5. ^§3,//
COLLECTION
ACADEMIQUE.
TOME TROISI^ME, PARTIE FRAN(:OISE.
So^-:s
\-
R E C U E I L
DE MEMOIRES,
o u
COLLECTION
DE PIECES ACADEMIQUES,
Concernant la Medecine, rAnatomie & la Chirurgic, la Chymie , la
Phyfique exp^rimentale , la Botanique &c I'Hiftoire naturelle ,
TIRfiES DES MEILLEURES SOURCES,
Ec mis en ordre par feu M. J. BERRYAT. Confeiller-Medecin
ordinaire du Roi, Incendant de fes Eaux minerales , Correfpondant
de I'Academie Royale des Sciences de Paris , & Membre de la Societe
des Sciences & Belles-Letcres d'Auxerre.
TOME^lIXi PARTIE FRANgOISE.
A DIJON,
Chez Francois DesVentes, Libraire, de S. A. S. Monfeigneur
le Prince de Conde.
A PARIS,
Charles Panckoucke, Libraire, rue & a cote de la Comedie
Chez J Francoife.
Antoike DesVentes de Ladoue, Libraire , rue Saint-Jacques ,
vis-a-vis les Colleges.
M. D C C. L X I X.
AVEC PERMISSION ET APPROBATION.
if, ■-"■•ft ffff* r"-" - ■ i'-
*^, — ■ — ^y^^ • ^(^
AVIS
DES LI BRAIRES.
Cv E troifieme Volume de la Colledlion Academl-
que, Parde Francoife, faifant le Tome dixieme de
rOuvrage, renferme, i?. Un Supplement ou Ton a
raflemble par ordre de matieres tout ce qui a rapport
a i'objet de la Colle6lion Academique , & qui avoit
echappe lors de la redadlion des deux premiers Volu-
mes. z°. LesMemoiresdesannees 1710, 1711, 171 2,
1713.de riiiftoire & des Memoires de I'Acad^mie
Royale des Sciences de Paris.
Plufieurs Memoires relatifs a un meme fujet qui fe
trouvent repandus en plufieurs volumes de 1' Academic ,
ont ece reunis en un feul corps, notamment les Me-
moires fur les taches du foleii , fur le flux & reflux , Sec.
Plufieurs faics ont ete raflembles dans une table ge-
nerale, fpecialement les Obfervations fur la declinai-
fondel'aimant. On n'a conferve des extraits de I'Hifto-
rien de I'Academie, que ce qui ajoutoit quelque chofe
aux Memoires, & au moyen de ces precautions, on a
prevenu beaucoup de redites & retranche beaucoup
de difcours; ainfi ce Volume contient, independam-
ment du Supplement , tout ce qui eft relatif a Tobjet
de la Coiiediion Academique tire de quatre Volumes
d'Hiftoire &des Memoires de I'Academie, auquelon a
ij AFIS DBS LIBRAIRES.
joint des additions aulli tirees des ouvrages de
IMiM. Ics Academlciens, fans qu'on aic retranche un
feui fait, ni une feulc vue utile.
Le Tome quarrieme de la Partie FrancolJ'c , & le
Tome huiticme de la Partie Etrangere , font fous
prelle. Le premier de ces Volumes paroitra au mois
de Fevrler , ou de Mars au plutard. Ces deux Tomes
feront precedes de Difcours proliminaires comme
aux Volumes des Academies Etrangeres.
N. B. Messieurs les Souscripteurs font tns-injlam-
ment pries ic (aire retirer leurs ExcmpUnres tout le plutot
pojjihlc , chcr^ les Lib- aires ci-iipres nommes , qui font les
puis qui ayent lafgnature desfoufcriptions, &qui/oient
garantsdu Volume .i dclivrcr gratis a ceux qui ontfoufcrit,
Tela:v. ement aux conditions public'es & donnees en 1757
& 1761, defquels demiers Volumes lis demeureront hien
&• vaL.blemen: de'charges envers tous ceux qui nauront
pasjuged propos defaire renouveller leurs foufcriptions , ou
qui ne les reprefenteront point jignies des deux Lir
hraires ci-apres.
A DiJON, chez Francois DssVjxtes , Libraire tie S. A. S.
AIonleign;;ur le Prince dc ConJc.
A PARISjcIizAntoine DesVentesuf Ladoue,
rue Saint- J.icques , vis-a-vis ks Colleges.
"I
AVERTISSEMENT
Aux Relieurs pour la dijlribution de ce Volume.
A P R ^ s les faufle-page & titre ;
L'Avis des Libraires & le N. B. a MM. les Soufcripceurs.
L'Avertiircment aux Relieurs & rcxplication de quelques
Flinches &c Figures.
La Table des Chapitres, pag. V, &c.
Toute la Matiere du Volume, fans incerrupcion, jufqu'a la
Page <i74.
La Table Alphabetique des matieres , pag. i^y^ a 6io , avcc
I'Errata & rApprobation, inclus.
Enfuice les 27 Figures, luivant leurs chiflres &c numero.
EXPLICATION
D E QUELQU E S FIGURES.
PLANCHE I.
I i A Figure I qui reprefente la configuration finguliere de
I'inteftin ileon , eft I'elative au Memoire de la page 616 du
tome I de la CollecJion yicademique , Partie Frangoije.
A. Partie de 1 ilcon du c()t6 de lanus.
B. Partie du nieme inteftin du cote de reftomac.
CC. Appendice qui formoit la hernie partielle.
La Figure II de la meme Planche reprefente une pince
courbe, incifive, inventee par M. Littre pour divifer les os
dun fcetus dans !e fein de fa mere. Cetre figure eft relative k
un Memoire de M. Littre qui fe trouve page 8x_ de ce meme
tome I.
A. Branche concave.
B. Flachure de fon extremite.
C Fente qui doit recevoir la languette incifive de la branche
inferieure.
IV
D. Branche convexc.
E. Langiiette incifive.
La Figure III , meme Planche I, repr^fentc une feconde
plnce pour extraire par le fondement les os diviles par la pre-
cedence.
PLANCHE IL
Un foie de mouton.
PLANCHE IIL
Autre foie de mouton.
P L ANCHE IV.
Foie de boeuf.
Les autres Figures font expliquees dans Ic cours de I'ouvrage,
& placees enfemble a la fin de ce Volume, pour la plus grande
commodite des Ledeurs , vu que plufieurs fontcitees plus d'une
fois & en difFerents endroits de ce dixieme Tome.
TABLE,
^rr^t^>iSS>i3fl>
TABLE
DES CHAPITRES.
PHYSIQUE.
^UR Us tsches du foUil. Page i
Di la Lumkrt ^odiacali. . 8
Changemens dans Us fixes. 9
Jupiter & fits fatdUus. 1 1
Sur la lune. iS
Sur la ptanttt de mars. 1 7
Sur i'aimanc. . Ibid.
Obfervations fur la dedinaifon , rinclinalfon & autres phenomenis de l'ai~
mam. 2r
Sur Us marees. 28
Sur U flux & rejlux qui arrive a la riviere de Menan , au Royaume de
Siam. . l5
JJu jlux & rejlux de la mer. 2 c>
Explication des principaux tffets de la glace & du froid , par M. de la
Hire. 51
Diverfes obfervations meteorologiques. 3 t
Sur la pefanuur. 37
Sur la differente longueur du ptndule a diferencts latitudes , par M.
Richer. a 8
Sur la longueur du pendule. Ibid.
Optique. 3 9
Sur la dilatation appparente des objets Lumineux. Ibid.
Sur la refraction. 43
Sur U cryjlal d' Iflande , par M. Hughens. Ibid.
Quelques faits relatfs a l' optique , par M. Mariotte. 41
Sur la refraclion. 41
Obfervations de Ihori^nrz de la mer faiies fur la montagne de Notre- Dame -de-
la Garde , pres de Toulon. Ibid.
Sur I'cffet cCune cicatrice at a cornee tranfparerue. 4J
Circonflance remarquable de I'occuitation d'une etoihpar la lune. Ibid.
Sur les imar^es muhipUees d^une bougie yui dans line gl&Ct, Ibid.
Tome III , Partie Fran^oife. b
vj
TABLE DES CHAPITRES.
Sitr liS refraaions horiipntaUs. 4^
Siir Li refract- on, ^j
Dijfcnaiion fur ks diffirms accidens ds. la vue , par M. ile la Hire. 4<j
Dc la v'li coitrte. 5 o
JDe la vue tongue ou foible, 66
Dt la vue parfaiie. 79
De queljiies accidens qui arrivent aux trois fortes de rues. 82
ACOUSTIQUE.
^ U R uri echo fingulier. ToS
Extrait du mimoire de M. Sauveur. Ibid.
Sur les Jons des cylindres foUdes , par M. Carre. 1 10
Olfervation d'acoufiique. 1 1 i.
HYDRA ULIQUE.
XL XPERIENCES & obfitvaiions fur Us mouvemens des eaux , &c. iiz
Experiences fur la hauteur & L' amplitude de la projeUion d'un jet de rnercure , par
M. Roemer. 116
Experiences fur la rarefaclion de Pair par la chaleur de [eau bouillanit , par M.
Amoncons. 117
Remarque de M. Mznoite fur la difference de la chaleur dufoleil & de celle dc
notre feu. i 1 9
Sur la refiflance de tair & celle de Heau. Ibid.
Sur la rtfraciion des balks de moufquet dans feau , & fur la refiflance de a
fluide , par M. Carre. lio
Experiences de mechaniques. lit
Sur la force des mufcles. 1 i J
Table con tenant le reftdtat de plu/tturs experiences faites fur la roideur des cor-
des. 1 2.4
Sur les fiottemens. Ibid,
Experiences de M. Amontons///r la force des hommes & des cluvaux. i z 5
Sur la refiflance des bois de chine & defapin , par M. Parent. 1 i(J
R
C H Y M I E.
EMARQ^v E de M. du Hamel. iiy
Experience de M. Boiilduc fur I' Ipecacuanha. Ibid.
Analyfe dt C urine de vache , pur M, Mety, 11?
Sur hi nature du fer, J19
TABLE DES CHAPITRES.
VI,
SurleSp'crraJigurcef,parM.Schc\xc\\zer. ^ iji
Sur li vernii dcS [ndci. 1J4
Sur unt huilc du Malabar, Ibid.
Sur Us mouvirnens exterkurs des planus. i j j
Sur Us arbits marts par la gelce en ijo'-). X } 8
Obprvaiions faites d VObfirvatoire pendant I'anriU 1709 , avec titat du ther.
mometre & du baroriietre, par M. de la Hire. 140
Cornparaifon des ohj'ervations failcs d I'Obfervatoire fur la pluie & Us vents ,
arte d'aulres faites prh Saint-Malo pendant I'annee 1709, par M. de la
Hire. 141
Cornparaifon de mes obfervadons avec celles dt M. Sclieuchzer ,fur la pluie &
fur la conjlitution dc Cair pendant I'annee 1709 , d Zurich en Suijfc , par
M. de la Hire. 14J
Experiences de I'effet du vent fur U thermoinetre , par M. CafTini Icfils, 1 44
Experience^ fur Us ilurmometres , par A'!, de la Hire U fils. 145
Experiences jur U reffort de fair , par M, Caere. 149
Sur un echo. - 1 5 1
Sur U flux & reflux. 1 5 i
Elevation des rnarees en differens pays. 157
Extraitdt I'ejfai de Phyfiquefur I'hifloirede la mer , par M, le Comte Marfi-
gli. J 59
Obfervations relatives a rijifloire meteorologique. 1 6 5
Cornparaifon de nos obfervations fur la hauteur de teau de pluie & fur U baro-
inetre , avec celles que M Scheuchzer a faites d Zurich en Sutfje pendant
Vannee 1710, par M. de la Hire. i <^4
Sur la caufe de la variation du barometre. 1 (f J
NouvelUs experiences fur la dilatation de Pair , faites par M. Scheuchzer y«r
Us mnn:agnes de Suiffe , communiquees par M. Maraldi. 16 j
Sur U thermometrc. , 168
Sur la neige. 11S9
Sur Us couleurs. Ibid.
Sur lacolU de I'Agathe. Ibi-d-
Sur une cryJialUfation. Ibid.
Sur la communication de Fair dans teau, 1 7^
Rcmarquesfur qudques couleurs , par M. de la Hire. 1 7 1
Experiences pnur connoiirefi la force des cordesfurpajfe la fomme dcs forces des
fils qui compofent ces mimes corda , par M. de Reaumur. 175
Obfervations meieoroloziques faites a I'Obfervatoire royal pendant Fannie 1 7 1 1 ,
par M. de la Hire^ _ , ,'8°
Cornparaifon des obfervations meteorologiques faites a Zurich avec Us pieceden-
tes pendant la menie annee. i^^
Reflexion fur Us obfervations du barometre , t'lrees d'une Uttre ecrite d'Upfal en
Suede , par M. Vallerius , DireUeur de plujleurs mines de cuivre , par M. de
UUivelefils. 184
vii;
TABLE DES CHAPITRES.
C H Y M 1 E.
O^
)bserv^TI ON fur racide qui fe rrouve dam kfang & dans Us autres
parties des animaux , par M. Hoinberg. 185
Sur une odiur dt rcmarin produite artijicidUmint. i i) j
SurUs coukurs diffcnnus dis pretipiui dc mercure ,par M.\.tmc\y hjils. Ibid.
Maniere de copier Jitr lever re ks pierres grarces , par M. Homberg. 2 i i
Sur la hauteur de I'atmojphere , par M. de la Hire. i i ^
Sur un cffet de la chakur fur le plornb. 4 1 8
Sur un effet de la geke. Ibid.
£es differens dcgres de chakur que Cefprit de vin communique a I'eau par fort
melange , far M. GeofFroy It jeune. Ibid
Sur ptufeurs eaux miniraks de France. i 1 9
Sur le charhon de terre. Ibid
Oljcrvations meteorologiques faices a I'Obfervatoire royal pendant T annee 1712,
par M. de la Hire. lio
Experiences & reflexions fur la prodigieufe duclilite de divtrfes matures , par
M. de Reaumur. iii
Sur ks tcintures des mhaux. 2Ji
De I'aBion desfehjur differentes matiercs Inflammables, Ibid.
Sur le vitriol & fur le Fer , par M. Geoffioy iaine. 254
Sur unefuhVimation du mere are , par M. Homberg. * j 9
Sur unefeparaiion de I' or avec i argent par lafufion , par M. Homberg. 24O
Cbfervationfur des matieres qui penitrent & qui traverfnt ks metaux fans ks
fondre , par M. Homberg. ^4^
Sur le bifmuth. ^47
Sur ks vapeuTS de tefprit de nitre & defel, &c. Ibid
Sur rhuile du laurkr royal. ■ 148
C H Y M I E.
A.
_ S ALY S E des plantes marines , principakmcnt du corail rouge. 249
Obfervationsfur ks matieres fuljurevjes & fur lafacilite de ks changer d'une ef-
pcce defoufre en une autre , par M. Homberg. 2 5 j
Iv'limoire touchant ks vegetations artificielks ,par M. Homberg. 25 9
Sur ks precipitations chymiques cit I'on examine par occaficn la dijfolution de
I'or & de tar gent , la nature particuliere des efprits acides , & la maniere
dont Vefprit de nitre a^itfur celui defel dans la formation de I'eau rigale or-
dinaire , par M Lemery k fils. xC-j
Obfcrvation fur la matiere fecak , pal M. Homberg. iii©
T A B L E D E S C H A P I T R E S. ix
HISTOIRE NATURELLE.
(_) BSERVATIONS diverfs par M. Richer. 250
Hur une. fraxindU monjirueufc. 291
Sur quilques firpcns du Brifil , par M. Marchand. Ibid.
Sur I'yquetaya & la grandefcorphulain , par M. Marchand. Ibid.
Dijcnpiion d'un fo'ie dt mouton, 292,
Sur Us fens dont plujliurs corps Jc toiirnent. in.
Dijiripilon d'une wriue dt nur , par M. Mery. 104
Extra'u des ngijtres de t'Academ'u RoyaU dis Sciences, du 1 1 Mars 1704. 197
Sur une efpece de talc qu'on trouve cnminunement proche Paris , au-dcffus des
'iancs dc pierre a. pldtre , par M. de la Hire. 259
Examen de lafo'it des aralgnees , par M. de Reaum-ur. J05
Sur I'injicie des limacons , par M. de Rsaumur. ' j 1 (j
Sur un inJeUe. 5 1 tj
Sur la lacque. Ibid.
Obfervatlons fur le hi:^oard & furies autrts matUres qui en approckent ,p2rM.
Geoffroy le jeune. 321
Suite des obfrvationsfur les he^oards & autres fubflances de mime genre , avec
quelqucs pariicularites touchant le coquillage nomme pinne-marine. 525
Du mouvemcn: progrefjif de diverfes efpeciS de coquillages , orcies & etoiUs de
Mer , par M. de Reaumur. 5 j i
Z)es moules de mer 3 j 2
£)u lavignon. 334.
De la palourde, 337
Du fourdon, 339
Des lellines. 341
De I'ceil dihouc. 34}
Des diffennus cfpeces de coquillages comprlfes en latin fous le nam de turbo,
trochiis, buccinum, &:c. 344
Du bernard-Phermite. j4j
Des efpeces d'orties de mer qui paroiffent toujours attachees aux pierres. 3 ^g
Des oriies errantes, 2<^
Des cioiles de mer. 358
Sur la moule des etangs , par M. Mery. 3 (5 1
De la maniere dont les moules ouvreni & ferment liur coquille, ^61.
Du mouvement progrefjif de la moule. 3 C 5
De la manitre dont la moule regoiifa nourrlturt, 3 6^
Dei parties de la generation. 3^7
Du cxuT de la moule. 368
Des poumons & de la lefpiration de la moule. 369
Sur les plantes de la mer. 370
Obfervution fur les petit s oeufs de poule fans jaunt que fan appellc vulgairtment
aufs de coq , par M, la Peyronie. 374
X TABLE DESCHAPITRES,
Des diffinntcs manures dont pluficurs efpues d'anlmaux dc mcr i'attachent ail
jiibli , aiix p:erres & les uns aux auins , par M. de Reaumur. j 7 S
Sur La grotcc de Foligno, jya
Sur KTi tris-pciit infecle. 391
Dicouvtru dune nouvdlt ttinturt di pourpre , & diverfes experiences pour la
comparer avec ctlle que les anciens liroient de quetques efpeces de coquilla^es
que nous trouvons fur nos cotes de C Ocean y par M, de Reaumur. 391
Suite dcs ohftrvations fur le mouvement progrejjif de quetques coquillagcs de
mcr , par M. de Reaumur. Des couieliers ou couteaux. - 407
Dis DaiU. 411
Dune petite etoile de mer dont les rayons rejfemblent a. des queues de le^rds.
419
Dcs hiri(fons ou ourjins de mer. 4 2. 1
Sur une caverne de Franche-ComtL -414
Ohfcrvations dhijloire naturelle. 41 5
Extraii des obfervatinns de M. Maraldi/J/r les abeilks. ^16
Sur Us diurfes reproduclions qui (i font dans les ecre\ijfes , leshomars, les cra-
kes , &c. & entr autres Jur celles de letirs janibes & de leurs ecailles , par M.
de Reaumur. 450
BOTANIQUE-
j3 1/ R la nonrriture desplantes, 440
Objervations louchani la nature des plantts & de quelques-unes de leurs parlies
cachees ou inconnues , par M, Marchant. 444
Cb/irvatlons fur la flruclure & I'ufage des principales parties des Jleurs , par M,
GeofFroy lejeune. 44(>
Explication de quelques figures des planches XIV & Xy. 458
Sur un gonflemeni fingulier d'acacia. 460
Sur dcs fruits mi-partis. 4(5 1
Obfervaiion fur la vegetation des trtiffes , par M. Geoffroy lejeune. Ibid.
Eiablijfemeni de quelques nouveaux genres de plantes , par M. NilTole. 468
Defcnption des jleurs & des graines de divers fucus. 470
Oofervation d'un phenomene qui arrive a la Jliur d'une plante nommee par
Brcynius dracocephalon americanum, lequel a du rapport avec lejigne pa-
thngnomonique des catalepiiques , par M. de la Hire le cadet. 494
Obfervationfur lesfigues , par M. de la Hire le cadet. 497
Sur quelques pieds de mais dont lafieur male a pone du fruit, 499
Sur la fkondation des palmiers femelles. 500
Defcription d'un coryfpermum hylTopifolium , plante d'un nouveau genre ,
par M. Juflieu. V6\^.
Defcription ^u ricinoi'des ex qua paratur Tournefol Gallorum, fi-t/e/'alypum
Monfpelianum , par M. NilTole, 501
Exirait de I'hifloire du Carcajou envoy ie par M, Sarrafin , Midtcin du Roi en
Canada. 5°5
Hifioire du cafe par M, Juflieu. <'05
TABLE DES ClIAPITRES. ' xj
Chfirvation hotanlqitc , par M. de Resiimur. 5 i o
Dicouvtru desjliUTi & des graines d'unc planic rangic par ks Botatiijlesjbtis
U genre du Lichen , par M. Marchant. Ibid.
Sur unc morllU branchue , de figure & dc couleur de cor ail , & trls-puanu , par
M. de Reaumur. 515
MEDECINE, ANATOMIE, PHARMACIE.
_/4 M PUTATI O N ci lambeaux, . 517
Okfirvation fur ta rhubarbe. jiS
Sur ta noix de Bicuiba, < i i
Sur ks effcts de la vapeurde la braife di boulanger. Ibid.
Sur tufage des hains froids centre le rhumaiifme. 511
Sur une conformation vicieufe du itQcnm. Ibid.
Sur diS picrres trouvecs dans unfac adherent au duodenum, jij
Surun icen'ii rrouve dans une tanche. 524
Sur une tumeur enorme du ventn. Ibid.
Sur une mon fubite & fes caufes, 525
Sur une hydropifie laiteufe. Ibid.
Sur une groffefje incroyable. 5 2(j
Sur k pareira-brava. Ibid.
Sur le bled cornu appelte ergot. 528
Obfervationfur la racine de mechoacan, & fur fon ufage, par M, Boulduc. 5 50
Obfervationfur ks fibres du cceur & fur fes valvules , avec Li maniere de ks pre'
parer pour les demonirer , par M. Winflow. Ibid.
De la maniere dontfefont lesfecrcdens dans les glandes ,par M. Winflow. 5 5 J
Obfervationfur la gonorrhee, par M. Litre. 5 3'^
De la gonorrhee viruknie des glandes de Couper. J 3 7
Sur un i'crotum prodigieux. 54"
Sur le fang hors des veines. 54'
Sur un fxtus fans ccrvclk , &c. Ibid.
Sur des hydatides. . 54^
Guirifon d'un aveugkment accidentel & dunefurditi. Ibid.
Sur la nature des fucs de refiornac. Ibid.
Sur feau du pericarde & des ventricules du cerveau. Ibid.
Sur i eruption d'umpetitt verole procuree par le bain. 5 45
Sur une epilepfle. ibid.
Sur un nouveau febrifuge. 544
Sur unefontaine doni Ceau efi contraire aux dents. 5 4S
Sur la Brione ou coukvree. Ibid.
Sur le pavot ou coquelicot. lu- j
Obfervationfur le nerfoptique ,par M. Mery. Ibid.
Sur un cacur fans pericarde. tu-j
Sur une conformation extraordinaire du vagin.
Ibid,
xij TABLE DES-CKAPITRES.
>S'«/ une conformation firigulun de U luetic,
Sur un fiZtus monjlrucux.
Sur un autre fiClus.
Sur une membrane r endue par le vomijjertient.
Sur un anevrlfmt vrai , par M. Licre.
De VaEl'ion dufer pris interieurement , & defes preparations.
De quelques autres propnetes dufer relatives a la Midecine.
Sur le quinquina.
Extrait d'un mcmoire de M. Litre fur I' hydropijie tympanite.
Obfervations fur une efpece d'enjlure appellee emphyfeme , par M. Litre.
Sur un autre emphyfeme.
Sur des defames de veffie,
Sur Us accidens finguliers d'une hUffure affez legere.
DiJJeHion des yeux d'un aveitgle.
Sur un ajjoupijj'ement extraordinaire , par M. Imbert.
Sur la fjlute lacrymale.
Sur des as trouves dans la dure-mert.
Sur un foetus monfiiueux.
Sur les valvules figmo'ides.
Sur le mouvement des inteflins dans lapaffion iliaqui , par M, Haguenot.
54?
350
Ibid,
Ibid.
551
55^
557
5J5>
560
5<r,
5(^7
5(rs
Ibid.
569
570
571
571
Ibid.
57i
Fin de la Table des Chapitres.
COLLECTION
COLLECTION
ACADEMIQUE,
CoNTENANT VExttait des Memoir es de I'AcadimiQ
Roy ale des Scie7ices de,P,aris.
PHYSIQUE.
SUK LES TACHES DU'S'OLElL.ia)
■ ri-jii t'jh 'j.;jj;'i ^L -jrjt el:-', arjrl .'!<i^ .
U mois cie Movembre iSio , Galilee etaiit a Padoue ,
vit des taches dans le fobil ; il les revit Tannee fuivante a
Rome , 8c les fit voir a plulieurs perfonnes. Les refultats
gcncraux qu'il cira de la fiiice de fes obfervations, furent :
i". Que ces taches n'ecoient pas de fitnples apparences ,
oil d-js illu lions d'optique , inais que c'etoient des mafles
opaques plus ou moins cpailfes , qui fe formoient & fe de-
n-uiioienr en aff.-z peu de temS. i°. Qu'elles etoietit configucs a la furface
du foleil. j". Qu'elles etoient variables dans leur forme , mais conftantes
a fuivre le mouvement de revolution du foleil fur fon axe, de mcme que
(a) V. Opcre di Galileo. Firenzc. 4°. Tom. II, pag. 507 & jc8.
Tom: III , Panic Fraiigoife. A
ACAD.ROVAIE
DES SciEN'ChS
DE Paris.
COLLECTION
cerrains points
its plus brillans on faciiles qui paroiffoient aufli qnelquefois
Acad. Ro YALE ^^^ '^ difque de cet aftre. 4°. Que les corps celeftes ne font pas plus inalte-
DEs Sciences rabies que les corps fiiblunaives. 5°. Qu'il y a dans le difque foiaire une
DB Paris. zone comprife cntre ip ou 30 degrcs de part &: d'autre de fon equateur ,
SvFPiiiUEtiT. c'ert-a-dire de fon plus grand cercle de rotation, dans laquelle paroilfent
ces caches , Sc dont elles ne s'ecarcent jamais , ou prefque jamais. 6°. Que
ces taches ne font point permanentes , pulfqu'on en voit qui paroiirenc &
dilparoiirent tout-a-coup an milieu du difque, & cependant qu'une fecon-
de revolution du foleil les ramene quelquetois fur la face de cet aftre qui
eft tournee vers la terre. 7°. Que cette cache noire que Ton vie , dit-on,
du terns de Charlemagne fur le foleil pendant huit jours de fuite , & que
I'on prit nial-a-propos pour Mercure , ccoic une vericable cache de la nacure
de celles dont il s'agit ici ; cc qui eft d'autant plus vraifemblable , qu'ea
I'an i(ji I &: 1611 on apper(,"ut a la vue fnnple des taches qui paroilfoierfc
egales a des etoiles de la premiere grandeur , 8c meme .i la planece de
Mercure. (a) 8°. Que le paftage de routes ces taches fur le difque du fo-
..leil, fe fait dans _ un terns egal , Sc que ce terns eft d'un pen plus
de quatorze jours. 9°. Que les memes taches obfervees aux mcmes heures
en des lieux eloignes paroilTent avoir encr'elles les mcmes rapports de li-
tuation. 10". Enfin Galilee trouvoit dans I'efFet des nuages , ou dans celui
de quelques goutces d'un bitume difficilemenr combuftible , qui tombent
. fur un fer rouge , & y produifent une epailfe fumee , I'idee de ce qui fe
palTe dans le foleil , lorfqu'il s'y forme quelquesunes de ces taches.
Le JefuiteScheinet obferva aulli , a pen pres dans le memetems, ces fin-
guliers phcnomenes^ Sc (i Ton pent lui difputer I'honneur de la premiere
decouverte , (/•) on ne peut, au-moins, lui refufer la gloire d'en avoir fii
tirer un grand parti. 11 fe trouva dans le bon moment pour ces fortes d'ob-
fervations : le foleil n'etoit prefque jamais fins cache , & il y en eut jufqu'a
cinquante a la fois. Cette multitude de faits ne fut point fterile dans fes
mains j il s'en fervit habilement pour determiner I'inchnailon de I'tquateur
du foleil fut recliptique a fept degres Sc demi , Sc I'incerfedtion de ces
deux plans au huicieme degre du fagittaire Sc a fon oppofice : decermi-
nations difficiles , hardies , & qui ont ete verifices par les obfervations
fubfequentes. Son hypothefe fur la nature des taches n'a pas ete aulll
beureufe; il croyoit qu'elles ecoient produices par I'lnterpofition de plu-
fieurs petites planetes cres-voifines du foleil , & qui ne pouvoient devenir
fenfibles a nos yeux , que lorfqu'elles interceptoicnc les rayons de cet aftre,
M. de la Hire confidere les taches comme ccanc produices par une nftfle
folide qui tantot flotte fur la furface du foleil , tantot s'enfonce entiere-
ment, ou en partie, dans le corps de cet aftre qui, par confequent , eft
(a) De maculis folarihus tres epijlola Apeltis pojl tahlam latentis ad Manum Velferum.
Roma:. 161 3. in-4'.
ih) Ante menfes feptem , oHo circiter , eg", unaque mecum amicus notavimus qiiaf-
iam in file ni]ricantes mncidas Sed pani rem penfitantes Hifiulimus in aliud
rempiK, On voit par ces parolci du l^fuite, tirees d'ure Icrtre c]u'il cciivoit a Marc
Welfcr, le ii Novembrc 1611 , qii'il n'nvoit pns vii Ics t:ichcs avant ie r.iois de Mars de
cette mcme aWe 1 6 1 1 , tandis que Galilee Ics avoit appcrjues d« it 10. : -
ACADEMIQUE. j
fuppofc liquiJo : 11 foiule cctte hypothefe fur les obfervations fiiivante:. :^s:
11 n'a j imais vu de caches aux deux botds oppofcs du foleil cii mcme tetns , Acad.Rov Ar e
& celles qui one paru le plus eloignees emi'elles , ne Ictuic-nt pas atfez des Sciencss
pour qu'elles ne piilTent ctre les ditferentes eminences d'une mcme mafTc ''^ aris.
irreguliere. (a) Ces laches paroilfent quelquefois fubitement au milieu SuvpU/uent.
dii difque du foieil, ayant prefque toujours route leiir grandeur ; &: dans
ce cas on ne les voir pas augmenter par degces , comme on les volt dimi-
nuer enfuite. Lorfqu'apres plufieurs annces ou Ion n'a point vu de ces ^
taclies , on en appercoit de nouveau , c'eft ordinairement a Theme & a
I'endroic du foleil ou elles doivent reparoicre , en fuppofant la revolution
de vingt-fept jours Sc quelques heures; ce qui fait foupconner que ki
malfe qui les produit, elt comme fixce a un certain endroit du foleil, Sc
non pas flottante : mais 11 femble qu'il faudroit admettre plufieurs de ces
malfes; car il y a quelquefois des taches doxit I'apparition ne s'accorde ^
point avec la revolution de vingt-fcpc jours.
Les diffcrentes configurations des taches peuvent ctre attiibuees aux
divers afpeds fous lefquels fe prefente la maiTe opaque , plus ou moins en-
foncee, 6c a quelque mouvement quelle a peut-ctre fur fon centre j & les
difFerentes apparences dune tache ou d'unamas de taches viennent de leurs
difFetentes polltions fur le corps fphcrique du foleil; ce qui eil; pres du
milieu paroiflant plus court , plus ramalte ; Sc ce qui eft pres des bords ,
plus long Sc plus etroit.
Dans le cours de I'annee 1676 , on dccouvrit jufqu'a trois taches en dif-
ferens terns : les dix annees precedentes n'en avoient pas tant produit ; la
troifieme que Ton vie , parut a la fin d'Odobre , prete a aller derriere le
foleil. M. Caflini ne laill;! pas de determiner fa route, & de predire fon
retour pour le 18 Novembre. EUe reparut a jour nomme, repalfa derriere
le foleil le premier Decembre , He fe remontra le 1 5 pour la troifieme fois ;
ce que n'avoit encore jamais fait aucune tache qu'on eut obfervce.
Le 10 IV^ai i(58o , on obferva une grolTe tache deja avancee fur le difque
folaire : elie difparut le 30 en palFanc fiu: Ihemifphere oppolc, & reparut
le ij Juln.
Le 5 Mai i (J8 4 a midi , M. CafTuii vit une caclie noire & oblongue , aflfez
proche du bord oriental du foleil, occupant fur le difque un efpace de
plus d'une demi-minute , & qui palTIi le 1 1 , fur les huit heures du matin ,
a line minute & demie du centre de I'.aftre. Le 17 elle parut au bord occi-
dental, 8c fe remonrra le premier Juln des le matin au bord oriental,
mais fous une fotme un peu ditlcrente.
Au mois d'Avril 1686, MM. Caflini & de la Hire obferverent une
tache fur le foleil , qui parvint au milieu du difque apparent le 29 a huit
heures du foir , marchant fur un parallele qui dcclinou de I'cquareur du
foleil de iy deglres au Sud. M. Caflini la comparant a celle qu'il avoir /•
obfervee au mois de Mai 1684, & avec une autre obfervce plus ancienne-
menc par le Jcfulre Sch^lner, trouva pour les deux cas ladiirce de/a revo-
lution de ly jours 11 heures jz minutes.
(a) Vqyei les taches d'Odobrc & Novembre 171 J.
Aij
COLLECTION
xiEs Sciences
DE Paris.
SvPFLi.ltENT.
~' ' "— !-^ Le ;o Seprembre ifiSS , M. Maraldi vie a deux her.res du foir, pres da
Acad. Roy AiE bord occident.il dii foleil, des taches qui ii'y etoienr p.is encore a midi.
xiEs Sciences ^^ premier Novembre fuivanr, M. Caflini vie une petite tache compo-
fee de deux aurres, laquelle ctoit environ au milieu du foleil, & ne dura
que tiois jours : il en revint du bord oriental deiTX autres dont la diftance
apparente varia manifeftement de jour en jour, & qui dilparurent le lo
Novembre, apres avoir palu- le centre du foleil. Le 141! parur au bord da
difque une facule ronde qui fut fuivie de quelques autres plus petites 8c
plus claires , entre lefquelles on appercevoit de petirs intcrvalles obfcurs j
elles quitrerent routes alfez promptement le bord du foleil. On vit encore
quelques taches an mois de Mars 1689, apres quoi on fut plus de fix aii-
iiees, fans en decouvrir une feule.
M. Caifini a remarque que depuis la fin de i<588 , qu'il n'a plus paru de
taches dans le foleil, la lumiere zodiacale commenca a s'afFoiblir.
Le 17 Alai i6c)^ , MM. de la Hire &c Maraldi appercurent dans le
foleil des taches qui , des l.i premiere fois , parurent de route la grandeur
qu'elles eurent dans la fuite : elles n'y etoient pas encore ie 24 Mai a
midi , & elles n'y etoient plus le 3 i a dix heures du matin.
Les 7 & 9 Novembre 1700 , grande tache obfervee a midi fur le difque
du foleil ; elle paroiffoit compofee de plufieurs petites taches jointes enfem-
ble. Comparee .a celle du mois de Mai i6<)^ , elle donne pour la duree de
chaque revoluti^:;n du foleil , 27 jours 7 heures 7 minutes.
50 D-cembre 1 700 , plufieurs taches obfervees par M. de la Hire , faifanc
enfenible une malfe conliderable qui occupoit fur le foleil environ 2 \ mi-
nutes : le deux Janvier fuivant elles etoient aux trois quarts du foleil. Le
28 Decembre precedent on avoir examine avec foin le difque de cet aftre,
& on n'y avoir appercu aucune tache , quoique celle-ci , fi elle eiit etc vifible
alors , eut Aii y paroitre vers le quart du diametre.
29 Mars 1701 , taches obfervees a Montpellier par MM. CalTini & M.a-
raldi. La principale pilfa au centre le meme jour a huit heiyres du foir.
Comparee a celle du 7 Novembre precedent, elle donne cinq revolutions
de 28 ^ jours chacune.
31 Odobre 1701 , tache obfervee a Paris par M. Caffini le fils ; elle
palta par le centre du 5 au 6 Novembre. Comparee avec celle du 29 Mars
precedent , elle donne les revolurions du foleil de 27 jours 1 4 4- heures.
Le 6 Mai 1702, M. Callini le tils appercut pres du bord oriental da
foleil une tache petite &: etroite , comme on les voit ordinairement dans
cette ficuation.
L'ayant obfervee le 7 avec une lunette de 45 pieds, elle lui parur com-
pofee de deux taches jointes enfemble, dont la plus petite etoit vers le
bord oriental :elle eroit environnee d'une armofpliere & de plufieurs facu-
les ou parties du foleil plus luifanres que le refte.
Le 8 elle parur compofee de trois taches detachees les unes des autres,
dont les plus petites etoient entre la principale t.ache & le bord oriental
du foleil.
Le f) & le 10 il n'y eut point d'aiitre changement fenfible dans Icurs
A C A D"6 M I Q U E. 5
confi^arations, que celui qui rcfukoic de leur differente ruuation dans le ■
difque du foleil- Acad. Royale
Lc 1 1 elle paroifToit le matin de la meme grandeur que li veille, mais des Sciences
bcaucoup moins obfcure; a peine la diftinguoit-on .avec une lunette de ^^ 1 aris.
17 pieds. Sur les dix heures on ns put I'appercevoir avec une lunette de 6 SutiiiMsait
pieds, nl le foir avec une de 45 , enfoite que c'eft la diminution de fon
obfcurite & non celle de fa grandeur , qui I'a fait difparoitre Elle avoit une
latitude auftrale de dix degres & demi j fon mouvemenr en longitude etoit
de treize degres en vingt-quatre neures.
En h prenant pour la rticme que celle obfervee a Rhodez en Novembre
1700, elle auroit fait depuis le midi du 7 Novembre, jufquaminuit du 1 1
Mai , vingt revolutions de 27 jours 1 1 heures ;; 5 minutes.
En la comparant a celle qui palfa par le milieu de fon parallele fur le
difque du foleil le 6 Mai 16SS , a fix heures du matin, M. Caffini le his
a trouve dans cet intervalle de tems 1S6 revolutions de 17 jours 12 heu-
res II minutes, qui eft precifement la revolution moyenne des taches , de-
terminee par M. Caflini le pere d'apres fix grands intervalles d'obferva-
tions, fur des taches du mois de Mai.
Le 2i Decembre 1701, M. de la Hire obfervant le foleil dans fon
pafTage par le meridien, appercut vers le bord oriental du foleil une cache
de mediocre grandeur, compofee de deux principales , environnee d'une
efpece de nuage termine dans fes bords , 8c qui etoir plus clair autour
de la tache que vers fes extremitcs , comme c'eft I'ordinaire : elle difpa-
rut le premier Janvier fuivant.
24 Mai 1703 , nouvelle tache obfervee par M. Cadini le fils , ayant
deux degres de latitude auftrale; elle avoit du entrer dans le difque ap-
parent le 21 Mai, en- fottir le 4 Juin i deux heures du matin, & pallev
pres du milieu le 28 Mai, quelques heures avant midi. On I'a revue le
19 Juin alfez grande , pour taire croire qu'on auroit pu I'appercevoir des
le 18 ; elle a palTe par le centre le 24 Juin , d'oii il fuit que fa revolution
n'a cte que de 27 jours. Sa latitude etoic la meme qua fon apparition
precedente.
Le 8 Juillet 1703 , grande tache formee de plufieurs amas de petites
taches feparees. M. de la Hire remarqua que , quoiqu'elle fiit fort avar-
cee fur le difque , elle etojt fort foible , & qu'il nel'avoit point vue la
veille en obfervant le foleil a midi ; elle difparut le 17. C'eft une des
plus grandes que M. de la Hire eut obfervee : les jours de fa plus gran-
de force furent le 9 & le 10 j fa revolution eft de 27 jours 8 ' heures, ou
de 27 jours 2 heures , ou de 27 jours 5 \- heures , felon qu'on la compare a
celles du mois de Mai 1702 , ou du mois de Septembre 1701 , ou de
Decembre 1700.
7 Janvier 1704, deux caches obfervees par M. de la Hire; elles n'e-
toient point vifibles le 5 , quoiqa'elles eulTent du etre deja alFez avancees.
12 Janvier 1705 , deux caches obfervees a Moncpeliier par M. de Plan-
tade, vues le 15 & le i(J a Paris.
7 Avril 1705, autre tache que Ton obferva jufqu'au 17; elle avoit
,; • COLLECTION
^.■.■■.■.■,...— une declinaifon feptentrionale cle 1 1 a 1 5 degies : Jufques-la toutes !es
Acad Royaie t-iclies avoient paru dans rhemifphere meiidioiial. {a)
DEsSciENXES 17 mai 1705 , une autre tache parut tout d'un coup a deux minutes
DE Paris. du centre du foleil , & difparuc tout d'un coup le lendemain,.quoique
■SupfLiMEisr. fort eloisnee des bords du difque.
4 Juillet , une tache d'abord petite , mais qui le lendemain parut plus
oroire & comme un amas de taches , fe monrra deja fort avancee , &:
difparut le 1 5 , quoiqu'encore eloignee du bord occidental. Les deux ta-
ches principales de cet amas changeolent un peu de lunation &c de
grandeur; mais les petites changeoient beaucoup davantage.
3 Aout 170? , parurent deux taches deja fore avancees fur le difque.
Le lendemain elles avoient entierement difparu.
4 Oclobre 1705 , taches appergues pres du bord oriental : elles parurent
au'^mentees en nombre quelques jours aprcs. Le 1 1 Octobre , avant qu'el-
les eulfent atteint le bord occidental , on vit de nouvelles taches dans la
partie orientale du difque , peu eloignees da centre , auxquelles on loup-
^onna un mouvement fort irregulier. Elles paroiffoient encore le 20
0(51:obre , pres du bord 'occidental.
4 Novembre 1705 , noitvelle tache obfervee pres du bord oriental , Sc
qui difparut le 17 pres du bord occidental.
(? Avril 170(5, tache mediocre obfervee a 3 minutes du bord oriental
du difque , allant a I'occident , environnee d'une grande facule ; ce qui
annonce ordinairement la prochaine difparicion de la tache. Celle-ci dif-
parut le 10.
4 Juin i70(J, petite tache prefqu'au milieu du difque fur lequel elle
ne fe montroit point deux jours auparavant. Le lendemain elle ne pa-
roilToit plus.
19 Juin, amas de taches qui paroit Sc difparoit prefque fubitemen:
& independamment de la revolution du foleil.
14 Septembre, autre tache qu'on ne put obferver que jufqu'au 10.
10 Novembre, deux taches aifez grolfes qui difparurent le i 3 , etanc
encore dans la partie orientate du difque.
7 Decembre , amas de taches qui palfa par le milieu du difque le
12, a fix heures du foir. Cette malfe fuppofee fphetique , etoit 1728
fois plus grolfe que la terre.
25 Fcvrier 1707, trois petits amas detaches qui s'avancerent vers lebord
occidental jufqu'au premier Mars , felon I'hypothefe des 27 4r jours.
20 Mars , nouvel amas de taches dont la plus grolfe palfa par le
milieu du difque le 28 a neuf heures du foir. Le 24 on avoir obfervc
vers le bord oriental un' nouvel amas de taches.
1 ^ Mai , amas de taches.
18 Septembre, autre tache.
14 Novembre, nouvelle tache proche du milieu du difque; elle dif-
(«) Galilee avoit cependant dit que la zone des taches foUircs s'ctenJoit c!e part &
d"autrc de I'eriuateur du foleil : il avoit done vu des caches qui avoient uuc declinaifon
fcpccntrionalc avant ccUc de 1 7 o j.
A C A D E M I Q U E. ,
parut 1e. i<> , 5i: on en vit unc autre vers Ic bord oriental, qui .inpio- -^^m,
choit fort du bord occidental le 17. En meme terns on en vit une autre Acad Royaip
vers le bord oriental , dsns rhemifphere feprerttrional ou eile avoir une des Sciences
dcclinaifon de 15 degrcs a pen prcs : comparce a celle du 7 Avril 1705 , de Paris.
die donne la revolution du ioleil de 17 -^ jours. SueeLtMENT.
15 Decembre , autre tache qui paroit la meme que celle du 16 No-
vembre precedent.
J I Aout 1708, trainee de petites taches qiii a paru tout d'un coup , & ne
fut vue que jufqu'au iS.
1 Septenibre , petites ta,ches qui fembloient etre les mc-mes que eel-
les du 1 1 Aout, mais qui avoient moius de declinaii'on. On les apper-
^ut jufqu'au 14.
14 Novembre , taches deja fort av^ancces.
24 Novembre, autres taclies qui paroilFent etre les metnes que celles
du mois d'Aout.
I Decembre, encore quelques am.as de taches.
6 Janvier 1709, deux taches , dont Tune reparut le i()au bord oriental;
elle fut obfervee dans I'lfle de la Conception par le P. FeuiUce.
J Fevrier , nouvelle tache qui paroit tout a coup prcs du milieu du
difque, & qui ne paroit plus le 5.
25 Aout, deux amas de taches qui paroiffent tout a coup.
li Novembre, tache alTez grolfe qui difparoit le 1 8 , peut-etre par-
ce qu'elle avoir paffe derriere le foleil.
24 Octobre 1710, tache qui paroit tout a coup dans la partie occi-
dentale du difque. Le 18 elle conrinuoit fon cours vers I'occident , felon
I'hypothefe des 27 -i^jours ^ mais fa dcclinaifon ctoit devenue fepten-
trionale de la meme quantite dont elle etoit meridionale ie 25. Celle du
6 Janvier 1709 avoir aulll change fa dcclinaifon de 4 minutes 10
fecondes meridionales, en 40 feptentrionales,
171 J, une feule tache obfervee par M. Cafllni le 19 Mai, n'a cte
fuivie que jufqu'au 2(J, a dii palFer le 25 par le milieu du difque .appa-
rent, avec une latitude meridionale de 14 a 15 degres.
21 AoUt 1714, deux taches egales, rondes, & noires , dont I'une dif-
parut le 16 Sc Tautre le 30 : elles etoient dans I'hemifphere fepten-
nional, avec une dcclinaifon de 15 a 16 degres.
Autre tache le 25 Septembre 17 14, dont le diametre ctoit la vingtieme
partie de celui du foleil.
Lorfque le foleil fut eclipfe le 3 Mai 171 5, il avoit des taches, &
on vit la lime les cacher , puis les lailfer reparoitre 5 ce qui a etc obfervc
en difterens heux de I'Europe , & ne I'avoit peut-etre pas encore ete.
Sur la fin d'Oftobre fuivant , parut une tache pres du bord orien«-
tal, dans I'hemifphere feptentrional , avec une dcclinaifon d:- 15 degres
de la circonference du foleil ; & au commencement de Novembre, il
en parut une autre audi vers le bord oriental , mais dans Themifphere
meridional, avec une dcclinaifon de 19 degres. Cette .innee 1715, il y
a eii onze apparitions de taches; mais il ell rare d'en voir deux amas a
la fois &c de declinaifons aulli difTerente*.
COLLECTION
Depuls ce terns , les Aftronomes onr prefqne toiijaurs vu de ces ra-
~, n .,, ches; mais on ne fcra menrion dans la fiiite que de celles qui pour-
DEs Sciences "-'on!^ intcrefler par leur lingulanrc , ou rcpandie de nouveiles lumieres
UE Paris. fur leur hiftoire phyfique &: fur celle du foleil.
Surl'I-tMENT.
De la Lumierc Zodiacah. {a)
C
_ I Ette luniiere fcmble n'crre autre chofe que ratmofphere du foleil ,
repandue en plus granJe quautite autour de I'equateur de cet aftre ,
que par-tout ailleiirs j elle paroit tantot fous la forme d'une lance ,
tantot fous celle d'une pyramide ou d'un fufeau, comme doir paroitre
tout corps lenticulaire vu de profil. Cependant les diffcrens etats de I'at-
inofphere terreftre font varier fa figure apparente ; elle fuit conflam-
ment Ic mouvement du foleil ; plus ou moins inclinee dans nos climats ,
perpendiculaire fous la zone torride. Sa hauteur , depuis le centre du
foleil, varie en diftcrens lieux &: en diflcrens tems , de 45 a 120 degres ,
& fa plus gtande largeur a I'horizon, de 8 a 30.
Cette lumiere avoit cte appercue dcs i(J68, par M. Caflini, a Paris,
& par plufieurs autres Obfervateurs a Hifpahan, a Goa, a San-Salvador 8c
le long du Cap de Bonne- Efperance ; mais ce ne fut que du 18 Mais
1683, que M. Caflini crut en avoir fait vraiment la decouverte , parce que
ce ne fut que de ce jour-la qu'il connut fon mouvement Sc fes rapports
avec le foleil.
Cette merae lumiere fut vue a Siam en i6Sy &:«(J88 , <S:a Pondicheri
en kJjo : elle ctoit fort large , Sc s'etendoit prefque le long de I'equateur.
Peu apres le coucher du foleil, elle s'elevoit de plus de 40 degres ; elle s'a-
vancoit vers le Nord a mefure que le foleil defcendant plus bas fous I'hori-
fon , s'en approchoit aulli. Cette lumiere fe diftinguoit encore trois lieures
apres le coucher du foleil.
Le 1 Mars 1701 , M. Maraldl etant a Rome vit fur les fix heures du
foir une trace de lumiere femblable a la queue d'une comete , longue
d'environ 30 degres d'un grand cercle , large d'un degre a fon origine , al-
lant un pen en diminuant, dirigee au foleil, fuivant le mouvement des
fixes a I'occident , & fe trouvant dans le m£me lieu du ciel , aux memes
jours, que la lumiere obfervee par M. Caffini en 166S.
Le frere de M. Caflini I'avoit appercue le 16 Fevrier precedent a Peri-
iialdoj & M. Manfredi qui I'obferva le meme jour a Bologne, jugea fa
longueur dirigee au foleil , inclinee d'environ 30 degres a I'axs de la revo-
lution du loleil , & fa lanjeur d'environ deux degres.
Dans I'cclipfe de foleil du 11 Mai 170(3, laquelle a ete totale en Laii-
guedoc, en Provence , a Geneve Sc a Zurich, on commenca a appercevoir
une couronne de lumiere autour de la lune , lorfquc le degre de I'obfcu-
(a) Voyei la Cone6lion AcaMmique, Partie Etrangere, Tom. VI, & le premier de la
Phyjique expir'mentale ppar^ , pag. jij. "
rite
ACAD^MIQUE. P
rue fur rel qu'ow pDuvoit diftlnguec los ecoiles qu'on 112 commence ordi-
nairemenc a voir, que lorfque la lumiere zodiacale eft pr^te a parokre. On Acad.Royaie
diftiiigua mcme a Moiitpellier, aucour de cette couronne , une aire In- i>£s Scu.nces
niineufe plus pale , qui s'etendoic jufqu'a quaere degres de part & d'aurre ^^ Paris.
du foleil ; mais on n'apperguc aucun veftige de la partie la plus rare de SuhUjient.
la lumiere zodiacale , qui ne paroic le matin qu'avant que le crepufcule
commence, &c le foir qu'apres qu'il eft fini. Audi les Obfervateurs de
Montpellier remarquerent-ils que la plus grande obfcurite ne pouvoit etre
comparee ni a la nuit , ni au crepufcule.
Dans I'eclipfe totale d.- foleil de 171 5 , les Aftronomes de Londres
obferverent que dans le terns de la parfaite obfcurite , le bord de la
lune paroilToic environne d'un anneau clair d'enviroa j minutes de lar-
fe, avec une efpece de penombre du cote de I'air : quelques-uns I'attri- .
uerent a I'atlimofphere de la lune , d'autres a rathmofphere terreftre ; mais
M. de la Hire crut que cet anneau etoit un efFer des rayons folaires re-
flechis dans les inegalitcs des bords de la lune, & qu'il etoit femblable
a celui qu'il vit autour d'un globe de pierre non poli , qu'il avoic
fufpendu a une fenetre du cote du foleil , en le regardant du centre
de Vombre , & d'une diftance telle que le globe lui caclioit tout le corps
dft foleil & un.peu plus.
II fuivroit de cette explication que I'anneau devroit etre interrompu
aux endroits qui repondent a des montagnes ; caron fait que la lune en a
d'alfez hautes pour empecher la lumiere rcflechio d'eclairer ces endroits.
La lumiere zodiacale avoir etc obfervee plus de 1000 ans auparavant
par Anaxagore; 171 ans avant J. C. par Callifthene, &: dans nos tems
modernes, par Kirker, Defcartes, Childrey, & enfin par Samuel Maioli ,
Evcque de Voltiurara. (a)
Le tems le plus commode pour bien voir cette lumiere a Paris , eft vers
le premier Mars a fept heures un quart du foir, le crepufcule finilTant,
& le point equinoxial etant dans I'horifon ; Sc aux environs du folftice
d'hiver, le matin & le foir. Son axe fait alors avec I'horifon, un angle
de 5 5 degres Ic matin , de .(.3 le foir , & au mois de Mars de (J4.
^ Au refte il faut favoir que I'apparition de cette lumiere eft fujette a des
viciffitudes confiderables , 8c dont les periodes n'ont pas encore etc de-
terminees. (/>)
Ckangemens dans les Fixes.
J_iEio Juin 1^70, Dom Anthelme , Chartreux de Dijon, decouvric
proche la tcte du Cygne une nouvelle etoile qui s'evanouit au mois de
Sej)tembre. 11 y en a une autre dans la meme conftellation , lujttte au
tneme changement.
(a) Voyei les jours canicubira , chap des mMores , oil cct Eveque dit qu'il a vu tre?-
louvent, particuUerement dans Icscrcpufculcsd'Automne, une matiere ^clatantc Sc com-
nic ardcntc, en forme dune colonne ou d'une poutre , tantoc droite & tantot obliaue.
(A) l^oyei I AJlronomie de M. de la Landc.
Tome III , Pariii Fra>iioife. ' B
10
COLLECTION
■ Outre ces deux etoiles du Cygne , (a) Sc celle dii con de la Baleine , (&)
AcAD.RoYALE qiii jxiroiireiit & difparoiflent , M. Maialdi a obferve d'autres fixes fii-
DES Sciences jettes aux memes changemens. i°. L'etoile qui eft a la jambe gauche pre-
D£ Paris. ccdente du Sagittaire , eft marquee dans Bayer de la troilieme grandeur ;
SuteiiMENT. g„ I (jy I , M. Caffini la vit de la fixieme ; eni6j6 elle lui parut fort belle ,
& M. Halley la mit alors de la troilieme grandeur; en 1691, a peine M.
Maraldi pouvoit I'appercevoir ; dans les deux annees fuivantes elle lui pa-
rut de la quatrieme grandeur.
U y a encore dans' la menie conftellatlon d'autres etoiles fujettes a chan-
ger : celle qui eft dans la partie auftrale de Tare ; une a la tete & unc autre
a I'epaule droite ; celle du bras droit. Celle de la cuifte droite eft tou-
jours invilible.
La derniere de la queue du Serpent; la feizieme du Serpent; celle
du pied precedent du Serpentaire qui avoir difparu au terns des obferva-
tions de M. Montanari , eft toujours invilible; la onzieme du Lion que
M. Montanari vit paroitre en i6yo , apres s'ctre rout-a-fait eteinte , &
qui a reparu en Kjgi; la douzieme du Lion, la rreizieme : on ne voir
plus l'etoile marquee i de la fixieme grandeur ; mais on en voit huit
dans cette conftellatlon & tout proche , dont les catalogues ni les car-
tes ne font aucune mention. La vingt-quatrieme du Cygne, la plus claire
de la tete de Medufe , la plus feptentrionale de la meme tete, l'etoile
marquee de la troifieme grandeur, qui eft a I'oreille dfoite du grand
Chien. La trente - unieme &: la trenre - deuxieme du Navire ,
qui difparurent au terns des obfervations de Montanari , font
toujours invifibles. (1694) L'etoile A felon Bayer dans Andromede , dif-
parut du terns de M. Caflini , eft a prefent vifible : on voit quatre nouvel-
les etoiles dans cette conftellatlon. En 1671 , M. Caflini trouva cinq
etoiles nouvelles dans Cafl^iopee , dont trois ont difparu ; huit nouvelles
dans le Pegafe , trois autour des Hyades , trois dans la 'V^ierge. M. Ma-
raldi remarque que prefque tous les changemens arrivent dans la voie lac-
tee. Celle que Tyclio obferva le 11 Novenibre 1571, faifant un rhombe
parfait avec les etoiles a, ^, y, de Cafliopee , parut tout-a-coup fort
eclatante , furpaftant Syrius & meme Jupiter perigee. La nouvelle etoile
du Serpentaire qui parut le 10 Ottobre 160^, fut aufli brillante que
celle de 1572 , difparut en Oftobre 1^05 , n'avoit point de parallaxe.
L'etoile C de I'Aigle , paroit varier pour la grandeur, & etre plus eloignee
de a qu'autrefois.
M. Maraldi s'appercut en ijoS , vers la fin de Fevrier , qu'une etoile
de I'Hydre difparoirtoit ; il la revit au mois d'Avril 1708 jufqu'au mois
de Juin , &c il reconnut que fa grandeur apparente etoit variable. D'a -
bord elle furpaftoit a peine les etoiles de la fixieme grandeur , di le zo Mai
elle lui parut plus belle que Tantepenultieme de I'Hydre; apres cjuoi elle
diminua & difparut encore : fes difparitions n'ont point de periode fixe
connue.
(:i) Les pciioJcs de? phafe^ de ces deux Etoiles font v.iriab!cs.
(5) tapetiodcdcsphafesde cette ecoile eft de 170 jours, a quinze jours pres, felon
M. Caflini.
T.
ACADEMIQUE. u
M. Maialdi a encore obferve d-antres ^coiles qui paroifTent &: difpa- «.__«___„
roilTenr; cclle de la fixL-me grandeur au-delTous de la main auftrale de Acad. Rovaie
la Vierge; une autre de la lixieme <;randeur fur la cui{re borcale dc la des Sciences
Vierge j une autre de la fixieme grandeur dans la Balance occidentale au ^^ Paris.
11 f degrc du Scorpion , avec une latitude feptentrionale de j degres ; SuffLtMEti
une autre de la quatrieme grandeur dans le baflin oriental de la Balance ;
une autre de la quatrieme grandeur dans le Lievre.
Ce n'ell: pas de ce (iecle leulement , que Ton voir paroitre de nouvelles
etoiles : celle qui fur obfervee par Hipparque , 125 ans avant J. C. eft
fameufe, Sc nous a valu le denombrement des etoiles alors connues.
Hipparque I'entreprit pour conltater Tetat du Ciel , &: donner a ceux qui
viendroient apres lui le ir.oyen de pouvoir toujours diftinguer les etoi-
les nouvelles , d'avec celles qui appartiendroient a I'ancien fonds. II eu
parut une autre plus brillante que Venus , du tems d'Hadrien , I'an
150 de J. C. une autre dans le Cygne, I'an 359; une autre en 589 ,
dans le quinzieme degrc du Scorpion : fa lumiere cgaloit celle de la
quatrieme partie de la lune; elle ne parut que pendant quatre mois : une
autre vers I'an 945 , encre Cephee & Cafliopee : une autre vers le meme
endroit en 1164.
Syrius qui briUe aujourd'hui d'une lumiere fi nette & fl pure, avoir
autrefois, die- on, une teinte de rouge.
Jvpltcr & fes Satellites.
JL/E 5 Juin 1(^79, MM. Caffini & de la Hire, obferverent une eclipfe
de Jupiter & de ies Satellites par la lune. Ces planetes ne parurent
point changer de figure a leur rencontre avec le difque lunaire , ce qui
devroit arriver , fi la lune etoit entouree d'une atiunofpWere comme la
terre. [a)
Le iS Juin 171 s , Venus ayant etc eclipfee par la lune a une heure &:
demie apres midi, MM. di Malezieu, Caffini & Maraldi qui obfervoient
chacunavec une lunette difterenre, ne virent, foit a I'imiTierfion , foit a
I'cmerfion de Vc'nus, aucun cliangement ni dans fa figure , ni dans
fon mouvement , ni dans fa couleur , quoiqu'ils y fuifent fort attentifs.
Us n'en avoient jamais apper^u non plus a routes les eclipfes pareilles de
planetes par la lune , qu'ils avoient obfervces foit de nuit , foit en plein
jour. Au contraire Mrs de Louville, de Lifle le cadet & Cliardelou qui
obferverent enfemble , virent Venus qui etoit blanche & brillante lorf-
qu'elle ctoir eloignee de la lune , changer aflfez fubitement de couleur
lorfqu'elle en approcha , & cela pendant une bonne minute de terns.
Sou bord le plus proche de la lune, foit dans I'immerfion , foit dans I'e-
(a)D'ahordM. F.uler en 1748, cnfuire M.du Stjour en I7«?, ont concla I'inflcxion dcs
nyons paffant ptcs dc la luiic : M. du Sciour la croir de 4 " ; ce fcroit i " pciir la re/rac-
tioa horizontalc de la lime. ( Vovez iAjhonomie de M. de la Lands. )
B ij
li COLLECTION
^ merfion , devint fouge , & le bord oppofe bleu , ce que M. de Lifle attrl-
^cAD. RoYALE buoit a riiiflexion des rayons de Venus , rafant les bords de la lune.
^DE Paris^^ ^^' Caflini I'attnbuoit a I'etFet des verres des lunettes, d'autant plus qu'ils
S'J'"L*uENT '^'^■^'■'sn'^ Iss mcmes couleurs aux ctoiles fixes. Jupiter, eclipfe par la lu-
' ne peu de tems apres , ne montra aucune couleur imputable a la lune ;
mais M. de Louville dit que c'etoic a caufe du grand eloignement de
Jupiter.
On a obferve des taclies fur les fatellites de Jupiter , dans leurs con-
joncVions inferieures ; ils paroiflent done plus petits qu'ils ne font, &
c'eft apparemment pour cette raifon , que I'ombre du quatrieme paroit
quelquefois par; grande que ce fatellite lui-meme , &: que ces fatellites
chmgentde grandeur apparente dans des fituations qui font les memes a
I'egard de Jupiter & du foleil.
M. Caffini en a conclu le mouvement de ces fatellites fur leur axe ^
& a foupconne une atlimofphere au premier , fonde fur ce que dans quel-
ques nnes de fes conjondions inferieures avec Jupiter , il n'avoit pu ap-
percevoir Tombre de ce fatellite , quoiqu'il cut bien reconnu le fatel-
lite meme a fes raches.
Le cinquieme fitellire de Saturne demeure plus dun mois invifi-
ble, fur-tout lorfqu'il eft dans la partie orientale de fon orbe. (a)
29 Mai 16S6, nouvelle tache obfervee par M. Callini dans Jupiter;
elle occupoit environ la fixieme partie du diametre de cette planete, &
fa revolution fut reconnue de 9 heures 5 5 minutes , plus courte d une
minute que la revolution d'une autre tache obfervee dans la meme planete
par M. Callini le 8 Avril precedent.
14 Decembre 16^0 , a quatre heures 10 minutes du foir, M. Caffinf
ne voyoit que deux bandes obfcures dans le difque de Jupiter , un peu
cloignees de fon centre, I'une au Nord, I'autre au Midi. CcUe-ci etoit
la plus etroite ; celle du Nord paroit prefque toujours la meme depuis
40 ans. A 4 heures 18 minutes , on appercut dans la bande me-
ridionale une ifle claire & blanche dans le milieu. On vit auffi un
veftige d'une bande plus feptentrionale, etroite , eloignee de la plus
large d'un peu moins de fon epaid'euj. Cette bande n'etoit pas abfolu-
ment nouvelle ; on la voit tres-fouvent , mais elle ne s'etend pas toujours
jufqu'aux bords du difque j elle manque tantot du cote de I'Eft, tantoc
du cote de I'Oueft.
II parut aulli au bord oriental de Jupiter, & dans fa partie mcridio-
nale qui etoit forr claire , un comiriencement d'une quatrieme bande
qui s'avancoit peu-a-peu vers le bord occidental j de forte qu'au bout d'une
heure Sc demie , elle s'etendoit d'un bord a I'autre , & Jupiter avoir alors
quatre bandes entieres paralleles entr'elles. Le 16 Decembre on en vit fix,
favoir trois meridionales & trois feptentrionales , routes fix paralleles en-
tr'elles. Le meme jour a 6 heures 58 minutes, on vit dans I'intcrvaile,
cntre les bandes meridionales & les feptentrionales, qui etoit alFez large ,
(a) Cepcndant en 1705 il a etc vifib^s dans la partie orientale, de mcmc ijue dans la
fartie occidcncale.
ACAD^MIQUE. ij
tine bandc oblique qui palToic par le centre , & ne fe voyolt que dans la • — —
partie occidentale , declinanc beaucoup vers le Sud : c'eft la premiere que Acad. Rovale
M. Caflini ait obfervce avec une obliquite fi fenfiblej en forte que non- des Sciences
feuleinenc il y a des bandes interrompues dans Jupiter, mais encore qu'il ^^ Paris.
s'en forme de nouvelles d'un jour a I'aurre. La binde meridionale la plus SvvtLtMSUT.
firoche du centre, ne paroit jamais interrompue , &: occupe dix degrc sfur
e difque de Jupiter.
Pendant les fix derniers moisde i(?(J5 ,il parutfur Jupiter une cache ron-
de , adherente a la bande la plus meridionale , du cote du centre apparent ,
& dont le diametre paroit etre la dix-feptieme partie de celui de la pla-
nete. Du mouvement bien obferve de cette tache , M. Caflini deduifit la
revolution de Jupiter fur fon axe en 9 heures 5 6 minutes. Cette tache
s'efFaga en i66j , & reparut enfuite depuis le commencement de 1671,
jufqu'a la fin de 1674 qui eft la plus longue apparition : elle difparut en-
core, & revint en 1^77; & apres diverfes autres apparitions & difpari-
tions, elle fut revue en Novembre & Decembre 1689, &i enfin au mois
d'Avrii 1708 pour la huitieme fois depuis 166^, toujours dans la meme
fituation a I'egard de la bande a laquelle elle etoit adherente , & apres
avoir etc inviiible pendant quatorze annees, qui eft le plus long intervalle
qu'il y ait eu entre deux apparitions fucceilives.
Le 5 Decembre 1689, a 5 heures 15 minutes du foir , M. Caflini vie
line nouvelle tache ronde , adherente a la bande la moins meridionale du
cote du centre dont elle dtoit fort proche , a peu pres grande comme I'A-
frique. Sa revolution fut trouvee de 9 heures 5 1 minutes j elle changea
j)lulieurs fois de figure , elle s'allongea , elle fe retrecit , fes parties fe croi-
lerent, elle fe fcpara en plufieurs taches comme celles du foleil.
1 3 Decembre , deux autres taches dont la revolution fut trouvee de 9
heures 51 {- minutes. Cette difference dans la duree de la revolution de
ces taches , difference qui s'obferve aufli dans celles du foleil , fait foupcon-
ncr un mouvement propre a chaque tache qui complique le mouvement
de Jupiter fur fon axe.
M. Caflini remarqua en 1690 que Jupiter qui lui avoir paru autrefois
d'une figure un peu ovale , dont le plus grand diametre tendoit d'Orienc
en Occident , paroilfoit a prefent parfaitement rond.
Le 9 Juin 1691 , il le revit ovale, en forte que le plus grand diametre ,
qui alloit d'Orient en Occident , furpaflbit I'autre d'une quinzieme partie
a peu pres. M. de la Hire a obferve la meme chofe.
M. CalTini remarqua de plus que les taches de Jupiter femblent faire
leur revolution plus vite loin du centre tjue proche du centre.
On n'a jamais vu tant de taches dans Jupiter qu'en 1651, Jupiter etant
dans fon perihelie.
Le 13 Fevrier 1593, M. Caflini revit fur les fix heures du foir la tache
ancienne de Jupiter , revenue apres plufieurs difparitions .nu milieu du
difque de cette planete, &c toujours adherente a la bande la plus meri-
dionale du cote du centre. La bande qui eft entre cette tache & le centre ,
avoit augmentc de largeur au point quelle furpalToit quelquefois celle de
14 COLLECTION
_ la b.-aide feptentrionab qui avoir jufques-la paru la plus large de toutes.
~ ' Le Z4 Fevrier , M. Cadini appercut le premier facellue comme line
DES Scir°N«sf tache claire & blanche fur cecce bande elargie.
DE Paris. Au mois de Fevrier i (J514 , la tache ancienne reparut apres avoir e[(^ invi-
SvffLiMSNT. iible plus de deux ans , & fon mouvemeiit fembloic avoir aiiticipefur les
tables , pendant cc terns , de deux heures & iin peu plus ; ce qui ne fuppofe
suere plus d'un quart de leconde d'erreur dans I'obfervation pour cha-
que revolution.
Le I I Juin i(?99, on vita 10 heures 38 minutes du foir, au centre de
Jupiter , une tache obfcure fur une bande mince qui fervoit comme de
diametre a la planete. Cette tache etoit longue de la fixielne partie du
demi-diametrc , & large de la moitie de fa longueur qui etoit un peu obli-
que a la mcme bande.
II y avoit dans Jupiter deux autres bandes plus larges &: plus obfcures ,
une du cote du Midi , 6c I'autre du cote du Septentrion ; celle-ci moiiis
eloignee du centre. Outre ces trois bandes , il y en avoit dans la partie
feptenrrionale deux minces Sc paralleles aux autres. On vit un peu apres,
vers le bord oriental de Jupiter, une autre tache plus grande que la prece-
denre, &: un peu plus meridionale. A 11 heures 14 minutes, ces deux
taches ctoient a egale diftance du milieu de Jupiter ; la feconde y arriva fix
minutes apres minuit , &c alors on ne diilinguoit plus la premiere tache
qu'on avoit vue un peu auparavant proche du bord.
A I heure 3 2 minutes apres minuit , on voyoit la feconde tache pro-
che da bord occidental de Jupiter , & en meme tems on en vit une troi-
fieme encore plus grande fur le bord oriental , laquelle etoit precedce d'une
petite , egale a peu pres au difque d'un fatellite.
A 1 heures 41 minutes , le milieu de cette troifieme tache plus
grande etoit au milieu de Jupiter j elle paroilToit aufli meridionale qiie
la feconde dont elle etoit eloignee de 91? degrcs de la circonference de
Jupiter : la diftance de la feconde a la premiere n'etoit que de 54 degres.
Toutes trois font fituees dans la meme bande claire, entre deux obfcures ,
oil ctoient les taches obfervees en 16^1 & \6^t ; mais les deux bandes
obfcures ne font plus fituees comme alors , etant plus eloignces entr'elles.
M. Caflini remarque a cette occafion qu'il arrive des changemens confide-
rables aux bandes de Jupiter , d'une annce a I'autre. Tantot elles s'etrecif-
fent , tantot elles s'elargiifent ; elles s'interrompent quelquefois & fe reunif-
fent enfuite ; il s'en efface Sc il s'en forme de nouvelles. Depuis deux ans ,
dit-il , la feptenrrionale qui, peujlant plus de 40 annees, avoit paru la
plus large de toutes , s'eft etrecie , &c la meridionale s'eft elargie au
point qu elles font devenues egales. Ces grands changemens ne peuvent
ctre attribues a une illulion d'oprique , &c doivent avoir des caufes phyfi-
ques & des caufes trt-s-puilfantes, puifqu'ils ne font pasmoins conhdera-
bles que fi 1 Ocean inondoit route la terre ferme , Sc laiflbit a decouvert de
nouveaux continens.
Au-refte, on n'ai/oit pas encore vu paroitre a la fois dans Jupiter troi«
laches auffi grandes. Jupiter etoit pres de fa moyenne diftance au (o-
ACADlfeMIQUE. ,5
leil {a) ; la revolution de la premiere a ere rrouvee de 9 heiircs 50 minu- r*— ""»-
res, & celle de la feconde de 9 heures 51 minutes: lefciucls refultats , acad. IIoyale
compares avec qiielques autres de mcms s^enre , confirment la remarque do des Sciences
M. Caflini, que les rachesqiii palfent plus prcs du centre apparent de Ju- °''- '''^"■'S-
piter , ont un mouvement plus vite que celles qui en font phis eloi^nees. iiueFiiuENT,
Le plus grand nombre des taches de Jupiter, depuis 166^ , a paru
dans fon hemifphere meridional ; & il ell vraiTcmblable que chaque
tache depend de la bande a laquelle elle eft adherente , puifqu'on i>.'a ja-
mais vu de tache fans bande , quoiqu'on voie quelquefois des bandes fans
aucune tache.
Le 16 Mars 1707, a 6 heures 50 minutes du foir, M. Maraldi ap-
percut dans Jupiter une tache qu'il n'y connoilfoit pas ; elle n'etoit point
inherente au corps de Jupiter, ce qui fut conclu de ce que ni fa grandeur,
ni fa vitefTe apparentes ne diminuerent lorfqu'elle approcha du bord
occidental. De-plus fon mouvement etoit beaucoup plus lent qu'il n'au-
roit du I'etre par la revolurion de Jupiter fur fon axe en dix heures :
elle ctoit ronde Sc noire comme font les ombres que les fatellites jet-
tent fur Jupiter. Mais des quatre fatellites, les trois les plus proches de
Jupiter ctoient rrop cloignes de la conjoncftion , & pour le quatrieme ,
il eft vrai qu'il etoit alors en conjonftion a notre cgard , & qu'il paf-
foir fur le difque de Jupiter; mais par cette raifon meme, fon ombre
n'y croit pas , Sc felon le calcul aftronomique , elle ne devoir etre a
I'endroit on ctoit la tache que fept heures plus tard. 11 falloit done
que cette tache fur une partie plus obfcure du quatrieme fatellite lui-
meme, qui parcouroit le difque de Jupiter. En effet la ilruation , le
mouvement, tout convenoit, & peu de terns aprcs que la tache fur for-
tie du difque de Jupiter , on vit le fatellite qui en etoit aulll forti par
le meme endroir, & dont jufques-la la partie lumineufe avoit -etc in-
vifible. Dela M. Maraldi conjeftura que la tache Sc la partie claire plus
orientale que la tache , faifoient le diametre enrier du fatellite ; & le
terns que le tout employa a fortir de Jupiter , eft affez exadtcment ce-
lui que doit employer ce diametre , donr la grandeur eft connue d'ailieurs.
Par une obfervation Sc des raifonneniens femblables , M. Maraldi re-
connut audi une tache dans le troifieme fatellite , le 4 Avril au foir.
M. Callini en avoit decouvert ou foupgonnc dans tous les quatre en divers
autres terns.
Un effet remarquable de ces taches , c'eft la variation des grandeurs
apparentes des fatellites , independamment de leurs diftcrens eloigne-
mens, foir a I'cgard de Jupirer, ou du foleil , ou de la terre. Cctre
variation eft telle que le qu:itrieme fatellite qui eft ordinairement le
plus petit de tous, paroit quelquefois le plus gros , & que le troifieme
qui eft ordinairement le plus gros , eft quelquefois le plus petit : il en
va de meme des deux autres. Tout cela ne pent s'expliquer plus naturelle-
menr qu'cn leur donnanr de grandes taches qui, felon quell .s font, ou
( j) On a icconnu que les retours de la tache ds i Stfj n'avoicnt aucun rapport avec Ics
diffcieiitcs diftaaces de Jupiter an fokil.
i6 COLLECTION
■'" ' entierement oil en partle tournces vers la terre , diininuent plus ou moins
Acad. RoYALE I'apparence de leur grandeur , Sc laifl'jnc paroitre cette grandeur telle
Drs Sciences qu'elle eft , lorfqu'elles font taat-a-fait dans rhcniifpliere cache a nos
DE Paris. ycnx. U y a plus; quelquefois quand on voit en nieme terns un fatellite
5i/ppLi,!/£.\T. a quelque diftance de Jupiter, &c fon ombre fur Jupiter, on voit I'om-
bre plus gtande que le fatellite , quoiqu'elle foit certainement plus pe-
tite , &; de fis;ute conique ; mais c'eft qu'alors le fatellite fait ombre par
fon corps entier , Sc n'eft vu que par la partie claire de ce globe.
Ces taches font-elles fixes comme celles de la lune, ou palfageres comme
celles de Jupiter & de Mars? C'cft ce que M. Caflini n'a pas encore ofe
determiner. Si elles font fixes , il eft clair que puifqu'on ne les voit
pas toujours lorfqu'un meme fatellite pafTe devant Jupiter, les fatellites
tourneront fur leur axe , & qu'il faudra un grand nombre de leurs con-
jonftions avec Jupiter, pour s'aflurer qu'une tache eft la meme, & pour
prcdire fes retours qui dcpendront de la compofition du mouvement du
iatellite autour de Jupiter, & de fa revolution fur fon axe. Si elles font
palfageres, il faudra encore une plus longue fuite d'obfervacions , pour s'af-
furer qu'aucune periode ne les ramene.
La nuit du iz Septembre 1713, M. Maraldi reconnut fur le quatrieme
fatellite de Jupiter une tache qu'il jugea occuper la moitie du difque ap-
parent de ce fatellite.
Cette meme annee 1715, M. Maraldi ayant vu fe former dans Jupiter
la bande .1 laquelle tient toujours la tache de 1665 , vit bientot reparoitre
audi cette taclie a la mcme diftance du centre apparerrt de la planete ; Sc il
conclutdefes revolutions apparenres, que la revolution moyenne de Jupi-
ter fur fon axe etoit de 9 heures 56 minutes, precifement telle que M.
Cadini I'avoit decerminee. II conclut aulfi que la tache etoit inherente a la
furface de Jupiter , parce qu'elle paroilfoit etre plus grande & aller plus
vite vers le milieu du difque , que vers les bords.
Sur la Lune.
J_J Ans I'eclipfe de lunedu 13 Decembre 1703 , obfervee a Montpellier,
cet aftre difpatut dans le Ciel .i fix heures &: uemie du matin , quoi-
qu'il ne dut fe coucher qu'apres fept heutes & demie , que le Ciel fiit trcs-
ferein, & le crepufcule fi foible, que Ton voyoit des etoiles , meme du
cote de Torient. Aprcs I'immerfion totale , la lune avoit paru plus rougea-
tre qu'a I'ordinaire, fur-tout a fa citconference, le milieu reftant fort obf-
cur. A Aries la lune parut toujours d'un rouge obfcur apres rimmerfioii
totale , Sc au contraire d'un rouge tres-clair a Avignon : elle fut rougeatre
a Marfeille dans fa partie Nord-Oueft, & fort obfcure dans fa partie oppo-
fee : elle difparut aufti vers les fept heures , le Ciel etant fort net. Ces difte-
rentes appatences de la lune , vues en meme terns de differens endroits ,
ne peuvents'attribuerqu'ala difference des vapeurs invifibles rcpandues d.ins
I'athmofphere de cha<jue lieu, lefquelles aiironr pu colorer la lune diverfe-
ment ,
A C A D 6 M I Q U E.
17
ment, & mcme comme le fond du Ciel , &: par confcqucnt lafeire difpa- ^
SuefLt.UBliT.
ACAD.ROYAIB
L:\ lune , ou du moins le cote quelle nous prefente , eft fort inegal , & oss Sciemcks
herilfc dc monragnes plus hautes que Iss notres, felon Galilee. II y a aiifil, ^^ Aais.
felon M. de la Hire , des lacunes ou cavitcs , &C c'eft ce qui fait que I'afpscSt
de la lane eft fi variable felon les differences dire6lions des rayons iiicidens
& reBechis.
Tout le corps de cet aftre paroic ctre de matiere folide , puifqu'il ne re<;oit
aucuiie alteration apparente , & que d'ailleurs ^ au milieu des taches obfcu-
resqu'on a nommees des mers, on appercoit des cavites feniblables a celles
qui font dans la partie blanche. Aulli a-t-on reconnu dans plufieurs ren-
contres ou conjoiidlions des etoiles & des planetes avec la lune , quelle
n'avoit autour d'elle aucune atmofphere fenfible , ou du moins qui pro-
duisit une rcfrad:ion fenilble. Cependant en quelques autres obfervations
fubfequentes , I'etoile paroilFoit s'alonger uii peu en fe cachant derriere la
partie rant obfcure que claire de la lune.
Lorfque la lune eft dans fon croilTanc ou dans fon decours , on ne laifte
pas , fi le terns eft ferein , d'appercevoir tout le corps de cette planete, &
meme fes taches , a la lueur des rayons du foleil reflechis par la terre. (a)
Sur la Planete dc Mars.
X Armi les differentes taches obfervees fur le difque de Mars en 1704,
on en a remarque une en forme de bande vers le milieu de fon difque ,
a peu prcs comnie une des bandes de Jupiter : elle occupoit un peu plus
de I'hemifphere, & elle avoit a 90 degres de fon extremite precedence
dans la revolution de I'aftre , un coude avec une pointe aflez bien termi-
nee , &: cournee du coce de I'hemifphere feptentrional.
On a auill remarque plufieurs fois , depuis cinquante ans , deux taches
claires proche des deux poles de la revolution de Mars.
Sur I'Aimant.
\J N s'eft appergu que I'aiguille aimancee declinoic dans une boite de
cuivre , tout autrement que dans une boice de bois (annee 16^98). Le
R. P. Feuillee I'a cru ainli d'aprcs fon experience.
M. de la Hire a remarque du changemenc dans le pole d'une pierre d'ai-
mant fpherique de crois pouces de diamecre.
M. Caflini a trouve que le pole de la vercu n'avoit point chajige depuis
(j) V. Operedi Galileo, in Firenzc. ia-4.0. Tom. II. pag. lysj
Tome III, Partie Frangoife. Q
,8 COLLECTION
30 ans dans un globe d'aimant de n-ois polices &c im tiers de diametre ,
Acad. Ioyale fur lequel M. Peck I'avoit marque avec exaftitude , non plus que dans un
Dis Science: ' . _ .. . ■ . • . 1
DE Paris.
Svfni.uENT
Di s Sciences gros aimant du Colleje des Jefuites depuis plus de 40 ans
DE Paris ° '' ■ ■ - ^ • " ■ ^ '- ■
M. de rifle ayanr compare plufieurs o!:^fervations Elites en difFcrens en-
droits du Royaume , en a tire les rcfultars fuivans.
La declinaifon de I'aigriille aitnantee eft roujours plus grande a rOrienc
de Paris, & plus petite a I'Qccidenr.
De Saint- Malo a Geneve, il n'y a tout au plus qti'un degre & demi de
difference de declinaifon.
Depuis 1705 jufqu'en 171 1, la declinaifon a augmente vers rOneft a
Geneve, a pen prcs de mcme qu'a Paris , c'eft-a-dire d'eiiviron 1 5 minutes
par an, excepte de 17 10 ai7ii, oa elie n'a augmente que de 5 minutes
dans les deux endroits.
Depuis 1706 jufqu'en 171 1 , la dccUnaifon a augmente en plufieurs
Villes de France, a peu pres comme a Paris. La vertu qu'a I'aimant d'atti-
rer le fer, a etc connue des Anciens. De-la , jufqu'au terns oil I'on a de-
couverc fa diredion vers le pole , il y a un tres-grand intervalle , puifque le
premier qui en parle , ell un Pocre Francois du treizreme fiecle. La decli-
naifon vient rrois cens ans apres : Caboto , navigateur Vcnitien , eft le pre-
mier qui I'aJt publiee en 1 549 i mais M. de I'llle a un manufcrit d'un Pi-
lote Dieppois nomme Crignon , ouvrage dedie a I'AmiralChabot en 1 534,^
& ou il eft fait mention de la declinaifon de I'aimant. Cette nouveautc
revolta les Philofophes dont elle derangeoit trop les idees : ils la nierent
fierementj mais eniin elle devint inconteftable , & ils travaillerent a I'ex-
pliquer.
On obferva que fous le meridien des Acores , il n'y avoir point de de-
clinaifon , & Ton crut avoir trouve un principe naturel , pour y fixer le pre-
mier meridien j ee qui, jufque-la , n'auroit puetre fait qu'arbitrairement,
& par confequenc n'auroit point ete au gout de tout le monde. Comme on
voyoit par la direftion de I'aimant qu'il avoit d£s poles, & par fa declinai-
fon , qu'ils- n'etoienc pas les memes que ceux de la terre , on les plaga ou
Ton voulut , avec une aflez grande liberte.
On vine enfuite a s'appercevoir de deux nouveaux meridiens , exempts
de declinaifon; I'un qui palfoic par un Cap fitue proche du Cap de Bonne-
Efperance , & qu'on appella pour cette raifon le Cap des Aiguilles ; I'autre
qui palToit a Canton dans la Chine. On determina les angles d'interfec-
tion de ces meridiens que Ton croyoit fixes, parce que la prefomption eft
toujours pour I'immobilite. On remplic leurs intervalles d'autres meri-
diens fous lefquels il y avoir declinaifon , arranges proportionellement ,
parce que la prefomption eft roujours auSi pour Totdce , & mcme pour
celui qu'il nous eft le plus aife de connoitre ; mais enfin tout cela etoit pre-
cipite.
On deconvric, & M. Gaffendifuc le principal aiiteur de cette deccu-
•vierte, que la declinaifon de I'alinanc avoir une variation , c'eft-a-dire que
dans un meme lieu elle changeoit d'an terns a un autre, & changeost per-
petuellement. Ce pheaojnene eileatkl renverfa pcefq^aej tous les fyllcnies
A C A D fe W I Q U E. 1^
mfTcs & futiirs ; il ne rcfte plus aiijourdiliui que celui deM-Halley i^]- Ct
Philofoplie a trace fur le globe terriilre, pour I'annee 1700, uneligneqiii AcXcUovale
I'eniliraire , & qui ell: exumpre de deelinaifoii : ce n'eft ni un iT)6ridi(?n , tii des Scipnms
un cercle , mais une courbe affez irrcgiilia'e. La variation de la d^t'lissi- de Taris.
Con en chaque lieu particiilier deinandoit qne cetre ligne fut mobilfe , & SuppI.i.«E^'T•
Ton voit dqa trcs-fenllblenient qu'elle I'eft en effet. ll y a bien de lap-
parence aulli qu'elle change de figure , parce que las variations de decfi-
naifon dans un lieu ne feront pas toujonrs proportionnelles a cellcs dun
autre. Cetre ligne de M. Halley palTe d'un core dans la mer duNord 'prfr
les Bermudos , &: de I'aurre par la Chine , a cent lieues de Canton a I'Eft.
M. de rule, fur les obfer\'ations d'un vaifTeau Francois qui alia a la
Chine en 1710 par lamer du Sud, i^c fut le premier de la' Nation qui y ait
«tc par cette route , a trouvc une autre ligne exempte de declinaifon , q\it
traverfe la mer du Sud du Septentrion au^Midi , a peu pres commE un \tik-
iridien. C'eftla une addition tres confiderable au fyfteme & a la carte de
-M. Halley, 011 Ja met du Sud manquoit entierement.
Jl y a une difference remarquable entre les deux lignes ou poitiotts de
ligne de M. Halley & celle de M. de I'llle , comparees !es unes aux autres.
A rOrient de la ligne fms declinaifon qui pafie par les Bermudes , la dc-
<chnaifon eft Nord-Oueft , & Nord-Eft a fon Occident. C'eft le contraire
Dour cells qui patle par la Chine \ Si. a l'e.gard de celle de la ftieT du Sud ,
la declinaifon eft Nord-Eft des deux cotes. Cette difrerence appercue par
M. de rille, leur donne a chacune un caradrere qui , s'il eft mvanable ,
fervira ales diftinguer toujours, quelque chemin qu'elles falfent.
M. de riOe ayant cherche a demeler avec foin quelques traces du mou-
vement que doivent avoir eu les trois lignes , pour venir a la polition
qu'elles out aujourd'hui , eft perfuadc que celle qui paffe par les Bermudes ,
eft la nume qui, vers 1600, paffoit par le Cap des Aiguilles. Ella s'eft
done mue d'Orient en Occident, mais non prallelement a elle-nume.
En i(Joo elle etoit a peu pres un mcridien qui palToit par le Cap des Ai-
guilles, par la Morde & par Ic Cap du Nord ; mais depuis ce tems-la ji '
qu a prcfent , elle a fait 1400 lieues par fa pattie feptencrionale , &: 5
illes, par la Morde & par Ic Cap du Nord ; mais depuis ce tems-la juf-
; a prcfent , elle a fait 1400 lieues par fa pattie feptencrionale , &: 500
lieues feulemeiit par la mcridionale, de forte qu'elle eft aujourd'hui fitue
Nord-Oueft- Sud-Eft, ?;: fort inclinee k fon ancienne pofition. Sa parti
ituee
. , , - — - -- polition. Sa partie
feptentnonale pafta par Vienne en Autriche en 1653 , par Paris en 1666 ,
par Londres en 166-/ ■, car ces lieux-la furent exempts de declinaifon dans
lesannees m.arquees. M. de I'lfle croic de meme que la ligne qui eft prc-
fentement cent lieues a I'Eft de Canton, eft celle qui en 1600 palfoit par
cette Ville; d'oii il fuit qu'elle achemine d'Occident en Orient, au con-
traire de 1 autre , & fort lentement par rapport a elle. Si ces deux lignes
continuent leur cheinin, elies itont a la rencontre I'une de I'aucre, & il
ne feroit pas aife de prevoir ce qui en arrivera.
.Comme on n'a point d'obfervations anciennes de la mer du Sud , il fe-
roit temeraire de rien avancer fur la ligne qui y palfe ; feulement ne pour--
(a) V. les annees 1701 , 1 705 , 1706 & 170S dc ces Mcmoires dans la ColMkn Aca.-
dimique. Pattie riau^oifc, Tom. 11.
Cij
io
COLLECTION
Acad. RoYALE
BES Sciences
DE Paris.
Suei'lffMEt(T,
roit-on pas foupconner que c'eft lameme qui paflToit autrefois par les Aqo^
res , Sc qui s'eft mue d'Orient en Occident ? Nous joindrons encore a tout
ceci quelques remarques de M. de I'llle.
En differens lieux , les differences de la dcclinaifon ne font point dU
tout proportionnelles auxdiftances de ces lieux a leur ligne exempte de dc-
clinaifon ; ou , ce qui eft la meme chofe , a un degre de difference de la
dcclinaifon de I'aiguille repondent des diftances tres-diffcrentes fur la
furface de la terre. Dans la carte de M. Halley , la plus grande de ces dif-
tances eft de 130 lieues , & la plus petite de 1 5 ; mais il n'a poufTe fi carte
que jufqu'au 60'"' degre de latitude feptentrionale; & M. de I'l/le qui
a des obfervations faites 2.0 degres plus au Nord , trouve qu'il y a tel de-
gre de difference de dcclinaifon qui ne donne que huit lieues de diftance,
11 paroit jufqu'ici que dans lescliinats plus feptentrionaux , de plus petices
diftances repondent a un degre.
Dans un meme lieu, la dcclinaifon ne varie pas egalement en tems
egaux. M. Caflini trouvoit qu a Quebec elle n'avoit varie que d'un demi-
degre en trente-fept ans ; &c par d'auttes obfervations que M. de I'lfle a.
entre les mains, elle a varie d'un degre en onze ans.
Malgrc tout cela , on appercoit quelque progreflion , quelque regula-
rite, & e'en eft aftez pour empecher les Philofophes de perdre cour.age a
la vue de tan; de bizatreiies apparentes. (Hiftoire del'amiee 1712.)
ACADEMIQUE.
21
Acad. Ro\ alu.
D£S Sciences
OBSERVATIONS fur la dcdinaifon , Vindinaifon & «^ I'^ris. ■
autrcs phenonicnes dc I'yliinant.
• T E M S
D E
l'observation.
1704.
1672. . ; . .
1671
1675
1679. Septembre.
1680. Septembre.
1680. I f Oftobre.
16S1. Oftobre.
l68i. J Septemb.
7 Septemb.
II Odlobre.
19 Odtobre.
20 Novemb.
9 Fevrier.
zi Novemb.
i-t Novemb.
Novembre.
Decembre.
Cours de i68i.
1685. z8 Janvier.
1684.
1702.
168 f.
LlEUX D E L'oBSER VATI ON.
Longitude. Latitude.
Dig. Min. Dcg, Min.
Cayenne. . . .
Paris
Paris
Breft
Bayonne. . . .
Royan. . . .
St. Male. . . .
La Guadeloupe.
liideir.
Ibidem. 200 pas plus loin
Ibidem
La Martinique. . .
La Martinique. . .
Ibidem
Ibidem
Antibes
Toulon
Rade de Goree. (a)
Ifle de Sebalt ou de
Ward, (b) . . .
Mer du Sud . . 47. .
Ihidem. . . ;6.
Cap des AiguiUes (r)
215 lieues plus a I'Oueft. .
Au Cap de Boiine-Erperance.
A cent lieues de-la . . .
Macao
bble de
10. Sud,
00.
Dcdinaifon.
Dig. Mm.
II. CO. E.
I. 4f.O.
I. 20.0.
1. 20.0.
2. 00.0.
5. R.E.
3. n.E.
4. if.E.
4. 18. E.
4.ioaM'.£
6 5 a 10. E.
4. 6.E.
4. 13. E.
3. 40. O.
3. 4y.O.
o. o.
i5-
If.
10. E.
30. E.
!S. 00. E.
10. 00. O.
00. 00.
12. 30.0.
ly 00. O.
4. 00.0.
Inclinaifon.
Dtgt Mm.
SO.
IS-
N.
N.
N.
(a) La dcdinaifon de TAimant eft fort inconrtante dans Tide de Goice : elle yvarie en divers endtoiti
de I degrc Notd-Oucft , a ^degtis auiriNotd-Oueft.
(t) QuclqueS'Uns pcecendcnt que pendaut tout le dii-feptieme ficcle , la variation n'a point change la
cap dc IlorA.
(f) Lcs Matins ont remarquc que lorfque la declinaifon floit zero au Cap dc: Aiguilles, elle ctoit i
Lilboniie de 7 degifs & dcmi a I'Eft , & nuUc .i Nanquin ; qut du Cap des i>-iv;uilles a Madagafcai , elle
augmcntoii de i) degtcsa TOucft ; que de Madagalcar aux cctes de MozaniLiquc 6: d'Ajan , elle dimi-
nuoii dc J degres \ que de la i Zocotora elle rtltoit i tres-ptu prcs la nicme i que lotr.iu'elle 6toil nutlc
au Cap des Aiguilles , elle ctoit dc 17 dcgtJs Oucft i Go.l ; & qu'clam de 4 deg:cs Oucit :u Cap , elle fc
trouvoit a_Goa de 1 1 dcgrfs Oucft , Sc s'cioit fai confequent tappiotbce vets I'tft , dc la mCme quaaiite
doat elle s eo ctoit tloignOe au Cap.
COLLECTION
Acad. Roy ALE
DES ScVfNCES.
DE Paris.
SvtrLtjllBNT.
T E M S
D E
I'OBSERVATION.
1686.
■1649. . .
4(58-. Juin.
ii688. . .
■16S9
■1689
169J
167D
169s
1640. . • , • •
1697. 16 Decemb.
1698
1698
1600
1698. io Mai. .
1702. (a) • . •
1704. 9 revrier.
io Fevrier.
18 Juillet.
20 Juillet.
Cours de 1704.
LlEUX DE l'observation
Longitude. Latitude. )
Declinaifon.
Dn
AUn,
Ve^' Mtn.
li'S-
'
1680.
1704.
Louvo
Quebec
Quebec
Cap de Bonne-Efperance
Louvo & Siam , prcfque
comme a Paris. .
Pondicheri. . .
Ava
Rome
Rome
Bologne en Italic , & Paris,
Bologne enltalie, & Paris
Lisbonne. . . ^ . .
Genes. .... . .
Londres
Londres
Paraibe
Pointe de Madagafcar. .
La Martinique. . .
Ibidem
Entre Porto - Cabeillo ou
Golfo-Trirte, & Cura-
cao
Proche du Cap des Aiguil-
les , peu dilunt des hautes
montagnes de Ste Mar
the
Porto-Belo
Port-Louis
5f7 22. 00. N.
?53 16. ^o. S.
354. .. . 18-23. 00. S.
357 28. CXD. S.
Vue du Cap de Bonne-Ef-
perance ^ &: de toute la co-
te d'Angole jufqu'a Ben-
gale _
Banc des Aiguilles du cote
del'Oueft. ....
Ibidem, du cote de I'Eft.
Ibidem
Canal de Mozambique juf-
4.
If-
16.
II.
7-
2.
7-
3-
4-
9-
7-
II.
5-
7-
6.
6.
Mtn.
4f. p
30. O.
OQ. O.
50. o.
30.
0.
CO.
0.
00.
E.
OD.
0.
.30.
0.
oo.
U.
0
E.
18.
0.
GO.
0.
00.
0.
20.
E.
;f-
E.
00.
0.
f
E.
10
E.
40. E.
Inclinaifon.
Dtg. Min.
SlL'voit nota
j blement du
^coccduNord
7.
6.
E.
7-
if-
E.
S-
00.
0.
00.
00.
E.
2.
30.
^•
30.
E.
6.
GO.
E.
9
a 10.
00
0.
12
00
0.
M
~a 14
. CO
0.
7"
a 8
00
0.
(0
(0
i^)
{a) En 1700 , I'cndroic oil raiguille ne dL-cltnoit point , ^toit , felon M. des Hnics , bcaecoup pl05 pro-
che de Cayenne que dc Gorec. A Ton rccoiir des Iflcs en Fcance , it trottva. que la dcdinaiion paifoil dki
Notd-Ert au Nord Oucft , a la latitude de ^o a ji degics.
(6) Dans ccs mimes endroitsla diclinaifon ctoit en isSi de i i def;rfs Eft.
(■^j Cettc vatiatio'i dinnmia en faifant route a I'Eft , Sc pafTi enluitc a rotieft,
("') Dans cet ciidroit \c-^ lignes f^iii niarc]Uoient Ics dcgrcs de variation , coupoicnt prefquc pcrpcndicii-
laircinent ri-qiiiuoxial , & pouvuicm fctvu i uouver ailci exadtenicnc la longitude du litu ou Ton avoi:
observe U vairiation.
A C A D 6 M I Q U E.
*J
T E M S
1-IEU.XDE l'observation.
D E
Longitude. Latitude.
Declinaifon.
Inclinaifon.
l'observation.
^■:-
1
1
Dtg. Min^ ^fg- Min.
Drg.
Min.
Dig. Mm.
qu'a la vue de la Baie de S.
■
Auguftin
22al;
.00.0.
i582
IHdem
^ 8a 1 0.00.0.
;I704-I7oy. . .
Vue de I'Ifle de Jean de Noua.
Vue des Ifles Mayote, Amfuam
22.
co.O.
& Moely
20.
50.0.
70 00. 00.
16.
00.0.
87 If. 00. N.
10.
50.0.
1
Vue de Canara. 16. 00. N.
Sc tout le long de la cote de Ma-
labar
6.
50 0.
CapComorin
7.
30.0.
I'roche la pointe de Galle, dans
rifle de Ceylan
S-
30.0.
Prts de la cote de Coromandel.
f.
00.0.
Ifles d'Andaman & de Nicobar.
5.
00.0.
Vue de rifle Diego-Rodiigue.
16.
50.0.
Vue de I'lfle-Maurice. . . .
21.
CO.O.
Vue de rifle-Bourbon. . . .
iia22
.00.0.
74. . . . 00. 25-. . 00. s.
^3-
30.0.
7_2. a 65. 4r. 27-35. If. S.
i4-
30.0.
Faifant route au banc des Aiguil-
les . . . _ jf. . . . .^0.^ S.
Vue de Ste. Helene du cote de
I?-
00.0.
I'Eft
I.
20.0.
Ifle de I'Afcenfion
oao.
co.E.
jy7-8. . CO. fous la ligne. .
Vue des Ifles Corves &: Flore. .
00.
00.
4.
ij.O.
Approchant de Terre-Neuve. .
7-
30.0.
Cote de Bretagne
s-
00.0.
C'')
i-Of. Janvier. . .
Cartagene
7-
12.E.
1706. ....
La Martinique
6.
lo.E.
1706. i7 Decemb.
Pres de rifle de I'Afcenfion. . .
7.
30. E.
(^0
1I706
A 2? lieues N. N. E. de rifle de
'
■ Porto-Santo , pres de Madere.
s-
00.0.
(0
Selon Ivl. Hallev (en 1700.) . .
4-
0.
Tout yroche de Madeie au S. O.
4-
30. 0.
Acad. RoYALE
DES Sciences
DE Paris.
SuPPliMEKT,
fa) TouKs en obfcrvations , dtpuis ccUc de Port-Louis 1704 , font dt M. Houdaic, Officicr i: Ma-
rine , qui iUit. Imit voyages aux liides occidcnulej. Quelqucs-unes s'acco^dcm cjaflcmcnt J tcHcs cjui
fonc nurqucts cLuis la cane de M. Halley , & la plupatt n'en dilt'erciit que d'enviton an dcgrc. U en eft
de mcmc des ublervaiions que fit M. de May , Mifiionnairc a la Chine, en I'annie 170J.
(t) Lcs trois obfervations prjcMcntcs ont ere faites fuc le Maurepas : toutes Ics aurres qui ont ete faitcs
fur Ic mcnie vaillcau depuis Ic Cap de Horn juf.jue pics de la ligne , s'accordenc la plupaic a ua degr^
pics , avec celks qui lorn marquees dans la carte de M. Halky.
(■') Let oblccvations fuivantcs ont ccc rirces par M. de i'lfle , du Journal de M. D.iunus , prcTntcr
rT!.)te du vaillcau Ic baini Louis , allauc .i la niei du iud , £c du Joutnil de M. Brunei , uadci oacicit
du u;£me vaillcau.
i4
COLLECTION
Acad. Roy ALE
DES ScltNCES
DE Paris.
T E M S
D E
l'observation.
1706.
i4 Septemb,
f Decemb.
.lEUX DE L OBSERVATION,
Longitude. Latitude.
Deg. Alin. Dcg. Mm.
Selon M. Halky
Entre I'Ifle de Madere &: celle
de Per
Selon M. Hallejf
A p lieues au S. S. O. de Tlfle
de Fer
Selon M. Halley. ....
U7 18. . If.
Entre le lieu precedent & le banc
des Bifagos , fur les cotes de
Guinee, d'apres 4 obfervations.
Selon M. Halley , environ . . .
3j8. . . . 00. ... 6. ... 00.
CO. ... 10. ... 5. . V,. 15.
Selon M. Halley
A 10 lieues auNord-Eftderiile
de I'Afcenfion
Selon M. Halley . .
A 60 lieues S. O. du detroit de
le Maire. . . . jy. . . 10. S.
Et I'efpace de 40 lieues juf-
qu'a 57. . . 40. S.
A la Ville de la Conception. . .
A Val-Paraife
A Pifque &: a Cafiette
Au Callao
A 30 lieues des
cotes du Chili. 44. . . 4J. S.
A no lieues de ces
memes cotes. . 44. . . 4y. S.
A 10 lieues de ces
cotes. . . . - . 40. . . 30. S.
Dcclinaifon.
Deg. Mm.
,. 30.0.
4-
5'
3-
1.
2.
2.
I.
2.
2.
o.
6.
6.
26.
9-
8.
6.
6.
00.0
00.0.
00.0.
00.0.
30.0.
35.0.
00.0.
00.0.
00.0.
30.0
co.E.
00. E.
00. E.
50. E.
00. E.
30. E.
00. E.
00. E.
00. E.
00. E. I
C"^)
(i)
(c)
[<i] depuis cetendroit , tirant mi Sud Eft jafqu'a la ligne equinosiale que Ic viilTeau coupa par les 7
dtfics de longitude le 6 Scpcembrc lyai; , la variation changca au bout de 50 lieues , d^ 1 a j degrcs ;
5.) 'lieues plus loin, de ^ a 4, & so aiilres lieues au-dcla, de 4 a ;. M. Halley nc met en ces endroits
qu'un dcgic ou un degtc & demi , 8c matque 80 lieues , au lieu de 5 o , entre chaque degrc de variation.
Ayant palTe la ligne , il tira au S. O. jufqu'as degres de latirudc meridionale, & J5^ deg. i s min. de
longitude, & tiouva que la variation diminuoit d'un degre par jo lieues; en forte qu'au bout de 1^0
lieues, elle fe trouva nulle ,& so lieues plus loin, d'un degre Nord- Eft , au lieu qu'clle avoir ere Notd-
Oueft jufqu'alors. Ainii le point oh le vaiffeau coupa la ligne que Ton peut appellcr de dircftion, fe
trouve par leur eftime , plus occidcmale de 100 lieues , que cclle que M. Halley dit crrc ejiempte de va-
riation.
[63 AUant de-la au detroit de Magellan , ilobferva 11 degrcs N. E. de variation, oil M. Halley en met
!■ 4, I! oOi ilen met i; 1, i« ou il en met iS i, 17 oil il en met iS i, iS oil il en met 19, 19 ou il en
met ij 1, &: 19 ioti il met 10 degres , c'cft-i-dire a la hauteur de 40 deg. 50 rain, de laritude Sud; & Ic
vailleau ayant fait ici fii> lieues fous le meme par.^Ucle , la variarion fat trouvee roujours la m^me par
ti ois obfervations ; ce qui s*accorde parfaitement a I'inclinaifon que M. Halley donne aiix ligncs de va-
riation vers ccr endroit ; car ellesy fonr inclinces de I'Eft a I'Ouelt , I'efpace dc jo a (So lieues, apies
quoi cllcs toutnent inlViifibiemcnt vers le S. O. jufqn'au detroit dc Magellan.
[tj A mefare qu'on s'eloii|;'ioit des coles vers TOccidenr, en meine parallelc 5 la variation diminuoit p
CCQime on peut le voir , par les irois cbrcivations fuiyantes.
A
A C A D. E M I Q U E.
i5
T E M S
D E
l'observation.
lyoC-.
iiyoj. 14 Mai.
30 Aoilc.
J I Aoiit. .
9 Octob.
I)- Oitob.
16 Decemb.
31 Decemb.
1707-170S.
170S. 18 Mars.
LlEUX DE l'oBS ER VATION.
Longitude. Latitude.
Deg. Mir..
A i;o heuesde ces
cores ^o
A 60 lieu£s.
A 110 lieues.
i97. 50. . . .' .'
fi lieues du Cap
Fiiiifterre, & .1
60 lieues de-li
y
;o.
30.
■ 30. s.
50. s.
30. s.
49- S.
auS. O.
JCX). 10.
Z99.
290.
197.
310.
A k
if-
17.
II.
30.
fO.
44-
51. ,
T.
4f-N.
. 6. S.
30.
I.
6.
19.
If
---riviere de Gallegue , peu
eloignee du dccroit de Mai^el-
lan °
A 60 lieues a I'Ell. '. '. .'.'.\\
A 30 lieues, iiem
A i;o lieues, litm '
A no lieues, iiem
A ifo lieues, iiem
A 60 lieues, idem
A p lieues', idem
A 20 lieues. Idem
A 30 lieues, id^m ]
A S lieues, idem
? r^n''^"*^ P'"' ^°'"> toujours a
I hft
A 1 20 lieues plus ioin. . . .' .' ."
60 lieues plus a I'Lll \
80 lieues plus loin
60 lieues plus loin \
140 lieues plus loin. ......
60 lieues plus loin , pres le Ca[5
de i3onne-Efper4nce
Declinaifon.
Dig. ' Min.
6. 00. E,
7. 00. E.
f. 00. E.
8. oo.E.
7-
7-
10.
7-
20.
2.
22.
20.
i8.
16.
14-
12.
II.
10.
lo.
. 4-
00.
2.
4-
7-
9-
20.0.
oo.E.
00. E.
00. E.
co.E.
oo.E.
30.
00. E.
. . E.
. . E.
. . E.
. . E.
. . E.
. . E.
. . E.
E.
. .
E
E.
E.
00
00
0.
00
0.
00
0.
50.
0.
00
0.
Inclinaifon.
M.n.
[■J
CO
AcAD.RoYAI.E
DBS SciENChS
DE I'aRIS.
SuenLi.uEtiT.
w
£"] « dcgrcs -i « i , felon M. Hilley.
[4] U deg. (o minutes , Man M. Hallty.
C •] Scion M. H.liryTlavi^ra ion. nfl^? "•'''" ""f 1"' '°'" ■"«1"«'<i"s U «hc dc .M. Hallcy.
d^nsl-efpaccdcl+i Luis rosier. i''°"'''"".."'''"'' '= *'■" ''" '^^P"" • '*'= '° ^ ^' ''=g«s,
,0 lieues d I'Oucft, comic el "avoiM,, -T"' '^f ' ' <^=S=",S'«' ' '^ "&"= « di,..-»ion . changi de
goc , & dc .00 l.cuesl u";, ld= S, /i- ^ ^'l'*' '-" ''-"" * '" '•«i:"-^^S'id dc .. dcgrcs, felon M Bi-
quj l-icncote «ouv4e olm occki,nr,l ^ °',"' '""'""" v<^ts I'o.cidcnt , felon Ic mc:„c M. Bicoc
tcioiulc. ""vceplus occ.dcr.talc que ae Ic marque M. HaUcy a 18 degi^s dc UiUuic fcfccn-
Tom, III, Parcic Franioifc.
D
i6
COLLECTION
ACAD.ROYALE
DES SCIEN'CES
DE Paris.
T E M S
D E
l'observation.
1708. iz Janvier.
1708. . , . .
LlEUX DE l'observation.
Lor^itude. Latitude.
Min.
Deg. Min.
f50 lieues plus loin a
I'Eft : 53/. 30- S-
De-la jufqu'a Pondicheri , la va-
riation alia toujours en diminuant,
& au vetiour elle fe trouva la me-
me aiix memes diftances, dn Cap.
A la rade de Juida , fur les cotes
de Guinee
M. des Marchais ( en I70f. ) .
Selon la carte de M. Halley. .
A la partie orientate de I'lfle de
San-Thome , lous la ligne.
Selou M. Halley. . . . . .
M. Bigot de la Cante,autetir des
deux obfervations precedentes, &
de celle du 30 Aout 1707, ayant
tourne I'llle de San-Thome , fit le
Sud-Elt jufqu'a 4 deg. de latitude
meridionale , non loin des cotes
de Congo , d'oii il t'ra toujours
au S. O. & a I'O. S. O. jufqu'a
I'embouchure de la Plata. Cette
route qui elt de 1400 lieues , cou
pe prefque perpendiculairement
toutes les lignes que M. Halley a
tracees dans cette mer. La varia
tion N. O. diminua de jbur en
jour. Au boirt de ;6o lieues elle
fut nolle
Selon M. Halley
Mecidien duTene-
riffe 5f. ;j.N
Selon: M. Halley
Mer du Sud le long
de la cote oeci-
deutale del'Ame-
rique'. 44,
Uidtw 4?.
Ibidem
49. S.
53-
Ibidem ;6.
57- S.
4i.S.
Declinaifon.
De..
i4. 30. 0,
S.
8.
f-
II.
J-
CO.
I.
4-
4-
12.
If-
17-
20.0.
00.0.
00.0.
30.0.
30.0.
00.
30. E.
^f.O.
00.
00. E.
00. E.
CO. E.
00. E.
Lnclinaifon.
Org. Min.
(«)
(l>)
ft:] M Halley marque no lieues plus a I'Fil la li^ne oil il n*y a point de vatjation. Au refle , Ics o[t
fecvations da retour , quoique la route fjit la rr.eac pendant Tefpacc de 800 lieues , ne s'accoidcient yulni
avec cclksqni avoiem etc faites en albr.t. Par rx. le licucu on avoir tronve 10 minutes de variation N. E.
e.-ialljat . Is trauvA par i*ft)me dz ^ ''rgr^s plus oriental que cclui ou en trouva if, minutes en revenanr ,
& les autrei eitdroiis .iproponion de Icue iirfhnce a rcflibouchurc dc ccitegrande riviere de la !?Ic;U,
done le courant pcuc rewtdecUmarchedes vaifleaux artivans , & accelcrer ccUe des vaifieaux patcans.
f5] Dans les autrcs points dela roure du vaiiTcau, ca it paroit par 'edfgre deIonptu:^c qu*!' etcir
iloigne ties cotes de pluHcurs dcg:cs , U variation cll u;arquCe diiiereiite lous Ics UKrrjes puiuUslf.^.
(
A C A D 6 M I Q U E.
^7
T E M S
D E
l'observation.
1708.
LiEux DF. l'observation.
Longitude. Latitude.
Dtg. Mm.
1709,
1709,
I f Mai-s.
ii Mars.
I J Aout.
1709.
I710. Avril.
S- Juiji. .
Dig. Min.
i7. f8. N,
?6. 00. N.
5n- • . ■ 40. .
y-s- ... 46. .
24&i^Janv. Malthe
il Aoilt. . . Buenos- Aires ]
i4 Janvier. . Ide de la Conception .'
A lio lieues des cotes
de France. ... 44. 4f. N.
Selon M. Halley
Selon M. Halley
540. . 46 . . 43- 4J- N.
A 250 heues de la Ro-
chelle 46. yo. N.
Selon M. Hallev
A i6o lieues de la
Rochelle .... 4;-. 00. N.
Selon M. Halley . . '.
Selon M. Halley - . .
316. . . . :J0. . . . 18. 50. N.
Selon M. Halley
3Z1. . . . 4f. . . . 32. If. isi.
Selon M. Halley. ........
3^9 36. fo. N.
Selon M. Halley. .......
Selon M. Halley
Coquimboj jofii''' ipd- j4imin.
. 1 llo . . 3o6f'i.!7«}6imin.
Dcclijiaifon.
Inclinaifon.
Dtg.
4-
r-
10.
If-
10.
7-
7-
8.
8.
6.
3-
I.
I-.
4-
1.
4-
10.
s.
6.
Min.
32.0.
8.0.
2f.g.
}2.K.
io. E.
00.0.
jo.O.
40.0.
30. o.-
00.0.
fo.O
30.0,
00.0.
00.0.
00.0.
45.0.
30.0.
00. E.
10. O.
10. o.
10. 0.
30.0.
10. o.
10. 0.
32. E.
3S.E.
CO
(f)
6.
6.
(0
20. S.
AcAO.RoYAIE
DES SciFNCtS
DE Paris.
2,.S.
45-.S.
[a] I dcg. 10 min. felon M. Halley.
r^] 5 i deg. felon M. Halley.
to 8 dcg. fcloa M. Halley.
Di)
ti
COLLECTION.
Acad. RoYALE
DES SCIEWCES
DE Paris.
Si/ePltiUBNT,
E X T R A I T
DE LA SECONDS PARTIE
DES OBSERVATIONS
Fakes par pluCeurs AcademJciens &; Correfpondans
de r Academic.
Sur Ics Maries.
J 1 A plus haute & la plus baflTe maree a Gorce, eft un jour ou deux apres
la conjondion & apres roppofition. La difference du plus hauc & du plus
bas, eft d'environ cinq pieds, & raremenc elle moiite un ou deux pieds
de plus , ce qui arrive particulieremenc dans les grands vents de mer. Les
jours de la nouvelle & de la pleinelune, la haute mer ariivoit environ a
iept heures &: demie du matin.
Observations envoyces a rAcademie par les Peres Jefuires
qui vont k la Chine en qualite de Mathematiciens du Roi.
Sur Ic flux & reflux qui arrive a la riviere de Menan , au
Royaume de Siam.
CJ N m'a affurc qu'a Bankoc, qui eft une forterelTe fur le Menan, a_
11 lieues environ de I'embouchure de ce fleuve, I'eau monte aux nouvel-
les & pleines lunes pendant iz heures, & defcend apres pareillement
pendant n heures, auquel terns elle s'eleve de io pieds, & que hors les
terns des nouvelles & pleines lunes, I'eau monte feulement pendant 6
heures, & defcend pendant tout autant de terns. C'e!t un Jefuite qui a
demeure alLez long terns a Bankoc avec les troupes du Roi , qui m'a com-
munique cette obfer' ation , qu'il m'a dit avoir taite. J'ai remarque moi-
mc-me a peu pres la meme thofe a la Yiile de Siam , qui eft eloignee de
Bankoc d'environ 30 lieiies.
A C A D £ M I Q U E. 19
Acad. RoYALE
DES SciENXHS
E X T R A I T des Obfervations Aftronomiques & ^ Phyfiques de Paris
faices a la Cayenne. SvffU.in^r.
Par M. Richer.
Du Flux & Reflux dc la mcr.
JLj E flux tc refliix de la mer eft regie aiix cores de I'Amcrique , autour
de I'lfle de Cayenne, & vers I'embouchure de la riviere des Amazones,
comme aux cotes de France fur I'occan. Il eft haute mer autour de I'lfle de
Cayenne , fur le bord de la grande mer , les jours de la nouvell& &
pleine lune , .1 trois heures trois quarts apres miJi ; & plucot que cette
heure , plus on approche de I'equateur , en fuivant les cotes fur le bord
de la grande mer. A quoi j'ajoute que la mer haulfe & baifTe autour
de cette Ifle , de fix pieds aux jours de la nouvelle & pleine lune , ce
que j'ai remarque pendant une annee entiere , &r qu'aux equinoxes ,
dans le terns des grandes marees ou la mer monte beaucoup plus hauc
aux cotes de I'Europe fur I'ocean que dans les autres terns , elle ne
monte a la Cayenne que d'un demi-pied plus haut qu'a I'ordinaire dans
les terns de la nouvelle & pleine lune , ce qui arrive pendant deux
grandes marees , avant & apres celle des equinoxes. 11 arrive audi en
ce mCme lieu , comme aux cotes de France fur I'ocean , que la mer
monte toujours plus haut le troifieme jour apres la nouvelle & pleine
lune exclufivement , que dans les jours meme de fon oppofition & de
fa conjondtion.
J'ajouterai a ces obfervations du flux & refiiix de la mer faires a
Cayenne , celles que jc fis en I'annee 1670 aux cotes de i'Acadie ea
Canada , & aux cotes de la nouvelle Angleterre.
Je remarquai etant aiix cotes de i'.'^cadie , dans la riviere de
Pentagoet , au Fort du meme nom , dont la hmtfcur/du pole eft de
44 deg. 12 min. 10 fee. & qui eft avance d'environ douze lieues dans
la riviere pofee Nord & Sud , que la mer y etoit haute le 5 1 Juillec
1^70, jour de U pleine lune, a neuFou dix fecondes de tems avant mi-
di. En ce tems le vent vc-noit tantot de I'Oueft, tantot du Sud-Oueft,
& etoit fort petit- Je remarquai aufli en ce meme endroit que le
4C jouv d'Aoiit qui etoit le ^e apies l,i pleine lune, la mer y monia plus haut
que les autres jours, & que la difference encre la luuce 5i balTe mer
dans le temps le la pleine lune , etoit de dix picds.
Aux lotts de la Nouvelle Angtcttrre , dans le port d'nn lieu qui s'ap-
pelle Pefcatoue , qui eft fur le bord de la grande mer, & dont la hau-
teur eft de 45 deg. 7 mia. j'obfetvai que la tKcr etoit haute le 16 Juil-
JO COLLECTION
-— ' — — let i<?73j jour de la nouvelle June, a onze heures 8c un quart da
Acad. lloYALE matin.
Bti SriEKCES Ed cette meme annee i6jo , etant a la Rochelle au terns des deux
D£ 1'aris. equinoxes, entre lefcjuels je fis le voynge du Canada, j'y remarquai,
SuF?Li.u'£:iT. jo_ Qyg [gj hautes marces les plus proches des equinoxes y inonterent fort
haut , & fciivant le rapport des I'llotes & des Matelots , beaucoup plus
qu'a I'ordinaire en pareille rencontre. i°. Qu'aux jours de la nouvelle
6: pleine lune aprcs cclie des cquiniwes , la mer y monta en cette an-
nee quaere pieds moins qu'aux terns de celles qui font les plus proclies
des equinoxes. }". Qu'aux jours de la nouvelle & pleine lune, il y eft
toujours haute mer trois heures &C demie apres midi.
La plus grande hauteur du mercure dans le barometre, pendant une an-
nee cntiere, n'a point palfe 27 pouces une ligne dans I'lile de Cayenne,
en un lieu qui n'ctoit eleve au-delFus du niveau de la mer, que de i 5 a 30
pieds.
