  y  a  done  alors  une  compofition  de  mouvemens 
diftevente  de  celle  qui  arrive  lorfque  la  terre  eft  dans  les  tiopiqucsj  mais 
cette  difference  donneroit  les  plus  grandes  marees  pour  les  fol-ftices,  auiieu 
qu'ellesarrivent  conftamment  dans  les'equinoxes.  D'ailleurs,  fuivant  ce  fen^- 
timent,lesciifFerens  degres  de  vitefte  du  mouvement  annui.1  de  la  terie  iorf- 
qu'eire  eft  dans  fon  aphelie  ou  dans  fon  perihelie,  devroient  aufG  caufer 
une  difference  tres-fenGble  entte  les  marees  du  folftice  d'ete  &  celies  da 
folftice  d'hiver,  cequi  eft  contraire  k  I'obfervation. 


ACADEMIQUE.  ij5 

Defcartes  ,  mieux  inftruit  que  Galilee,  des  piicnoinenes  que  I'on  obferve 

dans  les  iiiaiccs  fur  I'Ocean  ,  attribiia  le  Hux  &  rellux  au  niouvemcnt  de  Acad. Royals 
la  lime.  II  jugea  que  la  mniere  celefte  qui  environne  la  terte  ,  itant  mue  des  Scie>xes 
par  le  mouvement  journalier  avec  plus  de  vitede  que  la  cerre  ,  fc  truuvoK  "^  ^  aiiis. 
reirerrc'C  encre  la  terre  iSc  la  lane  ,  ou  plucoc  le  tourbillon  de  la  lune  ,  ce  Anncc  1710. 
qui  obligeoic  la  tene  a  ccJer  un  peu  du  cote  oppofe  ;  que  fes  eaux 
etoL-nt  par  cec  effit  comprimees  de  cote  ic  d'autre  ,  fuivant  la  dircftion 
de  la  luio  a  la  terre  ,  ce  qui  les  faifoic  reHuer  (  difoit-il )  de  cote  &  d'au- 
tre a  la  diftance  de  90  degres  (  tandis  que  daiis  la  verite  elles  s'elevenc 
lorfque  la  lune  eft  au  tncridien  ; ;  que  cet  allre  ctanc  arrive  6  heures 
II  min.  apres  i  la  diftance  de  ^jO  degres  du  lieu  oil  elle  etoit  auparavanr, 
les  eaux  qui  felon  lui  y  avoient  etc  elcvces  ,  s'y  trouvoient  comprimees  alors 
par  I'iinerpofition  de  la  lune  ,  &  la  mer  y  etoit  confequeniment  a  fon  hypo- 
thefe  plus  balFe  (  mais  dans  le  fair  plus  haute  )  qu'en  aucun  autre  endroit ; 
qu'ainli  il  devoir  y  avoir  dans  chaque  lieu  une  viciJlitude  de  haute  &  de 
bafte  mer  ,  non  pas  en  24  heures ,  comme  le  veut  Galilee  ,  mais  dans 
I'efpace  de  li  heures  14  min.  comme  le  prouve  en  eft'et  I'obfervation.  Il 
expliquoit  les  hautes  marees  des  nouvelles  &  pleines  lunes  ,  en  fuppofant 
que  la  terre  a  un  tourbillon  ;  que  ce  tourbillon  eft  elliptique  ,  &  que  le 
^etit  axe  de  cette  ellipfe  eft  toujours  dirige  au  foleil  ;  d'ou  il  fuivoit  que 
la  lune  feroit  plus  prcs  de  la  terre  ,  &  devroit  par  confequent  agir  avec 
plus  de  force  dans  les  f\hgies  que  dans  les  quadratures,  ce  qui  ne  s'ac- 
corde  point  avec  I'obfervation  ;  car  il  arrive  fouvent  que  la  lune  eft  plus 
pres  de  la  terre  dans  les  quadratures  ,  fans  qu'il  arrive  jamais  pour  cela  que 
les  marees  des  quadratures  foient  plus  grandes  que  celles  de  fyfygies. 

Kepler  attribue  la  caufe  du  Hux  &  du  rcHux  de  la  mer  aux  corps  de  la 
lune  &  du  (oleil  qui  attirent  les  eaux  de  la  mer  par  une  vertu  a-peu  pres 
femblable  a  celle  de  I'aimant  \  mais  ne  fachant  pas  deduire  de  cette  caufe 
'explication  du  Hux  qui  fe  fait  audi  grand  a  minuit  lorfque  le  foleil  &  la 
une  fontabfents,  qu'a  miili  lorfqu'ils  font  prcfents,  il  conjeftura  que  le 
flux  de  la  nuit  pouvoit  etre  produit  par  la  reflexion  qui  fe  fait  contre  Ie$ 
cotes  de  I'Amerique  ,  des  eaux  que  la  lune  a  entrainees  avec  elle  ,  &:  re- 
ciproquement  par  la  reflexion  qui  fe  fait  contre  les  cores  de  I'Afrique  & 
de  1  Kurope  ,  des  eaux  que  la  lune  aniene  a  fon  retour. 

Newton  adoptant  le  fentiment  de  Kepler,  attribue  les  marees  a  la  force 
d'attradion  qu'il  reconnoit  dans  la  lune  &  dans  le  foleil;  il  deduit  de  cette 
caufe  les  marees  meme  qui  fe  font  la  nuit  &  dans  I'abfence  de  ces  deux 
aftres  ;  car  I'attradtion  agilFant  avec  d'autant  plus  de  force  que  la  diftance 
eft  plus  petite  ,  felon  une  certaine  proportion  ,  lorfque  la  lune  &  le  (oleil 
font  dans  le  meridien  de  nos  antipodes  ,  la  furface  de  leur  hcmifphere 
inferieur  eft  plus  fortement  attiree  quo  le  centre  du  globe  ,  &  ce  centre 
plus  que  la  furface  de  notre  hemifpiure  fuperieur  ,  d'ou  il  fuit  que  le  fluide 
qui  couvre  I'hemifphere  inferieur  doit  s'elever  vers  ces  aftres  plus  que  le 
centre  ,  &  celui-ci  plus  que  le  fluide  qui  couvre  I'liemifphere  fuperieur  , 
proportionnellem«nt  a  I'exces  de  la  force,  par  laquelle  chacun  de  ca  points 
eft  attire  ,  &  par  confequent  le  fluide  b'clevera  ou  paroitra  s'elever  aux 
deux  points  oppofcs  qui  font  dans  la  ligne  par  oii  pallc  le  foleil  ou  la  lune  , 

Vij 


15^        ~"~^  COLLECTION 

&  il  y  aura  rnaree  en  tneme-  terns  &c  chez  nous  &  chez  nos  antipodes.  A 

AcAD.RoYALE  mcfufe  que  la  terre  courne  d'Occidenc  en  Orient,  elle  piefente  fucceffive- 

DES  Sciences     ment  a  I'adtion  de  ces  deux  aftres  de  nouveaux  points   de  fa  furf.ice  ,  S: 

DE  Paris.       p^^  confequent  ia   mer  doit  s'elever  fucctffivement  dans  l.i   dirtftion  de 

AnrM    17 10.    I'Ell:  a  I'Outft  ,  ce  qui  produit  le  courant  general  obfcrvc  d.ins  la  mer  cntre 

les  tropiques  ,  &:  qui  eft  fort  fenfible  dans  les  detroits   de  Magellan  ,  de$ 

Manilles,  &.c.  &  dans  les  golfes  de  Paria  ,  du  Mtxique,  &c. 

Scion  les  calculs  de  Newton  la  plus  grande  hauteur  de  la  rnaree  doit 
arrivtr  moins  de  fix  heures  apres  le  paffage  de  la  lune  ou  du  fo  eil  par  le 
rneridien  ,  commc  on  I'obferve  dans  la  partie  orientaie  de  la  met  Atlinti- 
que  &  Ethiopique  ,  entre  la  France  &  le  Cap  de  Borne- Efperante  ,  ik  fur 
Its  lotes  du  Ch  li  &  du  Perou  de  la  mer  Paufique  ,  ou  le  flux  de  la  mer 
arrive  environ  fur  la  t:oifieme  heure. 

Selon  les  memes  calculs  l'r.dion  folaire  eft  a  celle  de  la  pefanteur  com- 
me  '  a  118681000  ,  &  1'  6bion  lunaire  paroit  etre  quadruple  de  celle  da 
foleil ,  mais  moindre  fe'on  d'autres.  Dans  les  fyfygies  ,  c'efta-dire  dans 
les  conjondions  &  oppofitions,  I'adtion  de  ces  deux  aftres  confpire  au  me- 
me  effet  qui  eft  d'tlevcr  les  eaux  ,  &  de  la  les  hautes  marees  \  dans  les 
quadratutes  au  contraire  ,  le  foleil  qui  eft  alors  a  environ  90  degres  de  la 
lune  ,  eleve  les  eaux  dans  I'endroit  oii  la  lune  les  abbaille  ,  &  de  la  les 
petites  marees  des  quadratures  ;  mais  comme  I'effet  de  la  lune  eft  plus 
oranl  que  celui  du  foleil,  la  plus  grande  hauteur  de  la  mer  doit  arriver  a 
la  troifieme  heure  lunaire  :  il  appelle  heure  lunaire  la  vingt- quatrieme 
partie   du   terns   qu'employe   la  lune   a  revenir   au   rneridien    du   meme 

Newton  juge  audi  que  les  effets  du  foleil  &  de  la  lune  font  d'autant 
plus  grands  qu'ils  agilTent  de  plus  pres,  &  cela  en  raifon  triplee  desdia- 
metres  appareius  ;  que  par  c  nfequent  toutes  chofes  egales,  le  foleil  etant 
I'hiver  dans  Ion  perigee  ,  les  marees  doivent  etre  un  peu  plus  grandes  dans 
cette  (aifon  qu'en  etc  ,  &c.  , 

Il  ajoutc  que  I'efFet  de  ces  deux  aftres  depend  de  leur  diftanc e  a  Tequa- 
teur  j  que  s'iU  etoient  I'un  &c  I'autre  dans  la  diredlion  du  pole  ,  ils  attire- 
roient  toutes  les  eaux  uniformement ,  fans  flux  ni  reflux  ;  Si  qu'ainfi  ,  en  s'e- 
loignant  de  Tequateut  ils  perdent  peu  a  peu  leur  efl^ort ,  &  produifenr  par 
cette  raifon  des  marees  plus  petires  dans  les  fylygies  des  folftices  que  dans 
celles  des  equinoxes.  Mais  dans  les  quadratures  des  folftices  ,  les  marees  doi- 
vent etre  plus  grandes  que  dans  les  quadratures  des  equinoxes,  parce  que 
I'efFet  de  la  lune  qui  eft  alors  dans  I'equateur ,  furpalfe  celui  du  foleil ,  ce 
qu'il  dit  s'accofder  avec  lexpetience. 

Newton  trouve  audi  que  les  efFcts  de  la  lune  &  du  foleil  dependent  de  la 
latitude  des  lieux  {a)  qu'on  peut  confiderer  la  mer  partagee  par  le  flux  en 
deux  hemifpheroides ,  I'un  au  nord  &  I'autre  au  raidi;  que  les  marees  de 
ces  deux  hemifpheroides  oppofes  palTent  fucceflTivement  par  le  rneridien 
de  chaque  lieu  dans  I'efpace  de  douze  heures  ^  que  les  pays  feptentrionaux 
patticipenc  plus  de  la  rnaree  boreale ,  &;  les  meridionaux  de  la  rnaree  auf- 


(a)  Lc  flux  n'eft  plus  fenfible  au-dela  du  6 ; mc  aegrede  latitude  Nord. 


I 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  757 

trale ,    8c    qu'ainfl   hors  Ae  I'cqu.iteur  ,  les  marees  de   cliaque  jour  font  ^^— — ■         ■ 
alternativeineiit   plus  ^randes  ou  plus  petites  [a].    La   plus  grande   marce   Acad. Royale 
arrive  trois  h  urcs  apics  Ic  p.idaae  de  la  lunc*  par  Ic  meridien  ,  lorfque     des Sciences 
cette  planete  decline  d     I  I'-quinodlia!  vers  le  zenith  ,  &  la  June  changeant        I'E  Paris. 
de  dcclimifcn  ,  la  marce  (era  plus  petite.  AnnU  1710. 

La  plus  f;rande  differ'  nee  encre  ks  m.uees  d'un  mcme  jour  doit  avoir 
lieu  dans  le  terns  des  folftices,  principalement  lorfque  le  nocud  afcendant 
de  la  huie  ell:  au  commencement  d' Aries.  Aufli  at  on  trouve  par  expe- 
rience que  dans  1  hiver  la  maree  du  matin  eft  plus  haute  que  celle  du  foir 
a  Pli.nouth  ,  d'envifon  un  pied  ,  &  de  quinze  pouces  a  Brifto). 

Elevation  dcs  Maixcs  en  differents pays. 

XjE  long  des  cotes  de  Barbarie,  depuis  le  Cap  de  Geer  juf- 

qu'au  dtttoit,  la  mer   monte   de lo   pigds                            ' 

Depuis  le  dctroitjufqu'au  Cap  Sainte-Marie  en  Efpagne.      ,  10 

Deli  jufqunu  Cap  liniflerre ij 

De  la  a  Saint  Jean  de  Luz ,, 

Sur  les  cotes  de  Guienne  &   Gafcogne i  r 

Sut  les  cotes  d'Aunis  &  de  Poitou.      ..'.....  is 
Sur  Ls  cotes  mcridionales  de  Bretagne,  depuis  rembouehure 

de  la  Loire  jufqu'au  raz  de  Fontenay 18 

Dans  les  radcs  de  Douernene  iSc  de  Bcrtaume 20 

A    I'lfie   de   Bas ".  jj 

Aux  (ept  Ifles jq 

A  Btehat ,  Saint-Malo  &  Cancale .r 

A  Grandville  &  aux  liles  Angloifes 3(^340 

Depuis  la  Houg'.ie  jufqu'au  chef  de  Caux  &  au  Pas  de  1 8 

Calais j  >5 

Du  Pas  de  Calais  . a  I'Efcaut  en  dedans  des  bancs.     ...  18 

au    large  des  bancs.       ...  15 

Aux  embouchures  de  I'Efcaut  &  de  la  Meufe  &  hors  le 

Texcl jp 

En  rade  des  Marchands  ,    en  dedans  du  Texel.     ...  j  5 

A  Amilerdam y 

Sur  les  cotes  d'Allemagne  de  Hambourg,  jufquesdans  le  Fade 

au-dcla    de  Bremen j- 

Sur   Iss   cotes  de  Dinnemark.     ...     - 15 

Aux  Ifles  Sorlingues  a  I'Ouefl  de  I'Angleterre  jufeju'au  Cap 

Lezard.          ^q 

Du  Cap  Lezard  a  Gouftard  &  de  Porland  a  I'lfle  de  Wieht.  2^ 
Dans  la  Rade  de  Sainte  Helene ,  &  au  NorJ  de  I'lfle  de 

Wicht iS 


(d)  En  s'avanqant  plus  loin  vers  le  pole  il  nc  doit  plus  y  avoir  qu'un  fliiT  &  qu'un 
tn  14  hcures;  parce  que  dans  ccs  climars  H-ptcnrrionaux  la  liinc  erant  au-diflcus  du  ...c.i- 
dicn  ,  fe  trouve  a  unc  diftnnce  aflez  peu  dilftrcnte  de  jo  dc2;rc's  pour  que  les  cam  doivc.nt 
s'abaillei  alois  au  lieu  dc  s'ekvcr,  Y.  I' Encydopidk  au  /«'.'.•  Jliix  if  ref.ux. 


reflux 
mc'ri- 


Acad.  RoYAiE 

VES  Sciences 

DE  Paris. 

An  nee   17  10. 


158.  COLLECTION 

Le  long  de  la  cote  en  allant  vers  les  Dunes.     ...'.'.       liJ  piedj. 
Dans  la  rade  des  Dunes ,  &  depiiis  I'lile  Tanor  jufques  devant 

la  Tamife 

Depuis  I'entree  de   li   Tamife  jufques  devant  Yarmouth. 
Au  Nord  d'Yarmouth  jufqu'aux  cotes  feptentrionales  d'Ecof- 

fe  He  aux  Ifles  Orcades ,      .     .     . 

Sat  les  cotes  d'Ecolfe  &  d'Irlande ,  ainfi  que  des  Ifles  ad- 

jacentes 18 

A  Venife 

Dans  I'Archipel  &  nu  fond  de  la  .iier  noire. 

Le  flux  n'eft  pas  fcniible  dans  le  refte  de  la  Mediterranee. 

En  general  dans  la  Zone  Torride J 

A  Panama 

Dans  la  Baie  de  Hudfon 

Au  Port  de  Saint-Julien  ,  vers  I'extremite  de  la  terre  Magel- 

lanique 20   a 

Au  Port  de  Ciiequetan ,   30  lieues  Oueft  d'Acapulco.     . 
A  remboucliure   de  la    Riviere  des  Emeraudes.     .     .     . 

A  Guayaquil  au  Perou.     , 

A  rifle  Gorgone  fur  la  men;e  cote.     .      ...... 

Aux  Ifles  Lobos  fur  la  meme  cote 

A  rifle   de  Jean  Fernandez ,.     .     .     . 


1 1 
18 

iO 

5 


ou  4 

16 

16 


A  I'entree  orientale  du  dctroit  de  Magellan. 


25 

5 

16 

16 

14 

i 

7 
II 

30 
i 
5 
5 

9 

70 


A  I'embouchure  de  la  Riviere  des   Amazones.     .     .      . 

Aux  Antilles 

A  Louisbourg 

Au  detroit  de  Fronfac , 

Au  palfage  de  Bacareau  fur  la  cote  de  I'Acadie.     . 

Au  fond  de  la  meme  Baie,  a  ce  qu'on  dir.    .      .      .    <jo  a 

Aux  Canaries , 7aS 

Le  long  des  cotes  de  Guinee  en  general 3 

Ibid.  Aux  embouchures  des  Rivieres  &  entre  les  Ifles.     5    a  (J 
A  I'embouchure  de  la  Riviere  de  Saint-Vincent.    .     '     .     .       9 

Au  Cap   Corfe  fur  la  cote  d'Or (Jay 

Entre  I'lfle  de  Loanda  8c  la  Terre  ferme  d' Angola.     .     .     435 

A  I'embouchure  de  la  Riviere  de  Quanza 8 

Au   Cap  de   Bonne -Efperance j 

Au-delfous  de  Suaquem  dans  la  mer  rouge 10 

Dans  la  Baie  de   Suaquem 4- 

Sur  les  cotes 6 

A  7  lieues  au  Nord  de  Suaquem ,  a  ce  qu'on  dit.    .     .        33 
Vers  Sue»,  encore  plus  haut. 

A  Aden  en  Arable (Jay 

A  Tamarin  aux  Indes  orientales 1  i 

Aux  Moluqiies  &  fur  la  cote  occidentale  de  I'lfle  Formofe.  334 


pouc. 


AC  A  D  £  M  I  Q  U  E.  15? 


ACAD.ROYAI-E 

Extrak  dc  I'Ejfai  Phyfiquc  dc  I'Hifoire  de  la  mer,  dedie       »es  Sciences 
a  I' Academic,  par  M.  k  ComU  Marsigli.  ^^  \^^^^- 

■     Annie  17  lo- 

LJ  N  fqour  que  M.  le  comte  Marfigli  fie  fur  les  cotes  de  Provence  &  de 
Laiiguedoc  ,  I'engaoea  a  etudier  particulierement  la  mcr  :  la  maniere  dont 
ii  s'y  eft  pris ,  fuffiroit  pour  faire  bien  entendre  re  que  c'eft  que  le  genie 
d'obfervation ,  &  pour  en  donner  un  modele ;  fon  delFein  eft  aufli  vafte 
que  le   fujet ;  il  en  a  embralfe  routes  les  parties,   &  il  a  entrepris  de  faire 

far  luimeiiie  routes  les  experiences  qui  pouvoient  y  avoir  rapport.  Si 
on  avoir  un  nombre  (uftifant  d'auffi  bons  mcmoires  fairs  par  cies  obfer- 
vateurs  qui  eulTent  ete  portes  en  diffcrens  endroits  du  monde  ,  on  auroic 
enfin  une  iiiftoire  naturelle. 

L'ouvrage  de  M.  le  C.  ^^.  eft  fi  confiderable ,  que  les  extraits  que  I'aca- 
demie  en  fit  faire  par  M"  Maraldi  &:  Geofroi  ,  furent  eux  mcmes  d'aflez 
grands  ouvrages.  Nous  n'en  donnerons  ici  qu'uneidee  fans  compaiaifon 
plus  abregee,    &  nous  nous  aiderons  beaucoup  de  leur  travail. 

L'hiftoire  de  la  mer  eft  divifee  en  cinq  parties.  La  premiere  traite  de 
la  difpofition  du  fond  ou  du  baflln  de  la  mer  5  la  feconde  ,  de  la  nature 
de  I'eau  \  la  troifieme  de  fes  mouvemens;  la  quatrieme  des  plantes  qui 
y  croiffent  j  la  cinquieme  ,  des  poiftbns.  Cette  dcrniere  partie  n'eft  pas 
achevee  &  I'academie  n'en  a  encore  rien  vu  :  tout  eft  accompagne  d'tine 
grande  quantite  de  figures  faites  avec  beaucoup  de  foin. 

Pour  reconnoitre  la  nature  &  la  difpofition  des  cotes  ,  il  a  fait  dans 
des  barqu'S  diffcrens  petits  voyages,  qui  font  tous  compris  er.tre  le  Cap 
de  Sifseprcs  de  Toulon,  &  le  Cap  d'Agde  en  Langucdoc.  II  en  a  fait 
d'autres  en  mer  &  quelquefois  jufqu'a  onze  lieues  pour  examiner  la  pro- 
fondeur  &  la  nature  du  fond.  Il  a  rrouve  que  le  golfe  de  Lyon  eft  coupe 
en  deux  par  une  cote  cachee  fous  I'eau  j  que  la  partie  qui  eft  depuis  la  terre 
jufqu'a  cette  cote,  ne  pa(Ie  pas  foixante-dix  brades  de  prolondeur ,  & 
que  I'autre  qui  eft  vers  le  iar^e,  en  a  cent  cinquante  en  quciques  endroirs  , 
&  quelquefois  rant  qu'e  le  ne  peut  tire  fond'.e-,  il  la  nomme  X'Atimi:  il 
a  recherche  quelle  ctoit  la  confor.Tjjtion  du  terrein  ,  c'eft-a-dire  ,  I'arrran- 
gcment  des  diftcrens  bancs  ou  lirs  de  terre,  de  fable  ,  de  roche,  &c. 
non  feulement  dans  la  cote,  mais  dans  Its  ides  ou  ^cueils  voifins.  Cette 
conformati  n  s'eft  trouvee  femblable  ,  de  forte  que  les  illes  ne  font  que 
des  fragmcns  de  la  terre  ferme  ,  &  qu'appare.rment  le  fond  de  la  met 
en  eft  une  continuation  j  de  la  on  peut  conjefturer  ,  comme  M.  M.  que 
le  globe  de  la  terre  a  une  ftrufture  determinee  ,  organique  ,  &  qui  n'a 
pas  fouffett  de  grands  changemeni  ,  du  mains  depuis  un  temsconfide- 
rable. 

11  fait  voir  que  les  lits  de  fel  &  de  birume  font  meles  entre  des  lits 
de  pierre  ,  &  quo  fir  le  fond  n.iiurtl  de  !a  mer  ,  il  s'eft  forme  un  fond  acci' 
dcnul  par  le  melange  de  diffcrentes  matieres  ,  fible,  coquilliges,  vafe, 
&c,  que  la  glutinofitc  dc  la  mcr  a  fortement  unies  &  coUees    enfembis. 


t6o  COLLECTION 

-.!■■  I  .    ..  Sc  qui  font  enfuitc  durcies  rneme  quelquefois  jufqu'a  fe  petri-fier.  Comnii 

AcAD.RovALE  ces  incruftations  fe  font  par  couches  ,  il  yen  a  telles  oii  les  pccheurs  dif- 

D£s  Sciences     tingaent  ces  augmentations  annuel'es  ;  elles  ont  une  variete  furprenante 

DE  Paris.       de  couleurs  qui  quelquefois  penLtrent  jufque  clans  la  fubftance  pitrreufe, 

Annie    1710.    mais    le  pins    fouvenc   ne  font  que  fuperticielles  &  fe  did^pent  hors  de 

I'eau  :  quelques- unes    des   matieres   qui    formcnt  ces  incruftations ,  one 

donne  par  la  chimie  des  principes  fi  lemblables  a  ceux  des  plantes  n-a- 

rines ,   qu'on   pourroit   les  foupgonner  d'en  ctre  ,  d'autant   plus  qu'elles 

font  quelquefois  toutes  difpofees  pit  filamens.  Ce  feroient  des  mouffes 

de  met  dures  ,  ou  des  lichens   qui  s'attachent  a  la  pierre  &  en  ont  pref- 

que  la  ciurerc. 

!l  a  paru  a  M.  M.  par  un  thermometre  plonge  dans  I'eau ,  que  le  degrede 
chaleur  y  eft  egal  a  difteientes  ptofondeurs ;  qu'en  liiver  il  eft  un  peu  plus 
grand  dans  cette  mer  que  dans  i'air ,  &  au  rontraire  en  ere  ,  mais  alTez 
fouvent  egal.  Cependant  M.  M.  a  obfetve  auffi  que  plufieuts  plantes  de 
la  met  s'accordent  avec  celles  de  terre  pour  repoulTer  au  printems  plutot 
qu'en  d'autres  faifons.  \^n  accident  empeclia  que  les  experiences  fur  la 
clialeur  de  la  mer  ne  fulfent  continuces  autant  qii'il  auroit  fallu. 

Selon  lui  ,  I'eau  de  la  mer ,  on  fuppofe  qu'elle  foit  bien  choifie  ,  eft 
plus  claire  &  plus  brillante  qu'aucune  autte  eau  \  quant  a  fa  couleur ,  elle 
depend  &  du  fond  &  du  ciel  ,  &  de  tant  d'autres  circonftances  jufqu'ici 
nioins  connues,  que  toutes  les  experiences  de  M.  M.  lui  lailFent  encore 
fur  ce  fujet  beaucoup  a  defirer.  Il  eft  plus  aife  de  determiner  les  caufes 
de  foil  amertume  &  de  fa  falure  ;  car  il  faut  bien  remarquet  I'amertume 
comma  differente  de  la  falure  :  celle-ci  eft  produite  par  la  difTolution 
des  lits  ou  bancs  de  fel  ,  &  I'autre  par  la  diflolution  des  lits  de 
bltume.  L'eau  eft  plus  propre  a  dilToudre  le  fel,  que  'le  bitume  ,  qui 
eft  une  maciere  huileufe ;  aulTi  dans  l'eau  de  met  la  dofe  du  fel  eft- 
elle  beaucoup  plus  forte  que  celle  du  bitume.  M.  M.  ayant  pris  25  onces 
a  gros  d'eau  de  citerne  pour  en  faire  de  l'eau  de  mer,  il  y  mit  fix  gros  de 
fel  commua  ,  &  feulemeiit  48  grains  d'efprit  de  charbon  de  terre ,  car  le 
charbon  de  tette  eft  un  bitume  ,  &C  d'aiileurs  il  s'en  troiive  des  mines 
dans  les  montagnes  de  Provence  ,  &  avec  ce  melange  il  eut  une  eau  de 
merartificielle  du  meme  gout  que  la  naturelle.  Ces  4S  grains  n'augmen- 
terent  point  le  poids  de  l'eau  pefee  pat  I'areometre.  La  petite  quantite  & 
la  legerete  de  cette  matiere  bitumineufe  ,  font  que  l'eau  de  mer  diftillee, 
&  qui  par  la  diftillation  a  perdu  fa  falure  ,  n'a  pas  pour  cela  perdu  fon 
amertume  &  un  gout  defagrcable  ,  ni  meme  ,  a  ce  qu'on  pretend  ,  une  qua- 
lite  mal  faifante.  La  diftillation  qui  fe  fait  narurellement  par  le  foleil ,  & 
qui  eft  alfez  differente  de  celle  d'un  alembic,  purge  parfaitement  l'eau  de  mer 
de  fon  bitume.  Il  ya  danila  terre  tant  de  matieres  differentes  que  lamer 
lave  ,  &  dontelle  doit  enlever  des  particules  ,  qu'on  peut  aflezlegitimement 
croire  que  le  bitume  n'^^ft  pas  le  feul  ptincips  qui  s'y  mele  avec  le  fel. 

Par  ce  que  nous  venons  de  dire  ,  on  voir  que  (ut  24  onces  d'eau  de  mer  , 
il  y  a  fix  gros  de  fel  ,  ou  ,  ce  qui  eft  la  meme  chofe  ,  qu'elle  contient  de 
fel  la  3i™=  partie  de  fon  poids.  Mais  cela  n'eft  vtai  que  de  l'eau  prife 
a  la  furface  de  la  mer ;  celle  du  fond  eft  plus  alee ,  6:  a  la  25  ™=  partie 

de 


A  C  A  D  £  M  I  Q  U  E.  «<?« 

de  fon  poids  de  fel.  Les  eaux  plus    f.ilecs  font  sufll   plus  pefantes;  celles  ::^= 
qui  lone  fur  \.\  furhice  de  la  mer  .i  rembouihure  du  Klijnc  ,  fort  .t'linc-   Acad.  Ro\A 
}^i  p.irtie  pUis  Icgcres  que  les  eaux   plus  eioignees  p.ueillcnnnt   fupJifi-     ''"g '^j'^^^^'^jj " 
ckIL-s,  <Si  ctlL'sci  encore  plus  Ir^eres  que  celles  qui  tunc  plu    el'.)ii;ncts       ,^^^^^  "     ^'^ 
de   cerre. 

U  eft  afTez  c'ronnant  que  I'eau  de  la  mer,  a  qui  le  ftl  n'a  pas  manque, 
n'en  n'air  pis  dillout  tout  ce  qu'elle  en  pouvoit  <iiirou.Ue.  Par  ks  i-Xpc- 
riences  de  M.  M  une  quintite  d'eau  qui  doit  en  contenir  6  gros ,  en  dif- 
fout  encore  4^  >  '•'^  ^  ^^^  ^<^  '"6''  arc'fi-'c'He  5.  U  conjedVure  que  les  ani- 
majx  :<c  les  plantes  de  I.1  mer  confumcni  une  partie  de  Ion  fel;  qu'il  s'en 
dillipe  une  auire  partie  en  lair;  que  les  eaux  douces  qu'elle  n^oic  non- 
feuLiiTjnt  par  les  rivieres,  m.iis  paries  fources  de  (on  toiul ,  la  delF  lent 
encore  ;  mais  avec  tout  ccla  il  ne  pretend  pas  que  la  diiii^uitc  lolt  entie- 
renieiit  levcf. 

Il  a  fait  pair.r  1  4  livres  d'eau  de  mer  au  travcrs  de  15  pots  de  tcrre  , 
qu'il  a  fuccelTivement  r^mplis  de  terre  de  jardin  &  de  fable  dc  mer.  S  its 
avoient  cte  joints  enfcmble  ,  ils  auroier.t  fait  une  calcade  dc  7^  pouces 
de  long  &  de  5  de  large.  Lis  14  livres  d'eau  ayant  palle  &  par  le  l.ible  & 
par  la  terre,  ont  cte  egalement  reduitcs  a  ^  livres  1  onces  ,  mais  elles 
out  ete  mieux  dellalecs  par  le  fable  ,  &  dcpouiU^es  d'line  plus,  grande 
quantitede  Icur  poids.  Si  la  cafcade  de  fable  avoir  cte  double  en  longueur  , 
on  peut  croire  qu'elles  (eroient  devenues  prefque  infipides  :  par  ce  moyen 
I'eau  de  la  mer  pourroii  devenir  douce  en  fe  filtrant  d.ins  les  entrailies  de 
la  terre  ,  fi  au  bout  d  un  certain  terns  les  filtres  ne  fe  remplilloient  pas 
du  fel  qui  y  a  ete  depofe. 

Le  fel  des  eaux  fuperficielles  eft  blanc  ,  8i  celui  des  eaux  profondes  cen- 
dre  obfcur.  Le  premier  eft  le  feul  a  qui  Ton  troiive  de  I'acide  ,  il  eft  d'un 
fjle  plus  morJant,  N:  d'une  amertume  beaucoup  moins  fenfihle  :  deli 
vient  qu'a  Peccais  en  Languedoc  ,  oil  Von  tire  du  fel  d'eaux  profo  'des 
de  puits,  il  faut  ie  lailler  expofe  a  I'air  du  moins  pendant  trois  ans  > 
avant  que  de  le  dcbiter  ;  ce  terns  lui  eft  necefTaire  pour  fe  depouillec 
d'une  amertume  qui  feroit  infupportable.  Nous  (upprimons  un  grand  noni- 
bres  d'obfervations  fur  le  fel  matin  patce  que  cette  matiere  eft  plus 
connue. 

M.  NJ.  n'a  pas  eu  le  loifir  de  fe  contenter  pleinetnent  fur  le  fait  du 
bitume  contenu  dans  I'eau  ds  la  mer  ;  il  croit  cependant  que  c'eit  ce  qui 
produit  rondluofitc  naturelle  de  cettc  eau  ,  que  la  didillation  m:me  ne 
lui  ore  pas  i  la  grande  quantite  de  glu  qui  s'attache  fur  les  pierres  Si  fur  les 
plantes  ;  lumon  de  tant  de  corps  het(?rogenes  qui  fe  collent  enfcmble  ; 
ce  tartre  qui  endurcit  en  quelqucs  enJroits  le  fond  de  la  mer  ,  ou  en- 
durcit  plulieurs  fortes  de  mati-.res  &;  principakment  ks  litliophitons , 
plantes  marines.  I!  a  commence  en  difFerens  terns  (ur  ks  r.irtuifations 
de  la  met  des  experiences  qui  n'ont  pu  etre  fuivics  alFez  loin  :  il  a  obferve 
que  les  legumes  cuiis  dans  I'eau  de  la  mer,  en  fortent  plus  durs  qu'on  ne 
les  y  a  mis  ;  que  la  chair  de  mouton  y  devient  plus  blanche  •^  plus 
ten.ke  que  dans  I'eau  douce,  mais  fort  f.ilce  6i  fi>rt  amere  ;  que  le  pain 
fait  avec  I'eau  de  mer  eft  falc  ,  Sc  fe  peut  manj^er  pendant  qu'il  tft 
Tome  III ,  Partie  Fran^olft.  X 


LE 


iSi 


COLLECTION 


Acad.  RoYALE 

BEs  Sciences 

SE  Paris. 


tendre  ;  niais  que  lorfqu'il  eft  raflis  il  prend  une  amertume  exceflive. 

La  mer  a  trois  forces  de  mouvemens  ,  le  dux  8c  reflux  ,  les  courans 
&  I'ondulation.  On  fait  que  la  Mediterianee  n'a  point  de  flux  &  de 
reflux,  du  moins  dans  fon  tout  ;  5c  enefFet  ,  felon  le  fyfteme  ordinaire, 
Annee  ijio.  elte  n'en  doit  point  avoir,  puifqu'elle  n'eft  pas  fur  la  route  de  la  lune : 
cependanc,  comme  un  flux  &  reflux  pen  fenfibie  auroit  pu  facilemeiic 
echapper  aux  obfervations  que  Ton  fait  communement  ,  M.  M.  en  a  fair 
de  nouvelles  &  auxquelles  ce  tnouvement  ne  fe  feroit  pas  derobe ;  il  ne  s'eft 
point  du  tout  fau  appercevoir  dans  les  endroits  oii  Ton  obfervoit. 

M.  M.  n'a  rien  decouvert  de  regie  fur  les  courants  ,  quoiqu'il  n'y  ait 
pas  epargne  fes  voyages,  ni  fes  peines.  Il  ii'a  pu  verifier  ce  qu'on  die 
communement  de  ce  fameux  couranc  qui  cotoie  la  Mcditerranee ,  com- 
me s'il  etoit  forme  par  I'entree  des  eaux  de  I'Occan  &  par  leur  retour  :  mais- 
il  croit  avoir  reconnu  une  chofe  fort  finguliere  :  pendant  I'ete  &  dans  le 
tems  de  la  peche  du  corail ,  on  apper^oit  a  la  cote  de  I'abime  un  couranc 
qui  paroit  avoir  rapport  au  mouvement  du  foleil  fur  I'horizon  ,  mais  de 
maniere  qu'il  lui  eft  coujours  oppofe.  Lorfque  le  foleil  eft  dans  lapartie 
orientale  de  fon  cours  diurne  ,  c'eft-a-dire  depuis  fon  lever  jufqii'a  midi , 
le  courant  va  a  I'Occident ;  a  midi  il  fe  tourne  au  Nord  ,  enfuite  a  I'Orient : 
on  n'a  pas  marque  fi  a  minuit  il  alloit  au  Sud  ;  cela  conviendroit  au 
refte  ,  &   paroit  meme  neceffaire. 

Quant  a  I'ondulation  ,  il  fuffic  d'en  connoitre  les  exces.  M.  M.  a  ob- 
ferve  entre  Maguelone  &:  Peyrole  ,  que  dans  une  grande  tempete  les 
ondes  s'clevoient  jufqu'a  fept  pieds  fur  le  niveau  ordinaire  de  la  mer : 
aux  rivages  moncueux,  comme  font  ceux  de  Provence  ,  un  vent  furieux 
de  Lebi/'che  n'y  fait  elever  I'eau  que  de  cinq  pieds ,  mais  la  percuffion 
quelle  fait  contre  les  roches  ,  la  pouflTe  quelquefois  jufqu'a  huit  j  cela 
n'eft  pas  comparable  aux  tempetes  poetiques. 


A  C  A  D  ^  M  I  Q  U  E.  ifij 


Af  AD.  RoYAtE 

Obfcrvations  relatives  a  rHiJloire  Meteorolog'tque.  ^e  1'aris. 

A^'ANNEE  1710  a  et6  I'une  des  plus  fcclies  qne  nous  ayons  eue  il  jr  a    Anmt  1711. 
lon^-tenis  ,  elle  a  etc  n^anmoins  fore  abondante  en  grains  ,  coinme  il  arr.ve 
toujaurs  dans  ces  pays-ci ,  a  caufe  que  la  plupart  dcs  terrcs  y  fonc  fiakhes 
&  humides. 

11  n'eft  point  tombc  de  neige  a  la  fin  de  I'annce  ,  mais  au  commence- 
ment il  a  neige  mcdiocremcnt ,  &  cela  vers  le  milieu  du  mois  de  Janvier  , 
ce  qui  me  donne  occafion  de  faire  les  experiences  fuivantes. 

Le  10  Janvier  au  matin  ,  j'enveloppai  la  boule  de  mon  tliermometre , 
qui  eft  toujours  expofe  dans  la  tour  decouverte  de  I'Obfervatoire ,  d'une 
trcsgrande  quantite  de  neige  ,  &  aprcs  I'y  avoir  lailfe  trois  heures  entieres, 
je  ne  remarquai  point  que  I'efprit  de  vin  eut  change  de  hauteur  dans  le 
tuyau  J  il  etoit  alors  a  17  parties,  &  il  commence  a  geler  dans  la  cam- 
pagne  quand  il  eft  a  ji  j  d'ou  Ton  voir  que  I'air  n'etoit  guere  plus  froid 
que  dans  le  commencement  de  la  gelce  \  &  quoique  le  thermometre  monte 
toujours  depuis  le  matin  jufqu'a  midi  &  au  deli  ,  il  ne  changea  pas  de  hau- 
teuf  pendant  trois  heures,  a  caufe  que  le  degrc  de  froid  de  la  neige  !e 
confervoit  toujours  dans  le  mcme  etat ,  le  peu  d'augmentation  de  clialeur 
de  I'alr  n'etant  pas  capable  de  pini^trer  en  fi  peu  de  terns  la  maffe  de  neige 
qui  etoit  autour  de  la  boule. 

Mais  I'air  s'etant  extremement  refroidi  jufqu'au  lendemain  1 1 '  du  mois, 
ce  thermometre  etant  alors  a  \.\\  parties  ,  ce  qui  marque  un  grand  froid  , 
je  repetai  Texpcrience  du  jour  precedent,  &  il  arriva  la  meme  chofe  en- 
core j  le  riiermometre  ayant  fa  boule  couverte  de  neige  ,  fe  foutint  a  li 
meme  hauteur  ou  il  etoit  auparavant  j  d'oii  je  con)e6ture  que  le  froid  de 
la  neige  n'eft  pas  un  froid  qui  lui  foit  propre  ,  mais  qu'elle  prend  feule- 
ment  le  degre  de  froid  de  lair  tel  qa'il  eft  alors,  a  caufe  qu'elle  eft  aflez 
rare  pour  lailTer  la  liberte  a  I'air  de  s'infmuer  peu-a-peu  entre  toutes  fes 
parries,  ainfi  la  neige  ne  fera  rien  a  I'cgard  du  froid,  que  de  conferver 
pendant  quelque  terns  le  froid  de  I'air  dans  un  meme  etat. 

Il  n'y  a  rien  de  confiderable  a  remarquet  fur  les  vents,  fi  ce  n'eft  que 
le  1 1  OAobre  il  y  eut  une  efpece  d'ouragant ,  le  vent  etant  Sud-Sud-Oucft 
fans  pluie. 

Le  thermometre  a  marque  le  plus  grand  froid  de  I'annee,  le  11  Jan- 
vier, etant  defcendu  a  14T  parties  ,  ce  qui  eft  la  marque  d'un  grand  froid  ; 
mais  le  1 1  il  remonta  a  17  ,  oii  il  etoit  le  10  ,  &  depuis  ce  tems-la  ,  le  froid 
ne  hit  que  mediocre. 

Pour  la  chaleur,  ellc  a  cte  audi  meJiocte  pendant  tout  I'cte ;  la  plus 
gr.ande  a  ete  marquee  par  le  thermometre  a  6\  parties,  le  5  Aout  au  lever 
du  foleil  ,  &a  2  j  heures  apres-midi ,  le  thermometre  etoit  a  71  r  parties 
Mon  barometre  ordinaire  qui  eft  toujours  place  a  la  hauteur  de  la 
granJe  falle  de  I'obferv.atoire ,  a  ete  au  plus  haut  a  i8  pouces  J  lignes|, 
k-  jmc  jour  de  Janvier  avec  un  vent  de  Sud,  ce  qui  eft  fort  extraordinaire  , 
car  il  ell  ordinairement  plus  bas  que  hjut  quand  le  vent  eft  au  Sud.  U  a 


'>^^'  COLLECTION 

eteau  plus  bas  le  7  Mars ,  a  7.6  pouces  10  lignes  &f ,  aufli  par  un  vent 

Acad.  RoYALE  de  Sud  ,   &  avec  pluie.  La  difference  eiitre  le  plus   hauc  &  ie  plus  bas , 

"de  Pari's'^^^    ^  '^°"'^    "^    '^ ""    P""*^^  4  ''o"^'  5   "'^   P^"  taom%  qu'a    I'ordinaire ,    qui 
^      ,  'eft  d'un  pouce  6  lignes. 

'      •        Je  remarque  encore  ,  que  dans  tout  le  mois  de  Fevrier  ,  ou  il  n'aplu  que 

fortpeu.  le  barometrea  toujours  ete  trcs-liau:  ,  comme  c'eft  I'ordinaire; 

c'etoit  audi  la  memechofe  dans  la  premiere  moicie  du  mois  de  Septembre. 

J'avertis  encore  ici  que  ,  I'orfqu'on  fait  les  obfervations   du  barometre  , 

il   fiuK  avoir  foin  de  frapper  un  peu  centre  la  monture  de  bois ,  oii  eft 

attache  le  tuyau  ,  sfin  de  ("aire  couler  le  mercure  a  fa  vraic  hauteur;  car, 

comme  il  eft  toujours  adherent  au-dedans  du  tuyau,  il  ne  s'y  meuc  pas 

librement  ,  &  fouvcnt    on    trouve    une    difference    de  f  ligne ,  entre  la 

h.uKeur  011  il  parole  d'abord ,  &  la  vraie  hauteur  ou  il  s'arrete  ,  fur-toiu 

fi  le  tuyau  eft  delie. 


Comparaifon  dc  nos  Obfervations  fur  la  hauteur  de  I'eau  de 
pluic  (S'  fur  k  Barometre  ,  avec  celles  que  M.  Scheuch:^er  a 
faitcs  a  Zurich  en  Suiffe  pendant  Vannee  ij  lo. 


Par    M.     D  E    LA    Hire. 


a  ete 

neanmoins  cette  p  ^ 

ait  obfervees  a  Paris  depuis  I'annee   1699. 

J'ai  donne  dans  ie  memoire  de  I'annee  preccdente  ,  mes  conjedlures 
fur  la  caufe  de  ces  plus  grandes  hauteurs  d'eau  dans  les  montagnes ;  c'eft 
pourquoi  je  n'en  parlerai  pas  ici.  Je  ferai  feulement  remarquer  ,  que  I'an- 
nee 1710  a  etc  plus  feche  qu'a  I'ordinaire  a  Zurich  comme  a  Paris. 

M.  Scheuchzer  dit ,  que  la  plus  grande  hauteur  de  fon  barometre,  a 
ete  de  2.6  pouces  9  lignes  J  le  3  Janvier ,  &  la  moindre  de  16  pouces  4-  U' 
gne  le   25    Decembre ,   dent   9   lignes  i  de  difference. 

J  ai  trouve  aufll  mon  barometre  .nu  plus  haut  le  3  Janvier,  comme  lui, 
a  20  pouces  j  lignes  i  ,  done  difference  de  hauteur  du  mercuie  le  meme 
jour  a  Zurich  &  a  Paris  i  pouce  5  lignes  |,  d'ou  Ton  pourroit  con- 
clure  a-peu-prcs  combien  Zurich  eft  plus  eleve  que  Paris  ,  C\  noa 
barometres  etoient  d'accord. 

La  moindte  hauteur  du  mercure  que  j'ai  trouvee ,  a  ete  de  16  pouces 
^°  ''?•  I  i  done  la  difference  de  nos  moindres  hauteurs,  ferade  10  lig.  ^, 
ce  qui  eft  fort  different  de  la  precedente  :  aufii  les  jours  font  fort  diffe- 
rens,  &  le  25  de  Decembre,  qui  eft  le  jour  de  robfervation  de  Zurich  , 
mon  barometre  etoit  a  27  pouces. 

Pour  ce  qui  eft  des  hauteurs  de  fon  thermometre  ,  je  n'en  faurois  faira 
comparaifon  avec  celles  du  mien  ,  car  il  faudroic  qu'ils  euffent  ete  reilifiiis 
Tun  fur  I'autre. 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  1^5 

AcAD.RoYAtE 

Sur  la  caufc  dc  la  variation  du  Barometrc.  "^'  Par'is^^^ 


I  L  eft  conftant  par  le  barometre  que  lorfqu'il  pleut ,  &  principalcmenc 
lorfqu'il  doit  pleuvoir ,  I'air  devient  d'ordinaire  plus  Icger.  On  imagine 
affez  lifcment  que  li  i'air  devient  plus  icger  ,  il  doit  pleuvoir  \  car  les 
parcelles  d'eau  imperccptibles  rcpandues  de  toutes  parts  dans  i'air  en  une 
quantice  prodigieufe  ,  n'etaiu  plus  fuififamment  foutenues  dcs  que  I'aic 
a  perdu  un  certain  degre  de  fa  pefanteur  &c  de  fa  force  ,  elles  commencent 
a  tomber  ,  &c  par  cette  chute  fe  joiguant  plu(i-uts  enfemblc  fotment  Acs 
gouttes  de  pluie.  Cell  ainfi  que  dans  la  machine  du  vuide  ,  apres  qu'on 
a  ponipe  environ  la  moitie  de  I'air  5c  qu'on  la  par  conftq'ient  artoibli  de 
moitie  ,  on  voit  une  petite  pluie  qui  tombe.  Mais  pourquoi  I'air  devient- 
il  moins  pefant  ?  On  pourroit  croire  que  dans  le  lieu  oli  il  pleut ,  il  a  petdti 
de  fa  pefanteur  6i  de  fa  malle  ,  parce  que  les  vents  en  ont  tranfportc 
ailleurs  une  partie  :  mais  M.  Leibnitz  ,  dans  une  Lettre  qu'il  a  ccrite  a 
M.  I'Abbe  Bignon  ,  en  donne  une  raifon   plus  ingenieufe  &  plus  neuve. 

II  pretend  qu'un  corps  ecranger  qui  eft  dans  un  liquide  pefe  avec  ce 
liquide  &  fait  partie  de  fon  poids  total  rant  qu'il  y  eft  fourenu ,  mais  que 
s'il  celFe  de  I'etre  &  tombe  par  confequent  ,  fon  poids  ne  fait  plus  partie 
du  poids  du  liquide  qui  par-la  vient  a  pefer  moins.  Cela  s'applique  de 
foi-mcme  aux  parcelles  d'eau  :  elles  augmentenc  le  poids  de  lair  s'il  les 
foutient  ,  &  le  diminuent  s'il  les  lailTe  tomber  ;  &  comme  il  peut  arriver 
fouvent  que  les  parcelles  d'eau  les  plus  elevees  tombent  quelque  terns  confi- 
derable  avant  que  de  fe  joindre  aux  inferieures,  la  pefanteur  de  I'airdimi- 
iiue  avant  qu'il  pleuve ,  &  le  barometre  predit. 

Ce  nouveau  principe  de  M.  Leibnitz  peut  furprendre  ;  car,  que  le  corps 
etranger  qui  eft  dans  le  liquide  y  foit  foutenu  ou  non  ,  ne  faut-il  pas  tou- 
jours  qu'il  pefe  ?  &:  peut-il  pefer  fur  quelqu'autre  fond  que  fur  celui  qui 
porte  le  liquide  entier  ?  Ce  fond  ceffe-t-il  de  porter  le  corps  etranger 
parce  qu'il  tombe  ,  &  ce  corps  en  tombant  n'eft-il  pas  toujours  partie  du 
liquide,  quant  a  I'efFct  de  fa  pefanceut  ?  A  ce  compte  ,  pendant  qu'il  fc 
fait  une  precipitation  chimique,  le  total  de  la  matiere  peferoit  moins, 
ce  qu'on  n'a  jamais  vu  &:  ce  qui  ne  paroit  nulli-ment  croyable. 

Malgrc  ces  objedions  ,  le  principe  fablifte  quand  on  I'examine  de  ptcs, 
Ce  qui  porte  un  corps  pefant  en  eft  prefTe.  Une  table  ,  par  exemple ,  qui 
potte  une  malfe  de  ter  d'une  livre  en  eft  preftee  ,  &  ne  I'eft  que  parctr 
qu'elle  fou:ient  toute  I'adion  &  tout  I'eiTort  que  la  caufe  de  la  pefanteur  , 
quelle  qu'elle  foir  ,  exerce  fur  cette  mafte  de  fer  pour  la  poufter  plus  bas. 
Si  la  table  cedoit  &:  obcidoic  a  I'aiflion  de  cetce  caufe  de  la  pefanteur  , 
elle  ne  feroit  point  prelfee  Sc  ne  porteroit  plus  rien.  De  mcme ,  le  fond. 
d'un  vafe  qui  contient  un  liquide  s'oppofe  a  toute  ra(fl:ion  de  la  caufe  de 
la  pefanteur  centre  ce  liquide  :  fi  un  corps  etranger  y  nage  ,  le  fond  s'op- 
pofe aufli  a  cette  meme  adion  contre  ce  corps  ,  qui  erant  en  equilibre  avec  Ic- 
liquide  en  eft  i  cec  cgard  uue  veritable  partie.  Ainh  le  fond  eft  prefTe  &  pat  Let 


Annce   1711. 


icfd  COLLECTION 

;-— ~--~-~~—  liquide  &  par  le  corps  etranger ,  &  il  les  porte  cous  deux.  Mais  fi  ce  corps 

AcAD.RoYALE  ton^tie,  il  obeic  a  I'adion  de  la  pefanteur ,  &  par  confeqiient  le  fond  ne 

DEs  Sciences     la  foutienc  plus  Sc  il  ne  la  fouciendra  que  quaiid  le  corps  fera  defcendu 

DE  Paris.       jufqu'a  lui.  Done  pendant  tout  le  temps  de  la  chute  le  fond  eft  foulage 

yinrJc   1711       du  poids  de  ce  corps  qui  n'eft  plus  porte  par  nen,  mais  pouffe  par  la  caufe 

de  la  pefanteur ,  a  laquelie  rien  ne  I'empeche  de  ccder. 

M.  Leibnitz  ,  pour  appuyer  fon  idee  ,  propofoit  une  experience  :  il 
falloit  attaclier  aux  deux  bouts  d'un  fil  deux  corps ,  I'uii  plus  pelant  ,  I'autre 

{>lus  leger  que  I'eau ,  &  tels  que  tous  deux  enfemble  lis  floctairent  fur  I'eau  , 
es  mettre  dans  un  tuyau  plein  d'eau  ,  fufpendre  ce  tuyau  a  une  balance 
oii  il  fut  exadement  en  equilibre  avec  un  poids  ,  &c  enfuite  couper  ce  fil 
ou  feroienr  attaches  les  deux  corps  de  pefanteur  inegale  ,  ce  qui  obligeroit 
le  plus  pefant  a  tomber,  II  foutenoit  qu'alors  le  tuyau  ne  feroit  plus  en 
equilibre  ,  niais  que  le  poids  qui  lui  etoir  tgal  I'emporteroit  &  le  feroic 
inonter ,  parce  que  le  fond  de  ce  tuyau  feroir  moins  charge.  On  volt  qu'il 
doit  avoir  une  longueur  fuffifante  ,  afin  que  le  corps  qui  tombe  n'arrive 
pas  au  fond  avant  que  le  tuyau  ait  eu  le  loifir  de  nionter.  Dans  les  preci- 
pitations chimiques ,  les  vailfeaux  ont  trop  pen  de  longueur ,  ou  les  matieres 
le  precipitent  avec  trop  de  vitefTe  ,  ou  quelquefois  meme  avec  trop  de 
lenteur  ;  car  alors  les  corpufcules  qui  tombent  font  toujours  lenfiblemenc 
en  equilibre  avec  la  liqueur  qui  les  contient. 

M.  Ramazzini ,  fatneux  Profelleur  de  Padoue ,  a  qui  M.  Leibnitz  avoir 
propofe  fon  experience  ,  la  faite  avec  fucces  apres  quelques  tentatives 
inutiles.  Elle  a  reufli  de  meme  a  M.  de  Reaumur  ,  a  qui  I'Academie  en 
avoir  donne  le  foin  :  &  voila  une  nouvelle  vue  de  Phyfique  qui  ,  quoi- 
qu'clle  tienne  a  un  principe  fort  connu  ,  eft  fort  fine  &c  fort  recherchee  , 
&  nous  donne  lieu  de  craindre  que  dans  les  fujers  les  plus  approfondis , 
il  ne  nous  echappe  encore  bien  des  chofes. 

En  1709  le  P.  Feuillee  ayant  determine  geometriquement  la  hauteur 
dune  montagne  du  Perou  a  145  toifes ,  &  pres  de  5  pieds  fur  I'horizon  , 
il  prit  au  bas  de  cette  montagne  la  hauteur  du  barometre  qu'il  trouva  de 
27  pouces  5  lignes  &  qui  furpalToit  de  lo  lignes  trois  quarts  celle  qu'il  ob- 
ferva  au  haut  de  cette  meme  montagne.  Il  eft  a  remarquer  que  pat  les  re- 
gies tirees  d'un  grand  nombre  d'obfervations  femblables  faites  en  Europe  , 
une  hauteur  d'environ  144  toifes  devroit  caufer  dans  le  barometre  un 
abaiflTement  de  12  lignes  |-™"-  Au  refte  le  P.  Feuillee  a  trouve  la  hauteur 
du  mercure  obfervee  fur  le  bord  de  la  mer ,  la  meme  qu'elle  eft  en  Europe. 

Il  a  aulli  reconnu  dans  fa  navigation  du  detroit  de  Gibraltar  en  Ameti- 
que  ,  que  I'eau  de  la  mer  diminuoit  de  poids  a  mefure  qu'il  s'approchoit 
de  la  ligne,  fans  qu'on  puilFe  imputer  cette  diminution  au  melange  des 
eaux  douces ,  puifqu'il  pafta  la  ligne  a  une  fort  grande  diftance  des  terres, 
&  par  confequent  de  toute  embouchure  de  rivieres. 


'€ 


A  C  A  D  E  M  1  Q  U  E.  167 


— ^- -~ """  Acad.  Royale 

DES  Sciences 
Nouvellcs  Experiences  fin-  la  dilatation  de  Fair  faites  par  M.      »e  Paris. 
SchcucliTer  Jiir  les  inontagncs   dc  Suijj'e  ,  coininuniquccs  par   Annk  171 1. 
M.   Ma  r  a  ld  I. 

IVA.  Sclieuclizer  voulanc  s'afTurer  fi  I'air  fe  ciiLueroit  fur  les  hautes  mon- 
tac'iies ,  dans  la  meme  proportion  qu'il  le  dilate  prcs  de  la  mer  ,  a  obferve 
I'elevation  du  mercure  dans  le  vuide  a  fept  ftations  dififerences  fur  les 
monca£;nes  des  environs  de  Zurich  ,  &  il  a  tait  a  chaque  ftation  les  obfer- 
vations  ordinaires  de  la  dilatation  de  I'air  (a),  en  laillant  dans  fon  tube  , 
qui  avoir  deux  lignes  de  diametre,  premierement  trois  pouccs  d'air  natii- 
rel ,  enfuite  tix  ,  &  ainli  toujours  de  trois  en  trois  julqu'a  trente:  il  a 
mefure  exadcment  la  hauteur  ou  relloit  le  mercure  apris  la  dilatation  , 
de  mcme  que  I'ctendue  qu'occupoit  I'air  dilate  apres  le  renverr.ment. 

Dans  la  plus  balTe  des  Rations  le  mercure  ctoit  fufpendu  dans  le  vuide 
a  i.G  pouces  7  \  lignes  ,  c'ell-a-dire  z  pouces  plus  bas  qu'd  Paris  ,  ce  qui 
vaudroit  ,  felon  la  progreflion  etablie  dans  iHiltoire  de  lyoj  ,  environ 
1J4  toifes  ,  dont  Paris  feroit  moins  eleve  que  ce  lieii-Ia.  Dans  la  plus 
haute  ftation  le  mercure  etcit  a  ii  pouces  6  lignes  ;  de  forte  que  la  diffe- 
rence de  hauteur  du  mercure  dans  le  vuide  ,  a  ct%  deux  ftations  txtremej» 
a  ete  de  cinq  pouces  ;  &  pour  connoitre  fi  la  proportion  ordinaire ,  felon 
laquelle  I'air  le  dilate  parmi  nous  ,  fe  retrouvoit  dans  les  obfervations  dc 
M.  Scheuchzer  ,  j'ai  calcule  fuivan:  cette  proportion  I'efpace  cue  I'air 
dilate  devoir  occuper  dans  le  tube  pour  chaque  obfervation  ,  &  j'ai  com- 
pare I'un  avec  I'aucre.  Il  refulte  de  cette  comparaifon  que  le  cakul  ne 
s'accorde  avec  Tobfervation  que  dans  la  dilatation  qui  repond  aux  trois 
premiers  pouces  ;  car  celle  qui  repond  35,6,  &c.  pouces  eft  moindre  par 
I'obfervation  que  par  le  calcul  ,  jufqu'au  iS°".  ou  la  dilatation  obfervee 
s'accorde  ,  a  une  ou  deux  lignes  pres  avec  la  calciUce ,  &  depuis  le  1 1: ""  pouce 
jufqu'au  30""^,  c'eft  la  calculce  qui  eft  moindre.  Le  plus  grand  exec's  du 
cakul  fur  I'obfervation  elt  de  8  a  7  lignes  ,  &  repond  au  s""-  &  •in 
10"".  pouce  J  fon  plus  grand  defant ,  qui  repond  au  14"".  &  au  25"'".  pou- 
ce, eft  de  10  a  11  lignes,  ce  qui  fair  voir  qu'i  ces  grandes  hauteurs  I'air 
ne  fe  dilate  pas  felon  la  meme  proportion  qui  s'obferve  proche  du  niveau 
de  la  mer. 

En  comparant  ces  obfervations  faites  a  Zurich  au  mois  de  Septembre 
1710  avec  celles  que  le  P.  de  Beze  fit  a  Malaca  fur  la  fin  du  (lecle  pre- 
cedenr  (^)  ,  on  y  trouve  conlormite  &  difference  \  eonformite  en  ce  que 
la  variation  du  mercure  dans  le  barometre  eft  plus  petite  dans  ces  deux 
endroits  qu'aParis  &  a  Genes;  difference  en  ce  qu'A  Malaca  la  dilatation 
obfervee  eft  toujours  plus  petite  que  celle  qui  refulre  du  calcul ,  au  lieu 
qu'a  Zurich  elle  n'eft  plus  petite  que  la  calculce   que  jufqu'a  un  cctraia 

(a)  V.  Collcc.  Acad.  Part.  Fransoife ,  torn,  II,  p.ig.  jyj  &  fuiy. 
i)i)  V.  ibidem,  pag.  7J7. 


i6t  COLLECTION 


■  terme  ,  apres  quoi  elle  devient  plus  grande.  Certe  efpece  de  progreflion 

Acad.  RovALE  jgj  Jitfcrentes  diljtacions  de  I'air  ,  felon  les  differences  qiiantites  d'air  iia- 

^BE  ParI^^^      ""'^'^'  '*'''^"^*  ^^"5  's  tiiyau,  a  ete  la  meme  dans  routes  les  fept  hauteurs  ou 

J      ,  '        ft.uions  difFcrentes  ou   M.  Scheui-hzer  a  obferve  ;  &  conime  la  plus  balle 

'      '     de  ces  ftatioiis  eioit  plus  haute  que  Par's  de  la  valeur   de  deux  pouces  de 

mercure  ,  &  que  la  plus  elevee  eioir  de  la  valcnr  de  cinq  pouns  de  nicr- 

curc  au-delFus  de  la  premiere  ,  il  s'enfuit  de  ce  que  la  progrelliun  eft  la 

meme  dans  routes  Its  fept  ftatums  ,  qu'a  une  certaine  hauteur  qui  peut  etre 

deurminee  a  peu  pres,  lair  commence  a  etre  uniforme  (  quani  a  fa  iilaiabi- 

lle),  au  licu  qu'on  a  fujet  de  croire  qu'il  I'cft  allez  peu  au-dellous  ,  ce 

qui  avoir  deja  ete  infinue  dans  I'Hiftoire  de   1700  [a). 

M.  Siheuchzer  a  trouve  que  dans  un  lieu  echauffe  pat  le  grand  feu 
d'une  mine  d'acier,  la  dilatation  de  lair  du  baromettre  n'en  ecoit  pas  plus 
grande  ;  ce  qui  saccorde  avec  les  experiences  rapportees  dans  les  Me- 
rnoires  de  1709  (*),  &  par  lelquellcs  il  paroit  que  la  chaleur  meme  de 
I'eau  bouillante  ne  fait  pas  vatiet  lenfiblement  la  dilatation  de  I'air. 


Sur  le   Thcrmomctre. 

Jr  E  u  Kf.  Amontons ,  ainii  qu'il  eft  rapporte  dans  I'Hiftoire  de  lyoz  ,  avoir 
jnvente  un  nouveau  thermometre  dont  le  point  fixe  eroit  la  chaleur  de 
I'eau  bouillante.  On  a  pretendu  prendre  un  autre  point  fixe  tout  oppofe  , 
qui  eft  le  froid  de  I'eau  glacee  ;  mais  M.  de  la  Hire  le  fils  prouve  ,  par 
des  experiences  dont  nou<  fupprimons  ici  le  detail  ,  que  ce  froid  n'eft 
point  du  tout  propre  a  etre  le  point   fixe  d  un   thermometre. 

Il  a  obferve  qu'un  thermometre  ,  dont  la  boule  eft  plongee  dans  de  I'eail 
qui  vient  a  fe  gelcr  par  le  froid  ,  ne  lailTe  pas  de  djfcendre  encore  apres 
qu'cUe  eft  gelee  fi  le  froid  augmente  \  &  qu'au  contraire  fi  le  froid  n'aug- 
mente  point  pendant  que  I'cau  it  gele  &:  apres  qu'elle  eft  gelee  ,  le  ther- 
nunietre  fe  t  ent  au  mL'me  etat ,  pourvu  cependant  qu'il  au  deja  eprouve 
un  plus  grand  degre  de  froid  qu'il  ne  fnut  pour  gcLr  i'eau  ,  car  autre- 
nienc  il  eft  bien  fiir  que  le  thermometre  refroidi  par  la  glace  defcendra. 
]1  peut  done  y  avoir  un  froid  plus  fort  que  celui  de  la  glace  ,  qui  pc- 
nctre  A  travers  la  glace  meme  jufqu'a  la  boule  du  thermometre  ,  &  falls 
defcendre  la  liqueur  plus  ou  moins  ;  par  confequent  le  degre  ou  la  glice 
met  la  liqueur  d'un  thrmometre  n'eft  pas  toujours  le  meme.  Si  Ton  ne 
met  autour  de  la  boule  que  de  la  glace  pilee  ,  ce  meme  froid  exterieur 
penetrera  encore  plus  aifcinent  ;  be  s'il  ne  fait  pas  aiors  alfez  froid  pour 
geler  I'eau  ,  le  different  degre  de  chileur  qui  fera  dans  I'air  ,  combine  avec 
le  froid  de  la  glace  ,  fera  une  temperature  moyennc  qui  tiendra  la  liqueur 
du  thermometre  a  une  hauteur  diriferente. 

Nous  n'entretons  pas  dans  les  details  d'une  experience  furprenanie  faite 

{a)  V.  CoUec  Acad.  Part.  Frangoife,  torn.  II,  pag.   616  &  578. 
il)  y,  ilidem,  pag.  760, 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E:  ((Tp 

■pat  un  trcs-grand  froid  ,  fur  un  thermometre  dont  on  plongea  la  boule  dans  i  ■ 

ae  I'eau  qui  gela  trcs-vite  ,  &:  dont  neanmoins  la  liqueur  monta  conftam-   Acad  Royaib 
ment  pendant  vingt-quatre  Iieures  ,   quoique  le  froid  augmentat  toujours.     dls  Sciences 
M.  dc  la  Hire  conjtdture  ,  avcc  beaucoup  d'appareuce,  que  dans  les  pre-       de  1  aris. 
miers  momens  oia  la  boule  fut  plongee  dans  I'eau  ,  cette  cau  ,  moius  froide    Anncc    171 1. 
qu.>  Pair  extcrienr  ,  puilqu'elie  ii'ctoit  pas  encore  gelee,  avoit  fait  montet 
I'efprit  de  vin  ;  qu'enfuitc  venant  a  fe  geler  ,  &  par  confequent  a  s'ctendre  , 
elle  prelFa  la  boule  &  en  diminua  la  capacite  ,  ce  qui  fit  encore  monter  la 
liqueur  ;  enfin  que  la  glace  continuant  de  s'enfler  ,  elle  caflTa  la  boule ,  ?£ 
en  efFet  cette  boule  fe  trouva  calfce  lorfqu'on  la  retira  j  de  plus  la  colonne 
d'efprit  de  vin  etoic  entre-coupce  par  unc  quancite  de  grandcs  buUes  d'air 
qui  ne  pouvoieiu  venir  que  de  la  glace  ,  ou  Ton  fait  quil  s en  forme  en 
grand  nombre. 


OBSERVATIONS    DE   PHYSIQUE. 

Sur   la    Neige. 

•3  EL  ON  les  ohfervations  de  M.  de  !a  Hire ,  la  neige  etant  fondue,  fe 
reduit  toujours  a  la  cinquieme  ou  fixieme  partie  de  la  hauteur  qu'elle  avLir. 
Cependant  la  nuit ,  du  1  j  au  '.4  Fevner  de  cette  annce  ,  il  tomba  de  la 
neige  ,  qui  fe  reduifit  environ  a  la  douxieme  partie  de  fa  hauteur ;  c'eft- 
2-dite  ,  qu'en  fe  fondant ,  elle  diminua  une  fois  plus  qu'a  I'ordinaire.  La 
raifon  eft,  comme  M.  de  la  Hire  I'a  remarque,  qu'elle  etoit  fort  fine  ,  fore 
dehee  ,  Si  toute  en  petits  filets  ,  extremement  fees  ,  qui  fe  foutenant  les 
uns  les  autres  ,  occupoient  beaucoup  d'efpace.  A  caufe  de  cette  mcme 
fecherelFe ,  elle  s'attachoit  peu  fur  les  toics  ,  &  ce  qui  en  etoit  lombe  du 
cote  du  Nordjd'oii  venoit  le  vent,  en  avoir  ete  entietemenc  eiiipoite^ 
(;<uoiqu'il  fut  tombe  6  iy  pouces  de  neige. 

Sur  les    Coulcurs. 

M.  Hombert  a  dit  que  les   matieres  relies  que  Tor,  I'argent ,  &c.  qui 

ctant  en  fufion  au  foyer  du  verre  ardent ,  ne  paroilFenr  a  I'oril  nud  que 
ibus  la  couleur  de  la  lumiere  ,  &  avec  un  prodigieux  eclat ,  font  vuesavec 
Jeurs  couleurs  naturelles ,  fi  on  les  regarde  a  travers  un  verre  enfume. 

Sur  la  Colle   dc   I'jlgathe. 

M.  Hombert  a  eprouve  que  la  colle  de  fronnage,  qui  eft  bonne  pour 
k  verre,  ne  fert  de  rien  pour  I'agathe,  &  qu'il  y  faut  le  verms  de  la 
Chine. 

Sur  une   CryflalUfation. 

Au  mois  de  Novembre  17 10,  M.  de  la  Hire,  le  fils^  voulant  faite  quel- 
Tomc  III ,  Panic  Fran^oifi.  Y 


J7t  COLLECTION 

TTS^rmnS^T:  <]ues  experiences ,  avoir  rempli  d'eau  d'Arciieil,  unebouteille  du  ili^avoic 

.  _  eu  dii  vin  ,  mais  qui  avoit  ete  rincee  avec  deux,  ou  trois  eau\  ;  il  y  avoic 

bfes  Sciences     '"'^  ^^  morceau  de  plomb  ,  groscomme  une  noizette  ,  &c  enfuice  il  I'avoic 

BE  PaKiS.       b'^"  bouchee  avec  du  liege.  Il  la  lailfa  fans  y  toucher,  dans  un  lieu  oii  le 

.     ,  foleil  ne  donnoit  point ,  &c  ou  on  ne  faifoic  point  de  feu.  Au  mois  de  Jan- 

nnee  jjii.     ^-^j.  fyjy^^f  ^  ji  regarda  fa  bouteille  ,  &  s'apper^ut  que  fur  le  haut  du  fond 

qui  rentre  en  dedans ,  il  y  avoit  un  petit  corps  blanc ,  gros  comme  une 

t^te   d'epinglej  &  quelques  jours  apres,  n'ayant  point  remue  la  bouteille, 

il  vit  que  c'etoit  un  grain  de  fel  de  figure  cubique,  Sc  que  plufieurs  autres 

feommencoient  a  fe  former  a  I'entour.   Il  continua  toujours  depuis  a  fe 

former  de  ces  grains  jufqu'a  la  fin  deMai,  qu'il  y  en  avoit  bien  une  ving- 

taine  de  mediocres  Sc  autant  de  petits.  M.  de  la  Hire  en  tira  quelques- 

uns  de  la  bouteille ,  fans  la  vuider  ,  &c  il  trouva  qu'ils  avoient  la  figure  du 

fel  marin  ,  &  un  peu  de  fon  gout.   Les  ayant  gardes  pendant  quelques  jours 

enfermes  dans  du  papier,  il  vit  qu'ils  etoient  devenus  blancs,  au  lieu  de 

tranfparents  qu'ils   avoient  ete  ;  qu'ils  s'ecoient  prefque    tous  reduits   en 

poufliere  Si  calcines  d'eux-memes,  Sc  que  ceux  qui  ne  I'etoient  pas  encore 

s'ecrafoienc  tres-aifement  ,  6c  fe  metcoient  en  poudre  blanche  trcs-fineo 

Comme  I'eau  d'Arcueil  produit  une  croCue  pierreufe  dans  les  canaux  oii 

elle  coule  ,  on  auroit  pu  croire  que  la  matiete  trouvee  dans  la  bouteille 

etoit  de  la  meme  nature  ,   mais  elle  avoit  du  gofu,  Sc  fe  calcinoit  a  I'airj 

deux  qualites  que  I'autre  n'a  point. 

On  fait  que  le  plomb  fe  dillbut  par  le  vinaigre  ,  &  M.  de  la  Hire  foUp- 
gonna  que  quelques  particules  acides  du  vin  ,  qui  n'aurCiient  pas  ete  em- 
portees  en  lavant  la  bouteille,  auroient  pii  agirfur  le  petit  morceau  de 
plomb  qu'il  y  avoit  mis  ,  Sc  en  detacher  ces  petits  grains  blancs  :  mais 
fi  ces  grains  eufTent  ete  du  plomb  ,  ils  fe  (eroient  ineorpores  facilemenc 
avec  une  huile ,  comme  celle  de  noix  ,  ce  qu'ils  ne  firent  pourtant  pas.  II  y  a 
done  plus  d'apparence  que  c'etoit  du  fel ,  quoiqu'il  foit  alFez  extraordi- 
naire qu'il  en  nailTe  ainfi  dans  une  eau  aulli  pure  que  celle  d'Arcueil  :  en 
vuidant  la  bouteille,  M.  de  la  Hire  vit  que  quelques  fragmens  d'un  brin 
de  fil  avoient  ete  dutcis  par  ce  fel ,  Sc  que  le  tefte  s'etoit  poutri. 

Sur  la   communication   dc  I'air  dans  I'cau, 

On  fait  que  I'eau  eft  toute  remplie  &  route  impregnee  d'air.  AuiH- 
rot  qu'elle  efl  dans  le  vuide,  I'air  qu'clle  contenoit ,  fe  dcgage  &  fort  en 
une  infinite  de  bulles.  La  mechanique  de  la  refpiration  des  poilTons  ne 
confifte  qu'a  tirer  de  I'eau  I'air  qui  y  eft  renferme.  Mais  AiM.  de  la  Hire 
ont  voulu  voir  quelle  puifTance  I'oblige  a  y  entrer ,  &c  s'il  y  entre  avec 
une  vitelle  proportionnee  a  la  force  ,  dont  cette  puifTance  I'y  poulTe. 

Pour  cela  ils  ont  pris  un  tuyau  de  verre  recourbe,  i  branches  incgales, 
dont  la  plus  longue  flellee  htrmctiquement  ,  avoit  i\  pouces,  Sc  la  plus, 
courte  ;.  lis  y  ont  verfc  de  I'eau  en  le  couchant  Sc  ne  I'ont  pas  entiere- 
ment  rempli  ;  de  forte  que  quand  ils  I'ont  enfuite  pofe  verticalemeiit , 
il  y  eft  arrive  la  meme  chofe  que  dans  un  tuyau  que  I'on  ne  remplic  pas 
entierement  de  mercure  {a).  11  y  a  eu  au  haut  de  la  longue  brancbe  de. 
-     (rt)  K.  Collec.  Acadf  Pait,  Jran5oife,  fee.  vol.  pag.  i/j. 


ACADliMlQUE.  ,71 

I'air  uti  peu  dilate ;  il  y  occiipoic  4  pouces ,   &   I'eau  s'eft  teftUfl  (flevce 

<Je  I  (J  pouces  y  liqnes  ail- tlelTus  de  la  petite  branche.  Ces  4  pouces  d'air  8c  ees  Agad.  Royav* 

16  pouces  9  lignes  d'eau,    taifoicnt  done  cquilibre   avec  la   coloiine   en-     des  SoENCiUf 

tieie  d'air  qui  pefoit  (ur  la  petite  branche  j  &  comme  on  avoit  ptis  le       dje  Vams. 

tems  que  le  baromettie  etoit  dans  fa  hauteur  moyenne  ,    cette  colonne     yinnee  i-nt 

valoit   zy   pouces  -  de  incrcure  ou  ji  pieds  d'eau  qui  font  trois  ccns  qua- 

tre  vingt  pouces.   Par  confequent  les  quatre  pouces  d'air  enfcrmcs  dans  la 

longue  branclie,  faifoientequilibreavec  567  pouces  j  lignes  d'eau,  &etoienc 

plus  dilates  que  I'air  exteiieur  dans  la  raifon  de  3S4  a  Jfjy^. 

L'air  qui  touchoit  I'eau  de  la  petite  branche  ,  ccant  plus  condenfe  ,  ou  > 
ce  qui  revient  au  meme,  plus  prelFe  que  celui  de  la  longue  branche  ,  de- 
voit  done  entrcr  dans  I'eau  ,  palfer  dans  la  longue  branche  ,  s'y  clever  tou- 
jours  au  travcrs  de  I'eau,  fe  joindre  a  l'air  du  haut  du  tuyau,  augmen- 
ter  fon  volume  &  fon  poids,  &  fairs  bailfer  les  16  pouces  9  lignes  d'eau. 
Pour  faire  entrer  l'air  exterieur  dans  I'eau  en  plus  grande  quantitc,  la 
petite  branche  s'ouvroit  dans  une  Sole  de  verre ,  qui  ptelentoit  a  l'air  une 
aflez  granJe  fupetficie. 

Cela  tu:  fait  le  16  Mars  1710,  &  le  tuyau  recoutbe  fut  lailTe  en  expe- 
rience. MM.  de  la  Hire  s'atiendoient  que  I'eau  de  la  longue  branche  baif- 
feroit ,  comms  ils  avoient  vu  cela  arriver  a  celle  d'un  barometrc  a  eau 
qu'ils  avoient  eu  :  ils  croyoient  auffi  qu'outre  qu'elle  defcendroit  en  gene- 
ral ,  par  lintrodudtion  d'un  nouvel  air  dans  le  haut  du  tuyau  ,  elle  auroit  des 
variations  particulieres  ,  mais  I'evenement  fur  abfolument  contraire  a  tout 
ce  qu'on  pouvoit  prevoir.  Au  bout  de  trois  mois  ,  I'eau  etoit  inontce  d'tn- 
▼iron  4  lignes  dans  le  tuynu  ,  &  le  2.6  Dccembte  elle  I'etoit  d'un  pouce 
entier  ;  de  forte  que  fair  qui  y  etoit  renfertne  ,  avoit  perdu  un  quart  de 
fon  volume.  De  plus,  les  variations  de  la  chaleur  Sc  de  la  pelanteut  de 
I'athmofphere  ,  n'eurent  aucun  effet  fur  cette  eau. 


Remarqucs  fur   qudqucs   Coulcurs. 

Par    M.    D  E     LA    Hire. 

JLj  E  rouge  pourpre  &  fonce  ne  paroit  vif  &  cclatant ,  que  lorfqu'il  eft 
expofe  a  une  grande  lumiere ;  mais  lorfqu'on  le  regarde  dans  une  lumiere 
mediocre,  il  nous  paroit  fort  brun  ,  &  tirant  fur  le  noir. 

Nous  favons  aulli  que  lorfqu'on  regarde  un  corps  lumineux  ou  fort 
clair  au  travers  d'un  corps  noir  &:  rare  ,  il  nous  piroit  rouge  ,  comme 
lorfqu'on  regarde  le  foleil  au  travers  dun  verre  eniume,  &  Ion  ne  peut 
pas  dire  que  c'eft  la  coiileur  propre  de  cette  fumee  noire  qui  lui  donne 
ce  rouge,  puifque  cette  meme  fumee  etant  melee  avec  du  blanc  ,  fait  une 
couleur  qui   tire  beaucoup  fur  le  bleu  ,  ce  qui  eft  fort  eloignc  du  rouge. 

Poutf  expliquer  cette  couleur  rouge  ,  il  faut  avoir  recours  a  ce  que  nous 
pouvons  imaginer  de  la  fenfation  du  rouge  ,  qui  n'eft  autre  cho:e  qu'un 
branlement  violent  de  la  teiine  ,  avec  une  certaine  modification,  laquelle 

Y.j 


i7i  COLLECTION 

I  ^—  ne  fe  rencotfe  point  dans  I'ebranlement  violent  de  la  retine  ,  par  la  feule 

AcAD.RoYALE  reflexion  qui  ne  caufe  que  du  blanc  ;  &  fi  la  choroide  qui  re^oit ,  fuivanc 

DES  Sciences     mon  fyftcme  ,  les  impreflions  de  la  lumiere  pour  les  tranfmettre  a  la  retine , 

DE  Paris.        eft  fort    fenlible  &  fort  epaifle  j  il  doit  arriver  que  la  lumiere  modifiee  , 

Annie    i-j\.\.    qui  nous  fait  fentir  le  rouge  ,    venant  a  rencontrer  cette  choroide  ,  s'y 

abforbe  entierement ,  &  n'ebranle  pas  plus  la  retine,  que  fi  c'etoit  un  corps 

noir.    C'eft  audi  ce  que  nous  remarquons  a  quelques   vues  ,   qui  erant 

d'ailleurs  fort  bonnes  pour  voir  les   plus  petits  objets  tres  -  nettement , 

ne  voient  le  rouge  que  comme  le  noir,  &  n'ont  aucune  idee  de  ce  qu'or^ 

appelle  rouge  j  &  pour  les  aiitres  couleiirs,  ils  les  voient  tr^s-bien. 

On  fiit  encore  que  lorfqu'on  voir  un  corps  noir  au  travers  d'un  corps 
blanc  &  rare ,  il  nous  donne  la  fenfation  du  bleu ,  &  Ton  ne  peut  pas  en 
douter  ,  puifque  ce  n'ell  que  par  cette  raifon  que  le  Ciel  nous  paroit  bleu  ; 
ear  fa  profondenr  immenle  etant  tout-a-fait  privee  de  lumiere  ,  ne  peuc 
nous  paroitre  qu'au  travers  des  particules  de  I'air  qui  font  eclairees  dir 
foleil ,  &  qui  paroilfent  blanches;  c'eft  audi  puurquoi  le  noir  de  fumee 
detrempe  avec  le  b'anc,  paroit  bleu  \  car  les  corps  qui  paroident  blancs  , 
etant  toujours  un  psu  tranfparents  ,  &  fe  confondant  avec  le  noir  de 
derriere  ,  donnent  une  fenfation  de  bleu. 

Ces  deux  explications  du  rouge  &:  du  bleu  ,  nous  feront  connoitre 
pourquoi  les  veines  qu'on  voit  fur  la  fuperficie  de  la  peau ,  fur-tout  d'une 
peau  bien  blanche  ,  nous  paroillent  bleues  ,  quoiqu'elles  foient  remplies 
d'un  fang  fort  rouge. 

Car  d'apres  ce  que  j'ai  explique  ci-devant  ,  il  eft  clair  que  le  fang  qui 
eft  rouge  orun  ,  etant  renferme  dans  les  veines  ,  y  eft  en  quelque  faijoii 
dans  I'obfcurite  ,  &  par  confequent  paroitroit  comme  noir  ,  &  ce  noir 
etant  vu  au  travers  de  la  membrane  de  la  veine  ,  &:  au  travers  de  la  peau 
blanche ,  nous  fait  une  fenfation  de  bleu  ,  ce  qui  n'arrive  pas  au  refte  de 
la  peau  qui  eft  blanche  ,  &  remplie  d'une  infinite  de  particules  de  fang 
juiqu'a  I'epidermc,  laquelle  nous  doit  paroure  d'un  blanc  un  peu  vermeil,, 
car  ces  particules  de  fang  font  fort  difperfees;  mais  s'il  arrive  que  par 
quelqu'accident ,  comme  par  quelque  coup ,  ie  fang  fe  ramafte  en  grande- 
quantite  fous  la  peau  ,  aulli-tot  la  partie  paroit  bleuatre  ,  &  on  dit  qu'elle 
eft  meurtrie. 

C'eft  audi  fans  doure  cette  couleur  bleue  des  veines  qui  a  engage  les 
Anatomiftes  qui  font  des  injedions  de  cite  dans  les  vaiifeaux  du  corps , 
de  feringuer  de  la  cire  bleue  dans  les  veines,  5i  de  la  cire  rouge  dans  les 
arteres  ,  pour  les  diftinguer  des  veines  ,  &  pour  faire  connoitre  en  quel- 
que fagon  la  difFerente  nature  du  fang  de  ces  vaideaux  ,  car  il  eft  beau- 
coup  plus  vif,plus  fpiritueux,  &  plus  vermeil  dans  les  arteres,  que  dans, 
ies  veines. 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  ^^y 


ACAD.ROYALE 

Experiences  pour  connoitre  fi  la  force  des  cordes  furpajfe  la      de  Paris. 
J'omme  des  forces  des  fits  qui  compofcnt  ccs  mimes  (,ordcs.        Jnnec  1711. 

Par     M.     D  E     R  E  A  u  M  u  R. 

V>/  N  eft  dans  le  pcq'ugc  de  croiie  qu'une  corde  compofee  de  difFerents 
fils  tortillcs  enfemble ,  a  line  force  qui  furpalTe  la  fomme  des  fortes  de 
tous  Iss  fils  qui  la  conipofeiu.  Divers  Savans  penfeni:  a  ce  fuji-t  commc 
le  vulgaire.  Mais  je  crois  au  conrraire  que  le  tortilkmenc  (  on  voudra  bic-ii 
me  palFer  ce  terme  qui  eft  expreflif  &  qui  me  devient  necellaire )  que  le 
tortillement ,  dis-je,  diminue  la  force  des  cordes,  loin  de  rauf;mcnter» 
C'eft  un  probleme  dont  la  folution  eft  de  beaucoup  il'ucilite  dans  la  me- 
chanique  ;  car  on  s'expoferoic  fouvenc  a  faire  rompre  les  cordes  qu'oii 
emploie  ,  fi  on  comptoic  trop  fur  leurs  forces. 

Tout  ce  qu'on  fait  en  formant  des  cordes ,  ou  en  tortillant  des  fils  les 
mis  autour  des  autres ,  c'eft  de  les  mettre  tous  en  etat  de  contribuet  de 
quelque  chofe  a  foutenir  la  force  ou  le  poids  que  Ton  fera  agir  contra 
cette  corde  ,  &c  en  metne-tems  oA  difpofe  chaque  fil  de  facon  qu'il  eft 
plus  aife  de  le  rompre  que  de  le  faire  glifTer ,  ou  que  de  le  degager  d'en- 
tre  ceux  qui  I'enveloppent ,  c'eft  ce  qui  donnc  la  facilite  de  faire  des  cor- 
des ires-longues  ,  avec  des  fils  tres-courts  ,  conime  nous  le  voyons  dans. 
les  cordes  de  chanvre  ,  de  lin  ,  tk.  dans  cellcs  de  laine  &  de  foie  j  cac 
nous  pouvons  regarder  comme  de  petites  cordes  les  brins  de  foie  &  de 
laine  dont  on  fe  fert  dans  I'ufage  ordinaire  ,  chaque  fil  etant  prelle 
centre  ceux  qui  I'environnent ,  &  etant  entortille  avec  ces  meir.es  fils  , 
oppofe  par  fon  frottement  une  telle  refiftance  a  la  force  qui  le  tire  ,  qu'il 
eft  plus  difficile  a  cette  force  de  vaincte  la  reiiftance  du  frottement  ,  que 
de  calTer  le  fil. 

Mais  s'enfuit-il  de  cette  difpofition  des  fils  que  la  fomme  de  leurs  for- 
ces foit  plus  petite  ou  plus  grande  que  ne  I'eft  la  force  de  la  corde  ?  c'efl 
ce  qu'il  n'eft  pas  pollible  de  decider  par  le  feul  raifonnement.  On  voit 
bien  qu'en  tortillant  plufieurs  fils  enfemble,  on  raccourcit  chaque  fil,  He 
que  la  corde  gagne  en  groffeur  ce  que  chaque  fil  petd  en  longueur;  fi 
Ton  regarde  la  corde  feulement  de  ce  c6te-la,  il  eft  clair  que  fa  force 
eftaugmcntee,  car  routes  chofes  d'ailleurs  egales  ,  les  plus  grollls  cor- 
des font  les  plus  fortes.  Si,  par  excniple,  on  forme  une  corde  en  tor- 
tillant cinq  fils  ,  les  uns  autour  des  autres  ,  &  que  le  tortillement  rac- 
courcide  chaque  fil  d'un  cinquieme  ,  il  eft  evident  que  la  grolfeur  de  la 
corde  profite  des  |  dont  la  longueur  des  fils  eft  diminitee  ,  d'ou  il  fem- 
ble  dcja  que  la  force  de  cette  corde  devroit  etre  egale  a  la  fomme  des 
forces  que  fix  fils  pourroient  foutenir  feparemcnt. 

Il  y  a  encore  un  autre  endroit  par  lequel  le  tortillement  parolt  angmen- 
ter  la  force  de  la  corde  5  il  eft  caufe  que  le  poids  qui  tire  la  corde  ,  tire 
obliquement  chaque  fil ,  de  forte  qu'une  partie  de  ce  poids  eft  employee 


174  COLLECTION 

:.  a  prefTer  ces  fils  les  uiis  centre  les  autres ,  e:?.nt  moins  tires  chacun  felon 

AeAD.RoYAiE  ^'^^^  longueur  ,  la  corde  qu'ils  compofent  pourroit  etre  en  erat  de  refifter 
DEs  Sciences     a  un  effort  plus  grand  que  celui  que  peuvent  knitenir  tous  les  fils  qui  la 
DE  Paris.        compofent  lorfqu'ils  ronr  tires  perpendicuiairement. 

Annii  171 1.  Ce  font  la  les  cores  favorables  par  lefquels   on  peut  envifager  le  tor- 

tillement  ;  mais  on  verra  que  par  d'autres  endruits  il  affoiblit  la  force 
des  cordes ,  fi  Ton  veut  faire  attention  qu'atin  qu'une  corde  eiit  une  force 
egaie  a  la  fomine  des  forces  des  fils  qui  la  compofent ,  il  faudroit  que 
le  poids  attache  a  une  de  fes  extremites  ,  n'agit  contre  chaque  fil  qu'i 
proportion  de  la  force  de  ce  fil;  car  fi  des  fils  plus  foihles  le  troiivenc 
aulfi  charges  que  des  fils  plus  forts  ,  ou  que  di.-s  fils  d'egale  force  fe  trou- 
vent  beaucoup  plus  charges  les  uns  que  le>  autres,  ils  fe  calleront  ,  &: 
rout  le  poids  retombera  fur  les  fils  qui  etoient  auparavant  les  moins 
charges  :  or  le  poids  qui  tire  une  corde ,  tire  chaque  fil  qui  la  compofe  , 
plus  ou  moins  a  proportion  que  ce  fil  eft  plus  ou  moins  tendu  ,  &  plus 
ou  moins  gros  ,  &  en  tortillant  ces  fils  ,  il  n'eft  pas  poflible  de  les  dif- 
pofer  de  fagon  que  les  foibles  foient  moins  tendus  que  les  autres;  quel- 
quefois  les  plus  gros  font  les  plus  foibles  ,  chaque  fil  ne  contnbue  done 
pas  a  proportion  de  fa  force  ,  a  foutenir  le  poids  \  &  fi  dans  une  corde 
compoiee  de  fix  fils  pat  exemple  ,  il  y  en  a  quatre  qui  ne  contribuent 
que  de  la  moitie  de  leur  force  a  foutenir  le  poids,  la  corde  ne  doit  etre 
plus  confideree  que  comme  t\.  elle  etoit  compofee  de  quatre  fils. 

D'ailleurs  ,  puifqu'en  toriillant  les  fils  on  les  tend  ,  il  eft  clait  que  le  tor- 
tillement  equivaut  lui-meme  a  un  poids  qui  tireroit  chaque  fil  ,  &:  a  un 
poids  plus  ou  moins  grand  ,  felon  que  la  tenfion  qu'il  produi:  eft  plus  oil 
moins  grande  ,  c'eft-a-dire,  que  plus  ce  fil  eft  rendu,  moins  il  eft  en  etac 
de  foutenir  un  poids  egtl  a  celui  qu'il  foutiendroit  iiaurellement  ;  le  tor- 
rillement  feul  fufBt  quelquefois  pour  ronipre  les  fils  ,  comme  on  Te-xpe- 
rimente  ,  I'orfqu'on  veut  les  tortiller  crop  les  uns  autour  des  auttes. 

Le  meme  toitillemenr  qui  augminta  la  force  des  cordes  par  certains 
endroits  ,  la  dimlnue  done  par  d'aucres  endroits  ;  mais  I'augmentation  fur- 
palfe-telle  li  diminution  ,  c'eft  fur  quoi  la  geometrie  n'a  de  prife  qu'au- 
tant  qu'on  fera  des  fuppoficions  arbitraires ,  c]ui  par  confequent  ne  decide- 
ront  rien.  On  ne  fauroit  connoitre  fi  ,  entte  ces  fuppofitions,  on  a  choifi 
celles  qui  font  conformes  aux  eflfets  de  la  uatiire  :  il  faut  done  ici ,  comme 
<Jans  tous  les  doutes  phyfiques  ,  avoir  recours  aux  experiences;  celles  done 
il  eft  queftion,  font  fimples  &  aifees  a  exccuter.  Je  vais  rapporrer  exac- 
tement  une  partie  de  celles  que  j'ai  faites ;  elles  apprendront  ce  qu'on 
doit  penfcr  de  I'augmentation  de  la  force  des  cordes ,  fur  celle  de  la 
fomme  de  leurs  fils. 

Premiere    Experience. 

J'ai  pris  un  grand  brin  de  fil  blanc  tel  qu'on  s'en  fcrt  dans  les  ufages 
ofdinaires,  j'ai  attache  a  un  de  fes  bouts  differens  poids  fuccellivement 
depuis  une  livre  fufqu'a  dix  ;  ce  brin  de  fil  a  foucenu  neut  livres  &  demie,  & 
ne  s'eft  ca(Te  que  par  un  poids  de  dix  iivres  :  il  etoit  done  a  prefumer  que 
chacune  des  deux  patties  qui  m?  relloient  aptes  la  divifioa  de  ce  fil ,  pou- 


A  C  A  D  i  M  I  Q  U  E.  175 

Vbient  du  moins  porter  un  poiiis  de  neuf  livres  &c  demie  puifquellcs  la-  r=;;=;!:ss=; 
voient  deja  foutenu  fans  ie  rompre  :  je  pliai  enfuite  en  deux  L-  plus  long  Acad.  Royale 
de  ces  deux  bours  de  fil  ,'  &:  tortiUant  les  deux  brins  que  donnoit  ce  fil  pli^     des  Sciences 
I'un  fur  I'aucre,  je  formal  une  peiite  corde  compolci.- de  deux  Ills ,  chacun       db  Paris. 
defqueis  pouvoic  porter  neuf  livres  He  demie  ;  par  conlcquent ,  l\  le  tortil-    _^„„^£  171 1, 
lem^nc  cut  augmente  la  force  de  la  corde  par  delTiis  la  fomme  de  la  force 
des  fils  qui  la  conipofoient  ,  cette  p.'tite  corde  auroit  du  porter  plus  de 
dix  neuf  livres  ;  ellc  etoit  trcsbien   tortillee  fans   I'ttre  pourtant  trop  :  il 
ert  neaiMDoins  arrive  que  cette  corde  s'ell  calTee  par  un  poids  de  feize  livres , 
Ik  qu'elle  n'a  foutenu  que  quinze  livres  &  demie  fans  fe  rompre  :  lorn  que 
fa  force  fut  augrnentde  par  le  torcillement,  elle  eioic  diminu(Je  d'enviroa 
un  fixieme. 

Suonde  Expidence. 

J'ai  enfuite  attache  un  poids  de  fix  livres  &  demie  a  un  autre  fil  tire  du 
mcme  peloton  ,  ii  I'a  foutenu  fans  fe  rompre  ,  &  sV-ft  calfe  lorfque  je  lui  ai 
fait  porter  fept  livres  :  j'ai  de  mcme  atrache  divers  poids  a  deux  autres  fils , 
dont  le  premier  a  rcfifte  a  un  poids  de  huic  livres ,  &:  s'eft  cade  a  huit  Uvres 
&:  demie  ,  &  le  fecond  a  foutenu  huit  livres  &  demie  &  b'elt  calle  a  ni.uf : 
j'ai  pris  les  plus  longs  bouts  de  ces  trois  fils ,  &  en  les  tortillant  j'ai  com- 
pofe  une  petite  corde  de  trois  fils  j  la  fomme  des  forces  ds  ces  trois  fils, 
etoit  du  moins  capable  de  foutenir  un  poids  de  vingt-trois  livres ,  la  corde 
s'eft  cependant  rompue^  lorfqii'elle  a  ete  chargce  de  dix -fept  Uvres  Sc 
demie  ;  le  tortillenient  I'avoic  done  confidcrablemeat  aftoiblie. 

Troijicmt    Expenence. 

Ayant  de  mJme  pris  quatre  brins  de  fil  ,  &:  cor.na  par  les  e\-periences 
que  le  premier  pouvoit  foutenir  huit  livres  &  demie  ,  Si  qu'il  s'etoit  calTc 
a  neuf;  que  le  fecond  pouvoir  porter  fix  livres  &:  demie  ,  &  qu'il  s'etoit 
caffe  a  fept ;  &  que  les  deux  autres  avoient  potte  fept  livres,  &  s'etoient  cnlFes 
a  fept  &  demie  ,  j'ai  fait  une  corde  en  tortillant  ces  quatre  fils.  Je  favois 
par  les  experiences  dont  je  viens  de  parler  ,  que  la  fomme  des  forces  de 
ces  fils  ,  pouvoit  du  moins  aller  jufqu'a  foutenir  un  poids  de  vingt  neuf 
livres  :  j'ai  done  aifement  connu  que  la  forte  deceits  corde  ,  etoit  moin- 
dre  que  celle  de  la  fomme  des  fils  ,  lorfqive  jo  I'ai  vue  rompre  ,  aprcs 
y   avoir  fufpendu  un  poids  de  vingt-une  livres  Si  demie. 

Quatrkmt    ExperUnce. 

Pour  confirmer  les  experiences  precedentes,  j'ai  fair  une  nouvelle  corde 
comme  ci-defTus ,  compofee  de  cinq  fils,  quatre  defqueis  avoient  por- 
te  fept  livres  ,  &  s'etoient  ca  Jes  a  fept  livres  &  demie  ,  &  le  cinquieitiS 
avoir  porte  fix  livres,  6c  s'etoit  rompu  a  fix  livres  &  demie;  la  fomme 
de  la  force  de  ces  fils  etoit  done  du  moins  de  trente-deux  livres;  la  corde 
cependant  s'eft  rompue ,  aptes  avoir  foutenu  quelque  terns  un  f>oids  de 
vingc- deux  livres.  Comme  j'avois  connupar  les  experieaces  ptec^ctertt»  , 


Acad  Royale 

DEs  Sciences 

DE  Paris. 

Annie  1 7 1 1 . 


175  COLLECTION 

&  par  diverfes  autres  inutiles  a  rapporter  ici  ,  que  le  fil  dont  |e  me  fer« 
vois ,  avoit  dans  les  eiidroits  les  plus  foibles  mutant  de  force  qui!  en  fauc 
pout' foutenir  un  poids  de  fix  livres,  &  que  fa -force  alloit  fouvenc  juf- 
qu'a  foutenir  neuf  livres  ,  je  crus  que  j'etois  en  droit  de  faire  enfuite 
mes  calculs  ,  fans  examiner  davantage  la  force  des  brins  de  fil  que  j'em- 
ployois  ;  &  que  lorfque  je  trouveroi^s  que  la  force  de  la  corde  feroic 
moindre'  que  celle  de  la  foitime  des  fils  ,  en  les  regardant  comme  ne 
pouvant  porter  chaciin  que  fix  livres,  je  ne  courois  au.un  rifque  de  me 
tromper ,  puifque  )e  n'avois  jamais  trouve  la  force  de  ces  fils  plus  petite  , 
&  que  je  I'avois  ordinairement  trouvee  plus  grande.  J'ai  done  fait  encore 
diffcrentes  cordes  avec  le  meme  fil ,  parce  que  Ton  ne  fauroit  trop  repeter 
les  expetienoes  avanr  que  d'en  conclure  quelque  chofe. 

Cinqulemt    Experience. 

Je  fis  une  corde  de  fix  fils ,  elle  auroit  du  pour  le  moins  foutenir  trente- 
fix  livres  ,  fi  la  force  eiit  ete  egale  a  celle  de  la  fomme  d>,s  fils ,  &  cette 
corde  fe  tompit  par  le  poids  de  trente-une  livres. 

Sixieme    Experience, 

Une  corde  de  dix  fils  tres-bien  torrilles  qui  auroit  du  porter  pour  le 
moins  foixante  livres  ,  fi  fa  force  n'eut  pas  ete  moindre  que  cellc  de  la 
fomme  des  fils,  s'ell  rompue  chargee  par  cinquante  livres 

Septieme    Experience. 

Ayant  fait  une  corde  en  doublant  le  plus  long  des  deux  bouts  qui  m'e- 
toieat  rertes  de  la  corde  precedente ,  comme  elle  etoit  compofce  de  dix 
fils  ,  on  volt  que  j'en  fis  une  corde  de  vingt  fils  qui  ne  pouvoit  porter 
moins  de  cent  vingt  livres  ,  fans  etre  plus  foible  que  la  fomme  des  fils  , 
^  moins  de  cent  fi  fa  force  n'etoit  pas  diminuce  par  le  dernier  tortiUe- 
ment  :  un  poids  de  quatre- vingt  livres  fit  caller  cette  corde,  elle  etou 
done  encore  diminuee  de  force  par  le  dernier  cortillement. 

Huetieme    Experience, 

Une  autre  corde  faite  de  vingt -huit  fils  qui  auroit  porte  pour  le  moins 
cent  foixante-huit  livres,  fi  le  tortillement  n'eut  pas  diminue  la  force  de 
la  corde,  a  etc  cafTee  par  un  poids  de  quatre-vingt-deux  livres  ;  diverfes 
autres  experiences  que  je  fupprime  ici ,  ont  eu  le  meme  fucces ;_  mais 
pour  prevenir  routes  les  objedlions  ,  j'ai  voulu  auflTi  foumettre  a  mes  epreu- 

ves  les  cordes  ordinaires 

Neuvieme  Experience 

Je  pris  done  une  petite  corde  de  chanvre  tres-bien  faite  par  un  cordier , 
elle  ecoit  formee  de  trois  autres  petites  cordes,  chacune  defquelles  etoit 

compolee 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  177 

compofce  de  f;ros  fils  de  clianvre  ;  je  donne  le  nom  de  fil  aux  cordes  qui  j.  SS3 

ne  font  pas  faites  d'autres  cordes  plus  petites  ,  mais  qui  (one  compolees  Acad.  Roy AtB 
de  divers  brins  de  thanvic  ou  de  lin  :  ayaiit  atcaclic  un  poids  dc  cinquante     d^s  Sciences 
livres  a  la  corde  done  jo  viens  de  parler,   elle  fe  rompu  un  inllant  aprcs;       de  1'aris. 
comme  certe  corde   me  femhloit  &  devoir  ctre  plus  forte,  je   fufpendis     ^rmu  171  r. 
enfuitc  divers  poids  au  plus   lung  des  bouts  qui  m'etou  reftc  ;  il  (outinc 
foixante-douze  livtes,  &:  fe  callii  charge  par  foixaiue-quinze  :  pour  favoic 
fi  la  fomme  des  forces  des  trois  pecitcs  cordes  qui  compofoient  cclle-ci , 
ctoic  plus   grande   que   celle    de   cette  corde,  je  la  dctortillai ,  8c  ayanc 
cprouve    la   force  de    ceS  petites  cordes  par  differens   poids,   je  trouvai 
que   Tune  avoir  porte  vingtfept  livres  fanrfe  rompre  ,  I'autre   trente- trois 
livres  ,  &  li  deruiere  trente-cinq  livres  :  la  fomme  de  la  force  de  ces  trois 
cordes  etoit  done  au  moins  cgale  a  celle  qu'il  faut  pour  foutenir  un  poids  de 
quatre-vingt-quinze  livres ;   cependant  la   corde  qu'elles  compofoient  s'c- 
toit  rompue  d'abotd  a  cinquante  livres  ,  &  enfuite  a  foixante -quinze  :  fa 
force  etoit  done  beaucoup  moindre  que  celle  de  la  fomme  des  fils. 

Au  refte  il  faut  remarqucr  que  fi  j'eulFe  cherclie  la  force  des  deux  fils 
dont  chacune  des  trois  petites  cordes  litoit  compofce  ,  la  fomme  des  for- 
ces de  ces  deux  fils  eut  ete  pent-etre  trouvee  moindrc  que  celle  de  la  pe- 
tite corde  qu'ils  compofoient ,  &C  cela  par  une  raifon  particuliere  aux  cor- 
des qui  font  faites  de  brins  moins  longs  que  la  coide  meme  ;  c'ell  que 
chacun  des  brins  ne  peut  exercer  route  la  force  ,  a  moins  que  la  rcfillance 
du  frottement  qu'il  lui  faut  vaincre  pour  gliffer,  ne  furpade  la  force  qua 
ce  brin  pour  foutenir  un  poids  :  or  il  arrive  fouvent  que  les  fil:  ne  lont 
pas  alfez  tottilles  pour  qtie  les  brins  de  clianvre  ou  de  lin  qui  les  com- 
pofent  ,  ne  puilfent  pas  gliffer  plus  aifcment  ,  qu'ils  ne  peuvent  ctre  rom- 
pus.  Mais  lorfqu'on  fait  une  corde  avec  deux  ou  trois  fils,  par  exemple , 
les  nouveaux  tortillemens  qu'on  leiir  donne  ,  ajoutent  aux  brins  qui  les 
compofent  ,  ce  qui  leur  manquoit  de  frottement ,  Si  les  mettent  en  etac 
de  pouvoir  ctre  rompus  par  une  force  moindre  ,  qui  eft  celle  qui  elVncceT- 
faire  pour  les  faire  glider  ;  &  dcslors  que  chaque  brin  pourra  ctre  plus 
aifement  rompu  que  dcgage  d'entre  ceux  qui  I'entourent  ,  la  force  de  la 
fomme  fera  toujours  moindre  ,  que  la  fomme  des  forces  des  fils  ou  des 
brins  qui  la  compofent. 

Dixkme    Experience, 

Une  autre  corde,  a-peu  prcs  de  la  meme  grofTeiir  que  la  precedente  , 
fervira  encore  de  nouvelle  preuve  ,  elle  a  foutenu  un  poids  de  foixanta 
livres  ,  Sc  s'cll  rompue  environ  au  milieu  par  le  pefanteur  d'un  poids  de  71  I. 
j'ai  attaclie  un  poids  de  foixante  -  quinze  au  plus  long  des  morceaux 
qui  me  reftoient  pout  voir  fi  la  corde  n'etoit  point  cafTee  dans  un  endroit 
beaucoup  plus  foible  que  les  autres  j  mais  elle  n'  a  pu  foutenir  le  poids 
de  foixanteqainze  livres.  Ayant  cherche  fepardmenc  la  force  des  trois 
petites  cordes  dont  elle  etoit  faite  ,  la  premiere  a  porte  vingt  quatre 
livres  ,  &  s'ell  rompue  a  vingt -luiit  ,  la  deuxieme  a  porte  vingt- huic 
livres,  &  s'efl:  rompue  "a  vi::gt-neuf  :  enfin  la  troifieme  a  foutenu  trente- 
livres ,  &  ne  s'eft  calfee  qua  trente-une.  La  fomme  des  forces  de  ces  trois 

Tome  III,  Parcie  Franco! fe.  Z 


tyS  COLLECTION 

'  cort^es  etoic  done  egale  ,  du  moins  a  quatre-vingt  deux  ,  &c  par  confequenC 

AcAD.RoYALE  plus  grandc  que  celle  de  la  corde  qui  s'etoic  caflee ,  cendue  par  un  poids 
DEs  Sciences    de  foixance  dauzs  livres. 

DE  1  ARis.  On  ne  peut  douter  que  les  experiences  que  j'ai  faites  ,  n'eufTent  reufli  de 

Annii  171 1.  I^  mt-me  maniere  fur  de  plus  groiTes  cordes;  Ic  grand  nombre  des  fils  ou 
pecires  cordes  ,  ne  doic  y  appotter  aucun  changement  j  mais  les  experien- 
ces auroient  ete  beaucoup  plus  difficiles  a  executer  ,  &  les  precedences 
fuflifent.  J'en  rapporterai  pourtant  encore  une  que  j'ai  faite  fur  un  brin 
de  foie  ,  tel  qu'on  s'en  fere  ordinairement  pour  coudre  :  quelque  petite 
que  fut  cette  efpece  de  corde,  on  peut  la  comparer  aux  plus  gros  cables  y 
fi  Ton  fait  feulement  attention  ?u  nombre  des  fils  fimples  qui  la  compo- 
foient :  les  fils  de  ce  brin  de  foie  etoient  d'une  finelle  extreme  ,  aulll  en 
contenoit-il  an  nombre  bien  plus  grand  que  ies  brins  dont  j'ai  parle  dans 
I'Examen  de  la  foie  dzs  araignui  {a)  ;  car  I'ayant  fepare  avec  beaucoup 
d'attention  &  de  patience  ,  je  I'ai  divife  en  851  fils  fimples,  au-lieu  que 
je  n'avois  trouve  que  100  fils  dans  les  autres.  Si  ce  calcula/oit  quelque 
defaut,  ce  ne  ponrroir  etre  que  parce  qu'il  feroit  le  nombre  des  fils  plus 
petit  qu'il  n'ctoir  efPeCtivement  ,  parce  qu'il  pourroic  fort  bien  etre  arrive 
que  I'extreme  finelTe  de  ccs  fils  ,  m'en  eCic  quelquefois  faic  prendre  deux 
pour  un  :  mais  ce  nombre  ne  fauroit  etre  trop  grand,  parce  qu'il  ne  m'eft 
jamais  arrive  de  compter  un  fil  fans  I'avoir  bien  fepare  des  autres  : 
j'avois  meme  la  precaution  de  le  couper  apres  I'avoir  compce,  de  crainte 
qu'd  ne   m'arrivac  d'en  faire  uu  double  emploi. 

Ces  831  fils  compofoient  deux  petites  cordc-s  difFerentes,  qui  etant  tor- 
tillees  I'une  fur  I'autre  ,  formoient  le  brin  de  foie  :  ayant  attache  fuccefii- 
vement  difFerens  poids  a  ce  brin  de  foie  ,  je  trouvai  qu'il  loutenoit  ordi- 
nairement cinq  livres  pendant  quelques  inftans,apres  quoi  il  fe  rom- 
poit ;  mais  fa  force  altoit  tres-rarement  jufqu'a  porter  cinq  livres  &  de- 
niie  ,  &  dans  un  grand  nombre  d'experiences ,  il  n'y  eut  qu'un  cas  ou 
deux,  que  cinq  livres  &c  demie  ne  le  firent  pns  rompre.  Ayanc  examine 
enfuite  la  force  des  fils  qui  compofoient  ce  brin  de  foie,  je  m'alTurai 
par  plufieurs  experiences  que  les  plus  foibles  pouvoient  foutenir  un  gros 
fans  fe  rompre  ,  &  les  plus  forts  un  gros  &  demi :  on  vo;t  que  fi  ces  fils 
etoient  beaucoup  plus  fins  que  ceux  dont  j'ai  parle  dans  ['Examcn  de  la 
foie  de  raniignee  ,  ils  etoient  audi  beaucoup  plus  foibles  ,  car  ceux- la  foute- 
noient  deux  gros  &  demi.  Puifque  ces  fils  portoient  du  moins  un  gros  , 
&  que  les  plus  forts  ,  dont  je  trouvois  mtme  un  plus  grand  nombre 
que  Ass  plus  foibles  ,  portoient  un  gros  &  demi  ,  il  eft  certain  que  je 
ne  ferai  rien  de  trop  favorable  3  la  fomme  de  la  force  des  fils  ,  lorf- 
que  je  prendrai  un  gros  dix-huit  grains  pour  la  force  moyenne  de  clia- 
que  fil ;  &  felon  cecte  fuppofition  ,  la  fomme  des  forces  des  fils  qui 
compofoient  ce  brin  de  foie,etoit  de  1040  gros;  ou  divifanc  cctte  fom- 
me par  1 18  pour  la  reduire  en  livres,  la  fomme  de  la  force  des  fils  etoit 
de  huit  livres  deux  onces :  or  nous  avoiis  vu  ci  delTus  que  le  brin  di  'oie 
ne  foutenoic  pour  I'ordinaire  que  cinq  livres,  &  rarement  cinq  5c  demie ;  fa 

(<j)  Annee  1710, 


ACADEMIQUE. 


J7i) 


*E  Paris. 
AnnU  1 711. 


force  etoit  done  confidcr.iblement  moindre  que  celle  dc  la  fomme  des  fils  ,   ""  ' 

quand  nous  aurions  pris  la  force  des  fils  les  plus  foibles  qui  ^coir  un  gros,  Acaii.Royaie 

pour  la  veritable  force  de  chaque  fil ;  la  fonimc  des  forces  aiiroit  etc  de     Dis  ScIE^•cR 

>i  5  i  gros  ,  c'elt-a-dire  de  fix  livres  &  deniic  ,  par  confequent  plus  grande  que 

celle  du  brin  de  foie. 

On  peut  done  sureinent  conclure  de  routes  ces  experiences  que  la  force 
d'une  corile  tortillee  eft  moindre  que  la  fomme  des  forces  des  fils  qui  la 
compoleiit;  mais  il  n'eft  pas  pofllble  de  determiner  en  quelle  proportion  le 
tortillement  la  diminue,  parce  que  cette  diminution  depend  d'un  grand 
nombre  d'irregularitcs,  lefquellcs  peuvent  fe  combiner  de  pliifieurs  manie- 
res  differentes. 

Ces  experiences  nous  apprennent  du  moins  que  lorfqu'on  pourra  em- 
ployer dune  maniere  commode  plufieur^  perites  cordes,  &  qu'on  les  pourra 
tendre  e^alement,  ces  petites  cordes  feront  en  erat  de  produire  un  plus 
grand  effet,  ou  de  reader  a  un  plus  grand  effort,  que  ne  le  feroit  un  cable 
compofe  de  toutes  ces  petites  cordes. 

Enfin  fi  nous  ne  pouvons  decider  quelle  eft  la  force  d'un  cable  ,  nous  pou- 
vons  decider  entre  quelles  limites  elle  eft  renfermee  en  cherchant  quelle  eft 
la  force  de  quelques-unes  des  petites  cordes  qui  le  compofent,  &  en  exami- 
nant  quel  eft  le  nombre  de  ces  memes  cordes,  puifque  nous  avons  vu  que 
ia  force  du  cable  eft  moindce  que  la  fomme  des  forces  de  toutes  ces  cordes. 


i8o 


COLLECTION 


Acad.  RoYALE 

BEs  Sciences 

DE  Paris. 

Annie  1712. 


•^= 


f^> 


Obfcrvations  Mctcorologiques  faites  a  I' Obfervatoirc  Royal 
pendant  Vannce,   ij  i  i. 


Par    M.    D  E    LA    Hire. 

M-i  A  fomme  cJe  la  hauteur  de  I'eau  de  toute  I'annee  1 7 1 1  a  etc  de  2^ 
pouces  1  lignes  6  pouces  de  plus  que  la  hauteur  des  annees  moyennes.  Il 
eft  alTez  extraordinaire  que  cette  annee  ait  donne  tant  d'eau  ,  quoiqu'il  n'ait 
plu  que  fort  peu  pendant  les  mois  de  Juin  &  d'Aour ,  qui  avec  le  mois  de 
Juillet  en  fourniffent  aflez  fouvent  autant  que  les  neuf  autres  mois  de  I'annee 
tout  cnfemble  ,  &c  d'autanc  plus  que  depuis  le  3  Seprembre  jufqu'au  191! 
n'a  pas  plu  ,  &  que  depuis  le  1 9  Sepcembre  ,  oii  il  toniba  1 1  lignes  jufqu'au 
19  d'Odtobre ,  il  n'en  eft  tombe  que  z  ou  j  lignes  :  mais  les  grandes 
nciges  du  mois  de  Fevrier,  avec  les  pluies  qui  les  ont  fuivies  vers  la  fin 
de  ce  mois,  ont  donne  tout  d'un  coup  une  grande  quanrite  d'eau  ,  ce  qui 
a  caufe  un  debordement  confiderable  de  la  riviere  j  ce  debordement  n'a 
pourtant  pas  ece  fi  grand  que  celui  qui  arriva  en  165  S  au  mois  de  Fevrier  , 
&  done  la  hauteur  eft  marquee  dans  le  cloitre  des  CelelHns  de  Paris. 

On  ne  peut  rien  determiner  de  certain  fur  la  hauteur  d'eau  que  doit 
fournir  une  certaine  hauteur  de  neige ,  car  il  y  en  a  qui  eft  fort  rare  & 
d'autre  qui  eft  a(Tez  condenfee. 

Les  18  ,  19  &  30  Juillet  ont  fourni  environ  5 1  lignes  d'eau  ,  &  c'eft  la 
plus  grande  pluie  qu'il  ait  fait  pendant  toute  I'annee.  Il  y  avoit  un  peu  d'o- 
rage  le  18  au  foir. 

Mon  thermometre,  qui  eft  toujours  expofe  a  I'air ,  mais  a  I'abri  du  foleil 
&  du  vent ,  a  ete  au  plus  haut  a  61  parties  f  le  16  Juin  au  lever  du  (oleii , 
&  a  1  heures  apres  mldi  il  etoit  a  73  f  ,  ce  qui  ne  marque  pas  une  fore 
grande  chaleur  ,  puifque  je  I'ai  vu  monter  jufqu'a  80.  Le  10  Juillet  qui 
dans  le  cours  ordinaire  eft  le  terns  des  grandes  chaleurs,  il  n'ctoit  qu'i 
I'etat  moyen  vers  le  lever  du  foleil.  Ce  meme  thermometre  a  ete  au  plus 
bas  a  10  degres  le  1 5  Fevrier  j  mais  deux  jours  apres  il  etoit  remonte  a  3  (J, 
On  fait  que  la  temperature  des  cartieres  de  I'Obfervatoire  qui  eft  conftante  > 
eft  de  1  S  degres  fur  ce  thermometre  ,  &  que  la  gelee  commence  dans  la 
campagne  lorfqu'il  eft  a  3 1  •,  en  forte  que  de  la  temperature  moyenne 
jufqu'a  la  gelee ,  il  defcend  feutement  de  \6  parties  ,  &  par  confequent  le 
degre  de  chaleur  d'air  qui  (era  autant  au-de(Tus  de  cette  temperature 
moyenne  que  le  degre  du  commencement  de  la  gelee  eft  au-deflous,  fera 
<J4 ,  comme  il  etoit  cette  annee  a-peu-pies  vers  le  matin  du  jour  qu'il 
faifoit  le  plus  grand  chaud  ;  &:  la  plus  grande  chaleur  de  ce  meme  jour ,. 
a  deux  heures  apre?  midi  ou  le  thermometre  marquoit  75  t  ,  a  ete  a-peu- 
pres  autant  au-deftiis  de  la  temperature  moyenne  que  ie  plus  grand  ftoij 
de  I'annee  ,  qui  fut  de  20  degres  au  lever  du  foleil,  etoit  au-dellous  de 
cette  temperature. 

Le  baromecre  dont  je  me  fers  pour  faire  chaque  jour  mes  obfer'^a- 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  i8i 

tions,  eft:  nil  bnromjtre  fimple  qui  eft  place  a  la  haoreur  de  la  grarnle  = 

falle  de  I'Obfervatoire  ,  &  dont  !e  mercure  fe  tient  toujoius  a  5  lignes  plus  Acad.  Ro vale 
bas  que  celui  dont  M.  Picard  fe  fervoit ,  &  fur  lequcl  il  apper(,uc  de  la     des  Sciences 
lumiere  en  agitant  le  mercure  dans  le  tuyau  ,  ce  qui  etoit  un  phenomene       M  Paris. 
rouveau.  Je  ne  faurois  foup^onner  qu'il  y  ait  de  I'air  dans  le  mien  ,  car  il     Annie  17  iz. 
donne  de  la  lumiere  comme  I'autre  ,  &  je  I'ai  rempli  avec  beaucoup  de 
foin.    11  faut  remarquer  que  pour  avoir  la  veritable  hauteur  du  mercure 
dans  le  tuyau  ,  il  faut  fecouer  un  pcu  la  monture  du  barometre  centre  le 
mur   ou  il  eft  fufpenJu. 

Ce  barometre  a  etc  au  plus  bant  a  i8  pouces  5  lignes  le  11  Janvier  ;  le 
ciel  etoit  ferein  avec  un  vent  mediocre  de  Nord  proche  la  terre ,  mais  le 
vent  fupcrieur  etoit  Eft  ,  &c  pendant  tout  ce  mois  il  n'y  a  eu  que  peu  de 
pluie  j  aulli  le  barometre  a  toujours  ere  fort  haut ,  car  pendant  la  moitie  de 
ce  mois  il  a  palTe  iS  pouces.  Ce  mcme  barometre  a  etc  au  plus  bas  a 
Kf  pouces  9  lignes  \  le  10  Decembre  avec  un  ouragan  tres  violent ,  le  venc 
ctant  vers  le  Sud  ,  mais  avec  peu  de  pluie  j  ainfi  la  difference  entce 
I'etat  le  plus  haut  &  le  pliis  bas  du  barometre,  a  ete  d'un  pouce  7  lig.  f  plus 
grande  que  la  difference  moyenne  de  3  lignes  j. 

Je  remarque  en  general  que  pendant  route  cette  annee  ,  lorfque  le  ba- 
rometre etoit  aux  environs  de  2S  pouces,  ce  qui  eft  arrive  alfez  fou- 
vent  ,  il  n'a  pas  plu  ,  ou  fort  peu  \  c'eft  audi  ,  comme  on  croit,  que  le 
batometre  ptcdit  la  ferenite  de  I'air;  &  lorfqu'il  a  ete  vers  le  plus  bas, 
il  y  a  eu  toujours  alTcz  de  pluie  &i  de  neige  ,  comme  il  eft  arrive  en 
Fevrier.  Cependant  cette  regie  n'eft  pas  fi  certaine  ,  qu'il  n'y  ait  quel- 
ques  exceptions,  comme  vers  la  fin  du  mois  de  Juiiiet  ou  il  a  plu  con- 
fiderablement  ,  ainfi  que  je  I'ai  remarque  cidefiuSjle  barometre  etanr 
vers  i7  pouces  S  lignes  ,  ce  qui  peut  arriver  par  des  caufes  particulie- 
res  ,  tclles  qu  un  orage  fubit  ,  ou  Ion  voit  aliez  fouvent  deux  vents  con- 
traires  qui  ayant  des  diredtions  differentes  ,  ou  vers  le  haut  ou  vers  le 
bas  ,  &   ne  durant  que   peu   de   terns  ,  font  des  imprellions    irrcgulieres  \ 

fur  le  mercure   du  barometre. 

Les  vents  ont  ete  cette  annee  comme  a  I'ordinaire  en  ce  pays-ci  ,  fort 
fouvent  vers  le  Sud-Oueft. 

X,e  6  0(ftobre ,  a  huit  lieures  du  foir,  on  s'appergut  d'un  tremble- 
ment  de  terre  dans  mon  appartement  feulement  ,  a  I'Obfervatoire;  txl'uii 
^&s  principaux  fignes  ,  fut  que  les  gros  anneaux  d'une  fontaine  de  cui- 
vre  ,  frapperent  contre  la  fontaine,  firent  adez  de  bruir  &:  demeurerenr 
long-tems  en  mouvement ,  ce  qui  fut  obferve  par  tons  ceux  qui  ctoienc 
dans  le  lieu;  mais  je  n'en  p.irl.ii  point  alors,  car  je  foupgonnois  que 
cette  fontaine  ou  il  y  avoit  beaucoup  d'cau,  avoit  pu  glilFer  un  peu  iur 
fon  pied  ou  elle  etoit  pofee  ,  &  qu'un  petit  mouvement  d;^  I'eau  ,  en 
avoit  pu  donner  un  alTez  grand  a  route  la  fontaine  pour  en  faire  battre 
Iss  anneaux  contre  le  corps  :  mais  quelques  jours  apres  nous  recu- 
iTies  des  lettres,  par  lefquelles  on  nous  avertilfoit  d'un  rtemblement  a; 
terre  qu'on  avoit  fenti  a  50  lieucs  de  Paris,  ce  qui  avoit  beaujonp.  eff  ave 
les  gens  du  lieu  ,  &  c'etoit  le  mtnie  jour ,  &  a  la  memi;  heare  ou  noirs 


\tl 


COLLECTION 


AcAD-TlOYALE 

BES  SciKNCES 
D£    PaIUS. 


nous  en  etions  appercus  a  I'Obfervatoke.   On  en  a  eu  encore  depuis  its 
avis  d'autres  endroits  ou  il  a  ece  fort  confiderable. 

Le  JO  Decembre  1711,  j'ai  trouve  la  declinaifon  de  Taguille  aimanree 
de  10  degres  50  min.  vers  TOuelt  ,  de  meme  que  I'annee  preccdente  ; 
mais  il  faun  remarquer  que  celle  de  I'annee  1709,  n'etoit  que  de  10  dee. 
15  minutes,  &  par  conicquent  depuis  1709  jufqu'en  1710  ,  on  trouvoit 
la  vafiarion  de  55  minutes  ,  qui  etoit  environ  le  double  de  ce  que  ion  ob- 
ferve  depuis  quelqu's  anneesj  mais  celle  de  1711  i'a  redtifie,  car  pour 
2  annees,  on  n'auia  que  les  3  5  min.  de  ditFerence.  On  nc  peut  cependaftt 
foupc^oiiner  ces  ob'ervations  d'aucune  erreur  ,  car  on  les  fait  toujours 
avec  tin  tres  grand  foin  ,  en  fe  ftrvant  de  la  meme  aiguille  qui  a  8  pouces 
de  longueur  ,  er  appliquant  un  cote  de  la  boite  quarrce  011  elle  eft  renfer- 
mee  contre  nne  des  faces  d'un  gros  pilier  de  pierre  qui  eft  au  bas  de  la  tetralTe 
de  rObfervatoire.  On  s'efl  aiTurc  par  plufieurs  obiervations  tres-exa6tes , 
dela  pofition  decette  face  du  pilier,  laquelle  regatde  direiftement  le  ecu- 
chant. 


Comparaifoii  des  Obfervations  Meteorologiques  fakes  a  Zurich 
avec  les  precedentes  pendant  la  metnc  annie. 


M 


L.  Scheuclizer  nous  a  envoye  fes  obfervations  de  I'annee  derniere  171 1 
fur  la  pluie  ,   fur  le  barometre  &  fur  fes  meteores. 

Il  compare  mois  par  mois  fes  obfervations  de  la  hauteur  de  la  quan- 
tite  d'eau  ,  tarrt  en  pluie  qu'en  neige  fondue  ,  avec  celle  que  j'ai  trou- 
vee  li  Paris  a  I'Obfervatoire  ,  &  que  je  lui  avois  envoyee  par  I'ordre  de  M. 
I'abbe  Bignon  ,  ou  Ton  voir  qu'il  a  plu  beaucoup  plus  a  Zutich  qu'a  Paris 
dans  chaque  mois  ,  hormis  le  feul  mois  de  Juillet  ,  comme  on  voit  par 
la  table  fuivante  : 


Paris. 

Zurich. 

Paris. 

Zurich. 

En  Janvier. 

^k- 

34rl'g"es. 

En  Juillet.         5 1  \. 

jS^ilignes, 

Fevrier. 

5'i- 

109. 

Aout.            ao  J. 

66. 

Mars. 

18. 

44^. 

Septembre.  24  i. 

35  f. 

Avril, 

ioi. 

16  k. 

Odobre.       3  i  {. 

6^1 

Mai. 

3M- 

39v 

Novembre.  21. 

45  -:• 

Juin. 

8|- 

'5- 

Decembre.     1 5  {. 

2J- 

Ce  qui  lui  adonne  pour  route  I'annee  45  pouces  j  de  ligne  mefure  de 
Paris  5  &  ilajoute  que  c'eft  une  des  plus  gtandes  hauteurs  d'eau  qu'on  air 
obfervees  jufqu'a  prefentj  mais  a  Paris  je  n'ai  trouve  que  Z5  pouces  i 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  i8> 

lignes  ,  ce  qui  oe  lailTe  pas  d'etre  une  des  plus  grandes  hauteurs  qu'on  ait  __,____^ 
vues  ici.  J'ai  rapporcc  ailleurs  quelques  raifons  qui  pcuvcnt  f'aire  coniioi-  ~  7. 

,-,    J     •         ^f^L        L  '      ,    '       „  o       J  •  J  I  J         ACAD.ROYALE 

tre  qu  11  doit  tomber  bcaucoup  plus  ocau  &  de  neige  dans  les  pays  des     D^sSciENCfS 
montagiics,  que  dans  les  plaines  qui  en  font  cloignees.  («)  de  Paris. 

II  a  trouvc  la  plus  urande  hauteur  du  barometre  le  21  Decembre  a  Z7  .  , 
pouces  :  le  matin  de  ce  jour-u  ilctoit  ici  a  iS  pouces  5  hgnes  ^  avec  Ic 
barometre  ordinaire  \  mais  avec  un  autre  a  18  pouces  6  lignes  [  ,  done  dif- 
ference avec  ce  dernier  18  lignes  [.  La  moindre  hauteur  de  fon  barome- 
tre a  etc  le  9  Fevtier  315  pouces  1 1  lignes  [ ;  &  le  mem£  jour  id  a  iS 
pouces  1 1  lignes  |  avec  le  barometto  ordinaire  ,  &  avec  I'autre  a  27  pou- 
ces 3  lignes,  &c  la  difference  avec  ce  dernier  n'eft  que  de  15  lignes -j ; 
mais  ces  jours  la  ne  font  pas  ceux  auxquels  j'ai  obferve  ici  la  plus  gran- 
de,  &  la  moindre  hauteur  du  barometre  :  audi  la  difference  encre  la  plus 
grande  &:  la  moindre  hauteur  que  j'ai  trouvee  a  Paris,  eft  de  io  lignes, 
ik  line  la  trouve  que  de  11  lignes  y.  C'efb,  a  ce  qu'il  me  fembie  ,  ce 
qui  fait  connoicre  que  les  hauteurs  du  mercure  dans  les  barometres  ,  ne  vi.en- 
nent  pas  toujours  de  la  hauteur  de  route  I'atmofphere  qui  ne  peut  pas 
ttre  fort  differente  dans  des  lieux  peu  eloignes  les  uns  des  autres  ,  &C 
dans  un  mcme  terns  ,  mais  de  queique  accident  parciculier  de  I'air  :  cepen- 
dant  fi  Ton  prenoit  une  moyenne  difference  de  haiucur  du  barometre  i 
Zurich,  &  a  Paris  dans  les  obfervations  que  je  viens  de  rapporter  ,  on 
auroit  a  peu-pres  17  lignes;  &:  fi  Ton  pofoit  11  toiles  d'elevation  pour 
une  ligne  de  changement  de  hauteur  de  mercure  ,  il  s'enfuivroit  que 
Zurich  feroit  plus  haut  que  Paris  au-defTus  de  la  mer  ,  de  187  toifes. 

Il  s'etendfort  au  long  fur  les  meteores,  &  principalement  fur  le  trem- 
blement  de  terre  qu'on  a  reffenti  a  Bale  ,  dont  M.  Bernoulli  lui  a  en- 
voyc  une   relation  tres-exacte  :  voici  le  refultat  de  cette  relation. 

Il  y  euc  deux  fecoulles  de  ce  tremblemenc  peu  eloignces  I'une  de  I'autre  , 
le  9  Fevrier  entre  4  &  5  heures  du  matin  :  nous  en  relTentimes  une  a 
Paris  le  6  Odobre  a  S  heures  du  foir ,  d'oii  I'on  voir  que  les  caufts  de 
ces  tremblemens  ont  ete  fort  eloignees.  A  Bale  le  tremblement  de  terre 
fur  precede  d'un  vent  tres-violent  de  Midi ,  femblable  a  une  tempete  ou 
a  un  ouragan  ,  lequel  fut  accompagne  d'une  chaleur  extraordinaire  dans 
cette  faifon  de  I'annte  ,  quoiqu'aup.nraVdnt  il  fit  fott  froid  ;  aiors  routes 
les  neiges  qui  etoient  en  tres-grande  abondance  fur  la  terre,  furent  fon- 
dues en  moins  de  deux  heures  ,  &  routes  les  rivieres  ,  &  le  Rhin  meme 
criirent  excraordinairemenr ,  ce  qu'on  n'avoit  point  vu  jufqu'alors  ;  mais 
ce  vent  ayant  ceffe  ,  le  froid  recommenca,  &  il  tomba  une  ttcs  grande 
quantite  de  neige  ,  &  jufqu'a  deux  coudees  de  haureur  :  ce  font  ces  ter- 
mes.  M.  Scheuchzer  rtmarque  que  les  mcmes  accidents  du  vent  iSc  de 
la  chaleur  ,  furent  aufli  obferves  a  Zurich,  mais  il  ne  dir  pas  qu'on  y 
reflentit  le  tremblement  de  terre  ;  il  ajoute  feulement  que  dans  ce  inane 
terns,  il  obferva  la  hauteur  du  barometre  de   25   pouces   11  Jignes. 

Enfin  il  rapporte  que  les  fruits  de  la  terre  n'ont  pas  bieu  miiri  daos 
ce  pays. 

(ii)  V.  CoUcc.  Acad,  Part.  Fran^oifc,  torn.  II,  pag.  711, 


i84  COLLECTION 


ACAD.ROYALE 

''de^p'A'i"^    R^fl'^xions  fur  Ics  Ohfei-vadons  du  Barometre,  dries  d'um  Icttrc 
Annii  I     \         icriu  d'Upfalc  en  Suede  ,  par  M,  Kalkrius ,  Diredcur  di 
plujieurs  mines  de  cuivre. 

Par   M.    D  E    LA    Hire    le  fils. 

J  E  fis  voir  a  M.  Valleriiis  qui  eft  fort  bon  Mathematicien  ,  &  qui  etoic 
il  y  a  qtielques  annees  a  Paris  ,  les  changemsns  qui  atriverent  au  mer- 
cure  dans  le  tuyau  du  barometre  ,  en  ie  portant  au  Waut  de  I'Obfervatoire  , 
&  dans  le  fond  des  caves ,  &  je  le  priai  de  faire  ces  experiences  dans  les 
mines  done  il  a  la  direftion. 

Voici  celles  qu'il  a  faites  dans  les  puits  de  Fkmingiennus  &C  Fkmingjf- 
chatet ,  &  dans  les  mines  qu'il  appelle  Falhunenfes  ,  du  grand  mont  de 
cuivre  ,  &c  fur  la  montagne  Grufriis-Bcrget  qui  tienc  a  ces  mines  ,  le  ciel 
etan:  plein  de  nuages,  &  le  vent  un  peu  fort  qui  moderoit  la  chaleur. 

II  commenca  fes  experiences  par  I'obfervation  du  barometre  a  I'entree 
de  la  mine  ,  He  il  trouva  que  le  metcure  etoit  a  14  pouces  4  lignes  de 
Suede  (.2),  qui  valent  ,  mefure  de  Paris,  zfi  pouces  y  73  lignes.  Au  fond 
de  la  mine  qui  avoir  81  toifes  1  pieds  4  pouces  5  lignes  mefure  de 
Paris,  M.  Vallsrius  rrouva  le  barometre  eleve  de  17  pouces  5  lignes,  & 
de  2(5  pouces  5  lignesj—  au  haut  de  la  montagne  qui  avoir  47  toifes  j 
pieds  J  pouces  de  hauteur  au-de(Iiis  de  I'ouverture  de  la  mine;  & 
dans  les  differentes  ftations  ou  il  a  obferve,  foit  en  montant ,  foit  en  def- 
cendant,  entre  ces  deux  extremites,  il  a  toujours  trouve  qu'a  une  ligne 
de  mercure  repondoient  10  toifes  i  pied  6  pouces  4  lignes  :  or  par  toutes 
les  obfervations  que  Ton  a  faites  dans  nos  ciimats  ,  une  ligne  de  mer- 
cure n'a  jamais  valu  moins  de  10  toifes  f  pieds,  &  quelquefois  elte  a 
ete  jufqu'a  14  toifes  i  j  pied.  Il  faut  meme  remarquer  que  dans  les  ob- 
fervations de  ce  pays-ci  ,  au  point  le  plus  bas  d'oii  Ton  ait  commence  a 
compter,  le  barometre  etoit  a  zS  pouces  ou  i-peu-prcs,  &  qu'au  fond 
de  la  mine  de  M.  Vallerius,  qui  a  ete  fon  point  le  plus  bas,  le  baro- 
metre n'etoic  qu'.x  17  pouces  5  lignes.  De  forte  quo  les  obfervations  de 
Suede  ayant  commence  a  un  point  ou  la  colonne  d'air  etoit  moins  pe- 
fante  ou  moins  condenfee  ,  elles  auroient  du  donner  plutot  de  plus 
grandes  hauteurs  pour  chaque  ligne  de  mercure  ;  &  fi  maigre  cela  elles 
les  ont  toujours  donnees  plus  petites,  il  faut  que  lair  foit  confiderable- 
mentplus  pefant  &  plus  condenfe  en  Suede. 

Dans  route  I'etendue  de  plus  de  119  toifes  ou  M.  Vallerius  a  obferve, 
il  a  toujours  trouve  qu'une  ligne  de  mercure  donnoit  precifement  la 
meme  hauteur,  c'eft-a-dire  ,  que  non-feulement  les  vapeurs  metalliques 
de  la  mine  n'y  ont  pas  rendu  I'air  plus  pefant  que  celui  qui  etoit  fur  la 

{a)  Selon  M.  Picait  !c  pie<l  de  Suede  eft  a  celui  de  Paris  dans  la  raifon  de  1(335 
a  1S80.  Le  pouce  du  pied  Stiedois  en  el^  la  dixieme  paitie  ,  &  la  ligne  la  dixiemc  partiedu 
fouce  ,•  Sec. 

montagne. 


acad6mique. 


montagnc ,  mais  mcme  que  la  difference  de  la  condenfation  de  I'air  qui  — 


va  toujours  en  diminiiaiit,  n'a  pas  cte  feufible  dans  tout  cet  efpace  j  cat  on   a  Royaii 

ne  peut  croiie  qu'elle  n'ait  etc  rcelle.  des  Sciences 

On  peut  voir  par  une  table  dcs  condcnfations  de  I'air,  donnee  par  M.       de  1  a  his. 
Caflini  le  fils  dans  les  Menioires  de   1705  ,    quo  plus  ces  coinlcja-itions    yJnnce  lyii. 
fontgrandcs,  plus  leurs  difierences  font  petites;  6c  cela  rend  fuftifasiiUieiiC 
raifon  de  ce  que  les  grandes -oiuk'nfations  de  Suede  ont  ete  trouvecsct;.il>.s. 

De  la  j^r.inde  condenfation  dc  I'air  de  Suede,  ou  de  la  grande  luuf-uc 
de  I'atniolpliere  ciui  doit  toujours  aller  en  diminuaiit  de  Suede  jufquici  , 
^  encore  p  us  juiqu'i  I'cquateur;  il  luit  qu'on  ne  peut  faire  de  table  dts 
abaiiremcns  de  mercure  pour  difterentes  hauteurs  ,  qui  foit  comnmne 
i  differens  pavs  un  p.u  cloignes. 


C  H  Y  M  I  E. 

Ohfervations  fur  I'acide  quijl  trouve  dans  le  fang  ^  dans  les 
autres  parties  dcs  aniniaux. 

par    M.     H  O  M  B  E  R  G. 

J_j  A  fuhftance  des  animaux  etant  formee  &  reparee  fans  celTe  par  les  ali- 
inens  ,  il  ell  naturel  de  penfer  que  Ton  doit  y  retrouver  les  principes  qui 
compofint  ces  m}mcs  alimens.  La  chair  des  canards  fauvages  d.s  pays 
mantiiiies  qui  ne  vivent  que  de  poilfons  ,  fent  fi  fort  I'huile  de  poilTon 
qu'on  ne  fauroit  en  manger;  &  cclle  d.s  grivesqui  ne  vivent  que  de  ner- 
prui  ell  purgative  rant  que  le^  fruits  du  nerprun  durenr.  Cn  peut  done  s'at- 
tendre  a  trouver  des  acides  dans  les  animaux  q  i  vivcnt  de  vegetaux;  Sc 
meme  fi  Ton  fait  attention  que  les  carn.illi  rs  inangent  des  animaux  nourris 
avec  des  vegetaux  ,  Ton  fentira  qu'il  n'eft  aucune  efpece  d'animal  done 
I'analyfe  ne  doive  fournir  de  I'acide,  mais  plus  ou  moins  fuivuit  que  les 
animaux  feront  frugivores  ou  carnivores,  de  forte  que  dan?  les  uns  la  quan- 
titc  d'acide  furpallera  cclle  de  I'alkali  volatil,  tandis  que  dans 'es  uitres 
I'alkali  exceJera  I'acide.  D'apres  ces  idees  j'ai  precede  a  Tanilyte  de  dif- 
ferentes  parties  d'animaux,  tant  des  carnarticrs  que  de  ceux  qui  vivent  de 
vegetaux,  &  particulierement  des  hommes.  Les  refultats  ont  etc  confor- 
"mes  a  ce  que  je  penlois;  &  quelqucs  unes'de  mes  operations,  que  je  vais 
donner  ici,  me  paroilfent  ne  lailfer  aueiui  doate  fur  la  verite  que  j'avois 
entrevue. 

J'ai  pris  treize  livres  de  fang  d'agneau  fraiihement  tue ,  j'en  ai  feparc 
le  Icrurn ,  il  m'ell  telle  (\yi  hvres  de  fang  caille  que  j'ai  difiille  fans  in- 
termede  a  rres  petit  feu  de  fable  dans  une  grande  cornue  de  veire,  pen- 
dant loixante  &  quinze  heures  ,  c'ell  a  dire  jufqu'i  ce  que  par  ce  degrc 
de  feu  doux  il  n'en  fo  tit  plus  rien  de  fenfible;  tout  ce  que  cette  didiU 
lation  en  a  fep:irc  ,  etoit  pres  de  cinq  livres  de  liqueur  aqueufe  &  fort 
claire  qui  n'a  donne  aucune  marqu."  d'acide  ;  je  changeai  pour  lor$  de 
recipient,  Ik.  j'augmentai  le  feu  par  degies  fous  la  meme  cornue  juf<ju'4 

Tomt  111 f  Pariit  franjoifi.  *      A* 


iS<J  COLLECTION 

.  la  derniere  violence,  il  en  fortit  encore  demilivre  environ,  tnoitie  htiile 

Acad.  RoYALE  fetide  ,  &  moitie  liqueur  aqueufe ,  de  couleur   roulfe  ,  &c  fentant  tres- 

DEs  Sciences     fott  rempyreume  :  cette    liqueur  roulFe  a  donnc  egalemenc  des  marques 

DE  Paris.        d'acide  &  dalkali,  car  elle  a  fait  effervefcence   avec  I'efprit  de  fel ,  &C 

Anmt    1711.    elle  a   rougi  la  teintuie  de  tournefol;   la  tete-morte   qui   eft  reftee    dans 

la  cornue  ecoit  un  charbon  fpongieux  ,  dur  &  fore  leger  pour  Ion  volume  , 

il,pefoit  cinq  oiiees. 

J'ai  fait  la  mane  operation  fur  une  egale  quantite  de  fang  de  mouton  , 
j'en  ai  eu  a  peu  pres  les  memes  principes,  excepte  que  la, liqueur  roulle  qui 
,eft  venue  a  la  fin  de  la  diftillation,  m'a  paru  moins  acide  que  celle  de  la 
dilUUation  precedence  :  celle-la  faifoic  forte  couleur  de  feu  avec  la  teinture 
de  tournefol ,  &  celled  n'y  a  fait  que  couleur  de  rofes. 

J'ai  dirtille  de  la  mcme  maniere  ,  &  en  la  meme  quantite  du  fang  de 
veau  6c  de  bceuf ;  il  elt  venu  a  la  fin  de  la  forte  diftillation  de  I'un  i^  de 
I'autre  une  liqueur  roulfe  &  empyreumatique  qui  donne  tout  enfemble 
le  caradVerc  d'alkali  &  d'acide  j  j'ai  obferve  dans  ces  deux  dernieres  ana- 
lyfes  la  meme  difference  que  j'ai  obfervee  dans  les  deux  precedentes; 
favoir,  que  le  fang  de  veau  a  donne  plus  d'acide  que  le  fang  de  bceuf, 
ce  qui  m'a  donne  occafion  de  c6njein:urer  que  le  fang  des  jeunes  animaux 
pourroit  bien  contenir  une  plus  giande  quantite  d  acides  que  celui  des 
adultcs  des  memes  efpeces  j  mais  pour  decider  cette  queftion  ,  il  faudroic 
avoir  fait  un  grand  nombre  d'obfcrvations  femblables  a  ctlles  que  nous 
■yenons  de  faire  ,  ce  que  je  referve  pour  un  autre  terns. 

Dans  nos  analyfes  des  plantes,  nous  avons  touiours  obferve  que  les 
fruits  miats  &  les  plantes  adultes,  out  donne  plus  d'huiie  que  ces  memes 
plantes  jeunes  &  Ics  fruits  non  murs  ,  &  que  ces  derniers  ci  ont  donne  plus 
de  fel  que  les  plantes  adultes  &  les  fruits  murs  :  il  pourroit  bien  y  avoir  une 
difference  femblable  dans  les  parties  qui  compofent  les  animaux  jeunes  & 
adultes  d'une  meme  efpece. 

Nous  avons  obferve  dans  nos  diftillations  da  fang  ,  qua  la  fin  du 
phlegme,  &  avant  que  I'huile  fetide  paroilfe,  il  vient  une  liqueur  rouffe 
qui  contient  en  meme  terns  fon  acide  &  fon  alkali  volatil ,  fans  que  I'un 
enerre  ou  detcuife  I'autre ,  puifqu'elle  fait  egalemenc  efFtrvefcence  avec 
efpric  de  fel ,  &c  qu'elle  rougic  la  ceinture  de  tournefol ,  ce  qui  paroit 
diredlemeni  oppofe  a  ce  qu'on  nous  enfeigne  de  la  nature  des  acides  & 
des  alkalis;  c'cft-a  dire,  que  dans  leur  mcLinge  ils  doivenc  fe  dccruire 
toujours  en  une  fubftance  fimplemenc  falee ,  au  lieu  qu'ici  ils  fe  confer- 
vent  feparement  <!k  paifiblemenc  dans  la  meme  liqueur,  fans  agir  en  aucune 
fa^on  I'un  fur  I'autre. 

La  regie  generale  que  Ton  ^'efl  faire  de  rndion  des  acides  fur  les 
alkalis,  eft  vraie  fans  aucune  reftridlion  d.ins  la  jonftion  des  acides  des 
mineraux  avec  les  alkalis  quelconques;  mais  il  n'en  eft  pas  de  meme  dins 
la  jondtiqn  des  acides  des.vegeraux  ou  des  animaux  avec  les  alkalis  ,vo- 
latils  ,  la  penetration  qui  produit  rebnllition  &  I'efFervefcence  ,  ne  s'jr 
fait  que  lorlqij'ils  nagent  enfemble  en  une  quantite  de  phlegme  qui  leur 
convient  ;  quand  il  y  en  a  crop  011  trop  peu  ,  ils  n'o;  t  point  d'adlion 
I'uu  fur.  i'ai^tr^ejjdafls  jnotre  liqueur  roultej  il  y  a  crop  peu  de  phlegme  , 


f: 


i 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  iS/ 

nous  en  voyons  une  preiive  dans  le  melange  de  i'efprit  d'urine  avcc   le  ;  •       """^ 

vin.iigre  dilliUc  i  quand  rcfpric  d'urliie  ell' Foible  ,  ils  font  ebullition  en-  Acad.RovalE 
fembie  ;  mais  quand   ils  font   bicn  deplregmes  ,  ils  ne  donncnt  aucune     r£S  ^J^^^'^^'-^ 
marque  d'atlion  ,  Sc  pour  les  faire  agir  ,  on  n'a  qu'a  affoiblir  I'tfpnt  d'u-       °^     ^   "• 
rinc  avec  de  I'eau  commune.   J'en  ai  donnc  Ics  raifons  dans  Ics  Memoires    Annu   lyii. 
de  I'annee  1709,  a  roccalion  d'unepareille  liqueur  roulTe  qui  fe  trouve  dans 
la  diltillation  forte  de  toutcs  k-s  plantcs  ;  aiiili  )■;  ne  la  rcpete  pas  ici. 

Le  fang  humain  etant  le  principal  fujtt  de  notre  recherche,  je  I'ai  exa- 
mine de  la  mcme  maniere  que  ctlui  des  autres  animaux  dont  je  viens  de 
parler  ;  mais  comme  je  n'en  pouvois  avoir  tacilement  une  grande 
quantitc  a  la  fois ,  je  me  fuis  conrentc  de  n'en  employer  que  deux  ois 
trois  livres  en  une  operation  Sc  de  la  repeter.  J'ai  fepare  route  la  feroluc 
du  fang ,  &:  ]i  I'ai  diftille  a  tres  petit  feu  pour  le  depoui  ler  feulcment  de 
la  plus  grande  partie  de  fa  liqueur  aqueufe  infipide,  afin  de  le  poiivoir 
garder  ians  fecorrompre.  Ce  qui  me  relloit  dans  lacornue,  etoit  en  confil- 
tence  d'un  extrait  epais  comme  de  la  poix  noire  nn  peu  liquehee  au  feu, 
que  j'ai  garde;  j'ai  reitere  ces  operations  en  petit ,  jufqu'a  ce  que  j'eu!Te 
employe  feize  livres  de  fang  ,  y  compris  le  Ji.um  ,  de  perfonnes  qui  fe 
portoient  bien  :  ces  feize  livres  n'ont  produit  que  fix  livres  de  fang  caitle. 
J'ai  mis  enfemble  dans  une  meme  cornue  tous  les  reiidus  de  ces  petites 
operations  ;  ils  ont  pefe  environ  une  livre  Sc  demie;  je  les  ai  dilhllds  aa 
feu  de  fable  par  degres  ,  jufqu'a  rougir  la  cornue,  il  s'en  eft  diHillc  dix- 
fept  onces  en  tout  ;  favoir ,  douze  onces  de  liqueur  aqueufe  rotille ,  fore 
chargee  de  fel  volatil  ,  &  fentant  fort  I'empyreume,  &  cinq  onces  d'huile 
en  partie  liquide  ,  &  en  partie  epailfe  ,  comme  da  fain-douxj  la  tere 
inorte  etoit  un  charbon  leger ,  pefant  quatre  onces  &:  demie. 

J'ai  reclific  ces  douze  onces  de  liqueur  aqueufe  a  petit  feu  ,  pour  en 
feparer  le  fel  volatil  Sc  le  phlegme  fuperflu  ;  il  eft  refte  dars  la  cornue 
pres  d'une  once  de  liqueur  roulle  &  fetide ,  de  (aveur  auftere  &  fort  acide , 
elle  a  change  la  teinture  de  tournefol  en  forte  couleur   de  feu. 

Je  me  fuis  imagine  que  la  partie  acide  contenue  dans  le  lang  ,  pour- 
roit  bien  ne  pas  fe  dcgager  toute  dans  une  diftillation  fimple  &  fans  in- 
termede  ,  quoique  f.iite  a  un  trcs-grand  feu  ,  a  peu-prt:s  comme  le  fel 
commun  ou  le  falpetre  ,  quand  on  les  diftille  fans  intermede ,  ne  ren- 
dent  que  tres- peu  on  point  du  tout  leur  efprit  acide,  quelque  feu  qu'on 
leur  donne  ;  au  lieu  que  ces  fels  etant  melcs  avec  une  fuftifante  quantite 
de  matiere  terreufe  avant  que  de  les  mettie  dans  la  cornue  ,  ils  rendenc 
tout  I'efprit  acide  qu'ils  contiennent  :  j'ai  done  voulu  diftiller  le  fang  avec 
un  intermede  ;  mais  comme  routes  lesmatieres  terreufes  contiennent  elles- 
memcs  un  fel  qui  auroit  rendu  equivoque  le  jugement  que  Ton  auroic 
fait  de  I'acide  qui  en  auroit  etc  diftille  ,  j'ai  rejettc  toutes  les  matieres 
terreufes  &  je  me  fuis  fervi  des  tetes  mortes  du  fang  meme  ou  du  chat- 
bon  qui  s'eft  trouve  dans  les  cornues :  apres  les  fortes  diftillations  que 
je  viens  de  rapporter  ,  tant  du  fang  des  hommes  que  de  dltferens  ani- 
maux ,  j'ai  pile  ces  tetes  mottes  ,  j'ai  mele  cette  poudre  avec  quaere  livres 
de  fang  humain  caille  Sc  bien  fepare  de  fa  ferofire ;  j'ai  fcche  ce  melange 
au  foleil ,  je  I'ai  mis  enfuite  dans  une  cornue  de  gres,  Sc  je  I'ai  diftille 

Ai  ij 


i88  COLLECTION- 

:^^^^^^^^  4  feu  nud  &  par  degres,  jufqu'a  la  derniere  violence;  j'ai  fepare  I'huile 

AcAD.RoYALE  d'avec  la  liqueur  aqueufe  qui  coiitenoit  I'acide  du  fang ,  &  la  plus  grande 

"1^.  n  A^"^     P^"'^  '^^  ^'^"'  ^^^  volatil :  j'ai  redlifie  cecte  liqueur  aqueufe  :  il  m'efl:  refte 

DE    1  ARIS.  *i  I-  1        r  II-  ,T-  •       I  -I 

J     ,  de  ces  quatre  livres   de  lang  autant  de  liqueur   coulle  qui  changeou  la 

'  ■  teincure  de  tournefol  en  couleur  de  feu ,  que  j'en  ai  eu  de  fix  livres  de 
fang  humain  dillillc  fans  intermede. 

J'ai  mis  enfemble  routes  les  liqueurs  roudes  chargess  d'acide  qui  m'e- 
toienc  venues  de  plufieurs  diftillations,  au(li-bien  du  fang  humain  que  des 
autres  animaux ;  j'ai  verfe  delFus  fix  fois  aurant  d'eau  de  riviere  ,  j'ai  filcre 
ce  melange  plufieurs  fois  par  le  papier  gris  ,  pour  en  feparer  tout  ce 
qu'il  pouvoit  contenir  d'huile  ;  j'ai  diftille  a  tr^s-petit  feu  cette  liqueur 
qui  etoit  fotc  claire  &  qui  fentoit  encore  I'empyreume  :  les  premieres 
portions  qui  en  font  venues  ,  etoient  cliargees  de  fel  volatil  \  mais  les 
dernieres  deux  onces  etoient  audi  acides  que  du  vinaigre  diftille. 

J'ai  examine  de  la  meme  maniere  la  chair  d'un  loup  &  d'un  brocher ,, 
comme  d'animaux  carnafliers  \  de  mouton  &;  de  bcEuf ,  comme  d'animaux 
qui  ne  mangent  que  des  herbes  ;  &c  enfin  celle  de  canard  &  de  cochon, 
qui  mangent  de  tout  ;  j'ai  troijve  toujours  la  liqueur  roulTe  qui  contienc 
de  I'acide,  dans  les  uns  un  peu  plus  ,  dans  les  autres  un  pen  moins;  de 
forte  que  Ton  ne  fauroit  douter  que  I'acide  des  alimens  ne  fe  porte  dans 
la  fubftance  mcme  des  animaux  ,  &  qu'il  n'en  faife  une  des  parties  eden- 
tielles.  Les  obfervations  fuivantes  que  j'ai  fiites  fur  plufieurs  infccftes, 
£.<.  fur  les  excremens  de  diffcrens  animaux,  concourent  encore  a  prouver 
cette  verite  :  &  de  plus  elles  font  voir  que  les  inft  des  &  les  reptiles  en 
donnent  une  plus  grande  quantite  ,  a  proportion  ,  que  les  parties  du  corps 
humain  &  des  autres  animaux. 

J'ai  diftille  a  tres-petit  feu  trois  douzaines  de  viperes  ftaichement  tuees 
&  coupees  en  petits  morceaux  fans  en  rien  oter  ,  elles  pefoient  trois  livres 
dix  once:;  il  en  eft  venu  pendant  cinquante  heures  trente-neuf  onces  de 
liqueur  aqueufe  ,  de  gout  &  d'odeut  fades  ,  qui  n'a  donne  aucun  figne 
d'acide,  mais  elle  a  legerement  touche  I'eau  de  fub'ime  ,  ce  qui  marque 
un  peu  d'alkal!  :  j'ai  enfuite  augmente  le  feu  par  degres ,  jufqu'.i  rougir 
la  cornue  ,  il  en  eft  venu  encore  onze  onces  ;  favoir,  huit  onces  d'huile 
fort  i-'pailfe,  deux  onces  de  volatil,  &  pres  d'une  once  de  liqueur  roulFe 
&  empyreumatique  ,  qui  a  fiit  trcs-forte  effervefcence  avec  I'efprit  de  fel 
&  qui  a  rougi  la  tcinture  du  tournefol. 

Il  s'eft  trouve  dans  la  caiile  de  viperes  qui  m'etoit  venue  de  Poitou, 
treize  viperes  mortes  en  chemin  ,  la  plupart  fort  corrompues  &  pleines 
de  vers,  elles  pefoient  tin  peu  plus  d'une  livre.  J'ai  voulu  voir  fi  la  cor- 
ruption de  ces  animaux  n'auroit  pas  fait  quelque  changement  dans  les 
principes  dont  ils  font  compofes  ,  maisje  les  ai  trouves  parfaitement  fem- 
blables  a  ceux  de  I'anaiyfe  preceiiente. 

Les  limaces  rouges  fans  coquille  ,  ayant  cte  analyfees  de  la  mtme  ma- 
niere, ont  donne  a  proportion  autant  de  liqueur  roulfe  qui  change  la  tein- 
ture  de  tournelol  en  couleur  de  feu  ,  que  les  viperes;  mais  elles  n'ont  pas 
donne  la  meme  quantite  de  fel  volatil. 

J'ai  eu  par  induftrie ,  une  livre  environ  de  mouches  prdinaires,  &  com- 


A  C  A  D  £  M  1  Q  U  E.  189 

me  je  ne  pouvois  pns  bien  en  jouir  fans  les  noyer ,  je  les  ai  plongces  dans  T^^^r^r^r^^s: 
I'cau  ,  Sc  je  les  y  ai  laillecs  huic  jours  ,  I'eau  etoit  fort  pure  &  fans  aucun  Acad. PvO vale 
melange.    11  eft  a  remarquer  que  c'ctoic  en  ete  ,  par  un  terns  fort  cliaud  :    dps   Sciences 
les  nioui-hes  ont  garde  leur  couleur  ordinaire  pendant  les  deux  premiers       ^^  '  aris. 
jours  qu'elles  ^toienc  dans  I'eau ,  rendant  une  odeur  fade  5  mais  li;  tt oifieme   •Anna    1  7 1  r. 
jour  leurs  tctes  commenqanc  a  rougir  Icgcrement,  fonr  devenues  enfin  de 
couleur  dc  feu  \  le  corcelet  s'eft  rougi  atifli ,  mais  plus  tard  ,  &  fimplcmcnt 
de  rouge  brun,  fans  devenir   couleur  de  feu  ,  comme  la  tete  ;   le  ventre 
n'a  point  change  de  couleur  :  au  bout  de  huit  jours  ,  I'eau  commen^oit  a  fo 
troubler  ,  elle  etoit  devenue  aigre  :iu  gout,   &  avoit  I'odeur  du   vinaigre 
corrompu.  II  y  en  avoit  trois  pintes,  comprls  les  mouches  \  je  les  ai  dif- 
tillces  a  trcs-petit  feu  •,  la  premiere  pinte  qui  en  eft  venue ,  a  rou^i  lege- 
remenc  la  teinture  de  tournefol;  la  feconde  I'a  fort  roiigie  ;  j'ai  augmcnte 
le  feujufqu'd  la  derniere  violence,  la  liqueur  roulTe  qui  eit  venue  ,  a  "change 
la  teinture  de  tournefol  en  couleur   de    fang  de  bocuf,  &    cette  couk'ur 
foncee  eft  devenue  couleur  de  feu  en  I'afFoiblilLnt  avec  de  I'eau  commune  : 
c'eft-a-dire  que  I'acidite  etoit  plus  forte  qu'il  ne  faut  pour  changer  la  tein- 
ture de  tournefol  en  finiple  couleur  de  feu  ;  elle  avoit  autli  change  la  dUfo- 
lution  du  vitriol  en  couleur  de  vin  paillec  ,   ce   qui   eft  une   marque  de 
beaucoup  d'acide.   11  y  avoit  un  gros  &   demi  de  fel  volatil  contret,  & 
la  liqueur  rouffe  faifoic  tres-grande  eftervefcence  avec  I'efprit  de  fel.    Le 
fang  iiumain  &  celui  des  gros  anin^aux  n'a  pas  donne ,  a  beaucoup  pres  , 
autant  d'acide  a  proportion  que  ces  mouches. 

J'ai  fait  audi  I'analyfe  des  mouches  cantharides ;  mais  elles  ont  donne 
incomparablcment  moins  dacide  que  les  mouclies  communes,  ce  qui  mar- 
que bien  que  leur  corrofif  ne  corJifto  pas  dans  I'acide  qu'elles  peuvent  C0151- 
tenir. 

Les  fotirmis  ont  donne  beaucoup  plus  d'acide  encore  que  les  mouches 
communes  j  j'en  ai  cu  environ  deux  livres,  j'ai  etc  oblige  de  mcttre  de 
I'eau  bcuillante  delTus  pour  en  appaifer  la  vivacite  ,  comme  j'avois  fait 
avec  les  mouches  ;  je  les  ai  tnifes  dans  una  cprnue  de  verre  ,  &•  j'en  ai 
fait  I'analyfe  :  des  le  commencement  de  l.i  diftillation  a. petite  thaleur , 
la  liqueur  diftillce  a  change  la  teinture  de  tournefol  en  forte  couleur  de 
feu,  &:  elle  a  fi  fort  augmentc  en  acidite  ,  qu'i  la  fin  elle  avoit  le  "oi'ic 
de  vinaigre  diftilie  :  elle  a  change  la  ditfolution  de  vitriol  en  couleur  dc 
vin  de  Bourgogne  ,  ce  qui  marque  beaucoup  d'ncide.  Je  n'si  fait  I'analyfe 
d'aucun  animal  qui  en  ait  donne  autant  que  les  fourmis. 

J'ai  fait  i'analyle  de  trois  fortes  de  lait  ,  favoir  du  lait  de  vache  ,  de 
chevre  &  d'anelfe;  ils  one  donne  incomparablemeut  plus  d'acide,  que 
le  fang  &:  la  chair  des  gros  animaux  ,  &  point  du  tout  de  fel  volatil  con- 
ctet  qui  fe  trouve  neanmoins  dans  routes  les  parties  animates  :  la  caufe 
en  eft  ,  felon  moi  ,  que  le  lait  eft  une  fubftance  trop  nouvellement  fepa- 
lee  des  alimens  ,  &  que  par  le  peu  de  fejour  qu'il  a  fait  dans  le  corps  des 
animaux  ,  6c  par  le  peu  de  preparation  qu'il  y  a  regu  ,  il  ne  doit  are  con- 
filerc  que  comme  le  fimple  fuc  des  herbcs  que  ces  animaux  ont  mangees  , 
6c  non  pas  comme  une  vraie  parrie  animate  ,  ce  qui  m'a  paru  prouve  par 
a  comparaifon  que  j'ai  faite  de  Ignrs  analyfes  avec  celle;s  des  Grammcn  , 


190  COLLECTION 

' '  dii  Sainfoin  ,  &  d'aiitres  herbes  de  nos  ptes ,  qui  font   charg^es  de  la  me- 

AcAD.RoYALE  ^g  quancitc  d'acides  ,  Sc  done  le  refte  dcs  pnncipes  eft  a-peu-pres  fem- 

C£S  Sciences     li  ui     >  j     i  ■ 

DE  Paris        blable  a  ceux  du  hit. 

J'ai  obferve  une  difference  remarquable  dans  la  diftillarion  de  ces  trois 

Aniue  \-j\i.  fortes  de  laic  ,  c'eft  que  la  liqueur  aqueufe  qui  vicnt  du  laic  de  vache  ,  & 
du  laitde  chevre  ,  a  uue  odeur  agreable  ,  &  mcme  la  liqueur  roulie  n'en 
fent  point  mauvais  ,  comma  elle  fait  ordinairement  dans  les  autres  ana- 
lyfes  ,  mais  elle  a  une  odeur  de  gateau  nouveau  fait ,  &  un  peu  grille ; 
au  lieu  que  le  lait  d'anelle  dcs  le  commencement  de  la  dilbllatiun  a  donne 
une  odeur  fade  &  defagreable,  qui  a  augmcnte  de  plus  en  plus  en  deve- 
nant  alFez  femblable  a  celle  de  la  vielle  grailfe  ,  on  du  vieux  oing ;  la 
caufe  de  cette  difference  me  paroit  etre  la  difference  confttudtion  de  ces 
trois  fortes  de  lait  :  dans  lexamen  que  j'en  ai  fait,  il  m'a  paru  que  le 
laic  de  chevre  contient  autant  ■  e  vraie  crcme  ,  ou  de  matiere  butyreufe  , 
que  de  matiere  cafeeufe.  Le  laic  de  vaclie  m'a  paru  peu  different  du  lait 
de  chevre  \  il  contient  un  peu  moins  de  crtine  que  de  fromage  ;  mais 
le  lait  d'anelfe  ,  contienc  trois  ou  quatre  fois  plus  de  fromage  que  de 
creme  ;  &  comme  le  fromage  frais  mis  fur  le  feu  ,  donne  toujours  une 
odsur  fade  6c  defagreable,  le  lait  qui  en  contient  le  plus,  favoir  ceUii 
d'anelfe,  fentira  le  plus  mauvais  fur  le  feu:au  tontraire  le  beurre  frais, 
ou  la  creme  expofee  a  un  feu  modete ,  donne  une  odeur  qui  approche  de 
celle  d'un  gateau  qui  eft  ordinairement  pctri  avec  du  beurre  fr.iis ;  ainli 
le  lait  qui  contiendra  alTez  de  creme  pour  couvrir  entietement  I'odeur 
de  fa  matiere  cafeeufe,  comme  font  le  lait  de  chevre  ,  &  ceiui  de  vache, 
ne  doit  fentir  fur  un  feu  mediocre  ,  que  la  friture  de  beurre  frais  ,  ou  le 
gateau  un  peu  roci. 

J'ai  eu  par  hafard  une  grande  quantite  de  fueur  d'une  perfonne  a  qui 
un  remede  pris  mal-a-propos  ,  avoir  fait  une  imprellion  fudorifique  fi  ex- 
ceflive  qu'en  tordant  les  linges  qui  I'entouroient ,  on  en  pouvoit  amafRr 
jufqu'a  une  livre  par  jour ,  &  cela  pendant  plufieucs  jours  de  fuite  ;  elle 
fentoit  I'aigce  comme  le  petit  lait  aigri  ,  &  fiifoic  une  legere  imprellion 
de  rouge  au  papier  bleu,  &  a  la  teincure  de  tournefol.  J'en  ai  fait  I'ana- 
lyfe  de  la  meme  maniere  que  j'ai  fair  celle  du  fang  :  il  en  eft  venu  a  la  fin 
de  la  force  diftillacion- ,  une  liqueur  rouffe  ,  falee  &  acide  qui  a  fait  force 
couleur  de  feu  avec  la  teincure  de  tournefol. 

J'ai  aufli  examine  par  curiolitc  le  remede  que  cette  perfonne  avoir  pris  , 
c'etoit  une  poudre  jaune  orangee,  dans  laquelle  on  reconnoiftbit  partaite- 
ment  du  foufre  commun  j  j'y  ai  aufli  reconnu  de  la  litharge  :  Ton  mettoic 
de  cette  poudre  environ  douze  ou  quinze  grains  dans  la  main  ,  qu'on 
avoir  auparavant  bien  chauftee  au  feu,  on  y  ajoutoit  deux  ou  trois  gouttes 
d'huile  d'olives,  &  avec  I'autce  main  qu'on  avoir  aufli  chauffee  aupara- 
vant ,  on  frottoit  la  poudre  &  I'huile  entre  les  deux  paumes  des  mains 
pendant  un  demi-quart  d'heure  environ  ;  route  la  poudre  fe  fondoit  avec 
i'huile  ,  &  penetroit  par  les  pores  dans  les  main?  ,  de  forte  qu'en  ouvranc 
les  mains  on  n'y  trouvoit  plus  rien  du  tout.  Ceiui  qui  donnoit  cette  pou- 
dre faifoir  faire  ce  manege  a  fes  malades  plufii^urs  jours  de  fuite,  & 
(juelquefois  deux  fois  par  jourj  il  en  arrivoic  ordinairement  une  legere 


Acad.  Royale 
DES  Sciences 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  191 

fucur   pcriodique  ,   on   un  flux  d'luine  qui  conciniioit  pendant  plufieurs 

jours  ,  iiKine    anres   avoir  lini  I'ufnsie   de  la   poiidre  :  beaucoup  de    gens 

en   oni  etc   incommodes  ,   Hi   daiures  y  ont  troiive  du   louUgement.  Si       ^g  Paris 

fon  auteur  avoir  en  un  pen  de  connoiffance  en  medecine  ,  il   auroit  peut-  , 

cire   trouvc    moyen  d'employer  ce  remede   utili-nient  en  certaines  mala-    ■"'^^'^^  lyii 

dies  :  c'eft  una    maniere  d'introduire  le  (.lomb  dans  le  corps  iiumain  par 

les  pores  de  la  peau  ,  commc  an  y  introduit  le  mercure  par  les  fridlions. 

L'urine  diftillee  fraiche  &  non  fcrmentce,  donne  d'abord  fon  flcgme, 
enfuite  un  (el  volatll  ,  &  fon  huile  fans  donner  de  marques  ftnfibles 
d'acide  :  niais  I'urine  qu'on  a  lailfce  fermentcr  ,  donne  d'abord  fon  fel  vo- 
latil  ,  puis  fon  Hegme  fuivi  d'une  liqueur  roulfe  qui  i  liange  la  teinture  de 
toftrneiol  en  force  couleur  de  feu.  Le  fel  fixe  de  I'urine,  foic  qu'tUe  ait 
fermentc  ,  ou  non  ,  eft  fimplement  falin  ;  il  donne  un  efprit  tres  acide 
quand  il  ell:  diftille  a  feu  nud  avec  una  intermede  ,  comme  on  diftjUe 
I'efpric  de   fel. 

*  Cetefprir  acide  fe  joint,  fLlon  routes  les  .ipparcnces,  n  I'huile  la  plus 
fixe  de  I'urine  dans  Ic  grand  feu  qu'c  n  employe  pour  diftiUer  le  phofphoro 
de  Purine  ;car  le  melange  de  ces  deux  matieres,  lavoir  d'un  acide  violent, 
&  d'une  huile  dilHllee  ,  produifent  toujours  une  efpece  de  refine  qui  e(b 
aifemenc  inflammable  comme  elt  ce  phofpiiore  ;  la  pieuve  ne  fera  pas  difH- 
cile  a  faire  par  la  dccompofition  du  pliofpliore  :  dccompolition  qui  pourra 
fervic  en  mcme  terns  de  preuve  que  i'urine  concient  un  acide  tres-fen- 
fible. 

Prenez  un  morceau  de  phofphore  d'urine  du  poids  d'un  gros  environ  , 
metcez-le  dans  un  ballon  de  verre  de  douze  a  quinze  poueesde  diameire, 
par  un  terns  humide  &  point  trop  chaud  ;  couchez  le  ballon  fur  le  cote, 
&  LilT;z  le  goulot  ouvert ;  la  morceau  de  phofphore  commencera  d'abord 
a  fumer  ,  &  continuera  de  meme  jufqu'a  ce  qu'il  foic  confommc  ent  erc- 
iTient ,  ca  qui  fe  iera  en  un  jour  ou  deux  feion  que  le  tems  fera  plus  ou 
nioins  chaud  ,  &  Ton  trou^era  au  fond  du  ballon  ,  au  lieu  du  morceau  de 
phofphore  ,  une  cuilleree  environ  d'une  eau  fort  claire  &  acide  ,  comme 
de  I'efprit  de  vitriol,  &  la  partie  fuperieure  du  ballon  fera  couverte  en 
dedans  d'une  matiere  terreufe,  jaunatre,  &  difficilemenr  inriammable. 
Ce  phofphore  ,  comme  nous  I'avons  dit  ,  efl  la  partie  de  I'urine  hum  .ine, 
qui  ne  s'en  decache  qu'a  la  fin  de  la  plus  forte  diftillation,  c'eft-  a-dire 
dans  le  tems  que  I'aciJe  &  I'huile  la  plus  fixe  s'en  elevtnt  par  le  grand 
feu  :  ces  deux  matieres  fe  joignrnt  enfemble  dans  la  diftillation  ,  co'mpo- 
fent  cette  efpece  de  refine  fi  aifee  a  s'enflammer ,  que  nous  appellons  le 
phofphore  d'urine.  Tant  que  ces  deux  matieres  reftent  unies,  la  compo- 
fition  du  phofphore  fubfifte  ;  mnis  quand  on  I'expofe  a  I'air  ,  la  moindre 
chaleur  qui  le  touche  ,  le  rcduic  en  fumee  ou  en  vapeur  ,  &  pour  lots 
rhumidite  qui  nage  toujours  dans  I'air  ,  diflouc  peu  a  peu  en  liqueur 
aqueufe  route  la  partie  faline  du  phofpore  a  mefure  qu'elle  la  peur  arteindr« 
dans  cette  vapeur  ,  &  la  fepare  de  la  partie  hulleufe  de  l'urme.a  qui  ells 
etoic  jointe  ,  qui  pour  lots  n'ccanr  plus  inflammable  n  'eft  plus  un  pho'phore  , 
&  que  Ton  tiouve  fublimce  dans  la  partie  fuperieure  du  ballon  en  forme 
d'une  maaere  terreufe  ,  friable  &  jaunatre  j  i'humiJite  de  I'air ,  cyji  ^a; 


^iinci  17  11. 


191  COLLECTION 

-,.  ;^^  le  fel   acide  du  phofphore    quelle  a  dilToiit ,  eft  devenue    acide ,  coule 

Acad.  Roy  ALE  jans  le  fond  du  ballon,  &  produic  cette  eau  ciaire  &  acide  qu'on  y  re- 

DES  Sciences     ^^^^^^_ 

DE     ARis.  ^^  ^^j  ^^jj^  jg  ^^  phofphore  y  eft  en  fi  grande  quantite,  &  fi  peu  enve- 

loppe  paries  parties  huileufcs  ,  qu'il  s'en  detache  en  mettanc   fimplement 

treniper  le  phofphore  dans  I'eaii  commune  ,  qui  en  devient  aigre  comme 

de  I'efpric  de  vitriol :  on  eft  oblige   pour    conferver  ce  phofphore  ,  de  le 

garder  dans  une  fiolc  bien  bouchee&  pleine  d'eau  ,  autrement   il  fe  perd 

en  tres  peu  de  rems.  CeiDC  qui  en  ont  conferve  de  cette  maniere  ,  n'ont 

qua  goiUer   I'eau   qui   auia  fejournc  delTus  pendant  un    an  ou  deux  ,  ils 

ieront  etonnes  de  la  forte  acidite  qu'ils  y  trouveront.  J'ai  environ  une  ds- 

mi  once  de  ce  phofphore  que  je  garde  depuis  fept  a  huit  ans  dans  de  I'eau  , 

qui  eft  devenue  fi  acide,  quelle  bouilloiuie  fur  le  pave.  J'en  ai  dans  utie 

autre  fiole  avec  de  I'efptit  de  vin  depuis  plufieurs  annees,  &  Tefptit  de  vin 

eftdevenu  auftl  acide  que  I'eau  dont  je  viens  de  parler. 

Le  phofphore  nouveau  fait  eft  d'un  jaune  tirant  fur  I'orange ,  la  fur- 
face  des  morceaux  qu'on  en  forme  ,  eft  lille  6c  fort  polie  5  mais  quand  il  a 
fejoiune  pendant  quelque  terns  dans  I'eau  ,  fa  furface  polie  devient  rabo- 
teufe  ,  &  fa  couleiir  fe  change  en  blanc  fale  :  il  y  a  route  apparence  que  ces 
changemens  ne  viennent  que  de  ce  que  leau  qui  a  fejourne  dclTus,  a  dif- 
fout'la  partie  fatine  de  la  furface  du  phofphore  quelle  a  pu  attemdre  ; 
ce  fel  dilfout  fe  rcpand  dans  I'eau  ,  &  laKfe  vuide  les  locules  dans  lefquels 
il  etoit  loge:  ces  locules  vuides  font  tout  le  changement  qui  paroic  fur 
la  futface°de  ces  morceaux  de  phofphore  ,  les  parties  internes  de  ces  mor- 
ceaux que  I'eau  n'a  pu  atteindre  ,  n'ont  pas  change  de  coulent  ou  de 
confiftance ;  la  croute  blanchatre  &  raboteufe  eft  friable  ,  &  fe  peut  fepa- 
rer  de  delfus  ces  morceaux  ;  elle  n'eft  plus  fi  inflammable  quelle  rctoit 
auparavant ,  ayant  perdu  une  des  parties  elfentielles  du  compofe  du  phof- 
phore. ,    /■  1 

L'efpritde  vin  qui  eft  devenu  acide  par  I'inFufion avec  le  phofphore,  pro- 
duit  de  la  lumiere,  ce  que  I'eau  fimple  aigrie  de  la  meme  maniere,  ne  fait  pas  : 
la  raifon  en  eft  que  I'eau  (imple  ne  diftbut  qu'une  partie  du  phofphore, 
favoir  fon  fel  acide  ,  qui  feul  ne  produit  jamais  de  la  lumiere  j  au  lieu  que 
I'efprit  de  vin  etant  une  huile  etheree,  diiTout  le  phosphore  entier  dont 
le  caraftore  eft  de  produire  de  la  lumiere  j  mais  comme  il  fe  trouve 
toujours  dans  I'efprit  de  vin  une  grande  quantite  de  phlegme  qm  n'eft 
que  de  I'eau  toute  fimple  ,  ce  phlegme  ne  fauroit  diflbudre  que  le  111 
acide  da  phofphore  qui  n'eft  point  lumineux  ,  de  forte  que  I'efprit  de 
vin  produit  de  la  lumiere  de  fa  partie  huileufe  qui  a  diffout  le  phofphore  en- 
tier,  &  il  eft  acide  par  fa  partie  aqueufe  qui  a  dilfout  feulenitnt  le  lei  acide 
du  phofphore. 

J'ai  fait  auffi  I'analyfe  des  excremens  de  plufieurs  animaux  ,  don:  les 
uns  ont  donne  beaucoup  d'acide,  d'autres  fort  peu,  &  d'autres  point  dii 
tout.  J'ai  obferve  que  plus  il  fe  trouve  d'acide  dans  certains  excremens , 
moins  il  y  a  de  fel  volatil ;  &C  quand  il  n'y  a  point  d'acide  il  y  a  beau- 
coup  de  fel  volatil.  Les  excremens  dont  j'ai  tait  I'analyfe  font  reux  des 
'■  brebis 


AcAD.RoYAtE 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  ,3, 

brebis,  des  chevres,  descliiens,  des  chevaux ,   des  vaches,   des  aneffes 
des  hommes ,  des  poules  &  des  pigeons. 

J'ai   donnc   iin  detail  fort  ample  de  I'analyfe  du  /!ercus  humain   dans  ^vCs^'icuscEi 
nos  Mcmoires  de  Tannee  paircc  qui  pent  fuffire  en  general  pour  tous  les       de  Paris. 
aurres;  il  ne  s'agit  ici  que  de  I'acide  qu'ils  one  rendu.  Je  dirai  done  pouc    Annee    171  z. 
cliacun  en  particulier  que  les  crottes  des  chiens  n'ont  point  donne  d'acides 
que  le  ftercus  humain  en  a  donne  peu  ,  que  ceux  des  chevaox ,  des  anes  & 
des  poules  en  one  donnc  nn  peu  plus  ,  que  la  bouze  des  vaches,   les  crottes 
des  chevres  &  des  brebis  en  one  donne  beaucoup,  maisque  la  fiente  des 
pigeons  en  a  donnc  confiderablemenc   plus  que  rous  les  autres. 

Les  crottes  des  chiens  n'ont  point  donne  d'acide  de  la  maniere  dont  i'eu 
ai  fait  I'analyfe  ,  c'eft-a-dire  fans  les  avoir  lailTe  fermenter  comme  elles  one 
etc  faires  routes  ;  mais  je  fuis  perfuade  que  j'y  en  aurois  trouve  fi  je  les 
avois  fait  fermenter  nnparavanr.  Nous  avons  vu  que  I'urine  humaine  frakhe 
ne  donne  point  d'acide ,  &  que  quand  elle  a  fermence  elle  en  donne.  Il  re- 
fulte  de  routes  ces  obfervations  que  vraifemblablement  I'acide  des  alimens 
dont  les  animaux  fe  nourrilTcnt ,  ne  fe  detruir  point  dans  leurs  cours 
mais  qu'il  entre  dans  leur  fubftance  &  en  fait  partie ,  &  que  le  furplus 
en  fort  avec  les  excremens  fans  avoir  foufferc  un  chanpement   notable. 


Sur  unc  odcur  dc  Romarin  produitc  artificidUment, 

•*-y*- Lem  ER  Y  ayant  fair  diffoudre  dans  un  matras  neuf  de  Tor  fin  de 
depart  avec  trois  fois  autant  d'eau  regale  ordinaire  ,  y  verfa  peu  a  pen  de 
I'efprit  yolatil  de  fel  ammoniac,  &  quelques  goutres  d  huile  de  tartre 
pour  faire  precipiter  Tor  j  il  fe  fit  une  effervefcence  confiderable  rclle 
quelle  devoir  arriver  ,  &:  il  s'eleva  en  mtme  terns  des  exhalaifons  &c  des 
fumees  qui  avoienc  une  forte  odeur  de  romarin  ;  cetre  odeur  demeura 
la  meme  jufqu'a  ce  que  I'or  fut  precipice  ,  &  ne  s'affbiblit  qu'a  mefure 
que  la  liqueur  jetta  moins  de  funice.  M.  Lemery  s'etoit  bien  apper9u  en 
plufieurs  occafions  ,  que  des  matieres  volatiks  relies  que  le  camphie,  la 
camphorata  ,  la  melilfe  ,  rendoient  une  odeur  de  romarin,  mais  cela'lui 
futnouveau  dans  une  efprit  urineux  tel  que  le  fel  ammoniac. 


Sur  les  coulcurs  differences  des  pricipitcs  dc  Mcrcure. 

Par    M.    Lemery    le  Fils. 

Vc  u  A  N  D  les  mctaux  ont  ere  dilfouts  par  un  efprit  .icide  ,  &•  qu'on  les 
precipice  enfuite  par  quelques  fels  propres  .1  cet  etfer  ,  ils  acquierenr 
ch.icun  ,  en  fe  fcparnnt  du  liquide  ,  une  couleur  particuliere  qui  repond 
ortiinairement  .1  de  cerraines  circonftances.  L'argent,  le  plomb  &:  I'etain 
qiii  ne  donnent  aucune  couleur  a  leur  dilTolvant .  &  qui  y  deviennent  par- 
faicemcnt  invifibles  quand  ils  fcnc  bien  purs  &:  bicn  didouts,  fe  pr^cipi- 
Tomt  III,   Panic  Fnin^oife^'  JJl 


194  COLLECTION 

;— ^^2^^;^;  tent   (bus  Une  c6uleur  blinclie.  Je  dis  i°.   quand  ils  font  bien  purs;  car 

,  _  par  exemple ,  fuivant  que  Tareent  coiuienc   plus  ou  moins  de  cuivre  ,  fa 

AcAD.RoYALE  \  tr  I     ■   ^     n     1  ^     •       ki  s    f  '  •    •   ■     ■  /r     I 

DES  Sciences     diliolution  eft  plus  ou  moins  bleue  ,  oc  Ion  precipice   tienc  aulli  plus  ou 

DE  Paris.        moins  de  cette  couleur.  z"  Quand  ils  font  bien  diirouts  ,  car  quand  on 

,      ,  fair  fondre  du  fel  de  faturne  ,  ou  de  plomb    dans  I'cau  commune  ,  la  li- 

'7   -•     queur  devient  trouble  Sc  blanchatre  ,  parce  que  I'eau  feule  ne  dilTour  pas 

bien   ce  fel,  &   commence   meme   en   quelque  forte  la  precipitation  du 

plomb  ;   mais  quand  on  mcle  avec  I'eau  une  fuffifante  quantiri  de  vinai- 

gre  diftille,  le  metal  difparoit  entierement  6c  la  diflolutioneft  parfaire. 

L'or  donne  fa  couleur  a  fon  dilfolvant  ,  &  fon  precipite  garde  aufli  la 
meme  couleur.  Le  cuivre  en  donne  une  bleue  ;  enfin  ,  le  fer  prend  diffe- 
rences couleurs  fuivant  les  differens  acides  dont  il  a  ete  penetre  5  il  de- 
vient rouge  avec  I'efpric  de  nirre ,  verd  avec  I'efprit  de  vitriol  ,  &  ainfi 
dii  refte ,  £<  il  fe  precipite  fous  les  mcmes  couleurs  :  enfin  j'ai  remarque 
par  plufieurs  experiences  faites  fur  les  fix  metaux  dont  il  a  ere  parle  , 
que  quand  leur  diffolution  avoir  une  couleur  particuliere ,  foit  que  ce  fur 
celle  du  nigral ,  comme  dans  la  dillohition  de  l'or  ,  foit  que  e'en  fur  une 
autre  procures  par  le  melange  de  I'acide  &  du  inecal ,  comme  dans  la 
dilfolacion  du  cuivre  &  da  fer,  le  precipite  qui  en  refultoit  ,  gardoit  tou- 
jours  la  couleur  de  la  dillolution  ,  quelques  lels  abforbans  qu'on  ein- 
ployat  pour  cette  effet. 

J'ai  encore  obf-rve  que  quand  la  dilTolution  etoit  claire  dc  limpide,  & 
qu'en  la  faifanc  evaporer  e!le  fe  reduifoic  en  une  matiere  blanche,  cetce 
diirolution  fourniffoit  toujours  un  precipite  blanc. 

Le  mercure  dilfous  dans  I'efpri:  de  nitre ,  ou  reduit  en  fublime  corrofif 
^  fondu  dans  I'eau  ,  s'eloigne  entierement  de  la  regie  qui  vienc  d'etre 
marquee  ;  car  quoiqu'il  ne  donne  auciine  couleur  a  fon  diilolvant  ,  qu'il  y 
devienne  invifible  dans  I'un  Sc  dans  I'autre  cas ,  &  qu'en  faifant  evapo- 
rer I'humiditc  des  deux  dilfolutions  ,  on  le  trouve  reduit  en  une  maffe 
blanche ,  ne^nmoins  les  differens  fels  abforbans  qui  operoient  tons  la 
rneme  couleur  fur  un  meme  metal,  agiilent  differemmenc  fur  le  iner- 
ci^ite  ,  ce  qui  produir  un  fpedacle  chymiqiie  alTez  agrcable;  i".  par  la 
couleur  qui  nait  tout  d'un  coup  du  melange  de  ces  deux  liqueurs  egale- 
ment  daires  &  limpides  ;  i° .  par  la  variece  des  couleurs  qu'on  pent  donner 
a  pufieurs  portions  d'une  meme  c^ilTolution  ;  j''.  patce  qu'une  meme  por- 
tion de  la  dillolution  pent  fucceflivement  recevoir  differentes  couleurs  par 
differentes  fortes  de  liqueurs  vcrfees  I'une  apres  I'autrc,  done  la  derniere 
npres  avoir  enleve  la  premiere  couleur  ,  en  fubftitue  une  autre  a  la  place  j 
enfin  ,  parce  que  routes  ces  couleurs  peuvent  s'evanouir  par  unacide,  &C- 
reparoitre  de  nouvrau  comme  auparavanr.    . 

Comme  ces  fairs  four  alfez  curieiix  pourmcriter  une  attention  particu- 
liere, j'ai  fait  a  ce  fujet  be^ucoup  d'experiences  8c  d'obfervations ,  tanc 
pour  vtfrifier  les  faits  connus,  &  en  rallembler  de  nouveaux  ,  que  pcuu 
decouvrir  la  nature  particuliere  d'uiV  tr^s-grand  nombre  de  fels  abforbans 
qui  peuvent  fervir  &  donner  lieu  aux  phenomenes  done  il  s'agir,  J'ai  etu- 
die  avec  foin  I'aftion  dillerenre  de  tons  ces  fels  fur  la  diiTolution  du  mer- 
cure ;  les  circont^ances  dans  lefquelles  ils  dcviennjnt  incapabks  d'agir ; 


ACADfiMIQUE. 


«ei 


cellas  oil  i!$  coiifervent  leurajaion,  &  celles  qui  la  ajpdifieftt..  J'^i  auffi 
ex:iminc  Ics  differentes    coulcurs  done  le  mercure  eft  fufccptible  ,  indaien-  a    .     u 

dj/-ii  -11  r  ^  ilCAD-  JVOA  AXE 

jmmsnt  des  lels  doiit  on  vjent  dc-  parler  j  ce  lont  toiices  ccs  n.inaic]ue^  " PE?  StifNtiis 

<jai  m'onc  fait  naitre  \z%  coiijedtires  luivantcs  fur  les  couleuc*  diverfes  de^ '    P£  Paris. 

piccipitcs  du  merciire  dillous  par  I'cfprit  de  nitre.  .     , 

Quand  on  verfe  de  I'cfpric  volatil  de  fcl  ama^oniac  fuj:  la  diJTqlutiop       "'^^^  >7i^' 
duiu  il  s'af^it ,   le  melange  devient  a  1  inftaiu  d'lin  blanc  fale  &  noiiatre  , 
&  lii  precipitc   qui  en  vient  a  la  mcme  couleur  :  j'ai  remarqjie  prccife- 
iiient  la  mcme  cliofe ,  en  fubfticuanc  a  I'efpiic  de  fel  ammoniac  pluCeurj 
.lucres  efprits    &  fels  volatils. 

L'huile  de  tarcre  verfcc  en  petite  quantite  fur  une  autre  portion  de  la  dif- 
folution  ,  produit  une  couleur  de  citron  j  a  niefure  qu'on  en  verfe  davan- 
tage  ,  la  liqueur  devient  d'un  jaune  plus  fonce  ,  &:  foment  meme  rou'-eatre  : 
les  fels  fixes  qui  font  bien  alkalis  ,  &  qui  fe  refolvent  facilemeiu  a  la  moin- 
dre  humidirc  ,  excitent  la  mime  couleur  ,  6c  plus  ils  font  alkalis  ,  plus  la 
couleur  eft  chargce  ,   &:  tiraiu  fur  le  rouge. 

II  n'en  eft  pas  de  mi/me  des  fels  fixes  qui  font  peu ,  ou  mediocrement 
alkalis  :  du  moins  plufieurs  de  cette  force  que  j'ai  examines  avec  la  dilfo- 
lution,  lui  donnent  un  beau  blanc,  mais  fans  produire  I'ebullition  qui  ar- 
rive avec  les  fels  qui  font  fore  alkalis. 

L'efpric  de  fel,  le  fel  ammoniac  &  le  fel  commun  fonc  enfembla  un 
tres-beau  blanc  avec  la  meme  dillolucion  de  mercure  j  &:  I'urine  y  pror 
duic  une  couleur  de  rofes  pales. 

Ce  fcrolcici  le  lieu  de  parler  des  changemens  de  couleurs  qui  peuvenc 
arriver  a  une  mcme  portion  de  nocre  dilfolucion  par  le  melange  fucceffif 
de  difterentes  liqueurs  abforbantes  ;  mais  nous  commencerons  par  I'eclaic- 
cilfement  des  faits  qui  viennenc  d  ctre  rapportes ,  ce  qui  fera  dune  aUez 
longue  difcuftion ,  &;  nous  viendtons  enfuue  a  I'examtn  des  autres  expe- 
heiaces. 

Avant  que  d'entrer  dans  une  explication  decaillee  ,  il  fauc  (avoir,  \° . 
que  les  dirferences  liqueurs  verfies  fur  la  diirolution  du  mercure  ,  n'y  ei- 
cicenc  de  couleurs  qu'autanc  qu'elles  y  font  un  precipice  j  c'eft  ce  preci- 
pice qui  colore  cout  le  liquide  pendant  qu'il  y  eft  repandu  j  mais  a  niefur« 
qu'il  combe  an  fond  du  vaiil'eau  ,  le  liquide  devienc  clair  j  cependanc  il  ar- 
rive qaelquefois  que  la  liqueur  eft  colorce  fans  qu'il  fe  falle  de  precipi- 
tation bien  feiifible,  comme  nous  I'avons  dq'a  remarque  au  fujec  du  fel 
de  facurne  londudans  I'eau;  &  pouren  donner  un  exemple  qui  cqnvienne 
davantage  a  nocre  fujec ,  fi  I'on  jetie  fur  notre  dilTolution  de  mercure  une 
tres-grande  quantite  d'eau,  la  liqueur  devient  aufli-tot  blanclie  ,  fans 
qu'on  apper^oive  enfuice  de  precipice  fenlible.  Mais  fi  c^tce  couleuc  n'cjl 
pas  reffet  dune  precipicacion  parfaice,  c'eft  coujours  celui  d'un  commeri- 
cemenc  de  pcicipicacion  ;  car  la  gcande  quanclte  d'eau  afFoiblic  le  dilTol- 
vanc  ,  ou  plutoc  dccache  quelques  acides  qui  fervoienc  a  fufpendre  &  a 
divifer  les  parties  du  mercure  ,  de  force  qu'elles  etoient  invifibles  dans 
la  liqueur  :  ces  parries  de  mercure  fe  reunilTenc  done  alors  en  nombre 
fufhranc  pour  empLcIier  le  paftage  libre  des  rayons  lumlneux  ,  ce  qui 
decruic    la  limpidue  du  liquide  j  mais  quoiqu'elies  y  tiennenc   moins  .en 

Bi  ij 


ipS  COLLECTION 

'  cer  etar  qu'auparavant ,  elles  iie  fe  precipitent  point ,  parce  que  I'eau  ne  leur 
AcAD.RoYALE  3  P^s  enleve  alfez  d'acides  ,  &  que  ce  qui  leur  en  refte  fufti:  pour  les  fou- 

DEs  Sciences     tenir.  li  arrive   meme   qu'elles  le  redilFolvent  dans  la  luite  ,  &  qu'elles 
DE  Paris.       retablifTenr  par  la  la  liqueur  dans  fa  limpiuite  ,   parce  que  les  acides  qui 

Annce  lyix.  les  avoienc  abandonnces  ,  les  rejoignent  de  nouveau;  il  eft  done  vrai  de 
dire  que  c'eft  a  la  precipitation  parfaite  ou  imparfaite  du  corps  diflous  que 
doit  etre  attribuee  la  couleur  qui  futvient  tout  d'un  coup  a  la  dillolution. 

Nous  remarquerons  en  fecond  lieu  une  chofe  qui  a  etc  fuffifammeni: 
expliquee  dans  un  autre  Memoire ,  ou  je  donne  la  rtiechanique  des  preci- 
pitations ciiymiques  en  general,  cVft  que  les  liqueurs  abforbantes  avec 
iefquelles  on  prccipite  les  metaux  dilTous  par  des  acides  ,  &  qui  font  pa- 
roicre  fous  diffeientes  couleurs  ,  la  mcme  dilfolution  de  mercure  ,  agiffen: 
routes  de  la  meme  maniere ,  quant  a  I'effet  de  la  precipitation  de  ce  me- 
tal ,  c'eft-a  dire  en  lui  derobant  une  partie  des  acides  qui  fervoienc  a  le 
tenir  fufpendu  dans  le  liquide  ;  il  eft  vrai  que  cerraines  liqueurs  peuvenc 
abforber  plus  d'acides  que  d'autres  ,  &  par  li  ,  ou  prccipiter  une  plus 
grande  quantite  de  metal ,  ou  deniier  le  metal  d'une  plus  grande  quantite 
d'acides  ;  mais  ce  ptecipite  n'en  n'aura  pas  pour  cela  une  couleur  differen- 
te  ,  a  moins  qu'il  ne  lui  fuivienne  encore  de  la  part  des  abforbans  quel- 
Qu'autre  alteration  que  celle  de  la  perte  plus  ou  moins  grande  de  fes  aci- 
des ;  &  en  efFet ,  quand  apres  avoir  prccipite  par  le  ftl  commun  ,  le  mer- 
cure diftous  par  I'efprit  de  nitre  ,  on  y  vecCe  enfuite  de  I'efprit  de  fel  am- 
moniac qui  eft  un  abforbant  bien  plus  puilTant  que  le  fel  commun  ;  le  prc- 
cipite a  la  verite  en  devient  plus  doux  i3c  plus  abondant  qu'il  ne  I'auroit  ete 
fans  I'efprit  volatil  ,  mais  il  ne  change  pas  pour  cela  de  couleur ,  &  i'on 
verra  par  la  fuite  qu'avec  des  liqueurs  tres-alkalines ,  &  avec  d'autres  qui 
ne  le  font  que  fort  peu  ,  la  dilfolution  pent  acquerir  une  couleur  fem- 
blable. 

La  difference  des  couleurs  dont  il  s'agit  ,  fuppofe  done  dans  les  liqueurs 
abforbantes  quelqu'autre  circonftance  particuliere  qui  determine  le  mer- 
cure a  prendre  relle  ou  telle  couleur  j  car  c'eft  fur  le  compte  de  ces  liqueurs 
que  doit  etre  mifu  la  difference  des  couleurs,  puifque  dans  routes  les  ex- 
periences ,  la  dilfolution  eft  ton  jours  la  meme,  &  qu'il  n'y  a  de  variete  que 
du  cote  des  liqueurs  abforbantes. 

Pour  decouvrir  la  caufe  de  ces  differenres  couleurs  ,  faifons  attention  a 
ce  qui  fe  paffe  dans  deux  operations  de  chymie  qui  font  fort  connues  :  la 
premiere  ,  c'eft  la  diftillation  de  I'efprit  de  nitre  ;  on  fait  que  les  premieres 
vapeurs  qui  s'elevent  par  un  degre  de  feu  mediocre  font  blanihes  ,  &■  que 
celles  qui  viennent  enfuite  par  une  derniere  violence  de  f  u,  font  fort 
rouges.  Or  n'eft-il  pas  tres- probable  que  la  couleur  rouge  des  dernieres 
vapeurs  ,  vient  de  la  grande  quantite  de  parties  de  feu  engagees  dans  ces 
vapeurs?  &  ce  qui  le  prouvebien,  c'eft  que  quand  les  vapeurs  rouges  font 
parvenues  jufqu'au  ballon  ,  comme  les  parties  de  feu  font  alTez  fubtiles  pour 
s'echapper  au  travers  de  {es  pores  ,  elles  abandonnent  les  vapeurs  ,  qui 
renducs  a  elles-memes,  &  denuees  de  la  c.iufe  qui  entretenoit  leur  rarei 
fadion  &  leur  rougeur  ,  fe  condenfent,  &  torobent  au  fond  du  ballois  en. 
une  liqueut  claire  qiji  n'eft  plus  rouge. 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  197 

La  feconde  operation  dont  j'ai  a  parler,  eft  celle  du  precipitc  rouge  or-  1 
dinaire  ,  lequel  porte  improprtmcnt  le  nom  de  precipitc-^  car  ce  n'eft  autre   Aj-ad  Royaie 
chofe  qae  du  mercure  dillous  par  rcfptit  de  nitie  ,  &  reduit  enfuite  par    d£s  Sciences 
revaporacion  &  la  calcination  fous  la  forme  ou  nous  le  voyons.  de  Paris. 

On  fait  que  quand  I'humiditc  de  la  dilTokiiion  a  cti^  exhalee ,  la  matiere  jinnii  i7ii. 
eft  blanche,  &;  rerte  encore  quelque  terns  fous  cette  couleur  j  inais  com- 
1113  die  perd  toujouis  des  acidcs  par  la  calcination  ,  &  qu'il  s'y  loge  ea 
place  des  parties  de  feu,  quand  ces  parties  s'y  font  amallces  jufqu'a  uii 
certain  point  ,  elles  donnent  au  mercure  une  couleur  fort  rouge  ;  ainli 
dans  ia  precedente  experience  ,  nous  avons  vu  que  les  parties  de  ftu  jointes 
aux  acides  nitreux  ,  faifoient  une  couleur  rouge  ;  &  nous  voyons  dans 
celle- ci  les  memes  parties  de  feu  engagees  avec  des  acides  nitttux  d;uis  le 
mercure  d'ou  refulte  la  mcme  couleur  ;  cependant  il  ne  faut  pas  croire 
que  le  mercure  ait  befoin  Ai%  acides  nitreux  pour  acqucrir  cette  couleur  j 
car  en  calcinant  long -terns  dans  un  matr.s  du  mercure  crud,  il  de- 
vient  t res- rouge ,"  iJ;  il  augmente  de  poids  a  proportion  des  parties  d» 
feu  qu'il  a  retenues. 

Or  je  confidere*la  matiere  da  feu  comme  un  fliiide  particulier  qui  ne 
doit  pas  feulement  fes  ptoprietes  au  mouvement  rapide  de  fes  parties , 
mais  encore  a  leur  figure  conllanre  ;  &  il  n'eft  pas  plus  difficile  de  con- 
cevoir  qu'un  pareil  fluide  foir  enferme  dans  un  corps  folide  ,  &:  y  con- 
fcrve  fespropnetcs  ,  que  de  concevoir  la  mcme  chofe  desautres  fluides  ,  te!s 
quel'eauiSi  I'air,  qui  aprcs  avoir  cte  emptifonnes  dans  plufieurs  corps  foli- 
des  ,  en  fortent  enfuite  avec  la  meme  forme  elTentielie  fous  laquelle  ils  y 
font  entres  &  y  ontetc  caches  un  alfez  long  terns. 

Pour  revenir  au  precipitc  rouge  ordinaire  ,  on  a  vu  qu'au  commence- 
ment de  I'operation  le  mercure  avoir  une  couleur  blanche,  &:  qu'enhn  il 
ctoit  reduit  en  une  maife  rouge  :  mais  pour  dccouvrir  encore  plus  pat- 
ticulierement  toutes  les  couleurs  que  le  mercure  penetre  des  acides  du 
nitre  peut  prendre  fucceflivement  par  une  calcination  continuee,  j'ai  faic 
du  precipitc  blanc  ordinaire  felon  le  procede  connu  ,  je  I'ai  mis  dans  uii 
creufet,  &  je  I'ai  calcine  lentemcnt  pour  obferver  plus  exadement  toutes 
les  couleurs  dont  il  eft  fufceptible.  Quelque  terns  aprcs  avoir  eie  penetre 
par  le  feu,  il  a  perdu  fa  couleur  blanche  ,  &  en  a  acquis  une  d'un  jauns 
clair  qui  eft  devenu  enfuite  plus  fonce,  &  enfin  la  matiere  eft  dever.ue 
fort  rouge  aptes  avoir  palFc  par  toutes  les  nuances  du  jaune  qui  fe  fuccc- 
doient  les  unes  aux  autres,  a  mefure  que  le  feu  y  faifoit  une  plus  forte 
iinprenion. 

D'ou  je  conclus  tjue  la  couleur  rouge  de  cette  matiere  vient  d'une  gran- 
de  quantite  de  parties  de  feu  qui  s'y  font  introduites ;  que  fa  couleur  jaune 
vient  d'une  moindre  quantite  de  ces  memes  parties  ,  &  qu'enhn  fa  cou- 
leur blanche  eft  celle  qu'a  naturellement  la  matiere  quand  elle  ne  con- 
licnt  point  de  parties  de  feu ,  ou  du  moins  quand  elle  n'en  contient  que 
fort  peu. 

La  prefence  des  parties  de  feu  ,  ttant  la  caufe  de  la  couleur  rouga 
qu'acquicrent  les  vapeurs  du  nitre  S>c  le  mercure  calcines,  on  concoic 
aifcaient  pourquoi  cette  couleur  fe  diffipe  dans  les  vapeurs,  &  fubfiftedans 


193  COLLECTION 

,     "        '  "'"'   '  le  mereure  ;  car  dans  k  premiere  operarion,  les  parties  de  feu  ne  font 

AcAD.RoTALE  arretees  que  par  un  fluide,  c'ell-adire  par  dts  parties  qui  font  en  mouve- 

BEs  Sciences     merit,  &  dont  elles  peuvenc   facilement  fe  dcbarrallerj  mais  dans  la  fe- 

DE  Paris.        conde  operation  ,  les  parties  de  feu  fe  font  logces  dans  un  corps  folide  , 

AniKt  171  i.    T''  P^"^  '*  nature  refifte  puilfamment  i  leur  evafion  ,  &  qui  le  fait  par  une 

mechanique  alfez  curieufe ,  laquelle  a  ete  fuffifamment  expliquee  dans  ua 

autre  Mcmoire. 

On  a  vu  par  ce  qni  a  ete  dit  que  le  mereure  penetie  des  acides  du  nitre, 
fj'a  befoin  que  de  I'evaporation  &  de  la  calcination  pour  prendre  fuc- 
teflivement  toutes  les  couleurs  fous  lefquelies  il  le  precipite  par  les  ditferens 
inter mcdes  marques au  commencement  de  ceMemoire.  Nousallons  prefente- 
ment  faire  voir  que  les  couleurs  procutees  par  les  intcrmedts  ,  ne  different 
point  quant  a  leur  caufe  ,  des  memes  coukurs  produites  par  I'evaporation 
&;  par  la  calcination  ,  &  que  c'eft  toujours  pat  la  meme  mechanique  ,  & 
avec  les  memes  cuconllances  que  fe  font  les  uiies  &  les  autres. 

Nous  avons  remarque  au  commencement  de  ce  Memoire  ,  que  parmi 
les  fels  fixes,  ceux  qui  etoient  puilTamment  alkalis  precipitoient  ie  mer- 
eure fous  une  couleur  rout;tatre;  que  ceux  qji  retount  moins  faifoient 
une  couleur  moins  foncee  ;  &  qu'entin  ceux  qui  1  etoient  peu  taifoitnt  un 
precipite  blanc. 

On  fait  que  la  propriete  alkaline  des  fels  fixes  ,  ne  leur  vicnt  que  du 
feu  de  la  calcination  qui  chalTe  des  pores  de  la  partie  terreule  de  ces  fels, 
une  certaine  quantite  d'acides  ,  ce  qui  los  rend  propres  a  recevoir  dans  la 
fuite  la  meme  q  lantlte  d'acides  qu'ils  ont  perdus  j  par  conlcquent  ,  plus 
ils  en  perdent ,  plus  lis  font  capables  d'en  recevoir  de  nouveaux  ,  &  plus 
auffi  lis  font  alkalis;  mais  comme  le  feu  en  agiffant  long-tems  fur  une 
matiere  terreufe  ,  y  lailfe  toujours  beaucoup  de  fes  parties  propres  ,  comme 
nous  le  voyons  fenfiblement  dans  la  ch.iux  ,  ces  fels  ne  manquent  pas 
audi  de  s'en  approprier  plus  ou  moins  fuivant  la  quantite  d'acides  qu  ils 
perdent  >  &  qui  par  leur  fortie  donnent  lieu  aux  parties  du  feu  de  fe  loger 
dans  la  partie  terreufe  du  fel  ;  d'ou  Ton  peut  conclure  que  plus  les  iels 
fixes  font  alkalis  ,  plus  ils  contiennent  de  pirtie  de  feu. 

C'eft  audi  ce  qui  eft  prouve  par  les  experiences  fuivantes  ;  car  j^.  li 
I'on  plonge  un  thermometre  dans  I'eau  ,  &  qu'on  falfe  fondre  dans  cette 
eau  quelques  fels  fixes  purement  alkalis  ,  comme  ces  fels  font  des  efpeces 
de  chauxfalines ,  ils  communiquent  a  I'eau  des  parties  de  feu  qui  I'echauf- 
fent ,  &  font  clever  la  liqueur  du  thermometre  comme  pourroit  faire  le 
feu  ordinaire.  2".  Plus  ces  fels  font  alkalis  ,  plus  ils  font  clever  la  liqueur 
du  thermometre,  3".  Et  ce  qui  prouve  que  ce  n'eft  pas  la  fimple  dilfolu- 
tion  des  fels ,  fans  le  f;cours  des  parties  de  feu  qui  fait  haulfer  la  liqueur 
du  thermometre,  c'eft  que  ii  Ton  dilfout  dans  Teau  un  ftl  qui  nait  point 
ete  cakine  comme  le  (el.commun  ,  le  nitre;  ces  fels  n'ayant  point  de  par- 
ties de  feu  a  communiquer  a  I'eau  ,  bienloin  de  I'echaufler  ,  la  rtfroidif- 
fent  alfcz  pour  taire  bailfer  la  liqueur  du  thermometre  qui  y  eft  plonge, 
&  Cvda  parce  que  ces  fels  en  fe  dillribuant  dans  I'eau  ,  partagent  avec  ce 
liquide  la  matiete  de  feu  qui  s'y  trouve  natureilement ,  &  qui  eft  indif- 
penlablement  necelTaire  pour  entteteair  fa  flaidite  ;  car  teue  fluidiie  eft  une 


A  C'A  D  6  M  I  Q  U  E.  159 

efpece  de  fufion  Comparable  a  celle  des  mecaux  ,  comme  ]e  !'ai  ptouve  ^^^ 

ailleiiis.  ...  Acad.  RoYALE 

Ceci  pofe,  k  c.iufe  des  couleurs  differentes  qui    furviennent  aux  pr^ci-    des  Sciences 
pitcs  de  mercure  n'eft  pas  difficile  a  devincr  ;  car  en  fiippofaiir  roujours       i>e  I^aris. 
fiiiv.mt  la  regie  deja  erablis,  que  c'eit  la  matiere  de  feu  qai  communique    Jrinic  17 11, 
ail  inerciire  routes  les  nuanctS  ,  ou  degrcs  diffeiencs  de  jaune  &  de  rouge  , 
felon  quelle   s'infinue  &   s'arr£te  plus  011  moins  ahondaminent  dans  fes 
pores ,  on  con^-oic  i",  que  les  parties  de  leu  qui  fe  font  engagees  dans  les 
fels  fixes  alkalis,  &c  qui  y  ont  confervc  leur  proprictc  elleitielle,  puif- 
qu'elles  cciiauffent  I'eau,  comme  pourroit  le  faire  le  feu  ordinaire  ,  peu- 
vent  bien  aulTi  comme  cet  agCnt ,  donnet  au  m.ercure  les  couleurs  dont  il 
s'agit ,  &  cela   en  quittaut  le  fel  alkali ,    &  fe  logeant  dans  le  corps  du 
metal. 

On  concoit  1°,  que  parmi  les  fels  fixes ,  ceux  qui  font  devenus  puifTim- 
ment  alkalis  ,  &:  qui  par  la  ont  anialfe  une  plus  grande  quantitc  de  parties 
de  feu  ,  doivent  auHi  communiquer  an  mercure  une  couleur  jaune  ou  rouge 
plus  foncee  ,  (sat  la  mcme  raifon  qu'ils  dcliaufFehr  davantage  I'eau  ou  on  les 
diflbut,  ce  qui  s'accorde  parfaitement  avec  I'experience. 

Enfin  on  concoit  encore  que  les  fels  abforbants  qui  n'onc  point  etc  ex- 
pofcs  au  feu  de  la  calcination  ,  ou  qui  y  ayant  cie  expofes  n'y  font  deve- 
nus que  pcu  alkalis  ,  &  par  confequeiu  n'ont  ainalle  qu'une  ttcs  petite 
qaantitc  de  feu,  ne  doivent  aufll  prccipiter  le  mercure  que  fous  la  couleji: 
blanche  qui  lui  ell  naturelle  ,  quand  il  ell  herilfc  des  pointes  acides  du 
nitre,  &qu'il  n'a  point  fait  une  cerraine  provilior.  de  matiere  de  feu,, 
comme  je  I'ai  fa-it  voir  affez  clairemenr. 

Il  y  a  ici  une  remarque  a  faire ,  c'efi:  que  quand  les  fels  propres  a  faire 
un  precipice  blanc,  contiennent  quelque  matiere  etrangere  qui  en  •pcut 
eire  facilen-.ent  feparee  ,  cette  matiere  i'uivant  fa  nature  &  fa  qu.-.nnre  , 
altere  dilfcremmenc  la  couleur  blanche  du  precipite.  On  fait ,  par  exemple  , 
que  les  fels  vplatils  font  toujours  unis  a  une  nutiere  huileufe  ,  qui  ayant 
palfe  par  le  feu  ,  a  acquis  une  couleur  noire ;  quand  done  les  acides  ccun- 
tenus  dans  les  pores  du  mercure  fe  vont  inferer  dans  ceux  du  fel ,  ils  en 
chalTent  ^  ils  en  expriment  I'huile  noire  &:  brulee ,  qui  fe  repandant  ftjr 
le  precipite,  falit  fa  couleut   blanche. 

C'efl;  encore  par  la  matiere  huileufe  qui  fe  trouve  dans  I'urine  ,  iS:  qui 
en  accompagne  les  fels  volatils ,  que  cette  liqueur  melee  a  la  dilfolution  , 
proQuir  une  couleur  de  rofes  piles;  car  cette  matiere  tient  de  la  nature 
de  la  bile,  du  moins  en  a-t  elle  la  couleur  ,  qu'elle  communique  plus  ou 
moins  au  liquide  fnivanc  fa  quantite  ;  &  cornme  elle  n'a  point  pafle  par  le 
feu  com.me  I'autre  matiere  huileufe ,  elie  a  confervc  fa  couleur  naturelle 
qui  meme  a  cie  un  p^u  exaltee  ,  &  qui  eft  de  venue  rougeatre  par  la  ren- 
contre des  acides  nitreux  contenus  dans  le  mercure  ,  &  par  une  fermer;ra- 
tion  affez  longue  qui  fuit  le  melange  de  I'urine  &  de  la  dilfolution ,  &  qui 
procure  la  precipitation  du  mercure  :  eneffet,  on  fait  que  les  niatieres^ 
hulleufes  font  fouvent  rougies  par  les  acides ,  &  que  Purine  en  particulier 
prend  alFez  ordinairemenr  une  couleur  rouge  quand  il  y  a  une  grande' 
chalcur  dans  le  fang.  Quoi  qu'il  en  foic ,  on  pcuc  dite  qtie  du  jaune  exalte 


e 


100  G  O  L  L  E  C  T  I  ©  N 

^^^^^^^_-_  de  la  matiere  hulleufe  ,  &  de  la  couleur  blauche  du  precipice  ,  il  fe  forme 
A  T,  uiie  couleur  moyenne  qui   eft  celle  de  roles  pales.  Eiifin  ce   qui  ptouve 

J\CAD   rVOYALE       ,     .  1         /•   1  1      -1  '  tr'  i       r    ^ 

BBS  Sciences     clairement  que  les  Ids  volanls  ,  tanc  ceux  qui  one  palle  par  le  feu  ,  que 

.DE  jpARis.        ceux  qui  fe  trouvent  nacurellemenc  dans  I'urine  ,  produiroienc  toujours  une 

Annie  i-jn      couleur  pucement  blanche,  fans  la  matiere  huileufe  &  etrangere  qui  s'en 

detache  ,  &  va  fe  meler  au  precipice ,  c'eft  qu'il  eft  effeftivemenc  tres-blanc 

quand  il  ne  re^oic  d'imprciFion  que  de  la  pare  des  fels  volacils  ,  purs  de 

touc  melange  de  matiere  huileufe. 

II  s'agit  prefentement  de  faire  voir  ce  qui  determine  les  parries  de  feu 
contenues  dans  les  fels  fixes,  a  quitter  ces  fels  pour  le  mercure  ou  elles  fe 
vonc  engager.  Nous  avons  prouve  que  dans  la  formacion  des  fels  fixes  alka- 
lis ,  plus  le  feu  de  la  calcination  chalToit  d'acides  de  la  parcie  terreufe  de 
ces  fels,  plus  la  matiere  du  feu  s'y  introduifoic  abondammenc.  Il  femble 
done  par  la  que  cetce  maciere  occupe  la  place  des  acides  qu'elle  a  deloges; 
&  en  effec  quand  on  verfe  de  nouveaux  acides  fur  ces  fels,  &  qu'on  les 
fair  fondre  enfuice  dans  I'eau  ,  ils  ne  I'echauffenc  plus  comni-je  ils  le  fai- 
foienc  auparavanc,  ce  qui  marque  que  les  acides  nouveaux  ne  peuvenc 
entrer  dans  les  pores  du  fel  alkali ,  fans  chalFer  a  leur  cour  les  parties  de 
feu  qui  avoienc  pris  la  place  des  premiers  acides  :  cela  etant  ,  on  congoic 
que  quand  les  acides  qui  tenoienc  le  mercure  en  dilFolution  ,  s'iiifinuenc 
dans  les  pores  du  fel  alkali  ,  ils  en  font  fortir  les  parties  de  feu  ;  &:  com- 
me  dans  le  palTage  des  acides  ,  des  pores  du  mercure  dans  ceux  du  fel 
alkali ,  ces  deux  corps  font  appliques  I'un  a  I'aucre  ,  les  parties  de  feu  qui 
s'echappenc  des  cellules  du  fel ,  enfilenc  naturellemenc  les  pores  du  mercure 
que  les  acides  viennent  de  quitter,  &:  qui  leur  ofFrenc  par  la  une  enctee 
libre. 

On  me  dira  peuc-ecre  que  les  aeides  &  les  parries  du  feu  ecanc  d'une 
grofFeur  inegale  ,  &  peut-etre  meme  tres-difproportionnees ,  les  acides  ne 
peuvenc  s'infmuer  &  ecre  contenues  ou  les  autres  fe  font  logees  ,  &c  que 
les  parties  de  feu  qui  font  plus  fubciles  ,  peuvenc  bien  a  la  verice  s'intro- 
duire  dans  I'efpace  abandonne  par  les  acides;  mais  que  comme  cet  efpace 
a  plus  d'etendue  qu'cUes  n'ont  de  volume,  elles  n'y  feront  point  retenues 
&  emptifonnees  ,  &  par  confequent  elles  ne  tarderonr  gueres  a  s'en  echap- 
pec ,  ce  qui  paroit  detruire  entierement  ma  fuppolltion. 

Je  reponds  cjue  quand  les  acides  s'in.lnuent  dans  le  mercure  ,  comme 
dans  plufieurs  autres  corps,  ils  ouvrent  &c  dilatenc  les  pores  ou  ils  s'enga- 
genc,  &  c'eft  apparemmenc  de  cec  efforc ,  &  de  cec  ecartemenc  que  naic 
le  trouble  &  I'agication  qui  regnenc  dans  la  liqueur  pendanc  la  dilTolu- 
tion  \  car  fi  les  pores  de  ces  corps  ecoient  adez  larges  pour  laifTer  paffer 
libremenc  les  acides,  ils  y  encreroient  pailiblement ,  &  ils  en  fortiroient 
fans  peine  ,  enforce  qu'on  n'auroitpas  befoin  fouvept  d'un  feu  de  fufiontres- 
violent  pout  les  en  chaffer ,  comme  il  arrive  aiix  acides  qui  font  reftes  dans  le 
colcotar.  Les  poies  du  mercure  fe  trouvant  done  dilates  par  la  prefence  des 
acides  ,  on  console  aifemencque  quand  ces  acides  en  font  forcis  ,  les  pores 
fe  retabiilTent  dans  leur  premier  retrecifTement  par  le  refforc  naturel  du 
metal ,  &  c'eft  la  ce  qui  flit  la  foUition  de  la  diificulte  propofee  ;  car  quand 
ies  acides  (^uictent  le  mercure,  ils  4'latenc  les  pores  du  fel  alkali  pour  s'y 

faire 


AC  A  D  E  M  I  Q  U  E.  ior 

Lire  un  pndage ,  &  au  moment  qu'ils  s'y  introduifen: ,  ils  en  cliaflent  les  ■■"  i-i'"—ii 
parties  de  feu  dans  L's  pores  du  mercure  qui  n'ont  pas  encore  eu   ie  terns    «         n 

J     r  rr  ■  ■   r        ,r  i  »  \     '    •  r  ■<.•..     ACAD.  KOYALE 

de  le  relierrer  ,  mais  qui  Ic  rellerrant  bientot  apres  ,  s  oppofent  par  la  a  1  e-     ci:;  Sciences 
vafion  des  parties  de  ten.  J'ai  dcja  fait  voir  dans  un  autre  Memoire  que       de  Paris. 
les  corps  calcines  ne  s'approprioicnt  la  matiete  du  feu  que  parce  que  Icur     Annk  17 ii. 
pores  fe  dilarant  par  la  chaleur,  ils  donnoient  par   la  une  libre  entree  aux 
parties  de  feu  qui  n'en  pouvoient  plus  fortir  de  mcme  apres  la  calcination, 
parce  que  les  pores  s'ctoient  alors  relTerrcs. 

II  y  a  encore  une  reiremblance  entre  la  calcination  du  mercure  penetre 
par  les  acides  du  nitre  ,  &:  Taction  des  fels  fixes  alkalis  fur  le  meme  mer- 
cure ,  c'eft  que  le  fen  en  s'introduifanc  dans  le  mercure  en  chalTe  bcaucoup 
d"acides,  &;  meme  plus  il  en  chalfc,  plus  il  y  entre  abondamment,  d'oii  vienc 
que  plus  le  mercure  ell  expofe  au  feu  ,  plus  il  devient  rouge  ,  <S>:  plus  il 
perd  de  fa  corrofun  qui  venoit  de  la  quantitc  de  fes  acides.  De  meme 
audi  ,  plus  les  fels  fixes  font  alkalis,  plus  ils  abforbent  d'acides  au  mer- 
cure ,  plus  ils  lui  communiquent  de  patties  de  feu  ,  plus  la  couleur  jaune 
ou  rouge  qu'ils  y  excitent  eft  foncee  ,  enforte  que  ces  fels  font  prccife- 
ment  le  meme  effet  fur  le  mercure  ,  que  le  feu  auquel  on  I'appliqucroic 
immcdiatement  ,  ce  qui  eft  une  preuve  evidente  que  les  parties  de 
feu  peuvent  fubfifter  dans  un  mixte  avec  leurs  proprietes  edentitlles  qui 
fe  declateront  des  que  ces  parties  feront  en  libertc.  S'il  eft  vrai  i". 
que  les  fels  fixes  alkalis  ne  fallent  un  piecipite  jaune  ou  rouge  de 
mercure  qu'a  raifon  des  parties  de  feu  qu'ils  ont  amalTees  \  1".  que 
ces  patties  de  feu  ne  fe  foient  logees  dans  ces  f?ls  qu'a  ptopottion  des 
acides  qu'elles  en  ont  chade  ;  3°.  que  la  prefence  d'un  nouvel  acide  les  en 
falfe  fortir  a  leur  tour,  je  me  fuis  imagine  que  le  fel  de  tartre  etant  faoule 
a  demi  d'acides,  devroit  avoir  beaucoup  moins  de  parties  de  feu  qu'aupa- 
ravant  ,  &  etre  devenu  par  la  femblable  en  nature  &  en  effet  aux  fels 
fixes  peu  alkalis,  qui  contenant  plus  d'acides,  &  bien  moins  de  parties  de 
feu  que  les  fels  plus  lixiviels,  ne  precipitent  le  mercure  que  fous  une  cou- 
leur blanche;  il  m'a  encore  paru  que  ce  meme  fel  de  tattre  devenu  propre 
a  faire  un  precipice  blanc  par  les  acides  nouveaux  qu'il  a  acquis,  repro- 
duiroit  une  couleur  jaune  comme  auparavant  fi  on  le  depouilloit  de  ces 
nouveaux  acides  ,  &  qu'on  rendit  par  le  meme  moyen  les  parties  de  feu 
qu'il  avoir  perdues.  J'ai  execute  cette  idee  de  plufieurs  nianieres  ,  S<.  routes 
m'ont  pleinement  reufli. 

Je  me  fuis  d'abord  fervi  pour  cela  du  fel  vegetal,  qui ,  comme  on  fait ,  eft 
compofe  d'un  fel  fixe  tres-alkali  ,■  &  du  cryftal  de  tartre  qui  eft  un  acide 
concret ;  &  comme  ce  fel  moyen  fermenre  encore  avec  des  liqueurs  aci- 
des, j  en  ai  verfe  fur  notre  dilfolution  de  mercure  qui  en  a  acquis  une 
couleur  tt ^s  blanche  ;  &  ce  meme  fel  fuffifammenc  calcine  a  produit  en- 
fuite  un  ptecipite  fott  jaune  avec  la  meme  dilfolution. 

Pour  imirer  encore  davantage  la  compofition  naturelle  des  fels  fixes  qui 
par  la  calcination  ne  font  devenus  que  peu  alkalis  ,  j'ai  verle  des  efprits  de 
vitriol  ,^  de  foufce  ,  de  fel  ,  d'alun  ,  fur  differentes  parties  de  fel  de  rartre, 
&  je  n'ai  employe  de  chacun  de  ces  efprits  qu'autant  qu'il  en  falloit  pour 
qu'une  portion  feulement   des  pores  du  fel  de  tartre  fe  trouvat   bouchee 

Tomi  III,  Panic  francoifc,     .  Ci 


loi  COLLECTION 

■  pat  les  acides,  &  que  Tautre  etanc  libre  rendic  encore  le  fel  propre  a  ab- 

AcAD.RoYALE  f'T^'^r  d'autres acides  ^  le  fel  de  tarcre  a  fait  en  cec  etat  un  precipice  de 

DEs  Sciences     mercure  tres-blanc  :  ce  tneme  fel  de  tartre  plus  charge  d'acides  que  dans 

DE  Pakis.       les  experiences  precedences  a  produit  un  effet  femblable  ;  &  ce  qui  fur- 

u^nnei   lyiz.    prendra  peuc  ecre  ,  c'eft  qu  ecanc  encierement  faoule  d'acides  vitrioliques  , 

Sc   ayanc  meme  alors  une  faveur  aigreletce ,  il  n'a  pas  laifle  de    precipi- 

rer  le  mercure  dilFous  par  I'efpric  de  nitre  ,  ce  qui  marque  que  le  fel  de 

tartre  a  toujours  en  cet  etat  des  pores  inaccefliblcs  aux  acides  vitrioliques, 

&  afTez  ouvetts  aux  acides  nitreux  pout  operer  encore  par  leut  moyen  an 

precipite  blanc  avec  notre  dilFolucion. 

Enhn  j'ai  employe  le  precede  neceffaire  6c  fuffifamment  connu  pour 
chaffer  quelques  uns  des  acides  done  il  a  ece  parle  ,  des  pores  du  fel  de 
tartre  ou  ils  i'etoient  engages,  &  ce  lei  de  tartre  eft  rentre  par  la  dans 
la  pofreflTion  ou  il  etoic  auparavanc  de  precipicer  le  mercure  fans  une 
couleur  jaune  ;  ce  qui  me  confirme  parfaitement  dans  le  fentiment  oil 
je  fuis  ,  non  feulemenc  fur  la  caufe  des  differences  couleurs  des  precipices 
de  mercure  ,  mais  encore  fur  la  nacure  particuliere  des  fels  fixes ,  fut  leur 
difference  elfencielie  ,  &  fur  les  effsts  que  produit  en  eux  la  calcination. 
Pout  ecre  m'oppofeta- t-on  ,  que  fi  la  couleur  rouge  ou  jaune  qu'ac- 
quietc  le  precipice  de  mercure  ,  venoic  des  parties  de  feu  qui  s'y  font  en- 
gagees  a  la  place  des  acides  qui  en  oi.t  etc  dcloges  ,  le  fel  commun  ,  £<  les- 
fels  fixes  peualkdis  fondus  dans  lean  bouillance ,  &  I'efpric  de  fel  qu'on 
a  fait  audi  bouillic  ,  ne  devroient  plus  precipicer  le  mercure  fous  une 
couleur  blanche  comnie  auparavanc,  mais  fous  une  couleur  rouge  ou  jau- 
ne; car  ces  liqueurs  conciennent,  fuivantmoi,  tout  ce  qui  eft  neceffaite 
pout  I'effet  dont  il  s'agit,  puifque  par  leuts  parties  abforbantes  ,  eiles  peu- 
vent  derober  des  acides  au  mercuie ,  &i.  qu'elles  peuvcnt  aufli  lui  donner 
une  couleur  jaune  ou  rouge  par  leurs  parties  de  teu ;  cependaiit  le  preci- 
pice qu'elles  operent  en  cet  etat,  a  toujours  une  couleur  blanche  ,  ce  qui 
femble  detruire  mon  hypothefe  fur  la  caufe  du  rouge  &  du  jaune. 

Mais  on  reconnoicra  tacilemenc  que  cecte  obje(Sion  porte  a  faux  ,  fi  Ton 
coniidere  que  quand  les  parties  de  feu  contenues  dans  une  liqueur  abfor- 
bance  ,  ne  s'y  crouvent  pas  fituees  de  maniere  a  pouvoir  enfilet  les  pores 
du  mercure  dansl'inftant  que  les  acides  en  fortent ,  elles  ne  doivenr  point 
coaimuniquer  de  couleur  rouge  au  precipite  ,  &  c'eft-la  precirement  ce 
qui  arrive  dans  les  exemples  propofcs  ;  car  quand  on  fait  biew  bouillir  de 
I'efprit  de  fel ,  ou  qu'on  fait  fondte  dans  de  I'eau  bouillante  dti  fel  com- 
mun,  ou  des  fels  propres  a  precipiter  le  mercure  fous  une  couleur  blan- 
che ,  les  parties  de  feu  que  ces  liqueurs  one  acquifes,  nagenc  entre  les 
differences  parcies  du  liquide  ;  mais  elles  ne  fonc  point  emprifonnees  dans 
I'incerieur  de  chacune  de  ces  parties,  comnie  celles  dont  le  fel  de  tartre 
eft  charge  ,  &  qui ,  par  rette  raifon  ,  ne  fe  fonc  peine  fen'ir  excerieuremenr. 
11  eft  vrai  que  quand  on  fair  fondre  ce  fei  da-  s  I'eau  ,  elle  en  devient  pen- 
dant quelque  terns  un  peu  plus  chaude  qu'elle  ne  retoic  auparavanc :  mais 
c'eft  a  raifon  des  parcies  de  feu  qui  fe  font  detachees  du  fel ,  &'  qui  etant 
forcies  de  captivite  ,  fonc  devenues  communes  a  couc  'e  liquide,  &  Ton 
va  voir  que  ce  n'eft  poinc  a  ces  parties  que  doit  ecre  atttibuee  la  couleur 


A  C  A  D  i&  M  r  Q  U  E.  u^ 

touoe  qu'acquiert  le  precipice  ;  mais  a  celles  ■6[de  le  Tel  &e  tsitt^  4  fete- 
iiues  miil'^rcl.i  tu(iL>h  ,  &  done  la  liqueur  ne  tire  aiicune  chaleur. 

(^)ii.inil  Its  acules  dii  mcrcure  eiurenc  ,  par  cxenipic  ,  dins  les  pores  du 
fe:  c  )minun  fondu  dans  I'eau  boiiillante  ,  ils  ne  challent  p'int'di  parties 
dw  tea  de  ces  pores  ,  puilqu'il  n'y  en  a  point ;  ils  n'agillent  point  nan 
plus  fur  les  parties  du  feu  qui  font  aa  dehors  de  ce  fel ,  puifqde  route  kut 
acbon  s'ctend  au-dedans  :  les  parties  de  feu  ne  font  done  poifit  alors  dc- 
terminees  a  fe  porter  plutot  vers  les  pores  du  mercure,  que  dans  ks  in- 
terlhces  du  liqu  de  qui  kur  oilrent  un  pafTage  libre,  &  dont  elles  s'ccar- 
tent  d'autaiit  moins  ,  que  les  pores  du  mercure  pour  lefquels  il  fiudroic 
qu'elles  fe  detou.nafTciit ,  ne  font  en  etac  de  les  recevoir  qud  dans  rinft.inc 
'que  les  acid  es  les  abandonnent  ,  c'eft-ddire ,  quand  ils  font  dans  une  cer- 
taine  dilatation  qui  ne  tlure  pas  long-cems.  Or  les  acides  qu'on  peuc  fup- 
pofer  ,  qui  s'enloncent  par  une  de  kurs  extrcniites  dans  ks  pores  du  fel 
ablorbant ,  tandis  qu'ils  tiennent  encore  au  mercure  par  I'autre  extrcmi- 
te  ,  ne  p-uvent  entierement  fc  fepirer  de  kur  gaine  metallique,  q-je  le  fel 
&  le  mercure  ne  fe  foient  appliques  immediatement  I'an  centre  I'autre 
&  que  I'adion  mutuelk  de  ces  deux  corps  n'ait  fait  laclier  pr'ife  au  mer- 
cure; &  il  eft  vraifemblable  que  dans  ce  contaiftimmediat ,  les  pores  du  mer- 
cure &  ceux  du  fel  font  abouches  I'nn  a  I'autre,  &:  font  une  efpece  de 
canal  continu  ,  enforteque  (i  le  fel  contenoit  alors  des  parties  de  feu  ,  elks 
feroient  dirigees  vers  le  mercure  par  lintrodudion  des  acides  dans  le  fel- 
&  comme  elles  ne  pourroient  fe  rc'pandre  ni  a  droire  ,  ni  a  gauche  a  caufe 
de  I'abouchement ,  elks  prendroiei  t  la  place  des  acides  ,  dans  le  meme 
inftant  que  les  acides  prenncnt  la  kur  :  quant  aux  parties  de  feu  qui  ne 
font  point  au-dedans,  mais  au-dtia  du  fel  abforbant ,  le  contaifl  immc- 
diat  dont  on  vient  de  parler  ,  eft  auffi  contraire  a  kur  entree  dans  ks 
pores  du  mercure  qu'il  feroit  favorable  aux  palTages  des  parties  de  feu 
aes  pores  du  fel  dans  ceux  du  mercure  :  fi  done  on  confidere  en  meme 
terns  ,  &  le  dcfaut  de  determination  des  parties  de  feu  dont  il  s'agit, 
vers  le  mercure  ,  &  le  peu  de  facilite  qu'elles  onta  y  entrer  ,  on  convien- 
dra  que  dans  k  cas  prefent,  il  n'en  doit  pas  etre  plus  fenfiblement  affede 
que  s'il  n'y  en  avoir  point  dans  la  liqueur.  !a) 

Je  reviens  aux  effl-ts  de  I'adlion  immediate  du  feu  fur  le  mercure  :  i'at 
dit  que  le  precipitc  blanc  expofc  a  un  feu  doux  He  calcine  knrement,  pre- 
noit  fuccelfivement  routes  ks  nuances  du  jaune ,  &  devenoit  enfin  tres- 
rouge,  comme  il  arrive  aufti  a  la  matiere  du  prccipite  rouge  ordmaire 
impropremenc  nomme  prccipite;  mais  fi  Ton  fait  agir  fur  le  prccipite 
blanc  un  feu  plus  fort  &  gradue ,  alfez  long-tems  pour  fublimer  ce  pteci- 

(d)  Il  faat  fe  foavenir  qu'il  n'eft  qucftion  dans  tont  ceci  que  de  la  diflbluiion  du 
mercure  pat  I'cfprit  de  nitre.  Les  couleurs  qui  furviendroient  a  des  precipit(is  de  mer- 
cure dilTous  par  d'autrcs  acides,  apparticndroicnt  a  un  fyfteme  general  dont  il  fcinble 
que  M.  Lemery  ne  defcfpcre  pas.  II  fjut  remarcjuer  aulTi  que  les  autres  m(!taux  dif- 
fous  ont  leurs  couleurs  p.irticulicrss,  qu'ils  nc  pcrdent  point  par  la  precipitation,  quel- 
que  alkali  qu'on  y  cmploic  ,  &  il  Icroit  a  fouhaitcr  que  le  fvfteme  general  le  fut 
alfez  pouv  expliquerpourquoi  ils  ditFerenc  en  ccla  du  mercure.  S'il  Ic  fait,  ce  fcra  une 
Rrande  marque  de  vcrite  ;  &  s'il  nc  le  faic  pas,  il  nc  Icra  pas  de  pitc  condition  que 
bcaucoup  d' autres  fyftemcs.  {Hi^oireie  1711.; 


AcAD.lloYALE 
DES  Scit.'-'CES 

DE  Paris. 
An/lie  171  z. 


104  COLLECTION 

<— ~^™~™~  pite  dans  un  matras,  il  confervera  fa  blancheur  malgce  radlion  dufeu  Sc 

Acad.  RoYALE  la  perte  de  fes  acides,  qui  eft  fort  confidetable  comme  nous  le  prouvetons 

BES  Sciences    inceflamment ,  8c  qui  peut  meme  allec  plus  loin  par  des  fublimations  rei- 

DE  1  ARis.        terees  :  ce  n'eft  done  point  a  la  perte  des  acides  qu'il  taut  attribuer   le 

Annie  ij  11,     changement   de  couleur  lorfqu'il  a  lieu;  en  elfet ,  11  Ton  examine  bien  le 

precipite  blanc  fublime  avec  foin  ,  on  reconnoitra  evidemment  qii'il  lui 

refte  beaucoup  moins  d'acides  qu'au  precipite  rouge  ordinaire. 

On  voit  au/li  par  cette  obfervation  que  la  matiere  du  feu  a  beaufrappet 
exterieurement  le  mercure  ,  quoiqij'avec  force  &  pendant  un  terns  alFez 
confidetable  ,  elle  n'y  produit  de  couleur  nouvelle  qu'autant  qu'elle  pene- 
tre  a  loilir  dans  I'interieur  du  mercure  ,  £c  qu'elle  s'y  engage  en  fufRfante 
quantite  ,  comme  il  atrive  quand  on  ne  poulTe  le  precipite  blanc  que  par 
line  chaleur  lente  ;  car  dans  ce  cas  le  courant  de  la  matiere  du  feu  qui  palTe 
an  travers  du  vailleau ,  &  qui  va  droit  au  precipite  ,  fe  trouvant  inferieuc 
en  force  a  la  reliftance  &:  au  poids  de  ce  precipite  ,  ne  peut  le  foulever  ; 
il  faut  done  qu'il  en  traverfe  les  pores  comme  il  a  fait  ceux  du  vailFeau ,  & 
en  effet  il  les  traverfe  apres  les  avoir  dilates  ,  il  s'y  engage  &  y  eft  retenu 
comme  nous  I'avons  explique ,  ce  qui  donne  a  la  matiere  une  couleur  fort 
rouge.  Si  au  contraire  on  tait  agir  une  chaleur  beaucoup  plus  force  fur  le 
meme  precipite  blanc  ,  la  matiere  du  feu  ne  forme  plus  un  fimple  cou- 
rant, c'eft  un  torrent  fuperieur  qui  ne  trouvant  qu'une  foible  reliftance 
dans  le  poids  du  precipite  ,  n'a  pas  befoin  d'en  traverfer  les  pores  pour 
concinuer  fa  route,  mais  il  le  fouleve  ,il  Temporie  ,  la  matiere  du  preci- 
pite en  eft  d'autant  moins  pcnetree  qu'elle  echappe ,  pour  amii  dire  ,  afon 
adion  en  fuyant  devant  lui,  &c  elle  conferve  fa  blancheur. 

Cependant  fi  les  parties  .du  feu  ne  peuvenr  dans  cette  operation  penetrer 
fort  avant  dans  le  mercure,  elles  ne  lailFent  pas  de  lui  faire  perdre  beaur 
coup  d'acides  ;  ce  qu'il  eft  aife  de  reconnoitre  :  i°  ,  par  la  diminution  con- 
fidetable de  fa  vertu  purgative  &  vomitive  qui  lui  venoicdes  feuls  acides, 
&  qui  s'evanouiroit  entierement  fi  Ton  continuoit  de  les  faire  exhaler  ,  foic 
en  reiterant  les  fublimations,  foic  autrement  :  i*  ,  parce  que  cette  matiere 
s'eleve  &  fe  fublime  de  nouveau  avec  plus  de  facilite  &  de  promptitude 
qu'avant  fa  ptemiete  fliblimation  :  or  il  eft  certain  que  les  acides  repri^ 
ment  la  vtolatilite  du  mercure  ,  &  que  plus  le  mercure  en  contient,  moins 
il  fe  fublime  aifement :  3°  ,  enfin  ,  parce  qu'entre  les  parties  de  la  matiere 
fublimee,on  trouve  fouvent  plufieurs  globules  de  meicure  revivifie,  c'eftr 
a-dire  ,  degage  de  tons  les  acides  qu'il  avoir  acquis  ,  d'oii  I'on  peut  con- 
clure  que  les  autres  parties  du  fublime  qui  n'ont  pas  perdu  tous  leurs 
'   "  acides,  en  one  au  moins  perdu  une  bonne  parcie.  En  effet,  quoique  dans 

cette  operation  la  mariere  du  feu  n'atteigne  gueres  que  la  furface  exte- 
rieure  du  mercure  qu'elle  choque  vigoureufement,  elle  en  dilate  toujours 
un  pen  les  pores  ,  fur-tout  au  commencement  de  Toper-ition  ,  torfque  la 
matiere  n'a  pas  encore  eu  le  terns  de  s'clever  ,  ce  qui  faciiire  d'autant  plus 
la  fort!e  des  acides  ,  que  quand  le  torrent  qui  poulfe  le  pretipite ,  I'a  lublime 
jufqu'.i  la  hauteur  qui  convient  a  fon  poids  ,  il  le  fait  alors  circuler  au  hauc 
du  vaiffeau  ,  de  forte  que  les  difFerentes  parties  de  ce  precipite  fe  rencon- 
trentSi  fe  hemten:  fiequemmenc  &  en  cjifferens  fens ,  &  que  par  ces  di-- 


A  C  A  D  £  M  r  Q  U  E.  loj 

vers  chocs  ,  les  acides  qui  fortent  davanrage  de  la  furface  dii  mercttre,  5c  qui 
y  font  moins  tederres  qu'atiparavanr ,  font  forces  cnfin  de  I'abandonner. 

Mais  commc  le  mercure  rt(ifte  plus  ou  moins  d  I'adion  du  feu  qui  tend 
a  le  fublimer,  fuivant  qu'il  contient  plus  ou  moins  d'acides ,  &:  comme 
jius  il  rcfifte  a  cette  adion  du  feu ,  plus  il  donne  de  prife  aux  parties  du 
feu  pour  s'infinuer  dans  fes  pores,  il  s'enfuit  qu'un  mcme  degrc  de  feu 
applique  a  deux  portions  de  niercure  incgalement  cliargees  d'acides  doit  y 
faire  deux  etfets  diffcrents  ;  il  rougira  celle  qui  rclifteta  par  fon  poids, 
&  fubiimera  I'autre  fans  en  altcrer  la  blancheur  :  c'elt  audi  ce  qui  arrive 
a  la  malTe  blanche  reftee  apres  I'evaporation  de  notre  dilfolution  &  au  pte- 
cipitc  blanc  ordinaire.  La  made  blanche  contenant  beaucoup  plus  d'acides, 
refille  par  fon  poids  a  un  degre  de  feu  qui  enleve  bientot  le  prccipite  blanc- 
mais  quand  cette  maflTe  eft  devenue  rouge  ,  ce  qu'on  appelle  le  precipite 
rouge ,  comme  elle  a  perdu  alors  beaucoup  d'acides ,  le  mane  degre  de 
feu  n'y  trouve  plus  la  mcme  refiftance  ,  Sc  il  eleve  la  matiere  avec  les 
parties  de  feu  quelle  a  acquifes  ,  ce  qui  produit  un  fublime  rouge. 

Par  la  mcme  raifon  ,  quoique  le  dernier  degre  de  feu  que  le  prccipite 
blanc  puilFe  fupporter  fans  en  etre  ebranic  ,  foit  de  beaucoup  infcrieur  a 
celui  qu'on  pent  employer  pour  faire  le  precipite  rouge,  il  eO  encore  trop 
fort  pour  le  mercure  cru ,  il  I'eleve  fans  s'alterer  ,  tandis  qu'il  donne  au 
precipite  blanc  une  coulcur  rouge.  Si  I'on  veut  done  donner  la  meme  cou- 
ieur  au  mercure  cru ,  il  faut  diminuer  le  feu  a  proportion  du  peu  de  re- 
fiftance  de  la  matiere. 

Mais  il  y  a  cette  difference  entre  la  calcination  du  mercure  cru  &  celb 
du  precipite  rouge  ,  que  quand  le  mercure  cru  a  etc  expofe  pendant  un 
certain  tems  au  degre  de  feu  qui  lui  convient,  it  devienr  capable  d'en 
foutenir  un  plus  fort ,  parce  qu'il  a  acquis  des  parties  de  feu  qui  ont  aug- 
mente  fon  poids  ;  au  lieu  que  fi  on  augmente  la  feu  fous  la  matiere  du 
precipite  rouge ,  ou  feulement  (i  on  le  continue  au  meme  degre  ,  cette  ma- 
tiere ,  comme  on  vient  de  voir  ,  ne  pent  plus  le  foutenir  ik  fe  fublime, 
parce  qu'en  acqucrant  des  parties  de  feu  elle  a  perdu  des  acides  qui  fonr 
plus  pefans ,  &  qu'ainfi  fon  poids  total  eft  diminue. 

On  voit  bien  a  prefent  pourquoi  il  faut  deux  ou  trois  mois  pour  tr.mf- 
former  le  mercure  cru  en  une  poudre  rouge  ,  tandis  qu'il  ne  faut  que 
quelques  heures  au  mercure  charge  d'acides  pour  prendre  la  mcme  forme, 
■''  ■^^•■'—-  ce  qu'on  appelle  precipitif  rouge;  c'eft  que  le  mercure  cru  ne' 


Acad.  RoYALE 

DES  Sciences 

DE  Paris. 

Annk  1711. 


6>:de  _  ....  ^, ..„  .,v, 

peut  foutenir  qu'une  chaleur' tres-foible  ,°au  lieu  que  le  mercure  chlrg^ 
d'acides  en  foutientune  tres-forre.  Il  eft  vrai  que  cette  difference  de  deux 
ou  trois  mois  a  quelques  heures  eft  confidcrable  ,  &  d'ailleurs  comme  fur 
la  fin  de  la  calcination  du  mercure  cru  on  augmente  le  feu,  quand  on 
veur  rendre  la  matiere  aulfi  rouge  qu'elle  peut'  i'etre  ,  il  eft  a  piefumei: 
que  dans  le  cours  entier  de  ces  operations  la  fomme  du  feu  qui  .-igit  fuf 
le  mercure  cru  eft  plus  grande  que  la  fomme  du  feu  qu'on  fait  agir  fuc 
le  mercure  charge  d'acides  pour  parvenir  au  meme  effet;  ainli  il  faut  que 
ce  dernier  ,  outre  I'avanrage  de  pouvoir  foutenir  un  feu  beaucoup  plus 
violent ,  ait  encore  celui  d'ofFiir  aux  parties  du  feu  un  accts  plus  facile  ; 
ce  que  je  concois  aiuti,  Les  acides  contenus  daus  les  ^ores  de  ce  mercuxe 


10^  COLLECTION 


«—  en  foulevent  les  parois ,  &  pour  pen  que  le  courant  de  la  marJere  dii  fea 


/\cAD. RoYAlE  concoure  a  les  foulev-i- ,  Ics  acides  sVn  echappent  &  laiir^nt  les  pores  ou- 
Dts  Sciences    veits  non  feulement  de  tout  I'cfpace  qu'ils  y  occtipoienc,  mais  encore  de 
EE  Paris.        toure  la  dilatation  qui  a  facilite  kurfovtie  :  la  matiere  du  feu  y  entredonc 
JtnrJi  171 1.     t>i^f  plus  abondanimcnt  &  en  bicn  moins  de  terns  que  dansle  merrure  cm 
oil  rien  ne  favorife  fon  entree  ,  &  oil  il  taut  qu'elle  opete  feule  la  dila- 
tation dont  il  s'agit. 

Et  ce  qui  prouve  bien  clairemenc  a  ition  avis  que  les  acides  contenus 
dans  le  mercute  ,  accelerent  I'etifet  de  la  matiere  du  feu  ,  c'cft-a  dire  la 
couleur  rouge,  indepenJamment  du  poids qu'ils  ajoutent  au  mercurC  ,  c'eft 
que  fi  Ion  expole  le  precipite  blanc  au  degrc-  de  feu  que  le  mercure  crupeuc 
fouccnir,  il  y  deviendra  plutot  rouge  que  le  mercure  cru  ,  dont  il  ne  dif- 
.  fere  ccpendant  que  par  les  aciles  qu'il  a  rettnus,  &  qui  doivent  par  con- 
fequent  etre  reputes  la  caule  de  cet  efFet. 

j'ai  rapporre  ci-de(Tias  dans  un  alTez  grand  detail  ,  comment  differents 
fels  abforbant,  plus  ou  moins  alkalis,  agilRnt  fur  difFerentes  portions  de 
notre  diirolutiou  :  voyons  maintenant  comment  ils  agilTent  fucceHivemenc 
fur  une  Tule  portion  de  la  meme  dilTolution. 

Quand  on  a  donne  a  cette  diffolution  une  couleur  jaunatre  ou  rougeatre 
par  le  melange  des  fels  fixes  propies  a  cet  effet  ,  comme  eft  le  fel  de 
tartre ,  fi  Ton  y  verfe  enfuite  de  I'efprit  de  fel  ammoniac  ou  d'autres  fels 
volatils  refous  dans  des  phlegmes  &:  tires  par  la  ditlillation  ,  la  couleur 
jaunacre  ou  rougeatre  difparoit  d'abord ,  &  la  liqueur  devient  d'un  blanc 
fale  &  fouvent  noiratre. 

Mais  quand  on  verfe  de  I'liuilc  de  tartre  ou  d'autres  fels  fixes  fort 
alkalis  (ur  la  dillolution  ceinte  en  blanc  fale  par  le  moyen  des  fels  vola- 
tils, les  fels  fixes  ne  font  point  evanouir  la  premiere  couleur  en  lui  fub- 
ftituant  celle  qu'ils  ont  coutume  de  produlre ,  ils  etendent  feulement  dans 
la  liqueur  la  couleur  noiratre  que  les  fels  volatils  y  avoient  produite. 

Voici  d'autres  experiences  dans  lefquelles  les  fels  fixes  dont  on  vient  de 
parler ,  changent  en  rouge  ou  en  jaune  la  blancheur  produite  par  d'autres 
iels  qui  ne  peuvent  a  leur  tour  detruire  cette  couleur  jaune  lorfqu'elle  s'eft 
emparee  de  la  liqueur. 

Si  Ton  verfe  du  fel  de  tartre  ou  quelqu'autre  fel  de  meme  nature  fur 
la  dilfolution  blanchie  par  le  ftl  commun  ou  par  des  fels  fixes  peu  alkalis  , 
la  liqueur  devienc  jaune  aulTitot,  &  cette  couleur  eft  inalterable  enfuite 
par  rapport  aux  autres  fels  qu'on  mele  a  la  dinokition  apres  que  le  fel  de 
tartre  y  a  fait  fon  inipreffion.  Le  fel  de  tartre  eft  done  dans  cette  occa- 
fion  a  I'egard  de  ces  autres  fels,  ce  que  les  fels  volatils  font  a  I'egard  du 
fel  de  tartre  &c  en  general  des  fels  fixes  qui  ont  la  propriete  de  precipiter 
le  mercure  fous  une  couleur  jaune. 

Jufqu'ici  nous  avons  bien  obfervc  que  de  deux  fels  verfes  I'un  apres 
I'autre  fur  la  diftblution  ,  I'un  detruifoit  la  couleur  de  I'autre  &  en  fuljfti- 
tuoit  une  nouvelle  j  mais  nous  n'avons  pas  vu  que  celui  dont  la  couleur 
avoit  cte  detruite  put  la  faire  reparoitre  ;  il  y  avoir  toujours  un  de  ces 
deux  fels  plus  efficace  He  apres  lequel  I'antren'avoit  plus  d'aftion.  Voici  uncas 
oil  le  contraire  arrive.  Quand  on  verfe  aUernacivemenc  de  I'huile  de  tartre 


ACAD^MIQUE.  207- 

Sc  de  I'efprit  de  fel  fur  none  diirolution  ,  elle   devienc  alternatiyement  _^___,i„ 
iaune  &  blanche  autant  dc  fois  qu'on  veut  rcittrei'  cette  cprcuve.  "T  TJ       ' 

Nous  n  avons  employe  dans  cliacune  des  experiences  indiquees  ci  dellus     ^^^  Sciences 
que  deux  fortes  de  liqueurs  ablorbantes  :  on  pourroit  en  mcare  en  oeuvre       d£  Paris. 
iin   plus  grand  nombre  fur  une   mcme    portion  de  la  diffolution  ,   &  y 
faire  naitre  a  chaque  fois  une  nouvelle  touleur ;  niais  il  faut  pour  opcrer        "  "-^   ^~     ' 
le  changement  de  coulcur  que  les  liqueurs  les  plus  foibles  paflent  toujours 
les  premieres. 

Pour  bicn  comprendre  ces  changemens  de  coulenr ,  il  faut  remarquer 
que  p.irmi  les  acides  done  le  mercure  fe  trouve  charge  dans  notre  dilFo- 
lutioii  ,  il  y  en  a  qui  y  font  eiifonces  plus  profondc'ment  que  les  autres  : 
s'ils  y  ctoient  tous  egalemenc  engages ,  il  arriveroit  l-Jifqu'on  y  verfe  quelque 
abforbant  en  fuffifante  quantite,  ou  qu'aucun  acide  ne  feroic  enleve  ,  ou 
qu'ils  le  feroient  tous  j  or  on  obferve  tour  le  contraire  ,  car  ces  ab- 
forbants  ont  dcrobe  au  mercure  tous  les  acides  qu'ils  font  capables  de  de- 
raciner,  il  y  en  relle  d'autres  qui  ne  leur  donnent  plus  de  piife  8i  qui 
reflent  attaches  au  mercure  ,  3.  moins  qu'on  ne  joigne  I'aiStion  du  feu  a 
cello  des  abfoi bants.  On  pent  mcme  dire  que  c'eft  a  raifon  dcs  acides  les 
moins  engages  ,  Sc  qui  fortent  le  plus  de  fa  furface  que  le  mercure  efl 
dans  cet  etat  un  fi  puifTant  corrofif;  car  des  que  ces  acides  onr  ete  livres 
aux  obfervants  ,  le  precipitc  qui  en  refulte  n'cfl  plus  que  vomitif  ou  pnr- 
gatif,  a  caufe  des  acides  qui  lui  reflent,  done  plufieurs  font  encore  affez 
faillans  pour  produire  I'iriitation  purgative  ou  vomitive  ,  &  Ton  peut  mcme 
rcuuire  a  rien  ou  prefqu'a  rien ,  ceite  qualite  de  mercure  en  le  d;;pouil- 
lant  par  divers  precedes  de  la  couche  des  aeides  purg.itifs,  apres  quoi  le 
mercure  conferve  encore  d'autres  acides  ,  mais  fi  enveloppes  ,  qu'ils  n'onc 
plus  d'autie  effec  que  de  rcprimer  fa  grande  volatilite  ,  comme  on  le  re- 
marque  dans  la  panacee.  Ainfi  je  diflingue  dans  le  mercure  de  n  tre  diflo- 
lution  trois  ordres  d'acides  ,  les  uns  qui  y  font  peu  engages  &  dont  il  eft 
herifTe  de  toure  parts  ,  ce  qui  fait  la  caufticite ;  les  feconds  plus  engages 
que  les  premiers  ,  mais  aflez  faillans  pour  picoter  &  irriter  ,  &  les  troi- 
fiemes  qui  font  prefqu'entierement  enfevelis  dans  le  merccie. 

Voici  un  fait  qui  appuye  ce  que  j'avance  ici  fur  la  cauflitite  du  mercure. 
Quoique  1  efprit  de  nitre  foit  tres  corrofif ,  &:  que  le  fcl  cominun  &  le  vi- 
triol ne  le  foient  pas  ,  cependant  le  mercure  e(i  beaucoup  rooins  cauftiqne 
lorfqu'il  eft  hcrilfe  des  acides  du  nitre  que  quand  il  I'eft  des  acides  du  fel 
ou  du  vitriol ,  parce  que  les  pre.niers  plus  fubrils  s'engagent  plus  avanc 
dans  le  corps  du  mercure ,  au  lieu  que  les  autres  plus  groHier  s'y  enfonganc 
peu  le  hcrilTent  di  piquants  plus  longs  Sc  plus  gros ,  lefquels  penetrenc 
plus  avant  dans  les  corps  qui  s'offrent  a  leur  adlion. 

Si  les  acides  qui  fervent  a  tenir  le  mercure  en  difTclurion  n'y  font  pas 
tous  egalemenc  engages ,  les  difTerents  ahforbsnts  dont  nous  avons  paile 
n'ont  pas  tous  aiilfi  la  mcme  facilite  a  les  enle  cr  \  les  uns  n'ont  de  prife 
que  fur  les  acides  du  premier  ordre  ou  les  pins  fiill  'nrs ,  d'autres  ont  prife 
fur  ces  prjmi.rs  Si  encore  fur  ceu,\  du  fecond  ordre;  enforre  que.ll  Ton 
verfe  fur  notre  didolution  les  abforbanrs  les  mains  efficaces,  ih  l.'ifleronr 
aux  autres  des  acides  a  detacher,  ce  qui  n'arrivera  poinc  li  les  abforbanrs 


loS  COLLEC;TION 

— —  les  plus  efficaces  font  employes  les  premiers;  cela  fe  voir  auffi  t^ans  la  pre- 

AcAD.RoYALE  cipitatioti  de  Targeiu  dilTous  par  Tefprit  de  nirre;  fi  Ton  y  emploie  le  cui- 

BEs  Sciences     vre,  I'argenc  tombe  fans  prefque  avoir  retenii  aiicun  acide  ;  mais  fi  au  lieu 

DE  Paris.       du  ciiivre  on   emploie  les  fi-ls  abfoibants  ,  I'argcnt  fe  precipice  avec  une 

^      I,  bien  plus  grande  quantite  d'acides  :  le  ciiivre  enleve  done  dans  cette  oc- 

nnu  I  71  2.    ^^^^^^     ,^  d'acides  ,  &:  il  en  enleve  fur  lefquels  ces  fels  abforbancs  none 

point   d'adtion. 

Ces  differens  abforbants  ne  produifent  fucceffivement  differentes  cou- 
leurs  fur  une  meme  portion  de  mercure  qu'autant  que  i'abforbant  qui 
vient  en  fecond  lieu  eft  le  plus  efficace  &  trouve  encore  des  acides  a 
enlever  que  lui  a  lailFes  i'abforbant  plus  foible.  Er^  effet  j'ai  fait  voir  que 
quand  on  vcrfe  le  premier  abforbant  fur  la  diirolution  claire  Sc  limpide  ,  il 
lie  lui  donne  une  couleur  qu'en  y  faifant  un  precipice  ,  c'efta  dire  en  abfor- 
bant des  acides,  &  lorfqu'un  fecond  ablorbant  detruit  cette  couleur  &:  en 
fubftitue  une  autre,  c'ell  encore  en  abforbant  d'aurres  acides.  Cette  feule 
fuppolltion  explique  tons  les  changemens  fucceflifs  de  couleur  de  notre  dif- 
folution. 

Nous  avons  deja  obferve  que  les  fels  volatils  detruifoient  la  couleur  jaune 
ou  rou<'e  produlce  par  les  fels  fixes,  lefquels  ne  pouvoienc  plus  enfuite  la 
retablir.  Suivanc  notre  fuppofition  les  fels  volatils  font  done  de  plus  puif- 
fans  abforbants  que  les  fels  fixes,  puifqu'ils  trouvent  encore  a  agir  apres 
eux  fur  le  mercure  :  or  ils  ne  peuvent  lui  derober  de  nouveaux  acides  fans 
faire  difparoitre  fa  couleur  rouge  en  donnant  lieu  a  I'evafion  des  parties  de 
feu  que  les  fels  fixes  avoient  introduites.  En  effet  les  acides  contenus  dans 
le  mercure,  dibtent  necelFairement  les  pores  qu'ils  occupent ,  ce  qui  corn- 
prime  les  pores  voifins  oii  font  enfermees  les  parties  de  feu  He  font  fepares 
des  premiers  par  des  cloifons  mitoyennes.  Lots  done  que  les  acides  fe  font 
echappes  ,  les  pores  qu'ils  laiffent  vuides  fe  rederrent,  &  les  pores  ou  font 
logees  les  parties  de  feu  fe  dilatent  d'autant ,  ce  qui  donne  lieu  a  I'evafioii 
de  ces  parties ;  ainfi  le  meme  effet  fert  a  I'expulfion  &c  des  acides  &  des 
parties  de  feu. 

II  y  a  meme  ici  une  reflexion  a  faire ,  c>ft  que  la  fortie  des  parties  de  feu 
fe  fait  par  deux  mouvemens  alternatifs  :  le  premier  eft  un  mouvement  de 
comprclTion  occafionne  pat  la  prefence  des  acides  dans  les  pores  voifins, 
&  augmentc  peutctre  par  I'efFort  que  font  ces  acides  pour  s'echapper;  ce 
qui  doit  produire  des  fecoulTes  qui  determinent  puiffamment  les  parties  de 
feu  a  s'elancer  au  dehors  des  que  par  le  fecond  mouvement  leurs  cellules 
fe  dilateront  a  leur  tour ,  ce  qui  arrive  I'inftant  d'apres  que  les  acides  fe 
font  degages.  Ces  deux  mouvemens  fe  font  dans  un  ordre  contraire  lorfque 
les  parties  de  feu  s'engagent  dans  le  mercure  ,  la  dilatation  a  lieu  la  pre- 
miere &  facilite  leur  entree  dans  les  pores ,  apres  quoi  furvient  la  contrac- 
tion qui  les  y  retient.  On  pent  ajouter  que  comme  un  relTort  qui  fe  de- 
tend  n'attrape  pas  tout-.i-coup  le  point  du  repos  &c  va  un  peu  au-de!a ,  les 
pores  qui  etoient  trop  dilates  par  les  acides  fe  retTerrent  d'autant  plus  Sc 
donnent  lieu  a  ceux  qui  contiennent  les  parties  de  feu  de  s'etendre  plus  que 
dans  leur  etat  naturel,  puifque  c'efl:  la  meme  cloifon  qui  ptoduit  le  relfer- 

rement 


A  C  A  D  fi  M  1  Q  U  E.  io9 

rement  des  uns  ?c  la  dilatation  dcs  amies  ,  circonftance  qui  facilite  encore  — 


I'evalion  de  la  paitic  du  feu.  Acad.  Ro\  Alt 

Qiimd  on  verfe  de  nouveau  des  feis  fixes  fur  ce   precipitc  aj.rcs  I'ac-     Dts  Sciences 
lion  des  feis  volatils,  les  premiers  nc  peuvent  y  retablir  la  couLur  jaune       f^  1  aris. 
oil  rouge,  car  il  f.iudroit  pour  cela  qu'il  s'en  detachat  encore  des  acides    -^'"'"•■'-'  i?'-- 
pour  ouvrir  comme  la  premiere  f'ois  la  porte  aux  parties  de  feu  contenues 
dans  le  (el,  &  lt;s  determiner  a  enliler  les  pores  dil.itcs  du  mercurej  mais 
le  lei  fixe  ne  trouvant  plus  alors  dacuies  cju'il  puilfe  detacher  &  qui  pc- 
nctrenc  allcz  d.ins  les  pores  pour  en  clialFer  les  parties  de  feu  ,    il  n  agic 
que  fur  I'lunle  noire  &c  brulce ,  que  les  fels  volatils  avoient  repandtie  lur 
le  mercure  ,  Sc  qu'il  etend  &  fait  paroitre  davantage  ;  mais  quand  ces  fels 
n'en  rcpindenc   point  &c  qu'ils  font  un  precipice  trcs-blanc  ,    le  fel  fixe 
qui  vienc  enfuite  n'y  produit  auciin  effer. 

S'll  ert  vrai  que  les  fels  volatils  ne-  detruifentia  couleur  jaune  produite  pat 
le  fel  do  tartrc  ou  par   qu^^lqu'autre  Icl  fixe  de  m^me   nature  ,  que  parce 
qu'ils  font  plus  abllirbants,    le   fel  de  tartre   doit  detruire  a  fon  tour  la 
couleur  blanche  &  y  fiiblliruer  la  jaune  ,    quand  a  la  place  des  fels  vo- 
latils,  on   s'eft  fervi  d'abforbants  plus    foibles   que  le  fel  de   tartre  pour 
faire  le  precipite  blanc.    Toute  la  difference  qui  fe  trouve  entre  ces  deux 
operations,  c'ell  que  dans  1  une  les  fels  volatils  en  abforbant  de  nouveaur 
acides  ,  font  aulli  fortir  les  parties  de  feu  que  le  fel  de  tartre  avoir  don- 
nees  au  mercure,  &   que  dans  I'autre   le    fel  de  tartre  en  s'emparant  des 
acides  que  lui  ont  laidls  les  abforbanrs  plus  foibles,  infere  dans  le  mer- 
cure des  parties  de  feu  ,  comme  il  auroit  fait  s'il   eiit  ete  verfe  le  premier 
dans  la  dillolution.    Enfin  ces  fels  moins  efficaces  verfcs  de  nouveau  fur  la 
liqueur  apres  que  le  fel  de  tartre  y   a  fait  fon  impreffion  ,   n'y   doivenc 
plus  retab  ir  la  couleur  jaune  quand  elle  a  cte  detruire  par  les  fels  vola- 
tils :  les  experiences  confirment  ce  raifonnement.    Par  exemple  ,   il  eft  cer- 
tain que  le  fel  commim  &  les  fels  fixes  pea  alkalis,  font  bien  moins abfor- 
bants  que  le  fel  de  tartre  j  audi  la  couleur   blanche  qu'ils  produifent  fait 
place  a  la  couleur  jaune  excitee  par  le  fel  de  tartre  ,    laquelle  demeure 
inalterable  pai:  rapport  a  ces  autres  fels ;  de  mcme  le  fel  de  tartre  plus  ou 
moins  charge   d'acides  ,  eft  inconteftablement  moins  abforbant  que  le  fel 
de  tartre  pur  &  fans  melange  j   aulli  ce  dernier  I'emporte-t-il  fur  I'autre  de 
la  meme  maniere  que  fur  le  fel  commun  &  fur  les  fels  fixes  peu  alkalis. 

Il  refte  a  expliquer  pourquoi  I'efprit  de  fel  &  I'huile  de  tartre ,  par  defail- 
lance  verfes  alternativement  fur  une  mcme  portion  de  notre  dilTolution  , 
la  colorent  tour-a-tour  de  blanc  &c  de  jaune  autant  de  fois  qu'on  veut ,  fans 
que  I'acSion  de  I'une  des  deux  liqueurs  ferve  d'obftacle  a  I'adlion  fuble- 
quente  de  I'autre,  effet  tout  oppole  a  ce  que  nous  avons  vu  dans  les  expe- 
riences precedentes.  Pour  bien  comprendre  celle-ci ,  il  faut  faire  attention 
que  I'efprit  de  fel  eft  un  abforbanr  pour  les  acides  nitreux,  comme  je  I'ai 
nrouve  ailleurs  ,  &:  qu'il  pent  aufli  dilFoudrel*  mercure  ,  comme  M.  Hoin- 
berg  I'a  fait  voir  -,  d'ailleuis  le  fublimc  corrofif  n'eft  qu'un  mercure  pene- 
tr  e  pat  les  acides  du  vitriol  Sc  du  fel,  Sc  men  pere  a  demontre  qu'on  peuc 
meme   en   faire   avec  du  fel  commun. 

CeU  pofe  ,  quand  on  verfe  de  I'efprit  de  fel  fur  notre  dilTolution,  il  nc 
J'ome  III,  Psrtic  Fran^oijc,  D  i 


iio  COLLECTION 


■  peuc  introduire  fesacides  dans  le  mercure  faoule  &  revctu  par-tout  des  aci- 

AcAD.RoV-ALE  dcs  nicreuxj  I'efprit  de  fel  ne  peuc  done  agir  alors  que  comme  abforbant 
DES  Sciences     en  s'emparant  des  acides  les  moins  engages  dans  le  mercure  ,  qui  par  cette 
'  ■       perte  commence  a  fe  piccipiter  fous  une  couleur  blanche.  Quand  on  verfe 
Annti  ijii.     enfuite  de  I'huile  de  tartre  qui  eft  plus  abforbante  que  I'efprit  de  fel,  elis 
enleve  encore  des  acides,    introduit  du  feu  &   change  en  jaune  ce   qui 
ecoit  blanc  :  mais  quand  on  verfe  enfuite  de  I'efprit  de  fel,  il  n'agit  plus 
comme  la  premiere  fois  en  qualite  d'abforbant ,  I'huile  de  tartre  plus  ab- 
forbante ne  lui  a  rien  lailfe  a  faire  en  ce  genre,  il  eft  done  probable  qu'il 
agit  alors  comme  dilFolvant  du  mercure  ou  il  trouve  plufieurs  pores  vui- 
des  que  les  acides  ont  abandonnes;   il  entre  dans  ces  pores  ,   les  dilate, 
challe  les  parties  de  feu ,  ou  tout  au  moins  bouche  I'entree  des  pores  ou 
elles  font  contenues,  ce  qui  fuffit  pour  faire  difparojtre  la  couleur  jaune, 
comme  je  le  ferai    voir  une  autre  fois  par  une  experience  alTez  curieufe. 
Quoi  qu'il  en  foit,  quand  on  verfe  enfuite  de  I'huile  de  tartre  fur  le  me- 
lange ,  elle  abforbe  les  acides  de  I'efprit  de  fel  nouvellement  attaches  au 
mercure ,  &  fait  reparoitre  la  couleur  jaune  que  I'efprit  de  fel  detruic  de 
nouveau.  II  eft  aife  de  voir  que  ces  effets  peuvent  fe  renouveller  autant  de 
fois  qu'on  veut,  &  il  fautobferver  que  dans  cette  experience  I'efprit  de  fel 
a  une  double  adtion  ,  celle  d'abforbant ,  qu'il  n'emploie  que  la  premiere  fois 
Jorfque  le  mercure  eft  entierement  faoule  d'acides,  &  celle  de  diffolvant 
du  mercure  qu'il  emploie  routes  les  autres  fois,  ne  trouvant  plus  d'acides  fur 
lefquels  il  puilfe  avoir  prife;  &  ce  qui  prouve  que  c'cft  en  agilfant  fur  le 
corps  du  mercure,  8c  non  pas  fur  les  acides,  que  I'efprit  de  lei  detruit  la 
couleur  j.'une  produite  par  I'huile  de  tattre,  c'eft  que  quand  on  fubftitue  a 
I'efprit  de  fel  de  I'elprit  de  vitriol  ou  de  I'efprit  ds  nitre  foible  ,  la  couleur 
jaune  s'evanouit  de  la  meme  maniere.    Or  I'aftion  de  ces  efprits  n'eft  point 
equivoque  comme  celle  de  Tefprit  de  fel ,  car  an  ne  dira  pas  que  I'efprit  de 
nitre  abforbe  les  acides  nitreux  engages  dans  le  mercure  i  aufli   quand  on 
le  verfe  d'abord  &  avanc  route  autre  liqueur,  dans  la  dilTolution,,  il  n'y 
opere  ni   precipite  ni  aucun  changement ;    il  ne  peuc  done  agir  que  fur 
le  mercure,   &  cela  quand  le  fel  de  tartre' efi'aempor^e  des  acides  que 
cet  efprit  remplace  ,  <y  c'eft  par  ce  commencement  de  dilTolution  que  la 
couleur  j.iune  eft  detruite,  c>'mtne  lorfqu'on  emploie  I'efprit  de  fel.    j  . 

Au  refte  on  ne  doit  pas  etie  furpris  que  le  precipice,    malgre  rintro" 
du(5tion  des  acidis  du  fel,  reftc-  indilloluble  dans  la  liqueur;  car  I'efprit 
de  fel  agilfant  la  premiere  fois  comme  abforbant ,    &  enfuite   I'huile  de 
tartre,   ils  lui  ont  6te  plus  d'acides  que  I'efpiit  de  fel  ne  peut  lui  entendre 
lorfqu'il  agit  comme  dillolvant ;    d'ailleurs  I'aftion  de  I'efprit  de  fel  eft  na- 
turellement  lente,  &  il  ne  dilFout  totalemenc  le  mercure  qu'en  un  tems 
confiierable  :  tout  ce  qu'il  peut  done  faire  dans  cette  occafion  ou  on  ne 
lui  donne  pas  le  tems  d'ag'r  ,  &  ou  on  I'emploie  en  petite  quantite,  c'eft  de 
commencer  la  dilFolution  comme  fait  I'efpric  de  nitre  foible.    Si  cette  dif- 
folution  s'achevoit,  toute  couleur  difparoitroit ,  parce  que  le  precipirc  fe 
remeleroit  intimement  a  la  liqueur  qui  reprendroit  fa  premiere  limpidite, 
comme  il  arrive  lorfqu'on  fe  fert  d'un  efprit  de  nitre  plus  fort  qui  rera^- 
place  promptemenc  tous  les  acides  que  le  precipice  avoit  perdus. 


ACADEMIQUE, 


HI 


II  refulte  de  tout  ce  qui  a  etc  Jit  :  i".  Que  le  mercure  revetu  d'acides 


DE  I'ARIS. 

Annci  i-jii. 


a  lutuidlcmeiu  une  couleur  blanche  j  i".  que  qu.iiid  il  devieiu  rouge  ou  ArAD.RoyAifi 
JAune,  celV  par  le  plus  lui  le  moins  de  parties  de  feu  qui  s"y  font  intro-  » "^^  Sciences 
duites;  j".  qu'il  nc  palle  du  blanc  au  rouge  qu'en  acquerant  des  parties 
de  feu,  &c  du  rouge  au  blanc  qu'en  les  perdant;  4".  que  quand  l.i  dilFo- 
lution  commence  a  prindrc  une  coulcur  ,  le  mercure  perd  des  acides; 
5^.  que  routes  les  tois  qu'il  change  de  couleur  il  perd  ou  gagne  des 
acides,  fans  quoi  les  parties  de  feu  ne  pourroient  ni  entrer  dans  le  mer- 
.Fure,  ni  en  iortir;  6".  que  quand  un  abforbant  ne  fair  qu'enlevet  des 
acides  a  la  dilfolunon  fans  rien  communiquer  au  mercure ,  il  fait  paroi- 
tre  le  precipice  fous  f.i  couleur  naturclle  qui  eft  la  couleur  blanche  ;  7".  qu'il 
produit  une  autre  couleur  quand  A  la  p!ace  des  acides  qu'il  ote  au  mer- 
cure ,  il  lui  communique  d'autres  parties  qui  le  colorent  diverfemeut  im- 
vant  leur  nature  &  leur  quantite;    8 '.   qu'entre  plulieurs  abforbants  pro- 

()res  a  donner  differentes  couleurs  ,  le  plus  alkali  doit  detruire  la  cou- 
eur  des  autres,  mais  qu'il  ne  doit  point  arriver  de  changement  de  cou- 
leur quand  I'alkali  le  plus  foible  vicnt  a  la  fuite  d'un  plus  fort  \  9°.  qu'une 
liqueur,  meme  tres- alkaline ,  verfee  apres  une  autre  qui  I'ell:  fort  pen,  nc 
produira  point  de  changement  dans  le  liquide  ,  (i  elle  ne  fait  qu'otet  au 
precipite  de  nouveaux  acides,  fans  lui  apporter  ni  lui  enlever  d'autres  par- 
ties^  10".  que  les  acijes  foibles  peuvent  faire  paller  le  precipite  du  rouge  au 
blanc,  mais  que  les  acides  forts  font  difparoitte  toutes  les  couleurs. 


Manicrc  dc  copier  fur  Ic  vcrrc  colore  ks  Pierrcs  gravccs. 
Par    M.    H  o  M  B  E  R  G. 

X-/  ES  pierres  gravces  font ,  ainfi  que  les  mcdailles ,  des  monumens  hiftori- 
ques  dont  I'utilitc  eft  alFez  ccnnue  ;  elles  ont  meme  des  avantages  fur  les 
medailles  j  la  folidite  de  leur  niariere  les  rend  plus  durables  ,  &  c'eft  beau- 
coup  en  fait  de  monumens  :  d'ailleurs  comme  leurs  figures  font  gravees  en 
creux  ,  ellcs  font  a  I  abri  de  tout  frottemcnt,  de  toute  altetation  ,  &  ellcs 
nous  reprefentent  I'antiqyie  dans  toute  fa  purete.  Mais  elles  ont  aufli  un 
defavantage  tres -grand  relativement  a  I'ufage  quon  en  peut  faite  ;  c'eft 
qu'elles  font  toutes  uniques,  &  la  plupart  cachees  ou  plutot  enfouies  dans 
les  cabinets. 

On  avoit  tente  depuis  long-terns  de  remedler  a  cela  ,  en  muldpliant 
les  empreintes  des  piettes  gtavees  fur  la  eire  d'Efpagne  ,  fur  le  foufre 
commun  &  meme  fur  des  verres  colores  ;  mais  la  cire  d'Efpagne  &  le 
foufre  font ,  comme  on  fait,  des  matieres  trop  peu  folides  \  les  empreintes 
fut  verre  n'avoient  ptoduit  jufqu'ici  que  des  copies  imparfaites ,  &  lart 
ctoit  encore  a  trouver. 

Le  precede  nouveau  que  j'apporte  aujourd'hui  ,  eft  dii  a  un  long  tra- 
vail ,  a  un  grand  nombre  d'clfais  heureux  &  malhcureux ,  &  a  la  permif- 
iijn  que  m'a  procurce  M.  le  due  d'Orleans  qui  avoic  dajgneaflifter  a  quel- 


Hi  C  O  L  L  E  C  T  I  O  N 

j_^mii»_iiiiji«i»ii  ■■■  ques- lines  de  mes  tentatives,  pour  copier   routes  les  pierres  gravees  da 
Acad. RoYALE  cabinet  du  Roi.   Les  copies  que  Ton  fait  prcfentement  des  pierces  anti- 
DEs  Sciences     ques  ,   fuivant  men  proccde ,  imitenc  les  orit^inaux  au  point  que  les  con- 
DE  1  ARis.      noifTeurs  y  font  tous  les  jours  trompes  ,  fur-tout   quand  les  compoiitions 
Jlririie  lyiz.     ^jgj  yerres  qu'on  y  employe,  relTemblenr  parfaitement  a  quelques-unes 
des  pierres  fines  que  Ton  choifit  ordinairement  pour  les  graver  ,  comme 
font  les  Agates  ,Ies  Jafpes,  les  Cornalines  ,  les   Onices  ,   les   Sardoines  , 
Jes  Amethiftes  ,  les  Grenats  de  Syrie  ,  &c.  que  Tart  imite  fort  bien  ,  non- 
feulement  pour  la  couleur  ,  mais  pour  le  poli  ,  quand  on  les  compare  aux 
antiques  ,  dont  le  poli  a  un  peu  foufFert  par  le  terns  ;  is:  Ton  pent  meme 
fe  fervir  de  ces  copies  bien   taites  comme  dts  prototypes  pour   en  tirec 
d'aurres   qui  font   aiiffi   parfaites   que  fi  on  y  eut  employe  les  originaux 
eux-mcmes.  Un  autre  avantage  de  ce  nouvel  art  ,  eft  de  pouvoir  corriger 
dans  les  copies  les  defauts  des  originaux  quand  ils  font  cccrnes  en  certains 
endroits  ,  &  meme  quand  ils  font  calTes  tout  a  fair  ,  pourvu  que  les  prin- 
cip.Tux   morceaux  ne  foient  point  perdus.  Jc  donne  ici  les  inftrudVions  ne- 
celfaires  pour  y  bien  reuflir  ,  &  pour  epargner   a  ceux  qui  voudront  y  tra- 
vailler  ,  routes  les  peines  inutiles  que  je  me  fuis  donnees  au  commence- 
ment de  ce  travail. 

Tout  notre  ouvrage  ne  confifte  qu'a  bien  mouler  la  pierre  gravee  en 
une  rerre  fort  fine ,-  fur  laquelle  on  imprime  un  m.orceau  de  verre  amoli 
au  feu  ,  ou  a  demi-fondu,  de  maniere  que  la  figure  de  la  pierre  gravee, 
refte  imprimee  nettement  fur  le  morceau  de  verre,  en  quoi  il  relfemble 
en  general  au  travail  des  fcndeurs  ^  mais  quand  on  I'exr.niine  de  pres, 
il  fe  trouve  des  difficultes  confiderables  dans  le  notte  ,  qui  ne  font  d'au- 
ciine  confcquence  pour  les  fondeurs  :par,  exemple  routes  les  terres  leuc 
font  bonnes  pour  en  faire  leurs  moules ,  pourvu  qu'elles  foient  aiTez  fines, 
pour  recevoir  les  imprellions  ,  &  qu'en  fechant  elles  ne  fe  fendent  pas ;, 
parce  que  les  metaux  que  les  foridteurs  eroployent  uniquement ,  font  des 
niatieres  abfolument  difFerentes  des  fimples  terres,  &  qui  ne  fe  confon- 
dent  jamais  ,  quand  meme  ils  auroient  etc  fondus  enfemble  ,  ce  qui  fait 
qu'aprcs  la  fonte  le  metal  fe  fepare  parfaitement  de  la  terre  de  fon  mou- 
le  ,  au  lieu  que  le  verre  qui  eft  la  matiere  de  notre  ouvrage  ,  ne  difFere 
des  fimples  terres  qu'en  ceci  feulement ,  que  Tune  eft  une  matiere  terreufe 
qui  a  etc  fondue  au  feu ,  &  que  I'autre  eft  la  meme  matiere  terreufe  qui 
ri'a  pas  encore  etc  fondue  au  feu  ,  mais  qui  s'y  fond  aifemenr  ,  &  qui  fe 
confond  infeparablement  dans  le  grand  feu  avec  le  verre  ,  de  forte  que  fi 
on  n'a  pas  les  precautions  neceflaires  dans  le  choix  &  dans  I'emploi  de  la 
lerre  ,  le  moule  ,  &:  le  verre  moule  fe  collent  fi  bien  enfemble  dans  le  feu  , 
qu'on  ne  fauroic  les  feparer  fans  detruire  abfolument  la  figure  qu'on  avoic 
intention  de  donner  au  verre. 

Les  matieres  terrenfes  fe  fondent  plus  ou  moins  aifemenr  dans  le  feu  , 
felon  qu'elles  font  melees  avec  plus  ou  moins  de  matieres  falines  qui  leur 
fervent  de  fondant ;  &  comme  nous  avons  abfolument  befoin  d'une  terre 
pour  faire  nos  moules  ,  nous  avons  ete  obliges  de  chercher  celie  qui  con- 
tient  naturellement  le  moins  de  matieres  falines;  je  dis  naturellemcnt  , 
pacce  que  routes  les  matieres  terreufes  a  (jiii  on  aenleve  leuts  fels,foit  pac 


A  C  A  D  E  M   I  Q  U  E.  i ,  j 

le  feu  ,  foir  par  I'enu  ,  comme  font  les  cendres  leflivces ,  &  la  cliaiix  vive,  '    ■  '  ■  ""   ■■  ■■ 

couferveiu  encniier  les  locules  qui  aoient  occupcs  par  Ics  fcls  qu'eiles  out  Acad.Ivcyale 

perdus  ,   &   qui  foiu  tout  pras  a   nxcvoir  d'autres  inatieies   femblabies    '^^■^  Sciln'cls 

quand  dies  fe   prcfeiueront  ;  &  comme  nos  vcrres  n'ont   etc  fondus  ou       be  1  aris. 

vitrifies  que  par  une  grande  quantity  de  fel  fcMidant  que  I'art  Icur  a  joint ,    ■^^"•^'^   lyii. 

ils  en  communiquent  une  partieatts  fortes  de  matietes  terreufes  lorfque 

dans  le  feu  ils  s'approc hent  ,   &:   ils  fe  fondent  enfemble  j  au  lieu  que  les 

in.itieres  tcrreules  qui  naturclleinent  tie  conti.nncnt  rien  ,  ou  tres-peu  de 

falin,  n'ont  pas  les  pores  figures  de  nunierea  retevoir  facilement  des  fels 

ctraiigcrs  ,  patticuUeremeiu  quand  ces  fcls  font  deja  enclialfes  dans   une 

autre  niatiere    cctreufe  ,  comme  ils  le  lont  dans  nos   veices  :  fi  cependanc 

on  les  tenoit  trop  de  ten;s  enfciiible  dans  le  grand  feu  ,  la  grande  quantite 

de  fclduverre  nelailleroit  pas  de  icrvir  de  fondant  aces  fortes  de  terres  , 

&•  ces  matieres  terreufes  &  falines,  le  fondroient  &  fe  vitrifieroicnt  a  la 

iin  les  unes  pat  lesau'tes. 

De  routes  les  terres  quej'ai  examinees,  jen'enai  point  trouve  qui  corj- 
tiennent  moins  de  fel,  Sc  dont  le  peu  de  fel  qu'elles  pcuvent  contcnir, 
fe  maniterte  moins  qu'une  certaine  forte  de  craye  qu'on  nomme  commu- 
nementdu  Tripoli,  &c  qui  feit  a  polir  les  glaces  des  miroirs.  Si  la  pliipart 
des  pierres  prccieufes  ,  elle  eft  la  feule  qui  convienne  a  notre  ouvracre  :  il  s'en 
trouve  en  France  ,  &  dans  le  Levant.  La  premiere  eft  bianchatre ,  nulte 
de  rouge  &  de  jaune  ,  &  quelquefois  rouge  touta-fait,  elle  eil  ovdmai- 
rement  feuilletee  &  tendre  ;  celle  du  Levant  eft  rarement  feuillctee 
tirant  toujouts  fur  le  jaune,  je  n'en  ai  point  vu  de  rouge,  (.-He  eft  quel- 
quefois fort  dure  ;  il  faut  choifir  celle  qui  eft  tendre  ,  douce  uu  toucher  con>- 
ine  du  velours ,  &  point  melee  d'au^re  terre  ,ou  de  grains  de  fable:  cette 
derniere  eft  beaucoup  mellleure  que  celle  que  nous  avons  en  ce  pays-ci. 
Je  me  fuis  fervi  d'abord  de  la  noire,  mais  j'ai  reconnu  enfuite  que  celle 
du  Levant ,  que  I'on  nomme  communement  ,  Tripoli  de  Venifc  ,  nioule 
plus  parfaitement  que  le  tripoli  de  France  ,  le  verre  ne  s'y  attache  ja- 
mais au  feu,  ce  qui  arrive  fouvent  au  notre  :  nous  ne  laiffons  cependanc 
pas  de  nous  fervir  des  deux  ,  &  voici  comment. 