Les vents qui regnent dans cette Ille & vers la riviere des Amazones ,
font moins changeants que fur les cotes de I'Europe. Depuis le mois dc
Juillet jufqu'a la fin de Decembre, qui eft la faifon des fecherelTes , ils vien-
nent toujours d'entre I'Eft & le Nord ; 6c depuis la fin de Decembre juf-
qu'au mois de Juillet fuivant, qui elt la faifon des pluies , ils viennenc
d'entre I'Eft 6i le Sud. Il arrive cependant quelquefois qu'ils viennenc
dii mcme point dins des faifons differentes; mais il eft tres rare qu'ils
seloignent du Nord 8c du Sud du core du couchant. lis commencent le
matin entre huit & neut heures, particulierement dans la faifon de la
feclierelfe , &c durent Jufqu'au coucher du foleil, aftez forts pour faire
nioudie les moulins a vent; enfuite ils s'abaiflent peu a peu jufqu'au
lendemain : ils fervent beaxicoup a temperer la chaleur qui feroit excef-
five fans cela. [Ancicns Mcmoins, Torn. FII.)
Le Jefuite Antoine Thomas a remarque dans fon voy.ige de Slam a
Macao, que I'eau de la mer bouillonne d'une maniere fenfible , avant
qu'il s'eleve un typhdn, &: que I'air paroic alors rempli d'exhalaifons
fulfurees qui cachent le foleil & les etoiles fous une efpece de croiite
cuivreufe, quoiqu'il n'y ait alors aucun autre nuage. (Ilndem.)
Ayant fait I'experience de Toricelli en divers lieux entre les rropi-
ques , j'ai trouve par tout une difference alfez fenfible, non feulemenc
dun lieu a un autre , mais dans un meme lieu. Cette difference n'ex-
cede pas cinq a fix lignes.
J'ai oblerve encore que le mercure fe foutenoit a une haOteur d'aut.mt
moiudre ,. que la chaleur eroit plus grande. Auifi , dans touces mes ex-
periences , ai-je eu egard au degre de chaleur qu'indiquoit le therjno-
metre. La chaleur etant a 6^ degres a Malaca , & le Ciel pur & fe-
rein , le mercure fe foutint conftamment a 2.15 pouces 6 |- lignes : une
autre fois le thermometre etant a 6'^ degres, le mercure du barometre
fut a i<J pouces 10 i lignes, le Ciel etant convert. Une autre fois a
Batavia le Ciel etant pur , &c le thermometre a 78 degres , la hauteur
du mercure fut de z6 pouces 1 i 4- hgnes.
Trois pouces d'air inttoduits dans un tuyau de 1^ pouces , occupoient 7
i
ACADEMIQUE. 31
polices 10 lignes, & le mercure ne s'clevoic que de 20 pouces 7 lignos ;
au-deJius dii niveau. Acad. Royaie
DES Sciences
______^___^ DE 1'aris.
Sv'thtKViTs
Explication dcs principaux effcts dc la glace & dufroid.
Par I\}. D E L A M I R e;
J E fuppofe, dit \J. de la Hire , que le fentimenc de froid que nous
avons , vient de ce que les particules d'eau qui nous environnenc , foic
qu'elles foienc feparees comme elles font dans I'air, ou qu'elles foienc
reuiiies routes enfemble , ont moins de mouvement que celles de I'eaii
qui ell au dedans des parties de notre corps qu'elles touchent
M. de la Hire ajoute enfuice qu'il n'y a que de certains fels qui foienc
capables d'arriter le mouveraent des particuies de i'eau ; qu'il n'y a que
peu de ces fels mcles Sc engages dans le fel commun, beaucoup plus dans
le falptcre & une grande quantite dans le fel ammoniac que les
particules de ces fels penetrent les corps ks plus denfes & les plus durs,-
qu'elles font facilement emportees dans I'air ; enhn que ces particules
s'arretenr & fe jcignent plus facilement a 1 eau , & reciproqtiement I'eau
a ces (els , qu'a tout autre corps ; & ces particules falines deviennenc
dans les mains de cet habile homme un inftrument univerfel pouc
operer , dans la theorie , les divers phenomenes de la congelation, de la
liquefadVion , du refroidilTement , Sec. Par exemple : I'efprit de vin jette fuc
un melange de glace & de faipetre accelere la congelation de la liqueur
qui y ell contenue , parce que I'efprit dc via contient de I'eau , £< que
cette eau fixe les particules du fel glacial. Les fruits font moins expo-
fes a fe geler , fi on les couvre d'un peu de paille , & qu'on etenda dcf-
fus un linge mouille, parce que I'eau, dont ce linge eft imbibe, arrete
les particules des fels Les pierres de' taiile qui entrent dans nos
batimens , gelent, parce qu'en les taillant, fur-tout en les dcgrolliiranc
avec de g-os marteaux, on ctonne toute la malfe , il s'y fait de petites
fentes ou I'eau pcnetre , &c • & ce qui prouve cec efiet de la taiile ,
c'ell I'expcrience fuivr.nte qu'a faite M. de la Hire. Il prit un grcs foic
gros & d'une conlilVance ferme & folide : le tenant dans fa maiii , il
fr.ippa dellus a petits coups de marteau ; en tres- peii de tems il fe fei:-
dic en plulieurs ennroirs dont il tomboit qustquts grains , & a la fin
il ctoit tellement ebranle d:.r,s routes fes parties , qu'on pouvoit le rc-
duire en poudre en le froilTant dans fes doigrs ; 2c a cette occadon il
fiut remirquer que les Sculpteurs Sc les Arciiitccles s'abftiennent foi-
g leulement des blocs de marbre petardcs, parce que I'effotc de la pou-
dre a ctonne la maiTe, &c.
Il explique toujours par fon fel glacia] , I'experiencc faite fur la pietre
de Saint-Leu. On en empioya d-.ns un badn-ent confidcrable , de trois ef-
peces : les unes s'ttoienc reiTuyces entietement, &: one bien rtfule pendant
Ji
COLLECTION
^ I'hiver : les fecondes qui s'etoienc rsfTuyces, ^& qui enfuite avoient etc
AcAD.RoYALE fubmergees quelque rems foas I'eaii , one audi rcfiHe alFez bien : les troi-
DES Sciences fiemes qui etoiein nouvellemenc tirees de la carnere , 8c point du touc
D£ Paris. relTuyees, fe font prefque routes caiTees en fe gelant. .
6'vPi'ii-WEWT. £nfm ii explique de la mcme facon pourquoi la lefradlion de la gla-
ce ell un peu tnoindre que celle de I'eaii, &c pourquoi les diffeientes
matieres qui font melees avcc I'eau , peuvent changer les qualites ordi-
naires de la glace , & mcme la forme de fes bulks d'air , Sec. ( Anchns
Memoires , Torn. IX. )
Diverfcs Obfcrvations Midorologiques.
XLn ii?7i , le foleil etant prct de fe coucher, & fe trouvant cache
derriere une nuee , parut furmonti- d'un grand arc d'une lumiere alTez
claire , foutenu a fes deux extremites par deux foleils dont la lumiere etoic
encore plus vive que celle de Tare. (Jndens Memoires , Tom. X.)
Le ii Mai 1672, a huit heures du foir , on vie une efpece de lance
lumineufe a I'Occidenr, perpendiculaire a I'liorizon , venant direderaenc
du foleil, & fuivant fon mouvement. Cette lumiere dura jufqu'i huic
heures ii minutes , & difparut aprcs avoir palTe le couchant d'cte.
En i(J75 , M. Picart vit a robfervatoire un barometre qui, lorfqu'cn le
remuoit alFez pour faire balancer la colonne de mercure , jettoit une cer-
taine lumiere comme entrecoupee, qui remplilToit toute la partie fupe-
rieure du tuyau 011 fe faifoit le vuide ; mais cela n'arrivoit que lorfque le
vuide fe faifoit, & feulement dans la defcente du mercure.
Le 17 Mai i6'77 , fur les deux heures du matin , la lane parut au cenirc
d'une croix verticale , dont les quatre bras etoient egaux, &C longs d'envi-
roii I z degres : leur largeur dans la lune etoit egale au diametre de I'AlUe ,
elle augmentoit_vers leur extremite.
Le meme jour a onze heures du matin , le foleil parut au milieu d'une
ccutonne blanche , dont le diametre etoit de 44 \ degres , & la largeur de
la zone , x i Jegrcs : elle fe terminoit au dedans a une couleur rougeatre qui
ne prenoit qu'uu quart de dcgte. L'interieur de cette couronne paroilioic
comme une nuee ronde , obfcure vers la circonference , &c claire vers le
centre. D'autres nuees, apparemment infcrieures , cachoient tantot une
partie de la couronne 6c tantot une autre. Ce jour la- il y avoir eu une
eclipfe de lune.
Le 10 du meme mois , a fept heures du foir , il y eut une couronne
femblable autout du foleil, mais moins bien terminee , & dont Ijs trcis
quarts feulement paroiffoient au-dellus de I'horizon. Ily avoir de plus,
de cote & d'aucre du foleil en ligne droite , un parciie : celui du c6[e du
Nord etoit rougeatre , & avoit une queue horizontale de quatre degres,
lerminee par un autre parelie beaucoup plus foible. Ces phenomenes furen?
fiiivis de tres grandes chalsurs,
ACADEMIQUE. jj
Le 14 Avril kJSj , fur les neuf heures du matin , M. Caflini vie autour ;
du foleil un cerclc dont le bord fuperieur ttoit eleve de 6 1 degres 10 mi- Acad. Royals
mices, rinicrieur de 16 degics 10 minutes. La hauteur dufolciI&: de deux des Sciemces
parclies hors du ccrde , ctoit de 39 degres 10 minutes : le cetcle horizon- de 1 aris.
tal des parches s'ctendoit de 10 degtcs de part & d'autre a I'Eft He a SuprUA/snr.
I'Ouell: , & formoit une efpece de queue aux deux parciies , lefquels croien:
hors du premier cerde 6c de forme oblongue.
Le 14 Mai 16S3 , fur les fix heures du matin , le Ciel ayant ete ferein
jufques-la , il s'eleva tout-a-coup a Provins , du cote du Septcntrion, une
efpece de brouiUard c[ui cacha bieiuot le foleil, apres quoi il reparut en-
vironnc d'une couronne de 10 degres de diametre, fur laquelle etoic, du
cote du Sud , un paielie qui fe remontra a midi avec une couronne touts
femblable a la premiere. Au Sud-Oueft de cette couronne, on vit un arc
irife qui lui ctoit concentrique , Sc un autre arc irife de meme & oppofe
au premier par fa convexite , de telle faijon que le point de contadl des
deux cSnvexites, etoit le zenith.
Le 17 Novembre i(?S4, vers les dix heures du matin , globe de feu, de
couleur bleuacre , vu a Saint-Aubin en Bretagne pendant fept a huit mi-
nutes. Sa queue qui etoit oppofee au foleil , jettoit des efpeces d'etincelles.
Le 15 Septembrc 16815, au golfe Grimaud en Provence, la mer ecanc
calme & leCiel ferein , a quelques vapeurs presqui s'elevoient de 3 degres a
I'Orient , M. de Chazelles vit paroitre tout d'un coup fur I'horizon , le
difque entier du foleil, fort brillant , mais mal termine. Une minute
apres , comme fi le foleil fut retourne fous I'horizon , il ns paroilfoit plus
que la moitie de fon difque Eres-bien termiiiee & fort rougeatre. Enfuite
le foleil fe leva a I'ordinaire , mais fuivi d'une clarte fort vive qui faifoic
piedeftal, Sc fe changea en un cone de lumiere , dont la pointe touchoic
I'horizon lotfque le loleil fe fut eleve de la hauteur de fon diametre : une
minute apr^s elle difparut. (V. U par ilk du 18 JanvUr 1693.)
Le 2.1 Mai \6Sj , boule de feu de la grandeur de la lune, vue a Paris
vers le Sud-Oueft , 3 degres au delfus de I'horizon : elle dura 4 fecondes
en un niCme enJroit, & fe dillipa en plufieurs etincelles, dont quelques-
lines firent I'elfet d'une fufee.
Le 17 Avril 1689 , deux heures & demiedu matin , globe de feu tres lu-
mineux, vu a Heilbrun fur le Neer, pendant un quart d'heure, traverfanc
le Ciel depuis le dos de la Baieine a la tcte d'Andromede ou il fe perdit ,
lailTant une queue ondoyante de 60 degres, qui palfoit fur la tcte d'-^ries.
Le 19 Mars KJ91 , 6 i heures du matin, pareli^ dont le centre etoit a
11 degres da celui du foleil , au Nord , &C un peu pus pres de I'horizon. Il
parut de la meme grandeur que le foleil; fa lumiere etoit tres-vive, &
la partie tournee du cote du foleil, fort rouge , &refta rouge, taudis que
la partie oppofee devint bleue (a) , & enfin la place qu'ocrupoit le parelie ,
ne parut plus que comnie une portion d'arc-en-ciel que Ton auroit vue an
travers des nuages, entrecoupee de qu;lques bandes obfcures, & un peu
(a) Lorfc]u'on regar.Ic la lumiere d'une bougie au travers d'un verre tcrni par I'haleine,
Ic rouge de litis qui paroit aucour de la bougie , eft en dehors , Sc le bleu en dedans.
Tome III , Pariii FrancoiJ'e. E
34
COLLECTION
- ■ , -— — plus longue que large, ll dura io minutes, &c Ton n'en avoi't pas vii le
jtfAD.RoYALE commencement.
i-'Es Sciences H eft a remarquer que le demi-diametre de ces cercles blancs qui paroif-
BE i'ARis. fgj^j quelquefois autour de la lune , a ete obferve de 13 degtes & 10 minu-
Svpyi.t.vENT. [gjj j.giyj jgj Halos de ii degres 45 minutes j quelquefois les uns & les
autres de zi degres.
Le ii Mars itfpi, M. Caflini vit a I'Occident une lance de lumiere ,
haute de i 4 degres , large de deux , traverfee de quelques nuages longs Sc
paralleles a Thorizon J la couleur ctoit d'abord d'un jaune clair, & devint
par degres couleur de feu ; elle fembloit venir diredtement du foleil , &
fuivoit fon mouvement ; en un mot elle avoir beaucoup de tapporc avec
celle du 11 Mai 1:371.
La difference de relevation du mercure du barometre entre les tropi-
^ues, n'excede pas 5 ou 6 lignes felon le P. Beze.
Le 18 Janvier 169;, au'lever du foleil, a 7 lieures prefque 58 minutes
du matin , le Ciel etant couverr de nuages a I'Orient, a la referve S'un de-
gre a I'endroit dc I'horizon oule foleil devoir fe lever , on apper9ut dans cec
endroic une krniere eclatante de la largeur du foleil, dc qui s'elevoir per-
pendiculairemenc jufqu'aux nuages : enfuite on vit patoitre dans cette lu-
miere, entre des brouillards eclaires , I'lmage du difque entier du foleil,
d'ou selevoient des rayons perpendiculaires a I'hoiizoii qui alloient finir en
pointe a la hauteur de 10 degres.
Bientot apres, le veritable foleil parut aufli brillant qu'il eft dans les
terns feteins, & s'etant cache prefque tout entier dans les nuages, parut
un troilieme foleil de la meme grandeur , de la meme figure & dans la
mcme ligne verticale que les deux autres, ayant au-deflous une trainee de
lumiere femblable a celle que le premier avoir au-deffus. Ce premier foleil
paroilloit encore, mais fts rayons perpendiculaires commengoient a s'afFoi-
blir & a fe raccourcir , & les deux faux foleilss'efiacanr peu a peu , difparu-
rent entieremenr a 7 heures 58 minutes; leurs centres n'etoient^ eloignes
de celui du vrai foleil que de 54 minutes , au lieu que L diftance des pare-
lies ordinaires , eft de 11 4) quelquefois 45 , & meme 510 degres.
M. Caflini explique ces apparences par des fcuilles de glace difpofees de
maniere a reflechir les rayons du foleil une ou pli.fieurs fois foiis ces difle-
rens angles, & il regarde ce phenomene-ci co.vune de meme genre, mais
beaucoup plus complet que ceiix du ii Mai 1671, 1 j Septembre i(586, &
21 Mars 1691. Il eft meme fort porte a croire que ce foleil que virent les
Hollandois dans la nou*lle Zemble , 14 jours plutot qu'il ne devoir paroi-
tre, n'etoit quuno parSie de la nature de celui ci, d'autant plus que le
foleil ne leur parut fort clair que le 19 Fevrier a midi, etant eleve de 3 de-
gres fur I'horizon , dans le vrai lieu 011 il devoir paroure en erfet.
Le 10 Juin 1(^93 , a 10 heures iCi minutes du foir , le Giel etant trouble ,
& la lune au travers des brouillards paroiilant tres-pale & mal terminee , .
M. Caflini appcrcur du cote du Midi romme un petit nuage hlanc de
meme hauteur que la lune , c'eft-a-dire a 11 degres 40 minutes, eloigne de
cet aftre de 23 deg. 40 min. & qui fuivoit le mouvement de la lune ; c'ctoit
un parafclene. Hen parut un autre du cote du Norj, a 10 heures 54 rninu-
ACADEMIQUE. j5
tes , <lo niLTno a 2 5 cJci^rcs 40 minutes de la lune. Sa clartc qui ctpit d'abord .._„
tics foible, augm^jiu.i par degrcs jufqii'i cgalcr celle du premier qui s'affo'- Acab.Royale
hlit peu a p.'ii , & difp.iruc eiuieremenc a 10 heures 5 1 minutes. Le fccar.d pes Sciences
s'cvanouic a 1 1 heures. P^ Paris.
Le 1 9 Juin il vie un arc en-ciel qui , ayant paru un peu avant le coucher SuteLiMS^T.
du foleil , ne di.'paruc qu'un demi-quar: d'heure apres le coucher de cec
afire. Au moment du coucher Tare ctoic de84degres, fa hauieur de 42
de^. a. 8 heures S rmin. de 42 deg. 20 min. a S heures 1 1 miii. 50 fee. de
45 deg. 40 min. .i S heures i j min. il difp.iruc; d'ou il rcfulte que les va-
peurs oil cec arc fc formoic , ccoienc elevees un peu plus de 3000 pieds.
Le 7 Dccem'ore 1(594 > ^ 7 r heures du matin , M. Caffini qui naviguoit a
la hauteur de Chiavari , vie le foleil fe lever a la pointe du Cap Mefco , fous
la forme d'une colonne de feu ariondie pat le hauc, traverfee d'un nuage ,
& qui , ,a mefure quelle s'clevoit fur I'horizon , fe retrecilloit par le milieu ,
jiifqu'a ce qu'elle prit la forme de deux foleils qui fe touchoienc, 6i don:
I'un ccoit au-delfus de I'horizon , & I'autce a moitic au delTous. lis fe fepa-
rerenc , & le veritable s'cleva a mefure que le faux s'abailloir.
Le 1 5 Mai i'j99 , fur le; neuf ou dix heures du matin , on vit a Marfeille
un grand cercle blanc & vivement marque, de (>9 degres de diametre , paf-
fant par le centre du foleil , ayant le fien dans la ligne du zenith , & s'eten-
dant fur des nuees ou fur des vapeurs parallelement a I'horizon. LTn autre
cercle d'environ 22 degres de rayon, couronnoit le foleil auquel i! etoic
concentrique. Dans les deux points oii cette couronne & le cercle hori-
zontal fe coupoienr, on vie deux parelies foibles; on en apper^ut d'autres
encore plus foibles au-del.i de ces intetfedions, 6i cela a diverfes reprifes.
Ce phenomene dura en tout plus de deux heures &c demie.
M. de la Hire obferva le matin du I i Mai 1701, a I'obfervatoire , un
rayon lumineux perpendiculaire a I'horizon , 8c egal au diametre du fo-
leil dans toute fa hau:eur, qui etoic d'environ 9310 degres. Cette lumiere
a paru quelque terns avant tS: apres le levee du foleil; le Ciel etoit brouillc
de petics nuiges couches en long fur I'horizoa qui tracoient de petites
bandes noires lur le difqii.2 folaire , & faifoien: paroirre comme des de-
chirures vers fes bords. Ce phenomene a du rapport avec ceux obfervcs
par \i. Caffini en Kj/i & kJ^z. M. de la Hire I'explique endifant qu'il
arrive aux rayons du foleil qui renconcrent les nuages dont on a parle ,
la mime chofe que ce qu'on appergoit lorfqu'on regarde la lumiere d'une
chandelle au ttavers d'un verre qui eft un peu gras, Sc quand on I'a frotte
avec la main dun cettain fens ; car il s'y forme alors une infinite de
petits fiUons dont la partie elevse tenvoie la lumiere vers I'ceil, & Ton
voir ces rayons etendus felon la perpendieulaire a la diredion de ces fiUons.
Le rayon de lumiere doit paroitre a peu prcs egal au diametre du corps lu-
mineux, parce qu'il n'y a que ceux qui rencontcent perpendiculairemenc
la diretlion des fillons, qui pailfent fe rcllechir vers I'dil.
II rcfulte des obfervations qae le P. Feuillee a faites en 1707 & 170S
fur la hauteur du baromecre dans I'Ifla de ivialthe , comparees avec cel-
les qui one etc faites les mCines jours a I'oblervatoire de Paris, que la dif!e-
Eij
jff COLLECTION
^^^^^^^^^^^ rence de hauteur obfervee dans les deux endroits , varia entre fix lignes Si
Acad. Royalb una demi-ligue , & que les vents n'etoient pas les memes.
^DE Pa^ris^^ '-^ '' ^"*' ' '^°^ ' °" ^'^ ^ Clermont en Beauvoifis , autonr du foleil, una
c„ . ' couronne fpacieufe & parfaitementronde qui avoir les couleurs de I'arc-en-
OUPi'l.tiUENT. iTl-.-'r Jl ■ Jo
ciel. II sy joignoir uneelpece de colonne qui rournoit un peu en rond Sc
avoir les mcmes couleurs , mais plus foibles ; elle ecoit audi un peu moins
large. Le lendemain le meme phenomene reparut encore , a cela presqu'au
lieu de la colonne , c'etoient deux petites couronnes qui fe joignoient a la
grande.
Le 50 Juiller, vers le coucher du foleil , il fe fit un orage adez long, &
dans le milieu de fi duree , le ciel s'eclaircir un peu vers le couchanrj il
eroir forr rouge , &c enrremele de nuages epais. M. de la Hire vit alors
a I'Orient un arc-en-ciel tres-bien forme , &c qui etoit un demicercle par-
fait, parce que le foleil eroir a I'horizon : cer arc-en-ciel n'ctoir que d'un
rouge afTez dair & alfez vif , a I'exceprion d'une perite bande bleue qui le
terminoit en dedans. La partie du ciel renfermee dans Tare , ctoir audi
d'un rouge afTez clair , mais beaucoup plus foible : au dehors le ciel droit
noir , & Ton appercevoit le fecond arc-en-ciel rouge aufli , mais foible
comme il doit I'ctre.
Le 9 Avril 1708, a une Heure apres midi, a I'Obfervatoire , M. de la
Hire vit autour du foleil un grand cerde lumineux tres-regulier, dont le
foleil occupoit le centre, &c qui avoir 5 (5 degres de diametre , & i { degre
de largeur. Le bord interieur de cer anneau etoit rougeatre 8c alTez bien
termine ; I'exterieur etoit blanc Sc fe noyoit avec le ciel comme une penom-
bre. Le ciel qui paroifToir au dedans du cerde etoir obfcur & principale-
ment a I'endroir ou le cercle le touchoit j mais ce qui etoit au dehors etoit
beaucoup plus clair 8c plus blanc. Tout I'air etoit alors rempli d'un leger
brouillard for eleve.
Le 6 Decembre 1713 , a huit heures quarante minutes du matin , I'hori-
zon etant charge de vapeurs epailTes, M. Caflini apper^ut autour du foleil
un cercle lumineux qui eroit interrompu par quelques nuages ; le foleil en
etoit le centre , Sc deux parelies mal termincs eroient aux deux extremites
du diametre horizontal qui etoit d'environ 45 degres. La lumiere de ce
cercle diminua peu a peu, 8c le foleil s'etant eleve au-delTus des vapeurs,
il n'en refta aucun veftige a neuf heures Sc deiiiie.
i^
ACAD^MIQUE.
37
M<
Sur la Pefanteur.
Acad. Ro-^ ALE
DEs Sciences
DE Paris.
1 ONSIEUR de Roberval cnit que pour connoure la pefanteur , il nons fau-
droit quclque fens particulier &c ipecifique done nous manquons.
M. Frenicle & Mariotce fiippoferent une inclination naturelle que les
parties d'un corps ont a fe tenir jointes enfcmblc , & une attraElwn par
laqueile la terre rappelle les fiennes lorfLju'elles s'cloignenr. lis alleguerent
laiinant, les petites gouttes d'eau , le mouvement pat lequel de petites ai-
guilles trcs-legeres & qui nagent fur I'eau , fe vont chercher les unes
les autres, les tuyaux capillaires de verre ou I'eau monte a un pouce ou
deux , mais non le vif argent , a moins que Ic tuyau ne fut de quelque metal,
exceptc neaninoint de fer ; une goutte de firop qui defcendant du bout d'uti
baton , & ayant file quelque terns , yient enfin a fe rompre en deux & tombe
du cote d'en-bas en goutte ronde , tandis quelle remonte du cote d'en-hauc
vers le baton , &c.
M. Frenicle avoit obferve trcs-exadement qu'une balle de moclle de fu-
reau qui avoit environ quatre lignes de diametre , etant tombee de vingt
pieds de haut , n'augmentoit plus fa viteffe j qu'un autre corps encore plus
leger, ceJoit de I'augmenter a douze pieds, & que la balle de moclle de
fureau & une de plomb de mtme volume tomboient egalement vite, quand
ellcs ne tomboient que de quatre ou cinq pieds.
M. Mariotte prouva que la premiere viteffe dont un corps pefanc com-
mence atomber, u'eft point inhniment petite, mais d'une quantite derer-
minee , parce que d'apres I'experience , un jet d'eau vertical choquant direc-
tement un corps pefant fufpendu a un fil, ne le foutient , le fil ctant coupe ,
cue dans le feal cas ou la viteffe des premieres parties du jet , furpaffe autanc
la premiere viteffe dont le corps tend a tomber , que fa pefanteur furpaffe
celle des gouttes d'eau qui font les premieres parties du jet.
M. Perrault, entr'autres objedions contre I'attraction, dir que fi elle
avoit lieu, les corps qui tombent dans un puits fort profond, diminue-
roient fenfiblement leur viteffe en defcendant Qu'un plomb le lono-
d'une niurai'le qui feroic au pied d'une montagne , inclineroit vers le pied
de la montagne. (Tout cela s'eft trouve vrni, ^: Tobjedion s'eft touinee en
preuve.)
La hauteur du Mont St. Michel prife depuis la greve jufqu'a I'horloge qui
e(V fur le milieu de I'Eglife , fur trouvce de 6^ toifes, & la difference de
hauteur du mercure dans le barometre fimple , etoit de quatre lignes &C
demie. [Annie ifiSi.)
Le 7 Dccembre i (58 1 , M. de la Hire trouva la hauteur du mercure dans
le barometre fimple au fcmir^eT: du Mont Clairet, pres de Toulon, de x6
pouces4i lignes, & trois heures apres au bord de la irer de 28 pouces 1
lignes. La hauteur du Monc Clairet fut trouvce de 2S7 toifes. ( Annie
i(?Ki.) ^
M. I'icart a determine le rapport de la gravite fpccifique de I'eau a telle
jS COLLECTION
^ j^ |,_^.^^ commc 9<Jo a un , & celui da lagravice fpecifique de I'eaii de mer
AcAD.RovALE ^ I'eau de la Seine , comme 4 5 a 44.
DEs Sciences Le vin pefe - moins que I'eau.
DE Paris. r h t
SveeLi.uEHT-
Sur la differentc longueur du Pcndulc a differentes latitudes.
Par Af. Richer.
J-j'uNE des plus coiifiJcrables obf:rvations que j'.ii fjites , dit M. Richer,
ell "Telle de la longueur du pendule i lecondes , iaquelie s'eft trouvce plus
courte X Cayenne qu'a Paris d'une ligne £<. un quarc. La nicme mefure qui
avoir ete marquee a Cayenne fur une verge de fer , fuivant la longueur qui
s'ctoit trouvee necelLiire pour y faire un pendule a fecondes de tems , ayanc
ete apportee en France &; comparce avec celle de Paris , celle-ci , qui eft de
5 pieds S - lignes , s'eft rrouvee plus longue d'une ligne & un quarr. Cette
obfervation a etc reiteree pendant dix mois enciers ou il lie s'eft pas palFe de
feniaine quelle n'ait ete faite plufieurs fois avec foin. Les vibrations du
pendule fimple done on fe fervoic etoienc fort petites & duroient fort fen-
fibles juTqu'a 41 minutes : on les a comparess a celles d'une excellente hor-
loge a fecondes.
Ayant mis le barometre au pied de la montagne de Notre-Dame de-la-
Gatde , en un endroit ou le mercure fe tenoit precifement a la hauteur de
28 pouces , & I'ayant porte enfuite fur la montagne a la hauteur de 1070
pieds , le mercure fe trouva bailfe de i(j lignes & un tiers, &c fur le Mont
Coudon , d'un pouce 5i onze lignes pour 184 toifes de hauteur. Remarquez
que le lieu le plus bas de I'obfervation etoit encore elevc au-delFus de la mer
d'environ 60 toifes. ( Anciens Mcmoires , Tvim FIL)
Sur la longueur du Pendule.
J_iE z8 Avril 16S2 , on trouva a I'lfle de Goree la longueur du pendule a
fecondes de }6 pouces 6 -j lig. 2 lignes plus court qu'on ne I'avoit trou-
ve en France avant de partir , &: ^ ligne plus court que M. Richer ne
I'avoit trouvc a Cayenne.
La meme annce elle fut trouvee aux Antilles de 5(? pouces 6 ~ lignes.
En 16S0, a Louvo qui eft a peu pres fous le meme parallsleque Goree ,
elle fut determinee par le P. Gouie , Jefuite , &: Compagnie , a }6 pouces
6 -i lignes au plus.
En Novembre KJgy , M. Couplet crut conclure de fes obfervations
que le pendule de fon horloge , pour marquer le tems nioyen , devoi:
etre plus court a Lisbonne qua Paris , de i i lignes ; mais cette con-
clufion n'a point ete confirmee par les faits , Si ne paroit point avoir ete
adoptee par les Savans.
ACADEMIQUE. 39
En Septembrc , Odobre & Novembre 1704, le P. Feuillee troMva la • • ■■
longueur du pendule a Porto-lklo , de 3 pieds 5 lignes y'^. Acad. Rov ale
En 1 706 le mcme I'ere la trouva a la Martinique de 3 pieds 5 li- i'Es Sciences
ones -°. ^^ Paris.
Le mcme Pcre Feuillee ayant fait diverfes experiences avec fon ario- SueeUitEKT,
metre ou pefe-liqueur fur la fin de 1707 & au commencement de
1708, trouva que cet inftrument plonge dans I'eau de la mer a Mar-
feille , en forte que fon txtremite eroit horizontale avec la fuperficie de
I'eau, pefoir i. onces. j_ dfagmcs. , g J._ graiat.
A Toulon dans I'eau de mer 2. j. cj,
A la rade de Cagliari. 2. j, tg.
A fix lieues des cotes de Sicile , dans un
endroit ou I'eau de U mer etoit trou-
ble - 2. J. j8.
A Malthe 1. j. jy.
A Malthe, dans la meme eau de mer
filtree trois fois a travers du fable.. 2. 5. jg.
A Malthe, dans de I'eau de Fontaine... 2. 3. jpi
A Malthe , dans I'eau de la citerne de
M. le Commandeur de I'Encelot. ... 1. 5.
19-
O P T I QU E
c . •
kJ I 1 on ferme un ceil, & qu'on arrete I'autre fur un point fixe fitue a
la hauteur de cet ocil , & eloigne de neufou dix pieds , alors on perd de
vue un objet qui fera deux ou trois pieJs plus bas que le point fixe, & a
cote vers la droite, d Ton fe fert de I'cEil droit, ou vers la "auche, fi
i'on fe fert de Tail gauche,... r.mdis qu'on voir d'autres objers plus
obliques . . . c'eft que cer objer va frapper juftement la bafe du nerf opti-
que qui eft audeiius du milieu de ToEi!, Si \m peu a cote, tirant vers
Is nez; &c comme la rctine recouvre cette bafe du nerf optique, &: que
la choro'ids manque precifement en cet endroit, M. Mariotte en conclut
q'le c'eft.Ia choroi'de & non la rctine qui eft I'organe de la vifion , ce
qui fur vlvement contredu par Mrs Pecquet 6c Perrault, & donna lieu
a une difpute vive oc favante qui fe trouve tout au long dans I'annee 16 j&.
Sur la dilatation apparentc dts objcts lumineux.
D
■'-j^ANs line operation geographique qui tendoit ,1 determiner^ l.i vdri-
ta.-iie mefure de la terre, on rernarqua que les objtts !i;mineux, mcme avec
Li lunettes d'approche , piroilfent toiijours plus errands qn'iLs ne de-
vtoienc; car un des filets du foyer de I'objcdiit, do'nt la grolTeur ccoit Ja
40 COLLECTION
.. 1500' partie d'an nouce , occupoic dans une lunette de trente-fix poii-
Acad Roy^le ces un efoace d'env.ron quatre lecondes , & cependant il ne cachou qua
UES Sciences moiiie un feu de ciois pieds de lar^eur qui , felon la dirtance ou il etoic,
DE Paris. n'auroit du etie vu que fous un angle de trois fecondes quatorze tierces.
SvypLiMSNT. (^Jnnie 1670.)
Sur la Refraclion.
X YCHO fut prefque le premier qui decouvric la refracilion ; il trou-
va que les vapeuts de la cerre eleveiit les aftres de plus d'un demi-degte
quand ils font a I'horizon, &c il crut quelle alloit diminuant jufqua la hau-
teur de 45 degres oij elie celToit. Delcartes au contcaire pretendoit qu'elle
ne devoir celTer qu'au zenit , Sc fon fcntiment fut confirme par I'experience
& par les obfervations de Richer a Cayenne. La refraftion peut clever le
foleil a rhorizon de 3 2 min. 20 fee. meme jj min. a la hauteur de i deg.
10 min... 25 -J min. a 3 deg. 20 min... 15 4 min. a 4 deg. 50 min. lo-jinin.
a 7 deg. 4 5 min. 6 -^ min. a 1 5 deg. 34 min. 3 j- min. 3220 deg. 1 j- min,
a 25 deg. 2 min. a 3 2 deg. i ■; min. a 43 deg. i min. a 61 deg. i min. a 70
deg. 4 min. a 80 deg. 10 fee. a8S deg. 1 fee. [Annk 1671.)
M. Picard s'apper^ut qn'au lever du foleil , le bord fuperieur de cet aftre
lorfqu'il touche I'hori^on , a une refradtion plus grande de 25 fecondes que
le bord inferieur lorfqu'il vient aufli a toucher I'horizon. D'ailleurs les rc-
fradtions varient non-feulement au5t diverfes heures d'un meme jour, mais
encore aux memes heures de differens jours, & par le plus beau terns.
Sur le Cry/lal d'J/Iande ,
Par M. H u G H E N s.
L \u N rayon tombant fur une des furfaces du cryftal d'Iflande , fe par-
tage en deux, ce qui fait paroitre doubles les objets vus au travers, fur-
tout ceux qui font appliques tout centre.
II. Le rayon perpendiculaire fe rompt , & il y a des rayons obliques qui
palTent tout droir.
III. Aprcs que les rayons qui font tombes d'un certain fens fe font rom-
pus, ils fe detournent a droit ou a gauche du plan perpendiculaire oil ils
etoient en tombant.
IV. Un rayon s'ctant partage en deux a la rencontre du cryftal, I'un des
deux nouveaux rayons qui s'en font formes , a une certaine refracflion
reglee par une proportion conftante des finus, ainfi que dans les autres
diaphanes; I'autre a une refradlion reglee par d'autres grandeurs , & cette
refraction difference de la leguliere , fe divife en deux efpeces qui fe re-
t, gleiK
ACAD^MIQUE. ^t
glent par deux fortes de proportions d;flcrentes, felon que les rayons font ______„_„„
tombes d'un certain fens on d'un autre. Comnie dans la double retradion . j7 '_
dun mc-me" rayon, la regaliere a^compaj^ne toujours I'une ou I'autre des des'scie'n'-fs*
deux irrcgulieres, il arrive qu'un pnpiet ecrit etant pofe fous ce cryftal , les ce Paris.
lettres paroillcnt ecrites comme dans deux etages differens tout a la fois. Sv??LtMiiir.
L'etace proiluit par la rcfradioii reguliere aui ne change point , eft tou-
jours a la mc-nT; hauteur ; mais I'autre eft plus haut ou plus bas felon cells
des deux refradions irregulieres qui agit alors.
M. Hughens avoit aulfi apper^u la double refra(5Hon dans le cryftal de
rochc ; mais I'nne & I'autre ctoit reguliere, ds: il I'expliquoit par une •
double emanation d'ondcs circulaires, I'une un peu plus lente que I'autre.
Il tacha aulli d'expliquer la double rc'Fraftion du cryftal d'lilande par deux
fortes d'ondes, les unes circulaires aiixquelles il aflignoit la refrattion re-
guliere , & les autres ovales auxquilles il attribuoit la retrattion irreguliere ;
mais il avoua avec le courage dun grand homme , que les phenomenes
fuivaiis echappoient a toutes fes explications.
V. Deux morceaux de cryilal d'lflande etant pofcs de forte que toijj
les cotes de I'un foient paralleles a ceux de I'autre , foit qu'on laifte ou
lion de I'efpace entre deux, un rayon qui fe fera portage en deux dans le
piemier cryftal, ^ qui aura fait une refradlion reguliere & une irregu-
liere , ne fe partagera phis en entrant dans Le fecond ; mais le rayon
qui a etc fait de la refradion reguliere , y en fera encore une , & de
meme I'autre rayon fuivr.i fa route. Dans une autre pofition des cryf-
laux , les deux rayons venus d'un feul rayon en palfant du cryftal fupe-
rieur a I'inferieur font echange de leurs refradlions : dans routes les au-
tres pofitions , un rayon fe repartage de nouveau en deux. ( Annie i6j^.)
D
Qudques faits rclatifs h TOptiquC'
Par M. M A R I o T E.
A N s les opales & la nacre de perie , un mcme endroit paroit fuc-
ceffivement rouge ou verd, felon qu'il eft vu plus ou moins obliquement.
Dans la gorge de pigeon , ce n'eft pas le meme endroit de la plume
qui paroit rouge ou verd, ce font <Iifterentes parties de la plume qui
font alternativement rouges ou vertes , ainfi qu'on le voit au microf-
cope ; &c c'eft ce que I'art a imite dans les etoffes changeantes ou la
trame eft d'une couleut 5i la chalne d'une autre.
Une jonquills vue au travers de la flamme bleue de I'eau de-vie, pa-
roit verte.
Le bois de Brefil , bouilli dans plu.leurs eaux, y laifTe prefque route
fa teinture rouge , fans que la confiftance de fes fibres en re^oive aucune
alteration fenfible : bouilli trois ou quarre heures dans le jus de citron ,
ne lui donne aucune teinture appatente, a nioins qu'on ne verfe quel'
ques gouttes d'huile de tartre.
Tonii III , Panic Fran^oife. F
it
COLLECTION
;^^s;;=:^s Le corail rouge perd en peu de terns route fa teinture par un feu
AcAD.RoYALE mediocre.
DEs Sciences Le jus de citron enleve toiue la rongeur du corail fans fe I'approprier.
Les plumafliers font paller dans leurs plumes la couleur des laines
teintes en ecarlate , fans qu'elle en regoive aucune diminution fenlible
de beaute.
Si Ton met fous un rubis de I'eau contenue dans un vafe dont le fond
foit obfcur , la couleur du rubis difparoitra prefqu'entierement. ( ^n-
nee icJyp.)
DB Paris.
Svfpf,ia/BiiT.
Sur la difference du feu folaire & dc notrc feu ordinaire.
J—/ A chaleur du foleil ne fe fepare point de fa lumiere en traverfant lei
corps tranfparens; mais ces memes corps qui donnent pafTage a la lu-
miere du feu, femblent arreter fa chaleur.
M
Sur la RifraSion.
. o N s I E u R de la Hire obferva au fommet du Mont Claifet Tangle du
iiiveau apparent de la mer avec Thorizon veritable , qu' il trouva de 3 9 min.
io {qc. d'ou il conclut , en fuppofant le demi-diametre de la terre de
3169197 toifes,que la refradiion elevoit le niveau apparent de la mer
de 5 min. 46 fee. {Jnnie i6'ii.)
Obser VAtions de Thoriyon de la mer faitesfur la Montagnc
de Notre-Dame-de-la-Garde , pres de Toulon.
Hauteur
Bassesse apparente
au-defTus du niveau
de I'horifon
de la Mer.
de la Mer calculee.
I 08 J P''<Js. lo-i P«"«s.
2 g minutes, j § fecond.
72J. JO.
29. iS.
5 5 5- ^^
25. 25.
3'Ji. 7i.
20. 54.
270. 0.
17. I.
175- 2.
14. 41
9. 0.
3. 18. j
A C A D E M I Q U E. 4J
^——————•'-~ ACAD.ROYALE
DES SciENCHS
Sur tcffct dune cicatrice a la comic tranfparcntc, de Paris.
\^ N homme ayant etc bfefle dans I'ccil d'un coup qui avoit fendu la
coinee, fans coutefois en faire fortir I'humeui" aqueufe , la plaie s'ecant
cicatrifee , il demeura au milieu comme un fillon qui alteroit la co:)-
vexite rcguliere de cetce membrane , & formoit comme deux convexi-
tes, ce qui faifoic que cet homme voyoic les objecs doubles aveo cec
cell {Tomt IX.) -
Circonjlancc remarguabk dc roceultation d'une itoUc par la lunc.
J— lE 7 Mars le P. Feuillee , Minime, en obfervant roceultation d'une
ctoile par la lune , remarqua que I'etoile , apres avoir touche le bord
lumineux de la planete , ne lailFa pas de paroitre pendant quelques fe-
condes fur fon difque eclaire, fur lequel elle parut avancer, apris quoi
elle difparut tout-a-tait j ce que le P. Feuillee expliqua en fuppofant une
athmofphere a la lune : mais M. de la Hire ayanc repcte cette obferva-
tion & remarque que I'etoile s'etoit avancce coujours d'un mouvemenc
egal vers le bord de la lune , ce qui ne pouvoic avoir lieu fi la lune
euc eu en efFet une athmofphere plus rare ou plus denfe que le rede de
I'ether , il conclut que I'apparence du corps de I'etoile fur le difque
eclaire de la lune , devoir etre atcribuee a la lumiere du corps de la
lune qui paroir toujours plus grande qu'elle n'eft en efFct , lors meme
qu'on la voir avec une grande lunette , en forte que le corps de I'eroile
qui eft beaucoup plus brillant que le corps de la lune, peut paroitre
au travers de cette lumiere apparente , &c que I'Dccultation ne fe faic
que lorfqus I'etoile touche le veritable bord de la lune. [Annie ifJpp.)
Sv?fLt.'UEUT-
Sur Us images multiplUcs d'une bougie vue dans une glacC'
y,/ u A N D on eft proche d'ufrmiroir , & qu'on y regarde d'une ma-
niere alFcz oblique a fa furface, i'imnge d'une bougie qui en eft proche
audi, on la voir multipliee plufieurs fois , & ces images muitipliees
quelquctois au nombre de quatre ou cinq , vont toujours s'affoiblirtanc
depuis la premiere & la pnncipale. De mcme fi IHan voit daps I'obf-
curite un objet lumineux comme une bougie , au travers d'un verre
plat & bien poli , on le verra multiplie plufuurs fois, Sc les image-;
diminuanc de vivacice par degrcs, & feparees par des intervalles egaux ,
Fij
44
COLLECTION
— le rout d'flUtant mieux & plus dilHnaement , que la ligne tnetiee tie I'ob-
jec a Iffiil , fi-Ta plus oblique fur le verre , ce qui fuppofe plufieurs rc-
^^t\f:^^^jt\^ flexions i^e la mcme imaoe d'une furface a I'autre , & que ces furfaces
DE Paris. ne font point parallels. {Annee 1699.)
SutfLiMBNT.
Sur les RefraSions hori:^ontales.
J..-.0NSIEUR Caflini a conclu des obfervations faites par M. Richer
a Cayenne , que vers I'Equateur , les rcfraftions liorizontales etoien:
moindres que celles de notre climat d'environ uii tiers, & que cette
difference alloit en diminuant jufqu'a la hauteur de 60 degres , apres
quoi elle celToit prefqu'entid'-ement jufqu'au zenith j & fi les obferva-
tions des Aftcouomes Suedois font juftes , les refrsttions horizontales i
Torno , font prefque doubles des notres , quoique le barometre ait les
memes'h.niteurs & les memes variations a peu pres a Stokolm qua Pa-
ris *. [Annci 1700.)
* Par les obfervations des Academiciens de France en 175 <5, la refraction fe trouva
enLaponie conforme aux tables de M. Caflini. M. de la Caille I'a trouvee plus petite
au Cap qua Paris de 4^5'- M. Bouguer I'a trouvee plus petite dans I'lfle de I'lnca , d'un
feptieme quelle n'cft en Europe , favoir la rdfraaion horizontale de 17 min. & a (S
dee. dc hauteur, de 7 min. 4 fee. t- r\i
Les refraftions de la nuit font toujours plus grandes que celles du jour. En Dicem-
bre I7?8, M. Bouguer trouva la refraflion horizontale a Chimboraco (1388 toifes
au-delfus'du niveau de la mer) de 19 i min. a la croix de Pitchincha (1044 toifes)
de 10 min. 48 fee. i Quito (147? toifes) de ix min. 50 fee. douil a conclu que
dans la Zone Torride, la matiere refraaive ne produit plus d'eftet fenlible au-dellus
de 5158 toifes. . n - , /r n-
La variation dc la r^fraftion relative au baromctre , eft a la refraaion moyenne,
comme la variation du baromctre eft a fa hauteur moyenne, regie adoptee par les plus
habiles Aftronomes. M. Mayer a trouve que la refraaion moyenne changeoit de
— '• pour M lignes de variation du baromctre, ou pour 10 deg. du thermometre , en
prenant pour fi^fraaion moyenne celle qui ripond a z8 pouces du baromctre & a
o deg. du thermometre. M. de la Caille a trouve que pour 10 deg. du thermometre, il
ne falloit compter que -^'- dc la refraaion moyenne. , , , „
Hanksbc^e a rrouvd par des experiences faites fur un air condenfe au double & au
triple , que les r^fraftions font proportionneUcs i la denfite du milieu. La Socicti
Royale de Londres a trouvi qu'un rayon qui paffoit du vuide dans 1 air le rompoit
& a mefur^ cette refraaion. rAcademie des Sciences de Pans trouva en 1700 qu .1
ne fe rompoit pas en palTant dans un tuyau vuide d'air dont un bout etoit tcrmine
par un verre plat perpendiculaire a I'horizon , « I'autre , par un vcrre kmblable in-
cline dc 45 deg. \Voyei I'Aponomie de M. ds la. Lande.) ^
A C A D £ M I Q U E. 45
Acad. RoYALE
„ , „,/,_. D£S Sciences
<iur la Rejradion. de Paris.
J_iA refradtion terrcftre eft a pen pres la neuvieme panic de* Tare de
ia terre compris entre le lieu de I'obfervateur & le lieu obferve : elle
eft fujette a des variations fort irregulieres. On voit des cotes de Genes
& de Provence les montagnes de 1 Ifle de Corfe a ccrtaines heures du
jour, & a d'autres heures on ne les voit plus. Les refradions voifines de
rhorizon , font fort zffi£tees par les vapeurs & les fumees qui s'^le^ent
au Nord de I'obfervatoire de Paris , de defTus cette grande Ville. Les
vapeurs Sc I'lnimiditi; de I'air influent beaucoup fur cts refra(5tions.
Le Pere Laval , Profefleur d'hydrographie .-i .Marfeille , a trouve que
Tare de la circonfcrence de la terre , compris depuis fon obfervatoire
eleve de 144 pisdsjufqu'a {'horizon, varie entre 14^ min. &c 11 min.
4(j fee. M. Callini, apres la hauteur de cet obfervatoire & le rayon de
la terre connu> , determine Tare de la circonfcrence de la terre qui
doit en etre apper9a , a ij min. 14 fee. &; attribuant les diminutions
apparentes de cet arc aux retradions , il ci-.;it que les augmentations ap-
parentes viennent de ce que lorfque Ton pointe la lunette a I'extremite
de rhorizon de la mer pour faifir la ligne ou la mer paroit fe joindre
au ciel , il arrive que la mer en cet endroit agiffant comme miroir , re-
Hechit I'image du ciel qui fe confond avcc le ciel mJme, 8c fair que
pointant la lunette trop bas, on trouve un arc trop grand.
Lorfque la mer a ete groffe , ou que I2 NordOusft ou le Sud-Eft
ont ete frais , & que lair a ete rempli a 1 horizon d'une brume deliee ,
le P. Laval a trouve que la refraiftion ecoit ordinairement moindre.
I« refraiflion d'un aftre , vu au travers d'un nuage , n'tft pas plus
grande. [Annce 1-06.)
Du haut du rocher nommc Saint -Pilon, qui eft au- defTus de la
Sainte - Baunie , & dont la hauteur a ere condue de 48 1 toifes
au-dellus du niveau de la mer, le P. Laval a trouve que la va-
riation apparenre de I'horizon de la mer ctoit comprife entre 55 min.
&^ 57 min. 4 fee. {a) qui font des limites plus ecroites que celles dii
meme horizon vu de fon obfervatoire, &: ce!a fans aucun rapport avec
la pefanteur ^ la chaleur de I'air. Seulcment il a remarque que lorfque
les refraftions elevoient le plus I'horizon , I'nir etoir alTez ferein & le venc
de Sud-Oueft foible, & qu'au contraire lorfqu'elles ont laiiTe paroitre
I'horizon le plus bas , il y avoir une brume 6c un vent de Nord-Oueft
affez frais. {.-innu 170S.)
* L'arc vcrltatle vu de cctte hauteur dans un milieu nniforme «t fans rcfraftion ,
a hi cakuli; de j8 min. 57 fee.
SvifLiMiHT'
^6 COLLECTION
jAcAD. ROYALE
DES Sciences
DE Paris.
Supni-UBNT,
DISSERTATION
SUR LES DIFFERENS ACCIDENS DE LA VUE ,
Par M. D E L A li I a E.
PREMIERE P A R T I E.
I. V>^ N diftingue ordinairement toutes fortes de vue par les trois noms
tie vue courbe ou force, vuc longue on foible, & bonne vue ou vue par-
faite. Ceux qui ont la vue courre peuvenc voir diftiniSement les objets
qui font fort proches, &c ne font qu'entrevoir les objets tloignes : ce font
les Myopes. Au concraire , ceux qui ont la vue longue & que Ton ap-
pelle Presbytes , voient mieux les objets eloignes que ceux qui font
proches. Enfin , ceux qui ont la vue bonne 6c qui ciennent le milieu
entre les Myopes & les Presbytes voient fort bien les objets qui font
dans une mediocre diftance comme d'un pied , 8c femblablement ceux
qui font fort eloignes ; c'eft cetce forte de vue que Ton peut conUderec
comme la plus parfaite.
II me femble qu'il y a encore trois principaux accidens qui peuvent
arriver a chacune de ces trois fortes de vues qui leur caufent de grands
changemens.
Le premier eft I'imperfedion de I'organe qui peut etre dans les hun-«urs-
ou bien dans la I'etyie que je fuppofe le principal organe de la vue , quoique
je fois tres-convaincu de la vecite de I'experience de M, Mariotre. Le
fecond eft une dilatation extraordinaire de I'ouvertute de la prunelle
qui ne laiffe pas de pouvoir fe retrecir un peu dans la grande lumiere.
Le troifieme au contraire eft un grand refiferrement de cette mcme ou-
verture , qui peut pourtant s'entrouvrir un peu dans une grande obfcurite.
Quoique la prunelle fe dilate toujours dans I'obfcurite , & qu'au con-
traire elle fe referme a la lumiere , cette dilatation & ce rellerrement
ne font pas pourtant egaux dans toute forte de vues. Les enfans, parce
que leurs mufcks (l^i leurs tendons font encore fort mous , peuvent avec
facilite dilacer beaucoup I'ouvertute de la prunelle dans I'obfcurite, & la
rcflerrer beaucoup dans la grande lumiere. Le mufde de la prunelle peut
faire ces grands mouvemens , & il y eft force par la dclicnceire de la
retine qui feroit touchee trop fortement par une grande lumiere. Les
adultes n'ont pas cette facilite a ciufe du mufcle de la prunelle qui a
pris plus ds fermete ; & enfin les vieillards I'ont prefque toujours d'une
mcme grandeur dans I'obfcurite & au grand jour. La dilatation ou le ref-
ftrrement de la prunelle eft une chofe fort vifibie ; mais le defaut de I'cr-
A C A D E M I Q U E, 47
gane ne peut s'appercevoir, a moins que les humeurs ne foient troubles — ^
ik. blanclratres. ^Acad. Royale
II. J'ex.aminerai ce qui peut arriver a chaque vue en particulier avec dis Scu;nc£s
les accidens de la dilaracion ou du rellerremtnt de la prunelle , en fup- "^ Paris.
pofant I'organe ou defedtueux , ou fain. Pour ce qui ell de la caufe de Supplement.
la courte ou de la longus vue, on fait a(Tcz que ce n'cft que la con-
formation des humeurs 1?^ de tout le globe de ra-il. Je dirai feuiement
que ceux qui ont la cornee fort convtxe , ont pour I'ordinaire la vus
courte, a moins que le cryftallin ne foit fort plat, ou que tout le glo-
be de I'a-il ne foit fort petit , auquel cas cette convexite de la cornee
qui paroitroit extraordinaire, ne feroit pas plus clevie a proporcion au-
defliis de la fphere de ['cell , que dans un autre ail qui auroit une vue
mediocre.
II peut encore arriver qu'une vue fera courte , quoique la cornee foit
plare ; car fi le cryftallin ecoit fort convexe, les rayons qui viendroient
d'un point cloigne ne fouffriroient prefque aucune refraction en entrant
dans I'ocil ; mais comme la refradion feroit fort grande en palfant dans
le cryftallin, ils concourreroient avant que de rencontrer la retine , Sc
par confequcnt il y auroit de la confufion fur la retine & dans la vifion ,
ce qui n'arriveroit pas fi I'objet etoit proche de I'cEi! , car alors le con-
cours des rayons feroit plus cloigne du cryftallin.
III. On doit ttmarquer ici en palTant qu'une femblable conformation
d'humeurs n'eft pas futHfante toute feule pour faire une egale perfec-
tion de vilion , conime un ceil de deux lignes de diametre qui auroit
les humeurs femblables en figure a un ceil d'un pouce de diametre, ne y
pourroit pas voir les objets fort eloignes audi diftindtement que celui
qui a un pouce de diametre, a moins qu'il n'edt I'organe trente-fix fois
plus fin Sc plus ftnfible que celui de I'ceil dun pouce j car la peinture
d'un objet feroit trente-fix fois plus petite dans le petit ceil que dans
le grand , les fuperficies des globes de ces yeux etant dans la raifon
d'un a trente-fix. II s'enfuit de-la que les oifeaux , Sc printipalemenc
ceux qui vivent de proie, doivent avoir I'organe de la vue trcs fin , pour
pouvoiu appercevoir de fort petits animaux dans une tres grande diftance.
^ IV. La grandeur de Iceil , fa forme en general & celle de chaque hu-
meur en particulier , augmentent ou diminuent la peinture des objets
fur la retine ; c'eft pourquoi routes ces parries etant ditferentes dans la
plupart des yeux , il eft certain qu'ils ne voient pas les objets de me-
me grandeur , c'efta-dire que les mcmes objets dans un meme eloigne-
ment , n'y font pas des psintures egajes. Mais comme dans un meme
CEil tous les objets font augmentes ou diminucs dans une meme propor-
tion , des yeux difFirenrs jugeront tous de meme de la grandeur des
objets, en les comparant les uns aux autres.
Nous difons qu'un objet eft egal ou plus grand qu'un autre objet ,
lotfque fa peinture lur la retine etant egale ou plus grande que ceile
de lautre , nous ne connoifTons rien qui nous puilfe faire dourer de la
julteffe de la comparaifon que nous en faifons : mais il arrive raremcnc
que cette comparaifon foit jufte , a caufe que nous fommes prefque tou-
4? COLLECTION
jours trompe par la ciiftance de ra-il a I'objet; car fi denx objets font
AcAD.RoYAT.E leurs peintures egalcs (iir la retine &: que nous ne puiffions* avoir au-
DE5 Sciences cune connoiirance de leur diftance jufqu'a I'ceil, nous jugeons que ces
DE Paris. deux objets fonr cgaux, quoiqu'ili puillcnt ctre en eftct fore inegaux.
5vyrLt.\t£tiT. Ji^^^ contraire deux objcrs train entierc;nieiu egaux &: femblables, fi nous
jugeons que la diftance de I'un foic plus grande que la diftance de i'au-
tre , nous eftimeions que celui que nous croyons le plus eloigne , eft
aulTi le plus grand, quoiqu'en efFer ces deux objers faHenc leur peinture
ecile fur la rccine. (Ttft en parrie ce faux jiigemenc qui nous fait croire
que la lune cranr vers I'horizon , eft bien plus grande cjue quand elle
eft forr clcvee.
V. La grandeur apparenre d'un objet nous fert beaucoup pour juget
de fa diftance quand il nous refte une idee diftindle de la grandeur
appireine de ce ce tncme objet , lorfqu'il croit eloigne de notre ceil
d'nne diftance connue. Mais la grandeur apparenre d'un objet , c'cft-a-
dire la grandeur de fa peinrure fur ia retine etant toujouis accom-
pngnee d'une couleur qui doit paroicre moins forte quand robjet eft
eloigne que q land il eft proche, il s'enfuii que la couleur apparenre
d'un objet nous doit fervir beaucoup a juger de fon eloignement lorf-
que nous pouvons comparer les couleurs ; cat fi nous fommes aftures
que deux objets font d'une couleur egale &c fetnblable , & que I'un nous
Faroilfe quatre fois plus vif en couleur que I'autre , nous jugeons par
experience que celui donr la couleur nous paroit quatre fcis plus vive ,
eft fculemenr une fois plus proche de I'ceil que I'autre ; car la lumiere
fe repandant fpheriquemenr, une tneme quantire eclairera ou touchera
des fuperficies qui feront enir'elles , comme les qiiarres des dillances de
ces fuperficies jufqu'a I'objet lumineux. Ainfi a douze pieds de diftance
de I'objet lumineux , une fuperficie de quarre pieds ne recevra
pas plus de lumiere que celle d'un pied a fix pieds de diftance du me-
uieme objet.
La connoilTance que nous avons des couleurs des objets , nous fert
done aufli a juget de leurs diftances ; mais lorfque ces objets ne font
pas prefens , il ell: fort difficile d'en faite la comparaifon , car les cou-
leurs nous paroilfent differentes par leurs oppofitions ou accon-.pagne-
mens. Une couleur qui n'eft que de mediocre vivacite , paroir noire
Cote d'une fort claire j maiS cette meme couleur oiroitra claire a cote
d'une obfcure ou noire. La qualite de la lumiere qui eclaire les couleurs
les change confidcrablement ; le bleu paroit verd a la chandelle, & le
jaune y paroit blanc : le bleu paroit blanc a une foible lumiere comme
au commencement de la nuit. Les Peintres connoilfent des couleurs dont
I'eclat eft beaucoup plus grand a la lumiere de la chandelle qu'au jour.
Au contraire il y en a plufieurs qui, quoique tres-vives au jour , per-
dent entierement leur beaute a la chandelle : Par exemple, le verd de
gris paroK d'une tres-belle couleur a la chandelle, & lorfqu'il eft tres-
toible en couleur, c'eft-a dire lorfqu'on y mele une tres grande quan-
tite de blanc, il paroit d'un allez beau bleu. Les cendres qu'on appelle
ou vertes ou bkues, paroiifent a la chandelle d'un fort beau bleu ; les
rouges
a
ACADEMIQUE. 49
rouges qui tiennenc de la laque paroiffent tresvives a la chandelle, Sc " '"
les autres , comme la mine Sc le vermilion paroifTenc ternes. Acad.Royai.i
VI. On voic parce que je viens de rapporcer , qu'on ne fauroit jugsr nRS Sciences
qii'avec peine li un objct eft pins proche qu'un autre objet par la gran- ^^ ' aris.
deur de fa peinnire fur la recine , & par la vivacite de fa couleur , &c SueeLi.uENT.
qu'il eft plus difficile d'en juger quand les objers ne fon: pas prefents ,
que lorfqu'ils le font; ce qui eft ptefqu; impoffible quand on ne fe fere
que d'un feul cril, L'habitude que nous avons prife en regardant avcc
les deux yeux , nous fert beaucoiip dans le jugement que nous faifons
de I'eloigncment des objets lorfqu'ils font prefents ; car pour voir un
objet proche il faut donner aux deux yeux une difpofition fort difFe-
■rente de celle qui eft requife pour en voir un qui foit eloigne , & la
peine que nous fentons quand nous voulons voir un objet fort proche,
aprcs en avoir confiderc un qui etoit eloigne , ou au contraire, ne vienc
que de la difficulce qu'on a de diriger les axes des deux yeux vers le
nieme enJroit, & non pas de I'eftort qu'il faut faire pour donner aux
yeux des conformations diiferentes pour voir diftinftement les objets a
differentes diftances, ce que je demontrerai dans le difcours fjivant.
On peut faire I'experience fuivante pour connoitre la difficultc qu'on
a de juger des diftances avec un feul ceil. On fufpend un anneau a
deux ou trois pieds dc Tceil , 8c I'on tourne cet anneau en forte qu'on
n'en voit que le cote; enfuite ayant ferme un ceil on cprouvera qu'il
fera aftez difficile d'entiler cet anneau avec une baguette, fur- tout fi
I'on va un peu vite.
VII. La parallaxedes objets eft ce qui nous fert le plus a nous en faire
connoitre I'eloignement j mais il fnut que I'oeil change de pisce pour re-
connoitre lequel des deux objets eft le plus proche. Far example , ii deux
objets paroilFfnt fort proches I'un de I'autre dans une certaine poficion
de I'csil , lorfque loeil fe meut vers la droite , I'objet qui paroit aufll
s'eloigner de I'autre vers la droite eft le plus eloigne , &c I'autre qui de-
meure vers la gauche fera le plus proche; de mcme fi Tceil fe meut
vers la gauche, I'objet le plus eloigne paroitra aulli s'ccarter de I'autre
vers la gauche, & le plus proche demeurera a droit.
Vni. Eniin lorfque Iffiil peat voir diftiniflemcnt les petites parties
d'un objet, il juge que cet objet eft plus proche que celui dont il ne
voit les parties que confufement.
IX. Il y a done cinq chofes qui fervent a la vue pour juger de I'e-
loignement des objets , leur grandeur apparente , la vivacite de leur
couleur, la direction des deux yeux, la parallaxe des objets & la dif-
tindion des petites parties de I'objet. De ces cinq chofes qui fervent a
faire paroitre les objers proches ou cloignes, il n'y a que les deux pre-
mieres dont les Peintres puiiTenc fe (ervir dans leurs tableaux : c'eft
[)ourquoi il ne leur eft pas poftible de tromper parfaitement la vue dans
es decorations thcattales. On joint ces cinq chofes routes enfemble ,
& il ne faut pas s'etonner fi Ton ne fauroit fe defendre d'etre trompe. On
y diminue la grandeur des objets a ptoportion qu'on veut les faire pa-
roitre cloignes, & en mcme terns on diminue la vivacite de la cou-
Tomc 11/ , Panic Frangoifc, G
5'^
COLLECTION
■^^ leur. On reprefente fur difFerens tableaux qui font un pen eloignes les
AcAD.RoYAiE uns des autres , les parties d'un meme objet qu'on v^ut faire paroitrc 3
BES Sciences tJiff^fgntes diftances comme des colonnes dans un ordre d'architeiaure ,
BE ARis. ^g^ ^^^ j^^ j^^^ ^^^^ foient obliges de changer leur diredion pour
OVftiJ/uENT. appercevoir diftindtement les parties du tableau proche & de celui qui
£i\ un peu eloicne. Ce meme eloignement des tableaux les uns des au-
tres , fert audi a faire remarquer un peu de parallaxe en changeant la
pofition de I'ceil j & comme on ne conferve pas une idee diftinfte de
la quantite de la parallaxe fuivant la diftance des objets , il fuflfit de
connoicre qu'il y en a pour etre convaincu qu'ils font eloignes les uns
ties autres fans en determiner la dillancej c'eft pourquoi ces quatre clio-
fes fe trouvant enfemble , on juge d'abord que des objets alTez proches
doivent etre fort eloignes. Pout la derniere chofe qui pourroit un pen
decouvrir la ttomperie , on ne fautoit Tappercevoir a caufe du faux
jour des lumieres done on eclaire toutes les decorations.
X. Nous avons un endroic de la retine qui eft le plus fenfible de
tons pour etre touchd plus finement par les objets. Lotfque la poirrte
des pinceaux des rayons tombe fur cet endroit , nous voyons les ob-
jets bien mieux que lorfque les rayons tombent ailleurs. Nous prenons
done une habitude de tournet le globe de Tosil dune certaine maniere,
afin que les objets que nous voulons voir diftindement falTenc leur pein-
ture fur cec endroit de la tetine, Ce point de la retine doit etre natu-
rellement celui qui eft expofe diredement aux objets, afin quelle en
foit plus fenfiblement touchee ; cependant foit par une habitude ou par
un defaut de I'organe qui n'eft pas affez delicat dans cec endroic-la , il
y a des yeux qui font obliges de fe tourner de biais pour faire enforta
que les objets qu'ils veulent bien voir faffent leur peinture fur I'endroic
de forgane qu'ils ont le plus fenfible quoiqu'ils y tombent oblique-
ment, & c'eft le defaut des vues que nous appellons louches. (a)
De la J^uc courte.
XI. \J I une vue courte a les organes bien nets & bien fains & la pru-
nelle mediocrementouverte , elle diftinguera parfaitement les plus petirs
objets lorfqn'ils feront proches de I'ceil a la diftance qui eft necefiaire
pour faire que leurs im.iges foient diftindtes fur le fond de I'ceil; car
iimage de ces objets etanc fore graiide , la peinture des plus petites par-
ties occupera un efpace alfez confiderable fur la tedne, ce qui en ren-
(o) Si I'ceil louche nc fe tournoit de biais, lorfqu'on re5;arJe des deux vcux , que
pour reccvoir la peinture de I'obict quit vcut bien voir (tr I'cndroit le plus fenfi-
ble, pourquoi fe dirigeroit-il droit a I'objct des que le bon ceil eft ferrae ? Cette
objeftion eft de M. Jurin. ( V. un excelhnt Memom fur le Snulifme , par M, de
Buffcn, Annde 1743-)
ACADEMIQUE. 5*
dra la vifion plus diftinde &C plus partictilsrifce que fi elle n'occupoit __»
qu'uii ttcs-petit efpace ou il fe feroit roujours quelque peu de confufion. Acad.Royale
XH. Mais fi les humeurs etoient troubles, comme il arrive fouvent , des Scienxes
cette forte de vue ne pourroit s-oir iss objets que confufement , qtioique de Paris.
leur imaoe en fuc fort grande fur le fond de I'ceil , a moins que ce ne S'j?PLtMEtn-
fut dans un grand jour , ou la grande lumiere pourroit en quelque fa^on
compenfer I'opacite des humeurs. Ces vues font afteftees de la tneme
maniere que celles qui feroient bien faines , & qui vertoient les objets
au travers d'un crefpe blanchatre.
XIII. Si les humeurs n'ctoient point troubles, mais fi elles etoient teintes
feuiement de quelque couleur , comme de rouge ou de jaune , on verra
les objets teints de cette couleur quoiqu'o:i les vir fort diftinctement ;
& ce feroit a-peu pres de la meme maniere qu'on verroit une vue biea
faine qui regarderoit au travers d'un verre reint de ces memes couleurs.
Ce qui eft de remarquabie en ce defaut , c'eft que Ton ne peut s'en ap-
■ percevoir , a moins qu'il ne foit trt-s-confiderable , & qu'il ne furvienne
toutd'un-coup : car alors il refte une memoire des couleurs qui fert d
faire la comparaifon d'un mcme o'jjet diverfement colore dans differens
remps. Mais il faur qUe nous ayons une connoilfance certaine par una
longue experience , que I'objet que Ion regarde doit ctre d'une certaine
couleur , laquelle foit immuable.
Il n'y a rien a quoi I'oeil s'accoutume plus vlte qu'au changement des
couleurs , on en peut faire tres-facilement I'experience , en regardant au
travers d'un verre un peu colore de verd ou de quelqu'aucre couleur ,
& en cachant les objets qu'on pourroit voir fans I'interpofition de ce
milieu ; car en trcs-peu de temps on ne s'appercevra plus que tousles
objets feroiit teints de couleur verte ou d'autre couleur , 6c I'cn s'en
appercevra encore bien moins fi Ton met le verre devant les yeux apres
les avoir tenus alfez long temps fermes , & avant qu'ils fulTent ouverts.
XIV. On ne fauroit fe perfuader plus facilement que Ton voir tous
les objets de differente couleur au jour & a la chandelle , a caufe que
Ton compare routes les couleurs enfemble ; il eft pourtant vrai qu'un
certain bleu y paroir verd , & li nous n'avions jamais vu le bleu qua. la
lumiere de la chandelle , nous ne diftinguerions pas cette couleur d'avec
le verd. Pour connoitre quelle difference il y a entre la couleur des objets
cclaires de la lumiere de la chandelle , &: la couleur de ceux qui font
cclaires de la lumiere du foleil , il faut bien fermer les fenetres d'una
chambre pendant le jour , & y allumer de la chandelle qui puilfe bien
eclairer tous les objets qui y font , & palTant enfuite dans un autre lieu
cclairc de la lumiere du foleil , fi I'on regarde au travers de la porte
de la chambre les objets qui y font cclaires de la lumiere de la chan-
delle , ils paroitront teinrs d'un jaune rougeatre par comparaifon a ceux
qui font edaites du foleil ijc qu'on peut voir en mcme temps ; ce qu'on
ne peut remarquer lorfqu'on eft dans la chambre ou eft la chandelle.
XV. A I'occafion de ces differentes apparences de couleurs , j'ai cherche
s'il n'ctoit pas poiTible de connoirre fi I'on voir avec I'nn des yeux les
objets teints d'une couleur difference de celle qui paroit avec I'autre ceil.
Gij
■ji COLLECTION
^^^^^^^^^^^^ Quolqu'un mettle objet faflfe deux images differences dans les deux ytux^
^IcAD. RoYALE nous HC voyoHS pourcanc cju'uii objet, lorfcjue nous pouvons tourner les
DE Pari^^^ y^"^ ^^ ^^"^ maniere que les images tombent fur des parties analogues
^„=,.,j ' de I'oraane de la vue ; Sc pour ne voir qu'un feul obiec avec les deux
yeux , 11 rauL necellniremenc que les yeux prennent la dilpolinon qui eit
convenable a ce: effet , foit que I'objet qu'on regatde avec les deux yeux.
foit proche ou cloignc. Cette difpofition doit ctre , pour I'otdinaire , la
dire&ion des axes des yeux vers I'objet qu'on regarde. Tout autre objet
plus proclie ou plus cloigiie que ceUii vers lequel les axes font dirigcs ,
paronra double , a caufc que la peinture ne s'en fait pas dans les deux
yeux fur deux endroits analogues I'un a I'autre. On en peut faire I'expc-
rience , il en dirlgeant les deux yeux vers quelque objet eloigne , on
fait en mcme-temps attention a un autre objet qui foit proche; car cec
objet pioche paroi:ra double ; & aii contraire , 11 les yeux font diriges
vers quelque objet proche , i'objet eloigne paroitra double. De meme li
en cirant les paupieres d'un ceil vers le coin excerieur , on I'empeche de
prendre fa lituation ordinaire , I'objet que Ton regardera avec les deux
yeux paroitra aulli double ; car la peinture de I'objet ne fe fera pas
dans I'ceil contraint fur I'endcoit analogue a celui ou elle fe fait dans Tceil
librc.
On pcut encore voir un objet double en mettant au devant de I'un
des yeux un verre qui foit allez convexe & en regardant I'objet de cote 5.
car les rayons qui viendront de I'objet , & qui renconrreront obliqiie-
nieiit le verre , fe detourneront conime s'ils venoient d'un autre point
& feront par confequent leur peinture dans Ic fond de Tceil en un en-
droic qui ne fera pas analogue a celui ou elle fe fait dans I'ceil q^ui eft
decouvert.
Toutes ces manieres de voir un objet double ctant contraintes ou al-
terees pat le verre que Ton met entre deux , on ne peut pas s'en fervir
pout connoitre certainement fi Ton voir un meme objet de difterentes-
couleurs avec les deux yeux 5 car fi les deux images fe confondoient ,
leurs couleurs aufE fe meleroient.
XVI. Apres avoir regarde avec un feul cell une grande lumiere pendant
quelque temps avec une lunette d'approche qui occupe tout I'cEil , on
.s'appercoit facilement que les objets que Ton voit avec eet o;il paroilFent
be.iucoup plus fombres qu'avec I'autre que Ton a tenu ferme.
Cette experience eft facile a faire au commencement de la nuit, en regar-
dant alternativement avec lesdeux yeux une muraille blanche ou une feuille
de papier blanc , apres avoir obferve la liine avec une lunette d'approche.K
La veritable raifon de cet effet ne peut etre que le retrc-ciffement de
I'uuverture de la prunelle qui a eti caufe par la grande lumiere ; car
elle s'eft fermee autant qu'il lui a ete portibli , a caule de la grande clarte
de I'objet , I'ouvercure de I'autre prunelle s'etant bien m,oms retrccie
feulement par fympathie. Ainfi il entre bien moins de rayons de I'objet.
blanc par la petite ouverture de la prunelle que par la plus grande j
c'eit pourquoi i'objet paroit plus blanc avec i'ffiil q,vii a ete ferme c^u'avee
A C A D £ M I Q U E. 53
I'autre. Si la muraille blanche ctoit fort edairce comme au grand jour ,
on ne pourroit pas bien faire cette experience ; car la grande lumiere Acad. Ro'i ale
de I'objet bianc toucheroic avec trop de violence roeil qui la recevroit 1'aris^*
par une petite ouverture , pour la diftingucr d'avec ccUe qui entreroit SvpfUmeut
dans I'autre ocil par une ouverture mediocre.
On pourroit encore ajouter a cette, raifon que la rctine ayant etc for-
tement ebranUe par une grande lumiere , elle ne peut pas Iccre auflitoc
par celle d'un objet mediocrement eclaire ; c'efl; pourquoi elle en ell
touchee bien moins vivement que celle de I'autre oeil , & ainfi on verra
cet objet plus clairement avec ra:il qui a cte fermc qu'avec celiii qui a
regardc une j^rande lumiere j il ell: toujours facile ile faire ces fortes
d'expcriences lorfque les ditferences font fort giandes ; mais il n'en eft
pas de mcme lorfqu'elles font prefque infenlibles. Il fe trouve peu de
perfonnes qui aient les deux yeux parlaitement femblables ; avec I'un on
voir les objets dans une certaine diftance bien mieux qu'avec I'autre , &:
il eft alfez difficile de s'appercevoir de ce dcfant , a moiiis qu'il ne foit
tres-petit j & pour le reconnoitre on peut fe fervir de la metliode que
j'expliquerai dans la feconde Partie pour mefurer exadtement la force
& la foiblelfe des vues : mais il eft plus difficile de favoir fi Ton voic
un meme objet de difFsrentes couleurs avec les denx yens , lorfque la
difterence eft petite j voici pourtant une mcthode pour le connoitre cer-
tainement , quelque petite que foit cette difference. On prend deux cartes
minces , comme font celles dont on joue , &c I'on fait a chacune un petir
trou ronJ & egal , de la grandeur d'un. tiers ou d'un quart de ligne , Sc
les ayant appliqueet chacune a un ceil, on regarde au travers des trous
un papier b[inc egaUmeut^ eclaire. II paroit achaque ceil .uii cerde du
papier au. travers des trous, & ces; ceryles jje^'ont Juiijts I'un fur I'autre
& n'en feront qu'un , h It^, rayons qui, vienneat' d'un .nitme point du
papier , 6; qui ayant pade au travers du milieu de chaque trou des
cartes , vont rencontrer le fond des yeux dans des points analogues ,
apres s'etre rompus dans les humeurs de I'oeil. Mais ii Ion change la
polltion.de ces cartes. on .verra deux, cercles du papier fepares I'un de
I'autre. Ainfi en approchanc ou en ecaftant lies cartes I'une de I'autre ,
on pourra faire en forte cjue ces deux cercles fe touchent par leuc cir-
conference. Si I'un des cercles paroiftoit un peu plus grand que I'autre,
il n'y auroit qua eloigner de I'ceil le trou de la carte au travers duquel
il paroit , car le cercle paroitra d'autant plus petit que le trou fera plus
eloigne. .■ ; .
Ces deux cercles du papier etant proches I'.un de I'autre, il fera fort,
facile de faire la comparaifon de leur couleur , £< li les yeux font par-
faitement egaux , la couleur des cercles du papier paroitra egale Mais
C les humeurs des yeux fonr teintes de qaelques couleurs, ou fi les le-ir.
tines ne font pas egalement fenfibles a I'lmpreffion des objets, les cer-.
ties paroitron: de ditferentes couleurs. On doit appiiquev alternative-
ment les cartes aux deux yeux , pour connoitre li la diverfue des trous n'af-
porte pas tjuelque changement a cette apparence.
5l C O L L E C T I O i\
XVir. J'ai remarque par cette experience que ceux qui voient les ob-
^cAD. KovAtE jecs plus rouges avec un ceil qu'avec un autre , eftiment cec CBil !e
^D^E ParTs^' nieilleur dans I'ufage ordinaire. On ne pen: pas dire que cet effet foir
SvryiiiiENT ^^^'^ P-^"^ I'ouverture de la prunelle , ce que I'on pourroic attribuer i
celle qui feroit la plus grande, puifqu'elle eft cgale pour les deux ytux ,
ecanc reduice a I'ouveriure des trous des cartes j c'eft pourquoi on pour-
roic croire que cette rougtur vienc de la delicatelTe de la retine de cec
ceil, qui ecanc ebranlee plus fortemenc que celle de I'aucre osil, lui fait
paroure le meme objet plus rouge.
Si I'on veut fiiire cette experience avec plus de juftelTe , il fauc tenir
les yeux fermes un peu de cems avanc que de regarder au travers des
trous des cartes. L'on remarquera aufli que fi Ton fe frotte legeremenc
un ceil , on en verra I'objec plus rouge qu'avec I'autre , ce qui durera
un peu de terns, & peut ecre caufe par I'ebranlement de toutes les par-
ties de I'osil ou d'un peu de fang qui s'epanche par ce frottemenc dans
les humeurs liquides de I'oeil.
Il peuc arriver que Ton verra des couleurs differences avec le me-
me ceil dans des cerris differens , ce qui peuc venir de quelque accidenc
des humeurs ou de la rerine quand meme elle ne feroit pas le princi-
pal organe de la vifion : car fi l'on fuppofe qu« ce foit la choroide ,
les changemens qui pourronc lui arriver cauferonc aufli des differences
fans coutefois en exclure la retine par ou les rayons doivenc palfer avanc
que de comber fur la clioroi'de.
XVIII. On remarque ordinairemenc que ceux qui one la vue courte
ne regardenc pas actentivemenc ceux qui leur parlent ; je crois que cela
vient de ce qu'ils ne fauroient confiderer les mouvemens des yeux de
ceux qui parlent , ce qui contribue beaucoup a expliquec la penfee Sc
augniente la force des paroles , & qu'ils font feulemenc attentifs a leurs
difcours fans avoir aucun objet fixe fur quoi ils atcachenc leurs yeux ,
comma on faic ordinairemenc en penfanc fortemenc a quelque chofe avec
les yeux ouverts fans rien voir dillindement.
XIX. Les vues cources done les organes font fort fains , ne voient que
raremenc les objecs tces-diftindtemenc a quelque diflance que ce foit , fi
I'ouverture de la prunelle eft trop grande; car il faudroit une confor-
mation aux courbures de fccil fort differente de celle qu'on y remarque
pour faire que les rayons qui viennent d'un poinc , apres avoir fouffert
crois refradlions differences, allalfent s'aifembler exacftemenc dans ur; au-
tre poinc qui devroit ecre determine par la forme des courbures * fe
rencontrer audi fur le fond de I'ceil. S'il y a/oic quelque vue courte
qui eur cous ces avantages, elle en auroit encore un autre fore grand j
car elle pourroit voir dilfindtement les objets dans des lieiix fort fom-
bres, a caufe de la quantite des rayons qui encrercienc dans roeil &
qui y formeroienc une peinture diftindle : mais ces fortes de vues ne
pourroient qu'avec peine fupporter la grande lumiere , laquelle feroic
une trop forte imprelHon fur le nerf optique. Ceux done qui n'auronc
pas les crois fuperficies des Immeurs d'une convexite tequife pour taf-
A C A D E M 1 Q U E. j j
fembler exa(ftemeiu les rayons qui viennent d'un point dans un autre
point fuc le fond de 1 cril , verront Ics objets confus, & ils les verront Acad. Royale
d'autant plus confus qu'ils feront dans des lieux plus obfcurs ; cette con- ees Sciences
fufioii ne venanr pas de rohfcurite dii lieu , mus de ce (jue I'ouverture ^^ I'aris.
de la prunelle le dilatant encore [>ius dans rohfcurite que dans le "rand Suf?LiHEt<7.
jour, les extremitcs des rayons qui feront coupees hir le fond de I'ocil,
en feroiu d'aucan: plus grandes, &c feront par confcquent une plus grande
coiifufion; car, il n'y a prefque point de vue dont la prunella n'ait queU
que latitude d'extenfion Sc de reircciirement dans I'obfcutitc & dans le
grand jout.
XX. Il arrive encore aux vues courtes de voir les objets doubles
quand ils font cloigncs, conime les lignes noires des heures de quelque
grand cadran folaire dont le fond ell clair ; j'entends feulemejit des
vues courtes qui peuvent dillinguer nicdiocrement les objets cloignes •
car pour celles qui font tres-courtes , quoique le meme accident leur
arrive, elles ne fauroient le remarquer a caufe de la ttop grande con-
fufion des images. Cet accident des vues couttes leur eft commun avec
les vues foibles, &: il m\a femble un des plus difticiles a expliquer. J'a-
vois cru d'abord que la feule confulion de Timage d'un objet noir fur
un fond blanc , pouvoit caufer ceteffet; mais ayant examine la chofe
attentivement , j'ai trouve qu'il ne devoir paroitre feulement qu'une pe-
notnbre aux deux cotes du ttait noir, qui paroitroit alors plus petit qu'il
ne devroit. Il C.mz done cherclier ailleurs la caufe de cet efiet; mais
comme elle ne peut ette que dans les humeurs de I'oeil , il faut tacher
de I'y decouvrir.
XXI. M. Defcartes fut le premier que je faclie qui examina les cour-
butes des corps tranfparens qui rompent les rayons de la lumiere pour
faire que ceux qui viennent d'un mCine point s'allemblcnt auil: en unmemi
point, aprcs avoir palle au travers du corps. J'ai trouve aulli dans Ifs
manufcrits de M. de Robetval cette matierc traitee a fond , & enfiii
depuis peu M. Huygliens en a fait imptimer une dcmonlhation dans
fori Traite de la lumiere. On connoit done par ce que ces excellens
Geomettes en ont ccrit, que les verres lenticuLiires qui font formes de
deux convexitcs fphcriques , ne font pas propres a faire que les ravons
qui viennent d'un point lumineux qui eft proche du verre , fe raltem-
blent en un autre point apre; avoit pafTe au ttavers du verre. Ce fera
peu^pres la meme chofe de tous les autres ccrps tranfparens,
^ Si Tune des convexites du corps tranfparent eft fpherique, I'autte doit
crre plus clevce^ dans le milieu & recourbee enfuite en fens contrnire
vers les bords.a peu pres comme la pteniiete des concoides de Nico-
mede ; ou bien fi i'on veut diftnbuer cette courbure a routes les deux furfaces
du corps tranfparent, il faudra que le milieu de
ce corps foit plus cleve que les bords , ce
qui eft facile a connoitre. Il fant dene que le
cryftallin ait cette figure , ponr faire qu'un gW
qui fera ptoche d'un objet le voie diftindement.
a
5^ COLLECTION
— Une femblable conformation de la cornee pent aufli fervir a la meme
Acad. RoYALE chofe : miis ceux qui one la viie de cette iotte ne peuvenc pas voir
D£S Sciences diltindement les objecs eloignes , & ils peuvent are Myopes par I'une
DE I ARis. tjg j-gj deux caufes, ou par routes deux enfemble; car le verre qui a la
SveyLt-iiENT- figure necelFaire pour que les rayons qui viennenc d'un point lumineux
qui en eft proche , s'aflemblenc exadlement en un autre point fort pro-
che, pent etre confiJere en qutlqus facon comme etant compofe de
deux verres lenticulaires & fpheriques de diftcrens foyers, dont le plus
convexe eft place au milieu de I'autre qui n'elt que comme un anneau.
On fait par Its regies de dioptrique que le plus convexe des deux ver-
res qui resolvent les rayons d'un objet cloif;ne, fait fon foyer, qu'ori
appelle abiolu , plus proche que celui qui eft le moins convexe. II doic
done arriver que le cryftallin qui aura la figure propre pour rafTembler
en un point les rayons lumineux qui viennent d'un autre point proche
de I'cEil, tera deux foyers fcparcs & diftincts , h le point lumineux eft
fort eloigne de I'oell , quoiqu'il palfe plufieurs rayons entre ces deux
foyers; mais il eft certain qu'en ces deux points il y en a une plus
grande quantite qui y concoure que par tout ailleurs. J'ai eu entre les
mains un verre de lunette d'approche de 1 5 pieds de foyer , qui avoic
audi deux foyers tres-diftinfts ; mais je doute que cela vi:u de la figure
du verre ; je crois plutot que cela venoit du peu d'homogeneite de la
matiere dont une partie faifoit une plus grande refraftion que I'autre.
Ce verre n'etoit pas d'un bon ufge, car les deux foyers differens cau-
foient de la confufion dans I'image des objets. Il fe pourroit faire aufli
par la meme raifon , que la matiere du cryftallin n'etant pas homogene ,
pourroic caufer des inegalices dans les refractions , §c rendre la vifion
confufe.
Si I'oEil eft done difpofe de fa^on que les rayons d'un objet eloignd
ayant palfe au travers de la partie du milieu du cryftallin telle que je la
viens de reprefenter , concourent ftir la rctine , il fe fera en cet en-
droit une peinture de I'objet j mais aufli I'anneau du bord du cryftallin
qui fait fon foyer plus loin , peindra le meme objet comme un petit
anneau autour du premier ; car les rayons ne concourent pas encore
fiour former Icur foyer. Ainfi fi I'objet eft un point noir place fur une
uperficie mediocrement blanche, il doit former un petir point noir a
I'endroit du foyer de la partie du cryftallin ; mais fi les rayons qui one
paffe par le bori du cryftallin s'aftemblent en un point fur la retine ,
ceux qui paiTeront par le milieu ne rencontreront la rctine qu'apres leur
point de concours , & y formercnt une bafe confufe.
11 arrivera de li quo fi I'ouverture de la prunelle eft fort grande , Si
fi le cryftallin eft de la figure dont je viens de le fuppofer comme il
convient aux Myopes > I'a-il vcrra I'objet double quand il en fera fort
floigne ; car les rayons qui venoient d'un objet proche s'aiTembloient rous
fur la rctine, & quand Tobiet fera eloigne, ceux qui toniberont fur les
bards du cryftallin s'alFembleront au-delfus de la retine & au-deffous
du point de concours de ceux qui tombenc vers Ic milieu j car alors
A C A D £ M I Q U E. 57
ces rayons comme paralleles font deux foyers diffcrens , ce qui eft fa- ,^_^______
Cile a connoltie C'eft pourquoi chaque poinc de la ligne noire fera des T 7. '
cercles ou anneaux comme on le voir dans cette figure : mais ces an- ■"'^^''•'^oyai.e
f t t I r'.-i J- DESoCIENCES
neaux le recouvrant les uns les autres vers leur extrcmite, ils y feront de Paris.
paroicredeiix lignesou bandes noires plus larges que la vericable image dii Sufeti.itENT,
trait noir du cadran. Pour ce qui eft de I'imnge formee
par les rayons qui tombent fur le milieu du verre, elle
ne peut apporter aucun changement a cette apparence :
car comme ces rayons concourent fort proche du verre ,
la rencontre de leur cone fur la retine eft fort large, &c
paiTe par-defTus les exttcmitcs des anneaux , &c augments
autant la force des deux bandes noires , qu'elle obfcut-
cit la partie qui eft encre deux.
On doit remarquer que les deux bandes ou traits noirs qui fe re-
prefentent dans I'a-il, font dans I'ordre naturel ; c'eft-a-dire que fi Ton
met un corps obfcur AB, encre i'a:il & I'ob-
jet Si afTez proche de I'cril , Sc qu'on le fade
avancer peu a peu de droit a gauche, le trait
noir de la gauche forme par les parties des
anneaux comme D , doit difparoitre le pre-
mier, car le cote droit du cryftallin etanc
cache, la bande noire qui fe trouve a gauche
dans le fond de I'ceil difparoitra j Sc comme
nous fommes accoutumes a juger les objets
dans une pofition contraire a celle oil la
pcinture sen fait dans notre osij , nous ju-
geons aufli tot que c'eft la bande droite q«i
difparoit; mais en examinant i'ceil des Pref-
bytes je parierai plus au long de cet effet.
Si le cryftallin a une conformation contraire a la precedente , je veux
dire (i la partie du milieu eft plus applatie que celie des bords comme
on le voit dans la figure fiiivante , ce qui convient aux Presbytes , il
s enfuivra que les rayons qui tomberont fur le milieu de la convexitc
en venant d'un point eloigne comme s'ils etoient paralleles entr'eux ,
feront un foyer plus eloigne que ceux qui tomberont fur les bords ; car
ces bords font portion d'une lentilie fpherique plus convexe que la par-
tie du milieu.
Si Ton fuppofe done comme ci-devanc, que le fond d'un ceil foit a I»
diftance qui eft necelfaire pour recevoir la pointe des pinceaux des rayons
qui ont palTe par le milieu du cryftallin, Sc que I'ouverture de la pru-
nelle foit fort grande , les rayons qui pafferont par les bords feront leur
foyer avant quils rencontrent le fond de I'osil, Sc ils formeront fur le
fond de I'oEil au-dela de leur concours un ajineau noit fi I'objet eft un
Tome III , Panic Frangoifc. H
Acad. Roy ALE
DEs Sciences
DE Paris.
SuPFLi.VENT.
COLLECTION
point noir. Il arrirera done a cet ceil la tne-
me chofe qu'a I'autre j car fi I'cbjet eft eloigne
& que ce foit un trait noir fur un fond ine-
diocrement eclaire, il fe formera fur la re-
tine deux petices bandes noires par les ren-
contres des anneauK qui font formes par cha-
que point noir de la ligne de I'objet , & les
points du milieu qui feiont les foyers de la
partie du milieu du cryftallin, doivent former
un petit trait qui fera prefque toujours efface
par la lumiere des cotes qui I'environne , d
le fond e(l fort clair 8c que le trait foi: delie.
Le trait du milieu forme par les pointes des pinceaux du foyer de la
partie du milieu da cryftallin poutra auffi s'evanouir, fi I'ceil eft un peu
plus ou moins long qu'il n'eft neceflaire pour recevoir exadtment fur la
retine la pointe des pinceaux des rayons qui ont palfe par le milieu
du cryftallin.
On doit aufti remarquer qu'il arrivera a cet cell le coiitraire de ce que
nous avons dit de I'autre , fi I'objet eft proche ; car les rayons qui tombenc
rant fur le milieu du cryftallin que fur les bords , faifant leur foyer fcpare
& au-dcla de la retine , fil'on fait avancer de droit a gauche proche de
I'ceil nn corps noir entre I'objet & I'oeil, cet objet paroitra cacher la bande
noire qui eft de I'autre cote que I'objet qui s'avance ou qui cache la moitie
du cryftallin , comme je I'expliquerai en parlant de la vue foible. Mais
cet ceil cjui doit palfer pour celui d'un Myope quand I'ouvertute de la pru-
nelle eft grande , comme je I'ai fuppofee , a caufe que l.i plus grande par-
tie des rayons qui tombent fur les bords font un foyer plus vif que ceux
qui tombent au milieu , dolt au contraire pafter pour I'ccil d'un Presbyte,
fi I'ouverture de la prunelle eft petite , parce qu'il n'y aura que les rayons
du milieu qui toucheront la retine & qui la rencontreront fort loin du
cryftallin. Mais quand I'ouverture de la prunelle feroit grande, fi la figure
du cryftallin , comme je viens de la fuppofer , ne peut faire concourir les
rayons des bords qu'au- dels de la retine , cet ceil pafiera toujouts pour
ceKii d'un Presbyte.
XXII. J'ai dit encore que la figure exterieure de la covnee pouvoit faire
le meme effet ; ce qui eft tres-facile a compreiidre apres ce que j'ai ex-
p-lique ; & c'eft aufti pour cette raifon , qu'un homme ayant ^t6 blefte dans
I'osil d'un coup qui avoir fenJu la cornee , fans toutefois en faire fcrtir
I'humeur aqueufe , la plaie s'etant guerie , il refta au milieu comme un
fillon qui corrompoit la convexite ordinaire de cette membrane , & qui for-
moit comme deux convexites dift'erentes, ce qui faifoic que cet homme
voyoit les objets doubles avec cet oeil.
XXIH. C'eft aufti par les irregularites du cryftallin ou de la membrane
cornee que Ton expliqae facilemenr les couronnes Sc les iris que Ton voir
la nuit autour des chandelles ; & fi Ton voir toujours ces couronnes , on
peut etre affiire que c'eft le defaut de la fupeificie du cryftallin ou de la
cornee : mah fi on ne le voir aue dans de certains temps , on ne peutpref-
A G A D 6 M 1 Q U E. 59
que attflbuer cet accident qua un changement de figure de h cornce , ccym- "*
me quanJ on a tenu la main long-temps appuyee comre I'tril, laquellc a Acad.RovalS
comptime la partie la plus clevee de cene membrane. "^^ bcJE>}( 25
On voit dans les figures precedentes, que les deux foyers que cau-
fent les fuperticies irregiilieres des humeurs dans de certaines diftances , "J"?^ <"
font qu'il fe peint fur la tetine u:i cercle lumineux & foible autour du point
oil il fe ramaife plus de rayons, ce qui fait voir plus diftir,<£terr>eiit I'objet ,
&c c'eft ce cercle qui nous fait paroicre des couronnes autmir des objcts
lumineux pendant la nuit. Si I'lrrcgularitc de la fuperfi^ie des humeurs n'eft
pas fort confidsrable , on verra feulemenc un cercle dair fans pouvoir y
appercevoir des couleurs ; mais li elie eft fort grande , il fe fera une grande
refraction qui fera voit des couleurs.
On pourra s'alTurer de ce que je viens d'expliquer en faifant pafTer un
objet noir au devant de la pcunelle Sc proche de Torilj car quand cetobiet
couvrira la moitie de la prunelle, la moitie du cercle lumineux difparot-
tra d'un cote ou d'autre , fuivant la nature de I'ceil, comme je I'ai expli-
que ci-devant j & cet effet arrivera toujours , fi Ton prend la precaution de
mettre I'objet noir fort proche de I'oc 1 quand !« corps luminewc fen
grand; s'll eft petit, cet objet incerpofe , pourra etre un peu eloigne de
Tccil ; mais aulli le cercle paroitra moins lumineux fi klumiere eft petite.
XXIV.Silalumiete eft petite, quelques philofdphesont attribuecet effet i
des plis ou des tides circulaires Cur les lurfaces des humeursjmais il feroit dif-
ficile d'expliquer dequeLle maniereces rides fe feroient formees , outrj queje
ne crois pas qa'on au jamais rien obfervc de femblable dans aucun ceil.
XXV. Si une vue courte a I'ouverture de la prunelle fort petite & lej
otganes fort fains, elle pourra voir trcs-diftinctement les plus petits ob-
jets lorfqu'ils feront expofes au grand jour , done la force ne pourra blef-
fec la retine , parce qu'il n'entreca dans Teeil que peu de rayons ; & quoi-
que cet ceil foit aulTi convexe qu'un autre ceil qui auroit Touverture de la
ptunelle plus grande , il ne laillera pas de diftinguec les objets eloigneS
bien mieux que I'autre : car les cones des rayons lumineux etant plus
aigus , leurs pointes fetont plus delices , & elles formeront une peinrure
plus diftincle fur le fondde Tceil , que fi ces cones etoient plus obtus. Mais
ces fortes de vi'.es courtes ont un aiure defaut fort confiderable , qui eft
qu'ellcs ne peuvent pas voir les objets proches , s'ils ne font fort eclai-
res , a caufe que I'image etant ttes-grande fur le fond de I'oeil , la force de
Li lumiere y eft fort dilUpee.
Les vues courtes qui one I'ouverture de la prunelle fort petite & les hu-
meurs troubles , voient confufement les objets au grand jour , & ne voient
que tres- foiblement ceux qui font dans I'obfcufite : car la retine n'eft tou-
chee que tres-foiblement par les rayons lumineux de I'objet. Enfin, les
plus defecftueufesde toutes les vues courtes, font cellesdont la retine n'eft
pas bisn faine ; car elhs ne voient ps les objets eloignes , & elles ne
peuvent appercevoir que tres-confufement des objets mediocrement eloi-
gnes , comme font ceux qui nous environnent & que boms devons eher-
cher ou cviter pour la confervation de notre vie.
XXVI. On voit les objets d'autanr plus grands qu'on a la vue plus
H ij
4o
COLLECTION
ACAD.ROYALE
DKs Sciences
DE Paris.
conrte , en cotnparant ces memes objets a eux-memes quand on les volt
diftinftement par le moyen d'un verre concave. C'eft ordinairement ce
qui furprend le plus ceux qui one la vue fort courte, & qui n'onr pas
accoutume de fe fervir de verres concaves pour voir des objets ^loignes :
car ils font etonncs de voir fi diftindbement des objets eloignes, en les
comparant a ces mcmes objets qu'ils voyoient auparavant fi grands , mais
confufement, etant prevenus que Ton doit voir les objets moins diftinc-
tement quand on les volt plus petits , comme s'ils etoient plus eloignes
de TcEil. Pour les vues courtes qui p'ont pas la rc'tine bien fame ni bien
delicate , elles ne peuvent titer prefque aucun avantage des vetres con-
caves : car comme ces verres feuls etant places contre I'ceil , approchent
les pointes des pinceaux les uns des autres en les rendant plus courts ,
ils en forment una image plus petite fur la retine qui ne peut pas etre
touchee alfez fenliblement pour faire une vifion diftin<5be. II n'enn'eft pas
de mcme fi Ton fe fert de deux verres alTembles , dont I'un foit convexe
& I'autre concave 5 carles rayons ayant pafle au travers de ces verres,
fe trouvent difpofes comme il eft neceffaire pour entrer dans I'oEil , &
potir fe reunir fur la retine, & de plus ils font detoutnc's de telle ma-
niete qu'ils y forment une image beaucoup plus grande qu'a la vue Am-
ple, qui eft tout ce qu'on pourroit defirer pour le fecours de la vue , (1
Ton pouvoit appercevoir un grand efpace tout a la fois. Si les verres qu'on
joint enfemble font tous deux convexes , on peut voir un aiTez grand
champ , mais les Myopes tirent peu de fecours de ces fortes de verres dans
I'ufage ordinaire de la vie; outre que les objets y paroilTent renverfes , a
moins qu'on aflemble trois ou quatre de ces verres , ce qui fait les lunettes
d'approche.
XXVII. Ceux qui ont la vue courte ecrivent ordinairement de petits
carafteres , & ne fauroient foufFrir les grolfes lettres , car il leur arrive
a peu pres la mcme chofe qua ceux qui ont la vue bonne quand ils
lifent de pres de grofles lettres , comme des affiches qui font eciites en
lettres capitales , a caufe qu'il faut trop remuer les yeux & la tete pour
parcourir peu de mots, ce qui eft fort incommode , car on fait par expe-
rience, que pour etre fort attentif a quelque chofe, il ne faut pas remuer
la tete , les idees fe diflipant facilement par ce mouvement , & c'eft ce
qu'on cprouve ordinairement dans la peinture quand on copie quelque
chofe & qu'on eft oblige de dctourner la tete de delTus le tableau pour
regarder I'objec original. Pline appelle Hebetiorcs ceux qui ont les yeux
gios & faillans liors de la tete : mais ce n'eft pas cette grolfeur qui peut
oter quelque chofe a la vivacite de I'efprit; ce n'eft a ce qu'il me femble
que parce que la plupart de ceux qui ont les yeux fort gros , ont ordinai-
rement la vue courte ; & comme ils ne regardenr pas attenrivement cernt
qui leur patient, comme je I'ai remarque ci delTus, on croit qu'ils font
plus ftupides que les autres , car on juge ordinairement de I'attention
par la difpofition des yeux.
XXyill. Ceux qui ont la vue contte & qui n'ont pas la cornee fore
clevee jdoivent avoir le cryftallin fort convexe au moins pour I'ordinaire,
& ces fortes d'yeux ne peuvent pas titer un grand fecours des verres
ACADfeMIQUE.
6t
concaves pour voir diflin(aemenc des objets eloignes : car les rayons qui ^=:
viennent des objets, doivent fe rompre peu-apeu & en trois temps AcacRoyaie
diffcrents & a-peupres cgaux , pour faire une reunion plus parfaite fur des Scienxes
la rctine & fans y bire paroitre de couleurs , & dans cette conforma- °^ aris.
rion ou la cornee efl pen convexe , leur tcfradion fe fera prefque route SvFfLt.uENT.
a I'entree & a la fortie du cryftallin , en deux temps feulement : mais
cette refraftion etant bien p'us grande qu'il ne faut pour voir des objets
eloignes , on doit lui otev ce qu'clle a de trcp , & on ne peut le faire
qu'en diminuanten quelque facon la coiivexite exterieure de I'oeil qui eft
ceile de la cornee , par I'application du verre concave, en forte que la
premiere refraction fe peut trouver entierement dctruite ; & les rayons
patTant alors au travers du vcire concave & de I'liuineur aqueufe , qu'on
peut confidcrer comme un feul corps tranfparent , fans fouffrir aucune
rcfradlion , les trois rcftadtions ordinaires fe reduiront a deux feulen^enr,
Sc les couleurs qui font toujours fenfibles dsns Ls grandes refradlio.iS
fe joignant a la petitelfe de la peinture de I'objet eloigne , ia vilion ne
fera pas parfaite. En voici li demonftration dans la figure fuivante.
Soit Toeil ABR , avec fon cryftallin CDEF , &: fa cornee AB. Soir un
objet place en O , en forte que les rayons qui viennent de ce point O
s'ccant rompus fur la cornee comme en A & en B , fe dctournent dans
rimmeur aqueufe AC & en BE , & rencon-
trant la fuperficie antcrieure CE du cryftallin ,
ils fe rompent encore &: pafTent dans le cryftal-
lin par les lignes CD, EF : enfin en fortant du
cryftallin ils fe rompent pour la troiiieme fois
& pafTent dans I'humeur vitrce par les lignes
DR , FR , pour s'adernbler au point R. Si Ton
pofe maintenant un objet au point P dans la
rencontre des rayons CA , EB prolonges , Sc
fi du centre P on decrit la courburo GH pour
la figure exterieure du verre dont I'lnterieur
AB foit accommodee a celle de la cornee , il
eft evident que les rayons qui viendront de
I'objet P , iront s'aflembler fur la retine au
point R, apres avoir pafle au travers du verre
& des humeurs de I'ceil , comme s'ils venoienc
du point O ; car fuppofant, comme j'ai deja
fait , que le verre & I'humeur aqueufe ne faf-
fent qu'une meme humeur & de meme na-
ture, les rayons qui viendront de I'objet P,
entreront dans le verre qui eft comme la pre-
miere humeur fans aucune refraftion , & pene-
treront jufqu'a la futface du cryftallin en droite
ligne jufqu'en C &: en E. Mais ces rayons qui
viennent de I'objet P , ne fouffnront que deux
refractions avant que de i'alTembler au point
R j & fi cec objet n'eft qu'a une diftance mediocre , "comine de deux
(I COLLECTION
«— ou troU pieds, qui eft celie ou Ton voir diftindement les objets quand
Acad. RoYALE ^'^'^ ^^ ^ien conforme, il s'enfiiit que cec ceil myope reunit les rayons
DES Sciences d'lin objet place dans une diftance mediocre apres deux refra£tions feule-
BE Paris. ment , ce qui eft un defauc, puifque I'ccil bien conforme ne les doic
SveiwiftBNT. reunir qu'apres trois fefradions quand ils font places a cette tneme dif-
tance.
Si Tobjet etoit plus eloigne que !e point P
comme en S dans la figure fuivante , il eft fa-
cile a voir qu'il faudroit que la partie excerieure
GH du verre concave , fuc plus concave qu'elle
n'etoit quand I'objer etoi: au point P oil etoic
audi le centre de la concavite du verre, c'eft-
a-dire qu'il faudroit que le centre de cette con-
cavite fut plus proche de Toeil comme en K ,
Sc alors les rayons qui viendroient de I'objet S,
feroient une rcfradion en fens contraire a celle
qui fe doit faire naturellement; car ils feroienc
plus divergents que s'ils venoient du point S ,
puifqu'ils doivent fe detourner dans le verre
Sc dans I'humeur aqueufe comme s'ils venoient
du point P , pour (e reunir enfuite fut la re-
tine au point R , en forte qu'il arrivera rou-
jours que les rayons ne fe feront convergents
qu'en deux terns avant leur reunion au point
R, ce qui fera toujours une vifion imparfaite ,
puifqu'elle eft conttc I'ordre ordinaire de la
nature.
Mais fi le cryftallin de Toeil d'un. myope eft
a-peu-pres de la meme convexite que celui d'un
ceil bien conforme , & que tout ce qui rend
cet ceil myope ne vienne que d§ la grande con-
vexite de la cornee, il eft certain, que (1 d'ailleurs
les organes de la viiion font bien fains , & les
humeurs bien tranfparentes , I'ufage du verre
concave donnera a cette vue tout ce qui lui
manque pour la rendre parfaite ; car il eft fa-
cile de voir par ce que j,e viens de dire, que
le verre concave qu'on mettra au-devant de la
cornee , ne faifant avec I'hiimeur aqueufe que
comme une meme humeur , ptera a la cornee
& par confequent d I'humeur aqu«ufe ce qu'elle
a de trop , pour faire que les rayons qui vien-
dront d'un objet mediocrement eloigne , puif-
fent entrer dans I'oeil comme il feut pour s'af-
(embler fur la retine apres rrois refraiSions,
comme dans les vues bien conformees.
Il fau: tematquer que fi Ion fuppofe que 1;?
ACADfeMIQtTE. tf,
partie AB du verre concave qai eft tournec vers I'oeil , foit accomtno- r^^TT^::^^:^
dee & appliquee immcdiatement a la cornee , comme je I'ai fiippofe Acad. Royale
dans le cas precedent , il faudra que fa fuperficie extcrieure GH , foit des Sciences
convexe & non pas concave , & qu'elle aic a pen pres la meme con- i>e Paris-
vexite que celle dun ceil bien conformej car alors I'humeur aqueufe SvePLtMEnr.
Si le verre ne font confiderces que comme une mcme humear. Mais
ft Ton fe fere dun verre concave des deux co-
tes ou feulement concave d'un cote, & plat de
I'aurre, alors les rayons feront cinq refractions
avant que de fe rcunir au fond de I'ceil , done
les deux premieres qui fe font fur le verre ,
rendront les incidents plus divergents qu'ils ne
font , Si les trois autrcs qui fe feront dans Toeil
les rendront convergents, Ainfi la refraftion
des rayons d'un objet mddiocrement eloigne ,
fe fera dans cet ceil dun myope en trois terns ,
comme dans celui qui eft bien conforme.
Enfin, fi tout ce qui rend I'osil myope n'eft
qu'une trop grande longueur de riiunieur vi-
tree , qui fait que la retine eft trop eloignce
du cryftallin , & que les rayons d'un objet me-
diocrement eloigne qui fe font rompus dans
1 humeur aqueule & dans le cryftallin de la
mt-me maniere que dans un osil bien confor-
me , ne peuvent s'alfembler fur la retine ,
mais plus proche du cryftallin , le verre concave que Ton metrra au-dc-
vant de la cornee , renjra Iss rayons un peu plus divergenrs en entrant
dans 1 cell qu'ils n'etoient fans Ic verre , & ils fe rompront toujours en
trois temps pour venir jufqu'a la retine ou la vifion fera parfaite. Cette
efpece d'oeil myope n'a b.Toin que d'un verre trcs pcu concave , car pour
peu qu'on detonrne les rayons en entrant dans I'oeil , leur concours s'a-
longe ou fe raccourcit beaucoup. C'eft a ce dernier cas de Iceil myope
qu'on peut attribuer ce que j'ai obferve a piufieurs vues , qui etant bonnes
dans la jeunelfe jufqu'a I'age de vingt-cinq on vingt-fix ans font deve-
nues enfuite myopes , & ne pouvoient plus voir les objets eloignes aulil
facilement qu'ils les voyoient auparavant , quoiqu'ils vilTent toujours tres-
diilinilement ceux qui n ccoient eloignes que d'un ou de deux pieds. Je
dis done qu'il eft difticile d'attribuer ce changcment ou a la cornee qui
eft fort dure & feche de fa nature, ou au crjftallin qui eft un corps
homogene , & qui n'a que des corps liquides qui I'environnent ; mais
il me femble que fi k-s mufcles de I'oeil qui Tenveloppinr deviement
plus forts (S: plus gros qu'ils n'etoient a'lparavant , ou bien fi les grailfts
qui font en affez gran e quantite dans CL-tte partie viennent a s'augmenter
peu-a-peu , ellss comprimeront le glooe de I'oeil par le cote , & fa
figure changeant peu i-p;u , & devenant plus longne' qu'elle nVtoit au-
f)aravant , fans qu'il arrive aucun thangement a li coinee ou au cryftal-
in , la retine s'eloignera du cryftallin , & cet ceil djviendra un peu ir.yope.
<f4
COLLECTION
ACAD.ROYALE
DF.s Sciences
DE Paris.
SuPPLiMEHT.
II fe pourroit faire audi que I'ocil s'alongeroit par im accidenr particu-
liet de la membrane fclerocique &C mcme par un effet contraice a celui
que je viens de rapporter , c'eft-a-dire par iin amaigriffement de I'oeiL
Car la plus giande parcie des grailTes de I'oEil font placees au fond entre
les quaere principaux mufcles , &c fi ces grailFes viennent a diminuer ,
les mufcles preflaiu toujours la fclcrotique par les cotes , ils feroiic
prendre peu-apeu a I'oEil une figure plus iongue que celle qu'il avoir
auparavant. . . . . , - .
11 fe peut faire plufieurs combinaifons des trois differentes caufes qui
font ToEil myope , en les confideranc feparees ou jointes , & felon qu'elles
feront plus ou moins grandes j mais je n'expliquerai pas plus au long
les differents accidents qui en pourroient arriver , puilqu'il lera facile
de les deduire de ceux que j'ai donnes , fi Ton fuit les principes de
I'opcique comme je le fuppofe ici.
XXIX. Les myopes qui one I'ouverture de la prunelle fort grande font
moins choques par la grande lumiere qui entre dans I'cEil , que ceux qui
ont la vue bonne , ou que les presbytes avec une meme ouverture de
tres , a cauie qu
ne regarde pas ,
baze dans I'ceII presbyte ; c"eft pourquoi ils la touchent trop vivemenc
dans ces deux efpeces d'yeux & y caufent de la douleur ; ce qui n arrive
pas a I'ffiil myope , a caufe que ces memes rayons font une baze trop
orande fur la rctine : car routes chofes egales , rceil myope voit tou-
jours le.'! objets plus confufement que Iffiil presbyte , & cette confufion
eft caufee par I'efpace que les rayons qui viennent de chaque point de
lobjet , occupent fur le fond de I'oEil.
XXX. U arrive une chofe confiderable a routes les vues , mais elle
eft ordinairement plus fenfible a ceux qui ont la vue courte qu'aux au-
tres , a caufe qu'ils ont la cornee fore elevee. On voit un objet qu'oii
&c Ton ne voit pas ce meme , objet quand on le re-
garde ; c'eft un paradoxe
d'optique. Pour faire cet-
te experience il faut met-
tre centre la joue quel-
que corps plat & noir
comme le bord d'un cha-
peau qui empcche de voir
les objets qui font a cote;
& fans remuer I'oeil il fauc
tourner la tete avec le
corps noir applique con-
tre la joue , t?nt qu'on
appercoive quelque petit
objet blanc qui foit place
centre un corps noir ou
alors fi I'on arrets la tete ferme Sc qu'on t»urne roeil feulement
vers
bf un ;
i
A C A D 1& M I Q W E. 'tfj
vers I'objet blanc , on ne le voic plus. Cetce experience furprend d'a- ^^^"^
borcl I mais il eft tics facile d'en rendre raifon par la conformation de Acad.Royale
I'lcil ; car foit I'ocil AlK & le corps noir CL place proche de I'ceil , "^e Par"'
I'objet blanc foit O cloigne de I'oeil , I'ouverture de la priinelle CD SupyLtiiEN'T.
etan^ d'abord tournee vers M , les rayons qui viendtont de I'objer O ,
en pafT-int par delFus I'objet noir BL , rencontreront la cornce oblique-
ment en A , & fe dctoiirneront dans rhumeur aqueufe , en forte qu'ils
palTeront par I'ouvertiire CD de la prunelle , & feront une impreflion
fur la retine en quelqu'endroit que ce foit j ce qui fera appercevoir I'ob-
et O , quoique Tcril ne foit pas dirigc vers cet endroit. Maintenant fi
'on fait mouvoir I'oeil fans tourner la tcte , il doit tourner a peu-pres
fur fon centre H, ik par confequent la cornee & I'ouverture de la pru-
nelle changeront de pofuion en s'approchant de I'obftacle noir BL : ainfi
quand meme dans cette pofuion de I'ceil, les rayons qui venant de I'ob-
jet O, palTent par delfus I'obltacle BL, pourroient encore rencontrer la
cornce, ils ne pourroient pas entrer dans I'ouverture de la prunelle EF,
en fe dctournant dans I'humeur aqueufe , d'oii il eft evident que , quoi-
que I'oeil loit alors dirige vers I'objet O , il ne peut pourtant pas le voir.
XXXI. L'osil myope qui a I'ouverture de la prunelle tres petite peuc
voir diftiniflement les objets cloignes, & ceux qui font fort proches audi
r.tcs-diftinitement par fa conformation naturelle. 11 a done un trcs-grand
avantage par-defTus cekii qui eft bien conforme , en ce qu'il peut
appercevoir de tres-petites parties de cet objet proche , a caufe qu'il le
peut voir de plus prcs , &c qu'il recevra beaucoup plus de rayons que
I'autre avec une femblable ouvercure de prunelle ; 8c les pinceaux des
rayons qui ont pour baze I'ouverture de la prunelle etant fort deli^s ne
laiflent pas de faire une peinture diftinde fur la retine , quoiqu'ils ne
la rencontrent pas exaftement dans leur pointe.
XXXII. Il y a des myopes qui peuvent appercevoir un objet eloignc
plus diftincftement qu'ils ne faifoienc , en mettant le doigt fur Tangle
exteticur de I'ceil & en tirant les paupieres en dehors , en les compri-
mant centre I'os de la tenipe. Par ce moyen ils font deux chofes qui
rendent I'oeil plus propre a diftinguer les objets eloignes; car premiere-
mem ils en font la figure un peu plus platte par la compreflion exterieure
que caufent les paupieres qui font bandces , & en meme terns ils ne
laillent que peu d'ouverture a la prunelle entre les paupieres qui s'appto-
chent I'une de I'autre etant tirees en long.
J'aurois encore plufieurs obfervations confiderables a faire fur les Myo-
pes; mais comme elles n'ont rien qui ne leur foit commun avec les Pref-
bytes & avec ceux qui ont la vue bien conformce , je n'en parlerai qu'aprcs
avoir examine les accident de I'ceil des Presbytes & de ceux qui tiennenc
le milieu & qui ont prefque tous les avantages des Presbytes Sc des
Myopes , fans en avoir les dcfauts , ce qu'on appelle ordinairement une
bonne vue.
Tome JIJ , Parue Frangoife. I
6^
COLLECTION
ACAD.ROYALI
DES SCIENCSS
DE Paris.
Svepii/uEUT,
De la Vuc longue ou foible.
J_i E s Presbytes font ceux qui ne fauroient voir diftin6iement les objets
proches , mais qui voient bien ceux qui font eloignes. Cependant il y
a quelques Presbytes qui ne fauroient voir bien diil:iii6tement les objets
eloignes; mais ils les voient toujours bien mieux que les Myopes. Les
humeurs de cette efpece d'oeil ne fauroient faire concourit les rayons
qu'elles reijoivent comme paralleles , que dans un point au-dela de la
letine.
XXXin. Les Presbytes qui ont I'ouverture de la ptunelle fort petite,
ne fauroient voir un peu diftinftement les objets que dans le grand jour:
car , comme ils ne peuvent pas bien diftinguer les objets, s'ils ne font
eloignes de I'cEil d'une dillance d'environ trois pieds , afin que les ravons
puilknt entrer dans I'a-il comme paralleles entr'eux , fi I'ouverture de la
prunelle eft petite , il n'entrera dans I'oeil qne peu de rayons, qui ne pour-
ront pas toucher fenfiblement la rttine \ c'ell pourquoi il faut que la grande
lun.iere conipenfe en quelque fagon la petitelfe de I'ouverture dc la pru-
nelle. Wais I'ouverture de la prunelle pouvant un peu fe rellerrer &i fe dila-
ter mcme dans ceux qui fon ages , il arrive que cet ceil etant au grand jour
pour voir plus diftintftement ou plus vivcment un objet, fa prunelle fe
rerme plus qu'elle n'etoit auparavaiit, & il perd une partie de I'avantage
qu'il devroit tetirer de la grande lumiere.
Onremarque audi que cet ceil , qui ne fauroit lire qu'a peine une ecriture
de mediocre grandeur a la diftance d'un pied environ s'il fe tient ferine
pendant quelque temp' , & cache de quelque corps obfcur , aufli-tot qu'il
regardera I'ecritute qu'il ne pouvoit dillinguer qu a peine auparavant , il
la verra alfez diltindtemenr.
XXXIV. Cet avantage nelui vient c^ue d'une plus grande ouverture de
prunelle qui fe perd promptement ; car la grande lumiere Tobtige de fe
ret'ermer prefcjue aufli-tot : mais il y en a une autre qui dure un peu plus
long-temps : quand on a detouvne losil de delliis I'ecriture , qu'on ne peuc
lire qu'avec tres-grande peine , il faut le fermer & le frotter pendant quel-
que temps , en le tournant & en le conipriman: p,ir les cotes : par ce moyen
on met en mouvement le fang qui eft contenu dans les vailleaux qui font
proches derosil ; d'ou il arrive que les muscles qui I'environnent , fe rem-
plilfent & dcviennent plus gros qu'ils n'eroient avant le frotten ent , en-
forte qu'ils peuvent comprimer un peu 1'- il par les cotes, ce qui lui fait
prendre une figure plus lonoue qu'il n'avoit aupuravant : ainfi il peut ap-
percevoir bien mieux les objets proches qu'il ne faifoit j & comme la fi-
gure qu'il a acquife , dure autant de temps que le fang eft en grand mou-
vement & que les mufdes font plus gonfles qu'a I'ordinaire , il poufta
audi voir robjet diftinftemenr pendant un temps adez confiJerable.
XXXV. Ceft une chofe fort rare que ceux qui font Presbytes , de-
viennent Myopes, ou qu'au moins ils puilTent acqueiir une vue me-
diocre &: bonne , pour voir des objets a une meuiocie diftance , coname
A C A D £ M I Q U E. C-,
d'un pied. Cepen.l.int il s'en trouve quelcjues-uns a qui ccia arrive apres .-z:^
line nuladie, is: mcme aprcs que.'que Huxion fur Ics yeux. 11 y a plufieurs Acad.Royaie
caufcs qui peuvent produire cetefttft ; \i% nnifcles qui enveloppcnt le globe pes ^cihn'ces
dc Iccil pcuvent it recirer , & devenant plus gros , prelkr Iceil par les ^^ 1 aris.
totes ,& lui donner une figure plus longue, ou par la cornce qui change de o'"'"'-*"^-"*^-
figure en devenant plus convex; j ou enfin par la membrane fclerotique ,
C]ui fe ferrant par les cotes , donne a I'ccll une figure plus longue quelle
n'avoit auparavant. Il feroir plus difficile, a ce qu'il me femble , qu'il
lui arrivat quelque clungement de la part du cryftallin , parce qu'il eft
fnvironne dcs humeurs dont il ne diftl-re qu'en (olidited- fubftance , 6c
qu'il n'a point de mufcle auquel il puilFe artiver du cliangement.
XXK VI. Il eft plus ordinaire que les Presbytes deviennent plus Presbytes
par les maladies , que de devenir Myopes j car routes les parties fe rela-
chenr, les mufdes s'amaigriirent , & I'ceil ctant toujours prelle par devanr
&c par derriere , s'appLuit platot qu'il ne s'alonge j ainfi ilg voyent en-
core moins de prcs qu'ils ne faifoient auparavanr.
XXXVII. Les Presbytes qui ont les organes bieii fains &: fur-tout la ra-
tine tres dclicare & trcs - fenfible , eloigneiit de I'oEil les petits objets
pour les voir diftinftement j ce qui piroit extraordinaire , parce que Ton
a coutume d'approcher de Iceil les petites chofes qu'on veut bien diftin-
guer : ils pcuvent lire trcs-bien de petites lettres a deux ou troispiedsde
diftance ctant au grand jour , & ils ne les vertoient que trcs-confufcment
a un pied; car les rayons qui viennent de deux ou trois pieds , entrenr
dans i'ail comme paralleles cntr'eux , & vont s'alTembler exaiftemenc
fur laretine, ou ils forment une peinture diftir.<5te. Mais la vue d minue
toujours avec I'age ; il vienr un temps oii I'ocil devenant plus applati qu'il
n'ctoit , ne peut plus voir I'objet cliftindtement , a moins que les rayons
n'entrent convergens , ce qui ne fe peut faire par la feule poficion de I'ob-
jet d'oii ils viinnentjcar s'ils fo.nt proclies ils entrent dans I'oeil diver-
gens , & s'lls font eloignes , ils y entrent comme paralleles.
Puifque la reiine eft alTez delicate & aflez fenfible pour recevoir les
jmpreflions des objets quoiqu'ils foien: tres- petits, ce que Ton peut
connoitre par le calcul iuivanc , il fauc que les filets qui la compo-
fent fci.Mit ties dclicats.
XXXVIII. Oi; peut voir facilement a .^jooo toifes de diftance une
aile de moulin a vent que je fuppofe de 6 pieds de large ; & I'oeil ctant
fuppofe d'un pouce de diametrc , la pointure de cette aile fera dans le
fond de I'oeil fur la retine de Thz de pouce : car je fuppofe que les
rayons principaux qui viennent des extremites de lalargeurde I'aile, paf-
feiit par le centre de I'ail & qu'ils rencontrent la retine dans le point
de reunion des rayons , ce qui ne peut etre que tres-peu eloigne de la verite.
Mais xizz pattie d'un pouce eft un peu moins que la 666""partie d'mie
ligne , & fi une lignc a fa largeur ^gale a celle de dix cheveux mediocres ,
la largeur qu'occup^ra la peinture de I'aile de moulin a vent fur la reti-
ne , ne feta que la 66""= partie de celle dun cheveu mediocre ; & enfin,
fi la largeur d'un filet de ver a foie , n'eft que la huitieme partie de
celle d'un cheveu , la peinture de I'aile dans le fond de Tofil ne fera
68 COLLECTION
„_,„___ que de la huitieme partie de la largeur d'un filet fimple de ver a foie : Si
AcAD.RoYAiE P^"^ confequent , puifque cette peinture faic impreffion fuc le nerf optique
DEs Sciences & quelle eft diftinguee d'un autre objet qui en eft proche , il faut tout
DE Paris. au moins qu'iin des filets du nerf optique ne foit que de la largeur de
"Svpfiid/EWT. la huitieme partie de celle d'un filet de ver a foie ; ce qui paroit ptef-
que inconcevable , puifqu'il faut que chacun de ces filets du nerf optique
foit un tuyau qui contienne des efprits.
Si les oifeaux peuvent appercevoir des objets eloignes auffi-bien que
ks hommes , ce qui paroit alfez vraifemblable par la facilite qu'ils one
de retourner dans des lieux tres- eloignes d'oii ils font partis j il faut
qu'ils aient les filets qui compofent le nerf optique beaucoup plus delies
que les hommes , puifque la peinture des objets fur leur retine eft beau-
coup plus petite que celle qui fe fait dans I'cril de I'homme.
XXXIX. L'ceil qui eft f\ foible qu'il ne peut vx>ir
diftindtement les objets eloignes , ni encore moins
ceux qui font proches , lorfgu'il regarde une chan-
delle a dix ou douze toifes de diftance : fi Ton faic
avancer un corps obfcur du cote droit vers I'oEil,
enforte que ce corps commence a lui cacher la lu-
miere de la chandelle , il voir ce corps dans une
pofition retiverfee ; car il lui femble que la chandelle
commence a fe cacher vers fa partie gauche ,
quoique ce corps foit vets la droite. On ne fauroic
attribuer cet effec au renverfement de la peinture
des objets dans le fond de l'ceil , puifqu'elle fe fait
aulfi-bien pour les objets proches que pour ceua
qui font eloignes; & comme nous jugeons toujours
par habitude , que les objets font dans une pofition
contraire a celle de la peinture qui fe fait fur la
retine, il femble que dans ce cas I'ordre de la nature
eftrenverfe; puifque par cette experience on devroit
condure que I'objet fait la peinture dans le fond de
I'oeil du cote oii il eft , ce qui eft entierement con-
traire a routes les loix de I'optique Sc a toutes les
experiences. Pour expliquer ce phenomene, il fauc
confiderer que la .chandelle A qui eft un petit ob-
jet eloigne de I'oeil , ne doit ctre confideree que
comme un point lumineux dont les rayons qui vien-
nent a I'oeil CGDE, Si qui entrent pat I'ouverture
de la pruneile CG , apres s'etre rompus dans les
humeurs de I'oeil , iroienc s'affembler en un peine
comme H au-dela de la retine , enforte que ces
rayons de lumiere forment un cercle DE fur la re-
tine. Mais il faut remarquer que la figure circulaire
lumineufe qui fe forme fur la retine , depend en-^
ticrement de la figure du trou de la pruneile qui eft:
comme la bafe du cone dont H eft le iommet 5 quoi-
qu'ii foit vrai que la figure CDHEG forsaee par les
A C A D 6 M I Q U E. ^9
rayons lutnineux qui craverfenc I'oeil, foit compofc'e dc quatre difFerens -^— .
fegmens de pyramides, ce qui eft facile a voir, puifqu'il fe fait iin Acad. Royaie
iegmenc different dans chaque humeur de I'oeil. Cependant quoique cette "^^ Sciences
figure lumineufe foit compofce dc quatre fegmens de pyranndes , il de 1 aris.
clt evident que les bales de chatun de ces fegiiuns' feront des SvryU/uEtn.
cercles, (i la bafe du premier eft an cercle ; & fi la bafe du premier
eft une figure ttiangulaire ou quarrce , les bafes de tous les autres feronc
aufli triangulaires ou quarrees , Si ainfi de toute autre figure. Mais la
bafe du premier fegment eft I'ouverture de la prunelle; c'eft pourquoi
les bafes de tous les autres feront des figures femblables a I'ouverture
de la prunelle : ainfi la figure lumineufe DE fur la tetine, fera fembla-
ble a telle de I'ouveiture de la prunelle.
Cet ocil dont la retine eft touchee dans toute fa partie DE , ju^e qu«
la lumiere de la chandelle eft d'une grandeur propre a lui faire cette
grande impreflion, car il ne diftingue aucune parcie dans cette lumiere;
& s'll n'avoit jamais vu la lumiere d'une chandelle de plus pies que
dix ou douze toifes , il ne pourroit point connoitre la veritable forme
de fa Hamme. Je dis de plus pres que de dix ou douze toifes , quoiqu il
foit tres-certain qua cette difiance il doit mieux diftinguer la figure de
la flamme de la chandelle qu'a une diftance plus petite ; mais la figure
de cette flamme a une petite diftance , fe fait mieux connoitre a caufe
de fa grandeur , quoique chaque partie feparcment foit plus confufe qu'a
une plus grande diftance. L'oeil presbyte jugeant done que la fi^'ure de
la Hamme de la chandelle eft fort grande & ronde, comme eft I'ouver-
ture de la prunelle, il en diftingue les parties par rapport a I'image DE
qui fe forme fur la retine , & il eftime que la partie E de I'image eft:
la partie gauche de la lumiere , 6.: au contraire que la partie D de I'i-
iiiage eft la partie droite de la lumiere ou de la fiamme.
Maintenant fi Ton met le corps B opaque & noir affez proche de I'ceil
vers la droite, en le faifant avancer peu a peu vers le milieu de I'cejI ,
enforte que fon extremite vienne comme en B , i! eft evident que la moi-
tie de I'ouverture de la prunelle eft cachee par ce corps , &.' quelle n'eft
plus que d'une figure demi-circulaire par rapport au point lumineux A j
c'eft-a dire qu'iln'encre plus dans I'cjjil de rayons lumineux que par la moitie
de I'ouveftute de la prunelle laquelle eft vers C : ainfi la figure de la lu-
miere n'eft plus qu'un demicone, ou plufieurs demi cones joints les uns
aux autres. La peinture de la lumiere fur le fond de I'ceii fera done en
denii-cercle fuivant ce que j'ai dit ci-devant, & ce fera vers le cote gau-
che D que la lumiere demeurera fur le fond de I'osil : ainfi a mefure
que le corps B s'avance de la droite vers la gauche' pour couvrir la pru-
nelle , I'image lumineufe ED fur le fondder<ril, commence aulli adif-
paroitre ou a s'eteindre , en allant aufli de la droite a la gauche ; c'eft-
a-direde E en 1 vers D. Mais comme on juge que la partie E de la pein-
ture de la lumiere eft fa partie gauche , & que D eft la droite, on' voic
que la lumiere commence a difparoitre du cote gauche qui eft oppofei
celui oil eft le corps opaque B.
Quoique le corps B intercepte les rayons de la lumiere du cote E » oi
70
COLLECTION
DE? Sciences
DE Paris.
SuPyLtillBNT,
S^ il eft place , ilne hide pas pour cela de faire fa peinture en D F dans h
Acad. RoYALE p.irrie gauche de Tceil fuivaiu Us loix di I'optiquj, puifqu'il eft place
au dehors en B vers la droite : c'cft pourquo; la peinture de ce corps
obfcur s'avancera fur le fond de Tccil dans u:i fens contraire a celui de
deiiors ; &Vi ce corps eft place a la droite en B & qu'il s'avance vers
le milieu de TcEil en B, fa peinture fe fera en F Da gauche dans le fond
de TcEJl J dc s'avancera vers la droite : on verra done d'abord une penom-
bre qui piroitra cacher I'image de la lumiere en s'avangant du meme
tote que le corps obfcur ; car fa peinture s'en fera dans le fond de I'ceil
dans un fens contraire : mais aurti-tot que I'extrJmite du corps obfcur fera
parvenue dans le rayon A G , qui eft le premier qui entre dans la pru-
nelle , I'image ronde de la lumiere commencera a difparoicre du cote
oppofe , comme je viens d'expiiquer.
XL. Il n'arrive p.is la meme chofe a I'ceil d'nn Myope, quoique I'i-
ni3ge de la lumiere A foit tres grande dans le fond de
I'oeil , & qu'cUe foit de h meme figure que I'ouver-
tare de la prunelle ; car le coiicours H des rayons
Jumineux qui viennenc vers I'ceil comme parallfles
entr'eux , fe faifant au dedans de I'oeil , ils doi /enc
rencontrer le fond de roeil en ED qui fera la bafe
d'un cone oppofe a celui qui eft forme par le con-
^)riMi(iiii"miiiiiLim]ll cotirs des rayons dans I'oeil , Sc ces cones oppofes
auront lenr fommet commun au point H : ainfi la
partie E de la bafe lummeufe , laquelle eft a gauche
dans le fond de I'oeil , appartient au rayon AG qui
eft a droite. On jugera done quand le corps B tou-
chera ce rayon , que ce fera la partie droite du corps
lumineux qui en fera touchee , & a mefure que ce
corps s'avancera vers le milieu de I'oeil en b , I'image
de la lumiere commencera a diminuer du cote gau-
che E en allant en I vers D , ce qui fera juger
que ce corps B obfcurcit la lumiere fuivant I'ordre
EI
nature], Le corps B ne fera point de penombre comme dans I'cril d'un
Presbyte ; car quand fon extrcmite B rouchera le rayon AG , la pein-
ture de cette extremite fera fort nette au point E (or la rcrine , 8c il
verra diftin£tement ce corps B dont route la peinture fera en FE , jqui
s'avancera fur la lumiere ED fuivant I'ordre naturel, quoiqu'elle paroille
forr grande.
XLL Les Presbytes font fnjets a voir des taches , des filets & com-
me des mouches volantes qui font toujours devant leurs yeux, mais prin-
cipalement lorfqu'ils regardent un objet blanc ou fort clair. Ces taches
ne font pas routes de meme nature; il y en a que j'appelle permanentes,
parce qu'elles ne changent pas de place a I'cgard de I'axe de la vilion ;
car on les voir toujours dans le meme endroit par rapport au point de
I'objet qu'on regarde attentivement , & quelquefois elles font dans ce
nicme point & par confequenr dans I'axe de la vifion : les autres font
floctanteJ & changen: continuellement de place. Les unes Si les autres
A C A D E I Q U E: 71
de ce$ taches n'ont pas une figure conftante , 6c de plus les premieres
ne font que cornme dcs taclies obfcures Acad. Koyale
r ■ r II o I J • D£S Sciences
laites lur un corps blanc , & les dernieres ^^ Paris
paroiirenc comme les nccuds du bois de c„„-,/„^.,'
V -v;-a<:_-^g^ r ■ ■ r ' r i i oVfFLt.ui.ttT,
x^jCS.v .. ^v ^^ lapin qui lone coupes lur une planche :
■ — '^^Y^^i^^ R files one une partie fort daire cjui eft
environnee de filets noirs, & on y voir
fouvent plufiturs fils noirs irreguliers qui
les accompagnent avec des efpeces de
fils pofcs en diffcrentes manieres done
le milieu paroit fort dair & les deux
bords obfcurs , comme en le peut voir
dans cette fi'^ure. On trouve fouvent des morceaux de glace & de verre
qui ne font pas encore polls, qui font voir des apparences toutes fem-
blables quand on les expofe aux rayons du fokil & qu'on revolt fur un
papier blanc ces rayons qui ont palle au traveis. Cette experience m'a
ete d'une grande utilice pour reconnoitre de quelle facon fe formoic
la feconde efpece de taches qui paroiilenc fur les objets comme je I'ex-
pliquerai dans la fuite.
XLII. Les caches que j'appelle permanentes fe font voir tout d'un
coup, & foi-.t ordinairement rondes j & quand on tient lail fixement
attache fur quclque pattie d'un objec blanc , on les voit aulli fur ce
meme objet fans qu'cUes changent de place. Comme fi I'ceil eft attache
a confiderer la Icttre A qui eft ecrite fur un papier
blanc , on voit la tai-iie comme en B , & elle ac-
. •*■? A" i compag'ie tcujouts a la muiie diftance & dans le
•A. ? 1-. J meme endcojc cette letcre qu'on regarde attentive-
^•^^iii*''' ment. ll y a de ces taches qui demeurent pendant
toute la vie ; mais quelques-unes ne durent que
quelques mois , & quand elles fe diffipent , on commence a s'appercevoir
que ce milieu s'cclaircit, Sc cette partie ciaire s'augmentant peu-d-peu ,
elle s'ctend vers I'un des bords Sc ne lailfe plus qu'une partie de la ta-
che en forme de croill'ant irregulier , qui devenant de jour en jour
plus foible , fe dilTipe enfin tout-a-fait.
Il eft certain que ce qui torme ces taches eft arrcteen quelque endroir
dans I'otil , puifqu'elles paroitrcnt toujours dans la meme place a I'egard
de I'axe de la vifion. 11 faut done examiner en quel endroit il peut Ctte
arrcie. Je dis que ce ne fauroit etre dans I'iiumeur aqueufe ; car les taches
ne paroiiroient pas terminees par les bords ; puifque les rayons qui en-
trent dans I'cril par lescott's, empecheroient que robfcurice ou I'ombre
du corps qui forme les taches, ne fitt terminte : ce ne facroit etre non
plus fur la furface , ni au-dedans du cryftallin , ni dans I'humeur vitree
pour la meme raifon ; outre que dans ces deux dernieres humeurs qui
font dune cor.fiftmce alRz foiide , il fetoic diHicile qu'il fe put former
un corps ctranger & prcfjiie en un moment. Il ne refte done plus que
Il retine ou elles fe DuilFcnc former ; c'eft aufli par nn accidenr qui peut
facilement lui atrivsr , que je pretends rendie raifon de cette appattnce.
7i
COLLECTION
= On fait que la recine eft femee de plufieurs vaifTeaux fanguins qui foot
DE Paris.
SueeLiuENT,
AcAD.RoYALE afTcz confiderables ; & s'il arrive qu'il fe filTe un epanchemenc du fang
DES Sciences Je quelques uns de ces petits vaifTeaux fur la retine , il eft certain que
la paitie ou ce fang s'ctendra, ne pourra plus recevoir comme auparavanc
les impreflions des olijets; c'eft pourquoi il paroitra une taclie obfcure
fur tous les objets qa'on regardera , &r elle aura fa figure terminee par
celle de I'epanchement du fang. Cette figure fera a-peu-pres ronde i" car
les epanchemens qui partent d'un point , s'etendent ordinairement en
rond. Ce fang extravafe fe diffipe peu-a-peu dans la fuite , comme il ar-
rive aux parties du corps, & ainfi cette tache fe diffipe auffi peu-a-peu,
& entin die s'evanouit. Mais quand les taches demeurent toujours , il
faut que I'endroit de la refine oil elles font , foit affede de telle maniere
qu'il ne puilTe plus fe retablir. Ces taches font plus fenfibles a ceux qui
ont I'ouverture de la prunelle fort petite , & fur-tout a ceux qui font
Presbytes ou Myopes , mais plutot aux Presbytes , qui ont ordinairement
i'ouverture de la prunelle petite ; car les impreffions des objets fur la
retine font d'autant plus foibles , que I'ouverture de la prunelle eft plus
petite, 8c que la bafe des rayons qui partent de chaque point de I'objet,
eft plus eloignee de fon point de concours , comme il arrive a ceux qui
font fort Presbytes. Il arrive auffi que fi I'oeil Presbyte fe fert d'un
verre convexe un peu fort pour voir les objets , la lache qu'il voyoit
auparavant ne paroit prefque plus ; car par le moyen de ce verre , il
entre beaucoup de rayons dans I'cEil , qui allant s'.aflfembler exadlement
fur la retine , la touchent alfez fortement pour y faire une impreffion
fenfible au travers du fang extravafe.
XLIII. Il eft plus difficile d'expliquer comment fe forme la feconde
efpece de taches , avec ce qui les accompagne ordinairement. J'ai die
ci-devant que I'experience que j'avois faite de quelques niorceaux de
verre , m'avoic beaucoup fervi pour trouver la caufe de ces fortes de
taches. Quand on fait le verre , il s'y rencontre fort fouvent comme des
grains Sc des filets d'une matiere tranfparente , mais route differente du
refte , enforte qu'elle fait une refraifticn differente de celle du verre
dans lequel elle eft enveloppee. Ces grains & ces filets etant ordinai-
rement d'une matiere trcs-dure , ils ne fe fondent pas auffi facilemenc
que le refte; c'eft pourquoi ils nes'y mclent pas entierement , &c il refte
un petit noyau tant dans les grains que dans les filets; & comme ils
ont du rapport aux corps tres-durs, ils font une plus grande refradlion
que le refte, &: par confequent les rayons ayant palFe au travers , ils font
leur foyer plus court que celui de la matiere dans laquelle ils font re-
pandus : ainfi en confiderant tout I'osil comme s'll n'etoit retnpli que d'une
feule humeur, & que la forme de cet o?il le rendit Presbyte, on yoic
clairement que les rayons de lumiere qui palTeroient au travers des
grains & des filets de matiere plus denfe , feroient leur foyer a-peu-pres
lur la retine , ou il fe feroit un point , &: des filets lumineux envi-
ronnes d'un cote &c d'autre d'un trait obfcur, comme il paroit quand
on expofe au foleil un verre convexe qui fait fon foyer lumineux dans
le milieu d'une ombre tres-forte done il eft environpe.
Ces
A C A D ^ M I Q U E. 75
Ces tACiies &r ces filets ne dcmeurencpas coujours dans la mctne place , ' 1
on les voic changer de pofition fur les obiecs qu'on regarde fuivaiu les , n . „
,-rri J !■ T o 1 I • J !• J ACAD.KOYAI.E
diftcrens mouvcmens de 1 ceiI j Sc quand il sen rencontre dans 1 axe de des Sciences
la vifion , fi Ton dctourne i'ccil le plus qu'il eft poilible , a droite ou a de I'aris.
gauche , elles s ccartent aulli-tot. On remarque encore que lorfqu'ou SuibUuent.
rient la tete droite , & qu'on regarde quelque objet a mcme hauteur
que Toeil, on voic defcendre ces caches peu a peu. Pour expliquer rou-
tes ces apparences, je dis que les grains &c les filets qui formenc ces
caches , doivcnc nccelTairemenc Hotter dans une des humeurs de I'ocil ,
puifqu'elles changent de place fi facilement , &: il fauc que la matiera
dans laquelle ils nagenc ou Hottent , foic fort liquide j c'eft pourquoi
ce ne psuc cere que dans I'humeur aqueufe. Les grains & les hiets qui
formenc ces caches , etanc tranfportes en diftcrens endroirs de cette hu-
meur, font paroitre ces taches en differens endroits des objets qu'on regar-
de, par rapport al'ixe de la vifion. Mais il faut remarquer que , quand
rceil eft en repos , on devroit les appetcevoir qui s'eleveroicnt fur les ob-
jets,& on ne les verroit pas defcendre comme il arrive ordinairemenr, a caufe
du renverfement de la peincure fur la retine ; ce que j'explique en cette forte.
Si I'ncil ecoic bien conforme , en forte que les rayons des objets
pofes a une mediocre diftance , concourufTent fur la retine , il eft certain
que cet ceil ne verroit que quelque ombre legere , quoiqu'il y eiit des
grains Sc des filets dans I'humeur aqueufe : car ces corps ctrangers ne fe-
roienc qu'incercepter quelques rayons de ceux qui viendroienc des objets ,
ce qui n'empccheroit pas que la plus grande partie ne fit fon foyer lur la
retine , &: leur image y etant bien peinte , la vifion ne paroitroit pas
interrompue par ces obftades , de la meme maniere que les objets fe
reprefentent diftindtement dans une chambre obfcure par le moyen d'un
verre convexe , quoiqu'o* ait fait fur ce verre plufieurs taches, 8c traits
avec ds I'encre ; & fi ce mcme verre avec ces taches , etoit I'objectif d'une
lunette, on ne lailleroit pas de bien voir les objets, mais ils paroitroienc
un peu obfcurs , parce qu'une partie des rayons feroit empcchee par les
t.-.ches. II n'en feroit pas de mcme fi ces taches etoienc dans le verre ocu-
Liire, cat elles paroitroienc coutes fur les objets , quoiqu'elles fuffent cres-
deliees, & fur cauc fi I'ouverture du verre objedif etolt fort pecite. Il
arrive prefque la mcme chofe a I'cEil presbyte qui a I'ouvertute de la
prunelle fore ctroite , que I'on pent comparer en quelqae fa^on a I'ou-
verctire du verre objeftif d'uns lunette , Sc les corps etrangers qui for-
menc les taches etant proche du cryftallin & le touchant , feront a - peu-
pres le mcme etfsc que les craits & les taches d'encre fur le verre oculaire
de la lunette 5 car I'ombre des grains & des filets fera fenCble fur la re-
line avant la concours des rayons.
Ces taches demeurent afiez conftammenc de la nieme figure ; car on
ne s'apper^oic pas ordinairemenr qu'elles changent qu'apres plulieurs heu-
res , & quelquefois d'un jour a I'autre. Mais ce qu'il y a de plus confidc-
rable c'eft leur mouvement propre ; car lorfqu'on tient Tccil fixement
accache fur quelqu'objec fort clair , fur-tout apres avoir remue I'ccil promp-
tsmenc vers diftcrens cotes , on voic que ces caches defcendenc fur les
Tome IIJ , Panic Francoiji. K
74 COLLECTION
■ objets : 11 faut done qu'il leur arrive le contraire d.ins Tcei! , puifque la
AcAD.RoYALE peinture desobjets fur la retine eft roujouis dans une pofition contraire i
DEs Sciences celle ou nous la jugeons. J'ai dit ci-devant que les corps etrangers qui
Di Paris. formoient les taclies , faifoient un foyer plus court que celui de la ma-
SvriLiMENT. tiere dans laquelle its nageoient: mais ce n'eft pas a dire pour cela qu'ils
foient plus pefants que cette matiere; au contraire ils peuvent ecre plus
legers &c faire plus de refra6lion , pourvu qu'ils foient plus gras, com-
me la plupart des huiles par rapport a I'eau. Ainfi , loifque ces corps font
agites dans I'humeur aqueufe par un violent mouvement de I'cEil , ils for-
tent hors de leur polltion naturelle qui eft le haut , mais enfuite , quand
I'oeil eft en repos , lis y remontent peu-a peu , & par confequent on doit
voir les taclies defcendrefur les objets; & quand ces corps etrangers qui
font ordinairemencaupres dactyftallin , fe font arretes en quelque endroit,
on voir les taclies permanentes en cet endroit tant qu'on ne remue pas I'ceiL
XLIV. Voici les refultats de quelques experiences que j'ai faites pour
m'afTurer des refradtions de I'liuile , par rapport a I'eau ou a I'air. J'ai fup-
pofeavec tons lesOpticiens , que le finus de Tangle d'incidence dans I'air,
ctoit au finus de Tangle de refradtion dans le verre , comme 5 a i , oit
bien comme 60 i 40 ; 8c j'ai trouve que le finus de Tangle d'incidence
dans Tair, etoir au finus de Tangle de rcfradiion dans I'eau , comme i- a 3 ,
ou comme (Jo a 45; dans Tefprit de vin tres-bien redtific, conme 60 a 44 ,
• ce qui approche fort de la refraftion de Teau ; enfin dans Thuile d'olive
fort liquide , comme (>o a 41 , ce qui approche plus de celle du verre que
de celle de Teau , quoique Thuile (bit bien plus legere que Teau , & que
le verre foit plus pefant.
XLV. Les corps etrangers qui s'engendrent dans Thumeur aqueufe , &
qui font la feconde efpece de taches dont je viens de parlor , forment aufli
les cataradtes quand il s'en trouve une grande quantite, & qu'ils s'arrctenc
les uns aux autres ; car il s'en fait un tilFu epais qui empeche la lumiere de
palfer , ou s'il la lailTent palfer , elle eft tres-foible. Quelques- uns croyenc
que les cataracStes viennent des pellicules dont le cryftalliii eft forme,
qaand celles qui font du cote de I'humeur aqueufe deviennent opaques Sc
s'endurciftent ; & ils apportent pour raifon , que tous ceux a qui Ton
abat des cataradles , ont befoin d'un verre fort convexe pcur voir dif-
tindlement les objets apres Toperation , quoiqu'ils viffent fort bien fans
lunette ou verre convexe avant que la catarafte fe fiitformee ; car ils di-
fent que cette pellicule , qui faifoit partie du cryftallin , en etant deta-
chee , le rend bien moins convexe qu'il n'etoit auparavant , a quoi il fauc
fuppleer , en me'tant au-devant de Toeil un verre convexe ; cS: que fi la cata-
raifte venoit feulement de quelques corps etrangers formes dans Thumeue
aqueufe , lorfque ces corps feroient detournes de devant Touverture de
la prunelle , on devroit voir les objets comme on les voyoit avant la
catarafte , Toeil n'ayanr point change de figure. Toutes ces raifons font fore
bonnes; mais il eft facile d'y repondre par ce que j'ai appris d'un tres-
habile cpetareur. Il dit qu'il eft impoftible de faire cette operation fans
. qu'il forte beaucoup de Thumeur aqueufe par la piqure , & c'eft ce qui
m'a faic croire que U foiblefle de vue que Ton remarque i tous ceux a
Acad. RoYALE
DEs Sciences
DE Paris.
ACADfeMIQUE. 75
qui on a abattii des catarades , ne vienc que de cet epanchement qui
lend I'oeil plus plat qu'il n'ticoic auparavanc Je ne fais pas de doute
que , lorfqu'on fait I'opciarion a ds jeuties gens , I'ffil ne fe rc.'abliiTe
dans fon premiet ccat apres quelque temps , puifque nous avons des
experiences que I'humeur aqueufe ayant etc tiree de I'oeil de quelques SvprLt.'uu(T,
animaux , &: I'ceil paroilFant tout decri, peu de temps apres, il s'eft re-
tabli dans fon premier ctat.
XLVl, Lorfque Ton a fait quelque effort , ou en eternuant avec violence ,
ouenfe mouchant fortemcnt , on voitdes etincelles de feu qui paroifTent
courir d'un cote & d'autre fur les objets. J'ai vu auffi une pcrfonne a qui
il en paroilToit de femblables , apres avoir regarde quelque temps un ciel
fort clair avec grande attention. Cet accident paroit d'abord furprenant , & il
donne de la frayeur : car Ton a des exemples de quelques perfonnes qui
ont perdu la vue apres des accidens a-peu - prcs femblables. On ne peut
pas rechercher la caufe de ce phenomene en d'autre endroit que dans
la retine , que je regarde toujours comme le principale organe de la
vifion ; m-'s comme nous ne pouvons pas connoitre ce qui lui arrive
avec autant d'evidence qu'aux autres nerfs qui font repandus dans quel-
ques parties de notre corps, nous n'en pouvons juger que par comparai-
fon. Qiiand on a renu long-temps le bras ou la jambe dans une pofture
conttainte , la main & le pied deviennent engourdis ; &: fi ces parties
demeurent toujours dans la meme difpofition , on fent dans cet engourdiire-
ment des elancemens comme fi I'on piquoit la chair en dirfcrens en-
droits J ce qui caufe unedouleut fort confiderable. On fent audi la meme
chofe quand on recoit quelques coups aux extremitcs du corps ; & fi
Tceil eft blelTe dans fes parties excerieures , on fe perfuade voir une grande
quantite d'ctincelles de feu. Il eft facile de juger que tous ces accidens
viennent de la meme caufe, & que le cours des efprits etant interronipu
dans les nerfs , Sc coulant enfuite par reprifes & fecoalTes , nous faic
fentir dans les chairs ces piqures violentes , & dans I'cEil nous faic voir
des etincelles de feu, les nerfs etant ebranles de la meme maniere que
fi ces piqures etoient reelles & que ce feu fut ^rcfent. Ainfi en eter-
nuant ou en fe mouchant avec violence , on cbranle tous les nerfs qui
font repandus dans la tete , enforte que Ton fent for: (ouvent dans
ce meme moment, ou une violente douleur de tete , oa une douleur
d'oreille qui fe diflipe promptement , Si Ton voir auffi des etincelles de
feu qui fe repandent d'ua cote 5c d'autre, mais qui ne durent au plus
qu'une demi- minute. Pour ce qui eft des etincelles de feu qu'on voic
apres avoir regarde quelque terns le Ciel fort eclaire , je les compare
aux piqures qu'on fent dans I'engourdilTement des mains ou des pieds.
XLVn. L'ccil presbyte reqoit de bien plus grands avantages de I'ufage
des verres convexes, que I'ceil myope n'en recoit des verres concaves.
Un des plus confiderables eft la grande quantite de rayons que ces ver-
res font entrer dans I'oeil en les detournaut comme il eft necelfaire pour
faire une peinture diftindle fur la retine; car I'lril presbyte n'ayant fes
humeurs conformees que pour reunir au-dela de la retine les rayons qui
vienasiu d lui d'un objet proche , il faut que ces memes rayons enttenc
Kij
BES Sciences
DE Paris.
SvefitMEMI,
-ff. COLLECTION
— convergents dans Tceil afin de pouvoir fe reanir fur la rctine. Or h
Acad Royale proptiete des verres convexes etaiit de teunir les rayons apres qu'ils ont
paffe au travers , il s'enfuic que les rayons qui viennent dun objet pro-
che , apres avoir palTc au rravers d'un verre plus ou moins convexe,
font difpofes en enrranc dans I'oeil pour concourir fur la rerine oii i!s
font une peinture diftinde de I'objet. Mais lorfque les rayons ont paffe
au travers du verre convexe, ils occupent moins d'efpace qu'ils ne fai-
foient auparavant, puifqu'ils font difpofes pour concourir en un point;
c'eft pourquoi I'ouverture de la rerine en regoir beaucoup plus apr^s
qu'ils one paffe au rravers du verre convexe que s'ils n'y avoient point
CAffe; & comme la plupart de ceux qui font Presbytes ont I'ouverture
de la prunelle fort petite , il s'enfuit que les Presbyres regoivent un dou-
ble avancage de I'ufage des verres convexes, puifque par leur moyen la
peinture de's objets ell diftinfte fur la retine & aulli vive que s'ils avoient
i'ouverture de la prunelle fort grande.
La quantite des rayons qui entrent dans rocil
rendent I'image plus vive & plus fenfit'-;, & d'au-
tant plus que le verre convexe eft plus cloigne de
Toeil j iTiais il faut remarquer qu'un meme verre
convexe ne peut pas fervir pour un meme ceil a
routes fortes de diftance de I'ocil & de I'objet. Par
exemple, fi la lentille ou verre convexe AB efl
placee a une certaine diftance de I'oeil , pour fairs
que les rayons qui viennent de I'objet O s'etaiit
rompus dans ce verre, &i. ayant enfuite paffe dans
I'ceil par I'ouverture de la prunelle CD , concou-
rent fur la retine en G j cette meme lentille etant
plus eloignee de I'ceil , & etant placee comme eji
Eil, les rayons qui viendront du meme objet O,
apres avoir paffe par ce verre & par les luimeurs
de Tail , ne pourront plus fe reunir fur la retine :
.car fi nous fuppofons que le verre eft place ea
AB, & que les rayons qui viennent de I'objet O,
puilfcnt concourir ou faire leur foyer dans I'air aa
point F lorfque ce meme verre fera place en ER ,
le point F ne fera plus le point de concouts des
rayons , qui venant du point O de I'objet , fs
rompcnt dcins ce verre, exccpte dans le feul cas oj
la diftance de ER au poinr O , eft la meme que
celle de AB au point F; maif par-tout aillenrs le
foyer etant plus proche ou plus loin de I'ceil que
le poinr F les rayons qui entreront dans ToeiI
feront difpofes pour concourir plus proche ou pk;s
loin que le point f ; car I'ceil etant toujours dans
le meme endn it , il faut que les rayons qui doi-
vent concourir fur la retine , tendent au point F
avanc que d'entrer dans I'ceil ; c'eft pourquoi ils
ne feront pas fur la retine une peinture diftir.'Tce
A C A D fe M I Q U £. '77
de I'objet. Mais fi Ton place un aurre verre en ER, enforte que fa ^=^51^;:^
figure foic propre pour faire que les rayons qui viennent du point O, Acad.Royale
concouren: au meine point F ou le verre AB les faifoit concourii; aupa- ^^^ Sciences
ravant , il eft evident que ce verre les dctournera comme il faut pour ^^ aris.
faire une peinture dilHntte fur la retine ; mais il y aura encore cet avan- SueBLtMitir.
tage qu'il entrera dans Tocil par le moycii de ce verre ER beaucoup plus
de rayons qu'il n'en entroit par le moyen du verre AB ; car les lignes
FC , FD qui compienent tous les rayons qui peuvent entrer dans cec
ceil pour f-Mce une peinture diftinifle, occupent plus de place fur le verre
ER que fur le verre AB ; & ER ctant plus proche de I'objet O que
AB , Tangle EOR qui contient tous les rayons qui peuvent entrer dans
I'osil apres avoir palle pat le verre ER , eft be.mcoup plus grand que
Tangle AOB.
Ce n'elt pas ici le lieu de determiner quelle doit etre la convexite du
verre; la diftance de I'objet a Tosil & du verre a Tosil ctant donnee dans
une conformation de Tail qui foit detetminee. Il fuffit fculcment de
remarquer que fi Tobjet eft fort eloigne , Sc que le verre etant eloigne
de Tceil de deux ou trois pieds au plus , on puilFe voir au travers les
objets diftindlement , on les verra beaucoup plus grands qu'a la vue fim-
ple , Sc plus Tosil fera piesbyte, plus Timage fera grande ; enforte que
par le moyen d'un feul verre convexe , 1 oeil presbyte re9oit le mcme
avantage que d'une petite lunette compofee de deux verres. Voici de
quelle maniere fe fait cette augmentation.
XLVIII. Je confidere Tccil comme etant d'une matiere homogene , la-
quelle eft propre avec la figure fpherique a faire , que des rayons or-
donnes qui tendent en un mane point ptoche ou eloigne, en entrant dans
cet ceil puilfent concourir fur le fond.
Soit done Tffii! G H C D de figure fpherique dont K fort le centre, & le
verre convexe E R place a deux pieds de Tail ay.int fon foyer abfolua la
diftance F I , c'eft-.i-dire que les rayons qui tombetoient comme paral-
leles entr'eux , en rencontrant le verre , iroient concourir vers la li-
gne F I qui eft plus cloignce du vetre que Tocil CDGH. Pofons mainte-
nantque cet ceil ne puille faire concourir fur fon fond G H des rayons qui
foient comme parallcles entr'eux, a moins qu'ils ne tendent a des points
de la ligne F I. S'll y a done quelque objet T V dont les rayons T E , T S
qui viennent du point T , foient comme paralleles en:r'tux & VR, VS
aulli p.iralleles lefqucls viennent du point V, ces rayons ayant palle au tra-
vers du verre , iront s'alfeinbler aux points I & F fur leur rayon principal
TSI 6c VSF qui palfe par le centre S du verre. Ces deux rayons TS ,
VS , comprenent Tangle TSV fous lequel on voit cet objet qui eft com-
pris entre fes extremites T & V; car on ne tient pas compte de la dif-
tance qu'il y a de Toeil au verre par rapport a. Tobjet, & q'li fait que
Tangle TSV eft un peu plus grand que celui fous lequel on verroit Tob-
jet fans Tinterpolition du vetre. Si ces tayons paralleles ayant pade aii
travers du verre, & etant devenus convergents vers les points 1 Si F,
rencontrent Toeil , ils s'y detournent pour allcr s'alfcmbler fur le fond GH ^
mais tous les rayons qui enttenc dans Tccil &: qui tendent vers les points.
78
COLLECTION
Acad. Roy ALE
DES Sciences
DE Paris.
SvffLt.mtiT.
I & F, dolvent s'affembler fur celui qui pade par le centre K <fc I'oeil
qui doit etre conndere comnie le principal pat
rapport a Toeil , c'ell-a-dire fur les rayons IK,
FK qui rencontrent le fond de I'oeil en H & en
G ou fe fera la peinture des points T & V de
robjet. I! eft facile a connoitre que Tangle HKG
ou IKF lous lequel on voir I'objet apres que ces
rayons ont pa(fe au travers du verre , eft plus
grand que Tangle ISF ou TSV fous lequel on le
verroit a la vue fim'ple , puifque dans les deux
triangles FKI , FSI , le fommet K eft plus pro-
che de la bafe commune IF que le fommet S ,
Sc de plus I'angle TSV eft un peu plus grand que
TKV, qui feroit celui fous lequel on verroit les
objets a la vue fimple ; car les rayons principaux
qui viendroient a I'ceil des points T & V de I'ob-
jet , palTeroient par le centre K de Toeii. Je ne
tiens pas compte de la confufion de I'image a
caufe que I'ojil eft presbyte & qu'il ne pent pas
faire concourir fur la retine les rayons qui vien-
nent des points de Tobjet TV.
XLIX. Ceux qui font Presbytes & qui ont la
cornee fort convexe , doivent avoir le cryftallin
fort plat ; mais ils ne laillent pas de voir les ob-
jets fort diftindbement en fe fervant d'un verre
convexe pour mettre au-devant de I'ceil ] car ce
verre convexe detournant les rayons pour les faire
concourir en un point , ils rencontrent les hu-
meurs de VcsW qui les decournent encore du me-
ine fens Sc en trois terns difterens j ainfi les
rayons qui entrent dans I'ceil fe rompent du me-
me fens en quatte ou cinq terns difterens, ce qui
ne rend pas la vilion moins diftinito ; car quoi-
que les refradiions qui fe font a I'entree &: a la
fortie du cryftallin foient bien moindres que celle
qui fe fait a I'entree de I'humeur aqueufe fur la cornee , la vifion ne
lailfe pas d'etre diftindte , les rayons rompus ne faifant pas des angles
trop aigus, comme il arriveroit fi route la refradhion des rayons fe tai-
foit en deux tems feulement.
Il feroir difficile , pour ne pas dire impoilible , qu'un ceil fut presbyte
ayant le cryftallin fort convexe ; car comme il fe tait toujours deux re-
fradions fur le cryftallin lorfque les rayons y entrent &: qu'ils en for-
tent J & qu'il faut aufli que la figure de la cornee foit convexe pour
s'accommoder a celle de tout I'oeil , il fe fera roujours trois refradions ,
dont deux etant fort grandes , I'oeil fera plutot myope que presbyte. Il
fe pourroic pourtant faire que I'humeur vitrce feroit en (i petite quan-
tite, que le cryftallin touchant prefque au fond de I'osil , les rayons
ACADfeMIQUE. 79
ne pourroient pas concourir fur la retine a la foitie cJu cryftallin , ^ ■»
cauie qu'il n'y aiiroit pas alTez de diftance; mais cet accident eft for^ a^,,^ i^^^i..
rare, tic il left encore plus qu iin a'll n au point d luimeur vnrce & que d£s Sciences
le cryftallin touche d la retine , ce qui s'eft pourtant ttouve dans quel- de Paris.
ques {ui«cs & fur-tout dans des chevaux. Mais il n'eft pas polTible dans Suppii.vE.vik
des conformations C\ extraordinaires , que les organes de la vifion foienc
demeures fains , fur-tout la retine Ci elle touclie au cryftallin.
De la J^uc parfaitc.
I- >^Eux qu'on dit avoir bonne vue voient diriin(fl:ement les objet3
a un pied de diftance ou name plus pres , de mtme que ceux qui fonc
fort eloignes. Il femble que puifqu'ils voient diftindtement les objets
fort eloignes , ils devroient ctre Presbytcs , car on ne met pas d'aiitre
difference entre les Myopes & les Presbytes , fi ce n'eft que les premiers
voient bien les objets proches &: ne voient pas ceux qui font eloignes :
au contraire les aurres voient bien les objets eloignes Sc ne voient pas
ceux qui font proches \ c'eft pourquoi fi ceux qu'on dit avoir la vue par-
faite voient diltindement les objets eloignes , ils doivent etre mis an
nombre des Presbytes &: ils ne doivent pas bien voir les objets proches.
Il eft vrai que fi Ton donne le nom de Presbytes a ceux dont la con-
formation de I'ocil eft propre a ralTembler fur la retine les rayons qui y
entrent comme paralltks entr'eux , &c qui viennent par confequent des
objets fort eloignes , il s'enfuit que ceUii qui a la vue parfaite comme
je 1 etablis ici , doit audi etre appclle Presbyte en ce fens : mais par les
noms de Myopes & de Presbytes on entend les deux execs oppofes, &z
pat le nom de vue paifaite on enrend celle qui tient le milieu entre ces
deux extremites. Ainfi la vue parfaite ne difFere pas beaucoup d'un? des
efpeces de Myopes &c de Presbytes. II faut feulement remarquer que
la diftance de trois pieds environ doit etre confideiee comme une trcs-
granrle diftance , & que fi un cril Presbyte ne peut pas voir un objet
place a cette diftance, il ne verra pas non plus ceux qui font plus eloignes.
LI. Mais comme routes les vuespeuvent bien diftinguer des objets unpeu
plusou moins eloignes , celui qui aura la vue propre pour voir rres-diftinc-
tement les objets a deux pieds de diftance , les vtrra encore bien a un pied
& a trois pieds, & par confequent il verra bien ceux qui font tres eloi-
gnes , qui eft ce que j'appelle ici vue parfaite. Mais celui qui aura la vue
propre pour voir tresdilHnftement un objet a quatre pieds de diftance ,
verra aulli alfez bien celui qui fera a trois pieds ; mais il verra un peu con-
fufement celui qui fera a un pied , & plus confufement encore celui qui fera
plusproche : il pourra voir audi diftinflement ceux qui feront plus eloi-
gnes que quirre pieds a quelque diftance qu'iis foient places, qui eft ce
que j'appelle Presbyte , 6c ceux qui font for: Presbytes , ne voient que
trcs-confufement les objetaiqui font places a une mediocre diftance , &:
ne voient pas diftini^ecnent les objets eloignes , quoiqu'iU les voient mieux
So COLLECTION
— que ceiix qui font proclies. Au contraire celuiquia I'oEil difpofe pour voir
AcAD.RovALE tres-didindement a un demi-pied de diftance, pourra voir aflez bien un
DEs Sciences objet eloigne feulemenc de croisou quaere pouces & d'un pied a peupres,.
£ ARis. maisiine verra pas ceux qui feront plus eIoignc's,&c'eItce que I'appelleAlyo-
vppLiMEtiT. pe , & ceux qui font fort Myopes ne fauroienc voir diftindlement les ob-
jets s'ils ne font tout pres de I'ccil : cette latitude de vue vient en partie de
ce que Ton peuftrctrecir ou elargir I'ouverture de la prunelle, fuivant que
les ob;ets font proches ou eloignes de I'ffiil, ce quej'examine fort au long
dans la feconde partie de ce traite , oii je donne la maniere de mefurer
exadtement la force de la vue , en dcmontrant que Fo^il ne change point
de conformation pour regarder I'un aptcs I'autre des objets proches, &
dautres qui font eloignes.
LI I. II y a des vucs parfaites , comme je les etablis ici , qui ayant la
retine tres- delicate & tres-fenfible, ne fauroient foufFrir la grande lu-
miere : c'elt pourquoi elles fe font accoutumees a retrecir Touverture de la
prunelle quand il fe prefente quelque objet mediocrement edaire, & par
cette habitude I'ouverture de la prunelle eft ordinairemnt fort petite. Ces
fortes de vues, quoique tres-bien conformees d'ailleurs , ne fauroient voir
diftindementde petits ob;ets s'ils ne font expofes au grand jour, afin que
maigre la petitellede la prunelle , il entre encore afTez de rayons dans I'ffiil
pour faire une impreflion fenfible fur la retine. Quoiqu'eiles ne foicnt pas
Presbytes, elles ne laiflTent pas de le paroitre,car elles font obligees de fe fervir
de lunettes convexes pour voir de petits objets comme les Presbytes:
mais ce n'eft pas pour en detourner les rayons , enforte qu'ils faffent
leur foyer fur la retine , mais feulenient pour en faire entrer une plus
grande quantite dans I'ceil ; car les verres convexes ont ces deux pro-
■ prietcs tout enfemble , comme je I'ai remarque ci-dellus, en parlant
de leur ufage. Mais il femble que ces fortes de vues parfaites , qui fe
fervent de verres convexes pour faire entrer plus de rayons dans Tceil ,
afin d'en voir I'objet plus diftindement, en devroient recevoir un tres-
grand defavantage , puifque les rayons feroient detourncs de telle maniere
qu'ils ne concoureroient plus fur la retine de cet ceil parfait , ce qui
doit toujours arriver , puifque ces deux eftets du verre convexe fontinfe-
parables : mais on remedie facilement a ce defaut en approchant un peu
Tcril de I'objet. On en pcut faire ['experience en prenant un verre fort
convexe , Sc en regardant au travers quelque objet ; car on trouvera
une diftance de cet objet a I'osil ou I'on verra toutes fes petites parties
fort diftindement. J'ai vu une perfonne qui avoit TceII de cette efpece , 8c
qui etoit obligee de fe fervir de lunettes convexes pour voir de petits objets.
H lui furvint un jour une grande inflammation aux yeux , &c il remarqua
qu'il pouvoit dans ce temps-la voir fort diftindement de tres petits ob-
jets fans le fecours des lunettes convexes: mais quand il commen^oit a
regarder les objets eclaires il fouffroit une grande douleur , qui diminuoic
un peu dans la fuite. Il eft facile d'expliquer cet eftet , parce que j'ai die
ci-devant : car I'intlammation de fes yeux ne laiftant pas la liberie au muf-
chde la prunelle de la fermer a I'ordinaire , *entroit alors dans iVi^il une
aifez grande quantite de rayons pour rendre la vifion fort diftinde , les
organes
A C A D E M I Q U E. gr
organes n'etanc point malades. La grande douleur qu'il fentoit d'abord , „_______
venoit de limprtllion de ces rayons fur la ratine qui en ctoit cbranlde avec Acad. Ro vale
une crop grande violence , &c de 1 'effort qu'il faifoic aumufclede la pru- des Sciences
nelle pour la fermer comme a fon ordinaire ; ce mufole etant affligc par de I'aris.
I'huineur qui caufoit I'inrtamniation. Mais cette douleur diminuoit enfuire Supn.iiiit.NT.
un peu, car cemufde ayant fait fon effort demeuroit dans la mtme pofi-
tion , ce qui ell femblable a ce qu'oii cprouve , quand on veut mouvoir
quelque partie afiligee d'une fluxion; car la douleur n'eft fort fenfible
que dans le changement de pofuion de cette partie.
LIII. Ceux qui n'ont pas accoutuniede regarder dans les lunettes d'appro-
che , y voient ordinairement les objets bordes de bleu Sc de rouge , quoi-
qu'ils aient la vue fort bonne : la raifon de ces couleurs vient de la grande
refradtion des rayons en entrant dans I'ocil : car tous les rayons d'une lu-
miere vive ou d'un corps fort eclairequi font termincs par le noir , s'etant
rotnpus , paroilTent avoir fur leurs bords des couleurs rouges ou bleues.
Mais quoique les rayons rompus falFent les couleurs , il faut qu'il y aic
encore un ecart dans ces rayons pour rendre les couleurs fcnfibles ; car
fans cela I'cEil ne pourroit pas les appecevoir. Cell pourquoi ceux qui n'ont
pasl'ufage de regarder dans les lunettes d'approche , ne mettent pas ordi-
nairement le verre oculaire a la diftance que I'objedif demande pour con-
venir a leur vue , & ils voient les objets un peu confus a caufe de I'ecarc
des rayons , ce qui leur rend auffi les couleurs fenfiblcs ; & con-.meils ne
fent pas accoutumes a voir diftinfter.tent les objets eloignes , ils font bien
moins d'attention a la diftiniition de I'objet qu'a ces couleurs qui leur pa-
roilfent extraotdinaires & furprenantes. Mais ceux qui favent connoitra
par i'experience que les objets n'ont pas toute la nettere qu'ils peuvenc
avoir , ils avancent ou ils recuknt le verre oculaire tant qu'il foit a la diftance
Je I'objedif laquelle eft convenable a la portee dt leur vue, & alors ils ne
voient point de couleurs ; ce n'eft pas qu'il n'y en ait toujours, mais elles
ne leur font pas fenfibles a caufe du trop peud'ecart des rayons. Pour faire
voir qu'il n'y a pas d'autre raifon de cet effet , c'eft que ceux qui font le
plus accoutumes .i regarder dans les lunettes d'approche , & qui n'y re-
marquent point de couleurs , voient les objets colores s'ils approchent ou
s'lls ecartenr le veire oculaire de I'objeftif plus qu'il ne convicnt a leur
vue : I'experience fuivante fervira encore de conhrmation a ce que je viens
de dite.
LIV. Quand on a rempli d'eau une petite phiole bien.ronde d'un pouce
de diametre ou environ , & qu'on I'expofe au foleil dr.ns une chambr^
obfcure , fil'on regarde cette phiole en tournant un peu le dos au foleil ,
enfotte que la ligne droite qui va de I'ceil a la phiole , faffe un angle de
4i degtcs, environ avec celle qui vient du foleil a la meme phiole; on y
verra un point d'une coaleur rouge tres-vive & enfuite on verra da jaune ,
du verd , du bleu Sc du pourpre en remuant un peu I'ccil de la place ou
il voit le rouge. C'eft par ce moyen qu'on explique les couleurs de I'arc-
cn-ciel : mais ce qui eft de plus remarquable dans cette experience , c'eft
que ceux quiont la vue parfaite , ou qui ne font qu'un peu Presbytes, ne
voient prefque pas ces couleurs, quand la phiole n'eft eloignee de I'oeil
Tome III f Panic Francoiji, L
Si COLLECTION
• que de 5 ou 4 pieds , au - lieu que ceux qui font fort Presbytes on un
yVcAD. RoYALE pj-y Myopes, voient ces couleurs fort diftiniStes 8c fort wives. Ces for-
DEsbciiSNCES tes d'yeux voient tres-diftin<5lement les petites parties de la boule d'ou la
c ^ ' lumiere rompue fe retlechit vers ToEil , fes rayons ne font prf^fque point
d ecart & par confequent les couleurs ne lont point ou ttes-peu lerlibles:
mais quand la phiole eft fieloignee de ces yeux par rapport a fa grolLur,
qu'ils ne peuvent plus en diftinguer les petites parties , & les rayons qui
font les couleurs s'ecartanr toujours de plus tn plus au-del.l de la lumiere
pure , iis y voient des coukurs comme les autrts yeux: c'eft pourquoi ils
voient fort bien les couleurs de I'arc-en-ciel dans ks petites gouttes de
pluie. (rt)
LV. C'eft acidi par la meme raifon que ces fortes de vues ne voient pas or-
dinairemenc ks ..oulcurs de I'arc-en-ciel dans les gouttes de rofee qui font
attaclices fur ks iierbes, a moins que ces gouttes ne foient tres petites , ou
qu'elles ne foient fort eloignees de I'ccil \ car a 4 pieds de diftance envi-
ron, i!s voient trop diftin(5tement les petites parties de ces gouttes : c'eft
pourquoi les rayons de la lumiere ne faifant pas un affez grand ecart dans
leurs yeux, ils ne fauroient appercevoir les couleurs qu'elle y forme. Mais
s'ils m-ttcnt au-devant de Toeil un verre convexe on concave, ce qui les
rend alors Myopes ou Presbytes, ils apper^oivent les couleurs comme fi
leurs vues avoient ces defauts.
Dc qudqucs accidcns qui arrivcnt aux trots fortes dc Vues.
LVI. JVl oNsiEuR Descattc; dit que lorfque les rides qui fe font fur les
furfaces deshumeurs de I'ccil font droites 6i qu'elles fe croifent dans I'axe ,
ce qui fe rencontre fouvent , nous voyons de grands rayons cpars cp. &: la
autout des flambeaux. Mais cette raifon n'ell pas vraifembiable j car il
faudroit qu'il y eut toujouts de ces fortes de rides fur ks yeux, ou
qu'elles fulfent formees par le clignotement , & qu'elles fulfent feule-
ment de haut en bas ; cat toutes les fois qu'en regardant une chandelle
on ferme prefque I'cEil , on voir toujours de ces rayons qui .s'etendent
feulementen haut & en bas.
LVn. M. Rohaut explique ce phenomene d'une maniere fort diffe-
rente de celle de'M. Descartes \ car il dit que les deux paupieres H & I
{ figure fuivante ) etaiit fort proches I'une de I'autre , ne lailTent qu .i peine
une petite ouverrure entre-deux, par laquelle les rayons qui partent de la
chandelle BCD, vont tracer fon image dans I'endroir E F G de k retine ,
& que ks bords des paupieres qui fe touchent ordinairement , font lilies
comme deux miroirs convexes qui reflechilfent ks rayons de lumiere qu'ils
(a) On fait a prefent <]ue I'inegale refranj;ibilite des rayons eft la vraie caiife de
rapparcncc dc ces couleurs : on a mcme trouve les moyens d'cmpecher ces conleurs
de paroitre , foit par la forme qu'on a donnce aux objcilifs , foit par le choix des
maticrcs dlffaerament refringentcs dont on les a compofts.
■SupyiiMEHT.
A C A D 6 M I Q U E. o,
envoicnt vers la retine aux endroits E K , G L , qui fans cela ne feroient 1, r.- 'SSS
^branles que par les objets qui feroienr vers B M & C N; ainfi rimpredion Acad.Royaui
qui fe fait en E K , caufe I'apparence des rayons lumineux qu'on rapporce des Sciences
en B M, Sc ccUc qui fe fait en G L caufe I'apparence des rayons qu'on °^ I aris.
imagine en C N.
Mais il ajouteque
la partie B de la
flamme eclairanc
la paupiere infe-
rieure I.fes rayons
font reHechis fur
cette paupiere, &
vont toucher la
retineenhautdans
y_£^ fa partie LG , ce
qui caufe I'appa-
rence des rayons
d'en bas C N. Si
Ton met done un
corps opaque OP
entre I'oeil &c le
haut de la flamme , on cedera de voir les rayons d'en bas & on con-
tinuera de voir ceux d'en haut parce qu'ils font formes par les rayons
CH qui partem du bas de la flamme Sc qui ne font poinc interceptesj
mais alors ils ne paroilTent plus a la meme dirtance que la chandelle ,
mais fur le corps opaque.
LVIII. Cette explication a regu beaucoup d'applaudiflemens , & elle
paroit d'abord fort convaincante , mais il me femble qu'en I'examinant
de pres elle ne pent pas fe foutenir. M. R. remarque tres bien qu'il faut
que la cliandelle foit cloignce de I'ceil , & I'expinence fait voir que le»
rayons paroiflent bien mieux lorfque la chandelle eft fort eloignee, que
lorfqu'elle ell; prociie : mais c'eft ce qui detruit enticrement f.i demonftra-
tion ; cir alors on ne doit plus confiderer dans la chandelle de partie haute
ni de bade comnie il a fait , les rayons qui en viennent al'oEil ctant comma
paralleles entr'eux. De plus, quand il dit que les rayons B I qui viennenc
de la partie fuperieure B de la flamme , font I'apparence des rayons C N en
allant toucher U partie fuperieure G L de la retine , il ne confidere pas que
les rayons du milieu de la chandelle & meme ceux de la partie inferieure ,
vont aulli rencontrer la fuperficie convexe de cette paupiere inferieure I ,
& par confjquent , quand on metttoit le corps opaque OP, on ne cache-
roit qui2 quelquesuns de ces rayons qui feroienr fur la retine immediate-
menc au-defTus de la chandelle, leur extremite L paroiflant loujours , la-
quelle feroit tormee par la lumiere du milieu &: du bas de la chandelle : eg
rayon ne dilparoitroit done eiuieremi,nt que lorfqu'il ne tomberoit plus au-
cune lumiere fur la paupiere I. Mais s'll n'y avoir plus aiicun rayon de lu-
miere qui put rencontrer la paupiere I , il n'y en auroit point qui tombac
fur la paupiere H j car route la chandelle lui feroit caches par le corps opa-
L ij
t4 COLLECTION
• ^^^ que,& fi Ton mcttoit les corps opaques proche de Tosil , apres rinterfec-
AcAD.RoYAH tion Jes rayons , il arriveroit le coiuraire de ce que die M. R. , ce qui re-
DES Sciences p^gng ^ I'experience : il faut done chercher ailleurs la caufe de cetce appa-
DE I'ARis. r fa .1 ., - , ,- . „ rr
c jL rence ; mais il faut auparavant rapporter plutieurs circonltances que cec
aureur n a pas remarqueesou qu il a negligees , & raire voir en meme- temps
qu elles ne peuvent pass'accorder avec fon fyfteme.
LIX Je remarque premierement , que lorfqu'on panche un peu la tete
en bas & qu'on regarde la chandelle, on voir feulement le rayon d'en bas
CN ; & au contraire lorfqu'on leve la tete on ne voit que des rayons en
liaut comnie B M , & enfin que pour voir de rayons eu haut Sc en bas , il
faut tenir la tete droite & fermer prefque I'asil.
Pour expliquer ces eftets , il faut confiderer que la paupiere d'en haut a
un fort grand mouvemenc en comparaifon de celle d'en bas qui n'en^ a
que peu > & que lorfque la tete eft un peu bailfee , le globe de I'acil s'eleve
en haut pour regarder la chandelle , enforte que I'ouvertiire de la prunelle
fe trouve alors fort cloignce du bord de la piupiere d'en bas , qui ne peuc
pas s'elever jufqu'a I'ouverture de la prunelle , & par confequent il ne
pent pas reHechir dans I'eeil aucun rayon du bord de la paupiere d'ea
bas, ou s'il en reflechit , ce ne peur etre que bien moins que lorfque
I'cEil eft mcdiocrememt ouvert : mais comme il n'y en reflechit point
quand I'ocil ell: mcdiocrement ouvert, ce qui eft confirme par I'expe-
rience , puifqu'on nevoit point de rayons, il n'y a done point de rayons
reflcchis de la paupiere d'en bas dans cette pofition de la tete, & par
confequent on ne verra point le rayon C N qui accompagne la chandelle
vers le bas ; car les rayons reflechis de la paupiere d'en bas I font ceux
qui font voir les rayons C N en bas dans I'explication deM. R. a caufe
qu'ils ftappent la partie fuperieure G L de la retina , ce qui eft entiere-
ment contraire a I'experience.
Mais dans cette pofuion de la tete qui eft baiffee , I'ouverture de la
'prunelle fe rencontrant vis-a-vis du bord de la paupiere d'en haut , les
rayons qui viennent de la chandelle vers Tceil , devroient fe reflechir fur
le bord convexe de cette paupiere , & aller occuper la partie inferieure
E K de la retine , qui feroient voir le rsyon B M au-delTus de la chan-
delle , ce qui eft entierement oppofe a I'experience. Tout le contraire
doit arriver lorfqu'on levera la tete. j car alors I'ouverture de la prunelle
fe rencontrant proche du bord de la paupiere d'en bas , les rayons de la
chandelle qui s'y reflechlront , iront occuper dans I'oeil la partie fupe-
rieure , & par confequent ils feront voir le rayon de lumiere C N au-
defTous de la chandelle , ce qui eft encore contraire a I'experience ; car
la tete etant levee on ne voit que le rayon d'en haut B M. On ne peuc
pas dire cfue ces effets arrivent a caufe de la grandeur de la chandelle ,
qui envoie des rayons differenrs de la partie fuperieure & de I'infc-
rieure ; car lorfqu'elle eft fort eloignce de I'oeil , & qu'on met au de-
vant une carte percee d'un petit trou , on ne laifle pas de voir la memo
chofe , quoique les rayons qui viennent de cotites fes parties foient comme
paralleles entr'eux.
On remarque aufK qu'en regardant la lumiere de la chandelle an
A C A D 6 M I Q U E. 85
travers de ce trou , la tcte etant mcdiocrement bailTce , on voir des =r=^=:=^
rayons cjui s'ctendent au-delTous de la lumiere du trou , & que fi on la Acad.Royalb
bailie un pcu plus, ies rayons difparoiifent tout-d'un-coup , quoiqu'on voie ^^^ 1'ar^s"^
encore la lumiere au travers du trou. Cert ce qui fait trcsbien connoitre Cypyi.^ „ent.
que ce ne font pas Ies rayons de la lumiere qui , frappant fur le bord
de la paupiere infcrieure Ik. fe reflcchiflant vers la parcic fuperieure de
la reiine , formenc Ies rayons qui paroiflenr au defTous de la lumiere du
trou ; car puifqu'on voit encore la lumiere du trou , lien n'empcche que
cette lumiere ne donne fur le bord de la puipicre. Il faut done chercher
line autre -.aufe de ces efFets : Si voici celle que je regacde comme fa-
tisfaifante a tous ^gards.
LX. Soit done comme ci-devant I'oEil A &: le point Inmineux B , i
quelle diftance on voudra , pourvu qu'il ait encore alFcz de force pout
toucher I'aEil vivement. On fait que I'cril ell toujours liunitde d'unc eau
glaireufe qui fe ramall'e en plus grande quantite au bord dts pnupieres
que dans Ies autres endroits , parce qu'e'.les frottent fur la cornee. Cette
liqueur qui s'attache aux paupieres en s'y elevant, forme une cavite en-
ire la paupiere & la cornee , & Ies rayons qui viennent du po'.nt lum
neux 13 en palfant au travers de cetce cavite vers H , fe dctournent vers
la perpendiculaire &c palTent dans TcEil vers la partie fuperieure de la
retine ; c'eft pourquoi fi la paupiere H fe trouve vis avis de I'ouvcrture
de la prunelle , comme il arrive lorfque l.i tcte eft. un peu bailT'ee , il
s'enfuit que Ies rayons de la lumiere qui fe ronipent vers le bord H de
la paupiere fuperieure , rencontrent la retine en OL , & forment le rayon
lumineiix qu'on voit au-deffous du point B en BN : mais fi Ton baide uii
peu trop la tete, & que la faillie du fourcil & de la paupiere pu;lTe em-
peclier que Ies rayons de la lumiere ne donnent plus fur la petite con-
cavitc formce par I'humeur de I'oeil au bord de la paupiere fuperieure
H , le rayon lumineux qui paroit au-dcrtous du point D , difparoitr.t
comme il arrive en effet , quoiqu'on voie encore le point lumineux B par
le moyen des rayons qui tombent a Fordinaire fur la partie de la cor-
nee qui ert entre Ies deux paupieres & qui peuvent entrer dans I'oeil par
I'ouvcrture de la prunelle. 11 eft evident qu'il ne fauroit paroitre de
rayon au-delfus du point B lorfque h tete ell baiiTce ; car la paupiere
infcrieure etant alors au delTous de I'ouverture de la prunelle , Ies rayons
qui tombent fui la concavite faite par I'humeur qui eft au bord de la.
paupiere I , fe detournent vers le bas de TQcil fans pouvoir pader au-
dedans par I'ouverture de la prunelle qui eft au-dclFus , ce qui eft con-
firme par experience. Mais fi la tete eft dtoite , & que Ies deux pau-
pieres foient approche'es I'une de I'autre , la concavite qui eft formee
entre deux par la liqueur, recevant Ies rayons du point lumineux R, tes
detourne , en forte que ceux cjui rencontrent la courbure vers la paupiere
infcrieure , vont vers ie bas de I'ceil en K , I'iceux qui rencontrent la courbure
vers la paupiere fuperieure H , vont vers le haut en L j & comme dans
cette pofition de loeil f : des paupieres , I'ouverture de la prunelle RS ,
fe trouve entre Ies deux paupieres, Ies rayons dccournes pcurront pt'netrer
au dedans de i'aeil & renconcrer la retine au-dclTus & au-dcircus de I'axe
S^ COLLECTION
ill de I'oeil , 8c ainfi ils feronc voir deux rayons de lumiere BM , BN
Acad. Roy AiE tout enfemble , au-delTus ^ au-defTous du point iunjineux.
t>rs Sciences Si on leve maintenanc la tete fort haute , on appercevra un feul rayon
BM au-delfus du point lumineux; car ie globe de I'oeil fe bailTant pour
mettre fon axe dans la iigne qui vient du point B , la courbure qui
touche la paupiere inferieute fe trouvera vis-a-vis I'ouverture de la pru-
nelle, & les rayons qui fe detourneront fur cette courbure en defcen-
dant vers le bas de I'oeil, pourront penetrer au-dedans , & rencontrer
DE Paris.
SuerLtMENT.
la retine en K au-deflous de I'axe , d'oii 11 arrivera qu'on verra un feui
rayon de Uimiere BM au-delFus du point lumineux B. On n'en verra
point au-defTous , car les rayons qui rencontrent la courbure qui eft
contre la paupiere fuperieure H, en fe detournant vers le haut de I'oeil ,
ne fauroient entrer par I'cuverture de la prunelle qui eft au-dellous.
Quand on pleure , I'abondance de la liqueur forme une plus grande
concavitc au bord des paupieres , d'ou il arrive que la refradlion etant
plus grande, les rayons de lumiere paroillent plus vifs & plus longs (<2).
Il refte maintenant a expliquer ce qui arrive lorfqu'on met un corps
opaque entre I'ceil Sc la lumiere.
Il faut premierement remarquer qu'on doit placer le corps opaque
procfie de I'ceiI pour faire un effet plus fenfible. Lorfque la tete eft
bai.Tee , & qu'on voit les rayons en bas , fi I'on place le corps opaque
vers le b.is de roeil > les rayons qui paroiirent en basdemeurent ; ce qui
paroit evident par ce que j'ai explique ci-devant , car les rayons de la
lumiere qui font interceptes par le corps opaque , n'apportent aucun
I
(a) Si ce phenomene etoit un efFct de la rcfraiftioii commc Ie fuppofe ici M. de
la Hire, les rayons refraifles dcvroient paroitie colorcs divcrfemcnt ; & comme cela
a a point lieu , M. Smith en conclut que cette appareiicc eft pluiot produite par I'in-
flexion des rayoiis palTant pres des bords des paupieres.
ACADiMIQUE. 87
changement a ce qui fe pafTc au-dedans de Tail, puifqu'ils n'y enrroient ■
pas auparavant. Mais fi I'on place le corps vers le haut de loEil , en Acad-Rovalb
avancant ton bord vers Is bas , ies rayons qui paroilTent au-delfous de la ^^ 1'aiu"*
luiniere difparoiirent tout-d'uncoup , quoiqu'on vole encore la cliandelle. i^yyiUjicuT
Ceci eft aifc a expliqusr ; car le corp> opaque P iiuerceptant alors Ies
rayons de la lumicre qui tomboient fur la concavite de la liqueur, qui
ctoit amaiTce aurour de la paupitre fupjrieuie H , n'entrenc plus dans
I'oeil , & ne vont plvjs toucher la partie fupeneure de la retine ; c'eft
pourquoi Ies ray.ns qui paroilTent au bas de la lumiere difparoilFcnt ;
mais comme il y a encore des rayons de la lumiere qui rencontrcnt la
cornte entre Ies deux paupicres , lis vont s'afTtniblcr au fond de I'cril ,
& y font a I'ordinaire une peinture exaifle de I'objet lumineux. Le con-
traire arrivera par une meme caufe pour le rayon BM , qui paroit au
haut de la lumiere en levant la tete ; ce qu'il n'eft pas nccellaire d'expli-
quer plus au long.
Quoique Ic fentiment de M. R. fur Ies rayons qui paroilTent aux
chandelles ne puil'e pas fe foutenir , on ne peut pas nier pourtant que
I'epailfeur des paupieres ne rcflifchilFe la lumiere au-dedans de I'ccil ,
dans quelques pofitions de I'oeil & de la chandelle : mais cette lumiere
reflechie fait une appatence fort ditferente des rayons done nous avons
parle ci-devant,
Auditor que j'eus trouve cette explication , je refolus de la faire im»
primer en particulier \ mais ayant rencontre le petit Traite qui a pour
titre , rOjihtalmographie par M. Brigs , Medecin Anglois , j'y vis en ge-
neial la meme explication de cette apparence.
LX!. Il y a une efpece de tnche qui peuc paroitre dans route forte
d'yeux , & dont je n'ai point parle ci-delTus; mais elle ne peut jamais
apporter aucun dommage a Iffiil , car elle n'eft caufee que par que'.que
glaire cpailie & irreguliere qui glilTe fur la cornee , ians lui donner
aucune incommodite , fi ce n'cft de I'empLcher de voir dilrindlsmenc
lorfqu'elle fe rencontre devant I'ouverture de la prunelle : mais en re-
muant un peu la paupiere , on detourne ce' corps eiranger & aufli-tot la
tache difparoit. On ne s'appercoit de ces taches que quand cm regarde
une chandelle ou une lumiere fembable dans un lieu obfcur , & il faut
que I'image de la lumiere paroilTe confufe : c'tft pourquoi fi cette lumiere *
eft a une diftance de douze ou quinze pieds , 1 ceil qui la regarde doic
etre myope ou fort presbyte pnur voir cette forte de tache ; car alors
la peinture de cette lumiere qui fe fait dans le fond de Iceil ctant con-
fute , on voir la figure de I'ouverture de la prunelle, comme j'ai die
ci-devant , & non pas celle de la lumiere. C'eft pourquoi lorfqu'un corps
opaque fe met au-devant de cette ouverture , il en change la figure , Sc
ce corps doit aufli paroitre fur la peinture de la lumiere qui eft dans le
fond de loeil , puifque la figure circulaire qui eft au fond de I'ceil doit
ctre femblable a celle de I'ouverture , & en avoir routes Ies irrcgularites.
Mai; un ceil bien conforme pour voir diftindtement Ies objets a la dif-
tance oil la chandelle eft pofee , ne verra point cette tache ; car la pein-
ture de la chandelle fera diftiniSe fur le fond de I'osil , de quelque figure
ss colhection
■ ~— • que foit la pruttelle &: quelques irregiilarites quelle puifTe avoir. Cepen-
AcAD.RoYALE daiit fi cec <e\[ bien contorme veuc voir ces fortes de caches , il n'a qua
DES Sciences prendre un morceau de verre ordinaire qui foit un peu eclate fur le
DE I ARis. hotd, Sc approcher cet endroic tout contre I'ceil , alors ce petit eclat lui
SvpfLiMEUT, enverra dans I'oeil une lumiere , comme s'il y en avoit une a i'endroic
nieme de cet eclat de verre. Mais cet osil n'etant pas difpofe pour voir
diftiniStement des objets qui font fort proches , il doit etre coniidere par
rapport a cet objet lumineux , comme un ceil fortpresbyte , & il verra la
tache fur la lumiera de cet eclat. Il ne lailFera pas aufli de voir diftinde-
ment la lumiere de la chandelle a cote de I'autre.
Cette forte de tache qui paroit grande a proportion de la grandeur
du corps qui la forme fur la cocnee , difparoit auffi tot qu'on ecarte ce
corps de devant la ptunelle , en remuant ou en fermant les paupieres.
Lorfque I'humeur qui enduit la cornee eft fort vifqueufe , C\ Ton ferme
la paupiere de delTus en bailTant un peu la tete , enforte que le cercle
lumineux fous la figure duquel on voir la chandelle , paroifle coupe ega-
lement pat la paupiere , quand on releve la paupiere tout-a-coup , on
voit une ligne ou bande obfcure a I'endroit oii I'ombre de la paupiere
coupoit la lumiere apparente. Cette ligne eft formee par une elevation
de I'humeur glaireufe , qui refte un peu de temps fur la cornee a I'en-
droit oil etoit le bord de la paupfere , mais enfuite elle s'etend avec le
refte Sc la ligne difparoit.
LXII. J'ai dit ci-devant dans le paragraphe X , que fi Ton a un en-
droit de la recine plus fenfible que les autres , & que cet endroit ne foit
pas dans I'axe de la vifion , on tourne I'oeil en-
forte que la pointe du pinceau des rayons qui
viennent de I'objet qu'on veut voir diftinfte-
menc , tombe fur cet endroit , &c alors il fem-
ble que chatun des deux yeux regarde en diffe-
rens endroits , ce qui fait la vue louche : mais
ce dcfaut de la vue peut venir auffi d'une autre
caufej car fi le cryftallin n'eft pas fufpendu bien
droit au-devant de I'ouverture de la prunelle , Sc
qu'il foit plus incline d'un cote que d'autre com-
me on voit dans cette figure , la pointe des pin-
ceaux des rayons AB qui viennent diredtement
a I'oeil Sc qui devroient tendre au point P fur
la retine dans I'axe CP , fe dctourne en D vers
I'endroit oii le cryftallin eft le plus eleve. Mais
fi le point P de la retine , lequel eft dans I'axe
CP, eft le plus fenfible comme il I'eft ordinairement , les rayons qui vien-
dront obliquement dans I'ceil comme font EB , ay?nc palfe au tr.a-
vers des humeurs de I'oeil, iront s'affembler fur la retine en ce point
P , & I'objet qui enverra les rayons EB , fera vu le plus diftinclement de tons ;
c'eft pourquoi cette vue patoitra louche, car I'oeil fera artencif a I'objec
vers lequel il n'eft pas dirige {a) , Sc ce defaut paroitra encore plus grand ,
(a) II rac femble que ce n'eft point Tail louclie qui eft attcntif & qui voit dans le
A C A D 6 M I Q U E. 'ij
ii le cryftallln n'efl: pas incline du nicme cotd dans chacua des deux yCux (a). <
J'ai fuppofe dans ce que je viens d'expliquer que les rayons s'alTem- Acad.Royale
blent evidtement fur la rctine ; quoiqu'il foic certain , quo fi le cryf- des Sciences
tallin ecoit fufpendu obliqucniL-nt dans I'lEil , la vifion ne fe pourroic ^^ Paris.
jamais faire bien diftin(fle. Mais fi Tccil ne peut voir Tobjet que confu- •St/FPti.«£NT.
fement , foit qu'il foit presbyte ou myope , & que I'objec foit trop
proche ou trop loin , I'image de I'objec fera confufe, mais d'une maniere
route particulicre , ce qui paroitra fort clairement , il Ton regarde un
objet lumineux comme une cliandelle dans I'obfcurite ; car fon irrwge
paroitifl ovale , au lieu qu'on la devroit voir route ronde fuivanc la foi>»
me de I'ouverture de la prunelle. Cet ovale aura fon petit diametre dans
la ligne qui determine I'inclination du cryftallin , & Ton poutra par ce
moyen connoicre de quel cote le cryftallin eft incline dans I'ocil. On pour-
ra auiTi remarquer fi le cryftallin eft incline de la meme maniere ou differem-
ment dans chaque oeil ; car en fermant alternativement les deux yeux ,
& regardant toujours la meme chandelle, on verra fi les images de la
lumiere font toutes deux ovales, & fi ces ovales font inclines du meme
fens ou diverfement , ou d'un fens contraire , ce qui fera connoitre les
differences inclinaifons du cryftallin. Ceux qui ont le cryftallin incline
en fens contraire dans les deux yeux, verront la lune comme deux ova-
les qui s'entrecoupent, comme il paroit dans cetce
JTCt-y^-'^-rl figure , & ils jugenc d'abord qu'ils voient cinq lu-
;■.,.„.„, . nes jointes enfemble ; car la parcie du milieu qui
eft commune aux deux ovales, paroit au milieu des
autres Sc la plus claire parce quelle a double lu-
miere. Les quaere excrcmites qui debordent audela
de la partie du milieu , paroilfenc comme tjuatre
autres images de la lune , done les centres feroienc
eloignes les uns des aiicres & qui feroient en par-
tie recouverces par celles du milieu.
LXIII. J'ai aufii dcmonirc ci-devanc paragraphe XX , commenc un fcul
objec pouvoit paroitre double avec un feul osil qui eft presbyre ou myope ;
mais il faut voir prefencenient comment il fe jieut faire que toutes fortes
de vues puifPent voir un meme objet multiplie plufieurs fois~, fansqu'il
y ait aucune chofe extcrieure qui dccourne les rayons comme on le peu:
remarquer dans I'expcrience fuivante.
Si Ton mec au-devanc de losil Sc tout proche un papier ou un carton
mince c^ui foic ouve«t d'une fence longjic & fore ccroite, 8c qu'on re-
moment ou il fe detoiirnc ; il ne fe d<itourne au contraire que pour nc point obfcur-
cir I'image du bon ceil. ( V. ci dejfus la. note du. paragraphs X. )
(a) Je ne fais <i ce cas eft dans la nature; mais je nc fadic pas qu'il y en ait en
fcul cxcmplc bien avere. Toutes les pcrfonncs louchcs ont toujours un de leurs ycui
tourni dir;c1enicnt vers I'objct cju'cUes rcgardcn: , & (i fermant Ic bon ocil cllcs vcu-
Ivnt rcffardcr avcc celui cjn'cllcs detomnoient auparavaut, cclui-ci fc tedrclTc aufli-:6t
& fc dirige droit a I'objet.
Tome III , Partie Fran^oifc, M
?•
COLLECTION
■I — — garde line ctandelle dans I'obicurite , il y aura peu de vnes qui ne
Acad. RoYALE voient cette chandelle multipliee plufieurs fois felon la longueur de la
DEs Sciences fence; en force que fi cette fence eft placee horizoncalement audevant
DE I ARis^ de I'tEil , on verra plufieurs chandelles rangees les
SveeiiM^HT, I A A A A A A unes aux cotes des autres a-peu-prcs comma en
cette figure, & j'ai trouve des yeux qui en voyoienc
jufqua fix,
Pour rendre raifon de cette apparence , il fauc
d'abord confiderer que fi iQEil a une conformation
propre pour voir tres - dirtindrement cette chandelle a la diftance oil
elle eft: placee , il n'en doit voir qu'une feule fore diftindtemenc au
rravers de la petite fence 5 mais elle doit paroitre un peu moins lumi-
neufe que fi la carte n'etoit pas audevant de I'oEil , car il enttera
moins de rayons dans I'ocil j & il eft certain que la petite fence de
la carte qui change la figure de I'ouverture de la prunelle , ne
pent apporcer dans ce cas aucun changement a la figure de I'objec ,
comme on le demontte dans I'opcique. Mais quoique I'a'il ne puilfe pas
voir tres-diftinftement iin objet dans nne certaine diflance , on ne fau-
roit prefque s'appercevoir de ce defaut fans cette experience , a caufe
de la grande ouverture de la prunelle ; car la plus gcande partie des
rayons qui cntrent dans I'oeil , s'alfemblant en un endroit qui a peu de
latitude, lorfque Tobjec eft place a une diftance propre pour hire que cec
endroit fe rencontre fur la recine, on croit voir I'objec tore diftinftement,
les rayons qui s'ecartent de cote & d'autre , n'etant pas alTez forts pour
faire une impreffion fenfible fur la retine. Ainfi , quoiqu'un ceil ne foit
ni presbyte , ni myope , il n'eft pas pour cela parfait. Mais fans confi-
derer ici fi Toeil eft presbyte ou myope , ou paifait , comme je I'ai de-
fini dans le commencement de ce difcouts , je fuppofe feulemenc qu'ii
n'y a poinc d'endroir au dela du cryftallin , ou tous les rayons qui en-
ttent dans I'oEil puilTent s'alfembler exadement. Il femble d'abord qu'on
ne devroit voir feulemenc qu'une lumiere longue fuivanc la figure de
la fente ; car I'ouverture de la prunelle etant alors changee &c etant
longue , la lumiere qui fe peine lut la recine doic avoic la figure de
I'ouvercure de la prunelle comme je I'ai demoncre dans le pnragraphe
XXXIX : msis la difficulte eft d'expliquer commenc cetce lumiere longue
fe divife en plufieurs parties , qui reciennenc touces la figure de I'objec
lumineux.
Je dis done qu'il fe trouve peu de vues done les fuperficies du cryf-
tallin Sc de la cornee foienc de celle figure qu'elles puifienc raftembler au-
dedans de I'cEil tous les rayons des objets qui lone places a differences
diftances comme je I'ai obferve paragraphe XXI , & c'eft par cecce ir-
regularicc de furfaces des humeurs de I'cril que j'explique I'apparence
done il s'agic ici. Soic ACDF la convexlce de la cornee qui foie d'une
figure uniforme comme celle. d'une portion de cerde ; GOH la fuper-
ficie anterieure du cryftallin, & n * n fa fuperficie pofteiieure , & que
ces deux fuperficies foienc itreguiieres, enforte qu'elles decournenc les
rayons dans quelqu'ordre vers differens endioics.
ACAD6MIQUE.
^i
Je fuppofe maintenant qu'il y ait uii objec B d'oii il vient des riyons =
A I'Gcil cotnme BA , BC , BF , & que ces Acad.Royaw
rayons foienc comme paralleles entr'eux dans
cet exemple, Sc j'examine premieremenc ce
qui arrive a ces rayons fur un plan qui
pafle par I'axe de I'ceil , ce qui elt reprc-
lente dans cette figure. Les rayons qui vitn-
nent de I'obje: B , & qui rencontrenc la
furface de la cornce , que j'ai fuppofce d'une
courbure uniforme, font decournes comme
pour les faire concourir a-peu-pres en un
meme point : mais en renconttant la fur-
face anterieure du cryftallin qui eft irrcgu-
liere , ils fe detournent en diffetens endroits ,
Sc cet ecart augmente ou diminue fuivant
I'irrcgularite de la furface poflerieure du
meme cryftallin. Je fuppofe done dans cet
exemple que les rayons qui tombent autour
du point O fur le milieu de la furface an-
terieure du cryftallin , ayanc pafle au tra-
vers de cette humeur , & s'etant encore
detournes fur la furface poftcrieure , con-
courent au point Y fur I'.ixe de rceil; mais
que les rayons qui tombent autour de M
6c de N aux deux coies du point O, apres
avoir paffe au travers du cryftallin, concou-
rent vers les points ST ou ils font lent foyerj
enfin que les rayons qui viennent d'un me-
me point de I'objet , s'ecartant vers differens endroits , doivent faire de
la confufion fur la retine en quelqu'endroit qu'elle foit placee ; car fi la
retine eft en LK, ou volt que les rayons qui tombent fur le cryftallin
vers les points G & H , concourant au point I fur la retine , y repre-
fentent I'image du point B de I'objet, & cette image fera d'autant plus
vive qu'elle aura les rayons de deux endroits difterens qui fe joignenc
enfemble & qui font encore fortifies par ceux du milieu qui concourent
au point Y , mais qui font un peu de contufion en ce point I a caufe
que les rayons du milieu qui concourent au point Y qui eft plus eloigne
que la retine , s'ecartent un peu autour du point I pour les rayons qui
tombent autour des points M & N , & qui font leut foyer en S & en
T, ils rencontrent la retine aux points LK , oia ils occupent une pe-
tite place , a caufe que ces points LK font eloignes des foyers ST. Il
fe fera done fur la retine LK , trois peintures ditferentes de I'objet B ;
une fort vive au point I, & deux autrcs aux deux cotes un peu plus
foibles & un peu confufes aux points LK.
Maintenant, ii la recine fe trouve en ST, il doit arriver par les mcmes
raifons que je viens d'apporter , que I'objet B fera cinq peintures diffe-
lentes fur cette retine, fcavoit deux diftindles aux points ST, & trois
M ij
DES Sciences
DE Paris.
SvffLtUENT,
91
COLLECTION
■ autres un pen confufes aux points Q P R , ou les rayons qm foni leurs-
AcAD.RoYALE foys^s aux points I & Y, font coupes hors de ces foyers. Enfin , fi la
DEs Sciences letine ell plaeee en V A , il s'y fera audi cinq peintures de I'objet , une
DE Paris. diftinde au point Y , &c quaere autres aux points V X Z A un peu con-.
SUFFL^MEUT. fufes.
L'ceil ecint difpofc comrae je le fuppofe ici , en voit que louvefture
de la prunelle etant ronde , au lieu des points S QR T , &c. dans chaque
pofition de la prunelle , il doit y avoir des cerdes , dont tous les centres
feront d.ins I'axe DY, & ces cercles feront plus ou tnoins lumineux &
plus 6c moins larges a proportion de la lumiere qui fe rencontre aux
points SQRT, &c. car ce n'eft que cette mcme lumiere qui tourne
autour du centre comme P , & qui fait la grande confufion de la vifion.
Mais fi I'ouverture de la prunelle n'eft qu'une ligne comme je I'ai fup-
pofe d'abord , on n'aura que des points r.inges fur une ligne dans le
nume fens que celle de I'ouverture de la piunelle , & c'eft par ce moyen
que j'explique la repetition apparente de I'objet. Car quoique dans I'une
des diftan;es de la retine comme V A, les points marques VXZa aienc
quelque largeur , parce que les foyers d'ou ils viennent font en SIT,
iis font pourtant fi petits qu'ils font la mcme chofe que des points : car
alors I'ouverture de la prunelle pour chaque point n'aara de largeur que-
celle de la fente de la carte , & ne s'etendia en longueur qu'autant que'
le demande la difference des courbures ; Si. il arrive la meme chofe pour
chaque point , que fi Ton regardoit I'objet au travers d'un trou d'epingle:
car de quelque nature que foit I'oEil , on voit toujours I'objet diftinde-
ment , a caufe que les rayons qui pafl'ent par cette petite ouverture qui-
eft la bafe des cones lumkieux , n'ont pas un ecart fenfible quoiqu'ils
foient coupes beaucoup aii-delTus ou au-delfous de leur foyer. Ainfi la
multiplication de I'objet fe fait de la meme maniere que fi Ton metroit
une chandelle devant un carton perce de trous d'nne demi-ligne de dia-
metre environ , & qu'on re^ut la lumiere fur un papier blanc au-dela-
du cartcn. Il faut remarquer que dans tous les cas il ne laKfe pas d'y
avoir des rayons entre tous les points marques fur la retine dans fes
differentes pofitions ; mais comme il y en a peu , ils ne caufent qu'un-
peu de lumiere dans ces endroits j fans formsr aucune peinture diftiniSte ,,
qui ne peut patoitre que par le concours des rayons vers un meme
endroit.
Les differentes irregularites des trois membranes qui r^nferment les
humeurs de Toeil &c fur lefquelles les rayons fe rompent , caufent plus
ou moins de foyers , qui peuvent avoir fur la retine des difpofitions dif-
ferentes dont je n'ai rapportc qu'un cas pour exemple.
L'obfcurite dans laquelle on fait I'experience dont je parle ici , fere
beaucoup a faire voir I'objet repete plufieurs fois : car I'ouverture etant
alors plus grande qu'au jour , il peut entrer dans Tceil une plus grande
quantite de rayons qui rencontrant une plus gtande partie des fuperficies-
du cryftallin & de la cornee , peuvent etre detournes en plus de manieres
par les differentes irtegularites de ces fuperficies.
On peut obferver dans cette experience, de quelle maniere les rayons
1
ACAD^MIQUE.
pr
i'ecartent fur la rctine
e
TrjjIMilll:
^^
car fi Ton cleve peu-a-peu la petite fente qui
eft au-devan: de I'ceil , on verra diminuer le
nombre des cliandclles jiifqu'a ce que la pe-
tite fcnte touche rouvetture ronde de la ptu-
nelie , & alors on n'en verra plus qu'une ou
deux tout au plus qui difparoltront tout a la
fois quand la carte cachera toutc la prunelle. 11 eft evident que tela
doit arriver ainfi , puifque la multiplicite des chandclles ne vient que
de la graiide ouverture de la prunelle, & qu'a mefure qu'on eleve cette
fente, la largeur de la prunelle qui y eft comprife devient plus petite
comme on le pcut voir dans cette figure ou ab eft plus jjetite que cd ^
& t encore plus petite que a b , cq qui doit Ctre confidcre comnie I'ou-
verture de la prunelle. Ivlais dans la figure precedcnte , li la rctine tft
pofee en LK, & que la fente foit placc'e au milieu de I'ouverture de la
prunelle, on verra d'abord I'objet multiplie trois fois ; enfuite la fente
ctant un peu elevce retranchera les rayons qui font autour de G & de
H , & qui s'aflemblent en I ; c'eft pourquoi la cbandelle qui patoifToic
au milieu en 1 diminuera beaucoup de lumiere , car il ne lui reftera
plus que les rayons du milieu qui tombent en D. Enfin la fente ctanc
encore plus elevee , les deux chandelles formces en L & en K difparoi'
tront , & il ne reftera plus que celle du milieu route feule.
^lais fi la retine eft en S T oil Ton voit cinq chandelles aux points
5 Q P R T , on verra d'abord difparoitre les deux chandelles qui font
en Q & en R, lefquelles font formees par les rayons qui tombent vers
les extreniites du cryftallin en G & en H ; enfuite celles qui font en S
6 T qui font les plus eloignees , difparoltront , etant formees par les rayons
qui tombent en M &: en N , ic il reftera celle du milieu P route
feule.
Enfin , fi la rctine eft placee en V A , les chandelles difparoltront dans
I'ordre naturel ; car d'abord en elevant la fente , on ne verra plus les
deux plus eloignees en V & A , lefquelles font formees par les rayons qui
tombent vers les extremitcs du cryftallin en G & en H ; enfuite les
deux autres en X & en Z , & il reftera la dernieie en Y au milieu.
LXIV. 11 femble que les rayons qui tbmbent en G & en H & qui
S'entre-coupent au point I , avant que de rencontrec la retine , foit
qu'elle foit placee en ST ou en V a , y devroient former des chandelles
renverfces j mais on trouvera qu'elles doivent paroitre droites comme
les autres , en confiderant que leurs peintures feront renverfces fur la
retine ; car il n'arrive rien d'extraordinaire a ces rayons , fi cc n'cft le
chaiigement de cote de droite a gauche , la petite fente faifant alors
I'ofiice de I'ouverture de la prunelle. On verra done feulemenr a caufe
du changement , que fi Ton fait avancer quelque corps obfcur fur b
petite fente qui eft placee dans le milieu de I'oeil , enforte que la partie
vers F foit caciiee , la chandelle V difparoitra d'abord ; enfuite celle qui
eft en Z , & le corps continuant a s'avancer vers A , celle du milieu
s'en ira , puis celle qui eft en X & la derniere en A. On pout juger par
tctte mciiic maniere de ce qui arriveta fur la rctine dans quelque en-
AcAD. Royals
D£S ScitNCES
DE 1'ARIS.
SvttLi.itiUS,
94 COLLECTION
I — « droit quelle puiffe etre plaeee. Eiifiii , par les experiences de 1 ordre Jant
AcAD.RoYALE lequcl difparoltront les chandelles , on peut connoitre en quelque fa^oti
DES Sciences la forme des furfaces du cryllallin & de la cornee ; je dis en quelque
D£ Paris. fa^on , car il feroit difficile de debiouiller les combinaifons des tefrac-
SufpLt.vENT. tions de ces trois furfaces.
Ceiix a qui les rayons de la lumiere pofee a une cercaine diftance ne
font que ttes peu decart , ne pourroient pas voir plufieurs chandelles,
quand mcme les furfaces des humeurs auroient des irregularites : mais
s'ils mettent au-devant de I'ceil , entre la feme Sc la cornee , un verre
cohvexe ou concave , qui ecarte beaucoup les rayons fur leur retine ,
ilis appercevron: auflltot la multiplicite des chandelles ; car par ce moyen
ils pourront rendre leur vue ou myope ou presbyte : au contraire , ceux
qui voient naturellement plufieurs chandelles au travers de la fente , la
chandelle ecant dans une certaine diftance de lail , nen verront plus
qu'une au travers de la fence , s'ils donnent a leur vue par le moyen
d'un verre convexe ou concave , ce qui lui eft neceffaire pour aftemblec
les rayons de la chandelle a-peu-pres en un point de la retine, quoi-
qu'en efFet ils aient les fuperficies des humeurs irregulieres ; car ils ne
pourront appecccvoir la multiplicite des chandelles qui fe confondent.
J'ai dit ci-devant que la futface excerieure de la cornee & celles du
cryftallin devoient etre irregulieres pour faire I'effet que je viens d'expli-
quer : mais il pourroit auffi arriver la meme chofe par une autre caufe,
& qui eft conni'.e de ceux qui fe font appliquds a la dilfedtion des yeux.
Car ils favent que le cryftallin eft forme de plufieurs enveloppes les
unes fur les autres comme font les oignons , Sc que dans le milieu il
y a un petit noyau. Il arrivera done fi la nature de ces enveloppes tranf-
parentes caufe differentes reftaftions , que le cryftallin fera les efFets
que j'ai expliques , quoique fa figure exterieure foit fort reguliere j ce qui
eft tres- facile a connoure.
LXV". Ce feroit ici le lieu oii je devrois parler de la multiplication
des objets, qui fe fait en les regardant au ttavers de plufieurs petits trous
qui font perces dans un papier ou dans une carte mince , & qui ne
font pas plus eloigncs les uns des auttes que la grandeur de I'ouverture
de la prunelle : mais comme ce phenomene ne depend poinr de la con-
formation des yeux, fi ce n'eft en ce que cette multiplication ne s'ap-
percoit que par I'cell qui eft presbyte oa myope , I'objet etant place a la
diftance oii I'oEil ne fauroit le voir diftin6t;ment ; Sc comme j'en tire
une longue fuice de confequences pour la conformation de I'cril & pouc
la mefuredefa force ou de fa foibleflfe , j'ai trouve a propos d'en com-
pofer la feconde partie de ce Traite.
LXVI. Il auroi; etc difficile que la membrane iris , de la maniere dont
elle eft difpofee dans les hommes & dans la p'.upart des animaux , eiit pu
faire une aufli grande Sc aufli prompce contraftion Sc dilatation que
celle que nous appercevons dans les chats. L'ouverture de cette mem-
btane ne paroit dans I'ocil de ces animaux que comm? une fente de haut
en bas felon la ligne A3. Les mufcles qui fervent a I'ouvrit ne font
que la titer de chaque cote vers E Sc F , Sc elle peut fe former ou pat
ACADfeMlQUE.
95
line verca de reffbrt ou par d'autres mufcles qui tircnt en fens con-
traire vers A &c vers B. Ces fortes d'yeux ont Acad.Royai.e
done un crand avantage fi les humeurs font "^^ Scienxe^
. . ,P , -t • D£ I'ARIS.
bien conformecs , car ils peuvent appercevoic
k's objets diftindlement dans I'obfcuriti:, a caufe
de la grande quantitc des rayons qui encrenc
dans Tocil lorfque la prunelle eft dilatce autanc
qu'elle pent I'ctre ; & ils ne font point clioques
par une grande lumiere , puifquils peuvent fa-
cileinent 6<: fubitemcnt fermer rouverture de l.i
prunelle &^ bire enforte qu'il n'entre que pen
de rayons de I'objec qui puiflent toucher la re-
tine. Enfin cette ouverture pcut etre encore di-
ininuee &c reduite a un petit trou quand les paupieres viennent a fe fer-
mer , ce qui rcndra la vifion trcs-diftinifle de prcs & de loin.
Mais cette conformation de vue n'a pas etc donnee a rhomme , &:
ceux qu'on die avoir des yeux de chat , font ceux qui peuvent voir dif-
tindement pendant la nuit , c'eft-a-dire dans une trcs- foible lumiere
comme eft feulement celle des etoiles 5 car il eft certain qu'il u'y a point
d'yeux qui puiirenc voir dans une parfaite cbfcuritc. Ces fortes d'yeux
ont I'ouverture de la prunelle fore grande ; &: conime les hommes ne
peuvent pas relferrer beaucoup cette ouverture , au moins s'ils font un
peu avances en age , il leur arrive qu'ils ne fauroient fouffrir la grande
lumiere , comme je I'ai dcja remarque ci-devant , parce qu'elle cbranle
trop fortement la rctine , ce qui caufe de la douleur.
LXVII. C'eft par la mcme raifon que ceux qui viennenc d'un lieu obfcur
ou ils ont demeure long terns , fi ils regardent fubitsment une grande
lumiere, perdent quelquefois la vue; ou y fentenr une diminution confi-
derable : car par le long fejour qu'ils ont fait dans I'obfcurite , la pru-
nelle ctanc toujours demeurce fore ouverte , la membrane iris a perdu
I'ufage de pouvoir fe rederrer , & les rayons de lumiere entrant dans
I'cEil en grande quantite , cbranlent fi fortement le tilfu de la retine,
qu'ils le rompent a-peu prcs de la mcme maniere qu'ils feroient fi ayanc
paffe au travers d'un grand verre convexe , ils fe ralTembloient fur quelque
corps dont la tilFure flit fort delicate. Auffi ceux qui ont marche long-
tems dans les neiges , croient voir une blanchcur qui couvre les objers
colores , comme s'lls etoient couverts d'un crepe blanc j ce qui n'eft
qu'une maladic de la retine , qui a etc trop fortement ebranlee par la
blanchenr de la neige.
LXVIII. Il arrive quelquefois par une maladie particuliere de I'o-il ,
que I'ouverture ds la prunelle fe dilate extraordinairement , & qu'elle
occupe toute la membrane iris ; ce qui peut arriver , ou parce que certe
membrane perd entierement le reftbrt qui la tient etendue , ou parce que
le niufcle qui la relFerre e:l entierement relachc & n'cgit plus centre celui
qui I'ouvre , on enfin parce que le mufde qui la dilate ne peut plus fe
relacher ; d'ou il arrive que ceux qui ont cetce maladie , ne fauroient
foutTiic la lumiere , d'autant qu'elle fait une trop grande impreflion fui
SvetLiMENT,
i)S COLLECTION
le tiflTu de la retine , comme je I'ai remarque ci-devanr , & c'efl: peur-
V\cAD. RoYAi.E ^'■'■^ P^"- ^^^^^ raifoii qu'Aiiltote a dit qu'ils voient les ohjets plus grands
DEs Sciences qu'ils ne les voyoienc auparavanr , parce que la grande lumi3re ebranle
DE Paris. plus de parties de Li retine que ne fait une lumiere mediocre. C'efl: aufli
SvtPLiMENT. pour la mcme raif'on qu'une petite cliandelle paroic la nuit dans une
crcs- grande diftance. Alais cette grande augmentation d'image ne peuc
etre que pour quelques petits objets himineux , comme une chandelle
vue dans une dill.ince de cinquante toifes environ : encore faut-il fup-
pofer que I'ocil eft parfait pour voir diftindtement la chandelle dans cette
diftance ; car autrement ce ne feroit plus I'augmentation de i'objet ,
mais feuLment I'image de I'ouverture de la prunelle : ce que j'ai explique
ci-devant.
LXIX. II atrive quelquefois qu'on voit les objets doubles en les re-
gardant avec les deux yeux , & que quelqu'effort qu'on puide faire pour
diriger I'axe des yeux vers le mtnie endroit qu'on regarde , on ne fliuroit
les voir fimples ; cet accident furprend ceux a. qui il arrive , mais il n'eft
pas confiJcrable , & il ne dure pour I'ordinaire que pen de jours ; car
il n'eft caufe que par quelque fluxion qui fe jette fur I'un des mufcles
de I'osil ," & I'empeclie de fe mouvoir comme il a accoutume ; ce qui
fait a-peu-pr^s le meme effec, que li Ton contraignoit I'un des yeux en
appuyant fortement le doigt fur I'un de fes angles. Mais quand le mufcle
demeureroit toujours immobile , cette apparence ne laifleroit pas de fe
diiliper promptement ; car TceII qui eft fain , s'accommoderoit en peii
de terns a I'infirmite de I'autre , &c I'habirude feroit bientot fur la retine
de nouvelles parties de meme fenfation, comme il arriveroit fi I'on tenoic
pendant quelques jours deux doigts croifes I'un fur I'autre ; car alors les
corps qu'on toucheroit ne paroitroient plus doubles , comme ils faifoienc
dans les premiers moments.
LXX. Les images du foleil differemment colorees qu'on voit de tous
cotes apres I'avoir regarde , ne viennent que d'un trop fort ebranlement
des parties de la retine ; car I'endroit de la retine qui a etc fortemenc
ebranle , ne peut plus recevoir Timpreftion des rayons qui viennent des
autres objets : c'eft pourquoi il paroit une tache de la figure du foleil
ou de celle qu'il a prife en paffant par quelque ouverture ou autrement.
Mais la couleur de cette tache fe dillipe peu-a-peu a mefure que I'ebran-
lement des fibres de la retine diminue : car fi Ton ferme d'abord les
yeux apres avoir regards le foleil ^ on croit voir ces taches de couleur
rouge a caufe du violent ebranlement de la retine ; enfuite en tenant
toujours I'osil ferme la tache paroJt jaune , puis verte & enfin bleue. Mais
fi Ton regarde des objets differemment colores , les taches paroiflent de
diffcrentes couleurs par la comparaifon de celles qui les environnent,
&c par leur melange avec elles , ce qua Ton peut connoitre facilement ;
car il eft certain que ce qui paroit blanc lorfque le fond eft noir , psi-
roitra noir ou brun quand le fond iera blanc ; Hi la tache qui paroiitbic
jaune ou bleue les yeux etant fermes , paroitra verte fi Ton regarde du
bleu ou du jaune 5 cat le vert fe forme par le melange de ces deux
couleurs,
LXXL
A C A D 6 M ! Q U E. ^^
LXXI. II arrive quelquefois qu'apres qii'on a lu long-temj au grand
folcil , on voir routes les lettres de coulcur rouee fore vive. Cette appa- Ac^d. Royale
rence ne peut venir que du fore ebranlement de la rcrine par la reflexion des Sciences
du foleil lur le papier blanc , ce qui fair comme une grande lumiere au de Paris.
travers de laqueile on voir le noir dcs lettres. Ces hrtres paroidenr Svppi.i.iiBi<T,
rouges par la mLme caufe qui fait que la planete de Mars paroit rouj;e ,
car fon corps lumineux eft couvert di plufieurs caches noires. Toutes
les experiences qui one etc faices fur les couleurs , nous prouvent que les
corps noirs un peu tranfparens paroillent rouges quand ils font expofcs
centre ime grande lumiere; & les corps biancs paroillent bleus fur un
fond noir. C'ell la raifon qu'on rend ordinairemeni de la couleur bleue
qui paroit au Ciel, &c c'eft aulli telle qu'on peut donner de I'apparence
rouge du foleil & de la lune dans I'horizon j car alors leur lumiere pa-
role au travers des corpufcuies des vapeurs done la partie obfcure eft tour-
nee vers loeil. Ce fera aulli par la mime raifon que fi Ton regarde long-
tems au foleil de Tecritute blanche fur un fond noir , cette ecriture pa-
roitra bleue.'
LXXII. II y a quelques Opciciens qui croient que la difference qui eft
entre I'air libre & celui qui eft renferme dans une charabre , fait qu'on jie
peut pas voir au travers des vitres les objets qui font au-dedans lorfqu'on
eft dehors j & qu'au contraire, quand on eft dedans , on voir tres-diftindle-
njent ce qui eft au-dehors. Cette raifon n'eft pas foutenable : m'ais pour de-
vrir la veritable caufe de cat efFet , il ne faut que confiderer ce qui arrive
au verre au travers duquel on voir les objets , quoiqu'il n'en foit pas la
feule caufe , puifqu'il eft certain que quand il n'y auroit point de vitres a
la fenetre , on ne ponrroit pas voir de dehors les objets qui font dans la
chambre , a moins qu'ils ne fulfont autant eclaires que ceux du dehors ; car
ceux de dehors etanc fort ecbires cbranlent fi vivement la retine qu'elle
ne peut pas i'etre fenfiblement par ceux qui font dans la chambre , Si done
la lumiere n'eft ordinairenient que mediocre. Mais pour ce qui eft du verre
de la fenerre , il eft aife de voir que fa furface exterieure doit reflechir
line forre lumiere vers nos yeux quand on eft dehors , ce qui empcche que
les rayons d'une foible lumiere qui part des objets qui font dans la chambre ,
puiltent faire une imprcflion fenlible fur la retine. On peut dire audi que
les rayons de la lumiere exterieure empechent en quelque fa^on I'adlion de
ceux qui font plus foibles, comme on le remarque aux lunettes d'approche
lorfqu'il entre quelque lumiere dans le tuyau. II n'arrive pas la meme chofe
a ceux qui font dans la ciiambre & qui regardtnt les objets qui font au-
dehors , les rayons qui paflent au travers du verre viennent fans aucun
empcchement vers I'ctil , car la furfrce du verre qui eft tourncc vers J'oeil
•ne peut renvoyer que peu de lumiere , celle de la chambre crane fore
foible en comparaifon de celle qui vienc du dehors & qui palfe au travers.
Ce que je viens de dire du verre ne doit s'entendre que lorfqu'il eft fore
nee-, car s'il eft couvere de poufticre comme il arrive fore fouvent, il ne
feroic pas poflible de rieii voir au rravers quand on feroie hors de 1»
chambre , parce que les petites parties de poulliere font plus propres a
rellcchir la lumiere que la furface du yeite qui eft poUe 5c qui donns
Tome in. Panic Franfoiji, - N
9?
COLLECTION
DE Paris.
SvePLtMEtiT.
I pafTage a fes rayons : mais ceux qui font dans la chambre ne s'apper^oi-
j^cAD.RoYALE ^^"'^ 'P'^ peine de ce que la poulliere leur ote de la lumiere des objets
BEs Sciences exccrieurs , car il en palTs coujours affez encre les particules de la pouf-
fiere pour faire une plus forte impreflion fur I'oeil que celle qui y eft cau-
fee par les objets du dedans de la chambre.
LXXIIL Tous ceux qui avoient ecrit de I'optique jufqu'a nous avoienf
regarde que la retine eft le principal organe de la vue j car iis ne pou-
voient pas s'imagintrr qu'on dut chercher !e principal organe d'un fens,
ailleurs que dans les nerfsj & la retine etant uii tiflu des filets du nerf op-
tique qui fe repand dans tout le fond de I'oeil , c'etoit avec ties-grande
raifon qu'ils la regardoient comme I'organe immediat de la vifion. Mais
M. Mariotte s'ecant apperqu qu'il y avoit un endroit dans le fond de I'ceil
fur lequel les objets exteiieurs ne faifoient point d'inipreflion , quoique
la retine y fut egalement repandue , & ayant fait voir par pkiiieurs expe-
riences que cet endroit etoit celui oil le nerf optique entre dans I'oeil , oii-
Ton ne peut" pas croire que la retine foit moins fenfible que par-touc
ailleurs, il foutinc que la membrane choroi'de ctoit I'organe immediat de
la vue , parce que I'endrolt ou la vifion manquoic etoit ceiui oil la cho-
roi'de etoit percee par le nerf optique. Cette opinion fut d'abord criti-
quee par MM. Perrault & Pecquet , qui ne pouvant pas nier le fait,
cherchoient la caufe de ce defauc de vifion autre part que dans le defauc
de la choroi'cfej propofant quelques petites vcines Si arteres qui etoient
melees dans la retine; mais leurs raifons ne parutent pas fuffifantes pour
dctruire I'opinion de M. Mariotte. Je ne crois pas audi qu'on puilfe attii-
buer le defaut de vifion dans cet endroit de I'oeil a autre cliofe qu'au de-
faut de la choroi'de; mais je ne penfe pas pour cela qu'on doive regarder
la choroi'de comme le principal organe de la vue.
Pour trouver quelque eclairciirement dans cette difficulce, il fauc con-
fiderer ce qui arrive aux autres fens, & il me femble que par comparai-
fon on peut tres bien prouver que la retine eft le principal organe de la
yue, quoiqu'elle ait un endroit qui ne foit pas fenfible aux impreflions
des objets exterieurs. Je dis done que la retine eft le piincipal organe
de la vue comme etant une expanhon du nerf optique , puifqu'on ne
doit pas rechercher le fentiment autre part que dans les nerfs ; mais que
cet organe doic recevoir rinipreilion de la lumiere d'un organe moyen
qui la recoit de I'objet comme il arrive aux autres fens ; d'oii il eft evidenc
qu'il faut que ce foit la choro'ide puifqu'elle touche la retine, & qu'etanc
d'une couleur obfcure , elle eft plus propre a etre ebranlce par les impref-
iions de la lumiere que fi elle etoic blanche & tranfparente. C'etoit znCTi
un des argumens de M. M. contre I'ufage de la retine; cat il difoit qu'il
n'etoit pas vcaifemblable que les diffeventes modifications de la lumiere '
puifent faire aucune impreffion fenfible fut la retine a caufe de fa tranf-
paience. Je dis audi qu'il etoit necefiaire qu'il y eiit dans I'oeil une psr-
tie qui put recevoir ficilement toutes les differentes impreflions de la lu-
miere , pour les tranfmettre enfuite au principal organe & les lui ren-
dre fenfibies par une modification propre a cet c-fFet , &i c'eft ce qui fe
ttouve dans ia choro'ide. Ainfi la retine ne fera point tciichee pair la fu- ■
A C A. D 6 M I Q U E. P9
•mlere, comme il eft neceflaire pour avoir le fcntimenc des objets lorf- •"•^•- ■
qu'cUe n'en reccvra pas les imprenions de la choroide , & par confc-
qiient il y aura un detauc de vilion a I'endrcit de la rctine qui n'ell pas
fouccnu par la choroide (a).
La nature agit de la mcme maniere dans le fens de roui'e , & c'eft ce
qui me fere de preuve pour la propofition que j'avance ici ; car la lame
Ipirale eft propre, par fa nature 6c par fa difpofition , a reccvoir lescbran-
lemens diffcrens de lair qu'elle communique aux ramifications du iierf
auditif qui iui font jointes. II arrive auifi la mcme chofe dans les autrcs
fens, comme I'a obferve M. du Verney dans fon Traite dt Corgane dc
I'ouie , pag. <)6 : car les nerfs font d'une nature trop tendre 8c trop de-
licate pour etre expofes a nud a I'adlion des corps exterieurs ; c'eft pourquoi
il faut que les membranes qui recouvrent les nerfs & qui font comme
iin organe moyen , recoivent des imprellions propres &: particuliercs pjur
les communiquet aux nerfs, avcc la difpofition qui convient a la f;n-
fation.
AcAD.ROYvME
D£S SciENClS
DE pARfS.
S E C O N D E P A R T I E.
I. xTLpres avoir examine dans la premiere partie de ce Traite tout
ce qui peut arriver a la vue, fuivant les difFerentes conformations Je I'oeil ,
il ne me refte plus ici qua refuter quelques opinions communement recues
fur la maniere dont fe fait la vifion , & a donner des regies certaines pour
connoitre la difpofition des yeux & mefurer exaclement leur force ou leur
foibleflfe dans tous les changemens qui leur peuvent arriver , canr a I'egard
d'eux-memes dans des temps diffcrens , que par rapport aux autres ; ce
qui n'avoit point encore ete fait jufqu'a prefent. C'eft de cette mefure que
je me fers pour faire voir qu'il n'arrive aucun changement a la confor-
mation de I'ceil pour voir des objets proches Sc cloignes , ce qui eft con-
traire au fentiment de ceux qui ont traite de I'optique ; & je demontre ,
enfin , qu'il n'eft pas neceifaire qu'il Iui arrive les changemens qu'on avoir
fuppofcs , pour voir des objets i differentes diftances.
II. Ceux qui connoilfe.it la ftrucbure de I'ceil & la nature de toutes les
parties qui le compofent , auront de la peine a fe perfuader qu'il puifte
Iui arriver les changemens qu'on a fuppofcs , pour rendre raifon de la
maniere dent fe fait la vifion. C'eft aufE ce qui pourroit leur faire croire
que ceux qui ont ecrit de I'optique , n'ono eu en vue que de donner un
fyfteme qui puilfe expliquer les apparences, fans fe niettre en peine fi
leurs fuppofitions convcnoient en toutes chofes avec la nature. Cependanc
la maniere dont ils ont expliquc la vifion avec la conftruiflion de I'tril
attificiel , dont ils fe font fervis dans leurs demonftrations , ont C fort
ptevenu tout le monde en leur faveur , qu'il ne femble pas qu'on puiffe
(a) M. le Cat a aJopti le fentiment ic M. Mariote dans fon Triiti des fens ; il 7
fouticnt que la choroide eft Torganc immcdiat dc la vue, & il Icprouvcpar les fairs,
N ij
ACAD.ROYALF
DEs Sciences
DE Paris.
SuFPLt.llEHT.
100 COLLECTION
douter d'aucune chofe de ce qu'ils ont av.mcc. En effet , il n'y a rien qin
paroille plus convaincant , pour expliquer ies diflerens effets de la vue , que
de taitc la comparaifoii des humeurs de I'ceil avec des verres convexes , puif-
que perfonne ne doute que Ies rayons de liimiere no regoivent pas d'autres
alterations dans ces humeurs que dans Ies verres. On a done cm que tout
ce qu'on remarquoic dans I'osil artificiel etoit de mcme dans I'ccil , fans
falre alfez d'actention aux mouvemens naturels de fes parties , auxquels on
en a fublUtue d'autres qui font connxis & familiers dans I'ufage des lunettes
d'approche & qui conviennent aufll a I'ccil artificiel. On favoit que dans
la lunette d'approche & dans I'ccil artificiel , la peinture des objets proches
fe faifoit plus loin du verre que celle des objers eloignes ; c'eft pourquoi
comme on jugeoit qu'il devoir arriver la mtme chofe dans I'oeil , on croyoit
aufll qu'il falloit que la retine qui efl: reprefentee par la furface fur laquelle
fe fait la peinture dans I'oEil artificiel , s'eloignac d'autant plus des humeurs
de TceII que Ies objets en etoient plus proches : mais la retine ne pouvant
pas s'eloigner des humeurs de I'oeII , il a fallu necellairement fuppofer que
Ies humeurs s'alongeoient pour falre le mcme effet , ou bien que le cryftal-
lin , qui eft celle des trois humeurs qui fait la plus grande refracflion , poit-
voit changer de conformation a I'afpedl des objets differemment eloignes.
III. 11 y a done deux opinions difFerentes fur le changement qu'on a
cru qui devoir arriver a I'cEil , pour voir diftinftement des objets places a
differentes diftances. La premiere eft celle qui fuppofe I'alongement de
rout le globe de I'ojil pour voir des objets proches , & fon applatilfemens
pour voir ceux qui font eloignes. La feconde n'admet que le changement
de figure du cryftallin qu'on doit applatir pour voir des objets eloignes,
& render pour voir ceux qui font proches.
IV. Iln'y a perfonnne de ceux qui tienntntla premiere de ces deux opinions,
qui ait avance que la cornee change de figure , & qu'on la peut rendre plus
ou moins convexe quand on veut voir des objets plus ou moins eloignes y.
car elle eft d'une nature qui ne lui permet pas ces changemens , Sc on n'y
remarque point d'organes pour cet effet. Mais Ci la cornee ne peut pas chan-
ger de figure , il n'y a pas de taifon pour quoi la fclerotique qui renferme
toures Ies humeurs de I'ccil en pourroit changer , puifqu'elle elt fort dure,,
& que Ies mufcles qui I'environnent, & qui fervent aux differens mouve-
mens de I'ceil , ne fauroient faire cet effet.
V. Ceux qui tiennent le parti du cryftallin , donnent une raifon qui pa-
roit fort plaufible ; car ils difent que le ligament ciliaire qui tient le cryftal-
lin fufpendu entre Ies deux autres humeurs , eft un veritable mufcle dont
Ies fibres rendent vers le centre du cryftallin, Sc qu'il doit s'applatir quand
le mufcle fe gonfle , puifqu'il le tire egalement par route fa circonference.
Mais Ies plus habiles anatomiftes ne remarquent rien de mufculeux dans ce
ligament , & il ne femble pas que cette humeur qui eft alfez folide , & qui
eft compofee comme de plufieurs pellicules Ies unes fur Ies autres, puilFe
facilement changer de figure fans que ces fuperficies faffent des plis qui
corromproient Ies images des objets fur le.fond de I'reil. Mais fans m'ar-
reter acombattre ces opinions par la ftru€lure des paJti?s , je rapporterai
A C A D 6 M I Q U E. lor
feulemcnt les experiences (uivantes , qui feronc voir clairement qu'elles
ne peuvcnt pas ie foutenir. Acad. Rov ale.
VI. On enfeigne communcment dans I'optique , que fi Ton regarde une des Sciences
cliandelle , on un aiuce objet lumineux , au travers de pliifieurs petits ^^ aris.
troiis qu'on aura fairs dans une carre , on verra I'objec autant de fois mul- SveeiiMiNT,
tiplie qu'il y aura de petits trous , pourvu que la diftance entre ces trous
ne foit pas plus grande que I'ouvertiire de la prunelie. Mais fi I'objet eft
fealenient a la diftance de la vue ou elle le peut voir diftinftemenc , on
verra I'objec fimple quoiqa'on le regarde au travers de plufieurs trous. Il
fauc done que I'objet foit hors de la porcce de la vue : par exemple , pour
les Myopes qui ne pourroionc bien difcerner les objett s'ils n'etoient a fix pou-
cesde I'a'il, il faudraque I'objet foit plus cloigne que fix pouces. Dememe,
fi I'ccil ne peut voir diftinftement un objet qu'd fix pieds on plus de dif-
tance , il fiudra qu'il foit plus proche pour paroitre multiplie.