Pilez  le  tripoli  de  France  dans  un  grand  mortier  de  fer,  padez  le  par 
un  tamis  de  crin  ,  &:  gardez-le  pour  I'ufage  ;  le  tripoli  de  Venife  doic 
ttre  gratte  tres-fincment,  &  fort  peu  a  la  fois  ,  avec  un  couteau  ,  ou  avec 
des  eclats  de  verre  de  vitre  ;  il  faut  le  palfer  enfuite  par  un  tamis  dc  foie 
tres-fin  ,  &i  le  broyer  dans  un  mortier  dc  verre  avec  un  pilon  de  verre  : 
plus  le  tripoli  de  Venife  fera  fin  ,  mieux  il  prendra  les  empreintes. 

Le  meilleur  moyen  de  feparer  la  poudre  la  plus  fine,leroit  ctlui  des 
lotions  ;  mais  on  ne  peut  pas  s'en  fervir  dans  cet  ouvrage,  parte  qu'il 
fe  trouve  naturellement  dans  !e  tripoli  de  Venife  ,  une  le^ere  oncluofitc 
qui  fait  que  dans  les  imprellions ,  les  petits  grains  de  la  poudre  fe  tienneiK 
colles  enlemble  ,  tk.  formenr  une  fuperficie  unie  comme  (i  elle  ctoit  polie  : 
cette  onduofice  s'en  fepare  paries  lotions ;  les  petits  grains  fe  defunilfent, 
&  rendent  ,i  limprcllion  une  (uperficie  grenue  qui  gate  la  finelfe  des  fi"vt- 
res  que  I'on  vcut  imprimer  dans  le  verre. 

Les  deux  cripolis  ecam  mis  en  poudi  e  j  comme  nous  venons  de  le  dire 


ii4 


COLLECTION 


AcAD.RoYALE 

DES  Sciences 
DE  Paris. 

Annh   1 7 1 i . 


il  fant  humedler  le  cripoli  de  Fiance  avec  de  I'eau  ,  jafqu'a  ce  qu'ilpuifTe 
fe  mettre  en  un  petit  gateau  quand  on  le  prtlL'  entre  les  doigts ,  a  peu 
pres  comme  il  arrive  a  la  mie  de  pain  frais  qumd  on  la  petric  de  meme 
entre  deux  doigts;  Ton  remplit  de  ce  tripoli  liumecte  un  petit  creufec 
plat  4?  la  profoiidfcur  de  fept  a  hiiit  lignes  environ  ,  &  du  diametre  qui 
convienc  a-peu-pres  a  la  grandeur  de  la  pierre  que  Ion  veut  mouler  :  on 
prelFe  legerement  ce  tripoli  dans  le  creuiet,  puis  Ion  met  par  dtifus  un 
pen  de  la  poudre  fethe  du  tripoli  de  Venife  ,  (ur  quoi  on  pofe  la  pierre 
que  Ton  veut  mouler,  &  on  I'imprime  en  la  prellant  dans  le  tripoli  audi 
fortement  qu'on  le  pent  faire  avec  les  pouces,  puis  on  applaiit  bien  avec 
les  doigts ,  ou  avec  un  morceau  d'ivoire  tout  le  tripoli  qui  fe  trouve  a 
I'entour  de  la  pierre  ;  on  le  lailFe  repofer  un  moment  jufqu'a  ce  que  Ihii- 
midite  du  tripoli  de  France  ait  penetre  &  humedte  celui  de  Venife,  qu'on 
avoir  mis  en  poudre  feche  immcdiatement  au-dellous  de  la  pierre.  L'on 
jugera  tacilement  combien  il  fau:  de  terns  quand  on  en  aura  imprime  quel- 
ques-unes  ;  on  fepare  la  pierre  d'avec  le  tripoli ,  en  enlevant  un  peu  la 
pisrre  avec  la  pointe  d'un  aiguille  enchallee  dansun  petit  manche  de  bois  : 
pour  lors  en  renverfant  le  creufet ,  la  pierre  tombera  ,  &  I'impreffion  reflera 
dans  le  creufet;  on  reparera  les  bords  du  tripoli  que  la  pierre  aura  quittes, 
&  on  lai.Tera  feclier  le  creufet  dans  un  lieu  ou  la  poulliere  ne  pourra  pas 
gater  rimpreflion. 

L'on  voir  bien  par  ce  procede  que  le  tripoli  de  France  ne  fert  qu'a 
remplir  le  creufet,  pour  epargner  celui  de  Venife  qui  eft  rare  &  cher  a 
Paris,  &  que  c'ell  ce  tripoli  de  Venife  feul  qui  regoit  I'impreffion  de  la 
pierre  ,  &  qui  doit  par  confequenc  imprimer  la  figure  dans  le  verre. 

I!  faut  qu'ii  ne  refle  rien  dans  la  pierre  quand  on  la  fepare  de  delTus  ie 
tripoli ,  autremenr  la  figure  imprimce  dans  le  moule  fera  gatee  ,  car  tout 
ce  qui  reftera  dans  ia  pi.rre  manquera   dans  la  figure. 

Quand  le  creufec  fera  parfairement  fee ,  on  prendra  un  morceau  de 
verre  de  telle  couleur  qu'on  voudra,  on  le  taillera  de  la  grandeur  conve- 
nable  a  la  figure  qu'on  y  veut  imprimer;  on  le  pofera  fur  le  moule,  en 
forte  que  le  verre  ne  touche  pas  la  figure  iroprimee  ,  car  il  I'ecraferoit  : 
on  approchera  du  fourneau  le  creufet  ainfi  couverc  de  fon  morceau  de 
verre  ,  afin  qu'il  s'ecliaufFe  peu  a  peu  jufqu'a  ce  qu'on  ne  puifFe  pas  le  tou- 
cher avec  les  doigts  fans  fe  bruler;  alors  il  eft  en  etat  d'etre  mis  dans  le 
fourneau  qui  doit  ctre  un  petit  four  a  vent,  garni  au  milieu  d'une  mouffle 
oil  il  y  aura  grand  feu  de  charbon  delfus  ,  delfous  ,  &  a  I'entour  de  la 
mouffle.  On  mettra  un  ou  plufieurs  creufets  fous  la  moufBe  felon  fa  gran- 
deur :  on  boucliera  I'embouchure  de  la  moufTle  avec  un  gros  charbon  rou- 
ge ,  &  Ton  obfervera  le  morceau  de  verre.  Quand  il  commencera  a  deve- 
nir  luifant ,  c'eft  la  marque  qu'il  eft  affez  amoli  pour  fouflrir  rimpreflion  ;  il 
faudrapour  lors  retirer  le  creufet  du  fourneau,  &  prefTer  incontinent  le  verre 
avec  un  morceau  de  fer  pour  lui  imprimer  la  figure  moulee  dans  le  creufec. 
Auffitot  que  I'imprelTion  fera  faite  ,  il  faut  remettre  le  creufet  a  cote  du 
fourneau  dans  un  endroit  un  peu  chaud  ,  &  a  I'abri  du  vent  ,  ou  il  puilTe 
fe  refroidir  peu  a  peu  fans  fe  caller.  Lorfqu'ii  fera  refroidi  ,  on  otera  le 
verre  de  defius  le  creufec,  &  avec  des  pincettes  on  egrugera  les  bords  de 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  2ij 

ce  verre ,  ce  qui  emptche  qu'il  ne  fe  calFe  quelque  tems  aprcs  avoir  etc  ■    ""^^ 

imprime  ,  particuliciemeiit  qiiand  le  verre  eft  uii  peu  re vLche ;  tons  les  verres  ^^'^°-  l^o y alb 

ne  le  loiit  pas  cgalemeiu.  II  n  y  a  pas  ci  autre  regie  pout  les  connoitre  ,  que       ^^  Paris. 

d'en  imprimec  rleux  ou  trois  morccaux  qui  enfeigneroiu  alFez  la  maniere 

dont  il  budra  ks  traiter.  Les  plus  durs  a  fondtelont  les  meiUeurs  a  ufer ,    -"^"^^  jyii- 

ils   portent  un  plus  beau  poli ,  &  ne  fe  rayent   pas  fi  aifement  que  les 

tendres. 

On  a  quelquefois  envie  de  copier  en  creux  une  pierre  qui  eft  travaillee 
en  relief,  ou  de  mettre  en  relief  une  pierre  qui  eft  travaiUe  en  crcux  , 
voici  comment  on  doit  s'y  prendre. 

Il  faut  imprimer  en  cire  d'Efpagne  ou  enfoufre,  le  plus  exaftement 
qu'il  fera  poflible ,  la  pierre  que  Ton  veut  changer  ,  foit  en  creux  ou  en 
relief  :  fi  c'eft  un  creux  en  pierre  ,  il  produira  un  relief  en  cire  d'Efpagne  j 
&  ft  c'eft  un  relief  en  pierre,  il  produira  un  creux  en  cire  d'Efpagne.  11 
faut  rogner  cous  les  bords  fupeiHLis  de  Timprellion  en  cire  d'Efpagne  ,  Sc 
ne  lailfer  que  U  finiple  grandeur  de  la  pierre  ,  dont  on  unira  le  tour  le 
mieux  qu'il  fcra  p  flible  avec  une  lime  ou  avec  un  canif ,  on  moulera  ce 
cachet  de  cire  dans  un  creufet  a  tripoli  ,  de  la  meme  maniere  que  fi 
c'etoit  une  pierre  ,  &  on  imprimera  de  meme  au  grand  feu  dans  ce  moulc 
un  morceau  de  verre,  comme  nous  lavons  enfeigne  ci-delfus.  Il  faut  faire 
ces  cachets  de  cire  fur  un  petit  morceau  de  bois  ,  ou  fur  du  carton  fore 
cpais  ,  afin  qu'ils  ne  plient  pas  pendant  qu'on  les  imprime  dans  le  tripoli  , 
ce  qui  calferoit  la  cire  d'Efpagne ,  &;  I'iropreinon  en  verre  feroit  g.uee. 


ii<f  COLLECTION 


Acad.  RoYALE  

DEs  Sciences  r.        .     .  j     n   m         r  i 

DE  Paris.  Sur  la  hauteur  de  I  Atmojphere. 

^Tznie  1 7 1  J . 

Par    M.     D  E     LA     H 1  R  E. 

^I  les  condenfations  des  parries  d'air  inegalemenr  elevces  avoient  un  rap- 
port regie  &  connu  avec  les  differents  poids  done  elle  lone  cliargees  ,  ou , 
ce  qui  eft  la  mtine  chofe  avec  les  differences  haureurs  de  I'air  (upeneur , 
les  experiences  des  baromerres  faites  au  haut  &  au  bas  des  moncagnes  , 
donneroient  furement  la  hauteur  de  I'air  ou  de  latmofpliere.  Mais  tout 
ce  c]u'on  peut  decouvrir  du  rapport  des  condenfarions  de  lair  aux  po'.ds  , 
eft  renferme  dans  des  obfervations  faires  fort  prcs  du  globe  de  la  terre  , 
&  qui  ne  tirencgueres  a  conlequence  pour  lair  pris  a  des  hauteurs  beaucoup 
plus  grandes. .  .  M.  de  la  Hire  a  pris  ur^e  voie  plus  fimple  &  plus  lure  pour 
decouvrir  la  hauteur  de  I'atmofphere  :  c'eft  une  idee  de  Kepler  &  qui  eft 
fort  natuteile;  Kepler  I'avoit  abandonnee  lui-meme  pour  la  plus  grande 
partie  ,  &  M.  de  la  Hire,  non  feulement  la  repreud  ,  mais  lareftifie,  &  lui 
flonne  plus  de  prccifion. 

Il  eft  etabli  cliez  tous  les  Aftronomes  que  quand  le  foleil  eft  a  i  8  degres 
au-deflous  de  I'horizon  ,  on  commence  ou  Ton  cefTe  de  voir  la  premiere 
ou  la  derniere  lueur  du  crepufcule.  Le  rayon  par  lequel  on  la  voir  ne 
peut  etre  qu'uiie  ligne  horizontale  tangente  de  la  terre  au  point  oil  eft 
I'obfervateur.  Ce  rayon  ne  peut  venir  diredement  du  foleil  qui  eft  fous 
I'horizon  ;  c'eft  done  un  rayon  reflechi  a  notre  ceil  par  la  derniere  furface 
interieure  &  concave  de  I'atmofphere.  Il  faut  imaginer  que  du  foleil  qui 
eft  a  i8  deg.  fous  I'horizon  ,  part  un  layon  tangent  de  la  terre  qui  va 
frapper  cette  derniere  furface  de  I'atmofphere  ,  &c  de  la  fe  reflechit  vers 
notre  ceil ,  etant  encore  tangent  de  la  terre  ou  horizonral.  S'il  n'y  avoir 
point  d'atmofphete  ,  il  n'y  autoit  point  de  crepufcule  ,  S>c  par  coniequent 
fi  I'atmofphere  etoit  moins  elevee  qu'elle  n'eft  ,  le  crepufcule  commenceroit 
plus  tard  &  finiroir  plutot ,  ou  ,  ce  qui  revient  au  mcme ,  il  commence- 
roit &  finiroit  quand  le  foleil  feroit  a  moins  de  i8  deg.  au-deflous 
de  I'horizon  ;  &  au  contraire.  On  voir  done  que  la  grandeur  de  Tare  done 
le  foleil  eft  abaiffc  quand  le  crepufcule  commence  ou  finit ,  determine  la 
hauteur  de  I'atmofphere. 

Cet  arc  ,  quoique  pofe  de  i  8  degtc's  ,  doit  etre  pris  un  peu  moindre.  La 
refradion  eleve  tous  les  aftres  de  51  min, ,  &  par  confequent  le  rayon 
diredt  ou  qui ,  etant  rcflechi ,  a  fait  le  crepufcule  ,  a  cte  eleve  de  5  ^  min. 
&  a  touche  un  arc  du  s;lobe  tetreftre  ,  qui  depuis  ce  point  d'attouchement 
jufqu'au  point  oil  eft  I'obfervateur  ,  a  ces  j2  min.  de  moins  que  1  b'  deg. , 
&  par  confequent  n'eft  que  de  17  deg.  18  niin.  De  plus  les  premiers  rayons 
qui  font  voir  le  crepufcule  parcent  du  bord  fuperieur  du  foleil  ,  6:  ce 
bord  eft  eloigne  de  16  minutes  du  centre  que  Ion  fuppofe  a  18  deg.  fous 
I'horiion.  L'arc  qui  dcterminera  la  hauteur  de  I'atmofphere  n'eft  done  plus 
^iie  de    1 7   degres    1 1    minutes. 

Le5 


I 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  1,7 

Les  deux  rayons,  I'un  dircft  &  I'aiKre  rcflechi  qui  touclient  tons  deux  

h  terre  ,    concourenr  nccenairemenc   dans  1  atmorplisie  au  point  de  re-  y\cAD. Royaie 

flexion  ,  &  coiiiprciinenc  entre  eiix  un  arc  de   17  deg.   11  win.  dont  ils     bls  Sciences 

font  tani>ents  \  de  la  il  fait  par  la  nature  du  cerde  qu'une  ligne  tiree  du      de  Paris. 

centre  de  la  terre  8<  qui  coupera  cet  arc  en  deux  ,  ira  au  point  de  concours    Annct   171  }• 

de  CCS  deux  i.iyons  j  &  coinme  il  eft  aife  de  crouvet  I'exces  do  cetie  ligne 

fur  le    demi-diameire  de    la  terre  qui  eft  connu,  il  ell  audi  ailc  d'avoic 

dans  i'hypothefe  prcfeniela  hauteur  de  ratmofplune  qui  n'cft  que  cet  exces. 

M.  de  la  Mire  le  trouve  de  ^7113  toifes,  ou  de   pres  de    17  lieues  de 

2ioo  toifes.  C'eft  cctte  incthode  dont  Kepler  s'eft  fsrvi ,  mais  conime  elle 

lui  donnoit  la  hauteur  de  I'atmofphere  vingc  fois  plus  grande  qu'il  ne  le 

croyoit  d'ailleurs ,  il  a  employe  divets  moyens ,  mais  peu  heureux  pour  la 

diminuer. 

J'ai  dit  que  17  lieues  feroicnt  la  hauteur  de  I'atmofphere  dans  Vhypothcfi 
pviftnu  :  cette  hypothefe  efl  que  le  rayj<i  diredt  &  le  reflcchi  foient  deux 
lignes  droites  j  mfiis  elle  n'clt  pas  vraie ;  ce  font  deux  courbes  formes  par 
la  refrai2:ion  perpctuellc  que  caufe  a  un  rayon  la  denfite  de  I'atmofphere 
toujours  inegale  6c  toujours  decroilfante  depuis  la  furface  de  la  terre.  Les 
deux  rayons  qui  etoient  des  lignes  droites  fe  changent  done  en  deux  cour- 
bes egales  &  femblables  ,  ou  plu:6t  en  une  feule  courbe  qui  a  fon  origine 
&  fa  fin  touche  la  terre  ,  &  dont  ie  fonimet  egalement  eloigne  de  ces  deux 
extremites  ,  derermine  la  plus  grande  elevation  de  I'atmofphere.  Cette 
courbe  eft  concave  vers  la  terre  ,  &  les  deux  rayons  qu'on  avoir  concus 
d'abord  ,  n'en  font  plus  que  deux  tangentes  ,  I'un  a  fon  origine  &  I'autre  a 
fa  fin  :  pat  confequent  leur  point  de  concours  eft  plus  eleve  que  le  fom- 
tnet  de  la  courbe  ou  que  I'atmofphere.  Il  eft  vifible  que  ce  point  de  con- 
couts  &  le  fommec  de  la  courbe  font  fur  la  mcme  ligne ,  qui ,  tii  ee  du  centre 
de  la  terre  ,  coupe  en  deux  I'arc  de  1 7  deg.  i  i  min. 

Pour  trouver  la  hauteur  de  I'atmofphere  ,  M.  de  la  Hire  mene  par  le 
point  ou  eft  I'obfervateur  une  ligne  droire  qui  fait  en  deffous  avec  la  ligne 
horizontale  ,  ou  avec  la  tangente  de  la  courbe  a  fon  extremite  ,  un  angle 
de  5 1  min.  qui  eft  celui  de  la  refradtion.  Cette  droite  eft  done  au  dedans 
de  la  courbe  j  &  le  point  ou  elle  rencontre  la  ligne  tiree  du  centre  de  la 
terre  eft  moins  eleve  que  le  fommet  de  la  courbe.  Son  elevation  au-defTus 
de  la  terre  ,  ou  fon  exces  fur  un  derhi  diametre  de  la  terre  eft  de  3:501 
toifes ;  done  le  fommet  de  la  courbe  ou  la  hauteur  de  I'atmofphere  eft  en- 
tre 57113  &  3^50'  )  &en  prenant  le  milieu ,  on  a  35  361  toifes  ou  un  peu 
plus  de  16  lieues  pour  la  hauteur  de  i'atmofphere.  Et  en  efFec,  M.  Mon- 
tanari  determina  la  hauteur  du  mcteore  de  \6-j6  a  15  lieues  moyennes 
de  France,  c'eft- a-dire  a  55000  toifes,  &  Ton  peut  croire  qu'il  nageoic 
fur  la  furface  de  Tatmofphere  ,  comme  eianc  plus  leger  que  I'air  ,  &  plus 
pefant  que  I'ether. 

M.  de  la  Hire  finit  par  prouver  que  Tare  du  crepufcule  que  Kepler  avoir 
jugc  circulaire,  eft  reellement  hyperbolique  ,  quoique  fa  figure  foitunpeu 
alteree  par  les  rcfraftions. 

Tome  III ,  Panic  Frangoife.  Ei 


at5  COLLECTION 


AcAD.ROYALE 

»Es  Sciences  Sur  un  effet  dc  la  chalcur  fur  Ic  plomb. 

BE  Paris.       _  _ 

Annit  17 is  JVl.  Homberg  a  die  que  fous  la  Zone  torride  I'extreme  chaleur  man- 
geoit  le  plomb  ,  &  que  des  gouctietes  y  devenoienc  terre  en  trois  on 
quaere  ans. 


M 


Sur  un  effet  dc  la  gelee. 


_    _    Geoffro!   le  cadet  a  dit  que  I'eau  de  fleur  d'orange  qui  fenc 
I'empireume,  perd  cette  odeur  par  la  gelee,  &c  en  prend  une  cres-agreable. 


Des  differens  degres  de  chaleur  que  Fefprit  de  via  communique 
a   I'eau  par  Jon  melange. 

Par  M.  Geoffroy  le  jeune. 

vyNa  obferve,  ily  a  long-terns,  quelorfqu'oh  mele  de  I'efprit  de  vin  avec 
de  I'eau  dans  une  certaine  proportion ,  il  fe  faic  une  efLnvefcence  que  le 
melange  blanchit  un  peu  ,  &  qu'a  mefure  que  cette  blancheur  fe  dillipe  ,  il 
s'eleve  une  infinite  de  petites  buUes  d'air  qui  viennent  crever  a  la  fuper- 
ficie  oii  elles   forment  une  legere  ecume. 

Le  16  Janvier  a  7  heures  du  foir ,  voulant  obferver  avec  quelque  pre- 
cifion  a  quel  point  8c  felon  quelle  dofe  le  melange  de  I'eau  avec  I'efprit  de 
vin  aucmente  fa  chaleur ,  je  mis  dans  une  talfe  deux  onces  d'eau  de  riviere 
bien  claire  ,  &  dans  une  autre  autant  d'efprit  de  vin  redifie,  &  m'etant 
allure  que  ces  deux  liqueurs  etoient  au  meme  degre  de  froid  que  fair  , 
c'elt  a-dire  a  yi  ,\  deg.  du  thermometre  de  M.  Amontons,  en  comptant  de 
bas  en  haut,  jeverfii  lubitement  I'efprit  de  vin  dans  I'eau  ,  &  j'y  plongeai 
entierement  la  bouledu  thermometre  j  tons  les  effets  qui  doivent  fuivre  de 
ce  melange  parurent ,  &  de  plus  je  vis  remonter  fenfiblement  la  liqueur 
du  thermometre  dun  pouce  ou  [4.  J'ai  rcpetc  la  mcme  experience  le  19 
Janvier  oi  le  froid  etoit  bien  diniinue  ;  le  thermometre  ^toit  a  I'air  a  52 
\i  :  plonge  dans  I'eau,  il  eft  -defcendu  a  5  i  7-^  j  plonge  dnns  I'efprit  de 
vin  ,  il  s'eft  tenu  a  la  meme  hauteur ;  plonge  dans  le  melange  des  deux 
liqueurs  ,  il  eft  monte  355  -^  ou  il  eft  refte  tant  que  I'efFervefcence  a  dure. 
Ayant  mele  quatre  onces  d'efprit  de  vin  avec  deux  onces  d'eau  ,  la  chaleur 
du  melange  ne  fit  remonter  le  thermometre  que  de  -p,  ;  mais  dans  un  me- 
lange de  quatre  onces  d'eau  Sc  de  deux  onces  d'efprit  de  vin  ,  il  reaionta 
promptcmen:  de  f^. 


^ 


A  C  A  t>  6  M  I  Q  U  E.  no 


Acad.  Royale 
Sur  pluficurs  Eaux  Minerales  dc  France.  ^^l  l^U'll" 

J\vKis  avoir  eximine  Ics  eaux  minerales  chaudes  de  I'Auvergne  5c  du     Annit  171  J. 

Bourbonnois  ,  M.  Chomel  palfe  a  I'l-xamen  des  eaux  tiedes  du  nitme  pays. 

Dune  livre  d'cau  des  fources  de  Jaude  ,  du  champ  des  Pauvres  &  de  IJeau- 

repaire  ,  routes  trois  prcs  de  Clermont,  il  a  tire  un  peu  plus  de  1  j   grains 

de  rcfidence  ,  ou  de  matiere  minerale.  Il  foup^onne  qu'elles  ne  contien- 

nenc  pas    un  nicre    pur,   comir.e  I'a  cru   M.   Duclos ,   mais  \\n  melange 

de  nitre  &  d'un  peu  de  foufre  qui  s'evapore  aifement ,  &  de  la  vicnc  que 

ce  foufre  a  pu  cchapper  a  M.  Duclos   qui  n'a  vu  ces  eaux  qu'a  Pans. 

De  iS  ou  10  fources  minirales  qui  font  entre  Vic-le-Comte  &  Alirfleur, 
il  n'y  en  a  que  deux  qui  ne  foient  pas  gatees  par  les  dcbordemens  de 
I'AUier  dans  les  terns  ou  elles  pourroient  etre  d'ufage  :  ces  deux  font 
celles  des  Matres  de  Veyre  &  du  Cornet.  M.  Chomel  a  trouve  dans  I'une 
&  dans  I'autre ,  34  ou  55  grains  de  refidence  ,  &  il  a  trouve  qu'outre  le 
nitre  pur  que  Nl.  Duclos  y  teconnoilFoit  feulemeric ,  il  y  entre  quelque 
portion  de  fel  ammoniac. 

D'une  livre  d'eau  de  Saint-Nitaire  ou  Nedaire,  M.  Chomel  a  tire  pres 
de  18  grains  de  rellJence  ,  dont  les  trois  quarts  n'etoient  qu'une  matiere 
rerreufe  ou  pLureufe ;  la  matiere  (aline  qui  faifoit  le  telle  patticipoit  du 
fel  marin  &  du  nitre. 

Une  livre  dc  I'eau  de  Chatelguyon  a  donne  5  3  grains  de  refidence  , 
"dont  pres  de  la  moitie  n'ctoit  que  de  la  terre  ,  M.  Duclos  a  cru  que  le 
ftl  de  cette  eau  tient  du  fel  marin  ,  &  M.  Chomel  croit  qu'il  a  plus  d'al- 
Icali  que   d'acide  ,   &  que  le   nitre  eft  le  foffile  qui  s'y  manifefte  le  plus. 

[Jne  livre  de  I'eau  de  Vicen-Carladois*  a  donne  un  gros  de  refidence 
dont  les  deux  tiers  etoient  une  matiere  faline.  M.  Chomel  s'eft  accorde 
avec  M.  Duclos  a  juger  que  le  nitre  y  dominoit,  mais  il  croit  que  cette 
eau  devroit  etre  comptee  plucot  paimi  les  eaux  froides  que  parmi  les 
tiedes  ou  M.  Duclos  I'a  mife. 

Quant  aux  eaux  froides  qui  font  celles  de  BelTe  ,  de  Chsnonat  ,  de 
Chafoteby  ,  de  St.  Pierre  de  Clermont,  du  Vernet  Ste.  Marguerite,  de 
Jilerac  &:  de  Pougues  en  Nivernois  ,  elles  ont  la  plupart  fi  peu  de  matiere 
faline,  les  indices  qu'elles  donnent  font  fi  equivoques  uC  fi  Icgers  ,  &  d'ail- 
leurs  M.  Duclos  &  M,  Chomel  different  fi  peu  dans  leurs  conclufions, 
qu'il  auroir  cte  prefque  entieremenc  inutile  de  fuivre  le  tout  en  detail. 


Sur  Ic    Charbon    dc    Terre. 

iVl.  Desl  ANDES  etant   en  Angleterre  ,   fit  fur  le  chatbon  de  terre 

qu'on  y  bride  deux  experiences  ,  qu'il  croit  qui  ont  echappe  aux  Anglois. 

I.  Ayant  pile  du  charbon  ,  il  en   mit  dans  un  verre  d'cau  environ  une 

demi-once  ,  &  I'eau, comme  on  le  devine  bien  ,  devint  toute noire  :  mais 

E2  ij 


'ii9  COLLECTION 

— —  ayanr  bllTe  le  verre  expofe  a  I'air  toute  la  nuir  fur  fa  fenctre  ,  (c'etolt  en 

Acad  Royaie   '■'i^'-'r , )  '1  trouva  le  lendemain  que  cette  eau  qui  s'ecoit  gelee  avoit  pris  une 

DES  Sciences     couleur  rougeatre,  II  falloit  pour  donner  cette  couleur  a  I'eau  que  la  gelee 

DE  Paris.        eut  dcveloppe  les  fouftes  du  charbon  ,  quoique  cette  adlion  ne  paroilTe 

Annk    1715.    guere  lui  convenir. 

II  De  1,1  cen  ire  de  ce  charbon  infufee  dans  I'eau  de  vie  ,&  melee  avec 
de  la  limaille  de  fer,  fait  une  teinture  noire  qui  s'eclaircit  a  mefure  quelle 
s'echauffe.  Lorfqu'elle  commence  a  bouillir ,  elle  prend  une  couleur  plus 
douce  que  le  gris  de  fer  ordinaire.  M.  Deflandes  donna  a  de  la  laine  criie 
cette  agreable  teinture  qu'aucun  ouvtier  ne  put  imiter. 


Ohfirvations   Metcorologiques  fakes  a  VObfcrvatoirc   Royal 
I  pendant  I'annee    ij  i  2. 

Par   M.    DE    LA    HiRH. 

J.  L  eft  tombe  pendant  I'annee  171 1  1^4  lignes  ^  ,  oa  ii  pouces  z  lig. ;J 
d'eau  ,  ce  qui  ell  plus  que  les  annees  moyennes  que  nous  avons  derermi- 
nees  3.  1  9  pouces. 

Mon  thermometre  a  ete  au  plus  has  le  dernier  jour  de  I'annee  ,  &  il 
marquoit  144-de  fes  parties  a  tres  peu-prcs  comme  le  8  Janvier,  ce  qui 
fait  connoitre  que  le  ftoid  n'a  pas  ete  grand  ,  car  il  defcend  alfez  fouvenc 
jufqu'a  14,  &  dans  I'erat  moyen  il  eft  a  48  comme  dans  le  fond  des  carrie- 
res  de  I'Obfervatoire  011  i!  demeure  toujours  au  mcme  point. 

Ce  thermometre  a  ete  au  plus  haut  a  64  parties  le  16  Aout  j  mais  comme 
c'etoit  au  lever  du  foleil,  qui  eft  le  terns ouje  fais  toutes  ces  obfervations*, 
&  que  d.ms  la  plus  grande  chaleur  du  jour  qui  eft  vers  deux  hturesapres- 
midi  ,  il  remonte  au  deflus  de  I'etat  du  matin  ,  de  1 1  parties  ,  il  faudrou 
le  confiderer  a  -jC  parties  pour  la  plus  grande  chaleur  ,  Sc  par  confequenc 
la  difference  marquee  entre  le  plus  grand  froid  &  le  plus  grand  chaud 
feroit  de  5  2  parties  i  done  la  moitie  eft  iS  ,  qui  etant  ajouteea  24.  ,  feroient 
50  ,  ce  qui  n'eft  pas  eloigne  de  48  ;  d'oii  Ton  connoit  que  le  froid  a  ete  a 
tres-peu  pres  autant  au-dcllous  de  I'etat  moyen  ,  que  la  chaleur  au-deffus. 

Mon  barolmetre  ordinaire  a  ete  au  plus  hauta  I'i  pouces  4  lignes  \  le  10 
Fevrier ,  &  les  jours  voifins  de  celui-ci  ,  il  s'eft  toujouis  foutenu  fort  haut , 
lecieletoit  alors  adez  ferein,  le  vent  qui  ctoit  tres- foible  vetioitdu  Nordj 
&  jeremarque  que  toutes  les  fois  quece  barometre  a  ete  plus  haut  que  iS 
pouces  ,  ce  qui  eft  arrive  affez  fouvent  pendant  I'annee,  le  vent  a  etc  vers 
le  Nord  &:  I'Eft  ,  &  quetquefois  avec  des  brouillards.  J'ai  un  autre  ba- 
rometre oil  le  mercure  eft  toujours  plus  haut  de  5  lignes  ,  que  dans  celui 
ou  j^obfcrve  ordinairement  :  ce  barometre  ordinaire  a  ete  au  plus  bas  une 
feule  foisle  6  Novembre  a  16  pouces  10  lignes  t  le  ciel  etant  ferein  ,  avec 
Bii  vent  mediocre  a  I'Eft  ;  mais  auffitot  le  mercure  remonta,  &  le  vent 
p^jfa  versl'Ou.ft,  Si  le  SudOueft  ,  &  la  difference  entre  le  plus  haut  ,  &  le 
plus  bas  de  cc  barometre  a  ets  d'un  pouce  6  lignes  comme  d  rotdinaire. 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  211 

11  n'y  a  rien  pour  les  vents  de  cette  annce  qui  mciire  d'y  faire  atten-   >•<  *     > 

tion  ;  mais  je  remarque  en  general  que  dans  ce  pays-ci  ,  routes  les  fois  que    Ar  ad  Royale 
le  venr  de  Sud-Ouell  &  d'Oueft  regne  pendant  quelque. terns,  le  ciel  eft    des  Sciences 
couvert  vers  le  foir  &  an  commencement  de  la  nuii ,  &  que  vers  le  matin        de  Paris. 
il  eft   ferein  :  il  me  fumble  que  la   raifon  en  eft  alFez  daire  ,  car  pendant    ^nnee  17U. 
I'apres-midi,  le  folcil  donnant  alfez  a  plomb  fur  ies  mers  qui  font  a  notre 
couchant  ,  en  eleve  beaucoup  de  vapeurs  qui  nous  font  apportces  enfuice 
vers  le  commencement  de  la  nuit;  an  contraire  pendant  la  nuit  ,  il  s'cleve 
peu  de  vapeurs  de  ces  memes  mers  ,  &  le  vent  durant  toujours  le  mcme  , 
le  ciel  doit  etre  aflez  ferein  vers  le  matin. 

REMARQUE. 

Il  arrive  prefque  toujours  que  ceux  qui  onr  etc  blelTes  en  quelque  partie 
du  corps  ,  y  fentent  des  douleurs ,  toutes  les  fois  que  le  tems  le  difpofe  i 
changer  :  voici  de  quelle  maniere  j'ai  penfc  qu'on  pouvoit  expliquer  cette 
influence  de  temperntnre  fur  le  corps  humain  ;  le  tilfu  des  parties  offenfees 
doit  etre  fort  dclicat,  &  fort  fenfible  :  or  dans  les  changemens  de  tems, 
I'air  devenant  ,  ou  plus  leger  ,  ou  plus  pefant ,  fait  une  imprellion  exrraor- 
dinaire  fur  ces  parties  ,  ou  en  les  comprimant ,  ou  en  les  eteiidant ,  comm 
fi  eiles  en  ctoient  touchees ,  ce  qui  peut  caufer  la  douleur  qu'on  y  relfent 


le 


Experiences   &   Refiexions  fur  la  prodigieufe  duBilitc  dc 
diverfcs   Maticrcs. 

Par    M.    D  E    Reaumur. 

J_j  N  general  les  corps  dudiles  font  ceux  qui  ctant  frappes  ,  pre  fifes  ,  011 
tires  ,  s'etendent,  dans  uii  fens,  a-peu-pres  ,  d'autant  qu'ils  diminuent  dans 
un  autre  :  tels  font  les  metaux  ,  qui  fous  les  coups  de  marteau  acquierenr 
en  longueur,  &  en  largeur,  ce  qu'ils  perdent  en  epailfeutjou  qui  eranr 
tires  par  une  filiere  ,  deviennent  plus  longs  ,  a  mefure  que  leur  grolTeur 
diminue.  Nous  avons  encore  une  autre  efpece  de  corps  qui  ,  fans  etre  mal- 
leable? commc  ks  metaux,  peuvent  neanmoins  etre  appelles  dudiles :  les 
coUes  ,  les  gommes ,  les  refines  ,  &  tous  les  corps  qui  ayant  ete  ramollis  pan 
I'eau,  par  le  feu,  ou  par  quelqu'autre  diftblvant  ,  fo  tirent  en  fils.  Nous 
fournirons  des  exemples  de  cette  forte  de  dudtilite  :  les  corps  duiftiles  peu- 
vent done  fe  divifer  en  deux  clalTes  ,  dont  la  premiere  contient  les  corps 
du6tiles  que  nous  nommerons  Jurs  ,  tk  qui  font  malleahles ;  ce  font  ceux 
dont  nous  parlerons  d'abord  :  la  deuxieme  clalFe  eft  compofee  d^  corps 
dudiles  mous  qj'on  ptut  etendre  en  les  rirant  quoiqu'ils  ne  foient  paj 
malleables,  &  ce  font  ceux  que  nous  examinerons  enfuite  La  maniere 
la  plus  commune  d'ctendre  les  corps  dudiles  durs,  c'eft  de  les  etendre  ei» 
les  frappant  A  couf'S  dc  marteau  j  avec  de  pareils  coups  bicn  men-ges, 
la  plupatc  des  ouvricts  eii  or ,  en  argent  ,  eu  ciiivre  ,  en  etain  ,  donnenc  le* 


lii  COLLECTION 

^^t:^:^^^^:  figures  qu'il  leur  plaic  A  des  mailes  informes.  Quoiqiie  ces  fortes  d'ouvra- 

AcAD  RoYAiE  8*^*   meiitenc    plus  d'atteiuion   qu'on   ne  leur   en    donne  communement, 

DES  Sciences     nocre  delLeiii  n'eft  pas  de  nous  y  arreter ,  a  prefent  nous  ne  voulonsconfi- 

DE  Paris.       derer  les  corps  dudtilesque  par  rapport  a  la  grande  etendue  qu'ils  peuvenc 

^rWe  1715.    acquerir. 

11  n'y  a  guere  que  les  Batteurs  d  or  qui  avec  le  lecours  leul  du  marteau, 
rcndent  des   lames  de  metal  extremement  minces,  lis  nous  preparent  ces 
feuilles  que  nous  employons  dans  la  plupart  de  nos  dorures  j  Ton  fait  qu'ils 
les  tirent  d'un  lingot  alfez  gros  dont  ils  diminuent  1  epailTeur  a  un  tel  point, 
que  les  feuilles  qui  en  font  formees,  cedent  au  plus  leger  fouffle.  Pour  fa- 
voir  par  une  voie  plus  sure  que  par  le  recit  des  ouvriers  ,  auxquels  Rohault 
s't-n  eft  rapporte  ,  jufqu'oii  cet  art  fait  acftuellement  etendre  for  ,  j'ai  pris 
line  certauie   quantite  de  feuilles  des  plus  minces ,  favoir  de  celles  qu'on 
met  dans   les  livrets  ordinaires  ;  j'ai  mefure  avec  foin  leur  grandeur  ,  &  je 
les  ai  pefees  dans  des  balances  trcs  fines;  j'ai  vu  qu'un  grain  d'or  battu  , 
(car  qu'eit  ce  qu'un  grain  d'or  )  avoir  une  etendue  de  36  pouces  quarres  & 
demi  ,  &  14  lignes  quarrees,  c'eft-a-dire  ,  qu'une  once  d'or  qui  etant  fous 
la  forme  d'un  cube  ,  n'auroit  que  5  lignes  &  t  de  ligne  au  plus  en    tous 
fens  ,  &  ne  couvriroit   qu'une  iurface   d'environ  17  lignes  quarrees;  que 
cette    once  d'or,  lorfqu'elle   a  ere  etendue  par  les  Batteurs  d'or  ,  couvre 
une  furface  de  plus  de  1^6  pieds  quarres  &  demi ;  etendue  de  pres  d'une 
moite  plus  grande  que  cclle  qu'on  favoit  donner  a  for  en   feuilles,  il  y  a 
environ  50  ans  ,  lorfque  d'une  once   d'or  on   formoit  i(Joo  feuilles  ,  qui 
routes  enfemble  ne  pouvoient  couvrir  qu'une  furface  de  105  pieds  quarres. 
Mais  quelque  confiderable  que  foit  I'etendue   de  la  furface  de   for  en 
feuilles,  elle  n'aura  rien  de  merveilleux  lorfque  nous  la  comparerons  avec 
celle  que  le  meme  metal  acquiert  chez  les  'fireurs  d'or.  II  y  a  a  la  verite 
telle  feuille   d'or  battu,  qui  n'a  pas  dans  certains  endroits  un  30000   mil- 
lienie  de    ligne   d'epailfeur;   mais  un  Ijoooo    millieme  de  ligne  ,  eft  une 
epailFeur  alfez  grande  par  rapport  a  fepailfeur  de  for  qui  couvre  les  lames 
d'argent  dore  qui  font  filees  fur  la  foie. 

Pout  mieux  connoitre  combien  for  eft  alors  etendu  ,  il  eft  necelTaire 
d'avoir  du  moins  une  idee  grolTiere  des  procedes  des  Tireurs  d'or.  Ce  fil 
que  nous  nommons  communement  du  fil  d'or  ,  Si  qui  ,  comme  perfonne 
n'ignore  ,  n'eft  que  du  fil  d'argent  dore  ,  eft  tire  d'une  grolfe  birre  d'ar- 
gent :  on  prend  cette  barre  du  poids  d'environ  45  marcs;  en  I'arrondif- 
fant  ,  on  en  forme  un  cylindre  ou  rouleau  qui  a  1 5  lignes  de  diametre  , 
&  un  peu  moins  de  zi  pouces  de  hauteur  :  on  dore  ce  lingot  avec  les 
feuilles  que  preparent  les  Batteurs  :  on  en  emploie  pourtant  a  cet  ufage  de 
plus  epailTes  que  celles  qui  font  deftinees  a  nos  dorures  ordinaires,  &  on 
en  met  fouvent  plufieurs  les  unes  fur  les  aucies  :  mais  quoique  la  couche 
d'or  qui  couvre  ce  lingot  ,  foit  confiderablement  plus  epailfe  que  celle  de 
nos  autres  dorures  ,  elle  eft  encore  alTez  mince  :  il  elt  aife  d'en  juger  par  la 
quantite  d'or  qu'on  y  fait  entter.  Pour  dorer  ces  45  marcs  d'argent  ,  on 
emploie  jamais  plusde  fix  oncesd'or,  e'en  eft  alfez  pour  faire  du  furdore, 
mais  on  n'y  fait  pas  entrer  deux  onces  ,  &c  fouvent  n'v  en  fait-on  pas  entrer 
beaucoup  plus  d'une,  lorfqu'on  veut  du  fil  aulli  Icgerement  dore  que  I'eft 


A  C  A  D  ^  M  I  Q  U  E.  215 


Feplus  commun  fil  d'or  de  Lyon  ,   c'eft  A-dire  ,  que  la  couched'or  qui  enve-  =^ 


loppe  ce  linger ,  n'a  jamais  que  la  1 5  roe  partie  dune  ligne  depaideur,  que  Acad.Rovale 
fouventelie  n'en  a  que  la  }o  °"= ,  ou  la  45  "'  partie  j  enfin  elle  n'a  quelque    des  Sciences 
fois  que  la  90""=  partie.  de  1'aris. 

Cependant ,  combien  cette  couche  d'or  deja  mince  ,  le  doit-elle  devenir  Anriii  171  f. 
davantac;e!  Combien  de  fois,  pour  ainfi  dire  ,  doit-elle  ctre  divifee  !  On 
alonge  le  lingot  qu'elle  couvre  ,  jufqu'j  ce  que  fa  hneffe  egale  ou  furpalTe 
celle  des  cheveux:  on  le  fait  palFer  fucceffivemcnt  par  des  trous  plus  ctroitj 
les  uns  que  lesautres  ,  ou  ce  qui  eft  la  mcme  chote  ,  par  des  filieres.  A  me- 
fure  qu'il  palfe  par  un  trou  ,  Jon  diametre  diminue  ,  il  gagne  en  longueur 
ce  qu'il  petd  en  grolfeur  ,  il  augmente  par  confequent  en  furface  j  Tor  qui 
couvre  ce  lingot  d'argent ,  ne  celle  point  de  le  dorcr  ,  quelque  prodigieu- 
fement  qu'on  I'etende  ,  il  fuir  roujours  I'argenr ,  il  ne  le  lailfe  point  a  de- 
couvert;  cependant ,  combien  de  divifions  a  c-il  fouffert  ,  lorfque  le  lingot 
rcduiten  til  a  un  diametre  environ  9000  fois  plus  petit  que  celui  qu'il  avoic 
en  lingot  ?  Mais  ,  pour  nous  faire  une  idee  plus  fenfible  de  la  prodigieufe 
ducftilite  de  I'or  ,  voyons  la  longueur  a  laquelle  arrive  le  lingot  tire  a  fa 
derniere  tinelTe. 

J'ai  pefe  avec  foin  un  demi-gros  de  fil  du  plus  dclie,  &  j'ai  rnefure 
avec  le  meme  foin  la  longueur  de  ce  demi-gros  de  fil  ,  je  I'ai  trouve  de 
lOi  pieds  ;  par  confequent  I'once  de  fil  avoir  315 1  pieds  de  longueur  j  & 
le  mirc  ,  ou  8  onces  en  avoienc  25  856  :  notre  lingot  qui  pefoit  45  marcs, 
&  qui  n'avoit  d'abord  que  21  pouces  de  long,  etoit  done  parvenu  entre 
les  mains  des  Tireurs  d'or  ,  a  une  longueur  de  1 1 63  5  20  pieds  ,  ou  redui- 
fant  les  pieds  en  toifes ,  &  preiiant  lalieue  de  2000  toifes  ,  fa  longueur 
de  22  pouces,  avoic  ete  changee  dans  une  longueur  de  tjtJ  lieues  ,  &c  1910 
toifes. 

Ce  lingot,  tout  long  qu'il  ell  ,  lorfqu'on  le  reduit  en  fil  (1  dclie  ,  n'en 
refte  pas  \i\  il  a  encore  a  s'alonger.  La  plus  grande  partie  du  fil  d'or  fe  file 
fur  la  foie,  Sc  avantde  I'y  filer  ,  on  I'applatit,  on  le  fait  palfer  entre  des 
roues  d'acier  extremement  polies  :  les  roues  en  rapplatrilfant  I'alongent  de 
plusd'un  7""'  ;  voila  done  la  longutfur  de  notre  lingot  encore  augmentce 
de  plus  d'un  7  ""= ,  c'eft- a-dire  que  le  voild  parvenu  a  une  longueur  de  1 1  r 
lieues  ,  aulli  eft  U  alors  reduit  en  lames  bien  ecroites  ,  &  bien  minces  : 
la  largeur  de  ci  s  lames  n'eft  que  d'environi  de  ligne,  d'oii  il  fuit  que  leur 
epai'Isur  n'.i  qa'un  256™  de  ligne.  Le  calcul  en  eft  aife  a  faire  :  le 
poids  d'un  pied  cube  d'or  ,  &  le  poids  d'un  pied  cube  d'argenr,  etant  con- 
nus  p.ir  des  experiences  alTez  exadies  ,  nous  fuppofonsi^i  que  le  pied  cube 
d'or  pefe  :  i  2iO  onces ,  &:  que  le  pied  cube  d'argtnt  en  pele  1  1523.  Nous 
ne  nous  arrcterons  point  .1  montrer  le  chemin  qu'on  doit  luivre  pour  con- 
noitre  que  i'epailfeur  de  ces  lames  d'argent  n'eft  que  dun  256""=  de  ligne; 
on  aimcra  peut-Ctre  niicux  confiderer  combien  eft  mince  la  feuille  d'or 
qui  couvre  des  lamcs  d'argent  deja  fi  minces.  Il  y  a  de  quoi  bien  etonner  "^^ 
I'im.igination  ,  h  Ton  fe  fouvient  de  la  petite  quantite  d'or  qu'on  a  appli- 
que fur  le  lingot  d'lrgent:  fuppofons  qu'on  en  ait  mis  deux  onces,  (& 
on  en  emploie  fuuveat  moins  ,  )  fi  Ton  fe  donne  la  peine  de  calculet 
quelle  eft  la  (mface   qiie   couvrent  ces  deus  onces  d'or  ,  on  trouver* 


ii4  COLLECTION 

_  „„  quelle  eft  de  13S0  pieds  quarres  ,  on  qu'une  onze  enveloppe  11 90  pieds 

Z  quavics  ,  &  tout  ce  qui  les  Batteurs  dor  favenc  iaire  ,  c'cll  de  I'ttendre 

""Ml^ScirJct"  ^  Hi^  pietis  quarres  &  quelques  lignes  quarrees. 

DE  Paris.  Mais  Tot  h  prodigicufement  etendu  ,  combien  eft  il  mince  ?  Le  calcul 

/<  ,'  17  1.  precedent  fervira  encore  a  montrer  que  fonepaiireur  n'a  pas  un  175000  tnil- 
""*  •  '■  Jieme  de  ligne  ;  ilfaudroic  ahn  que  I'epailTeur  de  lor  qui  couvre  I'argenr, 
fut  d'un  175000  millieme  ,  que  Tor  flic  par-tou:  egalemenr  epais  ,  c'eft 
cependant  une  fLippofition  qu'on  auroic  torr  de  faire  :  quelque  (oin  qu'on 
fe  donne  en  battanc  les  feuilles  dor,  il  eft  impollibie  de  les  battre  ega- 
lement  ;  on  diftingiie  d'une  maniere  fenfible  par  leur  plus  &  leur  moiiis 
d'opacite  ,  qu  ellt-s  font  au  moins  une  fois  plus  epaiHes  dans  de  certains  en- 
droits  que  dans  d'aucres  :  ces  feuilles  ,  lorfqu'elles  dorenc  le  lingot  ,  ie 
dorent  done  inegalement ,  &  de  fa^on  qu'il  y  a  des  endroits  011  I'or  eft 
line  fois  plus  itiince  ;  or  fi  Ton  cherche  i'cpaiflTeur  de  Tor  dans  ces  en- 
droits oil  il  eft  le  plus  mince  ,  on  trouvera  qu'elle  n'eft  egale  qua  la 
251500  partie  d  une  ligne  ,  &:  qu'elle  eft  a  une  ligne  ,  ce  qu'une  ligne  eft 
a  504  toifes. 

Ce  n'oft  pas  encore  la  le  terme  jufqu'ou  peut  etre  pouftee  la  duiStilite  de 
Tor  :  au  lieu  de  deux  onces  ,  on  auroit  pu  n'en  employer  qu'une  :  Tor  qui 
auroic  couvert  les  lames  d'acgent ,  n'auroic  done  eu  alors  d'epailleur  dans 
certains  endroits,  que  la  5^5000  millieme  partie  d'une  ligne.  Entin  les 
lames  d'argent,  routes  minces  qu'elles  font  ,  peuvent  refter  dorees ,  Sc 
devenir  la  moitie  plus  minces ,  il  n'y  a  qua  les  prelfer  davar.tage  entre  les 
roues  en  les  applatiftant  doucement,de  fagon  que  le  froccement  oce  pen 
a  des  couches  dcja  fi  peu  deliees  ,  &  ces  lames  certainemenc  reftent  dorees , 
quoiqu'on  leur  donne  une  fois  plus  de  largeur  que  nous  ne  I'avons  dit  cidef- 
fus  ,  c'eft-a-dire  ,  quoiqu'on  leur  donne  j  de  ligne  ;  repaifteur  de  Tor  qui 
les  couvre  ,  eft  done  reduite  alors  a  n'avoir  pas  la  millionnieme  partie 
d'une  ligne  5  c'eft-adire  qu'elle  eft  a  une  ligne,  ce  qu'une  ligne  eft  dune 
demi-lieue. 

Peuc-ecre  feroit-on  difpofe  a  ctoire  que  I'or  qui  couvre  les  lames  d'ar- 
eent ,  a  beaucoup  plus  d'epaifleur  que  le  cakul  ne  lui  en  donne,  &  cela 
parce  que  I'or  pourroit  etre  divife  en  petits  grains  ecartes  les  uns  des 
autres,  quoique  pourtant  affez  proches  pour  donner  leurcouleur  a  I'argentj 
en  un  moc ,  il  feroic  alTez  naturel  de  croire  que  I'or  qui  couvre  les  la- 
mes ,  ne  forme  pas  une  feuille  continue  ,  mais  I'experience  demontre  le 
contraire  ;  fi  Ton  met  dilfoudre  dans  de  I'eau  forte  des  fils  dores  traits , 
ou  des  lames  dorees  ,  quelque  petits  que  foienc  ces  fils  ,  &  quelque 
minces  que  foienc  ces  lames,  apres  que  I'eau  forte  a  diftbut  I'argent  ,  les 
fils  &  les  lames  dorees  changent  en  de  petits  tuyaux  creux  ,  parce  que 
I'eau  force  n'agic  poinc  fur  For  j  d'ou  Ton  voic  evidemmenc  que  I'or  qui 
couvre  I'argenc,  forme  un  corps  concinu:  I'arc  eft  done  parvenu  a  favoir 
divifet  un  morceau  d'or  de  repaifteur  d'une  ligne  ,  en  un  million  de 
feuilles. 

L'art  n'eft  pas  alle  fi  loin  a  beaucoup  pres  ,  en  travaillanc  les  corps 
duftiles  mous  :  dans  ce  genre  ,  il  n'y  a  gueres  que  le  verre  qu'on  fcache 
prendre  confidetablemenc.  Qii'on  ne  foit  pas  furpris  au  refte  ,  de  ce  que 

nous 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  iij 

nous  domions  !e  premier  rang  parmi  les   dudlilcs  mous  au  plus  ciUiUir  ,  . 

Sc  pour  ainfi  dire  au  plus  roide  de  tous  les  corps  ;  on  fcaic  que  lorfque  la    »  n 

II  1      r       I-      L-  '     ■      .       1,  •       I  r  '      •        ACAD.KOYALE 

chalcur  du  rcu  la  bien  penctre  ,  Iwivrierle  pent  ngurer  comme  unc  ore     des  Sciences 
molle;  mais  ce  qu'il  y   a  de  plus  (ingulier,  8c  ce  qui  regarde  diredlement       de  Paris. 
notrc  fujet,  c'eft  qu'on  le  tire  en  fiLts  d'une  grande  fine  lie  ,  &  extreme-     ^nrue  1713. 
ment  longs ;  les  fileufes  ordinaires  ne  forment  pas  aufli  aifement  leurs  fils 
de  chanvre  ou  de  lin ,  que   les  tileurs  de  verre  forment  des  fils  de  cette 
matierc  Ci  cadanre. 

On  connoit  ces  aigrettes  que  Ton  place  pour  I'ordinaire  fur  les  bonnets 
des  enfans,  &  que  Ton  emploie  a  divers  autres  ornemens  :  on  fcait  que 
ces  fortes  d'.iigrettes  font  formees  d'une  infinite  de  fils  de  verre  ;  8i  quoi- 
qu'on  le  fi^ache  ,  on  a  peine  a  reconnoitre  le  verre  Aans  ces  fils  qui  plus 
delies  que  ies  cheveux' ,  (e  plient  comme  eux  aux  gre  du  vent.  A  un  ou- 
vrage  fi  fingulier  ,  il  ne  manque  pour  etre  fort  cher  Sc  fort  eftime  ,  que 
d'etre  plus  difficile  a  faire  ,  mais  rien  n'eft  plus  fimple  &  plus  aifc  ;  il 
occupe  en  niL-me-tems  deux  ouvriers  ,  &  ne  demande  prefque  aucune 
adrell'e  ni  de  I'un  ni  de  I'autre. 

Le  premier  tient  un  des  bouts  d'un  morccau  de  verre  ou  d'email  fur 
la  fiamme  d'une  lampe  :  lorfque  la  chaleur  a  ramolli  ce  morceau  de  verre, 
un  fecond  ouvrier  applique  centre  le  verre  en  fufion  ,  le  bout  d'un  crochet 
qui  eft  audi  de  verre  :  il  retire  auffi-tot  ce  crochet  qui  entraine  un  brin 
de  verre  ,  lequel  n'eft  point  fepare  du  refte  de  la  made  ramollie  ;  I'ouvrier 
engage  enfuite  ce  crochet  fur  la  circonference  d'une  roue  d'environ  deux 
p>ieds  Sc  demi  de  diametre  ,  elle  eft  pofee  verticalement ,  &  elle  eft  la  prin- 
cipale  partie  d'un  rouet  femblable  aux  rouets  ordinaires  :  le  crochet  ctant 
arrtte  fur  la  circonference  de  cette  roue  ,  il  ne  refte  plus  au  fecond  ou- 
vrier qu'a  la  faire  tourner  :  a  mefure  quelle  tourne  ,  elle  tire  des  parties 
du  verre  fondu  ,  elle  les  oblige  a  s'eloigner  du  refte  de  la  malFe  :  ces  parties 
toujours  adherentes  a  celles  qui  les  ont  entrainees,  &a  celles  qu'elles  en- 
trainent  elles-memes  enfuite ,  forment  un  fil  qui  vient  entourer  la  circon- 
ference de  la  roue ;  chaque  tour  de  roue  s'enveloppe  d'un  nouveau  tour 
de  fil  j  &  enfin  apres  un  certain  nombre  de  revolutions,  la  circonference 
de  la  roue  cftcouverte  par  un  echeveau  defil  de  verre  ;  la  made  qui  ctoic 
en  fufion  fur  la  lampe  ,  diminue  infenfiblement  comme  fi  elle  etoit  un 
peloton ,  elle  fe  devide  pour  ainli  dire  ,  &  pade  fur  la  roue  :  les  parties 
qui  font  eloignces  de  la  lampe  fe  refroidident,  elles  deviennent  plus  adhe- 
rentes a  celles  qu'elles  touclient ,  &  ainfi  par  degres  ,"les  parties  les  plus 
proches  du  feu ,  font  les  moins  liees  entre  elles  ,  d'oii  il  eft  clair  que  celles- 
ci  doivent  toujours  ceder  a  I'effort  que  font  les  autres  pour  les  tirer  vers 
la  roue. 

Au  refte  il  ne  faut  pas  croire  que  I'ouvrier  foit  oblige  de  faire  tourner 
la  roue  leiitement,  de  crainte  que  le  fil  ne  fe  rompe  ;  il  lui  donne  un  mou- 
vement  aulfi  rapide  qu'il  veut  ,  ou  plutot  auftl  rapide  qu'il  peuc  ;  plus  la 
roue  tourne  vite ,  plus  on  expedie  d'ouvrage  en  un  certain  temps  ,  &  le 
fil  ne  fe  calfe  pas  pour  cela  plus  fouvent. 

Ces  fils  formes  d'une  maniere  fi  fimple,  ne  font  pas  par-tout  d'une  cgale 
grodcurj  leur  contour  eft  un  ovale  fort  applati ,  je  veux  dire  qu'ils  ont 

Tomel/I ,  Parcie  Francoifc.  F  z 


D£  Paris. 
Annii  17 1  J. 


litf  COLLECTION 

rrr^^^^^:^^  au  moins  deux  on  trois  fois  plus  de  largeur  qu'ils  n'ont  d'epaifTenr.  II  y 
Acad  Royale  ^'^  *  d'une  grande  finelFe  ,  &  qui  ,  autant  qu'en  peut  juget  la  vue  fimple, 
Df  s  SciKNCES  n'ont  gueres  plus  d'epaifleur  qu'un  fil  de  ver  a  foie  \  audi  ces  fils  ft  fins 
fonc-ils  excremement  flexibies.  Si  on  entrelace  las  deux  bouts  d'un  de  ces 
fils  de  verre  ,  comme  on  entrelace  les  bouts  d'un  biin  de  fil  lotfqu'on 
vent  le  nouer ,  &  qu'enfuite  on  tire  les  deux  bouts ,  avanc  que  ce  fil  fe 
calTe,  on  le  plie  a  tel  point  que  I'efpace  vuide  renferme  au  milieu  du  noeud  , 
n'a  pas  une  demi-ligne  ,  ni  fouvent  meme  5  de  ligne  de  diametre  ,  comme 
ie  I'ai  eprouve  un  grand  nombre  de  fois. 

Quelque  roide  que  nous  paroifTe  le  verre  en  maffe  ,  il  ii'eft  done  pas 
elTentiellementaufll  calfant ,  &  aufli  peu  flexible  que  nous  nous  I'imaginons  j 
i\  nous  avions  I'art  d'en  titer  des  fili  beaucoup  plus  delies  ,  ils  feroienc 
aufii  beaucoup  plus  flexibies,  d'oii  il  femble  qu'on  peut  conclure  ,  que  H 
nous  f^avions  faire  des  fils  de  verre  audi  delies  que  font  les  fils  dont  les 
araignees  enveloppent  leurs  cEufs ,  nous  pourrions  faire  des  fils  de  verre 
propres  a  entret  dans  les  tilfus  ,  &  que  fi  le  verre  n'efl:  pas  malleable,  il 
n'ell  pas  vrai  de  dire  qu'il  ne  foit  pas  uxtibU ,  fi  Ton  peut  fe  fervir  de  ce 
terme.  J'ai  rente  diverfes  manieres  pour  faire  des  fils  de  verre  incompara- 
blement  plus  delies  que  ne  le  font  ceux  que  I'att  travaille  communement ; 
mais  il  ne  m'a  pas  ete  poflible  de  parvenir  a  en  faire  de  fort  longs  :  il  ell 
difficile  de  ne  pas  donner  un  trop  grand  degre  de  fufion  a  une  matiere  deja 
fort  mince ,  telle  que  celle  dont  il  faudroit  fe  fervir  ,  Sc  il  eft  prefque 
aufll  difficile  de  titer  avec  alfez  peu  de  force  ,  &  d'une  maniere  egale  , 
des  fils  fi  fins  ;  I'expedient  fuivant  ell:  celui  qui  m'a  le  mieux  reiifli.  J'ai  pris 
un  brin  de  fil  de  verre  de  7  a  8  pouces  de  longueur,  je  I'ai  fufpendu  en 
I'air  par  I'un  de  fes  bours,  &  j'ai  charge  fon  autre  bout  d'un  petit  morceau 
de  cire  qui  ne  pefoit  peut-etre  pas  la  lo""'.  partie  d'un  grain;  ce  petit 
polds  fufKfoit  pour  titer  en  bas  le  fil  de  verre.  Pres  de  ce  fil  fufpendu , 
j'approchois  une  petite  bougie  :  d^s  que  la  bougie  en  ctoit  proclio  a  un 
certain  point,  je  voyois  le  petit  poids  defcendre  par  fecoulfes  :  comme  il 
tiroit  le  verre  aufli-tot  qu'il  etoit  en  fufion  ,  il  le  contraignoit  .n  s'alon- 
ger  :  par  ce  moyen  ,  j'ai  fouvent  donne  plus  de  9  ou  10  pouces  d'etendue 
a  une  pottion  de  fil  qui  n'avoit  peut-ctre  p.is  i  ou  5  lignes  de  longiKur  r 
mais  rarement  ai-je  pu  aller  plus  loin  ;  le  plus  leger  fouftle  de  vent  qui  agi- 
toit  la  flamme  de  la  bougie,  fuffifoit  pour  I'apptocher  trop  pres  du  fil, 
elle  le  mettoit  trop  en  fufion,  alots  il  fe  caffoit.  Il  ne  m'a  pas  meme  ete 
aife  de  faire  alTez  cle  fils  de  la  maniere  precedente  pour  compofer  de  leur 
afTemblage  un  brin  un  peu  gros.  Cette  experience  m'a  du  moins  appris 
qu'avec  le  verre  on  pent  fotmer  des  fils  plus  delies  que  ceux  des  vers  a 
foie  ;  ceux  que  je  tirois  de  la  forte  me  paroiffoient  prefque  aufli  fins  que 
hs  fils  de  foie  d'araignee  ,  j'aurois  bien  voulu  voir  a  quel  point  ils  etoienc 
flexibies  ,  ils  me  le  paroiffoient  prodigieufement ,  mais  ils  etoienc  trop  fins, 
trop  courts  ,  &  j'en  avois  trop  pen  pour  les  manier  commodemenr. 

Ce  qui  eft  cettain,  c'eft  que  la  matiete  meme  dont  les  araignees,  & 
les  versa  foie  forment  leurs  fils,  eft  calTante  lorfqu'elle  eft  en  mafle, 
comme  le  font  les  gommes  feches  ,  c'eft  ce  que  j'ai  experimente  en  lailTant 
fcther  ceuc  matiere  j  &  il  eft  fur ,  outre  cela  ,  que  quand  les  fils  qui  ea 


I 


A  C  A  D  t  M  I  Q  U  E.  117 

font  tiris  feroient  moins  flexibles  qu'ils  ne  le  fonc ,  on  poarroit  encore  en  ' 

faire  des  tilTus,  d'ou  il  femble  qii'il  ne  nous  manque  que  I'art  de  f^avoir  Acati.Royale 
alonger  le  verre  poiu  le  pouvoir  faire    entrer  dans   des  croffes.  bes  Sciences 

Au  rcfte  fi  par  leur  finede  ,  les  fils  de  verre  avoienc  acquis  la  flcxibi-  "^  Paris. 
lite  necelTaire  pour  ctre  citTus,  ils  feroient  iiaturellement  aflez  forts.  Pour  Annk  17I}. 
effaycr  Icur  force,  j'ai  fufpcndu  diffcrens  poids  aux  fils  de  verre  les 
plus  dclies  que  les  ouvricrs  fijavent  former  ,  &  j'ai  trouvc  qu\in  feul  fil 
pouvoir  foutenir  jufqu'a  1 5  gros  fans  fe  rompre  ,  ou  pres  de  1  onces :  a  la 
verite  ces  fils  avoicnt  trois  ou  quatre  fois  plus  de  largeur  qu'un  fil  de  ver 
a  foie,  mais  ils  ne  paroillent  pas  plus  epais,  d'ou  il  fuit  que  quand  ils  fe- 
roient aurti  delies  que  des  fils  de  ver  a  foie  ,  ils  feroient  confiderablemenc 
plus  forts  ,  puifqu'un  fil  de  foie  des  plus  forts  ne  peut  foutenir  fans  le 
rompre  que  deux  gros  61:  demi  :  leur  force  n'eft  done  par  rapport  .1  celle 
des  fils  de  verre  les  plus  delics ,  que  comme  un  a  fix  ,  rapport  plus  petit 
que  celui  de  leur  foliditc;  aulli  fi  Ton  choifit  les  plus  fins,  &  qu'en  ayant 
forme  un  gros  paquet ,  on  divife  ce  paquet  en  differentes  parties  que  Ton 
cntrelace  les  unes  avec  les  autres  en  torme  de  trelTes,  on  trouvera  que  ces 
trclFes  de  verre  ont  beaucoup  de  force  :  divers  fils  pourtant  fe  cafferont 
pendant  qu'on  les  entrelacera,  &  apres  tout,  il  n'jr  a  pas  grande  appa- 
rence  que  Ton  tire  des  avantages  confiderables  des  fil;  de  verre, 

Les  gommes ,  les  refines ,  la  cire  font  aulTi  des  corps  ducliles  mous ; 
mais  la  cire  qui  ell  de  routes  ces  efpeces  de  corps,  celui  fur  lequel  les 
arts  s'exercent  le  plus,  n'eft  gueres  travaillee  comme  dudile  :  il  eft  vrai  que 
les  ciriers  font  palFer  leurs  bougies  par  des  filieres ,  mais  ce  n'eft  point  pout 
les  alonger  ,  c'eft  pour  les  arrondir  &  pour  les  polir. 

Si  nous  fommes  peu  liabiles  a  travailler  les  corps  du(5liles  mous ,  la  na- 
ture nous  a  en  quelque  forte  dedommages  de  ce  que  nous  ignorons  de  ce 
c6tc-la  :  elle  a  infttuir  une  infinite  d'animaus  a  les  etendre  d'une  manierc 
inerveilleufe  ,  &  nous  n'avons  qu'a  mettre  en  ccuvre  les  fils  qu'ils  nous  ont 
prepares :  on  entend  bien  que  c'eft  des  fils  de  vers  a  foie  dont  je  veux  par- 
ler  •  ils  ne  font  formes  que  d'une  matiere  vifqueufe  prodigieufement  eten- 
due ,  qui  fortant  du  corps  de  I'infede  prejid  de  la  confiftence  ,  a-peu-pres 
comme  les  fils  de  verre  deviennent  durs  en  s'eloignant  de  la  lampe  ,  quoique 

fiouvtant  par  une  caufe  differente  ,  comme  nous  le  dirons  bientot  j  mais 
es  araignees  favent  tirer  des  fils  beaucoup  plus  fins  de  leurs  filieres.  Ces 
filieres  (e  trouvent  pres  du  derriere  de  I'infedte  :  ellesconfiftent  en  fix  mam- 
inelons ,  pat  oii  fortent  leuts  fils  (  PI.  XXIV.  Fig.  I. )  •  mais  quels  fils !  dans 
un  efpace  plus  petit  que  la  tete  de  la  plus  petite  epingle ,  il  y  a  alTez  de 
trous  difFerens  pour  donner  fortie  a  une  quantite  furprenante  de  fils  fepa- 
res  y  on  diftingue  ces  trous  par  leurs  effets.  Si  ayant  choifi  une  grofTe  arai- 
gnee  de  iardin  prcte  a  faire  fes  a-ufs,  on  applique  le  doigt  fur  une  partie 
d'un  de  fes  mammelons  ,  en  retirant  le  doigt ,  on  entraine  une  quantite 
etonnante  de  fils  feparcs  Ka  M  N  ,  (  P/.  XXI V.  Fig.  I. )  J'ai  voulu  exami- 
ner leur  nombre  en  me  fervant  d'un  bon  microfcope  ,  fouvent  j'en  comptois 
plus  de  70  ou  80  •,  mais  je  voyois  qu'il  y  en  avoit  incomparablement 
davantage  que  je  ne  pouvois  compter  ,  quoique  les  fils  que  j'avois  tires 
neulfent  pout  bafe  qu'une  petite  partie  du  maoimeloa.  Enfin  quand  je  dir»i 

F  i  ij 


ii8  COLLECTION 

'■  qu'il  n'y  a  pas  de  bout  de  mammelon  qui  ne  puifTe  foutnir  mlUe  fils ,  je 
Acad.  RoYALE  dirai  un  nombre  aflez  etonnanc ,  mr.is  qui  me  paroit  encore  au-defTous  de 
DEs  Sciences  la  realite.  On  le  penfera  comme  moi ,  fi  i'on  veut  fe  donner  la  peine  d'exa- 
D£  1  ARis.  miner  avec  un  excelienr  microfcope  le  bout  d'un  mammelon  dune  araignee 
Annii  i-jii,  de  maifon  :  dans  cet  infedle  fi  degoutant  on  verra  une  partie  d'une  ftruc- 
ture  fort  jolie  ;  le  bout  de  ce  mammelon  eft  divife  en  une  infinite  de  pe- 
tites  convexites  plus  petites  ,  mais  difpofees  a  peu  pres  de  la  meme  ma- 
niere  que  le  font  les  convexites  des  cornees  des  yeux  de  papillons  ou  de 
mouchcs  :  chaque  convexite  fert  ici  fans  doute  pour  un  hi  different,  ou 
plutot  il  y  a  apparence  que  chaque  petit  creux  qui  etl  entre  les  convexites, 
eft  perce  par  un  trou  qui  donne  palTage  a  un  fil ,  les  petites  elevations  em- 
pechent  apparemment  que  les  fils  ne  fe  joignent  a  leur  fortie  :  ces  petites 
convexites  ne  font  pas  n  fenfibles  fur  le  bout  des  mammelons  des  araignses 
de  jardin  ;  mais  on  y  apper^oit  une  foret  de  petits  polls  qui  fervent  appa- 
remment au  meme  ufage  que  les  convexites  precedences  ,  je  veux  dire  qu'ils 
feparent  de  meme  les  fils  les  uns  des  autres ;  quoi  qu'il  en  foit,  il  paroic 
certain  que  de  chaque  mammelon  d'araignee,  il  peut  forcit  des  fils  par  plus 
de  mille  endroits  differens  ;  de  forte  que  I'araignee  ayant  fix  mammelons, 
elle  a  des  trous  pour  donner  paffage  a  fix  mille  fils.  La  nature  n'a  pas 
borne  fon  travail  a  percer  ces  trous  d'une  petitelfe  extreme  :  les  fils  font  deja 
formes  lorfqu'ils  arrivenr  au  mammelon,  ils  ont  chacun  leur  petit  canal  ou 
leur  petite  gaine  particuliere,  on  les  trouve  formes  ^  fcpares  les  uns  dos 
autres  ,  alTez  loin   de   I'origine  des  mammelons ;  mais  pour  mieux  com- 

f>rendre  toute  cette  admirable  mechanique,  il  nous  faut  remoncer  jufqu'a 
a  fource  de  la  liqueur  dont  les  araignees  compofent  leurs  fils. 

Dans  des  infeftes  fi  petits  &  fi  mous  ,  ces  parties  delicates  ne  feroienc 
pas  aifees  a  diftinguer  fans  un  peu  d'attention  :  il  eft  necelfaire  de  faire 
bouillir  I'animal ,  ou  de  le  faire  fecher  ,  ou  de  le  lailTer  quelques  heures 
dans  I'efprit  de  vin.  Aprcs  cette  petite  preparation  ,  les  parties  les  pliM 
eftentielles  reftent  en  place ,  &  font  fenfibles  fans  le  fecours  du  microfco- 
pe. Pres  de  I'origine  du  ventre  D  D  ,  [Fig.  11.)  on  trouve  deux  petits  corps 
d'une  matiere  molle  ,  ce  font  la  les  premieres  fources  de  la  foie.  Ces  deux 
corps  ont  aftez  la  figure  &  la  tranfparence  d'une  larme  de  verrej  audi 
pour  nous  exprimercommodement ,  les  nommerons  nous  les  larmes  (  Fig. 
3.  PL  XXI y. )  La  poi.nte  de  chaque  larme  R  va  en  ferpentant ,  &  en  fai- 
fant  une  infinite  de  replis  du  cote  des  mammelons.  Dc  la  bafe  de  la  larme 
part  une  autre  branche  beaucoup  plus  grofTe  S  que  celle  qui  fort  de  fa 
pomte ;  elle  fe  recoude  un  plus  grand  nombre  de  fois ,  &  fait  de  plus 
grand  plis  ,  elle  forme  enfuite  divers  lacis ,  &  prend  comme  I'autre  fa 
route  vers  le  derriere  de  I'araignee. 

J'ai  quelquefoisdeploye  cette  derniere  branche  jufqu'a  9  ou  10  pouces  da 
longueur  ;  je  n'en  deployois  qu'une  partie  ,  les  larmes  &  les  branches  qu'el- 
les  jettent,  contiennent  la  matiere  propre  a  former  la  foie  ,  mais  une  ctia- 
tiereencore  trop  molle ,  &  qui  dans  une  araignee  qu'on  n'a  point  faitfc- 
cher  ne  fe  tire  pas  en  filets  fort  longs.  Le  corps  de  la  larme  eft  une  efpece 
de  refervoir ,  &  les  deux  branches  font  deux  canaux  qui  en  partent:  lort 
qu'on  ne  fait  pas  crop  cuke  I'araignee ,  les  branches  font  vifiblement  ea- 


A  C  A  D  6  M  i  Q  U  E.  izp 

veloppees  d'une  membrane  qui  empeche  de  voir  la  tr.infparence  de  la  li-   ■  •% 

queur  :  cette  membrane  mince  s'enleve  fi  on  frotce  le  canal,  meme  dou-   Acad.Royaie 
cement.   Un  peu  plus  prcs  du  dcniere,  il  y  a  deux  aiitres  larmes  plus  pe-     desSciences 
tices  ,  chacune  de  celles-ci  ne  jetce  qu'une  branche  ,  elle  part  de  leur  poin-        de  Paris. 
te  ,de  forte  que  de  chaque  cote  de  I'araignee  il  y  a  deux  larmes  qui  par     Jnnei  1715. 
trois  canaux  (enfibles  portent  la  liqueur,  &  ces  canaux  la  portent  aux  vrais 
refervoirs  d'oii  fort  la  liqueur  propre  a  faire  la  foie. 

De  chaque  cote  de  I'araignee  EE,  {Fig.  //. ) ,  il  y  a  trois  corps  que  Von 
doit  regarder  comme  les  derniers  refervoirs  011  la  liqueur  s'amalFe  ,  nous 
les  nommerons  les  grands  refervoirs  [Fig.  lf^.)\  ils  font  beaucoup  plus 
gros  que  les  larmes  :  les  trois  qui  font  d'uu  meme  cote  font  arranges  de  telle 
tagon  les  uns  aupres  des  auttes  qu'ils  femblent  ne  former  qu'un  feul  corps. 
La  figure  de  chacunen  particulierelldifferente;  ils  ont  pourt.intcela  de  com- 
mun  qu'ils  font  recoudes  fix  a  fept  fois  :  que  dans  toute  leur  etendue 
leur  grolleur  eft  .i  peu-pres  egale:une  de  leur  extrcmitc  eft  pourtant  plus 
grofte  que  I'autre  ;  la  plus  grolle  eft  V  (  Fig.  !y),\.\  plus  proehe  de  la  tcte 
de  I'infeifte  ,  &  la  plus  petite  TTT  eft  la  plusproclie  de  I'anus.  Les  trois 
extrtinitcs  deliees  de  ces  refervoirs  fe  terminent  en  pointe,  &  fontappli- 
quees  les  unes  prcs  des  autres  ,  comme  le  font  les  trois  doigts  du  milieu  de 
la  main:c'eft  des  trois  pointes  de  ces  refervoirs  que  partent  les  fils  ,  ou 
que  part  la  plus  grande  partie  des  fils  qui  fortent  de  trois  mammelons: 
chaque  refervoir  tournit  un  mammelon  ,  c'eft  ce  qu'on  dccouvre  avec  un 
peu  de  patience;  non -feulement  on  voit  toujours  la  pointe  de  ch.icun  de 
ces  corps  terminee  par  un  fil ;  mais  fi  on  menage  les  parties  voifines ,  on 
trouve  quantite  de  fils  dilhnfts  qui  partent  de  I'extremite  de  ces  corps  ,  & 
on  fuit  les  his  jufqu'aux  mammelons. 

Enfin  a  I'origine  des  mammelons,  on  diftini;ue  divers  tuyaux  charnus  ; 
il  y  en  a  apparemment  autant  que  de  mammelons  :  fi  on  enleve  douce- 
ment  la  membrane  ,  ou  la  legere  pcllicule  qui  paroit  couvrirces  tuyaux  ,  011 
trouve  qu'interieurement  ils  font  remplis  de  fils,  tous  feparcs  les  uns  des 
autres  ,  &  qui  par  confequent  fous  une  enveloppe  commune  ,  avoient  cha- 
cun  une  enveloppe  particuliere  ,  ou  qui  etoient  comme  des  couteaux  dans 
une    gaine. 

Il  eft  vrai  qu'en  fuivant  la  route  de  ces  fils,  on  en  trouve  quantite  qui 
viennent  de  plus  loin  que  de  la  pointe  des  grands  refervoirs ;  les  uns  paroif- 
fent  venir  du  milieu  ,  les  autres  d'un  peu  plus  has  ,  les  autres  d'un  pevi 
plus  haut  \  de  forte  que  je  crois  que  cette  immenfe  quantite  de  fils  qui  ie 
rafTemblent  prcs  des  mammelons  de  Taraignee  ,  ne  tirent  pas  tous  leur 
origine  dcs  pointes  des  refervoirs  :  il  me  paroit  plus  probable  qu'il  y  en  a 
qui  fortent  de  tous  leurs  coudcs  ,  ou  peut-etre  de  differens  endroits  de  ces 
corps;  ce  qui  eft  certain  ,  c'eft  que  ces  corps  paroilTent  avoir  une  enveloppe 
commune  ,  &  que  Ton  rencontte  beaucoup  de  fils  qui  fuivent  leurS 
finuofitcs. 

Mais  comment  la  liqueur  s'amaffe-t  elle  dans  les  larmes  ?  Comment 
pafTe  t-elle  des  larmes  d  ,ns  les  grands  refervoirs  f  Elle  a  apparemment  des 
routes  que  nos  yeux  ne  peuvent  appercevoir.  Malpighy,  tout  clairvoyant 
qu'il  etoit  J  s'eft  contente  dans  lAnatomie  dw  ver  3  foie ,  de '  decrire  1« 


150  COLLECTION 

——"  vailTeaii    ou  s'amafft'  la  liqueur   d'ou  les  vers  tirent  la  foie  :  il  ne  nous  a 
Acad.  IloYALE  explique  ni  la  route  par  laquelle  cette  liqueur  y  eiure ,  ni  mcme  ,  exade- 
DES  Sciences    menc  parlanc,  la  route  par  laquelle  elle  en  forr.  Que  pouvons  nous  faire 
DE  1  ARis.        jJaris  un  infedte  plu.  petit  que  le  ver  a  foie  ,  &  oii  la  nature  a  employe  6  ou 
Annk  1715.     7<3oo  fois  plus  de  parties  ?  Contentons-nous  de  faire  quelques  reilexions 
fur  la  prodigieu'e  ductilite   de   la  matiere   dont  les  fils  d'araignces  font 
compolcs,  &   fur  la  prodigieufe    fineffe  des  trous  par  ou  ils  pallent,  & 
des    tuyaux  011   ils  le    moulent.   Nous  avons   dit  que  du  bout  de  chaque 
mammelon  ,  il  pent   fortir  plus  de   1000  fils;  ce  bout  de  mammelon   n'a 
pourtant  pas  plus  de   diametre   qu'une  petite  epingle  ,  &  les  trous  font 
nccedairemenc    fepares  les  uns   des  autres  par  des  intervalles  qui  doivent 
ctre  beaucoup  plus  grands  que  le«  trous  mcmes.   Mais  nousne  confiderons 
encore   que   les  plus  grolles  araignees  :  fi  nous  examinons  les  araignees 
jiailTantcs  produites  par  celles-ci  ,  nous  verrons  qu'elles  ne  font  pas  plutoc 
forties   de    la  coque  de  I'ccuf ,  qu'elles  fiient  :  a  la  verite  leurs   fils   ne 
fauroient  gueres  ctre  apper^us  ;  mais  on  voit  fort  bien  les  toiiesqui  en  font 
formees :  fouvent  elles  font  aulTi  epailTes  que  celles  des  araignees  de  mai- 
fons  ;  &  cela  ,  parce  que  4  a  500  petites  araignees  concourent  enfemble 
a  ce  meme  ouvrage.  Quelle  eft  alors  la  petitefTe  des  trous  de  leurs  filieres  ? 
c'eft  oil  I'imagination  ne  peut  aller  :  a  peine  pourra-t-elle  fc  reprefenter 
la  petitelfe  de  chacun  de  leurs  mammelons.  Ces  araignees  entieres,  font 
peut-L'tre  moins  grotfes  que  ne  I'eft  un  mammelon  de  celle  qui  leura  donne 
naiffance  j  il  eft  aife  de  le  voir  :  chaque  grofle  araignee  fait  4  a  5  co  ocufs  ; 
ces   oeufs   font  enveloppes  d'une  coque  ,  &  des  que  les  petites  araignees 
out   rompu   cette  coque ,  elles  commencent  a  filer.  Combien  done  font 
delies  chacun  des  fils  qui  fortent  de  leurs  mammelons.  Cependant  la  nature 
fait  encore  poulfer  beaucoup  plus  loin  la  du(flilite  de  cette  matiere.   Cer- 
taines  araignees  font  fi  petites  a  leur  naiflance,   qu'on  ne  fauroit  les  diftin- 
guer  fans   le  fecours  du  microfcope  ;  elles  font  alors  rouges  ,  &  comme 
elles  font  jointes  enfemble  en  grand  nombre,  elles  paroilTent  a  la  vue  fim- 
ple  comme  diverfes  trainees  de  points  rouges;  cependanr  fous  ces  arai- 
gnees prefque  imperceptibles  ,il  fe  forme  At%  toiles  :  elles  fiient  done  j  mais 
quelle  eft  la  tenuite  des  fils  qui  fortent  de  chacun  de  trous  de  leurs  mam- 
melons ?  Un   cheveu  doit  etre  plus  gros  ,  compare  avec  ces   fils  >  que  le 
lingot  le   plus  gros,  compare  au  fil  d'argenttrait :  enfin  ces  fils  qui  fe  fou- 
tieiineiit  cependant,  ont  moins  de  diamcrtre  ,  que  n'a  d'epailTeur  la  legere 
couche  d'or  qui  couvre  I'argent  le  plus  etendu. 

La  matiere  dont  font  formes  les  fils  de  foie  ,  eft  comme  nous  I'avons 
tlit  ,  une  matiere  vifqueufe  ;  les  larmes  font  les  ptemiers  refervoirs  oii 
on  la  trouve  en  made  ,  &  ceux  oii  elle  a  le  moins  de  confiftence;  elle  en  a 
beaucoup  davantage  dans  les  fix  grands  refervoirs  oii  elle  a  ete  portee 
par  des  canaux  de  communication ;  elle  en  acquiert  cliemin  faifant  :  une 
pattie  de  I'humidite  ou  de  la  liqueur  aqueufe  qui  y  etoit  mclce  ,  fe  diflipe 
pendant  fa  route  ,  ou  en  eft  feparee  par  des  glandes  :  enfin  ,  cette  liqueur 
en  allant  aux  mammelons  par  des  tuyaux  particuliers  ,  fe  feche  encore  da- 
vantage  ;  elle  devient  fil.  Au  fortir  de  la  filiere  ,  ces  fils  font  cependant 
encore  gluans :  ceux  qui  font  fortis  de  difFerens  rrous  fe  collent  enfemble  a 


ACADfeMlQUE.  131 

qaelque  diftance  de  U.  Cette  matiere  n'eft  parfaitemeiu  fcche ,  que  lotf-  ^. 

que  le  refte  de  rhumidice  s'cft  cvaporc  a  I'air.  ^  -Acad.Royale 

Tout  cela  fe   prouve  parfaitement  fi  Ton  fait  lecher  ptes  da  feu ,  ou  fi     p^,  Sciences 
Ton  fait  bouillir  dans  I'eau  unc  grolfe  araignce  ;  lorfqu'on  ne  I'a  pas  fait       de  Paris. 
cuire  pendant  long  terns  ;  ou  qu'on  ne  la  pas  fait   beaucoup  fechet  ;  on     j^^^^^^       , , 
tiouve  que  les  larmes  ont  plus  de  confiftence  ,  elles  fe  tirent  en  fils,&  la 
matiere  des  grands  refervoirs  ne  peut  plus  s'y   titer.  Le  meme  degre  de 
chaieur  qui  a  fuffi  pour  fecher  la  premiere  matiere  ,  ne   fuftit  pas   pour 
fecher  la  feconde.  Enfin  fi  on  faic  cuire  I'araignce  julqu'aun  certain  point, 
la  matiere  des  larmes  ne  fe  laiffe  plus  titer  en  fils  ,  elle  paroit  line  efpece 
de  colle  dure,  d'ou  il  eft  clair  que  c'eft  en  fechant  que  la  matiere  de   la 
foie  devient  foie. 

Cependant  I'experience  fuivante  m'avoir  prefque  fait  ctoire  que  ce 
n'eft  point  par  I'evapcration  d'une  matiere  aqueufe  que  les  fils  de  foie 
prennent  leut  coi:fifteiice.  Ayant  tire  des  fils  du  derriere  d'une  araignee  , 
&c  les  ayant  entortilles  fur  un  petit  morceau  de  bois  comme  fur  une  bo- 
bine  ,  je  plongeai  I'araignee  &  le  morceau  de  bois  dans  I'eau  ,  &  faifant 
tourner  le  morceau  de  bois  autour  de  lui-meme,  je  devidai  pendant  aufli 
longtems  que  je  voulus  des  fils  de  foie.  Je  n'etois  pas  inftruit  alors  de 
la  mcchanique  par  laquelie  les  araignees  tilent  ;  j'lgnorois  que  les  fils 
avant  que  de  fortit  des  filieres  ,  euHent  deja  alfez  de  confiftence  :  a  la 
veiire  il  leur  manque  quelque  chofe,  mais  ce  qui  leur  manque  n'eft  pas 
fuftifant  pour  empccher  qu'ils  ne  fe  devidenr.  Au  refte  lis  n'achevent  point 
de  fe  feciier  dans  I'eau  ;  ce  qui  le  prouve  decifivement,  c'eft  que  li  on  mec 
tremper  dans  I'eau  froiJe  les  larmes  ou  les  grands  refervoirs,  ils  n'y  pren- 
nent aucune  confirtence ,  I'eau  ne  les  ditfout  pas  non  plus  &  ils  reftenc 
dans  i'ecat  oii  on  les  y  a  mis.  Si  au  contralre  on  lailFe  pendant  quel-, 
que  terns  une  araignee  plongee  dans  I'efprit  de  vin  ,  la  matiere  des  lar- 
mes &  des  grands  refervoirs  prend  la  meme  contiftence  qu'etle  eiir  prife 
fi  on  eut  fait  fechet  I'araignee  ;  mais  I'efprit  de  vin  ne  la  dilfout  pas 
non  plus  que  I'eau.  Au  refte  la  matiere  de  ces  refervoirs  etant  feche,  ref- 
femble  a  la  foie  par  fa  couleur  ,  mais  elle  ne  lui  reffemble  qu'en  celaj 
elle  eft  femblable  a  une  gomme  ou  a  une  colle  tranfparente ;  elle  fe 
calfe  fi  on  la  plie  jufqii'a  un  certain  point  ou  un  certain  nombre  de 
fois ;  c'eft  une  matiere  qui  ne  peut  comme  le  verre  etre  flexible ,  que  quand 
elle  eft  divifee  en  des  filets  fort  delies. 

U  y  a  apparence  que  la  matiere  des  refervoirs  expofee  a  Pair  ne  fe 
feche  jamais  parfaitement,  je  veux  dite  que  les  parties  du  milieu  reftanc 
un  peu  humedlees,  la  furface  exterieure  doit  fecher  la  premiere  j  cette 
furface  etant  feche  ne  peut  plus  etre  dilToute  par  I'eau,  elle  n'en  peat 
plus  etre  penetree  ;  elle  doit  done  empecher  I'humidite  qui  eft  au  milieii 
de  la  mafle  de  fortir,  comme  elle  empeche  I'humidite  exterieure  d'entter. 
Enfin  il  n'eft  pas  futprenant  que  I'humidite  s'etant  une  fois  evaporee  de 
la  matiere  de  la  foie^  elle  n'y  puilTe  plus  rentrer  pour  la  dilFoudre  :  les 
intervalles  qui  font  entre  les  parties  de  cette  matiere  doviennent  trop 
petits.    LaPhyfique  nous  foutnit  raille  eiijmples  femblabies*  i 


J3i  COLLECTION 

ACAD.ROYALE 

''cf  Par"'  '^"'-  ^"  teintures  dcs  Maaux. 

ArinU  J  71 3.  J_,A  teinture  du  metal  n'eft  qii'une  difTolucion  ou  le  metal  eft  encore  plus 
divife,  plus  etendu  qu'll  ne  le  feioit  dans  fon  dilTolvanc  naturel  &  ordi- 
naire :  comme  il  eft  fort  attenue  ,  il  donne  line  couleur  a  la  liqueur ,  iSc  de 
la  vient  apparemment  le  nom  de  teinture. 

Si  la  teinture  etoit  irreduftible  ,  c'eft-a-dire  ,  il  le  metal  dilTous  I'etoit  au 
point  de  ne  pouvoir  phis  fe  remettre  en  metal,  ou,  ce  qui  revient  au 
meme  ,  fi  les  principes  qui  le  compofent  etoienc  defunis  ,  ce  feroit  la  ce 
que  les  Chyiiiilles  ont  tonjours  fi  ardemment  fouhaite  &  recherche  avec 
rant  de  travaux  ,  fur-tout  a  I'egard  de  Tor  dont  la  teinture  irreducible 
s'appelieroit  I'or  potable.  Mais  on  n'a  encore  reudi  a  aucune  teinture  de 
certe  efpece  :  Tor  potable  n'eft  que  de  I'or  extrememenc  divife  ,  &  il  en 
eft  de  meme  des  autres  metaux. 

M.  GeofFroi  a  trouve  une  methode  aftez  generale  de  falre  en  certe  ma- 
tiere  ce  qui  fe  peut,  ou  du  moins  ce  qui  fe  pent  jufqu'a  prefent.  L'inten- 
tion  des  teintures  eft  de  rarefier  &  d'ttendre  autant  qu'il  eft  poflible  les 
foufres  du  metal ,  &  de  rendre  les  parties  fixes  ou  terreufcs  ,  les  plus  fubtiles 
&:  les  plus  volatiles  qu'elles  puiftent  ctre.  Et  ^\  Ton  veut  en  meme  tems 
que  ces  teintures  ayent  quelque  ufage  en  medecine,  il  faut  y  employer 
des  intermedes  qui  n'ayent  rien  de  nuifible  ni  de  defagreable. 

Pour  une  teinture  dor,  M.  Geoftroi  prend  des  cryftaux  folaires  faits 
nvec  une  partie  d'or  &  (J  ou  7  d'eau  regale ,  &  ou  par  confequent  lor 
eft  deja  extremement  etendu  j  il  les  met  dans  un  mortier  de  verre  avec  le 
double  de  terre  foliee  de  tartre.  Cette  terre  eft  I'alkali  de  tartre  impregne 
d'efprit  de  vinaigre  &  d'efprit  de  vin ,  &  par  confequent  c'eft  un  diftbl- 
vant  falin  &  fulfureux,  propre  a  etendre  les  foufres  de  Tor  ;  on  broye  le 
,  tout  enfemble  avec  le  pilon  de  verre ,  jufqu'a  ce  que  le  melange  fe  re- 

folve  en  liqueur  epaifte.  On  acheve  de  le  diftoudre  dans  I'efprit  de  vin  , 
&  Ton  a  la  teinture.  Cette  teinture  prend  avec  le  tems  une  legere  cou- 
leur  qui  a  travers  le  jour  eft  pourpre  ,   &  a  centre  jour  jaune. 

M.  Geoffroi  emploie  le  meme  intermede  de  la  terre  foliee  de  tartre 
pour  tirer  du  vitriol  de  Mars  la  teinture  du  fer,  des  cryftaux  de  Venus, 
celle  du  cuivre ,  &c.  On  voir  aflez  pour  quoi  il  prend  ou  le  vitriol  de  Mars  , 
oq  les  cryftaux  de  Venus.  C'eft  que  dans  ces  compofes  les  metaux  font 
deja  excremement  divifes  &  attenues ,  foif  naturellemenc,  foit  par  art. 


Dt  I'aclion  des  fdsfur  diffcrentcs  matkres  inflammables. 


Q 


UE  dans  un  creufetaffezchaud  pour  etre  rouge  il  y  ait  un  foufre  ,  quel 
qu'il  foit,  ou  une  huile, cette  matiere  s'enflammera  5  &  fi  Ton  jette  delFus. 
du  faipetre  ,    la  flamme  augmentera  tout  d'un  coup  Sc  de  grandeur  & 

de 


ACADfeMI^UE.  ij} 

■Ae  force  &  d'cclat.    Il  fenible  qu'on  doive  condure  de  la  que  le  falpctre  ■ 

■eft  fort   iiirtimmable  ;  m.iis  fi  on  I'avoic  mis  feul  dans  le  creufct  il  ne  fe  Acad.Rovale 
feroic  jus  entiamme.     Du  moins  pourroit-on  croire  que  d'autres  fels  alTcz     des  Sciences 
femblables  an  falpctre  ,  coinme  I'alun  ,  ou  le  vitriol,   devroient  augmen-       ^^  Iaris. 
ter  audi  I'lnU.immabilice  des  foiiftes  ou  des  liuiles ,    mais  tout   au  con-    ■^nna  171 5. 
traire  ils  la  diminuent  beaucoup.   Nous  pourrions  encore  rapporter  d'au- 
tres flits  fur  la  bizarrerie  apparente  de  ces  plienomenes;   mais  en  voila 
alTez  pour  faire  fentir  la  difliculte  que  M.  Lcinery  le  cadet  a  entrepris 
de  developper  par  fes  experiences  Sc  par  fes  reflexions. 

On  a  vu  dans  I'Hiftoire  de  1701  qu'un  efprit  acide  extremement  pur 
5:  dephlegme,  etant  mele  avec  une  huile  ellcntielle  de  plante  aromati- 
que  qui  ne  contlenne  aucun  acide  ,  fait  une  effervefcence  accompagnee 
de  riamme.  M.  Lemery  prend'pour  principe  cette  experience;  il  cor- 
^oit  que  quand  du  foufre  &c  du  falpctre  font  meles  cnlenible  dans  le 
creufet,  la  partie  huileufe  du  foufre  s'eleve  &  forme  la  Hamme  ;  qu'en 
meme  terns  I'acide  du  falpctre  s'eleve  audi  tic  va  rencontrer  en  fair  cette 
liuile.  Des  matieres  qui  compofent  la  flamme  il  y  en  a  toujours  quelque 
pirtie  qui  ne  devient  point  flamme,  &  c'eft  ce  qui  demeure  en  forme 
de  fuie.  Des  partjes  d'huile  qui  ne  fe  feroient  point  enflammees  quoi- 
qu'elles  fe  fuffent  elevees  avec  les  autres  ,  les  acides  du  falpctre  les  en- 
flammeut,  &  deli  vient  I'augmentarion  de  damn.e  qu'ils  caufent ,  fans 
compter  qu'ils  etendent  &  rarefient  beaucoup  I'huile  enflammc'e  indepen- 
damment  d'eux. 

Cela  ne  fuffit  pas  encore;  car  par  I'experience  fondamentale  il  fauc 
.que  I'huile,  pour  recevoir  faction  des  acides,  foit  bien  denuee  d'aci- 
des ;  &  n'y  a-t-il  pas  beaucoup  d'apparence  que  les  acides  du  foufre  mon- 
tent  avec  fon  huile  ;  Ils  monteroien:  en  efFet  fi  les  acides  du  falpetre  qui 
fe  font  degages  tres-promptement ,  ne  lailfoient  la  partie  fixe  &  terreufe 
du  falpctre  dans  un  etat  ou  elle  eft  alkaline  <Sc  avide  d'abforber  de  nou- 
veaux  acides  en  la  place  de  ceux  qu'elle  a  perdus.  Elle  abforbe  done  les 
acides  qui  fortent  du  foufre  avec  lefquels  elle  forme  un  fel  moyen  vi- 
triolique  ,  &  par-Li  le  falpctre  a  la  double  fondion  &  de  fournir  I'efprit 
qui  doit  agir  fur  Ihuile  du  foufre  enHammc,  &C  de  retirer  du  foufre  ce 
qui  empecheroit  I'adion  de  I'efprit. 

11  ell  aile  maintenant  de  voir  la  caufe  des  differens  cas  particuliers, 
&  mime  de  les  prevoir.  Le  falpctre  feul  jettc  dans  le  creufet  ne  doit 
point  s'enflammer;  tout  ce  qui  en  arrive  c'eft  que  fon  acide  s'eleve  fans 
rencontrer  en  fair  aucune  huile  fur  laquelle  il  agilTe  ,  &  que  fa  pirtie 
fixe  &  terreufe  demeure.  L'alun  &  le  vitriol  n'augmentent  point  la  flam- 
me du  foufre  ,  parce  que  leur  acide  fe  degage  difScilement  comme  il  eft 
prouve  par  I'experience  ,  &  que  route  I'huile  du  foufre  eft  montee  Sc 
s'cft  coniumce  avant  qu'il  monte.  Ces  fels  ne  font  au  contraire  que  di- 
minuer  la  flamme  ,  parce  que  leur  poids  apporte  un  obftacle  a  la  rare- 
faclion  &  a  I'elevation  de  1  huile  du  foufre.  L'efprir  de  nitre  qui  n'eft 
que  I'acide  du  falpctre  ne  doit  pas  meme  faire  le  meme  efi'et  que  ce  fel, 
tar  il  ne  peut  faire  que  la  moitie  de  ce  que  le  falpctre  fait ,  n'ayant  pas 

Tumi  III ,  Punk  Frangoife,  G  i 


134  COLLECTION 

s:=  comme  le  falpetre  ces  parties  fixes  &c  terreufes  qui  abfotbent  I'acide  da 
Acad.  Royale  foufre. 

^BE  Rari"'         ^'  ^^  vlfible  que   cette  raifon  n'auroit  plus  lieu ,  fi  ce  meme  efprit  de 
^        ,  '       nitre   agiiToit  fur   une  matiere  enflammee  bien  exempte    d'acide.    Aufli 

^nnec  1713.  quand  on  en  verfe  furfla  flammede  I'efprit  de  vin ,  il  I'augmente  (a) ;  car* 
alors  il  ne  fort  point  de  I'efprit  de  vin  dcs  acides  qu'il  foit  befoin  d'ab- 
forber  ,  &  la  partie  aqueufe  de  I'efprit  de  nitre  qui  emptche  I'inflamnia- 
tion  des  huiles  grofiieres  &  pefantes  n'apporte  aucune  alteration  fenfible 
a  la  flamme  de  i'efprit  de  vin,  parce  qu'ctant  moins  volatile  que  I'efprit  de 
vin  ,  elle  ne  peut  I'atteindre  en  all'ez  grande  quantitc. 

Le  falpetre  ne  fait  pas  fur  I'efprit  de  vin  le  mcme  efFet  que  I'efprit  de  ni- 
tre, la  raifon  en  eft  que  I'acide  du  falpetre,  tout  volatil  qu'il  eft,  ne 
s'eleve  pas  encore  allez  vite  pour  aller  rencontrer  I'huile  enflammee  de  I'ef- 
prit de  vin. 

M.  Lemery  a  reconnu  dans  le  cours  de  fes  experiences  que  les  fels  fixes 
des  vegetaux  &c  des  animaux  ,  &  les  alkalis  volatils,  ou  diminuoient  I'in- 
flammabilite  du  foufre  ,  ou  du  moins  ne  I'augmentoient  pas,  ce  qui  prou- 
ve  encore  la  necellite  de  I'acide  pour  augmenter  cette  inflammabilite.  Le 
borax  ne  produit  pas  plus  d'effet  que  les  alkalis,  &  Ton  fait  que  ce  fel 
lie  fe  decompofe  prefque  point.  Si  qu'il  fournit  tout'au  plus  un  peu  de 
liqueur  legerement  alkaline  &  jamais  acide.  Mais  quoique  I'aftion  de  I'ef- 
prir  de  nitre  n'ait  rien  de  comparable  a  celle  du  falpetre  fur  les  huiles  Si  le 
foufre  enflammes  &c  fur  les  charbons  ardens ,  il  eft  a  remnrquer  que 
fon  action  eft  un  peu  differenre  fur  ces  difFerentes  matieres  ;  car  il 
r'opere  rien  de  fenfible  fur  le  foufre ,  il  fufe  un  peu  avec  les  hui- 
les quoiqu'il  les  eteigne  enfuite  entierement  lorfqu'on  y  en  verfe  une 
certaine  quantite;  8c  enfin  i!  fufe  auffi  fur  les  charbons  ardens  ,  &  il  y  laifle 
cependant  une  tache  noire  a  I'endroit  ou  il  a  ete  verfe ,  mcme  en  petite 
quantite. 


Sur   Ic    Vitriol  £'  fur    h    Fer.. 
Par    M.     G  E  o  F  F  R  o  I    I'aine.^ 

J_j  E  vitfiol  verd  qu'on  nomme  ordinairement  couperofe  verte  ,  fe  tire  de 
certaines  marcaflites  .qui ,  dans  I'analyfe  chymique,  donnent  toutes  du  fou- 
fre brulant;  elles  en  font  quelquefois  fi  chargees  qu'on  eft  oblige  de  Ten 
fcparer  par  la  diftillation  ou  par  la  calcination  avant  d'en  pouvoir  faire 
le  vitriol.  Enfuite  on  les  expofe  a  I'air  ou  on  les  lailTe  pendant  un  alfez 
long  tems  afin  qu'elles  fermentent  en  quelque  maniere  ,  aprcs  quoi  elles 
s'ouvrent  ,  elles  fleurilfent  ic  fe  reduifent  en  pouftiere  fahne  virriolique. 
La  pluie  qui  furvient  lave  de  tems  en  tems  cette  pouffiere ,  en  dilTout  les 
fels  &c  coule  enfuite  dans  des  citernes  ou  on  la  refeive  pour  la  cuire  en; 
vitriol. 

(a)  Dan<;  ce  cas  la  flamnic  de  rcfprit  de  vid ,   de  bJeuc  quelle  ccoit,  dcvicnt  tics- 
louge  ac  Kcs-ardeiuc. 


i 


A  C  A  D|  M  I  Q  C  E.  ijS  . 

Si  on  cvaporoic  ces  knives  tclles  qn'elles  (out ,  on  n'en  tetiretoit  pas  .   ' 
une  giande  quautitc  de  vitiiol ,   mais   une  liqueur  verdatre   ou   br.unc,  Acad. i<.oY ale 
prefque  aulli    acide  que   I'eau  iorte,  doiu  il  n  y  auioit   qu'une  crcs-pccice     ^i-?  ScitNcts 
poctcoii  qui  prit  la  ioima   da  iel ,  &:   doiu  le  refte  iie  pourroic  acqucrir       ^^  1  akis. 
que   l.i  conriilence  du  bcurre  ou  de  I'luiile   %~e.   Pour  avoir  done   une    Atinie.   17 1}-- 
plus  grande  q^.mtitc  de  vitriol ,  on  taic  bouiiir  dans  cetce  liqueur  tirce  des 
citetnes,  beaucoup  de  morceaux  de  ter  qui  donnenc  aij(ll-toc  une  eftcr- 
vefceiice  conddcrable.   Lotfque  ce  fer  eft  dillous  ,  on  fait  cvaporet  la  dif- 
fuluiioii  jufqu'a  un  certain  point,  tJi  on  la  laille  cryftallifer.    Il  fe  forme 
line  giande  quantitc  de  cryftaux  verdatres,  &  il  refte  une  liqueur  rougea- 
tre  ,  cpailFe  &  onctueufe  qu'on  nomme  lean  mere  du  vitriol. 

Cecce  liqueur  ne  fe  cryllallife  jamais,  elle  ne  fe  congele  pas  mtme  an 
froid  ,  mais  a  la  chaleur  du  feu  elle  s'tpaidit  confiderablenient  jufqu'a 
fe  delfecher  en  une  malfe  jaunatre  ,  gralfe  au  toucher ,  d'un  gout  extre- 
mement  ftyptique,  fans  acidite  ni  corroiwn  ,  quand  on  a  eu  foin  d'en  bierj 
fcparer  le  vitriol  par  la  cryllallifuion.  Cette  malTe  jaun.itre  &  gralfe  fe  re- 
fout  aifcment  en  liqueur  a  la  nioindre  luimidite  de  I'air  j  tons  Its  fcls  folli- 
Jes  l.iilfent  une  femblable  liqueur  aprcs  leur  cryltallifation  ;  mais  ce  qui  eft 
plus  remarquable  ,  c'eft  que  ces  fels,,comme  I'alun  ,  le  falpecre,  le  fel  ma- 
rin  &:  le  vitriol,  quelqi)e  deputes  qu'ils  foient  dcja  ,  donnent  dans  routes 
kurs  cryftallifations  rcitcrces  quelque  portion  de  cette  eau  mere  ou  li- 
queur faline  ondueufe  ,  Si  depofent  en  meme  lems  quelque  peu  de  terre 
fort  fubtile  &:  fort  fine. 

Ces  liqueurs  oniftueufes  en  apparence  ont  un  fort  grand  rapport  avec  les 
liqueurs  lixivielles  ou  les  dilfolutions  des  fels  alkalis  ,  telles  ,  par  cxeniple  , 
que  I'huile  de  tartre  faite  par  dcfaUlance.  On  a  toujours  cru  jufqu'ici  que 
ces  liqueurs  ctoient  produites  par  les  fels  alkalis  de  la  terre,  qui  s'etanc 
trouvcs  en  plus  grande  quantiie  qu'il  n'en  talloit  pour  faouler  les  acides, 
reftoient  en  torme  de  liqueur  ondueufe  ;  piais  j'ai  reconnu  le  contraire  par 
mcs  obfervation'i;  car  fi  ccla  etoit,  un  fel  une  fois  cryltallife  &  bien  depute 
de  fa  grallle  ou  de  fes  fcls  alkalis,  devroit  fe  cryftallifer  d.ins  la  fuite ,  fans 
donner  la  nioindre  goutte  d'eau  mere.   Or  il  en  arrive  tout  autrement^  car 
tous  ces  fels  donnent  a  chaque  cryftallifation  plus  ou  moins  d'eau  mere, fui- 
vant  les  difterentes  circonftances  de  I'operation;  &:  je  crois  que  fi  on  avoir 
alfez  de  conftance  ,  on  pourroit,  a  force  de  cryftallifations,  rcduire  ces  fels 
ininerauxen  ces  fortes  d'eaux-meres,  comme  je  I'ai  fait  fur  le  vitriol;car  j  ai 
obferve  que  ce  mineral  depofe  a  toutes  les  diftblutions  &  digeftions  qu'on 
en  fait ,  un  peu  de  terre  fort  fine  que  je  regarde  comme  la  bafe  ou  le  pre- 
mier principe  du  fer,  &  qu'il  donne  enfuite  a  chaque  cryftallifation  un 
peu  d'eau-niere  :  je  I'ai  meme  convertijtout  entief  &  afkz  promptemenc 
en  cette  liqueur,  comme  on  le  verra  par  la  fuite.  Je  vais  rapporter   les 
ditfetens  proccdcs  par  lefquels  j'ai  conveiti  le  vitriol  en  eaux-meres ,  ou  en 
liqueurs  gralles  &  ftyptiques. 

I.  J'avois  fait  duloudre  ,  filtrer  &  cryftallifer  environ  deux  livres  de 
vitriol  verd;  je  fis  une  feconde  dilfolution  de  ces  cryftaux  dans  fuffifante 
quantlte  d'eau,  &  je  lailfai  le  tout  en  digeftion  dans  un  vailfeau  de  verre 
,ouvetc  par  le  hauc,  &  dans  un  lieu  moderemenc  chaud  pcur  quelqu'auuc 

G  I'ij 


ijfj  COLLECTION 

-„. ::=:  experience  que  je  precendois  faire  fur  cette  diffolution.   Au  bout  Ae  quel- 

AcAD.  RoYALE  ques  mois  je  m'apper^us  que  la  Hqueur  avoir  pris  une  couleur  rouc^eatre 

DES  Sciences     plus  foncee,  &  un  gout  bic-n   plus  llypcique  &c  moins  acide  que  n'avoit  la. 

DE  1  ARis.       diirohitioii  ds  vitriol  recente  ,   Sc  quil  s'ecoit  precipice  au  bas  de  la  liqueur 

^nmi.  171  j.     m^ie  afTcz  grande  quantite  de  terre  jaunacre.   Ayant  iailTe  ce  vailTeau  dans 

le  meme  endroit  pendant   pr?fe  de  deux  ans ,   je  trouvai  au  bout   de  ce 

terns  que  route  I'humidite  s'ecoit  evaporee,  &  que  le  vitriol  s'ecoit  deffe- 

che  en  un  pain  de  fort  beaux  cryftaux  verds ,  pofes  fur  un  limon  fort  fin  ^ 

c'ecoit    une  efpece  d'argile   de  coiil>  ur  cendree  qui   occupoic  le  fond  du 

vailfeau  en  alfcz  gran.le  quancite.    U  paroilFoit  encre  les  cryftnux  des  efflo- 

refcences  en  maniere  de  petisi-hampignons  jaunatres,  d'une  fubftance  graflTe 

ou  bntyreufe,   mol'e  fous  les  doigts ,  &  s'y  fondanr  en  quelque  maniere, 

qui  expofee  a  riiumidite  de  I'air  pendant  quelques  jours,  s'y  rcfolvoit  en 

une   hqueur  rouge   brune ,    ondueufe   Sc  d'un   gout    extraordinairemenc 

ftyptique  &  fans  acidite. 

Voici  mon  fecond  procede;  je  prIs  du  vitriol  verd  que  je  fis  diffoudre 
dans  I'eau  commune,  puis  filcrer  &  cryftallifer ;  j'expofai  enfuite  ces  cryf- 
taux au  foleil  pendant  letc  011  ils  fe  calcinerent  d'eux  mcmes  a  la  chaleur 
du  foleil  ,  &  fe  reduifirent  en  une  poudre  blanche  aulli  fine  que  de  la  fa- 
rine  Lorfque  ce  vicriol  me  parut  bien  calcine,  je  verfai  deflUs  fuflfifante 
quancite  d'eau  t'e  phiie  pour  le  dilfoudre;  je  laiiTai  pendant  quelques 
jours  digerer  au  foleil  cette  di(Tolution  ,  puis  je  la  filtrai  &  il  refta  fur  le 
filtre  beaucoup  de  cerre  jaune  comme  de  I'ocre.  Je  fis  enfuite  evaporer 
I'humidite  au  foleil 5  une  parcie  du  fe!  fe  ctyftallifa,  &  une  partie  fe  defle- 
cha  en  malfefaline,  a  la  referve  d'un  peu  de  liqueur  rougeatre  &  gralfe  au 
toucher  :  je  feparai  cette  liqueur  rouge  brune,  &  je  laillai  de  nouveau  cal- 
ciner  ce  fel  au  foleil ;  je  recommengai  a  dilToudrc  cette  chaux  par  I'eau  de 
pluic ,  je  la  lailfai  en  digeftion  au  foleil,  puis  je  la  filtrai  &  evaporai  ,  fepa- 
rant  roujours  la  liqueur  gralTe  ,  ce  que  je  reit6rerai  de  la  forte  pendant  en- 
viron trois  ans.  A  chaque  fois  il  me  reftoit  un  peu  de  terre  fur  le  filcre  , 
&  de  cette  eau-mere  ou  liqueur  ft:yptique  a  la  fin  de  la  cryftallilarion  ,  en 
bien  plus  grande  quantite  que  lorfqu'on  fait  ces  diffblutions  &  purifications 
du  vitriol  fans  le  iailfer  calciner  au  foleil.  En  fin  une  grande  partie  du  vitriol 
fe  reduifit  en  cette  terre  jaunatre  &  en  cette  liqueur  huileufe  &  ftyptique. 
Troifieme  procede.  Je  diftillai  le  vitriol  verd  ,  calcine  jufqu'a  la  cou- 
leur jaune,  dans  une  cornue  fclee  ou  percee  de  quelques  petics  trous,. 
pour  avoir  I'efpric  volatil  fulfureux  acide  du  vicriol,  fuivanc  le  procede 
de  M.  Sthal.  Dans  cecte  operation  auffiiot  que  la  diflillacion  commence  on 
fent  une  odeurde  foufre  rres  forte  ,  qui  s'exhale  des  vailTeaux.  Il  fort  des 
vapeurs  fubciles  de  la  cornue  qu'on  a  foin  de  recevoir  dans  un  recipient 
dont  le  tiers  doit  ctre  rempli  d'eau.  L'operacion  ecant  finie  on  fepare  le 
recipient  de  la  cornue  ,  &  I'odeur  acide  &  fubcile  qui  exhale  de  ces  vaif- 
feaux  en  les  deluctanc ,  eft  aufli  penetrance  ,  &  roure  femblable  a  ceile  du 
foufre  bridanr ,  de  forte  qu'on  diroic  a  I'odeur  qu'il  fcroit  plein  de  foufre 
enHamme.  L'eau  concenue  dans  le  recipienr,  outre  I'odeur  fulfureufe  ,  a 
une  faveur  acide  route  femblable  a  I'efprir  de  foufre  :  ce  qui  refte  dans  la 
cornue  ftft  un  colcotar  bejucoup  plus  rartfi?  que  le  colcotar  ordinaire,  & 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  ij7 

d'un  rouge  plus  vif.  Avant  laifTe  ce  colcotar  dans  des  territves  expofces  a  ■  '    ■■ 

I'air,  je   m'apper^us  au  bout  de  quelque-rems  qu'il  s'hutnedloit  ,  &:  fe  re-  Acad.Royale 
duifoit  en  boulie  :  j'en  fis  une  Icflive  &  j'eii  feparai  par  la  filtration  une    I'f.s   SciEscis 
liqueur  rou^^e  ,  claire,  dune   faveur  fort  ftyptique  ,  Ik   acide.    Ayant  fait       ȣ  1  aris. 
evaporer   cette  liqueur  jufqu'a  peliicule,  je  la  lailTai   cryftallifcr  ,  j'en  re-    ■^'^'^^   >7iJ' 
tirai   de  beaux  cryftaux   verds  ,  Cic  il  me  refta   dans  la  cryftallifation  une 
grande  quantite  d'eau-mere  ou  de  liqueur  grade  &  ftyptique. 

Cette  liqueur  ou  eirence  ftyptique  de  vitriol  ell  de  couleur  rouge  bruii;  , 
fort  pefante  ,  douce  ou  huileufe  au  toucher  ,  d'une  faveur  extraordinaire- 
ment  albingcnte,  fans  aciditc  ni  acnmonie  ,  pourvu  que  par  les  cryftal- 
lifations  reiterees  on  I'ait  fcparce  fort  exademeiu  du  fcl  de  vitriol  qu'elie 
pouvoit  contenir. 

Elle  fe  delTcche  ou  par  I'ardeur  du  foleil  pendant  I'ete,  ou  au  feu  en 
une  malTe  jaune  faline  qui  fe  refout  tres-promptement  a  I'humidite  en 
une  efpece  de  beurre  ,  &:  enfuite  en  une  liqueur  rouge  :  elle  a  ncanmoins 
quelque  peine  d'abord  a  fe  didoudre  dans  I'eau  ,  a  caufe  de  fon  oncfluofite. 

Si  on  ne  (cpare  pas  foigneufement  par  la  cryftallifation  la  partie  du  vi- 
triol qui  fe  cryltallille  d'avec  cette  liqueur  qui  ne  fe  cryftallife  point, 
ons'appercoit  en  la  gardint  quelque  terns  ,  qu'elie  travaille  fur  elle-mtme 
&  qu^elle  fermente  fans  celle  ,  quoique  foiblement  j  cela  fe  reconnoit 
aux  bu'.les  d'air  qui  s'elevent  de  terns  en  terns  .i  la  furface  de  la  liqueur  , 
ce  qui  n'arrive  point  lorfqu'elle  eft  parfaitement  depouillce  de  la  partie 
du.vitriol  qui  fe  cryftallife. 

Cette  liqueur  fermente  tres  -  confiderablement  avec  I'efprit  de  nitrei 
elle  s'echautFc  feulement  avec  I'efprit  de  vitriol  ,  fans  tffervefcence  fenfi- 
ble.  Quand  on  la  mele  avec  I'huile  de  tartre  ,  il  fe  fait  en  premier  lieu 
Mncoagulum  qui  fe  dilTout  enfuite  en  faifant  un  efFervefv.ence  alfez  vive 
&  lorfque  cette  efteivefence  eft  finie,  il  refte  un  leger  coagulum  muci- 
lagineux. 

J'ai  dit  que  cette  eftence  ftyptique  du  vitriol  fe  deflechoit  par  une 
forte  chaleur  en  une  mrtlfe  jaune  ,  faline  5  cette  matiere  fe  rcduit  en  col- 
cotar d'une  tres-bel'e  couleur  rouge  en  la  caicinant  au  feu,  &  cette  malFe 
rouge  fe  refout  trcs-promptement  en  liqueur  etant  expofee  a  I'air. 

La  liqueur  grafPe  qu'on  retire  du  vitriol  par  ces  trois  procedes ,  &  dans 
laqueile  on  peut  convertir  tout  le  vitriol,  eft  une  fubftance  faline  ,  fid- 
fureufe ,  compofee  en  partie  d'un  fel  acide,  en  paitied'un  fel  alkali  & 
de   la  fubftance  bitumineufe  du  fer  unie  a  ces  deux  feis. 


iques   qi 

tituent  le  vitriol ,  font  fort  grollieres.  Cette  groftierete,  &  peut-ttrc  me- 
me  la  figure  des  (els  vitrioliques  ,  les  emptchenr  de  s'engager  bien  avanc 
dans  les  pores  du  fer;  ils  ne  s'y  attachent  done  que  tres  fuperticieile- 
ment ,  enforce  qu'lls  s'en  fcparenr  avec  facilitc ,  comme  on  pturenjuger 
par  la  faveur  aciJe  du  vitriol.  On  s'en  app.  r(;oic  encore  loil'qu'en  f.ii- 
Canc  dilloudi'c  uns  petite  portion  de  vitriol  dans  une   granJe  (juantitc 


i3S  COLLECTION 

^^=  d'eaii  ,  on  voit  tomber  nu  fond  de  I'eau  le  fer  en    poudre  fubtile  comme 

AcAD.RoYALE  unc  roiulle,  &  depouillc  des  fels  auxquels  il  etoic  uni  ;   ou  lorfqu'ayant 

DEs  Sciences     dilFous  le  vitriol   dans  une  mediocre  quantite  d'cau ,  on  le  met  en  digef- 

DE  Paris.        jIq^  a  line  douce  chaleurj  car  pour  lors  une  partie  des  acides  abandonne 

Annii   1 7 1  - .    'ss  molecules  ferrugineufes  qu'on  voit  fe  precipiter  au  fond  en  poudre  jaune. 

J'attribue  tons  les  cliangemens  qu'cprouve  le  vitriol  &  fes  principes  dans 

ees  trois  procedes  ,  aux  parties  du  feu  qui  penetrent  ce  fel  dans  les  digef- 

tions ,  dans  les  calcinations  &  les  diftillacions.  On  n'en  poiirra  difconvenir 

ll  I'on  confidere  que  lorfqu'oji  expofe  dii    vitriol  en  cryll.iux  au  foleil  , 

il  fe  reduit  en  poudre  blanche  ,  non-feulenient  par  la  dillipation  des  parties 

d'eau   qui  tenoient  les  parties  falines  liees  I'une  a  I'autre  dans  un  certain 

ordre  ,  mais  encore  parce  qu'a  la  place  des  patties  d'eau  il  s'y  introduic 

des  patties  de  feu.  La  preuve  en  eft  prife  de  la  volatilite  de  cette  poudte 

qui   pour  pen  qu'on  la  remue  etjnt  nouvellement  calcinee  ,  repand    une 

odeur  de  vitriol  dans   le  lieu  oil  on  I'agite  :  une  autre  preuve  encore  plus 

convain  ante  ,  c'eft  que  fi  on  jette  dans  I'eau  froide  ce  vitriol  nouvellemenc 

calcine  a  la  chaleur  du  foleil,  il  echauffe  I'eau  tres- confiderablement ,  ce 

qui  ne  peut  provenir  que  des  parties  de  feu  reftees  dans  cette  poudte  ,  puif- 

que  le  vitriol  (1  fubtilement  pulverile   qu'il  puifle  etre   jette  dans   I'eau, 

en  augmente  la  froideur  bien  loin  de  I'echaufFer. 

On  ne  peut  point  douter  non  plus  que  dans  la  cryftallifation  du  vitriol 
par  la  cornue  percee  de  quelques  trous  ou  de  quelques  fentes  ,  les  parties 
de  feu  ne  s'y  infmuent ,  &  que  ce  ne  foit  i  elles  qu'on  doive  rappcyter 
cette  fubtilite  &  cette  volatilite  des  particules  acides  du  vitriol  qui  egale 
celle  de  ce  meme  acide  dans  le  foufre  mineral  lorfqu'on  le  brule  ;  avec  cette 
difference  que  fa  rarefaction  eft  lumineufe  dans  le  foufre  ,  &  qu'elle  ne 
I'ert  pas  dans  la  diftillation  de  I'efprit  volatil  acide  du  vitriol. 

Cette  liqueur  melee  avec  I'efprit  de  nitre  fait  une  effervefcence  tres- 
vive  avec  ebullition ,  petillement  &  chaleur  ,  de  la  mcme  maniere  que 
font  les  fels  alkalis,  d'oii  Ton  peut  condure  qu'elle  eft  alkaline  en  panic  : 
elle  fermente  audi  avec  les  alkalis,  ce  qui  eft  une  marque  qu'elle  contient 
aulli  des  particules  acides.  On  ne  doit  point  ctre  furpris  d'ailleurs  de  voir 
dans  une  mcme  liqueur  des  acides  &  des  alkalis  confondus  ,  &  neanmoins 
tranquiUes  ,  puifque  dans  routes  les  analyfes  des  plantes  &  des  animaux  , 
nous  trouvons  des  liqueurs  qui  donnent  tout  alafois  des  marques  d'acide 
&  d'alkali ,  &  qui  contiennent  reellement  I'un  &  I'autre  enfemble  ,  fans 
qu'ils  agilFen:  I'un  fur  I'autre,  fur-tout  lorfqu'ils  font  meles  avec  des  par- 
ties huilcufes  ou  bitumineufes.  A  I'egard  du  foufre  du  fer  ,  il  eft  exalte  ici 
autant  qu'il  eft  pollible  ,  fans  etre  neanmoins  tout-a-fait  depouillc  de  fa 
terre  metallique  ,  ni  denue  par  confcquent  des  vertus  qu'on  attribue  ordi- 
nairement  au  fer.  Enfin  cette  liqueur  ne  dificre  point  elfentiellement  d'un 
grand  nombre  de  preparations  que  les  Chymiftes  ont  faites  du  vitriol,  du 
fer  ,  &  de  la  pierre  hematite  ,  &  qu'ils  ont  tant  vantces  fous  les  noms 
6.Q  joufns  fixts  &  ancdins  du  vitriol  on  di  mars  A'arcanes  &C  de  magijierei 
de  vitriol,  de  teinttires  8i  d'hniles  de  vitriol  dc  mars  ,  ou  de  pierre  hematite , 
lefquelles  n'ont  pour  bafe  que  le  fer  tres-fubtilife  &  tres-attenue.  [a) 

[a)  La  partie  de  ce  M^moirc  cjui  a  rapport  a  la  Mcdccine ,  fc  trouvcra  par  cxtrait  dans  la 
fuite  des  Mcmoirss  rclatifs  a  la  M^decine  ,  dans  cc  mcme  Volume. 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  239 


I 


Acad.  K.OVALE 

„  r   1  T  ■  1         TUI  UES  ScitNCES 

iiur  une  Jublimation  du  Mercure.  de  Paris. 

Par    M.    HoMBERG.  Annhi^i^. 

Jl  ARMi  les  matieies  minerales  le  mercure  eft  une  des  plus  volatiles , 
il  fe  lie  facilement  avec  routes  fortes  de  fcls  &:  fe  fublime  avec  eux. 
Tons  ces  fublimcs  paroilTenr  en  forme  feclie  quand  ils  font  liors  du  feu  , 
mais  t]uelques-uns  fe  riennenr  long-tems  fundus  dans  une  mediocre  clia- 
leur  ,  ce  qui  fait  qu'en  les  fublimant  on  a  de  la  peine  a  les  fcparer  entie- 
rement  de  leurs  tetes-mortes  ,  parce  que  la  voute  du  matras  lublimatoire 
n'crant  point  par-tout  alfez  froide  pour  que  ie  fublinic  s'y  puilfe  figer ,  il 
recoule  continucUement  dans  le  fond  du  vailfeau  qui  par  ii  fe  cade  aife- 
ment ,  &:  la  fublimation  ne  s'y  fait  qu'i  demi  dans  le  fommet  fculcmentda 
matras  j  ce  qui  demande  une  operation  fort  longue  ,  &  encore  faut-il  la 
rcicerer  dans  d'autres  vailfeaux  h  Ton  veut  fcparer  de  la  tcte-morte  tout 
ce  qu'elle  contient  de  fublime  corrofif.  Cet  inconvenient  ni'efl;  arrive 
depuis  peu  dans  un  melange  de  parties  egales  de  fublime  corrofif ,  &  de 
fel  decrepitc  que  j'ai  voulu  fublimer  plufieuts  fois  enfemble.  J'aicruy  re- 
medier  parfaitement  en  mettant  ce  melange  dans  une  cornue  pour  faire 
couler  le  fublime  dans  le  recipient  par  le  rrjoyen  de  !a  dillillaiion  ,  comme 
je  I'avois  vu  couler  le  long  des  parois  du  matras  fans  fe  figer  pendant  les 
fublimations  ;  mais  je  me  fuis  apper^u  que  la  plus  grande  parrie  du  fublime 
fortoit  en  vapeurs  par  les  jointures:  j'ai  done  cteint  le  few;  j'ai  perce  le 
ballon  d'un  petit  trou  pres  de  fon  fond  ,  &  je  I'ai  radapte  de  maniere  que 
le  petit  trou  fe  trouvoit  dans  fa  partie  fupcrieure.  J'ai  remis  le  feu  fous 
la  cornue  fans  latter  les  jointures,  &  ma  fubhmation  a  palFc  dans  le  bal- 
lon fans  qu'il  fe  foit  perdu  la  moindre  fumee  par  la  jomture  ni  par  le 
petit  trou.  Tout  le  fublime  s'ell  trouve  dans  le  fond  du  ballon  ^  en  partie 
congele  comme  du  beurre  d'antimoine  I'ec  ,  &  en  pattie  comme  de  la 
neige ;  6c  rien  ne  s'eft  fublime  au  hant  du  ballon. 

Ilya  beaucoup  d'apparence  que  dans  la  premiere  operation  le  fublime 
eft  forti  par  les  jointures,  plutot  que  d'entrer  dans  le  ballon ,  parce  que 
I'air  froid  dor.t  le  ballon  etoic  templi  fe  rarefiant  peu-a  peu  par  la  cha- 
leur  de  la  cornue  ,  en  eft  forti  par  fcs  jointures,  a  mefure  qu'il  s'eft 
ccliauftc  ,  &:  a  entraine  avec  lui  le  fublime  qui  etoit  encore  en  vaueur  : 
mais  ce  meme  ait  froid  contenu  dans  le  ballon  ayan:  trouve  une'  ilfue 
par  le  petit  trou  au  haut  du  ballon ,  il  en  eft  forti  feul ,  &  la  vapeur 
mercurielle  eft  entree  dans  le  ballon  fans  aucun  obftacle  ;  &  comme  elle 
y  a  trouve  un  lieu  alTez  froid  pour  fe  condenfer  promptement,  elle  ne 
s'cft  pas  clevee  jufqu'a  la  bauteur  du  trou  dont  j'avois  perce  le  ballon  , 
&:  par  confequenr  il  ne  s'y  eft  pas  fait  de  fublimation,  mais  elle  s'eft  dif- 
pofee  au  fond  du  ballon  en  forme  de  flocons  comme  de  la  neige ,  &  a 
i^empli  plus  de  la  moitic  du  ballon ,  enforte  qu'il  ne  s'eft  rien  perdu  par 
fes   ouvertures. 

La  laifon  pourquoi  dans  ces  operations  le  fublime  eft  plus  fufible,  & 


240 


COLLECTION 


^^^^^^^^^^^  fe  tient  plus  long-tems  en  liqueur  que  dans  les  fublimations  du  fublimd 

Acad.  RoYALE  corrofif  ordinaire  ,  &    du  mercure   doux  ,  eft  apparcmment  parce  que  le 

"ee  Pari"^      mercure  y  eft   plus  charge  de  fels   que   ne  font   ces  autres   fublimes:& 

A      '         '       comme  ce   furpius  de  (el  qui  s'eleve  dans  roperation  ne  trouve  pas  afTez 
Anna  171?.,  '         ,,  '.  a  utu'J         i  jl 

de  mercure   pour  s  y  joger  &  pour  en  cere  ablorbe  dans  la  grande  cha- 

leur ,  il  s'y  joint  un  efprit  acide  qui  i'entretient   liquide  tandis  qu'il  eft 

encore    chaud.  Get   efprit   acide  n'eft  pas  en  trop  grande  quantity  dans 

les  premieres  de  ces  operations,  ce  qui  fait  qu'il  fe  condenfe   aifcmenc 

avec  le  mercure    dans  un  lieu  froid  :  mais  en  reitcrant  fept    ou   huit  fois 

cette  mc-me  operation  fur  de  nouveau  fel  decrcpite  ,   comme  j'avois  fait 

ici  ,  il  s'en  fepate  a  la  fin  une  fi  grande  quantite  d'efprit  acide  ,  que   le 

mercure  n'eft    plus  capable  de  I'abforber  meme    dans  le  froid  ;  &  il  pa- 

roit  alors  en  huile  epailfe  ou  comme  du  beurre  d'antimoine  fondu.  Toute 

cette  operation  s'eft  achevee  en  deux  heures  de  terns  fur  fix  livres  de  fu- 

blime  j    au-lieu  que   par   la  maniere  ordinaire  ;e   n'avois    pas   acheve  la 

fubbmatioii  en  douze  heures  fur  trois  livres  de    fublime.  La  raifon  en  eft 

que  dans  cette  operation  le   fublime   a   pu  fortir  de  la  tcrnue  a  mefure 

qu'il  s'eft   eleve  en    vapeurs  \  au-lieu  que   dans  I'operation  ordinaire  ne 

trouvant  pas   de  lieu  alfez  froid    dans  le  vaifleau  fublimatoire  pour    fe 

figer  ,  il  retombe  dans  le  fond  du  vaifieau   a  mefure  qu'il  s'eleve,  &  y 

circule  pendant  long  tems. 


Sur  unc,  fcparation  dc  I' or  avcc  I' argent  par  la  fufion. 
Par    M.     H  o  M  B  E  R  g. 

J.  o  u  s  les  metaux  &  mcme  quelques  mineraux  ,  qiroiqu'ils  folent  fort  dif- 
ferents  entre  eux,  ne  lailfent  pas  de  fe  relTembler  quand  ils  font  mis  dans 
une  forte  fufion  ,  &  on  peuc  alors  facilement  les  meler  enfemble  ,  &  de 
deux  ou  trois  metaux  fimples  en  faire  un  compofe  dont  I'ufage  en  certaines 
rencontres  eft  plus  commode  &  plus  utile  que  celui  des  metaux  purs  & 
fans  melange.  On  pent,  par  exemple,  de  quelque  metal  pur  que  ce  foit ,  faire 
des  miroirs  ardents  qui  n'auront  pas  I'eclat ,  ni  ne  feront  a  beaucoup  pres 
li  bons  que  fi  Ton  en  mele  deux  ou  trois  enfemble  ;  parce  que  tout  metal 
pur  &  fimple  ne  confifte  qu'en  des  parries  homogenes,  qui  fe  lient  parfai- 
tement  enfemble,  &:  qui  compofent  un  corps  pliant  &  mou  ,  auquel  on 
ne  peut  donner  un  beau  poli  qui  eft  cependarit  une  des  principales  per- 
fections d'un  miroir.  Mais  dans  le  melange  de  deux  ou  trois  difFerens  m^- 
laux  ,  leurs  parties  de  ditfcrentes  figures  ne  pouvant  pas  fe  lier  parfaite- 
ment,  compofent  un  corps  a  la  vecue  fort  calfant  ,  mais  affez  dur  pour 
recevoir  ie  poli  qui  conv'ient  .a  un  rriroir.  L'or  &  I'argent  fins  ne  font  pas 
propres  pour  faire  des  ouvrages  qui  puilfent  rellfter  au  fervice  ,  parce  qu'ils 
ne  font  pas  alfrz  durs;  mais  etant  allies  enfemble  ou  avec  le  cuivre  ,  les 
ouvrages  qu'on  en  fait  rcfiftent  niieux  a  la  fatigue  de  I'ufage.  Le  cuivre 
put  n'eft  pas  fi  bon  en  ouvrage  ,  particulieremen:  d'horlogeiie  &  d'inftru- 

niens 


A  C  A  D  ife  M  I  Q  U  E.  i^, 

mens    dc  matlK-m.itiqiies,  que  le  laicon  qui  eft  un  melange  dccuivre  avec 
du  zinc.  II  eft  aifc  de  faire  ces  melanges  de  diftciens  mctaux;  mais  il  eft  Acad.Royale 
difticilc  de  les  fcparer  ,  fur-toiit  loiTque  dans  les  moindres  mctaux  on  veut     d..s  _-><  i.  ^cts 
cond-rver  1  un  8c  r?.utre  <ie  ccux    qui  s'etoienc  mclcs ;  j'c-n  ai  trouve  le       de  Paris. 
moyin  depuis  peu  ,  &c  je  fuis  en  ecac  de  ftparer  Tor  &:  I'argenc  des  inoin-    j4nnei    i-ij. 
dres  meciux,  en  confervaiu  le  moindre  niccal ,  mais  j'en  lefecve  le  pre- 
cede pour  un  autre  Mcmoire ;  il  ne  s'agit  dans  celui-ci  que  d'un  moyen 
nouveau  de  fcparer  I'or   de  I'argenc ,   plus  fimple  &  moms  coilteux  que 
ropcration  du  depart  :  voici  comment  j'en  ai  fait  la  dccouverte. 

J'avois  fondu  parties  cgales  dor  &  d'argent  enfemble  ,  j'avois  mis  ce 
melange  en  grenailles  tres-hnes  dont  je  m'etois  fervi  en  plulieurs  opera- 
tions. Et  voulant  enlin  remettre  ces  grenailles  en  une  malTe  ,  je  les  mis 
xlans  un  creufec  au  fond  duquel  il  y  avoit  du  falpctre  crud  &  du  fel  decrc- 
pitc  ,  a  peu  pres  parties  cgales  j  j'ai  place  le  creufec  au  fourneau  de  fiifson 
dans  un  feu  mediocre,  que  je  croyois  pourtanc  adez  fort  pour  tondre  ce 
qui  ecoit  dans  le  creufec  :  apres  environ  un  quart  d'heure  de  feu,  j  ai  re- 
tire mon  creufet  &  je  I'ai  laillc  refroidir  ;  puis  je  i'ai  cafle  &  j'ai  trouve 
men  or  au  fond  du  creufet  en  un  culot,  &  I'argent  en  dcuxmorceaux  & 
en  quelques  grenailles  audelfus  de  i'or  ,  &  enveloppe  dans  les  fels  qui 
n'avoienc  pas  ete  tout-a-fait  fondus.  J'ai  touche  i'un  &:  I'autre  metal  fuc 
la  pierrej  I'argent  ecoit  trcs-pur  &  fans  or  j  mais  I'or  n'ecoit  que  de  io 
karats  \  de  forte  que  Tor  avoit  reienu  un  (ixieme  de  I'argent  ,  mais  I'ar- 
gent avoit  rendu  tout  I'or  avec  lequcl  il  croic  mele.  J'ai  reitere  cette 
operation  plufieurs  fois  avec  diffcrentes  combinaifons  d'or  &  d'argent  j 
je  n'ai  reulfi  que  deux  fois,  oil  I'or  s'eft  trouve  plus  pur  que  I'argenc  ;  rou- 
tes les  auttes  fois  I'argenc  s'eft  trouve  pur,  &c  I'or  avoit  entrainc  un  peu 
d'argcnr. 

J'ai  obferve  dans  cette  operation  ;  1°.  qu'il  faut  que  dans  le  melange  il  y 
ait  a  peu-pres  autant  d'or  que  d'argent,  pour  bien  reuffir  ;  i".  qu'il  ne 
faut  pas  donner  trop  de  feu,  parce  que  tout  fe  meleroit  enfemble;  j". 
que  les  fels  lorfqu'ils  ne  font  pas  encore  dans  une  parfaite  fuhon  ,  foutien- 
nent  le  metal  qui  commence  a  fe  fondre  ,  &  lui  fervent  d'une  efpece  de 
ctible  qui  lailTe  pallet  la  partie  la  plus  pefante  &  la  plus  fondue  de  ce 
melange  ,  qui  eft  I'or  ,  &C  retient  I'argent  qui  eft  plus  leger  &  moins  fondu  ■ 
dans  ce  cas.  Si  dans  ce  moment  on  retire  le  creufet  du  feu  ,  I'argent  fe 
durcit  ou  fe  congele  promptement ,  parce  qu'il  eft  devenu  fin  par  la  fc- 
paration  de  I'or,  Si  qu'il  ne  fauroit  etre  mis  en  fufion  que  par  un  tres- 
grand  feu  ;  &  les  fels  qui  foutiennent  I'argent ,  ne  pouvant  pas  achever 
de  fe  fondre ,  empechent  I'argent  de  couler  au  fond  du  creufet  ,  &  de  fc 
meler  de  nouveau  avec  I'or. 

On  pourra  s'etonner  iti  pourquoi  I'argent  ne  paffe  pas  avec  I'or  au 
travers  des  fels,  tons  deux  ctant  egalemenc  fondus;  car  I'or  ne  pouvoic 
fe  debarraffer  de  I'argent  avec  lequel  il  etoit  intimement  mele  par  plu- 
fieurs fufions  precedentes,  a  moins  que  I'argent  ne  fijt  en  fufion  aulll-bien 
que  I'or  :  mais  li  on  examine  la  nature  du  fcl  marin  qui  foutenoit  le  me- 
lange des  deux  metaux  ,  on  verra  qu'il  eft  le  dilFolvant  de  I'or  ,  c'eft-a-dire 
line  matiere  qui  non-feulemenc  dilTout  I'or  maflif  en  une  liqueur  aqueu- 
Tome  III ,  l^artii  Franqo'ifi.  H  i 


141  COLLECTION 

■  I      ■"—  fe  ,  mais  qui  acheve  aufli  de  le  fondre ,  quand  elle  le  peut  atteindre  ,  S. 

A  A     R.     'A       line  chaleuc  d'ailleurs  incapable  de  fondre  lot  ,&  qui  au  contraire  congeie 

n*^-:  Science"  ^  ^^'"^'t  i'argent  par-tout  ou  elle  le  peut  atteindre  ;  ce  qui  fe  voir  dans 

UE  Paris.       la  precipitation  promte  de  !  vgent  dilfous  par  I'eau  forte  lorfqu'on  y  mele 

^      ,  da  fel  commun,  comme  .-.iiii  dans  I'eft'ec  que  ce  meme  fel  ptoduit  fur  de 

nnte  17 1 5.     j'jjfgg^j.  jQ^ji-  ^^1,';.  .\  ^^  fcadrc  dans  le  feu  ,  &  dout  il  retarde  la  fufion  & 

la  rend  tr^s-difiiciie. 

Il  arrive  done  dans  notre  operation  que  les  vapeurs  du  fel  commun 
qui  eft  au  fond  du  creufct  ,  penetrant  le  melange  a  demi-fondu  d'or  & 
d'arjent,  y  proLluifcnt  Iiurs  effets  ordinaires ,  c'eft-a  dire  qu'elles  facili- 
tent  la  fufion  de  lor,  lequel  coule  au  fond  du  creufet ,  &  qu'en  meme 
terns  elles  relFerrent  &  durciirent  I'argent,  &  en  empechent  la  partaite  fu- 
fion ,  jufqu'a  ce  que  le  feu  angmentant  a  un  certain  degre  futmonte  Tac- 
tion du  fel  marin  ,  &c  fondant  tout  ce  qui  eft  dans  le  creufet,  ne  fafle 
qu'une  feule  maire  d^s  d  ux  metaux;  c'eft  dans  cet  intervalle  de  temps  oit 
J'adlion  desfels  eft  plus  forte  que  celle  du  feu,  qu'il  faut  retirer  le  creufet  , 
&  toute  la  reulfite  du  precede  depend  de  I'atcention.a  faifir  ce  moment  8c 
a  en  profiter ,  ce  qui  n'eft  pas  fort  difficile. 


Obfcrvat'ion  fur  des  matierts  qui  pcnetrent  S'  qui  traverfcnt  les- 
mitaux  fans  hs  fondre. 

Par     M.     H  O  M  B  £  R  G. 

v^uoiQUE  la  fubftance  des  metaux  foit  plus  compade  &c  plus  ferree 
qu'aucune  autre  que  nous  connoiflions,  &  quelle  foit  fi  bien  liee  quand 
elle  eft  pure  &  fans  melange  de  matieres  etrangeres,  qu'elle  fupporte  mieux 
que  toute  autre  les  efforts  les  plus  violents  ,  il  fe  trouve  cependant  des 
matieres  qui  les  travetfent  aufli  facilenisnt  que  fi  leur  nfTuetoit  tres-lache 
&  de  nulle  refiftance.  Il  y  a  de  ces  matieres  qui  traverfent  les  metaux 
fans  qu'il  paroiffe  d'ouvertures  fenfibles  pour  leur  donner  patTage,  &  fans 
laifler  aucune  trace  ou  marque  apres  y  avoir  pafle  j  telle  eft  par  exemple, 
2a  matiere  magnetique  qui ,  autant  que  nous  en  pouvons  juger ,  pafie 
librement  au  travers  de  tous  les  corps  qu'elle  rencontre  en  fon  chemin  , 
pour  atteindre  le  fer  ou  I'acier  qui  fe  trouvent  dans  la  fphere  de  fon  afti- 
vit^. 

La  vapeur  de  I'encre  de  fympathie  paroit  traverfer  aufli  a  une  certaine 
diftance ,  quelque  corps  que  ce  foit ,  &  meme  dss  plaques  de  mcta!  qui 
couvrent  I'ecriture  invifible  qui  lui  convient,  pour  la  rendre  vifible  ,  &c 
pour  la  teindre  en  lettres  noires. 

L'exhalaifon  fulfureufe  d'une  pierre  de  Boulogne  nouvellemenr  calcinee 
tr.iverfe  tout  ce  qui  eft  dans  fon  voifinage  j  &  elle  teint  fuperficiellement 
I'argent  en  couleur  d'or  ,  &  le  laiton  en  couleur  d'argent ,  quoiqu'ils  foienc 
exacftement  renfermes  dans  des  boites  de  fer,  ou  de  quelqu'amre  metal. 
Je  mis  un  jour  une  pierre  de  Boulogne  nouvellement  calcinee  dans  un 


A  C  A  Djfe  M  I  Q'U  E.  145 

tirolr  ou  il  y  avoir  une  niontre  a  boite  d'argent;  an  bout  de  lurit  ou  dh  - 

jours,  je  trouvai  la  bo'ite  de  ini  montre  dorce,  &:  routes  les  roues  en  do-  A-c^D-Rov^ie 
dins  argentces;  ni.iis  quinze  jours   apr^s  la  bolte  d'argcnt  ctoit  dc venae     des  Sciences 
tout  a  f.iic  noire  aiilli-bicn  que  les  roues  de  la  montre  ,  lefqiielles  etoient      be  Paris. 
fi  corrodees,  qa'on  n'a  jamais  pu  les  nettover  ,  ni  Ics  fairs  refervir.  j_„j>  1^, , 

Il  y  a  dautres  matieres  qui  le  rone  ellcs-memej  un  padage  force  au 
travers  d'un  morceau  de  m^tal  ,  qiianJ  elles  le  peuvent  attemdre  d'une 
certaine  fji;on  ;  comnie  ,  par  exemple  ,  un  morceau  de  foufre  commun 
mis  fur  une  plaque  de  tet  fort  rouge  ,  y  fait  an  trou  ,  &c  parte  au  travers; 
un  morceau  de  fublime  corrofif  mis  lur  une  d'argcnt  rougie  au  feu,  y  fait 
un  trou  avec  bruit  Si  palfe  au  travers ;  &  fi  la  plaque  etoit  trop  cpailTe 
pour  la  pouvoir  percer  tout-a-faic  ,  il  la  creufe  jufqu'a  deux  ou  trois  li- 
gnes  de  profondeur ,  en  repoulfant  les  parties  dcplacecs  de  I'argent  au 
bord  de  la  cavitc  qu'il  y  a  creufee. 

Enlin  il  y  a  d'autres  matieres  qui  traverfent  la  fubftance  des  metaux  plus 
fenfiblemenr  que  celles  de  la  premiere  efpece  que  nous  vennns  de  rap- 
porter  ,  &  moins  violemment  que  celles  de  la  derniere  ,  c'eft-d-dire  des 
matieres  que  Ton  voir  palfer  tres-claitement  au  travers  des  pores  de  me- 
tal ,  fans  en  deranger  les  parties,  &  qui  ne  font  point  de  trou  pour  y  paf- 
fer.  Nous  examinerons  avec  un  peu  d'attention  quelquesunes  de  cette  der- 
niere efpece,  comme  moins  connues  que  les  prcccdentes,  ne  fachant  per- 
fonne  qui  les  ait  obfervces  avant  moi. 

Le  premier  exemple  fera  un  fel  fondu,  qui  palTe  au  travers  des  poret 
du  fer  ,  comme  I'eau  palFe  au  travers  du  papier  gris. 

J'ai  cru  autrefois ,  fur  le  teraoignage  de  quelques  auteurs,  que  le  borat 
eroi:  une  compofition  artihcielle,  ce  qui  m'a  fait  faire  plnfieurs  tentati- 
ves  pour  decouvrir  le  fecret  de  cette  compofition  ;  decouvcrte  vraimsnc 
impolfible  ,  puifque  le  borax  eft  un  fel  foflile  naturel  ,  comme  eft  le 
vitriol  ou  I'alun;  mais  qiioique  mon  ttavail  n'ait  pu  rtiullir  felon  mon  in- 
tention, il  a  ete  cependant  Toccifion  de  quelques  decouvertes  qui  m'ont 
paru  neuves,   parmi   lefquelles  fe  trouv^  le  fel  dont  il  s'agic,  &  qui  eft 

iieut-ette  le  plus  penstrant  ,    Si  en  meme  terns  le  moins  corrofif  de  tous 
es  fels  lixiviels  que  nous  connoilTons  :  voici   comment    je   I'ai  fair. 

Prenez  une  livre  environ  de  chaux  vive  ,  verfez  dellus  deux  pintes  de 
vinaigre  ,  lailTez-les  cnfemble  en  une  douce  digeftion  ,  pendant  dtux  fois 
vingt  quatre  heures  ,  en  les  remuant  de  terns  en  terns;  lailTez  raffeoir, 
&  verfcz-en  la  liqueur  claire  par  inclination  ;  puis  prenez  foufre  commun, 
une  partie  ,  falpctre  rafine  deux  parties  ,  &  fel  decrcpite  trois  parties  ;  pilcz 
le  tout,  iSc  apres  les  avoir  meles  exaiitement ,  vous  mettrez  au  feu  un  creu- 
fet  qui  puille  contenir  route  la  matiere  ;  le  creufet  etant  rouge  ,  vous  la 
mettrez  dedans  cuilleree  a  cuilleree  ,  jufqu'j  ce  quele  tout  y  foit  entre-,  la 
matiete  s'enRammera  foiblenient  Sc  fans  deton.uion  ;  elle  fe  gonfle  quand 
oUe  commence  a  fe  fondre,  rdors  il  la  faut  remuer  avec  une  verge  de  fer, 
&  continuer  le  feu  jufqu'a  ce  que  le  tout  foit  fondu  comme  de  I'eau  j  ce 
qui  arrive  bientot  aprcs  que  la  flamme  du  foufre  a  fini  :  vous  verferez  pour 
Iocs  votre  matiere  fondue  dans  un  ballin  de  cuivce ,  ou  elle  fe  durcit  fur 

Hi  ij 


144 


COLLECTION 


-  le  champ ;  verfez  enfuite  fix  parties  de  votre  premier  vinaigre  prepare . 


Acad  Royaie  ^""^  ""*   P^"^"®  '^^  ""^  matiere  ,  chauffez-les  un  peu  pour  la  fondre  plus 

DES  Sciences    Facilemenc  ;  etanc  fondue,  filtrez  ,  &  evaporez ,  puisliiirez  rfitroidir,  & 

DE  Paris.       verlez  encore  autant  de  ce  vinaigre  dellus,  &  evaporez  julqua  peliicule  : 

Jnnie    lyij      niettrz  cetce  liqueur  a  la  cave,  il  fe  formera  des  cryftaux ,  lefquels  etant 

foodus  a  grand  feu  dans  un  creufec  de  fer  ,  palfent  en  ucs-peu  de  terns 

au  travers  de  ce  fer  fans  le  trouer  ,'comme  le  plomb  palTe  au  travers  d'une 

coupelle  ,  mais  lis  ne  penetreront  pas    fi  vice  un  creufet  de  terre  dans  le 

grand  feu,  que  Ic  falpetre  ordinaire. 

Les  matieres  qui  entrent  dans  cetre  compofuion  ,  font  la  chaux  vive , 
le  vinaigre  diftiUe  ,  le  falpetre  ,  le  fel  marin  ,  Sc  le  foufre  commun  , 
lefqueiles  confi-lerees  feparement,  ne  fauroient  faire  un  eftet  approchant, 
fi  ce  n'eft  le  foufre  commun  ,  qui  penetre  a  la  verite  le  fer  prompte- 
ment ,  m.iis  en  le  fondant  Sc  en  le  detruifant  ,  comme  nous  I'avons 
remarque  ci-dedus  :  au  lieu  que  notre  compofition  ne  le  met  pas  en 
fufion  ,  ni  ne  le  detruit ;  car  le  fer  ,  apred  en  avoir  etc  penetre,  refte 
aulli  malleable  qu'il  etoit  auparavant  ,  &c  il  paroit  convert  de  moins 
de  mache-fer  ,  que   fi  on  I'avoit  rougi  au  feu  fans  cette  matiere, 

Il  y  a  route  apparence  que  I'adlon  violente  du  foufre  commun  fur 
le  fer  ne  provient  que  de  ce  que  tout  I'acide  du  foufre  y  eft  joint  a 
route  fa  partie  liuileufe  ;  car  I'acide  ayant  ete  fepare  du  compofe  du 
foufre  commun,  fa  parrie  huileufe  feule  n'eft  plus  inflammable,^  ni  le 
dilTolvant  d'auain  metal  ,  comme  je  I'ai  montre  dans  un  Memoire 
imprime  en  1705  ,  Sc  I'.icide  du  foufre  feul  &  fepare  de  fon  liu.le,  ne 
fait  pis  plus  d'eff;t  fut  le  fer  que  I'efprit  de  vitriol  ou  I'efprit  d'alun  , 
c'eft-a-dire,  le  dillout  lentem.nt  &  foiblement  •,  mais  tant  qu'ils  fonr 
joints  enfemble  ,  ils  compofent  cette  matiere  intlammable  ,  qui  penetre 
aifement  la  fubftance  du  fer  ,  le  diftbut  &  le  detruit  dans  le  feu  ,  eit 
produifant  dans  toute  la  maife  du  fer  quelle  p;iit  atteindre  ,  a-peu-pres 
le  meme  efFet  que  la  flamme  de  la  forge  produit  fur  fa  fuperficie  feu- 
lement ;  favoir  quelle  le  brule  en  mache-fer  ,  audi  voyons-noiis  que  le 
fer  calcine  par  le  foufre   commun,  eft  ttes  femblable  au  mache-fer. 

Mais  comme  prefque  toute  la  matiere  gralTe  &  inflammable  du  foufre 
a  ete  cvaporee  dans  I'operation  qui  a  ptoduit  notre  fel  ou  nos  cryftaux, 
il  n'y  en  refte  qu'une  tres-petite  partie,  dont  I'adivite  a  ete  affoiblie 
confiderabloment  ;  Sc  I'acide  du  foufre,  qui  fans  cette  grailfe  eft  uu' 
foible  dilTolvant  du  fer  ,  ayant  ete  diffipe  en  p.utie  dans  le  feu,  Sc  en 
partie  abforbe  par  les  parties  alkalines  du  falpetre,  du  fel  commun  Sc 
de  la  chaux,  n'Al  plus  capable  de  la  corroder  ou  de  la  diffoudre;  au 
contraire  ,  la  jondion  de  ces  matieres  alkalines,  avec  le  refte  du  foufre 
commun,  a  proJuit  le  compofe  de  nos  cryftaux  ,  qui  penetre  a  la  verite 
aifement  le  fer  ,  mais  ce  n'eft  qu'en  palfant  au  travers  de  fes  pores  , 
fans  les  deranger  ou  en  dctruire  la  fubftance  ;  Sc  comme  les  parties  da- 
for  ,  dans  le  grand  feu  ,  fe  dilatenc  &  s'ecartent  les  unes  des  autres  , 
elles  prctent  un  paflage  fort  libre  a  notre  compofition  dans  le  grand- 
feu  ,  mais  les  parties  du  fer    fe   rejoignanc  etroitement ,  Sc  fe  rappro- 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  i^j 

chant  lorfque  le  fer  fe  refroidit ,  elles  preflTent  &  expriment  cette  ma-  ,.,  ,_, 

tiere  ,  Sc   la  chalTent  (iir   la   furface  du  fer  ,  fans   en    garder   dans    (on  T  "iT  ' 

interieur,  ce  qui  fait  que  le  fer   eft  audi  malleable   en  fortant  du    fcu    des  bciEMCEs^ 

aprts   cette    penetration  ,   qu'il  I'etoit    auparavant ,  Si   meme  il  ne   pent       de  Paris. 

pas  (itoc  par  la  rouille  ,  que  s'il   n'avoit   pas   toucbe  a  notre  compofi-    j 

tion  ,    ce    qui    pourra  ctre   de    quelque    ufage  quand   on    le  faura  bien  '    '' 

employer. 

Le  fecond  exemple  fera  une  matiere  nitumineufe  metallique  ,  laqueile 
syant  etc  fondue  fur  une  lame  d'argcnt  de  repailleur  environ  d'une 
demi-ligne ,  palFe  au  travers  de  cet  argent,  fans  y  faire  de  trou  Sc 
tcint  I'argent  de  part  en  part,  &  dans  route  fa  fubftance  en  conlcuc 
de  plomb  ,  fans  que  les  antres  endroits  de  la  lame  d'argent,  qui  none 
pas  toucbe  a  notre  compaction  ,  changent  de  cculeur  ni  au  dedans 
ni  au-dehois ;  les  parties  noires  de  cet  argent  feront  aufli  mallcables 
que  les  parties  qui  font  reftees  blanches;  de  forte  qu'en  les  battant  en- 
femble  ,  fur  un  enclume  ,  elles  s  erendront  egalement  fous  !e  marteau 
fans  fe  crever  &  fans  fe  rompre.  Voici  comm.nt  j'ai  fait  cette  matiere 
bitumineufe   metallique. 

DilTolvez  de  I'atgent  fin  autant  que  vous  vouJrez  dans  de  I'eau- 
forte  a  Tordinaire  ,  prccipitez  le  enfuite  en  chanx  d'argent  par  le  fel 
commun  ,  lavez  &  edulcorez  cette  chaux  dans  plufieurs  eaux  chaudes 
jufqu'a  ce  que  I'eau  en  forte  infipide  ;  fechezla  pour  lors  au  foleil  ou 
a  une  tres-petite  chaleur  ,  Sc  elle  fera  bien  edulcoreej  puis  prenez  de 
cette  chaux  d'argent  une  partie  ,  de  fublime  corrofif  deux  parties  ,  & 
d'antimoine  crud  trois  p.uties  ;  mettcz  le  tout  bien  en  poudre,  m'elez 
cxadlement  ,  ^  diftillez  dans  une  cornue  de  verre ,  par  degres,  au  feu 
de  fable  ,  il  en  fortira  d'abord  du  beurre  d'antimoine  ,  Sc  enfuite  du 
mercure  coulant  :  quand  il  ne  fortira  plus  de  mercure  ,  vous  poulTcrez 
le  feu  violemment  pendant  une  heure ,  aprcsquoi  vuus  lailTerez  refroidit 
votre  cornue,  Sc  la  callant  lorfqu'elle  fera  refroidie,  vous  trouverez  a 
Tentree^  de  fon  col  un  bourrelec  epais  ,  d'une  n-iariere  noiratrc  ,  que 
vous  detacherez  avec  un  couceau  ;  c'tft  notre  matiere  bitumineufe  me- 
tallique, qui  fond  comme  de  la  cire  a  une  chaleur  moderee  ,  &  qui 
eft  proprement    un  cinabre  d'argent  &  d'antimoine. 

Mais  comme  cette  matiere  rdfemble  en  qneique  fa^on  au  vrai  ci- 
nabre d'antimoine,  il  fera  bon  de  voir  ici  en  quoi  ils  different,  afiii 
de  ne  fe  pas  meprenJre  quand  on  voudra  faiie  notre  experience.  La 
premiere  diffirence  6<:  la  plus  confidcrable  que  i'y  trouve,  eft  que  notre 
compofition  ccntient  du  metal,  c'cft  adue  de  I'argent,  &  que  dans 
I'autre  il  n'y  en  a  point,  puifqne  la  notre  eft  une  matiere  compare  & 
dure ,  qui  a  retenu  fort  peu  du  foufre  briilant  de  I'antimoin:  ,  &  I'autre 
eft  une  matiere  trss  tendre  ,  qui  contient  beautoup  de  ce  foufre  briilant,. 
qtu  fe  fond  aifcmcnt  au  feu  ,  qui  briile  5i  qui  corrompt  les  metaux  &: 
m:-me  I'argent  ,  coinme  fait  le  foufre  commun  ;  aulli  fait  il  ordinaite- 
ment  un  trou  dans  la  piece  d'argent ,.  quand  on  veuc  I'employsr  a  fairs 
no  re  experience  ,  &  il  rend  r.argent  qu'il  a  touche  ,  dur  &  callint  ; 
au   heu   que   notre   compofition  en  fe  touJaiic  fur   I'argent,   s'uubibe. 


i^S  COLLECTION 

.  ■■■■  I.I.I  ..1. jjjj^j  |g  fnecal ,    le  pcnetre  de  pare  en  part  fans  y  faire  de   trou ,  &  le 

AcAD.RoYALi  teint  en  vraie  couleur  Je  plomb  ,  I'argenc  reftanc  doux  fous  le  marteau  , 

DF.s  Sciences     comma  il  etoit   auparavanc  j    de    forte  que    I'on    connoi:  aifement  que 

x>E  Paris.        notre  matiere  bitumineufe    mccallique,  &  le  cinabre    d'antimoine  font 

^nncc  171*.    'Jfiu"  compofes  fort  difterens ,    dont   1  un   ne  confide  qu'en  mercure    &c 

en  beaucoup  de   foufre  briilant  d'antimoine  ,  <:<i  I'autre  en  mercure  ,  en 

argent ,  &  en  fort  peu  de  foufre   brulanc  d'antimoine. 

n  fe  trouve  dans  cette  compofition  deux  des  plus  puiiTans  diffolvans 
que  nous  ayons;  favoir ,  le  foufre  briilant,  &  le  mercure  commun  ,  qui 
dilTolven:    chacun    feparemem    tous   les   mctaiix  ,    depuis    I'or    jufqu'aii 
plomb  \   mais  ils  le  font  en  des  manieres  fort  difJerentes  ;  le  foufre  les 
dilFout  avec  une  violence  extreme  ,  &  toujours  dans  le  grand  feu,  qui 
detruit  m£me  tous  les  moindres  metaux;  le  mercure  penetre  &  didout 
avec  douceur,    mais  tres-lentement ,  tous  ies  metaux ,  &  n'en  detruit 
aucun  ;  mais  la  violence  de  I'un  &c  la  lenteur  de  I'autre  ont  ete  fi  biea 
corrigees    dans    I'operacion    qui   a    produic   notre    compofition  ,    qu'ils 
agiffent    paifiblement    &    de    concert  fur    la    lame  d'argent   qu'on  leut 
expofe  ,  {:im  la  dechirer  ni    la  trouer  ,  parce  que  dans  cette  operation 
ils  ont  ere  enleves  en  vapeurs ,  en  meme  temps   avec  une  partie  de  la 
chaux  d'argent  ;  en  fe  fublimant  enfemble ,  le  foufre  &:  le  mercure  ont 
penetre  cette  chaux  ,  ont  employe  fur  elle  leurs  plus  grands  efforts  de 
dilTolvans  ,  &  ils  ont  compofe  tous  trois  une  matiere  penetrante  &  pai- 
fible  ,  qui  n'agit  plus  comme  un  dillolvant  violent,  mais  qui  a  fimple- 
ment  conferve  une  difpofition  de  s'infinuer  dans  les  pores  de  I'argent  & 
de  les  traverfer,  fans  les  corrompre.  Ce  qu'il  y  a  ici  de  fort  extraordi- 
naire, c'eft  que  cette  m:uiere,  qui  eft  friable  &c  trcs-calEinte  avant  que 
d'avoir  traverfe  la  lame  d'argent,  eft  fouple,  duiiiile  &  malleable  apres 
y  avoir  paiTe  ,  comme  eft   I'argent  meme. 

Pour  rendre  raifon  de  ce  changement  fubit ,  je  dirois  qu'il  y  a  route 
apparence  que  dans  la  fublimation  de  notre  matiere  ,  une  trop  grande 
quantite  de  la  terre  du  foufre  brulant  de  I'antimoine ,  a  ete  pouifee  en 
meme-temps  avec  les  aucres  parties  de  notre  compofe  ,  vers  la  voiite  de 
la  cornue  ,  &  s'y  eft  fublimee  avec  elles  ;  cette  terre  fulfureufe  s'eft 
infinuee  de  routes  parts  entre  le  mercure  &  I'argent ,  &  les  a  empeches 
de  fe  toucher  immediatement ,  pendant  que  la  partie  pure  bitumineufe 
du  foufre  les  a  lies  enfemble  :  tant  que  cette  terre  y  eft  reftee  melee  , 
le  compofe  a  ete  calTant  &  friable ,  mais  en  traverfant  les  pores  de  la 
lame  d'argent ,  cette  terre  trop  grolllere  n'y  a  pu  palTer  avec  les  autres 
parries  ,  &  elle  eft  reftee  fur  I'argent  comme  fur  un  filtre  ;  les  autres 
parties  qui  ont  palle  au  travers  de  la  lame  d'argent  erant  debarraffees 
de  cette  terre ,  le  font  arrangees  autrement  ,  &c  font  devenues  un  corps 
fouple  ,  reftemblant  parfaitement  a  du  metal  ,  tant  pout  la  couleur  que 
pour  la  duiSlJlite. 

•0" 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  i-j? 


••• 


^       ,      T>-r      L  Acad.  Ro  VALE 

C>ur    le    Jiijmucn.  ^is  Sciences 

Lot  I'ams. 
E  Bifmutli  eft    une    efpcce  d'ctain.  C'eft    line    matiere    mctallique  ,      ^ 

,11  rr  'r      ,-^  C  1      /-  ^   J  AllrUi    171*. 

blanche ,  caflante  ,    ailpolce    en    petues    racettes    luilantes  comme   des  ' 

glaces  ,  ce  qui  U  fait  nommer  etain  de  glace.  II  parole  etre  compofe  d'lia 
I'el  mineral  ,  d'un  foufre  groflier  ,  de  mC'Cute  ,  d'un  peu  d'arfenic  ,  & 
de  bcaucoup  de  terre.  JVI.  Poll  ayant  pile  feparement  une  partie  de 
bifmuth  &  deux  de  fublimc  corrofif ,  Sc  les  ayant  mtltes  enfenible  dans 
tine  cornue  a  laquelle  il  avoir  adapte  un  recipient,  en  tira  ,  par  la  dif- 
tillation  ,  une  efpece  de  gomme  ou  de  beurre  cjui  s'etoit  attache  en 
partie  au  col  de  la  cornue  ,  &  ctoit  retombe  en  partie  dans  le  recipient* 
Il  diftilla  le  beurre  une  feconde  fois  ,  &  outre  un  nouveau  beurre  qui 
vint  comme  le  premier  ,  il  relta  au  fond  de  la  cornue  une  poudre  tr^s- 
fine  ,  de  couleur  de  perle  orientale  ,  douce  au  toucher  ,  &  gluante.  Une 
troifieme  operation  lui  donna  une  poudre  encore  plus  fine  &  plus  belle  : 
enfin ,  il  reitera  I'opcration  jufqu'a  ce  que  le  beurre  fuc  entierement 
change ,  partie  en  mercure  coulant  ,  partie  en  poudre  de  couleur  de 
jerle.  Cette  poudre  pourra  fervir ,  foit  a  imiter  les  perles  fines  ,  i'oit  a 
es  reprefenter  en  peinture ,  foic  a  donner  cette  agreable  couleur  a  tels 
ouvrages  qu'on  voudra 


I 


Sur  hs  vapiurs  ds  I'cjprit  dc  nitre,  dcffl,  &c. 

JL^  6  s  que  Ton  dcbottche  an  vaiflem  ou  eft  de  I'efprit  de  nitre.  Air- 
tout  fi  cet  efprit  eft  bien  d^Aegme ,  on  voit  fortir  une  fumci  aifez  con- 
fiderable.  Le;  aurres  efprits  acid^j  eo  jetrgpt  mcins ,  8c  a  peine  celle  de 
I'efp'it  de  fel  eft-elle  fenfible.'  Mais  M.  Geoffroi ,  le  cadet ,  a  obfetve 
qu'elle  le  devient  beaucoup  ,  fi  oi»  approche  du  vailleau  ou  eft  I'efprit 
de  fel  ,  un  autre  vailTeau  oil  foit  un  fort  efprit  alkali  volatil.  Ce  n'eft 
pas  que  le  voifmage  determine  I'efprit  de  fel  a  jetter  pius  d'exhalaifons , 
mais  c'eft  que  I'alkali  en  jette  aufh  de  fon  cote  ,  qu'elles  fe  rencontrenc 
dans  I'air  les  unes  les  autres ,  &  que  comme  elles  ne  font  que  les  par- 
ties  les  plus  fubtiles  des  matieres  d'oii  elles  font  forties  ,  elles  font  en- 
tr'elles  ce  que  les  matieres  auroient  fait ,  qu'elles  fe  joignenc  intime- 
menc  ,  &  produifent,  par  leur  union,  un  nouveau  fel  plus  fenfible  a 
la  vue  ,  que  n'auroient  etc  les  deux  diffcrentes  exhalaifons  feparees.  Ce 
fel  eft  celui  qui  doit  naitre  de  I'acide  &  de  I'alkali  volatil,  c'eft-a-dire, 
un  verirable  fel  ammoniac  :  &  en  effet ,  fi  on  expofe  a  cette  fumee ,  com- 
pofee  des  deux  exhalaifons ,  une  cloche  de  verre  ,  elle  fe  charge  de 
fleurs  qui  font  les  mcmes  que  fi  on  I'eut  expofee  a  une  vapeur  des  fleurs 
du  fel  ammoniac.  La  fumee  de  I'efprit  de  nitre  mis  aupres  de  I'alkali 
volatil  ,  n'en  paroit  guere  plus  forte  ,  apparemment  parce  qu'elle  n'a 
pas  befoin  de  ce  fecours  pour  fe  faire  bien  voir  ;  feulement  de  rouge 
qu'elle  etoit,  elle  devient  blanche,  ce  qui  marque  qu'elle  eft  alteiee  auiS 
par  celle  de  I'alkali. 


Z48 


COLLECTION 


'Acad  Royale 

DES  Sciences 

DE  Paris. 

Jinnee  17 1 3. 


M 

royal 


Sur  I'huik  du  Laurier  Royal. 


PoLi  a  tire  du  laurier  a  grandes  feuilles ,  que  Ton  appelle  laurier 
a  Lucques  ,  oii  il  I'a  trouve  en  grande  abondance  ,  une  huile  qui 
a  1e  eout  &  I'odeut  d'amandes  ameres  ,  mais  avec  beaucoup  plus  de 
force.  Elle  donne  ce  gout  &  cette  odeur  a  tout,  &C  fans  aucune  empi- 
reume.  Si  on  en  mele  une  dragme  avec  une  livre  de  fucre  fin  pulverife, 
&c  que  le  tout  foit  bien  pile  dans  un  mortier  de  verre,  il  s'en  forme 
line  poudre  blanche  ,  excellente  pour  les  douleiits  d'eftomac ,  &  qui 
tncme  fouvent  guerit  les  fievres  tierces  &  quartes,  pourvu  qu'on  fe  foit 
purge  avant  que  d'en  ufer.  Il  n'en  faut  prendre  qu'une  dragme  pendant 
quelques  jours. 


1 


CHYMIE 


ACADEMIQUE. 


M9 


Analyfc  des  Plantes  marines , prindpalcmentdu  Corail  rouge  (a). 

V_>i'est  une  partie  conficierabic  du  grand  travail  de  M.  le  Comte 
Marllgli ,  que  fes  experiences  chymiques  fur  les  plantes  de  la  mer.  Nous 
donncrons,  dans  la  Butanique,  quclqu'idee  de  leurs  ditfercntes  efpeces , 
ou  plutoc  de  leurs  ditFcreiu  genres;  nous  la  fuppufons  ici ,  &  d'autanc 
plus  facilement  qu'elle  n'y  e(t  pas  nccclFaire. 

Quoique  les  pl.intes  de  terre  (oient  li  femblables  dans  leurs  analyTes, 
qu'il  feroit  difficile  de  les  diltinguer  par  la  ,  &:  encore  plus  de  prevoir 
leurs  differens  effets  ,  celles  de  mer  paroilTenc  encore  plus  femblables. 
En  eftet  les  plantes  terreRies  vivent  en  differens  terroirs,  d'ou  elles  peu- 
venc  Si  mcme  doivent  titer  differentes  nourritures;  les  plantes  marines 
n'ont  toutes  qu'un  meme  aliment  ,  cette  eau  falce  &  bitumineufe  ,  qui 
les  embralle  de  toutes  parts  ,  les  penetre  &  les  fait  vegeter.  Audi  M. 
Marligli  a-t  il  trouve  dans  leur  analyfe  une  grande  unitoimite  ,  prefque 
toujours  la  meme  falure  Sc  la  meme  amertume  ,  toujours  un  fuc  fore 
glutineux  qui  les  nourrit,  beaucoup  d'alkali,  pen  d'acide  ;  encore  croit- 
il  que  les  plantes  marines ,  qui  ont  un  peu  d'acide  ftnfib'ie  ,  font  venues 
a  une  petite  profondeut ,  parce  que  felon  Itii  il  n'y  en  a  que* dans  les 
eaux  fupetficielles.  Ces  plantes  ont  beaucoup  de  fel  volatil,  mcme  les 
pierreules,  ce  qui  eft  remarquable.  Les  lithophites  en  ont  une  cinquiemS' 
partie  plus  que  la  come  de  cerf,  quoiqu'ordinaireiiunt  cet  efptit  abonde 
davantage  dans  les  animaux. 

Le  fuc  glutineux  ne  fe  tire  que  des  plantes  fraiches  ,  du  moins  des 
pierreufcs,  car  il  fe  durcit  quelque  temps  apres  qu'elles  font  lorries  de 
I'eau.  11  fe  tire  oidinairement  par  fimple  expreflion  des  extrtmites  encore 
molles  de  leurs  branches  :  il  eft  d'une  couleur  differcnte  en  differentes 
plantes  ,  blanc  ou  jaune  le  plus  communcment  11  a  aulli  differentes 
faveurs,  tantot  un  goiit  de  mer,  acre  &  piquant  ,  tantot  un  goiit  de 
poilTon  corrompu ,   Sic. 

M.  Marfigli  seft  attache  a  etudier  le  corail  avec  un  foin  particulier, 
<Jc  dautant  plus  que  le  corail  frais,  &  contenant  encore  fon  fuc  gluti- 
neux en  confiftance  de  I'air  ,  n'avolt  jufques-la  ete  travaille  par  aucun 
Chymifte.  D'abord  il  laillii  pendant  douze  jours  fon  corail  frais  dans  un 
vailleaii  plein  d'eau  de  mer ,  ce  qui  lui  valut ,  comme  nous  le  dirons 
ailleurs,  la  decouverte  des  fleurs  de  cette  plante.  Au  bout  de  ce  terns, 
ces  rleurs  fe  rrJuilirenr  en  petites  boules  ,  &  puis  tomberent  au  fond 
du  vailfeau.    Enfuite  i'ecorce,  car  ce  corail  avoir  la  fienne ,  au  lieu  que 


Acad.  RoYALB 

DES  Sciences 

DE  1'aris. 

Annci  17  ig, 


(a)  Toot  le  monde  fait  que  les  plantes  marines  ne  font  pas  dc?  plantes  ;  mais  I'analyfc 
c]u'cn  a  faitc  M.  le  Comte  Marfigli  n'cn  eft  pas  raoins  bonne,  6:  il  n'y  a  que  le  nom  a 
changer  pour  que  tout   en   foit   vrai. 

Jomi  HI ,  PariU  Francoifi,  *      I  i 


150  COLLECTION 

'  celui  qu'on  expofe  ordinaiiemenc  en    vente  ne  I'a  pas  ,    commenca  a  fe 

AcAD.RoYALE '"^T"^''"^  &  a  fe  feparer  en  pludeurs  petices  pieces,  qui  fe  precipitant  audi 

BEsSciENCES     au   foiid  du  vafe  ,   y   fornierent  un   limon  tie^-fin,  fcmblabie  a  cclui   du 

DE  Paris.       bol  rouge.    La  plante   ainfi   depouilKe  de  (on  ecorce  ,   (e   poiirrit  &  tom- 

j      '..-.„     ba  a  nielure  que  1  ecorce  (e  fep.iroit  :   le  lait  qui  coule  entre  I'ecorce  &  la 
Annu  1710.  J     ^       1  u   ■    J        I'        V   1  J  » •■ 

lubttance  du  corail ,  tomboit  dans  1  eau  &  la  rcndoit  puante.  N  ais  en  nioins 

d'un  mois,  tout  ce  lait  fe  degagea  d'avec  I'eau  ,  inoiua  fur  fa  (iiperficje  &  y 

forma  une  toile  glutineufe,  epailTe  comme  le  dos  d'irn  couteau,  &  blaiuhe 

eomme  de  la  geiee.  L'eaii  reprit  fon  premier  gout  &  fon  odeur  ordinaire  de 

rner.  Tons  les  elfais  chymiques  firent  voir  que  cette  geiee  eioit  une  fubf- 

tance  alkaline. 

Lefprit-de  vin  bien  redifie  ne  tira  rien  du  corail  pendant  dt  ux  mois 
entiers,  pas  meme  la  moindre  t  inrure  de  rouge.  Seul.  ment  apres  quelques 
heures  d'infufion  ,  il  parut  aux  extremites  de  certains  petits  tubules  qui  lont 
fur  I'ecorce,  de  petits  globes  qui  augmenterent  pendant  trois  jours,  de- 
meuterent  plufieurs  jours  en  cet  e  at  ,  &  enluite  commencerei  t  a  dmiinuer 
&■  difparurent.  Les  plus  gros  I'eroient  deux  tois  comme  un  grain  de  millet, 
ils  ctoient  de  la  couitur  du  naercurc  bien  purge. 

Le  lau  de  vache  frais  fur  un  feu  tres  knr,  tire  peu  a  peu  &  par  degres 
la  belle  teinture  roige  du  corail ,  foit  qu'il  ait  fon  ecor':e  ,  fpit  qu'il  ne  I'aic 
pas,  &  t^  lui  lailfe  qu'un  blanc  livide.  La  cire  blanche  fine  fait  le  meme 
etFet,   &  plus  promptement. 

Voila  ce  qu'on  appelle  uinurts  de.  corail.  Sa  couleur,  affez  femblabie 
a  telle  du  fang  ,  avoit  perfuade  aux  anciens  que  le  corail  devoir  etre 
merveilleux  pour  le  purifier,  &  que  c'etoit  un  grand  corciial  dans  rou- 
tes les  maladies  ou  il  y  avoit  du  venin  &  de  la  m^lignite.  Tout  ce  qui 
pouvoit  un  peu  appuyer  cette  idee  ,  fi  legerement  prife  ,  c'cft  qu'en 
eifet  le  corail  arretoit  le  fang  ,  comme  tout  tous  les  alkalis  terreux. 
Cela  meme  avoit  produit  une  fuperltition  de  medecine  ;  on  portoit  fur 
foi  du  corail  comme  un  amuletts  ,  pour  les  (aignemens  de  nez  &  les 
autres  hemorrhagies  ,  &  cetre  fuperftiiion  n'eft  pas  encore  entierement 
detruite.  Mais  comme  c'etoit  a  la  couleur  rouge  qu'on  attribuoit  tant 
de  vettus  ,  on  defiroit  beaucoup  de  la  pouvuir  titer  de  ce  mixte  & 
d'en  laiJer  tout  le  refte  comme  un  marc  inutile  ;  auffi  ce  fecret  a-t-il 
etc  cherche  par  plufieurs  Chymiftes  anciens  &  modernes,  avec  d'autant 
plus  de  foins  &  de  peines  qu'ils  y  attachoient  p5[us  d'importance.  Ils 
ont  imagine  quantite  d'operations  ,  la  plupart  fort  diffcrentes  entr'elles 
&  fort  rech>;rchees,  &  ils  les  ont  donnees  comme  ayanr  reufll.  Cependant 
M.  Lemery  a  alfure  qu'il  les  avoit  eprouvees  routes  fans  fucces  ,  &  il 
chercha  ,  il  y  a  long  terns,  la  teinture  de  corail  par  d'autres  moyens  ; 
non  dans  I'efperance  qu'elle  put  etre  d'un  grand  ufage  dans  la  medecine  , 
mais  pour  detruire  I'erreur  ^enerale  ou  Ton  etoit  en  fa  faveur.  Il  ne 
fongea  qua  dcs  dilfolvans  fimples  ,  &  trouva  la  cire  blanche  ainfi 
qu'il  le  marqua  dans  la  premiere  Edition  de  fon  Tralti  de  Chymit , 
en  1675.  Mais  a  I'occafion  des  expeiences  de  M.  Marfigli ,  qui,  faute 
de  temps,  n'a  pu  les  continuer  aucant  qu'il  eiu  defite,  M.  Lemery  reprit 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  ijt 

ce  fujet ,  Si  le  traita  avec    plus  d'eccnJue.  II    n'a  travaUle   qne  fu/  du  — »»— ^—it 
<orail  fire  de  la  nier  depuis  long  temps,  ix  depouilic  de  fon  ^corte.         ArAP.RovAit 

Ce  cor.iil,  mis  entier  dans  dc  la  cire  blanche  ,  fondue  par  un  petit  wsJoEKces 
feu ,  y  ell  dcveiiu  blanc ,  jufque  dans  le  fond  de  fa  (ubftance  ,  Si  itiime  *^  Paris. 
plus  blanc  dans  ce  fond  que  dans  fa  fupetficie  ,  ou  il  ccoit  un  peu  plus  Jnnie  1710. 
pale  ,  apparemmenc  parce  qu'il  y  prenoic  quelque  chofe  de  la  couieur 
de  la  cire.  SeuL'menc  il  fe  tcouvoic  quelquefois  des  branches  noiiatres  , 
mais  elles  ne  Iccoient  que  par  dehors,  &  le  dedans  en  etoit  parfaite- 
ment  blanc.  Il  patoit  que  cecce  noirceur  exterieure  ne  pouvoic  venir  que 
de  quelque  difpoficion  accidentelie.  Le  corail  blanchi  n'en  etoit  ni  moins 
dur  ,  ni  moins  compaiflj  ,  ni  moins  pcfant.  Une  feconde  infufion  du 
intme  corail ,  dans  de  nouvellc  cire  ,  le  rendoit  un  peu  moins  blanc  , 
peut-etre  en  tiroit  -  il  alors  un  peu  de  jaune.  La  cire  de  la  premiere 
infufion  n'etoit  que  jaunatre  Sc  de  couieur  citrine.  Si  I'on  y  mettoir  de 
nouveau  corail  ,  elle  devenoit  rougeatre ,  &  le  corail  n'en  devcnoit 
pas  moins  blanc  que  fi  on  lent  mis  dans  de  la  cire  neuve.  Un  troifieme 
niorceau  de  corail  ,  mis  dans  la  mcme  cire,  la  rendoit  noiratre  &  de- 
venoit toujours  egalement  blanc.  La  cire  ou  Ton  met  du  corail  deia 
blanchi  par  une  infufion  ,  ne  change  aucunement  de  couieur. 

Tout  cela  prouve  alTez  evidemment,  &  que  la  cire  ne  porte  point 
fa  couieur  dans  le  corail,  mais  lui  ote  celle  qu'il  avoir,  &  que  cette 
couieur  du  corail,  quoiqu'elle  le  penetre  intimement ,  eft  foit  leoere 
&  fort  fubtile  ,  &  que  le  corail  eft  naturellement  blanc :  en  eft'et,  il  s'en 
trouve  de  cette  couieur  au  fond  de  la  mer. 

M.  Lemery,  a  I'exemple  des  geomecres ,  qui  augmentent  fouvent  de 
gaiete  de  cosur  la  difficulte  des  problcmes  qui  leur  one  etc  propofes 
sen  eft  propofe  un  fecond  plus  difficile  ,  c'etoit  de  retirer  de  la  cire 
la  teinture  de  corail  quelle  avoir  prife.  Le  feul  dilfolvant  qu'il  y  air 
trouve  propre  ,  a  ete  I'eau  de-vie  empreinte  de  fel  de  tartre.  II  y  a  mis 
en  digeftion  ,  chaudemenr  pendant  dix  jours,  de  la  cire  reinte  par  trois 
infufions  ,  elle  y  eft  redevenue  blanchatre ,  Sc  la  teinture  rouge  du  corail 
a  pafle  a  I'eau-de-vie.  Si  cette  teinture  eft  medicinale  ,  c'eft  en  ce  der- 
nier etat  qu'on  peur  la  prendre. 

La  cire  jaune  fait  le  mcme  eflfet  que  la  blanche  ,  mais  un  peu  moins 
facilement ,  &  elle  teint  legerement  de  fa  propre  couieur  la  fupeificic 
du  corail. 

L'efprit  de  cire  redifie  ,  qui  eft  un  phlegme  fort  impregne  d'acides, 
tire  du  corail  une  teinture  rouge  foncee,  mais  ce  n'eft  que  celle  de  la 
fuperficie  ;  il  ne  touche  point  du  tout  au  dedans. 

Plufieurs  autres  diftblvans  ont  encore  reufla  a  M.  Leniery ,  mais  c'etoit 
fur  du  corail  bien  broye  ,  i^c  reduit  en  poudre  tres-fine ,  ce  qui  lui  fait 
deja  perdre  quelque  petite  partie  de  fon  rouge.  Apres  avoir  elfayc  inu- 
tilement  des  fucs  deputes  de  quelques  fruits  ,  comme  celui  de  coing  ,. 
celui  de  pomme  ,  le  verjus  ,  le  vinaigre  blanc  ,  il  trouva  enfin  que  le 
fuc  de  citron  faifoit  parfaitement  ce  qu'il  fouhaitoit  ,  pourvu  qu'il  ne 
flit  pas  diftille  ,  mais  au  conti-aire  un  peu  trouble  ,  Sc  qu'il  coutint  route 
fa  pattie  huileule  &  tartareufe ,    qui  eft  la  plus  propre   a  extraire   une 

Il  ij 


251  COLLECTlOIf 

■—  teinture  bitumeufe  &c  gralTe.  Celle  qui  vient  du  corail  par  ce  moyen  i 

Aqad. RoYALE  eft  fi  legere  &  ll   volatile,    qu'en   deux  mois  elle  s'envole  entieremeM 

DES  Sciences     du  fuc  de  citron  ,  &  le  lailFe  avec  fa  premiere  couleur ,  a  mollis   quit 

DE  Paris.        j,g  fyj^  ^jj^g  ^„q  bouteille  bien  bouchee  ,  Sc  couvert  d'huile  d'amandes 

^Awe  171  o.      donees  a    la  hauteut  d'un  doigt.  Quand  le  fuc  de  citron  s'eft  charge  de 

la  couleur  du  corail ,  il  ne  fait  plus  aucun  mouvemenc  ,  ni  avec  I'liuile 

de  tartre,  ni  avec  I'efprit  de  vitriol,  parce  que  I'acide  du  citron  s'etanc 

uni   a  I'alkali  du  corail ,  il  n'y  a  plus  lieu  a  I'adlion ,  ni   de   I'huile   de 

tattre  fur    I'acide  du   citron ,   ni  de  I'efpric    de    vitriol   fur    I'alkali  du 

corail. 

L'efprit  de  miel  reftifie  tire  la  teinture  du  corail ,  Sc  perd  fon  gouc 
acide  ,  ainfi  qu'il  doit  arriver.  Cependant  tout  alkali  qu'ell  le  corail  , 
certains  alkalis  ,  comme  I'huile  de  tartre  ,  la  liqueur  de  nitre  fixe  , 
l'efprit  volatil  de  fel  ammoniac  ,  ne  laillent  pas  d'etre  des  dilTolvans 
propres  a  extraire  fa  teinture  :  l'efprit  de  fel  ammoniac  ne  prend  qu'une 
couleur  gris  de  lin. 

L'eau  de-vie  ,  I'efprit-de-vin  ,  les  huiles  d'olive ,  de  noix  ,  d'aveline  , 
d'amandes  ,  des  femences  froides  ne  font  rien. 

M.  Lemery  n'a   pu  reuflir  a  faire  une    teinture  feche  : 
Apres  les  teinturcs  du  corail ,  I'ordre  naturel  demande  qui  I'on  paflTe  aux 
analyfes  de  la  propre  fubllance  de  ce  mixte. 

hi.  le  Comte  Marfigli  commenga  par  examiner  le  fuc  laiteux  exprime 
de  I'ecorce  ;  mis  dans  de  l'eau  de  m;r  ,  il  fe  precipite  au  fond  :  il  donne 
une  teinture  jaune  &  livide  a  I'efprit-de-vin  ,  &  li  Ton  fait  evaporer  ce 
melange  ,  le  marc  qui  refte  a  un  gout  de  poilfon  gate.  Les  efprits  de 
fel  Sc  de  nitre  fermentent  avec  ce  lait  jufqu'a  produire  de  la  hunee  : 
I'elprit  de  fel  ammoniac  &  I'huile  de  tartre  n'y  font  aucun  change- 
ment  j  toutes  preuves  d'une  fubftance  alkaline. 

I<e  corail  qui  n'rft  nourri  &  forme  que  de  ce  lait ,  doit  done  etre  de 
cette  meme  fubftance  ,  &  en  fon  ecorce  ,  &  en  fa  partie  plus  dure. 
C'cft  en  effet  ce  que  toutes  les  operations  onr  donne  a  MM.  Marfigli 
&  Lemery ,  &:  nous  ne  nous  y  arrccerons  pas  davantage  j  ce  dernjei: 
fur-tout  ayant  prefque  epuife  dans  fon  traite  de  C  hymie  ,  tout  ce  qui 
regarde  les  dilfolutions  &  le  magiftere  du  corail.  Nous  remarquerons 
feulement  que  dans  la  diftillation  du  corail  fraichement  tire  de  la  mer, 
il  p.icoit  un  phlegme  iaiteux  ,  &  de  petites  parcelles  de  bitume  flotantes , 
que  Ton  ne  voir  point  dans  la  diftillation  du  corail  garde  quelque  temps. 
C'eft  une  remarque  de  M.  le  Comte  Marfigli.  Il  dit  qu'ayant  des  crudites 
d'eftomac  ,  il  s'en  eft  gueri  avec  la  poudre  des  exttemites  des  branches 
de  corail  fraiv ,  encore  pleines  de  Isur  lait  peu  delTeche.  Puifque  le 
corail  eft  un  alkali,  il  doit  Ctre  bon  pour  abforbet  les  acides,  &  M\ 
Lemery  a  juge  avec  beaucoup  d'apparence  qu'il  devoir  etre  heaucoup 
meilleur  etant  reduit  en  poudre  qu'apres  avoir  palTe  par  des  operations 
chymiques,  oii  il  s'eft  charge  d'acides  qui  one  deja  confume  une  bonne 
partie  de  fa  vertu. 

L'efprit  de  vitriol  &  I'efptit  d'alun  font  efFervefcence  avec  le  coiail, 
comrae  celui  de  nitre  Sc  celui  de  fel  j  Sc  cette  effetvefcence  eft  accom- 


ACADEMIQUE.  15} 

pagnee  d''.ine  tlialeur  fort  fcnfible.  La  folution  dii  corail  par  I'efprit  de  m^-— -^-— <»• 
vitriol,  eft  verdatre  8c  donne  une  efpece  de  vitriol;  fi  Ton  jecce  dans  Acad. RovAtE 
cetce  folution  de  I'liuile  de  tartre,  le    corail  fe  precipice  foiis  la  forme     des Sciences 
d'une   poudte   blanche  trcs-fine,    qui   fermente   encore  avec  les  acides  ;        be  Paris. 
le  couteau  aimante  y  dccouvre  des  particuks  de  ter ,  &  en  allcz  grande    j„„gi  1710. 
quancitc. 

Quoiquc  Ic  veritable  ftl  du  corail  foic  ou  I'alkali  volatil  qui  s'en 
tire  par  la  diflillation  ,  on  I'alkali  fixe  qui  s'cii  tire  par  la  calcination  , 
les  Chymilles  n'appellenc  fel  de  corail  qu'un  corail  penetre  paries  acides, 
&  condenfe  enfuite  par  Tevaporation  de  I'humidite.  Quand  cette  Evapo- 
ration eft  fur  fa  fin  ,  la  liqueur  prend  une  couleiir  verdatre ,  que  M. 
Lemery  attribue  au  vitriol ,  ou  au  fer  contenu  dans  le  corail.  Cette  elpece  de 
cryftallilacion  du  corail  fe  fait  en  perits  branch.-ges  dclies ,  cannelcs  & 
entrelaces  les  uns  dans  les  autres,  de  forte  qu'ils  reprcfentent  une  petite 
foret  alfez  agre.ible  ,  de  mcme  que  les  feis  tires  des  yeux  d'ecrcville  , 
des  perles ,  de  la  nacre ,  de  la  corne  de  cerf. 

Le  corail  blanc  ,  fi  ce  qu'on  nomme  ainfi  eft  du  corail  &  non  ui\ 
madrepore,  paroit  are  de  la  menie  nature,  mais  feulement  un  peu 
plus  poreux  ,  plus  fpongieux  :  il  fait  une  efFervefcence  moins  vive  avec  les 
memes  dilfolvans. 


Obfervat'wns  fur  les  matures  fulfurcufcs  £'  fur  la  fadViti  de 
les  changer  d'une  ejpece  de  Joufrc  en  une  autre. 

Pur     M.     H  O  M  B  E  R  G. 

T, 

J  'a  I  appelle  dans  mes  Memoires  precedens  matiere  fulfureufe  ou  foii- 
fre ,  routes  les  matieres  huileufes  ou  gralles  que  nous  connoilTons,  & 
cela  pour  les  diftinguer  d'avec  le  foufre  principe.  Enfuite  j'ai  iuppofe  , 
&  crois  mcme  avoir  en  quelque  fa^on  prouvc,  que  ce  foufre  principe 
n'eft  autre  ciiofe  que  la  matiere  de  la  himiere  qui  n'eft  encore  deteimi- 
ree  a  aucune  des  efpeces  de  foiifres  ou  de  matieres  fulfureufes  que  nous 
connoilfons  ,  mais  qui  les  produit  en  s'arretant  en  quantite  convenable 
dans  les  differens  corps  ou  elle  s'tft  introduite  j  car  quoiqu'avant  ce  terns 
elle  ne  paroilTe  pas  eviJemment  huileufe,  elle  ne  laiiFe  pas  d'en  donnet 
qiielques  marques  que  j'ai  rapportees  ailleurs. 

J'ai  divife  les  matieres  fulfureufes  en  trois  clafTes  ;  la  premiere  eft 
produite  par  I'uniun  du  foufre  principe  avec  ds  matieres  qui  font  prin- 
cipaitmer.t  terreufes,  ce  qui  produit  un  foufre  bitumineux  ,  fee,  comme 
font  le  foufre  commun  ,  les  charbons  de  tetre,  le  jayet ,  Taiphate,  I'ambre 
jaune  &  autres;  la  feconde  eft  produite  par  ce  meme  foufre  lorfqu'il  s'ar- 
rete  principalement  dans  une  mjtiere  aqueufe  ce  qui  donne  une  graiffe 
;  ou  une  huile  qui  eft  animale,  cu  vegaale,  ou  bitumineufe,  felon  qu'el!e 
\i  fe  lire  d'une  partie  animale  ou  d'un;  plante  ,  ou  qu'elle  fort  immediate- 
menc  de  la  terre.    Enfin  la  troificme  ell  uue  combinaifon  du  foufre  prin- 


154  COLLECTION 

— Mt.i-ii.  ■I—I.I  I.  cipe  avec  ane  matiere  mcrcurielle,  d'ou  il  refulce  un  foufre  mecallique, 

Acad.  RoYALE       J'-"'  fuppofe  audi  que  ie  foufre  principe  ,  quoique  devenu  matiere  ful- 

DEs  Sciences    fuieufe ,   de   quelque    efpece  qu'elle  puille  etre ,   ne  change  point  de  na- 

DE  Paris.        tare ;    il  pent  non  feuletnent    fe  degager  des    matieres   fulfureufes    qu'il 

Anne:  i-io.     avoit  produites,  &  reparoitre  fimplement  matiere  de  la  lumiere  ,    niais 

encore  en  reftant  la  meme  matiere  iulhireufe  ,  changer  d'etat ,  c'eft-a-dire 

pafTer  d'une  efpece  de  foufre  en   une  autre  efpece ,    fans  fe    depouiller 

du  corps  qui  I'avoir  carafterife  en  premier  lieu  ,  ce  qu'il  fait  en  s'intro- 

duifant  /implement  dans  un   autre  mixte  >  qui  par  quelqu'accidenc  avoir 

perdu  fa   propre  matiere  fulfureufe. 

J'ai  commence  ,  dans  un  Mcmoire  precedent  ,  a  prouver  cette  fuppo- 
fuion  par  quelques  cxemples.  J'ai  tire  ces  exemples  des  huiles  vegetaies 
&  des  grailies  animales  que  Ton  pent  faire  rentrer  dans  les  matieres  mine- 
rales  S<.  m6talliqt.es,  dellechees  par  la  calcinarion  au  point  qu'eiles  ne  fe 
fondent  plus  ,  oa  qu'eiles  fe  vitritient  feulement  en  une  matiere  fcorieufe  -, 
fi  Ton  ajouce  quelque  iiuile  que  ce  foit  a  ces  mineraux  ainfi  detruits  ,  i^ 
repreiinent  dans  un  moment  ,  au  grand  feu  ,  la  mcme  forme  de  mineral 
ou  de  metal  qu'ils  avoient  auparavant ,  parce  que  I'huile  du  vt'gcral  fe  met 
a  la  place  de  la  matiere  huileufe  ou  fulfureufe  du  mineral  ,  que  le  feu 
de  la  calcination  en  avoir  fait  evaporer  ;  ce  qui  fe  voir  dans  toutes  les 
chaux  des  moindres  mctaux,  mais  plus  evidemment  dans  celle  qui  fe  fait 
de  retain  au  verre  ardent.  Quand  on  veut  delfecher  les  meraux  ,  il  faut 
avoir  la  precaution  de  les  dellecher  fur  un  fupport  qui  n'ait  en  lui  aucune 
matiere  huileufe  qui  puiffe  s'cvaporer  avec  celle  du  metal ,  autrement  Ie 
metal  reprendroit  celle  du  fupport  a  la  place  de  la  fienne  propre  a  mefure 
qu'il  la  prendroit,  &  ainfi  le  metal  ne  fe  dellecheroit  point,  mais  il  s'ea 
iroit  tout  entier  en  fumce  comme  il  arrive  toujours  a  I'etain  ,  au  plomb  & 
a  tous  les  mineraux  metalliques  ,  comme  le  bifmuth  ,  le  regule  d'antimoine  , 
le  zinc  &  autres  ,  quand  on  les  expofe  fur  un  charbon  au  verre  ardent  : 
mais ,  par  example  ,  quand  on  delfcche  I'etain  fur  une  coupelle  des  raffi- 
neurs,  il  fumebeaucoup  dans  le  commencement,  &  peu-a  peu  la  goutte 
du  metal  devient  herilFee  ,  poulTant  des  pointes  ou  des  polls  qui  s'al- 
longent  ou  mont«nt  de  plus  en  plus ,  jufqu'a  ce  que  toute  la  malfe  de 
I'etain  foit  changee  en  une  houpe  ou  en  une  efpece  de  brolTe  d'un  blanc 
fale ,  &  d'une  matiere  brillante  dont  les  polls  du  milieu  font  les  plus  longs , 
dc  ceux  d'alentour  s'accroiflent  a  mefure  qu'ils  s'eloignenc  du  centre  de  la 
houpe. 

En  continuant  d'expofer  cette  matiere  fur  le  meme  fupport  au  foyer  par- 
fait  du  verre  ardent,  elle  ne  fe  fondra  jamais,  meme  etant  expofce  imme- 
diatement  apres  une  pluie  oil  ce  verre  fair  le  plus  grand  efFet  qu'il  eft 
capable  de  faire.  Mais  quand  on  ore  cette  houpe  ou  cet  etain  calcine  de 
dtllus  ce  premier  fupport ,  &  qu'on  I'expofe  fur  un  charbon  au  meme  verre 
ardenr,  il  fe  fond  dans  le  moment  &  reparoit  en  une  goutte  d'etain  5  cela 
arrive  parce  que  I'huile  du  charbon  qui  lui  fert  de  fupport,  rentre  dans 
cette  chaux  a  la  place  de  la  partie  huileufe  que  I'etain  avoir  perdue  dans  fa 
calcinarion  liir  un  fupport  deftitue  de  toute  matiere  huileufe  ,  comme  font 
les  cailloux,  les  pots  de  gres,  la  porcelaine  des  Indes  dont  on  a  ore  I'email, 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  155 

les  coupelles  des  rafUneurs  ,  le  cryftal  de  roche  ,  Sic.  Si  on  concinuoit  d'ex-  ________» 

pofer  cet  ctain  calcine  au  verre  ardent  fuc  quclqu'un  de  ces  derniers  fup-  "T      ^  ,, ,  ■. 

ports  acides  ,  il  ne  reprendroit  jimais  la  pren  lere  torme  de  metal  a  moins     ^^^  Sciences 
qu'on  ne  mit  delfus  un  peu  d'huile  011  de  grailTe  qui  y  feroit  Ic  mLme  effet       pj  Paris. 
que  nous  venons  d'obferver  dans  1  hmle  de  charbon.  .      , 

Cet  exemple  de  la  ciiaux  d'ciain  ,  joint  a  ceux  que  j'ai  rapportcs  autrefois, 
fuffira  pour  prouver  que  les  huiles  ou  les  graillcs  animsks  &  vegetales  ren- 
trent  aifcment  dans  Ics  matieres  minetales  &  metalliques  qui  avoient  perdu 
leurs  foufres,  lelquelles  font  tetablies  par  la  dans  Icur  premier  etat  de  mi- 
neral ou  de  metal.  Pout  appuysr  davantage  cette  fuppcfition  ,  je  crois  qu'il 
ne  fera  pas  inutile  de  rapporter  quelques  exeroples  qui  prouvent  que  Ton 
pent  fcpater  audi  les  parties  huileufes  des  mctaux  ,  &  lej  iatroduire  dans  les 
efprits  trcs  legerement  acides  des  vegctaux  &:  des  fels  folfiles  qui  naturelle- 
mjnt  ont  tres  peu,  ou  moins  de  maiieres  fulfureufes  j  par  Id  ces  efprits 
non-feulement  deviennent  plus  inflammables  que  I'efprit  de  vin  rectifie , 
niais  encore  ils  deviennent  des  huiles  gralTes  &  qui  nagentfur  I'eau  ,  com- 
jue  font  toutes  les  vraies  liuiles  des  vegctaux. 

En  examinant  les  nioindtes  metaux  au  verre  ardent,  j'ai  reconnu  que  le 
fer  efl  celui  qui  a  le  plus  de  matiete  huileufe  j  car  en  ne  faifant  que  I'y  ex- 
pofer  ,  on  voir  d'abord  une  grande  quantite  d'huile  noire  &  fortliquide, 
nr.ger  par-dclfus,  long-tems  avant  que  la  vraie  matisre  metallique  &  bril- 
lante  du  fer,  fe  metre  en  fufion  :  cette  huile  eft  abforbee  avec  une  grande 
avidite  par  les  meraux  qui  ont  peu  de  matiere  fulfureufe,  comme  eft  parti- 
cuiicrement  I'argent  qui  en  change  de  coiileMt  &c  de  confiftance.  Au  con- 
traire  le  fer  refte  tout  d-fait  prive  de  fon  hulls  ,  &:  en  cet  etat  il  rcfifte  a  la 
plus  grande  chaleur  du  verre  ardent  fans  fe  mettre  en  fufion,  d'oii  je  con- 
clus  que  la  matiere  huileufe  qui  fe  trouve  naturellement  dans  le  fer,  pour- 
roit  bien  ctre  ce  qui  lui  fert  de  fondant,  puifque  cette  huile  etant  fepatee 
de  fa  fubftance,  il  ne  fe  fond  plus. 

Pour  ne  pas  manquev  cette  expciience  ,  il  faut  obferver  que  I'on  doit  fon- 
dre  I'argent  le  premier ,  &c  fur  I'argent  fondu  il  faut  coucher  un  morceau 
de  fer  fans  quitter  le  foyer  du  verre  ardent.  On  verracouler  fur  le  morceau 
de  fer  une  huile  qui  paroitra  noire  au  foleil,  fans  que  le  morceau  de  fer  fe, 
fonde  j  il  paroitra  blanc  fous  cette  huile  6c  btillant  comme  du  fer  nouvelle- 
incnt  lime.  A  mefure  que  cette  huile  touche  I'argent  fondu  fur  quoi  nag? 
le  morceau  de  fer  ,  elle  entre  dans  cet  argent  avec  r^utant  d«  viteffe  que  I'eau 
entre  dans  le  p.ipier  brouillard  ,  &  le  fer  qui  a  ainC  perdu  fon  huile  ,  devienc 
calfant,  &  ne  fe  fond  plus  au  verre  ardent. 

Ceci  arrive  lorfqu'on  me;  un  morceau  de  fer  fur  I'argent  fondu;  mais  G. 
au  contraire  on  met  de  I'argent  fur  du  fer  fondu ,  I'argent  fe  fondra  prompte- 
ment,  &  les  deux  metaux  fe  confondront  de  maniere  que  Ton  ne  pourra  pas 
reconnoitre  diftinclcment  les  parties  du  fer  ou  celUs  de  I'argent  dans  ce  me- 
hnge  ,  &:  par  confequent  I'huile  de  fer  reftera  coujouES  melee  avec  fon 
meral. 

Cette  obfervation  m'a  fait  voir  non  feulement  que  la  matiere  huileufe  du 
fer  en  peut  are  feparee  ,  mais  aulli  qu'on  la  peut  introduire  en  un  autre 
corps.  J'ai  faic  plufieurs  (eiuatives  pour  reuiei  de  I'argeuc  ceue  huile  d« 


Z5(f  COLLECTION 

fer  qu'il  avoit  abforbe,  niais  inutilement ,  parce  que  pour  tenir  I'argent  en 

AcAD.RoYALE  fiifit'ii ,  il  faut  un  grand  feu  qui  diilipe  cetce  huile ,  de  forte  que  par  ia  vio- 

DEs  Sciences     lence  du  feu  je  n'en  ai  fu  rien  cirer,  &■  la  feule  liqueur  qui  diirout  I'argenr , 

DE  Paris.       fa  voir  Tcfpric  de  nitre,  eft  un  acide  tres-violent,  d'ailleurs  fuffifammenc 

ji      I  „     cliarpe  de  fon  nropre  foufre  ,    &  plus  propre  a  dechirer  ou  a  detruire  un 

Annec  1710.        .fa  ,,      1      r      .  \         r        r     r  •     i      ,      r     !■  ■    j 

rnixte  ,   qu  a  en  extraire  ou  a  en  conlerver  la   partie  huileule.  J  at  done 

abandonne  rargent  abreuvc  de  I'huile  de  fer,  &  j'ai  taclie  d'introduire  cette 

huile  dans  quelqu'autre  metal  plus  aife  a  traiter,  tant  par  un  degre  de  feu 

fort  doux  ,    que  par  un  dilToIvant  tout  a-fait  aqueux  ou  tres-lcgcremenc 

acide  ,  &  qui  de  lui  meme  ne  contient.prefque  pas  de  matiere  fulfureufe. 

Parmi  leselTais  que  jVn  ai  fair,  j'ai  vu  qu'au  verre  ardent  Ic  fer  fe  mele 
parfaitement  bien  avec  I'etain  ,  que  ce  melange  fume  prodigieufement ,  & 
que  la  fumee  fe  condenfe  en  I'air  en  une  efpece  de  coton  ,  qui  felon  routes 
les  apparences  eft  I'etain  ,  metal  volatil  de  la  nature  ,  rendu  plus  volatil  en- 
core par  I'huile  du  fer,  parce  que  la  fumee  qui  s'eleve  de  I'etain  feul,  ou  me- 
le avcc  quelqu'autre  metal  que  ce  foit,  excepte  avec  le  fer,  ne  vient  pas  en 
fi  gr.mde  abondance  ,  &  ne  fe  condenfe  pas  en  une  matiere  cotonneufe  ^  ma- 
jiiable,  mais  fe  dillipe  tout-a-fait  en  vapeurs  comme  il  arrive  a  route  autre 
forte  de  fumee.  J'ai  amaffe  un  pen  de  ce  coton  ,  il  s'eft  dillous  fans  aucune 
ebullition  dans  duvinaigre  diftille,  &  a  donne  une  couleur  rougeatre  a  fon 
difTolvant.  Il  eft  tres  difficile  d'amalFer  au  foleil  une  quantite  fufHfante  de 
cette  matiere  cotonneufe  pour  en  faire  une  operation  fenfible,  tant  parce 
qu'etant  expofee  a  I'air  libre,  le  vent  I'emporte  &  la  difiipe,  que  parce  que 
nous  avons  tres-peu  de  jours  en  I'annee  ptopres  pour  travaillei  au  veire  ar- 
dent. Voici  commrnt  j'en  ai  amalfe  une  adez  grande  quantite  pour  fuffire 
a  une  operation  fenlible. 

J'ai  fait  feulement  le  melange  du  fer  &  de  I'etain  au  verre  ardent  de 
cette  maniere  :  Ayant  fait  fondre  fur  un  charbon  deux  gros  de  pointes  de 
cloux  de  fer  ,  j'ai  mis  fur  ce  fer  fondu  autant  pefant  d'etain  fin  ,  qui  dans  le 
moment  s'eft  fondu  &  confondu  avec  le  fer.  Audi  tot  que  le  melange  en 
a  etc  fait ,  je  I'ai  retire  de  delFous  le  verre  ardent  &  j'y  ai  expofe  d'autre  fer 
&  d'autre  etain  :  j'ai  fait  peu-a-peu  de  cette  maniere  environ  une  demi-livre 
de  ce  melange  que  j'ai  mis  fondre  dans  un  creufct  a  la  forge  au  feu  de  char- 
bons;  mon  melange  s'eft  fondu  &  i!  a  produit  du  coton  femblable  a  celui 
qu'il  prouuit  par  la  chaleur  du  verre  ardent,  dont  une  partie  s'eft  attachee 
aux  parois  du  creufet,  &  en  aflez  grande  quantite  pour  que  j'aie  pu  le  deta- 
cher avec  une  cuil'er  de  fer  &  le  retirer  du  creufet :  j'en  ai  amaife  environ 
une  oncej  la  matiere  quieftrefteeau  fonddu  creufet  a  ceffc  peu  a-peu  de 
fumer  &  s'eft  congelee  en  une  matiere  fort  dure  &  caffante  comme  eft  otdi- 
nairement  le  fer  qui  vient  d'etre  fondu. 

J'ai  verfe  fur  ce  coton  du  vinaigre  diftiile  que  j'ai  lailTe  en  infufion  froide 
pendant  huit  jours;  le  vinaigre  a  travaille  infenfiblemenr  fur  ce  coton  &  a 
pris  une  couleur  rougeatre  tirant  fur  I'orange.  De  fort  clair  &  liquide  qu'il 
etoit,  il  eft  devenulouclie  ,  il  m'a  paru  etre  gras  fous  les  do:gts  &  avoir  plus 
<le  confiftance  qu'.iuparavant.  J'ai  vuide  par  inclination  la  liqueur  teinte  de 
dellus  le  coton  qui  reftoit  non  dilTous  au  fond  du  vinaigre  \  j'ai  vctfe  dii 
nouveau  vinaigre  diftille  deflus,  &  j'en  ai  fepate  la  teiniure,  ce  que_  j'ai 

leitere 


I 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  157 

tcitcrc  jufqii'a  ce  que  la  matiere  cotonneufe  fiit  entierement  dilTonte.  II  faut 
remarqucr  ici  quo  j'ai  commence  a  hire  cetce  infufion  ou  dillblution  fur  Acad.Royale 
I'atlianor ,  c'eft-a-dire  avec  une  chaleur  d'abord  modcree  qui  n'a  pas  bien     des  Sciences 
rculli ,  &  puis  avec  une  plus  forte  ,  jufqu'd  la  faire  bouillir,  ce  qui  n'a  pas       ^^  ,  aris. 
mieux  reulli ;  le  dilfolvant  ell  toujour?  rerteclair  fans  s'cpaiffir  &  fans  chan-    -^nnce  1710. 
'er  de  coulcur  j  mais  a  froid  elle  s'ell  faite  parfaitement  bien.  J'ai  joint  eti- 
emble  routes  ces  difTolutions  qui  faifoient  environ  deux  pintes,  je  les  ai 
diftillces  au  bain  de  fable  dans  une  grande  cornue  de  verre  a  un  feu  fort 
doux  ;  il  en  eft  forti  une  pinte  &  demie  environ  de  Hegme,  fans  odeur  & 
fans  gout ,  aptcs  quoi  j'ai  vu  au  haut  &  dans  le  cou  de  la  cornue  ,  couler  des 
gouttes  epailfes  conime  de  liiuile  \   alors  j'ai  change  de  re.ipient  &C  j'ai 
augmentc  le  feu;  il  m'en  eft  venu  environ  une  once  d'une  liqueur  liuileufe  , 
rougeatre  ,  dun  gout  trcs  piquant  &  d'une  odeur  forte  &C  aromatique;  elle 
bruie  a  I'approclie  de  la  Hamme  avec  beaucoup  plus  de  vivacite  que  I'efpric 
de  vin,  &  quand'on  la  verfe  dans  I'eau  elle  nage  delfus  comme  fait  une  huile 
eftentielle  de  quelque  plante. 

Cette  operation  m'a  donne  fujet  de  croire  que  j'avois  extrait  I'huile  me- 
tallique  de  cette  matiere  cotonneufe,  &  que  c'etoit  cette  huile  qui  bruloit 
comme  I'efprit  de  vin  dans  la  liqueur  diftillee  &c  qui  fe  condenfoit  en  une 
verirable  huile  en  la  verfant  dans  I'eau  commune  ;  mais  je  n'en  etois  pa« 
aflure,  car  je  foupgonnai  que  ce  pourroit  bien  etre  un  refte  de  la  partie  vi- 
neufe  ou  huileufe  du  vinaigre  qui  fe  feroit  manifefte  a  la  fin  de  la  diftilla- 
tion,  auquel  cas  j'aurois  pris  Ihuile  vcgetale  du  vin  ,  pour  I'huile  metallique 
du  fer  &  de  I'etain.  Pour  m'en  eclaircir,  j'ai  fait  la  mcme  operation  avec 
I'efprit  de  vitriol  qui  a  produit  les  memes  cffets  que  nous  venons  d'obfervec 
dans  celle  qui  a  etc  faite  avec  le  vinaigre  diftille. 

Il  faut  obferver  ici  que  I'el'prit  de  vitriol  que  Ton  vcut  employer  a  cette 
operation  ,  doit  ctre  arfbibli  par  I'eau  commune  au  point  qu'il  ne  fade  pas 
d'ebullition  avec  le  colon  ,  autrement  I'operation  ne  rcudiroit  pas  ;  elle 
m'a  confirme  dans  I'idee  que  j'avois  eue  a  la  premiere  operation  ,  c'eft-a- 
dire  que  cet  efprit  ardent ,  &  fon  huile  qui  nage  fur  I'eau  ,  font  une  vraie 
fubftance  huileufe  tiree  du  fer  &  de  I'etain  ,  Sc  non  pas  du  vinaigre 
diftille  dont  j'ai  eu  foin  de  fcparer  tout  ce  qu'il  pourroit  contenir  d'efprit 
vin.'ux,  en  le  diftillant  a  tres-petit  feu,  &  en  jettant  les  premieres  por- 
tions qui  en  font  venues,  Sc  qui,  felon  routes  les  apparences,  ont  emporte 
ceque  le  vinaigre  pourroit  avoir  de  plus  fpiritueux. 

On  trouve  dans  les  Memoires  de  1700  (a )  une  operation  decrite  par  M. 
•  Lemery  le  pere  ,  &  qui  a  etc  faite  dans  une  des  arfemblees  de  I'academie  , 
ou  la  limaille  de  fer  fimplement  bouillie  fur  un  petit  feu  dansun  melange 
de  parties  a-peu-pres  cgales  d'efprit  de  vitriol  &  d'eaii  commune  ,  [b) 
exhale  une  vapeur  qui  brule  comme  I'efprit  de  vin  quand  on  I'approche 
d'une  bougie  allumee  :  I'efprir  de  vitriol  n'exhale  certainemenr  pas  une 
vapeur  inflammable  ;  c'eft  done  le  fer  qui  la  produit ,  comme  dans  notre 

(.1)  V.  CoUcc.  Acad.  Part.  Fraii^oifc,  torn.  I,  pag.  yyS. 

(i)  M.  Lcmcry  a  I'cndroit  cite  ,  die ,  trois  onccs  de  bon  cfptit  de  vitriol ,  &  douze  once» 
4'caa  commune. 

Tomt  III ,  Partie  Fran^oift  K  2 


i58  COLLECTION 

"'""*"  operation  il  a  produit  iin  efptlt  ardent  >  &c  une  vraie  Iiuile  qui  nage  fut 
'»Es°S^°^^'^^  I'eau,  dc  non  pas  le  vinaigre  diflille. 
DE  Paris*'         Cette  extraftion  de  la  partie  du  fer  ,  Sc  de  I'etain  ,  quoique  ingenieufe 
,  '       &c   bonne ,  in'a   paru   neaiimoins  incommode  a  pratiquer  ,  tant  a  caufe  de 

■^nnee  1710.  \^  racete  des  granis  verres  ardens ,  qu'a  caufe  du  petit  nombre  des  jours 
oii  Ton  peut  en  faire  ufage  utilement ;  &c  comme  dans  les  elFais  que  j'ai 
faits  au  verre  ardent  fur  la  plupart  des  matieres  minerales  connues ,  j'ai 
vu  que  le  zinc  y  produit  pour  le  moins  une  aiifli  grande  quantite  de  fu- 
mees  blanches ,  que  notre  melange  de  fer  &  d'etain  ,  &  que  ces  fumces 
s'y  condenfent  de  meme  en  une  maiiere  cotonneiife  ,  j'ai  cru  qu'il  pourroic 
bien  produire  le  nieme  efFet  dans  le  feu  du  chaibon  ;  je  I'y  ai  mis  ,  & 
le  coton  s'y  eft  fait  plus  aifement  encore,  &  en  plus  grande  quantite 
que  dans  I'operation  precedente  de  notre  melange :  j'ai  employe  ce  coton 
de  la  meme  maniere  que  celui  qui  avoir  ete  produit  par  le  fer  &  par 
I'etain  ,  pour  en  tirer  I'huile  &  I'efprit  inflammable ,  tant  par  le  moyeii 
du  vinaigre  diftillc  &  des  autres  acides  des  plantes,  que  par  le  moyen 
de  refprit  de  vitriol ,  qui  ont  egalement  bien  reufli ;  de  forte  que  Ton 
doit  ctre  aulli  convaintu  du  paflage  des  matieres  huileufes  des  metaux 
dans  la  lubftance  des  vegetaux  ,  que  du  paflage  des  huiles  vegetaks  dans 
la  fubftance  des  metaux  j  c'eft-a-dire  ,  qu'il  doit  etre  fuffifamment  prouve 
que  les  matieres  fulfureufes  changent  indifferemment  d'etat,  &  qu'elles 
pafTent  d'une  efpece  de  foufre  en  une  autre  efpece  ,  felon  que  les  cir- 
conftances   en  fournilfent   les  occafions. 

L'operaiion  que  nous  ver^ons  de  faire  fur  le  zinc  ,  qui  nous  a  produit 
avec  autant  &  pius  de  facilite  les  memes  efFets  que  le  fer  &  I'etain  que 
nous  avions  mtles  au  verre  ardent ,  m'a  fait  penfer  que  le  zinc  pourroir 
bien  etre  un  melange  naturel  de  ces  deux  metaux  dent  la  combinaifon 
eft  plus  intimement  forte  par  la  nature,  que  la  notre  ne  peut  I'etre  par 
I'art  ,  &  par  des  proportions  p'us  convenables  pour  la  proaucfcion  de  la 
matiere  cotonneufe  ;  enforte  qu'on  peut  Ten  tirer  plus  aifement  ,  6i  en 
plus  grande  quantite  que  de  notre  meiange   artificiel. 

Les  autres  raifons  qui  m'ont  cor.firme  dans  cette  opinion  ,  font    pre- 
mierement  que  le  zinc  fe  tire  d'une  matiere  minerale   qui  eft  une  vraie 
terci   ferrugineufe  ,   de  couleur  de  rouille  de  fer ,  qui   donne  les  memes. 
marques  que  le  fer  dans  les  infufions  des  noix  de   galle ,  6c  qui  conrient: 
des  pirties  que  la  pierre  d'aimant  attire.  En   fecond  lieu  ,  le  zinc  donne- 
un  certain    cti  quand  on   leplie,  comme  fait  I'etain,  ce  que  Ion  n'ob- 
ferve  dans  aucun  autre    metal  :  on  le  peuc  fubftituer  auffi   a  la  p'ace  de 
I'etain   dans   I'operation  commune   de  Vaurum   mufuum  ,  qui   n'eft  autre- 
chofe   que   Tet^iin  fublime  par  le  moyen  da  mercure  ,  &  colore  ea  cou- 
leur d'ot  par  le  fimple  degre  de  feu  qui   convient  a  cette  operation,  pen- 
dant que  nul  autre  metal  ne  s'y  fublime  de  m"me.  Il  paroir  done  que  les- 
premieres   raifons  que   nous    venous  d'alleguer  ,   autorifcnt   affez    I'opi- 
nion  que  le  zinc  participe  du  fer;  &  paries  deux  dernieres  il  paroir  qu'il 
conii.nt  auffi   de  I'etain,  &  qu'ainfi  la  matiete  cotonneufe  qu'il  rend,de 
menj.s   que  notre  melange    artificiel  du  fer  &   de   I'etain  ,  marque   avec 
beaucoup  de  vraifemblance  ,  qu'il  eft  un  melange  naturel  de  ces  diiiix 
metaux. 


AC  A  D  6  M  I  Q  U  E. 


Mf 


Mc'moirc  touchant  Us  vegetations  artificicllcs. 

Par     M,     H  O  M  B  E  R  G. 


^^oos  avons  dans  les  operations  de  chjrmic ,  beaacoup  de  prodadions 
qui  rellcmblent  en  quelqutf  fagon  a  la  vegetation  des  plantes;  ce  quia 
donnc  lieu  de  Ics  appeller  vegetations  metalliques ,  arbres  de  Diane  ,  fels 
vegetans ,  i^c.  Il  s'eft  mcmc  trouve  des  auteuts  qui  ont  voulu  que  ces 
fortes  de  vegetations  reiremblairent  tcellcment  a  des  plantes ,  cependanc 
ce  n'eft  rien  moins  quand  on  les  examine  avec  un  peu  d'attcntion. 

J'ai  range  ces  fortes  de  vegetations  en  trois  differences  clalFos  ;  j'ai  mis 
dans  la  premiere  routes  celles  qui  confillenc  dans  un  metal  pur  8c  maillf 
fans  melange  d'aucune  autre  chofe  ;  j'ai  ms  dans  la  feconde  clalFe  rou- 
tes celles  dont  la  compofuion  conlilte  en  un  metal  dilfous  ,  le  dilfolvanc 
reftant  mtle  avec  le  metal,  &  faifant  partie  de  I'arbrifleau  qui  en  ell 
produit :  la  troifieme  claife  eft  de  celles  qui  ne  contiennent  rien  de  me- 
tallique  ,  mais  (implement  des  matieres  falines,  terreufes ,  &  huileufes. 
Toutes  les  produdions  de  la  premiere  claife  fe  font  a  fee  ,  &  dans  l6 
grand  feu,  c'elt-a-dire  ,  fans  aucune  liqueur  aqueofe  ;  elles  font  folides  , 
Sc  on  les  peut  titer  fans  les  rompre  des  vailfeaux  dans  lefquels  elles  one 
etc  formees  :  au  conttaire  ,  les  produdions  de  la  feconde  claife  fe  font 
toutes  avec  une  liqueur  aqueufe  ,  elles  font  tres- fragiles  ,  &  on  ne  fau- 
roit  les  titer  commodement  de  leurs  vailfeaux  ;  &  parmi  celles  que  la 
troifieme  claife  fournit,  il  y  en  a  qui  fe  foutiennenta  fee  ,  &  d'autres  qui 
ne  fe  foutiennent  que  dans  une  liqueur  aqueufe  ,  &  que  Ton  ne  fauroic 
remuer  fans  les  gater. 

Je  donnerai  pout  exemples  de  ia  premiere  claife  les  productions  des 
trois  operations  fuivantes. 

1°.  Faites  un  amalgame  d'une  once  ou  deux  d'ot  fin  ou  d'argent  fin  , 
&  de  dix  fois  autant  de  mercure  revivifie  du  cinnabrej  broyez  &  lavez 
cec  amalgame  plufieurs  fois  avec  de  I'eau  nette  de  riviere  ,  jufqu'i  ce  que 
I'amalgame  n.;  falilfe  plus  I'eau  :  pour  lors  fecliez  votre  amalgame,  met- 
tez-le  dans  une  cornue  de  verre  ;  diftillez  au  bain  de  fable  a  tres-petit 
feu  que  vous  enrretiendrez  pendant  un  jour  ou  deux;  plus  vous  pourrez 
continuet  le  feu ,  fans  chalfer  tout-a-fait  le  mercure ,  plus  la  vegetation 
fera  parfaite  :  vous  poufletez  le  feu  a  la  fin  jufqu'a  faire  fottir  tout  le 
mercure  ;  lailfez  ereindre  le  feu  ,  vous  trouverez  votre  mercure  dans  le 
lecipient :  I'or  ou  I'argent  qui  reftera  dans  la  cornue  fera  doux  &  pliant , 
&  de  la  plus  belle  couleur  que  ces  metaux  puilfent  avoir ,  &  cetts  made 
de  metal  aura  poulfe  des  branches  en  forme  de  petits  arbrilfeaux  de 
differences  hauteurs.  On  peut  tiret  de  la  cornue  ces  arbrilfeaux,  les  fe- 
paret  de  la  maffe  de  metal  qui  leur  a  fervi  de  bafe ,  les  rougir  au  feu  & 
les  garder  tant  que  Ton  veut  fans  qu'ils  fe  gacent. 

■Voici  comment  je  concois  la  formation  de  ces  arbrilfeaux.  L'amalgame 
qui   eft  dans  la  cornue  fur  le  feu  s'echauffe  peu-a-peu  jufqii'i  ce  que  le 

K  1  ij 


Acad.  Rov.'.le 

CES  Sciences 

SI  Paris. 

Annit  1 7 Id. 


I'fTc  COLLECTION 

•  mercure  commence  a  s'evaporer ;  alors  on  apper9oit  des  fufces  ou  des 

Acad.  RoYALE  trainees  de  mercure  en  vapeurs  qui  fortenc  de  delliis  toutc  la  furface  de 
DBS  Sciences     I'amalgame  :  ce  mercure  qui  eft  le  dilFolvanc  du  metal  doiit  eft  compofe 
DE  1  ARis.      I'amalgame  en  entraine  avec  lui  des  parties;  ces  petites  parties  de  metal 
■Aniiii  1710.     n'etant  pas  volatiles  comme  le  mercure,  reftent   attachees  fur  la  furface 
de  I'amalgame  ,  tandis  que  le  mercure  qui  leur  a  fervi  de  vchicule  acheve 
de  s'evaporer  tout-a-fait ,  &  les  abandonne ;  de  cette  maniere  elles  font 
placees  peu-a-peu  les  unesfur  les  aurres  ,  etanc  toujours  guidees  par  la  trai- 
nee de  mercure  qui  continue  d'y  ajouter  de  nouvelles  parcelles  de  metal 
&  de  s'evaporer  enfuite  :  ces  parcelles  de  metal  ainfi  amoncelces  les   unes 
fur   les  autres  ,  s'unilfent  fi  bien  enfemble  ,  qu'elles  ferment  des  branches 
fur  la  furface  de  la  made  de  metal  qui  refte  a  la  fin  de  la  diftillation  au 
fond  de  la  cornue. 

Ces  branches  ne  reflemblent  pas  mal  a  une  vraie  vegetation  quand 
on  n'en  regarde  que  la  figure  exterieure ;  mais  on  reconnoit  bientot  que 
cette  comparaifon  ne  pent  fubfifter  quand  on  confidere  qu'une  vraie 
plante  eft  un  corps  organique  dont  les  parties  fervent  a  tirer  le  fuc  de 
la  terre,  a  preparer  ce  fuc  pour  la  nourrirure  &  pour  Taccroiflement  de 
la  plante  ,  &  a  produire  enfin  des  femences  qui  font  aulTi  de  petits  corps 
organiques,  lefquelles  fe  developpent  en  nouvelles  plantes  par  la  nourri- 
rure qu'elles  prennent;  au- lieu  que  nos  vegetations  artificielles  ne  font 
que  de  fimples  cryftallifaticns  ,  ou  des  affemblages  de  quelques  petits  mor- 
ceaux  de  metal  que  le  hafard  a  place  les  uns  fur  les  autres  fans  ordre  & 
fans  aucune  partie  organique. 

Nous  avons  dit  que  le  mercure  en  s'evaporant  de  I'amalgame  pen- 
dant fa  diftillation  ,  emporte  des  parcelles  de  metal  \  la  preuve  eft  que  fi 
on  fait  le  feu  un  peu  trop  fort  dans  le  terns  que  I'amalgame  eft  encore  li- 
quide ,  il  s'enleve  des  parties  fort  fenfibles  de  Tamalgame  qui  fautent 
meme  avec  eclat  centre  la  voute  de  la  cornue  ou  elles  fe  colient,  &  font 
de  grandes  taches  d'or  ou  d'argent  qui  y  paroilfent  apres  la  diftillation  , 
felon  le  metal  qui  etoit  entre  dans  la  compofition  de  I'amalgame. 

1°.  Le  fecond  exemple  de  cette  premiere  clafTe  des  vegetations  arti- 
ficielles ,  fe  tire  de  I'operation  fuivante.  Prenez  une  once  ou  deux  d'ar- 
gent fin,  fondez-les  dans  un  creufer  ,  &:  pendant  qu'il  eft  en  fufion  ,  jettez 
par  deftus  a  diverfes  reprifes  autant  pefant  de  foufre  commun  ;  remuez  & 
melez-Ie  bien  avec  une  baguette  de  fer  &  retirez-le  promptement  du  feu  ; 
laiftez  refroidir  la  matiere  ,  puis  pilez-la  bien  menu  ;  remettez-la  dans 
un  autre  creufec  ,  que  vous  placerez  dans  un  feu  doux  de  charbons ,  ou 
dans  une  forte  digeftion  aubain  de  fable  fans  fondre  la  matiere  ;  le  foufre 
s'evaporera  peu-a-peu  de  la  malTe  qui  eft  dans  le  creufet,  &  il  entrai- 
nera  avec  lui  une  partie  de  I'argent  en  forme  de  filets  &  de  lames  fort 
blancs,  brillans  &  fort  doux  ,  qui  tiennent  a  la  mafte  du  metal  d'ou  ils 
tont  fortis  :  j'en  ai  vu  de  la  hauteur  de  trois  pouces  ,  &  des  lames  de  deiuc 
lignes  de  large  ,  de  repaiflTeur  d'uue  carte  a  jouer. 

La  caufe  de  cette  vegetation  eft  a-peu-pres  la  meme  que  celle  de  la 
precedente  ,  mais  elle  demande  plus  de  tems  &  d'attention.  Le  foufre 
commun  c^ui  fere  de  diffolvanc  a  I'argenc ,  etant  volatil ,  s'evapore  peu-4- 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E,  2(Ji 

pen,  &r  entraine  des  p.ircelles   d'argent  qui  fe  placent  les  unes  au  bout  — i 

des  autres  &:  s'aftachenc  enfcmble  ,  pendant  que  le   foufre  commun  les  Acad.Royale 
abandonne  en  athevant  do  s'c  vnporer  :  ces  parcelles  d'argent  reftant  en  for-    des  Sciences 
me  de   filets  Sc  de  lanus  attailiecsa  lanialie  d'argent  qui  eft  au  fond  du       ''^  1'aris. 
creufet,  forment  une  elpece  de  vegetation  qui  iie  renembJe  p.istantaun   ■^««^'<  1710. 
arbrilFeau  que   celle  de  i'operation  preccdente,   mais  qui  redemble  fort  a 
certaines    mines  d'argent  qui    confiftenc  de  mcme  en  des  filets ,  &  une 
efpece  de  filigrame. 

j".  L'opcration  fuivante  donnera  notre  troifieme  exemple.  Fondez 
enfemble  deux  onces  d'argent  de  vaifTelie  ,  &  fix  onces  de  plomb  ,  met- 
ier ce  melange  dans  une  coupelie  de  ctndres  d'os  fous  une  mouffle  • 
donnez  le  feu  qui  convient  pour  purifier  cet  argent  a  la  coupelie  ,  & 
des  que  vous  verrez  la  marque  que  I'argent  eft  devenu  fin,  vous  retire- 
rez  la  coupelie  promptement  du  feu,  &  la  laiderez  refroidirj  deux  oa 
trois  minutes  aprcs  que  vous  I'aurez  retiree  du  feu  ,  il  fortira  brufque- 
ment  de  delTus  la  fuperficie  de  cet  argent  plulfeurs  jets  d'argent  fondu 
de  la  grolTeur  d'un  brin  de  paille  ,  &  de  la  hauteur  de  fept  a  huit  li^nes 
qui  durciront  a  I'air  a  mefure  qu'ils  fortiront  de  la  made  d'argent"qui 
eft  dans  la  coupelie  :  ces  jets  font  ordinairement  creux,  &  prennenc 
fouvent  la  figure  des  branches  de  corail  ,  ils  ^relknt  folidement  atta- 
ches a  la  malled'ou  ils  font  fortis. 

Selon   ce   que  j'ai  pu  remarquer  fur  I'effet  de  cette  operation   que   j'ai 
obfervee  fouvent    &avec  attention,  il  m'a  paru  que  ces'  branches  fe  for- 
ment d'une  maniere  route  differente  de  celles  que  nous  venons  de  rappor- 
ter.   Pour  en  faire  concevoir  la  mechanique  ,  il  faut  que  j'eclairciile  au- 
paravant  en   quoi  confifte   la  marque  que  I'argent  eft  devenu  fin  dans  la 
coupelie,  puvfque  c'efV   de    I'exaftuude  a  faifir  ce  moment  que  depend  le 
fucccs^  de  roperanon  :  cette  marque  eft  lorfque  dans  le   meme  degre  de 
feu  ou   I'argent  a  ete  en   parfaite  fufion   pendant  tout  Ic  tems   du   rafi- 
nage ,  fa   furface  fe  fige  dans  la  coi;pelle  tout  d'un  coup  en  une  croute 
dure  &  brillante  qui  eft  fortement  attachee  parfes  bords  au  corps  de  la 
coupelie  ,  pendant  que  1  interieur  de  cette   maffe  d'..rgent  eft   encore  en 
fulion ;  c'eft  dans   ce   moment  qu'on   doit   titer   la  coupelie  du   fen     & 
la  placer  en  un  lieu  froid  :  quand  on  confidere  ce  qui  lui  arrive  en'cec 
ctat  ,  on  comprendra  que  I'air  froid  qui  touche  le  dehors  de  la  coupelie 
&  la  furface  deja  figde  de  I'argent,  les  doit  relferrer,  &  comprimer  en 
meme   terns  la    pattie   mterne  de    cette   malTe  d'argent   qui  n'eft  pas  en- 
core figee     parce  que   le  corps  de  la   coupelie  eft  afTez  enflammi  en  le 
tirant   du  fcu  ,  pour  qu'il  pmlfe  entretenir  pendant  quelques  minutes  en 
tuiion  la  partie  de  Urgent  qui   le    touche    immediatement    :  cet  argent 
Jiquide  eft  enfermc   comme  dans  une  boite  bien  clofe,en  defTous  par  le 
corps  fpongieuxde  la  coupelie,  capable  de  beaucoup  de  comprcilion,  & 
en   dc(lus_  par  fa   propre  croute  figee  ,  dont  il  eft  fi   fortement   prellc  8c 
compnme  par  I'effet  du  froid  fubit  qui  environne  cetre  bolte  ,  &  qui  la 
rederre  de  plus  en  plus,  qu'il  en  echappe  une  partie  par  les  endroits  les 
plus   foibles  de  fa  furface  hgce  ,   i-peu-presde   la    mcme  mamere  que 
nous  voyons  expnmer  les  couleurj  4es  peintrcs  qu'Us  tiennenc  enfermees 


isi  Collection 


—  dans  des  nonets  de  vefiiss  de  pore ,  en  prefTant  ces  ncuets  apres  y  avoif 

Acad.  RoYAtE  (au  uu  trou  avec  une  eoingle. 
DES  bcFENCEs  Pout  donner  un  exemple  d'une  preffion  fembla'ole  ,  prenez  le  vailTeau 

Di;  ARis.  j'm,  thermometre  done  la  boule  aura  deux  ou  trois  pouces  de  diametre 
'^nm'e  1710.  ^  t^ont  le  verre  fera  fore  mince;  plus  la  boule  fera  grande  ,  plus  I'efFct 
en  fera  fenfible;  plongez  cecce  boule  dans  I'eau  bouillante  ,  &  I'y  lailT'ez 
j-ufqu'a  ce  que  route  la  liqueur  foic  devenue  chaude  :  marquez  pour  lors 
i'endroit  ou  la  liqueur  fera  montce  ,  puis  retirez  ce  vailleau  de  I'eau 
chaude,  Sc  replongez-le  fubitement  dans  I'eau  froide  ;  on  verra  la  li- 
queur monter  trc-s  fenfiblemenc  dans  le  ruyau  de  ce  vailfeau  avant  qu'clle 
coirsmence  de  defcendre  par  la  traicheur  de  I'eau  oii  Ton  vient  de  la  mer- 
tre  ,  &c  ccla  par  la  raifon  que  le  corps  de  la  boule,  que  je  fuppofe  d'un 
verre  fore  mince,  fe  refroidir  dans  le  meme  inftant  qu'il  touche  I'eau 
froide  ;  &  comme  ce  vailfeau  a  plus  de  capacice  etanc  chaud  que  quand 
il  eft  froid  ,  il  comprime  pour  uu  inftant  la  liqueur  qu'il  contient  en  fe 
refroidilTant  fubitement ,  &  la  fait  monter  dans  le  tuyau  pendant  un  petit 
efpace  de  tems  ,  c'eft-a  dire ,  jufqu'a  ce  que  la  liqueur  ayant  commence 
audi  de  fe  refroidir  ,  occupe  moins  de  place,  &:  defcend  par  confequent 
<lans  le  tuyaa  ,  felon  I'obfervation  ordinaire  de  I'efFet  des  thermometres. 
Pour  reuffir  en  cetce  experience  ,  il  faut  que  la  boule  du  thermometre 
foit  d'un  verre  fort  mince,  autremenr  elle  fe  caflera  lorfqu'on  la  plon- 
gera  route  chaude  dans  I'eau  froide. 

Une  preuve  que  I'argent  encore  liquide  dans  notre  coupelle,  fort  &: 
•echappe  par  une  compreflion  femblable  a  travers  les  endroits  les  plus 
foibles  ,  ou  les  moins  durcis  de  la  croute  qui  le  couvrc  ,  eft  premiere- 
•ment  que  ces  jets  fortent  brufquement ,  &  avec  bruit  de  la  made  de  I'ar- 
gent coupelle  ,  comme  une  liqueur  qui  feroit  feringuee  avec  violence  , 
ce  qui  ne  peut  arriver  que  par  une  forte  compreflion  ;  &  en  (econd  lieu , 
qu'on  obferve  toujours  quand  on  laille  refroidir  la  coupelle  dans  le  feu  , 
que  la  malfe  de  I'argent  coupelle  fe  durcit  peu-a-peu,  8i  tranquillement 
dans  route  fon  etendue,  fans  qu'il  forte  des  jets  d'argent  liquide  ,  &  fans 
qu'il  fe  forme  des  branches  fur  la  fuperficie. 

Ces  trois  operations  fuffifenc  pour  erablir  le  caraftere  des  vegetations 
artificielles  de  la  premiere  clalTe  ,  c'eft  a  dire  ,  de  celles  dont  la  matiere 
confifte  en  un  metal  put  &-maffif ,  &  fans  aucun  melange.  Quant  a  celles 
de  la  feconde  claffe,  dont  la  compofition  confifte  en  un  metal  ditfous, 
&  oil  le  dilfolvant  refte  mcle  avec  le  metal ,  j'ai  iu  autrefois  a  I'Academie 
un  Mcmoire  qui  a  ete  imprime  en  i6^i  (a),  lequel  indique  differentes 
manieres  de  faire  des  vegetations  artificielles;  elles  p>euvent  routes  fervir 
d'exemples  pour  erablir  le  caradtere  de  celles  dont  nous  avons  fait  la  fe- 
conde claffe  ;  ainfi  nous  n'en  parlerons  pas  ici. 

Nous  avons  range  dans  la  troifieme  clalTe  routes  les  aiitres  vegetations 
artificielles  qui  ne  tiennent  rien  de  metallique  ;  nous  en  doiinerons  ici  de 
meme   rrois  exemples. 

Premier  exemple  :  Prenez  huit  onces  de  fnlpc-tre  fixe  par  le  charbon 
a  la  maniere  ordinaire;  faites-le  refoudre  a  !a  cave  en  huile  par  defail- 
lance  ,  filtrez  certe  huile  ,  &  vecfez  dedans  peu-a-peu  de  I'huile  de  vitriol 

((!)  V,  CoUec,  Acad.  Part.  Francoife,  i«  vol.  pag.  184. 


A  C  A  D  fe  M  1  Q  U  E.  i6j 

lufqu'l    parfaite   facuracion  ,  ou  jufqu'a   cc  que  rcbullition  cefTc  -y  faiccs  ^^:^::^^^ 
cvaporer  toute  I'liumiditc  :  il  reftera  une  inalfe  falice  corapadte ,  dure  ,  ^cad  Royalb 
tres-blanche  ,  &   fort  acre   :pilez-la  grofTieremenc ,  &  vetfez  defTus  un     dhs  Sciences 
demi-feptier  d'eau  froide  de  riviere  dans  une  ccuelli  de  gres  ;  laillezla      on  Paris. 
pendant  quelques  jours  fuc  une  table  decouvette  a  I'air  ,  I'eau  s'cvaporcra     j4nnee  1710. 
en  partie,  &  le  fel  encore   humide  coi\.niencera  de  vegeter  en   plufieurs 
endroits  en   poulfant  des  touffes  en   aigrettes  qui  partent   chaciine  dun 
mcme  centre,   &  qui  fe  divifent  en  diverfes  branches  pointues,  roides,  & 
calTantes ,  longucs   de   douze  a  quinze  lignes.  Ces   aigrettes  fe  forincnr 
ordinairement  fur  tout  le  bord  de  Tccuclle  ,  &  y  compofent  une  efpece  de 
couronnement   :  elles  cedent  de  croitte  quand  toute  I'eau  a  etc  dvaporee 
de  I'ecuelle  ;  mais  en  remettant  de  I'eau  fur  ce  ftl ,  il  vcgetede  nouveau. 

Cette    vegetation  eft  tout -a- fait   diiicrente   de   celles  de  la  premiere 
claffe  ,  &  elle  approche  un  peu  de  la  plupart  de  relies  de  la  feconde  :  elle 
ne  confifte  qu'en  une  fimple  cryftallifation  du  fel  dillbus,  &  concenu  dans 
I'ecuelle  de  gres.  Il  faut  confiderer  ici  que  ce  fel  ,  eft  du  falpCtre  qui  a 
etc   calcine  par  le  charbon  ,  de  forte   qu'il  eft  devenu  un  fel  fixe  lixiviel , 
a-peu-pres  comme  eft  le  fel  de  tattre  ,  ou  le  fel  fixe  de  quelqu'autre   ve- 
getal ,  dont  il  conferve  une  certaine  confnlance  gralTe  qui  fait  qu'ils'atta- 
che  facilement  a  toute    forte  de  corps  ;  &   par  I'addition    de   I'acide  du 
vitriol ,  il  acquiert  une  volatilite  ,  ou  une  difpolition  a  s'clever  aifement  en 
vapeurs  plus  legeres  que  I'air  qui  les  environne  j  moyeonant  quoi  ce  fel 
ayant  ete  dilTous  dans  une  petite  quantitc  d'eau  ,  la  liqueur  qui  en  refulte 
ne  garde  pas   long-terns  la  meme   fituation  ,  &  elle  ne  moul'le  pas  feu- 
lement  le  vailFeau  qui  la  contient  jufqu'au  niveau  de  fa  furface  ,  comme 
font  les  autres  liqueurs  aqueufe'.  j  mais  tile  monte  peu  a-p;u  ,  &:  eft  pouf- 
fee  par  le  poids  de  I'air  au-delTus  de  fon   niveau,  de  forte  quelle   con- 
tinue  de  mouiller  les   parois  du  vailfeau  jufqu'a  fon  bord  fupcrieur,fi« 
paffe   meme  par  dellus  en  mouillant  les  parois  exterieures  du   vaiiTeau , 
particulierement  quand   il  a  la   fupi.-rficie   raboteufe  &  grenue  ,    comme 
eft  ici  le  gres.  Cette   liqueur  agit  dans  les  grains  du  grts  apeu  pres  de  la 
m;me  maniere  que   I'eau  commune  agit  dans   les  poils  du  drap  qui  fere 
de    fihte  ,  ou  dans  les  filtres  dune  eponge   nouvellsmer.t  lavee  ,  quand 
elle  y  monte,   c'tft-dire,  que  les   grains  inferieurs  ,  cu  les  plus   pres  du 
niveau  de  la  liqueur  etant   mouilles  ,  la  liqueur  qui  ks  enveloppe  com- 
mence de   toucher  auffi  ceux  qui  font  imm  diatement  au  deffiis  ,  &:  les 
mouiUe   de  meme  par   fa  grande   facilirc  a  s'attacher  a  toutes  fortes  de 
corps  ,  &C  en  continuant  ainfi  ,  la  liqueur   monte  toujours  de  grains  en 
grains  jufqu'a  ce  qu'A  la   fin  elle  commence  a  fe  d;;(ri.cher  j   &  comme  elle 
confiiie  en  une   didolution  de  fel,  ce  fel   ayint  perdu  pnr  revaporacion 
]e  trop  de  liqueur  qui   le  tenoit   didouSjil  fe  ctyftallife  a  fon  ordinaire 
dans   toute   I'etendue   du   vaifteau   011  la   licjueur    etoic  montJe  ;  car  les 
p.irties  falines  ne  s'evapcrent  pas  fi  aifement  que  I'eau  qui  Icur  avoir  fervi 
de  dillolvanc.  Ces  prenners  peris  cryftanx  fe  remouillent  fucccfl^venient 
de   la   meme  maniere  que  les  grains  du  gres  pir   la   liqueur   de  I'ecuelle 
qui   continue  dc  montcr  ainfi  ,  &  de   fe  cryftallif^t  enftiite  ;  &   par   ce 
moyen  elle  groftit,  &  elle  allonge  les.  premiers  cryftauxqui  reprenne;it  4- 


1  ', 
164  COLLECTION 

■"' " "  peu-ptes  la   meme  forme  qu'avoic  le  falpetre  avant  d'avoir  ete  calcine ,' 

Acad.  Roy  ALE  c'eft-a  dire  ,  qu'ils  deviennent  des  aiguilles  d  quaere  ,  cinq,  &  fix  pans, 

"d£  Pari"^     dontquelques-unes  font  collees  enfemble  ,  &  les  aucres  font  feparees ,  8c 

.      I         '       produifent  les  aigrettes  qu'on  y  obferve  ,  ce  qui  ell:  proprement  ici  notrc 
Annec  1710.     r,,.        ,        ^inj  n.  01  ■ 

vegetation.  La  produdtion  de  ces  cryltaux  ,  &  leur  augmentation  contmuent 

de  fe  faire  ,  jufqu'a  ce  que  le  fel  qui  eft  dans  I'ccuelle  ,  fe  foit  tout-a-fait 

defleclie ,  &  alors  cette  vegetation  cefle  auffij  on  pent  la  faire  recommen- 

cer  en  detrempant  de  nouveau  avec   de  I'ean  commune  le  fel  qui  refte 

dans  I'ccuelle  ,  &  cela  tant  de  fois  ,  qu'a  la  fin  tout  le  fel  foit  monte,  ou 

cryftallife  en  cette  forte  de  vegetation. 

Jerapporterai  pour  le  fecond  exemple  de  cette  clafle,  certaincs  crydalli- 
fations  en  arbrilFeaux  que  j'ai  trouvees  produites  naturcllement  fur  le  ri- 
vaoe  de  la  mer  d'Efpagne  &c  que  Ton  peut  aifement  imiter  ;  car  ce  n'ell:  au- 
tre chofe  qu'une  tige  branchue  de  quelques  plantes  delTechees  ,  &  fans 
feuilles ,  qui  ayant  ete  mouillee  plufieurs  fois  par  lean  de  la  mer  ,  eft 
reftee^a  chaque  fois  induite  d'une  legere  couche  de  fel  qui  s'eft  cryftallife 
deiUis  lorfque  I'hi'midite  s'eft  evaporee  ;  de  forte  que  par  I'addition  fuc- 
ceflive  de  ces  couches,  la  plante  a  la  fin  paroit  une  plante  de  fel  :  j'en  ai 
vu  une  fort  belle  de  cette  nature  ,  haute  d'environ  un  pied  &:  blanche 
comme  la  neige  ,  dans  le  cabinet  de  feu  M.  de  Tournefort ;  &  j'en  ai  fait 
de  femblables  en  employant  de  I'eau  falee  filtree.  II  faut  avoir  la  precau- 
tion doter  I'ecorce  de  la  branche  qui  fert  de  charpente  ou  de  foutien  a 
cette  cryftaliifation  ,  parce  que  Tecorce  etant  ordinairement  brune  ,  elle 
obfcurcit  la  blancheur  tranfparente  du  fel  qui  s'atrache  autour. 

Je  donnerai  pour  troifieme  exemple  I'obfervation  fuivante  :  Dans  un 
tems  d'orage  ,  accompagne  de  beaucoup  de  pluie  &  de  tonnerre  ,  je  rem- 
plis  une  bouteille  d'environ  trois  pintes  de  I'eau  de  cette  pluie  qui  avoit 
coule  de  delTus  un  vieux  toit  de  tuiles ,  &  qui  avoit  lepofc  pendant  une 
demiheure  environ  dans  un  bacquet  de  bois  fous  la  gouttiere  j  je  mis 
cette  bouteille  negligemment  fermee  d'un  bouchon  de  papiet  fur  une  fe- 
wetre  expofee  au  midi ,  ou  I'ayant  oubliee  ,  elle  eft  reftee  fans  ctre  re- 
inuee  pendant  trois  mois  environ;  I'eau  ne  paroilToit  pas  trouble  quand 
je  I'ai  puifce  j  cependant  il  s'eft  amalfe  peu-apeu  au  fond  de  la  bouteille 
un  fediment  de  couleur  verte  ,  de  repailFeur  de  trois  cu  quatre  lignes  j  il 
s'eft  fait  apparemment  une  fermentation  dans  cette  matiere  ,  ou  elle  m'a 
paru  fort  fpongieufe  ,  &  pleine  de  petites  bulks  d'air  qui ,  felon  toute 
apparence,  s'etoienr  feparees  du  limon  qui  faifoit  le  fediment,  cat  il 
arrive  toujours  des  feparations  acriennes  dans  routes  les  matieres  qui 
termentent, 

Un  jour  qu'il  faifoit  fort  chaud  dans  le  mois  de  Juillet  ,  vers  les  deux 
heures  apres-midi,  je  paflai  dans  I'endroit  ou  etoit  cette  bouteille  j  je 
la  regardai  par  hafard  ,  je  n'y  trouvai  pas  de  limon  au  fond  ,  mais  je  la 
vis  templie  d'une  efpece  de  vegetation  d'une  tres- belle  couleur  verte, 
dont  une  partie  paroilToit  tenir  au  fond  de  la  bouteille  ,  &  le  refte  etoiti 
fimplement  fufpendu  comme  des  fils  dans  I'eau  :  parmi  ces  fits  il  y  en  avoit 
qui  etoient  eleves  jufqu'a  la  fupetficie  de  I'eau  ,  &  d'aucres  qui  eroient  ' 
reftes  a  differences  diftances  de  la  fuperhcie ,  nageants  entre  deux  eaux  ; 

les 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  irfj 

les  extrcmitcs   fupericures  de  routes  les  ramifications  Sc  de   tous  les  fils  « 

ctoiei.t   j^.irnies  thacuue  d'un  grain  ,  ou  d'uriL-  petite  boiile  qui  paroilToic    Aj.  .  j,  Rqyalb 
blanclie  dans  I'eau  is:  brillaiue    comme  de  I  .irgent  ,  6:  qui   reprelentoit     Dts  Sciences 
allez  bien  un  fruit  (ur  le  fommet  dc  f.i  tige  :  en  remuant  uii  peu  la  bou-       de  Paris. 
teiile  ,  jc  m'appirgus    que  cette  vegetation  n'avoit  point    de  confillance  ,     Annie    iiiol 
niais  qu'elle  ctoit   foutenue  par  I'eau  de  la  boutcille  ,  &  qu'elle  flottoic 
dans'toutela  malk  de  cette  eau ,  qui  d'ailleurs  eiuit  fort  claire,  &  fort 
limpide. 

Le  lendemain   vers  les  fept  heures  du  matin  ,  vou!ant  faire  voir  cette 
vegetation  a  qin-lquun  a  qui  j'en  avois  patle  ,  je  n'y  trouvai  que  de  I'eau 
bien  claire  ,  &  le  liaion  verd  rcapplique  au  fond  de  la  bouceille  ,  comme 
je  I'avois   vu  au-refois  ,  ce  qui   me   donna  la   curiofue  dj   regardcr  fou- 
vent^pendant   la    journee    cette    bouteille  pout  m'cclaiicir   li 'm  fait   qui 
d'abord  ni'avoit  furpris.  Vets  le  dix  heures  du  matm,  qui  etoir  le  tems 
que    le    foleil  eclairoit  la   fenctce  ou  etoit  pofce    la   bouteille  ,  le  limon 
du    fond  commen^a   de  s'enfler  ,  &:  a  mefure  que   I'eau  s'echiufToit ,  il 
s'eleva  de    dcirus  la   fuperficie  de  ce  limon  une    infinite  de  bofles  ,  qui 
peu-a  peu  en   s'elevant  davantage  diminuerent  de  grodeur  ,  &   produi- 
firent   des  filets   de  la  fubrtance  du  limon    m^me  ,  de  forte  qu'en   deux 
heures  de  tems  tout  ce  limon  qui  tapilFoit  le  fond  de  la  bouteille,  etoic 
convert!  en   filets  dont  quelques-uns  tenoient  enf^mble  ,  &   paroilFoient 
fortir  les  uns  des  autres  ,  reprefentant  des  brandiages,   &:  les  autres  flot- 
toient  commie  de  fimples  filets  droits  ou  recourbei  ,  felon  qu  lis  avoient 
ete   obliges   de  fe  dctourner  pat  les  autres  qu'ils   avoien:  rencontres  en 
chemin  ;  chacun    avoir    une  perle   blanche  attachee  a  fon  extr^mitc  fii- 
perieure  ;     ces    perles   etoient   de    difFirentes    grolfeurs  ,    comme  je  les 
avois  vues  le  jour  precedent  j  cette  vcoetation  refta  dans  la  menie  fitua- 
tion  pendanr  tout  le  tems  que  le  foleil  I'edaira,  c'eft-a-dire  jufqu'a  qua- 
tre  heures  apr^s-midi  j  immediat-ment  apres  ce  tems  je  vis  les  filets  & 
les  ramifications  retomber  peu-a  peu  au  fond   de  la  bouteille,  enrrainanc 
avec  eux  les  petites  boules  blanches  qui  les  furmontoient  ,  &    aue  jevis 
diminuer  peu  a-peu  de  grolfeur ;  enfin  le  tout  tecompofa  au  fond  de  la  bou- 
teille la  meme  quantite  tie  ftdimcnt  ou  de  limon  verd  que  j'y  avois  obferve 
en  premier  lieu  :  le  lendemain  il  arriva  la  mane  chofe  ,  &  aux  memes 
heures,  ce    qui  a  continue  pendant  le   refte   de  I'ete  ,  c'eft-a-dire  les 
jours  qu'il  a  fait  chaud  ,  Sc   que  le'  foleil  a  pu  atteindre  la  bouteille  ;  le 
refte  de  I'annce  ,  non  feulement  les  branchagcs  n'ont  pas  paru  dans  I'eau, 
mais  le  limon  du  fond  ,  ou  le  fediment  de  la  bouteille  ,  qui  pendant  les 
nuits  de  I'cte,  etoit  epais  de    trois  ou  quatre  lignes,  s'eft  C\  fore  affaide 
pendant    liiiver ,  qu'il  n'avoit  pas   une   ligne  d'epailTeur  ,  &  les    petites 
bullei    d'air  dont    le  limon  etoit  fort  fenfibleuient  parfeuie  en  ete,  one 
difparu  entierement  pendant  I  liiver. 

j'ai  de  loin  prcfente  cette  fiole  au  feu  pendant  I'hivor ,  les  bulles  d'air 
ont  piru  dans  le  1;'  liment  ,  &  a  mefure  que  I'eau  de  la  bouteille  s'eft 
cchauffee,  le  fediment  s'eft  gonfle ,  les  branchages  fe  font  refaits  dans 
route  la  malFe  de  I'eau  ,  comme  il  etoit  arrive  en  etc  par  la  chaleur  du 
foleil;  &  en  elois;na  t  la  bouteille  du  feu  ,  U  fedimeat  s'eft  temis  au 
Tome  111 ,   Partii  iran^oif;,  L  z 


iS(; 


COLLECTION 


D£  Paris. 
tdrmk  ijio. 


'"'''''''"'  fond  de  I'eau  a  mefure  quelle  s'eft  refroidie  j  j'ai  fait  ces experiences  trois 

AcAD.RoYALE  OH  quatre  fois  pendant  Ihiver  ,  &  elles  ont  fort  bien  reuffi  ;  mais  la  der- 
I>£S  Sciences  niere  fois  ,  ayant  trop  echauffe  la  bouteille  ,  il  s'ell:  fait  line  ecume  fuc 
I'eau,  ce  qui  n'etoit  jamais  arrive,  &:  tous  les  ftlamens  &  les  branchages 
qui  occupoient  toute  I'cau,  fe  font  precipites  fubitement  au  fond  de  la 
bouteille  en  forme  de  limon,  &  ce  limon  ne  s'eft  jamais  releve  en  bran- 
chages ,  comme  il  faifoit  auparavant. 

Il  eft  aife  de  voir  que  les  buUes  d'air  enveloppees  dans  le  fediment  verd , 
ont  ete  la  caufe  de  I'elevation  de  ce  fediment  en  forme  de  filets  SiC  de  bran- 
chages, qui  ont  occupe  route  la  capacite  de  la  bouteille,  &  que  les  pe- 
tites  boules  blanches  &  brillantes  qui  tenoient  au  haut  de  chaque  branche 
en  forme  de  fruits ,  n'etoient  autre  chofe  que  ces  memes  bulks  d'air  en- 
gagees  &  enveloppees  en  partie  dans  le  rilTu  de  ce  limon  :  ces  bulles  d'air 
ayant  ete  dilacees  conlidcrablement  par  la  chaleur  du  foleil  ou  du  feu  , 
font  devenues  fi  legeres  en  comparaifori  d'un  pareil  volume  d'eau  ,  que  I'eaii 
de  la  bouteille  les  a  pu  enlever  nonobftant  le  poids  du  limon  auquel 
elles  etoient  attachees  ,  de  forte  qu'elies  ont  entraine  ce  limon  apres 
elles  en  forme  de  branciiages ,  qui  ont  forme  cette  vegetation  j  &  comme 
la  derniere  fois  que  j'ai  prefente  la  bouteille  au  feu  ,  je  I'ai  trop  echauffee, 
les  bulles  d'air  trop  dilatues  ont  dechire  les  enveloppes  qui  les  retenoient, 
&  elles  ont  forme  I'ecume  qui  pour  lots  a  paru  fur  I'eau  de  la  bouteille  y 
aufli  depuis  ce  terns,  le  Hmon  ne  s'eft  plus  eleve  dans  fon  eau ,  &  il  n'y  a 
plus  paru  de  vegetation. 

Si  la  fameufe  palingenefie  etoit  bien  verifiee  ,  elle  pourroit  fervir  en- 
core d'exemple  de  cette  troifieme  clalTe  des  vegetations  artificielles. 


ACADliMIQUE. 


itfr 


Sur  Ics  Precipitations  Chymiqucs ,  oil  I'on  examine  par  Ofca-^ 
fion  la  difo/ution  dx  /'or  &  dc  I' argent ,  la  nature  particulicrc 
les  efprits  a.:ides  ,  £•  la  manicre  dont  te/prit  dc  nitre  agit/itr 
xluidejd  daiis  la  formation  dc  I'eau  regale  ordinaire. 


di 

cc. 


AcAp.l\.evA;-t. 

D£S  SflfNCES' 
DE  VaJIIS. 

Anne*  1711. 


P.ir   M.   L  E  M  E  R  Y    le  Filj. 


J-jE  mot  Ai prklf'aat'ion  eft  employe  paries  Chymiftes  pour  exprimer  la 
chute  d'uii  corps  qui  avoir  etc  fufpendu  &  diffbus  dans  un  liquide  ,  dont 
il  a  etc  enluite  deluni. 

Les  precipices  i^ifterent  fuivant  la  nature  des  matieres  qu'on  fait  preti- 
piter,  fuivant  celle  dcs  liqueurs  qui  ont  fervi  a  leur  diflolucion  ,  &  en(in 
luivant  le  proctde  dont  on  fe  feit  pout  operer  la  precipitation  ,  ce  qui 
comprend  les  differents  intennedes  qu'on  emploie  pour  cet  efFet. 

Coninie  Is  corps  dont  fe  font  les  precipices  ,  ne  font  pas  tous  de  mtme 
natute  ,  on  fe  fert  aulfi  de  liqueurs  differences  pour  les  dilToudre.  Les  bi- 
tumss  &  L-s  refines  fe  dilfolvent  par  des  liqueurs  huileufes  ,  &  fulfu- 
reufes,  &  par  des  fels  alkalis,  particulicrement  quand  ces  matieres  font 
chargers  d'acides,  comme  par  exemple  le  foufre  commun.  La  feule  refine 
connus  qui  fe  dilfolve  par  les  acides  ,  c'eft  le  camphre. 

Les  m.ui.res  falines  n'ont  befoin  d'aurre  dilFolvant  que  de  I'eau  ,  & 
enfin  les  corps  meralliques  fe  dillolvent  par  des  e'"prits  acides  :  cependanp 
I'eau  dans  certaines  circonftances  peut  etre  regar.iee  comme  un  veritable 
dilfylvant  niet.iUique;  on  a  reconnu  cette  vdrite  fur  I'or  qui  a  I'aide  de 
re  liquide,  6c  d'une  longue  tritur.ition  ,  eft  encierement,  &  fi  bien  reduic 
en  liqueur,  qu'il  pafTe  alors  avec  fon  dilTolvant  au  travers  d'un  filtre  ferre. 

On  donne  improprement  en  Ciiymie  le  nom  de  precip'nes  mitaliiquts 
ides  matieresqui  p.ir  la  calcination  ,  ou  ime  autre  voie  ,  ont  acquis  une 
forme  (emblable  a  celles  des  veritables  pricipitis ,  c'eft-a-diie  qui  ont 
})ecdu  Leur  premiere  forme  de  metal  ,  &c  ont  ete  reduites  en  une  malfe 
triable  &  inditlolubie  dans  I'eau  ,  quoique  fouvent  allez  chargee  d'acides, 
d'oii  vient  que  quand  on  la  verfe  dans  ce  liquide  ,  elie  ne  peut  s'y  foute- 
nir  ,  &  tombe  au  fond  comme  les  precipitcs  ordinaires.  On  peut  meme 
dire  que  le  feu  agit  fouvent  fur  cetce  malTe  ,  precifement  de  la  mcme  ma.- 
niere  c^ue  les  intermedes  abforbants  dont  on  fe  fert  pour  les  veritables  pre- 
cipitations mUdUiques ,  comme  on  le  verra  clairemcnt  par  la  fuite  de  ce  aif- 
coufs  ,  &  pat  un  fccond  Memoire  que  je  donnerai  une  autre  fois  fur  les 
diffetentes  couleurs  des  precipices  de  mercure  j  par  confequent  les  fr.ux 
prici/ues  dont  on  vienc  de  pallet,  ne  diff^crent  point  erfentiellement  des 
veritables  ,  mais  feulement  par  le  ptocede  diftetent  qu'on  a  tenu  pout  lej 
ons  &  pour  les  aurres. 

Ces  faux  precipitcs  ne  C*  pr^parent  pas  tous  de  la  meme  manicre ,  les 
Uus  fe  font  par  la  fiinple  calcination  ,  &  fans  additions  d'autune  autre 
niaciete  ,  comme  il  afcivB  au  precipite  par  lui-menie  qui  n'a  befoin  poar 
•  L 1  jj 


i6% 


COLLECTION 


AcAD.RoYAtE 

DES  Sciences 
DE  Paris. 


fe  changer  en  une  poudre  rouge  ,  que  dun  petit  feu  long-terns  continue.' 

D'autres  fe  prcparenc  aufll  pat  la  calcination  ,  mais   avec  addition  de 
matieres  feches  &c  falines  dont  il  ne  refte  au  corps  metallique  apres  I'o- 
peration  ,  que  ce  qu'il  y  avoit  dans  ces  matieres  de  plus  acide  &  de  plus 
Annee    1711.    propre  a  s'arreter  dans  fes  pores.  On  a  un  exemple  de  ces  fortes  depre- 
cipuis  dans  la  preparation  du  prkipiU  noir  ,  ou  du  mercure  violet. 

Il  y  a  encore  d'.iutres  faux  pricipites  qui  fe  font  fans  le  fecours  du  feu  ,' 
&  pour  la  formation  defquels  on  n'emploie  qu'un  efprit  acide  qui  trou- 
vant  un  corps  trop  difficile  a  diffoudre  ,  ne  le  pcnetre  qu'a  demi,  &  le- 
lailfe  au  fond  Ju  vaiifeau  fous  la  forme  d'une  matiere  calcinee  qui  ne 
pent  etre  difToute  dans  I'eau.  C'eft  ce  qui  arrive  a  I'antimoine  ,  fur  lequel 
on  a  verfe  de  Tefprit  de  fel  ,  ou  de  I'eau  de  regale  ordinaire,  car  il  fe 
leduit  alors  en  une  malfe  blanche  qui  n'eft  pas  revetue  d'une  alFcz  grande 
quantite  d'acides  pour  pouvoir  ctre  fufpeiidue  dans  I'eau. 

Enfin  nous  avons  en  Chymie  ,  d'autres  matieres  auxquelles  on  donne 
improprement  le  nom  de  prkipitis ,  8c  doutla  preparation  confifte  dans 
la  dilfolution,  I'evaporation  &  !a  calcination.  Suppofons  par  exemple  le 
niercure  penetre  par  les  acides  de  I'efprit  de  nitre  ,  &c  fufpendu  avec  ces 
acides  dans  la  partie  aqueu'e  de  cet  efprit  :  fi  Ton  fait  enfuite  evaporer  la 
liqueur  par  le  moyen  du  feu  ,  quand  I'evaporation  eft  venue  a  un  certain 
point  ,  a  mefure  que  chaque  portion  de  I'humidite  aqueufe  s'echappe  , 
chaque  globule  mercutiel  qui  y  etoit  foutenu  ,  fe  precipite  par  fon  poids 
au  fond  tk  aux  cotes  du  vailfeau  avec  les  acides  qui  y  etoient  incorpores; 
mais  comme  le  mercure  eft  encore  dans  cet  ctat  dilfoluble  dans  I'eau  ,  i 
caufe  de  la  grande  quantite  d'acides  qu'il  a  retenus,  &  qui  lui  donrrenr 
bien  pkuot  une  forme  faline  que  celle  d'un  precipiii! ,  on  I'expofe  alors  a 
un  feu  de  calcination  allez  forr,  qui  en  fait  exhalet  les  acides  fuperflus  , 
&c  qui  lui  donne  par  la  le  veritable  catactere  de  precipiii,  Voila  pour  les 
faux  precipites.    - 

Mais  les  veritables  font  ceux  qui  fe  feparent  de  la  liqueur,  &  qui  tom- 
bent  au  fond  du  vailfeau  fans  que  le  liquide  s'echappe  &  difparoiffe  ;  8£ 
ainfi  dans  le  cas  precedent,  c'eft  le  liquide  qui  abandonne  la  matiere  du 
prccipiti ,  &c  dans  celui-ci  c'eft  le  precipite  qui  abandonne  le  liquide. 

Les  veritables  precipites  fe  font  quelquefois  naturellement  ,  mais  le 
plus  fouvent  par  le  fecours  d'un  intermede.  lis  fe  font  naturellement  quand 
on  n'emploie  aucun  fecours  ecranger  pour  cela ,  &  que  la  feule  agitation 
inteftine  du  liquide  011  le  cotps  eft  fufpendu,  en  opere  la  precipitation, 
Suppofons  par  exemple  ,  un  corps  metallique  penetre  par  une  fuffifants 
quantite  d'acides  qui  le  tiennent  fufpendu  dans  I'eau  :  fi  ces  acides  ne  font 
que  foiblement  engages  dans  le  corps  metallique  ,  &:  fi  I'agitation  conti- 
nuelle  des  parties  de  I'eau  fulfit  pour  en  degager  enfin  un  certain  nombre, 
comme  ce  qui  en  refte,  n'a  plus  aftez  de  force  pour  foutenir  le  corps 
metallique  dans  la  liqueur ,  fon  propre  poids  I'entraine  ,  &  entraJne  avec 
lui  d'autres  acides  qai  n'ont  pu  s'en  debarralTer  ,  &  qui  ont  ete  obliges  de 
fuivre  au  fond  du  vaifleau.  Nous  avons  une  preuve  de  cette  efpece  de 
precipitation  naturelle  dans  le  vitriol  fondu  dans  I'eau  ,  qui  quelque  terns 
apres  fa  foliition,  fe  precipite  en  un  fediment  jiaunatre,ou  une  efpece  de 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  iSy 

rouille  de   fer  qui  contient  bien  encore  des  acides  ,  mais  qui  n'en   a  pas   '  ' 

affez  pour  fe  foutenir  dans  la  liqueur.  On  remarque  encore  le  mcme  etfec  Acad.  Roy  ale 
dans  piufieurs  eaux  miiicralcs  ferrugincufes ,  &  emre  autres  dans  celles  de    des  Sciences 
Palli  ;  lorlqu'elles  viennent  d'etre  puifees  elles  font  claires  Sc  limpides  ,       de  Paris. 
mais  dans  la  luite  elles  dcvienntiu  troubles  6c  jaunattes,   &  remplillent    Jnnci  171 1, 
lefond  tk  les  parois  de  la  bouteille  ou  elles  Tone  contenues  ,  d'une  matiere 
qui  reilemble  a  la  rouille  de  fer. 

Les  intermedes  done  on  fe  fert  poitr  les  precipitations  chymiques  no  fon: 
pas  toujours  les  memes  j  par  exemplc  quand  il  s'agit  de  precipiter  une 
matiere  rcfineufe  diiroiite  par  I'efprit  de  vin  ,  on  fe  lert  de  I'eau  commune 
qui  ,  coninie  Ton  fait,  fe  mtle  incimement  avec  les  parties  de  cot  efpric, 
mais  qui  ne  pent  fe  nieler  de  mcme  avec  celles  des  rellnes  ;  c'eft-li  ce  qui 
fait  le  changement  vilible  qui  arrive  alors  a  la  liqueur  ;  car  les  parties  de 
I'eau  s'unillant  au  dilTolvant ,  I'enlevent  a  la  matiere  dilibute  ,  &  alors  piu- 
fieurs parties  relineufes  qui  ,  auparavant  etoient  invifibles  ,  &  lailToienc 
fiader  librement  les  rayons  Uimineux  au  travers  de  la  liqueur,  a  caufe  de 
eur  grande  attenuation  ,  fe  reunillcnt  enfemble  ,  &:  forment  des  malfes  plus 
confidcrables  qui  otent  au  liquide  ,  fa  limpidite  ,  &  qui  lui  donnent  une 
couleur  blanche  :  cette  couleur  fe  dillipe  louvcnt  par  la  precipitation  de 
la  matiere  refineufe  qui  la  caufoit ;  fouvent  aulli  elle  fe  conferve ,  parce 
que  les  malfes  refineufes  font  encore  alfez  rarehees  ,  ou  tiennent  encore 
alfez  a  quelques  parties  de  I'efprit  de  vin  pour  fe  foutenir  dans  le  liquide 
fous  la  forme  qui  produit  la  couleur  blanche.  U  n'arrive  pas  la  mcme 
chofe  quand  on  fe  fsrt  d'une  hifiie  grolliere  pour  la  dilfolution  de  quel- 
que  matiere  refineufe,  ou  bitumineule ;  car  I'eau  ne  pouvant  fe  meler 
avec  riuiile  ,  n'excite  aucune  alteration  ni  defunion  dans  le  melange;  & 
fi  Ton  veur  fcparer  le  dilTolvant  d'avec  la  matiere  dilFoute,  il  fauc  avoir 
recours  a  la  voie  de  I'evaporation   ou  de  la  diftillation. 

Je  remarqucrai  a  cette  occalion  une  chofe  qui  merite  d  ctre  rapportee  , 
c'eft  que  fi  le  diirolvant  eft  natureliement  plus  volatil  que  la  matiere  qu'il 
foutieut  ,  il  s'echappe  en  lair,  &  la  Inilie  a  nud  ,  comine  il  arrive  dans 
I'evaporation  de  la  dilTolution  du  camphre  faite  par  I'efprit  de  vin  ;  mais 
fi  le  dilFolvant  eft  moins  volatil,  la  matiere  monte  la  premiere,  comnie 
on  le  remarque  dans  la  diftillation  du  camphre  diflTous  par  I'huile  d'olive  ; 
enfin  fi  Tun  tk  I'autre  font  egalement  volatils  ,  ils  montent  enfemble  dans 
la  diftillation,  &  I'on  ne  peut  les  fcparer  par  cc-tte  voie;  c'eft  ce  qui 
s'obferve  dans  la  diftillation  de  I'huile  daire  &c  ethcrce  de  therebentine  qui 
tient  du  camphre  eii  diirolution. 

Le  camphre  nous  donnera  encore  lieu  de  faite  une  remarque;  c'eft  que 
quand  il  a  ete  dilTous  par  I'efprit  de  vin  ,  Sc  revivifie  enfuue,  ou  fepare 
de  fon  dilFolvant  park  moysn  de  I'eau  ,  au  lieudefe  precipiter  au  fond  du 
vaiffeau ,  comme  les  autres  refines ,  il  monte  a  ia  furface  du  liquide  ,  nage 
delfus ,  &  cela  parce  qu'il  eft  natureliement  plus  leger  que  I'eau  ,  &  qu'a- 
prcs  cette  operation  ,  il  eft  tel  qu'il  etoit  auparavant,  ou  du  moins  il  ne 
peut  avoir  conferve  que  quelques  patties  de  I'efprit  de  vin  ,  _qui  fonc 
trop  dcliees  pout  le  determiner  a  prendre  une  autre  place. 

Cetce  defunion  du  caaiphte  d'avec  fon  dilFolvanc  ,  fe  fait  fuivant  la  • 


i70  COLLECTION 

loi  des  veiitables  precipitations,  Sc  elle  n'en  diflFcre  qua  par  la  legerete 
AcAD.RoYAi-H  naturelle  de  cette  rehiie  ;  mais  quand  elle  a  ete  dilfcute  par  I'efprit  de 
PKS  Sciences     nitre,  &  qu'on  verfe  de  I'eiu  fur  la  difTolution  ,   ie  caniphre  fe  prc'cipite 
DE  Paiiis.        alors  fous  la  forme  d'un  caille  epais  qui  tient  an  fond  dii  vailleau  ,  &  cela 
yhznee  171  j.    parce  que  I'eau  ne  lui  a  pas  enleve  tons  les  acides  qui  i'y  etoicnc  incorpo- 
rcs ,  &  que  ce  qui  lui  en  refte  I'appefancit  allcz  pour  produire  la  preci- 
pitation dont   il  s'at;it;  cependant  ,   quand  on  ronipt  ce  caille   en  petites 
parries  ,  quelque  terns  apres  ces  particules  fe  leven:  routes  vers  la  furface 
du  liquide  ,  parce   qua  force  d'y  tremper  ,  elles  fe   dcpouillent  roujours 
dequeiques  acides ,  iJi  redeviennent  enfin  alfez  le^eres  pour  abandonner  le 
fond  du  vaifleau.  Voici  un  fair  qui  confirme  la  vente  de  ce  raifonuement ; 
quand  au  lieu  d'eau  pure  ,  on  fe  fert  d'un   ablotbant  qui  enleve  au  cam- 
phre  une  plus  grande  quintitc  d'acide? ,  il  fe  range  ordinairemenc  vers  la 
lurface  dii  liquide  au  moment  mcme  du  melange  de  cet  atforbant  ;  mais 
pour  bien  difimguer  cer  effer ,  il  faut  que  la  quantite  de  la  dilfohition  de 
camphre  foit  de  beaucoup  inferieure  a  celle  de  I'eau  dans  laquelle  on  verfe 
CTitre  dilfolation.   Le  campiire  revivifie  ou  fepare  de  I'efprit  de   vin  ,  eft 
doux  &  onttueux  au  toucher  ;  mais  ceiui  qui  a  etc  revivifie  de  I'efprit  de 
iiicve  ,  eft  fee  &:.  grenu  a  caufe  des  acides  qu'il  a  confeives. 

Pour  la  precipitation  des  corps  bicumineux  dilTous  par  det  liqueurs 
«lkalines  ,  on  fe  (ert  d'un  acide  qui,  s'infinuant  dans  les  pores  de  I'alkali , 
y  excite  des  fecoulfes  qui  font  lacher  prife  aux  corps  bitumineux  ,  & 
qui  1  obligent  par  !a  a  fe  precipiter  au  fond  du  vailFeau.  On  pourroit 
encore  ,  pour  expliquer  cet  effct ,  fe  ffervir  de  la  comparaifon  fuivaiite. 
Suppofons  un  morceau  de  bois  on  il  y  ait  un  trou  qui  ie  perce  de  part 
en  pan  ;  ft  Ton  poulfe  dans  I'un  des  orifices  de  ce  trou  la  pointe  d'ua 
fufeau  qui  ne  puille  y  entrer  que  jiifqu'au  tiers  ou  a  la  moitie  de  la 
Jong'ieur  du  troa ,  &  que  Ion  poulfe  enfuite  par  I'antre  orifice  de  ce 
trou  une  chcville  capable  par  fa  figme  &  fon  volume  de  le  remplir  tout 
entier  ,  cette  clveville  en  avan^ant  diallera  le  fufeau  &.  le  fera  fortir 
tout-a  fait  pour  occuper  fa  place  [a):  ne  fe  pourroit  il  pas  faire  que  la 
nieme  chofe  arrivat  dans  la  precipitation  dont  il  s'agir ;  &  pour  en 
donner  un  ext.-mple  particulier  ,  le  foufre  commun  ,  qui  efl  un  bitume  , 
n'eft  vraifemblablement  fi  dilToluble  par  les  liqueurs  alkalines  ,  qua 
raifon  des  acides  qu'il  contient  abondamment ,  &  qui  s'engagent  dans 
les  pores  du  fel  alknli  avec  le  bitume  dont  ils  font  reverus  :  mais  comme 
ces  acides  ont  en  cet  etat  trop  de  volume  pour  penetrer  bien  avanc 
dans  le  fel  alkali  ,  &  pour  y  renir  fortement ;  quand  on  verfe  fur  ce 
melange  des  aci^es  plus  degages  &  plus  capables  de  traverfer  route  I'etendue 
des  pores  du  fel,  a  mefure  qu'ils  y  entrenr  par  un  cote,  ils  en  chalfent 
pir  {'autre  ,  ;S:  en  detacKent  les  parties  du  foufre  commun,  &  il  fe  faic 
alois  un  prccipite  appeUe  commundment  magijlce  du  foufre. 

(a)  lyapres  cet  eBempIe  ,  &  en  aJmettant  les  chcvilles.les  fufeaux  &  les  trous  <3e  M; 
Leraciy ,  il  faut  encore  rirlriiettrc  une  force  qui  poufTe  les  chcville?  acides  dans  les  trous  de 
I'alkali  &  en  chalie  les  fufe.iux  bifj.nineux  ;  &  c'efl:  cette  force  qui  jouelewrand  lole  dans 
la  Phylkjuedes  petits  corps,  &  doat  il  s'agit  de  dtcoiivrij:  la  loi,  au  ILeu  de  difputer  fur  fon 
exiftence. 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  17, 

Les  fels  alkalis  fixes  &  volatils  ,  font  les  intermtdeB  dont  on   fe  fert 


ordinaireiiienc  pour   la   precipitation  des  mcraux  dilTous  par  une  liqueur  Acad.  Royale 
acidc  ;   mais  j'ai  reniarquc  qiie  ces  intertnedes  prodnifoient  en  general    d£s  Sciences 
deux  fortes  de    precipitations  differeiites ,    fuivant    la  nature    du    mtral.       ^^  1'aris. 
Dans  les  lines,  le  metal  (a    prccipite   en  poudre   fubtile   au  fond  de  la    Annec  1711, 
liqueur    furnageante  ,  qui   dcvient   claire  &  limpide  ,    a   niefure  que   le 
metal  sen  fcpare  :  cette  liqueur  qui  furnage  eft  plus  ou  moins  abondante 
fuivant  que  I'efprit  acide  a  etc  pins  ou  moins  dcphlegnie ,  avant  la  dif- 
folution  du  metal,  ou   fuivant  qu'il  a  dillout  plus  ou  moins  de  metal: 
c'eft  ainfi  que  fe  font  les  precipites  dot  ,   d'argcnt ,  de  metcure. 

Dans  les  aucres  piecipitations  ,  quoiqae  I'efprit  acide  dont  on  s'ed 
fervi  pout  la  dilTblution  ne  foit  pas  trcs-dephlegme  ,  &  meme  qu'il  con- 
tienne  mcdioctement  de  metal ,  il  femble  que  toute  la  liqueur  fe  pre- 
cipite  ,  car  elle  fe  convertit  tout  d'un  coup,  &c  route  entiere  en  uii 
coagulum  epais ,  qui  ,  ctant  fee  ,  a  une  confillance  gralFe  &  vifqueufe  , 
&  fur  lequel  il  ne  furnage  point  de  fcrofite  ,  parce  que  ce  qn'il  y  en  a 
dans  le  melange  eft  cache  &c  contcnu  dans  les  pores  div  piecipit<S  ,  qui 
etantplus  charge  de  fels  que  les  autres  efpeces  de  precipites  mctalliques , 
comme  on  le  verra  par  la  fuite  ,  ebforbe  aufli  une  plus  grande  quantite 
d'humidite  ;  mais  quand  on  a  eu  foin  de  meler  au  coagulun  beaucoup 
d'eau,  &  de  le  bien  agiter  dans  la  liqueur,  il  fe  prccipite  toujours  fous 
la  mcme  forme  ,  &  on  le  diftingue  alors  de  la  liqueur  furnageante  ,  commo 
les  autres  precipites.  Le  cuivre  &  le  fer,  dilTous  par  I'efprit  de  nitre, 
nous  f-ournifTent  des  exempies  de  cette  efpece  de  precipitation  ,  fut  la- 
quelle  j'ai  fait  quelques  remarques  dans  un  memoire  donnc  en  1707. 

La  difference  qui  fe  rencontre  encre  ces  deux  fortes  de  precipitations  j 
vient  dc  ce  qu'il  y  a  des  metaux  oti  les  acides  s'engagent  plus  aifement  , 
plus  profondcmcnt ,  &c  par  confsquent  ou  ils  tiennent  davantage  que 
dans  d'autres  :  par  exemple  I'or  ,  I'argent  &  d'autres  metaux  ne  font  dif- 
folubles  que  par  certains  accides;  le  fer  aii  contraire  &:  le  cuivre  fe  dif- 
folvent  prefque  par  routes  fortes  de  liqueurs,  ce  qui  marque,  1°.  que 
les  acides  trouvent  plus  d'acccs  dans  leurs  pores  que  dans  ceux  de  Tor 
&  de  I'argent;  de  plus  les  acides  dont  I'argent  a  ete  pc'netre  ,  aban- 
donnent  volontiers  ce  metal  pour  le  cuivre  ,  comme  il  fera  dit  dans 
k  fuite  ,  &  ils  n'abandonnent  pas  de  meme  le  cuivre  pour  I'argenr ,  ce 
qui  marque  ,  2°.  qu'il  y  a  des  metau:c  oil  les  acides  tiennent  davantnce 
que  dans  d'autres,  &  par  confequent  dont  on  les  fait  plus  difficilemenc 
fortir;  cela  erant,  quand  on  verra ,  par  excmple  ,  un  fel  alkali,  foit  fixe, 
foit  volatil  ,  fur  lor  &  I'argent,  puictres  chacun  par' leur  di.Tolvanc 
propre  ,  les  acides  les  moins  engages  dans  ces  metaux  ,  rencontrant  un 
corps  tres-difpofe  a  les  recevoir ,  s'y  enfoncent  par  un_-  de  leurs  pointes  , 
&  ils  abandonnenc  d'autant  plus  aifement  le  metal  qu'iis  y  font  peu  artachcs  , 
&  que  les  pores  du  fel  alkali  leur  offrent  un  pallnge  Fort  librc  j  or  les  patties 
metalliques  ,  pour  la  (iifpcnfion  delquelles  il  ne  filioit  pas  moins  que  tous 
les  acides  qu'cllcs  contenoitnt  avant  le  mci.ing.-  du  fel  alk.di  ,  fe  ttouvtnt 
obligees ,  aprcs  ce  melange ,  de  fe  ptecipiter  au  fond  du  vailleau  avec  les 


iyi  COLLECTION 

autres  acides  ,  qui  leur  ecanc  plus  intimement  unis ,  n'ont  pu  s'eii  debar- 
T         Z,  ralFer. 

de^'scie'nce"        ^'^^  encore  par  la  ml-me  raifon  qu'une  plaque  de  cuivre  mife  dans 
DE  Paris.        une  dilfolution  d'argent ,  fait  precipicer  I'argcnt ;  car  les  acides  nicreuic 

Ann'i  171 1  enctanc  alors  avec  une  s»rande  liberte  ,  &  foit  profondcment  dans  les  pores 
'  du  cuivre  ,  a  m.fure  qu'ils  s'y  enfoncenc,  ils  fe  depouillent  des  parties 
de  i'argent  dont  lis  ctoient  revccus  ,  &  qui  fe  trouvant  abandonnees  a 
elles-inetnes  ,  tombent  par  leur  propre  poids  au  fond  de  la  liqueur  ; 
mais  il  y  a  une  difference  entre  cette  precipitation  &  celle  qui  a  ete 
procuree  par  les  fels,  ;:'ell  que  le  cuivre  enleve  a  I'argent  bien  plus  d'acides 
,  que  les  fels  alkalis  ;  a'-ifli  dans  le  cas  du  cuivre  ,  le  precipice  eft-il  prefque 

tout  ardent ;  &  dans  le  cas  des  fels,  c'efi;  un  argent  qui  concient  encore  un 
grand  nombre  d'acides. 