11 eft facile de donner la raifon de cetce multiplication j car fi les rayons
qui partent de chaque point de I'objet, vont fe reunir exadtement fur la
retine chacun en un point , on verra toujours I'objet fimple , quoiqu'on
le regarde au travers de plufieurs trous , puifque chaque point ne pein-
dra qu'un point fur le fond de I'cBil ; car les petits cones lumineux qui
ont leur fommec dans le point de I'objet, & leurs bafes aux petits trous
de la carte , auront audi tous leurs fonimets oppofes dans un mime poinr
fur la retine , ce qui doit faire I'objet fimple. Mais fi Tosil n'a pas la
conformation ncceilaire pour reunir ces rayons fur la retine , il arrivera
que chacun des petits cones au dedans de I'osil fera coupe par la retine
avant ou apres la reunion des rayons : chaque point de I'objet touchera
done le fond de Iceil en autant de points differens qu'il y aura de trous
a la carte , & par confequent I'objet paroitra multiplie felon le nombre
des trous. Il arrivsra auffi que chacun de ces objets mulciplic's paroitra
bien plus diftindl que s'il etoic vu fans I'interpofition de la carte , parce
que les cones des rayons au dedans del'cEil, ayant alors pour bafe route
I'ouverture de la prunelie , feront une fedion fur le fond de I'oeil qui fera
plus grande que celle des cones qui n'auroient pour bafe que les trous
de la carte , ce qui feroit beaucoup plus de confufion dans la peinture
de I'objet. Mais audi chaque objet multiplie par les petits trous , pa-
roitra d'une lumiere bien plus foible , que celui qu'on verroit fans les
trous , parce que ciiacun de ces objets ne fera forme que par une pe-
tite partie des rayons de I'autre. 11 eft auffi evident que la diftance en-
tre les objets multiplies , fera d'aurant plus grande que les trous feront
plus ecartes I'un de I'autre , ou que la reunion des rayons fera pluseloi-
gnee du fond de I'ceil ; car fi les trous font fort eloign^s I'un de I'autre ,
leurs cones feront audi plus ecartes, &: femblablement leur rencontre fur
la retine. De mCme fi la reunion des rayons eft fort ccartce de la retine ,
la diftance entre la rencontre de cones fur la r^rine fera aulfi fort grande ;
car ces diftances feront les bafes des triangles qui auront leur fommet
commun au point de reunion des rayons, foit au-de^a, foit au-dela de
la retine.
On poutra remarquer dans I'oeil artificiel tout ce que je yiens de dire.
101
COLLECTION
I.... en mettant une carte percee de trous.iu-devant du vene qui repiefentela
Acad. Roy \i.E cornee, & en pla^ant la lurface blanche qui faic I'ofiice de la retine a dif-
DES Sciences ftrentes diftances du vene qui fcrc de cryftailin, foic dans le concours
DE Paris.- des rayons lumineux , foic plus proche ou plus loin,
Sufpi,£'ijEf(T. Si un ffiil n'etoit qu'un peu crop convexe ou crop plat pour faire con-
courir fur fa retine les rayons d'un objec place a deux pieds de dillance
deTosil, il ne pourroit juger aflurement li cet objec lui paroit confus,
parce que la rencontre des cones des rayons de cet objec confus avec la
retine, y occupe un crop petit efpace pour caufer dans I'image une confu-
fion apparente. Mais fi Ton met au devanc de I'oeil une carte percee de deux
trous feulement, on s'appercevra du defaut de I'oEil par la duplicite de
I'objet , laquelle fera tres-fenfible pour peu que I'oeil n'aic pas la confor-
mation requife pour ralFembler exadtemenc les rayons fur fa retine.
Pour faire cette experience avec exaditude , il faut regarder un petit
point lumineux dans un lieu obfcur , comme un petit trou dans une carte
qui fera au-devant d'une chandelle , ou bien il faut regarder un petit objec
noir fur une furface blanciie.
On' pent done connoitre par cette methode, fi un oeil eft trop plat ou
trop convexe pour voir diftinftement un objet place dans une certaine
diftance : mais on fe fervira de la maniere fuivante pour mefurer avec
exaftitude les changemens de forme qui peuvent arriver a une vue en diffe-
rens terns , 8c pour favoir s'il eft pofllble qu'il lui en arrive quelqu'un
en difi^erences rencontres.
VII. Je fuppofe maintenant qu'un oeil eft trop plat ou trop convexe
pour voir diftindement un objet a une diftance determinee comme de
fix pieds, Sc je veux connoitre quelle eft la .quantite de fon defaut, c'eft-
a-dire , ce qui lui manque pour voir cet objec diftincflement. 11 eft cer-
tain, d'aprcs ce que je viensd'expliqiier , que cet ceil verra I'objet dou-
ble au travers de deux trous d'une carte , qui fera placee contre I'osil ;
mais fi I'oeil & I'objet demeurant toujours dans la meme diftance , ori
met contre la carte , ou vers I'ofil , ou vers I'objet , un verre convexe oa
concave de telle force que I'objet qu'il voyoit double auparavanr , ne
baroilfe plus que fimple ; on fera alFure que ce verre eft la mefure de ce
qui manque a cet ceil pour voir diftinfteinent un objet place a fix pieds
de diftance. On ne ne doit pas dire que cette experience foit defedlueufe
en ce que le meme verre pent fervir avoir diftin£lement le meme objec
filace 3. quelque diftance que ce foit au-dela de fix pieds ; car il arrive
a mime chofe a routes les vues qui voyent les objets a cette diftance
fans fe fervir de verre , ce qui vient feulement de ce que les rayons qui
viennent des points de I'objet, forment des cones fi aigus a la diftance
de fix pieds & au dela , n'ayant pour bafe que I'ouverture de la prunelle
qui eft d'une ligne environ , qu'ils peuvent pafter pour paralleles ea-
tr'eux , & qu'ils doivent avoir le meme foyer.
On peut done connoitre exadtement par li le rapport d'une vue a une
autre , puifque leur difference fera mefuree par la ditference des foyers
dcs verres dont ils feront obliges de fe fervir pour voir un objet eloigne
de fix pieds, qui eft a-peu-pres la diftance la plus courts d'oii les rayons
A C A D £ M 1 Q U E. loj'
entrent Jans IVil comme para lleles entr'eux. Si un ceil , par exemple ,
avoir befoin d'lia veire convexe dun pied de foyer pour voir les objets Acad. Royale
fimples an trav^rs dcs rrous de la carte a cette diftance de fix pieds, & des bciENCE-s
<]u un autre cril les v'lt (implcs fans le fecours du verre ; ce verre dun pied °^ ^^^^' .
de foyer feroit la mefure de la difference de ces deux yeux pour voir des SuFfLt-iiENTr ■
ohjers de fix pieds on plus. Mais fi I'auire ceil avoir befoin d'un verre
convexe de quinze pouces de foyer , on diroit qu'il n'y auroit que trois
pouces de difference entre la force de ces deux yeux par rapport a Tun
des foyers des verres. Enfin , fi ce mcme ceil avoir befoin d'un verre con-
cave de dix pouces de foyer pour voir ce mtme objec , la difference
entre ces deux yeux feroit mefuree par douze pouces , ou un pied dc
foiblelFe & dix pouces de force. Ce que je viens de dire pour la com-,
paraifon de deux yeux differens, fe pent dire auffi pour celle d'un meme '
ceil dans des terns & dans des ages difft-rens ; car C\ un ceil , a I'age de
50 ans , a befoin d'un verre convexe de quinze pouces de foyer, &: qu'i
I'aoe de 60 ans il air befoin d'un verre de 10 pouces , on peuc
dire que fa vue a diminue de 5 pouces. De mtme fi un oeil a befoin d'un
verre concave de S pouces de foyer a I'age de ;o ans , & qu'a I'age de
40 il en ait befoin d'un autre de 10 pour la mcme experience , on feta
alTure que cet ceil fe fera affoibli de deux pouces. Ce fera la tneme
chofe pour des tems differens, comme devant & apres une maladie. II
eft fort rare qu'une vue devienne presbyre aprcs avoir etc myope , ou au
contraire de presbyte devienne myope : mais quand cela fe renconrre-
roit , on pourroit le reconnoitre par ce mdyen , & mefurer exadtement le'
changement qui lui feroit arrive.
On pourroit auffi reconnoitre les diffirens changemens qui feroieiir
arrives a une vue fans fe fervir de verre , en mefurant feulement la dif-
rance depuis I'objet jufqu'a I'osil ou on commenceroit a le voir fimple au
travers des trous de la carte : mais cette methode ne feroit bonne que pour
quelques vues ; car pour les Presbytes qui ne voient pas les objets fimples a,
fix pieds de diftance , ils ne pourroient pas mefurer combien leur vue dimi-
nueroit dans la fuite , puifqu'ils verroient toujours les objets doubles a
quelque diftance que ce fiit.
Cell audi par le mcme moyen qn'on peut favoir fi un cril efb presbyte
ou myope par rapport a une certaine diftance de I'fEil a I'objec , c'tft-.i-
dire, fi le concours des rayons de cet objet fe fai-t au-dega ou au-delade la.
rccine 5 car fi Ton couvre I'un des trous de la carte & qu'un des deux objets "
femble difparoitre du meme cote que le trou qui eft convert, on eft allure'
que le concours des rayons eft dans Tceil au-deca de la rctine : mais au con-
traire fi Tobjet difparoit de I'autre cote que !e trou qui eft couvtrt , on
connoit que le concours des rayons eft: au-de!a de la rcrine quoique le
trou qu'on couvre paroilFe toujours du meme cote oaileften eflet. Par
exemple , fi Ton couvre le trou qui eft , & qui paroit a dtoite , & que I'obiec
qui paroir audi a droite difparoifte , le contours des rayons feta avcnt la ren-
contre de la retine, ce qui fait I'all myope. Mais le trou qu'on couvre etant &'
p.uoiffant roujours .1 droite , fi I'objet qui difparoit eft .-i f;auche , le concpurj
d;s rayons ne doit are quau-deli de la rctine ; ce qui fait I'ocil Presbyte,
104 COLLECTION]
VIII. II eft facile de voir qu'un osil de quelque conformation qu'il foir ,'
Ac\r).RoYALE P^"^ f^'"^^ tomes les experiences des autres yeux par le moyen des verres
D£s Sciences de differentes convexites Sc concavites , fans etre oblige de s'en rapporter
DE Paris. a d'aiures pour faire une jufte comparaifon des differences fortes de vucs.
SvFfLiMENT. Cette metliode peut fervir encore a determiner surement quelle doit etre
la convexite ou la concavite du verre , dont une vue doit fe fetvir pour
voir diftindemenc un objet fans forcer la nature ; j'entends a une dillance
mediocre , comme d'un pied &c demi pour y lire de petits caraifleres : car
fi Ton piend un verre plus fort qu'il n'eft neceilaite pour cet effet , on
fera oblige d'approcher I'ectiture plus pres de TxeII pout la voir diftindte-
ment.
On connoitta audi par la file defaut de la vue vientde la conforma-
tion de I'cEil ou du vice de ces parties. Par exemple , fi la tetine dunosil
n'eft pas fort delicate & que I'ouverture de la prunelle foit fort petite , il
eft certain, comme je I'ai reniarque dans la premiere partie de ce traite,
que cet ceil ne verra les objets que confufcment dans un jour mediocre,
quoique d'ailleurs il foit bien conforme pour en faire concourir les rayons
fur fa rttine dans la diftance ou les objets font places.
IX. Voyons maintenant s'il fe peut faire que le globe de I'oeil ou le cryf-
tallin change de conformation , pour voir diftindtement des objets diffe-
remment eloignes. Ceux qui font de cette opinion demeurent d'accord
qu'il faut des conformations differentes pour voir un objet qui foit eloigne
dun pied & demi , & un autre objet qui foit eloigne de fix pieds : ainfi Tail
qui eft attentif a confiderer un objet eloigne d'un pied Sc demi , s'il a la
conformation neceflaire pour le voir diftindement , il n'aura pas celle qu'il
faut pour en voir un a fix pieds : mais s'il a la conformation neceflaire pour
voir I'objet a un pied & demi de diftance, on en fera afTure en mettant au
devant de I'cBil une carte percee de deux trous ; car I'objet paroitra toujours
fimple. Maintenant que ce meme ceil s'applique a confiderer un objet a fix
. pieds de diftance , & comme il y eft fort attentif, & qu'il doit avoir prls
la conformation qui convienc a cette diftance , quil le regarde au travers
des trous de la carte , il doit le voir fimple dans cette hypothefe, comme
• il le voyoit a un pied & demi ; cependant I'exp^rience montre le concraire ,
car il le voir double : cet ceil n'a done pas pris la conformation qu'il faut
pour voir cet objet a fix pieds de diftance , quoiqu'il I'eut pour un pied &
demi. Si s'il ne I'a pas pour fix pieds , il ne I'a pas pour route autre dif-
tance au-dellus, les rayons qui entrent dans I'osil etant comme paralleles
entr'eux dans ces diftances.
Mais changeons d'expcrience & appliquons a cet ceil qui ne peut pas
prendre la conformation necetfaire pour voir un objet a fix pieds , un
verre qui puilfe lui donner ce qui lui manque , enforte qu'il voie diftinc-
tement I'objet fimple au travers des trous de la carte : il eft certain , s'il
confidere cet objet avec le verr; fans I'interpofition de la carte ; qu'il le
verra bien plus diftindlement qu'il ne le voyoit a la vue fimple , quoi-
qu'il crut lui avoir donne la conformation propre pour cet effet, en obfer-
vant de mettre toujours le verre a meme diftance de fail dans routes
les experiences i car autrement I'ouverture de la prunelle demeurant tou-
jours
A C A D fe M I Q U E. io{
jour la mcme , les rayons qui entreioient dans lail apr^s avoir paflc au
travers des verres places a differences diftances , feroient plus on moins
converwens ou divergens. Mais qu'eiifin cec cell regarde avec le mcme
veire lobjec a un pied 8c demi de diftancc , & qu'il change fa conforma-
tion pour le voir diftiiicfbement , & quand il y fera atcentif s'll iiucrpofe
la carte en iailTanc toujours le verre , elie lui fera connoitre qu'ii voic
I'objet double.
La menic chofe arrivera encore , fi I'oeil qui confiJ^re a nud un objet a fit
pieds, & qulle voic fimple au travers des trous de la carte, vient enfuite
a confiderer celui qui n'eft qu'a un pied & demi; car il le verra double.
Et s'll prend un verre pour voir cet objec fimple a un pied & demi , il le
verra double a fix pieds avec le meme verre. Ce que je dis de fix pieds
& dun pied & demi, fera vrai des autres diftances ou plus petites ou
plus grandes. On ne peuc pas dire que I'interpofition de la carte ap-
porte du changement a cette experience , puifque tout ce qui pourroit
determiner Vced, a quelque changement , ne pourroit venir que du man-
que de connoiffance de la diftance , done on juge toujours de meme ,
loit qu'on regarde I'objet a la vue fimple ou au travers d'un ou de plu-
fieurs peiits trous. 11 n'eft done pas vrai que I'oEil ou le cryftallin change
de conformation pour voir des objets a difFerentes diftances
On nedoit pas juger de ce que j'avance ici fur quclques experiences pir-
ticulieres j car il fe renconttera des vues tellemenc difpofees qu'elles ne
pouiront pas faire celles donr je me fers,ou qu'elles les feront fi impar-
faicement, qu'on auroic lieu de douter de la verite , & qu'on pourroit en
titer des confcquences couc-a-taic contraires aux loix de loptique ; car
G le cryftallin etoir obliquement pofe par rapport a I'axe de la vifion ,
ou qu'il flit d'une figure tout- a- faic irreguliere, ou que la retine n'euc pas
toute la delicatelTe necelTaire pour une vilion diftinde , ou que les humeurs
fulTent troubles; on fera toujours fort mil les experiences que je propofe :
mais.il fera facile de reconnoitre le defaut de ces yeux & ce qui faic que
les experiences communes ne leur reufilfent pas , en les examinanc fuivanc
les remnrqu^s que j'ai faices dans la premiere partic de ce traite.
On doit prendre garde dans les experiences qu'on fait avec des verres
comme font ceux des lunettes otdinaires, de ne pas fe fervir de differens
endroits du mcme verre p.iur regarder un meme objer au travers des
t.-cus de la carte , & fans riiuerpoficion de la carte ; car ces fortes de
verres font ordinairement des refradions tres - differentes en differens
endroits , d'ou Ton ne pourroit titer de confequence qui fut jufte.
X. Aprcs avoir demontre que I'oeil ne change pas de conformation pour
voir des objets differemment eloigncs, il faut faire voir qu'il n'a pas be-
ioin de ce changement, Sc qu il peut voir un objet a un pied & demi
& a fix pieds oil au-deiiis affez diftinclement , pour ne pas s'appercevoir
qu'il y ait aucun defaut dans la vifioa , fans qu'il foic befoin de recou-
nt a un changement de conformation. Je parle feulement dans c? cas
d'une vue bonne comme je I'ai etablic , laqiicUe tient le milieu entre
les Myopes & les Presbytes j car pour ccux-ci on en jugera par compa-
raifon a I'autre.
Tome III , Partic Francolfi, j O
ACAD.ROYALE
DES Sciences
DE Paris.
SvttLtUEHT.
10<f
COLLECTION
— La difference du eoncours des rayons d'nn objet eloigne d'lin pied Sc
Acad Royaie <lemi &c d'un autre eloigne de fix pieds.n'eft pas alTez conliderable pour
»ES Sciences faire de la confufion dans la vifion , quoiqu' on puilFe voir I'objec dou-
DE Paris. ble avec ks trous de la carte. Mais dans la fuppofuion de Toeil que je
SvfftijyBiiT, fais ici , il doit voir I'objet double avec les deux trous de^ la carte a la
dillmce d'un pied ik demi avant le eoncours des rayons, & a la diftance
de fix pieds apres leiirs conc-oars : c'eft; pourquoi cette difference eft fi
petite qu'on ne peut s'en appercevoir a la vue limple , Si c'eft ce qui fait
. cju'on cFok voir egalement bien les objets a ces diflances. On en peuc
faire I'experience avec une petite lunette compofee de deux verres con-
vexes done I'objeflif foic dun pouce de foyer, qui eft a peu-ptes le dia-
metre de I'oEil , & ne lui donner d'ouverture quune ligne, comme celle
de la prunelle ; I'oculaire doit etre plus foible que I'objedif , & ne lui
donner que peu d'ouverture , puifqu'il ne doit fervir ici qu'a detourner
les r.iyons comme il faut pour entrer dans Iffiil & pour faire lenr pein-
ture fur la rctine. On verra avec cette petite lunette les objets a un
pied 8c demi de diftance aulfi dil1in£tement que ceux qui feronta fix pieds ,
ians qu'il foit befoin d'alonger Sc de raccourcir la ditlance entre les deux
verres. ^
Mais on m'objedtera que s'il n'ctoit pas neceflaire de donner a I'ceil une
conformation ditferente a un pied & demi de diftance , & nn autre a fix
pieds , d'ou vient done qu'apres avoir etc attentif a confiderer un objet a
un pied& demi, on ne peuc voir difbindlement celui qui efl a fix pieds »
■ - ' ' " .1 /- ■ V -^ _i. j-_. [g mcme
dif-
tance? Je repons qu'il eft vrai qu'on fent de la difliculte , mais que ce'
n'elt point parce que le globe de I'oeil ou le cryllallin doit prendre dif-
ferentes conformations pour voir ces deux objers ; mais quelle vient
feulemenc de ce que la direftion des axes des deux yeux doit C-tre dif-
ferente pour un objet eloigne d'un pied & demi , & pour un autre
eloii-ne de fix , afin que les rayons lumineux qui entrent dans chaque'
ffiil? falfent leur peinture fur des points analogues de la retine . On me
dira que cette reponfe n'efl pas fuf^^ffante puifque Ton fent toujours la
meme difKculce, quoiqu'on ne regarde ces objets a diffcrentes diftances
qu'avec un feul Q=il. Je repons encore qu'il eft vrai ; mais que cette dif-
ficulte n'eft pas fi grande quand on ne fe fert que d'un ctil , que quand
onfefert des deux, Sc que ce qui la fait nell en partie que raccoutii-
mance que Ton n de diriger les axes des deux yeux tout enfemble , vers
un meme endroit dont on peut connoitre d'ailleurs a peu-pr^s la difVance.
On ne peut done pas dire dans I'experience des trous de la carte que
le. chanoement de conformation de Tceil fe fait prefque en un mornenr ,
comme quelques-uns ont voulu le foutenir, puilqu'ils font obliges dans
celle-ci d'avouer que I'oeil demande un temps conliderable pour s'accom-
moder a difFerentes diftances. Lorfqu'on regarde dans la petite lunette
dont je viens de parler, des objets proches A un pied & demi & d'au-
tres pins eloignes , on ne fenr poinfde difHculte pour pafler des uns
aux autres ; car comme on ne reg.irds qu'avec unfeul c^i! , Sc que Ton
quoiqu'ils paroilfent fe toucher Sc qu'ils foient a-peu-pres dans
rayon fans demeurer un peu de temps a accommoder I'oeil a cett£
A C A D 6 M I Q tr E. 107
■'a prefque aucune connoilfance de la diftance de cei objets, on Icj voic
tous comme s'ils ccoienc pcints fur uiie mime fuperficie.
XI. Je disenfin , que la ditficiiltc qae I'on a d'accommodet TceII pour
voir des objecs .1 diffacncesdiftances , n'eft pas feulement la diredtioii des
axes , mais que c'eft un r^irerremeiu &: un clargiiremenc de la pru-
nelle ; car perfonne ne contefte que la membrane iris ne foit un mufcle ,
& qu'elle ne fe retrecilFe & ne s'elargilfe alTez facilement a I'afped de»
objet^ qui font plus ou moins eclaircs. Or il eft certain qu'il entre dans
I'a-il plus de rayons d'un mcme point de i'objet a proportion qu'il en
eft plus proche , fuppofant toujours la meme ouverture de prunelle , Sz
que ces rayons s'aftemblant fur la retine y doivent faire une impreftion
bien plus vive que s'ils venoient d'un point eloignc , ce qui oblige la
membrane iris a fe relferrer pour fermer I'ouverture de la prunelle &
pour moderer la vivacitc de la peinture de I'objet : au contraire , fi I'objet
que I'cEil confidere eft eloigne , il doit entrer dans I'cril peu de rayons
de chacun de ces points dont la retine n'eft touchce que foiblcment. Il
fait done alors tous (es efforts pour donner entree a une plus grande
quantite de rayons en elargilfanc I'ouverture de la prunelle pour apper-
cevoir I'objet plus diftindtement. On en peut faire I'experience dans les
enfans qui ont une gtande facilite a ouvrir &r a fermer la prunelle &
leur montrer quelque petit objet en lent faifant tourner le dos a la lu-
niiere , afin qu'elle laifte route la libertc a la prunelle de fe pouvoir ou'vric
Sc fermer : car on remarquera que lorfque I'objet ftra proche de I'oeil ,
I'ouverture de la prunelle fera fort petite, &c qu'au contraire elle fera
fort grande quand I'objet fera eloigne.
Ces diffcrentes ouvertures de la prunelle fervent encore beaucoup a
la diftindion des objets ditferemment cloignes , fans qu'il foit befbin de
recourir aux difFcrentes conformations de I'oeil. Caril eft evident que files
cones des rayons qui entrentdans I'osil font fort aigus , la peinture des objets
fera toujours diftinde , puifque la rencontre de chacun de ces cones fur la
retine , ne peut etre conllderee que comme un point ; Sc fi I'ceil a la con-
formation neceftaire pour voir diftindenieur un objet a fix pieds de diftance,
d'ou les cones des rayons font foit aigus , quand il regar-iera enfuite un
objet a un pied & demi , il relTerrcra la prunelle pour ne lailfer entrer
dans I'ocll que peu de rayons qui feront aufli a cette diftance des canes
adez aigus pour ne point faire de confufion fenfible fur la retine. Ainfi
les eft'ets que Ton attribue aux diftcrentes conformations de I'oeil , doi-
vent ctre rapportcesaux difFcrentes ouvertures de la prunelle qui a tou-
jours une adiion aftez confidcrable dans les yeux qui font naturellement
grande ou petite , pour pouvoit moilcrer un peu r.-i(flion de la lumiere,
& pour faire voir par mcme moyen ceiix qui font cloignes avec alfez de
force , &: ceux qui (ont proches avec aifez de nettete pour les ufages or-
dinaires de la vie ; enforte que toute la latitude que Ton remarque dans
routes fortes d'yeux , vient feulement des difFcrentes ouvertures de la pru-
nelle Sc non pas des diffiirentes conformations du globe de I'acil ou du
ttyftallin. ( a )
(a) M. Jurin croic que loifque nous rc;jar(3oDS des objets en dc^^ de la porccc-
Oij
AcAC.lvOYALE
t>t% SciEvces
DE Paris.
SvtrLi.ussT.
io8
COLLECTION
Acad. RoYALE
DES Sciences
DE Paris.
SuFflijUENT.
ACOUSTIQUE.
Sur un £,cho Jingulier.
JLi A Gout clu Genotay , maifon de Plaifance pres de Rouen , eft de la
forme repriifentce par la figure ; el!e eft terminee dans le fond par k
corps -de-logis , & de tous les aurres cotes par une enceinte de murs
en demi-cercle. On y entend des echos finguliers. {V. PL I, Fig. I.
d la fin de ce volume. )
cue eft I'enceinte de la cour dont H eft I'entree; ADB I'endroit ou fe
placent ceux qui ecoutent. Celui qui chante fe met a I'endroit marque
G , &C ayant le vifage tourne vers H , il parcourt en chantant I'efpace
GF qui eft de to a iz pieds de longueur.
Celui qui chante etant en G , I'echo s'entend en L, comme s'il y avoit
plufieurs voix. Celui qui chante s'avangant vers E, ceux qui font en D, en-
tendent I'echo comme s'ils'approchoic d'eux ; & la voix etant en E , ceuxqui
font en D I'enrendent comme fielle etoit aleursoreilies & n'enrendent point
la voix diredbe , tandis que celui qui chante s'entend Si n'entend point I'echo.
Celui qui chante continuant de s'avancer vers F , I'echo femble s'eloigner
de plus en plus au - dela de D. Lorfque la voix eft en F , wn ne Tentend
plus en D , mais feulement en A comme fi I'on chantoit a gauche, &
en B comme fi I'on chantoit adroite,& encore tres-foiblement.
Q
Extrait du Memoirc dc M. Sauveur.
u A N D on entend accorder des orgues , & que deux tuyaux qui
approchent de I'unilfon jouent enfemble , il y a certains inftans oii le
fon commun qu'ils rendent eft plus fort, &C ces inftans femblent revenic
dans des intervalles egaux : les organiftes ou fadlcurs difent alors que les
tuyaux batttnt. M. Sauveur croit que ces battemensont lieu routes les fois
que les vibrations des deux tuyaux , apres avoir ete feparees , viennent a
fe reunir , & s'accordenc a frapper I'oreille d'un meme coup
ordinaire de nos yeux , I'uvee qui fe refTerrc alors tire en dedans la circonfercnce dc
la corn^e tranfparcnte a laquelle die tient par fon grand anneau mufculeux , ce qui
augmcnce la convexit^ de cette membrane ^laftique & flexible , & par confequcnt
rend la premiere r^fradion des rayons plus forte, & corapenfe leur tres-grandc diver-
gence caufte par la proximit^ de robjec. Si au contraire nous regardons des objcts
cloigncs au-dela de la portee dc nos yeux , dans ce cas les ligamens ciliaires qui fe
contraflent, tirent, felon M. Jurin , les bords de la capfule , & prcflant vers la
circonf^rence I'eau qui fe trouve entre cette enveloppe & le corps du cryftallin , dimi-
nuent fon ^pailfeur ou plutot fa convexite , U compenfc Ic dcgre dc divergence qui
manque aux rayous qui viennent de trop loin.
A C A DIE M I Q U E. lop
Si Ton prenoit deux tuyaux tels que les intervalles de kurs battemens ■■ ' .
fulTcnt alfez grands pour ttre mcfurcs par les vibrations d'une pendule , Acad.Royale
on fauroit exa(5tcment par la longueur de ce pendule, la durce de clia- nEs Sciences
cune de fes vibrations , 8c par conlequenr celle de lintervalle dc deux de Paris.
batttmens. On fauroit d'ailleuts par la nature de I'accord des tuyaux , com- SverLiUENT.
bicn i'un feroit de vibrations, pendant que I'autre en feroit un nombre
determine j & comnie ces deux nonibres feroient compris dans I'intcr-
valle de deux battemenj dont on connoitroit la durce, on fauroit prc-
cilcment combien chaque luyau feroit de vibrations pendant un certaiii
temps , & par confequent ie nombre des vibrations qui apparticnt a
chaque ton.
^l. Sauvcur prend pour fon fixe celui qui fera Too vibrations en une
feconde (a) : il a trouve qu'un tuyau d'orgue d'environ cinq pieds ou-
vetts rendroit ce fon fixe , Sc qu'un tuyau de 40 pieds rend le fon le
plus grave qui puirte etre diftingue : 5: comma ce tuyau de 40 pieds eft huic
fois plus long que celui de 5 qui fait 100 vibrations dans une feconde ,
il ne fera que ii i vibrations dans le meme temps. De meme fi le tuyau
le plus court dont on puille diftinguer le fon , eft au tuyau dc 5 pieds
comme i a 64, le fon le plus aigu fera en une feconde 6400 vibra-
tions , & le rapport des vibrations du plus grave a celle du plus aigu ,
fera a-peu-pres comme I a ^12.
M. Sauveur a trouve encore que le milieu d'une corde qui rendoit le
fon fixe , & qui avoir fon diametre de i de ligne , parcouroit dans fes
deniieres vibrations fenfibles ri' de ligne ce qui donne pres de 6 li-
gnes pour 100 vibrations , & que dans les premieres elle parcouroit
foixanre-douze fois plus de chemin , c'eft-a-dite 5 pieds par feconde.
M. S. aremarque que quand deux tuyaux faifoient un tel accord, qu'ils
re battoient que fix fois dans une feconde , on diftin"uoit ces batte-
mensavec alFez de facilitc.... Ce font les dilfonances ; les accords au cou-
traire dont on ne diftingue pas les battemens , font les confonances.
Le mcme M. Sauveur a obfervc que ii une corde d'inftrumenc eft ten-
due fur une table , & qu'un chevalet mobile qui coule fous cette corde
foit arrctd fous quelqu'un de fes points , enforte qu'il n'empeche pas en-
tieremcnt la communication des vibrations des deux parties de la corde
les deux parties, quoiqu'incgales , rendent le mcme con & font le mc-
me accord avec la corde entiere. Si I'obftacle eft au quart de la corde ce
(a) C'ctoit une determination provifionnellc ; mais dans un Memoire pofthume im-
prime en 1715 , M. S. a pri? le (on qui fait ij6 vibrations, fSe puiflance dc i,)pour
ie (on fixe fondamental de I'oaave moyenne , chaque vibiation ctan: compo'fee de
I'allee & du retour; enforce que les nembres 51a , 1014, 104S , &c. ( ^s:, loe, 1 ic, &c.
puilfanccs de 1) forment les fons fondamenraux des i'- , if, 3c, &c. oflavcs fixes;
& les nonibres 1 18, C4, 51, &c. (?=>«=, !=,&c, puillances dc 1.) des ire, ic, je.&c'.
fous-oiflavc? fixes. Tous les fons polTibles font renfermes entre la ;e & la i ye od.i-
vc ain(i ddterminee Les cordcs de fcr ou d"acier tirifcs a filiere font les plus suits
pout faire les experiences des cordcs fonores. Ccllcs d'acicr calTcnc ctant tcndues par
un poids iioco fois plus grand cue Ic poids dc 40 pouces de ces cordes : cellcs de
c'.uvie jaune par ks ticis quarts dc ce poids, & cclk de cuivre rouffc p.ir les c-mi
flouiicnus.
no COLLECTION
quarc Sc les autres I font entendre la double oftave aigue ; &: s'il eft au
Acad. Roy Me "'^'^^ , au 5* au 6 c & de la corde; la partie plus longue de la corde ,
DES Sciences rendra toujours le ton de la partie la plus courte , qui fera dans les cas
DE Paris. propofes , celui de la 5 ' , 5 "^ , 6 ' partie de la corde j fi au ?" > ce fera le
SuppLi.iiENt. tO" '111 5 ' de la cotde j fi aux tV" , te fera le ton du 2.0 ' de la corde , Sc
en general I'obftacle etant mis fous une partie aliquote ou non aliquote
de la corde , la corde fe partagera toujours dans le nombre des parties
marque par le denominateur de la fradion , lefquelles feront leurs vibra-
tions routes egales entr'elles , entre aucant de noeuds ou points fixes &
iinmobiles , ce qui a etc verifie pat les experiences de I'Academi-e,
( Annie 1701 j
M. Sauveur a enccire remarque qu'urie 'corde de clavecin ^tnnt pincee ,
outPe le fon qu'elle rend , proportionne a fa longueur , a fa groiTeur & a
fon degre de tention , fait encore entendre en meme terns a une oreille fine
&C exercee , d'autres fons plus aigus, comme I'odtave , la douzieme , la
double odave, la dix-feptieme, la dix-neuvieme dont les rapports font
reprefentes par ces nombres i 7 , f, i, 1, « , &c. Ces fons harmoniques
font donnes par la nature meme, &: quoique leuc generation ait ete
jufqu' ici totalement inconnue , les muficiens les ont trouves , conduits
pat leur oreille & par leur experience, au point que route la compofi-
tion des orgues , roule furce principe qui n'etoit rien moins que developpe
dans la tete desfadleurs & des organiftes. ( Annk lyoi, )
Sur les Jons des CyUndres folides ,
Par M. Carre.
VfcUAND on voir des cordes d'inftrument pincees ou frappees , fremir
dans route leur etendue , & qu'on entend que les fons qu'elles donnenr,
fuivent de certaines proportions de leurs longueurs ; que pkarexemple , elles
donnent I'oilave \ (1 ces longueurs font comme i a z la quinte , fi elles font
comme 135, &c. il eft fort naturel de croire que les tons dipendenr
des fremilfemens ou vibrations que font les cordes entieres dans toute
leur longueur, & en efFet, la plupart des muficiens & meme des phyfi-
ciensfont tombes dans cette penfee. Cependant M.Carre, apres avoir fort
etudie cette matiere , eft perfuade que ce qui produit les fons immediate-
,ment, font les vibrations particulieres de routes les petites parties de la
corde ou plus gcneralement du corps fonore , mifes en reltbrt les unes
apres les autres par la premiere percullion , &c que les vibrations totales
ne fetvent qua augmer.ter la force du fon ou faduree.
Pour s'alTiirer de cette opinion , il a examine des corps fonores inca-
pables de vibrations totales, comme des cylindres de bois , & il les a pris
d'abord de bois de hetre , & enfuite de merifier , comme ayant plus
de fon : il leur a trouve des tons ditTetens , felon les difFereates grandeurs ,
niais dans des proporcions bien diffetentes de cellcs dis cotJes.
ACADEMIQUE. ll^
Afin que deux cylindres de bois pleins £< folides foient a I'oftave , il _____^„
faut que leurs folidites foient comme i & if, an- lieu que les longueurs de 7 71 ~
deox cordes , doiveiu etce comme i 8c i. Deux cylindres qui donnent desSciencps
la quince font comme 8 & z? , & deax cordes comme i & j ; &: en ge- de Paris.
ncral , afin que deux cylindres falTent «n accord determine , il faut SvrFiiMESiT.
que Icurs folidites foient einr'elles comme les cubes des longueurs des
cordes qui feroient ce mcme accord j ainii 1 on voic tout d'un coup , que
ii deux cordes qui font comme 5 &: 4 font la qu.irte , deux cylindres qui
feront comme 17 Sc 6+ la feront audi.
Mais ce qui eft bien a remarqucr , il ne fufiir pas que les folidites de ces
cylindres qui font I'ottave , la quinte , la quatte &:c , foient comme
1,8, zj , 64 , &;. Des cylindres de difFerentes proportions , c'eft-a-dire
done la hauteur 6c le rayon de la bafe auront differens rapports , peu-
vent avoir leurs folidites , par ex:mp!e , comme 1 a S , & tous ces cylin-
dres-la pris deux a denx , ne teront pas I'odlave ; il n'y aura que les deux done
les hauteurs & les rayons de la bafe , auront le reicme rapport de 1 i 2 y
& qui par confequent feront femblables , puifqiie leurs hauteurs &: leurs
rayons feront en meme proportion j il en va de mcme des cylindres qui
font les 'aucres accords.
Cette experience confirme bien la per.fce 011 eft M. Carre, que les
vibrations des petites p'arties da corps fbnore , font la veritable caufe
du fon : car cela fuppofe , il eft necelTaire qu'un cylindre frappe frcmilFrf,
non-fealement felon toute fa l-ongueiir , mais encc)re felon tous les cercles-
qui le compofent , & qu'il ait des vibrations rant circulaires que lon-
gicudinales , en un mot qu'un corps folide en ait felon (cs trois dimenfions.
iii la mture de I'ofbave eft telle qu'il fe doive faire deux vibrations d'uif
cote , tandis qu'il ne s'en fait qu'une de I'autre , il f.uit , afin que deux cy--
lindres falTent cet accord , que I'un faflfe deux vibrations tant longitudinal
les que circulaires, tandis que I'autre n'en fera qu'une de chaque efpece :
& fi un cylindre moins long de moitie qu'un autre, emploie la moitie
moins de cems a faire urre vibration longitudinals, il doitauflr avoir une"
circonference , on ce qui revient au meme, un rayon la moitie moindre
pour mettre la moitie moins d^tems a une vibration circulaire , & par
confequent il faut que les deux rayons, aulli-bien que les longueurs ou
hauteur's foient' dans \e nieme npparc dc r i i , Sz c'eft abfoiatneiTf fa
mcme cho(* pour les autres accords.
Par-la il'el! vifible que dieux cylindres' cjUf atiront la meme foli'dite ,
mais dirterens rapports de leur hauteur a leur rayon , feronr differens
accords avec un meme cylindre , 6c c'eft auili ce que M. Carreatiouvi
par un grand nombre d'experiences.
Les cordes doivent ctre comprifes dans la theorie generale des cylin-
dres, puifqu'elles en font elles-memes; maiscefont des cylindres donr
le rayon eft prefque iflfitiiment petit par rapport a leur hauteur ou lon-
gueur , &■ par confequent la bafe difparo'it dans les etfets fenfibles , & il
n'eft p!us queftion que de la lonnuenr qui determine les accords. CrV
peuc croire cepenJant qu'un- accor-J. de deivx cordes , fet&it encore plus
I II
COLLECTION
DE Paris.
SuffitjUENT.
■"■■■"—-'" jufte & plus patfaic , fi leiirs bafes fuivoient la proportion que dolvent
Acad. RoYALE avoir celles de deux cylindres pour rendre le nieme accord.
D£S Sciences M. Carre a enrore trouve que ies parallelipipedes , pour faire des
accords , doivent etre femblables entr'eux comme les cylindres, & fem-
blables felon les memes rapports. Mais qu'un cylindre de meme longueur
qu'un parallelipipede , & done le diametre de la bale etoit egal a la dia-
gonale de la b.ife du premier qui etoit un quarre , rendoit un fon plus ai-
gu d'un ton etitier que le parallelipipede : ce qui vient apparemment de
ce que les vibrations circulaires du cylindre fe font plus aifeoient & en
moinsde temps que les vibrations quarrees du parallelipipede.
Il feroit curieux de voir quels changemens de tons repondcnt aux chan-
gemens de dimenfions , ou des cylindres ou des parallelpipedes, ou
meme de quelques figures comme les coniques , & s'il y a dans ces varia-
tions quelque fuite reguliere \ il faudroit audi eptouver des cylindres de
metal , Sc de difFerens rnetaux, des tuyaux creux , aufll bien que des cylin-
dres folides. M. Carre a deja fait quelques-unes de ces experiences, &
en promet de nouvelles. [Annie 1709.)
Obfcrvatlon d' Acoujllquc.
Pi. l'o c c A s I o N du memoire de M. Carre , M. de la Hire fir remar-
quer que quand on frappe un cylindre de bois fuccefllvement dans
routes fes parties, (elon fa longueur , ilyatoujours vers fes deux bouts ,
deux endroits oii ie fon eft confiderablement amorci & piefque eteint ;
il n'importe de quelles dimenfions foit le cylindre : ce font comme deux
foyers non de reunion & d'augmentation de force , mais de diflipation
& d'afFoiblilTement.
HYDRAUI.IQUE.
Experiences & Obfcrvations fur ks mouvemens des Eaux , &c.
J-J E u X vafes cylindriques de meme hauteur , &: de largeur differente ,
dont le fond eft perce d'ouvertures egales,mais petites relativement a la
bafe , 8c que Ton encrecient toujouis pleins d'eau , en rendent une cgale
quantite , en temps egaux.
2°. II n'importe en quel endrolt le fond eft percc.
j'.La furface de I'eau qui s'ecoule d'un vaiffeau cylindrique defcend
en des parties egales de temps par des efpaces inegaux , qui font dans
un ordr» renverie , les mimes que parcout: un corps pefant par (a chute
acceleree. [Annec iCj(j8. )
I
ACAD^MIQUE. nj
Que Ton fiifTe tourner de I'eaudans un vailTeau qui ait le fond plat, ^^^^^^^^^^
aprcs y avoir mis quelques parcelles de maciere un peo. plus psfanre que Acad. Rovai.e
I'eau ; on verra qu'au coinmencemenc ces petits corps Hoccant dans I'eau , "^^ n'^"^^'
uiivronc ion mouvement circulaire lans sapprocher du cenrre : mais li- c ^
tot qu lis commenceroiu a toucher au tond , & que par-la leurniou-
vemen: circulaire fera interrompu ou diminue , iis iron: vers Ic centre
par des lignes fpirales & s'y amaircront.
Si I'on met dans le vailTeau un corps qui , artcte entte deux filets , ne
puilTe fuivre le mouvement circulaire , & qu'ayant fait tourner quel-
jue temps le vailTeau , on i'arrete fubitement , I'eau confervera encore
on mouvement circulaire , 8c le corps, empcche dele fuivre, ira droit au
centre Sc y reftera. L'experience fe fera mieux encore fi le corps eft de mS-
nie pefanteur que I'eau. ( Annie i66<). )
Une chiite d'eau fe faifant librement par une ouverture egale a la bafe ,
s'accelere comme celle.d'une pierre dans I'air , & dans ce cas I'eau ne jaillic
qu'cnviron a la moiti-i de la hauteur dont elle eft defcendue.
Dans un tuyau recourbc , s'il y a un robinet entre les deux branches
qui ait etc ferme pendant qu'on en a rempli une d'eau , on voit , lorf-
qu'on vient a I'ouvrir , que I'e.iu qui monte dans la feconde branche , mon-
te d'abord plus haut qua le niveau, redefcend enfuite plus has, & ne s'y
fixe enlin qa'apres plulisurs balancemens pareils a cenx d'un pendule
qu'on a tire de fa ligne perpendiculaire , lefquels on ne peut guere attri-
buer qu'a I'accelcration dans les lieux cas.
Que Ton encretienne un tuyau toujours plein d'eau , I'ouverture etanc
cgale a la bafe, & qu'on prenne garde que I'eau y tombe doucemenr,
1 eau ne jaillira prefqiie point a la forcie faute d'accelcration.
Celt la prellion qui fait les jets d'eau, il faut done nedonnerau tuyau
qu'une ouverture tort petite relativemenr a la bafe , mais ii petite que
le grand frottement du jet contre les parois, ou fa trop grande divifion
en petites gouttes , ne nuisit trop .a I'elevation.
L'alt etant prelTe par des poids , fort d'un tuyau avec des viteftes qui
font comme les racines quarrces de ces poids , &: fes eiforts a fa furtie
font comme ces poids.
Pour que I'air eleve le mcme poids que I'eau, il faut qu'il aille iif fois
pUi= vire que I'eau, felon Ivl. Hughens, & 23 a i^ fois felon M. Mariotte.
De I'eau qui coule avec la vitelTe d'un pied en une feconde , & qui frappe
diredlement un plan quarre d'un pied, le frappe avec une force de 44 1 on-
ces ; & fair coulant avec la vitelTe de ;o pieds en une feconde , qui eft
celle d'un vent nvMiocre , frappe un pied quarre avec la force de 3 (J onces.
.Aux environs de Bologne & de Modene, pour avoir des jets d'eau,
meme des puits les plus profonds, on creufe la terre jufqu'a ce qu'elle pa-
roilTe gonliee par la force de I'eau qui coule & qui poulTe par dcllous : alors
on plonge dans le fol une efpece de longue tariere , laquelle t'tant retiree ,
I'eau fort avec impetuofitej & non-feulement remplit les puits entiers , mais
arrofe encore par fa depsnfe continuelle , les campagnes qui en font voi- '
fin.'s. Peur-ctreces eaux viennent-cllcs par ces caiiaux fouterreins du haut
de r.Appennin qui n'eft qu'a Jix milles.
Tome III , Funk Frangoifc, P
114 COLLECTION
' Dans la BaffeAutriche, qui ell environnee des monragncs de la Styrie,
Acad. Roy ALE '^s habitans fe fervent de la mane manoeuvre pour faire venir I'eau dans
PES Sciences leurs puics. [Annee i(J<5y)
DE 1 ARis. On a trouve par plufieurs experiences qn'un refervoir de i 2 pieds de
ovFtLtMEUT, liauf ^ donne par un ajutage de j lignes de diametre , 14 pinres en une
minute , c'eft-a dire un ponce d'eau kiivant le langage ordinaire dont on
fe fert en cette matiere. Cela fere a determiner la depenfe de tout autre
jet done on connoit la hauteur du refervoir & le diametre de I'ajutage j
car la depenfe eft toujours en raifon compofee de la racine quarree de la
hauteur & du quarre du diametre de I'ajutage. Pour eviter les frotte-
tnens,il faut que les diametres des tuyaux & mcme des ajutages, foient
comme les racmes quarrees des viteires. L'cpailfeur des tuyaux doit etre
en raifon compofee de leur diametre & de la hanteur du refervoir. La
refiltance de I'airell en raifoii doublce de la hauteur des jets. ( Arnee i6-/ii)
Dans les experiences faites feparement , les plus grandes ouvertures
des ajutages dcpenfenc plus. Lorfque les ouvertures difFerentes font au me-
me fond de refervoir , les petites donnent plus a proportion que les
grandes.
M. Mariotte ayant rempli d'eau un tuyau de 100 pieds foude a un
tambour de plomb d'un pied de circonference , & dont les feuilles avoienc
1 i lignes d'epailfeur , le poids de I'eau fit elever les deux platines du tam-
bour , & leur donna un pouce & plus de convexite , (ans que rien fe
rompit. M. M. fit enfuite limer le tambour vers fon milieu , pour dimi-
nuer fon epaideur , & lorfqu'elle fut venue a un peu moiiis d'une ligne ,
le plomb s'enfla en cec endroit , & il s'y fit une fente de trois pouces
de longueur par 011 route I'eau s'ccoula. [Annie :6Si. )
M. Caflini expliqua comment les Ferrarois nvoient detourne la ri-
viere de Rene qui venoit chez eux , jufqu'a 7 milles au-dela, & I'avoient-
enfuite fait venir a Ferrare par un autre chemin , quoiqu'il n'y ait en
tout que 5 pieds de pente.
' M. de la Hire trouva que I'eau de la Seine depuis les \iinimcs jufqu'a
Paffy , n'avoit que 10 pouces de pente fur loootoifes.
Sa vitefle , lorfqu'elle eft la plus balfe , fut trouvce de 100 toifes en 5
minutes.
Dans un canal de 10 toifes de long, 1 { pouce de largcui & autant de
profondeur , la quantite d'eau qui y entroit etant egale a celle qui en for-
toit, elle prit 4 lignes de pente fur les 10 toifes, lorfqu'elle etoit four-
nie par une ajutage d'un pouce ; & feulement une ligne etant foutnie pat
une ajutage d'un demi-pouce. ( Annie 1(585. )
On a reconnu par des experiences faites avec foin qu'un corps qui nage
dans une eau trnnquille , etant tite par un poids donne avec une vjtelfe
donnee , fera tiie avec une vjtelfe double par un poids quadruple du pre-
cedent \ enforte que les vitelfes font comme ks tacincs quarrees des poids.
La quantite de I'eau qui s'ecoule par une ouverture horizontale re(flan-
gle , eft a la quantite d'eau qui s'ecoule pir une ouverture egale cc fembfa-
b!e , mais verticale , la hauteur etant la mcme , comme 592.
La quantite d'eau qui s'ecoulcra en 24 heures pnr un trou rond & ver-
A C A:D^ t M I Q U E.
"5
Acad. Royals
rES ScuNCf.s
DE Taris.
ileal, i'wn poucc de diamstre , fait dans une lame d'uii tiers de linge
d'epaiireiir, la faperficie de cette eau etaiu abfolument tranquille, Sc ne
selevaiit que d'lina ligne au-defTus du trou , fera de 6^ {a. 65 t tonneaux.
Si I'eaueft iin pen plus balfe , enforce que le petit rebord clcvc qui termine
fa (urtace ne foit que d'une ligne au-delFus du trou, fans cependant que SutfLt/uEUT.
la poufliere jettee lur cette eau puifTe fortir par le trou, il ne partera que
6j T tonneaux en 24 heures j & il n'en patfera que 59 a 60 , fi on adapte
au trou exterieur un tuyau de 1 5 lignts de diamecre & de 5 t pouces de
long.
Dans un tube AB, dont le diametre etoic de 6 pouces & la longueur
de mille toifes, dont les extremitcs cuvettes A & B etoient bien de ni-
veau , puifque I'eau tranquille fe cenoit dans I'une & dans I'autre au
bord de leut ouvettute, on mit cette eau en mouvement en en foutnif-
fant continuellenient pat rexttemite B la quantite de 6 pouces , & pour
que toute cette eau s'ecoulat a mefute pat I'autt e exttemite A , il failur percet
le tuyau en C, 5 pouces au-dellous de A. ( V.Fi. II , Fig. I ', a La fin dect Vol.j
Dan; les travaux qu'on a enttepris pour conduite des eaux a VerfaiU
les , & qui furent diriges par M. Picart , on a remarque que I'eau de
I'etang de Trape etant lach:e avec une charge de ttois pieds , employa
quatte heutes de temps a faite 4000 toifes de chemin avec 3 pieds de
pente.
On a ttouve par des experiences faites a Verfailles, qu'un tuyau de plomb
de id pouces de diametre & de 6f lignes d'epailfeur, furtit pour une co-
lonne d'eau de 50 pieds de hauteut , d'oii Ton peut titer repailTeur re-
quife pout les tuyaux de difFcrens diametres & de difFerentes hauteurs,
par cette analogie. Soient D d les diamettes , H h les hauteurs, Ee les
epailleurs , on aura toujouts D H : d h : E' : : e '
Pij
llff
COLLECTION
AcAD.RoTALE
DEs Sciences
DE Paris.
SuffLi/liSHI.
Experiences fur la hauteur 6" F amplitude dc la projcclion dun
jet de Mcrairc.
Par M. R o E M E R.
X-i E fel vertical etanc de 170 lif^nes, la hauteur des jets inclines a ete
determince par le calcul & par I'obfervation de la maniere fuivante :
Angles di la
direilion .
^mpUtude
caUuUe.
Amplitude
obfervte.
Corrcfpondance
au-dejfus dt 4^**.
I dc^rcs.
yPo"
■:• io''B-
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Hauteur
Hauteur
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21 . .
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94 . .
155 . .
140 . .
181 . .
187 . .
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116 . .
252 . .
254 . .
161. . .
2(5l . .
2.62, . .
2^9 . .
270 . .
270 . .
Dans ces experiences on a fait les remarques fuivanres.
I. Le filet ou petit cylindre de mercure etoit beaucoup plus gros que
le trou par oii il fortoit, meme lorfque la diretTtion etoit indinee a Tho-
rizon.
II. Dans les jets fort obliques , comme de 45 , 50, 55 degres , le fi-
let fe feparoit non en forme d'aigrette on de pinceau , roais en large
dans iin plan vertical.
III. Le jet vertical du mercure ne s'eleve pas plus pres que I'eau de la
hauteur de fon refervoir : ici il etoit plus bas de 18 lignes fur deux
pieds , quoique le diametre du tuyaa fut tres grand relativement a celui
de I'ouverture.
Maintenatit en comparant les refultats du calcul avec ceux de I'ob-
fervation, on remarquera, 1*. Que les direflicns au-dellous de 45 de-
ACADtMlQUE. 117
gres , donnent des amplitudes plus grandes que leurs corrcfpondantes
au-de(Tus de 45 degres.
i". Que les diredions au-delTus de 45 degres donnent des refultats
plus conformes au calcul.
j"*. Que les amplitudes s'accorderont mieux entr'clies Sc avec le cal-
<ul , fi Ton s'attache aux goiittes les plus cloignees , au lieu de fe re-
gler fur les diftances moyennes comme on a fait dans ces experiences.
( Mcmoires di C Acadtmh , torn. Fl. )
Au mois d'Avril 1593 , M. de la Hire ayant mefurc fur le bord d'un
des bartins de Meudon , a I'abri dcs vents, une diftance de douze pieds,
& ayant jette une petite pierre dans I'eau a 4 ou j pieds du bord, vis-a-
vis I'endroit qu'il avoir mcfure , il trouva que les ondes formees dans
I'eau pat l.i chute de cette pierre , & d'autres pietres plus grolFes iii
plus petites , employerent toujouts S r fecondes ou environ a parcourir
cec efpace de 11 pieds, & qu'elles le parcouroient uniformemeiit j d'oii
il refulte que la vitelle des ondes de I'eau eft a celle des ondes de I'air qui
fiarcourenr iSo toifes en une feconde , comme i a 763 a-peu-ptcs comme
es gravitcs fpccifiques de ces deux fluides.
ACAD.ROVAIE
DES SciENCtS
DE Paris.
Expirkncts fur la rarcfaciion de f Air par la chalcur dc tcau
bouillaiite.
Par M. Amontons.
Premiere Experience.
KJ N a plonge dans un chaudron plein d'eau les boiiles des trois rubes
de verre ACD, ACD, ACD, d'egale longueur, ciiacun ouvert en A,
recoufbe en C , & fe terminant en une boule D. (V. PI. Ill , Fl". in\
a La fin de cc Volume. ) Les capacites des boules etoient entr'elles com-
me les nombres ,1,2,3, audi-bien que celles des tubes AB qui d'ail-
leurs etoient alTez ecroirs, le moyen n'ayant guere qu'une demi Hone de
dianietce interieur. Il y avoit dans chaque tube du mercure depuis fentree
E des boules, jufqu'en B oil le mercure etoit trois pouces plus banc
qu'en E, parce que I'air, donr les boules etoient pleines , n'ayant trouve
aucune idue lorfqu'on avoir verfe le mercure par les ouvertures A , le
foutenoit par fon relfort & I'empechoit de defcendre au niveau de c'elui
qui (itoit <ians I'autre branche en E.
On a mis le tout fur le feu , & le mercure qui croir en B eft monte c'ga-
lement dans des temps egaiix dans les trois tubes , enforte que lorfque
I'eau a commence a fremir , il croir neuf pouces plus haut que B , & neuf
pouces dix lignes lorfqu'elle a ete emicremeni bouillante , apies quoi il a
celle entierenient de monter.
Stconde Experience
Une autre fois les thermometres marquant jsrefqiie le rempcrc, on a
ploijge daus I'eau frwide ks boules des tiois tubes, & \z mercare n'efVbai)fe
iS
COLLECTION
ACAD.ROVALE
DES Sciences
DE 1'aRIS.
SvPl'Li.UENT.
qu'envlron ime ligiie jiu deffous de B , dans Ic tube done la boule ^tolt la
plus ^rolFe , de deux ligiies dans le moyen 8c de trois lignes dans le plus
petit. Ces trois tubes ayant cte retires de I'eau , le mercure a continue de
defcendre d'environ une ligne dans le plus petit , de dcux lignes dans le
moyen & d'environ trois iignes dans le plus gros , enforte que le mer-
cure eft reftc pendant un temps dans les trois tubes environ quatre lignes
plus bas que B , &; a remonte enfuite peu-a peu a mefure que les boules
ont fee he.
Dans les chaleurs de I'ete , ayant plonge la boule du zymofimetre dans
de I'el'prit de vin , le relfor: de I'air diminua & foutint le poids d'une
colonne de quatre pouces d'eau moms que le poids de ratmofphere : la
boule etanr retiree de I'efprit de vin , le relToii de I'air diminua encore de
la valeur d'une colonne deau de cinq pouces de hauteur, ce qui faifoit en
tout neuf uouces de diminution. Enfin la boule ayant ete replongee dans le
mime efprit de vin , le rellort de I'air augmenca des cinq pouccs dont il
etoit diminue dehors ; & retire encore de I'efprir de vin , il diminua de la
meme quantite de cinq pouces.
Troijieme Experience.
On a fait conftruire un cube creux de fer blanc ABCD, exaftement
clos de toutes parts , & parcage en deux ega-
lement par la feparation EF. La partie infe-
rieure EBCF n'a aucune communication avec
la partie fuperiture AEFD , que par le tube
Gtl dun pied de hauteur ouvert en H, ren-
ferme dans un plus gros IL ferme en L &
embouthe & foude en I a la partie fupe-
rieure du cube. MN eft un autre tuyau
qui pcnetre dans la partie fuperieure du cu-
be jufques proche le fond BF , Sc eft foadc
a cette partie en O , & embouche & foude
par fon extiemite N a un petit refervoir P.
11 y a de plus vers A un petit robinet pour
donner air a la paitie fuperieure : ce robinet
etant ouvert , on a verfe de I'eau dans le re-
fervoir P; cette eau eft defcendue par le
canal NM dans la partie fuperieure du cu-
be j lorfqu'elle a ete pleine, on a ferme le
robinet & on a plonge pendant fix fecon-
des la partie inferieure du cube dans I'eau
bouillante. L^ne partie confiderable de i'eau
contenue dans la partie fuperieure du cu-
be, poutTee pir le reflort de I'air contend
dans la partie inferieure, eft montee avec
precipitation dans le refervoir P. Au bout
des fix fecondes I'ayant retiree de I'eau bouil-
■p' ■ '■ ■ ' "c laiue, I'eau du refervoir a commence a re-
A 1
n
M
A C A D 6 M I Q U E. 115
defccndre ; mais au bout de 300 fecondes elle n'ctoit pas encore reve- ________
nue ,1 fon premier t'tar. On a mis enfuite cctte partie inftrieure EBCF Acad. Royale
dans I'cMi troide de mcme temperature que Pair pour aihcver de rcduire des Sciences
I'air a fon premier volume , aprcs quoi I'ayant replongee dans I'eau de Paris.
bouillante pendant (ix autres fecondes, & I'e.iu etant retnontee dans le SaftttMBHT.
refervoir P comme devant, on la remife dans I'eau troids & lair a repris
fon premier \oiume en iS cu 10 fecondes, ce cjui a ete repete piufKurs
fois avec la meme refultat , (oit qu'on ait tenu dans leau froide la par-
tie du cube ERCF pendant les 18 ou 10 feconJei f-^s inteiruption , foit
qu'apris I'y avoir trempee, on I'ait retiree dans i'air.
QualrUmc Expirience.
Ay ANT repete les mimes experiences avec des tubes de huit pieds au
lieu dun, I'euU monta , mais £11 moindie quantiie.
On mit aprcs cela la partie B C fur des charbons ardens , ce qui fit monter
I'eau dans le tcfervoir P , mais moins promptement que n'avoit fait I'eau
bouillante , & qui I'auroit elevce plus haut fi le cube ne s'ctoit delFoudc-pac
I'aiftion d\i feu. ( Annie i(J99. )
Remarque de. M. Manotte fur la difference de la chalcur du
filed o' de cede de notre feu.
J_( A chalrur du foleil ne fe fepare point de d lumiere , elles traverfenr
enfemble les corps ttanfparens ; mais il n'en eft pas de meme de U lumiere
& de la chaleur du feu. Que Ton difpofe un miroir concave devant le feu ,
enforce qu'cn ne pailfe louffrit la main que tres-peu de tems a la chaleur
qu'il y aura a fon foyer •, qu'cnfuite on mette une glace devant le miroir ,
la lumiere du foyer fera prefqu'auOi vive qu'aiiparavant & Ton ne fentira
plus aucune chaleur ; & qu.ind meme on approcheroit le miroir du feu
plus qu'on n'avoit fait d'abord , enforte que la lumiere du foyer fut plus
grande , I'cfFet dc la chaleur n'en feroit pas pour cela plus fenfible.
Sur la refijlancc de I'air £' celle de I'eau.
M. OUR connoitre la diffetence du mouvement d'un pendule dans I'aic
& dans I'eau , M. de la Hire fit un pendule a demi - fecondes avec une
balle de plomb de deux onces de pefanteur , laquelle etoit fufpendue a
un hi delic , & il la mit en mouvement dans \'c:.\i. 11 remarqua d'abord
que les grandes vibrations s'accourcilfoient promptement, &: que le mou-
vement s'arretoit fenfiblement apr^s une minute is: un peu plus , & nean-
moins que les vibrations de ce pendule dans I'eau ctoient prefqu'auHi
11(3 COLLECTION
g promptes que dans I'air , puifqii'il en fie iii au lieu de izo dans une
Acad. RoYALE jninute.
DES Sciences j^^ meme experience ayanc etc repetee avec un pendule fimple a fecondes ,
DE ARis. j^^^^ j^ balle, qui etoit de plomb , pefoir cinq onces , les grandes vibra-
imFfLi.iiEUT, j-j^j^j s'accoiircirent de meme fort promptement , & le nombre total des
vibrations fut de 1 14 pendant deux minutes que dura le mouvement du
pendule dans I'eau. {Annk 1705.)
Sur la rifraction dcs balks de moufquct dans I'cau , (5' fur
la rifijlaacc de. ce fluidc.
Par M. Car Ki.
Premiere Experience,
J 'a I tire avec un fufil charge a balle deux coups dans un baffin de pierre
plein d'eau , de i t pieds de diainetre Sc profond de i 6 pouces fous un
angle de 10 degres & fous celui de So; mais je n'ai pu m'appercevoir ,
par cette experience, C\ les balles foufFrent quelque changement dans la
direftion de leur mouvement , parce que le grand effort de I'eau centre
les patois du baflin oii j'avois mis des ais , les a toujours deranges. Get
effort eft fi grand qu'ayant tire trois coups de fufil dans des bennes plcines
d'ean, elles ont ete incontinent brifees , & c'etoit les cerceaux d'en bas que
I'eau faifoit calfer. Pour m'alfurer davantage fi c'etoit le grand mouvement
& I'effort de I'eau qui faifoient brifer ces vailleaux , & non pas la balle en
padant au travers , j'ai fait faire une cailfe quarree d'un pied de liaut &C
de fix pouces d'cpaiffeur, dont les quatre ais qui faifoient la longueur avoienc
chacun un pouce d'cpaiffeur & les deux du bout en avoienr chacun deux ,
afin d'y bien attacher les autres avec force clous ■■, je I'ai reniplie d'eau
par un petit trou , enfuite j'ai tire mon coup qui a percc les ais fort exac-
tement fans les brifer ; mais I'eau s'eft tourmentte de telle maniere qu'cUe
a fait ecartet ces ais &: a brife la cailfe.
Siconde Experience.
J'ai fait remplir d'eau un baffin de pierre de i ; pouces de profondeur ,
3 9 de long & 1 1 de large dans oeuvre , ( V. PL IF. Fig. ly. a la fin de ce
Volume ) lemblable a ABCD ; j'ai fait attacher inebranlablemenc a fon
cote BD un ais pour recevoir les ba!!cs , un autre ais E F precifement au
milieu, & fur le fond C D un troifieme ais qui le couvroit enticreiiienr.
J'ai eleve au-defTus du core C A un carton G A perpendiculaire a I'horifon.
L'arquebufe HN etoit arretee fixe a huit pieds du balTin j I'ayant tiree ,
la balle a perce le carton en K , & s'ell trouvee vers M applatie a-pe'u-
pres conime une piece de douze fous. Du fecond coup , elle s'eft trouvee
divifee en trois motceaux anfli applatis fans avoir frappe I'ais du milieu EF.
J'ai
ACAD^MIQUE. Yu
J'ai tire deuK antres coups avec une plus forte charge de poudre , Sc je i «i
n'ai poiiu trouve de b.ille au fond du bafliii ni contie les ais ; ces balles « n . -
N J 111- o • » T ACADlvOVAlE
avoieiu prcs de quatie lignes de diamecre 6c nc pouvoieiit cere pouUces djs Sciences
dans Ic canon qu'avec une baguette de fer. de Paris.
Pour m'edaircir fur cet applatiflement des balles, j'ai fait mettre dans SvecLt.iiztiT.
iin rcfervoirde dix pieds en quarre deux ais paralleles encr'eux & a I'houzoa
& a un pied de dillance I'un de I'aucre , celui de dedus ne faifant qu'un
mcme plan avec la furface de I'eau. J'ai tire deux coups fur cet ais , fous
un angle de jo degrcs , avec une cgale charge de poudre; le premier avec
I'arquebufe ci-de(T'us , done le canon eft de j 8 t pouces &c la balle } i lignes
de diametre j le fecond avec un fufil , dont le canon a 46 i pouces 6c la
balle 7 lignes de diametre ; la grolfe balle a perce les deux ais , 8i la petite
s'eft trouvee applatie fur I'ais infcrieur.
Ayant tire dans le baflin A BCD avec le fufil charge du poids de 5
•deniers 10 grains de poudre & d'une balle de 7 pouces de diametre pefant
17 deniers 6 grains, fous un angle de 20 degres , la balle a perce le
carton G A en K , I'ais E F en P , & s'eft arretee en R. Ayant vuide I'eau
du ballin , j'ai fait mettte un fil fur le milieu de cette balle en R , que j'ai
fait palfer par les trous P & K , en le conduifant jufqu'au centre de la
bouche du canon , & il m'a paru que ce fil rendu paflToit alFez exadlement
par le centre de tous ces trous.
La meme experience erant repetee , en changeant un peu la fituation da
funl , a donne le meme refultat.
Ayant augmente la charge de poudre jufqu'au poids de 7 deniers (? grains
de poudre, la balle du fufil s'eft trouvee vers M un peu applattie d'un
cote ; elle avoit un peu frappe I'ais E F. La balle de Parquebufe , avec la
meme charge , s'eft ttouvce vers M divifee en deux parties inegalement
applaties , fans avoir touche I'ais E F : avec raoitie de la charge , cette balle
n'a perdu que peu de fa fphericite &c n'a point atteint I'ais E F.
Pour me fatisfaireentierement fur rapplattiftement des balles , j'ai etendu
dans I'eau un linge parallele a I'horizon , a deux pieds de profondeur , Sc
j'ai trouve par differentes experiences que 4 deniers de poudre ou environ
poulTent la balle de 7 lignes affez avant dans I'eau fans lui faite perdre
rien de fa fphericite , qu'avec 8 deniers elle en perd la moitie , qu'avec
1 1 elle la perd entierement , qu'avec iC elle fe divife en plufieurs parties ;
qu'elle s'applatit regulierement lorfque la dire<5lion du coup eft perpen-
diculaite , & irregulierement lorfque fa diredion eft oblique ; enfin que
la force du coup fait jaillir I'eau quelque fois jufqu'a la hauteur de io pieds.
{^Annci 1705. )
Experiences de Mechanique.
J_/ E 10 Juillet on s'affembla extraordinairement a I'Obfervatoire pour
comparer la force dun homme a celle d'un clieval. Ayant applique un
cheval alTez fort a une gtue , on lui fit enlever 491 livres pefant : enfuite
Tome in, Pariie Frangoife. Q
IZl
COLLECTION
Ac AD. Roy ALE
DES Sciences
DE Paris.
pour enlever le meme poids , il fallut fept hommes qui parnrent y avoir
la mcme peine qu'avoic eu le cheval j mais il y a de I'appatence qu'ils
n'auroient pas refifte fi long-tems dans cette adion & qu'ils n'auroient pas
ece aufli vice. Cetoit 57 7 livres pour chaque homme , non compris les
frotcemens , la roideur des cordes , les parties de la machine qu'il falloit
clever, &c. . ,
On vouluc verifier par I'experience fi un homme, nrant a unepoune,
peuc lever plus pefanc que lui, Sc on reconnu: que plus un homme fe
charge de poids confiderables , oc plus il peuc de cette fagon lever un grand
poids. , , J 1
Pour tirer de bas en haut un poids attache a une corde , un homme a
plus de force debout qu aflis.
Un homme a autanc de force en tirant fur foi un barreau , qu'en le pouf-
fant devant foi. 1 1 • «
Les grandes roues font prefcrables aux petites , parce que le levier eft
plus grand , qu'elles enfoncent moins , qu'elles font plus foutenues , qu'elles-
trottent moins faifant moins de tours , & qu'ayant moins de courbure ,
les obftacles les rencontrent moins diredement. ( Jnnee 166S. )
U n'efl- pas difficile de tenir afiez long- terns deux pendules parfaitemen,t
d'accord entr'elles , pourvu que la temperature demeure la mcme ; mais
auand elle change , elles varient diverfetnent.
Les pendules retardent en ete , les vibrations des pendules a fecondes
ctanc plus grandes d'un grand pouce de chaque cote ; ce qui n'eft point
compenfe par I'augmentation de mouvement produite par la chaleur.
( Annk 1 56 b'. )
M. Huohens , les premieres annees qu'il appliqua le pendule aux hor-
loges , attacha contre la poutre d'une chambre deux horloges a pendule
qui etoient a-peu-ptes egalemement reglees , fans etre cependant parfaite-
ment d'accord ; mais qui s'y mirent fi bien en peu de tems que les vibrations
de leurs pendules n'avoient aucune difference. Ayanx defaccorde le mou-
vement de ces pendules , ils fe remirent bientot enfemble ; enforte que
les trois mouvemens des deux pendules &c de la poutte n'en faifoient qu'un
qui etoit moyen entre tous.
M. de la Hire a fait une experience de meme genre , en attachant uti
pendule a fecondes fait d'un plomb de 5 a <J onces (ufpendu a un fil non
tottille , a Textremice d'une regie de bois forr mince , laquelle faifoir un
grand reilort , & en fixant I'aurre extremite de la regie de maniere que le
pendule etant en repos le fil faifoit un angle droit avec la courbe de la
regie pliante. Ce pendule ayant ete mis en mouvement , & fes vibrations
fe faifant fuivant la longueur de la regie , il n'y remarqua pendant plufieurs
minutesaucune difFerence fenfibleavec celle du pendule fimple a fecondes;
mais brfque le fil faifoit un angle foit aigu foit obtus avec la regie , les
vibrations de ce pendule compofe devenoient plus lentes. M. de la Hire
explique par ces faits pourquoi la corde de la trompette marine ne fait
pas des tons differens , quoiqu'on la touche un peu au defliis ou un pea
au-delTous de la divifion qui convienr a ce ton : les vibrations qui dans
ce eas fe font dans ehaque partie de la corde , ecanc compofees de deax
A C A D fe M I Q U E. iij
vibrations un peu incgales, fe riduifent enfin a tine vibratioh tnojenne ,
qui eft celle du ton jufte. ( Mim, de 1066 d 1699. )
Sur la force dcs Mufcks.
V^ E n'eft que p.ir Texperience qu'on peut reconnoitre !a force des diffe-
rens mufcles : ainii piufqu'un homme a genoux peut fe relever en s'appuyartt
fur la pointe du pied , & qu'alors les feuls mufcles de fes jambes & de
fes cuilfes elevent tout fon corps , M. de la Hire conclut que ces mufcles
ont une force au moins egale au poids du corps.
Le incme homme ayant les jarrets un peu plies peut fe redteffer , quoique
charge d'un poids de 150 livres ; alors ce poids & ceiui du corps font ia
melure de la force de ces memes mufcles, mais il n'elevent ce fatdeau ,
d'environ 500 livres , que de deux ou trois pouces.
Les ieuls mufcles des lombes font capablcs d'un effort de 170 livres
dans un homme qui petit lever de terre un poids de 1 00 livres place entre
fes jambes , en ployant le corps pour faifir ce poids avec fes mains & fe
redretfant enfuite : cet effort de 170 livres eft compofe, 1°. des 100 livres
du poids & de 70 livres pour la pefanteur de la partie fuperieure du corps.
La force des bras pour titer ou pour elever un fardeau , peut ctre efti-
mee de 160 livres; celle d'un homme pour porter un fardeau fur fes
cpaules , a 150 Uvres , pourvu qu'il mardie fur un plan horifontal & fans
faite de grands pas.
Celle d'un homme pour pouffer borizontalement avec les bras ou pout
tirer une corde horizontale en marcHant , le corps etant incline en avant,
foit que la corde foit attachce vetsles epules oir au milieu du corps, efl
d'un peu moins de 17 livres.
M. Amontons a cvalue la force employee par les PolifFeurs de glace a
une puiffance concinuelle de 11 t livres , faifant i de lieues p>ar heure ; &
celle d'un cheval , moindre qu'une puiffance continuelle de 60 livres, faifant
une lieue par heure. ( jinnee 1699. )
M. de la Hire ayant mis fur une- table de bois non polie plufieurs mor-
cfeaux de bois qui ne I'ctoient pas non plus , dont les grandeurs etoient
inegales , &: qu'il avoit charges de forte qu'ils pefoient tous egalement,
vit que pout commencer a les faire couler fur cette table , par le moyen
d'un poids qui leu* cegk awach^ & qui patlott far une poutie , il falioic
a tous le meme poids ; & il croit que cette proportion des poids a lieu
dins les frottemens , lorfqu'il s'agit de taire plier des parties Hexibles ou
de defengrener des parties dures \ au lieu cfue s'il s'agiffoit de rompre des
parties roides , il penfe que c'eft la proportion des furfaces qui nura lieu-,
mais alors le ftottement (era variable a proportion da nombre des patties
roides qui fe briferont , S>c ces parties etant fuppofees coniques, plus le .
poids fera grand, plus la bafe des cones rompus fera graiide & plus il
faudroit de force pour les rompre , & dans ce cas la pioportion des poids
auroit lieu ainfi que celle des furfaces.
Acad. Roy ALE
DES Sciences
DE Paris.
tSujPPii.«EWT»
114
COLLECTION
" La refinance caufee par les frottemens eft a-peu-prcs k meme dans le-
AcAD.RoYALE cuivre , le plomb , le fer , le bois , en quelque maniere qu'on les varie j
DBS Sciences lorfque ces matieres font enduites de vieux oing , 8c cecte rcfiftance eft
•de Paris. apeu-pres le tiers de la preflion : ces rcfiftances font entr'elles en raifon
SussLtjiiEHT, compofee des poids ou preflions des parties qui frottent , des terns &
des vitelTes de leurs mouvemens. ( Annet KJpp. )
Ta b le contcnant le refultat de pluficurs Experiences fakes
fur la roideur des cordes.
Poids dont i ^il'4'^nce des Rififtance au- Amour d'un
Cordes pardUles ^f^" ""'""' T'S"" ^-^''T ^■^''"'^'f ^' ' ^ ^ Crojfeurs des
etoiemchaTzdes. ''■"JV'"'*^* dre d un pouce de pouce de diame- Cordes.
° ■ jpoucedediam. diametre. tre.
4} onces ^ . . j lignes.
loliv
40 .
60 .
10 ,
20 .
60 .
40
^9
1 1 4 onces.
38
38 .
9c once
60 . .
30 .
60 .
40 .
20 .
30 .
20 .
10 .
2
X
3
2
I
J
2
I
3'
1
1
( Anneei6c)c).)
Q
Sur les Frottemens.
_ u E Ton ait a mouvoir I'un fur Tautre deux corps ayanr des furfaces
raboteufes, la difficulte de ce mouvement ne pent venir que de ce qu'il
faut fouleyer le premier pour degager fes parties engrainees dans celles du
fecond , ou de ce qu'il faut brifer & ufer les parties de Tun centre celle?
de I'autre , ou de tous les deux enfeaible.
A C A D 6 M I Q U E. laj
Dans le premier cas, la feule diflficultc de foulcver I'un des deux corps -...
fait telle du mouvemenr , Sc par confequent Ic frottement ne vient que « o
J, J J •j</-r ■ n. \ '■ LT^j Acad. Roy ALE
de la f;randeur du poids a loulever , ou , ce qui elt la mcme chole , de pgj Sciences
fapreflion , & la grandeur des furfaces n'y eft pour rien. de Paris.
Dans le fecond cas , la grandeur des furfaces feule feroit tout , s'il ctoit Svp^iiiUSNi-
poflible que ce fecond cas fut abfolument fcpare du premier , c'eft-a-dire
que Ton ufat les parties d'an corps contre celles de I'autre fans foulever I'un
des deux , car il eft vifibie qu'un plus grand nombre de parties a brifer font
une plus grande reliftance : mais parce qu'on n'ufe point fans foulever ,
du moins dans la pratique , la refiftance qui vient de la grandeur des fur-
faces eft toujours melee dans ce fecond cas avec celle qui vient de la
predion ; au lieu que dans le premier , celle qui vient de la predion peut
ctre feule &: fans melange : d'ailleurs ce qui s'ufe d'un corps par un frotte-
ment eft ordinairement trSs-peu de chofe , par rapport au grand nombra
de fois qu'il aura fallu le foulever dans ce meme frottement , & a routes
les petites hauteurs mifes enfemble oii il aura fallu le porter. Ainfi , outre
que la refiftance qui vient de la predion peut ctre feule , outre qu'elle
accompagne toujours celle qui vient de la grandeur des furfaces, elle eft
ordinairement beaucoup plus confiderable quelle lorfqu'elle I'accompagne ;
& c'eft pourquoi , dans la plus grande partie des experiences , elle eft
la feule qui Ic fade fentir & la feule qu'on doive compter 5 mais comma
il eft poffible qu'en certains cas la ptedion foit treslegere & le nombte
des parties a ufer fort grand , ou ce qu'il en faudroit ufer fort confiderable,
il doit alors arriver que le frottement fuive la proportion des furfaces.
( Annie 1705. )
Experiences de M. Amontons fur la force des hommes
(S' des chcvaux.
D
E u X porteurs de chaife charges , aliant lear train
ordinaire, ont fait en 80",
Un porte- faix , charge en 1 5 5 ",
Un homme de pied aliant le pas, en lio",
Un homme de pied courant de toute fa force , en 25 ",
Un tireur de chaife roulante chargee , en 8(J",
Un cheval tirant fur le pave une charette chargee d'en-
viron 1 500 livres, en 111", V 70 toifes.
Deux chevaux qui tiroient au train ordinaire un carode
roulant fur le pave , en 61 ",
Deux autres chevaux qui tiroient au trot un carode roulant
audi fur le pave , en 4^ ",
Un cheval de felie charge de fon homme, aliant le pas ,
en 80",
Autre cheval de felle aaflTi charge , aliant le grand pas ,
en 50",
ii(? COLLECTION
— — Les Hotteurs qui etoient a leur tache portoient par jour chacan vingt-
Acad Royale ^^^^ hottees de terre pefaiu chacune trentelivres, a trois cens foixante-
DEs Sciences dix toifes de diftance.
DE Paris. Un homme a eleve un poids de vingt-cinq livres avec une corde paffant
Supsii.ft£tiT. fur uns poulie a la hauteur de deux cens vingc pieds en cent quarante-cinq
iecondes.
Un homme du poids de cent trente-trois livres a monte a la hauteur de
dix toifes deux pieds , dans un efcalier , en trente quatre fecondes, & etoic
entierement hors d'haleine.
Un Scieur de bois a donne deux cens coups de fcie & autant de relevees
en cent quarante-cinq fecondes : a chaque coup fa main faifoit un chemin
de dix huit pouces avec un effort de vingt-cinq hvres : il etoit deja elfouffle.
Deux chevaux atteles a une charrue , dans une terre ni trop aifee ni
trop difficile, faifoient chacunun effort de cent cinquante liv. (^^n/iee 1703.)
Sur la rcfijlance des bois d& chine. & dcfapin ,
Par M. Parent.
KJ N parallelipipede redangle de chene tendre moyennement dur &
fee, large, de cinq lignes , epais de fix , & long de cinq pouces 6i demi ,
ctant retenu par un de fes bouts , a foutenu avant de fe rompre a fon autre
extremite 13 livres , etant pofe fur le chan.
Un autre tout pareil , mais double en longueur , pofe de chan fur deux
appuis , a foutenu a fon milieu 34 livres & demi avant I'inflant de fa
rupture.
Un troifieme femblable au precedent & egal pofe de meme , mais ferre
par les deux> bouts , a foutenu dans fon milieu 5 1 livres avant fa rupture.
Un quatrieme tout egal au premier, pofe & tire de meme, mais d'lin
chene plus dur, a foutenu 51 livres.
Un cinquieme, tout egal au fecond , pofe & tire de meme , mais de
meme bois que le precedent , a foutenu 91 livres.
Un fixieme de lapin moyennement dur , tout egal au premier , pofe &
arrete de meme , a foutenu 57 livres avaiit de fe rompre, & apres s'etre
beaucoup plus courbe que ceux de chene.
Un feptieme de fapin , pareil au precedent & egal en tout au fecoxid ,
pofe & tire de meme , a foutenu au milieu Ci livres avant la rupture.
Un huitiema en tout egal au troifieme , pofe &C tire de meme , 6c de
meme bois queries deux precedens , a foutenu 106 livres.
Dans les foli4es retenuspar un bout, la courbuf.e. qu'ils prennefit aecour-
cit le levier defa.45 '"^ partie eaviton , & dans. ce;iix qi^i fojpt retenus pat
les deux bouts , elle Taccourcit d'environ 6^ ""^'
Un neuvieme parallelipipede de chene fort dur & fee , de 3 lignes
un tiers d'epaiffeur , 13 7 lignes de largeur & fix pouces &c demi de lon-
geur , retenu par un bout fur le plat , etant tire perpendiculairement , a
foutenu avant defe rompre 381 livres.
A C A D 6 M I Q U E. 117
Un dixieme bien moins dur , de 41 lignes d^fpbiflTeur , fur 5 t 3e large
& dix pouces de long, pofc fur le plat , & tire perpendiculaiteinent par Acad.Royale
le milieu , etant pofe fur fes deux bouts , a foucenu 25 livres. D£s Sciences
Un onzicme de mtme bois que le precedent , de 47 lignes d'epaifTeur , de Paris.
5 T dc i.irgeur , & 14 pouces de longueur , pofc fur deux appuis a plat &c Surn-tUEjix.
horizonralement , a foutenu a fon milieu 18 7 livres.
Un douzieme de mcme bors , large & epais d'un ponce 8c long de
deux pieds, pofe fur deux appuis de niveau, & tire a plomb , a foutenu
300 livres julteavancde fe rompre.
Un treizieme de mcme bois de 14 pouces de longueur, 57 Hgnesd'epaif-
feur, & de 47 lignes de largeur , foutenu fur le chan &: pofe fur deux
appuis , a fuppottc 25 livres.
Un quatorzieme de chene tendre de m^me longueur , ayant 6 lignes
d'epaifTeur, Sc 5 lignes de largeur , foutenu de chan &c tire de mcme, a
foutenu 57 T livres.
Un quinzieme de mcme matiere & Idiigueur ayant 47 lignes d'cpaiflfeur
&: 5 T lignes de largeur, pofe fur le plat, a foutenu iz livres en fon milieu.
Un feizieme de mcme matiere & longueur, de 5 t lignes d'epaideur ,
6 de 4 5 de largeur , foutenu & tir6 comme les pTecedens , a footenu
17 i livres dans fon milieu avant de fe rompre.
En comparant les experiences faites fur le fapin , on tronve qu'ua
modele de ce bois pireil i ceiui de la doiizieme experience , devroit
foutenir 358 livres , en fuppofaut que les refinances proportionnelles
font entr'elles comme les produits des quarrcs de leurs hauteurs par leurs
largeurs , ce qui donne le rapport de la force moyenne du fapin & du chciie
comme <J a j d-peu-pres. {J Annie 1707'. )
C H Y M I E.
Remarque d& M. du HameL
•*'». duHamel it qu'il avoii;- vij ehrre les mains de M.. Boyle
deux phioles , chatune a demi-plein6 de fa liqueur , qui etant approchees
I'une de I'autre fans fe toucher, paroifToienc jetter une fumee aJez
cpaifle. [Annec 1669.)
M
Experiences dc M. Boutd^c fur TJpecacuanha.
B o u I. D u c ayant depouille I'ipecacuanha de fes parties rcfineufes par
le moyen de I'efprit de vin , & de fes parties falines par I'eau de pluje ,
trouva par I'ufage de I'un & de I'autre que c'etoit des parties rchneufe*.
que dependoit toute U violence de c'ette racine purgative.
SuffLijltENT,
iiS COLLECTION
, ■,.^.->. - Le premier extrait rcfineux produific par le vomiflement des effbrts
' encore plus violens que ne fait la racine meme , avec peu ou point d'altric-
/.CAD RoYALE tio„_ Le fecond extraic qui ne concenoit que les parties falines , fans me-
DE. Sciences j^^gg jg partie rcfinenfe , poufla confiderabkment par les urines, purgea
DE ARis. moderement avec peu ou point de naufees, ^ptoduifit enfin I'effct fpe-
cifique de I'ipecacuanha, qui eft de gueric la dyllenterie. Cette experience
a ete repetee pluileurs fois, & toujours iieureufement. ( Annie 1701. )
La fcammonee eft ie fuc laiteux d'une plante de nieme nom que ron
faitepaiftir & delfecher aux rayons dufoleil. La meilleure eft celle qui de-
coule d'elle-meme j celle qu'on exprime eft beaucoup moins bonne , &
celle que Ton melange avec d'aucres fucs laiteux eft la plus mauvaife de
toutes.
En diftillant ce mixte a la maniere ordinaire , M. Boulduc a remarque
que les difterentes parties effentielles s'en feparenc fort difficilement j qu'il
contient peu d'efprit acide, peu d'urineux & de fel fixe, tnais beaucoup
'.plus de patties huileufes : il n'a pu en tirer de fleurs par la fublimacion.
De quatre onces dilfoutes dans I'efprit de vin , il en a tire trois onces ,
foit par la precipitation , foit par I'cvaporation a feu lent.
L'eau qui avoit ete employee pour la precipitation n'avoit aucune vertu
purgative , & n'a rien lailfe apres 1 evaporation qui en a ete faite.
M. Boulduc a tire par le moyen de l'eau un extrait des parties rerreftres
fur lefquelles I'efprit de vin n'avoit pu mordre \ cet extrait a plus poulfe
par les urines que par les felles.
Il a tire par le moyen de l'eau & des triturations reitcrees , de deux
onces de bonne fcammonee, fix dragmes d'extrait laiteux fans refine &c
du refidu une once de refine par I'efprit de vin. Par le vinaigre diftille il
a tire detrx onces deux dragmes d'extraix de quatre onces de bonne fcam-
monee , & du refidu une once , deux dragmes de refine par I'efprit de vin.
Deux onces de fel de tartre fondu dans fuffifante quantite d'eau , ont
diffbut quatre onces de fcammonee ; il s'eft trouve apres I'evaporation
cinq onces deux dragmes d'extrait alTez folide , & les parties ter»eftres
n'ont rien donne par aucun diflblvant : I'extrait eft un purgatif doux de
24 a 48 grains.
Trois livres fix onces d'une decoftlon claire de huit onces de bonne re-
glide feche , ont tire par le moyen d'une chaleur douce & de la trituration ,
trois onces fix dragmes d'extrait de quatre onces de bonne fcammonee ,
lequel extrait en contenoit deux onces de celui de la fcammonee , done
le refidu ne pefoit que douze dragmes. ( Annie lyoz. )
Analyfc de r Urine de vachc.
Par M. I, E M E R Y.
v-» E T T E urine eft ordinairement un peu trouble , depofant un peu de
matiere quand on la laifle repofer , fe corrompanc aifement : fa couleur eft
jaune
A C A D 6 M r Q U E. T19
jaune ou citrine ; fon oJeur eft fade , un peu diflFcreiite de celle ties autros
urines, & ay.uu bien dii rspport a celle de la fiente ou bouze de vaclv- , ;^cad.Royai.b
mais moins forte ; on y diftingiie mcme que^ue chofe qui approche un ^^s Sciences
pcu de I'odeiir du laic de I'animal iiouvellement circ : fon gour eft un pcu de Paris.
amer, fale & acre, principalement quand I'urine vienc d'une vaclie qui SueitLtHEHi-
a cte nourrie dans la ville. On trouve a la campagne des vaches done
I'ufine nouvellemcnc rendue n'cft qu'un peu amere , fans qu'il y paroille
de falure: maisfi I'on la garde qiielques lieures, elle devieiit falee & acre.
L'urine de vache fcnnciite avec les acides ; ce qui fait voir que le fel
qu'elle contient eft alkili. J'ai mis en diftillation dans des cucurbites de
verrefeiiC livres, ou luiit pintes d'urine de vache qu'on m'avoit apportce
de la campagne , & qui avoir etc rendue depuis deux jours, ellc etoic
claire, jaun.acre d'un odeur ordinaire, d'un goiic amer & fale avcc un peu
d'acrdcc. J'ai fait boire a un malade deux verrees de l'urine diftillee , elle
a purge un peu , mais beaucoup moins que l'urine qui n'a point ete diftillee.
Cette qualite purgative venoic apparemmenc d'une portion de fel vo-
latil que I'eau avoit enlcvee avec elle, car elle etoit un peu falee. J'ai
continue la diftillation de I'urine ; j'en ai tire en la maniere ordinaire
beaucoup de fel volatil &: d'huile , tous deux tr^spenctrans , & qui none
en rien diftere du fel volatil & de I'huile qu'on tire de I'urine de 1 homme.
II eft rerte au fond du vaiflfeau une malfe feche rarefiee , noire , pefanc quatre
onces , d'un goi^it amer & f.ilc : je I'ai mife calciner a feu ouvert dans un
pot qui n'etoit point vernillc ; elle s'eft allumee, elle a jettc des fumees
& fa couleur eft devenue grife blanchatre ; j'en ai tire par la kftlve trois
onces Si deux dragmes & demie d'un fel fixe prive d'odeur , bl.inc , acre
Sc ailcati II pent fervir comme les autres fels fixes a exciter l'urine , fi Ton
en prend demi-dragme ou deux fcrupules a la dofe.
J'ai fait fecher les cendres reftees apres rextradlion du fel ; j'en ai eu
trois dragmes & dix liuit-grains : elles font grifes fans odeur ni faveur j je
les ai fait toucher au couteau aimante &c meme a la pierre d'aimanc , mais
il ne s'y eft fair aucune attradion.
J'ai expcrimente par occafion fi I'aimant attireroit quelque chofe de
la come de cerf cakmee, de I'ivoire brfile , du crane humain calcine , des
OS ordinaires briles , des coquilles d'huitres calcinees , Sc des cendres de
plufieurs autres parties d'animaux , je n'y ai apper^u aucune attraiftion ni
jonClion. [Annie 1707.)
Sur la nature du Fen
IVl . G E o F F R o I voulanc prouver la generation auificielle du far , difoic
que de quelque maniere qu'on s'y prk pour tirer du fer d<. I'argille, on y
en trouvoit toujours infiiiiment rnoins que quand on I'avoic mclce avec
riuule de lin ; d'ou il concluoit que ce melange produifoic du fer.
M. Lemeri le fils , qui foutenoit la preexiftence du fer, nioit la confc-
quence de M. GeofFroi , par la raifon que le fer qui fe montre par I'addi-
Tome III , Panic Francolfi, R
15©
COLLECTION
Acad. RoYALE
DES Sciences
DE Paris.
tion de I'huile de lin , peut fort bien avoir ete {implement developpe Si
non produit dans I'argille par ce melange , & il appiiyoit cette poflibilite
par des fairs.
Tout ce que I'aimant attire eft fer ; c'etoit un principere9u, (ou fi Ton
veut 5 convenu ) entre les deux partis : mais il ne s'enfuivoit point , felon
M. Lemery , que tout ce que I'aimant n'attire pas , ne foit point fer. Le
fer peut fe trouver en tel etat qu'il ne foit plus ou prefque plus attire par
i'aimant : pour le prouver , M. Lemery die qu'ayant verfe un acide fur
une certaine quantite de limaille de fer , il lui fit perdre la propricte d'etre
attiree par I'aimant : ayant enfuite divife cette limaille en deux portions
cgales j a I'une defquelles il ajouta de I'huile de lin , & les ayant mifes
routes deux fur un meme feu , qui etoit mediocre , &c pendant un meme
temps , la portion oil il y avoit de I'huile de lin devint noire , & reprit fa
propriete magnetique , tandis que I'autre en refta prefque entieremenc
privee , & route rougeatre ; il a fallu un grand feu de fonte pour la rendre
femblable a la premiere. Ici I'huile de lin ne fervoit qu'a faire reparoitre
un fer deguife , & M. Lemery foutenoit qu'elle ne produifoit pas un autre
eftet , etant combinee avec I'argille, fans compter ce qu'elle pouvoit four-
nir de fer de fon propre fond.
D'ailleurs M. Lemery produifoit une mine de fer fort riche , d< qui
contenoit bcaucoup moins de parties attirables au couteau aimante que
d'autres mines fortpauvres. Le ter peut done etre en grande quantire dans
quelque matiere quoique fort enveloppe , & ne fe decouvrir que par les
operations auxquelles on le foumet ; & celles que Ton fait pour titer ce
metal de fa mine , font parfaitement femblables a celles qui fervent a le
titer de I'argille. On y ajoute un fondant fulfureux qui produir deux
efFets en meme temps ; il fuimonte la difficulce naturelle qu'a le fer a fe
mettre en fufion , & il le degage des matieres etrangcres qui le renoienc
embarralTe.
Les Chymiftes conviennent que Ton tire des plantes les principaux fels
mineraux , le fel marin , le nitre , le vitriol , & il fuflfit a AI. Lemery que
ce foit en forme de vitriol que le fer monre dans les plantes. Mais com-
ment ne fe rend-il pas fenfible au gout & a la vue dans les fucs & dans les
huiles qu'on tire des plantes ? car on fait par experience qu'un grain de
vitriol qui ne contient pas une quatrieme parrie de fer, etant diJlous dans
12 pintes d'eau , c'eft-a-dire une parcelle de fer melee avec 884756 par-
celles d'eau qui lui font egales , leur donne un peu de gout , Sc les teint
d'un rouge Icger , lorfqu'on y vetfe de la folution de noix de galles. W.
Lemery repondoit a cette objecfcion par I'experience fuivante : il avoit mis
de la folution de vitriol dans trois verres , a chacun defquels il avoit ajoute
un acide different ; la noix de galle, en quelque quantite qu'il I'eut mile ,
n'avoit fait aucun effet fur aucun des trois melanges, au-lieu qu'elle en
eiit fait un tres- prompt &: ttcs-ma'nifelle fur la folution de vitriol ii elle
eut cce fans melange.
Pour prouver que le fer eft dans les plantes comme 9.1ns le vitriol , M.
Lemery remarquoit que ni le vitrei, ni les plantes fimplement de/Techees
ne donnent de fer attirable par I'aimant , parce que dans ces deux ecas ,
A C A D 6 M I Q U E. M'
les pores du fer fonc bouch<Ss par dcs acides qui ne peuvent &tre emportts ■
cjue par uii grand feu de fonte ou, par uii fimple feu de calcination avec Acad-Rovale
1 addition d'un fulfureux qui en feconde I'efFet ; que par cet raifon le fim- °^^ Science*
pie feu de calcination fait parioirre le ferdes plantes qui ont toujours en °° aris.
elles-numes rintermede fulfureux necefTaire; enfin que le fer tire & des •^""^^-uwi.
ulaiues Sc du vitriol eft toujours moins malleable , parce qu'il a perdu dans
les operations une grande partic de fes foufres qui , comme on fait , font
fa niallcabilite : d'oii M. Lemery concluoit qu'on pouvoit bien rendre le
fer plus malleable , plus attirable , en un mot faire reparolcre quelques-
unes de fes proprietes deguifees, en ccartant les obftades , ou en ajou-
tantdesincermedes.maisjamaisproduircrceilement dufer. ( Jnnu 170S )
l>^F^^*"^1
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'J»
COLLECTION
Acad. RoYALE ,
DEs Sciences
DE Paris.
=^-
An.u 17x0. EXTRAIT
D'UNE DISSERTATION LATINE
DE M. JEAN SCHEUCHZER.
Correfpondant de TAcademie ,
SUK LES PIERRES FIGUREES.
i_i E s carrieres des environs de Paris ont a difFerenres profondeurs iet
.lies quelquefois a(Tez epais , de differences efpeces de coquillages forte-
ment lies enfemble par de la terre ou du fable. Quand ces coquillages one
conferve leur fubllance ou leur confiftance naturelle , ils ne meiirent pas
encore le nom de pierres figurees , ce n'eft propremenc que quand ils fonc
perrifies > & mieux encore quand apres avoir fervi de moule a une matiere
moUe ou fluide qui les a enticremenc remplis , & s'eft durcie enfuite ,
leur fubftance a ere abfolumenc detruice par le terns , & qu'il ne refte
que cette muiere petrifiee qui reprefente tres-exadtement leur figure inte-
rieure. Alors rout ce que Ton voir n'eft vericablement qu'une pierre figu-
ree , & Ton ne peuc s'affurer que quelque partie d'animat ait contribue a.
la formation de cette pierre que par I'exadte conformice des figures. M.
Scheuchzer ajoute qu'autour de ces pierres il y a roujours dans la carriere
unefpace vuide, qui eft precifement celui qui remplilloit le coquiliage.
Il peut fe trouver des pierres figurees dont I'analogue nous foic prefen-
temeiit inconnu, foit que les coquillages qui les one formees ne fe trou-
venc plus dans nos mers ou qii'ils nous echappenc, ou enfin que quelques
efpeces de coquillages aienr peri ; mais pour employer cette idee un peu
hardie , il faut appercevoir dans une pierre des rr.Tces alTez fenfibles de
cette forte de formation : audi ne s'en fert-on pas jijfqu'a prefent pour
expjiquer la pierre c]ue Clulius a nommee numifmale ; on croyoic qu'elle
ne fe trou/oit qu'en Hongrie & en Tranfilvanie, mais M. Scheuchzer
I'a recrouvee en SuifTe , & encore en plus grande quantite en Picardie aux
environs de Noyon. Certe pierre qui a tire fon nom de fa figure reffem-
ble pourtant moins a une mcdaille ou a une piece de monnoie qu'a un
verre convexe des deux totes , mais plus eleve au milieu que ne demande
la coutbure fpherique. Sqs deux moitics convexes fe feparent facilement,
& quelquefois fe trouvent naturellement fcparees : alors on voir dans la
pierre des tours de fpirale comme ceux d'une corde roulee autour d'elle-
meme : ces rours font lies par des efpeces de petlts filamens qui s'eten-
dent obliquement vers la circonference. La furface exterieure de la pierre
eft quelquefois polie , mais le plus fouvent elle eft herilfee de perits points
dont dilierentes fuites font des efpeces de cannelures itregulieres. La gene-
A C A D E M I Q U E. ijj
ration de ces Torres de pierres , fi Ton ne pent jamais les fonpgonner d'avoir j n
etc moultes , rcduira pcut-ecre les Pliylkicns a riiypoiiielc <ies ftmentcs Acad. Royale
hafardcesparfeii M. Tournefort. [a) des Sciences
Pour expliquer les coqiiillages petrifies & quelquefois enfevtlis fous ^^ 1'aris.
la terre a des grandes profondeurs , on ccux qui par une longue fuite de Anncc 1710.
fiecles fe font confumcs apics avoir lallTc feultinciu rempteirite dc lours
figures , M. Scheuchzer a recours a fon hypothefe du deluge , dcja expliquee
dans I'hiftaire de 1708 S/.c\\\\ lui eft commune fur ces fortes de fujets avec
M. fon frere. Si ce que nous avons rapportc d'apres M. Saulmon dans I'liif-
toire de 1707 ne demande pas abfolument cette mc-me hypoihefe , dur
ir.oins faut-il qu'une partie confiderable de ce qui eft a'ujourd'liui terre aic
etc autrefois un fond de mer.
Nous ne pafferons point ici fous fiience une idco , fur isquelle cependant
M. Schcuthzer a declare qu'il ne prctendoic poiot inlifter , & qu'il n'a
propofc que comme une efpece de ionge philofophique : fi Ton fait tuurner
avec alFcz de vitelFe autour de fon cencie un grand bafiin rondd dcini-plein
d'eau , jufqu'a ce qu'enfin I'eau ait pris toute la vitelfe du baffin , & qu'on
vienne a I'arreter brufquement , I'eau ne lailTera pas de continuer a fe
mouvoir , & mCmc avec tant de force quelle poutra furmonter les bords
du vaideau. De meme fi Dieu arrcEoir iubitenient le mouvement circu-
laire de l.» terre fur fon axe , les eaux de la mer fe repandroient dc tou-
tes parts fur les terres avec violence. Cette maniepe d'expliquet le deluge
n'eft pas moins fimple que nouvelle. {b) ,,
L'hirbariuni di.lfiyianum de M. Jean-J acquis .jScIieilch^er iiqpritrie a Zu-
rich en 1709 , & envoyi: il I'acadtmie par fon auteur , roule fur le rr.cnie
prir.cipe que I'ouvrage dont nous venons de parler, & que tons ccux de
ces deux treres , dont I'hiftoire de 170S a fr.it mention. Get hetbier ex-
traordinaire li'ell compofc que de^ plantes , qui ayant etc enfeveligs dans
des maticies molles , ont laitTe I'empreinte de leurs figures fur ces mtmcs
niatieres lorfqu'el les font venues enfuite a fe peirifier. Ces empreintes font
fi parfaites & ii ex.iftes , jufque dans les plus petites parties de ce qu'elles
reprefentent , qu'il eft impolTible de fy meconnoitre. Parmi un grand
nombre de plantes qui font touies de ce pays-ci , il yen a une Indienne,
dont la pierre a ete rrouvce en Saxe , ce qui s'accorde ivec'iine obferva-
rion deja faite dans riiiftoire de 1705. \ 1 < -. .
M. Schenclizer attribu-e ce tranfport d'une plante des Indes en Atlema<'ne
au bouleverfement que le deluge a du caufer fur la furface de la terre.
Il fe fert aufli de quelques-unes des plantes de fon herbier & principale-
ment d'un epi d'orge pour determiner !e terns de I'annee ou le delude a
dii commencer, iJc il jiiace cette cpoque .a la fin de Mai : ce qu'il con-
firme encore par uas infecte ou deux, dont on cannoic alTez la vie & la
faifon.
11 y a certaines pierres qui reprefentent fur leur furface , non pas
(a) V. M. dc 1701 dajis la part. Fian^oif^ de la Coll. Acad. prcm. vol. p. 801 & fiiiv.
(i) Dc-la il fuivroit qu'au terns oii Jofu^ am-ta k foleil, c'eft-a-ditc la terre fcloit
CofLTjiK" , il a du ariivcr vm deluge, .
i;4 COLLECTION
».— .I..! — i.i»»i. comme celles de cec herbier , une feule partie d'tine plante , ou line feule
Acad. RoYALE f^"'"® > 'i^'s des biiKrons Sc des pstites forets tres-agreables : celles-la
DES Sciences a force de reprefenter , ne reprcfentent lien ; & en efFet , a les examiner
BE Paris. tantfoit pen , on voir que ces arbresou builTons, ne rellemblent a aucune
Annii 17 lo. p'ante vericable. Us font mcme quelquefois accompagnes de petits cha-
teaux ou de figures qui en variant le tableau , le metccnt au rang des jeax
de la nature. M. Schciichzer entreprend d'expliquer ce qu'il y a de pliy-
, fojue dans ces jeux , c'eftidire , comment certains fucs qui exudoienc
des pores d'un pierre a rhefure qu'elle. fe formoit , ont pu fe repandre entre
deux des couches qui la coinpofoient , & y tracer certaines reprefentations
a-peu-pres regulieres auxquelles enfuite notre imagination picte quelque-
fois un p£u dc ce qui lent manque. II a mcme rendu fon explication fen-
lible aux yeux par I'experience route femblable de deux plaques de marbre
poli' qtj'il frotte I'une centre ['autre , aprcs avoir mis de I'huile entre-deux :
cetre Uivile s'y repand de maniere qu'elle forme des troncs & des branches.
M. Scheuchzer compte encore entre les monumens du deluge, un gros
tronc d'atbre , qu'il fait qui eft couche fur le fommet du mont Stella la
plus haute de toutes les montagnes des Alpes. II a tente deux fois d'aller
le voir de fes propres yeux quoique les plus determines chalTeurs n'aient
jamais ere la qu'avec crainte , mais les neiges ont ete un obftacle invincible
a fon deflfein. Selon fon eftime , ce tronc eft eleve de 4 milles pieds au-
defflis dtl lieu le plus eleve de ces montagnes , 011 il croifte naturellement
des arbres, car parte un certaine hauteur il n'en croit plus , d'oii I'auteut
conclut que ce tronc d'arbre y a ete tranfporte pat les eaux.
OBSERVATIONS DIVERSES.
M.
Sur h Vtmis dts Indcs.
[. de la Hire a apptis par un mcmoire que lui a envoyc de Pondiclieri
le P. Tachard en 1709 , que le vernis de I'lnde , lequel n'eft pas beau
comme celui de la Chine ou du Japon , fe fait avec une gomme de cou-
leur d'ambte blanc ou de karabe , qu'on fait fondte dans un quart d'huile
de lin.
Sxir une Huile du Malabar.
J-Ly a a la cote de Coromandel un arbre affez femblable a nos chenes ,"
qui porte une efpece de gland dont on tire de I'huile comme I'huile
d'olive. Les Malabars s'en fervent dans leurs alimens , &c les Europeens
s'y accoutument fans beaucoup de peine : les Malabars I'emploient aufli
a bruler dans la lampe Sc a teindre leurs toiles
ACADEMIQUE.
i3f
Sur ks mouvcmcns exterieurs dcs Plantes.
J-'ES mouvemens intcrienrs des plantes font: ceiix qui font leur vegeta-
tion ; les yeux ne les apper^oivenc point , & la raifon a bien de la peine
a en faite plus que les yeux : mais les nioiivemens exterieurs , ceux , par
exemple , qui font que les plantes pouflent toujouis leur tige verticalc-
ment , qu'elles fe tournentdu cote du grand air; que leurs flcurs s'ouvrenc
ou fe ferment en cevtaines circonftances , &i font vifiblcs , Sc cependant
peu obferves, ou s'ils Ic font , les caufcs en font peu connues , peut-etre
parcc que ces mouvemens exterieurs tiennent trop aux intcrieurs. M.
Parent a entrepris de donner une idee generale de la mechanique qui les
produic , en ne fuppofant que ce qui eft recu de tout le monde fur la ve-
getation.
Quand le (uc nourricier eft arrive a Textremite d'une tige naiftante , fi
Ton con^oit qu'il s'cvapore, la pefanteur de Fair qui I'environne de tous
cotes le fera :nontcr verticalement ; & s'il ne s'evapore point , mais quil
fe congele, Sc demeure attache a cette extrcmitc par oii iletoit prctafor-
tir , la mCine pefanteur de I'air ne lailPera pas de lui donner li meme di-
reiftion , de forte que Li tige aura acquis une nouvelle partie fort petite
pofee verticalemenr. II arrive alors la mime chofe a peupres que dans
une chandelle , qui quoiqu'elle flit pofee obliquement a I'horizon , auroic
toujours fa tlamme verticale par la prelTion de I'air. Le5 nouvelles gouttes
de fuc qui fuivront cette premiere , prendront la mcme direction , SC
comme routes enfemble elles forment la tige , elles la rendront dune ver-
ticale , a moins que quelques circonftances particulieres ne la dctournenc
un peu. II :f.c| ■
A regard des br.inches, que Ton pent fuppofer' qui forreiK lar^rale-
ment de la tige dans le premier embryon dc la pi.inte , quand meme elles tn
fortiroient alors dans une direftion horizontaie , elles fe releveroient cli
haut , par la direction perpetuelle da fuc nourricier, qui d'abord ne trou-
veroit aucune tefiftance dans une tresrpetite branche fort fouple-, & en-
fuite, quoique la branche devinc plus ferme en croilfant , agiroit avec plus
d'avantage , parce que cette mcme branche plus longue feroir pour lui uii
plus long bras de levier. La foible action d une petite goutte de fiio
devient trcs-puilfante ..S: par fa continuitc , Ik par le fccoursde ces' cir-
conftances favorables.
^On lait auHi que fi une aiguille mife de niveau fur un pivot, Vient
a etre aiman;ee , elle s'incline aulli-'tot du cote du pole ardique , & on
en attribue la caufe a ee que la matiere magnetique qui fort de notre
lumifphere feptentrional , va de bas en haut, & commenqant a enfiler
I'aiguille aimantee , lui fait prendre fa direttion , Sc par confcquent, la
faic pancher vers le pole , par rapport auque! elle tft dirigee de bas
en haut , comme le cours de la mariere mngnetique. M. Patent pretend
que par la mtme raifon les fucs de la terre , qui vont de bas en haut
enfilet une racine naiilante , la font , pout ainfi dire , paachet en bas ^
AcAD.RoYALE
DES Sciences
DE Paris.
jinnee 1710.
i5(J COLLECTION
■ I'obligenr a fe diriger di.\ cote de la terre , & c'eft en efFe: dans cette
AcAD.RoYALE ficuation qu'elle a plus de facilite a les lecvoir. On peut ajouter a touc
DEs Sciences celace que die M. de la Hire fui la diredlion des tiges & des racines des
BE 1 ARis. plantes dans les memoires de 1708.
Anrui 1710, Si la predion de I'air fur une plante eft inegale, elle determiner! les
fucs a fe porter dii cote oii elle fera la moindre , & a tourncr de ce cote - U
les branches 011 la tige meme. Ainli une plante enferm^e ou dans une
chambre dont la fenetre ell: ouverte , ou dans une cave , fe tournera d'elle-
meme du cote de la fenetre ou du foupirail , comme fi elle cherchoit
le plus grand air , & cela en eftet parce que ce plus grand air eft plus
dilate , & fait une moindre preffion j de meme les arbres en efpalier
femblent fuir la muraille.
11 faut bien remarquer que routes ces idces n'ont lieu que pour les jeu-
nes plantes , & qui croilfent encore : ce n'eft qu'en ce terns la qu'elles lone
en etat d'obeir au mouvem-^nt des fucs, qui leur donnent un pli a mefute
qu'ils les forment ; & ce n'eft pas feulement a leurs fucs njurriciers que
M. Parent donne ce pouvoir, mais encore a d'autres corjufcules tout-
a-fait etrangers qui cependant penetrent les plantes : ce font ceux de la
matiere magnetique. II a ete dit dans Tliiftoire de 170J que M. Parent
attribiie a la diredion de leur cours le fens determine & prefque toujours
le meme dont fe tournent tons les corps qui fe tournent , comme les
coqiiilles & les tiges ou les fleurs , ou les goulFes de certaines ef.eces
de plantes. II y ajoute prefentement les plantes foibles qui ont befoin
de s'entortiller autour d'autres plus fermes ; telles font les difFerens cnn-
volvulus , les feves , le houblon , &c. Get entortillement fe fait dans
prefque routes ces efpeces de gauche a droite en montant, &c c'eft la le
fens qui regne generalement dans tous les corps tournes que nous obfer-
vons. La mariere magnetique par une a6tion legere , mais continuelle,
a la meme force fur les plantes que les fucs nournciers.
Que I'heliotrope , les foucis , les martagons , la fcabieufe argentee , la
difJitale , &c. fuivent le foleil , c'eft-d-dire fe panchent toujours vers lui ;
il eft evident que cela vient en general d'un plus grand dellechement des
parties tournees de ce c6te-la , a quoi il faut qu'il fe joigne quelques cir-
conftances particuiieres comme la moilelfe de la plante , & le poids des
feuilles ou des fleurs. Les parties que I'ardeur du foleil a delFechees 8c
afFoiblies par une trop grandc ttanfpiration des fucs, I'humidite de la nuit,
ou meme quelquefois ia feule abfence des rayons du foleil les doit reta-
blir dans leur premier etat. Ce raifonnement a lieu pour une caufe telle
que le foleil, qui agit plus d'un cote de la plante que de I'autre ; mais non
pas pour une caufe qui embrafteroit egalement route la plante; telle eft
I'humidite de la nuit qui fait que certaines fleurs, comme celles de tous
les convolvulus , d'une efpcce d'ornithogale , Sic. fe ferment ; & qu'au
contraire celles des belles de-nuit 6c de I'arbre- trille s'c'panouillcnt. Pour
cesphenomenes, qui quoiqu'oppofes en apparence , reviennent au meme ,
il faut avoir recours a I'incgilite des p.irties de la plante , plus ou moins
extenfibles d'un cote que de I'autre.
On peuc imaginer dans les plantes des tuyaiix flexibles , creux & comme
cylindriques,
CY
A C A D f M I Q U E. 157
cylinJrlqacs , qui mnt remplis i! ■ .1 fluide, quel qu'il foit, fe gonflciu,
& s'accourciHent neceirairemunc. Si cuelquos-iins de ces tuyaiix font noucs ^';'^^<,^"J"*t^
&c relfcrrcs d efpace en efpace , lis s accourciront beaucoup plus que ceux p^ Paris.
done toute la cavite feroit cgalemein libre , parce qu'ils ftront fubdivifcs j^^^^ i , ic.
en aucant de petits tuyaux plus courts , done chacun s accourcira autant
qu'auroic fait le tuyau entier. Outre ks tuyaux creux , qui font ou des
fibres ligneufes , ou les interlHces de a^ fibres, on eft perfiiadc quil y a
dans les plantes des utruules , ou petits f.ics difpofes & arranges le long
dfs fibres ligneufes auxqutlies ils font attaclics : il faut les concevoir coni-
me faifant un; colonne ; quand un Huide les gonfle la colone s'alonge ,
& elL> s'accourcit quand ils font vuides j c'eft le concrahe des tuyaux. Voila
felon M. l>. les principes de 1,> ditfcrente extenfibilite des parties des plan-
tes ; nous n'en ferons point l\.pplication qui eft facile, car on eft alFez
le niaitre de placer ou Ton veut en plus grande ou en moiiidre quantite
les tuyaux Si les difFerens utricules : le meilleur microfcope ne peut guere
retrancher de cette liberte.
Quelquefois, ce qui peuc furprendre d'abord , & parokre s'accorder
mal avec ce qui vient d'etre dit , la mctne partie d'une plante eft exten-
fible en deux fens contraires , q loique la difpofition des tuyaux & des
utricules ne puilTe pas changer ; ainfi quand la fleur de la couronne-im-
periale s'epanouit , fon pedicule fe courbe tout- a -fait en -dehors, &:
quand la H.nir eft palfee , il fe rccourbe en-dedans. Mais la ftrufture de
ce pedicule ayant cte etablie par rapport a la premiere courbure qui fe fait
dans le terns de la fleur , une moindre quantite de fuc qui apresce terns- la
le gonfie moms d'un certain cote qu'elle ne faifoit auparav.ant , fuffit
pour faire entendre la courbure contraire.
Les mouvemens des fenficives meriteroienc prefque un traite a parr.
Des qu'elLs font touchees ou par un vent un peu fort, ou par la pluie,
ou par la grele, ou par le bout dun baton , &c. elles plient leurs feuilles
en-deirus , &C en appliquent exadement les deux moities I'une contre
I'autrc : il y en a meme une efp.ce qui faic encore^lus ; elle abat enticremenc
fes branches contre fon tronc , & alors un pedicule qui attache les bran-
ches au ttonc , t<c qui etoir ecendu , fe plie- tout-a-fait en-deffbus : c'eft
aufli par le moyen d'un pareil pedicule que les feuilles feules fe plient;
il n'y a que les parties ebranlees par le mouvement de dehors qui fe ref-
ferrent ainfi ; les autres demeurent dans leur etar. La plante en fe pliant
n'eft point dans une efpece de defaillance , comme un heliotrope qui
panche fa tete du cote du foleil ; au-contraire elle eft dans une contrac-
tion fort fenfible , & fe roidit avec tant de force , que qui la voudroit
remettte dans fon premier ctat la romproit. La gr.uide relfembhince de
ces mouvemens a ceux d'un animal qui a fait donner a la fenfitive le
nom de mimofa on d'im'nairice , autorife I'idee de M. P. qui crcit que
ce font des efpeces de mouvetr-ens convulfifs.
Teme III , Partie Frangoifc.
-^F
138
COLLECTION
ACAD.ROYALE
BES Sciences
DE Paris.
Annce 17 lo.
Sur ks Arbrcs morts par la gelec dc ijog.
Xj E rigoureux hiver dc 1709 , done la memoire durera long -terns,
fit moufir par toute la France un nombre prodigieux d'arbres , inais on
remarqua que cette mortalite ne s'etendoit pas fur tous indifFeremment.
Ceux qu'on auroit juge en devoit ctre les plus exempts par leur force ,
y furent les plus fujets ; les arbres les plus durs & qui confervent leurs
feuilles pendant I'liiver , comme les lauriers , les cypres, les chCnes verds ,
& entre les autres qui font plus tcndres , comme les olivi'ers , les cha-
taigners , les noyers , ceux qui etoient puis vieux &c plus forts tnoutu-
rent en plus grande (juantite.
On chercha dans I'academie la caufe de cette bizarrerie apparente.
M. Caflini le fils I'attribua , quant aux vieux arbres , a rimpreffion que
Je froid avoir faite fur leurs ecorces , & qui etant moins remplies de fucs
&■ moins adherentes au bois que dans les jeunes arbres , s'en etoient de-
tachees plus facilement comme il I'avoit remarque , d'ou la mort des vieux
arbres s'etoit fuivie •, parceque , felon I'opinion commune , ce n'ell que
par I'ecorce que la vie de I'arbre eft entretenue.
M. Chomel en imagina une autre raifon plus generale ;il vint une tres-
forte gelee , & puis un degel, enfuite une feconde gelee auffi forte que
la premiere , & qui reprit ttes-brufquemenr. L'humidite du dcgel dont
les arbres eroieiit remplis fe gela done , c'eft-a-dire s'etendit & le dil.;ta
avec beaucoup de violence & de promptitude , & exerca fur les fibres i?c
fur routes les parties organiques des arbres , un effort d'autanr plus grand
qu'elle y trouva plus de rellftance. Or il ell certain quelle en trouva da-
vantage dans les arbres les plus forts : elle dechira done , & detruifit ces
parties organiques , fibres , veficules , &c. 6c les rendit deformais inutiles
a la vegetation. Les vieux arbres fe trouverent aufli dans le meme cas ,
parce que , comme le fit obferver M. Hcmberg, leurs fibres qui ont pris
tout leur accroiflement , & par tonfequent qui font etendues en tout fens
autant qu'elles le peuvent etre , ne purent fouffrir d'extenfion nouvelle,
& rcfifterent puifTamment a la dilation de Thumidite que le degel y avoit
portee , Ik. qui fe gela de nouveau avec precipitation , tandis que les fi-
bres des jeunes arbres ayant encore de quoi s'etendre , cederent aux efforts
de la gelee & fe preterent a la diftantion qu'occafionna la congelation du
fluide qui rouloit dans les organes de la vegetation.
PKifieurs arbres qui fembloient avoir echsppe a ce cruel hiver, parce
qu'ils repoufferent des brandies & des feuilles a la feve du printems, no
purent profiter de celle de I'automne & perirent tout-a-fait. Quand on les
coupoit , on les trouvoit plus noirs & plus brules dans le coeur que vers
Taubier & veis I'ecorce. Le cceur qui eft plus dur avoir ete plus endom-
magc que I'aubier , &: il ctoit deja mort , tandis que I'aubier confervoit
encore jjn petit refte de vie,
Apces ce grand & cruel hiver d« 1705? , plufieurs laboureurs femerent
A C A D 6 M r Q U E. ,5;,
dubled en Avril 1 la place c!e celui qui ctoic morr. Comme ils virent qu'il ■
ne produifoit point dcpis, la plizp.irt d'entt'eux en couperent la fane & Acad Royale
riicrbe vers la faint- Jean , d< retournerent leiirs terres : qutlques-uns apres cts jcunces
avoir coupe riierbe dubled, laillerenc quelque petite partie de leurs terres i>H 1'aris. ''
fans la retoutner, &c d'l utres ne toucherent point du tout a une partie de ^nnee 1710.
leur bled. \
Le bled dont on avoir coupe I'herbe, & dent la terre n'avoit point etc
retournee, poiilTa en 1710, & fut de 10 cm li jours plus avancc que
les autres bleds de 17 10 feme's vers la faint-Mar-tin 170^ j il fut moins fore
& porta moins de grain , mais un grain plus gros & meilleur pour les bou-
langers.
Le bled auquel on n'avoit point touchefut fort beau en 1 7 1 o , & meme
quelquefois plus beau que celui qui avoit cte feme en automnt J 709 : 1'un Sc
I'autrc de ces deux cas ont ete verifies en dilferens lieux.
On volt par-la que du moins en ce pays-ci, il faut que le bled pafle ua
hiver en terre.
I I.
A cette occafion M. Homberg a dit que fi on etete des piantes annuelles
avant qu'elles portent leur graine , elles la portent I'annee fuivante & que
c'eft un moyen siir de les rendre vivaces.
I I I.
M. Carre ecrivit d'une campagne ou il etoit, qu'il y avoir vu dubled
qu'on appelle bled de Mars, parce qu'on ne le feme qu'en ce mois-la, 8C
dont par cette raifon les laboureurs devroient avoir provifion en cas d'un
malheur comme celui de I'hiver de 1-09. Il faut etre connoilfeur pour le
diftinguer d'avec le froment : I'epia des barbes 6c eft alTez court ; il eft nean-
moins fort different d'un autre bled qu'on nomme Barbu , il refifte mieux
que le fromen: a I'effbrt des vents comme M. C. atteftoit I'avoir vu lui-
meme : il fait d'aulfi bon pain que le fromenr ; cette efpece n'a pas befoin de
paffer un hiver en terre.
I V.
M. Jaugeon a dit qu'il avoit vu deux pieds d'arbre afTez eloignes Tun de
I'autre pat le bas, qui fe font enfuite unis en un feul trsnc jufqu'a n'avoir
<}u'une ecorce commune.
Si)
14© COLLECTION
''de^'soe^nce" ^olci la continuation des ol^fcrvationsjur la pluic , fur h thcrmo-
BE Paris. metre (5* fur le baromctrc , qucj'ai Jaites comme ks annees prccc-
Atuiic 1710. dcntcs , dans le memt lieu & o-vec les mimes injlrumens.
Lafomme de I'eau de toute I'annie ijog,eJldez6i-, lignes ou
Z I pouces 9 ~ lignes ce qui eji un peu plus que les annees
moyennes qu'on a determinees a ig jours [a).
Par M. D E LA Hire,
P lES trois mois d'Avril, Mai & Juin one donne prefqu'autant d'eau que
les neuf iutres mois de I'annce, & c'eft ce qui arrive ordinairement dans
les mois de Juin, Juillet & Aoijt; aufli les mars qu'on a femes fore card
ont rapporte beaucoiip. La grande quantite de neige qui eft tombee pen-
dant I'hiver a peut-etre contribue a la fertilite de laterre, & fi le froment
& le feigle n'euflencpas ece geles jufques dans la racine , cette annee auroit
cte foit abondance.
Le thermomerre dent je me fersipour mefurer la chaleur & le.froid , efl:
le meme que j'ai conferve depuis 40 ans environ ; mais comme il a ere
place en differentes expoficions du ciel , excepte depuis 15 annees, on ne
peut pas fcire une comparaifon bien exadle des piemieres obfervations
avec les dernieres. Cependant ces obfervations etant toujours faites a la
pointe du jour oii I'air eft le plus froid, on en peuc condure aftez exadte-
rnent tout ce qu'on peut connoitre par le moyen de cet inftrument. Je re-
marquerai feulemenc que le jugement que nous faifons ordinairement du
froid , depend de pluficurs circonftances particulieres, comme du vent , de
riiumidite , de I'air , de la chaleur ou du froid des jours precedens , de I'ex-
pofition des lieax oii Ton eft & de la conftitution des corps, ce qui peut
I'alterer coniiderablement; c'eft pourquoi il fera toujours plu sur de s'en
rapporter an thermomerre.
Le froid du commencement de cette annee a ete exceftif & accompagne
de beaucoup de neige, car mon thermomerre eft defcendu jufqu'a cmq
parties le 1 3 & le 14 de Janvier j & les jours fnivans etant un peu remonte,
il revint a 6 parties le 20 & le 11 35 heures {, mais enfuite le froid dimi-
nua peu a peu. Ce grand froid a ete fort fenfible , car le 4 de ce mois
de Janvier ce thermomerre etoit a 41 parties, etat fort proche du moyen
que j'ai determine a 48 ; \s 6 il defcendit a 30 , le 7 a zz , le 10 a
9, & enfin le 1 5 a 5 j c'eft fans doute ce changement fubit qui a paru
fi extraordinaire. Ce grand froid eft furveim fans aucun vent confidera-
ble, ou par un vent tres foible vers le Sud ; lorfque le vent augmen-
toit & tournoit vers le Nord , le froid diminuoit. Ce vent du Sud fi
froid indiquoit ce qui eft effedlvement arrive dans les pays meridionaux
a notre egard , ou la mcr s'eft gelee en queiques lieux de la cote de Pro-
(a) V. les tables des obfeivations dc la quantite dc I'eau tombee a Paris & ailleurs ,
Coll. Acad. part. Etrangere, torn. VI, pag. 584 & fuiv. & une table des dedinaifons de
raimant ci-defl'us , pag. ii , & dans k meme torn, VI , pag. loS.
I
A C A D fe M I Q U E. 141
vence, &C ou la pluparc des arbres fruitiers font morts aufii-bien que dans »
ce p.iysci. Acad.Royale
Je n'avois point encore obferve que ce ihermometre fut defcendu des Sciences
aufli bas que cecte annee j je trouve fealemenc dans mes regiftres que le °^ ^ aris.
6 icvrier i<>95 , le thermomeue etoit defcendu a 7 parties dans le me- ■Atnic ijio.
me lieu on il eft a prcfent : le froid de cet hiver-la qui avoit cotn-
inencc en 16^^, a ete regardc comme un des plus grands qu'il ait fait
depuis long-tems; mais on voir qu'il n'tft pas comparable a ceiui de
cecce annce. J'ai encore obferve quelquefois ce thermometre a 13 par-
ties , mais alPez rarement.
L'hiver de cette annee a dure fort long-terns , car le 1 j Mars il ge-
loit encore tres-fort, le thermometre ctant a 14 parties, la gelee com-
men^ant quand il eft a }i.
On trouve dans I'hiftoire de France de Mczerai , que l'hiver de I'an-
nee itfoS fut trcs-long Sc trcsrude , & que la plupart des jeunes arbres
furent geles; cepenuant cette annce-Ia qu'on appelle I'annee du grand
hiver , fut fort abondante. Il paroit que l'hiver dernier a etc encore plus
rude , a en juger par la perte des arbres & des grains.
Le thermometre a ete au plus haut a 6} parties le 1 1 Aout a 4
heures f du matin , Sc apr^s midi vers les trois heures 375 parties.
Dans I'etat moyen il eft a 4S au fond des caves de I'Obfetvatoire. La
chaleur de cette annee a ete bien moindre que celle de 1707, ou le
thermometre etoit monte a prcs de 70 parties le 2 i Juillet au matin ,
Sc apres midi a 8z, le plus haut point ou il ait ete dans ce pays-ci,
fans ctre expofe au foieil.
Pour comparer les obfervations de mon thermometre avec celles qu'on
auroit faites fur celui de M. Amontons , dont il y en a eu beaucoup
de diftribues dans plulieurs endroits, j'en ai place un qu'il avoit fait avec
grand foin a cote de celui dont je me fers ordinairement. On fait que
dans tous les thermometres de M. Amontons, le 5^^ degre ou 54 pouces
marque la temperature de I'air des caves de rObfcrvatoire , comme dans
le mien le ^S"^ degre. J'ai done obferve que lorfque le thermometre de
M. Amontons etoit a 55 pouces 8 lignes, le mien etoit a 63 parties,
en forte que 15 parties du mien repondoient a 10 lignes de celui de
A-L Amontons Mais lorfque le mien a marque dans le mois de Decembre
18 parties, celui de M. Amontons marquoit 51 pouces 6 lignes , ce qui
donne dans le mien 10 parties au-deffous de I'etat moyen, & dans celui
de M. Amont^ns 30 parties, ce qui eft un rapport bien different du pre-
mier , & qui peut ttre caufe par I'inegalite de I'interieur des tuyaux ; &
comme celui de M. Amontons eft fort petit <5<: le mien mediocre, je croi-
rois que I'inegalite pourroit etre plus grande dans celui de M. Amontons
que dans le mien. Cependant on peut connoitre par-la qu'on ne fauroic
avoir rien de fort exatft dans la comparaifon des thermometres en diiferens
pays & pour un meme terns ; a moius que les tliermometres n'aient etc rec-
tifies I'un fur I'autre dans toutes fortes de degres de chaleur & de froid , &
je crois qu'il ne fera pas poflible d'en trouver deux egaux , c'ell-a-dire
14* COLLECTION
— done des dcgres egaux dans la divifion repondenc a des degres dgaiix de
AcAD.RoYALn chaleuc ou de froid.
Di;S Sciences p^^j. ^.g ^^[ g(j ^jg ^^^y, barometre, il eft toujours place a la hauteur de
'^' la crande faile de I'Obfervatoire; je I'ai crouve au plus liaiu a 28 pouces
A.'uiii 1710. 5 l!c'nes|Ie 19 Janvier avec calme & le Cicl ferein, ce qui etoit vers le
tems du plus s;ran(l froid , & le 31 Decembre il croit a iS pouc. 5 lig. j avec
un tres-rros brouillard , & calme. Il a cte audi pludcurs tois au-dcl,i des
28 pouces avec des vents dift.rens , niais qui p.ucicipoient plutot du Nord
que du Sud, & toujours lans pluie. .'"ai obkrvc cc baromttre au plus bas
a 16 pouces 7 lignes 4- avec fore Sud &c pluie mediocre, le 16 Decem-
bre. La difference entre la plus grande & la moindre hauteur du baro-
metre a done etc d'un pouce 8 lignes qui eft un peu plus que la diffe-
rence mediocre qu'on obferve ici c|ui eft d'un pouce 6 lignes. Cet inf-
trua-isnt a etc allez exadt a prcdire la pluie 6i le beau cems fuivant \i fen-
liment commun.
Compara'ifon des Obfcrvatlons fakes a VOhfcrvato'ire fur la
pluie & les vents , avec celles que M. le Marquis de Pont—
B riant a faites dans Jon Chateau pres Saint-Malo , pendant
I'annie 1705.
Par M. D E LA Hire.
I
L eft tombe moins d'eau au Pont-Brianc qu'a Paris, ce qui eft extraor-
dinaire j car nous avions remarque les annees precedentes qu'il pluc beau-
coup moins ici que dans ce pays la qui eft fur le bord de la mer : il eft
vrai que pendant I'ete, il y a eu plus d'orages a Paris qu'au Pont Brianr.
On voir , par le Memoire de M. de P., que la forte gelee a commence
quelques jours plutoc dans ce lieu-la qu'a Paris ; mais il y a neige dans le
memetems avec un vent Nord-Oueft. A Paris il ne faifoic prefque pas de
vent & il etoit vers le Sud.
Le mois de Janvier lui a donne 33 lignes y d'eau, & a Paris feulement
21 lignes {. Le Memoire porte que la forte gelee avoit diminue
a la fin de Janvier Sc recommence en Fevrier, Sc que la nait du ij
au 14 elle fut auffi forte que depuis le 6 jufqu'au 18 de Janvier. A Paris
elle recommenca aufili en Fevrier a-peu-pres dans le mcme temps , mais
elle fut bien moindre qu'en Janvier. Il ajoute auflS que le's vents etoienc
Nord-Oueft tres-violens : a Paris le vent etoit Sud &c tres-foible.
l! dit enfin que le froid n'a pas ete fi grand chez lui que dans le milieu
de la Bretagne ; ce qu'on peuc attribuer a la proximite de la mer done les
vapeurs humides abiorbenc une partie du grand froid , comme toutes les
experiences nous le font connoitre ; car pendant la forte gelee Pair eft
extrememenc fee, Sc aufTi tot qu'il devient hiimide il dcgele. Je lemar-
querai encore ici que j'ai vu en 1679 dans le jardin du Roi a Breft , des
ananas tres-beaux en pleine lerre, 8c je crqis qu'ils y avoieni palle Thiver j
A C A D jfe M I Q U E. MJ
peut-ctre aufTi que Ic terrein maritime contribuoit a cela , car je ne crois ^^^^ Roya«
pas qu'on puilTe les clever dans ce pays ci. j,j5 Sciences
En Decembre , nous avons eu ici pendant la nuit du 15 au i(S une de Paris.
efpece d'ouragan. Annec 1710
En general , tons les vents de I'annee font un pen differens au Pont- '
Bciand & a Paris ; alTez fouvent ils tiennent plus du Nord an Pont-Briand
qu'd Paris , ce qui pourroit ctre caufc par la dirtdion de la Manche & par
routes les cotes de lAllemagne , da Dannemarck &c de la Norvege , piin-
cipalement quand les vents viennent entre le Nord & I'Oueft.
Comparaifon de mes Ohfcrvations avcc ccUcs de M. Scheuch^er
fur la pluie ^ fur la conjlkution de I'air pendant I'annec
1709 , a Zurich en Suijje.
Par Af. D E L A H I R E.
IVi. Scheuchzer m'a envoye les obfervations qu'il a faites fur la quantite
d'eau de pluie qui eft tombce a Zuric en Suilfe, ou il a demeure pendant
I'annee 1709 ; d'ou Ton voit que les premiers fix mois lui ont donne
lyi { lignes d'eau mefure de Paris, & les derniers 208 lignes , ce qui
fait en tout jpof lignes , ou 51 ponces 6 lignes ^ j m3.\s a iaris il n'eii
eft tombe que 21 pouces 9 lignes & 7. Il ajoute que ceite annee lui a
fourni i pouce 10 lignes plus que la precedente.
On voit par la comparaifon de ces obfervations qu'il pleut beaucoup
plus en Suifie qu'a Paris. J'avois deja remarouc par les obfervations de la
pluie a Lyon qu'il y pleuvoit bien plus qu'a Paris, ce que j'attribuois au
Toifinage des niontajnes de SuiHe \ ainfi ma conjecture fe trouve confirmee
par ces dernieres obfervations : car on ne peut pas dourer que les vapeuvs
qui font foutenues en I'air dans un pays plat , & qui fe crouvent beau-
coup au-de(Tous des hautes montagnes , lorfqu'elles viennent a les rencon-
trer ne s'y arretent & ne s'y condenfent en forme de neige dans un terns
froid , ce qui doit produire beaucoup plus d'eau , ctant poulfces par les
vents contre ces rochers , que dans les lieux oii ellej ne s'arretent point ;
& fi I'air eft alfez chaud pour empccher ces vapeurs de fe geler , elles s'y
amaftent enfemble ou y tombent en pluie , outre que les neiges qui le
fondent alors , &c dont une partie s'eleve aufll en vapeurs , y caufent des
pluies trc'S-abondantes.
Les obfervations de M. Scheuchzer fur les augmentations ou diminu-
tions de la riviere de la Limage , fui vent naturellement celles de la pluie &
de la fonte des neiges dajis les faifons oil cela arrive.
La plus grande hauteur du mercure du barometre chez lui a ere de i(J
pouces 10 lignes { le i 9 Janvier , & la plus balTe de 26 pouces le 20 & le
28 Fcvrier ; par confcquent la difference n'a etc que de 10 lignes f comme
dans I'annee lyoS. Ce qu'il y a de confrdtrable ici, c'eft que men ba-
romctie a cte audi au plus hauc le mane jour jp Janvier, a i8 pouces
144 COLLECTION
- 3 ligiies I avec calme : ainfi la difference eft de 17 lignes ; & fi Ton vou'.oic
Acad. RoYALE conclure de-la ladiffeience des hauteurs de lieux ou ces obfervations one ete
"de Pari"' faites, en comptant pour une ligne de certe difference 12 toifes 5 pieds ,
J , comma je I'ai determine dans ces quartiers-ci , on diroit que le lieu oii
' ' M. Scheuchzer a obierve , eft plus banc que le milieu de l\)bfervatoire , ou
eft mon barometre , de 211 toiles f. Mais les differentes hauteurs aux-
quelles nous voyons qu'un mcme mercure fe foutienc dans differens tuyaux,
quoique dans un mtme lieu, lailTent quelqu'incertitude lur cette conclu-
fion. l^our ce qui eft de la moindre hauteur du baiometre de M. Scheuchzer ,
qui etoit a z6 pouces le 10 & iS Fcvrier , elle ne s'accorde pas tout-a-faic
avec les miennes dans les memes jours ; car le 18 Fevricr j'avois 17 pouces
1 lignes avec un vent mediocre. He par confequent la difference de nos
batometres feia ce jour-l.i de 14 lignes, au lieu de 17 que j'ai trouvees
dans la p'us grande hauteur : peut etre que I'heure de nos obfervations
n'eft pas la meme, & que le vent peut aulli y apporter du changement.
M. Scheuchzer ne marque pas ces circonftances : mais le 20 Fevrier le
mien ecoit a 16 pouces 10 lignes au lever du foleil avec un vent fort ;
ainh la difference ne feroit que de 10 lignes, au lieu de 140U 15 que
donnent les autres obfervations , & le mien feroit plus bas qu'il ne devroic
de 4. a 5 lignes. Ce n'eft pas audi dans ces jours-la que mon barometre
a ete au plus bas , car je I'ai obferve le 1 6 Dccembre a 26 pouces 7 lignes [ ,
avec un vent fort de Sud ; ainfi le mercure du barometre auroit des chan-
gemens bien plus grands a Paris qu'.i Zuric en Suiffe. II me femble qu'on
pourroit atcribuer ces forres d'inegalites a des caufes particulieres ; car il
n'eft pas vraifemblable qu'elles puiircnt dependre des hauteurs differentes
de I'atmofphere , ce qui en fait la pefanteur dans des lieux peu eloignes
les uns des autres. Ne pourroiton pas croire que lorfqu'il fait un grand
vent & qu'il y a beaucoup de nuages & principalement dans les mon-
tagnes , comme en Suiffe , I9 vent comprimeroit & condenferoit I'air ren-
ferme entre la furface de la terre , les rochers & ces nuages , enforte qu'il
feroit alofs une bien plus forte impreilion fur le mercure du barometre ,
que s'il n'y avoir point de vent ? Mais comme il eft rare que dans ces
fortes de lieux oil il y a beaucoup d'eau , il n'y ait ni vent ni nuage ,
auffi le mercure du barometre s'y foutiendra-t il par ces caufes prelque
toujours plus hauc que dans les plaines.
E
Experiences de I'effet du vent fur le Thermometrc.
Par At. C A s s I N I le Fiis.
NTRE diverfes obfervations phyfiques que M. I'Abbe Teinturier ,
Archiuiacre de Verdan , m'a envoyees depuis fon rerour de Paris 3 il a
remarque que lorfqu'on excite du vent centre un thermomette avec un
fouftlct, la liqueur qui y eft enfermee augmente de hauteur, ce qui lui
paroit contraire a rimpreflion que le vent fait fur nous qui paroit y
exciter un fentiment de froid.
Pour
A C A D It M I Q U E. 145
Pour examiner fi le mcme effet arrive a nos thermometres , j'ai ap- ■
pliqiie un foufflec ordinaire a un tliermometre renfcrmc dans une cham- AcAu.RoyALE
bre, qui dans les caves de I'Obfcrvatoire fe tienc a la haureur de 50 cts Sciences
degres, & qui ccoit alors a la hiureur de 5 1 degres, c'eft-i-dire deux de 1'aris.
degres au dslTus du tempcrc , & qu'aprcs avoir foufflc contre la boule Annie 1710.
pendanr 7 ou S minutes, le tliermometre eft monte d'un degrc. J'ai rcitcrc
quelques jours apres la mcme experience, le tliermometre etoit a la hau-
teur de 46 degres, iSc il eft monte aufli d'un degre pendant le mane
inrervalle de tems.
Je me fuis fervi d'un tliermometre de M. Amontons, que j'ai appliqu^ an
foyer d'une for^e 011 il y a plufieurs annees qu'on n'a fait de feu. Ce
tliermometre eft monte de prcs d'une lii;ne dans I'efpace de fix minutes
que j'ai fouftle contre le tliermometre. Enfin j'ai mis le menie tliermo-
metre au foyer de la forge oii je I'ai laifte pendant I'efpace de tiois heu-
res ou environ ; je I'ai enfuite retire pour voir la hauteur oii il etoit , que
j'ai marquee de 53 pouces z lig. j ; j'ai foufflc contre ce thermomerre pen-
dant I'efpace de 5 minutes , & I'ayant retire je I'ai trouve a la hauteur
de ?; pouc. 4 lig. \, c'eft-a-dire une ligne <S>.' -r plus haut. Je I'ai resiis
aufti-tot, & apres avoir fouffle pendant I'efpace de 5 minutes, je I'ai trou-
ve a la hauteur de yj pouc. 5 lig. 7. Ayant entin fouffli pendant 5 autres
jTiinutes , il eft monte a la hauteur de 5 5 pouc. 5 lig. ~ \ enforte que dans
I'efpace d'un qriart d'lieure le thermometre eft monte de plus de 5 lignes.
On pent apporter pour raifon de cette experience que tout mouvement
produit de la chaleur, & qu'ainfi I'air exiite avec violence acquiert quel-
que degre de chaleur, quoiqu'en etFet il paroilTe nous caufer un fenti-
ment de froid a caufe que les particules d'air poufTces avec violence s'ap-
pliquent avec plus de force &: en plus grande quantite contre notre corps
qui eft plus chaud que I'air que nous refpirons.
Experiences fur les Thermometres.
Par M. D E LA Hire le Fils.
JVloN pere avoir obferve autrefois qu'ayant couvert de neige la boule
d'un tliermometre a efprit de vin expofe a fair, mais non pas au vent,
I'efprit de vin ii'avoit pas change de hauteur dans le tuyau , & qu'enfuite
ayant foufflc fortement avec un foufflet contre cette neige , I'efprit de fin
etoit toujours demeure a la mcme hauteur, d'oii Ton pouvoit ce fcmble
conclure que la temperance de I'air qui agit fur I'efprit de vin , n'y pou-
voit caufer aucune alteration y etant fortemenr poulfe ; cependant il x
paru le contraire par une experience rapportee a Tacademie par M. Caf-
fini le fils: c'eft pour decouvrir la raifon de cet effet contraire , que
nous avons refait I'experience qu'il a rapportee , mais dans differentes
circonftances , & fur quatre thermometres, dont ttois a efprit de vin,
& un a air de fvl. Amontons.
Twui III ) fariie Fran^oifc. ^ T
AcAD.ROYALE
DES Sciences
DE Paris.
Annie 1 7 1 o.
i4(J. COLLECTION
Le 17 Novembre 1710 , vers les 1 1 heures du matin , nous foufflames fof-
tement avec un fouftlet centre la boule d'un thetmometre a efprit de vin ,
expofe depuis un grand nombre d'annees dans la tour orientale de I'Ob-
fervatoire , laqu-Ue eft decouveite , enforte cju'il y eft a Tabii du vent j
I'efprit de vin qui etoit a 35 parties dans le tuyau, ce qui marque un
air un peu plus chaud que le commencement de la gelee , car lorfqu'il
eft a 51 il commence a geler a la campagne, ne monta pas fenfible-
ment dans le tuyau : nous avons pris la precaution avant de nous
fervir du fouftlet , de le mettre pendant deux heures dans le meme endroic
oil etoit le thermonietre \ de peur que 1« fouftlet n'echautFat ou ne refroi-
dit I'air qui y entreroit , &c que cet air venant enfuite a rencontrer la
boule du thermomtcre , ne fit monter ou defcendre la liqueur felon la
temperature qu'il auroit acquife dans le fouftlet , independamment de
I'effet du vent qu'il s'agilloit d'examlner : cette precaution n'etoit pas
inutile , car aufli - rot apres I'experience rapportee ci-dilTus, nous fouf-
flames avec le meme (oufflet contre la boule d'un autre thermometre
renferme dans le cabinet de mon pere , 011 I'air etoit beaucoup plus chaud
que I'air exterieur 011 le fL'afflet avoit ete expofe , ik. aufli-tot la liqueur
defcendit d'environ une demi-ligne, puis elle remonta a la meme hau-
teur a-peu-pres , quoique Ton continuat de fouffler.
Nous avons fait encore une autre experience fur un des tjiermome-
tres a air , que M. Amontons avoit faite d'abcrd pour I'experience de la
chaleiir de I'eau bouillante : la boule qui eft au-bas du petit tuyau re-
courbe eft fort grofte , elle a dans fa partie interieure adez de mercure
pour fournir a la dilatation de I'air de la boule qui le fait elever dans le
tuyau , lequel eft ouvert par le hauc , & a environ quatre pieds de hauteur ,
enforte que I'air n'eutre point dans le tuyau.
Le tj Novembre 17 10 fur les quatre heures apres- midi , le termome-
tre & le fouftlet etant reftes dans le meme lieu plus de cinq heures , nous
marquames exaftement la hauteur du mercure dans le petit tuyau , apre«
quoi nous foufflames pendant trois minutes contre la bou'e qui eft remplic
dair, lequel etoit comprime par 15 pouces de mercure , & nousne remar-
quames aucun changement de liauteur au mercure qui etoit dans le tuyau.
Le lendemain i8 fur le dix heures du matin , nous reiterames la pre-
miere experience fur le thermometre qui eft dans la tour orientale , &
I'efprit de vin ne monta point fenfiblement. Proche de ce thermometre,
il yen avoit un autre a efprit de vin dont la boule etoit plus petite , £c
le ruyau fort delie; nous lotames , nous le mimes dans un lieu a cote
qui eft ferme & oil il y avoit un fouftlet double : apres I'y avoir laidc
trois ou quatre heures , nous foufflames contre l.i boule de ce iecond ther-
mometre pendant fept minutes , avec le foufflet double, & Tefprit de
vin monta de trois lignes dans le tuyau.
Nous primes enfuite le thermometre a air de M. Amontons qui ^toic
depuis long-tems dans ce meme lieu , & nous foufflames avec le foufflet
double contre la boule pendant fept minutes & le mercure monta auffi de
trois lignes ; a la verite nous ctions trois ou quatre perfonnes , & quoi-
qu'iiu peu eloigncs du tbermome[r& pendant I'experience , nous foupc^on-
A C A D E M I Q U E. 147
names que nous ponvions avoir caufc quelqiie legere augmentation dans ■ "
la chikur de I'air, &c par confeqiient avoir un ptu contiibaca I'clcva- Acad.Royale
tion dii merciire ; c'eft pourquoi nous laidames les thermometres I'un des Sciences
profile de I'autre pendant deux ou trois hemes , Sc enfuite avec un fouf- de Paris.
flee ordinaire , nous fouftlanies pendant tiuis minutes contre chacune des J„„'
boules de ces deux tlierinometres 5 I'efprit de vin 6i le mercure qui ctoient
ledefcendus a la hauteur ou ils ctoient avant la prccedente experience ,
remonterent chacun environ d'une ligns, mais celui a efprit de vin un
peu moins que I'autre. Nous craignimes encore que cette difference ne
vint de ce que nous avions commence par le thermometre a efprit de
vin , & que le foufflet ne fe fiit cchaurte dans nos mains, c'eft poutquoi
nous les lailFames dans la mcme pofition Ik le foufflet proche d'eux , (5c
fur les fix heures du foir nous foufflames encore pendant trois minutes
centre chacune de ces deux boules , en commen^ant par celui a efpric
de vin qui monta peu ; mais celui a air ne monta point du tout.
Enfuite avec le mcme fouftlst nous fouftlimes contre la boule d'un
autre thermometre a efprit de vin de M. Amontons, qui eft place dans
le cabinet de mon pore, ou I'air etoit plus chaud que celui ou croit le
fouftljt, & I'efprit de vin monta danjle tuyau de 7 de ligne , &: ne def-
cendit point d'abord comme il avoit fait la veille.
Le 4 a fept heures du matin, le thermometre a air, le gros thermo-
metre a efprit de vin , & le foufflet ayant palTe toute la nuit dans la
cour orientale , nous foufflames pendant quatre minutes contre la boule
de celui a air , & il ne monta point. Nous fouftlimes enfuite contre la
boule de celui a efprit de vin, Sc il monta d'environ une ligne : enfuite
nous fouffl.imes pendant plus de quatte minutes contre la boule d'un
autre thermometre a efprit de vin Sc plus petit , que nous avions lailfe
proche les vitres d'un lieu a cote qui eft fetme & expofe au niidi , les
rrous-du fouftlet etant tourncs contre les vitres, la liqueur ne monta
prefque pas ; maisen continuant de fouftl;r , les trous du foufflet toutnes
de I'autre cote, elle monta davantage.
L'aptcs-midi fur les deux heures, le meme thermometre etant refte
dins la mcnr)e place , & ayant regu rimpteilion du foleil pendant trois
heures & demie , & le foufflet etant refte dans le meme lieu fur un fiege
environ a lix pieds de diftance du thermometre , le foleil ayant auill
donne deffus , nous fonfll.imes contre la boule de ce thermometre, la
liqueur dcfcendit plus de fix lignes , les trous du fouftlet n'ctant pas
tourncs contre les vitre;, Sc continuant de fouffler , I'efprit de vin def-
cendit en;ore conhderablement quoiqu'il fit fort chaud dans cet endroit,
le foleil y donnant pendant I'experience , & le ciel ayant ete tres - ferein
toute ia journee.
Le 5 au matin nous portames le thermometre a air,& le petit a efpiic
de vin dans la cave dc I'Obfervntoire , & aprcs les y avoir laide pres de
trois quarts d'heure , & le fouftlet aulli , & avoir ouvert & ferme le
foufflet pendant du terns pout lui faire prendre en dedans la mcme cha-
leur que celle de I'air de la cave , nous fouftlimes pendant cinq minutes
contre la boule du thermometre a air , & le mercure monta envifon
T ij
148 COLLECTION
de trois lignes : mais cotnme les deux thermometres etoient a un pied
A^.rv n«->^4Tt de diftance Tun de Tautre , &: qu'avanc de foufflec conrre celui a ait
DEs Sciences nous avions audi remarque la hauteur de celui a 1 elpnt de vin j nous
DE Paris. nous apper^umes que celui a efprit de vin etoit audi monte d'une ligne ,
AnnU I7I0. quoiqu'on neiltpoint fouffle centre : enfuite nous fouftlames pendant le
meme terns centre celui a efpti: de vin , & il monta aulll d'environ trois
lignes, & pendant ce terns- la le ihermometre a air ne ttionta point.
Nous avions pris la precaution de les porter dans la cave, craignant
que la lumiere rcpandue dans I'air pendant le jour , ne fit fur ces ther-
mometres quelque imprelTion qui eiit rapport ace qui arrive a la Pierce
de Boulogne , & autre phofphore.
Enfuite nous appliquames un morceau dc drap en deux ou trois dou-
bles centre la boule du thermometre a air , & fouftlant avec violence
centre , il ne monta que d'une ligne , & pendant ce tems- la, le ther-
inometre a efprit de vin qui eteit refte a la meme place , monta d'una
denn ligne ; enfuite nous appliquames le drap centre la boule du thermo-
nietre a efprit de vin , & apres avoir foiifile centre pendant le meme tems , il
monta encore d'une demi ligne ; mais le thermometre a air ne monta point
pendant ce tems la , non plus que dans I'expetience precedente.
Quoiqu'en general les experiences que nous venons de rapporter , fern-
blent dctruire I'ancienne que men pere avoir faite , cependant elles four-
nilTi;nt, a mon avis , un moyen d'en rendre raifen , & d'expliquer les diffe-
rences qui fe trouvent entre elles.
Car la neige qui etoit fur la boule du thermometre , & au travers de !a-
quelle paffeit I'air peuffe par le fouffler , etoit alFez froide pour refroidir
les particules de I'air un peu moins freides que la neige , qui fe fereienc
appliquees en grande quanti:e &: en peu de tems , par le moyen du fouftlet ,
centre la boule du thermometre , & qui au;oienr fait morter la liqueur.
L'on ne pour guere dourer que ce ne foit la veritable caufe du refultat d3
cette derniere experience , & il femble que par fon moyen , on peut ren-
dre raifon de tout.s les differences que nous avons remarquees dans celles
que nous avons faites ; cependant avant de decider ablolumenr , nous
croyons qa'il faut artemire quon ait fait les deux experiences fuivantes r
la premiere, eft de fouffler centre la boule d'un thenuemetre pendant
un tres grand iroid ; & la feconde , d'y fouffler pendant un tres- grand
chaud , afin de voir fi ce qui arriveroit dans les extremes , fereit conferme
a ce qui eft arrive dans I'etat moyen , & autour du moyen.
Le 1(5 a huit heurcs du matin , un thermometre a efprit de vin , & de
I'eau dans un vailTeau etant rcftes route la iiuit dans un meme lieu, nous
mimes ce thermometre d.ins cette e.iu , & apres I'y avoir- lailfc afTez de
tems, nous ne tcmarquan\es point que I'e prit de vin eut change de hau-
teur dans le tu/au ; enfuite nous retirames le rhermometre de I'eau , nous
mouiiiames un linge dans cette eau, nous I'appliquames en deux ou trois
doubles fur la boule de ce thermometre , &c nous feufflames fortement
avec un foufflet ordinaire conrre ce linge pendant 435 min. fans que
i'efprit de vin changeat de haut ur.
Ayant laifle le thermometre dans cet etat pendant une heme, ncus-
A C A D fe M I Q U E. 149
voulumes refairel'expcrience; nous otames le linge de dclTus la boule du '
thennom-tre pour faite prendre a I'efprit de vin le incme degre de cha- Acad. Roy ale
leur que I'air du lieu 011 il eroit , &c en attendant qu'il TeCit reprife, nous des Sciences
voulumes voir fi en TaL^ilTant dans I'air , il ne lui arriveroit pas la mCme de Paris.
chole qu'cn fouffl.int deiFiis , ce qui nous rcuflitjcar I'ayant agite futte- AnnU 1710.
men: dans I'air pendant 8 minutes , I'elprit de vin monta de deux lignes
dans le tiiyan \ enfuite I'ayant lailfe repofer quelque tenis , il ne changea
point de hauteur : nous le mimes enluite pendant 8 min. dans la mcme
eau oii il avoir cte d'abord , &: la liqueur defcendit qu.ifi d'une ligne , mais
ce ne fut qae pendant les quatre dernieres minutes \ enluite nous le reti-
rames de I'eau , & ayant applique le linge mouillc di.lTlis , nous foufflamcs
avec force pendant S min. contre le linge, & Tcfprit dv; vin remonta a
la mcme hauteur 011 il etoit avant d'avoir etc plopge dans I'eau.
Le 17 au matin fur Ls neuf heures , le meme thermometre a efpritde
vin , ayant palle toute la nuit Jans la cour orientaie de I'Obfetvatoire ,
ainlique plulicurs morceaux de niarbre que noub y avions mis, nous les
appliquames contre la boule de ce thermometre, & en une dcmi-heure
I'efprit de vin defcendit dans le tuyau de plus dune I'gne , &: enluite
continuant de I'cxaminer , nous nous appetgum^squ'il ctoit un pen remonte
pendant cette experience j le grand thermometre qui demeure toiijours
■ dans cette tour , etoit remonte d'environ 2 lignes -r : cette experience
fenibletoit prouver que le marbre fe refroidit plus que i'efprit de vin.
Experiences fur Ic rejfort dc V-Air.
Par M. C A R R E.
V o u L A N T rcpeter les experiences par lefquelles M. Parent a voulu prou-
ver que I'air n'avoit point de refTort (a) , j'ai fait faire d'abord par le fieur
Deviile ,• Emailleur , quatre petites phioles de verre a long cou , fembla-
bles a celles de M. P. Sc preparces de la mcme maniere. La premiere ctoic
pleine d'air groflier , la feconde vuide d'air groOier, la troifieme pleine
d'ait grollier avec une petite quantite d'eau commune ; la quatrieme ctoic
vuide d'air grollier & contenoic aufli une petite quantite d'eau ; elles
eioient toutes fellces hermetiquement. Les ayant mifes les unes aptcs les
autres fur les charbons ardens, voici ce qui eft arrive. Celle ou il n y avoic
que de I'air grollier & qui a etc quelque-tems fans faire fon effct a cau.*e
quelle etoit un pen plus cpailfe que les autres, s'efl: ouvertc par un en-
droit qui s'eft un peu alonge auparavant, & on a entendu un (ifilement
caufe par I'air qui en eft forti fans aucun bruit eclntant. La feconde qui etoit
vuide d'air a fait i peu prcs le meme efFet : le fiftlement a ete un peu plus-
fort; la partie de la phiole la plus echauffee s'eft alongee un peu davan-
tage , & a cede plus promptement. La troifieme qui etoit pieine d'air
(a) V. Collec. Acad. Tart. Pian^oife j pag. ;jp , torn. II,
i5« COLLECTION
avec une petite quantite d'eau , a fait en fort peu de terns une grande de-
AcAD.RoYALE conation, & a faute en eclats fort petits. La quacrieme qui contenoit aufll
DES Sciences une petite quantite d'eau & qui etoit vuide de tout air groflier , a creve
DE Paris. avec bruit & fort promptement , quoiqu'il ne s'y foit fait qu'un petit trou.
Annu 1 710, J^ enfuite fait faire quatre autres petites lioles femblables aux prcce-
dentes. La premiere qui etoit pleine d'air a demeure alfez long- terns fur
les cliarbons fans fiire fon effet , puis elle a cteve avec bruit en s'alon-
geant, & il s'y eft fait un trou alTez grand.
La deuxieme qui etoit aufli pleine d'air a fait a-peu-prcs le meme effet,
mais avec moins de bruit , I'endroit par ou elle a creve s'eft plus alonge ,
& le trou etoit plus petit.
La troilisme & la quatrieme qui ctoient vuides d'air groflier ont rentre
en dedans fans crever, lur tout la quattieme , de mjniere que la moitic de
la convexite qui touchoit les cliarbons s'eft appliquee alTez txaftcment fur
la concavite de I'autre moitie , & ne compofoit plus qu'un hemifphere creux
en forme de coupe. Il paroitroit que c'eft-la ce qui devroit toujours arri-
ver dans cette experience , parce que I'air exterieur quoique tres-dilate par
la chaleur , doit prelfer plus fort que fair fubcil de dedans ne lui rcfilte ,
&" obliger ainfi la partie la plus echauffee de la pliiole de reiurer en dedans ,
& fi cela n'eft pas arrive dans la premiere experience femblable , c'eft appa-
remment parce qu'il etoit refte aflfez d'air ou de quelqu'aucre matiere dans la "
phiole pour la faire crever.
Netant pas encore content de ces experiences , j'ai fait faire quinze
autres petites phioles femblables aux precedentes : voici le detail des effets
que le feu a produit.
La premiere etoit pleine d'un air naturel j I'ayant mife fur les cliarbons
elle s'eft caftee en morceaux en fort peu de tems avec un peu de bruit, ce
qui n'etoit pas arrive dans les premieres experiences femblables.
La deuxieme etoit vuide d'air groflier, elle s'eft fondue fans crever &
s'eft changee en hemifphere creux.
La troilieme etoit pleine d'air avec un peu d'eau, elle a creve avec grand
bruit en peu de tems.
La quatrieme etoit vuide d'air avec un peu d'eau , elle a creve en peu de
tems , & le bruit a ete un psu plus fort que celui de la prccedente.
La cinquieme etoit pleine d'eau j elle eft demeuree fort peu de tems fur
les charbons qu'elle a jettes de tous cotes en crevant avec un tres-grand bruit.
La fixieme etoit pleine d'eau &: vide d'air; le cou s'etant cafl'e a fait une
efpece d'eolipyle qui a dure aflfez de tems, & quoique le feu fat fortvif,
la phioU n'en a recu aucune alteration.
La feptieme etoit vuide d'air avec un peu d'efprit de vin colore ; elle a
creve avec allez de bruit prefque aulTi-tot qu'elle a ete mife fur les charbons.
La Iniitieme etoit pleine d'air avec un peu de fel marin en poudre ; elle
s'eft fendue, & il s'y eft fait un petit trou avec bruit.
La neuvieme etoit pleine d'air avec un peu de falpetre ; il s'y eft f.iit un
petit trou en tres-peu de tems avec un peu de bruit.
La dixieme etoit pleine d'air avec un peu d'udue , elle a creve en peu
de terns avec alfez de bruit.
A C A D E M I Q U E. ,51
La onzieme citoit vuidc d'air avec un pen d'eau falte, elle a creviavec
lui fort grand bruit &: en pen de terns. Acad. Royale
La douiieme etoit vuide d'air avec un pen dor fulminant, elle a crevc des Sciences
prefque aurti-toc qu'eile a hi mife fur les clurbons avec un peu ds bruit. ke Paris.
La trcizieme ctoit vuide d'air avec un ptu de foufre, elle s'cft fondue j„^j^ . ,^
e ' I! r \ r * \ 1' r i yifiricc 1710,
& a rentre en dedans lans eiever; le loutie 1 elt aulli rondu & a monte
au haut du cou dc la phiole.
La quatorzicme ctoit plc-ine d'air avec un pcu d'liuile de Inmpe, elle a
demeure alfez long-tems fur les clurbons , puis elle a crcve avec un alfez
grand bruit
La quinzieme etoit vuide d'air avec une gouttc de mercure dune ligne
de di.Trretre ou environ j elle ell demeuice lur les charhons pendant trois
minutes fans recevoir aucun changenient. (^uand elle a etc refroidie, on I'a
remife fur le feu pendant 7 ou S minutes fans aucun ertet j le mercure (e
tenant toujou'rs au liaut du cou on y a feulement appercu une petite fehire.
Il paroit que routes ces experiences;, bien loin de dctruire le relForc
de I'air, fervent plutot a I'etablir \ mais il femble aulTi que ni li dilatation
ni le relfort de Pair enferme ne font la caul'e immediate du bruit & de I'c-
clat des patties du verre , piiifque quelquesuncs des phioles qui etoienc
vuides dair & qui contenoient peu d'eau, d'efprit de vin , d'urine, &:c,
ont edate avec bruit, &: que d'.iutres pliioles qui eroient remplies d'air
ont cteve fans eclat; mais ce n'eft pas a dire que fair n'ait point de relFort;
il fufht pour rendre fa fortie tranquille qu'il trouve une ouverture propor-
tionnee a fa vitelfe, & Von concevra la chofe comme tres-pollible , fi Ton
fait attention que I'aii" renfermc dans la phiole poufTe egalement en tous
fens centre fes parois intcrieures, & qu'il eli difficile que la phiole rellrte
cg.Tlement dans tous fes points : il faudroit pour cela qu'eile fiit par-tout da
la mcme cpailTcur , & que routes fes parties fe trouvallent fondues dans le
meme inftant, ce qui doit etre rare. Il fuit de tout cela que I'air a du ref-
fort , mais qu'il ell cert.-<ins liquides qui etant reduits en vapeur, en ont en-
core davantage. Il y a encore deux experiences qui doivent etre rappellees
ici a caufe du rapport qu'ellesont avec les precedentes, &: qui prouvent l.i
force etonnante de la dilatation des liqueurs. Un eolipyle ayant ere mis
fur les chatbons & le feu ayant ete poulle un peu violemment, il fauta.
de deirus le rcchaud & alia donner contre un pilier de rable qui ctoit .i
deux ou trois pieds dc-la avec alfez de force pour fe bolTuer, & pironetta
pendant quelque terns.
A I'egard de la feconde experience, voyez la Colleftion Academique,
Partie htrangere, torn, i , pag. x'ii.
Sur un Echo.
iVl. I'Abbe Teintutier , Archidiacre de 'Verdun, a envoye a M. Cadini ,
le tils , la relation d'un echo qu'il a vu a trois lieues de Verdun. II
eft forme par deux grolFes tours detachces d'un corps- de - logis Sc
151 COLLECTION
__^^_^^_____^^^_^__ eloignees I'line de I'autre dc vingt-fix toifes. L'uiie a un appattemeiiE
■7 T bas , de pietres de taille voiice, I'autre n'a que fon veftibule qui le foit :
il'^^c '^^''^ chacune a fon efcalier. Comme tout ce qui appartient aux eclios peut
DES SCIENCES a 11 / 1 j /■ t r r mi 1 X,
DE Paris. ^"^ appelle la catopteique du ion , parce que le Ion fe reflechit felon
A , les memes loix que la lumiere , on peut regarder les deux tours comme
Jinnee 1710. j • • r • ' ■ p j !■ • r ■
' deux miroirs poles vis-a vis 1 un de 1 autre , qui le renvoyent mutuel-
lemein les rayons d'un mcme objet , en multipliant I'image, quoiqu'en
rafFoiblillant toujours & la faifant paroitre plus cloignee. Ainfi lorfqu'on
eft fur la lig' e qui joint les deux tours , & qu'on prononce un moc
d'une voix alTez elevee , on I'entcnd repeter douze ou treize fois par
intervalles egaux, & toujours plus foibiement. Si Ton fort de cette ligiie
jufqu'a une certaine diftance , on n'entend plus d'echo , par la mcme
raifon qu'on ne verroit plus d'image fi I'on s'eloignoic trop de I'efpace
qui eft entre les deux miroirs. Si Ton eft fur la ligne qui joint une
des tours au corps-de-logis, on n'entend plus qu'une repetition, parce
que ces deux echos ne jouent plus enfemble a I'egard de celui qui
parle , mais un feul. Les Memoires de 1691 parlenc d'un echo plus
iingulier. {a)
Sur Ic Flux iS' Ic Reflux.
JLiE Memoire circlaire fur le flux & reflux, envoye par ordre de
M. le Comte de Pontchartrain dans les ports de I'Ocean (^) , a valu a
I'Academie un nombre confiderable d'obfervations faites a Dunkeique , au
Havre-de-Grace , a Breft , au port de I'Orient , a Bayonne. Voici les
refultats generaux que M. Caflini a tires de ces obfervations.
Les plus grandes m.irees n'arrivent que deux ou trois jours apres les
pleines ou nouvelles lunes , & les plus petites marees de deux ou tiois
jours apres les quadratures.
Plus la lune eft proche de la terre, plus la maree eft grande , & au
contraire.
Des nouvelles ou pleines lunes aux quadratures , le retardenient jour-
nalier des marees eft plus petit que des quadratures aux nouvelles Sc
pleines lunes. C'eft que plus une maree doit etre haute , moins elle
retarde. Or , puifque les plus hautes marees n'arrivent que deux ou
trois jours apres les pleines ou nouvelles lunes , & les plus bafles autaiic
de terns apres les quadratures , il s'enfuit que I'intervalle d'une con-
jondion , ou oppofition a la quadrature fuivante , comprend plus de
hautes marees que I'intervalle d'une quadrature a la conjon£iion ou op-
pofition fuivante , & que par confequent la fomnie des retardemens
des mareis fera moindre dans le premier intervalle que dans le fecond.
L'adlion de la lune , fur les marees , varie non-feulemcnt felon fes
phafes , mais encore felon fa diftance a la terre , 6c fa dedinaifon j
(a) V. Collec. Acad. prem. vol. de la Partle Fran^oife , pas;, itj.
(i) V. torn. I de la Coilec. Acad. Psctie Frangoife, pag. 635,
or
A C A D E M I Q U E. i5j
or I'elfet dc f.i tk-clinaifon n'ell: qii'a-peu-pvcs h moitie de I'efFet de fa ~' ' r' "'.la
dift.uice, c'efta-dire que ll, parcc que la luuf eft dans fon perigee, Acad.Royai.e
la maicj c'.i de deux pieds plus hau:§ , elle ne fera que d'un pied plus des Sciences
haute en vercu de ce que la lune fera dans I'c-pateur. de Paris.
Les marces defcendciu plus lentement qa'ellci n'ont monte. ^nnie i/io.
Plus la mer a moiitc, plus elle defctiid enfuice au-dedous du niveau
qu'elle au oit , fi elle n'avoic ni Hux ui rttliix.
La vitell'v; de la mer qui tnonie , eft une vitelTe retardce , c'eft adire,
que le proiires de (es elevations va en diniinuanc du commencement
vers la fin , de forte qu'a la fin la mer eft qutlque terns ftationnaire ;
aurcs quoi elle redsfcend au contraire avec une vitelTe accelcrce.
Vers les quadratures les irrregularites font plus frequentes ou plus
grandes que vers les conjoniftions ou oppofuions , vraiftmblablt.meiit
p.irce que la force qui agit dans les quadratures ttant moiiidre , fon etfet
eft plus facilement alterc par I'adllon des caufes particulieres
Versle folftice d'ete , les marees du foir dans les nuuvelles lunes font
plus grandes que celles du matin, 6: le contraire eft prefque toujour*
vrai aux environs du folftice d'iiiver.
Le foleil a part aux phcnomenes du Hux & du reflux ; car les marees
des folftices d'hiver font , toutes chofes egales d'ailleurs , plus grandes
que celles des folftices d'ete j or, dans ce cas , route la difference con-
fifte enceque le foleil eft a fon perigee; au lifu qu'il eft a fon apogee eu
cte. Les grandes marees des equinoxes paroillen: aufti avoir rapport au
foleil qui fe trouve alors dans I'equateur , & qui par confequent doit agir
avec plus de force , & produire des marees plus hautes.
Au refte toutes ces obfervations ne font que des confirmations des
decouvertes anciennes : Poilidonius, au rapport de Strabon , avoit fore
bien diftin^ue les rrois periodes des marees de I'Ocean , qui repondcnc
a celles des jours , des mois Sc de? annees : mais il fuppofoit apparemmenc
d'apres des faits particuliers , que les marees des folftices font plus gran-
des que celles des equinoxes , (a) ce qui n'eft pas confotme a nos expe-
riences.
Pline pretend que le foleil 6c la lune font la caufe du flux & du reflux : il
paroic ctre du meme fentiment que Poflidonius en ce qui regarde les pe-
riodes journalieres des marees ,& celles qu'on obferve dans chaque (evo-
lution de la lune; mais il alfure que les plus grandes marees arrivent dans
les equinoxes , & les plus petites dans les folftices. Il ajoute qu'elles font
encore plus grandes dans les equinoxes d'autcmne que dans celles du prin-
tems,ce que nous n'avons pu encore reconnoitre par les obfervations.
Ilafoin d'avertir que tou^ ces changemens n'arrivent pas precifement dans
les terns marques ci-delfus , mais quelques jours apres:il a reconnu que
les marees etoienr d'autant plus grandes que la lune ctoit plus proche de
la terre; il remarque enfin une quatrieme pcriode des marees , laquelle
lenferme les principales inegalites dans I'efpace d'environ huit annees, &
(i) En ccrcaines circonftances , la grande proximicc de la lunc a la terrc dans Ic
tcmi du folftice pourroit produire cet'^efFet; mais il ne faudroit pas en tircr uflc con-
fcqucncc g(5n^rale.
Tome III , tartic Frangolfi. V
154 COLLECTION
■ .— cent revolutions de la lune , apres quoi routes ces inegalires revlennent
AcAD.RoYALE dans le meme ordre. Cttte quatrieme periode paroit alfez evidemmenr
DEs Sciences allujettie a celle de I'apogee de la lune qui efl en effet de huit a neuf
DE Paris. annees , & recommence apres iiS^ revolutions de cet aftre.
Jnme 1710. Les Philofophes modernes avec routes les reflburces de leur phyfique
experimentale, n'onr pas ete beaucoup plus loin que Pline, dans la con-
noilfance reelle de ce grand phenomene; prefque tous fe font accordes>
a reconnoitre avec lui les trois periodes journalieres , lunaires , &: equi-
noxiales ; ceux qui one ere le mieux inftruits des fairs , ont admis comme
lui I'iftion de la lune &: du foleil : mais quand il s'eft agi d'expliquer
cecte atlion , tout s'eft divife.
Galilee ayant rennrque que dans la revolution joutnaliere de la terre ,
les parties expofees au foleil font emportees d'un fens different de celui
dent la terre eft mue par fon mouvement propre , & qu'au contraire
les parties de la furface de I'hemifphere oppofe au foleil, vont dans le
fens de ce mouvement , en a conciu que les parties de la furface de la
teire font mues tantot plus vite , tantot plus lentement dans I'efpace de
14 heures , Sc que les eaux de la met ne pouvant fuivre exaiteraent le
mouvement de la tetre , font obligees de fluer & de refiner dans ce
meme efpace de terns; mais que par I'efFet de la tendance de I'eau a fe
mettre en equilibre , & de plufieurs caufes particulieres , comme les
difFerentes profondeurs de la met , la diredtion de cotes, &c. le flux
peut acceleter de 1 , 3, 4 , 5 a 5 heures , ce qui fait qu'on obferve ordinaire-
ment, dit il , dans la Mediterranee le flux de 6 heures en 6 heures.
A i'egatd des periodes des mareei qui fuivent ceiles des mois lunai-
TES , il ptetend qu'elles font produires par I'inegalite du mouvement de
la terre qui acquiert , felon lui,un plus grand degte de vitefTe lorfque
la lune eft en conjondtion que lorfqu'elle efb en oppofition, d'oii il fuivroit
en admettant meme cette acceleration inconnue aux Aftronomes, que les
marees qui arrivent dans les conjonftions feroient difFerentes de ceiles
qui arrivent dans les oppofitions, & que ceiles des quadratures feroient
les plus uniformes de routes, ce qui efl contraire a I'experience.
Enfln Galilee attribue les inegaiites de la periode annusUe des marees
aux difFerentes combinaifons du mouvement annuel & du mouvement
journalier , fuivant les difFerentes fituations de la terre fur I'ecliptique ;
car la revolution joutnaliere fe faifanc autour des poles de I'equateur & la
revolution annuelle autour des poles de I'ecliptique qui en eft eloigne
de ij fdegres, il fuit que lorfque la terte efl dans les rropiques, ces deux
revolutions fe font dans le meme fens, au lieu que lorfque la terre eft dans
les equinoxes, les diredions de ces deux mouvemens font indinees I'une a
I'autre de ij f degres. Il y a done alors une compofition de mouvemens
diftevente de celle qui arrive lorfque la terre eft dans les tiopiqucsj mais
cette difference donneroit les plus grandes marees pour les fol-ftices, auiieu
qu'ellesarrivent conftamment dans les'equinoxes. D'ailleurs, fuivant ce fen^-
timent,lesciifFerens degres de vitefte du mouvement annui.1 de la terie iorf-
qu'eire eft dans fon aphelie ou dans fon perihelie, devroient aufG caufer
une difference tres-fenGble entte les marees du folftice d'ete & celies da
folftice d'hiver, cequi eft contraire k I'obfervation.
ACADEMIQUE. ij5
Defcartes , mieux inftruit que Galilee, des piicnoinenes que I'on obferve
dans les iiiaiccs fur I'Ocean , attribiia le Hux & rellux au niouvemcnt de Acad. Royals
la lime. II jugea que la mniere celefte qui environne la terte , itant mue des Scie>xes
par le mouvement journalier avec plus de vitede que la cerre , fc truuvoK "^ ^ aiiis.
reirerrc'C encre la terre iSc la lane , ou plucoc le tourbillon de la lune , ce Anncc 1710.
qui obligeoic la tene a ccJer un peu du cote oppofe ; que fes eaux
etoL-nt par cec effit comprimees de cote ic d'autre , fuivant la dircftion
de la luio a la terre , ce qui les faifoic reHuer ( difoit-il ) de cote & d'au-
tre a la diftance de 90 degres ( tandis que daiis la verite elles s'elevenc
lorfque la lune eft au tncridien ; ; que cet allre ctanc arrive 6 heures
II min. apres i la diftance de ^jO degres du lieu oil elle etoit auparavanr,
les eaux qui felon lui y avoient etc elcvces , s'y trouvoient comprimees alors
par I'iinerpofition de la lune , & la mer y etoit confequeniment a fon hypo-
thefe plus balFe ( mais dans le fair plus haute ) qu'en aucun autre endroit ;
qu'ainli il devoir y avoir dans chaque lieu une viciJlitude de haute & de
bafte mer , non pas en 24 heures , comme le veut Galilee , mais dans
I'efpace de li heures 14 min. comme le prouve en eft'et I'obfervation. Il
expliquoit les hautes marees des nouvelles & pleines lunes , en fuppofant
que la terre a un tourbillon ; que ce tourbillon eft elliptique , & que le
^etit axe de cette ellipfe eft toujours dirige au foleil ; d'ou il fuivoit que
la lune feroit plus prcs de la terre , & devroit par confequent agir avec
plus de force dans les f\hgies que dans les quadratures, ce qui ne s'ac-
corde point avec I'obfervation ; car il arrive fouvent que la lune eft plus
pres de la terre dans les quadratures , fans qu'il arrive jamais pour cela que
les marees des quadratures foient plus grandes que celles de fyfygies.
Kepler attribue la caufe du Hux & du rcHux de la mer aux corps de la
lune & du (oleil qui attirent les eaux de la mer par une vertu a-peu pres
femblable a celle de I'aimant \ mais ne fachant pas deduire de cette caufe
'explication du Hux qui fe fait audi grand a minuit lorfque le foleil & la
une fontabfents, qu'a miili lorfqu'ils font prcfents, il conjeftura que le
flux de la nuit pouvoit etre produit par la reflexion qui fe fait contre Ie$
cotes de I'Amerique , des eaux que la lune a entrainees avec elle , &: re-
ciproquement par la reflexion qui fe fait contre les cores de I'Afrique &
de 1 Kurope , des eaux que la lune aniene a fon retour.
Newton adoptant le fentiment de Kepler, attribue les marees a la force
d'attradion qu'il reconnoit dans la lune & dans le foleil; il deduit de cette
caufe les marees meme qui fe font la nuit & dans I'abfence de ces deux
aftres ; car I'attradtion agilFant avec d'autant plus de force que la diftance
eft plus petite , felon une certaine proportion , lorfque la lune & le (oleil
font dans le meridien de nos antipodes , la furface de leur hcmifphere
inferieur eft plus fortement attiree quo le centre du globe , & ce centre
plus que la furface de notre hemifpiure fuperieur , d'ou il fuit que le fluide
qui couvre I'hemifphere inferieur doit s'elever vers ces aftres plus que le
centre , & celui-ci plus que le fluide qui couvre I'liemifphere fuperieur ,
proportionnellem«nt a I'exces de la force, par laquelle chacun de ca points
eft attire , & par confequent le fluide b'clevera ou paroitra s'elever aux
deux points oppofcs qui font dans la ligne par oii pallc le foleil ou la lune ,
Vij
15^ ~"~^ COLLECTION
& il y aura rnaree en tneme- terns &c chez nous & chez nos antipodes. A
AcAD.RoYALE mcfufe que la terre courne d'Occidenc en Orient, elle piefente fucceffive-
DES Sciences ment a I'adtion de ces deux aftres de nouveaux points de fa furf.ice , S:
DE Paris. p^^ confequent ia mer doit s'elever fucctffivement dans l.i dirtftion de
AnrM 17 10. I'Ell: a I'Outft , ce qui produit le courant general obfcrvc d.ins la mer cntre
les tropiques , &: qui eft fort fenfible dans les detroits de Magellan , de$
Manilles, &.c. & dans les golfes de Paria , du Mtxique, &c.
Scion les calculs de Newton la plus grande hauteur de la rnaree doit
arrivtr moins de fix heures apres le paffage de la lune ou du fo eil par le
rneridien , commc on I'obferve dans la partie orientaie de la met Atlinti-
que & Ethiopique , entre la France & le Cap de Borne- Efperante , ik fur
Its lotes du Ch li & du Perou de la mer Paufique , ou le flux de la mer
arrive environ fur la t:oifieme heure.
Selon les memes calculs l'r.dion folaire eft a celle de la pefanteur com-
me ' a 118681000 , & 1' 6bion lunaire paroit etre quadruple de celle da
foleil , mais moindre fe'on d'autres. Dans les fyfygies , c'efta-dire dans
les conjondions & oppofitions, I'adtion de ces deux aftres confpire au me-
me effet qui eft d'tlevcr les eaux , & de la les hautes marees \ dans les
quadratutes au contraire , le foleil qui eft alors a environ 90 degres de la
lune , eleve les eaux dans I'endroit oii la lune les abbaille , & de la les
petites marees des quadratures ; mais comme I'effet de la lune eft plus
oranl que celui du foleil, la plus grande hauteur de la mer doit arriver a
la troifieme heure lunaire : il appelle heure lunaire la vingt- quatrieme
partie du terns qu'employe la lune a revenir au rneridien du meme
Newton juge audi que les effets du foleil & de la lune font d'autant
plus grands qu'ils agilTent de plus pres, & cela en raifon triplee desdia-
metres appareius ; que par c nfequent toutes chofes egales, le foleil etant
I'hiver dans Ion perigee , les marees doivent etre un peu plus grandes dans
cette (aifon qu'en etc , &c. ,
Il ajoutc que I'efFet de ces deux aftres depend de leur diftanc e a Tequa-
teur j que s'iU etoient I'un &c I'autre dans la diredlion du pole , ils attire-
roient toutes les eaux uniformement , fans flux ni reflux ; Si qu'ainfi , en s'e-
loignant de Tequateut ils perdent peu a peu leur efl^ort , & produifenr par
cette raifon des marees plus petires dans les fylygies des folftices que dans
celles des equinoxes. Mais dans les quadratures des folftices , les marees doi-
vent etre plus grandes que dans les quadratures des equinoxes, parce que
I'efFet de la lune qui eft alors dans I'equateur , furpalfe celui du foleil , ce
qu'il dit s'accofder avec lexpetience.
Newton trouve audi que les efFcts de la lune & du foleil dependent de la
latitude des lieux {a) qu'on peut confiderer la mer partagee par le flux en
deux hemifpheroides , I'un au nord & I'autre au raidi; que les marees de
ces deux hemifpheroides oppofes palTent fucceflTivement par le rneridien
de chaque lieu dans I'efpace de douze heures ^ que les pays feptentrionaux
patticipenc plus de la rnaree boreale , &; les meridionaux de la rnaree auf-
(a) Lc flux n'eft plus fenfible au-dela du 6 ; mc aegrede latitude Nord.
I
A C A D E M I Q U E. 757
trale , 8c qu'ainfl hors Ae I'cqu.iteur , les marees de cliaque jour font ^^— — ■ ■
alternativeineiit plus ^randes ou plus petites [a]. La plus grande marce Acad. Royale
arrive trois h urcs apics Ic p.idaae de la lunc* par Ic meridien , lorfque des Sciences
cette planete decline d I I'-quinodlia! vers le zenith , & la June changeant I'E Paris.
de dcclimifcn , la marce (era plus petite. AnnU 1710.
La plus f;rande differ' nee encre ks m.uees d'un mcme jour doit avoir
lieu dans le terns des folftices, principalement lorfque le nocud afcendant
de la huie ell: au commencement d' Aries. Aufli at on trouve par expe-
rience que dans 1 hiver la maree du matin eft plus haute que celle du foir
a Pli.nouth , d'envifon un pied , & de quinze pouces a Brifto).
Elevation dcs Maixcs en differents pays.
XjE long des cotes de Barbarie, depuis le Cap de Geer juf-
qu'au dtttoit, la mer monte de lo pigds '
Depuis le dctroitjufqu'au Cap Sainte-Marie en Efpagne. , 10
Deli jufqunu Cap liniflerre ij
De la a Saint Jean de Luz ,,
Sur les cotes de Guienne & Gafcogne i r
Sut les cotes d'Aunis & de Poitou. ..'..... is
Sur Ls cotes mcridionales de Bretagne, depuis rembouehure
de la Loire jufqu'au raz de Fontenay 18
Dans les radcs de Douernene iSc de Bcrtaume 20
A I'lfie de Bas ". jj
Aux (ept Ifles jq
A Btehat , Saint-Malo & Cancale .r
A Grandville & aux liles Angloifes 3(^340
Depuis la Houg'.ie jufqu'au chef de Caux & au Pas de 1 8
Calais j >5
Du Pas de Calais . a I'Efcaut en dedans des bancs. ... 18
au large des bancs. ... 15
Aux embouchures de I'Efcaut & de la Meufe & hors le
Texcl jp
En rade des Marchands , en dedans du Texel. ... j 5
A Amilerdam y
Sur les cotes d'Allemagne de Hambourg, jufquesdans le Fade
au-dcla de Bremen j-
Sur Iss cotes de Dinnemark. ... - 15
Aux Ifles Sorlingues a I'Ouefl de I'Angleterre jufeju'au Cap
Lezard. ^q
Du Cap Lezard a Gouftard & de Porland a I'lfle de Wieht. 2^
Dans la Rade de Sainte Helene , & au NorJ de I'lfle de
Wicht iS
(d) En s'avanqant plus loin vers le pole il nc doit plus y avoir qu'un fliiT & qu'un
tn 14 hcures; parce que dans ccs climars H-ptcnrrionaux la liinc erant au-diflcus du ...c.i-
dicn , fe trouve a unc diftnnce aflez peu dilftrcnte de jo dc2;rc's pour que les cam doivc.nt
s'abaillei alois au lieu dc s'ekvcr, Y. I' Encydopidk au /«'.'.• Jliix if ref.ux.
reflux
mc'ri-
Acad. RoYAiE
VES Sciences
DE Paris.
An nee 17 10.
158. COLLECTION
Le long de la cote en allant vers les Dunes. ...'.'. liJ piedj.
Dans la rade des Dunes , & depiiis I'lile Tanor jufques devant
la Tamife
Depuis I'entree de li Tamife jufques devant Yarmouth.
Au Nord d'Yarmouth jufqu'aux cotes feptentrionales d'Ecof-
fe He aux Ifles Orcades , . . .
Sat les cotes d'Ecolfe & d'Irlande , ainfi que des Ifles ad-
jacentes 18
A Venife
Dans I'Archipel & nu fond de la .iier noire.
Le flux n'eft pas fcniible dans le refte de la Mediterranee.
En general dans la Zone Torride J
A Panama
Dans la Baie de Hudfon
Au Port de Saint-Julien , vers I'extremite de la terre Magel-
lanique 20 a
Au Port de Ciiequetan , 30 lieues Oueft d'Acapulco. .
A remboucliure de la Riviere des Emeraudes. . . .
A Guayaquil au Perou. ,
A rifle Gorgone fur la men;e cote. . ......
Aux Ifles Lobos fur la meme cote
A rifle de Jean Fernandez ,. . . .
1 1
18
iO
5
ou 4
16
16
A I'entree orientale du dctroit de Magellan.
25
5
16
16
14
i
7
II
30
i
5
5
9
70
A I'embouchure de la Riviere des Amazones. . . .
Aux Antilles
A Louisbourg
Au detroit de Fronfac ,
Au palfage de Bacareau fur la cote de I'Acadie. .
Au fond de la meme Baie, a ce qu'on dir. . . . <jo a
Aux Canaries , 7aS
Le long des cotes de Guinee en general 3
Ibid. Aux embouchures des Rivieres & entre les Ifles. 5 a (J
A I'embouchure de la Riviere de Saint-Vincent. . ' . . 9
Au Cap Corfe fur la cote d'Or (Jay
Entre I'lfle de Loanda 8c la Terre ferme d' Angola. . . 435
A I'embouchure de la Riviere de Quanza 8
Au Cap de Bonne -Efperance j
Au-delfous de Suaquem dans la mer rouge 10
Dans la Baie de Suaquem 4-
Sur les cotes 6
A 7 lieues au Nord de Suaquem , a ce qu'on dit. . . 33
Vers Sue», encore plus haut.
A Aden en Arable (Jay
A Tamarin aux Indes orientales 1 i
Aux Moluqiies & fur la cote occidentale de I'lfle Formofe. 334
pouc.
AC A D £ M I Q U E. 15?
ACAD.ROYAI-E
Extrak dc I'Ejfai Phyfiquc dc I'Hifoire de la mer, dedie »es Sciences
a I' Academic, par M. k ComU Marsigli. ^^ \^^^^-
■ Annie 17 lo-
LJ N fqour que M. le comte Marfigli fie fur les cotes de Provence & de
Laiiguedoc , I'engaoea a etudier particulierement la mcr : la maniere dont
ii s'y eft pris , fuffiroit pour faire bien entendre re que c'eft que le genie
d'obfervation , & pour en donner un modele ; fon delFein eft aufli vafte
que le fujet ; il en a embralfe routes les parties, & il a entrepris de faire
far luimeiiie routes les experiences qui pouvoient y avoir rapport. Si
on avoir un nombre (uftifant d'auffi bons mcmoires fairs par cies obfer-
vateurs qui eulTent ete portes en diffcrens endroits du monde , on auroic
enfin une iiiftoire naturelle.
L'ouvrage de M. le C. ^^. eft fi confiderable , que les extraits que I'aca-
demie en fit faire par M" Maraldi &: Geofroi , furent eux mcmes d'aflez
grands ouvrages. Nous n'en donnerons ici qu'uneidee fans compaiaifon
plus abregee, & nous nous aiderons beaucoup de leur travail.
L'hiftoire de la mer eft divifee en cinq parties. La premiere traite de
la difpofition du fond ou du baflln de la mer 5 la feconde , de la nature
de I'eau \ la troifieme de fes mouvemens; la quatrieme des plantes qui
y croiffent j la cinquieme , des poiftbns. Cette dcrniere partie n'eft pas
achevee & I'academie n'en a encore rien vu : tout eft accompagne d'tine
grande quantite de figures faites avec beaucoup de foin.
Pour reconnoitre la nature & la difpofition des cotes , il a fait dans
des barqu'S diffcrens petits voyages, qui font tous compris er.tre le Cap
de Sifseprcs de Toulon, & le Cap d'Agde en Langucdoc. II en a fait
d'autres en mer & quelquefois jufqu'a onze lieues pour examiner la pro-
fondeur & la nature du fond. Il a rrouve que le golfe de Lyon eft coupe
en deux par une cote cachee fous I'eau j que la partie qui eft depuis la terre
jufqu'a cette cote, ne pa(Ie pas foixante-dix brades de prolondeur , &
que I'autre qui eft vers le iar^e, en a cent cinquante en quciques endroirs ,
& quelquefois rant qu'e le ne peut tire fond'.e-, il la nomme X'Atimi: il
a recherche quelle ctoit la confor.Tjjtion du terrein , c'eft-a-dire , I'arrran-
gcment des diftcrens bancs ou lirs de terre, de fable , de roche, &c.
non feulement dans la cote, mais dans Its ides ou ^cueils voifins. Cette
conformati n s'eft trouvee femblable , de forte que les illes ne font que
des fragmcns de la terre ferme , & qu'appare.rment le fond de la met
en eft une continuation j de la on peut conjefturer , comme M. M. que
le globe de la terre a une ftrufture determinee , organique , & qui n'a
pas fouffett de grands changemeni , du mains depuis un temsconfide-
rable.
11 fait voir que les lits de fel & de birume font meles entre des lits
de pierre , & quo fir le fond n.iiurtl de !a mer , il s'eft forme un fond acci'
dcnul par le melange de diffcrentes matieres , fible, coquilliges, vafe,
&c, que la glutinofitc dc la mcr a fortement unies & coUees enfembis.
t6o COLLECTION
-.!■■ I . .. Sc qui font enfuitc durcies rneme quelquefois jufqu'a fe petri-fier. Comnii
AcAD.RovALE ces incruftations fe font par couches , il yen a telles oii les pccheurs dif-
D£s Sciences tingaent ces augmentations annuel'es ; elles ont une variete furprenante
DE Paris. de couleurs qui quelquefois penLtrent jufque clans la fubftance pitrreufe,
Annie 1710. mais le pins fouvenc ne font que fuperticielles & fe did^pent hors de
I'eau : quelques- unes des matieres qui formcnt ces incruftations , one
donne par la chimie des principes fi lemblables a ceux des plantes n-a-
rines , qu'on pourroit les foupgonner d'en ctre , d'autant plus qu'elles
font quelquefois toutes difpofees pit filamens. Ce feroient des mouffes
de met dures , ou des lichens qui s'attachent a la pierre & en ont pref-
que la ciurerc.
!l a paru a M. M. par un thermometre plonge dans I'eau , que le degrede
chaleur y eft egal a difteientes ptofondeurs ; qu'en liiver il eft un peu plus
grand dans cette mer que dans i'air , & au rontraire en ere , mais alTez
fouvent egal. Cependant M. M. a obfetve auffi que plufieuts plantes de
la met s'accordent avec celles de terre pour repoulTer au printems plutot
qu'en d'autres faifons. \^n accident empeclia que les experiences fur la
clialeur de la mer ne fulfent continuces autant qii'il auroit fallu.
Selon lui , I'eau de la mer , on fuppofe qu'elle foit bien choifie , eft
plus claire & plus brillante qu'aucune autte eau \ quant a fa couleur , elle
depend & du fond & du ciel , & de tant d'autres circonftances jufqu'ici
nioins connues, que toutes les experiences de M. M. lui lailFent encore
fur ce fujet beaucoup a defirer. Il eft plus aife de determiner les caufes
de foil amertume & de fa falure ; car il faut bien remarquet I'amertume
comma differente de la falure : celle-ci eft produite par la difTolution
des lits ou bancs de fel , & I'autre par la diflolution des lits de
bltume. L'eau eft plus propre a dilToudre le fel, que 'le bitume , qui
eft une maciere huileufe ; aulTi dans l'eau de met la dofe du fel eft-
elle beaucoup plus forte que celle du bitume. M. M. ayant pris 25 onces
a gros d'eau de citerne pour en faire de l'eau de mer, il y mit fix gros de
fel commua , & feulemeiit 48 grains d'efprit de charbon de terre , car le
charbon de tette eft un bitume , &C d'aiileurs il s'en troiive des mines
dans les montagnes de Provence , & avec ce melange il eut une eau de
merartificielle du meme gout que la naturelle. Ces 4S grains n'augmen-
terent point le poids de l'eau pefee pat I'areometre. La petite quantite &
la legerete de cette matiere bitumineufe , font que l'eau de mer diftillee,
& qui par la diftillation a perdu fa falure , n'a pas pour cela perdu fon
amertume & un gout defagrcable , ni meme , a ce qu'on pretend , une qua-
lite mal faifante. La diftillation qui fe fait narurellement par le foleil , &
qui eft alfez differente de celle d'un alembic, purge parfaitement l'eau de mer
de fon bitume. Il ya danila terre tant de matieres differentes que lamer
lave , & dontelle doit enlever des particules , qu'on peut aflezlegitimement
croire que le bitume n'^^ft pas le feul ptincips qui s'y mele avec le fel.
Par ce que nous venons de dire , on voir que (ut 24 onces d'eau de mer ,
il y a fix gros de fel , ou , ce qui eft la meme chofe , qu'elle contient de
fel la 3i™= partie de fon poids. Mais cela n'eft vtai que de l'eau prife
a la furface de la mer ; celle du fond eft plus alee , 6: a la 25 ™= partie
de
A C A D £ M I Q U E. «<?«
de fon poids de fel. Les eaux plus f.ilecs font sufll plus pefantes; celles ::^=
qui lone fur \.\ furhice de la mer .i rembouihure du Klijnc , fort .t'linc- Acad. Ro\A
}^i p.irtie pUis Icgcres que les eaux plus eioignees p.ueillcnnnt fupJifi- ''"g '^j'^^^^'^jj "
ckIL-s, <Si ctlL'sci encore plus Ir^eres que celles qui tunc plu el'.)ii;ncts ,^^^^^ " ^'^
de cerre.
U eft afTez c'ronnant que I'eau de la mer, a qui le ftl n'a pas manque,
n'en n'air pis dillout tout ce qu'elle en pouvoit <iiirou.Ue. Par ks i-Xpc-
riences de M. M une quintite d'eau qui doit en contenir 6 gros , en dif-
fout encore 4^ > '•'^ ^ ^^^ ^<^ '"6'' arc'fi-'c'He 5. U conjedVure que les ani-
majx :<c les plantes de I.1 mer confumcni une partie de Ion fel; qu'il s'en
dillipe une auire partie en lair; que les eaux douces qu'elle n^oic non-
feuLiiTjnt par les rivieres, m.iis paries fources de (on toiul , la delF lent
encore ; mais avec tout ccla il ne pretend pas que la diiii^uitc lolt entie-
renieiit levcf.
Il a fait pair.r 1 4 livres d'eau de mer au travcrs de 15 pots de tcrre ,
qu'il a fuccelTivement r^mplis de terre de jardin & de fable dc mer. S its
avoient cte joints enfcmble , ils auroier.t fait une calcade dc 7^ pouces
de long & de 5 de large. Lis 14 livres d'eau ayant palle & par le l.ible &
par la terre, ont cte egalement reduitcs a ^ livres 1 onces , mais elles
out ete mieux dellalecs par le fable , & dcpouiU^es d'line plus, grande
quantitede Icur poids. Si la cafcade de fable avoir cte double en longueur ,
on peut croire qu'elles (eroient devenues prefque infipides : par ce moyen
I'eau de la mer pourroii devenir douce en fe filtrant d.ins les entrailies de
la terre , fi au bout d un certain terns les filtres ne fe remplilloient pas
du fel qui y a ete depofe.
Le fel des eaux fuperficielles eft blanc , 8i celui des eaux profondes cen-
dre obfcur. Le premier eft le feul a qui Ton troiive de I'acide , il eft d'un
fjle plus morJant, N: d'une amertume beaucoup moins fenfihle : deli
vient qu'a Peccais en Languedoc , oil Von tire du fel d'eaux profo 'des
de puits, il faut ie lailler expofe a I'air du moins pendant trois ans >
avant que de le dcbiter ; ce terns lui eft necefTaire pour fe depouillec
d'une amertume qui feroit infupportable. Nous (upprimons un grand noni-
bres d'obfervations fur le fel matin patce que cette matiere eft plus
connue.
M. NJ. n'a pas eu le loifir de fe contenter pleinetnent fur le fait du
bitume contenu dans I'eau ds la mer ; il croit cependant que c'eit ce qui
produit rondluofitc naturelle de cettc eau , que la didillation m:me ne
lui ore pas i la grande quantite de glu qui s'attache fur les pierres Si fur les
plantes ; lumon de tant de corps het(?rogenes qui fe collent enfcmble ;
ce tartre qui endurcit en quelqucs enJroits le fond de la mer , ou en-
durcit plulieurs fortes de mati-.res &; principakment ks litliophitons ,
plantes marines. I! a commence en difFerens terns (ur ks r.irtuifations
de la met des experiences qui n'ont pu etre fuivics alFez loin : il a obferve
que les legumes cuiis dans I'eau de la mer, en fortent plus durs qu'on ne
les y a mis ; que la chair de mouton y devient plus blanche •^ plus
ten.ke que dans I'eau douce, mais fort f.ilce 6i fi>rt amere ; que le pain
fait avec I'eau de mer eft falc , Sc fe peut manj^er pendant qu'il tft
Tome III , Partie Fran^olft. X
LE
iSi
COLLECTION
Acad. RoYALE
BEs Sciences
SE Paris.
tendre ; niais que lorfqu'il eft raflis il prend une amertume exceflive.
La mer a trois forces de mouvemens , le dux 8c reflux , les courans
& I'ondulation. On fait que la Mediterianee n'a point de flux & de
reflux, du moins dans fon tout ; 5c enefFet , felon le fyfteme ordinaire,
Annee ijio. elte n'en doit point avoir, puifqu'elle n'eft pas fur la route de la lune :
cependanc, comme un flux & reflux pen fenfibie auroit pu facilemeiic
echapper aux obfervations que Ton fait communement , M. M. en a fair
de nouvelles & auxquelles ce tnouvement ne fe feroit pas derobe ; il ne s'eft
point du tout fau appercevoir dans les endroits oii Ton obfervoit.
M. M. n'a rien decouvert de regie fur les courants , quoiqu'il n'y ait
pas epargne fes voyages, ni fes peines. Il ii'a pu verifier ce qu'on die
communement de ce fameux couranc qui cotoie la Mcditerranee , com-
me s'il etoit forme par I'entree des eaux de I'Occan & par leur retour : mais-
il croit avoir reconnu une chofe fort finguliere : pendant I'ete & dans le
tems de la peche du corail , on apper^oit a la cote de I'abime un couranc
qui paroit avoir rapport au mouvement du foleil fur I'horizon , mais de
maniere qu'il lui eft coujours oppofe. Lorfque le foleil eft dans lapartie
orientale de fon cours diurne , c'eft-a-dire depuis fon lever jufqii'a midi ,
le courant va a I'Occident ; a midi il fe tourne au Nord , enfuite a I'Orient :
on n'a pas marque fi a minuit il alloit au Sud ; cela conviendroit au
refte , & paroit meme neceffaire.
Quant a I'ondulation , il fuffic d'en connoitre les exces. M. M. a ob-
ferve entre Maguelone &: Peyrole , que dans une grande tempete les
ondes s'clevoient jufqu'a fept pieds fur le niveau ordinaire de la mer :
aux rivages moncueux, comme font ceux de Provence , un vent furieux
de Lebi/'che n'y fait elever I'eau que de cinq pieds , mais la percuffion
quelle fait contre les roches , la pouflTe quelquefois jufqu'a huit j cela
n'eft pas comparable aux tempetes poetiques.
A C A D ^ M I Q U E. ifij
Af AD. RoYAtE
Obfcrvations relatives a rHiJloire Meteorolog'tque. ^e 1'aris.
A^'ANNEE 1710 a et6 I'une des plus fcclies qne nous ayons eue il jr a Anmt 1711.
lon^-tenis , elle a etc n^anmoins fore abondante en grains , coinme il arr.ve
toujaurs dans ces pays-ci , a caufe que la plupart dcs terrcs y fonc fiakhes
& humides.
11 n'eft point tombc de neige a la fin de I'annce , mais au commence-
ment il a neige mcdiocremcnt , & cela vers le milieu du mois de Janvier ,
ce qui me donne occafion de faire les experiences fuivantes.
Le 10 Janvier au matin , j'enveloppai la boule de mon tliermometre ,
qui eft toujours expofe dans la tour decouverte de I'Obfervatoire , d'une
trcsgrande quantite de neige , & aprcs I'y avoir lailfe trois heures entieres,
je ne remarquai point que I'efprit de vin eut change de hauteur dans le
tuyau J il etoit alors a 17 parties, & il commence a geler dans la cam-
pagne quand il eft a ji j d'ou Ton voir que I'air n'etoit guere plus froid
que dans le commencement de la gelce \ & quoique le thermometre monte
toujours depuis le matin jufqu'a midi & au deli , il ne changea pas de hau-
teuf pendant trois heures, a caufe que le degrc de froid de la neige !e
confervoit toujours dans le mcme etat , le peu d'augmentation de clialeur
de I'alr n'etant pas capable de pini^trer en fi peu de terns la maffe de neige
qui etoit autour de la boule.
Mais I'air s'etant extremement refroidi jufqu'au lendemain 1 1 ' du mois,
ce thermometre etant alors a \.\\ parties , ce qui marque un grand froid ,
je repetai Texpcrience du jour precedent, & il arriva la meme chofe en-
core j le riiermometre ayant fa boule couverte de neige , fe foutint a li
meme hauteur ou il etoit auparavant j d'oii je con)e6ture que le froid de
la neige n'eft pas un froid qui lui foit propre , mais qu'elle prend feule-
ment le degre de froid de lair tel qa'il eft alors, a caufe qu'elle eft aflez
rare pour lailTer la liberte a I'air de s'infmuer peu-a-peu entre toutes fes
parries, ainfi la neige ne fera rien a I'cgard du froid, que de conferver
pendant quelque terns le froid de I'air dans un meme etat.
Il n'y a rien de confiderable a remarquet fur les vents, fi ce n'eft que
le 1 1 OAobre il y eut une efpece d'ouragant , le vent etant Sud-Sud-Oucft
fans pluie.
Le thermometre a marque le plus grand froid de I'annee, le 11 Jan-
vier, etant defcendu a 14T parties , ce qui eft la marque d'un grand froid ;
mais le 1 1 il remonta a 17 , oii il etoit le 10 , & depuis ce tems-la , le froid
ne hit que mediocre.
Pour la chaleur, ellc a cte audi meJiocte pendant tout I'cte ; la plus
gr.ande a ete marquee par le thermometre a 6\ parties, le 5 Aout au lever
du foleil , &a 2 j heures apres-midi , le thermometre etoit a 71 r parties
Mon barometre ordinaire qui eft toujours place a la hauteur de la
granJe falle de I'obferv.atoire , a ete au plus haut a i8 pouces J lignes|,
k- jmc jour de Janvier avec un vent de Sud, ce qui eft fort extraordinaire ,
car il ell ordinairement plus bas que hjut quand le vent eft au Sud. U a
'>^^' COLLECTION
eteau plus bas le 7 Mars , a 7.6 pouces 10 lignes &f , aufli par un vent
Acad. RoYALE de Sud , & avec pluie. La difference eiitre le plus hauc & ie plus bas ,
"de Pari's'^^^ ^ '^°"'^ "^ '^ "" P""*^^ 4 ''o"^' 5 "'^ P^" taom% qu'a I'ordinaire , qui
^ , 'eft d'un pouce 6 lignes.
' • Je remarque encore , que dans tout le mois de Fevrier , ou il n'aplu que
fortpeu. le barometrea toujours ete trcs-liau: , comme c'eft I'ordinaire;
c'etoit audi la memechofe dans la premiere moicie du mois de Septembre.
J'avertis encore ici que , I'orfqu'on fait les obfervations du barometre ,
il fiuK avoir foin de frapper un peu centre la monture de bois , oii eft
attache le tuyau , sfin de ("aire couler le mercure a fa vraic hauteur; car,
comme il eft toujours adherent au-dedans du tuyau, il ne s'y meuc pas
librement , & fouvcnt on trouve une difference de f ligne , entre la
h.uKeur 011 il parole d'abord , & la vraie hauteur ou il s'arrete , fur-toiu
fi le tuyau eft delie.
Comparaifon dc nos Obfervations fur la hauteur de I'eau de
pluic (S' fur k Barometre , avec celles que M. Scheuch:^er a
faitcs a Zurich en Suiffe pendant Vannee ij lo.
Par M. D E LA Hire.
a ete
neanmoins cette p ^
ait obfervees a Paris depuis I'annee 1699.
J'ai donne dans ie memoire de I'annee preccdente , mes conjedlures
fur la caufe de ces plus grandes hauteurs d'eau dans les montagnes ; c'eft
pourquoi je n'en parlerai pas ici. Je ferai feulement remarquer , que I'an-
nee 1710 a etc plus feche qu'a I'ordinaire a Zurich comme a Paris.
M. Scheuchzer dit , que la plus grande hauteur de fon barometre, a
ete de 2.6 pouces 9 lignes J le 3 Janvier , & la moindre de 16 pouces 4- U'
gne le 25 Decembre , dent 9 lignes i de difference.
J ai trouve aufll mon barometre .nu plus haut le 3 Janvier, comme lui,
a 20 pouces j lignes i , done difference de hauteur du mercuie le meme
jour a Zurich & a Paris i pouce 5 lignes |, d'ou Ton pourroit con-
clure a-peu-prcs combien Zurich eft plus eleve que Paris , C\ noa
barometres etoient d'accord.
La moindte hauteur du mercure que j'ai trouvee , a ete de 16 pouces
^° ''?• I i done la difference de nos moindres hauteurs, ferade 10 lig. ^,
ce qui eft fort different de la precedente : aufii les jours font fort diffe-
rens, & le 25 de Decembre, qui eft le jour de robfervation de Zurich ,
mon barometre etoit a 27 pouces.
Pour ce qui eft des hauteurs de fon thermometre , je n'en faurois faira
comparaifon avec celles du mien , car il faudroic qu'ils euffent ete reilifiiis
Tun fur I'autre.
A C A D 6 M I Q U E. 1^5
AcAD.RoYAtE
Sur la caufc dc la variation du Barometrc. "^' Par'is^^^
I L eft conftant par le barometre que lorfqu'il pleut , & principalcmenc
lorfqu'il doit pleuvoir , I'air devient d'ordinaire plus Icger. On imagine
affez lifcment que li i'air devient plus icger , il doit pleuvoir \ car les
parcelles d'eau imperccptibles rcpandues de toutes parts dans i'air en une
quantice prodigieufe , n'etaiu plus fuififamment foutenues dcs que I'aic
a perdu un certain degre de fa pefanteur &c de fa force , elles commencent
a tomber , &c par cette chute fe joiguant plu(i-uts enfemblc fotment Acs
gouttes de pluie. Cell ainfi que dans la machine du vuide , apres qu'on
a ponipe environ la moitie de I'air 5c qu'on la par conftq'ient artoibli de
moitie , on voit une petite pluie qui tombe. Mais pourquoi I'air devient-
il moins pefant ? On pourroit croire que dans le lieu oli il pleut , il a petdti
de fa pefanteur 6i de fa malle , parce que les vents en ont tranfportc
ailleurs une partie : mais M. Leibnitz , dans une Lettre qu'il a ccrite a
M. I'Abbe Bignon , en donne une raifon plus ingenieufe & plus neuve.
II pretend qu'un corps ecranger qui eft dans un liquide pefe avec ce
liquide & fait partie de fon poids total rant qu'il y eft fourenu , mais que
s'il celFe de I'etre & tombe par confequent , fon poids ne fait plus partie
du poids du liquide qui par-la vient a pefer moins. Cela s'applique de
foi-mcme aux parcelles d'eau : elles augmentenc le poids de lair s'il les
foutient , & le diminuent s'il les lailTe tomber ; & comme il peut arriver
fouvent que les parcelles d'eau les plus elevees tombent quelque terns confi-
derable avant que de fe joindre aux inferieures, la pefanteur de I'airdimi-
iiue avant qu'il pleuve , & le barometre predit.
Ce nouveau principe de M. Leibnitz peut furprendre ; car, que le corps
etranger qui eft dans le liquide y foit foutenu ou non , ne faut-il pas tou-
jours qu'il pefe ? &: peut-il pefer fur quelqu'autre fond que fur celui qui
porte le liquide entier ? Ce fond ceffe-t-il de porter le corps etranger
parce qu'il tombe , & ce corps en tombant n'eft-il pas toujours partie du
liquide, quant a I'efFct de fa pefanceut ? A ce compte , pendant qu'il fc
fait une precipitation chimique, le total de la matiere peferoit moins,
ce qu'on n'a jamais vu &: ce qui ne paroit nulli-ment croyable.
Malgrc ces objedions , le principe fablifte quand on I'examine de ptcs,
Ce qui porte un corps pefant en eft prefTe. Une table , par exemple , qui
potte une malfe de ter d'une livre en eft preftee , & ne I'eft que parctr
qu'elle fou:ient toute I'adion & tout I'eiTort que la caufe de la pefanteur ,
quelle qu'elle foir , exerce fur cette mafte de fer pour la poufter plus bas.
Si la table cedoit &: obcidoic a I'aiflion de cetce caufe de la pefanteur ,
elle ne feroit point prelfee Sc ne porteroit plus rien. De mcme , le fond.
d'un vafe qui contient un liquide s'oppofe a toute ra(fl:ion de la caufe de
la pefanteur centre ce liquide : fi un corps etranger y nage , le fond s'op-
pofe aufli a cette meme adion contre ce corps , qui erant en equilibre avec Ic-
liquide en eft i cec cgard uue veritable partie. Ainh le fond eft prefTe & pat Let
Annce 1711.
icfd COLLECTION
;-— ~--~-~~— liquide & par le corps etranger , & il les porte cous deux. Mais fi ce corps
AcAD.RoYALE ton^tie, il obeic a I'adion de la pefanteur , & par confeqiient le fond ne
DEs Sciences la foutienc plus Sc il ne la fouciendra que quaiid le corps fera defcendu
DE Paris. jufqu'a lui. Done pendant tout le temps de la chute le fond eft foulage
yinrJc 1711 du poids de ce corps qui n'eft plus porte par nen, mais pouffe par la caufe
de la pefanteur , a laquelie rien ne I'empeche de ccder.
M. Leibnitz , pour appuyer fon idee , propofoit une experience : il
falloit attaclier aux deux bouts d'un fil deux corps , I'uii plus pelant , I'autre
{>lus leger que I'eau , & tels que tous deux enfemble lis floctairent fur I'eau ,
es mettre dans un tuyau plein d'eau , fufpendre ce tuyau a une balance
oii il fut exadement en equilibre avec un poids , &c enfuite couper ce fil
ou feroienr attaches les deux corps de pefanteur inegale , ce qui obligeroit
le plus pefant a tomber, II foutenoit qu'alors le tuyau ne feroit plus en
equilibre , niais que le poids qui lui etoir tgal I'emporteroit & le feroic
inonter , parce que le fond de ce tuyau feroir moins charge. On volt qu'il
doit avoir une longueur fuffifante , afin que le corps qui tombe n'arrive
pas au fond avant que le tuyau ait eu le loifir de nionter. Dans les preci-
pitations chimiques , les vailfeaux ont trop pen de longueur , ou les matieres
le precipitent avec trop de vitefTe , ou quelquefois meme avec trop de
lenteur ; car alors les corpufcules qui tombent font toujours lenfiblemenc
en equilibre avec la liqueur qui les contient.
M. Ramazzini , fatneux Profelleur de Padoue , a qui M. Leibnitz avoir
propofe fon experience , la faite avec fucces apres quelques tentatives
inutiles. Elle a reufli de meme a M. de Reaumur , a qui I'Academie en
avoir donne le foin : & voila une nouvelle vue de Phyfique qui , quoi-
qu'clle tienne a un principe fort connu , eft fort fine &c fort recherchee ,
& nous donne lieu de craindre que dans les fujers les plus approfondis ,
il ne nous echappe encore bien des chofes.
En 1709 le P. Feuillee ayant determine geometriquement la hauteur
dune montagne du Perou a 145 toifes , & pres de 5 pieds fur I'horizon ,
il prit au bas de cette montagne la hauteur du barometre qu'il trouva de
27 pouces 5 lignes & qui furpalToit de lo lignes trois quarts celle qu'il ob-
ferva au haut de cette meme montagne. Il eft a remarquer que pat les re-
gies tirees d'un grand nombre d'obfervations femblables faites en Europe ,
une hauteur d'environ 144 toifes devroit caufer dans le barometre un
abaiflTement de 12 lignes |-™"- Au refte le P. Feuillee a trouve la hauteur
du mercure obfervee fur le bord de la mer , la meme qu'elle eft en Europe.
Il a aulli reconnu dans fa navigation du detroit de Gibraltar en Ameti-
que , que I'eau de la mer diminuoit de poids a mefure qu'il s'approchoit
de la ligne, fans qu'on puilFe imputer cette diminution au melange des
eaux douces , puifqu'il pafta la ligne a une fort grande diftance des terres,
& par confequent de toute embouchure de rivieres.
'€
A C A D E M 1 Q U E. 167
— ^- -~ """ Acad. Royale
DES Sciences
Nouvellcs Experiences fin- la dilatation de Fair faites par M. »e Paris.
SchcucliTer Jiir les inontagncs dc Suijj'e , coininuniquccs par Annk 171 1.
M. Ma r a ld I.
IVA. Sclieuclizer voulanc s'afTurer fi I'air fe ciiLueroit fur les hautes mon-
tac'iies , dans la meme proportion qu'il le dilate prcs de la mer , a obferve
I'elevation du mercure dans le vuide a fept ftations dififerences fur les
monca£;nes des environs de Zurich , & il a tait a chaque ftation les obfer-
vations ordinaires de la dilatation de I'air (a), en laillant dans fon tube ,
qui avoir deux lignes de diametre, premierement trois pouccs d'air natii-
rel , enfuite tix , & ainli toujours de trois en trois julqu'a trente: il a
mefure exadcment la hauteur ou relloit le mercure apris la dilatation ,
de mcme que I'ctendue qu'occupoit I'air dilate apres le renverr.ment.
Dans la plus balTe des Rations le mercure ctoit fufpendu dans le vuide
a i.G pouces 7 \ lignes , c'ell-a-dire z pouces plus bas qu'd Paris , ce qui
vaudroit , felon la progreflion etablie dans iHiltoire de lyoj , environ
1J4 toifes , dont Paris feroit moins eleve que ce lieii-Ia. Dans la plus
haute ftation le mercure etcit a ii pouces 6 lignes ; de forte que la diffe-
rence de hauteur du mercure dans le vuide , a ct% deux ftations txtremej»
a ete de cinq pouces ; & pour connoitre fi la proportion ordinaire , felon
laquelle I'air le dilate parmi nous , fe retrouvoit dans les obfervations dc
M. Scheuchzer , j'ai calcule fuivan: cette proportion I'efpace cue I'air
dilate devoir occuper dans le tube pour chaque obfervation , & j'ai com-
pare I'un avec I'aucre. Il refulte de cette comparaifon que le cakul ne
s'accorde avec Tobfervation que dans la dilatation qui repond aux trois
premiers pouces ; car celle qui repond 35,6, &c. pouces eft moindre par
I'obfervation que par le calcul , jufqu'au iS°". ou la dilatation obfervee
s'accorde , a une ou deux lignes pres avec la calciUce , & depuis le 1 1: "" pouce
jufqu'au 30""^, c'eft la calculce qui eft moindre. Le plus grand exec's du
cakul fur I'obfervation elt de 8 a 7 lignes , & repond au s""- & •in
10"". pouce J fon plus grand defant , qui repond au 14"". & au 25"'". pou-
ce, eft de 10 a 11 lignes, ce qui fair voir qu'i ces grandes hauteurs I'air
ne fe dilate pas felon la meme proportion qui s'obferve proche du niveau
de la mer.
En comparant ces obfervations faites a Zurich au mois de Septembre
1710 avec celles que le P. de Beze fit a Malaca fur la fin du (lecle pre-
cedenr (^) , on y trouve conlormite & difference \ eonformite en ce que
la variation du mercure dans le barometre eft plus petite dans ces deux
endroits qu'aParis & a Genes; difference en ce qu'A Malaca la dilatation
obfervee eft toujours plus petite que celle qui refulre du calcul , au lieu
qu'a Zurich elle n'eft plus petite que la calculce que jufqu'a un cctraia
(a) V. Collcc. Acad. Part. Fransoife , torn, II, p.ig. jyj & fuiy.
i)i) V. ibidem, pag. 7J7.
i6t COLLECTION
■ terme , apres quoi elle devient plus grande. Certe efpece de progreflion
Acad. RovALE jgj Jitfcrentes diljtacions de I'air , felon les differences qiiantites d'air iia-
^BE ParI^^^ ""'^'^' '*'''^"^* ^^"5 's tiiyau, a ete la meme dans routes les fept hauteurs ou
J , ' ft.uions difFcrentes ou M. Scheui-hzer a obferve ; & conime la plus balle
' ' de ces ftatioiis eioit plus haute que Par's de la valeur de deux pouces de
mercure , & que la plus elevee eioir de la valcnr de cinq pouns de nicr-
curc au-delFus de la premiere , il s'enfuit de ce que la progrelliun eft la
meme dans routes Its fept ftatums , qu'a une certaine hauteur qui peut etre
deurminee a peu pres, lair commence a etre uniforme ( quani a fa iilaiabi-
lle), au licu qu'on a fujet de croire qu'il I'cft allez peu au-dellous , ce
qui avoir deja ete infinue dans I'Hiftoire de 1700 [a).
M. Siheuchzer a trouve que dans un lieu echauffe pat le grand feu
d'une mine d'acier, la dilatation de lair du baromettre n'en ecoit pas plus
grande ; ce qui saccorde avec les experiences rapportees dans les Me-
rnoires de 1709 (*), & par lelquellcs il paroit que la chaleur meme de
I'eau bouillante ne fait pas vatiet lenfiblement la dilatation de I'air.
Sur le Thcrmomctre.
Jr E u Kf. Amontons , ainii qu'il eft rapporte dans I'Hiftoire de lyoz , avoir
jnvente un nouveau thermometre dont le point fixe eroit la chaleur de
I'eau bouillante. On a pretendu prendre un autre point fixe tout oppofe ,
qui eft le froid de I'eau glacee ; mais M. de la Hire le fils prouve , par
des experiences dont nou< fupprimons ici le detail , que ce froid n'eft
point du tout propre a etre le point fixe d un thermometre.
Il a obferve qu'un thermometre , dont la boule eft plongee dans de I'eail
qui vient a fe gelcr par le froid , ne lailTe pas de djfcendre encore apres
qu'cUe eft gelee fi le froid augmente \ & qu'au contraire fi le froid n'aug-
mente point pendant que I'cau it gele &: apres qu'elle eft gelee , le ther-
nunietre fe t ent au mL'me etat , pourvu cependant qu'il au deja eprouve
un plus grand degre de froid qu'il ne fnut pour gcLr i'eau , car autre-
nienc il eft bien fiir que le thermometre refroidi par la glace defcendra.
]1 peut done y avoir un froid plus fort que celui de la glace , qui pc-
nctre A travers la glace meme jufqu'a la boule du thermometre , & falls
defcendre la liqueur plus ou moins ; par confequent le degre ou la glice
met la liqueur d'un thrmometre n'eft pas toujours le meme. Si Ton ne
met autour de la boule que de la glace pilee , ce meme froid exterieur
penetrera encore plus aifcinent ; be s'il ne fait pas aiors alfez froid pour
geler I'eau , le different degre de chileur qui fera dans I'air , combine avec
le froid de la glace , fera une temperature moyennc qui tiendra la liqueur
du thermometre a une hauteur diriferente.
Nous n'entretons pas dans les details d'une experience furprenanie faite
{a) V. CoUec Acad. Part. Frangoife, torn. II, pag. 616 & 578.
il) y, ilidem, pag. 760,
A C A D 6 M I Q U E: ((Tp
■pat un trcs-grand froid , fur un thermometre dont on plongea la boule dans i ■
ae I'eau qui gela trcs-vite , &: dont neanmoins la liqueur monta conftam- Acad Royaib
ment pendant vingt-quatre Iieures , quoique le froid augmentat toujours. dls Sciences
M. dc la Hire conjtdture , avcc beaucoup d'appareuce, que dans les pre- de 1 aris.
miers momens oia la boule fut plongee dans I'eau , cette cau , moius froide Anncc 171 1.
qu.> Pair extcrienr , puilqu'elie ii'ctoit pas encore gelee, avoit fait montet
I'efprit de vin ; qu'enfuitc venant a fe geler , & par confequent a s'ctendre ,
elle prelFa la boule & en diminua la capacite , ce qui fit encore monter la
liqueur ; enfin que la glace continuant de s'enfler , elle caflTa la boule , ?£
en efFet cette boule fe trouva calfce lorfqu'on la retira j de plus la colonne
d'efprit de vin etoic entre-coupce par unc quancite de grandcs buUes d'air
qui ne pouvoieiu venir que de la glace , ou Ton fait quil s en forme en
grand nombre.
OBSERVATIONS DE PHYSIQUE.
Sur la Neige.
•3 EL ON les ohfervations de M. de !a Hire , la neige etant fondue, fe
reduit toujours a la cinquieme ou fixieme partie de la hauteur qu'elle avLir.
Cependant la nuit , du 1 j au '.4 Fevner de cette annce , il tomba de la
neige , qui fe reduifit environ a la douxieme partie de fa hauteur ; c'eft-
2-dite , qu'en fe fondant , elle diminua une fois plus qu'a I'ordinaire. La
raifon eft, comme M. de la Hire I'a remarque, qu'elle etoit fort fine , fore
dehee , Si toute en petits filets , extremement fees , qui fe foutenant les
uns les autres , occupoient beaucoup d'efpace. A caufe de cette mcme
fecherelFe , elle s'attachoit peu fur les toics , & ce qui en etoit lombe du
cote du Nordjd'oii venoit le vent, en avoir ete entietemenc eiiipoite^
(;<uoiqu'il fut tombe 6 iy pouces de neige.
Sur les Coulcurs.
M. Hombert a dit que les matieres relies que Tor, I'argent , &c. qui
ctant en fufion au foyer du verre ardent , ne paroilFenr a I'oril nud que
ibus la couleur de la lumiere , & avec un prodigieux eclat , font vuesavec
Jeurs couleurs naturelles , fi on les regarde a travers un verre enfume.
Sur la Colle dc I'jlgathe.
M. Hombert a eprouve que la colle de fronnage, qui eft bonne pour
k verre, ne fert de rien pour I'agathe, & qu'il y faut le verms de la
Chine.
Sur une CryflalUfation.
Au mois de Novembre 17 10, M. de la Hire, le fils^ voulant faite quel-
Tomc III , Panic Fran^oifi. Y
J7t COLLECTION
TTS^rmnS^T: <]ues experiences , avoir rempli d'eau d'Arciieil, unebouteille du ili^avoic
. _ eu dii vin , mais qui avoit ete rincee avec deux, ou trois eau\ ; il y avoic
bfes Sciences '"'^ ^^ morceau de plomb , groscomme une noizette , &c enfuice il I'avoic
BE PaKiS. b'^" bouchee avec du liege. Il la lailfa fans y toucher, dans un lieu oii le
. , foleil ne donnoit point , &c ou on ne faifoic point de feu. Au mois de Jan-
nnee jjii. ^-^j. fyjy^^f ^ ji regarda fa bouteille , & s'apper^ut que fur le haut du fond
qui rentre en dedans , il y avoit un petit corps blanc , gros comme une
t^te d'epinglej & quelques jours apres, n'ayant point remue la bouteille,
il vit que c'etoit un grain de fel de figure cubique, Sc que plufieurs autres
feommencoient a fe former a I'entour. Il continua toujours depuis a fe
former de ces grains jufqu'a la fin deMai, qu'il y en avoit bien une ving-
taine de mediocres Sc autant de petits. M. de la Hire en tira quelques-
uns de la bouteille , fans la vuider , &c il trouva qu'ils avoient la figure du
fel marin , & un peu de fon gout. Les ayant gardes pendant quelques jours
enfermes dans du papier, il vit qu'ils etoient devenus blancs, au lieu de
tranfparents qu'ils avoient ete ; qu'ils s'ecoient prefque tous reduits en
poufliere Si calcines d'eux-memes, Sc que ceux qui ne I'etoient pas encore
s'ecrafoienc tres-aifement , 6c fe metcoient en poudre blanche trcs-fineo
Comme I'eau d'Arcueil produit une croCue pierreufe dans les canaux oii
elle coule , on auroit pu croire que la matiete trouvee dans la bouteille
etoit de la meme nature , mais elle avoit du gofu, Sc fe calcinoit a I'airj
deux qualites que I'autre n'a point.
On fait que le plomb fe dillbut par le vinaigre , & M. de la Hire foUp-
gonna que quelques particules acides du vin , qui n'aurCiient pas ete em-
portees en lavant la bouteille, auroient pii agirfur le petit morceau de
plomb qu'il y avoit mis , Sc en detacher ces petits grains blancs : mais
fi ces grains eufTent ete du plomb , ils fe (eroient ineorpores facilemenc
avec une huile , comme celle de noix , ce qu'ils ne firent pourtant pas. II y a
done plus d'apparence que c'etoit du fel , quoiqu'il foit alFez extraordi-
naire qu'il en nailTe ainfi dans une eau aulli pure que celle d'Arcueil : en
vuidant la bouteille, M. de la Hire vit que quelques fragmens d'un brin
de fil avoient ete dutcis par ce fel , Sc que le tefte s'etoit poutri.
Sur la communication dc I'air dans I'cau,
On fait que I'eau eft toute remplie & route impregnee d'air. AuiH-
rot qu'elle efl dans le vuide, I'air qu'clle contenoit , fe dcgage & fort en
une infinite de bulles. La mechanique de la refpiration des poilTons ne
confifte qu'a tirer de I'eau I'air qui y eft renferme. Mais AiM. de la Hire
ont voulu voir quelle puifTance I'oblige a y entrer , &c s'il y entre avec
une vitelle proportionnee a la force , dont cette puifTance I'y poulTe.
Pour cela ils ont pris un tuyau de verre recourbe, i branches incgales,
dont la plus longue flellee htrmctiquement , avoit i\ pouces, Sc la plus,
courte ;. lis y ont verfc de I'eau en le couchant Sc ne I'ont pas entiere-
ment rempli ; de forte que quand ils I'ont enfuite pofe verticalemeiit ,
il y eft arrive la meme chofe que dans un tuyau que I'on ne remplic pas
entierement de mercure {a). 11 y a eu au haut de la longue brancbe de.
- (rt) K. Collec. Acadf Pait, Jran5oife, fee. vol. pag. i/j.
ACADliMlQUE. ,71
I'air uti peu dilate ; il y occiipoic 4 pouces , & I'eau s'eft teftUfl (flevce
<Je I (J pouces y liqnes ail- tlelTus de la petite branche. Ces 4 pouces d'air 8c ees Agad. Royav*
16 pouces 9 lignes d'eau, taifoicnt done cquilibre avec la coloiine en- des SoENCiUf
tieie d'air qui pefoit (ur la petite branche j & comme on avoit ptis le dje Vams.
tems que le baromettie etoit dans fa hauteur moyenne , cette colonne yinnee i-nt
valoit zy pouces - de incrcure ou ji pieds d'eau qui font trois ccns qua-
tre vingt pouces. Par confequent les quatre pouces d'air enfcrmcs dans la
longue branclie, faifoientequilibreavec 567 pouces j lignes d'eau, &etoienc
plus dilates que I'air exteiieur dans la raifon de 3S4 a Jfjy^.
L'air qui touchoit I'eau de la petite branche , ccant plus condenfe , ou >
ce qui revient au meme, plus prelFe que celui de la longue branche , de-
voit done entrcr dans I'eau , palfer dans la longue branche , s'y clever tou-
jours au travcrs de I'eau, fe joindre a l'air du haut du tuyau, augmen-
ter fon volume & fon poids, & fairs bailfer les 16 pouces 9 lignes d'eau.
Pour faire entrer l'air exterieur dans I'eau en plus grande quantitc, la
petite branche s'ouvroit dans une Sole de verre , qui ptelentoit a l'air une
aflez granJe fupetficie.
Cela tu: fait le 16 Mars 1710, & le tuyau recoutbe fut lailTe en expe-
rience. MM. de la Hire s'atiendoient que I'eau de la longue branche baif-
feroit , comms ils avoient vu cela arriver a celle d'un barometrc a eau
qu'ils avoient eu : ils croyoient auffi qu'outre qu'elle defcendroit en gene-
ral , par lintrodudtion d'un nouvel air dans le haut du tuyau , elle auroit des
variations particulieres , mais I'evenement fur abfolument contraire a tout
ce qu'on pouvoit prevoir. Au bout de trois mois , I'eau etoit inontce d'tn-
▼iron 4 lignes dans le tuynu , & le 2.6 Dccembte elle I'etoit d'un pouce
entier ; de forte que fair qui y etoit renfertne , avoit perdu un quart de
fon volume. De plus, les variations de la chaleur Sc de la pelanteut de
I'athmofphere , n'eurent aucun effet fur cette eau.
Remarqucs fur qudqucs Coulcurs.
Par M. D E LA Hire.
JLj E rouge pourpre & fonce ne paroit vif & cclatant , que lorfqu'il eft
expofe a une grande lumiere ; mais lorfqu'on le regarde dans une lumiere
mediocre, il nous paroit fort brun , & tirant fur le noir.
Nous favons aulli que lorfqu'on regarde un corps lumineux ou fort
clair au travers d'un corps noir &: rare , il nous piroit rouge , comme
lorfqu'on regarde le foleil au travers dun verre eniume, & Ion ne peut
pas dire que c'eft la coiileur propre de cette fumee noire qui lui donne
ce rouge, puifque cette meme fumee etant melee avec du blanc , fait une
couleur qui tire beaucoup fur le bleu , ce qui eft fort eloignc du rouge.
Poutf expliquer cette couleur rouge , il faut avoir recours a ce que nous
pouvons imaginer de la fenfation du rouge , qui n'eft autre cho:e qu'un
branlement violent de la teiine , avec une certaine modification, laquelle
Y.j
i7i COLLECTION
I ^— ne fe rencotfe point dans I'ebranlement violent de la retine , par la feule
AcAD.RoYALE reflexion qui ne caufe que du blanc ; & fi la choroide qui re^oit , fuivanc
DES Sciences mon fyftcme , les impreflions de la lumiere pour les tranfmettre a la retine ,
DE Paris. eft fort fenlible & fort epaifle j il doit arriver que la lumiere modifiee ,
Annie i-j\.\. qui nous fait fentir le rouge , venant a rencontrer cette choroide , s'y
abforbe entierement , & n'ebranle pas plus la retine, que fi c'etoit un corps
noir. C'eft audi ce que nous remarquons a quelques vues , qui erant
d'ailleurs fort bonnes pour voir les plus petits objets tres - nettement ,
ne voient le rouge que comme le noir, & n'ont aucune idee de ce qu'or^
appelle rouge j & pour les aiitres couleiirs, ils les voient tr^s-bien.
On fiit encore que lorfqu'on voir un corps noir au travers d'un corps
blanc & rare , il nous donne la fenfation du bleu , & Ton ne peut pas en
douter , puifque ce n'ell que par cette raifon que le Ciel nous paroit bleu ;
ear fa profondenr immenle etant tout-a-fait privee de lumiere , ne peuc
nous paroitre qu'au travers des particules de I'air qui font eclairees dir
foleil , & qui paroilfent blanches; c'eft audi puurquoi le noir de fumee
detrempe avec le b'anc, paroit bleu \ car les corps qui paroident blancs ,
etant toujours un psu tranfparents , & fe confondant avec le noir de
derriere , donnent une fenfation de bleu.
Ces deux explications du rouge &: du bleu , nous feront connoitre
pourquoi les veines qu'on voit fur la fuperficie de la peau , fur-tout d'une
peau bien blanche , nous paroillent bleues , quoiqu'elles foient remplies
d'un fang fort rouge.
Car d'apres ce que j'ai explique ci-devant , il eft clair que le fang qui
eft rouge orun , etant renferme dans les veines , y eft en quelque faijoii
dans I'obfcurite , & par confequent paroitroit comme noir , & ce noir
etant vu au travers de la membrane de la veine , &: au travers de la peau
blanche , nous fait une fenfation de bleu , ce qui n'arrive pas au refte de
la peau qui eft blanche , & remplie d'une infinite de particules de fang
juiqu'a I'epidermc, laquelle nous doit paroure d'un blanc un peu vermeil,,
car ces particules de fang font fort difperfees; mais s'il arrive que par
quelqu'accident , comme par quelque coup , ie fang fe ramafte en grande-
quantite fous la peau , aulli-tot la partie paroit bleuatre , & on dit qu'elle
eft meurtrie.
C'eft audi fans doure cette couleur bleue des veines qui a engage les
Anatomiftes qui font des injedions de cite dans les vaiifeaux du corps ,
de feringuer de la cire bleue dans les veines, 5i de la cire rouge dans les
arteres , pour les diftinguer des veines , & pour faire connoitre en quel-
que fagon la difFerente nature du fang de ces vaideaux , car il eft beau-
coup plus vif,plus fpiritueux, & plus vermeil dans les arteres, que dans,
ies veines.
A C A D E M I Q U E. ^^y
ACAD.ROYALE
Experiences pour connoitre fi la force des cordes furpajfe la de Paris.
J'omme des forces des fits qui compofcnt ccs mimes (,ordcs. Jnnec 1711.
Par M. D E R E A u M u R.
V>/ N eft dans le pcq'ugc de croiie qu'une corde compofee de difFerents
fils tortillcs enfemble , a line force qui furpalTe la fomme des fortes de
tous Iss fils qui la conipofeiu. Divers Savans penfeni: a ce fuji-t commc
le vulgaire. Mais je crois au conrraire que le tortilkmenc ( on voudra bic-ii
me palFer ce terme qui eft expreflif & qui me devient necellaire ) que le
tortillement , dis-je, diminue la force des cordes, loin de rauf;mcnter»
C'eft un probleme dont la folution eft de beaucoup il'ucilite dans la me-
chanique ; car on s'expoferoic fouvenc a faire rompre les cordes qu'oii
emploie , fi on comptoic trop fur leurs forces.
Tout ce qu'on fait en formant des cordes , ou en tortillant des fils les
mis autour des autres , c'eft de les mettre tous en etat de contribuet de
quelque chofe a foutenir la force ou le poids que Ton fera agir contra
cette corde , &c en metne-tems oA difpofe chaque fil de facon qu'il eft
plus aife de le rompre que de le faire glifTer , ou que de le degager d'en-
tre ceux qui I'enveloppent , c'eft ce qui donnc la facilite de faire des cor-
des ires-longues , avec des fils tres-courts , conime nous le voyons dans.
les cordes de chanvre , de lin , tk. dans cellcs de laine & de foie j cac
nous pouvons regarder comme de petites cordes les brins de foie & de
laine dont on fe fert dans I'ufage ordinaire , chaque fil etant prelle
centre ceux qui I'environnent , & etant entortille avec ces meir.es fils ,
oppofe par fon frottement une telle refiftance a la force qui le tire , qu'il
eft plus difficile a cette force de vaincte la reiiftance du frottement , que
de calTer le fil.
Mais s'enfuit-il de cette difpofition des fils que la fomme de leurs for-
ces foit plus petite ou plus grande que ne I'eft la force de la corde ? c'efl
ce qu'il n'eft pas pollible de decider par le feul raifonnement. On voit
bien qu'en tortillant plufieurs fils enfemble, on raccourcit chaque fil, He
que la corde gagne en groffeur ce que chaque fil petd en longueur; fi
Ton regarde la corde feulement de ce c6te-la, il eft clair que fa force
eftaugmcntee, car routes chofes d'ailleurs egales , les plus grollls cor-
des font les plus fortes. Si, par excniple, on forme une corde en tor-
tillant cinq fils , les uns autour des autres , & que le tortillement rac-
courcide chaque fil d'un cinquieme , il eft evident que la grolfeur de la
corde profite des | dont la longueur des fils eft diminitee , d'ou il fem-
ble dcja que la force de cette corde devroit etre egale a la fomme des
forces que fix fils pourroient foutenir feparemcnt.
Il y a encore un autre endroit par lequel le tortillement parolt angmen-
ter la force de la corde 5 il eft caufe que le poids qui tire la corde , tire
obliquement chaque fil , de forte qu'une partie de ce poids eft employee
174 COLLECTION
:. a prefTer ces fils les uiis centre les autres , e:?.nt moins tires chacun felon
AeAD.RoYAiE ^'^^^ longueur , la corde qu'ils compofent pourroit etre en erat de refifter
DEs Sciences a un effort plus grand que celui que peuvent knitenir tous les fils qui la
DE Paris. compofent lorfqu'ils ronr tires perpendicuiairement.
Annii 171 1. Ce font la les cores favorables par lefquels on peut envifager le tor-
tillement ; mais on verra que par d'autres endruits il affoiblit la force
des cordes , fi Ton veut faire attention qu'atin qu'une corde eiit une force
egaie a la fomine des forces des fils qui la compofent , il faudroit que
le poids attache a une de fes extremites , n'agit contre chaque fil qu'i
proportion de la force de ce fil; car fi des fils plus foihles le troiivenc
aulfi charges que des fils plus forts , ou que di.-s fils d'egale force fe trou-
vent beaucoup plus charges les uns que le> autres, ils fe calleront , &:
rout le poids retombera fur les fils qui etoient auparavant les moins
charges : or le poids qui tire une corde , tire chaque fil qui la compofe ,
plus ou moins a proportion que ce fil eft plus ou moins tendu , & plus
ou moins gros , & en tortillant ces fils , il n'eft pas poflible de les dif-
pofer de fagon que les foibles foient moins tendus que les autres; quel-
quefois les plus gros font les plus foibles , chaque fil ne contnbue done
pas a proportion de fa force , a foutenir le poids \ & fi dans une corde
compoiee de fix fils pat exemple , il y en a quatre qui ne contribuent
que de la moitie de leur force a foutenir le poids, la corde ne doit etre
plus confideree que comme t\. elle etoit compofee de quatre fils.
D'ailleurs , puifqu'en toriillant les fils on les tend , il eft clait que le tor-
tillement equivaut lui-meme a un poids qui tireroit chaque fil , &: a un
poids plus ou moins grand , felon que la tenfion qu'il produi: eft plus oil
moins grande , c'eft-a-dire, que plus ce fil eft rendu, moins il eft en etac
de foutenir un poids egtl a celui qu'il foutiendroit iiaurellement ; le tor-
rillement feul fufBt quelquefois pour ronipre les fils , comme on Te-xpe-
rimente , I'orfqu'on veut les tortiller crop les uns autour des auttes.