Quanr  a  la  feconde  efpece  de  precipitation  metallique  dans  laquelle 
tout  le  liquide  perd  fa  rtuilite  par  le  melange  des  fels  alkalis  &  fe 
convettit  en  une  milfe  epaille  ,  cet  effet  vient  de  ce  que  les  acides  logcs 
dans  les  pores  du  cuivre  &c  du  fer ,  y  etant  fortement  engages  ,  ne  peuvenc 
les  abandonner  aux  approches  d'un  fel  alkali ,  aulli  aifement  6c  audi  promp. 
temenr  qu'ils  abandonnent  Tor  &  1  argent  que  nous  avons  pris  pour 
exemple  -,  tout  ce  qu'ils  peuvent  faire  alors  ,  c'eft  de  s'unir  au  fel  alkali 
par  une  de  leurs  poines  ,  fans  fe  defunir  entierement  par  I'autre  de 
leur  metal ,  &  par  cette  union  il  fe  fait  un  compofc  trop  groOler  poui: 
poiivoir  etre   foutenu  dans  leau. 

Il  fuit  evidemment  de  ce  qui  a  ete  dit,  que  la  difference  des  deux 
efpeces  de  precipitations  metalliqucs  dont  on  vient  de  parler  ,  ne  vien: 
ni  des  acides  incorpores  dans  le  metal  ,  ni  des  fels  alkalis  qu'on  employe 
pour  le  precipiter  ,  puifque  ces  acides  ,  &  ces  alkalis  font  les  n.emes 
dans  I'une  &  dans  I'autre  precipitation  ,  &  qu'ils  y  agilfent  de  la  meme 
maniete  ,  c'eft-a  dire  en  s'unilFant  les  uns  aux  autres;  la  difference  vient 
done  uniquement,  comme  je  I'ai  deja  remarque  ,  de  la  nature  propre 
du  metal  ,  qui  ,  fuivant  fa  difpofition  particuliere  a  lacher  ou  a  retenir 
les  acides  {a)  ,  fe  fepare  de  la  liqueur  ,  en  abandonnant  au  precipitant 
la  place  qa'il  y  occupoit  ,  &  les  acides  qu'il  n'a  pu  conferver  ,  ou  s'unic 
a  ce  meme  precipitant  par  le  moyen  des  acides  qu'il  a  toujours  tetenus  , 
&  qui  fervent  de  lien  a  cette  union  ;  ainfi  la  premiere  precipitation  fe 
fait  en  otant  au  metal  une  partie  des  fels  qui  s'y  etoient  engages  ;  &  la 
feconde  en  lui  en  donnant  encore  de  nouveaux  ,  &  tout  cela  par  le  meme 
precipitant  ,  qui  en  agilfant  de  la  meme  maniere  ,  produit  nctinmoins  des 
etfets   differens. 

Peiit-etre  me  dira-ton  qu'on  n'a  pas  de  peine  a  concevoir  la  precipi- 
tation d'un  m^tal  a  qui  on  a  derobe  une  grande  partie  des  acides  qui  le 
t-noient  en  dilfolution  ;  mais  quand  on  ne  lui  en  a  enleve  aucuns ,  &  qu  au 
contraiie  il  a  ete  uni  a  des  ftls  fixes  qui    par   leut   nature  fe  refolvent   a 

(a)  Si  cette  difpofition  particuliere  eft  puremcnt  pafHvc,  elle  eft  infuflirante  pouropcrer 
tout  ce  qui  fe  paffe  dans  !es  combinaifons  chymiques ;  fi  elle  efl:  active  ,  il  faut  connoitre 
cttteaflion,  decouvrir  la  loi  feion  laquelle  elle  s'exerce,  les  qualities  aaxquelles  elle  eft 
tclacive  avant  de  vouloir  determiner  la  figure  des  corpufcales  invifibles  qui  y  font  foumis. 

ia 


ACAD^MIQUE.  i7, 

Iimoindre  luimiditc,  &  qui  par-U  devroient  rendre  le  metal  encore  plus  ;;; 

diiroluble  ,  comment  en  cet  etacne  peut-il  plus  etre  fuutcnu  dans  uii  liquiiic    a         ii 

5  r  r  ^  AcAD.RovAj. 

"^;r      T     4  rffi     1  '    r-r  •   "  i         -j  i>es  Sciences 

I'our  rclouiire  cette  dirhculte,  raiionj  attention  que  les  acides  contenus      de  Paris. 

d.ms  les  efprits  de  nitre  ,  de  vitriol  &  autres,  &  que  les  fels  fix.s  alkalis,     AnMt  171 1,' 

dorit  I'luiile  de  taitre  ell  compofc'e,  nagcnt  ciiacun  d.ins  une  fufHiante  qu.m- 

tite  de  phlegnie  pour  l.s  Udpendre,  &  pour  les  rendre  inviliblcs  dans  la 

liqu.'ur  j  cependant  quand  on  mele  quelques  uns  de  ces  efprits  avec  riuiile 

de  tartre  ,  lo  fel  qui  refulte  du  mclant;e  de  I'acide  &  de  I'alkjli,  ne  peuc 

plus  ctre  foutenu  par  la  mCme  quantite  d'cau,  &  il  tonibe  abondamment 

au  toad  du  vailleau  fans  fe  diiFoudre  enfuite  ,  a  moins  qu'on  n'y  verfe  de 

nouvclle  eau  ,   encore  kii  faut  il  pour  fa  dilFolution  ,  bien  plus  de  temps 

&  de  liqueur  qu'il  n'en  euc  tallu  ,   par  exemple,  au  lei  de  tartre  pur,  & 

tel  qu'il  etoit  avant  fon  melange  avec  dcs  acides  ;  ce  qui  marque  que  le 

fel  moyen.dont  il  "I'agir  ,  a  plus  de  peine  afe  dilfoudre  ,  &  plus  dc  pente  a  fe 

precipiter  que   chacune  des  parties  dont  il  eft  compofe.   Si  done  Us   fels 

fixes  &  les  acides  Jeviennent  par  leur  union  moins  dilTolubies  ,  &  moins 

propres  a  etre  fufpendus  dans  un  liquide  aqueux  ,  que  doit  il  arriver  a  ce 

compose  quand  il  fe  trouvera  encore  charge  de  parties  metalliqucs  ? 

Peut-etre  me  dira-t-on  encore  que  les  acides  engages  par  une  de  leurs 
extremites  dans  un  metal  ,  peuvenc  bien  a  la  verite  par  I'autre  fe  loget 
dans  les  pores  du  fel  alkali,  &  tenir  en  meme-temps  au  met::l  &  au  (el  , 
comme  il  arrive  dans  la  precipitation  du  cuivre  &;  du  fer  ;  mais  pourquoi 
CCS  memcs  acides  revetus  des  parties  de  I'argent ,  abandonnent-ils  ce  metal 
pour  du  cuivre  ou  pour  un  fel  alkili?  Que  ne  confervent-ils  I'un  &  I'autre  ? 
Quelle  eft  la  force  qui  leur  fait  faire  cet  echange  ?  Comment  fe  fait-il  ? 
ou  plucoc ,  qu'eft-ce  qui  peut  obliger  I'argent  de  ceder  au  cuivre,  ou  a 
un  risl  alkali  les  acides  dont  ils  etoient  en  polleflion  ? 

Je  reponds  qu'il  eft  trcs-certain  que  les  acides  abandonnent  un  metal  pout 
entret  dans  un  autre  corps  ,  comrne  on  le  voit  clairemcnt  par  la  precipita- 
tion de  I'argent  avec  le  cuivre ,  qui  fe  dilfout  a  mefure  que  I'argent  fe  dcbar- 
ralTe  de  fes  acides  ;  ce  palTage  dcs  acides  d'un  corps  en  un  autre  etanc  done 
tres-avere,  il  ne  s'agit  plus  que  d'en  faire  concevoir  la  mechanique  :  je 
me  fervirai  pour  cela  d'une  comparaifon  qui ,  route  groQiere  qu'elle  eft, 
convient  parfaiiement  au  fuiet.  Suppofons  un  hi-ion  poujjc  iris.vigounufe- 
ment  par  une  de  {z%  extremites  dans  un  trou  ,  &  qui  foit  garni  a  I'autre 
extiemite  d'une  pomme  de  metal  plus  grolTe  que  le  trou  :  quand  la  pomme 
fera  arrivee  au  trou  ,  comme  ellene  pourra  I'enfiler  a  caufe  de  fon  volume, 
elle  y  recevra  un  choc  confiderable  ,  &  alors  fi  la  pomme  tient  alfez  forte- 
mentau  baton  pour  refifter  a  ce  choc  ,  elle  ne  le  quittera  point ,  &  il  n'avan- 
cera  pas  davantage  dans  le  trou  ,  finon  apres  qu'elle  en  aura  etc  feparee; 
&  continuerafon  cliemin  ,  fuivant  la  determination  qui  lui  aura  etedonnee. 

Voila  une  image  fidelle  de  ce  qui  fe  palfe  dans  les  deux  precipitations 

metalliques  dont  il  a  etc  parle  \  &  en  effet  quand  les  acides  engages  par  une 

de  leurs  extiemites  dans  un  corps  metallique,  entrent  impctueufement  (a) 

par  I'autre  dans  les  pores  d'un  fel  alkali  ,  qui  eft  aulli  poulfe  vers  eux  avec 

(a)  Quelle  eft  la  caufe  de  cette  impetuofiie  i 

Tom  111 ,  Panic  Fran^oift,  Mi 


s 


DE  Paris. 
Annee  17  ii. 


574  COLLECTION 

r  une  cgale  vigueur  ,  comme  le  metal  ne  pent  pas  enfiler  ces  memes  pores 

Acad.  RoYALE  ^'^  "'^'^  P^'  ^'^^^  fortement  attache  aux  acides,  le  choc  violent  qu'il  re^oic 
DES  Sciences     alors ,  I'ebranle  &    le  fepare  ;  fi  au  contraire  il  tient   ferme  ,  malgre   la 
fecoufle  qui  lui  eft  donnee  ,  il  empeche  I'acide  d'avancer  plus  avant  dans 
les  pores  de  I'alkali ,  &  il  fe  forme  par-la  un  compofe  d'acide ,  de  fel  alkali 
&  de  metal. 

Outre  les  fels  alkalis  fixes  &:  volatils,  on  peuc  encore  mettre  I'eau  de 
chaux  aunombre  des  intetmedes  propresaoperer  la  precipitation  des  metaux 
diflous  par  des  liqueurs  acides.  La  vertu  de  cette  eau ,  pour  ces  fortes  de  preci- 
pitations ,  confifte  dans  un  grand  nombrede  parties  terreufes  ou  pierreufes 
dont  elles'eftchargee  ,  &  que  le  feu  auquel  on  expofe  la  pierre  a  chaux  a  for- 
tement brifces  &  attenuees  \,  Sc  en  efFet ,  quand  on  examine  I'eau  de  chaux  , 
&c  la  chaux  meme  ,  on  n'y  decouvre  aucun  fel  j  on  y  remarque  fimple- 
men:  des  parties  pierreufes  ;  8c  fi  Ton  confidere  I'eau  de  chaux  quelque 
temps  apres  quelle  a  cte  faite  ,  on  voit  une  croute  mince  qui  nage 
deflus ,  Sc  qui  n'eft  certainement  qu'une  pure  terre ,  ce  qui  prouve  que 
les  parties  de  I'eau  font  capables  de  foutenir  celles  de  la  chaux  ;  com- 
ment ne  le  feroient-elles  pas  puifqu'elles  en  fouiiennent  bien  qui  font  au' 
moins  aufli  pefantes  ,  fans  perdre  leur  limpidite  naturelle  ?  Par  exemple 
il  n'y  a  gueres  d'eau  ,  quclque  claire  quelle  foit,  qui  etant  gardee  ne 
fe  depouiUe  infenfiblement  d'une  matiere  grodiere  &  terreufe  dont  eUe- 
s'etoit  chargee ,  &  quelle  a  foutenue  un  certain  efpace  de  temps.  Nous- 
voyons  audi  que  I'eau  d'Arcueil  ,  &  ccUe  de  plufieurs  autres  endroits, 
quoique  parfaitement  claires  &  limpides  ,  depofent  ,  en  palFant  par  cer- 
tains canaux,  un  fediment  picrrcux  qui  devient  dur  comme  la  pieire  , 
Sc  qui  n'en  differe  point ;  il  n'eft  done  pas  etonnant  que  I'eau  mife 
fur  la  chaux  en  enleve  ,  &  en  fufpende  des  parties  terreufes ,  qui' 
etant  alkalines,  8c  par  confcquent  propres  a  abforber  les  acides,  comme^ 
ks  fels  alkalis ,  agilFent  aulli  de  la  meme  maniere  dans  la  precipitation 
des  metaux. 

Nou;  avons  encore  d'autres  intermedes  qui  produifent  certaines  pre- 
cipitations metalliques  ,  par  une  mechanique  allez  finguiiere-  En  voici- 
des  exemples.  1°.  L'eau  fenle  ,  verfee  fur  du  bifmuth  ,  penetre  par  les- 
acides  du  nitre  ,  Sc  fur  du  plomb  dilTous  par  ceux  du  vinaigre  ,  fait 
precipiter  I'un  &:  I'autre  ,  8c  cela  parce  que  les  acides  qui  y  font  en- 
gages, ne  I'etant  que  foiblemenc,  {'agitation  nouvelle  que  l'eau  leur 
communique  ,  fuffit  pour  degager  ceux  qui  font  le  moins  refferres  ;  8c 
comme  ces  mcmes  acides  contribuoient  neceflairemenr  a  la  fufpenfion' 
du  corps  metallique  ,  il  fe  trouve  ,  par  la  perte  qu'il  en  a  faite  ,  aban- 
donne  tout  a- coup  a  fon  propre  poids,  quil'entraine  au  fond  du  vailfeau, 
malgre  les  acides  qu'il  a  encore  retenus. 

2.°.  Le  fel  marin  ,  qui  eft  fort  charge  d'acides  ,  fair  precipi- 
rer  certains  corps  metalliques  dilfous  &c  fufpendus  par  des  acides 
nitreux  j  le  mercure  penetre  par  I'efprit  de  nitre  ,  fournit  un  exemple' 
de  ce  que  je  viens  d'avancer,  car  il  fe  prccipite  par  le  fel  commun  , 
&  meme  par  le  pur  acide  du  fel,  ce  qui  eft  encore  plus  furprenanr ,, 
car  d.ins  les  precipitacigns  ordinaires,  on  emploie  un  alkali  pour  pre-- 


A  C  A  p  6  M  r  Q  U  E.  275 

cipltcr  les  corp5  dilTous  par  iin  'ncide  ,   Sc  Van  fe  fert  d'lin  acids  pour  cciix  ■  "  '       ' 

qui  one  etc  duFoiis  par  uii  alkili  ;  m.iis  on  ne  s'imagine  pas  d'abord  qi'uii  Acad.Royale 
acide   puilfe  piccipiter  ce  qii'un  aurre  acide  a  diirout.  des  Sciences 

Avanc  d'entrcr  dans  la  nicchanique  de  cette  efpece  de  precipitation.       "^  1  aris. 
arrctons-noiis  un  moment  fur  les  diffcrcns  effets  des  efprirs  de  (d  &  dt-  iii-    ^nnee  171  j. 
tre  fcparcs  &  mtles  I'un  avec  I'autre,  parce  qu'tn  comparant  ces  experiences 
avec  la  precipitation  dont  il  s'aj^it ,  elles  fe  prctent  une  clartc  mutueile. 

On  fait  que  I'efprit  de  fel  dilFout  I'or  fans  pouvoir  moidre  fur  I'argent, 
Sc  que  I'efprit  de  nitre  dilToiit  I'argent  fans  pouvoir  entamer  Tor  ;  par  confc- 
quent  I'un  eft  le  veritable  dillolvant  de  I'or,  &:  I'autre  le  veritable  dilTolvanc 
de  I'argent;  mais  la  liqueur  qui  refulte  du  melange  de  ces  deux  efprits  &: 
qui  eft  I'eau  regale  ordinaire,  eft  plus  propre  a  penctrcr  ia  fubft.ince  de 
lor  ,  que  le  pur  efprit  de  fel ,  Sc  n'a  aucune  adion  fur  I'argent,  ce  qui  mc- 
rite  une  attention  particuliere  pour  les  inductions  que  nous  tirerons  dans 
la  fuire. 

Il  fuit  de  ce  qui  vient  d'etre  dit ,  1  °.  que  les  parties  des  efprits  de  nitre 
Sc  de  fel  s'unilTent  intimement  enfemble  dans  le  melange  qu'on  appelle 
eau  regale  ordinaire  ;  car  fi  les  acides  du  nitre  &  du  fel  nageoient  fimpie- 
ment  dans  un  mcme  liquide ,  tcls  qu'ils  etoient  avant  le  melange  &  fans 
avoir  regu  d'alteration  par  I'union  rcciproque  des  parties  des  deux  efprits, 
ce  compofe  devroic  diltoiidre  en  mcme  terns  I'or  par  Ces  acides  faiins  ,  6c 
I'argent  par  fes  acides  nitreux;  du  moins  diiToudroit-il  d'abord  Tor  &  en- 
fuite  I'argent,  comme  il  arrive  dans  une  experience  curieufe  rapportce  par 
M.  Homberg  dans  les  Memoires  de  1705.  L'eau  regale  dont  il  fe  itrt  dans 
cette  experience  etant  foible  &:  (1  nouvelle,  que  les  acides  du  nitre  &  du  fel 
ji'ont  pas  encore  eu  le  terns  de  s'unir  parfaitement  les  uns  avec  les  autresj 
elle  agit  fuccelTivement  d'abord  fur  I'or  Sc  enfuite  fur  I'argent;  mais  il  y  a 
lieu  de  croire  que  fi  ces  acides  ne  font  pas  parfaitement  unis,  du  moins  le 
font-ils  a  quelque  degre  ,  car  fans  cela  je  ne  vois  pas  pourquoi  les  acides  du 
nitre  attendroient  pour  agir  fur  I'argent,  que  les  acides  du  fel  eulfent  agi 
fur  I'or;  au  lieu  qu'en  fuppofant  ces  acides  unis  imparfaitement ,  on  con- 
•coit  que  ceux  du  fel  fe  feparent  de  ceux  du  nitre  A  mefure  qu'ils  s'engagent 
dans  les  pores  de  I'or,  Sc  que  les  acides  nitreux  ctant  devenus  libres  par 
cette  defuiiion  ,  iis  reprennent  alors  leur  aftion  fur  Targenr. 

Enhn  fi  I'on  examine  route  la  fuite  de  I'experiencc  de  M.  Homberg,  on 
fe  convaincra  de  plus  en  plus  de  I'union  que  les  acides  du  nirre  &  du  fel 
font  capables  de  conirafter  enfemble;  carquand  l'eau  regale  dont  il  fe  fere 
a  cte  gardce  un  certain  terns ,  elle  ne  dilfout  plus  que  I'or  &  elle  le  dilfou: 
beaucoup  mieux  qu'auparavant.  Or  ,  fi  les  acides  dont  il  s'agit  ne  s'unilfoienc 
pas  ,  pourquoi  la  mtmeliqueur  feroir  elle  des  effers  fi  difFcrens  en  difFcrens 
terns?  (S:  ne  paroit-il  pas  plus  vraifemblable  de  dire  que  I'union  quin'avoit 
cte  qu'ebauchee  dans  le  commencement ,  s'acheve  enfuite  par  une  fermenta- 
tion fourde  qui  fe  continue  dans  la  liqueur? 

II  paroit  en  (econd  lieu  que  dans  I'union  intime  des  acides  nitreux  Sc  fa- 
iins ,  les  uns  font  abfisrbes  par  les  autres;  Sc  eneffer,  comment  cette  union 
fe  pourroit-elle  faire  autrement?  D'ailleurs  comme  les  uns  prccipitenc  ce 

Ni  i  i; 


27^  COLLECTION 

~— "  que    les  autres  ont   didous ,    &    agifTent  en  cette  occafion   prccifetiient 

Acad. RoYALE  de  la  meme  maniere  que  font  en  pareil  cas  lesacides  fur  les  alkalis,  ou  les 

DBS  Sciences    alkalis  fur  lesacides,  il  y  a  tout  lieu  de  croiire  que  I'un  des  deux  efprits  aci- 

BE  1  ARis.       (jgj^  doncils'agit,  fercalors  d'abforbant  a  I'autre^  &  fi  lachofe  fe  palfe  ainCi 

jinnee  J71 1,     dans  les  precipitations  chymiques,  pourquoi  ne  fe  patTeroit-elle  pas  de  me- 

me  quand  on  mele  ces  deux  liqueurs  pour  faire  de  I'eau  regale?  car  alors 

elles  one  tout  au  moins  autant  de  facilite  que  dans  le  cas  precedent ,  a  s'unir 

intimement  enfemble  de  la  maniere  qui  vient  d'etre  marquee.    On  exa- 

.  tninera  dans  la  fuite  laquelle  des  deux  efpeces  fert  d'abforbant  a  I'autre , 

&  I'on  verra  clairement  comment  cette  union  rend  I'eau  regale  ordinaire 

incapable  de  diflbudre  I'argent,  &  plus  propre  a  dilfoudre  I'or  que  le  put 

efprit  de  fcl ,  ce  qui  fervira  de  nouvelle  preuve  a  notre  fuppofuion. 

On  me  dira  pent  etre  qu'en  fuppofanc  les  acid^s  des  corps  folides , 
longs  Sc  pointus  par  les  deux  bouts  comme  un  grand  nombre  d'experien- 
ces  prouvent  qu'ils  le  font,  il  eft  difficile  de  concevoir  comment  ils  pour- 
roienc  s'abforber  les  uns  les  autres,  a  moins  de  fuppofer  encore  que  les 
uns  font  beaucoup  plus  gtos  que  les  autres  >  fuppofition  qui  ne*fauve  pas 
routes  les  difficultes. 

Je  reponds  que  n'ayant  pas  befoin  de  fuppofer  des  acides  de  differentes 
grodeurs  pour  expliquer  leurs  difFerens  effets,  &  les  expliquant  meme  plus 
natuiellement  fans  cela,  je  n'en  admets  que  d'une  forte,  perfirade  que  la 
voie  la  plus  fuiiple  doit  toujouts  etre  fuivie,  fur- tout  quand  au  lieu  de 
jetrer  dans  de  plus  grands  inconveniens,  elle  diminue  les  difficultes.  Par 
exeniple,  fi  I'eau  d'Arcueil  produit  quelques  efFets  difterens  de  ceux  de 
i'eau  de  la  Seine,  il  n'eft  pas  necelfaire  de  fuppofer  les  panies  propres- 
Ik.  elTentielles  de  ces  deux  eaux  de  difFetentes  grolfeurs ,  il  fuffit  de  con- 
cevoir qu'il  s'y  eft  mele  des  parties  de  differente  nature  qui  en  vaiienc 
les  eifets. 

Par  la  meme  raifon  en  fuppofant  tous  les  acides  de  I'univers  de  meme 
grolleur  &  de  meme  figure,  voici  a  quoi  j'attribue  la  difference  des  li- 
queurs acides  en  general ,  &  en  particulier  des  efprits  de  nitre  &  de  fel. 
Il  n'eft  pas  poilible  de  trouver  des  acides  parfaitcment  purs  ,  &  exempts 
de  tout  alliage  5  la  raifon  en  eft  evidente  :  ils  rencontrent  toujours  dans 
leur  chemin  des  matieres  terreufes  ou  fulfureufes  auxquelles  ils  s'unilfeni: 
avec  une  extreme  facilite,  ce  qui  eft  heureux  pour  nous,  car  les  acides 
etant  des  pointes  fort  tranchantes  &  fort  adives  ,  lis  fe  fcroient  fentir  trop 
vivement,  &  cauferoient  chez  nous  de  grands  defordres  fi  rien  ne  reprimoic 
leur  a6tivite  naturelle.  J'ai  deja  remarquc  la  meme  chofe  dans  un  autre 
Memoire  au  fujet  de  la  matiere  du  feu  repandue  dans  I'air  ,  laquelle  con- 
fumeroit  tout ,  fi  elle  etoit  moins  etendue  par  ce  fluide  ,  comme  on  peuten 
juger  par  les  effets  des  rayons  du  foleil  rcunis  au  foyer  du  verre  ardent  {a). 
Les  acides  done  ,  quoique  tous  elfentiellement  de  meme  nature  ,  pro-- 
duifent  differentes  efpeces  de  fels  concrets  ,  ce  qui  vient ,  &  des  differen- 
tes mattices  dans  lefquelles  s'engagent  ces  acides,  &  peut-etre  aufli  des- 
differentes  patties  etrangeres  qu'ils  appottent  avec  eux ,  &  a  lafaveiir  def- 

(.(t)V.  Collec.  Acadi  Part.  Fran^oife,  i  vol.  pag.  8oj. 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  i77 

flueiles  ils  s'!n(inucnt  plus  facilcmenc  dans  certaines  matrices  qu€  dans  d'au-  — — —         ■ 

tres  i  ceci  pofe  il  n'elt  pas  etomiant  que  les  liqueurs  acidcs  qu'on  retire  de  Acad.  Royale 

chacun  de  cos  fels  different  entr'tUes  par  leur'^  effl-rs,    cotrjme  les  fclseux-     des  Sciences 

memes  different  les  uns  des  autres  j  &  en  eitet ,   outre  que  les  acides  de        de  Paris. 

ces  liqueurs  pouvoient  avoir  chacun  quelque  alliage  particulier  avant  qu'ils     AnnU  171 1, 

entrairent  dans  la  matrice  dont  on  les  a  tait  fortir ,  lis  fe  forit  encore  dans 

cette  matrice  combines  avec  des   parties  qui  etint  aulli  volatiles  que  les 

a.cides,  ne  les  abandonnent  point  dans  la  diitilbtion  ,  qui  s'y  tieniient  tou- 

jours  attachees  ,  &  qui  leut  donnent  par  la  de  nouvellcs  proprietcs.  Cettc 

verjte  paroit  clairement  par  une  experier.ce  que  j'ai  donnee  en    1707,  au 

fujet  de  mes  vegetations  de  Mars  [a).  On  fe  fert  dans  cette  experience  d'un 

efprit  de  nitre  avec  lequel  on  a  auparavant  dillout   du  fer ,  iJc  qu'on  en  a 

enfuite  fepare  par  la  diftillation.  Avec   cet  efprit  j'ai  fait  des  vegetations 

beaucoup  plus  belles  &  plus  promptes  qu'avec  I'efprit  de  nitre  ordinaire, 

parce  qu'il  contient  deja  beaucoup  de  foufre  qu'il  a  enlcve  du  fer  dans  la 

diftillation  j  &  en  effet  j'ai  prouve  dans  un  Memoire  lu  en  1706  [b)  ,  que 

lout  acide  qu'on   faifoit   fortir  des  pores  du  fer  par  le  fecours  du  feu  , 

deroboit  toujours  a  ce  metal  la  plus  grande  partie  de  fon  foufre  ,  ce  qu'il 

eft  aife  de  reconnoitre  patfaitement  par  plufieurs  experiences  fenfibles  iu- 

diquees  dans  ce  Memoire. 

On  voir  par  tour  ce  qui  a  ete  dit,  que  les  matrices  des  fels  concre.ts 
peuvent  fournir  Sc  fournilfent  en  effet  aux  acides  qui  stn  elevent ,  des 
parties  volatiles  &  fulfureufesj  on  pourroit  mcme  comparer  ce  qui  fe 
palfe  dans  les  diftillations  de  liqueurs  acides  ,  a  ce  qui  s'obferve  dans  les 
fublimations  ordinaires  de  matieres  fcches  ;  dans  celles  par  exemple  du 
benjoin  ,  du  foufre  commun ,  la  partie  la  plus  fixe,  &  la  plus  grolliers 
de  ces  mixtes  fe  fepare  de  celle  qui  eft  plus  volatile  &  plus  legere;  mais 
I'acide  qui  fe  fublime,  demeure  toujouts  engage  comme  auparavant  dans 
des  gaines  fulfureufes ,  &  il  ne  perd  par  cette  operation  qu'une  partie 
de  I'engagement  ou  iletoit.  Les  diftillations  ordinaires  des  efprics  acides, 
font  audi  des  efpeces  de  fublimations  ,  elles  fe  font  par  la  mCme  mecha- 
nique  ,  &  il  arrive  la  mcme  chofe  dans  les  unes  &  dans  les  autres,  c'eft- 
a-dire  que  ce  qu'il  y  a  de  volatil,  s'eleve  ,  &  laiffe  au  fond  du  vaiffeau  la 
partie  fixe  &  terreufe.  11  eft  vrai  que  dans  les  efprits  acides,  les  pointes  font 
plus  libres  &  plus  developpees  qu'elles  ne  le  font  par  exemple  dans  L-s 
lieurs  de  benjoin  j  miis  comme  il  y  a  dans  ce  mixte  plus  de  foufre  qu'il  n'y 
en  a  dans  les  fels  dont  on  tire  les  liqueurs  acides,  il  s'en  eleve  davantage 
avec  I'acide  du  benjoin,  &  par  confequent  cet  acide  doit  etre  plus  enve- 
loppe.  Du  refte  ,  I'effet  de  ces  deux  pperations  eft  le  meme,  &  ne  differs 
que  du  plus  au  moins. 

La  difference  des  efprits  acides  que  Ton  retire  de  differens  fels  concrets, 
ne  venant  pas  de  I'acide  qui  y  eft  contenu  ,  mais  des  differentes  matieres 
qui  s'y  font  unies  ,  on  con^oit  aifement ,  comment  de  deux  efprits  acides  , 
I'un  peut  devenir  I'abforbanc  de  I'autrej  il  fuffit  de  fuppofer  que  I'acid* 

(c)  V.  Collec.  Acad,  p.irt.  Iran^oifc,  1  vol.  pag.  JIJ^  Ji*- 
(i)  Wlitm  ,  pag.  }6j. 


iyS  COLLECTION' 

■  de  I'lin  eft  accompagne  d'une  matiere  fulfureufe    plus  gfofliere  &   plus 

y\cAD.  RoYALE  fpongieufe;  &:  que  I'acide  de  I'autie  eft  plus  libre  ,  &  uni  a  un  foufre  plus 
DES  Sciences    fubcil.  On  fait  que  les  acides  s'unilT'ent  aifement  aux  foufres ,   &   que  les 
DE  Paris.        foufres  plus  fubtils  penetrent  les  foufres  plus  grofliers  j  I'acide  plus  libre  fe 
•*    Annce  171 1,     joindra  done  faiilement  a  I'acide  enveloppe  d'un  foufre  groflier  ,  &  cette 
union  n'eft  pas  plus  difficile  a  concevoir  que  celle  de   deux  fels  concrets, 
du  cryftal  de  tarcre  par  exemple  ,  &  du  fel  de  tartre ,  dont  Tun  fert  d'ab- 
forbanc  a  I'autre  ,  &  qui  formenc  enfemble  un  nouveau  fel  qui  eft  le  fel 
ve'^etal  ordinaire.  On  peut  mcme  dire  que  I'union  de  ccs  deux  fels  con- 
crets eft  fort  analogique  a  celle  des  deux  efprits  acides  j  car  les  acides  qui 
font  dans  le  fel  de  tartre ,  &  qui  lui  donnent  fa  forme  faline  ,  font  abfor- 
bes  par  une  grande  quantite  de  parties  terreufes  propres  a  abforber  encore 
de  nouveaux  acides  ,  de  meme  que  le  foufre  groflier  &  fpongieux  que  nous 
avons  fuppofe  dans  I'un  des  deux  efprits  acides.    Les  acides  au  contraire 
qui  font  en  gtand  nombre  dans  le  cryftal  de  tartre,  n'y  font  pas  tous  en- 
tierement  enveloppes  par  les  parties  terreufes  de  ce  fel,  plufieurs  ne  le 
font  qu'a  demi  ,  S>c   peuvent    encore   penetrer   les  parties  terreufes  d'ua 
autre   fel  ,  de  mcme  que  les   acides  plus  libres  que  nous  avons  fuppofes 
dans  I'autre  efpece   de  liqueur  acide  ,  peuvent  encore  malgr^  les  foufres 
qui  les  accompagnent  etre  admis  dans  I'interieur  des  foufres  plus  grofliers 
qui  accompagnent  d'autres  acides. 

On  m'obj>-'i5lera  peut-etre  que  fi  les  efprits  acides  contenoient  autant  de 
foufre  que  je  leur  en  fuppofe  ,  ils  s'enflammeroient  quand  on  les  vetfe 
dans  un  creufet  rougi  au  teu ,  ce  qui  n'arrive  point. 

Je  repondsque  quand  les  foufres  font  unis  intimement  a  des  acides,  ils 
perdent  fouvent  la  propriete  qu'ils  ont  de  s'enflammer  ,  comme  on  le 
peut  voir  par  le  vinaigre  diftille  qui  eft  un  efprit  acide  ,  &  qui  malgre 
I'efprit  de  vin  qu'il  contient,  n'eft  point  inflammable  par  la  voie  qui  a 
etc  propofee.  Cette  vcrite  paroit  encore  par  une  experience  que  j'ai 
faite  fur  I'efprit  de  nitre  dulcifie  mis  a  la  meme  epreuve  ,  &  qui  ne  s'eH- 
flamme  point  par  la  ,  quoiqu'il  entre  dans  la  compofition  de  cette  liqueur 
autant  d'efprit  de  vin  que  d'efprit  de  nitre.  11  eft  vrai  que  dans  un  mixre 
cu  le  foufre  domine  beaucoup  fur  I'acide  par  fa  quantite  comme  il  ar- 
rive dans  la  compofition  du  foufre  commun  ,  la  matiere  conferve  tou- 
jours  fon  intlammabilite ;  mais  plui'ieurs  experiences  donnent  lieu  de  croire 
qu'elle  s'enflammeroic  encore  mieux  fans  la  prefence  de  I'acide,  &  que 
c'ert  a  cette  circonftance  qu'on  doit  attribuer  la  petite  flamme  bleue 
qu'exhale  le  foufre  commun  quand  il  n'eft  mele  avec  aucune  matiere  qui 
favorife  fon  inHimmabiliti.  J  ai  feit  encore  quelques  experiences  fur  le 
camphre  qui  viennent  affez  bien  au  fujet. 

On  fait  que  cette  refine  s'enflamme  tres-aifement ,  &  que  quand  elle 
a  ete  diffoute  par  I'efprit  de  vin,  Sc  revivifiee  par  I'eau  ,  elle  eft  auffi 
inflammable  qu'auparavant  \  mais  il  n'en  eft  pas  de  meme  quand  elle  a 
ete  diffoiue  par  I'efprit  de  nitre,  &  feparee  enfuite  de  fon  dilfolvant  par 
le  fecours  de  I'eau  ou  de  quelque  alkali ,  quoiqu'elle  ait  perdu  par  la 
prefque  tous  fes  acides;  &  quand  apres  I'avoif  bien  fechce  on  I'expofe 
a  la  flamme  d'une  bougie,  elle  ne  s'enflamme  point  d'abord^  &  elle  ne 
reprend  fon  inflamtnabilite  qu'apr^s  un  teuis  affez  confiderable,  pendant 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  t-o 

Icquel  le  peu  d'aciiles  nitreux  qui  lui  reftoienc  fe  dillipent  par  la  chaleur  j  ^_— — _-_ . 

carqiianJ  on  fait  dilHIltr  du  caniplue  dillous  dans  I'cfprit  de  nitce  ,  d'abord  "T  Z 

!•   r     •     1       •  •'!  o    1  1        r   /-  LI-  c  ■     \c  C  r     \         AcAD.RoVAlE 

1  elpritde  nitre  seleve&le  campnre  lelublimeenluitqloiis  ime  tornie  leche.     ^^^  Sciences 

Apres  avoir  explique  en  quoi  confine  I'union  des  efprits  de  nitre  &  de       de  1'aris. 
fel,  il  ne  rerte  plus  qu'a  determiner  qui  des  deux  efprits  fere  d'abforbant       . 
a  I'autre  j  il  me  paroit  par  les  obfervations  fuivantes  que  les  pointes  de    •^''"^'-  i?"- 
I'efprit  de  nitre  font  plus  libres  &:  moins  enveloppces  ,  &C  que  celles  de 
I'efprit  de  fcl  font  revctues  d'lin  foufre  plus  grollier  &:  capable  comme  il 
a  aeja  ete  dit  d'.ibforber  encore  de  nouveaux  acides. 

Ce  qui  me  fait  avancer  cette  conjerture,  c*eft  i°.  que  I'efprit  de  nitre 
agit  en  general  avec  une  vivacite  inhniment  plus  grande  que  I'efprit  de 
lei  5  or  on  fair  que  plus  les  acides  font  enveloppcs  par  quelque  foufre 
que  ce  puille  ctre  ,  moins  its  ont  d'ai^ivite  ;  i'efprit  de  vin  mcme  qui 
eft  un  foufre  tres-exalte,  adoucit  confiJerablement  les  efprits  acides  aux- 
quels  on  I'unit  incimement,  &  les  rend  par  la  moins  adlif's ,  &  cela  , 
\°.  parce  qu'il  emoulTe  les  pointes  de  ces  liqueurs;  i"  parcequ'en  envelop- 
pant  ces  pointes,  il  les  empeche  de  frapper  immediatement  les  corps  qui 
ieur  font  expofes,  &  qui  en  recoivent  par  confequent  une  moindre  impref- 
fion  j  3?.  parce  que  comme  les  foufres  font  moins  folides  que  les  acides  » 
le  compofe  qui  refulte  du  melange  des  uns  &:  des  autres,  a  moins  de  fo- 
lidite  par  rapport  a  fon  volume,  quecliaque  acide  en  particulier  ,  &  ctaric. 
par  la  moins  fufceptible  de  mouvement ,  il  agit  avec  moins  de  vigueur  St". 
a'efficacite  fur  les  corps  qu'il  entame.  „  .^, 

En  fecond  lieu  la  difference  des  parties  dans  lefquelles  je  fuppofe  qiie 
font  engages  les  acides  des  efprits  de  nitre  &C  de  fel ,  s'accorde  parfaite- 
nient  avec  deux  experiences  tutieufes  rapportees  par  M.  Homberg  danS' 
les  Memoires  de  iC<)>)  (a).  L'une  de  ces  experiences  fait  voir  qu'en  pareil. 
volume,  I'efprit  de  nitre  pefe  affez  confiderablement  davantage  que  Tef- 
prit  de  fel ;  &c  I'autre  qu'tine  once  d'efprit  de  nitre  conrient  une  tois  au- 
tant  d'acides  qu'une  once  d'efprit  de  fel ;  or  fi  les  acides  de  I'efprit  de  fel 
font  revctus  d'une  plus  grande  quantitc  de  maciere  fulfureufe  Sc  abfor- 
bante ,  comme  chaque  acide  occupe  un  plus  grand  efpace  A  caule  de  fon 
enveloppe  ,  il  eft  clair  qu'il  y  en  a  moins  dans  un  meme  volume  de  li-J 
queur  ;  &:  comme  les  acides  font  des  corps  folides  &  compacftes,  ils 
doivent  ctre  fpecifiquement  plus  pefans  que  les  corps  rares  &  poreuxdonc 
il  s'agit;  p.ir  confequent  I'efprir  de  nitre  qui  conrient  plus  d'acides  & 
moins  des  autres  parties,  doit  pefer  davantage  que  i'elprit  de  fel, 

Enfin  ce  qui  paroit  encore  confirmet  que  ce  font  les  parties  de  fel  qui 
fervent  d'ablorbanc  a  celles  de  i~6fprit  de  nitre  ,  c'eftqu'apres  le  melange 
intime  de  ces  deux  liqueurs  ,  I'efprit  de  fel  n'en  devient  que  plus  propre 
a  dilTpudre  I'or  ,  &  fait  perdre  a  I'efprit  de  nitre  fon  aclion  naturello  fuc 
I'argenc  ;  car  les  pointes  de  I'efprit  de  nirre  fe  trouvant  enveloppees  fui- 
vant  notre  fuppolition  dans  les  mades  de  I'efprit  de  fel ,  ces  inalfes  fe. 
prcfentent  toujours  aux  pores  de  I'or  fous  la  meme  forme  extetieure 
qui  les  rendoit  propres  a  s'infinuer  ,  Si  elles  y  entrent  en  cet  etat  avec 
d'autant  plus  de  facilitc  ,  que  par  I'introduifiion  de?  acides  nitreux,  elle»  , 

(a)  f ,  CoUcc.  Acad,  Pait,  Fran5oifi:,  torn.  1,  pag.  4<;3,  .  i;    :   \        -..     i 


iSo  COLLECTION 

;  one  acquis  plus  de  folidite,  &  par  confeqiient  plus  de  force  pour  penetrer 

Acad. Royals  ^  dilloudre  ce  metal.  U  n'en  eft  pas  de  mcme  des  acides  nicreux  par  rap- 
DEsSciENCES  port  d  I'argcnc  ;  car  comme  iis  fe  crouventalors  revetus  d'une  matierc  qui 
DB  Paris.  augmente  beaucoup  leur  volume,  &  qui  n'a  nuUe  analogic  ni  proportion 
4nnee  171 1.  ^^^''  '^^  pofes  de  I'argenr  ,  i'entrce  en  devient  par  11  impracicable  a  cer 
acides.  Ceci  me  perfuade  que  les  pores  de  I'or  font  plus  grands  que  clux 
de  I'argent,  quoique  la  pefanteur  fpecifique  de  ce  dernier  foit  moinJre- 
que  celle  de  I'or  ,  parce  que  la  petiteire  des  pores  de  i'argent ,  eft  appa- 
remment  plus  que  compenfee  par  leur  nombre.  Et  quand  on  vouJroit  me 
difputer  que  les  parties  de  I'elprit  de  fel  foient  plus  grolTes  que  ceiles  Je 
I'efpnt  de  nitre ,  il  fuffit  pout  decider  la  queftion  que  les  por^s  de  I'ar- 
gent n'admetrent  que  les  feuls  acides  nitreux  ,  tandis  que  ceux  de  I'or 
resolvent  les  uns  8c  les  autres  rdunis  dans  I'eau  regale  j  union  q  li  doic 
auginenter  leur  volume  &  ieui  folidite,  Sc  qui  cependant  bien  loin  d'oter 
arux  parties  de  I'efprit  de  fella  faculte  de  penetrer  I'or,  augmente  cette 
faculte,  &  ote  aux  parties  de  I'efprit  de  nitre  route  kur  a(5tion  fuc 
I'argent. 

Pour  revenir  prefentement  au  mercure  difTous  par  I'efprit  de  nitre,  8c 
prccipite  par  I'efprit  de  fel  ^  fi  cet  elprit  s'unit  (i  intimement  aux  acides 
nitreux  ,  Sc  s'il  les  abforbe  comme  un  alkali ,  la  precipitation  done  il  s'a- 
git  ,  quoique  differcnte  en  apparence  de  routes  ceiles  riont  il  a  ete  parle, 
n'en  differe  cependant  pas  eircntieilement  ,  &c  elle  fe  fait  par  la  meme 
mechanique  J  c'eft-a  dire  ,  parce  que  I'efprit  de  fel  enleve  au  corps  me- 
tallique  une  petite  parrie  des  acides  nitreux  qui  le  tenoient  fufpendu 
dans  le  liquide  ;  &  comme  le  fel  marin  contient ,  outre  les  parties  abfot- 
bintes  qui  font  dans  I'efprit  de  fel ,  d'autres  parties  terreufes  qui  ont  I3 
meme  propriete,  il  eft  clair  qu'il  doit  ctre  encore  plusefficace  que  I'efpric 
de  fel ,  pour  la  precipitation  du  mercure ,  &  c  eft  aufli  ce  que  I'expe- 
rience  juftifie. 


Obfcrvations  fur  la  matiere  fccale. 
Par   M.    Ho  m  B  bug. 

-I  L  y  a  environ  trente  ans  qu'une  perfonne  de  confideration  me  pro- 
pofa  d'elfayer  de  tirerde  la  matiere  fecale  une  huile  diftillee  daire  comme 
dc  i'eau  de  Fontaine  fans  mauvaife  odeur  &  fans  couleur,  parce  quelle 
croyoit  avoir  vu  cette  huile  fixer  le  mercure  commun  en  argent  fin:je 
me  laifTai  perfuader  d'entreprendre  cette  recherche,  &  apres  avoir  rente 
diverfes  pperations ,  j'obcins  a  la  fin  une  huile  telle  que  nous  la  fouhai- 
tions  pour  les  apparences  txterieures;  mais  qui  n'a  jamais  pu  nous  fervir 
a  fixer  le  mercure  en  aucun  metal  :  cependant  les  expiJriences  que  nous 
avons  faites  d.ms  le  conrs  de  ce  tr.ivail ,  nous  ont  dceouvert  des  faits  inte- 
reftanrs  dont  je  vais  rendre  compre. 

Pour  ne  pas  travaiUec  fqr  une  matiere  ramalTee  au  hafaid,  &  dont  ;e 

ne 


A  C  A  D  i  W  I  Q  U  E.  iSt 

ne   connude  pas  les  ingrcdiens  ,  jai  louc  quaere  hommas  tobuftes ,   jeu-  '  ■  — 

nes  ,  (Sc  en  bonne  lance,  je  les  ai  enfecmes  trois  mois  avec  mui  dans  une   Acad.F-ovale 
maifon  qui  avoit  un  grand  jardin  pout  les  promenet;  &  pour  ctre  afliire    des  Sciences 
qu'ils  ne  prilTent  autre  nourriture  que  celle  que  je  leur  donncrois ,  j'etois      ^^  1  aris. 
convenu  avec  eux   qu'ils  ne    mangeroienc  d'autre  chofe  que  du  meilleur    ■«'"'«  171 1. 
pain  de  Gonede  que  je  leur  fournirois   frais  tous  les  jours  ,&c  qu'ils  boi- 
roient  rant  qu'ils  voudroienc  du  meilleur  viii  de  Champagne.  J'appris  i 
Van  de  ces  hommes  a  diftiller  feparement  ce  que  chacun  deux  feroic  d'cx- 
cremens  ,  dans  un   alambic  de  verre ,   &  au  bain-marie;  &  apres    que 
toute  la  liqueur  aqueufe  en  etoic  fcparee  ,  j  otois  la  matiere  fcche  de  I'a- 
lambic ,  je  la   metcois  dans  une  cornue  de  verre  fans  aucun  melange,   Sc 
je  la  dilliUois  au  bain  de  fable  a  touce  (orte  de  degres  de  feu ,  mais  je 
-n'en  tirois  que  de  I'huile  rouge  ,  ou  noire,  &  tres  retide. 

Laqu.intite  de  matiere  rendue  par  un  homme  en  une  fois  ,  pefoit  dix  _ 
ou  douze  onc?es  environ  ,  Sc  ayanc  ete  deflechee  au  bain-marie  ,  fe  redui- 
foit  a  une  once ,  ou  a  dix  gros  au  plus  :  elle  ne  perd  cependant  par  cette 
operation  que  fa  liqueur  aqueufe  leulcment ;  car  tout  ce  qui  s'en  diftille 
au  bain-marie,  n'eft  que  de  I'eau  bien  claire  &  infipide,  qui  ncanmoins 
conferve  I'odeur  de  la  matiere  ;  de  force  que  les  autres  principes  qui  la 
dompofent ,  favoir  le  fel  ,  la  terre  ,  &  I'huile  ,  ne  font  enfemble  qu'en- 
viron  un  huitieme  du  total ,  I'huile  fait  a-peu-prcs  la  moitie  de  ce  huitieme  » 
Sc  la  terre   &  le  fel  I'autre  moitie  par  egale  portion. 

Voyant  done  que  de  cette  manicre  je  ne  pouvois  pas  avoir  I'huile  blan- 
che que  nous  fouhaitions  ,  j'ai  voulu  feparer  de  la  matiere  fecale  tout  ce 
qu'elle   contient  de  maiieres  groflieres  &  terreufes  par  la  filtration  ,  avanc 
de  la  mettre  fur  le  feu  pour  en   diftiller  I'huile  ,  m'imaginant  que  cetce 
itiuiere  grolliere  pourroit  bien  ctre  la  caufe  de  la  couleur  noiracre  ,  &  de 
la  mauvaife  odeur  que  notre  huile   avoit  contr.^ctce  dans  fa  diftiUation  : 
pour  cet  effet  j'ai  delaye  la  matiere  fecale '  recente  dans  de  I'eau  chaude, 
une  pince  d'eaa  pour  une  once  de  matiere  ;  ie  les  ai   lailTees  rehoidir:  les 
parties  grolfieres  fe  four  precipitees  au  fond  ,  &  j'ai  verfe  par  inclination 
i'eau   qui  furnageoit  j  je  I'ai  fiitree  par  ie  papier  gris,  &  je  I'ai  evaporee 
fur  I'achanor  a  petit   feu   jufqu'a  la  pellicule  ;   il  s'y  eft  fait  des  cryftaux 
longs  a  qiiatre  ,  cinq    Sc  fix  pans,  que  Ton  pourroit  appeller  le  fel  elfen- 
tiel  de  la  matiere  fecale  ;  ils  reftemblenc  en  quelque  fa^on  au  falpetre  ,  Sc 
its  fufent  dans  le  feu  a-peu-pres  de  meme  ,  avec  cette  difference   que  la 
flamme  en  eft  rouge,  &  qu'elle    brule  lentement,  au  lieu  que  celle  du  fal- 
petre   eft   blanche    &  tre«-vive,  appiremmcnt    parce  que  dans   I'un    il 
fe  trouve  une  trop  grande  qnaniite  de  matiere  huileufe  ,  &.que  dans  laiitre  il 
s'en  trouve  moins. 

J'ai  diftille  ce  fel  par  degre  ,  &:  a  la  fin  a  un  feu  tres  foct  dans  une  cornue 
de  verre  ,  il  en  eft  venu  d'abord  une  liqueur  aqueufe  ,  acre  ,  scide  ,  laquelle 
a  ete  fuivie  d'un  peu  dhuile  roulTe,  Sc  fetide  ,  fentant  tres-fort  I'empyreu- 
me.  ]'ai  reiiere  cette  diftiUation  qnatre  fois  ,  Sc  a  chique  fois  le  feu  a  ptis 
dans  la  cornue  ,  dans  le  tems  que  I'huile  coninicn(;oit  a  venir  y  mais  cpmme 
le  peu  dhuile  qui  en  eft  fortie  ,  n'etoit  pas  blanche  ,  ni  fans  odeur  ,  ma,is 
ioufte  ,  Sc  fetide ,  j'ai  abandonne  cette  operation ,  &  j'ai  recoimiiencc  i 
Tvme  III ,  Ptvtie  Fran^oife.  N  2. 


i^t  CO  L  L  E  C  T  I  O  N 


— ■ trav.ailler  far  la  matiere  fimplemenc  delTechee  an  bain -marie  en  y  ajou- 

BEs'sciENcl"  """^  feukment  differens   intermedes  ,    c'eft- jl-dire  ,  qu'avant  que  de  la 

DE  Paris.       mettre  dans  la  cornue  pour  etre  diftillee  au  bain  de  fable  ,  je  la  mettois 

■  J     ,                 en  poudre  ,  &  je  la  melois  ,  oa  avec  de  la  chaivx  vive ,  ou  avec  de  la  chaux 
■Annei  i-jii,    i,^;„,o  ^  p,;,    „ „,  j„i-.i „„  j..  ._i._.i...    i    i 


rque 
quecelle  quej'avois  tirce  avec  les  intermedes  etoic  beaucoup  plus  fluide 
&  un  pea  moins  coloree  que  la  premiere  qui  avoir  ete  tiree  fans  inter- 
mede  ,  ce  qui  m'a  fait  penfer  que  fi  cette  huile  ctoit  plufieurs  fois  rediftiliee 
ou  reftifiee  fur  de  nouveaux  intermedes,  elle  poarroit  bien  perdre  entie- 
remenc  fa  couleur  &  fa  mauvaife  odeur  :j'en  ai  ai  fait  I'experience  avec 
route  I'exacftitude  &  la  patience  poflibleitoutce  quej'ai  obtenudece  travail 
c'eft  que  mon  huile  a  change  fa  couleur  rouge  brune  &  opaque  en  unc 
beau  rougs  clair   &  tranfparent ,  mais  elle  etoit  toujours  fetide. 

J'ai  obferve  dans  ces  dernieres  operations  quand  j'avois  mele  la  ma- 
tiere avec  de  I'alun  ,  ou  avec  du  colcothar  ,  que  le  feu  s'eft  mis  a  la  tete- 
■morte  qui  reftoic  dans  la  cornue,  un  peu  de  terns  aprcs  que  j'en  avois  fe- 
pare  le  recipient  qui  contenoit  I'huile  :  ce  feu  etoit  quelquefois  fi  violent 
qu'il  faifoit  crever  la  cornue  j  quelquefois  aulli  la  cornue  ne  fe  caflbit  pas, 
mais  il  en  fortoit  pendant  un  moment  un  jet  de  flimme  comme  iion  I'avoic 
poulfee  par  un  chalumeau  j  cette  Hammeayant  ceffc  ,  latete  morte  paroif- 
loit  au  fond  de  la  cornue  encore  en  feu  pendant  deux  ou  trois  minutes  j 
comme  un  charbon  ardent:  il  y  a  toute  apparence  que  ce  feu  n'a  ete  pro- 
duit  que  par  un  refte  d'huile  fore  exaltee  de  la  tcte-morte  qui  s'eft  enflam- 
mee  par  la  raifon  que  nous  verrons  ci-apresavec  ia  fuite  de  cette  operation  ,. 
lorfque  j'aurai  acheve  de  rendre  compte  de  I'estradtion  de  1  huile  blanche 
<S>:  non  fetide. 

Le  melange  des  intermedes  avec  la  matiere  fecale  n'ayant  pas  reufli , 
-non  plus  que  les  premieres  matieres  fimples  &  fans  melange  ,  j'ai  change 
entierement  de  precede  ;  car  voyant  que  par  la  je  ne  pouvois  feparer  la 
partic  hiiileufe  de  la  matiere  que  par  un  feu  d'une  violence  extreme  ,  & 
lachant  d'ailleurs  que  ia  violence  du  feu  a  donne  a  la  matiere  dans  nos 
operations  precedentes,  une  impreffion  d'empyreume ,  qui  dans  les  huiles 
ell  toujours  accompagnee  de  la  couleur  du  feu  ,  c'eft- a-dire  ,  qui  dans  ce 
cas  eft  toujours  rouge  &  fetide,  de  quelque  fujetjfoit  animal  ou  vege- 
tal qu'on  le  tire  ,  j'ai  voulu  tenter  la  voie  de  la  fermentation  qui  eft  une 
voie  douce  ,  ou  la  violence  du  feu  n'  a  point  de  part ,  ou  les  principes  qui 
compofent  le  mixte  fe  degagent  peu^-peu  )es  uns  des  autres,  &  qui  nous 
donne  occafion  enfuite  de  feparer  les  parties  les  plus  legeres  d'avec  les 
plus  pefantes  ,  par  une  chaleur  fort  moderee  ,  au  lieu  du  feu  brulant  dont 
je  m'itois  fervi  dans  mes  operations  precedentes  :  voici  comment  je  m'y 
fuis  pris. 

J'ai  d'abord  fepare  le  phlegme  fuperflu  de  la  matiere  par  le  bain-marie, 
con-KBe  j'avois  fait  dans  le  commencement,  pour  pouvoir  garder  commo- 
dement  la  matiere  deftechee  fans  qu'eile  fe  gatat ,  jufqu'a  ce  que  j'en  eulfe 
aflez  pour  en  faire  la  fuice  des  operations  que  je  m'ttois  ptopofees,  &c 


I 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  iSj 

aufli   pour  me  cltbarrafTeir  des  quatre  hommes  que  j'entretenois  pour  four-  i 

iiir  la  matiere  5   je  gardois   aulli  a  part  tour  leplilegme  qui  fe  (c'paroit  de   Acad.  Hoy  ale 

la  matiere  par  le  bain-marie  ,  pour  m'en  fervir  en  terns  &  lieu.   Quand     its  JjtiENCts 

j'eus  la  quantite  de  matiere  feche  que  je  crusnecellaire  pour  les  operations       ^^  I'Aais. 

que  je  voulois  faire ,  je  congcdiai  mes  hommes,  &  je  quittai  la  maifon    Annie  1711, 

que  j'avois  prife  exprcs  pour  cela,  afin  de  pourfuiviB  9  moq  aife    moa 

travail  dans  mon  laboratoire  ordinaire. 

Pour  faire  done  fetmenter  la  matiere,  je  I'ai  mife  en  poudre,&  j'^ji, 
verfe  delTus  fix  fois  autant  pefant  de  ce  phlegme  qui  en  avoit  et^  fepare 
par  la  dirtillation  ;  j'ai  enfermc  le  tout  dans  une  grande  cucurbite  de  verre 
couverte  d'un  vaideau  de  rencontre  bien  lute  :  je  I'ai  mis  au  bain-marie 
pendant  fix  femaines  a  une  chaleur  alfez  douce  pour  y  pouvoir  tenir  U 
main  fans  fe  briiler  ;  au  bout  de  ce  terns  j'ai  ouvert  la  cucurbite  ,  j'y  ai 
adapte  un  chapiteau,  &  au  meme  bain-marie  j'en  ai  diftillc  a  tres- petit  feu 
toute  Ihumidite  aqueufe  ,  elle  avoit  prefque  perdu  route  fa  mauvaifc; 
odeur  qui  iftoit  changee  en  une  fimple  odeur  fade  ;  elle  s'eft  diftillee  un  peu 
trouble  ,  au  lieu  qu'elle  etoit  tres-claire  quand  je  I'ai  mife  dans  la  cucurbite  : 
j'ai  donne  de  cette  eau  a  quelques  perfonnes  dont  le  teint  etoit  touc-a-faic 
gate,  la  peau  du  vifage  ,  du  cou  &  des  bras  etoit  devenue  grife  ,  feche  , 
grenue  &:  rude  \  elles  s'en  font  frottees  un  fois  par  jour ,  I'ufage  continue 
de  cette  eau  leur  a  beaucoup  adouci  &  blanchi  la  peau  \  la  matiere  feche 
qui ,  apres  la  diftillation  etoit  reftee  dans  le  fond  de  la  cucurbite  ,  avoit  di- 
minue  d'environ  un  vingtieme  de  fon  poids ,  c'eft-a-dire,  que  de  vingt 
onces  que  j'avois  mis  a  la  fois  dans  la  cucurbite  ,  je  n'en  n'ai  pas  retire 
tout  a-fait  dix-neuf  onces  j  je  foupgonne  qu'elle  etoit  moins  feche  quand 
je  I'ai  mife  dans  la  cucurbite  ,  que  quand  je  I'en  ai  retiree. 

Le  relldu  fee  de  notre  vaideau  ne  fentoit  plus  du  tout  la  matiere  fecale, 
au  contraire  il  avoit  une  odeur  agreabj^  ^  aromatique  ,  &  la  cucurbite 
dans  quoi  je  I'avois  mis  en  digeftion  ,  ayant  etc  pofee  ouverte  dans  un 
coin  du  laboratoire  ,  a  acquis  avec  le  tetxis  une  odeur  d'ambre  h  forte, 
que  j'ai  etc  oblige  de  loter  du  laboratoire  parce  qu'elle  m'incommo- 
doit:  on  I'auroit  prife  pour  un  vaifTeau  dans  lequel  on  auroit  fait  de  I'ef- 
fence  d'ambre.  ll  eft  etonnant  que  la  fin^ple  digellion  puilfe  chaoger  la 
iTiauvaife  odeur  de  cecte  matiere  en  une  odeur  aiiAi  agreabie  que  celle 
<le  I'ambre  gris. 

J'ai  pile  grortierement  cette  matiere  fecbe,  j'en  ai  mis  de*ix  onces  a  la 
fois  dans  une  corone  de  verre  de  la  capicite  d'environ  une  iivre  ,  ou  une 
livre  &  demie  d'eau  ,  je  I'ai  diftillee  au  baip  de  fable  a  une  tres- petite  cha- 
lear,il  eft  forti  d'abord  un  peu  dje  liqueur  a,qucufe  ,  ?jpres  quoi  il  en  eft 
venu  une  liuile  fans  couleur  comme  de  I'eau  de  fontaine  ;  j'ti  continue  ce 
meme  degre  defeu  douxjufqu'a  ce  que  les  gouttes  commencanent  a  dif- 
liller  un  peu  rougeacres ,  alors  j'ai  change  de  recipient ,  en  bouchant  dun 
ton  bouchon  de  liege  celui  qui  contenoit  I'huile  blanche;  j'ai  augmente 
le  feu  ,&  je  I'ai  continue  jufqu'a  ce  qu'tl  nediftillat  pluscien;  le;  premieres 
gouttes  de  cette  derniere  huile  etoient  peu  colorees  ,  mais  elles  font  de- 
venues  cnfuite  par  degics  rouges  comme  du.fang;  j'ai  lailfe  I'huile  ro«ge 

N  1  ij 


Acad.  RoYALE 
D£s  Sciences 

BE  Paris. 
<4"^ee  i/ii. 


xU  COLLECTION 

dans  ce  dernier  recipient ,  je  I'ai  audi  bouche  d'un  bon  boucRon  ,  &  je 
I'ai  garde  a  parr. 

J'ai  reitere  cette  diftillation  avec  de  la  nouvelle  matiere  feche,  Sedans; 
une  cornue  neuve  :  j'ai  continue  ces  diftillations  jufqu'a  ce  que  j'eufTe 
employe  route  ma  matiere  feche  ,  en  appiiquant  toujours  le  premier  reci- 
pient avec  I'huile  bianche  au  commencement  de  chaque  diftillation  5  &: 
le  fecond  recipient  avec  I'huile  rouge  a  la  fin  de  chaque  diftillation  ,• 
ihoyennant  quoij'avois  toute  I'huile  blanche  a  part  qui  n'avoit  prefque 
pas  d'odeur,  &  le  peu  qu'elle  en  avoir,  etoir  legcrement  aromatique  .-■ 
j'avois  audi  I'huile  rouge  a  part  qui  avoir  une  odeur  forte  d'empyreume. 

J'ai  redlifie  I'huile  blanche  a  ttes-petit  feu  pour  en  feprer  tout  ce 
qu'elle  contenoit  encore  de  matiere  aqueufe,  &c  un  peu  d'huile  rouge  qui 
avoir  pafle  avec  elle  dans  le  premier  recipient;  j'ai  eu  de  cette  huile  blan- 
che reiftifiee  ,  pres  d'une  once  des  dix  neaf  onces  de  matiere  feche  que  j'y 
avois  employee,  avec  environ  demi-once  d'huile  un  peu  rougearre  que- 
j'ai  fcparee  de  celle-ci  ,  pour  avoir  la  blanche  audi  pure  qu'il  m'etoit  pofti- 
ble  :  j'ai  garde  cette  demi-once  dans  une  fiole  bien  bouchee  ,  &  dans  un 
lieu  tempercj  elle  eft  devenue  rouge  comme  du  fang  ,  d'elle-meme  ,  fans^ 
que  j'y  eulfe  mele  quoi  que  ce  foit ,  &  cela  en  trois  mois  de  tems  environ : 
j'ai  garde  la  blanche  pres  d'un  an  ,  fans  qu'elle  fe  foit  rougie  ;  mais  a  la, 
lin  ,  elle  eft  devenue  auffi  rouge  que  la  premiere,  perdant  peu-a-peufa 
bonne  odeur,   &  acquerant  celle  d'un  leger  empyrcume. 

J'ai  obferve  que  quand  cette  huile  a  rougi ,  la  couleur  rouge  a  d'abord 
paru  au  fond  de  la  fiole,  apres  quoi  elle  s'eft  etendue  peu-a-peu  de  bas  en 
haut,  jufqu'a  ce  qu'elle  ait  occupe  toute  I'huile  qui  etoit  dans  la  fiole. 

II  y  a  apparence  que  nonobftant  la  redlificacion  de  I'huile  blanche  ,  il 
y  etoit  encore  refte  un  peu  d'huile  rouge  Sc  fetide  ,  laquelle  ctant  difper- 
fee  en  tres-petites  parcelles  dans  toute  la  maffe  de  I'huile  blanche  ,  en  aete 
fi  bien  couverte  &  enveloppee ,  qu'on  ne  s'en  eft  appercu  ,  ni  i  I'odeur, 
ni  a  la  couleur;  mais  ayant  eu  le  tems  de  s'en  feparer  par  fa  propre  pe> 
fanteur  ,  car  elle  eft  plus  pefante  que  la  blanche  ,  elle  s'eft  amaflfee  au  fond 
tie  la  fiole,  &  pour  lots  cette  huile,  quoiqu'en  petite  quantite,  etant 
pure  &  fans  melange,  a  pu  agir  aflez  puillamment  fur  le  peu  d'huile  blan- 
che qu'elle  touchoic  immediatemcnt  pour  lui  fervir  de  ferment  ,  &  la 
convertir  peua-peu  en  fa  propre  fubftance  ,  de  forte  que  toute  I'huile  blan- 
che eft  devenue  rouge  &  fetide.  'jS.t'  •;':::  -.m.ni^i 

J'ai  hit  plufienrs  elfais  pour  verifier  cette  conjefSbire  en  melant  de  I'huile 
rouge  avec  notre  huile  blanche ,  qui  s'eft  toujours  rougie,  mais  plutot  ou 
plus  tard ,  felon  que  dans  le  melange'il  etoit  entre  plus  oti  moins  d'huile 
rouge. 

II  feroit  inutile  Je  marquer  ici  en  combien  de  difFerentes  manieres  nous 
avons  employe  cette  huile  blanche  pour  la  joindre  au  mercure  ,  puifqu'elles 
ont  toutes  mnnque ,  &  que  le  mercure  n'en  a  jamais  retju  aucune  impref- 
fion  ni  aiicun  changement  5  je  dirai  feulement  qu'en  cinq  ou  fix  jours  de 
digeftionavec  le  mercure,  ou  avec  quelqu'autre  m^tal  que  ce  foit,  elle  efl 
Revenue  rouge  coaime  du  fang  ,  &  meme  noire  a  force  d'etre  rouge.. 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  285 

'  Les  tctesmortes  des  huiles  done  nous  venons  de  parler  ,  ont  une  facilitc  , 

fi  furprenante   de  s'enflammer  fans  le  fecours  d'aucun  mouvement,  ni  feu  Acad. Roy aie 
ctranger,  qu'on  pourroit  a  bon  droit  les  placer  au  premier  rang  des  Phof-    des   Sciencss 
pkons  que  nous  connoiirons.  En  efFet ,  parmi  les  operations  que  j'ai  faites       ^^     aris. 
fur  la  matiere  fecale,  il  s'en  trouve  de  trois  differenres  fortes  oia  la  tete-   Annit   1711. 
morte  a  pris  feu  dans  la  cornue  fans  qu'on  ait  approche  de  feu  par  dehors 
pour   railumer.    La  premiere  ,  quand  on   dillilloit  au  bain  de  fable  le  fel 
ellentiel  de  la    matiere  fecale  avec  une  chaleur   aflez  forte  pour  en  tirer 
I'huile  fetide  ,  &  pour  lots  le  feu  y  prenoit  dans  le  terns  que  I'huile  com- 
men^oit  a  venir  bien  coloree,  &  il  calToit  toujours  la  cornue  avant  que 
la  dillillation  ffit  finie  :  la  (econde  ,  quand  on    avoit  mCle  I'alun  de  roche 
avec  la  matiere  fecale  ,  &  pour  lors  le  feu  ne  prenoit  a  la  cornue  qu'une 
lieure  ou  deux  environ  apies  que  la  diftillation  etoit  tout-a-fait  finie,  les 
vailTeaux  ctant  p.irfaitement  froids,  &  le  recipient  fcpare  de  la  cornue  :1a 
troifieme  ,  quand  on  avoit  mele  du  vitriol  calcine  avec  la  matiere  fecale  , 
le  feu  y  prenoit  a-peu-pres  de  la  meme  maniere  que  d.ins  le  cas  precedent  , 
mais  rarement  ,  d'ou  il  etoit  naturel  de  conclure  qu'en  operant  fur  la  ma- 
tiere fecate  avec  quelqu'autre  precaution  ,  on  fe   procureroit  facilemenc 
un  excellent  phofphore.  J'ai  pourtant  neglige  les  confequences  que  je  de- 
vois  titer  de  cette  obfervation,  jufqu'a  I'occaficn  fnivante. 

Il  y  a  deux  ans  environ  que  j'allai  voir  un  malade  qui  depuis  quaere  ans 
fouffroit  cruellement  d'une  ftrangurie  j  je  lui  avois  donne  difFercns  reme- 
des  qui  le  foulageoient  chacun  pendant  quelque  tems  :  mais  comme  dans 
toutes  les  longues  maladies  le  corps  s'accoutume  aux  remedes  ,  on  ell  oblige 
de  les  changer  ,  &  d'en  fubftituer  d'autres  a  la  place  de  ceux  qui  ne  font 
plus  d'etfet  \  on  avoit  done  propofe  a  mon  malade  une  efpece  de  fel  done 
la  dilFolution  faice  dans  I'eau  ,  6c  feringuee  dans  la  veffie  ,  devoir  appai- 
fer  la  douleur  qu'il  fentoit  \  il  s'en  eft  fervi  ,  &  en  a  etc  foulage  pendanc 
prcs  d'un  an.  J'ai  examine  ce  fel  ,  &  j'ai  vu  qu'en  I'expofant  a  I'air  ,  il 
s'enllammoit    quelquefois  de  lui  -  mcme  ,  particulieremenr   quand  il  etoic  ^ 

nouveau  faitj  il  m'a  patu  par-la  que  c'ctoit  une  matiere  a-peupres  femblable 
aux  tetes-mortes  que  j'avois  vues  autrefois  s'allumer  aufli  d'elles  -  memes 
dans  lefond  de  la  cornue  apres  les  diftillations  des  huiles  fetidesdont  je  viens 
de  parler.  Lacuriolite  d'en  faireune  comparaifon  jufte  avecccs  tctes-mortcs, 
&  d'examiner  davantage  le  bon  eflet  que  j'en  avois  vu  dans  les  inflamma- 
tions douloureufes  ,  &:  dans  les  vieux  ulceres  ,  m'a  fait  refaire  quelques- 
unes  de  mes  operations  ci-delTus  rapporrees  :  j'ai  neglige  celles  aue  j'avois 
faites  fur  le  fel  elTentiel  de  la  matiere  fecale ,  comme  trcs-longucs  &  fore 
incommodes;  j'ai  neglige  aufli  celles  du  melange  de  cette  matiere  avec  le 
vitriol  ,  parce  qu'elles  reullilfent  rarement ,  &  je  me  fuis  attache  feule- 
ment  a  celles  ou  j'avois  employe  I'alun  de  roche  j  j'ai  corrige  cette  ope- 
tation  en  en  retranchant  tout  le  travail  inutile  ,  &  en  negligeant  I'huile 
que  la  diftillation  en  pouvoit  feparer  ,  ce  qui  a  rendu  cette  operation  ai- 
fee  &  ptompte  :  voici  la  maniere  dont  je  I'ai  fairs  ,  &  qui  reuflit  roujours. 

Prenez  quatre  onces  de  matiere  fecale  recente ,  melez  y  autant  pefant 
d'alun  de  roche  groflierement  pile  ;  mettez  le  tout  dans  une  petite  potle 
|de  fer  qui  tiennc  environ  une  pinte  d'eau,  fur  un  petit  feu  de  chatbon!. 


28(J  COLLECTION 

Le  melange  fe   fondra,  &  deviendra   auffi  liquide  que  de  I'eaa;    laiflez' 

AcAC.RoYALE  le   bouillir  a  petit  feu  en  le  remuant  toujours  avec   une  fpaiule  de  fer : 

DEs  Sciences     concinucz  ce  teu  jufqu'i  ce  que  la  mariere  ie  feche :  elle  deviendra  a  la 

D£  1  ARis.        f5f,  difficile  a  remuer  :  il  faut  continuer  de  la  rotir  dans  la  poele  en  la 

Annh  lyii,    remuanr  toujours,  &  en  lecrafant  continutllement  en  petices  iniettes  ,  & 

en  ratiirant  avec  la  fpatule  tout  ce  qui  s'attache    au   tend  ,  &  aux  cotes  dc 

la  poele  ,  jufqu'a    ce  qu'elle  foit  partaitement   feche  :  il   faut  de  terns  en 

terns  oter  la  poele  du  feu,  afin  qu'elle  ne  rougilfe  pas,  &  remuer  meme 

hors  du  feu  la  matiere  afin  qu'elle  ne  s'attache  pas  en   crop  grande  quantire 

a.  la   poele.    Quand  done  la  matiere  eft   de  venue  partaitenient  feche,  Sc 

grumclcufe  ,  il  hut  la  laifTer  refroidir,  &  la  piler  menu  dans  un  mortier 

de  metal  ,  apres  quoi  il  faut  la  remettre  clans   la  poele  fur  le  feu  ,  &c  la 

remuer  toujours  :  elle  s'humedera  un  peu  ,  &  fe  remettra  en  giumeaux 

qu'il  faut  continuer  de  rotir  ,  Sc  d'ccraier  jufqu'a  ce  qu'ilsfoient  parfaite- 

ment  fees,  les  lailler  refroidir,   &   les  piler  en   poudre  menue;  puis  re- 

mettte  cette  poudre  pour  la  troifieme  fois  dans   la  pt;cle  fur  le  feu  ,  la 

rotir ,  5i  la  fccher  parfaitement ,  apres  quoi  il  la  faut  rebroyer  en  poudre 

fort  menue ,  la  garder  dans  un  papier  en  un  lieu  fee  :  voila  la  piemiere 

operation  ,  ou  I'operation  preparatoite. 

Prenez  de  cette  poudre  deux  ou  trois  gros  ,  mettez  la  dans  un  petit 
matras  dont  la  panfe  contienne  une  once  ,  ou  une  once  &i  demie  d'eau  ,  & 
qui  ait  le  col  de  fix  a  (ept  pouces  de  long;  faites  enforte  que  la  poudre 
n'occupe  qu'environ  le  tiers  du  matras  ;  bouchcz  le  cou  du  matras  fort 
legerement  d'un  bouchon  de  papier  ,  puis  prenez  un  creufet  de  la  hauteur 
de  quatre  ou  cinq  doigts  ,  mettez  dans  le  fond  de  ce  creufet  trois  ou  qua- 
trecueillerees  de  fable  ,  placezce  matras  fur  le  fable  au  milieu  du  creufet , 
c'elf-a-dire  ,  qu'il  n'en  touche  pas  les  parois;  remplilfez  enfuite  le  creu- 
fet de  fable  afin  que  route  la  panfe  du  matras  foit  enterrce  dans  le  fable  , 
apres  quoi  vous  placerez  ce  creufet  avec  le  matras  au  milieu  d'un  petit  four- 
neaude  terra,  qu'on  appelle  ordinairement  une  huguenotte  qui  ait  I'uu- 
vetture  en  haut  de  huit  a  dix  pouces,  &  la  profondeur  jufqu'a  la  grille 
de  fix  pouces  :  mettez  tout-autour  du  creufet  des  charbons  allumes  juf- 
qu'au  milieu  de  la  hauteur  du  creufet  pendant  une  demiheurc,  puis  re- 
mettez  encore  du  charbon  jufqu'au  bord   du   creufet ;  entretenez  ce   feu 

fiendant  encore  une  bonne  demi-heure ,  jufqu'a  ce  que  vous  voyiez  que 
e  dedans  du  matras  commence  a  etre  rouge  ;  alors  vous  augmenterez  le 
feu  ou  les  charbons  par-defTus  les  bords  du  creufer  :  vous  entretiendret 
ce  grand  feu  pendant  une  bonne  heare  ,  apres  quoi  vous  le  laiflerez  etein- 
dre. 

Dans  le  commencement  de  cette  derniere  operation  ,  il  fortira  des  fu- 
mees  epailTes  par  le  gouiot  du  matras  au  travers  de  fon  bouchon  de  papier  : 
ces  fumees  viennent  quelquefois  en  fi  grande  abondance  qu'elles  jetteut 
le  bouchon  abas  j  il  faut  le  remettre  ,  &  rallentir  le  feu  :  ces  lumees  cetTent 
quand  le  dedans  du  matras  commence  a  rougir,c'eft  ponr  lots  qu'on  peut 
augmenter  le  fen  fanscraindre  de  nuire  a  I'operation. 

Quand  le  creufet  eft  aflez  refroidi  pour  qu'on  le  puitTe  retirer  du  four- 
neau  avec  la  main  fans  fe  bruler ,  il  faut  lever  le  matras  du  fable  jufqu'au 


A  C  A  D  £  M  I  Q  U  E.  187 

milieu  de  fa  panfe  ,  &  le  lailFec  accoutumer  au  froid  pendant  un  demi- 
quart-d  heure  environ,  puis  le  tirer  tout-a-fait ,  Sc  le  laiirec  repofer  un 
moment  fur  fon  fable  ;  mais  C\  on  n'eft  pas  ptelfe  ,  ou  fi  on  fiit  cette  ope- 
ration en  hiver,  on  fera  micux  de  lailler  refroidir  touta-fait  le  matcas 
dans  le  creufet  avant  que  de  Ten  otcr  :  il  eft  bon  aulli  de  mettre  en  mcme 
teins  un  bouchon  de  liege  a  la  place  du  bouchon  de  papier,  au  goulot  dii 
matras  pour  eviter  ,  autant  qu'il  eft  poHible  ,  I'entree  de  1  air  dans  le 
matras. 

Si  la  matiere  qui  eft  au  fond  du  matras  fe  met  en  poudre  en  la  remuanr, 
c'eft  une  marque  que  Ton  a  bien  opcre  ;  fi  elle  forme  un  gateau  qui  ne  fe 
bcife  pas  en  poudte  en  fecouant  le  matras ,  c'eft  une  marque  que  Ton  n'a 
pas  afTez  roti  &c  feche  la  poudre  dans  la  pocle  de  for  pendant  roperation 
preparatoire. 

Les  operations  etanc  bien  faites  ,  c'eft-a-dire  lorfque  la  matiere  eft 
en  poudre  dans  le  matras  ,  on  en  verfera  un  peu  de  la  grolfeur  environ 
d'un  petit  pois  fur  un  morcean  de  papier ,  &c  Ton  rebouchera  prompte- 
ment  le  matras  ;  la  poudre  comrnencera  a  fumer  fur  le  papier  un  mo- 
ment apres  y  avoir  cte  mife  ,  Sc  en  meme-temps  elle  s'allumera  ,  6c  elle 
mettra  le   feu  au  papier ,  dc  a  toiice  autre   matiere  combuftible. 

Si  par  hazard  on  avoir  tire  trop  de  poudre  du  matras,  il  ne  faut  pas 
la  remettre  dans  le  matras  ,  quoiqu'elle  ne  foit  pas  encore  a'lumee,  car 
elle  ne  manqueroit  pas  de  metcre  le  feu  a  route  la  poudre  qui  feroic 
dans  le  matras.  On  voit  bien  par-la  qu'on  ne  pent  la  tranlvafer  du 
matras  dans  une  autre  liale  ,  il  faut  qu'elle  refte  toujours  dans  le  memo 
vailleau  ou  elle  a  ete  calcinee. 

Cette  poudre  eft  de  difterentes  couleurs,  tantot  noire,  brune ,  rou^e  verte, 
jaunj,  &  mcme  blanche,  felon  le  vailfeau' dans  lequel  on  fait  I'opera- 
tion  preparatoire  ,  &  felon  les  degres  de  feu  qu'on  lui  a  donnes  dans 
les  deux  operations ;  (i  I'on  mtle  trop  ,  ou  trop  peu  d'alun  ou  de  col- 
cothar  avec  la  matiere  fccale  ,  la   poudre  ne  s'allumera  pas. 

Elle  s'alluine  aulii-bien  le  jour  que  la  nuit  ,  fans  qu'on  ait  befoin  de 
la  frotter  ou  de  la  chauffer  ,  ou  dc  la  mcler  de  quelque  chofe  qui  puiHe 
aider  a  I'enflammer  ,  en  quoi  elle  eft  difFerente  de  tous  les  autres 
phofphores  fadices  que  nous  connoilFons;  car  celui  de  I'urine  a  befoin 
d'un  peu  de  chaleur  pour  luire  &  pour  s'enflammer ,  le  phofphore  fma- 
ragdin  a  befoin  de  beiucoup  de  chaleur  pour  faire  fon  eff'et  ,  ia  pierre 
de  Bologne  ,  &  Je  phofphore  de  Balduinns  ne  produifent  de  la  lumiere 
que  pendant  le  jour  ,  &  ne  font  nal  effet  la  nuir.  Les  huiles  diftillees 
de  cannelle  ,  de  geroBes ,  de  faxafras  &  autres,  ne  s'enflamment  fan? 
feu  ,  que  quand  on  y  mele  de  lefprit  de  nitre  bien  redtifie.  Le  Phof- 
phore que  j'ai  donne  en  1695,  dans  les  Mimoircs  de  I'Academu  ,  ne 
devient  lumineux  que  quand  on  le  frotte  rudement,  ou  quand  on  frappe 
deffus  avec  un  corps  dur,  &c. 

Je  n'ai  encore  tire  cette  poudre  que  de  la  matiere  fecale  ,  ou  des 
gros  excremens;  mais  je  fuis  perfuade  qu'cn  la  peut  tirer  audi  de  I'urine, 
&  meme  je  crois  que  I'urine  ,  traitee  de  cette  ni.iniere  ,  donncra  une 
plus  grandc  quantitc  dc  fon   phofphore ,  que  par  la  maniere  conniw  , 


ACAD.ROYALE 

DES  Sciences 
DE  Paris. 

Annii  1 7 1 1 . 


iSS  COLLECTION 

--■    .  ^^^=  Sc  que  fa  tete-morte  aprcs  La  ciiftillacion  du  phorpKore  ,  ne  laKTcra  pas 

Acad.  Roy  ALE  Jg   donner  encore  cette  poiidre. 

BES  Sciences         j.^^^  aifait  de  trois  difFerentes  fortes ,  I'une  met  le  feu  aux  matieres  com- 

DE     ARis.        buftibles  ,  &  elle-meme  ne  paroit  pas  s'enfiammer.  L'autre  met   le   feu, 

Annee  171 1.    ^  ^[[g  s'enflamme   comme  un  charbon  ardent.    Et    la   troificme  met  le 

feu      &  elle  brule  en  flamme  comme  une  bougie  aliuniee  ,  felon  qu'elle 

a  eu  plus  ou  moins  de  feu  dans  fes  preparations,   ou  qu'il  y  a  plus  ou 

rnoins  d'alun  Jans  fa  compofition. 

Pour  conferver  cette  poudre  long-temps  bonne,  it  faut  la  garder  dans 
nn  lieu  fee  &  tempete  ,  tenir  le  matras  bien  bouche ,  le  pofer  toujours 
debout ,  c'efl-a-dire  le  gouloc  en  haut  ,  &  le  tenir  enveloppe  de  papier 
ou  de  quelque  autre  chofe  ,  Sc  dans  un  lieu  fombre  ,  car  le  grand 
jour  la  "ate  aufli-bien  que  I'liumldite  de  I'air  ,  mais  moins  vice. 

Pour  avoir  une  idee  vraifemblable  de  k  maniere  dont  cette  poudre 
s'enflamme ,  il  faut  fe  fouvenir  que  c'eft  une  matiere  fortement  calcinee 
par  le  feu ;  elle  a  perdu  dans  cette  calcination  toute  la  partie  aqueufe 
qu'elle  contenoit ,  &:  la  plus  grande  partie  de  fon  fel  volatil ,  elle  a 
acquis  par-la  beauconp  de  grands  pores,  que  les  matieres  volatiles  chaf- 
fees  par  le  feu  ont  lailfes  vuides  ,  de  forte  que  la  poudre  qui  refte  aprcs 
la  calcination  ne  confifte  qii'en  un  tilLu  fpongieux  d'une  matiere  terreufe 
qui  a  retenu  tout  fon  fel  fixe  &  un  peu  de  fon  huile  fetidej  mais  done 
les  pores  &  les  locules  vuides  confervent  pendant  quelque  temps  une 
partie  de  la  flamme  qui  les  a  pcnetres  pendant  la   calcination. 

Cela  etant ,  nous  pouvons  confiderer  que  le  fel  fixe  qui  eft  en  grande 
quantite  dans  cette  poudre ,  abforbe  promptement ,  a  fon  ordmaire  , 
I'humidite  de  lair  qui  le  touche  :  I'introdudion  fubite  de  I'liumidite  de 
I'air  dans  les  pores  de  la  poudre  ,  y  produit  un  frottemeiit  capable  d'ex- 
citer  un  peu  de  chaleur  ,  laquelle  etant  jointe  aux  parties  de  la  flampie 
confervees  dans  ces  mcrees  pores ,  compofe  une  chaleur  alTez  forte  pour 
embrafer  le  peu  d'huile  aifement  iiifiammable  qui  a  echappe  a  la  rigueut 
de  la  calcination  ,  &c  qui  fait  partie  de  la  poudre. 

Une  preuve  de  cela  eft  que  quand  on  garde  cette  paudre  dans  un  vaif- 
feau  qui  n'eft  pas  exaftement  bouche,  elle  abforbe  peu-a-peu  &  lentement 
I'humiJite  de  I'air  qui  la  pent  atteindre  ,  ce  qui  n'eft  pas  capable  de 
faire  alfez  de  frottement  pour  exciter  aucune  chaleur  fenfible  ,  &  la 
poudre  fe  gate  ,  en  forte  quelle  ne  s'enflamme  plus  ;  de  meme  que  la 
chauxvive,  expofce  pendant  qutlque  temps  a  I'air,  ne  s'echaufFe  plus, 
parce  qu'elle  a  abforbe  peu-a-peu  de  I'humidite  ,  mais  en  trep  petite 
quantite  a  la  fois  pour  produire  un  frottement  capable  d'excitet  de  la 
chaleur. 

La  chaux  vive  qui  contient  des  particules  de  feu  ,  auffi-bien  que  notre 
poudre  ,  ne  produit  pas  de  la  chaleur  par  la  feule  humidite  de  lair  , 
comme  fait  notre  poudre  ,  mais  il  la  faut  hume6ber  en  jettant  de  I'eau 
deftus  pour  avoir  le  meme  degre  de  chaleur  :  la  raifon  en  eft  que  la 
chaux  ne  contient  pas  comme  notre  poudre  un  fel  propre  a  abforber 
beaucoup  d'humidite  a  la  fois  ,  &  c'eft  1  introdudtion  fubite  de  I'hunii- 
dite  qui  produit  la  chaleur  ,  mais  en  jettant   de  I'eau   deffiis,   elle  s'jr 

introduit 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  189 

inrroJuit  adez  promptement  pout  faire  le  meme  effet.  Et  Ii  ra'ifon  pour-  1    1 

Quoi  la  chaux-vive  ne  produic  pas  de  la  flamme  coinme  fait  notre  pou-    ,    .     u„„.,= 
dre  ,    quoiqucUe   contradte   une   aulli  grande  chaleur  quelle,    c  eft  que     oes  Sciences 
dans  Id  cliaux  il  ne  fe  trouve  aucune  inatiere  huileufe  capable  de  s'en-      de  Paris. 
flammer  par  la  chaleur  excitee  ,  comme  ils'en  rrouve  dans  notre  poudre  :    Annlt   I7iii 
mais  li  on  en  mcle  artificiellemcnr ,  elle  s'y  enflamtne  de  meme. 

Nous  avons  dit  que  le  grand  jour  gare  cecte  poudre,  quoiqu'enfermce 
dans  un  vailTeau  de  verre  bien  bouchi-  j  la  raifon  en  ell  que  le  frot- 
tement  qui  lui  arrive  par  I'iiuroduction  de  I'humidite  de  I'air  ,  n'eft  paj 
la  feule  caufe  de  la  chaleur  capable  d'allumer  I'huile  contenue  dans  notre 
poudre ;  il  faut  encore  que  les  particules  de  feu  qu'elle  a  confervees 
dans  fes  pores  y  conrnbuent  \  8c  comme  le  grand  jour  ,  ou  la  matiere  de 
la  lumiere  en  grand  mouvement ,  frappe  continuellement  la  poudre  an 
travers  du  vailteau  de  verre  ,  elle  degage  peu  a-peu  celle  qui  s'y  etoic 
arrctee  pendant  la  calcination  ,  &  la  diminue ,  de  forte  qu'a  la  fin  il  n'y 
en  refte  plus  pour  fe  joindre  a  la  chaleur  caufee  par  le  frottement   de  '' 

rjiumiditc  de  I'air ,  He  par  confequenc  elle  ne  peu(  f'endaiiuaei^ 


Jbnw  ///,  Part'n  Franfol/i, 


o» 


1^ 


COLLECTION 


AcAD.RoYAtE 

»s  Sciences 
ȣ  Paris. 


-i^^t. 


.^M.. 


=^» 


HISTOIRE    NATURELLE. 


Obfervations  divcrfes^ 
Par   M.    Richer. 

J'ai  remarque  etanc  a  Cayenne,  die  M.  Richer,  que  le  fang  des  mar» 
fouins ,  lorfqu'on  leiir  ouvre  le  ventre  etant  en  vie  ,  n'eft  gueres  moins 
chaud  que  celui  des  animaux  terreftres  \  mais  il  n'en  eft  pas  de  menie 
des  cortues  dont  le  fang  ,  quoiqu'elles  en  aient  une  grande  abondance , 
eft  moins  chaud^qne  les  eaux  douces  de  ce  pays-la. 

J'ai  vn  en  ce  meme  endroit  un  crocodile  enferme  pendatic  huit  mois 
dans  une  grande  cailFe  pleine  d'eau  ,  lequel  ne  mangeoic  rien  quoiqu'on 
niit  aupres  de  lui  du  poilFon  &  de  la  viande.  On  le  changeoic  d'eaii 
tous  les  jours.  Apres  ce  temps  je  le  fis  embarquer  fur  le  vaifTeau  dans 
lequel  je  repafTois  en  France  ,  mais  ii  mourut  trois  jours  apres ,  ce  que 
j'attribuai  d  I'agitation  du  vaifleau. 

Je  fus  beaucoup  plus  furpris  de  voir  un  poilTon  long  de  trois  a  quatre 
pieds,  femblable  a  une  anguille  grofTe  comme  la  jambe  ,  &  telle  que 
celle  de  mer  que  les  pecheurs  appellenc  congre  ,  lequel  ecant  touche 
non  feulemtnt  avec  la  main,  mais  mctr.e  avec  I'extremire  d'un  baton, 
engourdit  tellement  le  bras  &  la  partie  du  corps  qui  eft  la  plus  proche, 
que  Ion  demeure  pendant  environ  un  demi  -  quart  d'heure  fans  pouvoir 
le  remuer  ;  on  eprouve  meme  un  eblouilfement  qui  feroit  tomber  fi  Ton 
lie  prevenoit  la  chute  en  fe  couchant  par  terre  ,  &  enfuire  on  revient  au 
meme  etat  qu'auparavant.  Les  Sauvages  difent  que  cet  animal,  en  frap- 
pant  les  autres  poiftbns'ayec  fa  queue,  les  endorr,  &  en  fait  aifement 
la  proie. 

II  y  a  un  pourceau  fauvage  dans  les  bois  en  ce  paysla  qui  a  un  troii 
au  milieu  du  dos  par  lequel  il  jette  de  I'ecume  lorfqu'il  eft  pourfuivi 
par  les  chalfeurs  ,  ce  qui  a  fait  croire  mal  a-propos  a  quelques-uns  que 
cet  animal  refpiroit  par  ce  trou  ;  je  dis  mal-a-propos ,  car  ayant 
difleque  un  de  ces  animaux  ,  je  vis  que  ce  trou  etoit  I'ouverture  d'u;i 
petit  refervoir  fort  uni  au-dedans ,  a-peu-pres  comme  !e  baftinet  des  reins 
de  I'homme ,  environnc  tout  autour  d'une  efpece  de  glande  fpongieufe 
&  fort  blanche  ,  fans  aucun  conduit  au  travers  dans  les  patties  fpon- 
gieiifes  du  corps.  {Mf moires ,  tome  FJI.^ 


^i% 


A  C  A  D  ]&  M  r  Q  U  E; 


i?r 


Sur  unc  FraxincUc  monjirueufe. 


Acad.  U.OYALE 

DEs  Sciences 

DE  Paris. 


J_j'ete  de   iiJyZjM.  Marchand  obferva  un  pied  de  fraxinelle  dont  les    SveeuiuiHTt 

fleurs  avoienr  un  ftyle  divife  en  cinq  filets ,  &  dont  les  filiques  fc  chaa- 

gerent  en  feuilles  d'un  vert  jaunatre  ,  longues  de   lo  a    li  lignes,  larges 

de   4   dans   leiir  milieu  ,  pointues  a   leur  extrcmite ,  fermes ,  roides  & 

lifTes  ,  qiielques-unes  legerement  dentelees  par  les  bords  ;  routes  perdirenc 

les  poils  dont  elles  etoient  herilfces  lorfqu'cUes  eioiert  encore  filiques  , 

Ik.  emporterenc  cliacune  en  s'alongeanc  une  partie  du   ftyle.  Aucune  de 

ces  rieurs  ne  porte  graine  ;  les  unes  ctoienc  vertes  &  les  autres  rouoes  , 

quoique  pendant  dix  ans  ce  nieme  pied  n'eut  porte  que  des  fleurs  rou- 

geatres.  On  avoir  pu    rompre  quelques   racines  en    voulant  feparer  cecte 

plante  ,  d'ailleurs  i'annee  avoit  ete  ftajiche  &  pluvieufe.  (.^«/je'<  i6^i.) 


Sur  quelques  Serpents  du  Brejil. 

Far  M.  Marchant. 

i  L  y  a  dans  le  Brefil  une  efpece  dc  ferpent  d'environ  deux  pieds  dc 
long ,  &  de  5  a  4  pouces  de  tour  ,  cjue  les  Portugais  nomment  cou- 
leuvre  a  deux  tetes  ,  non  qu'elle  ait  en  etfet  deux  tetes ,  mais  parce  qu'elle 
a  au  bout  de  la  queue  une  grolFeur  qui  de  loin  a  Tapparence  d'une  tcte. 

M.  Couplet  en  ayant  tue  Sc  ecorche  quelques-unes  ,  fut  couvert  deux 
ou  trois  jours  apres  de  puftules  qui  ctoienc  remplies  d'eau  roufle,  & 
qui  n'etoient  pas  encore  pallees  trois  mois  apres. 

Il  tua  d'un  coup  de  fufil  une  autre  couleuvre  qui  avoir  plus  de  ij 
pieds  de  long  &  16  a  iS  pouces  de  tour;  elle  etoic  route  couverte 
d'ccailles  noires  ,  blanches  ,  grifes  8c  jaunatres,  qui  routes  enfemble  faiLienc 
un  bel  efFet.  La  niorfure  des  couleuvres  de  cette  efpece  eft  venimeufe  ,  cc 
qui  n'empeclie  pas  qu'on  n'en  mange  la  chair.  {Annie  17CO.) 


Sur  VYquetaya  &  la  grandc  Scrophulaire, 
Par    M.    Marchand. 

j\X  Marchand  ,  aide  de  M.  Homberg ,  a  recoini  que  I'yquetayi  ,  planre 
du  lirtfil ,  fort  vancee  pat  les  verrus  par  un  chirurgien  frangois  etabli 
€n  Portugal  ,  avoit  entre  autres  proprietes ,  celle  d'orer  au  fene  fon' 
mauvais  gout  &  fa  mauvaife  odeur  ,  fans  aftbiblir  fa  vertu  purgative,  ll 
a  tiouve  de  plus  que  notre  grande  fcrophulaite  aquatique ,  qui  rellemble 

O  li; 


l<>i 


COLLECTION 


■  parfaitement  a  I'yquetaya  ,  a  aiilli  cette  meme  proprietc. . ..  Il  faut  mettfff 

AcAD.RovALE  '^^"^  ^^  vaiffeau  de  terre    une    chopiiie   d'eau    commune    que  I'oiv  fera 

D£S  Sciences     chauffer  jufqu'a  ce  qu'on  n'y  puKFe  plus  tenir  la  main;  puis  qn  y  jetrera 

DE  Paris.        deux  gros  de  fene,  &  en  raeme  terns  autanc  de  feuilles  feches  de  fcrophu- 

'SvsFLtMEHT.     ^ai"^s  aquatique;   on  tetirera  aufli-tot  du  feu  rinfufion,  &:  cette  infufion 

etant  reftoidie  ,  eft  un  purgatif  excellent  qui  a  toutes  les  bonnes  qualites 

du  fenc  ,  fans  en  avoir  I'odeut  ni  le  gout  [Annie  1701.) 


Defcription  d'un  Foic  dc  Mouton^ 

tiaaaada  [PI.  II.)  ,    la  circonference  du  foie. 

^^,  la  portion  ou  le  fond  de  la  velicule  du  fielenflee,  &  qui  n'eft  paf 
attachee  au  foie. 

ccc,  les  courbures  ou  anfraftuofites  de  cette  veficuie. 

dd,  I'endroit  du  col  qui  s'unit  au  canal  hepatique  ,  deffgne  fuivant  la 
grolfeur  &  la  figure   qu'on  lui  a  trouvees. 

eee,  le  canal  hepatique  tres-dilate. 

ff,  continuation  de  la  joncftion  des  deux  canaux  cyftique  &  hepatique 
qui  forment  par  leur  reunion  le  canal  choledoque. 

gg,  I'endroit  ou  le  canal  pancreatique  s'ouvre  dans  le  choledoque  qui 
s'ell  enfle  en  foufflant  dans  le  choledoque. 

hhhhhh,   canal  pancreatique. 

iiili  Portion  du  pancreas. 

//,  deux  glandes  conglobees,  fituees  aux  cotes  de  la  jondion  des  ca- 
naux cyftique  &  hepatique  qui  leur  font  faire  de  chaque  cote  un  enfonce- 
reent  ou  courbure. 

aaaaaaa  [PL  ///.),  circonference  d'un  autre  foie  de  mouton  extreme^ 
ment  grenele ,  &  dont  un  endroit  reftemble  aflez  a  une  portion  de  lobe  du- 
poumon   foufflee. 

bbbhbbb,  la  veficuie  du  fiel  ouverte,  ce  qui  laifTe  voir  quatre  groffes 
embouchures  des  canaux  hepatiques  dont  deux  font  oppofces  aux  deux  au- 
nes  :  ces  embouchures  ne  font  que  dans  le  col  j  on  n'en  a  pu  trouver  dansi 
fes  autres  parties  de  la  veficuie. 

cccc,  les  memes  embouchures  dans  lefquelles  aboutilTent  plufieurs  au-- 
tres  tuyaux. 

eeee  ,  une  poche  ou  dilatation  du  canal  hepatique,  dans  laquelle  fe 
voient  quatre  embouchures  oppofees  les  unes  aux  autres. 

ffff,  les  embouchures  ou  ouvertures  des  canaux  hepatiques  ou  biliaire?^ 

ggggg,  plufieurs  'ftgnes  pon<fituees  qui  marquent  les  difFerens  endroirs 
du  foie  on  aboutiflent  des  canaux  hepatiques  de  difFerens  endroits  de  la 
fubftance  de  ce  vifcere. 

hh,  continuation  des  canaux  reunis  formanr  le  choledoque  ,  dans  lequel' 
s'ouvre  le  canal  pancreatique  marque  ii, 

nil,  le  canal  pancreatique. 

nnnnnnn,  cinq  tronc$  de  canaux  hepatiques  ouverts  &  tres-dilates,- 


I 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  193 

dont  deux  one  a  leurs  extrcmites  des  tubercules  ou  dilatations  faillantes  fur  1             1— wt 

la  furface  du  lobe,  fembiables  a  de  erofTes  varices  ooeo.  Arin  RovAir 

Cec  endroit  du  lobe  de  toie  reilembloit  a  une  portion  du  lobe  des  pou-  des  Sciences 

tnons  foufFlee,  de  Paris. 

Tons  ces  canaux  dilates  Sc  variqueux  etoient  remplis  d'une  matiere  bi-  SurtLi-UEUt. 
lieufe,  vifqueufe  ,  tenace  ,   Sc  ganiie  de  quantite  de  pellicules  verdatres. 

pp ,  les  glandes  conglobees  marquees  dans  la  figure  preccdente. 

La  Figure  tie  la  PI.  IVreprefence  la  veJicuU  duficl  dun  bauf,  fon  col.  It  canal 

hepatlque  ,  &  unc  portion  du  pancreas, 

aa,  h  vellcule  ouverte- 

bl>,  fon  col  ouvert. 

cccc,  le  canal  hepatique  audi  ouverr. 

dd,  une  portion  du  pancreas. 

«e,  une  ligne  pondluee  qui  marque  I'endroir  ou  s'ouvre  le  canal  pan- 
creatique  dans  le   canal  hepatique. 

//,  deux  grofTes  embouchures  dans  le  canal  hepatique. 

an,  plulieurs  embouchures  de  vaifTeaux  hepatiques  au  col  de  la  veficule 
du  fiel ,  ou  Ton  palFoit  un  ftilet  :  le  col  de  la  veficule  a  paru  crible  ,  on  n'a 
fait  de(Tiner  ici  que  les  ouvertures  les  plus  apparentes. 

kkkkkk,  fix  ouvertures  de  canaux  hepatiques  lefquels  s'ouvrent  dans 
la  veficule  du  fiel  ;  on  fe  croit  fonde  a  croire  qu'il  y  en  a  piufieurs  autres. 

Les  vaifTeaux  biliaires  qui  penetrent  dans  la  veficule  du  fi^l,  coulenc 
obliquement  entre  fes  membranes.  [AnnU  1701.) 


M 


Sur  h  fens  dont  piufieurs  corps  fc  tournent. 


Parent,  apres  piufieurs  recherches  de  tous  les  lima^ons  de  terre  , 
de  riviere  ,  de  mer  ,  &  meme  pc'trifies  ,  n'a  pu  trouver  que  trois  efpeces 
dont  les  coquilles  fufient  tournees  de  droite  a  gauche  a  les  regarder  la 
pointe  en  haut  j  toutes  les  autres  font  tournees  de  gauche  a  droite. 

II  a  etendu  cette  obfetvation  fur  les  plantes ,  &  il  a  trouv'e  que  fur  jj 
efpeces  qui  avoient  leurs  tiges  tournees  a  droite ,  ii  n'y  en  avoir  que  quatre 
qui  les  euffent  tournees  a  gauche;  que  dans  15  efpeces  les  goufles  etoienc 
tournees  a  gauche  ,  &  dans  deux  fculement  a  droite, 

Il  a  remarque  de  meme  que  les  fibres  du  cceur  de  I'hcmme  fonttoujours 
tournees  en  meme  fens ,  les  exterieures  de  droite  a  gauche  en  defcendant  ,• 
&  les  interieures  de  meme  fens  en  remontant;  &  qu'au  contraire  le  toupit- 
Ion  que  forment  les  cheveux  nailTans  au  fommet  de  latete,  eft  prefque? 
toujours  tourne  de  gauche  a  droite  a  I'egard  de  celui  qui  les  porte.  {Arf 
ncc  1703. ; 


i5>4 


^CAD.ROYAIE 

DBS  Sciences 

JDE  PaiIIS. 


COLLECTION 


Defcription  d'une  Tortuc  dc  mer. 
Par  M.    Mery. 


J_j  E  s  parties  vitales  de  cette  tortue  etoienc  renfermees  avec  les  narurelles 
/dans  line  meme  cavite  dont  les  poumons  occupoieiit  la  partie  fiipc-neiire 
toute  eiiciere;  ils  etoienc  attaches  au  dos  depuis  le  col  jufqu'a  la  qm  ue  j 
le  ccEur  etoit  place  (iir  le  devanc ,  &  les  parc.es  narurelles  lur  le  dernere  :  il 
n'y  avoic  point  de  diaphragme  qui  les  (eparat  les  unes  des  autres. 

Le  ccEur  de  cecte  torcue  etoit  neanmoins  renferme  dans  un  pencarde  au 
fond  duquel  il  etoit  attache  par  trois  petis  ligamens  charnus.  Ce  pcric.irde 
etoit  plein  d'une  liqueur  claire  &  cranfparente  comme  I'eau  la  plus  pure 
dans  faquelle  baignoit  le  coeurj  fa  figure  etoit  conique;  il  avoit  dtiix  pou- 
ces  de  long  fur  un  pouce  fix  ligncs  de  large  ou  environ  Au  dedans  il  ctoit 
partage  en  trois  ventricules,  lun  a  droite,  I'autre  a  gauche  &  le  troifieine 
au  milieu  fous  le  ventricule  droit. 

Le  ventricule  gauche  etoit  fepare  du  droit  par  une  cloifon  charnue  qui 
avoit  vers  la  bafe  du  coeur  une  ouverture  ovale  alTez  femblable  a  celle  qui 
fe  trouve  dans  la  cloifon  qui  divife  les  oreiUettes  du  cccur  du  fosrus  hu- 
main.  Cette  cloifon  dtoit  d'ailleurs  toute  percee  d'un  grand  nombre  de  pe- 
tits  trous  par  lefquels  ,  de  meme  que  par  I'ouveriure  ovale,  ces  deux  ventri- 
cules commuriiquent  enfemble. 

Il  y  avoit  fur  cette  ouverture  ovale  deux  valvules  abattues,  mais  qui  ne 
la  fermoient  pas  entietement ,  &  par  coufequenc  n'empechoient  point  U 
communication  des  deux  ventricules. 

Le  ventricule  droit  communiquoit  encore  avec  le  moyen  par  une  autre 
ouverture  qui  avoir  536  lignes  de  long,  fur  j  a  4.  de  large  au  milieu 
de  fa  longueur.  Dans  ce  paflTage  de  I'un  a  I'aucre  il  n'y  avoic  aucune  val- 
vule ,  &  camme  ce  fecond  trou  de  communication  nvoit  prefque  autant  de 
longueur  que  le  ventricule  moyen  avoit  de  profondtur ,  on  peut  ne  confi- 
der^r  celui-ci  que  comme  une  continuation  du  ventricule  droit  dont  il  n'e- 
toit  diftingue  que  par  un  petit  retrecilTement. 

Les  fibres  dont  ces  trois  ventricules  etoienc  conftruits  au  dedans  ,  n'etanc 
pas  eiroitement  ferrees  les  unes  contre  les  autres ,  formoient  dans  leur  capa- 
cite  une  efpece  d'eponge  charnue  j  le  ventricule  gauche  etoit  egal  a  celui  du 
milieu,  mais  le  droit  paroilFoic  lui  feul  audi  grand  que  les  deux  autres  pris 
^nfemble. 

Trois  troflcs  d'arteres  fottoient  de  la  bafedu  coeur;  deux  de  ces  arteres 
avoienc  leur  embouchure  dans  le  ventricule  droit ,  &  la  troifieme  dans 
celui  du  milieu. :  ces  trois  vailfeaux  n'avoieut  chacun  que  deux  valvules 
figmoi'des  a  leur  ouverture. 

Les  deux  troncs  d'arteres  qui  partoient  du  ventricule  droit  ,  avoient 
leurs  diametres  a  pen  pres  egaux  :  ils  ctoient  I'un  &c  I'autre  compofes  de 
deux  plans  de  fibres  charnues  tres-vifibles ,  couches  I'un  fur  I'aucre.   Les 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  i^j 

fibres  Ju  plan  extcrieur  ccoient  difperfees  felon  la  longueur  des  arteres ,  eel-  « 

les  du  plan  interieur  paroilFoienr  circulaires.  Acad. Royau 

Ces  deux  plans  de  libres  n'etoient  pas  fenfiblcs  dans  le  troifieme  tronc    dls  Scienxes 
qui  tiroit  fon  origine  du  ventricule  moyen ;  mais  la  capacirc  de  celui-ci       °^  1'aris. 
etoit  feule  prefque  audi  grande  que  celle  des  dtux  auttes  prifes  enfemblej    SueeLi.itEtiTt 
d'aillcurs  fes  membranes  avoient  moins  d'epailTeur. 

Des  deux  troncs  d'artere  qui  forroient  du  ventricule  droir  places  a  cote 
I'un  de  I'aucre  ,  le  droit  s'avancant  en  devant  le  divifoit  aufli-toten  deux 
grolTes  branches;  la  premiere  tirant  en  ligne  droite  vers  le  col,  fe  parta- 
geoir  en  deux  autres  ,  Sc  celles-ci  en  deux  rameaux  chacune  ,  deux  defquels 
s'ctendoienc  dans  les  nageoires  de  devant  j  ceux-ci  faifcient  les  axillaires : 
les  deux  autres  places  encre  les  premiers,  fe  portoient  a  la  tcte  &  fonuoient 
les  carotides. 

La  feconde  branche  fe  recourbanr  du  cote  droit,  pafToit  fous  la  branche 
droite  de  la  trachee  artere,  aprcs  quoi  elie  fe  glilfoit  entre  les  poumons 
pour  gagner  le  derriere  du  corps.  En  faifant  ce  chemin  elle  donnoic  des 
rameaux  aux  reins,  a  la  velfie,  aux  parties  de  la  generation  &  aux  nageoi- 
res pofterieures.  Par  cette  diftribucion  d'arteres ,  il  me  fur  aife  de  juger  que 
ce  premier  tronc  etoit  celui  de  I'aorte,  quoiqu'il  partit  du  ventricule  droit : 
fa  capacite. etoit  un  peu  plus  gtande  que  celle  de  I'artere  que  je  vais 
decrire. 

Le  tronc  gauche  formoit  de  fon  cote  la  meme  courbure  que  faifoit  i, 
droite  la  branche  pofterieure  de  I'aorte,  &  fuivoit  la  meme  route.  Ce 
tronc  n'envoyoit  aucun  rameau  dans  les  parties  anterieures;  il  fe  divifoit 
feulement  au  dela  du  foie  en  trois  branches,  dont  la  premiere  tenoit 
lieu  de  cceliaque,  la  feconde  de  mefenterique  ,  la  troifieme,  palTant  de 
gauche  a  droite  ,  alloit  fe  reunir  a  la  branche  pofterieure  de  I'aorte,  coni- 
me  fait  le  canal  arteriel  de  communication  dans  le  fcptus  humain,  & 
c'eft  par  cetre  raifon  que  j'ai  donne  a  cette  feconde  artere  le  nom  de  canal 
de  communication  ,  afin  de  la  diftinguer  du  tronc  de  I'aorte. 

Le  troifieme  tronc  qui  tiroit  fon  oiigine  du  ventricule  du  milieu,  fai- 
foit le  corps  de  I'artere  pulmonaire;  ce  tronc  fe  partageoit  en  deux  bran- 
ches confiderables  qui  formoient  a  droite  &  a  gauche  des  courbures  fetli- 
blablcs  a  celle  de  la  branche  pofterieure  de  Taorte  &  du  canal  de  com- 
munication. L'une  &  I'autre  palfoient  foirs  les  branches  de  I'apre  aTtete 
pour  fe  rendre  I'une- au  poumon  droit  &■  I'autre  an  gauche.  Le  circuif 
de  ce  troifieme  tronc  etoit  prefque  egal  a  celui  de  I'aorte  &  dll  canat 
de  communication  pris  enfemble  :  ces  trois  arreres  etoient  jointes  en- 
femble  par  knrs  membranes  exterieares',  depuis  le  ccEUr  jufqu'a  I'endroir 
de  leur  divifion  en  branches. 

Toutes  les  racines  des  veines  d^cffa'qtie  pbumorr,  shaniflant  enfemble',' 
formoient  alafortie  dei  poumons  uneVeine'de  chaque  c6t^  doht  heir 
pacite  etoit  moitie  plus  petite  que  celle  des  deux  arteres  pulmonaires ,  cef 
qui  merite  attention.  Ces  deux  veines  alloient  fe  rendre  .i  I'oreillette  gau- 
che ,  a  I'embouchure  de  laquelle  elles  fe  joignoient  enfemble  par  leur 
extrCniite,  fans  former  apres  leur  union  un  canal  qui  eiit  feul  la  capa- 
fite  de  ces  deux  veines  prifes  enfemble  j  ainll  elles  oe  fojmoienc  point  de 


ip(5  COLLECTION 

_  tronc  :  chacune  d'elles  verfoic  immediatemenc  le  fang  qu'elle  portoi:  dans 

7         n     '.         la  capacite  de  cette  oreillette  qui  n'avoit  aucune  valvule  a  fon  emboiKhure. 

des^Science"       Les  veines  qui  rapportoient  au  coeur  le  fang  de  toutes  les  autres  par- 

DE  Paris.        ties  du  corps ,  faifoicnt  la  mtme  chofe ;  de  forte  qu'il  n^  avoit  point 

Su^FLiMEMT.     de  tronc  unique  a  qui  feul  on  put  appliquer  convenablement  le  nom  de 

yeinycave-  mais  elles  fe  reunilfoient  en  deux  troncs  diftmds ,  quoiqu'unis 

enfemble  ,   lefqueis  verfoienc   Ic  fang  qu'ils  rapporcoient   des  extremitcs, 

immediatemenc  dans  I'oreillette  droite.  Les  veines  axillaires  qui  s'ouvroienc 

dans  ces  deux  troncs,   eroient  remplies  de  fibres  charnues  qui  formoient 

par   leur  encrclacement  une  efpece   de  trelTe  d'une  ftruduie  admirable, 

dont  on  voyoit  quelques  rudimens  dans  le  confluent  des  deux  veines  caves. 

L'oreillette  droite  avoit  a  fon  embouchure  deux  valvules  qui  formoient 

entr'elles  une  ouvercure  ovale  ,  longne  de  fept  a  huit  lignes,  &  large  dans 

fon  milieu  de  trois  a  quatre.    Cette  ouvercure  faifoit  la  communication 

des  veines  dont  on  vient  de  parler  avec  cette  oreillette. 

La  capacite  de  loreilletce  droite  paroidoit  double  de  celle  de  I'oreil- _ 
lette  wauche,  ce  qui  eft  a  obferver,  ainfi  que  la  capacite  des  artetes  pul- 
monaites  plus  grande  que  celle  des  veines  pulmonaires ,  pour  determiner 
a  peu  pr^s  la  quancite  de  fang  qui  pafTe  par  ces  vailTeaux  ,  6i  fa  vicelle  dif- 
ference, .  .    ,         ,., 

Ces  deux  oreillettes  etoient  remplies  de  fibres  charnues  ,  qui  etant  liees 
les  unes  aux  autres  en  divers  fens ,  formoient  une  efpece  de  rczeau  ,  & 
nicme  de  petites  cellules  alFez  profondes.  Ces  oreillettes  jointes  enfemble 
par  le  dehors  ,  etoient  fcpirces  au  dedins  par  une  cloifon  moitic  charnue  , 
moitie  membraneufe  qui  n'avoit  pas  demi  ligne  d'epailfeur. 

La  partie  membraniufe  de  cette  cloifon,  fake  en  forme  de  demilune  , 
tomboit  perpendiculairement  fur  la  bafe  du  cceur ,  la  partageoit  en  deux 
en  s'y  unillant,  &  dlvifoit  ainli  I'embouchure  du  ventricule  droit,  d'avec 
celle  du  ventricule  gauche. 

A  cette  meme  p.utie  membraneufe  etoient  attachees  &  fufpendues  deux 
valvules  faites  en  forme  de  ctoilTant,  iefquelles  etant  abailTees  Tune  dans  le 
ventricule  droit  &  I'autre  dans  le  gauche  ,  ne  formoient  qu'en  partie, 
comme  on  I'a  dcja  fait  remarquer  plus  haut ,  le  trou  ovale  qui  faifoit  la 
communication  de  ces  deux  ventricules.  En  cet  etat  ces  valvules  formoient 
entc'elles  une  cavite;  etant  televees  elles  fe  trouvoient  paralleles  a  la  bafe 
du  coeur  •  miis  a  caufe  de  leur  forme  de  croilfant  ,  elles  ne  fermoient 
qu'environ  la  moitie  de  I'ouverture  qui  fert  de  communication  entre  les 
oreillettes  &  les  ventricules. 

De  ces  dcux  valvules,  celle  qui  occiipoit  Tentree  du  ventricule  droit, 
itoit  feule;  celle  du  ventricule  gauche  etoit  accompagtjee  de  deux  autres 
beiucoup  plus  petites  &  non  tnobiles  ,  mais  attachees  a  des  colonnes  char- 
nues qui  les  fixoient  interieurement  a  la  pwty  ^u,,-vent£icijle  gauche, 
^Annee  1705.)  ,,.;.^^  ,  i,    ',;;■.  i  •'! 

,  ^xtrait 


A  C  A  D  ^  M  I  Q  U  E.  't97 


ACAD.ROYALE 

Extrait  dcs  Rc^ijircs  dc  l' Academic  Royalc  dcs  Sciences  ,       ces  Scienxes 

D£    1'aRIS. 

du    IZ  Mars    /704.  SvisUmuht. 


M, 


.  E  s  s  1 E  u  R  s  Dodart ,  Maraldi  &  Litrre ,  nommcs  par  I'Academie  pour 
verifier  qiielques  fairs  conrenus  dans  la  defcription  du  cccur  de  la  rortue 
&c,  faire  par  M.  Mcry ,  one  ccrtitid  a  la  Coinpagnie  :  t".  Que  d^ns  le 
Cffiur  mou  d'une  grande  tortue  rerreftre  de  I'Amerique ,  &  dans  le  cosur 
fouftle  &  feche  de  deux  perites  rortues  de  rerre,  il  n'y  a  ni  grand ,  ni  petit 
rtlervoir  dans  les  veines  qui  aboutifTent  a  leurs  oreillettes;  que  Ics  deux 
veines  du  poumon  ne  font  point  de  tronc  commun  ,  parce  qu'elles  aboutif- 
fent  chacune  a  Toreillette  gauche,  en  fe  joignant  I  une  a  I'autre  par  le 
cote  a  I'endroit  de  leur  aboutidement ,  &  que  ces  veines  etant  vues  exte- 
lieurement,  paroiflent  plus  etroites  a  I'endroit  de  leur  concours  que  pat 
tout  ailleurs. 

2".  Que  c'eft  la  mcme  chofe  dans  les  deux  veines  caves  a  i'egard  de 
roreillette  de  ces  trois  coeurs. 

3°.  Que  dans  les  cceurs  des  deux  petites  lortues  de  terre  &  d'une  vipere,' 
foufflcs  &  feches,  les  deux  valvules  ligmoides  adofTces  entr'elles  &  arta- 
chees  a  la  cloifon  des  deux  oreillettes,  etant  foulevees  ,  ne  ferment  point 
les  embouchures  des  oreillettes  aux  ventricules,  &  qu'et.mt  abailTees  dans 
un  coeur  mou  ,  elles  ne  ferment  pas  non  plus  ex.idtement  le  trou  ovale  qui 
eft  dans  la  cloifon  chainue  qui  fepare  le  ventricule  droit  d'avec  le  gauche. 

4",  Que  les  deux  valvules  qui  font  placees  a  I'embouchure  des  veines 
caves  avec  I'oreillette  droite,  laillent  entr'elles  une  ouverture  ovale  qu'elles 
ne  ferment  pas. 

5*.  Que  dans  le  cceur  qu'on  leur  a  dit  etre  d'une  anguille,  fouffle  &  fe* 
che,  les  deux  valvules  de  I'aorte  ne  la  ferment  point  exacflement. 

6°.  Que  I'air  fouffle  dans  le  ccrur  mou  d'une  grande  tortu'  de  I'Ameri- 
que,  foit  par  les  veines,  foit  par  les  arteres,  remplit  &  enfle  fes  ventricu- 
les, fes  deux  oreillettes  &  tous  fes  vaUfeaiix. 

7''.  Que  dans  le  cosur  dcs  deux  grandes  torrues  de  mer  il  n'y  a  qu'une 
valvule  a  I'embouchure  de  I'oreillette  droite  au  ventricule  droit,  &  trois  a 
I'embouchure  de  I'oreillette  gauche  ou  ventricule  gauche. 

7°.  Que  des  trois  troncs  d'arteres  qui  fortent  des  ventricules  du  cocur,  il 
y  en  a  un  qui ,  apres  avoir  produit  I'artere  cocliaque  &  la  mefenterique  ,  fi- 
jiit  en  s'abouchant  a  la  branche  pofterieure  de  i'aorte. 

9°.  Qu'il  n'y  a  que  deux  valvules  figmoides  a  rembouchure  de  chaque 
tronc  d'artere. 

i'.  Que  Ics  tortuej  de  terre  ont  des  pieds,  &  celles  de  mer  des  na- 
geoires. 

ii».  Que  la  figure  des  coeurs  de  tortues  de  terre  reprefente  une  demi- 
fphere  un  peu  applatie  ;  que  celle  des  cceurs  des  tortues  de  mer  reffcmblj  k 
un  cone  ,  de  forte  que  la  plus  grande  dimenfion  des  cceurs  des  premie- 

Tsnu  III ,  Panic  Franfoiji.  P  1 


DE  Paris. 

',  SvFSi.t.VENT. 


193  COLLECTION 

,      ■  res ,  eft  d'un  cote  a  I'autre  de  fa  bafe ,  &  que  dans  les  coeurs  des  dernleresh 

/.         p  elle  eft  de  la  bafe  a  la  pointe. 

D£s'sci°Nc1"  Les  memes  Gommiiraires  one  encore  certifie  que  M.  Mery  leur  a  faic 
voir  le  caur  &  les  vailfeaux  de  la  tortue  terrtftre  de  I'Amerique  dunt  ou- 
verts. 

11°.  Que  la  futface  interieure  des  veincs  qui  rapportent  le  fang  dans 
les  oreillettes  du  caur  de  cet  animal ,  eft  fort  lilfe  &c  polie ,  qu'il  en  eft  ds 
mtme  des  veines  du  poumon  dans  la  tortue  de  mer^  qu^au  contraire  dans 
celle-ci  les  veines  caves  &  les  axillaires  font  garnies  de  fibres  charnues  qui 
forment  dans  les  axillaires  une  efpece  de  treffe  dont  on  voir  quelque  vef- 
tige  dans  le  concours  des  deux  veines  caves. 

ij».  Que  dans  le  ccEur  de  la  torrue  de  mer  il  ny  a  que  trois  cavites 
qui  communiquent  enfemble  pat  deux  endroits;  que  le  coeut  de  U  tortue 
terreftre  de  I'Amerique  en  a  quatre  qui  ont  aufli  communication  entr'elles 
par  trois  detroits. 

14".  Que  du  CGcur  de  ces  deux  efpeces  de  tortues,  partent  trois  troncs 
d'arteres  j  que  du  ventricule  gauche  de  I'un  &  de  I'autre ,  il  ne  foit  aucun 
de  ces  trois  troncs  j  que  dans  la  tortue  de  mer  le  ventticule  droit  donne 
naiftance  a  deux  de  ces  troncs  qui  font  I'ofiRce  de  I'aorte  &  du  canal  arteriel 
de  communication  ,  place  dans  le  fcEtus  entre  I'aorte  defcendante  &  I'artere 
du  poumon;  mais  qu'il  ne  fort  aucune  artere  du  ventricule  droit  du  coeur 
de  la  tortue  terreftre  de  I'Amerique;  que  dans  celle-ci  les  deux  premiers, 
troncs  tirent  leur  origine  de  la  cavite  qui  communique  immediatement 
avec  le  ventricule  droit ;  que  dans  la  tortue  de  mer  ,  I'artere  du  pou- 
mon fort  de  cette  meme  cavite ;  que  dans  celle  de  terre  I'artere  du  pou- 
mon part  du  ventricule  qui  communique  avec  ceUu  d'ou  fottent  laorte 
£c  le  canal  de  communication. 

15*'.  Qu'au  haut  du  detroit  du  ventricule  droit  a  la  cavite  d'oii  pattent 
Paorte  &  I'artete  de  communication  ,  il  y  a  dans  la  tortue  terreftre  de 
I'Amerique ,  une  valvule  faite  en  forme  de  croiilant  ,  &  qu'il  n'y  en  & 
point  dans  celle  de  mer. 

I  <S°.  Que  dans  I'une  &  dans  I'autre  il  n'y  a  qu'une  valvule  a  I'enrcee  du 
ventricule  droit ,  &  trois  a  I'entree  du  gauche. 

17°.  Qu'a  I'embouchure  de  Toreillette  droite  avec  les  veines  caves,  il 
y  a  deux  valvules  dans  ces  deux  efpeces  de  tortues;  qu'il  n'y  en  a  au- 
cune a  I'embouchure  de  I'oreillette  gauche  avec  les  veines  du  poumon. 

18°.  Enfin  qu'a  Tembouchure  de  chacun  des  trois  troncs  d'artere  du 
coeur  de  la  tortue  de  terre  &  de  mer ,  il  n'y  a  que  deux  valvules.  ( ^ri- 
nse 1703.) 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  199 


Sur  una  efpcce  dc  Talc  qu'on  trouvc  communcment  prochc  Paris,  '^de''s"s^°^'*''' 
au-dcJJ'us  dcs  bancs  dc  picrrc  a  pldtre.  '     m.  Par^s ." 

Par   M.    DE    LA    Hire.  ■Annec  1710^ 

T 

1-j'u  M  E  des  pierres  tranfparences  des  plus  curieufes  que  nousayons  5c  det 
plus  c^ipables  de  donner  de  Tc-xercice  aux  Phyficiens  fyfthematiques,  eft 
celle  qu'on  appelle  communemenc  le  cryftal  d'Iflande  :  c'efl:  une  pierce 
fort  traiifparente  &  plus  claire  que  le  plus  beau  verre  :  mais  on  pourroic 
I'appeller  plus  juftement  un  talc  qu'un  cryftal  ,  pour  les  raifons  que  nous 
dirons  dans  la  fuite.  C'efta  M.  Erafme  Bartholin  ,  Mathematicien  Danois, 
qu'on  eft  redevable  de  la  decouverte  de  cette  efpece  de  talc.  M.  Huceni 
s'eft  aufTi  fort  etendu  fur  {es  proprictes  ,  &  j'ai  eu  occafion  de  verifier 
leurs  experiences,  &  d'en  tenter  de  nouvelles  fur  deux  gros  morceaux  de 
cryftal  d'lilande  qui  me  font  t.  mbes  entre  les  mains. 

Ce  n'eft  pas  fans  raifon  qu'on  pent  appeller  cette  pierre  plutot  un  talc 
qu'un  cryftal  ,  puifqu'une  de  fes  principales  proprietej  eft  de  le  fendre  ailer 
facilement  en  tous  fens,  mais  toujours  parallelement  al'une  des  fix  facet 
qui  en  forment  la  figure  ,  laquelle  eft  toujours  un  parallelipipede  obliqu'an- 
gle  ,  |&  par  confequent  tous  les  fragmens  feront  des  patalleiipipedes  dont 
les  huit  angles  folides  qui  font  de  deux  efpeces,  feront  femblablement 
pofes  dans  les  plus  petits  motceaux  comme  dans  les  plus  gros.  Les  fix  faces 
qui  forment  ce  corps  font  des  parallelogrammes  obliqu'angles  ,  Sc  dont  les 
deux  angles  obtus  oppofes  font  chacun  de  joi  degres  &  jo  minutes,  8c 
par  confequent  les  deux  autres  qui  doivent  etre  les  fupplemens  font  cha- 
cun de  7S  degres  jo  minutes  :  c'eft  ce  que  m'ont  donne  m.s  obfervations. 

II  y  a  dans  ce  parallelipipede  deux  angles  folides  feulement  qui  font  op- 
pofes &  qui  font  formes  par  trois  des  angles  obtus  des  faces  :  les  fix  autres 
font  chacun  compris  par  un  des  angles  obtus  8c  par  deux  desaigus;  car  ii 
J  a  en  tout  11  angles  obtus  egaux  entr'eux  ,  &  i  1  angles  aigus  aulfi  egauz 
entr'eux.  Les  inclinaifons  des  faces  one  deux  efpeces  d'an^les ,  dont  il  y  a 
fix  obtus  chacun  de  105  degres  ,  &  fix  aigus  de  75  chacun  qui  font  les  fup- 
plemens des  autres.  Ces  mefures  font  un  pen  differentes  de  celles  dc  MM. 
Bartholin  &  Hugens ;  ce  qui  pent  venir  de  la  difficulte  qu'on  a  pour  en  fairc 
les  obfervations  avec  exaditude  ,  a  caufe  que  les  angles  aigus  n'y  font  pas 
auftl-bien  termines  que  les  obtus.  Voila  ce  qui  regarde  la  figure  de  cette 
pierre  :  mais  ce  qu'elle  a  de  plus  confiJerable ,  c'eft  de  doubter  tous  les 
objets  qu'on  regarde  au  travers  de  deux  defes  faces  paralleles  quelles 
qu'elles  puitrentetre  ;  &  la  diftance  entre  les  deux  images  apparentes  d'un 
meme  objet  eft  d'autant  plus  grande  que  les  faces  font  plus  eloignees  Tune 
de  I'autre  ,  ou  que  le  cryftal  eft  plus  cpais.  Cette  apparence  eft  plus  fenfi- 
ble  ,  fi  I'objet  eft  un  point  ou  une  ligne  noire  marquee  fur  la  race  de  li 
pierre  :ce  n'eft  pas  feulement  la  duplicite  de  I'objet  qu'on  doit  confiJerer 
dans  cette  pierre,  mais  c'eft  encore  la  maniere  dont  elle  fe  fait,  qui  eft 
par-tout  dans  la  ligne  qui  paffe  par  I'objet ,  laquelle  eft  parallele  a  celle 
qui  diiife  en  deux  cgalement  Tangle  obtus  de  la  face  ou  cet  objec  eft 

Pi  ij 


Annit  ijio. 


500  COLLECTION 

—  marque.  Cette  image  double    d'un  meme   objet    fait  connoitre  qu'il  fe 

AcAD.RoYALE  fait   necelTairement  une  double   rcfradtion  dans  ces  corps  ;  aufll  on  y  en 

DES  Sciences   .obferve  deux  dirtindes  &  differences  I'une  de  I'autre  :  la  premiere  qui  lui 

DE  Paris.       gft  commune  avec  celle  qu'on  remarque  dans  tous  les  corps  tranfparens, 

qui  depend  de  I'inclinaifon  que  fait  le  rayon  incident  avec  la  ligne  qui 

eft  perpendiculaire  a  la  face  du  corps  oil  fe  fait  la  refra6bion  :  la  feconde 

qui  eft  propre  a  ce  cryftal,  &  qui  vient  d'une  autre  inclinaifon  que  fait  le 

rayon  incident  avec  une  autre  ligne  alfez  inclinife  a  la  meme  face ;  d'oii 

il  fuit  que  fi  le  rayon  incident  eft  joint  avec  une  de  ces  lignes ,  il  ne  fouf- 

frira  point  la  refradion  qui  depend  de  cette  ligne,  mais  il  foufFtira  celle 

qui  depend  de  I'autre  ,  &  par  confequent  il  y  aura  toujours  une  double 

image  de  Tobjetcomme  dans  routes  les  autresindinaifons. 

J'ai  fait  audi  plufieurs  experiences  que  j'ai  repetees  en  bien  de  tiianieres, 
lefquelles  m'ont  fait  connoitre  que  dans  la  premiere  des  deux  refradions 
de  ce  cryftal,  le  finus  de  Tangle  d'incidence  dans  fair  etoit  au  finus  de 
Tangle  rompu  dans  ce  corps,  comme  5  a  5  ,  ce  qui  marque  que  ce  corps, 
quoique  fort  tendre ,  fait  cette  refradion  plus  grande  que  celle  du  verre  , 
qui  eft  comme  47  a  5,  quoique  le  verre  foitbeaucoup  plus  dur.  Pour  ce 
qui  eft  de  la  feconde  refradion  qui  eft  propre  a  ce  corps  &  qui  double 
I'objet ,  M.  Bartholin  croyoit  quelle  dependoit  d'une  ligne  ou  rayon  qui 
etoit  toujours  parallele  aux  aretes  des  faces  qui  font  aux  cotes  de  celles 
ou  fe  fait  la  refradion  j  mais  M.  Hugens  dit  que  cette  ligne  n'eft  pas  pa- 
rallele a  ces  aretes  :  pour  moi  I'ayant  examine  avec  grande  attention  & 
en  plufieurs  manieres ,  j'ai  trouve  que  cette  ligne  etoit  plus  perpefidicu- 
laire  a  la  furface  du  cryftal  d'un  degre  ,  ce  qui  eft  peu  de  chofe  dans  des 
recherches  aufli  delicaies  que  font  celles-la  ;  &  enfin  j'ai  remarque  que 
le  finus  des  angles  d'incidence  dans  lair  par  rapport  a  cette  ligne  &  dans 
cette  feconde  refradion,  etoient  au  finus  des  angles  rompus  a-tres-peu- 
pres  comme  4  T  .1  3  ,  ce  qui   eft  comme  celle  du  verre  de  }  a.  1. 

On  remarquera  que  I'image  de  la  feconde  refradion  paroit  toujours 
plus  bafte  que  celle  qui  vient  de  la  premiere  ,donr  il  eft  facile  de  rendre 
raifon  par  les  regies  de  diopcrique  &  fuivant  ces  differentes  refradions  ;  & 
pourquoi  chacune  des  images  doublees  ne  paroit  a  peu-pres  que  de  la  moi- 
tie  de  la  force  de  ce  qu'elle  devroir  paroitre  fi  on  la  regardoit  fans  aucun 
corps  entre-deux  :  c'eft  pourquoi  quand  les  parties  des  deux  images  fe 
couvrent  I'une  I'autre  ,  comme  il  arrive  en  un  certain  fens  a  un  trait  noir 
trace  ou  applique  contre  le  cryftal ,  cec  endroit  paroit  deux  fois  plus  fort 
que  par  tout  ailleurs. 

L'examen  que  j'ai  fait  de  ce  cryftal  d'Iflande  m'a  engage  a  confiderer 
avec  attention  celui  que  nous  avons  dans  ces  tjuartiers  ci ,  &qui  fe  trouve 
communement  au-de(Tus  des  bancs  de  pierre  de  placre:ce  talc  de  platre 
eft  une  pierre  tranfparente  qui  a  beaucoup  de  rapport  au  talc  qui  nous 
vient  du  Levant;  mais  fa  figure  naturelle  eft  tout-a-fait  finguliere,  &:  elle 
eft  toujours  la  meme  dans  tous  les  morceaux  que  nous  en  voyons.  Le  plus 
grani  rapport  qu'il  ait  avec  le  vetitable  talc  ,  c'eft  qu'il  peut  fe  fendre  en 
iaraes   on  feuilles  ttes-deliees  :feulemeu:  lej  feuilles  du  notre  font  plus. 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  )oi 

petites  &  bien  plus  cafTantes  que  celles  du  talc  ordinaire,  mais  les  lames 
n'en  font  pas  moins  tranfparentes. 

On  trouve  ordinairemenr  mie  infinite  de  morceaux  do  cette  pierre  qui 
font  de  mediocre  grolTeur,  dans  un  banc  d'une  terre  gralle  &  blanche  qui 
eft  au-dcirus  des  nialTes  de  la  pierre  dont  on  fait  le  platre  ;  8c  ces  mor- 
ceaux ne  confervent  aucun  ordre  dans  cette  terre  ou  Ton  connoit  qu'ils  fe 
font  formes  ,  ni  mcme  aucune  difpofuion  uniforme  ,  mais  ils  y  font  femes 
comme  au  hafard,  &  plufieurs  nennent  prefque  les  uns  nux  autres  ,  n'en 
etant  ftpares  que  par  quelque  peu  de  la  terre  grafle  oii  ils  font. 

La  figiire  de  ce  talc  eft  a-peu-prcs  femblable  a  un  fer  de  Heche  comme 
on  la  voir  ici  en  A  B  C  D  (  A^  PL  y.  a  la  fin  du  vol. )  qui  en  reprefente  une 
des  faces; cat  il  y  en  a  toujours  deux  qui  font  paralleles,  &  felon  lefquelles 
la  pierre  fe  peut  fendre  en  lames :  il  y  a  aufti  une  de  ces  faces  qui  eft  plus 
grande  que  I'autre  ;  on  en  trouve  des  morceaux  de  1 1  &  1 5  poucesde  long  : 
ils  font  tous  fourchus  par  I'un  des  bouts  qui  eft  le  plus  large  ,  comme  on  le 
voir  en  C  A  D  ,  &  I'autre  extremite  vers  B  fe  termine  en  pointe  ;  I'epaideuc 
eft  d'un  pouce  environ  dans  ler  morceaux  de  mediocre  grofleur.  C'eft  au 
travers  de  deux  faces  paralleles  qu'on  voit  les  objets  alTez  clairement ,  au 
moins  dans  les  morceaux  nets  6i  blancs  j  car  il  s'en  trouve  plufieurs  qui 
tirent  fur  un  jaune  roulTeatre. 

Chaque  morceau  eft  divife  naturellement  en  deux  fuivant  fa  longueur,' 
comme  on  le  remarque  fur  la  furface  par  la  ligne  dioice  A  B  qui  va  de  la 
fourche  A  a.  la  pointe  B  ,  &  le  plan  qui  les  fepare  eft  perpendiculaire  aux 
faces  :  ces  deux  pieces  fe  touchent  pour  I'ordinaire  immediatement ,  n'e- 
tant  diftinguees  I'uiie  de  I'autre  que  par  I'inegalite  de  la  matiere  qui  fe 
rencontre  en  cet  endroic-li ,  ou  il  fe  trouve  aulli  quelquefois  un  peu  de  la 
terre  oii  fe  forme  ce  talc  ;  mais  ce  n'eft  que  par  quelques  intervalles.  On 
trouve  aulli  fur  les  cotes  &  en  quelques  endroits  une  efpece  de  croute  d'une 
pierre  fort  dure. 

Les  cotes  exterieurs  qui  terminent  cette  pierre  ne  font  pas  pour  I'ordi- 
raire  des  angles  droits  avec  les  faces  ,  mais  un  angle  aigu  du  cote  de  la  face 
la  plus  large  de  75  degres  &  fon  fupplement  de  I'autre  cote,  &  c'eft  ce  qui 
fait  que  les  deux  faces  ne  font  pas  de  mcme  grandeur  dans  chaque  morceau. 
Les  cotes  de  cette  pierre  ne  font  point  polis  naturellement  ,  n'ecant  formes 
que  par  les  extremites  de  chaque  lame  qui  font  toujours  couvertes  d'une 
petite  croute  jaun.atre  :  auffi  Ton  ne  peut  appercevoir  les  objets  que  fort 
confufement  au  travers  de  ces  cotes ,  a  moins  que  d'oter  cette  croute  &  y 
mettre  quelque  vernis  j  mais  cela  eft  fort  difficile  a  executer  ,  a  caufe  d'un 
peu  de  liaifon  qui!  y  a  entre  chaque  lame  ,  ce  qui  fe  voit  fort  bien  par  des 
petites  fclures  qui  regnent  dans  la  longueur  de  ces  cotes. 

Quelquefois  il  arrive  qu'une  des  pointes  de  la  fourche  eft  un  peu  feparee 
de  fon  morceau  ,  auquel  elle  n'eft  jointe  qu'alfez  irregulierenient  par  un  peu 
de  la  terre  gralFe  qui  eft  autour ;  &  quand  on  la  fepare  entierement  ,  on 
trouve  que  ces  pointes  font  feulement  adherentes  au  refte  par  des  portions 
de  lames  epailTes  d'une  ligne  environ  qui  avancent  plus  ou  moins  dans  la 
pierre ,  iSc  qui  y  font  liaifon  ,  comme  patient  les  masons.. 

Quand  o«  aenleve  quelques  lames  brutes  qui  font  fut  iafutface  de  ces 


ACAD.ROYALH 

DES  Sciences 
DE  Paris. 

Annii  1710. 


jei 


COLLECTION 


m  morceaux  de  talc  ,  on  y  appergoic  diftindemenc  des  traits  commeEFqui 


Acad.  RoYAiE  ^'^"'^  ^^  ligne  du  milieu  A  B  vers  I'exterieur  ou  !es  bords  ,  cant  d'un  cote 

PES  Sciences     que  d'autre  ,  lelquelles  font  avec  la  ligne  du  milieu  A  B  un  angle  aigii  A  E  F 

DE  Paris.        vers  la  fourche  A  de  (Jo  degres  a  trCs- peu- pies.  On  y  remarque  encoce 

iAnnii  lyio,     d'autres  lignes  comme  G  H  ,  qui  vont  aufli  du  miiieu  vers  les  bords,  Sc 

qui  font  un  angle  aigu  BGH  vers  la  poince  B  de  50  degres;  enforce  que 

Tangle  aigu  que  font  ces  deux  lignes  ,  quand  elles  fe  rencontrent ,  elt  de 

JO  degres  :  aufli  arrive-t-il  toujours  que,  iorlqu'on  fend  ce  talc  en  des 

lames  tres-minces ,  ce  qui  ne  peut  fe  taire  qu'avsc  un  couteau  fort  ttan- 

chant  en  coinmen(jant  par  I'exterieur  ,  dont  on  doit  oter  auparavant  la 

petite  crouce  quiy  eft,  la  plupart  de  ces  lames  fe  rompent  en  figures  trian- 

gulaires  dont  les  angles  font  toujours  de  50  ,  de  (Jo  &  de  70  degres;  ce 

qui  eft  tres-fingulier  dans  cette  pierre.  On  voir  aufli  quelques  fragmens  de 

ceslames  minces  qui  ontaufllla  figure  d'un  parallelogramme  qui  eft  co.Tipofc 

de  deux  de  ces  triangles  joints  enfemble. 

On  peut  conje(5lurer  de  la  allez  vraifemblablement  que  la  mafle'de  ces 
deux  morceaux  de  talc  n'eft  compofee  que  de  lames  tres-deliees  ,  peu  adhe- 
renres  les  uiies  aux  autres  ,  8c  que  chacune  de  ces  lames  eft  formee  par 
de  petites  lames  triangulares  qui  en  font  les  elemens,  lefquelles  font  tor- 
tement  coUees  enfembie  pat  leurs  cotes  ,  ce  qui  fait  qu'elles  ont  beaucoup 
de  fetmete  quoiqu 'elles  foient  tres-minces,  chacun  de  ces  pctits  triangles 
elementaires  ayant  trois  angles  aigus  &  inegaux  de  50,  (Jo  &  70  degres  , 
comme  on  le  voir  dans  les  morceaux  de  ces  lames  qui  fe  rompent,  lefquel- 
les ne  font  que  des  aflemblages  de  ces  memes  triangles  (flementaires  qui 
forment  des  triangles  femblables  a  leurs  elemens  ;  car  ces  lames  qui  fonc 
aflez  calTantes  ,  donnenc  toujours  ces  memes  angles  quand  on  les  rompt. 

Si  les  cotes  de  ces  triangles  elementaires  ne  font  pas  un  angle  droit 
avec  leurs  faces  ,  mais  de  7  5  degres  d'un  cote  8c  fon  fupplcment  de 
I'aiJtre  ,  ce  qu'on  ne  fauroit  obferver,  il  arrive  aufli  qu'en  fe  joignant 
enfemble  dans  le  meme  ordre  ,  tout  le  cote  du  morceau  qu'ils  formetont 
aura  cette  inclinaifon  avec  la  face  ,  ce  que  Ion  obferve  tres  bien. 

La  difference  des  angles  &  des  triangles  elementaires  fera  aufli  que  , 
fuivant  leurs  difFerens  arrangemens  en  formant  les  l.imes,  les  cotes  de  ces 
lames  feront  paralletes  a  la  ligne  du  milieu,  ou  bien  inclines  de  10  degres 
a  cette  ligne  ;  ce  qui  forme  aufli  la  pointe  des  morceaux  dont  les  faces 
fontjtoujours  indinees  a  la  ligne  du  milieu  de  10  degres  de  chaque  cote  quand 
ils  leur  font  inclines ,  ce  qui  arrive  prefque  par-tout.   Car   Tangle    AEF 
etant  toujouts  de  (Jo   degres  ,  &  Tangle   BGH  ou  BEI   ou  BEK  de  50  , 
Tangle  FEI  ou  FEK  fera  neceflairement  de  70 ;  &  fi  le  triangle  FEI  qui 
doit  avoir  fon  angle  FEI  de  70  degres  ,  a  fon  angle  EFI  de  60  degres , 
&  par    confequenc  Tautre  EIF  de  50,  il  s'enfuivra  que  le  cote  Fl   fera 
parallele  a  AB.  Mais  fi  Tangle  EFI  ou  EFK  eft  de    50  degres  &   Tautre 
EKF  de  (Jo  ,  la  ligne  FK  fera  avec  la  ligne  du  milieu  AB  vers  B  un  angle 
de  10  degres,  &  c'eft  ce  qu'on  voir  ordinairemenr.  Ces  deux  cas  peuvent 
arrivec  dans  la  premiere  formation  des  lames,  les  triangles  comme  FEK 
prenant  une    Htuation   renverfee  ,    Tangle  en  E    demeurant  toujours    le 
pieme.  Et  comme  on  peut  croite  qu'avant  que  les  lames  fulfent  formees 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  joj 

leurs  Clemens  triangulaires  nageoient  dans  une  inatiere  qui  ,  ayant  un 
mouvement ,  les  rangeoi:  les  uns  »  cote  des  autres  dans  un  certain  ordre 
oil  ils  fe  pla^oient  par  rapport  d  Icur  figure  ,  U  eft  arrive  que  les  cotes 
de  ces  lames  ont  pu  etre  inclines  I'un  a  Tautre  d'un  angle  de  lo  degres ; 
car  je  ne  confidere  ici  que  la  moinc  d'une  lame  entiere ,  qui  eft  toujours 
cUvifce  en  deux  par  une  ligne  comme  AB  :  mais  enfin  f\  dans  cette  for- 
inarion  des  lames  il  eft  arrive,  par  quelque  cas  particulier,  qu'un  feul  de 
ces  elcmens  ait  pris  une  polltion  diiisrente  ,  les  autres  qui  fe  font  accom- 
modes  a  celui-la  par  le  mouvement  du  liquide  ou  ils  etoient ,  ont  difpole 
les  cotes  de  la  lame  a  etre  paralleles  entre  eux.  C'eft  dans  la  premiere  forma- 
tion de  ces  lames  que  leurs  elcmens  s'etanc  joints  les  uns  aux  autres  par  leurs 
cotes,  elles  ont  pris  une  fermete  confiderable  :  mais  alors  routes  ces  lames 
ayant  encore  entr'clles  une  matiere  liquide  qui  n'a  pu  fe  difliper ,  oii  seehap- 
per  qu'avec  le  temps,  les  lames  n'ont  pu  fe  joindre  tresfottement  les 
unes  aux  autres  par  leur  fuperficie  j  enforte  que  pour  peu  de  matiete  etran- 
gere  qui  foit  reltee  entre-deux ,  on  aura  toujours  beaucoup  plus  de  faci- 
lite  a  feparer  les  lames  des  morceaux  de  ce  talc  ,  lefquelles  paroident  aufQ 
feparees  les  unes  des  autres,  qu'a  rompre  ces  memes  morceaux  de  travers, 
car  ils  ont  une  ties-grande  fermete  en  ce  fens-la ;  ce  qui  pent  venir  encore 
de  ce  que  cliaque  triangle  elementaire  d'une  lame  fuperieure  ne  repond 
pns  exadlement  a  ceux  de  la  lame  inferieure. 

Pour  ce  qui  eft  de  la  formation  de  la  fourche  CAD  ,  voici  ce  que  f'y  ai  obfer- 
ve  &  comme  je  penfe  qu'elle  auroit  pufe  former.  L'angle  de  ces  cornes  com- 
me ACH  ou  Ad  H  eft  ordinairemenc  de  50  degres  >  qui  eft  le  plus  petit 
des  trois  angles  des  elcmens;  &  fi  le  cote  extcrieur  du  morceau  fait  avec 
la  ligne  du  milieu  un  angle  de  lo  degres  vets  la  pointe,  il  s'enfuit  que 
l'angle  de  la  fourche  CAD  doit  etre  de  120  degres;  &  c'eft  aufli  a-peu- 
prcs  ce  qu'on  y  obferve  ,  car  pour  I'ordinaire  elle  n'eft  pas  bien  diftinfte. 
On  remarque  audi  en  quelques  morceaux  de  ce  talc ,  que  les  cornes  font 
feparees  du  corps  du  morceau  par  un  peu  de  la  terre  gralle  qui  eft  autour , 
ce  qui  a  pu  arriver  dans  le  temps  de  la  formation  :  &  cette  fcparation  n'eft 
pas  reguliere ,  car  il  y  a  plufieurs  couches  epailTes  d'une  ligne  environ  , 
qui  s'avancent  plus  ou  moins  Sc  qui  tendent  a  fe  joindre  au  morceau  ,  en' 
confervant  la  figure  naturelle  des  angles  des  fuperficies.  Quant  a  la  for- 
mation des  cornes ,  je  dis  que  s'il  s'eft  rencontre  quelque  corps  etranger  vers 
A  ,  qui  ait  empeche  les  deux  triangles  eiementaires  qui  devoient  s'y  placer 
de  fe  joindre  a  ceux  des  c6tes,  alors  laliaifon  entre  les  deux  parties  des  lames 
erant  interrompue  dans  cet  endroit ,  le  refte  a  du  achever  de  fe  former  &  de 
fe  terminer  dans  la  pointe  de  la  come  par  des  iignes  paralleles  a  EF  d'un 
cote  Sc  d'autre  en  A  C  &  en  A  D ;  car  la  figure  naturelle  des  triangles 
eiementaires  en  fe  joignant  formera  toujours  des  triangles  femblables  aux 
Clemens. 
Tout  I 
ce  talc 
rencontre 

temps  de  la  formation,  par  des  parties  &  par  des  corps  etrangers  qui  ont 
dctoutne  les  triangles  eiementaires  &  qui  leur  one  faic  prendie ,  a  I'ex* 


ACAD.ROYALE 

DES  Sciences 
DE  Paris. 

Annii  1 7 1  o. 


iH 


COLLECTION 


.AcAD.RoyALE 

EEs  Sciences 
PE  Paris. 

'  lAnnh  i  7 1  o- 


teiieue  feulement ,  des  figures  difFeceiues  de  celles  qui  doivent  naJtte  de 
I'allemblage  des  elemens  ,  lans  qu'on  puifTe  I'appercevoir  dans  ce  corps, 
a  caiife  de  la  petitelFe  de  ces  elemeiis  ,  comme  on  le  voit  par  des  cotes  un 
pen  en  ligne  courbe  ,  par  quelques  angles  un  pen  plus  petits  ou  plus 
grands  que  ceux  des  elemens  ,  S<  alors  ces  cotes  doivent  avoir  de  pctits 
redents  ,  dont  on  en  appercoit  quelques-iins  dans  les  fradluces  iriegulures 
des  lame?  j  &  enfin  on  voit  des  morceaux  de  ce  talc  qui  en  ont  d'autres 
attaches  par  leurs  cotes ;  quelques-uns  ont  leur  pointe  qui  s'allonge  en 
parallelipipede  ,  feulement  d'un  cote;  d'autres  ou  vers  la  pointe  ils'tft  forme 
un  autre  morceau  femblable  a  I'ordinaire  &:  qui  lui  eft  oppofe  ;  &  enfin 
mille  varietesde  cette  nature,  qui  ne  font ,  pour  ainii  dire,  que  des  jeus 
de   cette  fortuation. 

Apres  avoir  examine  la  figure  de  ce  talc  ,  j'ai  fait  toutes  les  obfer- 
vations  necelfaires  pour  en  reconnoitre  les  refradtions.  Je  les  ai  con- 
fidcrees  d'abord  entre  les  deux  faces  paralleles ,  qui  eft  le  feul  endroit 
par  oil  cette  pierre  eft  natureilement  tranfparente ,  &  dans  des  plans  per- 
pendicuiaires  a  ces  faces  ,  comme  on  fait  ordinairement  pour  mefurer 
la  refradion  ;  &  de  plus,  dans  tous  les  fens  differens  ,  comme  fuivanc 
fa  longueur  par  le  mdieu  de  la  pointe  vers  la  fourche;  dans  fa  longueur 
fuivant  le  cote ,  &  d;ins  fa  longueur  perpendiculaitement  a  la  ligiie  du 
milieu  &  auxcoies,  &  j'ai  trouve  par-tout  &  dans  tous  les  differens 
angles  d'inclinaifon  ,  que  le  finus  de  Tangle  d'incidence  dans  fair  etoit 
au  finus  de  Tangle  rompu  dans  le  corps  comme  5331,  qui  eft  a-peu- 
pres  la  meme  que  celle  de  Tair  dans  le  verre  de  3  a  i  ;  &  cette  refrac- 
tion eft  audi  la  meme  que  celle  qui  eft  particuliere  au  cryftal  d'lflande, 
Enfin ,  ayant  fepare  un  des  morceaux  de  ce  talc  en  deux  par  le  plan  qui 
en  divife  la  longueur  &  qui  eft  perpendiculaire  aux  faces  ,  j'ai  examine 
audi  qu'elle  etoic  la  refraction  par  le  cote  au  travers  de  fon  epailFeur  ,  &: 
cette  refradtion  fe  faifant  dans  un  plan  parallele  aux  faces,  ce  qu'on  ne 
peut  pas  faire  quand  les  deux  moitics  lont  jointes  enfemble  a  caufe  de 
la  trop  grande  epailTeur  ,  &  que  le  milieu  ou  eft  la  feparation  n'eft  pas 
alTez  net.  Mais  ayant  drelfe  ce  milieu,  &  Tayant  frotte  ou  enduit  d'un" 
peu  d'tau  de  gomme  ,  comme  aufli  le  bord  exterieur  qui  n'eft  pas  poli, 
pour  pouvoir  appercevoir  au  travers  un  corps  noir  ,  j'ai  remarque  que 
la  refracfbion ,  en  ce  fens  -  la ,  etoit  aufll  la  meme  que  la  precedente  , 
de5  a  5  4. 

Mais  n'etant  pas  encore  content  de  toutes  ces  obfervations ,  j'ai  voulu 
voir  fi  les  fentes  ou  felures  qu'on  appercoit  par  le  cote  de  cette  pierre, 
ne  produiroient  pas  quelque  eftet  particulier  ;  &  pour  le  faire  plus  fen- 
fiblement  ,  j'ai  applique  un  fil  de  fer  fuivant  la  longueur  de  ces  fentes, 
&  en  regardant  au  travers  du  talc  ,  fon  image  me  paroiiroit  en  deux  endroits 
differens,  ou  beaucoup  plus  large  qu'elle  n'etoit  en  cffet,  avec  un  efpace 
plus  clair  entredeux  ,  ce  qui  eft  une  efpece  de  duplication  de  retraftionj 
&  faifant  mouvoir  doucement  ce  fil  de  Rr  ,  &  toujouts  fuivant  la  lon- 
gueur des  fentes  ,  je  voyois  fon  image  comme  fautant  d'une  place  a  une 
autre  ,  &  toujours  doublee.  Pour  rendre  ces  obfervations  plus  fenfibles  a 
caufe  que  ce  talc  eft  trouble  par  le  cote ,  il  faut  Texpoier  fort  proche 

de 


I 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  joj 

tie  la  lamlere  d'une  chandelle  &'appliquer  le  fil  de  fer  tout  centre  le  .. 
corps.  Acad.  RoYALi 

Oh  trouve  encore  a  PafTy  ,  proche  de  Paris,  aux  environs  de  la  fon-  des  Sciesces 
taine  des  eaux  mineralcs  ,  de  pecits  morceaux  d'un  talc  qui  eft  de  la  ^^  ,  aris. 
mcms  efpece  qua  celui  dcs  carrieres  de  platre  ,  car  il  fe  peut  fendre  de  -Annii  1710. 
mime  par  lames  tres-minces  \  \\  ell  fort  clair  6c  fort  tranfparent ,  & 
Ton  volt  qu'il  eft  forme  dis  mimes  elemens  triangulaires  que  celui  du 
litre;  miis  la  figure  de  fes  deux  faces  qui  font  paralleles  ,  &  fuivant 
aquslle  il  peut  fe  fendre  ,  eft  un  parallcLgramme  ,  qui  a  deux  angles 
aigus  de  5  o  degres  cliacun.  Les  cotes  de  ce  talc  font  avec  les  faces  ,  d'un 
cote  cc  d'autre  de  chaque  face,  des  angles  de  115  degres  environ,  cat 
il  eft  diifictle  de  les  melurer  exattement ,  a  caufe  que  les  faces  des  cotes 
ne  four  p.is  unies  ,  n'ctant  formees  que  paries  extremites  des  lames  qui 
y  font  des  inegalitcs  fuivant  la  longueur  de  ces  cotes.  Ce  qu'il  y  a  de 
particulier  a  ce  talc,  c'eft  qu  il  fait  un  angle  faiUant  de  110  degres, 
a-peu  pres  vers  le  milieu  de  fon  cpailTeur  des  deux  cotes,  enforte  que 
la  figure  feroit  un  parallelipede  a  fix  faces  ,  fi  fes  deux  extremites  ou 
bafes  etoient  planes  ,  mais  elles  font  aulTi  un  angle  faillant  vers  le  milieu 
de  I40  degres  environ. 

Pour  ce  qui  eft  de  la  mefure  des  refrattions  de  ce  talc  ,  ;e  n'ai  pu 
en  faire  des  obfervations  exadles  ,  a  caufe  que  les  morceaux  en  font  trop 
petits ,  &  je  n'ai  point  remarque  que  les  objets  parulTent  doubles  en 
regardant  a  travers  les  faces  paralleles. 


Examen  de  la  Jbie  des  Araignees. 

Par    iW.     D  E     R  E  A  U  M  U  R. 

iVL.  Bon  ,  premier  Prefident  de  la  Chambre  des  Comptes  de  Mont- 
pellier  ayant  prefente  a  I'Academie  des  Sciences  des  bas  &  des  mitaines 
faits  avec  la  foie  des  araignees  ,  I'Academie  me  chargea  avec  un  autre 
academicieii  de  fuivre  cette  decouverte.  Il  nc  s'agilfoit  plus  de  favoir 
11  les  arai'gnees  filoient  dans  certain  terns  une  foie  propre  aux  ouvrages  ; 
ie  fait  etoit  conftate  :  je  me  propofai  done  de  trouver  le  moyen  d'elevec 
&  de  nourrir  a  peu  de  frais  une  grande  quantite  d'araignees  &  de  re- 
connoitre fi  leur  foie  feroit  a  aulU  bon  marche  que  celle  des  versa  foie  , 
ou  bien  au  cas  qu'elle  fut  plus  chere  ,  fi  cet  inconvenient  fetoit  com- 
penfe  par  quelqu'autre   avantage. 

L'adrelfe  dont  fe  fervent  les  araignees  pour  attraper  les  mouches ,  a  appris  a 
tout  le  mondequ'ellesfenourilTentdeces  infedesjinais  onjuge  aif^ment  qu'il 
n'eft  pas  pollible  de  nourrir  avec  des  mouches  autant  d'araignees  qu'il  en  fau- 
droit  pour  fournir  de  foie  des  manufadures.  Le  naturel  vorace  des  araignees 
ne  perniittoit  pas  d'efpdrer  qu'on  put  les  noutrir  avec  aucune  partie  des  plan- 
tes ;  ainfi  ni  les  feuilles,  ni  les  fleurs  ,  ni  les  fruits  ne  devoient  etre  d'aucune 
reflburce.  Je  ne  laitTai  pas  de  tenter  ces  fortes  d'alimens  pout  n'avoit 
Tome  III ,  Partie  Fran^oift.  Q  1 


3®^  COLLECTION 

.  pas  a  me  reprocher  d'avoir  neglige  quelque  chofe ;  8i  parce  que  je  favofe 

Acad.  RoYAiE  qu'en  matiece  d'experience ,  les  refulcats  font  fouvent  tres  difterens  de  ce 
"de  Paris^^     qu'on  attendoit;  mais  tout  ce  que  je  leur  donnai  en  ce  genre  ne  fut   point 
,  '       pour  elles  une  nourriture.  J'avois  obferve  que  les  araignees  des  jardins  Sc 

^nnu  lyio.     jjgj  maifons,  &  celles  qui   habitent  les  trous  des  vieux  murs,  mangent 
egalement  &  les  mouches  6c  les  autres  infedtes  lorfqu'ils  s'embarraffenc 
dans  leurs  toiles  ou  lorfqu'ils  fe  trouvent  a  portee  d'elles,  c'eft  pourquoi 
je  m'avifai  de   leur  donner  des  vers  de  terre  quoique  je  n'en  euffe  ja- 
mais trouve  dans  leurs  toiles,  ni  dans  leurs  trous.    Get  infede  rampant  efl 
aulTi  commun  que  facile  a  prendre  ;  les  jardins ,  les  champs  en  font  rem- 
plis  :  apres  les  nuits  pluvieufes,  les  allees  mtme  des  jardins  font  couver- 
tes  de  petits  morceaux  de  tetre  ronds  &  tournes  en  fpirale ,  lefquels  ca- 
chent  autant  de  trous  par  lefquels  font  fortis  les   vers  de  terre.  On  peuc 
j'en    procurer    aifement    en  les  cherchant   la   nuit  avec  une   chandelle, 
pourvu  qu'il  n'ait  pas  fait  une  grande  fecherefTe.    Ayant  done  renfermc 
dins  des  boites  plufieurs  grofTes  araignees  de  diverfes  efpeces  qui  avoient 
p.ure  riiiver,  car  il  y  en  a  qui  vivent  plufieurs  annees,  je  leur  donnai  des 
morceaux  de  ver ,  S>c  je  reconnus  qu'elies  s'en  nourrifToient  non-feulement 
parce  qu'elies    vecurenc.  Cette  preuve  eut    etc    infuffifante  ,    car  j'avois 
moi-meme  autrefois  garde  une  araignee  de  maifon  en  vie   pendant  plus- 
de  trois  mois,  fans  lui  donner  aucune  nourriture.    On  fait  d'ailleurs  que 
les  petites  araignees  qui  eclofent  dans  le  mois  de  Septembre,  vivent  en- 
viron huit  ou  neuf  mois  fans  manger,    Mais  comme  j'avois  renferme  mes 
araignees  dans  des  boites  couvertes  de  verre,  j'obfervois  aifement  fi  elles 
s'attachoient  a  la  nourriture  que  je  leur  avois  donnee,   &  je  les  voyois 
attaquer  les  morceaux  de  ver,   lefquels,  comme  on  fait,  confervent  du 
mouvement  quoique  fepares  du  refte  du  corps  ,  comme  on  les  voit  at- 
taquer les  infedies  a  qui  il  refte  encore  quelque  force   apres  s'etre  laifTes 
prendre  dans  leurs  filets  :  les  divers   mouvemens  des  morceaux   de  ver 
excitoient  les  araignees  accoutumecs  a  vivre  de  proie  j  d'ailleurs  elles  con- 
ferverent  leur  grofl'eur  &  leur  vivacite,  ce   qui    n'arrivoit  point  a  celleg 
que  je  lailfois  fans  nourriture.  Enhn  ce  qui  eft  plus  decifif ,  plufieurs  fi- 
rent  des  coques  dans  lefquel  es  leurs  oeuts  etoienr  renfermes.    Je   tentai 
enfuite  diverfes  fortes  de  viandes,  mais  )e  vis  qu'elies  ne   la  cherciioient 
point ,  &  que  lorfqu'elles  la  rencontroieJit ,   elles  s'appliquoient  raremenr 
oelFus  ,    peut-etre    parce  que  I'appetit  de  ces   infedlts  feroces  veut  etre 
excite  par  des  animaux  vivans.  J'miaginai  cependant  une  autre  nourriture 
qui  fupplee   apparemment  a  cet   avanrage  ,   par  le  gout   exquis  que    les 
araignees  y  trouvent.   Les  jeunes  araignees  qui  ne  font  que  d'abandonner 
leur  coque ,  la  preferent  a  toute  autre;  je  ne  I'jmployai  qu'a  caufe    du 
rapport  qu'elle  me  parut  avoir  avec  la  chair  tendre  &  moHa  des  infec- 
tes  que  les  araignees  fucent ;  elle  confifte  dans  cctte  ful^ftance  qui  rem- 
plit  les  plumes  des  jeunes  oifeaux  ,  avrnt  qu't  lies  foieni  parvenues  a  leiic 
parfait  accroillement.    Lotfqu'on  attache  de  ces  jeunes  plumes,  en   voir 
qu'elies  font  fanglantes  par  le  bout  &  que  le  tu)au  en  eft  mou.   Si  Ion 
prelTe  ou  fi  Ton  dilfeque  ce  tuyau,  on  le  trouve    rempli  dune  ful  ftance 
lendre  &  garnie  d'un  grand  nombie  dft  vaiiTeaux  qm  lailTent  echappex 


A  C  A  D  6  M  r  Q  U  E.  jar 

du  fan;  lorfqu'oii  les  coupe.  Aprcs  avoir  arrache  de  ces  plumes  a  de 
jeuiies  pigeons  on  a  de  vieux  auxcjuc-U  j  avois  ote  quelque  tcms  aupara- 
varjc  les  grollcs  plumes  de  la  queue  S<  des  ailes  ,  je  les  divifois  en  petits 
morceaux  d'une  ligne  ou  d'une  demi-ligne  de  longueur  j  je  donnois  ces 
petits  morceaux  aux  araignees  qui  sen  accommodoient  tort ,  les  jeunes 
fur-tout;  j'en  voyois  quelquefois  cinq  a  lix  alleniblces  fur  un  mcme  mor- 
ceau  de  plume  que  chacune  fugoit  du  cote  oil  il  avoir  ete  coupe. 

Les  araignees  s'accommodant  de  ces  alimcns  fimples  &  taciles  a  trou- 
ver  par- rout,  &  pour  lefquels  on  ne  cramdroit  pas  la  gelee  comme  pour 
les  feuilles  de  murier  qu'on  donne  aux  vers-a  foic ,  il  femble  qu'on  pour- 
roic  nourrir  des  araignees  en  alkz  grand  nombre  pour  les  rendre  utiles. 
Les  rotilTeurs  tourniroienc  urje  grande  quantite  de  ces  jeunes  plumes;  on 
pourroit  en  arracher  de  rems  en  tems  aux  poules  &:  aux  pigeons  que  I'on 
nourrit  ek  qui  n'cn  feroient  pas  moins  leurs  oeufs  &C  leuts  petits  comme 
je  1  ai  eprouve.  Mais  nous  allons  voir  qu'il  y  aura  beaucoup  a  decomprer 
lorfqu'il  s'agira  d'elever  alfcz  daraii;nees  pour  fournir  de  foie  des  ma- 
nuhadures. 

Lorfque  les  jeunes  araignees  abandonnenc  la  foie  qui  les  enveloppoir, 
dies  paroUrent  parfaitemcnt  d'accord  entr'elles,  &  travaillcnt  de  concerc 
a  une  meme  toile  ;  les  unes  etendent  de  nouveaux  fils  fur  ceux  que  les  au- 
tres  avoient  deia  fournis  ;  mais  cette  union  ne  dure  pas  long-tems.  Je 
diftribuai  en  differentes  boices  quatre  a  cinq  mille  araignees  auxquelles 
j'avois  vu  abandonner  leurs  coques  ;  j'en  mis  deux  ou  trois  cens  dans  cer- 
taines  boites,  dans  d'autres  cent  ou  cinquante  ou  meme  moins;  ces  boi- 
tes  avoient  a-peu  pies  la  longueur  &  la  largeur  d'une  carte  a  jouer  ,  & 
dies  ctoient  audi  hautes  que  larges;  c'etoit  un  alTez  grand  efface  pour  de 
ii  petits  animaux.  Comme  j'avois  obferve  qu'elles  s'attachoient  au  verre 
qui  couvroit  ces  boites ,  j'avois  fait  a  chacune  une  ouverture  a  une  ligne 
de  diftance  de  ce  verre  ,  par  laquelle  je  faifois  entrer  une  carte  qui  etoit  ap- 
puyee  fur  la  largeur  de  la  boite ;  cette  carte  bouchoit  afifez  exadtement  I'ou- 
verture  pour  empecher  les  araignees  de  s'echapper.  Cell:  fur  cette  carte 
que  je  mettois  la  nourriture  que  j'avois  trouvee  leur  etre  propre;  je  la  po- 
fois  ainfi  pres  de  la  furface  fuperieure  de  la  boite  ou  du  verre  ,  afin 
que  les  araignees  fulTent  plus  proches  de  cette  nourriture,  &  afin  que  cel- 
les  qui  etoient  au  fond  de  la  boite  ou  fur  les  cotes ,  pudent  venir  la  cher- 
cher.  J'avois  eu  la  precaution  de  faire  un  grand  nombre  de  trous  a  cette 
carte ;  on  pouvoit  par  ce  moyen  donner  a  manger  a  beaucoup  d'araignees 
en  tres-peu  de  tems ;  on  les  voyoit  les  premiers  jours  chercher  cette  noar- 
riture  avec  emprelTement ;  plufieuts  s'attachoient  au  meme  morceau  de 
plume;  mais  leur  naturel  feroce  fe  dt-clara  bien-tot;  les  plus  grolTes  Sc 
les  plus  fortes  prirent  gout  a  manger  les  plus  petites  &  les  plus  foibles  :  cha- 
<]ue  fois  que  je  les  regardois  j'en  voyois  une  plus  petite  qui  etoit  devenue 
la  proie  dune  un  peu  plus  grolTe ,  &  au  bout  de  quelque  tems ,  a  peine 
in'en  refta-t-il  une  ou  deux  dans  chaque  boite.  Je  favois  bien  que  les  grof- 
fes  araignees  fe  battent  quelquefois  lotfqu'elles  fe  tencontrent ;  mais  il  j 
avoit  quelqn'apparence  qu'etant  elevees  enfemble ,  elles  pourtoient  deve- 
nir  plus  focjables.  Comme  nous  voyons  que  les  poulets  8c  les  dind  ns  ele- 

Qi  ij 


AfAD.RoYALE 

LES  Sciences 
DE  1'aris. 


tnnu 


1710. 


}o%  COLLECTION 

^^  ves  dans  une  mtme  baffe  cour ,  vivent  fort  bien  enfemble  quoiqu'lls  faf- 
AcAD.RoYALE  fctit  quelqucfois  la  guerre  aux  nouveaux  venus  jufqu'a  les  tuer.  Au  refte 
DES  Sciences    Jes  groires  araignees  fe  mangent  beaucoup  moins  que  les  petites,  foit  qu'el- 
DE     AB.IS.       ]gj  gjgj^j  moins  befoin  de  nourriture,  ou  qu'etant  plus  pefantes ,  elles  fe 
nnee  1710.     remuent  plus  difficilement.  Certe  inclination  qu'onc  les  araignees  a  fe  man- 
get  mutuellement ,  eft  fans  doute  caufe  de  ce  qu'ii  en  tefte  fi  peu  a  pto- 
pottion  de  la  ptodigieufe  quanfite  d'oeufs  qu'elles  font.  Je  fais  bien  qu'ii 
y  a  diverfes  fottes  d'infedles  qui  les  mangent.  Pline  parle  de  quelques  efpe- 
ces  de  frelons  &  de  lezards  qui  s'en  nourtilTent.  J'ai  vu  de  petits  lezatds 
bruns  des  murs  en  attraper  avec  beaucoup  d'adreffe ;  mais  je  crois  que 
nous  en  vetrions  infiniment  davantage ,  fi  elles  ne  fe  mangeoient  point. 

Si  Ton  vouloit  done  elevet  des  ataignees,  il  faudtoit  lesloger  une  a  une, 
par  exemple  ,  les  garder  dans  des  boites  divifees  en  plufieurs  cellules , 
comme  je  I'ai  fait  auili.  Mais  I'embarras  &  les  frais  qu'eniraineroit  cette 
maniere  de  les  nouttir  fepatement,  n'autoient  point  de  proportion  avec 
le  peu  de  profit  qu'on  en  tetireroit.  C'eft  tout  ce  qu'on  pourtoit  faire  ,  fi  Ton 
n'avoit  pas  la  foie  des  vers  a  foie  d'une  maniere  infiniment  plus  commode. 
Je  fiis  qu'on  pourroit  abrcger  cette  maniere  de  leur  donner  a  manger  ,, 
&  j'en  ai  meme  imagine  quelques  moyens  que  je  ne  crois  pas  neceffaice 
d'expliquer  ici;  mais  quelque  chofe  qu'on  fit,  il  eft  vraifemblable  qu'on 
y  eniploieroit  toujours  beaucoup  plus  de  terns  qu'on  n'en  met  a  donner 
la  nourriture  aux  vers-a-foie.  La  neceffite  ou  Ton  eft  de  diftribuer  les 
araignees  dans  des  cellules  feparees ,  ne  diminue  pas  peu  I'avantage  qu'el- 
les ont  fur  les  vers  du  cote  de  la  fecondite;  car  ,  pour  profiter  de  cet  avan- 
tage ,  il  faut  pouvoir  garder  un  grand  nombre  d'oeufs  qui  ayent  ete  fe- 
condes  par  I'accouplement  ,  &  pour  eela  il  faut  ncceffairement  mettre 
des  araignees  enfemble.  A  la  verite  je  crois  que  dans  le  terns  de  cette  fc- 
condation  qui  doit  prcceder  de  peu  celui  de  la  ponte ,  la  ferocite  naru. 
relle  des  araignees  s'adoucit,  &  qu'on  pourroit  alors  les  mettre  enfembls 
fans  aucunrilque,  fi  Ton  connoilfoit  ptecifement  ce  terns,  mais  il  n'eft 
nuliementfise,  &:  il  y  a  fouvent  plufieurs  mois  de  diftance  entre  la  poijte': 
des  unes  &  celle  des  autres. 

D'ailleurs  les  vers  i  foie ,  fans  avoir  la  fecondire  prodigieufe  des  arai- 
gnees ,  qui  font  fix  a  fepr  lens  ceufs  ,  feroient  encore  alTez  feconds  ,  meme 
quand  on  fuppoferoit  cju'iis-  ne  font  qu'environ  cent  oeufs  ,  defqucis  a 
pein^  quarante  doimenr  des  vers  qui  falfent  leur  coque  ;  fuppofition  trop 
foible  de  beaucoup,  puii'que  les  vers  a  foie  que  j'ai  elevcs,  pour  faire 
une  exnfte  comparaifon  de  leur  foie  avec  celle  des  araignees  ,  m'ont  tou- 
jours  donne  au  moins  trois  a  quatre  cens  eeufs  ,  &  il  eft  aife  de  voir 
qu'on  pourroit  multiplier  le  nombre  des  vers  a  foie  autant  qu'on  le  vou- 
droit ,  fi  cela  dependoit  feulement  de  la  quantite  de  Icurs  ffiufs  ;  il  n'en 
faut  d'autre  preuve  que  la  quantite  de  foie  qu'ils  fournillent  aujourd'hui 
al'Europe  ,  011  ils  n'exiftoient  pas  autrefois.  Il  feroit  done  aife  avec  le  terns 
de  multiplier  les  vers  a  foie  que  nous  avons  prefentement,  en  meme 
raifon  que  nous  avons  multiplie  le  petit  nombre  de  ceux  qui  fureat  appor- 
tes  autrefois  d'Orient  en  Europe,  fi  Ton  troiwo^it  de  I'avantage  a  rendre 
la  foie  plus  commune  &c  moins  chere.  Il  femble  d^^nc  que  iufgu'ici  les 


ACADfeMIQUE,  io^ 

.  V;rs-a-foie  remportent  de  beaucoup  fur  les  araignees  ,  par  la  facilite  qu'on 
a  a  les  elever  ,  &  par  confcquent  on  doit  peu  fe  proinettre  de  In  noii- 
velle  foie ,  fi  elle  n'a  quelque  avantage  fur  lancieniie  ,  foit  par  la  beaiite 
ou  (a  force  ,  ou  par  la  quaiuite  qu'on  en  peut  tirer.  Cell  ce  qui  nous 
lefte  -k  examiner  dans  le  lecond  article. 

Cotnine  toiites  les  efpeces  d'araignees  ne  donnent  pas  une  foie  qu'on 
puilTe  mettre  en  oeuvre  ,  &  que  ceiles  qui  fournilfent  cette  foie  la  hlenc 
feulement  pout  former  les  coques  qui  enveloppent  leurs  a?ufs  ;  car  on 
fait  que  les  filets  qu'eiles  tendent  aux  infcdcs  font  faits  communcment 
d'une  foie  fi  fine  qu'on  ne  fautoit  en  faire  aucun  ufage  ;  il  m'a  paru  ne- 
celfaire  de  donner  une  idee  gencrale  des  diverfes  efpeces  d'araignees 
auxqa«lles  on  peut  ramener  routes  les  autres,  &  de  la  diflerente  maniere 
dont  les  coques  de  ces  ditferentes  efpeces  font  faites ,  afin  de  faire  connoi- 
tre  ici  celies  dont  on  peut  titer  de  la  foie  dans  le  royaume. 

M.  Bon  ,  qui  confideroit  fur- tout  les  araigndes  par  rapport  a  leur  foie, 
les  a  aulfi  dillnbuces  en  efpeces  differentes  par  le  rapport  qu'eiles  ont 
avec  cette  foie  :  il  ks  reduit  pour  cela  a  deux    efpeces   principales  ,  qui 

♦  fom'les  araignees  a  jambes  longues,  &  les  araignees  a  jambes  courtes  : 
ce  font  ces  dernieres  ,  dit-il ,  qui  fourniircnt  la  nouvelle  foie.  Mais  cette 
divifion  ,  qui  auroit  de  grands  avantages  par  fa  fimplicite ,  ne  me  paroit 
pas  donner  une  maniere  alTez  sure  pour  diftinguer  ces  araii'nees  des  au- 
tres ;  car  il  eft  des  araign;5es  qui  ont  les  jambes  d'une  grandeur  moyenne  : 
fous  laquelle  des  deux  efpeces  les  ranger  ?  filent-elles  de  bonne  foie  ?  II 
feroit  difficile  de  decider  cette  queftion  par  le  nicyen  de  la  divifion 
precedenre  ,  dont  ce  n'eft  pas  la  neanmoins  Ic  plus  grand  inconvenient* 
elle  trompetoit  fouvent  ceux  qui  voudroient  amafler  des  araignees  pour 
leuv  faire  filer  de  la  foie  ,  car  la  plupaft  de  celies  dont  ils  en  attendroient 
le  plus  J  n'en  donnent  point  du  tout.  TcUes  font  diverfes  efpeces  d'arai- 
gnees vagabondes  &  les  grolfes  araignees  brunes  qui  h.ibitent  des  ttous  de 
vieux  murs  ,  lefquelles  ont  pourtant  les  jambes  plus.cpurtes  t^ue  la  pluuart 
de  celies  qui  fourniflfent  la  foie.  i>I.],.   nut-'!  zij.oi  i^b  -io^  f.jr) 

Pour  diltsnguer ,  parmi  les  araignees  connues  eh  France  ,  ceyesr'.qui 
donnent  de  la  foie  de  ceiles  qui  n'en  donnent  point  ,  je  les  rancp  d'aiord 
routes  fous  deux  genres.  Le  premier  de  ce«, genres  eft  comporcfde  routes 
les  efpeces  que  M.  Honiberg  a  comprifes  fous  le  nom  d'araigneesrvaoa- 
bondi-s  dans  les  Memoires  de  1707  ,  nom  qui  convient  p.irfaitement  a 
ces  efpeces  d'araignees  qui  ne  tendent  pas-,  comme  les,aurres,  des  filets 
aux  infecles ,  maisr  qui  Jes  chaflent  avec  beaucoup  de  ru(e  &  d'adrell^ 
Toutesces  araignees  filont  peu  ,  &  feuletnenr  quand  elles  ouidllTent  la  toile 
qui  fert  de  eoque  a  leurs  oeiif*  ;  quelques-unes  forment  ceit?,pefite  coquC 
en  demi-  fphere  ^  elles  la  lailTent  collce-a  des  pierres  ^  ou  cp,chae  fous  \% 
terre  ;  quelquefojs  elles  la  mettent-,  dans  des  arbres  ou  dans  des  Ijet-bes  : 
quelques  autres  donnent  a  cette  coque  la  figure  d'une  bouie  qu'eiles  n'aban- 
donnent  jamais  ";  elles  la  portent  toujoufs  collee  qux  m?melons  qui  font 
aupresde  leur  anus ,  d&  maniere  gu'ilfemble  gue  <fptte  bonle  ne  fait  qu'ua 
mcme  cprps  avec  I'araigi^ee ,.  qui  fei^lement  paroit  alors.plus  groffe  quelle 
,i«  devioit  ctip  n»t«'reliepT(,SPC.  Si;,  apr^s  ^*v9ir  pus  une  de  c«  wsigoeeK-^ 


ACAD.ROVAI-E 

DES     SCIENXBS 

D£   1'aRIS. 

AnnU  lyiOt 


jio  COLLECTION 

*"'"  '■"  .  -r-^  on  III!  oci  cette  petite  boule  ,  on  la  voir  la  leprendre  avec  beaucoup 
A?Ap.RoYALE  d'emprellemenr  li-toc  qu'on  lui  en  donne  la  libertc  :  elle  fe  fert  de  ies 
PES  Sciences  jambes  pour  la  porter  d'abord  fous  fon  ventre  ,  6c  c'eft  alors  qu'on  pent 
BE  1  ARis.  demeiar  de  quelle  adrelFe  elle  fe  fert  pour  la  foiuenir  ordinairemcnt  ;  car 
Annee  lyio.  on  appertjoit  qu'elle  recourbe  fon  derriere  jufqu'aupres  de  cette  petite 
boule  ,  apies  quoi  elle  frotte  cette  meme  boule  extremement  vite  avec 
Ies  matnelons  qui  font  aupres  de  fon  anus  ,  &  cela  parce  que  ces  mame- 
lons  font  Ies  refervoirs  dans  lefquels  eft  contenue  la  liqueur  vilqueufe  , 
dont  Ies  araignees  forment  leurs  ills  j  de  forte  que  par  ce  frottement  elle 
couvre  una  pavtie  de  la  bouie  de  beaucoup  de  liqueur  vifqueufe  ,  qui  la 
coUe  enfuite  aifement  aux  mc-mes  mamelons  qui  I'ont  fournie.  On  diftin- 
gue  fans  peine  ces  endroits  ainfi  frottes ,  tant  parce  qu'ils  font  plus  epais  , 
que  parce  qu'ils  font  plus  blancs  que  le  refte.  Ces  araignees  portent  auffi 
leurs  petits  fur  leur  dos  apres  quils  font  eclos  j  &  ces  jeunes  araignees 
ont  une  adrelle  merveilleufe  a  s'arran^er  fur  le  corps  de  leur  mere  j  on 
he  s'appergoit  point  qu'elles  y  foitnt  lorfqu'on  la  voit  marcher ,  le  corps 
de  la  mere  paroit  feulemcnt  plus  raboteux  qu'il  ne  I'eft  naturellement  j 
mais  lorfqu'on  la  prend  ,  on  voit  Ies  petites  araignees  fe  difperfer  cha'cune  • 
de  Ion  cote.  Le  tilfu  des  coques  de  tout  ce  genre  d'araignees  eft  tres- 
ferre  ,  &c  comniunement  de  couleur  blanche  ou  grife  :  mais  cutre  qu'on 
n'en  pourroit  tirer  que  trei-peu  de  foie  ,  celle  qu'on  en  tirerou  ne  fautoit 
etre  employee  a  des  ouvrages. 

Je  forme  le  fecond  genre  de  routes  Ies  araignees  qui  tendent  des  toiles 
pour  attrapper  Ies  infedes.  Je  divife  ce  genre  en  quatre  efpeces  princi- 
pals ,  dont  chacune  pourroit  etre  fubdivifee  en  diverfes  autres  efpeces  , 
fi  on  vouloit  faire  une  hiftoire  exafte  des  araignees-  ]e  mets  dans  la  pre- 
rnjere  efpece  routes  Ies  araignees-  qui  font  des  toiles  ,  dont  le  tiflu  eft 
alfez  ferre  ,  &  qui  ies  etendent  autant  parallelement  a  I'horifon  que  le  poids 
de  leur  toile  peut  le  permettre.  Les  araignees  domeftiques  qui  font  leur 
toile  dans  les  angles  des  murs  ,  &  quelques  efpeces  d'araignees  des  champs 
qui  font  des  toiles  femblables  &  pofees  femblablement  a  celles  des  arai- 
gnees domeftiques  ,  font  comprifes  fous  cette  premiere  efpece.  Elks  ren- 
ferment  routes  leurs  eeufs  ,  peu  adli&rens  les  unsaux  autres  ,  dans  une  toile 
qui ,  par  fa  farce  &  fa  couleur  ,  ne  differe  gueres  de  celles  qu'ejles  tendent 
aux  mouches.  Ainfi  il  eft  aife  de  voir  qu  on  ne  doit  rien  efperer  de  ces 
coques  pour  les  ouvrages. 

La  feconde  efpece  contient  les  araignees  qui  habitent  des  trous  dans 
de  vieux  murs  :  elles  tapiflent  de  toile  le  mur  touf  autour  de  ce  trou  , 
dans  I'interieur  duquel  elles  font  aufli  une  toile  a  laquelle  6lles  donnent 
la  figure  d'uil  tuyau  ;  c'eft  par  ce  tuyau,  qu'elles  entrent  dans  leur  trou  &: 
qu'elles  en  fortent.  Mais  ces  araignees  n'enveloppent  pas  hon  plus- 'leurs 
ceufs  de  filets  plus  forts  que  ceux  dont  elks  ourdilfent  leur  toile. 

Je  rtiets  dans  la  troifieme  efpece  routes  les  araignees  dont  les  filets  ne 
forment  point  un  tifTu  qui  air  I'air  de  toile',' niaisqui  forit  compof^s  de 
differens  fils  tires  en  tout  fens.  Cettd 'efpece  pourroit  etre  fubdivifee  en  un 
grand  nombre  d'autres  efpeces  ,  qui  font  leurs  coques  de  bien  de  ma- 
iiieres  diffei«nt€s.  Quelques  unes  leur  donnent  la  figure  d'une  p6Hion  de 


A  C  A  D  6  MI  Q  U  E,  3,, 

fpherej  dont  le  plat  eft  colic  fur  une  feuille  :  eiles  le  convent  avec  un  i— , 

attachement  merveilleux  ;  car  quelque  farouches  qu'uUes  foient  nacurelle-  ^(-ad  Royais 

ment  ,  fi  on  emporte  la  feuiile   ou  cette  coque  eft  collce  ,  I'araignee  fe     dhs  Sciences 

laille  emporter  avec  elle  fans  I'abandonner  ,  jufqu'a  ce  que  les  araignces      be  Paris. 

quelle  concient  foienc  eclofes.    Ces  coques  font  d'un  [illu  ferrc  &  tres-    jinn^c  1710. 

blanches.  D'autres  font  deux   ou  trois   p.-tites   boules  rougeatres  ,  dans 

lefquelles  leurs  ocufs  font  renfermcs  :  elks   les  laiffent  fufpendues   a  des 

fils  J  mais  elles  ont  la  precaution  de  caciier  ces  boules^  qu'elles  laiflent 

dans  des  endroits  fort  decouverts  ,  d'un  petit  paquet  de  feuilles  fedies  , 

lequel  eft  attache  a  des  fiis  a  quelque  diftance  de  la  boulc.  D'autres  donncnt 

la  figure  d'une  poire  a  leur  coque  ,  &:  la  fufpendcnt  par  un  fil  conime  une 

poire  le  feroit  par  fa  queue.  Toutes  ces  diftcrcntes  coques  font  d  un  tilFu 

letre,  mais  dune  foie  trop  foible  pour  etre  mife  en  ocuvre.  Peut-&tre  que 

celle  des  petites  poires  ,  dont  je  viens  de  patter,  pourroit  ctre  employee; 

mais  elles  font  u  petites ,  &  contiennent  par  confequenc  fi  peu  de  foie , 

qu'elles  ne  meritent  aucune  attention  de  ce  coce-la. 

Enfin ,  la  qu.itrieme  efpece  comprend  les  araignees  qui  compofent  leurs 
filets  de  difFerens  tils  ,  qui ,  etant  tons  pofes  dans  un  mtme  plan  ,  partenc 
rous  d'un  nieme  point ,  comme  autant  de  rayons  d'un  cercle  qui  iroienc 
aboutir  a  fa  circonfcrence.  Tous  ces  fils  font  croifes  par  un  autre  fil  qui , 
tournftnt  en  fpirale  ,  s'attache  en  differens  endroits  fur  chacun  d'eux.  Ces 
fortes  de  toiles  font  ordinairement  pofees  perpendiculairement  a  I'borifon. 
M.  Homberg  a  nomme  cette  efpece  I'araignee  des  jardins  ;  en  effet ,  elle 
eft  fott  commune  dans  les  jardins ,  les  bois  &  les  buiffons.  Elle  renferme 
un  grand  nonibre  d'efpects  d'araigne.s  difterentes  par  leur  grolTeur ,  leur 
figure  Sc  laur  couleur.  Ces  araignees  rangent  leurs  ceufs  les  uns  fur  les 
autres ,  de  maniere  que  la  made  de  ces  ocufs  forme  une  efpece  de  fphere 
applatie  ,  ou  plutoc  de  fpheroide  elliptique    Quelques-unes  de  ces  arai- 

fnces  collent  leurs  oeufs  Ics  uns  aux  autres  par  une  glue  dont  ils  font 
umecles  lorfqu'ils  forrent  de  leurs  corps  ;  mais  d'autres  ne  les  collent 
point  :  les  premiers  fiis  qui  enveloppcnt  ces  osufsfont  devides  defTus  d'une 
maniere  un  peu  plus  ferree  que  les  autres  ,  qui  font  entortilles  tres-lache- 
ment ,  a  peu-prcs  de  la  meme  fagon  que  les  fils  exterieurs  qui  enveloppent 
les  coques  des  vers  a  foie. 

Prelque  toutes  ces  efpeces  d'araignees  filent  une  foie  propre  aux  ou- 
vrages  :  il  y  en  a  pourtant  quelques  unes  dont  la  foie  feroit  trop  foible- 
pour  foutenir  des  metiers  un  peu  rudes. 

On  pourroit  avoir  des  foies  d'araignees  plus  difTerentes  par  leurs  cou- 
leurs  naturelles ,  que  ne  I'eft  celie  des  vers  a  foie  ,  qui  eft  toujours  au- 
rore  ou  blanche  y  .lu  lieu  que  les  coques  d'araignees  en  donneroient  de 
jaune ,  blanche  ,  grife ,  bleue  celefte  &  d'un  beau  brun  calfc.  Les- 
araignees  qui  donnenr  la  foie  de  couleur  de  caffe  font  tares  ,  au  moins 
n'en  ai  je  rencontre  que  dans  quelques  champs  de  genets  ,  cu  j'ai  auffi 
trouve  de  leurs  coques  ,  dont  la  foie  eft  ttes  forte  &  tres- belle.  Elles  font 
faites  fort  diflFeremmenr  de  toutes  les  autres  coques  d'araignees  dont  j'ai 
parle  :  les  oeufs  font  renfermcs  dans  la  foie  brune  qui  eft  devidee  after 
lachemenc  autour ,  comme  dam  toutes  les  autres  coques  j  mais  cetie  Ibi&' 


Acad.  RoYAtE 

DES  Sciences 

DE  Paris. 

Anjiii  I J 10. 


dont 
coque 


5IZ  COLLECTION 

brune  eft  enveloppc'e  elle-meme  d'une  autre  coque  de  foie  grife  , 
le  tilFu  eft  tres-ferre  ,  aflez  epais  8c  femblable  a  ce  qui  relte  luc  la  c 
d'un  ver-a-foie  lorfqu'on  I'a  devidee  en  partie. 

Les  araignees  fonc  leurs  ccufs  ou  la  foie  qui  les  enveioppe  dans  plufieurs 
mois  de  I'annee  :  non  feulemenc  elles  y  travaillenc  dans  les  mois  d'Aoiit  & 
de  Septembre  ,  comme  M.  Con  I'a  tort  bien  remarque,  mais  il  y  en  a 
qui  fonc  ces  coques  des  le  mois  de  Mai  ,  &  d'autres  dans  les  mois  fui- 
vans.  Ce  font  celles  qui  ont  palfe  I'hiver  qui  pondent  tie  ii  bonne  heure  -, 
&  M.  Bon  n'a  fans  doute  voulu  parler  que  de  celles  qui  font  eclofes  an  prin- 
temps  ,  lefquelles,  en  effec ,  font  leurs  oeufs  beaucoup  plus  tard  que  les 
precedentes. 

Nous  avons  affez  fait  entendre  jufqu'ici  que  ces  araignees  filent  deux 
fortes  de  fils ;  que  les  uns  leur  fervent  i  ourdir  les  toiles  qu'elles  tcnaent 
aux  infeftes  ,  &:  que  les  autres  (ervent  feulement  a  envelopper  leurs  oeufs  : 
niais  il  n'eft  peut-etre  pas  hors  de  propos  d'ajouter  ici  ,  que  ces  fils  ne 
different  entt'eux  que  par  le  plus  ou  le  moins  de  force  ,  &  d'expliquer 
comment  les  araignees  peuvent  faire  des  fils  plus  ou  moins  forts  quand  , 
il  leur  plait.  On  fait  que  ces  infedles  ont  aupres  de  leur  anus  divers  ma- 
melons  ,  qui  font  autant  de  filieres  dans  lefquelles  fe  moule  la  liqueur 
qui  doit  devenir  de  la  foie  lorfqu'elle  fe  fera  fechee  apr^s  etre  fortie  par 
ces  filieres.  Les  araignees  done  il  s'agit  ici,  c'eft-adire  celles  dont  "la 
foie  eft  propre  aux  ouvrages,  ont  fix  de  ces  mamclons  ,  dont  quatre  fonc 
trcs-fenfibles,  mais  les  deux  auttes  le  font  moins,  Sc  on  ne  les  diftingue 
pas  aifement  fans  le  fecours  de  la  loupe.  Ces  deux  perits  mamelons  font 
pofes  chacun  proche  de  la  bafe  des  deux  gros ,  qui  font  les  plus  pres  de 
I'anus  Chacun  de  ces  fix  mamelons  fenfibles  font  compofes  ^ux-memes 
de  petics  mamelons  ,  ou  plutot  de  petites  filieres  imperceptibles :  c'eft  de 
quoi  Ton  peut  fe  convaincte  aifement  en  preffant  avec  deux  des  doigts 
d'une  meme  main  le  ventre  d'une  araignee  pour  obliger  la  liqueur  de 
couler  dans  ces  mamelons  ,  &  en  appliquant  fur  I'un  de  ces  mamelons 
un  autre  doigt  qu'on  retire  enfuite  doucement  j  car  ,  par  ce  moyen  ,  on 
lire  plufieurs  fils  diftindement  fepares  les  uns  des  autres  des  leur  fortie  > 
&  qui  par  confequent  ont  paffi  pat  difFerens  trous.  Ces  fils  font  trop  fins 
pour  qu'on  puifTe  les  compter  exaftement ;  mais  ce  qui  eft  certain ,  c'eft 
que  j'en  ai  vu  fouvent  fortir  plus  de  fept  a  huit  d'un  meme  mamelon. 
On  tire  plus  ou  moiris  de  ces  fils  felon  qu'on  applique  le  doigt  plus  forte- 
ment ,  ou  fur  une  plus  gtande  partie  du  mamelon ,  d'oii  il  eft  aife  de  com^ 
ptendre  comment  les  araignees  font  des  fils  plus  ou  moins  gros  quand  il 
leut  plait ;  car  non-feulement  lorfqu'elles  appliquent  contre  quelque  corps 
plus  ou  moins  de  ces  fix  mamelons  fenfibles  de  leur  anus ,  mais  aufll  felon 

u'ellcs  appliquent  plus  fortement,  ou  une  plus  grande  partie  de  chacun 

e  ces  mamelons  ^  elles  font  des  fils  compofes  dun   plus  grand  nombre 
d'autres  fils,  Sc  par  confequent  plus  forts  &  plus  gros. 

Il  doit  y  avoir  dix  huit  fois  plus  de  fils,  tels  qu'ils  fortent  des  filieres,' 
dans  chacun  des  fils  des  coques,  qu'il  n'y  en  a  dans  ceux  des  toiles  ,  fi 
la  quantice  des  fils  qui  compofent  les  uns  &  les  autres ,  eft  proportionnee 
^  leur  force  j  car  ayanc  (gllc  un  poid$  de  deux  grains  a  un  fil  de  coile , 

ii 


3: 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  ^t, 

il  I'a.  ordinairemein  fourcnti  fans  romprc ,  Sc  s'eft  rompu  lorfque  ;e  lui  en  i  i 

ai  attaclie  un  de  irois  grains ,  an  lieu  que  les  fils  dus  coques  foutieniient    Acad  'Ioyaib 
environ  trente-fix  grains,   ik.  nc  fe  callenc  q.e  lorfqu'on  ks  charge   d'un     dls  .  ciences 
plus  grand  poids.  de  Paris. 

Mais  li  Ics  fils  des  coques  d'araignees  font  plus  forts  que  les  fils  de  leurs  Annit  I7i0i 
toilcs,  ils  fonc  toujours  plus  foibles  que  ceux  des  coques  de  vers  a  foie  , 
qu  'ique  dans  une  moindre  proportion.  La  force  des  fils  que  je  devidois  de 
delfus  ces  deriiieres  coques  ,  a  cte  ordinairtment  jufqu'-i  foutenir  un  poids 
de  deux  gros  &  derpi.  Ainfi  la  force  d'un  fil  de  cocjue  d'araignee  ,  ell  a  celle 
d'un  fil  de  coque  de  ver  a  foie ,  environ  comme  i  eft  a  5  ,  &  c'eft  encore 
la  un  avantage  de  I'ancienne  foie  fur  la  nouvelle;  car  quoique  chaque  fil 
de  coque  d'arai^,nee  foie  plus  fin  qu'un  fil  de  ver  a  foie,  a-peu  pres  dans 
la  mime  proportion  qu'il  eft  plus  toible ,  cela  ne  compenfe  pas  enticre- 
menc  ce  defavantage  ,  car  il  faut  joindre  enfemble  plufieurs  brins  j  &  fans 
compter  que  c'ell  une  peine  de  plus,  il  eft  toujours  a  craindre  que  les 
fils  ne  tirent  pas  tous  igalemenc ,  &  par  confequent  que  la  fomme  des 
forces  de  ces  fils  ainfi  reunis ,  foit  moindre  que  la  fomme  des  forces  du 
mcme  nombre  de  fils  fepares. 

Cette  multiplicite  de  brins  qui  compofent  chaque  fil  de  foie  d'araignee, 
pour  le  faire  audi  gros  qu'un  fil  de  ver  a  foie ,  contribue  peut-ctre  en 
parne  a  rendre  les  ouvrages  faits  de  cette  foie,  moins  luihes  que  ceus 
qui  font  de  foie  de  ver,  car  leur  luftre  eft  effedli.'ement  moms  beau, 
comme  M.  de  la  Hire  le  remarqua  lorfque  les  m  taines  furenc  apportees 
a  I'Academie.  Ce  qu'on  appelle  luftre  dans  une  etotfe  n'avant  d'aut  e  caufe 
que  de  ce  quY!'"  rcHechit  plus  de  lumiere  coloree  d'une  ccttnine  fa^on 
qu'une  autre  etotfe  qui  paroit  de  mcme  couleur  ,  plus  un  bun  de  foie 
aura  de  petits  vuiJes  qu'un  autre  brin  de  foie  ,  moins  il  paroiira  luftre, 
car  il  refiechira  moins  de  lumiere.  Or  ces  petits  vuidc-s  k-ront  eviJem- 
ment  en  plus  grand  nombre  dans  un  fil  compofe  de  plufieurs  fils  dilfe- 
rens  &  reellement  fepares ,  que  dans  un  fil  fimple  &  de  mcme  grolleur  ; 
les  parties  de  1 1  liqueur  vifqueufe  qui  compofent  celui-ci ,  s'etant  fans  doute 
appliquces  plus  aifement  les  unes  aux  autres  ,  doivent  fe  toucher  en  plus 
d'endroits  que  ni  peuvenr  fe  toucher  divers  fils  reellement  fepares.  Ainfi 
en  fuppofanr  que  chaque  fil  de  foie  d'araignee  n'eft  pas  plus  luftre  natu- 
rellement  qu'un  fil  de  ver  a  foie  ,  il  eft  clair  que  lorfqu'on  aura  joint 
cinq  de  ces  fils  pour  en  compofer  un  autre  de  meme  groffeur  que  le  fil 
fimple  de  ver  a  foie,  ce  fil  co  1  pofe  &  I'ouvrage  qu'on  en  formera  ,  pa- 
roitront  moins  luftrcs  que  le  fil  de  ver  a  foie  ,  &  I'ouvrage  qui  en  lera 
fait. 

Ceci  feroit  vrai  en  fuppofant,  comme  je  viens  de  le  dire,  que  ch.ique 
fil  fimple  d'araignee  eft  naturellement  audi  luftre  qu'un  fil  fimple  de  foie  j 
Diais  cette  fuppofition  mems  eft  trop  favorable  a  la  foie  d'araignee,  car  on 
peut  remarquer  que  les  his  les  plus  crepes  ont  moins  de  lullre  que  ceux 
qui  le  font  moins.  Aulli  voyons  nous  que  la  laine,  dont  chaque  brin  eft 
naturellement  plus  crfpe  qu'un  bnn  de  foie,  eft  aufli  moins  luftree.  Si  cha- 
que brin  de  foie  d'araignee  eft  naturellement  plus  crepe  qu'un  brin  de  foie 
de  ver,  il  doit  audi  avoir  moins  de  luftre  :  or  ce  fil  eft  reellement  plus  cre- 
Tomt  III  f  Panic  Frangoife,  R  2, 


JI4  C0LLECTI0I4 

I  — —  pe,  Sc  ilii'eft  pas  difficile  d'en  trouver  la  raifon.  La  maniere  doJit  lei  uftj 

.  „  He  les  autres  font  dcvides ,  en  eft  apparemmenc  la  caufe  :  car  on  conceit 

Acad.  Roy  ALE    >,  ,       ,       ,       i ,  •  ,        j      ci    j'  ■        i"  i  i    ir    i     n       ' 

DES  Sciences     d  abord  quen  devidanc  des  his  dune  maniere  lache,  on   laillc    la  liberte 

DE  Paris.       aux  telTorts  de  routes  les  petites  parties  qui  les  compofent ,  d'agir  de  tou- 
,      ,  tes  leurs  forces  pout  les  plier  ou  les  frifer  en  plufieuts  ftns  difterens  ;  au 

nnci   1710.    jjg^  qu'en  devidant  ces  fils  d'une  maniere  plus  ierree,  comme  font  les  vets 
a  foie  ,  on  empeche  I'adlion  du  reflott  de  ces  petites  parties.  Le  relTort  lui- 
meme  s'ufe  dans  cette  ficuation  violente  ,  ou  du  moins  s'afFoiblit  :  ainfl 
les  premiers  fils  d  s  coques,  meme  des  vers  a  foie  ,  qui  font  eux  mcmes 
'  entortilles  autour  de  la  coque  d'une  maniere  lache  ,  font  bien  moins  beaux 

&  moins   lu.ttcs  que  ceux  qui  forment  le  corps  de  la  coque  ,   lefquels 
font  dc-vides  d'une  maniere  tres-ferree.    Cette  maniere  lache  dont  ks  fils 
des  araignees  font  entortilles,  contribue  encore  d'une  autre  f.icon  a  en  di- 
minuer  le  lufbre  ;  c'eft  qu'elle  empeche  qu'on  ne  puilfe  les  devider  comme 
on  devide  le  fil  continu  ou  I'organcin  qu'on  tire  des  coques  des  vers   a 
foie  ,  de  fotte  qu'on  eft  oblige  de  carder  les  coques  d'araignees  avant  de  les 
filet.  Ainfi  on  apper^oir  aifement  que  le  gros  fil  de  foie  que  I'ouvrier  a  file  , 
doit  ecre  compofe  d'une  infinite  de  brins  tres-courts  ,   &  que  par  confe- 
quent  il  n'eft  pas  poflible  que  ce  fil  paroifie  aufli  beau  &  aulli  kiftre  que 
eelui  qui  etant  de  meme  groffeur  fetoit  compofe  de  difFerens  brins  conti- 
nus  qui  auroient  chacun  une  longueur  egale  a  la  fienne ,  &  cela  parce  que 
tous  les  bouts  de  ces  brins  courts  produifent  neceflairement  dans  I'etendue 
de  ce  fil ,  de  petites  inegalites  qui  lui  otent  fon  luftre.    De  meme  la   foie 
qu'on  tire  des  coques  des  vers  a  foie ,  aprcs  les  avoir  cardees ,  eft  beau- 
coup  moins  belle  que  celle  qu'on  tire  en  la  devidant  de  dt- fliis  ces  coques.. 
Quand  on  fuppoferoit  qu'il  n'y  a  eu  que  deux  des  mamelons  qui  ayenc 
fourni  des  fils  pour  en  faire  un  de  toile  d'araignee ,  &  que  chacun  de  ces 
mamelons  qui  fournilTent  eux-snemes  fouvent  un  fil  compofe  de  plufieurs 
autres  ,  en  auroit  fourni  un  fimple  ;  ce  fil  de  toile  crane  dix-huit  fois  plus 
foible  qu'un  fil  de  coque  ,  que  nous  avons  dit  ctre  environ  cinq  fois  plus  fia 
qu'un  filde  ver  a  foie,  devroit  etre  compofe  de  trente-fix  brins  au  moins 
pour  etre  egal  a  un  fil  de  coque,  Sc  de  cent  quatre-vingt  brins  pour  etre  egal 
a  un  fil  de  foie  fimple  ,  lequel  fil  de  foie  fimple  n'eft  que  de  la  deux  -  cen- 
lieme  partie  d'un  fil  de  foie  des  plus  fins    de  ceux  dont  on  fe  fert  pour 
condre;  car  j'ai  fouvent  divife  ces  brins   de  foie  en  deux   cens  fils,  on 
a-peu-pr^s  ;  de  forf'e  qu'un  brin  de  foie  d'araignee  de    la    grolTeur  d'un 
brin  de  la  foie  la  plus  fine  dont  on  fe  fert  pour  coudre ,  feroit  reellemenc 
compofe  d'enviton  crente-fix  mille  fils  ,  &  on  pourroit  les  divifer  adtueU 
lement  en  mille. 

Le  brin  de  foie  d'araignee  compofe  de  ces  trente-fix  mille  fils  de  foie 
fimple  ,  feroit  peut-etre  un  peu  plus  gros  qu'un  fil  de  foie  a  coudre  ,  com- 
pofe de  deux  cens  fils  fimples  de  ver  a  foie  ,  quoique  la  fomuie  de  la  grof- 
ieur  des  trente-fix  mille  &  des  deux  cens  foit  la  meme  ,  parce  qu'il  Itroic 
difficile  d'arranger  enfemble  un  fi  grand  nombre  de  brins ,  fans  qu'il  reftat: 
ena'eux  plufieurs  intervalles  vuides  qui  paroitroienr  augmenter  !e  volume^ 
C'eft  pour  cela  que  la  foie  des  araignees  a  paru  rendre  davanrage  a  I'ouvrage 
que  celle  des  vers  k  foie  :  mais  ft  on  avoic  fait  attention  qu'elle  doit  ette 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  3iy 

<l'atuinc  plus  foible  ,  on  auroit  regardc  cette  difference  ,  non  commc  un  "" '  '      "  ' 

avantage  ,  mais  comme  un  dcfiiucde  cette  foie  ,  dont  un  plus  gros  volume   Acad  K.oyALi 
ne  peuc  avoir  que  la  mcine  force  d'lin  moindre  volume  de  ioie  de  vet  a     m-s  Sciences 
foie,  Mais  venous  au  point  elFentiel ,  c'ell-a-dire  ,  voyons  quel   rapport  a       de  Paris. 
la  qumtite  de  foie  que  chaque  araignce  donne  pat  an,  avec  celle  qu'on       a 
tire  des  vers  a  foie.  ' 

J'ai  pefe  avec  grand  foin  diverfes  coques  de  vet  a  foie  ,  &  j'ai  trouve  que 
les  plus  fortes  ,  c'cft-i-dire  ,  I'ouvrage  d'une  annee  de  ver  ,  pefoient  quaere 
grains,  &  que  les  plus  foibles  en  pefoient  plus  de  trois  :  de  forte  qu'en 
prenant  \\  livre  de  feize  onces ,  il  fauc  du-moins  deux  mille  trois  cens  quatto 
vers  pour  avoir  une  livre  de  foie. 

J'ai  pefe  avec  le  meme  foin  un  grand  nombre  de  coques  d'araignees , 
&  j'ai  toujours  trouve  qu'il  en  falioit  environ  quatre  des  piusgrollcs  pouc 
egaler  le  poids  d'une  coque  de  ver  a  foie,  &  qu'elles  pefoient  chacune  en- 
viron un  grain  ;  de  forte  qu'il  faudroit  quatre  des  plus  grolFes  araignees 
pour  donner  autant  de  foie  qu'un  ver  a  ioie  ,  s'il  n'y  avoir  pas  plusde  de- 
chet  fur  la  foie  des  unes  que  fur  celle  des  autres ,  &  fi  elles  donnoient  routes 
de  la  foie  j  mais  les  ccJqaes  des  araignees  font  fujettes  a  un  grand  dc'chet  j 
car  on  les  pefe  remplies  de  routes  les  coques  des  oeufs  qui  enveloppoient 
les  petites  araignees  avant  qu'elles  fulfenr  cclofes,  &de  diverfes  ordures  qui 
fe  trouvent  melees  parmi  la  foie  ;  ce  qui  caufe  une  diminution  de  plus  des 
deux  tiers  de  lear  poids  ,puifque  de  treize  onces  de  foie  d'araignee  fale  , 
M.  Bon  n'a  retire  que  quatre  onces  de  foie  nette  \  au-lieu  que  les  coques 
des  vers  a  foie  n'ontque  tres  pen  ou  point  dedechet;  ainfice  qu'elles  en 
peuvent  avoir  fera  bien  conipenfe  ,  ^\  nous  n'cvaluons  celui  de  foie  d'arai- 
gnee qu'aux  deux  tiers.  Or  nous  venous  de  voir  que  le  poids  d'une  coque 
d'araignee  avant  d'etre  netroyce,  ell  au  poids  d'une  coque  de  ver  a  foie, 
comme    i  eft  a  4  ;  ainfi  ctant  nettoyee  fon  poids  fcra  au  poids  de  celle  ci, 
comme   i  eft  a  1 1  :  il  fauJra  done  deja  douze  des  plus  grolfes  .ir.  ignces 
pour  donner  autant  de  foie  qu'un  ver   ,a  foie.  Mais  chaque  ver  a  foie  fait 
une  coque,   parce   qu'ils  la  font  pour  fe  mctamorpholer  ,    au-licu  que 
les  araignees  ne  faifant  les  leurs  que  pour  envelopper  leurs  a;ufs  ,  fi  on 
regarde  ,avec  tous  les  naturaliftes  qui  ont  precede  M.  Bon  .  leurs  efpeces 
comme  compofces  de  males  &  de  femelles ,  je  veux  dire,  fi  on  ne  les 
prenl  pas  pour  hermaphrodites  ,  il  n'y  a  que  les  araignees  femelles  qui 
falfent  des  coques  :  d'oii  il  fuit  que  fi  Ton  a  autant  d'araignees  femelles 
que  de  males,  ce  qui  doit  arriver  a  peu-pres ,  vingt-quatre  de  plus  grolTes 
araignees  ne  donneront  pas  plus  de  foie  qu'un  feul  ver  a  foie  :  il  faudroit 
done  environ   551915  araignees   des  plus  groffes    pour  avoir  une   livre  de 
foie,  lefquelles  araignees  il  auroit  ete  necelTaire  de  nouriir  feparemtnc 
pendant  quelques  mois:  d'ou  Ton  voit  que  cette   foie   coCiteroit  vingt- 
quatre  fois  autant  que  celle  des  vers  a  foie  ,  meme  en  fuppofant  qu'on  ne 
f  ut  pas  oblige  de  loger  ces  araignees  feparement  ,  &  que  chaque  araignee 
n'occupat  pas  plus  de  place  qu'un  ver  a  foie  :  autre  fuppofition  faulle  ;  cat 
il  fuit  Icur  donner  a  chacune   alTez  d'efpace  pour  qu'elles  puilfent    faire 
leur  toile.  Si  Ton  vouloit  done  entrer  dans  le  calcui  des  frais  inevitables 
pout  les  nourcit  feparement ,  &:  leur  donnet  des  efpaces  fufhfans ,  on  vet- 

R  z  ij 


Jl() 


COLLECTION 


ACAD.ROYALE 

DES  Sciences 
DE  Paris. 

Annie    1 7 1  o. 


roic  d'une  manlere  tres-cUire  que  la  foie  des  araigneeS,  moins  belle  ^ 
moins  bonne  que  celle  des  vets  a  foie  ,  couteroit  incomparablement  plus 
cher. 

Qu'on  ne  croie  pas  au  refte  que  tout  ce  que  j'ai  dit  ne  regatde  que  les 
ataignees  d'une  grolleur  commune ;  car  fi  on  vouloit  favoir  ce  que  donnenr 
de  foie  celles  que  Ton  trouve  communement  dans  nos  jardins  &  qui  paroif- 
fent  tres-grolles  ,  on  verroic  qii'il  en  taut  douze  de  celles-ci  pour  avoir 
autant  de  foie  qu'on  en  tire  d'une  des  coques  de  celle  dont  j'ai  parle  ,  &c 
que  i!)8  ne  doniieront  que  le  meme  poids  de  foie  que  fournit  une  feule 
coque  de  vgt  a  foie  .  &  que  par  confequent  a  peine  66 1 551  araignees  pour-, 
roient  faire  une  livre  de  foie. 

On  aura  fins  doute  regret  de  ce  qu'il  nous  refte  fi  pen  d'l  fperance  de  pro- 
fiter  de  cette  ingenieufe  decouvette  :  'au  refte  je  n'ai  fait  mes  experiences 
que  fur  les  araignees  du  pays ,  peut  etre  tireroit-on  parti  de  celles  d'un  autre 
climu.  II  eft  deja  certain  par  le  rapport  des  voyageurs  que  celles  de  I'Ame- 
rique  font  beaucoup  plus  gcodes  que  les  notres  ;  d'ou  il  femble  audi  qu'el« 
les  doivent  faire  de  plus  grolfes  coques  ,  &  i'on  peut  croire  qu'elles  s'ac- 
coutumeroient  a  notre  climat,  pu'ifqueles  vers  a  foie  quoiqu'originaires  des 
psys  eloignes  ,  ont  fi  fort  peuple  en  Europe.. 


o 


Sur  I'InfcBc  des  Liniagons- 

Par    M.     DE     REAUMtJR. 


N  peut  teduire  a  deux  genres  routes  les  efpeces  d'infe<3:es  dont  on  a; 
parle  jufqu'ici ,  auxquels  un  autre  animal  fert  de  monde  :  les  uns  vivenr 
ftir  la  furface  exterieure  du  corps  de  quelque  animal  ,  tels_  font  les  pous. 
que  Ton  voit  fur  les  quadrupedes  ,  fur  les  oifeaux  &  meme  fur  diverfes 
autres  efpeces  d'infeftes  ,  comme  fur  les  mouches  ,  les  ftelcns  ,  les  fcara- 
bees  ,  8rc.  Les  autres  vivent  dans  le  corps  de  quelqu'aurre  animal ,  &  Ton 
peut  ranger  feus  ce  dernier  genre  routes  les  efpeces  de  vers  cue  la  dillec- 
tion  a  fait  decouvrir  dans  ies  corps  des  diverfes  fortes  d'animaux. 

Le  nouvel  infefte  ou  le  pou  que  j'ai  obferve  fur  les  limagons  n'appar- 
tient  proprement  a  aucun  deces  deux  genres  ,  mais  il  tient  i  1  un  &  a  I'au- 
tre  ;  car  tantot  il  habite  la  furface  exterieure  du  collier  du  limacon  ,  tantor 
il  va  fe  cacher  dans  les  inteftins  de  cet  animal.  J'appelle  collier  du  limagon 
cette  panic  epailTe  qui  entoure  fon  cou  (^) ,  c'eft  prefque  la  feule  que  Ton 
appercoive  lorfque  le  limacon  a  retire  dans  fa  coquille  &  fa  tete  &  fon 
empatement.  L'extremite  de  cet  empatement  replie,  forme  alors  une  ef- 

ia'  Swammerdam  la  nomme  le  limhe.  V.  CoIIec.  Acad.  torn.  V  de  la  Part.  Etrane. 
&  le  fccond  de  I'Hift.  Nat.  fdpar^e,  pag.  ^7  &  fuiv. 

Ce  nom  de  liinbe  me  femble  mieux  choifi,  &  prcfente  une  idee  plus  jufte  que  ce- 
lui  de  collier,  puifquc  la  partie  dont  il  s'agit  borde  conftamment  le  contour  de  I'o- 
xifice  de  la  coquille,  &  que  fi  clle  entoure  quelquefois  le  cou  ce  n'eft  que  par  accident, 
de  meme  qu'cUe  entoure  quelquefois  les  patties  fupaieurcs  ou  infcrieures^au  cou  j  le  plus 
fouvem  meme  elk  n'entoute  rien  du  tout. 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  317 

pece  de  triangle  nu  milieu  dc  la  coquille  ,  c'eft  a-dire  ,  au  milieu  du  limbe  ■  ■— 

ou  collier  done  elle   eit  bordce.  Celt  fur  la  furface  de  cclimbe  c]ue  Ton  Acad.Royalb 
voir  courir  les  infe(iti;s  ciDiit  je  parlc  :  ilsne  fonr  jamais  plus  aifes  a  obferver    des  Sciences 
que  lorfque  le  liiuagon  ell  ainli  renferme  dans  fa  coquille  ;  quoiqu'on  puilfe        de  Paris. 
aullt  le«  voir  en  d'aurres  circonftances  d'une  maniere  tres-ler,hble  8c  mcme    Annk  1710, 
a  I'oeil  nud  j  mais  on  ne  les  voir  guere  en  repos :  ils  marcht-nt  prefque  conti- 
nuellcment  &  avec  una  extreme   virefle  -,  c e  qui  (emble  Icur  etre  particu- 
lier  ,  c.u  le  mouvemenc  de  ces  fortes  d'infectts  ell  ordinairement  tort  lenr. 

Quelquc  pctits  que  foient  ces  animaux  ,  il  ne  leur  eft  pas  puflible  de 
s'infinuer  entre  la  furface  fupcricure  du  corps  du  lima^oii  &  la  coquille, 
tant  elles  font  txadlement  appliquees  I'une  a  I'autre  j  mais  ils  entrcnt  dans 
les  inteftms  lorfque  le  limacon  ouvre  fon  anus  ,  qui  fe  trouve  ,  comma  on 
fait,  dans  Tepaiifeur  du  collier,  &  le  limacon  ne  fort  guere  de  fa  coquille 
fans  ouvrir  fon  anus;  il  I'ouvre  meme  fouvent  fans  fortir.  Ces  petits  infec- 
tes  rodent  autour,  &  femblent  atttndre  avec  impatience  le  moment  d'y 
rentrer  :  en  etfct  des  qu'il  s'ouvre  on  les  voir  accourir  vers  fon  orifice,  s'y 
enfoncer  en  marchanc  le  lon^  de  fesparois,  &  biencot  on  n'en  voir  plus 
fur  le  collier. 

L'empreffement  qu'onr  ces  infedes  de  penetrer  dans  les  inteftins  da  li- 
macon ,  femble  indiquer  que  c'eft  la  le  fejour  qu'ils  aiment  le  mieux  ;  lorf- 
qu'ils  font  fur  le  collier  ,  on  les  voir  fe  donner  des  mouvemens  continutis  , 
&  peuc-etre  n'y  font  ils  jamais  que  contre  leur  gre ;  mais  le  limn^on  les 
force  a  s'y  retirer  routes  les  fois  qn'il  poufle  au  dehors  it%  excremens  ;  car 
ces  excremens  remplillanr  a-peu  pres  la  capacite  du  tube  inteftinal ,  chalTenc 
dehors  tout  ce  qui  fe  prelente  en  leur  chemin.  Comme  cette  operation 
du  limagon  dure  quelque- terns,  les  infe<Ses  fe  rcpandent  alors  fur  le  lim- 
be ,  &  fouvenr  tandis  qu'ils  le  parcourenr ,  I'anus  fe  referme  ,  de  forte  qu'ils 
font  obliges  d'attendre  une  autre  occafion  pour  y  rentrer. 

On  peut  obferver  rout  ce  que  je  viens  de  dire  fur  les  differenres  efpeces 
de  limacons  ,  principalement  fur  la  grolfe  efpece  des  jardins  :  mais  il  y  en  a 
d'autres  oil  Ton  peut  appercevoir  ces  infedles  jufqu'du  milieu  meme  de 
leurs  inteftins  ;  telle  eft  fur  tout  la  petite  efpece  des  limacons  reprefentce 
(  Ftg.  I.  &  II.  PL  J^) ;  ce  qui  la  caradlerife  eft  un  couvercle  ou  opercule  O 
d'une  matiere  auffi  folide  que  celle  de  la  coquille  ,  par  le  moyen  duquel 
I'animal  fe  renferme  de  tous  cotes  quand  il  veut,  comme  font  les  lima- 
cons de  mer  ;  au  lieu  que  le  limbe  des  limj^ons  terrtftres  eft  ordinai- 
rement decouvert ,  excepte  dans  1  biver  &  dans  certains  terns  fees  ou  ils 
bouchent  I'oiiverture  de  leur  coquille  avec  une  bave  qui  prend  enfortanr 
quelque  confiilance  ;  mais  ce  couvercle  n'eft  jamais  adherent  au  corps  da 
I'animal  ,  comme  celui  dont  je  parle  ,  auquel  il  n'eft  pas  non  plus  compa- 
rable par  fa  folidite.  Si  Ton  caile  la  coquille  d  un  de  ces  petirs  limacons 
autour  de  I'endroit  marque  E  Fig  I ,  on  appercoit  ces  inceftis,  C  Fig.  II 
dans  le  corps  meme  du  limacon  a  travers  fa  peau  qui  eft  tranfparente  ,  & 
on  les  y  dlftingue  aifemenc  ,  foit  qu'ils  courenc  ou  qu'ils  demeurenc  en  re- 
pos. 

On  trouve  ces  infe dies  fur  routes  les  efpeces  de  limacons  ,  mais  non  pas 
en  tout  terns  egalement ;  on  en  dccouvre  rarement  pendant  les  terns  plit' 


3i8  COLLECTION 

vieux,il  faut  les  chercher  apres  une  fechereflle  :apparemment  que  cette 
Acad.Rjovale  temperature  eft  propre  d  faire  edore  ces  infedes  ,  ou  peut-etre  a  en  em- 

EEs  Sciences     pecher  la  deftriidion.  Loifque  la  terre  elt  fort  humide  le  corps  du  lima- 
DE  Paris.        ron  eft  abreuve  d  une  grande  quantite  d'eau  qui  s^echappe  enfuue  beau- 

Annci  1710.  cotip  plus  vifqueufe  au  travers  du  collier  &  de  rempatement  ,  fur  lef- 
quels  elle  forme  des  gouttes  de  liqueur  dont  cliacune  peut  fuffire  pour 
faire  perir  nombre  de  ces  infedes,  non  pas  en  les  fubmergeant  ,  puifque 
c'eft  pour  eux  une  malFe  folide ,  tnais  en  les  accablant  de  fon  poids  , 
iorfque  les  mouvemens  du  limagon  font  couler  une  de  ces  gouttes  d'un 
lieu  a  un  autre. 

Quoi  qu'il  en  foit  je  me  fuis  afTure  par  I'experlence  fuivante  repetee 
nombre  de  fois  ,  que  la  fecherelfe  favorife  la  formation  de  ces  infedljs. 
Ayant  amafle  des  limacons  dans  des  terns  liumides  ,  &:  apres  un  exaineu 
exaft  ,  n'ayant  pu  decouvrir  chez  eux  aucun  de  ces  infedtes  ,  je  les  met- 
tois  dans  des  vafes  ou  ils  ne  pouvoient  reparer  la  perte  de  I'humeur  aqueufe 
qui  s'evapore  continuellement.  Au  bout  de  quelque  terns  je  regardois  de 
nouveau  Ics  iiiemes  limacons,  &  j'y  trouvois  toujours  plufieurs  de  cesin- 
fedtes  ;  j'en  ai  quelquefois  compte  plus  de  vingt  fur  le  nicme  animal.  Au- 
refte  je  ne  puis  determiner  precilement  le  terns  neceiFaire  pour  y  en  trou- 
ver  :  j'en  ai  quelquefois  vu  au  bout  de  cinq  ou  fix  jours  j  mais  je  n'ai 
jamais  garde  les  limacons  trois  femaines  fans  qu'ilsen  euffent  une  grande 
quandce. 

On  ne  voir  guere  ces  infedes  fur  la  coquille  du  lima^on  ,  &  fi  on  les 
y  fait  aller  par  force,  ils  regagnenc  bien  vite  le  collier  des  qu'ils  en  one 
la  liberte. 

Ces  infedtes  paroifTent  communement  a  la  vue  fimple  d'une  couleur 
tres-blanclie,  cependant  les  plus  gros  font  quelquefois  d'un  blanc  fale, 
quelquefois  d'un  blanc  legerement  teint  de  rouge.  Il  faut  un  bon  mi- 
crofcopepour  appercevoir  nettement  leurs  diffcrentes  parties,  telles  qu'elles 
font  reprefentees  ici  :  dans  la  Fi^urt  III ,  I'infede  el'c  un  pen  par  delFus, 
&  par  delfous  dans  la  Figure  VI.  Dans  I'une  &  I'autre  on  voit  la  trompe  T  , 
laquelle  cependant  ne  parolt  qu'en  partie  dans  la  Figure  III ,  ou  Ion  voic 
comment  elle  fe  recoube  en  dllous.  L'lnfedle  s'en  ferr  apparemment 
pour  fucer  le  lima5on.  Cette  trompe  eft  placee  au  milieu  de  deux  petites 
cornes  CC  tres- mobiles  ,  non  feukment  de  haut  en  bas  &  de  droite  3 
gauche  ,  comme  cellos  de  la  plupart  des  infedes  ,  mais  encore  en  elles-mc- 
nies  &  de  dehors  en  dedans,  s'allongeanc  &  s'accourcilfant  comme  celles 
des  limacons.  Aulii  arrive  t  il  fouvent  qu  on  voit  ce  petit  animal  fans  ap- 
p;tcevoir  fes  cornes. 

Son  corps  eft  divife  en  fix  anneaux  ,  outre  la  partie  anterieure  a  laquelle 
font  jointes  la  trompe  &  les  cornes  ;  il  a  quacie  jambes  de  chaque  cote  : 
les  deux  premieres  paires  font  articulees  a  la  partie  anterieure  ,  &  les  deux 
aucres  au  premier  anneau ,  efpacees  entr'elles  comirie  dans  la  figure.  Ces 
jambes  font  garnies  de  grands  poils;  ellcs  paroitTent  terminces  par  trois  ou 
quatre  polnres ,  a-peu-prcs  comnie  le  feroient  les  jambes  des  diverfes  efpe- 
ces  de  fcarabees  auxqucls  on  auroit  otc  la  dernierc  articulation  qui  eft 
terminee  par  4eux  petits  crochsts.  Leurdoseft  eleve,  par  rapport  aux  c6- 


i 


A  C  A  D  fe  M  1  Q  U  E.  319 

teS ,  mais  arrondi ;  les  cotes  le  font  aufTi  •,  ils  one  cliacun  trois  ovi  quaire 


grands   polls.  L'anus  eft  aufll  entoure  de  quaere  ou  cinq  polls  de  pareille  Acad.  Royaie 

D£s  Sciences 

DE    I'ARIS. 

AiinL  171a. 


longueur,  mais  on  n'en  voit  point  fur  le  ventre.  des  Sciences 

DE    I'ARIS. 


Oi 


Sur  un  Infccle. 


'N  volt  avec  furprife  qu'un  petit  corps  afTez  exa£temenc  ovale  ,  &  done 
le  grand  diametre  qui  eft  d'une  llgne  &  plus,  eft  au  petit  comme  3  a  1  ,  qui 
a  une  futtace  fort  polic  dj  coulcur  de  caftc  rotl  ,  avec  une  petite  bande  de 
gris  perle  au  milieu  .  &  qui  fur  ces  apparences  ne  dolt  guere  ctre  pris  pour 
tin  animal,  mais  tout  au  plus  pour  un  ceuf,  ne  falle  cependant  que  fau- 
tiller  dans  un  jardin  en  s'clevant  d'un  demipouce,  &  s'elanqant  quelque- 
fois  jufqu'a  deux  :  quand  on  le  veut  faire  fauter  ,  on  n'a  qu'a  I'expofer  au 
folell ,  ou  le  mectre  lur  la  main  lorfqu'eiie  eft  chaude.  M.  Carre  a  qui  cette 
obfervation  eft  due  ,  ouvrit  la  coque  d'un  de  ces  petits  corps  ;  elle  eft 
epaifle  &  folide  par  rapport  a  leur  grofteur ,  &  il  taut  qu'elle  le  foit  pour 
rcTifter  a  leurs  fauts  \  elle  renferme  un  ver  fort  blanc  ,  dont  le  dos  eft  coupe 
d'anneaux  tranfverfaux  &  paralleles  &  le  ventre  fort  plat ,  &  fans  pieds. 
On  appergolt  du  cote  de  la  tete  deux  petlrs  points  noirs.  Comme  la  figure 
de  fon  ventre  empCche  qu'il  ne  rempliire  entierement  fa  coque,  il  a  de 
I'efpace  pour  y  faire  im  faut  en  ramallant  fon  corps,  &  en  le  dcbanJant 
enfuite  promptement  :  c'eft  par  la  qu'il  eleve  fa  malfon  en  I'air;  il  doit 
etre  vigoureux  ,  car  cette  maifon  eft  par  rapport  a  lui  un  grand  polds, 
qu'il  eleve  fort  haut  &  pouffe  fott  loin ,  &  cela  tres  fouvent.  M.  C.  en 
garda  un  deux  mois  dans  une  boitc ,  fans  y  appeicevoir  aurun  change- 
ment;  ainfi  nous  ij;norons  comment  ce  petit  animal  fe  nourrit  &  fe  mui- 
tiplie  dans  cette  coque  fi  bien  fermee  ;  car  quand  m'me  1!  fe  multiplieroic 
a  la  maniere  des  moales,  comment  fes  ceufs  fortiroient-ils  ?  [a) 


o 


Sur   la  Lacquc. 


Ndonnecenom  a  plufi-urs  efpeces  de  pates  feches  dont  les  Peintres 
fe  fervent  :  mais  ce  qu'on  appelle  plus  proprement  lacque,  eft  une  gomme 
ou  refine  rouge  ,  dure  ,  claire ,  tranfparente  ,  fragile  ,  qui  vienr  du  Mala- 
bar ,  du  Beng.ile  ,  &  du  I'egu. 

Selon  les  Memoires  du  P.  Tachard  ,  de  petites  fourmis  ronffes  s'atra- 
chent  a  dilFerens  arbres ,  &  laident  fur  leurs  branches  une  humidite  rouge 
qui  fe  durcir  d'abordal'air  par  fa  fuperficie ,  &  enfuite  dans  toute  fa  fub- 
ftance  en  5  a  6  jours.  Cn  pourroit  croire  que  ce  n'eft  pas  une  produillon 
des  fourmis ,  mais  un  fuc  qu'elles  tirent  de  TarLne  en  y  faifant  de  petites 

(.-:)  Pour  peu  que  Ton  connoiffe  les  Hiverfes  transformations ,  on  plutot  Ics  d^Tc- 
loppcmcns  fucccfifs  Hcs  infcftcs ,  on  fe  pcrfuadcra  facilcment  que  cct  infcdc  dans  la  co- 
que n'ctoit  pas  dnns  fon  dernier  iftat ;  &  fi  on  I'euc  gardiS  plus  long-tems,  on  auroic  VO 
fous  qutUc  foriue  &  comment  il  fe  rcproduit. 


jic  COLLECTION 

m--^^^^^^^  incifions ;  &  en  effet ,  fi  on  pique  les  branches  proche  de  la  laique  il  en 

A  r,  fort  line  nomme  ,  mils  il  eft  vrai  aulli  que  certe  eomme  eft  d'une  nature 

Acad  Royale    .  ^.         *j    i    i  ,       c         ■    i  -.r       j    n  o  i 

DES  Sciences     aifterente  de  la  lacque.  Les  rourmis  le  nourrillent  de  Heurs;  &  comnie  les 

DE  Paris.        fleurs  des  monta^nes  font  plus  belles  &  vienntnt  mieiix  que  celles  du  bord 

Annii  1710.     ^^  '■^  mer ,  les  tourmis  qiii  vivenr  fur  les  montagnes  font  celles  qui  font 

la  plus  belle  lacque  ,  &  du   plus  beau  rouge.  Ces  lourmis  font  comme  des 

abeiUes  dont  la  lacque  eft  le  miel  :  elles  ne  travaillenc  que  huir  mois  de 

I'annee  ,&  le  refte  du  terns  elles  ne  font  rien  a  caufe  des  pluics  cuntinuelles 

&  tres-abondances. 

Pour  preparer  la  lacque  ,  on  la  fepare  d'abord  des  branches  011  elle  eft 
attachce;  on  la  pile  dins  un  mortier,  on  la  jstte  dans  I'eau  bouillance,  & 
quand  I'eau  eft  bien  teinte,  on  en  remet  d'autre  jufqu'.i  ce  qu'elle  ne  fe 
teigne  plus.  On  fait  evaporer  au  foleil  une  partie  de  i'eau  qui  contienc 
cette  teinture,  aprcs  quoi  on  met  la  teinture  epai (lie  dans  un  linge  clair^on 
I'approche  du  feu,  Sc  on  Texprime  autraversdu  linge  :  celle  qui  palFe  la 
premiere  eft  en  gouttes  tranfparentes ,  &  c'eft  la  plus  belle  lacque  ;  celle 
qui  fort  enfuice  &i  par  une  plus  forte  expreflion  ,  ou  qu'on  eft  oblige  de 
racier  de  delfus  le  linge  avec  un  couteau  ,  eft  plus  brune  &  d'un  moindre 
prix. 

Ces  faits  rapportes  dans  I'Academie  firenr  naitre  a  M.  Lemery  la  pen- 
fee  d'examiner  (1  la  lacque  etoit  une  gomme  ou  une  refine,  Ces  deux  mix- 
tes  ,  quoiqu'alTez  femblables ,  dirferent  en  ce  que  le  foufre  domine  dans 
les  telines  &c  le  fcl  cu  I'eau  dans  les  gommes.  Il  trouva  que  I'huile  d'olive 
ne  dilfolvoit  point  la  lacque  ,  &  n'en  tiroit  aucune  teinture  ;  que  I'huile 
etheree  &  de  thetebentine  Sc  I'efprit  de  vin  n'en  ciroient  qu'une  legere 
teinture  rouge  \  ce  qui  fait  voir  que  la  lacque  n'eft  pas  fort  refineufe,  & 
n'abonde  pas  en  foufre  :  que  d'ailleurs  une  liqueur  un  peu  acide  ,  comme 
I'eau  alumineufe  ,  en  tiroit  une  teinture  plus  forte,  quoiqu'elle  n'en  fit 
qu'une  dilfolution  fort  legere  ,  &:  que  I'huile  de  tartre  y  failoir  alTez  d'ef- 
fet;  ce  qui  marque  qu'elle  a  quelques  parties  falines;  qu'elle  eft  impar- 
faitement  gommeufe  ,  Sc  que  par  confequent  c'eft  un  mixte  moyen  en- 
tre  la  refine  8c  la  gomme. 

11  eft  a  remarquer  que  les  liqueurs  acides  foibles  tiroient  quelque  tein- 
ture de  la  lacque,  6i  que  les  fortes  comme  I'efprit  de  nitre  &  I'elprit  de 
vitriol ,  n'en  tiroient  aucune  :  cependant  la  licque  qui  ne  leur  donnoit 
point  de  couleur  ,  y  perdoit  la  fienne  en  partie  ,  &  devenoit  d'un  jaune 
pale.  La  Phyfique  eft  trop  compliquee  pour  nous  permettre  de  prevoir 
surement  3"—"  offet  par  le  feul  raifonnem' 


Obfervaf 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  J2I 


•  /'in'  J    p      r        1  ACAD.ROYALE 

Ohjcrvations  Jur  Ic  Be:^oard  &  Jur  Us  autres  maticres  que  en    des  Sciences 

approchcnt,  ^^  Paris. 

Annci  I J 10, 
Par    M.    G  EOF  FRO  I    le    jeune. 

V^  N  donne  ordinairemenc  le  noni  de  bczoard  a  des  efpeces  de  pierres 
qui  fe  troiivent  dans  le  corps  de  certains  animaux.  Ce  nom  derive  ,  felon 
quelques  auteuis  ,  du  mot  Perfan  Pa^a,  ou  Pa^an  qui  veut  dire  Bouc^ 
ou  bien  felon  d'autres  du  mot  hebreu  ou  caldcen  Bcluinard  qui  fignifie 
Contre-venin.  ^ 

Les  premieres  pierres  connues  fous  le  nom  de  bczoard  ,  ont  etc  appor- 
tces  d'Orient.  Depuis  la  decouverte  de  I'Amerique  il  en  eft  venu  de  cette 
region  qui  ctant  a-peu-prcs  femblables  aux  premieres  pout  la  Ibudture  &C 
pour  les  vertus  ,  ont  auffirequ  le  nieme  nom  j  mais  pour  diftinguer  ces 
deux  bczoards ,  on  appelle  Oriental  celui  qui  nous  vient  du  Levant  ,  & 
bczoiird  Occid-.ntal  celui  qui  fe  tire  d'Amerique.  Il  y  a  encore  d'autres 
fubftances  pierreufes  tirees  des  animaux,  &  difpofees  par  couches,  qui 
ont  ete  nommees  bczoard  en  leur  confervant  le  nom  de  I'animal  dont  oa 
les  tiroit  ,  tels  (ont  le  bczoard  de  fmge  ,  &  le  bczoard  de  cayman.  Quel- 
ques-uns,  prenant  le  nom  de  bezoard  dans  la  fignification  de  contre- 
venin  ,  1  ont  applique  indifFeremment  a  routes  les  matieres  qui  pouvoient 
avoir  cette  vertu  ,  &c  meme  a  des  coinpofitions  de  chymie ,  comme  le 
bezoard  mineral  ,  &  le  bezoard  jovial.  D'autres  oi  t  appelle  bezoard  ani- 
mal la  pou;ire  du  cccur ,  S<.  du  loie  de  viperes :  enfin  on  a  donne  le  nom 
de  bizoardou  de  bezaordique  ,  a  certaines  poudres  ou  pierres  artifi-ielies, 
dans  lefquelles  on  fait  entrer  du  bczoard  ;  relies  font  les  diifircntcs  pou- 
dres bczoardiques,  la  poudre  de  la  comtelTe  de  Kent ,  les  pierres  formees 
de  cette  pou  Ire  &  de  la  pierre  de  Goa. 

Comme  le  bezoard  eft  difpofe  par  couches  ,  on  a  encore  donne  ce'nom  a 
une  efpece  de  pierre  fignree  de  la  mcme  inaniere,  que  Ton  trouve  dans 
la  tevre  en  diffcrens  endroits  d'Amerique,  &  a  laquelle  on  actribue  aiilli 
les  nitmes  vertus.  Il  fe  trouve  de  ces  bezoards  faciles  en  Italie  ,  en  Sicile 
S<  mcme  en  quelques  endroits  de  la  France  ,  fur-tout  en  Languedoc. 

Voila  en  general  les  difFerentes  matieres  que  nous  connoiflons  fous  le 
nom  de  bezoard  ;  mais  a  proprement  parler ,  le  bczoard  eft  une  fuLftance 
pierreufe  tiree  de  quelque  animal  ,  compofee  de  plufieurs  couches  ou  cnve- 
loppes,  comme  les  oignons,  &  qui  a  quelque  venu  pout  relifter  au  venin. 
Les  dtux  principals  efpeces  font  comme  nous  avonsdit,  I'Oriental  & 
I'Occidental.  Nous  ne  demclons  pas  bien  qui  font  les  animaux  qui  les 
ptoduitent ,  parce  qu'on  pent  avoit  dit  de  tous  les  deux  ce  qui  neconvient 
qu'a  un  feul.  Nous  fivons  en  general  que  cette  pierre  fe  trouve  dans  I'efto- 
niac  d'une  efpece  de  chevre  fauvage  qui  broute  des  piantes  aromatiques. 
S'il  en  faut  croire  Tavernier ,  il  s'cn  trouve  plufieurs  dans  le  mcme  animal , 
ce  qu'on  peut  connoitre  au  toucher.  Ces  pierres  font  de  groffeur  &  de 
figure  difFerentes  j    les    unes   ont  la  figure  d'un  rdn ,  ou  d'une  fafeole  j 

Tome  III ,  Panic  fran^oifi,  S  i 


%ii 


COLLECTION 


Acad.  RoYALE 

BES  Sciences 

DB  Paris. 

Anriee  1710. 


d'autres  font  rondes  ou  oblongues ,  ou  de  figure  irregullere.  Chaque  pierre  eft 
compofee  de  plufieurs  lames,  &  d'une  matiere  verdatre  ou  olivatre ,  ta- 
chetees  de  blancdans  leut  epailFeur.  Ces  lames  font  attachees  les  unes  aux 
autres ,  enforte  qu'en  les  rompant  on  obfetve  diverfes  couches  de  matiere 
de  difFerentes  epailTeurs  ,  &  quelquefois  de  difFerentiS  couleurs.  Il  fe 
trouve  meme  en  callant  ces  pterres,  des  lames  qui  s'eclatent  &  fe  lepa- 
rent  net  les  unes  des  autres  :  la  meme  chofe  atrive  lorfqu'on  les  chaufFe 
un  peu  vivement.  Le  milieu,  ou  le  centre  de  cette  pierre,  eft  pour  I'ordi- 
naire  occupe  par  une  maffe  dure,  graveleufe  ,  &  alTez  unie  :  les  couches 
bezoardiques  qui  couvrent  ce  noyau,  s'ecrafent  fous  la  dent  alTez  facile- 
inent  &  s"y  attachent  comme  une  matiere  legerement  glutineufe  j  elles 
teignent  un  peu  laAlive. 

J'en  ai  brule,  elles  s'enflamment  aifement  ,  &  paroiflTent  contenir  du 
fel  volatil  ,  6c  de  I  huile.  Le  refidu  a  du  rapport  au  Caput  mortuum  qui 
reftedansla  cornue  aprcs  la  diftillation  des  matieres  animales.  Ces  pierres 
font  fort  polits  exterieurement  ,  mais  quelquefois  un  peu  rudes,&gre- 
nues  comme  du  chagrin  dans  certains  contours.  Elles  font  affez  tendreSy 
&c  teignent  en  couleur  jaune ,  verdatre ,  ou  olivatre ,  le  papier  frotte  de 
craie  ,  de  cerufe  ,  ou  de  chaux  ,  quand  on  le  palTe  delTus  un  peu  rudement , 
patce  qu'elles  s'ufent,  &  laillent  de  leurs  parties,  fur  la  craie  ,  lactrufe  ,011 
la  chaux.  J'ai  fait  tremper  a  froid  deux  de  ces  pierres  ,  I'une  dans  I'eau  ,  & 
I'autre  dans  I'efprit  de  vin  pendant  11  heures  ,  fans  qu'elles  aient  paru  alte- 
lees.  J'ailaiffe  dans  I'eau  pendant  quelques  jours  la  meme  pierre  ,  il  ne  s'ea 
eft  dctache  que  ties-peu  de  chofe  ,  &  leau  n'en  a  ete  que  legerement  trou- 
blee  ,  cependant  I'eau  &  I'efprit  de  vin  les  avoienc  penetrees  routes  deux. 

Dans  le  grand  nombte  de  pierres  de  bezoard  que  j'ai  ouvertes ,  j'en  a! 
trouve  beaucoiip  qui  avoient  dans  leur  milieu  ,  comme  le  rapportent  quel- 
<]ues  autears  ,  des  pailles  ,  du  poil  ,  des  marcaflites  ,  des  cailloux ,  des  ma- 
tiercs  graveleufes  ,  unies  enfemble  ,  &  aufli  dures  que  la  pierre  :  j'y  ai  auffi 
trouve  du  talc  ,  du  bois  ,  des  noyaux  prefque  femblables  a  ceux  de  cerifes  , 
des  noyaux  de  myrobolans ,  des  quartiers  de  quelques  autres  noyaux  ;  &c 
enfin  des  efpeces  de  noyaux  de  calTe  ,  &  des  fafeoles  renfermees  dans  une 
Tunique  ou  membrane  exterieure,  durcie  par  la  matiere  qui  a  forme  le 
bezoard  ,  la  membrane  propre  s'etanc  retiree  &  fechee  apres  avoir  etc  gon- 
fiee.  Dans  d'autres  pierres  ,  la  premiere  enveloppe  de  la  fafeole  etantcon- 
fumee  ,  les  pierres  en  leur  entier  fonnoient  comme  des  pierres  d'aigle.  J'ai 
effayede  piquer  ces  pierres  avec  une  aiguille  rougie  yu  feu  pour  voir  fi  elles 
etoient  contrefaites  ,  cette  aiguille  n'y  a  pu  entrer  ,  ?<  a  feulement  bruni 
I'endroit  ou  elle  a  eteappliquee  ;  ce  que  les  auteurs  propofent  comme  une 
des  principales  marques  a quoi  Ton  petit  connoirre  le  bon  bezoard,  croyant 
au  contraire  qu'on  doit  rejetter  ceux  oij  I'on  trouve  de  ces  fafeoles  qu'ils 
regard  nt  comme  un  indice  de  falfificarion. 

lis  veulent  done  qu'on  choifilFe  le  bezoatd  en  pierres  de  moyenne  grof- 
feur,&  de  couleur  brune;  que  ces  pierres  donnent  a  la  chaux  viye  ,  une 
teinte  de  jaune  &  a  la  craie  une  teinte  de  verd;  qu'elles  ne  fe  didolvenc 
point  dans  I'eau  ,  &  que  lorfqu'on  les  perce  d'unfer  rouge  ,  il  ne  s'cleve 
point  de  bulks  autour,  ce  qui  deceleroit  le  melange  de  quelques  refines. 


A  C  A  D  ^  M  I  Q  U  F-  jij 

11  faut  encore  que  ks  Limes  en  foient  fines  ,  difpofces  par  couches  ,  &     '■         i  ■  — — u 
que  ces  pierres  aient  etc  circes  des  animaux  qui  vivenc  fur  les  monraf^nes  ,  Ac  ■kn.  'I,)  ,-ale 
tels  que  lone  ceux  de  I'erfe.  Au-refte  il  me  parojc  aflez  difficile  de  contre-     DE5  Sciences 
fair.-  L-  bczoard  ,  Si  pour  peu  qu'on  en  ait  employe,  on  s'appercevra  a  la      ^^  Paris. 
fimpli  vue  do  la  concrefacliion  aufli-bien  qu'I  tcs  cpreuves  ^  car  le  bczoard   A/inU  1710, 
pjurroic  ctre  contretait  avec  du  placre ,  ou  avec  quelque  matiere  fcmbla- 
ble,  de  maniere  qu'il  les  foutiendroit  routes,  qu'il  ne  changeroit  ,  ni  au 
feu  ,  ni  al'-iau  ,  &  qu'il  pourroir  colorer  la  chaux  de  la  teinture  qu'on  lai 
auruic  diinnce.  Enfin  il  n'cll  pas  a  croire  qu'on  allat  chercher  can:  de  dif- 
ferentcs  ni^tieres  pour  fcrvir  de  noyau  a  cecte  compofition. 

Je  croisdoncau  concraire  que  ces  matieres  rentotmees  dansle  bezoard  , 
peuvent  nous  mettre  fur  la  voie  de  fa  formation.  Tavernier  dit  que  ces 
pierres  fe  forment  aurour  de  petits  boutons  ,  ou  autout  des  f;nimites  des 
petitcs  branches  d'une  pl'.nte.  Ces  boutons  de  Tavernier  peuvent  oter  les 
faleoles  dont  parle  Monard  ,  &:  que  j'ai  obfervees.  Ces  co  ps  folides  & 
indigents  reftes  dans  I'eftomac  de  I'animal,  peuvent  en  irriterles  glandes 
dont  li  limpiie  epaillie  avec  le  levain  de  I'eftomac  encore  charge  du  fuc 
des  plantes  aromatiques  ,  aura  pu  former  ces  couches  polies ,  unies  & 
exaiftt-mint  liees  que  I'arr  auroit  bien  de  la  peine  aimiter.  Je  vois  meme 
aue  quelque  foit  la  matiere  renfermee  au  centre  de  cette  pierre,  les  cou- 
ches qui  I'enveloppent  font  fi  regulieres  qu'exterieuremi-nt  la  pierre  a  la 
figure  du  corps  qui  lui  fert  de  noyau. 

Si  par  example  il  s'y  rencontre  une  paille  ,  la  pierre  fera  longue  \  fi  c'eft 
im  caillou,  elle  en  gardera  la  figure  ;    fi   c'cft  une   fafeole ,  on  y   r.niar- 
quera  exierieurep.ieut  la  radicule,  &  une  raie  qui  lepare  fort  diftln£le- 
ment  les  deux  lobes  de  la  fafeole.   Enfin  on  juge  a  la  forme  &  a  la  pefan- 
teur  ce  qu'elles  peuvent  contenir  ;  &  comme  dans  le  choix  d'une  matiere 
auffi  chere  que  le  bezoard  ,  on  n'a  pas  la  liberie  de  tout  ouvrir  .  apres  s'ctre 
alTuie    dun  certain  nombre  ds  pierres  des  plus  douteufes  fur  lelquelles 
on  aura  elfaye  les  experiences   precedentes  j  il  faudra  s'en  rapporter  a  la 
viie ,  &:  au  toucher.  On  pretere  les  pierres  dont  la  couieur  n'eft  ni  trop 
pile  ,  ni  trop   foncee  \  on   recherche   aufll   la   EnefTe  du  grain  ,  le  poll , 
&  un  tilTu  ferre  ,  enforte  que  les  lames  ne  s'elevent  point  trop  aifement  les 
unes  ue  delFus  les  autrus  :  il'  faut  encore  ohf-  rver  qu'elles  aient  une  figure 
rcguliere  ,  comme  celle  d'un  rein,  d'un  cEuf  d'oifeau  ,    ou  quelqu'autre 
approchante  :  enfin  la  pefanteur  ou  la  iegerete  du  bezoard  indiquent  les  ma- 
tieres qu'il  pent  contenir.    Si   par  txtmple   la  pier  e  eft  pefante,  la  bafe 
en  fera   un  caillou  ,  ou   quelqu'autre    lorte   de  matiere  qui  en   occupera 
la  plus  grande  partie  ;   (\  au  contraire  la  pierre  eft  Icgere  ,  elle  fera  creufii 
interieurement ,  ou  ne  renfermera  que  quelque  matiere  legere  comme  du 
poll,  ou  quelques-unes  des   fubftances  ve^etales  dont  j'ai  parle.  Les  pierres 
qui  donneront  quelque  fon ,  indiqueront  un  fruit  qui  s'etant  delTcche  , 
occupe  inoins    de   volume  ,  quelquefois  meme  il  eft  pourri  ou  reduit   en 
une  poudiere  que  queLjues  autcurs  eftimsnt  fort. 

J'ai  encore  oblerwe  que  lorfque  les  bezo.irds  font  formes  en  maniere 
dc  reins ,  &:  qu'ils  font  legers  &:  fonnans.c'cft  orJinairement  une  fafeole 
flui  en  occupe  le  milieu.  Il  s'en  eft  ttouve  d  autces  qui  ctoient  legers ,  de 

Siij 


124  COLLECTION 

■II  — —  figure  ronde  ,  un  peu  applatis :  ces  pierres  contenoient  un  fruit  rond  8i 

Acad.  Royale  plat .  a  peu-pres  de  la  figure  d'uu  noyau  de  cafle  :  au-refte  quand  meme  ces 

DES  Sciences     pierres  renfermeroien:  un  noyau  ligneux  ,  comme  il  s'en  eft  trouve  ,  ou 

DE  Paris.       meme  des  morceaiix  de  bois ,   la  Icgerete  doic  coujoiirs   les  faire  preferer 

:Annee  1710.     a  ceux  qui  renfermenc  des  cailloux  ,  &  qui  f;ront  beaucoup   plus  pefans  , 

pourvu  cependaiic  que  les  matieres  bezoardiques  foutiennent  les  autres 

epreuves. 

Pour  I'ufage  ordinaire  qu'on  en  fait  en  medecine  ,  route  la  preparation 
que  Ton  donne  au  bezoard  ,  c'eft  de  le  rcduire  en  poudre  fine,  foic  pour 
le  prendre  en  lubftance ,  foir  pour  le  faire  entrer  dans  quelques  cornpofi- 
tions  ,  obfervanc  fealement  de  ne  pulverifer  que  ce  qu'il  y  a  de  bczoardi- 
que  ,  &  di  feparer  routes  les  matieres  etrangeres  qui  fe  pourront  trouver 
dans  le  ccEur  du  bezoard,  fur-tout  lorfqu'il  s'y  rencontre  des  cailloux, 
ou  d'autrcs  fubftances  q\ii  n'ont  aucune  des  vertus  du  bezoard. 

Les  fentimens  me  paroilfent  fort  partagcs  fur  I'animal  qui  porte  le  bezoard 
Oriental,  &  fur  celui  qui  porte  le  bezoard  Occidental  :  il  paroit  que 
rOriental  qui  nous  tft  apporte  d'Egypte  ,  de  Perfe,  des  Indes,  &  de  la 
Chine,  eft  produit  par  une  efpece  de  bouc  que  les  Perfans  nomment  Pa- 
^an,  ou  par  une  chevre  fauvage  plus  grande  que  I'ordinaire  ,  agile  comme 
!e  cerf ,  &  qui  a  des  cornes  renverfees  fur  le  dos ,  d'ou  Clufius  la  nomme 
Caprkerva. 

Celui  qui  eft  apporte  d'Amcrique  ,  eft  produit  par  une  efpece  de  chevre 
qui  n'tft  point,  ou  qui  n'eft  que  tres  peu  differente  de  I'autre  ,  a  I'excep- 
tion  des  cornes.   (1) 

Les  differens  fentimens  des  auteurs ,  fur  le  nom  ,  fur  la  figure  de  cet  ani- 
mal ,  m.>  fontcroire  qu'il  peut  y  avoir  pltifieurs  efpeces  d'anunaux  dans  lef- 
quels  on  trouve  de  ces  pierres ,  &  que  cliacun  aura  decrit  celui  qu'il  aura 
vu.  Cette  meme  raifon  peut  fervir  a  prouver  la  caufe  des  difterentes  cou- 
leurs  du  bezoard. 

Le  bezoard  Occidental  eft  facile  a  diftinguer  a  fa  couleur  plus  pale  ;  il  eft 
quelquefois  gris-blanc  ,  &  roujours  engendrc  fur  des  matieres  etrangeres 
comme  le  bezoard  Orient.-il.  Les  lames  en  font  quelquefois  plus  cpailles, 
&  ftriees  dar.s  leur  epailTeur. 

Les  bezoards  foftiL-s  font  des  efpeces  de  pierres  formees  par  couches  , 
ayamla  figure  du  bezoard  animal  :  ils  out  ordinairement  une  couleur  grife 
blanchatre  ,  les  couihes  en  font  alTez  minces  ,  ils  n'ont  point  d'odeur  ,  SC 
s'emploient  dans  les  niemes  maladies  011  Ton  emploie  les  autres  bezoards. 
L'Amerique  ,  comme  je  I'ai  deja  dit  ,  nous  fournit  beaucoup  de  ces  be- 
zoards ,   aufli-bien  que  I'ltalie ,  &  plufieurs  endroits  de  France. 

Ceux  qui  ont  rraite  du  bezo.ird  ,  &  entr'autres  Gafpard  Bauhin  ,  ont  com- 
pris  fous  ce  nom  bien  des  matieres  qui  n'y  ont  nul  rapport ,  ce  qui  ne  peut 
apporter  que  de  la  confufion  dans  i'Hiftoire  Naturelle.  Si  Ton  vouloit  done 
rancrer  dans  un  ordce  convenable  ,  tout  ce  qui  peut  participer  au  nom  de 

(a)  Les  bczcards  du  Perou  fe  trouvent  dans  I'eftomac  des  lamas  &  pacos  fauvage-;., 
&  ceux'de  la  Nouvelle  Efpasine  ,  dans  I'eftomac  d'une  efpece  de  cerfs.  Touces  les  gazelles 
Scchevres  fauvagesquijiabicent  ks  roontagnesd'Afie,  donnen^le  bezoard  orientaj. 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  515 

bezoard  ,  je  crois  qu'il  feroic  d  propos  d'en  faire  ici  cinq  claHTcs.  ^— 

La   premiere  contiendroit  Ics   veritablts  bczoards   qui  font  I'Oriental  ,  Acad.  Royale 
Sc  I'Occidental,  des  Sciences 

On  mettroitdans  la  feconde,  routes  les  pierres  tirees  des  animaux  qui        "e  1'aris. 
approciient  du  bczoard  par  leur  ftrufture  ,  Ik  par  leur  vertii  ,  commf  lont     Jnn^i  i-io. 
le  bczoard  de  finge  ,  celui  de  cayman  ,  6c  mcme  les  difFerentes  fortes  de  ' 

perles  ,  &  les  yeux  d'ecrevilfes. 

Dans  la  troifieme  ,  les  difFerentes  forces  de  bezoards  fortiles. 

Dans  la  qiiatrieme  clade  ,  les  matieres  figurces  ,  con  me  le  bezoard  fans 
en  avoir  les  vertus  ;  favoir  la  pierre  humaine  tirce  de  la  vedie  ,  celle  dcs 
reins,  celle  de  la  vellicule  du  hel ,  avec  celles  qui  fe  trouven:  dans  la  vtlli- 
cule  du  ficl  des  bccuts  &  des  autres  animaux. 

Dans  la  cinquieme  &c  derniere  ,  les  egagropiles  qui  font  des  efpeces  de 
bouL's  de  difFerentes  figures ,  afl'ez  legcres  ,  formees  par  un  amas  de  poils, 
&C  de  fiSres  des  plances  que  les  animaux  n'ont  pu  digcrer.  Ces  fibres ,  Sc 
ces  poils  s'ourdi(rtnt  de  maniere  qu'ils  ne  forment  plus  qu'un  corps  fembia- 
ble  a  une  boule  de  feutre.  U  s'en  trouve  qui  font  recouvertes  d'un  croute 
bezoardique  fort  mince  :  elles  nailFent  ordinairement  dans  le  premier  ven- 
tricule  de  tons  les  animaux  qui  ruminent ,  on  dans  I'eftomac  de  ccux  qui 
ne  ruminent  point ;  tels  ion:  la  pierce  du  pore-epic  fauvage  ,  &:  les  autres 
boules  de  poils  trouvees  dans  les  chevres  j  dans  les  ba-ufs ,  dans  les  vachcs  , 
&  dans  d'aurrts  animaux. 


Suitc^dcs  obfervations  fur  les  Be:^oards  5*  autres  fub fiances  de. 
meme  genre,  avcc  quelques  partkularitis  touchant  le  coquil- 
lase  nommi  Pine  Marine. 


^c* 


X  L  paroK  fi  elTentiel  au  bezoard  de  contenir  quelque  corps  etranger,  qu'on 
en  trouve  memo  dans  les  bezoards  foflik-s.  Boccone  y  a  obferve  des  noyaux 
de  difFerentes  efpeces  ,  des  cailloux  ,  des  graviers  ,  du  bois  ,  du  metal,  du 
charbon  ,  &c.  J'en  ai  examine  qu'on  nomme  Priapolites  ^  cette  efpece 
croit  en  Languedoc ,  &  M.  Bon  m'en  a  donne  un  done  le  noyau  eft  de 
cryllal  de  roche. 

Entre  les  difFerens  noyaux  qu'on  trouve  dans  les  pierres  du  bezoard  ani- 
mal ,  j  en  ai  remarque  un  qui  me  piroilFoit  alTez  femblable  aux  noyaux 
de  caUe  ou  de  tamarin  ,  mais  plus  petit.  J'ai  cependant  rrouve  depuis  que 
ce  pouvoit  etre  le  fruit  d'une  goulle  que  je  n'avois  pas  encore  vue  pour 
lors  ,  &  qui  approche  de  celui  ile  la  goulFe  de  I'arbre  momme  Acacia  vera 
Egypiiaca.  Cette  gouife  qui  nous  eft  venue  du  Senegal  ,  tft  longuc  de  j 
pouces,  ou  3  pouces  &  demi ,  &  large  de  9  a  10  lignes  :  elle  eft  com- 
pofee  de  deux  membranes  ,  une  exterieure ,  &  une  interieure  :  la  mem- 
brane cxterieure  eft  fort  tendre  ,  de  coulenr  brune  ,  &  attachee  a  Tinte- 
lieure  qui  eft  cartiiaglneufe  &  fort  mince.  La  maricre  qui  les  unit  eft 
gommeufe  ,  de  coulcur  jaunatre  tranfparcnte  ;  e!le  fond  dans  la  bouche  ,  & 
eft  d'un  goiit  fort  acerbe.  Dans  les  plus  longues  goulles  j'ai  trouve  liuic 
graiiies  fcparees  Icj  unej  des  autres  par  une  efpece  4'ccianglement  qui 


iiS  COLLECTION 

.ii..!!    reunit   les  deux  parois    de   la   membrane  :  chaque  cavice  de  ces  goulTeS 

Acad.  RoYALE  '•'oniient  une  graine  places  approchaiue  d'un  lupin  ,  tantoc  exad-cmenr  cir- 

DES  Sciences    culaire,  tantot  un  peu  compnmee  par  I'etranglemenc  de  la  goulle  qui  eft  plus 

DE  Paris.        ftrree  dans  ion  milieu  que  dans  les  deux  extremices,  enforce  que  les  fruits 

^nnec  1710.     ^'^   milieu  de  la  goulfe  font  un  peu  comprimes,  6c  que  ceux  desextte- 

mitcs  font  exadement  ronds. 

Ce  qui   m'a  tait  juger  que  ces  fruits  etoient  ceux  que  j'avois  obferves 
dans  le  bezoard  qui  eft  rond  ,  &  un  peu  applati ,   c'eft  que  je  les  ai  trou- 
ves  avoir   les  msmes  mar(]ues ,  &  entr'autres  une  ligne  blanchatre ,  cir- 
culaire  ,  tracee   lur    chaque  face  du  fruit ,  telle   qu'tlle  paroit  fur  celui 
qu'on  trouve  renferme  dans  le  bezoard.  J'ai  mis  de  ces  fruits  dans  I'eau, 
lis  s'y  font  renfles  a- peu    pres  de  la  meme  maniere  qu'ils  ont  pu  I'eire 
lorfqu'ils  fe  font  trouves  dans  I'eftomac  de  I'animal  ,  ou  ils  ont  commence 
a  s'enduire  de  la  matiere  bezoardique.  La  teinture  que  j'ai  tiree  de  ces  fruits 
ctoit  tres-rouge  ,  &  tres-acerbe  :  j'y  ai  jette  un  peu  de  vitriol ,  elie  a  noirci  : 
on  (e  fert  dans  le  pays  de  ces  fruits  ,  i^  de  leur  goulfe  pour  tanner  les  cuirs. 
De  leur  decodlion  faite  dans  I'eau  ,  on  tire  un  luc  qu'on  cpaiffit ,  &  qu'on 
nous  appotte  fous  le  nom  AqJ'uc  d'  Acacia.  On  pretend  audi  que  c'eft  de  cec 
arbre  d'acacia  que  coule  la  gomme  que  nous  nommerons  Gomme  Arabique  , 
onGommi  du  SinegaLYK    t -il  quelqu'apparence  que   les  contrefadteurs  du 
bezoard  allalTent  chercher  ,  entt'autres  thofes ,  les   fruits  de  I'acacia  pour 
faire  une  des  bafes  de  leur  compoficion  ?   Et  n'eft-il  pas  plus  vraifemblale 
que  ces  fruits  ,  &  quelques  autres  fruits  allringens  qui  fervent  a  la  nourri- 
ture  des  bcftiaux  caufent  dans  I'ellomac  des  aniniaux  qui  en  mangent  le 
plus,  un  epaiffiirtment  de  litpeurs  qui  peut  occafionnet  la  formation  des 
pierre>  de  bezoard. 

Voild  de  quelle  maniere  ces  pierres  naiiTent  dans  I'eftomac  de  I'animal 
qui  ks  porte  ,  &:  s'accroilf.nt  au  point  oti  nous  les  voyons.  Il  s'en  peut 
trou/er  p'ufieurs  dans  le  ventricule  dun  feul  animal.  Tavernier  dit  foraiel- 
lement  que  fix  de  ces  chevres  dont  on  lui  fit  prefenr  avoieiu  en  tout  dix- 
fept  bezoards  ,  qu'on  pouvoit  les  tacer  par  dehors,  &  les  compter  ,  &  qn'ils 
augmencoient  le  prix  de  I'animal  a  proportion  de  leur  nonibre.  Cela  cadre 
pnrfaitemenc  avec  ce  que  rapporte  Clufius  de  I'animal  qui  porte  le  bezoard 
Occidental  :  il  dit  qu'un  ami  qu'il  avoir  au  I'erou,  &  qui  le  premier  avoir 
fait  la  decouverte  du  bezoard  ,  voulanc  favoir  comment  ces  pierres  fe  for-  . 
moient  dans  le  corps  de  ces  animaux  ,  en  dilfequa  un  ,  &  trouva  dans  le 
ventricule  une  efpcce  de  poche  oil  ces  pierres  etoient  rangees  de  fuite 
comme  les  boutons  d'un  habit. 

Ces  deux  paifages  foic  entierement  oppofes  a  I'opinion  de  Pomet  qui 
pretend  qu'il  ne  peut  fe  trouver  qu'un  bezoard  dans  le  ventre  de  chaque 
animal  ;  aiilfi  nous  alfure  til  qu'il  n'eut  pas  ofe  contredire  les  auteurs  qui 
en  ont  traite,  s'il  n'avoit  eu  pieces  en  main  pour  juftifier  fon  opinion  j 
c'eft  ce  qu'il  fera  bon  d'exammer  ici,  d'autant  plus  que  petfonne  ,  que  je 
fache,  n'a  encore  expofe  publiquement  I'erreur  de  Pomet,  fur  la  pre- 
tendue  tunique  du  bezoard ,  animal  qu'il  difoit  etre  une  des  plus  grandes 
cutiofites  qu'ont  eiit  vues  depuis  long-tems  en  France. 

Citu  tttniqui  eji  f  dit-il,  de  la  grojjiur  d' un  «iuf  £oie  ,  garnk  au  dihors 


A  C  A  D  ]&  M  I  Q  U  E.  'jj7 

'd'u/l  poll  rude,  court  t  Hunt  couUur  tannU  ,laquclU  itant  coupit  tn  deux    il 

s'y  rencontre  une  coqiic  mince  &  brune  qui  fen  de  couverture  a  une  autre  coque 

blanche  &  dure  comint  un  os  ,  oil  eft  contenue  cette pierre  a  qui  on  a  donne  le   ^'^'^''•I^oyale 
nom  d.  heioard  (a).  -  dhs  Sciences 

Or  cette  enveloppe  fi  finguliere  du  bczoard  ,  dont  il  prcceiidoit  avoir 
fait  la  dccouverte,  n'eft  point  du  tout  une  partie  de  ranimsl  qui  porte  le  -^'"'"  lyiO' 
bczoard  ,  celt  un  fruit  esotique  dans  lequel  ,  ou  Pomet,  ou  quelque  char- 
latan par  lequel  i-1  s'etoit  lailfc  tromper ,  avoir  enchalTe  fort  adroitinicnt 
une  pierre  de  bczoard :  cette  fraude  n'a  etc  dccouverte  que  depuis  un  an. 
Comme  j'examinois  avec  M.  Vaillant,  &  M.  de  Jullicu  cette  pierre  fin- 
guliere du  drogui.r  de  feu  M.  Pomet,  nous  nous  app^r^umes  que  cette 
pretendue  enveloppe  ne  pouvpit  point  etre  une  partie  d'aucun  anjmal ,  & 
qu'il  falloit  que  ce  fut  quelque  fruit  peu  connu :  c'tft  ce  qui  f'ut  enfuite 
verifie  par  M.  Vaillant  qui  fe  trouva  avoir  de  ces  fortes  de  fruits,  &  qui 
n'eut  pas  de  peine  a  en  faire  des  bezoards  avec  leurs  envoloppes  tout  fcm- 
blablcs  au  bezoard  tant  prifi^  par  Pomet.  J'en  ai  fait  aulli  de  pareils  :  ce 
fruit  vient  fur  une  forte  de  palmier  dccrit  par  Jean  Bauhin  qui  I'appelle 
Fa/ma  Crucifera  :  le  meme  fruit  eft  aufll  dccrit  par  Theophiafte  ;  I'arbre 
croiten  Egypte,  la  Nubie  &c  I'Ethiopie.  Cordus  I'appelle  Nux  mdica  mi- 
nor ,  &  a  donnc  une  defcription  de  fon  fruit  ,  femblable  a  celle  de  PomeC 
que  je  viens  de  rapporter  en  parlant  de  la  tunique  du  bczoard .  II  ne  man- 
que a  cette  defcription  qu'une  particularite  omil'e  par  Pomet  :  c'eft  l,i  peau 
qui  lecouvre  tout  le  fruit ,  &  dont  la  couleur  eft  un  jaune  tanne.  Ce  fruit 
a  un  pedicule  partage  en  fix  pennies,  ttois  grandes  &:  trois  petites  :  cela 
eut  fuffi  pour  le  detromper  ,  lui,  ou  ceuxqui  ont  etc  trompes  aprcs  lui 
&  il  n'eft  pas  inutile  pour  la  perfeiftion  de  I'Hiftoire  Naurelle  que  de  pa- 
reilles  fraudes  foient  rcvelees  avec  foin. 

Ce  n'eft  pas  fans  raifon  que  j'ai  mis  dans  mon  dernier  Memoire  au 
rang  des  bezoards  ,  routes  les  raatieres  qui  fe  fonr.ent  par  couches  dans  le 
corps  dts  animaux.  Les  perles  que  j'ai  niifes  de  ce  nombre  le  meritenc 
d'autanr  mieux  ,  que  j'en  ai  ttouve  dans  certains  coqiiillages  ,  de  fi  fembla- 
bles  au  bezoard  ordinaire  ,  qu'on  a  de  la  peine  a  les  en  "diftinouer  au  pre- 
mier coup  d'oeil.  Ces  perles  s'engendrent  dans  une  efpece  de  poiflTon  a  co. 
quille  qu'on  nomme  P//:/i<l  marina.  Pinna ,  five  A flura  Mathioli.  On  en 
voir  une  grande  quantite  fur  les  cotes  de  Provence  oii  la  pkhe  s'en  fair  aux 
mois  d'Avril ,  &  de  iMai :  on  nomme  dans  le  pays  cette  efpece  de  poillon 
Na^re.  *  ' 

Les  perles  qui  fe  trouvent  dans  cfi  coquilles ,  ne  font  pas  toutes  de  la 
meme  eau  :  les  unes,  comme  j'ai  dit ,  font  parfaitement  femblables  a  des 
pierres  de  bezoard;  d'auttes  font  de  couleur  de  corail  &  d'ambre,  & 
d'autres  de  la  couleur  des  perles  ,  mais  plus  plombees  :  leur  forme  la  plus 
ordinaire  eft  celle  d'une  poire.  Toutes  ces  differentes  varietes  dc  figure  & 
de  couleur,  n'empechent  pas  qu'elles  ne  foient  de  la  meme  nature,  puif- 
qu'elles  naijTent  dans  le  corps  du  meme  poifTon.  J'en  ai  quatre  de  differente 
eau  &  de  difference  figure  qui  ont  ete  tirees  d'une  meme  nacre.  Que  ces  per- 

(a)  V-  Pom?t  en  fon  Ttaic^  des  Drogues,  Livre  des  Aniaiaux,  pag.  lo. 


DEs  Sciences 
DE  Paris. 

Annee  1710. 


3zS  COLLECTION 

..  „  ».— «  les  ,  ainfi  que  routes,  les  autres  fe  forment  dans  le  corps  des  poiffons  I 

AcAD.RoYALE  coquille,  comme  le  bezoard  ordinaire  dans  le  corps  des  chevres  qui  le 
fournilTenc  ,  c'ellce  qu'il  n'eft  pas  difficile  de  prouver  ,  puifqu'en  les  caf- 
faiit  on  les  trouve  radices  comme  certains  bezoards  dont  j'ai  parle  ,  &  for- 
mees  autour  d'un  noyau  qui  paroit  etre  lui-meme  une  petite  petle. 

On  en  trouve  de  tellrtment  baroques,  qu'elles  ne  conferveiit  plus  la 
fioure  de  pedes  j  mais  la  matiere  en  eft  toujours  difpofee  par  couches  , 
comme  celle  des  bezoards.  Or  ,  perfonne  ne  doute  que  les  perles  Onen- 
tales  ne  foient  de  la  meme  nature  que  celles  qui  nailFenc  dans  les  auires 
poillons  a  coquilles  ,  comme  dans  les  huitres  que  nous  mangeons  ordi- 
nairement ,  &  dans  les  differentes  fortes  de  moules.  Toute  la  difference 
qui  eft  entr'elles  ,  ne  vient  que  de  leur  differente  eau ,  mais  c'eft  pat-tout 
la  meme  matiere,  vC  l.i  meme  conftrudlion  ,  comme  le  font  allez  voir 
les  differentes  perles  qu'on  trouve  dans  la  pinne-marine  :  on  doit  done  re- 
gardec  les  perles  comme  des  vcritables  bezoards  ,  quant  a  leur  nature  ,  quoi- 
qu'elles  ne  foient  pas  tout-a-fait  telles  ,  quant  a  leur  vertu. 

Les  pe:  les  ne  font  pas  la  feule  chofe  qui  foit  a  temarquer  dans  la  pinne- 
marine.  Ce  coquillage  eft  une  efpece  de  grande  mouie,  dont  la  coquille 
eft  compofee  de  deux  pieces  larges  ,  atrondies  par  en  haut ,  &  fort  poin- 
tues  par  en  bas  ,  fort  inegales  en  dehors  ,  d'une  couleur  brune,  &  lilTe  en 
dedans  ,  tirant  vers  la  pointe  fur  la  coirteur  du  nacre  de  perles.  II  s'en  trouve 
de  differentes  grandeurs  ,  depuis  un  pied  jufqu'a  deux  pieds  Sc  demi  de 
longueur,  6c  quiont  i  I'endroit  le  plus  large,  environ  le  tiers  de  leur  longueur. 
Ces  coquilles  font  fi  minces  qu'elles  font  tranfparentes  :  elles  out  une  efpece 
de  hoiipe  longue  d'environ  6  pouces ,  mais  plus  ou  moins,  felon  la  gran- 
deur ou  la  petiteffe  du  coquillage  :  cette  houpe  ,  fituee  vers  la  pointe  du  cote 
oppofe  a  la  charniere  ,  elt  rompofte  de  filamens  d'une  foie  tort  brune  & 
dehee.  Ces  petits  fils  regardcs  au  microfcope,  paroiffent  creux  :  fi  on  les 
brule  ,ils  donnent  une  odeur  urineufe  comme  la  foie.  Les  anciens  ont  noin- 
me  cette  matiere  Bijjus  ,  foit  a  caufe  de  fa  reffemblance  avec  le  Bijfus 
dont  ils  filoient  des  etoffes  precieufes,  foit  quelle  fiit  elle  meme  le  BiJ/us 
dont  on  faifou  ces  ctoff^s;  car  les  plus  habiles  critiques  n'ont  pas  trop 
eclairci  ce  que  Ton  doit  entendre  par  le  Bijfiti  des  anciens  :  ils  en  ont  feu- 
lement  diftingue  de  deux  fortes  ;  celui  de  Grece  qui  ne  fe  trouvoit  que 
dans  la  province  d'Elide  ;  celui  de  Judee ,  qui  etoic  le  plus  beau.  Mais 
comme  fous  le  nom  de  Btjjus  les  anciens  out  confondu  les  cotons ,  les 
ouates,  en  un  mot,  tout  ce  qui  fe  filoit  ,  &  qui  etoit  plus  precieux  que  la 
laine ,  il  n'eft  pas  aife  de  dire  au  jufte  ce  que  c'c'toit  que  leur  Bijfus  propre- 
^ment  dit  ,  &  s'ils  ne  le  tiroient  que  des  coquilles  dont  je  parle  :  ce  qu'il  y 
a  de  vrai ,  c'eft  qu'Ariftote  qui  nomme  Bijj'us  la  foie  de  ces  coquilles  ,  die 
qu'elle  fe  pent  filer  ;  ainliiln'ya  pas  de  doute  qu'elle  n'ait  etc  employee 
pour  les  habits  des  grands  feigneurs  dans  des  fiecles  ou  la  foie  etoit  rare  & 
tres-peu  connue.  En  effer  ce  Bijfus  ,  quoique  file  groflierement  ,  paroic 
beaucoup  plus  beau  que  la  laine  ,  &  approche  affez  de  ia  foie  :  on  en  fait  en- 
core ;i  prcient  des  bas  ,  &  d'autres  ouvrages  quiferoient  plus  precieux  ,  ll 
la  foie  etoit  moins  commune.  Avant  de  filer  cette  forte  de  Bijfus,  on  le 
laifle  quelques  jours  dans  la  cave  pour  I'hmneder ,  &c  le  ramollir ;  puis  on 

le 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  519 

le  psigne  pour  en  fcp.irer  I.i  bourre  ,  &  ks  autres  ordures  qui  y  font  arta- 

cl)t'i.'s  ,.ipros  qiioi  on  lo  file  coinino  de  la  foie.  Acad.Royale 

Les  poiirons  qui  donnenc  le  Bijfus  ,  s'en   fervent  a  artaclier  leurs  coquilles     i^^  bcisNCES 
auxcoips  voifins; car  ils  font  plantcs  tout  droits  fur  la  pointe  de  leurs  coqulU      J^^  ,^ 
les;  ilsonrjbefoinde  ceshlamcns  qu'ils  etendenttout  aucout ,  comme  les  cot-    -"""«''  171°. 
dagcs  d'un  mat  pour  fc  foutenir  en  cetce  lituation. 

ll  y  a  appirence  que  l.i  pinne- marine  forme  ces  fortes  de  fils  par  une 
miidnniqa;  f-.-mbiable  a  celle  qua  M.  de  Reaumur  a  obfervce  dajis  les 
m  u'.cs  de  mer  ;  mais  ceux  de  la  pinne  font  beaucjup  plus  beaux,  plus 
I'oyejx  .*<i  plus  fins. 

U  fe  niche  dans  les  coquilles  de  la  pinne,  de  petits  crabes  dontlesan- 
ciens  or»t  rappotte  des  chofes  nierveilleufes  &c  qa'il  eft  bon  d'exatni- 
ner  ici. 

lis  ont  cru  que  ce  petit  animal  naifToit  avec  la  Pinne  ,  &  qu'il  etoit 
nccelTaire  .1  fa  confervation  ;  aufli  I'ont-ils  appelle  le  Gard'un  de  la  Pinne  : 
voici  en  quoi  ils  iuijeoient  que  le  petit  crabe  etoit  fi  utile  a  fon  bote. 

Coinme  la  pinne  eft  fans  yeux,  iSc  n'eft  pas  douee  d'ailleurs  d'un  fenti- 
nient  fort  exquis ;  lorfque  fa  coquille  eft  ouverte  ,  &:  que  ks  petits  poif- 
fons  y  entrent ,  le  crabe  I'avtrtit ,  difent-ils ,  par  une  morfure  Icgere  ,  afiri 
que  reirerrant  tout  dun  coup  fa  coquille  ,  les  poilTons  s'y  trouvent  pris  , 
^  alorsla  pinne  &:  le  crabe  partagententr'eux  la  proie.  D'autres  ne  croyant 
pas  que  ce  crabe  prit  naiirance  dans  la  coquille  de  la  pinne,  ont  fuppofe 
que  ce  petit  animal ,  pour  fe  loger  dans  les  coquilles  des  poilfcns  ,  failit  le 
terns  qu'elles  font  ouvertes,  qu'il  a  I'adrelle  d'y  jctter  un  petit  caillou  pour 
les  empechet  de  fe  refetmer,  &  pour  manger  a  leut  aife  lepoillon  qui  eft 
dedans :  mais  toutes  ces  circonftances  font  fabuleufts.  Les  petits  crabes 
qui  fe  logent  dans  la  coquille  de  la  pinne  ,  fe  trouvent  inditfereniment 
dans  toutes  les  autres  bivalves,  comme  les  huitres  &  les  moules  ,  aulli- 
bien  que  dans  les  pinnes  matines ,  oil  Ion  rencontre  auili  quelquefois  de 
petits  coquillages  qui  entrent  dedans,  ou  qui  s'attachent  dellus.  J'ai  une 
petite  conque  de  vcnus  qui  s'eft  trouvce  enfermee  &  vivante  dans  la  coquille 
d'une  pinne  :  dailleurs  le  poilfon  de  ces  coquilles  ne  vit  point  de  chair  , 
non  plus  que  les  moules  &  les  huitres,  mais  feulement  d'eau  &  de  vafe  ; 
ainli  I'aJrelle  du  petit  crabe  lui  feroit  inutile  :  &  enhn  ces  petits  crabes  ne 
m.tngent  point  les  poilFons  des  coquilles  oii  ils  fe  logent ,  puifqu'on  y  trouve 
ces  poill'ons  fains&  entiers  avec  les  petits  ctabes  qui  les  accompagrent. 

Ce  n'eft  done  que  le  hafard  qui  jette  ces  petits  animaux  dans  les  coquilles 
pendant  qu'elles  font  ouvertes,  ou  bienils  s'y  rerirent  pout  s'y  mettre  a 
convert  ,  comme  on  en  trouve  trt-s-fouvent  dans  les  trous  des  eponges  & 
dss  pierres  ,  &  dans  les  creux  exteiieurs  des  coquilles. 

En  rapportant  comme  j'ai  fait  dans  la  feconde  clufTe  des  bezoards  les 
pierres  de  mcme  nature  qui  fe  tirent  des  animaux,  j'y  joindrai  celles  que 
j'ai  obfervces  depuis  peu  dans  les  poches  du  caftor  ,  qu'on  appelle  Cajloreum. 
Entre  plufieurs  que  j'ai  ouverres  ,  j'en  ai  trouve  une  qui  m'a  paru  phis 
grolTe  que  les  autres  ,  &  qui  etoit  remplie  de  pierres  de  differentes  grof- 
feurs.  Suivant  le  prejuge  ordinaire,  j'aurois  cru  que  ces  poches  auroient 
cte  falfifices  &  remplies  de  piettes  pour  en  augnientet  le  poids  j  mais 
Tonii  in  ,  Partie  Frangoifi  T  i 


J30 


COLLECTIQN 


"  ea  les  examinant ,   je  m'apper^iis  qu'elles  etoient  tontes  adhcretttes  ,  Sc 


Acad.  RoYALE  qnV'lles   gardoienc   une  figure  alFez  reguliere   entr'elles.  J'ai  prefente  ces 

DE  Paris^^     pierres  a  la  flamme  d'Une  chandelle  ,  elles  y  brulent  corr.me  celles  qui  fe 

,  '        tirenc  de   la  veficule  du  fiel ,  &  exlulent  I'odeur  du  caftoreiini.  Ces  pier- 

Annci  1710.  res  rciremblenc  alFez  a  des  noyaux  de  ncffles  ,  comnie  celles  qu'on  trouve 
dans  la  veficule  du  fitl :  elles  font  tendres  &  difpofces  par  couches  ,  f^- 
parees  par  des  membranes  rcpanJues  dans  la  fiibftance  de  la  porbe,  &  qui 
tormenc  les  cloifons  des  cellules.  Les  plus  grolTes  que  j'aie  trouvees  ,  ont 
fix  lignes  de  longueur  fur  quaere  de  large  ,  &  crois  lignes  d'epaiifeur.  Les 
autres  qui  font  ..n  plus  grand  nombre  diminuent  de  grodeur  ,  &  les  plus 
petites  ne  font  grolTes  c]ue  comme  des  tetes  d'epingles.  II  n'y  a  point  d'appa- 
rence  que  ces  pierres  ayent  etc  ajoutces  dans  ce  Cafionum  ,  de  la  maniere 
dont  j'ai  obferve  qu'elles  font  conftruites  :  il  faut  done  que  le  fuc  con- 
tenu  dans  ces  poches  fefolccpailTi  &  grumele  autour  des  membranes  011 
de  leurs  glandes  ,  qui  aurcnt  fervi  de  bafes  a  la  formation  de  ces  pierres. 
On  remarque  ,  comms  je  1  ai  obferve  ,  qu'il  fe  forme  des  pierres  dans  tou- 
tes  les  cavites  du  corps  des  animaux  ,  &  meme  dans  les  glandes  :  c'eft  pour 
cette  raifon  que  Ic  noin  de  bezoard  eft  fi  etendu.  Je  crois  done  pouvoir 
ranger  ces  pierres  au  nombre  des  bczoards,  aulli-bien  que  les  diftertntes 
fortes  de  perles  ,  puifqu'elles  approchent  du  bezoard  pat  leur  ftriifture 
&  p.ir  leur  vertu.  Le  caftor  eft  employe  en  medecine  pout  fortifier  le 
cerveau,  refiller  au  venin  ,  poulfer  par  la  tranfpiration  ,  &  calmer  les  va- 
peurs  ;  L-s  pierres  qui  s'y  trouvent  contenant  les  memes  principes  ,  doi- 
vent  avoir  les  memes  efFets  ,  &  par  confcquent  les  mcmes  vertus  que 
les  matieres  bezoardiques.  Comme  je  ne  traite  du  caltor  que  par  rapport 
aux  pierres  que  j'y  ai  remarquees ,  je  ne  m'arreterai  point  ici  a  decrire 
I'animal,  ni  les  pochef  qui  contiennent  la  matiere  que  Ion  nomme  Caflo- 
Ttum  ,  puifque  I'anatomie  en  a  dq'a  etc  faite  par  I'Acadcmie. 