Le meme toitillemenr qui augminta la force des cordes par certains
endroits , la dimlnue done par d'aucres endroits ; mais I'augmentation fur-
palfe-telle li diminution , c'eft fur quoi la geometrie n'a de prife qu'au-
tant qu'on fera des fuppoficions arbitraires , c]ui par confequent ne decide-
ront rien. On ne fauroit connoitre fi , entte ces fuppofitions, on a choifi
celles qui font conformes aux eflfets de la uatiire : il faut done ici , comme
<Jans tous les doutes phyfiques , avoir recours aux experiences; celles done
il eft queftion, font fimples & aifees a exccuter. Je vais rapporrer exac-
tement une partie de celles que j'ai faites ; elles apprendront ce qu'on
doit penfcr de I'augmentation de la force des cordes , fur celle de la
fomme de leurs fils.
Premiere Experience.
J'ai pris un grand brin de fil blanc tel qu'on s'en fcrt dans les ufages
ofdinaires, j'ai attache a un de fes bouts differens poids fuccellivement
depuis une livre fufqu'a dix ; ce brin de fil a foucenu neut livres & demie, &
ne s'eft ca(Te que par un poids de dix iivres : il etoit done a prefumer que
chacune des deux patties qui m? relloient aptes la divifioa de ce fil , pou-
A C A D i M I Q U E. 175
Vbient du moins porter un poiiis de neuf livres &c demie puifquellcs la- r=;;=;!:ss=;
voient deja foutenu fans ie rompre : je pliai enfuite en deux L- plus long Acad. Royale
de ces deux bours de fil ,' &: tortiUant les deux brins que donnoit ce fil pli^ des Sciences
I'un fur I'aucre, je formal une peiite corde compolci.- de deux Ills , chacun db Paris.
defqueis pouvoic porter neuf livres He demie ; par conlcquent , l\ le tortil- _^„„^£ 171 1,
lem^nc cut augmente la force de la corde par delTiis la fomme de la force
des fils qui la conipofoient , cette p.'tite corde auroit du porter plus de
dix neuf livres ; ellc etoit trcsbien tortillee fans I'ttre pourtant trop : il
ert neaiMDoins arrive que cette corde s'ell calTee par un poids de feize livres ,
Ik qu'elle n'a foutenu que quinze livres & demie fans fe rompre : lorn que
fa force fut augrnentde par le torcillement, elle eioic diminu(Je d'enviroa
un fixieme.
Suonde Expidence.
J'ai enfuite attache un poids de fix livres & demie a un autre fil tire du
mcme peloton , ii I'a foutenu fans fe rompre , & sV-ft calfe lorfque je lui ai
fait porter fept livres : j'ai de mcme atrache divers poids a deux autres fils ,
dont le premier a rcfifte a un poids de huic livres , &: s'eft cade a huit Uvres
&: demie , & le fecond a foutenu huit livres & demie & b'elt calle a ni.uf :
j'ai pris les plus longs bouts de ces trois fils , & en les tortillant j'ai com-
pofe une petite corde de trois fils j la fomme des forces ds ces trois fils,
etoit du moins capable de foutenir un poids de vingt-trois livres , la corde
s'eft cependant rompue^ lorfqii'elle a ete chargce de dix -fept Uvres Sc
demie ; le tortillenient I'avoic done confidcrablemeat aftoiblie.
Troijicmt Expenence.
Ayant de mJme pris quatre brins de fil , &: cor.na par les e\-periences
que le premier pouvoit foutenir huit livres & demie , Si qu'il s'etoit calTc
a neuf; que le fecond pouvoir porter fix livres &: demie , & qu'il s'etoit
caffe a fept ; & que les deux autres avoient potte fept livres, & s'etoient cnlFes
a fept & demie , j'ai fait une corde en tortillant ces quatre fils. Je favois
par les experiences dont je viens de parler , que la fomme des forces de
ces fils , pouvoit du moins aller jufqu'a foutenir un poids de vingt neuf
livres : j'ai done aifement connu que la forte deceits corde , etoit moin-
dre que celle de la fomme des fils , lorfqive jo I'ai vue rompre , aprcs
y avoir fufpendu un poids de vingt-une livres Si demie.
Quatrkmt ExperUnce.
Pour confirmer les experiences precedentes, j'ai fair une nouvelle corde
comme ci-defTus , compofee de cinq fils, quatre defqueis avoient por-
te fept livres , & s'etoient ca Jes a fept livres & demie , & le cinquieitiS
avoir porte fix livres, 6c s'etoit rompu a fix livres & demie; la fomme
de la force de ces fils etoit done du moins de trente-deux livres; la corde
cependant s'eft rompue , aptes avoir foutenu quelque terns un f>oids de
vingc- deux livres. Comme j'avois connupar les experieaces ptec^ctertt» ,
Acad Royale
DEs Sciences
DE Paris.
Annie 1 7 1 1 .
175 COLLECTION
& par diverfes autres inutiles a rapporter ici , que le fil dont |e me fer«
vois , avoit dans les eiidroits les plus foibles mutant de force qui! en fauc
pout' foutenir un poids de fix livres, & que fa -force alloit fouvenc juf-
qu'a foutenir neuf livres , je crus que j'etois en droit de faire enfuite
mes calculs , fans examiner davantage la force des brins de fil que j'em-
ployois ; & que lorfque je trouveroi^s que la force de la corde feroic
moindre' que celle de la foitime des fils , en les regardant comme ne
pouvant porter chaciin que fix livres, je ne courois au.un rifque de me
tromper , puifque )e n'avois jamais trouve la force de ces fils plus petite ,
& que je I'avois ordinairement trouvee plus grande. J'ai done fait encore
diffcrentes cordes avec le meme fil , parce que Ton ne fauroit trop repeter
les expetienoes avanr que d'en conclure quelque chofe.
Cinqulemt Experience.
Je fis une corde de fix fils , elle auroit du pour le moins foutenir trente-
fix livres , fi la force eiit ete egale a celle de la fomme d>,s fils , & cette
corde fe tompit par le poids de trente-une livres.
Sixieme Experience,
Une corde de dix fils tres-bien torrilles qui auroit du porter pour le
moins foixante livres , fi fa force n'eut pas ete moindre que cellc de la
fomme des fils, s'ell rompue chargee par cinquante livres
Septieme Experience.
Ayant fait une corde en doublant le plus long des deux bouts qui m'e-
toieat rertes de la corde precedente , comme elle etoit compofce de dix
fils , on volt que j'en fis une corde de vingt fils qui ne pouvoit porter
moins de cent vingt livres , fans etre plus foible que la fomme des fils ,
^ moins de cent fi fa force n'etoit pas diminuce par le dernier tortiUe-
ment : un poids de quatre- vingt livres fit caller cette corde, elle etou
done encore diminuee de force par le dernier cortillement.
Huetieme Experience,
Une autre corde faite de vingt -huit fils qui auroit porte pour le moins
cent foixante-huit livres, fi le tortillement n'eut pas diminue la force de
la corde, a etc cafTee par un poids de quatre-vingt-deux livres ; diverfes
autres experiences que je fupprime ici , ont eu le meme fucces ;_ mais
pour prevenir routes les objedlions , j'ai voulu auflTi foumettre a mes epreu-
ves les cordes ordinaires
Neuvieme Experience
Je pris done une petite corde de chanvre tres-bien faite par un cordier ,
elle ecoit formee de trois autres petites cordes, chacune defquelles etoit
compolee
A C A D 6 M I Q U E. 177
compofce de f;ros fils de clianvre ; je donne le nom de fil aux cordes qui j. SS3
ne font pas faites d'autres cordes plus petites , mais qui (one compolees Acad. Roy AtB
de divers brins de thanvic ou de lin : ayaiit atcaclic un poids dc cinquante d^s Sciences
livres a la corde done jo viens de parler, elle fe rompu un inllant aprcs; de 1'aris.
comme certe corde me femhloit & devoir ctre plus forte, je fufpendis ^rmu 171 r.
enfuitc divers poids au plus lung des bouts qui m'etou reftc ; il (outinc
foixante-douze livtes, &: fe callii charge par foixaiue-quinze : pour favoic
fi la fomme des forces des trois pecitcs cordes qui compofoient cclle-ci ,
ctoic plus grande que celle de cette corde, je la dctortillai , 8c ayanc
cprouve la force de ceS petites cordes par differens poids, je trouvai
que Tune avoir porte vingtfept livres fanrfe rompre , I'autre trente- trois
livres , & li deruiere trente-cinq livres : la fomme de la force de ces trois
cordes etoit done au moins cgale a celle qu'il faut pour foutenir un poids de
quatre-vingt-quinze livres ; cependant la corde qu'elles compofoient s'c-
toit rompue d'abotd a cinquante livres , & enfuite a foixante -quinze : fa
force etoit done beaucoup moindre que celle de la fomme des fils.
Au refte il faut remarqucr que fi j'eulFe cherclie la force des deux fils
dont chacune des trois petites cordes litoit compofce , la fomme des for-
ces de ces deux fils eut ete pent-etre trouvee moindrc que celle de la pe-
tite corde qu'ils compofoient , &C cela par une raifon particuliere aux cor-
des qui font faites de brins moins longs que la coide meme ; c'ell que
chacun des brins ne peut exercer route la force , a moins que la rcfillance
du frottement qu'il lui faut vaincre pour gliffer, ne furpade la force qua
ce brin pour foutenir un poids : or il arrive fouvent que les fil: ne lont
pas alfez tottilles pour qtie les brins de clianvre ou de lin qui les com-
pofent , ne puilfent pas gliffer plus aifcment , qu'ils ne peuvent ctre rom-
pus. Mais lorfqu'on fait une corde avec deux ou trois fils, par exemple ,
les nouveaux tortillemens qu'on leiir donne , ajoutent aux brins qui les
compofent , ce qui leur manquoit de frottement , Si les mettent en etac
de pouvoir ctre rompus par une force moindre , qui eft celle qui elVncceT-
faire pour les faire glider ; & dcslors que chaque brin pourra ctre plus
aifement rompu que dcgage d'entre ceux qui I'entourent , la force de la
fomme fera toujours moindre , que la fomme des forces des fils ou des
brins qui la compofent.
Dixkme Experience,
Une autre corde, a-peu prcs de la meme grofTeiir que la precedente ,
fervira encore de nouvelle preuve , elle a foutenu un poids de foixanta
livres , Sc s'cll rompue environ au milieu par le pefanteur d'un poids de 71 I.
j'ai attaclie un poids de foixante - quinze au plus long des morceaux
qui me reftoient pout voir fi la corde n'etoit point cafTee dans un endroit
beaucoup plus foible que les autres j mais elle n' a pu foutenir le poids
de foixanteqainze livres. Ayant cherche fepardmenc la force des trois
petites cordes dont elle etoit faite , la premiere a porte vingt quatre
livres , & s'ell rompue a vingt -luiit , la deuxieme a porte vingt- huic
livres, & s'efl: rompue "a vi::gt-neuf : enfin la troifieme a foutenu trente-
livres , & ne s'eft calfee qua trente-une. La fomme des forces de ces trois
Tome III, Parcie Franco! fe. Z
tyS COLLECTION
' cort^es etoic done egale , du moins a quatre-vingt deux , &c par confequenC
AcAD.RoYALE plus grandc que celle de la corde qui s'etoic caflee , cendue par un poids
DEs Sciences de foixance dauzs livres.
DE 1 ARis. On ne peut douter que les experiences que j'ai faites , n'eufTent reufli de
Annii 171 1. I^ mt-me maniere fur de plus groiTes cordes; Ic grand nombre des fils ou
pecires cordes , ne doic y appotter aucun changement j mais les experien-
ces auroient ete beaucoup plus difficiles a executer , & les precedences
fuflifent. J'en rapporterai pourtant encore une que j'ai faite fur un brin
de foie , tel qu'on s'en fere ordinairement pour coudre : quelque petite
que fut cette efpece de corde, on peut la comparer aux plus gros cables y
fi Ton fait feulement attention ?u nombre des fils fimples qui la compo-
foient : les fils de ce brin de foie etoient d'une finelle extreme , aulll en
contenoit-il an nombre bien plus grand que ies brins dont j'ai parle dans
I'Examen de la foie dzs araignui {a) ; car I'ayant fepare avec beaucoup
d'attention & de patience , je I'ai divife en 851 fils fimples, au-lieu que
je n'avois trouve que 100 fils dans les autres. Si ce calcula/oit quelque
defaut, ce ne ponrroir etre que parce qu'il feroit le nombre des fils plus
petit qu'il n'ctoir efPeCtivement , parce qu'il pourroic fort bien etre arrive
que I'extreme finelTe de ccs fils , m'en eCic quelquefois faic prendre deux
pour un : mais ce nombre ne fauroit etre trop grand, parce qu'il ne m'eft
jamais arrive de compter un fil fans I'avoir bien fepare des autres :
j'avois meme la precaution de le couper apres I'avoir compce, de crainte
qu'd ne m'arrivac d'en faire uu double emploi.
Ces 831 fils compofoient deux petites cordc-s difFerentes, qui etant tor-
tillees I'une fur I'autre , formoient le brin de foie : ayant attache fuccefii-
vement difFerens poids a ce brin de foie , je trouvai qu'il loutenoit ordi-
nairement cinq livres pendant quelques inftans,apres quoi il fe rom-
poit ; mais fa force altoit tres-rarement jufqu'a porter cinq livres & de-
niie , & dans un grand nombre d'experiences , il n'y eut qu'un cas ou
deux, que cinq livres &c demie ne le firent pns rompre. Ayanc examine
enfuite la force des fils qui compofoient ce brin de foie, je m'alTurai
par plufieurs experiences que les plus foibles pouvoient foutenir un gros
fans fe rompre , & les plus forts un gros & demi : on vo;t que fi ces fils
etoient beaucoup plus fins que ceux dont j'ai parle dans ['Examcn de la
foie de raniignee , ils etoient audi beaucoup plus foibles , car ceux- la foute-
noient deux gros & demi. Puifque ces fils portoient du moins un gros ,
& que les plus forts , dont je trouvois mtme un plus grand nombre
que Ass plus foibles , portoient un gros & demi , il eft certain que je
ne ferai rien de trop favorable 3 la fomme de la force des fils , lorf-
que je prendrai un gros dix-huit grains pour la force moyenne de clia-
que fil ; & felon cecte fuppofition , la fomme des forces des fils qui
compofoient ce brin de foie,etoit de 1040 gros; ou divifanc cctte fom-
me par 1 18 pour la reduire en livres, la fomme de la force des fils etoit
de huit livres deux onces : or nous avoiis vu ci delTus que le brin di 'oie
ne foutenoic pour I'ordinaire que cinq livres, & rarement cinq 5c demie ; fa
(<j) Annee 1710,
ACADEMIQUE.
J7i)
*E Paris.
AnnU 1 711.
force etoit done confidcr.iblement moindre que celle dc la fomme des fils , "" '
quand nous aurions pris la force des fils les plus foibles qui ^coir un gros, Acaii.Royaie
pour la veritable force de chaque fil ; la fonimc des forces aiiroit etc de Dis ScIE^•cR
>i 5 i gros , c'elt-a-dire de fix livres & deniic , par confequent plus grande que
celle du brin de foie.
On peut done sureinent conclure de routes ces experiences que la force
d'une corile tortillee eft moindre que la fomme des forces des fils qui la
compoleiit; mais il n'eft pas pofllble de determiner en quelle proportion le
tortillement la diminue, parce que cette diminution depend d'un grand
nombre d'irregularitcs, lefquellcs peuvent fe combiner de pliifieurs manie-
res differentes.
Ces experiences nous apprennent du moins que lorfqu'on pourra em-
ployer dune maniere commode plufieur^ perites cordes, & qu'on les pourra
tendre e^alement, ces petites cordes feront en erat de produire un plus
grand effet, ou de reader a un plus grand effort, que ne le feroit un cable
compofe de toutes ces petites cordes.
Enfin fi nous ne pouvons decider quelle eft la force d'un cable , nous pou-
vons decider entre quelles limites elle eft renfermee en cherchant quelle eft
la force de quelques-unes des petites cordes qui le compofent, & en exami-
nant quel eft le nombre de ces memes cordes, puifque nous avons vu que
ia force du cable eft moindce que la fomme des forces de toutes ces cordes.
i8o
COLLECTION
Acad. RoYALE
BEs Sciences
DE Paris.
Annie 1712.
•^=
f^>
Obfcrvations Mctcorologiques faites a I' Obfervatoirc Royal
pendant Vannce, ij i i.
Par M. D E LA Hire.
M-i A fomme cJe la hauteur de I'eau de toute I'annee 1 7 1 1 a etc de 2^
pouces 1 lignes 6 pouces de plus que la hauteur des annees moyennes. Il
eft alTez extraordinaire que cette annee ait donne tant d'eau , quoiqu'il n'ait
plu que fort peu pendant les mois de Juin & d'Aour , qui avec le mois de
Juillet en fourniffent aflez fouvent autant que les neuf autres mois de I'annee
tout cnfemble , &c d'autanc plus que depuis le 3 Seprembre jufqu'au 191!
n'a pas plu , & que depuis le 1 9 Sepcembre , oii il toniba 1 1 lignes jufqu'au
19 d'Odtobre , il n'en eft tombe que z ou j lignes : mais les grandes
nciges du mois de Fevrier, avec les pluies qui les ont fuivies vers la fin
de ce mois, ont donne tout d'un coup une grande quanrite d'eau , ce qui
a caufe un debordement confiderable de la riviere j ce debordement n'a
pourtant pas ece fi grand que celui qui arriva en 165 S au mois de Fevrier ,
& done la hauteur eft marquee dans le cloitre des CelelHns de Paris.
On ne peut rien determiner de certain fur la hauteur d'eau que doit
fournir une certaine hauteur de neige , car il y en a qui eft fort rare &
d'autre qui eft a(Tez condenfee.
Les 18 , 19 & 30 Juillet ont fourni environ 5 1 lignes d'eau , & c'eft la
plus grande pluie qu'il ait fait pendant toute I'annee. Il y avoit un peu d'o-
rage le 18 au foir.
Mon thermometre, qui eft toujours expofe a I'air , mais a I'abri du foleil
& du vent , a ete au plus haut a 61 parties f le 16 Juin au lever du (oleii ,
& a 1 heures apres mldi il etoit a 73 f , ce qui ne marque pas une fore
grande chaleur , puifque je I'ai vu monter jufqu'a 80. Le 10 Juillet qui
dans le cours ordinaire eft le terns des grandes chaleurs, il n'ctoit qu'i
I'etat moyen vers le lever du foleil. Ce meme thermometre a ete au plus
bas a 10 degres le 1 5 Fevrier j mais deux jours apres il etoit remonte a 3 (J,
On fait que la temperature des cartieres de I'Obfervatoire qui eft conftante >
eft de 1 S degres fur ce thermometre , & que la gelee commence dans la
campagne lorfqu'il eft a 3 1 •, en forte que de la temperature moyenne
jufqu'a la gelee , il defcend feutement de \6 parties , & par confequent le
degre de chaleur d'air qui (era autant au-de(Tus de cette temperature
moyenne que le degre du commencement de la gelee eft au-deflous, fera
<J4 , comme il etoit cette annee a-peu-pies vers le matin du jour qu'il
faifoit le plus grand chaud ; &: la plus grande chaleur de ce meme jour ,.
a deux heures apre? midi ou le thermometre marquoit 75 t , a ete a-peu-
pres autant au-deftiis de la temperature moyenne que ie plus grand ftoij
de I'annee , qui fut de 20 degres au lever du foleil, etoit au-dellous de
cette temperature.
Le baromecre dont je me fers pour faire chaque jour mes obfer'^a-
A C A D E M I Q U E. i8i
tions, eft: nil bnromjtre fimple qui eft place a la haoreur de la grarnle =
falle de I'Obfervatoire , & dont !e mercure fe tient toujoius a 5 lignes plus Acad. Ro vale
bas que celui dont M. Picard fe fervoit , & fur lequcl il apper(,uc de la des Sciences
lumiere en agitant le mercure dans le tuyau , ce qui etoit un phenomene M Paris.
rouveau. Je ne faurois foup^onner qu'il y ait de I'air dans le mien , car il Annie 17 iz.
donne de la lumiere comme I'autre , & je I'ai rempli avec beaucoup de
foin. 11 faut remarquer que pour avoir la veritable hauteur du mercure
dans le tuyau , il faut fecouer un pcu la monture du barometre centre le
mur ou il eft fufpenJu.
Ce barometre a etc au plus bant a i8 pouces 5 lignes le 11 Janvier ; le
ciel etoit ferein avec un vent mediocre de Nord proche la terre , mais le
vent fupcrieur etoit Eft , &c pendant tout ce mois il n'y a eu que peu de
pluie j aulli le barometre a toujours ere fort haut , car pendant la moitie de
ce mois il a palTe iS pouces. Ce mcme barometre a etc au plus bas a
Kf pouces 9 lignes \ le 10 Decembre avec un ouragan tres violent , le venc
ctant vers le Sud , mais avec peu de pluie j ainfi la difference entce
I'etat le plus haut & le pliis bas du barometre, a ete d'un pouce 7 lig. f plus
grande que la difference moyenne de 3 lignes j.
Je remarque en general que pendant route cette annee , lorfque le ba-
rometre etoit aux environs de 2S pouces, ce qui eft arrive alfez fou-
vent , il n'a pas plu , ou fort peu \ c'eft audi , comme on croit, que le
batometre ptcdit la ferenite de I'air; & lorfqu'il a ete vers le plus bas,
il y a eu toujours alTcz de pluie &i de neige , comme il eft arrive en
Fevrier. Cependant cette regie n'eft pas fi certaine , qu'il n'y ait quel-
ques exceptions, comme vers la fin du mois de Juiiiet ou il a plu con-
fiderablement , ainfi que je I'ai remarque cidefiuSjle barometre etanr
vers i7 pouces S lignes , ce qui peut arriver par des caufes particulie-
res , tclles qu un orage fubit , ou Ion voit aliez fouvent deux vents con-
traires qui ayant des diredtions differentes , ou vers le haut ou vers le
bas , & ne durant que peu de terns , font des imprellions irrcgulieres \
fur le mercure du barometre.
Les vents ont ete cette annee comme a I'ordinaire en ce pays-ci , fort
fouvent vers le Sud-Oueft.
X,e 6 0(ftobre , a huit lieures du foir, on s'appergut d'un tremble-
ment de terre dans mon appartement feulement , a I'Obfervatoire; txl'uii
^&s principaux fignes , fut que les gros anneaux d'une fontaine de cui-
vre , frapperent contre la fontaine, firent adez de bruir &: demeurerenr
long-tems en mouvement , ce qui fut obferve par tons ceux qui ctoienc
dans le lieu; mais je n'en p.irl.ii point alors, car je foupgonnois que
cette fontaine ou il y avoit beaucoup d'cau, avoit pu glilFer un peu iur
fon pied ou elle etoit pofee , & qu'un petit mouvement d;^ I'eau , en
avoit pu donner un alTez grand a route la fontaine pour en faire battre
Iss anneaux contre le corps : mais quelques jours apres nous recu-
iTies des lettres, par lefquelles on nous avertilfoit d'un rtemblement a;
terre qu'on avoit fenti a 50 lieucs de Paris, ce qui avoit beaujonp. eff ave
les gens du lieu , & c'etoit le mtnie jour , & a la memi; heare ou noirs
\tl
COLLECTION
AcAD-TlOYALE
BES SciKNCES
D£ PaIUS.
nous en etions appercus a I'Obfervatoke. On en a eu encore depuis its
avis d'autres endroits ou il a ece fort confiderable.
Le JO Decembre 1711, j'ai trouve la declinaifon de Taguille aimanree
de 10 degres 50 min. vers TOuelt , de meme que I'annee preccdente ;
mais il faun remarquer que celle de I'annee 1709, n'etoit que de 10 dee.
15 minutes, & par conicquent depuis 1709 jufqu'en 1710 , on trouvoit
la vafiarion de 55 minutes , qui etoit environ le double de ce que ion ob-
ferve depuis quelqu's anneesj mais celle de 1711 i'a redtifie, car pour
2 annees, on n'auia que les 3 5 min. de ditFerence. On nc peut cependaftt
foupc^oiiner ces ob'ervations d'aucune erreur , car on les fait toujours
avec tin tres grand foin , en fe ftrvant de la meme aiguille qui a 8 pouces
de longueur , er appliquant un cote de la boite quarrce 011 elle eft renfer-
mee contre nne des faces d'un gros pilier de pierre qui eft au bas de la tetralTe
de rObfervatoire. On s'efl aiTurc par plufieurs obiervations tres-exa6tes ,
dela pofition decette face du pilier, laquelle regatde direiftement le ecu-
chant.
Comparaifoii des Obfervations Meteorologiques fakes a Zurich
avec les precedentes pendant la metnc annie.
M
L. Scheuclizer nous a envoye fes obfervations de I'annee derniere 171 1
fur la pluie , fur le barometre & fur fes meteores.
Il compare mois par mois fes obfervations de la hauteur de la quan-
tite d'eau , tarrt en pluie qu'en neige fondue , avec celle que j'ai trou-
vee li Paris a I'Obfervatoire , & que je lui avois envoyee par I'ordre de M.
I'abbe Bignon , ou Ton voir qu'il a plu beaucoup plus a Zutich qu'a Paris
dans chaque mois , hormis le feul mois de Juillet , comme on voit par
la table fuivante :
Paris.
Zurich.
Paris.
Zurich.
En Janvier.
^k-
34rl'g"es.
En Juillet. 5 1 \.
jS^ilignes,
Fevrier.
5'i-
109.
Aout. ao J.
66.
Mars.
18.
44^.
Septembre. 24 i.
35 f.
Avril,
ioi.
16 k.
Odobre. 3 i {.
6^1
Mai.
3M-
39v
Novembre. 21.
45 -:•
Juin.
8|-
'5-
Decembre. 1 5 {.
2J-
Ce qui lui adonne pour route I'annee 45 pouces j de ligne mefure de
Paris 5 & ilajoute que c'eft une des plus gtandes hauteurs d'eau qu'on air
obfervees jufqu'a prefentj mais a Paris je n'ai trouve que Z5 pouces i
A C A D fe M I Q U E. i8>
lignes , ce qui oe lailTe pas d'etre une des plus grandes hauteurs qu'on ait __,____^
vues ici. J'ai rapporcc ailleurs quelques raifons qui pcuvcnt f'aire coniioi- ~ 7.
,-, J • ^f^L L ' , ' „ o J • J I J ACAD.ROYALE
tre qu 11 doit tomber bcaucoup plus ocau & de neige dans les pays des D^sSciENCfS
montagiics, que dans les plaines qui en font cloignees. («) de Paris.
II a trouvc la plus urande hauteur du barometre le 21 Decembre a Z7 . ,
pouces : le matin de ce jour-u ilctoit ici a iS pouces 5 hgnes ^ avec Ic
barometre ordinaire \ mais avec un autre a 18 pouces 6 lignes [ , done dif-
ference avec ce dernier 18 lignes [. La moindre hauteur de fon barome-
tre a etc le 9 Fevtier 315 pouces 1 1 lignes [ ; & le mem£ jour id a iS
pouces 1 1 lignes | avec le barometto ordinaire , & avec I'autre a 27 pou-
ces 3 lignes, &c la difference avec ce dernier n'eft que de 15 lignes -j ;
mais ces jours la ne font pas ceux auxquels j'ai obferve ici la plus gran-
de, & la moindre hauteur du barometre : audi la difference encre la plus
grande &: la moindre hauteur que j'ai trouvee a Paris, eft de io lignes,
ik line la trouve que de 11 lignes y. C'efb, a ce qu'il me fembie , ce
qui fait connoicre que les hauteurs du mercure dans les barometres , ne vi.en-
nent pas toujours de la hauteur de route I'atmofphere qui ne peut pas
ttre fort differente dans des lieux peu eloignes les uns des autres , &C
dans un mcme terns , mais de queique accident parciculier de I'air : cepen-
dant fi Ton prenoit une moyenne difference de haiucur du barometre i
Zurich, & a Paris dans les obfervations que je viens de rapporter , on
auroit a peu-pres 17 lignes; &: fi Ton pofoit 11 toiles d'elevation pour
une ligne de changement de hauteur de mercure , il s'enfuivroit que
Zurich feroit plus haut que Paris au-defTus de la mer , de 187 toifes.
Il s'etendfort au long fur les meteores, & principalement fur le trem-
blement de terre qu'on a reffenti a Bale , dont M. Bernoulli lui a en-
voyc une relation tres-exacte : voici le refultat de cette relation.
Il y euc deux fecoulles de ce tremblemenc peu eloignces I'une de I'autre ,
le 9 Fevrier entre 4 & 5 heures du matin : nous en relTentimes une a
Paris le 6 Odobre a S heures du foir , d'oii I'on voir que les caufts de
ces tremblemens ont ete fort eloignees. A Bale le tremblement de terre
fur precede d'un vent tres-violent de Midi , femblable a une tempete ou
a un ouragan , lequel fut accompagne d'une chaleur extraordinaire dans
cette faifon de I'annte , quoiqu'aup.nraVdnt il fit fott froid ; aiors routes
les neiges qui etoient en tres-grande abondance fur la terre, furent fon-
dues en moins de deux heures , & routes les rivieres , & le Rhin meme
criirent excraordinairemenr , ce qu'on n'avoit point vu jufqu'alors ; mais
ce vent ayant ceffe , le froid recommenca, & il tomba une ttcs grande
quantite de neige , & jufqu'a deux coudees de haureur : ce font ces ter-
mes. M. Scheuchzer rtmarque que les mcmes accidents du vent iSc de
la chaleur , furent aufli obferves a Zurich, mais il ne dir pas qu'on y
reflentit le tremblement de terre ; il ajoute feulement que dans ce inane
terns, il obferva la hauteur du barometre de 25 pouces 11 Jignes.
Enfin il rapporte que les fruits de la terre n'ont pas bieu miiri daos
ce pays.
(ii) V. CoUcc. Acad, Part. Fran^oifc, torn. II, pag. 711,
i84 COLLECTION
ACAD.ROYALE
''de^p'A'i"^ R^fl'^xions fur Ics Ohfei-vadons du Barometre, dries d'um Icttrc
Annii I \ icriu d'Upfalc en Suede , par M, Kalkrius , Diredcur di
plujieurs mines de cuivre.
Par M. D E LA Hire le fils.
J E fis voir a M. Valleriiis qui eft fort bon Mathematicien , & qui etoic
il y a qtielques annees a Paris , les changemsns qui atriverent au mer-
cure dans le tuyau du barometre , en ie portant au Waut de I'Obfervatoire ,
& dans le fond des caves , & je le priai de faire ces experiences dans les
mines done il a la direftion.
Voici celles qu'il a faites dans les puits de Fkmingiennus &C Fkmingjf-
chatet , & dans les mines qu'il appelle Falhunenfes , du grand mont de
cuivre , &c fur la montagne Grufriis-Bcrget qui tienc a ces mines , le ciel
etan: plein de nuages, & le vent un peu fort qui moderoit la chaleur.
II commenca fes experiences par I'obfervation du barometre a I'entree
de la mine , He il trouva que le metcure etoit a 14 pouces 4 lignes de
Suede (.2), qui valent , mefure de Paris, zfi pouces y 73 lignes. Au fond
de la mine qui avoir 81 toifes 1 pieds 4 pouces 5 lignes mefure de
Paris, M. Vallsrius rrouva le barometre eleve de 17 pouces 5 lignes, &
de 2(5 pouces 5 lignesj— au haut de la montagne qui avoir 47 toifes j
pieds J pouces de hauteur au-de(Iiis de I'ouverture de la mine; &
dans les differentes ftations ou il a obferve, foit en montant , foit en def-
cendant, entre ces deux extremites, il a toujours trouve qu'a une ligne
de mercure repondoient 10 toifes i pied 6 pouces 4 lignes : or par toutes
les obfervations que Ton a faites dans nos ciimats , une ligne de mer-
cure n'a jamais valu moins de 10 toifes f pieds, & quelquefois elte a
ete jufqu'a 14 toifes i j pied. Il faut meme remarquer que dans les ob-
fervations de ce pays-ci , au point le plus bas d'oii Ton ait commence a
compter, le barometre etoit a zS pouces ou i-peu-prcs, & qu'au fond
de la mine de M. Vallerius, qui a ete fon point le plus bas, le baro-
metre n'etoic qu'.x 17 pouces 5 lignes. De forte quo les obfervations de
Suede ayant commence a un point ou la colonne d'air etoit moins pe-
fante ou moins condenfee , elles auroient du donner plutot de plus
grandes hauteurs pour chaque ligne de mercure ; & fi maigre cela elles
les ont toujours donnees plus petites, il faut que lair foit confiderable-
mentplus pefant & plus condenfe en Suede.
Dans route I'etendue de plus de 119 toifes ou M. Vallerius a obferve,
il a toujours trouve qu'une ligne de mercure donnoit precifement la
meme hauteur, c'eft-a-dire , que non-feulement les vapeurs metalliques
de la mine n'y ont pas rendu I'air plus pefant que celui qui etoit fur la
{a) Selon M. Picait !c pie<l de Suede eft a celui de Paris dans la raifon de 1(335
a 1S80. Le pouce du pied Stiedois en el^ la dixieme paitie , & la ligne la dixiemc partiedu
fouce ,• Sec.
montagne.
acad6mique.
montagnc , mais mcme que la difference de la condenfation de I'air qui —
va toujours en diminiiaiit, n'a pas cte feufible dans tout cet efpace j cat on a Royaii
ne peut croiie qu'elle n'ait etc rcelle. des Sciences
On peut voir par une table dcs condcnfations de I'air, donnee par M. de 1 a his.
Caflini le fils dans les Menioires de 1705 , quo plus ces coinlcja-itions yJnnce lyii.
fontgrandcs, plus leurs difierences font petites; 6c cela rend fuftifasiiUieiiC
raifon de ce que les grandes -oiuk'nfations de Suede ont ete trouvecsct;.il>.s.
De la j^r.inde condenfation dc I'air de Suede, ou de la grande luuf-uc
de I'atniolpliere ciui doit toujours aller en diminuaiit de Suede jufquici ,
^ encore p us juiqu'i I'cquateur; il luit qu'on ne peut faire de table dts
abaiiremcns de mercure pour difterentes hauteurs , qui foit comnmne
i differens pavs un p.u cloignes.
C H Y M I E.
Ohfervations fur I'acide quijl trouve dans le fang ^ dans les
autres parties dcs aniniaux.
par M. H O M B E R G.
J_j A fuhftance des animaux etant formee & reparee fans celTe par les ali-
inens , il ell naturel de penfer que Ton doit y retrouver les principes qui
compofint ces m}mcs alimens. La chair des canards fauvages d.s pays
mantiiiies qui ne vivent que de poilfons , fent fi fort I'huile de poilTon
qu'on ne fauroit en manger; & cclle d.s grivesqui ne vivent que de ner-
prui ell purgative rant que le^ fruits du nerprun durenr. Cn peut done s'at-
tendre a trouver des acides dans les animaux q i vivcnt de vegetaux; Sc
meme fi Ton fait attention que les carn.illi rs inangent des animaux nourris
avec des vegetaux , Ton fentira qu'il n'eft aucune efpece d'animal done
I'analyfe ne doive fournir de I'acide, mais plus ou moins fuivuit que les
animaux feront frugivores ou carnivores, de forte que dan? les uns la quan-
titc d'acide furpallera cclle de I'alkali volatil, tandis que dans 'es uitres
I'alkali exceJera I'acide. D'apres ces idees j'ai precede a Tanilyte de dif-
ferentes parties d'animaux, tant des carnarticrs que de ceux qui vivent de
vegetaux, & particulierement des hommes. Les refultats ont etc confor-
"mes a ce que je penlois; & quelqucs unes'de mes operations, que je vais
donner ici, me paroilfent ne lailfer aueiui doate fur la verite que j'avois
entrevue.
J'ai pris treize livres de fang d'agneau fraiihement tue , j'en ai feparc
le Icrurn , il m'ell telle (\yi hvres de fang caille que j'ai difiille fans in-
termede a rres petit feu de fable dans une grande cornue de veire, pen-
dant loixante & quinze heures , c'ell a dire jufqu'i ce que par ce degrc
de feu doux il n'en fo tit plus rien de fenfible; tout ce que cette didiU
lation en a fep:irc , etoit pres de cinq livres de liqueur aqueufe & fort
claire qui n'a donne aucune marqu." d'acide ; je changeai pour lor$ de
recipient, Ik. j'augmentai le feu par degies fous la meme cornue juf<ju'4
Tomt 111 f Pariit franjoifi. * A*
iS<J COLLECTION
. la derniere violence, il en fortit encore demilivre environ, tnoitie htiile
Acad. RoYALE fetide , & moitie liqueur aqueufe , de couleur roulfe , &c fentant tres-
DEs Sciences fott rempyreume : cette liqueur roulFe a donnc egalemenc des marques
DE Paris. d'acide & dalkali, car elle a fait effervefcence avec I'efprit de fel , &C
Anmt 1711. elle a rougi la teintuie de tournefol; la tete-morte qui eft reftee dans
la cornue ecoit un charbon fpongieux , dur & fore leger pour Ion volume ,
il,pefoit cinq oiiees.
J'ai fait la mane operation fur une egale quantite de fang de mouton ,
j'en ai eu a peu pres les memes principes, excepte que la, liqueur roulle qui
,eft venue a la fin de la diftillation, m'a paru moins acide que celle de la
dilUUation precedence : celle-la faifoic forte couleur de feu avec la teinture
de tournefol , & celled n'y a fait que couleur de rofes.
J'ai dirtille de la mcme maniere , & en la meme quantite du fang de
veau 6c de bceuf ; il elt venu a la fin de la forte diftillation de I'un i^ de
I'autre une liqueur roulfe & empyreumatique qui donne tout enfemble
le caradVerc d'alkali & d'acide j j'ai obferve dans ces deux dernieres ana-
lyfes la meme difference que j'ai obfervee dans les deux precedentes;
favoir, que le fang de veau a donne plus d'acide que le fang de bceuf,
ce qui m'a donne occafion de c6njein:urer que le fang des jeunes animaux
pourroit bien contenir une plus giande quantite d acides que celui des
adultcs des memes efpeces j mais pour decider cette queftion , il faudroic
avoir fait un grand nombre d'obfcrvations femblables a ctlles que nous
■yenons de faire , ce que je referve pour un autre terns.
Dans nos analyfes des plantes, nous avons touiours obferve que les
fruits miats & les plantes adultes, out donne plus d'huiie que ces memes
plantes jeunes & Ics fruits non murs , & que ces derniers ci ont donne plus
de fel que les plantes adultes & les fruits murs : il pourroit bien y avoir une
difference femblable dans les parties qui compofent les animaux jeunes &
adultes d'une meme efpece.
Nous avons obferve dans nos diftillations da fang , qua la fin du
phlegme, & avant que I'huile fetide paroilfe, il vient une liqueur rouffe
qui contient en meme terns fon acide & fon alkali volatil , fans que I'un
enerre ou detcuife I'autre , puifqu'elle fait egalemenc efFtrvefcence avec
efpric de fel , &c qu'elle rougic la ceinture de tournefol , ce qui paroit
diredlemeni oppofe a ce qu'on nous enfeigne de la nature des acides &
des alkalis; c'cft-a dire, que dans leur mcLinge ils doivenc fe dccruire
toujours en une fubftance fimplemenc falee , au lieu qu'ici ils fe confer-
vent feparement <!k paifiblemenc dans la meme liqueur, fans agir en aucune
fa^on I'un fur I'autre.
La regie generale que Ton ^'efl faire de rndion des acides fur les
alkalis, eft vraie fans aucune reftridlion d.ins la jonftion des acides des
mineraux avec les alkalis quelconques; mais il n'en eft pas de meme dins
la jondtiqn des acides des.vegeraux ou des animaux avec les alkalis ,vo-
latils , la penetration qui produit rebnllition & I'efFervefcence , ne s'jr
fait que lorlqij'ils nagent enfemble en une quantite de phlegme qui leur
convient ; quand il y en a crop 011 trop peu , ils n'o; t point d'adlion
I'uu fur. i'ai^tr^ejjdafls jnotre liqueur roultej il y a crop peu de phlegme ,
f:
i
A C A D E M I Q U E. iS/
nous en voyons une preiive dans le melange de i'efprit d'urine avcc le ; • """^
vin.iigre dilliUc i quand rcfpric d'urliie ell' Foible , ils font ebullition en- Acad.RovalE
fembie ; mais quand ils font bicn deplregmes , ils ne donncnt aucune r£S ^J^^^'^^'-^
marque d'atlion , Sc pour les faire agir , on n'a qu'a affoiblir I'tfpnt d'u- °^ ^ "•
rinc avec de I'eau commune. J'en ai donnc Ics raifons dans Ics Memoires Annu lyii.
de I'annee 1709, a roccalion d'unepareille liqueur roulTe qui fe trouve dans
la diltillation forte de toutcs k-s plantcs ; aiiili )■; ne la rcpete pas ici.
Le fang humain etant le principal fujtt de notre recherche, je I'ai exa-
mine de la mcme maniere que ctlui des autres animaux dont je viens de
parler ; mais comme je n'en pouvois avoir tacilement une grande
quantitc a la fois , je me fuis conrentc de n'en employer que deux ois
trois livres en une operation Sc de la repeter. J'ai fepare route la feroluc
du fang , &: ]i I'ai diftille a tres petit feu pour le depoui ler feulcment de
la plus grande partie de fa liqueur aqueufe infipide, afin de le poiivoir
garder ians fecorrompre. Ce qui me relloit dans lacornue, etoit en confil-
tence d'un extrait epais comme de la poix noire nn peu liquehee au feu,
que j'ai garde; j'ai reitere ces operations en petit , jufqu'a ce que j'eu!Te
employe feize livres de fang , y compris le Ji.um , de perfonnes qui fe
portoient bien : ces feize livres n'ont produit que fix livres de fang caitle.
J'ai mis enfemble dans une meme cornue tous les reiidus de ces petites
operations ; ils ont pefe environ une livre Sc demie; je les ai dilhllds aa
feu de fable par degres , jufqu'a rougir la cornue, il s'en eft diHillc dix-
fept onces en tout ; favoir , douze onces de liqueur aqueufe rotille , fore
chargee de fel volatil , & fentant fort I'empyreume, & cinq onces d'huile
en partie liquide , & en partie epailfe , comme da fain-douxj la tere
inorte etoit un charbon leger , pefant quatre onces &: demie.
J'ai reclific ces douze onces de liqueur aqueufe a petit feu , pour en
feparer le fel volatil Sc le phlegme fuperflu ; il eft refte dars la cornue
pres d'une once de liqueur roulle & fetide , de (aveur auftere & fort acide ,
elle a change la teinture de tournefol en forte couleur de feu.
Je me fuis imagine que la partie acide contenue dans le lang , pour-
roit bien ne pas fe dcgager toute dans une diftillation fimple & fans in-
termede , quoique f.iite a un trcs-grand feu , a peu-prt:s comme le fel
commun ou le falpetre , quand on les diftille fans intermede , ne ren-
dent que tres- peu on point du tout leur efprit acide, quelque feu qu'on
leur donne ; au lieu que ces fels etant melcs avec une fuftifante quantite
de matiere terreufe avant que de les mettie dans la cornue , ils rendenc
tout I'efprit acide qu'ils contiennent : j'ai done voulu diftiller le fang avec
un intermede ; mais comme routes lesmatieres terreufes contiennent elles-
memcs un fel qui auroit rendu equivoque le jugement que Ton auroic
fait de I'acide qui en auroit etc diftille , j'ai rejettc toutes les matieres
terreufes & je me fuis fervi des tetes mortes du fang meme ou du chat-
bon qui s'eft trouve dans les cornues : apres les fortes diftillations que
je viens de rapporter , tant du fang des hommes que de dltferens ani-
maux , j'ai pile ces tetes mottes , j'ai mele cette poudre avec quaere livres
de fang humain caille Sc bien fepare de fa ferofire ; j'ai fcche ce melange
au foleil , je I'ai mis enfuite dans une cornue de gres, Sc je I'ai diftille
Ai ij
i88 COLLECTION-
:^^^^^^^^ 4 feu nud & par degres, jufqu'a la derniere violence; j'ai fepare I'huile
AcAD.RoYALE d'avec la liqueur aqueufe qui coiitenoit I'acide du fang , & la plus grande
"1^. n A^"^ P^"'^ '^^ ^'^"' ^^^ volatil : j'ai redlifie cecte liqueur aqueufe : il m'efl: refte
DE 1 ARIS. *i I- 1 r II- ,T- • I -I
J , de ces quatre livres de lang autant de liqueur coulle qui changeou la
' ■ teincure de tournefol en couleur de feu , que j'en ai eu de fix livres de
fang humain dillillc fans intermede.
J'ai mis enfemble routes les liqueurs roudes chargess d'acide qui m'e-
toienc venues de plufieurs diftillations, au(li-bien du fang humain que des
autres animaux ; j'ai verfe delFus fix fois aurant d'eau de riviere , j'ai filcre
ce melange plufieurs fois par le papier gris , pour en feparer tout ce
qu'il pouvoit contenir d'huile ; j'ai diftille a tr^s-petit feu cette liqueur
qui etoit fotc claire & qui fentoit encore I'empyreume : les premieres
portions qui en font venues , etoient cliargees de fel volatil \ mais les
dernieres deux onces etoient audi acides que du vinaigre diftille.
J'ai examine de la meme maniere la chair d'un loup & d'un brocher ,,
comme d'animaux carnafliers \ de mouton &; de bcEuf , comme d'animaux
qui ne mangent que des herbes ; &c enfin celle de canard & de cochon,
qui mangent de tout ; j'ai troijve toujours la liqueur roulTe qui contienc
de I'acide, dans les uns un peu plus , dans les autres un pen moins; de
forte que Ton ne fauroit douter que I'acide des alimens ne fe porte dans
la fubftance mcme des animaux , & qu'il n'en faife une des parties eden-
tielles. Les obfervations fuivantes que j'ai fiites fur plufieurs infccftes,
£.<. fur les excremens de diffcrens animaux, concourent encore a prouver
cette verite : & de plus elles font voir que les inft des & les reptiles en
donnent une plus grande quantite , a proportion , que les parties du corps
humain & des autres animaux.
J'ai diftille a tres-petit feu trois douzaines de viperes ftaichement tuees
& coupees en petits morceaux fans en rien oter , elles pefoient trois livres
dix once:; il en eft venu pendant cinquante heures trente-neuf onces de
liqueur aqueufe , de gout & d'odeut fades , qui n'a donne aucun figne
d'acide, mais elle a legerement touche I'eau de fub'ime , ce qui marque
un peu d'alkal! : j'ai enfuite augmente le feu par degres , jufqu'.i rougir
la cornue , il en eft venu encore onze onces ; favoir, huit onces d'huile
fort i-'pailfe, deux onces de volatil, & pres d'une once de liqueur roulFe
& empyreumatique , qui a fiit trcs-forte effervefcence avec I'efprit de fel
& qui a rougi la tcinture du tournefol.
Il s'eft trouve dans la caiile de viperes qui m'etoit venue de Poitou,
treize viperes mortes en chemin , la plupart fort corrompues & pleines
de vers, elles pefoient tin peu plus d'une livre. J'ai voulu voir fi la cor-
ruption de ces animaux n'auroit pas fait quelque changement dans les
principes dont ils font compofes , maisje les ai trouves parfaitement fem-
blables a ceux de I'anaiyfe preceiiente.
Les limaces rouges fans coquille , ayant cte analyfees de la mtme ma-
niere, ont donne a proportion autant de liqueur roulfe qui change la tein-
ture de tournelol en couleur de feu , que les viperes; mais elles n'ont pas
donne la meme quantite de fel volatil.
J'ai eu par induftrie , une livre environ de mouches prdinaires, & com-
A C A D £ M 1 Q U E. 189
me je ne pouvois pns bien en jouir fans les noyer , je les ai plongces dans T^^^r^r^r^^s:
I'cau , Sc je les y ai laillecs huic jours , I'eau etoit fort pure & fans aucun Acad. PvO vale
melange. 11 eft a remarquer que c'ctoic en ete , par un terns fort cliaud : dps Sciences
les nioui-hes ont garde leur couleur ordinaire pendant les deux premiers ^^ ' aris.
jours qu'elles ^toienc dans I'eau , rendant une odeur fade 5 mais li; tt oifieme •Anna 1 7 1 r.
jour leurs tctes commenqanc a rougir Icgcrement, fonr devenues enfin de
couleur dc feu \ le corcelet s'eft rougi atifli , mais plus tard , & fimplcmcnt
de rouge brun, fans devenir couleur de feu , comme la tete ; le ventre
n'a point change de couleur : au bout de huit jours , I'eau commen^oit a fo
troubler , elle etoit devenue aigre :iu gout, & avoit I'odeur du vinaigre
corrompu. II y en avoit trois pintes, comprls les mouches \ je les ai dif-
tillces a trcs-petit feu •, la premiere pinte qui en eft venue , a rou^i lege-
remenc la teinture de tournefol; la feconde I'a fort roiigie ; j'ai augmcnte
le feujufqu'd la derniere violence, la liqueur roulTe qui eit venue , a "change
la teinture de tournefol en couleur de fang de bocuf, & cette couk'ur
foncee eft devenue couleur de feu en I'afFoiblilLnt avec de I'eau commune :
c'eft-a-dire que I'acidite etoit plus forte qu'il ne faut pour changer la tein-
ture de tournefol en finiple couleur de feu ; elle avoit autli change la dUfo-
lution du vitriol en couleur de vin paillec , ce qui eft une marque de
beaucoup d'acide. 11 y avoit un gros & demi de fel volatil contret, &
la liqueur rouffe faifoic tres-grande eftervefcence avec I'efprit de fel. Le
fang iiumain & celui des gros anin^aux n'a pas donne , a beaucoup pres ,
autant d'acide a proportion que ces mouches.
J'ai fait audi I'analyfe des mouches cantharides ; mais elles ont donne
incomparablcment moins dacide que les mouclies communes, ce qui mar-
que bien que leur corrofif ne corJifto pas dans I'acide qu'elles peuvent C0151-
tenir.
Les fotirmis ont donne beaucoup plus d'acide encore que les mouches
communes j j'en ai cu environ deux livres, j'ai etc oblige de mcttre de
I'eau bcuillante delTus pour en appaifer la vivacite , comme j'avois fait
avec les mouches ; je les ai tnifes dans una cprnue de verre , &• j'en ai
fait I'analyfe : des le commencement de l.i diftillation a. petite thaleur ,
la liqueur diftillce a change la teinture de tournefol en forte couleur de
feu, &: elle a fi fort augmentc en acidite , qu'i la fin elle avoit le "oi'ic
de vinaigre diftilie : elle a change la ditfolution de vitriol en couleur dc
vin de Bourgogne , ce qui marque beaucoup d'ncide. Je n'si fait I'analyfe
d'aucun animal qui en ait donne autant que les fourmis.
J'ai fait i'analyle de trois fortes de lait , favoir du lait de vache , de
chevre & d'anelfe; ils one donne incomparablemeut plus d'acide, que
le fang &: la chair des gros animaux , & point du tout de fel volatil con-
ctet qui fe trouve neanmoins dans routes les parties animates : la caufe
en eft , felon moi , que le lait eft une fubftance trop nouvellement fepa-
lee des alimens , & que par le peu de fejour qu'il a fait dans le corps des
animaux , 6c par le peu de preparation qu'il y a regu , il ne doit are con-
filerc que comme le fimple fuc des herbcs que ces animaux ont mangees ,
6c non pas comme une vraie parrie animate , ce qui m'a paru prouve par
a comparaifon que j'ai faite de Ignrs analyfes avec celle;s des Grammcn ,
190 COLLECTION
' ' dii Sainfoin , & d'aiitres herbes de nos ptes , qui font charg^es de la me-
AcAD.RoYALE ^g quancitc d'acides , Sc done le refte dcs pnncipes eft a-peu-pres fem-
C£S Sciences li ui > j i ■
DE Paris blable a ceux du hit.
J'ai obferve une difference remarquable dans la diftillarion de ces trois
Aniue \-j\i. fortes de laic , c'eft que la liqueur aqueufe qui vicnt du laic de vache , &
du laitde chevre , a uue odeur agreable , & mcme la liqueur roulie n'en
fent point mauvais , comma elle fait ordinairement dans les autres ana-
lyfes , mais elle a une odeur de gateau nouveau fait , & un peu grille ;
au lieu que le lait d'anelle dcs le commencement de la dilbllatiun a donne
une odeur fade & defagreable, qui a augmcnte de plus en plus en deve-
nant alFez femblable a celle de la vielle grailfe , on du vieux oing ; la
caufe de cette difference me paroit etre la difference confttudtion de ces
trois fortes de lait : dans lexamen que j'en ai fait, il m'a paru que le
laic de chevre contient autant ■ e vraie crcme , ou de matiere butyreufe ,
que de matiere cafeeufe. Le laic de vaclie m'a paru peu different du lait
de chevre \ il contient un peu moins de crtine que de fromage ; mais
le lait d'anelfe , contienc trois ou quatre fois plus de fromage que de
creme ; & comme le fromage frais mis fur le feu , donne toujours une
odsur fade 6c defagreable, le lait qui en contient le plus, favoir ceUii
d'anelfe, fentira le plus mauvais fur le feu:au tontraire le beurre frais,
ou la creme expofee a un feu modete , donne une odeur qui approche de
celle d'un gateau qui eft ordinairement pctri avec du beurre fr.iis ; ainli
le lait qui contiendra alTez de creme pour couvrir entietement I'odeur
de fa matiere cafeeufe, comme font le lait de chevre , & ceiui de vache,
ne doit fentir fur un feu mediocre , que la friture de beurre frais , ou le
gateau un peu roci.
J'ai eu par hafard une grande quantite de fueur d'une perfonne a qui
un remede pris mal-a-propos , avoir fait une imprellion fudorifique fi ex-
ceflive qu'en tordant les linges qui I'entouroient , on en pouvoit amafRr
jufqu'a une livre par jour , & cela pendant plufieucs jours de fuite ; elle
fentoit I'aigce comme le petit lait aigri , & fiifoic une legere imprellion
de rouge au papier bleu, & a la teincure de tournefol. J'en ai fait I'ana-
lyfe de la meme maniere que j'ai fair celle du fang : il en eft venu a la fin
de la force diftillacion- , une liqueur rouffe , falee & acide qui a fait force
couleur de feu avec la teincure de tournefol.
J'ai aufli examine par curiolitc le remede que cette perfonne avoir pris ,
c'etoit une poudre jaune orangee, dans laquelle on reconnoiftbit partaite-
ment du foufre commun j j'y ai aufli reconnu de la litharge : Ton mettoic
de cette poudre environ douze ou quinze grains dans la main , qu'on
avoir auparavant bien chauftee au feu, on y ajoutoit deux ou trois gouttes
d'huile d'olives, & avec I'autce main qu'on avoir aufli chauffee aupara-
vant , on frottoit la poudre & I'huile entre les deux paumes des mains
pendant un demi-quart d'heure environ ; route la poudre fe fondoit avec
i'huile , & penetroit par les pores dans les main? , de forte qu'en ouvranc
les mains on n'y trouvoit plus rien du tout. Ceiui qui donnoit cette pou-
dre faifoir faire ce manege a fes malades plufii^urs jours de fuite, &
(juelquefois deux fois par jourj il en arrivoic ordinairement une legere
Acad. Royale
DES Sciences
A C A D fe M I Q U E. 191
fucur pcriodique , on un flux d'luine qui conciniioit pendant plufieurs
jours , iiKine anres avoir lini I'ufnsie de la poiidre : beaucoup de gens
en oni etc incommodes , Hi daiures y ont troiive du louUgement. Si ^g Paris
fon auteur avoir en un pen de connoiffance en medecine , il auroit peut- ,
cire trouvc moyen d'employer ce remede utili-nient en certaines mala- ■"'^^'^^ lyii
dies : c'eft una maniere d'introduire le (.lomb dans le corps iiumain par
les pores de la peau , commc an y introduit le mercure par les fridlions.
L'urine diftillee fraiche & non fcrmentce, donne d'abord fon flcgme,
enfuite un (el volatll , & fon huile fans donner de marques ftnfibles
d'acide : niais I'urine qu'on a lailfce fermentcr , donne d'abord fon fel vo-
latil , puis fon Hegme fuivi d'une liqueur roulfe qui i liange la teinture de
toftrneiol en force couleur de feu. Le fel fixe de I'urine, foic qu'tUe ait
fermentc , ou non , eft fimplement falin ; il donne un efprit tres acide
quand il ell: diftille a feu nud avec una intermede , comme on diftjUe
I'efpric de fel.
* Cetefprir acide fe joint, fLlon routes les .ipparcnces, n I'huile la plus
fixe de I'urine dans Ic grand feu qu'c n employe pour diftiUer le phofphoro
de Purine ;car le melange de ces deux matieres, lavoir d'un acide violent,
& d'une huile dilHllee , produifent toujours une efpece de refine qui e(b
aifemenc inflammable comme elt ce phofpiiore ; la pieuve ne fera pas difH-
cile a faire par la dccompofition du pliofpliore : dccompolition qui pourra
fervic en mcme terns de preuve que i'urine concient un acide tres-fen-
fible.
Prenez un morceau de phofphore d'urine du poids d'un gros environ ,
metcez-le dans un ballon de verre de douze a quinze poueesde diameire,
par un terns humide & point trop chaud ; couchez le ballon fur le cote,
& LilT;z le goulot ouvert ; la morceau de phofphore commencera d'abord
a fumer , & continuera de meme jufqu'a ce qu'il foic confommc ent erc-
iTient , ca qui fe iera en un jour ou deux feion que le tems fera plus ou
nioins chaud , & Ton trou^era au fond du ballon , au lieu du morceau de
phofphore , une cuilleree environ d'une eau fort claire & acide , comme
de I'efprit de vitriol, & la partie fuperieure du ballon fera couverte en
dedans d'une matiere terreufe, jaunatre, & difficilemenr inriammable.
Ce phofphore , comme nous I'avons dit , efl la partie de I'urine hum .ine,
qui ne s'en decache qu'a la fin de la plus forte diftillation, c'eft- a-dire
dans le tems que I'aciJe & I'huile la plus fixe s'en elevtnt par le grand
feu : ces deux matieres fe joignrnt enfemble dans la diftillation , co'mpo-
fent cette efpece de refine fi aifee a s'enflammer , que nous appellons le
phofphore d'urine. Tant que ces deux matieres reftent unies, la compo-
fition du phofphore fubfifte ; mnis quand on I'expofe a I'air , la moindre
chaleur qui le touche , le rcduic en fumee ou en vapeur , & pour lots
rhumidite qui nage toujours dans I'air , diflouc peu a peu en liqueur
aqueufe route la partie faline du phofpore a mefure qu'elle la peur arteindr«
dans cette vapeur , & la fepare de la partie hulleufe de l'urme.a qui ells
etoic jointe , qui pour lots n'ccanr plus inflammable n 'eft plus un pho'phore ,
& que Ton tiouve fublimce dans la partie fuperieure du ballon en forme
d'une maaere terreufe , friable & jaunatre j i'humiJite de I'air , cyji ^a;
^iinci 17 11.
191 COLLECTION
-,. ;^^ le fel acide du phofphore quelle a dilToiit , eft devenue acide , coule
Acad. Roy ALE jans le fond du ballon, & produic cette eau ciaire & acide qu'on y re-
DES Sciences ^^^^^^_
DE ARis. ^^ ^^j ^^jj^ jg ^^ phofphore y eft en fi grande quantite, & fi peu enve-
loppe paries parties huileufcs , qu'il s'en detache en mettanc fimplement
treniper le phofphore dans I'eaii commune , qui en devient aigre comme
de I'efpric de vitriol : on eft oblige pour conferver ce phofphore , de le
garder dans une fiolc bien bouchee& pleine d'eau , autrement il fe perd
en tres peu de rems. CeiDC qui en ont conferve de cette maniere , n'ont
qua goiUer I'eau qui auia fejournc delTus pendant un an ou deux , ils
ieront etonnes de la forte acidite qu'ils y trouveront. J'ai environ une ds-
mi once de ce phofphore que je garde depuis fept a huit ans dans de I'eau ,
qui eft devenue fi acide, quelle bouilloiuie fur le pave. J'en ai dans utie
autre fiole avec de I'efptit de vin depuis plufieurs annees, & Tefptit de vin
eftdevenu auftl acide que I'eau dont je viens de parler.
Le phofphore nouveau fait eft d'un jaune tirant fur I'orange , la fur-
face des morceaux qu'on en forme , eft lille 6c fort polie 5 mais quand il a
fejoiune pendant quelque terns dans I'eau , fa furface polie devient rabo-
teufe , & fa couleiir fe change en blanc fale : il y a route apparence que ces
changemens ne viennent que de ce que leau qui a fejourne dclTus, a dif-
fout'la partie fatine de la furface du phofphore quelle a pu attemdre ;
ce fel dilfout fe rcpand dans I'eau , & laKfe vuide les locules dans lefquels
il etoit loge: ces locules vuides font tout le changement qui paroic fur
la futface°de ces morceaux de phofphore , les parties internes de ces mor-
ceaux que I'eau n'a pu atteindre , n'ont pas change de coulent ou de
confiftance ; la croute blanchatre & raboteufe eft friable , & fe peut fepa-
rer de delfus ces morceaux ; elle n'eft plus fi inflammable quelle rctoit
auparavant , ayant perdu une des parties elfentielles du compofe du phof-
phore. , /■ 1
L'efpritde vin qui eft devenu acide par I'inFufion avec le phofphore, pro-
duit de la lumiere, ce que I'eau fimple aigrie de la meme maniere, ne fait pas :
la raifon en eft que I'eau (imple ne diftbut qu'une partie du phofphore,
favoir fon fel acide , qui feul ne produit jamais de la lumiere j au lieu que
I'efprit de vin etant une huile etheree, diiTout le phosphore entier dont
le caraftore eft de produire de la lumiere j mais comme il fe trouve
toujours dans I'efprit de vin une grande quantite de phlegme qm n'eft
que de I'eau toute fimple , ce phlegme ne fauroit diflbudre que le 111
acide da phofphore qui n'eft point lumineux , de forte que I'efprit de
vin produit de la lumiere de fa partie huileufe qui a diffout le phofphore en-
tier, & il eft acide par fa partie aqueufe qui a dilfout feulenitnt le lei acide
du phofphore.
J'ai fait auffi I'analyfe des excremens de plufieurs animaux , don: les
uns ont donne beaucoup d'acide, d'autres fort peu, & d'autres point dii
tout. J'ai obferve que plus il fe trouve d'acide dans certains excremens ,
moins il y a de fel volatil ; &C quand il n'y a point d'acide il y a beau-
coup de fel volatil. Les excremens dont j'ai tait I'analyfe font reux des
'■ brebis
AcAD.RoYAtE
A C A D 6 M I Q U E. ,3,
brebis, des chevres, descliiens, des chevaux , des vaches, des aneffes
des hommes , des poules & des pigeons.
J'ai donnc iin detail fort ample de I'analyfe du /!ercus humain dans ^vCs^'icuscEi
nos Mcmoires de Tannee paircc qui pent fuffire en general pour tous les de Paris.
aurres; il ne s'agit ici que de I'acide qu'ils one rendu. Je dirai done pouc Annee 171 z.
cliacun en particulier que les crottes des chiens n'ont point donne d'acides
que le ftercus humain en a donne peu , que ceux des chevaox , des anes &
des poules en one donnc nn peu plus , que la bouze des vaches, les crottes
des chevres & des brebis en one donne beaucoup, maisque la fiente des
pigeons en a donnc confiderablemenc plus que rous les autres.
Les crottes des chiens n'ont point donne d'acide de la maniere dont i'eu
ai fait I'analyfe , c'eft-a-dire fans les avoir lailTe fermenter comme elles one
etc faires routes ; mais je fuis perfuade que j'y en aurois trouve fi je les
avois fait fermenter nnparavanr. Nous avons vu que I'urine humaine frakhe
ne donne point d'acide , & que quand elle a fermence elle en donne. Il re-
fulte de routes ces obfervations que vraifemblablement I'acide des alimens
dont les animaux fe nourrilTcnt , ne fe detruir point dans leurs cours
mais qu'il entre dans leur fubftance & en fait partie , & que le furplus
en fort avec les excremens fans avoir foufferc un chanpement notable.
Sur unc odcur dc Romarin produitc artificidUment,
•*-y*- Lem ER Y ayant fair diffoudre dans un matras neuf de Tor fin de
depart avec trois fois autant d'eau regale ordinaire , y verfa peu a pen de
I'efprit yolatil de fel ammoniac, & quelques goutres d huile de tartre
pour faire precipiter Tor j il fe fit une effervefcence confiderable rclle
quelle devoir arriver , &: il s'eleva en mtme terns des exhalaifons &c des
fumees qui avoienc une forte odeur de romarin ; cetre odeur demeura
la meme jufqu'a ce que I'or fut precipice , & ne s'affbiblit qu'a mefure
que la liqueur jetta moins de funice. M. Lemery s'etoit bien apper9u en
plufieurs occafions , que des matieres volatiks relies que le camphie, la
camphorata , la melilfe , rendoient une odeur de romarin, mais cela'lui
futnouveau dans une efprit urineux tel que le fel ammoniac.
Sur les coulcurs differences des pricipitcs dc Mcrcure.
Par M. Lemery le Fils.
Vc u A N D les mctaux ont ere dilfouts par un efprit .icide , &• qu'on les
precipice enfuite par quelques fels propres .1 cet etfer , ils acquierenr
ch.icun , en fe fcparnnt du liquide , une couleur particuliere qui repond
ortiinairement .1 de cerraines circonftances. L'argent, le plomb &: I'etain
qiii ne donnent aucune couleur a leur dilTolvant . & qui y deviennent par-
faicemcnt invifibles quand ils fcnc bien purs &: bicn didouts, fe pr^cipi-
Tomt III, Panic Fnin^oife^' JJl
194 COLLECTION
;— ^^2^^;^; tent (bus Une c6uleur blinclie. Je dis i°. quand ils font bien purs; car
, _ par exemple , fuivant que Tareent coiuienc plus ou moins de cuivre , fa
AcAD.RoYALE \ tr I ■ ^ n 1 ^ • ki s f ' • • ■ ■ /r I
DES Sciences diliolution eft plus ou moins bleue , oc Ion precipice tienc aulli plus ou
DE Paris. moins de cette couleur. z" Quand ils font bien diirouts , car quand on
, , fair fondre du fel de faturne , ou de plomb dans I'cau commune , la li-
'7 -• queur devient trouble Sc blanchatre , parce que I'eau feule ne dilTour pas
bien ce fel, & commence meme en quelque forte la precipitation du
plomb ; mais quand on mcle avec I'eau une fuffifante quantiri de vinai-
gre diftille, le metal difparoit entierement 6c la diflolutioneft parfaire.
L'or donne fa couleur a fon dilfolvant , & fon precipite garde aufli la
meme couleur. Le cuivre en donne une bleue ; enfin , le fer prend diffe-
rences couleurs fuivant les differens acides dont il a ete penetre 5 il de-
vient rouge avec I'efpric de nirre , verd avec I'efprit de vitriol , & ainfi
dii refte , £< il fe precipite fous les mcmes couleurs : enfin j'ai remarque
par plufieurs experiences faites fur les fix metaux dont il a ere parle ,
que quand leur diffolution avoir une couleur particuliere , foit que ce fur
celle du nigral , comme dans la dillohition de l'or , foit que e'en fur une
autre procures par le melange de I'acide & du inecal , comme dans la
dilfolacion du cuivre & da fer, le precipite qui en refultoit , gardoit tou-
jours la couleur de la dillolution , quelques lels abforbans qu'on ein-
ployat pour cette effet.
J'ai encore obf-rve que quand la dilTolution etoit claire dc limpide, &
qu'en la faifanc evaporer e!le fe reduifoic en une matiere blanche, cetce
diirolution fourniffoit toujours un precipite blanc.
Le mercure dilfous dans I'efpri: de nitre , ou reduit en fublime corrofif
^ fondu dans I'eau , s'eloigne entierement de la regie qui vienc d'etre
marquee ; car quoiqu'il ne donne auciine couleur a fon diilolvant , qu'il y
devienne invifible dans I'un Sc dans I'autre cas , & qu'en faifant evapo-
rer I'humiditc des deux dilfolutions , on le trouve reduit en une maffe
blanche , ne^nmoins les differens fels abforbans qui operoient tons la
rneme couleur fur un meme metal, agiilent differemmenc fur le iner-
ci^ite , ce qui produir un fpedacle chymiqiie alTez agrcable; i". par la
couleur qui nait tout d'un coup du melange de ces deux liqueurs egale-
ment daires & limpides ; i° . par la variece des couleurs qu'on pent donner
a pufieurs portions d'une meme c^ilTolution ; j''. patce qu'une meme por-
tion de la dillolution pent fucceflivement recevoir differentes couleurs par
differentes fortes de liqueurs vcrfees I'une apres I'autrc, done la derniere
npres avoir enleve la premiere couleur , en fubftitue une autre a la place j
enfin , parce que routes ces couleurs peuvent s'evanouir par unacide, &C-
reparoitre de nouvrau comme auparavanr. .
Comme ces fairs four alfez curieiix pourmcriter une attention particu-
liere, j'ai fait a ce fujet be^ucoup d'experiences 8c d'obfervations , tanc
pour vtfrifier les faits connus, & en rallembler de nouveaux , que pcuu
decouvrir la nature particuliere d'uiV tr^s-grand nombre de fels abforbans
qui peuvent fervir & donner lieu aux phenomenes done il s'agir, J'ai etu-
die avec foin I'aftion dillerenre de tons ces fels fur la diiTolution du mer-
cure ; les circont^ances dans lefquelles ils dcviennjnt incapabks d'agir ;
ACADfiMIQUE.
«ei
cellas oil i!$ coiifervent leurajaion, & celles qui la ajpdifieftt.. J'^i auffi
ex:iminc Ics differentes coulcurs done le mercure eft fufccptible , indaien- a . u
dj/-ii -11 r ^ ilCAD- JVOA AXE
jmmsnt des lels doiit on vjent dc- parler j ce lont toiices ccs n.inaic]ue^ " PE? StifNtiis
<jai m'onc fait naitre \z% coiijedtires luivantcs fur les couleuc* diverfes de^ ' P£ Paris.
piccipitcs du merciire dillous par I'cfprit de nitre. . ,
Quand on verfe de I'cfpric volatil de fcl ama^oniac fuj: la diJTqlutiop "'^^^ >7i^'
duiu il s'af^it , le melange devient a 1 inftaiu d'lin blanc fale & noiiatre ,
& lii precipitc qui en vient a la mcme couleur : j'ai remarqjie prccife-
iiient la mcme cliofe , en fubfticuanc a I'efpiic de fel ammoniac pluCeurj
.lucres efprits & fels volatils.
L'huile de tarcre verfcc en petite quantite fur une autre portion de la dif-
folution , produit une couleur de citron j a niefure qu'on en verfe davan-
tage , la liqueur devient d'un jaune plus fonce , &: foment meme rou'-eatre :
les fels fixes qui font bien alkalis , & qui fe refolvent facilemeiu a la moin-
dre humidirc , excitent la mime couleur , 6c plus ils font alkalis , plus la
couleur eft chargce , &: tiraiu fur le rouge.
II n'en eft pas de mi/me des fels fixes qui font peu , ou mediocrement
alkalis : du moins plufieurs de cette force que j'ai examines avec la dilfo-
lution, lui donnent un beau blanc, mais fans produire I'ebullition qui ar-
rive avec les fels qui font fore alkalis.
L'efpric de fel, le fel ammoniac & le fel commun fonc enfembla un
tres-beau blanc avec la meme dillolucion de mercure j &: I'urine y pror
duic une couleur de rofes pales.
Ce fcrolcici le lieu de parler des changemens de couleurs qui peuvenc
arriver a une mcme portion de nocre dilfolucion par le melange fucceffif
de difterentes liqueurs abforbantes ; mais nous commencerons par I'eclaic-
cilfement des faits qui viennenc d ctre rapportes , ce qui fera dune aUez
longue difcuftion , &; nous viendtons enfuue a I'examtn des autres expe-
heiaces.
Avant que d'entrer dans une explication decaillee , il fauc (avoir, \° .
que les dirferences liqueurs verfies fur la diirolution du mercure , n'y ei-
cicenc de couleurs qu'autanc qu'elles y font un precipice j c'eft ce preci-
pice qui colore cout le liquide pendant qu'il y eft repandu j mais a niefur«
qu'il combe an fond du vaiil'eau , le liquide devienc clair j cependanc il ar-
rive qaelquefois que la liqueur eft colorce fans qu'il fe falle de precipi-
tation bien feiifible, comme nous I'avons dq'a remarque au fujec du fel
de facurne londudans I'eau; & pouren donner un exemple qui cqnvienne
davantage a nocre fujec , fi I'on jetie fur notre dilTolution de mercure une
tres-grande quantite d'eau, la liqueur devient aufli-tot blanclie , fans
qu'on apper^oive enfuice de precipice fenlible. Mais fi c^tce couleuc n'cjl
pas reffet dune precipicacion parfaice, c'eft coujours celui d'un commeri-
cemenc de pcicipicacion ; car la gcande quanclte d'eau afFoiblic le dilTol-
vanc , ou plutoc dccache quelques acides qui fervoienc a fufpendre & a
divifer les parties du mercure , de force qu'elles etoient invifibles dans
la liqueur : ces parries de mercure fe reunilTenc done alors en nombre
fufhranc pour empLcIier le paftage libre des rayons lumlneux , ce qui
decruic la limpidue du liquide j mais quoiqu'elies y tiennenc moins .en
Bi ij
ipS COLLECTION
' cer etar qu'auparavant , elles iie fe precipitent point , parce que I'eau ne leur
AcAD.RoYALE 3 P^s enleve alfez d'acides , & que ce qui leur en refte fufti: pour les fou-
DEs Sciences tenir. li arrive meme qu'elles le redilFolvent dans la luite , & qu'elles
DE Paris. retablifTenr par la la liqueur dans fa limpiuite , parce que les acides qui
Annce lyix. les avoienc abandonnces , les rejoignent de nouveau; il eft done vrai de
dire que c'eft a la precipitation parfaite ou imparfaite du corps diflous que
doit etre attribuee la couleur qui futvient tout d'un coup a la dillolution.
Nous remarquerons en fecond lieu une chofe qui a etc fuffifammeni:
expliquee dans un autre Memoire , ou je donne la rtiechanique des preci-
pitations ciiymiques en general, cVft que les liqueurs abforbantes avec
iefquelles on prccipite les metaux dilTous par des acides , & qui font pa-
roicre fous diffeientes couleurs , la mcme dilfolution de mercure , agiffen:
routes de la meme maniere , quant a I'effet de la precipitation de ce me-
tal , c'eft-a dire en lui derobant une partie des acides qui fervoienc a le
tenir fufpendu dans le liquide ; il eft vrai que cerraines liqueurs peuvenc
abforber plus d'acides que d'autres , & par li , ou prccipiter une plus
grande quantite de metal , ou deniier le metal d'une plus grande quantite
d'acides ; mais ce ptecipite n'en n'aura pas pour cela une couleur differen-
te , a moins qu'il ne lui fuivienne encore de la part des abforbans quel-
Qu'autre alteration que celle de la perte plus ou moins grande de fes aci-
des ; & en efFet , quand apres avoir prccipite par le ftl commun , le mer-
cure diftous par I'efprit de nitre , on y vecCe enfuite de I'efprit de fel am-
moniac qui eft un abforbant bien plus puilTant que le fel commun ; le prc-
cipite a la verite en devient plus doux i3c plus abondant qu'il ne I'auroit ete
fans I'efprit volatil , mais il ne change pas pour cela de couleur , & i'on
verra par la fuite qu'avec des liqueurs tres-alkalines , & avec d'autres qui
ne le font que fort peu , la dilfolution pent acquerir une couleur fem-
blable.
La difference des couleurs dont il s'agit , fuppofe done dans les liqueurs
abforbantes quelqu'autre circonftance particuliere qui determine le mer-
cure a prendre relle ou telle couleur j car c'eft fur le compte de ces liqueurs
que doit etre mifu la difference des couleurs, puifque dans routes les ex-
periences , la dilfolution eft ton jours la meme, & qu'il n'y a de variete que
du cote des liqueurs abforbantes.
Pour decouvrir la caufe de ces differenres couleurs , faifons attention a
ce qui fe paffe dans deux operations de chymie qui font fort connues : la
premiere , c'eft la diftillation de I'efprit de nitre ; on fait que les premieres
vapeurs qui s'elevent par un degre de feu mediocre font blanihes , &■ que
celles qui viennent enfuite par une derniere violence de f u, font fort
rouges. Or n'eft-il pas tres- probable que la couleur rouge des dernieres
vapeurs , vient de la grande quantite de parties de feu engagees dans ces
vapeurs? & ce qui le prouvebien, c'eft que quand les vapeurs rouges font
parvenues jufqu'au ballon , comme les parties de feu font alTez fubtiles pour
s'echapper au travers de {es pores , elles abandonnent les vapeurs , qui
renducs a elles-memes, & denuees de la c.iufe qui entretenoit leur rarei
fadion & leur rougeur , fe condenfent, & torobent au fond du ballois en.
une liqueut claire qiji n'eft plus rouge.
A C A D E M I Q U E. 197
La feconde operation dont j'ai a parler, eft celle du precipitc rouge or- 1
dinaire , lequel porte improprtmcnt le nom de precipitc-^ car ce n'eft autre Aj-ad Royaie
chofe qae du mercure dillous par rcfptit de nitie , & reduit enfuite par d£s Sciences
revaporacion & la calcination fous la forme ou nous le voyons. de Paris.
On fait que quand I'humiditc de la dilTokiiion a cti^ exhalee , la matiere jinnii i7ii.
eft blanche, &; rerte encore quelque terns fous cette couleur j inais com-
1113 die perd toujouis des acidcs par la calcination , & qu'il s'y loge ea
place des parties de feu, quand ces parties s'y font amallces jufqu'a uii
certain point , elles donnent au mercure une couleur fort rouge ; ainli
dans ia precedente experience , nous avons vu que les parties de ftu jointes
aux acides nitreux , faifoient une couleur rouge ; & nous voyons dans
celle- ci les memes parties de feu engagees avec des acides nitttux d;uis le
mercure d'ou refulte la mcme couleur ; cependant il ne faut pas croire
que le mercure ait befoin Ai% acides nitreux pour acqucrir cette couleur j
car en calcinant long -terns dans un matr.s du mercure crud, il de-
vient t res- rouge ," iJ; il augmente de poids a proportion des parties d»
feu qu'il a retenues.
Or je confidere*la matiere da feu comme un fliiide particulier qui ne
doit pas feulement fes ptoprietes au mouvement rapide de fes parties ,
mais encore a leur figure conllanre ; & il n'eft pas plus difficile de con-
cevoir qu'un pareil fluide foir enferme dans un corps folide , &: y con-
fcrve fespropnetcs , que de concevoir la mcme chofe desautres fluides , te!s
quel'eauiSi I'air, qui aprcs avoir cte emptifonnes dans plufieurs corps foli-
des , en fortent enfuite avec la meme forme elTentielie fous laquelle ils y
font entres & y ontetc caches un alfez long terns.
Pour revenir au precipitc rouge ordinaire , on a vu qu'au commence-
ment de I'operation le mercure avoir une couleur blanche, &: qu'enhn il
ctoit reduit en une maife rouge : mais pour dccouvrir encore plus pat-
ticulierement toutes les couleurs que le mercure penetre des acides du
nitre peut prendre fucceflivement par une calcination continuee, j'ai faic
du precipitc blanc ordinaire felon le procede connu , je I'ai mis dans uii
creufet, & je I'ai calcine lentemcnt pour obferver plus exadement toutes
les couleurs dont il eft fufceptible. Quelque terns aprcs avoir eie penetre
par le feu, il a perdu fa couleur blanche , & en a acquis une d'un jauns
clair qui eft devenu enfuite plus fonce, & enfin la matiere eft dever.ue
fort rouge aptes avoir palFc par toutes les nuances du jaune qui fe fuccc-
doient les unes aux autres, a mefure que le feu y faifoit une plus forte
iinprenion.
D'ou je conclus tjue la couleur rouge de cette matiere vient d'une gran-
de quantite de parties de feu qui s'y font introduites ; que fa couleur jaune
vient d'une moindre quantite de ces memes parties , & qu'enhn fa cou-
leur blanche eft celle qu'a naturellement la matiere quand elle ne con-
licnt point de parties de feu , ou du moins quand elle n'en contient que
fort peu.
La prefence des parties de feu , ttant la caufe de la couleur rouga
qu'acquicrent les vapeurs du nitre S>c le mercure calcines, on concoic
aifcaient pourquoi cette couleur fe diffipe dans les vapeurs, & fubfiftedans
193 COLLECTION
, " ' "'"' ' le mereure ; car dans k premiere operarion, les parties de feu ne font
AcAD.RoTALE arretees que par un fluide, c'ell-adire par dts parties qui font en mouve-
BEs Sciences merit, & dont elles peuvenc facilement fe dcbarrallerj mais dans la fe-
DE Paris. conde operation , les parties de feu fe font logces dans un corps folide ,
AniKt 171 i. T'' P^"^ '* nature refifte puilfamment i leur evafion , & qui le fait par une
mechanique alfez curieufe , laquelle a ete fuffifamment expliquee dans ua
autre Mcmoire.
On a vu par ce qni a ete dit que le mereure penetie des acides du nitre,
fj'a befoin que de I'evaporation & de la calcination pour prendre fuc-
teflivement toutes les couleurs fous lefquelies il le precipite par les ditferens
inter mcdes marques au commencement de ceMemoire. Nousallons prefente-
ment faire voir que les couleurs procutees par les intcrmedts , ne different
point quant a leur caufe , des memes coukurs produites par I'evaporation
&; par la calcination , & que c'eft toujours pat la meme mechanique , &
avec les memes cuconllances que fe font les uiies & les autres.
Nous avons remarque au commencement de ce Memoire , que parmi
les fels fixes, ceux qui etoient puilTamment alkalis precipitoient ie mer-
eure fous une couleur rout;tatre; que ceux qji retount moins faifoient
une couleur moins foncee ; & qu'entin ceux qui 1 etoient peu taifoitnt un
precipite blanc.
On fait que la propriete alkaline des fels fixes , ne leur vicnt que du
feu de la calcination qui chalTe des pores de la partie terreule de ces fels,
une certaine quantite d'acides , ce qui los rend propres a recevoir dans la
fuite la meme q lantlte d'acides qu'ils ont perdus j par conlcquent , plus
ils en perdent , plus lis font capables d'en recevoir de nouveaux , & plus
auffi lis font alkalis; mais comme le feu en agiffant long-tems fur une
matiere terreufe , y lailfe toujours beaucoup de fes parties propres , comme
nous le voyons fenfiblement dans la ch.iux , ces fels ne manquent pas
audi de s'en approprier plus ou moins fuivant la quantite d'acides qu ils
perdent > & qui par leur fortie donnent lieu aux parties du feu de fe loger
dans la partie terreufe du fel ; d'ou Ton peut conclure que plus les iels
fixes font alkalis , plus ils contiennent de pirtie de feu.
C'eft audi ce qui eft prouve par les experiences fuivantes ; car j^. li
I'on plonge un thermometre dans I'eau , & qu'on falfe fondre dans cette
eau quelques fels fixes purement alkalis , comme ces fels font des efpeces
de chauxfalines , ils communiquent a I'eau des parties de feu qui I'echauf-
fent , & font clever la liqueur du thermometre comme pourroit faire le
feu ordinaire. 2". Plus ces fels font alkalis , plus ils font clever la liqueur
du thermometre, 3". Et ce qui prouve que ce n'eft pas la fimple dilfolu-
tion des fels , fans le f;cours des parties de feu qui fait haulfer la liqueur
du thermometre, c'eft que ii Ton dilfout dans Teau un ftl qui nait point
ete cakine comme le (el.commun , le nitre; ces fels n'ayant point de par-
ties de feu a communiquer a I'eau , bienloin de I'echaufler , la rtfroidif-
fent alfcz pour taire bailfer la liqueur du thermometre qui y eft plonge,
& Cvda parce que ces fels en fe dillribuant dans I'eau , partagent avec ce
liquide la matiete de feu qui s'y trouve natureilement , & qui eft indif-
penlablement necelTaire pour entteteair fa flaidite ; car teue fluidiie eft une
A C'A D 6 M I Q U E. 159
efpece de fufion Comparable a celle des mecaux , comme ]e !'ai ptouve ^^^
ailleiiis. ... Acad. RoYALE
Ceci pofe, k c.iufe des couleurs differentes qui furviennent aux pr^ci- des Sciences
pitcs de mercure n'eft pas difficile a devincr ; car en fiippofaiir roujours i>e I^aris.
fiiiv.mt la regie deja erablis, que c'eit la matiere de feu qai communique Jrinic 17 11,
ail inerciire routes les nuanctS , ou degrcs diffeiencs de jaune & de rouge ,
felon quelle s'infinue & s'arr£te plus 011 moins ahondaminent dans fes
pores , on con^-oic i", que les parties de leu qui fe font engagees dans les
fels fixes alkalis, &c qui y ont confervc leur proprictc elleitielle, puif-
qu'elles cciiauffent I'eau, comme pourroit le faire le feu ordinaire , peu-
vent bien aulTi comme cet agCnt , donnet au m.ercure les couleurs dont il
s'agit , & cela en quittaut le fel alkali , & fe logeant dans le corps du
metal.
On concoit 1°, que parmi les fels fixes , ceux qui font devenus puifTim-
ment alkalis , &: qui par la ont anialfe une plus grande quantitc de parties
de feu , doivent auHi communiquer an mercure une couleur jaune ou rouge
plus foncee , (sat la mcme raifon qu'ils dcliaufFehr davantage I'eau ou on les
diflbut, ce qui s'accorde parfaitement avec I'experience.
Enfin on concoit encore que les fels abforbants qui n'onc point etc ex-
pofcs au feu de la calcination , ou qui y ayant cie expofes n'y font deve-
nus que pcu alkalis , & par confequeiu n'ont ainalle qu'une ttcs petite
qaantitc de feu, ne doivent aufll prccipiter le mercure que fous la couleji:
blanche qui lui ell naturelle , quand il ell herilfc des pointes acides du
nitre, &qu'il n'a point fait une cerraine provilior. de matiere de feu,,
comme je I'ai fa-it voir affez clairemenr.
Il y a ici une remarque a faire , c'efi: que quand les fels propres a faire
un precipice blanc, contiennent quelque matiere etrangere qui en •pcut
eire facilen-.ent feparee , cette matiere i'uivant fa nature & fa qu.-.nnre ,
altere dilfcremmenc la couleur blanche du precipite. On fait , par exemple ,
que les fels vplatils font toujours unis a une nutiere huileufe , qui ayant
palfe par le feu , a acquis une couleur noire ; quand done les acides ccun-
tenus dans les pores du mercure fe vont inferer dans ceux du fel , ils en
chalTent ^ ils en expriment I'huile noire &: brulee , qui fe repandant ftjr
le precipite, falit fa couleut blanche.
C'efl; encore par la matiere huileufe qui fe trouve dans I'urine , iS: qui
en accompagne les fels volatils , que cette liqueur melee a la dilfolution ,
proQuir une couleur de rofes piles; car cette matiere tient de la nature
de la bile, du moins en a-t elle la couleur , qu'elle communique plus ou
moins au liquide fnivanc fa quantite ; & cornme elle n'a point pafle par le
feu com.me I'autre matiere huileufe , elie a confervc fa couleur naturelle
qui meme a cie un p^u exaltee , & qui eft de venue rougeatre par la ren-
contre des acides nitreux contenus dans le mercure , & par une fermer;ra-
tion affez longue qui fuit le melange de I'urine & de la dilfolution , & qui
procure la precipitation du mercure : eneffet, on fait que les niatieres^
hulleufes font fouvent rougies par les acides , & que Purine en particulier
prend alFez ordinairemenr une couleur rouge quand il y a une grande'
chalcur dans le fang. Quoi qu'il en foic , on pcuc dite qtie du jaune exalte
e
100 G O L L E C T I © N
^^^^^^^_-_ de la matiere hulleufe , & de la couleur blauche du precipice , il fe forme
A T, uiie couleur moyenne qui eft celle de roles pales. Eiifin ce qui ptouve
J\CAD rVOYALE , . 1 /• 1 1 -1 ' tr' i r ^
BBS Sciences clairement que les Ids volanls , tanc ceux qui one palle par le feu , que
.DE jpARis. ceux qui fe trouvent nacurellemenc dans I'urine , produiroienc toujours une
Annie i-jn couleur pucement blanche, fans la matiere huileufe & etrangere qui s'en
detache , & va fe meler au precipice , c'eft qu'il eft effeftivemenc tres-blanc
quand il ne re^oic d'imprciFion que de la pare des fels volacils , purs de
touc melange de matiere huileufe.
II s'agit prefentement de faire voir ce qui determine les parries de feu
contenues dans les fels fixes, a quitter ces fels pour le mercure ou elles fe
vonc engager. Nous avons prouve que dans la formacion des fels fixes alka-
lis , plus le feu de la calcination chalToit d'acides de la parcie terreufe de
ces fels, plus la matiere du feu s'y introduifoic abondammenc. Il femble
done par la que cetce maciere occupe la place des acides qu'elle a deloges;
& en effec quand on verfe de nouveaux acides fur ces fels, & qu'on les
fair fondre enfuice dans I'eau , ils ne I'echauffenc plus comni-je ils le fai-
foienc auparavanc, ce qui marque que les acides nouveaux ne peuvenc
entrer dans les pores du fel alkali , fans chalFer a leur cour les parties de
feu qui avoienc pris la place des premiers acides : cela etant , on congoic
que quand les acides qui tenoienc le mercure en dilFolution , s'iiifinuenc
dans les pores du fel alkali , ils en font fortir les parties de feu ; &: com-
me dans le palTage des acides , des pores du mercure dans ceux du fel
alkali , ces deux corps font appliques I'un a I'aucre , les parties de feu qui
s'echappenc des cellules du fel , enfilenc naturellemenc les pores du mercure
que les acides viennent de quitter, &: qui leur ofFrenc par la une enctee
libre.
On me dira peuc-ecre que les aeides & les parries du feu ecanc d'une
grofFeur inegale , & peut-etre meme tres-difproportionnees , les acides ne
peuvenc s'infmuer & ecre contenues ou les autres fe font logees , &c que
les parties de feu qui font plus fubciles , peuvenc bien a la verice s'intro-
duire dans I'efpace abandonne par les acides; mais que comme cet efpace
a plus d'etendue qu'cUes n'ont de volume, elles n'y feront point retenues
& emptifonnees , & par confequent elles ne tarderonr gueres a s'en echap-
pec , ce qui paroit detruire entierement ma fuppolltion.
Je reponds cjue quand les acides s'in.lnuent dans le mercure , comme
dans plufieurs autres corps, ils ouvrent &c dilatenc les pores ou ils s'enga-
genc, & c'eft apparemmenc de cec efforc , & de cec ecartemenc que naic
le trouble & I'agication qui regnenc dans la liqueur pendanc la dilTolu-
tion \ car fi les pores de ces corps ecoient adez larges pour laifTer paffer
libremenc les acides, ils y encreroient pailiblement , & ils en fortiroient
fans peine , enforce qu'on n'auroitpas befoin fouvept d'un feu de fufiontres-
violent pout les en chaffer , comme il arrive aiix acides qui font reftes dans le
colcotar. Les poies du mercure fe trouvant done dilates par la prefence des
acides , on console aifemencque quand ces acides en font forcis , les pores
fe retabiilTent dans leur premier retrecifTement par le refforc naturel du
metal , & c'eft la ce qui flit la foUition de la diificulte propofee ; car quand
ies acides (^uictent le mercure, ils 4'latenc les pores du fel alkali pour s'y
faire
AC A D E M I Q U E. ior
Lire un pndage , & au moment qu'ils s'y introduifen: , ils en cliaflent les ■■" i-i'"—ii
parties de feu dans L's pores du mercure qui n'ont pas encore eu ie terns « n
J r rr ■ ■ r ,r i » \ ' • r ■<.•.. ACAD. KOYALE
de le relierrer , mais qui Ic rellerrant bientot apres , s oppofent par la a 1 e- ci:; Sciences
vafion des parties de ten. J'ai dcja fait voir dans un autre Memoire que de Paris.
les corps calcines ne s'approprioicnt la matiete du feu que parce que Icur Annk 17 ii.
pores fe dilarant par la chaleur, ils donnoient par la une libre entree aux
parties de feu qui n'en pouvoient plus fortir de mcme apres la calcination,
parce que les pores s'ctoient alors relTerrcs.
II y a encore une reiremblance entre la calcination du mercure penetre
par les acides du nitre , &: Taction des fels fixes alkalis fur le meme mer-
cure , c'eft que le fen en s'introduifanc dans le mercure en chalTe bcaucoup
d"acides, &; meme plus il en chalfc, plus il y entre abondamment, d'oii vienc
que plus le mercure ell expofe au feu , plus il devient rouge , <S>: plus il
perd de fa corrofun qui venoit de la quantitc de fes acides. De meme
audi , plus les fels fixes font alkalis, plus ils abforbent d'acides au mer-
cure , plus ils lui communiquent de patties de feu , plus la couleur jaune
ou rouge qu'ils y excitent eft foncee , enforte que ces fels font prccife-
ment le meme effet fur le mercure , que le feu auquel on I'appliqucroic
immcdiatement , ce qui eft une preuve evidente que les parties de
feu peuvent fubfifter dans un mixte avec leurs proprietes edentitlles qui
fe declateront des que ces parties feront en libertc. S'il eft vrai i".
que les fels fixes alkalis ne fallent un piecipite jaune ou rouge de
mercure qu'a raifon des parties de feu qu'ils ont amalTees \ 1". que
ces patties de feu ne fe foient logees dans ces f?ls qu'a ptopottion des
acides qu'elles en ont chade ; 3°. que la prefence d'un nouvel acide les en
falfe fortir a leur tour, je me fuis imagine que le fel de tartre etant faoule
a demi d'acides, devroit avoir beaucoup moins de parties de feu qu'aupa-
ravant , & etre devenu par la femblable en nature & en effet aux fels
fixes peu alkalis, qui contenant plus d'acides, & bien moins de parties de
feu que les fels plus lixiviels, ne precipitent le mercure que fous une cou-
leur blanche; il m'a encore paru que ce meme fel de tattre devenu propre
a faire un precipice blanc par les acides nouveaux qu'il a acquis, repro-
duiroit une couleur jaune comme auparavant fi on le depouilloit de ces
nouveaux acides , & qu'on rendit par le meme moyen les parties de feu
qu'il avoir perdues. J'ai execute cette idee de plufieurs nianieres , S<. routes
m'ont pleinement reufli.
Je me fuis d'abord fervi pour cela du fel vegetal, qui , comme on fait , eft
compofe d'un fel fixe tres-alkali ,■ & du cryftal de tartre qui eft un acide
concret ; & comme ce fel moyen fermenre encore avec des liqueurs aci-
des, j en ai verfe fur notre dilfolution de mercure qui en a acquis une
couleur tt ^s blanche ; & ce meme fel fuffifammenc calcine a produit en-
fuite un ptecipite fott jaune avec la meme dilfolution.
Pour imirer encore davantage la compofition naturelle des fels fixes qui
par la calcination ne font devenus que peu alkalis , j'ai verle des efprits de
vitriol ,^ de foufce , de fel , d'alun , fur differentes parties de fel de rartre,
& je n'ai employe de chacun de ces efprits qu'autant qu'il en falloit pour
qu'une portion feulement des pores du fel de tartre fe trouvat bouchee
Tomi III, Panic francoifc, . Ci
loi COLLECTION
■ pat les acides, & que Tautre etanc libre rendic encore le fel propre a ab-
AcAD.RoYALE f'T^'^r d'autres acides ^ le fel de tarcre a fait en cec etat un precipice de
DEs Sciences mercure tres-blanc : ce tneme fel de tartre plus charge d'acides que dans
DE Pakis. les experiences precedences a produit un effet femblable ; & ce qui fur-
u^nnei lyiz. prendra peuc ecre , c'eft qu ecanc encierement faoule d'acides vitrioliques ,
Sc ayanc meme alors une faveur aigreletce , il n'a pas laifle de precipi-
rer le mercure dilFous par I'efpric de nitre , ce qui marque que le fel de
tartre a toujours en cet etat des pores inaccefliblcs aux acides vitrioliques,
& afTez ouvetts aux acides nitreux pout operer encore par leut moyen an
precipite blanc avec notre dilFolucion.
Enhn j'ai employe le precede neceffaire 6c fuffifamment connu pour
chaffer quelques uns des acides done il a ece parle , des pores du fel de
tartre ou ils i'etoient engages, & ce lei de tartre eft rentre par la dans
la pofreflTion ou il etoic auparavanc de precipicer le mercure fans une
couleur jaune ; ce qui me confirme parfaitement dans le fentiment oil
je fuis , non feulemenc fur la caufe des differences couleurs des precipices
de mercure , mais encore fur la nacure particuliere des fels fixes , fut leur
difference elfencielie , & fur les effsts que produit en eux la calcination.
Pout ecre m'oppofeta- t-on , que fi la couleur rouge ou jaune qu'ac-
quietc le precipice de mercure , venoic des parties de feu qui s'y font en-
gagees a la place des acides qui en oi.t etc dcloges , le fel commun , £< les-
fels fixes peualkdis fondus dans lean bouillance , & I'efpric de fel qu'on
a fait audi bouillic , ne devroient plus precipicer le mercure fous une
couleur blanche comnie auparavanc, mais fous une couleur rouge ou jau-
ne; car ces liqueurs conciennent, fuivantmoi, tout ce qui eft neceffaite
pout I'effet dont il s'agit, puifque par leuts parties abforbantes , eiles peu-
vent derober des acides au mercuie , &i. qu'elles peuvcnt aufli lui donner
une couleur jaune ou rouge par leurs parties de teu ; cependaiit le preci-
pice qu'elles operent en cet etat, a toujours une couleur blanche , ce qui
femble detruire mon hypothefe fur la caufe du rouge & du jaune.
Mais on reconnoicra tacilemenc que cecte obje(Sion porte a faux , fi Ton
coniidere que quand les parties de feu contenues dans une liqueur abfor-
bance , ne s'y crouvent pas fituees de maniere a pouvoir enfilet les pores
du mercure dansl'inftant que les acides en fortent , elles ne doivenr point
coaimuniquer de couleur rouge au precipite , & c'eft-la precirement ce
qui arrive dans les exemples propofcs ; car quand on fait biew bouillir de
I'efprit de fel , ou qu'on fait fondte dans de I'eau bouillante dti fel com-
mun, ou des fels propres a precipiter le mercure fous une couleur blan-
che , les parties de feu que ces liqueurs one acquifes, nagenc entre les
differences parcies du liquide ; mais elles ne fonc point emprifonnees dans
I'incerieur de chacune de ces parties, comnie celles dont le fel de tartre
eft charge , & qui , par rette raifon , ne fe fonc peine fen'ir excerieuremenr.
11 eft vrai que quand on fair fondre ce fei da- s I'eau , elle en devient pen-
dant quelque terns un peu plus chaude qu'elle ne retoic auparavanc : mais
c'eft a raifon des parcies de feu qui fe font detachees du fel , &' qui etant
forcies de captivite , fonc devenues communes a couc 'e liquide, & Ton
va voir que ce n'eft poinc a ces parties que doit ecre atttibuee la couleur
A C A D i& M r Q U E. u^
touoe qu'acquiert le precipice ; mais a celles ■6[de le Tel &e tsitt^ 4 fete-
iiues miil'^rcl.i tu(iL>h , & done la liqueur ne tire aiicune chaleur.
(^)ii.inil Its acules dii mcrcure eiurenc , par cxenipic , dins les pores du
fe: c )minun fondu dans I'eau boiiillante , ils ne challent p'int'di parties
dw tea de ces pores , puilqu'il n'y en a point ; ils n'agillent point nan
plus fur les parties du feu qui font aa dehors de ce fel , puifqde route kut
acbon s'ctend au-dedans : les parties de feu ne font done poifit alors dc-
terminees a fe porter plutot vers les pores du mercure, que dans ks in-
terlhces du liqu de qui kur oilrent un pafTage libre, & dont elles s'ccar-
tent d'autaiit moins , que les pores du mercure pour lefquels il fiudroic
qu'elles fe detou.nafTciit , ne font en etac de les recevoir qud dans rinft.inc
'que les acid es les abandonnent , c'eft-ddire , quand ils font dans une cer-
taine dilatation qui ne tlure pas long-cems. Or les acides qu'on peuc fup-
pofer , qui s'enloncent par une de kurs extrcniites dans ks pores du fel
ablorbant , tandis qu'ils tiennent encore au mercure par I'autre extrcmi-
te , ne p-uvent entierement fc fepirer de kur gaine metallique, q-je le fel
& le mercure ne fe foient appliques immediatement I'an centre I'autre
& que I'adion mutuelk de ces deux corps n'ait fait laclier pr'ife au mer-
cure; & il eft vraifemblable que dans ce contaiftimmediat , les pores du mer-
cure & ceux du fel font abouches I'nn a I'autre, &: font une efpece de
canal continu , enforteque (i le fel contenoit alors des parties de feu , elks
feroient dirigees vers le mercure par lintrodudion des acides dans le fel-
& comme elles ne pourroient fe rc'pandre ni a droire , ni a gauche a caufe
de I'abouchement , elks prendroiei t la place des acides , dans le meme
inftant que les acides prenncnt la kur : quant aux parties de feu qui ne
font point au-dedans, mais au-dtia du fel abforbant , le contaifl immc-
diat dont on vient de parler , eft auffi contraire a kur entree dans ks
pores du mercure qu'il feroit favorable aux palTages des parties de feu
aes pores du fel dans ceux du mercure : fi done on confidere en meme
terns , & le dcfaut de determination des parties de feu dont il s'agit,
vers le mercure , & le peu de facilite qu'elles onta y entrer , on convien-
dra que dans k cas prefent, il n'en doit pas etre plus fenfiblement affede
que s'il n'y en avoir point dans la liqueur. !a)
Je reviens aux effl-ts de I'adlion immediate du feu fur le mercure : i'at
dit que le precipitc blanc expofc a un feu doux He calcine knrement, pre-
noit fuccelfivement routes ks nuances du jaune , & devenoit enfin tres-
rouge, comme il arrive aufti a la matiere du prccipite rouge ordmaire
impropremenc nomme prccipite; mais fi Ton fait agir fur le prccipite
blanc un feu plus fort & gradue , alfez long-tems pour fublimer ce pteci-
(d) Il faat fe foavenir qu'il n'eft qucftion dans tont ceci que de la diflbluiion du
mercure pat I'cfprit de nitre. Les couleurs qui furviendroient a des precipit(is de mer-
cure dilTous par d'autrcs acides, apparticndroicnt a un fyfteme general dont il fcinble
que M. Lemery ne defcfpcre pas. II fjut remarcjuer aulTi que les autres m(!taux dif-
fous ont leurs couleurs p.irticulicrss, qu'ils nc pcrdent point par la precipitation, quel-
que alkali qu'on y cmploic , & il Icroit a fouhaitcr que le fvfteme general le fut
alfez pouv expliquerpourquoi ils ditFerenc en ccla du mercure. S'il Ic fait, ce fcra une
Rrande marque de vcrite ; & s'il nc le faic pas, il nc Icra pas de pitc condition que
bcaucoup d' autres fyftemcs. {Hi^oireie 1711.;
AcAD.lloYALE
DES Scit.'-'CES
DE Paris.
An/lie 171 z.
104 COLLECTION
<— ~^™~™~ pite dans un matras, il confervera fa blancheur malgce radlion dufeu Sc
Acad. RoYALE la perte de fes acides, qui eft fort confidetable comme nous le prouvetons
BES Sciences inceflamment , 8c qui peut meme allec plus loin par des fublimations rei-
DE 1 ARis. terees : ce n'eft done point a la perte des acides qu'il taut attribuer le
Annie ij 11, changement de couleur lorfqu'il a lieu; en elfet , 11 Ton examine bien le
precipite blanc fublime avec foin , on reconnoitra evidemment qii'il lui
refte beaucoup moins d'acides qu'au precipite rouge ordinaire.
On voit au/li par cette obfervation que la matiere du feu a beaufrappet
exterieurement le mercure , quoiqij'avec force & pendant un terns alFez
confidetable , elle n'y produit de couleur nouvelle qu'autant qu'elle pene-
tre a loilir dans I'interieur du mercure , £c qu'elle s'y engage en fufRfante
quantite , comme il atrive quand on ne poulTe le precipite blanc que par
line chaleur lente ; car dans ce cas le courant de la matiere du feu qui palTe
an travers du vailleau , & qui va droit au precipite , fe trouvant inferieuc
en force a la reliftance &: au poids de ce precipite , ne peut le foulever ;
il faut done qu'il en traverfe les pores comme il a fait ceux du vailFeau , &
en effet il les traverfe apres les avoir dilates , il s'y engage & y eft retenu
comme nous I'avons explique , ce qui donne a la matiere une couleur fort
rouge. Si au contraire on tait agir une chaleur beaucoup plus force fur le
meme precipite blanc , la matiere du feu ne forme plus un fimple cou-
rant, c'eft un torrent fuperieur qui ne trouvant qu'une foible reliftance
dans le poids du precipite , n'a pas befoin d'en traverfer les pores pour
concinuer fa route, mais il le fouleve ,il Temporie , la matiere du preci-
pite en eft d'autant moins pcnetree qu'elle echappe , pour amii dire , afon
adion en fuyant devant lui, &c elle conferve fa blancheur.
Cependant fi les parties .du feu ne peuvenr dans cette operation penetrer
fort avant dans le mercure, elles ne lailFent pas de lui faire perdre beaur
coup d'acides ; ce qu'il eft aife de reconnoitre : i° , par la diminution con-
fidetable de fa vertu purgative & vomitive qui lui venoicdes feuls acides,
& qui s'evanouiroit entierement fi Ton continuoit de les faire exhaler , foic
en reiterant les fublimations, foic autrement : i* , parce que cette matiere
s'eleve & fe fublime de nouveau avec plus de facilite & de promptitude
qu'avant fa ptemiete fliblimation : or il eft certain que les acides repri^
ment la vtolatilite du mercure , & que plus le mercure en contient, moins
il fe fublime aifement : 3° , enfin , parce qu'entre les parties de la matiere
fublimee,on trouve fouvent plufieurs globules de meicure revivifie, c'eftr
a-dire , degage de tons les acides qu'il avoir acquis , d'oii I'on peut con-
clure que les autres parties du fublime qui n'ont pas perdu tous leurs
' " acides, en one au moins perdu une bonne parcie. En effet, quoique dans
cette operation la mariere du feu n'atteigne gueres que la furface exte-
rieure du mercure qu'elle choque vigoureufement, elle en dilate toujours
un pen les pores , fur-tout au commencement de Toper-ition , torfque la
matiere n'a pas encore eu le terns de s'clever , ce qui faciiire d'autant plus
la fort!e des acides , que quand le torrent qui poulfe le pretipite , I'a lublime
jufqu'.i la hauteur qui convient a fon poids , il le fait alors circuler au hauc
du vaiffeau , de forte que les difFerentes parties de ce precipite fe rencon-
trentSi fe hemten: fiequemmenc & en cjifferens fens , & que par ces di--
A C A D £ M r Q U E. loj
vers chocs , les acides qui fortent davanrage de la furface dii mercttre, 5c qui
y font moins tederres qu'atiparavanr , font forces cnfin de I'abandonner.
Mais commc le mercure rt(ifte plus ou moins d I'adion du feu qui tend
a le fublimer, fuivant qu'il contient plus ou moins d'acides , &: comme
jius il rcfifte a cette adion du feu , plus il donne de prife aux parties du
feu pour s'infinuer dans fes pores, il s'enfuit qu'un mcme degrc de feu
applique a deux portions de niercure incgalement cliargees d'acides doit y
faire deux etfets diffcrents ; il rougira celle qui rclifteta par fon poids,
& fubiimera I'autre fans en altcrer la blancheur : c'elt audi ce qui arrive
a la malTe blanche reftee apres I'evaporation de notre dilfolution & au pte-
cipitc blanc ordinaire. La made blanche contenant beaucoup plus d'acides,
refille par fon poids a un degre de feu qui enleve bientot le prccipite blanc-
mais quand cette maflTe eft devenue rouge , ce qu'on appelle le precipite
rouge , comme elle a perdu alors beaucoup d'acides , le mane degre de
feu n'y trouve plus la mcme refiftance , Sc il eleve la matiere avec les
parties de feu quelle a acquifes , ce qui produit un fublime rouge.
Par la mcme raifon , quoique le dernier degre de feu que le prccipite
blanc puilFe fupporter fans en etre ebranic , foit de beaucoup infcrieur a
celui qu'on pent employer pour faire le precipite rouge, il eO encore trop
fort pour le mercure cru , il I'eleve fans s'alterer , tandis qu'il donne au
precipite blanc une coulcur rouge. Si I'on veut done donner la meme cou-
ieur au mercure cru , il faut diminuer le feu a proportion du peu de re-
fiftance de la matiere.
Mais il y a cette difference entre la calcination du mercure cru & celb
du precipite rouge , que quand le mercure cru a etc expofe pendant un
certain tems au degre de feu qui lui convient, it devienr capable d'en
foutenir un plus fort , parce qu'il a acquis des parties de feu qui ont aug-
mente fon poids ; au lieu que fi on augmente la feu fous la matiere du
precipite rouge , ou feulement (i on le continue au meme degre , cette ma-
tiere , comme on vient de voir , ne pent plus le foutenir ik fe fublime,
parce qu'en acqucrant des parties de feu elle a perdu des acides qui fonr
plus pefans , & qu'ainfi fon poids total eft diminue.
On voit bien a prefent pourquoi il faut deux ou trois mois pour tr.mf-
former le mercure cru en une poudre rouge , tandis qu'il ne faut que
quelques heures au mercure charge d'acides pour prendre la mcme forme,
■'' ■^^•■'—- ce qu'on appelle precipitif rouge; c'eft que le mercure cru ne'
Acad. RoYALE
DES Sciences
DE Paris.
Annk 1711.
6>:de _ .... ^, ..„ .,v,
peut foutenir qu'une chaleur' tres-foible ,°au lieu que le mercure chlrg^
d'acides en foutientune tres-forre. Il eft vrai que cette difference de deux
ou trois mois a quelques heures eft confidcrable , & d'ailleurs comme fur
la fin de la calcination du mercure cru on augmente le feu, quand on
veur rendre la matiere aulfi rouge qu'elle peut' i'etre , il eft a piefumei:
que dans le cours entier de ces operations la fomme du feu qui .-igit fuf
le mercure cru eft plus grande que la fomme du feu qu'on fait agir fuc
le mercure charge d'acides pour parvenir au meme effet; ainli il faut que
ce dernier , outre I'avanrage de pouvoir foutenir un feu beaucoup plus
violent , ait encore celui d'ofFiir aux parties du feu un accts plus facile ;
ce que je concois aiuti, Les acides contenus daus les ^ores de ce mercuxe
10^ COLLECTION
«— en foulevent les parois , & pour pen que le courant de la marJere dii fea
/\cAD. RoYAlE concoure a les foulev-i- , Ics acides sVn echappent & laiir^nt les pores ou-
Dts Sciences veits non feulement de tout I'cfpace qu'ils y occtipoienc, mais encore de
EE Paris. toure la dilatation qui a facilite kurfovtie : la matiere du feu y entredonc
JtnrJi 171 1. t>i^f plus abondanimcnt & en bicn moins de terns que dansle merrure cm
oil rien ne favorife fon entree , & oil il taut qu'elle opete feule la dila-
tation dont il s'agit.
Et ce qui prouve bien clairemenc a ition avis que les acides contenus
dans le mercute , accelerent I'etifet de la matiere du feu , c'cft-a dire la
couleur rouge, indepenJamment du poids qu'ils ajoutent au mercurC , c'eft
que fi Ion expole le precipite blanc au degrc- de feu que le mercure crupeuc
fouccnir, il y deviendra plutot rouge que le mercure cru , dont il ne dif-
. fere ccpendant que par les aciles qu'il a rettnus, & qui doivent par con-
fequent etre reputes la caule de cet efFet.
j'ai rapporre ci-de(Tias dans un alTez grand detail , comment differents
fels abforbant, plus ou moins alkalis, agilRnt fur difFerentes portions de
notre diirolutiou : voyons maintenant comment ils agilTent fucceHivemenc
fur une Tule portion de la meme dilTolution.
Quand on a donne a cette diffolution une couleur jaunatre ou rougeatre
par le melange des fels fixes propies a cet effet , comme eft le fel de
tartre , fi Ton y verfe enfuite de I'efprit de fel ammoniac ou d'autres fels
volatils refous dans des phlegmes &: tires par la ditlillation , la couleur
jaunacre ou rougeatre difparoit d'abord , & la liqueur devient d'un blanc
fale & fouvent noiratre.
Mais quand on verfe de I'liuilc de tartre ou d'autres fels fixes fort
alkalis (ur la dillolution ceinte en blanc fale par le moyen des fels vola-
tils, les fels fixes ne font point evanouir la premiere couleur en lui fub-
ftituant celle qu'ils ont coutume de produlre , ils etendent feulement dans
la liqueur la couleur noiratre que les fels volatils y avoient produite.
Voici d'autres experiences dans lefquelles les fels fixes dont on vient de
parler , changent en rouge ou en jaune la blancheur produite par d'autres
iels qui ne peuvent a leur tour detruire cette couleur jaune lorfqu'elle s'eft
emparee de la liqueur.
Si Ton verfe du fel de tartre ou quelqu'autre fel de meme nature fur
la dilfolution blanchie par le ftl commun ou par des fels fixes peu alkalis ,
la liqueur devienc jaune aulTitot, & cette couleur eft inalterable enfuite
par rapport aux autres fels qu'on mele a la dinokition apres que le fel de
tartre y a fait fon inipreffion. Le fel de tartre eft done dans cette occa-
fion a I'egard de ces autres fels, ce que les fels volatils font a I'egard du
fel de tartre &c en general des fels fixes qui ont la propriete de precipiter
le mercure fous une couleur jaune.
Jufqu'ici nous avons bien obfervc que de deux fels verfes I'un apres
I'autre fur la diftblution , I'un detruifoit la couleur de I'autre & en fuljfti-
tuoit une nouvelle j mais nous n'avons pas vu que celui dont la couleur
avoit cte detruite put la faire reparoitre ; il y avoir toujours un de ces
deux fels plus efficace He apres lequel I'antren'avoit plus d'aftion. Voici uncas
oil le contraire arrive. Quand on verfe aUernacivemenc de I'huile de tartre
ACAD^MIQUE. 207-
Sc de I'efprit de fel fur none diirolution , elle devienc alternatiyement _^___,i„
iaune & blanche autant dc fois qu'on veut rcittrei' cette cprcuve. "T TJ '
Nous n avons employe dans cliacune des experiences indiquees ci dellus ^^^ Sciences
que deux fortes de liqueurs ablorbantes : on pourroit en mcare en oeuvre d£ Paris.
iin plus grand nombre fur une mcme portion de la diffolution , & y
faire naitre a chaque fois une nouvelle touleur ; niais il faut pour opcrer " "-^ ^~ '
le changement de coulcur que les liqueurs les plus foibles paflent toujours
les premieres.
Pour bicn comprendre ces changemens de coulenr , il faut remarquer
que p.irmi les acides done le mercure fe trouve charge dans notre dilFo-
lutioii , il y en a qui y font eiifonces plus profondc'ment que les autres :
s'ils y ctoient tous egalemenc engages , il arriveroit l-Jifqu'on y verfe quelque
abforbant en fuffifante quantite, ou qu'aucun acide ne feroic enleve , ou
qu'ils le feroient tous j or on obferve tour le contraire , car ces ab-
forbants ont dcrobe au mercure tous les acides qu'ils font capables de de-
raciner, il y en relle d'autres qui ne leur donnent plus de piife 8i qui
reflent attaches au mercure , 3. moins qu'on ne joigne I'aiStion du feu a
cello des abfoi bants. On pent mcme dire que c'eft a raifon dcs acides les
moins engages , Sc qui fortent le plus de fa furface que le mercure efl
dans cet etat un fi puifTant corrofif; car des que ces acides onr ete livres
aux obfervants , le precipitc qui en refulte n'cfl plus que vomitif ou pnr-
gatif, a caufe des acides qui lui reflent, done plufieurs font encore affez
faillans pour produire I'iriitation purgative ou vomitive , & Ton peut mcme
rcuuire a rien ou prefqu'a rien , ceite qualite de mercure en le d;;pouil-
lant par divers precedes de la couche des aeides purg.itifs, apres quoi le
mercure conferve encore d'autres acides , mais fi enveloppes , qu'ils n'onc
plus d'autie effec que de rcprimer fa grande volatilite , comme on le re-
marque dans la panacee. Ainfi je diflingue dans le mercure de n tre diflo-
lution trois ordres d'acides , les uns qui y font peu engages & dont il eft
herifTe de toure parts , ce qui fait la caufticite ; les feconds plus engages
que les premiers , mais aflez faillans pour picoter & irriter , & les troi-
fiemes qui font prefqu'entierement enfevelis dans le merccie.
Voici un fait qui appuye ce que j'avance ici fur la cauflitite du mercure.
Quoique 1 efprit de nitre foit tres corrofif , &: que le fcl cominun & le vi-
triol ne le foient pas , cependant le mercure e(i beaucoup rooins cauftiqne
lorfqu'il eft hcrilfe des acides du nitre que quand il I'eft des acides du fel
ou du vitriol , parce que les pre.niers plus fubrils s'engagent plus avanc
dans le corps du mercure , au lieu que les autres plus groHier s'y enfonganc
peu le hcrilTent di piquants plus longs Sc plus gros , lefquels penetrenc
plus avant dans les corps qui s'offrent a leur adlion.
Si les acides qui fervent a tenir le mercure en difTclurion n'y font pas
tous egalemenc engages , les difTerents ahforbsnts dont nous avons paile
n'ont pas tous aiilfi la mcme facilite a les enle cr \ les uns n'ont de prife
que fur les acides du premier ordre ou les pins fiill 'nrs , d'autres ont prife
fur ces prjmi.rs Si encore fur ceu,\ du fecond ordre; enforre que.ll Ton
verfe fur notre didolution les abforbanrs les mains efficaces, ih l.'ifleronr
aux autres des acides a detacher, ce qui n'arrivera poinc li les abforbanrs
loS COLLEC;TION
— — les plus efficaces font employes les premiers; cela fe voir auffi t^ans la pre-
AcAD.RoYALE cipitatioti de Targeiu dilTous par Tefprit de nirre; fi Ton y emploie le cui-
BEs Sciences vre, I'argenc tombe fans prefque avoir retenii aiicun acide ; mais fi au lieu
DE Paris. du ciiivre on emploie les fi-ls abfoibants , I'argcnt fe precipice avec une
^ I, bien plus grande quantite d'acides : le ciiivre enleve done dans cette oc-
nnu I 71 2. ^^^^^^ ,^ d'acides , &: il en enleve fur lefquels ces fels abforbancs none
point d'adtion.
Ces differens abforbants ne produifent fucceffivement differentes cou-
leurs fur une meme portion de mercure qu'autant que i'abforbant qui
vient en fecond lieu eft le plus efficace & trouve encore des acides a
enlever que lui a lailFes i'abforbant plus foible. Er^ effet j'ai fait voir que
quand on vcrfe le premier abforbant fur la diirolution claire Sc limpide , il
lie lui donne une couleur qu'en y faifant un precipice , c'efta dire en abfor-
bant des acides, & lorfqu'un fecond ablorbant detruit cette couleur &: en
fubftitue une autre, c'ell encore en abforbant d'aurres acides. Cette feule
fuppolltion explique tons les changemens fucceflifs de couleur de notre dif-
folution.