Je  propoierai  feulement  mon  fentiment  fur  le  choix  de  cette  matiere; 
Je  conviens  avec  ceux  qui  la  connoiflTent  qu'il  peut  yen  avoir  de  faififiee, 
mais  je  crois  que  la  difference  qui  s'y  trouve  pour  I'odeur  &  la  coa- 
fiftance  5  vient  plutot  du  clini.Tt ,  des  alimens  &  de  I'age  du  caflcr ,  que 
d'aucune  faUification.  Le  Cajiorcurn  le  plus  commiin  &  le  moins  eftimc  , 
eft  celui  du  Canada  j  on  le  regatde  comme  faliifie  parce  qu'il  n'a  point 
d'odeur  ou  qu'il  en  a  une  defagreable  :  j'en  ai  ouvert  pkifieurs  qui  eroienc 
mous  ,  tres  -  peu  odorans  ,  &  ou  il  n'y  avoir  nulle  apparence  de  falfilicar 
lion  ,  puifque  les  cellules  n'etoient  ni  gonfiees  ni  decnirees  j  elles  etoient 
au  contraire  partagees  par  des  membranes  adherentes  a  I'enveloppe  ,  com- 
me on  I'obferve  dans  ceux  qui  ne  font  foupconnes  d'aucune  tallification. 
Le  Cafioreum  de  Dantzicic  eft  eftime  le  meilleur ,  cependant  celui  du  Levant 
le  furpalTe. 

II  fe  trouve  audi  des  caftors  en  France  dans  quelques  endroits  du  Rhone  , 
Jonr  on  delTcche  les  poches  fidelement  ,  &  cette  efpece  eft  fort  bonne.  J'en 
ai  dans  mon  droguier  qu'un  apoticaire  de  Ville-Neuve-les-Avignon  ni'a 
deiTechees  :  elles  font  fort  bonnes,  &  fort  grofTes  fans  ctre  falfifiees.  J'ai 
trouve  que  ce  Cajtoreum  ne  cedoit  en  rienaceiui  deDantzick.  Le  plus  foa^ 
vent  celui  du  Rhone  eft  vendu  pour  du  Danizick  ,  n'y  ayant  de  difference. 


A  C  A  D  li  M  I  Q  U  E.  jji 

qu'en  ce  que  ce  dernier  eft  plus  odorant.  Je  fuis  perfuadc  que  notre  caftor  - 

da  Rltone  a  la  mcme  qualite  que  celui  du  Levant,  &  de  Dantzick.  On  fe-  Acad.Royaib 

che  ces  poches  a  la  cheminee  ,  oil  la  liqueur  en  fe  delTcchant,  peut  fermen-  lks  Science* 

ter  1  ce  qui  fait  que  le  Cu/loreiim  acquiert  de  plus  en  plus  une  odeur  forte  '^'^    aris. 

&  convenable.  Annii  1710. 


Du  mouvement  progrcjjif  dc  diverfcs  ejpeces  dc  coguillages  j 
onus  &  etoiks  de  mer. 

Par    M.    D  E    Reaumur. 

_^v  ANT  d'entrer  dans  le  detail  de  mes  obfervations  fur  les  coquillages  , 
je  conimencerai  par  determiner  Ic  fens  de  quelques  expreflions  quej'em- 
ployerai  dans  ce  Klemoire  ,  qui  fervironta  abregcr  le  difcours ,  &:  memea 
le  rendre  plus  clair.  Le  mot  de  coquille  fignifiera  toujours  I'enveloppe  pier- 
reufe  des  animaux  a  coquille,  foit  que  cette  enveloppe  foit  d'une  fcule  pie- 
ce ,  comme  celledes  limagons  ,  ou  qu'elle  foit  compofee  de  deux,  ou  de 
pUifieurs  pieces ,  comme  celles  des  figures  V  ,  VI  &;  VII  (  PI.  V. ) 

Je  donnerai  quclquefois  le  nom  de  CoquilUs  d  deux  baituns  ,  aux  coquil- 
les  qui  etant  compofces  de  deux  pieces  ,  s'entr'ouvent  d'un  cote  ,  lorfque 
ces  deux  pieces  s'cloignent  I'une  de  I'autre  ,  fans  ceffer  de  fe  toucher  par 
le  cote  oppofe.  Les  coquilies  des  figures  V,  VI  &  Vll  font  de  cette  ef- 
pece.  Je  n'ai  pas  cru  pouvoir  mieux  rendre  le  nom  de  Bivalvis,  qu'on 
leur  donne  en  Latin  [a). 

Si  Ton  regarde  avec  quelque  attention  une  coquille  d'une  feule  piece  ,'ou 
Tune  des  pieces  dont  les  coquilies  bivalves  font  compofces  (  P/.  f'.  Fig.  f^ , 
VI  ^  yil)  ,  on  obfervera  aifement  diverfes  lignes  courbes,  dont  chacuno- 
renferme  une  figure  femblable  a  celle  de  la  coquille  ,  ou  de  la  piece  que 
Ton  confidere  j  de  forte  que  fi  on  retranthoit  une  certaine  partie  de  cette 
coquille  ,  ou  de  cette  piece  ,  en  fuivant  une  de  ces  lignes  coutbes,  on  di- 
minueroit  leur  grandeur  en  leur  confervant  cependant  une  figure  fembla- 
ble a  celles  qu'elles  avoient.  Or  j'appelle  fommet  de  la  coquille  ,  ce  poinc 
oil  une  de  ces  figures  femblables  devient  ll  petite ,  qu'a  peine  peut-on  la 
diftinguer  :  ainfi  la  pointe  des  coquilies  en  fpirale  ,  eft  leur  fommet ;  &  dans 
les  coquilies  bivalves,  ce  fommet  eft  aupres  de  I'endroit,  ou  les  deux 
pieces  font  attachces  Tune  a  I'autre  ,  &  eft  compofee  des  fommets  de  I'une 
&  I'autre  piece  ;  ainfi  dans  les  figures  VII  ,  IX  ,  XVI ,  6c  diverfes  aiitres  ,  le 
fommet  de  la  coquille  eft  S.  Je  nomme  bafi  de  la  coquille  ,  le  cote  op- 
pofe direitement  a  ce  fommet  :  B  B  B  eft  la  bafe  de  la  figure  5.  La  diftance 
de  la  bafe  an  fommet  ,  eft  ce  que  j'appelle  largeur  de  la  coquille  ,  &  je 
prends  pou:  fa  longueur  la  plus  grande  des  lignes  perpendiculaires  qui 

(.0  On  Ic5  appcUc  anjnurd'hui  Bivalves  en  Francois,  &  nou5  emploicron?  ce  mot 
dans  la  fuitc  du  Mcinoirc,  afin  de  nous  conformer  a  I'intention  cjuavoit  TAutcur 
i'librigcT  k  difcours  Ci"  de  le  rendre  chir. 

Tz  ij 


J3i'  C  O  L  t  E  C  T  I  O  N 

peuvent  etre  tirees  fur  la  ligne  qui  a  aufli  ere  mence  perpendiculairement 
AcAD.RoYALE  du  fommcc  ii  la  bafe  ( /V^.  IX),  ou  la  iignc  SB  marque  la  largeur,  &  la 
DEs  Sciences    Ugne  L  L  ,  la  longueur. 

BE     ARis.  Qj^  donnera  fouveiu  le  meme  nom  a  ranimal,  &  a  la  coquille  qui  le 

■Annce  1710.     coavre  ,  c'eft-a-dire  qu'on  nommera  ,  par  exemple  ,  aufli  bien  moule  une 

cercaine  coquille,  que  I'animal  qui  habire  cetre  coquille ,  mais  cela  n'ap- 

piartera  aucune  contufion  ,  etant  toujours  tres-aife  de  demeler  par  les  cho- 

fes  qui  fuiven:  ,  fi  I'Dn  parle  d'une  coquille  ,  ou  dun  animal. 

On  dira  qu'un  coquillage  eft  couche  fur  le  plat  de  fa  coquille  ,  lorfque 
le  pl.inde  la  longueur  &  de  la  largeur  d'une  des  pieces  de  la  coquille  fera 
parallele  a  I'horifon.  Les  figures  VI  ,  IX  font  couchees  (ur  le  plat  de  leur 
coquille. 


Des  Monies  de  mer. 

I  E  s  moules  de  rivieres  marchent ,  ou  pour  parler  plus  jufte  ,  fe  trainent 
fur  le  iable  :  feu  M.  Poupatt  I'a  fait  voir  dans  les  Memoires  dd'Academie  , 
ouila  donne  les  obfervations  qu'il  avoit  laites  fur  le  mouvement  progrellif 
de  cet  animal.  Mais  les  moules  de  mer  font  fi  difFcrentcs  des  moules  de 
riviere  qu'il  eft  befoin  de  nouvelles  preuves  ,  avant  de  pouvoir  allurer  de 
cslle-ci  ,  ce  qu'on  a  obferve  decelle-li,  les  moules  de  mer  meme  eianc 
attachees  aux  pierres  ,  ou  les  unes  aux  autres  ,  par  difFerens  filamens,  il 
Deferable  pas  qu'elles  doivent  avoir  aucun  mouvement  progrellif;  cepen- 
dant  elles  peuvent  (e  mouvoir ,  &  fi  je  voulois  fimplement  le  prouver , 
il  me  fuffiroit  de  rnpportet  le  fait  fuivanr. 

Dans  le  terns  qu'il  ne  fait  pas  .ilfez  chaud  pour  titer  du  fel  des  marais 
falans  ,  les  ptciieurs  jettent  quelqi'.efois  dans  ccb  maiaisdes  moulei  qu'iis 
ont  prifes  au  bord  de  la  mer;  ils  prctendent  par-la  rendre  leur  chair  plus 
delicate,  en  les  faifant  vivre  dans  une  eau  moins  falee ;  car  I'eau  de 
pluie  qui  tombe  dans  ces  marais  auxquels  on  ne  lailTe  alors  aucune  com- 
munication avec  la  mer,  rend  plus  douce  I'eau  fa  ee  qo'ils  contiennent , 
en  fe  melant  avec  elle,  Je  dirai  en  paffant  que  c'eft  par  le  meme  moyen 
qu'on  rend  verte  la  chnir  des  hui'tres.  Pline  dit  auffi  que  I'efpece  de 
moules  appellee  Myns ,  eft  msilleure  en  Automne  qu'tn  route  autre  faifon  ,^ 
parce  qu'une  plus  grande  quantite  d'eau  douce  fe  mtle  dans  ce  tems-la  avec 
I'eau  de  mer.  L'eau  douce  qui  produir  fur  les  moules  un  grand  changemenc 
dans  les  marais  falans,  n'y  fait  peut-etre  pas  grand  efret  dans  la  circon 
ftance  dont  parle  Plme  ;  mais  ce  n'eft  pas  de  cela  qu'il  s'agit  ici  ;  ce  qui 
regarde  mon  fujet  ,  c'eft  que  les  pccheurs  jettent  les  moules  dans  ces  ma- 
rais ,  feparees  les  unes  des  autres  ,  &  a  diverfes  diftances  ,  &  que  lorf- 
iju'ils  vont  les  pei-her  enfuite  ,  ils  les  trouvent  alTemblees  par  grouppes  ; 
or  il  eft  vifible  que  ces  moules  n'ont  pu  s'approcher  les  unes  des  autres 
pour  s'artacher  ainfi  ,  fans  fe  mouvoir  elles-mcmes;  car  elles  ne  font  point 
dans  une  eau  courante. 

Ce  fait  feul  fufEtoit  pour  etablir  leur  mouvement  progreffif,  mais  il 


ACADfeMIQUE. 


55} 


s'agit  de  favoir  comment  il  s'exccute  ,  &  quelle  partie  elies  empi.  ycnt  a  ■ 

cet  ufagc;  pour  s'en  inftruire  ,  il  ne  fauc  qu  ouvrir  la  coquille  d'une  moulc  Acad.Royalb 

par  le  cote  ou  elle  s'entrouvre  naurellc-meiu ;  rien  ne  paroit  alors  plus  dif-    E£s   Sciences 

tindement  dans   le  corps  de  cet  animal ,  qu  une  certaine  p.irtie  nuirt"  oa       ^^  I^aris. 

brune  ,  dont  la  b:iCe  ell  placce  dpeu-pies  au  milieu  des  auttes  parties  ,  &   Annci   1710, 

dont   b  poince  eft  tournce   vers  le  lommet  de  la  coquille  :  fa  lonoueur 

eft  de  fix   ou  fcpi  lignes,  &   fa  figure,  a-peu  prcsctlle  d'une  langue ,  eft 

marquee   par  les  lettres  A  B  [Fig.  A') ,  &  LI  (  lig.  ^/)  ;  or  ,  c'ell  cette 

partie  qui  fcrt  de  jambe  a  la   moule  ,  fi  dcs  figures  fi  difFcrentes  n'empe- 

chent  point  dc  donner  Its  mcmesnomsa  deschofes  qui  fervent  aux  raeir.es 

ufages. 

11  m'eiit  etc  impoffible  de  dc'couvrir  le  veritable  ufage  de  cerre  partie, 
fi  je  n'eulTe  confidcre  des  moules  qu'au  bord  de  la  nier  ;  on  ne  les  y  peut 
voir  que  lorfqu'elle  les  a  laifTces  a  decouvert  pendant  fon  reflux,  &  eiles 
y  pat oilfent  toujours  dans  I'inadlion  :  mais  ayant  fait  porter  cliez  moi  des  mou- 
les audi-tot  qu'eiics  avoient  etc  peclices  ,  je  les  mettoisdans  des  vafes  d'ou  je 
verfois  aiFez  d'cau  de  mer  pour  les  couvrir,  maistrop  peu  pour  les  dero- 
ber  a  mes  regards  ;  ctant  alors  dans  leur  element  natural  ,  elles  me  laiilojent 
voir  une  partie  des  mouvemens  qu'elles  fe  donnent  dans  la  mer  :  rel  eft 
I'fxpedient  gcncial  que  j'ai  employe  pour  appercevoir  tout  ce  que  je  rap- 
porterai  dans  la  fuite  de>  autres  elpsces  de  coquillagcs. 

Je  VIS  done  que  quand  la  moule  fe  prepare  a  changer  de  place  elle 
commence  par  cntr'ouvrir  fa  coquille  :  il  ne  lui  importe  fur  quel  cote  elle 
foit  appuyee  {Fig.  FI)  ,  &  peu  apres  que  cette  coquille  eft  entr'ouverte, 
on  voit  patoitre  fur  les  bords  ,  la  pomte  de  cette  partie  que  nous  .ivons  die 
relTembler  a  une  langue  :1a  moule  ne  la  laifTe  point  li ,  elle  lui  donnebien- 
tot  plus  d'e'tendue  pour  la  porter  plus  loin  des  bords  de  fa  coquille  ,  elle 
I'allonge  quelquetois  iufqu'a  un  pouce  &  demi  de  ces  bords  ,  mais  fouvent 
inoins.  Qu..nd  elle  a  air.ii  change  fa  figure  ,  en  augmentant  li  coniidera- 
blement  fa  longueur,  elle  s'en  ferr  pout  tater  a  droite  on  a  gauche,  devant 
&detriere,  comme  pour  fonder  le  terrein  qui  I'environne  ,  &  decouvrir 
de  quel  cote  il  lui  conviendrad'avancer.  Toutesces  pcpararions  faites  ,elle 
replie  I'excremite  de  cette  partie  L  I  (  Fig  VI)  qui  eft  rharnue  &  ttes-fltxi- 
ble,  fur  quelque  corps  pour  le  faifirou  s'y  cramponner;  Si  reduifnnt  alors  cette 
mcme  partie  a-peutrcs  a  fon  etendue  n.itiirelle  ,  fans  lui  laidtr  abandon- 
ner  le  corps  fur  lequel  elle  s'eft  cramponnee  ,  elle  oblige  fa  coquille  a  avan- 
cer  vers  ce  corps. 

Ainfi  Ton  voit  que  la  manccuvre  dont  les  moules  fe  fervent  dans  leur 
mouvement  ptogrelTif ,  relTemble  affez  a  celle  d'un  homme  qui  etant  cou- 
chc  fur  le  ventre,  vouJroit  s'approcher  de  quelque  endroit,  en  fefervant 
fiulement  de  fon  bras ;  il  portcroit  ce  bras  fur  le  corps  le  plus  eloigne  qu'il  ' 
pourroit  faifit  avec  la  miin  ;  en  le  raccourcidant  en  fuite  ,  il  obligeroit  fon 
corps  a  quitter  fa  place,  comme  les  moules  quittent  la  leur  ;  &  route  la 
difference  qui  eft  entre  I'ufage  que  I'homme  fcroi:  de  ^on  bras  dans  la  cir- 
conftance  precedente  ,  &:  celui  que  la  moule  fait  de  cette  partie  ,  eft  qu'ellc 
la  raccoutcit  viritablement ,  au  lieu  que  I'homme  ne  fcroit  que  plict  le 
bras. 


5  54  COLLECTION 


e 


• Les  moules  ne  proficenc  pas  fouvenc  de  la  facilite  qu'elles  ont  a  fe  mouvoir ; 

AcaD.  RoYALE  car  elles  font  tout  s  ordinairement  attachees  les  lines  aux  autres   ou  a  d'aii- 

DES  Sciences     tfgs  corps  par  ditFerens  fils  ,  defquels  nous  patlerons  au  long  dans  un  autre 

DE  1  AKis.        Mcmoire;  Sc  ce  n'eft  que  lorfque  ces  fils  font  rompus ,  qu'il  leur  arrive 

AnrJi  1710.    quelquefois  de  faire  ufage  de  cette  efpece  de  bras  :   on  voit  fouvent  des 

moules  decachees  au  bord  de  lamer ,  auxquelles  appatemment  il  eflde  quel- 

que  utilite. 


Du    Lavignon. 

P  '  E  coquillage  auque!  on  a  donne  le  nom  de  iavignon  fur  les  cotes  de 
Poitou  &  d'Aunis  ,  elt  (ans  doute  une  efpece  de  Clianie  (  PL  y.  Fig.  f^Jl , 
VIII  He  IX)  ,  puifqu'il  a  le  caraftere  elTentiel  a  ce  genre  ,  qui  ell  d'avoir 
une  coquiUe  bivalve  kquelle  refte  toujours  entr'ouverte  ,  c'eft  a-dire  ,  que 
les  deux  pieces  qui  la  compofent  ne  font  jamais  appliquees  exadhcment  I'une 
fur  I'autre  ,  comme  les  deux  pieces  des  coquiiles  d'huitres,  de  moules  >  3c 
de  diverfes  autres  efpeces  de  coquillages  ;  aulli  peut-on  rendte  en  Francois 
le  nom  de  Chama  pat  Coquilk  bianu,  comme  Gaza  la  traduit  en  Latin 
par  Hiacula, 

Les  lavignons  ont  non-feulement  ce  caradiere  enfenriel  au  genre  des 
coquiiles  beantes  ,  mais  ils  ont  encore  cela  de  commun  avec  les  efpeces 
dont  parte  Ror.delet ,  que  leur  coquille  eft  mince  &  fi  fragile  qu'on  la 
tompt  aifement  en  la  prellant  entre  deux  doigts  ;  d'ailleurs  ils  vivent  com- 
me les  chames  dans  la  boue  \  mais  ils  different  en  meme  terns  de  ces  efpeces 
que  Gefner  dit  etre  appellees  flammes  ou  flammettes  en  Francois  ,  &  poi- 
yrees  en  Italien  ,  parce  qu'elles  font  (ur  la  langue  le  meme  tftet  que  le  poi- 
vre  \  car  le  gout  des  lavignons  eft  tres-  infipide. 

Leur  coquille  eft  affez  polie  &  blanche  ,  fur-tout  interieurement ;  car 
fouvent  la  plus  ancienne  partie  de  la  furface  exterieure  de  cette  coquille, 
c'eft-a-dire  ,  les  endroits  voifins  de  fon  fommet ,  ont  une  couleur  noiiatre 
qu'ils  ont  prife  dans  la  boue  noire  dans  laquelie  les  lavignons  vivent :  ils 
fe  tieunent  enfonces  dans  cette  boue,  quelquefois  a  plus  de  cinq  ou  fix 
pouces  de  profondeur  j  mais  malgre  cela  ,  on  connoit  facilement  les  en- 
droits ou  ils  font,  par  de  petics  trous  ronds  d'cnviron  une  iigne  de  diame- 
tre ,  qui  reftent  au  delFus  des  lavignons  :  il  y  en  a  un  ou  deux  qui  repon- 
dent  a  chacun  de  ces  animaux,  qui  font  fort  pres  les  uns  des  autres  ,  &:  en 
grande  quanticedans  les  endroits  ou  on  les  tiouve. 

Quoiquela  coquille  du  Iavignon  foitnaturellement  entr'ouverte  ,  eile  I'eft 
trop  peu  pourlailfer  voir  les  parries intcrieures  de  I'animal ;  mais  fionl'ouvre 
beaucoup  en  coupant  les  deux  mufcles  qui  font  apeupres  au  bout  de  la 
longueur  de  la  coquille  ,  &  qui  fervent  a  la  fermer  (  PL  F ,  Fig  Vll  M  M  ) , 
on  verra  audi  tor  la  partie  que  le  Iavignon  emploie  pour  fe  mouvoir.  Cette 
efpece  de  jambe  I  iFig.  yil)  paroit  placee  a-peu-prcs  au  milieu  de  la  coquil- 
le, ayant  fon  origine  vers  le  fommet :  toute  fon  extremite  I  eft  en  Iigne  droite, 
&  tranchante  ,  die  s'arrondit  feulement  vis-a-vis  les  deux  tuyaux  charnus 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  33 j 

CC,  au-Iiea  que  He  I'autre  cote  elle  avance  iin  pen  ,  Sc  formi  une  efpece 

de  pointe  cmoullcc  marquee  P  :  cell  la  la  ftrudturc  commune  de  cetrt  par-  ~^  Z  I 

.1  II-  II  /         .T-.    r,  .     ■      '    ,     Acad.  KOYALB 

ne.   J  ai  ceptiidaiu  vu  ilcs  lavij^nons  dont  la  pomte  emoullee  P  ctoit  po'.ce     des  Sciences 

diredlcmenc  Ue  I'autre  cote  ,  c'eft  a-diie  quelle  etoit  dans  I'tHdrou  arcondi       de  Paris. 

qui  ell  le  plus  proche  des   tuyaux  CC  &  tournce  vers  ces  tuyaux  j  mais     ^^^^^jjj  1710. 

peu-etre  ctoient  ce  des  monllres  dans  cette  efpece  de  coquillage. 

Ordinaireii  ent  les  lavignons  employent  cette  partie  pour  s'enfoncer 
dans  la  boue  ,  &  pour  fe  rapprocher  eniuite  de  la  furface  de  I'eau  lorfqu'ils 
one  envie  de  quitter  l.ur  ancien  trou  :  comme  la  boue  les  couvre  pendant 
cette  derniere  adtion  ;  il  n'lft  pas  fi  aife  dedecrire  comment  ils  I'txecutenr 
que  la  premiere  que  Ton  apper^oit  diltindement;  ccpendant  ce  que  nous 
allons  dire  de  la  maniere  done  ils  s'enfoncent  dans  la  vafe,  doit  fuftire 
pour  faire  coraprendre  de  quelle  maniere  ils  s'en  retirenc  ,  puifqu'iis  n'ont 
pour  cela  qua  faire  precifcment  le  comraiie  de  ce  qu'ils  font  dans  I'autre 
operation. 

De  quelque  cote  qu'on  pofe  un  lavignon  ,  pourvu  qu'on  ne  I'appuie  pas 
diredlemenc  fur  le  fommet  de  fa  coquille,  il  s'enfonce  aifement  dans  la 
boue  ,  mais  on  ne  voir  jamais  mieux  I'adlion  de  fon  efpece  de  jambe  ,  qu'en 
le  couclunt  fur  le  plat  de  fa  coquille;  onremarque  facilement  alors  qu'il 
augmente  ,  non-feulement  la  longueur,  maisauili  ia  largeur  de  cette  partie  * 
il  I'allonge  aulli,  &  la  rend  pointue  ,  fur-tout  dans  I'endroit  V{higIII) 
done  il  fe  fert  d'abord  pout  s'ouvrir  un  chemin  dans  la  vafe  :  ce  chemin 
ouvert ,  il  infinue  route  lextrcmite  de  fa  jambc  fous  cette  vafe  ,  ce  qui  lui  eft 
d'autant  plus  aife  ,  que  quoiqu'elle  foit  tranchaiite  naturellement ,  il  rend 
encore  alors  fon  tranchant  plus  tin,  parce  qu'en  allongeant  &  elarr-ilfanc 
cette  partie,  ill'applatit  extrememcnc.  Tout  cela  fe  fait  fans  fe  deplacer 
en  aucune  fagon ;  le  tranchant  de  cette  parrie  etant  ainfi  enfonce  ,  il  le  re- 
courbe  comme  on  le  voir  (  Fig.  Fill)  ;  or  .  il  eft  aife  de  concevoir  ,  que 
fi  alors  il  raccourcit  cette  partie  en  lui  lailfant  toute  fa  largeur  ,  il  redrelfe 
d'abord  fa  coquille  fi  elle  etoic  pofee  fur  le  plat;  ou  que  fi  elle  etoit  fur 
fa  bafe  ,  comme  dans  la  Figure  VllI ,  il  doit  nccelTairement  la  faire  enfon- 
cer  dans  la  boue  :  fi  la  coquille  trouve  moins  de  rcfiftance  a  y  entrer  que 
le  tranchant  recourbe  n'en  trouve  as'slever  ,  &  fans  doute  que  cette  der- 
niere reiiftance  eft  plus  grande  que  I'autre;  car  la  coquille  s'enfonce  par  le 
inoyen  que  je  viens  de  decrire.  En  effetle  botd  de  cette  coquille  etant  trcs- 
mince  ,  trcs-tranchant ,  &:  formant  une  efpece  de  coin  ,  doit  trouver  moins 
de  difficulte  a  pcnetrer  dans  la  boue  que  rexttemite  de  cette  partie  oni  par 
fon  recourbement  occupe  la  place  dun  alfez  gros  corps,  n'en  rencontre  ;i 
fortir  de  fa  place.  Cell  en  reitcrant  fouvent  la  mcme  manceuvre  ,  que  le 
lavignon  s'enfonce  dans  la  boue  autant  qu'il  le  veut. 

II  remonte  apparemment  au  delfus  de  cette  boue,  en  faifanr  un  ufage 
tout  contraire  de  la  meme  partie  dont  il  fe  fert  pour  s'en.'^oncer  dedans  ;je 
veux  dire,  qu'il  fait  fortir  hors  des  bords  de  fa  coquille  fon  extrcmiic  ,  qu'il 
la  recourbe  ou  I'applatit  avant  de  I'avoir  allongee  autant  qifelle  le  peut 
erre  ,  ayant  eu  foin  d'oter  la  boue  qui  pourroit  lui  rcfiller  par  delfus  ,  c'ell- 
^  dire  ,  qu'au  lieu  que  le  recourbement  de  cette  panie  (  Z";^.  ^"7/7)  em- 
biafle  la  vafe  comprife  dansl'efpace  RCOr,  qui  elt  encre  cette  pactie  re- 


3jtf  COLLECTION 

courbee ,  &:  le  bord  de  la  coquilie ,   cette  nutne  partie ,  lorfqu'il  vent 
Acad.  Roy AiE  moncer,  ne  trouve  aacune  boue  dans  cet  efpace  RCOr,  pacce  qu'avant 
DEs Sciences      j^  prendre  la  figure  que  nous  lui  voyons,  il  a  vuide  cet  efpace.  Il  nous 

DE   1  ARIS.  ,     r  .  ^,      .     t^  *         ,  r     1  r  •         i      i       •  i 

elt  done  aile  de  compreiidre  que  li  dans  cette  luuatton  le  lavignon  acne- 
'"'  17 10.  ^^  d'allonger  la  panie  qui  lui  fert  de  jambe  autanc  qu'elle  le  peu:  ctie, 
en  confervanr  la  largeur  qu'a  le  recourbemenr ,  il  poullera  fa  coquille 
en  haut,  par  la  mcme  raifon  qu'il  I'a  tirde  en  bas  auparavant  en  raccour- 
cilfanc  cette  partie,  c'ell-a-dire  parce  que  cette  coquille  qui  ell  faite  en 
efpece  de  coin  trouvera  moins  de  rcfillance  a  ouvnr  la  boue ,  que  I'ex- 
trcmice  large  .de  cette  jambe  qui  fait  la  fondion  de  pied ,  n'en  trouve 
a  defcendre. 

Le  lavignon  peut  encore  gliirer  fur  la  boue  lorfque  fa  coquille  eft  cou- 
ches fur  le  plat  ;  il  allonge  pour  cela  fa  pointe  cinoufTce  marquee  P 
(Fig.  Fll.) ,  ^  ayant  appuye  I'cxtremitc  de  cette  pointe  fur  la  boue  ,  il  I'al- 
longe  encore  davantage  (Si  fait  par  confequent  avancer  fa  coquille  comme 
un  hbmme  qui  eft  dans  un  batteau ,  fait  avancer  en  poufTant  la  terre  avec 
une  perche  \  mais  nous  aurons  lieu  de  psrier  de  ce  mouvemenc  plus  an 
long  a  I'occafion  de  quelques  autres  efpeces  de  coquillages. 

Au  refte  cet  animal,  lorfqu'il  enfonce  fa  coquille  dans  la  boue,  ne  la. 
met  pas  de  maniere  qae  la  bafe  de  cette  coquille  foit  en  bas  :  par 
le  plus  ou  le  moins  de  recourbcment  qu'il  donne  a  un  des  cotes  R  ou  r 
de  fa  jambe  {Fi^.  ^111.)  il  enfonce  plus  ou  moins  une  des  exttemites 
de  fa  coquille,  de  facon  que  la  bafe  CO  de  cette  coquille  fait  un  angle 
avec  I'horizon.  On  peut  le  remarquer  dans  la  meme  figure  ou  le  boue 
de  la  coquille  proche  de  C  eft  plus  ekve  que  celui  qui  eft  auprcs  de  O. 
Plus  meme  cc  coquillage  s'eiifonce ,  plus  il  eleve  le  cote  C  par  rapporc 
a  I'autre,  de  forte  que  lorlqu'il  eft  enfonce  de  quelques  pouces  de  pro- 
t'ondeur  ,  la  bafe  CO,  fait  prefque  un  angle  droir  avec  I'horizon. 

Neanmoins  il  n'eft  pas  indifferent  lequel  des  deux  bouts  ds  cette  co-  ' 
quille  foit  le  plus  bas  ;•  il  en  eft  un  qui  doit  etre  toujours  le  plus  elevf. 
Pour  en  connoitre  la  caufe  ,  il  fuffit  de  favoir  que  cette  efpece  de  coquil- 
lage ,  comme  plufieurs  autres  done  nous  traiterons  dans  la  fuite,  a  deux 
tuyaux  charnns  pofes  pres  d'un  des  bouts  de  la  longueur  de  fa  coquille, 
c"eft-a-dire  fort  proche  de  Tangle  curviligne  q^ie  fait  la  bafe  avec  le 
cote  du  fommet.  Ces  deux  tuyaux  paroilfent  dans  la  Fig.  VII  C  c. 
Or  le  lavignon  fe  fert  de  ces  deux  tuyaux  pour  fe  conferver  une  com- 
munication avec  I'eau  du  milieu  de  la  boue  dans  laquelle  il  eft  enfonce; 
car  il  les  allonge  jufqu'a  la  furface  de  I'eau  ,  a-peu-pres  comme  ils  pa- 
roilfent  daijs  la  fig.  IX ,  dc  fouvent  beaucoup  davantage.  On  voit  aife- 
ment  que  I'animal  du  fond  de  fon  trou  ,  &C  quoiqua  convert  p.'.r 
la  vafe ,  pent  prohter  de  I'eau  qui  eft  au-delUis  de  lui,  puifque  ces  deux 
tuyaux  ont  chacun  deux  ouvertures  a  I'une  &  I'autre  de  leurs  extremites. 
La  premiere  de  ces  ouvertures  eft  marquee  Cc,  Fig.  VII  &  IX,  &  la 
feconde  OO,  Fig.  VII ;  auili  s'en  fervent  ils  a  refpirer  I'eau,  comme  nous 
nous  fervons  de  notre  bouche  pour  donner  palfage  a  Tair  dans  nos  pou- 
nions.  C'eft  ce  qui  eft  tres-fenfible  lorfqu'on  lailFe  peu  d'eau  au  delFus 
de  la  boue  dans  laquelle  ils  font  enfonces.  On  remarque  d'une  maniere 

claire 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  ',,7 

clAlre ,  ic  I'eait  qui  entre  &  I'eau  qui  fore  alcernativemetu  par  ces  deux  — ^ 

tuyaux  ,  lefquels  tone  fouvent  en  la  jetranc  divers  jets.    II  m'a  paru  qu'ils    .  r 

peuvenc  I'un  Ik  Taiitre  attirer  I'eau  6c  la  rejetter.  ,fr*A^,?J^,:'"/ 

^     /~^     r  ■   r         I  1  Dtb  oCIENCES 

Ce  lone  ces  tuyaux  qui  ront  les  trous  rends  que  nous  avons  die  ctre  au-  be  1'aris. 
delFus  de  chaque  lavignon.  Si-tot  que  I'animals'eft  enfonce  dans  la  vafe,  ji/tncc  1710. 
i'eau  applanillanc  aifcment  les  furfaccs  qui  refiftene  peu  ,  bouchcroic 
bien  vice  le  trou  qu'il  a  faie  dans  cecee  va(e  en  y  entrant  j  c'eft  pourquoi 
il  allonge  fes  euyaux  pour  conferver  deux  efpeces  de  canaux  depuis  la 
furface  de  I'eau  jufqu'i  lui ,  lefquels  canaux  one  k  mcmc  diametre  que 
ces  euyaux. 

Les  lavignons  peuvene  non-feulemenc  allonger  beaucoup  ces  tuyaux  & 
les  raccourcir  jufqu'a  les  renfermer  entieremene  dans  leur  coquille  ,  ce 
•qu'ils  font  routes  les  fois  qu'on  veuc  les  prendre ,  mais  ils  peuvene  en- 
core  les  remuer  en  tons  fens;  quelquefois  meme  ils  ne  fe  contentene  pas 
de  metere  le  bord  de  ces  euyaux  de  niveau  avec  la  furface  fuperieure 
de  la  boue  ,  ce  qui  eft  leur  firuation  la  plus  ordinaire  ;  il  lesclcvene  au- 
delTus  de  cette  boue ,  ou  bien  les  repliene  fur  fa  furface  fur  iaquelle  ils 
tracene  par  leurs  moyens  difFerens  filions. 

Nous  ferons  a  I'occafion  de  ces  euyaux  charnus  done  les  lavionons  fe  fer- 
vent pour  attirer  I'eau  au  milieu  de  leur  coquille  Si  la  rejetter  enfuitc  ,  une 
temirque  generate;  c'eft  que  tomes  les  efpeces  de  coquillages  qui  vivenc 
orJiiiairL-m-'ut  caches  fous  le  fable  ou  fous  la  bnue  ,  ont  un  ou  deux  tuyaux 
charnus  Tmblables  a  ceux  des  lavignons  par  leur  fonclion  ,  quoique  fou- 
vene  ditferens  par  leurs  figures  ,  &  qui  fone  plus  ou  moins  longs  felon 
que  ces  animaux  s'enfoncent  plus  ou  moins  dans  le  fable.  La  raifon  en 
eft  evidente;  Us  one  befoin  de  fe  conferver  une  communication  libre  avec 
Vem  ,  &  pour  cela  ils  doivene  empccher  le  fable  ou  la  vafe  de  les  cou- 
vrir  entieremene  :  or  ils  ne  peuvene  fe  nienager  cette  communication  ,  i 
moins  que  le  boue  de  ces  euyaux  ne  puilTe  aller  jufqu'a  la  furface  fupe- 
rieure du  eerrein  dans  lequel  ils  vivent ;  de  forte  que  la  longueur  du  tuyau 
&  celle  de  la  coquille  jointes  enfemble,  fone  la  mefure  de  la  plus  grande 
profondeur  a  Iaquelle  ils  peuvene  refter  pendant  quelque  tems  :  aulli  voyons- 
nous  que  les  lavignons  qui  one  de  tres-longs  tuyaux,  defcenJene  fore 
avant  dans  la  vafe  ,  &  que  les  moules  &  tons  les  lima^ons  de  mer  qui 
n'one  poinc  de  pareils  euyaux ,  reftenc  coujours  fur  la  furface  de  la  terre. 


De  la  Palourdc. 

\J  N  ne  doic  pas  prendre  la  palourde  des  cores  de  Poicoii ,  d'Aunis  ic 
de  Saineonge  ,  pour  une  efpece  de  genre  nomme  chama  pdoiis,  ainfi  que 
^'ijori  bien  remarque  Rondelec ;  car  foit  que  le  nom  ds  pelor'u  qui  pa- 
role avoir  quelque  relfemblance  avec  c«lui  Ae palourde ,  aie  eee  donne  ace 
genre,  parce  que  les  coquilles  qu'il  comprend  font  plus  grandes  que  les 
autres  efpeces  de  chames  ou  coquilles  beanees,  comme  quelques-iins  le 
ptetendene ,  foit  qu'il  lui  vienne  du  nom  dun  ptomoncoire  de  Sicile  ap- 
Ti>m<  Illy  Ptirtit  Franjoife.  V  i 


ii^ 


COLLECTION 


Acad.  Roy  Alt 

DES  SCXENCES 

D£  Paris. 

Annie   ijio. 


pelle  Pelore,  comme  d'aiures  le  veulent ;  il  eft  cerrain  que  la  palourd« 
n'eft  point  line  efpecc  de  c/iama  peloris  ,  puifqu'elle  n'eft  pas  ime  coquille 
beante  ,  elle  terme  fa  coquille  tresexatcement  :  elie  n'eft  point  non  plus 
Jft  paloutde  ;d«s  cotes  de  Prove^nce,  car  elle  ne  vit  poinc  comme  elle  dans 
laivafe.  ■ 

Je  ne  vois. a,ticune  figure-,  ni  aucune  defcription  dans  Rcndclet ,  qui  con- 
vienne  parfaitemenc  i  I'efpece  de  coquille  done  je  parle;  car  quoiqu'elle 
convienne  nvec  la  coquille  epailFe  par  TepaifTeur  &  la  folidite,  elie  en 
differe  parce  qu'elle  a.»fur  route  fa  furface  fuperieure  de  legeres  cannelu- 
ves  [Pi.  y.  Fig.  X.)  qu;  partant  des  environs  du  foinmet,  vont  fe  termi- 
ner a  la  bafe  qu'elles;  rencontrent  a  angles  plus-ou  aioins  aigus  ,  felon 
qu'elles  font  plus  proches  ou  plus  eloignees  du  milieu  de  cette   bafe. 

La  coquille.  de  la  palourde  eft  bivalve;  fa  couleur  eft  d'un  blanc  fale, 
c'eft-a-dire  un  pen  jaunatre,  du  moins  en  quelques  endroits  de  fa  furface 
exterieure,  mais  fa  furface  inti.rieure  eft  aftez  blanche;  fa  longueur  or- 
dinaire eft  an  luoins  d'un  pouce  &  demi,  fa  largeur  d'environ  un  pouce  ; 
elle  a  bien  deml-ligne  d'epajlTeur  aurour  de  fes  bords,  .       - 

Ce  coquillage  a  comme  le  lavignon,  deux  tuyaux  charnus  C  C -F/^.  X, 
mjijs,  beancoup  ipJus  courts,  quoique  plus  gros  ;  il  ne  I'es  etend  jamais  a 
pUiiS  de  trois  lignes;;  leur  ouverture  exterieure  a  pour  lors  un  pen  plus 
d'une  ligne.  Il  n'eft  pas  aife  de  dire  lequel  eft  le  plus  long  &  le  plus  gros 
de  ces  tuyaux ,  lorfque  I'animal  eft  en  vie ,  car  quoique  celui  qui  eft  le  plus 
proclie  du  fommecC,  paroilfe  communeuient  leplus  petit,  &  le  pluseloigne 
C ,  le  plus  grand;  on  voir  dans  d'autres  tems  tout  le  coutraite.,  felon  qu'il 
plait  a  I'animal  id'allonger  &  .de  groflir  plus  un  de  Css  tuyattX.  iLa  dif- 
fedtion  n'eft  pas  incme  bien  siire  pour  connoitre  cetlte- grandeur ,  tar  elle 
change  foi't  leur  figure  ;  cependant  iL  parojB -que  dans. tsiteefece  ,  com- 
rne  dans  les  iavignons  ,  le  pkis  long  :tuyau::eft  le^  pJus;  elotgOBidu  fommet. 
Les  tuyaux  de  la  palourde  foht.idecoupss  trcs-finemeiM,  &1  cotnme  eij 
frange  au  bord  de  leur  ouverture  exterieure  :  c^lle  qui  eft  intdriture  j, 
c'eftr.i-dire  qui  porte  I'eau  au  milieu  de  la  coquille..'  eft  fimp  tment  ron- 
de  ;  on  voit  I'ouverture  inrerieure  du  tuyau  le  plus  eloigne  du  fom.ruetj 
marquee  0{Fig,  XL),  elle  cache  dans  la  fi^Hter  l:'ouv.arture  de.l'autre 
luyau.  i   :-      .<  ,  -jt''   •'  •  /a>  --. 

La  palourde  ns  fait  pas  toujours.  paroitre  ces  niyiux:-,'  cleft  fculemeni 
lorfqu'elle  eft  dans  I'eaii ;  (1  tot  qu'on  la  touche  elle  les  renferme  entiere- 
ment  :  quelque  cearts-  qu'ils  foient ,  elle  poutie  -fouvent  p>»r  lewmoy^n 
I'eau  ,i  plus  d'un  demi-pied  de  ,a.  coquille  ,  &  cela  en  raccourcilTant  oit 
etrecilfant  un  de  ces  tiiyiuxaptes  I'avoir.  extV.5memeut  gonHe.  I-oifqu'elle. 
les  allonge,  elle  fait  audi  fortir  une  petite  partie  de  fa  chair  par  loiLvefef 
rure  de  fa  coquille  ,  ce  qu'on  pent  voir  Fig.  X,  oil  torn  ce*  qui 'n'eft' pa's 
cannele  dans  le  contour  de  cette  coquille^  i?ft-la  chair  de  cette  palou-ri 
de  •  elle's  fe  nennent  quelquefois  firr-la  fiirfac^  dit  fable  ,  mais  elles  foht 
fouvenc  enforicees -dedans  autsnt  que  la''lon^^ueili''desViiyauX  le  peuf  p'er- 
mettre,  felon  cS  qiie  nfeus  avons  dit  dans  l'.irtirle 'prt'cedent.  '■•  ■ 

Pour  s'enfoneer  dans  -le  fable,  on  pour  s^lever  au-dejTus ,  pHes-em'* 
ployent   une   manoeuvre  seller  ftitibiabie  a  cfellfc  '  da 'hvi^rionv-aii fS/^i 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  jf., 

nous  arrcfbrons -nou?  point  a  I'expliquer.    II  fuffira  de   faire    voir  dans  ^::^T!:Tr^^^^^ 
la  Fig.   XI  la  coquille  ouvette,  parce  qu'oii  a  coupe  les  mufcles  qui  fer-  Acad.Royale 
vent  a  ia  fermer  :  la  partie  qu'elles  employent  a  cec  iifage ,  eft  marquee     des  Sciences 
J  j  die  eft  diftcrente  de  celle  du  lavignon  par  fon  extrcmite  qui  eft  plus       oe  Paris. 
grande  que  le  reftc ,  au  lieu  que  dans  celle  du  lavignon,  ceue  extrcmitc     jlnnie  1710. 
eft  plus  petite. 


Du   Sourdon. 

i3  o  R  les  cotes  du  Poitou  &  d'Aunis  ,  on  nomme  fourdon  un  coquil- 
lage  (Pi.  Ft  Fig.  XII.)  dont  la  coquille  eft  bivalve  &  beaucoup  plus 
convexe  que  celle  dont  nous  venous  de  parler  j  elle  eft  aulTi  plus  petite, 
car  fa  longueur  n'eft  que  d'environ  14  lignes ,  &  fa  largeur  de  9  ou  ic 
La  furface  exn'rieure  de  cetre  coquille  eft  ornee  de  cannelures  afte?  lac- 
ges,  a  cotes  arronJies,  qui  voht  du  fonr.met  a  la  bafe,  la  plupart  en  lignes 
droites  ,  d'autres  rn  fe  recourbant  un  pen;  mais  la  furface  interieure  de 
cetce  coquille  eft  lill'e  jufques  vers  le  bord  011  elle  eft  cannelee  fur  une 
bande  d'environ  une  ligne  dc  largeur.  Il  n'eft  point  d'animal  plus  propre 
que  le  Sourdon  a  faire  voir  la  verite  de  Texplication  que  je  donn.u  dans 
les  Mentoires  de  i-^op,  pag.  591  ,  de  la  formadon  des  cannelures  qui  pa- 
roiifent  fur  la  furface  exterieure  des  coquiUes  ,  tandis  que  leur  furface 
interieure  eft  lilfe  Si  polie.  Je  fuppofois  dans  ce  Memoire  qu'il  etoic 
necelfaire  pout  forlner  ces  cannelures  ,  que  tout  le  contour  du  corps  <ie 
I'animal  fur  naturellement  cannele,  iS:  c'eft  ce  que  le  fourdon  donne  fou- 
vent  la  facilice  d'obferver  lorfqu'on  \t  met  dans  I'eau  de  la  mer  :  il  al- 
longe pat  deli  tout  le  bord  de  fa  coquille  une  partie  de  fon  corps  qui  pa- 
roit  cannelee  de  la  mcme  nianiere  que  la  coquille  meme. 

Cette  coquille  eft  blanche  ,  fur  tout  intcrieurement ,  car  extcrieutement 
elle  eft  quelqiief.)is  d'un  b!anc  fale  ;  I'animal  fe  tient  dans  le  fable,  mais 
peu  entonce,  aulli  les  tuyaux  donr  le  fourdon  fe  fere  pour  attitcr  &  jet- 
ter  i'eau,  fonc-ils'tres  courts ;  tar  le  plus  long  &  le.plus  gros  qui  eft  le 
plus  eloigne  du  fommet  de  li  coquille  ,  ne  s'ctend  guere  a  plus  d'une 
iigne  de  fon  bord.  Ces  tuyaux  font  nonfeutement  decoupes  en  frange 
comme  ceux  des  palourdes ,  aurour  de  leurs  ouvertures,  mais  ils  ont  en- 
core une  efpece  de  polls  au  delTous  de  ceCte  mtme  ouverture,  ce  qu'ori 
peut  remarquer  d.ini  le  plus  gros  tuyau  C  de  la  Fig.  XII,  ou  on  a  re- 
prefente  un  fourJon  qui   comiticnce  A  s'eiifoncer  dans  le  fable.        ' 

Quoique  ces  animaux  s'enfonceAc  peu  avartc  dans  le  fable  ,  ils  en  font 
pourtanc  converts  entiersment.'  Ldtfque'la  mer  a  abanJonne  pc-nd?nt  foh 
refluxle  terrein  qu'ils  liabiterit,'  on  reconrioit  aifecicntie's  endroits  ou  lU 
font,  non-feulement  par  les'  trous  qui  paroilFent  au  delTus  d'eux,mais 
b.-aucoiip  mieux  encore  par  uiie  infinite  de  petits  jets  d'eau  qui  s'y  font', 
car  malgrc  lo  peu  de  longueur  de  leurs  tuvaux  ,  les  fourdons  poulRnt  I'eau 
plus  loin  qu'aucun  des  coquillages  Jont  nous  avons  patle.  Cesjtti  vciH 
quelque-fois.  a  plus  de  denx  pieJs  de  diftance  da  fourdon  qui  en  poulli 
fouvent  de  nouveaux.  V  i  li 


340  COLLECTION 

I.  ■—      II  n'eft  guere  de  coquillage  qui  execute  fes  mouvemens  progreflifs  par  le 

AcAD.RoYALE  nioyen  d'une  partie  qui  ait  plus  de  rertemblance  avec  celles  que  nous  em- 

DEs  Sciences     ployonsaumeme  ufage;cetce  partie,  molle  au  refte  comme  celles  de  tous 

BE  Paris.       les  autres,  refTemble  alFez  a  une  jambe  mal  faice  avec  fon  pied  ,  ou  pout  en 

Annii   1710.    donner  une  id  ee  encore  plus  jufte  ,  elle  a  fort  I'air  d'un  pied-bot ;  on  la  peut 

voir  dans  la  iv^.  ^///quieft  celle  d'unfourdon  qu'on  a  ouverc ,  en  coupant 

les  mufcles  qui  fervent   a  fermer  fa  coquille  ,  elle  y  eft  marquee  par  les 

lettres  P  J  Tj  J  montre  I'endroit  qtti  reflemble  a  la  jambe  ;  P  cetui  qui  a  Taic 

d'un  pied  dont  T  marque  le  talon.  Touts  cette  partie  eft  aflez  groffe  dans 

I'etat  ou  elle  eft  reprefentee  dans  cette  figure, 

Avec  le  fecours  de  cette  partie  ,  le  fourdon  peut ,  ou  s'enfoncer  dans  le 
fable  ,  ou  s'en  retirer  ;  &  lorfqu'il  eft  fur  la  furface  de  ce  mcme  fable  ,  il 
peut  aller  en  avant ,  c'eft-a  dire  ,  du  cote  des  cornes.  La  ftrudiure  de  fon 
efpece  de  jambe  ,  eft  tres-commode  pour  toutes  ces  difFerentes  actions  :  s'il 
veut  s'enfoncer  dans  le  fable  ,^il  allonge  cette  pattie  en  diminuant  extre- 
mement  fon  epaitfeur,  de  forte  qu'il  tend  toute  fon  extrcmitePT  tran- 
chmte  (  Fig XIII  &  XI F)-^  puis  I'ayant  portee  environ  a  demi-pouce  da 
diftance  dubord  de  la  coquille  ,  rendant  en  meme-tems  obtus  Tangle  pref- 
que  droit  que  le  pied  P  fait  avec  la  jambe  I  dans  la  Fig.  XIII  ,  il  fe  fero 
de  fon  tranchant  P  T  pour  ouvrir  le  fable  dans  lequel  il  fait  entrer  toutco 
pied  &  mcme  une  partie  de  la  jambe  :  il  accroche  enfuite  le  fable  inferieus 
avec  le  bout  du  pied  ,  d'oii  I'on  voit  que  fi  alors  il  change  encore  Tangle 
que  ce  pied  fait  avec  la  jambe  ,  je  veux  dire  ,  s'il  en  fair  de  nouveau  an 
angle  droit ,  comme  il  eft  dans  fon  etat  naturel ,  ou  ce  qui  eft  la  meme  cho- 
fe  ,  s'il  raccourcit  cette  jambe,  il  obligera  fa  coquille  d'approcher  du  bout 
de  ce  pied  qui  ne  change  point  de  place  ,  parce  qu'il  eft  cramponne  fur  le 
fable ,  &  par  confequent  la  coquille  s'enfoncera. 

On  remarque  audi  fans  doute  que  le  talon  de  ce  pied  eft  du  cote  des 
tuyaux  ,  ou  ce  qui  revient  au- meme  ,  que  le  bout  d'un  pied  regarde  le  cota 
onpofe  a  celui  ou  font  ces  tuyaux  ,  moyennant  quoi  le  bout  de  la  coquille 
oil  ils  font ,  refte  toujoursle  plus  eleve  ;  pofition  que  cet  animal  eft  oblige 
de  prendre  lorfqu'il  fe  tient  dansle  fable. 

Si  a  preftnt  le  fourdon  veut  retoiirner  fur  le  fable  ,  on  voit  bien  qu'il  n'a 
qua  faire  forrir  de  fa  coquille  la  meme  extremite  T-  P  de  fon  pied  ,  &  allon- 
trer  tout  d'un  coup  fa  jambe  ,  comme  on  le  voit  dans  la  fig.  XI f^;  car  le 
fable  fervant  de  point  d'appui  ^  Textrcmite  de  ce  pied,  la  jambe  ne  pourra 
s'allonfrer  fans  poulfer  la  coquille  en  haut. 

Enfia  fi  on  coni,-oit  le  fourdon  couche  fur  le  plat  de  fa  coquille  ,  il  n'eft 
pas  plus  difficile  d'imaginer  comment  il  pourra  aller  a  reculons  ,  ou  en 
avant:  tout  fe  paftera  dans  ces  adlions  ci  a  peupres  comme  dans  les  actions 
precedentes  ,  avec  cette  difference  qu'il  n'a  pasbefoin  de  fe  fervir  du  tran- 
cKant  P  T  pour  s'ouvrir  unchemin^car  ,  par  exemple,  pour  aller  .i  recu- 
lons ,  il  n'a  autre  -hofe  3.  faire  ,  apres  avoir  allonge  fa  jambe  ,  <Sc  change 
Tangle  droit  quelle  fait  avec  le  pied  en  iin  angle  obtus ,  qu'a  engager  la 
pointe  P  du  pied  dans  le  fable  ,  &  rcJuire  ce  pied  &  cette  jambe  a-peu- 
pres  a  leur  grandeur  &  leur  fituation  natureile  ,  fans  abandonner  le  fable  j 
car  il  eft  clair  que  !e  fable  arretant  la  pointe  du  pied  ,  cette  pointe  obli- 
gera la  coquille  de  la  fuivre  5c  le  fourdon  iia  a  reculons. 


A  C  A  D  £  M  I  Q  U  E.  J4i 

Pour  aller  au  contraire  en  avant ,  il  engagera  la  meme  pointe  P  de  ce 


toied  dans  le  fable  tout  aupres  du  bord  de  la  coquil'e  ,  de  forte  qu'augmen-  j^^^^  j^^^ 
tant  tout  d'un  coup  la  longueur  de  cette  jambe  ,  done  le  pied  P  rencontre  un    j^^^  Scien^ 

DE  Pari 

AnrUi  1710. 


)YALK 
ENCES 

point  dai.puij  la  coquille  fera  poudee  en  avanc.  de  Paris. 


Dcs   Tdlines, 

3  E  conferve  le  nom  de  tellines  aux  deux  efpeces  de  coquillages  dont  je  vais 
parler  ,  nom  qu'on  leut  donne  fur  les  cotes  de  Provence  6;  en  Italia,  qui 
eft  le  mcme  en  Latin  &  en  Grec  ,  quoiqu'il  foit  afTez  incertain  fi  les  co- 
quillages que  nous  aliens  examiner ,  &c  que  les  auteurs  modernes  ont  don- 
res  fous  le  nom  de  tellines  ,  font  les  memes  auxquels  les  Grecs  &  les  Latins 
donnent  ce  nom-  Ce  qui  me  determine  a  m'en  fervir  ,  eft  qu'ils  n'ont  point 
de  nom  fixe  fur  les  cotes  de  Poitou  &c  d'Aunis.  Quelcjues- uns  les  y 
appellant  des  palourdons ,  mais  ils  nomment  de  mcme  divers  autres  coquil- 
lages ;  tel  eft  ceiui  qui  eft  couvert  de  la  coquille  ridce ,  quoique  ce  foient 
des  efpeces  tres-difFerentes  :  d'autres  les  appellent  des  Lavegms  ,  qui  eft  la 
meme  cliofe  en  langage  vulgaire  que  de  petites  efpeces  de  lavignons ; 
cependant  cesdeux  efpeces  de  coquillages  font  bien  difivtens  ;  enfin  ce  font 
ces  coquillages  que  Ton  nomme  flions  en  Normandie. 

Les  plus  grandes  tellines  (  PL  V.  Fig.  XP',  XVI ,  &c  )  de  la  premiere 
des  deux  efpeces  que  j'ai  obfetvees  fur  les  cotes  de  Poitou  &  d'Aunis  ,  ont 
environ  15^14  lignes  de  long  ,  &  feulement  5  lignes  de  large  \  leur  co- 
quille eft  folide  parce  qu'elle  eft  alTez  epailfe,  quoique  beaucoun  moins 
que  celle  des  palourdes  ,  ayanc  fes  furfaces  extctieure  &  interieure  tres- 
polies  ,  ce  qui  lui  donne  un  ceil  luifant  :  il  faut  pourtant  excepter  le  bord  de 
ion  contour  qui  eft  cannele  ou  decoupc  comme  unefcie  ti^s  tine  (  Pig.  XV 
&  XVI )  dans  la  largeur  d'environ  une  demi-ligne  :  quelquefois  on  ne  voir 
point  ces  cannelures  deliees  fur  le  contour  de  la  furface  extcrieure  ( Fig, 
XVII )  :  les  deux  cotes  qui ,  partant  du  fommet ,  vont  joindre  la  bafe  ,  font 
de  grandeur  fort  inegale,  Tune  eft  au  moins  a  I'autre  comme  j  eft  a  i  :  la 
couleur  de  la  furface  extcrieure  eft  blanche  en  quelques  endroits ,  &  jau- 
natre  en  d'autres:  la  coquille  eft  plus  blanche  interieurement  dans  les  en- 
droits ou  elle  eft  blanche  ;  mais  la  partie  de  fa  furface  interieure  la  plus 
proche  du  fommet,  eft  d'une  alfez  belle  couleur  de  pourpre. 

Ces  coquillages  fe  tiennent  caches  fous  le  fable  oil  la  grandeur  de  leurs 
tnyaux  (  fig.  XVI )  qui  n'ont  pas  plus  d'une  ligne  de  long  ,  &:  un  peu 
moins  d'une  ligne  de  diametre  ,  ne  leur  permet  pas  de  s'enfoncer  fore 
avant.  Lorfque  la  mer  lailTe  a  fee  dans  les  grandes  marees  le  terrein  qu'ils 
Jiabitent,  on  les  trouve  fouvent  hors  de  leur  trou  aupres  duquel  ils  font 
couches  fur  le  plat  de  leur  coquille,  foit  qu'ils  fortent  ainfi  pour  refpirer 
I'air  ,  ou  plus  probablement  pour  chercher  I'eau  qui  les  a  abandonncs ;  audi , 
quoiqu'on  les  tiouve  fouvent  aupres  de  leur  trou  ,  on  les  rencontre  quel- 
quefois a  plus  d'un  pied  de  diftance  de  ce  meme  trou  ;  Sc  on  pent  remat' 
querparle  ullon^  qu'ils  (?jh  trace  f«r  le  fable  ,  le  chemia  qu'ils  ont  fuivi. 


34^ 


COLLECTION 


'  Ces  tellines  ont  une  efpece  de  pied  comme  les  fourdons ;  tn-t'is  la  jambe 

AcADlRoYALE  ^  laquelle   le  talon  de  ce  pied  eft  joint ,  eft  tres  courte  j  on  voit  ce  pied 

DES  Sciences     dansla  Fig.  X/^:  lorfqu'elles  veulent  s'en  fervir  ,  elles  donnent  une  figure 

DE  Paris.        tiancliante  au  cote  de  ce  pied  qui  eft  le  plus  eloigne  du  lommet  ,  &  le 

Annie  1710      rendent  concave  vers  le  fommet ,  ou  convexe  vers  la  bafe  de  la  coquille. 

Il  ne  refTemble  pas  mal  alors  a  certainss  lames  de  couteaux  dont  la  poinre 

releve  un  peu  ,  parce  quo  le  trancliant  de  la  lame  eft  convexe  aupres  de 

cette  pointe  ,  laquelle  poiiite  eft  au  contraire  concave  du  cote  du  dos  de 

la  lame.  La  Fig.  XFI  reprefente  cette  partie  prete  as'ouvrir  un  cliemin  dans 

le  fable. 

II  feroit  inutile  de  detailler  tous  les  divers  mouvemens  de  ce  coquillage 

3ui  s'executent  a-peu  pres  comme  ceux  du  fourdon  :  je  me  contenterai  de 
ire  qu'ils  font  tous  les  mouvemens  communs  aux  autrescoquillages,  avcc 
beaucoup  d'agilite  &  de  virelfe;  mais  audi  dots  je  parler  de  quelques  mou- 
vemens qui  leur  font  particuliers  j  le  petit  faut  que  je  leur  ai  vu  taire  quel- 
tJuWois  ,  eft  de  ceux-ld  :  voici  comment  ib  Texecutenc.  lis  rendent  leuc 
efpece  de  pied  prefque  auffi  long  que  leur  coquille  ,  auffi  ne  lui  donnent- 
ils  pas  alors  autant  de  longueur  que  lorfqu'il  paroit  une  lame  de  couteaii 
d3.v\s\a.  Fig.XFI  \  ils  recourbent  extremement  cette  partie  ainfi  aliongee  , 
de  fagon  qu'ils  portent  fon  bout  P  (  Fig.  XVIl )  tres-pres  du  bout  de  la 
longueur  de  la  coquille  :  I'ayant  mis  .dans  cette  pofition. ,  ils  pouflent  le  fa- 
ble qui  eft  du  cote  de  la  bafe  de  la  coquille  ,  &  non  celui  qui  eft  dans  la  di- 
rection  de  fa  longueur  ,  &  cela  fuffit  pour  redrelfer  leur  coquille  que  nous 
avons  confiJerce  jufqu'ici  couchce  fur  leplat.  Cette  coquille  redrelfee  de 
faqon  que  fon  fommet  la  foutient  perpendiculairgment  (ur  le  fable  ,  I'ani- 
mal  debande  avec  une  extreme  vitelle  cette  partie  que  nous  avons  dit  etre 
tres  recourbee,  ce  qui  le  poude  audi  tres-vite,  en  lui  faifant  faire  une  ef- 
pece de  petit  faut  ,  car  il  s'eleve  en  s'avangant.  Ce  fi'eft  pas  fans  raifon 
qu'il  fe  met  ainfi  fut  le  fommet  de  fa  coquille ,  lorfqu'il  veut  faire  ce  mouve- 
ment  qui  le  chade  avec  vitefTe  ;  car  il  eft  clair  que  c'tft  la  pofition  la  plus  fa- 
vorablequ'il  puiffe  choifir  pour  que  le  fable  rclifte  le  moins  qu'il  eft  pofiible 
a  fon  adion ,  puifqu'il  ne  touche  qu'une  ties-petire  partie  de  fa  coquille. 
Ce  que  nous  avons  dit  pour  expUquer  comment  la  telline  redrefle  (a  co- 
quille pour  s'appuyer  fur  fon  fommet  ,  fuifit  prefque  pour  faire  com- 
prcn'dre  comment  etanc  couchee  fur  un  cote  ,  elle  fe  retourne  fur  I'autre; 
car  il  eft  evident  qu'elle  a  feulement  befoin  pour  cela  de  redrefler  fa  coquille 
fur  fon  fommet,  &  alors  de  continuer  a  pouder  un  peu  le  fable  de  cocecon-.- 
me  elle  I'a  fait  pour  h  redrelFer  ;  ce  dernier  effort  la  renverfera  fur  le  cote  op- 
pofe  a  celui  011  elle   ctoit  couchee, 

L'autre  efpece  de  telline  (  PL  r.  Fig.  XVIII ,  &  XIX. )  dont  j'ai  a 
parler  redemble  plus  aux  lavignons  par  la  figure  de  fa  coquille ,  qu'nux 
tellines  de  I'efpece  precedente  -.cette  coquille  n'eft  point  decoupee  en  fcie 
fur  fes  bof  ds  ,  les  cotes  qui  viennent  du  fommet  joindre  la  bafe  ,  font  a-peu- 
prci  d'egale  longueur  ;  fi  elle  a  plus  de  foliditc  que  celle  des  lavignons  ,  elle 
en  a  beaucoup  moins  que  celle  des  autres  tellines  \  fa  furface  fupcrieure 
n'a  point  cet  ceil  brillant  qu'ont  les  autres  tellines  ,  audi  eft  elle  beaucoup 
moins  polie  :  enfiu  cette  coquille  a  quelquefois  certains  lermes  d'accroiire- 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  345 

ment  fi  marques ,  qu'elle  femble  compofce  de  plufieurs  pieces  femblables ,  u' 

mais  de  grandeurs  incgalts  ,  pofecs  en  recouvremeiu  Ics  uiies  fur  les  autres  Acad.Royaie 
(  A  A.   Fig.  XIX, )  :  fa  longutuc  eft  arpeu-prcs  de  15  lignes,  ii  fa  lar-    des  ScienC|S 
geur  de  10,  ou   11.  Ceire  elpece  de  ttlline  (c  ticiic  CLimme  la  precedente     .^'     ; '^^ 
peu  enfoncee  dans  le  fable,  parce  queii^s  tujaux  de  i^ujje  &  de  I'amre ,   Annie  i/.M- 
iont  de  la  mcme  longueur.  :  m    (J.-,,     :;..'i   sjji,"!:.  ;    1.  » 

La  parcie  que  ces  coquillages  eiiip'.oyenc  a  ieurs  divers  mouvemens  ,  a 
audi  comme  ccllc  done  Us  fourdons.  le  fervent  au  mcme  uf.ige,  I'air  d'une 
jambe  avec  fon  pied  ;  mais  ce  qui  rellemble  au  pied  ,  tft  plus  loni;  is:  nioins 
cpais  que  dans  les  (burdons.  Il  leroit  inutile  de  decrire  les  difterens  mouve- 
mens de  ces  tellines  >  il  fuffitde  marquerque  routes  leuis  adions  font  fem- 
blables  a  celles  des  tellines  prccedentes  ;  il  y  a  a  la  vente  quelque  difference 
dans  la  figure  de  la  partiequi  les  produit ,  comme  on  le  voir  dans  les  Fig. 
XFllI ,  6'  XIX)  :  la  Fig  A  fill  reprelente  cettc  partie  telle  quelle  pa- 
roit  lorfqu'on  a  ouvert  la  coquille  ,  en  coupant  les  mufdes  qui  fervent  a  la 
fernier  ;  He  la  Fig.  ^Y/Af  reprelente  cette  partie  telle  qu'elle  devient ,  lorf- 
qu'elle  eft  prete  a  percer  leikble. 

'  r;  ^.  iu'l  :.<;  .Il                                                                •  i 
: ^ 

r 

Dc   P(S.il-dc-bQuc. 

S-/  Es  Grecs  onr  donnc  a  cetre  efpece  de  coquillape  ,  le  nom  de  Lepas  , 
que  Gaza  en  traduifant  I'Hiftoire  des  Animaux  d'Ariftote  ,  a  rendu  en  La- 
tin par  celui  de  Patella.  On  I'appelle  Berdin  &  Berlin  fur  les  cotes  dt 
Normandie  ,&  c'eft  fur  celles  de  I'oitou  &;  d'Aunis  qu'on  le  noniaie  ceil-de- 
bouc  ,  i<c  qu8lquefois  jamble. 

-  La-coquille  de  cer  animal  S  B  B  B  (  PL  VI.  Fig.  I. )-  eft:  d^nne-fetrfe  pie- 
ce ,  alfez  dure  ,  elle  reprefente  une  portion  de  cone  ilont  la  fcction  eft  une 
ellipfe  :  mais  non  pas  une  ellipfe  bien  exadle  ;  car  cette'  figure  eft"  bean- 
coup  mams  ouverte  du  cote  de  la  tete  de  I'animal ,  que  du  tote  op- 
pofe.  Sa  furface  exterieure  a  diverfes  cannelures  qui  vont  du  fomtjiet 
du  cone  a  fa  bafe,  ou  plutot  a  I'ellipfe  de  fa  feilrioii.  La  coukur  I'd  pfns 
commune  de  ces  coquijles-eft  grisatrej  on  en  voit  neahmoins  de  diver- 
fes autres  couleurs.  "'-!■'   c  -    •'!-■'-'   ■i:o,;ir..  -.-'.'-.o-i   .  il-.i 

L'animal  qui  habire-tette'*be|ni'We'-ri*efi  eft'  pas  entiereminr' c<9Svei'^'; 
tout  ce  qui  reprefente  la  bafe  ou  la  fedion  dp  cone  eft  la  chair  de  I'a- 
nimal  fur  laquelle  il  n'y  a  jamais  de  coquille;  dj  forte  quefi  I'on  ren- 
vetfe  le  cone  en  mettant  fon  fommL-r  en  bas,  on  voir  aiors  les  parfies 
daciirps  de  rceil-de-houc  qui  ne  font  point  revetiies  de  coquille.  l.e  re- 
bofd  que  Ton  Voir  autour  de  cette  bafe  A  A--,  Sec.  (Fig.  //.)  marque  Peh'^ 
droit  on  la  coquille  celTe  de 'le  coftyrif  j'cfti 'y'difti'-ij^tre  aufl?  fa  rcte  T 
S-<!6«^  cfe'laqrJdle  font  deuv  petites  coriVes-'CC  telifiSiirfeeeJ--vers-eHe."  " 

On  ne  peut  appercevoir  cette  bafe  charnue  de  I'ceil-de-bouc  ,'fi  Ten- 
n'errtpl^Me- la  force  pour  la  feparer  des  pierres  fur  lefqucUes  elle  eft  atta- 
chee  d'une  maniere  ferme  &  ftable.  Loifque  la  mer  abandonne  ce  cpf 
^uiltage' ^endailt  fon-  t6&ixx:  ^  il  «ft  reprcfeiue  dins-  la  Ff*;V  I  -Mi  ipi'il 


J  44 


COLLECTION 


Acad  Rovale 

PES  Sciences 

D£  Paris. 

Annii  1710. 


paroit  alors  :  aufli  Borelli  I'a  mis  partni  ceux  qui  reftent  toute  leur  vie 
fixes  dans  un  meme  endroit.  Ariftote ,  cependant  avoit  pris  foin  d'aver- 
tir  qu'il  fe  detachoic  des  pierres  pout  aller  chercher  la  nouiiiture  qui 
lui    ell  convenable. 

C'eft  a  la  vetite  ce  qu'il  n'eft  pas  aife  de  remarquer  au  bord  de  la 
mer;  car  lorfque  I'aeil-de-bouc  refte  a  fee  pendant  le  reflux  ,  it  change 
audi  peu  de  place  que  la  pierre  a  laquelle  il  eft  attache ,  &  lorfque  la 
mer  ell  haute ,  il  n'eft  pas  poflible  d'obferver  ces  coquillages.  Il  y  a  pour- 
tant  un  mouvement  qu'on  leur  voit  faire  de  balle  mer ,  mais  qui  ne  leur 
fait  point  changer  de  place  ;  tout  ce  mouvement  fe  rcduit  a  elever  leur 
coquille  a  une  ligne  ou  une  ligne  &  demie  de  diftance  de  la  pierrt  fur 
laquelle  leur  bafe  eft  appliquee;  mais  ils  la  rabailfent  avec  une  grande 
vitelFe  auHi-tot  qu'on  les  touche.  Quoique  je  n'aie  jamais  pu  voir  I'oeit- 
de-bouc  fe  donner  d'autres  mouvemens  au  bord  de  la  mer  ,  ceux  que 
i'ai  gardes  en  vie  chez  moi  ,  m'ont  fait  connokre  qu'ils  ont  un  mou- 
vement progreffif,  &  comment  ils  I'exccutciu  j  c'eft  par  le  moyen  de  la 
grofTe  partie  charnue  P  ^F^i-  1I-)  qui  sft  au  milieu  de  I'ouveriure  de  la 
coquille,  ou  qui  fait  la  bafe  de  I'animal.  Sa  fubftance  eft  beaucoup  plus 
folide  que  celle  des  autres  parties ,  tk.  fon  volume  egale  celui  de  routes 
les  autres  ptifes  enfemble.  Nous  ferons  a  cette  occafion  une  remarque 
generate  d'apres  tout  ce  que  noui  avons  obferve  juTqu'ici  fur  les  coquil- 
lages ;  c'eft  que  la  partie  qu'ils  emploient  a  leurs  mouvemens  progrtffifs, 
a  prefque   autant  de  chair   elle  feule ,  que  tout   le  refte  du  corps 

L'ttil  de  bouc  fe  fert  de  cette  partie  pour  fe  mouvoir  ,  comme  nos  li- 
magons  terreftres  emploient  au  meme  ufage  leur  empatement  j  aufli  le  mou- 
vement progreffif  des  uns  &  des  autres  ell-il  egalement  lent. 


Des  differentes  efpeccs  dc  Coquillages ,  comprifcs  en  Latin  fous 
Ic  nom  dc  Turbo,  Trochus ,  Buccinum,  &c. 

J.  ouTES  les  differentes  efpeces  de  coquillages  que  je  renferme  dans 
cet  article  ,  font  revetus  d'une  coquille  d'une  feule  piece  tournee  en  fpi- 
rale  ,  comme  c«lle  de  nos  limaqons  rerreftres ,  quoique  plus  ou  moins 
allongee  j  auHi  peut-on  les  appeiler  avec  raifon  des  elpeces  de  lima^ons 
de  mer  :  leur  mouvement  progreffif  s'execute  comme  celui  des  lima^ons  , 
par  le  moyen  d'une  grolTe  partie  mufculeufe  a  laquelle  on  donne  le  nom 
d'empatement  dans  les  lima^ons ;  il  fuffit,  pour  faire  juger  de  cette  ref- 
femblance  ,  de  faire  voir  dans  la  figure  III  (  PL  VI.)  la  partie  qu'une  petite 
efpece  de  buccin  emploie  a  cet  ufage.  Cette  partie  eft  marquee  par  la 
lettre  E  ,  &  routes  les  autres  efpeces  de  coquilles  tournees  en  fpirales 
ont  une  partie  a:peu-pres  femblable  a  celle  -  ci  &(.  deftinee  aux  memes 
adions. 

On  ne  voit  cette  partie  que  lorfqu'ils  veulent  fe  mouvoir  j  dans  les 
autres  tems  elle  eft  entierement  retiree  dans  leur  coquille  ,  elle  fert  meme 
i  les  y  renfermer  ,  &  cela  pat  le  moyen  d'un  petit  couverde  ou  opercule 

qui 


A  c  A  D  i  M  I  Q  u  e;  m 

qui  eft  attache  a  fon  extrcmitc  ;  enforte  que   ces  coquilles  univalves  font       in  i 

clofes  de  tons  cotes  comme  les  coquillcs  a  deux  battans  :  ce  couverde  eft    »  -n 

J,  J  .  .         1  II       J       I  11       ,-,  ACAD.P..OYALS 

dune  matiere  dure,   mais  moins  dure  que  celle  de  la  coquille.  On  peuc     des  Sciences 
aifctnenc  comprendre  de  quelle  inaniere  ces  animaux  s'en  fervent ,  comme       de  I^aris. 
d'une  cfpece  de  porte  pour  termer  leur  coquille.  Ce  couvercle  C  eft  attache    /Innee  1719, 
a  la    furface  fuperieure   du  bout  de  leur  empatement  ,  c'eft-a-dire   a  la 
partie  de  cec  empatement,  qui ,  etant  allongce  ,  fe  trouve  le  plus  proche 
du  fommet  de  la  coquille  :  lors  done  que  ces  coquillages  retirent  a  eux 
leur  emparement  ,  en  le  pliant  de  fa^on  que  fa  partie  infcrieure  P  ,  on 
celle  qui  etoit  appliquce  fur  la  terre ,  loit  ramenee  fur  leur  tete.  Ce  cou- 
vercle C,  qui  eft  de  la  meme  figure  que  I'ouverture  de  la  coquille  ,  doit 
la  boucher  ,  puifque  la  furf.ice  de  I'empatement  fur  laquelle  il  eft  coUe 
fe  trouve  par-la  la  plus  proche  de  cette  ouverture. 

(Jne  petite  efpece  de  lima^on  terreftre  ,  dont  j'ai  parle  dans  les  Mc- 
moires  de  cette  annce  ,  bouche  auflS  fa  coquille  par  le  meme  moyen. 


Du   Bcrnard-l'Hermite, 

J_;  E  Bernard-l'Hermite  eft  un  animal  de  mer  aflez  connu  :  plufieurs  Au- 
teurs  en  ont  parle  depuis  Ariftote,  qui  I'a  dccrit  avec  foin  fous  le  nom 
de  Cellus  \  ainfi  on  fait  de  refte  que  n'ayant  naturellement  ni  coquille  , 
ni  ecailie  ,  ni  matiere  cruftacee  fur  la  plus  grande  partie  de  fon  corps  ,  il 
le  couvre  en  fe  logeant  dans  les  coquilles  que  d'autres  animaux  ont  formees. 
Il  habite  alfez  indifFeremment  des  coquilles  d'efpeces  tres  -  diffcrentes  , 
mais  pourtant  tournees  en  fpirales  j  telles  font  celles  des  buccins  ,  des 
turbines  ,  des  natices  ,  &c.  Il  fe  retire  quelquefois  fi  avant  dans  fa  coquille  , 
qu'on  la  prendroit  pour  une  coquille  vuide  ;  mais  lorfqu'il  veut  changer 
de  place ,  il  vient  aupres  de  fon  ouverture  ,  &:  allongeant  alors  deux  grolfes 
partes  femblablcs  a  celles  des  ecrevilFes  ,  des  homards  ,  &  des  cancres  ,  il 
lescramponnefur  quelque  pierre  ou  fur  le  fable,  de  forte  qu'en  les  repliant 
enfuite ,  il  oblige  la  coquille  dans  laquelle  il  eft  loge  d'avancer  vers  I'endroic 
qu'il  tient  faifi. 

Ariftote  en  diftingue  deux  efpeces ,  dont  celle  qui  habite  les  Niritcs  eft 
plus  courte  que  celle  qui  habite  les  Turbines  ,  &:  a  la  patte  droite  beau- 
coup   plus   petite  que  la  gauche. 

Rondelet  ne  convient  pas  que  cette  derniere  circonftance  metre  une 
difference  entre  ces  deux  efpeces,  en  quoi  il  me  paroit  avoir  raifon  j  car 
le  bernard-l'hermire  qu'on  voir  reprefente  dans  la  Fig.  y  [PI.  f^I)  de- 
pouillc  de  fa  coquille  ,  n'etoit  point  dans  une  nerite  ,  mais  dans  une  coquille 
de  I'efpece  de  celle  qu'on  voit  Fig.  Ill  -.  cepenJantil  a  audi  la  patte  gau- 
che plus  grolfe  que  la  droite.  Rondelet  pretend  done  que  cela  eft  commun 
a  tous  les  hcinards-  Ihermites,  ^'  il  en  donne  cette  raifon  que  la  patte 
droite  etant  plus  eloignce  du  bout  de  I'ouverture  de  la  coquille  ,  que  la  patte 
gauche,  elle  fe  trouve  plus  preftee  ,  ce  qui  empcche  quelle  ne  ptofite  au- 
tant  que  I'autre  de  la  nourriture  que  prend  I'anitnal.  C'eft  dbmmage  qu'uri 

Tonu  III ,  Parcie  Frangoife,  X  i 


•5  4^  COLLECTION 

^  faic  fi  bien  explique  nefoit  pas  vrai.  II  eft  certain  qu'on  ft  VU  &qu'onvoic 


Acad.  RoYALE  ^"'^ofe  tous  les  jours  des  bernards-l'liermites  qui  out  la  parte  gauche  plus 

DEs  Sciences    grolfe  que  la  droite  :  celui  qui  a  ete  reprefente  dans  la  Fig.  /A'etoit  un  de 

DE  Paris.      ceux-la  j  les  pattesdroites  &  gauches  font  marquees  par  les  lettres  D    & 

Annee  nio      ^  •  *"  ts^s  il  ne  paroitra  pas  furprenant  que  le  cote  droit  profite  autanc 

que  le  gauche  ,  quoique  la  coquille   foit  plus  large  aupres  de  ce  dernier 

cote,    lorfqu'on  faura  que  les  bernards-rhermites  font  tres  a  I'aife   dans 

ees  coquilles,  &  qu'elles  ne  les  prelfent  que  fous  leur  ventre  qui  s'entor- 

tille  autour  de  la  fpirale  deia  rampe. 

On  pourroit  aufli  ajouter  a  la  defcription  qu'Ariftote  a  donnee  de  cet 
animal,  qu'outre  les  deux  grolles  partes  a  ferres  dent  nous  venons  de  par- 
ler,  &  les  quatre  autres  jambes  ,  ce  qui  fait  en  tout  fix  jambes  ,  cet  animal 
a  par  de-la  fa  poitrine  de  chaque  cote  ,  trois  petits  corps  longs  ( 1 1 1 1 1 1. 
Fig,  V  )  qui  egilent  le  tiers  de  chaque  jambe  ;  leur  moilelfe  empeche 
effidivement  qu'on  ne  les  puilfe  prendre  pour  des  jambes  ;  mais  je  crois 
qu'ils  fervent  a  attacher  I'animal  autour  de  la  rampe  de  la  coquille  :  A  O 
eft  cette  partie  du  corps  de  I'animal  qui  n'eft  couverte  que  par  une  peau 
tres- mince;  le  refte  eft  une  efpece  d'ccaille  aftez  femblable  a  celle  des 
ccrevilTes,  lorfqu'elle  commence  a  prendre  quelque  confiftance  (a). 


Des  efpeccs  d'Ortks  de  mer  qui  paroijfent  toujours  attachces 

aux  picrres. 

Ji  oUTisles  efpeces  d'orties  ont  ete  diftrlbuees  par  Andote  ,  Hi/loin 
lies  Animaux.  L.  5  Chap,  16  ,  fous  deux  genres,  dont  I'un  comprend 
celles  qui  reftent  pendant  route  leur  vie  fise  en  un  meme  endroit  comma 
des  plantes  ;  &c  I'autre  contient  au  contraire  routes  les  efpeces  d'orties  qui 
changent  de  place  ,  &  qui  aiment  les  rivages  &c  les  lieux  unis.  Les  obfer- 
vations  que  j'ai  faites  ne  me  permettent  pas  d'adopter  cette  diftribution  ; 
car  je  n'ai  point  trouve  d'efpeces  d'orties ,  mcme  parmi  celles  qui  fe  tien- 
nent  dans  les  trous  des  pierres,qui  ne  fuftent  capables  de  quelque  mou- 
vement  progreffif ;  a  la  verite  la  piupart  de  celles  que  I'on  voir  attach^es 
fur  les  pierres,  fe  meuvent  avec  une  telle  lenteur  qu'elles  paroident  im- 
mobiles  aux  yeux ,  &  je  m'y  ferois  trompe  comme  les  autres,  fi  je  ne  les 
euffe  examinees  qu'au  bord  de  la  mer  ,  leur  mouvement  progreflif  etant 
audi  lent  que  celui  d'une  aiguille  d'horloge ,  car  a  peine  parcourent-elles 
un  pouce  oa  deux  dans  une  heure  ;  on  ne  peut  appercevoir  ce  mouve- 
ment que  comme  on  apper^oit  celui  de  ces  aiguilles  en  remarquant  I'en- 
droit  oil  la  partie  de  I'ortie  la  plus  allongee  eft  a  une  certaine  heure ,  6i 
celui  oii  cette  meme  partie  fe  trouve  a  I'heure  fuivanre. 

Je  ne  fais  fi  on  a  eu  plus  de  raifon  de  leur  donner  le  nom  d'orties  qui 

(a)  Swammcrdam  a  obferve  que  la  partie  mollc  du  Bernard-rHermite  eft  attadiee  a  fa 
coquille,  &  qu'ainfi  cette  coquille  eft  propie  a  ranimal,  ce  qui  lui  eft  commun  avec  les 
autres  coquillages.  V.  Collec.  Acad,  tom.  V  de  la  Part,  Etrangere ,  ^lei'.  derHiJl^^N'Ui- 
fipcLTie ,  pag.  J 1 ,  1 : 3  &  fuiv^. 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  ^^7 

r  eft  commun  avcc  une  pl.mte  terrcftre  tres  connue,  parce  qu  on  a  rie-  —■»« 
■J..  „.,'„n.,.  „,...:...:„„>    i j  -    '     _       1-  ,'         


leu 

rendu  qu'ellcs  excitoient ,  comme  cette  plante,  une  dcmangeaifon  (.uil.mte  Ac  \d  "oy  s  s 

dins  les  parties  qui  \es  avoient  toutheesj  du  moins  fais-je  que  toiites  let     ues  Scien-ce* 

efpeces  d'orties  qui  viennent  fur  les  cotes  de  Poitou  &  d'Aunis,  ne  pro-      »e  Paris. 

duifcnc  point   un  pareii  eftet.    Les  noms  qu'on  leur  a  donncs  fur  ces  cotes    jinnee  1710- 

&  fur  celles  de  NoriTiandie  ,    me  femblcnt  niieux  fondes  ,  puifqu'ils   re- 

tracent  une  image  de  la  figure  que  ces  orties  font  paroitre  en  un  grand 

nombre  de  circonlknces  :  on  Us  appelle  dans  les  premiers  endroits  c/.'/j- 

di-ckcvaux  ,  Sc  dans  les  autres  c«/i- j'i/j«  ;  la  partie  marquee' A  {Fig.  /Y, 

yj/  &  y/Il.)  en  fait  voir  la  raifon. 

Phne  n'a  pu  fe  refoudre  a  les  mettre  parmi  les  animaux  ;  il  les  a  fait  d'a- 
prcs  Ariftote  dune  defpece  de  nature  moyenne  entre  celles  des  plantes 
Sc  des  animaux  ,  quoique  par  des  raifons  differentes  ;  car  une  des  plus 
grandes  resemblances  qn'Anltote  trouvat  entre  les  parties  &  les  plantes , 
c'eft  que  les  orties  ne  lui  ont  paru  avoir  aucun  conduit  pour  donner  for- 
tie  a  leurs  cxctcinens  ,  an  lieu  que  Pline  dit  qu'elles  les  jettent  par  un 
tuyau  delie  :  ce  tuyau  pourroit  bien  etre  une  des  comes  de  I'ortie;  mais 
ce  que  jettent  ces  cornes ,  defquelles  ncJus  parlerons  dans  la  fuite ,  n'a  point 
du  tout  I'air  d'un  excrement,  puifque  c'ell  une  eau  tres-claire.  Quoiqu'ilen 
loit,  fi  nous  nous  en  tenons  aux  idees  communes,  nous  devons  tegarder 
Il's  orties  comme  de  vcritables  animaux;  car  felon  ces  idces,  peut-on  refu- 
fer  le  nom  d'animal  a  des  corps  fi  bien  organifcs  ,  qui  non-feulement  don- 
nent  des  marques  de  fentiment  lorfqu'on  les  touche,  mais  qui  attrapenc 
des  poilFons  &  des  coquillages ,  &  qui  les  mangent;  enfin  qui  ont  un  mou- 
vement  progreflif,  comme  Ariftote  6c  Pline  I'ont  reconnu  de  diveifes  ef- 
peces. 

Ces  otties  prennent  fucceflivement  tant  de  figures  differentes,  qu'il  n'eft 
guere  pollible  de  les  decrire  fous  aucune  forme  deterniitiee.  Les  plus  re- 
inarquables  cependant  de  ces  figures  &  du  melange  defquelles  routes  les 
auttes  font  en  quelque  facon  formees,  peuvent  fe  reduire  a  ceilts  que  I'oii 
voir  dans  les  Fig.  FI ,  Vll ,  Fill ,  IX  &  X,  8c  on  peur  dire  en  general 
que  la  figure  exterieure  du  corps  de  I'ortie,  approche  de  ctUe  d'un  cone 
tronque  ,  dont  la  bafe  eft  appliquce  fur  les  pierres  auxquelles  on  la  trou- 
ve  toujours  adhcrente  ;  mais  la  bafe  de  ce  cone  qui  piroit  fonvent  cir- 
ciilaire,  eft  tantot  elliptique  ,  tantot  de  quelque  figure  irre;;uliere  ;  &  le 
cone  eft  tantot  perpendiculaire  a  fa  bafe,  &c  tnntot  oblique  :  fa  hauteur 
change  a  prbportion  que  la  bafe  s'agrandit  outiiminue  ;  je  veux  dire  que 
quand  fa  bafe  devient  plus  grande  ,  fa  hauteur  devient  plus  petite ,  &  qu  il 
eft  plus  cleve ,  lorfque  fa  bafe  eft  plus  ctroire  en  tout  fens. 

La  furface  fupeneure  de  I'ortie,  ou  celle  qui  eft  oppofee  a  fa  bafe,  eft 
ordinairement  convexe.  Au  milieu  de  cette  furface,  eft  une  ouverture  qui 
s'agrandit  &:  diminue  au  gre  de  I'animal.    Mais  pour  nous  faire  une  image 

f)lus  relTemblanre  de  I'ortie  &  des  parties  interieures  qu'elle  lailfe  voir 
orfqu'elle  agran.lit  I'ouverture  dont  nous  venons  de  parler  ,  rcprefentons- 
nous  fon  exterieur  que  nous  avons  confidere  jufqu'icl  comme  un  cone 
tronque  fous  la  figure  d'une  bourfe  a  jertoni ,  avec  cetre  difference  cepen- 
dant que  fon  ouverture  qui  reprefente  celle  de  la  bourfe  fe  fermc  ,  fans  que 

X  i  i; 


J48  COLLECTION 

I         le  refte  de  I'enveloppe  de  I'ottie  fe  plilTe  de  haut  en  bas  comtne  les  bour- 
Acad.  RoYALE  fes  auxquelles  nous  les  compacons ,  Sc  auxquelles  elles  reflcmblent  beau- 
DEs  Sciences    coup  a  cela  ptcs.    Au  milieu  de  cette  efpece  de  bourfe  eft  place  le  corps 
DE  Paris.       Q^  I'interieur  de  I'orcie,  qui  ordinairement  approche   afTez  de  la  figure 
Annie  1710.     coniquej  il  eft  attache  aux  parois  interieures  de  cette  enveloppe  ou  bourfe, 
jufques  un  peu  au-delTus  de  la  moitie  de  fa  hauteur,   le  refte  ne  leur  efb 
point  adherent ,  &C  ces  patois  font  plus  ou  moins  etoignces  de  cette  par- 
tie  du  corps  qui  ne  leur  eft  point  attaches  ,  felon  que  I'ouvertare  fupe- 
rieure  eft  plus  ou  mains  grnnde.    Aufli  lorfque  cette  ouverture  eft  pref- 
que  fermee  ,  con, me  dans  la  Fig.  FI ,  on  voir  trcs-peu  de  I'interieur  de 
I'oitie :  fi  elle  I'elargit  davantage,  comme  dans  la  Fig.  Fill,  on  apper^oic 
diftinitement  la  partie  exterieure  A  &  quelques-unes  des  comes  C  C  C  ;  & 
enfin  fi  elle  augmente  encore  cette  ouverture ,  prefque  routes  fes  comes 
paroilfcnt;  elles   font   fcmblables    par  leur   figure  a  celle  des   limacons, 
1  rnais  par  leur  fondtion  elles  relTemblent  peut-etre  davantage  a  celles  des 

coquilliges   de  mer  ,  puifqu'il  arrive  fouvent  que  I'ortie  poulle   des  jets 
d'eau  tres  fins  par  leur  extrcmite  lotfqu'on  la   touche.    Ces  comes  font 
attachees  aux  parois  interieures  de  la  bourfe,  ou  enveloppees  tout  atipres 
de  fon  ouverture  J  elles  font  difpofees  en  trois  rangs  differsns  places  les 
ans  fur  les  autres,  qui  tous  enfemble  en  contiennent  environ  1  ^o.(^Fig,VII.) 
Si  I'ortie,   non  contente  d'avoir  agrandi  extremement  I'ouverture   A  , 
renverfe  le  contour  de  cette  bourfe  fur  elle-meme,  comme  on  recoume 
un  bas ,  on  rend  exterieure  une  partie  de  fa  furface  interieure ,  elle  mon- 
tre  alors  toutes  f§s  comes  etendues  ( Fig.  VII. )  j  ce  qui   forme  une  figure 
alfez  finguliere  ,  &  qui  ne  reprefente  pas  mal  une  fleur  epanouie.  On  voir 
audi   lorfque  I'ortie  a  pris  cette  figure  ,  une  efpece  de  petit  anneau  qui 
eft  tres-pres  du  bord   de  la  furface  interieure  de  cette  membrane,  lequel 
eft  compofe  d'un  grand  nombre  de  demi-boules  d'une  belle  couleur  bleue  ; 
trois  de  ces  demi-boules  font  marquees  OOO  dans  la   meme   fig.  VIL 
La  variete  qui  eft  entre  les  couleurs  des  orties  de  differentes  efpeces, 
ou  entre  celles  de  la  meme  efpece,  egale  prefque  la  variete  des  figures 
que  prend  fucceflivement  une  meme  ortie  :  les  unes  font  verdatres,   les 
autres  blanchatres,  d'autres  couleur  de  rofe  ,   qaelques  autres  de  diverfes 
couleurs  brunes.   Dans  quelques  orties  ces  couleurs  paroiftent  par-tout  fur 
leur  furface ,  dans  d'autres  elles  font  diftribuees  par  rayes  ou  pnr  taches  , 
quelquefois   regulierement  ,    quelquefois  irregulierement ,    mais  toujours 
d'une  maniere  tres-favorable.  La  plupart  des  vertes ,  telles  que  celles  de 
I'efpece  reprefentee  Fig.  VII  &  Vll! ,  ont  une  bande  bleue  d'une  ligne 
de  largeur  tout  autour  de  leur  bafe  B  B  Fig.  VII  &  VIII,   Au  refte  ,  la  dif- 
ference des  couleurs  ne  peut  point  etablir  entre  ces  fortes  d'orties  une  va- 
riete d'efpece  ;  il  feroit  plus  sur  de  les  diftinguer  par  la  tifture  ditferento 
de  leur  chair.  Les  orties  reprefentees  dans  les  Fig.   VII  &  VIII  qm  font 
de  mCme  efpece ,  font  par  example  differentes  de  celles  de  la  Fig   VI ,. 
parce  que  ,  quoiqu'elles  prennent  fouvent  la  m°me  forme  de  ceile  qui  y, 
eft  reprefentee,  elles  n'ont  jamais  une  chair  fi  dure,  ou  ce  qui  taic  encore 
une  difference  plus  remarquable  ,  la   chair  de  la  furface  exterieure  de  laj 
Fig.  VI ,  paroit  chagtinee,  aii  lieu  ^ue  celle  des  autres  n'eft  j.amais  telle. 


A  C  A  D  6  M  1  Q  U  E.  549 

.  ll  n'eft  pas  ncceffaire  de  dire  que  cette  chair  exterieure  n'eft  point  cou-  — — ■— — 
verte  de  coquiile,  ni  d'acune  fubllance  femblable.  Acad.  Royalb 

Quelque  lent  que  foit  le  mouvement  progreffif  de  ces  animaux  ,  il  de-  rEsSciENCES 
pend  neanmoins  d'une  mechanique  remarquabie  ,  Si  qu'il  nous  fera  aifc  de  Tatiis. 
d'expiiquet  fi  nous  continuous  de  nous  reptcftntet  fa  figure,  femblnble  A  Annit,  i-7io. 
celle  des  bourfes  a  jettons  :  le  fond  de  ces  bourfes  ,  qui  elt  plat  &  arrondi  , 
rcpond  a  la  bafe  de  I'ortie  qui  eft  appliquee  fur  les  piertes  aiixquelles  elle 
eft  adherente  :  le  corps  de  la  bourle  elt ,  comme  nous  I'avons  deja  dir  , 
I'enveloppe  danslaquelle  routes  les  parties  de  I'ortie  font  renfermces,  mais 
de  maniere  qu'elles  ne  remplilfent  jamais  cette  enveloppe  que  quand  I'ortie 
ferme  entiercment  fon  ouverture  ;  or  toute  cette  bourfe  qui  contient  I'or- 
tie ,  eft  une  partie  vcritablement  tnufculeufe  ,  ou  plutot  un  alfemblage  de 
mufdes  droits  &  circulaires  ,  auxquels  je  ne  donnerai  que  le  nom  de 
canaux  ,  parce  qu'ils  paroilFent  vcritablement  tels  lorfqu'on  les  decouvre  : 
la  bafe  de  ces  orcies  B  B  B  (  Fig.  VI  ^  Vll  &  Fill )  ne  paroit  pas  ,  parce 
qu'elles  font  pofees  fur  cette  bafe  ,  mais  on  la  peut  voir  dans  la  Hg.  IX. 
qui  reprefente  une  ortie  renverfee  :  cette  bafe  eft  compofee  de  divers  ca- 
naux qui  vont  du  centre  a  la  circonference.  Si  je  leur  donne  le  nom  de 
canaux  ,  c'eft  parce  qu'on  les  trouve  fouvent  remplis  d'une  liqueur  aqueufe. 
On  obferve  audi  fur  cette  meme  bafe  differens  canaux  circulaires  qui  ont 
tous  pour  centre  commun  le  centre  de  la  bafe.  Ces  canaux  ne  paroilTenn 
pas  dans  la  Fig.  IX.  :  on  y  voit  feulement  ceux  qui  vont  du  centre  a  la 
circonference.  Le  corps  de  la  bourfe  ,  ou  la  (urfaco  conique  ,  eft  aufli 
compofee  d'un  plan  de  canaux  circulaires  qui  font  tous  paralleies  a  la  bale 
&  tres  proches  les  uns  des  autres.  Sous  ce  plan  de  canaux  circulaires, 
eft  un  autre  plan  qui  ne  contient  que  des  canaux  droits  ,  chacun  d^fquels 
a  fon  origine  a  la  bafe,  &  fe  termine  au  cercle  de  la  feiilion  ,  ou  cliacun 
va  du  fond  de  la  bourfe  en  ligne  droite  a  fon  contour  fupcrienr.  Mais 
ce  qu'il  eft  eflentiel  de  remarquer  ,  c'eft  qu'on  ne  voir  jamais  les  canaux 
circulaites  &  les  droits  en  meme  terns  dans  un  mcmecndroit,  foit  que 
le  gonrtement  des  uns  entraJne  I'atfaidement  des  autres,  ou  fimolemenr, 
que  lorfque  les  fuperieurs  font  gonfles,  ils  cachent  les  interieurs;  de  forte 
que  fi  I'on  voit  les  canaux  droits  dans  toute  leur  longueur,  comme  ils  pa- 
roilfenc  [Fig.  VIII.)  dans  I'efpace  A.I.T.  F.  B.D.  on  ne  voit  alors  aucun 
des  canaux  circulaires;  &  dans  les  endroits  oil  Ton  voit  les  canaux  circu- 
laires, ou  une  portion  de  ces  canaux,  on  ne  voit  point  de  ces  canarx 
droits  comme  on  peut  I'appercevoir  dans  I'efpace  A.C.I.F.R.A.  Enhri 
les  canaux  droits  paroiirent  en  partie  dans  les  endroits  oil  il  n'y  a  qu'une 
partie  des  canaux  circulaires  endes ;  on  peut  le  remarquer  dans  I'efpace 
I.  F.T.O.  ou  les  canaux  droits  font  faifibles  &  oil  tous  les  canaux  circu- 
laires ne  font  pas  gonflcs  comme  dans  I'efpace  C.  O.T.  R.  Au  refte  ces 
canaux  ne  font  pas  moins  vilibles  dans  I'ortie,  qu'ils  le  font  dans  certe 
figure,  du  moins  dans  les  efpeces  qui  ne  font  pas  chagrinces  comme  colle 
de  la  Fig.  VI \  mais  ils  paroilTent  entles  ou  aftailles  avec  une  varietc  li 
ptodigieufe,  qii'un  grand  nombre  de  dcifeins  furfiroic  a  peine  4  les  re- 
prclenter.  Nous  avons  choili  la  Fig.  VIII  parce  qu'elle  eft  la  plr.s  proprc 
a  explicjuer  ce  que  nous  avonj  a  dire  dans  la  fmte.  Quelqucfois  on  voir 


$50  COLLECTION 

■I   I  - '■  feulement  des  canaux  droits  dans  toiite  I'ecendue  de  cette  furface  fupe- 

AcAD.  RoYALE  rieure  ,  au  lieu  qu'on  en  a  reprefente  ici  de  circulaires  :  dans  d'autres  terns 
DES  Sciences     on  n'apper^oit  que  des  canaux  circulaires.  Enfin  quelqiiefois  on  voit  cer- 
DE  Paris.        taines  bandes  de  canaus  circulaires  tout  au  tour  du  corps  de  I'ortie  qui 
Annh  1710.     l^if^enc  voir  au-delfus  &  au  dellous  d'elles,  des  portions  de  canaux  droits. 
Tous   ces   changemens  qui  arrivent  aux  canaux   droits  &  circulaires  du 
corps  de  la  bourfe  ou  de  la  furface  conique  ,   ne  lui  font  pas  particuliers  ; 
les  canaux  droits  &  circulaires  de  la  ba(e  ,  font  fujets  a  ces  mcmes  change- 
inens  ;  il  femble  qu'il  depend  de  I'ortie  de  rendre  fenfibles  les  uns  ou  les 
autres  de  ces  canaux  en  les  gonflant  a  fon  gre  dans  route  leur  etendue,  on 
dans  une  partie  feulement;  mais  ce  qui  eft  tr^s-certain  ,  c'eft  que  ces  ca- 
naux ne  patoilfent  jamais  que  lorfqu'ils  font  remplis  d'une  huuieur  aqueufe 
tresclaire,  qu'on  en  fait  fortir  aifement  en  leur  faifant  une  ouverureavec 
la  pointe  d'une  epingle. 

11  n'eft  pas  aife  de  favoir  comment  les  orties  rempliffent  &^'uideiit  ces 
canaux  a  leur  gre  j  on  pourroit  foup^onner  avec  quelque  fondement  que 
les  trois  rangs  de  cornes  qui  font  attachees  au  haut  du  contour  de  la  bourfe 
{Fig,  FII),  font  les  refervoirs  de  cette  liqueur  aqueufe  ;  car  elles  font 
remplies  d'une  femblable  liqueur  ,  de  forte  que  les  cornes  font  pleines ,  ou 
vuides  J  felon  que  les  tuyaux  qui  correfpondent  a  chacune  d'elles  font  vui- 
des  ou  pleins  ,  etant  aife  peut-  etre  a  I'ortie  de  faire  palTer  cette  liqueur  des 
cornes  dans  les  canaux  ,  &  des  canaux  dans  les  cornes  ;  mais  ceci  ne  me 
paroit  qu'une  fimple  conjeilure  j  ce  que  je  fais  de  certain  du  gonflemenc 
&  de  raffaiiTement  de  ces  canaux,  c'eft  qu'ils  caufent  non  feulement  tous 
les  divers  changemens  que  Ton  apper^oit  dans  la  figure  de  I'ortie  ,  mais 
auffi  fon  mouvement  progreflif. 

Pour  nous  arreter  feulement  a  cette  derniere  adlion  qui  nous  donnera 
une  idee  des  autres ,  concevons  d'abord  une  ortie  pofee  fur  une  bafe  cir- 
culaire  5  &c  dont  le  corps  n'eft  pas  plus  incline  fur  un  cote  de  cette  bafe  que 
fur  les  autres ,  telles  font  celles  des  Fig.  VI  &  FlI ,  Sc  telle  ctoit  celle 
de  la  Fig.  FIJI ,  lorfque  la  partie  de  la  bafe  qui  eft  aftuellemcnt  allongce 
vers  D  etoit  pofee  en  E  &  plus  arrondie  ;  &  celle  qui  eft  en  R  etoit  en  S. 
l-'our  comprendre  comment  cette  ottie  s'eloignera  de  S  en  R,  &  viendra 
de  E  en  L)  ,  fuppofant  qu'elle  foit  determinee  a  avancer  vers  D  ,  il  faut 
remarquer  que  les  canaux  droits  s'allongent  en  fe  gonflant ,  ce  qui  leur  eft 
commun  avec  la  plupart  des  ruyaux  m.ous  &  arelTort;  de  forte  que  fi  I'or- 
tie gonfle  tous  les  canaux  droits  compris  dans  fa  furface  AEBFTI,  & 
qu'elle  gonHe  encore  plus  que  les  autres  ceux  qui  font  tournes  vers  E;  il 
eft  clair  que  par  ce  gonflement  le  canal  qui  etoit  en  E  devenu  plus  long, 
doit  fe  trouver  pofe  vers  D,  fi  I'on  imagine  qu'en  meme  rems  I'ortie  enHe 
aufli ,  c'eft-a  dire  ,  allonge  cette  partie  des  canaux  droits  de  fa  bafe  qui 
font  tournes  vers  E  ;  car  fi  les  canaux  droirs  de  la  bafe  confervoient  leur 
premiere  longueur  ,  cet  allongement  des  canaux  de  la  furface  conique  ne 
fcrviroir  ou  qu'a  faire  paroitre  plus  haute  I'ortie  de  ce  cote-la  ,  ce  qui  arrive 
quelquefois ,  ou  qu'a  lui  fiiire  une  efpece  de  bofie  ,  comme  on  le  voit 
dans  d'autres  tems -,  ileft  done  clair  que  I'ortie  en  gonflant  tous  les  canaux 
droits  foir  de  fa  b.afe  ,  foit  de  fa  furface  conique ,  qui  font  tournifs  vers 


I 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  551 

le  cote  oil  elle  veuc  avancer  ,  approche  le  bord  de  fa  bafe  de  cet  endroir  _i^ 

quelle  a  fait  avancer  deEeiiD  ( tig.   FJII.)  Mais  voyons  ce  qui  fe  pallc  ^i^^AD  Rovale 

du  cote  oppofc  dcelui-ci,  je  veux  dire  du  cote  doiit  I'ortie  s'cloigne.  des  Sciences 

II  ell  vifible  qui  pour  eloigner  fa  bafe  de  S  &  la  pofer  en  R ,  il  faut  con-  de  Paris. 

cevoir  une  mana-uvre   oppofee  a  celle  qui  fe  fait  de  I'autre  cote ,  que  les      ^      . 

1  ',  I    t    \    r       11   ■  c     r  j^nnm  ij  10, 

canaux  droits  qui ,  parrant  du  centre  de  la  bale  ,  alloient  en  b  ,  lont  raccou- 

cis  &:  plus  affailles  qu'ils  n'ctftient  auparavant ,  &c  que  I'ortie  remplit  tous 
les  canaux  circulaires  qui  font  fur  la  furface  conique  vers  S  ;  d'oii  il  ar- 
rive que  I'ortie  fe  raccourcit  de  ce  cotc-la,  &  que  ce  qui  etoit  pofe  en  S  ell: 
contraint  de  venir  en  R,  ce  qui  fuffit  pour  eloigner  I'ortie  de  S  dans  le 
terns  qu'elle  s'approclie  de  D.  Mais  il  y  a  encore  une  chofe  qu'il  eft  necef- 
faire  de  remarquer ,  &  do  laquelle  depend  la  continuation  de  ce  mouve- 
ment.c'eft  que  I'ot tie  ,  raccourcilfant  les  canaux  droits  de  la  bafe  qui 
alloient  vers  S  beaucoup  plus  que  les  autres,  Sc  gonflant  fort  les  canaux 
circulaires,  oblige  une  partie  de  la  furface  du  cone  de  fe  replier  fous  la 
bafe  vers  laquelle  elle  eft  tlree  ,  tant  par  le  grand  raccourciftemeiu  des 
canaux  droits  pofes  vers  S,  que  par  le  gonHement  des  circulaires  de  la  fur- 
face conique,  lefquels,  pred'ant  les  droits  qui  font  fous  eux ,  les  font  re- 
plier ;  de  forte  qu'une  partie  de  cette  furface  conique  fe  trouve  recourbee 
IbusTortie,  de  la  bafe  de  laquelle  elle  fait  en  quelque  fagon  partie  ,  comme 
on  le  voir  en  R,  par  lequel  moyen  I'ortie  eft  un  peu  approchee  dans  cet 
endroit :  ainfi  ileft  vifible  que  la  meme  force  qui  lulHroit  pour  faire  avan- 
cer I'ortie  vers  D  en  la  poulfant  de  ce  cote- la  ,  feroit  trop  foible  pour  la 
faire  avancer  vers  R;  &  par  confequent  11  I'ortie  tenant  toujours  gonHes 
les  canaux  de  la  furface  conique  qui  eft  vers  R  ,  affaille  un  peu  les  canaux 
droits  de  fa  bafe  qui  font  vers  D  ,  en  remplilfant  en  meme  terns  ctux  qui 
font  du  cote  de  R  j  ileft  clair  que  les  canaux  droits  de  la  bafe  qui  par  le 
recourbement  qui  eft  en  S  trouveront  de  la  reliftance  a  s'ctemlre  de  ce 
c6te-la  ,  pourront  s'etendre  au  contraire  commodemcnt  du  core  de  D  , 
vers  lequel  les  canaux  droits  qui  fe  raccourciflent  &:  s'affailTent  en  meme 
terns  que  ceux-ci  s'allongent,  leur  permettront  de  s'approcher  :  ainii  I'or- 
tie a  done  fait  un  pas ,  &:  eft  en  etat  d'en  faire  un  fecond  ,  puifque  les 
canaux  droits  de  la  bafe  du  cote  vers  lequel  elle  avan^oit  ,  ne  font  plus 
gonfles;  car  il  lui  fera  aifc  fans  changer  de  place  de  remplir  a-peu  pres- 
egalement  de  tous  cotes,  tant  les  canaux  droits  que  les  circulaires,  parce 
qu'elle  ne  fera  aucun  cliangement  aceux  de  la  bafe ,  de  forte  qu'elle  pren- 
dra  une  figure  approchante  de  celle  que  Ton  voit  Fig.  H  &  Fli  Sc 
qu'elle  avoit  avanc  de  commencera  fe  mouvoir ;  par  confequent  elle  fera 
en  etat  de  repeter  la  meme  manoeuvre  ,  &  de  continuer  a  avancer  vers  le 
meme  cote. 

Celt  par  le  moyen  de  ce  gonflement  &  de  cet  affailTement  des  canaux 
tant  dfoits  que  circulaires,  que  les  orties  changent  Itur  figure  extcrieure 
en  tant  de  fa9oris ;  mais  quelque  chofe  qu'elles  f.ilftnt  ,  leurs  mouve- 
mens  font  toujours  tres-lents  iS:  prefque  imperceptibles. 

J'ai  vu  quelques  orties  fe  fervir  de  leurs  cornes  pour  marcher:  ces 
orties  etoient  de  celles  qui  vivent  dans  les  trous  des  pierres  -elles  avoient, 
du  moins  cercaines  efpeces,  les  cornes  un  peu  plus  longuesque  les  autres. 


351  COLLECTION 


■■I  ■  propottionellemenc  a  leur  giolTeur ;  mais  lorfqu'elles  fe  tralnoient  par  Ic 

AcAD.RoYALE  moyen  de  ces  comes,  c'aoic  dans  une  pofuion   renveifee  ,  c'eft-a-dire  , 

DEs  Sciences     que  leur  bafe  fe  trouvoiten  haut ,  leurs  comes  en  bas,  comme  on  ie  voir 

DE  Paris.       ^^^g  [^  Fig  IX -.  ces  fortes  d'orties  ont  les  comes  extrememenc  gluantes, 

-     /  meme  rudes  au  toucher :   ainfi  elles  peuvent  fe  titer  en  avant  par   leur 

■■/innec  171  o.  ^    ...   ,         '  '  f 

moyen  avec  tacilite. 

II  ell  aflez  fiupienanc  qu'un  animal  mou  cotnine  I'ell:  celui-ci,  qui  n'a  point 
de  parte,  ni  rien  d'equivalent ,  puilfe  manger  des  animaux  tres-bien  de- 
f'endus ,  ce  femblc  ,  par  leurs  coquilles  ,  tels  que  font  les  moules  ou  d'au- 
tres  bivalves ,  &  les  diverfes  efpeces  de  limacons  de  mer  ;  cat  il  faut  oii- 
vrir  les  coquilles  a  deux  battans ,  &  trouver  moyen  d'oter  Ie  couvercle  ou 
opercule  de  ces  limagons  :  neanmoins  il  eft  certain  que  les  orties  fe  nour- 
risren:  de  la  cliaic  des  ces  animaux  ;  mais  il  ne  patoit  pas  aifc  de  decouvrir 
de  quelle  adrelle  elles  fe  fervent  pour  la  tirer  des  coquilles  ,  &C  cela  parce 
qu'elles  font  entrer  ces  coquillages  tous  entiers  par  leur  bouclie  ,  ou  plutoc 
par  I'ouverture  marquee  A  (  Fig.  VI ,  Vll  &  VIII )  qu'elles  elargilTent  ex- 
tremement ,  &  prefque  autant  que  celle  du  contour  de  la  bourfe  a  laquelle 
les  cotnes  font  attachees.  Ayant  ainfi  fait  entrer  ces  coquillages  tout  entiers 
dans  leur  corps  pat  cette  ouverture  ,  elles  la  rederrent  de  maniere  qu'il  ne 
paroit  pas  qu'elles  con:iennent  un  fi  gtos  corps  au  milieu  du  leur  ;  c'eft 
alors  qu'elles  fucent  ces  coquillages  a  leur  aife  :  mais  comme  les  yeux  ne 
peuvent  appercevoii  ce  qui  fe  palfe  dans  I'interieur  de  I'ortie  ,  on  ne  peuc 
aulH  decouvrir  quelle  adrelTe  elle  emploie  pour  cela  j  tout  ce  qu'on  voit  , 
eft  qa'elle  fait  fottir  les  coquilles  vuides  par  la  mtme  oaverrure  par  la- 
quelle elle  les  avoir  fait  entrer  pleines.  J'ai  vu  quelquefois  des  orties 
d'une  "randeur  mediocre,  jetter  ainfi  des  coquilles  des  plus  grofles  moules 
vuides'j  mais  j'en  ai  vu  d'aucres  qui  en  rejettoient  fans  avoir  mange  I'ani- 
mal  qui  les  habite;  peut-etre  parce  que  la  coquille  avoir  etc  trop  difficile 
a  ouvrir.  J'en  ai  rencontre  de  meme  qui  etoient  obligees  de  faire  fortir  de 
cette  ouverture  des  buccins  entiers  :  enfin  j'ai  vu  une  de  ces  orties  faire 
paflTer  une  gcoffe  moule  quelle  n'avoit  pu  manger  ,  au  travers  de  fa  bafe  , 
qui ,  comme  on  fait ,  n'a  aucune  ouverture  ;  de  forte  que  I'ortie  fut  con- 
irainte  pour  fe  debarralfet  de  ce  corps  etranger  de  fe  faire  une  tres-grande 
plaie  •■,  &  cela  apparemment  parce  que  la  moule  etant  trop  grofte  pour 
I'ouverture  qui  lui  avoir  donne  entree  dans  Ie  corps  de  I'ortie  ,  celle-ci 
n'avoit  pn  I'eRgloutir  qu'avec  beaucoup  d'efFort ,  tk.  parce  quelle  s'etoic 
trouvee  heureufement  placee  :  mais  enluite  quand  I'ortie  I'auta  voulu  re- 
jetter  ,apres  avoir  rente  inutilement  de  la  manger  ,  cette  moule  ne  fe  fera 
pas  prefentee  dans  la  meme  pofition  a  I'ouverture  j  de  forte  que  les  efforts 
que  I'ortie  aura  employes  pour  la  changer  ,  auront  fuffi  pour  que  la  bafe 
de  la  coquille  de  la  moule  ait  perce  celle  de  I'ortie. 

Au  tefte  pour  faire  fortir  ces  coquilles  du  milieu  de  fa  bouche  ,  fur- 
tout  lorfqu'elles  font  un  peu  grodcs,  I'ortie  ne  fe  ccntente  pas  de  I'elatgir 
extrcmement ,  elle  retoutne  cette  bouche  comme  on  retourne  un  bas  au- 
paravant ,  &  cela  apres  avoir  retourne  de  meme  tout  Ie  bord  du  contour 
auquel  font  attachees  les  comes,  c'eft-a-dire  ,  que  la  furface  interieure  de 
ce  concour ,  devieiu  ejftcrieure  ,  apies  que  I'ortie  I'a  repliee  de  telle  forte 

qu'elle 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  ?5j 

quelle  la  reduic  a  envelopper  fa  bafe  ,  ce  qu'on  pent  remarquer  dans  la  = 


Fig.  A',  ou  le  contour  de  la  bourfe  C  C  C,  a  la  lurface  extcrieure   de    ha-  AcAc.Ro-iALE 
quelle  les  cornes  font  attachees  ,  paroit  fervir  de  bafe  a  cec  animal  par  ce-     des  Sciences 
qu'il  couvre  fa  veritable   bafe;   renvcrfant  enfuite  fa  bouche  comme  il  a      ^^  1  aris. 
renverfe  les  bords  dc  fa  bourfe  ,  il  lui  fait  envelopper  a  fon  tour  cetre    -^nnc^  1710, 
bourfe  qui  I'cnveloppe  ordinairement  cUe-mcme.  Les  lettres  O  O  O  O  lont 
le  contour  de  cette  bouche  renverfce,  &  tout  ce  qu'on  voit  au-delTus ,  eft 
I'intcrieur  de  I'ortie  au  milieu  de  laquelle  on  dillingue  une  partie   mar- 
quee S  ,  qui   paroit  itre  le  fucoir   dont  elles  fe  fervent  pout  vuider  les 
coquillagcs  qu'elles  ont  rentermes  dans  leur  bouche. 

Ce  mnne  renverfement  tant  de  la  bourfe  ou  enveloppe  exterienre  , 
que  de  la  bouche  ,  fert  encore  aux  orries  pour  mettre  au  jour  Icurs  pe- 
tits  \  cat  elles  font  vivipares  ,  comme  je  I'ai  obferve.  Ariftote  les  fait 
naitre  des  pietres  ou  des  fentes  de  ces  pierres  :  erreur  qu'il  n'eft  plus 
iic-cellaire  de  combattre  dans  le  fiede  oil  nous  fommes :  mais  on  auroit  pu 
croire  qu'elles  font  des  CEufs  ,  ou  du  moins  etre  incertain  fur  la  maniere 
dont  elles  fe  perpetuent,  fi  ce  que  j'ai  obferve  plus  d'une  fois  ne  decidoic 
jaquertion.  En  effet ,  j'ai  vu  les  petites  orties  fortir  du  corps  de  I'ortie  , 
leur  mere,  audi-bien  tormces  que  cette  ortie  mcme,&  telles  qu'on  les 
voit  dans  la  Fig.  XI :  mais  il  eft  neceftaire  pour  cette  operation  que  I'ortie 
fe  renverfe  de  la  maniete  que  nous  avons  dccrite  ci-delfus,  &  alors  elle 
fait  fortir  par  une  grande  ouverrure  qui  la  rraverfe  EE  (  Fig.X)  les  peti- 
tes orties  qu'elle  eft  en  etat  de  mettre  au  jour:  quoiqu'elle  en  contienne 
quelquefois  plus  de  douze  dans  ion  corps  ,  &:  que  cette  ouvetture  foic 
alfsz  grande  pour  enlailfer  patfer  plufieurs  a  la  fois,  elle  les  met  pourtanc 
hors  de  fon  corps  une  a  une,  elle  les  poulfe  indifferemment  par  tons  les 
endroits  de  certe  ouverture  \  mais  on  apper^oit  ordinairement  dans  I'en- 
droit  meme  oil  une  petite  ortie  commence  a  paroitre  ,  une  efpece  de 
j:tit  inteftin  tourne  en  fpirale  marque  I  :  routes  ces  petites  otties  avanc 
eur  naiftance  ,  font  fur  la  bafe  intcrieure  de  I'ortie  au-delTous  de  la  mem.< 
brane  ou  nous  voyons  I'ouverture  EE,  elles  y  font  logees  dans  difie- 
rens  replis  qui  font  fur  cette  bafe. 


e 


r. 


Des   Orties   crrantes. 

I\.  U  nom  pres ,  ces  efpeces  d'orties  ne  m'ont  paru  avoir  rien  de  commun 
avec  celles  dont  nous  venons  de  parler.  Il  eft  vrai  qu'on  pretend  qu'elles 
excitent,  comme  les  autres  ,  une  douleur  cuifante  dans  les  parties  qui  les 
ont  touchces.  Quelques  Auteurs  aftiirent  audi  qu'elles  caufent  cette  mCrne 
douleur  aux  yeux  de  ceux  qui  les  regardent  :  cependant  ,  quoique  j'en  aie 
rencontre  une  quantite  prodigieufe  fur  les  cotes  de  Poitou  &  d'Aunis  ,  je 
n'y  en  ai  jamais  trouve  aucune  ni  de  ces  efpeces-ci  ,  ni  des  precedentes, 
qui  produifenr  I'effcr  qu'on  leur  attribue  ,  &  auquel  probablement  les 
tines  &  les  autres  doivent  leur  nom.  On  dilUngije  celles  dont  nous 
Torm  III,  Pariii  Francoife,  Y  i 


J54  C  0  L  L  E  C  T  I  O  N 

allons  patler  des  ptecedentes  ,  qui  paroifTent  coujours  fixees  fur  des  pierresj 
AC   D.  K.OYALE  gj,  igj  appellant  ortus  ditachks  ,  on  ortics  erranus, 
DES  Sciences  rr  ,       ,         <  >      j,r'  '         j    n 

DE  Paris.  ^^^  nonis  quon  leur  donne  lur  ditterentes  cotes  du  Royaume ,  varienc 

.      ,  (i  ion,  a  des  diftances  memes  tres-petites  ,  qu'il  feroit  long  de  les  rap- 

ifi  nci  1710,     poftg[._  5j  j'gf,  voulois  donner  un  nouveau  a  ces  orties ,  qui  en  ont  deja 

trop  d'anciens  ,  je  les  appellerois  ge/a-i  de  mer ,  nom  qui  caiaftL-rife  fi  fort 

la  fubftance  dont  elles  font  formees  ,  qu'il  vautfeul  une  petite  defcription 

pour  aider  a  les  reconnoitre. 

En  efFet ,  la  chair  de  ces  orties,  (i  Ton  peut  I'appeller  cliair  ,  paroit  une 
vraie  gelee  d'eau  de  nier  j  elle  en  a  ordinairement  la  couleur  &  toujours 
la  conliftance  :  fi  on  en  ticnt  un  motceau  pendant  quelque  temps,  la 
chaleur  naturelle  des  mains  fuffit  pout  le  faire  dilfoudre  entierement  en 
eau  ,  comme  une  gelee  de  bouillon  qu'on  mettroit  fur  le  feu.  Ces  gelees  , 
mal>;re  cela  ,  font  de  vrais  animaux  ,  &c  ceux  qui  ont  cru  qu'elles  n'avoien: 
aucune  ftrudrure  reguliere  ne  ks  ont  pas  regardees  d'allez  pres.  l!  y  en  a  ,  a  la 
verite  ,  de  trcs- dirterentes  entr'eiles  ,  mais  ce  font  des  gelees  d'efpeces 
diff'.;rentes  ,  &  ceiles  qui  font  de  mcme  efpece  ont  exaiflenient  la  meme 
^  figure.  Les  divers  morceaux  de  ces  orties  qu'on  trouve  au  bord  de  la  mer  , 

font  apparemment  la  caufe  pour  laquelle  on  ne  les  a  pas  regardees  comme 
des  corps  fort  organifes ,  parce  qu'on  n'a  pas  obferve  dans  ces  fragmtns 
toute  la  regularite  qu'on  ne  devoir  chetcher  que  dans  la  malfe  entiere 
dont  ils  faifoient  partie. 

On  ne  fcauroit  ni  donner  une  idee  de  toutes  ces  difFerentes  efpeces 
d'orties  ,  ni  mtme  decrire  en  detail  toute  la  mechanique  qui  entre  dans 
la  compoiicion  d'une  de  cts  efpeces ,  fans  s'engaget  dans  des  chofes  d'une 
longue  diftufllon  j  peut  eire  aurai-je  occafion  d'en  parler  dans  un  autr©- 
endroit.  Je  me  contenterai  de  faire  ici  quelquts  remarques  fur  ce  que 
toutes  ces  efpeces  d'orties  ont  de  comniun  dans  leur  ftrufture  j  on  (era 
moins  etonne  apies  cela  qu'tlles  foient  capables  de  mouvemens  volon- 
taires. 

Quoiqu'elles  foient  toutes  communement  de  la  couleur  d'une  gelcc 
d'eau,  il  y  en  a  de  verdatres ,  telle  que  I'eau  de  la  mer  le  paroit  quel- 
quefois  ,  d'autres  ont  tout  autour  de  la  circonlerence  marquee  DD ,  &c. 
(  Fig.  /.  Pi.  VU.)  HH^  bande  couleur  de  pourpre  de  deux  cu  ttois  lignes 
de  large  ;  j'en  ai  vu  d'autres  qui  fur  un  fond  couleur  d'eau  avoienc 
diverfes  taclies  brunes  fsmees  d'une  maniere  fort  agreable  a  la  vue. 

La  figure  d'uii  champignon  peut  extremement  aider  notre  imagination 
a  concevoit  celle  de  ces  gelees.  Le  caiivexe  du  champignon  reprefente 
alFez  leur  cote  convexe  j  elles  ont  ce  cote  plus  ou  moins  convexe  les 
unes  que  les  aytres  ,  comme  on  le  voit  dans  les  champignons  d'efpeces 
differentes.  Cette  furface  convexe  des  gelees  n'a  rien  de  fort  remarquable  5 
i.l  paroit  feulcment  a  la  vue  fimple  quelle,  eft  garni«  d'une  infinite  de 
pecits  grains  ou  de  petits  mamelons  de  meme  couleur  que  le  refle  de 
I'oriie  ;  mais  la  furface  oppofee  a  celle-ci  ,  c'eft-a-dire  la  concave,  qui 
efl  audi  celle  qu'on  a  repicfentce  dans  la  figijre  I  ,  fait  voir  des  paftie,^« 
ties  organifees.  Un  peu  aude-la  de- (on  hord,  qui  eft  miqce  &:  decoupe. 


I 


ACAD^MlQUE. 


hy 


on  diflln^ue  tres-fenfiblcmenc  divers  ccrcles  coiicentrlquej  qui  couvrent  — ^^■^^^T 
cette  furticc  jufqu'aux  deux  tiers  du  rayon  de  fa  circonlcrence  ;  ces  cer-   At  ad.  Royals 
cles  ne  regnenc  pourtaiit  pas  touc  aucour  de  cetce  circonference  ;  les  plus     ^^ts  bciiiNCES 
proclies  du  centre  font  fepares  en  feize  arcs  differens,  &  ceux  qui  en  font       ^^  1'aris. 
les  plus  cloignes  font  fculement  partages  en  huit  arcs.  Ces  fcparations  fonc    Anmc   1710. 
faitc's  pat  dcs  efpeces  de  canaux  ou  rdervoirs  toujours  pleins  d'eau  qu'ils 
peuvcnt  communiquer  a  d'autres  canaux  jiluspetits,  lefquels  font  renfermes 
entre  doux  des  circoiiferences  des  cercles  que  I'on  voir  ici.  On  doit  regarder 
routes  les  petites   bandes  renferniees  entre  deux  de  ces  circonferences , 
comme  des  organes  tres-remarquables  de  la  gelee  ,  puifqu'elles  font  touc 
autant  de  cmaux. 

Pour  s'alTurer  que  ce  font  des  canaux,  ainfi  que  je  viens  de  le  dire, 
il  fuFHt  d'appliquer  le  doigt  en  haut  du  grand  relervoir  C ,  &  en  pref- 
fant  un  pcu  ce  refervoir,  fair;  glilFer  fon  doigt  de  haut  en  bas ,  c'eft- 
a  dire  de  C  vers  D  ,  par  ce  moyen  on  oblige  I'eau  qu'il  contienr 
d'avancer  vers  D,  ou  fe  triuvant  trop  refTerree  ,  on  en  voit  une  partie 
qui  enfile  a  droite  &:  a  gauche  dans  tous  les  petits  canaux  qui  fe  terminent 
dans  le  refervoir. 

La  fondion  de  ces  grands  canaux  ou  refervoirs,  qui  vont  du  centre  a  la 
circonference  ,  &  des  canaux  circulaires  ,  paroit  etre  la  mcme  que  celle 
des  vailfeaux  fanguins  dans  le  corps  des  grands  animaux-  ils  fournilFent 
une  eau ,  peur-etre  preparee  ,  a  route  la  bafe  de  cet  animal  ;  &  fi  la  chair 
ne  paroit  qu'une  vraie  gelee  ,  c'eft  quelle  a  tres  peu  de  parties  folides  , 
&  que  ces  parties  fonc  tnutes  fort  mnices  &  cxtremement  gonflces  par 
cette  eau  ,  qui  eft  apparemmenc  renfermee  dans  une  intinite  de  petits  re- 
fervoirs infcnfibles  a  la  vue. 

Je  men  fuis  convaincu  en  faifant  bouillir  tres  long  temps  dans  un  chau- 
dron  plein  d'eau  une  gelee  ,  done  la  bale  D  DD  Sic.  avoir  plus  de  deux 
pieds  de  diametre  ;  elle  ne  s'eft  point  entieremenr  rcduite  elle  -  mcme  en 
eau, comme  il  arrive  aux  petits  morceaux  qu'on  laille  fondre  dans  fa  main  : 
mais  confervant  fa  meme  figure  ,  elle  elt  dcvenue  une  ortie  tres  petite  , 
c"eft-,i-dire  de  moins  dun  demi-picd  de  diametre  ,  dans  laquellc  on  voyoit 
prccilement  les  mcmes  chofes  que  dans  la  grande,  a  cela  pres  que  fa 
lubftance  etoit  folide,  quoique  flexible,  &:  qu'on  la  tenoic  alors  dans  la 
main  fans  quelle  laifsat  ech.ipper  aucune  gourte  de  liqueur.  Inutilemenc 
cnfuire  la  faifoit-on  bouillir  dans  I'eau  ,  die  ne  diminuoit  que  tres  peu.  Ce 
font  done  ces  p.irties  folides  gonflies  par  1  eau  qui  forment  la  chair  de 
I'ortie. 

Ayant  une  autrefois  laifle  fcchcr  une  de  ces  orties  expo'ee  au  grand 
foleil  pendant  I'etc  ,  elle  s'eft  rcduite  ptefque  a  rien  au  bout  de  quel- 
ques  jours;  il  eft  refti  feulement  un  corps  tres-mince  qui  avoir  la  foli- 
dite  du  parchemin  &   la  couleur  d'une  belle  colle  rranfparente. 

Si  les  caniux  droits  fervent  a  fournir  I'eau  a  touie  la  fubftance  de  I'or- 
tie, il  femble  qu'ils  en  doivent  donner  davantage  aux  parties  ou  cette 
fubftance  eft  epaiile  ,  que  dans  les  endroits  oii  elle  ell  m;nce.  Audi 
peut  on  remarquer  que  la  premiere  bande  circuliire  qui  va  d^p'.iis  la  cir- 
conference DDDD  jufqu'environ  le  tiers  du  rayon  £EEE,  (^"c.  qui  eft 

Yi  ij 


i^e  COLLECTION 

g*— '—*—'— ^"  tres  mince ,  n'eft  arrofee  que  par  huic  refervoirs  ED  ED  ED  ,  Sec  ,  au  lieu 

Acad. RoYALE   que  la  bande  cE  cE    cE,  &c  ,  qui  la  fiiit  ,    laquelle  eft  beaucoup  pluJ 

DEs  Sciences    epailTe,  en  a  feize.  cE  cF  cE  cF,  &c ,  I'epaiffeur  de  cette  derniere  zone 

DE  lARis.       augmente  en  talus  depuis  EF  EF,  &c  ,  jufqu'en  CCCC,  &c.  ou  elle 

jinnee  1710.     ^  quelquefois  plus  de  deux  pouces  &c  demi  d'epailTeur  dans  les  grandes  or- 

ties ,  c'efta-dire  dans  celles  qui  one  un  pied  &  demi  ou  deux  pieds  de 

diametre. 

Vers  les  deux  tiers  C  du  rayon  ,  routes  ces  efpeces  d'orties  font  comme 
divifces  en  quatre  parties  par  quaere  bandes  ou  quatre  colonnes  BBBB, 
i  peu-pr^s  rondes  dans  quelques  efpeces  d'orties,  mais  plattes  dans  telle 
de  la  Fig,  I.  Dans  quelques  efpeces  elles  font  prefque  clevces  perpendicu- 
lairenient  fur  la  bafe  ;  mais  dans  I'efpece  qui  eft  ici  gravee,  elles  font 
un  angle  tres  obtus  avec  le  bord  du  plan  011  font  les  canaux  droits ;  elles 
vont  toutes  quatre  fe  joindre  a  un  troncTrond,  environ  de  meme  lon- 
gueur que  ces  colonnes,  c'efta-dire  du  tiers  du  rayon.  Ce  tronc  de  figure 
cylindrique  fe  partage  en  huit  rameaux  RR,  &c;  chacun  de  ces  rameau:c 
a  a  fon  origine  deux  appendices  ou  efpeces  de  crctes  que  les  lettres  P  P 
font  voir  feulement  .a  un  de  ces  rameaux.  On  n'a  pas  jugc  necelTaire  de 
mettre  des  lettres  aux  autres  dont  une  partie  eft  cachee  dans  le  delTein  5 
ce  ne  font  pas  feulement  ces  deux  appendices  qui  font  decoupees  en  crc- 
tes ,   une  partie  de  cliaque  rameau  eft  decoupee  de  la  meme  maniere. 

Dans  I'efpace  compris  fous  les  quatre  colonnes  BBB,  eft  un  large  ca- 
nal forme  par  une  membrane  epailfe  qui  eft  la  feule  chofe  folide  qui  pa- 
roifle  dans  I'ortie;  cette  membrane  eft  piilTce  en  bourre,  cu  plutot  comme 
ces  appeaux  dont  on  fe  fert  pour  attraper  les  cailles;  elle  forme,  com- 
me j'ai  die ,  un  grand  canal  qui ,  s'arrondiffant  vers  le  pied  d«s  colon-^ 
nes ,  prend  la  meme  figure  que  Ton  donneroit  a  un  ruban  auquel  on  feroic 
entourer  les  quatre  bras  d'une  croix  aftez  Urges  &  egaux.  On  volt  feule- 
ment ici  une  partie  de  ce  canal  par  les  ouvertures  que  les  colonnes  laif- 
fenr  entr'elles;  ce  qui   en   paroit  eft  marque  I. 

Ce  large  canal  efb  rempli  d'une  matiere  liquide  ,  qui  par  fa  conliftence' 
&  fa  couleur,   relTemble  fort  a  une  morve  jaune  :  ce  m?me  canal  jetre 
une  &  quelquefois  deux  brandies  dans  chacune  des  colonnes  ;    on  les  fuic 
en   partie  dans  la  figure,  dans  I'endroit  qui  paroit  obfcur  ,  au  travers  du 
tranfparenr  de  la  colonne  marquee  B.  Ces  quatre  canaux  vont  fe  rendre 
dans  le  tronc  d'oit  ils  fe  diftribuent  dans  les  huit  rameaux  :  on  pent  aifc- 
ment  les  fuivre  dans  route  leur  roure,  parce  qu'ils  font  pleins  de  la  me- 
me matiere  jaunatre  qui  eft  contenue  dans  le  grand  canal ,  &  que  la  cou-- 
leur  de  cette  matiere  ell  fort  differentc  de  la  couleur  tranfparente  du  refte 
de  I'ortie.    Cette  meme  matiere  paroit  dans  toutes  les  cretes  &  toutes  les' 
decoupures  des  rameaux.    Il  n'eft  pas  aife  de  decouvrir  R  elle  eft  ou  un 
excrement  de  I'ortie,  ou  quelque  efpece  d'aliment.  Je  fcais  bien  qu'au  bout 
de  chaque  rameau  de  I'ortie,   il  y  a  des  ouvertures  d  toures  les  branches 
des  canaux  qui  portent  cette  liqueur  j  mais  il   me  paroic  incertain  fi  ces' 
ouvertures  lui  donnent  une  forrie  ou  une  entree  j  car  felon  qu'on  prelfe' 
ces  branches,  ou  du  cote  de  leur  tronc,  ou  du  cote  de   leur  bout,  oil' 
fait  aller  cette  liqueur  de  difterens  cotes. 


ACAD^MIQUE.  J57 

Ces  ouvernires  paroilfenc  dans  la  Fig.  II ,  oii  Ton  a  rcprcfentc  <Je  gran- 


<3eiit  naturelle  le  bout  d'un  de  ces  rameaux  ,  Icquel  a  la  figure  d'line  pyra-  AcAD.RbvALrr 
mide  a  bafe  triangiilaire.  Le  tronc  T  du  canal  qui   palle  au  milieu   de     des  Sciences 
cette  pyramide  ,  &  les  branches  R  R  ,  iVc.  dans  lefquelles  le  tronc  fe  divife  ,       ^^  1'ar.is. 
paroillent  aifement  au  travers  de  repaifTeur  de  cetcc  pyramide  qui  elt  fou-    AnnU   i7io».. 
vent  audi  tranfparente  que  le  feroit  un  prifme  dc  cryllal.  Les  lettres  O  O  O 
font  auprcs  des  ouvertures  de  cliacun  de  ces  rameaux. 

Nous  en  aurons  alKz  dit  pour  donner  une  idee  gcncrale  de  la  ftrudlure 
des  gelees  de  met ,  lorfque  nous  aurons  ajoute  que  tous  les  rameaux  RR  ,  &c. 
ne  (out  pas  ncceflaircment  dans  la  pofition  oil  Ton  les  voir  dans  la 
figure  ;  qu'etant  aflez  fiexibles  ,  ils  pourroient  etre  jcttcs  fur  tout  autre 
endroit  de  la  circonfcxence  que  celui  ou  iis  font  rcprefentts  ;  &  qu'aii 
lieu  qu'ils  font  tous  pofes  enfemble  d'un  mcme  cote  ,  ils  pourroient  ctre 
chacun  en  particulier  places  fur  tel  autre  endroit  de  cette  circonference 
qu'on  auroit  voulu  choifir. 

Toutes  les  gelees  que  la  met  apporte  au    bord  de  la  cote  paroilTent 
fans  aucune  adion  ,  apparemment  que  les  chocs  qu'elles  ont  elfuyes  contre' 
les  pierres  ,  ou  meme  contre  le  fable  ,  fuffifent  pour  leur  oter   la  vie 
car  il  eft  certain  qu'elles  vivent.  En  etfet ,  celles  que  Ton  trouve  au  bord 
de  la  cote  ,  font  plus  pefantes  que  I'eau  ,  au  fond  de  laquelle  elles  vonc 
toujours    lorfqu'on    les   plonge    dedans  ;    au   lieu    qu'on  en    voir  nager 
fur  la  furface  de  I'eau  en  pleine  mer  ,  ou  il  femble  qu'elles  ne   peuv'enc     *f 
fe  foutenir  que  par  quelque  efpece  d'action  ;  il  paroit  fouvent  alors  que' 
leurs  rameaux  s'agitent  :  il  eft  vrai  qu'on  ne  peut   voir  fi  ce  mouvemenc 
leur  eft  propre  ,  ou  s'il  vient  de  I'agitation  continuelle   de  I'eau  dans  la- 
quelle ils  font  ;  mais  au  moins  eft  il  sir  qu'elles  peuvent  fe  foutenir  fur 
I'eau  par  une  autre  adtion  ,  comme  je  I'ai  rema:que  dans  quelques  orties- 
que  la  mer  avoir  lailTces  dans  certains  endroits  creux,  defqueis  I'eau  ne 
s'ccoule  jamais ,  &:  oii  elle  eft  auffi  tranquille  lorfque  la  mer  eft  balfe 
que  I'eft  celle  d'un  etang.  C'eft-la  que  j'aiobferve  dans  les  orties  le  mou- 
▼ement  par  le  moyen  duquel  elles  fe  foutiennent  fur  I'eau  :  c'eft  une  efpece 
de  mouvement  de  contraction  &  de  dilatation  du  contour  ,  &  d'une  partie 
de  la  bafe  de  I'ortie ,  qui  relfemble  en  quelque  facon  a  celui  de  fyftole 
&  de  diaftole.   L'orcie  dans  la  contraflion  rend  la  furface  de  fon  corps  qui 
reprcfente  le  convexc  du  chapiteau  d'un  champignon  ,  beaucoup  plus  con- 
vexe  qu'elle  ne  I'eft  naturellement ,  c'eft-a  dire  qu'elle  eleve  un  peu  tout 
fon  contour  DD  &:c.    {Fig.  I)  en  le  recourbant  vers  le  tronc  T ;  &:  dans 
la   dilatation,   elle  rend  cette  meme  furface  un  peu  moins  convexe,  &r 
fait  en  meme  tems  tomber  fur  I'eau  tout  le  contour  de  fa  bafe  qui  s'etoif 
elevee  dans  la  contradion ,  d'oii  Ton  voir  qu'en  repetanc  alternativement 
ces  deux  mouvemens ,  elle  bat  I'eau  de  tems  en  terns ,  ce  qui  eft  capable 
de  la  foutenir  dslTus  de  la  mcme  maniere  qu'un  homme  qui  nage  s'y  fon-- 
tienc. 


55S  COLLECTION 


Acad.  RoYALE 
"IHTkis"'  Dcs  Etotks   dc    mtr. 

1710.  ^__j'gj.j.  fj|,5  joute  a  leur  figure  que  ces  poifTons  (ie  mer  doivent  leur 
nom  ,  puifqu'ellt;  eft  femblable  a  celle  fous  laquelle  on  nous  peine  Ics 
ctoiles  qui  ornent  le  frlmament.  Les  ctoiles  de  mer  font  decoupees  ,  ou 
plutol  comme  divifees  en  cinq  parties  qu'on  peut  nommer  rayons.  (  Voyi^ 
la  PL  Vil  )•  II  y  a  pourtant  des  ctoiles  qui  n'ont  naturellcment  que  quatie 
rayons,  &  j'ai  vu  quelquefois  uu  feul  rayon  qui  etoit  une  veritable  ctoile  , 
mais  cela  elt  tare.  Leur  furface  fuperieure  ,  ou  celle  a  laquelle  les  jambes 
ne  font  pas  attacliees  ,  eft  couvette  par  une  peau  tres  dure  :  c  eft  peut-  ctre 
ce  qui  a  determine  Ariftote  a  les  ranger  parmi  les  teftacees  ,  ou  animaux 
a  coquilles.  Kiais  Pline  donne  avec  plus  de  raifon  a  cette  peau  le  nom  de 
Callum  durum\  car  elle  reffemble  par  fa  folidite  a  une  efpece  de  cuir  j  elle 
eft  hetillee  de  diverfes  peciies  eminences  d'une  matiere  beaucoup  plus  du- 
re ,  &  qui  reflemble  fort  a  celle  des  os  ou  des  coquilles.  Cette  ptau  fu- 
perieure  eft  differemment  coloree  dans  diverfes  etoilcs  de  I'efpece  done 
nous  parlous  ici ;  car  il  y  a  des  efpeces  qui  en  font  fort  difter^ntes  :  dans 
quelques  unes  elle  eft  rouge  ,  dans  d'autres  violette  ,  dans  d'autres  bleue  , 
1  &  iaunatre  dans  d'autres  j  enfin  elle  eft  fouvent  de  diverfes  couleurs  moyen- 
nes  entre  celles  ci. 

Les  memes  couleurs  ne  paroiffent  p.is  fur  la  furface  infericure,  qui  eft 
prefque  couvene  par  les  )amhes  &  par  diverfes  pointes  qui  boideut  fes 
cotes  &  qui  font  plus  longiies  que  celles  de  la  hirface  fuperieure  ,  quoi- 
qu'elles  aieiit  moins  d'une  ligne  ,  celle  ci  eft  d'un  blanc  jaunatre.  On  voit 
au  milieu  de  I'etoile  ,  lorfqu'on  la  regarde  par  delfous  ,  une  petite  bouclie 
ou  fucoir  S ,  (^PL  f^HI ,  Fig.  I )  dont  elle  fe  fert  pour  titer  la  fiibftance 
des  coquillages  defquels  elle  fe  nourrit  ,  comme  Ariftote  I'a  tort  bien  remar- 
quc.  Mais  il  s'eft  trompe  ,  sil  a  aifure  ,  comme  il  partut  par  la  traduttion  de 
Gaza  ,  Que  les  ctoiles  ont  une  telle  chaleur  qu'elles  btulent  tout  cc  qu'ellts 
touchent.  Rondekt  vcut  que  cela  s'eiuende  des  thofes  qu'elles  ont  mangets  , 
qu'elles  digerent  tres-vite.  Mais  Pline  a  adoptc  le  fentimeiit  d'Ariftote  , 
dans  le  fens  que  Gaza  I'a  traduit;  car  il  die,  en  parlant  de  Ictoile  ,  liv.  10  , 
chap.  60  ,  tarn  igneum  firvorem  ejfi  tradunt  ,  ut  omnia  in  ina'i  contacla  adu- 
rat.  Aptcs  quoi  il  parle  ,  comme  d'une  chofe  differente  de  la  facilite  qu'elle 
a  a  digerer.  On  a  cru  apparemment  devoir  attribuer  a  ces  poilfons  une 
chaleur  femblable  a  celle  des  aftres  dont  ils  portent  le  nom.  Quoi  qu'il 
en  foit  de  cette  chaleur  imaginaire  ,  il  eft  certain  que  les  ctoiles  de  mer 
mangent  les  coquillages ,  iSi  qu'elles  one  autour  de  leur  fucoir  cinq  dents 
DD  ,  ou  phuot  cinq  petites  fourchct.-es ,  d'une  efpece'de  matiere  olfeufe, 
par  le  moyen  defquelles  elles  tiennent  les  coquillages  pendant  q;.'ei!:s  les 
fucent.  Peut-etre  eft-ce  avec  ces  memes  poinrcs  qu'elles  ouvrent  les  co- 
quilles bivalves. 

Chaque  rayon  de  I'etolIe  eft  fourni  d'un  fi  grand  nombre  de  jambes , 
qu'il  n'eft  pas  etoiuiant  qu'elles  le  couvrent  prefque  tout  entier  du  cote 


ACADEMIQUE.  3  5, 

oH  dies  lui  font  attachc-es  ;  elles  y  font  pofces  dans  quatte  rangs  diffc'rfciis  ,  «_»__^.^ 

thacun  defquels    eft  environne  de  76  jambes  ,   c'eft-a-dire  que   chacue  1  7, 

'  -  r,  1"      1  n.  1        '       Acad.  KoYALE 

rayon  en  a  304,  CC  par  conleqiient  1  cioile   entierc  el:  pourvue  de  1510     ues  Sciences 

jambes ,  nombre  allez  grand ,  fans  que  Bellon  le  poufsac  jufqu'a  pres  de      nE  Paris. 

5000.  Tout  ce  grand  attirail  de  jambes  ne  fert  cependant  qua  exccuter     j„;i^e  i-io 

un  mouvcment  tres  -  lent  :  aiini  font  elles  fi  molles  qu'elks  nj  fcmbknc  ' 

guere  meriter  le  nom  de  jambes.  A  proprement  parler  ,  ce  ne  font  que 

des  efpeces  de  cornes  ,  fcmblables  a  celles  de  nos   lima^ons  de  jardin  , 

mais  dont  les  etoiles  fe  fervent  pour    marcher.  Elles   rellemblent  a  des 

cornes  de  limagons  non-feulement  par  le  peu  de  confiftance  ,  mais  audi 

par  leur  couleur  He  leur  figure  ;  aiiifi  il  leroit  inutile  de  les  dccrire  plus  au 

long. 

Ces  jambes  aulli  font  fouvent  retirees  comme  les  cornes  dun  limnconi 
c'eft  feulement  lorfque  I'ctoile  veut  marcher ,  qu'on  les  voit  dans  leur  lon- 
gueur ,  encore  retoile  ne  fait  elle  paroitre  alors  qu'une  partie  de  ces  jam- 
bes j  mais  dans  le  terns  meme  que  I'etoile,  ou  plutot  leur  rcll'ort  nature! 
les  tient  raccourcies ,  on  appercoit  toujours  leur  extremite  un  peu  plus 
grolle,  que  I'endroit  qui  eft  immediatement  au  delfous ;  ce  font  feulement 
Jes  renHcmens  qui  terminent  ces  jambes  que  Ton  voit  dans  les  deux 
rayons  AA,  (  Fig,  I )  mais  on  voit  fur  les  trois  autres  rayons  plufieurs  de 
ces  jambes  allongees ,  comme  elles  le  font  lorfque  I'etoile  s'en  feit  pour 
marcher.  La  mcchanique  que  I'etoile  emploie  dans  cette  occafion  pour  al- 
longet  fes  jambes ,  s'apper^oit  ties-diftmcbement ,  fuot  que  I'on  a  niis  a 
dec®uvert  les  parties  intcrieures  d'un  des  rayons  R  (  Fig.  11  )  en  coupant 
fa  peau  dure  du  cote  de  la  furface  fuperieure ,  c'eft  .i-dire  ,  de  la  furface  op- 
pofte  a  celle  fur  laquelle  les  jambes  font  fituees  ;  I'lnterieur  de  I'etoile 
paroit  alors  divife  en  deux  parties  par  une  efpece  de  corps  cartilagineux 
cjuoiqu'alFez  dur,  Ce  corps  femble  compofe  d'un  grand  nombre  de  ver- 
tebres  faites  de  telle  facon  ,  qu'il  fe  trouve  une  cou'.iffe  C  au  milieu  du 
corps  qu'elles  forment  par  leur  allemblage  5  a  chaque  cote  de  cetre  cculiiTe  , 
on  voit  avec  plailir  deux  rangs  de  petits  Ipheroides  eliiptiques  ou  boules 
allongees,  claires  &  tranfparentes  BB,  longues  de  plus  d'une  Hgne ,  mais 
moins  grolTss  que  longues  :  il  femble  que  ce  foit  autant  de  petites  perlcs 
rangces  les  unes  auprcs  des  autres.  Entre  chaque  vertebre  eft  attachee  une 
de  ces  boules  de  part  &  d'autre  de  la  coulilfe,  mais  a  deux  diftances  inc- 
;ales,  ce  qui  forme  deux  rangs  de  boules  aux  deux  cotes  de  cette  cou- 
life  y  je  veux  dire  que  leur  difpofition  eft  telle  de  chaque  cote  de  la  coi;- 
lille  ,  qu'aprcs  la  boulequi  en  eft  des  plus  proche  ,  on  trouve  entte  les  deux 
vertebres  fuivantes  une  boule  qui  en  ell  plus  eioignee  ,  &  la  boule  qui 
fuit  elt  pofee  vis-a-vis  la  plus  ptoche,  &  celle  qui  vient  apres ,  vis-a-vis  la 
phis  eloignce  ,  &  ainfi  de  fuite.  Ces  petites  boules  font  formees  p.ir  une 
membrane  mince,  mais  pourtanc  alfez  forte,  dont  I'inteiieur  eft  rempli 
d'eau ,  en  forte  qu'il  n'y  a  que  la  furface  de  la  boule  qui  loit  membra- 
neufe.  * 

II  n'eft  pas  difficile  de  dccoavrir  que  ces  boules  fervent  a  I'allongement 
des  jambes  de  I'etoile  ;  on  commence  a  le  foupqonner,  des  lors  qu'on  a 
jemarquc  c^ue  le  nombts  des  boules  eft  o^l  a  celui  des  jambes,  tk  q.uff 


f. 


3(Jo  COLLECTION 

chaque  boule  repond  a  une  jambe  ;  mais  on  en  decouvre  tome  la  mecha^ 

Acad.  RoYALE  ,jique  lorfqu'on  prefTe  avec  le  doigt  quelqu'une  de  ces  boules  ,  car  on  les 

BES  Sciences      ^^|^  ^^  vuider,  &c  dans  le  meme  terns  on  voit  les  jambes  qui  leur  cortef- 

,         '        pondent  fe  CTonflc-r.  Enfin  lorfqu'on  a  celle  de  prelTer  ces  memes  boules , 

nni.i.  1710.     ^ij^^  r-^  remplitrent  de  nouveau  pendant  que  les  jambes  saftailFenr ,  &  fe 

xaccourcifTent  a  leur  tour.  L'ctoile  n'a  done  autre  chofe  a  faire  pourgonfler 

&c  etendre  fes  jambes  ,   que  de  prefTer  les  boules  ,  &  il  eft  aife  d'imaginer 

mille  manieres  dont  elle  le  peut  faire  ;  mais  des  que  retoile  cede  de  pref- 

fer  les  boules ,  le  relfort  naturel  des  jambes  qui  les  aftailFe,  les  raccourcit , 

Sc  chafle  I'eau  dans  les  boules  d'ou  elle  ctoit  I'oitie. 

Ces  jambes  ainfi  allongees  ,  I'etoile  s'en  fert  pour  marcher  ;  elle  n'etend 
qu'une  partie  de  celles  de  chaque  rayon  ,  £c  meme  a  des  diftances  afTez 
inegales  ,  &  avec  peu  d'ordre  ,  comme  on  peut  le  remarquer  dans  la  Fig.  /, 
oil  on  a  reprefente  une  etoile  polee  fur  le  dos,  qui,  ayant  le  bout  d'lin 
de  fes  rayons  fous  la  pierre  P  ,  tache  d'avancet  vets  cette  pierre  :  les 
jambes  qui  touchent  cette  pierre  ,  fervent  a  Ten  approcher  ;  &  les  autres 
jambes  qui  ne  portent  fur  aucun  corps,  en  cherchent  quelqu'un  qu'clles 
puilTent  faifir.  Ces  jambes  rencontrent  la  pierre  ou  le  corps,  vers  lequel 
elles  avancent  en  faifant  avec  lui  un  angle  tres-aigu,  de  forte  que  I'etoile 
les  tenant  toujours  fixes  fur  ce  corps  ,  &  tachant  de  leur  faire  faire  un 
angle  droit  avec  le  meme  corps  ,  oblige  le  fien  den  approcher  :  on  voic 
deux  de  ces  jambes  detachces  en  I.  (  Fig.  PL  Fill. ) 

Au  -  refte  il  n'eft  pas  nccefTaire  aux  etoiles  pour  marcher  d'ette  ainfi 
renverfees;  la  pofition  contraire  leur  eft  egalement  commode  :  mais  on  a 
choifi  celle-ci  parce  quelle  laifTe  voir  les  jambes ;  qui  dans  I'autre  poiicioii 
font  cachees  par  le  corps  ;  elles  peuvent  auffi  marcher  fur  les  pierres  & 
fur  le  fable  ,  foit  qu'elles  fe  trouvent  a  fee  ,  ou  qu'elles  foient  couver- 
tes  par  I'eau  de  la  met. 

On  auroit  pu  regardcr  les  jambes  des  etoiles  ,  comme  les  parties  dont 
elles  fe  fervent  pour  refpirer  I'eau  ,  a  caufe  de  la  relTemblance  qui  eft  en- 
ire  leur  figure,  Sc  celU  des  tuyaux  charnus  des  aurres  poiHons  dont  nous  avons 
parle  j  mais  les  etoiles  n'ont  pas  de  fi  gros  tuyaux  pour  fervir  a  cct  ufage  , 
elles  en  font  dedommage>.s  par  une  quanrite  prodigieufe  de  petits  tuyaux 
dont  toute  leur  peau  eft  remplie.  Lorfqu'on  prend  des  etoiles  en  certain 
terns  oil  elles  font  gonflees  par  I'eau  ,  on  voit  bien  vite  I'eftet  de  ces 
tuyaux  ;  car  on  apper^oit  une  infinite  de  jets  d'eau  tris-delies  qui  fottenc 
par-tout  de  leur  peau  :  mais  fi  Ton  regarde  alois  avec  attention  I'etoile, 
on  voit  que  chacun  de  ces  jets  part  d'un  petit  tuyau  peu  fenfible  a  la  vue, 
qui  le  devient  pourtant  d'autant  plus,qu'on  I'oblige  de  fortir  davantage 
pn  ptelTant  la  peau  de  I'etoile  aupres  de  I'endroit  011  on  I'a  remarque  :  il 
paroit  de)  figure  conique  &C  d'une  couleur  blanche.  Ces  petits  tuyaux  ne 
font  jamais  diftribues  feparement  :  il  y  eu  a  otdinairement  fix  attaches 
les  uns  auptes  des  autres  dans  un  petit  efpace  :  pout  les  fiiire  plus  aife- 
ment  remarquer  ,  on  a  reprefente  (  Fig.  Ill )  un  bout  d'un  trayon  vu  a  la 
louppe ,  dans  laquelle  les  lettres  CCC  font  pofces  aupres  de  trois  de  ces 
petits  grouppes  de  tuyaux  qui  font  reprcfentes  allonges  tels  qu'ils  le  font 
forfqti'ils  jettent  I'eau  ,  ou  lorfgu'on  le  fait  parokre  en  preflanc  la  peau  de 

I'etoile 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  3/1 

I'ctoileen  RRR.  Dans  tons  les  autres  en  droits  du  rayon  oul'onn'apas  mis 

de  tuyaux  J  mais  artailTcs. 


<le  liitcres  >  on  voic  les  manes  groupn 


Sur  la  Moulc  dcs  etangs. 
Par    M.    M  E  R  I. 


ACAD.ROYALE 

D£S  ficiENCES 

DE  Paris. 
Annie  1710. 


L 


A  moule  eft  iin  poKTon  Iiermaphrodite  d'une  efpece  finguliere  en  ce 
quelle  muhipliefans  aucun  accouplement ,  comme  j'efpere  ie  demontrec 
dar.s  la  fuire  de  ce  difcours  ,  aprts  avoir  parle  de  la  formacion  &  de  I'ac- 
croilTement  de  la  coquille. 

Chacune  des  deux  pieces  de  la  coquille  relTemble  affez-bien  a  un  petit 
baflTin  irrtgulieremenc  ovale  dont  la  paitie  anterieure  eft  plus  large  ,  plus 
arronJie  ,  &c  dont  la  partie  pofterieure  fe  termine  en  une  pointe  moulfe : 
ce  ballin  eft  revetu  en  dedans  d'une  membrane  fi  mince,  fi  adlicrente 
gii'on  ne  peut  I'app&rcevoir  qu'en  rompant  la  coquille ,  ou  bien  lorfque 
cette  membrane  venant  a  fe  deinicher,  fe  decliire  6c  abandonne  d'elle-mtme 
la  furface  interne  du  ballin. 

Les  deux  pieces  de  la  coquille  de  la  moule  paroifTcnt  formecs  de  plu- 
fieurs  couches  appliquces  les  unes  fur  les  autres  ,  &  qui ,  en  dcbordant  1  une 
au-delade  I'aune  ,  forment  fur  la  (urface  exterieure  des  bandes  afRz  d;ftinc- 
tes  ;  ce  qui  d'abord  pourroit  donner  lieu  de  croire  que  ces  couches  ne  font 
pas   produites  en  meme  tems  ,  je  veux  dire  routes  a  la  fois ,  mais  fucceffi- 
vement  &  I'une  apres  I'autre.  Cependant  fi  Ton  fait  attention  qu'il  ne  paioic 
p.is  moins  de  bandes  fur  les  plus  petites  coquilles  que  fur  les  plus  granJes, 
on  aura  fujet  de  douter  de  cette  opinion  \  d'aiitant  plus  que  s'll  ctoitvrai 
que  les  diffcrentes  couches  de  la  coquille  de  la  moule  fe  formafTent  I'une 
apres   1  autre  ,    il  faudroic  necelFairement  que  huit  mufcles  qui  font  atta- 
ches a  leur  furface  interne,  s'en  detachalFent  en  s'eloignant  toujours  par  de- 
gresdu  lieude  leur  premiere  attache  toutes  les  fois  qu'il  fe  formeroit  une 
nouvelle  couche  ;  ce  que  je  n'ai  point  vii  dans  aucunes  des  moules  que  j'ai 
ju!qu'ici  dilfequees  en  toutc  failo;i  :  &  comme  d'ailleurs  un  tel  deplai-ement: 
n'a  point  d'exemple  dans  les  animaux  de  qui  les  mufcles  font  attaches  aux 
OS  ,  ni  msme  dans  ceux  qui  n'ont  point  de  veritables  os  ,  comme  les  cancres 
matins,  leshomards,  lescrabes,  les  ecrevilTes  ,  &c.  dont  le  corps  n'eft 
revetu  que  de  croiites  ou  coques  qui  leur  tiennent  lieu  d'os  ,  oii  tous  leurs 
mufcles ont  leur  origine  &  leur  infertion;  n'y  a  t  il  pasbeaucoup  plusd'appa- 
rence  que  toutes  les  couches  de  la  coquille  de  la  moule  fe  forment  en  mcmc 
tems  comme  les  coques  de  ces  poilToiis  ?  Aufli  voit-on  que  les  bandes  qui  pa- 
roilfent  fur  la  futface  ixterieure  ,  s'elargilFent  a  mefure  que  Ie  corps  de  la 
moule  augmente;  ce  qui  ne  fe   pourroir  faire ,  fi  les  couches  de   ces  co- 
quilles fe  formoient  fucceffivement.  Cela  etant  ainfi  ,  il  eft  evident  que  la 
coquille  de  cepciiron  doit  fe  nourrirde  la  meme  maniereque  font  les  autres 
parties  de  fon  corps  5  &  puifque  les  bandes  qui  paroilfent  au  dehors  s'au- 
gmentent  en  tout  fens  fans  fe  fendre  ,  c'll:  une  pretfve  qu'elles  fenourtiflTenc 
par  intus  fufception  ,  &  non  par  juxtapofiiion, 

Tuinc  III ,  Partie  Francoifc  Z  i 


,(J2  COLLECTION 


ACAD.ROYALE 

DEs  Sciences     Dc  la  manicrc  dont  Ics  Monies  ouvrent  &  ferment  leur  coauille. 
DE  Paris. 

^  '  X^  A  coquille  de  la  moule  s'entr'ouve  par  le  moyen  d'un  puilfant  reffort  ; 
elle  fe  ferme  par  la  coinraftion  de  deux  forts  mufcles  :  le  relTorc  eft  fitue 
fur  le  dos  de  ce  poilfon  j  il  a  environ  un  pouce  &  demi  de  long  fur  deux 
lignes  de  large  dans  une  moule  de  huit  a  neuf  pouces  de  grandeur  j  il  eft 
convcxe  en  dehors  ,  &  concave  en  dedans  :  fes  bords  font  enchaftes  dans 
repaifteur  de  la  coquille  qui  font  creufes  en  gouttieres  :  ce  reftort  eft  forme 
de  deux  lortes  de  marieres ,  I'une  eft  ecailleufe  &  de  couleur  grife;  celle-ci 
fert  d'enveloppe  a  Tautre  qui  eft  blanche  &  fembable  a  du  talc.  On  decou- 
vre  dans  celle-la  plufieurs  plans  inclines  les  uns  fur  les  autres  \  mais  on  ne 
pent  les  voir  qiVen  rompjnt  le  reftbrt  de  la  coquille. 

Les  mufcles  font  tranfverfalement  attaches  a  la  paroi  interne  de  chaque 
piece  de  la  coquille  ,  I'un  en  devant  &  I'autre  en  arrierc  :  celui-ci  eft  le 
plus  gros.  Ces  mufcles  font  fairs  de  raftemblage  de  plufieurs  paqnets  de 
fibres  charnues  ,  croifes  par  d'aurres  petites  fibres  ligamenteufes  &:  elafti- 
ques.  Ce  font  la  les  moyens  par  lefqueh  la  coquille  s'ouvre  &i  fe  ferme- 
ll  s'agit  maintenanr  d'expliquer  lamechanique  de  ce  mouvement,  ce  qu'on 
ne  peut  bien  faire  fans  refoudte  auparavant  cette  queftion  ;  favoir  fi  le 
raccourcilFement  ou  la  contradlion  des  mufcles  depend  d'une  vertu  elafti- 
que  ,  ou  de  I'influence  des  efprits  animaux  :  les  obfervations  que  j'ai  faites 
lur  la  moule  meme  aideront  a  la  decider. 

Apres  la  mort  la  vertu  elaftique  fubfifte  dans  les  parties  ,  jufqu'a  ce  que 
la  pourriture  fe  foir  emparee  de  leur  fubftanre  ,  &  Ton  fait  que  I'effet  pro- 
pre  de  leur  relfort  eft  de  les  retablir  dans  leur  etat  naturel ,  quand  il  n'eft 
plus  force  :  or  les  efprits  animaux  etant  etemts  dans  la  moule,  les  mufcles 
de  fa  coquille  rentrent  dans  leur  etat  naturel  par  leur  vertu  elaftique  ,  qui 
les  relache  &  les  allonge  :  done  leur  taccourciftement  doit  dependre  de 
I'influence  des  efprits  animaux;  auffi  voit  on  qu'ils  ne  fe  contradlent  que 
pendant  la  vie.  Cela  prouve,  il  eft  aife  d'expliquer  I'approche  &  I'cloigne- 
ment  des  deux  pieces  de  la  coquille  :  I'lnflux  des  efprits  animaux  dans  les 
mufcles  rapproche  ces  deux  pieces  &-'  ferme  la  coquille  :  le  relTort  rendu 
libre  par  le  relachement  des  memes  mufcles  I'ouvre  \  mais  jamais  les  mut- 
cles  ne  font  dans  un  relachement  abfolu  &  le  relFort  n'agit  jamais  avec  une 
entiere  liberte.  La  preuve  en  eft  ,  que  fi  Ion  detache  ces  mufcles  d'une 
piece  de  la  coquille  d'une  moule  recemment  morte  ,  on  verrales  deux  pie- 
ces s'ccarter  une  fois  plus  qu'elles  ne  faifoient  pendant  la  vie  de  I'animal ; 
done  leur  relTort  n'eft  pas  entierement  debande  quand  leurs  mufcles  font 
attaches  a  I'une  &:  alautre,  &  qu'elles  ne  font  qu'entr'ouvertes.  Et  Ci  fans- 
feparer  leurs  mufcles  on  calfe  une  des  pieces  de  la  coquille  d'une  moule- 
vivante  ,  fes  parties  rompues  s'approchent  davantage  de  celle  qui  refte  en- 
tiere ,  &  leurs  mufcles  |e  raccourciftent  une  fois  plus  qu'auparavant  ;.  d'otV 
il  fuifque  la  refiftance  des  deux  pieces  de  la  coquille  entiere  appliquees 
I'une  contre  I'autre ,  empeche  que  leurs  mufcles  ne  fe  concradent  entii- 


A'C  A  D  6  M  r  Q  U  E.  ^^^ 

remeiu  :  done  la  rcfillance  Jcs  deux  pirces  ds  la  cociui'lc  aliifi  apoliqiiees, 

Icmroitc  fur  la    furface  des  efnrics  aiiimaux  ,   &  il  eft  evident  que  Icurs  a      ^  »    ..  ..^ 

mulclos  Hi  loiit  pas  rtnit-a-taic  raccourcis  lorlque  la  coquille  elt  termee  ;  des  S-^iences 

de  forte  que  quand  elle  eft  entr'ouverte ,  les  mufdes  quoiqu'alors  re-laches,  CI  Paris. 

font  cependant  equilibre  avec  le  reflort  :  ainfi  I'cquilibre  qu'ils  "ardent  tn-  n      • 

'  Jill'  r  i/.iirr  AtmCC    1710. 

tr  eux  quand  la  coquille  s  ouvre  ,  ne  le  ronipt  lorlqu  elle  le  rerme  que  par 
I'liiHiience  des  efprits  aniinaux  qui  coulent  alors  dans  les  mufcles;  d'oii  je 
condus  que  la  force  de  ces  elprirs  I'emporte  fur  la  puiHance  des  fibres 
claftiques  des  mufcles ,  &  du  relfort  de  la  coquille  joints  enfemble ;  car 
autrement  elles  ne  poufroient  jamais  fe  fermer. 


Du   mouvcmcnt  prognjjif  dc  la  Moulc  {a). 

Vy  E  poKFon  nage  dans  I'eau  ,  &  paroit  quelquefois  fur  fa  furface  ,  mais 
tres-ratement ;  plus  fouvent  il  rampe  dans  la  vafe  fur  laqnelle  il  refte  pref- 
quetoujours  en  repos  :  mais  foit  qu'il  nage  ,  foit  qu'il  rampe  ,  on  ne  voir 
que  fan  ventre  fortir  £c  s'avancer  de  d;ux  pouces  ou  environ  au  dela  des 
hords  de  fa  coquille  ;  c'eft  felon  route  apparence  le  jeu  des  mufcles  de 
cetr^  partie  qui  favorife  le  mouvement  progrelTif ,  puifque  c'eil  la  feule 
partie  qui  agilFe  dans  cetre  circonftance. 

Le  ventre  de  ce  poilFon  reprefentc  aifez  bien  la  carenne  d'un  vailTeau  : 
fa  partie  la  plus  large  eft  tournee  du  cote  de  la  tete  j  la  plus  etroite  du  cote 
de  I'anus  ;  la  plus  aigue  regarde  le  tranchant  de  la  coquille  ,  &  eft  fort  pro- 
pre  a  fendre  I'eau  &  la  vafe;  enfin  fa  parne  la  plus  cpailFe  &:  qui  eft  arron- 
die  ,  occupe  route  la  partie  fuperieure  du  ventre;  ce  qui  ne  tait  pas  nean- 
moins  que  le  dos  de  !a  moule  foit  tourue  en  delFous  quand  elle  nage  , 
parce"  que  fes  poumons  qui  font  remplis  d'air,  font  places  au-dellus  de 
fon  ventre,  de  forte  que  la  partie  la  plus  grolFe  de  fon  corps  ,  ell  aullj  la 
plus  legere ,  fur-tout  quand  I'air  qui  remplit  les  poumons  vient  a  fe  dilater  , 
c'efta-dire,  lorfque  les  fibres  du  pjumon  qui  comprimoienr  cet  air  par 
leur  contraction  fe  relachent  &  lui  permettent  de  s'etendre  pat  fon  elalti- 
cite. 

J'ai  trouve  dans  le  ventre  de  la  moule  cinq  mufcles,  ciuatre  queje  nom- 
me  obliq'^es  ,  &  le  cinquieme  tranfverfe  a  caufe  de  la  difpofition  de  leurs 
fibres.  Le  premier  &  le  fecond  tirent  leur  origine  de  la  partie  anterieure  ic 
fuperieure  de  la  coquille  ;  le  troifieme  &  la  quatrieme  de  la  partie  pofte- 
rieure  tic  fuperieure.  Les  fibres  de  cts  quatre  mufcles  en  defcendant  s'ccar- 
tenc  les  unes  des'autres  ,  &  forment  en  fe  developpant  les  parcis  du  ven^ 
tre  :  celles  de  devant  vont  s'infcrer  au  derriere  ,  &  celles  de  dertiere  en 
devant ,  fe  croifant  les  unes  les  autres  en  chemin  :  ce  que  je  prends  pour  le 
cinquieme  mufcle  confifte  dans  un  tres-grand  nombre  de  fibres  cliarnues  rou- 
tes feparees  les  unes  des  autres :  leur  longueur  variejfuivant  la  difference  epaif- 

((t)  V.  Ic5  obfcrvations  de  M.  Poapart  (?jnj  k  tome  II  de  cert:  Parde  Franfoifi ,  page 
549  ;  cllcs  s'accordcnt  mieux  avcc  ccilcs  dc  M.  de  Reaumur  qu'avec  celles  de  M.  Mery  ; 
mais  il  paroit  cjuc  ccs  divcifcs  oblcrvations  on:  ere  faitcs  fur  differeotes  efpeccs, 

Z  1  ij 


ACAD.ROYALE 

DEs  Sciences 
DK  Paris. 


36-4  COLLECTION 

feur  du  ventre  :  toutes  ces  fibres  font  nttachees  tranfverfalement  a  la  fiU' 
face  interne  defes  parois  par  leuis  extrcmitesj  de  forte  qu'elles  palTent  en- 
tre  les  circonvolutions  de  I'inteftin  &c  a  travers  le  foie  ,  qui  n'a  point  d'au- 
tre  membrane  pour  le  couvrir   que  I'cxpanfion  des  quatre  mufcles  obli- 


Jnrue   17 10.    q"es 


La  fit^ure  du  ventre  ctant  Jonnee  ,  &c  la  difpofition  de  fes  mucles  recon- 
nue  ,  il  n'eft  pas  difficile  d'expliquer  le  mouvemenc  de  progrelfion  de  la 
moule  :  quand  fa  coquille  s'entc'ouvre ,  les  quatre  mufcles  obliques  fe  rela- 
chent,  &  les  fibres  du  mufcle  tranfverfe  fe  contradent :  ce!les-ci  ne  peu- 
venc  fe  raccourcir  fans  approcher  les  parois  du  ventre  I'une  contre  I'autre  , 
ce  qui  fait  qu'il  devient  plus  plat  qu'auparav.int  •,  ainfi  acqucrant  plus  d'e- 
tendue  ,  &C  tombant  en  bas  par  fa  propre  pefanteur  (  les  mufcles  obliques 
etant  reiaches)  ,  il  fort  aifement  hors  de  la  coquille  ^  apres  quoi  les  fibres 
de  ces  memes  mufcles  entrant  en  contraftion  les  unes  apres  les  autres , 
mais  foiblement  ,  la  moule  fait  fon  chemin.  Si  les  mufcles  obliques  an- 
Terieurs  fe  raccourciffent  de  part  8c  d'aurre  alternativement  ,elle  s'avance 
en  avant :  quand  ceuxci  fe  relachent ,  &  que  les  mufcles  pofterieurs  fe  con- 
tradent  de  meme ,  elle  recule  en  arriere  ,  ce  qui  Uii  fuffit  pour  ramper  fur 
la  vafe  ;  mais  pour  nager ,  il  faut  outre  cela  que  fair  renferme  dans  fes  pou- 
mons  fe  dilate  ,  &  reiide  par  ce  moyen  fon  corps  plus  leger  qu'un  pareil 
volume  d'eau.  Au  contraire  il  faut  qu'il  fe  condenfe  pour  que  le  cor^s  de 
ce  poilfon  devenant  plus  pefant  que  I'eau  ,  retombe  au  fond.  Enfin  quand 
les  fibres  du  mufcle  tranfverfe  fe  relachent,  &  qu'en  meme  rems  celles  des 
quatre  mufcles  obliques  fe  contradbenttoures  enfcmble  fortement ,  elles  re- 
tirent  le  ventre  dans  la  coquille  fort  promptement. 


Dc  la  manicrc  dont  la  Moule  rcco'it  fa  nourriture. 

\_i  A  boiiche  de  ce  poiffon  eftfi  etroitement  attachee  a  la  partie  poflerieure 
du  mufcle  de  devant  la  coquille ,  qu'il  elt  abfolumenr  impofiTible  quelle 
puilTe  en  fortir  pour  chercher  I'allmenr  qui  lui  convient  :  ainfi  il  faut  qu'il 
y  ait  dans  I'eau  des  parties  nourricieres  que  la  bouche  puilTe  recevoir 
quand  la  coquille  s'ouvre  ;  mais  comme  la  coquille  refte  prefque  toujours 
fermce  ,  il  n'y  a  pas  d'apparence  que  la  moule  pfit  vivre  commodemenr  en 
cet  erat,  fi  la  nature  ne  lui  avoir  donne  .quelques  refervoirs  particuliers 
pour  conferver  I'eau  qu'elle  rccoir  quand  fa  coquille  s'ouvre,  &  pour  em- 
pecher  que  cette  eau  ne  s'ecoule  lorfque  la  coquille  fe  ferme.  Auffi  trouve- 
t-on  de  chaque  cote  du  ventre  de  ce  poilTon,  un  grand  refervoir,  &  pro- 
che  le  bord  de  chaque  piece  de  la  coquille  ,  un  canal  pour  le  fejour  de 
I'eau.  Ces  quatre  cavites  communiquenx  enfeirble  entre  le  dos  du  cor^>s 
de  la  moule  &  celui  de  la  coquille.  Le  refervoir  eft  forme  du  milieu  de  la 
furface  interne  de  la  coquille  ,  &  d'une  membrane  fpongieufe  ,  qui  d'ur.-e 
part  eft  unie  au  corps  de  ce  poiftbn  ,  &c  de  I'autre  a  un  mufi-le  circulaire  :  ce 
canal  eft  coniuofc  du  contour  de  la  coquille  £>:  de  ce  meme  mufcle  ,  &  voici 
comment  :  La  partie  charnue  de  ce  mufcle  qui  n'a  guere  que  cinq  ou  fix. 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  jtf, 

llgnes  de  lar^e  ,  eft  adherenre  par  I'un  de  fes  cotes  a  la  coquille  ,  a  fept  on  s 


huic  lignes  dc  diftance  de  fon  bord.  Le  refte  qui  en  eft  dctachc ,  hiiic  en  y\c^n  Rovale 
une  membrane  tresdelice  ,  qui  s'linic  a  une  eCpece  de  peau  fort  mmce,  pes  Sciences 
jointe  au  tranchanc  de  la  coquille;  de  forte  qu'il  refte  entr'elle  !k  ce  muf-  de  1'aris. 
cle  un  viiide  qui  fait  le  canal.  Ce  mufcle  circulaire  (e  joint  avec  ion  coni^e-  AnnU  i7iOi 
nere  au-delfus  de  la  tete  de  la  nioule  pat  devant ,  &  p.u-  derncre  an  deilus 
du  rcElum.  Entte  leurs  extrcmites  ,  il  y  a  un  petit  ligament  qui  Icur  eft  at- 
tache ,  &  a  la  membrane  du  pericarde  en  delllis.  Enlin  on  dccouvre  au- 
delfus  du  nclum  ,  un  conduit  qui  communique  dun  bout  dans  I'anus,  & 
de  I'autre  avec  ces  quatre  refervoirs  :  c'eft  par  re  conduit  que  I'eau  pa(Te 
dans  leurs  concavites.  Quand  la  coquille  s'entr'ouvre ,  les  deux  mufcks 
circulaires  qui  font  attaches,  font  forces  de  seioigntr  I'un  de  lautrc  ;  & 
parce  que  I'anus  leur  eft  iini ,  c'eft  aulii  une  nccellite  que  fon  entree  ie  dilate 
en  meme  tems ;  alors  I'e.iu  entre  dars  I'anus  ,  d'oii  elle  palle  dans  le  ca- 
nal qui  la  decharge  dans  les  refervoirs  par  une  fente  placee  entre  les  deux 
mufclcs  circulaires,  tout  proche  de  leur  union  pofterieure.  Quand  apres 
tela  la  coquille  fe  ferme,  alors  I'eau  preftee  dans  les  canaux  par  le  gon- 
flement  des  mnfcles  circulaires  &  par  ceux  du  ventre  dans  les  refervoirs, 
fort  par  le  meme  conduit  par  lequelelle  eft  entree,  &  fe  repand  peu-a- 
peu  entre  les  parties  de  la  generation  &  le  ventre*,  fans  pouvoir  de-la  s'e- 
con.'er  an  dehors,  tant  parce  que  les  pieces  de  coquille  s'appliquent  i'une 
contre  I'autre  exadement ,  que  parce  que  I'eau  qui  remplit  les  canaux, 
fouleve  les  deux  mufcles  circulaires  dont  ils  font  formes  ;  ce  qui  fait  que 
ces  mufcles  fe  prennent  fi  fort  I'un  contre  I'autre  ,  que  I'eau  ne  peut 
s'echapper  ,  quand  bien  mcme  I'application  des  deux  pieces  de  la  coquille 
ne  feroit  pas   parfaite. 

La  maniere  dont  le?  mufcles  circulaires  fe  contracflent  pour  chalfer  I'eau 
hors  des  canaux,  eft  fort  particuliere  ;  car  etant  attaches  a  la  coquille  par 
leur  partie  charnue  ,  il  eft  evident  qu'ils  ne  peuvent  fe  raccourcir  quand 
ils  fe  gonflent ;  il  faut  done  que  leur  largeur  diminue  quand  ils  fe  relferrent : 
ce  qui  arrive  de  cette  faqon.  Toute  leur  furface  qui  regarde  la  coquille, 
eft  traverfee  par  une  infinite  de  fibres  fort  cources  qui  s'inferent  a  leur 
aponeurofe  :  or  celle-ci  etant  unie  a  la  peau  qui  borde  le  tranchant  des 
coquilles,  il  eft  viable  que  ces  petites  fibres  ne  peuvent  fe  raccourcir  fans 
diminuer  la  largeur  de  ces  mufcles  ,  &  par  confequent  la  capacite  des 
canaux  qu'elles  applatilfent  :  ainfi  I  eau  qu'ils  contiennent  eft  obligee  d'eii 
fortir  plus  ou  moins  promptement ,  felon  la  vitclfe  avec  laquelle  ces  pe- 
tites fibres  fe  raccourcilTent  :  c'eft  ce  que  confirme  I'experience  ;  car  quand 
on  pique  ces  mufcles ,  les  efprits  animaux  y  coulant  alors  plus  abondamment 
qu'd  I'ordinaire ,  leurs  fibres  tranfverfes  fe  contraftent  li  violemment  , 
qu'elles  rompent  I'attache  de  leur  aponeurofe  avec  la  peau  qui  borde  le 

I  tranchant  de  la  coquille  \  ce  qui  fait  que  I'eau  renfermee  dans  les  canaux 
circulaires,  s'echippe  au  dehors  par  cette  ouverture  extraordinaire. 
II  refte  maincenant  a  trouver  par  quel  paffage  I'eau  entre  d  ms  le  corps  de 
la  moule  ;  &  pour  le  decouvrir  ,  il  nous  faut  examiner  une  gLinde  conlide- 
rable  que  je  prends  pour  la  tete  de  ce  poilfon  ,  quoique  je  n'y  aie  remarquc 
ni  langue,  ni  nez,  ni  yetix,  ni  oreiliis :  mais  ce  qui  m'aucorife  a  lui  den- 


^r,(;  COLLECTION 

-■■  — —  iiei-  ce  nom,  c'eft  quelle  eft  la  partie  la  plus  elevee  dii  corps  5  qu'elle  ell 

A         R      A  E  compofee  de  deux  iubllances  difFerentes  en  couleur  ,  &  formant  dans  fon 

DEs°SciENCES     cetitrc  plufieurs  finuofites ;  ce  qui  fait  prefunier  que  ce  corps  tient  lieu  de 

DE  Paris.        cerveau  :  enfin  c'eft  qu'on  y  rencontie  I'entree  du  tube  iiueftinal  ,  &  qu'on 

>J«H^   ,-rio      V  voir  une  bouche  garnie  de  deux  levres  charnues. 

Ces  deux  levres  font  fort  croites  a  1  entree  de  la  bouche ,  qui  elt  placee 
entre  le  ventre  &C  le  mufcle  anterieur  de  la  coquille  \  mais  en  s'Lloi- 
cnant  de  cet  endroit ,  elles  s'elargilfent  :  elles  font  platces  &;  longues  d'un 
pouce  on  environ  ,  arrondies  par  leurs  extrcmites  ,  &c  traverfees  dans  route 
leur  loHL'ueur  par  de  petires  fibres  faillantes  fur  leur  fuperficie  interieure. 
Ces  fibres  lailfent  entr'elles  de  petits  finus  ,  de  forte  qu'elles  reprcfenrent 
alTez  b:en  les  hllons  d'une  terre  labouree.  Ces  deux  levres  forment  entre 
elles,  de  chaque  cote  de  la  bouche,  une  efpece  de  gouttiere  qui  pent  fe 
chanaet  en  canal  ,  parce  que  les  petites  fibres  qui  les  traverfenc ,  peuvent 
en  fe  raccourcilTant ,  appliquer  leurs  bords  I'un  centre  I'autre.  Enfin  je 
trouve  dans  le  fond  de  cette  glande  I'euibouchure  d'un  autre  canal,  dont 
une  branche  va  fe  terminer  dans  le  ccEur,  &c  les  autres  dans  le  refte  du 
corps  de  la  moule. 

D'apres  ces  fairs ,  il  eft  aife  de  comprendre  que  I'eau  repandue  enrre  les 
parties  de  la  generation  &c  le  ventre  de  ce  poillon ,  doit  s'ccouler  par  les 
deux  gouttieres  des  levres  ,  qui  s'ecartent  1  une  de  I'autre  pout  la  rece- 
voir,  &  fe  rapprochenr  pour  la  poulTer  dans  la  bouche  de  la  moule, 
ou  apparemmenr  Ics  parties  nourricieres  fe  feparent  de  I'eau  &  palTenc 
dans  I'inteftin  ,  pendant  que  I'eau  entre  dans  I'autre  canal ;  ce  qui  femble 
d'autant  plus  probable,  qu'on  ne  trouve  que  de  1  eau  dans  le  cceur,  &  dans 
le  commencemenr  de  I'intefiin  ,  qu'une  matiere  folide  &  aulli  tranfparente 
ciue  du  cryftal ,  &  fur  la  fin  une  autre  fubftance  femblable  par  fa  confif- 
tance  He  fa  couleur  ,  au  mmcomum  du  foetus  renferme  dans  le  fein  de  fa 
mere  :  d'oii  I'on  pent  conjefturer  que  la  premiere  matiere  peur  etre  cello 
de  fa  nourrirure  ,  &  la  feconde,  I'excrement  le  plus  groffier  qui  en  refulte. 
Mais  quelque  vraifemblable  que  paroilfe  ce  raifonnemenr ,  on  verra  dans 
la  fuite  qu'on  peut  former  centre  cette  hypothefe  une  objedion  impoflible 
a  refoudre. 

Du  fond  de  la  bouche  nait  I'inteftin  qui  va  palfer  par  le  cerveau,  fat 
des  circonvolutions  dans  le  foie  ,  puis  par  une  Ugne  droite ,  traverfe  le 
ccEur  &:  finit  al'anus,  dont  le  bord  eft  garni  de  petites  pointes  pyrarni- 
dales  ,  &  le  dedans  de  petits  mamelons  glanduleux.  On  y  voit  auffi  de  cote 
&  d'autre  une  glande  femblable  aux  amigdales,  d'oii  fort  une  matiere 
fort  vifqueufe. 

Ce  que  je  prends  pour  le  foie,  eft  un  amas  de  petits  globules  formes 
de  Talfemblage  de  plufieurs  grains  glanduleux,   qui   remplillent  de  telle 


fieurs  ouvetcures  dans  i'inteftin. 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E. 


^^1 


Dcs  Parties  dc  la   sreniration. 
T    • 

J— <  A  moule  a  qiiatre  parties  qui  peuvent  fervir  a  la  generation  :  deux  que 
j'appelle  ovaires ,  parce  qu'elles  contiennent  les  oeufs  de  ce  poi(!on  j  &  dtux 
que  je  nomme  veficules  Icminales  ,  parce  qu'elles  renfermenc  la  femence 
qui  eft  blanche  &  laiteufe.   La  conformation  des  veficules  &   dcs  ov.iires 
parole  femblable  tanc  en  dedans  qu'en  deiiors  ;  cependant  puifque  leurs 
iifages  font  differens  ,  il  faut  qu'il  y  ait  dans  leur  fttu£lure  quelque  diffe- 
rence ,    quoique  la  vue  ne  puilfe  la  faifir.  Ces  quatre  parties  ont  a  I'txtc- 
rieur,  la  figure  d'un  croillant  fort  ouverc ,  convexe  par  en  bas,  concave 
par  en  hauc,  &  applati  par  les  cotes.    Elles  ont  chacune  un  pouce  de 
large  ou  environ  dans  leur  milieu,  qui  va  toujours  en  diminuant  jufqu'a 
leurs  extrcmites  ,   lefquelles  par  devant  font  attacliees  a  la  tete  ,   &  par 
derriere  fufpendues  a  I'anus.  Ce  qu'il  y  a  entre  I'lin  &  I'aurre  bout  ell  joinc 
a  la  partie  fupcrieure  du  ventre  :  le  refte  de  leur  corps  eft  libre  &  place 
entre  les  refecvoirs  d'eau  &c  le  ventre.  Leur  fuperficie  eft  tilFue  de  deux  plans 
de  fibres  ;  les  unes  font  perpendiculaires  ^  elles  travetfent  route  leur  lar- 
geur,   Sc  font  eloignees  les  unes  des  autres  d'environ  une  ligne.  L'efpace 
que  ces  fibres  perpendiculaires   lailfent  entr'elles,  eft  coupe  par  d'autres 
fibres  plus  piellees  &  plus  courtes  ,   qui  vont  en  ferpentant  d'une  fibre 
droite  a  I'autre.  11  y  a  entre  toutes  ces  fibres  de  petits  creux  qui  tormenc 
une  efpece  de  refeau  admirable.  A  I'cgard  de  leur  ftrudure  intcrieure  ,  elle 
a  encore  quelque  chofe  de  plus  remarquable  j  car  chaque  ovaire  &  chaqua 
velicule  eft  p.irtage  en  pludeurs  petits  tuyaux  tons  fcrmcs  par  le  bas,  & 
ouverts  dans  leur  partie   fuperieure.   Ces  tuyaux  font  fepares  les  uns  des 
autres  par  des  cloifons  attachees  tranfverfalemenr  aux  parois  de  ces  par- 
ties, &  difpofci  a  cote  les  uns  des  autres  ,  comnie  ceux  d'un  fifflet  de 
Chaudronnier.   Au-dellus  de  tous  ces  petits  tuyaux  ,  qui  contiennent  les 
uns  les  ocufs ,  &  les  autres  la  femence,  regne  un  canal  dans  lequel  ils  one 
tous  leurs  embouchures.  Ce  canal  eft  ferme  par  fon  extrcmite,  qui  re- 
garde  la  tete  ,  &  ouvert  par  I'autre  dans  I'anus.   Chaque  ovaire  &  chaque 
veficule  a  le  fien  particulier.  Ceux  des  veficules  ont  de  plus  que  ceux  des 
ovaires ,  une  fente  daras  leur    partie  moyenne  fuperieure  ,   &  s'unillent  en 
un  feul  fur  la  fin.    C'eft   par   ces  quatre  canaux  que  Its  oeufs  Sc  la  fe- 
mence de  la  moule  fe  rendent  dans  I'anus ,  ou  ces  deux  principes  s'unilfenc 
enfemble  en  fortant ,  ce  qui  fuffit  pour  la  generation  ;  aufli  la  moule  n'a- 
t-elle  a  I'exterieur   aucunes  parties  fexuelles.    11  eft  a  remarquer  que  les 
ovaires   de  la  moule  ne  fe  vuident  de  leurs  oeufs  qu'au  printems  ,  &C  ne 
s'en  remplillent   qu'en  automne  j   de  la  vient  qu'on  les  trouve  roujours 
vuides  en  ere  ,  &  pleins  d'oeufs  en   hiver.    U  n'en  eft  pas  de  meme  des 
veficules  feminales ;  on  les  rencontre  en  route  faifon  plus  vuides  que  plei- 
nes  (<j)  j  ce  qui  me  fait  croire  que  la  femence  qui  efi  liquide,  s'en  ecoule 


Acad.  Rovale 

DtS  LciE.NCF.S 

0£  Paris. 
Annci  i-jio» 


iii)  M.  Poupart  n'a  pas  vu  les  memcs  cliofes  daus  les  moulcs  qu'il  a  obfervces.  Y. 
]Qolki.'\io»  Acadvmiqtie  2  P»rtic  f  lajiioife  ,  loco  ciutto. 


.58  COLLECTION 

en  tout  terns  par  cetce   fcnte  particuliere  dont  j'ai  patlc.  On    decouvre 

au-detTiis  des  canaux  des  vc-ficules  feminalcs  ,  deux  petics  corps  biancs  qui 

;iciENCES     parcourent  toute  leur  etendue  :  ils  font  abreuvcs  d'une  liqueur  femblable 

Paris.        a  la  femence  ,  ce  qui  donne  fujet  de  penfer  que  ces  petits  corps  font  peut- 

-,     _^  ^ffg  les  fources  d'oii  elle  decoule  dans  les  velicules  feminales.  Si  cela  efl: 

'      "     ainli  ,  elles  ne  peuvent  pas  ttre  les  filtres  de  la  femence  ,  mais  les  refervoirs 

feulement.   II  n'en  eft:  pas  de  meme  de  I'origine  des  crufs  5  ils  prennent 

naiffance  dans  les  ovaires  mcmes  :  d'oii  il  refuke  que  la  ftrudure  elfentielle 

de  ces  ovaires  doit  etre  difFerente  de  celle  des  vchcules  leniinales,  malgre 

la  conformite  apparente  des  uns  &  des  autres. 


Acad  Royai.e 
DES  Sciences 

DE 

Ahnii 


Du  cceur  dc  la   Moulc. 

J_)  E  ctEur  de  la  moule  eft  place  immediatement  fous  le  dos  de  la  coquille 
&  au-delTus  des  pouiuons.  Sa  figure  eft  coiiique  ;  fa  bafe  eft  tournee  da 
cote  de  I'anus  ,  &<■  fa  pointe  du  cote  de  la  tete.  U  n'a  qu'un  feul  ventricu- 
le,  &  a  cependant  deux  oreillettes  qui  paroilFent,  etant  reniplies  d'air , 
de  ficrure  cylindrique  ,  avec  lefquelles  il  communique  par  deux  trous  pla- 
ces a  fes  cotes ,  qui  repondent  dans  Tune  &  dans  I'autre.  J'ai  vu  I'eau 
qu'il  renferme  couler  de  fon  ventricule  dans  fes  oreillettes,  &  refluer  de 
celles-ci  dans  le  ventricule  alternativement  \  mais  je  n'ai  pu  y  decouvrir 
iii  valvules,  ni  veines  ,  ni  arteres  :  recherchons  done  la  (ource  qui  four- 
nit  I'eau  au  coeur ,  &  aux  autres  parties  celle  qui  les  humefte.  Il  fort ,  com- 
tne  j'ai  dcia  dit  ,  du  fond  de  la  bouclie  un  canal  qui  ,  pafTant  par- 
delfus  la  tete  ,  fe  divife  en  plufieurs  branches  ,  dont  une  va  fe  terminer  a 
la  pointe  du  coeur  :  ainfi  il  eft  evident  que  c'eft  de  la  bouciie,  par  cette 
branche  ,  que  le  coeur  re^oit  une  portion  de  I'eau  qui  eft  diftribuee  aux 
autres  parties  du  corps  par  les  petites  branches  de  ce  canal. 

Le  coeur  de  la  moule  n'ayant  done  ni  veines ,  ni  arteres  ,  il  ne  peut  y  avoir 
dans  ce  poifTon  qu'un  flux  d'eau  de  la  bouche  par  les  branches  de  ce  canal 
dans  le  coeur  ,  comme  dans  routes  les  autres  parties  de  fon  corps,  fans 
citculation  &  fans  reflux,  etant  impofl^ible  que  I'eau  puilfe  couler  en  meine 
terns  dans  ce  canal  par  des  mouvemens  connaires  vers  des  parties  oppo- 
fees.  Aufli  ne  voit-on  pas  que  ce  canal  fe  dilate  quand  le  cceur  fe  re(Ti;rre  , 
ce  qui  devroit  arriver  fi  c'etoit  le  coeur  qui  y  poufsat  I'eau  :  d'oii  il  fuit 
que  I'eau  qui  entre  dans  le  coeur  par  une  des  branches  de  ce  canal ,  n'en 
reflbrt  point  ^  elle  ne  peut  done  couler  que  du  ventricule  dans  les  oreil- 
lettes, &  de   celles-ci  dans  le  ventricule  fuccelUvement. 

On  ne  peut  donner  a  ce  vaideau  le  nom  de  veine,  puifqu'au  lieu  de  fer- 
vir  ,  comme  les  veines  ,  a  rapporter  le  fluide  des  parties  dans  le  coeur  , 
il  fcrt  au  contraire  a  le  leur  diftribuer  par  fes  branches  ;  &  il  ne  peut 
non  plus  prendre  le  nom  d'artere,  parce  qu'outre  qu'il  n'a  point  de  mou- 
vement  propre  ,  il  fert  a  conduire  I'eau  de  la  bouche  dans  le  cceur ,  ufage 
diredement  oppofe  a  celui  de  I'artere. 

Le  coeur  de  la  moule  eft  renferme  avec  fes  oreillettes  dans  un   peri- 
cards 


A  C  A  D  li  M  I  Q  U  E.  ,65 

CArde    q;ie    j'ai    coujours    troiive   rcmpli    de    beaucoup   d'ean  ,   fans   en  __ 

avoir  jamais    pu    decouviir    la   fource  ,    a  moins  qu'on   ne  veuillc  fiip-    «  r. 

r  r     t:i         '  I     r  un.  J  j.        '      Acad.Rovai.E 

pofer  que  cette   eaii   le    nitre  a  travers  la  lublcance  dii   cccur  ;   d  aucaiu     des  Sciences 

plus  que  j'ai  vu  des  excmples  d'uiie  tranlFudation  femblable  dans  le  cccur       de  1'aris- 

tlelhomme.  Annee  ijio. 

II  eft  bicn  plus  diilicile  d'expliquer  la  maniere  dont  fe  faic  la  nutri- 
tion dans  la  moule.  Nous  avons  vu  que  la  bouche  de  ce  poilFon  eft  fi 
fix^ment  atcachce  au  derciere  du  mufcle  antcrieur  de  la  coquille  ,  qu'il 
eft  vili.^lemtnt  impollible  qu"elle  puilfe  en  lordr  pour  chercher  (anourriture. 
U  faiu  done  que  la  nourriture  la  vienne  chercher  ,  &  que  I'eau  qui  y 
encre  foit  chargee  dc  particules  alunenteufcs  done  elle  fait  fon  prohc  : 
inais  comment  fes  parties  nourriflieres  font-clles  diftribuees  par  tout  le 
corps?  c'eft  ce  qu'il  n'eft  pas  facile  de  reconnoitre,  vu  queTinteftin  n'ayant 
aucuns  vailToaux  qui  puilfent ,  conime  dans  les  autres  animaux  ,  les  porter 
au  Ciur ,  &  celui-ci  n'ayant  point  d'aitere  pour  les  diftribuer  a  toutcs 
les  piitics  du  corps  ,  il  eft  probable  que  la  matiere  qu'on  trouve  dans 
I'inteltin  ne  peut  que  difficilement  connibuer  a  la  nutrition  :  d'ailleurs  le 
canal  qui  porre  I'eau  au  cccur  &  au  refte  du  corps ,  ayant  plufieurs  branches 
qui  ctablilfent  des  communications  entre  toutes  les  parties  ,  paroit  plus 
capable  de  leur  diftribuer  la  nourriture. 

Au  refte  j'ai  remarque  tant  au  ventricule  qu'aux  oreillertes  du  cceur  de 
la  moule  les  mcmes  mouvemens  alternatifs  de  fyftole  &  de  diaftole  que 
j'ai  oblerve  dans  le  cofur  de  la  torrue  ;  mais  avec  cette  difference  que  le  ' 

ventricule  du  coeur  di  la  tortue  recoit  le  fang  des  oreillertes  ,  au  lieu 
que  dans  la  moule  ce  font  les  oreiUettes  qui  lecoivent  i'eau  du  ventri- 
cule. 


Des  poumons  ^  de  la  refpiration  de  la  Moule. 

jLi  Es  poumons  de  la  moule  font  fitues  entre  le  pcricarde  &  les  parties 
de  la  generation  ,  Tun  a  droite  &  I'aurre  a  gauche  :  ils  ont  environ  trois 
pjuces  dc  long  S:  cinq  a  fix  lignes  de  large  dans  les  plus  grands  de  ces 
p.)ii!ons.  Leur  figure  eft  cylinclnque.  Leur  membrane  propre  eft  tillue  de 
fibres  circulaires  qui  les  partac;ent  en  plufieurs  cellules ,  lefquelles  one 
communication  le^unes  avec  les  autres.  Ils  font  abreuves  d'une  hiimeur 
noire  ,  dont  ils  ernpruntent  la  couleur.  Entr'eux  regne  un  canal  de  meme 
hgure  &  longueur  ,  mais  d'un  plus  petit  diametre  &  fans  aucune  teinture. 
Les  deux  poumons  &:  ce  canal  font  fepsrcment  renfermcs  dans  uue  mem- 
brane ,  de  forre  que  chacun  a  la  fienne  parriculiere.  On  decouvre  au  devanc 
du  canal  deux  petites  ouvertures  ,  qui  font  l.i  communication  de  ce  conduit 
avec  les  cellulej  anrcrieures  des  poumons.  Pour  les  trouver ,  il  faut  couper 
la  membrane  qui  I'enveloppe.  sxit  le  derriere  de  ce  mcme  canal  on  en 
remarque  une  troifieme  ,  placee  entre  les  deux  tendons  des  mufcles  pofte- 
rieurs  du  ventre  :  cette  ouverture  repond  dans  leurs  cellules  pofterieures, 
dans  lefquelles  viennent  fe  rendre  deux  netics  conduits  qui  ont  leurs  em- 
To;nc  III ,  Punk  Franqoife,  A  3 


570 


COLLECTION 


DES  ScitNCES 

DE  Paris. 


Annk 


17  10. 


f^  bouchures  dans  I'anus.  Or ,  comme  la  moule  n'a  aucun  canal  qui  commu- 
AcAD  RoYAiE  "'1^^  ^s  la  boiiche  aux  poumons  ,  ii  s'enfuit  que  ce  poillon  ne  peut  refpirer 
que  par  I'anus. 

Quand  les  fibres  circnlaires  des  poumons  fe  relachent,  I'air  qu'iis  com- 
primoienc  en  eux-memes  fe  dilate  ,  &  la  moule  s'eleve  fur  la  furf.ice  de 
i'ean  :  alors  la  coquille  s'entr'ouvranc  ,  I'air  exterieur  entre  dans  I'anus  , 
s'infinue  par  les  deux  conduits  dont  j'ai  parle  dans  les  cellules  pofterieures 
des  poumons  qu'il  remplit  d'abord.  De  -  la  il  pafle  enfuite  dans  le  canal 
qui  eft  place  entr'eux,  &  va  remplir  leurs  cellules  anterieures  &  celles  du 
milieu.  Quand  apres  cela  les  coquilles  fe  rsnferment ,  alors  les  fibres  circu- 
laires  des  poumons  fe  contraftant  ,  leur  capacite  diminue  ,  I'air  y  elt 
comprime  ,  le  corps  en  devient  plus  pefant  &  la  moule  retombe  au  fond 
de  I'eauj  &:  comme  elle  y  refte  prefque  toujours  plorgce  ,  elle  ne  pent 
refpirer  que  fort  rarement  ,  enforte  qu'on  ne  peut  guere  prefumer  que 
cette  fonftion  foit  necelfaire  pour  entretenir  le  flux  d'eau  dont  nous  avons 
parle,  lequel  dep;nd  principalement  de  I'sdlrion  des  levres  j  bien  different 
en  cela  de  la  veritable  circulation  a  laquelle  la  refpiration  a  tant  de  pare 
dans  les  autres  animaux. 


Sur   hs  Piantes  de  la  mer. 


M 


ALGRE  toutes  les  difiSculces  qui  s'oppofoient  a  Tetude  d'une  bora- 
nique  marine  ,  AL  le  Comte  Marfigli  a  reuffi  a  ralfembler  en  trois 
clalfes  une  quantitc  confiderable  de  piantes  qu'il  a  tirees  lui-meine  de  la 
mer  :  la  premiere  contient  les  n-.olles  ,  la  feconde  celles  qui  font  d'une 
fubftance  analogue  a  la  corne  ,  &;  la  troifieme  les  pierreufes.  Cette  divifion 
n'eft  t;uere  differente  de  celle  que  feu  M.  de  Tournefort  avoir  donnce 
dans  les  Memoires  de  1700  ,  quoique  M.  W.  ait  declare  qu'il  ne  pretcn- 
doit  pas  fuivre  un  ordre  rigoureux  de  botanique. 

Les  moUes  font  les  algues ,  les  fucus  ,  les  eponges  ,  les  moiilTes  de 
mer  ,  &c. 

Les  piantes ,  dont  la  fubftance  eft  analogue  a  la  corne  ,  font  les  litho- 
phytes,ainfi  nommes  par  les  anciens,  parce  qu'iis  les  ont  crus  des  piantes 
pierreufes.  Toute  la  compofition  de  la  plante  confifte  en  deux  parries  , 
i'ecorce  £c  la  fubftance.  L'ecorce  au  fortir  de  la  mer-^  molle  ;  mais  en 
fe  fechant ,  elle  devient  dure  comme  de  la  craie ,  &  fe  froifte  aifemenc 
entre  les  doigts  :  c'eft-la  apparemment  ce  qui  a  trompe  les  anciens.  La 
fubftance  tient  plus  de  la  come  que  du  bois ;  fi  on  la  brule ,  elle  fe  met' 
en  une  ecume  toute  pareille  a  celle  de  la  corne  ou  des  plumes,  &  qui 
a  la  meme  puanteur.  Les  rameaux  des  lithophytes  fe  plienc  comme  de  la. 
baleine  ,  &  font  la  meme  rcfiftnnce  au  couteau. 

Les  piantes  pierreufes,  &  qui  {a)  merueroient  feules  le  nom  de  litho- 
phytes ,  qu'elles  n'ont  pourtant  pas ,  font  les  coraux  Sc  les  madrepores. 


(a)  Si  elks  ctoicnt  d«s  Piantes. 


I 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  371 

hU  M.  tie  parle  point  do  qiielqiies  autres ,  comme  les  champignons  pier-  «^^™i— — * 
reux  ,  parcc  que  la  mer  de  I'rovence  ne   lui  en  a  pas  foiuiii.   Le  coiail  AcAO.KoYAVt 
eft  afFez  connu  par  fa  figure,  exccrieure  :  la  madrepore  en  differe  en  ce     Dis  Sr.iENCBs 
qti'ellc  ii'a  point  d'licorce  ,  qu'elle  eft  ordinairement  blanche  8c  petcee  de      '^^  I'Aiiis^ 
tious  fenfibles,  jjnncc  I7i<>. 

M.  M.  n'ayant  point  de  livrcs  ,  lorfqu'il  fit  fes  obfervations  ,  ne  put 
al'or  clierchL;r  dans  les  auteurs  li  les  plantes  qu'il  tiroit  de  la  mer  avoient 
cte  diicrites  ;  qutls  noms  o\t  leur  donnoit ,  &:  a  quels  genres  ellcs  fe  rap- 
jrtoisnc.  Laillanc  done  a  d'autres  le  foin  de  les  nommet  tk.  de  les  clafler 
otaniquement  ,  il  fe  contents  de  les  dccrire  avec  d'autant  plus  d'exa€lL- 
tude  3c  de  vcritc,  qu'il  n'etoit  prcoccupc  d'aucun  fyftcme  ni  d'aucune  mc- 
thode  particuliere.  Nous  taclierons  de  prendre  le  mcme  efprit  dans  la  fuite 
de  cet  exrrait  ^  &  fans  nous  attacher  a  la  determination  des  genres  de  ces 
plantes  equivoques  ,  nous  taciiet'ons  de  tirer  feulemenc  de  I'Ouvrage  de 
M.  M.  ce  qu'il  y  a  de  plus  pliilofopliique. 

Les  algues  font  les  feules  plantes  de  la  mer  qui  aient  6es  racines  :  auffi 
viennentelles  dans  des  fonds  fangeux  comme  des  plantes  terreftres.  Toutes 
les  autres  ,  fans  exception  ,  viennent  lur  des  corps  durs  ,  tels  que  des 
rochers  ,  des  coquilles  ,  des  morceaux  de  fer  ,  des  conglutinations  de  terre  , 
tluboisSc  mhne  d'autres  plantes  ,  &cc.  Elles  s'y  attachent  etroitement  par 
Icur  pied  :  ni  ce  pied  n'a  des  fibres  propres  a  tirer  de  ralimenc  ,  ni  la 
plupart  des  corps  qui  le  portent  ne  peuvent  etre  foup<;onnes  de  lui  en 
fournir.  Toutes  ces  plantes,  autant  que  M.  M.  a  pu  reconnoitre  leur 
rtruifture ,  &  avec  les  yeux  Si  avec  le  microfcope,  ne  font  que  des  amas 
de  glandules,  ou  de  petirs  tuyaux  ,  qu'il  a  trouves  remplis  de  differens 
fucs  ,   mais   plus  communcment  de  lues  glutineux  i^c  laiteux. 

Si  une  partie  d'une  plante  niolle  ,  ou  d'un  litliopiiyte  ,  eft  dans  I'eau  de 
Ja  mer  ,  elle  fe  cocferve  fraiche ,  tandis  que  I'autre  partie  qui  eft  dvhois 
fe  deireche.  Il  arrive  le  contraire  aux  plantes  terreftres  ,  qui  fe  confervent 
fraiches  en  leur  entier  ,  pourvu  qu'elles  aient  une  feule  partie  qui 
trempe  dans  I'eau.  Cela  prouve  que  la  communication  qui  ell  entre  ies 
parties  des  plantes  terreftres  ,  n'eft  pas  entre  celles  des  plantes  marines  , 
&  que  les  parties  de  celles-ci  fe  nourriirent  independamment  les  unes  des 
autres,  Sc  par  une  certaine  oppofition  de  matiere  qui  le  fait  a  chacune  en 
paiticulier  {a ). 

Aprc'S  cette  idee  gcnerale  des  plantes  de  la  mer  ,  nous  raflemblerons 
leurs  plus  remarquables  particulariies  obfervees  par  M.  M. 

11  y  a  un  fucus  dont  le  pied  a  trbis  lignes  de  diametre  lorfque  la  plante 
eft  fraiche  ,  &  qui  devient  mince  comme  un  fil  quand  il  a  perdu  I'eau 
qu'il  contenoit. 

(a)  Ces  f;randcs  differences  devoient  fairc  foup^onncr  a  M.  le  Comte  Marligli ,  que 
te  qu'il  appclloit  des  plantes  marines  n'ecoient  pas  des  plantes.  Les  obfervations  pofti- 
rieurcs  ont  demontre  que  c'ecoit  I'ouvra^c  de  differens  infecles  de  mer  deli^n^s  (ous  Ic 
110m  generique  de  polypes.  Mais  quoique  le  Comte  Marligli  fe  foit  trompe  dans  fa  con- 
jcclute,  fes  defcriptions  n'en  font  pas  moins  exaiScs,  parce  qu'il  Ics  faifoit  d'aprcs  ics 
diofcs  mcmc ,  &:  uon  d'apres  fes  idees. 

A  5    ij 


371  COLLECTION 

■'  II  y  en  a  an  autre  qui  ferpente  fur  la  roche  fi  irregulierement  ,   que 

AcAD.RoYALE  ToH  ne  pBuc  diftinguec  Ion  veritable  pied. 

DES  Sciences         L'orange  de  n.er ,  qui  eft  une  efpece  de  fucus  ,  porce  ce  nom  a  caufe 

DE  1  ARis.       jg  Cj  figure  ronde.  EUe  n'a  ni  tige ,  ni  ranieaux  ,  &  enfin  ce  n'tft  qu'une 

jinnee  i-jic.     orange  ,  qui  peut  avoir  4  ~  pouces  de  diametre  ,  &  dont  la  fiibftance  n'a 

que  I  4  lignes :  tout  le  refte  n'eft  qu'une  grande  concavitu  loutenue  par 

une  infinite  dc  filainens  qui  la  traverfent  ,  di  rempiie  d'eau  de  mer. 

On  troui'e  une  pl.inte  ,  qui  n'eft  qu'une  ecorce  ,  attachee  pour  I'ordi- 
naire  a  des  lith  iphytes  qui  ont  perdu  leur  ecorce  naturelle  ,  ou  en  tout  , 
ou  en  p.irtie.  EUe  ne  couvre  jamais  que  la  partie  depouillee.  (^uelquefois 
elle  va  revetir  des  pierres.  Etant  fraiche  elle  eft  tpaiife  comme  le  dos 
d'un  couceau  :  elle  eft  de  fubftance  de  champignon  &  d'un  rouge  fore 
v.f.  Sa  furface  exteriture  eft  toute  lierifTee  d'un  grand  nombre  d'enftures  , 
plcines  d'un  fuc  glu.int.  Autour  de  ces  enflures ,  on  voir  quantite  de  boutons 
ou  tubules  de  couleur  aurore  ,  qui  ,  fur  uii  beau  fond  rouge  ,  font  un  effet 
trcs  ngreable.  La  furhice  interieuie  eft  toute  unie  ,  5c  s'accommode  a  la 
forme  du  corps  ,  fur  lequel  elle  s'etend.  Cette  plance  eft  d'une  nature 
beaucoup  plus  finguliere  que  les  plantes  terreftres  qui  ne  vivent  que  fur 
d'autres  plantes. 

Plufuurs  efpeces  d'eponges  ,  lorfqu'elles  fortent  de  la  mer,  ont  dans 
de  certains  p  tits  trous  un  mouvenient  de  lyftole  &  de  diaftole,  qui  dure 
jufqu'i  ce  que  I'eau  qu'elles  renferment  foit  entierement  confumee. 

Quelques  plantes  de  la  clalle  des  niolles  etant  feches,  fe  froident  aufll 
aifement  entre  les  doigts  que  les  ecorces  des  lithophytes. 

II  y  a  un  lithophyte  qui  porte  un  fi  grand  nombre  de  rameaux  capillaires , 
qu'ils  femblent  compoler  une  efpece  de  feuillage.  Cependant  comme  tous 
ces  rameaux  font  parfaitement  de  la  meme  fuliftance  que  le  trcnc  ,  il  eft 
vrai ,  fnns  exception,  que  tons  les  lithophytes  n'ont  point  de  feuilles. 
^  Une  efpece  de  lithophyte  eft  fans  ecorce.  Sa  fuperficie  eft  enduite  d'une 

glu  femblable  a  un  vernis  ,  &  qui  eft  en  plus  grande  abondance  au  pied. 
La  plante  eft  toute  pleine  d'cpines  j  elles  piroilfent  mieux  au  fommet  des 
rameaux,  ou  le  vernis  eft  en  moindre  quantite.  On  y  voit  audi,  au  fottir 
de  I'eau,  certains  petits  globules  d'une  matiere  glutineufe  ,  qui ,  lorfqu'oii 
remet  la  plante  dans  un  vafe  plein  d'eau  de  mer  ,  s'ctsndent  autour  des 
rameaux  en  faifant  une  fymmetrie  agreable. 

Le  corail  croit  ordinairement  dans  des  grottes ,  dont  la  voiite  concave 
eft  a  peu-pres  parallele  a  la  fuperficie  de  la  terre.  Il  faut  que  la  mer  y  iolt 
tranquille  comme  un  etang.  Les  pecheurs  aflurenr  ,  Sc  M.  M.  le  croit 
jufqu'a  prefent  d'apres  fes  experiences  ,  que  le  corail  ne  vient  jamais  dani 
des  grottes  ouvertes  au  (eptentrion  ;  elks  doivent  I'ttte  au  midi,  &  tone 
au  moins  au  levant  ou  au  couchanr.  Il  vient  meux  &  plus  promptemeiic 
a  une  moindre  profondeur  qu'a  une  plus  grande.  Il  vegete  a  contre-feiis 
Ats  plantes  terreftres  &  mcme  des  plantes  marines  molles  &■:  des  litho- 
phytes j  il  eft  attache  par  le  pied  au  hauc  de  la  grotte,  &  fes  btaiichi^s 
font  en  en  bas  5  il  eft  egalemenc  rouge  Si  e^alement  dur  dans  I'eau  kc  hois 
de  I'eau ',  feulemeut  fon  ecorce  prend  en  fe  fechant  une  couleur  un  pen 
plus  livide  ,  ^i  les  excremit^s  de  fes  branches  font  plus  niolles  au  fortix 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  ^7. 

ie  I'eau  que  Ic  refte  de  la  plante ,  parce  qu'elles  font  pleines  d'un  fuc  qui  »^ 

n'elt  pas  encore  confolidc.    Ces  excrimites  en  fe  fcchant  a  I'air  ,  dcvien-   ^^^^^  Royalb 
nenc   friables;    le   pied  par  011   le  corail  s'atcache  a  iin  corps  folide,  en     pes  Scif.n-ces 
prend  exadement  la  figure  &  I'embraire  en  forms  de  plaque  jufqu'j  une        be  Paris. 
certaine  etendue,  ce  qui  prouve  bicn  que  la  fiibftance  du  corail  a  etc  fluide     j„„^i  i-i 
dans  fa  premiere  formation  ;  &  ce  qui  ie  prouve  encore  mieux  ,  c'eU  que        "  ""    ''  '   *  ' 
quelquefois  cette"  mime  fubllance  va  tapiller   le  dedans  d'un   coquillage 
oii  elle   n'a  pu  entrer  qu'en  forme  de    liqueur.     L'ecorce  s'etend   cgal's- 
ment  par-tout;  die  eft  moins  coinp.icte  &:  moins  dure  que  la  fuLftance 
propre  qui    eft  pierreufe;  on  la  detache  vivement   lorfque   la  plante  eft 
fraiche;  elle  eft  remplie  &  route  traverfee  de  petits  tuyaux  ronds  qui  ont 
tons  a  leur  fommet  un  trou    qu'on  ne   peut  guere  appercevoir  fans   mi- 
crofcope;  ils  font  pleins  d'un  fuc  glutineux  ,"  qui  dai.s  la  plante  fraiche 
eft  de  couiciir  de  bit,  &  enfuite  fe  condenfe  Sc  prend  une  couleur  de 
fafran  tirant  fur   le  rouge.  La  ("urface  intc-iieure  de  l'ecorce  eft  route  cha- 
grincepar  I'amas  dune  infinite  de  glandules;  la  fuperhcie  du  corail  de- 
pouille  de  fon  ecorce  ,  eft  route  fillonnce  de  canaux  qui   s'etendent  de- 
pujs  la  plaque  jufqu'aux  extremites  des  branches.    Il  y  a  dans  la  fubftance 
propre  de  la    plante  quantite  de  cellules  pleines  d'un  fuc  tout  femblable 
a  celui  des  tubules  de  l'ecorce;  mais  ces  cellules  ne  font  vilibles,  &:  peut- 
ette  n'txiftent  que  d.ms  la  circonRrence  exterieute  de  la  fubftance  propre; 
tout  le  dedans  paroit  parfaitement  folide  8c   pierreux  ;   les  cellules    font 
aufli  plus  grandts  &  en  plus  grand  nombre  vers  les  extrcmites  des  bran- 
ches, que  vers  le  pied. 

Le  corail  eft  rougi  par  des  vers  dont  M.  M.  a  donne  la  figure,  &  c^id 
fera  connoitre  encore  mieux  dans  fon  traite  des  animaux  ije  la  met.  • 

Les  madrepores  viennent  alfez  fouvent  dans  les  memes  iieux  que  le  co- 
rail ;  ellcs  changent  la  plupart  de  couleur  hors  de  la  mer  ;  elles  lone  com- 
munement  peu  pefmtes  Sc  faciles  a  froilTer;  quelques-unes  font  fr.-ifii-e? 
comme  du  verre,  Sc  d'auttes  le  font  encote  plus,  de  forte  qu'on  ne  peuc 
ptefque  y  toucher. 

Les  fleurs  du  corail  font  blanches,  ayant  chacune  leur  pidicule  Sc  huic 
feuilles,  le  tout  enfcmble  de  la  grandeur  &  de  la  figure  d'un  clou  de  giro- 
fle ;  elles  font  en  tr^s-gtand  nombre  fur  toiite  la  plante  ;  elles  fortent  de 
tous  les  tubules  de  l'ecorce  ,  Sc  y  rentrent  dans  1  inftant  qu'on  retire  la 
plante  de  I'eau.  Si  on  i'y  remet ,  elle  refieurit  toute  entiere  en  moins 
d'uneheure,  &  quelquefois  elle  fe  conferve  pendant  douze  jours  en  etac 
de  faire  alternativernent  ce  manege  autant  qu'on  le  veut ,  apics  quoi  les 
fleurs  ptennent  la  fotme  d'une  petite  boule  jaune ,  &  tombent  au  ion  J  ■ 
de  I'eau  (</). 

Selon  1  analogie  des  autres  plantes ,  il  fembleroit  que  les  petites  bou- 
les  tombees  au  fond  de  leau  devroient  contenit  la  femence  du  corail  ice- 
pendant  M.  M.  en  Its  ouvranc  n'y  trouva  ni  graine  ni  rien  qui  en  appro- 
chat  ;  mais  feulement  un  fuc  gluant  femblable  .1  celui  de  l'ecorce.  D'ailLurs, 
puifc]ue  le  corail  eft  attache  au  haut  d'une  grotte  011  il  vcgete  de  haut  en 

CO  On  voic  bi«n  que  ccs  fleurs  font  les  polypes  conftruiVews  du  corail, 


3 


i,  COLLECTION. 

—         i,.^5j  5r  qrje  les  boulcs  rombent  par  leur  poids  au  fond  de  I'eau  ,   il  feroit 

AcAD.RoYALE  difficile  cju'elles  reporc-ilfenc  les  graines  en  haut  fi  elles  les  conteiioient ,  a 

DES  Sciences     moi;is  cependant  qu'elles  iie  vinllenta  diminuer  da  pefanceur  ,  ou  qu'ellts 

DE  1'aris.        ne  s'ouvrilFenc,  &  ne  lailTairenc  remoncet  les  gr.iines  plus  legeres  qu'elles. 

Anna  1710.     Mais  il  vaut  mieux  ne  point  deviner  ,  &  attendre  du  terns  qu'il  edaircilFe 

le  myftere   de  la   fcmence  du  corail. 

M.  M.  a  trouve  que  les  petits  globules  du  lithophyte  epiweux  &  fans 
ecorce  dont  nous  avons  parie,  s'allongeoient  ,  poudoient  deiix  filamens  a 
leur  fommet ,  &  enfin  devenoient  des  efpeces  de  Heurs  ,  lorfqu'on  tenoit 
Ja  plante  dans  de  I'eau  de  mer ,  reprenoient  leur  premiere  forme  quand 
on  Ten  retiroit ,  &  redevenoient  Heurs  fi  on  I'y  remettoit  ,  partaicemenc 
femblables  a  cet  egard  aux  Heurs  du  corail  ;  cela  peuc  durer  deux  jours  : 
ces  fleurSjUon  pius  que  celles  du  corail,  ne  rcnfcrment  aucune  femence 
lolide. 

La  clafTe  des  plantf  s  molles  a  an  peu  mieux  facisfait  la  ciiriolite  de  M.  M. 
11  en  a  trouve  une  fans  feuille,  qui  avoir  de-  tres-belles  fleurs  a  fix  feuilles 
blanches  ,  avec  fix  filamens  blancs  Sc  d'afl'cz  gros  fruits  ronds  qui  renfer- 
moient  chacun  fix  petits  grains  de  femences  jaunes  ,  &  d'un  goiit  fore 
piquant :  il  a  vu  une  autre  plante  qui  avoir  des  goulTes  vuides  ,  8c  dont  appa- 
remment  la  graine  etoit  lorrie.  D'un  autre  cote,  il  lui  eft  venu  des  fruits 
detaches  de  leurs  planies,  un  fruit  en  forme  de  figue  ,  ou  font  renfermecs 
des  graines  ,  &  une  efpece  de  petite  olive  qu'on  du  ctre  le  fruit  de  I'algue 
&  qui  a  un  noyau  folide  :  il  a  eu  aufli  quelques  plantes  molles  8c  particulie- 
rement  cette  plante  ecotce  dont  on  a  parle  qui  ne  lui  ont  point  montre 
de  graine  ;  mais  en  tecompenfe  des  efpeces  de  fleurs  qu'il  a  vu  difpa- 
roitre  &:  reparoitre  dans  les  memes  circonflances  que  celles  du  corail  8c 
du  lithophyte  epineux. 


Obfervation  fur  les  petits  (Eufs  de  pouk  fans  j nunc  que  Von 
appelk  vulga'irement  (Eufs  dc  coq. 

Par  M.  Lasseyronie,  alors  aJfocU  dc  la  Sociite  Royale  dis  Sciences 

de  Montpellier. 


EAUcoup  de  perfonnes  croient  avec  le  peupie  que  les  coqs  pondent 
des  oEufs  5  que  ces  reufs  etant  couves  dans  du  fumier  ou  ailleurs  ,  on  en 
voiteclore  des  ferpents  ailes  qu'on  appelle  bafilics  {a).    lis  pouiFent  plus 

(a)  Sunt  ctiam  quxclam  ova  majora  ,  alia  minora,  alia  etiam  minima  c]u,k  vulgo  in 
Italia  centinina  dicuntui  &  mulieics  noPti.i;  hodie  (  ut  olim  )  a  gallo  cdita  &  bafilifcos 
prodiiifluia  fabulannir.  Vulgus  (inquit  Fabiicius  )  putat  cjtiguum  hoc  ovum  cfle  ulti- 
mum  gallinarum ,  cum  jam  centum  ova  gallina  pepererit  (  undc  centininum  vocant ) 
quod  line  vitello  eft.  Habet  tamcn  ut  cxteia ,  chalazas,  albumen,  mcmbranas  &  coiti- 
ccm  ;  verifimilc  enim  eft  tunc  gcneiari,  cum  vicelli  omnes  jam  in  ova  migrarunt ,  nc- 
quc  ampliiis  in  vitcllario  aliquis  fupereft  vitellui;  qui  in  ovum  evadere  pofTit  :  ex  al- 
tera tamcn  parte,  albamiiiis  adliuc  modicum  fupereft;  ex  hoc  enim  medico  credi- 
bile  eft  ovulum  propofitum  crcari.  WiTVseus in  Trallatu  Gennationis  Animdium  ,  exercha. 
i(ll  de  ovonim  diffeTentiis, 


A  C  A  D  ^  M  I  Q  U  E.  375 

loin  la  fable  &:  alTiirent  que  les  regards  de  ces  bafilics  font  mourir  les  horn-  ___^^__„b 
mes:  cette  erreiir  n'a  d'aucrc  foiidemeiit  qu'une  ancienne  tradition,  done  ~1         7,  " 

J      r      IT     ■     r  1'  '  irr  AcAD.RoYALE 

la  raudetc    lera  dtmontrce  p»r  Its  raits  luivans.  ides  Sciences 

Un  fermier  m'apporta   pludeiirs  a-iifs  un  peu  plus  gros  que  ccux  de  pi-       d£  1'aris. 

geon ,  difant  qu'ils  avoiert  etc  pondus  par  un  jcunecoq,  qui  ctoit  ie  feu!       y      /        • 
J     r    1    ir  J        1  111  ir  I  i        •  i    i  •       jir.nu  J  7 1  o. 

dc  la  balle-cour,  dans  laquelle  il  y  avoit  aulli  quelqiies  poulss  :  il  dci'.toic  . 

ii  peu  du  fait  qu'il  m'alTurri  pofitivement  que  fi  je  faifois  cclore  qutlqu'un 
de  ces  ccufs  ,  il  naltroit  de  chacun  d'eux  un  ferpent  ;  &  pour  me  pertua- 
der  ce  qu  il  avan(joit ,  il  me  dit  que  je  n'avois  qu'a  oiivrit  un  de  ces  crufs  , 
que  je  Ic  trouverois  fans  jaune  ,  &:qu'3U  defautdu  jaune  j'y  veirois  en  petit, 
maisfort  diftini5lement  ,  la  figure  d'un  ferpent.  Je  Hs  I'ouverture  d'uii  de  ces 
ccufs  en  prefence  de  plufieurs  perfonnes  :  nous  fumes  tnus  ega'imenc 
furpris  de  voir  cet  ocuf  fansjaune,  &  de  voir  a  la  place  dujauneun  corps 
qui  relTembloit  affez  bien  a  un  petit  ferpent  entortille  :  je  le  developpai 
fans  peine  aprcs  en  avoir  raffernii  la  fubliance  dans  de  I'efprit  de  viii.  J'en 
ouvris  enfuitc  quelques-autres  que  je  trouvai  en  gros  fcmblablts  au  pre- 
mier j  route  la  difference  qui  s'y  trouvoit ,  cVfl:  que  le  pretendu  ferpent 
n'ctoit  pas  dans  tous  egalement  bien  rcprefentc.  J'en  ai  trouve  quelques- 
uns  dans  lefquels  on  voyoit  une  taciie  jaune  ronde  d'une  ligne  de  dia- 
inetre  fans  epailTeur,  fitueefur  la  membrane  qu'on  ttouve  fous  la  coque  : 
cette  tache  repoiidoic  a  I'extrcmitc  obtufe  de  I'oeuf. 

La  difference  de  ces  oeufs  aux  osufs  ordinaires  qui  ont  tous  un  jaune  , 
me  donna  la  curiofite  d'approfor.dir  cette  matiere,  etant  tres  -  pcrfuade 
que  fi  ces  oeufs  avoient  ete  pondus  par  un  coq.il  falloit  que  celui-ci  eGc 
un  organe  particulier  j  &  qii'outte  les  telHcules  on  les  deux  verges,  il  euc 
un  ovaire  &  une  trompe  ,  ce  qui  I'auroit  rendu  hermaphrodite,  f'lu- 
fieurs  animaux  le  font  de  leur  nature  ,  &  nous  lifons  les  obfervations  de 
rant  de  monftres  qu'on  dit  I'avoir  ete  ,  qu'on  auroit  bien  pu  penfer  qu'il 
peut  fe  trouver  un  coq  qu'il  le  fiit  auili. 

Cette  reflexion  excitant  ma  curiofite  ,  j'oiivris  le  jeune  coq  qu'on  pre- 
tendoit  avoir  pondu  nos  petus  ceufs,  &  par  la  dilkdlrion  que  j'.en  fis,  j'y 
trouvai  de.ux  gros  tellicules  qui  donnoient  origine  a  des  vailleaux  de  fe- 
mence  bien  conditionnes  ,  lefquels  fe  terminoienr  chacun  de  !enr  cote 
par  une  petite  verge  dans  la  clcaqne  :  le  coq  nous  parut  trcs-vigoureux  , 
niais  incapable  de  ponte  par  le  defaut  d'organes:  je  ne  laiffai  p'S  que  de 
faire  couver  quelques-uns  de  ces  ceufs  que  j'avois  ramaflcs  ,  je  Its  ouvris 
apres  un  inoisde  couvee  ,  &  je  n'y  trouvai  aucun  changement  ,  fi  ce  u'cft 
que   le  blanc  ctoit  plus  divife  ,  &:  plus  Huide  qu'a  I'ordinaire.  . 

Le  fermier  n'ayant  plus  de  coq  ,  fut  bien  etonne  de  continuera  trouver 
des  oeufs  femblables  a  ceux  qu'il  m'avoit  apportcs :  il  fut  attentif  a  dccou- 
vrir  doll  ils  venoient  :  gueri  de  fon  erreur  ,  il  voulut  en  connoirre  la 
fource,  &  s'afTura  qu'ils  etoient  pondus  pat  une  poule  qu'il  m"appor:a. 

J'appercus  pendant  tout  le  tems  que  je  la  gardai  qu  elle  chantoit  a -psu- 
prcs  comme  un  coq  enroue  j  mais  quelle  chantoit  avec  beaucoup  de  vio- 
lence. 

Quelle  rendoit  par  la  cloaque  des  maticres  jaunes  fort  dciayees ,  qui 


ijC,  COLLECTION 

■  relTembloient  a  dii  jaiins  d'ociif  dctrempe  dans  de  l'e.iu  ,  &:  qu'elle' pondoic 

AcAD.RoYALE  de  petics  ceufs  fembl.ibles  a  ceux  que  j'avois  ouverts. 

disSciekCes         Convaincu  de  ces  fairs  ,  il  n'ccoit  plus  quelUon  que  d'en  decouvrir  la  cau- 

D£  I  ARis.       fg  .  jg  1j  cherchai  dans  les  entrailles  de  la  poule  ,   &  je  fis   voir  a-  la  com- 

'Anrc-  I  -ir     Pignie  n'le  veffie  de  la  grolR-ur  du  poing  pleinc  d'une  eau  fort  claire  ,  atra- 

chde  par  la  racine  fyperieure  de  fon  col  au  ligament  qui  attache  a  I'ovaire 

le  pavilion  de  Voviducius  ,  &  par   la  racine  infeneure  au  centre  du  melcn- 

tere  iiiXoviducltn  ;  ce  qui  ctrangloit  les  deux  parries  de  \ovidudus  quembraf- 

foit  cette  attache,  au  point  que  lenr  cavitc  endee  avec  violence,  n'avoit  qu'eu- 

viron  cinq  lignes  de  diametre  :  ainfi  un  cEuf  ordinaire  ,  rels  qu'ils  font  en 

tombant  dans  la  trompe ,  ne  pouvoit  y  palfer  fans  la  crever  ,  ou  fans  fe  cre- 

ver  hii-meme. 

Le  venire  de  la  poule  parut  rempli  dune  liqueur  jaiine  dans  laquelle 
nageoientde  petites  concretions  femblables  a  du  jaune  d'auf  durci  ,  ce  qui 
formoit  une  autre  efpece  d'hydropifie  ailez  finguliere. 

La  grolTe  veflie  remplie  d'eau  ,  etoit  la  veritable  caufe  de  tous  ces  efFets. 

Lorfqu'un  ceuf  embralfe  par  le  pavilion  s'etoit  detache  de  I'ovaire ,  & 
qu'il  etoit  engage  dans  \'oviducias  ,  il  palfoit,  quoiqu'avec  beaucoup  de 
peine  ,  au-dela  du  premier  etranglement ,  &  ne  pouvoit  abfolumcnt  paf- 
fer  au-deia  du  fecond  :  i°.  parce  qu'il  etoit  plus  grand  que  le  premier  ;  i". 
parce  que  le  blanc  de  I'oeuf  I'avoit  groili  ,  I'humeur  lui  ayjnt  cte  fournie 
par  les  membranes  du  canal  qu'il  avoit  parcouru  j  I'oeuf  engage  entre  les 
deux  etrangleir.ens  irritoit  les  membranes  du  canal  qui  ne  pouvant  le  chaf- 
fer redoubloit  ks  contradtions,  &  obligeoit  la  poule  a  fe  donner  de  grands 
iTiouvemens ,  &  a  faire  de  violens  etforts  qu'elle  exprimoit  p.-lr  des  cris 
femblables  a  ceux  d'un  coq  enroue.  Ces  efforts  prelToient  la  veflie  pleine 
d'eau  j  celle-ci  s'appliquoit  contre  ces  attaches,  &  dans  le  concours  de 
toutes  ces  ditferentes  forces,  I'ceufdont  les  membranes  etoient  encore  tres- 
minces  ,  qui  n'avoit  que  rres-peu  de  blanc  ,  &  point  de  coque  ,  fe  crevoit , 
le  jaune  s'echappoit ,  tantot  dans  I'abdomen  ,  tantot  dans  la  cloaque,  fe- 
lon le  cote  vers  lequel  la  crevali'e  rcpondoit  j  I'un  iSc  I'autre  etoit  arrive  a 
la  poule,  comme  on  I'a  deja  obferve. 

Le  volume  de  I'ccuf  etanc  diminuc  par  la  perte  d'une  grande  partie  du 
jaune  ,  defcendoit  malgre  I'etranglement  ,  &  continuoit  (on  chemin. 

Il  eft  a  remarquer  que  I'eponge  d-u  blanc  qui  environne  le  jaune  ne  laifToic 
pas  de  fe  remplir  ,  quoiqu'elle  filt  percee  dans  I'endroit  par  oii  le  jaune 
s'echippoit,  &  qu'elle  manquat  par-la  de  la  tenfionqu'on  auroit  jugc  de- 
voir lui  ctre  necelfaire  pour  fon  accroilfement  :  malgre  cela  I'humeur  du 
blanc  touiours  fburrii£  par  les  membranes  de  X'ovidiidus  [a)  groflilFoic  fon 

(a)  Plufieuis  peifoniies  prc^tcndent  que  le  blanc  de  I'oeuf  eft  fourni  par  Ic  jaune  : 
ccttc  obfervacion  dcmontic  non-fculemen:  que  le  jaune  n'eft  pas  la  fource  du  blanc  ; 
car  comment  le  jaune  qui  augmente  plutot  que  de  diniinuer  dans  l'oyidu{fus ,  auioit-il  pu 
fuffire  a  pioduire  toute  la  fubftance  du  blanc ,  qui  a  beaucoup  plus  de  volume  que  le 
jaune  meme  ,  s'il  ne  le  rccevoit  d'aiUeuis !  mais  encore  que  la  liqueur  qui  le  fait  ne 
pafle  point  par  le  jaurc;  mais  qu'aprcs  avoir  fniXi  par  la  membrane  exterieiire  de  I'oeuf, 
die  emre  immcdiatemcnt  dans  le  corps  fpongieuz  oil  clle  s'arrcte  :  fi  cela  etoit  autre- 
mcnt ,  I'humeur  du  blanc  fe  fcroit  ccoulee  avec  le  jaune ,  £c  fon  cponge  n'auroit  pas  grofH. 

eponge 


A  C  A  D  £  M  I  Q  U  H.  '  ,77 

cponge  a  mefure  qu'elle  augmentoit ,  elle  exprimoit  le  refte  de  la  liqueur  ^aTST:^:::::^^:^ 
fluide  (Ju  jaune  qui  ne  pouvoic  refifter  a  caufe  de  fon  ifTue,  &  qui  fortoic   Acad.  Rovale 
prefque  toujours  emicrement  :  il  lailloit  quelquefois   des  traces  a  uii  dcs     Dts  Sciences 
coins  de  i'oEuf  fous  la  forme  d'une  cache  jaune  j  il  pouvoit  fe  faire  aufli       ^^  ,  aris. 
qu'il  rellat  une  petite  portion  du  jaune  tumSe ,  quoique  je  n'en  ai  jamais    Anna  1710. 
ouvert  ou  il  s'en  foit  trouve. 

Pendant  que  le  jaune  fe  vuidoit  peu-a-peu ,  les  chala^x  fe  rangeoienc 
diffcreinmenc  felon  i'endroit  de  !a  crevaffe  de  TcEuf ;  ft  elle  fe  trouvoit 
a  cote  d'un  c/iala^a  ,  les  cellules  des  environs  da  c/iala^a  oppofc  gcofilTant, 
clialfoient  I'autre  qui  fe  colloit  a  I'angle  obtus  de  I'cEuf,  oil  il  trouvoit 
line  inoindre  rehllance  j  aufll  je  I'ai  (ouvent  tiouve  coUe  a  cet  endcoit , 
plufieurs  fois  nieme  avec  la  taclie  jaune. 

Mais  lorfque  I'ouverture  fe  faifoit  dans  un  endroit  du  jaune  egalement 
cloigne  des  deux  chala-^x  ,  ils  travailloient  alors  de  concert  a  chairer  le  jau- 
ne ,  &  fe  reuniifoient  enfuite  au  centre  de  I'cEuf  par  le  relTfcrrement  de 
la  membrane  du  jaune,  au  bout  de  laquelle  ils  font  fortement  attaches; 
ce  qui  reprefentoit  un  ferpent  beaucoup  plus  entortille  que  lorfqu'il  n'y 
avoir  qu'un  feul  chala^a, 

Apres  que  le  jaune  etoit  entierement  vuide  ,  &  qu'il  avoir  etc  fuivi  de 
ce  qui  fe  trouvoit  de  plus  fluide  dans  le  blanc  ,  fon  ouverture  etoit  bieti- 
tot  cicatrifee  par  la  vifcofite  du  blanc  enferme  dans  un  corps  fpongieux, 
audi-bien  que  par  les  matieres  gralTes  dont  I'intcrieur  de  VoviduHus  eft 
enduit  j  &  enfin  par  la  niatiere  de  la  coquille  de  TcEuf  qui  fe  trouve  au 
bas  de  ce  conduit. 

J'ai  ramalfe  de  cette  humeur,  &  I'ayant  expofee  a  une  douce  chaleur, 
elle  a  fait  une  fubftance  femblable   a  la  coque. 

Il  y  a  apparence  qu'une  partie  du  blanc  s'echappoit  avec  le  jaune,  puif- 
qu'il  n'y  en  avoit  dans  chaque  petit  cput  qu'environ  le  tiers  de  ce  qu'oa 
en  trouve  dans  un  oeuf  ordinaire. 

J'ai  trouve  quelquefois  la  cicatrice  de  I'ouverture  de  la  membrane  par 
cu  le  jaune  s'etoit  echappe,  fi  intimement  coUce  a  la  partie  ds  la  coque 
qui  y  repondoit ,  qu'on  auroit  pu  Ten  detacher  fans  la  dechircr  ;  ce  qui 
n'arrivoit   pas  dans  tout  le  refte  de  la  circonfcrence. 

S'il  y  a  des  poules  qui  pondent  quelquefois  des  oeufs  fans  coque,  cela 
vient  ,  ou  de  quelqtie  ma!adie  qui  irritant  la  trompe,  leut  fait  chalTer 
i'cEuf  avant  le  tems  ;  ou  bien  par  une  grande  fecondite  qui  ne  leuc 
donne  pas  le  loifir  de  les  miirir  tcus.  Il  y  a  des  poules  qui  font  le  meme  jouc 
iin  CEuf  bien  conditionne  ,  &    un   autre  fans  coque. 

Le  defaut  d'uns  fuffifante  quantice  de  cette  humeur  dans  certaines  pou- 
les, pent  encore  en  ctre  la  caufe. 

Il  pent  y  avoir  des  poules  qui  pondent  quelquefois  des  oeufs  femblables 
a  ceux  dont  je  donne  la  defcription  ,  lorfque  dans  des  efforts  ,  ou  par  quel- 
que  caufe  extcrieure  ,  le  jaune  d'oeuf  eft  creve  dans  \'oviduclus  ^  mais  la 
caufe  n'etant  pas  conftance  ,  elles  en  font  aulfi  de  bien  condirionnes. 

Des  t'tranglemcns  ,  ou  des  comprellions  a-pcu-prcs  femblables,  qui 
anejntilTent  les  petits  des  ovipares  en  leur  otant  la  matiere  de  Itur  nourri- 
lare  ,  ne  rendroient  que  monfttueas  ceux  Jcs  viviparcs  qui  ne  la  portent 
Jo.Tic  III  f  Partie  Frangoifc,  U  j 


^7&  COLLECTION 

:^  pas  avec  enx,  &  qui  vonc  la  puifer  dans  la  matrlce ,  pourvu  que  la  com^ 
AcAD.RoYALE  preffioii  ne  detruisit  aucune  partie  effentielle  a  la  vie  de  I'animal. 
'de  Par^*^^^        ^"  "^  '^°'^  P^'  ^"^  furpris  de  ce  que  ceux-ci  nous  fourniflent  beaucoup 

,         '       plus  de  monllres  que  les  autres. 
jimd  171 1. 

Des  dlffercntes  manicrcs   dont  pluficurs  efpcces  d'animaux   di. 
mcr  s'attachcnt  au  fable ,  aux  pierres  &  ks  uns  aux  autres. 

Par   M.    DE    Reaumur. 

J.  L  y  a  dans  la  mer  beaucoup  d'animaux  qui  ne  nagent  point  ,  ou  qui 
nagenc  difficilement  ,  mais  qui  nc  font  pas  pour  cela  le  jouer  des  flots  : 
les  uns,  commeles  crabes,  les  ecrevilTes,  &c.  font  munis  de  pattes  tres- 
fortes  ,  avec  lefquelles  ils  fe  cramponnent  fur  la  vafe  ,  le  fable ,  les  pierres, 
&c.  d'autres  s'enfoncent  dans  le  fable  ou  dans  la  vafe  ,  &  du  fond  de  leur 
trou  refpirent  I'eau  ,  pat  le  moyen  de  longs  tuyaux  de  chair  dont  la  nature 
les  a  pourvus.  J'en  ai  parte  dans  les  Memoires  precedens  :  on  vetra  dans 
celui-ci  que  plufieurs  animaux  qui  n'ont  ni  ces  longs  tuyaux  de  chair  pour 
refpirer  I'eau,  ni  ces  pattes  fortes  pour  fe  cramponner  ,  ne  manquenc 
cependant  pas  de  moyens  pout  s'attacher  quand  ils  veulent  fur  des  corps 
ftables,  &  que  d'autres  enfin  y  font  fixes  involontairement  &c  comme  enra- 
cines. 

Entre  les  adhefions  volontaires,  nous  choifitons  d'abord  celles  qui  fons 
plus  remarquables  par  leur  force  que  par  I'adrelTe  de  I'animal  :  I'osil-de- 
bouc  nous  en  fournira  le  premier  exempie.  Get  animal  eft  revetu  d'une  co- 
quille ,  (  HI.  Fl,  Fig.  /,  S  B  B  B  )  dont  la  figure  approche  de  celle  dun  cone. 
La  bafe  de  ce  cone  eft  occupee  par  un  gtos  mufcle  qui  a  prefque  autant 
de  chair  lui  feul  que  tout  le  refte  du  corps.  Ce  mufcle  P  {  Frg.  II )  n'eft 
point  couvert  par  la  coquille  :  I'animal  s'en  fert  tantlit  pour  marcher, 
tantot  pour  fe  fixer  [a).  Dans  I'etat  de  repos,  qui  eft  fon  etat  le  plus  or- 
dinaire ,  il  applique  ce  mufcle  fur  la  furface  d'une  pierre  ,  &  cette  parrie 
prefque  platte ,  qui  n'a  pas  plus  d'un  pouce  de  diametre  dans  fa  plus 
grande  largeur,  s'attache  fi  fortement  a  la  pierre  quelle  touche ,  qu'on 
tenteroit  en  vain  de  Ten  feparer  en  tirant  I'animal  avec  les  mains  :  auffi 
Jes  pccheurs  de  coquillages  n'en  viennent  a  bout  qu'en  infinuant  la  lame 
d'un  couteau  entre  la  bafe  de  I'ccil-de-bouc  &  la  pierre,  a  quoi  I'animal 
s'oppofe  le  plus  qu'il  peut,  en  applicjuan:  fortement  le  contout  de  fa  co- 
quille fut  la  furface  de  cette  pierre. 

Pour  connoitre  a  peu  pres  jufqu'ou  va  la  force  de  cette  adhefion  ,  j'ai 
pris  des  pierres  fur  lefquelles  des  yeux-de-bouc  etoient  appliques  ;  j'ai 
place  ces  pierres  de  telle  forte  ,  que  les  coquilles ,  ou  plutot  I'axe  du  cone 
qu'elles  reprtfentent ,  etoit  dans  une  fuuation  horifontale  :  enfuite  j'ai  en- 
toure  chaque  coqiMUe  d'one  corde ,  6c  aux  dtux  bouts  de  la  corde  ,  j'ai 

(«)  V.  ci-deffus  en  1710. 


ACAD^MIQUE, 


i19 


fufpendu  des  poids  diffcrens  ;  ils  one  ete  ordinairement  trop  foibles  pour  "i^— — 
feparer  chaque  animal  de   dellus  la  pierre  ,   lorfqu'ils  n'ont  pas   pefe  du   Acad.  Royale 
moins  vingt-huic  ou  trente  livres.    L'ail-de  bouc  foutenoit  ce  poids  de    lls  Sciencei 
vingt-huit  ou  trente  livres  pendant  quelques  fecondes ,  neanmoins  les  en-      ***  I'aris. 
droits  de  ces  pierres  auxquelles  ils  le  trouvoient  adherens,  etoient  unis    Anncc  iiii. 
8c  peu  capables  de  les  arrcter. 

On  donneroit  tine  raifon  aflez  vraifemblable  de  cette  forte  de  tena- 
cite,  en  fuppofant  que  le  gros  mufcle  qui  fait  la  bafe  de  I'animal,  s'en- 
grene  entre  les  inegalitcs  mcnie  infenfibles  de  la  pierre  ,  Sc  que  i'animal 
tenant  roidies  ou  gonHees  toutes  les  fibres  qui  compofent  ce  mufcle ,  s'op- 
pofe  vigoureufement  a  la  force  qui  tend  a  les  faire  fortir  des  petits  trous 
ou  elles  font  engagees  ,  chaque  fibre  faifant  ici  la  fon6tion  dun  mufcia 
particulier  5  mais  dans  ce  cas  I'adhcfion  n'auroit  plus  de  force  apres  la  mort 
de  I'animal  ,  ou  lorfqu'on  auroii  ore  aux  mufcles  Icur  point  d'appui,  comme 
j'ai  fait  par  I'cxperience  fuivante.  J'ai  mis  le  tranchant  d'un  couteau  fur  le 
fommet  du  cone  de  la  coquille  ,  &  frappant  fur  le  dos  du  couteau  ,  j'ai 
divife  I'animal  verticalement  jufqu'a  la  bafe  :  apres  plufieurs  divifions  pa- 
reilles  ,  je  I'ai  coupe  horifontalement.  Quelque  diredion  qu'eufTent  les 
mufcles  ,  en  quelqu'endroit  qu'eulfent  ete  leurs  points  d'appui ,  il  eft  clair 
que  ces  differentes  coupes  avoient  tout  dctruit ;  neanmoins  chacun  de  ces 
morceaux  feparcs  s'eft  trouve  aulfi  adherent  proportionnellement  a  fa  gran- 
deur ,  qu'il  I'etoit  lorfque  I'animal  etoit  entier.  La  force  des  mufcles  n'eft: 
done  pas  la  caufe  de  la  force  de  I'adhefion. 

On  ne  peut  pas  dire  non  plus  que  cette  adhefion  foit  analogue  a  celle 
de  deux  marbres  polis  ,  ou  a  celle  d'un  morceaude  cuir  flexible  &  imbibe 
d'eau,  applique  fur  une  pierre  ;  car  dans  ces  experiences  connues  de  tout 
le  raonde  ,  &  dont  les  enfans  memes  fe  divertilfent ,  quelle  que  foit  la  dif- 
ficultc  de  feparer  ces  corps  en  les  tirant  en  (ens  conttaires  &  dans  une  di- 
redion  perpendiculaire  aux  furfaces  qui  fe  touchent ,  on  ne  trouve  que 
fort  peu  de  refiftance  a  les  faire  glilTet  I'un  fur  I'autre,  Sc  parallelement  a 
ces  furfaces  ,  ce  qui  n'arrive  point  ici. 

La  ferme  adhefion  de  I'cril-dc-bouc  n'a  done  pour  caufe  ni  la  force  des 
mufcles  de  I'animal ,  ni  le  fimple  engrenement  de  fa  bafe  entre  les  inega- 
litcs de  la  pierre  ,  ni  la  predion  de  I'air  :  elle  depend  d'une  glu  ,  d'une  ef- 
pece  de  coUe  infenfible  a  la  vue ,  mais  ttes  fenfible  au  toucher  j  car  fi 
immediatement  apres  avoir  detache  uii  oeil-de-bouc ,  on  applique  le  doigt 
fur  fa  bafe  ou  fut  I'endroit  de  la  pierre  qu'elle  touchoit ,  lorfqu'on  veut 
enfuite  retirer  fon  doigt ,  on  le  fent  retenu  par  cette  colle.  II  s'en  fauc 
beaucoup  a  la  verite  que  I'ceii-de-bouc  foit  attache  aufll  fortement  a  la  pierre 
ou  la  pierre  a  I'ceil-de-bouc  ,  que  ces  deux  corps  I'etoient  enfemble  :  auifi  une 
moindre  quantite  de  colle  agit-elle  fur  le  doigt ,  lequel  d'ailleurs  s'en- 
grene  moins  parfaitement  dans  la  pierre  ;  car  quoique  I'engrenement 
ne  foit  pas  ici  la  principale  caufe  de  I'adherence  ,  il  contribue  a  en  aug- 
menter  la  force. 

Mais  pour  peu  que  I'eau  ait  mouille  la  pierre  ou  la  bafe  de  I'animal , 
alors  la  glu  dont  nous  parlons  ne  trouve  point,  ou  prefque  point  de  prife 
fur  le  doigt  :  audi  lorfqu'en  enlevant  lailde-bouc,  on  a  fait  a  fa  bafe 

B5  ij 


Acad.  RoYALE 
BES  Sciences 

DE  Paris. 
Annci  1 7 1 1 . 


38c  COLLECTION 

quelque  bleffure,  la  glu  n'eft  plus  fenfible.au  toucher,  etant  delayee  paj* 
I'eau  qui  fort  de  la  plaie. 

Ceci  fert  i  expiiquer  aflez  natutellement  comment  ce  coquiilage  peuc 
s'attacher  aux  pierres ,  &  s'en  detacher  a  volonte.  Sa  bafe  eft  grenue  & 
comme  chagrinee  P  ( Fig.  II y  PI,  VI) ,  une  parcie  des  grains  dont  elle  eft 
parfemee  font  evidemment  de  petites  cellules  remplies  d'eau  ,  puifque  cette 
eau  s'ecoule  lorfqu'on  blelfe  la  bafe.  Une  autre  partie  des  mcmes  grains 
contient  peut-etre  la  glu  ,  ou  bien  quelques  autres  vailFeaux  la  diftribuent 
dans  route  la  bafe.  Lorfque  I'animal  veut  s'attacher  ,  il  exprime  la  glil 
des  vailfeaux  qui  la  contenoient,  &  prelTe  fa  bafe  humedtee  de  cette  glu 
contte  quelque  pierre  que  la  mer  a  laiffee  a  decouvert  pendant  fon  teflux; 
&  lorfqu'il  veut  quitter  la  meme  piette ,  il  prelfe  les  cellules  qui  contien- 
nent  I'eau,  &  delaie  ainfi  la  glu. 

Au  refte  il  ne  lui  eft  pas  libre  de  s'attacher  auffi  fouvent  qu'll  le  veut  : 
j'en  ai  fait  I'epreuve  en  detachant  deux  ou  ttois  fois  de  fuite  divers  yeux- 
de  bouc ;  ils  ne  pouvoient  plus  s'attacher,  ou  ne  s'attachoient  que  foible- 
ment ;  la  foutce  de  la  coUe  etoit  epuifee  ;  il  falloit  du  tems  pout  la  re- 
nouveller  ( a). 

Si  nous  nous  fommes  un  peu  arretes  fur  I'adhefion  des  yeux-de-bouc, 
c'eft  pour  parler  plus  brievement  de  celle  de  diffetens  animaux  de  mer  qui 
depend  de  la  mcme  caufe.  Nous  avons  donne  dans  les  Memoires  de  1710, 
divetfes  obfetvations  fur  les  orties  de  mer  qui  s'attachent  aux  piertes , 
avec  les  defcriptions  8c  figures  necelTaires  pour  faire  connoicre  cette  fin- 
j^uliere  efpece  de  poilfon.  Ici  nous  nous  contenterons  d'ajouterque  fi  I'ortie 
s'attache  aux  pierres,  c'eft  par  une  glu  femblable  a  celle  des  yeux-de-bouc  j' 
nous  nous  en  fommes  aflTures  par  les  memes  experiences  fur  les  uns  & 
les  autres.  A  ces  experiences ,  nous  en  ajouterons  pourtant  une  nouvelle 
qui  prouve  combien  les  orties  abondent  en  matiere  vifqueufe. 

L'enveloppe  exterieure  de  leur  corps,  qui  paroit  a  la  vuefimple,  une 
peau  epailTe  &  diverfement  coloree  ,  n'eft  en  effet  qu'une  couche  epaiife  de- 
matiere  gluante  ,  compofee,  non  pas  de  fibres  ,  mais  de  filamens  vifqueux. 
On  le  fent  en  partie  au  toucher  ,  &  on  le  voir  evidemment  fi  I'on  jette 
quelqu'une  de  ces  orties  dans  I'eau  de  vie  ;  l'enveloppe  coloree  s'y  dif- 
fout  en  moins  d'une  demi-heure,  &  ne  laifTe  plus  appercevoir  que  quel- 
ques filamens  tels  qu'on  en  voir  dans  une  colle  qui  n'eft  pas  encore  bien 
delayee  ;  cependant  I'eau  de  vie  conferve  le  refte  de  I'animal  entier  pen- 
dant plufisurs  moi'.  J'ai  quelquefois  frotte  des  rubans  centre  cette  peau 
de  I'ortie ,  je  les  retirois  enduit?  dune  matiere  audi  tenace  que  la  colle 
forte  ,  Sc  qui  les  attachoit  aulli  folidement  a  d'autres  corps. 

Les  ctoiles  de  mer  s'attachent  aulTi  aux  pierres  par  le  moyen  d'une  glu, 
kquelle  eft  portee  a  I'extremite  de  ces  efpeces  de  comes  qui  leur  tiennenr 
lieu  de  jambes  ,  &  dont  nous  avons  fait  connoitre  la  figure  ,  le  nombrc- 

(a)  On  fent  bien  qu'il  doit  y  avoir  une  difKience  notable  entre  les  fuitcs  d'un  dc-^ 
t^chement  volontaire,  &  cellcs  d'un  dctachement  force  :  cc[ui-ci  peut  bleffer,  dctruire 
mcme  les  parties  organiques ,  foit  cellcs  qui  font  la  fecretion  dc  la  a;lu,  foit  celles. 
qui  conticnnent  I'eau"  qui  la  dclayc;&  comme  le  dctachement  volontaire  ne  fait  iieii= 
de  femblable ,  il  me  femble  qu'on  ne  doit  pas  condure  de  I'ud  a  I'autrc. 


A  C  A  D  t  M  I  Q  U  E.  jg, 

Be  I'ufage  dans  les  Mcmoires  de  171c.  Ces  jambes,  quoique  foibles,  de-  s^^^^^r^^ 
vienncnt  de  forts  liens  par  leur   nombre  ;    I'croile  en   a  plus  de   1500.  AcAD.RovALn 
Lorfqu'une  jambe  eft  collee  contra  une  pierre,  il  eft  plus  aife  de  la  rem-    des  Sciencls 
pre,  que  de  Ten  detacher.   Lcs  ourllns  ou  hcrilfons  de  mer  favcnt  aufTi       '"'-  ''aris. 
s'attacher  par  des  moyens  a-peu-prcs  femblables  ;  mais  les  moules  de  mer   j4nnce  1711% 
en  emploient  de  tous  differens.  Lorfqu'on  a  ouvert  la  coquiile  dune  moule  * 
par  le  cote  oii  elle  s'entr'ouvre  naturcllement ,  L  (  PL  V^  Fig.  />'/)  &  G, 
[Pi-  XI ,  Fig.  VI )  on  voit  au  milieu  de  la  moule  une  petite  partie  noire 
ou  brune,  alfez   refTemblante  a  une  langue  {Pt.  V ,  Fig.  V,  A  ]5  )•   Dans 
les  plus  groftes  moules  cette  pattie  a  cinq  a  fix  lignes  de  longueur,  Sc 
deux  lignes  6c  demie  de  largeur  j  elle  eft  plus  etroite  a  fon  origine  Sc  a 
fon  extremite. 

De  la  racine  de  cette  efpece  de  langue  ,  ou  de  I'endroit  ou  elle  eft 
attachee  au  corps  de  I'animal ,  partent  un  grand  nombre  de  tils,  qui, 
etant  fixes  fur  les  corps  voifins,  tiennent  la  moule  alfujettie,  DDD.  QQ. 
(  Pi'  XI ,  Fig.  VI).  Chacun  de  ces  fils  eft  gros  a-peu-ptcs  comme  un  gros 
cheveu  ou  comme  une  foie  de  cochon  :  ils  ont  ordinairement  depuis 
un  jufqu'a  deux  pouces  de  longueur;  ils  fortent  de  la  coquiile  par  I'endroit 
ou  elle  s'entr'ouvre  naturellement ,  fe  diftribuent  de  tous  cotes  &  en  tous  itns 
Sc  s'attachent  par  leur  extremite  fur  les  corps  voifins,  parexemple,  fur 
des  pierres  ,  des  fragmens  de  coquilles ,  mais  plus  fouvent  fur  les  coquilles 
des  auttes  moules  ;  de  la  vient  qu'on  trouve  ordinairement  ces  coquil- 
lages  par  grouppes.  Ces  fils  font  autant  eloignes  les  uns  des  autres  que 
leur  longueur  Sc  leur  nombre  le  peuvent  permettre  j  j'en  ai  comptequel- 
quefois  plus  de  cent  cinquante  employes  a  fixer  une  feule  moule  :  ils  font 
comme  autant  de  petits  cables  ,  qui ,  tirant  chacun  de  leur  cote  ,  tiennent 
la  moule  a  I'ancre. 

L'obfervation  de  ces  fils  eft  uue  chofe  commune ;  il  n'eft  pas  befoin 
pour  les  voir  d'aller  confiderer  les  moules  au  bord  de  la  mer;  celles  qu'on 
apporte  a  Paris  n'en  font  pas  entierement  dcpouillces  ,  &  les  cuifiniers  ont 
grand  foin  de  leur  arracher  ce  qui  en  refte  avant  de  les  faire  cuire.  L'ob- 
jet  de  rnes  recherches  fut  de  favoir  fi  ces  fi's  etoient  une  efpece  de  che- 
velute  nee  avec  la  moule,  croiftant  avec  elle,  &  qui  I'attachat  necelTaire- 
ment ,  ou  s'il  etoit  libre  a  la  moule  de  fe  lier  avec  ces  fils. 

Pout  m'en  eclaircir  apres  avoir  detache  diverfes  moules  les  unes  des 
autres,  Sc  des  pierres  auxquelles  elles  etoient  adherentes,  je  les  renfermai 
dans  des  boites  couvertes  par  delFus ,  &  je  les  mis  dans  la  mer.  J'examinai 
ces  moules  quelques  jours  apres  ;  j'en  trouvai  qui  etoient  feulement  atta- 
chcesaux  parois  du  vafe  ,  d'autres  I'etoient,  &  a  ces  parois  &  a  d'autres  co- 
quilles de  moules ,  par  les  fils  dont  nous  avons  parle. 

Cette  experience  ne  fatisfaifoit  qu'en  partie  nia  curiofite ,  en  m'apprenant 
•que  les  moules  s'attachent  a  volonte  ;  il  s'agilToit  encore  de  favoir  comment 
elles  fe  fervoient  de  ces  fils  pour  s'attacher  ,  fi  elles  les  coUoient  par  leur 
extrL'mite  ,  ou  fi  cette  extremite  beaucoup  plus  grolfe  que  le  refte  ,  ne  pou- 
voit  pas  ctre  rtgardee  comme  une  efpece  de  mam  dont  Ic  refte  du  fil  eut  ete 
le  bras. 

Pour  verifier  ces  faits ,  je  mis  chez  moi  une  graiide  qiiantice  de  ir.ouiefr 


iSx  COLLECTION 

^a^^!^^:^^^  dans  des  vafes ,  &:  j'y  verfai  afTez  d'eau  de  mer  pour  couvrir  ces  monies, 
Acad. RoYALE  mais  crop  pen  pour  les  derober  a  mes  regards:  elles  fe  trouvoient  alors 
DES  Sciences    dans  leur  element  naturel ;  ainii  il  y  avoir  apparence  qu'elles  y  agiroienc 
DE  1  ARis.        coiiime  elles  avoient  fait  dans  les  boites  que  j'avois  lailFees  dans  la  mer. 
4nnie   17H.    Je  les  y  confiderai  attentivement,  6c  bientot  j'en  vis  qui  entr'ouvroienc 
•leurs  coquilles  ;  j'en  apper^us  enfuite  quelques-unes  qui  faifoient  fortir  de 
la  coquilie  entr'ouverte  cette  partie  que  j'ai  comparee   a  une  langue  ,  & 
de  la  bafe  de  laquelle  partenc  differens  fils.  Elles  allongeoient  cette  efpece 
de  langue   L  J  [PI.  V,  Fig.  VI),  puis  la  taccourcifloient ,    apres   quoi 
elles  r.Ulongeoient  encore  davancage  ,   &  la  portoient  plus  loin  :  enfiri 
apres  plufieurs  allongetnens    &    raccourciffemens   alternatifs  ,    elles    lui 
donnoient  quelquefois  jufqu'a  deux  pouces  de  longueur.  Je  les  voyois  alors 
titer  de  tous  cotes   avec  fon  extremite  J,  cotnme  pour  fonder  le  terreiri 
environnant,  aprcs  quoi  elles  fixoient  cette  extremite  T,  (  Pl.XI,  Fig.  FI) 
pendant  quelque  tems  dans  un  meme  endroit  ,  d'oii  la  retirant  enfuite 
avec  beaucoup  de  vitelTe  ,  &  la  faifant  entierement  rentrer  dans  leur  co- 
quilie ,  elles  me  laidoient  voir  qu'elles  etoient  attachees  par  un  fil  dans 
I'endroit  meme  oii  le  bout  de  cette  efpece  de  langue  etoit  refte  applique 
pendant  quelques  inftans.  C'eft  en  repetant  plufieurs  fois  la  meme  ma- 
noeuvre, qu'une  meme  irroule  s'attachoit  en  differens  points  plus  ou  moins 
eloignes. 

Je  crus  alors  avoir  decouvert  la  maniere  dont  les  moules  s'attacholent 
aux  corps  voifins ;  car  il  me  fembloit  que  cette  langue  fervoit  a  y  coller 
les  fils  qui  partoient  de  fa  racine.  J'obfervai  avec  attention  ces  fils  re- 
cemment  colles ,  &  je  remarquai  qu'ils  etoient  plus  blancs  &c  en  quelqne 
fagon  plus  tranfparens ,  plus  brillans  que  les  anciens.  Cette  difference 
jointe  a  diverfes  autres  circonftances,  me  fit  foupgonner  que  les  fils  avec 
lefquels  ces  moules  venoient  de  s'attacher ,  n'etoient  point  les  memes  fiU 
que  je  leur  avois  lailTes ,  que  peut-etre  elles  les  ptoduifoient  &  les  filoienc 
au  befoin  commc  font  les  vers  a  foie  ,  les  chenilles  &  les  araignees.  Cette 
conjedure  me  parut  alTez  fondee  pour  tenter  quelques  experiences  pro- 
pres  a  la  confirmer  ou  a  la  detruite. 

Il  etoit  queftion  de  favoir  fi  une  moule  depouillee  de  fes  fils  s'atta- 
chetoit  peu  de  tems  apres ;  car  il  falloit  pour  cela  qu'elle  filat  de  nouveauj 
mais  comme  il  y  auroit  eu  a  craindre  qu'en  arrachant  la  maffe  des  an- 
ciens fils ,  on  eut  blelTe  la  partie  neceflfaire  pour  en  former  d'autres ,  je 
me  fervis  des  deux  expediens  fuivans.  Apres  m'etre  alfure  que  tous  les  longs 
fils  fortent  de  la  coquilie,  &  que  ceux  qui  font  renfermes  dedans  font 
irop  courts  pour  attacher  I'animal  a  quelque  diftance  ,  je  coupai  rous  les 
fils  le  plus  prcs  qu'il  me  fuc  poffible  du  bord  de  la  coquilie.  Ces  fils  aux- 
quels  li  ne  reftoit  pas  cinq  a  fix  lignes  de  longueur  ,  ne  pouvoient  certaine- 
nient  pas  attacher  la  moule  a  un  ou  deux  pouces  de  diftance  de  fa  coquilie; 
cependant  pour  lever  tout  ferupule  ,  j'otai  entierement  les  fils  a  quelques- 
unes  d'une  autre  maniere.  Apres  avoir  entt'ouvert  la  coquilie  d'une  moule 
autant  qu'on  peut  I'entr'ouvrir  fans  forcer  le  mufcle  M  M  qui  fert  a  la  for- 
mer ,  &  que  Ton  voir  coupe  ( PL  V ,  Fig.  F)  ,  j'infinuois  dans  cette  co- 
quilie des  cifeaux  avec  lefquels  je  retraiichois  toiite  la  houppe  des  fils  F. 


A  C  A  D  H  M  I  Q  U  E.  385 

Ces  precautions  prifes,  j'eus  le  plaifir  de  voir  quelques   heures  aprcs 


s'attaclier  aux  vafes  preftja'autant  de  ces  moules  depouillces  de  leurs  tils,  que  y\f  ^^^  Roy  ale 
de  celles  auxquelles  je  n'en  avois  pas  ote  un  feul,  &  les  uiies  ne  s'atta-     i>es  Sciknces 
chercnt  pas  plus  loin  que  les  autres  :  ainfi  je  ne  pus  douter  que  la  met       ue  Paris. 
n'euc  des  fileufes  dans  les  mouies,  comme  la  terre  en  a  dans  les  clienilles     jinnee  171 1, 
&  les  araignces. 

La  parcie  qui  fert  a  former  les  fils  merite  d'etre  examinee  ;  je  I'ai  de- 
fignee  jufqu'ici  fous  I'image  groffiere  d'une  langue  a  caufe  de  fa  figure;  je 
I'ai  regarded  ailleurs  comme  la  jambe  ou  le  bras  de  la  mouie  ,  parcc 
que  les  moules  qui  fe  trouvent  dctachees  par  quelque  accident  ,  s'eii 
fervent  pour  marcher  \  mais  comme  cela  arrive  rarement  ,  &  que  foii 
ufage  propre  fethble  ctre  de  former  les  fils,  je  ne  lui  donnerai  plus  que 
le  nom  de  filiere. 

I  Pour  la  bien  faire  connoirre ,  nous  obferverons  ici  que  bien  qu'elle  foit 
platte  comme  une  langue  dans  la  plus  grande  partie  de  fon  etendue ,. 
elle  eft  arrondie  en  cylindre  vers  fon  origine  ou  fa  racine  A  (  f'g.f^, 
PI.  F) ,  &  qu'elle  y  a  beaucoup  moins  de  diametre  qu'ailleurs.  Son  autre 
extrcmice  ou  fa  pointe  B  ,  eft  a-psu-prcs  faite  comme  la  pointe  d'une 
langue.  Divers  ligamens  mufculeux  font  attaches  auprcs  de  fa  bafe  ou  de 
fa  racine ,  &  la  tiennent  aflTujettie  prcs  du  milieu  du  dos  de  la  coquille  , 
c'eft-a-dire ,  a  peu-pres  vis-a-vis  I'cndroit  011  finit  le  relTort  qui  fert  a  en- 
tf'ouvrir  cecte  coquille.  Sans  entrer  dans  le  detail  de  ces  ligamens  mufcu- 
leux ,  nous  dirons  feulement  qu'il  y  en  a  quatre  principaux  qui  peuvent 
fervir  a  mouvoir  la  filiere  en  tous  fens.  Dans  la  Fig.  VII ,  (  Pi.  XI)  R  S 
eft  I'un  des  deux  ligamens  qui  I'attachent  vers  le  fommet  S ,  &  Z  X  eft 
un  des  deux  qui  I'attachent  vers  la  bafe  Z.  On  appercoit  aufli  deux  mor- 
ceaux  M  M  des  ligamens  infcrieurs  dans  la  Fig.  VIII ,  (  minn  PI. )  ou  la 
filiere  eft  vue  par  derriere. 

Lorfque  la  hliere  eft  dans  Tinaftion  ,  fa  pointe  B  ( Fig.  V,  PL  V. )  eft 
tournee  vers  le  fommet  de  la  coquille ,  &  Ion  exrremite  ne  va  pas  loin  de 
la  bouche  de  I'animal.    Cette  bouche  O  ( mam  Fig. )  eft  formee  de  deux 
membranes  alTez  minces ,   qui  paroilTent  appliquees  I'une  fur  I'autre  :  fa 
largeur  eft  H  H.  On  ne  voir  point  cette  bouche  ouverte  fi  Ton  ne  prend 
foin  de  I'ouvrir  j  elle  forme  une  efpece  d'entonnoir  tres-applati,  lequel 
fe  termine  a  un   conduit  qui  va  jufqu'a  I'anus.   11  y  a  apparence  que  la 
moule  ne  fe  noutrit  que  d'eau  &  de. terre  ;  fes  excremens  font  de  meme 
couleur  que  la  vafede  mer.   Revenons  a  la  filiere.  Depuis  fon  origine  juf- 
qu'aupres  de  fa  pointe,  on  voit  une  raie  AJ,  [meme  Fig.  V)  &KP  {Fig.XX)i 
ou  plutot  une  rente  qui  penetre  allez  avant  dans  la  fubftance  de  cette  par- 
tie  ,  &  qui  la  divife  en  dsux  felon  fa  longueur.  Cette  fente  eft  le  vrai  ca- 
nal ou  palFe  la  liqueur  qui  forme  les  fils  ,  &  ou  elle   fe   moule   en  paf-- 
fant.  Il  ne  paroit  exterieurement  qu'une  raie  ou  une  legere  fente,  parce 
que  les  deux  bords  fuperieurs  de  ce  canal  font  deux  efpeces  de  levres  ap- 
pliquees  I'une  contre  I'autre  :  on  voir  aifement  qu'il  eft  creux  &  qu'il  a 
de  la  profondeur,  (i  Ton  plie  la  filiere  fuivant  fa  longueur  de  fa^on  que' 
la  raie  foit  fur  la  convexite  du  pli.   Quoique  ce  canal  foit  ordinairementr- 
ferm^,  la  moule  peut  i'ouvrir,  &  nous  dirons  bientoc  eu  qiiclles  circontf 


3S4  COLLECTION 

tances  elle  I'ouvre.  Des  fibres  a-peu  pres  circulaires  font  difpofees  ttanf- 


AcAD.  RoYALE  verfalement  dans  coure  Tetendue  de  la  filiere  oii  regne  ce  canal,   6c  fer- 
DES  Sciences      ^^^^^  ^^^^^  doute  a  I'ouvtir  :  il  ne  va  pas  jufqii'.i  la  pointe  de  la  filiere  ;  les 
DE    AR  s.        gbcgj  tranfverfales  finident  au  meme  endroit  que  le  canal ,  &  le  refte  de  la 
Jinnee  171 1.     ^jjg^g  pQ  (^  fig.  XX,  PL  f^.}   a  moins  d'epailleur.   Mais  ce  canal  va 
jufqu'a  la  bafe  de  la  filiere  ,  c'eft-a-dire  jufqu'a  I'endroit  ou  ,  prenant  une 
figure  cyiindrique,  elle  forme  un  tuyau  creux  d'environ  une  demi-ligne 
de  profondeur.  Ce  cuyau  qui  revolt  le  canal  ,  contienc  audi  dans  fon  mi- 
lieu une  efpece  de  tendon  rond,  ou  plutot  un  fil  de  meme  nature  que 
les   autres  AB   (  Fig.  I,  PL  XII)  ,  mais  beaucoup  plus  gros.    Dans  les 
grandes  moules  il  eft  au  moins  aufli  gros  qu'un  brin  de  foie  a  coudre  ;  il 
'a  fouvent  un  pouce  de  longueur  \  quelquefois  il  eft  aflez  long  pour  for- 
rir  comme  les  autres  en  partie  par  I'endroit  ou  la  coquille  s'entt'ouvre  G 
[PL  XI,  Fig.  VI).  C'eft  a  ce  tendon  ou  a  ce  gros  fil  que  font  attaches 
par  une    de  leurs  extremites  tous   les  fils  delies  qui  fervent  a  fixer    la 
moule  :  il  eft  comme  un  cable  auquel  tiennent  tous  les  petits  cordages  j 
ils  y  font  attaches  dans  route  fon  etendue  :  le  petit  tuyau  d'oii  il  partne 
feroit  pas  futiifant  pour  loget  la  quantite  de  fils  qui  fe  trouve  dans  les 
grandes  moules. 

Quelques  experiences  que  j'aie  tentees,  je  n'ai  pu  reconnoitre  exaile- 
ment  fi  ce  gros  fil  etoit  fil6  comme  les  autres  :  ce  que  je  puis  alTurer, 
c'eft  que  dans  route  fon  etendue  a  peupres,  je  I'ai  trouve  d'une  matiere 
fort  femblable  a  celle  des  autres  fils  j  feulement  a  fon  origine  il  fembloic 
un  peu  rendineux  j  ce  qui  me  le  fait  regarder  comme  une  efpece  de  gros 
cheveu  qui  croit  de  mtme  que  les  notres.  Une  obfervation  qui  appuie 
ma  conjedure  ,  c'eft  que  les  fils  nouvellement  files  fe  font  toujours  trou- 
ves  colles  pres  de  I'origme  A  de  ce  gros  fil ,  {  PL  V,  Fig.  F)  &  je  ne  yois 
pas  comment  la  moule  les  pourroit  collet  vers  fon  extremite  ;  mais  il  fe 
trouve  aufli  des  fils  plus  anciens  attaches  a  ce  gros  fil  jufqu'a  un  pouce 
de  diftance  de  fon  origine  j  ce  qui  fuppofe  qu'il  a  cru  depuis  que  les  pre- 
miers fils  y  ont  ete  colics. 
^  Quoi  qu'il  en  foit,  il  prend  fon  origine,  comme  nous  I'avons  deja  dit  ; 

dans  un  tuyau  creux  que  forme  la  bafe  de  la  filiere  ,  &  qui  paroit  are 
audi  le  refervoir  dans  lequel  s'amalfe  la  liqueur  vifqueufe  dont  fe  fer- 
ment les  fils.  Ce  tuyau  eft  entoure  de  diverfes  parties  glandiileufes  pro- 
pres  a  filtrer  cetce  liqueur.  La  moule ,  comme  la  plupart  des  animaux 
matins,  abonde  en  matiere  de  ce  genre  :  fi  Ton  applique  le  doigt  fur 
fa  filiete,  principalement  a  la  bafe,  &  qu'on  le  retire  doucement  ,  on 
entraine  divers  filamens  vifqueux ,  tels  qu'on  en  tire  des  araignees ,  des 
vers  a  foie  &  des  chenilles. 

Il  eft  aife  d'expliquer  a  prefent  les  divers  mouvemens  que  nous  avons 
vus  faire  a  la  moule  pour  s'attacher,  &  de  deviner  ceux  qu'elle  dciobe 
a  nos  yeiix.  Elle  commence  apparemment  par  comprimer  les  parties  glan- 
duleufes  qui  contiennent  le  fuc  vifqueux  propre  a  former  les  fils  ,  &  fait 
ainfi  pafler  ce  fuc  dans  le  refervoir  qui  eft  a  la  bafe  de  la  filiere  K  ( PL  V, 
Fig.  XX.  )-^  la  une  partie  de  ce  fuc  s'attache  comme  a  fon  tronc  au  gros 
theyeu  ou  tendon  qui  eft  loge  dans  la  meme  caviie.  La  moule  fait  enfuite 

niontec 


AC  A  D  6  M  I  Q  U  E.  ,8^ 

monter  le  reftc  de  cc  fuc  dans  le  canal  qui  occupe  prefque  toute  la  Ion-  ___;^^___^ 
j;ueur  de  la  hliere.   Ce  canal  etanc  alors  (•ermij,  le  fuc  ne  peut  sen  (icou-    .  ,, 

ler ;   c'cft  fans  douce  pour  I'y  conduire  que  la  nioule  allonge  6c  raccourcit     d*s°J,c^ience\ 
alternativemenc  fa  filiere  ,  un  grand  nombre  de  fois.  pj  Paris. 

La  liqueur  vifqueufe  et.inc  conduite  jufqu'au  bout  du  canal ,  forme  un     Ann'cnii 
fil  auquel  il  ne  manque  plus  que  de  prendre  de  la  confiftance  &  d'etre 
attache  fur  quelque  corps  pour  devenir  un  des  fils  dont  nous  avons  patle.  * 

La  moule  applique  alors  fur  le  corps  qu'elle  a  clioifi  le  bout  de  fa  fi- 
liere ,  &  I'y  lailTe  quelque  terns  en  repos;  c'eft  pendant  ce  terns  que  le 
fil  acquiert  de  la  confiftance  He  qu'il  fe  colle  toujours  par  fon  extrcmite  :  il 
eft  coninie  pofe  perpendiculaiiemcnt  fur  le  corps  auquel  il  devient  adhe- 
rent; c'eft  un  petit  cylindre  flexible  dont  la  bafe  eft  pofce  fur  ce  corps , 
&  y  tient  d'autant  plus  fortement  qu'elle  a  toujours  ttois  ou  quatre  fois 
plus  de  diametre  que  le  refte  du  fil. 

Pour  peu  qu'on  fe  fouvienne  que  la  filiere  eft  plus  mince  par  fa  points 
que  par  tout  ailleurs  ,  &:  que  le  canal  par  oCt  palfe  la  liqueur  finit  a  ce 
mcme  endroit  ,  on  imaginera  fans  peine  qu'il  «ft  aife  a  la  moule  d'appli- 
quer  le  bout  de  ce  hi  fur  un  corps  comrae  on  le  voir  en  T,  [Fig.  FI , 
PL  XL)^ 

Ce  fil  etant  moule  dans  la  filiere,  attache  par  un  de  fes  bouts  au  tendon 
ou  cheveu  qui  fert  de  tige  commune  ,  &  par  I'autre  bout  a  un  corps  liable ,  il 
ne  refte  plus  .i  la  moule  qu'a  le  degager  de  la  filiere  en  onvrant  dans  toute  fa 
longueur  le  canal  oil  il  s'eft  moule;  c'eft  ce  qu'elle  fait  a  I'aide  des  fibres  cir- 
culaires  dont  nous  avons  parle;  enfuite  elle  cloigne  promptement  fa  fi- 
liere du  fil  qui  y  etoit  contenu  ,  &  la  porte  en  arriere  prefque  paralle- 
lement  a  ce  fil ,  apres  quoi  elle  la  fait  rentrer  dans  fa  coquille. 

Il  arrive  quelquelois  que  la  moule  colle  fur  les  corps  voifins  de?fi!s  qui 
ne  peuvent  lervir  a  I'y  h.ter  elle-meme  ,  foit  que  ces  fils  aient  ere  rompus  ' 
au  iortir  de  la  filiere,  ou  qu'ils  foient  trop  foibles  pour  porter  I'animal. 
Quoi  qu'il  en  foit ,  la  moule  n'a  pas  plutot  forme  un  fil  &  fait  rsntrer  fa 
filiere  dans  fa  coquille,  qu'elle  fc  fait  aller  en  avant  en  fe  tirant  fux  ce 
nouveau  fil  comme  pour  eprouver  s'll  eft  bon  6c  bien  attache. 

Pour  obferver  routes  ces  manccuvres,  je  mettois,  comme  j'ai  deja  die, 
les  moules  dans  des  vafes  de  verre  pleins  d'eau  de  mer  :  la  tranfparence 
da  verre  &  celle  de  I'eau  me  lailloient  appercevoir  tous  les  mouvemens  des 
moules,  &  cela  me  fervit  audi  a  reconnoitre  que  leurs  fils  s'attachent  audi 
fortementcontre  le  verre  que  fur  des  corps  moins  polis,  tels  que  le  bois  S<, 
la  pierre. 

Les  fils  qu'elles  ont  files  chez  moi  m'ont  paru  toujours  plus  blancs  que 
les  anciens  ,  apparemment  parce  que  la  couleur  n'en  etoit  pas  encote 
alteree  :  ils  ctoient  aulli  pour  I'ordlnaire  plus  dclics  ,  peutctre  parce  qu'ils 
avoient  ete  formes  a  la  hate  &  dans  un  temps  ou  les  moules  n'avoienc  pas 
une  affez  grande  provifion  de  matiere  vifqueufe.  Du  moins  femble-t-il 
certain  que  cette  liqueur  s'epuife  aifement  :  je  n'ai  point  vu  de  moule  faire 
plus  de  quatre  a  cinq  fils  dans  un  jour. 

Il  ne  m'a  pas  ete  poiTible  de  decouvrir  fi  elles  peuvent  rompre  a  leur  grc 
les  liens  qu'elles  fe  font  formes  :  je  fais  qu'on  en  trouve  fouvent  de  dc- 
Tonit  III  3  Tanii  Frangoife,  C  j 


its 


CO  L  L  E  C  T  I  O  N 


ACAD.ROYAIE 

D£s  Sciences 
D£  Paris. 


Annie 


1711. 


tachees  qui  ont  de  gros  paqaets  de  fils  ,  mais  divers  accidens  peuvcnt 
avoir  brife  ces  fils  fans  queles  monies  y  aient  eu  part ,  &  I'experience  fui- 
vante  femble  prouver  qu'elles  ne  peuvent  fe  detacher  elles  memes.  Apres 
avoir  laiffe  des  monies  fe  coUer  contre  les  parois  d'un  vafe  plein  d'eau 
de  mer,  j'ocois  cetce  eau  fans  laquelle  elles  ne  forment  point  de  fils  dans 
le  vafe  ,  &c  je  Totois  de  maniere  que  les  lines  en  etoienc  entietement  pri- 
vees  &  que  d'autres  la  touchoient  feulement  du  bord  de  leur  coquille  ; 
elles  devoient  ctre  alors  dans  une  fituation  violente  ,  &  i\  elles  euflent 
eu  quelque  moycn  pour  fe  detacher ,  c'etoic  le  tems  d'en  faire  ufage  pour 
allcr  chercher  un  liqiiide  qui  leur  eft  necefTaite  ;  cependant  je  n'en  ai 
appercu  aucune  qui  ait  rente  de  rompre  les  fils  qui  la  retenoienr. 

Au  refte  les  moules  filent  quelque  jeunes  qu'elles  foient.  J  en  ai  fouvenc 
obfcrve  de  plus  petites  que  des  grains  de  millet  qui  formoient  des  fils  tres- 
courts  a  la  vcrite  &  d'une  finelle  qui  egaloit  celle  des  fils  des  vers  a  foie  ; 
audi  les  plus  petites  font -elles  afllmblees  par  grouppes  comme  les  plus 
grolTes.  A  mefure  qu'elles  croilfent  elles  ont  befoin  d'etre  retenues  par  des 
fils  plus  forts  ,  les  anciens  trop  foibles  fe  caflent  :  fouvent  meme  ils  fe 
cadent  quoique  gros,  foit  qu'ils  fe  corrompent  en  vieillilfant ,  foit  qu'ils 
efTuient  des  fecouffes  trop  fortes  ou  trop  reiterees. 

Si  la  faculte  de  filer  eft  commune  aux  moules  &  a  divers  animaux  terref- 
tres ,  rout  ce  que  nous  avons  rapporte  fait  voir  que  la  mechanique  qu'em- 
ploient  les  moules  leur  eft  particuliere.  Les  vers  a  foie,  les  chenilles,  les 
araignees  tirent  de  leur  corps  des  fils  aufli  longs  qu'il  leur  plait  en  les  faifanc 
pader  par  un  trou  de  filiere  :  leur  precede  reflemble  a  celui  des  Tireurs 
d'or  ;  mais  le  precede  des  moules  relFemble  a  celui  des  Ouvriers  qui  jettenc 
les  metaux  en  moule  ;  en  etfet  leur  fil  prend  une  figure  &  une  longueur 
determinees  dans  le  canal  de  leur  filiere.  Au  refte  il  y.  a  apparence  que  les 
moules  ,  ainfi  que  les  vers  a  foie  ,  les  araignees  &  les  chenilles  ,  ne  tra- 
vaillent  qn'en  certain  temps  dc  I'annee  ;  du  moins  celles  que  j'ai  renfer- 
mees  dans  des  vafes  pendant  les  mois  de  Juillet,  d'Aoiit  &  de  Septembre, 
ont  file  ,  &c  je  n'ai  vu  former  aucuns  fils  a  celles  que  j'y  ai  mifes  pendant 
le  mois  d'odobre.  J'en  ai  pourtant  trouve  quelques-unes  qui  ,  pendant 
ce  dernier  mois,  ont  file  dans  la  mer. 

Au  refte  la  refpiration  de  I'animal  n'eft  point  interrompue  pendant  qu'il 
file.  C  D  (  Fig.  11 ,  PI.  XII)  eft  I'ouverture  par  ou  la  moule  refpire  I'eau  „ 
ouverture  a  laquelle  aboutit  aufli  le  canal  inteftinal  ;  I'anus  eft  en  C  , 
les  excremens  qui  en  fottent  paroillenr  une  fimple  terre  ,  une  efpece  de 
glaife  :  ils  ont  fur  leur  longueur  une  cannelure  qui  leur  donne  la  forme 
d'un  tuyau  creux  De-la  Ton  peut  inferer  que  le  canal  d'ou  ils  fortent , 
ou  du  moins  I'ouverture  qui  leur  donne  palTage  ,  n'eft  pas  ronde  comme 
dans  les  autres  animaux.  RH  eft  I'endroit  oii  fe  trouve  le  reflbrt  qui  fetr 
a  ouvrir  la  coquille.  On  voir  en  E  E  une  frange  ou  crcte  charnue  ,  que 
Ton  voir  auflfi  (  PL  XI ,  Fig.  FI )  en  E  E  :  I'animal  ne  la  lailfe  paroitre  que 
quand  il  refpire  I'eau. 