Nous avons deja obferve que les fels volatils detruifoient la couleur jaune
ou rou<'e produlce par les fels fixes, lefquels ne pouvoienc plus enfuite la
retablir. Suivanc notre fuppofition les fels volatils font done de plus puif-
fans abforbants que les fels fixes, puifqu'ils trouvent encore a agir apres
eux fur le mercure : or ils ne peuvent lui derober de nouveaux acides fans
faire difparoitre fa couleur rouge en donnant lieu a I'evafion des parties de
feu que les fels fixes avoient introduites. En effet les acides contenus dans
le mercure, dibtent necelFairement les pores qu'ils occupent , ce qui corn-
prime les pores voifins oii font enfermees les parties de feu He font fepares
des premiers par des cloifons mitoyennes. Lots done que les acides fe font
echappes , les pores qu'ils laiffent vuides fe rederrent, & les pores ou font
logees les parties de feu fe dilatent d'autant , ce qui donne lieu a I'evafioii
de ces parties ; ainfi le meme effet fert a I'expulfion &c des acides & des
parties de feu.
II y a meme ici une reflexion a faire , c>ft que la fortie des parties de feu
fe fait par deux mouvemens alternatifs : le premier eft un mouvement de
comprclTion occafionne pat la prefence des acides dans les pores voifins,
& augmentc peutctre par I'efFort que font ces acides pour s'echapper; ce
qui doit produire des fecoulTes qui determinent puiffamment les parties de
feu a s'elancer au dehors des que par le fecond mouvement leurs cellules
fe dilateront a leur tour , ce qui arrive I'inftant d'apres que les acides fe
font degages. Ces deux mouvemens fe font dans un ordre contraire lorfque
les parties de feu s'engagent dans le mercure , la dilatation a lieu la pre-
miere & facilite leur entree dans les pores , apres quoi furvient la contrac-
tion qui les y retient. On pent ajouter que comme un relTort qui fe de-
tend n'attrape pas tout-.i-coup le point du repos &c va un peu au-de!a , les
pores qui etoient trop dilates par les acides fe retTerrent d'autant plus Sc
donnent lieu a ceux qui contiennent les parties de feu de s'etendre plus que
dans leur etat naturel, puifque c'efl: la meme cloifon qui ptoduit le relfer-
rement
A C A D fi M 1 Q U E. io9
rement des uns ?c la dilatation dcs amies , circonftance qui facilite encore —
I'evalion de la paitic du feu. Acad. Ro\ Alt
Qiimd on verfe de nouveau des feis fixes fur ce precipitc aj.rcs I'ac- Dts Sciences
lion des feis volatils, les premiers nc peuvent y retablir la couLur jaune f^ 1 aris.
oil rouge, car il f.iudroit pour cela qu'il s'en detachat encore des acides -^'"'"•■'-' i?'--
pour ouvrir comme la premiere f'ois la porte aux parties de feu contenues
dans le (el, & lt;s determiner a enliler les pores dil.itcs du mercurej mais
le lei fixe ne trouvant plus alors dacuies cju'il puilfe detacher & qui pc-
nctrenc allcz d.ins les pores pour en clialFer les parties de feu , il n agic
que fur I'lunle noire &c brulce , que les fels volatils avoient repandtie lur
le mercure , Sc qu'il etend & fait paroitre davantage ; mais quand ces fels
n'en rcpindenc point &c qu'ils font un precipice trcs-blanc , le fel fixe
qui vienc enfuite n'y produit auciin effer.
S'll ert vrai que les fels volatils ne- detruifentia couleur jaune produite pat
le fel do tartrc ou par qu^^lqu'autre Icl fixe de m^me nature , que parce
qu'ils font plus abllirbants, le fel de tartre doit detruire a fon tour la
couleur blanche & y fiiblliruer la jaune , quand a la place des fels vo-
latils, on s'eft fervi d'abforbants plus foibles que le fel de tartre pour
faire le precipite blanc. Toute la difference qui fe trouve entre ces deux
operations, c'ell que dans 1 une les fels volatils en abforbant de nouveaur
acides , font aulli fortir les parties de feu que le fel de tartre avoir don-
nees au mercure, & que dans I'autre le fel de tartre en s'emparant des
acides que lui ont laidls les abforbanrs plus foibles, infere dans le mer-
cure des parties de feu , comme il auroit fait s'il eiit ete verfe le premier
dans la dillolution. Enfin ces fels moins efficaces verfcs de nouveau fur la
liqueur apres que le fel de tartre y a fait fon impreffion , n'y doivenc
plus retab ir la couleur jaune quand elle a cte detruire par les fels vola-
tils : les experiences confirment ce raifonnement. Par exemple , il eft cer-
tain que le fel commim & les fels fixes pea alkalis, font bien moins abfor-
bants que le fel de tartre j audi la couleur blanche qu'ils produifent fait
place a la couleur jaune excitee par le fel de tartre , laquelle demeure
inalterable pai: rapport a ces autres fels ; de mcme le fel de tartre plus ou
moins charge d'acides , eft inconteftablement moins abforbant que le fel
de tartre pur & fans melange j aulli ce dernier I'emporte-t-il fur I'autre de
la meme maniere que fur le fel commun & fur les fels fixes peu alkalis.
Il refte a expliquer pourquoi I'efprit de fel & I'huile de tartre , par defail-
lance verfes alternativement fur une mcme portion de notre dilTolution ,
la colorent tour-a-tour de blanc &c de jaune autant de fois qu'on veut , fans
que I'acSion de I'une des deux liqueurs ferve d'obftacle a I'adlion fuble-
quente de I'autre, effet tout oppole a ce que nous avons vu dans les expe-
riences precedentes. Pour bien comprendre celle-ci , il faut faire attention
que I'efprit de fel eft un abforbanr pour les acides nitreux, comme je I'ai
nrouve ailleurs , &: qu'il pent aufli dilFoudrel* mercure , comme M. Hoin-
berg I'a fait voir -, d'ailleuis le fublimc corrofif n'eft qu'un mercure pene-
tr e pat les acides du vitriol Sc du fel, Sc men pere a demontre qu'on peuc
meme en faire avec du fel commun.
CeU pofe , quand on verfe de I'efprit de fel fur notre dilTolution, il nc
J'ome III, Psrtic Fran^oijc, D i
iio COLLECTION
■ peuc introduire fesacides dans le mercure faoule & revctu par-tout des aci-
AcAD.RoV-ALE dcs nicreuxj I'efprit de fel ne peuc done agir alors que comme abforbant
DES Sciences en s'emparant des acides les moins engages dans le mercure , qui par cette
' ■ perte commence a fe piccipiter fous une couleur blanche. Quand on verfe
Annti ijii. enfuite de I'huile de tartre qui eft plus abforbante que I'efprit de fel, elis
enleve encore des acides, introduit du feu & change en jaune ce qui
ecoit blanc : mais quand on verfe enfuite de I'efprit de fel, il n'agit plus
comme la premiere fois en qualite d'abforbant , I'huile de tartre plus ab-
forbante ne lui a rien lailfe a faire en ce genre, il eft done probable qu'il
agit alors comme dilFolvant du mercure ou il trouve plufieurs pores vui-
des que les acides ont abandonnes; il entre dans ces pores , les dilate,
challe les parties de feu , ou tout au moins bouche I'entree des pores ou
elles font contenues, ce qui fuffit pour faire difparojtre la couleur jaune,
comme je le ferai voir une autre fois par une experience alTez curieufe.
Quoi qu'il en foit, quand on verfe enfuite de I'huile de tartre fur le me-
lange , elle abforbe les acides de I'efprit de fel nouvellement attaches au
mercure , & fait reparoitre la couleur jaune que I'efprit de fel detruic de
nouveau. II eft aife de voir que ces effets peuvent fe renouveller autant de
fois qu'on veut, & il fautobferver que dans cette experience I'efprit de fel
a une double adtion , celle d'abforbant , qu'il n'emploie que la premiere fois
Jorfque le mercure eft entierement faoule d'acides, & celle de diffolvant
du mercure qu'il emploie routes les autres fois, ne trouvant plus d'acides fur
lefquels il puilfe avoir prife; & ce qui prouve que c'cft en agilfant fur le
corps du mercure, 8c non pas fur les acides, que I'efprit de lei detruit la
couleur j.'une produite par I'huile de tattre, c'eft que quand on fubftitue a
I'efprit de fel de I'elprit de vitriol ou de I'efprit ds nitre foible , la couleur
jaune s'evanouit de la meme maniere. Or I'aftion de ces efprits n'eft point
equivoque comme celle de Tefprit de fel , car an ne dira pas que I'efprit de
nitre abforbe les acides nitreux engages dans le mercure i aufli quand on
le verfe d'abord & avanc route autre liqueur, dans la dilTolution,, il n'y
opere ni precipite ni aucun changement ; il ne peuc done agir que fur
le mercure, & cela quand le fel de tartre' efi'aempor^e des acides que
cet efprit remplace , <y c'eft par ce commencement de dilTolution que la
couleur j.iune eft detruite, c>'mtne lorfqu'on emploie I'efprit de fel. j .
Au refte on ne doit pas etie furpris que le precipice, malgre rintro"
du(5tion des acidis du fel, reftc- indilloluble dans la liqueur; car I'efprit
de fel agilfant la premiere fois comme abforbant , & enfuite I'huile de
tartre, ils lui ont 6te plus d'acides que I'efpiit de fel ne peut lui entendre
lorfqu'il agit comme dillolvant ; d'ailleurs I'aftion de I'efprit de fel eft na-
turellement lente, & il ne dilFout totalemenc le mercure qu'en un tems
confiierable : tout ce qu'il peut done faire dans cette occafion ou on ne
lui donne pas le tems d'ag'r , & ou on I'emploie en petite quantite, c'eft de
commencer la dilFolution comme fait I'efpric de nitre foible. Si cette dif-
folution s'achevoit, toute couleur difparoitroit , parce que le precipirc fe
remeleroit intimement a la liqueur qui reprendroit fa premiere limpidite,
comme il arrive lorfqu'on fe fert d'un efprit de nitre plus fort qui rera^-
place promptemenc tous les acides que le precipice avoit perdus.
ACADEMIQUE,
HI
II refulte de tout ce qui a etc Jit : i". Que le mercure revetu d'acides
DE I'ARIS.
Annci i-jii.
a lutuidlcmeiu une couleur blanche j i". que qu.iiid il devieiu rouge ou ArAD.RoyAifi
JAune, celV par le plus lui le moins de parties de feu qui s"y font intro- » "^^ Sciences
duites; j". qu'il nc palle du blanc au rouge qu'en acquerant des parties
de feu, &c du rouge au blanc qu'en les perdant; 4". que quand l.i dilFo-
lution commence a prindrc une coulcur , le mercure perd des acides;
5^. que routes les tois qu'il change de couleur il perd ou gagne des
acides, fans quoi les parties de feu ne pourroient ni entrer dans le mer-
.Fure, ni en iortir; 6". que quand un abforbant ne fair qu'enlevet des
acides a la dilfolunon fans rien communiquer au mercure , il fait paroi-
tre le precipice fous f.i couleur naturclle qui eft la couleur blanche ; 7". qu'il
produit une autre couleur quand A la p!ace des acides qu'il ote au mer-
cure , il lui communique d'autres parties qui le colorent diverfemeut im-
vant leur nature & leur quantite; 8 '. qu'entre plulieurs abforbants pro-
()res a donner differentes couleurs , le plus alkali doit detruire la cou-
eur des autres, mais qu'il ne doit point arriver de changement de cou-
leur quand I'alkali le plus foible vicnt a la fuite d'un plus fort \ 9°. qu'une
liqueur, meme tres- alkaline , verfee apres une autre qui I'ell: fort pen, nc
produira point de changement dans le liquide , (i elle ne fait qu'otet au
precipite de nouveaux acides, fans lui apporter ni lui enlever d'autres par-
ties^ 10". que les acijes foibles peuvent faire paller le precipite du rouge au
blanc, mais que les acides forts font difparoitte toutes les couleurs.
Manicrc dc copier fur Ic vcrrc colore ks Pierrcs gravccs.
Par M. H o M B E R G.
X-/ ES pierres gravces font , ainfi que les mcdailles , des monumens hiftori-
ques dont I'utilitc eft alFez ccnnue ; elles ont meme des avantages fur les
medailles j la folidite de leur niariere les rend plus durables , & c'eft beau-
coup en fait de monumens : d'ailleurs comme leurs figures font gravees en
creux , ellcs font a I abri de tout frottemcnt, de toute altetation , & ellcs
nous reprefentent I'antiqyie dans toute fa purete. Mais elles ont aufli un
defavantage tres -grand relativement a I'ufage quon en peut faite ; c'eft
qu'elles font toutes uniques, & la plupart cachees ou plutot enfouies dans
les cabinets.
On avoit tente depuis long-terns de remedler a cela , en muldpliant
les empreintes des piettes gtavees fur la eire d'Efpagne , fur le foufre
commun & meme fur des verres colores ; mais la cire d'Efpagne & le
foufre font , comme on fait, des matieres trop peu folides \ les empreintes
fut verre n'avoient ptoduit jufqu'ici que des copies imparfaites , & lart
ctoit encore a trouver.
Le precede nouveau que j'apporte aujourd'hui , eft dii a un long tra-
vail , a un grand nombre d'clfais heureux & malhcureux , & a la permif-
iijn que m'a procurce M. le due d'Orleans qui avoic dajgneaflifter a quel-
Hi C O L L E C T I O N
j_^mii»_iiiiji«i»ii ■■■ ques- lines de mes tentatives, pour copier routes les pierres gravees da
Acad. RoYALE cabinet du Roi. Les copies que Ton fait prcfentement des pierces anti-
DEs Sciences ques , fuivant men proccde , imitenc les orit^inaux au point que les con-
DE 1 ARis. noifTeurs y font tous les jours trompes , fur-tout quand les compoiitions
Jlririie lyiz. ^jgj yerres qu'on y employe, relTemblenr parfaitement a quelques-unes
des pierres fines que Ton choifit ordinairement pour les graver , comme
font les Agates ,Ies Jafpes, les Cornalines , les Onices , les Sardoines ,
Jes Amethiftes , les Grenats de Syrie , &c. que Tart imite fort bien , non-
feulement pour la couleur , mais pour le poli , quand on les compare aux
antiques , dont le poli a un peu foufFert par le terns ; is: Ton pent meme
fe fervir de ces copies bien taites comme dts prototypes pour en tirec
d'aurres qui font aiiffi parfaites que fi on y eut employe les originaux
eux-mcmes. Un autre avantage de ce nouvel art , eft de pouvoir corriger
dans les copies les defauts des originaux quand ils font cccrnes en certains
endroits , & meme quand ils font calTes tout a fair , pourvu que les prin-
cip.Tux morceaux ne foient point perdus. Jc donne ici les inftrudVions ne-
celfaires pour y bien reuflir , & pour epargner a ceux qui voudront y tra-
vailler , routes les peines inutiles que je me fuis donnees au commence-
ment de ce travail.
Tout notre ouvrage ne confifte qu'a bien mouler la pierre gravee en
une rerre fort fine ,- fur laquelle on imprime un m.orceau de verre amoli
au feu , ou a demi-fondu, de maniere que la figure de la pierre gravee,
refte imprimee nettement fur le morceau de verre, en quoi il relfemble
en general au travail des fcndeurs ^ mais quand on I'exr.niine de pres,
il fe trouve des difficultes confiderables dans le notte , qui ne font d'au-
ciine confcquence pour les fondeurs :par, exemple routes les terres leuc
font bonnes pour en faire leurs moules , pourvu qu'elles foient aiTez fines,
pour recevoir les imprellions , & qu'en fechant elles ne fe fendent pas ;,
parce que les metaux que les foridteurs eroployent uniquement , font des
niatieres abfolument difFerentes des fimples terres, & qui ne fe confon-
dent jamais , quand meme ils auroient etc fondus enfemble , ce qui fait
qu'aprcs la fonte le metal fe fepare parfaitement de la terre de fon mou-
le , au lieu que le verre qui eft la matiere de notre ouvrage , ne difFere
des fimples terres qu'en ceci feulement , que Tune eft une matiere terreufe
qui a etc fondue au feu , & que I'autre eft la meme matiere terreufe qui
ri'a pas encore etc fondue au feu , mais qui s'y fond aifemenr , & qui fe
confond infeparablement dans le grand feu avec le verre , de forte que fi
on n'a pas les precautions neceflaires dans le choix & dans I'emploi de la
lerre , le moule , &: le verre moule fe collent fi bien enfemble dans le feu ,
qu'on ne fauroic les feparer fans detruire abfolument la figure qu'on avoic
intention de donner au verre.
Les matieres terrenfes fe fondent plus ou moins aifemenr dans le feu ,
felon qu'elles font melees avec plus ou moins de matieres falines qui leur
fervent de fondant ; & comme nous avons abfolument befoin d'une terre
pour faire nos moules , nous avons ete obliges de chercher celie qui con-
tient naturellement le moins de matieres falines; je dis naturellemcnt ,
pacce que routes les matieres terreufes a (jiii on aenleve leuts fels,foit pac
A C A D E M I Q U E. i , j
le feu , foir par I'enu , comme font les cendres leflivces , & la cliaiix vive, ' ■ ' ■ "" ■■ ■■
couferveiu encniier les locules qui aoient occupcs par Ics fcls qu'eiles out Acad.Ivcyale
perdus , & qui foiu tout pras a nxcvoir d'autres inatieies femblabies '^^■^ Sciln'cls
quand dies fe prcfeiueront ; & comme nos vcrres n'ont etc fondus ou be 1 aris.
vitrifies que par une grande quantity de fel fcMidant que I'art Icur a joint , ■^^"•^'^ lyii.
ils en communiquent une partieatts fortes de matietes terreufes lorfque
dans le feu ils s'approc hent , &: ils fe fondent enfemble j au lieu que les
in.itieres tcrreules qui naturclleinent tie conti.nncnt rien , ou tres-peu de
falin, n'ont pas les pores figures de nunierea retevoir facilement des fels
ctraiigcrs , patticuUeremeiu quand ces fcls font deja enclialfes dans une
autre niatiere cctreufe , comme ils le lont dans nos veices : fi cependanc
on les tenoit trop de ten;s enfciiible dans le grand feu , la grande quantite
de fclduverre nelailleroit pas de icrvir de fondant aces fortes de terres ,
&• ces matieres terreufes & falines, le fondroient & fe vitrifieroicnt a la
iin les unes pat lesau'tes.
De routes les terres quej'ai examinees, jen'enai point trouve qui corj-
tiennent moins de fel, Sc dont le peu de fel qu'elles pcuvent contcnir,
fe maniterte moins qu'une certaine forte de craye qu'on nomme commu-
nementdu Tripoli, &c qui feit a polir les glaces des miroirs. Si la pliipart
des pierres prccieufes , elle eft la feule qui convienne a notre ouvracre : il s'en
trouve en France , & dans le Levant. La premiere eft bianchatre , nulte
de rouge & de jaune , & quelquefois rouge touta-fait, elle eil ovdmai-
rement feuilletee & tendre ; celle du Levant eft rarement feuillctee
tirant toujouts fur le jaune, je n'en ai point vu de rouge, (.-He eft quel-
quefois fort dure ; il faut choifir celle qui eft tendre , douce uu toucher con>-
ine du velours , & point melee d'au^re terre ,ou de grains de fable: cette
derniere eft beaucoup mellleure que celle que nous avons en ce pays-ci.
Je me fuis fervi d'abord de la noire, mais j'ai reconnu enfuite que celle
du Levant , que I'on nomme communement , Tripoli de Venifc , nioule
plus parfaitement que le tripoli de France , le verre ne s'y attache ja-
mais au feu, ce qui arrive fouvent au notre : nous ne laiffons cependanc
pas de nous fervir des deux , & voici comment.
Pilez le tripoli de France dans un grand mortier de fer, padez le par
un tamis de crin , &: gardez-le pour I'ufage ; le tripoli de Venife doic
ttre gratte tres-fincment, & fort peu a la fois , avec un couteau , ou avec
des eclats de verre de vitre ; il faut le palfer enfuite par un tamis dc foie
tres-fin , &i le broyer dans un mortier dc verre avec un pilon de verre :
plus le tripoli de Venife fera fin , mieux il prendra les empreintes.
Le meilleur moyen de feparer la poudre la plus fine,leroit ctlui des
lotions ; mais on ne peut pas s'en fervir dans cet ouvrage, parte qu'il
fe trouve naturellement dans !e tripoli de Venife , une le^ere oncluofitc
qui fait que dans les imprellions , les petits grains de la poudre fe tienneiK
colles enlemble , tk. formenr une fuperficie unie comme (i elle ctoit polie :
cette onduofice s'en fepare paries lotions ; les petits grains fe defunilfent,
& rendent ,i limprcllion une (uperficie grenue qui gate la finelfe des fi"vt-
res que I'on vcut imprimer dans le verre.
Les deux cripolis ecam mis en poudi e j comme nous venons de le dire
ii4
COLLECTION
AcAD.RoYALE
DES Sciences
DE Paris.
Annh 1 7 1 i .
il fant humedler le cripoli de Fiance avec de I'eau , jafqu'a ce qu'ilpuifTe
fe mettre en un petit gateau quand on le prtlL' entre les doigts , a peu
pres comme il arrive a la mie de pain frais qumd on la petric de meme
entre deux doigts; Ton remplit de ce tripoli liumecte un petit creufec
plat 4? la profoiidfcur de fept a hiiit lignes environ , & du diametre qui
convienc a-peu-pres a la grandeur de la pierre que Ion veut mouler : on
prelFe legerement ce tripoli dans le creuiet, puis Ion met par dtifus un
pen de la poudre fethe du tripoli de Venife , (ur quoi on pofe la pierre
que Ton veut mouler, & on I'imprime en la prellant dans le tripoli audi
fortement qu'on le pent faire avec les pouces, puis on applaiit bien avec
les doigts , ou avec un morceau d'ivoire tout le tripoli qui fe trouve a
I'entour de la pierre ; on le lailFe repofer un moment jufqu'a ce que Ihii-
midite du tripoli de France ait penetre & humedte celui de Venife, qu'on
avoir mis en poudre feche immcdiatement au-dellous de la pierre. L'on
jugera tacilement combien il fau: de terns quand on en aura imprime quel-
ques-unes ; on fepare la pierre d'avec le tripoli , en enlevant un peu la
pisrre avec la pointe d'un aiguille enchallee dansun petit manche de bois :
pour lors en renverfant le creufet , la pierre tombera , & I'impreffion reflera
dans le creufet; on reparera les bords du tripoli que la pierre aura quittes,
& on lai.Tera feclier le creufet dans un lieu ou la poulliere ne pourra pas
gater rimpreflion.
L'on voir bien par ce procede que le tripoli de France ne fert qu'a
remplir le creufet, pour epargner celui de Venife qui eft rare & cher a
Paris, & que c'ell ce tripoli de Venife feul qui regoit I'impreffion de la
pierre , & qui doit par confequenc imprimer la figure dans le verre.
I! faut qu'ii ne refle rien dans la pierre quand on la fepare de delTus ie
tripoli , autremenr la figure imprimce dans le moule fera gatee , car tout
ce qui reftera dans ia pi.rre manquera dans la figure.
Quand le creufec fera parfairement fee , on prendra un morceau de
verre de telle couleur qu'on voudra, on le taillera de la grandeur conve-
nable a la figure qu'on y veut imprimer; on le pofera fur le moule, en
forte que le verre ne touche pas la figure iroprimee , car il I'ecraferoit :
on approchera du fourneau le creufet ainfi couverc de fon morceau de
verre , afin qu'il s'ecliaufFe peu a peu jufqu'a ce qu'on ne puifFe pas le tou-
cher avec les doigts fans fe bruler; alors il eft en etat d'etre mis dans le
fourneau qui doit ctre un petit four a vent, garni au milieu d'une mouffle
oil il y aura grand feu de charbon delfus , delfous , & a I'entour de la
mouffle. On mettra un ou plufieurs creufets fous la moufBe felon fa gran-
deur : on boucliera I'embouchure de la moufTle avec un gros charbon rou-
ge , & Ton obfervera le morceau de verre. Quand il commencera a deve-
nir luifant , c'eft la marque qu'il eft affez amoli pour fouflrir rimpreflion ; il
faudrapour lors retirer le creufet du fourneau, & prefTer incontinent le verre
avec un morceau de fer pour lui imprimer la figure moulee dans le creufec.
Auffitot que I'imprelTion fera faite , il faut remettre le creufet a cote du
fourneau dans un endroit un peu chaud , & a I'abri du vent , ou il puilTe
fe refroidir peu a peu fans fe caller. Lorfqu'ii fera refroidi , on otera le
verre de defius le creufec, & avec des pincettes on egrugera les bords de
A C A D 6 M I Q U E. 2ij
ce verre , ce qui emptche qu'il ne fe calFe quelque tems aprcs avoir etc ■ ""^^
imprime , particuliciemeiit qiiand le verre eft uii peu re vLche ; tons les verres ^^'^°- l^o y alb
ne le loiit pas cgalemeiu. II n y a pas ci autre regie pout les connoitre , que ^^ Paris.
d'en imprimec rleux ou trois morccaux qui enfeigneroiu alFez la maniere
dont il budra ks traiter. Les plus durs a fondtelont les meiUeurs a ufer , -"^"^^ jyii-
ils portent un plus beau poli , & ne fe rayent pas fi aifement que les
tendres.
On a quelquefois envie de copier en creux une pierre qui eft travaillee
en relief, ou de mettre en relief une pierre qui eft travaiUe en crcux ,
voici comment on doit s'y prendre.
Il faut imprimer en cire d'Efpagne ou enfoufre, le plus exaftement
qu'il fera poflible , la pierre que Ton veut changer , foit en creux ou en
relief : fi c'eft un creux en pierre , il produira un relief en cire d'Efpagne j
& ft c'eft un relief en pierre, il produira un creux en cire d'Efpagne. 11
faut rogner cous les bords fupeiHLis de Timprellion en cire d'Efpagne , Sc
ne lailfer que U finiple grandeur de la pierre , dont on unira le tour le
mieux qu'il fcra p flible avec une lime ou avec un canif , on moulera ce
cachet de cire dans un creufet a tripoli , de la meme maniere que fi
c'etoit une pierre , & on imprimera de meme au grand feu dans ce moulc
un morceau de verre, comme nous lavons enfeigne ci-delfus. Il faut faire
ces cachets de cire fur un petit morceau de bois , ou fur du carton fore
cpais , afin qu'ils ne plient pas pendant qu'on les imprime dans le tripoli ,
ce qui calferoit la cire d'Efpagne , &; I'iropreinon en verre feroit g.uee.
ii<f COLLECTION
Acad. RoYALE
DEs Sciences r. . . j n m r i
DE Paris. Sur la hauteur de I Atmojphere.
^Tznie 1 7 1 J .
Par M. D E LA H 1 R E.
^I les condenfations des parries d'air inegalemenr elevces avoient un rap-
port regie & connu avec les differents poids done elle lone cliargees , ou ,
ce qui eft la mtine chofe avec les differences haureurs de I'air (upeneur ,
les experiences des baromerres faites au haut & au bas des moncagnes ,
donneroient furement la hauteur de I'air ou de latmofpliere. Mais tout
ce c]u'on peut decouvrir du rapport des condenfarions de lair aux po'.ds ,
eft renferme dans des obfervations faires fort prcs du globe de la terre ,
& qui ne tirencgueres a conlequence pour lair pris a des hauteurs beaucoup
plus grandes. . . M. de la Hire a pris ur^e voie plus fimple & plus lure pour
decouvrir la hauteur de I'atmofphere : c'eft une idee de Kepler & qui eft
fort natuteile; Kepler I'avoit abandonnee lui-meme pour la plus grande
partie , & M. de la Hire, non feulement la repreud , mais lareftifie, & lui
flonne plus de prccifion.
Il eft etabli cliez tous les Aftronomes que quand le foleil eft a i 8 degres
au-deflous de I'horizon , on commence ou Ton cefTe de voir la premiere
ou la derniere lueur du crepufcule. Le rayon par lequel on la voir ne
peut etre qu'uiie ligne horizontale tangente de la terre au point oil eft
I'obfervateur. Ce rayon ne peut venir diredement du foleil qui eft fous
I'horizon ; c'eft done un rayon reflechi a notre ceil par la derniere furface
interieure & concave de I'atmofphere. Il faut imaginer que du foleil qui
eft a i8 deg. fous I'horizon , part un layon tangent de la terre qui va
frapper cette derniere furface de I'atmofphere , &c de la fe reflechit vers
notre ceil , etant encore tangent de la terre ou horizonral. S'il n'y avoir
point d'atmofphete , il n'y autoit point de crepufcule , S>c par coniequent
fi I'atmofphere etoit moins elevee qu'elle n'eft , le crepufcule commenceroit
plus tard & finiroir plutot , ou , ce qui revient au mcme , il commence-
roit & finiroit quand le foleil feroit a moins de i8 deg. au-deflous
de I'horizon ; & au contraire. On voir done que la grandeur de Tare done
le foleil eft abaiffc quand le crepufcule commence ou finit , determine la
hauteur de I'atmofphere.
Cet arc , quoique pofe de i 8 degtc's , doit etre pris un peu moindre. La
refradion eleve tous les aftres de 51 min, , & par confequent le rayon
diredt ou qui , etant rcflechi , a fait le crepufcule , a cte eleve de 5 ^ min.
& a touche un arc du s;lobe tetreftre , qui depuis ce point d'attouchement
jufqu'au point oil eft I'obfervateur , a ces j2 min. de moins que 1 b' deg. ,
& par confequent n'eft que de 17 deg. 18 niin. De plus les premiers rayons
qui font voir le crepufcule parcent du bord fuperieur du foleil , 6: ce
bord eft eloigne de 16 minutes du centre que Ion fuppofe a 18 deg. fous
I'horiion. L'arc qui dcterminera la hauteur de I'atmofphere n'eft done plus
^iie de 1 7 degres 1 1 minutes.
Le5
I
A C A D 6 M I Q U E. 1,7
Les deux rayons, I'un dircft & I'aiKre rcflechi qui touclient tons deux
h terre , concourenr nccenairemenc dans 1 atmorplisie au point de re- y\cAD. Royaie
flexion , & coiiiprciinenc entre eiix un arc de 17 deg. 11 win. dont ils bls Sciences
font tani>ents \ de la il fait par la nature du cerde qu'une ligne tiree du de Paris.
centre de la terre 8< qui coupera cet arc en deux , ira au point de concours Annct 171 }•
de CCS deux i.iyons j & coinme il eft aife de crouvet I'exces do cetie ligne
fur le demi-diameire de la terre qui eft connu, il ell audi ailc d'avoic
dans i'hypothefe prcfeniela hauteur de ratmofplune qui n'cft que cet exces.
M. de la Mire le trouve de ^7113 toifes, ou de pres de 17 lieues de
2ioo toifes. C'eft cctte incthode dont Kepler s'eft fsrvi , mais conime elle
lui donnoit la hauteur de I'atmofphere vingc fois plus grande qu'il ne le
croyoit d'ailleurs , il a employe divets moyens , mais peu heureux pour la
diminuer.
J'ai dit que 17 lieues feroicnt la hauteur de I'atmofphere dans Vhypothcfi
pviftnu : cette hypothefe efl que le rayj<i diredt & le reflcchi foient deux
lignes droites j mfiis elle n'clt pas vraie ; ce font deux courbes formes par
la refrai2:ion perpctuellc que caufe a un rayon la denfite de I'atmofphere
toujours inegale 6c toujours decroilfante depuis la furface de la terre. Les
deux rayons qui etoient des lignes droites fe changent done en deux cour-
bes egales & femblables , ou plu:6t en une feule courbe qui a fon origine
& fa fin touche la terre , & dont ie fonimet egalement eloigne de ces deux
extremites , derermine la plus grande elevation de I'atmofphere. Cette
courbe eft concave vers la terre , & les deux rayons qu'on avoir concus
d'abord , n'en font plus que deux tangentes , I'un a fon origine & I'autre a
fa fin : pat confequent leur point de concours eft plus eleve que le fom-
tnet de la courbe ou que I'atmofphere. Il eft vifible que ce point de con-
couts & le fommec de la courbe font fur la mcme ligne , qui , tii ee du centre
de la terre , coupe en deux I'arc de 1 7 deg. i i min.
Pour trouver la hauteur de I'atmofphere , M. de la Hire mene par le
point ou eft I'obfervateur une ligne droire qui fait en deffous avec la ligne
horizontale , ou avec la tangente de la courbe a fon extremite , un angle
de 5 1 min. qui eft celui de la refradtion. Cette droite eft done au dedans
de la courbe j & le point ou elle rencontre la ligne tiree du centre de la
terre eft moins eleve que le fommet de la courbe. Son elevation au-defTus
de la terre , ou fon exces fur un derhi diametre de la terre eft de 3:501
toifes ; done le fommet de la courbe ou la hauteur de I'atmofphere eft en-
tre 57113 & 3^50' ) &en prenant le milieu , on a 35 361 toifes ou un peu
plus de 16 lieues pour la hauteur de i'atmofphere. Et en efFec, M. Mon-
tanari determina la hauteur du mcteore de \6-j6 a 15 lieues moyennes
de France, c'eft- a-dire a 55000 toifes, & Ton peut croire qu'il nageoic
fur la furface de Tatmofphere , comme eianc plus leger que I'air , & plus
pefant que I'ether.
M. de la Hire finit par prouver que Tare du crepufcule que Kepler avoir
jugc circulaire, eft reellement hyperbolique , quoique fa figure foitunpeu
alteree par les rcfraftions.
Tome III , Panic Frangoife. Ei
at5 COLLECTION
AcAD.ROYALE
»Es Sciences Sur un effet dc la chalcur fur Ic plomb.
BE Paris. _ _
Annit 17 is JVl. Homberg a die que fous la Zone torride I'extreme chaleur man-
geoit le plomb , & que des gouctietes y devenoienc terre en trois on
quaere ans.
M
Sur un effet dc la gelee.
_ _ Geoffro! le cadet a dit que I'eau de fleur d'orange qui fenc
I'empireume, perd cette odeur par la gelee, &c en prend une cres-agreable.
Des differens degres de chaleur que Fefprit de via communique
a I'eau par Jon melange.
Par M. Geoffroy le jeune.
vyNa obferve, ily a long-terns, quelorfqu'oh mele de I'efprit de vin avec
de I'eau dans une certaine proportion , il fe faic une efLnvefcence que le
melange blanchit un peu , & qu'a mefure que cette blancheur fe dillipe , il
s'eleve une infinite de petites buUes d'air qui viennent crever a la fuper-
ficie oii elles forment une legere ecume.
Le 16 Janvier a 7 heures du foir , voulant obferver avec quelque pre-
cifion a quel point 8c felon quelle dofe le melange de I'eau avec I'efprit de
vin aucmente fa chaleur , je mis dans une talfe deux onces d'eau de riviere
bien claire , & dans une autre autant d'efprit de vin redifie, & m'etant
allure que ces deux liqueurs etoient au meme degre de froid que fair ,
c'elt a-dire a yi ,\ deg. du thermometre de M. Amontons, en comptant de
bas en haut, jeverfii lubitement I'efprit de vin dans I'eau , & j'y plongeai
entierement la bouledu thermometre j tons les effets qui doivent fuivre de
ce melange parurent , & de plus je vis remonter fenfiblement la liqueur
du thermometre dun pouce ou [4. J'ai rcpetc la mcme experience le 19
Janvier oi le froid etoit bien diniinue ; le thermometre ^toit a I'air a 52
\i : plonge dans I'eau, il eft -defcendu a 5 i 7-^ j plonge dnns I'efprit de
vin , il s'eft tenu a la meme hauteur ; plonge dans le melange des deux
liqueurs , il eft monte 355 -^ ou il eft refte tant que I'efFervefcence a dure.
Ayant mele quatre onces d'efprit de vin avec deux onces d'eau , la chaleur
du melange ne fit remonter le thermometre que de -p, ; mais dans un me-
lange de quatre onces d'eau Sc de deux onces d'efprit de vin , il reaionta
promptcmen: de f^.
^
A C A t> 6 M I Q U E. no
Acad. Royale
Sur pluficurs Eaux Minerales dc France. ^^l l^U'll"
J\vKis avoir eximine Ics eaux minerales chaudes de I'Auvergne 5c du Annit 171 J.
Bourbonnois , M. Chomel palfe a I'l-xamen des eaux tiedes du nitme pays.
Dune livre d'cau des fources de Jaude , du champ des Pauvres & de IJeau-
repaire , routes trois prcs de Clermont, il a tire un peu plus de 1 j grains
de rcfidence , ou de matiere minerale. Il foup^onne qu'elles ne contien-
nenc pas un nicre pur, comir.e I'a cru M. Duclos , mais \\n melange
de nitre & d'un peu de foufre qui s'evapore aifement , & de la vicnc que
ce foufre a pu cchapper a M. Duclos qui n'a vu ces eaux qu'a Pans.
De iS ou 10 fources minirales qui font entre Vic-le-Comte & Alirfleur,
il n'y en a que deux qui ne foient pas gatees par les dcbordemens de
I'AUier dans les terns ou elles pourroient etre d'ufage : ces deux font
celles des Matres de Veyre & du Cornet. M. Chomel a trouve dans I'une
& dans I'autre , 34 ou 55 grains de refidence , & il a trouve qu'outre le
nitre pur que Nl. Duclos y teconnoilFoit feulemeric , il y entre quelque
portion de fel ammoniac.
D'une livre d'eau de Saint-Nitaire ou Nedaire, M. Chomel a tire pres
de 18 grains de rellJence , dont les trois quarts n'etoient qu'une matiere
rerreufe ou pLureufe ; la matiere (aline qui faifoit le telle patticipoit du
fel marin & du nitre.
Une livre dc I'eau de Chatelguyon a donne 5 3 grains de refidence ,
"dont pres de la moitie n'ctoit que de la terre , M. Duclos a cru que le
ftl de cette eau tient du fel marin , & M. Chomel croit qu'il a plus d'al-
Icali que d'acide , & que le nitre eft le foffile qui s'y manifefte le plus.
[Jne livre de I'eau de Vicen-Carladois* a donne un gros de refidence
dont les deux tiers etoient une matiere faline. M. Chomel s'eft accorde
avec M. Duclos a juger que le nitre y dominoit, mais il croit que cette
eau devroit etre comptee plucot paimi les eaux froides que parmi les
tiedes ou M. Duclos I'a mife.
Quant aux eaux froides qui font celles de BelTe , de Chsnonat , de
Chafoteby , de St. Pierre de Clermont, du Vernet Ste. Marguerite, de
Jilerac &: de Pougues en Nivernois , elles ont la plupart fi peu de matiere
faline, les indices qu'elles donnent font fi equivoques uC fi Icgers , & d'ail-
leurs M. Duclos & M, Chomel different fi peu dans leurs conclufions,
qu'il auroir cte prefque entieremenc inutile de fuivre le tout en detail.
Sur Ic Charbon dc Terre.
iVl. Desl ANDES etant en Angleterre , fit fur le chatbon de terre
qu'on y bride deux experiences , qu'il croit qui ont echappe aux Anglois.
I. Ayant pile du charbon , il en mit dans un verre d'cau environ une
demi-once , & I'eau, comme on le devine bien , devint toute noire : mais
E2 ij
'ii9 COLLECTION
— — ayanr bllTe le verre expofe a I'air toute la nuir fur fa fenctre , (c'etolt en
Acad Royaie '■'i^'-'r , ) '1 trouva le lendemain que cette eau qui s'ecoit gelee avoit pris une
DES Sciences couleur rougeatre, II falloit pour donner cette couleur a I'eau que la gelee
DE Paris. eut dcveloppe les fouftes du charbon , quoique cette adlion ne paroilTe
Annk 1715. guere lui convenir.
II De 1,1 cen ire de ce charbon infufee dans I'eau de vie ,& melee avec
de la limaille de fer, fait une teinture noire qui s'eclaircit a mefure quelle
s'echauffe. Lorfqu'elle commence a bouillir , elle prend une couleur plus
douce que le gris de fer ordinaire. M. Deflandes donna a de la laine criie
cette agreable teinture qu'aucun ouvtier ne put imiter.
Ohfirvations Metcorologiques fakes a VObfcrvatoirc Royal
I pendant I'annee ij i 2.
Par M. DE LA HiRH.
J. L eft tombe pendant I'annee 171 1 1^4 lignes ^ , oa ii pouces z lig. ;J
d'eau , ce qui ell plus que les annees moyennes que nous avons derermi-
nees 3. 1 9 pouces.
Mon thermometre a ete au plus has le dernier jour de I'annee , & il
marquoit 144-de fes parties a tres peu-prcs comme le 8 Janvier, ce qui
fait connoitre que le ftoid n'a pas ete grand , car il defcend alfez fouvenc
jufqu'a 14, & dans I'erat moyen il eft a 48 comme dans le fond des carrie-
res de I'Obfervatoire 011 i! demeure toujours au mcme point.
Ce thermometre a ete au plus haut a 64 parties le 16 Aout j mais comme
c'etoit au lever du foleil, qui eft le terns ouje fais toutes ces obfervations*,
& que d.ms la plus grande chaleur du jour qui eft vers deux hturesapres-
midi , il remonte au deflus de I'etat du matin , de 1 1 parties , il faudrou
le confiderer a -jC parties pour la plus grande chaleur , Sc par confequenc
la difference marquee entre le plus grand froid & le plus grand chaud
feroit de 5 2 parties i done la moitie eft iS , qui etant ajouteea 24. , feroient
50 , ce qui n'eft pas eloigne de 48 ; d'oii Ton connoit que le froid a ete a
tres-peu pres autant au-dcllous de I'etat moyen , que la chaleur au-deffus.
Mon barolmetre ordinaire a ete au plus hauta I'i pouces 4 lignes \ le 10
Fevrier , & les jours voifins de celui-ci , il s'eft toujouis foutenu fort haut ,
lecieletoit alors adez ferein, le vent qui ctoit tres- foible vetioitdu Nordj
& jeremarque que toutes les fois quece barometre a ete plus haut que iS
pouces , ce qui eft arrive affez fouvent pendant I'annee, le vent a etc vers
le Nord &: I'Eft , & quetquefois avec des brouillards. J'ai un autre ba-
rometre oil le mercure eft toujours plus haut de 5 lignes , que dans celui
ou j^obfcrve ordinairement : ce barometre ordinaire a ete au plus bas une
feule foisle 6 Novembre a 16 pouces 10 lignes t le ciel etant ferein , avec
Bii vent mediocre a I'Eft ; mais auffitot le mercure remonta, & le vent
p^jfa versl'Ou.ft, Si le SudOueft , & la difference entre le plus haut , & le
plus bas de cc barometre a ets d'un pouce 6 lignes comme d rotdinaire.
A C A D E M I Q U E. 211
11 n'y a rien pour les vents de cette annce qui mciire d'y faire atten- >•< * >
tion ; mais je remarque en general que dans ce pays-ci , routes les fois que Ar ad Royale
le venr de Sud-Ouell & d'Oueft regne pendant quelque. terns, le ciel eft des Sciences
couvert vers le foir & an commencement de la nuii , & que vers le matin de Paris.
il eft ferein : il me fumble que la raifon en eft alFez daire , car pendant ^nnee 17U.
I'apres-midi, le folcil donnant alfez a plomb fur ies mers qui font a notre
couchant , en eleve beaucoup de vapeurs qui nous font apportces enfuice
vers le commencement de la nuit; an contraire pendant la nuit , il s'cleve
peu de vapeurs de ces memes mers , & le vent durant toujours le mcme ,
le ciel doit etre aflez ferein vers le matin.
REMARQUE.
Il arrive prefque toujours que ceux qui onr etc blelTes en quelque partie
du corps , y fentent des douleurs , toutes les fois que le tems le difpofe i
changer : voici de quelle maniere j'ai penfc qu'on pouvoit expliquer cette
influence de temperntnre fur le corps humain ; le tilfu des parties offenfees
doit etre fort dclicat, & fort fenfible : or dans les changemens de tems,
I'air devenant , ou plus leger , ou plus pefant , fait une imprellion exrraor-
dinaire fur ces parties , ou en les comprimant , ou en les eteiidant , comm
fi eiles en ctoient touchees , ce qui peut caufer la douleur qu'on y relfent
le
Experiences & Refiexions fur la prodigieufe duBilitc dc
diverfcs Maticrcs.
Par M. D E Reaumur.
J_j N general les corps dudiles font ceux qui ctant frappes , pre fifes , 011
tires , s'etendent, dans uii fens, a-peu-pres , d'autant qu'ils diminuent dans
un autre : tels font les metaux , qui fous les coups de marteau acquierenr
en longueur, & en largeur, ce qu'ils perdent en epailfeutjou qui eranr
tires par une filiere , deviennent plus longs , a mefure que leur grolTeur
diminue. Nous avons encore une autre efpece de corps qui , fans etre mal-
leable? commc ks metaux, peuvent neanmoins etre appelles dudiles : les
coUes , les gommes , les refines , & tous les corps qui ayant ete ramollis pan
I'eau, par le feu, ou par quelqu'autre diftblvant , fo tirent en fils. Nous
fournirons des exemples de cette forte de dudtilite : les corps duiftiles peu-
vent done fe divifer en deux clalTes , dont la premiere contient les corps
du6tiles que nous nommerons Jurs , tk qui font malleahles ; ce font ceux
dont nous parlerons d'abord : la deuxieme clalFe eft compofee d^ corps
dudiles mous qj'on ptut etendre en les rirant quoiqu'ils ne foient paj
malleables, & ce font ceux que nous examinerons enfuite La maniere
la plus commune d'ctendre les corps dudiles durs, c'eft de les etendre ei»
les frappant A couf'S dc marteau j avec de pareils coups bicn men-ges,
la plupatc des ouvricts eii or , en argent , eu ciiivre , en etain , donnenc le*
lii COLLECTION
^^t:^:^^^^: figures qu'il leur plaic A des mailes informes. Quoiqiie ces fortes d'ouvra-
AcAD RoYAiE 8*^* meiitenc plus d'atteiuion qu'on ne leur en donne communement,
DES Sciences nocre delLeiii n'eft pas de nous y arreter , a prefent nous ne voulonsconfi-
DE Paris. derer les corps dudtilesque par rapport a la grande etendue qu'ils peuvenc
^rWe 1715. acquerir.
11 n'y a guere que les Batteurs d or qui avec le lecours leul du marteau,
rcndent des lames de metal extremement minces, lis nous preparent ces
feuilles que nous employons dans la plupart de nos dorures j Ton fait qu'ils
les tirent d'un lingot alfez gros dont ils diminuent 1 epailTeur a un tel point,
que les feuilles qui en font formees, cedent au plus leger fouffle. Pour fa-
voir par une voie plus sure que par le recit des ouvriers , auxquels Rohault
s't-n eft rapporte , jufqu'oii cet art fait acftuellement etendre for , j'ai pris
line certauie quantite de feuilles des plus minces , favoir de celles qu'on
met dans les livrets ordinaires ; j'ai mefure avec foin leur grandeur , & je
les ai pefees dans des balances trcs fines; j'ai vu qu'un grain d'or battu ,
(car qu'eit ce qu'un grain d'or ) avoir une etendue de 36 pouces quarres &
demi , & 14 lignes quarrees, c'eft-a-dire , qu'une once d'or qui etant fous
la forme d'un cube , n'auroit que 5 lignes & t de ligne au plus en tous
fens , & ne couvriroit qu'une iurface d'environ 17 lignes quarrees; que
cette once d'or, lorfqu'elle a ere etendue par les Batteurs d'or , couvre
une furface de plus de 1^6 pieds quarres & demi ; etendue de pres d'une
moite plus grande que cclle qu'on favoit donner a for en feuilles, il y a
environ 50 ans , lorfque d'une once d'or on formoit i(Joo feuilles , qui
routes enfemble ne pouvoient couvrir qu'une furface de 105 pieds quarres.
Mais quelque confiderable que foit I'etendue de la furface de for en
feuilles, elle n'aura rien de merveilleux lorfque nous la comparerons avec
celle que le meme metal acquiert chez les 'fireurs d'or. II y a a la verite
telle feuille d'or battu, qui n'a pas dans certains endroits un 30000 mil-
lienie de ligne d'epailfeur; mais un Ijoooo millieme de ligne , eft une
epailFeur alfez grande par rapport a fepailfeur de for qui couvre les lames
d'argent dore qui font filees fur la foie.
Pout mieux connoitre combien for eft alors etendu , il eft necelTaire
d'avoir du moins une idee grolTiere des procedes des Tireurs d'or. Ce fil
que nous nommons communement du fil d'or , Si qui , comme perfonne
n'ignore , n'eft que du fil d'argent dore , eft tire d'une grolfe birre d'ar-
gent : on prend cette barre du poids d'environ 45 marcs; en I'arrondif-
fant , on en forme un cylindre ou rouleau qui a 1 5 lignes de diametre ,
& un peu moins de zi pouces de hauteur : on dore ce lingot avec les
feuilles que preparent les Batteurs : on en emploie pourtant a cet ufage de
plus epailTes que celles qui font deftinees a nos dorures ordinaires, & on
en met fouvent plufieurs les unes fur les aucies : mais quoique la couche
d'or qui couvre ce lingot , foit confiderablement plus epailfe que celle de
nos autres dorures , elle eft encore alTez mince : il elt aife d'en juger par la
quantite d'or qu'on y fait entter. Pour dorer ces 45 marcs d'argent , on
emploie jamais plusde fix oncesd'or, e'en eft alfez pour faire du furdore,
mais on n'y fait pas entrer deux onces , &c fouvent n'v en fait-on pas entrer
beaucoup plus d'une, lorfqu'on veut du fil aulli Icgerement dore que I'eft
A C A D ^ M I Q U E. 215
Feplus commun fil d'or de Lyon , c'eft A-dire , que la couched'or qui enve- =^
loppe ce linger , n'a jamais que la 1 5 roe partie dune ligne depaideur, que Acad.Rovale
fouventelie n'en a que la }o °"= , ou la 45 "' partie j enfin elle n'a quelque des Sciences
fois que la 90""= partie. de 1'aris.
Cependant , combien cette couche d'or deja mince , le doit-elle devenir Anriii 171 f.
davantac;e! Combien de fois, pour ainfi dire , doit-elle ctre divifee ! On
alonge le lingot qu'elle couvre , jufqu'j ce que fa hneffe egale ou furpalTe
celle des cheveux: on le fait palFer fucceffivemcnt par des trous plus ctroitj
les uns que lesautres , ou ce qui eft la mcme chote , par des filieres. A me-
fure qu'il palfe par un trou , Jon diametre diminue , il gagne en longueur
ce qu'il petd en grolfeur , il augmente par confequent en furface j Tor qui
couvre ce lingot d'argent , ne celle point de le dorcr , quelque prodigieu-
fement qu'on I'etende , il fuir roujours I'argenr , il ne le lailfe point a de-
couvert; cependant , combien de divifions a c-il fouffert , lorfque le lingot
rcduiten til a un diametre environ 9000 fois plus petit que celui qu'il avoic
en lingot ? Mais , pour nous faire une idee plus fenfible de la prodigieufe
ducftilite de I'or , voyons la longueur a laquelle arrive le lingot tire a fa
derniere tinelTe.
J'ai pefe avec foin un demi-gros de fil du plus dclie, & j'ai rnefure
avec le meme foin la longueur de ce demi-gros de fil , je I'ai trouve de
lOi pieds ; par confequent I'once de fil avoir 315 1 pieds de longueur j &
le mirc , ou 8 onces en avoienc 25 856 : notre lingot qui pefoit 45 marcs,
& qui n'avoit d'abord que 21 pouces de long, etoit done parvenu entre
les mains des Tireurs d'or , a une longueur de 1 1 63 5 20 pieds , ou redui-
fant les pieds en toifes , & preiiant lalieue de 2000 toifes , fa longueur
de 22 pouces, avoic ete changee dans une longueur de tjtJ lieues , &c 1910
toifes.
Ce lingot, tout long qu'il ell , lorfqu'on le reduit en fil (1 dclie , n'en
refte pas \i\ il a encore a s'alonger. La plus grande partie du fil d'or fe file
fur la foie, Sc avantde I'y filer , on I'applatit, on le fait palfer entre des
roues d'acier extremement polies : les roues en rapplatrilfant I'alongent de
plusd'un 7""' ; voila done la longutfur de notre lingot encore augmentce
de plus d'un 7 ""= , c'eft- a-dire que le voild parvenu a une longueur de 1 1 r
lieues , aulli eft U alors reduit en lames bien ecroites , & bien minces :
la largeur de ci s lames n'eft que d'environi de ligne, d'oii il fuit que leur
epai'Isur n'.i qa'un 256™ de ligne. Le calcul en eft aife a faire : le
poids d'un pied cube d'or , & le poids d'un pied cube d'argenr, etant con-
nus p.ir des experiences alTez exadies , nous fuppofonsi^i que le pied cube
d'or pefe : i 2iO onces , &: que le pied cube d'argtnt en pele 1 1523. Nous
ne nous arrcterons point .1 montrer le chemin qu'on doit luivre pour con-
noitre que i'epailfeur de ces lames d'argent n'eft que dun 256""= de ligne;
on aimcra peut-Ctre niicux confiderer combien eft mince la feuille d'or
qui couvre des lamcs d'argent deja fi minces. Il y a de quoi bien etonner "^^
I'im.igination , h Ton fe fouvient de la petite quantite d'or qu'on a appli-
que fur le lingot d'lrgent: fuppofons qu'on en ait mis deux onces, (&
on en emploie fuuveat moins , ) fi Ton fe donne la peine de calculet
quelle eft la (mface qiie couvrent ces deus onces d'or , on trouver*
ii4 COLLECTION
_ „„ quelle eft de 13S0 pieds quarres , on qu'une onze enveloppe 11 90 pieds
Z quavics , & tout ce qui les Batteurs dor favenc iaire , c'cll de I'ttendre
""Ml^ScirJct" ^ Hi^ pietis quarres & quelques lignes quarrees.
DE Paris. Mais Tot h prodigicufement etendu , combien eft il mince ? Le calcul
/< ,' 17 1. precedent fervira encore a montrer que fonepaiireur n'a pas un 175000 tnil-
""* • '■ Jieme de ligne ; ilfaudroic ahn que I'epailTeur de lor qui couvre I'argenr,
fut d'un 175000 millieme , que Tor flic par-tou: egalemenr epais , c'eft
cependant une fLippofition qu'on auroic torr de faire : quelque (oin qu'on
fe donne en battanc les feuilles dor, il eft impollibie de les battre ega-
lement ; on diftingiie d'une maniere fenfible par leur plus & leur moiiis
d'opacite , qu ellt-s font au moins une fois plus epaiHes dans de certains en-
droits que dans d'aucres : ces feuilles , lorfqu'elles dorenc le lingot , ie
dorent done inegalement , & de fa^on qu'il y a des endroits 011 I'or eft
line fois plus itiince ; or fi Ton cherche i'cpaiflTeur de Tor dans ces en-
droits oil il eft le plus mince , on trouvera qu'elle n'eft egale qua la
251500 partie d une ligne , &: qu'elle eft a une ligne , ce qu'une ligne eft
a 504 toifes.
Ce n'oft pas encore la le terme jufqu'ou peut etre pouftee la duiStilite de
Tor : au lieu de deux onces , on auroit pu n'en employer qu'une : Tor qui
auroic couvert les lames d'acgent , n'auroic done eu alors d'epailleur dans
certains endroits, que la 5^5000 millieme partie d'une ligne. Entin les
lames d'argent, routes minces qu'elles font , peuvent refter dorees , Sc
devenir la moitie plus minces , il n'y a qua les prelfer davar.tage entre les
roues en les applatiftant doucement,de fagon que le froccement oce pen
a des couches dcja fi peu deliees , & ces lames certainemenc reftent dorees ,
quoiqu'on leur donne une fois plus de largeur que nous ne I'avons dit cidef-
fus , c'eft-a-dire , quoiqu'on leur donne j de ligne ; repaifteur de Tor qui
les couvre , eft done reduite alors a n'avoir pas la millionnieme partie
d'une ligne 5 c'eft-adire qu'elle eft a une ligne, ce qu'une ligne eft dune
demi-lieue.
Peuc-ecre feroit-on difpofe a ctoire que I'or qui couvre les lames d'ar-
eent , a beaucoup plus d'epaifleur que le cakul ne lui en donne, & cela
parce que I'or pourroit etre divife en petits grains ecartes les uns des
autres, quoique pourtant affez proches pour donner leurcouleur a I'argentj
en un moc , il feroic alTez naturel de croire que I'or qui couvre les la-
mes , ne forme pas une feuille continue , mais I'experience demontre le
contraire ; fi Ton met dilfoudre dans de I'eau forte des fils dores traits ,
ou des lames dorees , quelque petits que foienc ces fils , & quelque
minces que foienc ces lames, apres que I'eau forte a diftbut I'argent , les
fils & les lames dorees changent en de petits tuyaux creux , parce que
I'eau force n'agic poinc fur For j d'ou Ton voic evidemmenc que I'or qui
couvre I'argenc, forme un corps concinu: I'arc eft done parvenu a favoir
divifet un morceau d'or de repaifteur d'une ligne , en un million de
feuilles.
L'art n'eft pas alle fi loin a beaucoup pres , en travaillanc les corps
duftiles mous : dans ce genre , il n'y a gueres que le verre qu'on fcache
prendre confidetablemenc. Qii'on ne foit pas furpris au refte , de ce que
nous
A C A D 6 M I Q U E. iij
nous domions !e premier rang parmi les dudlilcs mous au plus ciUiUir , .
Sc pour ainfi dire au plus roide de tous les corps ; on fcaic que lorfque la » n
II 1 r I- L- ' ■ . 1, • I r ' • ACAD.KOYALE
chalcur du rcu la bien penctre , Iwivrierle pent ngurer comme unc ore des Sciences
molle; mais ce qu'il y a de plus (ingulier, 8c ce qui regarde diredlement de Paris.
notrc fujet, c'eft qu'on le tire en fiLts d'une grande fine lie , & extreme- ^nrue 1713.
ment longs ; les fileufes ordinaires ne forment pas aufli aifement leurs fils
de chanvre ou de lin , que les tileurs de verre forment des fils de cette
matierc Ci cadanre.
On connoit ces aigrettes que Ton place pour I'ordinaire fur les bonnets
des enfans, & que Ton emploie a divers autres ornemens : on fcait que
ces fortes d'.iigrettes font formees d'une infinite de fils de verre ; 8i quoi-
qu'on le fi^ache , on a peine a reconnoitre le verre Aans ces fils qui plus
delies que ies cheveux' , (e plient comme eux aux gre du vent. A un ou-
vrage fi fingulier , il ne manque pour etre fort cher Sc fort eftime , que
d'etre plus difficile a faire , mais rien n'eft plus fimple & plus aifc ; il
occupe en niL-me-tems deux ouvriers , & ne demande prefque aucune
adrell'e ni de I'un ni de I'autre.
Le premier tient un des bouts d'un morccau de verre ou d'email fur
la fiamme d'une lampe : lorfque la chaleur a ramolli ce morceau de verre,
un fecond ouvrier applique centre le verre en fufion , le bout d'un crochet
qui eft audi de verre : il retire auffi-tot ce crochet qui entraine un brin
de verre , lequel n'eft point fepare du refte de la made ramollie ; I'ouvrier
engage enfuite ce crochet fur la circonference d'une roue d'environ deux
p>ieds Sc demi de diametre , elle eft pofee verticalement , & elle eft la prin-
cipale partie d'un rouet femblable aux rouets ordinaires : le crochet ctant
arrtte fur la circonference de cette roue , il ne refte plus au fecond ou-
vrier qu'a la faire tourner : a mefure quelle tourne , elle tire des parties
du verre fondu , elle les oblige a s'eloigner du refte de la malFe : ces parties
toujours adherentes a celles qui les ont entrainees, &a celles qu'elles en-
trainent elles-memes enfuite , forment un fil qui vient entourer la circon-
ference de la roue ; chaque tour de roue s'enveloppe d'un nouveau tour
de fil j & enfin apres un certain nombre de revolutions, la circonference
de la roue cftcouverte par un echeveau defil de verre ; la made qui ctoic
en fufion fur la lampe , diminue infenfiblement comme fi elle etoit un
peloton , elle fe devide pour ainli dire , & pade fur la roue : les parties
qui font eloignces de la lampe fe refroidident, elles deviennent plus adhe-
rentes a celles qu'elles touclient , & ainfi par degres ,"les parties les plus
proches du feu , font les moins liees entre elles , d'oii il eft clair que celles-
ci doivent toujours ceder a I'effort que font les autres pour les tirer vers
la roue.
Au refte il ne faut pas croire que I'ouvrier foit oblige de faire tourner
la roue leiitement, de crainte que le fil ne fe rompe ; il lui donne un mou-
vement aulfi rapide qu'il veut , ou plutot auftl rapide qu'il peuc ; plus la
roue tourne vite , plus on expedie d'ouvrage en un certain temps , & le
fil ne fe calfe pas pour cela plus fouvent.
Ces fils formes d'une maniere fi fimple, ne font pas par-tout d'une cgale
grodcurj leur contour eft un ovale fort applati , je veux dire qu'ils ont
Tomel/I , Parcie Francoifc. F z
D£ Paris.
Annii 17 1 J.
litf COLLECTION
rrr^^^^^:^^ au moins deux on trois fois plus de largeur qu'ils n'ont d'epaifTenr. II y
Acad Royale ^'^ * d'une grande finelFe , & qui , autant qu'en peut juget la vue fimple,
Df s SciKNCES n'ont gueres plus d'epaifleur qu'un fil de ver a foie \ audi ces fils ft fins
fonc-ils excremement flexibies. Si on entrelace las deux bouts d'un de ces
fils de verre , comme on entrelace les bouts d'un biin de fil lotfqu'on
vent le nouer , & qu'enfuite on tire les deux bouts , avanc que ce fil fe
calTe, on le plie a tel point que I'efpace vuide renferme au milieu du noeud ,
n'a pas une demi-ligne , ni fouvent meme 5 de ligne de diametre , comme
ie I'ai eprouve un grand nombre de fois.
Quelque roide que nous paroifTe le verre en maffe , il ii'eft done pas
elTentiellementaufll calfant , & aufli peu flexible que nous nous I'imaginons j
i\ nous avions I'art d'en titer des fili beaucoup plus delies , ils feroienc
aufii beaucoup plus flexibies, d'oii il femble qu'on peut conclure , que H
nous f^avions faire des fils de verre audi delies que font les fils dont les
araignees enveloppent leurs cEufs , nous pourrions faire des fils de verre
propres a entret dans les tilfus , & que fi le verre n'efl: pas malleable, il
n'ell pas vrai de dire qu'il ne foit pas uxtibU , fi Ton peut fe fervir de ce
terme. J'ai rente diverfes manieres pour faire des fils de verre incompara-
blement plus delies que ne le font ceux que I'att travaille communement ;
mais il ne m'a pas ete poflible de parvenir a en faire de fort longs : il ell
difficile de ne pas donner un trop grand degre de fufion a une matiere deja
fort mince , telle que celle dont il faudroit fe fervir , Sc il eft prefque
aufll difficile de titer avec alfez peu de force , & d'une maniere egale ,
des fils fi fins ; I'expedient fuivant ell: celui qui m'a le mieux reiifli. J'ai pris
un brin de fil de verre de 7 a 8 pouces de longueur, je I'ai fufpendu en
I'air par I'un de fes bours, & j'ai charge fon autre bout d'un petit morceau
de cire qui ne pefoit peut-etre pas la lo""'. partie d'un grain; ce petit
polds fufKfoit pour titer en bas le fil de verre. Pres de ce fil fufpendu ,
j'approchois une petite bougie : d^s que la bougie en ctoit proclio a un
certain point, je voyois le petit poids defcendre par fecoulfes : comme il
tiroit le verre aufli-tot qu'il etoit en fufion , il le contraignoit .n s'alon-
ger : par ce moyen , j'ai fouvent donne plus de 9 ou 10 pouces d'etendue
a une pottion de fil qui n'avoit peut-ctre p.is i ou 5 lignes de longiKur r
mais rarement ai-je pu aller plus loin ; le plus leger fouftle de vent qui agi-
toit la flamme de la bougie, fuffifoit pour I'apptocher trop pres du fil,
elle le mettoit trop en fufion, alots il fe caffoit. Il ne m'a pas meme ete
aife de faire alTez cle fils de la maniere precedente pour compofer de leur
afTemblage un brin un peu gros. Cette experience m'a du moins appris
qu'avec le verre on pent fotmer des fils plus delies que ceux des vers a
foie ; ceux que je tirois de la forte me paroiffoient prefque aufli fins que
hs fils de foie d'araignee , j'aurois bien voulu voir a quel point ils etoienc
flexibies , ils me le paroiffoient prodigieufement , mais ils etoienc trop fins,
trop courts , & j'en avois trop pen pour les manier commodemenr.
Ce qui eft cettain, c'eft que la matiete meme dont les araignees, &
les versa foie forment leurs fils, eft calTante lorfqu'elle eft en mafle,
comme le font les gommes feches , c'eft ce que j'ai experimente en lailTant
fcther ceuc matiere j & il eft fur , outre cela , que quand les fils qui ea
I
A C A D t M I Q U E. 117
font tiris feroient moins flexibles qu'ils ne le fonc , on poarroit encore en '
faire des tilTus, d'ou il femble qii'il ne nous manque que I'art de f^avoir Acati.Royale
alonger le verre poiu le pouvoir faire entrer dans des croffes. bes Sciences
Au rcfte fi par leur finede , les fils de verre avoienc acquis la flcxibi- "^ Paris.
lite necelTaire pour ctre citTus, ils feroient iiaturellement aflez forts. Pour Annk 17I}.
effaycr Icur force, j'ai fufpcndu diffcrens poids aux fils de verre les
plus dclies que les ouvricrs fijavent former , & j'ai trouvc qu\in feul fil
pouvoir foutenir jufqu'a 1 5 gros fans fe rompre , ou pres de 1 onces : a la
verite ces fils avoicnt trois ou quatre fois plus de largeur qu'un fil de ver
a foie, mais ils ne paroillent pas plus epais, d'ou il fuit que quand ils fe-
roient aurti delies que des fils de ver a foie , ils feroient confiderablemenc
plus forts , puifqu'un fil de foie des plus forts ne peut foutenir fans le
rompre que deux gros 61: demi : leur force n'eft done par rapport .1 celle
des fils de verre les plus delics , que comme un a fix , rapport plus petit
que celui de leur foliditc; aulli fi Ton choifit les plus fins, & qu'en ayant
forme un gros paquet , on divife ce paquet en differentes parties que Ton
cntrelace les unes avec les autres en torme de trelTes, on trouvera que ces
trclFes de verre ont beaucoup de force : divers fils pourtant fe cafferont
pendant qu'on les entrelacera, & apres tout, il n'jr a pas grande appa-
rence que Ton tire des avantages confiderables des fil; de verre,
Les gommes , les refines , la cire font aulTi des corps ducliles mous ;
mais la cire qui ell de routes ces efpeces de corps, celui fur lequel les
arts s'exercent le plus, n'eft gueres travaillee comme dudile : il eft vrai que
les ciriers font palFer leurs bougies par des filieres , mais ce n'eft point pout
les alonger , c'eft pour les arrondir & pour les polir.
Si nous fommes peu liabiles a travailler les corps du(5liles mous , la na-
ture nous a en quelque forte dedommages de ce que nous ignorons de ce
c6tc-la : elle a infttuir une infinite d'animaus a les etendre d'une manierc
inerveilleufe , & nous n'avons qu'a mettre en ccuvre les fils qu'ils nous ont
prepares : on entend bien que c'eft des fils de vers a foie dont je veux par-
ler • ils ne font formes que d'une matiere vifqueufe prodigieufement eten-
due , qui fortant du corps de I'infede prejid de la confiftence , a-peu-pres
comme les fils de verre deviennent durs en s'eloignant de la lampe , quoique
fiouvtant par une caufe differente , comme nous le dirons bientot j mais
es araignees favent tirer des fils beaucoup plus fins de leurs filieres. Ces
filieres (e trouvent pres du derriere de I'infedte : ellesconfiftent en fix mam-
inelons , pat oii fortent leuts fils ( PI. XXIV. Fig. I. ) • mais quels fils ! dans
un efpace plus petit que la tete de la plus petite epingle , il y a alTez de
trous difFerens pour donner fortie a une quantite furprenante de fils fepa-
res y on diftingue ces trous par leurs effets. Si ayant choifi une grofTe arai-
gnee de iardin prcte a faire fes a-ufs, on applique le doigt fur une partie
d'un de fes mammelons , en retirant le doigt , on entraine une quantite
etonnante de fils feparcs Ka M N , ( P/. XXI V. Fig. I. ) J'ai voulu exami-
ner leur nombre en me fervant d'un bon microfcope , fouvent j'en comptois
plus de 70 ou 80 •, mais je voyois qu'il y en avoit incomparablement
davantage que je ne pouvois compter , quoique les fils que j'avois tires
neulfent pout bafe qu'une petite partie du maoimeloa. Enfin quand je dir»i
F i ij
ii8 COLLECTION
'■ qu'il n'y a pas de bout de mammelon qui ne puifTe foutnir mlUe fils , je
Acad. RoYALE dirai un nombre aflez etonnanc , mr.is qui me paroit encore au-defTous de
DEs Sciences la realite. On le penfera comme moi , fi i'on veut fe donner la peine d'exa-
D£ 1 ARis. miner avec un excelienr microfcope le bout d'un mammelon dune araignee
Annii i-jii, de maifon : dans cet infedle fi degoutant on verra une partie d'une ftruc-
ture fort jolie ; le bout de ce mammelon eft divife en une infinite de pe-
tites convexites plus petites , mais difpofees a peu pres de la meme ma-
niere que le font les convexites des cornees des yeux de papillons ou de
mouchcs : chaque convexite fert ici fans doute pour un hi different, ou
plutot il y a apparence que chaque petit creux qui etl entre les convexites,
eft perce par un trou qui donne palTage a un fil , les petites elevations em-
pechent apparemment que les fils ne fe joignent a leur fortie : ces petites
convexites ne font pas n fenfibles fur le bout des mammelons des araignses
de jardin ; mais on y apper^oit une foret de petits polls qui fervent appa-
remment au meme ufage que les convexites precedences , je veux dire qu'ils
feparent de meme les fils les uns des autres ; quoi qu'il en foit, il paroic
certain que de chaque mammelon d'araignee, il peut forcit des fils par plus
de mille endroits differens ; de forte que I'araignee ayant fix mammelons,
elle a des trous pour donner paffage a fix mille fils. La nature n'a pas
borne fon travail a percer ces trous d'une petitelfe extreme : les fils font deja
formes lorfqu'ils arrivenr au mammelon, ils ont chacun leur petit canal ou
leur petite gaine particuliere, on les trouve formes ^ fcpares les uns dos
autres , alTez loin de I'origine des mammelons ; mais pour mieux com-
f>rendre toute cette admirable mechanique, il nous faut remoncer jufqu'a
a fource de la liqueur dont les araignees compofent leurs fils.
Dans des infeftes fi petits & fi mous , ces parties delicates ne feroienc
pas aifees a diftinguer fans un peu d'attention : il eft necelfaire de faire
bouillir I'animal , ou de le faire fecher , ou de le lailTer quelques heures
dans I'efprit de vin. Aprcs cette petite preparation , les parties les pliM
eftentielles reftent en place , & font fenfibles fans le fecours du microfco-
pe. Pres de I'origine du ventre D D , [Fig. 11.) on trouve deux petits corps
d'une matiere molle , ce font la les premieres fources de la foie. Ces deux
corps ont aftez la figure & la tranfparence d'une larme de verrej audi
pour nous exprimercommodement , les nommerons nous les larmes ( Fig.
3. PL XXI y. ) La poi.nte de chaque larme R va en ferpentant , & en fai-
fant une infinite de replis du cote des mammelons. Dc la bafe de la larme
part une autre branche beaucoup plus grofTe S que celle qui fort de fa
pomte ; elle fe recoude un plus grand nombre de fois , & fait de plus
grand plis , elle forme enfuite divers lacis , & prend comme I'autre fa
route vers le derriere de I'araignee.
J'ai quelquefoisdeploye cette derniere branche jufqu'a 9 ou 10 pouces da
longueur ; je n'en deployois qu'une partie , les larmes & les branches qu'el-
les jettent, contiennent la matiere propre a former la foie , mais une ctia-
tiereencore trop molle , & qui dans une araignee qu'on n'a point faitfc-
cher ne fe tire pas en filets fort longs. Le corps de la larme eft une efpece
de refervoir , & les deux branches font deux canaux qui en partent: lort
qu'on ne fait pas crop cuke I'araignee , les branches font vifiblement ea-
A C A D 6 M i Q U E. izp
veloppees d'une membrane qui empeche de voir la tr.infparence de la li- ■ •%
queur : cette membrane mince s'enleve fi on frotce le canal, meme dou- Acad.Royaie
cement. Un peu plus prcs du dcniere, il y a deux aiitres larmes plus pe- desSciences
tices , chacune de celles-ci ne jetce qu'une branche , elle part de leur poin- de Paris.
te ,de forte que de chaque cote de I'araignee il y a deux larmes qui par Jnnei 1715.
trois canaux (enfibles portent la liqueur, & ces canaux la portent aux vrais
refervoirs d'oii fort la liqueur propre a faire la foie.
De chaque cote de I'araignee EE, {Fig. //. ) , il y a trois corps que Von
doit regarder comme les derniers refervoirs 011 la liqueur s'amalFe , nous
les nommerons les grands refervoirs [Fig. lf^.)\ ils font beaucoup plus
gros que les larmes : les trois qui font d'uu meme cote font arranges de telle
tagon les uns aupres des auttes qu'ils femblent ne former qu'un feul corps.
La figure de chacunen particulierelldifferente; ils ont pourt.intcela de com-
mun qu'ils font recoudes fix a fept fois : que dans toute leur etendue
leur grolleur eft .i peu-pres egale:une de leur extrcmitc eft pourtant plus
grofte que I'autre ; la plus grolle eft V ( Fig. !y),\.\ plus proehe de la tcte
de I'infeifte , & la plus petite TTT eft la plusproclie de I'anus. Les trois
extrtinitcs deliees de ces refervoirs fe terminent en pointe, & fontappli-
quees les unes prcs des autres , comme le font les trois doigts du milieu de
la main:c'eft des trois pointes de ces refervoirs que partent les fils , ou
que part la plus grande partie des fils qui fortent de trois mammelons:
chaque refervoir tournit un mammelon , c'eft ce qu'on dccouvre avec un
peu de patience; non -feulement on voit toujours la pointe de ch.icun de
ces corps terminee par un fil ; mais fi on menage les parties voifines , on
trouve quantite de fils dilhnfts qui partent de I'extremite de ces corps , &
on fuit les his jufqu'aux mammelons.
Enfin a I'origine des mammelons, on diftini;ue divers tuyaux charnus ;
il y en a apparemment autant que de mammelons : fi on enleve douce-
ment la membrane , ou la legere pcllicule qui paroit couvrirces tuyaux , 011
trouve qu'interieurement ils font remplis de fils, tous feparcs les uns des
autres , & qui par confequent fous une enveloppe commune , avoient cha-
cun une enveloppe particuliere , ou qui etoient comme des couteaux dans
une gaine.
Il eft vrai qu'en fuivant la route de ces fils, on en trouve quantite qui
viennent de plus loin que de la pointe des grands refervoirs ; les uns paroif-
fent venir du milieu , les autres d'un peu plus has , les autres d'un pevi
plus haut \ de forte que je crois que cette immenfe quantite de fils qui ie
rafTemblent prcs des mammelons de Taraignee , ne tirent pas tous leur
origine dcs pointes des refervoirs : il me paroit plus probable qu'il y en a
qui fortent de tous leurs coudcs , ou peut-etre de differens endroits de ces
corps; ce qui eft certain , c'eft que ces corps paroilTent avoir une enveloppe
commune , & que Ton rencontte beaucoup de fils qui fuivent leurS
finuofitcs.
Mais comment la liqueur s'amaffe-t elle dans les larmes ? Comment
pafTe t-elle des larmes d ,ns les grands refervoirs f Elle a apparemment des
routes que nos yeux ne peuvent appercevoir. Malpighy, tout clairvoyant
qu'il etoit J s'eft contente dans lAnatomie dw ver 3 foie , de ' decrire 1«
150 COLLECTION
——" vailTeaii ou s'amafft' la liqueur d'ou les vers tirent la foie : il ne nous a
Acad. IloYALE explique ni la route par laquelle cette liqueur y eiure , ni mcme , exade-
DES Sciences menc parlanc, la route par laquelle elle en forr. Que pouvons nous faire
DE 1 ARis. jJaris un infedte plu. petit que le ver a foie , & oii la nature a employe 6 ou
Annk 1715. 7<3oo fois plus de parties ? Contentons-nous de faire quelques reilexions
fur la prodigieu'e ductilite de la matiere dont les fils d'araignces font
compolcs, & fur la prodigieufe fineffe des trous par ou ils pallent, &
des tuyaux 011 ils le moulent. Nous avons dit que du bout de chaque
mammelon , il pent fortir plus de 1000 fils; ce bout de mammelon n'a
pourtant pas plus de diametre qu'une petite epingle , & les trous font
nccedairemenc fepares les uns des autres par des intervalles qui doivent
ctre beaucoup plus grands que le« trous mcmes. Mais nousne confiderons
encore que les plus grolles araignees : fi nous examinons les araignees
jiailTantcs produites par celles-ci , nous verrons qu'elles ne font pas plutoc
forties de la coque de I'ccuf , qu'elles fiient : a la verite leurs fils ne
fauroient gueres ctre apper^us ; mais on voit fort bien les toiiesqui en font
formees : fouvent elles font aulTi epailTes que celles des araignees de mai-
fons ; & cela , parce que 4 a 500 petites araignees concourent enfemble
a ce meme ouvrage. Quelle eft alors la petitefTe des trous de leurs filieres ?
c'eft oil I'imagination ne peut aller : a peine pourra-t-elle fc reprefenter
la petitelfe de chacun de leurs mammelons. Ces araignees entieres, font
peut-L'tre moins grotfes que ne I'eft un mammelon de celle qui leura donne
naiffance j il eft aife de le voir : chaque grofle araignee fait 4 a 5 co ocufs ;
ces oeufs font enveloppes d'une coque , & des que les petites araignees
out rompu cette coque , elles commencent a filer. Combien done font
delies chacun des fils qui fortent de leurs mammelons. Cependant la nature
fait encore poulfer beaucoup plus loin la du(flilite de cette matiere. Cer-
taines araignees font fi petites a leur naiflance, qu'on ne fauroit les diftin-
guer fans le fecours du microfcope ; elles font alors rouges , & comme
elles font jointes enfemble en grand nombre, elles paroilTent a la vue fim-
ple comme diverfes trainees de points rouges; cependanr fous ces arai-
gnees prefque imperceptibles ,il fe forme At% toiles : elles fiient done j mais
quelle eft la tenuite des fils qui fortent de chacun de trous de leurs mam-
melons ? Un cheveu doit etre plus gros , compare avec ces fils > que le
lingot le plus gros, compare au fil d'argenttrait : enfin ces fils qui fe fou-
tieiineiit cependant, ont moins de diamcrtre , que n'a d'epailTeur la legere
couche d'or qui couvre I'argent le plus etendu.
La matiere dont font formes les fils de foie , eft comme nous I'avons
tlit , une matiere vifqueufe ; les larmes font les ptemiers refervoirs oii
on la trouve en made , & ceux oii elle a le moins de confiftence; elle en a
beaucoup davantage dans les fix grands refervoirs oii elle a ete portee
par des canaux de communication ; elle en acquiert cliemin faifant : une
pattie de I'humidite ou de la liqueur aqueufe qui y etoit mclce , fe diflipe
pendant fa route , ou en eft feparee par des glandes : enfin , cette liqueur
en allant aux mammelons par des tuyaux particuliers , fe feche encore da-
vantage ; elle devient fil. Au fortir de la filiere , ces fils font cependant
encore gluans : ceux qui font fortis de difFerens rrous fe collent enfemble a
ACADfeMlQUE. 131
qaelque diftance de U. Cette matiere n'eft parfaitemeiu fcche , que lotf- ^.
que le refte de rhumidice s'cft cvaporc a I'air. ^ -Acad.Royale
Tout cela fe prouve parfaitement fi Ton fait lecher ptes da feu , ou fi p^, Sciences
Ton fait bouillir dans I'eau unc grolfe araignce ; lorfqu'on ne I'a pas fait de Paris.
cuire pendant long terns ; ou qu'on ne la pas fait beaucoup fechet ; on j^^^^^^ , ,
tiouve que les larmes ont plus de confiftence , elles fe tirent en fils,& la
matiere des grands refervoirs ne peut plus s'y titer. Le meme degre de
chaieur qui a fuffi pour fecher la premiere matiere , ne fuftit pas pour
fecher la feconde. Enfin fi on faic cuire I'araignce julqu'aun certain point,
la matiere des larmes ne fe laiffe plus titer en fils , elle paroit line efpece
de colle dure, d'ou il eft clair que c'eft en fechant que la matiere de la
foie devient foie.
Cependant I'experience fuivante m'avoir prefque fait ctoire que ce
n'eft point par I'evapcration d'une matiere aqueufe que les fils de foie
prennent leut coi:fifteiice. Ayant tire des fils du derriere d'une araignee ,
&c les ayant entortilles fur un petit morceau de bois comme fur une bo-
bine , je plongeai I'araignee & le morceau de bois dans I'eau , & faifant
tourner le morceau de bois autour de lui-meme, je devidai pendant aufli
longtems que je voulus des fils de foie. Je n'etois pas inftruit alors de
la mcchanique par laquelie les araignees tilent ; j'lgnorois que les fils
avant que de fortit des filieres , euHent deja alfez de confiftence : a la
veiire il leur manque quelque chofe, mais ce qui leur manque n'eft pas
fuftifant pour empccher qu'ils ne fe devidenr. Au refte lis n'achevent point
de fe feciier dans I'eau ; ce qui le prouve decifivement, c'eft que li on mec
tremper dans I'eau froiJe les larmes ou les grands refervoirs, ils n'y pren-
nent aucune confirtence , I'eau ne les ditfout pas non plus & ils reftenc
dans i'ecat oii on les y a mis. Si au contralre on lailFe pendant quel-,
que terns une araignee plongee dans I'efprit de vin , la matiere des lar-
mes & des grands refervoirs prend la meme contiftence qu'etle eiir prife
fi on eut fait fechet I'araignee ; mais I'efprit de vin ne la dilfout pas
non plus que I'eau. Au refte la matiere de ces refervoirs etant feche, ref-
femble a la foie par fa couleur , mais elle ne lui reffemble qu'en celaj
elle eft femblable a une gomme ou a une colle tranfparente ; elle fe
calfe fi on la plie jufqii'a un certain point ou un certain nombre de
fois ; c'eft une matiere qui ne peut comme le verre etre flexible , que quand
elle eft divifee en des filets fort delies.
U y a apparence que la matiere des refervoirs expofee a Pair ne fe
feche jamais parfaitement, je veux dite que les parties du milieu reftanc
un peu humedlees, la furface exterieure doit fecher la premiere j cette
furface etant feche ne peut plus etre dilToute par I'eau, elle n'en peat
plus etre penetree ; elle doit done empecher I'humidite qui eft au milieii
de la mafle de fortir, comme elle empeche I'humidite exterieure d'entter.
Enfin il n'eft pas futprenant que I'humidite s'etant une fois evaporee de
la matiere de la foie^ elle n'y puilTe plus rentrer pour la dilFoudre : les
intervalles qui font entre les parties de cette matiere doviennent trop
petits. LaPhyfique nous foutnit raille eiijmples femblabies* i
J3i COLLECTION
ACAD.ROYALE
''cf Par"' '^"'- ^" teintures dcs Maaux.
ArinU J 71 3. J_,A teinture du metal n'eft qii'une difTolucion ou le metal eft encore plus
divife, plus etendu qu'll ne le feioit dans fon dilTolvanc naturel & ordi-
naire : comme il eft fort attenue , il donne line couleur a la liqueur , iSc de
la vient apparemment le nom de teinture.
Si la teinture etoit irreduftible , c'eft-a-dire , il le metal dilTous I'etoit au
point de ne pouvoir phis fe remettre en metal, ou, ce qui revient au
meme , fi les principes qui le compofent etoienc defunis , ce feroit la ce
que les Chyiiiilles ont tonjours fi ardemment fouhaite & recherche avec
rant de travaux , fur-tout a I'egard de Tor dont la teinture irreducible
s'appelieroit I'or potable. Mais on n'a encore reudi a aucune teinture de
certe efpece : Tor potable n'eft que de I'or extrememenc divife , & il en
eft de meme des autres metaux.
M. GeofFroi a trouve une methode aftez generale de falre en certe ma-
tiere ce qui fe peut, ou du moins ce qui fe pent jufqu'a prefent. L'inten-
tion des teintures eft de rarefier & d'ttendre autant qu'il eft poflible les
foufres du metal , & de rendre les parties fixes ou terreufcs , les plus fubtiles
&: les plus volatiles qu'elles puiftent ctre. Et ^\ Ton veut en meme tems
que ces teintures ayent quelque ufage en medecine, il faut y employer
des intermedes qui n'ayent rien de nuifible ni de defagreable.
Pour une teinture dor, M. Geoftroi prend des cryftaux folaires faits
nvec une partie d'or & (J ou 7 d'eau regale , & ou par confequent lor
eft deja extremement etendu j il les met dans un mortier de verre avec le
double de terre foliee de tartre. Cette terre eft I'alkali de tartre impregne
d'efprit de vinaigre & d'efprit de vin , & par confequent c'eft un diftbl-
vant falin & fulfureux, propre a etendre les foufres de Tor ; on broye le
, tout enfemble avec le pilon de verre , jufqu'a ce que le melange fe re-
folve en liqueur epaifte. On acheve de le diftoudre dans I'efprit de vin ,
& Ton a la teinture. Cette teinture prend avec le tems une legere cou-
leur qui a travers le jour eft pourpre , & a centre jour jaune.
M. Geoffroi emploie le meme intermede de la terre foliee de tartre
pour tirer du vitriol de Mars la teinture du fer, des cryftaux de Venus,
celle du cuivre , &c. On voir aflez pour quoi il prend ou le vitriol de Mars ,
oq les cryftaux de Venus. C'eft que dans ces compofes les metaux font
deja excremement divifes & attenues , foif naturellemenc, foit par art.
Dt I'aclion des fdsfur diffcrentcs matkres inflammables.
Q
UE dans un creufetaffezchaud pour etre rouge il y ait un foufre , quel
qu'il foit, ou une huile, cette matiere s'enflammera 5 & fi Ton jette delFus.
du faipetre , la flamme augmentera tout d'un coup Sc de grandeur &
de
ACADfeMI^UE. ij}
■Ae force & d'cclat. Il fenible qu'on doive condure de la que le falpctre ■
■eft fort iiirtimmable ; m.iis fi on I'avoic mis feul dans le creufct il ne fe Acad.Rovale
feroic jus entiamme. Du moins pourroit-on croire que d'autres fels alTcz des Sciences
femblables an falpctre , coinme I'alun , ou le vitriol, devroient augmen- ^^ Iaris.
ter audi I'lnU.immabilice des foiiftes ou des liuiles , mais tout au con- ■^nna 171 5.
traire ils la diminuent beaucoup. Nous pourrions encore rapporter d'au-
tres flits fur la bizarrerie apparente de ces plienomenes; mais en voila
alTez pour faire fentir la difliculte que M. Lcinery le cadet a entrepris
de developper par fes experiences Sc par fes reflexions.
On a vu dans I'Hiftoire de 1701 qu'un efprit acide extremement pur
5: dephlegme, etant mele avec une huile ellcntielle de plante aromati-
que qui ne contlenne aucun acide , fait une effervefcence accompagnee
de riamme. M. Lemery prend'pour principe cette experience; il cor-
^oit que quand du foufre &c du falpctre font meles cnlenible dans le
creufet, la partie huileufe du foufre s'eleve & forme la Hamme ; qu'en
meme terns I'acide du falpctre s'eleve audi tic va rencontrer en fair cette
liuile. Des matieres qui compofent la flamme il y en a toujours quelque
pirtie qui ne devient point flamme, & c'eft ce qui demeure en forme
de fuie. Des partjes d'huile qui ne fe feroient point enflammees quoi-
qu'elles fe fuffent elevees avec les autres , les acides du falpctre les en-
flammeut, & deli vient I'augmentarion de damn.e qu'ils caufent , fans
compter qu'ils etendent & rarefient beaucoup I'huile enflammc'e indepen-
damment d'eux.
Cela ne fuffit pas encore; car par I'experience fondamentale il fauc
.que I'huile, pour recevoir faction des acides, foit bien denuee d'aci-
des ; & n'y a-t-il pas beaucoup d'apparence que les acides du foufre mon-
tent avec fon huile ; Ils monteroien: en efFet fi les acides du falpetre qui
fe font degages tres-promptement , ne lailfoient la partie fixe & terreufe
du falpctre dans un etat ou elle eft alkaline <Sc avide d'abforber de nou-
veaux acides en la place de ceux qu'elle a perdus. Elle abforbe done les
acides qui fortent du foufre avec lefquels elle forme un fel moyen vi-
triolique , & par-Li le falpctre a la double fondion & de fournir I'efprit
qui doit agir fur Ihuile du foufre enHammc, &C de retirer du foufre ce
qui empecheroit I'adion de I'efprit.
11 ell aile maintenant de voir la caufe des differens cas particuliers,
& mime de les prevoir. Le falpctre feul jettc dans le creufet ne doit
point s'enflammer; tout ce qui en arrive c'eft que fon acide s'eleve fans
rencontrer en fair aucune huile fur laquelle il agilTe , & que fa pirtie
fixe & terreufe demeure. L'alun & le vitriol n'augmentent point la flam-
me du foufre , parce que leur acide fe degage difScilement comme il eft
prouve par I'experience , & que route I'huile du foufre eft montee Sc
s'cft coniumce avant qu'il monte. Ces fels ne font au contraire que di-
minuer la flamme , parce que leur poids apporte un obftacle a la rare-
faclion & a I'elevation de 1 huile du foufre. L'efprir de nitre qui n'eft
que I'acide du falpctre ne doit pas meme faire le meme efi'et que ce fel,
tar il ne peut faire que la moitie de ce que le falpctre fait , n'ayant pas
Tumi III , Punk Frangoife, G i
134 COLLECTION
s:= comme le falpetre ces parties fixes &c terreufes qui abfotbent I'acide da
Acad. Royale foufre.
^BE Rari"' ^' ^^ vlfible que cette raifon n'auroit plus lieu , fi ce meme efprit de
^ , ' nitre agiiToit fur une matiere enflammee bien exempte d'acide. Aufli
^nnec 1713. quand on en verfe furfla flammede I'efprit de vin , il I'augmente (a) ; car*
alors il ne fort point de I'efprit de vin dcs acides qu'il foit befoin d'ab-
forber , & la partie aqueufe de I'efprit de nitre qui emptche I'inflamnia-
tion des huiles grofiieres & pefantes n'apporte aucune alteration fenfible
a la flamme de i'efprit de vin, parce qu'ctant moins volatile que I'efprit de
vin , elle ne peut I'atteindre en all'ez grande quantitc.
Le falpetre ne fait pas fur I'efprit de vin le mcme efFet que I'efprit de ni-
tre, la raifon en eft que I'acide du falpetre, tout volatil qu'il eft, ne
s'eleve pas encore allez vite pour aller rencontrer I'huile enflammee de I'ef-
prit de vin.
M. Lemery a reconnu dans le cours de fes experiences que les fels fixes
des vegetaux &c des animaux , & les alkalis volatils, ou diminuoient I'in-
flammabilite du foufre , ou du moins ne I'augmentoient pas, ce qui prou-
ve encore la necellite de I'acide pour augmenter cette inflammabilite. Le
borax ne produit pas plus d'effet que les alkalis, & Ton fait que ce fel
lie fe decompofe prefque point. Si qu'il fournit tout'au plus un peu de
liqueur legerement alkaline & jamais acide. Mais quoique I'aftion de I'ef-
prir de nitre n'ait rien de comparable a celle du falpetre fur les huiles Si le
foufre enflammes &c fur les charbons ardens , il eft a remnrquer que
fon action eft un peu differenre fur ces difFerentes matieres ; car il
r'opere rien de fenfible fur le foufre , il fufe un peu avec les hui-
les quoiqu'il les eteigne enfuite entierement lorfqu'on y en verfe une
certaine quantite; 8c enfin i! fufe auffi fur les charbons ardens , & il y laifle
cependant une tache noire a I'endroit ou il a ete verfe , mcme en petite
quantite.
Sur Ic Vitriol £' fur h Fer..
Par M. G E o F F R o I I'aine.^
J_j E vitfiol verd qu'on nomme ordinairement couperofe verte , fe tire de
certaines marcaflites .qui , dans I'analyfe chymique, donnent toutes du fou-
fre brulant; elles en font quelquefois fi chargees qu'on eft oblige de Ten
fcparer par la diftillation ou par la calcination avant d'en pouvoir faire
le vitriol. Enfuite on les expofe a I'air ou on les lailTe pendant un alfez
long tems afin qu'elles fermentent en quelque maniere , aprcs quoi elles
s'ouvrent , elles fleurilfent ic fe reduifent en pouftiere fahne virriolique.
La pluie qui furvient lave de tems en tems cette pouffiere , en dilTout les
fels &c coule enfuite dans des citernes ou on la refeive pour la cuire en;
vitriol.
(a) Dan<; ce cas la flamnic de rcfprit de vid , de bJeuc quelle ccoit, dcvicnt tics-
louge ac Kcs-ardeiuc.
i
A C A D| M I Q C E. ijS .
Si on cvaporoic ces knives tclles qn'elles (out , on n'en tetiretoit pas . '
une giande quautitc de vitiiol , mais une liqueur verdatre ou br.unc, Acad. i<.oY ale
prefque aulli acide que I'eau iorte, doiu il n y auioit qu'une crcs-pccice ^i-? ScitNcts
poctcoii qui prit la ioima da iel , &: doiu le refte iie pourroic acqucrir ^^ 1 akis.
que l.i conriilence du bcurre ou de I'luiile %~e. Pour avoir done une Atinie. 17 1}--
plus grande q^.mtitc de vitriol , on taic bouiiir dans cetce liqueur tirce des
citetnes, beaucoup de morceaux de ter qui donnenc aij(ll-toc une eftcr-
vefceiice conddcrable. Lotfque ce fer eft dillous , on fait cvaporet la dif-
fuluiioii jufqu'a un certain point, tJi on la laille cryftallifer. Il fe forme
line giande quantitc de cryftaux verdatres, & il refte une liqueur rougea-
tre , cpailFe & onctueufe qu'on nomme lean mere du vitriol.
Cecce liqueur ne fe cryllallife jamais, elle ne fe congele pas mtme an
froid , mais a la chaleur du feu elle s'tpaidit confiderablenient jufqu'a
fe delfecher en une malfe jaunatre , gralfe au toucher , d'un gout extre-
mement ftyptique, fans acidite ni corroiwn , quand on a eu foin d'en bierj
fcparer le vitriol par la cryllallifuion. Cette malTe jaun.itre & gralfe fe re-
fout aifcment en liqueur a la nioindre luimidite de I'air j tons Its fcls folli-
Jes l.iilfent une femblable liqueur aprcs leur cryltallifation ; mais ce qui eft
plus remarquable , c'eft que ces fels,,comme I'alun , le falpecre, le fel ma-
rin &: le vitriol, quelqi)e deputes qu'ils foient dcja , donnent dans routes
kurs cryftallifations rcitcrces quelque portion de cette eau mere ou li-
queur faline ondueufe , Si depofent en meme lems quelque peu de terre
fort fubtile &: fort fine.
Ces liqueurs oniftueufes en apparence ont un fort grand rapport avec les
liqueurs lixivielles ou les dilfolutions des fels alkalis , telles , par cxeniple ,
que I'huile de tartre faite par dcfaUlance. On a toujours cru jufqu'ici que
ces liqueurs ctoient produites par les fels alkalis de la terre, qui s'etanc
trouvcs en plus grande quantiie qu'il n'en talloit pour faouler les acides,
reftoient en torme de liqueur ondueufe ; piais j'ai reconnu le contraire par
mcs obfervation'i; car fi ccla etoit, un fel une fois cryltallife & bien depute
de fa grallle ou de fes fcls alkalis, devroit fe cryftallifer d.ins la fuite , fans
donner la nioindre goutte d'eau mere. Or il en arrive tout autrement^ car
tous ces fels donnent a chaque cryftallifation plus ou moins d'eau mere, fui-
vant les difterentes circonftances de I'operation; &: je crois que fi on avoir
alfez de conftance , on pourroit, a force de cryftallifations, rcduire ces fels
ininerauxen ces fortes d'eaux-meres, comme je I'ai fait fur le vitriol;car j ai
obferve que ce mineral depofe a toutes les diftblutions & digeftions qu'on
en fait , un peu de terre fort fine que je regarde comme la bafe ou le pre-
mier principe du fer, & qu'il donne enfuite a chaque cryftallifation un
peu d'eau-niere : je I'ai meme convertijtout entief & afkz promptemenc
en cette liqueur, comme on le verra par la fuite. Je vais rapporter les
ditfetens proccdcs par lefquels j'ai conveiti le vitriol en eaux-meres , ou en
liqueurs gralles & ftyptiques.
I. J'avois fait duloudre , filtrer & cryftallifer environ deux livres de
vitriol verd; je fis une feconde dilfolution de ces cryftaux dans fuffifante
quantlte d'eau, & je lailfai le tout en digeftion dans un vailfeau de verre
,ouvetc par le hauc, & dans un lieu moderemenc chaud pcur quelqu'auuc
G I'ij
ijfj COLLECTION
-„. ::=: experience que je precendois faire fur cette diffolution. Au bout Ae quel-
AcAD. RoYALE ques mois je m'apper^us que la Hqueur avoir pris une couleur rouc^eatre
DES Sciences plus foncee, & un gout bic-n plus llypcique &c moins acide que n'avoit la.
DE 1 ARis. diirohitioii ds vitriol recente , Sc quil s'ecoit precipice au bas de la liqueur
^nmi. 171 j. m^ie afTcz grande quantite de terre jaunacre. Ayant iailTe ce vailTeau dans
le meme endroit pendant pr?fe de deux ans , je trouvai au bout de ce
terns que route I'humidite s'ecoit evaporee, & que le vitriol s'ecoit deffe-
che en un pain de fort beaux cryftaux verds , pofes fur un limon fort fin ^
c'ecoit une efpece d'argile de coiil> ur cendree qui occupoic le fond du
vailfeau en alfcz gran.le quancite. U paroilFoit encre les cryftnux des efflo-
refcences en maniere de petisi-hampignons jaunatres, d'une fubftance graflTe
ou bntyreufe, mol'e fous les doigts , & s'y fondanr en quelque maniere,
qui expofee a riiumidite de I'air pendant quelques jours, s'y rcfolvoit en
une hqueur rouge brune , ondueufe Sc d'un gout extraordinairemenc
ftyptique & fans acidite.
Voici mon fecond procede; je prIs du vitriol verd que je fis diffoudre
dans I'eau commune, puis filcrer & cryftallifer ; j'expofai enfuite ces cryf-
taux au foleil pendant letc 011 ils fe calcinerent d'eux mcmes a la chaleur
du foleil , & fe reduifirent en une poudre blanche aulli fine que de la fa-
rine Lorfque ce vicriol me parut bien calcine, je verfai deflUs fuflfifante
quancite d'eau t'e phiie pour le dilfoudre; je laiiTai pendant quelques
jours digerer au foleil cette di(Tolution , puis je la filtrai & il refta fur le
filtre beaucoup de cerre jaune comme de I'ocre. Je fis enfuite evaporer
I'humidite au foleil 5 une parcie du fe! fe ctyftallifa, & une partie fe defle-
cha en malfefaline, a la referve d'un peu de liqueur rougeatre & gralfe au
toucher : je feparai cette liqueur rouge brune, & je laillai de nouveau cal-
ciner ce fel au foleil ; je recommengai a dilToudrc cette chaux par I'eau de
pluic , je la lailfai en digeftion au foleil, puis je la filtrai & evaporai , fepa-
rant roujours la liqueur gralTe , ce que je reit6rerai de la forte pendant en-
viron trois ans. A chaque fois il me reftoit un peu de terre fur le filcre ,
& de cette eau-mere ou liqueur ft:yptique a la fin de la cryftallilarion , en
bien plus grande quantite que lorfqu'on fait ces diffblutions & purifications
du vitriol fans le iailfer calciner au foleil. En fin une grande partie du vitriol
fe reduifit en cette terre jaunatre & en cette liqueur huileufe & ftyptique.
Troifieme procede. Je diftillai le vitriol verd , calcine jufqu'a la cou-
leur jaune, dans une cornue fclee ou percee de quelques petics trous,.
pour avoir I'efpric volatil fulfureux acide du vicriol, fuivanc le procede
de M. Sthal. Dans cecte operation auffiiot que la diflillacion commence on
fent une odeurde foufre rres forte , qui s'exhale des vailTeaux. Il fort des
vapeurs fubciles de la cornue qu'on a foin de recevoir dans un recipient
dont le tiers doit ctre rempli d'eau. L'operacion ecant finie on fepare le
recipient de la cornue , & I'odeur acide & fubcile qui exhale de ces vaif-
feaux en les deluctanc , eft aufli penetrance , & roure femblable a ceile du
foufre bridanr , de forte qu'on diroic a I'odeur qu'il fcroit plein de foufre
enHamme. L'eau concenue dans le recipienr, outre I'odeur fulfureufe , a
une faveur acide route femblable a I'efprir de foufre : ce qui refte dans la
cornue ftft un colcotar bejucoup plus rartfi? que le colcotar ordinaire, &
A C A D fe M I Q U E. ij7
d'un rouge plus vif. Avant laifTe ce colcotar dans des territves expofces a ■ ' ■■
I'air, je m'apper^us au bout de quelque-rems qu'il s'hutnedloit , &: fe re- Acad.Royale
duifoit en boulie : j'en fis une Icflive & j'eii feparai par la filtration une I'f.s SciEscis
liqueur rou^^e , claire, dune faveur fort ftyptique , Ik acide. Ayant fait ȣ 1 aris.
evaporer cette liqueur jufqu'a peliicule, je la lailTai cryftallifcr , j'en re- ■^'^'^^ >7iJ'
tirai de beaux cryftaux verds , Cic il me refta dans la cryftallifation une
grande quantite d'eau-mere ou de liqueur grade & ftyptique.
Cette liqueur ou eirence ftyptique de vitriol ell de couleur rouge bruii; ,
fort pefante , douce ou huileufe au toucher , d'une faveur extraordinaire-
ment albingcnte, fans aciditc ni acnmonie , pourvu que par les cryftal-
lifations reiterees on I'ait fcparce fort exademeiu du fcl de vitriol qu'elie
pouvoit contenir.
Elle fe delTcche ou par I'ardeur du foleil pendant I'ete, ou au feu en
une malTe jaune faline qui fe refout tres-promptement a I'humidite en
une efpece de beurre , &: enfuite en une liqueur rouge : elle a ncanmoins
quelque peine d'abord a fe didoudre dans I'eau , a caufe de fon oncfluofite.
Si on ne (cpare pas foigneufement par la cryftallifation la partie du vi-
triol qui fe cryltallille d'avec cette liqueur qui ne fe cryftallife point,
ons'appercoit en la gardint quelque terns , qu'elie travaille fur elle-mtme
& qu^elle fermente fans celle , quoique foiblement j cela fe reconnoit
aux bu'.les d'air qui s'elevent de terns en terns .i la furface de la liqueur ,
ce qui n'arrive point lorfqu'elle eft parfaitement depouillce de la partie
du.vitriol qui fe cryftallife.
Cette liqueur fermente tres - confiderablement avec I'efprit de nitrei
elle s'echautFc feulement avec I'efprit de vitriol , fans tffervefcence fenfi-
ble. Quand on la mele avec I'huile de tartre , il fe fait en premier lieu
Mncoagulum qui fe dilTout enfuite en faifant un efFervefv.ence alfez vive
& lorfque cette efteivefence eft finie, il refte un leger coagulum muci-
lagineux.
J'ai dit que cette eftence ftyptique du vitriol fe deflechoit par une
forte chaleur en une mrtlfe jaune , faline 5 cette matiere fe rcduit en col-
cotar d'une tres-bel'e couleur rouge en la caicinant au feu, & cette malFe
rouge fe refout trcs-promptement en liqueur etant expofee a I'air.
La liqueur grafPe qu'on retire du vitriol par ces trois procedes , & dans
laqueile on peut convertir tout le vitriol, eft une fubftance faline , fid-
fureufe , compofee en partie d'un fel acide, en paitied'un fel alkali &
de la fubftance bitumineufe du fer unie a ces deux feis.
iques qi
tituent le vitriol , font fort grollieres. Cette groftierete, & peut-ttrc me-
me la figure des (els vitrioliques , les emptchenr de s'engager bien avanc
dans les pores du fer; ils ne s'y attachent done que tres fuperticieile-
ment , enforce qu'lls s'en fcparenr avec facilitc , comme on pturenjuger
par la faveur aciJe du vitriol. On s'en app. r(;oic encore loil'qu'en f.ii-
Canc dilloudi'c uns petite portion de vitriol dans une granJe (juantitc
i3S COLLECTION
^^= d'eaii , on voit tomber nu fond de I'eau le fer en poudre fubtile comme
AcAD.RoYALE unc roiulle, & depouillc des fels auxquels il etoic uni ; ou lorfqu'ayant
DEs Sciences dilFous le vitriol dans une mediocre quantite d'cau , on le met en digef-
DE Paris. jIq^ a line douce chaleurj car pour lors une partie des acides abandonne
Annii 1 7 1 - . 'ss molecules ferrugineufes qu'on voit fe precipiter au fond en poudre jaune.
J'attribue tons les cliangemens qu'cprouve le vitriol & fes principes dans
ees trois procedes , aux parties du feu qui penetrent ce fel dans les digef-
tions , dans les calcinations & les diftillacions. On n'en poiirra difconvenir
ll I'on confidere que lorfqu'oji expofe dii vitriol en cryll.iux au foleil ,
il fe reduit en poudre blanche , non-feulenient par la dillipation des parties
d'eau qui tenoient les parties falines liees I'une a I'autre dans un certain
ordre , mais encore parce qu'a la place des patties d'eau il s'y introduic
des patties de feu. La preuve en eft prife de la volatilite de cette poudte
qui pour pen qu'on la remue etjnt nouvellement calcinee , repand une
odeur de vitriol dans le lieu oil on I'agite : une autre preuve encore plus
convain ante , c'eft que fi on jette dans I'eau froide ce vitriol nouvellemenc
calcine a la chaleur du foleil, il echauffe I'eau tres- confiderablement , ce
qui ne peut provenir que des parties de feu reftees dans cette poudte , puif-
que le vitriol (1 fubtilement pulverile qu'il puifle etre jette dans I'eau,
en augmente la froideur bien loin de I'echaufFer.
On ne peut point douter non plus que dans la cryftallifation du vitriol
par la cornue percee de quelques trous ou de quelques fentes , les parties
de feu ne s'y infmuent , & que ce ne foit i elles qu'on doive rappcyter
cette fubtilite & cette volatilite des particules acides du vitriol qui egale
celle de ce meme acide dans le foufre mineral lorfqu'on le brule ; avec cette
difference que fa rarefaction eft lumineufe dans le foufre , & qu'elle ne
I'ert pas dans la diftillation de I'efprit volatil acide du vitriol.
Cette liqueur melee avec I'efprit de nitre fait une effervefcence tres-
vive avec ebullition , petillement & chaleur , de la mcme maniere que
font les fels alkalis, d'oii Ton peut condure qu'elle eft alkaline en panic :
elle fermente audi avec les alkalis, ce qui eft une marque qu'elle contient
aulli des particules acides. On ne doit point ctre furpris d'ailleurs de voir
dans une mcme liqueur des acides & des alkalis confondus , & neanmoins
tranquiUes , puifque dans routes les analyfes des plantes & des animaux ,
nous trouvons des liqueurs qui donnent tout alafois des marques d'acide
& d'alkali , & qui contiennent reellement I'un & I'autre enfemble , fans
qu'ils agilFen: I'un fur I'autre, fur-tout lorfqu'ils font meles avec des par-
ties huilcufes ou bitumineufes. A I'egard du foufre du fer , il eft exalte ici
autant qu'il eft pollible , fans etre neanmoins tout-a-fait depouillc de fa
terre metallique , ni denue par confcquent des vertus qu'on attribue ordi-
nairement au fer. Enfin cette liqueur ne dificre point elfentiellement d'un
grand nombre de preparations que les Chymiftes ont faites du vitriol, du
fer , & de la pierre hematite , & qu'ils ont tant vantces fous les noms
6.Q joufns fixts & ancdins du vitriol on di mars A'arcanes &C de magijierei
de vitriol, de teinttires 8i d'hniles de vitriol dc mars , ou de pierre hematite ,
lefquelles n'ont pour bafe que le fer tres-fubtilife & tres-attenue. [a)
[a) La partie de ce M^moirc cjui a rapport a la Mcdccine , fc trouvcra par cxtrait dans la
fuite des Mcmoirss rclatifs a la M^decine , dans cc mcme Volume.
A C A D E M I Q U E. 239
I
Acad. K.OVALE
„ r 1 T ■ 1 TUI UES ScitNCES
iiur une Jublimation du Mercure. de Paris.
Par M. HoMBERG. Annhi^i^.
Jl ARMi les matieies minerales le mercure eft une des plus volatiles ,
il fe lie facilement avec routes fortes de fcls &: fe fublime avec eux.
Tons ces fublimcs paroilTenr en forme feclie quand ils font liors du feu ,
mais t]uelques-uns fe riennenr long-tems fundus dans une mediocre clia-
leur , ce qui fait qu'en les fublimant on a de la peine a les fcparer entie-
rement de leurs tetes-mortes , parce que la voute du matras lublimatoire
n'crant point par-tout alfez froide pour que ie fublinic s'y puilfe figer , il
recoule continucUement dans le fond du vailfeau qui par ii fe cade aife-
ment , &: la fublimation ne s'y fait qu'i demi dans le fommet fculcmentda
matras j ce qui demande une operation fort longue , & encore faut-il la
rcicerer dans d'autres vailfeaux h Ton veut fcparer de la tcte-morte tout
ce qu'elle contient de fublime corrofif. Cet inconvenient ni'efl; arrive
depuis peu dans un melange de parties egales de fublime corrofif , & de
fel decrepitc que j'ai voulu fublimer plufieuts fois enfemble. J'aicruy re-
medier parfaitement en mettant ce melange dans une cornue pour faire
couler le fublime dans le recipient par le rrjoyen de !a dillillaiion , comme
je I'avois vu couler le long des parois du matras fans fe figer pendant les
fublimations ; mais je me fuis apper^u que la plus grande parrie du fublime
fortoit en vapeurs par les jointures: j'ai done cteint le few; j'ai perce le
ballon d'un petit trou pres de fon fond , & je I'ai radapte de maniere que
le petit trou fe trouvoit dans fa partie fupcrieure. J'ai remis le feu fous
la cornue fans latter les jointures, & ma fubhmation a palFc dans le bal-
lon fans qu'il fe foit perdu la moindre fumee par la jomture ni par le
petit trou. Tout le fublime s'ell trouve dans le fond du ballon ^ en partie
congele comme du beurre d'antimoine I'ec , & en pattie comme de la
neige ; 6c rien ne s'eft fublime au hant du ballon.
Ilya beaucoup d'apparence que dans la premiere operation le fublime
eft forti par les jointures, plutot que d'entrer dans le ballon , parce que
I'air froid dor.t le ballon etoic templi fe rarefiant peu-a peu par la cha-
leur de la cornue , en eft forti par fcs jointures, a mefure qu'il s'eft
ccliauftc , &: a entraine avec lui le fublime qui etoit encore en vaueur :
mais ce meme ait froid contenu dans le ballon ayan: trouve une' ilfue
par le petit trou au haut du ballon , il en eft forti feul , & la vapeur
mercurielle eft entree dans le ballon fans aucun obftacle ; & comme elle
y a trouve un lieu alTez froid pour fe condenfer promptement, elle ne
s'cft pas clevee jufqu'a la bauteur du trou dont j'avois perce le ballon ,
&: par confequenr il ne s'y eft pas fait de fublimation, mais elle s'eft dif-
pofee au fond du ballon en forme de flocons comme de la neige , & a
i^empli plus de la moitic du ballon , enforte qu'il ne s'eft rien perdu par
fes ouvertures.
La laifon pourquoi dans ces operations le fublime eft plus fufible, &
240
COLLECTION
^^^^^^^^^^^ fe tient plus long-tems en liqueur que dans les fublimations du fublimd
Acad. RoYALE corrofif ordinaire , & du mercure doux , eft apparcmment parce que le
"ee Pari"^ mercure y eft plus charge de fels que ne font ces autres fublimes:&
A ' ' comme ce furpius de (el qui s'eleve dans roperation ne trouve pas afTez
Anna 171?., ' ,, '. a utu'J i jl
de mercure pour s y joger & pour en cere ablorbe dans la grande cha-
leur , il s'y joint un efprit acide qui i'entretient liquide tandis qu'il eft
encore chaud. Get efprit acide n'eft pas en trop grande quantity dans
les premieres de ces operations, ce qui fait qu'il fe condenfe aifcmenc
avec le mercure dans un lieu froid : mais en reitcrant fept ou huit fois
cette mc-me operation fur de nouveau fel decrcpite , comme j'avois fait
ici , il s'en fepate a la fin une fi grande quantite d'efprit acide , que le
mercure n'eft plus capable de I'abforber meme dans le froid ; & il pa-
roit alors en huile epailfe ou comme du beurre d'antimoine fondu. Toute
cette operation s'eft achevee en deux heures de terns fur fix livres de fu-
blime j au-lieu que par la maniere ordinaire ;e n'avois pas acheve la
fubbmatioii en douze heures fur trois livres de fublime. La raifon en eft
que dans cette operation le fublime a pu fortir de la tcrnue a mefure
qu'il s'eft eleve en vapeurs \ au-lieu que dans I'operation ordinaire ne
trouvant pas de lieu alfez froid dans le vaifleau fublimatoire pour fe
figer , il retombe dans le fond du vaifieau a mefure qu'il s'eleve, & y
circule pendant long tems.
Sur unc, fcparation dc I' or avcc I' argent par la fufion.
Par M. H o M B E R g.
J. o u s les metaux & mcme quelques mineraux , qiroiqu'ils folent fort dif-
ferents entre eux, ne lailfent pas de fe relTembler quand ils font mis dans
une forte fufion , & on peuc alors facilement les meler enfemble , & de
deux ou trois metaux fimples en faire un compofe dont I'ufage en certaines
rencontres eft plus commode & plus utile que celui des metaux purs &
fans melange. On pent, par exemple, de quelque metal pur que ce foit , faire
des miroirs ardents qui n'auront pas I'eclat , ni ne feront a beaucoup pres
li bons que fi Ton en mele deux ou trois enfemble ; parce que tout metal
pur & fimple ne confifte qu'en des parries homogenes, qui fe lient parfai-
tement enfemble, &: qui compofent un corps pliant & mou , auquel on
ne peut donner un beau poli qui eft cependarit une des principales per-
fections d'un miroir. Mais dans le melange de deux ou trois difFerens m^-
laux , leurs parties de ditfcrentes figures ne pouvant pas fe lier parfaite-
ment, compofent un corps a la vecue fort calfant , mais affez dur pour
recevoir ie poli qui conv'ient .a un rriroir. L'or & I'argent fins ne font pas
propres pour faire des ouvrages qui puilfent rellfter au fervice , parce qu'ils
ne font pas alfrz durs; mais etant allies enfemble ou avec le cuivre , les
ouvrages qu'on en fait rcfiftent niieux a la fatigue de I'ufage. Le cuivre
put n'eft pas fi bon en ouvrage , particulieremen: d'horlogeiie & d'inftru-
niens
A C A D ife M I Q U E. i^,
mens dc matlK-m.itiqiies, que le laicon qui eft un melange dccuivre avec
du zinc. II eft aifc de faire ces melanges de diftciens mctaux; mais il eft Acad.Royale
difticilc de les fcparer , fur-toiit loiTque dans les moindres mctaux on veut d..s _->< i. ^cts
cond-rver 1 un 8c r?.utre <ie ccux qui s'etoienc mclcs ; j'c-n ai trouve le de Paris.
moyin depuis peu , &c je fuis en ecac de ftparer Tor &: I'argenc des inoin- j4nnei i-ij.
dres meciux, en confervaiu le moindre niccal , mais j'en lefecve le pre-
cede pour un autre Mcmoire ; il ne s'agit dans celui-ci que d'un moyen
nouveau de fcparer I'or de I'argenc , plus fimple & moms coilteux que
ropcration du depart : voici comment j'en ai fait la dccouverte.
J'avois fondu parties cgales dor & d'argent enfemble , j'avois mis ce
melange en grenailles tres-hnes dont je m'etois fervi en plulieurs opera-
tions. Et voulant enlin remettre ces grenailles en une malTe , je les mis
xlans un creufec au fond duquel il y avoit du falpctre crud & du fel decrc-
pitc , a peu pres parties cgales j j'ai place le creufec au fourneau de fiifson
dans un feu mediocre, que je croyois pourtanc adez fort pour tondre ce
qui ecoit dans le creufec : apres environ un quart d'heure de feu, j ai re-
tire mon creufet & je I'ai laillc refroidir ; puis je i'ai cafle & j'ai trouve
men or au fond du creufet en un culot, & I'argent en dcuxmorceaux &
en quelques grenailles audelfus de i'or , & enveloppe dans les fels qui
n'avoienc pas ete tout-a-fait fondus. J'ai touche i'un &: I'autre metal fuc
la pierrej I'argent ecoit trcs-pur & fans or j mais I'or n'ecoit que de io
karats \ de forte que Tor avoit reienu un (ixieme de I'argent , mais I'ar-
gent avoit rendu tout I'or avec lequcl il croic mele. J'ai reitere cette
operation plufieurs fois avec diffcrentes combinaifons d'or & d'argent j
je n'ai reulfi que deux fois, oil I'or s'eft trouve plus pur que I'argenc ; rou-
tes les auttes fois I'argenc s'eft trouve pur, &c I'or avoit entrainc un peu
d'argcnr.
J'ai obferve dans cette operation ; 1°. qu'il faut que dans le melange il y
ait a peu-pres autant d'or que d'argent, pour bien reuffir ; i". qu'il ne
faut pas donner trop de feu, parce que tout fe meleroit enfemble; j".
que les fels lorfqu'ils ne font pas encore dans une parfaite fuhon , foutien-
nent le metal qui commence a fe fondre , & lui fervent d'une efpece de
ctible qui lailTe pallet la partie la plus pefante & la plus fondue de ce
melange , qui eft I'or , &C retient I'argent qui eft plus leger & moins fondu ■
dans ce cas. Si dans ce moment on retire le creufet du feu , I'argent fe
durcit ou fe congele promptement , parce qu'il eft devenu fin par la fc-
paration de I'or, Si qu'il ne fauroit etre mis en fufion que par un tres-
grand feu ; & les fels qui foutiennent I'argent , ne pouvant pas achever
de fe fondre , empechent I'argent de couler au fond du creufet , & de fc
meler de nouveau avec I'or.
On pourra s'etonner iti pourquoi I'argent ne paffe pas avec I'or au
travers des fels, tons deux ctant egalemenc fondus; car I'or ne pouvoic
fe debarraffer de I'argent avec lequel il etoit intimement mele par plu-
fieurs fufions precedentes, a moins que I'argent ne fijt en fufion aulll-bien
que I'or : mais li on examine la nature du fcl marin qui foutenoit le me-
lange des deux metaux , on verra qu'il eft le dilFolvant de I'or , c'eft-a-dire
line matiere qui non-feulemenc dilTout I'or maflif en une liqueur aqueu-
Tome III , l^artii Franqo'ifi. H i
141 COLLECTION
■ I ■"— fe , mais qui acheve aufli de le fondre , quand elle le peut atteindre , S.
A A R. 'A line chaleuc d'ailleurs incapable de fondre lot ,& qui au contraire congeie
n*^-: Science" ^ ^^'"^'t i'argent par-tout ou elle le peut atteindre ; ce qui fe voir dans
UE Paris. la precipitation promte de ! vgent dilfous par I'eau forte lorfqu'on y mele
^ , da fel commun, comme .-.iiii dans I'eft'ec que ce meme fel ptoduit fur de
nnte 17 1 5. j'jjfgg^j. jQ^ji- ^^1,';. .\ ^^ fcadrc dans le feu , & dout il retarde la fufion &
la rend tr^s-difiiciie.