La  Fig.  Ill  reprefente  une  des  deux  pieces  qui  compofent  la  coquille 
de  la  moule.  On  pent  remarquer  une  petite  bande  qui  en  revet  le  boid 


ACAD^MIQUE.  5?7 

interieur.  Dans  I'crat  natiirel ,  cette  bande ,  qui  eft  de  fubftance  analogue  ' 
a  la  corne  ,  eft  coUce  au  contour  du  corps  de  I'animal.  Atad  Royale 

Ariftoce  &  Pline  one  pade  d'un  coquillage  bivalve ,   nomm^  en  Latin     des  Sciences 
Pinna  marina ,  beaucoup  plus  grand  que  la  moule  ,  &  que  Ton  trouve       de  Paris. 
de  mc-me  fixe  fur  Les  corps  voifins  par  un  grand  nombre  de  fils.  Les  pinnes      a 
marines,  que  Ton  trouve  prcs  des  cotes  de   Provence,  ont  environ  un 
pied  de  long,  &  pres  des  cotes  d'ltalie  on  en  rencontre  qui  ont  jufqu'a 
deux  pieds. 

Les  pinnes  marines  different  encore  plus  des  moules  par  la  finefPe  &  le 
nombre  de  leurs  fils ,  que  par  la  grandeur  de  leur  coquille.  Rondelec  die 
que  ces  fils  font ,  par  rapport  a  ceux  des  moules ,  ce  qu'eft  le  plus  fin  lin 
par  rapport  a  I'etoupe  ;  &  ce  n'eft  p;ut-etre  pas  encore  alFez  dire  ,  car  les  fils 
des  pinnes  marines  ne  font  guere  moins  fins  &  moins  beaux  que  ceux  des 
vers  a  foie  :  aufli  les  fi!s  des  moules  ne  font  employes  a  aucun  ufage  , 
au  lieu  que,  felon  le  mcme  Rondelet ,  une  belle  efpece  de  Bijfus  des  anciens 
ctoit  faite  de  ceux  des  pinnes  marines  j  &  il  efl  certain  qu'on  en  fait  en- 
core a  prefent  a  Palerme  des  etoffes  &  d'autres  beaux  ouvrages  Ces  fils 
etanc  fi  fins  ne  peuvent  avoir  beaucoup  de  force  ,  mais  ce  defaut  eft  bien 
compenfe  par  Icur  nombre  ,  qui  eft  prodigieux. 

Comme  je  n'ai  point  fait  d'obfervations  fur  les  cotes  oii  vivent  les  pinnes 
marines,  je  ne  puis  dccrire  la  maniere  done  elles  forment  &  attaclient 
leurs  fils  :  mais  I'analogie  me  porte  a  croire  qu'elles  filent  comme  les 
moules  ,  puifque  leurs  fils  ne  different  de  ceux  des  moules  que  par  la 
longueur  &  la  finefle  ,  &  que  d'ailleurs  les  uns  &  les  autres  partent  du 
corps  de  I'animil ,  comme  on  le  pent  voir  dans  les  figures  de  Rondelet , 
&:  comme  je  I'ai  vu  plus  diftiniftement  dans  une  piiine  marine  delfcchee 
clisz  M.  Gioffroy  le  jeune. 

11  y  a  un  autre  coquillage   qui  s'attaclie  comme  les  moules  avec   des 
fils ,  dont  on  ne  peut  faire  aucun  ufage  &  qui  font  encore  plus  gtos  & 
plus  courts.  Ce  coquillage  eft  nomme  en  Latin  Piclcn.  Gaza  ,  traduifanc 
Ariftote  ,  emploie  quelquefois  le  nom  de  Pecliminlus  ,  mais  Gefner  pre- 
tend que  c'eft  a  tort.  Quoi  qu'il  en  foit ,  on  I'appelle  petongle  fur  les  cores 
ti'Aunis :  il  y  eft  fort  eltimc  quoiqu'affez  commun  ,  &   c'eft  un  des  meil- 
leurs  coquiliages  de  la   mer  a  manger  cutr    ou   crud.    Sa  coquille    BI3S 
(fig.  IF,  PI.  XII)  eft,  comme  celle  des  moules,  compofee   de  deux 
pieces  :  le  ligament  a  relTort  qui  les  affemble  eft  du  cote  du  fommet  S 
(  Fig.  IF) ,  L  (  Fig.  F).  Depuis  ce  fommet  la  coquille  s'elargit  infenfi- 
blement  Sc  prend  une  figure  arrondie  ;  mais  precifement  au  fommet,  elle 
eft  comme  coupee  en  ligne  droite.  Cliaque  piece  de  la  coquille  forme  un 
ou  deux  appendices  ou  oreilles  SO  {Fig.  IF),  RT  (  Fig.  F).  L'appen- 
dice  R  eft  plus  etroit  que  T  &:  ne  peut   le  couvrir  enticremenr ;  ils  ne 
s'appliquent  pas  non  plus  exaftement  I'un  ftit  I'aucre  ,  mais  ils  laifi.nt  une 
petite  ouverture  par  laquelle  fort  une  pattie  des  fils  FF  (Fig.  IF).  La 
petongle,  que  nousavons  fait  graver,  n'aqu'une  oreille.  Diverfes  cannelures 
partent  du  fommet  de  la  coquille  &  vont  a  fa  bafe  en  s'eUrgiffant  pro- 
portionnellement  a  Tefpace  :  il  y  en  a  qui  en  difFerens  endroits  font  litrifTees 
de  petiies  pointes ,  qui  paroilFent  dans  la  Fig.  IF. 

C3  ij 


jS8  COLLECTION 

II  On  trouve  une  grande  variete  dans  la  couleur  de  ces  fortes  de  coquilles  : 

Acad  Royale  '^^  '^'"^^  ^°"^  entierement  blanches  ,  d'autres  font  rouges  ,  d'aiitres  brunes  , 
DES  Sciences  d'autres  tirent  fur  le  violet ;  enfin  ,dans  d'autres  ,  routes  ces  couieurs  font 
DE  Paris.  diverfement  combinces.  Dans  la  petongle  ,  reprefentee  ouverte  {  Fig.  f^) , 
j4nnee  171 1.  on  voir  le  gros  mufcle  MM  qui  fert  a  fermer  la  coquille  &  qui  a  etc 
coupe.  Mais  pour  tevenir  a  ce  qui  regarde  diredtement  notre  fujet ,  les 
petongles  s'attachent  aux  pierres  ou  a  des  coquilles  ,  par  le  inoyen  de  fils 
femblables  a  ceux  des  moules ,  excepte  qu'ils  font  plus  courts  FFF  ( Fig.  I y). 
lis  partent  de  mcme  d'un  tronc  commun  :  dans  les  petongles  qui  n'ont 
qu'unc  oreille  ,  les  fils  fortent  de  la  coquille  un  peu  xu-deiFous  de  cette 
oreille.  Pour  prouver  qu'ii  eft  libre  a  ce  coquiUage  de  s'attaclier  quand 
il  lui  plait  avec  fes  fils ,  il  fulHt  de  dire  que  fouvent  apres  une  tempcre  on 
en  trouve  en  des  endroits  ou  on  n'en  trouvoit  pas  les  jours  precedens  , 
&C  que  celles  qu'on  trouve  font  fouvent  attachees  a  de  grolfes  pierres 
immobiles.  Nous  prouverons  aufli  qu'elles  filent  de  la  meme  maniere  que 
les  moules,  en  difant  qu'elles  ont  une  filiere  HG  [Fig.  f^  )  afli-z 
lemblable  a  la  leur  ,  quoiqu'elle  foit  plus  courte  &  qu'elle  ait  un  canal 
plus  large  :  audi  filent-elles  des  fils  plus  gros  &  plus  courts.  La  houppe  de 
ces  fils  GP  {Fig.  F)  a  ete  coupee  en  P  ,  011  ils  font  tous  attaches  a  un 
tendon  commun  ,  lequel  eft  attache  auffi  a  I'origine  de  la  filiere.  On  voir 
dans  la /'/o'.  FI  le  canal  VX,  pat  lequel  palTent  les  excremens  de  I'ani- 
nial  :  X  eft  I'ouverture  de  ce  canal  ou  I'anus  de  la  petongle. 

Il  nous  refte  a  examiner  I'adliefion  involontaire  de  certains  coquiliages 
qui  ,  comme  les  plantes  ,  paflent  toute  leut  vie  fixes  dans  une  meme  fitua- 
tion.  Tels  font  les  huitres  &  plufieurs  efpeces  de  glands  matins  Sc  de  vers, 
de  mer. 

Nous  nous  arreterons  aux  vers  de  mer ,  &:  ce  que  nous  en  dirons  fera 
aifement  entendre  ce  qui  regarde  I'adhehon  involontaire  des  huitres  & 
de  quelques  autres  coquiliages.  Les  vers  de  mer  ,  nommes  en  Latin 
vermes  tubulau  ,  &c  que  nous  appellerons  vers  a  tuyaux  ,  fe  peuvent  divifer 
en  deux  efpeces  principales.  Ceux  de  la  premiere  efpece  font  loges  dans 
des  tuyaux  compofes  de  corps  ctrangers  ,  comme  de  grains  de  (able  & 
de  fragmens  de  coquille  colles  enfemble.  Les  tuyaux  de  la  feconde  efpece 
font  de  veritables  coquilles ,  dont  la  matiere  eft  fournie  par  I'animal.  Il 
y  a  encore  des  vers  dont  les  tuyaux  font  d'une  fubftance  moile  ,  mais  nous 
n'en  parlerons  pas  ici.  On  trouve  les  vers  a  coquille  attaches  tantot  fur 
le  fable,  tanrot  fur  des  pierres,  tantot  fur  d'autres  coquiliages  VVV 
(PI.  F,  Fig.  FI).  Leurs  tuyaux  font  des  efpeces  de  cones  forr  allonges, 
qui  s'clargiffent  infenfiblement  depuis  leur  origine  jufqua  leur  extremite  , 
Sc  qui  font  diverfement  recourbes;  car  non-feulement  ils  fuivent  la  cour- 
bure  de  la  furface  du  corps  fur  lequel  ils  fe  collent  ,  mais  ils  en  forment 
encore  d'autres  auffi  varices  (^e  le  font  les  differentes  figures  que  prenJ 
fucceffivement  un  ver  de  terre. 

Pour  comprendre  comment  ces  tuyaux  fe  collent  fi  exadtement  fur  la 
furface  des  corps  ,  il  fuffir  de  favoir  comment  fe  fait  faccroiftement  des 
coquilles  J  ce  que  noos  avons  fuffifarament  expiique  dans  les  Memoires 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  389 

de  1709  (ti).  Nous  rappellerons  feulement  ici  que  ranim.il,  aufli  tot  qu'il  1 
eft  nc,  eft  deja  convert  dune  petite  coquille  j  lorfqu'il  a  commence  de  j(\(-ad  Royalb 
croitre  ,  fa  coquille  n'cft  plus  allez  grande  pour  le  couvtir  tout  entier  ,    des  Sciences 
&  c'eft  de  la  partie  du  corps  excedente  ,  laquelle  dcborde  I'ouverture  de       de  Paris.     - 
cette   coquille,  que  s'echappe  un  fuc  pierreux  &   gluaiit  qui,  venant  a    jinnu  1711, 
fccher  ,  forme  un  nouveau  morceau  de  coquille  autour  de  i'animal. 

Ceci  fuppofe  ,  il  eft  clair  que  (i  la  partie  du  corps  de  I'inimal  qui 
deborde  I'ancienne  coquille  uc  qui  lui  ajoute  de  nouvelles  bandes,  s'applique 
fur  quelque  corps  ,  comme  elle  le  fait  dans  les  vers  qui  rampent  conti- 
nnellement,  la  meme  glu  qu'cUe  fournira  doit  fervir  non-feulement  a  unir 
cntr'clles  les  particules  qui  compofent  le  nouveau  morceau  de  coquille  6c 
a  le  coUer  a  I'ancienne,  mais  encore  a  attaclier  cette  nouvelle  portion 
de  coquille  au  corps  que  touchoit  la  partie  dccouverte  de  lanimal  ;  de 
forte  que  u  en  croilFaiit  cette  partie  fuit  toujcmrs  la  furface  de  ce  corps 
&i  y  dccrit  des  lignes  courbes ,  la  coquille  s'y  coUera  dans  route  fon  etendue 
en  fuivant  ces  mOmes  courbures. 

Les  vers  de  I'autre  efpece  ,  qui  one  des  tuyaux  &  point  de  coquilles  , 
palTent  audi  leur  vie  dans  un  meme  trou.  Us  demeurent  dans  le  fable  comme 
nos  vers  de  terre  demeurent  dans  la  terre.  Le  fuc  qui  s'echappe  de  leuc 
corps  n'eft  pas  alfez  abondant,  ou  n'a  pas  alTez  de  conliftance  pour  leur 
former  une  coquille  \  mais  il  eft  adez  vifqueux  pour  coller  enfem- 
ble  les  grains  de  fable  &  les  fragmens  de  coquille  qui  les  entourent ,  Sc 
pour  leur  fervir  de  ciment. 

La  force  de  ce  fuc  gluant  eft  bien  fenfible  lorfque  la  mer ,  pendant 
fon  reflux  ,  lailfe  a  decouvert  certains  bancs  de  fable  habitcs  par  ces  fortes 
de  vers  :  la  furface  de  ces  bancs  parait  herilfce  d'une  maniere  (inguliere 
(  Pi.  XII,  Fig,  Vll).  L'ouverture  des  tuyaux  ou  font  loges  les  vers  & 
qui  font  tout  pres  les  uns  des  autres ,  furpalTe  d'une  ligne  ou  d'une  demiw 
ligne  le  refte  du  fable ,  parce  que  la  met  a  entraine  le  fable  qui  ctoit  de 
niveau  avec  I'extremitc  de  ces  tuyaux  ;  mais  elle  n'a  pu  agir  avec  la  meme 
facilite  fur  le  fable  qui  compofe  les  tuyaux  memes  &  qui  eft  lie  par  la 
tnatiere  vifqueufe  dont  nous  parlons. 

Lorfque  la  mer  a  dstache  quelque  grolTe  piece  de  fable  du  bord  des 
bancs  ou  vivent  ces  vets  ,  leurs  tuyaux  paroiftent  alors  diftindemenc  felon 
leur  longueur  ,  leur  courbure  &:  leur  rondeur  BC  {Fig.  VII)  :  le  fable 
qui  compofoit  les  tuyaux  eft  refte  lie  ,  &;  celui  qui  les  fcparoit  a  cte  en- 
traine. On  trouve  meme  quelquefois  de  ces  tuyaux  vuides ,  entieremenc 
feparcs  du  banc  de  fable  ,  qui  ont  a  peine  I'epaifteur  dune  feuille  de  papiec 
&  qui  cependant  ont  conferve  leur  forme.  lis  font  tres- polls  intc- 
rieurement ,  quoique  formes  de  parties  qui  femblent  peu  propres  a  fe 
bien  arranaer. 

L'animal  qui  habite  ces  tuyaux  {Fig.  f^III)ni  puere  qu'un  nouce  de 
longueur  &  feulement  quelques  lignes  de  diametre.  Nous  I'avons'fait  dclfi- 

(«)  V.  Collcc.  Acad.  Part.  Fran^oife,  torn,  i,  pag.  773. 

Swammerdam  avoit  aufTi  obfen'c  &  explique  la  formation  des  coquilles.  V.  Collcc. 
Acad.  torn.  Y  de  la  part.  Etiangeie,  &  k  ze  dc  I'Hift.  Nac.  Cifuic,  pag.  88. 


590  COLLECTION 

ner  a  la  loupe  [fig.  /A')  ,  afin  qus  fes  parties  parulTent  plus  diftindes. 
Acad.  Roy  \LE  ^'^  ^^^^  T  ell  ce  qu'il  a  de  plus  remarquable  :  1  excremite  en  eft  platce  , 

DEs  Sciences     &  a  plus  de  diametre  qu'aucun  autre  endroit  du  corps  de  ranimal.  Eti 
DE  Paris.       certains  terns  cette  extrcmite  de  la  tete  eft  cirtulaite  ,  elle  eft  divifee  en 

Annli  171 1,  fois  parties,  celle  du  milieu  eft  un  peu  ovale  &  vuide  ,  celle  qui  fuic 
eft  une  zone  ou  bande  circulaire  qui  entoure  la  prccedente  ;  enfin  la  der- 
niere  partie  de  la  furface  de  la  tete  eft  une  autre  zone  circulaire  qui  entoure 
celle  dont  nous  venons  de  parler.  Sue  I'une  &  I'autre  zone  font  marquees 
diverfes  lignes  qui ,  comme  des  rayons,  ont  leur  dircdlion  vers  le  centre. 

Quelquefois  la  furface  fuperieure  de  la  tete  ,  au  lieu  d'etre  circulaire  , 
eft  faite  en  efpece  de  croilFant  ou  de  fer-a-cheval ,  parce  qu'il  y  a  un 
endroit  O  (  Fig.  IX)  oii  I'animal  I'entr'ouvre  quand  il  veut.  Au-delfous  de 
la  tete  il  a  de  cliaque  cote  trois  nageoires  NNN.  Son  corps  approcke 
de  la  figure  d'un  cone  j  il  fe  termine  par  une  longue  queue  Q.  D'efpace 
en  efpace  on  voit  le  long  du  corps  de  petites  parties  charnues  faites  en 
crochets  recourbes  vers  la  queue  ;  ces  efpeces  de  crochets  font  difpofes 
fur  trois  rangs  differens  HH  JJ  EE ,  qui  vont  de  la  tete  a  la  queue  :  peut- 
etre  que  ces  crochets  fervent  de  pattes  a  I'animal  lorfqu'il  veut ,  ou  s'elever 
jufqu'a  I'ouverture  fuperieure  de  fon  tuyau,  ou  s'enfoncer  dedans. 

Apr^s  avoir  explique  comment  les  vers  a  coquille  fe  trouvent  attaches  fur 
differens  corps  ,  il  feroit  alTez  inutile  de  parler  de  I'adhefion  neceftaire  des 
luiitres  &  de  queiques  autres  coquillages  \  on  voit  bien  qu'elle  depend 
d'une  caufe  femblable.  Celle  des  glands  de  mer  meriteroit  peut-etre  que 
nous  en  parlaffions  :  ces  efpeces  de  coquillages  different  des  autres  a  biea 
des  egards  j  mais  le  detail  en  feroit  trop  long  pour  ce  Memoire. 


M 


Sur  la  Grottc  dc  Foligno. 


L.  Maraldi  a  donne  la  defcription  d'une  grotte  naturelle  qu'on  a 
trouvee  en  creufant  les  fondations  d'une  maifon  que  M.  le  Marquis  Elifei 
faifoit  batir  a  trois  milles  de  Foligno  en  Italie.  La  figure  de  la  grotte  eft 
irreguliere  ,  elle  a  dans  fa  plus  grande  hauteur  qui  elt  inegale,  trente  ou 
quarante  pieds ,  8c  dix  ou  douze  pas  de  largeur  ;  fes  murs  font  formes 
par  une  belle  incrutaftion  de  marbre  (<;)  de  couleur  jaunatre ,  &  ils  font 
eleves  de  diftance  en  diftance  par  des  colonnes  en  bas-relief  de  la  meme 
matiere.  Du  haiic  de  la  voure  defcendent  d'autres  colonnes  femblables , 
les  unes  jufqu'a  terre  ,  lefquelles  ont  vingt  cinq  pieds,  les  autres  a  dilfe- 
rentes  diftances  :  les  plus  couites  n'ont  que  deux  ou  trois  pieds;  ieurs  dia- 
nietres  font  aufli  de  grandeurs  differentes.  Parmi  routes  ces  diverfites,  il 
y  a  une  regularite  remarquable  ;  la  hauteur  des  murs  Sc  celle  des  colon- 
nes ,  tant  des  colonnes  adolfees  aux  murs  que  celles  qui  defcendent  d'en 
haut ,  pourvu  qu'elles  defcendent  affez  bas  ,  eft  divifee  en  deux  parties  ine- 
gales  par  un  cordon  qui  regne  par-tout  5c  qui  fe  trouve  dans  un  meme  plan 

(a)  Ou  plutot  d'albatrc. 


ACAD^MIQUE. 


391 


liorlfontal  a  environ  quaere  pieds  au-defTiis  du  fol.  Tout  ce  qui  eft  audef-  ._»i__:»i_ 
fus  du  cordon  eft  plus  cgal,  plus  uniformc,  moins  raboteux  que  ce  qui  Acad.Rovale 
eft  au-dellous.  Depuis    le  cordon,  Ics  colonnes  vonc  en  grodiiranc  vers    dls  Sciences 
le  bas  jufqua  une  certaine  diftance ,  aprcs  quoi  ellcs  diminuent.  Dans  ce       '^^  Paris. 
renflement ,  la  circonference  d'une  des  colonnes  ,  mefurce  par  M.  M.iraldi ,  Annie  1- 1 1 
fe  trouva  de  trente  pouces ,  &:  au-dediis  du  cordon  die  n'ccoit  plus  que  de 
vingt-deux.   Le  fol  ou  planeher  de  la  grotte  eft  incgal  &  compofc  de  pla- 
ques larges  &:  minces,  pofccs  I'une  fur  I'autre  &c  formant  quelquefois  de 
petites  voutes  que  Ton   enfonce  en  iiiarchant  delTus. 

Comme  il  y  a  prcs  de  ce  lieu  une  riviere  dont  les  eaux  ont  un  gout 
Sc  une  odeur  de  foufre,  M.  Maraldi  croit  que  ces  eaux  en  fe  filtranc  au 
rravers  des  terres,  auronc  pu  entrainer  de  I'argile  ou  du  fable  qui,  mcles 
avec  du  foufre  auronc  forme  routes  les  petrifications  de  la  "totte  •  car  ii 
obferve  que  les  eaux  foufrces  de  Tivoli ,  ont  toujours  quantite  de  petites 
pierres  dont  I'alli^mblage  forme  une  elpece'  de  travertin  ,  &  qu'apparem- 
ment  ces  eaux  ont  fait  naitre  ,  puifque  I'opinion  commune  des  cuvriers, 
eft  que  ce  travertin  croit  alfez  fenfiblement.  Les  fables  les  plus  fins  en- 
craines  les  premiers,  auronc  d'abord  produit  les  petrifications  plus  e^ales 
&  plus  parfaites  qui  font  au  delTus  du  cordon;  eniuite  des  fables  plus  grof- 
fiers  ayant  palTe  par  ces  routes  que  les  premiers  avoienc  ouverces ,  & 
peut-etre  etant  nu-l^s  avec  trop  d'eau  a  caufe  de  la  plus  giande  facilite'  du 
pafTage,  auronc  fait  les  petrifications  inferieures  moins  unies  &:  moins 
belles. 

La  grotte  d'Antiparos  dont  feu  M.  Tourneforc  a  parle  dans  les  Memoi- 
res  de  1701,  ecoic  pleine  aulli  de  pieces  de  marbre,  mais  qui  nailToient 
de  terre  &  s'elevoient  en  haut ;  &:  fi  comme  nous  I'avons  du  dans  I'Hif- 
toire  de  170S,  cette  grotte,  felon  rbypothefe  de  M.  Tournefort ,  etoit 
un  jardin  dont  les  pieces  de  marbre  etoient  les  plantes ,  la  grotte  de  Fo- 
hgno  fera  un  jardin  ,  mais  renverfc  ,  puifque  fes  plantes  naillent  de  la 
voiite  &  font  dirigees  en  bas  comme  le  corail. 


Sur  un  nis-pctit  InfiSc. 

xVl.  Del  ISLE  a  obferve  un  moucheron  prefque  invifible  par  fa  petitePe 
qui  parcouroit  pres  de  trois  pouces  fur  un  papier  en  une  demi-feconde. 
Cec  infedte  etant  fi  petit ,  il  y  a  lieu  de  croire  que  fes  partes  s'appliquoienc 
fucceflivement  fur  tout  I'efpace  qu'il  parcouroit ,  &  comme  elles  ont  pa. 
ru  a  M.  Delifle  ,  larges  d'environ  la  quinzieme  partie  d'une  ligne  ,  il  s'en- 
fuit  que  ce  moucheron  faifoic  quinze  pas  ou  quinze  niouvemens  en  par- 
courant  une  ligne  ,  ce  qui  fair  540  pour  trois  pouces  parcourus  en  une  de- 
mi-feconde. Quelle  foupleffe  ne  faut-il  pas  pour  exccuter  un  fi  grand  nom- 
bte  de  mouvemens  en  un  terns  fi  court !  11  eft  vrai  qn'a  la  loupe  cec  in- 
fcfte  paroiflbit  avoir  des  ailes,  mais  on  ne  s'appercevoic  pas  qu'il  sea 
iexvit.  1 


35i  COLLECTION 


\CAD  ROYALE  „  -  ,      r.  C     J-  P 

BEs  Sciences    Decouvtrtc  d'unc  nouvclk  teinturc  dc  Fourpre ,  0"  diverjcs  expe- 

D£  Paris.  riences  pour  la  comparer  avec  cellc  que  Its  Anciens  t'lroient 

Annii  \-j\i.        ^g  quelqucs  e/peces  dc  coquillagcs  que  nous  trouvons  fur  nos 

cotes  de  I' Ocean. 

Par    M.    D  E   Reaumur. 

LINE,  celui  de  anciens  qui  a  parle  le  plus  au  long  de  la  teinture  de 

die 


fieurs  fiecles.  .  ,  ,  ,  , 

Ce  que  cec  Autcur  a  laifTc  fur  cette  matiere  n'a  point  empeche  que  la 
teinture  de  pourpre  n'ait  ete  mife  au  nomire  des  (ecrers  perdus  ,  6i  que 
Ton  n'ait  regarde  comme  neuves  les  obfervations  d'un  Anglois  fur  la 
pourpre  que  fournit  un  coquillage  fur  les  cotes  de  fon  pays.  Ce  coquillage  , 
dont  il  fut  beaucoup  queftion  dans  les  Journaux  de  France  de  1686  ,  n'etoic 
qu'une  des  efpeces  comprifes  fous  le  genre  appelle  bucunum  par  les  an- 
ciens ,  nom  qu'ils  avoient  donne  a  ces  fortes  de  poiiTons  dont  la  figure  de 
la  coqaille  a  queique  relTemblance  avec  celle  d'un  corps  de  chalTe  :  &  on 
ne  pouvoitignorer  que  les  anciens  tiralTent  una  partiede  leurcouleur  pourpre 
de  ces  efpeces  decoquillages;  Pline  I'a  dit  trop  clairement/:v.  7,  chap.  }6  , 
ou  il  range  routes  les  efpeces  de  coquillages  qui  donnent  la  teinture  pourpre 
fous  deux  genres ,  dont  le  premier  comprend  les  petites  efpeces  de  huuinum , 
&  le  fecond  les  coquillages  qui  portent  le  nom  de  pourpre  comme  la 
teinture  qu  lis  fournilFent. 

Columna  croit ,  fonde  fur  des  raifons  probables  ,  que  c'eft  aufTi  ce  der- 
nier genre  que  Ton  appelloit  murcx  ,  que  ces  noms  differens  ont  ete  donnes 
a  ces  coquillages  confideres  felon  differens  rapports  ;  le  nom  de  murex 
rappelle  lidee  des  pointes  en  canaux  dont  leurs  coquilles  font  heriflees  , 
comme  le  nom  de  pourpre  rappelle  I'idee  de  la  couleur  qu'on  en  tire. 

Nos  cotes  d'Ocean  ne  nous  donnent  point  de  ces  dernieres  efpeces  de 
coquillages  ;  mais  en  revanche  on  y  rencontre  tr^s  -  communement  one 
petite  efpece  de  buccin  ,  que  M.  de  Juffieu  prefenta  il  y  a  un  an  &  demi 
a  I'Academie  ,  pour  lui  faire  voir  quelle  fournilToit  de  la  teinture  pourpre, 
Je  n'y  ai  point  obferve  non  plus  I'efpece  de  buccin  d'Angleterre  ,  fi  la 
figure  que  nous  avons  dans  les  Journaux  de  France  eft  bonne  ,  &  je  n'y 
ai  trouvc  que  rarement  celle  que  Columna  a  fait  graver  dans  fon  Traite 
de  la  Pourpre  ,  comme  le  vrai  buccin  des  anciens  (  PL  XII  ,  Fig.  VI)  : 
mais  je  ne  lui  ai  point  vu  de  cette  liqueur  qui  donne  la  pourpre  ,  comme 
aux  auttes  buccins ;  peut-etre  que  la  difference  des  mers,  ou  la  difference 
des  faifons  ou  je  I'ai  obferve  ,  en  font  la  caufe. 

Les  plusgrandes  coquiUes  de  i'efpece  de  buccin  ,  communes  fur  nos  cotes, 
snp  doHze  i  treize  lignes  de  long  &  fepc  a  huit  de  diametre  dansTendroit 

ou 


ACAD.ROYAIE 


A  C  A  D  ^  M  I  Q  U  E.  3  5j 

ou  elles  font  le  plus  groHTes  (  PL  XIII,  Fig.  Vll ,  VIII  (,  IX).  II  n'dV 

pas  necelFaire  de  dite  que  ce  font  des  coquilles  d'une  feule  piece  ,  tournces 

en  Ipiiale  comme  celles  de  nos  hm39ons  de  jardin  ,  mais  en  fpuales  un     des  Sciences 

peu  plus  allongees.  Leur  f;randeiir  convient  fore  avec  ce  que  Pline  die  de       de  Paris. 

fon  huccinum  ,  qu'il  appellc   petite   coquille  ,  minor  concha  :  il  les  dtcrit    Anncc  1711. 

encore  plus  particulicrement  lorfqu'il  ajoute  qu'elles  font  gravces  ou  canne- 

Ices  au  bord  dc  leur  ouveiture  :  les  notres  le  lont  audi  OOOO  (  Fig.  Vll), 

Il  y  en  a  de  fort  ditferentes  eh  couleurs  ,  les  tines  font  blanches  ,  les  autres 

font  brunes ,  d'autres  out  des  raies  couleuc  de  fable   qui  fuivent  les  fpi- 

rales  de  la  coquille  fur  des  fonds  bruiis  ou  blancs.  La  furface  exterieure 

de  ces  mvmes  coquilles  eft  ordinairemenr   cannelec  ,  mais  de  deux  ma- 

nieres  diftc-rentes  :  les  cannelures  des  unes  font   formees  par  des  efpeces 

de  cordons  qui  fuivent  la  longueur  des  fpirales  qu'elles  decrivent ;  &  les 

autres  ont  encore  d'autres  cannelures  qui  traverfent  les  premieres  ,  &:  par 

conlequent  les  fpirales  de  la  coquille. 

En  confiderant  au  bord  de  la  cote  les  coquillages  de  cette  efpece  ,  que 
la  mer  avoit  l.iilTes  a  decouvert  pendant  fon  reflux  ,  je  remarquai  qu'ils 
etoient  ordinairemenr  autour  de  certaines  pierres  (  PL.  XIV.  Fig.  I)  ,  ou 
fouscertalnss  arcades  de  fable  que  la  mer  feule  a  creufees  ,  en  enttainant  le 
fable  inferieur ,  &  lailTant  le  (uperieur  qui  eft  lie  par  les  tiiyaux  des  vers 
qui  y  etoient  autrefois  loges.  Je  remarquai  ,dis-je,  que  les  buccins  s'alfem- 
bloient  quelquefois  en  fi  grande  quantite  dans  ces  endroits ,  qu'on  pouvoit 
les  y  ramalfer  a  pk-ines  mains  ,  au  lieu  qu'ils  etoient  difperfes  <^a  &  la  par- 
tout  ailleurs  :  mais  je  remarquai  en  meme  terns  que  ces  pierres  ou  ces  ar- 
cades de  fable  etoient  couvertes  de  certains  grains  GG{  PI.  XI K  Fig.  I) 
dont  la  figure  avoit  quelque  air  d'un  fpheroide  elliptique,  ou  d'une  boule 
allongee.  La  longueur  de  ces  grains  eroit  d'un  peu  plus  de  trois  lignes , 
Sc  leur  grofPeur  d'un  peu  plus  d'une  ligne  :  ils  me  parurent  contenir  une 
liqueur  d'un  blanc  jaunatre  ,  couleur  alFez  approchante  de  celle  de  la  li- 
queur qui  dans  les  buccijis  donne  la  teinture  de  pourpre.  Cette  feule  ref- 
femblance  ,  (Ji  la  maniere  dont  les  buccins  etoient  toujours  affemblcs  au- 
tour de  ces  perils  grains  ,  me  fireiit  fonpgonner  qu'on  en  pourtuit  peut-etre 
tiret  une  teinture  de  pourpre  telle  qu'on  la  tire  de  ces  coquillages  ;  d'autanc 
plus  qu'ayant  examine  ces  grains  de  plus  prcs,  j'en  appercus  quelques-uns 
qui  avoient  un  CEil  rougeatre  J'en  detachai  aulTi-totdes  pierres  auxquelles 
ils  etoient  fort  adherens,  &  les  ayant  ecrafes  fur  mes  manchettes,  elles 
m'en  parurent  feulement  un  peu  falies ;  mais  je  n'y  vis  d'autre  couleuc 
qu'un  petit  oeil  jaunatre,  que  je  demclois  a  peine  dans  certains  endroits. 
Divers  objets  qui  attiroient  mon  attention  ,  me  firent  oublier  ce  que  je 
venois  de  faire;  je  n'y  penfois  plus  du  tout,  lorfque  jettant  par  hafard  les 
yeux  fur  mes  manchettes  un  demi-quart  d  heure  aprcs  ,  je  vis  une  fort 
belle  couleur  pourpre  fur  les  endroits  oii  les  grains  avoient  ete  ccrafcs  : 
j'avois  peine  a  croire  un  changement  fi  prompt  6i  fi  grand-  J'imaginai 
que  des  grains  rougeltres  s'etant  miles  parmi  les  autres,  avoient  feuls 
donnc  cette  belle  couleur  ,  &  cela  meme  etoit  alTez  remarquable.  Je  ra- 
malfai  done  de  nouveau  de  ces  grains  ,  &  avec  plus  de  choix  :  j'avois  foin 
de  ne  detacher  des  pierres  que  ceux  qui  me  paroilfent  les  plus  blancs,  ou 

Tomt  III,  Partit  Francoifc,  D  } 


J94  COLLECTION 

1^         m     — —  plutot  les  moins  jaunes.  Je  moulUai  encore  mes  manchettes  de  leur  fee  ; 

Acad  Royale  '"*'*  ^"  ^^^  endroits  difFerens,  ce  qui  ne  leut  donna    point  d'abord  de 
DBS  SciHNCES     coulcur  qui  approchat  en  aucune  fa^on  du   rouge  ;  cependant  au  bout  de 
DE  Paris.       deux  ou  trois  minutes,  je  leur  vis  prendre  une  couleur  pourpre  pareillea 
^     ;  celle  que  les  premiers  grains  leur  avoient  donnee  :  cette  couleur  pourpre 

nme  171 1.  ^^^.^  ^^  moins  auffi  belle  que  celle  qu'on  tire  des  buccins.  J'avois  feu- 
lement  a  craindre  qii'elle  n'en  eut  pas  route  la  tenacite  ,  &  qu'elle  ne  fCic 
en  cela  moins  propre  a  faire  des  teintures  :  mais  ayant  bien  lave  mes 
manchettes  dans  I'eau  de  la  mer  ,  je  n'apper^us  aucune  alteration  dans  la 
couleur  nouvelle  qu'elles  avoient  prife  ,  Sc  plufieurs  blanchidages  n'ont 
fait  qu'aff'oibiir  cette  couleur  fans  la  detruire.  Ce  premier  efTai  ayant  ex- 
cite ma  curiofue  ,  j'emportai  une  grande  qnantite  de  ces  grains;  &  a 
peine  fus- je  dans  mon  cabinet ,  qu  ayant  exprime  le  fuc  de  quelques-  uns ,  j'en 
mouillai  difFerens  linges  ,  comme  j'avois  fait  au  bord  de  la  mer  ,  etant 
bien  aife  de  rcpeter  une  experience  qui  m'avoit  paru  fi  finguliete  ;  mais 
le  fucces  repondit  mal  a  mon  attente.  Au  bout  de  deux  ou  trois  heii- 
res  ,  je  n'appercevois  pas  la  moindre  alteration  dans  la  couleur  que  j'avois 
donnee  a  mes  linges.  Inutilement  ecrafai-je  une  grande  quantite  de  nou- 
veaux  grains  ,  choilTiirant  mcme  ccux  qui  me  paroiifoient  les  plus  pro- 
pres  a  me  faire  voir  ce  que  jc  cherchois  ;  le  fucces  n'en  fut  pas  plus 
heureux  :  a  quelle  caufe  devois  je  attribuer  des   efFets  fi  dilFerei.s  ? 

Je  favoisbienqu'iln'y  a  pas  de  moyen  plus  propre  pour  faire  prendre 
promptemenc  une  couleur  pourpre  a  la  liqueur  dos  buccins,  que  d'ex- 
pofer  cette  liqueur  a  un  grand  feu  ,  ou  a  un  foleil  ardent :  mais  je  favois 
aulTi  que  le  foleil  n'avoit  point  paru  pendant  tout  le  terns  que  j'avois  etc 
au  bord  de  la  mer  j  fa  chaleur  n'avoit  done  point  eu  de  part  au  fucces- 
des  experiences  que  j'avois  faites  alors. 

Cependant,  afinqu'il  ne  me  reftat  aucun  fcrupule  de  ce  cote- la,  comme 
le  foleil  ctoit  encore  cache  par  les  nuages  ,  je  pris  le  parti  de  mettre  fore 
presdufeudes  linges  que  j'avois  trempes  recemment  dans  la  liqueur  des 
grains;  ils  y  fecherent  fans  changer  de  couleur;  ayant  mt-me  mis  aupres 
du  feu  dans  une  talfe  de  fayance  beaucoup  de  cette  liqiieur ,  apres  y 
avoir  demeurc  bien  du  terns ,  elle  s'y  epaiffit  ,  Sc  pric  meme  la  confi- 
ftance  d'un  corps  folide  ,  fans  quitter  fa  premiere  couleur. 

Je  foupgonnai  que  I'eau  de  (a  mer  avoir  peut-eire  donne  aux  grains 
dont  je  m'etois  fervi  un  fel  propre  a  faire  le  changemenr  que  je  cher- 
chois ,  &  que  ce  fel  n'etoit  plus  en  afFez  grande  quantite  fur  les  grains 
que  je  confervois  depuis  quelques  heures ,  &  fur  lefquels  il  ctoit  refte 
peu  d'eau.  Je  crus  le  leur  rendre  en  les  trempant  dans  I'eau  de  mer  que 
j'avois  apportee  :  j'ajoutai  mcme  de  nouveau  fel  a  cette  eau  ;  mais  je  ten- 
tai  encore  inutilement  de  titer  par  ce  moyen  des  grains,  une  liqueur  qui 
fe  colorat  en  pourpre. 

Je  ne  favois  plus  a  quoi  avoir  recours  pour  faire  reparoitre  cette  belie 
couleur  que  j'avois  d'abord  trouvee  fi  heureufement ;  je  n'y  voyois  pref- 
que  plus  d'autre  fecret  que  daller  repeter  les  memes  experiences  au  hord 
de  la  mer  fur  les  grains  que  j'en  avois  apportes,  pour  decouvrir  fi  le 
tranfport  ne  les  avoir  point  en   quelque  facon  alteres ,  ou  fi  le  cliange- 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E,  39; 

ment  de  coulear  ne  reulTiroic  qu'avec  la  liqueur  des  grains  recemment  dc- 


ta 


ichcs,  lorlque  jettanc  par  liafard  mes  regards  vers  la  fenare,  j'anper^'us  Acad.Rovale 
qiieiquss  caches  d'uii  fort  beau  rouge,  tcl  que  celui  que  je  chercliois.  Css     des  Sciences 
tachss  ctoien:  fur  uii  enduit  de  cliaux  qui  couvroit  le  muc  de  la  fenccre  ;  k      ^^  Paris.     « 
liqueur  de  quelques  grains  que  javois  ecrafes  ptcs  de  cette  fenctre,  avoit    Annie  171 1. 
rc'jailli  fur  le  mtu  &  y  avoit  pris  cette  couieur  pourpre  qui  avoit   difparu 
pour  nioi  depuis  la  premiere  fois  que  je  I'avois  trouvce. 

J'lm.iginai  que  ralkali  de  la  cliaux  avoit  contribue  au  chan^ement  de 
couieur  que  j'appercevois ,  &C  que  peut-etre  mes  manclvenes  devoienc  la 
couieur  rouge  cp'elles  avoient  tait  voir  fi  vite  ,  a  quslque  chofe  d'analo- 
gue  a  cet  alkali,  ce  qu'clles  tenoient,  ou  du  blanchiffage  ,  ou  de  quel- 
tju'autre  caufe.  Pour  rD'alFurer  de  1  effet  de  cet  alkali  fur  ma  liqueur,  je 
decacliai  un  morceau  de  chaux  du  meme  enduit  qui  s'ctoit  colore  de  pour- 
pre, &  layant  mis  fur  ma  table  ,  je  le  mouillai  de  la  liqueur  des  grains; 
ce  qui  ne  fervit  qu'a  me  faire  voir  qu'un  raifonnement  (1  vraifemblable  , 
n'etoit  pas  vrai ;  la  liqueur  ne  fe  colora  pas  encore  dans  cette  circonftance. 

Enhn  j'allai  ecrafer  des  grains  fur  I'enduit  mcme  de  chaux  ,  tout  aupres 
des  endroics  qui  s'etoient  colores  :  a  peine  reftai  je  quelques  minutes  a 
examiner  quel  eflet  la  liqueur  produiroic,  que  je  vis  paroure  la  couieur 
pourpre.  II  me  fut  alors  aife  de  conclure  que  ce  n'etoit  pas  feulement  a  la 
chaux  que  je  devois  atcribaer  ce  changement  de  couieur,  puifqu'il  n'en 
etoit  arrive  aucun  a  celle  que  j'avois  moaillee  fur  ma  table  ,  mais  que  la 
difference  des  pofniohs  devoir  y  avoir  beaucoup  de  part :  cela  mcme  me 
conduific  i  foup9onner  que  fi  je  pla^ois  des  linges  trempes  dans  ma  liqueur 
aupres  de  la  chaux  qui  avoit  pris  la  liqueur  de  pourpre  ,  peut-ctre  ilb  tou- 
giroient  comme  elle  avoit  rougi ;  &  en  eftec  ,  ayant  mis  divers  de  ces  lin- 
ges aupres  de  I'enduit  de  chaux  ,  &  mJine  fur  la  fenetre  (qui  avoit  tou- 
jours  ete  ouverte ) ,  je  les  vis  teincs  au  bout  d'un  inftant,  dune  fort  belle 
couieur  de  pourpre. 

La  caufe  d'un  changement  fi  prompt  etoit  alors  aifee  a  appercevoir; 
Ton  ne  pouvoit  I'attribuer  qa'a  I.1  diflFerente  maniere  dont  I'air  agilToit  fur 
c>.'s  linges  dans  I'une  &  I'autre  pofuion  ,  &  c'eft  ce  dont  toutes  Its  experiences 
que  je  lis  enfuice  ne  me  l.-.ilTerent  aucun  lieu  de  douter  ;  caray.mt  mouille 
divets  linges  dune  egale  quantitede  liqufur,  &  ayanr  portes  les  uns  au 
fond  ,  ou  au  milieu  de  ma  chainbre  ,  &  les  autres  fut  ma  fenetre  ,  ou 
tout  aupres  ;  ceux-ci  rougirent  dans  un  inftant  ,  &  les  autres  one  loujours 
conferve  leur  premiere  couieur  d'un  blanc  tiranc  fur  le  jaune. 

U  arrivoit  mcme  lorfque  j'cxpofois  ces  linges  au  grand  air  dans  le  mi- 
lieu de  la  cour  ,  Si  que  pour  empecher  le  vent  de  les  emporter  je  pofois 
quelques  petices  pietres  fur  leurs  coins,  que  tous  les  coins  fur  Itfquels 
ces  pierres  portoient,  ne  changeoient  point  du  tout  de  couieur,  qiioi- 
que  le  relbe  du  linge  pric  une  fort  belle  couieur  de  pourpre.  Cet  eflet  du 
plus  ou  du  moins  d'imprefllon  de  I'air  ,  fe  faifoit  voir  encore  d'une  ma- 
niere bien  fenfible  lorfoue  j'expofois  de  cette  liqueur  dans  un  verre  ,  ou 
dans  une  talfe  ,  en  quelque  endroit  ou  le  vent  fouflloic  libremert  :  route 
la  furface  fupctieure  fe  coloroit  de  rouge  ,  pendant  que  les  couches  infe- 
lieuies  reftoient  blaachacies. 

Di  ij 


j9(f  COLLECTION 

-—       C'eft  done  a  I'air  feul  qu'il  faut  attribuer  ce  changement  de  couleur  r 

Acad.  RoYALE  mais ,  comment   le  produit-il  ?  C'eft  ce  que  nous  examinerons  aptes  que 

DES  Sciences     nous  aurons  parle  un  pen  plus  en  detail  des  grains  qui  donnent  cette  li- 

DE  Paris.       queur  ,  &   que  nous   aurons  dit  quelque    chole  de  celle  qu'on   tire  des 

^nnec  171 1.     buccins,  &  des  differens  changemens  de  couleur  quelle  prend  fucceffive- 

ment. 

Quelques  experiences  que  )'aye  tentees  ,  je  n'cn  ai  point  fait  d'affez  heu- 
reufes  pour  decouvrir  ce  que  font  ces  petits  grains ;  je  ne  doute  pourtanc 
pas  qu'ils  ne  foient  des  ceufs  de  poiilon,  &  je  crois  qu'on  n'en  doutera  pas 
aufli ,  lorfque  j'aurai  rapporte  les  raifons  qui  me  le  perfuadent.  Ce  que 
j'ionore  ,  lie  ce  que  j'ai  rente  vainement  de  decouvrir,  c'eft  I'efpece  de 
poilTon  qui  les  produit.  Les  pecheurs,  au  rapport  defquels  il  ne  faut  guere 
fe  fier ,  difent  que  ce  font  des  graines  de  fucus.  Un  Memoire  que  Ton  trou- 
vera  dans  la  fuite  de  ce  Volume  ,  fera  voir  combien  on  auroit  tort  de 
les  croire  furcet  article  :  nous  y  decrirons  les  fleurs  &  les  graines  des  mtmes 
fucus  d'oii  ils  pretendent  que  viennent  nos  petits  grains. 

li  eft  certain  neanmoins  que  la  premiere  fois  qu'on  les  appercoit  on  ne 
pent  les  prendre  que  pour  un  oeuf ,  ou  pour  une  petite  plante;  mais  on 
n'eft  pas  long- terns  a  favoir  laquelle  des  deux  alternatives  on  doit  choifir, 
lorfqu'on  a  remarqL>e  qu'ils  font  tous  d'une  mcme  grandeur  ,  autant  que 
les  oeufs  d'une  meme  efpece  le  doivent  etre;  &  enfin  qu'en  quelque  fai- 
fon  qu'on  les  confidere  ,  en  ne  voir  pas  qu'il  arrive  aucun  changtment, 
foit  dans  leur  longueur  ,  foit  dans  leur  groireur  ,  ce  qui  empeche  cgale- 
ment  qu'on  ne  les  puifte  regarder  comme  des  plantes  naifthntes,  ou  com- 
me  des  plantes  parvenues  a  leur  dernier  terme  d'accroilfement. 

ll  ne  refte  done  qu'a  les  ranger  parmi  les  oeufs  de  poilFon  ;  la  defcrip- 
tion  meme  que  nous  allons  faire  de  leur  figure  ne  contribuera  pas  peu  a 
le  perfuader.  On  s'en  fera  une  image  aftez  relTemblanie  en  concevant  un 
petit  fpheroide  elliptique  ,  ou  une  boule  alloiigee  ( PL  XIV.  Fig,  II  & 
JII) ,  dont  le  plus  petit  diametre  d  d  a.  an  peu  pins  d'une  ligne  ,  Si  le 
plus  grander  deux  lignes,  ou  deux  lignes  Si  demie  :  a  un  des  bouts  da 
grand  diametre  ,  eft  attache  un  petit  pedicule  rp  ,  tel  qu'eft  celui  des  fruits, 
d'environ  une  ligne  de  long,  &  d'un  quart  de  ligne  de  diametre  :  le  bout 
de  ce  pedicule  selargit  &  forme  un  petit  cerde/'d'un  peu  moins  d'une 
licne  de  diametre.  C'eft  par  le  moyen  de  ce  petit  cercle  que  la  boule  ovale 
eft  attachee  aux  pierres  lur  lefquelles  ce  cercle  ou  cette  extremite  de  la 
queue  eft   collee. 

La  petite  boule  ovale  eft  creufe  ,  c'eft  une  efpece  de  bontetlle  remplie 
de  la  liqueur  dont  nous  avons  parle  jufqu'ici.  Les  parois  de  cette  petite 
bouteille  font  d'une  fubftance  membraneufe  ,  qui  par  fa  confiftance  Sc 
par  fa  couleur  ne  reflfemble  pas  mal  au  parchemin.  Au  reife  cette  bouls 
allongee  a  audi  comme  les  bouteilles  une  ouverture  0  {-Fig'  1^1)  a  l'e» 
tremite  du  grand  diametre  ,  oppofce  a  celle  ou  le  pedicule  eft  attache  ; 
mais  ce  trou  eft  ferme  par  un  petit  bouchon  b  (  Fig.  Ill)  d'une  matiere 
tranfparente  affez  femblable  a  celle  du  cryftallin  de  I'oeil  ;  il  en  a  -nieme 
Ja  fic^ure  ,  car  ce  bouchon  eft  une  boule  applatie  dont  le  grand  diametre 
furpafle  celui  du  trou  de  la  boiiceille,  Il  eft  mis  dans  un  fens  contrairei 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  597 

celuiou  nous  mettons  nos  bouchons,  c'eft-a-dire^  que  fon  grand  diamctre  

eft  dans  le  dedans  de  la  bouteille :  ainfi  I'eftort  mcme  que  hit  la  liqueur    «-,„  i3„,. .,.. 

^.^,.  I-  II  I  1/111/  /ICAD.  l\0^  Al-t 

pour  lortir  ,  iert  a  mieux  appliqucr  le  bouchon  qui  outre  cela  elt  colle  au     nts  Sciences 

bord  du  trou.  de  1'aris. 

Cette  bouteille  eft  remplie  dc  deux  diffcrentes  liqueurs,  qui  ausmen-      j     \  . 
f         1  ir      I  I  .  1     '        r      1.  J?      ^         Anna   1711. 

tent  tort   la   rellemblance  qu  out  ces  grains  avec  les  osurs  :  1  une  elt  trcs- 

claire,  &  a  peu-prcs   telle  que  le    blanc  d'ocuf  ordinaire  j  &    I'autre   eft 

jaunatre  ,  &  rellembie  en  cela  au  jaune  de  I'ccuf.  La  liqueur  jaunatre   ne 

fait  pas  un  feul  corps  continu  ;  elle  eft  divifee  en  fept  a  huit  gouttelettes 

qui  nagent  dans  la  liqueur  daire. 

Le  bouchon  eft  ordinairemtnt  en  bas  ;  c'eft  une  fuite  neceftaire  de  !a 
pofition  de  ces  ccufs  ,  puifque  I'txtrcmite  de  leur  pedicule  eft  collee  a  la 
furface  inferieure  des  pierres  dans  les  endroits  GG  G  {Fi^.  1)  ou  il  refte 
quelque  vuide  entre  cette  furface  ,  &  le  fable  ou  la  terrejou  d'autrefois 
elle  eft  attachee  a  la  voute  de  cercaines  arcades  de  fable  que  nous  avons 
decrites  au  commencement  de  ce  Memoire.  On  en  voir  quelquefois  dc 
coUes  les  uns  fur  les  autrcs  ;cela  eft  plus  rare,  le  pied  de  1  un  eft  attache 
alors  fur  le  bouchon  do  I'autre  ou  tout  aupres  E  E  {^Fig.  / )  :  la  glu  qui 
colle  le  pied  de  ces  ceufs  aux  pierres  ou  au  fable  ,  eft  tellement  tcnace  , 
qu'on  ne  fauroit  les  detacher  fans  courir  rifque  de  les  crever  ,  &  par  con- 
fequeiit  fans  perdre  leur  liqueur  ,  fi  Ton  ne  fe  Iert  dun  couteau  par  le  nioyea 
duquel  il  eft  aifc  d'cn  feparer  pluheurs  a  la  fois  :ils  font  coUes  fort  pres 
les  uns  des  autres  comme  on  le  voir  dans  la  Fig.  I. 

Commc  les  buccms  paroilTent  ordinairement  alTembles  en  grand  nom- 
bre  aucour  de  ces  ceufs  ,  cela  ms  donna  beaucoup  de  difpofition  a  les  croire 
descents  de  czi  memes  poillons.  lis  me  paroilFcnt  neanmoins  un  psu  gros 
pour  fortir  d'un  fi  petit  coquillage  5  mais  routes  les  experiences  que  j'ai 
i'aites  ii'ont  pu  m'cclaircir  la  deflus.  J'ai  dilFeque  inutilemert  en  different 
tems  quantitc  de  buccins,  je  n'ai  jamais  trouvc  de  parcils  ceu^s  dans  leuirs 
corps,  quiauroient  du  y  etre  trcs-lenfibles.  J'ai  renferme  des  buccins  dans 
des  pots  de  terre  pofes  dans  la  mer  ,  de  maniere  que  I'eau  pouvoit  y  en- 
trer  &  en  fortir  librement ,  &  jamais  ils  n'y  ont  fait  de  ces  ceufs,  ce 
qui  auroit  du  ce  femble  ,arriver,  fi  c'ttoient  vc'rirablement  de  leurs  ccufs. 
11  faut  pourtant,  ou  que  ces  ceufs  foient  faits  par  les  buccins,  ou  que  les 
buccins  les  cherchent  comme  une  nourriture  qu'ils  aiment  fort:  car  pour- 
quoi  s'airemblerLient-ilsautour  d'eux  ?  Quoi  qu'il  en  foit  ,  il  me  paroit  in- 
certain  fi  les  buccins  donnent  la  liqueur  pourpre  a  ces  ccufs  ,  ou  fi  au  con- 
traire  ils  la  tirent  d'eux  :  mais  il  me  paroit  trcs  clair  que  Ton  ne  peuc 
prendre  ces  perils  grains  que  pour  desoeufs  j  &  jufqu'a  ce  que  nous  con- 
noiflions  de  quel  poiflon  ils  viennent  ,  ayant  befoin  de  leur  donner  un 
noni  ,  je  leur  donnerai  celui  d'ccuts  de  pourpre,  pris  de  la  couleur  qu'ils 
fourniffent. 

J'ai  cherche  avec  grand  foin  dans  les  Naturalilles  ,  fur-rout  dans  Ariftote  , 
&  Pline  ,  fi  je  ne  trouverois  point  quelque  chofe  qui  put  m'eclaircir  li- 
delTus  ;  mais  je  n'ai  trouve  aucun  endroit  ou  ils  en  aient  parle  clairemen:, 
Un  feul  paftage  d'Ariftote  m'a  paru  y  avoir  quelque  rapport;  mais  tout 
bien  confidere,  loin  den  titer  quelque  lumiere  ,  jc  fuis  meme  refte  dans 


598  COLLECTION 

■.i.n.w»  rincertinide  Ci  Ariftote  y  vouloit  parler  des  eciifs  dont  il  eft  ici  qiieflionj 
Ac\D.RoYALE  ce  palFage  eft  tire  de  la  iin  du  i }'  chap,  du  liv.  de  I'hijioire  des  Animanx. 
DES  Sciences  Voici  comme  Gaza  la  rendu  en  Latin  :  Defertur  ex  porno  in  HeUesponium 
DE  Paris.  purgamcrnum  quodJam  illius  mans  quod  Algce  nomine  Phycos  appellant  co. 
Ainh  1 7 1  I .  ^"'■^  pallidum  ;  fionm  Algx  id  effe  halii  volunt  ,  atque  ex  eo  fucariam  algam 
provenire  :fit  hoc  ceflatis  iniiio ,  eoque  ,  (urn  pifculi ,  tiim  ojlrea  hajus  loci 
aluntiir  :  purpuram  qtioque  fuum  florem  hinc  irahere  nonnulli  exiflimant, 
Il  y  a  effeftivemenr  dans  ce  palTage  diverfes  chofes  qui  fembler.t  conve- 
nir  aux  trufs  de  pourpre  ,  quoiqu'Ariftote  ne  paroille  pas  ies  y  reconnoitre 
pour  des  a-ufs.  La  couleur  pale  qu'il  donne  a  ces  efpeces  de  fucus  ,  eft  la 
mcms  que  celle  de  nos  cEufs.  Les  habitants  de  la  cote  Ies  regardent  com- 
me une  fleur  de  fucus,  d'oii  vient  enfuite  Valgue,  ce  qui  eft  tort  conforms 
a  ce  qu'en  croient  nos  pecheurs  qui  les  prennent  pour  des  graines  de  ces 
memes  plantes  ,  ou  mcme  pour  de  ces  plantes  nailFantes.  Enfin  il  ajoute 
que  les  pouipres  en  tirent  leur  liqueur  :  le  nom  dejlos purpurea  dans  Ariftote 
firrmhe  cecte  liqueur  ;  ce  quiconvient  encore  a  ces  osufs,  d'ou  on  pourroit 
croire  que  les  buccins  tirent  leur  liqueur.  Voili  des  relfemblances,  mais 
nous  aliens  aulli  trouver  des  difparites.  i".  Il  dit/r  hoc  aftatis  initio,  &c 
nos  "rains  de  pourprs  ne  commencent  a  paroitre  qu'a  la  fin  de  I'ete  ,  ou 
plutot  au  commencement  de  I'automne.  i"  Il  ne  dit  rien  de  la  liqueur 
qu'ils  contiennenr.  5°.  Ces  cEufs  font  fi  adherens  aux  pierres,  qu'il  n'eft 
pas  facile  qu'ils  en  foient  detaches  ,  ni  par  confequent  tranfportes  fort  loin  : 
on  n'en  trouve  point ,  ou  prefque  point  hots  de  I'endroit  ou  ils  font  atta- 
ches naturellement.  Enfin  tout  ce  qu'Ariftote  dit  dans  ce  palFage,  peuc 
s'entendre  fort  naturellement  de  quelques  petites  efpeces  de  fucus  tinclo- 
rius  ;  les  coquillages  en  vivent :  etant  propres  a  faire  la  teinrure  ,  il  aura  ete 
aftez  naturel  de  croire  que  les  pourpres  en  tiroient  la  leur.  Et  enfin  ceux 
dont  on  parle  ici ,  etant  fort  petits  ,  on  les  aura  pris  pout  de  la  fteut  da 
fucus  ,  ou   plutot  pout  des  fucus  nailfans. 

Au  refte  on  ne  trouve  point  de  ces  oeufs  ds  pourpre  pendant  I'ece  ;  ou 
fi  I'on  en  trouve  ,  ce  ne  font  que  des  coques  vuides  de  liqueur :  leur  petit 
bouchon  eft  ore  ,  fans  doute  parce  que  I'animal  ,  ou  les  animaux  qui  naif- 
feut  dans  la  petite  coqne  ,  en  font  fortis.  Lorfqu'oii  rencontre  dans  cette 
faifon  de  ces  ceufs  de  pourpre  encore  pleins  de  liqueur  ,  cette  liqueur 
eft  d'unecouleur  jaune  plus  foncee,&  n'eft  plus  capable  dedevenir  pour- 
pre .  il  fcmble  que  ce  foient  des  a;ufs  pourris.  Les  oeufs  que  j'ai  gardes 
pendant  prcs  d'un  an  chez  moi  ,  dans  de  I'eau  de  mer  ,  ont  pris  la  meme 
couleur  ,  &   n'ont  plus  ete  propres  ,1  me  donner  de  teinture  pourpre. 

Il  fera  aife  de  voir  qu'on  tireroic  la  liqueur  de  ces  oeufs  de  pouipre  d'une 
maniere  infiniment  plus  commode  que  celle  dont  les  aneiens  fe  fervoient 
pour  oter  la  liqueur  des  buccimim.  Pour  avoir  la  premiere,  il  n'y  auroic 
d'autre  fa9-)n  d  faire  que  de  tordre  c&s  oeufs  dans  un  linge,  ou  de  les 
mettre  fous  une  prelfe  ,  apres  les  avoir  laves  dans  I'eau  de  mer  pour  leur 
oter  ,  autant  qu'il  feroit  poilible  ,  les  ordures  qui  pourreient  alterer  la  cou- 
leur. 

Les  bduinum  au  contraire  ne  pouvoient  ctre  depouilles  de  leur  liqueur, 
fans  qu'on  y  employ  at  uu  terns  tres-confiderable.  On  le  comprendra  de  relte 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  j?9 

pat  le  detail  que  nous  en  allons  faire.    II  falloit   d'abord  cafTer  la  dure  _^____^_ 
coquillc  DDDD  (  Fie.  ^l )  dont  ils  font  revttus.  Cette  coquille  cadee  a  "7  3       T' 

'  ,    ,,  1        ?  J       1         ^  J         i  ACAD.KOYALE 

quelque  alliance  de  Ion  ouverture  ,  ou  de  la  tcte  ties  euccuuim  ^  on  en-  disScunxes 
levoit  les  morceaiix  calTes  E  E  E  E  (  f /.  XIV,  Fig.  IF)  j  c'tft  alors  que  Ton  de  Paris. 
appercoit  une  petite  veiiie  ,  ou  rcftrvoit  V  V  (  mime  Fie.  )  plem  de  la  ,  , 
liqueur  propre  a  teindre  en  pourpre  :  la  couleur  de  la  liqueur  reiuermee 
dans  ce  petit  refervoir  ,  le  fait  aifeinent  diftingucr  ;  elle  ell  tres  diffc-rente 
de  celle  des  chairs  de  Tanimal  :  Arillote  &  Mine  difent  quelle  eft  blan- 
che ;  audi  eft-elle  d'une  couleur  qui  tire  fur  le  blanc ,  ou  d'un  bl.inc 
jaunatre  ,  prccifcment  comme  le  pus  dcs  ulccres.  Le  petit  refervoir  V  V 
dans  lequel  elle  eft  contenue  ,  n'elt  pas  d'une  cgale  grandeur  dans  tous  Ics 
buccins  ;  il  a  pourtanr  communement  une  ligne  de  large  ou  environ  ,  & 
deux  ou  trois  lignes  de  long.  II  eft  pofe  fur  le  limbe  ou  collier;  car  les 
buccins  ont  aulfi  un  collier  comme  les  lima^ons  :  fon  originc  eft  a  quel- 
ques  lignes  de  diftance  du  bord  de  ce  collier,  &  fur  fa  partie  la  plus 
clevce  ,  c'eft  a-dire  fur  celle  qui  ell  en  haut,  lorfque  I'ouverture  de  la 
coquille  eft  en  bas.  La  longueur  de  ce  refervoir  fuit  celle  du  corps  de  I'ani- 
tnal ,  c'eft-a-dire  qii'ellc  va  de  la  tete  vers  la  queue,  non  pas  en  ligne 
droite  ,  mais  en  fuivant  la  fpirale  de  la  coquille.  Ariftote  le  place  entre 
le  col,  &  cette  partie  que  fon  tradudteur  rend  par  le  mot  papavir-^  ce 
qui,  bien  entendu  ,  revient  a  ce  que  nous  venons  d'en  dire  ;  car  ce  pa- 
paver  eft  I'endroit  ou  eft  alTemble  une  matiere  brune  allez  femblable  a 
des  excremens,  6i  cet  amas  eft  vers  la  queue  de  I'animal. 

C'etoi:  ce  petit  refervoir  que  les  anciens  etoient  obliges  d'enlever  au 
buccinum  pour  avoir  fa  liqueur  j  ils  etoient  contraints  de  le  couper  fe- 
patement  a  chaque  poillon  ,  ce  qui  ecoit  un  fort  long  ouvrage,  du  moins 
par  rapport  a  ce  qu'on  en  retitoit,  car  il  n'y  a  pas  la  valeur  d'une  bonne 
goutte  de  liqueur  contenue  dan<,  chaque  refervoir.  Dc  Id  il  eft  peu  furpre- 
nant  que  la  belle  pourpre  fuc  a  un  fi  haut  prix  parmi  eux. 

Ariftote  &  I'line  dilent  a  la  verite  que  Ion  ne  fe  donnoit  pas  la  peine 
d'enlever  fcparement  ces  petits  vailfeaux  aux  plus  petits  coquillages  de 
cette  efpece  ,  qu'on  lespiloit  fimplemenc  dans  des  mortiers,  ce  qui  etoic 
un  tnoyen  d'expedier  beaucoup  d'ouvcage  en  peu  de  terns  :  il  femble  me- 
nie  que  Vitruve  donne  cette  preparation  comme  generale  (a  ).  11  eft  nean- 
moins  peu  aife  de  concevoir  qu'on  piit  avoir  une  belle  couleur  pourpre 
par  ce  moven  :  la  matiere  des  excremens  de  I'animal  devoir  alterer  coniide- 
rablement  la  couleur  pourpre  lorfqu'oii  les  faifoit  chautfer  enlfemble  aprcs 
les  avoir  mtles  dans  I'eau ;  car  cette  matiere  qui  abonde  beaucoup  plus 
que  la  pourpre  ,  eft  elle-meme  coloree  dun  brun  verdatre  ,  couleur  qu'elle 
communiquoit  apparemment  a  I'eau,  &  qui  devoir  fort  changer  la  couleur 
pourpre  ;  car  j'ai  obferve  que  plus  on  enlevoit  de  chair  a  ranimal  en  lai 
etant  fa  liqueur ,  moins  la  couleur  qu'on  en  retiroit  etoit  belle. 

On  n'en  etoit  pas  quitte  dans  I'ancienne  preparation  de  la  pourpre  pour 
la  peine  que  I'on  avoir  eu3  a  enlevet  un  petit  refervoir  de  la  liqueur  a 
cliaque  buccinum  ;  on  jettoit  enfuice    tous  ces  petits  refervoits  dans  une 

(a)  Architeciurx  HI.  7,  Cap.  15. 


4CO  COLLECTION 

---— --;— -^^^  grande  qiuntite   d'eau  qu'on  metcoit  pendint  dix  jours  fur  un  feu  mode- 

AcAD.RoYALE  ^^  =  *■  o"  '^''T^'C  tout  cc  melange  fur  ie  feu  pendant  un  terns  fi  long,  ce 

DEs Sciences     n'ell  pas  qu'il  fiit  necelTaire  pour  donner  la  couleur  pourpre  a  la  liqueur; 

DE  Paris.       elle  la   prendroit  beaucoup  plus  vite  ,  comme  je  m'en  fuis  alTure  par  un 

.  .      ,  grand  nombre  d'experiences  ;  mais  il  falloit  en  feparet   les  chairs  ou  le 

'    petit  vailfeau  lui-meme  dans   lequel  la  liqueur  etoit  contenue  ;  ce   qu'on 

ne  pouvoit  faiie  fans  perdre  beaucoup   de  la  liqueur  ,  &c  en  faifant  dif- 

foudre  ces  chairs  dans  I'eau  chaude,  aii-delTus  de  laquelle  elles  montoient 

enfuite  en  ecume  qu'on  avoit   grand  foin  dorer. 

La  chaudiere  dont  on  fe  fervoit  etoic  detain  ;  on  fe  fert  encore  au- 
jourd'hui  de  femblables  chaudieres  pour  teindre  en  ecarlate  :  les  chau- 
dieres  de  cuivre  donneroient  une  couleur  qui  altereroic  celle  qu'on  veut 
avoir. 

Les  anciens  faifoient  difToudre  beaucoup  de  fel  matin  dars  I'eau  avec 
laquelle  ils  meloient  la  liqueur  des  buccinum  ou  des  pourpres :  je  ne  crois 
point  que  ce  fut  precifement  dans  I'idee  que  le  fel  marin  rendit  la  couleur 
plus  belle  ,  muis  peut-etre  ne  I'emploient-ils  que  pour  empecher  les  chairs 
qui  etoient  dans  la  chaudiere  ,  de  pourrir  pendant  le  long  terns  qu'elles  y 
devoient  refter ,  parce  qu'en  y  pourrilfant ,  elles  auroient  gate  la  couleur 
pourpre.  Deux  raifons  me  le  font  croire,  dont  la  premiere  eft  que  Ton 
ne  retire  point  de  belles  couleurs  des  buccins  ,  quand  on  les  lailfe  cor- 
rorapre  a  I'air  ou  dans  I'eau  ;  &  la  feconde  eft  fondee  fur  diverfes  expe- 
riences qui  m'ont  appris  que  le  fel  ne  rend  point  la  couleur  de  pourpre 
plus  belle.  Ayant  meie  une  certaine  quantite  de  liqueur  des  buccins  dans 
de  I'eau ,  &  ayanr  enfuite  fepate  cette  eau  teinte  de  la  liqueur  en  deux 
vafes  ,  dans  I'un  defquels  feulement  je  mettois  du  fel  ,  celle  dans  laquelle 
je  n'avois  point  mis  de  fel ,  me  paroifloit  toujours  du  meme  rouge  que 
I'autte. 

Comme  on  retireroit  la  liqueur  des  aufs  de  pourpre  fans  aucun  me- 
lange de  matiere  etrangere  ,  on  ne  feroit  point  oblige  de  la  teuir  pen- 
dant plufieurs  jouts  fur  le  feu  ,  ainfi  qu'il  falloit  le  faire  pour  feparer 
la  liqueur  des  buccinum  ,  des  chairs  qu'on  avoit  detachees  avec  elle  ,  ce 
feroit  encore  I'un  de  fes  avantnges  ;  fa  preparation  feroit  des  plus  fimples 
&  des  plus  faciles  ,  puifqu'il  fufliroit  d'expoler  cttte  liqueur  au  vent  dans 
des  vafes  larges  &C  pen  profonds ,  &  de  I'agitcr  dans  ces  memes  vafes 
avec  de  grands  batons,  cu  de  quelqu'autre  maniere.  Par  ie  moyen  de 
cette  agitafion  ,  route  la  liqueur  du  vafe  fe  trouveroit  expolee  fuccelTive- 
ment  a  lair  en  peu  de  tems  ,  &  par  confcquent  fe  coloreroit  fort  vite. 
Ce  que  nous  dirons  dans  la  fuite  feta  voir  encore  une  autre  utilite  de 
cette  agitation. 

Dans  le  Journal  des Savans  de  ifiSfi  ,  on  a  decrit  les  changemens  de  cou- 
leurs finguliers  qui  arrivent  a  la  liqueur  des  buccins  ,  &  que  les  anciens 
paroillent  avoir  ignores.  Si  au  lieu  de  detacher  le  vailTeau  qui  la  con- 
ti;nt  ,  comme  les  anciens  le  ptatiquoient  pour  faite  leur  teinture  pour- 
pre ,  on  ouvre  feulement  ce  vailFeau  ,  &  qu'en  le  ratilTant  on  lui  enleve 
fa  liqueur,  les  linges  ou  les  auttes  etoffes  ,  foit  de  foie  ou  de  laine  qui 
feront  imbibes  de  cette  liqueur ,  ne  feront  voir  d'abord  qu'une  eo^ileur 

jaunaire 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  401 

jaunatre  ;  m.iis  ces  mcmes  linges  expofes  a  une  chaleur  mediocre  du  fo-  T^^^lTi^^TTTS 
leil ,  telle  qu'elle  ell  Ic  matin  dans  I'ete  ,  prennenc  en  peu  d'heures  des  cou-  Acad.  Roy  ale 
leurs  bien  diftcrentes:  ce  jaune  commence  d'abord  a  paroitre  un  peu  plus     "es  Sciences 
verdure;  il   devient  couleur  de  citron  j  a  cette  couleur  de  citron  fuccede       ^^  1  aris. 
un  verd  plus   gai  :  ce   meme  verd   fe  change  en  un  verd  foncc  ,  qui  fe     Ann<e  17 n; 
termine  a  une  couleur  violette,  aprcs  laquelle  on  voit  enfin  un  fort  beau 
pourpre.  Ainli  ces  linges  arrivent  de   leur  premiere  couleur  jaunitre,  a 
une   belle  couleur  de  pourpre  en  pallant  par  tous  les  differens  degres  de 
verd. 

Ces  changemens  fe  font  d'autant  plus  vite ,  que  la  chaleur  du  foleil 
eft  plus  grande  :  a  peine  a-t-on  le  tems  de  les  appercevoir,  lorfqu'on 
^  expofe  les  linges  aux  rayons  du  foleil  a  midi  pendant  letc  ;  &  ils  font  inf- 
tantancs,  lorfqu'on  met  les  linges  au  foyer  d'ane  loupe.  Alors  la  couleur 
de  pourpre  paroit  tout  d'un  coup ,  &  fans  donner  le  tems  de  voir  les  cou- 
leurs  intermediaires  dont  nous  venons  de  parler. 

Au  refte  it  ne  faut  pas  croire  que  cet  etfet  foit  particulier  a  la  cha- 
leur du  foleil ,  comme  on  pourroit  le  foup^onner  en  lifant  le  Journal 
deja  cite  ,  oii  il  n'eft  parle  que  de  cette  chaleur  :  on  doit  artendre  le  me- 
me etfet  de  celle  du  feu.  Ayant  mis  fouvent  des  linges  fi  pres  du  feu  , 
qu'ils  auroient  brule  s'ils  neulTent  ete  mouilles  par  la  liqueur  des  buc- 
cins ,   je  leur  at  auHi  vu  prendre  dans  un  inftant  la  couleur  pourpre. 

Il  y  a  pourtant  un  fait  digne  de  remarque  j  c'eft  que  les  memes  degres 
de  chaleur  du  foleil  &  du  feu,  ne  font  pas  cipables  de  faire  les  memes 
efiets ;  il  faut  que  la  chaleur  du  feu  foit  beaucoup  plus  grande  que  celle 
du  foleil  pour  produire  Is  meme  changement  de  couleur  dans  la  liqueur  j 
I'expcrience  fuivante  me  I'a  appris.  Ayant  debye  de  la  liqueur  de  buccin 
dans  une  certaine  quantite  d'eau  ,  &  partagc  cette  jeau  teinte  par  la  li- 
queur en  deux  verres,  j'ai  expofe  un  de  ces  verres  aux  rayons  du  foleil, 
6.:  j'ai  place  I'autre  auprci  du  feu.  Lor/que  le  foleil  a  eu  donne  une  cou- 
leur pourpre  a  la  liqueur  fur  laquelle  fes  rayons  romboient ,  j'ai  cte  exa- 
miner celle  qui  etoit  aupres  du  feu  ;  a  peine  avoit-elle  commence  a  chan- 
g'?r  de  couleur  :  cependant  le  verre  qui  la  contenoir  etoit  fort  chaud,  & 
celui  qui  avoir  ete  expofe  z^  foleil,  n'avoit  pas  pris  une  chaleur  fenfible 
au  toucher.  De  plus  ,  ce  qui  avoir  ete  rougi  par  le  foleil  avoir  pris  conf- 
tamment  une  plus  belle  couleur  que  ce  qui  I'avoic  ere  par  le  feu. 

L'effer  que  produit  I'air  fur  la  liqueur  des  oeufs  de  pourpre  ,  m'a  engage 
jiaturellenient  a  rechercher  s'il  pourroit  auffx  ,  comme  le  foleil  ou  le  ^u  , 
faire  voir  les  divers  changemens  de  couleur  dans  la  liqueur  des  buccins  : 
j'ai  rrouve  qu'il  les  produifoit  ,  mais  moins  promptemenr.  Si  la  liqueur 
eft  epailfe,  rclle  qu'on  la  tiree-  de  fon  refervbir  ,  il  faut  I'expofer  a  un 
grand  vent,  &:  elle  prend  alors  en  peu  d'heures  fucceflivement  los  memes 
couleurs  qu'elle  prendroit  expofee  a  un  foleil  un  peu  chaud  ;  mais  lair 
agir  bien  plus  fenfiSlement  fur  cette  liqueur  ,'  lorfqu'on  I'a  dc'trempce 
dans  une  grande  quantite  d'eau  ;  fi  on  la  prefente  alors  au  grand  air,  <5c 
quelle  foir  .Tgitee  par  le  vent ,  elle  p  end  foi  t  vite  la  couleur  pourpre  ,  quoi- 
que  cepondant  plus  lehtement  que  la  liqueur  des  ccufs,  &;  fans  faire  voir 
auparavant  les  autres  couleurs  j  ce  qui  me  donnetoic  beaucoup  de  pen-  ' 

Turr.i  III ,  Parlit  Fran;oif(  £  J 


401  COLLECTION 

.  chant  a  regarder  la  liqueur  des  oeufs  de  pourpre  ,    &  celle  des  bnccinj, 

Acad.  RoYALE  comme  deux  liqueurs  d'une  mcme  efpece  qui  different  feulement,  en  ce 

"de  Par^s^*    1''^   ''""^   ^^   trouve    melee    avec    une  plus  grande   quantite  d'eau  que 

,  '       I'autre. 

Anme  171 1.  j^f^jj  e.xA.x^  comment  I'air  ou  la  chaleur  produifetu-ils  ces  changemens 
fur  la  liqueur  des  buccins  &  fur  celle  des  ceufs  de  pourpre?  Eft-ce  en 
changeant  Tarrangement  on  la  figure  de  leurs  parties,  ou  bien  en  leur 
otant  quelque  cliole  de  ce  qu'elles  avoient,  ou  en  leur  communiquant  quel- 
que  chofe  de  nouveau  ?  II  faur  necefTairement  admettre  I'une  de  ces  trois 
caufes  ;  mais  quelle  eft  la  veritable  ?  c'eft  ce  qui  m'a  paru  decide  par  I'ex- 
perience  fuivante. 

Je  mis  dans    une  longue  bouteille  de  verre  clair,    de   la  liqueur  de. 
buccin    delayee  avec  de  I'eau  \   (i  je  I'euife  mife  feule  ,   il   m'en  auroic 
fallu  une  grande  quantite  ,  ce  qui  m'auroic  donne   une   peine  fort  inu- 
tile :  cecte  eau  -teinte    de  la  liqueur  des  buccins  remplilloit  environ   le 
tiers  de  la  bouteille  ;  je  bouchai  bien   cette  bouteille  avec  un  bouchon. 
de  liege,   fur  lequel  j'appliquai  encore  de  la  cire ,   afin  d  oter  plus  fure- 
ment  toute  Communication  a  I'air  extcrieur  avec  la  liqueur  de    la  bou- 
teille. Il  eft  certain  qu'il  n'etoit  pas  mcme  befoin  de  tant  de  precaution 
pour  enipecher   que  I'air  ne  fit  pas  plus  d'imprellion  fur  cette  liqueur, 
que  lorfqu'elle  y  eft  expofee  au  milieu  d'une  chambre,  circonllance  dans 
laquelle  il  n'agit  pas  aflez  fut  elle  pour   la  faire  rougir.  Cette  precaution 
faite  ,  je  pris  le  parti  de  fecouer  fortement  ma  bouteille,  &  par  conf^- 
quent  la  liqueur  qui  etoit  dedans;  je  poulTois  continuellement  cette.  li- 
queur du  fond  vers  le  goulot ,   &:  du  goulot  vers  le  fond  :  or  pour  peu 
qu'on  entre  dans  mes  idees,  on  fe  perfuadera  que  cette  feule  experience 
ctoit  decifive  ;  car  fi  I'agiration  de  I'air  eft  capable  de  faire  rougir  la  liqueur , 
en  changeant  (implement  I'arrangement  ou  la  figure  des  parties  que  fair, 
en  mouvement,rouche  ,  il  eft  evident  qu'en  poulfant  ainfi  continuellem.enc 
la  liqueur  du  fond  vers  le  goulot  de  la  bouteille,   &  du  goulot  vers  le 
fond  ,  je  faifois  prccifcment  la  mcme  chofe  que   fi  j'eulfe  fait  mouvoir 
I'air  avec  vitefte  fur  la  furface  de  la  liqueur.    Je  devois  done  attendre  que 
la  liqueur  changetoit  fa  couleur  jaunatre  eii,  une  pourpre ,  fi  ce  change- 
ment  dependoit  de  I'effet  que  produit  I'air  fur  les  parties  de  cette  liqueur 
en  les  agitant  feulement  j  aufli  u'eft-il  pas  moins  evident  que  fi  I'air  devoir 
donner  ou  oter  quelque  chofe  a  la  liqueur  pour  la  faire  rougir,  elle  ne 
de¥oit  aucunement  changer  de  couleur  dans  cette  experience ,  puifque  , 
1 ".  le  bouchon  empechoit  I'evaporation  qui  auroit  pu  fe  faire ,   &  que  , 
2°.  il  n'etoit  pas  vraifemblable  que  la  petite   quantite    d'air   qui   reftoit 
dans  la  bouteille  ,  put  communiquer  alfez,  ou  de  fels,  ou  de  fouires  .a  la 
liqueur,  pour  y  caufer  quelque  changement ;  ou  plutot  etant  evident  que 
cette   quantite  d'air  ne   pouvoit   pas  contenir   afTez  de   ces  corps,  puif- 
qu'elle  etoit  certainemenr  moindre  que  la  quantite  d'air  qui  cit  iuccefli- 
vement  appliquee  fur  la  furface  de  la  liqueur  lorfqu'on  la  lailTe  a  decou- 
vert   dans  une  chambre  qui  ne  donne  pas  cependant  tout  ce  qu'il  fauc 
pour  faire  paroitre  le  rouge. 

Je  continual  done  d'agiter  ma  bouteille  de  liqueur  en  la  maniers  qje 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  40} 

j'ai  dir ,  &  aii  bout  dVnvivon  an  demi-quart  d'heure  ,  )e  vis  la  liqueur  de-  

venir  d'une  couIluc  pourpie ,  &:  par  confcqueiu  je  n'eus  plus  lieu  de  dou-   AfAD.RoYAi.E 
ter  c|ue  co  grand  clungeinent  dc  couleur  que  I'air  produifoit ,  ne  viiit  uni-     les  Sciences 
quement  de  ce  qu'eii  agicant  les  parties  infenlibles   de  cette  liqueur,  il       "^^  1  aris. 
changeoit ,  6u  leur   figure,  ou  I'arrangemeiu  de   leurs  parties ,  fans  rien    Aimk   171 1. 
ajouter  a  la  malfe  de  la  liqueur,  &  fans  lui  rien  oter.  Il  faut  que  ce  chan- 
gement  foit  bieu  aifc  a  faire,  puifqu'tine  11  foible  aiftion  eft  capable  de  le 
produire. 

Queique  petite  qu'eiit  ete  la  quantite  d'air  que  j'eutTe  laiflTe  dans  la 
boutoille,  la  liqueur  auroit  cert?inement  rougi  pat  I'agitation  ,  quoique 
peut  ctre  plus  lentement  :  fi  Ton  en  doutoit,  je  le  prouvcrois  par  une  ex- 
perience que  je  n'ai  pas  faite  3  delTein  de  le  prouver.  Ayant  mis  dans 
deux  bouteilles  de  la  liqueur  de  buccin ,  delayce  avec  dc  I'eaa  j  apr^s 
avoir  bouchc  ces  bouteilles  pour  conferver  la  couleur  naturelle  de  la  li- 
queur ,  je  les  apporrai  ici  du  bord  de  la  nier  :  ayant  regarde  ces  deux  bou- 
teilles a  mon  arrivee  ,  j'apper^us  que  la  couleur  de  1  une  n'avoit  change 
en  aucune  fa^on  ;  aufli  celle-la  etoitelle  reftec  pleine  ;  mais  la  couleur 
de  i'autre  ctoit  devenue  un  pen  rouge,  &  cela,  parce  que  s'etant  trouvee 
moins  bien  bouchee  ,  environ  la  liuitieme  partie  de  la  liqueur  en  ctoit 
fortie  :  les  chocs  du  carrofle  avoient  alors  fair  le  meme  effer  fur  la  liqueur 
qui  etoit  reftee  dans  la  bouteille  ,  que  les  differentes  fecoulfes  que  j'arois 
donnees  a  I'autre  liqueur  dans  I'experience  precedente. 

Au  refte  ,  diverfes  experiences  communes  nous  font  alTez  voir  que  I'aic 
feul  eft  capable  de  produire  de  grarids  changemens  dans  les  couleurs,  Sc 
qu'il  eft  propre  fur-tout  a  augmenter  la  vivacite  du  rouge.  On  fait  que 
le  fang  ell  plus  ou  moins  colotc,  felon  qu'il  eft  forti  plus  ou  moins  len- 
tement de  la  veine  j  que  celui  qui  eft  tombe  dans  I'adi^tte  qui  foutient 
les  palettes,  eft  toujours  d'un  plus  beau  rouge  que  celui  qui  eft  dan>  la. 
palette ,  c'eft-a  dire ,  que  celui  qui  a  ete  plus  expofe  aux  imprefllons  de 
i'air  ,  a  pris  une  couleur  plus  vive. 

Aprcs  avoir  vu  aufti  clairement  que  nous  venons  de  le  voir,  que  I'air 
ne  fait  changer  la  couleur  des  buccins  ,  que  parce  qu'il  fait  changer  la 
tigute  ou  I'arrangement  des  p.irties  de  cette  liqueur,  il  ne  feroit  gueres 
raifonnable  d'aller  recourir  a  une  autre  cnufe  pour  expliquer  par  quel 
nioyen  la  chaleur  du  feu,  ou  ceile  du  foleil,  font  prendre  fucceifivemcnt 
diverfes  couleurs  aux  etoffes  fur  lefquelles  on  a  etendu  le  fuc  des  buccins 
affez  epais ;  effet  que  I'air  produit  aulli ,  quoique  moins  vite ,  comme 
nous  I'avons  dit.  On  fait  alfez  que  la  chaleur  eft  capable  de  mettre  dans 
une  grande  agitation  toutes  les  parties  infenfibles  des  corps  ,  ou  plutot  que 
ce  n'ert  que  par  la  qu'elle  echauffe  ;  &c  c'eft  par  cette  meme  agitation 
qu'elle  donnc  la  couleur  de  pourpre  a  la  liqueur  des  buccins ,  puifqu'oti 
peut  produire  le  meme  efFet  par  une  agitation  purement  mcchanique. 

Lorfquc  cette  liqueur  eft  fort  eoaiile ,  I'air  ou  la  chaleur  ne  peuvent 
pas  faire  tout  d'un  coup  tout  le  changement  qui  eft  neceffaire  pout  la 
rendre  rouge  ,  foir  qu'ils  ne  changent  alors  La  figure  que  de  certaines  par- 
ties de  cette  liqueut ,  foir  quils  ne  puillent  leiK  donncr ,  etant  moins  fa- 
ciles  a  mouvoir ,  precifemenc  la  meme  figure  qu'ils  leur  donnent  enfuite  j 


^04 


COLLECTION 


^[TB  — »  ^  i\s  font  alors  feulement  ce  qui  eft  neceffaire  pour  nous  faire  paroirre 

Acad.  Royale  fucceflivement  differens  verds  plus  ou  moins  eloignes  du  jaune ,  felon  qu  ils 
DES  Sciences    ont  agi  plus  long-tems. 

DE  Paris.  jj  ^^'^^\  ^^^  furprenant  que  la  chakur  produife  fort  vite  fur  cette  liqueur 

Annk  171 1,  lorfqu'elle  eft  cpailfe  ,  un  changement  que  I'air  n'y  peat  faire  que  lence- 
menc  :  les  parties  du  feu  trouveiu  toujours  des  chemins  ouverts  \  il  leuc 
eft  aife  de  s'iiifinuer  dans  des  endroits  ou  I'air  ne  peut  aller ,  &  par  con- 
fequent  d'agirer  toutes  les  parties  de  la  liqueur,  pendant  que  I'air  n'y  fait 
qu'une  Icgere  impreflion  :  on  voit  nieme  que  fi  cette  liqueur  devient  fe- 
che  ,  avanc  que  les  cliangemens  de  couleurs  lui  foient  arrives,  il  doit  etre 
tres-difficile  a  I'air  de  les  produire.  En  foiifllant  fur  un  corps  folide  ,  il 
ne  peut  gueres  ainrer  les  parties  infenfibles  de  ce  corps ,  &  la  liqueur  feche 
eft  un  corps  folide  j  aulli  ppur  voir  paroitre  avec  le  feul  fecoiirs  de  I'air, 
en  peu  de  terns  ,  tous  les  differens  verds  par  lefquels  pafte  la  liqueur  jauns 
etendue  fur  des  linges  avant  que  de  devenir  pourpre,  il  faut  fe  donner  le 
foin  de  mouilier  un  peu  ces  linges  auflitot  qn'on  remarque  qu'ils  com- 
mencent  a  fecher  ;  on  donne  par  la  plus  de  prife'  a  I'air  fur  ks  parties 
infenfibles  de  cette  liqueur  qui  fait  voir  fort  vite  par  ce  moyen  les  dif- 
R-rcns  changemens  de  couleurs. 

On  trouvera  peutctre  plus  de  difficultc  a  concilier  les  premieres  expe- 
liences  que  nous  avons  faites  fur  la  liqueur  des  oeufs  de  pourpre  ,  avec 
celles  que  nous  avons  faites  fur  la  liqueur  des  buccins.  Nous  avons  die 
au  commencement  de  ce  Mcmoire  que  nous  avions  inutilement  approche 
du  feu  des  linges  imbibes  de  la  liqueur  des  ccufs  ;  que  meme  de  la  liqueor 
contenue  dans  une  tafle  de  fayance  avoit  pris  aupres  du  feu  une  confif- 
tance  folide  fans  changer  de  couleur  :  que  fuit-il  pourtant  de-la  ?  c'eft  que 
I'air  &  la  chaleur  du.feu  peuvent  changer  I'arrangement  ou  la  figure  des 
parties  de  la  liqueur  des  buccins ,  &;  que  I'air  feul  change  I'arrangement 
&  la  figure  des  parties  de  la  liqueur  des  oeufs  de  pourpre.  Une  afticn 
plus  foible  eft  capable  de  faire  impreflion  fur  cette  derniere ,  elle  fe  colore 
a  I'air  plus  promptement  que  I'aurie  ;  apparemment  que  la  chaleur  du  feu 
en  fait  cvaporer  trop  vite  ce  quelle  a  d'aqueux  ,  &  qu'enfuite  fes  parties 
acquierent  trop  de  conliftance  pour  etre  remuees  dune  maniere  conve- 
nable. 

L'odorat  fait  appercevoir  defagreablement  le  plus  ou  le  moins  d'afticn 
du  foleil ,  ou  de  notre  feu  fur  la  liqueur  des  buccins  lorfqu'elle  s'echauffe  : 
on  fent  une  fort  mauvaife  odeur ,  tres-approchante  de  celle  de  fail ,  comm« 
on  I'a  remarque  en  Angleterre  j  elle  eft  d'autant  moins  fupportable  ,  que  k 
chaleur  du  feu  ou  celle  du  foleil  font  plus  grandes. 

Ayant  mele  de  I'huile  de  tartre ,  du  fyrop  violat  ,  de  I'efprit  de  vitriol 
avec  la  liqueur  des  buccins  ,  ces  melanges  ne  produifirent  aucun  chan- 
gement dans  cette  liqueur  II  n'en  fut  pas  de  mcme  du  fubiime  corrofifqne 
j'employai  enfuite  j  une  feule  goutte  de  fa  diffokuion  ,  que  je  jettai  fur  un 
iinge  teint  du  fuc  des  buccins,  donna  aufti  vite  la  couleur  de  pourpre- a 
ce  Iinge  ,  que  les  rayons  du  foleil  raiTemblcs  au  foyer  de  la  loupe  ,  ou 
la  plus  grande  chaleur  du  feu  auroienr  pu  la  lui  donner.  Cette  experience 
s'accommode  afteiavec  toutes  celles  que  nous  avons  rapponees  jufqu'ici;. 


E 


A  C  A  d6  M  I  Q  U  E.  405 

tar  foit  que  Von  regarde  avec  la  plupart  des  Chymiftes  le  fublimc  corro-  ■ 

fif  comme  forme  par  uiie  infinite  de  perites  boules  de  mercure  herilFees  Acad. Royal 
de  pointes  de  fel  ;  foic  cju'on  limagiiie  de  quelqu'aurre  figure  ,  pourvu     dzs   Sciences 
qu'on  fe  le  reprelente  comme   trcspropre  a  ronger  les  corps  ,  ce  qu'on       "^  1'ar.is. 
doit  necelFairetfient  faire  admettre  ,  il  elt  aife  de  voir  qu'il  a  pu  faciitment    Annii    1711. 
changer  la  figure   des  parties   infenlibles  de   la  liqueur  des    buccins.  La 
couleur  pourpre   que  donne  cependant  le  fublime,  n'eft  pas  prccifemenr 
la  mcme  que  celle  que  I'air  ou  l.i  chaleur  font  paroitre  ;  la  premiere  appro- 
che  plus  du  violer. 

Aulfi  arrive-t-il  que  fi  ,  au  lieu  de  jetter  du  fublimc  corrofif  fur  de  la 
liqueur  epaiffe,  telle  quecoit  celle  de  I'experience  precc'dente  ,  on  en  vcrfe 
fur  cette  mcme  liqueur  dclayee  dans  une  grande  quantirc  d'eau  ,  le  fublime 
corrofif  donne  une  couleur  blcue  a  I'eau  ,  qui  ,  expofee  au  foleil  ou  a 
I'air  ,  auroit  pris  une  couleur  rouge.  Quoique  mcme  on  expofe  au  foleil 
ou  au  vent  I'cau  teinte  fur  laquelle  on  a  verfe  ce  fublimc,  elle  ne  prend 
pas  pour  ccla  une  autre  couL-ur  que  la  bleue-,  or  il  e(l  a  remarquerque 
cette  couleur  bleue  n'elt  point  de  cellcs  que  Ton  appergoit  dans  Its  divers 
changemens  ,  par  lefquels  palfe  la  liqueur  fur  laquelle  le  folgl  ou  lair 
agilTent.  Si  dans  le  mcme  verre  oii  Ion  a  mis  la  liqueur  de  buccin  de- 
layee  dans  une  grande  quantite  d'eau  ,  il  refte  en  quelques  endroits  de 
cette  mcme  liqueur  plus  cpailfe  ,  comme  il  arrive  lorfqu'on  a  jette  quelque 
morceau  de  chair  de  I'animal  fur  lequel  cette  liqueur  eft  attachee  ,  ce  qui 
fe  trouve  de  liqueur  epailfe  prend  une  couleur  de  pourpre  tirant  fur  le 
violet ,  pendant  que  le  refte  dcvient  bleu. 

L'eau  perd  bientot  la  couleur  bleue  que  lui  a  donnee  le  fublimc  ,  &: 
cela  parce  que  la  liqueur  du  buccin  fe  prccipite  au  fond  du  vafe  apres  avoir 
patu  allemblee  en  differens  endroits  en  des  efpeces  de  filamens  bleus  ,  • 
tels  qu'on  en  voir  de  verds  dans  la  plupart  des  eaux  qui  croupilllnt  :  tous 
ces  filamens  tombent  au  tond  du  verre  ,  &  l'eau  demeure  audi  claire 
qu'elle  I'elt  naturellement.  Au  refte,  quelque  quantite  que  Ton  mette  de 
fublime  ,  il  donne  toujours  la  couleur  pourpre  lorfque  la  liqueur  eft  cpaille , 
&  la  blcue  lorfqu'elle  elt  delayee. 

La  liqueur  des  oeufs  de  pourpre  eft  d'un  gouc  fale.  Je  n'ai  pu  faire  fur 
cette  liqueur  les  experiences  que  j'ai  faites  fur  I'autre  avec  le  fublime  corro- 
fif; on  ne  trouvoit  point  d'ccufs  pleins  au  commencenienr  de  I'ete ,  cui 
eft  le  tems  ou  je  I'employai  fur  la  liqueur  des  buccins. 

Cette  liqueur  de  buccin  eft  d'un  gout  tres  different  de  celui  des  oeufs 
de  pourpre  ;  elle  fait  la  mcme  impreffion  fur  la  langue  qu'y  pourroit  faire 
le  poivre  Ic  plus  violent.  11  fuffit  pcur  fentir  cette  impredion  d'y  mettre 
rres-peu  de  liqueur  j  un  inftant  apres  on  fent  I'endroit  de  la  langue  ou  elle 
a  etc  appliquee  tout  en  feu.  C'eft  pour  cette  raifon  que  les  gens  qui  de- 
meurent  auprcs  des  cotes  de  la  mer  ne  mangent  point ,  ou  mangent  rare- 
ment  de  cette  efpece  de  limacon  ,  quoiqu'ils  recherchent  avec  foin  toutes 
les  autres  efpeces.  lis  trouvent  qu'elle  a  un  goiit  trcs-poivre  ;  mais  ils  s'i- 
maginent  que  c'eft  la  matiere  des  excreniens  qui  donne  ce  goiit  piquant ; 
il  ne  lui  vicnt  cependant  que  de  la  liqueur  propre  a  teindre  en  pourpre. 

A  I'egard  de  I'ufage  que  Ton  pourroit  faire  de  cette  iiouvelle  teinture , 


4©  J 


COLLECTION 


tout  ce  que  je  puis  dire  a  prefent ,  c'eft  qu'au  commencement  de  I'hi-" 
Acad.  RoYALE  ver  on  trouve  une  quantite  tres-confideiable  de  ces  oeufs  fur  nos  cotes 

DEs  Sciences  de  Poitou  ;  qu'en  peu  d'heures  un  homme  pent  en  ramafler  plus  d'un 
DE  Paris.        demi-boifleau  ,  ce  qui  fourniroit  beaucoup  de  liqueur,   &  ajouter  qu'il 

Jnnk  171 1.  !"£  paroit  du  moins  fort  certain  qu'on  poiirroit  retirer  de  ces  oeufs  plus 
d'utilite  que  les  Anciens  n "en  retiroient  des  buccins;  car  il  y  a  incompa- 
rablement  plus  de  ces  ceufs  que  de  ces  coquillages ,  &  on  en  auroit  leur 
liqueur  beaucoup  plus  aifement.  J'ajouterai  enfin  que  la  couleur  de  cette 
liqueur  paroit  parfaitement  belle  fur  le  linge,  &  que  dans  le  gout  ou  Ton 
eft:  a  prefent  pour  les  toiles  peintes,  on  pourroit  s'en  fervir  avec  fucces 
pour  imprimer  fur  du  linge  routes  fottes  de  deflfein.  Cette  liqueur ,  aufli 
bien  que  celie  des  buccins,  y  feroit  d'autant  plus  propre  ,  quelle  ne  s'e- 
tend  point  par  dela  I'endroit  ou  on  I'a  pofee ,  de  forte  quelle  pourroit 
toujours  tracer  des  traits  precis  &  des  figures  dift;in6les. 


A  C  A  D  ^  M  I  Q  U  E.  407 


.  .         x^7  /•  ■  r  ACAD.ROYAIE 

Suiu  des  Obfervations  fur  k  mauvement  progrJfif  dc  qudaucs    ue^  Sciences 
Coquilla^LS  dc  men  ^^  Paris. 


Par   M.    D  E    Reaumur, 


'Annit 


1711. 


DES    COUTELIERS    OU    COUTEAUX. 

,1  lES  coquillnges  dont  nous  voulons  parler  ,  font  connus  fur  les  cotes 
d'Aunis  &  dc  Poitou  fous  le  nom  de  couteliers ,  &  Rondelet  les  appelle 
des  couteaux ;  ils  doivent  I'un  &  I'autre  de  ces  noms  a  la  fioure  de  leur 
coquille  qui  reirenible  en  efflt  a  un  manche  de  couteau.  (  Pi.  IX    Fi"    // 

Si  Ion  avoit  envie  de  leur  donner  un  nouveau  nom  qui  reprefentat  en 
nieme  terns  une  image  de  la  coquille  des  couteliers  &  des  parties  qu'iis 
lailTcnt  voir  ea  certaines  circonftances ,  celui  de  feringue  conviendroic' 
afTez  ;  il  ne  faut  pour  s'en  convaincre  que  jetter  les  yeux  fur  la  Fig.  I 
(PL  IX).  La  coquille  forme  un  tuyau  ou  cylindre  creux  CCCC  ,  fem- 
blable  a  celui  du  torps  d'une  feringue  ;  la  partie  clianiue  qui  fort  de 
fon  ouverturc  intcrieure  femble  en  etre  le  pifton  IP,  &  I'aucre  partie  QO 
charnue  qui  fort  de  I'ouverture  fuperieure  ,  reprefente  un  tuyau  adaptc 
a  I'ouverture  d'une  feringue  ,  avec  cette  feule  dilTcrence  que  rexttemiie 
du  tuyau  patoit  un  peu  renflee. 

Pour  doi-,ner  neanmoins  une  idee  exade  de  la  figure  de  la  coq'.iil!e, 
nous  ne  devons  pas  la  laitTer  regarder  comme  un  cylindre  crcux,  ou  bien 
nous  devons  ajouter  qu'elle  eft  compofee  de  deux  pieces  qui  font  les  dsux 
moities  d'uii  cylindre  creux  a  bafe  elliptique,  divifc  felon  fa  lon"ueur.  Ces 
deux  pieces  font  attachees  I'une  a  I'autre  ptes  de  I'ouverture  par  hquelle 
fort  la  partie  que  nous  avons  comp:irce  au  pifton  d'une  feringue  L  [Fig.  II]. 

Le  ligament  a  relfort  qui  attache  les  coqailles  des  huitres,  des  moules, 
nous  exempte  de  parler  de  celui  qui  joint  ces  deux  pieces,  il  n'tn  eft  poinc 
different. 

Depuis  re  ligament  jufqu'a  I'autre  bout  de  la  coquille  ,  il  y  a  une  mem- 
brane collte  au  bord  de  I'une  &  de  I'autre  de  ces  pieces ;  elle  auomente  de 
largeur  a  mefure  qu'elle  s'eloigne  de  I'endroit  d'oii  elle  tire  fon  origine ; 
de  forte  qu'elle  forme,  vue  extcrieurement ,  un  triangle  pofcellc  dont  la 
bafe  a  environ  deux  lignes  [Fig.  II ,  LNN);  elle  relfemble  par  fa  con- 
fiftance,  fa  couleur  &  fon  epailfeur,  a  un  morceau  de  parchemin  ;  elle 
eftelaftique  &:  mufculeufe  ,  aufti  ferr-elle  a  rapprocher  I'un  de  I'auire  les 
bords  des  pieces  de  la  coquille  auxquclles  elle  eft  collee. 

Une  membrane  de  mcme  nature  que  la  prccedente ,  eft  auffi  collee  nux 
bords  de  ces  deux  pfeces  du  c6ce  oppofe  a  celui  que  nous  venons  de  confi- 
dtrer ;  elle  eft  cgalement  large  a  1  un  &■  a  I'autre  de  fes  bouts ;  die  fere 
audi  a  approchet  I'une  de  I'autre  les  deux  pieces  de  la  coquille  M  M  mm 


408  COLLECTION 

■      ^^^^^^  {Fig.  III).,  fon  reflorc  tend  i  la  plider  en  differens  plis  paralleles  a  U 

■Acad.  RovALE  longueur  de   la  coquille ;  ces  plis  s'effacent  lorique  la  coquiUe  eft  autant 

Dis  bcinNCBS     Q^,verte  quelle  le  peuc  ttre  ,  c'eft-a-dire  quand  les  bords  des  deux  pieces 
DE  Paris.       ^        ,-,i  '     i,        I'l.  J     j  ■     i-  '■ 

.      ,  font  diftans  1  un  de  1  autre  de  deux  ou  trois  lignes. 

"  '"'^^  iji^.  De  la,  il  eft  clair  que  quoique  la  coquille  s'entr'ouvre  ,  le  corps  de  I'ani-  "> 
mal ,  ou  plutot  fes  parties  interieures  ne  font  point  pcur  cela  vifibles.  ni 
a  decouverr.  Les  deux  membranes  que  nous  venons  de  decrire ,  formenc 
avec  les  deux  pieces  de  la  coquille  une  efpece  d'ctui  dans  lequel  les  parties 
interieures  font  toujours  renfermees  j  il  n'y  a  que  les  parties  qui  fe  trou- 
vent  proche  des  bouts  du  cylindre  ou  de  la  coquille  qui  puiftent  fortir  SC 
fe  laili'er  voir. 

Les  couteliers  vivent  dansle  fable  ,  ouils  s'enfoncent  fouvent  a  plus  d'un 
pied  &  demi ,  ou  deux  pieds  de  profondeur  :  la  longueur  de  leur  coquille 
eft  alors  dans  une  pofition  a-peu-pres  verticale.  De  terns  en  terns  ils  re- 
inontent  du  fond  de  leur  trou  jufqu'au  delTus  du  fable,  de  fagon  nean- 
moins  que  la  partie  inferieure  de  leur  coquille  y  refte  toujours  enfoncee  ; 
ils  rentrent  enfuite  fous  le  fable  :  c'eft  a  s'enfoncer  dans  le  fable  &  a  re- 
nionter  un  peu  audelfus ,  que  confifte  tout  leur  mouvement  progreflif , 
lequel  par  confequent  fe  reduit  a  parcourir  un  pied  &  demi  ou  deux  pieds 
de  hauteur  verticale. 

Depuis  la  furface  fuperieure  du  fable  jufqu'a  chaque  coutelier,  il  refte 
un  trou  qui  leur  donne  une  libre  communication  avec  I'eau.  Les  ouver- 
tures  de  ces  trous  font  prcfches  les  unes  des  autrcs;  on  les  apper^oit  aife- 
ment,  lorfque  dans  les  grandes  marees  ,  la  mer  a  lailfe  a  decouvert  le 
fable  habite;  il  n'y  a  pas  a  craindre  qu'on  les  confonde  avec  les  ouver- 
tures  des  trous  des  coquillages  que  nous  avons  examines  ailleurs;  celles- 
Ir.  font  rondesj  &  les  ouvertures  des  crous  des  couteliers  font  oblongues  , 
TT,  &rc.  {Fig.  IF) ,  ou  plus  exadtement  eiles  font  n-peu-pres  femblables 
a  une  entree  de  ferrure.  II  n'y  a  que  pendant  les  grands  vents  que  ces 
trous  foient  difticiles  a  reconnoitre  ,  parce  que  les  grands  vents  agitent  le 
fable  &  en  bouchent  leurs  ouvertures. 

Quand  la  mer  s'eft  retiree  ,  les  couteliers  fe  tiennent  pour  I'ordinaire 
fort  avant  fous  le  fable  :  pour  les  attirer  fur  fa  furface  ,  les  Pt-cheurs  fe  fer- 
vent d'une  adrelfi;  qu'on  ne  fera  peut-ctrepas  fache  d'apprendre  :  ils  jettent 
une  pincee  de  fel  dans  chaque  trou;  a  peine  ce  fel  y  eftil  tombc,  qu'on 
appercoit  du  mouvement  dans  le  fable  qui  en  entoure  I'ouverture  :  moins 
dune  minute  apres ,  on  voir  le  coutelier  s'elever  &  fortir  en  partie  de  ce 
trou  :  environ  la  moitiede  fa  coquille  en  eft-elle  dehors  F  D  {Fig.  F) ,  que  le 
Ptcheur  n'a  qu'a  le  prendre  ,  mais  il  doit  prohter  promptement  de  I'occa- 
fion  ,  elle  ne  dare  qu'un  inftant ;  le  coutelier  fe  renfonce  dans  fon  irou 
peu  aprts  qu'il  en  eft  forti ;  fi  le  Pccheur  le  manque  ,  foit  qu'en  fe  preftant 
jl  ne  le  touche  que  de  cote,  foit  qu'il  ne  le  tire  pas  alfez  fort,  le  cou- 
telier rentre  fubitement  pour  ne  plus  fortir;  quelque  nouveau  fel  qu'on  lui 
jette ,  il  connoit  le  piege  qu'on  lui  a  tendu  &c  refte  dsns  (on  trou.  Une 
preuve  qu'il  connoit  le  danger ,  c'eft  que  de  nouveaii  fel  le  feroit  fortir  fi 
on  I'y  eiit  lailfe  rentrer  fans  le  toucher  ;  mais  fi  on  I'.i  touche,  il  faut  avoir 
f  ecours  a  des  fermens  d'un  pied  &  demi  ou  deux  pieds  de  long ;  les  Pe- 

cheurs 


A  C  A  D  t  M  I  Q  U  E.  409 

cheurs  Ics  appellent  des  dar  Js  ou  des  dardiUons ;  ce  font  en  efFet  des  efpeces      ■  ■ 

de  dards  ou  de  longs  fers  termines  en  pointe  j  on  les  enfonce  jufqu'au  def-  ^(-ad  Royale 
foils  de  r.-inimal,  Sc  on  I'eiileve  de  force.  j,£s  Scienxes 

Si  les  coinelicrs  fortent  de  leur  trou  lorfqu'on  y  a  jette  du  fel ,  c'eft  pour  de  Paris. 
fe  dclivrer  d'line  inaciere  done  les  picoteniens  les  incommodent.  Pour  em-  Armee  lyiz, 
peclier  ce  fel  d'entrer  dans  leur  coqiiille  &  au  milieu  de  leurs  corps  ,  ils 
reriTient  autuiu  qu'iis  pcuvenc  les  deux  ouvertures  O  O  ,  (  Ftg.  V) ,  Icfqutl- 
les  (one  au  bout  de  la  parcie  chnrnue  qui  fort  par  I'ouverture  fupcrieure  de 
l.icoquille;  ils  froncent  ce  bout  comme  une  bourfe,  &  lui  forment  une 
efpece  de  ttte  arrondie  D  ,  figure  fort  ditFcrente  dc  celle  qua  la  meme  par- 
tie  lorfque  ie  coutelier  s'cleve  au  delfus  du  fable  fans  y  avoir  ete  contraint. 
Dans  cette  derniere  circonftance ,  elle  paroit  conipolce  de  deux  tuyaux 
adoffes  AHC,  aHC  {f'g.  l^i) ,  ou  fcpares  I'un  de  I'autre  par  une  mem- 
brane ;  lis  font  voir  ciiacun  une  alfez  large  ouverture  dont  le  contour  eft 
legerement  decoupc  a  A  {Fig.  f'l);  une  de  ces  ouvertuces  eft  plus  grande 
que  I'autre,  audi  les  deux  tuyaux  ne  font-ils  pas  d'egale  grolfeur ;  ils  fonc 
tons  deux  plus  gros  a  leur  origine  que  vers  leur  extrcmite. 

Une  pteuve  evidente  que  le  fel  caufe  des  picotemens  douloureux  a  ces 
coquilUges,  quoique  uniquement  nourris  d'eau  fa  lee  ,  c'cft  que  par  fa 
cortofion  ,  il  fepare  ,  il  divife  en  plufieurs  parties  les  tuyaux  dont  nous  ve- 
nons  de  parler  ;  ils  font  cliacun  compofes  de  quatre  a  cinq  anneaux  ,  de 
quaere  a  cinq  portions  de  cyhndres  creux  d'inegales  hauteurs,  appliquces 
les  unes  fur  les  autres;  de  petites  rayes  creufes  &  circuiaires  CC  HH  ZZ, 
{fig.  f^l),  marquent  le  contour  de  cliacune  de  ces  differentes  portions  , 
ou  bien  Tendroit  ou  une  des  fuperieures  ell  pofee  fur  une  des  inkrieures  : 
or  fi  ayant  ote  un  coutelier  de  fon  trou,  on  jette  quelques  grains  de  fel 
fur  I'endroit  ou  un  de  ces  animaux  eft  applique  fur  un  autre,  par  excmple 
tout  antour  de  I'endroit  marquci  Cc  (  / '^.  ^■^)>  I'lmprellion  que  ce  fsl  y 
fait  eft  fi  forte,  que  la  partie  (upeneure  fe  detache  dans  I'lnftant  de  la 
partie  inferieure;  fouvent  elle  tombe  a  terre  d'elle-meme,  ou  au  plus  il 
luHic  de  la  roucher  legerement  pour  I'obliger  a  fe  feparer  de  celle  a  iaquelle 
elle  ctoit  jointe. 

Le  contour  du  morceau  qui  fe  derache  par  ce  moyen  ,  eft  tres-arrondi ; 
fon  epailTcur  eft  marquee  par  une  furtace  plane ,  comme  on  le  peut  voir 
dans  la  Fig.  Vll ,  qui  reprefente  dctachee  la  partie  qui  eft  depuis  CC  juf- 
qu'en  Aa  {Fig.  VI)  :Bb  {Fig.  VII),  eft  le  contour  qui  ctoit  pofe  en 
CO.  Si  au  lieu  de  mettre  le  fel  en  CC  ,  on  Teiat  mis  en  HH  ,  on  eCit  fe- 
pare la  partie  HH  Aa,  il  en  arrive  de  mcme  aux  joniflions  des  autres  an- 
neaux dont  les  deux  tuyaux  font  compofes  :  c'eft  ce  que  le  coutelier  tache 
d'cviter  en  fortant  de  fon  trou  ;  il  jette  dehors  ce  fel  qui  peut  lui  faire 
rant  de  mal  j  inais  le  danger  d'etre  pris  lui  paroit  encote  un  mal  plus  re- 
doutable  ,  puifqu'il  ne  fort  plus  de  fon  trou  ,  quelque  quantite  de  fel  qa'on 
lui  jette  ,  cles  qu'il  a  ete  averti  des  enibuches  qu'on  lui  tend. 

L'ufage  de  ces  deux  tuyaux  eft  le  meme  que  celui  de  divers  autres  tuyaux 

dont  nous  avons  parle  dans  le  Memoire  precedent ;   Us  fervent  aux  cou- 

teliers  a  refpirer   I'cau  :    il  m'a  paru  que  taiitot  ils  I'attiroient  par  I'un  &  la 

jertoient  par  I'autre,  Sc  que  tautot  ils  la  jectoient  par  celui  ci,  &:  I'atti- 

Tomc  III ,   Piuut  Fran^oifc,  F  3 


410  COLLECTION 

.,L       *—  roient  par  celui  IJ  :  leurs  ouvertures  inferieures  fe  terminent  a  peu  de  dif- 
4    .     r>  tance  du  bout  fuperieur  de  la  coquille  :  ils  ne  paroilTent  ctre  qu'iine  con- 

ACAD.ROYALE  ,      ,       '  1       '  ■  I   '  1  ^       J      1.      - 

DES  Sciences     tmuation  de  la  peau  on  membrane  qui  enveloppe  tout  le  corps  de  1  ani- 
CE  Paris.        f"al ,  comme  on  pent  le  remarquer  dans  la  Fig.  Fill  qui  reprefente  une 

^      ,  coquille  ouverte,  parce  qu'on  a  coupe  la  membrane  qui  eft  attachee  aur 

'7'^"  deux  bords  de  la  coquille  MM  mm  {Fig.  III).  Cette  membrane  etanc 
coupee  ,  les  tuyaux  fe  raccourciffent  en  formant  plulieuts  plis  horifontaux  , 
comme  on  le  voit  en  E  E  II  ( Fig.  VILI). 

Apres  qu'on  a  tire  un  coucelier  de  fon  trou ,  fi  on  le  couche  fur  le 
fable  ,  on  voit  bientot  comment  il  fe  prepare  pour  execucer  fon  mou- 
Vement  progrelfif.  Il  fait  fortir  de  fa  coquille  une  petite  partie  platte, 
marquee  P  ,  (^Fig.  III).  Mais  pour  mieux  connoitre  cette  partie  d'oir  de- 
pend tOLite  la  mechanique  que  nous  voulons  expliquer,  il  faut  conflderer 
la  Fig.  yill ,  qui  reprefente  le  coutelier  ouvert ,  on  y  voit  une  partie  LP 
prefque  audi  longue  que  Ki  moitie  de  la  coquille  j  fa  figure  eft  cylindrique, 
a  cek  pres  que  fes  extrcmires  fe  terminent  en  pointe  :  c'eft  une  elpece 
de  battant  de  cloche  ,  je  veux  dire  qu'elle  eft  fufpendue  vers  le  milieu  du 
corps  de  I'animal  par  un  ligament ,  mais  tout  le  refte  de  cette  partie 
n'eft  point  adherent  aux  autres  parties;  elle  eft  la  jambe  du  coquillage  , 
comme  nous  I'allons  voir.  Si  Ion  confidere  done  le  coutelier  pofe  de  fon 
long  fur  le  fable,  comme  nous  I'y  avons  mis  dans  la  Fig.  HI,  on  ap- 
pergoit  qu'il  fait  fortir  I'extremite  de  cette  partie  environ  jufqu'a  un  demi- 
pouce  ou  un  pouce  du  bout  de  fa  coquille  \  il  ne  fe  contente  pas  de  I'al- 
longer,  il  change  fa  figure  ronde  en  une  figure  platte,  terminee  en  pointe 
p,  [Fig.  Ill) ,  Sc  trahchante  en  quelque  fagon  par  les  bords;  il  fe  fere 
alors  ,  ou  du  tranchant^r  de  cette  partie,  ou  de  fa  pointe  pour  s'ou- 
vrir  un  chemin  dans  le  fable.- 

L'ouverture  faite,  il  allonge  encore  davantage  la  tntme  partie ;  il  I'en- 
fonce  davantage  dans  le  fable ;  enfuite  il  la  recourbe  de  telle  forte ,  que 
fa  pointe  fe  retourne  vers  la  coquille  ,  oti  il  donne  a  cette  partie  la  fi- 
gure d'un  crochet  R,  (fig-  II],  fur  lequel  il  fe  tire.  Il  eft  aife  d'ima- 
giner  qu'en  fe  tirant  fur  cette  efpece  de  crochet  ,  il  contraint  fa  coquille 
a  fe  redrelTer  ;  que  de  parallele  qu'elle  etoit  a  I'horifon  ,  il  I'amene ,  & 
par  confequent  tout  fon  corps  dans  une  pofition  verticale. 

Sa  coquille  etanr  ainfi  placee  perpendiculairement  a  I'horifon,  il  ne  lui 
refte  plus  qu'a  I'enfoncer  fous  le  fable  ;  c'eft  ce  qu'il  execute  par  le  moyen 
d'une  mechanique  tout-a-fait  ingenieufe  ;  il  allonge  encore  cette  partie  a 
laquelle  nous  donnerons  le  nom  de  jambe ,  pirce  qu'elle  en  fait  la  fonc- 
tion  ;  il  I'allonge  ,  disje  ,  jufqu'a  lui  donner  hots  de  la  coquille,  une 
longueur  egale  a  celle  de  la  moitie  ou  des  deux  tiers  de  fa  coquille;  mais 
a  mefure  qu'il  I'allonge  ,  il  I'infinue  dans  le  fable  ,  ou  il  la  conduit  tou- 
jours  perpendiculairement.  Comme  il  lui  conferve  pendant  ce  terns  une 
figure  platte  terminee  en  pointe  ,  elle  ne  trouve  pas  grande  reiiftance  a 
s'ouvrir  un  chemin.  Sa  jambe  etant  ainfi  enfoncee  dans  le  fable  ,  il  change 
tout-a-coup  fa  figure,  fans  diminuer  fa  longueur  ;  Sc  c'eft  d'oii  depend 
le  mouvement  progreffif  de  I'animal;  de  platte  qu'elle  eroit ,  il  la  rend 
londe  ou  cylindrique  :  ce  cylindre  ya  depuis  I'exiremite  de  la  coquille 


ACADEMIQDE.  ^t, 

jufqu'finviron  aux  deux  tiers  de  la  longueur  de  la  jambe  I  R,   (,Fig.  I).  •••  ••   

Il  a  nil   diamctre  a-peu-prcs  Cijal  a  la  moitlc  du  crand  diarriettre  de  I'ou-    a.._  d,,.,  ..c 

II  -fl  '^1  f  !]■  1  I  X\CAV.  ^^u\  Ale. 

verture  de  la   coquiUe^i   mais  Ic  couceuec  gonHt:  bieii  davantage  le  rtfte     b^s  Scienxes 
de  fa  jambe  R  P ,  (  Fig.  /  )  ;  il  en  f-orme  uiie  efpece  de  bouton  ou  de      de  Paris. 
fphere  elliptique  ,  done  le  dianietre  liorifoncal  eft  plus  grand  que  le  grand      J„„:,  i-,ii 
'  diam-'tre  de  I'ouverture  de  la  coquille  ;  c'eft  ce  qui  donne  a  cette  jambe 
quclque  air  dun  battant   de  cloche,  ou  du  manchj  d'un  pifton  de  ferin- 
gue,    fous  la  figure  duqusl  nous  I  avons  reprelentee  au  commencement  de 
ce  Memoire  :  or  I'extrcmite  de  la  jambe  en   fe  gondant ,  fe  fait  une  ef- 
pece de  niche  dans  le  fable  qui  Tentoure  de  tous  cotes  :  cette   niche  a 
beaucoup  plus  de  diametre  vers  fon  milieu ,  que  I'efpece  de  tuyau  cteux 
dans  Icqu'.l  eft  loge  le  refte  de  la  jambe. 

Tout  etant  ainli  difpofe  ,  il  refte  peu  de  chofe  a  faire  a  i'animal  pout 
enfoncer  fa  coquille  dans  le  fable.  En  tenant  toujours  I'extrcmite  de  fa 
jambe  gonflee  ,  il  en  r^ccourcit  le  refte  ,  ou  il  fait  rentrer  dans  la  coquille 
toute  la  partie  qui  eft  entre  fon  ouverture  &:  le  bouton  de  la  jambe  I  R, 
(  Fig.  /  )  ;  or  afin  que  cette  partie  rentre  dans  la  coquille  ,  il  faut ,  ou  que 
la  coquille  s'enfonce   dans   le  fable  ,  ou  que  I'extremitc  arrondie  de  la 
jambe  remonte  vers  la  furface  fuperieiire,  c'eft-i-dire,   que  la  ccquiUe 
ou  le  bouton  de  la  jambe  doivent  changer   de   place  ,  &  que   celb   des 
deux  parties  qui  a    une  plus  grande   reliftance  a  vaincre,  fera   moins  de 
chemin.    U  eft  aife  de  voir  que  c'eft  la  coquille  qui  rencontre   moins  de 
refiftance  ;  fon  diametre  eft  un  peu  plus  petit  que  celui  de  I'extremite  de  la 
jambe  ,  &  outre  cela  fon   contour  eft  ovale  :  elle  a  done  moins  de  fable  a 
deplacer  pour  defcendre,  que  I'ex-remite  de  la  jambe  n'en  a  a  deplacer 
pour   monteri  auftl   s'enfonce-t-elle  dans  le  fable.   Le  coutelier  n'a  qu'a 
reiterer  la  mane  mancruvre  pour   s'y  enfoncer   davantage  ,  ou  s'il  mVft 
petmis  de  parler   de  la   forte  ,    pour  faire  un  nouveau  pas.    C  hacun  de 
fes  pas,   en  fuppofant  le   bouton  de   la   jambe  tout-a-fait  immobile,  le 
fait  autant  defcendre  dins  le  fable  ,  quil  y  a  de  diftance  depuis  I'endroit 
oil  rextrcmlte  de  la  jambe  eft  la  plus  grofte  ,  julqu'a  I'ouverture  de  la 
coquille,  c'eft-a-dire  ,  qu'il   parcourc  a  chaq'ie  pas  une  longueur  de  che- 
min I  II ,  (  Fig.  I ) ,  egale  environ  a  la  moitie  de  la  longueur  de   la  co- 
quille. 

Qu'on  ne  foit  pas  furpris  an  refte  de  ce  que  nous  patlonj  aufli  declfi- 
vement  d'adlions  qui  fe  palfent  fous  le  fable ,  que  nous  parlerions  de 
celles  qui  fe  palferoient  imniediatement  fous  nos  yeux  :  il  y  a  des  cir- 
conftances  ou  Ton  voit  faire  le  mime  manege  au  coutelier.  Lorfqu'on 
vient  de  le  titer  de  fon  trou  ,  &  qu'on  le  tient  en  Pair  entre  deux  doigts, 
il  allonge  aullitot  fa  jambe ,  il  en  gon  le  enfuite  I'extremite  ,  &  cette  ei- 
tremite  ctant  gonHee ,  il  la  retire  extremement  vite  ,  de  forte  que  rout 
le  telle  de  fa  jam'oe  rentre  dans  la  coquille  5  le  feul  bouton  eft  arretc  a 
I'ouverture  qui  n'eft  pis  alfez  grande  pour  lui  donner  palfage  ;  en  un 
mot  il  fait  dans  I'air  les  memes  efforts  qu'il  eft  accoutumc  a  faire  dans 
le  fable ,  mais  avec  moins  de  fucces.  Ici  rien  n'arrete  rextremite  de  fa 
jambe  J  c'eft  aulfi  elle  qui  remonte  jufqu'i  I'oaverture   de  la  coquille  j 

F3   ij 


4^1  COLLECTION 

-        I        I        il  repete  plufieurs  fois  de  fuite  le  meme   manege  pendant  qu'on  le  foil- 

.AcAD.RoYALE  "enc  dans  Pair.  ,  ,. 

DES  Sciences         H  feroit  alTez  inutile  d'expliquer  au  long  comment  le  coutelier  apres 

DE  Paris.        s'etre  enfonce  dans  le  fable,  remonte  au-delFus  de  la  furface  quand  il  lui 

/Innee    1711.    plait.   On  imagine  facilemenc  qu'il  pent  executer  cette  adion  par  le  nioyen 

d'une  mechanique  femblable  a  celle  que  nous  venons  de  voir ,  je  veux 

dire  en  gonflant  beaucoup  plus  que  le  refte  rextremite  de  fa  jambe  ;  mais 

on  remarque  fans  doute  qu'il  doit  la  gonfler  auflitot  qu'elle  eft  fortie  de 

la  coquille  ,  de  forte  qu'avant  que  le  mouvemcnt  ,   dont  nous   parlons, 

commence  ,    cette   extremite   doit  etre  dans  le  meme  etat  011  elle  etoit 

lorfque  le  mouvement  precedent  finilfoit.  S'il  allonge  alors  tout-a  roup  fa 

jambe,  au  lieu  qu'il  la  raccourcifToit  tout-a-coup  ci-devant,  par  les  me- 

mes  raifons  que  nous  avons  rapportees  ,  il  eft  evident  que  la  coquille  mon- 

tera ,  &  que  I'extremite  de  la  jambe  ne  changera  pas  de  place.  Pour  faire 

un  noiiveau  pas  en  hauc,  il  n'a  plus  qu'a  applattir  toute  fa  jambe,   &:  la 

retirer  dans  fa  coquille,    le  fable  remplira   I'efpace   qu'elle  occupoit,  il 

lui  donnera  un  nouveau  point  d'appui  &  plus  eleve. 


Des   Dails. 

J_jEs  couteFiers  quoiqu'enfonces  pour  I'ordinaire  fous  le  fable,  remon- 
tent  quelquefois  fur  la  furface;  mais  les  coquillages  que  nous  allons  confi- 
derer  a  prefent ,  meurent  dans  le  premier  trou  qu'ils  ont  habite  apres 
leur  naiftance  ,  fans  en  etre  jamais  fortis  pendant  leur  vie.  lis  font  da 
genre  nomme  Pholas  par  les  Anciens  :  nous  en  avons  deux  efpeces  for: 
communes  fur  nos  cotes  de  Poitou  &  d'Aunis  ,  on  les  appelle  DaUi  ; 
nous  nous  fommes  contentes  de  faire  graver  I'une  de  ces  efpeces  ( PL  X, 
Fig.  I) ;  I'autre  efpece  a  fa  coquille  pea  difFerente  ,  elle  paroit  etre  la  fe- 
conde  coquille  longue  de  Rondelet. 

La  coquille  du  dail  eft  compofee  de  trois  pieces  dont  deux  AP  {Fig.  I  &- 
II)  font  egales  ,  femblables  &  fort  grandes  par  rapport  a  la  troifieme  f 
celle  ci  eft  pofee  aupres  du  fommet  des  deux  autres;  elle  remplit  un  petic 
efpace  qui  refteroit  vuide  entr'elles;  elle  a  quelquefois  la  figure  d'une  lo- 
fange  dont  un  des  angles  aigus  touclie  le  fommet  des  deux  autres  pieces  5 
quelquefois  elle  eft  feulement  pointue  par  I'un  &  I'autre  de  fes  bouts  &: 
arrondie  autour  du  refte  de  fon  contour  DB  [Fig.  I). 

Quoique  nous  la  reprefentions  fous  la  figure  d'une  lofange  ,  fa  furface 
neanmoins  n'eft  pasplatte,  elle  eft  un  peu  convexe  par  rapport  a  I'exte- 
rieur  de  la  coquille. 

La  longueur  des  deux  grandes  pieces  AP  ,  AP  {Fig.  I  £'  II) ,  furpafie 
plus  de  deux  fois  ,  &c  meme  prcs  de  trois ,  leur  krgeur.  Leur  fommer 
DE  {Fig.  I)  ,  ou  I'endroit  oil  elles  font  jointes  enfemble  par  un  ligament 
a  relTort,  eft  a  des  diftances  inegales  de  leurs  bouts;  il  eft  environ  one  fois 
plus  proche  de  I'un  que  de  I'autre ;  la  largeur  de  ces  deux  pieces  diminue 
infenfUilement  en  s'appiochant  du  bout  le  plus  eloigne  du  fommet  A  A 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  41  j 

(Fig.  I  &  II);  la  ellcs  fe  terminenc  en  ovale  ,  mais  de  I'autre  cote  dii  fom-  ^ 


met,  elles  s'ctrecilFent  tout  d'lin  coup  &  fiiiilient  par  une  pointc  aiguc  dans  ji\(;AD  Rovalj 
I'efpece  don:  nous  parlons;  mais  dans  I'autre  elpece  ,   elles  fe  terminent    d£s  Sciences 
pat  une  pointe  arrondie  &:  toujours  concave  par  rapport  au  fommet  ,  Sc       de  Paris. 
convexe  par  rapport  a  la  bale  de  la  coquille.  Ces  deux  pieces  font  fouvent    ^nnee  1-12. 
cannelees  en  lime  ,  je  veux  dire  que  leurs  cannelures  fe  croifent  les  unes  Its 
autres  :  les  unes  vonr  en  ligne  droite  du  fommet  aux  doux  extrcmitcs  &  a  la 
bafe  de  la  coquille;  les  autres  traverfent  celles-ci  en  tragiint  dts  ligncs  pa- 
ralleles  a  la  bafe  AGP  [Fig.  /),  &  au  contour  de  la  coqnille  ,  elles  en 
marquent  les  divers  termes  d'accroillcment ;  les  cotes  dc  ces  cannelures 
font  pour  I'ordinaire  herilfees  de  diverfcs  petites  pointes. 

Quoique  ces  deux  pieces  puillenc  s'ecarter  I'une  de  I'autre  du  cote  de 
leur  bafe,  elles  ne  lailfent  jamais  voir  I'interieur  de  Taiiimalj  elles  font 
collees  fur  une  membrane  LH  HL  (Fig.  II),  qui  torme  avcc  elle  une 
efpece  d'etui  dans  lequel  eft  contenu  le  corps  du  dail.  En  un  mot  ces  co- 
quilles  font  attachees  enfenible  comme  le  font  celles  des  couteliers  :  au 
refte  leur  figure  eft  telle,  qu'elles  ne  fauroient  jamais  s'appliquer  par-tout 
exadement  I'une  fur  I'autre;  (\  elles  fe  touchent  vers  une  de  leuts  exttc- 
mites ,  elles  font  beantes  vers  I'autre. 

Labanche,  c'eft-a-dire  une  pierre  aftez  moUe  ,  eft  le  rerrein  qu'habitenc 
cTdinairement  les  dails.  Sur  nos  cotes  de  Poiteu  &c  d'Aunis  on  en  trouve 
aulli  dans  la  glaife,  ils  y  font  loges  dans  des  trous  au  moins  une  fois  plus 
profonds  que  leur  coquille  n'eft  longue.  La  figure  de  ces  trous  approche 
d'un  cone  tronque  A  A  LL  PPK  [Fig.  U),  a  cela  pres  qu'ils  font  ter- 
miiies  par  une  furfcce  concave  &  arrondie  X ;  leur  direi5lion  eft  un  peu 
oblique  a  I'horifon;  cette  obliquite  n'a  rien  de  fixe,  elle  eft  toujours  pc-u 
confiderable;  les  ouvertures  de  ces  trous  apprennent  oii  font  les  dails  ; 
elles  ont  pour  I'ordinaire  un  fort  petit  diametre  en  comparaifon  de  celui 
du  fond  du  trou  qui  eft  occupe  par  le  bout  de  la  coquille  le  plus  pro- 
che  de  fon  fommet. 

Appareniment  qu'il  n'y  a  guere  dans  la  nature  de  mouvement  progrcflif 
plus  lent  que  celui  du  dail  :  mure  comme  il  eft  dans  fon  trou,  il  n'avance 
qu'en  s'approchant  du  centre  de  la  terre ;  le  progres  de  ce  mouvement 
eft  proportionnc  a  celui  de  TaccroifTjiTient  de  I'animal ,  a  mefure  qu'il  au- 
gmente  en  etendue ,  il  creufe  fon  trou  &  defcend  plus  bas.  La  parcie  den: 
il  fe  fert  pour  creufer  ce  trou,  eft  une  partie  cintnue  S  {Fig.  II)  ,  lituei; 
pres  du  bord  inferieur  dc-  la  coquille  ,  elle  eft  (aire  en  lofange  &  alTcZ 
grolTe  par  rapport  au  refte  du  corps.  Quoiqu'elle  foit  d'une  fubftance 
molle,  il  n'eft  pas  etonnant  qu'elle  vienne  a  bout  de  percer  un  trou  aftez  pro- 
fond  dans  une  matiere  dure  ;  elle  y  emploie  bien  du  tems.  J'ai  vu  des 
dails  fe  fervir  de  cette  partie  a  I'ufage  que  je  lui  attribue  ,  apres  les  avoir 
tires  de  leurs  trous  &:  les  avoir  pofi.s  fur  une  glaife  aulfi  molle  que  de 
la  boue.  En  recourbant  Sc  ouvrant  enfuite  cette  partie  ,  ils  fe  creufoient 
un  trou  &  en  creufoient  en  peu  d'heures  un  aulli  profond  que  celui  au- 
quel  ils  travailknt  pendant  plufieurs  annecs ;  aulli  y  trouvoienr-ils  beau- 
coup  moins  de  reliftance ,  &:  le  befoin  qu'ils  avoient  de  fe  cacher  ,  leur 
faifoic  apparemment  accclerer  leur  travail. 


414  COLLECTION 

Nous  .ivons  dit  que  quelques  daiis  fe  trouvenc  dans  la  bandie,  &  que 

A  R      ALE   d'autres  de  merae  elpece  fe  trouvent  dans  la  glaife   :  il  fembleroit  de-la 

jj.  5  Sciences      que  les  uns  one  eu  benucoup  plus  de  peine  que  les  autres  a  fe  former  leur 

i>E  Paris.        niche  j    car  quoique    ceue    banclie  foit  une  pierre    molie  ,    elle  eft  dure 

^  J,      ,  comoaree  a  la  plaife;  mais  ceux  qui  font  dans  la  banche  ,  pour  I'ordinaire 

/innee  171;,       .r.^'.',.  '.  '.-  , 

n  ont  point  la  peine  de  la  percer.   bi  on  examine  ces  trous  julques  dans 

leur  fond  ,  on  voir  pu'ils  font  termincs  par  la  glaife  I  S  I  ,  &  que  la  banche 

QQ  II  iF:g.  11,  PI.  X)  ,  n'entoure  qii'une  partie  du  trou ,  c'eft-a-dire 

environ  la   moitie  ou  les  deux  tiers. 

1 1  ne  faut  neanmoins  pas  conclure  de  la  ,  quele  dail  a  eu  un  corps  plus 
dura  percer  lorfqu'il  etoit  plus  jeune  ,  ou  lorfqu  il  occupoic  un  trou  qui 
n'avoic  que  quelques  lignes  de  profondcur  ,  que  lorfqu'il  eft  plus  vieux  : 
il  eft  tres-probable  qu'il  n'a  rencontre  alors  que  de  la  glaife  ;  mais  cette 
glaife  s'eft  petrifiee  depuis  que  le  coquillage  a  commence  a  I'habiter  :  les 
preuves  que   fen  vais  rapporter  me  patoiirent  decifives. 

Tous  les  jeunes  dails ,  c'eft-a-dire  ,  tous  ceux  qui  ont  a  peine  quelques 
licrnes  de  longueur  ,  fe  trouvent  dans  la  glaife  ,  du  moins  jamais  je  n'eii 
ai  rencontre  aiUeurs  ,  &c  les  pecheurs  m'ont  alTure  qu'on  les  y  trouvoit 
toajours  :  tous  les  vieux  dails  au  contraire,  c'eft-a-dire  ,  ceux  dont  les  co- 
quilles  ont  trois  pouces  de  longueur,  ou  a  -  peu  -  pres  ,  font  dans  la  ban- 
che J  or  le  trou  du  dail  eft  fait  de  maniere  qu'il  ne  lui  eft  pas  polfible 
d'en  fortir  :  il  eft  moule  fur  la  figure  de  la  coquille  beaucoup  plus  etroic 
par  en  haut  que  par  en  bas  :  fouvent  a  fon  ouverture,  fon  diametre  eft 
cinq  a  fix  fois  plus  petit  qu'il  ne  I'eft  prcs  de  fon  extremite  inferieure. 
D'ailleurs  on  ne  fauroit  imaginer  que  les  dails  aient  quelque  adrelfe  pour 
aorandir  ce  trou  par  en  haut  comme  par  en  bas,  lorfqu'ils  en  veulenc 
fortir  ;  car  tous  les  trous  vuides  que  Ton  trouve  ,  font  coniques  ,  comme 
ceux  qui  font  habices  :  fi  Is  dail  en  ctoit  forti  ,  les  trous  vuides  feroient 
cylindnques. 

La  confequence  que  Ton  doit  titer  des  faits  precedens ,  eft  atfez  claire  , 
puifque  tous  les  jeunes  dails  font  dans  la  glaife  ;  que  tous  les  vieux  font 
dans  la  pietre  ,  &  que  vieux  ils  font  dans  les  mCmes  trous  ou  ils  etoieqi 
jeunes  :  U  eft  evident  qu'il  faut  que  la  banche  qui  entoure  une  partie  de 
ces  trous,  fe  foit  formee  depuis  que  Us  dails  les  ontperces  :  de  la  il  fuit 
riecelfairement  ,  ou  que  c'eft  la  glaife  qui  s'eft  petriliee  ,  ou  qu'au-dediis 
de  la  glaife,  ou  dans  la  place  des  morceaux  de  glaife  detaches,  il  s'eft 
forme  de  la  pierre.  Mais  lacouleur  de  cette  banche,  &  la  difpolition  des 
feuilles  qui  la  compofent ,  apprennent  alfez  que  c'eft  la  premiere  de  ces 
opinions  qu'on  doit  choifir.  Cette  nouvelle  pierre  eft  formee  de  diver- 
fes  feuilles  paralleles  a  I'horifon.  La  glaife  de  la  mer ,  quoiqu'elle  ne  fem- 
ble  qu'une  tetre  ,  eft  faite  de  femblables  couches  :  pour  men  alfurer ,  j'en 
ai  coupe  differens  morceaux  de  figure  cubique  ;  ayant  eu  foin  de  remarquer 
les  furfaces  qui  etoient  paralleles  a  I  horifon  ,  lorfque  la  glaife  ctoit  dans 
fon  lit.  J'ai  expofe  ces  difFeiens  cubes  a  la  chaleur  du  foleil ,  confervant 
aux  uns  leur  fituation  naturelle ,  mettaiit  les  autres  dans  une  fituation 
perpendiculaire  a  celle  la  ,  &c  doniiant  a  plufieurs  autres  des  inclinaifons 
differentes  j   lorfque  la  chaleur   du  fgleil  avoic  alTez  agi  fur  eux  pcur  les 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  4,5 

fecher  ,   ils  fe  divifoient  en  feuilles :  mais  ce  qui   marque  que  la  difpo-     ^ 
fition  de  ces  feuilles ,  eft  d  cere  parallelts  a  I'horifon  ;  c'cft  que   ctux  que  Acad.  Rovalb 
j'avois  pofes  dans  le  mCme  fens  oil  Us  ctoicnt  dans  Icur  lit ,  fe  divifoientcn    bes  Sciences 
feuilles  paralleles  a  I'horifon  ;  ceux  que  j'avois  places  dans  un  fens  contraire  ,       ^^  Paris. 
fe  divifoient  en  feuilles  verticales  ,  &  ceux  qui  ^toient  obliques  a  fhori-    /innei  1711, 
fon  fe  divifoient  en  feuilles  obliqufs. 

Ce  n'eft  pas  feulemeiu  par-li  que  la  banche  done  il  s'agit,  retlemble  a 
la  glaife;  elU  en  conferva  prcfqus  entierement  la  couleur  :  enfin  enl'txa- 
minant  de  prcs  ,  on  obferve,  pour  ainfi  dire  ,  les  divers  degrcs  de  m.itu- 
rite.  Sa  furtace  fuperieure  p.iroic  une  vraie  pierre  alfez  dure  :  un  peu  an 
deffbus,  c'eftune  pierre  un  peu  molle  ,  plus  on  la  prend  bas  ,  moins  tile 
eft  dure  ,  &  moins  elle  eft  difference  de  la  plaife.  En  un  mot  ,  en  s'ap. 
prochant  du  lit  de  pure  glaife ,  elle  paroit  aufli  iirfenfiblement  s'approcher 
de  la  nature  de  cetce  terre  ,  &  cela  par  des  degres  fi  infenfibles  ,  qu'il  n'cft 
pas  podible  de  dtfterminer  preciRment  ou  la  banche  finic ,  Sc  ou  la  "laife 
commence.  L'eau  de  la  mer  eft  pleine  d'unc  matiere  vifqueufe  qui  ap- 
paremment  apres  s'etre  infinuee  danscette  glaife  ,  en  colle  ioutes  Its  par- 
ties entr'elles  ,  &  la  change  en  pierres  :  leHTet  de  la  matiere  vifqueufe  , 
eft  trcs  fcnfible  dans  des  pierres  de  ditfcrentes  efpeces,  dans  des  coquil- 
lages ,  dans  des  grains  de  fable  ,  en  un  mot  dans  divers  corps  de  na- 
tures trts-ditferences  que  Ton  trouve  au  bord  de  la  iiier ,  lies  aulTi  pac- 
faitement  enfemble  que  le  font  les  parties  des  pierres  les  plus  dures. 

Enfin  il  n'y  a  pas  lieu,  ce  femble,  de  douter  que  I'cau  de  la  iner  ne 
foit  propre  a  faire  des  petrifications  :  des  morceaux  de  bois  que  Ton 
rencontre  freqiiemment  fur  nos  cotes  ,  en  fournilfent  une  preuve  incon- 
teftable  :  on  les  trouve  ces  morceaux  de  bois  plus  d'a  moitie  petrifies,  ou, 
pour  patler  plus  proprement ,  ce  qu'ils  ont  de  pierreux  occupe  plus  de 
la  moitie  de  leur  volume.  Des  feuilles  dune  pierre  blanche  fcparent  la 
plupirt  des  fibres  du  bois  ,  &  au  lieu  de  feuilles  ,  on  trouve  des  amas 
de  pierres  fenfibles  dans  les  endroits  oia  il  y  a  des  interfiices  un  peu 
grands. 

De  la  il  eft  aife  de  voir  pourquoi  la  furface  fuperieure  de  la  olaife  fe 
petrifie  plutot  que  I'infcrieure  ;  elle  eft  plus  a  pottee  de  profiler  de  la 
fubftance  vifqueufe  de  l'eau  de  mer.  Il  n'elk  pas  audi  furprenant  que  toutes 
les  gfaifes  ne  fe  petrifient  point :  celles  qui  font  trop  molles ,  ou  dont  les 
parties  font  fcparees  par  une  trop  grande  quantite  d'cau  ,  n'ontpas  une  dif- 
pofition  prochaine  .1  devenir  pierres;  ce  ne  font  pas  aufli  celles.la  que  les  dails 
habitent  ,  ils  choifillent  la  plus  dure. 

Au  refte  ,  c'eft  de  cette  meme  banche  dont  je  viens  ds  parler ,  que  ri- 
renc  leur  origine  les  pierres  blanches  que  Ton  voit  en  divers  endroits  fur 
les  bords  de  nos  rivages  ,  &  que  Ton  y  appelle  cai'.loux  fort  impropre- 
ment.  L'agitation  de  la  mer  decache  de  terns  en  terns  des  morceaux  plats 
de  ces  pierres,  en  les  faifant  rouler  enfuite  vers  le  rivage  ,  elle  les  brife 
en  morceaux  plus  petits ,  les  angles  de  ces  morceaux  s'arrondiirent  par  les 
frequens  frottemens  qu'ils  efTuisnt  j  ils  acquierent  enfuite  une  couleur  plus 
blanche ,  &  de  la  durete  lorfqu'ils  font  expofes  a  I'air.  La  nature  de  cette 
banche  eft  telle  quelle  change  fa  couleur  gcife  en  blanche  ,  &  qu'elle  de- 


4i5  COLLECTION' 

__  vicnt  dure  lotfqu'elle  n'eft  plus  expofee  a  etre  contiiniellementhumeftce  par 

"7        „  I'eau.  Quandte  de  maifons  fur  les  bords  de  nos  cotes  ont  ece  bacies  de 

DEs^CLENCES^  "^"^tte  pierre  recemmeiit  tiree  du  fond  de  la  mer  ;  elles  etoient  alors  d'une 

DE  Paris.  pierre  grife  ,  elles  font  a  prefenc  d'une  pierre  fort  blanche. 
Annie  lyii.  ^'^is  pour  revenir  aux  dails  ,  ils  ne  percent  la  glaife  que  pendant  qu'elle 
eft:  olaife  ,  ils  ont  a  travailler  fur  une  matiere  plus  tendre  que  la  pierre  } 
ce  n'eft  pas  que  je  ne  croie  qu'ils  ne  vinlFent  a  bout  de  percer  la  pierre. 
Des  dails  fort  jeunes  que  j'ai  trouves  loges  affez  avant  dans  un  talon  de 
foulier  qui  etoit  de  bois,  font  voir  que  quoique  petits  ,  ils  peuvent  per- 
cer des  corps  durs.  Ce  talon  etoit  dur,  peut-etre  plus  difficile  a  creufer 
que  ne  feroit  de  la  banclie  nouvelle. 

Nous  avons  ditqueleur  trou  avoir  an  moins  une  fois  plus  de  profon- 
deurqueleur  coquille  n'a  de  longueur  :  I'efpace  qui  rede  eft  occupe  par  un 
tuyau  charnu  de  figure  conique  A  A  A  K  (  ivo-.  //)  qu'ils  allongent  ordi- 
nairement  jufqu'a  I'ouverture  du  trou ,  &  rarement  par  de-la ;  fon  con- 
tour eft  decoupe  en  K  :  quoique  ce  tuyau  paroilfe  fimple  ,  il  eft  rcellement 
compofe  de  deux  tuyaux  ,  ou  plutot  il  eft  partage  en  deux  par  une  efpece 
de  cloifon  membraneufe  C  I  (  Fig.  I ). 

L'ufage  de  ce  tuyau  ou  de  ces  tuyaux ,  eft  le  ttieme  que  celui  des  autres 
tuyaux  dont  nous  avons  parle  a  I'occafion  de  divers  coquillages  :  ils  s'en 
fervent  alternativement  a  attirer  I'eau  dans  leur  coquille,  &:  a  la  rejetter. 
Lorfqu'on  approche  de  leur  trou  ,  ils  le  font  rentrer  fort  vite  dans  leur 
coquille,  &  chaftant  de  mcrne  avec  vitefle  I'eau  qu'ils  contenoienr,  ils 
poulTent  divers  jets,  conime  nou?  I'avonsdit  de  plufieurs  autres  coquillages. 

Vers^le  milieu  de  leur  corps  ils  ont  un  petit  vailFeau  dont  j'ignore  l'u- 
fage •  il  eft  de  couleur  verdatre.  Ayant  laille  quelque  terns  ces  animaux 
dansde  I'eau  de  vie,  cevailTeau  a  pris  une  couleur  de  pourpre  femblablc 
a  celle  que  donnent  les  buccins ;  mais  la  liqueur  contenue  dans  le  vaifteaii 
ne  rougir  point  comme  la  leur,  lorfqu'on  I'expnfe  a  I'air,  ou  a  la  chaleur 
du  foleil :  apres  tout ,  quand  elle  y  rougiroit ,  elle  eft  en  fi  petite  quantite  , 
qu'elle  ne   mcrite  aucune  attention  par  rapport  a  l'ufage. 

Mais  une  propiete  bien  remarquable  de  ces  coquillages  ,  c'eft  de  luirs 
dms  les  tcnebres  ;  &  d'autant  plus  qu'ils  ont  plus  d'eau  ;  en  forte  que  ce 
palFigede  I'line  (a)  qui  femble  prefcnter  une  inerveille  fufpede  ,  ne  con- 
tient  que  I'exaiSte  verite  :  Dactyli  ,  e  concharum  genere  ,  ab  humanorwtn  un- 
guium Jimilitudim  appeUati nmoto  lumine  ,  alio  fulgore  clarere  in  te. 

n^brii  ,  &  quanta  magis  hiimonm  hahiant  ;   luccre  in  vn  mandentium  ,  lu- 
cerc   in   manibus ,   atqui  aiam  in  foio  &   vefie   decidenlibus   guttis 

Les  dails  rcpandent  d'autant  plus  de  lumiere,  qu'ils  font  plus  frais  & 
pcchcs  plus  rscemmei-it :  cette  lumiere  n'eft  point  fuperficielle  ,  elle  appat- 
tient  a  tous  les  points  de  leur  fubftance  ,  &  de  quelque  maniere  qu'on  les 
dechire  ,  ils  paroilTent  toujours  &  par-tout  egalement  lumineux  ,  de  meme 
qu'un  charbon  bien  allume,  ou  que  le  phofphore  d'u:ine.  Ces  coquillages 
font  de  vrais  phofphores  natureh  qui ,  comme  le  phofphore  artificiel , 
eommuniquent  aux  corps  qu'ils  touchent,  leur  brillante  propriete. 

(«)  Lib  ?,c9p.  tft,  _ 

Lorlqu  il 


ACADEMIQX/E.  ;i7 

Lorfqii'ils  font  fr.iicliement  pcches  ilsonc,  comme  les  hutrres  &  les  _  ..— . 

moiil.'S  ,  beancoiip  d'caii  :  potir  pen   qii'on  les   nianie  ,  des   "outtes  s'en    •  „ 

dctatlient  j  ces  goutces  ellesnit-mcs  lout  lamineales,  comme  Inline  I  a  cxac-     des  Sciences 
temeiit  rapportc.  Il   n'eft  pas  polliblc  que  des  patticules  de  I'animal  ne       de  Paris. 
foient  melees  avec  cette  eau  ;  e'en  eft  alTez  pour  la  rendre  phofpliorique  :    Annit  i-jii: 
apres  avoir  touche  ces  poiflons ,  j'ai   d'abord   par   hafard ,  &   enfuite   a 
deflein  ,  lave  !e  bout  des  mes  doigts  dans  un  verre  d'eau,  &  de  ce!a  leul, 
cetie  eau  paroiiroit  dans  I'obfcurite  ,  telle  que  le  kit  nous  parolt  en  plcin 
jour. 

La  lumiere  que  ces  poifTons  donne  au  corps  centre  lefquels  ils  one 
etc  frottcs ,  n'eft  pas  de  longue  durce ,  elle  celfe  des  que  ce  qu'ils  one 
lailT^  fur  ces  corps  y  eft  devenu  fee.  Quaiid  j'ai  neglige  de  laver  mcs 
doigts  fur  le  champ  ,  j'ai  vu  la  qualitc  luinineufe  qu'ils  avoient  acquife  , 
s'affoiblir  peu  a  pen,  &  enfin  difparoiire  enticrement.  Mais  lorfque  j'ai 
enfuite  tnouille  mes  doigts  pour  les  laver ,  je  les  ai  appergus  prefque  aulli 
lumineux  qu'ils  I'avoient  etc  d'abord. 

Cela  m'a  donne  envie  de  tenter  fi  on  ne  pourroit  pas  faire  de  ces  poif- 
fons  un  phofphore  durable.  J'en  ai  fait  feciier  quelques  -  uns  ,  qui  out , 
comme  je  m'y  attendois ,  perdu  leur  propriete  de  luire.  Au  bout  de  qua- 
tre  ou  cinq  jours  ,  quand  ces  chairs  ont  ete  bien  f^ches  ,  je  les  ai  hu- 
meftees  ,  foit  avec  de  I'eau  ordinaire  ,  foit  avec  de  I'eau  dans  laquelle  du 
fel  marin  etoit  dilTous;  alors  eiles  ont  recommence  a  luire,  comme  j« 
I'avois  efpcrc  ;  mais  cette  lueut  ayant  ete  beaucoup  plus  foible  que  la 
premiere  ,  il  m'a  paru  que  ces  poilfons  fees  n'etoient  pas  propres  a  rede- 
venir  des  phofphores  bien  brillans. 

J'ai  tente  de  les  conferver  de  quelques  autres  manieres  qui  none  pas 
mieux  rcuni.  J'ai  mis  un  de  ces  poilfons  dans  de  I'eau  de  vie,  il  a  prefque 
perdu  fur  le  champ  toure  fa  propriete  de  luire  :  j'en  ai  mis  d'autres  dans 
de  I'eau  avec  du  fel  marin,  ils  y  font  reftes  long-tems  luifans  ,  mais  ils  one 
repandu  une  lumiere  beaucoup  plus  foible  ,  que  celle  qu'ils  donnoient  d'a- 
bord. Celt  vers  la  fin  de  I'Automne  que  j'ai  tait  ces  experiences  j  alors, 
&  dans  tout  terns  ,  oil  il  ne  fera  pas  fort  chaud ,  on  pent  conferver  ces 
animaux  luifans  pendant  plufieurs  jours:  mais  a  mefure  qu'ils  vielliffent , 
ils  le  devi-'nnent  moins ,  &  corrompus  jufqu'a  un  certain  point,  ils  ne 
le  font  plus  du  tout :  peut-etre  meme  ,  que  de  cts  coquillages  bien  pour- 
ris  fuftifent  pour  empecher  ceux  qui  font  frais,  de  luire.  Une  experience 
HI 'a  donne  lieu  de  le  penfer.  J'ai  fait  pccher  devant  moi  des  dails  qui , 
quand  je  voulus  les  examiner  dans  I'obfcurite,  ne  donnerent  aucune  lu- 
miere J  mais  je  remarquai  qu'il  y  en  avoir  plufieurs  qui  etoieiit  morts 
dans  leurs  tixius  ,  &  qui  meme  y  ctoient  devenus  excelliveqient  puans  ; 
peut-etre  que  I'impreflion  que  ceux-ci  firent  fur  les  autres,  eteignit  , 
pour  ainfi  dire,  toute  leur  lumiere;  c'eft  une  experience  que  je  n'ai  pu 
repeter  ,  n'ayant  pu  ravoir  de  ces  ccquillagcs ;  peut-etre  aulli  y  a-t-ildes 
tems  ou  ces  animaux  paroilfent  plus  lumineux  que  dans  d'autres.  La 
fermentation  qui  fe  fait  dans  les  machines  animales  n'eft-  pas  toujours 
la  meme  ,  &  une  forte  de  fermentation  peut  donner  a  des  chairs ,  la  dif- 
pofition  uccelfaire  pour  faire  paroitrc  la  lumiere. 

Tumi  III,  Panic  Frangoife,  Gj 


HiS  '  COLLECTION 

.  Le  terns  ou  les  animaux   s'accouplent ,  eft  un  teins   ou  il  fe  fait  nne 

Acad.  RoYALE  ^^P^'^^  ^^  fermentation  particuliere  :  il  eft  probable  que  la  lumiere  que 
BBS  Sciences  repandent  les  vers  luifans ,  doit  une  partie  de  fa  vivacice  a  cetce  fermen- 
DE  Paris.  tation.  Ce  n'eft  guere  dans  les  terns  chauds  qu'ils  luifent  dans  ce  pays-ci, 
Annee  17 iz  ^^  ^°"*  ^^^^  ^^'  luifent  dans  ce  pays,  font  les  femelles.  On  fait  que 
ce  font  des  infecftes  fans  ailes  ;  mais  ceux  qui  ont  lu  les  auteurs  qui  trai- 
tent  des  infeites ,  favent  de  plus  que  le  male  de  cet  infede  en  a:il  eft 
fort  bien  reprcfente  dans  le  theatre  des  infedles  de  Moufet ,  il  vole  U 
nuit  :  la  lueur  que  jettent  les  vers  femelles ,  lui  apprend  de  quel  cote  il 
doic  voler.  Je  ne  connoilTois  le  male  des  vers  lijifan?  que  par  les  livres: 
il  ne  m'etoit  point  encore  arrive  d'en  trouver,  lorfqu'un  ver  luifant  fe- 
melle  fervit  a  m'en  faite  voir  un  male  il  y  a  plufieurs  annees.  Je  tenoi^ 
pendant  la  nuit  ce  ver  luifant  dans  ma  main  ,  j'obfervois  la  vivacite  de 
fa  Uimiere ,  lorfqu'un  autre  infe<fte  vint  fe  pofer  fur  ma  main.  Je  le  pris 
d'abord  pour  une  efpece  de  fcarabe ,  mais  je  ne  fus  pas  long-tems  a  le  me- 
connoitre  ;  il  s'accoupla  fur  le  champ  ,  &  il  refla  alfez  long-tems  accou- 
ple.DepuiSiil  oi'eft  arrive  plulleursfoisde  prendre  d'antres  males  de  vers  lui- 
fans ,  lorfque  j'en  tenoisde  femelles  dans  ma  main.  lis  viennent  aufli  volec 
autout  de  la  chandelle  ,  &c  Ci  elle  n'attiroit  point  les  papillons,  on  n'auroic 
aucun  lieu  de  douter  que  ces  infeftes  ne  foient  attires  par  la  chandelle  , 
comme  ils  le  font  par  la  lueur  de  leurs  femelles.  Au  refte  il  y  a  des  terns 
ou  les  vers  femelles  ne  luifent  point  ,  ou  prefque  point  ,  &i  peut-etre  ce 
font  ceux  ou  ils  n'ont  aucune  difpofition  a  I'accouplement. 

D'autres  infeftes  luifent  audi  en  des  terns  particuliers ;  j  'ai  rencontre  des- 
millepieds  trcs-vivans  ,  Sc  d'efpeces  alTez  communes  qui  brilloient  ait 
moins  autant  que  les  vers  luifans;  &  j'ai  fouvent  rencontre  d'autres  mil- 
lepieds qui  ai'ont  paru  de  la  meme  efpece ,  qui  n'etoient  nullement  la- 
mineux. 

Il  peat  done  y  avoir  des  teins  oii  nos  dails  ne  lulront  pas  ;  mais  je  ne- 
fuis  point  sur  qu'il  y  en  ait  de  tels  ,  &  fi  j'en  ai  trouve  qui  n'etoient  pas  lui- 
fans ,  quoique  frais ,  les  dails  excefllvement  corrompus  avec  lefquels  ils 
etoient  meles ,  peuvent  avoir  eu  part  a  ce  phenomene  ;  leur  avoir  fait 
perdre  fur  le  champ  la  propfietc  de  repandre  la  lumiere  ,  comme  j'ai  dit 
que  I'eau  de  vie  I'avoit  fait  perdre  a  un  autre. 

Au  refte  c'eft  le  (eul  coquillage  des  cotes  de  Poitou  a  qui  j'ai  trouve  la 
proprietc  de  luire.  J'ai  eprouve  fi  les  monies ,  les  hultres ,  les  couteliers  , 
les  petongles ,  &  les  differentes  efpeces  delimagons  de  met  ne  I'auroienc 
pas ,  Sc  jen'en  ai  pas  trouve  la  moindte  apparence  dans  aucun  de  ces  co- 
quillages. 


I 


ACADfeMIQUE.  4», 

AcAD.RoYAtE 

D'unc  petite  Etoile  de.  mer  dont  les  rayons  rejfcmblcnt  it  dcs      "^^  Sciekces 
queues  dc  Uiards  {PI.  X,  Fig.  Ill  &  /F).  ^„„>^  ^^^^^ 

XN  o  u  s  avons  cxplique  dans  le  Memoire  ,  dont  celui-ci  n'eft  qu'une  fuite  , 
la  mechaniqiie  ingcnieiife  d'ou  depend  le  mouvemenc  progrelllf  des  e(pe- 
ces  d'etoik's  les  plus  communes.  Celui  dune  efpcce  plus  rare  dont  il  me 
refte  a  prefent  a  patler  ,  ne  nous  oftre  rien  de  fi  fingulier ;  il  eft  pourtant 
dione  deremarque,  ne  fut-ce  qu'en  ce  qu'il  s'ex^cuce  d'une  tnaniere  fort 
dirterente. 

Quoique  j'appelle  etoile  rinfeite  dont  il  s'agit  ,  la  defcription  que  nous 
a  lailfee  Rondclet  d'un  autre  infetle  ,  qu'il  nomme  folcil  de  mer ,  me 
donne  quelque  lieu  de  dourer  s'ils  ne  font  pas  I'un  Sc  I'aucre  le  meme  ani- 
mal. Rondelet  n'a  pourtant  pas  attribue  a  Ion  foleil  tout  ce  qui  convient 
a  cette  etoile  ,  &  il  me  femble  qu'il  attribue  a  celui-ci  diverfes  chofes  qui 
ne  conviennent  pas  a  celle-Li.  Gefner  a  fait  mention  d'une  lune  de  mer  , 
cu  d'un  infcdte  qu'un  de  fes  amis  lui  avoit  fait  tonnoitre  fous  ce  nom  , 
iequel  infeifte  ,  comme  les  ctoiles  ,  etoit  compofe  de  cinq  rayons  ,  mais 
de  cinq  rayons  d'une  maciere  friable  ,  propriete  qui  cntre  le  plus  Hans  le 
caradtere  de  I'ctoile  dont  je  veux  parler,  Quoi  qu'il  en  foit  pourtant  des 
animaux  que  ces  deux  auteurs  nous  ont  dellgncs  par  les  noms  de  foleil  & 
de  lune  ,  je  conferverai  celui  d'eioik  a  I'infede  que  je  vais  di^crire  ,  & 
cela  par  la  raifon  gencrale  des  cinq  rayons  dont  il  eft  compofe  ,  ne  mu- 
tant pas  pollible  de  determiner  surement  a  caufe  de  la  brievete  de  def- 
criptions,  s'll  eft  une  efpece  difFerente  de  celles  dont  ces  Auteurs  nous 
ont  eutretenus. 

Pour  etablir  d'une  maniere  peu  equivoque  la  difference  qui  eft  entre 
cette  efpece  &  toutes  les  aucres  efpeces  d'etoiles  ,  je  crois  la  devoir  appel- 
lee etoile  a  rayons  en  queues  de  Lizards ,  ce  qui  la  caradterife  de  maniere 
a  ne  pouvoir  la  meconnoitre ,  fur-tout  lotfque  nous  aurons  ajoute  que 
c'eft  aux  queues  des  petics  de  lezards  gris  des  murs  que  leurs  rayons  reffem- 
l>!ent ;  ils  en  ont  la  couleur  &  la  figure  R  R  P  T  T  (  Fig,  III  &  If).  Quoi- 
que ces  queues  de  Itzardsfoient  aflezcaffantes,  les  rayons  de  I'etoile  le  font 
beaucoup  davantage  ;  il  faut  Its  toucher  tres  doucement  pour  ne  les  pas 
rompre.  Ces  ravons  ne  font  pas  hcrilfes  de  pointes  comme  ceux  des  autres 
efpeces  j  leur  furface  fuperieure  ,  ou  celle  qui  eft  du  core  oppofe  a  celui 
cii  eft  la  bouche  ,  eft  arrondie  &  couverte  d'ecailles  figutees  en  anneaux 
{Fig.  Ill)  ^  I'autre  furface  ou  rinft-reiire,  eft  platte  !c  garnie  aufli  d'e- 
cailles, mais  de  figure  diffcrente  ;  elles  font  faites  en  fegmens  de  cerde', 
altetnativement  dilpofees  par  paire,  &  une  a  une,  je  veux  dire  qu'il  y  a 
d'abord  deux  ecailles  placees  fur  une  meme  ligwe  qui  occupent  la  iargeur 
du  rayon  ^  qu'enfuite  au  milieu  du  rayon  ,  il  y  a  une  autre  ecaille  cachee 
en  partie  fou*  les  deux  precedentes.  Le  milieu'du  contour  arroridi  de  eslle- 
ci  ,  parte  fur  deux  auttes  arrangies  fur  une  mtme  Hgne  comme  les  deux 
premiereij  ces  deux  detnieres  pofent  encore- fw:  une  ecaiHe'feule,- fli 

Gj  i] 


'4ie  COLLECTION 

'  aiiiG  de  fuite.  De  la  il  eft  clair  que  leurs  rayons  ne  font  point  <»arnis  de 

Acad.  Roy  ale  jambes  comme  ceux  des  autres  efpeces  fur  lefquelles  nous  en  avons  compte 
DES  Sciences     1510;  aufli  les  rayons  font-ils  eux-memes  la  fonftion  de  jambe  :  ils  one 
DE  I  ARis.       iji,f  origine  tres-proclie  de  la  bouche  ou  du  fu^oir  S  (Fig.  IT)  ,  qui  eft 
Jinnee  1712.     ici ,  comme  dans  les  auties  efpeces,  au  milieu  de  Tetoile  ,   &  prefque 
toujours  en  bas.    La  partie  ou  fon  ouverture  eft  fituee,  Sc  qui  fait  la  malfe 
du  corps  de  I'animal ,  a  un  contour  a-peu-pr^s  circulaire  ABDCE  {Fig. 
Ill  &  ly) ,  dont  le  diametre  n'a  guere  que  le  tiers  de  la  longueur   de 
chaque  rayon  :  fa  furface  inferieure  {Fig.  IF)  eft  plane  5   la  fuperieure 
(Fig.  Ill)  eft  un  peu  convexe;  elles  font  Tune  &  I'aucre  couvertes  d'e- 
cailles  ,  mais  arrangees  ditferemment ,  ce  que  les  figures  font  aftez  voir. 
'  Au  bord  de  chaque  jambe  ,  entre  I'articulation  de  chacune  des  ecailles 

fuperieures  avec  les  ecailles  infcrieures ,  il  fort  une  efpece  de  petite  mem- 
brane terminee  en  pointe  a-peu-pres  triangulaire  MM  (Fig.  III).  Tou- 
tes  cespetites  membranes  ne  paroiftent  que  lorfque  I'etoile  eft  dansl'eau; 
elle  les  remue  en  differens  fens;  elles  font  fi  molles  &:  fl  cources,  qu'elles 
ne  fauroient  fervir  a  I'infede ,  ni  pour  fe  mouvoir,  ni  pour  fe  fixer.  N'au- 
roient-elles  pas  quelqae  rapport  avec  les  organes  qui  fervent  a  la  refpira- 
tion  ,  ou  avec  les  ouies  ? 

Le  terrein  qu  habitent  les  autres  etoiles  ne  convlendroit  pas  a  celles-ci  j 
leurs  rayons  font  ll  caftans  qu'ils  ne  fauroient  foutenir ,  fans  fe  rompre 
dansl'inftant,  les  chocs  que  la  mer  leur  feroit  eftuyer  centre  les  pierres  j 
audi  fe  tiennent-elles  fur  des  cotes  unies  qui  ne  font  couvertes  que  pac 
le  fable  :  elles  font  fouvent  enfoncees  fous  ce  fable  fur  lequel  on  les  voic 
marcher  fort  Isntement  lorfque  la  mer  Ta  abandonne.  Leurs  rayons  s'ac- 
quittent  dans  cette  adtion  de  la  fon(Stion  de  jambes.  Comme  ils  partagenc 
le  corps  de  I'etoile  en  parties  egales  ,  elle  n'a  ni  devant ,  ni  derriere  ,  on 
elle  pent  avec  la  mcme  facilite  aller  de  quel  cote  il  lui  plait.  Pour 
approcher  de  I'endroit  vers  lequel  elle  s'eft  dererminee  d'avancer,  elle 
fe  fert  des  deux  rayons  qui  en  font  le  plus  proches  :  par  exemple  ,  pouc 
aller  vers  B  (  Fig.  Ill),  elle  fe  fert  de  deux  rayons  RR  &  de  celui  qui 
en  eft  le  plus  cloignc  ,  ou  de  celui  P  qui  eft  place  vis-a-vis  I'intervalle 
qui  refte  entre  les  deux  precedens.  Ces  trois  rayons  feuls  concourent  a  foil 
mouvement  progreffif ;  ils  y  concourent  difFcremment.  Elle  replie  I'extre- 
mite  des  deux  premiers  j  elle  les  replie  de  telle  forte  qu'ils  forment  des 
.efpeces  de  crochets  \  la  convexite  de  I'un  regarde  la  convexite  de  I'auire  : 
les  deux  furfaces  inferieures  des  extremites  de  ces  rayons  font  alors  pofces 
fur  le  fable  contre  lequel  elles  s'accrochent  en  quelque  facon  par  leus; 
lecourbement :  or  recourbant  encore  davantage  leurs  extremites ,  fans  aban- 
donner  le  fable ,  elles  tirent  leurs  corsps  en  avant  ,  tandis  que  la  jambe 
oppafee  le  poulfe  par  derriere  dans  la  mcme  diredlion  en  fe  butant  contre 
le  fable  ,  de  meme  qu'un  liomme  qui  eft  dans  un  bateau  poulfe  ,  pouc 
le  faire  mouvoir  ,  le  terrein  avec  une  perche. 

Au  refte  ce  mouvement  eft  lent ,  &  pour  peu  qu'elles  le  veuillent  exe- 
cutec  vice  ,  ou  que  le  terrein  foit  raboteux  ,  leurs  rayons  fe  caflent ;  c'eft 
ce  que  {"ai  yu.arriver  i  des  etoiles  que  j'avois  mifes  fur  m^  main  bien  eten- 
due  J  &qui.,yiyqoloient  warcher  j  a^ifli  en  trouve-t^gn  raremeijt  d'entieres. 


ACADEMIQUE.  411 

Lorfqii'elles  veulent  fe  cachet  foiis  le  fable  ,  011  elles  ne  s'enfoncent  qu'ati-  ■       j        ■ 

cant  qu'il  faut  pour  qu'elles  en  foient  couvertes  ,  elles  s'ouvrent  iin  che-  Acad.  Royale 

iTiin  avec  les  deux  rayons  de  devanc,  &  achevent  le  refte  de  la  maniere  dilsSciences 

done  nous  venons  de  le  voir.                        ,  de  1'aris. 

, .  Anna  1711. 

'         '        '  '  '  ■     ,        I  I  ■        I         I  I  I.  ■■a     »         .       I  / 

Dcs  Hcr'ijfons  ou  Ourfins  dc  rner. 

1—i  E  hcrijfon  de  mer ,  comme  k  hirijfon  de  terre  ,  tire  Ton  nom  des 
epines  dont  il  ei]:  hcriffe.  Sur  quclques  cotes  on  I'appelie  Chdiaigne  de  mer  , 
&  cela  encore  avec  plus  de  tondement  :  il  ne  red'emble  pas  feulement  aux 
enveloppes  des  chataignespar  fes  epines,  mais  encore  par  fa  figure  convexe. 
Le  nom  d'ourjin  qu'on  lui  donne  fur  les  cotes  de  I'rovence  eft  moins 
fonde  ;  il  n'y  a  aucune  reifLmblance  encre  le  poil  des  ourfins  £c  les  pi- 
quans  des  hcrilFons  :  il  yen  a  plufienrs  efpeces  differentes.  Nous  nous 
fommes  concentcs  de  faire  graver  cclle  qui  eft  la  plus  commune  fur  les 
cotes  d'Aiinis  &c  de  I'oitou  ,  &  cela  nous  fuffit  ici  ,  ou  nous  n'avons  pas 
deflein  de  faire  lenumeration  des  animaux  de  mer. 

Apres  ce  qu'Ariftote  &;  divers  Anciens  nous  one  laiflc  fur  le  mouvcmenc 
progrefiif  de  cet  animal  ,  il  feroit  inutile  d'en  parler  ,  dii  moins  pour 
faire  fimplement  connoitre  les  parties  par  le  moyen  defquelks  ii  s'execuce  , 
fi  des  oblervations  modernes  ne  fembloient  dctruire  ce  qu'ils  ont  avunce 
fur  cette  matiere.  M.  Gandolplie  ayant  obfervea  Marfeille  des  heriirons  qui 
marchoient  a(Tez  vice  au  fond  de  la  mer  ,  a  cru  que  ce  ne  font  point  leurs 
epines  qui  exccutent  ce  mouvement  ,  mais  des  jambes  difpofecs  autout  de 
leur  bouche  qui  eft  toujours  tournee  contre  le  kind  de  la  mer. 

Atiftote  ncanmoins  a  eu  raifon  de  croire  que  les  ourfins  fe  fervent  de 
leurs  epines  au  lieu  de  jambes  ;  je  les  ai  vus  marcher  avec  ces  mcmes 
cpjnes ,  dans  des  circonftances  ou  il  n'etoit  pas  permis  de  s'y  meprendre  ; 
nonfeulemenc  je  les  ai  vus  fe  moiivoir  par  leur  moyen  ,  les  ayant  mis 
dans  des  vafes  ou  I'eau  de  la  mer  les  couvroit  peu  ,  &  ou  il  etoit  par 
confequent  trcs-facile  de  les  obferver,  mais  ayant  mis  ces  animaux  fur  nii 
main,  je  leur  ai  vu  executer  leur  mouvement  progrellif  avec  leurs  feules 
epines. 

Ce  fait  eft  done  certain  ,  quelque  contraire  qu'il  foit  aux  obfervations 
de  M.  Gandolphe  :  cependant  ,  comme  nous  ne  pouvons  douter  de  fa 
bonne  foi  ,  il  eft  bon  d'examiner  ce  qui  a  pu  tromper  un  Obfervatcuc 
habile.  M.  Gandolphe  avoit  lii  apparemment  dans  Pline  que  les  hcriHons  , 
lorfqu'ils  marchent ,  tournent  en  rond  ,  ou  qu'ils  roulent  fur  eux-numes, 
in  orbem  vo/yi  :  or  ayant  vu  marcher  des  ourfins  la  bouche  en  bas  ,  comme 
ils  marchent  ordinairement ,  quoiqu'il  foic  probable  qu'ils  tournent  comme 
une  roue  lorfqu'ils  le  veulent ,  ce  fait  lui  aura  rendu  fufpeft  ce  que  les 
Naturaliftes  en  ont  rappoite  :  enfin  ,  il  auia  cru  avec  fondement  qu'ils 
marchoient  d'une  maniere  differente  de  celle  dont  on  I'a  expliquc  ,  apres 
qu'il  aura  ej  obferve  autour  de  leur  bouche  des  jambes  fcmblables  i 
celles  des  ccoiles  j  il  etoic  alfez  natutel  de  peafet  qu'elles   fervoient  a» 


^ii  COLLECTION 

-5—;;^:;^^^^  rnemo  ufage  ,  Sc  que  les  Naruraliftes  ne  les  ayant  pas  remarqutes,    aucun 

Acad.  RoYALE  da  moins  n'en  ayant  fait  mention  .  ils  avoient  attribue  aux  epines  un  eifec 

DES  Sciences    dont  elles  n'etoient  pas  la  caiife.  L'erreur  mcme  de  M.  Gandolphe  prouve 

DE  Paris.        fon  habiletc  a  obfeivet  :  mais   apres  tout ,  il  etoit  a  ptopos  de  n'en  pas 

Annee  nit.     conclure  i\  vice  que  c'eft  pat  ces  ptetendues  jambes  que  s'execute  le  moa- 

vement  ptogreflif  des  heriirons. 

Elles  relTemblent  a  la  veiite  par  leur  figure  aux  jambes  des  etoiles  ,  ou  , 
pour  en  donner  une  idee  plus  claire  a  ceux  quine  connoiirent  pas  ces  jambes, 
elles  relTemblent  aux  comes  de  limacons  ;  aulTi  ne  leur  donnerons  nous 
plus  que  le  nom  de  cornes.  Leur  ufage  elt  bien  different  de  celui  qus 
M.  Gandolphe  leur  a  attribue  5  loin  de  fervir  a  mouvoir  les  herillons  ,  elles 
fervent  a  les  fixer,  Le  herilTon  les  emploie  audi  pendant  qu'il  ell  en  mou- 
vement  pour  reconnoitre  le  terrein  qui  I'environne  ,  comme  les  limacons 
fe  fervent  des  leurs  ,  ou  comme  un  aveugle  tare  avec  un  baton  les  corps 
qui  fe  trouvent  fur  fa  route  j  pour  cela  il  allonge  &c  raccourcit  alterna- 
tivement  les  unes  ou  les  autres  pendant  fa  marche  :  mais  la  quantite  de  ces 
cornes  eft  beaucoup  plus  grande  que  M  Gandolphe  ne  I'avoit  cru  ;  non- 
feulement  ils  en  ont  ,  comme  il  la  obferve  ,  autour  de  leur  bouche  ,  ils 
en  ont  entre  routes  leurs  epines  ,  fur  toute  la  furface  fuperieure  de  leur 
corps.  Pour  faire  connoitre  diftindtement  de  quelle  maniere  elles  y  font 
diftribuees ,  il  eft  necelfaire  de  donner  une  idee  exadte  du  fquelette  de 
I'ourfin. 

Ce  fquelette  (  PL  XI ,  Fig.  7  )  eft  un  corps  ofTeux  dont  la  figure  appro- 
che  fort  de  celle  d'une  portion  de  fphere  creufe.  Il  a  une  ouverture  O 
fur  la  partie  la  plus  elevee  de  fa  convexite ,  par  laquelle  Ariftote  allure 
que  I'animal  jette  fes  excremcn?.  Sur  la  furface  oppofee  a  cette  ouverture  , 
Si  qui  ici  eft  un  peu  arrondie  {Fig.  H)  >  il  y  a  une  autre  ouverture  plus 
grande  que  la  precedente  ,  placce  vis-a-vis  d'elie  ,  &  c'eft  cette  derniere 
ouverture  qui  eft  la  bouche  de  I'ourfin.  La  furface  exterieure  de  ce  fque- 
lette eft  raboteufe ,  ou  marquee  de  diverfes  eminences  ,  de  diverfes  pe- 
tites  inegalites,  mais  difpofees  avec  otdre  :  elles  partagenc  en  quelque  fa^on 
tout  I'exterieur  de  I'ourfin  en  dix  triangles  fpheriques  ,  ifofceles  ,  qui  ont 
leur  fommet  a  I'ouverture  fuperieure  tk  leur  bale  a  I'inferieure.  Il  y  en 
a  cinq  grands  T  T  ,  &c.  (  Fig.  /  )  &:  cinq  petits  tit  it -.Is  h^illon  a  prefque 
tout  par  cinq.  Tous  les  petits  triangles  &  tons  les  grands  triangles  font 
egaux  entr'eux.  Une  petite  bande  triangulaire  BB,  moins  raboteufe  que 
le  relle,  fepare  chaque  grand  triangle  de  chaque  petit  triangle.  Tous  ces 
triangles  font  herilfes  de  diverfes  eminences  ,  &  chaque  petite  bande  eft 
percee  d'un  grand  nombre  de  tious  tres-dclies ,  a  peu-pr^s  de  la  grandeur 
des  points  qui  compofent  les  lignes  pondtuces  :  ees  troHS  traverfent  Te- 
pailTeur  du  fquelette  ;  leurs  ouvertures  font  plus  fenfibles  fur  fa  furface 
interieure  ,  qui  eft  unie ,  que  fur  I'exterieure  ,  qui ,  comme  nous  avons 
dit ,  eft  fort  inegale.  Ces  trous  ont  toujoursfait  admirer  le  travail  du  fque- 
lette de  I'ourfin  ;  on  les  diftingue  fans  peine  lorfqu'on  les  regarde  vis-a-vis 
le  grand  jour  ,  mais  on  a  ignore  leur  ufage  :  leur  arrangement  a  audi  plus 
d'ordre  qu'on  n'y  en  a  remarque  j  ils  font  difpofes  dans  chaque  bande  BB 
^  Fig.  Ill)  fur  differens  rangs  d'une  maniere  conftante  &:  reguliete.  1!  y 


A  C  A  D  fe  M  1  Q  U  E.*  4ij 

a  deux  efpeces  de  rangs  dans  chaque  bande  ;  les  nns  de'  deux  trctis  ,  les  _____^..^ 
autres  de  quaere  ,  pofes  alternativement  depuis  iinedtsextrcuiitesdc  la  bande  ~.  T  * 

.,,,,,'  ,'■  n         I  1  /■    •       J       J  <     ■       J  ACAD.KOYAIE 

jufqu  a  I  autre.  Au  rede  cliacun  de  ces  rangs  ,  loit  de  deux ,  loi:  de  quatre     jj^j  Sciences 

trous  ,  eft  incline  fur  fa   bande  ,  &  rinclinaifon  des  rangs  qui  font  aux       de  Paris. 

deux  cotes  d'un  meme  petit  triancle  ,  eft  telle  que  les  deux  rancs  pris  j     ^      / 

L  r      1       J         u     J  r  •  'I     •  Annu    17  11. 

nieme  hauteur  lur  l;s  deux  bandes  ,  le  rencontreroient  sils  etoicnt  pro- 

longes  dans  le  petit  triangle  qui  les  ftpare.  Les  rangs  de  deux  rcpoiidenc 

au  milieu  de  chaque  rang  dc  quatre. 

L'cfpace  renfermc  par  chacun  dcs  triangles  eft  aiifti  comme  divifc  en 
plufieurs  parties  ,  &  cela  par  diverfes  lignfs  qui  partent  du  trou  fujic- 
rieur  &  vont  aboutir  a  Tinferieur  ;  mais  au  lieu  que  les  lignes  prcccdentes 
font  tracees  par  des  trous  delies  ,  cellcs-ci  font  marque<.s  par  diverfes  emi- 
nences qui  rcndent  la  furface  du  fquelette  raboteule.  Entre  les  eminences 
placees  (ur  une  meme  ligne  ,  cellcs  qui  font  le  plus  prochcs  de  fon  milim 
ont  plus  de  contour  &:  font  plus  elevees  que  celles  qui  font  vers  I'un  ou 
I'autre  de  fes  bouts.  Enfin  ,  les  eminences  de  diflferentes  lignes  font  de 
differentes  grandeurs. 

II  eft  bon  de  connoitre  plus  particulierement  ces  petites  eminences, 
ou  ces  petites  apopliyfes  :  chacune  d'elles  reftemble  a  une  mamelle  M  qui  * 
a  fon  mamelon  m  (  Fig.  J  )  ,  ou  ,  fi  Ton  veut  une  idee  plus  ex.:(fte  ,  a 
une  portion  de  fphere  dent  la  partie  fuperieure  de  la  convexite  eft  en- 
veloppce  par  une  partie  de  fphere  creufe  beaucoup  plus  petite.  C'tft  fur 
chacune  de  ces  petites  apophyfes  que  font  pofees  les  bafes  des  epines  des 
ourfins  :  comme  elles  font  un  peu  creufes,  elles  enveloppenc  le  mame- 
lon de  I'apophyfe  ,  ou  de  la  portion  de  la  fphere  fuperieure  autour  de 
laquelle  elles  peuvent  tourner  en  tout  fens.  Les  plus  petites  apophyfes  fou- 
tiennenc  de  plus  petites  epines.  Le  nombre  de  ces  apophyfes ,  ou  ,  ce  qui 
revient  au  meme ,  cclui  des  epines  eft  prodigieux  ;  comme  il  y  en  a  d'exttc- 
mement  petites ,  il  n'eft  guere  poilible  de  les  compter  d'une  maniere  sure, 
j'en  ai  trouve  environ  iioo. 

Le  nombre  des  petits  trous  qui  forment  les  bandes  qui  feparent  les 
triangles  eft  aufli  ties-confiderable  :  j'en  ai  compte  environ  1 300  ,  nombre 
qu'il  eft  bon  de  favoir  pour  connoitre  combien  I'ouriin  a  de  cornes ,  car 
chacune  de  ces  cornes  tire  fon  origine  d'un  de  ces  trous,  &  reciproque- 
ment  il  n'y  a  point  de  trou  qui  ne  donne  naiillince  a  une  come  :  elles  ne 
font  guere  fenfibles  que  lorfque  I'animal  eft  dans  I'eau  ,  encore  n'y  font- 
elles  fenfibles  qn'en  partie.  S'il  marche  ,  il  fait  voir  fenlement  quelques- 
unes  de  celles  qui  font  du  cote  vers  lequel  il  avance  ;  fi  au  contraire  if 
eft  en  repos,  on  n'apper9oit  que  celles  CC  [Fig.  V)  qu'il  a  pu  ou  \ouIii 
fixer  contre  quelque  corps  P  ,  &  qui  le  tiennent  en  quelque  fa^on  i 
I'atlcre  :  il  applique  leur  extremitc  contre  ces  corps ;  il  les  y  colle  fi  forte- 
ment ,  comme  nous  I'avons  explique  ailleurs  en  parlant  des  eroiles,  que  fi 
on  veut  employer  la  force  pour  les  detacher  ,  on  y  parvient  raremenc 
fans  caffer  une  partie  de  celles  qui  I'attachoienr.  Enfin  elles  celTentprefque 
entierement  d'etre  vifibles  lorfqu'on  le  retire  de  I'eau  ;  il  les  atfailTe  &  les 
replie  fur  elles- memes  ,  de  forte  que  Ton  ne  voir  plus  que  leurs  extre- 
mices  qui  ne  fauroienc  ecre  teconnoilFables  qua  ceux  qui  les  one  obfervees 


414  COLLECTION 

■*■'■"  "—  pendant  que  les  cornes  etoient  gonflees.  Dans  I'etat  de  repos  ,  les  boucS 

AcAD.RoYALE  des  comcs  font  caches  eiitie  les  bafes  des  epines,  au  lieu  qu'ils  furpalFenc 
EEsSciEN'CEs     leufs  pointes  lorfque  lourfin  les  allonge, 
D£  1  ARis.  Les  epines  done  il  fait  ulage  le  plus  ordinairement  pout  marcher  font 

Annii  i7ii.  ^^^  environs  de  fabouche;  comme  elles  peuvent  s'indiner  en  tout  fens 
egalement ,  il  pent  aufli  avancer  avec  une  facilite  egale  de  tous  cores  j  les 
epines  qui  font  le  plus  proclies ,  &  celles  qui  font  le  plus  eloignees  da 
point  vers  lequel  il  s'eft  determine  d'alier  ,  lui  fervent  en  meme  terns  j 
il  fe  tire  avec  les  premieres  EEE  (^Fig,  IV)  &  fe  poulFe  avec  les  fecon- 
des  KK.  Il  n'eft  pas  difficile  d'imaginer  comment  cela  s'execiite;  rourfin 
potce  les  plus  procbes  le  plus  loin  qu'il  peut  de  fa  bouche  ,  il  accroche 
ou  pique  leurs  pointes  contre  quelques  corps  avec  la  furface  defquelles 
il  leur  fait  faire  un  angle  aigu ;  &  au  contraire  il  approche  de  fa  bou- 
che ,  ou  du  deffous  de  fa  bafe  ,  la  pointe  des  epines  le  plus  eloignees,  d'ou 
il  eft  claic  que  loifqu'il  fait  effort  enfuite  pour  ramener  a  foi  les  pre- 
iTiieres  ,  ou  les  tirer  vers  le  deflus  de  fa  bafe ,  &  qu'il  fait  en  meme 
terns  ua  autre  effort  pout  relever  les  dernieres  ou  les  eloigner  du  def- 
fous de  fa  bafe  ,  il  tire  &  pouffe  fon  corps  en  avant  par  ces  deux  efforts. 
Ici  il  n'eft  queftion  que  du  mouvement  progreflif  de  Tourfin  lorfqu'il 
raarche  la  bouche  en  bas;  mais  on  voit  en  meme  tems  que  quand  il  mar- 
che  la  bouche  en  haut  {Fig.  V) ,  tout  doit  fe  palFer  dune  femblable  ma- 
iiiere.  Enfin  il  paroit  qu'il  peut  marcher,  non  feulement  ctant  difpofe  des 
deux  manieres  precedentes,  mais  encore  dans  une  infinite  d'autres  pofi- 
tions  dans  lefquelles  la  ligne  qui  paffe  par  le  centre  des  ouvertutes  oil 
font  fa  bouche  &  fon  anus,  eft  ou  parallele  ,  ou  inclinee  a  Thorizon  fous 
divers  angles  :  je  dis  qu'il  paroit  qu'il  peut  marcher  dans  toutes  ces  ii- 
tuations,  parce  que  je  n'ai  point  obfetve  ces  differentes  adtions;  mais  leur 
poflibilite  me  paroit  affez  demontree,  parce  que  les  jambes  peuvent  s'in- 
diner avec  une  egale  facilite  de  tous  les  cotes.  Combien  faut-il  de  muf- 
cles  pour  faire  mouvoir  en  tout  fens  &  feparement  iioo  jambes,  &  1 500 
cornes ! 

Dans  la  Fig.  IV ,  cc  reprefentent  les  cornes,  eee  les  plus  petites  epines 
du  heriffon,  S<.  dans  la  Fig.  V ,  I  reprefente  une  corne  feparee. 


Sur  unc  Cavcrnc  dc  FranAc-Comte. 

-•4r'  ^  pli-"ip'"'f  ^^^  ge"s  ne  feroient  pas  furpris  d'entendre  dire  que  dans  un 
lieu  foutetrein,  dans  une  cave,  par  exemple,  il  fait  chaud  en  hiver  & 
froid  en  ete  ,  ils  I'autont  eprouve  cent  fois.  Cependant  c'eft-la  un  paft- 
doxe  pour  les  Phyficiens  qui  favent  que  cette  experience  eft  trompeufe. 
Que  reellement  il  fnir  nliK  rli-inri  rinnc  uno  ^ow^a  or.  J.rJ.  ,-.,.'0.-.   hi"*""  ■    •■•••-'•■■ 


tre  la  cave  chaude  en  hiver  quand  on  y  paffe  d'un  air  plus  chaud.   II  n'y  a 
done  que  des   Philofophes  qui   puiirent   cere  ctonnes  d'une  caverne  de 

Francha-Comtc , 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  415 

Franche - Comtc  ,  ou  il  fait  reellemeiu  en  etc  un  trcs-grand  froid.         ^^^^^^^T^HTTT 
Cette  caverne  eft  a  cinq  lieues  do  Befan^on  a  I'Eft ,  dans  I'endroic   de  Acad.Rovale 
la  Province  appcUc  commiinement  Montagnc  ,  &  dans  un  bois  c]iu  eft  au-     " es  Sciences 
prcs  dii  Village  de  Chaiix.    Elle  eft  au  pied  d'un  roc  clevc  de  15    pieds:       ^^  I  aris. 
elli   en  a  80   de   hauteur  ou  de    profondeur  ,    140   de    longueur  depnis    Anncc  1711. 
I'entrce  jufqu'au  cote  oppofe ,  &   iii  de  largeur.    Ce  ne  fu:  qu'au  mois 
de  Septembre   171 1  ,  que  M.  Billerez  ,  ProfclFeur  d'Anatomie  &  de  Bo- 
tanique  c;i  rUniverfitc  de  Bcfan^on  ,  qui  a  envoyc  cette  rdlation  a  I'Acadc- 
mie,  y  defcendit  pour  I'examiner.  Il  trouva  que  le  fond  de  I'antre,   qui 
eft  plat,  ctoit  encore  couvert  de  5  pieds  de  glace  qui  commengoit   a  fe 
fondre  ,,  &  il  vit  trois  pyramides  de  glace  de   1 5    ou  20  pieds  de  haut , 
fur  5  ou  5  de  large  ,  qui  ctoient  aufli  dcja  beaucoup  diminuces.  Il  commen- 
^oit  a  fortir  par  Ic  luut  de   I'entrce  un  brouillard  qui  en  fort  tout  I'hi- 
ver  &  qui  annonce  ou  accompagne  le  degei  de  cette  glaciere.   Ccpendanc 
le  froid  y  ctoit  encore  11  grand  ,  qu'a  moins  d'y   marcher  &  de  s'agiter  , 
on   n'cLit   peu  y   demeurer   une   demi-heure    fans  trembler,    &    qu'uii 
thermometre  ,  qui  hors  de  la  caverne  ctoit  a  60  degres  ,   y  defcendit  a 
10,  c'ell-a-dire  a   10  degres  au-deftbus  du  ties-grand    froid.    La  glace  de 
cette  grotte  eft  plus  dure  que  celle  des  rivieres,  mtlce  de  moins  de  buUes 
d'air  ,  &  fe  fond  plus  dirficilement ;  il  y  en  a  d'autanc  plus  qu'il  fait  plus 
chaud  en  cte. 

M.  B.  a  trouve  l.i  caufe  de  ce  phcnomene  en  obfervant  que  les  terres 
du  voifinage,  Si  fur-tout  celles  du  deftus  de  la  voute  ,  font  pleines  d'un 
fel  nitreux,  ou  d'un  fel  ammoniac  naturel.  Ces  fels  mis  en  mouvcment 
par  la  chaleur  de  I'ete.fe  melent  plus  facilement  avec  les-eaux  ,  qui  cou- 
lant  par  les  terres  &  par  les  fentes  du  rochcr,  pencttent  jufqus  d.;iis  la 
grotte.  Ce  melange  les  congele  precifement  de  la  meme  maniere  que  fe 
font  nos  glaces  artifici.lles,  &  ce  qui  eft  un  petit  vafe  dans  cette  ope- 
ration ,  la  grotte  I'eft  en  grand.  Des  congelations  ou  incruftaiions  pierreu- 
fes  qui  fe  trouvent  fur  tout  vis  a-vis  de  I'ouverture  expofee  au  Nord  par 
ou  il  a  pu  entrer  plus  de  parties  nitreufes  de  I'air,  confirment  encore  ce 
fyftcme.  On  dit  qu'il  y  a  a  la  Chine  des  rivieres  qui  gelent  en  etc  par 
la  m^me  raifon. 


Ohfcrvations  d'HiJloirc    Naturdle. 

JVl.  J.  Jacques  Scheuchzer  ,  voyageant  en  1709  dans  les  montagnes  de 
Suifte,a  vu  une  mine  de  charbon  de  pierre  formee  de  plufieurs  couches 
tellement  difpofees  ,  qu'il  y  a  toujours  alternativement  une  couche  de 
pierre  &  une  couche  de  charbon.  Au-delTous  de  la  plus  profonde  couche , 
eft  une  marjie  cendree  pleine  de  coquillages  ,  comme  font  les  mines  de 
charbon  d'Angleterre.  U  y  a  mcme  parmi  les  charbons  des  fragmens  de 
coquillages  blanchatres  qui  femblent  avoir  etc  calcines  par  le  feu. 

M.  Scheuchzer  donne  au  Mont  Gemmius ,  par  fes  obfervations,  T147 
toifes  d'elevation  fur  le  niveau  de  la  mer, 

Tomtlll,  Panic  Francoiji,  Hj 


4i<?  COLLECTION 

Pour  trouver  la  fource  des  eaux  falees  de  Bex  dans  le  Canton  de  Berne  i 

Acad.  Ro  YALE  ji  voiiluc  (aire  faucet  un  roc;  les  Mineurs  y  ayant  fait  un  trou  ,  &  I'un 
DES  Sciences      ,,  ,       ,  ,  ,  i  u       '        i        r     ■ 

CE  Paris        deux  s  en  etant  approche  avec  une  lampe  allumee  ,  il  en  lortit  une  vapeur 

,  '       qui  s'enflamma  &  lui  btula  coute  la  peau.  La  meme  vapeur  repouffa  ceur 

^nnee  ijii,    ^^^^  j-g^  approcherenc  avec  des  lampes  qu'ils  avoient  miles  au  bout  de  lon- 
gues  perches. 


Extrait  des  Obfirvations  dc  M.  Maraldi  fur  les  AbciUes. 

JL»'a  b  eil  le  prendegalement  le  miel&  la  cirefurles  fleurs,  rr.ais  non  pas 
avec  les  memes  organes.  Comme  le  miel  eft  une  matiere  liquide  qui  for  c 
des  fleurs  par  tranfpiration  ,  I'abeille  le  fuce  avec   une  trompe  au   fond  du 
calice  des  fleurs ,  &c  elle  ne  va  attaqu;r  que  celles  dont  le  calice  n'eft  pas 
plus   profond  que  fa  trompe  n'eft  longue  quand  elle  a  route  fa  longueur  ;, 
car  elle  fe  plie  en  deux  dans  les  terns  oii  elle  ne  recueille  point  le  miel, 
Cette  liqueur  fucee  p.ir  cette   trompe  fe  rend  dans  une  petite  veffie  alTez 
tranfp.irente   pour  en  lailFer  paroitre  la   couleur  au  dehors.   Une  partie 
fert  a  la   nourriture  de   I'animal  &  fe  dillribue  dans  fes  vaifl^eaux  j  nous 
dirons  en  fon  licu  ce  que  devient  Tautte.   Pour  la  cire  qui  eft  a  lapouf- 
fiere  des  ctaniines  des   fleurs  ,  les  abeilles  la  prennent  avec  les  premieres 
de  leurs  fix  pattes ,  puis  la  placent  pour  I'emporter  dans  une  petite  conca- 
vite  qu'elles    one  aux  deux  dernieres.    Souvent  eiies  la  compriment  ,  la 
foulent  avec  leurs   pattes  ,  tant  pour  en   emporter  davanrage  ,  que  pour 
lui    donner  une  figure  plus  propre  au  tranfport.  Quelqucfois  elles  fe  rou- 
lent  furies  fleurs,  lorfqu'elles  font  humides  ,  pour  enlever  avec  les  poils 
done  leur  corps  eft  convert  de  petites    particules  de  cire  dont   elles   fe 
chargent  ainfi    de  tous   cotes.    Quand   I'abeille  eft  retournee  a  la  ruche 
avec  fa  recolte  ,  ou  elle  s'en  decharge  elle-mcme  dans  le  moment,  fi  elle  le 
peut.ou  elle  ne  manque  pas  a  etre  aidee  par  d'autres. 

L'intention  de  la  recolte  de  la  cire  eft  d'en  faire  le  rayon  :  chaque  cellule 
ou  alveole  eft  hexagone,  &  Ton  fait  que  c'eft  une  des  proprietes  de  ces 
figures  de  remplir  un  efpace  fans  y  lailTer  de  vuide  entr'elles,  Sc  que 
cette  meme  figure  hexagone  ,  qui  a  cela  de  commun  avec  le  quarre  &l  le 
triangle  equilateral ,  a  outte  cela  I'avantage  de  renfermer  un  plus  grand 
efpace  dans  un  meme  contour.  Mais  ce  n'eft  encore  rien  que  ce  choix 
de  I'hexagone  :  entre  routes  les  manieres  geometfiques  dont  on  pouvoit 
I'executer  ,  les  abeilles  ont  pris  celle  qui  ecoit  en  meme  terns  la  plus 
fimple  &  la  plus   commode  pour  elles. 

Quoiqu'il  ne  paroilFe  dans  une  ruche  qu'une  agitation  continuelle  Sc 
irrcguliere  de  plufieurs  milliers  de  niouches  qui  volrigent  au  hafard  j  il  y 
a  ceoendant  un  grand  ordre ,  mais  il  faut  I'etudier  avec  foin.  Les  travaux 
font  diftribues  comme  entre  les  caftors  i  des  abeilles  apportent  de  la  cire 
entre  deux  ferres  ou  machoires  qu'elles  ont  a  la  tece  ,  &c  peut-etre  y  font- 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  417 

ellfls  coulcr  quelque  liqueur  qui  la  derrempo  &  ramofl'c;  quelquefois  ce  — 

four  les    mcniL's  qui,  iL-  cocte  cire  qu'elles  oiu  pctriu  ,  clevciu  Ics  pctits  Acad.  Roy  ale 
muis  des  cellules  lu-xagones  j  quelquefois  d'autres  oiucettc  fondtioii  :  mais     uts  bcitNCES 
enfin   ccUes  qui  cleveiu  les  cellules  ne  fonc  point  celles  qui  poliireiu  I'ou-       »«  1'aris. 
rragw:  ilen  (uccede  d'autres  qui  rendent  les  angles  plus  cxads  ,   uniirenc    Annii   1711. 
&  applanilTent  les  fuperhcies ,  &c.  Er  comme  cela  ne  fe  fait  pas  fans  re- 
trandi.r  quelques  particules  de  cire  ,  &  que  les  abeilles  font  d'une  extreme 
economie,  il  y  en  a  qui  out  le  foiii  d'empartet  ces  particules.  M.  M.  a 
remarque  que  les  abeilles  qui  elevent  les  murs  travaiUent  moins  de  tems 
de  fuitcque  celles  qui  polillent.  La  diligence  eft  extreme  -,  un  rayon  dun 
pied  de  long  &  de  6  pouces  de  large  ,  6c  qui   connent  pr^s  de  4000  al- 
veoles ,  eft  achevc  en  un  jour;  il  eft  vrai  qu'il  faut  pour  cela  que  routes 
les  circonrtances  foient  favorables. 

Elles  attatlient  un  rayon  au  haut  de  la  ruche  d'oii  il  defcend  en  bas  , 
pourvu  cependant  que  ce  haut  ne  foit  pas  un  couverde  qui  fe  puifte  «ile- 
ver ;  car  li  e'en  eft  un  ,  elles  s'en  appercevront  ,  &c  iront  attacher  leuc 
rayon  ailleuts.  Ce  n'eftpas  proprementde  la  cire  que  ce  qu'elles  emploient 
a  I'attacher,  elles  la  menagent  trop ,  c'eft  une  glu  fort  grolliere. 

Comme  les  rayons  font  des  plans  perpeiidiculairesa  la  bafe  de  la  ruche 
que  je  fuppofe  circulaire  ,  s'il  y  en  avoir  un  dont  le  bas  fiit  un  diametre 
ou  unecorde  entiere  de  cette  bafe,  il  couperoit  la  ruche  en  deux  parties 
qui  ne  poutroient  avoir  nuUe  communication  enfemble.  Les  abeilles  pre- 
viennent  cet  inconvenient  en  ne  faifant  pas  leurs  rayons  d'une  fi  grande 
ccendue,  &:  en  lailTanc  entre  deux  rayons  voilins  un  intervalle  par  o\l 
peuvent  palfcr  deux  abeilles  de  front.  De  plus  elles  lailftnt  quelques  ou- 
vertures  dans  un  mane  rayon  pour  n'etre  pas  oblige,  s  a  de  fi  grands  de- 
tours. • 

Les  alveoles  des  rayons  font  deftines  a  deux  ufages.  1".  Ce  font  leurs 
magafuis;  elles  y  mettent  en  rcferve  le  miel  qui  doit  are  leur  nourriture 
de  Ihiver  j  car  de  cekii  qu'elles  prennent  fur  les  Heurs  ,  6c  qui  entre  dans 
cette  veficule  dont  nous  avons  parle  ,  il  n'y  a  qu'une  petite  partie  qui  fert  a 
leur  nourriture  aduelle  ,  elles  rejettent  le  relie  quand  elles  font  de  retour 
a  la  ruche  ,  &  en  font  des  provifions  :  de  p'us  elles  garJent  dans  les  aveo- 
les  deja  faits  ,  la  cire  qui  doit  etre  employee  a  en  faire  d'autres  ,  ou  fervir 
a  quelqu'autre  ufa;^e.  2°.  Les  aveoles  font  le  b«rceau  de  leurs  petits  :  mais 
d'ou  viennent  ces  petits  ?  C'eft  une  des  plus  grandes  diflicultes  de  cette 
matiere  que  de  le  demeler. 

Dans  route  une  ruche  compofee  de  huit  ou  dix  mi'le  abeilles  ,  il  n'y  en 
a  peut-ctre  qu'une  qui  fafte  des  petits  :  celle-la  eft  plus  longue  ,  &  d'une 
couleur  plus  vive  que  les  autres.  Elle  a  une  allure  grave  &  polee  :  c'eft  cette 
femelle  ou  mere-abeille  qu'on  appelle  vulgairement  Lc  Roi.  On  en  voic 
dans  une  ruche  quelquefois  deux,  tout  au  plus  trois  de  cette  mcme  ef- 
pece  ,  &  c'eft  ce  qui  fait  douter  qu'il  n'y  en  ait  alors  qu'une  a  qui  appar- 
tienne  le  privilege  de  la  generation  ;  car  d'ailieurs  il  eft  conftant  par  les 
obfervations  de  M.  M.  qu'il  n'appartient  qua  cette  efpece  royale.  Tout  le 
peuple  eft  condamne  a  la  fterilite. 

Le  plus  fouvent  U  mere-abeille  ou  la  femelle  fait  fes  petits  dans  de« 

Hi  i; 


^li  COLLECTION 

endroics  de  la  rache  ou  Ton  ne  peut  obferver  j  mais  qiiind  par  bonheur 
Acad.  RoYALE  elle  en  clioifit  d'autres  plus  expofes  a  la  vue ,   il  eft  encore  le  plus  com- 

OES  Sciences    munemenc  tres-difficile  de  la  voir,    parce  que  les  abeilles  tirent  un   ri- 
E     ARis.       dsm  au  devanc  d'elle.  Ce  tideau,  ce  fonc  elles  memes  fufpendues  de  hauc 

Anntt  IJ12..     eii  bas,&  accrodiees  les  unes  aux  aucres  par  de  certains  petits  crochets 
'  ■ '  qu'elles  one  aux  partes.  Elles  favent  faire  en  I'air  par  ce  moyen  relies  fi- 

gures qu'il  leur  plait.  Mais  enfin  la  mere-abeille  ne  s'eft  pas  toujours  de- 
robee  aux  yeux  de  M.  M.  Elle  a  ere  vue  fuivie  d'une  cour,  toujours  avec 
fun  air  grave,  &C  allanc  depofer  dans  huit  ou  dix  alveoles  de  fuite,au- 
tant  de  petits  vers  blancs  qui  doivent  devenir  abeilles.  Pendant  qu'elle 
fait  fa  ponte  ,  il  paroit  par  certains  mouvemens  particuliets  des  abeilles 
qui  conipofcnt  fon  cortege ,  qu'elles  lacarefTent,  ou  i'encouragent  :  apres 
cell ,  elle  fe  retire  dans  I'interieur  de  la  ruche  ,  d'oii  elle  ne  fort  guere. 
Par  les  hurt  ou  dix  vers  de  fuite  que  la  mere-abeille  a  fairs  dans  le  pen  de 
terns  &  dans  les  circonftances  oii  on  I'a  vue  ,  on  peut  juger  quelle  eft  fa 
fecondite  dans  tout  le  terns  oil  on  ne  la  voir  point  ,  c'efla-dire  ,  pendant 
ptefque  toute  I'annee.  Une  ruche  oii  il  n'y  a  qu'une  feule  femelle  oa 
tnere-abeille  ,  ce  qui  eft  le  plus  ordinaire ,  donne  pendant  une  annee  un 
elfaim  au  moins,  qui  peut  etre  de  douze  ou  quinze  niille  abeilles ;  quel- 
quefois  il  en  fort  deux  &  meine  trois  :  cependant  cette  ruche  eft  audi 
pleine  a  la  fin  de  I'ete  qu'au  commencement  du  printems.  11  faut  done 
qu'uu  nouvel  eflaim  ,  s'il  eft  le  feul  de  I'annee  ,  ne  foit  que  la  famille  de 
la  mere-abeille  ,  fuppofe  qu'il  n'y  entre  que  de  jeunes  abeilles,  &  au  cas 
qu'il  y  en  entre  de  vieilles  ,  il  en  refte  dans  la  ruche  un  nombre  a-peu- 
pres  egal  de  jeunes  forties  de  la  mere  ,  ce  qui  revient  aa  meme.  Il  n'y  a 
guere  d'apparence  que  la  femelle  qui  fort  de  la  ruche  avec  le  nouvel 
elfaim  air  produit  une  parrie  des  abeilles  qui  I'accompagnent.  Que  s'il 
fort  de  la  ruche  en  un  an  plus  dun  eftaim ,  ce  feront  encore  de  nouvel- 
les  productions  a  mettre  fur  le  compte  de  I'ancienne  femelle  ,  a  moiirs 
que,  pour  ne  pas  outrer  fa  fecondite,  on  ne  veuille  foupconner  qu'elle 
auia  produit  plus  d'une  femelle ,  qu'il  n'en  fera  forti  qu'une  avec  le  pre- 
mier elfaim,  &  que  I'autre  ou  les  deux  antres  feront  reftees  dans  la  ru- 
che, &  y  auront  fait  leurs  pontes.  Si  cela  eft  ,  une  reine  ou  mere-abeille 
pourra  fortir  avec  tout  un  nouvel  elfaim  qu'elle  aura  produit,  au  lieu 
que  les  reines  des  autres  ^Ifaims  proviennent  communement  de  la  meme 
mere  que  le   refte  de  relfaim. 

11  refte  a  favoir  d'ou  la  mere-abeille  tire  fa  fecondire  ,  8c  fi  c'eft  de 
quelque  accouplement.  Il  n'y  a  prefque  point  de  ruche  ou  I'on  ne  trouve 
des  bourdons,  &  quelquefois  jufqu'a  plufieurs  centaines :  ils  font  faits 
comme  les  abeilles  ,  a  cela  ptes  qu'ils  n'ont  point  d'aiguillons  &c  qu'ils 
font  d'un  tiers  plus  longs  &  plus  gros  (n)»;  ils  n'ont  rien  du  cara6tere 
laborieux  des  abeilles   Sc  demeurent  abfolument  oififs  :  ils  fortent  meme 

(a)  M.  Maraldi  a  aufliobferve  des  bourdons  qui  n'ctoicnt  pas  plus  gros  que  Ics  abeilles 
ouvricres :  ccs  petits  bourdons  etoient  dans  des  rochets  oil  il  n'y  avoit  point  de  grolfrs 
cellules ,  &  M.  Mataldi  foup^onne  que  les  bourdons  prennent  plus  ou  moins  d'accroiC- 
fement,  plus  ou  moins  de  groffcur ,  felon  qu'ils  ic  trouvent  dans  des  cellules  plus 
grandes  ou  plus  petites. 


AC  A  D  E  M  I  Q  U  E.  419 

Fort  pen  de  la  ruche,  fi  ce  n'clt  par  un  ttc-s-beau  terns,  &c  ilj  y  rentrent  ■ 

piomptemenc  Sc  n'y  r.ipportcnc  rien.  Ce  n'eft;  pas  que  leur  vcficule  ne  Acad-Royaie 
foit  remplie  de  miel  ,  mais  ils  font  foupconnes  de  I'avoit  derobe  dans  la  r>ES  Scienxes 
ruche ,    parce  qu'on  ne   Ics  voit  point   fe  pofer  fur  les   fleurs  j  &  quand       ^^  ^  aris. 

tnemc  ils  y  en  iroient  prendre,  ce  ne  feroic  que  pour  eux,  Sc  non  pour  Annie  i-jii, 
I'utilite  commune  ;  car  M.  M.  c-n  preflant  leur  veficuie  ,  a  vii  que  Ic  miel 
n'en  fortoit  point  comme  il  fort  de  celle  des  abeiiles  j  ainfi  les  bourdons 
ne  peiivent  le  rejctter.  On  pourroit  croire  que'  ces  animaux  feroient  les 
males  de  la  grolle  abeille  femello,  &:  qu'ils  ne  feroient  fouffetts  dans  la 
ruche  qu'a  caufe  que  leur  oidvetc  feroit  fuflilamment  compenfee  par  cette 
importante  fonclion  ;  &  ce  qui  appnyeroit  cette  idee,  c'eft  qu'cn  effet  a 
la  fin  de  I'ctc  les  abeiiles  font  la  guerre  aux  bourdons  a  route  outrance  , 
les  tuent,  ou  leschalfent  de  la  ruche  fans  quartier,  de  fotte  qu'on  ne  fait 
plus  ce  qu'ils  deviennent :  il  fembleroit  que  la  caufe  de  leur  n:alheur  feroic 
d  etre  devenus  abfolument  inutiles,  parce  qu'il  ne  s'agit  plus  de  genera- 
tion en  hiver.  Les  abeiiles  prennent  routes  en  commun  un  ties  grand  foia 
des  perits  qu'elles  n'ont  pas  fairs  &  qui  n'appaitiennent  qu'a  leur  reine ; 
dies  mettent  a  chaque  petit  vet  dans  fon  alveole  quelques  gouttes  d'une 
liqueur  pour  fa  nourriture  \  enfuite  elles  font  a  I'alveole  un  couvercle  de 
cire  :  ces  diffcrentes  operations  ont  leurs  terns  regies  ,  &  ils  le  font  fans  doute 
fur  lesbefoiiisde  I'embrion  :  celui-ci  ayant  pris  tout  fon  accroilTement,&:  etanc 
enfin  devenu  mouche,  perce  le  couvercle  de  fon  alveole,  &  aprcs  quelque  ten's 
de  langueur,  s'envole  avec  lesautres.  Il  el1:  aobferver  que  les  abeiiles  ont  a  tel 
point  I'efprit  de  menage ,  qu'elles  ne  veulent  pas  que  ce  couvercle  perce foic 
perdu  ;  elles  en  viennent  reprendre  la  cire  &  la  rapportent  dans  le  ma"afiii 
commun  pour  Ctre  employee  de  nonveau  :  elles  rendent  en  meme  tenis 
a  I'alveole  fa  figure  rcguliete,  fi  elle  a  ete  alteree  ,  Sc  le  remettcnt  en  ctac 
de  fervir  encore  au  meme  uf.ige  :  il  y  a  eu  cinq  fois  de  fuite  en  trois 
mois  des  vers  dans  le  m'-me  alveole. 

Les  bourdons  viennent  de  la  reine  ou  femelles  comme  les  abeiiles  :  il  y  a  dans 
les  rayons  quelques  alveoles  plus  grands  que  lesautres  deftines  aux  vers  qui  doi- 
vent  fe  changer  en  bourdons  &  a  qui ,  par  confcquent  ,  il  faut  plus  d'efpace. 
Ces  vers  font  pondus  par  la  mere-abeille  comme  les  autres  &  ils  font  trai- 
tes  enfuite  par  le  public  avec  les  m'"mes  foins.  Tout  ell  egal  jufqu'a  la  fin  do 
I'cte ;  mais  quand  ce  terns  eft  venu  ou  les  abeiiles  di'clarent  la  guerre  aux 
bourdons,  leur  fureur  s'erend  jufqu'a  ceux  qui  ne  font  encore  que  vers j 
elles  rompent  les  couvercles  qu'elles  avoient  mis  elles-memes  aux  alveo- 
les ou  ils  font  enfermcs  ,  &  les  en  tirent  pour  les  tuer  ,  &  jetcer  leurs  petits 
cadavres  hors  de  !a  ruche  [a). 

(a)  V.  la  Colktl.  Acad.  Part.  Etrang.  torn.  V.  pag.  ij?. 


""Sr 


430 


COLLECTION 


AcAE.  RoYALE 

DES  Sciences 
DE  Paris. 

^nnk  1712. 


Sur  les  divcrfes  reproduclions  qui  fc  font  dans  les  Ecrcvijfes  , 
hs  Homars ,  les  Crabcs ,  ^c.  (S'  entr'autrcs  fur  cellcs  dc  leurs 
jambcs  6'  dc  lews  ccailks. 


Par   M.    D  E    Reaumur. 


jC\_Y  ANT  eu  occafion  d'examiner  certaines  cotes  maritimes  qui  font 
remplies  d'une  infinite  de  crabes,  j'ai  remarque  nombre  de  ces  animaux 
qui  avoient  une  de  leurs  grclTes  jambes  ,  plus  petite  que  I'autre  ;  &  en- 
tte  ces  jambes  plus  petites,  j'en  ai  trouve  de  tant  de  grolFeurs  difFetentes  , 
par  rapport  a  la  grolTeur  de  I'autre  jambe  de  la  meme  paire  ,  qu'on  ne 
pouvoit  guere  les  prendre  que  pour  des  jambes  de  difFerens  ages.  J'en 
voyois  qui  a  peine  commenijoient  a  paroitre  ,  ou  qui  n'avoient  pas  encore 
la  forme  de  jambes;  d'autires  un  peu  plus  grandes  ,  fembloient  un  peu 
plus  developpees.  ll  y  en  avoit  d'autres  qui  etoient  des  jambes  tres-dif- 
tin£tes ,  mais  tres-petites  :  enfin  il  s'en  prefentoit  dans  tous  les  difFerens  de- 
eres  d'accroilfement  \  Sc  ce  qui  fembloit  prouver  une  regeneration  reelle  , 
c'eft  ce  que  les  plus  petites  jambes,  ou  celles  dont  la  figure  n'etoit  pas  en- 
core bien  diftinfte  ,  n'etoient  qu'un  chair  moUe  &  non  revctue  ,  comme 
les  autres,  d'une  ecaille  dure. 

Le  pere  du  Tertre  avoit  apparemment  fait  de  pareilles  obfervations  fur 
ces  crabes  de  la  Guadeloupe  dont  il  nous  a  donne  une  hiftoire  fi  curieufe  5 
car  il  alTure  que  ,  lorfque  leurs  partes  ont  ete  cadt'es ,  elles  reviennenc 
au  bout  de  I'an  ,  ou  qu'ilen  revient  d'autres  en  leur  place. 

Pour  decider  la  queftion  ,  il  ne  sagilFoit  que  de  renfermer  dans  des 
vafes  ces  animaux  apres  leuc  avoir  coupe  une  jambe  pour  voir  ce  qui 
leur  arriverolt  ,  &  c'eft  le  parti  que  je  pris.  Mes  premieres  tentatives  ne 
furent  pas  heureufes  ,  la  met  entraina  &  brifa  quelques-uns  de  mes  vafes; 
elle  en  remplit  d'auttes  de  fable  ,  Sc  je  ne  revins  a  Paris  qu'avec  un  doute 
bien  fonde  ;  heureufement  qu'il  n'etoit  pas  difficile  de  s'inftruire  du  meme 
fait  fur  les  ecreviifes  :  j'en  pris  plufieurs  auxquelles  je  coupai  une  jambe  , 
je  les  renfermai  dans  un  de  ces  batteaux  converts  que  les  pecheurs  nom- 
ment  des  Boutiques,  011  ils  confervent  le  poilfon  en  vie  ,  &  jene  les  laif- 
fai  pas  nianquet  de  nourriture  :  au  bout  de  quelques  mois  je  visde  noii- 
velles  jambes  qui  occupoient  la  place  des  anciennes  que  j'avois  enlevees  ; 
a  la  grandeur  pres  ,  elles  leurs  etoient  patfaitement  femblables  ;  elles 
avoient  meme  figure  dans  routes  leurs  parties,  memes  articulations  OC 
naemes  mouvemens. 

Le  terns  necedaire  pour  la  produition  des  iiouvelles  jambes,  n'a  rien 
de  fixe  ,  c'eft  un  des  points  pat  lefquels  certe  efpece  de  generation  dif- 
fere  de  celle  du  fojtus.  Ces  jambes  croiffent  plus  ou  moins  vite  ,  comme 
les  plantes  ,  felon  que  la  faifon  eft  plus  ou  moins  favorable  ;  les  jours  les 
plus  chauds  fontceux  qui  avancent  le  plus  leur  formation  &  leur  accroif- 
("etnent.  Divctfe?  autres  circonftances  rendent  encore  la  nouvelle  repro-  ■ 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  4j  i 

duftlon,  ou  plus  prompte,  ou  plus  tardive.  Une  des  plus  efTentielles  eft  ^ 

I'endroit  ou  la  jambe  a  ete  cifTee  ,  ou  pour  me  faire  entendre  plus  ciaire-  T  jT 

mcnt ,  jc  dois  faire  renfouvcnir   que  les  jambcs  des  ecrevilTes  ont  plufieiirs     d^s  Sciences 
articulations  ou  jointures ,  c'eft-a-dire  ,  que ,  comme  nos  doigts ,  par  exem-      de  Paris. 
pie  ,  elles  peuvent   fe  plier  en  diveis  endroits  ,  &  cela  ,  parce  que  les     ^f!„i£  i-n 
jointures  ne  font  point,  comme  le  rtftc  de  la  jambe  ,  revctues  d'ccaiiles  ,  ' 

mais  d'unepeau  flexible  pkis  mince  que  le  parchemin  ,  &  d'line  confiftance 
adez  femblable.  Chaque  groire  jambe  a  cinq  jointures  pareilles  :  fi  nous 

Erenons  pour  la  premiere  la  plus  proche  de  rextrcmite  de  la  jambe,  on 
ien  celle  ou  eft  articulee  cette  grolle  partie  compofee  de  deux  pinces,  Sc 
qui  eft  remplie  dune  fubftance  charnue  ;  fi  ,  dis-je  ,  on  prend  cette  join- 
ture pour  la  premiere  ,  c'eft  lorfqu'on  coupe  la  jambe  pr^s  de  la  quatrieme 
jointure  qu'elle  fe  reproduit  le  plus  aifcment  ;  &  c'eft  audi  la  que  les  jam- 
bes  fe  caltent  naturellement.  Ce  n'eft  pas  dans  la  jointure  mcme  que  la 
jambe  fe  calFe  ,  la  jointure  eft  recouverte  dune  membrane  flexible  &  forte: 
mais  I'ccaille  qui  eft  auprcs  de  la  quatrieme  jointure  ,  entr'elle  &  la  troi- 
fieme  ,  eft  compofee  de  piufieurs  pieces  ditferentes  :  ce  qui  femble  le  prou- 
ver  fuffifamment  ,  font  deux  Sc  quelquefois  trois  futures  que  Ton  apper- 
5oit  dans  cet  endroit :  c'eft  dans  ces  futures,  &  fur-tout  dans  celle  du  mi- 
lieu que  la  jambe  fe  calfe  :  les  morceaux  d'ccaille  y  font  foiblement  atta- 
ches enfemble  ,  ils  ne  s'ent^rcnent  point  d'une  maniere  fenfible  a  la  vue 
fimple  ;  aulll  la  jambe  y  peut-elle  etre  calTce  par  une  trts-pctite  force  :  fi 
on  tient  une  ecrevilfe  par  la  parte  ,  Sc  de  meme  fi  on  tient  un  crabe  , 
I'efFort  que  ces  animaux  font  pour  fe  retirer,  detache  fouvent  leur  jam- 
be  ,  ils  la  lailTent  entte  les  mains  de  celui  qui  la  tient  ,  &:  s'en  vont  avec 
celle  qui  leur  refte. 

II  n'y  a  point  de  pateilles  futures  aupres  des  autres  articulations;  d'ail- 
leurs  la  jambe  y  eft  plusgrofte,  aufli  ne  s'y  ca(Te-t-elie  point.  Si  pourtanc 
on  coupe  la  jambe  ailleurs  que  dans  la  future  oil  elle  fe  cafTe  naturelle- 
ment ,  elle  s'y  reproduit  ,  quoique  moins  vite  :  mais  ce  qui  mtrite  le 
plus  d'etre  remarquc  ,  c'eft  qu'il  ne  renait  a  chaque  jambe  precifcinenc 
qu'une  partie  femblable  a  celle  qui  lui  a  etc  enlevee.  Si  par  exempie  , 
la  jambe  a  etc  coupce  dans  la  quatrieme  articulation,  c'eft-a-dire  ,  par- 
deli  la  future  ,  la  partie  de  jambe  qui  renait  n'a  que  quatre  articula- 
tions, en  comprenant  celle  oii  elle  eft  jointe  a  la  partie  de  I'ancienne 
jambe  qu'on  a  laiffee  :  fi  on  la  coupe  un  peu  par-dela  la  quatrieme  arti- 
culation ,  la  partie  qui  renait  eft  plus  longue  ,  que  celle  qui  renait  lorf- 
qu'on I'a  coupce  dans  la  quatrieme  articulation  ,  ou  que  celle  qui  renait 
lorfqu'on  I'a  caftee  dans  la  future  qui  eft  au-delFusde  cette  articulation: 
la  nature  ne  rend  a  I'animal  precifcment  que  ce  qu'il  a  perdu  :  elle  lui 
rend  tout  ce  qu'il  a  perdu  :  cependant,  Ci  Ton  coupe  une  grolle  jambe  a  la 
premiere  ,  ou  a  la  feconde  ,  ou  a  la  troifieme  jointure  ,  on  ne  vena 
guere  fe  reproduire  une  partie  d'une ,  de  deux ,  ou  de  trois  jointures.  Si 
Ton  va  conliderer  quelquesjours  apres  les  ecrevilTes  qu'on  a  ainfi  niuti- 
lees  ,  on  trouvera  pour  I'ordinaire,  que  Us  jamhes  qu'on  avoir  coupees 
vets  la  premiere  ,  la  feconde  ,  ou  la  troificnie  jointure  ,  fe  font  routes 
calfees  dans  la  future  qui  eft  proche  de  la  quauieme.  A  la  vcrite  j'ai  va 


43  i  COLLECTION 

""'  qa:-lquefois  naitre  des  parties  de  jambes  qui  n'avoicnt  qu'une  ,  deux  ou 

AcAq,  RoYALE  jf^jij   articulations  ,  mais  elies  renaiiroienc  beaucoup   plus  leiuement  que 

PES  Sciences      qq\\q^  qyj  etoieni  calTces  a  la   future  voifine   de  la  quatrieme  jointure. 

PE  FARIS.  „  .   n    I.       1      ■         ~     1  J    xv-         /•    f  •     I         1  "  « 

,      ,^  Comme  c  ell  1  endroit  ou   la  reproduction  le  rait  le  plus  vite  ,   arrctons- 

-  nuc^  1712.  ^^^^^  ^  ^^^^g  jambe  quia  etecairee,  pour  raconcer  les  progres  de  la  nou- 
velle  reprodu6tion  :  tout  ce  que  nous  dirons  de  celle-ci,  s'appliquera 
facilement  aux  autres. 

Si  c'eft  dans  le  mois  de  Juin  ou  de  Juillet  qu'on  les  a  cafTees,  &C  qu'un 
jour  ou  deux  apres  on  retourne  obferver  les  changemens  qui  font  arrives, 
on  voit  une  elpece  de  membrane  rougeatre  laquelle  recouvre  les  chairs 
aui  font  immediatement  au  bout  de  I'endroit  coupe  ;  fa  furface  eft  allez 
plane  ,  comme  le  feroit  celle  d'un  linge  etendu  fur  le  bout  d'un  tuyau  cy- 
lindrique;  aulli  le  bout  de  la  jambe  reflemble-t-il  alors  a  celui  dun  tuyau  d'e- 
caille.  Quatre  a  cinq  jours  apres  ,  la  mcme  membrane  prend  une  furface  un 
peu  convexe,  femblable  a  celle  d'un  fegmentde  fphere  ,  &  apres  quelqu'au- 
tres  jours  cette  figure  fpherique  fe  change  en  une  conique,  c'elt-a-dire,  que  la 
membrane  dont  nons  parlous  ,  s'allonge  de  fagon  que  fon  milieu  s'etend  plus 
que  tout  autre  endroit  defa  furface  &  forme  un  petit  cone  qui  n'a  pourtant 
pas  pour  bafe  route  la  circonferencede  I'endroit  ou  la  jambe  a  cte  caffee  :  il 
femble  que  le  milieu  ,  &c  les  contours  du  milieu  ont  ete  feuls  poufTes  en 
haut  :  fouvent  alors  ce  petit  cone  a  environ  une  ligne  de  hauteur  ;  fa  bafe 
refte  toujours  la  meme,  mais  fa  hauteur  augmente  dans  la  fuitej  apres 
dix  jours,  elle  a  quelquefois  trois  lignes:la  couleur  de  la  membrane  qui 
le  forme  devienr  blanche  j  ce  qu'il  y  avoir  de  rouge  a  fon  excremite  fe  dc- 
tache. 

Au  refte  on  ne  doit  point  fe  reprcfenter  ce  cone  comme  un  cone  creux, 
quoique  nous  ne  I'ayons  confidere  que  comme  forme  pat  une  membrane  : 
cette  membrane  qui  en  fait  la  furface  exterieure ,  fert  a  envelopper  des  chairs , 
&  contient  deja  une  portion  de  la  jambe ,  trcs-petite  a  la  verite ,  mais  fembla- 
ble a  celle  qu'on  a  enL'vee  a  I'ecreviire  ;  elle  lui  tient  lieu  en  partie  de  ma- 
trice  ,  ou  fi  I'on  veut ,  elle  fait  par  rapport  a  cette  petite  jambe  la  mcme  fonc- 
tion  que  le  chorion  ,  &  Xamnios  font  par  rapport  au  foetus  j  a  mefure  ,  s'il 
m'eft  permis  de  parler  de  la  forte  ,  que  ce  fa:tus  de  jambe  croit,  la  mem- 
brane qui  I'enveloppe  s'etend  ;  &  comme  elle  eft  aflez  epaifle  ,  ce  n'eft 
qu'apres  I'avoir  coupee  qu'on  decouvre  qn'elle  renferme  cette  petite  jam- 
be  ,  car  brfqu'on  la  regarde  exterieurement,  ce  qu'on  appercoit  ne  fem- 
ble  qu'une  excroiftance  de  chair  de  figure  conique.  Au  bout  de  douze  ou 
quinze  jours^  cette  figure  change  un  peu,  le  petit  cone  fe  recourbe  vers  la 
tete  de  I'animal.  Quelques  jours  apres  le  mcme  corps  charnu  fe  recourbe 
davantage;  le  coude  qu'il  formoit  augmente,  il  prend  une  figure  afTez 
femblable  a  celle  d'une  jambe  d'ccrevilTe  morte  ou  en  repos.  Cette  petite 
partie  charnue  eft  couchee  fur  I'ecaille  ,  fans  lui  etre  neanmoins  adherentej 
elle  ne  paroir  capable  d'aucun  autre  mouvement  que  d'un  foible  mouve- 
jnent  de  relfort,  c'eft-a-dire  que  lorfqu'on  la  plie  ou  lorfqu'on  la  retire 
de  la  fituation  ou  elle  etoit,elle  reprend  naturellement  &  infenfiblement 
fa  premiere  figure  &c.  fa  premiere  place.  Cette  mcme  pattie  toujours  in- 
fapable  d'aHc^ne  aiSion  ^  acquiert  jufqu'a  fix  &:  fept  lignes  de  longueur 

dans 


A  C  A  D  ^  M  I  Q  U  E:  45. 

dans  un  mois  ou  cinq  fcmaines ;  mais  comme  la  membrane  qui  I.i  cou-  1  1 

vre  en  s'ccenJant ,   devient  plus   mince,  3i  qu'en  mtme  terns  toutes  ies   a    .     n       .   . 
p.iinss  de  la  jambe  deviciinenc  plus  marquees,  en  regardant  de  prcs  on     cts  .Sciences 
pent  alors  diftinguer  que  ce  n'ell  pas  line  limple   carnolite  :  on  demcle      de  1'aris. 
quciques  jointuress  la  premiere   fur-tout  eft  fenlible  ,  on   appcr^uit  aulli     Annie  171  x, 
line  iigne  qui  tait  la  (cparation  des  deux  pinces  dont  Ics  bouts  forment 
le  fonimet  du  cone ,  ou  de  la  petite  carnolite. 

La  )ambe  alors  eft  prete  a  naitre  ou  a  cclorre ,  s'il  m'eft  permis  de  me 
fervir  de  ces  termes,  a  force  de  s'etre  etendue,  la  membrane  qui  I'enve- 
loppe  fe  dechire  ;  la  jambe  depouillce  de  ce  fourreau  paroit  au  jour, 
elle  eft  encore  moUe  ;  mais  aprcs  peu  de  jours  elle  le  trouve  revetue  d'une 
ccaille  auffi  dure  que  celle  de  I'ancienne  jambe  ,  il  ne  lui  en  manque  que 
la  grandeur  &c  la  grolleur  ,  apparemment  qu'elle  Its  acquiert  avec  le  terns  : 
elle  eft  pour  ainfi  dire  en  age  de  croicre  dans  le  temps  que  I'autre  jam- 
be  n'y  eft  plus.  Dans  I'inftant  da  fa  nailTance  ,  elle  a  environ  la  moitie 
de  la  longueur  de  la  partie  qui  a  ete  emportce  ;  mais  elle  eft  fort  de- 
lice  &  capable  pourtanc  des  memes  mouvemens  qu'on  voir  faire  aux  plus 
groftes  jambes. 

Nous  eullions  volontiers  raconte  jour  par  jour  Ies  accroiffemens  de 
cette  nouvelle  partie  de  jambe,  comme  d;  fcavans  Anatomiftes  ont  ra- 
conte la  formation  du  poulet,  fi  Ies  tems  des  accroiflemens  de  cts  jam- 
bes ctoicnt  audi  regies  :  mais  comme  nous  I'avons  dit  d'abord ,  une  me- 
me  partie  des  jambes  edot  tantot  plus  vlte  &  tantot  plus  lentemcnt,  fcr 
Ion  que  la  faifon  eft  plus  ou  moins  favorable  ,  &  felon  I'etat  ou  ctoit 
I'ecreviire  quand  on  I'a  coupee  ;  j'ai  vu  des  jambes  calfees  a  la  future  voi- 
fine  de  la  quatrieme  articulation ,  naitre  ou  eclorre  au  bout  de  trois  fe- 
maines  ;  &  jen  ai  vu  d'autres  qui  ne  font  eclofes  qu'apr^s  plus  de  liK, 
Enfin  celtes  qui  ont  etc  calTees  en  hiver,  n'edofent  qu'en  ete;  d'aillcurs 
il  eft  difficile  de  demeler ,  mcme  avec  Ies  meilleurs  microfcopes,  ce  qui 
arrive  ici  dans  le  commencement  de  la  formation  :  ce  font  des  parties 
molles  &  extremement  delices ;  Ies  ptogrcs  de  leurs  accroilFemens  ne  fau- 
roient  etre  fenfiijles ,  fi  on  ne  met  plufieurs  jours  d'intervalle  entre  Ies 
obfervations. 

Au  refte,  (i  nous  n'avons  parlc  que  de  la  reproduftion  des  grofTes  jam- 
bes ,  ce  n'eft  pas  que  Ies  petites  ne  fe  reproduifent  aufli  ,  mais  elles  le 
font,   Sc  plus    rarement,  Ik  plus  lentement. 

Enfin  ,  fi  au  lieu  de  couper  a  une  ectcviffe  une  jambe ,  on  fe  contente  de 
lui  retrancher  une  pince  ou  une  parrle  d'une  pince ,  cette  pince,  ou  cette 
partie  de  pince ,  levient  comme  Ies  jambes.  Si  de  mcme  on  lui  coupe  Ies 
comes ,  ou  une  partie  de  fes  cornes ,  elles  fe  reparent  comme  le  refte.  En- 
tre  la  tete  &  Ies  grofTes  jambes,  immediatement  au-deftus  de  ces  deux  grof- 
fes  jambes  ,  elle  a  deux  jambes  plus  petites,  ou  fi  \'on  veut.deux  bras; 
car  la  figure  de  ces  deux  parties  eft  differente  de  celle  des  jambes,  & 
rccreviile  n'en  fait  guere  ufage  pour  marcher  :  elles  ne  lui  fervent  appa- 
remment qua  approcher  la  nourriture  de  fabouche.  Ces  bras,  ccmmeces 
jambes,  font  compofejs  de  diverfes  articulations;  a  quelque  articulatioa 
qu'on  Ies  coupe  ,    il  renait  una  partie  femblable  a  celle  qu'on  a  enle- 

Tome  III,  Panic  Francolfe.  I  ^ 


'454  COLLECTION 

■II  _    I J  vee.  Enfin  la  pluparc  des   parties  de  cet  animal  ,  peuvcnt  (e   reptoduire 

,.         „  conime  on  le  verra  plus  patticulierement  dans  la  fuite. 

■^^L^^v-'-.fvwtc^        La  reproducfbioii  des  queue-:  de  lezards  n'eft  pas  a  beaucoup  pres  aufll 

BE  Paris.       complete  que  cclle  des  jambes  decreville,  du  moms  sil  ny  arrive  rien 

.     ,  de  plus  que  ce  qu'on  y  a  vu  a  I'Academie  :  voici  ce  qu'en  die  M.  Duha- 

nee   17  ii.    ^^^^1  dans  fon  Hijtoire  :  D.  Thevenot  laurtum    viridem  exhibuh  (16S6)  die 

1  i   Junii  :  illius   caudu  refeciu  quaji  rtnajci    vifa  ejl ,  feu  nova   ilLi  cauda 

fuccreverit ,  feu  catlum  induclum  fuerit  ;    illud  additamtntum  intra    i  i   dies 

penk  8  lintis  auclum.   Die  j   Julii ,   idem  lacertus  allatus  ejl  ,    atqul  illius 

caudam  plurimum  auclamfuij/e  compertum  ejl  :  hujus  caudam  pojl  aliquot  dies 

refeclam  ,  increviffe  deprehenfum  ,  fed  to  in  loco  ,  cartilago  tan  turn  cava  erae , 

pelle  obduclu.    Dijfertationem  ed  de  re  confcripfit  D.  Perault. 

La  diflertation  citee  par  M.  Duhamel ,  eft  imprimee  dans  le  torn.  IV 
des  Effais  de  Phyfique  de  M.  Perault.  Cet  Auceur  y  rapporte  que  la  partie 
qui  s'elt  engendree  de  nouveau ,  vue  exterieurement ,  ctoit  entieremenr 
lemblable  a  celle  qu'on  avoir  emportee,  excepte  qu'ellen'en  avoit  pas  I3 
^  couleur  verte ;    mais  au  dedans  elle  en  etoic  fort  differente ,  puifquellc 

Ti  avoit  ni  lei  vertebres  ,  ni  les  mufcles  qui  etoient  a  la  partie  emportee  par  am- 
putation ,  mais feuknunl  au  lieu  de  vertebres ,  un  cartilage  de  la  grojjeur  dune 
groffe  epingle.  Il  n'y  a  done  ici  de  veritable  reproduction  que  celle  des 
ecailles  &  de  la  peau  qui  recouvroient  cette  nouvelle  queue  ,  au  lieu  que 
dans  la  regeneration  des  jambes  des  ecrevilfes,  la  partie  nouvellement  pro- 
duite  eft  (emblable  en  tout  a  celle  qu'on  avoit  retranchee. 

Les  ecrevifTes  ayant  une  fource  fi  feconde  de  reprodudtion ,  j'ai  vohIu 
favoir  fi  leurs  queues  ne  fe  reproduiroient  pas  comme  leurs  jambes  :  j'ai 
coupe  pour  cela  les  queues  en  difFerens  endroits  ,  mais  il  n'y  eft  jamais 
revenu  de  parties  femblables  aux  parties  emportees ,  Hi  les  ccrevifles  font 
loujours  mortes  peu  de  jours  apres. 

Nous  n'avons  point  de  reproduftion  dans  la  nature  qui  paroide  plus 
reffembler  a  celle  qui  fe  fait  dans  les  ccrevifles  ,  que  celle  de  rejettons 
que  poulTent  les  arbres  aupres  des  branches  coupees.  Ce  qu'elles  ont  de 
commun  pourroit  fournir  matiere  a  ceux  qui  aiment  a  trouver  de  I'ana- 
logie  entre  les  plantes  &  les  animaux  :  cependant  tout  confidere  de  pr^s  5 
il  y  a  beaucoup  de  difference  entre  ces  deux  produ6tions ;  chaque  rejetton 
eft  lui-meme  une  plante  entiere  ,  &  les  parties  qui  renaiflent  aux  ecre- 
vifTes ne  font  que  femblables  a  celles  qu'on  leur  a  otees  ,  elles  occupent 
la  meme  place  ,  au  lieu  que  les  rejettons  viennent  aupres  de  I'endroit  qui 
a  ete  coupe :  enfin  ,  outre  qu'il  eft  dangereux  de  fe  fier  aux  raifonnemens 
fondes  fur  une  analogic  ,  car  on  peut  trouver  de  I'analogie  par-tout , 
c'eft  que  la  formation  d'une  partie  capable  de  mouvemens  volontaires  , 
eft  encore  pins  difficile  a  concevoir  que  celle  des  plantes. 

Il  refte  pourtant  un  rapporr  que  nous  avons  deja  indiquc  entre  la  pro- 
duiSbion  des  rejettons  des  arbres  ,  He  celle  des  [ambes  des  ecreviltes  , 
c'eft  qu'elles  s'achevent  I'une  &  I'autre  plus  promptement  dans  certaines 
faifons  que  dans  d'autres.  Si  nous  vouions  appeller  I'inftant  de  la  nailfance 
de  chaque  jambe  ,  celui  ou  elle  fe  degage  de  la  membrane  qui  I'envelop- 
poit  j  une  jambe  qui  naic  en  cte  ,  un  mois ,  ou  cinq  femaines  apres  que  I'an- 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  "4,5 

cienne  jambe  a  ete  coupce  ,  feroit  dans  uiie  autre  faifon  plus  de  huit  ou 
neuf  mois  a  fe  reproduire. 

Cell  uu  fait  done  il  n'ell:  pas  fi  difficile  de  rendre  une  bonne  raifon, 
que  de  la  generation  meme  de  la  partie  ;  cat  quelle  que  foit  la  caufe 
formacrice  ,  s'll  m'ell  permis  d'ufer  d'un  terme  ft  obfcur  ,  elle  ne  peut  agir  , 
ou  plutot  fairs  pouircr  une  nouvelle  jambe  ,  que  dans  le  terns  ou  elle 
trouve  alTez  de  matiere  pour  cela  :  or  ,  quoique  les  ccrevilTes  foient  des 
animaux  carnailiers  &  voraces  ,  elles  mangenc  peu  ,  ou  ne  mangent  point 
du  tout  pendant  fept  a  huit  mois  de  I'annee  ;  elles  ne  font  pas  en  etat  alors 
de  fournir  les  fucs  neceiraires  a  de  nouvelles  produdtions ;  c'eft  beaucoup 
qu'elles  puifTent  foutenir  leur  vie  pendant  I'hiver,  elles  s'alfcmblent  plu- 
lieurs  dans  un  mcme  trou,  qu'elles  abandonnent  rarement  avant  le  prin- 
tems ;  elles  commencent  alors  a  fe  promener  ,  mais  elles  ne  tachent  guere 
d'attraper ,  pour  fe  nourrir ,  des  poiffons  ou  des  infedtes  d'eau  ,  que 
quand  la  chaleur  fe  fait  fentir. 

Le  tilTu  ferre  de  I'ccaille  dont  elles  font  revetues  ,  empeche  apparem- 
ment  qu'il  ne  fe  falFe  cliez  elles  une  tranfpiration  considerable  :  elles  tirenc 
affez  de  I'eau  pour  reparer  la  perte  qu'elles  font  de  ce  cote-la  ;  auffi  d^s 
qu'elles  prennent  des  alimens  plus   folides  ,   non-feulement  elles  ont  les 
fucs  ncurriciers  que  leur  confervation  Sc  leur  accroiiremenc  demandent , 
mais  elles  en  ont  encore  alFez  pour  fournir  a  de  nouvelles  productions. 
C'eft  probablement  lefurplus  de  ce  fuc  nourricier  qui  eft  employe  tous 
les  ans  a  former  une  nouvelle  ecaille  a  chaque  ecreviile  :  il  n'y  en  a  point 
qui  ne  fe  depouille  de  I'ancienne  ,  les  unes  plus  tot,  les  autres  plus  tard  , 
mais  jamais  avant  le  mois  de  Mai  ,  ni  apres  celui  de  Septembre  ,  c'eft- 
a-dire  toujours  apres  avoir  recommence  a  manger.  Avant  de  la  quitter  , 
elles  celTent  cependant  encore  de  prendre  de  la  nourriture  folide  pendant 
quelques  jours  ,  comme  fi  elles  fe  trouvoient  trop  pleines  ou  trop  prelTces 
par  leur  ancienne  ecaille  ,  ou  comme  fi  elles  connoilToient   qu'une  diete  v 
de  quelques  jours  ,  diminuant  un  peu  le  volume   de  leurs  chairs  ,  detache 
en  mime  tems  I'ancienne  ecaille  de  celle  qui  s'eft  formee  dclTous,  fi  nous 
pouvons  cependant  donner  le  nom  d'ecaille  a  une  membrane  epaille,  mais 
encore  molle. 

On  trouve  fi  frequemment  des  ecrevifles  molles  pendant  I'ete ,  qu'il  eft 
peu  de  gens  qui  ignorenc  qii'tUes  changent  d'ecaille.  Divers  aiiteurs  one 
parle  de  ce  fait ;  mais  comme  perfonne  ,  que  je  fache  ,  ne  nous  a  decrit  com- 
me fe  fait  le  changement  d'ecaille  ,  on  ne  fera  peut-ette  pas  fache  que  je 
le  raconte. 

Il  eft  aife  de  le  prevoir  deux  ou  trois  jours  avant  qu'il  arrive  ;  fi  Ton 
prede  avec  le  doigt ,  ou  la  gcande  table  d'ecaille  qui  couvrc  la  tcte  Sc 
une  parcie  du  dos  de  I'animd  ,  ou  quelqnesunes  des  petites  tables  qui 
couvrcnt  la  queue  ,  on  lent  qu'elles  plient ;  ii'etant  plus  (outeiiues  par  les 
chairs  en  ditfcrens  endroits  ,  elles  cedent  a  une  predion  alfez  legere. 

Pour  bien  voir  comment  les  ecreviifes  fortent  de  cette  enveloppe  dure, 
j'ai  voulu  les  confiderer  dans  leur  element  meme  ,  &  pour  cell  j'ai  ar- 
range des  pots  perces  au  bord  de  la  riviere  de  Marne  qui  pall'e  le  long 
de  mon  jatdin.    Les  ecrevilTes  que  j'ai  mifes  dans  ces  pots  y  avolent  cour 

1 5  'J 


AcAD.ROYALB 

Dus  Sciences 
DE  Paris. 

AnnU  lyli.' 


ACAD.ROYALE 

DES  Sciences 
DE  Paris. 

Annie    1711. 


\Y-  COLLECTION 

tinuellement  de  I'eau  nouvelle ,  audi  elles  s'y  font  dc'pouillees  bien  plirt 
vice  que  celles  que  j'avois  fait  tranfporter  dans  mon  cabinet  dans  des  vafes 
pleins  d'cau.  Cependant  les  pteliminaires  etoient  les  memes  &  dans  la 
riviere  &  dans  mon  cabinet. 

Quelques  heures  avant  de  fe  depoiiillet ,  1  ccrevifTe  frotte  fes  jambee 
les  unes  contre  les  auttes ,  les  remue  chacune  feparement  &  fans  chan- 
cet  de  place  j  elle  fe  renverfe  fur  le  dos ,  replie  fa  queue,  pais  s'etend  j 
elle  aoite  fes  comes,  Sec.  tous  mouvemens  qui  tendent  a  donner  a  cha- 
'cune  de  ces  parties  un  peu  de  jeu  dans  leur  fourreau.  Apres  ces  prclu- 
,des  ,  elle  gontle  fon  corps  plus  qu'a  Totdinaire  :  alors  la  premiere  des 
tables  qui  recouvre  la  queue  paroit  plus  ecartee  de  la  gtande  table  qui 
recouvre  la  tete  &  que  je  nommetai  le  cafque  ,  quoiqu'elle  recouvre 
aulTi  I'eftomac  &  d'aucres  parties.  La  membrane  qui  joint  ce  caf- 
que avec  la  premiere  table  de  la  queue  fe  dechire ,  &  Ton  voir  paroicre- 
le  corps  de  Tecrevilfe  qui  eft  d'un  brun  fonce  ,  aulicu  que  la  vieille  ecaille 
eft  d'un  brun  verdatre.  C'eft  a  cette  derniere  couleur  que  Ton  reconnoic 
les  ecreviffes  qui  n'ont  pas  encore  mue  \  plus  elles  tirent  fur  un  brun  verd 
6c  fale  ,  plus  elles  font  proches  de  la  mue. 

L'ecreville  ne  travaille  point  a  fe  defaire  de  fon  ecaille  imrnediate- 
ment  apres  la  rupture  de  la  membrane  dont  j'ai  patle;  elle  tefte  quelque 
terns  en  repos ,  puis  recommence  a  agiter  fes  jambes  &  routes  les  ad" 
tres  parties  ;  enfin  elle  gonlle  &  fouleve  les  parties  reconvertes  par  le 
cafque.  Ce  cafque  s'eleve ,  s'eloigne  de  I'origine  des  jambes  &  fe  decolle. 
La  membrane  qui  le  tenoit  tout  le  long  du  ventre  fe  dechire,  &  il  ne 
refte  attache  que  vers  la  bouche.  On  voit  deborder  autour  du  cafque  la 
partie  Ju  corps  qui  en  etoit  recouverte  auparavant.  Lorfque  I'operation  etoic 
a  ce  point ,  il  ne  falloit  plus  a  recrevifte  qu'un  demi-quart  d'heure  ou  un 
quart  d'heure  pour  achever  de  fe  dcpouiller  fi  c'etoit  dans  la  riviere;  mais 
dans  mon  cabinet  elles  etoient  plufieurs  heures  en  travail ,  &  comme  elles 
etoient  moins  a  leur  aife  ,  il  leur  eft  arrive  de  s'y  donner  tanr  de  mou- 
vemens ,  que  le  cafque  fe  detachoit  entierement ,  au  lieu  que  dans  la  riviere 
ie  cafque  eft  toujours  refte  attache  du  cote  de  la  bouche. 

Le  cafque  etant  fouleve  a  un  certain  point,  on  voit  fon  bord  s'eloigner 
de  la  premiere  des  tables  de  la  queue  :  I'ecreviffe  tire  alors  fa  tete  en  ar- 
riere,  elle  degage  fes  yeux  de  leurs  etuis,  &  d^gage  en  mcme  tems  ub 
peu  toutes  les  autres  parties  du  devant  de  la  tete.  Les  jambes  font  aufli  un 
peu  retirees  en  arriere  ,  elles  fuivent  le  corps  ,  car  il  n'y  en  a  qu'une  paire 
qui  foit  articulee  par  de  la  le  cafque.  Enfin  I'ccrevifle  fe  gonflea  divetfes 
reprifes,  &:  retire  fon  corps  en  arriere;  elle  depouiHe  ou  une  des  groftes 
jambes ,  ou  toutes  les  jambes  d'un  cote  ,  ou  une  partie  de  celles  d'un  cote ; 
quelquefois  celles  des  deux  cotes  fe  degagent  en  meme  tems  ,  car  ceci 
ne  fe  pafTe  pas  d'une  maniere  uniforme  dans  toutes  les  ecreviffes;  elles  ne 
trouvent  pas  toutes  une  egale  facilite  a  degager  les  jambes  femblablement 
placees;  il  y  en  a  de  fi  ferrees  dans  leurs  gaines ,  qu 'elles  y  reftent  &:  fe 
rompent.  J'ai  vu  plufieurs  ecrevifies,  fur-tout  des  jeunes,  mourir  dans  ce 
travail  de  la  mue  :  elles  ne  fe  donnent  pas  toutes  les  memes  mouve- 
mens i  on  en  voit  qui  fe  contentent  d'agiter  doucement  leurs  jambes,  d'au- 
ttes  les  frottenc  aflez  fort  les  unes  contre  les  autres  j  toutes  recourbenc 


A  C  A  D  £  M  I  Q  U  E.  ^^7 

fouvent  leur  queue.  J'en  ai  vu  qui  pendant  cette  operation  etoient  fur  le  ■  ' 

cote  ,  celles-ci  fe  tiroient  d'affaire  plus  vice  ,  d'autres  etoient  fur  le  ventre    a         ii 

&  d'autres  fur  le  dos  :  ces  dernieres  font  celles  dont  il  pciit  le  plus.  cf  5  Sciences 

Quand  les  jambes  font  degagees ,  I'ccrevitie  retire  de  delTous  le  cafque  de  Paris. 
&  fa  tete  &  les  autres  parties  qu'il  couvroit ;  elle  fe  donne  audi  tot  un  ^^/^jf^  17 12. 
mouvement  en  avant,  ctend  brufquement  fa  queue,  puis  la  retire,  &c 
par  ce  dernier  mouvement  elle  abandonne  tout  fon  ancien  etui  ,  apres 
quoi  elle  rcfte  dans  une  extreme  foibleiTe.  Toutes  les  jambes  font  fi  molles 
qu'etant'  expofees  a  fair  elles  fe  plient  comme  du  papier  mouille  ,  fur- 
tout  aux  endroits  des  articulations.  Cependant  fi  Ton  touche  I'ecrevilTe 
immcdiatement  aprcs  qu'elle  s'eft  dtpouiUce,  on  fent  fon  corps  plus  dur 
qu'il  n'eft  naturellemcnt  ,  mais  ce  ii'eft  pas  I'enveloppe  ,  c'eft  la  malfe 
entiere  des  chairs  qui  eft  dure  fans  doute  par  I'eftet  des  convulfions  vio- 
lentes  dans  lefquelles  font  alors  les  mufdes. 

Au  refte,  quand  le  cafque  eft  une  fois  fouleve,  &  que  recreviffe  a  com- 
mence de  degager  fes  partes,  rien  n'eft  capable  de  I'arreter.  J'en  ai  quel- 
quefois  retire  de  I'eau  dans  cet  etat  ,  me  propofant  de  les  conferver  a 
demi-dcpouillces ;  elles  achevoient  malgre  moi  de  muerentremes  mains: 
j'avois  beau  leur  prelfer  le  corps ,  elles  ne  lailFoient  pas  de  titer  leurs 
jambes  de  leurs  fourreaux  peu  a-peu,  mais  avec  vigueur  :  elles  etoient 
fouvent  entidrement  depouillces  avant  que  j'eulfe  eu  le  terns  de  les  jetter, 
foit  dans  I'eau-de-vie  ,  foit  dans  le  vinaigre  ou  j'avois  dellein  de  les  faire 
perir :  quelquefois  mcme  celles  que  j'ai  jettees  dans  ces  liqueurs  fi  difFe- 
rentes  de  I'eau  ,  ont  acheve  d'y  muer. 

Avant  que  I'ecrevifte  change  de  peau  ou  d'ecaille ,  il  fe  fait  chez  elle 
une  mue  encore  plus  finguliere  ;  c'eft  celle  de  fon  eftomac.  Ce  fait 
avance  par  Vanhelmont ,  a  etc  verifie  par  M.  Geoffroi  le  jeune  ,  qui  a 
en  efFet  trouve  un  nouvel  eftomac  ,  lequel  enveloppoit  I'ancien ,  &  qui 
a  reconnu  que  cet  ancien  eftomac  devenoit  la  proie  du  nouveau.  J'ajou- 
terai  ici  mes  obfervations  a  celles  de  M.  Geoffroi.  L'eftomac  de  I'ecre- 
viffe,  (P/.  XXIII ,  Fig.  I),  eft  muni  de  trois  dents,  dont  celle  du  milieu  B 
eft  d'une  figure  diffcrente  des  deux  autres  D  D.  Ces  trois  dents  font  fou- 
tenues  pat  trois  cartilages  \  le  refte  de  l'eftomac,  c'eft-a-dire,  ce  qui 
fepare  ces  cartilages  les  uns  des  autres,  eft  membraneux.  Ayant  ouverc 
quantite  d'ecrevilles  dans  le  terns  de  la  mue  ,  j'ai  irouve  dans  I'eftoinac 
de  quelques-unes,  fix  dents  au  lieu  de  trois  :  de  ces  fix  dents,  trois  etoient 
blanches  &  adherentes  a  des  cartilages  blancs,qui  faifoient  partie  du  fond 
de  l'eftomac  :  les  trois  autres  etoient  brunes  ou  noitartes,  &  ne  tenoient 
point  au  fond  de  l'eftomac.  Quelquefois  j'ai  trouve  ces  dents  toutes  de- 
tachees  les  unes  des  autres ;  quelquefois  elles  fe  tenoient  encore  par  une 
portion  de  membrane  jaunatre,  qui  etoit  fans  doute  un  refte  de  I'ancien 
eftomac,  comme  les  dents  noiratres  etoient  les  anciennes  dents  :  le  nou- 
vel eftomac  travailloit  a  I'aide  des  nouvelles  dents,  a  digerer  &  les  an- 
ciennes dents  &  les  reftes  de  I'ancien  eftomac. 

La  depouille  quittee  par  rccrevilTe  ,  paroic  elle-mcme  une  autre  ecre- 
vlffe.  La  piece  que  j'ai  nommce  le  cafque,  n'etant  plus  foutenue  &  ^tant 
adherente  vers  la  tete,  rctombe  dans  fa  premiere  place.  Si  Ton  examine 
■en  detail  cette  depouille  ou  ce  fquelette,  on  voit  qu'il  n'y  manqi;e  rien 


458  COLLECTION 

==r:rT  de  ce  que  I'ecrevKTe  a  de  cartilagineux  &  d'otTeux,  excepts  les  dents  de 
iicAD.RoYALE  I'eftomac  &   les  deux  pierres  connues    du  vulgaire  fous  le  nora  d'yeux 

DES  Sciences     d  eccevilFes.  Un  grand  nombre  de  patties,  qui  par  leiir  figure  &  leur  pofi- 
DE  Paris.       tion,  p,euvent  etre  appellees  des  vertebres ,  y  reftent  toutes,  &  Ton  y  re- 

Annh  nil.  trouve  jufqu'a  ce  cartilage  qui  occupe  ordinairement  le  milieu  des  chairs 
de  la  parte  ,  jufqu'a  ces  poils  qui  bordent  en  maniere  de  frange  le  bout 
&  les  cotes  de  la  queue  ,  lefquels  fervoient  de  gaines  a  d'autres  polls 
femblables  qui  fe  trouvent  aux  memes  endroits  dans  I'ecreviire  nouvelle- 
ment  depouillee  :  il  en  eft  de  meme  des  poils  que  quelques  ecreviffcs  one 
fur  I'ecaiUe  des  jambes. 

Il  eft  alfez  difficile  de  concevoir  comment  toutes  ces  parties  fe  feparent 
de  leurs  tourreaux  ;  mais  elles  commencent  certainement  a  s'en  feparer 
avant  que  lecrevilte  y  travaille,  &  cela  a  I'aide  d'une  matiere  glaireufe  , 
tranfparente  comme  de  I'eau  ,  qui  s'infinue  entre  I'ancienne  ecaille  &  I'en- 
veloppe  membraneufe  deja  fotmee  deflous,  &  leur  donne  la  facilite  de 
glider  I'une  fur  I'autre.  J'ai  trouve  des  pieces  continues  de  cette  matiere, 
auftl  grandes  que  le  cafque  j  elles  etoient  extremement  minces  &  fans 
couleur;  comme  je  n'y  ai  apper^u  aucunes  fibres,  je  ne  leur  donne  pas 
le  nom  de  membrane. 

Les  grolTes  jambes  des  ecrevifles  ne  fe  tirent  pas  de  leurs  fourreaux  comme 
les  autres  parties ;  la  grofte  extrcmite  de  la  patte  elargic  fon  chemin  a 
/  mefure  quelle  fe  retire  en  arriere  j  ce  qui  eft  facile  aux  endroits  des 
articulations,  oii  il  y  a  des  membranes  qui  peuvent  fe  dechirer  comme 
celles  qui  retenoient  le  cafque  ;  mais  chaque  partie  comprife  entre  deux 
aiiiculations ,  forme  un  etui  d'ecaille  qui  ne  paroit  nullement  flexible: 
celui  qui  eft  entre  la  feconde  &  la  troifieme  articulation  ,  eft  le  plus  long 
&  le  plus  etroit.  La  fuite  de  ces  etuis  ecailleux  reunis  par  les  articula- 
tions ,  forme  un  fourteau  continu  qui  eft  compofe  de  deux  pieces  a-peu- 
pres  egales  ,  lefquelles  peuvent  fe  feparer  ,  &  fe  feparent  en  effec 
leloii  leur  longueur  dans  le  travail  de  la  mue  :  elles  s'ecartent  allez  pour 
laiffer  fortir  la  jambe  par  le  cote,  apres  quoi  elles  fe  rejoignenc  par  leur 
reirort.  La  matiere  gluante  dont  nous  avons  parlc  ci-devant,  les  coUe, 
&  peut-etre  audi  les  membranes  qui  ont  ete  dechirees. 

L'enveloppe  membraneufe  &c  molle  dont  1  ecrevifte  eft  reftee  couverte 
apres  la  mue,  fe  durcit  ordinairement  en  deux  ou  trois  jours,  &  j'en  ai 
vu  acquerir  en  14  heures  route  la  durete  de  I'ancienne  ecaille.  La  promp- 
titude avec  laquelle  cette  ecaille  fe  durcit ,  eft  remarquable ,  &  la  voie 
que  la  nature  emploie  pour  lui  donner  cette  durete ,  I'eft  encore  davau- 
tage  ,  au  moins  fi  ma  conjecture  qui  a  ete  auffi  ,  fi  je  ne  me  trompe , 
celle  de  Vanhelmont  ,  eft  aufli  bien  fondee  qu'elle  me  le  paroit,  &  (i 
elle  eft  fuffifamment  confirmee  par  mes  obferv.itions.   Je  regarde  les  deux 

fiierres  que  Ton  nomme  impropremenr  yeux  d'ecreviffe ,  comme  les  re- 
ervoirs  de  la  matieie  qui  fert  a  durcir  I'ecaille.  On  fait  qu'on  ne  trouve 
pas  en  tout  tems  de  ces  pierres  aux  ecrevides  ;  on  peut  fuivre  leurs  dif- 
ferens  degrcs  d'accroilTement  en  ouvrant  des  ecrevilFes  en  differens  etats; 
jamais  ces  pierres  ne  font  plus  grolFes  que  quand  I'ecreviire  eft  prete  a 
uiuer  :  on  les  trouve  auiTi  dans  celles  que  Ton  ouvre  immediatement  apres 
la  nrne.   Mais  H  Ton  ouvre  une  ectevilTe  le  ietidcmain  de  fa  mue ,  od 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  4,^ 

rrouve  les  pierres  plus  petites  qu'on  auroit  cru,  &  on  ne  les  trouve  plus  ^^ 


dans  lecrevilTe,  dont  I'ccaille  nouvelle  a  acquis  toute  fa  durete.   N'eft-  Acad. Royale 
il  pas  naturel  de  croire  qu'alors  ces  pierres  font  difTuutes,  &  que  leur    ces  Sciences 
fuc  pierreux  a  dte  porte  &  depofc  dans  les  interftices  que  laKToient  en-       "^  I'aris. 
tr'elles  les  fibres  dont  I'enveloppe  membraneufe  ctoit  compofee  ?   Cette    Annk  17  ii. 
enveloppe  etant   durcie  a  un  certain  point,  n'admet  plus  de  ces  parties 
pierreufes  \  aitfli  fa  durete  n'augmente  plus;  il  ne  paroit  pasnon  plus  que 
iecaille  augmente  dans  la  fuite  en  epaifTeur ,  &  peutitre  meme  ne  cioic- 
elle   en  aucun  autre  fens,  peut-ctre  enfin  eft-ce  la  la  vraie  caufe   de  la 
mue  qui  arrive  tous  les  ans  ;    cat    le  corps  de  I'ecrevitre  continuant  de 
croitre ,   doit  a  la  longue  forcer  fon  enveloppe  qui  ne  croit  plus,  &  s'en 


plus  grande  en  tout  fens,  que  le  fourreau  qu'elle  a  qu 
J'ai  mefure  des  comes  ou  antennes  &  des  jambes,  avec  les  foutreaux 
dans  lefquels  les  unes  &:  les  autres  avoient  ete  logees ,  &:  ces  fourreaux 
ctoient  toujours  plus  petits  ,  quoique  ceux  des  jambes  eudent  du  s'allon- 
ger  pendant  la  mue,  par  la  rupture  des  membranes  dont  j'ai  paile. 
Les  cornes  ou  antennes  qu'il  m'etoit  plus  aife  de  mefuter  exadement, 
furpalToient  au  moins  d'un  cinquieme  la  longueur  du  fourreau  qu'elles 
avoieiit  quitte. 

Mais  il  s'enfuit  audi  de-la  que  I'accroifTement  de  Tecrevide  eft  lenr, 
puifque  cet  animal  ne  croit  chaque  annee  que  de  la  difference  de  volume 
qui  fe  trouve  entre  fa  nouvelle  envtloppe  &  I'ecaille  qu'il  quitte. 

Cette  mue  annuelle  eft  commune  aux  ecrevides ,  aux  ferpens  &  a  quan« 
tite  d'infedes,  fans  parler  de  ceux  qui  fe  metamorphofent,  &  dont  la 
plupart  fe  depouillent  d'une  peau ,  meme  dans  les  etats  qui  precedent  un 
changement  de  figure.  Les  araignees  quittent  audi  leur  peau  ,  &  cette 
mue  a  beaucoup  de  rapport  a  celle  des  ecrevides  ;  car  les  araignees  one 
pres  de  la  tete ,  deux  pattes  plus  courtes  que  les  autres,  que  quelques- 
uns  ont  regardees  comme  les  bras  de  cet  infede ,  &:  qui  font,  comme 
celles  de  recrevide,  plus  grofles  a  leur  extremite  qu'a  leur  origine.  Enfin 
s'il  eft  vrai  ,  comme  le  penfent  les  Anatomiftes.,  que  lepiderme  de  la 
plupart  des  animaax  n'ait  aucuiie  organifation ,  &  ne  foit  qu'un  fuc 
epaidi ,  cet  epiderme  ne  fauroit  croitre ,  &  nous  ne  pouvons  croitre 
rous-memes  fans  nous  en  depouillet  ;  mais  cet  epiderme  tombe  infenfi- 
blement  par  petites  ecailles ,  &  non  pas  tout  a  la  fois  comme  la  peau 
des  araignees  &  des  ecrevilfes  ,   parce  qu'il  eft  plus  mince  &  plus  fracrjle. 

Les  ecrevides  qui  ont  mue  depuis  peu ,  ont  I'ecaille  plus  blanchatre 
ou  d'une  couleur  moins  foncee  que  les  autres  :  quelquerois  leur  ^caille 
paroit  rougeatre  ,  &  c'eft  lotfqu'elles  muent  en  plein  midi ,  dans  des  jouts 
fort  chauds  &  dans  des  endroits  oil  il  y  a  peu  d'eau.  On  fait  que  la  cha- 
leur  de  I'eau  bouiliante  fait  prendre  une  couleur  rouge  a  la  peau  bleue  qui 
eft  au-dedbus  de  I'ecaille  des  ecrevides  ;  un  moindre  degre  de  chaleur 
ne  donne  a  la  meme  peau  qu'une  teinte  rougeatre.  L'eau  de  vie  a  donne 
i  mes  ecrevides  nouvellement  muees ,  la  meme  couleur  que  leur  eut  donne 
le  feu. 


440  COLLECTION 


Acad  Royale 

DES  Sciences 

DE  Paris. 

Awiii  i-jii. 


;^» 


B   O  T  A  N   I   Q  U  E. 


Sur  la  nourriturc  dcs  Planus- 

L  A  vegetation  des  plantes  eft  plus  obfcure  que  celle  des  animaux  :  il  eft 
facile  de  decouvrir  qu'elles  tirent  les  fucs  de  la  terre  par  leurs  racines  ; 
mais  aprcs  cela  tout  le  refte  eft  alfez  cache ,  on  ne  fuit  pas  la  route  de  ces 
flics  comme  celle  du  fang ,  &  les  vailTeaux  qui  les  portent  ne  font  pas  vi- 
fibles  &:  vifiblemcnc  diftribues  comme  des  vaiiTeaux  fanguins.  Enfin  I'ln- 
certitude  eft  telle ,  que  Ton  doute  fi  c'eft  principalement  par  I'ecorce  ou 
pat  la  moelle ,  ou  dans  les  plantes  qui  n'ont  pas  de  moelle ,  par  la  par- 
tie  liwneufe  ,  que  la  plante  fe  nourrit. 

I.  L'opinion  commune  a  ete  jufqu'ici  pour  I'ecorce  ;  mais  M.  Parent 
I'avoit  deja  attaquee  dans  I'Hiftoire  de  1 709,  par  I'exemple  d'un  orme 
des  Tuileries  qui  vecut  &  produiiit  des  feuilles  quoiqu'il  fit  entierement 
depouille  de  fon  ecorce  depuis  le  pied  jufqu'aux  branches  :  il  y  ajoute  pre- 
fentement  d'autres  experiences  &  de  nouvelles  reflexions. 

II.  Il  a  vu  dans  le  jardin  du  Luxembourg  quatre  ormes  a  qui ,  dans  le 
deftein  de  les  faire  petir  ,  on  avoir  enleve  I'ecorce  jufqu'au  vif  a  une  petite 
hauteur  de  terre ,  fans  leur  en  lailfer  que  peu  vers  le  haut  du  tronc  ,  8c 
Rieme  a  un  des  quatre  ,  point  du  tout  :  ils  vivoient  cependant  depuis  quatre 
a  cinq  ans,   &  pouftbient  des   fleurs  &  des  feuilles. 

III.  Le  platane  &  le  liege  fe  depouillent  de  leur  ecorce  &  en  repren- 
nent  une  nouvelle  a  la  maniere  des  ferpens.  Dans  ce  palTage  ce  n'eft  pas 
I'ecorce  qui  nonrrit  I'arbre  ,  &  parconfequent  ce  n'eft  jamais  elle  ;  ce  n'eft 
pas  non  plus  la  nouvelle  ecorce,  encore  nailfante  &  trop  foible. 

IV.  le  fureau,  la  vigne,  &:c.  ont  beaucoup  de  moelle  &  peu  d'ecorce  j 
ces  arbres  en  vieilliflant  fe  remplilfent  de  fibres  ligneufes  en  dedans  &  a 
la  place  de  la  moelle  :  la  moelle  eft  done  propte  par  fa  nature  a  former 
des  fibres  ligneufes  ,  &  par  confequent  a  fournir  au  bois  fon  fuc  nour- 
ricier ;  &:  il  eft  vraifemblable  quelle  le  fournit  effedivement  ,  puifque  le 
tems  d'e  la  diminuiion  de  la  moelle  eft  I'epoque  de  la  vieilleffe  de  I'arbre. 

V.  Les  greffes  ne  fauroient  prendre  qu'elles  ne  foient  jointes  au  corps 
ligneux  de  I'arbre  ;  c'eft  done  ce  corps  ligneux  qui  les  nourrit. 

VI.  Si  I'ecorce  nourrit  I'arbre  ,  c'eft  d'elle  que  part  la  nouvelle  fub- 
ftance  ligneufe  qui  fe  forme  j  &  fi  au  contraire  c'eft  le  tronc  ,  c'eft  da 
lui  que  part  la  nouvelle  ecorce.  Or  on  trouve  fous  I'ecorce  des  vieux 
ormes  des  couches  qui  ont  ete  les  dernieres  formees.  Il  ne  s'agit  done 
plus  que  de  favoir  fi  elles  appartiennent  a  I'ecorce  ou  au  tronc  :  dars  le 
premier  cas  ,  le  tronc  les  aura  ,  pour  ainfi  dire  ,  donnees  a  I'ecorce  ;  dans 
fe  fecond  I'ecorce  les  aura  donnees  au  tronc.  M.  Parent  pretend  qu'elles 
?.ppattiennent  a  I'ecprce ,  8c  parce  qu'elles  font  quelquefois  enrieremenc 

''*  detachees 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  '^4, 

dctachees  du  tronc,  quoi^jue   fortement  coUces  les  unes  aux  Amtts     Sc  i^— — — «»« 
paice  qu'clles  font  parfaitement  de  la  nature  de  cette  ccorce  fine  ou  par-  T  T" 

chemin  qui  eftfoiis  Iccorce  grofliere.  On  voit  encore  pbs  clairement  dans    dTs'scL^nVes^ 
le  palmier  de  la  Cliine,  que  ce  parchemin  ferr  a  former  Iccorce  ;  car  ce       de  Paris. 
nell  qu'un  tilTu  rcticulaire  qui,  ccar,t  dctirc  6^  etendu  felon  fa   lart^eur,    ^nnie  171 1, 
relTemble  a  une  toile  fort  claire  ;    &  fi  on  le  tire  fuivant  fa  longueur 
il  s'en  fait  une  efpece  de  ruban  cotonneux  trcs-ferre  &  tres-fort  done  les 
Chinois  le  fervent  comme  de  qprde.  Cette  efpece  de  tilTu  ne  convient  pas 
au  corps  ligneux   qui  ne  paroic  cere  qu'un  amas  de  fibres  longitudinales 
pofces  en  cylindre  les  unes  contre  les  autres. 

VII.  La  pluparr  des  nosuds  qu'on  voit  parcir  do  la  mocllc  des  arbres, 
&  qui  font  fouvent  recouverts  de  fibres  ligneufes,  nijirquent  que  les  bran- 
ches tirent  leur  origine  Sc  leur  nourriture  de  la  moclle. 

Malgre  tout  cela  M.  Reneaume  perfilte  dans  la  penfee  que  Tecorce  eft 
plus  importance  pour  la  nourritute  de  I'arbre ,  que  la  moclle  ou  la  partie 
ligneufe  qu'il  n'exclut  pas  cependant  de  cette  fonttion  :  il  en  avoit  donne 
pour  preuve  dans  I'Hiftoire  de  1709  ,  les  arbres  creufcs  &  caries  i  qui  il 
ne  refte  de  bois  dans  leur  tronc  que  ce  qu'il  en  faut  pour  foutenir  I'ecorce  , 
&  qui  ne  laiffent  pas  de  vivre  8c  de  produire.  II  rcpond  maintenant  aux 
principaux  fairs  allegues  contre  fon  opinion. 

Des  parties  d'un  arbre  feparees  de  leur  tout ,  peuvent  emporter  avec 
elles  une  provilion  de  fuc  nourriffier  qui  les  fafle  veg^eter,  fort  dilferentes 
en  cela  des  parties  des  animaux  qui  ont  toujcurs  befoin  d'etre  unies  a  leur 
tour.  Ainii  des  branches  de  fureau  ,  de  faule ,  &c.  cjupces,  poudent  des 
feuilles  &  de  petites  branches  fans  etre  mifes  en  terre  :  quelquefois  des 
morceaux  de  bois  qui  paroilFent  fees  en  font  autant.  Il  faut  alors  que  I'air 
echauffc  a  un  degre  convenable  ,  fubtilife  &  agite  les  fucs  qui  etoienc  rcftcs 
en  depot  dans  ces  parties  mortes  en  apparence.  Cette  adtion  de  I'air  eft 
fort  fenfible  dans    cercaines  plantes  bulbeufes  qui  ne  pourroient  venir  de  ^ 

graine  que  tresdifficilement ;  car  fi  on  vcut  en  avoir  des  graines  qui  n'a- 
vorcent  pas  Sc  foient  utiles  ,  il  faut  conper  les  tiges  8c  les  fufpendre  en 
I'air  un  cerrain  terns  ,  aprcs  quoi  les  graines  qu'on  tire  de  ces  ti"es  font 
bonnes  :  c'eft  que  les  fucs  de  ces  plantes ,  trop  epais  &  trop  gluans  pout 
s'lnfinuer  dans  les  vallfeaux  dclicars  des  graines  qu'ils  devroient  develop- 
per,  ont  befoin  d'etre  attcnucs  Sc  fubtilifev  par  I'air.  Si  des  branches  cou- 
pces  vegetent,  a  plus  forte  raifon  celles  qui  font  encote  fur  I'arbre,  Sc 
qui  ne  peuvent  jamais  etre  audi  parfaitement  privees  de  nouveaux  fucs  • 
car  quand  il  n'en  montera  plus  p.ir  I'ecorce  qui  aura  ere  retranchce  ,  & 
qu'on  fuppofe  qui  leur  en  fournilloit  en  plus  grande  quantite,  elles  en' re- 
cevront  encore  par  la  p.irtie  ligneufe,  &  fur-tout  par  I  aubier ,  qui  eft 
ce  qu'il  y  a  dans  cette  partie  de  plus  tendre ,  de  plus  recemment  forme  & 
de  plus  femblable  a  I'ecorce.  Ainfi  I'orme  des  Tuileries  vegeta  fans  ccorce 
pendant  tout  un  cte  en  vertu  de  cette  provifion  de  fuc  qu'il  avoit  gar- 
dee  ;  mais  il  vegeta  plus  foiblemenr,  comme  M.  Parent  lui-meme  en 
convient  ,  Sc  lorfque  fa  prcvifion  auroit  eie  epuifee  ,  il  ne  pouvoit  man- 
quer  de  perir.  Par  la  meme  raifon  une  ente  d'olivier  (<j)  a  qui  on  a  en- 
(a)  V.  la  Collcc.  Acad.  Pare.  Francoifc,  topi.  II,  pag.  gj;. 
Tome  11/ ,   Panic  Francoifi.  K  5 


44i  COLLECTION 

;  leve  clrculairement  trois  a  quatre  doigts  d'ecorce  ,  porte  dans  I'annce  an- 

i\cAD  RoYALE  'le'^us  "^^  ccc  endroic  des  fleurs  Sc  des  fruits;  d'aucant  plus  que  cet  arbre 

DES  SciHNCEs     eft  bit  huileux  meme  dans  la  fubllance  de  fon  bois ,  &'  que  des  fucs  de 

BE  Paris.      cette  efpece  ,  fe  tiennent  plus  facilemenc  en  referve  :  il  doit  meme  por- 

ylnnie  ^^''  dans  I'annee  beaucoup  plus  de  Hcurs  &:  de  fruits  qua  lordinaite,  pre- 

^      '      cifement  parce  que  les  fucs  font  en  moindre  quantite,  Sc  par  confequenc 

plus  attenues;  car  tous  les  Jardiniers  favent  que  la  trop  grande  abondance 

de  la  feve  eft  conrraire  au  developpement  des  bourgeons  qui  contiennenc 

les  -ermes  des  fleurs  &c  dts  fruits. 

M.  Reneaume  allegue  en  faveur  de  fon  opinion  I'obfervation  fuivante  : 
Aux  environs  d  Aix  &  de  Marfeiile,  quand  un  olivier  eft  ufe  &  qu'on 
compte  I'abattre  dans  quelques  annees ,  on  a  un  moyen  de  le  forcer  au- 
paravant  a  donner  tout  ce  qu'il  peut  renfermer  de  fruit ,  &  qu'il  n'auroic 
pas  donne  de  lui-meme.  On  enleve  circulairement  d'une  de  fes  jcunes 
branches,  avec  un  couteau  a  deux  lames  courbes  &c  paralleles ,  alTemblees 
fur  un  meme  manche  ,  un  bon  pouce  d'ecorce  que  Ton  remplace  par  une 
piece  d'ecorce  fembl.ible,  enlevee  avec  le  meme  couteau  d'une  branche 
cgale  en  groffeur  d'un  jeune  olivier  franc,  &  que  Ton  a  foin  d'orienter 
fur  la  vieille  branche  comme  elle  etoit  fur  la  jeune.  Celle-ci  peril  les  an- 
nees fuivantes,  G  on  ne  I'a  point  coupee,  &  la  branche  du  vieil  olivier 
ainfi  entee  ,  porte  du  fruit  tres-abondamment  :  ici  c'eft  I'ecorce  qui  fait 
tout,  elle  eft  la  caufe  unique  de  la  nouvelle  vie  que  reprend  la  vieille 
branche  ,  Sc  la  jeune  a  qui  on  I'a  arrachce,  languit  &  meurt  en  fort  peu 
de  terns. 

A  I'ecard  des  quatre  ormes  du  Luxembourg  cite's  par  M.  Parent ,  M, 
Reneaume  les  ayant  examines  par  lui-mcme,  a  trouve  que  dans  celut 
qui  piroilToit  n'avoir  point  d'ecorce  vers  le  haut  du  tronc,  il  etoit  refte 
des  fibres  de  I'ecorce  interieure  ou  lihr ,  lefquelles  communiquoient  avec 
I'pcorce  qui  alloit  aux  branches.  Ces  fibres  oii  avoir  coule  tout  le  fuc  def- 
tine  a  I'ecorce  qui  n'etoit  plus  ,  avoient  apparemment  nourri  &  fait  v^ge- 
ter  les  branches  de  I'arbre  ;  &  de  plus  par  I'abondance  de  la  nourriture 
qu'elles  recevoient ,  elles  s'etoient  fortifiees  au  point  qu'elles  commen- 
^oient  a  faire  une  nouvelle  fubftance  ligneufe.  D'autres  fibres  dii  meme 
liter  plus  jeunes ,  8c  qui  peut-etre  ne  s'etoient  formees  que  depuis  le  re- 
tranchement  de  I'ecorce  ,  faifoient  un  nouvel  aubier  entierement  fepare 
&  des  premieres  fibres  Sc  du  corps  ligneux  de  I'arbre.  Cet  aubier  commen- 
5oit  deja  a  etre  revetu  d'une  nouvelle  ecorce  peu  epaiffe.  Le  Jardi- 
nier  qui  voyoit  que  fon  arbre  fe  faifoit  malgre  lui  des  reffources  pour  vi- 
vre  ,  abattit  quelques  unes  de  ces  nouvelles  produftions,  &  M.  Reneaume 
en  fit  voir  une  a  I'Academie  :  il  en  refta  d'autres  qui  faifoient  encore 
vegeter  Tarbre  ,  &  M.  Reneaume  a  prouve  par  des  exemples  qu'il  faut 
peu  d'ecorce  ou  de  /il>er  pour  cela,  M.  Maraldi  a  rapporte  qu'une  ente  dt 
prunier  ayant  ete  catTee  ,  de  forte  qu'elle  ne  tenoit  plus  que  par  une  par- 
tie  de  I'ecorce  &  enfuite  relevee  Sc  foutenne ,  elle  avoir  produit  du  bois, 
des  fteurs  Sc  des  fruits  par  les  fucs  qu'elle  recevoit  de  ce  feul  petit  refte 
d'ecorce,  &  quoique  la  partie  ligneufe  rompue  fe  fut  cariee. 

De  cette  mtme  obfervation  dei'orme  du  Luxembourg,  M.  Reneaume- 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  '445 

pent    conclure    que    c'eft;  I'ecorce    ou    le   I'li'cr    qui    forme  I'aubler  ;    &  ■— ^ 

comme  I  aubicr  til  le  dernier  bois  forme,  tout  le  bois  eft  <ionc  forme  Acad.Royale 
du  ither  ou  de  I'ecorce.  pes  Sciences 

II  f.iut  concevoir  le  liber  comme  compofe  de  plufieurs  couches  cylin-  ^^  Paris. 
driques  &:  concentriques,  dont  le  tilTu  eft  reticulaire,  &  dans  quelques  Annii  171 1. 
arbres  reellement  extenfible  en  tout  fens ,  parce  que  les  fibres  qui  le  tor- 
ment font  molles  &  fouples.  Tant  qu'elles  font  en  cet  etat ,  ou  elles  font 
creufes  &:  font  de  vrais  canaux ,  ou  fi  elles  font  folides ,  leurs  interftices 
font  des  canaux.  Le  fuc  nourrilfier  qu'elles  resolvent  inceflamment  &  qui 
s'y  arrcte  en  partie ,  les  fait  croitre  en  longueur  &  en  grolfeur,  les  afFer- 
mit  &  les  approche  les  unes  des  autres.  On  peut  fuppofer  que  les  fibres 
longitudinales  font  celles  qui  croilfent  le  plus.  Ainfi  le  tilfu  qui  etoit  reti- 
culaire n'eft  plus  qu'un  compofe  de  fibres  droites  pofees  verticalenient  &: 
parallelement  les  unes  aupres  des  aucres  ,  &  en  un  mot  c'eft  une  fubftance 
ligneufe.  Ce  changement  eft  plus  grand  dans  les  couches  du  iibtr  les  plus 
proches  du  dernier  aubier ,  &  par  confequeht  c'eft  la  couche  la  plus  in- 
terieure  qui  eft  la  premiere  a  s'y  coUer  &  a  devenir  un  aubier  nouveau. 

On  pourroit  oppofer  a  certe  idee  que  cette  couche  la  plus  intctieure  eft 
la  plus  mince  ,  &  par  cette  raifon  ne  paroit  pas  la  plus  avancee  ,  la  plus 
developpee  &  la  plus  difpofee  a  fe  convertir  en  bois.  Mais  M.  R.  rcpond 
que  les  autres  ne  font  plus  epailfes  que  parce  qu'elles  font  moins  dcvelop- 
pees  &  compofees  encore  de  plufieurs  couches  qui  n'ont  pas  eu  le  tems 
de  fe  feparer  par  leur  accroilTement. 

Sur  la  fin  de  I'automne  le  Uhcr  eft  deja  adherent  a  I'aubier  ,  (Sc  en  hi- 
ver  on  ne  Ten  detacheroit  qu'avec  beaucoup  de  peine,  Les  fucs  epaillis 
&  par  eux  memes  &  par  la  dillipation  des  parties  aqueufes  qu'iis  con- 
tenoient,  font  la  glu  que  la  nature  emploie  pour  cet  cftet. 

Tant  que  I'aubier  conferve  queique  moUelfe  &  quelque  fouplede  ,  & 
qu'il  tient  encore  un  peu  de  la  nature  de  I'ecorce ,  il  peut  foutenir  la  ve- 
getation pendant  quelque  tems  ;  mais  quand  il  eft  devenu  abfolument 
bois  ,  il  n'y  peut  plus  fervir.  La  vegetation  des  jeunes  branches  eft  la  plus 
vive,  &  la  feule  qui  aille  jufqu'aux  fieuts  &:  aux  fruits,  parce  qu'elles 
ne  font  prefque  que  de  I'ecorce. 

A  mefure  que  la  fubftance  ligneufe  du  tronc  devient  plus  ligneufe  ,  la 
mocUe  eft  relferree  &  comprimee,  &  enhn  a  tel  point,  que  dans  certains 
arbres  elles'aneantit.  De  la  M.  R.  condut  qu'elle  n'eft  pas  fort  importance 
pout  la  vegetation  ,  puifque  fon  ufage  n'eft  pas  perpetuel.  Comme  elle 
eft  fpongieule  ,  il  croit  qu'elle  peut  fervir  a  recevoir  les  humiditcs  fuper- 
flues  qui  tranlfudent  par  Ics  pores  des  fibres  ligneufes ;  &  fi  par  I'exces 
de  ces  humiditcs  ,  ou  par  quelqu'autre  caufe  elle  vient  a  fe  pcurrir  t<. 
a  fe  gater  ,  comme  il  arrive  affez  fouvent  aux  ormes  ,  \t%  arbres  ne  laif- 
fent  pas  de  croitre  &  de  vegeter  j  preuve  alfez  forte  du  peu  d'ufage  de  la 
moclle. 

Voila  en  gros  la  mechanique  de  la  vegetation  des  plantes ,  felon  le  fyf- 
teme  de  M.  Reneaume.  Si  on  entroit  dans  un  plus  grand  detail,  on  y 
mettroit  aufti  plus  de  conjectures  &  plus  d'incertitude  j  on  iroit  jufqu'aux 
Utricules ,  aux  infettions  &  aux  trachees ,  patties  des  plantes  que  de  graiids 


444 


C  O  L  L  E  C  T  I  ON 


m  — i—  Auteurs,  a  la  verite,  one  voulu  etablir  &  qui  poiuroient  exlfter,   tnais 

Acad.  RoYALE  qu'^  f'^i"  avouer   qu'on  ne  voit  giiere  avec  les  meilleurs  microfcopes  , 
DES  Sciences     qu'autant   qu'on  a  envie    de   les  voir. 
D£  Paris. 

Aunee  1 7 1 1 .     ~"~  ' 

Ohfcrvations  touchant  la  nature  des  Plantes  6"  de  ^uelques-iines 
dc  lews  parties  cachees  ou  inconnues. 

Par    M.    Marchant  [a). 

Jl\.v  mois  de  Fevrier  1708,  j'avois  fait  couper  dans  mon  jardin  un  petis 
erable  qui  nuifoic  a  queiques  plantes  ,  &c  dont  le  tronc  avoit  environ  ttois 
pouces  de  diametre  ,  lequel  on  fcia  a  quatre  pouces  au-deffus  de  la  furface 
du  terrein  :  ce  tronc  jetta  pendant  I'ete  beaucoup  de  feve  j  fur  la  fin  du 
niois  d'AoLit ,  j'appercus  au  couionnement  de  cette  fouche  ,  c'eft-a-dire  , 
fur  le  plan  horifontal  de  le  partie  fciee  de  cet  arbre ,  un  amas  de  vingt  a 
vingt  cinq  tuberculss  difFereminent  fitues  ,  dont  les  plus  longs  n'avoient 
qu'environ  un  demi-pouce  de  haut,  a-peu-ptes  de  la  figure  d'une  petite 
olive  ,  ayaiit  une  futface  polie  de  couleur  brune. 

Sur  ces  apparences ,  je  crus  que  cette  produdlion  pouvant  etre  quelque 
efpece  de  champignon,  je  detachai  un  de  ces  tubercules,  &  I'ayant  exa- 
mine j  j'appercus  que  fa  furface  etoit  fort  poreufe  5  mais  le  prelLnt ,  il  n'en 
fortit  que  fort  peu  d'humidite  ,  car  il  etoit  ferine  &  folide  ,  quoique  fpon- 
gieux :  je  I'ouvris  ,  &  confiderant  fa  partie  interne  ,  je  n'y  pus  remarquer 
qu'une  fublbance  blanche  compofcede  fibres  ferrees  &  difficiles  a  diftinguer. 
Queiques  jours  apres  ,  ayant  fait  reflexion  qu'on  ii'appergoit  point  de 
pores  fi  vifibles  fur  les  champignons,  je  jugeai  que  ces  pores  pouvoient 
conduire  a  quelque  nouvelle  decouverte  ,  qu'on  ne  pouvoit  peut  ctre  faire 
alors  a  caufe  de  la  jeunetfe  de  ces  plantes  que  je  continual  d'obferver,  & 
que  je  vis  croitre  jufques  vers  la  fin  du  mois  de  Novembre  fans  y  pouvoir 
jien  decouvrir  de  nouveau  j  ce  qui  me  fit  croire  qu'elles  n'etoient  pas  en- 
core en  leur  ctat  de  perfeftion  ,  &  qu'elles  pourroient  paffer  rhiver,fi  on 
les  couvroit  de  groffe  paille  ou  litiere  ,  ce  qui  fut  fait. 

Au  mois  de  mars  1 709  ,  ayant  decouvert  ces  tubercules ,  je  trouvai  qu'iJs 
avoient  encore  vegete  :  les  plus  grands  avoient  alors  depuis  un  pouce  juf- 
qu  a  un  pouce  &  demi  de  hauteur  fur  fix  lignes  de  diametre  ,  &  lis  etoienc 
a-peu  presronds;  d'autres  etoient  informes  ,  &  comme  avortesj  plufieurs 
d'entre  les  plus  gros  etoient  eleves  fur  des  queues  de  differentes  longueurs  : 
en  ayant  fortement  prelfe  queiques- uns  enire  les  doigts  ,  je  les  trouvai  dnrs 
&  folides,  &  j'appercus  que  le  tronc  fur  lequel  i!s  avoient  pris  nailfan- 
ce  ,  etoit entierement  fee,  &  ne  paroiffoit  plus  leur  fournir  aucunenourri- 
ture. 

Alors  je  les  detachai  tous  avec  une  portion  du  bois  fur  lequel  ils  etoient 
intimement    attaches  &  comme  unis :  la  plus  gtofTe  touffe  de  ces  plantes, 

[a)  V.  ColIciS.  Acad.  Part.  Francoife,  z  vol.  pag.  -jiC,  un  autre  Memoire  dc  M» 
Marcliant  fur  queiques  vegetations  partkulieres. 


A  C  A  D  E  M  1  Q  U  E.  44j 

formoic  un  grouppe  de  quinze  a  vingt  vegetations  C  (Fig.  I.  PI.  XIII )  qui  ,,      ,  . 

avoient  quelque  relTemblance  avec  des  doigts  mai  attangcs  &  de  diticren-   ^^j-ad  Rovale 

tes  longueurs  :  elles  fe  touchoient  les  unes  les  autresaleur  bafe  ,  &c  seten-     des  Sciences 

doient  fur  les  cotes  :  elles  etoient  irrtgulierement  terminees  ,  les  unes  en        de  Paris. 

maniere  de  cone,  les  autres  en  pointe  arrondie  ou  applatie  ;   la  plupart     Annk  i-fii 

etoient  horifontalement  ferrc-es  par  deux  lignes  circulaires  qui  les  environ-  ' 

noient  en  maniere  de  jointures  de  doigts ,  un  peu  courbes  en  dedans ,  clia- 

cune  compofee  de  trois  parties  qui  avoient  qutlque  rapport  aux  phalanges 

des  doigts  du  pied.  Leurfurface  exterieure  ctoit  devenue  une  peau  mince, 

coriace  ,  &  dure  ,  de  couleiir  noiratre  ,  irregulicrement  ciiagrinee  &c  ridee  , 

&  en  regardant  de  pres  ,  on  y  decouvroit  une  infinite  de  pores  A  (  Fig.  II ) , 

&  B  {  Fig.  Ill)  dont  les   embouchures  etoient  environnees    de    mame- 

lons,  ou  eminences  rondes  en  rofette  ,  gercees  fur  les  bords  C  ;  &  j'en- 

trevis  dans  pludeurs  de  ces  pores,  des  filets  trcs-fins  que  je  foupconnai  ctre 

les  feuilles  ou  les  etamines  des  Heurs  delTechees  de  cette  plante. 

Je  coupai  verticalement.plufieurs  de  ces  plantes  (  Fig.If^) ,  &  je  trouvai 
que  les  pores  dont  on  vient  de  parler,  repondoient  a  des  cavitcs  a  peu- 
pres  rondes,  &  enduites  d'une  couche  de  couleur  noire  D  (  Fig.  IJ^) ,  & 
E  (Fig.  V)  :  ces  cavites  etoient  dans  une  fubftance  blanche,  dure  &  fi- 
breufe  F  (  Fig.  I  )  dont  la  direction  des  fibres  partoit  du  centre  en  mon- 
tant  vets  la  circonference  G  (  Fig.  IF)  ,  &  cette  fubftance  occupoit  tout 
Je  dedans  de  ces  plantes. 

Pour  lots  je  conjectural  que  les  mamelons  poreux,  ou  eminences  en 
rofette  ci-devant  decrits  ,  pouvoient  ctre  les  calices  des  fleurs  de  cette 
plante  ,  &c  que  les  graines  fe  tronveroient  dans  les  cavites  auxquelles  re- 
pondoient les  petits  pores  fitues  au  milieu  de  ces  rofettes;  je  les  y  chtr- 
chai  avec  beaucoup  de  foin  j  Sc  meme  dans  la  fubftance  blanche  ,  j'y  appli- 
quai  une  bonne  loupe  ,  mais  tous  mes  foins  furent  inutiles  alors  ;  j'aban  jon- 
nai  done  cette  recherche  jufqu'a  une  occafion  plus  favorable  ,  en  ferranc 
foigneufement  ma  plante  ,  comme  etatit  une  chofe  curieufe  que  je  n'avois 
point  encore  vue  ,  (S:  qu'aucun  Phyficien  n'avoit  examinee. 

Quelqiies  mois  apres  je  repris  mon  champignon,  8c  confiJcrant  atten- 
tivement  fa  furface  interne,  je  remarquai  que  dans  plufieurs  de  ces  plan- 
tes que  j'avois  ouvertes  ,  on  voyoit  au  bord  de  la  coupe  du  plan  verti- 
cal, que  la  grande  quantite  de  cavites  noires  qui  etoient  ci-devant  vuides 
D  {Fig.  lK),E[Fig.  F) ,  etoient  alors  routes  remplies  dune  matiere 
noire  qui  ne  paroilfoit  faire  cju'iin  corps  continu  dans  chacune  de  ces  cavi- 
tes H  [Fig.  f^)  ,  ainfi  qu'auroient  fait  des  grains  de  poudre  a  canon  range's 
)res  les  uns  des  autres  ;  mais  ayant  regarde  cette  matiere  noire  avec  une 
oupe  ,  je  trouvai  qu'elle  confiftoit  en  un  amas  de  graines  noires  trcsme- 
nues  ,  ferrees  les  unes  contre  les  autres  I  (  Fig.  V)  ,  &  qui  etant  fcparees 
L  ( Fig.  f^)  avoient  quelque  relfemblance  au  graines  de  la  vanillc  ,  mais 
infiniment  plus  petites  ,  Si  moins  luifantes. 

M.  Marchant  finic  par  exclure  cette  vegetation  de  la  clalTe  des  cham- 
pignons ,  &  par  en  faire  un  genre  de  planres  tout  nouveau  ,  qu'il  nomme 
Litophyton  urrcjlrc  d'apres  certains  rapports,  qu'il  a  cru  voir  entrc  cette 
ycgetation  &:  les  litophytes ,  qui  cepeadant  ne-  Ibnc  p:i5  des  plantes.  Au 


r, 


44(J  COLLECTION 

— ^;::::^^^^  refte  ,  rien  de  mieux  que  les  confeils  qu'il  donne  a  ceux  qui  fuivetit  ces 

Acad. Ro YALE  ("oites  de  recherches  :  il   veut  des  yeux  clair-voyans  ,  de  bons  tnictofco. 

DES  Sciences  pesj  uii, certain  catonnement ;  des  conftirurions  d'air  variees  ;  divers  etats 

DE  Paris.  d'accroiffetnen:  j  difterens  degres  d'humiditc  ,  de  fechereire  ,  &.'c. 

Annii  1 7 1 1 .  . 


Obfcrvations  fur  la  (Iruclurc  &  I'ufagc  des  principalis  parties 

des   Fleurs. 

Par    M.    Geoffroi    le    jeune. 

_|_jE  s  Heurs  pour  la  pluparr  font  compofees  de  feuilles  ou  petales  de  dif- 
ferentes  formes  Sc  de  differences  couleurs  ,  d'un  calice  qui  ieur  fert  d'en- 
veloppe  ,  d'une  petite  tige  creufe  qui  s'eleve  du  milieu  des  feuilles  qu'on 
appelle  le  piftile  j  &c  enfin,  de  quelques  filets  qu'on  appelle  etamines , 
termines  par  de  petits  corps  de  diff'erente  ftriidure  qu'on  nomme  fom- 
™ets  (a).  _  -IT 

L'experience  fait  alfez  voir  que  toutes  ces  parties  fervent  a  la  naif- 
fance  ,  &:  a  la  nourriture  du  fruit  &  de  la  graine  ,  d'ou  depend  la  produc- 
tion de  la  plante. 

Il  eft  done  vrai  de  dire  que  dans  les  ptintes  qui  font  des  corps  organi- 
fes  comme  ceux  des  animaux  ,  les  fleurs  repondent  aux  parties  qui 
dans  ceux-ci  font  deftincesa  la  generation  j  mais  pour  I'ordinaire  la  nature 
a  renfermc  dans  une  meme  fleur  toutes  les  parties  qui  doivent  contribuec 
a  la  confervation  de  I'efpece  ,  &  qui  etant  feparees  dans  les  animaux  , 
forment  les  differens  fexes.  Il  y  a  des  fleurs  a  la  verite  ou  ces  parties  fexuel- 
les  font  audi  feparees  comme  dans  les  animaux  ;  Sc  c'eft  de-la  que  les  Bota- 
taniftes  ontece  forces  de  diftinguer  certaliies  plantes  en  males  8c  femelles 
fans  enfavoirbien  la  raifon  ;  mais  feulement  parce  qu'ils  voyoient  que  les 
unes  portoient  des  fleurs  qui  n'etoienr  fuivies  de  rien ,  &  que  les  graines 
ecoient  fur  des  pieds  differens  :  on  a  depuis  appelle  les  premieres ,  fleurs 
a  etamines  ou  chatons  ,  Sc  les  autres  fleurs  a  fruits  {b).  ^ 

Les  chatons  dont  I'ufage  a  toujours  ete  aflez  ignore  ,  font  les  parties 
males,  comme  les  fleurs  a  fruits  font  les  parties  femelles.  Dans  certaines 
plantes  les  chatons  font  tellement  fepares  des  fleurs  a  fruit,  qu'ils  fonc 
fur  differens  pieds;  dans  d'autres  ils  fe  trouvent  fcparcs  fur  le  meme  pied, 
&  dans  tout  le  refte  les  chatons  ,  &  les  fleurs  a  fruits  font  reunis  dans  la 
meme  fleur,  comme  j'efpere  le  demontrer  par  la  fuite  de  ces  obfervations. 
Commencons  done  par  demeler  quelles  parties  des  fleurs  tiennent  le  pre- 
mier rang  dans  la  produdion  des  graines.  A  enjuger  par  les  appaiences, 
les  fleurs  par  Ieur  beaute  ,  Ieur  ftruaure,le  vif  eclat  &  la  variete  de  leur 
couleur,  I'agreable  odeur  qu'elles  repandent  ,  pafTetoient  pour  ce  qu'il  y  a 

(a)  V.  la  figure  di  toutes  ces  parties  dans  la  Planche  I  des  EUmens  de  Botanique 
dc  M.  Touinefort ,  &  leur  defciiption  au  commencement  de  ces  mcmes  EUmens, 

(b)  Y.  les  mcmes  EUmens,  pag.  j4«  &  la  Pi,  XXXI. 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  4^7 

de  phis  confidcrable  ;  c'eft  en  effec  ce  qui  occupe  le  curleux  qui  neglige  _______„„ 

tout  L  rcfte  :  mais  ie  Phyficien  en  doit  jueer  autrement.  Quand  on  confi-  ~,         7, 

J/  \        c      w  \        a  11  «  1  ACAD.ROYAI.E 

dere  qu'-les  teuiUcs  des  Heurs  ne  portent  nun  en  elles-mcmes  de  rcmarqua-    m^j  Sciences 
ble  ;  qu'elles  font  fuuees  autour  des  autres  parties  ,  comme  pour  leur  fervir       de  Paris. 
d'enveioppes  &  de  defenfe;   qu'eiles  tombent  dcs  que  le  fruit  vient  a  fe     j 
nouer  ;  on  revient  bien  ailcinent  d'un  tel  prcjuge.  Pour  le  caiice  qui  eft  en-       """■    '  7  '  '• 
core  plus  exterieur  que  Ics  feuilles,  que  peut  il  ctte  qu'une  premiere  enve- 
loppe  dcs  parties  ellcntielles  de  la  fleur  ?  ll  ne  nous  refte  done  plus  a  exami- 
ner que  les  etamines  furmontces  de  leurs  fommets,  &  le  piftiie  qui  ren- 
ferme  en  foi  les  embryons  desgraiiies  dont  il  elt  comme  I'ovaire. 

Ces  filets  d'ctamines  8c  leurs  fommets  paroiffent  fi  peu  confiderables 
dans  les  fleurs ,  qu'on  ne  les  regarde  que  comme  des  vaiffeaux  excretoires 
propres  a  feparer  ie  furplus  du  fuc  deftine  a  la  nourriture  du  jeune  fruit. 
Mais  a  les  examiner  de  plus  prcs ,  &c  a  voir  la  conformite  qu'ils  ont  avec 
les  fommets  des  chatons  dans  les  plantes  que  j'appellerai  males,  on  a  couc 
lieu  de  juger  que  ce  font  veritablement  les  parties  males  des  plantes. 

En  effet ,  ces  fommets  font  des  capfulesou  veficulesqui  ctant  venues  a  un 
certain  point  de  maturite,  s'enttouvrent  &c  verfent  une  poulliere  de  diffe- 
rente  configuration  felon  la  difference  des  plantes  ,  &  qui  par  les  obferva- 
tions  que  j'ai  faites,  m'ont  paru  contribuer  a  leur  generation  comme  par- 
ties elfcntielles. 

Dans  la  plupart  des  plantes  ,  comme  dans  le  lis,  dans  la  tulipe  ,  ces 
petits  corps  font  attaches  aux  diamines ,  qui  font  ces  filets  qui  partcnt 
du  caiice  ou  des  feuilles  de  la  fleur. 

Dans  quelques  fleurs  tubulees ,  ou  dont  les  feuilles  font  formces  en 
tuyau  ,  comme  dans  Ie  narcifle  ,  la  digitale,  la  primevere  ,  ces  etami- 
nes font  tres-courtes,  &  dans  quelques-unes  meme  il  n'y  en  a  point  du 
tout,  comme  dans  I'ariftoloche  longue  ou  les  fommets  font  attaches  im- 
mediatement  a  la  capfule  qui  renferme  les  fruits. 

Dans  les  fleurs  a  flsurons ,  a  demi-fleurons  ,  ou  radices  ,  les  fommets 
font  enveloppes  ou  caches  dans  les  etamines  qui  fe  reuniiTent  en  forme  de 
gaine  ,  comme  on  peut  I'obferver  dans  le  bluet,  les  chardons  ,  la  laitue  , 
la  chicoree  (a)  ;  car  dans  ces  fleurs  il  part  de  la  feuille  du  fleuron  ,  ou  du 
demi-fleuron  dans  I'endroit  ou  il  commence  a  s'evafer  ,  cinq  filets  ou 
etamines  qui ,  fe  reunillant,  forment  un  petit  tuyau  comme  une  efpece  de 
gaine  garnie  par  dedans  de  ces  fommets  ou  capfules  remplies  de  pouf- 
fieres  :  le  relte  de  la  cavite  eft  occupe  par  le  piftiie  qui  eft  un  petir  filet  pole 
furl'embryon  de  lagraine.  Lorfque  la  fleur  ne  fait  que  commencera  s'epa- 
nouir ,  le  filet  refte  encore  cache  dans  la  gaine  ;  mais  a  mefure  que  la  fleur 
s'augmente,  ilcroit,  s'allonge  ,  &  en  meme  tems  les  fommets  venant  a 
s'ouvrir,  lui  font  jour  entr'eux  ,  &  il  paroit  enfin  liors  de  la  gaine  charge 
de  la  poufliere   que  les  fommets  y  ont  repandue. 

Ces  capfules  font  pout  I'ordinaire  membraneufes  (i) ,  mais  dans  quel- 

(a)  V.  Ics  Elcmcns  Botaniqucs,  PL  11  &  III. 
{b)  V>  Ics  El^insns  4«  Botani^ue,  PI.  IV. 


44S  COLLECTION 

...^..^  cfues  plantes  aromatiques,  comme  dans  le  romarin  ,  la  fauge,  le  thym,' 

AcAD.RoYALE  elles  font  for:  dures. 

DEs  Sciences         II  y  a  des  varietes  infinies  a  obferver  Air  ia  forme  de  ces  capfules  ,  fuc 

DE  Paris.       le  nombre  ,  fur  la  maniere  done  elles  s'ouvrent ,  qu'il  feroit  crop  long  de 

,         ,  rapporter  ici  :  mais  comme  ces  varietes  font  toujours  conftantes  dans  clia- 

■Ai.nu     7      .    ^^  efpece  ,  on  ne  doit  point  les  negliger  dans  les  caradteres  des  plantes 

tires  des  fleurs ,  puifque  de  routes  les  parties  des  fleurs,  e'en  ell  une  des 

plus  elTentielles. 

La  difference  qui  s'obferve  entre  les  pouflieres  de  differentes  efpeces 
de  plantes  ,  n'eft  pas  moins  grande  ,  foit  pour  la  couleur  ,  foit  pour  la 
grolfeur,  foit  pout  la  figure 

II  y  en  a  de  daires  ,  &  meme  de  tranfparentes  comme  du  cryftal ;  telles 
font  celles  de  I'erable  ,  du  meliante ,  de  la  bourache  ,  &  de  la  cigue  \  de 
blanches  ,  comme  celles  de  la  bedfamine  ,  &  de  la  jufquiame  j  de  bleues  , 
comme  celle  du  lin  ;  de  couleur  de  pourpre  ,  comme  celles  de  quelques 
tulipes  \  de  couleur  de  chair  ,  comme  celles  de  quelques  efpeces  de  Lychnis ; 
de  rouges  ,  comme  celle  du  ^eum  a  fleur  rouge  ,  quoique  M.  Greu  affure 
n'en  avoir  jamais  vu  de  cette  couleur  ;  mais  la  plus  grande  partie  eft  jaune  , 
&  d'un  jaune  plus  ou  moins  fonce. 

Il  paroit  cependant  que  la  couleur  des  pouflieres  vatie  dans  la  mcme 
efpece  fuivant  la  couleur  de  la  fleur ,  &  quelquefois  les  pouflieres  dans 
une  meme  fleur  font  de  differentes  couleurs ,  ce  que  j'ai  obferve  dans 
celle  de  I'oeillet  des  champs. 

Il  feroit  difficile  de  decrire  routes  les  figures  differenres  de  ces  pouflie- 
res;  car,  quoiqu'elles  paroiflent  aux  yeux  ,  fouvent  plus  fines  que  de  la 
farine  ,  cependant  chacun  de  ces  petits  grains  a  une  figure  regulicre  de- 
terminee  &  conllante  dans  toutes  les  fleurs  d'une  meme  efpece  \  &  je  n'ai 
point  remarquefur  cela  de  variete  confiderable  :  il  eft  vrai  que  quelques- 
unes  de  ces  pouffieres  changent  un  peu  de  figure  en  fe  deffechant  :  c'eft  ^ 
pourquoi  celles  du  cucumis  filvejlrii  prifes  fur  la  fleur  fraiche,  paroiffeii: 
d'abord  rondes  comme  de  petits  globules  ,  &:  quelques  momens  apres  elles 
prennent  la  figure  de  noyaux  de  dattes ,  avec  une  rainure  dans  leur  milieu  a 
mefure  qii'elles  fe  deffechent. 

Dans  la  plus  grande  partie  des  fleurs  ,  ces  pouflieres  ont  une  figure 
ovale  plus  ou  moins  pointue  par  leurs  extremites  ,  avec  une  ou  plufieurs 
cannelures  dans  leur  longueur  \  en  forte  que  vues  au  microfcope  ,  elles 
reffemblent  affez  a  un  noyau  de  datte,  a  un  grain  de  bled,  a  une  feve  de 
caffe,  ou  a  une  olive  :  telles  font  celles  du  poUgenatum  ,  de  la  bugle  ,  de 
la  bryone,  de  I'anacolie,  du  tithymale. 

Celles  du  millepertuis  (  fi^.  I.  PL  XF)  paroiffenr  de  petits  ovales  en 
maniere  d'olives ,  pointus  par  leurs  extremites,  un  peu  renfles  dans  leur 
milieu. 

Celles  du  nielilot(/';^. //)  paroiflent  des  cyllndres  ou  des  rouleaux  avec 
une  rainure  dans  leur  longueur. 

Celles  de  la  penfee  (  Fig.  Ill )  font  des  prifmes  a  quatre  faces  irrcgu- 
lieres ,  un  peu  tranfparens  qui ,  felon  leur  pofition ,  reprefentent  differentes 


figures. 


Celles 


A  C  A  D  &  M  I  Q  U  E.  44<) 

Cellt'S  tie  la  boiifradic  {Fig.  I^)  fonr  audi  des  rouleaux  ,  mais  ils  fciu  »^ 

etranelts  dans  leut  milieu  &:  eclairtis  dans  leur  lontiueur  en  trois  ditfifreos  a    .     d„,  ..,. 

,     '~  J  .  ,  .  "  ACAD.  IVOi  ALE 

eiidroics ,  comme  par  aucant  de  points  lumineux.  j3£5  Sciences 

Cellesde  la  grande  confoude  ( /"/§■.  /^)  reprefencent  fort  bien  deux  bou-      de  Paris. 
les  de  cryftal  etroitement  coUces  I'lin  i  I'autre.  Annk  171 1, ' 

Celles  de  I'erable  ou  fycomore  {  Fig.  VI  )  reprefentent  deux  cylindres 
pofesen  croix,  I'uii  plus  court  que  I'autte. 

Celles  du  lis  (  Fg.  Fil. )  (oiu  en  olives  polnrues  par  les  exttemitcs,  cha- 
grinees  en  leur  furface  avec  une  raiiuire  dans  leur  longueur. 

Celles  de  la  joncquille  (  Fig.  yill)  font  en  forme  de  rein. 

Celles  de  remephere  de  Virginie  (  IX  )  font  de  la  figure  d'un  grain 
d'orge. 

Celles  du  ricin  (  Fig.  X)  font  des  figures  ovoides  ,  chargees  d'une  rai- 
nure  dans  leur  longueur. 

Celles  de  I'acanthe  (  Fig.  II )  font  oblongucs ,  arrondies  par  les  extte- 
mitcs, &  chargees  auffi  d'une  rainure  dans  leur   longueur. 

Celles  du  genet  d'Elpagne  ( /"ig.  .X'//)  paroilfent  oblongues,  arrondies 
dans  leurs  extremites  ,  &C  chargees  de  deuxefpeces  de  rainures,  ou  de  deux 
eminences  lumineufes. 

Celles  de  la  tubereufe  ( /"/'j'.  JV///)  font  oblongues ,  renflees  dans  leur 
milieu  en  maniere  de  piifme  a  trois  faces. 

Celles  de  la  pyramidale  ,  &  des  autres  efpeces  de  campanelle  (  Fig[XlV)  , 
font  prelljui  ronJes,  tranfparentes,  Sc  chargees  en  leurs  furfaces  de  quel- 
ques  Icgeres  eminences  &  un  point  lumineux  au  centre. 

Celles  de  la  Heur  de  la  pallion  {Fig.  XV)  font  aulli  prefqne  rondes, 
incgaies  dans  leurs  furfaces. 

Celles  de  I'oeiilet  fauvage  (  Fig.  Xll)  font  rondes  ,  taillces  a  facettes. 

Celles  du  gcranum  ,  &  quelques  -  autres  efpeces  (  Fig.  XVll )  font  tonr 
des  avec  un  efpece  de  nombril  comme  on  le  voit  a  la  pomme. 

Celles  du  potiron  (  Fig  XKlll)  font  rondes,  chargees  de  petites  poin- 
tes  elevees ,  fort  courtes, 

Celles  du  cattka  ,  du  corona  foiis  (  Fig.  XIX)&i  d'une  partie  des  fleurs  ra-  • 
dices  ,  font  de  petites  boules  iicrilfces  de  polls  fort  courts. 

Cellesde  Va.ihxa  frutifccm  ,  de  la  m.uive  ,  ilu.  convolvulus  (  Fig.  XX) 
font  des  globes  herilfes  de  pointes  alfez  epailles  &  fort  aigues  a  leurs  ex- 
tttmites. 

Ces  poullieres  font  reprefentees  ici  grollies  au  microfcope  ;  quclques- 
unes  paroilfent  fort  dures  ,  d'autres  font  tendres  Sc  tres-aife-js  a  ecrafer  j  elles 
contiennent  toutes  beaucoup  plus  de  matieres  fulfureufes  que  les  ai.tres 
parties  de  la  fieur ;  aulli  ont-elles  beaucoup  plus  d'odeur.  Celles  du  lis  fonc 
rellement  chargees  d'huile  ,  qu'elles  graiflent  le  papier  dans  lequ-.l  on  les 
lient  entermees,  comme  sil  avoit  ete  huile.  Les  pouHieres  de  la  pluparc 
des  plantes  aromatiques  nagenc  dans  une  huile  elfentielle ,  ou  efpece  de 
tctcoenihine  liquide.  D'autres  paroilfent  enveloppees  dune  refine  feche 
du  licopodium  ,oa  mufcus  urreftris  clavatus  ;  car  ii  Ton  fouffls  cette  pouf- 
fiere  a  travers  la  Hamme  d'une  chandelle  ,elle  s'alhime  de  mime  que  fi  i.'e- 
pitde  la  refine  en  poudre.  Quelquas-auttes  poulfieres  comme  celles  de  I4 

Tome  HI ,  Parcii  Frungoi^c,  L  5 


DE  Paris. 
AnrHi  1711 


\^<s  COLLECTION 

fumeterre  ,    paroifTent  enveloppees  d'un  peu  de  matiere   mucilagineufc  ; 

Acad  Roy  ale   ^"^*  ^°"^    '"'  g'"^"^^*  qii'elles   s'attachenc  a  tout  ce  qii'elles  touchent ,  & 
DES  Sciences      ^"  effet  qu'on  ne  peuc  qu'a  peine   les  feparer  les  unes  des  autres. 

Ces  petites  graines  ne  fe  dilFoIvenc  cependant,  ni  dans  I'eau  ,  ni  dans 
riuiile  d'olive  ,  ni  dans  I'huile  de  terebenthine  ,  ni  dans  I'a/'prit  de  vin , 
pas  meme  a  I'aide  dii  feu.  Les  trois  dernieres  liqueurs  en  tirent  bien 
quelque  teincure,  mais  qui  ne  change  point,  ou  que  tres-peu  la  figure 
du  grain. 

Quelques-uns  one  pretendu  que  ces  grains  de  pouflieres  n'etoient  que 
des  particules  de  cire  ou  de  refine.  Pour  voir  ce  qui  en  etoit ,  je  les 
ai  fait  bouillir  dans  de  I'eau;  ils  ne  s'y  font  point  fondus  ,  &  en  les 
fiiifant  chauffer  fur  le  feu  dans  une  cuiller  ,  ils  s'y  font  brCiles  &  reduirs 
en  charbon  fans  fe  fondre  ;  d'ou  il  paroit  que  ces  petirs  grains  de  pouf- 
ficre  font  de  petits  corps  d'une  ftrudlure  particuliere ,  &  qui  gardent , 
comme  je  I'ai  dit,une   forme  conftante  dans  chaque  efpece  de  Heurs. 

PaiTons  a  I'txamen  de  I'autre  partie  elfenrielle  de  la  Heur ,  qui  en  oc- 
cupe  ordinairement  le  centre,  &c  qui  comprend  le  piftile  oii  font  ren- 
fermes  les  embryons  des  graines,  foit  dans  fa  bafe,  foit  dans  route  fa 
longueur.  I!  prend  fon  origine  du  pedicule  de  la  fieur,  ou  du  centre  du 
calice,  &  devient  par  la  fuite  le  jeune  fruit  qui  eft  tantot  cache  dans  le 
calice,  &  tantot  tout-a  fait  dehors.  La  figure  en  eft  tres  differenre  dans 
un  grand  nombre  de  fleurs;  c'eft  quelquefois  une  petite  tige  qui  s'elargic 
par  fes  deux  bouts  en  forme  de  pilons,  quelquefois  c'eft  un  filer  :  il  y 
en  a  de  ronds  ,  de  quarres,  de  triangulaires,  d'ovales  ,  de  femblables  a 
un  fufeau  ou  d'autres  faq:ons.  On  peut  voir  diffcrcntes  figures  de  ces  pif- 
tiles  dans  les  prenaieres  planches  des  EUmtns  dc  Bntanique. 

Prtrfqce  tous  les  p  ftiles  font  g.irnis  a  leur  extrcmite  de  petits  polls  tres- 
delies ,  qui  fonr  commc  un  veloure,  on-  de  petits  filamens  difpofes  en 
panaches  ou  en  aigrettes  ;  ou  bien  ils  font  parfemes  de  petites  veilies 
plc'ines  d'un  fuc  gluant.  On  peut  o'nferver  ce  veloute  fur  le  haut  des 
piftiles  de  la  fleur  de  coquelicot ,  de  la  populago  ,  de  la  gentiane  ,  de 
la  campanelle.  On  remarque  ces  panaches  &  ces  aigrettes  au  haut  du 
piftile  ilu  bled,  a  I'extremite  des  piftiles  de  la  fleur  de  vigne  ,  de  vio- 
iette  i^:  de  la  plupart  des  fieurs  legumineufes.  Les  veficules  paroiflenc 
tres  dlftinftement  au  bout  des  piftiles  du  lis  &  du  convolvulus. 

Il  y  a  des  flsurs  dans  hfquelles  on  remarque  plufieurs  piftiles,  ou  done 
les  piftiles  fe  terminent  en  plufieurs  cornes  qui  prennent  naiifance  Air 
autant  de  jeunes  fruits,  ou  qui  partent  d'autant  de  differehtes  capfules^ 
qui  renfermenc  les  graines,  foit  que\chaque  capfule  ne  contienne  qu'une 
feule  grains,  foit  qu'elle  en  renferme  plufieurs  :  ainfi  dans  le  titliymale, 
la  toute-faine  ,  on  remarque  trois  piftiles  &  aurant  de  capfules  de  graines. 
Dans  I'ancolie  &  dans  la  fraxinelle  ,  cinq  ou  fix.  Dans  le  lis  &c  dans  la 
tulipe,  il  n'y  a  qu'un  piftile;  mais  il  forme  a  fon  extrcmite  une  triple 
tete  qui  repond  aux  trois  celiules  des  graines  qui  partagent  le  fruit.  Dans  ■ 
\i  potiron  ,  on  n'obfetve  de  meme  dans  la  fleur  femelle  qu'un  feul  pif- 
tile qui  fe  fubdivifc  a  fon  extremite  en  plufieurs   taes  echanctees  dans 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  451 

lear  longueur  ;  &:  ces  ditfJrentes  tetes  repondent  aux  cellules  dcs  graines  ■■"    ' 

du  jeuiie  fruir.  Acad.  Roy  alb 

Tous  ces  pilules  ,  quclques  ngures  quils  ayent ,  ont  qiielques  ouvenures     bej  Sciences 
a  leur  extreinitc  ,   ou  quelques  tentes  qui  continuCHt  dans  route  leur  Ion-       de  Paris. 
gueur  jufqu'a  leur  bafe  ou  aux  enibryons  des  graines  :  c'cft  ce  qu'on  ap-      j„„J,       i  j 
per^oic  tres-aifemenc  dans  le  lis,   dans  le  narcide ,  dans  la  Heur  de  gre- 
nade, &  particuliercmenc  dans    le   potiron  en  fendant  ces  piftiles  felon 
leur  longueur ,   ou  Ics  coupant  tranfverfalemenr. 

Si  apres  avoir  coupe  le  pillile  du  lis ,  on  eji  plonge  une  extrtmite  danj 
I'eau  ,  &  fi  on  fuce  par  I'autre  bout,  on  y  fera  moiiter  I'eau  de  la  meme 
maniere  que  dans  un  chalunieau  tr.sdehe. 

Pour  pen  que  Ton  veuille  fe  donner  la  peine  d'ouviir  les  pifliles  danj 
leus  diftcfens  ctats  d'accroiiremenc ,  on  reconnoitra  tres- dilhniftement 
qu'ils  forment  les  jeunes  fruits,  &  qu'ils  n.nferment  au-dedans  d'eux 
les  embiyons  des  graines  ,    foit   que  ces  graines   foi;nc  tepandues   dans  0 

route  la  longueur  du  piftile,  foit  qu'elles  loient  renfermees  dans  fa  bafe, 
il  erttoujours  ouvert  a  fon  extremice,  &  perce  plus  ou  moins  fenfible- 
ment  julqu'a  fa  bafe.  Souvenc  cette  cavite  s'efface  a  proportion  que  le 
jeune  fruit  grolUt  ;  quclqujfois  meme  une  partie  du  piftile  que  M.  Mal- 
pighi  nomme  le  lUle  ,  ou  I'aiguiUe,  fe  delleche  &  tombe.  Cependanc 
dans  plulieurs  fruits,  la  cavite  B  ,  (PL  XI F,  fig  V  &  f^i  ■,)  qui  con- 
tient  le  piftile  &  les  etamines,  ne  lailTe  pas  de  fe  conferver,  &i  meme 
de  fe  rendre  trcsfenfible  ,  comme  on  peuc  Tobferver  dans  les  poires , 
dans  le*  pommes,  &  principalemenc  dans  celles  de  calville,  [PL  XIT , 
Fig.  F  &  FI). 

Voili  ce  qu'on  remarque  dans  les  plantes  dont  les  fleurs  contiennent , 
pour  ainfi  dire  ,  les  deux  fexes  leunis.  Les  msmes  cliofes  s'obfervent  fe- 
par.'ment  dans  les  plantes  oil  ils  lont  fepares  ,  c'eft-a-dire,  oii  Ics  fom- 
mets  font  d'un  cote,  &  les  embryons  du  fruit  de  I'autre,  tantot  lur  le 
meme  pied,  tantot  fur  des  pieds  ditfeiens.  Tel  eft  le  ponron  qui  porte 
fur  le  meme  pied  des  Heurs  Iteriles  que  Ton  nomme  communemcrnc  faulfes 
rteurs,  &  que  je  nomme  flours  males,  &  des  Heurs  a  fruits  que  I'oa 
nomiiie   fleurs   nouees  ,   &  que   je  nommerai  Heurs  remclles. 

Ces  deux  fortes  de  flturs  font  compolces  de  feullles  d'une  feule  piece 
en   clo-he  ,  evafees  &  decoupees  en  plufieuts  parties  fur  leurs  bords. 

Du  centre  de  cetre  cloche ,  dans  la  fleur  male ,  s'elevent  plulieurs 
branches  qui  fe  rcuniirenc,  &  forment  un  corps  qui  devitnt  par  lafuite, 
de  figure  cylindrique,  charge  a  fa  furface  de  fommets  B,  (  PI.  XF y 
Fig.  XXI ,  )  qui  ferpentent  d'un  bout  a  I'aure  :  ces  fommets  font  des 
corps  partagcs  dins  leur  longueur  par  une  cloifon  mitoyenne  en  deux 
cavitcs ,   ( /'/^.  A'A7/  (S- A'^Y/y/ ).  ^ 

Lorfque  cette  fleur  eft  djns  fon  etat  de  perfedion  ,  ces  fommets  s'ou- 
vrent  fcloiA  leur  longueur,  en  deux  demicanaux,  {Fig.  XXIII,  )  d'ou 
s'echappe  une  pouffierc  tres-fine  qui  ell  portee  fur  les  Heurs  femelles  pour 
les  feconder. 

La  fleur  femelle  couronne  la  tete  d'un  embryon  de  fruit  A,  {PL  X.F, 
Fig.  XXIK ,)  qui  ne   fe  voir  point  aux  Heurs 'miles.    Du    fommet   de 

Li  ij 


'45*  COLLECTION 

'  cet  embryon,  s'cleve  en  maniere  de  pyramide  renverfee  ,'un  corps  B  B  , 

AcAD.RoYALE  S"'  ^^  ^^  piftile  qui  fe  divife  en  plulieurs  lobes  fairs  en  coeurs  C,  avec 
DEs  Sciences    un  fillon  trace  dans  ieur  longueur,  &  heriffe  de  poils  courts,  propres  a 
DE  Paris.       accrocher  &  retenir  les  poullieres  que  la  fleur  male  repand. 
Annee    171 1.        Si  on  coupe  ce  piftile  tranfverfalement  dans  fa  panie   la  plus  etroite, 
on  y  trouvera  autanc  de  canaux  DD,  (  Fig.  XXV ,   )  qu'il  y    a  de  di- 
viiions  B  B  a  f a  tcte.   Ces  canaux  vont  repondre  a  autanr  de  cellules  qui 
renferment   chacune  deux   ordres  de    femences  rangees   dans  un  placenta 
fpongieux  ,  (  Fig,  XX l^,  )  (J  marque  le  fillon  qui  divife  chaque  tete  du 
piftile  B  B  en  deux  globes. 

On  compte  entre  les  plantes  done  les  chatons  fe  tronvent  en  des  en- 
droits  fepares  des  fleurs  a  fruits  fur  le  tncme  pied ,  outre  le  potiron  ,  le  con- 
combre,le  melon,  la  courge,  le  bled  deTurquie  ,  la  larme  dejob.'le  toutne- 
fol ,  1  ambrofie  ,  le  noyer ,  le  noifettier  ,  le  charme  ,  le  chene ,  le  hetre  ,  le  fa- 
^  pin  ,  le  pin,  I'aune,  le  cypres,  le  bouleau  ,  le  cedre  ,  le  genevrier  ,  I'if ,  le 

miirier,  le  plarane. 

Entre  celles  dont  certains  pieds  portent  des  chatons  fans  fruits,  &  done 
certains  autres  pieds  portent  des  fruits  fans  chatons  ,  font  comprifes  quel- 
ques  efpeces  de  palmier ;  le  faule ,  le  peuplier ,  la  mercuriale ,  le  chan- 
vre,  I'cpinard  ,  I'ortie,  le  houblon. 

Nous  n'avons  pas  befoin  ici  d'un  plus  grand  detail  ,  il  s'agit  feulemenr 
d'examiner  I'ufage  des  parties  que  nous  venons  de  decrire. 

Premierement ,  pour  ce  qui  regarde  les  fommets  &  la  poufliere  donr 
lis  font  remplis,  il  eft  evident  que  ce  ne  font  point  des  escremens  de  la 
fleur  ,  puifque  des  la  premiere  conformation  ,  on  commence  a  diftinguer 
ces  grains  de  poalliere  tous  formes  &  renfetmes  dans  les  fouimets  auflitot 
que  ces  fommets  font  affez  fenlibles  pour  cela. 

On  les  voir  meme  s'accroirre  &:  fortir  des  boiirfes  qui  les  renferment, 
lorfqu'elles  ont  acquis  un  certain  degre  de  maturite  :  d'ailleurs  on  les  trouve 
dans  les  chatons,  &  on  ne  les  remarque  point  dans  les  fleurs  a  fruits^ 
en  forte  que  dans  cette  fuppofition  ,  les  plantes  qui  ne  portent  que  des  fleurs- 
a  fruits  n'auroient  point  d'excrernens. 

11  fautdonc  dire  que  ces  fommets  font  deftines  a  un  p'us  noble  ufage, 
&  qu'ils  doivenc  etre  regardes  comme  la  principale  caufe  de  la  feconditc 
des  plantes. 

C'eft  ce  que  je  vais  appnyer  de  trois  obfervations.  La  premiere  ,  qu'iJ 
n'y  a  prefque  point  de  plante  connue  qui  n'ait  fes  fommets  &  fes  pouflieres, 
foit  dans  la  meme  fleur,  foit  en  differens  endroits  du  meme  pied,  foir 
fur  des  pieds  fepares. 

La  feconde  ,  que  quand  ils  fe  trouvent  joints  dans  la  meme  fleur  avec 
les  piftiles,  ils  font  toujours  difpofes  de  maniere  que  I'cxtremite  du  pif- 
tile recoit  necefliiirement  les  poullieres  qu'ils  repandent. 

La  troifieme  ,  que  les  embryons  de:  graines ,  ou  avortent  ,  ou  deviennenr 
infeconds  ,  s'ils  font  pvives  de  ces  poullieres. 

Je  dis  qu'il  n'y  a  prefque  point  de  plantes  dans  lefquelles  on  ne  trouve 
des  fommets  tic  des  pouflietes ,  foit  fur  le  meme  pied,  foit  fur  des  pieds 
fepares.  Je  ne  parle  point  des  plantes  aqu^itiques,  ou  marines,  quoique 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  45^ 

ODies  les  obfervafions   de  M.  Marchant  fur  les  fleurs  Si  les  graines  des   1     1 
Jungus  ,  &c.  il  y  a  tout  lieu  de  prcTumer  que  les  plantes  marines  one  Icurs    a,-,  j,  P  o-- aif 
llcurs  &  leurs  fruits  a  leur  maniere  ,  de  niL-me  que  les  terrcflres.  des  Sciences 

Pour  ce  qui  eft  des  plantes  terreftres  ,  il  n'y  a  guere  que  les  cliampi-  de  Paris- 
gnons,  les  truffes,  les  moulfeSj  ceriaines  efpeces  de  capiliaires,  &  quel-  j4nnii  171  i, 
ques  autres  ou  il  ne  paroiffe  point  de  fommets  garnis  de  leurs  poullieres  ; 
cependant  j'ai  demontre  dans  les  tiuffes  des  corps  qui  m'ont  paru  pouvoir 
ctre  les  graines ,  &:  auffl  ce  qui  peut  tenir  lieu  de  la  fleur ,  qui  eft  une 
certaine  inoifillure  ou  fleur  blanche  qu'on  y  remarque  dans  un  certain 
terns  ,  &.'  qui  renferme  apparemment  une  pouflicre  trop  fine  is:  en  trop 
petite  quantite  pour  pouvoir  ttre  appergue  ailcment.  Pour  les  champi- 
gnons, les  poullieres  cachees  entre  les  feuillets  fous  la  tete  du  chapiteau  , 
f)ourroient  bien  ctre  des  pouffieres  plutot  que  les  graines  ;  je  foupconne 
a  mane  chofe  de  diverfes  elpeces  de  capiliaires.  Ces  petites  feuilles 
ou  ces  cellules  placces  au  dos  des  feuilles,  ont  bien  plutot  I'apparence 
de  fommets  que  de  fru.ts,  &  dans  queL-)ues  efpeces,  jc  ferois  allez  porte 
a  croire  que  les  graines  qu'clles  renferment  font  des  pouffieres  plutot  que 
des  graines,  puilqu'en  ks  femant,  il  y  en  a  qui  ne  produifent  rien  ,  de 
forte  que  dans  ces  efpeces  de  plantes ,  on  peut  etre  plus  afTure  de  connoitre 
la  fleur  que  d'cn  connoitre  le  fruit.  U  en  eft  de  meme  des  nioulles  oii 
Ton  a  obfcrve  en  quelques  efpeces  certains  petits  corps  ovales  poinrus , 
cpuverts  d'une  coeffe  ou  capuchon  ,  qui  deviennent  dans  la  fuite  des  cap- 
fules  en  urnes  relevees  des  quatre  cotes  :  cos  urnes  font  templies  d'une 
poudiere  trcs-menue  que  quelques-uns  regardent  comme  les  graines.  D'au- 
tres  efpeces  de  moulTes  ont  une  tete  ecailleufe  en  epi ,  qui  renferme  fous 
chaque  ecaille  une  efpece  de  fruit  de  la  figure  d'un  petit  rein.  Ce  fruit 
s'ouvre  en  deux  parties,  &  coiitienc  de  petits  grains  fort  menus  qui ,  vus 
au  microfcope  ,  font  des  globules  jaunes  tranfparens.  M.  Vaillant  cepen- 
dant a  reconnu  que  d'autres  efpeces  de  mou.Tes,  oii  Ton  n'avoit  ju.'"qu'ici 
rien  dccouvert,  produifent  de  petits  corps  pleins  de  femblables  poullieres, 
qui  peuvent  etre  la  graine  de  ces  plantes,  &  peut-ttre  auffi  n'eft  ce  que 
la  poufliere  contenue  dans  les  fommets. 

La  figure  eft  Tunique  exemple  qu'on  puilTe  apporter  d'un  fruit  donr  on 
n'appercoic  point  la  fleur  ;  cependant  Valerius  Cordus  a  avance  qu'elle  en 
avoir  une,  iJc  Malphigi  en  a  donne  la  figure  dans  fon  anatoniie  des  plan- 
tes. Le  premier  ceilleton  de  la  figure  neft  qa'un  bouton  de  feuilles  difpo- 
fees  autour  d'un  placenta,  fur  lequel  tous  les  embryons  des  graines  font 
ranges.  Ces  feuilles  font  recourbees  en  dedans ,  &  difpofees  en  rofes ,  for- 
mant  une  efpece  de  petite  voiite  au-delfus  des  graines.  Chaque  eni- 
bryon  de  graine  a  un  calice  particulier,  partage  en  cinq  ou  fix  poinres 
qui  I'enveloppenr ,  &  de  ciiaque  embryon  s'eleve  un  petit  piftile  qui  s'auf- 
mente  beaucoup  avec  le  terns.  A  mefure  que  le  fruit  grollit,  les  feuilles 
qui  en  occupoient  d'.^.bord  plus  de  la  moitie,  font  reduites  dans  le  petit 
efpace  du  nombril  de  la  figure,   ou  a  peine  les  apper^oit-on. 

Voila  une  efpece  de  fleurs  dans  laquelle  je  n'ai  pu  dccouvrir  de  fom- 
mets ,  &  qu'on  ne  peut  regarder  que  comme  une  fleur  a  fruit  ,  jufqu'l 
ce  que  quelqu'un  ait  tte  all'ez  heureiix  pour  les  dccouvrir  s'l!  y  en  a. 


454  COLLECTION 

'  Nous  ne    connoiflons  point,  par  exemple.^n  ce  pays-cl  les  femences 

Acad  RoyAle  "^^  '''  prcfle  :  on  ne  remarque  dans  cctte   plante  que  ties  fleurs  a  etami- 

EEs  Sciences     nes ,  chargees  de  poullieres  :  dirons-nous  pour  cela  quelle  ne  porte  point 

DE  Paris,        de  fruiis  ?  Cefalpin  en  a  trouvc  qui  viennent  fur  des   pieds  differens  de 

Annk  171 1.     <^sux  qui  portent  les  ctamines.  En  un  mot  ces  exemples  font  en  trop  petit 

nombre  ,  &   n'ont   rien  qui  puilFe  connedire  formellement  ce  que  nous 

reniarquons  dans  cette  multitude  prefque  innombrable  de  piantes  qui  ont 

routes  leurs  fommets  &  leurs  poufiieres. 

La  difpofition  de  ces  fommets  autour  des  piftiles ,  eft  una  (econde  preuve 
de   ce   que  j'ai  avance ;  le   piftile  en    eft  tcilem.ent  environne  ,  que  font 
extromice  fe   trouve  neceiraiiement  couverte  de   leurs  pouflieres  lorfqu'ils 
I        viennent   a  s'epanouir. 

Dans  toutis  les  fleurs  qui  fe  tiennent  droites ,  les  fommets  font  en- 
delfus,  ou  au  moins  au  niveau  de  I'extremite  du  piftile;  &  le  piftile  ne 
s'allonce  au-dela,  que  lorfque  les  embryons  des  graines  commencent  a 
groflir  ,  s'elevent ,  &  n'ont  plus   befoin   de  pouftiere. 

Dans  les  fleurs  penchees ,  ou  tout-a-fait  renverfees  ,  comme  dans  la  cou- 
ronne  imperiale  ,  ou  dans  la  tleur  du  cyclamen  ,  le  piftile  eft  allonge  beau* 
coup  au-dela  des  etamines  ,  en  forte  que  la  pouftiere  des  fommets  en  tom- 
bant ,  fe  repand  necelFairement  fur  I'extremite  du  piftile. 

Dans  les  fleurs  de  \'a.fiihirnnum  ,  ou  muffle  de  veau  ,  &  dans  les  autres 
de  ce  genre,  les  ctamines  font  tellement  difpofees,  que  I'extremite  da 
piftile  etant  appuyee  fur  le  duvet  de  la  feuille  inferieure,  &C  couverte  de 
la  fuperieure.  di-ux  des  fommets  font  places  au-delfus  ,  &  deux  an-deft~ous, 
de  forte  que  ,1a  tete  du  piftile  fe  trouve  route  entouree  paries  fommets, 
&  neceftairement  couverte  de  leurs  pouflieres  lorfqu'ils  viennent  a  la  re- 
pandre. 

Dans  les  fleurs  a  fleurons  ScA  demi-fleurons ,  I'extremite  du  piftile 
eft  cache  dans  la  graine  que  forment  les  etamines',  comme  nous  I'avons 
deja  dit,  &  il  n"en  fort  que  lorfque  les  fommets,  en  s'ouvrant,  lui  ont 
fait  paflage  ,  de  forte  qu'en  croiflant  il  fe  couvre  lui-meme  de  pouf- 
fiere, 

Je  fais  bien  que  dans  les  fleurs  penchees ,  comme  celles  de  la  cou- 
ronne  imperiale ,  du  cyclamen  &  de  I'acanrhe  ,  la  fituation  des  piftiles 
jie  femble  pas  favorable  a  I'intromifrion  des  pouflieres  qui  partent  des 
fommets;  mais  ne  Uitlicil  pas  que  les  pouflieres  s'attachent  au  piftile, 
&  que  fon  extremice  en  foit  couverte,  pour  conjedurer  de  la  qo'elles  s'y 
infinuent  petit  a  petit  a  I'aide  de  I'air  exterieur  qui  les  y  poufTe ,  5£ 
peut-etre  aufli  de   la  configuration   particuliere  de  ces  piftiles. 

Mais  de  quelque  mnni're  que  ces  pouflieres  s'infiniient  dans  les  pif- 
tiles, elles  font  ii  abfolumcnt  neceflaires  a  la  fecondite  des  piantes, 
que  fans  cela  leurs  graines  avortent  ,  ou  font  incnpables  de  reproduire 
I'efpece  :  c'eft  ma  troiheme  obfervation  ,  a  laquelle  je  puis  joindre  les 
fu.vantes. 

lUen  n'eft  plus  commun  que  de  voir  les  biens  de  la  terre  manqueii 
par  la  fuppreflion  des  fommets  S<.  de  leurs  pouflieres.  Au  printems, 
quuid  les  aibres  fruitiers  font  en  fleurs,  qui!  vienne  une  gelee  blanche 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  455 

avec  uii  coup  de  foleil  qui  deffeche  le  piftile,  &:  I'empcche  de  recevoir  i--^-— ^^--— « 
les  poufli.'rt.'s  des  fommets ,  voila  tout  avortc,    &  Tefpcrance   perdue.    Si 
au  contraire  les  fleuis  viennent  a  bien ,   qi:e  Ics  poudieres  aieiit  le  terns  Acad.  Royale 
de  feconder  les  piftiles  ,   le  fruit  i'e  noue  ,  &  il  n'y  a  plus  rien  a  craindre.    "^de  Paris^' 

Quand  les  bleds  font  en  fleurs,  on  craint  la  nielle  :  qu'arrivet  il  en- 
fuite  ?  I'epi  noircit,  les  grains  infcconds  s'allongent ,  Sc  forment  une  come    ■^'^^^^  1711. 
fans  gerive  d'une   fubftance  plutoc  approtliante  du  champignon  que  d'un 
grain    de  bled.    Le  moins  qui  puilfe  arriver  ,  cell:  que  les  cellules  foient 
vuides. 

N'efl-ce  pas  de  la  mc-me  maniere  qu'arrive  la  coulure  de  la  vigne  ?  La 
pluie  qui  furvient  pendant  la  fleur,  enleve  Sc  fommets  &  pouflieies,  He 
troublant  ainfi  Tccuvre  de  la  fccondation  ,  fait  que  les  grains  avortent , 
comme  on  le  voit  fenhblement. 

Mais  pour  montrer  que  routes  mes  obfervations  prccedcntes ,  ne  font 
point  des  conjeclures  avancei.s  fans  prcuves  ,  obfervons  ce  qui  fe  palTe 
dans  toutes  les  Heurs  qui  ,  comme  j'ai  dir,  reunilFent  les  deux  fexes  ,  c'eft- 
a-dire  ,   les  fommets  garnis  de  leurs  poudieres ,   &  les  piftiles. 

Jamais  on  n'appercoit  aucuns  corps  ou  germe  de  plante  dans  les  em- 
btyons  des  graines,  dc  on  ne  commence  a  y  voir  du  changement  que 
lorfque  la  paufliere  des  etamines  eft  roiiibce.  C'eft  done  cette  pouftiere 
qui  feconde  le  jeune  fruit ;  ce  qui  eft  li  vrai  ,  que  dans  les  pl.iiices  oit 
ces  etamines  naillent  fur  le  mcme  pied  en  des  lieux  dilfcrens,  ou  fur 
differens  pieds ,  fi  on  vient  a  couper  ces  etamines  auflitot  qu'elles  com- 
niencent  a  paroitre  ,  Si  avant  qu'elles  foient  ouvertes,  les  fruits  ne  vien- 
nent point  a  matutite,  ou  s'ils  murilFent  ,  ils  ne  contiennent  point  dc 
germcs  ,  &   font  par  conlequent  fteriles. 

Cett3  nccjllite  de  la  poufliere  des  etamines  pour  fervir  a  la  feco.idife 
des  graines  ,  eft  cor.htmee  par  les  obfervarions  de  tous  les  Botaniftes,  fur 
le  palmier  qui  produit  les  dattes. 

Cette  efpece  darbre  porte  les  etamines  fur  un  pied  fepare  de  celqi 
qui  porte  les  fruits,  de  maniere  qu'on  en  diftingue  ordinairemenr  les  pieds 
en  male  Sc  femelle.  Theophraile  ,  Profper,  Aipin  Si  tous  les  Botaniftes 
qui  par  eux-mimes  ont  pu  faire  ces  obfervations,  convicnn.nt  que  fi  nil 
pied  femelle  n'a  point  de  male  dans  fon  voifinage  ,  il  ne  porte  point  de 
fruits,  ou  que  s'il  en  porte,  ils  ne  viennent  point  a  maturite  j  ils  font 
apres ,  de  mauvais  goCit ,  fans  noyau  ,  &  par  confequenr  fans  germe  : 
mais  pour  faire  murir  ces  fruits ,  &  pour  les  rerxire  bons  .1  manner  ,  &: 
feconds ,  on  a  fuin  ,  ou  de  planter  un  palmier  male  dans  le  voi/inaoe  , 
ou  de  couper  des  branches  du  palmier  male  ihargees  de  fommets  epanouis  , 
&  de  les  attaclier  au-delTus  des  branches  du  palmier  femelle,  &  pour 
lors  il  produit  de  bons  fruits,  feconds  Sc  en  abondance.  Cette  obferva- 
tion  fut  confirmee  a  M.  Tournefort  en  i<597,  par  Adgi-Muftapha  .Aga  , 
liomme  d'efprit  &:  curieux,  Amballadqur  de  Tripoli  vers  le  Roi  ,  comme 
ce  favant  Bot.inifte  le  rapporte  dans  fes  Injiituiions  Botaniqius.  Ce  ne 
font  pas  les  fculs  palmiers  fur  lefqiiels  ces  obfervations  fe  Vvirih.nt  ;  cela 
eft  encore  trcs-f^nfibie  fur  la  plupart  des  plantts  qui  portent  Us  rii;urs.<Jc 
les  fiuits   fur  differens  pieds,  ou  fur  differens  endroits  du  mcme  pied. 


45(?  COLLECTION 

I  pourvu  que  I'on  ait  un  trcs  grand  foin  de  couper  les  etamines  avant  qu'ellej, 

A,^Ar^  R^^ATu-  aieiu  commence  a  fc  developper,  cui  pourvu  que  Ton  cienne  les  plances 

J\CAD   KOYALt  ,  1       ■         '  f    1  n-  J  '  •  rr^ 

DES  Sciences     remelles   dans  des  endroirs  ou  la  pouiiiere  des  etamines  ne  puifle  avoir 

DE  Paris.  auciin  acces. 
Jnnee  1711.  J'ai  eleve  plufieurs  pieds  de  bled  de  Turquie,  qui,  comme  Ton  fait, 
porte  dans  le  haut  de  fa  tige  fes  etamines  chargees  de  fommets ,  &  les 
fruits,  ou  les  epis  le  long  de  la  tige  dans  quelques  aifelles  des  feuilles; 
j'ai  coupe  les  etamines  avec  le  plus  de  foin  qu'il  m'a  ere  poflible,  auffi- 
tot  qu'elles  ont  commence  de  paroitre,  Sc  avant  que  les  fommets  fudent 
epanouis. 

Sur  quelques-uns  des  pieds  ,  les  epis  apres  etre  venus  a  une  certaine 
grolleur  ,  fe  font  fechcs  entierement ,  fans  que  les  embrions  des  graines 
aient  profite  ;  &  fur  quelques  autres  pieds  ,  il  y  a  eu  quelques  grains 
le  long  des  epis  qui  one  grofli  trcs-confiderablement ,  &  qui  ont  paru- 
charges  d'un  germe  ,  &  par  confequent  feconds  ,  pendant  que  tous  ks 
autres  font  avortes  ,  mais  aucun  epi  n'eft  venu  entier.  ^ 

II  fe  peut  faire  que  quelque  preiaution  que  j'eulfe  prife  pour  empor- 
ter  tous  les  fommets  avant  qu'ils  fulfent  epanouis,  il  y  en  ait  eu  cepen- 
dant  quelqu'un  d'cpanoui  avant  que  j'aie  pu  le  couper  ,  ou  bien  il  fera 
refte  encore  quelque  fommet  cache  qui  fe  fera  epanoui  par  la  fuite  ;  peut- 
etre  aurti  quelque  poulTiere  apportee  d'ailleurs  par  le  vent  ,  aura  fait  pro- 
filer ce  petit  nombre  de  grains.  J'ai  eleve  de  meme  quelques  pieds  de 
niercuriale  a  fruit  feparement  de  celle  cjui  porte  les  etamines  ;  il  eft  vrai 
qu'ils  ont  produit  quelques  graines,  mais  avortees  pour  la  piupart,  a  la 
referve  de  cinq  ou  lix  fur  chaque  pied,  qui  m'ont  paru  fort  faines  &  ca- 
pables  de  reproduire  de  nouvelles  plantes ,  fans  doute  parce  qu'il  leiir 
eft  arrive  ce  que  je  viens  de  dire  du  bled  de  Turquie,  autrement ,  pour- 
quoi  n'auroient-elles  pas  routes  profite  egalement  ? 

On  pourra  m'objedrer  ce  que  rapporte^  M.  Tournefort  dans  la  nicme 
Preface  de  fes  Injluutions  Botaniques ,  qu'il  a  vu  un  pied  femelle  de  hou- 
blon  produire  des  graines  dans  le  jardin  du  Roi ,  ou  il  n'y  avoir  peine 
de  pied  male ,  ni  meme  dans  le  voifinage ,  en  forte  que  les  pouflieres  ne 
pouvoient  etre  apportees  par  le  vent  ,•  que  des  illes  qui  font  vers  Charen- 
ton  ,  ou  fe  trouvoient  les  pieds  a  fleurs  les  plus  proches  Je  ne  contefterai 
point  I'eloignement,  mais  je  repondtai  que  quel  qu'il  puideetre,  il  ne 
nuit  en  rien ,    pourvu  que  le  vent  puille  apporter  les  pouffieres. 

Or ,  cela  n'eft  pas  impollible  ;  nous  en  avons  un  bel  exemple  rap- 
porte  par  Jnvianus  Pontanus ,  precepteur  d'Aiphonfe,  Roi  de  Naples,  qui 
raconte  que  Ton  vit  de  fon  terns  deux  palmiers ,  I'un  male  cultive  a 
Brindes,  I'autre  femelle  eleve  dans  les  bois  d'Ottrante  (  c'eft  bien  une 
autre  diftance  )  ;  que  ce  dernier  fqt  plufieurs  annees  fans  porter  de  fruits, 
jufqu'a  ce  qu'enfin  s'ctant  eleve  au-delfus  des  autres  arbres  de  la  foret , 
il  put  appercevolr  ,  dit  le  I'occe ,  le  palmier  male  de  Brindes,  quoi- 
qu'il  en  f-tit  eloigne  de  plus  de  quinze  lieucs,  car  alors  il  c0mmen9a.de 
porter  des  fruits  en  abonJance  ,  &  de  fort  bons. 

Il  n'y  a  aucun  lieu  de  douter  qu'il  ne  commenca  pour  lors  de  porter 
{|es  ffuits.  que  parce  qui!  commenca  4  r«cevoir  fut  hi  branches  &  fuc 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E:  457 

les  embryons  de  fes  fruirs,  la  poufliere  des  cc.imines  que  le  vent  enlevoit  '. 

de  delfus  le  palmier  mile  par-delliis  les  autres  arbres.   Nous  expliqnons  Acad. Ro vale 

par  la  d'une  maniere  nanirelle  Si   feiifible ,   cette  fecondite    qui  a    bien     des  Sciences 

embarralTc  les  ancieiis  Phyliciens  ,    &  qu'ils  attribuoient  a  la  fympachie,       °^  Paris. 

ou  a  I'amour  qui  fe  rencoiuroic  entre  les  arbres,   fans  favoir  comment    Annee  lyii, 

ce   myftere  d'amour  s'.icconipliiroit  :  c'eft  ce  que  Ton    peut  volt  dans  le 

pucme  que  Poranus  fie  au  fujet  d'un  cvcnement  qui  parut  fi  merveilleux. 

Cette  hiftoire,  en  prouvant  la  necellite  des  poullieres  pour  la  fecon- 
dite du  palmier  femelle,  fait  voir  que  rcloignement  entre  les  arbreS'do 
differens  fexes,   n'eft  point  une  raifon  a  oppofer. 

II  ell  done  conftant  que  les  pouffieres  contribuent  a  la  fecondite  des 
plantes  :  il  s'agit  de  decouvrir  prefentement  de  quelle  maniere  tiles  y 
•contribuent,  &  fur  cela  on  ne  paut  former  que  deux  conjeftures.  La 
premiere  ,  que  les  pouflieres  etant  toutes  fulfuteufes  Sc  pleines  de  par- 
ties fubtiles  &  pcnctrantes ,  comme  leur  oJeur  le  prouve  alfez ,  tom- 
benr  fur  les  pifliles  des  (leurs,  s'y  refolvent,  &  que  ieurs  parties  les  plus 
fubtiles  penetrent  la  fubftance  du  piftile  &c  du  jeune  fruit  ou  elles  exci- 
tent  une  fermentation  capable  de  developper  la  jeune  plante  renfermec 
dans  I'embryon  de  la  graine ,  car  Ton  fuppofe  dans  ce  fentiment  que  cet 
embryon  conrient  en  raccourci  la  jeune  plante  qui  en  doit  naitrC',  8c 
qu'il  n'y  manque  qu'un  fuc  propre  a  la  developper  &  a  la  faire  croitre  ! 

La  feconde  conjecture  eft  que  les  pouflieres  des  fleurs  font  les  pre- 
miers germes  des  plantes  qui,  pour  fe  developper,  ont  befoin  du  fuc 
qu'ils  rencontrent  dans  les  embryons  des  grain.s,  comme  les  animaux 
ont  befoin  de  I'ceuf  &  de  ['uterus  pour  paroitre  au  jour.  Cette  derniere 
conjedrure  eft  d'autant  mieux  fondee,  que  Ton  ne  fauroit  decouvrir,  me- 
me  avec  les  meillcurs  microfcopes ,  aucune  apparence  de  germe  dans 
les  petits  embryons  de  graines,  lorfqu'on  les  examine  avant  que  la  fleur 
foit  epanouie  ,  ou  que  les  fommets  fe  foient  ouverts;  &c  ce  n'eft  pas 
feulemenc  dans  les  embryons  des  graines  qu'on  ne  le  decouvre  point , 
mais  on  ne  le  irouve  point  non  plus  dans  ces  memes  graines  examinees 
en  un  etat  plus  avance  ,  lorfque  le  germe  eft  ordinairement  vifible,  s'll 
eft  arrive  que  ces  graines  n'aienr  point  cte  rendues  fecondes  par  les 
poulfieres.         '  '  •■ 

Enelfet,  fi  Ton  examine  dans  les  plantes  Icgumineufes  le  piftile,  ou 
cette  pattie  qui  devienr  la  goufte ,  avant  que  la  fteur  foit  encore  eclofe , 
&  qu'apres  I'avoir  debarralfee  des  feuilles  &  des  etamines,  on  la  regarde 
au  foleil  avec  an  microfcope,  on  y  remarque  tre(-aifement  les  petites 
veficules  vertes  &c  tranfparentes  qui  doivent  devenir  les  graines  placees 
dans  leur  ordre  naturel ,  &  dans  lefquelles  on  ne  diftingue  rien.  autre 
chofe  que  I'enveloppe  ou  rccorce  de  la  graine ;  en  continuant  d'obfer- 
ver  pendant  pluheurs  jours  de  fuite  dans  d'autres  fleiirs  a  mefure  qu'elles, 
avancent  ,  on  remarque  que  ces  velicules  groflllfent  &  fe  rempliircnt  d'une 
liqueur  claire  ,  dans  laquelle,  lorfque  les  poullieres  fe  font  repandues,  & 
lorfqua  les  feuilles  de  la  lleur  font  tombees  ,  on  commence  a  apperce- 
voir  un  petit  point  ou  globule  verdatre  qui  y  flotte  librement.  On  n'ap- 
per(^oit  encore  rien  d'organife  dans  ce  petit  corps,  mais  avec  le  tcms  & 

Tome  III,  Purcic  Francoife.  M  j 


it58  COLLECTION 

^SS  a  mefure  qu'il  groflit,  on  y   diftingue  jpeu-a-peu  deux  petltes  feuilles  J 

/cad.  RoYALi  comme  deux  cornes,  la  liqueur  fe   confomme    infenfiblemenc   a  mefut& 

"dePari"*    que  ce  petit  corps  groflit ,  &  la  graine  eunc  devenue  touc-a-fait  opaque, 

en  I'ouvrant  on  trouve  fa  cavite  remplie  de  la  petite  plante  en  raccourci , 

Jnnee  171 1,    compofee  du  germe  ou  de   la  plumule,  de   la  radicule  &  des  lobes  de 

la  feve  ou  du  pois. 

Si  au  contraire  dans  les  pivoines  a  fleurs  doubles,  qui  font  tout-a- 
fait  denuees  d'etamiiies  &:  de  fonimets,  on  examine  les  graines  qu'elles 
Btpduifent,  foit  qu'elles  foient  avottees  ou  qu'elles  ne  le  foient  pas,  on 
les  trouve  vuides  ,  contenant  feulement  quelques  membranes  dtlTechees 
&  fans  aucune  apparence  de  germes,  femblables  en  cela  a  I'ceuf  d'une 
poule  qui  n'a  point  ete  feconde.  En  eftet,  s'il  y  eut  eu  un  germe  en  ces 
membranes,  n'auroit-il  pas  du  groflir  a  proportion  de  fes  enveloppes  , 
&  devenir  tres-fenfible  ? 

En  fuivant  cette  conjecture  ,  il  n'eft  pas  difficile  de  determiner  de 
quelle  nianiere  le  germe  entre  dans  cette  veficule  j  car  outre  que  la  ca- 
vite du  piftile  s'etend  depuis  fon  extrcmite  jufqu'aux  embryons  des  graines  , 
ces  velicules  ont  encore  une  petite  ouverture  pres  de  leur  attache,  qui 
fe  trouve  a  Textremite  du  conduit  du  piftile,  en  forte  que  le  petit  grain 
de  poufliere  peut  tomber  naturellement  par  cette  ouverture  dans  la  ca- 
vite de  cette  veficule  qui  eft  I'embryon  de  la  graine.  Cette  cavite  ou  ef- 
pece  de  cicatricule  refte  encore  adez  fenfible  dans  la  plupart  des  graines; 
on  I'apper^oit  tres-aifement  fans  le  fecours  du  microfcope,  dans  les  pois, 
dans  les  feves  &  dans  les  pliafeoles. 

La  racine  du  petit  germe  eft  tout  proche  de  cette  ouverture ,  &  c'eit 
par  cette  meme  oavetture  qu'elle  fort  lorfque  la  graine  vient  a  germer. 

Mais  a  quelque  conjed'ture  que  Ton  s'arrete  ,  il  demeure  toujours  conf- 
tant  par  mes  obfervations  ,  que  les  poulTieres  des  fommets  qu'on  avoir  ne- 
cligees  jufqu'ici  comme  de  vils  excremens  qui  defiguroient  en  quelque 
forte  la  beaute  des  fleurs,  en  lont  pouttant  les  parties  elfentielles  &:  nc~ 
ceflaires  pour  la  fecondite  des  plantes. 


Explication  de  quelques  Figures  des  PI.  XIV  ^  XV. 

Planchc  XV;  Figure  XXL 

X>  A  fleur  male  du  potironqui  ne  potte  point  de  fruit,  dont  on  a  ore  ia 
feuilie  qui  etoit  pofee  fur  le  cercle  EF  pour  mieux  lailfer  voir  les  autres 
parties. 

'A  B  E  reprefentent  la  ttte  placee  au  centre  de.  la  fleur,,  formee  par  les 
eirconvolutions  des  foaimets  B  ,  &  foutenue  par  quatre  efpeces  de  colon- 
nes  GGG  G.         •  .  I  vi  ji!„ 

La  partie  B  de  cette  tete  reprefente  les  eirconvolutions  des  fommet? 
encore  fermes  ,  &  la  pattie  E  les  reprefente  ouverts  &  recouverts  de  la 
poufliere  qu'ils  contenoient ,  &  qui  fe  repand  au  dehors  dans  le  tems  de 
la  tnaturite  de  la  iieur.  :       .     , 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  459 

H  eft  le  pcdicule  qui  foutient  la  fleur  6c  qui  ne  produit  tien  dans  la  ■  1    1 

fleur   male.  Acad.  Roy  ale 

Plancke  XV ,  Figure  XXII.  L>ts  Sciences 

.        „    ,  r  ■         r  ■<      r  r  °^  PaRIS. 

Une  portion  B  cle  ces  lommcts  vus  au  microlcope  :  lis  rormeiit  une  ef- 
pece  dc  canal  B  divife  en  deux  cavices  DD,  remplies  de  poullicres,  fepa-    •'*'^^  171  it 
rees  par  la  cloifon  miroyenne  C. 

Planche  XV,  Figure.  XXUI. 

Les  deux  cellules  DD  de  la  Figure  XXII ,  ouvertes  &:  vuides  de  leur 

fioulliere  :  elles  font  ouvertes  felon  leur  longueur,  &  montrent  a  decouvert 
a  cloifon  CC.  On  a  laide  dans  la  cellule  D  quelques  pouflietes  E,  pour 
faire  voir  de  quelle  maniere  elles  s'elancent  au  dehors  dans  le  terns  que 
les  canaux  ou  cellules  B  qui  les  renferment,  viennenc  a  ctever. 

Planche  XV,  Figure  XXIV. 

La  fleur  femelle  du  potiron.  On  a  ote  comme  a  la  fleur  male  la  feuille  qiii 
etoit  pofee  fur  le  cercle  FF  ,  pour  mieux  lailTer  voir  les  autres  parties. 

A  reprefenre  le  ncEud  de  la  Heur  ou  I'embryon  du  fruir. 

BBB,  le  piftile  qui  ne  fait  qu'un  corps  avec  le  noeud  de  la  fleur  ou 
I'embryon  du  fruit  A ;  le  haut  du  piftile  s'elargic  en  B  B ,  en  plufieurs 
corps  formes  en  ccrur  C. 

C ,  un  de  ces  coeurs  partag^  en  deux  lobes  par  un  fillon.  Ces  corps  fairs 
en  cceur  font  heriftes  de  velicules  &  de  polls  proprcs  a  retenir  les  pouflie- 
tes de  la  fleur  male ,  &  a  les  conduire  aux  embouchures  des  canaux  qui 
communiquentjufqu'aux  cellules  des  gtaines  contenues  dans  lejeune  fruit. 

Planche  XV,  Figure  XXV. 

Les  mcmes  parties  de  la  fleur  femelle  &  de  fon  fruit. 

On  a  coupe  le  piftile  horizontalement  au-deflous  de  la  tete  B ,  pour 
demontrer  les  quitre  canaux  DD,  qui  rcpondent  a  chacune  des  tetes  du 
mtme  piftile  BB  formces  en  ca:ur.  Ces  canaux  defcendent  verticalemenc 
depuis  le  fommet  du  piftile  B  ,  jiifque  dans  les  cellules  du  fruit  A  A. 

On  a  coupe  aufli  horizontalement  le  fruit  A  ,  pour  y  demontrer  quaere 
cellules  D  des  graines.  Ces  quatre  cellules  rcpondent  aux  quatre  canaux 
du  piftile  &  aux  quatre  teres  du  mcme  piftile  BB  qui  font  formees  en 
ccrur. 

Comme  chaque  tete  du  piftile  BB  eft  fubdivifee  en  deux  lobes  par  un 
fillon  C  ,  aulli  chacune  des  cellules  des  graines  du  fruit  A,  eft  divifee 
en  deux  par  le  parenchyme  qui  forme  une  efpece  de  demi-cloifon  j  en 
forte  qu'il  fe  voir  dans  chaque  cellule  deux  rangees  de  graines  attachees  a 
un  placenta  qui  repondent  aux  huit  divifions  du  piftile. 

Planche  XIV,  Figure  V. 
La  moitie  d'une  pomme  de  calville  coupee  dans  fa  longueur  pour  y 
faire  voir  routes  les  parties  internes. 

A  ,  le  nombnl  de  la  pomnie  forme  par  Textrtmice  des  feuilles  du  calice> 
qui  fe  rapptochent  en  maniere  d'arc  de  voute. 

M  3  ij 


4^0 


COLLECTION 


Acad.  RoYALE 

DES  Sciences 

DE  Paris. 

Annii  1 7 1 1 . 


B,  une  cavite  qui  prend  depuis  le  fommet  de  la  voiite,  6^  qui  fe  per- 
petue  jufqu'a  la  cavite  des  cellules  des  graines  C.  Ces  deux  cavites  BG 
viennent  fe  terminer  en  un  point  vers  la  queue  D.  A  rextiemitc  fupcrieure 
de  la  cavite  B  vers  le  nombril,  fe  trouvent  attacliees  aux  parois  de  cette  ca- 
vite les  etamines  feches  &:   furmontees  de  leuts  fommets  E,  vnides  de 

ieurs  pouflieres.  _  .      ,       . 

F  reprefence  les  cinq  divifions  du  piftile  pofees  au-delTous  des  etami- 
nes E. 

On  a  figure  le  piftile  dans  foil  entier ,  pour  faire  voir  plus  fenfible— 
ment  fa  polition.  Les  cinq  divifions  de  ce  piftile  repondent  aux  angles 
des  eapfules  des  graines  G  fur  lefquelles  il  fe  trouve  pofe.  Les  canaux  du 
piftile  F  viennenc  fe  replier  en  H  &  former  en  remontant  le  placenta  I 

des  graines  K. 

¥lanchi  XIV  Figure  VI. 

La  moitie  d'une  pomme  de  califllle  coupee  tranfverfalement  pour  de-- 
montrer  I'ordre  des  cinq  cellules  cartilagineufes  EEEEE. 

K,  les  graines  ou  pepins  attaches  a  la  bafe  des  cellules.  B,  la  cavite- 
qui  s'etend  depuis  le  nombril  de  la  pomme    jufqu'au  fond  des  cellules 
des  t^raines ,  autour  de  laquelle  elles  font  difpofees  en  rond. 


M 


Sur  un  gonflcmcnt fingulier  d' Acacia.- 


Parent  a  vu  dans  la  cour  d'une  maifon  un  a<acia  que  Tona 
vouTu,  il  y  a  plufieurs  annees ,  retenir  par  un  mur  ,  par  un  demi  cercle- 
de  fer  qui  ne  Tembraftbic  pas  entieremenc.  Depuis  ce  tems  I'arbre  a  beau- 
coup  grofli  &  a  excede  le  demi-cercle  du  cote  qu'il  etoit  ouvert;  &  de 
plus  il  s'eft  forme  au-deflus  de  la  barre  une  efpece  de  gros  bourrelet  qui 
en  couvre  prefentement  la  plus  grande  partie;  &  qui  felon  routes  les  ap- 
parences  la  reccuvrira  route  entiere  dans  quelques  annees.  Ce  gonflement 
fi  confiderable  fait  aa-deftus  du  demi-cercle  &  non  pas  au-dedous ,  prou- 
ve  un  fuc  qui  defcend  &  qui  eft  ou  en  plus  grande  quantite  ,  ou  plus  epais 
que  celui  qui  monte ,  &  c'eft-la  un  fait  tout  femblable  a  celui  du  grand 
tithimale,  quoique  nie  par  M.  Magnol.  [V,  la  CoUec,  Acad.  Part,  fran- 
5oife,pag.  694  &  695.) 


«?!.'« 


ACADEMIQUE. 


4^1 


Sur  dcs  Fniits  mi-partis. 

\J  N  connoit  des  oranges  qui  font  en  mcme  terns  citrons;  c'eft-adire 
qu'un  certain  nombre  de  cotes,  ou  pluiot  de  coins  folides  continues  juf- 
qu'a  I'axe  du  fruit ,  font  dorange  &  les  autres  de  citron.  Ce  nombre 
eft  diffcrenr  &  difFeremment  niclc  en  differens  fruits.  M.  Homberg  a  die 
que  chez  M.  I'Eledteur  de  Brandebourg  ,  grand- pere  de  celui  d'auiour- 
d'hui,  il  a  vu  des  pommes  qui  etoi-.nt  poires  dc  la  meme  facon.  Sont-celi 
des  efFets  de  Tart?  ou  ne  feroit-ce  pas  plutot  des  efpeces  particuiiercs  ? 

M.  Chevalier  a  vu  dans  le  jardin  de  Saint-Martin  de  Pontoife ,  des  fruits 
compofes  d'orange  ,  de  citron  &  de  lime;  ce  n'etoient  que  \is  plus  gros 
dans  lefquels  les  trois  efpeces  fullent  bien  marquees.   (lyii.) 


■K      '  ■ 

ACAD-ROYAIE 
DES    SciENCliS 

DE  Paris. 

Annii   1 7 1 1 . 


Obfervations  fur  la  vegetation  des  Truffes'.- 
Par    M.    GEOFFRoile  jeune,- 

I  .  A  truffe  eft  une  efpece  de  tubercule  charnu  ,  couverc  d'une  croiite  dure 
chagrinee  Sc  gercee  a  fa  fuperficie  avec  quelque  forte  de  regiilarite,  a-peu  prcs 
telle  qu'on  I'apperijoit  dans  la  noix  de  cypres  :elle  ne  fort  point  de  terre  ,  elle 
y  eft  cachee  environ  a  un  demi-pied  de  profondeur,  on  en  trouve  plufieiirS 
enfemble  dans  le  meme  endroit ,  de  differentes  grolFeurs.  Les  plus  grolles 
font  du  poids  d'une  livre  ,  ou  de  cinq  quarterons  tout  au  plus  :  ces  dernieres 
font  tares.  Les  plus  grofTes  dont  parle  Pline,  n'etoient  que  d'une  livre. 

Ce  qui  eft  certain  ,  c'eft  qu'il  y  en  a  de  fort  groftes  ,  elles  nailFent  en  diffe- 
rens pays.  Du  terns  de  Pline  ,  les  plus  eftimees  etoient  apportees  d'Africuie: 
on  en  trouveaprefenten  Europe,  dansle  Brandebourg,  &  en  plufieurs  autres 
endroits  d'Allemagne  ;  elles  font  communes  en  Italie  ,  en  Provence  ,  en  Daii- 
phine,  dans  le  Languedoc ,  I'Angoumois  &  le  Perigord.  II  en  croit  aufli  en 
Bourgogne  ,&c  on  en  trouve  aux  environs  de  Pans.  On  remarque  qu'elles 
viennent  ordinairement-  dans  les  terres  incultes,  de  couleur  rougeatre  & 
fablonneufes  ,  quoiqu'un  pea  gralTes  ;  on  les  trouve  au  pied  &  a  I'ombre  des 
arbres :  on  les  tiouve  aufli  quelquefois  entre  des  racines ,  des  pierres ,  &  qiiel- 
quefois  en  pleine  terre  :  leur  arbre  favori  eft  le  chenc,  on  le  chene  verd  , 
ou  le  chene  blanc,  comme  I'orme  eft  celui  de  la  morille.  On  commence  i 
voir  des  truffes  au  premier  beau  terns  qui  fuit  le  froid,  plutot  ou  plus  tard  , 
felon  que  le  terns  eft  doux  ,  &  meme  en  fuite  du  grand  hiver,  elles  ont  ete 
tres-rares.  Elles  ne  paroilFent  dans  leur  nailTance  que  comme  de  petits  pois 
ronds,  rouges  au  dehors  &c  blancs  en  dedans.  Ces  pois  grodillentpeu  ;l-peu. 
C'eft  depuis  ce  tems-la  qu'on  commence  a  titer  de  la  terre  celles  qu'on  ap- 
pelle  truffes  blanchiS  ,  elles  font  infipides  d'elles  memes ,  &  on  les  fait  fccher 
pour  entrer  dans  les  ragoiits ,  parce  qu'elles  fe  gardent  mieux  feches  que  les 
,    jnaibrces,  C'eft  I'opinion  ^ommune  que  les  truffes  qui  one  ete  une  fois  dc- 


Acad.  RoYALE 


^61  COLLECTION 

placces ,  ne  prennenc  plus  de  nourricure ,  quand  mtmo  on  les  remettroit  dans 
Acad.  Roy  ale  la  terre  d'ou  on  les  a  tirees  ;  mais  fi  on  les  y  lailTe  jufqu'a  un  certain  point , 
BEs  Sciences     fans  les  deranger,  elles  grollilTenc  infenfiblement ,  leur  6corce  devient  noire 
DE  Paris.        ^  chatrinee  ou  inegale  ,  quoiqu'elles  confervenc  coujours  leur  blancheur  au- 
^nnee   1711.    dedans":  jufqii'a  ce  point,  elles  ont  trcs-peu  d'odeur  &  de  faveur,  &  ne 
'    peuvent  encore  s'employer  qu'en  ragout,  &  c'eft  toujours  ce  qu'on  appelle 
premieres  truffes  blanches  ,  dont  il  ne  faut  point  faire  une  efpece  diffcrente 
des  marbrees ,  &  des  noires  que  Ton  recueille  depuis  I'automne  jufqu'en  hiver , 
apres  les  premieres  gelees  ^  car  ce  ne  font ,  a  ce  que  je  crois  ,  que  les  mcmes 
a  differens  points  de  maturite.  Je  confidere  la  triiffe  blanche  ,  dans  fon  pre- 
mier etat,  comme  une  plante  qui  eft  toutalafois  racine,  tige  &  fruit  done 
le  parenchime  fe  gonde  de  routes  parts,  &  dont  les  parties  fe  dcveloppenc 
infenfiblement.  A  mefure  que  la  trufFe  fe  gonfle,  I'ecorcefe  durcit,  fe  gerce 
en  differens  endroits,  pour  donner  plus  de  nourriture  a  la  malTe  qui  eft  plus 
grolTe  i  alors  la  trufFe  change  de  coulenr ,  &  de  blanche  quelle  etoit,  on  la 
voir  infenfiblement  fe  marbrer  de  gris,  &  on  n'apper^oit  plus  le  blanc  que 
comtne  un  tillu  de  canaux  qui  fe  repandent  dans  le  coeur  de  la  truffe  ,  &  qui 
viennent  fe  rendre  auxgerguresde  I'ecorce. 

'  La  matiere  grife  qui  eft  renfermee  entre  ces  canaux,  etant  confideree  au 
inicrofcope,  paroit  etre  un  parenchime  tranfparent ,  compofe  de  vcficules  : 
au  milieu  de  ce  parenchime  ,  on  voir  des  points  noirs  ,  ronds ,  fepares  les  uns 
des  autres ,  qui  ont  tout  I'air  d'etre  des  graines  nourries  dans  ce  parenchime 
dont  elles  ont  obfcurci  la  couleur ,  &  oii  il  n'y  a  que  les  vaifTeaux  ,  &  qiiel- 
ques  cloifons  qui  font  reftees  blanches.  Je  confidere  ce  blanc  comme  des  ca- 
naux ,  parce  que  je  les  vois  toujours  venir  fe  rendre  a  I'ecorce. 

Lorfque  les  trutfes  font  venues  a  ce  point  de  matutite  ,  elles  ont  une  tres- 
bonne  odeur  &c  un  rres-bon  gour.  La  chaleur  ik  les  pluies  du  mois  d'aoiu  les 
font  mCirir  plus  promptement ,  c'eft  ce  qui  peut  avoir  donne  lieu  a  quelques 
auteurs  de  dire  que  les  orages  &  les  tonnerres  les  enfantoient.  En  etfet ,  on 
ne  commence  a  fouiller  les  bonnes  truffes  ,  que  depuis  le  mois  d'odobre 
jufqu'a  la  fin  dedecembre  ,  &  quelqnefois  jufqu'aux  mois  de  fevrier  &c  mars  , 
ou  pour  lors  elles  font  matbrees;  au  lieu  que  celles  qu'on  ramalTe  depuis  le 
mois  d'avril,  jufqu'aux  mois  de  jiiillet  &  d'aout ,  ne  font  encore  que 
blanches.  Si  on  manque  de  ram.ifTer  les  truffes ,  lorfqu'elles  font  a  leur  point 
de  maturite,  elles  fe  pourrilfenr;  c'eft  alors  que  Ton  peut  obferver  la  re- 
produftion  de  la  trufFe  ,  parce  qu'au  bout  de  quelque  tems  ,  on  voit  plufieurs 
amas  d'autres  petites  ttuff^ss  qui  occupent  la  place  de  celles  qui  fe  font 
pourries.  Ces  jeunes  truffes  prennent  nourriture  jufqu'aux  premiers  froids  : 
fi  la  gelee  n'eft  pas  forte ,  elles  palFent  I'hiver ,  &  forment  de  bonne  heure  les 
trufres  blanches  du  printems, 

Le  grand  froid  de  lyoy  eft  encore  une  preuve  de  ce  que  j'avance,  puif- 
qu'on  n'a  vu  des  truffes  que  dans  I'automne  de  la  mcme  annce;  les  plus 
avancees  qui  auroient  du  paroitre  au  printems ,  ayant  peri  par  la  rigueur 
de  la  faifon ,  au  lieu  que  I'annee  precedente  elles  avoient  ete  tres-communes. 
On  ne  remarque  ni  chevelu ,  ni  filamens  de  racines  aux  truffes  qu'on  tire  de 
terre  :  elles  en  four  enveloppees  de  maniere  qu'clles  y  imptiment  les  traces 
de  leur  ecorce,  fans  y  paroitre  autrement  aitachces.  Elles  font  fujettes, 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  4^^ 

comme  les  autres  racines,a  ctre  percces  de  vers;  cclui  qui  s'attaclie  a  la 
truffe  eft  i\n  ver  blanc  allez  dclle,  &  difterent  de  ceux  qui  naiircnt  par  leur    ,  ,, 

pourriturc  :  par  la  luitc  ,  il  rorme  unc  feve  reiuermee  dans  un  nid  tiliu  d  une     ugj  ScitNCES 
foie  blanche  fore  delice.  Il  en  fort  qu,-lque  tems  apres  une  mouche  bkue  ,       de  I'arjs. 
tirant  fur  le  violet ,  qui  s'cchappe  de  la  rrutfe  par  des  ger^ures  qu'on  y  obfcrve.      j^^ :. 
Dcs  qu'on  apper^oic  de  ces  fortes  de  mouclies ,  on  les  regarde  comme  un  in-  ' 

dice  certain  qu'il  y  a  des  truftes  dans  I'endroit  autour  duquel  on  les  voir 
voltiger. 

Quand  une  truffe  cuire  a  ctepiquee  du  ver,  ons'en  apper^oitaramertume 
qn'elle  a  au  gout;  &  en  y  fjilant  un  peu  d'attention  ,  on  recor.noit  que  I'en- 
droit de  la  piquure  eft  plus  noir  que  le  refte  ,  i!c  que  c'eft  de-l.i  que  vient  cette 
amertume  ,  le  refte  de  la  truffe  ayant  un  bon  gout.  Si  on  I'ouvre  crue  a  I'en- 
droit de  la  piquure,  on  y  decouvre  aifcment  le  nid  de  ver,  &  un  efpace 
autour  fans  marbrure ,  d'une  couleur  difl^erente  du  refte  de  la  truft'e  ,  Sc  qui 
approche  de  celle  du  bois  pourri.  J'ai  obfervc  avec  le  microfcope  la  fuper- 
ficie  des  truff"es.  J'ai  trouve  que  certains  points  blancs  qui  s'y  trouvent  , 
etoient  autant  de  petits  infeftes  qui  les  rongent ,  ils  fuivent  les  lillons  de 
I'ecorce  pour  pouvoir  tirer  plus  de  nourtiture.  Ces  infcdles  font  blancs  & 
tranfparens ,  de  figure  ronde,  a-peupres  comme  les  mittes  :  ils  n'ont  que 
quatre  partes,  &:  une  fort  petite  tete  ,  ilsmarchent  mcmeairezpromptement : 
ces  infetbes  vivent  du  fuc  iiourricier  de  la  truffe,  car  j'en  ai  trouve  qui 
s'ctoient  retires  dans  le  canton  qu'avoit  liabite  un  ver  :  ils  etoient  devenus  ,. 
quoique  tranfparens  ,  d'une  couleur  de  caff^e,  telle  que  celle  de  I'endroit  oil 
le  ver  avoir  niche.  II  eft  a  remarquer  que  la  terre  qui  produit  la  truffe  ,  ns 
porte  point  d'aiitres  plantes  au-delFus  de  la  truftiere ;  la  truffe  en  fouftrait  le 
fuc  nourricier ,  ou  plutot  par  fon  odeur  fait  perir  ,  &  empeche  les  herbes  d'y 
pouffer.  Cette  raifon  me  paroir  la  plus  probable,  d'aurant  que  la  terre  qui 
porre  la  truff'e  ,  la  fent  partaitement.  Les  pay  fans ,  en  certains  endroits ,  font 
nn  tel  profit  fur  le  debit  des  truffes,  que  cela  les  rend  foigneux  a  decouvric 
les  trurtieres  ,  en  forte  qu'ils  deviennent  tres  habiles  en  ce  metier. 

lis  connoiflent  I'etendue  d'une  trufEere  ,  a  ce  qu'il  n'y  croit  rien  ,  &  que' 
la  terre  eft  nette  de  toute  herbe.  En  fecond  lieu,  fuivant  la  qualite  de  la- 
rerre ,  lorfque  la  truffiere  eft  abondante  ,  elle  fe  gerce  en  divers  endroits.  lis 
la  reconnoillent  encore  a  ce  qu'elle  eft  plus  legere  ,  &C  a  ces  petites  mouches 
bleues,  &  violettes  dont  j'ai  dejn  parle;&  a  une  autre  efpece  de  grolles 
mouches  noires  ,  longues  ,  differentes  des  premieres  ,  qui  fortent  des  vers  qui 
s'engendrent  de  la  pourriture  de  la  truff'e ,  &  font  femblables  a  ceux  qui 
naiffent  de  toute  autre  matiere  pourrie.  Il  y  a  une  habilete  a  fouiller  les 
truftes  fans  les  couper  ,  fur-tout  lorfqu'elles  font  groffes.  Pour  les  tirer ,  les- 
payfans  ont  une  efpece  de  houlette  :  dans  d'autres  endroits ,  ils  ne  s'en  rap- 
portent  point  a  eux  incmes  pour  cette  recherche,  mais  ils  ont  recours  a 
un  autre  moyen  dont  parle  Pline  ,  &  d'.aXitres  auteurs.  Il  faut  favoir  que  les- 
pores  font  f riands  de  truffes ;  on  fe  fert  done  d'un  de  ces  animaux  qu'on  dreffe 
a  les  chercher ,  fc  a  les  tirer :  il  faut  etre  prompt  a  leur  oter  les  truftes  qu'ils 
diScouvrent,  &  leur  donner  cjlielque  chofe  a  la  place  pour  les  recompenfer, 
fans  quoi  ils  fe  rebutetoient ,  &  lailferoient  Li  une  chaffe  qui  leur  feroit  in^ 
frudueufe,  Dans  le  Montferrat ,  ils  one  des  chiens  drelles  a  cette  chalfe. 


4^4  COLLECTION 

— ^ —       VoiU  en  general  ce  que  j'ai  pu  obferver  fiir  la  crufFe,  8c  fon  origins ;  11 
Acad.  Royale  jVicrit  prefeii'cenienr  d'en  determiner  les  efpeces.  M.  Tourneforc  n'en  a  admis 
DES  Sciences     ^^^  j^^^  ^  ^^.-^^  dillingue  par  leur  figure.  La  premiere  eft  ronde ,  on  en  voit 
°'    ,    ^    '       la  fissure  dans  fes  £/«'OT£-;2i  id  ^wj/z/^-Kc;  c'eltcellede  Matthiole  ,  desautres 
■Anna  171 1.    j3j3j(J^ii^g5  ^.  Je  juut  le  monde,  puifque  c'eft  celle  qu'en  fere  fur  nos  tables  : 
la  feconde  efpece  eft  nommee  par  Mentzelius  dans  fon  puglUus  variarum 
planearum,  tuhira  fubttnanea  tejliculorum  formL  Cette  trufFe  eft  difFerente 
des  aucres  par  fa  figure,  &  par  fa  couleur  interne  qui,  au  rapport  de  cet 
auteur ,  eft  dun  roux  tirant  fur  le  verdatre  ,  fembiable  a  la  couleur  interne 
des  veftes  de  loup  de  nos  bois :  peut  ctre  que  s'il  les  eiu  ouvertes  en  d'autres 
terns,  il  les  euc  trouvees  d'une  autre  couleur  •  il  les  compare  meme  a  une 
autre  maticre  qui  change  de  couleur  comme  elles.  Mentzelius  decouvrit 
cetce  efpece  dans  les  mois  d'aout  &c  de  feptembre  ,  qui  eft  le  terns  ou  elles 
ne  font  pas  encore  mures  ,  &c  en  un  certain  canton  de  la  Marche  de  Brande- 
boura.  Sur  ce  pied-la  ,  nous  n'avons  encore  que  deux  efpeces  de  trufFes  qui 
different  par  le  port  exterieur  ,  &  nous  ne  devons  point  prendre  les  varietes 
de  couleurs  internes  ,  ni  les  differentes  grofteurs  pour  des  carafteresde  diffe- 
lentes  efpeces,  puifque  les  racines,  ou  les  pierres  qii'elles  rencontrent  en 
groiriftant ,  leur  peuvent  donner  differentes  formes.  La  trufte  me  paroit  done 
etre  une  plante  ,  &  non  point  une  matiere  conglomeree  ,  ou  un  excrement  de 
la  terre  ,  comme  Plnie  I'a  penfe  ,  en  rapportant  pour  preuve  une-  hiftoire 
d'un  Gouverneur  de  Cartagene ,  qui  en  mordant  une  truffc  ,  trouva  fous  ks 
dents  un  denier ;  mais  cette  preuve  n'eft  point  fuffifante  ,  puifque  le  hazard 
peut  avoir  fait  que  la  truffe  en  groffilfant ,  ait  enveloppe  ce  denier ,  comme 
on  voit  arri ver  pareilles  chofes  a  certains  arbres,  de  la  vegc'tatiou  defquels  on 
eft  affure.  ll  me  paroit  menje  que  Pline  ne  favoita  quoi  s'en  tenir,  puifqu'il 
rapporte  enfuite  que  Ton  obfervoit  que  les  truffes  ne  venoient.aupres  de 
Metelln  dans  I'lfle  de  Lesbos ,  que  quand  le  debordement  des  rivieres  en 
apportoit  les  femences  d'un  endroit  norome  Tiares  dans  la  terre  ferme  d'A- 
fie,  ou  il  y  avoir  des  truffes  en  quantitc.    Peut-etre  qu'on  pourroit  mul- 
tiplier les  ttuffes  en  tentant  differens  moyens  ,  puifque  nous  les  voyons 
multiplier  dans  la  terre,  cette  reprodudtion   confirmeroit    I'opinion   dans 
kquelle  je  fuis ,  que  les    graines  font  renfermces   d.ans   I'interieur  de  la 
truffe ,  &  que  ce  font  ces  graines  &c  ces  points  ronds  qui  obfcurciffent  fon 
parenchime.   Ce  parenchime  eft  foutenu  par  des  fibres  qui  vont  irrcgulie- 
remeut  de  la  circonference  au  centre  ,   &:    tout  traverfe  par  des  canaux 
blancs    qui  forment  la    marbrure  de   la  truffe.    Quelquefois   ces    canaux 
s'eteudent  en  formant  des  plaques  blanches  compofees  de   veficules  tranf- 
parentes ,  plus  deliees   que  les  autres  j  en  forre  que   vues  de  cote  ,  elles 
forment   une  futface  unie ,    blanche  ;    confiderces  perpendiculairement , 
elles  laiffent  difcerner  a  travirs  leur  fubftance  diaphane  des  poinrs  noirs.  Si 
ces  points  font  les  graines  de  la  trutle,  je  foupconnerois  que  les  plaques 
blanches  en  font  comflie  les  Heurs,  y  ayant  route  apparence  que  les  fleurs 
doivent  Ctre  renfermees  clans  la  truffe  avec  les  grame,.  Quoique  les  fibres 
de  la  truffe  foient  fort  deliees  ,  elles  ont  cepAdant  toutes  enfemble  affez 
de  force   pour  refifter  quelque  terns  a  I'effort  qu'on  fait  en  les   tiranr  en 
long.  Ou  les  obfeive  mieux  dans  une  truffe  pallee  que  dans  une  fraiche  , 

parce  que 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  4(Jj 

parce  que  le  cllTa  charnu  ctatic  fletri  ,  laille  appeicevoir  les  locules  qu'elles  / 

occnpoient,  &  qui  rend  en  Ics  exprimaiu  le  iuc  dont  elles  etoicnc  char-  AcadRoyale 
gees.    Si  au  contraire  on  tire  ces  fibres  de  cote,  elles  fe  dccliitent  en  fe  fe-     des  Sciences 
paranr  en  plufieurs  lames  dans  le  fens  des  fibres.  Une  preiive  que  ce  font      ^e  '  aris. 
des  fibres,  c'eft  que  I'endroit  qui  a  cce  gate  par  le  ver  ,  etant  vu  au  ml-    jinnee  171 1. 
crofcope  ,  paroit  etre  femblable  a  du  bois  pourri ,  en   forte  que  ce   ne 
font  plus  que  des  fibres  ou  des  lames  fans  fuc ,  fans  veficules  &  fins  Ics 
points  que  je  ret^arde  comme-les  graine<:.    On  les  trouve  comme  criblces 
aux  endroits  oil  ces  matieres  auroient  du  ctre,  d'oii  Ton  peut  conjedluret 
que  les  vers  ou  les  infedtes  ont  fouftrait  le  fuc  nourricier ,  puifqiie  les  in- 
fettes  que  j'ai  obferves,  ont  la  mcme  couleur  que  la  trufFe  dsns  I'endroit 
qui   a  ete  pique. 

Pour  venir  a  I'analyfe  de  cette  plante  ,  j'ai  cherche  ,  premierement , 
d'oii  venoit  fon  odeur;  &i  pour  n'en  point  alterer  les  principes  par  Tac- 
tion du  feu,  j'en  ai  renferme  dans  une  cucurbite  de  verre  ,  couverte  de 
(on  ciiapiteau  ,  dans  lequel  j'avois  fufpendu  des  languettes  de  papier  , 
reintes  en  bleu  dans  la  ceinture  de  tournefol ,  &  d'autres  teintes  dans 
fe  fuc  de  violettes.  En  moins  de  vingt-quatre  heures  ,  ce  dernier  papier 
a  pris  une  belle  couleur  verte  d'emeraude  ,  pendant  que  le  pa[-ier  bleu 
ceint  de  tournefol  n'a  point  change  de  couleur.  Cette  experience  m'a  coii- 
hrme  dans  I'opinion  que  j'avois  que  cette  odeur  n'etoit  qu'un  dc'-elop- 
pement  d'un  fel  volatil  alkali ,  mele  de  quelques  foufres.  Elle  me  prouve 
aurti  I'analogie  de  cette  matiere  avec  les  plantes  &  les  fruits  qui  n'ac- 
quierent  d'odeur  que  par  la  fermentation  au'ils  eprouvent  &  qui  les  mi- 
rit.  Si  cette  fermentation  devient  trop  confiderable ,  ces  fruits  pourrif- 
fent  ,  &  donnent  pour  lors  les  graines  parfaitement  mures  ,  comme  les 
concombres ,  les  courges  &  les  autres  truits  mols.  Je  trouve  la  meme 
chofe  dans  la  truffe  ;  elle  eft  infipide  jufqu'a  ce  que  la  fermentation  aic 
developpe  les  principes  .  &  les  ait  mis  dans  un  affez  grand  mouvement 
pour  les  rendre  fennbles  a  I'odorat  &:  au  goiit.  Cette  portion  ell  chargee 
dans  la  truffe,  d'une  portion  alTez  confiderable  de  fels  volatils,  pour 
qu'elle  les  manifefte  des  le  commencement  de  la  fermentation  ;  au  lieu 
que  dans  les  autres  plantes  ,  excepte  dans  le  pafte!  ,  I'urineux  ne  fe  de- 
veloppe que  dans  la  putrefaction  :  c'eft  ce  que  j'ai  obfervc  en  dernier 
lieu  fur  I'abfinthe  de  laquelle  j'ai  tire  un  efprit  urineux  en  la  lailfait  pour- 
rir.  L'odeur  des  truffes  n'eft  agreable  que  jufqu'a  un  certain  point.  Lorf- 
qu'elles  font  plufieurs  enfemble  &  qu'elles  ont  ete  enfermees,  elles  fer- 
mentent  .i  un  point  qu'elles  repandcnt  une  odeur  approchante  de  celle 
du  mufc ,  puis  elles  fe  moifilTent  &  deviennent  gUiantes.  Cette  glu  ve- 
gete ,  ou  en  fort  de  la  meme  maniere  que  la  glu  qu'on  obferve  dans  les 
cav.s  qui  eft  d'abord  vermiculee.  Si  les  truffes  ont  ete  tirees  de  terre  & 
apportees "pendant  un  tems  fee,  elles  fe  confetvent  plus  long-tems,  pourvu 
qu'on  ait  foin  de  les  feparer  comme  on  fait  des  fruits.  Je  crois  qu'on  pouc- 
roit  encore  les  conferver  dans  I'huile  qui  empecheroit  la  fermentation  , 
parce  qu'elle  boucTieroic.  les  porQS  extcrieurs.  Les  gens  du  pays  pr^tendent 
qo'elles  font  meilleures  apres  les  premieres  gelees;  ce  qui  paroit  aflez  vrai- 
fomblable,  parce  que  ie  froid    peut  fupprimer  b  fermentation,   &  faire 

Temt  III ,  PartU  Fran^o'ife.  N  j 


J^66 


COLLECTION 


ACAD.ROYALE 

PES  Sciences 
DE  Paris. 


qu'elles  fe  conferveroient  mieux.  Ceux  qui  les  garment ,  les  xonfervenr 
dans  le  fable  ou  dans  la  terre  ,  fiuvanc  qu'elles  one  befoin  d'humidite  oi; 
cie  fecherefle. 

Pour  continuer  I'analyfe,  j'ai  mis  des  truflfes  nettoyees  de  leur  ecorce , 
Annee  171 1.     dans  de  I'eau,  apres  les  avoir  coupees  par  rouelles.    L'eau  s'eft  chargee 
de  I'odeur  de  la  truffe  ,  &  d'une  couleur  de  gris  falej  j'ai  verfe  de  cette 
teinture  fur  du  firop  violat,  elle  en  a  altere  la  couleur ,  &  il  a  pris  une 
couleur  verdatre  :  j'en  ai  verfe  fur  la  dilTolution  de  fublime  corrofif ;  elle 
I'a  d'abord  obfcurcie,  puis  il  s'ell   fait  infenfiblement  un  precipite   d'un 
blanc  fale.   Enfin  l'eau  &  les   truffes   fe  font  pourries,   &  la  liqueur  eft 
devenue  tres-puante  &  gluante.   J'ai  mis  dans  fix   onces  d'efprit  de  vin  , 
trois  onces  de  truffes  coupees  Sc  nettoyees  de  leur  terre  comme  les  pre- 
cedentes ;  I'efprit  a  tire  une  teinture  roulfe  qui  rendoit  parfaitemenc  I'odeur 
de  la  tiuiFe.    Cette  teinture  a  coagule  le  blanc  d'ccuf  comme  I'efprit  de 
vin  a  coutume  de  le  faire  ,  8c  elle  a  precipite  en  blanc  la  dilTolution  du 
fublime  corrof'f  a  caufe  du  fel  volatil  qu'elle  contenoic.  J'ai  laille  I'efprit 
de  vin  pendant  deux  mois  fur  des  truffes  5  I'odeur  en  a  un  peu  change  &c  a 
approche  de  celle  du  coin;  les  morceaux  de  truff'es  que  j'en  ai  retires, 
ecoient  feclu's  &  comme  raccourcis  ,   8c    un  inftant  apres  ils  paroiffoient 
blancs  &   converts  comme  d'une  fleur  faline ,  infipide ,  qui  ne  s'eft  point 
melee  avec  I'efprit  de  vin,  comme  nous  voyons  tons  les  jours  que  les  fels 
volatifs  ne  s'unilTent   point  a  I'efprit  de  vin  ,    ou  du  moins  qu'ils  ne  s'y 
diffblvent  que  difficilement  &c  en  petite  quantite.  Cette  teinture  de  truffe 
par  I'efprit  de  vin  ,  jettee  dans  de  l'eau  claire  ,  a  donne  quelques  mar- 
ques  de  foufre  ou  de  refine,   puifqu'elle  a  un  peu  trouble  l'eau.    Apres 
avoir  obferve  les  principes  volatils  des  truffes   par  le  developpement  de 
la  fimple  fermentation,  j'ai  employe  le  fecours    de    la   chaleur    la    plus 
douce.  I'our  cet  eff'et,  j'ai  mis  dans  une  cucuvbite  ,  au  bain  de  fable  ,   24 
onces  de  truffes  fraiches  ,  entieres  8c  nettoyees  de  la  terre,  autant  qu'il 
a  ete  poffible  ;    en  trois  jours   j'ai    tire  deux  onces  fept  dragmes  8c  uu 
fctupule  d'une   liqueur  limpide  ,  rendant  une  odeur  de  truffe  tresagrea- 
ble;  cette  liqueur   a  verdi  le  firop   violat.  J'en  ai  mcle  avec  la  dilTolution 
de  fublime  corrofif ;  les  deux  liqueurs  font  devenues  laiieafes,  8c  ont  pris 
une  couleur  d'opale  ,  puis  il  s'eft  fait  infenfiblement  un  precipite  blanc. 
En  deux  jours  8c  demi ,   j'ai  tire   cinq  onces  fix   dragmes  dune  liqueur 
aufli  belle,  aufli  odorante,  &  qui  a  fait  les  memes   effets   que  la  prcce- 
dente.     En  trois    autres  jours  j'ai  tire  trois  onces  &:  deniie  d'une  liqueur 
limpide ,   8c  qui   avoir   un   peu  d'odeur  empyreumatique  ,  qui  a^  blanclu 
tres-confiderablement    la    dilfolution   de   fublime  corrofif,  8c _  mcme  flit 
une  efpece  de   coagulum  blanc  affez  epais  ,    mais  qui   n'a  point  altere  le 
tournefol ,  non  plus  que  les  liqueurs  precedentes ,   8c  a  fermente  quelque- 
peu  avec  les  efprits  acides.   En  quatre  autres   jours  j'ai  acheve  de  deffe- 
cher  les  truffles  ;   j'en  ai  tire  douze  dragmes  d'une  liqueur  qui   avcit  la^ 
m:me  odeur  que  la  precedente  ,   8c  qui  a  fait  les  memes  effets.  J'ai  trouve 
dans  la  cucurbite   les  truff'es  entierement  deffcchees,  ne  pefant  plus  que 
neuf  onces  cinq  dragmes  ;  je  les  ai  mifes  dans  une  cornue  au  fourneau^ 
de  teverbere  ;  j'en  ai  fepare  par  un  feu  affez  doux  trois  dragmes  d'uae 


A  C  A  D  t  M  I  Q  U  E.  4^7 

liqueur  alTcz  limpide  ,  ni.iis  qui  a  roufli  au  bciit  de  quelques  jours;  elle  . 

avuit  une  odeur  de  voi.uil  parelUe  a  ces  efprits  qui   one  perdu  de  ieur  ^^^j,  Royaie 
li']ueiir  :  elle  a  verdi  le  drop  violac.n'a  fair  aucun  eftet  fur  le  touruefol,     des  Sciences 
a  coa'^ule  &  mc-me  grumele  la  dKTolution  de  fublime  corrofif.  La  feconde       de  Paris. 
liqueur   pefoir  trois  dragmes ,   eroit  de  couleur  laireufe ,  &<:  d'une  odeur    Annee  1711. 
pareille  a  celle  des  efprits  volatils  des  animaux.    La  troifieme  liqueur  a 
pefc  une  once  fix  dragmes  j  elle  ecoic  fort  roulFe ,  melee  de  quelque  peu 
d'huile.  Ces  deux  dernieres  liqueurs  one  fait  les  mcmes  changemens  dans 
Lurs  melanges  que  les  prectdentes. 

Enhn  la  quacrieme  liqueur  a  pefe  fix  dragmes,  elle  etoit  rouge,  fon- 
cce,  epailFe  comme  du  beurre  Sc  chargee  de  fcl  volatil.  Cecce  huile  n'a 
poinc  change  la  teincure  de  touruefol. 

II  y  a  eu  environ  une  dragme  dc  fel  volatil  en  aiguilles,  charge  d'huile 
&  facile  i  fondre.  La  tete  morte  a  pefe  quatre  onces  iix  dragmes  &  trente- 
fix  grains.  J'ai  calcine  cette  matiere  &  je  me  fuis  apperc^u  aptes  la  cal- 
cination ,  qu'elle  ctoit  chargee  de  beaucoup  de  terre  qui  au  feu  ctoit  de- 
venue  rouge.  J'en  ai  fepare  le  plus  qu'il  m'a  etc  pofllble,  &  j'tn  ai  re- 
tire le  poids  d'une  once  deux  dragmes  :  c'ell  done  comme  fi  je  n'avois 
analyfe  que  vingc-deux  onces  fix  dragmes  de  trufFes,  en  forte  qu'il  ne  m'eft 
refte  de  tete  morte ,  dedudion  faite  de  la  terre ,  que  trois  onces  quatre 
dragmes  &  trente-fix  grains.  Aprcs  la  calcination  de  cette  matiere  ,  ii  ne 
iu'eft  refte  que  deux  onces  une  dragme  de  cendres  blanches  dont  j  .li  tire 
par  la  lefllve  une  dragme  de  fel  fixe  alkali  mcle  de  terre  ,  &c  qui  a  preci- 
pite  en  jaune  couleur  d'ocre ,  la  folution  de  fublime  corrofif  :  il  a  Icj^cre- 
ment  verdi  le  firop  violat  &  fermente  avec  les  acides.  Cette  analyfe 
nous  prouve  que  I'odeur  de  1*  truffe  ne  depend  que  de  la  gtande  quantite 
de  fel  volatil  huileux  qu'ello  conticnt. 

Quant  .r  la  vertu  des  trufFes,  I'idee  commune  eft  qu'elles  echaufFent ; 
Galien  les  re^arde  comme  un  aliinent  indiflerent  &  comme  un  alTaifon-. 
nemenc  agreable. 

Avicenne  pretend  qu'elles  font  indigeftfs;  mais  pour  accorder  tout  cela 
on  peut  dire  qu'elles  ne  font  indigeftes  que  pour  les  mauvais  eftomacs  > 
&  q'le  I'exces  fcul  en  eft  dangercux.  Ce  qu'ii  y  a  de  certain,  c'eft  que  la 
trutFe  a  cela  de  commun  avec  les  autres  fruits  ,  qu'elle  fe  raccrnit  dans 
I'efprit  de  vin  ,  &:  qu'elle  ne  fe  dilFouc  dans  I'eau  qu'avec  peine.  J'en  ai 
garde  une  pendant  fix  mois  dans  I'eau  ,  fans  qu'elle  fuc  entieremenc 
pourrie ;  I'ecorce  reftant  encore ,  qui  ne  s'eft  pourrie  que  la  derniere. 


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N3  ij 


4(?8 


COLLECTION 


Acad.  RoYAiE 

DBS  SciKNCEs    EtabUJfcment  de  cjuelques  nouveaux  genres   de  Plantes  ,    par 
M-  NissoLE^  dela  Societe  JR oyale  des  Sciences  etablie  a 
Finnic  17 1  u  Montpellkr. 

\j  ASPAR  Bauhik,  dans  la  quattietne  fediion  du  onzieme  livre  da 
pinhx  ,  propofe  :rois  elpeces  At  rhhs  ,  favoir  ,  \^  rhus  folio  ulmi ,  le  rhus 
myrthifoLla  monfpdiaca ,  &  le  rhus  myrtifolia  belgica  ;  mais  comnie  les  ca- 
'^  radteres  de ces  trois  plantes  fontcouc-a-faic  difFerens,  il  a  ecenerefTaire  de  les 

feparer  ,  &  d'etablir  de  nouveaux'gentes  pour  les  placer.  M,  Tourneforc , 
dans  la  premiere  fedlion  de  la  21=  cialfe  de  fes  infticurions  de  Botanique  011 
il  donne  le  caraftere  des  arbres  &  arbri(feaux  a  fleur  en  rofe  ,  dont  le  piftile 
devient  un  fruit  qui  n'a  qu'une  cavite,  y  a  range  le  rhus  folio  ulmi ,  &  il 
avertit  dans  le  meme  endtoic  des  Elemens  de  Botanique ,  qu'il  faut  exclure  de 
ce  oenre  ,  le  mynhijolia  monfpdiaca  ,  Sc  le  mynhifolia  belgica  ,  parce  qu'ils 
n'en  ont  point  le  caraiSere;  &  dans  les  Memoires  de  I'Academie  Royaie  des 
Sciences  de  I'annee  1705  ,  oii  il  donne  quelques  nouveaijx  genres  de  plantes  , 
il  etablit  celui  du  gale  qui  doit  ette  range  dans  fa  cinquieme  fedtioh  de  la 
15=  claffe  des  inftitutions  de  Botanique,  &  qui  comprend  les  plantes  qui 
ont  les  fleurs  a  etamines  ,  feparees  des  fruits  fur  le  meme  pied  ;  c'eft  ce  gale 
que  Gafpac  Bauhin  appelle  rhus  mynhifolia  belgica ,  &  Jean  Bauhin ,  gale 
frutex  odoratus  fipientnonum  ,  nom  que  M.  Tournefort  a  retenu.  Et  comme 
le  myrthifolia  monfpeliaca  ne  pouvoit  etre  range  fous  aucun  de  ces  deux 
genres,  j'ai  ete  dans  I'obligation  d'en  etablir  un  nouveau ,  fous  le  nom  da 
coriaria  ,  ou  hcrbe  aux  lanneurs. 

Coriaria. 

Le  coriaria  eft  un  genre  de  plante  dont  la  fleur  eft  compofee  de  dix  eta- 
mines chargees  de  deux  fommets  ,  chacune  qui  forrent  du  calice  qui  eft 
divife  en  cinq  parties  jufqu'a  fa  bife.  Lorfque  la  fleur  eft  padee  ,  le  piftile  qui 
eft  contenu  dans  un  autre  calice  aufti  pareillemenr  divife  en  cinq  parties  juf- 
qu'a la  bafe  ,  devient  conjointernent  avec  i'un  &  I'autre  calice  ,  un  fruit  qui 
contient  cinq  femences ,  lefquelles  ont  a-peu-pres  la  figure  d'un  rein. 

Je  ne  connois  qu'une  efpece  de  ce  genre  :  coriaria  vulgaris  :  rhus  mynhi- 
folia mo?ifpeHaca  C.  B.  Pin.  4 1 4.  Je  Tappelle  coriaria  ,  ou  herbe  aux  tanneurs , 
parce  qu'elle  a  le  meme  ufage  pour  apprecer  les  cuiis  ,  que  Theophrafte  , 
Diofcoride,  Pline ,  &  la  plupart  des  autres  auteurs  attribuenc  au  fumach 
ou'ils  ont  nomme  rhus  coriaria  ,  ou  rhu^  coriariorum. 

Jafminoides, 

Je  mefers  de  ce  nom  pour  exprimer  un  genre  de  plante  dont  la  fleur  eft 
une  cloche  alongee  en  tuyau,  &  dccoupee  en  cinq  crenelures.  Le  cahce  qui 
foutient  cette  fleur  eft  un  godet  decoupe  en  cinq  parties,  dans  le  fond  du- 
quel  fe  trouve  le  piftile  qui  s'emboite  dans  un  trou  au  bas  de  la  fleur ,  &  qui 


Ac^B.KoYALi 
DHS  i>CIENX£S 

D£  Paris. 
Annie   1711. 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  4^9 

lorfqu'elle  eft  pafTcc ,  devlent  un  fruit,  ou  baye  tonde  &  molle,  laquclle 
renferme  environ  doure  011  quacorzc  fcmences. 

Je  ne  ronnois  qii'une  cfpece  de  ce  genre  •.jafmino'Ues  afilcanum  ,  jafm'tni   "nA'\r^^Kcls 
aculeaiifotiis  &  facie :  an  rkamnus ,  alter fol.fuHcisJl, purpurea  Q.  B.  Pin,  477.        d£  Paius. 
Rhamrii  prioris  altera /pedes.  Clus. 

Avant  de  pafTer  aux  genres  fuivans ,  j'ai  cru  qu'il  ecoit  a  propcs  d'avertic 
que  je  n'ai  donns  le  nom  itjafminoides  a  cec  arbufte  ,  qu'a  caufe  dii  rapport- 
qu'il  a  avec  le  rhamnus  cortice  albo  monfpelieiifium.  J.  B.  que  j'ai  rapporte  au 
genre  du  jafmin,  &  que  ]i^^t\\tjafminumfruttfcens  acukatumfloreyanthtno  ^ 
parce  qu'il  n'a  pas  pu  fe  ranger  au  genre  du  nerprun  ,  ni  a  celui  iapaliare, 
nun  plus  qu'a  celui  du  rhamno'ules  que  M.  Tournefort  a  etabli  dans  le  corol- 
laire  des  inftirutions  de  Botanique  ,  ou  il  a  place  le  rhamnus  fulicis fulio  an~ 
gujlo  friiSu Jlavefcente.  C.  Ji.  Pin.  477  ,  fous  le  nom  de  rhamnoiJes  fruclifera  ^ 
fo  His  fail  CIS  baccis  leviter  jlavtfcentibus  ;  Si  c'eft  ce  qui  m'a  oblige  de  le  rap- 
porter  a  la  premiere  fedlion  de  la  vingtieme  clalTe  des  inftitutions ,  oil  il  eft 
traite  des  arbres  &  des  arbrilfeaux  qui  ont  la  fleur  d'une  feule  feuille,  & 
dont  le  piilile  devient  une  baye  ,  ou  fruit  mou  ,  &  rempli  de  pcpins;  fe(ftion 
dans  laquelle  eft  compris  le  genre  qui  contient  les  diffcrentes  eineces  de  jaf- 
min :&  il  |e  doute  que  cet  arbre  dont  je  viens  d'etablir  le  genre,  foit  le 
mcme  que  celui  que  Cluiius  nomme  dans  le  chapitrc  77  du  premier  iivre  de 
fon  Wido'iK  :  rhamni  prioris  altera /pedes  ,  qu'il  dit  n'avoir  trouve  que  dans 
un  feul  endroit ,  pres  d'Horivella  ,  aux  extremites  du  Royaume  de  Valence  , 
le  long  du  fleuve  Segura,  Sc  Bellon ,  fur  les  cotes  de  la  mer  rouge;  c'eft 
pourquoi  celui-ci ,  quoiqu'il  ait  les  feuilles  &  plus  charnues ,  &  plus  petites , 
qu'il  ne  s'eleve  pas  audi  haut  que  le  jafminum  acultatum ,  qu'il  foit  d'un 
gout  tsnt  foit  peu  fale,  &:  qu'il  ait  la  Heur  de  couleur  de  pourpre ,  comme 
celui  dont  parle  Clufius ;  toutefois  la  Heur  n'en  eft  pas  du  tout  evafee  , 
comme  Clufius  pretend  que  left  celle  du  lien ,  &  quil  ne  dit  pas  un  moc  de 
fon  fruit. 

Ficoidea. 

Leficoidea  eft  un  genre  de  plante  dont  la  fleur  eft  a  etamines ,  placees 
dansle  calice  deeoupe  en  cinq  parties.  Lorfque  la  fleur  eft  paffee,  le  piftile 
qui  eft  charge  de  cinq  petits  filets  jaunes ,  devient  un  fruit  pentagone  qui 
s'ouvre  en  cinq  parties ,  dans  la  cavite  duquel  font  contenues  qaantite  de 
petites  femences  de  la  figure  d'un  petit  rein.  , 

Je  ne  connois  qu'une  efpece  de  ce  genre ':' /fco/Vea  proctimbens  portulacce 
folio.  Kali  a^oiJts  canarierife  procumbens  porfulacx  palUfcenlibus  foliis  afptr- 
gine  roridd  perpetuo  madidis.  Pluk.  Phytogr.T.  J04.  Volch.  Flor.  Noriberg. 
^i6.  .  ,  ^ 

J'ai  donne  a  cette  plante  le  nom  de  ficoidea  ,  parce  que  fon  fruit  a  du  rap- 
port avec  le  fruit  de  quelques  efpeces  dc  ficoides  dont  parle  M.  Herman 
dans  le  catalogue  des  plantes  du  jardin  de  Leyden  ,  &  dont  M.  Tournefort 
ctablit  un  nouveau  genre  dans  les  Memoires  de  I'.Acadcmie  Royale  des 
Sciences  de  I'annee  1706  ^  &  I'on  peut  aifement  voir  par  les  caraderes  qui 
le  conftituent,  que  cette  plante  ne  peut  pas  y  are  compdfe,  non  plus  que 


470  COLLECTION' 

■  dans  celui  qui  coiuieiu  les  efpeces  de  kali ,  oil  M.  Plukenet,  Sc  M.  Vol- 

AcAD.RoYALE  chamer  I'ont  placee. 

DEs  Sciences  P  artheniajirum, 

DE  Paris. 

.      ,  Ls  par  the  niajlr  urn  eft  un  genre  de  plante  a  fleur  radiee  ,  dont  le  difque  eft 

'  '  compofe  d'un  petit  bouquet  de  fleurons  difpofes  en  aigrette  ,  la  couronne  de 
cinq  autres  perits  bouquets  compofes  de  deux  Beurons  feulement,  couches 
fur  une  petite  feuille.  Lorfque  la  fleur  commence  a  finer ,  il  paroit  entre  les 
deux  fleurons  de  petits  bouquets  qui  compofent  la  couronne ,  cinq  petites 
femences  noires  ,  chargees  d'un  petit  toupet  chacune  ,  lefquelles  ne  repre- 
fentent  pns  mal  un  cceur  enflamme,  de  la  maniere  qu'on  a  coutume  de  le 
peindre :  toutes  ces  parties  font  foutenues  par  un  calice  limple ,  divife  en 
cinq  parties ,  &:  fendu  jufqu'a  fa  bafe. 

Je  ne  connois  qu'une  efpece  de  ce  genre.  Partheniajlrum  americanum  am- 
hrojia  folio,  Mairuaria  americana  ambrojics.  folio  paryo  jlore  albo.  Infi.  Rei. 
Herb.  App. 

M.  Tournefort ,  dans  la  troifieme  feftion  de  la  i4=cla(re  de  fes  inftitu- 
tions ,  lorfqu'il  etablit  le  genre  de  la  matricaire ,  en  faifant  le  detail  des  prin- 
cipales  parties  qui  en  font  le  caradlere  ,  y  fait  entrer  un  calice  compofe  de 
plufieurs  feuilks  difpofees  en  ecailks  ,  des  fleurons,  des  demi-fleurons  lorf- 
qu'il s'y  en  trouve  ,  portanc  chacuii  fur  un  embryon  qui  devient  enfuite  une 
femence  ,  &  le  refte  qu'on  pourra  voir  dans  I'endroit  que  je  viens  de  citer. 
Mais  la  plante  dont  j'etablis  le  genre,  a  le  calice  fimple  d'une  feule  piece  , 
deconpeen  cinq  parties  ,  des  fleurons  a  laverite,  mais  fteriies  ,  qui  ne  portent 
fur  aucun  embryon,  &  le  fruit  eft  (i  different  de  celui  de  la  matricaire, 
qu'il  eft  aife  de  conclure  quelle  ne  doit  pas etre  rangee  a  fon  genre. 

Je  I'appelie /'rt«Aenii7/?r«OT,  du  nom  Ae.  parihimum  que  quelques  auteurs 
ont  doniie  a  plufieurs  efpeces  de  matricaires. 

Malgre  cette  meprife ,  qu'il  eroit  facile  de  relever,  je  n'en  regarde  pas 
moins  M.  Tournefort  comme  le  premier  des  Botaniftes. 


Defcription  des  flairs  &  des  graines  de  divers  Fucus. 

Et  quelques  autres  Obfervations  Phyfiques  fur  ces  mimes 

Plantes. 

Par   M.    D  E   Reaumur. 

X  ERSONNE,  que  je  fache  ,  n'a  encore  trouve  les  fleurs  d'aacunes 
plantes  de  I'Ocean ,  meme  de  celles  qui  font  les  plus  faciles  a  obferver, 
je  veux  dire  de  ces  plantes  que  Ton  peur  examiner  fur  pied  comme  les  ter- 
reftres,  parce  que  la  mer  les  abandonne  chaque  jour  pendant  plufieurs  heures. 
Je  ne  vols  pas  meme  qu'on  en  ait  encore  reconnu  les  femences ;  quoique 
M.  Ray  nous  tapporte  page  1843.  Hifl.  &C  page  6.  Synop.  que  M.  Robinfon 
a  obferve  le  premier ,  que  les  veflies  qui  font  aux  extrcmites  des  feuilles 
de  divers  fucus  font  les  capfules  qui  contiennenc  les  femences  \  car  M. 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E,  47 1 

Robinfon  a  regarde  comme   les  femences  ,  certains    petits   corps    ronds  ___„____^ 

d'une  couleur  obfcure  ,  8c  ces , petits  corps  ,  comme   nous  le  dirons  dans  T         Z 

la  fiiite  ,  ne  font  eux-mcmes  que  les  capfules  des  femences.  nE^s"^'ciF°^Es^ 

Dans  le  dernier  voyage  que  je  fis  fur  les  cotes  de  Poitou  &;d'Aunis,       de  Paris. 
j'examinai  attentivement  les  plintes  qui  y  croill'ent  ,  je  trouvai  dans  quel- 
qucs-unes  des  fleurs  &  des  graines ;  d'autres  que  je  confidcrai  peut-ctre    ^"''*'  1711. 
dans  des  tems  moins  favorables ,  ne  me  lailFerent  voir  que  des  fleurs,  ou 
que  des  graines. 

Le  nom  ds  fucus  commun  a  qmntite  de  plantes  marines,  a  eu  une  figni- 
fication  a(Tez  incertaine  parmi  les  auteuts.  Quslques-uns  s'en  font  fervi 
pour  exprimer  routes  les  plantes  marines ;  d'autres  ne  I'ont  attribuc  qu'a 
une  certaine  plante  de  mer  qui  par  fa  figure  relTemble  a  la  racine  d'une 
plants  terreftre  j  c'eft  d'aprcs  Imperati  que  |e  parle.  M.  Tournefort  a  fait 
des  fucus ,  un  genre  de  plantes ,  Sc  pour  nous  donner  le  caradlere  de  ce 
genre  ,  il  s'cft  contente  de  faire  graver  trois  plantes  differentes,  &  nous  a 
dit  de  rapporter  au  mcme  genre  toutes  les  plantes  qui  croilfent  fous  les 
eaux  ,  dont  les  figures  approchent  de  celles  qu'il  a  tait  reprefenter;  ca- 
radere  a  la  verite  uii  peu  vague  ,  mais  il  n'etoit  pas  aife  de  mieux  faire. 
Les  premieres  plantes  ou  nous  avons  trouvedes  fleurs  £c  des  femences ,  font 
d\i  genre  de  fucus  qu'il  a  determine. 

Entre  les  plantes  de  ce  genre  ,  il  n'y  en  aguere  de  plus  communes  fur 
les  cotes  de  Poitou  &  d'Aunis  que  celles  que  nous  avons  fait  graver  dans- 
la  PI.  XFI  :  c'eft  \e  fucus  ,fivh  A'ga  latifolia  major  dcntata.  Raii  Synop. 
3  &  Hijl.  A  p.  On  I'a  trouve  dans  Motilfon  Hijt.  Oxon.  part.  5.  ScB.  15. 
Tab.  9.  Fig.  I,  EUe  croit  pres  des  bords  des  cotes.  La  mer  pendant  fon 
reflux  lailfe  toujours  a  decouvert  un  grand  nombre  de  plantes  de  cette  efpece  , 
elles  font  fi  proches  les  unes  des  autres  dans  la  plupart  des  endroits  ou  elles 
viennent ,  qu'elles  couvrent  enticrement  la  furtace  de  la  terre  que  la  mer 
a  abandonnee. 

Chaque  plante  eft  attachee  i  une  pierre  par  fa  racine  RR  ,  fi  pourtanc 
on  peut  donner  ce  nom  a  une  partie  qui  relfemble  plus  a  la  racine  des 
plantes  terreftres  par  fa  poiition  ,  que  par  [es  fonctions  &  fa  figure.  La 
furface  inferieure  de  cette  efpece  de  racine  prend  la  figure  de  la  pierre 
fur  laquelle  elle  eft  appliquee;  fon  contour  eft  a-peuprcs  rond  ,  &:  a  envi- 
ron un  pouce  ,  ou  un  pouce  &  demi  de  diametre  ;  elle  eft  tres-adherente 
a  la  pierre  a  laquelle  il  y  a  apparence  qu'elle  eft  collce  par  une  matiere 
glutineufe  dont  ces  fortes  de  plantes  font  remplies  ;  du  moins  ne  voit  on 
pas  que  la  racine  jette  aucunes  fibres  qui  aillent  s'infinuer  dans  lafabftancc 
de  la  pierre. 

Pres  de  fes  bords,  la  racine  n'a  gr.ere  qu'une  ligne  d'epailTeur;  mnis 
cette  epaifleuraugmente  infenfiblement  jafques  vers  fon  milieu;  la  elle  eft  i!e 
quatre  a  cinq  lignes  ,  de  forte  que  fa  figure  cxterieure  a  quslque  air  de  ccllc 
d'un  pied  de  verre  :  on  v  voit  pourtant  diverfes  finuofites  qui  ont  leur  di- 
reftion  du  milieu  vers  les  bords  :  fi  couleur  eft  plus  brune  que  celle  6a 
refte  dc:  la  plante  ,  meme  que  celle  des  tiges  j  elle  eft  d'un  verd  trcs-obf- 
cur  ,  fa  fubftance  eft  affez  dure. 

C-cfi  environ  du  milieu  de  cette  racine  que  partent  les  tiges ;  quelque- 


DE  Paris. 
Annie    1 7  1 1 . 


4,-ji  COLLECTION 

-.  -— '  fois  la  plante  en  a  trois  ou  quaere T T T T  {PL  XFl! )  \  fouver c  elle  n'en 

AcAD.RoYALE  a  qu'une  T  {  PL  Xl'I)'-  chaque  tige  elt  un  peu  applacie.  Si  pres  de  fon 
»Es  Sciences  origine  elle  a  quaere  lignes  de  largetfr ,  elle  n'en  a  que  deux  d'epaiffeur ,  fes 
cotes  font  arrondis.  Cetce  tige  jette  ordinairemenc  trois  ou  quatre  bran- 
ches ,  depuis  la  racine  jufqu'a  un  pouce  &:  demi  de  U.  Les  branches  font 
patfaitement  fembhbles  aux  riges  i  leur  grolTeur  pres.  De  diftance  en  dif- 
tance  les  unes  &  les  aurres  fe  divifent  a  deux  diverfes  fois  :  une  tige  fe 
divife  pour  I'ordinaire  cinq  a  fix  fois  ;  &  chacune  des  parties  nee  de  cette 
divifion  ,  fe  divife  de  la  meme  maniere  quatre  a  cinq  fois ,  plus  ou  moins. 
Les  rameaux  qui  naiirent  de  chaque  divifion  ,  font  a  Tordinaire  plus  petits 
que  la  braiiche  qui  les  a  fournis:ce  font  tous  ces  rameaux,  ces  branches, 
ces  tiges  qui  font  les  nervures  des  feuilles  ,  ou  qui ,  plus  exadtement  par- 
lant  ,  font  les  nervures  de  la  teuillejcar  il  fenible  que  la  plante  entiere  , 
lorfqu'elle  n'a  qu'une  tige  ,  n'eft  qu'une  feuille  profondement  decoupee  , 
&c  que  fur  une  meme  racine ,  on  ne  doic  compter  qu'autant  de  feuilles  qu'il 
y  a  de  tiges  difterentes  ,  ou  rout  au  plus  qu'il  y  a  de  branches  principales 
partanc  immediatement  des  tiges. 

Toutes  les  branches  &  leurs  ramifications  font  dans  un  meme  plan  , 
comme  les  doigts  dune  main  etendue  ,  &:  pour  me  fervir  d'uiie  compa- 
taifon  qu'Imperati  a  employee  dans  la  meme  occafion ,  la  fubfbance  de  la 
feuille  eft:  attachee  a  ces  difFcrentes  ramifications  ,  de  la  meme  maniere 
que  les  plumes  font  collees  conrre  le  bois  d'une  Heche  ;  ainfi  chaque  feuil- 
le ,  ou  chaque  partie  de  feuille  eft  divifce  en  deux  egalement  par  une  des 
ramifications. 

Mais  il  eft:  a  remarquer  que  les  rameaux  que  nous  pouvons  a  prefent 
anpeller  les  nervures  de  la  feuille  ,  deviennent  plus  etroits  &  plus  delies 
a  mefure  qu'ils  s'eloignenc  de  la  racine,  &  que  la  feuille,  ou  les  parties 
de  la  feuille  deviennent  au  contraite  plus  iarges  felon  qu'eiles  s'en  eloi- 
gnent  davantage. 

La  tige  elle-meme  ,  &  les  principales  branches  qu'elle  fournic ,  commen- 
centa  fervir  de  nervure  a  la  feuille  a  quelques  pouces  de  leur  origine  \  eti 
cat  endroit  la  feuille  a  une  largeur  prefque  nuUe  ,  qui  augmente  infen- 
fibleraent  eii  fuivant  la  nervure  des  deux  cotes;  un  demi-pouce  au  deflus  , 
quelqucfois  plus  loin  de  I'endroit  011  la  nervure  s'eft  devifee  en  deux  ,  la 
partie  de  la  feuille  qui  eft:  dans  I'interieur  de  Tangle  ,  fe  divife  aufli  en 
deux  ,  &  la  feuille  continue  de  meme  a  fe  divifer  a  mefure  que  les  nervu- 
res fe  divifent. 

Au  refte  ces  nervures  ne  jettent  aucunes  fibres  fenfibles  dans  la  fubftance 
de  la  feuille,  &  quelqne  dcliees  qu'eiles  deviennent,  on  les  diftingue 
fort  aiftment  du  refte  de  la  fubftance,  par  leur  couleur  qui  eft  plus  brune. 
Celle  de  la  feuille  eft  d'lin  verd  tirant  fur  le  verd  d'olive  ,  la  leur  eft  d'un 
verd  plus  fonce ;  d'ailleurs  leur  tifture  eft  a  I'ordinaire  plus  ferree  que  celle 
de  la  feuille  :  comme  elles  deviennent  de  plus  minces  en  plus  minces  , 
en  certains  endroits  elles  n'ont  que  Tepaifteur  de  la  feuille;  en  d'autres 
elles  en  ont  bsaucoup  davantage  :  mais  ou  leur  epaideur  furpafte  celle  de 
la  feuille  ,  elle  la  furpalfe  egalement  de  part  &  d'sutre ,  &c  c'eft  ce  qui 
fait  en  partie  que  ces  fortes  de  feuilles  n'ont  ni  envers ,  ni  endroit ,  je 

veux 


ACAD^MIQUE.  47  j 

veiix   dire  qu'clles  n'ont  point  un  cote  different  de  I'autre ,  comme  les  — 

feuilles  des   pl.intes  terrelbes  doiu  le  deflous  eft  fort  dift'crent  du  delfus.  Acad.Rovale 
Los  exrrcmites   des  teuilles  ,  ou    plutot  les  extcemites  des  parties    de  la     des  Sciences 
feuiUe  ,  ont  Icurs  coins  arrondis :  la  figure  du  refte  de  cette  extrtmite  n'a       ^^  1  aris. 
rien  de  .conitant  ;  quelquetois  elle  ell  prefque  carree  ,  ayant  pourtanc  di-    Annk  171 1. 
verfes  petites  decoupures  ,  &  une  plus  profonde  que  les  autres  vis  a-vis  le 
bout  de  la  nervure :  quelquefois  au  conrraire  vis-a-vis  le  meme  endroit, 
la  feuille  forme  une  efpece  de  poince  qui  avance  plus  que  le  refte. 

La  lars^eur  Ais  feuilles  des  plantes  de  cette  efpece  varie  fort;  il  y  en  a 
dont  les  extremites  ont  quatorze  a  quinze  lignes  de  largeur;  d'auttes  vers 
les  niemes  extremites  n'ont  que  cinq  a  fix  lignes.  La  plus  grande  lar- 
geur  de  chaque  portion  de  feuille  n'eft  pas  neanmoins  precilement  aux 
extremites,  elle  eft  un  peu  au-delfus  d'une  des  dernieres  divifions  des 
netvures. 

La  longueur  de  cette  plante  n'eft  pas  plus  aifee  a  detetminer  que  fa  lar- 
geur  ;  elle  va  rarement  par  de-la  deux  pieds  &  demi  ;  mais  fouvent  elle  a 
beaucoup  moins.  Au  refte  j'ai  dit  la  longueur  ,  &  non  pas  la  hauteur , 
parce  que  la  tige  etant  flexible,  &  trop  foible  pour  foutenir  la  plante  ,  on 
la  trouve  toujours  couchce  lorfque  la  mer  s'en  eft  eloignee  pendant  fon 
reflux. 

Les  bords  des  feuilles  font  denteles  ou  decoupe;;  chaque  petite  dente- 
lure  fe  termine  par  un  angle  fort  aigu,  &  eft  incline  vers  le  bout  de  la 
plante  :  il  y  a  ordinairement  deux  ou  trois  de  ces  denteiutes  ,  quatre  a 
cinq  fois  plus  longues  que  les  autres ,  fituees  vers  des  branches  &  des 
tiges  :  il  y  en  a  quelquefois  de  pareilles  dans  divers  autres  endroits  de 
la  plante. 

Aprcs.tout  ,  il  y  a  bien  de  la  varicte  d-ins  la  maniere  dont  font  taillees 
&  diftribuees  ces  dentelures;  de  forte  que  Ton  ne  pourra  guere  fe  fier  aux 
differences  qui  en  nailfent  pour  diftinguer  les  efpeces  de  ces  plantes  , 
qu'apres  une  longue  fuite  d'obfervations  rcitcrees.  II  y  a  meme  lieu  de 
foupconner  qu'on  adeja  employe  differens  noms  pour  en  dcfigner  plufieurs 
comme  diff"erentes  ,  qui  ne  devroient  fignifier  que  la  meme,  fous  difte- 
rentes  figures. 

La  feconde  plante  de  cette  efpece  que  j'ai  fiit  graver  (  PL  XVll  )  eft 
propre  a  taite  lentit  combien  ce  foup9on  eft  iorvAi.  C  t^\^  fucui  mann- 
mus  y  vil  qutrcus  maritima  vejiculas  habens.  C  B.  pin.  3 (J.  5.  Ra'u.  HiJI.-jo. 
Souvent  Ton  ttouve  cette  plante  fans  qu'elle  ait  aucunes  denteiutes ,  au- 
cunes  decouputes  fur  les  feuilles  :  &  fur  Its  mcmes  feuilles  on  ttouve  en 
differens  endroits  de  petiies  veflies  approchanres  de  la  figure  d'une  boule 
un  peu  applatie  V  V.  LTne  des  moities  de  cette  veflie  eft  d'un  cote  de  la 
feuille ,  &  I'autre  moitie  eft  de  I'autre  cote  de  la  meme  feuille.  Ces  diffe- 
rences fembleroient  fuffire  pour  determiner  a  regarder  cette  plante  com- 
me differentc  de  la  premiere  dont  nous  avons  parlc  ;  mais  on  verra  qu'on 
ne  peut  compter  surement  fur  ces  fortes  de  varietes  ,  fi  Ton  prend  garde 
que  la  phnte  de  la  PL  XFJI  n  une  branche  prei-ifement  decoupee  com- 
me Valgadentata  Rate  ,  &  que  fur  cette  branche  il  n'y  a  aucune  vcficnle.  Si  la 
plus  grande  partie  des  branches  de  cette  plante  ecoic  comme  la  bran- 
Tome  /// ,  Partie  Frangoife.  O  5 


474  COLLECTION 

1=:=:=^^  che  Bdentelee  &  fans  veficules  ,    &  que  quelques  unes  feulement  fudcnr 
Acad.  Royale  ^^"*  dentelures  ,  &c  eulTent  des  veficules ;  fous  laquelle  des  deux  efpeces 
DES  Sciences     la  can^eroit-on  ?  De  plus,  ne  peuc-il  pas  atrivec  que  dans  certains  endroits 
X)E  Paris.       routes  les  branches  de  la  plance  viennenc  telles  que  la  branche  B  ,  &  que 
yinnie  mi.     flutes  les  aucres  foient  comme  le  refte  de  la  plante  ,  ce  qui  eft  d'ordi- 
naire  ,  &  alors  ,  tantot  la  meme  plante  feroit  fucus  Jivh  alga  latifolia  den- 
tata  Rail  :  &  tantot  le  fucus  v^ficulas  habens.  Enfin  on  a  vu  ,ces  fortes  de 
fucus  dans  des  terns  oii  les   extremites  de  leurs  feuillesetoient  gonHees  ,  Sc 
dans  des  terns  ou  elles  ctoient  appLuies ,  &  cela  a  fourni  encore  des  dif- 
tindions  de    plantes  differentcs  bien  peu  fondees.  Apres  que  noiisaurons 
fait  connoitre  leurs  fteurs  &c  leurs  graines,  on  verra  que  ce  gonHtment  des 
extremites  des  feuilleseft  paffaget  ,  &  de  quoi  il  depend. 

Quoi  qii'il  en  Coit  de  la  vatiete  des  efpeces  de  fucus  qui  par  leur  figure 
reffemblent  a  ceux  des  PL  Xf^I  &c  XFII  ,']e  leur  ai  trouve  a  tous  dss 
fieurs    &  des  graines   femblables  &  arrangees  d'une  femblable    maniere. 
Leurs  fieurs  viennent  fur  route  la  fubftance  de  la  feaille  ,  depuis  fon   orj- 
gine  jufqu'a  fes  extrcmires  ,  il  n'y  a  que  fur  les  nervares  ou  on  n'en  trouve 
point ,   le  refte  de  la  plante  en  eft  tout  couvert  F  FF  F  ,  &:c.  (  PL  XVI.) 
Chaque  fleur  eft  une  efpece  de  petite  houpe  ,  de  petite  aigrette  coin- 
pofee   d'une  infinite    de  filets  difrcrens  extrcmenient  delies;    ceux    done 
rafTemblage   forme  une  meme  fleur  ,  font  tous  a-peu-pres  de   mcme  lon- 
gueur ,  mais  des  fliurs  differentes  font  compofees  de  fikts  plus  longs  ca 
plus  courts  :  les  plus  longs  n'ont  guere  plus  d  une  ligne ,  &  les  plus  courts 
ont   du  moins  une  demi-ligne  :  ils  partent  tous  d'un  petit  trou  fau  dan* 
la  fubftance  de  la  feuille  ,  ce  petit  troa  leur  tient  lieu  de  calice. 

Ces  filets  quoique  courts  ne  fauroient  fe  foutenir,  tant  ils  font  deliesj 
d'ailleurs  ils  (bnt  extremement  flexibles,  on  peut  les  comparer  a  des  fils 
de   versa  foie,  ou  meine  a  des  filsde  coques  d'araignees;  lorfque  la  mer 
s'eft  eloignee  de  la  plante  ,  ils  font  tous  couches ,  ils  y  paroide.nt  arranges 
de  maniere    fort   ditferente  \  fouvent   on   les    voit  difpofes  en  rond  P  P 
{PL  XVI)  comme  le  font  les  demifleurons  des  fleurs  radices,  ou  com- 
me le  font  les  feuilles  des  fleurs  en  rofes  :  quelquefois  ils  font  tous  jettcj 
d'un  meme  cote,  ils  reflemblent  alors  a  une  aigrette  de  verte  ou  de  crin 
cojchee.  Enfin  ,  fouvent   leur  arrangement  tient  quelque  chofe  des-deux 
arrangemens  precedens ;  il  depend  beaucoivp  de  la  maniere  dont  I'eau  oii 
ils  nageoient  , s'eft  ecoulee.  On  imagine  affez  que  des  fils  delies  &  flexi- 
bles peuvent  fe  jetter  de  difterens  cotes. 

Avec  quelque  foin  que  j'aie  examine  ces  filets  ,  je  n'en  ai  pu  trouver 
dont  les  extremites  fuflent  chargees  de  fommets  ,  c'eft  ce  qui  m'a  empe- 
che  de  leur  donner  le  nom  d'etamines ,  qui  ne  fauroit  leur  convenir  ,  fi  I'ori' 
s'en  tient  a  la  definition  des  etamines  que  nous  a  donnee  M.  Tourneforr. 

Peut-ctre  que  dans  les  plantes  marines  les  pouffieres  fortent  par  toute  la' 
longueur  du  filet  ,  au-lieu  que  dans  les  plantes  tetreftres ,  elles  fortent 
feulement  par  les  fommets  dont  les  filets  font  charges.  Cette  derniere 
conjedlure  n'eft  pas  entierement  fans  fondement ,  on  voit  fur  ces  filets, 
divets  gtains  de  pou(fiere ,  mais  il  eft  a  craindre  que  ce  ne  foient  de 
petices  parties  du  iediment  que  I'eau  y  a  iaifle. 


ACADfeMlQUE.  47j 

Au  refte  quelque   nom  que  I'on   veuille  donner  i  cfisflears,  je   veux  ~ 

(3ire,foit  qu'oii  Icslailft;  dans  la  cbire   des  fleurs  a  etamines  ,  foic  qu'on  Acad.Royale 

eii  fa(Te  une   clalle   qu'on    nommcra  des  fleurs  a  filets  ,  ou  aigrecres ;  la    ^'^^  Sciences 

maniere    doiit  elles  lone  di(lribuci;s   fur  la  feuille  n'a   rien  de  regulier  ;       ^^ 

tantot  elles  font   plus    prochus ,  tancoc  elles  font  plus  eloignees  les  unes    Annce   171 1. 

des  autres  :  quelquefois  les  bouts  des  hlets  d'une  Hear  couclient  les  bouts 

<les  filets  d'une  autre  fleur ;  fouvent  elles  font  eloignees  d'une  ligne  les  unes 

des  autres,  mais  rarenunt  de  trois  :  elles  viennent  egalement  fur    I'un  & 

I'autre  cote  de  la  teuille,  mais  thaque  fleur  ne  jette  des  filets  que  d'un 

cote  :  elles  font  beaucoup  moijis  fenfibles  lorfque  la  plante  eftmouillee, 

que  lorfqu'elle  commence  a  fecher  ,  &  cela  parce  que  les  filets  font  blams 

quand  ils  font  fees;    au-lieu  que  pendant  qu'ils  font  niouillcs  ,  leur  cou- 

leur  tire  fut  le  brun  ,  couleur  plus  approchante  de  celle  dela   feuille. 

De  toutes  les  fleurs  qui  couvrentces  fortes  de  plantes,  il  n'y  a  que 
celles  qui  viennent  aupres  de  quelques  unes  des  extremites  des  feuilles  ,  qui 
donnent  des  graines.  Lorfque  ces  fleurs  font  prCtes  a  tomber  les  extie- 
niites  de  la  feuille  commenccnt  a  fe  gonfler  g  gg  ,S^c  {  PI.  XFI)  Sc  le  rerte 
de  la  feuille  conferve  fa  premiere  epailTeur  :  les  extremites  apres  s'etre 
gonflees  a  im  certain  point  ,  deviennent  des  efpeces  de  goufles  G  G  G  & 
H  I  I  I  (  /*/.  Xf^II )  qui  conciennent  les  femences  :  les  fleurs  etant  tom- 
bces  ,  on  diftingue  aifement  divers  petits  trous  O  O  (  Fig.  Xf^I)  qui  pa- 
roilfenr  penetrer  dans  la  fubftance  de  la  feuille.  De  chacun  de  ces  petits  trous 
iortoit  une  des  houpesde  filets  ,  ou  une  des  fleurs :  ces  trous  font  beaucoup 
plus  fenfiblespres  des  extremites  de  la  feuille  que  par-  tout  aillturs  ,  &  ils  le 
font  d'autant  plus  dans  ces  derniers  endroits ,  que  TepaifTeur  de  la  tcuille 
y  eft  plus  augmencee  ;  lorfqu'elle  y  eft  devenue  un  pcu  remarquable  , 
non-feulemenr  ces  trous  font  tresdiftinifis ,  mais  on  voit  de  plus  un  petic 
rebord ,  une  efpece  de  bourlet  qui  les  entoure  j  de  forte  que  I'ouvet- 
ture  de  chaque  trou  eft  un  peu  plus  tlevee  que  le  refte  dela  futface  de 
la  feuille. 

L'epaiireur  des  bouts  de  la  feuille  croit  fouvent  jufqu'i  ce  qu'elle  ait 
fepta  huit  lignes  vers  le  milieu  du  bout  :  quelquefois  elle  devient  pluscon- 
fiderable  ;  mais  fouvent  elle  left  moins.  Ces  extremites  gonflees  prennenc 
une  figure  difterente  de  cclle  des  autres  extremites  :  ordinairement  elles 
fe  terminent  par  deux  pointes  ou  deux  efpeces  de  cornes  G  G  G  (  PI.  XFII ) 
qui  forment  un  angle  aigu.  La  longueur  de  chaque  corne  a  environ  le  tiers 
de  route  la  partie  gonflee.  Quelquefois  il  y  a  des  extremites  qui  font  ter- 
minees  par  trois  de  ces  pointes  ou  cornes  H  ,  &:  quelquefois  il  y  en  a  qui 
ne  font  terminees  que  par  une  feule  pointe  1 1 1. 

Les  parties  gonflees  ont  differentes  longueurs  dans  la  meme  plante  ,  & 
a  plus  forte  taifon  dans  difteientes  plantes.  Leur  longueur  eft  commune- 
ment  depuis  un  pouce  jufqu'i  deux.  L'extremite  oppofee  a  celle  des  cornes 
eft  arrondie ;  les  cotes  en  font  aulfi  arrondis ,  je  veux  dire  que  pres  des 
cotes  elles  ont  moins  d'cpaitTeur  que  vers  le  milieu  :  les  nervurcs  de  la  feuille 
ne  font  po;i-.t  fenfibles  dans  les  endroits  gonfles. 

Si  Ton  cnape,  foit  horifontalement  OOO,  foit  verticalement ,  uYi  des 
bouts  gonfles ,  oil  le  trouve  rempli  d'une  raatiere  vifqueufe  qui  a  alfeL  de 

O  3  i^' 


'ARIS. 

Annii  1 7 1 1 . 


47'J  COLLECTION 

'^"^  confiftance  ,  tc  qui  eft  fort  tranfparente  \  c'eft  cette  matiere  qui  augmente 

Acad.  RoYALE  fi  fort  ie  volume  des  bouts  de  la  feuille  :  les  parois  qui  la  contiennent  n'ons 
D£s  Sciences  apeupr^s  que  I'dpailTeiir  des  autres  endroits  de  la  feuille.  II  femble  que 
DE  1  ARIS.  I'epaideur  de  la  feuille  ecoit  pour  ainfi  dire  compofee  de  deux  membra- 
nes couchees  Tune  fur  I'autre  ,  &  que  la  matiere  vifqueufe  dont  nous 
parlous ,  s'eft  infinuee  entre  ces  deux  membranes ,  qu'elle  les  a  ecartees 
I'une  de  I'autre  de  plus  en  plus  a  mefure  qu'elle  s'eft  aftemblee  entr'elles. 

Comme  cette  matiere  eft  tranfparente  auffi-iot  qu'on  a  eu  "coupe  les 
parois  qui  la  contiennent,  on  apper^oit  quantite  de  petits  grains  ronds 
000  (  PL  XVIl^  qui  ont  environ  una  demi-ligne  de  diamctre  ;  leuc 
couieur  eft  rougeatre  ;  ces  petits  grains  font  attaches  a  la  fubftance  de  la 
feuille  ,  c'eft-a-dire  aux  patois  qui  renferment  la  matiere  vifqueufe.  A  la  pre- 
miere vue  on  les  prendroit  volontiers  pour  les  femences  de  la  plante;  mais 
iorfqu'on  les  regarde  de  plus  ptes  ,  on  decouvre  qu'ils  n'en  font  que  les 
capfu'.es,  il  n'eft  queftion  pour  cela  que  de  les  couper  en  deux,  les  yeux 
feu's  appercoivent  quantite  de  petits  grains  ronds  colics  contre  leurs  pa- 
rois de  la  meme  fa^on  que  chaque  capfule  eft  collce  contre  la  feuille  ; 
la  couieur  de  ces  grains  eft  d'un  jaune  rougeatre.  Il  paroit  aufti  au  milieu 
de  chacune  de  ces  petites  capfules ,  une  matiere  vifqueufe  qui  a  quelque  air 
de  celle   qui  fcpare  les  caplules  les  unes  des  aiitres. 

Quoique  les  capfules  des  femences  paroilTent  au  premier  coup  d'oeil  , 
de  petites  boules  attachees  a  la  furface  inferieure  de  la  feuille,  fi  on  les 
examine  plus  attentivement ,  on  verra  que  leur  figure  reflemble  davan- 
lage  a  celle  d  une  bouteille  dont  le  col  feroit  fort  court.  Le  col  de  la  cap- 
fule ,  s'il  m'eft  permis  de  me  fervir  de  ce  terme ,  eft  loge  dans  I'epaif- 
feur  de  la  feuille  ,  il  la  traverfe  :  le  petit  bourlet  dont  nous  avons  parle 
ci-deftus  qui  eft  autour  du  trou  ou  la  Heur  etoit  logee  ,  eft  le  bout  da  col 
de  cette  capfule. 

C'eft  ce  qu'on  appercoit  fort  dircindement ,  ^\  en  ccupant  une  partie  gon- 
flee  ,  on  a  eu  attention  de  divifcr  en  deux  egalement  un  de  cts  petits 
hourlets ;  on  remarque  fans  peine  que  le  petit  trou  dont  le  bourlet  entoure 
I'ouverture,  traverfe  repaifteur  de  la  feuille  ,  &  qu'il  va  fe  rendre  dans  le 
milieu  de  la  capfule. 

On  pent  s'alTurer  encore  d'une  autre  maniere  que  ce  bourlet,  &  le  col 
dont  il  fait  partie,  appartiennent  a  la  capfule,  &  voir  cette  capfule  dans 
fon  entier  feparee  du  lefte  de  la  feuille  ;  &  cela  fi  avec  la  pointe  d'une  epin- 
gle  ,  on  poufte  tout  doucement  &  a  diverfes  reprifes  le  contour  du  bour- 
let ;  ce  petit  bouilet  &  le  col  de  la  capfule  fe  detachent  aifement  de  la 
feuille  :  la  capfule  entiere  paroit  alors  telle  qu'on  la  voit  en  B  &  E  [PL 
XVll )  ^  la  figure  E  la  reprefente  vue  de  face  ,  &  la  figure  B  la  repre- 
fente  vue  de  cote ;  elles  ont  ete  deffinees  I'une  &  I'autre  de  la  grofleur  dont 
elles  paroiffent  a  la  loupe.  On  a  aufti  reprefente  en  S  (wewe  PL  XVII) 
trois  des  petites  graines  ou  femences  contenuesdans  ces  capfules. 

C'eft  dans  le  mois  de  Juin  que  j'ai  trouve  des  fleurs  fur  ces  fortes  de 
fucus  ;  j'en  ai  vu  auftt  beaucoup  de  Heuris  dans  le  commencement  de  Juil- 
let ;  mais  j'en  ai  vu  ttes-peu  en  Heur  fur  la  fin  du  meme  mois. 

li  paroit  affez  fingulier  que  les  plantes  de  ce  genre   ne  portent  des  grai- 


A  C  A  D  t  M  I  Q  U  E.  477 

ties  qu'aiix  extremites  de  leurs  feuilles  ,  quoique  les  fleurs  viennent  fur  ,     — ■- 

route   I'ctendue   des  feuilles.  ll  y  en  a  cependanc  une  raifon  fi  naturelle ,  Acad.Royale 
qu'il  femblera  peuc-c-tre  plus  extraordinaire  que  les  fleurs  Sc  les  graines    dps  SciXncls 
de  quelques  pl.intes  dont  nous  parlerons  dans  la  fuite  ,  viennent  cgalement       ^^  1'aris. 
fur  route  I'etendue  de  la  plante  j  car  cette  raifon  eft  tirce  de  la  ftructure    ^nnin   171 1. 
generate  des  plantes  marines. 

On  fait  qu'eiles  fe  nourriirent  d'une  maniere  differente  de  celle  dont  fe 
nourrillent  la  plupart  des  plantes  terrcftres;  tout  le  corps  des  premieres 
doit  faire  les  mcmes  fondions  que  fait  la  racine  des  fecondes  :  chacune 
de  leurs  petites  parties  doit  avoir  des  canaiix  qui  donnent  entiee  aux*  par- 
ties d'eau  propres  a  les  nourrir.  Leurs  racines  qui  ne  font  ,  a  exaclemenc 
parler ,  que  leurs  pieds,  font  collees  fur  les  corpc  les  plus  durs,  comme 
fur  des  pierres  ,  des  coquilles  ,  des  os  de  diftcrcns  animaux  ,  &;c.  Que  pour- 
roient-elles  retirer  de  femblables  corps  ?  La  plante  entiere  eR  done  une 
efpece  de  racine  ,  aufli  elle  eft  environnee  de  toutes  parts  par  relcmenr 
prc>pre  a  lui  fournir  de  la  nourriture  ,  au-lieu  que  la  racine  feule  des 
plantes  terreftres  eft  couverte  par  la  terre  ,  comme  I'a  remarquc  fort  inge- 
nieufement  M  de  Fontenelle.  Hijl.  di  1710. 

Une  experience  fimple  dont  M.  de  Fontenelle  fait  mention  au  mtme 
cndroit  ,  &  que  j'ai  repetee  un  grand  nomhre  de  fois ,  en  eft  encore  une 
nouvelle  preuve  ,  &  fort  decifive.  Si  Ton  met  nne  partis  d'une  plante 
marine  feche  dans  I'eau  ,  quelque  racornie  ,  &  quelque  feche  que  fur 
cette  partie  ,  elle  reprend  en  peu  de  terns  fa  premiere  figure  ,  &  la  pre- 
miere confiftance  ;  mais  le  refte  de  la  plante  qui  fe  trouve  hors  de  I'eau  , 
ne  profite  en  aucune  facon  de  1  luimidite  qui  a  rctabli  en  fon  etat  naturel 
la  partie  voifine.  De-la  il  fuit  cvidemment  qu'il  n'y  a  point  de  canaux 
dans  ces  fortes  de  plantes  ,  cjiii  portent  le  fuc  depuis  leurs  pieds  jufqu'aux 
extrcmites  des  feuilles  :  dquoi  meme  Qj^feut  ajourer  que  leur  fubftante 
ne  peut  pas  comme  le  tiftii  des  dtaps  filSmr  a  filtrer  I'eau  ;  car  quoique  les 
bouts  de  la  feuille  qui  font  hors  de  I'eau  ,  foient  plus  bas  que  la  furface 
de  I'eau ,  il  n'y  a  toujours  que  la  partie  qui  eft  immediatement  touchce 
par  I'eau,  qui  s'humeCle  ;  de  la  il  fuit  cvidemment  que  les  canaux  qui  fe 
chargent  du  fuc  noutricier  ,  font  perpendiculaires,  oupeu  obliques  a  I'c- 
paiffeur  de  la  feuille. 

Or  ceci  ctant  bien  etabli  ,  il  n'eft  pas  mal-aife  de  voir  pourquoi  les 
fleurs  des  bours  des  feuilles ,  donnent  des  femcnces,  pendant  que  les  au- 
tres  fleurs  n'en  donnent  point.  Ces  bouts  font  d'une  tilfure  plus  molle  ,  & 

f>lus  lache  que  le  refte  de  la  plante  :  d'oii  il  fuit  que  leurs  canaux  font  plus 
arges  j  qu'ils  donnent  une  plus  libre  entree  au  fuc  nourricier  ,  &  a  cette 
matiete  glutineufe  qui  doit  fe  loger  dans  repaiffeur  de  la  feuille  &  fcpa- 
rer  les  capfules  les  unes  des  autres.  D'ailleurs  cette  inatiere  ne  fauroic 
trouver  place  ,  fans  divifcr  en  quelque  facon  en  deux  repaiffeur  de  la 
feuille  :  des  parties  moUes  relies  que  font  les  bouts  des  feuilles,  fouffrenc 
plus  aifemenr  une  pareille  divifion  ,  que  des  endroits  plus  durs.  Les  grai- 
nes trouvent  done  dans  les  extrcmites  des  feuilles,  plus  de  fuc  nourricier  , 
&  moins  de  diflSculte  a  s'ctendre  \  ellcs  y  doivent  done  croitre  plus  aife- 
ment.  La  couleur  des  bouts  des  feuilles  eft  aufli  d'un  verd  jaunacre ,  ce 


47?  COLLECTION 

^  n'eft  qu'en  vieilllfTant ,  &  en  prenant  une  tifliire  plus  ferree  qu'ils  prennent 


AcacRoyai-e  la  coiiieui-  du  refte  de  la   feuiUe. 
DEs  Sciences  H  ell  peuc-etre  plus  difficile  d'expliquer  la  formation  de  certains  tuber- 

BE  Paris.  cules  ,  ou  de  certaines  vellies  V  V  (  Pi.  XFll)  qui  font  diftribuees  en  dif- 
Annii  171 1.  ferens  endroits  des  feuilles  :  czs  veflies  ont  de  part  &  d'autre  de  la  feuille  , 
la  figure  d'une  portion  de  fphere  ;  intcrieurement  elles  font  vuides,  ou 
du  tnoins  elles  ne  contiennent  que  divers  filamens  fees  qui  les  traverfenc 
en  tout  fens,  mais  qui  ne  forment  point  un  tilfu  (olide.  Ces  tubercules  ne 
devroientils  point  leur  naifTance  a  une  cau^e  afTez  femblable  a  celle  qui 
contribue  a  former  lesgoulles  des  capfules  ,  je  veux  dire  qu'il  y  a  quelque 
apparcnce  que  la  tilFure  de  la  feuille  s'etant  trouvee  plus  lache  qu'ailleurs 
en  certains  endroits  ,  elle  lui  a  donne  une  plus  libra  entree  au  fuc  nourri- 
cier  ;  que  dans  ces  endroits  fe  font  formes  des  tubercules  folides  &  prefque 
infenfibles  \  mais  la  tiffure  extcrieure  etant  devenue  enfuite  trop  ferree 
pour  donner  la  nourtiture  nccelfaire  a  ces  tubercules  ,  ils  fe  font  defleches, 
il  n'y  eft  refte  que  divers  filamens  qui  font  ceux  qui  les  traverfent.  D'ailleurs 
parmi  les  parties  aqueufes  qui  compofoient  ces  tubercules  ,  il  y  avoir  de 
I'air  mele  j  lorfque  les  parties  aqueufes  fe  feront  cvaporees  ,  I'air  aura  pu 
s'en  degager,  &  refter  dans  la  plante  :  il  fe  fera  dilate  alors  fe  trouvant  en 
liberte  ;  cat  fair  mele  dans  les  liqueurs  ,  y  eft  comprime  ;&  c'eft  probable- 
ment  a  la  dilatation  de  cet  air  ,  &  a  I'air  qui  s'ademble  en  certains  endroits 
de  la  plante ,  que  ces  tubercules  doivent  leur  figure  ronde  ,  leur  grolleur  6c 
leur  accroiffement :  ce  qui  eft  de  sur  ,  c'eft  qu'ils  font  plains  d'air  ,  &  que 
cet  air  n'a  point  d'iffue  au  cravers  des  parois  qui  le  renfermenr,  Lorfqu'on 
marclie  au  bord  de  la  mer  fur  ces  fortes  de  plantes  ,  on  entend  continuel- 
lement  un  bruit  femblable  a  celui  que  fait  I'air ,  lorfqu'en  le  comprimanr, 
on  I'oblige  a  brifer  les  parois  de  la  veflle  oii  il  eft  contenu  \  aufti  le  poids 
qui  charge  alors  les  veflies  des  fucus  ,  force  I'air  a  fe  faire  une  ilTue  ,  &  a  |J 

crever  ces  veflies.  n 

Si  I'on  retire  de  I'eau  routes  les  efpeces  de///cwi  precedentes ,  lorfque 
les  bouts  de  leurs  feuilles  font  gonHes  en  forme  de  goufles ,  &  peu  de  terns 
apres  que  les  fleurs  en  font  tombees  ;  quand  ces  plantes  commencent  a 
fecher  ,  on  voit  une  goutte  d'une  liqueur  epaiiTe  ,  d'un  jaune  tirant  fur  le 
rougeatre  ,  qui  vient  fe  placer  fur  I'ouverture  de  chaque  capfule  j  cette 
liqueur  fort  fans  doute  des  capfules  ,  puifqu'on  la  trouve  lur  les  ouvertures  ; 
&  ayant  la  coulcur  des  femences  qui  y  font  contenues ,  il  eft  clair  qu'elle 
vient  immediatement  des  femences  ,  ou  peut-etre  qu'elle  n'eft  qu'une 
aflemblage  de  diverfes  petites  femences  qui  n'avoient  pas  pris  encore 
une  confiftanca  bien  folide  ,  &  qui  jointes  enfemble  ,  paroiflent  une 
goutte  de  liqueur.  La  caufe  qui  exprime  cette  liqueur  des  femences  , 
ou  qui  oblige  les  femences  a  fortir  d'elles-memes  ,  eft  bien  claire.  En  fe 
fechant ,  les  fibres  de  la  goulFe  fe  raccourcilfent  ;  ces  fibres  ne  fauroient 
fe  raccourcir  fans  preiTer  les  capfules,  &  par  confequent  fans  prefler  les 

ftaines  qu'elles  renferment  ;  c'eft  apparemment  par  una  meclianique  fem- 
lable,que  ces  plantes  jettent  leurs  graines  lorfqu'elles  font  a  maturite. 
Nous  avons  dit  que  la  tige  de  ces  fucus  eft  trop  flexible  pour  l-.s  foutenir 
droits;   que  lorfque  la  mer  les  abondonne  ,  ils  reftent  couches  fur  les  piec- 
Ecs.  Nous  devons  encore  faire  remarquer  qu'ils  font  tous  dans  une  pofition 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  479 

iemblable  :  ils  out  leurs  bouts  tourncs  vers  la  cote  ,  &  leurs  pieds ,  ou  Iciirs  >>— ..^_^. 
racines  font  du  cote  de  la  met ,  c'eft-a-dire  ,  qu'ils  iont  ctendus  vers  la  cote.  ~  ~~ 

A  la  premiere  vue  il  pourroit  fembler  qu'ils  devroient  cire  dans  une  po-  Acad-Royale 
fition  coniraire  ,  etant  ikxibles  &  agitcs  par  la  nier  j  ils  la  devroient  fui-     '^nc  Par's^* 
vre  lorfqu'elle  fe  retire ,  &  fo  irouver  par  confequent  etcndus  vers  la  mer. 
lis  ne  font  pourtant  dans  la  fituation  oppofce  ,  que  parce  qu'ils  cedent  au     ^"'"^  '7'  '• 
mouveinent  de  I'eau;  dans  le  terns  meme  que  la  mer  fe  retire  ,  elle  pouffe 
continuellement  fes  Hots  vers  la  cote  ;  elle  porte  feulemtnt  les  derniers 
moins  loin  cjue  les   premiers.   Chaque  Hot  arrivant  avec  quelqu'impetuo- 
fite,  a  alTezde  force  pour  pouifer  Xasfucus  vers  le  tivage  ;  mais  I'eau  qu'une 
vague  a  apportee  ,  secoulant  enfuite  doucement  en  fuivant  la  pente  des 
bords  ,  n'a  plus  alfez  de  force  pour  porter  les  plantes  d'un  autre  cote. 

Audi  arrive-til  que  quelques /wcui  ont  les  extrtmites  de  leurs  feuilles 
tournees  du  cote  de  la  mer  ,  &  cela  lorfqu'ils  font  dans  des  endroits 
plus  bas  que  le  refte  du  terrein  qui  les  environne  ,  ou  qu'ils  font  entoures 
par  des  rochets  ,  ou  p.ir  des  muts  ,  comme  le  font  les  fucus  qui  nailfenc 
dans  les  pares.  Ces  elevations  les  mettenta  I'abri  des  dernieres  vagues  j  ils 
font  encore  couverts  par  I'eau  quand  les  Hots  ne  peuvent  plus  arriver  juf- 
qu'a  eux  ^  ils  fuivent  alors  le  coutant  de  I'eau  ,  fur-tout  lorfque  ce  cou- 
rant  a  quelque   rapidite. 

Aupres  des  cotes  on  emploie  communement  CQ  fucus  a  fumer  les  terres  : 
les  fels  dont  ils  font  remplis  ne  contribuent  pas  peu  a  reiidre  ces  terres  fer- 
riles  -y  car  on  fait  que  ces  plantes  font  t|mplies  d'une  grandc  quantitc  de 
felsifi  on  les  garde  fans  avoir  eu  le  foin  de  les  lailfcr  tremper  long-tems 
dans  I'eau  douce  ,  ces  fels  patoilTent  bienrot  fur  leurs  furhces ;  tantot  on 
les  y  voit  difpofes  en  aiguilles,  tantot  en  cubes.  Souvent  ces  fels  couvrent 
enticrement  certains  endtoits  de  la  plante ;  il  femble  qu'elle  foit  frottee 
de  poudre  a  poudrer  :  on  en  peut  quelquetois  ramalTer  une  quancite  con- 
fiderable  ,  fur-tout  dans  les  racines  tubeteufes  de  quelqucs  plantes  done 
nous  parlerons  dans  la  fuite. 

11  elt  alTez  ordinaire  de  nouver  d'auttes  plantes  fur  ces  fortes  de  fucus  , 
fouvent  on  y  trouve  une  petite  efpece  de  coralline  M  M ,  &c.  ( PL  XFlll , 
Fig.  I)  que  MorilFon  appelle  mufcus  murinus  UnJiginofus  ,  minimus  ^  are- 
nacci  coloris.  La  figure  qui!  en  a  donnee,  Hiji.  Oxon.  pan.  ^Jccl.  1  j,  tab.  9, 
Fig.  II,  eft  bonne  j  nous  I'avons  fait  repreienter  ici  fur  une  feuille  de 
fucus  differente  de  celles  dont  nous  avons  parle  ,  ce  qui  fert  en  meme 
terns  a  montrer  la  varictc  qu'il  y  a  encre  les  feuilles  de  ces  fortes  de  plan- 
tes. Il  femble  que  cette  corallme  foit  formee  d'un  grand  nombre  de  ttian-  , 
gles  ifofceles  difpofes  de  facon  les  uns  fur  les  autres ,  que  Tangle  ren- 
ferme  entre  les  cotes  egaux  du  triangle  fuperieur  ,  va  s'articuler  dans  la 
bafe  du  triangle  inferieur,  &  ainfi  de  fuite.  Sa  longueur  n'ell  que  d'uii 
pouce  &:  demi  ou  environ  :  fouvent  elle  a  plulieurs  branches ,  quelquefois 
elle  n'en  a  qu'une  :  a  fon  origine  il  paroit  divers  petits  filets  rrr ,  longs  de 
trois  a  quatte  lignes  qui  lattachent  a  la  plante  fur  laquelle  elle  crolt.  Ces 
petits  filets  lui  tiennenr  apparemment  lieu  de  racine ;  une  fi  petite  plante 
ne  fauroit  guere  avoir  de  leniences  bien  fenfibles  j  c'eft  beaucoup  qu'on  y 
puifle  diftinguer  les  capfulcs  ou  eiles  doivenc  are  contenues,  &:  ces  capfu* 


4So  COLLECTION 

=•  '  ' — -  les  font  tres-fenfibles  ,  fi  Ton  ne  veuc  pas  refufer  ce  nom  a  de  petlts  vafes 

Acad.  RoYALE  qui  relfeinblent  fore  aux  capfulcs  de  diverfes  efpeces  de  moufles  :  ce   font 
DES -Sciences      ^^^  efpeces  de  pecits  gielots  GG  foutenus  chaciin  par  un  pedicule  qui  part 
DE     ARis.        dune  des  articulations  de  la  plantej  I'ouverture  de  chaque  petit  grelot  eft 
^/incc  1711.    pouffj,,[  j,p,  pgu  ^vafee,  &  a  un  rebord  t.   On  en  trouve  quelquefois  dont 
Touverture  ell  bouchee  par  un  petit  couvercle  K  un  peu  convexe  en  dehors, 
&  qui  paroit  s'em'ooiter  en  dedans  fous  le  rebord.  Souvent  on  trouve  de 
ces  petlts  grelots  dont  le  couvercle  eft  ote ;  il  y  a  apparence  que  ce  font  les 
femences  ou  la  poulliere  qu'ils  contenoient,  qui  ont  fait  lauter  le  couvercle. 
J'avouerai  neanmoins  que  ce  que  je  viens  de  dire  de  la  femence  ou  de  la 
poulliere  contenue  dans  cegr-.rlot,  n'eft  fonde  que  fur  I'ufage  que  fa  figure 
lemble  exiger  qu'on  lui  donne.    J'ajoiiterai  mcme  que  je  n'ai  jamais  rien 
trouve  dans  ces  pretendues  capfules ,  quoique  j'en  aie  ouvert  pluiieurs  qui 
portoient  encore  leur  couvercle  ;  peut-utre  celles-la  etoient-elles  infccon- 
des ,  &C  la  plus  grande  partie  de  celles  qu'on  trouve  fermees  dans  le  terns  que 
les  autres  font  ouvertes ,  le  pourroient  etre  (n)  :  mais  palfons  a  une  autre 
plante  oil  les  femences  font  moins  equivoques. 

Laplante  {Fig-  //,  PL  XI^IIl)  dont  je  veux  parler ,  pourroit  bien  etre 
cclle  qui  eft  gravce  dans  Morilfon.  Hifi.  Oxori.  pan-  ).  Je&.  15.  tub.  8._/?g, 
1  i.  il  la  nomme  fucus  anguftifolius  vejiculh  rugojis  ,  bijurcatis  ,  il  n'en  a  pas 
donne  de  defcription;  il  n'y  en  a  mcme  qu'uie  petite  branche  de  reprefen- 
■  tee  ,  ce  qui  ne  met  pas  en  etat  d'en  connoitte  le  port ,  &c  on  n'a  pas  eu  atten- 
tion dans  la  figure  de  faire  fentir.que  fes  feuilles  font  .pliees  engouttiere  :  a 
cela  pres  ,  Is  jucus  cite  ,  Sc  celui  dont  je  veux  parlsr  ,  conviennent  fort ;  fa 
racine  faite  a  peu-pres  comme  celle  its  fucus  que  nous  avons  decrits  ci-def- 
fus ,  eft  coUee  aux  pierres  ,  fon  contour  eft  rond  &  a  environ  fept  a  huit 
lignes  de  diametre.  De  cette  efpece  de  racine  ,  ou  de  ce  pied  ,  partent  im- 
mediatement  quatre  a  cinq  feuilles  fur  lefquelies  on  ne  voit  ni  nervures,  ni 
fibres;  leur  couleur  eft  d'un  verd  d'olive  ,  leur  epailfeur  eft  a  peu-pres  la 
-  rneme  que  celle  des  feuilles  dont  nous  avons  parle  ri-devant  ,  mais  leur  tif- 

fure  eft  plus  ferree.  C'en  eft  alTez  de  ces  quatre  a  cinq  feuilles  pour  formet 
une  touffe  tr^s-epaifte  &  tres-garnie :  auffi  chacune  d'elles  fe  divife  plufieurs 
fois,  &  par  fes  divifions  fournit  un  grand  nombre  de  branches.  A  quatre 
&  cinq  lii^nes  du  pied  commencent  les  premieres  divifions ;  chaque  feuille 
fe  partage  en  deux,  &  les  branches  qui  font  nees  de  ce  partage,  fe  fubdivi- 
fent  elles-memes  en  deux  a  quatre  &  cinq  lignes  de-la  ,  &  ainfi  contiriuent 
les  divifions  jiifqu'aux  extremites  des  feuilles  qui  font  une  efpece  de  fourche 
a  poirue  emoudee  ,  comme  fi  elles  etoient  preres  encore  a  fe  divifer  :  la  plan- 
te entiere  a  environ  fix  pouces  de  hauteur. 

Malgre  toutes  ces  divifions,  les  feuilles  ont  par-tout  une  largeur  a  peu 
pr^s  egale  ;  elles  en  ont  pourcant  un  peu  plus  qu'ailleurs  vis  a  vis  le  point  de 

(a)  On  fait  que  parmi  les  corallines  il  y  en  a  qui  font  comme  les  coraux ,  I'ouvrage 
des  infeftcs  ,  &  d'auties  qui  font  de  v^ritables  plantes.  On  fait  audi  que  parmi  celles  de  la 
premiere  efpece,  il  y  en  a  qu'on  a  appellees  Jemin/yera  quoiqu'ellcs  n'eu/Tent  point  dc 
v^ritablcs  graines ,  mais  feulement  de  petits  grains  ronds  &  rclfemblans  a  des  graines  on 
a  des  caplliles.  Mais  d'apres  tout  cela  il  eft  difficile  de  favoir  a  quel  genre  rapportet  la 
(orallme  dout  il  s'agit  ici. 

feparation. 


A  C  A  D  £  M  I  Q  U  E. 


4?  I 


fcparatlon.  A  la  veritc  elles  paroiffent  audi  plus  ctroites  vers  Iciir  o.iigine  ,  ■ 

que  vers  leut  extremite;  mais  elles  n'y  font  plus  ctroites  qu'en  apparence  j  Acad.Royale 
cliaque  feuille  fe  plie  en  gouttiere  ,  &  elle  ell  plusplice  pres  du  pied  qu'ail-     des  Sciences 
leurs.  La  les  fibres  plui  dures  ont  plus  de  relFort :  au  refte  cetce  gouttiere  eft       ^^  '  aris. 
roujours  vers  le  mcme  cote  de  !a  planre  j  je  veux  dire  que  pour  la  fuivre  dc-    Annct  1 7  n. 
puis  le  pied  de  la  plaiite  jufqu'aux  exttcmites  des  feuilles ,  il  ne  faut  que  fui- 
vre la  mcme  face  de  la  feuille. 

Plufieurs  des  extrcmitcs  de  cette  plante  fe  gonflent  comme  celles  des/w- 
CHS  prccedens^  elles  deviennent  de  mcme  des  gouffes  GGGG  [mime  Fig. 
II)  qui  contiennent  les  femeiices.  U  feroit  inutile  dedecrire&la  figure  dc 
ces  capfulcs  ,  &  la  nianiere  dont  les  graines  y  font  arrangces  :  il  fuffit  de 
dire  qu'eiles  font  parfaitement  femblablcs  a  celles  que  nous  avons  decrites 
ci-devant;  que  les  femences  n'y  font  pas  difpolces  differemment.  Nous 
ajouterons  feulenient  que  ces  dernieres  goufles  contiennent  beaucoup  moins 
de  capfules  ,  n'en  ayant  chacune  que  fepc  a  huit ,  &  que  I'ouverture  de  la 
capfule  fur  la  furface  de  la  gouHe  eft  ttcs-diftincle.  Je  n'ai  pourtant  point 
trouve  de  fieurs  aux  plantes  de  cette  efpece  ,  &  cela  fans  doute  patce  que  je 
les  ai  vues  dans  une  faifon  trop  avancee  :  elles  ont  dans  le  refte  luie  fi 
grande  rellemblance  avec  les  plantes  dont  nous  avons  parle  ci-devant, 
qu'il  n'y  a  gueres  lieu  de  dourer  qu'eiles  ne  portent  des  fleurs  femblables ,  & 
qu'eiles  ne  foient  du  mcme  genre  en  les  confiderant  les  unes  &  les  autres  par 
rapport  a  leurs  Ik'urs  &  a  leurs  fruits.  Les  plantes  dont  la  defcription  va 
Auvre  ,  ont  des  ficurs  &  dis  graines  arrangees  difteremment ,  &  mcme  dit- 
ferentes. 

Fucus  arborcus  ,  polychidis  ,  cau.'i  piano,   &  'tortuofo. 

Lc  fucus arbortus ,  polychides ,  edulis  C  B.  pin.  5  6^  ,  dont-parle  Rai ,  hij}.  pag. 
7j  ,  me  paroit  une  efpece  diftcrente  dc  celui-ci.  L'autte  a  la  tige  ronde  , 
grolFe  comme  le  doigt ,  au  lieu  que  celledu  notre  eft  plate  ,  tournceen  fpi- 
rale  ,  &  celfemble  en  quelque  facon  a  une  colonne  torfe  :  c'eft  une  des  plus 
grandes  plantes  de  la  merj  on  en  voit  communcment  qui  ont  9  ou  10  pieds 
de  long  ,    &:  j'en  ai  rencontre  quelqnefois  qui  en  avoient  plus  de  14  ou  15. 

Il  ne  croit  point  dans  les  endroits  que  la  mer  lailTe  a  decouvert  pendant 
(on  rcHux.  Pour  avoir  ce  fucus  ,  il  faut  ou  le  faire  pecher ,  ou  attendre  qu'il 
foit  apportc  fur  la  cote,  ce  qui  arrive  frcquemment  aprcs  les  grands  vents 
de  met  j  on  en  trouve  alors  quantitc,  &  de  fi  entiers,  qu'il  eft  aife  de 
voir  de  quelle  manierc  ils  font  attaches  aux  pierres  :  ce  n'eft  point  par  le 
moyeu  d'une  feule  racine  ou  d'un  pied  plat  par-delfous  comme  s'attachenc 
les  autres  planres  dont  nous  avons  fait  mention.  Celle-ci,  au  lieu  de  cette 
efpece  de  racine,  a  un  grand  nombre  de  petits  crochets  ccc  [PI.  XIX , 
Fig.  I)  qui  la  tiennent  fixee  fur  les  pierres.  Ces  petits  crochets  ont  quel- 
que rellcmblance  avec  les  tenons  de  l.i  vigne  j  quelquefois  ils  ont  chacun 
cjuatre  ou  cinq  ligiies  de  long,  fouvent  lis  en  ont  moms;  ils  font  ronds  ,  & 
ont  tantet  une  ligne  ,  tantot  une  demi-ligne  de  diametre  ;  teut  recourbement 
ne  leur  fert  pas  pour  embraffer  la  pierre  &  la  faifir;  leur  extrcmitc  y  eft 
•.police,  auffi  a-t-elle  un  peu  plus  de  diametre  que  le  refte. 

Tous  ces  petits  crochets  partsnc  du  dellous  d'une  grolFe  tubctolite  TT, 

Tomt  III,  Purtii  Frdn^oift,  P  j 


48i  COLLECTION 

■  femblable  A  celle  des  racines  tubereufes.  Cette  tuberofite  n'a  guere  de  fi- 

AcAD.  RoYALE  g"f^  '^i^"  decerminee;  fon  contour  approche  de  la  figure  ronde,  il  y  a 

DES  Sciences     delTus    diveifes   incgalites  ,   fa  furface  fuperieure  eft   toujours    convex», 

DE  Paris.       mais  fa  furface  inferieure  eft  ordiiiairement  plate  &  quelquefois  concave 

Annii   171 1.     dans  les  planres  de  y  a  10  piedsdelong;  fon  diametre  horizontal  TT  ,  eft 

de  4  a  5    pouces;  fon  diametre  vertical  eft  plus  petit. 

Ce  n'eft  au  refte  qu'exterieurement  que  cette  tuberofite  reffemble  a  celle 
des  racines  tubereufes  des  plantes  terreftres  j  interieurement  elle  en  eft  fore 
differente,  car  elle  eft  vuide.  Sa  vraie  epailfeur ,  ou  lepailfeur  de  fes  parois 
n'eft  que  d'une  ligne  ou  peu  davantage  dans  les  endroits  oii  les  parois  font  les 
plus  cpaiires. 

Sur  la  partie  fuperieure  de  cette  tuberofite  ,  eft  I'origine  B  de  la  tige  de  la 
plante  :  cette  tige  eft  plate,  elle  a  environ  une  ligne  &:  demie  d'epailfeurSc 
un  pouce  &  demi  de  largeur ;  elle  a  quelquefois  un  pied  de  longueur,  Sc 
meme  quelques  pouces  de  plus.  Un  peu  au-delTus  de  fon  origine  elle  eft 
tournce  pour  I'ordinaire  deux  ou  trois  fois  fur  elle-meme  en  fpirale  S  ,  ce 
qui  lui  donne  quelque  air  d'une  colonne  torfe.  Sss  bords  font  quelquefois 
un  peuondes  &  denteles.  Au  refte,  lalargeur  de  cette  tige  eft  par- tout  a-peu- 
pres  la  meme  jufqu'a  fon  extrcmite  A  A  ,  ou  jufqu'a  I'endroit  oil  en  s'elargif- 
fant  &  devenant  plus  mince,  elle  ne  femble  s'etendre  que  pour  former  la 
feuille.  Le  bas  de  cetre  feuille  eft  arrondi  a  I'endroit  ou  elle  touche  le  pe- 
dicule  ,  &  elle  en  a  bien  cinq  a  fix,  a  trois  ou  quatre  pouces  de  la  D  D.  En  etc 
endroit  la  feuille  fe  divife  en  huit  ou  dix  autres  feuilles  plus  petites ,  dont  on 
en  voit  quelques-unes  fe  fubdivifer  en  deux.  Ces  diff'crentes  divifions  don- 
nenc  a  la  plante  une   figure  allez  femblable  a  celle   d'une  longue   bande 
de  peau  dccoupce  depuis  un  de  fes  bouts  jufques  prcs  de  I'antre ,  &  c'eft 
pour  cela  que  fur  les  cotes  on  nomme  ces  fortes  de  plantes  des  courroies. 
Chacune  des   portions   dans   lefquelles  la  feuille  eft  divifee  ,  augmente  en 
largeur  depuis  fon  origine  jufqu'a  un  pied  cu  deux  de  diftance  !■  F  F  ,  apres 
quoi  elles  deviennent  de  plus  en  plus  ecroites  jufqu'a  leur  extrcmite  EE  E 
qui  eft  faite  en  pointe  tres-aigue  :  ils  font  bicn  moins  ppais  que  la  tige  :  leur 
couleur  eft  d'un  verd  moins  brun  ,  ou  d'un  verd  plus  approchant  de  celui  des 
plantes  terreftres.  On  ne  diftingue  ni  nervures  ni  fibres,  foit  fur  la  racine, 
foit  fur  la  tige  ,  foit  fur  la  feuille  de  cette  plante.  J'ai  trouve  fur  quanrite  de 
ces  plantes  des  fleurs  compofees  de  filets  tels  que  je  les  ai  decrites  ci-delFus, 
a  I'occafion  du  fucus  major  deniata  Raii,  Les  filets  dont  elles  font  formees 
font  courts  ,  ils  ont  au  plus  une  demi-ligne  de  longueur ,  auffi  ne  lont-ils  pas 
fenfibles,  d  moins  qu'on  ne  regarde  la  plante  de  pres;  neanmoins  ce  qui 
emptche  qu'on  ne  les  diftingue  aifemefit,  n'eft  pas  rant  leur  petitefte,  que ' 
kur  couleur  fort  approchante  de  celle  des  feuilles.  Les  plantes  de  cette  ef- 
pece  fur  lefquelles  j'ai  rencontre  des  fieurs,  en  etoient  toutes  couvertes,  je 
veux  dire  que  les  feuilles  etoient  a  peine  eloignees  d'une  ligne  les  unes  des- 
autres  ,  comme  on  peut  le  voir  dans  le  morceau  de  branche  L  G  qui  eft  reprc- 
fente  apeu-pres  dans  fa  largeur  naiurelle. 

Avec  quelque  foin  que  j'aie  examine  ces  fucus,  je  ne  leur  ai  trouve  ni 
femences,  ni  capfules  de  femences  :  c'eft  dans  le  mois  de  juillet  que  je  les- 
ai  obferves  j  apparemment  que  ce  n'etoic  pas  la  faifon  favorable  pour  leurs 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  45; 

graines ;  d'.iilleurs  nous  ne  voyons  de  ccs  plantes  que  celles  que  la  mer  rciecte  — '  ,,.^1,.. > 

fur  fes  bords,  &  I'on  ne  peur  cuere  efpcrer  d'en  rencoiurer  les  craines  audi  ^  n 

tacilement  que  fuc  celles  que  nous  trouvons  fur  pied,  toutes  les  fois  que  la  de.  Sciences 
mer  fe  recire.  ce  1'aris. 

Fucus  in  llgulas  tongas ,  angujlas,  &  fub  rotundas  divifus.  Annee  1 7 1 1 . 

La  mer  couvre  toujours  les  endroits  011  croit  ce  fucus  ,  du  moins  ne  Tai-je 
trouve  que  fur  le  rivage  mcle  avec  les  autres  plantes  que  le  Hux  y  apporte  : 
je  ne  I'ai  meme  jamais  rrouve  entier  ,  il  n'cft  compofe  que  d'une  feule  efpece 
de  parties  ,  je  veux  dire  que'  pour  feuilles  ,  pour  tige  ,  pour  branches ,  il  a  des 
efpeces  de  longs  cordons  plus  larges  qu'cpais ,  leur  contour  eft  un  ovale  done 
le  grand  diametre  D  D(  Fig.  II.  )  a  environ  deux  lignes ,  &  le  petit  diametre 
B  B  un  peu  plus  d'une  ligne.  J'ai  rencontre  frequemment  de  ces  branthcs  , 
ou  de  ces  cordons  qui  avoient  plus  de  deux  pieds  &  demi  de  longueur,  ils 
n'etoient  cependant  qu'une  partie  de  la  plante.  Chaque  plante  fe  divife  plu- 
(ieurs  fois  en  deux  A  E  E  ,  les  divifions  font  au  moins  eloignees  de  fix  a  fept 
pouces  lesunes  des  autres. 

Ce  feroit  le  confondre  que  de  le  prendre  pour  \e  fucus  angufli follus  iigulas 
firms  C.  B.  Pin.  364.  ou  \q  fucus  marinus,  Dod.  Pempt.  479.  Dodonee 
avertit  que  le  fien  a  les  tiges  plates ,  les  tiges  de  celui-ci  lont  arrondies.  II  y 
a  encore  une  difference  plus  marquee  entre  cette  plante  &  h  fucus  chordam 
refirens,  teres  ,  pralongus.  Raii  fynop.  6.  &  Raii  hift.  75.  Ce  dernier  n'a  point 
de  branches  ;  fa  tige  eft  creufe  ,  pattagee  par  diverfes  doifons ,  au  lieu  que  II 
tige  du  notre  eft  folide  ,  du  moins  n'eft-elie  remplie  que  d'une  matiere  vif- 
qiieufe  affez  femblable  a  celle  qui  remplit  les  exticmites  des  feuilles  du  fucus 
ma/or  dcntata  Raii,  dans  le  terns  que  fes  Heurs  font  tombees  ou  prctes  i 
tomber. 

Il  ne  paroit  ni  nervures  ,  ni  fibres  fur  la  furface  exterieure  des  branches  de 
cette  plante,  leur  tiffu  exterieur  eft  ferre,  mais  il  renferme,  comme  nous 
venons  de  le  dire  ,  une  fubftance  gluante  qui  eft  d'un  vcrd  blanchatre,  au 
lieu  que  la  couleur  de  la  furface  exterieure  e(t  d'un  verd  d'olive  fonce. 

Ce  fucus  porte  des  fleurs ///"compofees  dune  infinite  de  filets  delics , 
comme  les  fucus  dont  nous  avons  deja  parlc.  Les  filets  qui  forment  une 
meme  tleur,  partenc  audi  tous  d'un  memo  trou  qui  leur  fere  de  calice  , 
comme  on  le  peut  voir  diftincflement  dans  la  figure  F.  G.  H.  deffinee  a  li 
loupe.  Lorfquils  font  difpofes  en  rond  a  la  maniere  des  demi-fieurons  des 
fleurs  radices  F ,  la  fleur  qu'ils  compofent  n'a  quelquefois  qu'une  demi- 
ligne  ou  trois  quarts  de  ligne  au  plus  de  diametre,  d'ou  il  paroit  que  les 
filets  f."int  courts ;  mais  ce  qui  fait  qu'on  ne  les  diftingue  pas  fans  attention  , 
non  plus  que  ceux  de  la  plante  precedente  ,  c'eft  qu'ils  font  verds. 

Au  refte  cts  fleurs,  comme  celles  des  plantes  prccedentes  ,  viennent  fur 
toute  I'aendue  de  la  feuille.  Quelquefois  Slles  font  fi  proches  ,  que  les  bouts 
des  filets  de  I'une  touchent  les  bouts  des  filets  de  diverfes  autres.  Souvenc 
audi  ces  amas  de  fleurs  font  eloignes  d'une  ligne  ou  deux  des  autres  amas  de 
fleurs   feniblables. 

Ce  qu'il  y  a  de  particulier  a  cette  plante  ,  c'eft  que  toutes  les  fleurs  ,  on  au 
moins  prefque  toutes  les  fleurs  donnenc  des  graines ,  je  veux  dire  qu'on  en 


Annie 


1711. 


4S4  COLLECTION 

'  trouve  egalement  fouslesfleurslesplnseloigneesdesextremites,  &  fouscellej 

yVcAD  RoYAXE  'l'^'  ^"^o"t  lesplusproches;d'ailleursles  endroits  oiielies  viennent  nefegon- 

DES  ScitNCES     fls"t  point;  aufli  avons  nous  fait  temarquet  que  cette  piante  a  pat-tout  une 

Dj  Paris.       fubftance  vifqueufe  ,  femblable  a  celle  qu'on  ne  trouve  que  dans  les  extte- 

mites  gonflees  da  fucus  major  dentata  Rail  &  A&s  fucus  iemblables  ,  elle  a 

pat  cpnfequent  par-tout  de  quoi  noutfirles  femences.  Lorfque  les  dcursfont 

tombees ,  on  appergoit  fut  la  furface  de  la  planie  une  infinite  de  petits  trous 

ronds  000  ,  c'eft  d'un  de  ces  trous  que  fortoient  les  filets  qui  fotmoient  une 

fleur.  Au-dslFous  de  chaque  trou  il  y  a  un  petit  cotps  iphetique  I  qui  eft  la 

capfule  danslaquelle  lesgtaines  font  tenfermees  :  fi  on  divifeen  deux  le  trou 

oii  eft  I'emboachure  de  la  capfule  ,  &  la  capfule  elle-meme  G  ,  on  appergoir 

quantite  de  grains  ronds  un  pen  ovales ,  attacbes  contte  les  patois  de  cetrs 

capfule  ,  ils  font  fenfibles  a  la  vue  limple  ,  mais  la  loupe  n'eft  pas  inutile  lorf- 

qii'on  les  veut  voir  fort  diftinttement.  On  les  a  reprefente  en  S. 

Fucus  mantlmus  nndofus.  C.  B.  Pin.  5(35.  Ra'ii  Uijl.  -jo.fucus  marlnus  veji' 
cuUs  majoribus  per  intervalla  dij'pojitis.  Mor.Hijl.  Oxon.  part,  5  ,fici.  15  , 
tab.  i  ,fig.  2  ,  fucus  marinus  tertius  Dod.  Pempt.  480. 

NoHs  avons  faitgraver  ce  fucus  {PL  XVIU,  Fig.  ///)d'autant  plus  volon- 
riers,  qu'il n'eft  guere  connoilTable  dans  les  figures  011  il  eft  reprefente.  Celle 
de  Dodonee,  un  peu  plus  palTable  que  celle  de  Morillon,  eft  neanmoins  ttes- 
mauvaifejon  pourtoit  le  nommer  en  frant^o'isfucus  a  grojfes  vejjies pkims  d'air 
le  long  des  tiges  ,  il  eft  attache  aux  pierres  par  un  pied  ou  par  une  efpece  de  ra- 
cine  RR  [Pi.  XVlll,  Fig.  HI.)  femblable  a  celle  Anfucus  major  dentata  Raci. 
De  cette  racitie  partenttroisou  quatre  titles differentesTTT.  Chaque  tige  fe 
divife  en  deux  branches  quatre  a  cinq  difterenres  fois  ]  leur  longueur  eft  com- 
maneiTsent  de  fix  pieds  plus  ou  nioins  :  comme  elles  font  fi  flexibles  qu'elles 
ne  fijaufoient  fe  foutenit ,  lorfque  la  mer  les  abandonne ,  elles  reftenc 
couchees  de  leur  long,  ayant  lent  racine  vers  la  mer ,  Sc  leur  pointe  vers 
la  cote.  Nous  en  avons  explique  la  rnifon  ailleurs. 

Ces  tiges  font  faites  a-peupres  comme  certains  lacets  plats  dont  les  Dames 
fe  fetventj  leur  largeur  n'ell  pourtant  pas  egale  par-tout,  elles  font  pluS' 
etroites  qu'ailleurs  a  quelques  pouces  de  leur  oiigine  Si  a  quelques  pouces 
de  leurs  extremites  ;  a  cela  pres.  leur  largeur  eft  prefque  par-tout  la  meme  , 
c'eft-a-dire  d'environ  quatre  a  cinq  lipnes ;  leur  epaiffeur  en  a  un  peu  moins 
d'une.  Quand  nous  determinons  ainfi  la  figure,  la  largeur  &c  repailleur  de 
ces  tiges  ,  nous  ne  les  confiderons  pas  dans  les  endroits  oil  fe  rencontrent  les 
groftes  veffies  pleines  d'air,  ou  ces  efpeces  de  noeuds  qui  ont  fait  donner  a 
ce  fucus  Tepithete  de  nodofus. 

C'eft  de  la  tige  elle-mcme  que  font  formees  ces  veflies,  ce  fontfes  parois 
^cartees  Tune  de  I'autre  qui  les  cempofent,  &  entre  lefquelles  lair  eft  ren^ 
ferme.  La  figure  de  chaque  vellie  V  V  V  ,  &c.  eft  celle  d'un  fpheroi'de  ellip- 
rique,  ou  en  langage  plus  connu,  celle  d'une  boi  le  allongee.  Leur  grand 
diametre  eft  dans  le  meme  fens  que  la  longueur  de  la  tige,  il  a  quelquefois- 
plus  d'un  pouce  &  demi  de  long.  Le  petit  diametre  qui  fe  troave  fur  la; 
largeur  ou  fur  I'epaifleur  de  Ja  tige;  a  fouvent  plus  de  huit  oil  neuf  lignesj 


» 


A  C  A  D  ]fe  M  1  Q  U  E.  48$ 

elles  font  diftribuees  d'une  maniere  affez  irreguUere  le  long  dcs  tiecs,  ie  ___.^___^_ 

veux  dire  que  tantot  on  en  troave  de  fort  procliesles  lines  desautres,  &  tan-  ~. ~ 

tot  fort  eloignees.  Acad.Royaie 

I  Aux  deux  cotes  des  tiges  font  attachces  des  feuillcs ,  elles  ne  commen-  '^H  Par'^"* 
cent  guere  a  paroitre  qu'd  un  pied  au-dc(Tus  de  i'origine  des  tiges.  Quel- 
quefois  il  ne  fort  qu'iine  feuille  ,  fouvent  il  en  fort  deux  ou  trois  de  la  mime  -""""  '7'  »• 
aillellej  tantot  elles  font  rangees  par  paires ,  c'eft-a-dire  qu'il  y  ad'uncote 
deux  ou  trois  feuilles  vis  avis  deux  ou  trois  aucres  feuilles  qui  font  da 
cote  oppofe;  tantot  elles  font  rangees  akernativcment.  La  maniere  dont 
elles  font  diftribuees ,  n'a  rien  de  conft.int  fur  cet  article  ,  ni  fur  leurs  dif- 
tances  refpedives  qui  vatient  entre  un  peu  plus  &  un  peu  moins  d  un 
pouce, 

Les  feuilles  font  attachces  a  la  tige  par  un  petit  pedicule  rond  qui  a  a 
peine  un  quart  de  ligne  de  longueur,  &  moins  encore  de  diametre.  Il 
n'efl  gaere  fenfitle  que  lorfque  la  feuille  eft  arrachce  :  au  bout  de  ce  court 
pedicule  eft  la  feuille  ;  c'eft  le  pedicule  lui-meme  quis'elargit  en  quclque 
fa^on  pout  la  former  :  la  figure  ,  la  grandeur  &  Icpailleur  de  toutes  les 
feuilles  ne  font  pas  les  memes  :  quelques-unes  L  L  L  ,  &c.  font  longuettes , 
feulement  un  peu  artondies  par  le  bout ,  &  moins  epailfes  que  la  tiee 
n'ayant  pas  plus  d'une  demi-ligne  d'epailTeur ,  une  ligne  de  laroeur  & 
quatre  a  cinq  de  longueur.  Au  rcfte  on  ne  voir  fur  leur  fubftnnce  ni  ner- 
vures  ,  ni  fibres ,  non  plus  que  fur  celle  des  tiges  :  les  autres  feuilles 
FFF  ,  &:c.  font  beaucoup  plus  grandes ,  elles  ont  quelquefois  huit  a  neuf 
lignes  de  long,  leur  contour  eft  ovate,  au  moins  vers  leur  excremitc  , 
car  vers  leur  origine  elles  font  plus  pointues  :  leur  epailftur  devient  audi 
beaucoup  plus  grande  que  celle  de  la  tige :  en  un  mot  elles  ont  quelque 
air  d'une  boule  ou  d'un  cEuf,  a  cela  pres  qu'elles  font  pointues  a  I'endroic- 
oil  elles  s'attachent  a  la  tige. 

Au  refte  ce  qui  fait  que  ces  dernieres  feuilles  font  plus  grandes  oc  plus 
grolTes  que  les  premieres  dont  nous  avons  parle  ,  c'eft  qu'elles  devienoenc 
des  goulfes  qui  renferment  les  femences  :  elles  font  neanmoims  de  meme 
efpece,  &  avoient  autrefois  la  mCme  figure  que  les  autres  j  c'eft  de  quoi 
il  eft  aife  de  fe  convaincre  lorfqu'on  confidere  que  I'on  trouve  des  feuilles- 
de  toutes  les  figures  moyennes  qui  font  entre  les  plus  plates  &  les  plus 
ctroites  ,  &  cellis  qui  font  les  plus  gonflees  &  les  plus  lances. 

Ce  ne  font  que  les  plus  groftes  &  les  plus  longues  qui  contiennent  des 
graines  :  les  graines  font  renfermees  dans  des  capfules  parfaitement  fem- 
blables  a  toutes  celles  que  nous  avons  decrites  a  I'occafion  des  fucus  prc- 
cedens.  Je  n'ai  point  rencontre  de  fleurs  fur  ces  plantes  ;  il  y  a  lieude  croire 
que  c'eft  que  je  ne  les  ai  pas  obfervees  dans  un  terns  favorable  ,  &  que 
leurs  fleurs  font  compofees  de  filets  difpofes  comme  ceux  de  ces  autres 
fucus  ;  car  j'ai  obferve  fur  toutes  les  feuilles  gonflees ,  de  petits  trous  fem- 
blables  a  ceux  qui  dans  les  autres  plantes  marines  fervent  de  calices  aux 
fleurs.  Quoique  les  feuilles  qui  contiennent  les  capfules  des  graines  fegun- 
flent  ,  toutes  celles  qui  fe  gonflent  ne  contiennent  pas  des  capfules :  je  n'eii 
ai  meme  vu  que  trespeu  qui  en  euffent.  Les  fleurs  qui  eroient  venues  fur 
le»  autres ,  avoient  apparemmenc  etc  infecondes  j  car ,  comme  |e  le  viens> 


COLLECTION 


==;r=  de  dire  ,  il  rlevoit  y  cere  venu  des  fleurs ,  piiifqu'on  voyoit  feulemem  fiit 

AcAD.RoYALE  les  feullles  gonflees ,  les  trous  qui  leur  fervent  de  calice.  Les  feuilles  qui 

DES  Sciences     fegonilent  ,  on  qui  devicnnent  propres  d  fervir  de  eoiifTes  aux  praiiies 

lone  en  plus  grande  quantite  du  cote  du  bout  des  tiges ,  que  vers  leur 
jinnic  J  71 1,  origine  :  neaninoins  vers  les  bouts  des  tiges,  il  y  a  fouvent  un  grand 
nombre  de  petites  feuilles  ,  &  fouvent  la  paire  de  feuilles  qui  repond  a 
une  paire  de  feuilles  grandes  ,  grolfes  &  gonflees  ,  eft  compofee  des  feuil- 
les plates  &  etroites.  Souvent  aulfi  dans  le  meme  paquetil  ya  des  feuilles 
gonflees,  &  d'autres  qui  ne  le  font  pas.  Cetce  plante  croit  aupres  de  la 
Rochelle  ,  un  peu  audeffus  de  la  digue  :  elle  y  vient  en  beaucoup  plus 
grande  quantite  que  les  autres  fucus ,  &  on  ne  la  trouve  guere  fur  les 
autres  cotes  voilines. 

Fucus  folio  Jingulari  long'JJlmo  ,  lato  ,  in  medio  rugofo.  Raii.  Synop.  6.  & 

Rail,  Hift.  75, 

Ce  fucus  eft  appelle  fur  les  cotes ,  le  haudricr  ;  il  eft  attache  aux  pier- 
res  pat  vingt  ou  trente  petites  racines  ,  ou  plutot  par  vingt  ou  trente  te- 
nons ou  crochets  C  CC,  &c.(P/.  XX  Fig.  I)  ,  tels  que  ceux  dn  fucus 
noiofus.  Tous  ces  crochets  naiiTent  des  divifions  de  trois  ou  quatre  peti- 
tes tiges  ou  racines  principales  TTT  ;  chacune  de  ces  racines  a.depuis 
fon  origne  jufqu'a  rextrcmite  qui  eft  attachee  aux  pierres  ,  environ  un  pou- 
■ce  ,ou  un  pouce  &:  demi  de  long.  Au-delTus  de  leurs  divifions,  ou  dans 
tendroit  ou  elles  font  les  plus  grolTes  ,  eiies  ont  une  ligne  de  diametre: 
leur  circonference  eft  ronde  ,  routes  enfemble  elles  foutiennent  un  pedi- 
cule  I'  qui  eft  rond  audi. 

Dans  les  plantes  de  grandeur  commune,  c'eft-a  dire  ,  dans  les  plantes 
longu.s  de  8  ou  9  pieds  ;  ce  pedicule  a  environ  1  lignes  de  diametre  ,  ic 
plus  d'un  demi-pied  de  longueur  ;  fa  grolfeur  eft  par-tout  egale  ,  jufqu'i 
rendroit  ou  il  devient  plat  j  la  il  eft  attache  a  une  feuille  F  qui  eft  la  feule 
de  la  plante  :  cette  feuille  n'eft  point  divifee  comme  toutes  celles  que 
nous  avons  dc'crites  jufqu'ici  :  aupres  du  pedicule  auquel  elle  eft  attachee  , 
elle  eft  arrondie  ,  &  un  peu  plus  etroite  de  quelques  pouces  audeffus,  oii 
elle  a  environ  un  demi  pied  de  largeur;  largeur  qu'elle  conferve  jufqu'aux 
deux  tiers  de  fa  longueur  oii  elle  commence  a  devenir  plus  etroite;  dela 
elk  va  toujours  en  s'eireciffant  jufqu'a  fon  extremiteou  elle  fe  termine  en 
poinre. 

Pres  de  fes  bords  fouvent  elle  eft  d'une  tiffu  afTez  lifTe  ,  affez  poli ; 
mais  le  refte  eft  rempli  de  rugofites ,  de  finuofites  qui  ,  quoique  de  figu- 
res irregulieres  ,  &  difpofees  irregulieremenr  ,  femblent  affedcr  un  ordre 
precifement  au  milieu;  les  rtigofites  forment  une  efpece  de  bande  qui  fe 
diftingue  des  deux  bandes  qui  font  aux  cotes  de  celle-ci ,  &  cela  parce  que 
les  tubercules  qui  la  formenr,  ont  leur  longueur  parallele  a  la  largeur  de 
la  plante  ,  &  que  les  tubercules  qui  forment  les  bandes  des  cotes  ,  paroif- 
fenr  avoir  leur  longueur  parallele  a  la  longueur  de  la  plante.  On  trouve 
qnelques-unes  de  ces  plantes  dont  le  contour  de  la  feuille  eft  Icgerement 
decoupe  ou  crenele^  d'autres  ou  ce  meme  contour  n'eft  point  decoupe. 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  4S7 

Biais  il  eft  frife  :  enfin  on  en  voit  d'.iutres  qui  ne  lone  ni  ilccoupc  ni  frifc 

mais  fealeinciit  beaucoup  plus  uni  &  plus  mince  que  le  relte  de  l.i  teuiile.    '  =^== 

Quniqut   j'-iie  rencontre  une  grande  quantirc  de  CCS  pljntes    je  n'ai  ia     Acad.Royale 
mais   vu  quunc   teu.lle  fur  ch.ique  pcdicule  .   &  qu'un   pcdicule  a  chaque     Tn^pf^Tf 
plunte;  d  on  il  femble  que  ces(unes  de  plantes  ne  confiltent  qu'cn  une 
feule  teuille.  J'ai  vu   ncanmoins  quelquefois  des  touft'es  qui  concenoienc    '^""'^  '''"• 
plus  de  dix  feuilles,  &  de  dix  pedicules;  mais  il  ctoit  aife  d'appercevoir 
que  ces  touffes  ctoicnc  formees  des  racin^-s  de  diverfes  plantes  entrelacces 
Ics  unes  dans  les  autres  :  Ics  tenons  des  pcJicules  ,  quoique  palFes  les  uns 
encre  les  autres  ,  n'avoient  rien  de  commun. 

Cetce  plante  porte  des  fleurs  compofecs  de  filets  difpofcs  comme  ceux 
des  plantes  precedences;  je  ne  lui  ai  pourtant  jamais  vu  une  au/li  orande 
quantite  de  Hears  qu'a  celles  done  j'ai  p.irle  ci-devant  ;  a  peine  cliaque 
feuiUe  en  avoicelle  dix  a  douze.  Je  ne  fais  li  h  place  ou  je  les  ai  apper- 
§ues  ,  €ft  celle  ou  elles  viennent  conftamment ,  je  les  ai  toujours  trouvees 
dans  rendroit  1 1 1  od  la  feuille  commence  a  sctrecir  ,  &  plus  proche  des 
kords  que  du  milieu. 

Les  filets  qui  compofent  lesHeurs  font  de  mcrne  couleur  que  la  planre 
c'eft-d-dire  ,  d'un  verd  tirant  fur  la  couleur  d'olive ;  ils  font  beaucoup 
plus  grands  que  tousceux  done  j'ai  parle  •  ils  ont  fouvent  plus  de  z  licnes 
de  force  qu'etant  difpofes  a  la  maniere  des  demi-fieurons  des  tieurs  ra- 
dices, ou  des  feuiUes  do  Meurs  en  rofes  ,  ils  forment  une  Hear  qui  a  4  a  c 
lignes  de  diametre.  Je  n'ai  point  trouvc  de  graines  a  ces  plantes  ,  anparem- 
ment  pacce  que  je  ne  les  ai  pas  examinees  dans  une  faifon  favorable  ■  on 
parce  que  la  mer  n'avoic  point  apportc  a  la  cote  de  celles  done  les  rra'ines- 
pouvoient  etre  fenfibles  ,  car  cette  plance  ne  croic  pas  dans  les  endro'its 
que  la  met  a  lailles  a  decouvert  pendanc  fon  reflux.  • 

Fucus  foliis  ericcE,  Rail  Hijl.  75  ,  erica  marina  quibufdam.  J.  B, 


J-  7i'"9- 


Je  ne  fais  fi  on  ne  ponrroit  point  dlftinguer  denx  efpeces  de  cette  plants 
qui  ne  different  que  par  la  grandeur,  a  moins  que  la  difference  du  terrem 
ou  elles  nailTenc,  ne  foit  la  caufe  de  cette  diverfite.  Celles  qu'on  trouve 
fur  pied  au  bord  de  la  cote  ;  n'ont  que  i  j  ou  1 4  pouces  de  lonaiieur  •  & 
celles  que  la  mer  jette  fur  le  rivage  ,  onr  quelquefois  plus  de  3  f  4  pie'ds 
A  ea  juger  par  la  defcnption  ,  &  par  la  figure  d'Imperati  ,  on  prendroic 
les  grandes  pour  \abus  manna  Tluophrajli.  Imperaci  I'a  ddcrite  fous  \i 
nom  de  gon^^o'ara-^  cependant.  a  la  grandeur  pres,  celles  que  la  mer 
apporte  ,  &  celles  qui  croilTenc  fur  les  bords ,  font  parfaitemenc  fembla- 
bles. 

Les  unes  &  les  autres  font  compofees  d'une  infinite  de  branches  :  nous- 
avons  fait  reprefenter  une  branche  des  petices  ,  &  une  partie  de  la  mcme 
branche  yue  au  microfcope  [Pi.  XX  fig.  II).  Les  grandes  one  quelque-- 
fois  des  tiges  grolfes  comme  le  petit  doigt  d'une  fubrtance  qui  par  fa  con- 
fiftance  &  fa  diircte  paroit  lijneufe ;  cependant  on  n'y  dccouvre  aucunej- 
fibres;  elles  font  rondes,  m.iis  raboteafes.  De  ces  tiges  part  un  nombre- 
pcodigieux  de  brandies  i!'  ^ /> ,  &C.  Chaque   branche  jctte  divers  rameaux  ; 


4SS  CO  L  L  E  C  T  I  0  N 

■       ' '  les  branches  principales  font  rondes  /,  leurs  rameaux  font  plats;  chacun 
Acad.  Roy  ALE  <^es  rameaux  temble  en  fournic  d'autres  plus  petits  qui  font  comme  les 

DES  Sciences    feuilles  de  la  plante. 
DE  Paris.  D'efpace  en  efpace  on  voit  des  efpeces  de  noeuds ,  ou  plutot  des  veflies 

Annii  17  ii.  1"'  "s  font  que  les  petites  tiges  ou  les  branches  gonfleesjen  ces  endroits 
elles  ont  la  figure  d'une  boule  allongee  ,  ce  font  des  efpeces  de  gouffes 
qui  fouvenr  contiennent  les  capfules  ou  les  graines  font  renfermees.  Ces 
capfules  font  partairenient  femblables  a  celles  dans  lefquelles  font  conte- 
nues  les  graines  de  divers  y^cai  dont  nous  avons  deja  parle  ;  ainfi  il  feroic 
egalement  inutile  de  les  decrire,  &  d'en  donner  une  figure  particuliere , 
il  furtit  que  Ton  voie  dans  une  branche  reprefenree  ,  vue  a  la  loupe  B , 
les  rebords  des  cous  des  capfules  V  V,  &c.  ;  ils  paroilTent  fur  la  furface 
de  la  goude  ou  du  tubercule  dans  lequel  les  capfules  font  contenues.  ll 
y  a  ordinairement  dix  ou  douze  capfules  dans  chaque  goulfe  ,  de  forte  que 
de  quelque  cote  qu'on  regarde  la  goulfe  ,  on  voit  les  rebords  des  cous  de 
cinq  ou  fix  capfules :  quoiqu'elles  foient  arrangces  d'une  maniere  alfez  irre- 
guliete  dans  la  goulfe  ,  elles  fe  trouvent  ordinairement  plus  proclie  de  fon 
extrhnite  fupeneure  que  de  I'inferieure  \  elles  font  toujours  attachees  aux 
parois  de  chaque  capfule  ,  comme  les  capfules  le  forit  a  celui  des  goulfes  \ 
ces  fcmences  font  rondes  ,  il  y  en  a  grand  nombre  dans  chaque  capfule. 

Quelquefois  les  goulles  ou  vellies  qui  contiennent  les  capfules,  fonc 
pofees  immediatement  les  unes  fur  les  autres  ,  comme  les  grains  d'un  cha- 
pelet;  quelquefois  il  y  a  beaucoup  d'lntervalle  entr'elks,  certaines  bran- 
ches en  font  remplies  ,  d'autres  en  ont  pen  ,  d'autres  point  du  tont  C.  On 
trouve  quelquefois  de  ces  gouffes  vuides,  comme  le  font  les  veflies  du 
fucus  nodnfus ;  mais  fur  ces  memes  goulfes  on  voit  divers  petits  points 
qui  marquent  les  endroits  ou  ont  ete  les  capfules  qui  font  fans  doute  pe- 
ries  ,  peut-etre  apres  avoir  jetie  leurs  graines.  Au  refte  je  n'ai  point  trouve 
les  fleurs  de  ces  plantes  ,  peut-^tre  parce  que  je  ne  les  ai  pas  examinees 
dans  des  tems  favorables  :  il  faut  le  fecours  de  la  loupe  pour  decouvrir 
les  rebords  des  capfules  des  graines  dans  les  petites  plantes,  mais  les  yeux 
feuls  les  apper9oivent  diftindement  dans  les  grandes. 

Jufqu'ici  nous  avons  parle  des  plantes  marines  dont  les  fleurs,  ou  les 
femences ,  ou  du  moins  les  capfules  dans  lefquelles  les  femences  fonc 
renfermees,  font  fenfibles  fans  le  fecours  du  microfcope.  Nous  allons 
parler  maintenanc  de  celles  dont  les  graines  ne  peuvent  d'abord  ctre  ap- 
nercues  fans  la  loupe,  quoiqu'elles  paroiifent  fouvent  alfez  diftindtes  a  la 
vue  fimple ,  apres  qu'elles  ont  ete  decounertes  unefoisavec  la  loupe. 

Fucus  mcmbranauus  ,  acaulos  ,  angujlior  foliis  paltnce  inmodum  divijis ,  mar- 
g'mihus laciniatis  ,  &  vcluti crlfpis.MonSon,  Hift.  Oxon.  parr,  3.  fedl.  1 5  , 
tab.   S. 

Qq  fucus  e(l  attache  aux  pierres  par  une  efpece  de  pied  ou  de  racine  R 
(  P/.  XXI  Fig.  J)  dont  le  contour  eft  rond :  de  ce  pied  partent  quatre 
a  cinq  branches  ,  ou  fi  Ton  veut  quatre  a  cinq  feuilles  differentes  ;  car 
chacune  des  branches  psut  cere  prife  pour  une  feuille  profondcment  de- 

coupee. 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  4S9 

couple.  La  p.iitie  de  la  feuille  qui  lui  tient  lieu  de  pedicule  ,  qui  rattaclie  =:=^r^rrrT==; 
a  la  tacine  ,  a  environ  une  ligne  tk  deinie  de  largeur  ,  Sc  beaucoup  moins  Acad.  Roy  ale 
d'cpailleur.  Aux  deux  cotes  de  cc  pedicule,  a  9  ou  10  lignes  P  de  fon  ori-      uts  Sciences 
cine  ,  font  attachces  les  premieres  petitcs  feuilles  donr  rafTembLigc  forme      i>E  Paris. 
une  de  ces  feuilles  entieres  qui  eft  une  des  branches  de  la  plante  :  ce  pcdi-     Anncc  i-i  i, 
cule  prolonge  jufqu'a  rextrcmitc  de  la  branche  ,  c'eft-adire  ,  jufqu'd  une 
longueur  de  4  pouces ,  eft  en  quelque  forte  la  nervure  a  laquelle  font  atca- 
chees  d'efpace  en  efpace  des  parties  de  la  grande  feuille,  ou  d'aurres  peti- 
tes  feuilles.  Entre  ces  dernieres  feuilles,  celles  qui  font  les  plus  proches 
de  I'extremite  de  la  grande  ,  font  les  plus  petites  ;  celles  qui  en  font  tres- 
pres  ,  ont  a  peine  quelques  lignes  de  longueur ,  &  les  autres  ont  fouvenc 
pres  de  deux  pouces ;  enfuite  leur  grandeur  diminue  par  degres. 

Les  decoupures  qui  forment  ces  feuilles  ,  ou  ces  parties  de  la  grande 
feuille,  font  profondes ;  les  bouts  qu'elles  forment  font  tous  arrondis: 
fouvent  ces  bouts  ne  font  pas  places  dans  le  incme  plan  que  le  refte  de  la 
feuille,  ce  qui  donne  une  efpece  d'air  frife  a  fon  contour.  Chaque  petite 
feuille,  ou  mcme  chaque  partie  d'une  petite  feuille  vue  au  microfcope  B, 
eft  alfez  femblable  a  une  branche  entiere. 

Les  quatre  a  cinq  branches  qui  forment  la  plante  entiere,,  font  chacu- 
ne  jettees  de  cotes  ditfcrens.  Leurs  pcdicules  ont  quelque  folidite  ,  ils  les 
retiennent  dans  des  pofitions  contraires  a  celles  ou  le  reflux  de  la  mcr 
les  mettroit  :  d'ailleurs  comme  les  feuilles  font  tres  decpupees ,  &  qu'elles 
n'ont  pas  beaucoup  de  longu;ur  ,  le  mouvement  de  l'"i  trouve  moins  de 
prife  fur  ces  feuilles  ,  que  fur  celles  des  grands  fucus, 

Cette  plante  porte  fes  graines  aux  extrcmites  de  fes  feuilles;  elles  font 
renfermees  dans  la  fubftance  intcrieure  :  on  ne  peut  fans  la  loupe  diftin- 
guer  autre  chofe,  lorfque  les  graines  font  ainfi  renfermees,  qu'un  peu 
d'obfcurite  dans  les  endroirs  oil  elles  font  :  cette  obfcurite  paroit  caufee 
pat  un  alFemblage  de  divers  petits  corps  :  il  faut  pourtant  regarder  cette 
plante  vis-a-vis  un  grand  jour  pour  dcmelsr  ces  petits  corps  ;  mais  la  fur- 
face  interieure  de  la  plante  ne  paroit  pas  moins  unie  vis-a-vis  les  endroits 
oii  ils  font,  que  pat-tout  ailleurs  ,  je  veux  dire  qu'on  n'y  voir  ni  filets  , 
tels  que  ceux  des  fleursdes  autres/acai  ,  ni  aucunes  petites  parties  elevees  , 
relies  que  font  les  rebords  des  capfoles  des  graines  dont  nous  avons  parle. 
Si  neanmoins  on  ouvre  cette  plante  dans  I'endroit  obfcur  ,  &  qu'on  la 
regarde  alors  attentivement ,  les  yeux  feuls  y  decouvrent  de  petites  fe- 
mences ,  ou  au  moins  une  vingtaine  des  petits  grains  rougeatres  tres- 
ronds ,  &  alfez  durs.  Comme  les  extrcmites  E  E  des  feuilles  dans  lef- 
quelles  ils  font  contenus  font  molles,  il  eft  facile  d'ecrafer  ces  bouts  de 
feuilles  fur  I'ongle  :  on  diftingue  d'autant  plus  aifcment  ces  petits  erains  lorf- 
qu'on  les  debarralfe'de  la  matiere  qui  les  entoure  ,  que  leur  couleur  aide  a  les 
^ire  appercevoir;  ils  font  alfez  rouges.  A  la  loupe  on  ne  les  voir  pas  plus 
grands  qu'ils  font  reprefentes  dans  la  Fi^,  G  :  la  loupe  fait  neanmoins 
diftinguer  de  quelle  maniereils  font.arranges  dans  I'interieur  de  la  feuille, 
comme  on  peut  le  remarquer  dans  les  bouts  de  feuilles  EEE  dellincs  a  la 
loupe  ,  &:  cela  parce  que  la  feuille  a  quelque  tranfparence ;  mais,  doit-on 
legarder  ces  grains  comme  les  fcmcnces  de  la  pUnce ;  Malgre  leur  extreme 
Tomi  III ,  Panic  Francoijl,  Q  5 


490 


COLLECTION 


AcAD.ROYALE 

DEs  Sciences 
BE  Paris. 


Annie 


1711. 


petitetTe  ,  nefontils  point  les  capfules  memes  dans  lefquelles  les  femen- 
ces  font  contenues  ?  c'eft  de  quoi  nous  avons  lieu  de  douter ,  apres  ce 
que  nous  avons  vu  dans  fXad^uts  fucus. 

Il  y  a  un  autre  fucus  fort  femblable  dans  reflTentiei  a  celui-ci  :  il  me 
parole  neanmoins  une  efpece  difFerente ,  &  cela  parce  que  tous  les  bouts 
de  fes  feuilles  ont  une  figure  cylindrique;  ils  font  longs  d'une  ligne ,  ou 
d'une  ligne  &c  demie  ,  places  dans  differens  plans ;  mais  ils  font  beaucoup 
plus  proches  les  uns  des  aucres  que  les  bouts  du  fucus  precedent.  Dans 
tout  le  refte  cette  plante  eft  parfaitemcnt  femblable  a  la  derniere  que  nous 
avons  decrite  j  elle  a  aufli  fes  graines  dans  les  bouts  de  fes  feuilles,  c'ell- 
a-dire  dans  les  petits  cylindres  qui  les  terminent ;  elies  font  audi  de  Is, 
meme  gtoffeur  ,  figure  &  couleur  que  celks  de  la  plante  precedente  ,  6c  - 
font  a  peu-pres  en  mcme  nombre,  &  arrangees  de  la  meme  maniere. 

Fucus  tenuifolius  ,  minimus  ,  colorum  varietatc  clegans. 

La  variete  &  la  vivacite  des  couleurs  qui  paroilTent  fur  cette  petite 
plante,  lui  donneiit  une  beauce  trcs-patticuliere  ,  elle  forme  une  toufFe 
TB  (  P/.  XXI ,  Fig.  II)  haute  d'environ  1  pouces,  compofee  de  plufieurs 
branches ,  dont  les  unes  ,  ou  partie  des  unes  paroilTent  d'un  fort  beau 
bleu  \  les  autres  entieres  ou  en  partie  font  d'un  verd  tres-gaiy  &C  enfin 
d'autres  entieres  ,  ou  en  partie  font  d'une  couleur  de  poarpre  tirant  fur 
ie  violet:  toutes  c9S  couleurs  font  tres-vives,  &  forment  enfembie  un 
effet  tres-agreable  j  mais  cette  beaute  ne  dure  qu'autant  qu'on  lailfe  la 
plante  dans  I'eau  ;  audiiot  qu'on  Ten  a  retiree,  toutes  fes  couleurs  dif- 
paroifTent  :  elle  en  prend  une  alors  d'un  brun  leger  &  rougeatre  ,  mais 
pourtant  plus  fonce  dans  certains  endroits  que  dans  d'autres,  c'eft-a-dire , 
que  les  endroits  qui  dans  I'eau  paroilTent  de  couleurs  4ifferentes,  paroif- 
fent  dans  I'air  de  brun  rougeatre  un  peu  different. 

Pour  avoir  ete  mife a  I'eau,  elle  ne  perd  pas  neanmoins  la  difpofition' 
naturelle  qu'elle  a  a  faire  paroicre  ces  belles  couleurs  dans  I'eau  ,  pourvii 
qu'on  ne  la  laifTe  pas  fecher  pendant  plufieurs  jours  ,  je  vlUX  dire  qu'auffi- 
tot  qu'on  la  replonge  dans  I'eau  ,  elle  paroic  teinte  des  mCmes  couleurs 
qui  avoient  difparu  lorfqu'on  Ten  avoir  retiree  :  au  rtfte  les  couleurs 
qu'elle  fait  paroicre  dans  I'eau,  ont  quelque  chofe  de  conftant  &  quel- 
que  chofe  de  palTager,  ou  pour  m'expliquer  plus  clairement  ,  une  bran- 
che  bleue  de  la  plante  ne  fait  jamais  voir  de  couleur  verte  ou  pourpre  j 
mais  il  arrive  quelquefois  que  Ton  cefTe  de  voir  la- couleur  bleue  de  cette 
branche  ,  &  qu'elle  devient  dans  I'eau  ,  meme  ,  par  rapport  a  nos  yeux  ,. 
d'une  couleur  femblable  a  celle  qu'elle  fait  paroJtre  a  I'air  ,  c'eft  a-dire  , 
que  le  bleu,  le  verd  ou  le  pourpre  paroilTent  d'un  brun  rougeatre,  & 
cela,  felon  que  ces  branches ,  ou  les  yeux  qui  le  regardent ,  changent  d& 
pofition  t    I 

U  fera  aife  de  voir  quelles  font  les  pofitions  qui  fonrparoitre  les  cou- 
leurs vertes,  bleues  &  pourpres  de  ces  branches,  ou  cellesqui  les  font 
evanouir  ,  par  une  experience  que  j'ai  faite  pour  m'en  eclaircir  ,  dans 
laquelle  c&tte  plante  j  (juoique  dans  I'eau,  fsmble  perdre  toutes  les  couleur* 


ACADfeMIQUE. 


491 


qu  elle  ne  perd  orJinairement  qu'a  I'air.  Si  on  la  met  dans  un  verre  plein 
d'eau ,  n'importe  de  quelle  can  ,  elle  paroic  auffitoc  coloree  de  la  meme 
maniere  quelle  le  paroUFoit  dans  la  met :  mais  fi  on  regarde  enCuite  cette 
piance  au  travers  du  verre  vis-a-vis  une  grande  lumiere,  cette  plantc  perd 
routes  fes  belles  couleurs  ,  &  devient  entiere  d'un  brun  rougeatre  ,  comme 
lorfqu'elle  eft  expofee  a  lair. 

Si  enfuite  on  change  dougement  le  verre  de  fituacion  en  regardant  tou- 
jours  la  plante  ,  on  a  le  plaifir  de  voir  reparoitre  en  partie  la  meme  variete 
Sc  la  meme  vivacitedes  couleurs,  aulTitot  que  le  verre  fe  trouve  en  partie 
vis-a-vis  des  corps  btuns  ,  rouges  ,  verds ,  bleus  &  de  diverfes  autres  cou- 
leurs. Lorfque  le  verre  eft  entierement  vis-a-vis  des  corps  colore? ,  la  plante 
paroit  ornee  de  routes  les  couleurs  qu'elle  fait  voir  ordinairement  dans  I'eau 
de  mer  :  fi  en  continuant  de  changer  le  verre  de  fituation ,  on  le  place  vis- 
a-vis des  corps  blancs ,  ces  memes  couleurs  difpaioillent  commc  lorf- 
qu'il  etoir  vis-a-vis  la  fenetre. 

On  trouve  cette  plante  lorfque  la  mer  eft  bafte  ,  dans  certains  endroits  od 
il  refte  de  I'eau  ,  parce  qu'ils  font  plus  profonds  que  le  terrein  qui  Ics  en- 
vironne  :  elle  eft  rare  fur  nos  cotes  de  I'oitou  8c  d'Aunis  :  elle  eft  attachee 
aux  pierres  par  une  racine  plate  T ,  femblable  i  celle  de  divers/«<rus  dont 
nous  avons  parle.  Sur  cette  racine  s'elevent  plufieurs  tiges  ,  parce  que  la  plu- 
part  de  ces  tiges  jettent  divetfes  branches  toutes  rondes  comme  les  tiges  qui 
i-jur  donnent  nailTance  :  il  y  a  neanmoins  quelquefois  des  tiges  qui  ne  pro- 
diiifentpasde  branches. 

Les  bouts  de  ces  branches  ou  de  ces  tiges  rondes  font  pen  pointus ,  lis  font 
un  peu  arrondis ,  ils  contiennent  les  graines  de  la  plante  :  a  ia  vue  fimple  on  ne 
fauroit  les  diftinguer  bien  nettement,  lorfqu'elles  y  font  renfermces  :  on  ap- 
percoit  feulement  au  travers  du  tranfparent  de  ces  bouts  un  alTemblage  de 
divers  petits  points  plus  obfcurs  que  le  refte j  mais  a  la  loupe,  elles  de- 
viennent  neanmoins  fort  firnfibles  F  F. 

Si  Ton  ouvre  ,  ou  Ci  Ton  ccrafe  fur  I'ongle  les  extrcmitesdes  branches,  ces 
petites  grames  deviennent  un  peu  plus  fenfibles  i  la  vue  fimple ,  mais  la  loupe 
eft  toujoars  necelfaire  pour  les  appercevoir  bien  diftindement ,  leur  couleur 
eft  rougeatre,  &  leur  figure  ronde,  comme  celle  d'une  boule. 

J'ai  encore  obferve  une  autre  petite  plante  marine  qui  contient  de  meme 
fes  graines  dans  les  exttcmitcs  de  fes  branches  ,  &  je  la  nommerai/ut'^^i  mollis 
caridicansfoUis  vcrmiculatis.  Ce  fucus  [PL  XXI,  Fi^.  Ill)  comme  le  precedent, 
ne  croit  au  plus  que  jufqu'a  deux  pouces  de  hauteur ,  fa  racine  eft  plate  , 
attachee  aux  pierres,  elle  fournit  cinq  a  lix  tiges  differentes  RRR,  &  cha- 
cune  de  ces  tiges  jette  trois  a  quatre  branches.  Les  tiges  &  les  branches  (out 
rondes  :  ces  tiges  &:  ces  branches  font  garnies  de  feuilles  ,  mais  de  feuiUes 
rondes  qui  ont  environ  trois  lignes  de  longueur,  elles  font  attachees  par  un 

4  court  pcdicule  aux  tiges  ,  ou  aux  branches  ou  elles  font  rangees  alternative- 
ment.  L'aflemblage  de  toutes  ces  branches  &  de  leurs  feuilles  forme  une 
pstite  touff"e  alTez  epailTe,  &  tres  jolie.  Les  graines  de  ce  fucus  font  fem- 
blables  a  celles  des  deux  dernieres  plantes,  elles  font  de  meme  contenues  dans 
les  bouts  des  feuilles  G  ,  &  quoiqu'aufti  petites  que  les  ptcccdentes  ,  elles  foiu 
1       pourtant  plus  fenfibles ,  parce  que  la  fubftance  de  cette  plante  eft  beaucoup 


AcAD.RoVAtE 

DES  Sciences 
DE  Paris. 

^nnie  1711. 


'49* 


COLLECTION 


ACAD.ROYALE 

DEs  Sciences 
DE  Paris. 

Annii    \-j\i. 


plus  tranfparente.  Au  refte  on  ne  voir  ni  fibres ,  ni  nervnres  fur  route  la  plante  J 
qui  ,quoiqu'elle  fe  foutienne  dans  I'eau,  ell  fort  mollafTe.  Elle  ne  peut  etre 
long-tenis  gardee  a  lair ,  fans  perdre  fa  figure  en  fe  fechant. 

Fucus  tens  ramojijfimus  ,  Raii.  fynop.  app.   319.  corallina ,   rubens ,  valdi 
ramofa  ,  capiUaaa.  Inft.  R.  H.  571. 

Cette  plante  (P/.  XXII ,  Fig.  I.  )  eft  attachee  aux  pierrespar  uneracine 
plate  done  le  contour  eft  rond.  De  cetce  racine  partent  huit  ou  dix  ciges  difFe- 
rentes  ;  Its  tiges  en  fe  divifant ,  fourniHcnc  quantite  de  branches  difpofees  de 
fa(;on  que  c'eft  prefque  decrire  cette  plante,  que  de  dire  que  fes  tiges  &c  fes 
branches  enfembie  font  un  tout  alfez  femblable  au  chevelu  des  ratines  des 
plantes  terreftres. 

Les  tiges  &  les  differentesbranches  auxquelles  elles  donnent  naiffance  font 
rondes ,  elles  diminuent  de  groffeur  infeniiblement ,  depuis  leur  origine  juf- 
qu'a  leuts  extremitcs  oil  elles  fe  terminent  en  pointes  extrcmement  fines  ,  8c 
amenees  de  loin.  La  couleur  de  cetie  plante  eit  d'un  rouge  de  corail.  Les 
pointes  des  branches  font  pourtant  quelquefois  d'un  blanc  verdatre ,  mais 
alors  elles  font  plus  molles  que  quand  elles  font  rouges ,  d'ou  il  femble  qu'elks 
font  de  nouvelles  poulfes  de  la  plante. 

On  trouvede  ces  plantes  qui  ont  leurs  tiges  beaucoup  plus  grolFesIes  unes 
que  les  autres ;  ainfj  on  ne  peut  gucre  donner  la  mefure  de  leur  grolfeur : 
communement  neanmoins  elles  ont  environ  une  ligne,  ou  une  ligne  & 
demie  de  diametre  dans  I'endroit  ou  elles  font  les  plus  grolfes  ;  mais  on  en 
trouve  de  bien  plus  deliees  :  leur  longueur  n'eft  pas  plus  aifee  a  determiner  : 
celles  qu'on  rencontre  le  plus  communement  ont  un  pied  &  demi  de  long  , 
on  en  voit  de  beaucuoup  plus  grandest:  de  beaucoup  plus  petites. 

Elle  croit  dans  des  endroits  que  la  mer  abandonne  pendant  fon  reflux, 
niais  dans  lefquels  neanmoins  il  refiie  toujours  de  I'eau ,  parce  qu'ils  ont  plus 
de  profondeur  que  le  terrein  qui  les  entoure.  On  voit  de  ces  plantes  donr 
-  routes  les  tiges  &  toutes  les  branches  font  tres-unies  :  on  en  trouve  d'autres  i 

dont  toutes  les  tiges  &  toutes  les  branches  font  garnies  d'une  maniere  fors        - 1 
irreguliere  de  diverfes  efpeces  de  petits  boutons  mmm;  enfin  on  en  ren-  | 

contre  d'autres  dont  quelques  branches  D  font  unies,  &dopt les  autres  font 
couvertes  de  boutons. 

A  la  vue  fimple  ,  ces  efpeces  de  boutons  ont  lair  de  portions  de  fpheres 
plus  grandes  qu'un  demi-fphere:  leur  cote  plat  eit  attache  a  la  branche;  ils  fonc- 
difpofes  a  des  diftances  fort  irregulieres  les  unes  des  autres ;  car  il  y  en  a  quel- 
quefois qui  font  (i  proches,  qu'ils  fe  touchent;  quelquefois  ils  font  a  une  lign© 
ou  deux  de  diftance , quelquefois  moins;  enfin  les  uns  font  d'un  cote,  les 
autres  d'un  autre.  -^ 

AufTi-tot  qu'on  examine  ces  boutons  a  la  loupe  ,  ils  ne  femblent  plus  un?   M 
fimple  portion  de  fphere  :  on  ne  fgauroit  donner  une  image  plus  reffemblantaJMl' 
de  leur  figure  fous  laqnelle  ils  paroiffent  alors  M  M  M.  (  fig.  I  S''"(P^)^^ 
qu'en  les  comparant  d  une  mamelle  avec  fon  mamelon  \  le  mamelon  eft 
de  meme  pofe  au  milieu  de  leur  futface  convexe ,  &  on  voit  a  fon  extremite: 
«ne  petite  ouverture. 
Cette  petite  ouverture  qui  eft  au  bout  du  mamelon,  me  donna  beau- 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  4.;. 

coup  de  penchant  3  croire  que  ces  efpeces  de  mamelles  pourroient  bien  ctre  

les  capfules  dans  lefquelles  les  graiiies  de  la  plante  ttoient  renfermc-es;  je  a         ji 

les  recherchai  neanmoins  inutili-'ment ,  foit  en  coiipanc  les  mamelles  verri-  DtsScicNcts 
calement ,  foit  horifonralement  ,  je  ne  rencontrai  jamais  qii'une  fiibftance       ije  Paris. 

blanchitre  qui  ne  paroiflToit  relTembler  en  rien  a  des  femences.  Jc  m'avifai  ^„„J~  ,_,  , 

d)  /I'll  ri'i  I  fi//fc  fc    I  /  I  1  • 

un  expedient  plus  hcureux ,  ce  rue  d  enlever  avec  la  pointe  d  une  cpintjle  la 

peau  rouge  qui  couvce  la  fubftance  blanchatre  de  riiiterieur  de  la  mamelle  : 
cette  peau  (e  detacha  aifcment  toute  entiere  ,  comme  on  le  pent  voir  en  G  • 
lorfqu'elle  fut  enlevee  ,  j'apper^us  que  toute  la  fuiface  blanchatre  dii  ma- 
melon  etoit  couvcrte  de  petits  points  rouges  qui  me  parurentfort  dillincle- 
ment  lesgrainesde  la  plante  ;  lorfque  je  les  examinai  au  microfcope,  je  les 
vis  alors  teis  qu'iis  font  reprefentcs  en  G  ou  ils  font  places  fur  une  portion  de 
la  mamelle  qu'on  a  depouillee  de  fa  peau. 

Sut  cette  plante  il  nait  alTez  communement  une  coralline  ttbs  -  iolie 
(  P^.  XXII.  fig.  II.  )  travailleeftvec  un  art  merveilleux  ,  fa  couleur  eft  d'un 
blancfale  ,  fes  branches  font  plates,  ayant  environ  une  demi-ligne  delargeur, 
&  beaucoup  moins  d'epailTeur.  A  la  vue  limple  ,  elles  paroidoient  compofces 
d'une  infinite  de  patties  differentes  ,  articulees  les  unes  dans  les  aurres  ;  une 
des  larges  laces  de  chacune  de  ces  petites  parties  a  I'air  d'un  trapeze  a  deux  ^ 
Cotes  paralleles  ,  mais  inegaux  :  le  plus  petit  des  cotes  du  trapeze  eft  articule 
dans  Ic  plus  grand  cote  d'un  autre  trapeze  pofe  au-delFous  du  precedent  ,  Sc 
ainfi  de  fuite.  De  chacune  des  articulations  fortent  difletens  polls  qui  ont  leurs 
dire(ftions  vers  les  bouts  de  la  branche. 

ll  y  a  une  branche  ronde  qui  fert  de  tige  a  routes  ces  branches  plates; 
mais  celle-ci  n'eft  ronde,  que  parce  qu'elle  enveloppe  ou  la  tigc,  ou  les 
branches  dufucus  dont  nous  avons  parle  ci-delFus.  Cette  tige  de  la  coralline 
eft  une  efpece  de  graine  ou  de  fourreau  dans  lequel  eft  logee  la  tige  dtr 
fucus  :  ce  fourreau  diminue  de  grolTeur  a  mefure  que  la  plante  qu'il  recoit  en 
diminue,  il  la  fuit  quclquefois  jufques  dans  les  endroits  ou  elle  eft  le  plus 
deliee  ,  jufques  dans  fes  plus  perites  ramifications.  Cliemin  faifant ,  elle  jetra 
frcquemment  des  branches,  qui  toures  enfeipble  compofent  une  toufFe  fott 
garnieiSc  fort  jolie.  • 

Mais,  oil  le  travail  de  cetre  plante  paroit,  c'eft  lorfqu'on  I'examine  avec 
le  microfcope  ,  on  y  reconnoit  alors  une  ftrufture  fort  linguliere.  On  voyoi: 
deja  par  la  figure  II  qu'elle  eft  compofee  de  diverfes  articulations  :  fi  on  tire 
la  plante,  elle  fe  calTe  aifementdans  ces  articulations,  &  jamais  ne  fe  calfe 
ailleurs  ;  ceci  lui  eft  commun  avec  les  autres  planres  formees  par  articula- 
rions.  Ce  qu'elle  a  de  particulier,  c'eft  que  chaque  articulation  eft  compofee 
de  plufieurs  tuyaux  fenfibles. 

La  figure  aabedb a  qui  reprefente  un  petit  morceau  de  cetre  plante  vu- 
d'un  cote ,  montre  douze  tuyaux  ,  dont  les  fix  fuperieurs  c  c  c  c  c  c  font  ai  ti- 
cules  en  cc  avec  les  fix  inferieurs  a  a  a  a  a  a  ;  derriere  les  i\x  tuyaux  fuperieurs 
f  c  £,  &c.  &  les  fix  inferieurs  a  aa  ,  &c.  on  en  doit  imaginer  fix  autres  places 
femblablement,  de  forte  que  cette  plante  a  pour  cpailfeur  lediametre  de  deux 
luyaux  ;  c'eft  ce  que  les  Agates /fg g  h  k  n  font  alfez  entendre.  Les  em- 
bouchures fuperieures  des  tuyaux  paroiftent  en  partie  comme  on  les  voit  erj. 
diii,  lorfque  la  plante  eft  entiere,  <k  tela  parce  que  le  bout  iupcrieiii  de  chncuie 


494 


COLLECTION 


tuyau  eft  beaucoiip  plus  gros  que  fon  bout  inferieur.  Le  bout  inferleur  d'uii 
,  r>       .       tuyau  etanc  done  pole  fur  le  bout  fuperieur  d'un  autre  ,  celui-ci  refte  ouverc 

ACAD.ROYALE         '  ■  o       1        a  J.  1  rj'      ur  1 

DEs  Sciences     ^"  partie  ,  &  il  relte  ouvert  d  autaiit  plus  conddcrablement  ^  que  le  tuyau 
DE  Paris.       fuperieur  eft  applique  immediatement  contre  la  furfiice  la  plus  intcrieure  du 

a„„i.  ,-,,,      tuyau  inferieur. 

^nnec  1711.        '  .,,  -  l  j    1  >      ■  j-  i 

'  Chaque  tuyau  a  una  hgure  approchante  de  la  quarree ;  je  veux  dire  que  le 

contour  de  fon  ouverture  fuperieure  eft  compofe  de  quatre  cotes,  mais  qui 

ne  font  pourtant  pas  en  lignes  droites,  comme  on  les  voir  diftindtement  en 

WKKCm  1 1  oil  on  a  teprefente  un  tuyau  fepare.  Les  lignes  qui  marquent  le  - 

contour  fuperieur  des  tuyaux,  font  beaucoup  plus  epaiftes  que  le  refte.  Du 

devant  du  bord  fuperieur  il  s'eleve  ordinairement  deux  petites  pointes. 

Des  quatre  angles  que  font  les  quatre  cotes  de  I'ouverture  fuperieure , 
partent  quatre  grolfes  fibres  qui  vont  aboutir  chacune  a  un  pareil  angle  du 
bout  inferieur.  Elles  font  comme  quatre  colonnes  qui  portent  tout  I'enfemble 
du  tuyau  j  les  deux  fibres  qui  font  en  devant  fe  prolongent  ordinairement  au- 
deffus  du  bord  fuperieur  du  tuyau  ,  &  c'eft  de  leur  prolongement  que  naiftenc 
les  grandes  pointes  qui  paroillent  fur  la  plante  ,  elles  font  ici  reprefentees  en 
grand  en  S  d  d. 

Chaque  tuyau  a  plus  de  hauteur  par  derriere  que  par  devant ,  le  cote  r  /eft 
plus  couvert  que  le  cote  km  ,  aufti  i'ouverture  fuperieure  du  tuyau  eft-elle 
oblique  ;  &:  c'eft  encore  une  des  raifons  pour  lefquelles  cette  ouverture  parole 
dans  le  terns  meme  qu'elle  contient  le  bout  inferieur  d'un  autre  tuyau. 

A  I'endroit  oii  fe  trouvent  les  fibres  dont  nous  avons  parle  ,  la  fubftance  da 
tuyau  eft  opaque  ,  le  refte  eft  tranfparent ,  mais  de  deux  tranfparences  diffe- 
rentes  :  ce  qu'il  y  a  de  plus  tranfparent ,  eft  une  infinite  de  perits  cerdes  aufti 
ronds  que  s'ils  avoient  ete  traces  au  compas;  ces  cercles  font  fepares  les  uns 
des  autres  pat  de  petites  bandes  un  peu  plus  obfcures.  L'alfemblage  de  ces 
cercles  forme  une  efpece  de  rczeau  qu'on  a  reprefente  en  partie  en  O  N. 


f)b/ervation  d'un  Phenomene  cjui  arrive  a  la  flcur  d'ung.  plante 
nominee  par  Breynms  Dracocephalon  Americanum ,  lequel 
a  du  rapport  avec  le  Jigne  pathognomontque  des  Catalepti- 
ques. 

Par  M.  I)  E  LA  H I  R  E  le  cadet. 

V  oULANT  defliner  le  dracouphalon  americanum.  Brcyn.  Prod.  I,  54,  & 
chetchant  une  pofition  avantageufe  aux  fieurs  de  cette  plante,  je  m'avifai 
d'en  vouloir  ranger  quelques-unes ,  &  je  m'apper^us  alors  qu'elles  reftoient 
dans  la  fituation  oil  je  les  mettois;  je  crus  d'abord  qu'elles  etoient  paifees  , 
&  qu'elles  ne  tenoient  plus  a  leurs  pedicules  j  mais  les  ayant  confiderees  de 
plus  pres,  je  reconnus  qu'elles  etoient  encore  dans  leur  etat  natutel ,  ce  qui 
me  donna  occafion  d'examiner  '[\.  routes  les  fleurs  de  cette  plante  avoient  la 
rneme  propriete  que  fe  venois  d'obfervet  dans  quelques-unes,  &:  je  trouvai 
qu'elles  etoient  toutes  femblables. 

La  propriete  de  ces  Heurs  eft  que  fi  on  les  fait  alfer  &  venir  horifontale- 


A  C  A  D  ]fe  M  I  Q  U  E.  495 

fnent  dans  I'efpace  d'un  demi-cerde ,  elles  reftent  en  quelqiie  endroir  que  ce  -., 

foit  de  cet  efpace  ,  fitoc  que  I'on  celle  de  les  poulFcr ,  tk  a  caufe  que  ce  phc-  ""  ' 

nomene  a  du  rapport  avec  la  maladie  que  les  mcdecins  ont  appellee  caiaUpJie,  Acad.  Royaie 
j'ai  cru  pouvoir  donner  a  la  fleur  de  cette  plants  le  nom  de  cataleptique'    ^^^  Sc'enc£S 
d'aurant  plus  que  cette  proprictc  n'avoit  pas  encore  cte  remarqude  que  ie       ^^  ^  akis. 
fache  dans  aucune  autre  fleur.  Anne:  i-ii. 

La  feule  defcription  de  la  fitaation  de  ces  fleurs,  &  de  la  maniere  done 
elles  font  attachees  a  la  tige  de  la  plante  qui  les  porte ,  fera  connoitre  la  caufe 
d'un  efFer  qui  paroit  fingulier. 

Les  fleurs  de  cette  e(pece  de  plante  font  en  gueule  ,  &  font  rangees  alterna- 
tivement,  oppofees  le  long  d'une  rige  quarrel  ,  dont  elles  occnpent  la  partie 
fuperieure.  La  longueur  de  ces  fleurs  ell  d'environ  un  pouce.  Le  calice  d'oii 

fon 


elles  fortent  tient  a  un  pedicule  mollet,  flexible,  un  pen  applati  dans  f< 
epailfeur,  long  d'environ  une  ligne,  &  qui  nait  de  ('ailTelle  d'une  peti 
feuille  dure  ,  roide  ,  fans  pedicule  ,  large  a  fa  bale,  &  creufe  en  delfus  en  (._ 
meme  endroit  &  a-peu-pres  liorifontale ,  mais  un  pen  plus  relevec  ;  ie  calice 
de  la  fleur  s'appuie  par  fa  bafe  fur  cette  feuille  ,  &  ce  calice  ,  aufli-bien  qus 


te 
ce 


e 


J  rr        I     r  ,■  petite  ieuiUeq 

audeflous  de  (on  calice,  &  que  j'ai  dit  ctre  dure  &  roide,  la  fleur  fait  un 
effort  fur  cette  feuille  qui  lui  fert  d'appui  :  or,il  efl:  aife  de  conclure,  1°.  que 
le  pedicule  de  la  fleur  etant  mollet  &  flexible,  il  peut  ctre  facilemeiu  mCi 
a  droite  &  a  gauche  ,  fans  ctre  rompu  ,  ce  qui  n 'arrive  pas  aiix  fleurs  des 
autres  efpeces  de  plantes  qui  ont  ordinairement  leur  pedicule  roide  &  tlaf- 
tique;  1°.  que  le  pedicule  de  cette  fleur  tendant  a  Tabjilfer  en  en  bas  ,"la 
pefanteur  y  contribuant  aufli ,  le  calice  s'appuie  fur  la  petite  feuille  qui'  le 
foutient,  &  s'y  accroche  par  les  petits  poils  done  U  bafe  eft  "arnie;  ainll  , 
routes  les  fois  que  Ton  fera  mouvoir  la  fleur  horifontalementt  die  doit  nc- 
celfairement  s'arrcter  des  que  Ton  celfera  de  la  poufler. 

Pour  preuve  de  ce  que  je  viens  d'avancer,  on  n'a  qua  arrac'ier  la  feuille 
qui  foutient  le  calice  de  la  fleur,  &  alors  le  jeu  de  cette  feuille  celFera.  La 
fleur  s'abaiflera  vers  la  tige  de  la  plante  par  fon  propre  poids  &  par  le  relforc 
de  fon  pedicule  qui  la  tire  en  bas,  &  Ton  fentiraque  la  fleur  refifte  lorfqu'on 
votidra  la  relever ,  ce  qui  prouve  que  Ie  calice  de  cette  fleur  s'appuyoit  fur  la 
petite  feuille  ,  avant  que  cette  feuille  fin  otee. 

Tout  ce  que  je  viens  de  dire  ,  eft  plutot  curieux  qu'il  n'eft  utile  ;  mais  voici 
une  obfervatiqn  ou  les  Botaniftes  pourront  s'arrcter. 

Outre  la  figure  dune  tete  de  dr.igon  a  quoi  M.  Tournefort  dit  que  la  fleur 
du  dracocephalon  reffemble,  £c  en  quoi  il  fait  confifter  route  la  difference 
generique  qu'il  etablit  entre  ce  genre  de  plantes  &  prefque  tous  les  .lutres 
dont  les  fleurs  font  en  gueule ,  il  fuccede  ,  apres  que  la  fleur  eft  palTce  , 
(  quatre  femences  renfermees  au  fond  du  calice  de  la  iieur.  J'ai  obferve  qu'il 
y  a  a  la  bafe  des  femences,  entre  les  femences  &:  le  cote  infcricnr  du  calice, 
une  efpece  de  coriie  ou  de  dent  pointue,  recourbee  en  haut  par  le  bout, 
arrondie  par  deflous  ,  creufee  par  delfus  ,  ayant  une  arete  dans  le  milieu 
fuivant  fa  longueur.  Cette  partie  fe  diftingue  aifement  d'avec  les  embryons 


49(J 


COLLECTION 


DE  Paris. 
Annii  1 7 1 1 . 


-^_.  desfemences.non-feulemenr  par  fa  figure,  mais  par  fa  couleur:on  peut 

AcAD.RoYALH  meme  I'appercevoir  a  la  vue  limple,  quoique  les  embryons  des  femences 
DEs  Sciences    foient  encore  tres-petits ,  car  elle  a  prefque  autanc  de  volume  elle  feule  que 
"""*"''        les  embryons  en  onr  rous  quaere  enfemble,  &c  elle  excede  ordinairement 
leur  grandeur.  M.  Marcliand  a  die  qu'il  avoir  deja  fait  cette  remarque  quoi- 
Qu'ilnel'eut  pas  encore  donnee.  >  ,       j      i 

Quelques  recherches  que  j'aie  faites  fur  un  afiTez  grand  nombre  de  plantes 
a  fleurs,  |e  n'ai  trouve  que  les  trois  plantes  fuivantes  qui  euflTenc  une  parrie 
femblable  au-de(Ious  du  fruit :  f^avoir  \q  galeopfis patuiafegetum  I.  R.  H.mol. 
davicabaoniccc  folio.  I.R.H.  Hyfopus  officinarum  cccruUa  feu  fpicata.  C.B. 
Pin.  Mais  les  deux  dernieres  font  fort  dilferentes  de  la  premiere  :  car  dans 
celle-li  la  levre  fuperieure  de  la  fleur  eft  divifee  en  deux  parties ,  &:  eft  re- 
trouOee  en  haut ;  au  lieu  que  dans  celle-ci  elle  eft  fans  divifion  ,  &  qu'elle  eft 
creufee  en  dellous  en  forme  de  cuillier  ,  fi  bien  que  la  moldavua  8c  I'hyflbpe 
doivent  etre  rangees  fous  d'autres  genres  que  le  gaUopfis  ;  mais,  outrS  que  le 
zaltopfis  &C  le  dracoccphalon  ont  tous  deux  une  corrie  ou  dent  a  la  bafe  de  ieurs. 
femences ,  ces  deux  plantes  ont  d'ailleurs  un  artez  grand  rapport  entt'elles  par 
la  forme  de  Ieurs  fleurs ,  de  forte  que  je  crois  qu'on  pourroit  fort  hienles  X&a-. 
get  routes  deux  fous  le  meme  genre. 


/ 


Obfervations 


A  C  A  D  ^  M  I  Q  U  E. 


497 


Ohfcrvations  fur  hs   Figucs. 
Par  M.  D E  LA  Hire  le  cadet. 

\_J  N  trouve  dans  I'intcrieur  de  la  figue  trois  fortes  de  corps  pofes  les  uns 
au-delFus  des  autres,  fuivant  la  longueur  de  ce  fruit;  ainfi  je  divife  ce  qui 
eft  contenu  dans  la  figure  en  crois  efpaces  AV  X  (  Fig.  II ,  PL  XXI U.  ) 
qui  marquent  les  endroits  ou  nailFent  ces  trois  efpcces  de  corps  qu'elle  ren- 
ferme. 

Les  corps  qui  font  contenus  dans  I'efpace  marque  A  (  Fig,  II. )  occupent 
prefque  tout  le  dedans  de  la  figue.  lis  font  les  femences  de  ce  ftuit  :  ce  font 
de  petits  noyaux  A  (  Fig.  III. )  au  dedans  defquels  il  y  a  une  amande.  Chaque 
noyau  eft  a  moitie  enveloppe  d'uii  parenchyme  B,  foutenu  d'un  calice  de- 
coupe  en  quaere  ou  cinq  parties  couchees  furce  parenchyme.  Ce  calice  tient 
a  un  pcdicule  aflfez  long  qui  eft  attache  aux  parois  interieures  de  la  figue  :  il 
eft  aife  d'appercevoir  ce  calice ,  lorfque  les  figues  font  encore  vertes ,  comme 
les  fig.  IV.  V.  &  VI.  le  font  voir. 

La  figure  IV  reprcfente  une  femence  de  figue  encore  vertp ,  enveloppee 
dins  fon  parenchyme  ,  au-delfus  duquel  eft  un  filet  fourchu  B  qui  pourroit 
etre  conhdere  comme  un  piftile  ;  Ton  voir  aufii  le  calice  C  qui  foutient  le  pa- 
renchyme E  dont  la  graine  eft  enveloppee  :  une  portion  du  pedicule  D  da 
calice  y  eft  auHi  reprefentce. 

Les  fig.  V  &  VI  font  voir  deux  calices  dont  I'un  eft  decoupe  en  cinq 
parties,  Sc  I'autre  en  qaatre  :  Ton  voir  a  chacun  un  creux  oil  s'emboite  le  bas 
du  parenchyme  qui  rcntsrme  la  femence. 

La  figure  VII  reprcfente  la  meme  femence  que  la  fig.  IV,  mais  fcparee  de 
fon  calice. 

L'efpace  X  ( Fig  II. )  de  I'interieur  de  la  figue  eft  rempli  de  petltes  feuilles 
femblables  a  celles  que  la  figure  VIII  reprefente  ,  lefquelles  font  attachees 
pat  leurbafe  a  la  peaude  la  figue  :  11  y  a  dans  cet  cfpice  un  trou  B  (  Fig.  II) 
nomme  umbilic,  qui  perce  an  dehors,  dont  le  bord  exteiieur  eft  garni 
de  quelques  perites  feuilles  qui  bouchent  cette  ouvettute. 

Il  y  a  dans  l'efpace  V  des  corps  bien  differens  de  ceux  qui  font  renfer- 
mcs  dans  Tefpace  A  de  la  mcme  figure. 

La  figure  iSC  reprefente  un  de  ces  corps  tels  qu'on  les  trouve  dans  la  figue 
&  dans  leur  etat  naturel.  Ces  corps  font  blanch-itres ,  longs  d'environ  deux 
lignes ;  ils  prennent  naiffjuce  des  parois  internes  de  la  figue  par  uij  pc- 
dicule A  ,  qui  pour  I'ordinaire  eft  aftoz  gros  ,  a  I'extfemite  duqud  il  y  a 
un  calice  B  d'une  feule  piece,  decoupe  ordinairement  en  trois  p.irties  C, 
d'ou  il  fort  trois  autres  corps   DEF. 

La  figure  X  fait  voir  le  mcme  corps  que  le  precedent,  dont  Ics  trois 
parties  DEF  qui  fortent  du  calice,  ont  etc  ccartces  pcur  faire  voir  une 
eminence  G  qui  eft  au  centre  du  calice  B.  Entre  la  bafe  de  I'cminence  G 
3:  les  decoupures  C  du  calice  B,  il  s'eleve  trois  pedicules  H  qui  foutien- 

Tomt  III,  Panii  Francoift,  R  5 


Acad.  Rov  ALE 

DES  SclENXES 
D£    PaRIB. 

Annii  1711. 


498  COLLECTION 

1!^^^:^^::=;:^  nent   chacun  un   des  corps  DEF,  dont  rexrremite   fe   termine    par  iine 
Acad.  Royale  points  I  qui  eft  recourbee  fur  ce  meme  corps.  Chacun  des  corps  DEF  ,  eft 
DEs  Sciences     une  capfule  dune  feule  piece  compofee  par-deflus  de  deux  eminences  ova- 
DE  Paris.        les,  jaunatres  LL,  accompagnees  d'un  bourlet  M. 
Annii  1711  ^^*  capfules  DEF,  renterment  une  infinite  de  petits  grains  qu'il  eft  fa- 

cile  d'appercevoir  avec  le  microfcope  j  car  fi  on  coupe  en  travers  une 
de  ces  capfules  loifqu'elles  font  pleines,  &  comme  la  lettre  D  de  la  fi- 
gure X  les  reptelente  ,  &  qii'on  applique  ce  que  cette  capfule  conrient 
fur  le  talc  d'un  microfcope  a  liqueur,  on  y  verra  diftinftement  ces  grains 
qui  ont  tous  la  mcme  figure  &  la  mcme  grolTeur  j  tout-a-fait  femblables 
en  cela  aux  pouffieres  que  I'on  trouve  dans  les  fommets  des  fleurs  desau- 
ires  efpeces  de    plantes  ,    dont  le   caradtere  dcs  Beurs  nous   eft  parfaite- 
ment  connu.   Ainfi  il  femble  evident  que  les  capfules  DEF,  iont  de  veri- 
rabies  fommets,  puifqu'ils  contiennent  des  poullieres  comme  les  fommets 
dss  fleurs  des  plantes  en  general.   II  s'enfuivra  done  que  les  corps  qui  fonc 
contenus  dans  I'efpace  V  de  la  figure  II,  font  les  veritables  fleurs  des  fi- 
gues  ,  quoique  quelques  perfonnes  ayent  reconnu  pour  les  fleurs  des  figues 
les  deux  premieres  efpeces  de  corps  contenus  dans  les  efpaces  A  Si  X  {Fig. 
//) ,  lefquels  cependant  n'ont  aucune  marque  elfentielle  qui  les  puifle  faire 
confiderer  comme  des  fleurs;  aulieu  que  dans  les  derniei's  qui  font  con- 
tenus dans  I'efpace  V  ,  &  dont  les  Auteurs  n'ont  fait  que  je  fache  aucune 
mention  ,   les  etamines  ,    les  fommets  &  les  pouflieres  qu'on  y  obferve  , 
ne  laillent,  ce  me  femble  ,  aucun  doute  qu'ils  ne  foient  de  veritables  fleurs  , 
quoique  je  n'y  aye  remarque  aucune  petale ,  les  petales  n'etant  point  du  tone 
une  pattie  efTentielle  aux  fleurs  des  plantes  ,  puifqu'il  y  a  un  affez  grand 
nombre  de  plantes  dont  les  fleurs  n'ont  point  de  petales ,  &  ont  ete  nom- 
inees pour  cela  fleurs  a  etamines;  ainfi  les  fleurs  des  figues  feronc  dcs  fleurs 
a  etamines  renfermees  dans  I'interieur  meme  des  figues. 

Le  nombre  dcs  etamines  des  fleurs  des  figues  varie  aflez  fouvent,  mais 
ye  ne  I'ai  jamais  trouve  plus  petit  que  trois  ,  ni  plus  grand  que  cinq  ; 
il  m'a  paru  qu'il  y  avoir  plus  de  ces  I'ortes  de  fleurs  a  trois  etamines  qu'i 
quatre,  &  je  n'en  ai  trouve  que  tres-rarement  qui  en  eufTent  cinq. 

La  figure  X  reprefente  une  fleur  de  figue  dont  les  etamines  ont  ete  ecar- 
tees  les  unes  des  autres  pour  en  faire  voir  les  fommets  &  I'endroit  d'ou  les 
filets  ou  pedicules  qui  les  foutiennent  tirent  leur  origine.  Les  etamines  que 
j'ai  repiefentees  fur  cette  fleur  ,    ont-^des  fommets  tous  differens  DEF, 
parce  qu'on  les  voir  fous  ces  formes  diff^erentes  felon  que  les  etamines  fonc 
plus  ou  molns  avancees.    D  reprefente  un  de  ces  fommets  lorfqu'ils  fonc 
encore  plains  ou    parfaits  ;    E  les  reprefente  lorfqu'ils  font  un  peu  plus 
avances  ,  F  encore  plus ;  &  enfin  la  figure  XI  reprefente  une  etamine  done 
le  fommet  eft  prefque  tout-a-fait  palfe,  ou  Ton  voit   que  les  eminences 
qui  y  font ,  ont  bien  diminue  Si  paroiffent  ridces  ;  au  lieu  que  celles  de 
la  figure  X  marquees  LM,  font   pleines  &i  unies  :  ce  qui  me  fait  croire 
que  les  premieres  ont  jette  leur  pouftiere  ,  &  qu'il  n'en  refte  plus  que  la 
capfule  qui  s'eft  retiree  Si  ridee  aprts  qu'elle  a  ete  vuide  des  pouffieres 
quelle  contenoit. 


I 


,L_i 


A  C  A  D  fe  M  I  QU  E.  4.5 

La  figure  XII  fjic  voir  deux  ecamines  vues  par  le  dehors  dans  deux  etats  '■"     '       '-^-^^^^^ 
diffeiens.  Acad.Rovjale 

■  J'ai  encore  obfervc  qu'il  y  avoir   quelquefois  a  la  bafe    des  ecamines    *-^^  btiSNCES 
une  fcmence  eiiveloppee  de  fon  parcnchyiiie  ,  Sc  portce  fur  I'cminence  G       °'  1'aris. 
(I'ig.  X).  Cette   femence  n'ctoit  difference  de  celles  qui  fonc  contenues    ^nnic   xjix. 
dans  i'efpace  A  (Fig.  II),  qu'en  ce  qu'eile  ccoic  cr^s  maigre  &c  fembloit 
avoir  avorte;  &  dans  plufieurs  figures  que  j'ai  examinees  avec  le  microf- 
cope  ,  je  n'ai  crouve  que  cres-peu  de  ces  forces  de  fleurs,  ce  qui  ne  fetoit 
alors  qu'un  jeu  de  la  nacure. 


Sur  quelgucs  picds  dc  Mays  'dont  la  flcur  male  a  porti 

du  fruit, 

X-j  E  mays  ou  bled  de  Turquie  eft  une  plante  cu  la  fleur  eft  fcparee  du 
fruic  :  la  fleur  eft  au  hauc  de  la  tige  &  forme  un  bouquec  qui  renferme  les 
ecamines;  &  dans  le  cems  que  cecte  fleur  s'epanouic.'il  fore  des  ailfelles  des 
feuilles  qui  fonc  au  bas  de  la  cige ,  deux  ou  crois  lioupes  de  lilecs.  Ce  font 
les  piftiles  de  cliaque  fruit  qui  font  ranges  par  ordre  le  long  d'un  epi  en- 
core cache  par  les  feuilles,  &  qui  s'allongent  a  mefure  que  I'epi  croit.  On 
voir  par  cette  difpofuion  combien  il  eft  aifc  aux  piftiles  de  recevoir  la 
poufliere  des  ecamines  felon  le  fyfteme  dont  il  vient  d'etre  parle  dans  I'arti- 
cle  precedent. 

M.  Geoff  toy  le  cadet  qui  tient  pour  ce  fyfteme,  a  remarque  dans  plufieurs 
pieds  de  mays  ,  que  de  quelques-uns  des  calices  qui  naturellement  lenfer- 
inent  les  etamines  ,  il  forcoit  un  long  piftile  porce  fur  un  embryon  de  fruit, 
qu'il  n'y  avoit  autour  de  cec  embrion  aucune  ctamine,  &  que  ce  fruit  avoic 
alfez  groftl  pour  egaler  les  grains  ordinaires.  Il  a  meme  vu  un  epi  a  fieur 
prefqu'enticremenc  change  en  epi  1  truic,  fans  que  I'epi  a  fruit  en  edt  aucu- 
nemenc  foufferc.  De  la  il  conclut  que  les  etamines  doivent  crre  d"elies-me- 
mes  bien  fccondes  ,  puifque  lorfqu'il  y  a  une  grande  abondance  de  fuc 
nourriftier  ,  comme  dans  les  cas  qu'il  a  obferves,  elles  fe  changent  en  la 
fubftance  des  grains.  II  n'eft  pourtant  pas  aife  d'imaginer  comment  une 
fleur  male  devlent  une  fleur  femelle.  Commenc  cetce  poulliere  done  I'ufage 
eft  de  feconder  les  grains  ,  &  quidoiren  are  fort  differente,  devienc  grain 
elle-mcme.  D'ailleuts  voila  des  grains  ordinaires  qui  font  venus  a  matu- 
rits  fur  un  pied  oii  il  n'y  avoir  point  ou  ptefque  point  d'etamines. 


e^.s<^^ 


^V^' 


R3    ij 


'^o6 


COLLECTION 


ACAD.ROYALE 

DES  Sciences 
DE  Paris. 

jinnee  1712. 


Sur  la  fccondation  des  Palmicrs  fcmcUcs. 

JVl-  Jaugeon  a  tcouve  dans  les  Memoires  de  rambafTade  de  M.  de  Noin- 
tei  a  Conftantinople  ,  la  confirmation  de  ce  que  M.  Tournefort  avoir  avan- 
ce  dans  la  preface  de  fes  InJUtunons  ,  fur  le  rapporr  d'un  Ambalfadeur  de 
Tripoli  en  France. 

Dans  le  terns  que  le  palmier  femelle  jette  du  hauc  de  fa  tige  fes  pre- 
miers rejetcons  qu'on  appelle  epees  ou  poignards  ,  c'ell-d-dire  au  mois  d'A- 
vril  ou  au  commencement  de  Mai ,  on  va  mettre  dans  fes  epees  qui  s'en- 
trouvrent  alors,  une  petite  branche  de  la  tieur  du  palmier  male,  fans  quoi 
lesdattes  du  palmier  femelle  ne  viendroient  point  a  maturire,  feroienr  d'un 
gout  defagreable  Sc  n'auroient  pas  de  noyau,  II  ne  faut  qu'un  palmier  male 
pour  fcconder  deux  ou  ttois  eens  femeiles,. 


Defcription  d'un  Coryfpermum  Hyflbpifolium ,   Plante  fl'un 

nouvcau  genre. 

Par   M.    D  E    J  u  s  s  I  E  u. 

J-'  E  s  fruits  de  cette  plante  ont  tant  de  rapport  par  leur  figure  &  par 
leur  couleur  a  une  punaife ,  que  j'ai  cru  ne  pouvoir  lui  donner  im  nom 
plus  convenable  que  celui  de  coryfpermum  ,  qui  en  Grec  fignifie  Jlmence 
de  punaife. 

Le  coryfpermum  eft  nn  genre  de  plante  dont  la  fleur  eft  fans  calice  ,  com- 
pofee  de  deux  petales  oppofees ,  entre  lefquelles  s'elevent  une  etamine  & 
un  piftile  qui  devient  par  fa  bafe  un  fruit  arrondi  ,  convexe  d'un  cote,  un 
peu  concave  de  I'autre,  &:  comme  borde  d'un  feuillet 

Cette  plante  s'eleve  a  la  hauteur  d'environ  un  pied  :  fa  racine  eft  tanto: 
fimple  ,  tantotbranchue  ^  quelquefois  un  peu  rortue  ,  longue  depuis  deux 
jufqu'a  6  pouces  ,  garnie  de  quelques  fibres  chevelues  ,  &  epailFe  a  fon 
collet  de  2  a  3  lignes.  La  tige  qu'elle  poulTe  fe  divife  depuis  le  bas  jufque 
vers  lehaut  en  branches  alternes  qui  fe  fudivifent  en  d'autres  plus  petites: 
lesunes  &  les  autres  font  pleines  ,  fouples,  anguleufes  ,  unpen  canneiees 
dans  leur  longueur,  li(Tes  ,  vertes  ,  mais  ordinairement  purpurines  dans 
le  bas  :  cette  couleur  s'etend  quelquefois  fur  route  la  plante  ,  lorfqu'elle 
commence  a  fe  paifer.  Ses  feuilles  qui  reifemble  afteza  V hijfopifolia  ,  font 
altetnes  ,  entieres  ^  celles  du  bas  qui  font  les  plus  grandes  ont  environ  un 
pouce  &  demi  de  longueur  fur  1  lignes  de  largeur^  les  autres  vont  tou- 
jours  en  diminuant  ,  de  maniere  que  les  fuperieures  n'ont  qu'a  peine  un, 
demi-  pouce  de  longueur  &  une  ligne  de  largeur.  Toures  ces  feuilles  fonr 
fans  pedicule  ,  un  peu  charnues  ,  d'un  verd  alfez  fonce  &  iuftre  ,  creufees 
en  defTus  d'un  leger  filion  qui  regne  d'un  bout  a  I'autre  ,  &  relevees  sa 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  joi 

delfous  d'lme  petite  ncrvure  qui  termine  )a  feuille  par  une  pointc  trcs-  ^^r^r^^^s: 
cource  &  peu  fenfible.  Les  feuilles  fupcrieures  font  ordinairemcnt  parfe-  Acad.Rovaie 
mces  ,  ainfi  que  le  liaut  des  tiges  ik  des  branches  ,  d'un  leger  duvet  blan-     ues  Sciencis 
chatre    qui  s'efface  dans  la   luicc  :  d'ailleurs  ces  feuilles   font   pofces  de       '^^  1'aius. 
manierequ'elks  font  des  angles  aigus  avec  la  ti^e  ,  &  forment  toutcs  en-    ^nnie    1712. 
femble  comme  des  epis  peu  lerrcs  ,  pendant  que  les  infcrieurcs  s'ctcndenc 
horifontalenient  iSc  fe  renverfent  mcme  vers  le  bas.  De  ieurs  aillclles  for- 
tent  fur  les  cotes  deux  petales  oppofces  d'un  blanc-fale,  &  l\  petites  qua 
peine  les  apper^oiton  :  d'entre    ces  deux  petales  part  une  etamine  blan- 
chatre,  longue  d'une  ligne  ou  deux  ,  interpofce  entre  la  tige  &  le  piftile 
qui  fort  du  mcme  eiidroit.  Ce  pirtile  elt  furmonte  de  deux  cornes  trcs- 
courtes  ,  &  devienc  par  fa  baft-  un  fruit  ferme  ,  cliatain  ,  arrondi  dans  fa  cir- 
conference  ,  convexe  en  dehors,  un  peu  concave  du  coce  de  la  ti"e  & 
comme  bordc  d'un  feuillet.   Ce  fruit  dans  fa  maturiie  peut  avoir  1  iicnej 
de  longueur  fur   un  peu  moins  de  largeur  ;  il  ell  termine  dans  le  haur  par 
pne  petite  pointe. 

Cette  plante  qui  croit  en  Languedoc,  eft  annuelle  :  etant  maclice  elle 
eft  pateufe  &c  laide  dans  la  bouche  une  faveur  un  peu  acre  ,  amere  6i 
defagreable^ 


Defcription  du  Ricinoi'des  ex  quaparatur  Tournefol  Gallorum. 
Inft.  Rei  herb.  app.  <^G<^. 

Et  dc  /'Alypum  Monfpclianum  ,  five  friitex  terribilis.  Joan. 

Bauli.   I.    55,8. 

Pai  M.  NissoLE,  de  lu  Sociiti  RoyaU  da  Sciences  Ji.hiu  a 
MontpelUer. 

JL/  E  tous  les  Auteurs  qui  ont  ecrit  des  deux  plantes  dont  je  vais  donner 
la  defcription  ,  &  que  j'ai  lus ,  il  n'en  eft  pas  un  feul  qui  ne  fe  foit  tronipc. 

Je  commence  par  le  ricinoides  ex  quaparatur  ,  courncfol  Gallorum.  Infi, 
rei.  herb.  app.  que  M.  Magnol  avoit  dcja  nomme  dans  VHortus  Regius 
Monjpelienjis  Riccinis  alijuo  modo  fimilis.  Diofcotide  ,  6»:  Macdiiolej  ,  hc- 
Uotrophirn  minus  ^  que  les  Bauhins  ,  avec  Taberna,  I'Auteur  del'liiftoire 
des  Plantes  de  Lyon  ,  appellent  hellotroplum  tricocium.  Clufius  ,  heiiotropium 
minus  tricoceum.  Pena  ,  &  Lobel  dans  fes  adverfaria  hclioCropiuin  yu'.gare  , 
tournefol  Gallorum  ,Jiv^  Plinii  tricoccon. 

La  racine  de  cette  plante  eft  blanche  ,  ronde  ,  ordinairement  droire  & 
longue,  garnie  de  quelques  petites  fibres  a  fon  exircmit(i ,  fur- tout  aux 
pieds  les  plus  eleves ;  car  il  en  eft  plufieurs  qui  n'en  ont  point  du  tour. 
Elle  poulfe  une  tige  londe  de  diffcrente  hauteur  ,  fuivant  le  terrsin  qu'elle 
occupe  &  qui  fe  divife  en  plufieurs  branches ,  la  plupart  defquelles  for- 
tent  des  ailfelles  des  feuilles. 

Clufius   avoic  raifon ,  lotfqu'ii  a  die  que  les  feuilles  de  cette  plance 


DEs  Sciences 
DE  Paris. 

Annii  17  iz. 


50Z  COLLECTION 

„,„.„.,___„  avoient  quelque  rapport  avec  ks  feuilles  du  xanthium  \  thais  il  s'eft  tromp^ 

~~ loifqu'il  a  cru  qu'elles  en  avoient  beaucoup  plus  avec   celles  da  folanum 

AcAD.RoYALK  fomnifcrum  ,  auUi  bicn  que  Lobel  lorfqu'il  les  a  comparees  a  celles  du  ca- 
""  '^^"^'^'^'^s     i^j^gj^^^jg  montagne  :  elles  font  d'un  verd  pale  ,  quafi  cendre ,  &  attachees 
a  uu  fort  long  pedicule. 

Les  fleurs  font  renfermees  dans  de  petits  boutons  qui  ferment  une  et- 
pece  de  grappe  ,  laquelle  fort  d'entre  les  ailTelles  de  chaque  branche  ,  & 
de  leur  e'xtremite :  ces  Heurs  font  de  deux  diffcrentes  fortes ,  les  lines  fte- 
riles,&  les  aucresfecondes. 

Les  fterlles  qui  occupent  la  fommite  de  cette  grappe,  font  contenues 
dans  an  calice  divife  en  cinq  parties  decoupees  jufqu'au  centre,  elles  font 
compofees  de  cinq  petites  feuilles  jaunes  placees  autour  d'un  piftile  rond  , 
furmonte  de  quelques  etamines  de  meme  couleur  difpofees  en  aigrette  : 
comme  elles  font  attachees  par  un  fort  petit  pedicule  qui  feche  a  mefuce 
que  la  grappe  croit  &  s'eleve  ,  elles  fe  fanent ,  &  tombent  en  fort  pea 
de  terns.  . 

Le  calice  de  celles  qui  occupent  la  bafe  de  la  grappe  &:  qui  lont  tecon- 
des ,  eft  divife  en  dix  pieces  fendues  pareillement  jufqu'au  centre  \  elles 
font  compofees  de  cinq  petites  etamines  jaunes  ,  furmontees  chacune  d'uri 
petit  fommet  de  meme  couleur  ,  &C  placees  autour  du  piftile  qui  eft  charge 
de  trois  filets  fourchus  &  jaunes  :  ce  piftile  qui  eft  dans  le  fond  du  calice  , 
devient  dans  la  fuite  un  fruit  rond,  raboteux,  d'un  verd  fence,  dont  les 
inegalites  font  blanchatres  ,  divife  en  trois  loges  qui  renferment  chacune 
une^femence  ronde  &  blanche  ;  il  eft  attache  avec  fon  calice  a  un  pedicule  af- 
fez  long,  de  forte  que  lorfque  les  premieres  Heurs  font  palfees  &  que  le  fruit 
eft  arrive  a  fa  jufte  groftcur ,  il  pend  des  ailfelles  des  branches  ,&:  felii- 
ble  y  etre  ne  fans  aucune  fleur ;  c'eft  ee  qui  en  a  impofe  a  tous  ceux  qui  ont 
a-.-ance  que  les  fleurs  &  les  fruits  de  cette  plante  ,  naiftbient  fur  des  pieds 
differens.  • 

Diofcoride  laregardoit  comme  un  bon  remede  centre  les  vers  &  centre 
les  vermes  ;  mais  fon  principal  ufige  fe  rapporte  a  la  teinture  ,  Sc  ceux 
qui  en  one  ecrit  fous  le  nom  A'hdiotropium  ,  ont  eu  raifon  de  dire  que  le 
fuc  de  fon  fruit  donnoit  une  couleur  d'un  verd  fort  eclatant  qui  fe 
changeoit  en  tres-peu  de  tems  en  un  fort  beau  bleu:  le  fuc  des  grappes 
<les  fleurs  fait  la  meme  chofe  ,  ce  qui  n'arrive  point  a  celui  des  feuilles. 

U  fe  fait  diverfes  preparations  dont  on  pretend  que  le  fruit  de  cette 
plante  eft  la  bafe ,  &  qu'on  vend  fous  le  nom  de  tournefol ,  favoir  le 
tournefol  en  drapeau  ,  en  pate  &  en  pain. 

Je  me  contente  de  celui  qu'on  prepare  a  Gallargues  village  du  diocefe 
de  Nifmes  ,  a  quatre  ou  cinq  lieues  de  Montpellier  ,  dont  on  dit  qu'on  fe 
fert  en  AUemagne  ,  en  Angleterre  &••  en  HoUande  pour  donner  une 
agrcable  couleur  aux  confitures ,  gelees ,  vins  &  autres  liqueurs ;  ufage 
q\ie  Simon  Pauli  defapprouve  heaucoup  ,  &c  contre  lequel  il  s'eleve  for- 
tement  dans  fon  Q^uadripanitum  Botanlcum. 

M.  Lemeri  dans  fon  Traite  des  Drogues  ,  s'eft  trompe  d'aprcs  M. 
Pommet,  lorfqu'il  a  avance  que  le  tournefol  en.  drapeau  fe  faifoit  avec 
des  chiftons  imbibes ,  &  empreints  d'une  teiature  rouge  prepaiee  avec  le 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E,  jo} 

flic  des  fruits  de  Vhciiotrnplum  ,  &  un  peu  de  liqueur  acide.  li  ne  fe  trompe  __________ 

pasmoins  lorfqu'il  die  qu  il   en    vienc  de  Holl.uide  :  a  moins  que  les  Hoi-  '      *"" 

lajidois  ne  renvoient  ceiui  qu'ils  out  re^u  du   Languedoc.  Acad.Rovalb 

Voici  la  veritable  maniere  dont  on  le  prepare  a  Gallargiies.  Les  payfans  i^EsbcitNcEs 
de  ce  village  ramalTenc  an  commencement  du  mois  d'Aoiit  les  fcmmites 
du  ricinoiJcs  ,  qu'ils  appellent  en  laiigue  vulgaire  de  la  matirelie -.Ws  le  tone  ■^""'■^  171 1. 
moudte  dans  des  moulins  fails  expre?  ,  aiitz  fi;mblablc:s  a  nos  moulins  a 
huile  :  quand  elles  out  etc  bien  moulues  ,  ils  les  mettent  dans  des  cabas, 
&ces  cabas  a  une  prclTe  pour  en  exprimer  Je  fiic  qu'ils  expofent  au  foleil 
pendant  une  heure  ou  environ  ;  apres  quoi  ils  y  trenipent  des  chiffons  , 
qu'on  ctend  enfuite  fur  une  haie  jufqu'a  ce  quils  foient  bien  fees  :  cela  fait  , 
on  prend  environ  dix  livres  de  ch.iux  vive  qu'on  met  dans  une  cuve  de 
pierre  ,  y  jettant  par  delTiis  une  fuHifante  quantite  d'utine  pour  cteindre 
la  dite  chaux  :  on  place  dans  la  nu-nie  cuve,aun  pied  de  la  liqueur,  des 
batons  fur  lefquels  on  eiend  Ls  thiffuns  qu'on  avoir  deja  fait  fccher  , 
&  apres  qu'ils  y  ont  refte  quelqoe  tenis,  c'e(l-a-dire ,  qu'ils  ont  etc  hu- 
medtes  par  la  vapeur  de  I'urine  &  de  la  chaux ,  on  les  tire  de  la  cuve  ,  011 
les  remet  fccher  au  foleil,  &  apres  qu'ils  font  bien  fees  ,  on  les  retrenipe 
comme  auparavant  dans  de  nouveau  fuc  ;  on  les  fait  reifccher  ,  apres  quoi 
on  les  envoie  en  diftcrens  cndroits  de  I'Europe. 

II  y  a  quelque  apparence  que  les  autres  elpeces  de  tournefol  ,  favoir  en 
pate  &  en  pain  ,  qu'on  nous  envoie  de  Hollande  ,  de  Lyon  &  d'Auver^ne  , 
fe  font ,  ou  avec  ces  memes  chiffons  qu'on  envoie  d'ici ,  ou  avec  quel- 
qu'autre  drogue;  car  quelle  apparence  qu'on  les  falTe  en  ces  pays- Li  avec 
le  fruit  du  ricino'ides  ,  la  perelle ,  la  chaux  &  I'urine  ,  comme  M.  M.  Pomec 
8c  Lemeri  le  pretendent  ,  puifqu'il  ne  croit  point  de  cetceplante,  ni  cii 
Hollande  ,  ni  aux  environs  de  Lyon  ,  ni  en  Auvergne  &  qu'on  n'y  en  envoie 
point  de  ce  pays-ci. 

Je  fuis  perfuade  que  cette  plante  pourroit  etre  d'une  tres  grande  utilite 
aux  Teinturiers,s'ils  vouloient  fe  donner  la  peine  de  la  mettre  en  ufage  j. 
car  j'en  ai  fait  deux  elTiiis  qui  m'ont  alfez  bien  reufli 

J'ai  pris  deux  poignees  des  fommitcs  du  ricinoiJes  qui  contenoient  les 
fleurs  &  les  fruits  &  que  j'ai  mifes  dans  deux  differsns  pots  de  terte  , 
une  poignee  dans  chacun  ;  apres  les  avoir  remplis  d'eau,  j'ai  mis  dans 
chaque  pot  deux  c'chantillcns  d'etoffe  blanche  ,  un  de  laine  &  I'autre  de 
foie  :  dans  I'un  des  pots  j'ai  ajoutc  demi-once  d'alun  ,  &  dans  I'autre 
demi-once  de  cryftal  de  tartre  ;  je  les  ai  fait  bouillir  pendant  un  demi- 
quart  d'heure  ou  environ  ,  apres  quoi  j'ai  retire  les  cchantillons  qui  ont  etc 
d'une  aflez  belle  couleur  de  belette  :  la  couleur  de  ceiix  qui  avoitnt  bouilli 
avec  le  cryftal  de  tartre  ,  etoit  plus  foncce  &  plus  vive  ,  que  la  couleur  de 
ceux  qui  avoient  bouilli  avec  I'alun,  &  la  couleur  de  TccofFe  de  foie  etoit 
audi  plus  eclacante  que  celle  de  I'etoffe  de  laine. 


504  COLLECTION 

Acad.  RoYALE    Alypuni  Monfpdianum ,  five  frutcx  terribiUs.    Joan.  Bauh. 

DES  Sciences 
D£  Paris. 


I.    598. 


yinna  171 2,  Quoique  la  plante  que  nous  connoifTons  aujourd'hui  fous  le  nom  A'aly. 
pum  ,  foit  rouc-a-fait  difference  de  celle  que  Diofcoride  a  decrite  fous  le 
meme  nom  ,  comme  tous  ceux  qui  ont  ecrit  apres  lui  en  demeurent  d'ac- 
cord ,  j'ai  cru  ne  pouvoir  mieux  faire  que  de  le  lui  conferver  ,  &  de  me 
fervir  decelui  de  Jean  Bauhin  ,  pour  ne  pas  multiplier  les  noms  &c  brouiller 
ainfi  la  Botanique. 

Gafpar  Bauhin  dans  le  Pinax  ,  la  nomme  thy mdcea  folds  acutis  ,  capltitlo 
fuccifo  ^  Jive  alypum  Monfpditnfium.  Clufius  la  decric  fous  le  nom  A'hip- 
polojfum  FaUriiinum  ,  &  M.  Tourneforc  la  place  dans  la  fixieme  fe6tion  de 
fes  Infticutions  au  genre  du  globularia  ,  fous  le  nom  de  globularia  frucli- 
cofa  mynifolio  trit^entato ,  cnzis  elle  eft  d'un  caradlere  tou:-a-fait  different 
decelui  du  thimdiva ,  des  tCpeces  d'hippoglojfum  ,&idagkbularia  ,  comme 
on  pourra  le  voir  par  la  defcription  fuivante. 

Valypum  eft  un  acbufte  qui  s'eleve  a  la  hauteur  d'environ  une  coudee  , 
fa  racine  qui  eft  revetue  d'une  ecorce  noiratre ,  eft  longue  d'environ  435 
pouces  ;  elle  a  pres  d'un  pouce  de  diametre  a  fon  collet  ,  poulfant  trois  ou 
quatre  groftes  fibres  :  les  branches  qui  font  couvertes  d'une  petite  pellicule 
de  couleur  d'un  rouge-brun  ,  font  deliees  &  cafTantcs  :  les  feuilles  qui  font 
rangees  fans  ordre  ,  tantot  par  petits  bouquets,  tantot  feuls  ou  accompa- 
tgnees  d'une  autre  petite  dans  leurs  ailfelles  ,  font  de  differentes  figures;  les 
lines  refTemblent  affez  aux  feuilles  de  myrthe  ;  les  autres  s'elargilfanc  vers 
leur  fommite  forment  trois  pointts  en  trident  :  les  autres  n'en  forment 
qu'une  feule  j  les  plus  grandes  ont  environ  nn  pouce  de  longueur  fur  5  ou  4 
lignes  de  largeur;  elles  font  epai (fes  iS;  d'un  verd  fort  eclatant.  Chaque 
branche  foutienc  une  feule  fleur  ,  il  s'y  en  trouve  quelquefois  deux  ,  mais 
rarement  :  elles  font  d'un  trcs-beau  violet ;  &  ont  environ  un  pouce  de  dia- 
metre :  elles  font  compofees  de  demi-fleurons  ,  du  fond  defquels  s'cleven: 
quatre  petites  ecamines  blanches  chargees  d'un  petit  fommet  noiratre  :  ils 
fe  terminent  en  trois  pointes ,  &  n'ont  qu'environ  j  lignes  de  long  fur 
line  ligne  de  large  \  chaque  demi  Heuron  porte  fur  un  embryon  qui  ,  lorf- 
que  la  fleur  eft  palfee  ,  devient  une  femence  garnie  d'une  efpece  d'aigrette. 
Toute  la  fleur  eft  foutenue  par  un  calice  compofe  de  feuilles  difpofees  en 
ec lilies  ,  chacune  defquelles  n'a  que  i  ou  3  lignes  de  long  ,  fur  une  ligne  de 
large. 

Clufius  rapporte  que  les  Charlatans  de    I'Andaloufle    donnoient  la  dc- 
coftion  de  cette  plante  comme  un  fpccifique  dans  les  maladies  veneriennes. 

Les  Charlatans  de  nos  jours  I'ordonnent  encore  trop  fouvent   comme 
purgatif;  quoique  ce/rw^e*^  /emii/ii  foit  plutoc  un  poifon  qti'un  purgatif. 


Ex  trait 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  joj 


ACAD.ROYAI-E 

Extrait  dc  Vhijioirc   du  Carcajou  ,  envoy cc  par  M.  Sarra-    i^e^  SciEhXEs 
zjN  ,   Mcdcdn   du  Roi  en  Canada  ,  &  Coircfpondant  dc     ,     , 
VAcaddmie.  -^"^^  '7 'J- 


o 


E  carcajou  eft  un  animal  carnaflier  de  rAmecique  fepie4itrionale  , 
i^-'  qui  en  iiabite  ks  cantons  les  plus  troids :  il  pefe  otdinairement  depuis 
^5  jufc]u'a  J  5  livres  :il  a  environ  z  pieds  depuis  le  bout  du  mufeau  juf- 
qu'a  la  queue  qui  pent  avoir  8  pouces  de  long.  II  a  la  tcte  fore  cource  8c 
fort  grolfe  a  proportion  du  relle  de  fon  corps  j  Ics  yciix  trcs-peiitsj  ies 
maclioires  trcs- fortes  tk  garnies  de  trente-deiix  dents  bien  tranchantes. 
Quoique  petit  il  eft  trcs-f-ort  &:  trcs-furieux  ;  &  quoique  carnaftier  il  eft  ft 
lent&  fi  pefant  qu'il  fe  traine  fur  la  neige  plutot  qu'iln'y  marclie'.  II  ne 
pcut  attraper  en  marclianv  que  le  caftor  qui  eft  auftl  lent  que  lui,  &  il  faut 
que  ce  foit  en  ete  ou  le  caftor  eft  liors  de  fa  cabane  ;  mais  en  hiver  il  ne 
peut  que  brifer  &  demolir  la  cabane  ,  &  y  furprendrele  caftor,  ce  qui  ne 
lui  rcuflit  que  tres-raremJht  ,  parce  que  le  caftor  a  fa  retraite  afTurce  fous 
la  glace.  Cependant,  comme  le  caftor  en  hiver  meme  fort  pout  aller  dier- 
cher  dans  le  bois  des  provifions  fraiches  qu'il  aime  micux  que  les  viclles, 
le  carcajou  I'y  peut  attaquer. 

La  chalfe  qui  lui  rend  le  plus  eft  celle  de  I'orignac  &:  du  caribou.  L'ori- 
gnac  choifit  en  hiver  un  canton  oil  croilfe  abcTndamment  Vanagyris  fdtiJa  , 
ou  bois  puantjdont  il  fe  nouvrit  j  &:  quand  la  terre  eft  couverte  de  cinq 
ou  fix  pieds  deneij;es,  il  fe  fiit  dans  ces  cantons  des-chemins  qu'il  n'a- 
baaJonne  pas  a  moins  qu'il  ne  folt  pourfuivi  par  Ics  chalfeurs.  Le  carcajou 
ayant  obfervc  la  route  de  I'orignac  grimpe  fur  un  arbre  ,  aupres  duqu<l 
il  doit  palfer  ,  &  de-la  s'elance  fur  lui  &  lui  coupe  la  gorge  en  un  moment. 
Envain  I'orignac  fe  couche  par  terre  ou  fe  frotte  centre  des  arbres  ;  rien 
ne  fait  lacher  prife  au  carcajou  ,  &:  des  challeurs  ont  trouvc  quelquefois 
des  morceaux  de  fa  peau  large  comme  la  main  qui  etoient  demeurcs  d 
I'arbre  contre  lequel  I'orignac  s'ctoit  frotte.    ;   , 

Le  caribou  eft  une  efpece  de  cerf;  il  eft  tres-lirger  &:  court  fur  la  neige 
prefque  auffi  vite  que  fur  la  terre  ,  parce  que  fes  ongles  qui  font  fort  larges 
&  garnies  d  un  poil  rude  dans  leurs  intervalles  ,  rempechent  d'enfoncec  &: 
lui  tiennent  lieu  des  raquettes  des  Sauvages.  Lorfqu'il  habite  le  fort  des 
bois  ,  il  s'y  fait  des  routes  en  Iiiver  comme  I'orignac  &  y  eft  attaque  de 
nieme  par  le  carcajou  ;  mais  quand  il  eft  dans  les  endroits  clairs  ou  il  n'a  pas 
befoin  de  fe  faire  des  routes,  &  cii  il  va  de  tous  cotes  indifteremment ,  le 
carcajou  qui  pourroit  I'attendre  trop  long  terns  ,  n'a  pas  coutume  d'y  perdre 
fon  terns ,  &  il  ne  donne  guere  la  chalfe  au  caribou  que  dans  les  endroits . 
cpais. 


Tome  III ,  Panic  Frangoife^  ^  j^ 


jo^  COLLECTION 


d^ 


Acad.  Roy  AiE 

DEs  Sciences  .      JJiftoirc  du   Cafe. 

DE  Paris.  ■'  J 

Annk  1715.  Par.    M.   d  e    J  u  s  s  i  e  u." 

JLj'Histoire  &:  la  defcription  du  cafe  que  je  donne  aujourd'hui ,  a  cce  faite 
non  fur  les  memoires  ou  fur  les  conjectures  des  Botaniftes  qui  ne  I'avoienc 
jamais  vu  ,  mais  d'apres  I'arbre  menie  que  nous  poiTedons  dans  le  Jardin 
Royal. 

L'Europe  a  I'obligation  de  la  culture  de  cet  arbre  aux  foins  des  Holian- 
dois,  qui  de  Moka  Tone  porte  a  Bacavia  ,  &  de  Batavia  au  jardin  d'Amfter- 
dam  ,  &  la  France  en  eft  redevable  au  zele  de  M.  Reffon  Lieutenant-Gene- 
ral  d'artiilerie,  qui  fe  priva,en  faveur  du  Jardin  Royal  ,  d'un  jeune  pied 
de  cet  atbre  qu'il  avoit  fait  venir  de  HoUande.  Mais  M.  Pancras  Bourgue- 
meftre  regent  de  la  ville  d'Amfterdam ,  nous  a  fourni  I'occafion  de  connoitre 
encore  mieux  cette  plante  interelTante  ,  par  le  foin  qu'il  prit  I'annee  derniere 
d'en  faire  tranfplanter  un  pied  a  Marli  on  il  fut  prefente  au  Roi  ,  &  dela 
en  voye  a  Paris  au  jardin  de  Sa  Majefte  ,  dans  leqii'el  nous  lui  avons  vu  don- 
ner  fucceflivement  des  fleurs  &  des  fruits. 

Cet  arbre,  auquelon  peut  donner  le  nom  de /.j/wi/z  d' Arable  a  feuUles  de 
lauTur  &  dont  Ixfcmcnu  nous  ejl  connucfous  k  nom  de  cafe  ;  cet  arbre,  dis- je  , 
en  I'etat  auquel  il  fe  trouve  adtuellement  au  Jardin  Royal  ,  eft  de  la  hau- 
teur de  5  pieds  ,  &c  de  lagrofteurdu  pouce  j  il  donne  des  branches  qui  » 
d'efpace  en  efpace,  fortent  de  toure  la  longueur  de  fon  tronc,  toujours  op- 
pofeesdeuxa  deux,  &  rangees  de  maniere  qu'une  paire  croife  I'autre.  Elles 
font  fouples,  arrondies  ,  noueufes  par  intervalle  ,  couvertes  aufti-bien  que 
le  tronc  d'une  ecorce  blanchatre  ,  fort  fine  qui  gerfe  en  fe  delTcchant.  Leur 
bois  eft  un  peu  dur  &:  eft  douceatre  au  gout  :  les  branches  inferieures  font 
ordinairement  fimples  ,  &  s'etendent  plus  horifontalement  que  les  fupu- 
rieures    qui   terminent  le  tronc,  lefquelles  font  divifees  en  d'autres  plus 
menues  qui  partent  des  ailTelles  des  feuilles  &  gardent  le  meme  ordre  que 
cetle  du  tronc  5  les  unes  &  les  autres  font  chargces  en  tout  terns  de  feuilles 
entieresfans  dentelures  ni  crenelures  dans  leur  contour ,  aigues  par  les  deux 
bouts,  oppofees  deux  a  deux,  fortant  des  na'uds  des  branches   &:  relTem- 
blant  aux  feuilles  du  laurier  ordinaire,  avec  cette  difference  qu'elles  font 
mollis  feches  &  moins  epailfes  ,  ordinairement  plus  larges  ,  plus  pointues- 
par  leut  extremite  qui  fouvent  s'incline  de  cote ;  cju'elles  font  d'un  beau  verd 
gai  &  luifant  en-delTus  ,  verd-pale  en-delfous  &C  verdjauniitre  dans  celleS' 
qui  font  nailTantes  ;  qu'elles  font  ondees  par  les  bords  ;  ce  qui  vient  peut- 
etre  dela  culture  ;  &  qu'enfin  leur  gout  n'eft  point  aromatique  ,  mais  lim- 
/     X'XV.  plement  herbacee.   Les  plus  grandes  feuilles  ont    t    pouces  environ  dans 

"" '  le  fond  de  leur  largeur  ,  fur  4  ou  5  pouces  de  longueur  :  leurs  queues  fonr 

fort  courtes.De  Tailfelle  dela  plus  part  nailfent  des  Beurs(  1 )  jufquaunonihre 
de  cinq  ,  foutenues  chacune  par  un  pcdicule  court;  eiles  font  toutes  blanches  ,. 
d'une  feule  piece  ,  a-peu-pres  du  volume  &  de  la  figure  de  celles  du  jafmiiv 
d'Efpagne  ,  exceptique  le  tuyau  en  eft  plus  court ,  &  que  les  decoupuresea^ 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  E.  jo* 

font  plus  ^croites  8c  font  accompagnces  de  cinq  ccamines  blanchfts  (2)3  _ 

fommets  jaunatres,  au-lieu  qu'il  n'y  en  a  que  deux  dans  nos  jafintns.  Ces   *  ^ 

ccamines  dtbordenr  le  myau  de  leiirs  fleurs  ,  &  entourent  un  ftile  (  j  )  four-     d^s,  Sciences 

clui  qui  furmonce  I'embiyonou  pilliie  (4}  place  dans  le  fond  d'un  calice       de  Paris. 

(5  )  verd  a  quaere  poinces,  deux  grandes  &:  deux  petites  difpofces  alter-    Annie  iyij. 

iiativement.Xes  rieurs  padent  tore  vice,  &  one  une  odeur  douce  &  acrea- 

ble.  L'embryon  (  4)  ou  jeune  truit  qui  devient  (  6)  a-peupies  de  la  ^rof- 

feur  &  de  la  figure  d'un  bigareau  ,  le  cermine  en  ombilic  &  eft  verd-claic 

d'abord,  puis  rougeatre  ,  enfuite  d'un  beau  rouge  ,&  enfin  rouge-obfcur 

dans  fa  parFaite  maturice.  Sa  chair  (7  )  eft  glaireule  ,  d'un  goiir  defagre  ible, 

qui  fe  change  en  celuj  de  nos  pruneaux  noirs  fees ,  lorfqu'elle  elt  dcifc- 

chce  ,  &  la  grolleur  de  ce  huit  le  rcduit  alors  a  celle  d'une  bale  de  laurier. 

Cerce  chiir  fert  d'enveloppe  a  deux  coques  (  8  )  minces,  ovales ,  ctroire- 

ment  unies  ,  arrondies  (9)  fur  leur  dos  ,  applaties  (  10)  par  I'endroit  oil 

elles  fe  joignent ,  de  couleur  d'un  blanc-jaunatre  8c  qui  (11)  contiennent 

chacunc  une  femence  calleufe  ,   pour  ainh  dire  ,  ovale  ,  voutce  (  1 1 )  fur 

fon    dos   tS;  platte  (  1 3  )  du  coce   oppofe ,  creufee  dans  le  milieu  &  dans 

route  la  longueur  de  ce  meme  cote  ,    d'un  fiUon  alfez  profond.   Son  gouc 

eft  tout  d-fait  pareil  a  celui  du  cafe  qu'on  nous  apporte  d'Arabie.  L'ne  de 

ces  deux  femences  venanc  a  avorcer  ,  celle  qui  refte  acquiert  ordinairemenc 

plus  de  volume,  a  fes  deux  cotes  plus  convexes  &  occupe  feule  le  m.lieu 

du  fruir. 

On  appelle  caft  en  coque  ce  fruit  entier  &  deffcche ,  &  cafe  monde,  fes 
femences  depouillees  de  leurs  enveloppes  propres  8c  communes. 

Par  cette  defcription  faite  d'aprcs  nature  ,  il  eft  aife  de  juger  que  I'arbre 
du  cafe  qu'on  pent  appeller  le  cafier  ,  ne  peut  etre  range  fous  un  genre 
qui  lui  convienne  mieux  que  celui  des  jafmins  ,  fi  on  a  egard  a  la  figure 
de  fa  fleur  ,  a  la  ftrudure  de  fon  fruit  &  a  la  difpofition  de  fes  feuiilcs, 
ce  qui  eft  conformeau  fentiment  de.M.  CommelinProfelFeur  de  l>otanique 
a  Amfterdam. 

Par  la  vue  du  fruit  fur  I'arbre ,  I'idee  que  Ton  s'eroir  formee  que  ce  fruit 
flit  une  feve  crue  dans  une  goulfe  ,  fe  trouve  faulTe  ,  Sc  nous  fommes  audi 
defabufes  de  I'opinion  de  RauvoU  qui  nous  a  voulu  perfuader  que  ce  qui 
eft  marque  dans  Avicenne  fous  le  nom  de  bunck  ,  8c  dans  Razes  fous  le 
nom  de  bunca  ,  8c  que  la  plupart  de  leurs  interpretes  di.fent  etre  une  ra- 
cine  provenanc  de  I'Arabie  heureufe,  foit  le  cafe. 

Et  par  la  figure  que  j'en  donne  ici ,  on  s'appercevra  d'abord  combien 
celles  des  Auteurs  qui  en  ont  parle  ,  font  defe(ftueufes ,  foit  parce  que  le$ 
fleurs  y  manquent,  foit  parce  que  les  feuilles  8c  les  fruits  y  font  place* 
peu  exa(flementc 

Si  aprcs  cette  defcription ,  il  reftoit  encore  le  moindre  doute  que  cet 
arbre  fiit  veritablement  celui  qui  porre  le  cafe  que  nous  tirons  d'Arabie, 
on  pourroit  s'en  cclaircir  pleinemcnt  par  la  conformitequi  fe  trouve  a-peu- 
pres  entre  tout  ce  que  je  viens  de  rapporter,  &  les  relations  de  ceux  qui 
font  arrives  tout  recemmenc  de  Zedia  ,  lieu  ou  il  fe  cultive  ,  cloigne  de 
quelques  journees  de  la  rade  de  Moka. 

Ces  relations  quoiqu'imparfaites,  noos  apprenoient  que  cec  arbre  croif 

S3    ij 


'5055 


COLLECTION 


:AcAD.  RoYAlE 
DES  SCIHNCES 

BE  Paris. 
<^nnk  17 15. 


dans  fon  pays  natal ,  Sc  meme  a  Batavia  jufqu'a  la  hautetir  de  40  pleds,  <?c 
que  le  diametre  de  fon  troiic  n'excede  pas  4  a  5  poucesj  qu'on  le  cultive 
avec  foiii  \  qu'on  y  voit  en  routes  les  faifons  des  fruits  &  prefque  toujours 
dcs  flours;  qu'il  fournit  deux  ou  trois  fois  I'annee  une  recolte  tresabon- 
danre  ,  &  que  les  vieux  pieds  portent  moins  de  fruits  que  les  jeunes  ,  lefquels 
commenceiit  a  en  produire  des  la  troilieme  &  quacrieme  annee  apres 
leur  germination  :  circonftances  qui  avoient  dqa  ete  en  partie  obfervees 
dans  le  pays  par  M.  Clyve  Anglois ,  &  citees  par  M.  Fioane  dans  les 
Tranfjctions  ph'Uofofihiquei  d' AngUmn  de  I'annee  1(^94.  Au  refte  le  mot 
de  cafe  en  Fran(jois  ,  ou  coffee  en  Anglois  &  en  Hollandois ,  tirent  I'ua 
&  ['autre  leur  orij;ine  de  ce  celui  de  caouhe  ,  nom  que  les  Turcs  doniienc 
^  la  boilfon  qu'on  prepare  avec  cette  femence. 

A  I'egard  de  la  culture  ,  le  peu  de  terns  qu'il  y  a  que  nous  poffedons  I'arbre 
du  cafe  ne  nous  a  pas  permls  de  faire  alFez  d'obfervations  fur  la  maniere  de 
le  multiplier  &  de  I'elever ;  je  puis  neanmoins  etablir  celles-ci  pour  cer- 
taines  ,  c'ell  que  fi  la  femence  du  cafe  n'eft  pas  mife  en  terre  route  recente  , 
comane  plufieursautres  femencesde  plantes  ,  on  ne  doit  pas  efpcter  de  la  voir 
germer.  Les  femences  qu'en  a  recueiiUes  M.  Commelin  hir  les  pieds  cultives 
dnns  le  jardin  d'Amfterdam,  &  jettees  ptefque  auHi-ior  en  terre  ,  ont  produit 
d'auttes  arbres.  Celles  tirees  des  fruits  memes  que  ce  fwant  Profeflenr  m'a 
cnvoyees  ,  ont  eu.  pen  de  fucces  au  jardin  royal ,  quoique  plantees  auili-tot 
qu'elles  ont  ete  regucs  ,  au  lieu  que  celles  de  I'arbre  culrive  depuis  line  annee 
au  jardin  royal ,  pour  avoir  ete  mifes  en  terre  aulli-tot  apres  avoir  etc  cueil- 
lies  ,  ont  prefque  toutes  leve  fix  femaines apres. 

Ce  fait  juftirte  leshabitans  du  pays  ou  fe  cultive  le  cafe,  de  la  malice  qu'on' 
leur  a  imputee  de  tremper  dans  I'eau  bouillante,  ou  de  faire  fecher  au  fea 
tout  ce  qu'ils  debitent  aux  etrangers,  dans  la  crainte  que  venant  a  clever 
comme  eux  cette  plante  ,  ils  ne  perdifTent  un  revenu  des  plus  confiderables. 
La  germination  de  ces  femences  n'a  rien  que  de  commun.  A  I'^gard  du 
lieu  oii  nous  avons  reconnu  que  cette  plante  pouvoit  fe  conferver,  comme  1,1  ■ 
doit  avoir  du  rapport  avec  le  p.iys  dans  ieque!  elle  naJt  naturellement,  &  oii 
Ton  ne  refTent  point  d'hiver  ,  nous  avons  ete  jufqu'ici  obliges  de  fupplcer  aa 
defaut  de  la  temperature  du  climar ,  par  une  ferre  a  la  maniere  de  celles  de 
HoUande ,  fpus  laquelle  on  fait  un  feu  modere  pour  y  entretenir  une  cha- 
leur  douce  ,  &  nous  avons  obferve  que  pour  prevenir  la  fecherelTe  de  cette 
plante  ,  il  lui  falloit  de  temps  en  temps  un  arrofement  proportionne. 

Soit  que  ces  precautions  en  rendent  la  culture  difficile ,  foit  que  les  Turcs 
naturellement  parelTeux  ayent  neglige  de  la  multiplier  dans  les  autres  pays 
fujets  a  leur  domination  ,  nous  n'avons  pas  encore  appris  qu'elle  croilTe 
abondamment  en  aucune  autre  contree  que  celle  du  Royaume  d'Yemen  en 
Arable,  ce  qui  paroit  etre  la  ?aufe  pour  laquelle  avant  le  16'  (lecle  le  cafe 
nous  ctoit  prefque  inconnu. 

Je  laide  aux  hiftoriens  le  foin  de  rapporter  ce  qui  a  donne  occafion  d'en 
faire  ufage  ,  Sc  d'examiner  fi  Ton  en  doit  la  premiere  experience  a  la  curiofite 
d'un  Superieur  d'un  monaftere  dArabie  ,  qui  voulant  titer  fes  moines  du_ 
fommeil  qui  les  tenoit  airoiipis  dans  la  nuit  aux  ofHces  du  chaur,  leur  en  fie 
boire  I'infufion ,,  fur  la  relation  des  effets  que  ce  fruit  caufoit  aux  chevres  qui 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  L.  509 

fcn  avoient  mange  :  ou  s'il  faut  en  attribuer  la  dccoiivcrte  a  la  picti;  d'un  ,_____„_ 

Mufci ,  qui  pour  faire  de  plus  longues  prieres ,  Si  poulll-r  les  veilles  plus  loin  "7         ~ 

que  les  Dervis  les  plus  devots,  a  pallc  pour  s'en  are  fervi  des  premiers.  nt^'s    ences" 

L'ufage  en  eft  devenu  depuis  ce  temps  fi  familier  cliez  les  Turcs ,  chez       pj  i);iais. 
les  Perfans,  ciiez  les  Armcniens  ,  &  meme  chez  les  differences  nations  de 
I'Europe,  qu'ilferoit  prefque  inutile  de  in'ctendre  fur  la  preparation,  is;  fur  -^'"'"   *7«i« 
la  qualitc  des  vailleaux  &  des  inllrumens  qu'on  y  emploic. 

Je  me  contenterai  de  faire  obferver,  1°.  que  des  trois  manieres  d'en 
prendre  I'infulion  ,  favoir,  ou  du  cafe  mondt  &c  dans  fon  etat  naturel ,  ou 
du  cafi  rod,  ou  feulemenc  des  enveloppes  propres  &  communes  de  cette 
lemence  auxquelles  nos  I'ran^ois,  de  rccour  de  Moka ,  one  impropremenc 
aonne  le  nom  dsjleur  decafi ,  la  feconde  de  ces  manieres  eft  preferable  a  la 
premiere  ,  ik  la  croilieme  aulll  appellee  •:afc  a  la  Suitune, 

2°.  Qu'entre  le  gros  &:  blanchatre  qui  nous  vient  par  Moka,  &  le  petit 
verdatre  qui  nous  eft  apporte  du  Caire  par  les  caravaiines  de  la  Mecque, 
celuici  doit  ctre  choifi  comme  le  plus  mur ,  le  meilleur  au  gout,  &c  le 
moins  fujet  a  fe  gater. 

3°.  Que  de  tous  les  vailTeaux  pour  le  rotir,  les  plus  propres  font  ceux  de 
terre  vetniirce ,  afin  d'eviter  I'impreflion  que  ceux  de  fer  ou  d'airain  peuvenc 
lui  communiquer,  • 

4°.  Que  la  marque  du  jufte  dec^re  de  fa  torrefadtion  eft  la  couleiir  tirane 
fur  le  violet ,  qu'on  ne  psut  appercevoir  qu'en  fe  fervanc  pour  le  rotir ,  d'ua 
vaifleau  dccouvert. 

J°.  Que  I'on  ne  doit  en  pulvcrifer  qu'autant  Sc  qu'au  moment  que  Ton 
vent  I'lnKifer.  (J".  Enfin  quctant  jetce  dans  I'eau  bouillante,  I'infufion  en  eft 
plus  agreable  ,  &  fouffre  moins  de  diilipation  de  fes  parties  volatiles,  que 
lorfqu'ileft  mis  d'abord  dans  I'eau  froide. 

II  me  refte,  parmi  ce  grand  nombre  d'opinions  fi  diffcrentestouchanr  fes 
qualices,  de  donner  quelque  chofe  de  certain  fur  fa  maniere  d'agir  &  fur  fes 
vertus. 

La  matiere  huileufe  qui  fe  fcpare  du  cafe  ,  &  paroic  fur  fa  fuperficie  lorf- 
qu'on  le  grille ,  &  fon  odeur  particuliere  qui  le  fait  diftinguer  du  fcigie  ,  de 
I'orge  ,  des  pois ,  dts  feves  &  autres  femences  que  I'epargne  fait  fubftituer  au 
cafe ,  doivent  ctre  les  vraies  indications  de  fes  effets ,  fi  Ion  en  juge  par  leur 
rapport  avec  les  huiles  tirees  par  la  cornue,  puifqu'elle  contient  aufli  bien 
que  celles-ia  de%  principes  volatils  rant  falins  que  fulfureux. 

C'eft  d  la  dilfolution  de  fes  fels  &  au  melange  de  fes  foufres  dans  le  fang, 
que  I'on  doit  attribuer  la  vertu  principale  de  tenk-  eveille,  que  Ton  a  re- 
marquee  comme  I'effet  le  plus  confiderable  de  fon  inftifion.  C'eft  de-la  que 
viennent  fes  proprietes  de  faciliter  la  digeftion,  de  prccipiter  les  alimens  , 
d'empccher  les  rapports  des  viandes  &  d'eteindre  les  aigreurs,  lorfqu'il  eft 
prisapres  le  repas.  C'eft  par-la  que  la  fermenration  qu'il  caufe  dans  le  fmg', 
utile  aux  perfonnes  gralles  ,  replettes  ,  pituiteufes  &  .i  celles  qui  font  fu/ettes 
aux  migraines ,  devientnuifible  aux  gens  maigrcs,  bilieux,  Sc  a  ceux  qui  era 
ufent  trop  fcequemment.  C'eft  aufli  ce  qui  rend  cette  boirtbn  quelquefois 
diuretique. 

L'experience  a  introduic  quelques  precautions  que  je  ne  faurois  blamer  , 


510  COLLECTION 

.irii  — —  toucliaiu  la  maiiiero  de  prendre  cetce  infiifion.  Telles  font  celtes  de  boire  urt 

AcAD.RoYALE  verre  d'eau  avant  la  prife  de  cafe,  afin  de  la  rendre  laxative,  de  corriget 

BEs  Sciences     par  le  fucre  ramcruims  qui  pourroic  la  rendre  defagreable  ,  &  de  la  me)er  , 

DE  Paris.      qu  de  la  faire  quelquefois  au  laic  ou  a  la  cteme ,  pour  en  etendre  les  foufres , 

J      ,  ,     ou  embarrader  les  priucipes  falins,  &  la  rendre  nourrilTante. 

^nnat  1715.        ^^^^^  j,^^  ^^^^^  ^^^^  ^^  faveur  du  cafe,   que  quand  il  n'auroit  pas  des 

vertus  aulli  cerraines  qaecelles  que  nous  lui  connoilFons,  il  a  toujours  I'avan- 

ta^e  par-delTus  le  vin  de  ne  Liiffer  dans  la  bouclie  aucune  odeur  defagreable  , 

ni  d'exciter  aucun  trouble  dans  I'efpritj  &  que  cetce  boidon  au  contraire 

femble  I'egaier ,  le  rendre  plus  propre  au  travail,  le  recreer  &  en  difTiper  les 

ennuis  avec  aucant  de  facilice  que  ce  fameux  mpmthis  fi  vanu  dans  Homere, 


Obfcrvation   Botaniquc. 

Par    M.    DE    Reaumur. 

lyX-  DE  Reaumur  allant  de  Saumur  a  Thouars  au  mois  de  juin  171 1 , 
remarqua  dans  toute  une  etendue  de  cinq  lieues  de  chemin  ,  que  des  pruniers 
fauvacres  qui  font  communement  dans  des  builTonsSi  dans  des  liaies  ,  &  qui 
devoient  avoir  alors  de  petites  prunes  rondos  de  la  grolfeur  d'un  pois  , 
comme  ils  en  avoient  ettedtivement ,  en  avoient  tous  a  peu-pres  autant  d'une 
arandeur  &  d'une  figure  difFerentes  :  elles  etoient  ovales  ,  fort  femblables  a 
de  ieunes  amandes ,  &  fouvent  une  fois  &  demie  plus  longues  que  les  fruits 
naturels  &  ordmaires.  Leur  couleur  etoit  aulTi  d'un  veid  moins  fonce  &C 
tiroit  fut  le  j.iunatre.  Les  cinq  lieues  palTees  ,  M.  Reaumur  chercha  inutile- 
ment  de  femblables  prunes  pendant  vingt  -  cinq  lieues  de  chemin  ,  quoiqu'il 
y  eiit  des  memes  pruniers  en  abondance.  Dans  I'etendue  oil  fe  trouvoient  les 
prunes  irregulieres  ou  monftrueu(es ,  les  autres  arbres  n'avoient  point  de 
fruits  qui  le  fulfent. 


Decouvertc  des  Fkurs  &  d&s  Graincs  d'une  Plante  rangce  par 
les  Botanijlcs  fous  le  genre  du  Lichen. 

Par  M.   M  A  R  c  H  A  N  T. 

J_J  A  plupart  de  ceux  qui  ont  travaille  fur  I'Hiftoire  des  Plantes ,  ont  fait 
mention  de  celle  qui  fait  le  fujet  de  ce  Memoire  :  les  uns  I'ont  decrite  & 
en  ■  ont  donne  la  figure  ;  les  autres  ont  public  fes  vertus ,  &  il  y  a  peu  de 
Phatmacopees  ou  elle  ne  foit  employee  dans  des  compofitions  galeniques, 
ou  dans  des  remedes  topiques  ;  mais  comme  entre  les  Botaniftes ,  foit 
anciens  ,  foit  modernes  qui  ont  donnc  des  definitions  des  caraftercs  gene- 
riques  des  plantes  ,  on  n'en  voit  point  qui  ait  veritablement  connu  les 
fleurs ,  ni  les  graines  de  celle-ci ,  je  rapportetai  la  decouverte  que  j'ai  faite 
de  fes  parties  ci-devant  inconnues. 


ACAD^MIQUE.  5,1 

QuelqueS-uns  de  ces  Auteurs  font  confifter  le  caradlere  generique  du  ___„__«_^ 
lichen  en  ce  que  c'eft  une  plante  imparfaice  dont  les  feuilles  s'etendent  T         j^     ; 
fur  la  furface  de  la  terre  ,  ou  fur  le  tronc  des  arbres  ,  &  ils  divifqpt  ces     nr'^ Sciences^ 
herbes  en  plantes   fteriles ,  &  en  plintes  portanc  des  femences.  D'autres       de  Paris. 
divifent  le  genre  du  lichen  en  plantes  qui  ne   portent  point  de  tiges ,  &       .      , 
en  plantes  qui  portent  des  tiges.  "'^a  i^ij. 

Enhn  le  plus  moderne  de  ces  Auteurs  ,  /«/?.  R.  herb,  dcfinit  le  lichen  y 
itn  genre  de  plante  qui  ne  porce  point  de  tleurs  ,  mais  dont  le  frui«t  relTem- 
ble  en  quelque  facon  .1  un  balTin  rempli  de  foUe  fatine  ,  ou  tres-menue 
femence  qui  ecanr  vue  au  microfcope  ,  paroira-peu-prcs  ronde. 

Apres  avoir  rapporte  le  fencimenc  de  ces  Hiftoriens  fur  la  nature  du 
lichen  ,  pour  eviter  route  equivoque  ,  nous  dcclarons  que  notre  obferva- 
tion  eft  faite  fur  la  plante  nommee  dans  le  Pinax  de  Gafp.  Bauh.  Lichen 
peeraus  fidlatus  ,  Sc  que  notre  detfein  n'eft  pas  de  decider  fi  les  trois  pte- 
feiieres  efpeces  de  ce  genre  de  plantes  rapportces  pat  ce  mcme  Auteur  , 
ne  font  que  des  varietes  de  celleci ,  comrae  il  patoit  que  J.  Bauiiin  la  cm  , 
puifqu'il  ne  donne  que  la  defcription  &  la  figure  du  lichen  etoiic  pour 
ces  trois  efpeces ,  &  qu'il  reproche  a  plufieurs  Auteurs  celtbres  de  n'avoir 
decrit  que  le  meme  lichen  ,  quoiqu'ils  expofent  trois  figures  difFcrentes. 
Nous  ne  parlerons  point  audi  de  ce  que  cette  plante  a  de  comn'un  avec  les 
autres  efpeces  de  lichen  ,  mais  hous  tacherons  de  faire  connoitre  ce  qu'clle 
a  de  particulier  ,  &  qui  fait  I'objet  de  cette  dilTertation. 

Chaque  tige  de  c|tte  plante ,  de  grandeur  nacurelle  (  PL  XXIF  Fig.  I') , 
porte  a  fon  extiemite  ,  une  etoile  ou  rofette  d'un  deini-pouce  de  diame- 
tre  ,  pofee  horifontalement ,  pour  I'ordinaire  compofee  de  neuf  rayons  qui , 
avec  la  tige  ,  forment  en  quelque  maniere  la  charpente  d'un  parafol ,  & 
dont  I'extremite  de  chaque  rayon  eft'cerminee  en  pointe  obtufe  un  peu  re- 
courbee  en  bas  ,  &  fiUonnce  en  delTous  :  le  deffbus  de  chacun  de  ces  rayt)ns, 
va  a  la  loupe  (  Fig.  VI )  ,  depuis  leur  origine  jiifque  vers  le  milii.-M  delear 
longueur  ,  eft  garni  de  plufieurs  membranes  a  ,  un  peu  confufemcnt  rangees 
«ntre  des  lignes  paralleles  :  ces  membranes  font  fort  minces,  tranfparen- 
tes,  d'un  verd-blanchatre  &  godronnees  par  les  bords.  D'tntre  ces  mem- 
branes fortent  huit  a  dixboutons^,  aulli  verd- blanchatre  membraneux  , 
rayes  ,  &  a  plufieurs  pans  termines  en  pointe  ,  &  qui  alors  par  leur  figure 
ont  un  peu  de  rapport  aux  vcflies  de  I'alkekenge  des  Indes  ;  mais  ils  font 
moins  ronds. 

Chaque  bouton  ctant  onverrc,  forme  un  caiice  en  gobelet  renverfe  , 
etroit  par  fa  bafe  ,  plus  large  &:  dentelc  par  le  bord;  &  de  fa  cavite  il  fort 
un  pedicule  qui  porte  une  fieur  d ,  de  la  figure  d'une  coupe  ou  talle  aimgue 
en  maniere  de  godet ,  de  couleur  de  citron  tirant  fur  I'oranger  ,  Icgcre- 
ment  dentelee  en  ondes  par  les  borJs  qui  fe  renverfe  en  dehor';  ,  &  cs:;e 
coupe  qui  a  tout  au  plus  une  demi-ligne  de  diametre  ,  eft  ordinairement 
inclines  en  enbas. 

Au  meme  terns  que  cette  fleur  s'epanouit ,  on  decouvre  an  dedans  une 
touffe  de  filets  foyeux  tres-fins«,  d'un  jaune  dore  ,  fort  ferresentt'eux  ,  fie 
qui  eufemble  reprefentent  allez-bien  une  houppe  de  foie  dont  les  brins  fe- 
loient  chiffbnnts  i5c  reglies  ,  lefqutls   s'allongeant  peu-a-peu ,  &  s'epa- 


5"^  COLLECTION 

-^'"•'"— "-— ^  nouirtant  vifiblement ,  laiffcnc  echapper  une  infinite  de  tres-petites  parti- 

AcAD.RoYALF.  cnies  jaunes  a  pen  pres  rondes/,  qu'on  appei-^oic  adtuellement  forcir  par 

BEs  Sciences    boiiffifes  d'encre  les  hlets  foyeus   de  cecte  houppe  ,  &  fe  repandre  dans 

DE  Paris.       i'air,ain(i  que  feroient   les   ecincelles  d'un  tifon   enflamme  qu'on  frappe- 

/Jnnee  171  J.     roit  coup  fur  coup;  ces  particules  par  leur  extreme  fineire  s'cvanouillent 

aux   yeux  2c  feperdent  dans  I'air.  Les  Hears  ne  sepanouilFenc  que  fuccelli- 

vement,  &  ay.int  cte  vifiblcs  pendant  dsux  ou  trois  jours,  elles  deviennenc 

de  couleur  roulle  ,  &  fe  delfechenc  entierement. 

Il  eft  afiTez  vraifembl.ible  que  les  petites  particules  jaunes  dont  on  vient 
de  parler  ,  font  les  graines  de  cette  plante  {  a)  ,  puifqu'on  voit  naitre  des 
millions  de  jeunes  plantes  de  la  meme  efpece  aux  environs  des  an- 
ciennes  ,  ce  qui  arrive  non  feuletnent  fur  la  furface  de  la  tene  ,  mais  audi 
contra  des  mutsgraveleux  ;  dans  des  cours  ,  entre  les  joints  ou  fentes  da 
pave,  meme  jufques  fur  des  toitsvoifins  expofes  au  nord  ,  &  principale- 
ment  pendant  I'automne  ,  ou  autrcs  terns  trais ,  ce  qui  nous  fair  appeller 
ces  femences,  graines  errantes  ou  vagabondes,  a  caufe  qu'elles  fe  difpec- 
fent  dans  I'air  011  elles  font  invifibks. 

On  a  fouvent  remarque  que  dans  des  cours  nouvellement  pavees  a 
cliaux  Sc  a  ciment ,  on  voit  tout  a  coup  paroitre  quantite  de  ces  plantes., 
quoiqu'on  n'y  en  eut  point  obferve  auparavant  ,  ce  qui  pourroit  fairc  con- 
jedurer  que  la  chaux  pat  fes  principes,  ne  concribue  pas  peu  a  faire  ger- 
mer  ces  graines. 

Par  ce  qui  vient  d'etre  rapporte ,  il  eft  certain  que  la  ftrudure  de  la  fleur 
&  de  la  graine  du  lichen  etoile  n'a  point  ete  connue  des  Botaniftes ,  puif- 
qu'on ne  trouve  rien  de  femblable  dans  tous  les  caracfteres  genenques 
qu'ils  nous  ont  donnes  des  plantes  ,  joint  a  ce  qu'ils  difent  que  le  lichen 
ne  porte  point  de  fleurs;  or  il  eft  de  quelque  importance  en  Botaniquede 
connoitre  parfaitement  le  caradtere  gencrique  d'une  plante,  fur  tout  lorf- 
qu'elle  eft  d'ufage  en  medecine  ,  &  c'eft  ce  que  nous  croyoiis  avoir  decou- 
vert  pat  cette  obfervation  qui  donne  lieu  de  croire  ,  que  routes  les  petites 
plantes  comme  mouffes  ,  lichens  ,  moifiirures,  mufcofites  ,  &c.  qui  naiU 
lent  fur  les  rroncs  des  arbres  &  fur  des  toits  meme  forr  eleves,  font  vrai- 
femblablement  autant  de  plantes  qui  ne  s'y  produifenr  aulli  que  par  des 
graines  vagabondes,  entre  lefquelles  par  la  fuite  on  decouvrira  peut-etre 
une  infinite  de  difFerens  genres  de  plantes  par  rapport  a  la  ftrudure  de 
leurs  fieurs,  ou  de  leurs  graines  lorfqu'clles  auront  ete  bien  examinees. 

Il  refulte  de  notre obfervation  au  lujer  du  lichen  etoile,  qu'on  decoiivre 
clans  une  des  plus  petites  Heurs,  un  mouvement  continuel  de  plufieurs  par- 
lies ,  ce  que  je  ne  fais  point  qu'on  ait  remarque ,  meme  dans  les  plus  gran- 
des  fleurs. 

Il  eft  vrai  que  les  plantes  appellees  fenfitives,  reilerrent  leurs  feuilies 
quand  on  les  touche  ,  comme  font  audi  les  etamines  de  la  fleur  de  I'opuntia , 
qui  etant  frappees  lorfque  le  foleil  donne  delTus,  fe  contraitent  ;  niais  ces 
parties  de  plantes  n'onc  un  mouvement  viiible  que  lorfqu'elles  font  tou- 

(a}  II  femble  que  ces  petites  particules  qui  fortenr  pat  bouffees ,  ont  plus  de  rap-f 
port  avec  des  pouffiercs  d'etamipes  quavcc  des  graines.     , 

elides  J 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  ji, 

dices ;  an  lieu  qu'on  dccouvre  trcs-viliblement  d.ins  la  fleiir  de  notte  plan-  ■ 

te  ,   que  fes  filits  foyeux  fe  developpent  &c  s'allongent  aiiiil  que  feroit  un  /^^ad  Royale 
pcloton  de  vermilleaiix  expofes  i  la  chaleur  dii  foled  ,   d:  que  les  femences     dls  ScitNcts 
de  cette  meme  plante  fe  repandeiu  concinuellement  comme  des  acomes      »k  1'aris. 
dans  lair.  ^  J„„^e  17 ,j. 

Le  caractere  generiqiie  de  cette  planre  ctant  done  de  porter  une  fleiir  ea 
coupe  oil  cade  aiuiqiiercmplie  d'uiie  houppo  ,  compofee  de  hlets  foyeux  ti'ou 
fortent   par  bounce's  qiiantite  de  trcs-mcnues  femences  ,  c-c  ainii  la  ftruc-  , 

ture  de  cette  Heur  ne  convenant  pas  an  caradere  du  lichen  ci-devant  rap- 
portc  ,  &  extrait  des  plus  celebres  Botaniftes  modernes  ,  nous  ctablirons 
pour  cetre  plante  un  nouveau  genre  que  nous  nommerons  marckant'ia  ^  du 
nom  de  feu  M.  Marcliant  mon  pere  qui ,  le  premier  eut  I'honneur  d'occu- 
per  une  place  de  Botanille  dans  cette  Academic,  lorfque  le  Roi  en  i6cS 
ctci.  cette  Compagnie. 

Nous  avertiirons  ceux  qui  vondront  fe  donner  le  plaifir  de  voir  la  fleur 
de  la  marchaniia  jltilata  ,  de  la  chercher  apres  un  terns  d'orage  ou  de  pluie 
chaude  ;  car  qiioique  cette  plante  fleurirte  prefque  pendant  tout  I'ctc  ,toute» 
fois  fes  fleurs  ne  s'cpanouiffent  bien  que  dans  un  tems  chaud  &  liumide  , 
&  le  mois  d'Aoiit  eft  fouvent  le  plus  convenable  pour  obferver  ce  pheno- 
mene  ,  que  je  n'ai  decouvert  qu'aprcs  une  fuite  d'obfervations  faites  pen- 
dant plulieurs  annees ,  a  caufe  de  la  difticulte  qu'il  y  a  de  trouver  le  mo- 
ment ou  cette  fleur  s'epanouit ,  de  fon  peu  de  duree  6c  de  rextreme  deli^ 
catelFe  des  parties  qui  la  compofent. 

Quant  a  ce  qui  regarde  les  vertus  de  cette  plante  ,  nous  dirons  qu'on 
I'emploie  dans  le  fiiop  de  cliicoree  fi  excellent  contre  les  maladies  du  foie 
&  de  la  rate  ,  dont  il  degage  puillamment  les  obftrudtions  ,  &  qu'on  le 
donne  contre  la  jaunilfe  <5c  pour  ramoUir  les  duretes  du  ventre.  On  fe  fere 
auifi  avec  fucces  de  la  decoftion  fmiple  de  la  mvchantia  Jhllaca ,  ou  de 
fon  eau  diftillce  dans  les  maladies  de  la  peau. 


Sur  une  Morillc  branchue,  dc  figure  ^  dc  couhur  dc  corail ^ 

Sf  tres-puante.  j 


JL  L  y  a  env 
mur  du  pa 


Par  M.   D  E   R  E  A  u  M  u  r;  ' 

vlron  deux  ans  que  je  trouvai  cette  plante  en  bas  Poitu,  dans  un 
re  de  la  maifon  feigneuriale  de  Reaumur  :  dans  ce  mur  il  y  en 


proches  en  etoient  a  un  pied.  Le  mur  etoit  expole  a  1  orient ,  mais  environne 
ae  petits  arbritTeaux  &:  de  quantite  de  grands  arbres  qui  le  mettoient  prefque 
entierement  a  I'ombre ,  il  ctoit  fait  d'une  pierre  grife  Si  d'uue  tcrre  rou- 
geatre 

Chaque  plante  {Fig.  I.  PL  XXFl.^  etoit  compofea  de  huit  ou  neuf 
Jbranches  B  BB  ,  &:c.  qui  fortoienc  dumur  par  ua  trou  dont  le  diametre  hori« 

Tmiu  III ,  PurtU  Frangoi/i.  J} 


JI4 


COLLECTION 


DE  Paris. 
Annie  i-ji^. 


^—^ '—j"— '  fontal  etoit  d'environ  un  pouce  6c  demi.  Les  plus  longues  branches  avoient 
Acad  Royale  ^'^P^  pouces :  la  plupart  de  ces  branches  jettoient  trois  ou  quaere  autres  petites 
DEs  Sciences  branches  bbb  ,  &c.  longues  feulemenc  de  deux  pouces ,  ou  de  deux  poucss 
&  demi. 

Eiles  tapiflbient  routes  enfemble  le  mnr  ,  comme  les  branches  des  arbres 
en  efpalier  tapKTent  ceux  conire  lefquelles  eiles  font  etcndues ,  avec  cette 
difference  remarquable  qu'elles  avoient  une  diredlion  contraire  a  celle  des 
branches  des  autres  plantes  j  eiles  tendoienc  en  bas  aufli  regulierement  que 
celles  des  autres  plantes  tendent  en  haut.  Ces  branches  font  d'une  fubftance 
moUe  ,  &  ttop  foibles  pour  foutenir  leur  propre  poids ,  c'eft  la  probablemenc 
la  feule  caufe  qui  les  rait  defcendre  :  ce  qui  en  eft  une  bonne  preuve,  c'efl: 
que  la  plupart  des  branches  courtes  bbb,  &cc.  que  jettent  les  branches  princi- 
pales  fe  reJrelfent.  La  figure  de  chaque  branche  eft  allez  irreguliere  ,  il  y  en  a 
d'aulli  grolfes,  &  meme  de  plus  groflTes  pres  de  leur  extrtmite  que  pres  de 
leur  origine,  d'autres  font  beaucoup  plus  petites  a  leur  extrcmite.  Dans  les 
endroits  ou  eiles  font  plus  grolFes ,  eiles  ont  fix  a  fept  lignes  de  iargeur ,  Sc 
feulement  deux  ou  trois  lignes  depailfeur  vers  le  milieu  de  leur  Iargeur;  je 
dis  vers  le  milieu  ,  parce  que  la  circonference  de  chaque  endroit  approche  de 
celle  d'un  ovale  applati ,  c'eft  la  Iargeur  des  branches  qui  eft  parallele  an 
mur. 

Lorfque  nous  avons  dit  que  la  circonference  de  ces  branches  approche  de 
celle  d'un  ovale,  nous  n'avons  voulu  en  donner  qu'une  idee  grofiiere  :  il  s'y 
trouve  une  infinite  de  decoupurcs  irregulieres,  d'inegalites  difpofees  bizar- 
rement  qui  alterent  cette  figure :  leur  extremite  fe  termine  ordinairement  par 
deuxou  trois  dccoupures. 

Ces  branches  font  d'une  matiere  fongueufe,  eiles  ne  font  ni  feuilletees  , 
ni  fiftuleufes.  Leur  furface  paroit  remplie  d'une  infinite  de  finuofites,  d'en- 
foncemens  ,  de  trous  d'une  figure  tres-irreguliere,  &  difpofes  fore  irregu- 
lierement.  Il  y  a  des  endroits  ou  on  ne  voit  que  de  finiples  finuofitcs: 
ailleurs  on  voit  des  endroits  plus  creux ,  entourcs  de  tous  cotes  par  des  efpeces 
de  petites  cloifonsj  enfin  ,  on  y  oblerve  beaucoup  de  trous  ooo{  Fig.  11) 
qui  penetrent  dans  le  milieu  de  la  plante  :  on  ne  peur  pourtant  fuivre  leur 
route  ,  lorfqu'on  fe  contente  de  regarder  la  plante  exterieurement  \  mais  li 
Ton  en  coupe  de  petits  morceaux ,  foit  horifontalement  H  H  (  Fig.  II.  ) , 
ion  verticalement ,  on  appergoir  diftinftement  que  ces  trous  penetrent  dans 
le  milieu  de  la  plante  ,  qu'ils  y  arrive-nt  en  ferpentant ,  &  que  de  la  ils  vonc 
aboutir  a  quelque  ouverture  placee  plus  bas  fur  la  furface  de  la  plante  :  quel- 
quefois  plufieuts  de  ces  trous  fe  croifent  chemin  faifant.  Si  Ion  regarde  at- 
tentivement  ces  trous  dans  I'interieur  de  la  plante ,  on  y  decouvre  divers  fila- 
mens  qui  quelquefois  les  rraverfenr,  &  qui  quelquefois  font  places  comme 
de  petits  polls  :  ces  polls  auroientils  quelque  chofe  de  commun  avec  les 
piftiles  des  graines  ?  C'eft  ce  que  j'oferois  au  plus  foup^onner. 

Je  fis  oter  les  pierres  du  mur  dans  I'endroit  d'ou  les  branches  de  ces 
plantes  fortoient,  je  vis  qu'elles  tiroient  toute  leur  origine  du  fond  d'une 
enveloppe  commune  ccc ,  &:c.  (  Fig.  I.)  Cette  enveloppe  eft  une  efpece  de 
bourfe  formee  par  une  membrane  dont  la  fubftance,  le  tilTu,  la  couleur  & 
I'odeur  font  fort  femblables  a  celle  de  la  peau  qui  recouvre  le  chapiteau  des 


A  C  A  D  £  M  I  Q  U  E.  yrj 

cliampignons  ordinaires.  Ses  pnrois  dans  les  plantes  dcja  grandes  ou  prctcs  ■  •     <        m 

a  perir,  n'ont  qu'une  demi-liiine  d'epairteur  :  ellesenont  b.aufoup  davan-    .^.^  p«,,«,fc 

I      r  II  n.1-  /-.   n.  c       i    i     \     r     r         •',■  AcAD.  K.OVALI 

cage,  lorlque  la  plaiite  elt  plus  )eune.  Celt  au  rond  de  la  furf.ice  iiucrieure     ^j^  Sciences 
de  cette  efpcce  de  bourfe  que  font  attachees  toutes  les  branches.  de  Paris. 

Visa  vis  le  mL-me  endroit ,  fur  la  furfacc  exterieure  de  I'envcloppe  ,  eft  j 
atrathee  la  racine  de  la  plante  l<rrs[  fig  I. ) ,  elle  a  environ  une  ligne  de 
diainetre  a  fon  origine  ,  Sc  fe  termine  par  une  pointe  trcs-fine  S.  Sa  longueur 
eft  de  neuf  ou  dix  pouces.  Elle  ferpenre  dans  le  mur.  La  meme  racine  jetre 
trois  ou  quaere  autres  filets  plus  dclies  rr ,  qui  a  quaere  ou  cinq  pouces  de 
leur  origine  ,  fe  terminenr  auili  en  pointe. 

Je  chercliai  dans  le  mur ,  &  je  trouvai  de  ces  enveloppes  D  D  E  E  R 
(Fig.  III.)  qui  donnent  nailFance  aux  branches,  dont  les  branches  n'ctoienc 
pas  encore  forties.  Ces  enveloppes  etoient  alors  fermees  de  tons  cotes  ,  fore 
femblables  a  ces  champignons  appelles  velTes  de  loup ,  a  cela  pres  qu'elles 
etoient  applaties,  Sc  que  les  inegalites  des  pierres  &  de  la  terre  s'y  croienc 
gravees  en  divers  endroits.  Elles  avoient  alors  la  racine  dont  je  viens  de  parler. 
Ayancouvert  une  de  ces  enveloppes,  jela  trouvai  remplie  d'une  fubftance 
molle,d'unecouleur  alfezapprochantedecellede  la  chair  des  amandes  vertes 
qui  n'ont  pas  encore  acquis  di  confiftance.  Dans  cette  matiere  on  diftinguoic 
diverfes  ramifications  d'une  autre  matiere  grifatre  qui  partoient  du  fond  de 
I'enveloppe  ,  &:  qui  probablement  etoient  les  branches  naiflantes. 

II  eft  naturel  que  I'enveloppe  Sc  les  jcunes  branches  par  confcquent  s'eten- 
dent  plus  aifcment  du  cote  ou  le  mur  a  une  ouvetture  ,  que  de  tout  autre 
cote,  Sc  cela  par  la  meme  loi  de  mechaiiique  qui  fait  que  les  arbres  en 
efpalier  ne  poulfent  point  de  branches  du  cote  du  mur  ,  &  que  les  plantes  que 
Ton  fait  germer  dans  une  cave  ,  prennent  leur  diredlion  vers  le  foupirail  de 
la  cave :  par  cette  msme  loi ,  dis  je ,  i'enveloppe  doit  s'etendre  vers  I'endroic 
ou  le  mur  a  quelque  trou  DD  D.  (  Fig.  III. )  Les  branches  s'etendant  plus  * 

aifement  Ju  cote  ou  I'enveloppe  cede  le  plus,  elles  doivenc  prendre  leur 
diredtlon  vers  le  meme  cote  ,  c'eft  done  de  ce  cote  la  qu'elles  doivenc  brifec 
leur  enveloppe ,  lorfqu'e'.les  font  devenues  allez  forces ,  Sc  que  lear  en- 
veloppe  eft  devenue  alT^z  mince,  car  elle  devient  mince,  comme  nous 
i'avons  dit ,  a  mefure  que  la  plante  croic. 

Lorfque  ces  branches  font  forties  de  leur  enveloppe  Sc  du  mur ,  leur  cou- 
leur  blanch.lcre  fe  change  en  une  couleur  d'un  lore  beau  rouge  ,  afTez  appro- 
chante  de  celui  du  corail  :  I'air  produit  fur  elles  un  effec  femblable  a  celui 
qu'il  pro  Juic  fur  la  liqueur  des  buccins ,  Sc  fur  la  liqueur  des  oeufs  de  pourpre. 
Quoique  I'air  penetre  dans  I'interieur  de  I'enveloppe  ,  lorfqu'elle  a  ete  brifee , 
il  y  eft  moins  en  mouvement  qu'autour  des  branches  qui  font  hors  du  mur  , 
il  s'y  renouvelle  plus  raremenc,  auili  les  branches  y  font-elles  beaucoup 
tnoins  colorees,  ce  qui  s'accorde  avec  ce  que  nous  avons  fait  voir  dans  les 
Mcmoires  de  1 7 1 1 ,  favoir  que  ce  n'eft  pas  fimplement  Pair  ,  trtais  I'air  agitc 
qui  donne  la  couleur  rouge  a  certaines  liqueurs  on  -i  certains  corps.  Inte- 
rieurement  les  branches  font  plus  rouges  autour  des  parois  des  trous ,  que 
dans  repaifteur  des  parois.  Tout  cc-la  depend  de  la  meme  caufe. 

Qaand  cecte  plante  a  acquis  une  cettaine  grandeur  ,  elle  devient  d'une 
pdeur  infuppoi table ,  di  approchante  de  celle  de  la  charogne  la  plus  infeile, 

Tj  i) 


51^ 


COLLECTION 


^__^_ elle  fent  d'autant  plus  mauvais  qu'elle  eft  plus  prere  a  fe  pader.  J'en  fis  Jef- 

AcAD  RoYALE  ^'"^"^  une  fort  grande  par  M.  Aubriet,  done  quelques  bouts  de  branches 

BEs  Sciences     commengoientdeja  a  comber  :  fonodeuretoit  fi  mauvaife,  que  j'crois  furprts 

PE  Paris.        qu'il  la  put  foufFrir  proche  de  lui  pendant  qu'il  en  prenoit  le  trait. 

Annli    17 H.         Aurefte  ,  quandelle  eft  parvenuea  une  certaine  grandeur,  elle  fe  paftefort 

vice  ,  fes  bouts  fe  fechenc  ou  pourrillent  )es  premiers ,  felon  que  le  terns  eft 

fee  ou  humide,  &  en  pourrilFant  ou  en  fechant,  ils  prennent  une  couleut 

noiracre  ,  femblable  a  celle  du  fang  qui  commence  a  fecher. 

Quoique  je  ne  puffe  prendre  pour  un  fimple  jeu  de  la  nature,  une  plants 
dont  je  trouvois  cinq  a  fix  individus  feniblables  en  mcme  temps,  je  m'in- 
formai  ii  on  ne  fe  fouvenoit  pas  d'en  avoir  vu  de  pareilles  les  annees  prece- 
dences :  on  m'alTura  que  dans  le  meme  mur  &  dans  le  meme  endroic,  cc- 
ayoit  toujour?  vudepuis  long- temps  de  ces  fortes  de  champignons. 


\ 


ACAD^MIQUE.  517 

*^- &£>>  ■^'       ACAD-ROYAIE 

,  DhS  SCIENXES 

MEDECINE,  ANATOMIE,  PHARMACIE.     ^^h  Paris. 


A  MP  UT  AT  ION    A    LAMBEAUX. 

V-zETTE  aniice  M.  Sabourin  ,  Chirurgien  de  Geneve,  ayant  troiive  une 
nouvelle  mediode  pour  Tamputation  des  membies,  &  efpcrant  qu'elle  fe- 
roit  utile  pendant  une  guerre  qui  commen^oit ,  vint  a  Paris  pour  la  faire 
connoitre  ,  &:  la  propofa  en  pleine  Acadcmie  ,  fans  fe  rcferver  &:  fans  difli- 
inuler  aucune  des  circonllances  de  cette  methode  ,  &  en  mtme  terns  fans 
paroitre  crop  prcfiimer  du  fucccs.  Tout  le  fecret  confifle  a  garder  un  peu 
plus  has  que  I'endroic  011  fe  doit  faire  la  fedtion  ,  une  piece  de  thair  &  de 
peau  done  enfuite  on  recouvre  I'os.  En  moins  de  deux  jours  cette  chair  fe 
reunic  avec  rextrCmite  des  vaifleaux  coupes  ,  &  par  confcquent  Ion  n'eft 
oblige  ni  de  lier  avec  du  fil  ces  bouts  de  vaifleaux  pour  les  fermer  ,  ni  d'y 
appliquer  des  cauftiques  &  des  artringens,  routes  pratiques  ou  trcs-dange- 
reufes ,  ou  au  moins  tres- incommodes.  De  plus,  I'os  fi  promptement  re- 
couverc,  ne  s'exfolie  point,  c'elt-a-dire  qu'il  ne  s'en  detache  point  une  por- 
tion plus  ou  moins  grande  qui  rombe  d'ellemtme.  Le  moignon  revetu  de 
chair  n'eft  plus  fenfible  &  douloureux  comme  il  etoit  ,  on  pent  par  confc- 
quent appuyer  defTus ;  il  n'eil:  point  neceHaire  de  tenir  une  jambe  de  bois 
toujours  etendue ,  &  on  la  peut  porter  comme  une  jambe  naturelle.  M.  Sa- 
bcjurin  ,  qui  avoit  deja  fait  une  experience  de  cette  methode,  aduroit  que 
dans  Tampucation  le  malade  avoit  perdu  trois  ou  quatre  onces  de  fang  ,  & 
enfuite  pas  une  goutte.  Ce  morceau  de  chair  applique  a  la  partie  ,  avoit 
fuftifamment  bouche  les  orifices  des  vaifleaux,  mcme  avant  que  de  s'y  ttre 
entierement  colle.  L'inventeur  expliqua  route  la  maniere  du  panlementqui 
doit  etre  particuliere  ,  &  en  fie  voir  le  bandage  &  tous  les  inftrumens.  11  s'e- 
aoit  rencontre  avec  M.  Verduin  ,  Chirurgien  d'Amfterdam ,  qui  avoit  eu  la 
meme  penfce  ,  quoiqu'il  ne  I'eiit  pas  etendue,  comme  M.  Sabourin,  juf- 
qu'aux  articulations ,  &:  que  fes  bandages  fuflent  fort  ditferents ,  &  a  ce  qu'il 
paroiflbit  moins  coinmodes. 

L'Academie  lailFa  voir  aflezde  goiit  pour  cetre  nouveaute  j  cependant  elle 
en  revint  a  ce  qu'clle  pratique  toujours  en  pareille  occafion  j  elle  fufpendit 
f^n  jugemem ,  &  atcendit  I'experience. 


%f 


5,S  COLLECTION 


Acad.  Roy  ALE 

DBS  Sciences  Ohfcrvat'tons  fur   la    Rhubarbe, 

D£  Paris.  '  j  j 

Annii  1 7 1 0.  Pa-f   M,    B  o  u  l  u  u  c. 

X  OUT  le  monde  convient  de  la  vertu  purgative  de  la  rhubarbe;  mais  il 
n'en  eft  pas  de  meme  de  la  propriete  que  quelques  perfonnes  lui  attri- 
buenc  de  relFcrrer  &  de  fortifier  par  elle-mcme.  Je  fais  qu'outre  la  favear 
amere  &:  nullcment  defagreable  qu'on  y  remarque  quand  on  la  mache,  & 
qui  femble  indiquer  fa  qualite  purgative  ,  la  langue  fe  trouve  aulli  frappee 
d'une  certaine  aprete  femblable  a  celle  qui  s'obferve  dans  ce  que  nous  ap- 
pellons  aftringent ;  mais  jufqu'a  prefent  on  n'a  pu  encore  demontrer  que  les 
particules  qui  caufent  cette  aprete  fur  la  langue ,  faflTent  fur  le  ventricule 
&  fur  le  canal  inteftinal,  une  impreflion  fumfante  pour  les  refTerrer  &  les 
faire  entrer  en  des  contraftions  oppofees  a  celles  par  lefquelles  les  matieres 
ecoient  determinees  a  y  couler  de  haut  en  bas ,  comme  on  I'eprouve  de 
Tipecacuanlia  ,  qui  manifeftement  purge  &  refterre  tout  a  la  fois.  J'avou* 
que  la  rhubarbe  torrefiee  ne  purge  prefque  pas,  &  qu'apres  avoir  tire  la 
teinture  de  cette  racine  ,  le  marc  n'eft  aucunement  purgatif ;  mais  par  rou- 
tes les  epreuves  que  j'ai  faites  dans  les  occafions  les  plus  propres  a  men 
eclaircir,  je  n'ai  pu  encore  m'aflTurer  que  la  rhubarbe  apres  ces  deux  prepa- 
rations he  d'autres  pareilles ,  foit  veritablement  aftringenre. 

Il  eft  conftant  que  dans  tous  les  purgatifs  dont  on  a  tire  la  teinture  par  des 
menftrues  convenables,  il  fe  rencontre  outre  cette  fubftance  mielleufe  qu'on 
nomme  extrait ,  laquelle  contient  toute  la  vertu  purgative,  une  feconde 
fubftance  terrelbe,  un  marc  qui  fert  comme  de  frein  a  I'adivite  de  I'autre 
lorfqu'elles  ne  font  point  feparees ,  &  qui  ne  purge  en  aucune  fa^on.  Il 
faudroit  done  dire  fur  ce  pied  la  que  le  marc  ou  le  refidu  de  tous  les  purga- 
tifs feroir  aftringent ,  ce  qu'on  n'a  point  encore  avance  ,  parce  qu'afin  qu'un 
medicament  palfe  pour  aftringent ,  il  doit  fenfiblement  reflerrer  &  etre  em- 
ploye avec  fucces  dans  les  devoyemens. 

Je  vais  done  rendre  compte  de  ce  que  j'ai  nouvellement  obferve  fur  la 
rhubarbe  par  les  differentes  teintures  ou  extraftions  ,  &  par  la  diftillation. 

J'ai  mis  en  infufion  au  bain  de  cendres ,  a  chaleur  toujours  egale  pendant 
vingt-quatre  heures  ,  deux  onces  de  rhubarbe  choiiie,  coupee  par  tranches, 
dans  24  onces  d'eau  de  riviere  pure  ;  j'en  ai  enfuite  coule  I'infufion  que  j'ai 
legeremenr  exprimee  :  la  teinture  ayant  ete  bien  repofee,  etoit  d'un  beaa 
jaune  fence,  tirant  fur  le  rouge  &  d'une  amertume  fupportable  avec  une 
aprete  ou  aftriftion  mediocre.  Je  n'ai  point  fiiit  bouillir  cette  infufion  , 
perfuade  par  quantite  d'eitperiences  que  les  purgatifs ,  principalemeni  les 
vegetaux ,  perdent  beaucoup  de  leur  vertu  par  la  grande  chaleur  ou  par  I'e- 
buUition.  Ay.int  fait  evaporer  cecte  teinture  jufqu'a  confiftance  d'extrait  fo- 
lide,  il  m'en  eft  refte  quatre  dragmes  &:  douze  grains. 

La  teinture  d'une  dragme  preparee  comme  je  viens  de  le  fpecifier ,  purge 
davantage  que  I'extrait  de  deux  dragmes  de  rhubarbe  fait  de  la  meme  tein- 
ture ,  &  meme  vingt-quatre  grains  de  rhubarbe  en  fubftance  ,  purgent  plus 


ACADEMIQUE.  51? 


tjue  rinfuCon  d'une  dragme  &  demie,  &  encore  plus  qu'iine  dragme  d'ex-    j 

trait.  Il  en  eft  de  meme  du  fennc  &  de  plufieurs  autres  purgatifs  de  cette 

nature,  d'ou  Ton  pent  condute  qu'il  eft  fouvent  plus  a  nropos  d'emnlover  Acad.  Roy  ate 

1  .V  r  I  f      r        I      J'  r      o        1     '        1       DES  SCIENCES 

les  mcdicamens,  uir-tout  les  purgatifs,  lans  les  dcconipoler  &  tcis  que  la       jjg  Paris. 

nature  lesproduit,  a  moins  que  le  Mcdecin  n'ait  des  raifons  particulicrcs 
pour  en  ufer  autrement.  Je  reinarquerai  aulli  en  paffant  que  les  infullonsdes  -^'"'"  1710. 
purgatifs  vegctaux  agilfent  mieux  &  ont  de  meilleurs  eliets  que  les  decoc- 
tions j  d'oii  il  paroit  que  les  principes  les  plus  adtifs  de  ces  niixtes  fe  difti- 
pent  par  la  chaleur  :  Ton  s'apper(,oit  mcme  que  la  plupart  de  ces  vegetaux 
gardes  trop  long-tems,  fur-tout  en  poudre,  perdent  beaucoupde  leur  enet- 
gie. 

Pour  reprendre  le  fil  de  notre  operation  ,  je  dirai  qu'ayant  fait  dedcclier 
le  marc  de  la  rhubarbe  dont  j'avois  tire  certe  premiete  teinture  &  le  premier 
extrait,  j'ai  trouve  le  marc  du  poids  d'une  once  trois  dragmes  &  quelques 
grains,  &  j'ai  retire  de  ce  marc  par  fimple  infudon ,  line  feconde  teinture 
plus  foible  en  couleur,  moins  amere  &  moins  apre  fur  la  langue ,  &  enfia 
moins  odorante  que  la  prccedente  de  iaquclle  elle  approchoit  fort;  mais  j'ai 
remarque  en  diverfes  rencontres  que  ces  fecondes  teintures  purgeoient 
moins  que  les  premieres,  quoiqu'elles  fuflent  donnees  en  plus  grande  dofe : 
je  n'y  ai  point  non  plus  remarque  d'aftriifbion. 

Apres  avoir  fait  evaporer  cette  feconde  teinture  bien  feparee  de  fes/eces , 
j'en  ai  encore  eu  trois  dragmes  d'extrait  alTez  folide  ;  ce  dernier  extrait  put- 
ge  a  la  verite,  mais  notablement  moins  que  celui  de  la  premiere  teintute. 

Le  refidu  de  cette  feconde  infufion  delfeche  ,  ne  pefoit  que  fepc  dragmes, 
il  etoit  prefque  inlipide  &  avoir  peu  d'aprete.  Je  n'ai  pas  laide  d'en  faire  une 
troifieme  infufion  par  ebullition  ;  la  dccodion  avoir  une  couleur  noire,  obf- 
cure  ,  fans  odeur  ,  avec  peu  de  faveur  &  prefque  nulle  aprete.  Je  ne  me  fuis 
pas  apper(jU  que  cette  troilieme  teinture  &  fon  extrait  purgealTent,  ni  qu'ils 
relFerrairent ,  quoiqu'on  les  prit  en  une  quantite  confiderable.  J'ai  encore 
retire  de  cette  troideme  infufion  ou  decoclion  ,  une  dragme  d'extrait  dur , 
mais  d'une  confiftence  peu  liee  &C  tres-terreftre.  Ce  dernier  marc  apres  avoir 
ete  bien  delfeche,  ne  pefoit  plus  que  fix  dragmes  moins  quelques  grains, 
fans  odeur  ni  faveur,  n'ayant  pas  meme  donne  de  teinture  a  I'efprit  de  vin. 
J'ai  fouvent  fait  prendre  de  ces  difFcrens  relidus  de  rhubarbe  a  mes  malades , 
fans  aucun  effet  fenlible  d'aftri(ftion. 

Les  deux  onces  de  rlnibarbe  par  ces  trois  infufions ,  ontainfi  rendu  une 
once  douze  grains  d'excrait.  Voila  tout  ce  que  j'ai  remarque  de  la  rhubarbe 
examinee  par  le  dilTolvant  aqueux ,  &  voici  ce  qu'a  produit  le  didolvant  ful- 
fureux. 

J'ai  tire  avec  fuffifante  quantite  d'efprit  de  vin  redifie,  la  teinrnre  d'une 
once  de  rhubarbe  dans  des  vailFeaux  ct'nvenables  ,  par  un  feu  de  digefticn  , 
lent  au  commencement  &:  un  peu  plus  fort  fur  la  fin  ,  durant  vingt-quarre 
heures.  Cette  teinture  droit  fort  Icgere  ,  d'un  beau  jaune  de  citron  ,  &  tres- 
differante  de  ceile  qui  avoit  ete  preparee  avec  I'eau,  non-feulement  quant  a 
la  couleur,  mais  encore  a  raifon  de  la  faveur;  car  cette  teinture  faiteavec 
I'efprit  de  vin  ,  eft  peu  amere  &:  prefque  fans  aprete  ,  ce  qui  peut  faire  croire 
que  la  qualite  purgative  dela  rhubarbe  rcfide  plui  dans  fcs  parties  falines  , 


y_o  COLLECTION 

que  dans  fes  foufres  qui  doivent  etre  pen  confiderables ,  vu  que  la  teinture 
Acad.  RoYALE  en  eroic  tres  Icgere.  Je  foap(,onne  meme,  comme  je  I'ai  dit  plufieurs  fois  , 
BES  Sciences    q^,g  ^-g  pg^,  dg  teinture  que  I'efpric  de  vin  en  a  tiie  ,  piovient  de  ce  qui  refte 

DE  Paris.  joujours  de  piilegme  dans  I'efpric  de  vin  ,  quelque  redifie  qu'il  femble  ecre. 
^nnee  1710.  Ayanc  retire  par  la  diftillation  I'efprit  de  vin  de  cette  teinture,  I'extraic 
reftanc  pefoic  une  dragme  8c  demie  j  il  etoit  trcsbeau,  featant  bon  &  laif- 
fant  fur  la  langue  le  vrai  gout  de  la  rhubarbe.  Demi-dragme  de  cec  extraic 
pur^e  leaeremenc  &:  fort  doucetnent  :  cette  teinture  dont  I'efpric  de  vin  fe 
charge,  ne  devient  point  laiteufe  lorfqu'on  y  mele  de  I'eau,  ce  qui  montce 
•  qu'elle  ne  contient  que  peu  ou  point  de  parties  refmeufes.  Le  refidu  de  la 
rhubarbe  fur  laquelle  I'efprit  de  vin  avoit  palle ,  pefoit  fix  dragmes  apres  foil 
parfait  dellechement ,  &:  il  etoit  prefque  audi  beau,  prefque  aiifli  amer  dc 
aulTi  apre  qu'etyit  la  rhubarbe  avant  qu'on  I'eiit  expofee  a  i'adtion  de  I'efptic 
de  vin. 

I'ai  donne  plufieurs  fois  de  ce  marc  au  poids  de  demi-dragme  j  il  a  purge 


Cette  teinture  &c  cet  extrait  purgenc  comme  les  premiers  done  j'ai  parle  :  j'ai 
remarque  fi  peu  de  qualites  dans  les  dernieres  teintures  de  ce  marc  ,  que  je 
n'en  ai  prefque  pas  fait  d'ufage.  En  examinant  routes  ces  ceintures  &  ces  ex- 
traits  ,  il  m'a  paru  que  ce  qu'il  y  a  de  plus  purgatif  &  d'aftringent  dans  la 
rhubarbe  ,  palTe  dans  la  premiere  intufion  8c  dans  le  premier  extraic,  puif. 
que  I'un  &  I'autce  font  plus  amers  8c  plus  apres  que  les  fuivans. 

La  dillillation  de  la  rhubarbe  par  la  cornue  a  la  maniere  ordinaire ,  non 
plus  que  celle  des  autres  purgatifs,  ne  m'a  pas  beaucoup  inftruit.  De  la 
rhubarbe  ainfi  diftillee  ,  j'ai  tire  par  le  premier  degre  du  feu  un  phlegme  qui 
avoit  quelque  odeur  de  rhubarbe  ,  peu  d'aprete  &  de  faveur.  Les  autres  por- 
tions qui  viennent  enfuice  font  acides  par  degres ;  les  dernieres  ne  fournif- 
fenc  guere  d'huilej  car  les  mixces  pourvus  de  peu  de  refine,  rendenc  peu 
d'huile  par  la  diftillation.  Le  fel  extraic  du  caput  moriuum  eft  en  petite 
quantite  &  fermente  avec  les  acides. 

Par  tous  les  faits  que  je  viens  de  rapporter ,  il  me  femble  qu'on  doit  etre 
aufli  incertain  de  la  faculte  aftringente  de  la  rhubarbe ,  qu'alTure  de  fa  fa- 
culte  purgative,  celle-la  n'ecanc  etablie  que  fur  un  leger  gout  d'aprete  & 
d'aftricT:ion  qu'on  y  obferve ,  la  correfadion  qu'on  en  fait  fur  le  feu  ,  ne  lui 
lailTant  qu'une  fubftance  cerreftre,  des  proprietes  de  laquelle  on  ne  fait  encore 
rien  de  conftant ;  de  forte  que  fi  dans  les  devoiemens  on  fe  fent  plus  foulagc 
8c  moins  abattu  apres  I'ufage  de  la  rhubarbe  ,  que  fi  Ton  avoit  pris  la  pluparc 
des  autres  purgatifs ,  c'eft  parce  qii'ordinairement  elle  ne  caufe  ni  tran- 
chees,  ni  dcgoiit,  8c  qu'en  degageant  les  vailTeaux  des  huroeurs  qui  les  in- 
commodoient ,  elle  permet  aux  reirorts  de  reprendre  leur  tenfion  &  lew; 
direftion  naturelles. 

Ohfcrvations^ 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  ji, 


Acad.  Royals 
Sur  la  Noix  di.  Bicuiba.  des Sciences! 

DE  Paris. 

I  i  E  s  noix  qu'on  appelle  bicuiba  brulent  comme  du  linge  imbibe  de  poix  ,  -^nntt  1710. 
&  c'eft  en  les  biulanc  qu'on  en  tire  i'huile  ,  comme  M.  de  la  Mare  I'a 
eprouve  chez  M.  Boudm  prtmier  Medecin  de  feue  Madame  la  Dauphine. 
M.  Jean  Verdois,  Conful  de  la  nation  Francjoife,  attefte  qu'il  a  giieri  plu- 
fieurs  cancers  avec  cetce  huile,  &  qu'en  mangeant  une  de  ces  noix  on  ap- 
paife  la  colique. 


Ui 


Sur  les  effcts  dc  la  vapeur  de  la  braifc  dc  Boulanger, 


N  Boulanger  de  Chartres  avoir  mis  dans  fa  cave  ,  qui  eft  de  jff  mar- 
ches de  profondeur  &  bien  vodcee,  7  a  S  poingons  de  braife  de  fon  four  : 
fon  fils,  jeune  homme  fort  &:  robufte,  allant  y  porter  encore  de  nouvelle 
braife  avec  une  chandelle  a  la  main,  la  chandelle  s'eteignit  a  moitie  de 
I'efcalierj  il  remonta,  la  ralluma  &  redefcendit  :  lorfqu'il  fut  au  bas  de 
la  cave  il  cria  qu'il  n'en  pouvoit  plus,  &  qu'on  vint  a  fon  fecours,  apres 
quoi  on  ne  I'entendir  plus.  Son  frere,  aufll  fort  que  lui,  defcenditaulli-tot, 
cria  de  mcme,  puis  celTa  de  crier  :  fa  femme  defcendit  apres  lui;  une 
fervante  apres  elle  ,  &  ce  fut  toujours  la  meme  chofe.  \Jn  accident  fi 
etrange  emiit  le  voilinage,  m.iis  petfonne  ne  fe  prefToit  de  defcendre  dans 
la  cave  ;  il  n'y  eut  quun  voilin  plus  zele  &  plus  hardi,  qui  ne  croyant  pas 
ces  quatre  perfonnes  mortes,  defcendit  pout  leur  donner  la  main  &  leur 
aider  a  fortir;  il  cria  &  on  ne  le  revit  plus.  Un  paiTant,  homme  fort  &C 
vigoureux  ,  demanda  un  croc  pour  retirer  quelqu'un  des  gens  de  la  cave 
fans  defcendre  jufqu'au  bas;  il  jetra  le  croc  &  retira  la  fervante,  qui  ayanc 
pris  lair  fit  un  foupir;  on  la  faign.i  aulli-tot,  mais  le  fang  ne  vint  point  &Z 
elle  mourut  fur  la  place. 

Le  lendemain  un  homme  de  la  campagne ,  ami  du  Boulanger,  dit  qu'il 
tetireroit  tous  ces  corps  avec  un  croc  ;  mais  de  peur  de  fe  trouver  mal 
fans  pouvoir  remonter  ,  il  fe  fit  defcendre  dans  la  cave  avec  des  cordes 
fur  un  poulin  de  bois,  S<.  on  devoir  le  retirer  des  qu'il  crieroit;  il  cria  bien 
vite  ,  mais  comme  on  le  remontoit  la  corde  calfa  malheureufement ,  &  il 
retomba  :  on  renoua  le  plus  promptement  qu'il  fe  put  cette  corde  qui  s'ctoit 
calTce  alfez  pres  du  haut  de  la  cave  ,  mais  on  ne  put  le  remontsr  que  mort  : 
on  I'ouvrit,  il  avoir  le  cerveau  fee,  les  meninges  extraordinairement  ten- 
dues,  les  poumons  tathetes  de  marques  noires ,  les  boyaux  entles  &  gros 
comme  le  bras,  enflamnics  &  rouges  comme  du  fang,  tV  ce  qui  droit  le  plus 
particulier ,  tous  les  mufdcs  des  bras,  des  cuifl.:s  is.  desjambes  comme  fe- 
pares  de  leurs  parties. 

Le  Magillrat  prit  connoifTince  de  cet  evenement  pour  I'int^rcc  public, 
&  fit  defenfe   qu'aucun  defcendit  dans  la  cave  ,  jufqu'a  ce  qu'on  eut  eu 

Tonii  III  y  I'ureie  Franguift.  *     V  j 


511  COLLECTION 

les  avis  desMedccins,  des  Chirurgiens  &  meme  des  Masons.  II  fut  con- 
AcAD.RoYALE  '-'"  1"^  '^  braife  que  le  Boulanger  avoic  mile  dans  fa  cave  devoir  etre  tnal 

DES  Sciences  eceinte;  que  comme  il  y  a  beaucoup  de  falpetre  dans  toutes  les  caves  de 
DE  Paris.       Chartres  ,  la  grande  chaleur  avoit  excite  dans  cellc-la  une  vapeur  trcs- 

Annit  1710.  maligne  qui  avoit  caufe  tant  de  funeftes  effets  ;  qu'il  falloir  y  jetrei-  une 
grande  quantite  d'eau  pout  eteindre  le  feu  &  faire  tomber  la  vapeur  ni- 
treufe.  Cela  fut  execute  ,  &  au  bout  de  quelques  jours  on  defcendit  dans 
la  cave  un  chien  lie  fur  une  planche  avec  une  chandelle  allumee  :  ce  chien 
ne  mourut  point,  &:  la  chandelle  ne  s'cteignic  point  j  figne  certain  que 
tout  le  peril  etoit  paffe.  On  retira  les  morts ,  mais  fi  corrompus  par  1  eau 
qu'on  en  put  faire  aucune  vifite  ,  ils  etoient  fort  tv\S[t% ,  &  I'un  avoit  la  lan- 
gue  hors  de  la  bouche  comme  s'il  eut  etc  etrangle.  L' Academic  tient  ceite 
hiftoite  de  M.  de  la  Hire.  Uy  en  a  une  a-peu-pres  de  la  meme  efpece  dans 
THiftoire  de  1701   (a). 


M. 


Sur  I'ujage  des  Bains  froids  contre.  le  rhumatifme. 


1.  Ho  M  BERG  a  avance  ce  paradoxe ,  que  Ton  pour roit  guerir  un  rhu- 
matifme par  un  bain  d'cau  froide  ,  aufli-bien  que  par  un  bain  chaud  ,  ou 
par  la  fueur.  Le  rhumatifme  eft  caufe  par  une  lerofite  acre,  devenue  alTez 
lubtile  pour  s'echapper  desveines,  &  fe  repandre  de-la  dans  les  mufcles 
dont  elle  picotte  les  fibres  &  embarralTe  les  mouvemens.  Comme  fa  grande 
fubtilite  fait  qu'elle  s'eparpille  beaucoup  ,  elle  ne  peut  plus  etre  reprife 
par  les  veines  d'ou  elle  eft  fortie.  Il  eft  egal  ou  de  la  chalfer  du  corps  ,  ou 
de  la  faire  rentrer  dans  fes  vailTeaux.  Une  grande  chaleur  la  fera  fortir  par 
tranfpiration  :  le  froid  la  condenfera  &  la  mettra  en  etat  de  rentrer  dans  les 
veines;  peut-etre  meme  fuffit-il  que  le  froid  empeche  une  nouvelle  ferofite 
de  fucceder  a  la  premiere  ,  qui  necelfairement  fe  brife  ,  s'attenue  &  fe  diiTi- 
pe,  &:  en  ce  cas  le  bain  froid  feroit  preferable  au  bain  chaud  j  car  le  chaud 
difpofe  une  nouvelle  ferofite  a  s'echapper  des  vaiffeaux. 


Sur  une  conformation  vicieufc  du  Re3um. 

I  Jans  le  cadavre  d'un  enfant  mort  a  fix  jours  ,  M.  Litrre  a  vu  le  recjum 
divife  en  deux  parties,  qui  ne  cenoient  I'une  a  I'autre  que  par  quelques  petits 
filets,  longs  environ  d'un  pouce.  Ces  deux  parties  fepareess'etoient  fermees 
chacune  de  fon  cote  par  le  bout  011  s'ctoit  fait  la  feparation  ,  de  forte  que  les 
deux  clotures  fe  regardoient  :  apparemmenc  le  redum  n'ayant  pas  pris 
dans  ce  fcctus  autant  d'accroillement  a  proportion  que  les  parties  auxquelles 
il  etoit  attache,  avoit  ete  diftendu  &  tire  avec  violence,  &  enfin  enticre- 
ment  dcchire  ,  a  I'exception  de  quelques  fibres  plus  fortes  qui  etoient 
demeurees  entieres  quoique  fort  allongces.  Ce  dethirement  s'etoit  (ait  dan? 

(a)  V,  CoUec.  Acad.  prcm.  vol.  pag.  ^;j. 


A  C  A  D  6  M  1  Q  U  E.  p ; 

ie  terns  ou  Is  canal  etoit  encore  vuide  ,  ic  rien  par  confequent  Ti'avoit  em-  *  " 

peche  les  excrcmitcs  dcs  deux  parties  Icparces  de  s'affailler  &:  dc  fe  collcr  Acad.Rovaie 
enfsmble  ,  ce  qui  avoit  fait  les  deux  clotures.  Enfuite  la  partie  fupccieurc     ^'^^  -^ciences 
J     !■■      rt-      •'     •  r    J        ■  (T  1        DE  Paris. 

de   i  inreltin  sctoit  remplie  de  micnntum  ,  tnais  non  pas  en  allcz   grande 

quantitc  pour  ctre  obligee  de  fe  r'ouvrir.  Qnant  a  la  partie  infcricure  ,  elle    Anna  1710. 

avoit  toujours  du  ctre  &  etoit  en  effet  eutierement  vuide.  Il  eft  aiic  de  con- 

cevoir  quels  accidents  s'enfuivoient    de  cette  conformation  accidenteile, 

&  combien  la  mort  de  I'eiifant  dut  ctre  prompte  ,  puifque  fes  excr6mcns 

Jie  pouvoienc  forrir ,  &:  que   tout  ce  qu'on  lui   faifoit  prendre   pour  le 

dcboucher  augmentoit  neceirairement  ie  nial. 

M.  Littre  qui  a  voulu  rendre  foil  obfervation  utile  ,  a  imagind  &  pro- 
pofe  une  operation  Chirurgicale  fort  delicate  pour  le  cas  ou  on  auroit  re- 
connu  une  iemblable  conformation.  II  faudroit  faire  line  incifion  au  ventre , 
&  recoudre  enfemble  les  deux  parties  de  I'lnteftin  apres  les  avoir  r'ouver- 
tes ,  ou  du  moins  faire  venir  la  partie  fuperieure  de  I'inteftin  a  la  plaie  du 
ventre  que  Ton  ne  refermeroit  jamais  &  qui  feroit  lafondlion  d'anus.  Sur 
cette  legere  idee  ,  d'habiles  Chirurgiens  pourront  imaginer  d'eux-mcmes 
le  detail  que  nous  fupprimons  :  il  fuffit  fouvent  de  favoir  en  gros  qu'une 
chofe  ferou  poffible,  &  de  n'en  pas  defefperer  a  la  premiere  vue. 


Sur  dcs  Pierres  trouvees  dans  un  fac  adherent  au  duodenum, 

IVJL.Chomel  a  fair  voir  d  I'Academie  li  pierres  qui  venoient  d'etre 
trouvees  dans  le  corps  d'uneDame  de  80  ans  fort  vigoureufe  pour  fonage, 
&  morte  d'apoplexie  :  elies  s'ctoient  formees  dans  un  fac  ,  qui  n'etoit  qu'une 
extendon  des  membranes  du  duodenum  vers  le  haut  de  cet  intertin  ;  ces 
pierres  avoient  5  a  6  ligiies  de  diametre  ;  elles  etoient  toutes  prefque  egales 
&  de  figure  alFez  reguliare  ,  du  moins  autant  qu'il  fe  pouvoit  apres  s'etre 
comprimees  les  unes  les  autres  dans  nne  cavite  commune  lorfqu'elles 
etoient  encore  molles.  Leur  couleur  extcrieure  etoit  d'un  blanc-jaunatre  ; 
leur  furface  polie  ,  lui'fante  &  un  peu  favoneufe  :  leur  confiftance  ,  quoi- 
que  folide  ,  n'etoit  pas  abfolumcnt  pierreufe  j  on  les  calToit  avec  facilite, 
&  Ton  y  voyoit  diftintftement  les  ditfcrentes  couches  dont  elles  eroienc 
compofees  jufque  vers  le  milieu  de  leur  epailTeur.  Au  centre  ,  &:  dans  quel- 
que  etendue  a  I'entour ,  la  matiere  etoit  plus  fpongieufe  &  moins  dure; 
il  partoit  de  ce  centre  des  cannelures  qui  comme  des  rayons  fe  terminoient 
a  la  couche  la  plus  interieure  de  celles  qui  fe  pouvoient  diftinguer  :  ce 
milieu  etoit  feme  de  quelques  grains  blancs  ,  brillants  comme  des  particules 
de  fels  cryftallifes. 

M.  Chomel  ayant  mis  aux  elTais  Chymiques  ces  pierres  rcduites  en  pou- 
dre  ,  trouva  qu'elles  ne  donnoient  aucun  indice  ni  d'acide  ,  hi  d'alkali ,  & 
que  par  confequent  elles  etoient  d'une  nature  abfolument  terreufe. 

Comme  c'elt  a  I'entree  du  duodenum  que  fe  nYilent  d'abord  le  chile 
qui  fort  de  I'eftomac,  le  fuc  pancreatique  Sc  labile,  M.  C.  croit  qu'un 
clule  rail  digere  ,  &  pat-li  plus  propre  a  faire  une  malfc  folide  ,  durci  en- 
.V  V  J  ij 


jt4  COLLECTION 

■  core  par  le  melange  des  deux  autres  fucs  mal  conditionnes,  aflra  pu  donnei 

AcAD.RoYALE  naiflaiice  a  una  premiere  pierre  fort  tendre  an  commencement ,  laquelle  fe 

DES  Sciences    fera  attachee  a  la  membrane  interne  du  duodenum  :  a  mefure  quelle  grof- 

DE  1  ARis.       liiIoit,elle  aura  augmente  fa  petite  loge  ,  &    poufle  les  membranes  ea 

Annie  1710,     dehors,  pour  faire  place  aux  matieres  qui  doivent  couler  dans  ce  canal. 

Voila  le  fac  qui  commence  a  fe  former  ;  la  pierre  en  fe  durcilFant ,  a  la 

longue  aura  perdu  I'ondluofite  qui  I'y  attachoit,  &  y  aura  flotte  libremenr. 

Aptes  cela  la  generation  de  nouvelles  pierres  &c  I'augmentation  du  fac  font 

aifees  a  imaginer.  La  Dame  qui  portoit  ces  pierres  ne  vomifloit  point  ,  mais 

deux  heures  apres  qu'elle  avoir  mange  ,  elle  fentoit  une  legere  douleur  vers 

I'endroit  ou  le  fac  etoit  place  :  c'etoit  la  juftement  le  terns  ou  le  chile  de 

la  nouvelle  digeftion  cuuloit  dans  le  duodenum  ,  qui  ne  lui  donnoitpas  un 

pallage  alFez  libre ,  parce  qu'il  ctoic  comprime  &  gene  par  le  fac. 


Sur  un  Tenia  trouvi  dans  une  Tanchc. 

JVj.Geoffroi  le  jeune  a  fait  voir  un  tenia  troave  dans  une  tanche 
fort  faine  &c  fort  gralfe  ,  femblable  a  ccux  qui  fe  trouvent  dans  I'homme  , 
a  cela  pres  qu'il  n'etoit  pas  decoupe  par  anneaux;il  avoit  feulement  des 
raies  ou  plis  perpendiculaires  a  fa  longueur ,  felon  laquelle  une  autre  grande 
rale  alloit  dcpuis  la  tete  jufqu'a  la  queue,  en  le  divifant  en  deux  moitics 
et^ales.  II  etoit  entiec  Si  avoit  1  pieds^:  on  n'avoit  pas  encore  oui  dire 
qu'il  fe  fut  trouve  de  tenia  dans  des  poilTons. 


1 

1 


Sur  une  tumeur  inorme  du  ventre. 

\j  N  Religieufe  a  eu  pendant  18  ans  une  grolTeur  de  ventre  fi  enorme, 
qu'outre  les'bandes  qui  lui  etoieiu  necelfaires  pour  le  foutenir  ,  il  falloit , 
quand  elle  vouloit  marcher,  que  deux  religieufes  marchaJfent  en  arriere 
devant  elle  ,  &c  lui  aidalfent  a  porter  fon  fardeau.  Elle  mourut  a  I'age  de 
49  ans  dans  de  grandes  douleurs  •,  on  I'ouvrit ,  &  des  qu'on  eut  Icve  la 
peau  du  ventre  ,  avant  meme  qu'on  en.  eut  perce  la  cavite,  il  fe  prefenta 
un  grand  fac  qui  prenoit  fa  naillance  de  I'ombilic  ,  &  defcendoit  jufques 
fur  les  genoux  :  il  etoit  pleinde  quantite  de  corps  fort  differens  ;  les  uns 
comme  des  pains  de  favon  ,  les  autres  commc  degros  morceaux  de  chair  ; 
d'aurres  comme  des  pierres  de  plarre  couvertes  de  quelques  membranes. 
Ils'y  trouva  audi  trois  vefli^s  de  la  longueur  denviron  un  pied  ,  pleinesea 
partie  d'une  eau  jaune  prefque  huileufe  ,  &  en  partie  de  matieres  aulli  dures 
que  des  pierres  :  ces  velfies  n'etoient  atrachees  a  rien ,  que  vers  leurs  em- 
bouchures. Il  faut  remarquer  qu'entre  la  peau  &  ks  mufcles  qui  etoient 
prefque  entierement  confumes  avec  leurs  tegumens  communs  ,  on  avoit 
trouve  quantite  d'auttes  petites  pierres,  dures  comme  des  morceaux  de 
carreau  blaiic  ,  done  I'une  poudoic  des  pointes  comme  des  moieties  d'epe- 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  515 

iron.  La  cavite    ia  ventre  etant  ouverte  ,  on  vlt   les  boyaux  enveloppcs 


dans 
det  1 


un  grand  fac  qui  prsnoit  fon  origine  de  la  premiere  des  vertebres  Acad.Rovaif. 
„w.  .ombes  ou  il  ctoic  fortemenr  atcache  ;  il  c'coit  rempli  de  corps  ctran-  cfb  SciENCts 
gers  toLis  femblables  aux  premiers ,  &c  de  trois  ou  quatre  pors  d'cau  jaiine.  "^"^  aris. 
Le  diaphragme  etoit  fort  prelFe  par  ce  fac  &  le  cccurptefque  applati.  L'Aca- 
demie  tient  de  M.  Lemeri  ces  faits  tres-remarquables  ,  non  pas  tant  par 
J'efpece  de  ces  generations  que  par  leut  monftrueufe  grandeur. 


Annu   1710. 


Sur  unc  Mort  fubitc  6'  fa  caufc. 


M 


I.  M  E  a  Y  a  dit  qu'ayant  ouvert  un  Iiomme  qui  etoit  mort  en  un  in- 
ft.int  ,  il  y  avoit  trouve  I'aorte  ttllcment  Jilatee,  qu'elle  avoit  commence 
ife  detacher  de  la  bafe  du  ca-ur  6c  a  i'abandonner.  Dansle  moment  plus 
de  circulation. 


Sur  unc  Hydropifu  la'ucufc. 


N 


o  u  s  avons  parlc  dans    I'Hiftoire  de  lyoo.d'une  iiydropihe  laiteufe  ; 
en  voici  une  ,  occafionnee  par  une  ciiute  iur  la  tcte.  Pour  f.ute  voir  com- 
ment cela  pent  arriver ,  nous  meierons  aux  faits  qu'a  oblerve  M.  Littre 
les  explications  qu'il  en  a  donnces 

Une  liUe  de  7  ans  qui  fe  portoit  parfaitement  bien  ,  etant  tombee  far 
la  tete  ,  les  parties  du  cerveau  s'affailfsrent  par  la  commotion  du  coup  ,  5; 
d'autant  plus  facilcment  qu'ellej  etoient  encore  fort  molies.  La  cavite  des 
tuyaux  diminua  ;  le  fang  qui  n'y  couloir  plus  librement  donna  lieu  a  la 
ferofite  de  fe  feparer  ,?c  de  s'echapper  par  les  pores  des  vailTeaux  ,  en  cn- 
trainant  avec  elle  une  parrie  de  fes  fels  ,  qui  picotoient  les  membranes  & 
caufoient  de  grands  maux  de  tcte:  la  tenfion  violente  des  vailFeaux  ou  le 
fang  fejournoit  trop  ,  y  contribuoit  encore  ;  mais  le  plus  grand  mal  ctok 
que  par  I'embarrns  &  le  defordre  des  parties  du  cerveau  ,  la  filtration  des 
elprits  ne  s'y  faifoit  plus,  ni  alfez  abondamment  ,  ni  alfez  rei'uliereinent  : 
aulli  lajeune  fiUe  ,  qui  auparavant  etoit  fort  vive  &  fort  "^aie,  devint-elle 
pefante  ,  trifte  &  allbupie  :  elle  vomiiloit  quelquefois  Sc  avoit  du  degor:c 
pour  les  alimens ,  parce  que  les  efprits  ne  fe  repandoient  plus  dans  I'eftonuc 
comme  il  eut  ete  nccefTaire.  De  la  mauvaife  difpofition  de  reftomac  ,  s'en- 
fuivirent  les  mauvaiies  dlgeftions  ;  I'imperfedion  ,  &  fur -tout  la  frcllc- 
rete  du  chile  peu  anime  d'efprits  ;  ce  chile  epais  ne  pouvoit  entrer  aifc- 
ment  dans  les  veines  ladees,  vaifleaux  forr  delies  ,  qui  fe  glilTent  entre  les 
deux  membranes  du  mefentere  ,  &  vontfe  rendre.i  fes  glandes.  L'ne  partie 
du  chile  qui  ne  pouvoit  penarer  dans  ces  petires  routes  ,  fuivoit  done  ceile 
d'.i  canal  intelUn.nl  ,  incomparablement  plus  large,  fie  qui  porte  les  excre- 
mens  ,  &  la  malade  eut  ce  que  Ics  Medecins  appellcnr  paffion  cct'taque 
c'ell-a-dire,  qu'avec  les  excrcmens  ilfuitoit  du  chile  ;  comme  il  s"en  per- 


515 


COLLECTION 


^___________  doit  beaucoup  par  la  ,  &  que  ce  qui  en  reftoit  pour  la  nourritare  des  parties 

etoit  crop  cpais  &  peu  propre  1  les  nourrir ,  la  malade  tomba  dans  une 

Acad. RoYALB  rnai^reur  extraordinaire.  Les  membranes  du  mefentere  fe  dcpouillerenc 
DES  Sciences  pgu-a-peu  de  toute  la  grailFe  qu'elles  contientient  naturellemenc ,  qui  les 
A-J^^s.  jjenj  feparees  I'unede  I'autre  &  qui  enveloppe  les  vailTeaux  lades  :  de-la  jl 
Annie  1710,  arriva  que  quand  ces  vailTeaux  gentles  a  la  longue  par  le  chile  qui  s'y  etoit 
amaife  ,  fe  creverenc  ,  le  chile  qui  sepancha  entre  ces  membranes  &c  qui 
leurcaufoit  une  tenfion  violence  ,  parce  qu'elles  etoient  extremement  rap- 
prochees  ,  eut  la  force  de  les  percer  en  plufieurs  endroits  ;  apres  quoi  il 
tomba  dans  la  cavite  du  ventre  &  forma  I'hydropifie  laiteufe  :  alors  la 
pallion  celiaque  cedii  ,  parce  que  le  chile  qui  avoit  force  tous  les  obftacles 
trouvoit  beaucoup  plus  de  facilite  a  entrer  dans  les  veines  la£tees  ,  &  n'etoic 
plus  oblige  a  prendre  le  chemin  du  canal  inteftinal.  Le  chile  qui  s'etoic 
amalTe  dans  les  glandes  du  mefentere  ,  les  grollir  beaucoup  au  de-li  dix 
naturel  ,  &  s'y  petrifia  meme  en  maniere  de  craie.  Le  canal  thorachique 
ou  il  ne  palToit  prefque  plus  de  cette  liqueur  ,  devint  extremement  menu 
&  delie.  On  fit  une  fois  la  pondion  a  la  malade ,  &  on  lui  tira  fix  a  fepc 
pintes  de  ce  chile  extravafe.  EUe  mourut  quinze  jours  apres  ,  ayanc  encore 
dans  la  cavite  du  ventre  une  pareille  quantite  de  la  meme  liqueur.  Sa  ma- 
ladie  dura  quatre  mois. 


Sur  une  GroJfeJJc  incroyabk, 

Jr  E  u  M.  I'Eveque  de  Seez  a  alTure  qu'un  homme  de  fon  diocefe ,  &  qu'il 
connoiflToit ,  age  de  94  ans  ,  avoit  epoufe  une  femme  de  83  ans  groffe  de 
lui  ,  &  qui  etoit  accouchee  a  rerme  d'un  gar^on  [a). 


Sur  k  Pareira  Brava. 

I  1  E  nom  de  pareira  brava  eft  portugais ,  &  fignifie  vigne  fauvage.  La 
drogoe  qui  le  porte  eft  une  racine  qui  vient  du  Brefil,  ou  Ton  dit  que  les 
nacurels  du  pays  I'appellent  botou  ou  botoua.  Nous  ne  connoidbns  poinc  le 
refte  de  la  plante  ,  &  nous  ne  favons  que  par  le  rapport  des  Portugais  que  ce 
foit  une  vigne. 

Cette  racine  n'a  point  ete  connue  de  Pifon  ,  dont  I'hiftoire  naturelle  du 
Brefil  fut  imprimee  en  \6^'&.  M.  Amelot^  Confeiller  d'Etat ,  eft  le  prenwer 
qui  I'air  appoct^e  en  France,  au  retour  de  fon  ambaftade  de  Portugal  en 
1688,  comme  M.  Nicot ,  Ambalfadeur  dans  le  meme  Royaume,  fut  le 
premier  qui  nous  en  envoya  le  tabac,  peut-etre  avec  trop  de  fucces.  M. 
le  Prefident  RouilU  ,  fuccelleur  de  M.  Amelot  .a  I'ambalTade  de  Portugal , 

(a)  Le  terns  ties  Patriarches  efl  revenu,  dit  I'Hiftoricn  de  I'Acadcmie ,  ou  plut6t  n'e/I 
pas  tout-d-fait  pajfi'.  Cela  eft  fort  lieureux,  car  il  faut  avoir  un  pcu  dc  Icur  foi  pou£ 
croirc;  a  ce  prodige  qnoiijue  attcftc  pat  un  Auteur  gtave. 


I 


3-.. 


ACAD^MIQUE.  517 

rapporta  aufli  entre  plufieurs  autres  drogues  rares  ,  du  pareira  brava  ,  avec  ««.,«__i«„„_ 

un  mcmoire  de  quantite  de  vertus  tres-confidetables  que  les  Portugais  lui  ' 

attribuent.  Acad.  Roy  ale 

A  caufe  de  fes  verrus ,  M.  Geoffroi  qui  s'etoit  charge  du  foin  d'examiner  ^^^  ^ciences 
tout  ce  qui  avoit  ece  apporte  par  M.  de  la  Marre  a  I'Academie ,  cut  una  at- 
tention particuliere  fur  le  pareira  brava  ,  qu'il  connoilloit  deja  d'ailleurs ,  &  -^^nu  1710. 
qu'il  avoit  mcme  eprouve.  En  comparant  tout  ce  qu'il  avoit  pu  ramailer  fur 
I'hiftoire  purement  botanique  de  cette  planie ,  il  forma  plufieurs  doutes  & 
plufieurs  queifions,  fi  la  iutua  ou  bniiua  ^  piaiue  indienne  dont  Giacomo- 
Zanoni  avoit  parle  dans  fon  iftorta  boitanua  en  1675,  '^  I'l  i'  ^'t  venii  dans 
le  Mozambique,  n'etoitpas  la  mcme  que  le  pareira  brava  ,  ou  le  raifmier  de 
cette  Ifle  qui  eft  alTez  connu.  S'il  y  a  deux  efpeces  de  pareira  brava  ,  I'une 
qui  vienne  dans  le  Mexique  ,  lautre  dans  le  Brefil  ,  ou  fi  routes  deux  viennent 
du  Brefil,  &c.  Mais  tout  cela  seclaircjra  avec  le  temps,  nous  nous  en 
tenons  a  ce  qui  ell  utile. 

M.  Geoffroi  a  vu  deux  efpeces  de  pareira  brava ,  fi  cependant  la  difference 
de  couleur  qui  eft  prefque  la  feule  fuffit  pour  fail  e  deux  efpeces.  La  premiere 
qui  eft  la  plus  en  ufage  eft  brune  par  dehors ,  &:  d'un  jaune  brun  en  dedans  j 
la  feconde  eft  blanche  par  dehors,  &  en  dedans  d'un  jaune  citrin.  Celle  ci  eft 
de  couleur  de  chair,  lorfqu'elle  eft  recente ,  &  palit  avec  le  temps.  Toutes 
deux  font  dune  fubftance  dure,  &  cependant  poreufe  &  fpon^ieufe.  Elles 
ont  un  goat  amer ,  mtle  de  quelq  .e  legere  douceur  ,  comme  la  reglille.  Elles 
font  quelquefois  de  la  groffeur  d'un  ponce. 

Les  Portugais  ,  qui  ont  d'abocjjj  appris  des  Sauvac;es  du  Brefil  les  vertus  de 
cette  racine,  pourroient  bien  les  ex-igcrcr  un  peu;  mais  fans  prendre  a  la 
lectretout  ce  qu'ilsenraconrent,  M.  Geoffroi  a  reconnu  par  fa  propre  expe- 
rience qu'elle  ne  manque  guere  de  coliques  ncphretiques  \  non  pas  qu'il 
croie  avec  les  Portugais  qu'elle  aille  brifer  la  pierre  dans  les  rtiiis  ou  dans 
la  vellie  ,  mais  bien  qu'elle  dilfout  les  glaires  qui  collent  enfemhle  dans  L's 
reins  les  fables  &  les  graviers  dont  fe  fornient  les  pierres  j  &  en  effet ,  aprC-s 
avoir  pris  du  pareira  brava,  on  rend  ordinairement  beaucoup  de  fable.  En 
general ,  M.  Geoffroi  I'a  trouve  trcs  efEcace  dans  tous  les  cas  ou  il  s'aoilToic 
d'attenuer  des  maticres  glaireufes.  Il  I'a  donne  auffi  fort  heureufcment  a  des 
malades  affliges  d  ulceres  aux  reins  &  a  la  vdlie ,  dont  les  urines  devenues 
purulentes  &  toutes  glaireufes,  fe  fupprimoient  ou  ne  couloient  qu'avec 
beaucoup  de  peine  ;  I'uf.ige  du  pareira  brava  guerilfoit  promptement  ces  fup- 
prellions,  &  Ics-urincs  n'erolent  plus  epailles,  oul'etoien:  tres-ptu:  cc  mcme 
remede  nettoyoit  peu  a  peu  les  ulceres ,  &;  en  y  joignant  a  la  fin  le  baume  de 
Capaiia  ,  plufieurs  ont  ere  entieremenr  gueris. 

M.  Geoffroi ,  ayant  juge  par  analogic  que  le  pareira  brava  feroir  bon  pour 
I'afthme  hiunoral ,  maladie  caufee  par  une  pituite  cpailfe  &:  gluante  qui  fur- 
charge  les  branches  dupoumon  ,  &  pour  la  jaunille  occafionncepar  une  bile 
cpaille,  lemploya  avec  fucces  dans  ces  deux  cas :  voici  un  exeniple  de 
chacun. 

Un  vieiHlard  de  foixante  &  douze  an?,  fort  foible  &  prct  a  etre  fuffoque 
par  une  pituite  qu'il  ne  pouvoit  arracher  de  fa  poitrine,  ay.int  pris  deux- 
vetres  d'iafuHoHde  paieiia  bravaauue  demvheuie  I'mi  de  I'auue,  jcruune- 


I 

jiS  COLLECTION  ■ 

fi  grande  quantite  de  glaires  &  de  phlegmes ,  qu'il  fembloit  vomir  j  il  fut         ^ 

Acad.  Roy  ALE  entierement  delivre  de  Ion  acces. 

DEsSciEMCES         (jne  femme  tourmentee  d'une  violente  colique  avec  une  douleur  aigue 

DE  Paris.       ^^^^^  j^  j— ^^  ^^^  ^^  menie  temps  une  jaunitle  univerfellej  fes  urines  qui 

Annh  1710.    etoienc  fort  cpailTes ,  teignirent  le  linge  en  jaune  j  leslavemens  n'amenoient 

que  des  matieres  blanchatres  &:  en  petits   quantite.  Apres  quelle  eut  ete 

faignee  du  bras  &  du  pied  ,  M.  Geoffroi  lui  fit  prendre  trois  verres  d'infufion 

de  pareira  brava  ,  a  demi-heure  I'un  de  I'autre.  Peu  de  temps  apres  le  troi- 

fieme  ,  la  douleur  ceiFa  ,  le  ventre  s'ouvrit ,  &  la  malade  rendit  des  matieres 

fort  jaunes;  les  urines  coulerent  abondamment  &  s'eclaircirent  :  on  con- 

linua  de  donfter  a  cette  femme  du  pareira  brava  de  quatre  heures  en  quatre 

'      heures ,  fa  couleur  jaune  s'etFaga  entierement,  &  vingt-quatre  heures  apres  , 

elle  parutparfaitementguerie. 

Ladofe  de  cette  racine  eftdedenx  gros,  coupes  par  petits  morceaux  ,  que 
Ton  fait  bouillir  dans  trois  demi  feptiers  d'eau ,  jufqu'a  ce  que  la  liqueur 
foit  reduite  a  chopine.  On  coule  cette  decodion  ,  on  la  partage  en  trois  verres 
que  Ton  fait  prendre  chauds  comme  du  tire  avec  du  fucre.  Pour  prefervec 
ceux  qui  font  fujets  a  la  gravelle  ,  on  leur  en  fait  ufer  tous  les  mois  pendant 
huit  jours,  a  la  dofe  de  vingt-quaire  grains  feulemenr  qu'on  fait  bouillic 
leoerement  dans  une  taffe  d'eau.  On  peut  donner  aufli  cette  racine  en  fubftance 
piilverifee ,  a  la  dofe  de  douze  ou  di;c  huit  grains. 


Sur  k  Bled  cornu  appdli  Ergot, 

\  1  A  relTemblance  des  grains  de  ce  bled  avec  I'ergot  d'un  coq  ,  lui  a  fait 
donner  le  nom  de  bled  cornu  ou  ergot.  Il  y  a  apparence  que  cette  maladie 
n'eft  occafionnee  que  par  des  brouiUards  qui  gatent  les  froments,  &  dont  la 
plapart  des  epis  de  feigle  fe  defendent  par  leurs  barbes.  Dans  ceux  que  cette 
humidite  maligne  peat  atteindre  &  pcnetrer  ,  elle  pourrit  la  peau  qui  couvre 
le  irrain,  la  noircit  &  altere  la  fubftance  du  grain  meme  :  la  feve  qui  s'y 
por%  ,  n'ctant  plus  refi'errcc  par  la  peau  dans  les  bornes  ordinaires  ,  s'y 
porte  en  plus  grande  abondance,  &  s'amaflant  irregulierement ,  forme  une 
efpece  de  monftre.  Ce  n'eft  que  dans  le  feigle  que  fe  trouve  I'ergot ;  &:  dans 
le  meme  temps  que  fur  les  reprefentations  de  I'Academie  ,  la  Cour  ordonnoit 
des  precautions  pour  fe  mettre  a  I'abri  dos  dangers  de  fon  ufage,  M.  de  U 
Hire  fils  ecrivit  a  un  de  fes  amis  ,  bon  Phyficien  qui  ctoit  a  la  campagne ,  Sc 
le  pria  de  favoir  a  quoi  les  fermiers  attribuoient  la  produdion  de  I'ergot, 
d'en  nourrir  des  poules ,  &  d<)b(er ver  ee  qui  leur  en  arriveroit ,  d'en  femer , 
pour  voir  s"il  lev^^roit  II  eut  fatisfadion  fur  ces  trois  articles. 

Cette  mauvaife  efpece  de  grain  vienr  en  plus  grande  abondance  dans  les  tcrres 
humidfs  &  froides ,  &  dans  les  annecs  pluvieufes.  Un  certain  feigle  parti- 
culier  qu'on  feme  en  mars ,  y  eft  plus  fujet  que  ceux  qu'on  feme  en  automne. 
Les  poules  n'en  veulent  pas,  des  qu'elles  I'ont  reconnu,  &  de  qtielque 
adrelfe  qu'on  fe  ferve  pour  en  mtler  dans  leur  mnngeaille,  ellcs  aiment 
mieijx  pailer  u'ois  jours  fans  mang2r.  Cependant  il  ne  patoit  point  leur  faire 

de 


A  C  A  D  t  M  I  Q  U  E.  51., 

de  mal ,  qu.ind  elles  en  ont  mange  par  furprife,  &  ellcs  ne  laiiTent  pas  de  — ^ 

pondre  a  I'ordinaire.  «    .      n 

II  ne  leve  point ,  ce  qui  ell  aflez  nature!  &  en  meme  terns  trcs  lieureux  ,     t>ns  ScitvcEs 
car  fan  ufage  eft  fort  (ufpQiCt ,  &  Ton  attribue  avec  alTez  de  vraifemblance  a      ^^  Paris. 
cette  mauvaifd  nounitute,  line  gangrene  endcmique  &  tres-redoutablc  qui    yJnnti  171 1, 
dcfola  rOrleanois  Sc  le  Blaifois  en   1716.  Cette  gangrene  ctoir  fecbe  ,  noire 
&  livide  ,  commengoit  prefque  toujoiirs  par  les  orteiTs  ,  de  la  s'ctcndoit  plus 
ou  moins  Sc  gagnoit  quelquefois  jufqu'au  liaut  de  la  cuKTe.  A  quelques  uns, 
la  gangrene  fe  feparoit  naturellement  &c  fans  qu'on  y  eut  rien  fait ;  aux  autres  , 
elle  le  terminoit  par  les  fcarifications  Sc  l;s  topiques,  plufieurs  moururenc 
apres  lamputation  de  la  partie  gangtence ,  patce  que  le  mal  continua  de 
monter  jufqu'au  tronc. 

Cette  ctrange  maladie  fembia  refpeder  les  femmes;  a  peine  elle  attaqua 
quelques  petites  fiUes.  Le  plus  maltraite  ,  fut  un  payfan  des  environs  de  Blois , 
a  qui  cette  gangrene  fit  tomber  d'abord  tous  les  doigts  d'un  pied  ,  enfuite 
ceux  de  I'autre  ,  apres  cela  le  refte  des  deux  pieds  ;  &  enfin  les  chairs  des  deux 
jambes  Sc  celles  des  deux  cuifTes  fe  detacherent  fucceflivement ,  &  nc  laif- 
ferent  que  les  os.  Dans  le  temps  qu'on  en  ecriveit  la  relation  ,  les  cavitcs  des 
OS  des  lunches  commen^oient  a  fe  remplir  de  bonnes  chairs  qui  renaiiroient. 


Tpiae  IIJ,  Panic  Frangolfe.  '  Xf 


J5« 


COLLECTION 


Acad.  RoYAiE 

BEs  Sciences 

BE  Paris. 

Annie  171 1. 


Obfcrvat'wns  fur  la  Racine  dc  Mechoacan ,  ^'furfon  ufage. 

Par   M.    B  o  u  L  D  u  c. 

\__i'E  mechoacan  eft  une  racine  ainfi  appellee  d'une  Province  de  la  nouvelle 
Efpagne  ,  d'oii  elle  fut  apportee  en  Europe  ,  il  n'y  a  giiere  plus  d'un  fiede  : 
on  en  a  trouvedepuis  dans  plufieurs  autres  paysde  I'Amerique. 

Des  Botaniftes  &  quelqnes  Auteurs  de  la  matiere  m^dicale  ,  I'onr  appellee 
Briofne  dcs  Indes ,  a  caufe  de  la  reflemblance  qu'elle  a  avec  notre  briojne'^ 
d'autres  en  parlent  fousle  nom  de  muhoacanna  alba ,  pour  la  diftinguer  du 
jaiap  qu'ils  appellenc  mfcAoacan/ra  nigra,  &  d'autres  ayant  egard  a  les  pro- 
prietes ,  la  prennent  pour  une  rhubarbe  blanche ,  &  la  nomment  rhubarbe 
des  Indes. 

Le  mechoacan  a  ixi  connu  avant  le  jalap  qui  eft  aujourd'hui  beaucoup 
plus  employe  ,  parce  qu'on  lui  a  trouve  plus  de  vertu  ;  il  eft  vrai  que  I'ailion 
du  mechoacan  eft  plus  douce  :  mais  par  cela  meme  cette  racine  n'eft-elle  paS' 
preferable? 

Elle  a  ,  outre  cela,  I'avantage  de  n'avoir  befoin  ni  de  preparation ,  ni  de 
corre^bif ,  &  elle  purge  par  fa  propre  fubftance  ,  telle  qu'elle  eft.  Elle  con- 
tient  douze  fois  plus  de  fel  que  de  refine,  mais  ni  I'extrait  falin,  ni  le  rcfi- 
neux  ne  purgent  autant  que  la  fubftance  meme,  fu(lent-ils  en  plus  grande 
dofe  :  ils  ne  purgent  pas  non  plus  audi  doucement. 

Dans  le  choix  du  mechoacan  ,  il  fauc  prcferer  les  morceauxqui  font  plus 
bruns  en  dedans ,  &  d'unc  fubftance  plus  ferree  j  ou  piutot  il  faut  rejetter  en- 
tierement  ceux  qui  ne  font  pas  de  cette  qualite  :  ils  ont  au  moins  le  defauc 
d'avoit  trop  peu  de  vertu.  Le-  blanc  donne  moitie  moins  d'ewrait  que  le- 
brun. 

En  comparant  les  produits  de  I'analyfe  du  mechoacan  avec  ceuxdu  jalap  ,, 
on  trouve  que  dans  celui-U ,  I'efprit  acide  I'einpoite  fur  I'urineiix,  &  qu'il" 
contient  bien  moins  de  parties  huileufes  que  le  jalap. 


Obfcrvations  fur  les  fibres  du  cceur  &  fur  fes  valvules  ^  avec  la 
maiiierc  de  les  preparer  pour  les  demontrer. 

Par    M.     W  I  N  s  L  o  w. 

iy 'o  N  regarde  ordinairement  le  cosur  comme  un  mufcle  ccmpofe  de 
fibres  differemmeut  pliees  &  contournees.  J'ai  fuivi  autant  qu'il  m'a  ete 
poflible  les  contours  de  ces  fibres,  &  je  crois  avoir  remarque  que  le  cccur 
eft  un  double  mufcle,  dont  le  plus  confidcrable  forme  le  ventricule  gauche  3 
&  le  moindre  le  ventricuie  droir. 

La  doifon  qui  s'obferve  entre  les  deux  ventricnies,  8c  que  beaucoup 
d'Anatomiftes  actribuen»  touce  entiere  au  ventricule  gauche,  apparii«:nt  a 


.     A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  j,i 

I'tm  &  a  I'autre  de  ces  ventricules ,  c'eft-i-dire  quelle  efl  compofee  de  fibrej  ■     .^^ 

da  vencricule  gauche  Sc  <ie  cellcs  du  ventricule  droit ;  c'eft  ce  que  i'ai  obferve  .    .  n 

en  ieparanc  ces  deux  ventciciiles  1  uii  de  1  autrt ,  lans  le  lecours  du  fcapel ;  car    jjpj  ScicNChs 

j'ai  fcparepar  le  feul  ecartemenc  des  fibres,  de  la  maniere  marquee  ciaprcs,      de  Paris. 

chaq.ie  vencricule  en  particulier  avec  fon  oreillette,  fon  artcre  6i  fa  veine ,    Annie  171 1. 

de  force  que  le  ventricule  droit  avec  fon  oreillecce  &  I'arcere  pulin.Miaire 

ecanc  dccache  du  ventricule  auquel  tienc  fon  oreillecce  avec  I'artcre,  Ion 

peuc  obferver  tres  diftindtement  dans  cliacune  de  ces  parties  ,  le  contour 

fuivi  des  fibres. 

J'ai  obferve  de  plus  que  ces  deux  ventricules  font  enveloppes  iSc  unis 
enfemble  par  quelques  couches  ou  plans  de  fibres  qui  forment  la  furface  exte- 
rieure  du  cccur  ;  ces  fibres  exterieures  partent  de  la  bafe  du  cccur  ,  fc  reanif- 
fent  i  la  painte  en  fe  conrournant,  &:  percent  dans  la  cavite  du  ventricule 
gauche  ,  ou  elles  fontient  les  colonnes  6c  les  iiiegalitcs  de  {3.  furface  interne  , 
en  forte  que  Ton  pent  dire  que  le  cccur  eft  un  organe  compofe  de  deux  mufcles 
enveloppes  I'un  dans  I'autre.  On  pourroit  meme  dire  qu'il  eft  compofe  de 
trois  mufcles ,  favoir  un  qui  compofe  le  ventricule  droit ,  un  autre  qui  forme 
le  ventricule  gauche  j  &  un  troilieme  qui  colleaux  parois  interieiiresdu  ven- 
tricule gauche,  fort  pjr  (jl  painte  ,  Sc  le  repandant  fur  les  deux  ventricules  , 
les  enveloppe  en  allant  fe  terminer  exterieurement  a  la  bafe  du  coeur. 

Mais,  comme  je  n'ai  pu  detacher  ces  paquets  de  fibres  longitudinales  qui 
fon:  I'interieur  du  ventricule  gauche  davec  les  fibres  qui  en  forment  le 
contour  externe  ,  &  qu'au  contraire  j'ai  fuivi  plufieurs  de  ces  fibres  qui 
faifoient  le  contour  du  ventricule  gauche  ,  qui  diangeant  de  direction  vers 
la  pointe,  rentroienc  en  dedans  &  devenoient  longitudinales,  j'ai  cru  ne 
pouvoir  pas  fiire  un  troifieme  mnfcle  de  ces  fibres. 

La  maniere  de  preparer  le  cceur  pour  obferver  les  contours  de  fes  fibres  , 
&c  detacher  les  deux  ventricules  I'un  de  I'autre,  fans  couper,  eft  de  prendre 
un  rceur  exadlement  degrailTc  que  Ton  fera  cuire  dans  de  I'eau  ,  jufqu'a  ce 
que  les  fibres  ayent  acquis  une  fermete  fuffifante  \  apres  quoi  on  fcparera  les 
deux  oreillettes  I'une  de  I'autre  avec  route  la  precaution  polTible  jufqu'a  la 
faafe  du  cccur,  &  pareillenisnt  I'artere  pulmonaire  d'avec  I'aorre  ,  les  cou- 
pant  a  pres  d'un  pouce  de  diftance  de  la  bafe  du  cccur.  On  tera  enfuite  une  in- 
cifion  tranfeverfale  ou  circulaire  d'environ  une  ligne  de  profondeur,  tout  au 
tour  de  la  bafe  du  coeur,  a  un  tiers  de  pouce  de  diftance  egale  de  I'origine 
des  arteres  &:  des  tendons  des  oreillettes.  On  en  fera  une  pareille  immediate- 
ment  au-dellous  du  ventricule  droit ,  tout  au  tour  du  coeur  ,  a  egale  diftance 
de  la  pointe  j  puis  on  fera  une  incihon  oblique  entre  ces  deux ,  commengan: 
par  en  haut  entre  les  deux  grandes  arteres  ,  proche  I'artere  coronaire  ante- 
rieure  que  Ton  laiftera  a  gauche;  &  fuivant  le  fiUon  qui  diftingue  les  deur 
venrriculef ,  on  continuera  jufqu'a  la  feconde  incifion  tranfverfale ,  &  cecte 
iiicifion  oblique  doit  penetrer  jufqu'a  I'entre-deux  des  fibres  des  deux  ventri- 
cules, ce  qui  pent  aller  a  une  ligne  de  profondeur  ou  environ.  Aptes  cela., 
on  le  vera  le  plan  exterieur  des  fibres  de  cote  &  d'autre  avec  la  pointe  d'un  fe- 
paracoire  emouffe,  en  ecarcant  Gmplement  les  fibres  toutaucout  de  chaque 
vencricule  vers  la  partie  poftiirieure  du  coeur.  Si  Ton  n'a  pas  touc-a-faic 
ftcceint  I'entre-deux  des  fibres  de  devant  de  I'un  &  de  I'autre  ventricule ,  oa 


55* 


COLLECTION 


I  levera  encore  Icrefte  des  plans  qui  les  enveloppent ;  enfuite  on  ecarteta  lis 

Acad  Royale  ^^^*  ventricules  tout  doucemept  avec  le  bout  des  doigts  ,  ayant  foin  de  me- 

DES  Sciences     nager  principalement  les  fibres  du  ventricule  droit  dont  le  plan  eft  fort 

DE  Paris.      mince  &  facile  -a  rompre,  &c  on  aura  de  cette  maniere  les  deux  ventricules 

A/2/iie  1 7 1 1 .     du  coeur  fepares  I'un  de  I'autre. 

Des   Valvules. 

Les  Anaromiftes  one  obferve  que  les  valvules  triglochines  du  coenr  font  at- 
tachees  par  des  filainens  tendineux  aux  colonnes  &c  parois  interieures  des 
venrricules.  J'ai  remarque  de  plus  que  ces  memes  valvules ,  du  cote  qui 
reuarde  les  parois  ducceur,  font  fortifiees  par  des  appendices  membraneufes, 
rangees  plufieurs  les  unes  au-delTus  des  autres ,  a-peu-pres  de  la  meme  ma- 
niere que  les  vojans  ou  falbalas  font  difpofes  fur  les  jupes  Sc  fur  les  echarpes 
des  femmes,  &  ces  appendices  font  attachces  aux  fibres  tendineufes,  qui 
ramalfees  enfuite  en  paquets,  forment  ces  cordages  que  la  plupart  des  Ana- 
romiftes nous  ont  dcpeints  fort  confufement. 

Les  preparations  que  Ton  fait  ordinairement  fur  le  coeur  pour  demonrrer 
les  valvules ,  font  fort  confufes;  de  forte  qu'il  faut  prefque  autant  de  coeurs 
que  de  valvules  a  demontrer ,  encore  eft-il  difficile  d'en  donner  une  idee  bien 
nette,  J'ai  cherche  un  moyen  de  faire  voir  dans  un  feul  coeur,  par  des  coupes 
fimptes  Si  bien  menagees,  routes  les  valvules  d'une  maniere  tres-diftinde  : 
voici  la  methode  que  j'ai  trouvce. 

On  coupera  les  deux  gros  vaiflTeaux  a  un  pouce  ou  environ  au-delTus  da 
coeur; enfuite  pour  decouvrir  les  valvules  figmoides  de  I'arterepulmonaire  ,  . 
«n  fendra  cette  artere  dans  fa  partie  anterieure  ,  en  approchant  de  Tangle  ante-- 
rieur  des  figmoides  :  on  cherchera  a  Tceil  cet  angle  par  dedans  I'artere ,  pout 
palfer  le  fcalpel  ou  la  pointe  des  cifeaux  precifemeiit  par  cer  angle  :  on  le 
fendra  exadtement  fans  bleifer  les  valvules  jufqu'a  la  bafe  du  cceur,  &  on 
ouvtira  le  ventricule  droit,  continuant  I'ouverture  parallele  au  fiUon  qui 
diftingue  les  deux  ventricules  jufqu'tn  bas ,  fans  aller  plus  loin;  prenant 
garde",  chemin  faifant,  de  ne  pas  couper  les  colonnes,  les  poutres  &  les 
brides  tendineufes  qui  s'y  trouvent ,  principalement  tout  le  long  de  I'angie 
dece  ventricule. 

Pour  decouvrir  les  valvules  trlglochines ,  on  fera  une  incifion  longitudi- 
nale  pres  de  Tangle  pofterieur  du  ventricule  droit ,  environ  dans  le  milieu  de 
ce  ventricule,  jufqu'a  ce  que  Ton  foit  arrive  dans  fa  cavite;  pour  lors  on 
poulfera  I'lncifion  en  bas  jufqu'a  la  pointe  du  ventricule,  fans  atteindre 
neanmoins  la  premiere  incifion  ,  &  on  la  pouffera  audi  en  haut  jufques  vers 
la  bafe  ,  prenant  un  tres  grand  foin  d'cpargner  les  brides  tendineufes  qui  font 
attachecs  aux  parois  de  ce  ventricule;  mais  fur-tout  on  prendra  bien  garde 
a  ne  point  couper  les  valvules  trlglochines  8i  les  cordages  qui  les  atrachent  : 
enfuite  on  detachera  delicatement  de  la  bafe  du  cosur ,  tout  le  co'nrour  des 
valvules  tenant  a  I'oreillette  droite  ,  Si  on  aura  de  cette  maniere  la  facilite  de 
voir  &  de  demontrer  les  valvules  trlglochines  entieres  detous  cotes,  uniqtie-- 
mentattachees  aucoeur  par  leurscordages. 

Pour  les  valvules  du  ventricule  gauche  ,  on  fera  une  incifion  longitudinaie 
dans  le  milieu  de  Tangle  gauche  du  ventricule  gauche  jufques  dans  la  cavite. 
On  poutrera  cette  incifion  d'un  coie  jufqu'a  la  pointe ,  &  de  Tautre  jufqu'a  la 


I 


ACAD^MIQUE.  535 


bafe  du  cosur,  avec  !es  mcmes  precautions  que  nous  avons  recommandces  ________ 

pour  I'autre  ventricule.  On  dctacliera  enfuice  fort  adrcitement  de  la  bafe  du  

coeur,  &  de  cote  &  d'autre  ,  le  contour  des  valvules  mitrales  tenant  i  rorcil-  ^fj'l''.;,  ,."J.1t" 
lette gauche,  julqual  endroitou  ces  valvules  tiennent  a  1  aone  ,  alaqiielleon       oi  Paris. 
ne  touchera  point ,  &  on  aura  par  ce  moyen  les  valvules  mitrales  dans  leur 
entier&fortdiftindres.  ^""'^'   '7m. 

Pour  decouvrir  les  figmoVdes  de  I'aorte ,  on  fendra  I'aorte  prc'clfcment 
cntre  les  deux  arteres  coronaires  ou  fe  trouve  un  des  angles  des  valvules ,  juf- 
qu'a  la  bafe  du  coeur,  &  on  feparera  de  la  bafe  du  cocur  le  cote  qui  eft  attache 
aux  valvules  mitrales  ;  on  aura  par  ce  moyen  les  trois  valvules  figmoides  de 
I'aorte  a  decouvert  &  bien  conlervees,  Sc  en  meine  temps  loutes  les  valvules 
fortentieresSc  fore  diftinctes  dans  un  mtme  coeur. 


De  la  manure  dont  fc  font  les  fecretions  dans  les  Glandes. 

Par     M.    W  I  N  S  L  O  W. 

V-/ N  obferve  dans  le  corps  des  animaux  un  grand  nombre  de  fucs  de 
djfFerentes  natures  j  le  fang,  la  lymplie,  ia  falive,  le  fuc  de  I'eftomac,  le 
fuc  inteftinal,  le  fuc  pancreatique,  la  gtailfe,  la  bile,  I'urine  &  plufieurs 
autres. 

Le  fang  furpalTe  de  beaucoup  les  autres  en  qualitc ,  &  c'eft  lui  qui  les 
produit. 

Cliacune  de  ces  liqueurs  fe  fepare  du  fang  dans  les  organes  particuliers  qui 
portent  le  nom  de  gtandis  ,  6c  la  feparation  de  chacune  de  ces  liqueurs  du 
refte  du  fang  ,  a  etc  nommee  fecretion  par  les  Anatomiftes. 

Cette  fecretion  fuppofe  deux  conditions  ,  I'unede  la  part  du  fang  qui  doit 
contenir  des  parties  propres  a  c-cre  fepirees  ;  I'autre  de  la  part  de  I'orijanc  qui 
doit  etre  difpofe  de  maniere  qu'il  lailfe  paiTer  certaines  parties  de  la  made  da 
fang,  8c  qu'il  refufe  le  paflage  aux  autres;  je  n'entre  poii.t  prefentemenc 
dans  le  detail  des  conditions  que  doit  avoir  le  fang  pour  les  fecretions  ,  ie  me 
borne  a  confiderer  ce  qui  depend  de  I'organe  pour  faire  cette  fecretion. 

Lesanciens  Medecins  fe  contentoient  de  reconnoitre  dans  les  vifceres  dts 
facultes  ou  des  vertus  particulieres  pour  feparer  plutot  tnie  liqueur  qu'uiie 
autre  ,  Sc  ils  s'embarralfoient  peu  de  la  maniere  dont  cela  fe  faifoit. 

Les  modernes ,  au  contraire  ,  ont  voulu  rendre  raifon  de  tout ;  ilsont  pre-- 
rendu  expliquer  la  maniere  dont  fe  faifoicnt  ces  fecretions.  Les  uns  a  I'aide. 
des  fermens,  d'autres  par  certains  rapports  foit  de  grandeur ,  foit  de  figure^ 
cntre  les  pores  des  glandes  &  les  patties  conftituantes  des  liqueurs  qui  s'y 
filtrent ,  ,Si  d'autres  en  ajoutant  une  forte  d'imbibition  ,  c'eft-adire  ,  en  fuD- 
pofant  que  les  glandes  ctoient  imbues  d'une  liqueur  femblable  a  celle  qu'ellts- 
devoient  filtrer;  mais  on  a  enfin  reconnu  I'lnfuffifance  de  toutes  ces  expe- 
riences hypothctiques  ,  ij<:  la  maniere  dont  s'operent  les  fecretions  reft.inr 
toujours  incertaine  ,  je  me  fuis  attache  a  letuJier  par  la  voie  de  I'obfcr- 
vation. 

J'ai  done  cherchc  dans  la  nature  mcme,  ou  dans  la  ftrudiire  des  parties,. 


554  COLLECTION 

■  ■  I  -— -  la  maniere  doiit  fe  faifoieiu  les  fc-crecions.  J'ai  examine  les  difFerentes  ef- 

AcAD.RoYALE  pec^s  dc  gliiidcs  c]ui  fe  renconcrenc  loic  dans  le  corps  humain  ,  foic  dans  le 

x>£s Sciences     corps  de  ditferencss  efpeces  danimanx,  efperanc  decouvrir  dans  les  unes 

BE  Paris.      ^e  qui  m'auroit  ecliappe  dans  les  autres ,  &  enhn  je  crois  etre  parvenu  a  con- 

^      ,  noicre  ^  a  pouvoir  dcniontrer  comment  fe  font  les  fecrctions. 

'  J'ai  obferve,  d'apres  quelques  Anacomiftes,  que  les  glandes  ne  font  que 
des  pelotons  ou  des  lacis  de  vaiffeaux  ;  mais  j'ai  remarque  de  plus ,  que  les 
vaifleaux  qui  font  propres  a  la  glande,  &  qui  en  font  la  prmcipale  partie  ,  font 
des  tiiyaux  garnis  interieutement  d'un  davet  ou  veloute  ,  ou  plutot  d'uti  tillu 
fpongieux  trcs-fin  qui  remplit  toute  la  cavite  de  ces  vaiffeaux  comme  uue 
efpece  de  moelle ;  on  le  remarque  non-feulemenc  dans  les  differentes  glandes 
du  corps  humain  ,  mais  encore  gener.alement  dans  celles  des  differens  ani- 
mxux.  Ce  tiffueft  de  differentes  couleurs  dans  les  glandes  diff^erenres  ,  ce  que 
Ton  obferve  meme  dans  les  plus  petits  foetus.  Ainli  la  glande  eft  compofee , 
pour  la  plus  grande  partie,  de  ces  vailTeaux  veloutes  ou  Jpongieuxque  j'appel- 
lerai ,  a  caufe  de  leur  fondtion  ,  vaiffeaux  ou  tuyauxficretoires  ,  lefquels  (or- 
nient  fouventprefquefeuls,cequ'onappelleg/a;z(/eoacor/'ig/(z;zi/tt/««x.  Mais 
outre  ces  vaiffeaux,  on  y  en  remarque  encore  de  quatre  fortes,  favoir  ,  des 
arteres,  des  veines  ,des  canaux  excretoites  &:  des  nerfs.  Je  diftingue  les  ca- 
naux  excretoires  des  vaiffeaux  fecretoires,  en  ce  que  ccux-ci  pat  leur  tiffu 
fervent  a  feparer  du  fang  une  liqueur  particuliere  ,  &  que  ceux-la  ne  fervent 
qu'a  tecevoir  au  fortir  de  la  glande  le  fuc  qui  a  ete  fepare  par  les  vaiffeaux 
iecrecoires ,  pour  le  porter  au  lieu  ou  il  eft  deftinc.  On  decouvre  de  plus  dans 
quelques  glandes  des  vailleaux  lymphatiques. 

On  pourroit  m'objeder  la  ftrudure  veficulaire  &  fibreufe  de  quelques 
olandes  ,  comme  des  conglobses  ,  &:c.  Mais  je  fatisferai  a  cette  objedlion  , 
dans  un  autre  Memoire  que  je  donnerai  fur  les  glandes  en  particulier,  ou 
je  les  rangerai  fous  differentes  claffes  &  d'une  maniere  nouvelle.  J'expli- 
querai  enfuite  pourquoi  les  vailTeaux  fecretoires  font  beaucoup  plus  etendus 
dans  quelques  glandes  que  dans  d'autres.  J'examinerai  aulli  ce  que  c'eft  que 
les  glandes  fanguines  que  quelques-uns  ont  reconnues  depuis  peu,  &  dV-u 
depend  la  couleur  cendree  du  cerveau  ,  8c  la  couleur  brune  des  glandes  re- 
nales  ,  quoique  les  liqueurs  qui  coulent  dans  ces  parties  ne  foient  pas  de  la 
n;eme  couleur. 

ll  n'eft  pas  aifc  de  determiner  quelle  connexion  peuvent  avoir  entr'eux 
tons  les  vaiffeaux  differens  qui  compofent  le  corps  de  la  glande.  Ces  vaif- 
feaux echappenta  nos  yeux  par  leur  finelFe,  &  quand  nous  les  avons  fuivis 
autant  qu'il  eft  pollible  ,  il  faut  fuppleer  au  refte  ou  pat  ce  que  nous 
avons  deja  obferve  jufquesia,  ou  par  ce  que  nous  voyons  de  femblable  dans 
d'autres  organes  dii  corps  plus  fenfibles.  Voici  ce  qui  m'a  paru  de  la  difpofi- 
tion  des  vaiffeaux  dans  le  corps  de  la  glande  :  au(Ii-tot  que  I'artere  qui  y 
arrive  en  une  ou  plufieurs  branches  A  (  P/.  XF  ,  Fig.  XXVI. )  s'eft  enfoncee 
dans  le  corps  de  la  glande  ,  elle  s'y  ramifie  en  une  infinite  de  petits  vaifffaus 
capillaires  d'une  extreme  finelTe  ,  lefquels  enfin  fe  recourbent  en  C  C  C  C ,  & 
forment  par  leur  retour  les  petits  rameaux  de  veines;  ces  petites  veines  fe 
teuniffent  peu-a-peu  pour  furtir  de  la  glande  en  une  ou  j)lufieuts  branches  B  j 


•,il 


Acad.  RoYALB 

Dns  SciENCFS 


ACAD^MIQUE.  jjj 

)e  fuis  en  etat  de  demontrer  cette  continu|tc  des  arteres  8:  des  veines  d'une 
maniere  tres-fenllble. 

Dans  la  courbure  ou  dans  les  glandes  que  forment  les  petits  rameaux  d'ar- 
teres&de  veines,  font  places  les  orifices  des  vailleaux  fecretoiresC!  D.  C  D.  "iA^Parx^s. 
CD;  ces  vailFeaux  qui  font  quelquefois  d'une  trc-s-grande  ctendue  ,  n'oc-  . 
cnpent  neanmoins  qu'un  trcs  petit  volume,  parcc  qu'ils  font  plits  &  replies  ^"''"  ''^" 
fureux  mcmes,  tantot  en  un  feul  pcloton  ,  tantot  en  diK-rcns  pelotons  en- 
veloppes  d'une  membrane  commune  ,  ce  qui  a  donne  lieu  a  la  dilliiidion  des 
glandes  conglobces  &  conglomcrces.  Enfin  ces  differentes  branches  de  vaif- 
ieaux  lecrctoires.ou  fe  rcunilTent  par  des  cnnaux  continus  en  un  feul  canalexcrc'- 
toire  E,  lequel  fort  dc  la  glande  ,  &  porte  dehors  le  fuc  qui  s'y  ell  prepare  ;  ou 
bien  ces  metres  vailfeaux  fccrcoires  aboutilTent  inn  hnflin  ou  r<!fervoircom- 
mun  dans  lequel  ils  verient  leur  liqueur,  &;  cettt  liqueur  s'cpnnche  quelquefois 
hors  de  fon  refervoir  par  un  canal  ex.rctoire  partitulier,  comme  on  le  peuc 
obferver,  par  exempie,  dans  le  cervean  ,  dan:,  la  bouche  ,  dans  I'ellomac  , 
dans  les  reins  de  plufieurs  animaux,  dans  la  gland*  du  croupion  du  coq 
d'Inde ,  5cc.  r  ^ 

Je  n'expliquerai  point  ici  I'ufage  des  nerfs  &  des  vaiffeaux  lymphatiques 
dans  les  glandes  ,  jen  parlerai  dans  un  autre  Memoire.  Telle  eft  la  ftruifture 
gcnerale  que  j'ai  obfervce  dans  les  glandes,  &:  que  j'efpcre  dcmontrtr  en 
particulierdans  les  Memoires  que  je  donnerai  par  la  fuice  fur  chaque  genre 
de  glandes. 

Examinons  prefentement  de  quelle  maniere  ces  organes  peavent  fervir  a 
feparer  du  fang  les  differentes  liqueurs  qu'ils  en  fepari.nt. 

C'eft  une  chofe  alTez  connue  des  IMiyficiens,  &:  parriculierement  des 
Chymiftes,  qu'un  morceau  de  papier  brouillard  qui  n'eft  qu'un  amas  de 
filamensferreslesunsauprcsdesaiiTres,  une  to\s  imbibe  d'huile  ou  d'eau,  ne 
lailfe  couler  au  travers  de  fon  tilfu  qua  la  liqueur  femblable  a  celle  dont'il  a 
ete  imbu  &  retienr  I'autre  :  ils  f^avent  audi  que  des  languettes  de  dr.ip  ou 
des  meches  de  coron  imbues  d'huile  ou  d'eau  ctant  trempees  par  un  dc  kurs 
bouts  dans  un  vailfeau  oil  on  auroit  mele  de  I'huile  Sc  de  i'eau  enfemble  ,  la 
languette  imbue  d'huile  ne  diltillera  que  de  Ihuile,  Sc  celle  qui  aura  ece 
imbue  d'eau  ,  ne  diftillera  que  de  I'eau. 

Je  trouve  dans  les  vailleaux  fecretoires  des  glandes  une  ftrufture  affez 
femblable  i  c'eft  un  tiflu  ou  un  amas  de  filamens  ferres  a-peu  pres  comme 
dans  le  papier  brouillard,  dans  le  drap  ou  dans  le  coton  ,  quoique  difpofJs 
autrement :  ce  tilfu  une  fois  imbibed'un  certain  fuc  ,  ne  lailTera  plus  pall'er  de 
toutes les  liqueut s  qui  arriveront  aux  orifices  de  ces  vailFeaux ,  que  celle  don: 
il  aura  cce  imbu. 

Cela  pofe  ,  le  fang  que  nous  devons  confi.lerer ,  non  comme  une  liqueur 
homogene ,  mais  comme  un  compofe  d  une  infinite  de  parries ,  ou  molecules 
differentes,  huileufes,  mucilagineufes  ,  aqueufes  ,  falincs,  fubtiles  &  grof- 
fieres ,  etant  porte  par  les  artetes  dans  la  glande.  fe  partage  dans  toutes  les 

[)lus  petites  ramifications  de  I'artere  oil  il  s'etend  infiniment ,  &  ou  toutes 
es  molecules  font  obligees  de  defi'.er  en  quelque  maniere  une  a  une  par  le 
palTage  etroit  de  I'artere  dans  la  veine  ,  &  par  confcquent  de  rouler  fur  les 
oriikes  des  vailFeaux  fecretoires  des  glandes  done  le  vcloutc  eft  deja  imbw 


55(J  COLLECTION 

S^f=^!;=:^  d'uii  Cue  de  certaine  niture  :  les  molecules  qui  fe  trouvent  c3e  la  meme  na- 

AcAD.RoYALE  tare  que  le  Cue  qui  fe  pixfence  a  reiuree  d'un  vailfeau  fecretoire  s'y  joignent , 

D£s  Sciences    &  entrent  avec  plus  de  liberie,  pouffees  d'aiUeurs  par  celles  qui  les  fuivenc ; 

DE  Paris.       gUgj  parcourent  aiiifi  fucceflivement  tout  ce  vaiireau ,  Sc  fortent  eiifin  par  le 

Annie  1711,     canal  excretoire  ,  pendant  que  les  autres  qui  ne  font  pas  de  la  meme  nature  , 

roulent  par  delfus  I'orifice  du  vailFeau  fecretoire  ,  fans  fe  melet  avec  le  fuc 

qui  s'y  rencontre  ,  &  palfent  jufques  dans  la  veine  pour  etre  rapportees  au 

coEur. 

Il  refte  a  expliquer  de  quelle  maniere  les  parties  ont  pu  s'imbiber  de  ces 
fucs  pour  la  premiere  fois  dans  leur  premiere  conformation  ,  comment ,  par 
exemple  ,  la  bile  aura  pu  fe  feparer  du  fang  pour  la  premiere  fois  dans  le  foie  , 
preferablement  a  toute  autre  liqueur. 

je  reponds  qu'ayant  remarque  m«me  dans  les  plus  petitj  foetus  les  glandes 
a-peu-pres  colorees  de  la  meme  maniere  que  dans  les  grands,  il  eft  a  pre- 
fumer  que  dans  la  premiere  conformation  de  I'animal ,  en  meme  terns  que 
les  parties  folides  de  ces  organes  ont  ete  formees  ,  elles  ont  ete  imbues  des 
memesfucsqu'elles  devoient  filtrer.  On  demandera  aufli  peut-etre  comment 
il  fe  pent  faire  que  cette  liqueur  ne  tarifTe  pas  dans  ces  filtres  :  mais  on  le  con- 
cevra  aifement ,  fi  on  fait  reflexion  que  dans  I'etat  fain  ,  le  fang  coulant  con- 
tinuellement  dans  les  glandes,  y  difpofe  toujours  une  nouvelle  liqueur  j  & 
que  fi  par  hafard  il  ceflbit  d'y  en  couler ,  la  liqueur  dont  le  filtre  des  vaif- 
fcaux  fecretoires  eft  imbibe  n'etant  plus  poulTee  par  une  autre  ,  y  refte ,  & 
tient  ces  vaiffeaux  mouillcs  pendant  quelque  tems.  Mais  d'ailleurs ,  fi  par 
quelque  accident  cette  liqueur  vient  a  larlr ,  &:  que  la  gknde  fe  deireche, 
o\\  s'il  s'y  engage  d'autres  fucs  par  force  ,  il  s'enfuit  des  accidens  ttes-facheux , 
&  pour  I'ordinaire  irremediables. 


Ohfcrvatlons  fur  la   Gonorrhic 
Par    M.    Litre. 

J  J  A  gonorthee  virulente  a  difFerens  fieges  dans  I'liomme  :  tantot  elle  oc- 
cupe  feulement  les  glandes  de  Couperj  tantot  les  proftates ,  &  tantot  les 
vcficules  feminaires  :  quelquefois  elle  a  fon  fiege  en  meme  tems  dans  les 
glandes  de  couper  &  dans  les  proftates;  quelquefois  dans  les  proftates  & 
les  veficules  feminaires,  &  tantot  dans  ces  trois  parties  tout  a  la  fois. 

De  cette  diverfite  de  iieges  que  j'ai  obfervee  dans  les  cadavres  d'hommes 
atteints  de  gonotrhee  ,  que  j'ai  ouverts  au  nombre  d'environ  quarante , 
en  peut  etablir  deux  efpcces  de  gonorrhee  virulente  j  de  fimples,  &  fle 
compofees  ou  compliquees. 

Les  fimples  n'aifeftent  qu'un  des  trois  fieges,  &  les  compliquees  en 
affedtent  plufie.urs  en  meme  tems :  chacune  de  ces  trois  efpeces  en  ren- 
ferme  trois  autres. 

L'une  des  fimples,  eft  la  gonorrlice  des  glandes  de  Couper  :  la  feconde 
eft  celle  des  proftates  j  &:  la  tioifieme  eft  la  gonorrhee  des  veficules  femi^ 
io  aires. 

Pes 


r. 


A  C  A  D  6  M  I  Q  T7  E.  5J7 

Des  compofees ,  I'une  eft  la  gonorrhee   des  glandes  de   couper  &  dcs  ■ 

roftates  :  la  feconde  eft  cclle  des  proftates  &  des  vcTiculcs  fcminaires^i  &  Acad.Royale 
a  croifieme  eft  la  gonorrhee  univetfelle,  parce  qu'elle  aft'ede   en  lueme    dks  Sciences 
terns  les  trois  fieges  de  cette  maladie.  de  1'aris. 

De  routes  les  gunorrlices  virulences  ,  il  n'y  a  que  la  gonorrhee  fimple  de  Jnnic  171 1, 
couper  ,  qui  puill'e  perfifter  fimple  jufqu'a  la  fin  de  fa  gucrifon,  parce  que  , 
les  conduits  de  ces  gl.indes  s'ouvreiu  dans  le  canal  de  I'urerre  ,  un  pouce 
&  demi  en  deija  des  proftares  ,  &  que  les  embouchures  de  ces  conduits 
font  tournces  du  cote  du  gland  ;  ainfi  la  liqueut  qu'ils  verfent  dans  ce  canal , 
coule  naturellement  vers  le  gland  ,  fort  de  I'uretre  par  fon  trou,&ne  fe 
porte  pas  du  cote  oppofej  ce  qu'elle  devroit  pourtant  faire  pout  pouvoir 
communiquer  fa  maiignite  aux  proftates  &c  aux  vcficules  fcminaires  qui 
font  Gcuces  de  ce  cote  li. 

Au  contraire  les  gonorrhc'es  des  veficules  feminaires  &  des  proftates  , 
fur-tout  fi  elles  durent  long-tems  ou  qu'elles  foient  bien  malignes,  peuvent 
fe  produire  rcciproquement  I'une  I'autre  ;  cat  les  conduits  Aq%  vcficules  fe- 
minaires fe  terminant  dans  le  canal  de  I'uretre  au  milieu  des  conduits  des 
proftates,  la  liqueur  qu'elles  y  verfent  peut  agir  fur  les  proftates  ,  comme 
la  liqueur  des  proftates  peut  agir  fur  les  vcficules  feminaues  ,i<  ainfi  s'en- 
trecommuniquer  Icurs  niauvaifes  qualites  a  caufe  de  leur  grande  proximite. 

Ces  deux  mcines  gonorrhees  peuvent  non-feulement  fe  produire  I'une 
I'autre  ,  mais  encore  celle  des  glandes  de  couper  ,  parce  que  la  liqueur  viru- 
lence qu'elles  depofenc  dans  le  canal  de  I'uretre ,  n'en  fauroit  fortir  fans 
nafter  fur  les  embouchures  des  conduits  de  ces  glandes,  par  confequenc 
quelque  portion  doit  ce  femble  s'engager  enpallant ,  &  y  caufer  enhn  une 
gonorrhee. 


Dc  la  Gonorrhee  virulcntc  dcs  Glandes  de  couper. 

\^  ETT  E  gonorrhee  peut  etre  fimple  ou  compofee,  primitive  ou  confe- 
cutive  ,  &  ctre  caufce  en  deux  terns  difPerens,  dans  le  terns  du  coit  ,  & 
liors  du  terns  du  coYt. 

Elle  eft  fimple  ,  lorfque  ces  glandes  feules  font  affedees  du  virus  vene- 
rien  :  elle  eft  compofee  ,  lorfque  ces  mtmes  glandes  font  affedlees  avec  les 
proft.ites  ou  les  vcficules  fcminaires. 

Elle  eft  primitive  ,  lorfqu'elle  n'aete  ni  caufce  ni  preccdee  par  une  autre  : 
elle  eft  confecutive  ,  quand  au  contraire  une  autre  I'a  canfee  ,  ou  I'a  preccdee 
fans  la  caufer. 

Les  gonorrhees  primitives  peuvent  ctre  fimples  ou  compofees :  dans  les  fim- 
ples,  il  n'y  a  qu'un  des  trois  fieges  affedle  \  dans  les  compofees  il  y  en  a 
plufieurs  ,  foit  que  I'un  ait  etc  plutot  ,  ou  en  meme  terns  affVite  ,  dcpcn- 
dammsnt  ou  independamment  I'un  de  I'autre  ,  dans  le  mcme  coit  ,  ou  en 
differens  :  dans  le  meme  coit  lorfqu'il  s'infinue  beaucoup  de  virus  de  la 
femme  dans  I'uretre  de  I'homme  ,  ou  que  ce  virus  eft  fort  malin. 

La  gonorrhee  confecutive  eft  de  deux  efpeces  :  dans  I'une ,  une  gonor- 

Tomt  III ,  Panic  Fraucoifi,  Yj 


55S  COLLECTION 

=::=:  rhee  fuccede  a  une  autre ,  mais  elle  n'en  dtpend  pas  :  telles  font  les  pri- 

DEs  Sciences  Uins  1  autre  elpece  ,  une  gonorrhee  fuccede  a  une  autre ,  Sc  elle  en  de- 

BE  Paris.       pend  ,  comme  lorfque  les  proftates  ,  par  exemple  ,  etant  atfedees  de  go- 
Annk   1711      ""fht'e,  la  liqueur  virulenre  qui  en  decoule  ,  caufe  la  meme  maladie  dans 
les  veficules  feminaires ,  ou  dans  les  glandes  de  couper. 

La  gonorrhee  d.s  gl.indes  de  couper  ,  peut-etre  caufee  dans  le  terns  da 
coic ,  &  peut-etre  aulli  hors  du  terns  du  coit. 

Dans  le  terns  du  coit ,  parce  qu'en  ce  tems-la  le  virus  de  la  femme  fe 
trouvant  fort  agite  ,  cntre  avec  rapiditc  dans  le  canal  de  I'uretre  de  riiom- 
me  ,  fe  porte  jufqu'aux  embouchures  des  conduits  d.-  ces  glandes,  s'y  en- 
gage ,  en  alrere  les  liqueurs  &  y  caufe  une   gonorrhee. 

La  gonorrhee  des  glandes  de  couper  ,  peut  are  caufee  hors  du  terns  da 
coit  ,  parce  que  les  proftates  ou  veficules  feminaires  etant  affedtees  de 
gonorrhee,  la  liqueur  virulente  qui  coule  de  ces  parties,  ne  fauroit  fortir 
de  I'uretre  fans  palTer  furies  embouchures  des  glandes  de  couper,  &  par 
confequent  quelque  portion  de  ce  virus  peut  fe  gliffer  en  palTant  dans  les 
conduits  de  ces  glandes  ,  &  y  cauferenfin  une  gor.orrhce 

Cependant  il  paroit  difficile  a  concevoir  que  la  liqueur  virulente  qui 
coule  dansie  canal  de  Turetre  de  la  racine  vers  fon  extremitc,  qui  y  coule 
lentement ,  &  ce  canal  etant  toujours  ouvert  &  libie,  puille  s'infinuer 
dans  les  conduits  des  glandes  de  couper  ,  dont  les  embouchures  font  tour- 
rees  du  cote  oppofe  au  courant  de  la  liqueur  ,  &  que  de  la  elle  fe  porte 
jufqu'au  corps  de  ces  glandes  qui  en  font  fort  eloignees  ,  pendant  qui! 
coule  de  ces  memes  conduits  une  autre  liquc  ur  dans  un  fens  contraire  j  d'oii 
il  femble  qu'on  peut  conclure  que  la  gonorrhee  des  glandes  de  couper  , 
lie  peut  guere  etre  caufee  que  dans  le  terns  du  coit,  &  par  confequent 
qu'elle  eft  prefque  toujours  primitive. 

La  gonorrhee  Az%  glandes  de  couper  efb  rare  ,  puifqu'aucun  Auteur  , 
que  je  fache  ,  n'en  fait  mention,, &  que  ceux  qui  traitent  ces  fortes  de 
maladies,  ne  la  remarquent  pas  dans  la  pratique  j  ce  qui  arrive  peut-etre 
fa.ite  d'attention  ,  ou  parce  qu'ils  ignortnt  que  ces  glandes  exifttnt  ,  & 
que  leurs  conduits  s'ouvrent  par  deux  embouchures  fort  remarquables  dans 
le  canal  de  I'uretre  ,  environ  un  pouce  &  demi  en  de(;a  de  fa  racuie. 
-  Enfin  cette  gonorrhee  eft  rare  ,  puifque  d'un  grand  nombre  de  cadavres 
d  homm'es  que  j'aiouverts,  at  eints  de  cette  maladie,  je  n'en  ai  trouvc 
qu'un  ou  ces  gl.uides  fulfent  affed:ees  de  virus  vencrien.  Cette  obfervaiion 
ni'a  rappelle  I'ldee  d'un  malade  qui  etoit  ,  autant  que  je  m'en  puis  fouve- 
nir  ,  atteint  d'une  gonorrhee  dans  les  mC-mes  glandes  j  mais  coinme  alors 
elles  ne  m'etoient  pas  alTez  connue';,  je  ne  fis  pas  toute  I'attention  que  j'y 
ferois  a  prefent  que  je  les  connois  bien. 

Elle  eft  rare,  pirce  que  les  conduits  de  ces  glandes  ,  avant  que  de  fe 
terminer  dans  la  cavite  de  I'uretre,  font  environ  iin  pouce  de  chsmin 
entre  les  petites  cellules  dont  les  patois  de  ce  canal  font  compofees :  or 
ces  petites  cellules  dans  le  tems  du  coit,  regorgent  de  fang  &:  d'efprits, 
ainfi  elles  doivent  alots  coraprimer  ces  conduits  ,  defotte  que  le  virus  ve- 
nerien  n'y  fauroit  entrer,  ou  du  moins  que  fort  diiEcilemem  &  en  fore 
petite  quantite. 


A  C  A  D  ]fe  M  I  Q  U  E.  j,9 

Voici  a  prcfeiu  ce  que  j'ai  obfervc  par  rapport  a  la  gonorrUce ,  danS'^e  s::n:^=^S^S 
caJavre  d'un  homme  ,  ou  les^landes  de  couper  etaient  leules  aftcdces  He  y\cAD  Roym-e 
virus  vcncrien.    Je  parlerai  dacis  un  autre  Mcmoire  dcs  obfervations  que     p^s  SciENCts 
j'ai  faites  dans  les  autres  cadavres  acteints  de  la  mcme  maiadie  ,  dont  le  ficge       de  Paris. 
etoit  dans  ies  proftnces  ou  dans  les  vcficules  fcminaires.  j„„!,  ,^,t 

Ayant  ouvert  1  uretre  de  ce  cadavre  par  la  partie  lupcrieure  d  un  bout  a 
I'lutre,  j'ai  remarqiid  : 

i''.  Que  depuis  le  bout  du  gland  jufqu'aux  embouchures  des  conduits  de$ 
glandes  de  couper,  la  furface  interieure  du  canal  de  I'uretre  croit  eiiJuite 
d'une  liqueur  femblable  a  celle  que  j'en  avois  fait  auparavanc  fortir  en  ptef- 
fant  le  gland. 

2".  Que  dans  la  mcme  ctenduede  ce  canal,  les  paroisy  ctjient  plus  dures 
&  plus  epaifles  que  dans  le  refte. 

5".  Qu'a  I'endroit  des  embouchures  des  conduits  de  couper,  il  y  avoit 
une  rougeur  large  d'environ  quaere  lignes,  &  qui  s'etendoit  plus  du  tote 
gauche  que  du  cote  droit. 

4*'.  Que  prefqu'au  milieu  de  la  rougeur  ,    il  y  avoit  un  ulcere  de  figure 
approchante  de  la  ronde  d'une  dsmi-ligne  de  di  imetre  ,  qui  avoit  rongc  une 
grande  partie  des  bords  de  I'embouchure  du  coi^iuit  gauche  ,  &  une  petite  ' 
poirion  de  I'uretre  aiix  environs. 

5  ".  Que  ce  conduit  contenoit  dans  fa  cavire  une  liqueur  jaune  ,  tirant  un 
peu  fur  le  verd  ,  &  fes  tuniqucs  ccoient  de  coulcur  rougcatre  ,  plus  dures  &C 
plus  epailfes  que  dans  I'ctat  naturel. 

()".  Que  le  corps  de  la  gtande  de  ce  conduit  etoitextraordinairement  dur, 
Touge,  tumefie,  &:  la  liqu;ur  qu'on  en  exorimoit ,  femblable  a  celle  qu'on 
trouvoit  dans  la  cavite  du  conduit. 

7°.  Qu'il  y  avoir  nioins  d'aheration  ,  tant  dans  Iss  parties  liquides,  que 
d'.ns  les  foiides  dc  la  glmde  droite  &:  de  fon  conduit,  apparemment  parce 
qu'il  s'y  etoit  moir.j  portc  de  virus  ,  ou  qu'il  n'avoic  pas  trouvc  la  mcme  ta- 
cilite  a  s'y  inlinuer ,  ni  pcutccre  les  memes  difpufitions. 

8".  Que  la  liqueur  virulente  contenue  dans  les  corps  des  glandos  &  dans 
leurs  conduits  ,  etoit  plus  epailfe  ,  plus  gluanre  ,  plus  jaunc  ,  &  tiroit  plus  fur 
le  verd  que  celle  qui  etoit  dans  le  canal  de  I'uretre  :  la  raifon  en  eft  aifee  a 
rendre  :  il  y  avoit  plus  d'inflanimation  dans  cts  glandes  que  dans  I'uretie ,  &C 
la  liqueur  virulente  tomiiee  d.uis  ce  canal,  s'y  mtloit  avec  les  liqueurs  na- 
turellcs  qui  couloient  desproftates  6i  des  autres  glandes  de  ce  meme  canal  , 
par  conlcquent  celles-ci  doivent  rendre  celle-la  plus  Huide,  &  en  meme 
temps  en  affoiblit  les  couleurs  jaune  &  verdacre. 

J'obfervai  encore  que  depuis  I'endroit  ou  les  conduits  des  glandes  de 
couper  fe  terminent  dans  la  cavit'i  de  I'uretre  jufqu'.i  la  racine  de  ce  canal  , 
il  n'y  avoit  aucune  imprefiion  de  virus  vencrien,  ce  qui  devoit  are  ainfi,  puif- 
que  la  couleur  viruleiue  qui  couloit  di  ces  criandes  dans  le  canal  de  I'uretre 
&  qui  pouvoit  atrei5ter  cette  partie  du  canal, ne  fe  portoii  pas  de  ce  cote  la, 
mais  bien  du  cote  oppofe  ,  &  cela  par  fa  propre  determination  ,  a  caufe  de  la 
direction  des  embouchures  des  conduits  de  ces  glandes  ,  &  par  la  liqueur  des 
proliatej  &  des  auir-es  glandes  de  I'uretre,  laquelle  avant  toujours  f.i  deter- 

Y  3  ij 


S40 


COLLECTION 


mination  vets  I'cxtremite  de  I'uretre,  y  poufTe  la  liqueur  des  glandes  de  cou- 


AcAD  RoYALE  P^"^  quelle  rencontre  dans  Ton  chemin. 
DES  Sciences 

Slgncs  par  lefqueh  on  pouna  ruonnoiire  dam  Us  corps  v'lvans  la 
Gonorrhee  des  Glandes  dt  Coiipcr. 


DE  Paris. 
Annti   1 7 1 1 . 


Premier  figne.  Le  malade ,  dans  cette  gonorrhee ,  doit  fentir  de  la  dou- 
leur  vers  le  milieu  du  perinee,  parce  que  les  conduits  de  ces  glandes  fe  ter- 
minent  dans  le  canal  de  I'urerre  en  cet  endroit-la 

Second  fieiie.  Le  malade  doit  encore  fentir  de  la  douleut  aux  environs  de 
I'anus  J  parce  que  les  corps  des  memes  glandes  y  font  litucs. 

Troifieme  figne.  Le  Chirurgien  doit  remarquer  aux  environs  de  I'anus  ui'Ui 
grolLeur  extraordinaire,  qui  n'ell  autre  chofe  que  les  corps  de  ces  mcmes 
glandes  enflammees  &  tumefiees. 

Quatrieme  figne.  L'ecoulement  de  cette  gonorrhee  ne  do"u  pas  etre  abon- 
dant ,  parce  que  les  glandes  qui  en  fouriiillent  la  matiere  fiant  petites  ,  &  que 
les  voies  par  ou  elle  doit  paflTer  pour  y  parvenir  font  difficiles  j  par  confe- 
quent  il  en  doit  peu  pafTer. 

Dernier  figne.  Les  accidens  qui  I'accompagnent  doivent  ette  en  petit 
nombre  &  peu  violens  ,  parce  que  la  liqueur  virulente  qui  coule  dans  cetre 
gonorrhee  ne  peut  etre  qu'en  petite  quantite,  par  les  railons  ci-delTus  r.ip- 
portees  ,  &  que  le  trajet  quelle  a  a  faire  pour  fortir  de  I'uretre  n'eft  pas  bien 
long. 

La  gonorrhee  de  glandes  de  couper  n'eft  pas  fi  dangereufe ;  elle  eft  plus  aifee 
a  guerir  que  les  autres.  Independamment  du  traitement  commun  aux  autres 
gonorrhees ,  les  remedes  propres  a  celled  font  des  fomentations,  des  ca- 
taplafmes  &  le  demi-bain 

Les  cataplafmes  &  les  fomentations  doivent  etre  emolliens  &  adoucif- 
fans,  &;  on  doit  les  appliquer  fur  les  patties  malades,  application  d'autant 
plus  falutaite  ,  que  ces  parties  etant  fituecs  prcs  de  la  peau  ,  elles  peuvenc  re- 
cevoir  de  ces  remedes  tout  I'etfet  dont  ils  font  capables. 

Le  demi-bain  peut  etre  auffi  d'un  grand  fecours  dans  cette  cute,  puifque 
I'eau  peut  facilement  porter  fon  adtion  jufqu'aux  parties  malades. 

Par  le  moyen  de  ces  trois  remedes ,  il  femble  qu'on  peut  remplir  les  prin- 
cipales  vues  qu'on  a  dans  la  cure  de  cette  maladie,  qui  n'eft  proprement 
qu'une  inflammation  des  glandes  de  couper  :  ces  vues  font  d'amollir  ,  de  re- 
lacher  &  de  rafraichir  les  parties  atfedees  ,  parce  qu'elles  font  dures ,  tendues 
&  fort  cchaufFees,  &  d'adoucir  I'acrete  des  humeuts  qui  fomentent  cette 
maladie.  » 


Sur  un  Scrotum  prodigieux. 

JVl-  JAuGEONalua  I'Academie  une  Relation  ecrite  de  Pondichery  fur 
un  Malabar,  dont  \i  Scrotum  etoit  fi  prodigieufement  enHe,  qu'il  pcfcii 
fpixante-livres. 


A  C  A  D  E  M  I  Q  U  E.  54* 


Acad.  Royaie 
c>       1      c^  1  1  ■  DEs  Sciences 

c^ur  Ic  oang  liors  des  vemes.  de  Paris. 

JVJL-  Parent  s'ctant  fair  fsigner,  remarqua  que  lorfqiie  Ton  fang  fut  con-   •"'^""^  '7' 

gele,  a  la  referve  d'lin  pen  de  bile  qui  iurnageoic,  il  yen  eiir  environ  les 

deux  tiers  qui  parurenc  converts  de  bnlles  rouges  &  rondes,  grolfes  apeu- 

pres  comme  des  pois,  le  refte  etant  d'une  couleur  rouge  grilatre  &  d'une 

fuperhcie  unie.  Quelque  temps  aprcs  ,  la  quantitL-  de  la  matiere  bilitufc  aug- 

menta  ,  &;  les  plus  grolTes  builes  ayant  crevc  ,  laiirfrent  en  leur  place  autanc 

de  cellules  de  figure  polygone  alFtz  reguliere.  La  pliipart  etoient  hexagonales, 

les  autres  etoient  pentagonales  ou  lieptagonales ;  route  I'crendue  de  la  furface 

de  ce  fang  qui  avoir  d'abord  paru  couverte  de  bulles  j  etoit  divifte  en  ces 

cellules  dont  la  petite  aire  etoit  occupee  par  un  matiere  grifatre  ,  fenjblable 

a  celle  de  la  partie  unie  de  cette  furface  ,  &  les  cloifons  des  cellules  etoient 

formees  par  un  tilfu  alTez  folide  d'un  fang  vermeil. 

M.  Parent  explique  la  formation  de  ces  bulles  par  I'air  on  telle  autre  ma- 
tiere expanfive  qui  tendoit  a  fe  degager  du  fang  dont  la  vifcofite  refilioit  a  un 
certain  point.  Lorfque  I'expanfion  I'a  emporte  lut  la  refiftance  ,  les  bulles  one 
creve,  &  comme  elles  agilFoient  routes  les  unes  contre  les  autres,  fi  une 
bulle  etoit  environnee  de  bulks  egales,  la  cellule  qui  lui  a  fuccede  a  dii 
prendre  une  figure  hexagone  ,  parce  qu'elle  etoit  repoulfee  par  fix  endroits  : 
que  fi  une  bulle  etoit  environnee  de  bulles  plus  petites  ou  plus  grandes  ,  elle 
a  du  par  la  meme  raifon  faire  dans  le  premier  cas  une  cellule  heptagone  ,  & 
dans  le  fecond  une  pentagone. 

Cette  geneiation  de  la  figure  hexagone  qui  paroit  evidente  ,  s'appliquercic 
forr  narurellement  aux  cellules  des  abeilles  ,  en  fuppofant  qu'une  abcille  qui 
tend  a  faire  fa  cellule  ronde  ,  eft  repouffee  par  fix  abeilles  voifines  qui  oni  le 
meme  delTein  ,  &C  qu'elle  repoulTe  egalement.  * 


Sur  un  Fcetus  fans  cervellc ,  ^'c. 

iVA'  Fauvel  ,  Ghirurgien  ,  a  fait  voir  a  I'Academie  un  foetus  fans  cervelle 
nicervelet,  ni  moclle  epiniere,  quoique  tres-bien  conforme  d'ailleurs.  H 
etoit  venu  a  terme,  avoit  vecu  deux  heures,  &:  donne  quelques  ficnes  de  fen- 
;nt.  Ce  fait  feui,  qui  n'eft  pas  unique,  demontre  ou  que  les  efprits  ani- 
X  ne  font  pas  abfolument  neceflairesa  i'economie  animale,  ou  que  ces 


timen 
mau 


efprits  peuvent  s'engendrer  ailleiirs  que  dans  le  cerveau,  le  cervelet  &:  }a 
moclie  epiniere. 


5  41  COLLECTION 


ACAD.ROYALE 

r.vZr  S-r   dcs  Hydatidcs. 

Annii  171 1.  J_)  E  meme  M.  Fauvel  a  fait  voir  audi  fur  ce  qu'on  appelle  un  ovaire  de 
feinme,  des  hydatides  d'une  groffeur  alFsz  confiderable,  &  qui  peuvenc 
donner  quelque  fujet  de  fe  defier  des  cEufs,  ou  du  moins  de  continuer  a  les 
examiner  de  -pxhs. 


« 
Guerifon  d'un  aveuglement  accidentel  &  d'une  furdite. 

EUK  mancEuvres  qui  travailloient  a  una  vieille  foffe,  laquelle-n'avoic 
poinc  ete  vuidee  depuis  un  fort  longtetns,  parce  qu'elle  etoit  cachee  fous 
uue  autre  ,  furent  tellement  frappes  par  I'horribie  exhalaifon  qui  en  fortit  , 
qii'ils  en  perdirent  la  vue,  I'un  ablolumcnt,  I'autre  au  point  de  n'apperce- 
voir  plus  que  foiblemsnt  la  grande  lumiere.  M.  Chomel  les  guciit  tous 
deux  parfauement  en  vingt-quatre  heures,  par  I'ufage  tant  intetieur  qu'ex- 
terieur  d'une  eau  fpiritueufe.  Cette  eau  eft  tiree  de  plantes  aromatiques  , 
thin,  lavande,  fauge  ,  ferpolet ,  romarin  ,  marjolaine  ,  feuilles  &  Heiirs  : 
on  les  fait  macerer  dans  de  I'hydromel ,  aprcs  quoi  on  les  diftille  au  bain  de 
fable,  &c  tout  1  art  confifte  a  bien  confervcr  i'huile  elltotielle  j  cnfuite  on 
retflifie  la  liqueur  diftillee  ,  fans  feparer  I'liuile. 

Cette  meme  eau  prife  interieurement  &  en  memfe  terns  appliquce  aux 
oreilles  dans  du  coton  ,  a  gueri  en  huit  jours  deux  perfonnes  qui  etoier>t  de- 
venues  fourdes  aprcs  de  grandes  migraines  &  de  grandes  fluxions  fur  les 
oreilles  :  I'une  I'etoit  depuis  fix  femaines,  I'autre  depuis  quatre  mois. 


Sitr  la  nature  des  Sues  de  Vejlomac. 


M. 


L  I  T  T  R  E  ayant  coupe  la  tete  brufquement  &  d'un  feul  coup  a  de  petirs 
chiens  qui  tettoient,  trouva  leur  eftomac  plein  dun  !ait  aigre  &  coagulc. 
Or  il  ne  s'y  etoit  fait  nulle  alteration  confiderable  ,  puifque  la  mort  de  I'ani- 
mal  avoit  ete  ft  prompte  ,  &c  par  confequent  il  parolt  que  le  lait  s'etoit  aigii 
par  un  levain  narurel  de  I'eftomac,  &  que  ce  levain  contribue  a  la  digefbion. 


Sur  Veau  du  pericarde  iS'  des  vcntiicuhs  du  cerveau. 

I/l.  LiTTR  n  avoir  encore  un  deflfein  dans  I'experience  preccdente  ;  il 
vouloit  voir  fi  I'eau  du  pericarde  &  celle  des  ventricules  du  cerveau  qtr'on 
trouve  ordinairement  dans  les  cadavres,  ii'ctoient  produites,  comme  quel- 


A  C  A  D  b  M  I  Q  U  ft  5^, 

ques-uns  Ic  foutiennent,  que  par  Ics  approches  dc  l.i  more,  par  la  mal.idie  ,  •   ^^^ 

par  I'agitatien,  Sec.  Ces  petits  chiens  morts  fi  brufi.|iicnient,  ccoient  pro- 
pres  a  refoudre  la  qiieftion  :  ils  avoient  de  I'eau  &  dans  le  pciicarde  &  dans  Acad.  Rojale 
le  ventdcule  du  cerveau,  &  par  con(cquent  elle  y  doit  avoir  des  ufaces  na-    ^^^  Sciences 


tutels. 


Annie  1711 


Sur  r eruption   d'une  petite  vcrole  procuree  par  le  bain. 

iVl.  L  EMERY  ayant  entre  les  mains  un  malade  qui  avoir  cous  les  fymp- 
tomes  de  la  petite  vetole  ,  &  a  qui  il  voyoit  qu'elle  ne  pouvoit  forrir  ,  s'a- 
vifa  de  le  inettre  dans  un  bain  d'caa  chaude  qui  la  fie  fortir  abondammcnt. 
11  falloit  remedier  a  la  fcJiercflTc  &:  a  la  diirste  de  la  peau  :  cette  prati- 
que extraordinaire  &   bardie  ,  eft  rcmarquable. 


Sur  une  Epilcpfie. 

\J  N  jeune  homme  de  condition  age  de  neuf  ans,  qui  fe  portoit  parFai- 
temeiit  bien  ,  qui  avoir  beaucoup  d'efprit  tc  deja  beaucoup  de  favoir  pour 
foil  age  ,  un  jour  apres  avoir  un  peu  plus  dine  qu'a  Ion  ordinaire  ,  fut  atta- 
que  fubitement  d'un  violent  mal  de  tote;  enfuite  eut  un  grand  vomille- 
ment ,  une  grolfe  fievre  &  perdit  connoiirani:e.  On  lui  donna  de  i'emc- 
tique  avec  fucccs,  5:  en  trois  ou  quatre  jours  la  hevre  cella  :  mais  pendant 
ces  trois  ou  quatre  jours  il  ne  parla  point  du  tout ,  &  apres  fa  <Hierifon 
quajid  il  avoir  envie  de  parler  les  mots  lui  manquoient  abfolumeiit  &  il 
ii'en  pouvoit  ttouver  aucun  :  il  ne  reconnoiiroit  mc-nie  ni  It  lieu  oii  i!  etcit 
ni  les  perfonnes  avec  quiilavoit  toujours  vecu  j  cnfin  ,  ilavoit  perdu  toucts 
les  idees  qu'H  avoit  pu  acquerir  pendant  neuf  ans  On  recommenca  a  lui  ap- 
prendre  (a  langue  ,  &  on  remarquoit  qu'il  la  rapprenoit  fort  vite  ,  car  le 
jugoirtent  ctoit  demeure  fort  fain  uialgre  la  deftruc^ion  entiere  de  la  mc- 
moire  (a)  •  mais  ,  comme  Tapplication  lui  caufoit  degtands  niaux  dc  ttre 
on  le  menageoit  extrcmement. 

Il  n'eut  pendant  fix  ou  fept  ans  que  de  tres-foibles  attaques  d'epilepfie , 
&  on  pouvoir  croire  que  fon  ma!  n'etoit  que  de  fortes  migraines.  V'cis 
I'age  de  fei/e  a  dix  fept  ans  ,  les  acciJens  cpileptiqiics  devinrent  plus  corfi- 
dcrables  ;  ils  arrivoient  une  fois  par  mois  &  devinrftit  toujours  plus  frc- 
quens.  A  vingt-quatte  ans  ils  arrivoient  deux  ou  trois  fois  la  femaine  &: 
prefque  toujours  la  nuit.  Le  malade  etoit  fort  melancolique  &  ne  pouvoic 
prefque  faire  aucun  exercice  ,  parce  que  le  mouvement  Iiii  caufoit  de  gran- 
des  douieurs  de  tece  ,  &  le  faifoir  tomber  dans  des  acccs  de  fon  cpilepfie. 
Enfin  ,  il  mouruc  a  vingt  fept  ans  d'un  abftcs  qui  fe  forma  dans  fon  poumon. 

(a)  On  voit  bien  que  Ic  malade  n'avoit  perdu  que  Ic  fouvcnir  des  chofcs  paflees,. 
,  Jc  twjn  Ja  raimoire  ou  U  facultc  d'apprcndrc  des  chofcs  nouveilcs. 


544 


COLLECTION 


ACAD.ROYALE 

DES  Sciences 
DE  Paris. 

Annie  1711. 


Son  cadavre  ayant  etc  ouvert ,  on  crouva  dans  la  duplicature  des  deus  me- 
ninges qui  forme  la  faux,  prccifdment  entie  ces  deux  meninges,  cjuan- 
tite  de  tres-petits  os ,  qui  paroilfoienc  fottir  de  la  fuperficie  inteiieure  de 
la  dure-mere  ,  &  tournoient  leurs  pointes  fort  aigues  du  cote  de  la  pie-mere, 
lis  devoient ,  a  la  moindre  agitation  ,  picotter  cette  membrane  qui  eft  fort 
fenfible,  &  de-li  les  grands  maux  de  tcte  ,  les  accidents  epileptiques  ,  &c. 

II  eft:  aife  d'imaginer  que  ces  petits  os  pointus  avoient  ete  neuf  ans  ,  foic 
a  fe  former,  foit  a  croitre  &  a  prendre  affez  de  durete  pour  caufer  Icpi- 
lepfie ;  qu'a  mefure  qu'ils  croitTbient ,  les  maux  croilToient  auffi  ;  que  les 
accidents  devoient  ctre  plus  frequents  la  nuit  que  le  jour,  parce  qu'alots 
les  mouvemens  interieurs  font  plus  forts  ,  n'ec.int  pas  balances  par  les  mou- 
vemens  exterieurs  ;  que  le  defordre  a  porte  principalement  fur  le  fiege 
de  la  memoire,  &c.  Ce  qui  pourroit  paroitre  extraordinaire  ,  c'eft  qu'il 
fe  foit  forme  des  os  dans  la  faux  ,  entre  deux  membranes  ,  ou  il  n'y  a 
aucune  fubftance  olFeufe.  Mais  il  faut  fe  fouvenir  que  tous  les  os  du  corps , 
&  ceux  meme  du  crane,  qui  font  fi  diirs  ,  ont  commence  par  etre  des  mem- 
branes dans  le  foetus,  S>c  que  les  membranes  &  les  nerfs  memes  s'oflifient 
dans  les  viellards  \  ce  qui  prouve  un  rapport  reel  entre  les  fubftances  odeu- 
fes  &  les  membraneufes. 


Sur  Un  nouvcau   Febrifuge. 

_  Reneaume  ayant  reconnu  la  noix  de  Cyptes  pour  un  febrifuge 
exempt  des  principaux  inconveniens  du  quinquina,  a  decouvert  la  meme 
vertu  dans  la  noix  de  galle  donnee  par  qui  pro  quo  ,  au  lieu  de  la  noix  de 
cypres.  Il  faut  bien  que  la  noix  de  galle  ait  gueri  Ass  fievres  intermittentes , 
puifque  M.  Reneaujne  I'attefte,  maisil  convient  qu'elle  ne  les  guerit  pas 
routes.  M.  Boulduc  alTure  qu'il  en  a  donnc  fans  effet  jufqu'a  fix  fois  dans  des 
fievres  tierces  &  quartes.  MM.  Lemeri  &  GeofFroy  difent  que  ce  re- 
mede  caufoit  un  peu  de  cours  de  ventre  j  que  la  fievre  tevenoit  &  ne 
ccdoit  plus  qu'au  quinquina  (a). 

(.1)  On  fait  que  MM.  Boulduc,  Lemeiy  &  GeofFroy  etoicnt  tous  Apothicaires  trc>- 
cetcbies. 


Sut 


ACAD^MIQUE.  j4j 


A 


Acad.  RoYALE 
Sur  une  Fontaine  dont  I'eau  efl  contrain  aux  dents.  ""  ^pII'Ic^* 

-J  DE    1  ARIS. 

SuNtissE,  village  pr^s  deChevreufe  ,  il  y  a  une  Fontaine  publique  dont  •^'""*  171^. 
I'eau  tait  comber  les  dents  ,  fans  fluxion  ,  fans  douleur  &  fans  cjue  Ton 
faigne.  On  ne  peut  fe  prendre  qu'a  elle  de  cet  efFet ;  car  I'ait  eft  dans  cec 
endroit  tres-bon  ,  tres  tempere,  &  les  habitants  plus  robulles  &  plus  fains 
qii'ailljurs  ;  feulementil  y  en  a  plus  de  la  moitie  qui  manquent  de  dents. 
D'abord  elles  branlent  dans  la  bouche  pendant  plufieurs  mois  j  enfuite 
elles  tonibenc  fort  naturellement.  L'eau  qu'on  accuie  de  ce  mal  ,  eft  vive  ; 
on  la  troiive  froide  lorfqu'on  la  boit  au  fortir  de  la  Fontaine  ;  on  reconnoic 
quelle  eft  dure  lorfqu'on  s'en  fert  pour  le  pot,  &C  on  pretend  qu'elle 
donne  des  traiichces  a  ceux  qui  n'y  font  pas  accoutumes.  Quelques  -  uns 
corifeilloient  de  la  faire  bouiUir  avanc  de  la  boice.  M.  Lemeri  I'ayanc 
examinee  de  routes  les  manieres ,  u'y  a  pu  decouvrir  rien  de  particulier ,  fi- 
non  douze  grains  d'alkali  fixe  ,  fur  quatre  pintes  de  cette  eau  evaporccs  a 
un  tres  pecit  feu  ,  m.iis  pas  le  moindre  indice  de  mercure. 

M.  Lemeri  s'eft  fouvenu  que  Vitruve  parle  d'une  Fontaine  de  Suze  en 
Perfe,  dont  l'eau  Fait  tomber  les  dents,  &  il  avu  a  Paris  un  Perfan  ne  dans 
cette  meme  ville  de  Suze  ,  qui  s'otoit  avec  la  main  fept  ou  huic  dents 
de  la  bouche  ,  &  fe  les  remettpit  audi  facilement :  il  eft  vrai  que  cct  homme 
»voit  violemment  le  fcorbuc. 


Sur  la  Brione  ou  Coukvree. 

I  i  A  brione  eft  du  meme  genre  que  le  mechoacan :  fa  racine  qui  eft  la  feule 
chofe  qu'on  emploie,  ou  pliitot  qu'on  employoit  auttefois  ,  difFeredu  me- 
choacan ,  en  ce  qu'elle  n"a  que  des  principes  falins  fans  aucune  refine  :  cette 
racine  purge  avec  affez  de  force  ,  quelquefois  par  le  vomilTement,  mais 
fur-tout  par  les  urines.  Elle  a  plus  de  vertu  ctant  prife  en  fubftance,  que 
de  route  autre  maniere  •,  ce  qui ,  felon  M.  Boulduc  ,  lui  eft  commun  avec 
la  plupart  des  purgatiFs  vegetaux ;  maiscomme  I'efFet  en  pourroit  etre  trop 
violent  ,  M.  Boulduc  a  eprouve  les  inFufions,  les  decoftions  &  les  extraits 
de  brione.  L'infufion  eft  a  preferer  aux  decoftions  ,  &  I'inFufion  dans  le 
vin  blanc  elt  a  preferer  a  I'inFufion  dans  l'eau.  II  ne  Fauc  qu'une  dragme  de 
cette  racine  feche  ,  ou  quatre  de  verte  :  fi  Ton  n'a  en  vue  que  de  vuider  les 
eaux  ,  I'extrait  du  fuc  vaut  mieux  ,  qpe  I'extrait  de  la  racine  meme  prepare  , 
foit  par  infulion  ,  foit  par  decottion. 


Tomt  in.  Panic  Fran^olfc,  Z.  5 


54^ 


COLLECTION 


Acad.  Royale 

BEs  Sciences 

DE  Paris. 

jinnii  1711. 


Sur  h  Pavot  rouge  ou  Coqudkot. 

JVl  •  BouLDUc  a  trouve  dans  le  pavot  rou^e  routes  les  vertusde  I'opium, 
fans  aucune  mauvaife  qualite.  Ces  vertus  refident  dans  la  tete  ou  le  fiuit , 
&  non  dans  lafleur.  Quatre  onces  de  ces  tetes  de  pavot  vertes  &  recentes, 
lui  donnent  cinq  gros  d'un  extrait  folide  ,  dont  il  ne  faut  prendre  que  deux  , 
trois  ou  quatre  grains.  Celt  un  bon  remede  dans  les  toux  cruelles  &C  opinia- 
tres. 


Obfirvations  fur  k  Nerf  optiquc. 
Par   M.    M  E  R  Y. 

J_jE  mercredi27  Juillet  lyiz,  cette  queftion  fut  propofce  a  I'Academie 
Royale  des  Sciences  ,  par  le  reverend  pere  Gouye  ,  prefident  de  cette  iiluf- 
tre  compagnie  :  favoir  fi  la  retine  prend  ou  non  ,  naiirance  du  cerveau,  la 
choroi'de  de  la  pie-mere ,  la  cornee  de  la  dure-mere. 

Quelques  Academiciens  parurent  en  dourer,  mais  ils  ne  s'expliquer&nc 
point  alTez  nettement  pour  nous  faire  connokre  leurs  vcrirabies  fentimens. 
Pour  moi  je  pris  raffirmative ,  &c  je  reprcfentai  a  rafTembiee,  que  pour  re- 
foudre  cette  queftion  ,  il  n'y  avoit  qu'a  examiner  fi  la  retine  eft  ou  non , 
continue  a  la  fubftancc  propre  du  cerveau,  la  choroide  a  la  pie-mere,  & 
la  cornee  a  la  dure-mere. 

Le  famedi  fuivant,  trente  du  meme  mois,  je  demontrai  a  la  compagnie: 
1°.  la  continuation  de  ces  membranes  fur  des  yeux  d'hommes,  &  lui  (is  voir 
la  feparation  de  la  dure-mere  d'.avi.c  la  pie-mere  au  nerf  optique,  telle 
quelle  fe  trouve  au  cerveau. 

i*.  Apres  avoir  fait  une  incifion  a  la  pie  mere ,  j'exprimai  de  ce  nerf, 
fuivant  la  longueur  qu'il  a  dans  I'orbite  ,  une  fubftance  moflleufe  femblable 
a  celle  du  cerveau  ,  que  tons  les  affiftans  virent  fortir  en  comprimanc  ce 
nerf. 

J  °.  Ayant  expofe  ces  fairs  ,  je  pris  un  autre  ofil  &  monrrai  a  TalTemblee  la 
feparation  de  la  cornee  d'avec  la  choroide  ,  &c  de  celie-ci  d'avec  la  recine, 
telle  encore  qu'elle  fe  rencontre  au  cerveau. 

4"^,  Je  fis  remarquer  que  la  choroide  &  la  cornee ,  naturellemenr  fepa- 
rees  au  cerveau,  au  nerf  optique  &  dans  le  globe  de  I'oeil,  etoienteiTentiel- 
lement  uni'CS  enfemble  au  palTage  de  la  fubftance  mob'Heufe  du  nerf  optique 
dans  I'ceil ;  que  la  ce  nerf  eft  plus  menu  que  dans  le  refte  de  fon  corps  ,  &: 
que  la  couleur  noire  de  la  choroide  fe  termine  3.  la  circonference  interne 
■  de  ce  pallage  qui  n'a  guere  plus  d'une  demi-ligne  de  diametre  :  de  la  vient 
que  le  cenrre  de  rexrremite  du  corps  du  nerf  optique  011  commence  la  retine  , 
eft;  blanc  ,  ce  qui  eft  caafe  que  la  vifion  ne  fe  fait  point  dans  cet  endroit, 
fuivant  la  remasque  de  M.  Mariotte. 


ACADiMIQUE. 


S47 


5*.  Enfin  pour  dcliiontrer  que  la  retine  n'eft  autre  cliofe  qu'an  develop-  ■ 
pement  d'une  fubftancc  moclleufe  femblable  a  celle  du  nerf optique  ,  &  qui  Acad.  Roy ai«. 
Jui  eft  unie  ,  je  feparai  cntierement  cette  pretenduc  membrane   d'avec  la    i^KS  Sciences 
choroide,  8c  Us  palTer  la  fubftancc  moclleufe  de  ce  nerf  dans  le  globe  de      ^^  1'aris. 
I'oeil ,  en  prcfence  de  route  lacompagnie;  ce  qui  donne  lieu  de  croire  que    Aiuiit  lyii- 
la  retine  n'eft  point  un  tillu  de  hiets  membraneux  qui  contiennent  cette 
xnoclle. 

Or ,  puifque  par  ces  experiences ,  il  eft  aufli  certain  que  la  retine  eft  con- 
tinue a  la  fubftance  moclleufe  du  nerf  optique  ,  qu'il  eft  conftant  que  la 
fubftance  moclleufe  de  ce  nerf  eft  continue  avec  celle  du  cerveau,  &  qu'il 
n'eft  pas  moms  evident  que  la  choroide  eft  unie  a  la  pie-mere,  qu'il  eft  claic 
que  la  cornee  eft  unie  .i  la  dure-mere  ;  on  peut  dire,  en  fuivant  le  langage  or- 
dinaire des  Anjtomiftes,  que  la  retine  tire  fon  origine  du  cerveau,  la  cho- 
roide de  la  pie-mere,  &  la  cornee  de  la  duremere;  quoiqu'il  foit  vrai  que 
le  cerveau,  le  nerf  optique ,  I'oEil  &  leurs  membranes  foieat  formes  du 
meme  tems  ,  &  que  leur  ftruiflure  foit  fort  diffcrente. 

Au  refte  ,  I'Acadcmie  me  parut  fatisfaite  de  ma  demonftration  ;  il  n'y  euc 
que  M.  Litre  qui ,  prevenu  qu'il  ne  fe  rencontre  au  nerf  optique  qu  une  feule 
membrane,  me  foup^onna  de  I'avoir  divifee  en  deux.  Mais  j'ai  dcmontre  k. 
cet  Anatomifte  ,  fansaucunedi(re(flion  ,  nonfeulement  que  le  nerf  optique 
eft  depuis  le  fond  de  I'orbite  jufqu'au  globe  de  I'ocil,  reellement  compofe 
de  deux  membranes  diftincles  qui ,  quoique  lices  I'uue  a  I'autre  par  quel- 
ques  fibres  tres-deliees,  formentcependant  deux  canaux  fcparcs  &  renfermes 
I'un  dans  I'autre  j  mais  encore  que  fon  canal  interieur  eft  rempli  dans  route 
fa  longueur  de  petites  cellules  membraneufes  qui  ont  communication  les 
unes  avec  les  autres  \  que  ces  cellules  reprefentent  parfaitement  bien  celles 
dc  la  mocll."  du  fureau,  &  meme  celles  des  corps  caverneux  de  la  verge,  quoi- 
qu''elles  foient  plus  petites,  &  que  c'eft  dans  ces  petites  cavites  que  la  moclle 
de  ce  nerf  eft  contenue;  mais  que  ce.s  linuolitcs  ne  fe  trouvent  point  dans  la 
parcie  qui  s'etend  depuis  le  cerveau  jufqu'au  rrou  de  I'orbite  qui  lui  donne 
paffage  ;  qu'enfin  la  pie-mere  forme  feule  au  dedans  du  crane  un  canal  tout 
uni  qui  renferme  la  moclle  du  nerf  optique,  comme  elle  fait  celle  du  cer- 
veau. Voici  le  moyen  dont  jc  me  fuis  fervi  pour  faire  ces  obfervations. 

J'ai  expiinie  d'abord  la  fubftance  moclleufe  du  nerf  optique  par  fon  extrc- 
mite  oppofce  au  globe  de  I'ttil ;  j'y  ai  feringui  de  I'eaii  pour  le  mieux  net- 
t'lyer ,  je  I'ai  fouftle  enfuite  &  j'ai  lie  ces  deux  exticmites  afin  d'empcchsr 
I'air  d'en  fortir.  Apres  I'avoir  lailFc  fecher  ,  je  I'ai  coupe  tranlverfalement , 
&  alors  j'ai  appercu  le  canal  que  la  pie-mere  forme  a  ce  nerf  au-dedans  du 
crane  entieremenr  vuide,  &  j'ai  vu  dans  fa  partie  placce  dans  I'orbite,  les 
deux  canaux  que  lui  donnent  la  duremere  &  la  pie-mere,  fcpires,  mais  lies 
I'un  a  I'autre  par  plulieurs  fibres  aulli  dclices  que  des  cheveux  ,  &■  dans  fori 
canal  interieur,  les  cellules  que  j'avois  fait  voir  a  la  compagnic. 

Apes  cette  demonftration  M.  Litre  fe  rendit ;  bicti  plus,  ayant  change 
de  fentiment ,  il  s'engagea  a  montrer  a  la  compagnie  trors  tuniques  diftinc- 
tes  au  nerf  opiique,  ce  qu'il  n'a  pas  encore  execute. 

Le  finiedi  treize  du  rncnie  mois ,  le  R.  1'.  Gouye  kit  a  I'Acadcmie  un  ex- 
trait  tire  du  chapitre  Vllldulivrc  III  de  I'Anatomie  du  corps  humain,  par 


54$  COLLECTION 

J  —  Isbrande  de  Diemerbroeck ,  pag.  607  ,  dans  lequel  il  croyoit  trouver  la  de- 

AcAD.RoYALE  couverte  que  j'ai  faite  fur  le  nerf  optique ,  enfuite  il  me  le  remit  entre  les 

DEs  Sciences    mains  pour  I'examiiier  &c  en  rendre  compte  a  la  compagnie  dans  I'alTem- 

DE  Paris.       j,i^g  fuivante  ;  ce  que  j'ai  fait  le  mercredi  17  du  mois  d'Aout ,  en  lui  repre^ 

^nnee  \-jiz.    fentant  que  loin  de  trouver  ma  decouverte  dans  ce  chapitre  ,  j'ai  reconnu, 

apres  avoir  compare  avec  beaucoup  d'attention  les  obfervations  de  ce  fa- 

meux  Anatomifte  avec  les  miennes,  qu'elles  font  extrcmemenc  difFerentes 

les  unes  des  autres. 

Cet  Auteur  dit  que  la  fubftance  des  nerfs  optiques  eft  compofee  comme 
celle  des  autres  nerts  ,  de  plufieurs  petits  fils  ;  quelle  en  differe  cependartt  en 
ce  que  leur  fubftance  eft  dans  fon  centre  en  quelque  fa^on  poreufe  ,  &  que 
dans  fes  pores  elle  contient  fort  peu  de  moelle ,  qu'on  peut  exprimer  en  com- 
primant  ces  nerfs. 

Pour  mieux  faire  connoitre  que  cet  habile  horame  s'eft  beaucoup  mepris, 
je  dois  partager  touxe  la  longueur  du  nerf  optique  en  deux  parties  ,  dont  la 
premiere  eft  placce  dans  le  crane ,  &  la  feconde  dans  I'orbite  :  or  ,  ni  I'une  ni 
I'autre  ne  font  certainement  point  compofees  de  fils  nerveux  comme  les  au- 
tres neifs  oil  ces  fils  paroilfent  fort  diftinds.  La  pie-mere  feule  forme  a  la 
premiere  partie  un  canal  tout  uni  qui  renferme  en  bloc  route  fa  fubftance 
mocUeufe  ;  de  la  vient  qu'on  peut  I'exprimer  par  la  moindre  prefliont 
Diemerbroeck  s'eft  done  manifeftement  _trompe  dans  ce  qu'il  y  a  de  plus 
eftentiel  a  ce  nerf. 

La  feconde  partie  eft  compofee  de  deux  canaux  feparcs,  renfermes  I'un 
dans  I'autre  &  lies  enfemble  par  plufieurs  fibres  tres-deliees;  ce  que  ce  fa- 
van:  Anatomifte  n'a  pas  non  plus  remarque.  D'ailleurs  le  canal  interieur 
que  la  pie-mere  fournit  a  cette  feconde  partie,  ell  tout  rempli  de  petites 
cellules  membraneufes  tres  vifibles  ,  lefquelles  contiennent  fa  moelle  ,  qu'il 
eft  mojns  facile  d'exprimer  que  de  la  premiere  ,  parce  qu'il  faut  qu'elle  palfe 
des  unes  dans  les  autres  pour  foitir  :  or  il  eft  imp^  flible  d'appercevoir  ces 
canaux,  ni  les  fibres  qui  les  lient ,  ni  ces  cellules,  fans  fouffler  le  nerf  opti- 
que  ,  ce  que  Diemerbroek  n'a  point  fait  ni  vu.  Il  eft  done  vrai  de  dire  que 
quoiqu'il  ait  conjefture  que  la  fubftance  interieure  des  nerfs  optiques  fiic 
poreufe ,  il  n'a  pas  connu  leut  ftrudure  veritable  &  naturelle,  non  plus  que 
tous  les  autres  Anatomiftes  dont  il  combat  ou  approuve  les  lentimens  y  ce 
qu'on  peut  connoitre  en  comparant  leurs  obfervations  avecle'.  miennes. 

Tous  les  Auteurs  rapport«  par  Diemerbroeck  conviennent  avec  lui  que 
les  nerfs  optiques  font  compofcs  comme  les  autres  de  plufieurs  fils  nerveux 
qui  font  enveloppes  de  la  dure- mere  &c  de  la  pie  mere  :  leur  difterend  ne 
confifte  qu'en  ce  que  les  iins  foutiennent  que  ces  fils  nerveux  font  tous 
droits,  &  les  autres  pretendent  qu'ils  font  entortill^s.  J'ai  fait  voiralAca- 
dcmie  Royale  des  Sciences  ,  que  ces  fils  ne  fe  trouvent  point  aux  nerfs  opti- 
ques :  tous  ces  Auteurs  fe  font  done  trompes  fur  la  ftrufture  dw  nerf  optique. 


COLLECTION 


549 


Sur  un  Cceur  fans  pcricardc. 


ACAD.ROYAIE 

DES   Sciences 
DE  1'aius. 

JVJL-  LiTTRE  a  trouve  dans  une  femme  de  54  ans  le  ctrur  fans  pcricarde,   ■^^"'^   1712. 
&  enferme  abfolument  a  nud  dans  la  cavitc  de  la  poitrine.  Aiilfi  etoit-il 
fee,  dur,  fa  furface   inegale  &  raboteufc;  il  avoic  peu  de  grailFe  ,  &:  fa 
grailTe  etoit  peu  ondlueufc.  Cette  femme  n'avoit  jamais  eu  de  fantc ,  ni 
d'enfans  en  vingc  annees  de  mariage. 


Sur  une  conformation  extraordinaire  du  Vagin. 

\J  Ne  femme  qui  avoit  etcmariee  a  I'age  de  feize  ans,  avoir  le  vagin  G 
ctroit ,  qua  peine  le  tuyau  d'une  plume  d'oie  y  pouvoic  entrer  j  il  nVtoit  tet- 
me  par  aucune  membrane  extraordinaire  comme  il  arrive  quelquefois  j  elle 
fenroit  une  teniion  doulotireufe  a  la  marrice  dans  le  terns  de  fes  regies  qui 
ne  pouvoient  couler  libremenr  ,  ce  qui  faifoic  foupconner  que  le  vagin 
ctoit  encore  plus  etroic  ducoce  de  la  matrice  ,  que  de  celui  de  I'orihce  exte- 
rieur  ;  d'aillears  elle  ctoit  tourmencee  par  un  mari  jeune  &  vigoureux  qui 
efperoit  toujours  fe  faire  un  palfage  &  n'y  reulliiroit  poinr.  Enfin  au  bout  de 
onze  ans  elle  devinc  grolTe ,  fans  que  le  mari  cependant  fuc  plus  avance  que 
le  premier  jour  ,  ce  qui  s'accorde  avec  d'autres  obfervations  rappoittes  par 
les  Auteurs.  On  craignoit  que  raccouchement  ne  fut  impolllble;  cependanc 
vers  le  cinquieme  mois  le  vagin  commenca  a  fe  dilater  ,  &  continua  tou- 
jours depuis ,  en  forte  qu'il  prit  a  la  fin  une  largeur  naturelld  &c  ordinaire ,  Sc 
quell  temnie  accouclia  for:  heureufement.  On  a  cru,  avec  beaucoup  As 
raifon  ,  qu'd  mefure  que  la  matrice  s'etendoit  par  I'accroiircment  du  fa"tus, 
par  I'afiluence  du  fang  ,  &c.  le  vagin  qui  eft  uiie  continuation  de  la  matrice , 

'etendoit  aulli ;  encore  fut-il  moins  dilate  a  proportion  que  la  matrice  ,  qui 
dans  les  filles  pent  a  peine  contenir  une  grolle  feve,  &  vient  enfuite  a  cou- 
tenir  un  enfant  &  touces  fes  dependances. 


Sur  une  conformation  fngulierc  de  la  Luette. 

JVx.  DE  L  A  Hi  R  E  le  fils  ,  a  dit  qu'un  homme  de  fa  connoilTance  s'sm- 
pechoit  de  fentir  !es  mauvaifes  odeurs  en  faifant  remonter  fa  luette, 
de  forte  qu'elle  bouclioit  I'ouverture  par  ou  le  palais  communique  avec  !e 
nez ,  ce  qu'il  avoir  vu  de  fes  propres  yeux.  On  pourroit  cruire  que  les 
odeurs  ne  laiffenr  pas  pour  cela  de  venir  toujours  frapper  le  nez  ou  eft  le 
fiege  du  fentiment ;  mais  comme  on  ne  refpire  point  alors  par  le  nez  ,  elles- 
ne  font  point  attirees  par  la  refpiration,  &  ont  trop  peude  force  pour  fe 
faiie  fentic. 


5P 


COLLECTION 


e 


Acad.  RoYALH  r^        '      r?    .  a 

Di-s  Sciences  Sur  uti  Fcztus  monjlrumx. 

DE  Paris.        t  ... 

,  1  L  naquic  a  Grenoble  un  foetus  monftrueux  ,  more ,  mais  que  la  mere  avoic 

Anna  1711.  £-^^^^1  remuer  pea  de  terns  avant  fa  nailFance,  &  qui  etoit  de  huit  mois; 
bien  conforme  dans  toutes  fes  parties  ,  aux  dcrangemens  pres  qui  le  ren- 
doienc  monftre.  Ce  qu'il  avoit  de  plus  fingulier ,  c'eft  qu'il  portoit  fon 
Cffiur  en  dehors  ,  pendu  a  fon  cou  comme  une  medaille,  de  forte  qu'il  pou- 
voit  aller  &  venit  fur  la  poitrine.  Ce  cceur  etoit  d'une  conformation  natu- 
relie,  fans  pericarde,  attache  a  fes  gros  vailfeaux  qui  lui  tenoient  lieu  de 
cordon  (S:  qui  etoienc  a  dccouvert  comme  lui ;  ils  avoient  un  palTage  du  de- 
dans au  dehors  par  le  has  de  la  partie  anterieure  du  cou.  Ce  fait  a  ete  bieu 
attefte  par  les  Medecins  &  Chirurgiens  de  Grenoble. 


Sur  un   autre  Fcztus. 

iVJ.  Mery  a  vu  un  autre  foetus,  male,  venu  a  terme ,  qui  n'avoit  ni 
cerveau,  ni  moclle  ^piniere  &  qui  a  vecu  vingt-une  heurcs  &c  a  pris  quel- 
que  nourriture.  La  duce-mere  &  la  pie- mere  faifoient  canal  dans  les  ver- 
tebres. 


Ui 


Sur  unc  Membraiu  vendue  par  Ic  vomijjement. 


N  homme  age  de  j  5  ans ,  d'une  complexion  aflez  tcrte  ,  ayant  eu  il  7 
avoit  un  an  une  attaque  apopleptique  ,  tomba  dans  des  mouvemens  convul- 
fifs  avec  perte  de  connoilfance  ,  &:  de  la  dans  une  letargie.  Enfin  lorfqu'a 
force  de  remedes  on  lui  eut  fait  revenir  la  connoilfance ,  il  fe  plaignit  d'une 
douleur  violente  a  la  gorge  ,  &  en  efFet  il  avoit  beaucoup  de  peine  .1  avaler. 
On  le  faigna,  &  le  lendemain  il  lui  furvint  un  vomilfement  ou  il  jetta  un 
canal  membraneux  de  la  longueur  d'un  doigt ,  &  pendant  le  rede  de  la  jour- 
nee  ,  il  rendit  en  vomilfant ,  mais  toujours  fans  jetter  du  fang  ,  allez  de  dif- 
ferentes  portions  membraneufes  de  canal  pour  fiire  toute  la  longueur  de  ce- 
lui  de  I'a-fophage.  C'ctoit  effeiftivement  la  membrane  interieure  de  Tccfo- 
phage  qui  s'etoit  detachee,  &c  etoit  forrie.  Aufll  cet  honmie  en  avalant  quel- 
que  liqueur  fentoit-il  comme  une  briilure,  &  on  lui  fit  paffer  cette  douleur 
pat  les  emulf.ons.  M.  Winslou  qui  a  rendu  compte  de  ce  fait ,  vit  le  malade 
bien  gueri ,  exceptc  qu'il  lui  reftoit  un  enrouement.  Il  lui  voulut  examiner 
le  gofier,  mais  il  n'y  apperc^ut  rien  d'extraordinaire  ,  finon  que  la  luette  & 
les  patties  voifines  etoient  legctement  cnHammees.  * 


ACADEMIQUE.  jj, 


^ur  un  Ancvnfmc  vral  "".""a^KcVs' 

Far    M.    L.TRE.  '^^  ''^'^'^- 


yj  N  homme  age  de  quarante-quatre  ans,  etant  more  d'un  anevrifme,  je 
fis  I'ouvercure  de  Ion  cadavre  pout  bien  examiner  Ics  particalaritcs  de  ecus 
maladie. 

Get  anevrifme  ctoit  un  anevrifme  vrai ,  c'cft-a-dire  une  dilatation  extra- 
ordinaire d'artere,  fitue  en  partie  fur  le  cou  &  en  partie  dans  la  poitiine  , 
prefque  parallelement  a  I'epine,  s'etendant  depuis  la  troifieme  vcrtebre  fu- 
perieure  du  dos,  jufqu'a  la  cinquieme  infcrieure  du  cou  ,  &  couche  dans 
route  fa  longueur  fur  rarfophage,  par  fa  partie  fuperieure  &  moyenne  fur 
la  trachce  artere  ,  &  par  fa  partie  moyenne  &  inferieure  fur  le  corps  du  poii- 
mon.  U  avoir  quatre  pouces  de  longueur  fur  deux  &  demi  de  lar-eur  a 
I'endroit  de  fon  plus  grand  diametre;  fa  grolFeur  ctoit  incgrde,  ctant  plus 
gros  en  fa  partie  infcrieure  qu'en  fa  fuperieure,  &  en  la  fuperieure  qu'en  la 
moyenne.  U  etoit  rond  &  oblong  ,  lille  &  uni ,  de  couleur  d'un  rouge 
brun  ,  &  fi  dur ,  que  qiioique  j'appuyalle  dedus  fortement  avec  le  doigt ,  il 
s'aflfailloit  pen.  Ij  ctoit  fort  adherent  par  devantau  fternum  ,  a  la  premiere 
cote  de  chaque  cote ,  &  a  la  peau ;  &  par  derriere  aux  inufcles  qui  couvrent 
la  trachee  artere.  Enfinil  etoit  contenu  par  route  fa  bafe  a  la  paitie  fupe- 
rieure droite  du  tronc  de  la  grolfe  artere  dont  il  n'ctoit  qu'une  excenfion  &S 
un  allongement. 

Apres  avoir  examine  cet  anevrifme  dans  fa  fituation  ,  je  le  feparai  de  rou- 
tes fes  attaches  &:  j'en  fis  I'ouverture.  J'obfervai  enfuite,  i".  que  les  parois 
en  etoient  fotc  denfes  &  d'une  epailTeur  incgale,  ayant  un  quart  de  ligne 
d'epailfeur  dans  les  endroits  les  plus  minces,  &  environ  une  lignc  dans'^s 
endroits  les  plus  epais,  de  maniere  que  dans  les  derniers  endroits,  ks  pa- 
rois n'y  etoient  guere  moins  epaifTes  que  dans  le  refte  du  tronc. 

J'obfervai  z".  que  la  moitie  ds  la  cavite  de  Tanevrifme  etoir  occupce  psr 
une  efpece  de  chair  pc'ypeufe  difpofee  par  femllets  qui  tenoient  les  uns  aux 
autres,  &  le  plus  extcrieur  a  la  furface  intcrieure  de  cette  partie,  de  ma- 
niere qu'on  pouvoit  les  feparer  fans  les  rompre,  pourvu  toutefois  qu'on  s'y 
prit  doucement. 

J'obfervai  5°.  que  la  mcme  furface  de  cet  anevrifme  eroifunie  aux  en- 
droits ou  la  chair  polypeufe  n'croit  pas  attachee  ,  &  qu'clle  etoit  incg:ile  en 
ceux  ou  elle  tenoit.  C'etoit  vraifemblablement  I'inegalite  de  cette  furface 
qui  avoit  donnc  lieu  a  I'attache  de  la  chair  polypeufe,  &  I'inegalite  ctoir 
I'effet  de  I'crofion  de  la  membrane  caufee  par  que'lques  fels  fep.ues  du  fang 
dans  la  cavite  de  I'anevrifme  a  I'occalion  du  fcjour  qu'ii  etoit  oblige  d'y 
faire.  " 

Enfin  les  parois  de  cet  anevrifme  formoient  en  dedans  deux  efpeces  de 
cordon  ;  I'un  etoit  firue  vers  fa  partie  moyenne  ,  il  eroit  de  couleur  rougea- 
»re  ,  epais  dune  ligne,  ..^  il  ne  dccrivoit  que  les  trois  quarts  de  la  circonfc- 
rence.  L'autie  cordon  etoit  place  a  la  partie  infcrieure ,  fa  couleur  etoit 


Annie  1711. 


5  51  COLLECTION 

■ blanche  ,  il  etoit  beaucoup  plus  dur  que  le  premier,  epais  de  devrx  ligiies^ 

Acad.  RoYALE  ^  faifoir  le  tour  entier  de  ranevrifme.  A  I'endroit  de  ces  deux  cordons, 
"nc  pl^ifi^^^     I'anevrifme  etoit  moins  gros  qu'aux  environs,  &  il  y  faifoit  une  efpece  d'e- 

tranglement. 
Mnnu  lyii.        Tout  le  tronc  de  I'aorte,  hormis  a  I'endroit  de  I'anevriCme,  avoir  con- 
ferve  fa  premiere  forme  de  canal  j  il  etoit  devenu  plus  gros  &  fes  parois  un 
peu  plus  denfes;  mais  I'epaiiTeur  paroilloit  naturelle. 

Ce  tronc  avoir  deux  pouces  ,  &  fix  lignes  de  circonference  vers  fon  origine 
ou  bafe  ,  fix  pouces  dix  lignes  vers  fon  milieu  ,  &  deux  pouces  fix  lignes  vers 
fon  extrcmite.  On  remarquoir  dans  I'epaifTcur  de  fes  parois  du  cote  interne  , 
de  perites  lames  pierreufes ,  de  couleur  blanche  ,  allez  fragiles  ,  de  difftrente 
largeur  &  de  difFerente  ^paiffeur.  La  furface  interieure  aux  endroits  ou  il 
ii'y  avoir  point  de  ces  lames ,  etoit  percee  de  quantite  de  petits  trous ,  d'oii 
il  fuintoic  quand  je  prelFois  I'artere  ,  une  efpece  de  lymphe  qui  eroit  claire  &C 
un  peu  mucilagineufe.  Cette  lymphe  peut  donner  quelque  fluidite  au  fang, 
humeder  la  furface  interieure  des  arceres ,  la  rendre  lilfe  &  gliffante,  &:  la 
garantir  de  I'adtion  des  fels  du  fang. 

L'artere  axillaire  dtoite  avoit  fa  groffeur  ordinaire,  8c  fa  furface  exte- 
rieure  etoit  unie  par  tout  comme  de  coutume;  mais  I'interieure,  a  quatre 
lignes  de  fon  commencsment ,  eroit  inegale  fur  une  longueur  d'un  demi- 
pouce  j  les  parois  y  etoient  un  peu  plus  denfes,  &  deux  fois  plus  epaitfes 
qu'aux  environs  ,  &  la  cavite  plus  ctroite  a  proportion. 

L'artere  fouclaviere  gauche  etoit  pareillement  grofTe  a  I'ordinaire  ,  &  fa 
furface  exterieure  cgale  ^  mais  I'interieure  etoit  inegale  en  fon  commence- 
rnent  fur  une  longueur  de  trois  lignes;  fes  parois  dans  la  meme  etendue  , 
etoient  un  peu  plus  compadlies,  trois  fois  plus  epaiiles,  &  la  cavite  y  etoit 
plus  etroite  a  proportion. 

On  obfervoit  dans  les  parois  de  ces  deux  arteres  ,  aux  endroits  marques , 
une  legere  teinte  de  jaune.  Enfin  l'artere  carotide  gauche  ,  &  I'aorte  defcen- 
dante  eroient  dans  leur  etar  naturel. 

Le  coeur  etoit  gros  ,  la  cavire  de  fes  ventricules,  &  fur  tout  du  gauche , 
etoit  ample  ,  leurs  parois  denfes ,  mais  un  peu  plus  minces  que  de  coutume. 
Les  poumons  etoient  pleins  d'un  fang  groflier  &  noirarre;  la  trachee  ar- 
tere  a  I'endroit  ou  pofoit  Tanevrifme  ,  etoit  plus  epailTe  ,  plus  compare  & 
moins  ronde  qu'ailleurs.  Enfin  les  branches  &  les  veficules  de  ce  vifcere 
contenoient  dans  leur  cavite  beaucoup  d'humeur  qui  etoit  vifqueufe,  tena- 
ce  &  de  couleur  jaunatre. 

Reflexions  Jhr  hi  fans  que  je  vUns  de  rapporter. 

Premiere  refltxion.  L'anevrifme  vrai  n'crant ,  comme  j'ai  dit,  qu'une  di- 
latation extraordinaire  d'artere,  on  pourroit  avancer  que  dans  le  tronc  de 
I'aorte  de  I'homme  dont  nous  parlons,  il  y  avoit  deux  anevrifmes  vrais, 
un  particulier  &  un  univerfel.  Le  premier  qui  a  fair  le  fujet  de  mon  obfer- 
vation  ,  n'etoit  fait  que  d'une  portion  de  ce  tronc,  &  ie  fecondl'etoit  de  tout 
le  refte. 

Seconde  reJUxion.    Ces  deux  anevrifmes  one  etc  produits  par  les  memes 

caufes. 


I 


ACADfeMIQUE.  5,, 

caufes.  La  d'lininution  de  la  cavitc  des  arteres ,  axillaiie  droite  ,  &  fou-  » 

claviere  gauche  ,  en  accela  caufe  occafionnelle  ,  le  fang  la  caufe  inllrumen-  ^(-\d  Royale 
tale  ,  &  le  coeuc  la  caufe  efficieiue.  bjs  Sciences 

II  eft  aife  de  comprendre  ,  i".  que  le  fang  poufTe  fans  cefTe  du  ventri-  ue  Paris. 
cule  gauche  du  ccEur  dans  le  crone  de  I'aorte  ,  ne  trouvanr  plus  apres  la  Annie  17  ii, 
diminution  de  la  cavite  de  ces  arceres  ,  la  mcme  facilite  dans  fa  diftribution  , 
a  dii  faire  plus  d'efFoct  fur  les  parois  de  ce  tronc  ,  les  forcer  peu  a  peu  ,  les 
dilacer  excraordinairemenc  ,  &  former  enfuice  un  anevrifme  univecfel  ;  (I 
routes  les  parties  ont  egalcment  cede  a  cet  effort  ,  &c  un  parciculier  outre 
I'univerfel ;  ll  quelques-unes  fe  font  lailfe  plus  etendre  que  les  autres  , 
foit  qu'elles  fe  foient  trouvees  plus  minces  ,  ou  d'un  tilTu  moins  ferre  ,  ou 
bien  que  reffort  du  fang  s'y  foit  fait  fentir  davantage. 

II  eft  aife  de  comprendre  ,  1".  que  la  circulation  du  fang  en  partie 
interrompue  dans  les  parois  de  ces  memes  arteres  ,  y  a  pu  donner  lieu 
A  repaiffiirement  du  fang.  L'interruption  a  pu  avoir  pout  caufe  le  fronce- 
ment  des  fibres  qui  compofent  ces  parois  ,  ircitces  par  queiques  felsextra- 
vafes  ;  ou  le  relTort  force  de  leurs  membranes  &  de  leurs  vailFeaux  patti- 
culiers  ,  force  ,  dis  je  ,  pat  le  fang  que  le  caur  y  poulfe  fans  ceflTe. 

Dans  ces  cas  ,  le  fang  n'ayanc  pas  fon  cours  libre  ,  o'u  n'ctant  pas  poufTe 
a  Tocdinaire  ,  a  dii  s'arrcter  &:  s'amalFer  dans  la  cavitc  de  ces  vailleaux 
particuliers  ,  les  dilater  ,  en  ecarter  les  fibres  ,  en  agrandir  les  pores  , 
donner  occafion  a  une  plus  grande  quantite  de  fuc  nourricier  de  s'echipper, 
de  s'engager  entre  l;s  differens  plans  des  membranes  d;s  parois  ,  de  fe 
repandre  entre  leurs  fibres  ,  de  les  feparer  ,  les  eloigner  ,  s'y  coller  de 
part  &c  d'autre,  Sc  par  confequent  d'augmenter  Ic-pailleur  des  parois  de 
ces   arteres. 

Tro'ifiimi  rijlixion.  La  diminution  confiderable  de  la  cavite  des  memes 
arteres  ccoit  I'efFec  de  lepailfeur  extraordmaire  de  leurs  parois ;  d'autanc 
plus  que  tout  I'cpaifllirement  s'etoit  fait  du  cote  interne  ,  foit  que  la 
circulation  n'edt  cte  interceptee  que  da  ce  c6te-la  ,  ou  que  les  plans  ex- 
lernes  euftent  plus  refifte  a  leur  ecartemenc  que  les  internes  ;  ainfi  la 
partie  interne  des  parois  devoir  empieter  fur  la  cavite ,  &:  ia  diniinuer 
a  proportion. 

Quairiimc  reflexion.  On  peut  demander  fi  I'cpailleur  extraordinaire  des 
parois  de  ces  artetes  ,  etoit  un  vice  de  la  premiere  conformation  ,  ou 
sil  avoir  cte  contraifte  depuis  par  quelque  accident  particulier.  La  feconde 
propolltion  me  paroit  plus  vraifemblable  que  la  premiere  ,  par  les  raifons 
iuivantes. 

I-*.  Le  malade  ,  queiques  jours  avant  que  de  mourir ,  me  dit  qu'il  j 
avoir  environ  huic  mois  qu'il  fentoit  vers  le  milieu  de  la  poitrine  une 
chaleur  ,  un  battement  ,  6c  une  opprelHon  extraordinaires  ,  qui  avoient 
toujours  depuis  augmentc  ;  trois  ntcidens  qu'cn  peut  facilement  deduire 
de  la  defer; prion  de  I'anin'rlfme  que  je  viens  de  faire. 

i°.  II  m'alFura  audi  qu'avant  co  mcme  temps  la  ,  il  n'avoit  jamais 
f^nti  la  moin  Irs  indifpolicion  a  la   poitrine. 

Eiifin  le  tilFu  dss  mem;s  parois  etoit  irregulier  ,   &;  la  furfaee  interne 
etoit  inegaie  j  c'eft  pourquoi  il  n'y  a  pas  lieu  de  cruice  que  ce   vice  fiic 
Tomt  III ,  Farci'e  Franioifi,  A  4 


554  COLLECTION 

SS:  contrade  depuis  quarante-quatre  an*  que  cet  homnie  avoit  vecu  ,  nl  meme 
i\cAD.RoYAi.E  '^^P"'*  plufieurs  annees  ,  pmfque  dans  les  enfans  ,  &  dans  les  adultes  me- 
DES  Sciences     nies  ,  a  peine  remarque-t-on  le  calus  d'un  os  qui  a  ece  rompu   quelques- 
DE  Paris.       annees  auparavant. 

^nriie  17 12  Cinquumc  reflexion.  Les  membranes  du  tronc  de  I'aorte  ,  quoiqu'elles 
'  '  euffent  dii  etre  fort  minces  a  caufe  de  la  grande  dilatation  qu'elks  avoient 
fouffertes  ,  avoient  cependant  conferve  ieur  epailTeur  naturelle ,  vraifem- 
blablement  parce  qu'a  mefure  que  ces  membranes  fe  diiatoient  ,  leurs  pores 
s'entr'ouvroient  ,  il  secouloit  plus  de  fuc  nourricier  entre  les  fibres,  il  s'y 
en  colloit  davantage  ,  Si  tiles  gtofliiroient  a  proportion. 

Sixieme  reflexion.  L'anevrifrne  particulier  a  dCi  fe  tormer  a  Tendroit  de 
I'aorte  ,  oij  je  I'ai  obferve  plutot  que  dans  les  auttes  ,  toutes  fes  parties  etant 
fuppofees  d'nne  egale  epailfeur  &:  refiftance  ,  d'autant  que  ce  tronc  d'ar- 
tere  ,  dont  la  figure  approche  de  la  demi-circulaire ,  ne  commence  pref- 
que  a  fe  rccourber  qu'a  I'endroit  ou  cet  anevrifme  etoit  (itue.  Ainfi  le  fang 
poulle  par  le  cocur  a  du  faire  plus  d'effort  fur  cetce  partie  ,  la  dilater  da- 
vantage  ,  &  J  caufer  enfin  un  anevtifme. 

Scpiieme  &  derniere  reflexion.  L'anevrifrne  particulier  a  du  fe  former 
plutot  a  la  partie  fuperieure  de  I'aorte  ,  qu'a  I'inferieure  ,  &  qu'aux  late- 
rales  ,  parce  que  le  fang  qui  en  a  ete  la  caufe  inftrumenrale  ,  a  k  deter- 
mination de  fon  raouvement  de  bas  en  haut  ,  par  confequent  fon  effort 
a  du  etre  plus  grand  a  fa  partie  fuperieure  qu'aux  autres  j  cette  partie  a 
done  du  etre  pouffee  en  haut ,  etre  infenfiblement  dilatee  ,  former  enfin 
im  anevrifme  particulier  ,  &  cet  anevrifme  prendre  fon  accroifTemenc  de 
ce  c6te-la. 

Explication  des  principaux Jymptomes  dont  F anevrifme  a  ete  accompagne, 

Le  malade  fe  plaignoit  d'une  pefanteur  &:  d'une  douleur  de  tete  ,  &  d'une 
foiblede  dans  les  fondiions  principales  de  I'ame  \  ces  trois  fymptomes  depen- 
doient  de  la  meme  caufe  ,  f^avoir  de  la  compreflion  que  I'anevrifme  faifoit 
fur  les  veines  jugulaires. 

En  effet  ces  veines  etant  comprimees  ,  le  retour  du  fang  du  cerveau  au 
Cffiur  n'etoit  pas  libre  ,  il  devoir  done  en  revenir  moins  ,  y  en  refter  davan- 
tage  ,  &  la  tete  etre  plus  pefante,  De  ce  qu'il  y  avoit  plus  de  fang  dans 
le  cerveau  ,  les  runiques  de  fes  vaifTeaux  fanguins  ,  fes  membranes ,  &c. 
devoient  etre  plus  tendues ,  plus  tiraillees  ,  &  foufFrir  une  efpece  de  di-- 
vulfion  &  de  dechirement  dans  lefquels  confide  la  douleur. 

Les  memes  vailTeaux  exceffivement  remplis  de  fang  ,  devoient  eompri- 
met  les  nerfs  places  dans  leurs  intervalles  ,  &  par  confequent  affoiblir  les 
fonftions  de  I'ame  qui  dependent  de  ces  organes  du  mouvemenr. 

Le  malade  fentoit  encore  de  la  douleur  an  cou  ,  aux  epaules  ,  &  au  bras , 
parce  que  I'anevrifme  etant  fitue  fur  les  veines  jugulaires  ,  audi-bien  que 
fur  les  fouclavieres  par  ou  le  fang  revient  de  ces  parties  au  ccsur ,  devoir 
les  comprimer  ,  y  rendre  le  mouvemenr  du  fang  difficile  ,  I'arretet  dans 
ces  parties  ,  celui-ci  les  etendre  ,  ies  forcer  par  fa  quantire  demefuree  , 
les  picotcer  6c  irriter  pac  fes  fels  extravafes  a  I'occaaon  du  fejour  du  fang , 


A  C  A  D  6  M  I  Q  U  n.  ;5f 

6i  par  ces  deux  moyens  caiifer  de  la  douleur  a  ces  parties.  =r=^=!!?T 

II  avoit  beaucoup  de  peine  ^  refpirer  &  a  avaler,  parce  que  I'anevrlfme  Acad.  Royalb 
ctanc  place  fur  la  tracKee  &  I'oefophaee  qui  font  les  conduits  de  la  refpira-    des  Science* 
tion  &:  de  la  deglutition  ,  les  predoit  tortement  I'un  &  I'autte ,  &  en  rendoit      de  Paris. 
I'ufage  difficile,  principalement  a  I'eiitree  de  la  poitrine  oii  le  pafTage  etant      Jnnce  1711," 
borne  de  tons  cotes  pat  des  parties  olTeufes  dont  la  refiftance  eft  invincible, 
ces  deux  conduits  ne  pouvoient  cludet  cette  preflion. 

Get  homme  avoit  le  pouls  du  poignet  droit,  petit  &  foible ,  parce  que, 
comme  je  I'ai  remarque,  I'entree  de  la  branche  de  I'artere  d'ou  part  le  ra- 
meau  qui  fait  ce  pouls,  etant  fort  diminuee,  il  devoit  s'y  porter  peu  de 
fang,  &:  ce  fang  devoit  s'y  porter  lentement,  ce  rameau  fe  trouvant  trop 
large  par  rapport  a  la  quantitc  du  fang  qui  y  pallbit.  Ainfi  ce  fang  ne  pou- 
voit  ni  en  remplir  la  cavite  &  faire  un  grand  pouls,  ni  en  dilater  les  patois 
avec  force  Sc  avec  impetuofite,  8c  faire  un  pouls  fort  :  ce  pouls  devoit  done 
ctre  petit  &  foible. 

Le  pouls  du  poignet  gauche  etoit  fi  petit  &  fi  foible  qu'on  ne  le  fentoic 
prefque  pas  ;  nous  avons  remarque  que  Tentree  de  la  branche  d'artere  qui  en 
fourniiroit  le  rameau,  etoit  beaucoup  plus  petite  que  du  cote  droit  j  ainfi 
I'artere  de  ce  pouls  devoit  recevoir  beaucoup  moins  de  fang  ,  fes  parois  ctre 
nioins  dilatees  &  plus  foiblement ,  &  le  battement  en  etre  prefque  infenfible. 
Enfin  le  malade  tomboit  en  fyncope,  lorfque  ialfe  de  tenir  la  tete  &  is 
cou  dansune  fituation  droite ,  il  les  penchoit  ou  ctendoit  un  peu  trop  de 
quelque  cote  que  ce  fut. 

Lorfque  la  tete  Sc  le  cou  font  penchcs  en  devant ,  les  veines  jugulaires  font 
un  pli  &:  font  comme  etranglces  :  lorfqu'ils  font  punches  en  atriere  ,  ces  me- 
rnes  veines  font  trop  etendues  ,  &  le  diametre  de  leur  cavite  diminue  ,  parce 
que  les  parois  s'approchent  I'une  de  I'autrej  &  lotfqu'ils  font  penches  fur  le 
cote  droit ,  ou  fur  le  gauche ,  les  jugulaires  d'un  cote  font  trop  flechies  & 
font  des  plis ,  pendant  que  celles  de  I'aucre  font  trop  etendues. 

Or,  dans  toutes  ces  fituations,  les  veines  jugulaires  fe  trouvent  preCTees, 
&  leur  cavite  diminue  ;  par  confequent  le  retour  du  fang  du  cerveau  au  coeut 
eft  mal  aife.  Si  Ton  ajoute  a  ces  predions  celles  que  faifoit  I'anevrifme  fur  les 
memes  veines,  on  n'auta  point  de  peine  a  comprendre  que  les  veines  du 
cerveau  devoient  ttre  engorgees,  &;  que  ces  veines  engotgeesdevoient  corn- 
primer  les  nerfs,  de  forte  quecesorganes  du  mouvement  etant  genes,  pou- 
voient entretenir  le  mouvement  du  cceur  fans  interruption;  or  cette  inter- 
ruption eft  toujours  fuivie  de  fyncopes  qui  font  plus  ou  moins  grandes, 
felon  que  I'interruption  eft  plus  ou  moins  longue  ,  &  elle  eft  fuivie  de  la 
mort  meme  lorfque  I'interruption  eft  de  quelque  duree. 


^l 


A4 


55^  COLLECTION 

Acad.  Roy  ALE 
DEs  Sciences    £)g  I'aSion  du  Fer  pris  interkurcment ,  &  de  Jes  preparations. 

.'Innh   1713.    T  ,  , 

I  lE  fer  a  roujours  etc  un  grand  remede  pour  plufieurs  maladies,  fur-tout 

pour  celles  qui  viennent  d'obftrudlion  ou  de  I'embarras  de  la  circulation, 
comme  les  pales  couleurs.  M.  Lemery  qui  I'a  beaucoup  etudie,  fe  propofe 
de  rechcrcher  fa  maniere  d'agir ,  &  ce  qui  eft  bien  plus  important,  la  ma- 
niere  la  plus  avantageufe  de  I'employer. 

ll  i.\onfidere  le  fer  comme  un  melange  d'une  fnbftance  huileufe  ou  fulfu- 
reufe  avec  une  matiere  metallique.  L'huile  abonde  dans  ce  melange,  &  ii 
refte  de  grands  pores  entre  les  parties  du  mixte.  II  fuit  de-la  (  &  .de  I'expi- 
rhme)  que  le  fer  eft  tres-facile  a  diflbudre,  &  que  fon  huile  fe  degage  aife- 
ment.  Mais  quand  il  eft  decompofe ,  c'eft-a-dire,  quand  I'huile  eft  fepaiee 
de  la  partie  purement  ferrugineufe  ou  metallique,  aucun  diftblvant  n'agic 
plus  fur  ceste  efpece  de  tcte-morte ,  qui  cependant  n'en  eft  que  plus  fufcep- 
<ible  de  I'adion  de  I'aimant, 

Ce  qui  vient  d  etre  dit  fuffit  pour  faire  connoicre  Tabus  de  plufieurs  pre- 
parations de  fer  ulitees  dans  la  medecine,  lefquelles  confiftent  a  calcinet 
violemment  ce  metal,  &  a  le  reduire  par  cette  calcination  en  ce  qu'on  ap- 
pelle  crocus  ou  faftan ,  a  caufe  de  la  couleur  rougeatre  que  lui  imprime  Tac- 
tion du  feu.  Cette  operation  violente  a  du  necelTairement  enlever  au  fer  fa 
fubftance  huileufe ,  du  moins  pour  la  plus  grande  partie,  &  ne  lui  laiftec 
qu'une  tete-morte  indilfoluble.  L'huile  qui  fe  fepare  facilement  de  ce 
mixte ,  s'en  feroit  feparee  par  la  chaleur  de  Teftomac  ,  &C  auroit  pone  dans 
le  fang ,  comme  dit  M.  Lemery,  un  nouveau  levain  fpiritueux  dont  il  avoir 
befoin ;  &;  au  lieu  de  cette  huile  on  ne  prend  qu'une  terre  fur  laquelle 
les  fucs  du  corps  ne  peuvenc  agir,  &  qui  ne  peat  qu'embarrafler  Si  que 
charger  les  premieres  voies.  Auffi  M.  Lemery  a-r-il  fouvent  eprouve ,  &: 
ahabiles  Praticiens  le  confirment,  que  le  fer  pris  en  fnbftance,  ou,  ce  qui 
revient  au  meme,  en  limaille  fort  fine,  vaut  beaucoup  mieux  qu'en  crocus. 

M.  Lemery  a  meme  reconnu  que  le  fer  agifToit  par  route  fa  fubftance 
comme  abforbant,  &  il  s'en  eft  fervi  avec  fucces  pour  amorrir  des  aigres 
fcorbutiques  de  Teftomac,  lefquels  fatiguoient  horriblement  le  malade,  & 
qui  n'avoient  cede  ni  a  tous  nos  abforbans  terreux,  ni  u  aucun  autre  remede. 
Non-feulement  les  acides  nuifibles  du  corps  enrrent  dans  le  fer ,  mais  en 
y  entrant  ils  en  font  fottir  &  en  expriment  fon  foufre  ou  fon  huile  qui 
d'ailleurs  eft  mife  en  mouvement,  ou  gonflee  &:  difpofee  a  fortir  par  la  cha- 
leur naturelle.  Ainfi  le  fer  eft  doublement  utile  &  par  l'huile  falutaire  qu'il 
fournit  au  fang,  &  par  les  fels  nuifibles  qu'il  en  retire. 

Il  paroit  fuivre  de-la  qu'un  fer  deja  tout  charge  d'acides,  tel  qu'eft  le 
vitriol,  ne  feroit  plus  capable  d'aucun  bon  effet.  Cependant  on  connok  ce- 
lui  des  eaux  minerales  vitrioliques ,  &  dans  quelques  maladies  le  vitrio!' 
a  le  meme  fucces  que  le  fer  pris  en  fubftance.  Cela  peut  venir  de  ce  que 
les  acides  qui  ont  penetre  le  fer,  n'en  ont  pas  chaftetoute  l'huile,  &  fe  font 
unis  avec  celle  qui  eft  reftee  dans  fes  pores.  Cela  fuppofe ,  la  meme  opera- 


I 


A  C  A  D  t  M  I  Q  U  E.  557 

tion  par  laquelle  on  fait  de  Tencre  avec  du  vitriol  &  de  la  teiiuure  de  gal-  -«— 

les,  fe  pafle  dans  notre  corps;  car  I'alkali  fulfureiix  de  la  gaile,  s'uiiit  a  a^ad-Royale 
I'acide  qui  tient  le  fer  dilFous  dans  le  vitriol ,  le  detache  du  tbr  ,  &  parla    p^j  Sciences 
revivifie  le  metal ,  &  nos  liqueurs  aikalines  ou  fulfureufes  aj^ilTent  de  la  mc-       de  1'aris. 
me  maniere  fur   le  vitriol  que  nous  avons  pris,  Sc  en  revivihent  le  fer;    j4„„ic  171$. 
aufli  I'ufage  interieur  du  vitriol  rend-il  fonvent  les  felles  toutes  noircs. 

Comme  le  fer  eft  extrcmement  divife  dans  le  vitriol ,  il  eft  plus  capable  , 
lorfqu'il  en  eft  dcgage ,  d'entrer  dans  les  plus  petitcs  routes  de  la  circulation, 
&  d'y  repandre  fa  vertu  ;  mais  aufli  les  acides  auxquels  il  eft  mcle  le  rendenc 
Iropaftifj  il  ne  peut  cire  pris  qu'a  tres  petites  dofes  fous  cette  forme,  & 
encore  doit-on  I'empater  ou  le  noyer  dans  beaucoup  d'eau  fi  Ion  vcut  me- 
nager  I'eftomac  qui  en  relTent  toujours  quelques  picotcmens.  M.  Lemery  a 
trouvc  une  preparation  qui  reunit  tous  les  avantages  du  vitriol  fans  en  avoir 
ies  inconveniens  ;  c'eft  fon  arbre  de  Mars.  Le  falpctre  qui  s'y  forme  pat  I'u- 
nion  de  1  efprit  de  nitre  &  du  fel  de  tartre  ,  eft  un  fel  tresdoux  ,  tres-apcri- 
rif  &  tres-propre  a  ctre  le  vehicule  d'un  fer  extrcmement  attenue  comme  il 
I'eft  dans  cette  preparation;  Sc  d'ailleurs  la  partie  fuU«reufe  du  ter  qui  y  eft 
tres  rarefiee  Sc  tves-developpee  ,  n'en  peut  ctre  que  plus  propre  a  fe  Icparer 
abondamment  du  metal,  &  a  fe  meler  intimement  aux  i'ucs  de  notre  corps. 
M.  Lemery  en  a  donnc  en  pillules,  depuis  la  dofe  d'un  fcrupule  jufqu'a  un 
gros,  dans  des  cas  d'obllrudtions  de  vifceres,  d'affedions  fcorbutiques  &C 
oedcmateufes  avec  (uppreflion  d'utines,  de  gonorrhees  opiniatrcs,  de  Heurs 
blanches ,  &  roujours  avec  fucccs. 


De  quelgues  autres  propr'utes  du  Fer  relatives  a  la  Medecine. 

J_i'Article  precedent  n'a  point  epuife  les  vertus  du  fer;  il  n'a  point  touchi^- 
a  fa  ftipticite  que  M.  Geofftoy  a  confideree  particuliorcment,  &  a  laquells 
feule  il  attribue  deux  efFets  oppofcs  que  le  fer  produit  en  medecine. 

Ce  metal  eft  aperitif  &  aftringent,  quoique  ouvtir  &  rederrer  foient 
contraires.  Pat  exemple,  il  eft  aperitif  puifqu'i)  remedie  aux  pales  cou- 
leurs,  &  qu'il  rappelle  Tevacuation  fupprimee  :  il  eft  aftringent,  pulfque 
lorfque  cette  mtme  evacuation  eft  trop  abondante  ,  il  la  remet  dans  fes  bor- 
nes  naturelles.  M.  Geofiroy  pretend  avec  beaucoup  d'apparence  qu'il  n'eft 
aperitif  que  parce  qu'il  eft  aftringent.  Les  canaux  qui  conduifert  les  li- 
queurs dans  le  corps  de  I'animal ,  ne  font  pas  de  llmples  canaux  privcsd'ac- 
tion  ;  ils  aident  eux-mcmes  au  mouvement  des  liqueurs  qa'ils  conduifent, 
&  cela  en  fe  reflerrant  &;  en  diminuant  leur  propre  capacite,  ce  qui  atteiiu3 
les  liqueurs  &  en  mtme  tems  les  oblige  d'avancer.  Cet  efFet  depend  du  ref- 
fort  des  fibres  de  ces  vailTeaux  ,  &  d'une  certaine  proportion  de  forces  qui 
doit  ctre  entre  ee  rcffort  5c  la  refiftance  des  liqueurs.  Si  le  reflbrt  des  fibrej 
eft  afFoibli ,  &  que  les  liqueurs  ne  foient  plus  (uffifamment  battues  &  pouf- 
fees>  elles  s'amaflent  dan;  les  vailTeaux  en  trop  gtande  quantite,  &  alors  il 
arrive  on  qu'elles  s'epaiffilTenc  &  demeurent  prefque  coaguUcs ,  ou  qu'il 


558  COLLECTION 

'  sen  echappe  atravers  des  pores  des  vaifleauxune  partie  qui  s'epanche  aa" 

Acad  Rovale  '^^'^o"  >  i^  que  meme  elles  les  rompent  &c  fe  font  de  nouvelles  routes  pour 

DES  Sciences     fortir.  Dans  le  premier  cas  I'ecoulement  eft  arrete  ,  dans  le  fecond  il  eft  trop 

DE  Paris.       ahondant;  I'un  &  I'autre  efFet  eft  caufe  par  le  relachement  des  fibres  que 

Jlr,^J.  .-ri-      corrige  lartipticitedufet  la).  Il  eft  vifible  que  le  meme  raifonnement  s'ap- 

plique  a  toutes  les  maladies  ou  ce  relachement  a  lieu  ;  car  un  des  grands 

principes  de   la  mechanique  da  corps  eft  I'equilibre  ncceflaire  entre  les 

Huides  qui  font  pouires,  &c  les  folides  qui  poulTent. 

La  ftipticite  du  fer  etant  done  fi  utile  ,  il  eft  bon  de  la  porter  par  art  a  fa 
derniere  perfeiStion.  C'eft  ce  que  M.  Geoffcoy  a  fait  par  trois  operations 
difFerentes  que  lui  donnent  une  eau  mere  de  vitriol  rougeatre ,  ondlueufe  , 
extrcmement  ftiptique  ,  fans  aucune  acidite  ni  corrofion.  Il  la  tire  du 
vitriol ,  parce  que  le  fer  qui  y  eft  fort  divife  &  attenue ,  eft  plus  en  etat  de 
recevoir  la  forme  qu'onveut,  &  fe  prgfente  mieux  a  I'artifte.  Le  vitriol  a 
ete  plulieurs  fois  dilFous,  filtre,  enfuite  cryftallife,  &  I'eau  mere  eft  ce  qui 
eft  refte  de  liqueur  apres  chaque  cryftallifation.  Il  en  refte  une  pareille  de 
tons  les  fels  folliles  qu'on  a  traites  de  meme  ;  &  comme  en  reiterant  toujours 
i'operation,  il  fe  refoudroit  a  la  fin  entierement  en  cette  liqueur,  on  la 
nomme  eau- mere  parce  qu'elle  contient  cous  les  principes  du  mineral, 
quoique  defunis  &  alteres. 

M.  Geoffroy  s'eft  fervi  avec  fucces  de  fon  eaii-mere  de  vitriol ,  tant  au- 
dedans  qu'au  dehors  contre  les  hemorrhagies  ,  foit  internes,  foit  externes  ;  il 
la  prefere  aux  gouttes  anti-phtihques  des  Anglois  dans  les  ulceres  du  pou- 
mon  ,  des  reins ,  de  la  velTie. 

La  preparation  dont  il  le  fctt  le  plus  fouvent  &c  le  plus  heureufement ,  eft 
le  vin  chalybe,  c'eft-adire  dans  lequel  on  a  fait  infuferde  la  limaille  de  fer. 
•Il  regarde  le  vin  comme  le  diffolvaiit  le  plus  con venable  en  pareil  cas,  parce 
qu'il  agit  par  fon  huiie  fur  le  bitume  du  fer  ,  &  par  fon  acide  fur  la  partie 
metallique.  On  en  donne  environ  quatre  onces  le  matin  a  jeun  dans  quel- 
que  apozeme  aperitif,  &  autaiit  I'aprcs-dinee  ;  ou  bien  on  I'etend  dans  beau- 
coup  d'eau  qu'on  fait  boire  au  malade  en  guife  d'eau  mincralepour  la  fup- 
preflion  des  regies  &  les  maladies  d'obftru6tions.  Dans  les  foibleftes  d'efto- 
mac  &  les  devoiemens ,  le  malade  met  une  cuilleree  de  ce  vin  dans  chaque 
verre  de  boilTon  qu'il  prend.  Voici  une  pierre  vulneraire  compofee  dont  il 
a  vu  de  fort  bons  effets. 

Prenez  limaille  de  fer  &  pierre  hematite  pulverifees  ,  de  chacune  trois 
onces,  crime  de  tartre  fix  onces;  fiites-en  une  pace  avec  le  vin  que  vous 
ferez  digerer  &  fcchsr  au  foleil  d'cte  ,  la  remnant  de  terns  en  terns  :  reite- 
rez  les  digeftions  Sc  exficcatio)is  jufqu'a  ce  qu'on  n'appercoive  plus  de  fer. 
Alots  mettez  votre  pate  feche  en  poudre  fort  fubtile ;  mclez  y  exaCtement 
du  maftic  en  larmes  &  du  fafian  bien  pulverifes,  de  chacun  une  demi-once  : 
faites  dilToudre  dans  le  vin  une  once  d'alccs  &  autant  de  myrrhe ;  arrofez 
vos  poudtes  de  cette  diffolucion,   &  verfez  par-de/Tus  du  vin  a  la  hauteur 

(a)  Poiirva  que  robftruttioii  ou  en  general  I'obftacle  ne  foi:  pas  inrufmontable  ;  car  s'ii 
I'etoit ,  I'ufat^e  du  mars  leroit  perniqicux  ifommc  dar.s  les  hydropilies  iiiveteiccs ,  datis  les 
obfkiiclions  iquirreufes  &  daris  les  affcdionS'fcotbuciques  poufliSes  au  dernier  dcgnf. 


A  CADfeMIQUE.  559 

<3e  qoatre  (Joigts;  lailTez  le  touc  en  digeftion,  remuant  de  rems  en  terns, 

puis  evaporez  jufqua  ficcitc.   Remettez  la  pate  en  poudre  ,  humedez-la 

avec  I'eau-de-vie  &  en  formez  des  boules  que  \'ous  ferez  fecher  pour  gar-  Acad.  Royale 
jgj^  *        "         DES  Sciences 


D£  Paris. 
jinriit  17 1  J. 


I 


Sur  le  Qulncjuina. 

J. L  eft  a  fouhaiter  que  I'ufage  d'un  bon  remede  s'etende  aurant  qu'il  eft 
poflibic,  &  en  mcme  tems  il  eft  a  craindre  que  parce  que  ce  remede  eft 
Don,  Ton  n'en  etende  I'ufage  trop  loin.  De  plus,  il  u'y  en  a  point  done 
I'application  ne  demarde  un  foin  fort  circonlpeit  &  de  grandes  varicrcs. 
Celt  dans  ces  vues  que  M.  Reneaume  a  ctudic  le  quinquiii.i  fur  un  grand 
nombre  d'obfervations  qu'il  en  a  laites,  &  dont  voiti  les  rcfultats  qui  ont  le 
plus  de  rapport  a  la  pratique  de  la  medcciiie. 

Le  quinquina  eft  fenfiblemert  amer  ,  abforbant ,  aftringenc  ou  ftiptique  * 
car  M.  Reneaume  ne  va  point  chercher  fes  proprictcs  dans  la  decompofition 
chymique  de  fesprincipes,  &  il  pretend  quece  mixte,  ainfi  que  beaucoup 
d'autres,  agit  non  par  fes  principes  dtfunis,  mais  par  leur  aflemblage  qui 
forme  des  molifcules  fenfibfes  &  groflieres. 

De  ce  que  le  quinquina  eft  amer ,  il  s'enfuit  qu'il  adoucit  les  fucs  aigres 
car  I'aigre  &  I'amer  lont  le  doux.  De  ce  qu'il  eft  abforbant,  il  Aiit  qu'jl 
emoulTie  les  acides  &  empeclie  leur  adion  j  par  confequent  il  entretient  la 
fluidite  des  liqueurs  que  les  acides  coaguleroient.  De  ce  qu'il  eft  ftiptique 
il  fuit  qu'il  a  des  parties  terreufes  qui  abforbent  les  ferofites  ,  ce  qui  tait  que 
les  parties  qui  en  etoient  abreuvees  He  relachees,  fe  reflerrent ,  &  par  confe- 
quent le  quinquina  augmente  le  reftbrt  &C  la  fermete  des  fibres  ou  les  leur 
redonnent. 

Le  quinquina  echauffe  parce  qu'il  eft  amer ,  &  il  facilite  ou  retablit  la 
tranfpiration  ,  parce  qu'il  echauffe  &  augmente  la  fluidite  des  liqueurs.  C'eft 
fur  ces  proprietes  qu'il  faut  fonder  les  ufages  du  quinquina  en  mcdecine  :  fi 
les  alimens  s'aigrilknt  trop  dans  I'eftomac ,  &  que  la  bile  qui  doit  les  adou- 
cir  en  fe  mclant  avec  eux  quand  ils  en  forrent,  ne  pui'lFe  corricer  cette  ai- 
greur  exceflive ,  ou  que  quelque  obftruftion  dans  les  conduits  biliaires,  I'em- 
peciie  de  couler  en  alTez  grande  abondance,  le  quinquina  fuppleera  a  fon 
defaut ,  &  guerirala  (levre  qui  aura  eu  cette  caufe.  En  general  il  paroit  fai- 
re  la  fondlion  de  la  bile  ,  &:  parl.i  il  procure  au  chyle  la  douceur  necefTaire  , 
&  repare  le  vice  des  digeftioi.s  qui  confifte  dans  I'aigreur  des  fucs.  Mais  fi  la 
,.  fievrc  ctoit  caufee  de  plus  par  quelque  obftrudion  confiderable  dans  les  con- 
"  duits  biliaires,  le  quinquina,  tant  qu'on  en  feroit  ufage  ,  pourroit  bien  tenic 
lieu  de  la  bile  qui  manqueroit ;  mais  il  ne  vaincroit  pas  I'obllrudion ,  &:  la 
fievre  reviendroit  djs  qu'on  le  quittcroir. 

Si  la  fievre  vient  de  Icpailliflement  des  liqueurs  caufe  par  des  acides,  la 

qualiteabforbantedu  quinquina  retablit  tout  &promptement,&  fans  retour. 

Si  I'eftomac  dont  les  fibres  font  relachees  garde  rrop  peu  les  alimens  &  les 

laifte  fortir  trop  crus,  la  Aipticite  du  quinquina  remet  les  fibres  dans  leur 

tenfion  nacurelle, 


5^*  CO  L  L  E  C  T  I  O  N 

Enfin  la  tranfplration  diminuee  reviepdra  par  ce  remede  a  fa  premiefe 
AcAD.RoYALE  quantitc,  &  comme  routes  ces  differentcs  caufes  on  feules  ou  combinees 
DEs  Sciences    gnfemble,  produifeiu  prefque  routes  les  fievres,  il  doit  y  en  avojr  peu  que 

DE  1  ARis.       jg  q^iinquina  ne  guerilFe. 
Annee  171  J.        Cellesqu'il  ne  guerit  point  &  que  meme  il  agrave  ,  ce  font  les  fievres  len- 
tes  caufees  par  quelque  abfces  interne. 

M.  Reneaume,  d'apres  Texempic?  &  les  inftrudlions  de  Sidenham  ,  a 
donne  le  quinquina  fouvent  &  avec  fucces  dans  des  afFefftions  melancholi- 
qnes  Sc  hyfteriques  que  Ton  appelle  communement  vapeurs,  fur-tout  quand 
elles  ont  eu  des  acces  bien  marques ,  8c  encore  a  la  fin  de  quelques  dylTen- 
ferico. 


Extrait  d'un  Mitnoirc  de.  M.  Li  tkb  /iirl'Hj drop ijie 

tympanite. 

J,_('a  r  R  n'entre  pas  feulement  dans  notre  corps  par  la  trachee  ,  il  y  entre 
encore  par  Tcefophage  mele  avec  tons  les  alimens  que  nous  prenons.  Comme 
ces  alimens  fermentent  enfuite  dans  I'eflomac  Sc  dans  les  inteftins,  I'air  fe 
degage  d'avec  ces  matieres ,  &C  quand  elles  ne  remplitTenc  plus  les  cavites 
de  ces  vifceres,  ou  qu'elles  les  rempIiJent  moins,  cet  air  degage  y  de- 
meure,  les  remplit  Sc  les  tient  dans  une  extenfion  convenable  j  car  fi  elles 
etoient  entierement  vuides  Sc  de  matieres  groflieres  &  d'air  ,  le  refTort  natu- 
ral de  leurs  fibres  qui  ne  demandent  qu'a  fe  contrafter ,  &  leur  propre  pefan- 
teur  les  affaifferoient.  L'air  renferme  dans  I'eftomac  &  dans  les  intedins, 
agit  done  contt'eux  pour  tenir  leurs  cavites  en  ctat ,  &  il  agit  par  fon  relTqrt 
qui  s'eft  etendu  lorfqu'il  u  a  plus  ete  emba'rrafie  entre  les  alimens  ,  &  qui  de 
plus  eft  augmente  par  la  chaleur  du  corps.  Amd  il  y  a  equiiibre  entre  I3 
force  de  l'air  pour  etendre  I'eftomac  &  les  inteftins,  Sc  la  force  de  ces  vif- 
ceres pour  fe  rederrer  j  &  Ton  peuc  confiderer  ces  vifceres  comme  des  muf- 
cles  cteux  dont  l'air  eft  I'antagonifte.  '    .   ,.  r. 

Si  I'equilibre  fe  rompt  parce  que  la  forfe  des  fibres  de  ces  vifceres  irri- 
tces,  fi  Ton  veut,  par  quelque  humeur,  fera  devenue  fuperieure  a  cetle  de 
Fair  ,  il  faut  que  l'air  en  foir  chafTe,  puifqu'ileft  n'^Ceffaire  alors  que  les  vif- 
ceres fe  relTerrent;  Sc  de  11  les  deux  eQjeces  de  verits  qui  fortent  du  corps. 
L'cqullibre  peut  fe  rompro  auffi,  p.irce  que  la  force  de  i'air  fera  devenue 
fuperieure  a  celle  des  fibres,  &  c'eft  co  qui  arrive  lorfqu'aprcs  une  longue 
maladie  les  fibres  font  depour-Aies  de  leur  refTort  ordinaire.  Alors  l'air.  s'e- 
tend  en  libertc  &  anghieute  a  fon  gre  ,  pour  ainfi  dire  ,  les  cavites  qu'il  ren- 
ferme; Sc  comme  par  la  voie^les  airmen's  il' arrive  roujovjrs  de  rouvel  aic 
qui  fe  joint  a  I'ancien  j  &'qne  d'ailleurs  le  relTpft  des  fibres  une  fois  foTc^ 
jufqu'a  un  cetrain  point  ne  fe  recablit  plus  &  rififte  toujours  de  moins  en 
moins,  i'endure  d'air  peut  devenir  tres-confiderable  &  mcme  prodigieufe. 
M.  Littre  a  vu  quelquefois  des  inteftins  gros  comme  la  cuilTe  d'un  homme, 

Il  eft  prouve  par  les  obferv'ations  de  M.  Littre  ,  que  le' ventre  des  m^Iades 
de  la  tympanite,  refonne  comme  un  tamboutmeine'aTi'r&  leur  liiort ,  que 

•"^"■""•"-        Von 


A  C  A  D^  M  r  Q  U  E,  ^gj 

I'onne  trouve  de  I'air  que  dans  reftomac  &  dans  les  inteftins  dont  les  mem-  ..— . 

branes  font  tres  minces  &  fans  redort;  qu'une  ponaion  qui  nc  fetoit  faite  Acad.Royaie 
qu'au  ventre  ne  ferviroit  de  rien  puifqu'il  n'y  a  point  d'air  dans  la  cavitc  du  Di%  Sciences 
ventre,  &  que  celle  qui  feroit  faite  dans  les  inteftins  ou  eft  I'air,  pourroit 
avoir  des  fuites  funeftes  a  caufe  des  cpanciiemens  de  tous  genres  qu'tlle  oc- 
cafioneroicj'que  les  maladesqui  fonr  gonflcs  de  vents  n'en  rendent  prefque 
jamais  a  caufe  du  refTort  affoibli  des  membranes  inteftinales;  que  le  plus 
fouventilsne  reflfencent  aucune  douleur,  parce  que  Texcefiive  diftention 
equivaut  a  une  compreflion  dont  I'effet  eft  d'engoutdir  les  parties  compti- 
mces  j  enfin  que  cecte  maladie  eft  prefque  toujours  mortelle. 


DE  Paris. 
ylnriii  171  J. 


Obfcrvations  fur  unc  efpec&  d'enflurc  appellee  Emphyfeme. 
Par    M.    L  I  T  T  R  E. 

JLi'ENFLURE  nommie  emphyfimc  eft  une  tumeur  centre  nature  remplie 
d'air.  - 

Cette  tumeut  a  fon  principal  fiege  dans  la  graifTe  fous  la  peau  qui  recou- 
vre  la  poitrine.  Lorfqu'avec  le  doigt  on  la  prelfe ,  on  fent  une  efpece  de 
freciUement  :  le  doigt  y  fait  aifement  une  impreffion ;  mais  prefqu'aulli  tot 
que  la  preftion  celTe,  la  partie  enfoncce  fe  releve,  Sc  le  creux  fe  templir. 
Enfin  cette  tumeur  accompagne  quelques-uncs  des  plaies  qui  penetrent  dans 
la  capacite  de  la  poitrine. 

On  divife  les  plaies  qui  penetrent  dans  la  capacite  de  la  poitrine,  en  cel- 
les  qui  parviennent  jufques  dans  la  capacite,  mais  qui  ne  bleffent  aucune 
des  parties  qui  y  font  contenues  &  que  nous  appellerons  plaies  pcnitranus 
fimpUs;  Sc  en  celles  qui  parviennent  non-feulement  dans  la  capacite,  mais 
qui  blelFent  les  parties  contenues,  &:  que  nous  noramerons  p/aiis  penctra-ius 
compofeis.  Les  unes  &  les  autres  peuvent  crre  fuivies  d'un  emphyfeme. 

Les  plaies  penetrantes  fimples  font  fuivies  d'einphyfeme  ,  loriqu'ellcs  font 
crroites,  que  leur  diredioii  fe  trouve  tortueufe  ,  &  que  par  leur  moyen  il 
entrc  de  I'air  dans  la  capacite  de  la  poitrine  dont  il  ne  peut  fortir  p.u  I'en- 
droit  par  ou  il  eft  entre. 

Les  plaies  penctrantes  compofees  font  aufll  fuivies  d'emphyfeme  comme 
les  limples,  lorfque  leur  diamerre  eft  petit,  &  qu'avec  cela  le  poumon  eft 
blefle  fans  Tare  pourtant  confiderablement.  A  quoi  il  faut  ajouter  cette 
coiidition  ,  que  les  autres  parties  renfermees  dans  la  capacite  de  la  poitrine , 
n'aieiu  point  cte  bleilces,  ou  I'aient  hi  legerement.  La  raifon  de  cela  eft 
que  lorfque  la  plaie  eft  confiderable  dans  ces  parties  ,  il  s'epanche  une  fi 
^rande  quantity  de  fang  dans  la  capacite  de  la  poitrine  ,  que  le  blelFc  eft 
etouftc  avant  que  I'air  qui  s'y  epanche  audi ,  puifte  former  un  emphyfeme. 
D'ailleurs,  quand  meme  la  mort  n'arriveroit  pas,  le  fang  prefle  trop  le 
poumon  (Sc  embarraJe  trop  i'air,  pour  qu'il  puilTe  fe  faire  un  emphyfeme. 

On  n'a  point  d'emphyfeme  a  craindre ,  ni  dans  les  plaies  penctrantes  fim- 
ples,  ni  dans  les  penctrantes  compofees,  lorfqu'elles  font  larges ,  droitts, 

Tome  III,  PartU  Francoifc.  3  . 


5(J4  G  ©  E  t  E  G  T  I  O  51 

•m^-^"*^^^  5i  que  I'air  entf e  par  ces  plaies  dans  la  capacite  de  la  poitrine ,  en  peat  fortif 
Acad.  Royal's  librement  par  U'  mfeme  voie  qu'il  y  eft  entre. 

BES  Sciences         L'air  peut  parvenir  dans  la  capacice  de  la  poitrine  par  deux^  voies,  &  de 

DE  1  ARis.       deuxendroicsdiff^rcns.  Dans  les  plaies  penetrances  fitnples,  il  eft  conduit  da 

^nnee  I7r>    dehors  par  lapiaie,  &Outrff  ce  premier  paiFage,  le  poumon  dans  les  pene- 

tranteSicornpofees  €n  fournit  un  fecond  par  rendroit  ou  il  aete  blelFe.  On 

vafvoirdansce  qui  fait  la  trtaniete  done  tout  cela  peuc  fe  faire. 

Nbtfe  refpiratioH  eft  cotnpof&  de  deux  fortes  de  mouvemens  qui  fe  fiic- 
cedent  I'un  a  Tautre-  fans  relache  pendant  que  flous  vivons.  On  donne  le 
nom  d'infpiration  a  I'un  de  ces  mouvemens ,  &  celui  d'expiration  a  I'autre. 
Dans  I'infpiration  la  poitrine  eft  dilatee  par  des  mufcles  dellines  a  cet  ufage  : 
par  I'aiftioTTdrceS" mufcles,  le?  paroiis  de^la  poitrine  fetrOuvent  difpofes  dg" 
maniere  que  les  cotes  ducote  droit  s'ecartentde  celles  du  cote  gauche,  le 
y?i;'-A!a/7J  s'oloigne  dtes-vettebres  du'udfe^,  &  le  diaphragme  defcend  dans  la  ca- 
vite  du  ventre. 

Lorfque  la  poitrine  fe  dilate',  d'Un  cote  fa  capacite  s'^largit  a  proportion , 
&  le  poumon  qui  y  eft  concenu  en  fait  de  meme  ;  il  fe  moule  a  la  capscit^, 
Toccupe  &  la  remplit,  de  forte  qu'il  n'y  refte  atrcun  vuide  :  de  I'aurte  cote, 
fes  parois  acqucrant  plus  de  volume,  pouffent  de  tous  cotes  I'air  qui  les  en- 
vironne ,  &  le  determinenr  a  s'engager  dans  le  poumon  ou  ii  rencontre 
nioins  de  refiftance.  Par  la  meme  raifon  il  s'infinue  de  i'air  entre  les  pan- 
naux  d'un  foufflet  lorfqu'on  les  ecarte  I'un  de  I'autre  :  le  reffbn  de  l'air  &  fa 

fiefanteur  concourent  encore  a  le  faire  entter  dans  le  poumon  pendant  la  di- 
atation  de  la  poitrine. 

La  bouche  &  le  nez  donnent  a  l'air  Mn  pafTage  poitr  atriver  a  la  trachee 
artere;  celle-ci  fe  divife  en  plufieurs  branches  &  enune  infinitude  rameaux 
qui  fe  terminent  en  de  petites  veiicules.  L'infpiration  finie  ,  I'expiration 
commence ,  en  voici  la  raifon  &  la  maniere. 

Lotfque  les  mufcles  qui  fervent  a  dilater  la  poitrine  ,  fe  menent  en  con- 
tradion  ,  ils  tirent  &  allongent  ceux  qui  la  doivent  rclTerrer.  A  I'occafion 
du  tiraillement  &  de  I'allongement  des  mufcles  deftinifs  a  reffetrer  la  poi- 
trine ,  leurs  nerfs  ,  leurs  veines  &  leurs  arteres  fe  trouvent  preffcs ,  leur  dia- 
metre  diminue  ,  &  il  n'y  coule  prefque  plus  ni  efprit  ni  fang',  jufqu'a  ce  que 
I'effort  que  font  les  efprits  &  le  fang  arietes  a  Tentree  des  mufcles  pour  y 
entrer ,  devienne  fupetieur  a  celui  des  efprits  &  du  fang  qui  tiennent  les  muf- 
cles antagoniftes  en  contraftion ,  a  quoi  donne  bien-tot  lieu  la  diffipation 
continuelle  d'efprits  qui  fe  fair  dans  les  mufcles  qui  font  en  contradion, 
pendant  qu'au  contraireil  fe  porte  &  s'accumule  de  plus  en  plus  du  fang  & 
des  efprits  dans  les  vailTeaux  des  mufcles  allonges  &  relaches.  Par  cette  mc- 
ehanique,  les  mufcles  deftinesa  refTerrer  la  poitrine,  fe  contradent  a  leur 
tour ,  &  tirent  &C  allongent  ceux  qui  fervent  a  la  dilater;  &  ces  deux  mou- 
vemens une  fois  etablis,  fe  produifent  I'un  I'autre  alternativement  pendant 
hi  vie ,  qui  commence  par  l'infpiration  &  finit  par  I'expiration, 

Dans  I'expiration  la  poitrine  fe  refferre;  en  fe  relFerrant  elle  prelfe  !e 
corps  du  poumon  ,  &  par  cette  preflion  elle  determine  chacune  des  parries 
de  ce  vifcere  a  fe  refTeriisr  aufli  par  les  fibres  chainues  dont  ellesfcn:  munies. 


A<:  A  D  6m  IrQ  U  E.  jtfj 

Tar  ces  d«ux  moyens  I'air  eft  clia(Fe  dcs  veficules  &c  des  bronches  du  poumon,  - 


&  poude  liors  du  corps  par  la  bouche  &  par  le  nez.  _ 

Les  mufdesdu  ventre  en  fe  contradant  en  mcme  terns  que  ceux  qui  ref-    ms'scixncis^ 
ferrent  la  poitrine,  concourent  a  la  mcme  adion  :  en  effet  en  poud'ant  les      de  P-ARrs. 
parties  enfermces  dans  la  capacite  centre  le  diaphragme ,  ils  prellent  le  pou-    j^nnie  jti  j. 
mon  en  le  poulTant  de  bas  en  haut ,  pendant  que  les  cotes  le  prellent  par  les 
-Cotes,  tk  le  fternum  par  devant. 

L'infpiration  &  I'expiration  dans  I'ctat  nature!,  fe  font  d'une  maniere  ai- 
fce,  douce,  egale  &  reguliere  ,  au  lieu  que  dans  I'ctat  contre  nature,  ces 
deux  mouvemens  fe  font  difficilement ,  avec  violence,  &  d'une  maniere 
precipiree  &  irreguliere.  En  etfet,  lorfque  la  poitrine  eft  bleftee,  fur-tout 
ii  la  plaie  penetre  dans  la  capacite,  &:  encore  davantage  fi  clle  entame  le 
,poumon ,  il  fe  glilTe  de  I'air  &  s'epanclie  du  fang  par  ces  plaies  dans  la  ca- 
pacite, qui  gcnent  &  fatiguent  ce  v;fcere,  Sc  I'empcchent  de  fe  dilater  a  fon 
ordinaire  ,  parce  que  cesdeux  liquides  epanches  occupent  une  partie  de  I'ef- 
pace  que  ce  vifcere  devoir  occuper  feul. 

Pour  lots  le  bieffe  fait  maciiinalement  des  refpirations  plus  promptes, 
plus  frequentes  &  plus  fortes,  mais  moins  grandes,  d'ou  il  refulte,  fans  qu'il 
y  peiife,  une  efpece  de  compenfation,  c'eft-a-dire  qu'il  re^oit  plus  d'air 
dans  le  poumon ,  &c  qu'il  fe  trouve  foulage  en  quelque  maniere. 

Pendant  ces  deux  mouvemens  violens,  fur-tout  pendant  celui  de  I'expira- 
tion ,  I'air  epanchc  par  la  plaie  dans  la  capacite  de  la  poitrine  ,  preft^e  8c  poufte 
fortement  de  tous  cotes,  fait  effort  pour  s'echapper.  II  s'cchappe  enlin  dans 
les  plaies  penetrantes  llmples  par  I'ouverture  qui  eft  dans  la  pievre  ,  les  muf- 
cles  iiitercoftaux,  &c.  &  dans  les  plaies  penetrantes  compofees,  ii  s'echappe 
&  par  I'ouverture  de  la  pievre ,  &  peut-etre  par  celle  qui  eft  dans  le  poumon. 

Si  I'air  qui  s'echappe  de  la  capacite  de  la  poitrine  par  I'ouverture  de  la 
pievre ,  ne  trouve  pas  ouvert  le  refte  de  la  route  qui  lui  a  donne  entree  d«ns 
cette  capacite  parce  quelle  eft  bouchee  &  fermee  en  quelqu'endroit ,  foic 

t(ar  un  arrangement  nouveau  des  chairs  coupees,  foit  par  leur  reunion  :  pour 
ors  cet  air  cherche  a  fe  faire  d'autres  voies  a  travers  les  premieres  parties 
qui  fe  prcfententiil  force  peu  a  peu  &  les  liens  qui  les  attachent  eiitr'el- 
les,  &  ceux  qui  tiennent  ctroitement  jointes  enfemble  les  fibres  dont  ces 
parties  font  compofees  j  il  fepare  &  ecarte  les  unes  des  autres ,  &  les  oblige 
a  ceder  a  fon  effort  &  a  lui  donner  paftage  :  de  ces  parties  il  paffe  a  d'autres 
plus  eloigneesfoutenu  par  un  autre  air  qui  fans  celte  le  pouflTe  par  derriere. 
Celui-ci  eft  poulle  par  un  troi.leme  &c  ainfi  de  fuite ,  &  d'interftices  en  in- 
lerftices,  la  plus  grande  partie  de  cet  air  parvient  enfinjufqu'a  la  peau  oail 
eft  arrete  par  la  denfite  &  I'epailTeur  de  cette  membrane  ,  pendant  que  I'autre 
demeure  en  chemin  dans  les  Intervalles  des  parties  ou  deleurs  fibres. 

L'air  qui  parvient  jufqu'a  la  peau,  fe  loge  principalement  dans  les  cellu- 
les de  la  grailfe  qui  eft  au-delTous,  lescteiid,  s'y  accumule,  fouleve  la  peau  , 
&  forme  avec  celui  qui  eft  atrete  dans  les  interftices  des  autres  parties,  ki 
lumeur^qu'on  appelle  emphyfeme,  d'ou  il  parok  que  Je  poumon  pioduit 
ici  le  meme  effet  que  le  foufflet  que  le  Bouclier  emploie  pout  detacher  plus 
facilement  la  peau  d'un  veau  ou  d'une  autre  bete. 

L'air  qui  dans  les  plaies  penetrantes  compofees  s'infinue  de  la  capacite  de 

B41J 


5<f4 


COLLECTION 


=  1 


a  poitrine  dans  le  poumon  par  la  plaie  de  ce  vifcere ,  peut  gagner  infend- 

AcAD.  RoYALE  blement  les  racines  des  veines  &  des  vailTeaux  lymphatiqiies ,  fe  porter  dans 

D£s  Sciences    lesrameaux,  les  branches  &  le  tronc  de  la  veine  pulmonaire,  &  enfin  au 

DB  Paris.  -ilj  j  -i-  rr  , 

ventricule  gauche   du  coeur  :  de  ce  ventncule  ,  cet  air  peut  palTer  par  le 

■linnec  iyi}.  rnoyen  des  arteres  jufqu'a  la  peau;  la  peut  s'echapper  par  les  glandes  de 
la  graifle  dans  fes  cellules ,  ou  fe  melant  avec  I'air  qui  y  eft  porte  par  la  pre- 
miere voie,  il  concourt  avec  lui  a  la  produftion  dumcme  emphyfeme.  L'ex- 
perience  nous  apprend  que  dans  les  emphyfemes,  le  pus  contenu  dans  la 
capacite  de  la  poitrine,  palTe  dans  les  poumons  par  les  racines  des  veines, 
qu'il  fe  porte  dans  les  reins  &  fort  du  corps  avec  les  urines. 

L'emphyfeme  qui  fuit  les  plaies  pcnetrantes  fimples,  ne  fauroit  etre  ni 
conliderable ,  ni  dangereux  ,  parce  que  I'air  qui  le  produit  eft  en  petite  quan- 
tite  ,  qu'il  fe  diflipe  bien-tot  par  la  chaleur  &c  le  mouvement  des  parties  voi- 
fines ,  &  qu'il  ne  fauroit  etre  reparc  par  un  nouveau  ,  la  voie  par  oil  ce  noa- 
vel  air  pourroit  etre  porte  du  dehors  du  corps  dans  la  capacite  de  la  poitrine, 
fe  fermant  apres  la  formation  de  cet  emphyfeme  en  quelqu'endroic  de  fon 
etendue. 

Pour  l'emphyfeme  qui  furvient  aux  plaies  pcnetrantes  compofees ,  il  elV 
aife  de  concevoir  qu'il  peut  devenir  bien  plus  confiderable.  Cet  emphyfe- 
me a  non-feulement  pour  caufe  le  mevne  air  que  les  plaies  pcnetrantes  fim- 
ples, mais  encore  celui  qui  s'echappe  continuellement  du  poumon  par  lai 
plaie  de  ce  vifcere. 

Cet  emphyfeme  peut  durer  autant  que  la  vie  du  bleffe ,  parce  qull  ne  vie 
qu'autant  qu'il  refpire,  qu'il  ne  peut  refpirer  que  fon  poumon  ne  fe  dilate 
Sc  ne  fe  rellerre  alternativement ;  or  le  poumon  ne  peut  fe  dilater  que  fa 
plaie  ne  s'entr'ouvre,  ni  la  plaie  s'entr'ouvrir  qu'il  ne  s'echappe  de  nouvel 
air  dans  la  capacite  de  la  poitrine,  &  qu'il  ne  s'y  en  echappe  autant  qu'il 
en  faut  pour  faire  dnrer  l'emphyfeme  durant  la  vie  dublefle,  a  moins  c]ue 
la  plaie  du  poumon  ne  vienne  a  fe  guerir,  ce  qui  eft  difficile,  tant  a  caufe 
du  mouvement  continuel  de  ce  vifcere  ,  qu'a  caufe  que  I'air  enferme  dans  la. 
capacite  de  la  poitrine  I'irrire  continuellement.  Dans  I'expiration  le  pou- 
mon eft  prefle  par  les  parties  qui  I'environnent ,  Si  il  fe  re(Terre  par  fes  pro- 
pres  fibres  charnues,  deux  caufes  qui  doivent  donner  lieu  a  I'air  de  s'echap- 
per du  poumon  par  fes  veficules  ouvertes,  de  paffer  dans  la  capacite  de  la 
poitrine ,  &  de  fournir  de  quoi  entretenir  l'emphyfeme. 

Voici  a  prefent  mon  obfervation.  Un  homme  age  de  trenre  ans,  d'une 
conftitution  fort  fanguine  ,  trescharnu  &  d'nne  vigueur  extreme,  recut  im 
coup  d'epee  a  la  poitrine  dont  il  mourut  cinq  jours  apres  :on  I'auroit  peut- 
etre  fauve  s'il  avoir  voulu  fouffrir  I'operarion  de  I'empyeme. 

Durant  fa  maladie,  il  lui  furvint  un  emphyfeme  d'ane  grandeur  monf- 
trueufe  ;  on  le  faigna  fix  a  fept  fois  parce  qu'il  crachoit  du  fang  &  qu'il  ne 
pouvoit  refpirer  qu'en  faifant  des  efforts  de  la  detmere  violence,  &fur-tour 
pendant  les  derniers  jours. 

Le  blefte  etaht  morr  j'ouvris  foncadavre,  j'en  examinai  principalement 
,,  troischofes:  i".  I'emphyfime,  z".  lesyeux,  &  3".  ha  poitrine  avec  fa  plaie. 

L'emphyfeme,  qui  d'ordinaire  n'a  que  deux  a  uois  pouces  d'epaiffeut 


A  C  A  D  t  M  I  Q  U  E;  j(fj 

&  qui  n'occupe  qu'une  parrie  de  I'liabitude  de  la  poitrine,  etoit  dant  ce  ca-  „^___^i,,^l^ 

davre,  cpais  de  onze  pouces  ,&  occupoit  toute  I'habitude  ducorj^s  ,  exceptc  "  ~ 

la  plante  des  pieds  ,  le  dedans  des  mains  &  la  partie  fuperieure  de  la  tcte.        Acad.  Ro  yale 
,,  '     ■      I      '     •    /      I  .         n.  '  J  '^    J       »   '  J    1      1  •         Drs  Sciences 

II  etoit  plus  epais  lur  la  poitrine  qn  au  relic  du  corps ;  du  cote  de  la  plaie ,       ^j  jJAms. 

que  du  cote  oppofe  ,  ^  par-devant  que  parderriere  ;  il  avoit  onze  pouces     . 
d'epailTeut  fur  la  poitrine,  neuf  fur  le  ventre  ,  6  au  con  &  4  dans  les  autres  "   '7'J' 

patties  du  corps.   La  plus  erande  partie  de  I'air  qui  produifoit  I'emphyfcme 
etoit  contenue  dans  les  cellules  de  la  grailFe  fitUL-e  fous  la  peau. 

Get  empliyfeme  etoit  plu5  epais  a  la  poitrine  qu'au  relte  du  corps,  parce 
que  I'air  qui  pouvoit  produire  rertipliyfemc,  devoir  fortir  de  la  capacitc  de 
la  poitrine  par  fa  plaie;  par  confcquent  cet  air  avoit  eu  plus  d'occafion  de 
fe  repandre  lur  la  poitrine  que  fur  les  autres  parties  du  corps. 

Le  nitme  emphyfeme  avoit  plus  d'cpailleur  a  la  partie  antetieure  de  la 
poitrine  &  du  ventre  qu'a  la  partie  poltcrieure  ,  parce  qu'il  y  a  naturelle- 
ment  beaucoup  plus  de  grailTe  a  la  partie  anterieure  fous  la  peau,  qu'a  la 
pofterieure ,  par  confcquent  plus  de  cellules  oii  eft  le  fiege  principal  de  i'em- 
phyfeme.  Outre  que  les  cellules  y  font  plus  nombreufes  ,  elles  y  font  en- 
core plus  grandes;  d'ailleurs  la  peau  audi  bien  que  les  membranes  qui  for- 
ment  les  cellules  de  la  graille,  font  plus  minces  &  dun  tillu  plus  lache  a  la 
partie  anterieure,  par  confcquent  elles  s'ctendent  plus  facilement ;  ainll  la 
peau  Sc  les  cellules  ont  du  moiiis  refifter  aux  efforts  de  I'air,  fe  l.iiiler  eten- 
ore  davantage,  en  recevoir  une  plus  grande  quantite,  £c  produire  une  tu- 
meur  plus  grolfe  qu'a  la  partie  pofterieute. 

Il  ne  s'eft  point  forme  d'emphyfeme  a  la  plante  des  pieds  ,  au-dedans  d«s 
mains,  ni  a  la  partie  fuperieure  de  la  tete  :  la  peau  en  ces  trois  endroits-Ii 
tient  plus  fortement  aux  parties  voilines  ,  8c  elle  y  eft  d'un  tillu  plus  epais  , 
&  plus  fetre.  D'ailleurs  les  membranes  qui  y  compofent  les  cellules  ,  font 
aufli  plus  denfes  Sc  plus  cpailfes  :  outre  cela  il  y  a  moins  de  grailFe  ,  &  cette 
grailTe  y  eft  plus  grolliere  &  plus  ferine.  Enfin  le  grand  eloignement  qu'il  y 
a  de  ces  trois  parties  a  I'origine  de  I'emphyfeme  ,  y  doit  entter  pour  qnelqne 
chofe,  car  il  faiit  que  Fair,  avant  qu'il  arrive  aux  parties  eloignees,  ait 
palTe  a  travers  un  grand  nombre  d'autres  ,  foit  par  les  interftices  des  parries, 
foit  par  la  voie  des  vailTeaux  ,  par  confequent  qu'il  ait  perdu  beaucoup  de  ft 
force  en  parcourant  ce  chemin  ;  cct  air  n'a  done  pu  y  parvenir  ou  y  conferver 
aflez  de  force  pour  y  dilater  les  cellules  de  la  grailTe,  elever  la  peau  Si  for- 
mer un  emphyfeme. 

On  peutattribuer  la  grandeur  monftrueufedecer  emphyfeme  principale- 
ment  a  trois  chofes. 

1°.  A  la  vigueur  extreme  du  blelTe  qui  etoit  a  la  fleur  de  fon  age  &  d'ur>e 
conftitution  fort  fanguine  Sc  trescharnue. 

1°.  Aux  efforts  violens  qu'il  a  faits  pendant  plulteurs  jours  pour  refpirar 
dans  fa  maladie;  efforts  qui ,  par  lenr  duree  &  par  leur  violence,  ont  pu 
fuffire  pour  faite  palTer  allez  d'air  dc  la  capacite  de  la  poitrine  a  toute  I'ha- 
bitude du  corps  ,  &c  y  produire  un  tel  emphyfeme. 

}°.  A  la  plaie,  en  ce  quelle  intcreffbit  le  poumon,  &  qn'elle  y  etoit  affez 
longue  pour  qu'il  y  euc  dans  ce  vifcere  allez  de  velicules  ouvertes,  &  qu'il 


jiftf 


COL  LECTION 


s'eneckappat  dans  la  capacite  de  la  poictine,  aflez  d'air  pour  produire  un 


AcAD.RoYALE  emphyfeme  de  cette  grandeur. 


DEs  Sciences 
DE  Paris. 

Annec  i-ji}' 


Les  yeux  dans  ce  cadavre  etolent  (\  gros,  qu'ils  fortoient  en  partie  dc 
leurs  orbites;  j'en  detachai  un  d'abord  ayant  eu  foin  d'en  Her  a  nceud  cou- 
lanc  les  vailTeaux  avant  que  de  les  couper.  Cet  ceil  avoic  feize  lignes  de  dia- 
metre  ;  il  etoit  leger  &C  tendu  comme  un  balon ;  puisje  fisptomptennent  la- 
cherles  vaifTeauxlies,  &  jepreffai  ce  globe  en  meme  terns  entre  mes  doigts; 
ilen  fortit  d'abord  de  I'air  avec  impetuofice,  &  fur  la  fin  ,  a  force  de  le  pref- 
;fer  ,  il  en  fortit  quelques  petites  gouttes  de  fang  qui  etoit  fort  vermeil.  Ce 
globe  diminua  de  plus  de  la  moitie  de  fon  volume  durant  la  predion  ;  mais 
il  en  reprit  une  partie  peu  de  terns  apres,  apparemment  pat  la  rarefadlion 
de  lair  qui  y  etoit  refte. 

Enfuite  j'ouvris  lememe globe,  i'y  trouvai  peu  defang,  I'humeur  vitree 
etoit  a  demi- fondue  ,  &  I'aqueufe  etoit  plus  fluide  qu'elle  n'a  coutume  d'e- 
tre.  Je  remarquai  de  petites  bulles  d'air  dans  I'une  &  I'autre  de  ces  hu- 
meurs  ,principalementdans  la  vitree,  oii  vraifemblablement  il  avoir etear- 
rcte  pat  la  vifcofite  qui  lui  reftoit  encore. 

Je  procedai  de  la  meme  maniere  a  I'egard  de  I'autre  globe ,  ou  je  fis  ^  peu 
pr^  les  memes  remarques  que  dans  le  premier. 

Apr^s  avoir  examine  les  yeux,  je  paflaii  I'examen  de  la  poitrine  &  de  fa 
plaie. 

Avant  que  d'ouvrir  la  poitrine,  j'y  fis  un  trou entre  deux  cotes  vers  leur 
milieu ,  faifant  preffer  en  meme  terns  la  poitrine  &  le  ventre.  II  fortit  par  c« 
trou  une  alfez  grande  quantitc  d'air  en  forme  de  vapeurs  fort  puantes. 

Je  fis  enfuite  I'ouvemire  de  la  poitrine,  j'obfervai  qu'il  y  avoir  dans  la 
cavite  droite  environ  deux  paletres  de  fang  epanche  qui  etoit  purulent;  que  la 
plafe  penctroit  non-feulement  dans  La  capacite  ,  mais  auffi  dans  un  des  trois 
lobes  du  poumon  droit ;  que  les  detix  lobes  ou  le  coup  n'avoit  pas  porte , 
ctoient  lendus  &:  un  peu  enflammes;  que  le  lobe  bletfc  etoit  dor  &  noiratre; 
.que  la  plaie  etoit  encore  ouverte  dans  ce  globe,  qu'elle  avoit  fept  1  huit 
licrnes  de  longueur  fur  une  &  demie  de  largeur  ,  &  une  de  profondeur.  En- 
fin  la  plaie  etoit  audi  ouverte  a  I'endroit  de  la  plevre  &  des  mufcles  inter- 
coftaux  :  mais  elle  etoit  fermee  depuis  ces  mufcles  jufqu'a  la  peau  ou  il  pa- 
roilToit  uue  efpece  de  cicattice  d'environ  deux  lignes  de  longueur. 


:u.:;r 


M 


Sur  un  autre  Emphyfeme. 


j^,  j..  Mery  a  fait  auffi  I'hiftoire  d'un  emphyfeme  qu'il  avoit  vn.fem- 
iblabie  a  celoi  done  on  vient  de  pat ler.  Un  homme  de  60  ans  avoit  cte  ren- 
,v€tfe  p^r  un  carrolfe  dont  les. roues  lui  avoient  palfe  fur  la  poitrine.  Gn 
.reconnut  qu'il  avoitla  quatrieme  &  la  cinquieme  cotes  vraies  du  cpte  gau- 
che ,  rompues  dans  leur  partie  moyenne  ,  &  peu  de  terns  apres  onapper9rtC 
:au  meme  endrou  une  tumeur  affez  confiderable  caufee  par  un  air  renferme 
iftfus  la  peau.  On  n'appliqua  ni  remedes,  ni  bandage  ;  la  tumeur  alia  toii- 
jours  en  augmentant  ainfi  que  la  difficuhe  de  lefpitet  malgte  les  faignees 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  u  E.  ;(f7 

reiteries ,  &  le  makde  mourut  ie  qnacrieme  jour.   Son  cadiyrefut'oiiverc  ^_«^.^__»_ 

le  lendemain  matin  :  on  trouva  que  la  tumeur,  qui  ctoit  un  vcririble  em-   T  f^ 

phyfeme,  occupoit  tout  lexterieur  du  corps  a  li  r(fferve  dc  la  plante  des-    ^'s'sciences^ 

pieds  &  de  la  p»ume  dis  mains.   Le  refle  de  la  furface  ctoit  gontic  d'lin  air       vt  1'akis. 

qui  iayph  foosles  doigts  pour  peu  qu'on  prefsac  la  peaii.  Gn  fit^unc  incifion      j     i, 

a.  I'endroitide*  cotes  rompnes,  Sc  on  temarquaaux  mufcles  intercoftaux  une    -^""^  '7'  5» 

oilV€fture  prefque  imperceptible  &  fans  aucuneochymofe.   Enfinonoovrit. 

laipoitrine  &  Ton  trouva  une  petite  portion  de  la  niemlirare  qui  ervveloppe' 

le  poumon,  dechiree  :  d'une  prt  cilc-ctoit  unie  au  poumon  ,  &c  de  raiitre; 

elle  tenoic  a  une  partie  des  cotes  ronipues.   Ce  qui  parut  fort  linj^ulier, 

c'eft  qn'ii  ne  s'etou  ecoulc  aucune  gouttede  fang  du  poumondanr  la  capa- 

cite  de  la  poitrine. 

M.  M6ry  a-jug6  qne^  Kaipforriipar.la<pliie  dU-pSumon,  s'^poir  infinue 
peu  a  peu  &i  fucceflivement  dans  Ics  cellules  de  la  membrane  veficulaire- 
qui  eft  fous  la  peau  ,  &  cela  fans- aucune  violence:,  parcc  que ices! cellules,, 
qaoiqu'affailFees  dans  1  ctat  naturel  ,  (ont  cependant  ouvertes  &  difpofces  a 
s'etendrejufqu'aun  certain  point,  dememeque  cellesdu  poumon  du  fcrtus 
avant  fa  naiilance  :  &;  comnie  le  blelle  n'avoit  fenti; aucune  douleur  en  quel- 
qu'endroit  du  corps  que  Ton  prefsat  la  peau  fous  laquelle  on  fentoit  fuic 
I'air  ,  M.  Mcry  conclut  que  les  cellules  decette  membrane  veficulaire,  com- 
muniquent  toutes  enfcmble.  C'eft  ainfi  qti'eft  difpofc*  tine  membrane  panL-. 
cnliere  etendtie  fous  totite  la  peau  du  pelican  que  M.  Mery  a  autrefois  de-> 
couverte  :  elle  eft  pleine  dune  infinite  de  cellules  qui  fe  cornmuniquent  &C 
qui  resolvent  de  I'air  j  en  forte  quelle  eft  une  efpece  de  poumon  univetfel 
del'animal ,  oufi  Ton  veut ,  quel-animala  unemphyfeme  naturel. 


-fp 


u. 


Sur  des  D.cfcenus  de  J^eJJie. 


_   NE  defcente  d'inteftin  dans  le  fcrotum  eft  une  maladie  fort  commune  • 
maisunedefcentede  veflie  eft  fi  rare,  queM:  Mery, neconnoit  aucunAuteuf.' 
qui  en  ait  parle.  Lts  hommes  qui  en  font  att.^ques.ont  dans  le  fcrotum  une; 
tumeur  plus  ou  moins  confiderable  avec  fludtuation;    certe  tumeur  ctanc^ 
comprimee,  difparojt,  &  I'urine  forx  en  meme  renis  par  le  canal  def  la  ver-iJ 
ge.  Chez  les  femmes  le  fiege  de  la.tumeuceftentre  ranu»'&.  la  parti&  irrf^  ' 
rieure  de  I'orifice  externe  de  la  matrice  ;  &  une  funple  comprellion  de  cette 
tumeur  fair  couler  les  urines  par  la  voie  ordinaire  comme  cherles  hommes; 
M.  Mcry  ne  ctoit  pas  que  dans  cesefpecesde  defcentes,  la  veftie  foit  ainh 
fortie  de  fa  place,  patce  qii'elle  fe  fera  relacliee  comme uninteftin.  L'urine 
qui  la  reniplit  la  rend  trop  grofte  pour  pafter  par  les  anneaux  des  mufcles" 
dli  ventre  qui  font  fi  ctroits,  qu'ils  ne  font  capables  naturellement  que  de 
donnerpafflige  aux  vaiireauxfpermatiques  dans  I'homme,  &  aux  ligamenr' 
de  la  matrice  dans  la  femme,  &  qui  de  plus  font  fermcs  par  le  peritoine.' 

D'itlleurs  la  veftie,  lorfqu'elle  eft  dans  fa  place  naturelle,  eft  trop  forte- 
reent  attachee  aux  parties  voifines<pouv  pouvoir  tomber^  car  fon  fond  eft 
fijfpendu  parl'ouraqueal'ombjijcj  fes  cotcribnt  adherens  aux  attires  ombU- 


5^8  COLLECTION 

■  I  licales,  la  partie  anterieure  de  fon  corps  aux  aponevrofes  des  niufcles  du 

>\cAD.RoYALE  ^^""^"^^ '  ^  ^^  partie  pofterieure  an  peritoine.  Ce  n'eft  done  pas  felon  M. 
DES  Sciences    Mery  par  un  fimple  accident,  mais  par  un  vice  de  premiere  conformation , 
DE  Paris.       que  la  veffie  fe  trouve  ainfi  hors  de  fa  place  naturelle.  U  eft  bon  d'etre  averti 
Annie  171?.    1^^  cette  maladie  qui  eft  rare,  ell  neantnoins  poffible,  non  qu'elle  puiile 
ctre  guerie  ,  puifque  les  adherences  du  fond  de  la  veflie  avec  les  membra- 
nes du  fcrotum  ,  rendent  cetre  efpece  de  defcente  trcs-dudlible,  mais  parce 
qu'il  feroit  dangereux  de  la  prendre  pour  une  hernie  d'inteftin ,  &  que  Ton 
trouveta  plus  aifemenc  les  foulagemens  qui  y  conviennent. 


u. 


Sur  les  accidens  finguUcrs  d'unt  bhjjurc  ajfc[  Icgere. 


N  jeune  homme  avoir  re^u  un  coup  d'ipee  a  la  partie  fupdrieure  ante- 
rieure du  bras  droir  :  environ  trois  heures  apres  il  avoir  deja  une  fievre 
tr€S-ardente  ,  une  difliculte  de  refpirer  ,  &  une  douleur  de  poitrine  du  me- 
me  cote  de  fa  plaie  ,  Sc  fi  violente  ,  que  M.  Mery  crut  d'abord  que  la  capa- 
cite  de  la  poitrine  etoit  remplie  de  fang  ,  &  que  c'etoit  le  cas  de  I'operation 
de  I'empyeme.  Cependant  la  plaie  n'avoit  au  dehors  tout  au  plus  que  trois 
lignes  de  long  fur  demi-ligne  de  large  ,  &  parut  meme  aufli  reunie  que  I'in- 
cifion  d'une  faignee  faite  depuis  peu,  ce  qui  fit  que  M.  Mery  ne  jugea  pas  . 
a  propos  de  la  fonder  ,  etant  rcfolu  de  faire  I'operation.  Mais  ayant  enfuite 
jette  les  yeux  fur  la  poitrine  ,  il  apper^ut  fous  le  mamelon  droit  une  tumeur 
de  fept  a  huit  pouces  de  diametre  ,  Sc  de  plus  d'un  pouce  d'epnilFeur  ,  refif- 
rante  au  toucher ,  d'ou  il  conjeftura  que  la  plaie  du  bras  au  lieu  de  penecrer 
dans  la  poitrine,  s'etendoit  au  grand  tnufcle  pedtoral ,  d'autant  plus  que 
cette  tumeur  etoit  fans  lividice,  fans  fluAuation,  fans  emphyfeme ,  &c  que 
par  confequent,  ni  le  fang  ni  I'air  ne  ppuvoient  eh  etre  la  caufe.  Il  jugea 
done  que  le  tendon  du  mufcle  pectoral  ayant  ete  pique,  la  douleur  avoir 
deja  atrire  une  fluxion  defcrofites  fur  route  fa  partie  charnue  qui  couvre  le 
devanr  de  la  poitrine  ,  a  quoi  il  remedia  en  faifant  faigner  le  blsffe  trois  fois 
dans  les  vingt-quatre  heuies ,  &  en  appliquant  fur  fa  plaie  &  fttr  fa  tumeur 
une  comprefle  un  peu  epailfe  trempee  dans  parties  egales  d'eau  &  d'efprit  • 
de  vin,  Le  lendemiin  tous  les  accidens  etoient  beaucoup  diminues  ,i&  ati 
bo.ut  de  lmit,JQur£le;malade  fe  croava  parfaitement  gueri. 

;.    ;:>  '.'■   (.Diftnimo-)  tl.irih]  ,aii  •'.^.   ,  r.''.T._ 
«  ,;!;,'. '   -  ^  '  )  "j'lV'.i.',  I  •JlU.'jih:  1  v':  .'If  i.',  ,- : 

JlC'  ;         ,  ;^(rj.i3i)  sb?a3Jqj3  2S3  l.'IfD  :3iJp  ?..'; 

or;:..  .;  Aai\'izv:X>uJ6Bm^i,^si\fm».  -d un  ■avwgk.,. ,     i.i .   _,. 

■^.-Ipr-r,  '^'' •■:!'SOi:.,;i  ;  ,'.  '  ly'  '  '.•!■. '}  'i\'C'y^.  -  •  :5  \,-v:  r;!  n.  r.-iM  .'!  ,:,  . 
J^J.  Genti  j  Preir.e  d'unfegrande  vei'tn,.  crant  devenu  aveuglc  fur  la  fin 
de  fa  vie,legua  par  teftament  I?.s  deux  yeux  a  M.  Mery  pour  en  decoiiytir.les 
defauts,  &  faire  fervir  cette  decouverte  au  foulagement  de  ceux  qui  fe- 
roient  dans  le  meme  cas.  M.  Mery  les  ayant  examines  trouva  dans  I'un  la 
furface  anxerieur.e  du  cryftallin ,  ujceree ,  fon  corps,  ojpfcufci  ,  I'lujmeurn 
aqueiife  fort  trouble ,  &  la  rranCparence  du  corps  vitre,foxf  ^i^ijj^eejjPanst 

I'autre 


A  C  A  D  fe  M  1  Q  U  E.  ^c^ 

I'autre  rinimeur  aqueufe  ,  le  cryftallin  &  le  corps  vitre  n'avoient  perdu  quc'""'"^ 

fort  peu  de  luiir  tranfparence.   Dans  tous  les  deux  les  glandes  qui  environ-''^'-'^''-  I^oyale 

nenc  la  circonference  exterieure  de  I'iris ,  &  fiUrent  I'luiineur  aqueufe,  ''^^ ->^'t'^'^*s 

croient  plus  grolfcs  qu'elles  ne  font  ordinairemenr  j  une  phiie  luiilcufe  ex- 

trCmement  meime,  paroilfoit  rcpand  le  fur  leurs  humeurs,  &  les  neifsop-  -^""^^  i7'3« 

tiques  ccoient  fletris  au  point  que  Ton  ne   put  en  fairc  fortir  de  moclle, 

comme  on  en  fait  fortir  de  ceux  qui  fonr  dans  leur  etar  nature!.  Cette  fle- 

trilFure  des  nerfs  optiques,  a  paiuiM.  Mcry  la  ptincipale  caufe  de  I'aveu- 

flement  de  M.  Genti ,  lequel  fins  ce  dctaut  autoit  pu  voir  de  I'oeil  dont  les 
iimeurs  avoicnt  a  peu  prcs  conferve  leur  tranfparence  ordinaire. 


Sur  un  ajfoupijfement  extraordinaire. 

Par    M.    I M  B  £  R  T. 

\J  N  gargon  Charpentier  d'environ  45"  ans ,  d'un  temperament  fee  &  ro- 
bulle  ,  apprenant  qu'un  autre  Charpentier  avec  qui  il  avoir  eu  querelle  peu 
de  rems  auparavant,  etoit  tombe  d'un  batiment  &  s'etoit  tue,  fut  faifi  de 
cette  nouveile  ;  il  fe  profterna  le  vifage  centre  terre  &  s'alToupit  infenfibie- 
ment.  II  rella  dans  cet  adoupilTement  complet  pendant  deux  mois  entiers 
fans  donner  aucune  marque  de  mouvement  ni  de  fentiment,  ayant  la  refpi- 
ration  libre,  le  pouls  petit  &  lent,  mais  egal ,  les  yeux  fermes  nuit  &  jour 
&  temuant  fouvent  les  paupieres  :  fes  bras  reftoient  dans  la  fituation  oii  on 
lesmettoit,  mais  non  les  autres  parties  du  corps.  Quelques  cuillerees  de 
vin  pur  furent  fa  feule  nourriture  pendanr  tout  ce  temsla  ;  mais  les  rsmedes, 
&  les  remedes  les  plus  cnergiques  ne  lui  furent  pas  cpargncs  :  faignees  du 
bras  ,  du  pied  &  de  la  jugulaire,  ptirgatifs,  emeiiques,  volatils,  fangfues, 
veficatoires,  toutcela  ne  put  le  reveilier  qu'au  bout  des  deux  mois,  encore 
ne  fut-ce  que  pour  un  feul  jour,  apres  quoiil  fe  rendormit  pour  deux  autres 
mois  ,  mais  d'un  fommeil  moins  profond  j  car  il  donna  par  intetvalles  quel- 
ques marques  de  fentiment ,  tantot  ferrant  les  mains  a  fa  femme  ,  &:  tantot 
fe  plaignant  doulouteufement,  ce  qui  arrivoit  quand  on  avoit  etc  plufieurs 
jours  fans  le  purger,  prenanr  routes  les  nourritures  qu'on  lui  donnoit,  mar- 
quant  beaucoup  de  gout  pout  le  vin,  &:  enfin  ayant  I'attention  de  ne  plus 
gater  fon  lit  ,  &  de  s'avancer  fur  le  bord  011  ctoit  une  toile  ciree  mife  expres  , 
aprcs  quoi  il  fe  remettoit  a  fa  place.  Il  avoit  au  refte  les  yeux  toujonrs  fer- 
mes,  &  reftoit  immobile  foit  dans  fon  lit,  foit  dans  un  fauteuil,  lots  mc- 
me  qu'on  le  rafoit.  Enfin  on  s'avifa  de  le  jetter  tout  nud  dans  un  baflin  d'eau 
froidej  il  paiut  furpris,  ouvrit  les  yeux,  regarda  fixement ,  mais  ne  parla 
point.  Dans  cet  etat  fa  femme  le  fit  tranfporter  de  la  Charite  chez  elle,  oil 
fans  faire  aucun  remede  ,  il  fe  reveilla  par  degres. 

M.  Homberg  avoit  lu  en  1707  I'extrait  dune  lettre  Hollandoife  impti- 
mee  dGaude,  conteuant  I'iiiftoire  d'une  letargie  de  fix  mois,  preccd^e  d'liiie 
affedtion  mclancholique  de  trois  ,  caufee  par  le  chagrin.  Au  bout  des  fix 
mois ,  le  Ictargiqne  fe  reveilla,  s'entretint  avec  tout  le  monde  &  fe  rendor- 

Tonii  III ,  Panli  Frangoife,  C  4 


570  COLLECTION 

^_^^^^;«-  mic  vingtquatre  heures  apres;  peut-erre  dort-il  encore,  da  moins  n'a  ton 
Acad  Royale  point  eu  de  nouvelles  de  foil  fecond  reveil. 
DEs  Sciences 
DE  Paris.  ■    ■ '■ ' 

Annci  1 7 1 3 . 


u. 


Sur  la  Fiftulc  lacrymak. 


_'ne  humeur  qui  arrofe  continuellement  les  yeux  &  dont  I'ufage  eft 
d'entretenif  la  nettete  &:  la  tranfparence  de  la  cornee  ,  a  fa  decharge  par 
deux  ouvertures  tres-petites  &  prefque  imperceptibles  pratiquces  vers  le 
grand  angle  de  I'oeil  \  elles  s'appellent  points  lacrymaux  :  ce  font  deux  orifi- 
ces du  fac  lacrymal,  conduit  allez  large  par  rapport  a  rextreme  petittfle  de 
ces  deux  ouvertures.  ll  y  en  a  une  ttoiiieme  tort  petite  aufli  qui  penetre 
dans  la  cavite  du  nez ,  &  y  potce  la  liqueur  qui  a  ece  regue  dans  le  fac  la- 
crymal. Ce  fac  forme  d'une  membrane  glanduleufe  pent  aufli  filtrer  une  li- 
queur qui  fe  joigne  a  celle  que  loeil  a  fournie.  Si  une  joie  ou  une  triftefTe 
extraordinaires  rendent  plus  abondante  la  liqueur  de  losil,  ou  relFerrent  les 
deux  petites  ouvertures  par  ou  eUe  doit  fortir  ,  elle  reflue  dans  I'oeil,  s'y 
amalTe  &  forme  les  larmes.  Si  I'onfice  qui  s'ouvre  dans  le  nez  vient  a  fe 
boucher  ,  toute  la  liqueur  s'amatle  dans  le  fac  lacrymal,  le  dilate  par  fa  trop 
grande  quantite  ,  I'ulcere  parce  qu'elle  fe  corrompt  en  fejoulnant,  &  peuc 
enfin  ronger  &  carier  I'os  ou  le  fac  eft  renferme.  L'abondance  de  cette  li- 
queur corrompue  fait  qu'elle  reHue  dans  I'oEil  par  les  points  lacrymaux,  & 
ceftla  ce  qu'on  appelle  une  fiftule  iacrymale.  M.  Anel,  Chirurgien  de 
Madame  Royale,  mere  du  Roi  de  Sicile,  a  imagine  un  moyen  de  guerir 
surement  cette  forte  de  fiftule  ,  &c  avec  toute  la  douceur  pollible,  poutvu 
qu'elle  n'ait  pas  encore  carie  I'os. 

ll  faut  d'abord  reconnoitre  fi  elle  ne  I'a  point  carie,  &:  en  quel  etat  eft 
le  fac  lacrymal.  Pour  cela  il  a  penfe  qu'on  pourroit  faire  une  fonde  fi  deli- 
cate qu'elle  s'introduiroit  dans  I'un  ou  I'autre  des  points  lacrymaux ,  ou  a 
peine  une  foie  de  fanglier  pent  entrer.  La  diflicultc  feroit  moindre  fi  Ton 
pouvoit  donner  une  pointe  tres-fine  a  cette  fonde ,  mais  elle  piqueroit  &  de- 
chireroit,  &  il  faut  au  contraire  qu'elle  porte  un  petit  bouton  de  figure  d'o- 
live  &  fort  poll ,  plus  gros  que  toute  la  tige  de  la  fonde  ,  &  qui  doit  cepen- 
dant  entrer  par  le  point  lacrymal.  M.  Anel  porte  ce  nieme  bouton  a  I'orifice 
que  le  fac  lactymal  a  dans  Ic  nez,  &  en  le  pouftant  centre  les  matieres  qui 
font  I'obftrudion  ,  il  les  chalfe  de  cet  orifice ,  le  debouche  ,  &  patli  enleve 
la  caufe  du  mal.  Aptes  cela  il  ne  faut  plus  que  remedier  par  des  injections 
de  liqueurs  a  la  dilatatioii  exceffive  du  fic  lacrymal ,  ou  aux  ulceres  qui  s'y  fe- 
ront  formes,  &  ces  iniedions  qui  ne  fe  peuvent  faire  que  par  les  points  la- 
crymaux ,  demandcnt  des  tuyaux  d'une  finefte  eNtreme  ,  &  encore  plus 
etonnans  que  les  fondes  qui  ne  font  pas  creufes.  L'extremite  la  plus  fine  des 
tuyaux  doit  etre  d'or  :  avec  ces  inftrumens  M.  Anel  a  fait  plufieurs  cures 
heureufes. 


%^^ 


A  C  A  D  i  M  I  Q  U  E.  571 


Sur  des  os  trouvcs  dans  la  dure-mtre.  Acad. Royals 

MDES  Sciences 
.  LiTTRE  en  ouvrant  la  tece  d'un  jeune  homme  de  19  ans ,  mort  en       de  Paris. 

quaere  heures  d'une  bledure  cju'il  s'ctoit  faite  par  une  chiite,  trouva  deux  ^/Innh   171}. 

petits  corps  olfeux  fitucs  a  un  pouce  I'un  de  I'autre,  au  cote  droit  du  finus 

longitudinal  fupcrieur,  entre  quelques  plans  de  fibres  dc  la  dure  mere.  Us 

etoient  a-peu-pres  ronds  ,  de  4  a  5  lignes  de  diametre  ,  herillcs  de  diverfes 

pointes  peu  diftantes  les  unes  des  autres,  longues  d'environ  une  ligne  ,  & 

tres-fines  a  leur  extremitc  ;  elles  per^oient  prefque  toute  U  partie  interieure 

de  la  dure-mere,  &  pafToient  d'un  tiers  de  ligne  au-dela.  A  cette  vue  ^f. 

Littre  ju^ea  que  ce  jeune  homme  devoir  avoir  eu  depuis  un  terns  des  mauz 

de  tete  qui  alloienc  en  augmentant ,  &  cela  fe  trouva  vrai  :  ils  eulTent  eti 

abfolument  incurables,  SceulTent  bien  pu  deveniraccidensepileptiques. 


U. 


Sur  un  Foetus  monjirueux. 


NE  femme  accoucha  a  neuf  mois  d'un  garcon  bien  ncurri  &  bien  con- 
■forme,  a  la  tete  prcs.  Les  difFerens  os  qui  en  font  la  ciiarpente  n'ctoient  :ii 
dans  la  fuuation  ,  ni  de  la  grandeur,  ni  de  la  figure  ordinaires  ;  &  fur  le 
haut  de  cette  tcte  mal  conftruite  etoit  un  creux  rempli  par  une  tumeur  qui 
relTembloit  parfiiirement  &  par  fa  figure  Sc  par  fa  couleur  a  un  rognon  de 
boeuf.  L'enfant  vecut  fix  heures  ,  mais  il  n'eut  que  des  mouvemens  fort  foi- 
bles. M.  Ronaut  I'ayant  ouvert,  ne  lui  trouva  ni  cerveau ,  ni  cerveler ,  &  U 
moclle  de  I'epine  ne  commengoit  qu'a  la  troifieme  vertebre  du  cou;  de  la 
la  foibletTe  des  mouvemens  &:  la  prompte  mort.  La  mere  ne  manqua  pas 
de  fe  rappeller  qu'etant  groITe  de  5  ^  mois  ,  elle  avoir  eu  envie  d'un  rognon 
de  boeuf,  que  fon  envie  n'avoit  point  ete  fatisfaite  ,  quelle  avoit  portc  fa 
main  fur  fa  tete ,  &c.  &  M.  Rouaut  ne  manqua  pas  de  donner  une  explica- 
tion du  tout,  laquelle  participoit  necelfairement  de  Tincertitude  dts  fairs 
a  expliquer.  La  feule  chofe  qui  paroilTe  bien  sure  dans  tout  ceci ,  c'eft  la 
conformation  irreguliere  de  la  tete  de  l'enfant. 


Sur  Ics  Valvules  Sigmoides. 

I  I'f.  F  F  o  R  T  par  lequel  le  coEur  en  fe  conrradtant  poufTe  le  fang  dahs  les 
arteres,  ne  fuffiroit  pas  pour  le  faire  aller  jufqu'aux  extremites  de  ces  vaif- 
feaiix  fi  longs  J  fi  etroitsdans  la  plusgrande  partie  de  leur  etendue,  &  fi  tor- 
tueux.  Il  faut  encore  qu'apres  que  le  co?itr  s'eft  contra<fl:e,  les  arteres  elles- 
memes  fe  contraiflent  &:  achevent  de  poulTer  le  fang  ;  mais  il  eft  vilible  que 
par  cette  adlion  elles  le  renvoienc  autant  vers  le  coeur  qu'elles  le  poulTent 
vers  leur  extremite,  ce  qui  eft  pourtanr  la  feule  direction  qu'il  doit  avoir. 
L'ufage  des  valvules  figmoi'des  eft  de  I'y  mainrenir  ;  ces  valvules  au  nombre 
de  trois  fe  trouvent  a  la  nailFance  de  I'aorre  ;  elles  font  faites  comme  de  pe- 
lits  capuchons  Sc  difpofces  de  maniere  que  quand  le  fang  fort  du  ccrut  il  les 

C4  >i 


571  COLLECTION 

'  "  applatit ,  &  qus  s'il  fe  prefentoic  pour  y  rentrer  il  les  rcmpliroit  Sc  lej  gon- 

AcAD.RoYAiE  fl'^'^°''^  j  ce  qui  fait  qu'elles  ne  s'oppofent  point  afa  fortie,  mais  feulement 

DES  Sciences   a  fon  rctour.   La  figure  circulaire  qu'elles  our  quand  elles  s'enHent,  ne  per- 

DE  1  ARis.       met  pas  qu'elles  ferment  exaftement  renrrce  du  coeur;  mais  leur  nombre 

AnnU   1 71  5.     fait  qu'elles  la  ferment  fuffifamment ,  qu'elles  empechent  un  reflux  confide- 

rable  &  nuifible  a  la  circulation. 

M.  Littre  a  cru  que  dans  une  femme  qu'il  a  ouverte,  le  dcfautd'une  des 
valvules  iigmoides  a  cte  la  caufe  d'une  mort  prefque  fubue,  plutot  qu'une 
hydropilie  alFez  legere.  Cette  valvule  s'etoit  collee  contre  le  tronc  de 
I'aorte  ,  &:  par-la  ne  pouvoit  plus  recevoir  de  fang  ni  faire  fa  fondtion.  Aii- 
delfus  de  cette  valvule  etoit  un  ulcere  fupecfiriel  j  le  ventricule  gauche  dix 
co;ut  fut  inonde  par  la  quantite  de  fang  qui  refiuoit  &  hers  d'etat  d'exercet 
fes  mouvemens.  ' 

Sur  U  mouvement  des  intcjlins  dans  la  pajjion  iliaque  ,  par 
M.  Haguenot,  de.  la  Socicti  Royale  des  Sciences  de  Mont- 
pellier. 

P  1  E  s  experiences  qu'on  a  faites  dans  ces  derniers  terns  fur  le  vomi(Temenr, 
&  qui  prouvent  qu'il  ne  depend  point  de  la  contradtion  violente  &  antipe- 
riftaltique  de  I'eflomac,  m'ont  donne  occafion  de  faire  les  experiences  fui- 
vantes  pour  determiner  fi  le  vomilfement  ftercoreux  qui  arrive  dans  la  paf- 
fion  iliaque ,  eft  nn  efFet  du  mouvement  renverfe  Sc  antiperiftakique  des  in- 
teftins.  J'en  doutois  beaucoup  avant  de  faire  aucune  experience  :  i '■\  par- 
ce  qu'il  me  paroifloit  dur  d'admettre  en  meme  terns  dans  les  memes  inteftins 
deux  mouvemens  oppofcs ,  I'un  de  bas  en  haut  au-delfus  de  I'obftrudtion  , 
pour  produire  le  vomillement  ftercoreux  ,  Si  I'autre  de  haut  en  bas  au-def- 
fous  de  la  nieme  obftrudtion  ,  pour  produire  les  dejections  ordinaires  qui  ne 
font  pas  toujours  interrompues  dans  la  paflion  iliaque. 

2°.  Parce  que  fi  les  matieres  fecales  etoient  portees  de  bas  en  haut  par  le 
mouvement  antiperiftakique  desboyaux,  le  vomilfement  ftercoreux  arrive- 
roit  pen  de  tems  aprcs,  c'eft  a-dire  des  que  la  mariere  ayant  atteuit  I'obf- 
trudtion  auroit  determine  dans  cette  hypothefe  le  renverfenient  du  mouve- 
ment ordinaire ,  ce  qui  eft  contraire  a  toutes  les  obfervations. 

j°.  Parce  qu'il  me  paroilfoit  beaucoup  plus  naturel  de  regarder  le  vomif- 
fement  ftercoreux  comm.-  un  regorgement  des  matieres  arretees  dans  la  par- 
tie  fuperieure  du  tube  inteftinal  par  une  obftrudtion  quelconque,  lefquelles 
matieres  remplilfant  cette  portion  des  inteftins  au  bout  d'un  certain  tems  , 
&  fe  trouvant  preftees  par  I'adtion  des  mufcles  de  I'abdomen  &  par  celle  du 
diaphragme  ,  ne  trouvant  d'ailleurs  aucune  iffue  par  en  bas  ,  font  forcees  de 
refluer  vers  le  haut  Sc  de  fortir  par  I'cxtrcmite  fuperieure  qui  eft  ouverte  j 
mais  c'etoit  a  I'experience  a  conSrmer  ou  a  detruire  mes  conjtdlures. 

Pqur  fivoir  feulement  fi  les  inteftins  etoient  remplis  dans  le  miferere , 
I'ouvetture  des  cadavres  de  perfonnes  mortes  de  cette  maladie  ,  eiit  ete  de- 
cifive  J  mais  la  rarecc  des  occafions  &  la  repugnance  mal  entendue  des  fa- 


A  C  A  D  fe  M  I  Q  U  E.  575 

nillles  m'interdif^nt  ce  moyen  ,   j'eus  recours  a  la  difTection  des  aniinaux  ,  - 

d'autaiu  plus  volonticrs  que  faifant  mes  experiences  fur  les  animanx  vivans,  Acad.  Roy  ale 

j'elpeiois  dccouvrir  daiiemonc  C\  le  mouvemenc  ctoit  aiuipctilbltique  dans    r>£S  Sciences 

le  terns  menie  du  vomiirement  llercoreux  ;  &  comme  je  favois  que  le  itidu-       ^^     aris. 

vement  des  inceftinseft  plus  fcnfible  dans  les  chats  que  dans  les  cliiens ,  je    AnnU  171  ;• 

pris  une  chntte  que  j'actacliai  fur  une  table  a  trois  heures  du  foir;  je  lui  ou- 

vris  Wibdomin  felon  la  longueur  de  la  ligne  blanche  ,  alTez  pour  donne'r  paf- 

fage  aux  intcftins:je  les  examinai  pendant  quelque  terns  fans  obfeivcr  le 

momdre  mouvement.   Le  feul  que  je  pus  decouvnr  avec  ma  loupe,  &  en 

piquant  en  meme  terns  les  inteftins,  fut  un  trenioulTement  trespeu  confi- 

derable;  mais  comine  le  but  de  mes  recherches  ne  fe  terminoit  pas  la,  & 

qu'il  ne  s'agilloit  pas  cant  du  mouvement  periftaltique  que  de  celui  qui  y 

eft  oppofe ,  je  lui  fis  la  li2;ature  de  ViUum ,  Sc  recoufis  la  plaie  ,  puis  je  fis 

manger  la  chatte  dans  I'efpcrance  de  la  voir  vomir  bientot  aprcs ;  mais  a 

fept  heures  du  foir  elie  n'avoit  pas  meme  encore  eu  de  naufees;  je  la  deta- 

chai  done  &c  la  mis  dans  un  fac  oil  elle  put  inanger  en  liberie.  Je  reconnm 

le  lendemain  matin  qu'elle  avoit  vomi  pendant  la  nuit  les  morceaux  de 

viande  qua  je  lui  avois  fait  avaler  la  veille  ,  lefquels  avoient  pris  rodeut  de 

la  fiente  de  chat.    Je  ne  pus  done  ctte  temoin  de  ce  qui  fe  palfoit  a  I'mtc- 

rieur  dans  le  terns  du  vomilfement;  Sc  d'ailleurs  trouvant  la  chatte  prefque 

fans  force  &  trop  foible  pour  pouvoir  vomir ,  je  rouvris  I'incifion  pour  ob- 

ferver  les  inteftins ;  je  les  trouvai  remplis  depuis  la  ligature  jufqu'au  pylore. 

Pour  ce  qui  eft  de  leur  mouvement ,  je  n'en  remarquai  aucun  avec  la  loupe  , 

&  en  les  piquant  je  ns  voyois  qu'un  tremoufTement  preTqu'infenfible ,  & 

femblable  a  celui  que  j'avois  remarqae  auparavant. 

Je  repetai  la  meme  experience  fur  une  autre  chatte  avec  cette  difference 
que  je  la  fis  manger  beaucoup  plus  que  la  premiere  ,  Sc  que  je  lui  fis  la  liga- 
ture fur  les  huit  heures  du  matin  ,  comptant  la  voir  vomir  pendant  la  jour- 
nee  ;  mais  a  huit  heures  du  foir  elle  n'avoit  pas  encore  eu  la  moindrc  envie 
de  vomir ,  Sc  I'ayant  trouvee  le  lendemain  hors  d'crat  de  le  faire ,  je  rouvris 
I'incifion  de  ['abJomen ,  &  je  trouvai  I'eftomac  plein  Sc  les  inteftins  une  fois 
plus  gonfles  que  dans  I'etat  naturel.    Je  foupi^onnai  que  la  gene  011  etoit  I'a- 
nimal  attache  par  les  quaere  partes ,  &  la  trop  grande  quantite  d'alimens  que 
je  lui  avois  fait  prendre,  avoient  pu  fairc  obftade  au  vomilTement.   Pour 
eviter  ces  inconveniens ,  j'enferniai  dans  une  cage  de  fil  de  fer  un  gros  chat 
que  j'avois  fait  jeuner  vingt-quatre  heures  &  a  qui  j  'avois  fait  la  meme  ope- 
ration qu'aux  deux  chattes-  II  mangea  &  but  quelque  terns  apres,  mais  peu; 
je  pouvois  obferver  facilement  a  travers  la  cage  jufqu'au  moindre  de  fes 
mouvemens,  ce  que  je  fis  avec  route  I'attention  polfible  pendant  15  ou  2<J 
heures  ,  apres  lefquelles  il  jetta  par  le  liaut  quantite  de  matieres  ftuides  qui 
n'avoient  aucune  odeur  d'excremcns  j  &  enfin  deux  heures  apr^s  il  fut  atta- 
quc  du  vomilTement  ftercoreux.  Je  I'atrachai  fur  le  champ  Sc  lui  ouvris  I'in- 
cifion de  VaHnnw!  :  je  fis  fortir  I'inteftin  ileum  qui  fe  trouva  fort  diftendu  , 
enflamme  au  deffus  de  la  ligature  ,  &  rempli  de  matieres  fecales  depuis  I'en- 
droir  lie  jufqu'a  reftoinac;  Sc  ayanr  pique  ,  irrite,  dcchire  les  membranes 
de  rintellin  ,  les  obleivant  a  la  loupe,  je  ne  pus  jamais  decouvrir  le  moin- 
dre mouvement,  ce  qui  ne  me  furprit  point;  car  les  tuniques  intelHnales 
ecoienc  fi  diftendues  Sc  fi  enflammees ,  que  les  fibres  charnues  n'ccoienc 


574  COLLECTION    ACADEMIQUE. 

guere  en  ccat  d'agir  par  leur  re(Tbrc.  Je  recoufis  la  plaie  comtne  auparavanr , 


Acad. Royals  &  remis  mon  chat  en  cage.  Un  moment  apreslesnaufces&  le  vomilTement 

DES  Sciences    ftercoreux  recommencerent  avec  plus  de  violence  qu'auparavant ,  &:  dure- 

BE  1  Aais.       j.gf,t  pj-^j  jg  quatre  lieures.  Apres  la  mort  du  chat ,  je  trouvai  un  toenia  dans 

Annu  171J.     fun  ventriciile,  &:  un  autre  dans  \t  duodenum.  Je  rcpctai  plufieurs  fois  les 

'  memes  experiences  (ur  d'aurres  chats,  &  mcme  fur  dcs  chiens,  &  ce  fut 

touJQurs  avec  ie  nicme  fucces;  je  trouvai  conftamment  les  boyaux  enflam- 

mes  au-delfus  de  la  ligature  ,  fort  dilates  ,  remplis  de  liqueur  jufqu'.iu  pylore 

&  denues  de  tout  mouvement  pcriftaltique  &  antiperiftakique.  Mais  pour 

reconnoitre  s'il  y  avoir  la  moindre  tendance  a  ce  mouvement,  j'ai  fouvent 

ouverc  I'inteftin  de  ces  deux  efpeces  d'animaux  audelTus  de  I'oblbudtion , 

&ayantintfoduitle  petit  doigt  dans  I'ouverture,  je  ii'ai  jamais  fenti  la  plus 

petite  compreflion ,  ni  aucun  mouvement  interieur  de  has  en  haut,  ni  de 

haut  en  has. 

J'ai  voulu  auffi  verifier  fi  la  diftribution  du  chyle  etoit  troublee ,  comme 
on  I'a  dit,  par  le  pretendu  mouvement  antiperiftaltique,  &  pour  cela  j'ou- 
vris  un  chien  que  j'avois  fait  manger  trois  heures  auparavanr,  &  a  qui  ja- 
vois  fair  la  ligature  de  \ikum  depuis  24  heures,  &  je  vis  fansaucune  fur- 
prife  le  mefentere  parfeme  d'une  infinite  de  petits  vailTeaux  laiteux  &  tous 
farcis  de  chyle.  J'ai  vu  audi  la  meme  chofe  dans  ceux  qui  avoient  dcja  vo- 
mi  leurs  excremens ;  mais  outre  cela  j'ai  garde  pendant  un  mois  &  demi  un 
fort  gros  chien  que  j'avois  opere  ,  qui  pendant  ce  tems-la  vomifToit  frequem- 
ment,  quelquetois  mcme  des  excremens,  quoiqu'il  les  rendit  aufli  par  la 
voie  ordinaire,  parce  que  la  ligature  n'avoit  pas  ete  affez  ferree  pour  feimer 
cxaiftement  le  palTage.  Or  ce  fait  fuppofe  necefTairement  quelqus  diftribu- 
bution  du  chyle  dans  les  veines  ladtees ,  puifque  ces  fortes  d'animaux  ne  fau- 
roient  vivre  fi  long-tems  fans  alimens  eftedifs.  Enfin  on  ne  poutra  guere 
dourer  de  la  plenitude  desinteftins,  fi  Ton  fait  attention  au  periode  du  vo- 
miffement  que  j'ai  remarque  varier  dans  les  animaux  fuivant  leur  difFerente 
grandeur,  la  quancitedes  alimens  qu'ils  prenoient  &  la  fituation  de  la  liga- 
ture. Par  exemple  les  chats  vomident  plutot  que  les  chiens,  les  petits  chient 
plutot  que  les  gros  ;  &  parmi  les  animaux  de  meme  grandeur,  ceux  qui 
iivoient  mange  le  plus,  &  encore  ceux  qui  routes  chofes  egales  d'ailleurs 
avoienr  la  ligature  plus  haute  ,  etoient  plutot  attaques  du  vomifiemenr. 

II  eft  done  prouve  par  I'experience  que  le  vomilTement  ftetcoreux  qui  a 
lieu  dans  la  paflion  iliaque,  n'a  point  pour  caufe  un  mouvement  antiperiftal- 
tique ;  il  eft  meme  prouve  que  ce  mouvement  n'exifte  pas ,  non  plus  que  le 
mouvement  periftaltique  auquel  on  attribuoir  des  fonitions  fi  importanres 
dans  I'economie  animate.  En  vain  m'objed:eroir-on  qu'on  a  vu  rendre  par 
la  bouche ,  dans  le  cas  de  la  paffion  iliaque  ,  des  lavemens,  des  fuppofitoires. 
Je  reponds  i*.  querobftriidtion  de  I'inteftinn'eft  pas  toujourscomplette  au 
point  d'interrompre  route  communication,  i"".  Que  les  faits  finguliers  ne 
peuvent  etre  expliqucs  d'une  maniere  fatisfaifanie  que  par  leurs  circonftan- 
ces  particulieres;  &  que  fices  circonftances  ne  fonr  point  connues,  ce  fonj 
des  faits  mal  obferves  5c  qui  ne  demandent  aucune  explication. 

FIN. 


',' '^    -^    ^    '^    'T    "^^^  '7' j>  %.?^  i  V  ^  V  V  V    "7*  V 


TABLE  ALPHABETIOUE 

DES    MATIERES 


CONTENUES  DANS  CE   VOLUME. 


.^Beules  obfervees ,  pag.  die  &•  fuiv. 
comnienc  rccueilleiit  le  miel  &  la  cire 
fur  les  fleurs,  416.  leur  trompe  ,  ibid. 
comment  conftruifeiit  leurs  alveoles, 
416,  417.  pofitioii  Jes  rayons  dans  la 
ruche,  417.  ufage  des  alveoles,  ibid. 
mere-abeille  nomniee  vulgairement  Ic 
Roi,  4Z7  &•/«;>.  fa  ponte,  417,  418. 
fa  fcconditc,  42S  ,  419.  incertitude  fur 
Ja  maniere  dont  elle  eft  fccondee ,  418 , 

419- 

Abime,  nom  donnea  une  partie  du  Golte 
de  Lyon  ,  pag.  i  j^. 

Ahfimke,  efprit  urineux  tire  de  I'abfinthe, 
pag.  465-. 

AhfuTh.inis ,  combines  avec  une  dilTolu- 
tion  de  camphre  par  I'efprit  de  nitre, 
pag.  Z70. 

Acacia,  ifr.i  Egvpuaca ,  fruit  de  cet  arbre  , 
fa  gouffe,  la  graine ,  pag.  jif,  516. 
teintuve  qu'on  en  tire,  ufagc  de  ce 
fruit,  ^if'.  fuc  d'acacia,  ce  que  c'eft, 
316.  gonilement  fingulier  dans  un  aca- 
cia, 460. 

Acjnthe  ,   fa  pouffiere  fecondante,  p.ig. 

449* 
Aciies ,  leur  effet  fur  I'urine  de  vache, 
pag.  1Z9.  effet  d'un  acide  fur  de  la  li- 
maille  cie  fer ,  1 50.  acide  contenu  dans 
le  fang  &:  autres  maticres  animates , 
18 f  Zrfuiv.  dans  quels  animauxabonde 
leplus,  ibid,  acide  avec  de  I'alkali  vola- 
til  fans  faire  d'effervefcence,  186.  aci- 
de contenu  dans  la  chair  de  difterens 
animaux  ,  quadrupedes,  poilfons,  oi- 
fcaux,  reptiles,  infettes,  18S  ,  l8g. 
dans  le  lait,  190.  dans  la  fueiir,  ibui. 


dans  I'urine,  191.  dans  les  autres  ex- 
cremens ,  191,  19;.  acide  qui  fe  deta- 
che  du  phofphore  d'urine,  191.  Com- 
ment les  acides  s'introduifent  dans  les 
pores  des  corps  qu'ils  dilTolvent  iop. 
poids  que  les  acides  donnent  au  mer- 
cure ,  iof.  acides  diverfement  engages 
dans  le  mercure,  107  ^fuiv.  effetsdes 
acides  de  differentes  forces  I'ur  un  pre- 
cipite  de  mercure,  210,  iii.  effet  du 
melange  dun  efprit  acide  avec  certai- 
neshuiles,  155,  154.  acides  &:  alkalis 
unis  &  tranquilles  dans  certaines  li- 
queurs, 15S.  vapeur  de  certains  efprits 
acides  melee  a  celle  d'un  fort  alkali 
volatil,  14-.  acide  fenfible  dans  quel- 
ques  plantes  ou  autres  produclions  ma- 
rines, 249.  acides  diliolvent  le  cam- 
phre, 16-.  font  les  dilfolvans  des  me- 
taux  ,  ibid,  leur  adion  fur  les  diffcrcns 
metaux,  271  Ofu/r.  &  fur  les  alkalis, 
272  t-'fuii-.  acide  dctruifant  I'effet  d'un 
autre  acide,  2-T4  ,  2-'f.  union  des  aci- 
des du  nitre  &  du  fel  dans  I'eau  regale, 
z-'f  ,  276.  acides  rarement  purs,  ma- 
tieres  auxquelles  ils  fc  joignent,  276. 
liqueurs  acides  differentes  entr'elles, 
2-7.  acide  qui  a  fervi  a  diffoudre  du 
fer,  &  qui  en  a  etc  fcpare  par  le  feu  , 
iJiii.  dillillation  des  efprits  acides,  eft 
une  efpece  de  fublimation  ,  ibid,  union 
des  acides  avec  les  foufres  ,  5-6  0" 
fuiy.  acides  fort  &  foibles  combines 
avec  la  lague,  520. 

AcoujU.jue  (  Experiences  d' )  pag.  108  &* 
fuiy. 

Adhlrence  de  I'oeil-de-bouc  aux  pierres, 
5-8  &■  f^'v.  de  deux  marbres  polis , 
d'un   cuic  flexible  ^'  mouille  a  une 


r<5 


TABLE 


pierre ,  ;^9.  des  orties  de  mer  aux  pier- 
res,  5S0.  dcs  etoiles  de  mer  aux  pier- 
res,  380,  ,8 1,  ies  ourfms  ou  heriffons 
de  mer,   581. 
Ag.v.h-  ,  pa'.  i6c). 
Af^ncm  (Analyfe  du  fangd')j!a^.  18 j, 

186. 
Aiguille  ainuntt'e  decline  dans  le  cuivre 
autrement  que  d.ins  le  bois,  pag.  17. 
&  diverfemL-nt  en  difterens  lieux.   V. 
DdcUnaif.n.   Inclinaifon  de  cette   ai- 
guille, p.-!g.  ii. 
Aimant;  changement  de  fes  poles,  fag, 
17,  e'prouve  fur  des  cendres  de  diffe- 
rentes  matleres  animales  ne  Ies  a  point 
attirees,  129. 
Air ,  fa  gravite  Ipecifique  ,  pag.  58.  vitefTe 
de  I'air  foitant  d'un  tuyau  ,  11 3.  quelle 
elle  doit  etre  pour  qu'il  eleve  le  meme 
poids  que  I'eau,  ibid,  force  d'un  air  qui 
fiit  20  pieds  par  feconde ,  ibid,  refif- 
tance  de  I'air  a  i'eau  qui  fort  des  ajulla- 
ges ,  114.  fa  rarefaftion  par  la  chaleur 
de  I'eau  bouiUante,  117  (y  fuiv-  fa  re- 
fiilance  au  mouvement  d'un  pendule 
comparee  a  celle  de  I'eau,  119.  com- 
ment fa  preftlon  determine  la  diredtion 
des  plantes ,   15  j  ^  fuiv.  experiences 
faites  fur  un  thermometre  a  air  ,  ^f  &- 
fuiv.  autres  fur  le  relfort  de  I'air,  149 
&  [air.  etat  &  pefanteur  de  I'air  quand 
il  pleut,   16  f.  dilatation  de  I'air  obfer- 
vee  en  differens  endroits  &  a  differen- 
tes  hauteurs,  167,  16S.  experience  fur 
la  communication  de  I'air  dans  I'eau, 
170,  171.  pefanteur  ou  condenfation 
de  I'air  en  Suede,  184.  dans  des  mines, 
184,  i8y.  remarque  fur  Ies  condenfi- 
tiont  de  I'air,  i8y.  air  contenudans  de 
I'eau  de  pluie  &  dans  !e  fediment  de 
cette    eau ,   166.    effet   de  I'humidite 
de  I'air  fur  le  phofphore,  tire  de  la 
Toatiere  fecale,  18S  ,  289.  fur  lachaux 
y'ue.,ihii.  effet  de  I'air  fur  la  liqueur  des 
ceufs  de  pourpre  ,    595.  fur  celle  des 
buccins  ,  401.  experience  qui  fait  voir 
de  quelle  maniere  I'air  agit  fur  cette 
liqueur,  401,  405.  adtion  de  I'air  fur 
une  morille  branchue  ,  fi  f •  sir  dans 
I'eftomac  &  dans  Ies  inteitins,  d'ou  il 
vient  ;  fon  adtion  fur  Ies  tuniques  de 
ces  vifceres  ;  comment  produit  la  tym- 
panite,  f6o.  comment  I'air  forme  I'em- 
phyfeme,   f6i  fr/uii^.  buUes  d'airdans 
Ies  humeurs  de  I'oeil  d'un  homme  mott 
d'un  emphyfeme,  {66. 
Ajutages,  leurs  ouvertureSjpag.  114. 


Alh&'.re,  ou  marbre  de  la  grotte  de  Fo- 
Vigno,  -pag.  390. 

Alga  latijoiia  inajiT  deniata.  Voyez  fucus. 

Algues,  plantes  de  la  mer,  pag.  570.  ont 
des  racines  comme  Ies  plantes  terref- 
tres,  371.  petite  olive  qu'on  dit  etrele 
fruit  de  I'algue ,  574. 

Alimens ,  leur  influence  fur  Ies  qualites 
de  la  chair  des  animaux,;ia]7.  185-. 

Alkali,  contenudans  I'urine  de  vache, 
pjg.  119.  dans  plulieurs  matieres  ani- 
males .  18  f  &  fuiv.  dans  quels  animaux 
domine  fur  I'acide,  18  j.  alkali  volatil 
fubfiftant  paiiiblement  avec  un  acide 
dans  une  liqueur,  186.  effets  des  fels 
fixes  plus  ou  moins  alkalis  fur  la  diflo- 
lution  du  mercure  dans  I'efprit  de  ni- 
tre, 195-,  19S  S-Jiiij'.  en  quoi  confute 
la  qualite  alkaline  des  fels  fixes,  198. 
leur  effet  fur  le  thermometre,  ibid,  ac- 
tion fucceflive  de  difterens  fels  alkalis 
fur  une  dillolution  de  mercure  par  I'ef- 
prit de  nitre,  ioi  O-fuiv.  diffolutions 
des  fels  alkalis,  15  j.  alkalis  &  acides 
unis  &  tranquilles  dans  certaines  li- 
queurs ,  238.  vapeur  d'un  fort  alkali 
volatil ,  melee  a  celle  de  I'efprit  de  fel, 
247.  alkali  des  pretendues  plantes  ma- 
rines, 249.  Ies  fels  alkalis,  diffolvans 
du  foufre  commun  ,  &c.  267.  effets 
des  alkalis  fur  Ies  metaux  dilTous  par 
Ies  acides,  271,  272  ^  fuiv.  effets  du 
melange  des  alkalis  avec  Ies  acides. 

Althsa  frutefcens ,  pag.  449. 

Alum,  fon  effet  fur  la  flarame  des  fcufres 
&  des  huiles,  pag.  233.  alun  meleavec 
la  matiere  fecale  avant  de  la  diftiller, 
282,  28  y.  maniere  de  I'employer  avec 
la  matiere  fecale  pour  en  titer  du 
phofphore,  z8{  &'  fuiv.  alun  bouilH 
avec  Ies  fleurs  &  Ies  fruits  daricinoides, 
teinture  qui  en  a  rcfulte ,  505. 

Alveoles  des  abeilles,  pag.  ^16  &•  fuiv. 
leur  double  ufage ,  417.  alveoles  d'oii 
fortent  Ies  bourdons,  429. 

Alypum  Monfpelianum  five  frutex  terrililis  , 
pag,  {04.  diffcrens  noms  qu'on  a  donnes 
a  cette  plante ,  fa  racine ,  fes  branches , 
fes  feuiiles,  fa  fleur,  fafemence,  ibid. 
fon  ufage  dangereux ,  ibid. 

Amputation  a  lambeaux,  p.ig-.  ^17. 

Anhrifme  vrai,  obferve  dansun  cadavre, 
pag.  ffr  &  fuiv.  ce  qui  ctoit  contenu 
dans  fa  cavite,  ffi  ,  ff2.  anevrifme 
particulier  &:  anevrifme  univerfel  dans 
ce  mems  fujet^   yj2.  conjedlures  fur 

leur 


A  L  P  H  A  B 

Icur  formation  &  leurs  caiifes,  jfj  & 
fuiv.  fj'mptomes  qui  avoicnt  accom- 
pagnes  cet  aiievrilme  ,  { j;  ir  fuiv.  ex- 
plication de  cesfymptomes,  fj4,  5fy. 

Anthirrmum  ,  (x  fleur  :  difpofition  Ju  pif- 
tile  &;  des  etamines,  pug.  454. 

Antimiine,  combine  avcc  I'dprit  de  fcl 
&  I'eau  regale,  pas,.  i68. 

Anus,  de  la  moiile  dcs  etangs,  pag.  566. 
de  la  moule  de  mer,  5S6.  de  la  peton- 
gle,  588.  de  I'ourfin  de  mer ,  412. 

AoTte  d'uiie  tortue  de  mer,  pag.  19 f.  d'un 
homme  mort  fubitement,  fij.  valvu- 
les de  I'aorte  ;  maniere  de  les  demon- 
trer,  535.  aorte  formant  un  ancvrirme 
particulier  &:  unuiiiverfcl,  jfi. 

Ar.iignies ,  matiere  de  leur  fil ,  pag.  227. 
llrudlure  de  leur  filiere,  ibid,  b- fuiv. 
maniere  de  preparer  I'araignee  pour 
obferver  ces  parties  ,  228.  refervoirs 
de  la  matiere  du  fil,  228,  229.  Ali- 
mens  des  araignees,  30  f  (j- fuiv.  les 
araignees  fe  mangent  les  unes  les  au- 
tres,  507,  508.  autres  animaux  qui  les 
mangent,  ;o8.  difficulte  de  nouvrir  un 
grand  nombre  d'araignees  ,  ibid,  leur 
tecondite  comparce  a  celle  des  vers-a- 
foie  ,  ibid,  terns  de  leur  ponte  n'eft 
point  fixe,  508  &  512.  foie  dont  les 
araignees  ferment  les  coques  qui  en- 
veloppent  leurs  oeufs,  foie  dont  elles 
tendent  des  filets  aux  infeftes,  309  &• 
fuiv.  dirtribution  des  araignees  en  dif- 
fcrens  genres  &  efpeces,  509  fy  fu'-v. 
araignees  vagabondes ,  109.  diftcrentes 
manieres  dont  les  araignees  font  les 
coques  qui   enveloppent  leurs  oeufs, 

309,  510.  foin  qu'elles  pfennent  de 
leurs  oeufs  &  de  leurs  petits,    509, 

310.  quantite  de  foie  fournie  par  une 
araignce  ,  3 1  f  •  araignees  d'Anitrique  , 
516.  mue  des  araignees,  439. 

/rJre  (tronc  d' )  couche,  dit-on  ,  fur 
le  fommet  du  Mont  Stella,  la  phis 
haute  des  montagnes  des  Alpes ,  a  une 
hauteur  oil  il  ne  croit  point  d'arbres, 
pag.  154.  arbres  morts  par  la  gelcede 
1709  ,  138  Zr fuiv.  quels  arbres  refirte- 
rent  le  plus,  ihid.  jonition  de  deux  ar- 
bres ,  1 39.  rapports  entre  la  produc- 
tion des  lejettons  des  arbres,  8j  la  re- 
produftion  des  jambes  d'ccrevilfes , 
434,  435.  arbres  qu'on  avoit  depouil- 
les  de  leur  ecorce  ,  autres  a  qui  elle 
tombe  d'elle-meme  &  fe  renou- 
velle ,  440.  arbres  qui  ont  beaucoup 
de  moelle  &:  pcu  d'ecorce  ihid.  fi  les 
Tome  III,  Panie  I'ran^cife. 


1£  T  I  Q  U  E.  f77 

arbres  tirent  leur  nourriture  de  I'c- 
corce ,  de  la  moelle ,  du  corps  ligneux, 
440  ir  fuiv.  arbres  caries  &  creufes, 
441.  branches  d'arbres  fiparees  dc 
leur  tronc ,  qui  vcgctcnt  fans  ctre  mifes 
enterre,  ihid  dans  quelles  parties  des 
arbres  la  vegetation  ell  plus  vivc  ,  443. 
arbres  fruitiers  ;  accidens  qui  empt- 
chent  que  les  fruits  ne  fuccedent  aux 
fleurs,  4f4,4jy. 

Arc-en-ciel  qui  fubfifte  quelques  minutes 
apres  le  coucher  du  foleil,  yag.  3f. 
Arc-en-ciel  de  deux  couleurs  ,  56. 
caufe  des  couleurs  do  I'arc-en-ciel , 
81,  S:. 

Arcueil  (  eau  d' )  p.ig-  169,  170,  274. 

Argent  pur  ,  arpent  melc  d'or  ou  de  cut- 
vre  ;  leur  difierencc  pour  I'ufage  ,  pag. 
240.  maniere  dc  feparer  I'argent  de 
Tor  par  la  fufion,  ihid  &"  fuiv.  effet  de 
la  vapcur  de  la  pierre  de  Boulogne  fur 
I'argent ,  242  ,  245.  effet  d'une  matiere 
bitumineufe,  mctallique  fur  I'argent, 
24f,  246.  ce  qui  arrive  lorfqu'on  ex- 
pofe  au  verre  ardent  du  fer  fur  de  I'ar- 
gent fondu ,  2ff.  arbrifl'eau  d'argent 
produit  par  la  dillillation  d'un  amal- 
game  d'argent  &  de  mercure,  259, 
2<5o.  autre  vegetation  d'argent  fondu 
avcc  le  foufre,  260,  2^1.  autre  d'ar- 
gent fondu  avecleplomb,  puis  affinc 
a  la  coupclle,  261.  marque  a  laouelle 
on  connoit  que  I'argent  eft  affine  dans 
la  coupelle ,  261.  difference  entre  les 
precipitations  de  I'argent  faites  par  les 
fels  ou  par  le  cuivre  ,  271. 

Arifleloche  longue  >  fa  fleur  n'a  point  d'e- 
tamines  p.ig.  447. 

Aroir.atiques  (plantcs)  capfules  ou  fom- 
mets  qui  furmontent  leurs  etamines, 
pag.  448.  pouffiere  contenue  dans  ces 
capfules ,  449. 

Arteres  (  fang  des )  pag,  171.  arteres  d'unc 
tortue  de  mer,  294,  29 f,  29J.  artere 
pulmonaire  ,  29  f.  arteres  des  tortues 
de  terre  &  de  mer ,  298.  valvules  de 
I'artere  pulmonaire  ,  maniere  de  les 
dcmontter  ,  ^52.  arteres  qui  entrent 
dans  les  glandes ,  s'y  rarifient  &z  s'y 
recourbent  pour  former  des  veines  , 
f34,  nf-  irteres  axillaires,  foucla- 
viere ,  carotides  d'un  homme  mort 
d'un  antfvrifme  ,  (•f2. 

Affoupifement  extraordinaire  ,  pag.  ^6^. 
comment  fe  termina ,  ibid,  autre  cxem- 
ple  d'un  afloupilfemcnt  lethargiquc, 
f69,  f-o, 

D4 


578 


TABLE    ALPHABETIQUE. 


Afihme  humoral,  acces  violent  de  cette 
jnaladie  arrete  par  le  pareira-brava  , 

Amofphere  de  la  lune,  pa^.  o,  ii,  17  > 
43.  du  premier  fatellite  de  Jupiter,  pa^. 
iz.  hauteurs  de  ratmofphere  en  difte 


Benjo'm  ,  fa  fublimation ,  pa^,  177. 

Beriin  ou  Btrlin.  Voyez  (Sil-Se-louc. 

Bernard-rhermiie,  pag-  345 ,  346.  fes  grof- 
fes  partes  J  fa  coquillej  ibid,  fes  jam- 
bes ,  346.  partie  molle  du  corps  de  cet 
animal,  fon  tcaille,   346. 


reps  climats  ,  is 


maniere 


miner  la  hauteur  de  ratmofphere  par  la 

lumiere  du  crepufcule ,  ii6 ,  117. 
Attrailion  employee  a  exptiquer  les  pht- 

nomenes  du  flux  &  reflux jjjag.  15 J, 

if6. 
Aubier,  pag.  441  ,  443. 
AuTum  muficum ,  pag.  ZfS. 
Aveuglement  caufe   par  la  vapeur  d'une 

vieille   folTe,    comment    gueri,    pag. 

^^"  B 

MJAtus  froids  propofes  pour  le  rhuma- 
tiime,  &  pourqiioi,pag.  S---  bain  qui 
procura  I'truption  de  la  petite  verole , 

Banche ,  forte  de  pierre  tendre  qu'habi- 
tent  les  dails  ,413  i:-  fuiv.  fa  formation , 
414  &  fuiv.  pierres  blanches  nommees 
mal-a-propos  cailloux  &  qui  en  font 
formees  par  la  banche,  415- 
Bandes  de  Jupiter ,  pag.  li  irfuiv. 
Banmetre  (  obfervationsdu)  a  Cayenne, 
auxindes,  pag.  50.  Barometre  jettant 
de  la  lumiere  ,  31.  fa  hauteur  obfervee 
a  Malthe  &  a  Paris,  pag.  35  &  36.  fur 
plufieurs  montagnes,   37,  38.  a  Paris 
&  en  SuilVe,  141  iT'fuiv.  163,  164  (y 
fuiv.  180  G'/iiiv.  caufe  de  la  variation 
du  barometre,    16 f.  obfervations  du 
barometre  fur  une  montagne  du  I'erou 
&  au  bord  de  la  mer  ,  166".  dans  un  lieu 
echauffe  par  un  grand  feu ,  168.  Baro- 
metres   qui  doniieat   de  la    lumiere, 
iSi.  moyen  d'avoir  la  vraie  hauteiir 
du  mercure  du  barometre ,  ibid,  expe- 
riences du  barometre  faites  dans  des 


;  en  amc-  aiiiniai,  1011  t-caiuc,   5^*;'. 

de  deter-    Biioards  oriental  &  occidental,  en  quels 


184, 


'ans,  2io. 


Bqfe  des  orties  de  mer  ,  pag.  347,  ?49y 
fuiv.  canaux  ou  mufcles  droits  &  cir- 
culaires  de  cette  bafe ,  349  (j-fuiv.  bafe 
de  I'oeil-de-bouc,  578.  comment  s'at- 
tache  aux  pierres  8c  coii.ment  s'en  de- 
tache,  379, 580.  fa  texture  ,  580. 

Battemem  des  tuyaux  d'orgue,  pag.  108, 
109. 

Baudrier ,  forte  de  fucus ,  Koye?  fucus. 

Baume  de  Capaiia  employe  dans  le  trai- 
tement  de  quelques  ulceres  internes , 
fag.  ^2.7. 


animaux  fe  trouvejit  leurs  vertus,  leur 
configuration,   pag.  311  ^ fuiv.  leurs 
noyaux,  32.2.  I'eau  &  I'efprit  de  vin 
fepareraent  n'ont  point  de  prife  fur  le 
bezoard,   mais  ils  le  penetrent  etant 
meles  enfemble,  311.  le  bezoard  s'en- 
flamme  aifcment ,  ibid-  ce  qu'il  con- 
tient.  ibid,  quelquefois  fonne   comme 
la  pierre  d'aigle  ,  312  &  525.  moyen  de 
connoitre  le  bon  bezoard,  ibid,  cou- 
leurs  differentes  qu'il  donne  a  la  chaux 
vive  &  a  la  craie,  ibid,  formation  des 
bezoards ,  325 ,  526.  bezoard  foifile  Sc 
d'Amerique ,  3  24.  diftribution  metho- 
dique  des  bezoards ,  324,  3iy.noyaux 
des  bezoards  fofliles,  32$.  pretendue 
tunique  du  bezoard  de  Pomet ,  526, 
327.  les  perles  font  des  efpeces  de  be- 
zoards, 527.  &  les  pierres  qui  fe  trou- 
vent   quelquefois   dans    le   cajloreum , 

5^9.  35°-  ,  .  ,  ., 
Bicuiba ,    forte  de  noix ,  huile  qu  on  en 

tire,  fes  vertus,  pag.  f2i. 
Biie  oi\  fe  mele  avec  le  chile,  pag.  ^1^ , 

Eifmuth ,  analyfe ,  pag.  247.  diflbus  par 
I'acide  nitreux ,  precipite  par   I'eau  , 
274. 
Bi£us  des  anciens ,  pag.  528  ,  387. 
Bitume  contenu  dans  I'eau  de  la  mer,  p.7^. 
1(^0,    161.  fes   eflfets  ,  ibid,  compoii- 
tion  d'une  matiere  bitumineufe  metal- 
lique  ;  fon  efi"et  fur  I'argent,  24?  ,  246. 
dilTolvant  des  bitumes ,  267.  precipita- 
tion des  corps  bitumineux  diflbus  par 
les  liqueurs  alkalines,  2-0. 
Bii'd/i'M  (  coquilles  )  pag.  3  3 1 . 
Bled  feme  en  Avril  ,  ce  qu'il  devient, 
pag.    158,   139.  bled  qui  a  befoin  de 
pafler  I'hiver  en  terre  &:  bled  (]u'on  feme 
en  Mars,  139.  bled  barbu  ,  ibid,  pif- 
tile  du  bled,  4C0.  mal  que  la  nielle  fait 
au  bled,  4?  y.  bled  deTurquie,  fitua- 
tion  de  fesetamines  ,  4f6.  experience 
faite  fur  ce  bled  par  rapporr  a  la  fruc- 
tification, ibid,  bled  cornu  ou  ergot, 
5-28  ,  529.  quelle  forte  de  feigle  eft  le 
plus  fujette  a  I'ergot  :  annees  oil  ce 
mauvais  grain  eft  plus  commun,  yiS  i 
les  poules  le  refufent  quoiqu'il  ne  leut* 


^L' 


DES     MATIERES. 

fafle  point  de  mal  quand  elles  en  man- 
gent,  fiS,  $19.  ilne  leve  point,  ^29. 

gangrene  endcmique  qui  fut  attribuee 

a  ce  mauvais  grain ,  ibid. 
Bleu  ,  produilionde  cette  couleur,  pag. 

171  >  i7i- 
Bffu/(  analyfe  dufang  de)pa^.  186. 
Bois  de  Brelil  bouilli  dans  I'eau,  dans  le 

jus  de  citron  fans  addition,  &  en  y 

ajoutaiit  de  I'huile  de  tartre,  pag.  41. 

de  merifier  eft  fort  fonore ,  1 10.  rclif- 

tance  des  bois  de  chene  &  de  fapin , 

Borax,  ce  que  c  cil,  pag.  245. 

B  >rou  ou  Bjtoua.  Voye*  Pareira-Brava. 

B:'ucAf  des  ortiesdc  mer,  p.T^.  3^2,  j^:. 

de  I'etoile  de  mcr,  jjS.  de  la  moufe 

des  etangs,  366.  de  la  moule  de  mer, 

385.  dune  etoile  de  mer, 420.  de  I'our- 

fin,  422. 
Biiiirdons ,  en  quoi  different  des  abeilles, 

p.7g.  428,  429.  faifon  oules  abeilles  les 

tiient,  429. 
Bourrjc/ie,  fa  poufliere  fecondante ,  pir^. 

_  449- 

Bojaux  d'un  homme  fufToque  par  la  va- 

peur  de  la  braife  de  four  enfermte  dans 

une  cave  ,  p2g.  j2i. 
Braife  de  Boulanger  enfermee  dans  line 

cave;  effets  de  fa  vapeur  ,  pug.  j2i , 

Bras ;  accidens  qui  fuivirent  une  blcflure 

aflez  legere  au  bras  ,  pag.  j68. 
Briofne  des  Indes,  K  Mkhoican.  Brione 

ou  Coulevree,  545.  effets  de  fa  racine 

prife  en  fublhnce,  en  infufions,  de- 

codlions,  extraits,  ibid. 
Buccinum.  Voyez  Lim^s^cns  de  mer.  Bucci- 

num  aui  donnoient  la  teinture  de  pour- 

pre  dis  Anciens,  59Z,  393.  comment 

on  en  tiroit  la  teinture,  399.  comment 

on  la  pr-'paroit,  400. 
Bui:cinsqui  donnent  la  teinture  de  pour- 

pre,    p.7g.  391.  leur    coquille  ,    392, 

393.  coukurs  de  ces  coquilles  ,  393. 

vaifle.m  ou  rcfervoir  de  la  pourpre, 

399.  effets  de  la  chaleur  du  foleil  8c  du 

feu  fur  la  liqueur  des  buccins ,  401. 

effets  de  I'air  fur  cette  liqueur,    il'ij. 

experience  qui  fait  voir  comment  I'air 

agit  fur  cette  mcme  liaueur ,  402,  405. 

odcur  que  lui  donne  la  clialeur,  404. 

cette  liqueur  combince  avec  I'huile  de 

tartre,  le  iirop  violit,  Tefprit  de  vi- 
triol, 404.  avec   le  fublime  corrofif, 

404,  40f.  gourde  la  liqueur  des  buc- 
cins ,  40f.  ufage  qu'on  pourroit  taire 

de  cette  liqueur ,  406. 


!?<> 


Vm'  ADAVB.Z ,  ouvcrture  du  cadavre  d'un 
homme  ctouffc  par  la  vapeur  d'une 
cave  ou  Ton  avoir  enfermc  de  la  braife 
de  four,  pag.  f2i  ,  511.  d'un  enfant 
dont  le  rciitum  etoit  divife  en  deux 
parties  &  fans  iflue,  f22,  fij.  d'une 
temme  de  80  ans.  pierres  qu'on  y  trou- 
va,  ^23.  d'une  autre  morte  d'une  tu- 
meur  au  ventre  ,  524.  d'un  homme 
,  mortfubitement,j2f.  d  un  homme  atta- 
qut-  d'une gonorrhee.f  59. d'un  epilepti- 
(jue  mort  d'un  abfccs  au  poumon  ,  5-4^. 
d'un  homme  niort  d'un  anevrifme  vrai, 
ri  (j-  fuiv.  d'un  homme  mort  d'une 
Icflure  a  la  poitrine  ,  56^,  j6f.  d'un 
autre  qui  avoit  eu  deux  cotes  caffees, 
^66 ,  ^67.  d'une  femme  morte  prefque 
fubitement  &  attaquce  d'une  legere 
hydropifie,  572. 
C^fe,  pag.  506  irfuiv.  arbre  qui  porte  le 
cafe ,  yo6.  dc  quel  genre  eli  cet  arbre , 
ifiri.  defcription  deceluidu  Jardin  du 
Roi,  ibid,  fes  branches  &  fesfeuilles, 
ibid,  fes  fleurs,  yo6,  J07.  fon  fruit, 
fo-.  fon  nom  turc ,  fa  culrure  ;  quand 
il  faut  le  femer,  jo8.  preparation  du 
cafe,  fes  differentes  qualites,  fesver- 
tus,  p8,  509. 
Cajtcr  ou  arbre  qui  porte  le  cafe.  Vqye^ 

Cafe. 
Ca!cina:im,  effet  de  la  calcination  fur  le 
mercure,  pag.  197.  fur  les  fels  fixes, 
198.  calcination  du  mercure  cru  &  du 
precipite  ,  20^.  de  la  matiere  fecale 
pour  en  tirer  du  phofphore ,  285  ,  iS6. 
effets  de  cette  calcination ,  288. 
Cihha  ou  corona  fobs  ,    fa  poufiiere  fc- 

condante ,  pag.  449. 
Canphre  eft  la  feule  refine  connue  qui  fe 
diffolve  par  les  acides,  pag.  267.  cam- 
phre  diitous  par  I'cfprit  de  vin  ,  269  , 
270.  revivifie  par  I'eau  ,  ibid,  diflbus 
par  I'huile  d'olives  ,  ibid,  par  I'huile 
claire  &  ctheree  de  therebentine.  ibid. 
par  I'efprit  de  nitre ,  270.  effets  des  ab- 
forbans  fur  cette  derniere  diffolution, 
ibid,  camphre  rcvivifi:  de  I'cfprit  de 
vin  ,  re'vivifie  de  I'cfprit  de  nitre  ,  il  id. 
revivifii-  de  rcfpric  de  vin  par  I'eau, 
eft  inflammable  mais  non  quand  i!  eft 
revivifie  dc  I'efprit  de  nitre  par  I'eau 
ou  par  les  alkalis,  278,  2^9. 
Canal  arteriel  dc  communication  dans  li 
fttus  huinain,  pag,  295.  dans  une  tot- 
tue  de  mer.  iiii. 

D4ij 


jgo  T  A  B  L  E    A  L  P  1 1 

Canmix  ou  mufcles  droits  &  circulaires 
de  I'enveloppe  des  orties  de  mer,  pag. 
549  &-  fuiv.  liqueur  qu'jis  coiuiennent 
549.  350-  leur  "fage  ,    jfo,  jyi.  ca- 
naux  des  orties  errantes  ou  gelees  de 
mer  ,   35^.   ufage  de  ces  canaux,  li- 
queurs qu'ils  coinieiinent,  35 J  (yfuiv. 
canaux    ou   vaifleaux   qui    paroifTent 
dans  la  fubftance  de  la  truffe  ,  461 , 
464,  46f. 
Cancellus.  Voyez  Bernard-VHeTmite. 
Caouche.  Voyez  Qifi!. 
Capillaires ,  petites  feuilles  qui  pourroient 
en  etre  les  lommets ,  pag.  4 j 3.  ce  qu'el- 
les  renferment ,  ibid. 
Capricena ,  efpece  de  chevre  fauvage  qui 

aonne  le  bezoard  ,  pag.  324. 
Canutes  de  la   pouflSere  fecondante  des 
fleuvs.  Voyez ,  fpmmets ,  pouffieres  de  la 
graine  de  certains  fucus,  476  irfuiv. 
481,  484,  485 ,  488.  d'une  coralline, 
479,  480.  capfules  de  la  graine ,  ou 
graines    du  Juctis  memlranaceus  ,   &c. 
489,  490.  efpeces  de  capfules  en  forme 
de  mamelon  dans  le/ucuj  teres  ramnfiffi- 
mus,  491  ,  495.  dans  la  figue.  Voye^ 
fommets. 
Carcajou,  animal  carnaflier  d'Amerique, 
eft  lent  &  pefant  ;  animaux  qu'il  at- 
taque,  pag.^  jof.  ^ 
Caribou,  falegerete,  fes  ongles;  animal 

qui  lui  fait  la  guerre,  pag.  fOf. 
Ciifque  de  I'ecrevifle  ,  pag.  436. 
Cajior ,  lenteur  de  fa  marcne ,  animal  qui 
lui  fait  la  guerre ;  fort  quelquefois  I'hi- 
ver  de  fa  cah^ne ,  pag.  jof. 
Cajloreum  ,   pierres  trouvees   dans  cette 
matiere  ,  pag.  519,  330.  ufage  du  caf- 
tor  ou  caftoreum   en  Medecine,    530. 
choix  de  cette  matiere,  3  50.  a  quoi  Ton 
peut  attribuer  les  differences  qui  s'y 
trouvent ,  ibid.  Cajloreum  de  Canada , 
de  Dantzick,  du  levant,  de  France, 
ibid.  &  351. 
Catarade ,  fi  elle  fe  forme  fur  le  cryftallin 
ou  dans  I'humeur  aqueufe  ,  pag.  74. 
operation  de  la  catarafte,  fes  fuites, 
74,  7f- 
Caverne  de  Fran-che-Comte  ,  pag.  414  , 

425.  glace  qui  s'y  trouve  en  ete ,  42  f . 
Caves ,    pourquoi   Ton  croit    commune- 
ment  qu'il  y  fait  plus  chaud  en  hiver 
qu'en  ete,  pag.  424.  braife  enfermee 
dans  une  cave ,  effets  de  la  vapeur  de 
cette  cave,  52 1 ,   j22. 
Ciliaque  (paffion)  pag.  J2y,  y26. 
Cendres  de  differentes  matieres  animales 


A  B  £  T  I  Q  U  E. 

prcfentees  a  I'aimant ,  n'ont  point  ^te 
jjttirees,  pag.  129. 

Cendres  veries ,   leur  couleur  a  la  chan- 
delle,  pag.  48. 

Cercles  autour  de  la  lune,  pag.  34.  autour 
dufo!eil,pag.  35-,  36.      _ 

Cerveau  de  la  moule  des  etangs  ,  pag. 
}66.  d'un  homme  fuffoque  par  la  va- 
peur d'une  cave  oil  Ton  avoir  enferme 
de  la  braife  de  four,  521.  fubftance  du 
cerveau  manquant  a  un  fetus  ne  a  ter- 
me,  541.  fubftance  moelleufe  du  nerf 
optique  continue  a  celle  du  cerveau, 
f47.  cerveau  manquant  a  un  fetus  ne 
a  tcrme ,  5  yo.  a  un  autre  dont  les  os  de 
la  tete  etoient  mal  conformes.  J71. 

Chair  des  orties  de  mer ,  pag.  548.  des  or- 
ties errantes  ou  gelees  de  mer,  554, 

Chala\ac  dans  des  oeufs  de  poule  fans 
jaune  ;  erreur  a  laquelle  lis  ont  donne 
lieu,  vag,  377. 
ChaleuT  du  feu ,  fes  effets  fur  des  phioles 
qui  contenoient  divers  fluides  ,   pag. 
149  Zffuiv.  chaleur  de  I'ete  1710,  pag-. 
16^.  del'eaubouillante,  168  ,  de  i'ete 
171 1 ,  pag.  180.  effet  de  la  chaleur  fur 
le  plomb  ,  218.  chaleur  communiquee 
a  I'eau  par  I'efprit  de  vin ,  218.  chaleur 
de  I'annee  1712,  pag.  220.  eftets  de  la 
chaleur  fur  de  I'eau  de  pluie  &  fur  fon 
fediment,  16$,  266.  chaleur  du  fang 
des  marfouins,  des  tortues,  290.  effets 
de    differens    degres    de    la    chaleur 
du  foleil  &:  de  celle  du  feu  fur  la  li- 
queur des  buccins ,  401.  chaleur  appa- 
rente  de  I'air  des  fouterreins  en  hiver , 
424. 
Chama  Peloris ,  pag.  537,  538. 
Chame,  genre  de  coquillage ,  pag.  334. 
Champignons,  pouffieres  qui  fe  trouvent 
entre  les  feuillets  fous  le  chapiteau, 
pag.  453. 
Charbon  de  terre  eft  un  bitume,  pag.  \6o. 
efprit  de  charbon  de  terre  employe  a 
compofer  de  I'eau  de  mer  artificielle, 
ibid,  infufion  du  charbon  de  terre  dans 
i'eau ,  219 ,  220.  dans  I'eau  de  vie ,  220. 
ce  qui  arrive  lorfqu'on  expofe  les  me- 
taux  au  verre  ardent  fur  iin  charbon, 
254.  mine  de  charbon  de  pierre,  425. 
Chataignes  de  mer.  Voyex  Ourfins. 
Chatons  ou  fleurs  a  etamines,  pag.  446. 
Chats,    conformation  de  I'iris  de  leurs 
yeux,  pag.  94,  9f-  Chats  ouverts  vi- 
vants  pour  obferver  le  mouvementdes 
inteftins  dans  lapaflioniliaqne,573,574. 


t)ES     MATIERES. 


f8« 


Chaux,  contient  des  parties  de  feu,  yag. 
19S,  188,  189.  eft'et  de  I'e.iude  chaux 
fur  les  mi;t.uix  difTous  par  les  acidcs, 
274.  effet  de  I'humiditc  de  I'air  Tiir  la 
cnaux  vive,  i88.  pourquoi  la  chaux 
vive    ne    s'enflamme   pas    comme  le 

Fhofphore    lorfqu'elle   s'tchauffe  par 
introduction  fubite    de  I'eau  ,  188, 
i8q. 
Chene.  Voyez  Biois. 

Chevaux  auxqueis  I'humeur  vitree  man- 
quoit,  pag^.  79.  force  dun  cheval  com- 
paree  a  celle  d'un  homme  ,  iii ,  122, 
125,   126. 
Chevre  fauvage  qui  donne  le   bezoard  , 


.  P'^^- 


U6. 


Chiem  (petits)  tues  pendant  qu'ils  tet- 
toient,  etat  du  hit  trouve  dans  leur 
eilomac  ,  ^ag.  J42.  eau  dans  le  peri- 
carde  &  dans  le  ventricule  du  cerveau 
de  ces  petits  chiens,  542,  54^.  Chiens 
ouverts  vivants  &  auxqueis  on  fit  une 
ligature  a  I'ileum  pour  obferver  les 
effets  de  la  paflion  iliaque,  575 ,  574. 
Chile  ^  en  quel  endroit  fe  mele  avec  le 
fuc  pancreatique  &  la  bile,  fag.  523  , 
524.  chile  epailfi  par  accident ,  evacuc 
par  les  felles ,  |2f.  extravafe  &:  for- 
mant  une  hydropifie  laiteufe ,  ji6.  pe- 
trifie  en  quelque  forte  dans  les  glandes 
du  mcfentere  ,  ihid.  diftribution  du 
chile  fe  faifant  a  I'ordinaire  dans  des 
chiens  &  des  chats  auxqueis  on  avoir 
donne  la  paflion  iliaque  par  le  moyen 
d'une  ligature  faite  a  I'ileum,  ^74. 
Choledoque   (  canal )  de  deux  moutons  , 

yag.  292. 
ChoTo'ide  ,  fon  ufage  felon  M.  de  la  Hire  , 
fag.  98,  172.  d'ou  prend  naiffance, 
,5-46 ,  547.  ou  fe  trouve  unie  a  la  cor- 
nee  ,  546.  oii  fe  termine  fa  couleur 
noire  ,  itid. 
Ciclamen ,  fa  fleur ,  difpofition  du  piftile 

&  des  ^tamines  ,pag.  4^4. 
Cinabre  d'antimoine  ,  pag.  245. 
Cire ,  effet  de  la  cire  fur  le  corail  pour  en 
tirer  la  teinture,  pag.  2fo  i-fuiv.  effet 
de  I'efprit  de  cire  fur  le  corail,  2fi. 
comment  les  abeilles  recueillent  fur 
les  fleurs  la  matiere  dont  elles  font  la 
cire,  426.  comment  elles  en  conllrui- 
fentleurs  alveoles,  426  ,  427. 
Citron  ( jus  de  )  detruit  la  couleur  du  co- 
rail  ,    vag.   42.    quelles  qualitcs  doit 
avoir  pour  tirer  la  teinture  du  corail , 
2f  1 ,  2fi.  charge  de  cette  couleur  ne 
fait  point  de  mouvement  avcc  Thuile 


de  tartre,  ni  avec  I'efprit  de  vitriol , 

2J2. 

Cloijoii  du  coeur  d'une  tortue  de  mcr, 
pag.  294,    296.  de  quoi  la  cloifon  du 
ccEur  elt  formec,   jjo,  551. 
Coch'iis ,  font  friands  de  truffes  &  em- 
ployes a  les  dcterrer,  pag.  464. 

CauT ,  en  quel  fens  fes  fibres  font  tour- 
nces,  pag.  295.  Coeur  d'une  tortue  de 
mcr,  294  iy  fuiv  de  quelques  autrcs 
tortues  de  terre  &  de  mer ,  297 ,  29S. 
d'une  vipere  ,  d'une  anguille,  297 ,  de 
la  moulc  des  ecangs ,  566  ,  568.  eau 
qu'il  contient,  568,  a  un  ventricule  & 
(ieux  oreillettes,  le  tout  renferme  dans 
un  pericarde,  ibid.  \6c).  Urudlure  du 
coeur,  530  G'/uij'.  contours  de  fes  fi- 
bres, 530,  J3i.maniere  de  preparer 
le  cceur  pour  obferver  les  contours 
des  fibres  &  feparer  les  ventricules, 
y5i,  n-- fes  valvules,  (-52,  j53.ma- 
niere  de  preparer  le  coeur  pour  en 
faire  voir  les  valvules,  f32,  53 3. 
Coeur  fans  pericarde ,  549.  Coeur  pla- 
ce a  I'exterieur  dans  un  fetus,  yjo. 
Cceur  d'un  homme  mort  d'un  anevrif- 
me,   ^2. 

Colcotar ,  produit  par  une  certame  ma- 
niere  de  dilliller  le  vitriol  vert ,  pag. 
236  ,  237.  mele  avec  la  matiere  fecale 
avant  de  la  dilliller,  282,  285-. 

Coliques  nephretiques  gucries  par  le  Pa- 
reira-brava  ,  pag.  f  27.  colique  bilieufe 
guerie  par  le  meme  medicament,   528. 

CoUe  de  fromage,  pag.  169. 

Colonnes  dans  le  coeur ,  ce  qui  les  forme, 

pag.  U^-     ^    „  . 
Condenfaticns  de  lair,  remarque  fur  une 

table  de  ces  condenfations,  pag.  184, 

i8|. 
Congelation,  a  quoi  attribuee,  pag.   51. 

congelations  ou  incruftations  pierreu- 

fes  dans   une   caverne    de   Franche- 

Comte,  425. 
Confonances ,  pag.  109. 
Confoude  (  grande )  fa   pouffiere  fecon- 

dante ,  pag.  449. 
Convolvulus  ,    fa  pouffiere    fecondante , 

r-^g-  449-    .         ,  , 
Coq  qui  paffoit  mal-a-propos  pour  avoix 

pondu  des  oeufs  ,  dilfeque,  p.-g.  57f. 
Coques   dont  les  araignces   enveloppcnt 

leurs  oeufs ,  pag,  309  irfuiy. 
Coque  des  oeufs  depoule,  matiere  dont 

elle  fe  forme,  577.  oeufs  fans  coque, 

ibid. 
Coqudicot.  Voyez  Pavct, 


;8i 


TABLE    ALPHABETIQUE. 


Coqaillages  petrifies  ,  pag-.  132  ^  fuiv. 
mouvement  progreffif  de  divers  co- 
quillages,  351  &-fuh.  moyenpoiir  ob- 
ferver  commodemenc  les  coquillages, 
335.  refpiranion  de  quelques  coquilla- 
ges ,  337.  remarque  generals  fur  la 
partie  qui  fert  de  pied  aux  coquilla- 
ges ,  344.  Coquillages  qui  font  tou- 
jours  fixes  en  un  meme  lieu,  388.  Co- 
quillages qui  donnent  la  teinture  de 
pourpre,  592  ^ /uif.  Coquillage  qui 
luit,  beaucoup  d'aucres  qui  ne  luifent 
point,  41S.  Coquillages  qui  fe  trou- 
vent  dans  une  marne  au-dertbus  d'une 
mine  de  charbon ,  42  j. 

CoguiUes,  fens  dans  lequel  elles  fe  con- 
tournent  ,  pug-  136,  293.  Coquilles 
univalves ,  bivalves  &c.  3  3 1.  ce  qu'on 
entend  par  leur  fommet  ,  leur  bafe, 
leur  largeur,  leur  longueur  &c.  53 1  , 
331.  Coquille  du  lavignon,  334.  de  la 
palourde  ,  338.  du  fourdon,  forma- 
tion de  fes  canelures  ,  339.  Coquille 
des  tellines  ,  341.  de  I' ceil  de  bouc  , 
343.  des  limacjons  de  nier ,  544.  du 
bernard-l'hermite  ,  54?,  ^46.  de  la 
moule  de  mer,  386.  de  la  pinne  mari- 
ne, 3S7.  de  la  petongle.  ibid  &- fuiv. 
des  vers  a  tuyaux ,  38S ,  389.  des  cou- 
teliers,  407.  des  daiis,  411,  413. 

Corail,  pag.  249  Z^  fuiv.  teintures  de  co- 
rail,  2fo  &■  fun:  ce  qui  arriva  a  du 
corail  qui  infufoit  dans  I'efprit  de  vin , 
250.  analyfe  du  corail,  ifi.  poudre 
de  corai! ,  ibid,  eftecs  de  Tefprit  de  vi- 
triol, d'alun,  de  nitre,  de  fel  fur  le 
corail,  2j2,  2J3.  fel  du  corail,  if3 
corail  blanc,  ibid,  en  quoi  le  corail 
diEfere  de  la  madrepore,  371.  en  quels 
endroits  fe  trouve ,  372.  fa  pofition, 
ibid,  fa  fubllance  ,  conjedlure  fur  fa 
formation,  372  ,  575.  d'oii  lui  vient  fa 
couleur  rouge  ,  373.  fes  prctendues 
fieurs,  ibid. 

Coralline  qui  fe  trouve  fur  des  fucus,  pag. 
479,  480.  filets  qui  lui  fervent  d'atta- 
ches  ou  de  racines ,  479.  efpeces  de 
capfules  qui  femblent  en  contenir  les 
graines  ou  les  pouflieres ,  480.  Coral- 
lines, ouvrage  des  infeftes;  Coralli- 
nes, plantes,  ibid. 

CoraUinaruben!,&CC.  492, Coralline  qui 
fe  trouve  fur  le  fucus  teres  ramojijfimus  , 
495,  494.  fes  branches,  fes  articula- 
tions, fa  tige  ,  493.  vue  au  microf- 
cope,  493,  494. 

Cordes,  experiences  fur  leur  roideur  au- 


tourde  diffcrens  axes,  pag.  114.  force 
des  cordes  comparee  a  celles  des  fils 
non  tortilles  ,  173  irfuiv. 

Cordes  fonores ,  leurs  proportions,  leurs 
vibrations,  pag.  109.  force  de  celles 
de  fer,  de  cuivre  jaunc  &  de  cuivre 
rouge,  ;i;c'.  cordede  la  trompette  ma- 
rine ,  remarque  fur  fes  vibrations  , 
122,  125 

Coriaria  ou  herbe  aux  Tanneurs ,  efpece 
de'rhue ,  pag.  468. 

Cornie  bleflee  &  cicatrifee ;  effet  de  cette 
cicatrice  fur  la  vifion,  pag-  43 ,  j8.  fa 
conformation  dans  les  diflferentes  vues, 
47  &•  fuiv.  phenomene  fingulier  de  U 
vifion  actribue  a  la  trop  grande  eleva- 
tion de  la  cornee ,  64.  peut  changer  de 
figure,  67.  tache  occafionnee  dans 
I'oeil  par  quelque  corps  qui  glilTe  fur 
la  cornee,  87,  88.  apparcnce  occa- 
fionnee quelquefois  par  I'humeur  qui 
enduit  la  cornee,  88.  ce  que  c'eft  que 
la  cornee ,  ou  a  quoi  elle  ell  continue  , 

^46  >  54"'- 

Corne.t  de  I'infefte  du  lima^on,  pag.  318. 
des  orties  de  mer,  547,  348,  350, 
3yi,  3  j2.  efpece  de  comes  fervant  de 
jambes  a  I'etoile  de  mer  ,  3  J9.  efpece 
de  cornes  femblables  dans  I'ourfin , 
421 ,  422  ij'fuiv-  rcprodudlion  des  cor- 
nes de  I'ecrevilTe,  453.  Corne  ou  dent 
pointue  qui  fe  trouve  a  la  bafe  des  fe- 
mences  ou  au-deffous  du  fruit  de  cer- 
taines  plantes,  495  ,  496. 

Corps  fvnores  ,  leur  forme  influe  fur  le 
ton  qu'ils  donnent ,  pag.  1 1 1  ,  112. 

Coryfpermum  HiJJbpifolium  ,pag.  fco,    ^01. 

Couleur ,  change  felon  que  I'objet  eft  ou 
plus  ou  moins  obliquement ,  pjf.  41. 
couleur  de  la  gorge  de  pigeon  ,  des 
etoft'es  changeantes  ,  ibidem,  couleur 
de  la  jonquille  vue  au  travers  de  la 
flamme  bleue  de  I'eau-de-vie,  ibidem. 
du  corail  fe  perd  au  feu  &  dans  le  jus 
de  citron ,  42.  comment  on  donnc  aux 
plumets  la  couleur  ecarlate ,  ibidem. 
moyen  de  faire  difparoitre  la  couleur 
d'un  rubis ,  ibidem,  couleur  apparente 
des  objets  nous  aide  a  juger  de  leur 
dillance  ,  48.  les  couleurs  nous  pa- 
roifl"ent  difterentes  par  leurs  oppofi- 
tions  avec  difFerentes  couleurs  ,  ibidem. 
font  modifiees  par  la  qaalitc  de  la  lu^ 
miere,  ibidem,  experience  fur  le  jugc- 
ment  que  nous  portons  fur  la  couleur 
des  objets  vus  a  travers  un  verre  co- 
lore, f  I.  experience  pour  reconnoitre 


DES    MATIERES 


fi  Ics  ieuTi  yeux  voient  les  objets  de  la 
mime  couleur,  51  O/ujV.  caulcs  qui 
peuvent  changer  la  couleur  apparente 
a'un  objet  ,  $4.  couleurs  que  voient 
dans  les  lunettes  d'approche  ceux  qui 
n'ont  pas  I'habitude  de  s'en  fervir.  Si. 
experience  pour  faire  paroitre  les  cou- 
leurs de  I'arc-en-ciel  dans  une  fiole 
d'eau  ,  Si.  quels  fo/tt  les  yeux  qui 
voient  ces  couleurs  &  dans  la  phiole 
&  dans  les  gouttes  de  rofee ,  Si,  8z. 
couleurs  des  images  que  Ton  voit 
apres  avoir  regarde  le  foleil,  96.  cau- 
fes  de  quelques  couleurs  apparentes 
ou  accidentelles,  97.  couleurs  des  mt- 
taux  enfufion,  169.  couleurs  des  me- 
taux  diflous  &  de  leurs  precipites , 
193..  194-  differentes  couleurs  des  pre- 
cipices de  mercure  comment  produi- 
tes,  194  &■  fuiv.  couleur  des  vapeurs 
du  nitre  ,  196.  du  mercure  calcine  , 
197.  couleur  naturelle  au  mercure  he- 
rifTe  des  acides  du  nitre,  199,  zii. 
couleurs  fucceflives  ou  alternatives 
qu'on  peut  donner  au  precipitc  du 
mercure,  8c  comment,  ioi  G- fuiv. 
couleurs  produites  par  le  charbon  de 
terre  ,  210,  lio.  couleurs  fucced'ives 
que  prend  la  liqueur  des  buccins  ex- 
pofee  a  differens  degres  de  chaleur, 
401. 

Couleurs  que  le  fublime  corrofif  donne  a 
cette  liqueur,  404,  40 f.  couleurs  d'uii 
fucit!  dans  quelques  circonftances  pa- 
loiflent  &:  difparoiffent,  490,  491. 

Coulevr^e.  Voyez  Brione. 

Couleurre ^  a  deux  teres  ,  pourquoi  ainli 
nommee  ,  ja".  291.  couleuvre  tres- 
grofTe  dont  la  morfure  etoit  veni- 
meufe  &  la  chair  faine  .a  manger,  ihid. 

CoupcUe ,  a  quoi  Ton  reconnoit  que  I'ar- 
gent  contenu  dans  une  coupelle  eft  af- 
fine,  p.-:g.  161. 

Couperofe  verte,  pjg.  2^4  Zffuiv. 

Coarams  de  la  iClcditerrance,  p^g.   i(52. 

CuuTonrieJn.ptri.-tle,  fa  fleur,  difpofition 
du  piftile  &  des  t'tamines,  p:ig.  4f4. 

CouTonnes  autour  du  foleil  ,  pag.  52.  au- 
tour  des  chandelles,  jS,  f9. 

Coureliers  ou  Couteaux ,  forte  de  coquil- 
lage,  pag.  407  &■  fuiv.  leur  ccquille  , 
407.  ligament  &  membranes  qui  joi- 
gnent  enfemble  les  deux  pieces  de 
cette  ccquille,  407,  408.  a  quoi  fe  re- 
duit  le  mouvement  progrelTif  des  cou- 
teliers,  40S ,  410.  ils  vivent  dans  le 
fable ;  moyens  de  les  en  faire  fortir ; 


58i 


effets  du  fel  fur  cc  coquillage,  ii/'n  & 
409.  tuyaux  qui  leur  fervent  .i  refpirei 
j'eau,  409,  410.  partie  qui  leurfeit  dc 
jambe,  410  t>  fuii.  comment  s'en  fer- 
vent, ibid,  ne  luifent point,  418. 

Crahes  qui  fe  logent  dans  certaines  co- 
quillcs  bivalves,  ne  inangen:  pas  les 
poiflons  renfermcs  dans  ces  coquillcs  , 
529.  reproduction  des  jambes  ou  pas- 
tes des  crabes ,  450. 

Cripufcuh ,  comment  peut  fervir  a  mefu- 
rerla  hauteur  de  latmofpherc,  ii(5, 
217. 

Crre  charnue  de  la  moule  de  mer,  pag. 
586. 

Crocodile  enfcrme  dans  une  caifle  pieine 
d'eau  ,  combien  y  fut  de  terns  farii 
vouloir  minger , pag.  290. 

Crocus  ou  Safran  de  Mars,  pag.  jf6. 

Crue  du  Rhin  Sc  de  quelques  rivieres  , 

p.lo.  1S5. 

Crjfld  d'lflande  diem  par  M.  Hughens  , 
p.  40  &■  fuiv.  par  M.  de  la  Hire,  299 
O-juiy.  fa  figure,  fcs  proprictes,  299  , 
fa  rcfraftion,  jco. 

Crjft.il  de  roche,;;.  41. 

fr^?.!/detartre,2-8. 

CryfidUirt ,  p.  47  ,  peut  avoir  differens 
foyers,  ff  &:  56.  hgure  qu'il  doit  avoir 
pour  produire  la  vue  dillindle  ,  jr. 
cryrtallin  des  Presbytes ,  (^.  vice  du 
cryllallin  ,  j8.  le  cryllallin  ne  peut 
gueres  changer  de  figure,  6-.  fi  la  ca- 
taratlefe  forme  fur  lecryftallin,  74. 
crvftallin  des  I'resbytesqui  ont  la  cor- 
nee  fort  convexe,  78.  crylhllin  tou- 
chant  a  la  retine  dans  quelques  fujets  , 
-?<).  moyens  de  reconnoitre  I'inclinai- 
fon  du  cryrtallin,  88,  89.  fa  ftrufturc, 
94,  100.  cryftallin  des  yeux  d'un  aveu- 

'>   gle ,  j68 ,  ^6^. 

CryftaUtfaiion  qui  fe  fit  dans  une  bouteil- 
le ,  p.  169,  170.  cryrtallifation  du  vi- 
triol vert  &  des  autres  fels  mine- 
raux,  25  J  &fuiv.  efpecede  cryrtallifa- 
tion du  corail  2fv  cryrtallifation  du 
fel  du  falpetre  en  forme  de  vegetation, 
262,265,  264.  _ 

Cutire,  en  quoi  dift'ere  du  laiton,  p.  ijo, 
241.  cuivre  diflous  par  I'efprit  de  nitre 
&  precipite  par  les  alkalis ,  271 ,  272. 
diijbluble  par  prefque  routes  les  li- 
queurs acides,  i-"!.  effet  d'une  plaque 
de  cuivre  mife  dans  une  diflolution 
d'argent ,  272  O/uiV. 

Cuis  -  de-  chevcux  ou  Cub  -  d'anes.  Voyez 
Onits  de  mtr. 


584 


TABLE     ALPH 


Cylindres  fonores  donnent  des  tons  pio- 
portionnels  i  leurs  foliditcs,  p-  Ho 
G-fuii'.  cylindres  de  bois  ont  line  ef- 
pece  de  foyer  de  diiripation  a  chaque 
bout.   111. 

D 

J_J  Ai  L  s  ,  forte  dc  coquilbge  ,  p-  411 
^[aivAtwxcoqw'Mt,  411,415.  leurs 
habitations  ;  efpece  de  mouvement 
progrcffif  de  ces  animaux  ,  413,414.. 
leurs  tuyaux ,  416.  leur  pourpre  ,  416. 
leur  propriete  phofphorique ,  416  G- 
fun: 

Vibordemen':  de  la  '^eine,  p.  iSo. 

DicUn.iifon  de  raimant,  reconnue  varia- 
ble par  Gaflendi  ,  jag.  18.  recher- 
ciies  fur  la  loi  de  variation  par  Hailey, 
■p.  19,  8c  parM.  de  Li(le,p.  16  O/uiV. 
fuite'  d'obfervations  fur  cette  matiere  , 
11  &fuiv. 

Dents  (efpeces  de )  de  I'etoile  de  mer, 
p.  55S.  de  Tellomac  des  ecrevilles , 
437.  efpece  de  dent  au-deffous  du  fruit 
oudes  femences  de  certaines  plantes, 
49,- ,  496.  dents  qui  tombent  fans  dou- 
leur  ni  effufion  de  fang ,  545. 

J9^p£«/e  de  I'eau  de  difftrens  jets,  p.  114. 

Difomlk  quittee  par  recreviffe  dans  fa 

mue,  p.  437,  458- 

De/cratfi  de  vellie,p.  567,  565. 

Dilatation  apparente  des  objets  lumi- 
neux  ,  p.  59,  4V  ^^  !=•  prunelle  de 
I'oeil  dans  I'obfcurite,  j^  efFets  de  la 
dilatation  de  fair  &  de  quelques_  li- 
queurs, 149  6"  fiiiv.  dilatation  de  fair 
obfervee  en  differens  cndroits  &  a 
differentes  hauteurs,  167,  168.  dilata- 
tion de  fair  du  barometre  dans  un 
lieu  echauflfe  par  un  grand  feu  de  mi- 
ne d'acier,  i68. 

Dijjhhans  des  bitumes  &  des  refines ,  p. 
267.  des  matieresfalines.  Sec.  ibid,  des 
mctaux,  2.71. 

Dijfonances ,  p.  109. 

Diflance  connue  d'un  objet  ,  influe  fur 
I'idee  qu'on  fe  forme  de  fa  grandeur , 
p.  48.  comment  on  juge  de  la  dillance 
des  objets  par  lavuefeule,  p.  49.  on 
en  juge  mal  avec  un  oeilfeul  felon  M. 
dela  Hire,  iAirfem.  dirtance  apparente 
d'une  chandelle  vue  pendant  la  nuit, 
9f;. 

Dijlilktion  des  efprits  acides  eft  une  ef- 
pece de  fublimation ,  p.  177-  de  la  ma- 
tiere ftcale  feule  &  avec  differens  in- 


A  B  E  T  I  Q  U  E. 

termedes  &  a  grand  feu,  281  Et'/ujV. 
au  bain-marie,  285. 

Diocephalon  Americanum ,  p.  494  &"  fuiv. 
propriete  de  fa  fleur,  pourquoi  cette 
fleur  a  ete  nommee  cataleptique  ,  494 
£--  fuiv. 

Du6liliii  dc  divcrfes  matieres,  p.  211  v 
fuiv.  deux  fortes  de  corps  duftiles , 
2ii.  duftilite  de  for  &  de  I'argent , 
222  Er  Juiv,  du  verre  ramolli  par  le 
feu,  224  ^  juiv.  de  la  matiere  des  fils 
de  ver-a-foie  &  d'araignee  ,  227  &• 
fuiv. 

Duodenum  ,  membranes  de  cat  inteftin 
formant  par  leur  extenfion  une  poche 
plcinedepierres,p.  f25,  P-4. 

Durt-Mere,  la  cornee  lui  ell  continue, 
p.  j4(j  ,  5-47.  fa  feparation  d'avec  la 
pie-mere,  546.  canal  qu'elle  donne  au 
nerf  optique,  5-47.  OS  trouves  dans  la 
dure-mere,  J71. 


TLau,  comment  fe  glace ,  p.  51.  fa  re- 
fraftion ,  52 ,  74.  fa  gravite  fp^cifique , 
58.  celle  de  I'eau  de  mer,  ibidem,  de 
difterentes  eaux ,  59.  vitefles  dc  feau 
fortant  par  differentes  ouvertures  de 
tuyaux  de  differentes  hauteurs,  112  &> 
fuiv.   experiences   fur   le   mouvement 
que  prennent  dans  une  eau,  mue  cir- 
culairement,   des  corps   un  peu  plus 
pefans  que  I'eau,  113.  acceleration  de 
I'eau  ,  ibid,  force  de  feau  qui  fait  un 
pied  par  feconde ,  ibid,  jets  d'eau  natu- 
rels   aux  environs  de  Bologne  &  dc 
Modene   &    dans  la  Baffe-Autriche , 
115  ,    114.  ce  que  c'eft  qu'un   pouce 
d'eau  ,    114.  depenfe  des  jets  d'eau, 
quelle  proportion  elle  fuit  ,   114.   vi- 
teffe  d'un  corps  nageant  dans  I'eau  , 
ibid,  quantite  d'eau  qui  s'ecoule   par 
une  ouverture  horifontale  &  par  une 
ouverture    verticale  ,    ibid,    quantite 
d'eau  qui  fe   perd  par  un  trou  rond 
d'un  pouce  de  diametre,  114,  11  y.  vi- 
teffe  des  ondes  excitees  dans  feau  par 
la  chiite  d'une   pierre  ,    117.  effet  de 
I'eau  bouillante  fur  fair  ,  117  Zr- fuiv. 
h  refiftance  au  mouvement  d'un  pen- 
dule  comparee  a  celle  de  fair,  119. 
refradlion  des  balles  de  moufqu.t  dans 
'eau ,  1 20  &■  fuiv.  effets  &  applatiffe- 
ment  de  ces  balles,  120,    121.  quan- 
tite d'eau  torabte  en    1709   a  Paris, 

■140. 


140.   en  divers  autres   endroirs,  141 
G- /uiV.  eau  de  la  mer ,  fcs  aualites, 

160.  161.  eau  de  met- artific idle,  160, 

161.  analyfe  de  rcaudemer,  160.  dif- 
ferences entre  I'eau  prife  dans  la  mer 
ii  diffcremes  profonaeurs,  a  differen- 
tes  dillancesdes  terres,  &c.  iCo,  i6i , 
166.  e.iu  de  mer  filtrce  a  travers  la 
terre  Sc  a  travers  le  lable,  i6i.effet 
de  i'eau  de  mer  lur  les  legumes  &  la 
chair  de  mouton  qu'on  faiccuire  avec, 
161.  eau  d'Arcueil,  fel  qui  fe  forma 
dans  une  bouteille  de  cetteeau,  170. 
depot  qu'elle  fait  dans  fes  canaux , 
ibid,  air  contenu  dans  i'e.iu,  170.  ex- 
perience fur  la  communication  de  I'air 
dans  I'eau,  170,  17 l.  quantitc  d'eau 
tombee  en  nil  en  divers  endroits, 
180  (yfuiv.  effet  de  I'eau  fur  le  pliof- 
phore  d'urine,  191.  quelle  ell  la  caufe 
dela  fluiditc  de  I'eau,  198,  199.  eau 
melee  avec  de  I'efprit  de  vin,  ce  qui 
en  refulte,  118.  examen  de  quelques 
eaux  minerales  de  France  ,  119.  quan- 
tite  d'eau  tombee  en  1711  ,  2ZO. 
eau  de  pluie  ramalTee  fous  une  gout- 
tiere,  ce  qui  s'y  forma,  164  &- fuiy. 
I'eau  eft  le  dilTolvant  des  matieres  fali- 
nes,  167.  precipite  des  eaux  de  Pafly , 
269.  rapports  de  I'eau  avec  I'efprit  de 
vin,  ibidem,  eau  de  chaux ,  174.  eau 
verfee  fur  du  bifmuth  penetre  des  aci- 
des  du  nitre  fur  du  plomp  diffbus  par 
ceux  du  vinaigre,  ibid,  eau  tiree  de  la 
matiere  fccale  ,  181  Er/io's'.  eau  diftil- 
lee  de  cette  meme  mitiere  aprcs  une 
longue  fermentation,  285.  I'eau  feule 
n'agit  point  fur  lebezoard,  ;i2.  eaux 
foufrees  des  environs  de  P'oligno,  de 
Tivoli,  ;oi.  eaux  falees  de  Gex,  42.6. 
I'eau  nc  dilfout  point  les  poullieres  te- 
condantes  des  neurs  ,  4J0.  eau  con- 
traire  aux  dents,  f4f. 

Eau-mere  du  vitriol  &  des  autres  fels  fof- 
files ,  5J.r.  2;f  ij  fuiv.  effets  du  me- 
lange de  I'eiu-mere  du  vitriol  avec  di- 
verfes  autres  liqueurs  ,  257,  238,  em- 
ployee en  medecine ,  5^58. 

Enu  regale  verfi'e  fur  I'antimoine  ,  pag. 
2'')8.  compofitionde  I'eau  regale,  27^. 
experience  faite  a^ec  de  I'eau  regale 
foible  &:  nouvelle,  ibid. 

Eau  fpiritueufe  tiree  de  diverfes  plantes 
aromatiques  ,  fes  bons  ettcts,  pag.  J41. 

Ccaii/e  des  ecreviffes,  deshomards,  des 
crabes,  fe  reproduit,  p.tg.  450.  ccaille 
des  pattes  de  I'ecrevilic,  fes  futturcs. 

Tone  III ,   Panic  Fruncoiji. 


D  E  S    M  A  T  I  £  R  E  S.  ygf 

451.  tiffu  de  rrfcaille  de  I'ecreviffe  , 
45;.  comment  I'^crevilfc  change  A'i- 
caillc ,  45  f  ir/t/ii .  coulcur  de  I'ecaille 
quand  la  nuie  eft  prochaine  ;  coulcur 
de  la  nouvelle  ccaille  aprcs  la  muc  , 
4?^.  459-  etfets  de  ditferens  dcgrcsdc 
chaleur  fur  cette  ccaille,  439,  &  de 
I'eau-de-vie,  ibid. 

EcailUs  des  rayons  d'une  ^toile  de  mer , 
pag.^ic). 

Echo  ,pag.  108,  lyi  ,  i  f 2. 

Eclipfes  de  foleil,  pag.  8  8f  9.  de  Jupiter 
&  de  fes  fatellices  par  la  lune,  ii.  de 
Venus  par  la  lune ,  1 1  ,  12.  de  lune  16. 
autre  fuivie  d'un  mcteore  ,  32. 

Ecorce  enlevce  a  des  ormcs  en  tout  ou  en 
partie,  p.i^.  44o£.-/i;i;.  tombe  d'elle- 
meme  a  quelques  arbres  &  fe  renou- 
velle  ,  440.  ecorce  fine  ou  parchemirj 
qui  fe  trouve  fous  I'ecorce  grofliere  dc 
certains  arbres,  441.  tilfu  de  ce  pai- 
chemin  dans  le  palmier  de  la  Chine, 
iifage  qu'en  font  les  Chinois,  441.  A 
I'ecorce  contribue  a  la  nourriture  dc 
I'arbre  ,  ibid  &•  fuii'.  portion  d'ccorce 
enlevce  a  une  ente  d'olivier ,  ce  qui 
en  arrive  ,  441.  a  un  vieil  olivier  & 
remplacee  par  I'ecorce  d'un  olivier 
plusjeune,  441.  ecorce  interieure  ou 
libtr,  442  ,  4^3.  ecorce  des  triiffes, 

461,   462,  467. 


EcreviJJes  ,  reproduftion  de  leurs  jambes 
ou  pattes,  de  leur  ecaille.  Sec.  pag.  430. 
&'J'uiv.  de  leurs  pinces,  de  leurs  cor- 
nes,  &:c.  4; ;,  434.  comment  I'ecrevilfe 
change  de  peau  ou  d'ecaille,  435  &• 
fuiy.  change  aulfi  d'eftomac  ,  457.  yeux 
d'ccrevifie,  ce  que  c'eft,  4;8.  accroif- 
fement  de  I'ecrevifTc  ,  fa  lenteur, 
439.  il  eft  peut-etre  la  caufe  de  la  mue. 

Effervefcence  condition  ncceffaire  pour 
que  le  melange  des  acides  des  vegc- 
tanx  &  des  animaux  avec  les  alkalis 
volatils  ,    produifenc   I'effervefcence , 

P:lg.     186  ,    187. 

Egigropil'!  qui  fe  trouvent  dans  I'ettomac 
de  quelques  animaux,  pag.  32 f. 

Emphyf-me,  cc  que  c'eft,  p.fj.  crti.  fe  for- 
me quelquefois  a  la  fuite  des  plaies 
de  la  poitrine,  &:  dans  quel  cas,  f(5i  , 
f(j2.  comment  fe  forme  ,  jtf?  ,  f64. 
obfervation  d'un  emphvfeme  I'urvcnu 
a  la  fuite  d'un  coup  d'eptrc  a  la  poi- 
trine ,  f ^4  &-fuir.  grandeur  de  cet  em- 
phyfeme  ,  ^6^,  {6f.  occupoit  prefque 
toute  I'habiuide  d'l  corps  ,    yf^f.  en 


585. 


TABLE    ALPHA BETIQUE 


quelles  paijties  etoit  plus  confidera- 
ble,  ibid,  parties  qui  en  etoient  exemp- 
teSj  itirf.  3  qvjoi  Ton  peut  attribucr  la 
grandeur  de  cet  emphyfeme  ,  56^, 
(66.  autre  emphyfeme  qui  caufa  aufll 
la  mort  obferve  dans  le  cadavre ,  ^66  , 
$6j.  membrane  veliculaire  qui  paroif- 
foit  en  etre  le  fiege ,  $67.  efpece  d'em- 
phyfeme  naturel  dans  le  pelican ,  ibid. 

Empreinres  dc  coquilhges  &  de  plantes 
fur  des  pierres ,  pag.  151  ^fuiv. 

Encre  de  fympathie ,  pag.  1^1. 

Engourdijjemtnt  des  pieds  &  des  mains 
compare  a  certaine  affeftionde  I'oeil, 
V'^S'  7S-  engourdiflement  caufe  par 
I'attouchement  d'un  poiiTon  ,  igo. 

Eo!ipi/e  expofe  a  un  feu  violent,  pag.  i  Ji. 

Ephemere  de  Virginie  ,  pag.  449. 

Epiderme  de  la  plupart  des  animaux,  ce 
que  c'eft,  pag.  459. 

Epilepfie  qui  attaqua  un  enfant  a  9  ans , 
fes  progrcs  &  fymptomes  qui  I'accom- 
pagnerent,  mort  du  malade,  pag,  54,. 
ouverture  du  cadavre ,  ^44. 
Epines  de  I'ourfin  de  mer,  pag.  411. 
Eponges ,  pas,.  570.  mouvement  de  fyftole 
&    de   diaftole  dans  quelques-unes  , 

Epo/ige  dublanc  d'cEuf,   576,  577. 
Eralle  qu'on  avoir  coupe,  efpece  de  ve- 
getation qui  fe  fir  fur  la  fouche,  pag. 
444   &■  fuiv.  pouffiere   fecondante  de 
I'erable  ou  fycomore ,  449. 
Efophage  ,    fa  membrane  interne  rendue 

par  ie  vomilTement,  pjg-.  550. 
Efprit  de  nitre  combine  avec  le  mercure, 
pag.  268,    avec  I'efprit  de  fel  ,    27J , 
179.  avec  I'efprit  de  vin,  278.  Vnye^ 
Nitre.  Proprietes  de  I'efprit  de  nitre  , 
fon  union  avec  les  foufres,  avec  I'ef- 
prit de  vin,  270.  efprit  de  nitre  mele 
avec  les  huiles  diftill^es,  287. 
Efprit  defil ,  fes  differentes  qualites  rela- 
tivement  aux  acides  niireux  &  au  mer- 
cure ,  pag.  209  &  fuii\  fes  divers  effets 
fur  une  diffblution  de  mercure,  210. 
vapeur  de  I'efprit  de  fel  melee  :i  celle 
d'un  alkali  volatil ,  247.  efprit  de  fel 
verfe  fur  ramimoine  ,    268.  effet  de 
I'efpri:  de  fel  fur  I'or,  27J.  efprit  de 
fel  mele  avec  I'efprit  de  nitre ,  ibid. 
■    279.  fuites  de  cette  union,  2-9. 
Efprit  de  vin,   fa  refraftion  comparee  a 
celles   de  quelques   autres  matieres , 
pag.  74.  experiences  faites  fir  des  ther- 
mometres  a  efprit  de  vin,  14^  &  fuiy. 
effet  de  I'efprit  dc  vin  fur  le  phofphore 


d'urine ,'  1^2.  du  melarvge  d-e  Tefprit  de 
vin  avec  l'eaUj'2i8.  flaiiime  de  refprit 
de  vin  fur  laquelle  on  verfe  de  I'efprit 
de  nitre ,  2^4.  effet  de  I'efprit  de  vin 
fur  le  corail ,  ijo.  fes  rapports  avec 
I'eau  &  les  refines ,  169.  efprit  de  vin 
combine  avec  I'efprit  de  nitre,  278, 
279.  I'efprit  de  vin  feul  n'agit  point  fur 
le  bezoard,  322.  ne  diffbut  point  les 
pouflieres  fecondantes  des  fleurs,  4J0. 
en  tire  quelque  teinture  ,  ibid,  em- 
ploye a  tirer  la  teinture  de  rhubarbe, 

JI9- 
Eftomac  de  TecrevifTe ,  fa  mue ,  dent  dent 
il  eft  muni,  pag.  457.  fucs  de  I'eltomac, 
leur  effet  fur  le  lait  dans  des  chiens 
qui  tettoient,  5-42. 
Etain  de  glace,  peg.  i^-j.  calcination  de 
I'etain  au  verre  ardent,  254.  melange 
de  I'etain  avec  le  fer  fait  au  verre  ar- 
dent, 256.  fiimee  que  produit  ce  me- 
lange ,    ibid,   chaudieres  d'etain  em- 
ployees par  les  anciens  pour  preparer 
la  teinture  de  pourpre  :  &  par  les  mo- 
dernes  pour  faire  la  teinture  d'ecar- 
late ,  400. 
Etamiiies  des  fleurs  &:  leurs  fommets,  v. 
Aiifi ,  447.  fleurs  a  etamines  446,  452. 
etamines    des  fleurs   tubulees  ,    447. 
manquent  a  I'ariiloloche  longiie ,  iUd. 
des  fleurs  a  fleurons ,  a  demi-fleurons 
ou  radices,  ibid,  de  la  fleur  de  la  pref- 
le,  454.  des  fleurs  des  arbres  fruitiets 
&c.  accidens  qui  les  empechent  d'o- 
pci  er  la  fecondation  ,  454 ,  45  f .  ce  qui 
arrive   lorfqu'on   coupe  les   etamines 
trop  tot  dans  les  plantes  ou  elles  font 
fcparees  des  fleurs  a  fruit,  4  y?.  etami- 
nes du  bled  de  Turquie  coupees  avant 
la  chilte  des  pouflieres,  4f6.  etamines 
du  coriaria ,  468.  du  ficoidea,  469.  de 
la  figue ,  498 ,  499.  de  la  fleur  du  coryf- 
permum,    joo  ,    501.  de  celle  du  rici- 
roidcs  ,  '502.  de  celle  de  Valypum  ,  J04. 
de  I'arbie  du  cafe,  J07.  de  I'opantia  , 
out  un  mouvement  analogue  a  celui 
des  feuilles  de  ia  fenfitive,  512. 
Erincetles  de  feu  que  Ton  voit  quelque- 

fois,  a  quoi  attribuees,p.io'.  75. 
Etoilcs  nouvelles  ,  dans  le  eigne,  p.  9, 
dans  le  cou  de  la  baleine ,  dans  le  fa- 
gittaire,  dans  le  ferpentaire  ,  dins  le 
lion,  dans  la  tcie  de  Medufe  ,  dans  le 
grand  chien  ,  dans  le  navire ,  dans  An- 
dromede,  dans  Cafliopee  ,  dans  Pe- 
gafe  ,  dans  les  hiades,  dans  lavierpe, 
dans  I'hidre  ,  dans  la  balance ,    daris 


D  E  S    M  A  T  I  E  R  E  S. 


le  lievre,  lo  &  ii.  obfcrv^es  par  Ics 
Anciens,   ii. 

Etuiles  de  mer ,  p.  5  j8  S"  fuiy.  leur  peau  , 
?s8.  etoile  a  un  feul  rayon,  leurs  cou- 
leurs ,  ibid,  leur  boiichf  nii  fiKfoir  ,  iliid. 
de  quoi  fe  nourridenc,  leurs  de?its ,  ;'/>. 
chaleur  bnilame  qu'on  leur  a  faiif)'e-i 
ment  attribuee  ,  ^jS.  leurs  jambcs 
3f8  (r  fuiy.  jeu  de  ces  jambes  ,  ^59, 
?6o.  leur  glu ,  ^So,  ^8i.  nombre  de 
leurs  jambes  ,  381.  petite  ccoiie  de 
mer,  419  ^fuiv.  fon  mouvement  pro- 
greliif ,  4io. 

Excrimens  de  la  moule  de  mer',  n.'  i%t , 
586.  ■      .. 

Emcroifknce  ou  plante  finguliere  ptoduite 
par  la  fouche  d'un  crable  coupe  ,  p. 
^44.  44^.  ftrufture  externe  &r  interne 
ae  cette  plance ,  445.  efpece  de  graines 
trouvces  dans  fon  interieur,  14/5. 

Extenfthiliti  inegale  des  parties  des  plan- 
tes,  a  quoi  peut  s'attribuer,  f.ig.  156  , 
- 157.  extenfibilite  d'une  meme  pirtie 
enfens-contraires,  137. 

Exirau  refineux  &  extrait  falin  de  I'ipe- 
cacuanha  ,  leurs  divers  efFets ,  p.  liS. 
extraits  de  la  fcammonce ,  ibid,  de  la 
rhubarbCj  518  G'Juiy.  de  mcchoacan, 

F 

t^  ACULES  obferv^es  dans  le  foleil',  p. 
4  iyfuiv.  'I     '- 

Ftdhur,enfes ,  mines  de  cuivre  cn  SUede , 
p.  184. 

Febrifuges,  p.  J44. 

Fkale  (  matiere  )  analyfee  ,  p.  iSq  ^fuiv. 
quantite  de  matiere  retydue  par  un 
homme  fain  en  une  fois ,  i8i.  i  quoi  fe 
reduifoit  ctant  defTechee,  ibid,  dittil- 
lee  feule  ,  ibid,  diltillee  avec  divers 
intermedes ,  l8l.  avec  de  I'alun ,  avec 
du  colcothar,  ibid,  refidu  de  cette  ma- 
tiere fermentee  ,  puis  diilillce,  185. 
maniere  de  titer  du  phofpore  de  la 
matiere  fccale,  18 f  t- /ii/i'. 

Fer  ,  s'il  peut  etre  ppodtiit  artificielle- 
ment,  p.  119  &-  fuiv.  peut  fe  troilver 
dans  certains  melanges  cn  tel-  etatqu'il 
ne  foit  plus  attirable  a  I'aiman",  i;o, 
131.  cn  quelle  proportion  meld  avec 
I'eau  fiins  celVer  d'etre  fenfible,  150. 
eft  en  forme  de  vitriol  dans  les  plan- 
tes  felon  M.  Lemery^  130.  qualitc  du 
fer  tire  du  vitriol  S:  de5p!anres,  151. 
principe  du  fer  tire  du  vitriol,  lu-  en 
quel  etat  Ic  fer  ell  dans  le  vitriol. 


f87 


237.  effet  du  foufre  fur  1c  fer ,  143  S" 

fuiv.  effet  d'un  fel  fomlu  fur  le  fer ,  144. 
fer  dans  le  corail,  iC3.  huile  du  fer, 
moyen  de  ll  faite  paflcr  dars  I'avgant, 
lyj. -.nelinge  du  fer  avec  I'ctain,  f^- 
mcc  qu'il  jctte  ,  2f6.  fer  dilTous  par 

•I'efprit  de  nitre  &  precinjii^  par  les  al- 
kalis, 271  if  fiiiv-  dilTolublepar  pref- 
que  routes  les  liqueurs  acidcs ,  27 1 .  fer 
pris  intcrieurement ,  fes  preparations  , 
ff6j  ?f7.  cn  limaille,  en  fr3cu.r,  fj6. 
fon  adion ,  ibid,  fon  huile,  ibid,  em- 
ploye en  fubftance  comme  abforbint , 

■ibid.  iux.  du  fer  dans  le  vitriol  ff6, 
f  J7.  fon  adlion  etant  pris   interieure- 

,ment,   5-57.  preparation  de  fer  non- 

■  mee  arbre  de  Slars ,  ibid,  prife  intc- 
rieurement ,  a  qucUes  dofes  &:  dans 
quellcs  maladies,  ibid  le  fer  eft  aperi- 
tif &:  aftringent ;  comment  rcunit  ces 
deux  qualites,  <;^j ,  jjS.  fa  ftiptiche, 
ibid.  .      I 

Tamtntonim  ,  fes  ei&ts  fur  la  matiere 
fccale,  p.  282,  283. 

FeTtilxti  de  la  terre  aprcs  I'hiver  de  1709  , 
p.  140. 

Ferut  fans  cervelle,  cervelet  ni  moelle  cpi- 
niere,  p.  ^41.  autre  fetus  monftrueux 
portant  fon  coeur  au  dehors  pcndua  foa 
cou,  yyo.  autre  tetus fans  cerveau^ni 
moelle  ^piniere  ,  ibid,  autre  fetus  farii 
cerveau  &  a./ant  les  os  dc  la  tect  mal 
conformes,  f7i.  .■    '. 

Ffu  ordinaire,  en  quoi  differe  du  feu  (b- 
laire,  p.  41.  effets  du  feu  I'ur  des  phio- 
les  contenant  divers  fluides  ,  149  &• 
fuiv.  d'un  feu  violent  fur  u;i  eolipylt , 
I  fi.  matiere  du  feu  .  effet  de  la  pre- 
fence  de  fes  parties  fur  les  vapeurs  du 
nitre  196.  fur  le  mercure ,  197.  prei. 
fence  des  parties  du  feu  dans  les  ma- 
tiares  terreufes  calcinees,  198.  dins 
I'eau,  198,  199.  comment  donnent  la 
couleur  rouge  aux  precipites  de  mer- 
cure, 199  t>/uir.  comment  revues  Sr 
retenues  dans  les  pores  de  ce  ce  mct»l , 
2c».  effets  de  leur  prefence  dans  c«r- 
taines  preparations  de  vitriol  ,  2;8 
if  fuiv.  font  rcpandues  dans  I'lir.  effet 
tie  la  violence  du  feu  fur  des  huiles  dif- 
tillees  ,  282.  particules  de  feu  conte- 
nues  dans  an  pnofphore ,  dans  la  chaux 
vive,  288,  289. 
FtuV.U  d'une  forte  de  fijcus  ou  <l'aJgue  , 
•   p.  472,  475.  feuilles  de  fucus  fur  lef- 

■  quelles  fe  trouvent  les  fleurs,  puts'les 
graines ,  474  (^fitiv.  t&i  it  fuiv-  tuber- 

£4  ij 


y88 


TABLE    ALPHABET.  IQUE 


cules  ou  vefTies  qui  viennent  fur  ces 
jnfmes  feuilles,  478,  485.  feuilles  de 
quelqu'autres  fucus,  480,  48?,  484, 
485,  486,  487,  488,  489,490,  491- 
<lu  coryfpeTmum ,  500 ,  joi .  de  Yaljpum, 

T04- 

Fibres  du  coeur  de  rhotnrae ,  leur  direc- 
tion, pag.  29;.  du  cCEur  d'line  tortue 
de  mer,  294.  fibres  qui  paroiffent  dams 
la  fubitance  de  la  truffe,  464,  465.  fi- 
bres du  coeur,  leurs  contours,  com- 
ment foiment  la  cloifon  ;  fibres  qui 
Tenveloppent ,  entrent  dans  le  ventri- 
cule  gauche  &  y  ferment  les  colon- 
nes,  5;o,  j 5 1.  relachement  des  fibres 
corrige  par  I'ufage  du  fer  ou  mars, 
5C8.  relachement  des  fibres  de  Tefto- 
mac  ,  le  quinquina  y  remedie  ,  5^9. 
fibres  de  I'eftomac  &  des  intelHns  , 
equilibre  necelTaire  entre  leur  force 
&  la  force  de  I'air  renferme  dans  ces 
vifceres ;  deux  manieres  dont  cet  equi- 
libre  fe  rompt,  &  ce  qui  en  tefulte, 
fCo. 

Fkoiiea,  p.  469,  470.  fa  fleur,  469.  fon 
fruit,  ibid. 

Tievres  que  le  quinquina  ne  fait  que  fuf- 
pendre ,  p.   fjg.  fievres  qu'il  guerit, 

''  S^9i  f6o.  autres  fievres  qu'il  aggiave  , 
560. 

Figue ,  feul  fruit  dont  on  n'apper<^oit  pas 
la  fleur,  p.  453.  cette  fleur  reconnue 
&  decrite  pat  quelques  Auteurs,  ibid. 
&  497  if  full',  fes  femences,  497.  leur 
parenchyme  foutenu  par  un  calice  &: 
furmont^  d'une  efpece  de  pirtile ,  ibid. 

.  feuilles  dans  I'intcrieur  de  la  figue , 
ibid,  corps  qui  paroiffent  etre  les  fom- 
mets,497,  498.  ,     .  . 

Fil,  force  des  fils  reunisfans  etre  tortil- 
les,  comparee  a  celle  des  cordes ,  p. 
175  if fuiv.  fild'or,  iiiZffuiv.  n!  de 
verre,  iij  &fuiv.  fil  de  ver-a-foie  & 
d'araignee,  ii6  &fuiv.  tenuice  des  fils 
d'araignee  ,  230.  comment  ces  fiJs 
prennent  de  la  confiilance,  230,  251. 
effet  de  la  chaleur  fur  la  matiere  de 
ces  fils,  5ji;  efFet  de  I'eau  &  de  I'ef- 
prit  de  vin  fur  cette  meme  matiere  , 
231.    les  araignees  forment  de  deux 


Filieres  des  araignees,  v.  i2.y  C-'fuiv.  ^ij 
filierc  de  la  moule  cle 


mer,  383.  dela 
petongle,   388. 

Fijlule  lacrymale,  ce  que  c'ert,  npoyens 
&   inftrumens  imagines  &  employes 
.pour  la  guerir, 'p.  .y70. 

Flammes  ouj?flmme/ret,coqui.l:lages,p.  5 54. 

Flemengieiinus,  puits  d'une  mine '.en  Sue- 
de ,  p.  184.  -■ 

Flemingjfchatet  ,    puits   d'une    mine   en 
Suede,  p.  184. 

FkuTS  de  quelques  plantes  marines  ,  p. 
374.  examen  des  principales  parties 
des  fleurs,'44(5  &■  fuiv.  fleurs  a  etamines 
ou  chatons  ,  446,  4?2.  fleurs  a  fruits, 
ihid.  flent  de  la  paliion ,  fa  poufliere 
fecondante,  449.  fleurs  radices,  leurs 
pouflieres  fecondantes  ,  449.  fleurs 
qui  ont  plufieurs  pilliles,  auires  qui  n'en 
ont  qu'uo ,  4  50.  fleurs  males  du  poti- 
ron  ou  faufiTes  fleurs,  4fi.  leurs  fom- 
mets,  leur  poufliere,  comment  fe  re- 
pand,  ibid,  fleurs  a  huit  oufieuisfe- 
melles  du  potiron,  embrion^du  fruit, 
piftile,4fl ,  4f2.  fleurs  males  &  fleurs 
femelles  feparees  dans  plufieurs  autres 
plantes  raais  croiflant  fur  un  meme 
pied,  4^2,  4f-8.  fur  des  pieds  fepares 
dans  d'autres  plantes,  ibid,  fleur  de  la 
figue,  4f3,  .^cjy  t-fuiv.  fleurs  a  etami- 
nes chargees  de  poufliere,  de  !a  prefle, 
4^4.  fleurs  des  arbres  fruitiers,  &:c.  ac- 
cidcns  qui  empechent  quelquefois  que 
■les  fruits  ne  leur  fuccedent,  4J4,  4yj  ^ 
fleurs  males  &  fleurs  femelles  du  poti- 
ron ,  458,  4f9.  fleurs  ducoriaria,  468. 
du  jafminoides,  46S,  469.  du  ficoidea, 
469.  <lu  partheniallrum,  .470.  de  quel- 
ques fucus,  470  &fuiv.  482,485,  487. 
du  dracocephalon,  494  &  fuiv.  pedi- 
cule  de  cette  fleur  ,  495.  de  la  figue, 
497)  49S-  fleurs  males  du  ma;s  feparces 
des  embrions  du  fruit,  499.  fleurs  ma- 
les qui  ont  donne  de  la  graine  fur  quel- 
ques pieds  de  mais,  ibid,  fleur  du  co- 
ryfpermum,  500,  joi.  fleurs  du  rici- 
noides,  502.'  de  Vahpum  ,  504.  de  I'ar- 
breducafe,  506,  J07.  du  lichen  etoi- 
le,  jii. 
Flions.  Voyez  Telljnes. 


fortes  de  fil,  512.  leur  force  comparee     Flux  &■  Tejlu.v  de  la  riviere  de  Menan  au 
>_-ii_j..  cij — ir-:„_-,.    I-  i-j„c; _.    *0    ^^u^^^i 


a  celle  du  fil  des  vers-a-foie;  313.  le 
fil  d'araignee  eft  pluscrep^,  ibid,  fils 
des  monies,  334,  381  G^./ijiy.  despin- 
nes  marines ,  387.  de  la  petongle,  ibid. 
Fihu  de  la  retine  &  du  nerf  optique,  p. 
66, 6y.  dans  les  oifeaux ,  67. 


royaume  de  Siam,  ;;.  28.  de  Ja  mer  a 
Cayenne  ,  29.  en  difi"erens  endroits 
d'Amerique ,  29  &  30.  opinions  de  di- 
vers Auteurs  fur  les  caufes  du  flux  & 
reflux ,  I  J2  &■  liiii .  a  quelle  latitude  le 
flux  ceffe  d'etre  fenfibk,  156.  flux  &; 


D  E  5    M  A  T  I  E  R  E  S. 


icfliix  ne  fc  fait  fcntir  qu'uiie  fois  en 
24  heures  dans  certains  cliniats ,  ip. 
n'a  pas  lieu  dans  la  Mediterrancc  en 
general ,  161. 

Foiesde  moutons  decrits,  p.  191.  foie  de 
la  moule  des  ctangs,  564,  j66. 

f on^f  de  la  mer , p.  159,160. 

Fontaines  dont  I'eau  ell  contraire  aux 
dents,  p.  J4f. 

Force,  experiences  fur  la  force  de  I'hom- 
me  &  fur  celledu  cheval,  p.  121 ,  lii , 
125'  ,  126.  fur  la  force  des  mufcles, 
125.  fur  celle  des  cordes  &  des  fils 
non  tortiilcs,  175  iy  fuiv.  force  des 
fils  de  verre  ,  217. 

Foiirmis  ,  ciuantite  d'acide  qu'elles  doii- 
nent  par  la  dirtillation,  p.  iSg. 

Foyers  des  verres  de  lunettes ,  du  cryftal- 
lin  de  I'oeil,  p.  ff ,  56.  des  humeurs 
de  I'oeil  &  des  matieres  etrangeres  qui 
peuvent  s'y  trouver ,  72 ,  74.  foyer  ab- 
iolu  d'un  verre  convexe  ,  77.  foyers 
des  verres  de  lunettes  employes  a  me- 
furer  la  force  des  yeux  ,  105.  foyers  de 
difllpation  du  fon  obferve  dans  les  cy- 
lindres  de  bois,  H2. 

Fr^xinells  monrtrueufe,  p.  291. 

Froid,  (  fenfation  du  )  a  quoi  attribuee, 
p.  ?l.  froidde  1709,  ijS,  1 39  ,  140  &• 
fuw.  froid  de  1710,  froid  de  la  neige  , 
165  ,  froid  de  la  glace,  168,  iCi^).  de 
I'annte  I7i2,p.  220.  effetdu froid  fur 
une  malTe  d'argent  fondu  qui  com- 
mence a  fe  figer,  261.  du  contaft  fubit 
d'un  air  froid  fur  la  boule  d'un  ther- 
mometre  fort  tchauffee  ,  262.  froid 
que  Ton  fent  dans  les  caves  en  cte, 

trovemens  des  corps  ,  par  quoi  font  occa- 
fionnes  &  a  quoi  font  proportionnels  , 
p.  123  &fuiy.  frottement  des  fils  qui 
compofent  une  corde,  173,  177. 

Fruits,  moyen  de  les  garantir  de  la  ge- 
Ice ,  p.  jr.  fruits  non  murs  Sc  fruits 
milrs  ;  differences  que  donnent  leur 
analyfe,  1S6.  fruit  de  VAcucia  ftni 
Egypti^c.i,  5IJ,  526.  teinture  qu'on  en 
tire,  ufage  qu'on  fait  de  ce  fruit  dans 
le  pays,  326.  fruit  du  paima  crucifera 
de  J.  Bauhin,  327.  de  quelques  plantes 
marines,  3-74.  accidens  qui  empcchent 
la  formation  du  fruit  fur  des  arbres 
bien  fleuris,  454,4? y.  fruits  mi-partis, 
461.  fruit  du  coriaria,  469.  du  jafmi- 
noides,  469  du  ficoidea,  jAiif.  du  co- 
ryfpermum  ,  joi.  du  ricinoides,  502. 

Fruiex  tenibilis.  Voyez  Alypum, 


ih 


Fucus,  p.  iyo& fuiv.  396.  grains  &  fleurs 
defucus,  4-0  fj-fuiv.  capfules  dc  ces 
graines,  470,  471.  ce  qu'on  entcnd 
par  Ic  mot  fucus  ,  471.  defcription 
d'un  fucus  ou  alga  laiifoiia  &cc.  471.  &• 
fuir.  efpece  de  racine  de  cette  plante, 
ibid,  fa  couleur  ,  ibid,  fes  tiges  ou  ner- 
vures,47i,  472.  fa  feuille,  472,  473. 
fucus  nomme  quercus  marinma  &c, 
475  &fiiii'.  fes  vtficules,  473  &•  Juiv. 
fes  fleurs,  474  &r  475.  fes  graines  47 j 
O/u/i.  leurs capfules,  476  G- fuiv.  po- 
fition  de  ces  fucus,  475  ,  478,  479. 
ufage  qu'on  fait  de  ces  fucus  ,  fel  qu'ils 
contiennent,  479.  coraiine  qui  croit  fur 
des  fucus,  479.  fucus  a  feuilles  four- 
chues,  plicesen  gouttiere,  480,481. 
Fucus  arboreus ,  481 ,  482.  fa  tige  ,  481  , 
482.  fes  tenons ,  racines  ou  crochets, 
4S1  ,  482.  tuberofite  qui  forme  le  pied 
at  cette  plante ,  d'ou  partent  la  tigc  Sc 
les  crochets,  481 ,482.  fa  feuille  482, 
fes  fleurs,  ibid,  fucus  a  longues  feuilles 
ou  blanches  comme  des  cordons,  483  , 
4S4.  fes  fleurs,  fes  graines.  fucus  mariti- 
musnodjjus,&:c.o\x  .i  groffcs  vefl'ies,fon 
pied  ou  fa  racine,  fa  pofition ,  fes  ti- 
ges ,  484.  fes  veflics  pleines  d'air ,  484 , 
48  f.  fes  feuilles,  4S5  ,  486.  fucus  nom- 
me b.iudrier.  4.86  ,  487.  fes  racines,  te- 
nons ou  crochets,  486.  fon  pcdicule  , 
ibid,  fa  feuille,  486,  487.  fes  fleurs, 

457  fucus  nomme  ahies  marina  o\x  gor.- 
goiara ,  487 ,  480.  fes  branches ,  fes  ti- 
ges ,487,  48S.  leurs  veflles  ou  goufles, 
4S8.  fucus  mertibranaceus  acaulos ,  &c. 

458  &fuiv.  fa  racine  ou  fon  pied  ,  48S. 
fa  feuille  ,  488,  4S9.  fes  graines  ou 
leurs  capfules ,  489  ,  490.  fucus  de  plu- 
fieurs  couleurs ,  490.  comment  perd  & 
reprend  fes  couleurs  ,  490  ,491.  fa 
racine,  fes  tipes ,  fes  branches,  491. 
fes  graines,  ou  fe  trouvent ,  ibid,  fucus 
nnltis  condicans  ,  &C.  fa  racine,  fes  ti- 
ges, fes  feuilles,  fes  graines,  491. /u- 
cus  teres  ram^fij/imur  ,  &c.  492  ,  453  ,  fa 
racine,  fes  tiges  &  fes  branches ,  492. 
fes  boutons  ou  mamelons  femblenc 
Ctre    des  capfules  de   graines ,   492  , 

Fumie  jettee  par  deux  liqueur? ,  &  dans 
quel  cas,  p.  127.  couleur  dc  la  lumicre 
vue  a  travers  une  fumee  noire,  171. 
fumee  noire  melee  avec  du  blanc , 
171 ,  171.  fumee  produitc  par  un  me- 
lange de  fer  &  d'ctain,  if,(>.  effet  du 
vjnaigre  diftillc  fur  cette  fumoe  con- 


590 


TABLE     ALPHAB 


denfce  en  forme  de  c'ofon,  iy6,  257. 
eftet  de  Tefpiit  de  vitriol  fur  ce  meme 
coton ;  huile  tiree  de  I'une  &  I'autre 
foludon,  iijj. 

G 

(jr  ALEOPsis  ,  efpece  de  dent  a  la  bafe 

de  fcs  femences ,  ^i!,^.  496. 
Gangrene  feche  endemique  ,  attribuee  a 

I'ufage  du  bled  cornu  nomme  ergot  , 

pag.  ;!<). 
Gelse ,  ton  effet  fur  las  arbres ,  p.  1 58  &• 

fuif.   fur  de  I'eau  de  fleur  d'orangc , 

ii8. 
Celees  de  mer  ,    efpece  d'orties  de  mer. 

Voyez  Orries  de  mer. 
Cemmius  (  Mont)  fa  hauteur,  p.  41  f. 
Genet  d'Efpagne ,  fa  pouffiere  fecondante , 

V-  449- 
Geranium  ,  fa  poutTiere   fecondante ,    p, 

449. 
Glace,  conjeftures  fur  fa  formation,  p. 
}i.  fa  refraction,  52.  une  glace  de  mi- 
roir  multiplie  les  images  d'une  bou- 
gie, plus  on  la  regarde  obliquement, 
45.  froid  de  la  glace,  168,  i6y.  glace 
qui  fe  trouve  en  ete  dans  une  caverne 
de  Franche-Comte,  41  f. 
Claires  ;  effets  du  pareira-orava  dans  les 
maladies  caufees  par  des  glaireSj  p. 
ji7,p8.  ' 

Claife,    comment  devient  blanche,  p. 

414  &  fuiv. 
Glandes  du  mefentere  groffies  par  un 
amas  dechile,p.  52.6.  Ufage  des  glan- 
des,  535  &■  faiv.  leur  ftrudlure  ,  j?4. 
Ez/uiV.  glandes  conglobees  Sc  glandes 
conglomerees ,  en  quoi  different,  fjf. 
comment  font  les  fecretions,  55  f,  556. 
Glandes  de  Couper,  font  le  fiege  d'une 
forte  de  gonorrhee  ,  556.  C-  fail',  obfer- 
vations  faites  fur  le  cadavre  d'un 
homme  attaque  de  cette  gonorrhee , 
J 39,  J40.  etat  des  glandes  de  Couper 
dans  ce  cadavre,  liqueur  qu'elles  cpn- 
tenoienr,  n9-  indices  de  cette  mala- 
die  dans  les  corps  vivans ,  fa  cure, 
J40. 
Glands  de  mer,  leur  adhefion  a  d'autres 

corps,  p.  388,  590. 
Globes  de  feu  ,  p.  33. 
Glu  da  coquillage  nomme  ceil-de-bouc  , 
ufage  qu'en  fait cet animal,  379,  )8o. 
desortiesde  mer,  380.  des  etoiles  de 
jner,  380,  381.  de  la  moule  de  mer, 
384. 


E  T  I  Q  U  E. 

Golfe  de  Lyon ,  obfervation  de  fon  fond , 

P-  i^>  .        ,     . 
Gomme  qui  fert  a  faire  le  vernis  de  I'lnde , 

p.  134.  gomme  Arabique  ou  gomme  du 

Senegal,  526. 

Gon^olara  ou  Abies  marina ,  forte  de  fucus. 
Voyez  Fucus. 

Gonorrhee  virulente  diftinguee  en  plu- 
fieurs  efpeces,  fes  differens  fieges,  p. 
S'36&'/u!v.  fes  caufes,  557,  538.  com- 
ment devient  compliquee  ayant  d'a- 
bord  ete  fimple  ,  ibid.  Obfervations 
faites  fur  le  ca-davre  d'un  homme  qui 
avoit  eu  une  gonorrhee  fimple,   539, 

HO- 

GouJJes  des  plantes,  fens  dans  lequel  elles 
fe  tournent  le  plus  fouvent  ,  p.  295. 
goufle  de  Vacacia  vera  Egyptiaca,  32  j , 
326.  des  femences  de  quelques  fucus, 
475  G-JuiV.  481,485,488. 

Graines  de  I'acacia  vera  Egyptiaca ,   pag, 
325',  3  26.  de  quelques  plantes  marines , 
574.  lies  plantes  bulbeufes;  moyen  de 
les  avoir  bonnes,  441.  embrions  des 
graines,  dans  quelles  parties  des  fleurs 
font  renfermes ,  447,   4fo&'yiiij'.  font 
fecondes    par    les   pouffieres  ,    452, 
455.  efpece  de  graines  ou  de  poufliere 
fecondante  dans  les  truftes ,  les  cham- 
pignons ,  les  capillaires ,  les  moufles  , 
453.  embrions  des  graines  de  la  figue, 
iiicf.  graines  de  la  prefle  ne  font  point 
connnes ,  454.  embrions  de  graines  non 
fecondes  par  les  pouffieres  obferves  en 
differens  degres  d'accroiflement,  457. 
embrions  de  graines  des  plantes  Itgu- 
mineufes   obferves  en   differens   tems 
avant  &  apres   la  fecondation,  ^p, 
4f8.  graines  des  pivoines  a  fleurs  dou- 
bles, 4f8.  cellules  des  graines  du  po- 
tiron,  45'9.  de  la  pomme  calville,  460, 
efpece  de  graine  dans  les  truifes ,  462 , 
464  ,    465.   graine    du  parrheniajlrum , 
470.  de  quelques  fucus ,  470  t>  fuii' . 
liqueur  exprimee  de  ces  graines  ,  478. 
graines  de  quelques  autres  fucus,  481 , 
483,  484,  485,  486.  (y  fuiv.  graines 
du  fucus  membran.iceus  ou  leurs  capfu- 
les ,  489 ,  490.  d'un  petit  fucus  de  plu- 
fieurs  couleurs,'49i.  d'un  autre  petit 
fucus,  ibid,  du  fucus  teres  ramrjijjimus  , 
493.  du    dracocephalon  ,   495,    496. 
graines  de  la  figue  ,  efpece  de  noyaux , 
497.  de  Valypum,  J04.  graines  vagabon- 
des,  fi2.du  lichen  etoile,  iiW. 
Grains  ou  oeufs  qui  donnent  use  teinturc 


U  E  S     M  A 

de    pourpre  ,  pag.    595  &•  fuiv. 

GraiJJes  de  I'oeil  ,  accident  qu'clles  pcu- 
vent  caiifer,  pag.  63.  cellules  de  li 
graifle  fituecs  fous  la  peau ,  fiege  prin- 
cipal d'un  emphyTeme,   J65. 

Crav'ui  fpccifiqiie  de  I'eiu  de  la  Seine, 
de  I'air,  de  I'eau  de  mer,  du  vin,  fag. 

Greffes  ,  condition  neceflairepour  qu'el- 

les  prennent ,  ]>ag.  440. 
Grojjejje  incroyablCj  fag.  ji6. 
Crotte  de  Foligno  ,  pag.  590&-/uiV.  fes 

incrullations,  fes  colonnes,  fon  plan- 

cher  oil  fol ,  390!,  391. 
Crotte  d'Antiparos,  391. 

H 

.11  ^  LOS  pag.  ; 4. 

Herijjhns  de  mer.  l^oyer  Ourfiis. 

Heure  lunaiie  fuivant  Neuton ,  p.  1  j(?. 

Hexagone  ,  generation  de  cette  figure 
dans  des  cercles  qui  fe  preiTent  appli- 
quee  aux  cellules  des  abeilles,  p.  ^41. 

Hiacuh ,  coquilles  auxquellesHaza  don- 
ne  ce  nom ,  pjg.  554. 

/■/iicn  tres-rudes ,  pug.  158,  159,  140  &< 
fuiv. 

Homards  y  reproduftion  de  leurs  jambes, 
p2g.  450. 

Homme,  fa  force  dcterminee  par  des  ex- 
periences, p:lg.  !2I,  Hi,  iif,  116. 

Houblon  femelle  eleve  dans  un  lieu  oil 
il  n'y  en  avoit  point  ds  male  ,  pag. 
456. 

Kuiie  d'olives,  fa  refraftion  comparee  a 
celles  de  quelques  autres  matieres,  p. 
74.  huile  de  I'urine  de  vache  &:  de  I'u- 
rine  d'homme ,  119.  huile  de  lin  em- 
ployee pour  tirer  le  fer  de  I'argile  & 
lis  divers  melanges ,  119,  130.  huile 
d'une  forte  de  gland  du  Malabar,  fes 
ufages ,  1 34.  dans  quel  cas  les  plantes  Sc 
les  fruits  ont  le  plus  d'huile,  186.  effet 
du  melange  de  certaines  huiles  avec 
un  efprit  acide.  133  ,  134.  huile  du 
laurier  royal ,  148.  matieres  deltituees 
de  toute  nu«ile  ,  154.  effet  de  I'huilc  de 
charbon  on  de  quelqu'autre  grailTe  fur 
la  chaux  dVtain,  i?4,  ijf.  matiere 
huileufe  contenue  dans  le  fer  en  eft 
peut-etre  le  fondant  ,  ijj.  nioyen  de 
taire  palTer  I'huilc  du  fer  dans  I'ar- 
gent.  Iff.  huile  mttallique  inflamma- 
ble. If?,  paffage  des  huiles  des  nie- 
taux  dans  la  fubttance  des  vt-gttaux  & 
des  huiles  vegctaks  dans  la  fublhnce 


T  I  h  R  L  S.  fo, 

des  metaux ,  1 58.  huiles  font  Its  dillol- 
vans  desbitumes  &  des  refines,  zfi-?, 
169.  huile  d'olives&  I'huilc  de  thtrt- 
bentine  diffolvent  le  camphre  ,  169. 
huile  de  tartre  niek'e  a  quelques  ef- 
prits  acides,  175.  huile  tirte  de  la  ma- 
tiere fccale  ,  iSo  &  full',  etfet  de  la 
violence  du  feu  dans  la  diftillation  ds 
cette  huile,  iSi.  huile  blanche  &  hui- 
le rouge  tirtesde  cette  matiere,  283, 
iSa.  cette  huile  blanche  mife  en  di- 
geftion  avec  le  mercure  ou  quelqu'au- 
tre metal,  284.  huiles  dirtillces  dans 
quels  cas  s'enflamment  ,  187.  huile 
contenue  dans  le  phofphore  tire  de  la 
matiere  fccale,  188,  289.  huile  d'oli- 
ves  ,  huile  ^theree  de  terebenthine, 
huile  de  tartre  combinee  avec  lalaque, 
320.  huile  dont  les  poudleres  de  quel- 
ques fleurs  font  chargees ,  449. 1'huile 
d'olives  &  celle  de  tcrebenthine  ne 
dififolvent  point  ces  poulTieres ,  mais 
entirentune  teinture,  450.  huile  tiree 
des  truflfes  &:  Comment,  467.  desnoix 
de  Bicuiba,  f2i. 
Huitres,  perles  qui  fe  trouvent  dans  leur? 
coquilles  ,  p.  328.  comment  on  rend 
verte  la  chair  des  huitres,  351.  leur 
adhciion  a  d'autres  corps,  388,  59Q. 
ne  luifent  point,  418 


HU7, 


It  poin 
e  I'oei 


1,  p.  47,  fi.  condition 
neceffaire  dans  fes  humeurs  pour  pro- 
duire  la  vue  diltindte ,  ^4.  dans  laquelle 
dc  ces  humeurs  pent  refuler  la  caufe 
des  nches  &:  des  fils  noirs  que  I'on 
voit  quelquefois  fur  les  objets,  73. 
epanchement  de  I'humeur  aqueufe  dans 
1  operation  de  la  cataratte ,  74.  fa  re- 
generation, Tf.  humeur  glaireufe  qui 
humefte  I'ocil  &  fur-tout  le  bord  des 
paupieres,  85  &■  fuiv.  effet  de  latrop 
grande  vifcolitc  de  cette  humeur,  88. 
humeurs  de  I'oeil  d'un  homme  more 
d'lm  emphyfeme,  f66,  d'un  aveugle, 
f68  ,    J69. 

Hjdarides  fur  I'ovaire  d'utK  ferame  ,  ;;. 
Hi. 

Hv(^r.iu/!jue  ( experiences  d' )  p.  iii  &■ 
fuiv. 

Hyjropifie  laiteufe,  a  quoi  attribuee,  ;•. 
f2f,  f26.  hydropliie  tympanite  ,  fa 
caufe,  j6o.  inutilite  Sc  danger  de  la 
pondtion  dans  cette  maladie  qui  ell 
prefquetoujoursmortelle,  ffii. 

H;Jfpe  a  une  efpece  de  dent  au-dcffous 
"de  fon  fruit,  p.  496. 


f9i 


TABLE    ALP 


I 


1  LEU. 11,  ligature  faite  a  cet  inteftin 
dans  des  chats  vivaiis  pour  obferver 
les  efFets  de  la  paflion  iliaque,  p.  $75, 

„.J74- 

Iliaque  (pa/Tion)  p.  jji  ^fuiv.  fes  eftets 
obferves  dans  des  c'nats  ouverts  vivans 
&  dans  des  chiens,  yyj,  ^74. 
Indinaijon  de  Taiguille  aimantee,  p.  2i. 
Inflammation    aux   yeux  ,    efFet  fingulier 

qu'elle  produifoit,  p.  So,  81. 
Injlammahiliti  des  tetes-mortes  de  certai- 
nes  diftillations  de  la  matiere  fecale  ou 
de  fon  fel  eflentlel,  p.  181,  i8j.  difte- 
rens  degres  d'inflammabilite  de  diffe- 
rens  phofphores,  287,  288.  des  pouf- 
fieres  fecondantes  de  certaines  fleurs, 
449. 
Inflexion  des  rayons  du  foleil  paflant  pres 
delalune,  p.  11.  des  rayons  lumineux 
pafTant  pres  des  bords  des  paupieres , 
«6. 
InfeBes  donnent  beaucoup  d'acides  par  la 
diftillation  J   p.  188,  1S9.  iiifeftes  du 
limai^on,  516  ^  fuiv.  ou  feplaifentle 
plus,  516,  3 !7.  terns  de  les  obferver, 
317.  la  fecherelTe  favorifeleur  multi- 
plication ,     51S.   leur   trompe,  leurs 
cornes,  leurs  jambes,  leurpdil,  leur 
anus,  518,  319.  infede  qui  tait  fauter 
fa  coque  en  fautant  lui-meine  comme 
le  ver  du  fromage,     319.  vitefle   du 
mouvement  progreflif  d'un  tres- petit 
infefte,  591.  mufcs  de  quantite  d'in- 
fedes,  4i9,  infedes  des  truffes ,  463. 
Intejlins  de  la  moule  des  etangs,  p.  566. 
matieres  qu'on  y  trouve,  ibid  mouve- 
ment perillaltique  &  antiperillaltique 
attribue  aux  intertins,  J72  &-/u/V.  ob- 
fervations  fur  leurs  raouvemens  dans 
la    palfion  iliaque  faites  fur  des  ani- 
niaux  ouverts  vivans,  f75,   ^74.- 
Ipecacuanha,  analyfe,  effets  de  fes  parties 
feparees,  p.   127  ,  128.  purge  Sc  ref- 
ferre,   ji8. 
Iris  que  Ton  voir  autour  des  chandelles  , 
p. 57.  Iris  de  I'homme  &  de  la  plupart 
des   animaux   diffcrente  de   celle   du 
chat,  p.  94.  eiTets  &  caufes  de  fa  trop 
grandc  dilatation;  dans  quel  cas  fe  di- 
late ou  fe  reiTerrc,   107. 
Jjj/i.p  compare  au  mecho.ican,  p.  f50. 
Jamles  de  I'infede  du  limafon,  p.   }lS. 
parcie  qui  fe':t  de  jambe  a  la  moule , 
333.  au  lavignon,  534  ^  fuiv.  jambes 


HA  B  ^  T  I  Q  U  E. 

du  Bernard-l'hermite,  341J.  de  i'etoile 
de  mer,  558  b-fuiv-  3S0  ,  381.de  \x 
moule,  385  ,  des  couteliers,  410  &• 
_/i(jV.  des  ecrevifles ,  deshomacds,  des 
crabes ,  leur  reprodudion ,  430  irfuiv. 
leurs  jointures  ou  articulations  dans 
les  ecrevifles,  431.  ou  fe  calTent  natu- 
rellement,  ibid,  futures  qui  s'y  trou- 
vent,  ibid,  ce  qui  arrive  lorfqu'on  a 
coupe  la  jambe  de  I'ecrevifle  ailleurs 
qu'a  I'endroit  oil  elle  fe  cafle  naturelle- 
ment,  ibid,  dans  quelle  faifon  cette  re- 
produdion fe  fait  le  plus  prompte- 
ment,432,  433,  4j4,-f5y-  comment 
les  grofles  jambes  de  recrevifle  quit- 
tent  leurs  fourreaux  dans  I'operation 
dela  mue,438. 

Jamble.  Voyez  (Sil-de-Bouc. 

Jafminoides  ajricanum  ,  fa  fleur,  fon  fruit, 
p.  468,  469. 

Jaune  des  ceufs  de  poule ,  ce  qui  arrive 
lorfqu'il  fc  creve  dans  I'ovidudus,  p. 

^7.7-  .      , 

Jauni/fe  gaerie  par  I'ufage  dupareira-bra- 

va,  p.  528. 
Jonquille ,  fa  poufliere  fecondante,  pag. 

J:;pifer  eclipfe  par  la  lune,  p.  11  &  12. 
fes  fatellites.  V.  Satellites,  fes  taches 
&  Ces  bandes,  p.  12  &  fuiv.  fes  chan- 
gemens  de  forme,  p.  13. 


JUait  de  vache ,  de  chevre ,  d'anefle 
analyfe,  p.  189,  190.  fon  effet  fur  le 
corail ,  1  jo.  lait  qui  fe  trouva  dans  I'ef^ 
tomac  de  quelques  petits  chiens  tues 
pendant  qu'ils  tcttoient,  ^42. 
Laiton ,  ce  que  c'cft ,  p.  241. 
Lamas  d'Amerique  qui  donnent  le  be- 

zoard  occidental,  p.  324. 
Laque ,  fa  couleur  a  la  chandelle,  p.  49. 
cette  refine  ert  I'ouvrage  de  certaines 
fourmis,  319,  320.  fa  preparation, 
320.  fa  nature  ,  ihid.  laque  combinee 
avec  I'huile  d'olives  ,  I'huile  cthtrt'e 
de  terebenthine,  I'eau  alumineufe, 
rhuile  de  tartre,  les  acides  forts  & 
foibles,  ibid. 
Larmes ,  forte  de  rtfervoirs  de  la  matiere 

du  fil  dans  I'araignc'e ,  p.  22S  &-  fuif. 
Laurier  royal  ou  a  grandes  feuilles ,  p. 

148- 
Lavegnes ,p.  341. 

Lavignon,  coquillage,  p.  534.  &■ /ii/r,  fa 
coquille,  gout  de  fa  chair,  mufcles  qui 

ferment 


D  E  S     M  A  T  I  E  R  F.  S. 


v;5 


ferment  fa  coquille  ,  55^,  fa  jambc, 
ii^O-  fuiv.  comment  s'entonce  dans  la 
bone  ,  &  comment  s'en  retire,  555. 
fon  mouvement  progrelfif,   556. 

LentUlcs  ou  verres  convexes ,  comment 
utiles  aiix  presbytcs  ,pj^.  y&  Zr'fuiv. 

Lep,2s.  Voycz  (P.il-de-Uouc. 

Uthargie  de  plufieurs  mois,  pag.  569, 
f70. 

lji\ards  ,    reprodudlion  de  leur  queue , 

^  m-  454-, 

Liber,  ou  ccorce  imerieiire  des  arbres , 
pj^.  442.  parol t  former  I'aubier  ,  445. 
fa  texture  &:  fon  accrkjilfementj  iiiJ. 
en  quel  terns  devient  adherent  a  I'au- 
bier, Ibid- 

Lichen  petrccus  fellatus,  dccrit,  pag.  po 
iffuiv.  fon  calice,  (.\  fleur,  fcs  filers, 
jli.  fes  pouffieres,  fesgraines,  lieux 
ou  elles  reufl'iflent,  leur  aftion  ,  yi2, 
fes  caradteres  ,  fes  vettus,  J15. 

I-i4;«,  change  d'ecorce,  yag.  440. 

Ligament  ciiiaire,  pag.  100.  ufage  que  h'i 
attribue  M.  Jurin  ,  108.  ligament  ou 
reflbrt  de  la  coquille  des  moules,  561. 
ligameiis  de  la  filiere  des  moules  de 
mer,  3S5.  des  coquilies  bivalves ,  hui- 
tres,  moules,  couteliers,  407. 

iimacej rouges  analyfccs,p3^.  188. 

Limafon  (infededu)  pag.  316  &- /u/V. 
petit  limaijon  a  opercule,  317.  lima- 
^onsterrertres,  544.  lima^ons  de  mer, 
544  ,  345.  leur  coquille  ,  544.  leur 
pied,  leur  mouvement  progrelfif ,  leur 
opercule,  344,  345.  ne  luifent  point, 
418. 

Limaille  de  fer,  comment  perdit&  com- 
ment recouvra  la  propriete  d'etre  at- 
tiree  par  i'aimant ,  pag.  1 50. 

Lim  (Golfede)  pag.  1^9. 

Liqueurs  qui  jettoient  de  la  fum^e  ,  & 
dans  quel  cas,  p.ig.  ixy.  dilatation  des 
liqueurs ,  fes  effets  ,  149  £>  fuiv.  expe- 
rience finguliere  a  I'occafion  de  la 
chiite  d'un  corps  dans  un  liquide  ,  i(J>5, 
liqueur  tirte  du  fang  contenant  de  I'a- 
cide  &  de  I'alkali  volatil  en  repos, 
186.  liqueurs  lixivielles  ou  dillolii- 
tions  des  fcls  alkalis,  ijy.  liqueur  ou 
effence  ftiptique  de  vitriol ,  136,  237. 
etfets  refultans  de  fon  melange  avec 
diverfes  autres  liqueurs,  137,  138. 
effets  de  diffcrentes  liqueurs  fur  du  co- 
rail  ,  ifo  G'/u.'v.  liqueur  des  buccins 
&:  de  certains  CEufs  ou  grains  qui  don- 
.  ne  la  couleur  de  pourpre ,  593  &■  fuiv. 
experiences  fur  cctte  liqueur  qui  font 
Tome  III,  Purtie  Franfoife. 


voir  comment  clle  acquiert  la  coulcnr 
de  pourpre,  jiii/.  effets  de  diftcrens  de- 
grcs  de  la  chalcur  du  foieil  &r  |dc  cclle 
du  feu  fur  la  liqueur  des  buccins  ,  401 , 
effets  dc  I'air  fur  la  meme  liqueur,  401. 
experience  qui  fait  voir  de  quelle  ma- 
nierc  I'air  agit  fur  cette  liqueur,  402, 
405.  cf?ets  iifferens  de  I'air  &  de  la 
chaleur  I'lir  la  liqueur  des  a?urs  de 
pourpre,  403,  404.  odeur  que  la  cha- 
leur donne  a  la  liqueur  des  buccins , 
404.  liqueur  des  buccins  combinee 
avec  I'huile  de  tartre,  Ic  lirop  vinlat, 
fefprit  de  vitriol,  404.  avec  le  fubli- 
me  corrofif,  404,  405.  goiit  de  la  li- 
queur des  a-uts  ae  pourpre  &  de  celle 
des  buccins,  405.  ufage  qu'on  pourroit 
faire  de  ces  liqueurs  ,  406.  liqueurs 
tirees  des  truffes  par  diffcrentes  opera- 
tions, 466,  467,  mouvement  des  li- 
queurs du  corps  aide  par  celui  de 
leurs  vailfeaux,  557,  jf8. 

Lis,  fa  pouiliere  fecondante,  po^.  449. 
huile  dont  cette  poulfiere  efl  chargee  , 
ibid,  fon  pittile  ,  451. 

Lithophyies ,  contiennent  beaucoup  de  fel 
volatil,  pu^.  249.  leur  fubfhnce  ,  371. 
leur  ecorce  ,  ihid.  lithophyte  dont  les 
rameaux  reflemblent  a  un  feuillage, 
372.  autre  qui  a  une  efpecc  de  vernis  &: 
des  epines,   ibii.  fes  globules,    572, 

.?74- 
Litophjiton  tirreftre,   pag.  44  f. 
Lustre  (  conformation  imguliere  de  la  ) 

_  P^g-  549-.  ^    J, 

Lumiere  ■{odiacale ,  pag.  4.  fa  decouverte 
en  plufieurs  pays,  8.  apper^ue  dans 
les  eclipfes  totales  de  foieil,  8  &  9. 
connue  des  Anciens ,  9.  tems  le  plus 
commode  pour  la  bien  voir  a  Paris,  g. 
fujette  a  des  viciflitudes,  ihid. 
Lumieres  accidcntelles  apperi^ues  autour 
du  foieil  &  de  la  lune ,  pag.  31  &fuiv. 
lumiere  apperif ue  dans  un  barometre , 
ibid,  lumiere  en  forme  de  lances,  34. 
en  forme  de  colonne  ,  ;  j ,  56.  la  lu- 
miere du  feu  folaire  infeparable  de  fa 
chaleur,  &  non  pas  celle  du  feu  tcr- 
reilre  ,  42 ,  119.  grande  diflerence  des 
deux  lumieres,  p.ig.  ji.  quels  yeux 
craignent  le  plus  la  gtande  lumiere, 
64.  lumiere  vue  a  travers  le  noir,  171, 
172.  lumiere  de  quelques  phofphores, 
101  ,  192,  285  C- /-!!■•  lumiere  des 
dails  ,  416  C-  fuiv.  fe  communique, 
s'eteint  Sc  reparoit ,  417.  lumiere  des 
vers  luifans,  418.  de  mille-picds,  ibid. 
1  4 


f94 


TABLE    ALPHABETIQUE. 


Lune  ,  prejuge  centre  fon  atmofphere, 
pag.  II.  fon  aftion  fur  les  rayons  du 
foleil ,  ibid,  difparoit  dans  le  ciel  etant 
eclipfee  ,  pag.  i6.  fa  furface,  17.  s'ap- 
per^oit  meme  an  terns  des  conjonc- 
tions,  ibid,  aftion  de  la  lune  fur  les 
marees,  152  ^fun'.  circonftances  qui 
peuvent  modifier  cette  adtion,   1^1, 

L,une  de  mer  de  Gefner ,  jag,  419. 
Lunettes  d'approche ,  pag.  60.  art  de  s'en 
fervir  J  81. 

M 

IVLad R  EPOnEs ,  pag.  571,  575. 

Magijlere  de  foufre ,  pag.  irjo. 

Magnitique  (  matiere  )  comment  peut  in- 
ifuer  fur  la  direftion  des  plantes  &  des 
contours  des  coquilles,  pag.  Ji6.  Ion 
aftion  fur  le  fer  non  enipechce  par 
I'intevpofition  des  autres  corps ,  241. 

Mamelons  de  la  filiere  des  araignees ,  ];i!|;. 
217  ^fuiv. 

Marbre  ou  albatre  de  la  grotte  de  Foli- 
gno, pag.  390.  de  la  grotte  d'Antiparos, 
391. 

'Marchamia  Jlellata  ,  fes  carafteres,  pag. 

Marks  de  I'ifie  de  Goree,  pag.  18,  de 
Cayenne ,  d'Acadie,  8tc.  pag.  29  &  30. 
obfervations  fur  les  marees ,  leurs  va- 
rietes,  leursperiodes,  &c.  iy2  (rfuiv. 
explications  de  ces  phenomenes  par 
difterens  Auteurs ,  i  y4  G-  fuiv-  eleva- 
tions des  marees  en  diffcrens  pays,  157. 

Marne  pleine  de  coquillages ,  pag.  42  f . 
Mars  ,    fes  taches  ,  pag.    17.    arbre  de 

mars,  f  J7.  obftruftions  oil  I'ufage  du 

mars  elt  utile,  cas  ou  il  fereit  dange- 

reux,  fyS. 
'Marfouins ,  chaleur  de  leur  fang ,  pag.  290. 
Matricaire ,  principales  parties  qui  font  Ic 

caraftere  de  ce  genre  de  plante ,  pag. 

470. 
Matrice ,  fa  dilatation  dans  une  groffeffe , 

J"^g-  J49- 
Maurelle ,  plante.  Voye^  Ricinoides. 
Mauve,  ti pouffiere  fecondante , pag.  449. 
Majs  ou  bled  de  Turquie ;  fituation  de 

fes  etamines ,  experience  faite  fur  ce 

bled  relative  a  la  fruiSification,  pag. 
156.  fleur  male  feparee  des  embrions 
du  fruit ,  499.  pieds  de  mays  dont  les 

fleurs  males  ont  porte  du  fruit,  ibid. 
Mechanique   ( experiences  de  )  pag.   121. 

ix  fuiv. 


V. 


Michoacan,   racine  purgative,  pag.  J50. 
differens  noms  qu'on  lui  a  donnes,  fes 
effets,  pcut  s'employer  feule,  fesprin- 
cipes,  plus  efficace  &  plus  douce  en 
fubrtance  qu'en  extrait  ;  choix  qu'on 
doit  faire  du  mechoacan,  analyfe  &    ' 
&  compare  au  jalap,  ibid. 
Miditerranie  n'a  point  ou  prefque  point 
de  marees  ,   pag.   ij8  ,   162.  courans 
dans  cette  mer,  162. 
Mtlilot ,  fa  pouffiere   fecondante  ,   pag. 

448. 
Membranes  quijoignent  enfemble  les  deux 
pieces  de  la  coquille  des  couteliers, 
pag.  407 ,  ^oS.  membranes  qui  forment 
lenerf  optique,  ^47.  membrane  rendue 
par  le  vomifTement  ,   jfo.  membrane 
veficulaire  fituee  fous  la  peau ,  fiege 
d'un  emphyfeme ,  567.  cette  membra- 
ne dans  le  pelican  ,  ibid. 
Meninges,  leur  etat  dans  un  homme  fuffo- 
que  dans  une  cave  ou  Ton  avoir  enfer- 
me  de  labraife  de  four,  pa^-.  f2i.petits 
OS  trouves  entre  les  meninges  d'un  cpi- 
leptique,   544. 
Mer,  effai  fur  I'hiftoire  de  la  mer,  IJ9 
&/uiv.  fond  naturel  &  fondaccidentel 
de  lamer,   159,   160.  temperature  de 
la  mer,  160.  qualites  de  I'eau  de  la 
mer,  ibid.  &  fuiv.  la  mer  a  trois  fortes 
de  mouvemens ,  162. 
Mercure ,  experiences  fur  des  jets  de  ce 
fluide,  pag.  116.  fes  differens  abailTe- 
mens  pour  differentes  hauteurs  &  diffe- 
rens pays,  184,  iSy.  mercure  diflfous 
par  I'efprit  de  nitre  &  precipite  par 
differens  fels,  fes  differentes  couleurs, 
194  G- fuiv.  couleur  du  mercure  cal- 
cine, 197.  couleurs  que  donnent  aux 
precipites  de  mercure  les  differens  fels 
alkalis,  199  irfuiv.  mercure  precipite 
par  le  fel  de  tartre  faoule  d'acides  vi- 
trioliques,  201  ,    201.  d'ou  vient  au 
mercure  la  qualite  purgative  &  vomi- 
tive, 204,  207.  fublimation  du  mercu- 
re,  fes  effets,  i^jrf.  difference  entre  la 
calcination  du  mercure  cru  &  celle 
du  precipite,  20f.  difference  entre  le 
mercure  hcrilfe  par  les  acides  du  ni- 
tre ou  par  ceux  du  vitriol ;  du  fel  com- 
mun,  207.  volatilite  du  mercure,  239. 
differentes  fublimations  du  mercure , 
239,  240.  mercure  amalgame  avec  Tor 
ou   I'argent  ,  puis  fcpare  par  un  feu 
graduc,  ce  qui  en  refulte,  259,  260. 
combine  avec  I'efprit  de  nitre ,  168. 


DES    MATIERES 


diflous  par  I'efprit  de  nitre  &  preci- 
pice par  refprit  de  fel,  280. 
Mercuriale  a  fruit  elevce  feparemeiit  de 
cellc  qui  porte  les  ctamines,  pag.  4(6. 

Mitaax,  diidlilite  de  queiqucs  metaux , 
fag.  2.11  iffuif.  teinture  des  metaux, 
252.  melange  des  metaux  par  le  moyen 
de  la  fufion,  240.  reparation  des  me- 
taux par  latulionj  241,  242.  matieres 
oui  traverfent  des  metaux  fans  les  fon- 
dre  ,  242  iffuiv.  precaution  a  prendre 
lorfqu'on  veut  defTt'cher  des  metaux  , 
2J4.  effet  des  huilcs  fur  les  metaux  de- 
pouilles  de  leur  foufre  ,  254  ,  25-^. 
moyens  de  titer  les  parties  huileufes 
des  rnetaux  &  de  les  introduire  dans 
certains  efprits ,  255.  paflage  de  ces 
huiles  dans  les  fubitances  vegetales  , 
2y8.  les  metaux  font  diflolubles  par 
les  acides,  271.  quels  metaux  fontaif- 
folubles  par  un  plus  grand  nombre  d'a- 
cides,  ibid,  intermedes  propres  a  opc- 
rer  la  precipitation  des  metaux  ,  271 
^  fuiv. 

Mixiores ,  pag.  52  G-  fuiv. 

Miel  (  efprit  de  )  employe  a  tirer  la  tein- 
ture du  corail  ,  p.:/.  252.  matiere  dont 
les  abeilles  compofent  le  miel  ,  42(1. 

Mille-pertuis ,  pouiliere  fecondante  de  la 
fleur,  pag.  448. 

]VIille-pietis  iuifans,  pag.  418. 

Mimofa.   Voj'ez  Senfitiie. 

Min^rales  (Eaux)  de  France,  pag.  219. 
matieres  minerales  depouillees  de  leur 
foufre  abforbent  aifement  les  huiles  , 

M4.  iff-,  . 
Mines  ,  experiences  du  barometre  faites 

dans  des  mines,  pag.  184,  18 f. 
Miroirs  ardens  fairs  avec  des  metaux  purs 

ou  meles  ,  pag.  240. 
Mnelle  trcs-aoondante  dans   certains  ar- 

bres ,  fa  diminution ,  par  quoi  ell  rem- 

placee  ,  pag.  440 ,  44;.  (i  elle  contribue 

a  la  nourriture  de  I'arbre ,  440  &■  fuiv. 

moelle  epiniere  manquant  a  un  fetus , 

Moldavica ,  a  une  efpece  de  dent  au-def- 

fous  de  fon  fruit ,  pag.  496. 
Monflns  plus  communs  parmi  les    ani- 

maux  vivipares,  que  parmi  les  ovipa- 

r«,  p-i^.  377,  578. 
Min;agnes  (  pays  voilms  des  )  plus  fujets 

a  la  pluie  que  les  grandes  plaines,  jag. 

143.  185- 
Mini  t  brancnue ,  de  figure  Sj  de  couleur 
de  corail  ,  tres-puante  ,  pag.  f  i  j  C-fu'V- 
lieu  oil  elle  croilfoit,  ji  5 ,  514.  direc- 


SOS 


tion  de  fes  branches,  /14,  fiy.  leur 
fubftance,  leurs  filamens,   514.  enve- 
loppc  commune  ,  d'oii  elles  fortent , 
f  14,  yi  J.  fa  racme,  fif-comment  fes 
branches  fecolorent,  jij.fon  odeur, 
ft;,  516. 
Mart  fubite,  fie  fa  caufe ,  pag.  525. 
Moucheron  tres-petit ,  fes  pattes ;  efpace 
qu'il  parcouroit  en  une  demi-fecondc, 
pag.   391. 
Mouches  communes  &  mouches  cantha- 
rides  analyfces  ,  pag.   189.  lefquellcs 
donnent  le  plus  d'acidc  ,  ibitl.  mouches 
provenant  des  vers  qui  rongent  les  trut- 
fes ,  &  de  ceux  qui  s'y  engendrenc , 
465. 
Moules  de  tivieve ,  leur  mouvement  pro- 
greflif,   p.  352.  moules  de  mer,  ib.  &• 
/uiv.  partie  qui  leur  fert  de  jambe ,  ^33. 
terns  ou  Ton  peut  les  obferver  au  bord 
de  la  mer,  ihV.  leur  mouvement  pro- 
grefl'if ,  iijc'.  leutsfils,  334.  mouledes 
etangs,  361  O'fuii-.  eft  hermaphrodite, 
361.  rtrudure  de  fa  coquille  ,  liid.  ma- 
niere  dont  cette  coquille  s'ouvre  &  fe 
ferme,  362,  363.  rcltort  &:  mufclesqui 
fervent  a  certe  operation ,  itid.  mouve- 
ment   progrelfif  de    la   moule  ,    363. 
comment  elle    fe   retire  dans  fa  co- 
quille, 3(14.  comment  fe  nourrit,  364 
&-fuiv.  369.  fes  refervoirs  d'eau  ;  com- 
ment I'eau  y  entre  Sc  en  fort,  364, 
56J.  fa  tete,  565.  fa  bouche  &:  fes  le- 
vres  ,    366.    ion   cerveau  ,    566.    fon 
cceur,  ibid-  Sc  56S.  fes  inteftins,  566. 
fon  anus ,  ibid,  fes  parties  de  la  genera- 
tion, 367  0"  fuiv.  fes  poumons,  569. 
fa  refpiration  finguliere ,   3-0.  monies 
de  mer,  comment  s'attachent  les  unes 
aux  autres  &  a  differens  corps,  381  &• 
fuiv.  leurs  61s  &  leur  filiere  ,  ibid,  muf- 
cles  qui  ferment  leur  coquille,   382, 
leur  bouche,  383.  leurs  manceuvres , 
384  0' fuiv.  combien  elles  filent  dans 
un  jour,  38 f.  a  quel  age  elles  com- 
mencent  a  fder,  3  86.  fi  elles  peuvcnt 
detacher  leurs  fils  a  voloine,  ibid,  fai- 
fon  ou  elles  filent,  ibid,  leur  refpira- 
tion ,  ibid,  ne  luifent  point.  418. 
Moujfes,  petits  corps  qui  fe  trouvent  d^ans 
certaines  moufles  &  qui  pourroient  ctre 
ou  des  fommets  remplis  de  pouflicrcs 
fecondantes  ou  des  capfules  de  graine  , 

m-  453- 

Moufes  demer ,  pag.  ^ri. 
Mournn  (  analyfe  du  fang  de)  pag.  106. 
foies  de  moutons  decrits  ,  291. 
F4  ij 


596 


TABLE    ALPHABETIQUE. 


Mouvement  ptogreflif  de  quelques  coquil- 
lages,  Sic.-pag.  351  iffuiv.  de  la  mou- 
le,  333.  du  lavignon,  35(5.  du  fourdon, 
340.  des  tellines,  341 ,  542.  de  I'a-il- 
de-bouc  ,  344.  des  lima(,ons  de  mer, 
344,  345.  des  orties  de  mer,  546  &- 
juiv.  mouvement  des  orties  errantes 
oil  gek'es  de  mer  furreau,  357.  mou- 
vement progreffif  de  rctoile  de  mer, 
360.  de  la  moule  des  ctangs ,  363 ,  3(^4. 
d'un  tres-petit  infedte,  591.  des  cou- 
teliers  ,  408,  410  Zrfuiv.  des  dails , 
413,  414.  d'iine  petite  etoile  de  mer, 
419.  de  rourfin  de  mer,  411 ,  424. 

Mouvemens  extcrieurs  des  plantes  ,  fag. 
15J  (y  fuiy.  de  la  fenlitive,  137.  cir- 
conftances  des  mouvemens  de  la  mer 
dans  le  flux  &  reflux,  153.  mouvement 
diurne  de  la  terre  employe  par  Galilee 
a  expliquer  le  flux  &  reflux,  1^4.  dif- 
ferentes  fortes  de  mouvemens  de  la 
mer,   161. 

Mues  des  c'cievifTes,  p.ig.  43  j  &'fuiv.  com- 
ment s'opere,  436,  437,  438.  mue  de 
Tertomac,  457.  des  gioiles  jambes,  43S. 
caufe  a  quoi  Ton  peut  actribuer  la  mue 
de  rccreviffe,  459.  mue  des  Terpens  & 
de  divers  infeiftes  des  araignces,4^9. 

Murex  ou  pourpre ,  forte  de  coquillages 
ainfi  nommes  par  les  anciens  ,  pag. 
392. 

Mufdes  des  yeux  ,  changemens  qui  peu- 
vent  leur  arriver ,  &  ce  qui  en  refulte , 
pag.  63  ,  67.  exptiieiices  fur  la  force 
desmufcles,  i23.mufcles  qui  fervent 
a  fermer  la  coquille  des  lavignons  , 
334.  mufdes  des  orties  de  mer,  349  &■ 
fuiv.  mufcles  de  la  moule  des  etangs , 
362  ,  363  0-  fail-,  mufcle  qui  fert  de 
bafe  a  I'oeil-de-bouc,  578  6'  /i^iv.  etat 
convuHif  des  m.ufcles  de  I'ccrevifie 
dans  roptration  de  la  mue,  4^7.  muf- 
cles des  bras,  des  cuiiTes  &  des  jam- 
bes d'un  homme  mort  dans  une  cave 
ou  il  y  avoir  de  la  braife  defour,  521. 
mufcles  de  la  poitrine,  leur  jeu  dans 
I'infpiration  &  la  refpiration  ,    562  , 

Mufcus  marinus  hni'tiiinofus ,  minimus  are- 

nacei  coloTis.  Voyez  Cnralline. 
My  as  ,  efpece  de  moules  de  mer,  jiag. 

Myop  s,  p.ag.  46,  47,  50.  quand  voient 
double,  56,  58.  peuvent  foutenir  une 
grande  lumiere,  J9.  tirentpeu  de  fe- 
coui  s  des  verrcs  convexes ,  60.  miyopes 
iuxquels  les  verres  concaves  font  uti- 


les, 62.  differentes  caiifes  qui  peuvent 
rendre  myope,  60  iy  fuiv.  avantages 
des  myopes  ,  65.  moyen  pour  les 
myopes  de  voir  un  objet  bien  dirtinfte- 
ment,  ibid,  experience  fur  leur  maniere 
de  voir  dans  certains  cas  comparee  a 
celle  des  presbytes,  70.  ce  qu'on  en- 
tend  precifcment  par  le  mot  de  myope, 
^79,  80. 

N 

i V ^CflE,  jeu  de  fes  couleurs,pi;^,  41. 

^ageoires  des  vers  de  mer ,  pag.  390. 

Nt--^ge,  eftet  attribue  a  I'abondance  de  la 
neige,  pag.  140.  neige  appliquc'e  fur  la 
boule  d'un  thermomctre  a  efprit  de 
vin,  i45£r'Ji(;V.  163.  froid  de  la  neige, 
163.  a  quel  volume  fe  reduit  en  fon- 
dant, 169.  varicte  de  cette  reduftion, 
ibid.  S'  180.  neige  tombee  en  1711. 
pag.  180. 

I'iephrecique,  effcts  du  pareira-brava  dans 
cette  colique  ,  pag.  527. 

Nerfs  de  la  tcte  trop  ebranles  par  quel- 
que  fecoufle,  ce  qui  en  refulte,  pag. 
75.  nerfs  des  organes  des  fens,  com- 
ment resolvent  les  impreffions  des  ob- 
jets  exterieurs,  98,  c)<\. 

Nerf  optique ,  finefte  de  les  filets  ,  yag.  6- , 
68.  effets  de  I'cbranlement  trop  vio- 
lent de  ces  nerfs,  75.obfervations  fur 
le  nerf  optique,  J46  (j-fuiv.  fublhnce 
exprimee  de  ce  nerf,  546,  547.  ftruc- 
ture  de  ce  m.eme  nerf  &  fes  membra- 
nes formant  deux  canauxj  cellules  du 
canal  interieur,  547,  548.  flruflure 
du  nerf  optique  fuivant  Diemerbroeck, 
548.  nerfs  optiques  d'un  aveugle ,  568, 

Nitre  (efprit  de)  fa  qualitt'  corrofive, 
pag.  207.  qualitc  du  mercure  penctre 
des  acides  du  nitre,  ibid,  ce  que  c'ell 
que  I'efprit  de  nitre  ,  fon  eftet  fur  la 
fiamme  du  foufre,  235,  234.  fur  celle 
de  I'efprit  de  vin,  234,  fur  les  huiles 
cnfiammees,  fur  les  charbons  ardens  , 
itid.  efprit  de  nitre  combine  avec  le 
mercure,  268.  avec  I'huile  de  tartre, 
273.  efprit  de  nitre  dulcifie,  278. 

Noir  ,  corps  lumineux  vus  a  travers  le 
noir ,  pag.  171  ,  172.  noir  vu  a  travers 
le  blanc,  ibid. 

Noix  de  bicuiba,  huile  qu'on  entire,  fes 
vertus,  pag.  ;ii.  noix  de  ciprcs  em- 
ployee comme  febrifuge ,  544. 

Ncix  de  gall: ,  effet  de  la  folution  de  noix 
de  gallc  fur  celle  de  vitriol  noyte  dans 


DES    MATIERES 

one  grande  quantitc  d'eau  &  fur  cettc 

meme  folution  de  vitriol  incite  avec 

divers  acides,  p^i-  '  5<J-  ""■''  dc  galle 

emplovee  comme  febrifuge  ,  544. 
A'ojaur  des  bczoards ,  p.jf .  311,  515.  &- 

fuir. 
Nux  indica  minor,  pag.  517. 


m 


O 

^-^ BS7RVCT10NS  ou  I'ufagc  du  mars  ell 
"tile  ;  cas  ou  il  ell  dangereuXjpi:^.  tfS. 

^'^eur  artificielle  de  romarin,  fnii(.  19^. 
odeur  d'un  rciidu  de  matiere  fccale 
fermentte,  puis  dillillce  ,  18;.  odeur 
que  1.1  chaleur  donne  a  la  liqueur  des 
buccins ,  4c  5.  moyen  fingulier  pour  ne 
pas  feiitir  les  mauvaifes  odcurs,  549. 

^it,  pag.  4-7.  mauiere  de  juger  quel  ocil 
ell  le  meilleur ,  54.  alloiigement  de 
I'oeil ,  fes  caufes  8c  fes  inconvtiiiens , 
65.  ceil  des  presbytes,  66.  moyens  de 
lui  faire  voir  plus  dillinclcment  un  ob- 
jet,  ibid,  quelles  parties  de  i'oeil  peu- 
vent  changer  de  figure  ,  (17.  applatilic- 
ment  de  I'ail,  Ion  eftet,  iiij.  com- 
ment affeiTte  par  un  ebranlement  trop 
violent  des  nerfs,  ou  par  une  longue 
contention  ,  75.  recherches  fur  les 
changemeiis  de  figure  dont  on  I'a  cru 
fufceptible ,  99  &-  fuii.  oeil  arti'iciel , 
99  100.  oeil  d'un  homme  mort  d'une 
blefluve  a  la  poitrine,  fuivie  d'un  eni- 
p'nvfeme  ;  fon  diametre  ,  air  qu'il  con- 
tenoit,  ctat  de  les  diffcrentes  parties  , 
S66. 

(Sil-de-B,mc ,  pag.  545  Zffuiv.  fa  coquille , 
fa  tete,  fa  bafe  charnue,  545.  fon  pied, 
fon  mouvement  progreflit ,  344.  fa  co- 
quille ,  muftle  qui  lui  fert  &  pour 
marcher  &  pour  s'attacher  aux  pier- 
res  ,  578.  force  de  fon  adhefion  aux 
pierres ,  quelle  en  eil  la  caufe  ;  moyens 
de  Ten  detacher,  3-S,  579.  texture  de 
fa  bafe ,  380.  comment  peut  fe  deta- 
cher a  volonte  des  pierres  ou  il  s'etoit 
colle  ,  ibid,  difference  d'un  detache- 
ment  volontaire  &  d'un  detachement 
force ,  ibid. 

(Eillet  fauvage  ;  fa  pouflTiere  fecondante , 
pag.  449. 

(Siifs  de  la  moule  des  etangs  ,  com- 
ment font  fccondes  ,  pag.  367,  368. 
ceufs  fans  jaune  qu'on  croyoit  pondus 
par  un  coq  ,  3^4  &■  Cuiv.  oeufs  fans  co- 
que,  5-7.  oeufs  ou  grains  qui  donnent 
une  teinture  depourpre,  i^i  (j-  fniy. 


liqueurs  de  ces  (Kufs,  39-.  onnctrou- 
ve  guere  de  ces  oeufs  I'cte  &:  ils  ne 
donnent  point  alors  de  pourpre,  55S. 
comment  on  en  peut  titer  la  teinturc. 
Hid.  eft'ets  de  I'air  fur  la  liqueur  de  ccs 
ocuts,  59f.  effets  difftrens  de  la  cha- 
leur  &  de  i'air  fur  la  meme  liqueur, 
40^  ,  404.  gourde  cette  liqueur,  4Cf. 
facilite  de  la  recueillir  ,  ufage  qu'cn 
en  pourroit  faire,  406. 

Oijeaux,  leur  vue,  pag.  47,  68.  regent- 
ration  de  I'humcur  aqueufe  dans  Tail 
des  oifeaux,  7f. 

OliiuTs,  ente  d'olivier  a  qui  on  enleve 
une  portion  d'ecorce ,  pag.  441.  moyen 
de  faire  produire  beaucoup  de  fruit 
aux  vieux  oliviers  qu'on  doit  biencot 
coupcr,  441. 

Ondes  excitecs  dans  I'eau  par  la  chiite 
d'une  pierre  ,  Icur  vitefle  ,  y2g.  117. 
elcvationsdes  ondes  de  la  Alediterra- 
nee  dans  quelquestempctes,  161. 

Opale ,  jeu  de  fes  couleurs ,  pig.  41. 

Opercuk  d'un  petit  limacon  terrellre ,  pag. 
5>7.  34J- d'un  petit  buccin,  344,  34?. 

Optique  (experience  finguliere  d')  par 
M.  Mariotte,  r.;|:.  39.  autre  experience 
qui  explique  un  par.-i.doxe  d'optioue, 
64,  6f.  explication  fortnaturelle  d'une 
quellion  a  optique  ,  97. 

Opunrid,  fes  etamines  ont  un  mouvement 
analogue  a  celui  des  feuilles  de  la  fen- 
fitive,  pag.  ^11. 

Or ,  ( preparation  d' )  odeur  qu'elle  pro- 
duilit,  p.ig.  193.  dudtilitc  de  I'or  111 
irfaiv.  art  des  batteursd'or,  111, 115, 
124.  des  tireurs  d'or  ,  iiz  t>  fuiv. 
moyen  de  feparer  lor  des  fils  dores 
traits,  1Z4.  or  potable,  231.  teinture 
d'or,  ibid-  or  pur  ,  or  mele  d'autres 
metaux,  leur  dirfcrence  pour  I'ufage, 
240.  maniere  de  feparer  Tor  de  I'ar- 
gent  par  la  fufion ,  ibid,  tffuiv.  arnal- 
game  d'or  &  de  mcrcure,  arbrifleau 
forme  par  cet  or ,  259,  2<So.  or  diflous 
par  i'eau  a  i'aide  de  ia  trituration , 
167. 

Oranges  en  pattic  citrons,  &c.  pag.  ^61. 

Orange  de  mer ,  pag.  572. 

Oreiffes  des  petongles ,  pag.  587 ,  <88. 

Ore;/.'fff«  du  coeur  d'une  tortue  de  mer, 
pag.  i9J,  296. 

Orsues,  obfervations  fur  les  proportions 
de  leurs  tuvaux  ,  par.  108 ,  109. 

Orignac,  de  quelle  plante  fe  nourrit  j  ani- 
mal qui  lui  fait  la  guerre,  rag.  fOf 

Ormes  auxquels  on  avoit  enleve  I'ecorce 


TABLE     ALPHABETIQUE 


J9S 

&   qui  coniimioient  a  vegeter ,   pag. 

440.  couches  qui  fe  trouveiit  fous  I'e- 
corce  dans  les  vieux    ornies  ,    440, 

441.  ecorce  fine  ou  parchemiii  qui  fe 
nouve  immeJiatement  fous  I'ecorce 
gvoOiere  ,441. 

Crrie!  de  mer  qui  femblent  fixees  fur  les 
picrreSj  pag.  ^46  (y  fuiv.  leurmouve- 
mentprogreflTif,  54(1,  550  Zrfuiv.  figu- 
res qu'eiles  prennent  fuccellivement  , 
347  ii"  Juiv.  leurs  comes,  547,  348, 
5fo.  leurs  couleurs,  348,  leur  cliair, 

348.  leur  enveloppe  mufculeufe,  348, 

349.  mufcles  ou  canaux  droits  &  circu- 
laires  de  cette  enveloppe ,  349  ^fuiv. 
de  quoi  les  orties  de  mer  fe  nouYrif- 
fent ,  &  comment ,  5  yz.  efpece  de  bou- 
che  des  orcies,  3fi,  3^5.  ces  orties 
font  vivipares ;  comment  elles  mettent 
au  jour  leurs  petits,  5^3.  orties  erran- 
tes  ou  gelees  de  mer,  3^3  fr/i^/V.  leur 
chair,  3^4,  3^5'.  leurs  couleurs,  354, 
leur  figure,  354,  leurs  canaux  jj-yG- 
fuiv.  ce  que  deviiit  une  de  ces  orties 

que  Ton  fit  bouillir,  3fy.  une  autre 
qu'on  laifla  fecher  au  foleil ,  ihid.  mou- 
vement  de  ces  orties  fur  Teau,  357. 
glu  dcs  orties  de  mer,  580. 

Os  pointus  trouvcs  entre  les  meninges 
d'un  cpileptique  dans  la  duplicature 
qui  forme  la  faux,  ipag.  544.  petits  os 
herilTes  de  pointes  trouvcs  audi  dans 
la  dure-mere  d'un  autre  fujet,  571. 

Ouies  d'une  etoile  de  mer,  pag.  410. 

Ourjins  ou  Heriflbns  de  mer ;  comment 
s'attachent  a  des  corps  folides ,  pag. 
3S1.  nommes  fur  quelques  cotes  cha- 
taignes  de  mer,  4i'i.  leurs  cpines, 
ufage  qu'ils  en  font,  411,  414.  leurs 
pretendues  jambes  ou  cornes  ,  411. 
ufage  de  ces  cornes,  42X.  fquelette  de 
I'ourfin,  41Z  if  fuiv.  fon  anus,  fa  bou- 
che ,  4ii.  eminences  &  petits  trous 
qui  paroiflent  fur  ce  fquelette,  421, 
425.  mouvement  progreflif  de  I'ourfin, 
424. 

Oi'uirfi  de  la  moule  des  etangs,  pag.  3^7. 
ovaire  ou  pretendu  ovairc  de  femme 
ayant  des  hydatides  ,  542. 

Quidudus  d'une  poule  qui  pondoit  des 
oeufs  fans  jaunes ,  pag.  376. 


r  ^cos  qui  donnent  le  bezoai'd  occi- 
dental, pag.  324. 


Palma  crucifera  de  Jean  Bauhin  ,  fon 
fruit,  pag.  327. 

Palmier  de  la  Chine,  pag.  441.  palmier 
qui  produit  les  dattes ,  palmier  male 
Sc  palmier  femelle  ;  maniere  de  ftcon- 
der  le  dernier  lorfqu'il  n'y  a  point 
de  palmier  male  dans  les  environs, 
4yf ,  fee,  a  quelle  diftance  un  palmier 
male  a  feconde  ,  dit-on,  un  palmier 
femelle ,  456 ,  457.  epees  ou  poignards 
du  palmier  femelle ,  500. 

Palourdes  des  cotes  d'Aunis  ,  &:c.  pag. 
ill  fj"  fuiv.  des  cotes  de  Provence  , 

338.  comment  la   palourde  des  cotes 
d'Aunis  s'enfonce  dans  la  vafe,  3 38, 

339.  fon  pied,   339. 
Palourdons ,  pag.  341. 

Pancreas  &c  fes  canaux  dans  deux  mou- 

tons  ,  pag.  292.  d'un  boeuf,  295. 
Pancrhtique  ( fuc  )  ou  fe   mele  avec  le 
chile,  pag.  523  ,  524. 

Varallaxe  des  objets,  fon  utilite  pour 
nous  faire  juger  les  dillances,  pag.  49. 

ParafAene,  pag.   33,  34. 

Pareira-hrava,  racine  qui  vient  du  Brefil, 
ell,  dit-on,  la  racine  d'une  vigne,  p. 
<i6  O-fuiv.  fa  fubilance,  f27.  fes  cou- 
leurs qui  femblent  la  diftinguer  en 
deux  efpeces,  ibid,  fes  vertiis,  527, 
528.  experiences  qu'on  en  a  faites  dans 
deux  cas  particuliers,  ^17 ,  528.  ma- 
niere d'en  faire  ufage ,  j'28. 

Pardies,p.  32  O-fuiv.  34,  55,  ^f: 

Partheniajfrum  ,  genre  de  plante  ,  fa 
fleur,  fes  femences,  foncalice,  fi.470. 

Parlies  naturelles  d'une  tortue  de  mer, 
leur  pofition ,  p.  294.  de  la  moule  des 
etangs,  367. 

Patelle.  Voyez  (Sil-de-Bouc. 

Panes  du  bernard-l'hermite ,  p.  545  ,  346. 
des  vers  a  tuyaux ,  390.  d  un  tres-petit 
moucheron,  391.  des  ecrevifles,  des 
homards,  des  crabes,  leur  reproduc- 
tion ,  450  b-fuiv.  Voyez  Jambes. 

Paitpieres,  leurs  bords  confideres  comme 
des  miroirs  convexes  qui  reflechiffent  ' 
la  lumiere  ,  p.  82  &-fuii\  humeur  qui  ;e 
ramaffe  au  bord  des  paupieres  &  for- 
me une  cavite  entre  la  paupiere  &  la 
cornee,  85  G-fuiv. 

Pavvc  rouge  ou  Coquelicot ;  vertus  de 
fon  fruit ,  p.   f4(j. 

Pa^an ,  elpece  de  bouc  fauvage  qui  don- 
ne  le  bezoard,  p.  524. 

Pfau  du  bernard-l'hermite  ,  p.  34(5.  de 
I'etoile  de  mer, }  yS.  des  orties  de  mer. 


DES    MATIERES. 


380  de  recrevifle  apres  fa  niue,  com- 
ment fe  durcit ,  458,  439. 

I'eden  ,  peftunculus.  Voyez  Perongle. 

Pendule  a  fecondes ,  fes  diffcrentcs  lon- 
gueurs en  diftcrens  points  dii  globe, 
F^S-  5S  )  39-  mouvement  d'un  pendule 
dans  I'air  &  dans  I'eau,  119,  no.  in- 
fluence de  la  temperature  fur  Ics  pcn- 
dules,  I ii.  experiences  fur  les  pcndu- 
les,  ibid. 

Penfee  ,  poufllere  fccondante  de  cctte 
fleur  ,  pag.  448. 

Feme  des  rivieres  de  Rene  Sc  de  Seine  , 
pjg.  114.  pente  que  I'eau  prend  natu- 
rellement,  ibid. 

Phicarde  d'une  tortue  de  met  ;  liqueur 
qu'il  contenoit ,  p.  294.  pericarde  de 
la  moule  des  etangs  rempli  d'eau ,  369. 
cceur  fans  pericarde ,  549. 

Piriodes  des  marees ,  obfervees  par  Pline, 
V-  in.  IH-. 

Perks  de  la  pinne  marine,  leurs  figures 
&  leurs  couleurs  variees  ,  p.  527. 
ftrudlure  &  formation  des  perles ,  328. 

Pefanteur ,  p.  57.  terme  oij  finit  I'accele- 
ration  d'une  balle  de  moelle  de  fureau, 
ibidem,  premiere  vitefTe  d'un  corps  pe- 
fant  felon  M.  Mariotte  ibidim.  hau- 
teur du  mercure  dans  le  tube  du  baro- 
inetre  obfervee  au  bord  de  la  mer  & 
fur  quelques  montagnes ,  p.  37,  j8. 
differentes  longueurs  du  pendule  a 
fecor.des  a  Ca\'enne  &  a  Paris  ,  a 
Goree,  aux  Antilles,  a  Louvo  ,  a  Lif- 
bonne  ,  a  I'orto-Belo,  a  la  Martinique, 
p.  38  &:  39-  pefanteur  de  I'air  quand  il 
pleut ,  16  ?.  experience  fur  la  ptfanterr 
d'un  liquide  dans  lequel  nage  un  corps 
etranger ,  Sc  lorfquc  ce  corps  tombe  , 

Petite  virole  ,  bam  qui  en  procura  I'c'rup- 
tion,  p.   f45. 

Pitongle  ,  efpece  de  coquillage,  dccrit, 
p.   387  if  fail'.  418. 

Pitrifications At\:x  grotredeFoligno,f'.;9i. 

Phksw.e  fepare  de  la  maticre  fVcalc '  p. 
282,   2S3. 

Fholas.  Voyez   D.n'/r. 

PhoCphore  d'urine  ;  decompofition  de  ce 
phofphore  ,  p.  191  ,  192.  effet  3'e  I'eau 
fur  ce  phofphore,  192.  phofphore  tire 
de  la  matiere  fc'cale  ,  &:  comment, 
285  (y  fuiv.  differens  degres  d'inflam- 
mabilite  de  differens  phofphores,  28-7. 
maniere  de  conferver  le  phofpiiore 
tire  de  la  matiere  fecalc ,  288.  cfFets 
de  rhumidite  de  I'air  &:  du  grand  jour 


y;-? 


fur  ce  phofphore  ,  288 ,  2R9.  comment 
s'enflamme  felon  M.  Hombcrg,  28S. 

ried  du  lavignon,  p.  53c  O-Zuiy.  de  la  pa- 
lourdc,  339.  dufourdon,  340.  destel- 
lines  ,  542.  de  I'oeil-de-bouc ,  544. 
rtmarque  gc'ncrale  fur  Ic  pied  des  co- 
quillages,  344.  pied  des  lima^ons  de 

„"ier,  344,   J4f. 

Pie-mtre,  la  choroide  lui  elt  continue, 
F-  H'J .  U7-  ("^  feparation  d'avec  la  du- 
re-mere  ,  ^46.  canal  quelle  forme  au 
nerf  optique,   f47. 

Pierres  ,  dans  quel  cas  fujettes  a  fe  geler, 
p.  31  &:  52. pierres  figurtes,  132.  pier- 
res  gravees ,  maniere  de  les  copier  fur 
le  verre,  211  O-fuir.  pierre  hematite  , 
2^8.  pierre  vulnerairecompofee,  jjS, 
.ff9- 

Pierre  de  Boulogne  ;  effet  de  fon  exhalai- 
fon  ,  p.  242  ,  143.  inflammabilitc  de 
cettc  pierre,  287.. 

Pjfrre;  ou  concretions  pierreufes  qui  fe 
forment  dans  laveflie,  dans  les  reins, 
dans  la  veficule  du  fiel ,  foit  de  I'hom- 
me  ,  foit  de  quelques  animaux,  p.  52 f. 
dans  les  poches  du  callor  ou  dans  le 
Cafloreum ,  3  29 ,  5  30.  pierres  nommces 
vulgairement  yeux  d'ecreviffes,  458, 
^59.  ne  fe  trouvent  pas  en  tout  terns 
dans  I'ecreviiTe  ,438.  en  quel  terns  font 
plus  ou  moins  grofles,  438,439.  con- 
jefture  fur  leur  ufage  ,  ibid,  pierres 
trouve'es  dans  une  poche  ou  expanfion 
du  duodenum  d'une  femnie  morte  a. 
So  ans ,  f  13 ,  f2.i.  leur  fubllance  ,  ^23. 
conjedlures  fur  leur  formation,   J23, 

Pir.ces  des  ecreviffes,  leur  rcproduftion  , 

Pi-nc  I/urine,  p.  327  C- ji/iv.  fes  perles, 
327,  328.  fa  foie,  528  Kj-fuiv.  crabequi 
fe  loge  dans  la  coqnille  de  la  pinne  & 
des  autres  bivalves,  329.  de  quoi  fe 
nourrilTent  les  pinnes  marines ,  les 
moules,  les  huitres.  Hid. 

Pijiile  des  fieui-s,  ce  qu'il  rcnferme,  p. 
44-,  4^0  if  fuiv.  fes  differentes  figures 
en  difft^rentes  fleurs ,  4p  t>  fuiv.  ter- 
minc  dans  les  unc>;  par  depetits  poils 
ou  par  un  veloute,  dans  d'autres  par 
des' filaments  en  panache,  dans  d'au- 
treS,  par  des  vcficules,  450.^  3  quoi 
repondent  fes  divifions ,  Hid.  fentc  qui 
fe  troHve  dans  le  piflife  ,  4^1.  piftile 
de  la  fleur  femelle  du  potiron  ,  4;2.  de 
la  figue,  4f  5.pofitiondu  piftile  relati- 
•  vcment  aux  fommns  djns  fes  fleurs 


6oo 


TABLE    /LPHABETIQUE 


qui  reuniflent  ces  parties,  451 ,  454. 
pillile  dcs  fleurs  lies  arbres  tVuitieiis, 
acciJens  qui  empechent  le  fruit  de  s'y 
former,  454,  4j-j.  des  plantes  Ie:;Li- 
niineiifes  obferve  en  difterens  degrcs 
d'.iccroilTement ,  4)-S.  de  la  fleur  te- 
meile  du  potiron,  4J9.  de  la  pomme 
calville,  460.  du  coiiaria,  460.  du  jaf- 
miiioides,  46S.  du  ficoidea,  469,  du 
mays,  leur  iituation  ordinaire  ;  pillile 
foitantdes  fleurs  males  &  qui  donne- 
rcnt  de  la  graine  ,  499.  pillile  de  la 
fleur  du  coryfpermum ,  jco,  ^oi.  de 
celle  du  ri«;io;(/e^,  jol,ducafe,  J07. 
Ph'oines  a  fleurs  doubles,  n'oiit  ni  Ibm- 


191.  effet  de  la  chakur  fur  le  plomb  , 
218.  plomb  dilTous  par  les  acides  du 
vinaigre  ,  precipite  par  I'eau ,  274. 
Pluie  tombee  en  1709  a  Paris  &  en  divers 
autres  endroits,  ;a  140,  142,  143.  en 
quels  pays  la  pluie  ell  plus  abondante  , 
145.  pluie  tombee  pendant  I'annee 
I"  10.  en  divers  endroits,  165,  164. 
etat  de  I'air  lorfqu'il  pleut  ,  l6j-. 
pluie  qui  tombe  dans  la  machine  du 
vuide  lorfqu'on  a  pompe  fair  ,  ibid. 
pluie  tombee  en  171 1  en  divers  en- 
droits ,  180  'iffuiv.  eaude  pluieramaf- 
fce  fous  la  gouttiere  d'un  vieux  toit, 
264  &•  fuiv. 


mets,  nietaniines,  leurs  graines,  4^8.     Poires,  cavite  qui  contient  le  pillile  Si 


plames  contiennenc  du  fer  Sc  des  fels  mi 
ncraux,  p.  150,  151.  comment  on  peut 
en  titer  le  fer  ,  i^i.  empreintes  de 
plantes  fur  des  pierres,  i^j.  mouve- 
mens  exterieurs  des  plantes  ,  13  fG* 
fuiv.  caufe  de  la  difterente  extenfibilite 
de  leurs  parties,  15^,  137.  moyen  de 
rendre  vivaces  les  plantes  annuelies, 
139.  terns  ou  pluiieurs  plantes  marines 
repouflent,  160.  dans  quel  cas  les  plan- 
tes contiennent  plus  d'huile,  &c  dans 
quel  cas  elles  ont  plus  de  fel  ,  i_S6. 
Plantes  de  mer  prctendues ,  confor- 
mite  quon  decouvre  entr'elles  par 
I'analyfe  ,  249.  fens  dans  lequel  elles 
fe  tournent,  293.  plantes  de  la  mer, 
3~o  £r  fuiy.  plantes  moUes ,  370.  fleurs, 
fruits  &  graines  de  quelques-unes  , 
374.  opinions  fur  la  maniere  dont  les 
jlantes    fe  nourriflent  ,   440  &■  fuiv. 


lesetamines,  s'y  coi.ferve,p.  4fi. 

Poijjons  ,  en  quoi  conlifte  leur  refpira- 
tion  ,  p.  J 70.  poiffon  qui  caufe  de  I'en- 
gourdiffement  lorfqu'on  le  touche  , 
290.  ■ 

Poitrine ,  plaies  qui  penetrent  dans  fa 
capacite,  dans  quels  cas  peuvent  etre 
fuivies  de  remphyfeme,  561  iy  Juiv. 
plaies  penetrantes  fmiples  ,  compo- 
fees,  f6i  ,  563.  pus  paflant  de  la  ca- 
pacite de  la  poitrine  dans  les  poumons 
&  les  reins,  &  fortant  avec  les  uri- 
nes, f64.  ce  qui  fe  trouve  dans  la  ca- 
vite de  la  poitrine  d'un  homme  mort 
d'un  coup  d'epee  dans  cette  partie , 
fuivi  d'un  emphyfeme ,  566.  autre 
bleflure  a  la  poitrine  fuivie  de  I'em- 
phyfeme ,  de  la  mort  &  de  rouveiture 
du  cadavre,   566,  567. 

Poles  de  I'aimant,  p.  17. 


plantes    le  nourrinent  ,   440  v  juiv.    x  i 'o  uc  idinuun,  jj.  i/. 

Plantes  bulbeufcs ,  moyen  d'en  tirer    Pommes  de  calville  ;  cavite  qui  contient 


de  bonnes  graines,  441.  Plantes  dont 
les  fexes  font  fepares,  446,  4^1.  Plan- 
tes dont  les  fleurs  males  &  les  fleurs 
.femelles  font  fcparees  ,  mais  fur  un 
meme  pied.  4^2.  autres  ou  les  fleurs 
males  &  les  fleurs  femelles  viennent 
fur  des  pieds    fepares,   ibii.    Plantes 


le  pillile  &  les  ttamines  s'y  conferve  , 
p.  4p  ,  4S'9,  460.  pommes  en  partie 
poires,  461. 
Pores  du  mercure,  comment  re^oivent  & 
perdent  les  acides  du  nitre,  puis  les 
parties  du  feu,  p.  200,  201,  208,  leur 
reflort,  201  ,  208. 


auxquelles   on  ne   connoit   point   de     Pofiron,  fa  poufliere  fecondante ,  p.  449, 


fommets  ni  de  poullleres,  4^3.  que 
ques  genres  de  plantes  etablis  par  M. 
Niflele,  46S  &- Jui>:.  Plantes  piarines 
feches,  repjongees  dans  I'eau;,  477- 

Platane,  cliange'd'ecorce,  p.  440. 

Phmb,  (i  force  determinee  par  ex[De- 

'rience,  p.  114.  balles'de  plomb  tirees 

dans  I'eau,    120,    121.   morceau  de 

plomb  laifle  long-tems  dans  une  bou 


fes  fleurs  lleriles,  ou  fleurs  males,  ou 
faulTes  fleurs  ,  4fl.  leurs  fommets, 
leurs  pouflieres,  ibid.  &  458,  4^9.  (es 
fleurs  femelles,  fleurs  a  fruit  ou  fleurs 
nou^s,  451,  4(2,  459- 
Poule  qui  pondoit  des  oeufs  fans  jaunes  , 
fon  chant,  matieres  qu'elle  rendoit, 
f-  375 3  37^-  diffedlion  de  cette  poule, 
576  &fuiv. 


teiiie  d'eau,&;c.i70.  effet  duvinaigre  fur  Poumons  d'une  tortue  de  mer ,'  leur  pofi- 
leplonib,  ibid.  Plomb  enrrant  dans  la  tion ,  p.  294.  de  la  moule  des  etangs, 
fompoiition   d'un  fudorifique  ,    19Q,         369,  570.  d'un  homme   fufi'oque  dans 


DES     MATIERES. 


(Ill 


une  cave  oil  Ton  avoit  cnfermc  de  la 
braife  defour,  Jli.  d'un  homme  mort 
d'un  anivrifme  ,  f  ji.  d'un  homme 
more  d'une  blelTiire  a  la  poitrine , 
fuivie  d'un  emphyfeme,  j66.cfpccede 
poumon  uiiiverfel  dans  le  pelican ,  ^67. 
Pourceau  fauvage  de  Cayenne  ayaiit  un 

trou  fur  le  dos,  pag.  2.90. 
Pourpre  (teincure  de  )  dcs  Anciens,  re- 
trouvee  par  les  MoJernes  ,  pa^,.  591 
&•  fuiv.  coquillages  &  oeufs  qui  la 
donnent,  595  &-fun'.  maniere  doiit  les 
Anciens  la  tiroient  des  buccins  &:  la 
preparoient  ,  399,  400.  ufage  qu'on 
pourroit  t'liie  dc  1j  pourpre  des  buc- 
cins &  des  oeufs  de  pourpre  ,  406. 
pourpre  des  dails,  416. 

Pou/fere^  fecondantes  des  flcurs,  renfer- 
mees  dans  les  fommets  ;  .efpeces  de 
capfules  que  portent  les  etamines  , 
pag.  447  &-  fuiv.  varietes  de  ces  pouf- 
fieres  en  differentes  plantes ,  leurs  cou- 
leurs ,  leurs  figures ,  448 ,  449.  font 
chargees  les  unes  d'huile  ,  les  autres 
de  refines,  ii;rf.  d'auties  font  chargees 
de  matiere  mucilagineufe,  449,  450. 
liqueurs  qui  ont  tire  de  la  teinture  de 
ces  pouflieres  fans  les  dilloudre  non 
plus  que  I'eau ,  4J0.  ces  poulfieres 
bouillies  dans  I'eau,  chauffces  a  fee, 
ihid-  elles  font  neceffaires  pour  fecon- 
der  les  embrions  des  graines  ,  4^1. 
plantes  oii  Ton  ne  voir  ni  fommets  ni 
poufTieres ,  455.  pouflieres  de  la  fleur 
de  la  prefle  ,  454.  des  fleurs  des  arbres 
fruitiers  ;  accidens  qui  empechent 
quelquefois  leur  effet,  454,  455.  pouf- 
fieres  du  palmier  male  ,  du  houblon 
male,  &c.  vont  au  loin  fcconder  les 
plantes  femelles,  4j6.  conjeiSiire.s  fur 
la  maniere  dont  les  pouflieres  operent 
la  fecondation,  4f7,  4f8.  poulfieres 
de  la  fleur  male  du  potiron  ,  458 .  4(9. 
de  la  fleur  de  la  figue,  498,  du  lichen 
etoile,  ifiz. 

Pricip'uanons  chymiques  ,  »i^.  267  C- 
fuiv.  cas  oii  le  corps  dilTous  ftpare 
de  fon  difTolvanc,  s'eleve  a  ia  furface , 
169,  i-o.  precipitations  des  corps  bi- 
tumineux  dilTous  par  les  liqueurs  al- 
kalines,  1-0  deux  fortes  de  precipita- 
tions metalliques,  i-l  (r  fuiv.  intcr- 
medespropres  a.opverces  precipitaV 
lions,  i7i ,  Z71,  2.-4. 

fricipi'i!  de  mermce  ..leurs  differeiy*^ 
couleurs,  vig-  19;  iyfuiy,  ce  que c'eft 
que  le  prccipite  rouge  ordinaire^  J07. 
Tome  III,  PuTtii  Friuifoife. 


precipitc  de  mercure  diffous  dans  I'ef- 
prit  de  nitre  ,  couleurs  que  lui  donnent 
les  fels  alkalis  fixes,  199.  couleur  qui 
lui  eft  naturelle  ,  iHrl.  cffcts  des  fcis 
volatils  meles  de  matiere  huilcufc  & 
de  Purine  fur  ccttc  couleur,  199,  ico. 
couleurs  fuccefllves  ou  alternatives 
qu'on  peut  donncr  au  prtcipit<f,  io# 
0- fuiv.  dilTcrens  prccipitcs,  d'oil  de- 
pend leur  difference,  iCy  C-/ui>.  prc- 
cipite per fc,  iCj.  prccipite  rouge, 
i68,  prccipite  noir,  i/uJfw.  faux  prc- 
cipitcs de  rantimoine  de  mercure , 
ibidem-  prtcipites  veritables,  en  quoi 
diiferent  des  faux  ,  16S.  du  vitriol, 
ibid,  des  eaux  de  I'affy ,  169.  des  refi- 
nes dilToutes  dans  I'efprit  de  vin, 
ibidem,  du  foufre  commun  dilfous  par 
les  liqueurs  alkalines,  1-0.  de  diffe- 
rens  mctaux  diflous  par  des  acides 
d'or,  d'areent,  de  mercure,  Z71.  du 
cuivre  &  du  fer  diflous  par  I  efprit  de 
nitre.  Hid.  difference  entre  les  preci- 
pites  de  I'argent  fairs  par  les  fels  ou 
par  le  cuivre  ,  272. 

Preslytes ,  pig.  46,  p,  58,  66  ty  fuiv. 
deviennent  rarement  mvopes,  66,  67. 
maisdeviennentfouventplHspresbytes, 
67.  experience  fur  leur  viie  ou  fur  leur 
maniere  de  voir  dans  certains  cas  ,  68 
&fuiv.  font  fujets  a  voir  des  taches  8c 
des  filets  noirs  ,  70  &■  fuiv.  fecours 
qu'ils  tirent  des  verres  convexes,  76, 
77,  78.  ce  qu'on  entend  par  le  mot 
Presbyte  ,  79 ,  80. 

Prefle.  plante  dont  on  ne  connoit  point 
fa  femence,  maisfeulemenc  les  fleurs  i 
etamines,  pig.  4^4. 

Prejfion  des  corps,  coinbien  contribue  i 
leurs  frottemens , ;».:f .  125  &■  fuiv.  efifet 
de  la  preflion  fubite  dun  air  froid  fur 
de  I'argent  fondu  &  commen^ant  a  fe 
figer,  261.  fur  la  boule  d'un  checrao- 
metre  fort  echauffte ,  262.     . 

Priy>oli:es,  pag.  ;ij.  J, 

Pro/fatfj,  maladie  dont  elles  fontle  Cege, 
ou  I'un  des  fieges ,  pag.  j-}6  irfuiv. 

Prunes  monftrueufes,  pag.   j!o. 

PruneUe  .  fe  dilate  dans  I'obfcurite,  ft 
reflerre  a  la  lumiere  ,.  mais  non 
pas   egalement    dans    tcyire   forte   de 

i;YtteS,  p:ig.  46,  Jf,  8a,iptunelle  des 
myopes,   jo,   59.  dos  presbytes  ,    66. 

.:inj»verturede  |a  prunelle  determine  U 
rifi^re  qu'un  objct  lumineax  forme  fur 

.',!a  fetine  a  une  certaine  dillance.  68. 

tj!/«-4Us»S  ^  fW^JTeue.  PO'"-  resarder  i 
G4 


for  TABLE 

diffwdntesdiftanceSj  107.  prr.nelle  des 

enfans,  ibid^ 
Pargatifs,  effets  compares  des  ourgatifs 
.  vegetaux  ,    employes  en  fubltance  &c 

de'leuis  differences  preparations ,  pag. 

n8,   fi9,  f30.  -HJ-  ,     „ 

^yriimidate  Sc  aiitres  efpeces  de  Campa- 
nelkj  leur  pouffiere  fecondante,  pug. 

:^  Q 

(JvERCus  mantitna  vefuuks  hcihens , 
V^oyez  Fucus. 

Queue  des  lezards  coupee  ,  fe  reproduit 
en  quelque  maniere,  pag.  434.  queue 
des  ecreviffes  coupee  ne  s'ell  point  re- 
produite ,  ibid. 

Quinquina ,  fes  qualites  fenfibles ,  fes  ef- 
fets, pag.  559,  f6o.  casoii  il  ne  fait 
que  fufpendre  la  fievre ,  559.  cas  ou  il 
doit  la  guerir ,  J  J9 ,  5^0.  cas  ou  il  Tag- 
grave,  f6o.  donne  dans  les  affeftions 
melancholiques  &  hyfteriques  ou  va- 
peurs,  fur  la  fin  des  dyflemeries,  f6o. 


R 


R 


ALPHABETIQUE 

crylbl    de    roche ,  pag.  41.  quamite 
dont  la  refraction  eleve  le  niveau  ap- 
parent de  lamer,  41.  refraftions  ho- 
rizontales  ,  p.  44.  effets  fingtiliers  de  la 
refradtion  ,    p.    4f.    refraftions     des 
rayons  lumineux  dans   Tceil  &  dans 
les  verres,  61  G- fuiv.  refraftions  de 
I'huile  J  du  verre  ,  de  Teau ,  de  I'efprit 
de  vin,  74.  effet  attribue  par  M.  de  la 
Hire  a  la  refradtion  des  rayons  lumi- 
neux dans  I'humeur  qui  eft  au   bord 
des  paupieres,  Sy  irfuiv.  refraftion  des 
balles  de  moufquet.dans  I'eau,  110  &• 
/uiv. ducryftal  d'Iflande,  500.  d'untalc 
qui  fe  trouve  au-deflus  des  bancs  de 
pierre  a  platre,  pres  de  Paris,  504, 50f. 
Recrcdudion  des  jambes  ou  partes  ,  de 
I'ecaille,  &c.  des  ecrevilTes,  des  ho- 
mards  ,  des  crabes  ,  pag.  450  ^fuiv. 
des  queues  de  lezards,  434.  faifon  oii 
cette  reproduftion  fe  fait  le  plus  vke 
dans  les  ecreviffes,  451  &fuiv. 
R^fervoirs  de  la  matiere  du  fil  dans  I'a- 
raignee,  pag.  iz8  ^fuiv.  de  Teau  dans 
la  moule  aes  etangs  ,  564,  3<>f. 
Refines,  leurs diffolvans ,  pag.  167,  169. 
refine  feche  dont  les  poumeres  ftcon- 
dantes  de  certaines  neurs  font  enve- 
loppees,  449. 
Refijtance  occafionnee  par  les  trottemens 
des  corps  ,  a  quoi  elt  proportionnelie, 
p.  125  G-  fuiv.  refiftance  des  bois  de 
chene  &  de  fapin,  516,  527.  des  fils 
qui  compofent  une  corde ,  173 ,  177. 
Refpiration  des  poiffons  ,  en  quoi  confifte  , 
pag.    170.    de   quelques    coquillages  , 
337.   de  la    moule   des   etangs ,   570. 
de  la  moule  de    mer  ,     386.   mccha- 
nifme  de  la  refpiration,  562,  563. 
Ritine,  principal  organe  de  la  vue  felon 
M.  de  la  Hire,  pag.  46  &-/uiV.  7J.  elle 
a  un  point  plus  fenfible  que  les  autres  , 
yo ,  88.  eftets  des  differens  degres  d'e- 
branlement  de  la  retine  ,   ^4,  7f.  fi- 
neflfe  de  fes  filets,  67  ,  68.  eft  femee  de 
vailTeaux  fangnins ;  effet  du  fang  extra- 
vafe  dans  ces  vailTeaux  ,  71.  retine  tou- 
chant  au  cryftallin ,  79.  fa  tro{)  grande 
fenfibilite  dans   des    yeux   tres-bons 
d'ailleurs,  80.  fon  ufage,  98.  d'ou  la 
retine  prend  naiflfance,  f4(5,   H7- ce 
que  c'eft,  ibii!. 
Rhin ,  crue  extraordinaire  de  ce  fleuve  , 

effets  de  la  refraaion  dans  I'obferva-  fihularie ,pag.  ^li^fJv.  fesyertus  reel- 
tion  desaftres,  40.  refraftion  double  les  &  fuppofees ,  fes  differentes  pre- 
au  cryftal  d'Iflande,  ibidem  &-  faiv.  •du     -Irarations,  518  Qfuiv.  effets  compares 


ACi  N  B^  des  fucus  ou   leur  bafe , 

poe.  471,  4S  I.    48i,   4S4  ,   486, 

a88,  491,  492.  du  Coryfpermum ,  ^^00. 
d'une  morille  branchue  qui  croiflbic 
fur  un  mur ,  yi6. 
Rdjoni  du  foleil  paflant  pres  de  la  lune  , 
eprouvent  fon  aftion,  pag-  II.  condi- 
tions neceffaires  pour  que  les  rayons 
lumineux  fe  ratTemblent  au  fond  de 
I'cEil  en  un  meme  point,  55.  com- 
ment reunis  par  les  verres  con- 
vexes  ,  76  &  fuip.  effets  de  la  differente 
refrangibilite  des  rayons  lumineux, 
81,  82.  rayons  que  I'on  voit  autour 
d£s  flambeaux  en  fermant  I'oeil  en  par- 
tie,  rechetches  fur  la  caufe  de  cette 
apparence,  82  &•  fuiv. 
Rayons  de  Tctoile  de  mer  a  queues  de 
lezards  ,  pi!?.  419-  a     • 

Rayons  ou  gateaux  de  cire  que  conttrui- 

fenc  les  abeilles ,  p,^-  426  Gr'/un'. 
ReSum  divife  en  deiix  parties  &    fans 
iffue ,  pag.  •J22 ,  j'2'5'.  operation  propo- 
fee  pduf  ce  cas,  ^23:.^     ^      ,,     .     i 
R^/e;<:ii;ndufon  cprtiparee  a  celle  de  la 

lumiere,  pag.  iji. 
Rifradion  de  Teau  &  de  la  glace ,  pa/.'  i  2. 


DES    NfATIERES. 


6of 


des  teintures  tiroes  par  I'eau  des  ex^ 
traits  de  ces  teintures  &  de  la  rhubar- 
be  en  Tublbnce ,  jiS,  fly.  le  marc 
n'enelVpointpurgatif,  fiR.  ni  leiiiible- 
ment  altringent  ,  519.  autre  teinture 
de  rhubarbe  a  Tefprit  de  vin.  Ion  ex- 
trait  &  fon  marc,  519,  j-io.  rhubarbe 
dilUlIee  ,  fio.  rhubarbe  blanche  ou 
rhubarbe  des  Indes.  Fits^  Mi'-laacan. 
Rhuir.utifinc  (bains  troids  prop  o  Its  pour 
Ic) yag.  fiZ.  raifcnnemeiis  fur  fa  caufe 
&  (a  cure ,  ih'.d. 
Rhus ,  trois  efpeces  de  rkus  felon  G.  Bau- 

hin,  C.I.,.  4"  b. 

Rkin,  fa  poulllere  fecond.inte  ,  pj^.  449. 

HicinoiV." ;,  plante  donr  on  tire  la  teinture 

nommce  tournefol,  pag.  joi  ^fuiv.d 

racine,  fatige,  joi.  fesfeuilles,  joi , 

foi.  fes  fleurs  ,   foi.  fon  fruit,  ibid. 

vcvtusqu'on  lui  a  attribuees,  iii'rf.  fon 

ufage   pour   la   teinture  ,   ibid  &■  fiiiv. 

fteurs  &:  fruits  de  cctte  plante  bouillis 

avec  de  I'alun  ,  tjvec  du  crvllal  de  tar- 

tre  ;  coulcurs  qu'ils  ont  donnces ,  fo;. 

Riviere  dont  I'cau  fent  le  foufre,  pig. 

591.  rivieres  qui  gelent  ,    dit-ori,  en 

■  etc,  4if. 

Rouge  ,  pourquoi  Ton  voit  quelquefois 
les  objets  plus  rouges  avec  un  ceil 
qu'avec  I'autre  ,  p^g.  5-4.  rouge  vu 
dans  I'obfcdrite,  171,  i-"!.  fenfation 
du  rouge  comment  produite ,  Hid-  pire- 
Cipite  rouge  improprement  nonime 
pr^cipite  J  197. 

J  AC  prertant  fa  nailTanc*  de  rombilic 
&  tombant  jufques  fur  les  genoux ; 
diffcrens  corps  qii'il  contenoit,  pag. 
514  ,  fif.  autre  fac'  contenant  les 
boyaux  &  auffi  des  corps  ctrangers 
dans  ce  mcmecadavre,  fif.  fac  lacry- 
mal,  les  orifices,  fon  engorgement  eft 
la  caufe  de  la  fiftule  lacrymale  ,  <~o. 

S-ilpitre,  fel  qu'il  contient,  ^-jj.  u.fon 
a£tion  fiir  quelques  m'atieres  inflam- 
mables ,  Zi  1  ■j'  fuiv.  fur  I'efprit  de  vin  , 
2^4.  employe'  dans  une  operation  pout 
feparct  Vof  def  Targent ,  14!.  vegeta- 
tion du  fe!  du  falpetre  ,  i6i ,  i6^ , 
i(>4.  accidens  occafionnes  par  de  la 
braife  de  four  enfermee  dans  une  cave 
ou  le  fahpetre  abondoit,  511,  fli. 
falpetre  qui  fe  forme  dans  une  prepa- 
ration de  fet-  nommce  arbre  d^e  mars , 

S^ng*  des  Tcines  &    fang  des   »Kef es , 


pag.  171.  fang  de  quelques  animaux 
analyfe,  i8j  (rfuiv.  de  I'homrae,  187, 
188.  fang  des  marfooins,  des  toitaes, 
290.  obfervations  faites  fur  le  fang 
hors  des  veincs,  bull«b  qui  en  cou- 
vroient  la  plus«>rande  partie,  cellules 
qui  parureiit  lorfque  les  bulks  curei* 
crey^,  ^41.  a<5bion  du  fang  dans  la  for- 
mation d'un  aiicvrifmc ,  ffj. 
Sapin.  Voyez  B  if. 

Sareilins    de    Jupiter,   on«  des  taches, 
changeiit  de  grandeur  apparente,  pag. 
II  Jfe  If,  16.  It  quatricme  paroit  plus 
petit  que  fon  on>bre  ,  pig.  11.  atmof- 
phere  foup^onnc-c  au  premier ,  ibidem. 
Le  cinquieme  farellire  de  Saturne  quel- 
quefois invifible ,  ibidem. 
Scummonie  ,     plante   &    fuc    de     cetlC 
plante  ,  fes  etfets ,  fon  analyfe ,  effets 
de  fes  diffcrens  extraits ,  pag.  izS. 
ScUrodijue,  pag.  64,  67,   100. 
Scrophulaire  (grande  )  pag.  191  ,  191. 
Scrotum    prodigieufement     enfle  ,    fon 

poids  ,  pag.    f40. 
S^chsrejje  accompagnce  d'abondance ,  pag. 

Sicr^'inns  qui  fe  font  dans  le  corps  des 
animaux  ^  P.tjf-  fi5  (rfuiv.  organes  qui 
font  les  fecretions,  534,    55$.  com- 


555 .   f?,'5- 


ment  elles  fe  tont,  ^^^,    _ 
Sediment  forme  dans  dc  I'eau  de  pluie, 
pag.   164   &-  faiv.  fedimenc  de  I'eau 
d'Arcueil ,   174. 
Seine,  fa  pente  & -fa  vitefle,  p.7g.  114. 
dcbordemens  de  cetce   riviere  ,  1801 
hauteur  de  I'mi  deces  dcbordemens 
ou  ^larquee,  iMd:    '    " 
Sel  commun,  png.-3'i.  fel  tire  de  I'ipcca- 
duanha,  118.  en  quelles  proportions 
le  fel  fe  trouve  dans  I'eau  de  la  mer 
prife  a  differentes  profondeurs,  diffe- 
rentes  dillances  des  rerres  ,  160,  i-6i. 
qualites  differentes  de  ce  fel  dans  ces 
differens  cas ,.  161.  fel  forme  dans  une 
bouteitle  d'eau ,   t-»o.  dans  quel  cas  le 
fel  abonde  dans  Iss  plantes  &  dans  les 
fruits ,  186.  effet  du  fel  commun  &■  du 
nitre  fur  lethermome'tre,  19S.  fel  fori- 
du  dans  I'eau  bouillante  quelle  coi>- 
leur  donne  au  prccipite  de  mercure  , 
101 ,    205.  efprit  de  fel ,  fes  qualm's 
relativemcnt  aux  acides  nitrcux  Sc  au 
mercure,  109.  fes  divers  effet.s  fur  une 
'     difTolution  de  mercure  ,  no.  fclscou- 
tenus  en  plus  ou  moins  griiide  quan- 
tite  dans  ditferentes  terres ,  mi.  dalis 
■le  verre,  ill,  nj-  »St\on  des  feU  fur 
G4  ij 


eo4 


TABLE    ALPHAB^TIQUE 

fur  les  nerfs 


des  mitieres  inflammables ,  151  &■  fuiv. 
fel  decrcpite  mele  avec  le  fublime  cor- 
rofif ,  fulilimation  de  ce  melange  ,159. 
240.  fel  decrcpite  employe  dans  une 
feparation  de  Tor  &  de  I'argent,  241  , 
141.  effe:s  du  fel  marin  fur  I'or  &  fur 
I'argent  ,  141,  242.  compofition  & 
<ryihllifation  d'un  fel  qui  penetre  le 
fer  fans  le  fondre ,  245 ,  244.  comment 
ce  fel  .pent  agir  fur  le  fer  ,  244  ,  24J. 
fel  du  corail  ,  des  yeux  d'ecrevifles , 
desperleSjde  la  nacre,  de  lacornede 
cerf,  2f  j.  vegetation  du  fel  du  falpe- 
tre,  262,  265.  fel  cryltallife  fur  des 
branches  de  plantes  feches,  264.  fel 
refultant  du  melange  des  acides  &:  des 
alkalis,  275.  effet  du  fel  commun  ou 
de  fon  acide  fur  du  mercure  diflous 
par  I'efprit  de  nitre,  274,  27 f.  fels 
concrets  que  produifent  les  acides 
joints  a  dilTerentes  matieres,  276  &- 
full',  fel  de  la  matiere  fecale,  281.  fels 
des  terres  qui  environncnt  une  caver- 
ne  ou  glaciere  naturelle  de  Franche- 
Comte,  42  J.  fe]  des  fucus  ,  479. 

Sel  ammoniac ,  pourquoi  facilite  la  conge- 
lation ,  pog.  31.  employe  pour  faire 
precipiter  de  I'or,  odeur  qui  en  re- 
fulte,  193.  fel  ammoniac  forme  par  la 
rencontre  des  vapeurs  de  I'efprit  de 
fel  &  d'un  fort  alkali  volatil ,  247.  fel 
ammoniac  des  terres  qui  environnent 
une  caverne  ou  glaciere  naturelle  de 
Franche-Comte ,  ^42  f . 

Seh  fixes  plus  ou  moins  alkalis  ,  leurs 
effets  fur  la  dilTolution  du  mercure  par 
I'efprit  de  nitre,  195,  198,  199  &-fuii: 
fur  le  thermometrej  i9S.qualite  ab- 
forbante  des  fels  fixes  cfjmparee  a  cel- 
le  des  volatils,  208.  fel  fixe  contenu 
dans  le  phofphore  tire  de  la  matiere 
fecale,  288.  fel  fixe  alkali  des  truffes, 

4^7- 
Sel  glacial ,  pai;.  31. 
Sels  mindraux  contenus  dans  les  plantes , 

pag.  150.  eau-mere  que  donnent  ces 

Sel  vigital,  pag.  278. 

Sel  volatil  de  I'urine  de  vache  &r  de  I'uri- 
ne  d'homme,  pag.  129.  qualitc  abfor- 
bante  des  fels  volatils  ^  208.  des  truf- 
fes, 465-  &■  fail'- 

Sini ,  moyens  de  liii  oter  fon  gout  &:  fon 
odeur  fans  affoiblir  fa  vertu  purgative , 
pag.  291  ,  292. 

Ser.fadons  font  produites  par  une  impref- 
fion  modifiee  &  non  pas  immediate  des 


corps   exteneurs  lur  les  neris ,  pag, 
98,  99. 
Senjitive  ou  Mimofa ,  mouvemens  fingu- 
liers    &    comme   convulfifs   de  cette 
plante,  pag.  137,  pi. 
Serpent  du  Brefil ,  pourquoi  nomme  cou- 
leuvre  a  deux  retes,pag.  291.  ce  qui 
arriva  a   quelqu'un  qui  avoit  tue,   & 
ecorche  de  ces  ferpens ,  ibid,  mue  des 
ferpens,    459. 
Sole,  nombre  des  fils  de  foie  qui  compo- 
foient  un  brin  de  foie  a  coudre,pa^. 
178.  force  de  cette  foie  &  des  fils  qui 
la  conipofoient  ,    178  ,    179-   foie  de 
ver-a-foie  &  d'araignee,  266  ^  fuiv. 
foie  d'araignee  employee  ,   30J.  foie 
dont  elles  enveloppent  leurs  oeufs  & 
foie  dont  elles  tendent  des  filets  aux 
infeftes,  309,  310.  quelles  araignces 
donnent  la  foie  la  plus  propre  a  etre 
mife  en  oeuvre,  311.  couleurs  de  cette 
foie,  311  ,  312.   force  de  la  foie  des 
vers-a-foie  comparee  a  celle  de  la  foie 
d'araignee,    313.  caufe  probable   du 
luilrede  la  foie,  ibid,  quantite  de  foie 
fournie  par  un  ver-a-foie,   315,  &  par 
une  araignee ,  ibid,  foie  de  la  pinne  ma- 
rine, 328  &-  fuiv. 
S:leil  (  taches  du  )  pag-  I  &  fuiv.  revolu- 
tion du  foleil  fur  fon  axe,  3  &•  fuiv. 
faux  foleils,  32  &'/"'!'•  images  qui  ref- 
tent   &  fe   fuccedent  dans  les    yeux 
apres  avoir  regarde  le  [oleil ,  pag.  q6. 
plantes  qui  fe  panchent  vers  le  foleil, 
&  pourquoi,  136,  157.   influence  du 
foleil  fur  les  marees,   l^^&fuiv.  cau- 
fes    qui   mpdifient    fon   aftion    felon 
,    Neuton,  1^6. 

Sr.leil  de  mer  de  Rondelet,  pag..4ic). 
Smmets  qui  furmontent  les  etamines  des 
fleurs  &  en  renferment  la  poufliere  fe- 
■  rondapte  ,  pag.  447,  44S  )  4f^  ^  fuiv. 
leur  pofition  dans  le  lis,  la  tulipe  &  la 
plupart  des  plantes  ,  447.  dans  les 
,  fleurs  tubulees  comme  les  narcifles, 
&c.  ibid,  dans  les  fleurs  a  fleurons,  J 
demi-fleurons,  ou  radices  ,  i^i(?.  fom- 
mets  Ail  plantes  arpmatiques  ,  448. 
examen  des  fommets  des  fleur?  &  de 
leur  ufage,  4^2  &fuiv.  leur  (ituation  a 
I'egard  du  piilile  dans  les. fleurs  ou  ils 
lui  font  rcunis,  452,  4^4.  plantes  oii 
Ton  n'en  voir  point,  4^3.  efpeces  de 
fomniets  de  quelques  capillaires,  des 
,  moufles,  ibid,  non  encore  decouverts 
dans  la  fleur  de  la  figue  ,  ibid,  fommets 
des  fleurs  males  du  pptiron,  4j8j  4y9. 


D  E  S     M  A  T  I  E  R  E  S. 


Cof 


ie  la  pomme  calville,  460.  des  etami- 
nes  de  la  figue,  497,  498.  de  I'alypum  , 
J04. 
Son  fxe  felon  M.  Sauveur  ,  pig.  109. 
experiences  fur  les  fons,  ih:'.  Xs-  fuiv. 
foils  harmoniques ,  no.  reflexion  du 
fon,  ifi.  ^ 

Soufre  entrant  dans  la  Compofition  d'un 
fudorifique,  pag.  190.  effet  de  certains 
fels  fur  la  flanime  du   foufre,  2;i  G- 
fuiv.  effet  du  foutre  fur  le  fer  rouge  , 
245,  144.  foufre  briilant  d'antimoine, 
fon  etfet  fur  les  nietaux  ,  145  ,  246.  dif- 
ferens  foufies    ou  inatieres  fulfureu- 
fes,  if^  6- /uiv.  foufre  principe,  ifj 
G"  fuiv.  foufre  bitumineux  fee,   in, 
huiles  ou  graifles    refultantes  de  I'u- 
nion  du  foufre  principe  avec  une  ma- 
tiere  aqueufe  ,  ibid,  foufre  mctallique  , 
2  J4.changement  ou  paflage  d'un  de  ces 
foufres  en  un  autre  ,  2^4.  foufre  com- 
mun  mele  avec  de  I'argent  fondu,  puis 
feparc  par  I'cvaporation  ,  260  ,  261. 
magillere  du  foufre,  2-0.  foufre   en- 
leve  au  fer  par  les  acides,  27-.  union 
des  foufres  avec  les  acides,  276  t>/uiV. 
dans  quels  cas  les  foufres  perdent  leur 
inflammabilite,  278.  eaux  foufrees  des 
environs  de  Foligno,  deTivoli,  591. 
Sourdon  des  cotes  de  Poitou,  p.  359  &* 
fuii:  fa  coquille,  ^^9.  fes  tuyaux  char- 
nus,  ibid,  fon  pied  ,  fes  mouvemens 
progreffifs  ,   340. 
Str.itifme  ,  f.   fo,  88,  89. 
S.ubi!/n.ztion    dumercure,   p.  204,  20f, 
259 ,    240.    fublimation  des   matieres 
feches,fes  rapports avec'la  dilliUation 
des  efprits- acides ,  277. 
Sublimi  corrofif ,  ce  que  c'eft  ,  p.  loi) , 
259  ,  240.  effet  du  fublime  corrofif  fur 
I'argent,  245.  fur  la  liqueur  des  buc- 
cins,  404,  40 f.  difTolution  du  fublime 
corrofif  combinee  avec  des  teintures 
&  liqueurs  tirees  des  truffes  ,  466. 
Sua  nourriciers  des  plantes ,  leur  aftion , 
p.  I3f  &"  fuiv.  fuc  glutineux  du  corail 
&  de  quelques  autres  produdtions  ma- 
rines, 249  C-  fuiv.  effai  des  fucs  depuvcs 
de  divers  fruits  pour  tirer  la  teinture 
de  corail,  2ji.  fuc  laiteux  du  corail , 
effets  de  fon  melange  avec  diverfes  li- 
queurs, 2J2.  fucd'acacia,  ce  que  c'ell, 
326. 
Sudnfi.iue  (remede)  fa  compofition  & 

fes  effets,  p.  190,  191. 
SiisuT  analyfee ,  p.  190. 
SiitdiU  a  la  fuite  de    migraines  &:  de 


fluxions,   comment  gucrie,  p.    541. 
Surfaces  des  corps  ,   dans  quels  cas   les 

frottemens    font    proportionnels    aux 

furfaces,  p.  12;  6-  fuiv. 
Sureauj  abonde  en  motile,  p.  440. 
Sjrius  ,    changement   dans  fa   lumiere , 

pag.  11. 

1  ACHES  du  foleil ,  p.  i  &  fuif.  des 
fatellites  de  Jupiter,  p.  12  ,  if,  16.  de 
Jupiter  lui-mtine,  p.  12  G- fuiv.  paroif- 
feiit  dependre  dans  cet  a^he  des  ban- 
dcs  correfpondantes,  p.  15.  taches  de 
mars,  17.  taches  &c  fils  noirs  qui  fe 
forment  dans  les  veux  ,  70  ir  fuiv.  87. 

Talc ,  le  cryllal  d'lilande  ell  une  efpece 
de  talc,  p.  299.  talc  qui  fe  trouve  au- 
deffus  des  bancs  de  pierre  a  platre  , 
pres  de  Paris  ,  ?00  irfuiv.  Ion  rapport 
avec  le  veritable  talc,  ;O'0.  fa  figure, 
301  ,  fa  rtrudfure  intcrieure,  301  &• 
fuiv.  fes  irrcgularites  ,  303  ,  304.  fes 
refraifions,  304,  305.  talc  dePalTy, 
fa  figure,   305'. 

Ta/icAe  dans  laque lie  ontrouva  un  tenia, 

Tar'je  (felde)  faoule  d'acides  vitrioli- 
ques ,  fon  effet  fut  une  dilfolution  de 
mercure  ,  p-  201 ,  202.  effets  de  I'huila 
de  tartre  par  dcfaillance  fur  cette  dif- 
folution  ,  2of.  terre  folice  de  tartre, 
ce  que  c'eft ,  fon  ufage  pour  tirer  des 
teintures  de  certains  metaux  ,  252. 
etlet  du  melange  de  I'huile  de  tartre 
'  avec  des  efprits  acides,  275.  ducryftal 
de  tartre  avec  le  fel  de  tartre,  278. 
huile  de  tartre  combinee  avec  la  la- 
que  ,  320.  cryllal  de  tartre  bouilli 
ayec  les  fleurs  &:  les  fruits  AuTicinoides., 
teinture  qui  en  a  refultt,  503. 

Teintures  des  metaux  ,  f.  232.  teintures 
de  corail ,  2fo  &•  fuiv.  teinture  tiree  du 
corail  par  le  moyen  de  la  cire,  puis 
retiree  de  la  cire,  2p,  251.  teinture 
de  pourpre  tiree  de  certains  coquilla- 
ges,  391  ^  fuiv.  &  de  certains  ceuls 
ou  grains,  395  b  fuiv.  comment  on 
pent  la  tirer  aifement  de  ces  oeufs, 
398.  comment  les  Anciens  la  tiroient 
des  buccins,  399,  400.  ufage  qu'on 
pourroit  faire  de  la  teinture  tiree  des 
oeufs  de  pourpre  &  des  buccins,  40<>. 
teintures  des  truftes,  leurs  effets  fur  le 
firopviolat,  fur  la  diffolution  de  fu- 
blime corrofif,  466.  fur  I'eaii  ,  ibid. 
teintures  tirees  des  fleurs  &  des  fruits 


6o6 


TABLE    ALPH 


du  ricinoides  ,    foj.  de  la  rhubarbe , 
leurs  effets,  f  i8  irfuiv. 
TetUnes  des  cotes  d'Aunis,  leurs  coquil- 
les,   leurs  tuyaux  charnus ,  pag.   541. 
leui-  pied ,  541.  leur  mouvement  pro- 
greflif  J  541 ,  542.  faut  particulier  aux 
tellines,  542. 
Temperature  des  caves  de  I'obfervatoire  a 
Paris  ,    ou  temperature  moyenne  de 
Tair,  ptig.  140,  I4i ,  iSo.  du  fond  de 
la  mer,   160.  varietes  de  la  tempera- 
rure  dans  le  tenis  d'un  tremblement  de 
terre  ,  183.  effers  de  la  temperature  fur 
le  corps  liumaiii  ,    221.  temperature 
des  fouterreins  dans  les  differentes  fai- 
fons,  424,  4Xf. 
Tinia  trouvc  dans  une  tanche,  pag.  ^24. 
Ter&enthine  (  huile  de  )  combinee  avec  la 

laque,  pag.  ^lo. 
Teries ,  leur  fufibilite,  de  quoi  depend, 
pag.  2iZj  zi  5.  terre  toUce  de  tartre  , 
252.  terre  depoft'e  par  !e  vitriol  dans 
les  diflolutions  &  les  digeltions,  25 f 
&  fuiv.  terre  tiree  de  la  matiere  fe- 
cale,  281. 
Terrein  de  quelques  cotes  &:  des  Ifles  &r 

ecueils  voifins ,  pag.  i  f  9. 
Tete,  fon  mouvement  diilipe  les  idees  fe- 
lon M.de  la  Hire, p.  60.  tete  de  Toeil- 
de-bouc ,  545.  de  la  moule  des  etangs, 
5(3 J.  des  vers  de  mer,  590.  tete  monf- 
trueufe  d'un  fetus,  51. 
Teies-mortes reilies  aprcs  differentes  diftil- 
lations  de  la  matiere  fecale  ou  de  fon 
fel  eflentiel ,  leur  inflammabilite,  p. 
282,  285-.  tete-motte  des  truffes  diftil- 
lees ,  467. 
Thermometre  ( obfervations  du)  p.  140 
Z:-  fuiv.  165,  iSo,  220.  effet  du  vent 
fur  le  thermometre,  144,  14?  ^  fuiv. 
obfervations  du  thermometre  plonge 
dans  la  mer ,  160.  plonge  dans  I'eau  ou 
Ton  fait  fondre  des  fels  alkalis  fixes, 
19S.  &  dans  i'eau  oii  Ton  fait  fondre 
du  fel  commun,  du  nitre,  ibid,  dans 
un  melange  d'eau  &  d'efprit  de  vin , 
218.  oblervation  du  thermometre  dans 
une  caverne  ou  glaciere  naturelle  de 
Franche-Comte ,  42  y. 
Tiges  de  fucus,  p.  471  ,  472,  481  ,  482, 
483,484,48^,  486,  487,  -488,491. 
4<;2.  d'une  petite  coralline  qui  nait  fur 
un  fucus,  495. 
Tom ,  de  quoi  ils  dependent,  p.  110.  tons 
diffcreir,  de  morceaux  de  bois  diflfe- 
rens  en  grandeur,  quelles  proportions 
ils-  fnivent ,  110  ,    ui ,  la  forme  du 


A  B  E  T  1  Q  U  E 

corps  fonore  influe  fur  le  ton ,   1 1 1 , 
112. 

ToTtiUement  des  fils  qui  compofent  une 

corde  ,  fon  effet, p.  173  irjuiv. 
Tortues,  degre  de  chaleur  de  leur  fang, 
p.    290.   defcription  d'une  tortue  de 
mer,  294  &■  fuiv.  obfervations  faites 
fur  quelques  autres  tortues,  297,  198. 
tortues  de  terre  ont  des  pieds  &  celles 
de  mer  des  nageoires,  297. 
Tournefol ,  teinture  que  Ton  tire  du  rfri- 
noides  ou  de  la  maurelle,  fes  differen- 
tes preparations,  p.  f03.  tournefol  en 
drapeau  J  5-03.  en  pate  &  en  pain  ,  ihid. 
Trachie    afere  d'un   homme   mort  d'un 

anevrifme,  p    ^52. 
Travertin,  fa  formation  ,  p.  391. 
Tremblemens  de  terre,  p.  181,  182,  183. 
circonftances  du  vent  &  de  la  tempe- 
rature ,  Sec.  qui  ont  accompagne  iia 
tremblement  de  terre,  183. 
Tripoli,  forte  de  craie,  p.  313,  514. 
Trochus.  Voyez  Limafons  de  mer. 
Trompe  des  abeilles,  p.  426. 
Truffes,  on  n'y  voit  point  de  pouffiere  fc- 
condante ,  de  fommets  ,  Sec.  efpeces 
de  graines  &  de  fleurs  qu'on  y  a  apper- 
f ues  ,  p.  453,  462,  464.  pays  oii  tiles 
croilient ,  lieux  oia  elles  Ic  trouvenr  > 
arbres  au  pied  defquels  elles  font  le 
plus  communes,  461.  faifon  ou  elles 
commencent  a  fe  former  ,    ihid-  leur 
accroilfement,  leurs  diiferens  dt  gres  de 
maturite ,  trutfes  blanches ,  marbrces , 
noires,  461,  462.  leur  ecorce,  461, 
461.  leur  interieur  obferve  au  microf- 
cope  ,    462.  lemr  reproduftion ,  ihid. 
le  grand  froid  leur  eit  contraire ,  ibid. 
ver  qui  lesronge,  mouche  en  laquelle 
il  fe  change  ,  463.  autres  petits  infec- 
tes  qui  les  rongent  ,  463.  terres  des 
truffieres ,  indices  qui  les  font  decou- 
vrir,  manieres  de  les  tirer,  463.  vers 
qui  naifl'ent  dans  les  truffes  pourries  , 
mouches  qui  proviennent  de  ces  vers , 
ibid,  deux  efpeces  de  truffes,  felon  M. 
Tournefort ,  464.  opinions  de   Pline 
fur  leur  nature  &   leur  produftion  , 
ibid,  parenchyme ,  fibres ,  canaux ,  &:c. 
qu'on  dirtingue  dans  les  truffes ,  4(14 , 
465-.  analyfe  de  la  truffe,  465  0"  fuiv. 
fon  analogie  avec  les  plaiites,  ihid.  fon 
odeur  exaltee  ,   effet  de  la  fermenta- 
tion fur  la  truffe ,  465-.  maniere  de  con- 
ferver  les  truffes ,  ibid.  &  466.  teintu- 
res  de  truffes  tirees  par  I'eau  ,  par  I'ef- 
prit  de  vin,  466.  liqueurs  tiieeS  des 


rruffes,  466,  leurfel  volatil,  leur  Cc\ 
tixe  alkiili  ,  ^-.y.  qualitcs  qu'on  Icur 
attribue,  ihi'^.  ce  qu'ellcs  devieiinenc 
dans  I'efpiit  de  vin,  446,  ^67,  dans 
I'eau,  4&7. 
I'libireufe  ,    fa  pouffiere  fccondante  ,   ;;. 

^449-     , 

Tumeiir  enorme  du  ventre  ,  ce  qu'on  y 
nouva  a  rouverture  du  cadavre  ,  }>. 

Turbo.  Voycz  Limafom  dt  mer. 

■/uy.iux  de  conduite,  leiirs  proportions, 
;;.  114,  leiir  torce  determinee  p.ir  ex- 
perience, iiy.  niyaux  cluvnus  du  la- 
vignon  ,  efpece  de  trachee  ,  536.  & 
dcs  autres  coquillages  qui  vivcnt  enfon- 
ces  dans  le  fable,  la  boue,  &c,  557. 
de  la  palourde,  3  58.  leur  ufage,  ibiS. 
dufouidon,  qui  lancent  I'eau  a  plus  de 
deuxpieds,  559.  des  tcllines,  s-41.de 
I'etoile  de  mer_,  560.  tuyaux  des  vers 
de  mer  de  differentes  efpeces  ,  588. 
des  coutclicrs,  409,  410.  des  dails, 
416. 

Tuj.iti.v  d'orgues ,  p.  loS,  109. 

Tympanue ,  Voyez  HyJr:^;^lfte. 

Jyphon ,  pheiioinenes  qui  I'accompagnent, 
,.  ,0.  ^ 

LJlceres  aux  reins  &  a  la  veffie  ,  com- 
ment gueris  ,  pag.  51-.  eaii-mere  du 
vitriol  donnee  pour  les  ulceres  des 
poumons  ,  des  reins  &  de  la  veflle, 
5j8.  ulceres  du  fac  lacrymal,  570. 

Urine  de  vache,  fes  qualitcs,  pa^.  128, 
129.  urine  de  vache  diftillcc  &  non 
diftillee  prife  interieurement,  fes  ef- 
fets,  129.  analyfce,  ibid.  191.  phof- 
phore  d'urine,  ibid  i^-r.  effet  de  I'u- 
rine  fur  le  mercure  diflbus  dans  I'ef- 
prit  de  nitre,  199,  2cx3.  urines  glai- 
reufes,  purulentes  &  prefque  fuppri- 
mees;  effet  du  pareira-brava  dans  ces 
cas,  J27,  528.  pus  fortant  par  les  uri- 
nes &  venant  de  la  capacitc  de  la  poi- 
trine,  J64. 

Vyie  J  ufage  que  lui  attribue  M.  Jucin, 
pag.  lay ,  108. 


r  AGiu  (conformation  extraordinaire 
Au^jiag.  f49.  fa  dilatation  pendant  une 
grofleffe,  ibid. 

Vaijfeaux  qui  compofent  les  glandes  ou 
qui  s'y  rendent,  pag.  ^34.  vaiffeaux  fe- 


D  E  S    M  A  T  I  E  R  E  S.  607 

crctoires,  f  34  (yfulv.  vaiffeaux  ou  ca- 

ux  excrttoires     fj^,   jjj.  vaiffeaux 

i  cor.tiennent  les  liqueurs  ducorp;.. 


naux  I 

■qui 

comment  aidcnt  au  mouvetnent  de  tcs 
liqueurs,  fyr,  ftS. 
Valvules  du  caurd'u::c  tortue  de  mer, 
pjf;.  294,  296.  de  quelquestortues  tcr- 
rcllres,  297.  d'une  vipcre  i!i,!.  dune 
anguille,  ibtJ.  de  deux  graiidcs  tortucs 
de  mer,  ibid,  des  tortues  de  terre  Sc  de 
mer,  298.  valvules  du  cicur  &  leurs 
appendices  ,  maniere  de  les  dcmnn- 
trcr,  f32  ,  553.  valvules  ficmoidcs , 
leur  llrutturc  &:  leur  ufage,  571 ,  572. 
niort  qui  parut  occafionnee  par  un  ac- 
cident arrive  a  I'une  de  ces  valvules, 

Vapeur  de  I'encre  de  fympathie ,  pag,  242. 
de  la  pierre  de  Boulogne  ,  242,  243. 
de  quelques  efprits  acides,  Sec.  247. 
eifcts  de  la  rencontre  de  ccrtaines  va- 
peurs,  j'ijrf.  vapeur  inflammable  pro- 
duite  par  la  limaiiie  de  fer,  &  com- 
ment, 2p.  vapeur  de  l.i  braile  de  bou- 
langer  ,  fes  funeftes  effets,  521,  ji2. 
eflFets  de  la  vapeur  d'une  vieillefofle, 

VapeuTs ,  maladies  auxquelles  on  donna  ce 
nom,  pag.  j6o.  quinquina  donne  dans 
ces  maladies ,  ibid. 

Vegetation  (  mechanique  de  la  )  felon  M. 
Reneaume  ,  pag.  ^140  &  fuiv.  vegeta- 
tion finguliere  fur  la  fouche  d'un  arbre 
coupe ,  444  &■  fuiv. 

Vegetations  artificielles  de  differentes  for- 
tes ,  2f(>.  difference  effentielle  entrc 
ces  vegetations  apparentes  &  les  plan- 
tes ,  260.  ve'getauon  du  fel  du  falpe- 
tre,  262,  263,  du  fediment  de  I'eau 
de  pluie ,  264  (yjuiv.  vegetations  de 
Mars,  177. 

Vigitaux ,  paflage  de  leurs  huiles  dans  la 
fubilance  des  me'taux,  pag.  2^8. 

Veines ,  pourquoi  paroifTent  bleues  fur  la 
peau,  pag.  172.  fang  des  veines,  ibid. 
veines  d'une  tortue  de  mer  ,  troncs 
qu'elles  formoient  &  leurs  embouchu- 
res, 29f,  296.  veines  axillaires  de  la 
meme  tonue  ,  leurs  fibres  ,  296,  298. 
veffies  de  trois  autres  tortues,  29T. 
furface  interieure  des  veines  ca\  es  de 
la  tortue  terreltre  &  des  veines  pul- 
monaires,  des  veines  caves  &:  des  vei- 
nes axillaires  de  la  tortue  de  mer, 
298.  veines  des  glandes,   ^36. 

Veniricuks  du  coeur  d'une  tortue  de  mer , 
pag.  294.  cloifon  qui  lesfcparoit,  ou-; 


fioS 


TABLE    A  L 


vertures  &  valvules  qui  s'y  trou- 
voient  ,  :hid.  maniere  de  feparer  les 
deux  ventricules  du  coeur  en  laiflant 
a  chacun  fon  oreillette  &  fon  artere. 

Venire  de  la  moule  des  etangs  ,  pag.  565. 
tumeur  du  ventre ,  ce  qu'on  y  trouva 
a  I'ouverture  du  cadavre  ,  Ji-t- 

Vents  de  I'lde  de  Cayenne  &:  des  envi- 
rons de  la  riviere  des  Amazones,  p. 
JO.  ne  fjnt  pas  les  memcs  a  Paris  &  a 
Malthe  ,  p.  36-  obfervations  fur  les 
vents  qui  ont  accompagne  certaines 
temp--:.:   1  140  -T  fuiy.  165,    181 

&f.i.v.  210,  zii  effet  du  vent  fur  le 
thermcme-re,  IJ,4,  14^  &■  Jiiiv.  vents 
qui  fe  hrent  feiitir  dans  le  terns  d'un 
tremblement  de  terre,  185.  vents  qui 
fortent  du  corps,  560.  pourouoi  Ton 
n'en  rend  prefque  jamais  dans  I'hydro- 
pifie  tympanite  ,   j6i. 

FentitecUpfee  par  la  lune,  p.  11. 

VtTS  de  mer  ou  y^rs  d  tuyaux ,  leur  adhe- 
fion  a  d'autres  corps,  p.  38S  v  fuiy. 
ieurs  diffcrcntes  efpeces  ,  iHd-  leur 
tete  ,  390.  Ieurs  nageoires,  iHd.  Ieurs 
pattes ,  itid.  vers  luifans,  414.  le  male 
adesailes,  la  femcUe  non,  ii.'i^.  vers 
desabeiiles,  428,  429.  vers  qui  man- 
gent  les  truftes ,  autres  qui  nailfent 
dans  les  truffes  pourvies,  mouches  qui 
proviennent  des  uns  &   des   autres, 

4^3-  .  , 

Ver-d-fie  ,  fa  fecondite ,  p.  3p8.  quantite 
de  foie  quefournit  un  ver-a-foie,   3 1  j. 

Ve'-d-de-^rh,  fa  couleur  a  la  chpadelkj 
pag.  48. 

Vermilion,  fa  couleur  a  la  chandellCj 
p.  49. 

Vernh  de  I'lndc,  p.  134.  de  la  Chine, 
ibid.  169. 

Verre ,  fa  refraftion  comparee  a  celle  de 
quelques  autres  matieres ,  p.  74.  quelle 
colle  eft  bonne  pour  le  verre  ,  169. 
maniere  de  copier  fur  le  verre  les  pier- 
res  gravces,  21 1  G'/uiv.  ce  que  c'cft 
que  le  verre,  212,  213.  quel  verre  il 
faut  choifir  pour  copier  les  pierres 
gravees,  214,  2iy.  duftilite  du  verre 
ramolli  par  le  feu ,  114  &fuii\  prece- 
de des  fileurs  de  verve,  m  ,  226.  ten- 
tative pour  perfeiSionner  cet  art,  226. 
force  cies  fils  de  verre ,  227. 
Verre  ardent ,  calcination  de  I'^tain  _au 
verre  ardent,  p.  2^4.  melange  du  fer 
avec  i'etain  fait  au  verre  ardent,  2y(5. 
Verres  des  lunettes  peuvent  produire  de 


PHABETIQUE 

fauflfes  apparences  ,  p.  12.  convcxit^ 
que  doivent  avoir  les  verres  lenticu- 
laires  ,  ff,  f6.  verres  qui  ont  deux 
foyers  ,  f6.  cas  ou  les  verres  concaves 
font  utiles,  60,  61.  verres  convexes 
peu  utiles  aux  myopes  ,  60.  comment 
font  utiles  auX  presbytes ,  76  &-fuiv. 
&c  aux  vues  parfaites ,  80.  ont  deux 
proprietes  differentes  &  infeparables  , 
00.  verres  des  lunettes  employes  a 
mefurer  la  force  des  yeux  ,  103. 
Vijicules  fur  les  feuilles  de  quelques  fu- 
cus ,  contenant  les  femences,  475  &• 
fuiv.  481. 
Vijicule  du  fiel  de  deux  foies  de  mouton  , 

p.  292,  d'un  boeuf  193. 
Vijiculetfiniinalesde  la  moule  des  etangs, 
p.  367,  368.  maladie  dont  les  veficules 
feminales  font  le  fiege  ou  I'un  des  fie- 
ges,  536  ir  fuiv. 
VeJJie  pleine  d'eau  trouvee  dans  le  corps 
d'une  poule ,  p.  376.  effets  qu'elle  pro- 
duifoit  fur  I'ovidudus  &  fur  ks  oeufs , 
ibid,  veflies  pleines  d'air  dans  certains 
fucus,  478  ,  483 ,  484.  veffies  pleines 
d'une  eau  jaune  trouvees  dans  une  tu- 
meur du  ventre,  524.  ulceres  a  la  vef- 
fic,  comment  gueris,   517.  defcentes 
de  vefiie  femblent  fuppofer  un  vice  de 
conformation,    567,   j68. 
Vibrati.iiis  des  cordes  fonores ,  p.  108  &• 
fuiv.  lefquelles  des  vibrations  totales 
ou  des  vibrations  partielles  cojiihtuent 
leton,  no,  1 11.  vibrations  de  la  cor- 
de  de  la  trompette  marine,  122,  123. 
Vigne,  abonde  en  moelle,  p.  440.  piftils 
de  fa  fleur ,  450.  caufe  de  la  coulure  de 
la  vigne,  45- j.  vigne  du  Brefil.  Vojei 
Pareira-Brava. 
Vin ,  fa  gravite  fpecifique  ,  p.  38.  vin  cha- 
lybe ,  comment  donne  dans  differens 
cas,  558. 
Vinaigre,  fon  effet  fur  le  plomb ,  p.  170. 
Viperes  analyfees,p.  188. 
Vifion,  phenomenes  de  la  vifion  relati- 
vement  a  la  pofition  des  objets ,  p.  64 , 
68  &  69.  diverfes  opinions  &  recher- 
ches  fur  le  mechaniiVne  de  la  vifion, 
99  &•  fuiv. 
Vitefe  du  mouvement  de  la  mer  dans  le 

flux  &  dans  le  reflux ,  p.  1^3. 
Vitrie  (humeur)  inconvenient  de  fa 
trop  grande  longueur,  p.  63.  manque 
dans  quelques  fujets  ,  accident  rare  , 
78,  79.  obfervee  dans  I'oeil  d'un  horn - 
me  mort  d'un  emphyfeme ,  ^66.  dans 
les  yeux  d'un  aveugle,  568 ,  ^69. 

Vitriol , 


DES    MATIERES. 


Cq9 


Viirhl ;  (piViti  An  mcrcure  hc'ridc  des 
acides  du  vitriol,  pjg.  xo-.  cffct  du 
vitriol  fur  la  flamnie  dcs  foufrcs  &:  des 
Iniiles  ,  155.  vitriol  vert,  254  C-  fuu'. 
procidci  pour  cointnir  le  vitriol  en 
eau-mcre,  255  irfuii'.  pour  en  tirer  un 
efprit  volatil  lulfureux,  acide  ,  i^r,. 
en  quel  ctatell  le  ter  dans  le  vitriol, 
257,  258.  diftcrens  effets  que  produi- 
fent  fur  I'eau  le  vitriol  calcine  par  Ic 
foleil  &  le  vitriol  pulverifc,  258.  fou- 
fre  fixe  Sc  anodin  du  vitriol ,  arcane  He 
magillere  de  vitriol ,  teinture  de  vi- 
triol,  huile  de  vitriol.  258.  huile  de 
vitriol  verft^  dans  du  falpetre  calci- 
ne &:  liauetie  ;  ce  qui  en  refulte  ,  262  , 
263.  prccipite  du  vitriol  fondu  dans 
I'eau,  2uS.  efprit  de  vitriol  melc  avec 
I'huilc  de  tartre,  i-?-?  ,  vitriol  pris  in- 
terieurement ,  fon  aftion  ,  melange  du 
vitriol  avec  la  teinture  de  galle,  5p. 
eifets  d'une  eau-niere  de  vitriol  dans 
dcs  hcmorrhagies  internes  &  externes, 
les  ulceres  des  poumons ,  des  reins ,  de 
la  veflie,  558. 

Vomifsment  de  membrane,  p:ig.  ^fo.  vo- 
mifTement  llercorcux  dans  la  patiion 
iliaque,  ^^i&juiv  obfervation  de  ce 
vomilTement  &  de  1  etat  des  inteftins 
pendant  ce  vomifTement,  faite  fur  des 
chats  Si  des  chiens,  575,   J74. 

Vut ,  fes  diffcrens  accidens,  pag.  46  &• 
fuiv-  vue  des  oifeaux ,  47.  tous  les  yeux 
ne  voient  pas  les  mcmes  objets  de  me- 
me  grandeur  ,  ibid,  vue  louche ,  fO. 
dans  quels  cas  on  voic  les  objets  dou- 
bles ,  &  dans  quels  cas  on  les  voit  fim- 
pl«s.  Jij   55    0- fuiv.  89,   y6.   vue 


courts  ,  f4  C-/!j:V.  rarcment  diflinfte, 
J4.  vues  courtes  &  yues  foibles,  /c, 
confufts,  f4  &-  Jhii/.  bont'.c  vue,  Oj! 
vue  longue  ou  foible,  66  Kj-Juif.  vue 
dimiiuie  avec  ragc,67.  ell  ^rdinairc- 
ment  foible  apres  I'opcration  le  |a  ci- 
taradle,  74,  ^5.  latitude  de  la  VLc  go 
IC.  vue  parfaite,  -9,  80.  vue  rtndue 
plus  dillinile  par  une  inflammation 
aux  yeux,  8c,  81.  moyens  fort(impl;s 
de  faire  voir  un  objct  multiplie  plu- 
lieurs  fois  ,  89,  ici.  explication  de 
cette  apparence,  90  L'fuiv.  confc'quen- 
ces  qu'on  en  peut  tirer  fur  la  forme  dcs 
p.uties  de  I'ocil  ,  94.  moyen  de  faire 
rcuflir  cette  experience,  ou  de  I'em- 
pecher  de  rtulllr  pour  routes  fortes  de 
vues  ,  ibid,  vues  qui  napper^oivent  pas 
le  rouge,  112. 

Y 

T^ 

1  Eux  (  inflammation  aux  )  &  fon  effct 
/ingulier ,  pjg.  80 ,  81.  moyens  de  con- 
noitre  la  difpolition  &  de  mefurer  la 
force  des  yeux,  lozO" fuiv.  ycax  d'e- 
crevifTe  ,  ce  que  c'ell,  458.  veux  d'un 
homme  mortd"un  coup  d'epce  dans  li 
poitrine,  fuivi  d'un  emphvfeme,  $66, 
veux  d'un  aveugle  dilTcques  ,  568 , 
'569. 

Yqueiaya  ,  plante  du  Brefil ,  pag.  291  , 
292. 

Z 

jt'  INC,  Operation  fur  le  zinc,  re- 
flexion fur  fa  nature  ,  p.:g.  2?S. 

Zone  des  taches  folaires  felon  Galilee , 
pag.  2. 


FIN  du  trolficmc  J^oliimc  dc  la  Panic  Frangoife. 


I 


H 


<I0 


ERRATA. 


JlAg^  d?.  IJgf^s  ^  en  remcinranT ,  la  vue  dans  les 
decoranons  theacrales.  On  ioinc,/ijft  ^^ 
vue;"ais  dans  les  decorations  ihcatrales, 
on  oinc. 
lig.  !•  >  f#"«t  fi  1^  lumieie  eft  petite. 
dan'  t.i  figure  au  lieu  de  la  lenre  B  qui  re'ponid 
I'hrerralU  enrre  la  17  6"  J  J  i8e%.  metcei  unB.. 
iig.  6  V.  Pi.  ] ,  lifef.  PI.  XXVII. 
lig.  4>  le  fel  ,  lif:i  le  jet. 
/ij.  4  ,  en  ragiil'ant ,  lifex.  en  r.igitanc. 
lig.  dermere  ,  al^c  ,  life\^  Tilee. 
/i^.    II  en  remontam ,  18,  /fj^j  48. 
lig*  i  +  ,  fans  J  /i/e^  fous. 
lig.  ii  ,  obfervans,  life^  abforbans. 
tig.  8  enr,Tnomant ,  <.i,lifex_  j  1. 
/ij.  8  ,  une  d'arfent ,  life\  une  plaque  d'argent. 
lig.  16  ,  la  prendioit ,  iife^  la  pcrdroit. 
191,  lig-  I  J  ,  defigne,  lifii  demn<;. 
107  ,  ;i>.  1 1  en  remontant,  ou  ,  life^  au. 
,01  ,  ii?-  .1  ,  V.  i  la  fin  du  vol.  lifei   PI.  XXVII, 
Fig.  II. 

lig.  S  en  remontant .  Fig.  V  ,  life^  Fig.  IX. 
lig.  1 1  ,  Fig.  HI ,  lifex.  Fig.  VII. 
lig.  9  en  remontant ,  tuyaux,  life[  tuyaux  CC, 
lig.  19,  cellus  ,  ii/et  cancellus, 
lig.  14  ,  patties,  iije\  crties. 
/fg.  6,P1   VIl,/i/f?Pl.  VIII. 
lig.zi  ,  Fig.  lifetYig.l. 
lig.  2  ,  furfacE  ,  lifii  force. 
lig.  i4,prennent,  life^  prelTent.  _ 
lig.  J4,  oppofition  ,  ii/e^  appofitioo. 
ligne  I  o  ,  vivement ,  lifei  aifement. 
lig.    n    en  remontant,    U  Seyrcnie ,  /i/et  la 
Peyronie. 
tig.  9  en  remontant,   I'ceil-de-bouc ,  lijei  le 

•t  ■  J    lig.  S  en  remonriint ,  la  pierre  a  1  ccil-de-bouc  , 
Ufei  i  la  bafe  de  I'ail-de-bouc. 


59. 

7", 

lei! 
116 

14J 
l£0 
j8o 
103 
ao7 
il<5 
145 
»S4 


3il  . 
3J5  . 

341  > 
J4S. 
347' 
3S8. 

3«i  > 

3S!  . 
J7I. 
373  • 
374' 

5-9  • 


;»  s ,  tig.  4(5,  la  Fig.  Ill ,  ajcutei  Pi.  XII, 
387,  lig.  21,  peCtiminlus /lyi^  peflunculuj. 
i9i  ,  ;   6  en  remontant ,  PI.  XII  ,  li/c^  PI.  XIII. 
407,  I.  9,  pofcelle  ,  life[  ifofcele. 

408  ,  /.  1 0  J  aprc's  Fig.  V  ,  effacex  H"*^- 

409  ,  !.  Z7  ,  animaux,  lif.  anneaux. 
414,  /.  penultieme  ,  plus  chaud ,  lif,  plus  froid« 

44!  .    ' •—     -"— -^ 

Bid. 


449 
ibid. 


,  I.  premiere  ,  efface^  C. 
/.  20,  Fig.  I,  /./.Fig.  IV. 


lig.  15,  Fig.  II,  lif.  Fig.  XI. 


J.  .,  ,  » ,j,.  ., ,  ..J.  .  ,^. .... 
I.  4^  ,  du  lycopodium  ,  lif.   comme  celle  da 
lycopodium. 
4!j,  ;.  1  ,  C  ,  tif  CC. 
ibid,  I.  10,  globes,  /i/ lobes. 
4n  ,  i  S3,  figure  ,  /;/  figue  ,  1.  44  .  figure,  tif.  figue. 
458,  ^9  en  remontant ,  FF,  ij/    FF. 
460,    /.   10,  aux  angles,  lif  aux  cinq  angles. 
A6i  ,1'  10,  portion,  lif.   vapeur. 
468  ,  I.  7  en  remontant ,  fumach  ,  lif.  futnac. 
469,    /.  10  ,  paliare, /i/.  palivre. 
ibid,  t.  14,  poutquoi   celui-ci,  quoiqu'ii  ait,  life^ 

parce  que  ,  quoique  celui-ci  ait. 
475  .  I.  II,  Fig  XVI,  Ji/.Pl.XVI. 
481  ,  I.  iz  ,  apres  /e  mot  p^dicule  ,  ajoute^  elie  n'3 

qu'un  peu  plus  d'un  pouce  de  laigeur. 
ibid.  I.  6  en  remontant ,  feuiiles,  tif.  fleuis. 

490-  /.  zs,  al'eau,  tif  a  Fait. 

492,  ;,  5  en  remontant,  leut  figure,  I.  la  figure; 

49  i  ,  t.  17  J  graine,  tif  faine. 

499,  /.  7,  figures,  lif.  figues. 

507,;.  6  ,  apres  Royal ,  ajoutei  PI.  XXV. 

J08  ,  ;.  8,  Floane,  lif.  Sloane. 

1 1  3  ,  /,  I  o  en  remontant ,  Poitu  ,  lif.  Poitou. 

514,  1,  J  en  remontant ,  cc c  lif  CCC. 

5j!,   /   19.  en  qualite,  lif  en  quantite. 

537,  ;.  J,  firople  de.,  tif.  fimple  des  glandes  de. 

5  39  ,  /.  5    en  remontant ,  couleur,  lif  liqueur. 

5<8,  I.  7,  ttes-duSible ,  lif.  itreduSible. 


A  CIS  r,u'il  eut  echappS  queiijues  autre!  fames ,  comme  etles  ne  porteront   pie  fur  la  partie  typo- 
grapkique  ,'appellies  ccquilles,  ellesferomfadtes  dfuppUer  dtous  Leileurs. 


APPROBATION. 

J'-^lI  lu,  par  ordre  de  Monfeigneur  le  Vice-Chancelier  ,  le  troifieme 
Volume  de  la  Colledion  Acadcmique  de  la  Partie  Frangoife,  faifanc  le 
Volume  dixieme  de  I'ouvrage.  Ce  Volume  renfermant  des  obfervaiions 
fur  routes  les  parties  de  la  Pliyfique,  &  ces  obfervations  etant  tirees  des 
Memoires  de  I'Academie  des  Sciences  ,  il  y  a  lieu  de  penfer  que  ce 
Volume  fera  audi  recherche  des  Savans  que  les  pteccdens  I'ont  ete.  A  Paris 
ce  18  Aout    1758.    GUETTARD. 

Le  Trivlkgi  general  fe  troure  a  la  fin  du  premier  &  du  troijiemt  Volumt 
de  la  Partie  Etran^rs-.-  ~ 


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C  o/leciioiv  Ocac/e/ni/^itc  ^,irhc  /riuii;ourc  To/n .  III.  Fl.TfT 


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ColL-c/ion     UcuJAnujiu-   ^„iHu-    /nin.:oi.n'    'Jont .  HT .  PlXir. 


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Collec/io7i    Clca^miaiie   vcuhe  fraiicoise   luni.  fll .  J'l  .\l . 

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Co/leciian  ,^^^^>^fu^  /yartie  /ra/ujoi.n-    Torn  .  TTT     P/  XTTL 


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CoUccium  Clcad'enu.^u.-  /^.jr/ic  franf^yurc  Tom .  13  l/.XIX. 

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CoHeciion    aca</emi(7iee  par/ie  franrour  Tarn.  /ZI.P/  XA  . 


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Cnllechcm    (Jca^r'mi^jz,-  ^,arhr  fran<:ar^f  Tarn .  UI .  P! JOCL 


CoUecuon,  dcademaaJie.  pnrlic  /ra/ic;oufi'  1  o/n .  IIL.  PI  JXXiL. 


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Q^l/ecUan  OcnJemK^ite  ^arhe.  fran(:vhre    Tom    HI.  PI  Will 


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