Il arrive done dans notre operation que les vapeurs du fel commun
qui eft au fond du creufct , penetrant le melange a demi-fondu d'or &
d'arjent, y proLluifcnt Iiurs effets ordinaires , c'eft-a dire qu'elles facili-
tent la fufion de lor, lequel coule au fond du creufet , & qu'en meme
terns elles relFerrent & durciirent I'argent, & en empechent la partaite fu-
fion , jufqu'a ce que le feu angmentant a un certain degre futmonte Tac-
tion du fel marin , &c fondant tout ce qui eft dans le creufet, ne fafle
qu'une feule maire d^s d ux metaux; c'eft dans cet intervalle de temps oit
J'adlion desfels eft plus forte que celle du feu, qu'il faut retirer le creufet ,
& toute la reulfite du precede depend de I'atcention.a faifir ce moment 8c
a en profiter , ce qui n'eft pas fort difficile.
Obfcrvat'ion fur des matierts qui pcnetrent S' qui traverfcnt les-
mitaux fans hs fondre.
Par M. H O M B £ R G.
v^uoiQUE la fubftance des metaux foit plus compade &c plus ferree
qu'aucune autre que nous connoiflions, & quelle foit fi bien liee quand
elle eft pure & fans melange de matieres etrangeres, qu'elle fupporte mieux
que toute autre les efforts les plus violents , il fe trouve cependant des
matieres qui les travetfent aufli facilenisnt que fi leur nfTuetoit tres-lache
& de nulle refiftance. Il y a de ces matieres qui traverfent les metaux
fans qu'il paroiffe d'ouvertures fenfibles pour leur donner patTage, & fans
laifler aucune trace ou marque apres y avoir pafle j telle eft par exemple,
2a matiere magnetique qui , autant que nous en pouvons juger , pafie
librement au travers de tous les corps qu'elle rencontre en fon chemin ,
pour atteindre le fer ou I'acier qui fe trouvent dans la fphere de fon afti-
vit^.
La vapeur de I'encre de fympathie paroit traverfer aufli a une certaine
diftance , quelque corps que ce foit , & meme dss plaques de mcta! qui
couvrent I'ecriture invifible qui lui convient, pour la rendre vifible , &c
pour la teindre en lettres noires.
L'exhalaifon fulfureufe d'une pierre de Boulogne nouvellemenr calcinee
tr.iverfe tout ce qui eft dans fon voifinage j & elle teint fuperficiellement
I'argent en couleur d'or , & le laiton en couleur d'argent , quoiqu'ils foienc
exacftement renfermes dans des boites de fer, ou de quelqu'amre metal.
Je mis un jour une pierre de Boulogne nouvellement calcinee dans un
A C A Djfe M I Q'U E. 145
tirolr ou il y avoir une niontre a boite d'argent; an bout de lurit ou dh -
jours, je trouvai la bo'ite de ini montre dorce, &: routes les roues en do- A-c^D-Rov^ie
dins argentces; ni.iis quinze jours apr^s la bolte d'argcnt ctoit dc venae des Sciences
tout a f.iic noire aiilli-bicn que les roues de la montre , lefqiielles etoient be Paris.
fi corrodees, qa'on n'a jamais pu les nettover , ni Ics fairs refervir. j_„j> 1^, ,
Il y a dautres matieres qui le rone ellcs-memej un padage force au
travers d'un morceau de m^tal , qiianJ elles le peuvent attemdre d'une
certaine fji;on ; comnie , par exemple , un morceau de foufre commun
mis fur une plaque de tet fort rouge , y fait an trou , &c parte au travers;
un morceau de fublime corrofif mis lur une d'argcnt rougie au feu, y fait
un trou avec bruit Si palfe au travers ; & fi la plaque etoit trop cpailTe
pour la pouvoir percer tout-a-faic , il la creufe jufqu'a deux ou trois li-
gnes de profondeur , en repoulfant les parties dcplacecs de I'argent au
bord de la cavitc qu'il y a creufee.
Enlin il y a d'autres matieres qui traverfent la fubftance des metaux plus
fenfiblemenr que celles de la premiere efpece que nous vennns de rap-
porter , & moins violemment que celles de la derniere , c'eft-d-dire des
matieres que Ton voir palfer tres-claitement au travers des pores de me-
tal , fans en deranger les parties, & qui ne font point de trou pour y paf-
fer. Nous examinerons avec un peu d'attention quelquesunes de cette der-
niere efpece, comme moins connues que les prcccdentes, ne fachant per-
fonne qui les ait obfervces avant moi.
Le premier exemple fera un fel fondu, qui palTe au travers des poret
du fer , comme I'eau palFe au travers du papier gris.
J'ai cru autrefois , fur le teraoignage de quelques auteurs, que le borat
eroi: une compofition artihcielle, ce qui m'a fait faire plnfieurs tentati-
ves pour decouvrir le fecret de cette compofition ; decouvcrte vraimsnc
impolfible , puifque le borax eft un fel foflile naturel , comme eft le
vitriol ou I'alun; mais qiioique mon ttavail n'ait pu rtiullir felon mon in-
tention, il a ete cependant Toccifion de quelques decouvertes qui m'ont
paru neuves, parmi lefquelles fe trouv^ le fel dont il s'agic, & qui eft
iieut-ette le plus penstrant , Si en meme terns le moins corrofif de tous
es fels lixiviels que nous connoilTons : voici comment je I'ai fair.
Prenez une livre environ de chaux vive , verfez dellus deux pintes de
vinaigre , lailTez-les cnfemble en une douce digeftion , pendant dtux fois
vingt quatre heures , en les remuant de terns en terns; lailTez raffeoir,
& verfcz-en la liqueur claire par inclination ; puis prenez foufre commun,
une partie , falpctre rafine deux parties , & fel decrcpite trois parties ; pilcz
le tout, iSc apres les avoir meles exaiitement , vous mettrez au feu un creu-
fet qui puille contenir route la matiere ; le creufet etant rouge , vous la
mettrez dedans cuilleree a cuilleree , jufqu'j ce quele tout y foit entre-, la
matiete s'enRammera foiblenient Sc fans deton.uion ; elle fe gonfle quand
oUe commence a fe fondre, rdors il la faut remuer avec une verge de fer,
& continuer le feu jufqu'a ce que le tout foit fondu comme de I'eau j ce
qui arrive bientot aprcs que la flamme du foufre a fini : vous verferez pour
Iocs votre matiere fondue dans un ballin de cuivce , ou elle fe durcit fur
Hi ij
144
COLLECTION
- le champ ; verfez enfuite fix parties de votre premier vinaigre prepare .
Acad Royaie ^""^ ""* P^"^"® '^^ ""^ matiere , chauffez-les un peu pour la fondre plus
DES Sciences Facilemenc ; etanc fondue, filtrez , & evaporez , puisliiirez rfitroidir, &
DE Paris. verlez encore autant de ce vinaigre dellus, & evaporez julqua peliicule :
Jnnie lyij niettrz cetce liqueur a la cave, il fe formera des cryftaux , lefquels etant
foodus a grand feu dans un creufec de fer , palfent en ucs-peu de terns
au travers de ce fer fans le trouer ,'comme le plomb palTe au travers d'une
coupelle , mais lis ne penetreront pas fi vice un creufet de terre dans le
grand feu, que Ic falpetre ordinaire.
Les matieres qui entrent dans cetre compofuion , font la chaux vive ,
le vinaigre diftiUe , le falpetre , le fel marin , Sc le foufre commun ,
lefqueiles confi-lerees feparement, ne fauroient faire un eftet approchant,
fi ce n'eft le foufre commun , qui penetre a la verite le fer prompte-
ment , m.iis en le fondant Sc en le detruifant , comme nous I'avons
remarque ci-dedus : au lieu que notre compofition ne le met pas en
fufion , ni ne le detruit ; car le fer , apred en avoir etc penetre, refte
aulli malleable qu'il etoit auparavant , &c il paroit convert de moins
de mache-fer , que fi on I'avoit rougi au feu fans cette matiere,
Il y a route apparence que I'adlon violente du foufre commun fur
le fer ne provient que de ce que tout I'acide du foufre y eft joint a
route fa partie liuileufe ; car I'acide ayant ete fepare du compofe du
foufre commun, fa parrie huileufe feule n'eft plus inflammable,^ ni le
dilTolvant d'auain metal , comme je I'ai montre dans un Memoire
imprime en 1705 , Sc I'.icide du foufre feul & fepare de fon liu.le, ne
fait pis plus d'eff;t fut le fer que I'efprit de vitriol ou I'efprit d'alun ,
c'eft-a-dire, le dillout lentem.nt & foiblement •, mais tant qu'ils fonr
joints enfemble , ils compofent cette matiere intlammable , qui penetre
aifement la fubftance du fer , le diftbut & le detruit dans le feu , eit
produifant dans toute la maife du fer quelle p;iit atteindre , a-peu-pres
le meme efFet que la flamme de la forge produit fur fa fuperficie feu-
lement ; favoir quelle le brule en mache-fer , audi voyons-noiis que le
fer calcine par le foufre commun, eft ttes femblable au mache-fer.
Mais comme prefque toute la matiere gralTe & inflammable du foufre
a ete cvaporee dans I'operation qui a ptoduit notre fel ou nos cryftaux,
il n'y en refte qu'une tres-petite partie, dont I'adivite a ete affoiblie
confiderabloment ; Sc I'acide du foufre, qui fans cette grailfe eft uu'
foible dilTolvant du fer , ayant ete diffipe en p.utie dans le feu, Sc en
partie abforbe par les parties alkalines du falpetre, du fel commun Sc
de la chaux, n'Al plus capable de la corroder ou de la diffoudre; au
contraire , la jondion de ces matieres alkalines, avec le refte du foufre
commun, a proJuit le compofe de nos cryftaux , qui penetre a la verite
aifement le fer , mais ce n'eft qu'en palfant au travers de fes pores ,
fans les deranger ou en dctruire la fubftance ; Sc comme les parties da-
for , dans le grand feu , fe dilatenc & s'ecartent les unes des autres ,
elles prctent un paflage fort libre a notre compofition dans le grand-
feu , mais les parties du fer fe rejoignanc etroitement , Sc fe rappro-
A C A D E M I Q U E. i^j
chant lorfque le fer fe refroidit , elles preflTent & expriment cette ma- ,., ,_,
tiere , Sc la chalTent (iir la furface du fer , fans en garder dans (on T "iT '
interieur, ce qui fait que le fer eft audi malleable en fortant du fcu des bciEMCEs^
aprts cette penetration , qu'il I'etoit auparavant , Si meme il ne pent de Paris.
pas (itoc par la rouille , que s'il n'avoit pas toucbe a notre compofi- j
tion , ce qui pourra ctre de quelque ufage quand on le faura bien ' ''
employer.
Le fecond exemple fera une matiere nitumineufe metallique , laqueile
syant etc fondue fur une lame d'argcnt de repailleur environ d'une
demi-ligne , palFe au travers de cet argent, fans y faire de trou Sc
tcint I'argent de part en part, & dans route fa fubftance en conlcuc
de plomb , fans que les antres endroits de la lame d'argent, qui none
pas toucbe a notre compaction , changent de cculeur ni au dedans
ni au-dehois ; les parties noires de cet argent feront aufli mallcables
que les parties qui font reftees blanches; de forte qu'en les battant en-
femble , fur un enclume , elles s erendront egalement fous !e marteau
fans fe crever & fans fe rompre. Voici comm.nt j'ai fait cette matiere
bitumineufe metallique.
DilTolvez de I'atgent fin autant que vous vouJrez dans de I'eau-
forte a Tordinaire , prccipitez le enfuite en chanx d'argent par le fel
commun , lavez & edulcorez cette chaux dans plufieurs eaux chaudes
jufqu'a ce que I'eau en forte infipide ; fechezla pour lors au foleil ou
a une tres-petite chaleur , Sc elle fera bien edulcoreej puis prenez de
cette chaux d'argent une partie , de fublime corrofif deux parties , &
d'antimoine crud trois p.uties ; mettcz le tout bien en poudre, m'elez
cxadlement , ^ diftillez dans une cornue de verre , par degres, au feu
de fable , il en fortira d'abord du beurre d'antimoine , Sc enfuite du
mercure coulant : quand il ne fortira plus de mercure , vous poulTcrez
le feu violemment pendant une heure , aprcsquoi vuus lailTerez refroidit
votre cornue, Sc la callant lorfqu'elle fera refroidie, vous trouverez a
Tentree^ de fon col un bourrelec epais , d'une n-iariere noiratrc , que
vous detacherez avec un couceau ; c'tft notre matiere bitumineufe me-
tallique, qui fond comme de la cire a une chaleur moderee , & qui
eft proprement un cinabre d'argent & d'antimoine.
Mais comme cette matiere rdfemble en qneique fa^on au vrai ci-
nabre d'antimoine, il fera bon de voir ici en quoi ils different, afiii
de ne fe pas meprenJre quand on voudra faiie notre experience. La
premiere diffirence 6<: la plus confidcrable que i'y trouve, eft que notre
compofition ccntient du metal, c'cft adue de I'argent, & que dans
I'autre il n'y en a point, puifqne la notre eft une matiere compare &
dure , qui a retenu fort peu du foufre briilant de I'antimoin: , & I'autre
eft une matiere trss tendre , qui contient beautoup de ce foufre briilant,.
qtu fe fond aifcmcnt au feu , qui briile 5i qui corrompt les metaux &:
m:-me I'argent , coinme fait le foufre commun ; aulli fait il ordinaite-
ment un trou dans la piece d'argent ,. quand on veuc I'employsr a fairs
no re experience , & il rend r.argent qu'il a touche , dur & callint ;
au heu que notre compofition en fe touJaiic fur I'argent, s'uubibe.
i^S COLLECTION
. ■■■■ I.I.I ..1. jjjj^j |g fnecal , le pcnetre de pare en part fans y faire de trou , & le
AcAD.RoYALi teint en vraie couleur Je plomb , I'argenc reftanc doux fous le marteau ,
DF.s Sciences comma il etoit auparavanc j de forte que I'on connoi: aifement que
x>E Paris. notre matiere bitumineufe mccallique, & le cinabre d'antimoine font
^nncc 171*. 'Jfiu" compofes fort difterens , dont 1 un ne confide qu'en mercure &c
en beaucoup de foufre briilant d'antimoine , <:<i I'autre en mercure , en
argent , & en fort peu de foufre brulanc d'antimoine.
n fe trouve dans cette compofition deux des plus puiiTans diffolvans
que nous ayons; favoir , le foufre briilant, & le mercure commun , qui
dilTolven: chacun feparemem tous les mctaiix , depuis I'or jufqu'aii
plomb \ mais ils le font en des manieres fort difJerentes ; le foufre les
dilFout avec une violence extreme , & toujours dans le grand feu, qui
detruit m£me tous les moindres metaux; le mercure penetre & didout
avec douceur, mais tres-lentement , tous ies metaux , & n'en detruit
aucun ; mais la violence de I'un &c la lenteur de I'autre ont ete fi biea
corrigees dans I'operacion qui a produic notre compofition , qu'ils
agiffent paifiblement & de concert fur la lame d'argent qu'on leut
expofe , {:im la dechirer ni la trouer , parce que dans cette operation
ils ont ere enleves en vapeurs , en meme temps avec une partie de la
chaux d'argent ; en fe fublimant enfemble , le foufre &: le mercure ont
penetre cette chaux , ont employe fur elle leurs plus grands efforts de
dilTolvans , & ils ont compofe tous trois une matiere penetrante & pai-
fible , qui n'agit plus comme un dillolvant violent, mais qui a fimple-
ment conferve une difpofition de s'infinuer dans les pores de I'argent &
de les traverfer, fans les corrompre. Ce qu'il y a ici de fort extraordi-
naire, c'eft que cette m:uiere, qui eft friable &c trcs-calEinte avant que
d'avoir traverfe la lame d'argent, eft fouple, duiiiile & malleable apres
y avoir paiTe , comme eft I'argent meme.
Pour rendre raifon de ce changement fubit , je dirois qu'il y a route
apparence que dans la fublimation de notre matiere , une trop grande
quantite de la terre du foufre brulant de I'antimoine , a ete pouifee en
meme-temps avec les aucres parties de notre compofe , vers la voiite de
la cornue , & s'y eft fublimee avec elles ; cette terre fulfureufe s'eft
infinuee de routes parts entre le mercure & I'argent , & les a empeches
de fe toucher immediatement , pendant que la partie pure bitumineufe
du foufre les a lies enfemble : tant que cette terre y eft reftee melee ,
le compofe a ete calTant & friable , mais en traverfant les pores de la
lame d'argent , cette terre trop grolllere n'y a pu palTer avec les autres
parries , & elle eft reftee fur I'argent comme fur un filtre ; les autres
parties qui ont palle au travers de la lame d'argent erant debarraffees
de cette terre , le font arrangees autrement , &c font devenues un corps
fouple , reftemblant parfaitement a du metal , tant pout la couleur que
pour la duiSlJlite.
•0"
A C A D E M I Q U E. i-j?
•••
^ , T>-r L Acad. Ro VALE
C>ur le Jiijmucn. ^is Sciences
Lot I'ams.
E Bifmutli eft une efpcce d'ctain. C'eft line matiere mctallique , ^
,11 rr 'r ,-^ C 1 /- ^ J AllrUi 171*.
blanche , caflante , ailpolce en petues racettes luilantes comme des '
glaces , ce qui U fait nommer etain de glace. II parole etre compofe d'lia
I'el mineral , d'un foufre groflier , de mC'Cute , d'un peu d'arfenic , &
de bcaucoup de terre. JVI. Poll ayant pile feparement une partie de
bifmuth & deux de fublimc corrofif , Sc les ayant mtltes enfenible dans
tine cornue a laquelle il avoir adapte un recipient, en tira , par la dif-
tillation , une efpece de gomme ou de beurre cjui s'etoit attache en
partie au col de la cornue , & ctoit retombe en partie dans le recipient*
Il diftilla le beurre une feconde fois , & outre un nouveau beurre qui
vint comme le premier , il relta au fond de la cornue une poudre tr^s-
fine , de couleur de perle orientale , douce au toucher , & gluante. Une
troifieme operation lui donna une poudre encore plus fine & plus belle :
enfin , il reitera I'opcration jufqu'a ce que le beurre fuc entierement
change , partie en mercure coulant , partie en poudre de couleur de
jerle. Cette poudre pourra fervir , foit a imiter les perles fines , i'oit a
es reprefenter en peinture , foic a donner cette agreable couleur a tels
ouvrages qu'on voudra
I
Sur hs vapiurs ds I'cjprit dc nitre, dcffl, &c.
JL^ 6 s que Ton dcbottche an vaiflem ou eft de I'efprit de nitre. Air-
tout fi cet efprit eft bien d^Aegme , on voit fortir une fumci aifez con-
fiderable. Le; aurres efprits acid^j eo jetrgpt mcins , 8c a peine celle de
I'efp'it de fel eft-elle fenfible.' Mais M. Geoffroi , le cadet , a obfetve
qu'elle le devient beaucoup , fi oi» approche du vailleau ou eft I'efprit
de fel , un autre vailTeau oil foit un fort efprit alkali volatil. Ce n'eft
pas que le voifmage determine I'efprit de fel a jetter pius d'exhalaifons ,
mais c'eft que I'alkali en jette aufh de fon cote , qu'elles fe rencontrenc
dans I'air les unes les autres , & que comme elles ne font que les par-
ties les plus fubtiles des matieres d'oii elles font forties , elles font en-
tr'elles ce que les matieres auroient fait , qu'elles fe joignenc intime-
menc , & produifent, par leur union, un nouveau fel plus fenfible a
la vue , que n'auroient etc les deux diffcrentes exhalaifons feparees. Ce
fel eft celui qui doit naitre de I'acide & de I'alkali volatil, c'eft-a-dire,
un verirable fel ammoniac : & en effet , fi on expofe a cette fumee , com-
pofee des deux exhalaifons , une cloche de verre , elle fe charge de
fleurs qui font les mcmes que fi on I'eut expofee a une vapeur des fleurs
du fel ammoniac. La fumee de I'efprit de nitre mis aupres de I'alkali
volatil , n'en paroit guere plus forte , apparemment parce qu'elle n'a
pas befoin de ce fecours pour fe faire bien voir ; feulement de rouge
qu'elle etoit, elle devient blanche, ce qui marque qu'elle eft alteiee auiS
par celle de I'alkali.
Z48
COLLECTION
'Acad Royale
DES Sciences
DE Paris.
Jinnee 17 1 3.
M
royal
Sur I'huik du Laurier Royal.
PoLi a tire du laurier a grandes feuilles , que Ton appelle laurier
a Lucques , oii il I'a trouve en grande abondance , une huile qui
a 1e eout & I'odeut d'amandes ameres , mais avec beaucoup plus de
force. Elle donne ce gout & cette odeur a tout, &C fans aucune empi-
reume. Si on en mele une dragme avec une livre de fucre fin pulverife,
&c que le tout foit bien pile dans un mortier de verre, il s'en forme
line poudre blanche , excellente pour les douleiits d'eftomac , & qui
tncme fouvent guerit les fievres tierces & quartes, pourvu qu'on fe foit
purge avant que d'en ufer. Il n'en faut prendre qu'une dragme pendant
quelques jours.
1
CHYMIE
ACADEMIQUE.
M9
Analyfc des Plantes marines , prindpalcmentdu Corail rouge (a).
V_>i'est une partie conficierabic du grand travail de M. le Comte
Marllgli , que fes experiences chymiques fur les plantes de la mer. Nous
donncrons, dans la Butanique, quclqu'idee de leurs ditfercntes efpeces ,
ou plutoc de leurs ditFcreiu genres; nous la fuppufons ici , & d'autanc
plus facilement qu'elle n'y e(t pas nccclFaire.
Quoique les pl.intes de terre (oient li femblables dans leurs analyTes,
qu'il feroit difficile de les diltinguer par la , &: encore plus de prevoir
leurs differens effets , celles de mer paroilTenc encore plus femblables.
En eftet les plantes terreRies vivent en differens terroirs, d'ou elles peu-
venc Si mcme doivent titer differentes nourritures; les plantes marines
n'ont toutes qu'un meme aliment , cette eau falce & bitumineufe , qui
les embralle de toutes parts , les penetre & les fait vegeter. Audi M.
Marligli a-t il trouve dans leur analyfe une grande unitoimite , prefque
toujours la meme falure Sc la meme amertume , toujours un fuc fore
glutineux qui les nourrit, beaucoup d'alkali, pen d'acide ; encore croit-
il que les plantes marines , qui ont un peu d'acide ftnfib'ie , font venues
a une petite profondeut , parce que felon Itii il n'y en a que* dans les
eaux fupetficielles. Ces plantes ont beaucoup de fel volatil, mcme les
pierreules, ce qui eft remarquable. Les lithophites en ont une cinquiemS'
partie plus que la come de cerf, quoiqu'ordinaireiiunt cet efptit abonde
davantage dans les animaux.
Le fuc glutineux ne fe tire que des plantes fraiches , du moins des
pierreufcs, car il fe durcit quelque temps apres qu'elles font lorries de
I'eau. 11 fe tire oidinairement par fimple expreflion des extrtmites encore
molles de leurs branches : il eft d'une couleur differcnte en differentes
plantes , blanc ou jaune le plus communcment 11 a aulli differentes
faveurs, tantot un goiit de mer, acre & piquant , tantot un goiit de
poilTon corrompu , Sic.
M. Marfigli seft attache a etudier le corail avec un foin particulier,
<Jc dautant plus que le corail frais, & contenant encore fon fuc gluti-
neux en confiftance de I'air , n'avolt jufques-la ete travaille par aucun
Chymifte. D'abord il laillii pendant douze jours fon corail frais dans un
vailleaii plein d'eau de mer , ce qui lui valut , comme nous le dirons
ailleurs, la decouverte des fleurs de cette plante. Au bout de ce terns,
ces rleurs fe rrJuilirenr en petites boules , & puis tomberent au fond
du vailfeau. Enfuite i'ecorce, car ce corail avoir la fienne , au lieu que
Acad. RoYALB
DES Sciences
DE 1'aris.
Annci 17 ig,
(a) Toot le monde fait que les plantes marines ne font pas dc? plantes ; mais I'analyfc
c]u'cn a faitc M. le Comte Marfigli n'cn eft pas raoins bonne, 6: il n'y a que le nom a
changer pour que tout en foit vrai.
Jomi HI , PariU Francoifi, * I i
150 COLLECTION
' celui qu'on expofe ordinaiiemenc en vente ne I'a pas , commenca a fe
AcAD.RoYALE '"^T"^''"^ & a fe feparer en pludeurs petices pieces, qui fe precipitant audi
BEsSciENCES au foiid du vafe , y fornierent un limon tie^-fin, fcmblabie a cclui du
DE Paris. bol rouge. La plante ainfi depouilKe de (on ecorce , (e poiirrit & tom-
j '..-.„ ba a nielure que 1 ecorce (e fep.iroit : le lait qui coule entre I'ecorce & la
Annu 1710. J ^ 1 u ■ J I' V 1 J » •■
lubttance du corail , tomboit dans 1 eau & la rcndoit puante. N ais en nioins
d'un mois, tout ce lait fe degagea d'avec I'eau , inoiua fur fa (iiperficje & y
forma une toile glutineufe, epailTe comme le dos d'irn couteau, & blaiuhe
eomme de la geiee. L'eaii reprit fon premier gout & fon odeur ordinaire de
rner. Tons les elfais chymiques firent voir que cette geiee eioit une fubf-
tance alkaline.
Lefprit-de vin bien redifie ne tira rien du corail pendant dt ux mois
entiers, pas meme la moindre t inrure de rouge. Seul. ment apres quelques
heures d'infufion , il parut aux extremites de certains petits tubules qui lont
fur I'ecorce, de petits globes qui augmenterent pendant trois jours, de-
meuterent plufieurs jours en cet e at , & enluite commencerei t a dmiinuer
&■ difparurent. Les plus gros I'eroient deux tois comme un grain de millet,
ils ctoient de la couitur du naercurc bien purge.
Le lau de vache frais fur un feu tres knr, tire peu a peu & par degres
la belle teinture roige du corail , foit qu'il ait fon ecor':e , fpit qu'il ne I'aic
pas, & t^ lui lailfe qu'un blanc livide. La cire blanche fine fait le meme
etFet, & plus promptement.
Voila ce qu'on appelle uinurts de. corail. Sa couleur, affez femblabie
a telle du fang , avoit perfuade aux anciens que le corail devoir etre
merveilleux pour le purifier, & que c'etoit un grand corciial dans rou-
tes les maladies ou il y avoit du venin & de la m^lignite. Tout ce qui
pouvoit un peu appuyer cette idee , fi legerement prife , c'cft qu'en
eifet le corail arretoit le fang , comme tout tous les alkalis terreux.
Cela meme avoit produit une fuperltition de medecine ; on portoit fur
foi du corail comme un amuletts , pour les (aignemens de nez & les
autres hemorrhagies , & cetre fuperftiiion n'eft pas encore entierement
detruite. Mais comme c'etoit a la couleur rouge qu'on attribuoit tant
de vettus , on defiroit beaucoup de la pouvuir titer de ce mixte &
d'en laiJer tout le refte comme un marc inutile ; auffi ce fecret a-t-il
etc cherche par plufieurs Chymiftes anciens & modernes, avec d'autant
plus de foins & de peines qu'ils y attachoient p5[us d'importance. Ils
ont imagine quantite d'operations , la plupart fort diffcrentes entr'elles
& fort rech>;rchees, & ils les ont donnees comme ayanr reufll. Cependant
M. Lemery a alfure qu'il les avoit eprouvees routes fans fucces , & il
chercha , il y a long terns, la teinture de corail par d'autres moyens ;
non dans I'efperance qu'elle put etre d'un grand ufage dans la medecine ,
mais pour detruire I'erreur ^enerale ou Ton etoit en fa faveur. Il ne
fongea qua dcs dilfolvans fimples , & trouva la cire blanche ainfi
qu'il le marqua dans la premiere Edition de fon Tralti de Chymit ,
en 1675. Mais a I'occafion des expeiences de M. Marfigli , qui, faute
de temps, n'a pu les continuer aucant qu'il eiu defite, M. Lemery reprit
A C A D E M I Q U E. ijt
ce fujet , Si le traita avec plus d'eccnJue. II n'a travaUle qne fu/ du — »»— ^—it
<orail fire de la nier depuis long temps, ix depouilic de fon ^corte. ArAP.RovAit
Ce cor.iil, mis entier dans dc la cire blanche , fondue par un petit wsJoEKces
feu , y ell dcveiiu blanc , jufque dans le fond de fa (ubftance , Si itiime *^ Paris.
plus blanc dans ce fond que dans fa fupetficie , ou il ccoit un peu plus Jnnie 1710.
pale , apparemmenc parce qu'il y prenoic quelque chofe de la couieur
de la cire. SeuL'menc il fe tcouvoic quelquefois des branches noiiatres ,
mais elles ne Iccoient que par dehors, & le dedans en etoit parfaite-
ment blanc. Il patoit que cecce noirceur exterieure ne pouvoic venir que
de quelque difpoficion accidentelie. Le corail blanchi n'en etoit ni moins
dur , ni moins compaiflj , ni moins pcfant. Une feconde infufion du
intme corail , dans de nouvellc cire , le rendoit un peu moins blanc ,
peut-etre en tiroit - il alors un peu de jaune. La cire de la premiere
infufion n'etoit que jaunatre Sc de couieur citrine. Si I'on y mettoir de
nouveau corail , elle devenoit rougeatre , & le corail n'en devcnoit
pas moins blanc que fi on lent mis dans de la cire neuve. Un troifieme
niorceau de corail , mis dans la mcme cire, la rendoit noiratre & de-
venoit toujours egalement blanc. La cire ou Ton met du corail deia
blanchi par une infufion , ne change aucunement de couieur.
Tout cela prouve alTez evidemment, & que la cire ne porte point
fa couieur dans le corail, mais lui ote celle qu'il avoir, & que cette
couieur du corail, quoiqu'elle le penetre intimement , eft foit leoere
& fort fubtile , & que le corail eft naturellement blanc : en eft'et, il s'en
trouve de cette couieur au fond de la mer.
M. Lemery, a I'exemple des geomecres , qui augmentent fouvent de
gaiete de cosur la difficulte des problcmes qui leur one etc propofes
sen eft propofe un fecond plus difficile , c'etoit de retirer de la cire
la teinture de corail quelle avoir prife. Le feul dilfolvant qu'il y air
trouve propre , a ete I'eau de-vie empreinte de fel de tartre. II y a mis
en digeftion , chaudemenr pendant dix jours, de la cire reinte par trois
infufions , elle y eft redevenue blanchatre , Sc la teinture rouge du corail
a pafle a I'eau-de-vie. Si cette teinture eft medicinale , c'eft en ce der-
nier etat qu'on peur la prendre.
La cire jaune fait le mcme eflfet que la blanche , mais un peu moins
facilement , & elle teint legerement de fa propre couieur la fupeificic
du corail.
L'efprit de cire redifie , qui eft un phlegme fort impregne d'acides,
tire du corail une teinture rouge foncee, mais ce n'eft que celle de la
fuperficie ; il ne touche point du tout au dedans.
Plufieurs autres diftblvans ont encore reufla a M. Leniery , mais c'etoit
fur du corail bien broye , i^c reduit en poudre tres-fine , ce qui lui fait
deja perdre quelque petite partie de fon rouge. Apres avoir elfayc inu-
tilement des fucs deputes de quelques fruits , comme celui de coing ,.
celui de pomme , le verjus , le vinaigre blanc , il trouva enfin que le
fuc de citron faifoit parfaitement ce qu'il fouhaitoit , pourvu qu'il ne
flit pas diftille , mais au conti-aire un peu trouble , Sc qu'il coutint route
fa pattie huileule & tartareufe , qui eft la plus propre a extraire une
Il ij
251 COLLECTlOIf
■— teinture bitumeufe &c gralTe. Celle qui vient du corail par ce moyen i
Aqad. RoYALE eft fi legere & ll volatile, qu'en deux mois elle s'envole entieremeM
DES Sciences du fuc de citron , & le lailFe avec fa premiere couleur , a mollis quit
DE Paris. j,g fyj^ ^jj^g ^„q bouteille bien bouchee , Sc couvert d'huile d'amandes
^Awe 171 o. donees a la hauteut d'un doigt. Quand le fuc de citron s'eft charge de
la couleur du corail , il ne fait plus aucun mouvemenc , ni avec I'liuile
de tartre, ni avec I'efprit de vitriol, parce que I'acide du citron s'etanc
uni a I'alkali du corail , il n'y a plus lieu a I'adlion , ni de I'huile de
tattre fur I'acide du citron , ni de I'efpric de vitriol fur I'alkali du
corail.
L'efprit de miel reftifie tire la teinture du corail , Sc perd fon gouc
acide , ainfi qu'il doit arriver. Cependant tout alkali qu'ell le corail ,
certains alkalis , comme I'huile de tartre , la liqueur de nitre fixe ,
l'efprit volatil de fel ammoniac , ne laillent pas d'etre des dilTolvans
propres a extraire fa teinture : l'efprit de fel ammoniac ne prend qu'une
couleur gris de lin.
L'eau de-vie , I'efprit-de-vin , les huiles d'olive , de noix , d'aveline ,
d'amandes , des femences froides ne font rien.
M. Lemery n'a pu reuflir a faire une teinture feche :
Apres les teinturcs du corail , I'ordre naturel demande qui I'on paflTe aux
analyfes de la propre fubllance de ce mixte.
hi. le Comte Marfigli commenga par examiner le fuc laiteux exprime
de I'ecorce ; mis dans de l'eau de m;r , il fe precipite au fond : il donne
une teinture jaune & livide a I'efprit-de-vin , & li Ton fait evaporer ce
melange , le marc qui refte a un gout de poilfon gate. Les efprits de
fel Sc de nitre fermentent avec ce lait jufqu'a produire de la hunee :
I'elprit de fel ammoniac & I'huile de tartre n'y font aucun change-
ment j toutes preuves d'une fubftance alkaline.
I<e corail qui n'rft nourri & forme que de ce lait , doit done etre de
cette meme fubftance , & en fon ecorce , & en fa partie plus dure.
C'cft en effet ce que toutes les operations onr donne a MM. Marfigli
& Lemery , &: nous ne nous y arrccerons pas davantage j ce dernjei:
fur-tout ayant prefque epuife dans fon traite de C hymie , tout ce qui
regarde les dilfolutions & le magiftere du corail. Nous remarquerons
feulement que dans la diftillation du corail fraichement tire de la mer,
il p.icoit un phlegme iaiteux , & de petites parcelles de bitume flotantes ,
que Ton ne voir point dans la diftillation du corail garde quelque temps.
C'eft une remarque de M. le Comte Marfigli. Il dit qu'ayant des crudites
d'eftomac , il s'en eft gueri avec la poudre des exttemites des branches
de corail fraiv , encore pleines de Isur lait peu delTeche. Puifque le
corail eft un alkali, il doit Ctre bon pour abforbet les acides, & M\
Lemery a juge avec beaucoup d'apparence qu'il devoir etre heaucoup
meilleur etant reduit en poudre qu'apres avoir palTe par des operations
chymiques, oii il s'eft charge d'acides qui one deja confume une bonne
partie de fa vertu.
L'efprit de vitriol & I'efptit d'alun font efFervefcence avec le coiail,
comrae celui de nitre Sc celui de fel j Sc cette effetvefcence eft accom-
ACADEMIQUE. 15}
pagnee d''.ine tlialeur fort fcnfible. La folution dii corail par I'efprit de m^-— -^-— <»•
vitriol, eft verdatre 8c donne une efpece de vitriol; fi Ton jecce dans Acad. RovAtE
cetce folution de I'liuile de tartre, le corail fe precipice foiis la forme des Sciences
d'une poudte blanche trcs-fine, qui fermente encore avec les acides ; be Paris.
le couteau aimante y dccouvre des particuks de ter , & en allcz grande j„„gi 1710.
quancitc.
Quoiquc Ic veritable ftl du corail foic ou I'alkali volatil qui s'en
tire par la diflillation , on I'alkali fixe qui s'cii tire par la calcination ,
les Chymilles n'appellenc fel de corail qu'un corail penetre paries acides,
& condenfe enfuite par Tevaporation de I'humidite. Quand cette Evapo-
ration eft fur fa fin , la liqueur prend une couleiir verdatre , que M.
Lemery attribue au vitriol , ou au fer contenu dans le corail. Cette elpece de
cryftallilacion du corail fe fait en perits branch.-ges dclies , cannelcs &
entrelaces les uns dans les autres, de forte qu'ils reprcfentent une petite
foret alfez agre.ible , de mcme que les feis tires des yeux d'ecrcville ,
des perles , de la nacre , de la corne de cerf.
Le corail blanc , fi ce qu'on nomme ainfi eft du corail & non ui\
madrepore, paroit are de la menie nature, mais feulement un peu
plus poreux , plus fpongieux : il fait une efFervefcence moins vive avec les
memes dilfolvans.
Obfervat'wns fur les matures fulfurcufcs £' fur la fadViti de
les changer d'une ejpece de Joufrc en une autre.
Pur M. H O M B E R G.
T,
J 'a I appelle dans mes Memoires precedens matiere fulfureufe ou foii-
fre , routes les matieres huileufes ou gralles que nous connoilTons, &
cela pour les diftinguer d'avec le foufre principe. Enfuite j'ai iuppofe ,
& crois mcme avoir en quelque fa^on prouvc, que ce foufre principe
n'eft autre ciiofe que la matiere de la himiere qui n'eft encore deteimi-
ree a aucune des efpeces de foiifres ou de matieres fulfureufes que nous
connoilfons , mais qui les produit en s'arretant en quantite convenable
dans les differens corps ou elle s'tft introduite j car quoiqu'avant ce terns
elle ne paroilTe pas eviJemment huileufe, elle ne laiiFe pas d'en donnet
qiielques marques que j'ai rapportees ailleurs.
J'ai divife les matieres fulfureufes en trois clafTes ; la premiere eft
produite par I'uniun du foufre principe avec ds matieres qui font prin-
cipaitmer.t terreufes, ce qui produit un foufre bitumineux , fee, comme
font le foufre commun , les charbons de tetre, le jayet , Taiphate, I'ambre
jaune & autres; la feconde eft produite par ce meme foufre lorfqu'il s'ar-
rete principalement dans une mjtiere aqueufe ce qui donne une graiffe
; ou une huile qui eft animale, cu vegaale, ou bitumineufe, felon qu'el!e
\i fe lire d'une partie animale ou d'un; plante , ou qu'elle fort immediate-
menc de la terre. Enfin la troificme ell uue combinaifon du foufre prin-
154 COLLECTION
— Mt.i-ii. ■I—I.I I. cipe avec ane matiere mcrcurielle, d'ou il refulce un foufre mecallique,
Acad. RoYALE J'-"' fuppofe audi que ie foufre principe , quoique devenu matiere ful-
DEs Sciences fuieufe , de quelque efpece qu'elle puille etre , ne change point de na-
DE Paris. tare ; il pent non feuletnent fe degager des matieres fulfureufes qu'il
Anne: i-io. avoit produites, & reparoitre fimplement matiere de la lumiere , niais
encore en reftant la meme matiere iulhireufe , changer d'etat , c'eft-a-dire
pafTer d'une efpece de foufre en une autre efpece , fans fe depouiller
du corps qui I'avoir carafterife en premier lieu , ce qu'il fait en s'intro-
duifant /implement dans un autre mixte > qui par quelqu'accidenc avoir
perdu fa propre matiere fulfureufe.
J'ai commence , dans un Mcmoire precedent , a prouver cette fuppo-
fuion par quelques cxemples. J'ai tire ces exemples des huiles vegetaies
& des grailies animales que Ton pent faire rentrer dans les matieres mine-
rales S<. m6talliqt.es, dellechees par la calcinarion au point qu'eiles ne fe
fondent plus , oa qu'eiles fe vitritient feulement en une matiere fcorieufe -,
fi Ton ajouce quelque iiuile que ce foit a ces mineraux ainfi detruits , i^
repreiinent dans un moment , au grand feu , la mcme forme de mineral
ou de metal qu'ils avoient auparavant , parce que I'huile du vt'gcral fe met
a la place de la matiere huileufe ou fulfureufe du mineral , que le feu
de la calcination en avoir fait evaporer ; ce qui fe voir dans toutes les
chaux des moindres mctaux, mais plus evidemment dans celle qui fe fait
de retain au verre ardent. Quand on veut delfecher les meraux , il faut
avoir la precaution de les dellecher fur un fupport qui n'ait en lui aucune
matiere huileufe qui puiffe s'cvaporer avec celle du metal , autrement Ie
metal reprendroit celle du fupport a la place de la fienne propre a mefure
qu'il la prendroit, & ainfi le metal ne fe dellecheroit point, mais il s'ea
iroit tout entier en fumce comme il arrive toujours a I'etain , au plomb &
a tous les mineraux metalliques , comme le bifmuth , le regule d'antimoine ,
le zinc & autres , quand on les expofe fur un charbon au verre ardent :
mais , par example , quand on delfcche I'etain fur une coupelle des raffi-
neurs, il fumebeaucoup dans le commencement, & peu-a peu la goutte
du metal devient herilFee , poulTant des pointes ou des polls qui s'al-
longent ou mont«nt de plus en plus , jufqu'a ce que toute la malfe de
I'etain foit changee en une houpe ou en une efpece de brolTe d'un blanc
fale , & d'une matiere brillante dont les polls du milieu font les plus longs ,
dc ceux d'alentour s'accroiflent a mefure qu'ils s'eloignenc du centre de la
houpe.
En continuant d'expofer cette matiere fur le meme fupport au foyer par-
fait du verre ardent, elle ne fe fondra jamais, meme etant expofce imme-
diatement apres une pluie oil ce verre fair le plus grand efFet qu'il eft
capable de faire. Mais quand on ore cette houpe ou cet etain calcine de
dtllus ce premier fupport , & qu'on I'expofe fur un charbon au meme verre
ardenr, il fe fond dans le moment & reparoit en une goutte d'etain 5 cela
arrive parce que I'huile du charbon qui lui fert de fupport, rentre dans
cette chaux a la place de la partie huileufe que I'etain avoir perdue dans fa
calcinarion liir un fupport deftitue de toute matiere huileufe , comme font
les cailloux, les pots de gres, la porcelaine des Indes dont on a ore I'email,
A C A D E M I Q U E. 155
les coupelles des rafUneurs , le cryftal de roche , Sic. Si on concinuoit d'ex- ________»
pofer cet ctain calcine au verre ardent fuc quclqu'un de ces derniers fup- "T ^ ,, , ■.
ports acides , il ne reprendroit jimais la pren lere torme de metal a moins ^^^ Sciences
qu'on ne mit delfus un peu d'huile 011 de grailTe qui y feroit Ic mLme effet pj Paris.
que nous venons d'obferver dans 1 hmle de charbon. . ,
Cet exemple de la ciiaux d'ciain , joint a ceux que j'ai rapportcs autrefois,
fuffira pour prouver que les huiles ou les graillcs animsks & vegetales ren-
trent aifcment dans Ics matieres minetales & metalliques qui avoient perdu
leurs foufres, lelquelles font tetablies par la dans Icur premier etat de mi-
neral ou de metal. Pout appuysr davantage cette fuppcfition , je crois qu'il
ne fera pas inutile de rapporter quelques exeroples qui prouvent que Ton
pent fcpater audi les parties huileufes des mctaux , & lej iatroduire dans les
efprits trcs legerement acides des vegctaux &: des fels folfiles qui naturelle-
mjnt ont tres peu, ou moins de maiieres fulfureufes j par Id ces efprits
non-feulement deviennent plus inflammables que I'efprit de vin rectifie ,
niais encore ils deviennent des huiles gralTes & qui nagentfur I'eau , com-
jue font toutes les vraies liuiles des vegctaux.
En examinant les nioindtes metaux au verre ardent, j'ai reconnu que le
fer efl celui qui a le plus de matiete huileufe j car en ne faifant que I'y ex-
pofer , on voir d'abord une grande quantite d'huile noire & fortliquide,
nr.ger par-dclfus, long-tems avant que la vraie matisre metallique & bril-
lante du fer, fe metre en fufion : cette huile eft abforbee avec une grande
avidite par les meraux qui ont peu de matiere fulfureufe, comme eft parti-
cuiicrement I'argent qui en change de coiileMt &c de confiftance. Au con-
traire le fer refte tout d-fait prive de fon hulls , &: en cet etat il rcfifte a la
plus grande chaleur du verre ardent fans fe mettre en fufion, d'oii je con-
clus que la matiere huileufe qui fe trouve naturellement dans le fer, pour-
roit bien ctre ce qui lui fert de fondant, puifque cette huile etant fepatee
de fa fubftance, il ne fe fond plus.
Pour ne pas manquev cette expciience , il faut obferver que I'on doit fon-
dre I'argent le premier , &c fur I'argent fondu il faut coucher un morceau
de fer fans quitter le foyer du verre ardent. On verracouler fur le morceau
de fer une huile qui paroitra noire au foleil, fans que le morceau de fer fe,
fonde j il paroitra blanc fous cette huile 6c btillant comme du fer nouvelle-
incnt lime. A mefure que cette huile touche I'argent fondu fur quoi nag?
le morceau de fer , elle entre dans cet argent avec r^utant d« viteffe que I'eau
entre dans le p.ipier brouillard , & le fer qui a ainC perdu fon huile , devienc
calfant, & ne fe fond plus au verre ardent.
Ceci arrive lorfqu'on me; un morceau de fer fur I'argent fondu; mais G.
au contraire on met de I'argent fur du fer fondu , I'argent fe fondra prompte-
ment, & les deux metaux fe confondront de maniere que Ton ne pourra pas
reconnoitre diftinclcment les parties du fer ou celUs de I'argent dans ce me-
hnge , &: par confequent I'huile de fer reftera coujouES melee avec fon
meral.
Cette obfervation m'a fait voir non feulement que la matiere huileufe du
fer en peut are feparee , mais aulli qu'on la peut introduire en un autre
corps. J'ai faic plufieurs (eiuatives pour reuiei de I'argeuc ceue huile d«
Z5(f COLLECTION
fer qu'il avoit abforbe, niais inutilement , parce que pour tenir I'argent en
AcAD.RoYALE fiifit'ii , il faut un grand feu qui diilipe cetce huile , de forte que par ia vio-
DEs Sciences lence du feu je n'en ai fu rien cirer, &■ la feule liqueur qui diirout I'argenr ,
DE Paris. fa voir Tcfpric de nitre, eft un acide tres-violent, d'ailleurs fuffifammenc
ji I „ cliarpe de fon nropre foufre , & plus propre a dechirer ou a detruire un
Annec 1710. .fa ,, 1 r . \ r r r • i , r !■ ■ j
rnixte , qu a en extraire ou a en conlerver la partie huileule. J at done
abandonne rargent abreuvc de I'huile de fer, & j'ai taclie d'introduire cette
huile dans quelqu'autre metal plus aife a traiter, tant par un degre de feu
fort doux , que par un dilToIvant tout a-fait aqueux ou tres-lcgcremenc
acide , & qui de lui meme ne contient.prefque pas de matiere fulfureufe.
Parmi leselTais que jVn ai fair, j'ai vu qu'au verre ardent Ic fer fe mele
parfaitement bien avec I'etain , que ce melange fume prodigieufement , &
que la fumee fe condenfe en I'air en une efpece de coton , qui felon routes
les apparences eft I'etain , metal volatil de la nature , rendu plus volatil en-
core par I'huile du fer, parce que la fumee qui s'eleve de I'etain feul, ou me-
le avcc quelqu'autre metal que ce foit, excepte avec le fer, ne vient pas en
fi gr.mde abondance , & ne fe condenfe pas en une matiere cotonneufe ^ ma-
jiiable, mais fe dillipe tout-a-fait en vapeurs comme il arrive a route autre
forte de fumee. J'ai amaffe un pen de ce coton , il s'eft dillous fans aucune
ebullition dans duvinaigre diftille, & a donne une couleur rougeatre a fon
difTolvant. Il eft tres difficile d'amalFer au foleil une quantite fufHfante de
cette matiere cotonneufe pour en faire une operation fenfible, tant parce
qu'etant expofee a I'air libre, le vent I'emporte & la difiipe, que parce que
nous avons tres-peu de jours en I'annee ptopres pour travaillei au veire ar-
dent. Voici commrnt j'en ai amalfe une adez grande quantite pour fuffire
a une operation fenlible.
J'ai fait feulement le melange du fer & de I'etain au verre ardent de
cette maniere : Ayant fait fondre fur un charbon deux gros de pointes de
cloux de fer , j'ai mis fur ce fer fondu autant pefant d'etain fin , qui dans le
moment s'eft fondu & confondu avec le fer. Audi tot que le melange en
a etc fait , je I'ai retire de delFous le verre ardent & j'y ai expofe d'autre fer
& d'autre etain : j'ai fait peu-a-peu de cette maniere environ une demi-livre
de ce melange que j'ai mis fondre dans un creufct a la forge au feu de char-
bons; mon melange s'eft fondu & i! a produit du coton femblable a celui
qu'il prouuit par la chaleur du verre ardent, dont une partie s'eft attachee
aux parois du creufet, & en aflez grande quantite pour que j'aie pu le deta-
cher avec une cuil'er de fer & le retirer du creufet : j'en ai amaife environ
une oncej la matiere quieftrefteeau fonddu creufet a ceffc peu a-peu de
fumer & s'eft congelee en une matiere fort dure & caffante comme eft otdi-
nairement le fer qui vient d'etre fondu.
J'ai verfe fur ce coton du vinaigre diftiile que j'ai lailTe en infufion froide
pendant huit jours; le vinaigre a travaille infenfiblemenr fur ce coton & a
pris une couleur rougeatre tirant fur I'orange. De fort clair & liquide qu'il
etoit, il eft devenulouclie , il m'a paru etre gras fous les do:gts & avoir plus
<le confiftance qu'.iuparavant. J'ai vuide par inclination la liqueur teinte de
dellus le coton qui reftoit non dilTous au fond du vinaigre \ j'ai vctfe dii
nouveau vinaigre diftille deflus, & j'en ai fepate la teiniure, ce que_ j'ai
leitere
I
A C A D E M I Q U E. 157
tcitcrc jufqii'a ce que la matiere cotonneufe fiit entierement dilTonte. II faut
remarqucr ici quo j'ai commence a hire cetce infufion ou dillblution fur Acad.Royale
I'atlianor , c'eft-a-dire avec une chaleur d'abord modcree qui n'a pas bien des Sciences
rculli , & puis avec une plus forte , jufqu'd la faire bouillir, ce qui n'a pas ^^ , aris.
mieux reulli ; le dilfolvant ell toujour? rerteclair fans s'cpaiffir & fans chan- -^nnce 1710.
'er de coulcur j mais a froid elle s'ell faite parfaitement bien. J'ai joint eti-
emble routes ces difTolutions qui faifoient environ deux pintes, je les ai
diftillces au bain de fable dans une grande cornue de verre a un feu fort
doux ; il en eft forti une pinte & demie environ de Hegme, fans odeur &
fans gout , aptcs quoi j'ai vu au haut & dans le cou de la cornue , couler des
gouttes epailfes conime de liiuile \ alors j'ai change de re.ipient &C j'ai
augmentc le feu; il m'en eft venu environ une once d'une liqueur liuileufe ,
rougeatre , dun gout trcs piquant & d'une odeur forte &C aromatique; elle
bruie a I'approclie de la Hamme avec beaucoup plus de vivacite que I'efpric
de vin, & quand'on la verfe dans I'eau elle nage delfus comme fait une huile
eftentielle de quelque plante.
Cette operation m'a donne fujet de croire que j'avois extrait I'huile me-
tallique de cette matiere cotonneufe, & que c'etoit cette huile qui bruloit
comme I'efprit de vin dans la liqueur diftillee &c qui fe condenfoit en une
verirable huile en la verfant dans I'eau commune ; mais je n'en etois pa«
aflure, car je foupgonnai que ce pourroit bien etre un refte de la partie vi-
neufe ou huileufe du vinaigre qui fe feroit manifefte a la fin de la diftilla-
tion, auquel cas j'aurois pris Ihuile vcgetale du vin , pour I'huile metallique
du fer & de I'etain. Pour m'en eclaircir, j'ai fait la mcme operation avec
I'efprit de vitriol qui a produit les memes cffets que nous venons d'obfervec
dans celle qui a etc faite avec le vinaigre diftille.
Il faut obferver ici que I'el'prit de vitriol que Ton vcut employer a cette
operation , doit ctre arfbibli par I'eau commune au point qu'il ne fade pas
d'ebullition avec le colon , autrement I'operation ne rcudiroit pas ; elle
m'a confirme dans I'idee que j'avois eue a la premiere operation , c'eft-a-
dire que cet efprit ardent , & fon huile qui nage fur I'eau , font une vraie
fubftance huileufe tiree du fer & de I'etain , Sc non pas du vinaigre
diftille dont j'ai eu foin de fcparer tout ce qu'il pourroit contenir d'efprit
vin.'ux, en le diftillant a tres-petit feu, & en jettant les premieres por-
tions qui en font venues, Sc qui, felon routes les apparences, ont emporte
ceque le vinaigre pourroit avoir de plus fpiritueux.
On trouve dans les Memoires de 1700 (a ) une operation decrite par M.
• Lemery le pere , & qui a etc faite dans une des arfemblees de I'academie ,
ou la limaille de fer fimplement bouillie fur un petit feu dansun melange
de parties a-peu-pres cgales d'efprit de vitriol & d'eaii commune , [b)
exhale une vapeur qui brule comme I'efprit de vin quand on I'approche
d'une bougie allumee : I'efprir de vitriol n'exhale certainemenr pas une
vapeur inflammable ; c'eft done le fer qui la produit , comme dans notre
(.1) V. CoUcc. Acad. Part. Fraii^oifc, torn. I, pag. yyS.
(i) M. Lcmcry a I'cndroit cite , die , trois onccs de bon cfptit de vitriol , & douze once»
4'caa commune.
Tomt III , Partie Fran^oift K 2
i58 COLLECTION
"'""*" operation il a produit iin efptlt ardent > &c une vraie Iiuile qui nage fut
'»Es°S^°^^'^^ I'eau, dc non pas le vinaigre diflille.
DE Paris*' Cette extraftion de la partie du fer , Sc de I'etain , quoique ingenieufe
, ' &c bonne , in'a paru neaiimoins incommode a pratiquer , tant a caufe de
■^nnee 1710. \^ racete des granis verres ardens , qu'a caufe du petit nombre des jours
oii Ton peut en faire ufage utilement ; &c comme dans les elFais que j'ai
faits au verre ardent fur la plupart des matieres minerales connues , j'ai
vu que le zinc y produit pour le moins une aiifli grande quantite de fu-
mees blanches , que notre melange de fer & d'etain , & que ces fumces
s'y condenfent de meme en une maiiere cotonneiife , j'ai cru qu'il pourroic
bien produire le nieme efFet dans le feu du chaibon ; je I'y ai mis , &
le coton s'y eft fait plus aifement encore, & en plus grande quantite
que dans I'operation precedente de notre melange : j'ai employe ce coton
de la meme maniere que celui qui avoir ete produit par le fer & par
I'etain , pour en tirer I'huile & I'efprit inflammable , tant par le moyeii
du vinaigre diftillc & des autres acides des plantes, que par le moyen
de refprit de vitriol , qui ont egalement bien reufli ; de forte que Ton
doit ctre aulli convaintu du paflage des matieres huileufes des metaux
dans la lubftance des vegetaux , que du paflage des huiles vegetaks dans
la fubftance des metaux j c'eft-a-dire , qu'il doit etre fuffifamment prouve
que les matieres fulfureufes changent indifferemment d'etat, & qu'elles
pafTent d'une efpece de foufre en une autre efpece , felon que les cir-
conftances en fournilfent les occafions.
L'operaiion que nous ver^ons de faire fur le zinc , qui nous a produit
avec autant & pius de facilite les memes efFets que le fer & I'etain que
nous avions mtles au verre ardent , m'a fait penfer que le zinc pourroir
bien etre un melange naturel de ces deux metaux dent la combinaifon
eft plus intimement forte par la nature, que la notre ne peut I'etre par
I'art , & par des proportions p'us convenables pour la proaucfcion de la
matiere cotonneufe ; enforte qu'on peut Ten tirer plus aifement , 6i en
plus grande quantite que de notre meiange artificiel.
Les autres raifons qui m'ont cor.firme dans cette opinion , font pre-
mierement que le zinc fe tire d'une matiere minerale qui eft une vraie
terci ferrugineufe , de couleur de rouille de fer , qui donne les memes.
marques que le fer dans les infufions des noix de galle , 6c qui conrient:
des pirties que la pierre d'aimant attire. En fecond lieu , le zinc donne-
un certain cti quand on leplie, comme fait I'etain, ce que Ion n'ob-
ferve dans aucun autre metal : on le peuc fubftituer auffi a la p'ace de
I'etain dans I'operation commune de Vaurum mufuum , qui n'eft autre-
chofe que Tet^iin fublime par le moyen da mercure , & colore ea cou-
leur d'ot par le fimple degre de feu qui convient a cette operation, pen-
dant que nul autre metal ne s'y fublime de m"me. Il paroir done que les-
premieres raifons que nous venous d'alleguer , autorifcnt affez I'opi-
nion que le zinc participe du fer; & paries deux dernieres il paroir qu'il
conii.nt auffi de I'etain, & qu'ainfi la matiete cotonneufe qu'il rend,de
menj.s que notre melange artificiel du fer & de I'etain , marque avec
beaucoup de vraifemblance , qu'il eft un melange naturel de ces diiiix
metaux.
AC A D 6 M I Q U E.
Mf
Mc'moirc touchant Us vegetations artificicllcs.
Par M, H O M B E R G.
^^oos avons dans les operations de chjrmic , beaacoup de prodadions
qui rellcmblent en quelqutf fagon a la vegetation des plantes; ce quia
donnc lieu de Ics appeller vegetations metalliques , arbres de Diane , fels
vegetans , i^c. Il s'eft mcmc trouve des auteuts qui ont voulu que ces
fortes de vegetations reiremblairent tcellcment a des plantes , cependanc
ce n'eft rien moins quand on les examine avec un peu d'attcntion.
J'ai range ces fortes de vegetations en trois differences clalFos ; j'ai mis
dans la premiere routes celles qui confillenc dans un metal pur 8c maillf
fans melange d'aucune autre chofe ; j'ai ms dans la feconde clalFe rou-
tes celles dont la compofuion conlilte en un metal dilfous , le dilfolvanc
reftant mtle avec le metal, & faifant partie de I'arbrifleau qui en ell
produit : la troifieme claife eft de celles qui ne contiennent rien de me-
tallique , mais (implement des matieres falines, terreufes , & huileufes.
Toutes les produdions de la premiere claife fe font a fee , & dans l6
grand feu, c'elt-a-dire , fans aucune liqueur aqueofe ; elles font folides ,
Sc on les peut titer fans les rompre des vailfeaux dans lefquels elles one
etc formees : au conttaire , les produdions de la feconde claife fe font
toutes avec une liqueur aqueufe , elles font tres- fragiles , & on ne fau-
roit les titer commodement de leurs vailfeaux ; & parmi celles que la
troifieme claife fournit, il y en a qui fe foutiennenta fee , & d'autres qui
ne fe foutiennent que dans une liqueur aqueufe , & que Ton ne fauroic
remuer fans les gater.
Je donnerai pout exemples de ia premiere claife les productions des
trois operations fuivantes.
1°. Faites un amalgame d'une once ou deux d'ot fin ou d'argent fin ,
& de dix fois autant de mercure revivifie du cinnabrej broyez & lavez
cec amalgame plufieurs fois avec de I'eau nette de riviere , jufqu'i ce que
I'amalgame n.; falilfe plus I'eau : pour lors fecliez votre amalgame, met-
tez-le dans une cornue de verre ; diftillez au bain de fable a tres-petit
feu que vous enrretiendrez pendant un jour ou deux; plus vous pourrez
continuet le feu , fans chalfer tout-a-fait le mercure , plus la vegetation
fera parfaite : vous poufletez le feu a la fin jufqu'a faire fottir tout le
mercure ; lailfez ereindre le feu , vous trouverez votre mercure dans le
lecipient : I'or ou I'argent qui reftera dans la cornue fera doux & pliant ,
& de la plus belle couleur que ces metaux puilfent avoir , & cetts made
de metal aura poulfe des branches en forme de petits arbrilfeaux de
differences hauteurs. On peut tiret de la cornue ces arbrilfeaux, les fe-
paret de la maffe de metal qui leur a fervi de bafe , les rougir au feu &
les garder tant que Ton veut fans qu'ils fe gacent.
■Voici comment je concois la formation de ces arbrilfeaux. L'amalgame
qui eft dans la cornue fur le feu s'echauffe peu-a-peu jufqii'i ce que le
K 1 ij
Acad. Rov.'.le
CES Sciences
SI Paris.
Annit 1 7 Id.
I'fTc COLLECTION
• mercure commence a s'evaporer ; alors on apper9oit des fufces ou des
Acad. RoYALE trainees de mercure en vapeurs qui fortenc de delliis toutc la furface de
DBS Sciences I'amalgame : ce mercure qui eft le dilFolvanc du metal doiit eft compofe
DE 1 ARis. I'amalgame en entraine avec lui des parties; ces petites parties de metal
■Aniiii 1710. n'etant pas volatiles comme le mercure, reftent attachees fur la furface
de I'amalgame , tandis que le mercure qui leur a fervi de vchicule acheve
de s'evaporer tout-a-fait , & les abandonne ; de cette maniere elles font
placees peu-a-peu les unesfur les aurres , etanc toujours guidees par la trai-
nee de mercure qui continue d'y ajouter de nouvelles parcelles de metal
& de s'evaporer enfuite : ces parcelles de metal ainfi amoncelces les unes
fur les autres , s'unilfent fi bien enfemble , qu'elles ferment des branches
fur la furface de la made de metal qui refte a la fin de la diftillation au
fond de la cornue.
Ces branches ne reflemblent pas mal a une vraie vegetation quand
on n'en regarde que la figure exterieure ; mais on reconnoit bientot que
cette comparaifon ne pent fubfifter quand on confidere qu'une vraie
plante eft un corps organique dont les parties fervent a tirer le fuc de
la terre, a preparer ce fuc pour la nourrirure & pour Taccroiflement de
la plante , & a produire enfin des femences qui font aulTi de petits corps
organiques, lefquelles fe developpent en nouvelles plantes par la nourri-
rure qu'elles prennent; au- lieu que nos vegetations artificielles ne font
que de fimples cryftallifaticns , ou des affemblages de quelques petits mor-
ceaux de metal que le hafard a place les uns fur les autres fans ordre &
fans aucune partie organique.
Nous avons dit que le mercure en s'evaporant de I'amalgame pen-
dant fa diftillation , emporte des parcelles de metal \ la preuve eft que fi
on fait le feu un peu trop fort dans le terns que I'amalgame eft encore li-
quide , il s'enleve des parties fort fenfibles de Tamalgame qui fautent
meme avec eclat centre la voute de la cornue ou elles fe colient, & font
de grandes taches d'or ou d'argent qui y paroilfent apres la diftillation ,
felon le metal qui etoit entre dans la compofition de I'amalgame.
1°. Le fecond exemple de cette premiere clafTe des vegetations arti-
ficielles , fe tire de I'operation fuivante. Prenez une once ou deux d'ar-
gent fin, fondez-les dans un creufer , &: pendant qu'il eft en fufion , jettez
par deftus a diverfes reprifes autant pefant de foufre commun ; remuez &
melez-Ie bien avec une baguette de fer & retirez-le promptement du feu ;
laiftez refroidir la matiere , puis pilez-la bien menu ; remettez-la dans
un autre creufec , que vous placerez dans un feu doux de charbons , ou
dans une forte digeftion aubain de fable fans fondre la matiere ; le foufre
s'evaporera peu-a-peu de la malTe qui eft dans le creufet, & il entrai-
nera avec lui une partie de I'argent en forme de filets & de lames fort
blancs, brillans & fort doux , qui tiennent a la mafte du metal d'ou ils
tont fortis : j'en ai vu de la hauteur de trois pouces , & des lames de deiuc
lignes de large , de repaiflTeur d'uue carte a jouer.
La caufe de cette vegetation eft a-peu-pres la meme que celle de la
precedente , mais elle demande plus de tems & d'attention. Le foufre
commun c^ui fere de diffolvanc a I'argenc , etant volatil , s'evapore peu-4-
A C A D fe M I Q U E, 2(Ji
pen, &r entraine des p.ircelles d'argent qui fe placent les unes au bout — i
des autres &: s'aftachenc enfcmble , pendant que le foufre commun les Acad.Royale
abandonne en athevant do s'c vnporer : ces parcelles d'argent reftant en for- des Sciences
me de filets Sc de lanus attailiecsa lanialie d'argent qui eft au fond du ''^ 1'aris.
creufet, forment une elpece de vegetation qui iie renembJe p.istantaun ■^««^'< 1710.
arbrilFeau que celle de i'operation preccdente, mais qui redemble fort a
certaines mines d'argent qui confiftenc de mcme en des filets , & une
efpece de filigrame.
j". L'opcration fuivante donnera notre troifieme exemple. Fondez
enfemble deux onces d'argent de vaifTelie , & fix onces de plomb , met-
ier ce melange dans une coupelie de ctndres d'os fous une mouffle •
donnez le feu qui convient pour purifier cet argent a la coupelie , &
des que vous verrez la marque que I'argent eft devenu fin, vous retire-
rez la coupelie promptement du feu, & la laiderez refroidirj deux oa
trois minutes aprcs que vous I'aurez retiree du feu , il fortira brufque-
ment de delTus la fuperficie de cet argent plulfeurs jets d'argent fondu
de la grolTeur d'un brin de paille , & de la hauteur de fept a huit li^nes
qui durciront a I'air a mefure qu'ils fortiront de la made d'argent"qui
eft dans la coupelie : ces jets font ordinairement creux, & prennenc
fouvent la figure des branches de corail , ils ^relknt folidement atta-
ches a la malled'ou ils font fortis.
Selon ce que j'ai pu remarquer fur I'effet de cette operation que j'ai
obfervee fouvent &avec attention, il m'a paru que ces' branches fe for-
ment d'une maniere route differente de celles que nous venons de rappor-
ter. Pour en faire concevoir la mechanique , il faut que j'eclairciile au-
paravant en quoi confifte la marque que I'argent eft devenu fin dans la
coupelie, puvfque c'efV de I'exaftuude a faifir ce moment que depend le
fucccs^ de roperanon : cette marque eft lorfque dans le meme degre de
feu ou I'argent a ete en parfaite fufion pendant tout Ic tems du rafi-
nage , fa furface fe fige dans la coi;pelle tout d'un coup en une croute
dure & brillante qui eft fortement attachee parfes bords au corps de la
coupelie , pendant que 1 interieur de cette maffe d'..rgent eft encore en
fulion ; c'eft dans ce moment qu'on doit titer la coupelie du fen &
la placer en un lieu froid : quand on confidere ce qui lui arrive en'cec
ctat , on comprendra que I'air froid qui touche le dehors de la coupelie
& la furface deja figde de I'argent, les doit relferrer, & comprimer en
meme terns la pattie mterne de cette malTe d'argent qui n'eft pas en-
core figee parce que le corps de la coupelie eft afTez enflammi en le
tirant du fcu , pour qu'il pmlfe entretenir pendant quelques minutes en
tuiion la partie de Urgent qui le touche immediatement : cet argent
Jiquide eft enfermc comme dans une boite bien clofe,en defTous par le
corps fpongieuxde la coupelie, capable de beaucoup de comprcilion, &
en dc(lus_ par fa propre croute figee , dont il eft fi fortement prellc 8c
compnme par I'effet du froid fubit qui environne cetre bolte , & qui la
rederre de plus en plus, qu'il en echappe une partie par les endroits les
plus foibles de fa furface hgce , i-peu-presde la mcme mamere que
nous voyons expnmer les couleurj 4es peintrcs qu'Us tiennenc enfermees
isi Collection
— dans des nonets de vefiiss de pore , en prefTant ces ncuets apres y avoif
Acad. RoYAtE (au uu trou avec une eoingle.
DES bcFENCEs Pout donner un exemple d'une preffion fembla'ole , prenez le vailTeau
Di; ARis. j'm, thermometre done la boule aura deux ou trois pouces de diametre
'^nm'e 1710. ^ t^ont le verre fera fore mince; plus la boule fera grande , plus I'efFct
en fera fenfible; plongez cecce boule dans I'eau bouillante , & I'y lailT'ez
j-ufqu'a ce que route la liqueur foic devenue chaude : marquez pour lors
i'endroit ou la liqueur fera montce , puis retirez ce vailleau de I'eau
chaude, Sc replongez-le fubitement dans I'eau froide ; on verra la li-
queur monter trc-s fenfiblemenc dans le ruyau de ce vailfeau avant qu'clle
coirsmence de defcendre par la traicheur de I'eau oii Ton vient de la mer-
tre , &c ccla par la raifon que le corps de la boule, que je fuppofe d'un
verre fore mince, fe refroidir dans le meme inftant qu'il touche I'eau
froide ; & comme ce vailfeau a plus de capacice etanc chaud que quand
il eft froid , il comprime pour uu inftant la liqueur qu'il contient en fe
refroidilTant fubitement , & la fait monter dans le tuyau pendant un petit
efpace de tems , c'eft-a dire , jufqu'a ce que la liqueur ayant commence
audi de fe refroidir , occupe moins de place, &: defcend par confequent
<lans le tuyaa , felon I'obfervation ordinaire de I'efFet des thermometres.
Pour reuffir en cetce experience , il faut que la boule du thermometre
foit d'un verre fort mince, autremenr elle fe caflera lorfqu'on la plon-
gera route chaude dans I'eau froide.
Une preuve que I'argent encore liquide dans notre coupelle, fort &:
•echappe par une compreflion femblable a travers les endroits les plus
foibles , ou les moins durcis de la croute qui le couvrc , eft premiere-
•ment que ces jets fortent brufquement , & avec bruit de la made de I'ar-
gent coupelle , comme une liqueur qui feroit feringuee avec violence ,
ce qui ne peut arriver que par une forte compreflion ; & en (econd lieu ,
qu'on obferve toujours quand on laille refroidir la coupelle dans le feu ,
que la malfe de I'argent coupelle fe durcit peu-a-peu, 8i tranquillement
dans route fon etendue, fans qu'il forte des jets d'argent liquide , & fans
qu'il fe forme des branches fur la fuperficie.
Ces trois operations fuffifenc pour erablir le caraftere des vegetations
artificielles de la premiere clalTe , c'eft a dire , de celles dont la matiere
confifte en un metal put &-maffif , & fans aucun melange. Quant a celles
de la feconde claffe, dont la compofition confifte en un metal ditfous,
& oil le dilfolvant refte mcle avec le metal , j'ai iu autrefois a I'Academie
un Mcmoire qui a ete imprime en i6^i (a), lequel indique differentes
manieres de faire des vegetations artificielles; elles p>euvent routes fervir
d'exemples pour erablir le caradtere de celles dont nous avons fait la fe-
conde claffe ; ainfi nous n'en parlerons pas ici.
Nous avons range dans la troifieme clalTe routes les aiitres vegetations
artificielles qui ne tiennent rien de metallique ; nous en doiinerons ici de
meme rrois exemples.
Premier exemple : Prenez huit onces de fnlpc-tre fixe par le charbon
a la maniere ordinaire; faites-le refoudre a !a cave en huile par defail-
lance , filtrez certe huile , & vecfez dedans peu-a-peu de I'huile de vitriol
((!) V, CoUec, Acad. Part. Francoife, i« vol. pag. 184.
A C A D fe M 1 Q U E. i6j
lufqu'l parfaite facuracion , ou jufqu'a cc que rcbullition cefTc -y faiccs ^^:^::^^^
cvaporer toute I'liumiditc : il reftera une inalfe falice corapadte , dure , ^cad Royalb
tres-blanche , & fort acre :pilez-la grofTieremenc , & vetfez defTus un dhs Sciences
demi-feptier d'eau froide de riviere dans une ccuelli de gres ; laillezla on Paris.
pendant quelques jours fuc une table decouvette a I'air , I'eau s'cvaporcra j4nnee 1710.
en partie, & le fel encore humide coi\.niencera de vegeter en plufieurs
endroits en poulfant des touffes en aigrettes qui partent chaciine dun
mcme centre, & qui fe divifent en diverfes branches pointues, roides, &
calTantes , longucs de douze a quinze lignes. Ces aigrettes fe forincnr
ordinairement fur tout le bord de Tccuclle , & y compofent une efpece de
couronnement : elles cedent de croitte quand toute I'eau a etc dvaporee
de I'ecuelle ; mais en remettant de I'eau fur ce ftl , il vcgetede nouveau.
Cette vegetation eft tout -a- fait diiicrente de celles de la premiere
claffe , & elle approche un peu de la plupart de relies de la feconde : elle
ne confifte qu'en une fimple cryftallifation du fel dillbus, & concenu dans
I'ecuelle de gres. Il faut confiderer ici que ce fel , eft du falpCtre qui a
etc calcine par le charbon , de forte qu'il eft devenu un fel fixe lixiviel ,
a-peu-pres comme eft le fel de tattre , ou le fel fixe de quelqu'autre ve-
getal , dont il conferve une certaine confnlance gralTe qui fait qu'ils'atta-
che facilement a toute forte de corps ; & par I'addition de I'acide du
vitriol , il acquiert une volatilite , ou une difpolition a s'clever aifement en
vapeurs plus legeres que I'air qui les environne j moyeonant quoi ce fel
ayant ete dilTous dans une petite quantitc d'eau , la liqueur qui en refulte
ne garde pas long-terns la meme fituation , & elle ne moul'le pas feu-
lement le vailFeau qui la contient jufqu'au niveau de fa furface , comme
font les autres liqueurs aqueufe'. j mais tile monte peu a-p;u , &: eft pouf-
fee par le poids de I'air au-delTus de fon niveau, de forte quelle con-
tinue de mouiller les parois du vailfeau jufqu'a fon bord fupcrieur,fi«
paffe meme par dellus en mouillant les parois exterieures du vaiiTeau ,
particulierement quand il a la fupi.-rficie raboteufe & grenue , comme
eft ici le gres. Cette liqueur agit dans les grains du grts apeu pres de la
m;me maniere que I'eau commune agit dans les poils du drap qui fere
de fihte , ou dans les filtres dune eponge nouvellsmer.t lavee , quand
elle y monte, c'tft-dire, que les grains inferieurs , cu les plus pres du
niveau de la liqueur etant mouilles , la liqueur qui ks enveloppe com-
mence de toucher auffi ceux qui font imm diatement au deffiis , &: les
mouiUe de meme par fa grande facilirc a s'attacher a toutes fortes de
corps , &C en continuant ainfi , la liqueur monte toujours de grains en
grains jufqu'a ce qu'A la fin elle commence a fe d;;(ri.cher j & comme elle
confiiie en une didolution de fel, ce fel ayint perdu pnr revaporacion
]e trop de liqueur qui le tenoit didouSjil fe ctyftallife a fon ordinaire
dans toute I'etendue du vaifteau 011 la licjueur etoic montJe ; car les
p.irties falines ne s'evapcrent pas fi aifement que I'eau qui Icur avoir fervi
de dillolvanc. Ces prenners peris cryftanx fe remouillent fucccfl^venient
de la meme maniere que les grains du gres pir la liqueur de I'ecuelle
qui continue dc montcr ainfi , & de fe cryftallif^t enftiite ; & par ce
moyen elle groftit, & elle allonge les. premiers cryftauxqui reprenne;it 4-
1 ',
164 COLLECTION
■"' " " peu-ptes la meme forme qu'avoic le falpetre avant d'avoir ete calcine ,'
Acad. Roy ALE c'eft-a dire , qu'ils deviennent des aiguilles d quaere , cinq, & fix pans,
"d£ Pari"^ dontquelques-unes font collees enfemble , & les aucres font feparees , 8c
. I ' produifent les aigrettes qu'on y obferve , ce qui ell: proprement ici notrc
Annec 1710. r,,. , ^inj n. 01 ■
vegetation. La produdtion de ces cryltaux , & leur augmentation contmuent
de fe faire , jufqu'a ce que le fel qui eft dans I'ccuelle , fe foit tout-a-fait
defleclie , & alors cette vegetation cefle auffij on pent la faire recommen-
cer en detrempant de nouveau avec de I'ean commune le fel qui refte
dans I'ccuelle , & cela tant de fois , qu'a la fin tout le fel foit monte, ou
cryftallife en cette forte de vegetation.
Jerapporterai pour le fecond exemple de cette clafle, certaincs crydalli-
fations en arbrilFeaux que j'ai trouvees produites naturcllement fur le ri-
vaoe de la mer d'Efpagne &c que Ton peut aifement imiter ; car ce n'ell: au-
tre chofe qu'une tige branchue de quelques plantes delTechees , & fans
feuilles , qui ayant ete mouillee plufieurs fois par lean de la mer , eft
reftee^a chaque fois induite d'une legere couche de fel qui s'eft cryftallife
deiUis lorfque I'hi'midite s'eft evaporee ; de forte que par I'addition fuc-
ceflive de ces couches, la plante a la fin paroit une plante de fel : j'en ai
vu une fort belle de cette nature , haute d'environ un pied &: blanche
comme la neige , dans le cabinet de feu M. de Tournefort ; & j'en ai fait
de femblables en employant de I'eau falee filtree. II faut avoir la precau-
tion doter I'ecorce de la branche qui fert de charpente ou de foutien a
cette cryftaliifation , parce que Tecorce etant ordinairement brune , elle
obfcurcit la blancheur tranfparente du fel qui s'atrache autour.
Je donnerai pour troifieme exemple I'obfervation fuivante : Dans un
tems d'orage , accompagne de beaucoup de pluie & de tonnerre , je rem-
plis une bouteille d'environ trois pintes de I'eau de cette pluie qui avoit
coule de delTus un vieux toit de tuiles , & qui avoit lepofc pendant une
demiheure environ dans un bacquet de bois fous la gouttiere j je mis
cette bouteille negligemment fermee d'un bouchon de papiet fur une fe-
wetre expofee au midi , ou I'ayant oubliee , elle eft reftee fans ctre re-
inuee pendant trois mois environ; I'eau ne paroilToit pas trouble quand
je I'ai puifce j cependant il s'eft amalfe peu-apeu au fond de la bouteille
un fediment de couleur verte , de repailFeur de trois cu quatre lignes j il
s'eft fait apparemment une fermentation dans cette matiere , ou elle m'a
paru fort fpongieufe , & pleine de petites bulks d'air qui , felon toute
apparence, s'etoienr feparees du limon qui faifoit le fediment, cat il
arrive toujours des feparations acriennes dans routes les matieres qui
termentent,
Un jour qu'il faifoit fort chaud dans le mois de Juillet , vers les deux
heures apres-midi, je paflai dans I'endroit ou etoit cette bouteille j je
la regardai par hafard , je n'y trouvai pas de limon au fond , mais je la
vis templie d'une efpece de vegetation d'une tres- belle couleur verte,
dont une partie paroilToit tenir au fond de la bouteille , & le refte etoiti
fimplement fufpendu comme des fils dans I'eau : parmi ces fits il y en avoit
qui etoient eleves jufqu'a la fupetficie de I'eau , & d'aucres qui eroient '
reftes a differences diftances de la fuperhcie , nageants entre deux eaux ;
les
A C A D E M I Q U E. irfj
les extrcmitcs fupericures de routes les ramifications Sc de tous les fils «
ctoiei.t j^.irnies thacuue d'un grain , ou d'uriL- petite boiile qui paroilToic Aj. . j, Rqyalb
blanclie dans I'eau is: brillaiue comme de I .irgent , 6: qui reprelentoit Dts Sciences
allez bien un fruit (ur le fommet dc f.i tige : en remuant uii peu la bou- de Paris.
teiile , jc m'appirgus que cette vegetation n'avoit point de confillance , Annie iiiol
niais qu'elle ctoit foutenue par I'eau de la boutcille , & qu'elle flottoic
dans'toutela malk de cette eau , qui d'ailleurs eiuit fort claire, & fort
limpide.
Le lendemain vers les fept heures du matin , vou!ant faire voir cette
vegetation a qin-lquun a qui j'en avois patle , je n'y trouvai que de I'eau
bien claire , & le liaion verd rcapplique au fond de la bouceille , comme
je I'avois vu au-refois , ce qui me donna la curiofue dj regardcr fou-
vent^pendant la journee cette bouteille pout m'cclaiicir li 'm fait qui
d'abord ni'avoit furpris. Vets le dix heures du matm, qui etoir le tems
que le foleil eclairoit la fenctce ou etoit pofce la bouteille , le limon
du fond commen^a de s'enfler , &: a mefure que I'eau s'echiufToit , il
s'eleva de dcirus la fuperficie de ce limon une infinite de bofles , qui
peu-a peu en s'elevant davantage diminuerent de grodeur , & produi-
firent des filets de la fubrtance du limon m^me , de forte qu'en deux
heures de tems tout ce limon qui tapilFoit le fond de la bouteille, etoic
convert! en filets dont quelques-uns tenoient enf^mble , & paroilFoient
fortir les uns des autres , reprefentant des brandiages, &: les autres flot-
toient commie de fimples filets droits ou recourbei , felon qu lis avoient
ete obliges de fe dctourner pat les autres qu'ils avoien: rencontres en
chemin ; chacun avoir une perle blanche attachee a fon extr^mitc fii-
perieure ; ces perles etoient de difFirentes grolfeurs , comme je les
avois vues le jour precedent j cette vcoetation refta dans la menie fitua-
tion pendanr tout le tems que le foleil I'edaira, c'eft-a-dire jufqu'a qua-
tre heures apr^s-midi j immediat-ment apres ce tems je vis les filets &
les ramifications retomber peu-a peu au fond de la bouteille, enrrainanc
avec eux les petites boules blanches qui les furmontoient , & aue jevis
diminuer peu a-peu de grolfeur ; enfin le tout tecompofa au fond de la bou-
teille la meme quantite tie ftdimcnt ou de limon verd que j'y avois obferve
en premier lieu : le lendemain il arriva la mane chofe , & aux memes
heures, ce qui a continue pendant le refte de I'ete , c'eft-a-dire les
jours qu'il a fait chaud , Sc que le' foleil a pu atteindre la bouteille ; le
refte de I'annce , non feulement les branchagcs n'ont pas paru dans I'eau,
mais le limon du fond , ou le fediment de la bouteille , qui pendant les
nuits de I'cte, etoit epais de trois ou quatre lignes, s'eft C\ fore affaide
pendant liiiver , qu'il n'avoit pas une ligne d'epailTeur , & les petites
bullei d'air dont le limon etoit fort fenfibleuient parfeuie en ete, one
difparu entierement pendant I liiver.
j'ai de loin prcfente cette fiole au feu pendant I'hivor , les bulles d'air
ont piru dans le 1;' liment , & a mefure que I'eau de la bouteille s'eft
cchauffee, le fediment s'eft gonfle , les branchages fe font refaits dans
route la malFe de I'eau , comme il etoit arrive en etc par la chaleur du
foleil; & en elois;na t la bouteille du feu , U fedimeat s'eft temis au
Tome 111 , Partii iran^oif;, L z
iS(;
COLLECTION
D£ Paris.
tdrmk ijio.
'"'''''''"' fond de I'eau a mefure quelle s'eft refroidie j j'ai fait ces experiences trois
AcAD.RoYALE OH quatre fois pendant Ihiver , & elles ont fort bien reuffi ; mais la der-
I>£S Sciences niere fois , ayant trop echauffe la bouteille , il s'ell: fait line ecume fuc
I'eau, ce qui n'etoit jamais arrive, &: tous les ftlamens & les branchages
qui occupoient toute I'cau, fe font precipites fubitement au fond de la
bouteille en forme de limon, & ce limon ne s'eft jamais releve en bran-
chages , comme il faifoit auparavant.
Il eft aife de voir que les buUes d'air enveloppees dans le fediment verd ,
ont ete la caufe de I'elevation de ce fediment en forme de filets SiC de bran-
chages, qui ont occupe route la capacite de la bouteille, & que les pe-
tites boules blanches & brillantes qui tenoient au haut de chaque branche
en forme de fruits , n'etoient autre chofe que ces memes bulks d'air en-
gagees & enveloppees en partie dans le rilTu de ce limon : ces bulles d'air
ayant ete dilacees conlidcrablement par la chaleur du foleil ou du feu ,
font devenues fi legeres en comparaifori d'un pareil volume d'eau , que I'eaii
de la bouteille les a pu enlever nonobftant le poids du limon auquel
elles etoient attachees , de forte qu'elies ont entraine ce limon apres
elles en forme de branciiages , qui ont forme cette vegetation j & comme
la derniere fois que j'ai prefente la bouteille au feu , je I'ai trop echauffee,
les bulles d'air trop dilatues ont dechire les enveloppes qui les retenoient,
& elles ont forme I'ecume qui pour lots a paru fur I'eau de la bouteille y
aufli depuis ce terns, le Hmon ne s'eft plus eleve dans fon eau , & il n'y a
plus paru de vegetation.
Si la fameufe palingenefie etoit bien verifiee , elle pourroit fervir en-
core d'exemple de cette troifieme clalTe des vegetations artificielles.
ACADliMIQUE.
itfr
Sur Ics Precipitations Chymiqucs , oil I'on examine par Ofca-^
fion la difo/ution dx /'or & dc I' argent , la nature particulicrc
les efprits a.:ides , £• la manicre dont te/prit dc nitre agit/itr
xluidejd daiis la formation dc I'eau regale ordinaire.
di
cc.
AcAp.l\.evA;-t.
D£S SflfNCES'
DE VaJIIS.
Anne* 1711.
P.ir M. L E M E R Y le Filj.
J-jE mot Ai prklf'aat'ion eft employe paries Chymiftes pour exprimer la
chute d'uii corps qui avoir etc fufpendu & diffbus dans un liquide , dont
il a etc enluite deluni.
Les precipices i^ifterent fuivant la nature des matieres qu'on fait preti-
piter, fuivant celle dcs liqueurs qui ont fervi a leur diflolucion , & en(in
luivant le proctde dont on fe feit pout operer la precipitation , ce qui
comprend les differents intennedes qu'on emploie pour cet efFet.
Coninie Is corps dont fe font les precipices , ne font pas tous de mtme
natute , on fe fert aulfi de liqueurs differences pour les dilToudre. Les bi-
tumss & L-s refines fe dilfolvent par des liqueurs huileufes , & fulfu-
reufes, & par des fels alkalis, particulicrement quand ces matieres font
chargers d'acides, comme par exemple le foufre commun. La feule refine
connus qui fe dilfolve par les acides , c'eft le camphre.
Les m.ui.res falines n'ont befoin d'aurre dilFolvant que de I'eau , &
enfin les corps meralliques fe dillolvent par des e'"prits acides : cependanp
I'eau dans certaines circonftances peut etre regar.iee comme un veritable
dilfylvant niet.iUique; on a reconnu cette vdrite fur I'or qui a I'aide de
re liquide, 6c d'une longue tritur.ition , eft encierement, & fi bien reduic
en liqueur, qu'il pafTe alors avec fon dilTolvant au travers d'un filtre ferre.
On donne improprement en Ciiymie le nom de precip'nes mitaliiquts
ides matieresqui p.ir la calcination , ou ime autre voie , ont acquis une
forme (emblable a celles des veritables pricipitis , c'eft-a-diie qui ont
})ecdu Leur premiere forme de metal , &c ont ete reduites en une malfe
triable & inditlolubie dans I'eau , quoique fouvent allez chargee d'acides,
d'oii vient que quand on la verfe dans ce liquide , elie ne peut s'y foute-
nir , & tombe au fond comme les precipitcs ordinaires. On peut meme
dire que le feu agit fouvent fur cetce malTe , precifement de la mcme ma.-
niere c^ue les intermedes abforbants dont on fe fert pour les veritables pre-
cipitations mUdUiques , comme on le verra clairemcnt par la fuite de ce aif-
coufs , & pat un fccond Memoire que je donnerai une autre fois fur les
diffetentes couleurs des precipices de mercure j par confequent les fr.ux
prici/ues dont on vienc de pallet, ne diff^crent point erfentiellement des
veritables , mais feulement par le ptocede diftetent qu'on a tenu pout lej
ons & pour les aurres.
Ces faux precipitcs ne C* pr^parent pas tous de la meme manicre , les
Uus fe font par la fiinple calcination , & fans additions d'autune autre
niaciete , comme il afcivB au precipite par lui-menie qui n'a befoin poar
• L 1 jj
i6%
COLLECTION
AcAD.RoYAtE
DES Sciences
DE Paris.
fe changer en une poudre rouge , que dun petit feu long-terns continue.'
D'autres fe prcparenc aufll pat la calcination , mais avec addition de
matieres feches &c falines dont il ne refte au corps metallique apres I'o-
peration , que ce qu'il y avoit dans ces matieres de plus acide & de plus
Annee 1711. propre a s'arreter dans fes pores. On a un exemple de ces fortes depre-
cipuis dans la preparation du prkipiU noir , ou du mercure violet.
Il y a encore d'.iutres faux pricipites qui fe font fans le fecours du feu ,'
& pour la formation defquels on n'emploie qu'un efprit acide qui trou-
vant un corps trop difficile a diffoudre , ne le pcnetre qu'a demi, & le-
lailfe au fond Ju vaiifeau fous la forme d'une matiere calcinee qui ne
pent etre difToute dans I'eau. C'eft ce qui arrive a I'antimoine , fur lequel
on a verfe de Tefprit de fel , ou de I'eau de regale ordinaire, car il fe
leduit alors en une malfe blanche qui n'eft pas revetue d'une alFcz grande
quantite d'acides pour pouvoir ctre fufpeiidue dans I'eau.
Enfin nous avons en Chymie , d'autres matieres auxquelles on donne
improprement le nom de prkipitis , 8c doutla preparation confifte dans
la dilfolution, I'evaporation & !a calcination. Suppofons par exemple le
niercure penetre par les acides de I'efprit de nitre , &c fufpendu avec ces
acides dans la partie aqueu'e de cet efprit : fi Ton fait enfuite evaporer la
liqueur par le moyen du feu , quand I'evaporation eft venue a un certain
point , a mefure que chaque portion de I'humidite aqueufe s'echappe ,
chaque globule mercutiel qui y etoit foutenu , fe precipite par fon poids
au fond tk aux cotes du vailfeau avec les acides qui y etoient incorpores;
mais comme le mercure eft encore dans cet ctat dilfoluble dans I'eau , i
caufe de la grande quantite d'acides qu'il a retenus, & qui lui donrrenr
bien pkuot une forme faline que celle d'un precipiii! , on I'expofe alors a
un feu de calcination allez forr, qui en fait exhalet les acides fuperflus ,
&c qui lui donne par la le veritable catactere de precipiii, Voila pour les
faux precipites. -
Mais les veritables font ceux qui fe feparent de la liqueur, & qui tom-
bent au fond du vailfeau fans que le liquide s'echappe & difparoiffe ; 8£
ainfi dans le cas precedent, c'eft le liquide qui abandonne la matiere du
prccipiti , &c dans celui-ci c'eft le precipite qui abandonne le liquide.
Les veritables precipites fe font quelquefois naturellement , mais le
plus fouvent par le fecours d'un intermede. lis fe font naturellement quand
on n'emploie aucun fecours ecranger pour cela , & que la feule agitation
inteftine du liquide 011 le cotps eft fufpendu, en opere la precipitation,
Suppofons par exemple , un corps metallique penetre par une fuffifants
quantite d'acides qui le tiennent fufpendu dans I'eau : fi ces acides ne font
que foiblement engages dans le corps metallique , &: fi I'agitation conti-
nuelle des parties de I'eau fulfit pour en degager enfin un certain nombre,
comme ce qui en refte, n'a plus aftez de force pour foutenir le corps
metallique dans la liqueur , fon propre poids I'entraine , & entraJne avec
lui d'autres acides qai n'ont pu s'en debarralTer , & qui ont ete obliges de
fuivre au fond du vaifleau. Nous avons une preuve de cette efpece de
precipitation naturelle dans le vitriol fondu dans I'eau , qui quelque terns
apres fa foliition, fe precipite en un fediment jiaunatre,ou une efpece de
A C A D E M I Q U E. iSy
rouille de fer qui contient bien encore des acides , mais qui n'en a pas ' '
affez pour fe foutenir dans la liqueur. On remarque encore le mcme etfec Acad. Roy ale
dans piufieurs eaux miiicralcs ferrugincufes , & emre autres dans celles de des Sciences
Palli ; lorlqu'elles viennent d'etre puifees elles font claires Sc limpides , de Paris.
mais dans la luite elles dcvienntiu troubles 6c jaunattes, & remplillent Jnnci 171 1,
lefond tk les parois de la bouteille ou elles Tone contenues , d'une matiere
qui reilemble a la rouille de fer.
Les intermedes done on fe fert poitr les precipitations chymiques no fon:
pas toujours les memes j par exemplc quand il s'agit de precipiter une
matiere rcfineufe diiroiite par I'efprit de vin , on fe lert de I'eau commune
qui , coninie Ton fait, fe mtle incimement avec les parties de cot efpric,
mais qui ne pent fe nieler de mcme avec celles des rellnes ; c'eft-li ce qui
fait le changement vilible qui arrive alors a la liqueur ; car les parties de
I'eau s'unillant au dilTolvant , I'enlevent a la matiere dilibute , & alors piu-
fieurs parties relineufes qui , auparavant etoient invifibles , & lailToienc
fiader librement les rayons Uimineux au travers de la liqueur, a caufe de
eur grande attenuation , fe reunillcnt enfemble , &: forment des malfes plus
confidcrables qui otent au liquide , fa limpidite , & qui lui donnent une
couleur blanche : cette couleur fe dillipe louvcnt par la precipitation de
la matiere refineufe qui la caufoit ; fouvent aulli elle fe conferve , parce
que les malfes refineufes font encore alfez rarehees , ou tiennent encore
alfez a quelques parties de I'efprit de vin pour fe foutenir dans le liquide
fous la forme qui produit la couleur blanche. U n'arrive pas la mcme
chofe quand on fe fsrt d'une hifiie grolliere pour la dilfolution de quel-
que matiere refineufe, ou bitumineule ; car I'eau ne pouvant fe meler
avec riuiile , n'excite aucune alteration ni defunion dans le melange; &
fi Ton veur fcparer le dilTolvant d'avec la matiere dilFoute, il fauc avoir
recours a la voie de I'evaporation ou de la diftillation.
Je remarqucrai a cette occalion une chofe qui merite d ctre rapportee ,
c'eft que fi le diirolvant eft natureliement plus volatil que la matiere qu'il
foutieut , il s'echappe en lair, & la Inilie a nud , comine il arrive dans
I'evaporation de la dilTolution du camphre faite par I'efprit de vin ; mais
fi le dilFolvant eft moins volatil, la matiere monte la premiere, comnie
on le remarque dans la diftillation du camphre diflTous par I'huile d'olive ;
enfin fi Tun tk I'autre font egalement volatils , ils montent enfemble dans
la diftillation, & I'on ne peut les fcparer par cc-tte voie; c'eft ce qui
s'obferve dans la diftillation de I'huile daire &c ethcrce de therebentine qui
tient du camphre eii diirolution.
Le camphre nous donnera encore lieu de faite une remarque; c'eft que
quand il a ete dilTous par I'efprit de vin , Sc revivifie enfuue, ou fepare
de fon dilFolvant park moysn de I'eau , au lieudefe precipiter au fond du
vaiffeau , comme les autres refines , il monte a ia furface du liquide , nage
delfus , & cela parce qu'il eft natureliement plus leger que I'eau , & qu'a-
prcs cette operation , il eft tel qu'il etoit auparavant, ou du moins il ne
peut avoir conferve que quelques patties de I'efprit de vin , _qui fonc
trop dcliees pout le determiner a prendre une autre place.
Cetce defunion du caaiphte d'avec fon dilFolvanc , fe fait fuivant la •
i70 COLLECTION
loi des veiitables precipitations, Sc elle n'en diflFcre qua par la legerete
AcAD.RoYAi-H naturelle de cette rehiie ; mais quand elle a ete dilfcute par I'efprit de
PKS Sciences nitre, & qu'on verfe de I'eiu fur la difTolution , ie caniphre fe prc'cipite
DE Paiiis. alors fous la forme d'un caille epais qui tient an fond dii vailleau , & cela
yhznee 171 j. parce que I'eau ne lui a pas enleve tons les acides qui i'y etoicnc incorpo-
rcs , & que ce qui lui en refte I'appefancit allcz pour produire la preci-
pitation dont il s'at;it; cependant , quand on ronipt ce caille en petites
parries , quelque terns apres ces particules fe leven: routes vers la furface
du liquide , parce qua force d'y tremper , elles fe dcpouillent roujours
dequeiques acides , iJi redeviennent enfin alfez le^eres pour abandonner le
fond du vaifleau. Voici un fair qui confirme la vente de ce raifonuement ;
quand au lieu d'eau pure , on fe fert d'un ablotbant qui enleve au cam-
phre une plus grande quintitc d'acide? , il fe range ordinairemenc vers la
lurface dii liquide au moment mcme du melange de cet atforbant ; mais
pour bien difimguer cer effer , il faut que la quantite de la dilfohition de
camphre foit de beaucoup inferieure a celle de I'eau dans laquelle on verfe
CTitre dilfolation. Le campiire revivifie ou fepare de I'efprit de vin , eft
doux & onttueux au toucher ; mais ceiui qui a etc revivifie de I'efprit de
iiicve , eft fee &:. grenu a caufe des acides qu'il a confeives.
Pour la precipitation des corps bicumineux dilTous par det liqueurs
«lkalines , on fe (ert d'un acide qui, s'infinuant dans les pores de I'alkali ,
y excite des fecoulfes qui font lacher prife aux corps bitumineux , &
qui 1 obligent par !a a fe precipiter au fond du vailFeau. On pourroit
encore , pour expliquer cet effct , fe ffervir de la comparaifon fuivaiite.
Suppofons un morceau de bois on il y ait un trou qui ie perce de part
en pan ; ft Ton poulfe dans I'un des orifices de ce trou la pointe d'ua
fufeau qui ne puille y entrer que jiifqu'au tiers ou a la moitie de la
Jong'ieur du troa , & que Ion poulfe enfuite par I'antre orifice de ce
trou une chcville capable par fa figme & fon volume de le remplir tout
entier , cette clveville en avan^ant diallera le fufeau &. le fera fortir
tout-a fait pour occuper fa place [a): ne fe pourroit il pas faire que la
nieme chofe arrivat dans la precipitation dont il s'agir ; & pour en
donner un ext.-mple particulier , le foufre commun , qui efl un bitume ,
n'eft vraifemblablement fi dilToluble par les liqueurs alkalines , qua
raifon des acides qu'il contient abondamment , & qui s'engagent dans
les pores du fel alknli avec le bitume dont ils font reverus : mais comme
ces acides ont en cet etat trop de volume pour penetrer bien avanc
dans le fel alkali , & pour y renir fortement ; quand on verfe fur ce
melange des aci^es plus degages & plus capables de traverfer route I'etendue
des pores du fel, a mefure qu'ils y entrenr par un cote, ils en chalfent
pir {'autre , ;S: en detacKent les parties du foufre commun, & il fe faic
alois un prccipite appeUe commundment magijlce du foufre.
(a) lyapres cet eBempIe , & en aJmettant les chcvilles.les fufeaux & les trous <3e M;
Leraciy , il faut encore rirlriiettrc une force qui poufTe les chcville? acides dans les trous de
I'alkali & en chalie les fufe.iux bifj.nineux ; & c'efl: cette force qui jouelewrand lole dans
la Phylkjuedes petits corps, & doat il s'agit de dtcoiivrij: la loi, au ILeu de difputer fur fon
exiftence.
A C A D E M I Q U E. 17,
Les fels alkalis fixes & volatils , font les intermtdeB dont on fe fert
ordinaireiiienc pour la precipitation des mcraux dilTous par une liqueur Acad. Royale
acidc ; mais j'ai reniarquc qiie ces intertnedes prodnifoient en general d£s Sciences
deux fortes de precipitations differeiites , fuivant la nature du mtral. ^^ 1'aris.
Dans les lines, le metal (a prccipite en poudre fubtile au fond de la Annec 1711,
liqueur furnageante , qui dcvient claire & limpide , a niefure que le
metal sen fcpare : cette liqueur qui furnage eft plus ou moins abondante
fuivant que I'efprit acide a etc pins ou moins dcphlegnie , avant la dif-
folution du metal, ou fuivant qu'il a dillout plus ou moins de metal:
c'eft ainfi que fe font les precipites dot , d'argcnt , de metcure.
Dans les aucres piecipitations , quoiqae I'efprit acide dont on s'ed
fervi pout la dilTblution ne foit pas trcs-dephlegme , & meme qu'il con-
tienne mcdioctement de metal , il femble que toute la liqueur fe pre-
cipite , car elle fe convertit tout d'un coup, &c route entiere en uii
coagulum epais , qui , ctant fee , a une confillance gralFe & vifqueufe ,
& fur lequel il ne furnage point de fcrofite , parce que ce qn'il y en a
dans le melange eft cache &c contcnu dans les pores div piecipit<S , qui
etantplus charge de fels que les autres efpeces de precipites mctalliques ,
comme on le verra par la fuite , ebforbe aufli une plus grande quantite
d'humidite ; mais quand on a eu foin de meler au coagulun beaucoup
d'eau, & de le bien agiter dans la liqueur, il fe prccipite toujours fous
la mcme forme , & on le diftingue alors de la liqueur furnageante , commo
les autres precipites. Le cuivre & le fer, dilTous par I'efprit de nitre,
nous f-ournifTent des exempies de cette efpece de precipitation , fut la-
quelle j'ai fait quelques remarques dans un memoire donnc en 1707.
La difference qui fe rencontre encre ces deux fortes de precipitations j
vient dc ce qu'il y a des metaux oti les acides s'engagent plus aifement ,
plus profondcmcnt , &c par confsquent ou ils tiennent davantage que
dans d'autres : par exemple I'or , I'argent & d'autres metaux ne font dif-
folubles que par certains accides; le fer aii contraire &: le cuivre fe dif-
folvent prefque par routes fortes de liqueurs, ce qui marque, 1°. que
les acides trouvent plus d'acccs dans leurs pores que dans ceux de Tor
& de I'argent; de plus les acides dont I'argent a ete pc'netre , aban-
donnent volontiers ce metal pour le cuivre , comme il fera dit dans
k fuite , & ils n'abandonnent pas de meme le cuivre pour I'argenr , ce
qui marque , 2°. qu'il y a des metau:c oil les acides tiennent davantnce
que dans d'autres, & par confequent dont on les fait plus difficilemenc
fortir; cela erant, quand on verra , par excmple , un fel alkali, foit fixe,
foit volatil , fur lor & I'argent, puictres chacun par' leur di.Tolvanc
propre , les acides les moins engages dans ces metaux , rencontrant un
corps tres-difpofe a les recevoir , s'y enfoncent par un_- de leurs pointes ,
& ils abandonnenc d'autant plus aifement le metal qu'iis y font peu artachcs ,
& que les pores du fel alkali leur offrent un pallnge Fort librc j or les patties
metalliques , pour la (iifpcnfion delquelles il ne filioit pas moins que tous
les acides qu'cllcs contenoitnt avant le mci.ing.- du fel alk.di , fe ttouvtnt
obligees , aprcs ce melange , de fe ptecipiter au fond du vailleau avec les
iyi COLLECTION
autres acides , qui leur ecanc plus intimement unis , n'ont pu s'eii debar-
T Z, ralFer.
de^'scie'nce" ^'^^ encore par la ml-me raifon qu'une plaque de cuivre mife dans
DE Paris. une dilfolution d'argent , fait precipicer I'argcnt ; car les acides nicreuic
Ann'i 171 1 enctanc alors avec une s»rande liberte , & foit profondcment dans les pores
' du cuivre , a m.fure qu'ils s'y enfoncenc, ils fe depouillent des parties
de i'argent dont lis ctoient revccus , & qui fe trouvant abandonnees a
elles-inetnes , tombent par leur propre poids au fond de la liqueur ;
mais il y a une difference entre cette precipitation & celle qui a ete
procuree par les fels, ;:'ell que le cuivre enleve a I'argent bien plus d'acides
, que les fels alkalis ; a'-ifli dans le cas du cuivre , le precipice eft-il prefque
tout ardent ; & dans le cas des fels, c'efi; un argent qui concient encore un
grand nombre d'acides.
Quanr a la feconde efpece de precipitation metallique dans laquelle
tout le liquide perd fa rtuilite par le melange des fels alkalis & fe
convettit en une milfe epaille , cet effet vient de ce que les acides logcs
dans les pores du cuivre &c du fer , y etant fortement engages , ne peuvenc
les abandonner aux approches d'un fel alkali , aulli aifement 6c audi promp.
temenr qu'ils abandonnent Tor & 1 argent que nous avons pris pour
exemple -, tout ce qu'ils peuvent faire alors , c'eft de s'unir au fel alkali
par une de leurs poines , fans fe defunir entierement par I'autre de
leur metal , & par cette union il fe fait un compofc trop groOler poui:
poiivoir etre foutenu dans leau.
Il fuit evidemment de ce qui a ete dit, que la difference des deux
efpeces de precipitations metalliqucs dont on vient de parler , ne vien:
ni des acides incorpores dans le metal , ni des fels alkalis qu'on employe
pour le precipiter , puifque ces acides , & ces alkalis font les n.emes
dans I'une & dans I'autre precipitation , & qu'ils y agilfent de la meme
maniete , c'eft-a dire en s'unilFant les uns aux autres; la difference vient
done uniquement, comme je I'ai deja remarque , de la nature propre
du metal , qui , fuivant fa difpofition particuliere a lacher ou a retenir
les acides {a) , fe fepare de la liqueur , en abandonnant au precipitant
la place qa'il y occupoit , & les acides qu'il n'a pu conferver , ou s'unic
a ce meme precipitant par le moyen des acides qu'il a toujours tetenus ,
& qui fervent de lien a cette union ; ainfi la premiere precipitation fe
fait en otant au metal une partie des fels qui s'y etoient engages ; & la
feconde en lui en donnant encore de nouveaux , & tout cela par le meme
precipitant , qui en agilfant de la meme maniere , produit nctinmoins des
etfets differens.
Peiit-etre me dira-ton qu'on n'a pas de peine a concevoir la precipi-
tation d'un m^tal a qui on a derobe une grande partie des acides qui le
t-noient en dilfolution ; mais quand on ne lui en a enleve aucuns , & qu au
contraiie il a ete uni a des ftls fixes qui par leut nature fe refolvent a
(a) Si cette difpofition particuliere eft puremcnt pafHvc, elle eft infuflirante pouropcrer
tout ce qui fe paffe dans !es combinaifons chymiques ; fi elle efl: active , il faut connoitre
cttteaflion, decouvrir la loi feion laquelle elle s'exerce, les qualities aaxquelles elle eft
tclacive avant de vouloir determiner la figure des corpufcales invifibles qui y font foumis.
ia
ACAD^MIQUE. i7,
Iimoindre luimiditc, & qui par-U devroient rendre le metal encore plus ;;;
diiroluble , comment en cet etacne peut-il plus etre fuutcnu dans uii liquiiic a ii
5 r r ^ AcAD.RovAj.
"^;r T 4 rffi 1 ' r-r • " i -j i>es Sciences
I'our rclouiire cette dirhculte, raiionj attention que les acides contenus de Paris.
d.ms les efprits de nitre , de vitriol & autres, & que les fels fix.s alkalis, AnMt 171 1,'
dorit I'luiile de taitre ell compofc'e, nagcnt ciiacun d.ins une fufHiante qu.m-
tite de phlegnie pour l.s Udpendre, & pour les rendre inviliblcs dans la
liqu.'ur j cependant quand on mele quelques uns de ces efprits avec riuiile
de tartre , lo fel qui refulte du mclant;e de I'acide & de I'alkjli, ne peuc
plus ctre foutenu par la mCme quantite d'cau, & il tonibe abondamment
au toad du vailleau fans fe diiFoudre enfuite , a moins qu'on n'y verfe de
nouvclle eau , encore kii faut il pour fa dilFolution , bien plus de temps
& de liqueur qu'il n'en euc tallu , par exemple, au lei de tartre pur, &
tel qu'il etoit avant fon melange avec dcs acides ; ce qui marque que le
fel moyen.dont il "I'agir , a plus de peine afe dilfoudre , & plus dc pente a fe
precipiter que chacune des parties dont il eft compofe. Si done Us fels
fixes & les acides Jeviennent par leur union moins dilTolubies , & moins
propres a etre fufpendus dans un liquide aqueux , que doit il arriver a ce
compose quand il fe trouvera encore charge de parties metalliqucs ?
Peut-etre me dira-t-on encore que les acides engages par une de leurs
extremites dans un metal , peuvenc bien a la verite par I'autre fe loget
dans les pores du fel alkali, & tenir en meme-temps au met::l & au (el ,
comme il arrive dans la precipitation du cuivre &; du fer ; mais pourquoi
CCS memcs acides revetus des parties de I'argent , abandonnent-ils ce metal
pour du cuivre ou pour un fel alkili? Que ne confervent-ils I'un & I'autre ?
Quelle eft la force qui leur fait faire cet echange ? Comment fe fait-il ?
ou plucoc , qu'eft-ce qui peut obliger I'argent de ceder au cuivre, ou a
un risl alkali les acides dont ils etoient en polleflion ?
Je reponds qu'il eft trcs-certain que les acides abandonnent un metal pout
entret dans un autre corps , comrne on le voit clairemcnt par la precipita-
tion de I'argent avec le cuivre , qui fe dilfout a mefure que I'argent fe dcbar-
ralTe de fes acides ; ce palTage dcs acides d'un corps en un autre etanc done
tres-avere, il ne s'agit plus que d'en faire concevoir la mechanique : je
me fervirai pour cela d'une comparaifon qui , route groQiere qu'elle eft,
convient parfaiiement au fuiet. Suppofons un hi-ion poujjc iris.vigounufe-
ment par une de {z% extremites dans un trou , & qui foit garni a I'autre
extiemite d'une pomme de metal plus grolTe que le trou : quand la pomme
fera arrivee au trou , comme ellene pourra I'enfiler a caufe de fon volume,
elle y recevra un choc confiderable , & alors fi la pomme tient alfez forte-
mentau baton pour refifter a ce choc , elle ne le quittera point , & il n'avan-
cera pas davantage dans le trou , finon apres qu'elle en aura etc feparee;
& continuerafon cliemin , fuivant la determination qui lui aura etedonnee.
Voila une image fidelle de ce qui fe palfe dans les deux precipitations
metalliques dont il a etc parle \ & en effet quand les acides engages par une
de leurs extiemites dans un corps metallique, entrent impctueufement (a)
par I'autre dans les pores d'un fel alkali , qui eft aulli poulfe vers eux avec
(a) Quelle eft la caufe de cette impetuofiie i
Tom 111 , Panic Fran^oift, Mi
s
DE Paris.
Annee 17 ii.
574 COLLECTION
r une cgale vigueur , comme le metal ne pent pas enfiler ces memes pores
Acad. RoYALE ^'^ "'^'^ P^' ^'^^^ fortement attache aux acides, le choc violent qu'il re^oic
DES Sciences alors , I'ebranle & le fepare ; fi au contraire il tient ferme , malgre la
fecoufle qui lui eft donnee , il empeche I'acide d'avancer plus avant dans
les pores de I'alkali , & il fe forme par-la un compofe d'acide , de fel alkali
& de metal.
Outre les fels alkalis fixes &: volatils, on peuc encore mettre I'eau de
chaux aunombre des intetmedes propresaoperer la precipitation des metaux
diflous par des liqueurs acides. La vertu de cette eau , pour ces fortes de preci-
pitations , confifte dans un grand nombrede parties terreufes ou pierreufes
dont elles'eftchargee , & que le feu auquel on expofe la pierre a chaux a for-
tement brifces & attenuees \, Sc en efFet , quand on examine I'eau de chaux ,
&c la chaux meme , on n'y decouvre aucun fel j on y remarque fimple-
men: des parties pierreufes ; 8c fi Ton confidere I'eau de chaux quelque
temps apres quelle a cte faite , on voit une croute mince qui nage
deflus , Sc qui n'eft certainement qu'une pure terre , ce qui prouve que
les parties de I'eau font capables de foutenir celles de la chaux ; com-
ment ne le feroient-elles pas puifqu'elles en fouiiennent bien qui font au'
moins aufli pefantes , fans perdre leur limpidite naturelle ? Par exemple
il n'y a gueres d'eau , quclque claire quelle foit, qui etant gardee ne
fe depouiUe infenfiblement d'une matiere grodiere & terreufe dont eUe-
s'etoit chargee , & quelle a foutenue un certain efpace de temps. Nous-
voyons audi que I'eau d'Arcueil , & ccUe de plufieurs autres endroits,
quoique parfaitement claires & limpides , depofent , en palFant par cer-
tains canaux, un fediment picrrcux qui devient dur comme la pieire ,
Sc qui n'en differe point ; il n'eft done pas etonnant que I'eau mife
fur la chaux en enleve , & en fufpende des parties terreufes , qui'
etant alkalines, 8c par confcquent propres a abforber les acides, comme^
ks fels alkalis , agilFent aulli de la meme maniere dans la precipitation
des metaux.
Nou; avons encore d'autres intermedes qui produifent certaines pre-
cipitations metalliques , par une mechanique allez finguiiere- En voici-
des exemples. 1°. L'eau fenle , verfee fur du bifmuth , penetre par les-
acides du nitre , Sc fur du plomb dilTous par ceux du vinaigre , fait
precipiter I'un &: I'autre , 8c cela parce que les acides qui y font en-
gages, ne I'etant que foiblemenc, {'agitation nouvelle que l'eau leur
communique , fuffit pour degager ceux qui font le moins refferres ; 8c
comme ces mcmes acides contribuoient neceflairemenr a la fufpenfion'
du corps metallique , il fe trouve , par la perte qu'il en a faite , aban-
donne tout a- coup a fon propre poids, quil'entraine au fond du vailfeau,
malgre les acides qu'il a encore retenus.
2.°. Le fel marin , qui eft fort charge d'acides , fair precipi-
rer certains corps metalliques dilfous &c fufpendus par des acides
nitreux j le mercure penetre par I'efprit de nitre , fournit un exemple'
de ce que je viens d'avancer, car il fe prccipite par le fel commun ,
& meme par le pur acide du fel, ce qui eft encore plus furprenanr ,,
car d.ins les precipitacigns ordinaires, on emploie un alkali pour pre--
A C A p 6 M r Q U E. 275
cipltcr les corp5 dilTous par iin 'ncide , Sc Van fe fert d'lin acids pour cciix ■ " ' '
qui one etc duFoiis par uii alkili ; m.iis on ne s'imagine pas d'abord qi'uii Acad.Royale
acide puilfe piccipiter ce qii'un aurre acide a diirout. des Sciences
Avanc d'entrcr dans la nicchanique de cette efpece de precipitation. "^ 1 aris.
arrctons-noiis un moment fur les diffcrcns effets des efprirs de (d & dt- iii- ^nnee 171 j.
tre fcparcs & mtles I'un avec I'autre, parce qu'tn comparant ces experiences
avec la precipitation dont il s'aj^it , elles fe prctent une clartc mutueile.
On fait que I'efprit de fel dilFout I'or fans pouvoir moidre fur I'argent,
Sc que I'efprit de nitre dilToiit I'argent fans pouvoir entamer Tor ; par confc-
quent I'un eft le veritable dillolvant de I'or, &: I'autre le veritable dilTolvanc
de I'argent; mais la liqueur qui refulte du melange de ces deux efprits &:
qui eft I'eau regale ordinaire, eft plus propre a penctrcr ia fubft.ince de
lor , que le pur efprit de fel , Sc n'a aucune adion fur I'argent, ce qui mc-
rite une attention particuliere pour les inductions que nous tirerons dans
la fuire.
Il fuit de ce qui vient d'etre dit , 1 °. que les parties des efprits de nitre
Sc de fel s'unilTent intimement enfemble dans le melange qu'on appelle
eau regale ordinaire ; car fi les acides du nitre & du fel nageoient fimpie-
ment dans un mcme liquide , tcls qu'ils etoient avant le melange & fans
avoir regu d'alteration par I'union rcciproque des parties des deux efprits,
ce compofe devroic diltoiidre en mcme terns I'or par Ces acides faiins , 6c
I'argent par fes acides nitreux; du moins diiToudroit-il d'abord Tor & en-
fuite I'argent, comme il arrive dans une experience curieufe rapportce par
M. Homberg dans les Memoires de 1705. L'eau regale dont il fe itrt dans
cette experience etant foible &: (1 nouvelle, que les acides du nitre & du fel
ji'ont pas encore eu le terns de s'unir parfaitement les uns avec les autresj
elle agit fuccelTivement d'abord fur I'or Sc enfuite fur I'argent; mais il y a
lieu de croire que fi ces acides ne font pas parfaitement unis, du moins le
font-ils a quelque degre , car fans cela je ne vois pas pourquoi les acides du
nitre attendroient pour agir fur I'argent, que les acides du fel eulfent agi
fur I'or; au lieu qu'en fuppofant ces acides unis imparfaitement , on con-
•coit que ceux du fel fe feparent de ceux du nitre A mefure qu'ils s'engagent
dans les pores de I'or, Sc que les acides nitreux ctant devenus libres par
cette defuiiion , iis reprennent alors leur aftion fur Targenr.
Enhn fi I'on examine route la fuite de I'experiencc de M. Homberg, on
fe convaincra de plus en plus de I'union que les acides du nirre & du fel
font capables de conirafter enfemble; carquand l'eau regale dont il fe fere
a cte gardce un certain terns , elle ne dilfout plus que I'or & elle le dilfou:
beaucoup mieux qu'auparavant. Or , fi les acides dont il s'agit ne s'unilfoienc
pas , pourquoi la mtmeliqueur feroir elle des effers fi difFcrens en difFcrens
terns? (S: ne paroit-il pas plus vraifemblable de dire que I'union quin'avoit
cte qu'ebauchee dans le commencement , s'acheve enfuite par une fermenta-
tion fourde qui fe continue dans la liqueur?
II paroit en (econd lieu que dans I'union intime des acides nitreux Sc fa-
iins , les uns font abfisrbes par les autres; Sc eneffer, comment cette union
fe pourroit-elle faire autrement? D'ailleurs comme les uns prccipitenc ce
Ni i i;
27^ COLLECTION
~— " que les autres ont didous , & agifTent en cette occafion prccifetiient
Acad. RoYALE de la meme maniere que font en pareil cas lesacides fur les alkalis, ou les
DBS Sciences alkalis fur lesacides, il y a tout lieu de croiire que I'un des deux efprits aci-
BE 1 ARis. (jgj^ doncils'agit, fercalors d'abforbant a I'autre^ & fi lachofe fe palfe ainCi
jinnee J71 1, dans les precipitations chymiques, pourquoi ne fe patTeroit-elle pas de me-
me quand on mele ces deux liqueurs pour faire de I'eau regale? car alors
elles one tout au moins autant de facilite que dans le cas precedent , a s'unir
intimement enfemble de la maniere qui vient d'etre marquee. On exa-
. tninera dans la fuite laquelle des deux efpeces fert d'abforbant a I'autre ,
& I'on verra clairement comment cette union rend I'eau regale ordinaire
incapable de diflbudre I'argent, & plus propre a dilfoudre I'or que le put
efprit de fcl , ce qui fervira de nouvelle preuve a notre fuppofuion.
On me dira pent etre qu'en fuppofanc les acid^s des corps folides ,
longs Sc pointus par les deux bouts comme un grand nombre d'experien-
ces prouvent qu'ils le font, il eft difficile de concevoir comment ils pour-
roienc s'abforber les uns les autres, a moins de fuppofer encore que les
uns font beaucoup plus gtos que les autres > fuppofition qui ne*fauve pas
routes les difficultes.
Je reponds que n'ayant pas befoin de fuppofer des acides de differentes
grodeurs pour expliquer leurs difFerens effets, & les expliquant meme plus
natuiellement fans cela, je n'en admets que d'une forte, perfirade que la
voie la plus fuiiple doit toujouts etre fuivie, fur- tout quand au lieu de
jetrer dans de plus grands inconveniens, elle diminue les difficultes. Par
exeniple, fi I'eau d'Arcueil produit quelques efFets difterens de ceux de
i'eau de la Seine, il n'eft pas necelfaire de fuppofer les panies propres-
Ik. elTentielles de ces deux eaux de difFetentes grolfeurs , il fuffit de con-
cevoir qu'il s'y eft mele des parties de differente nature qui en vaiienc
les eifets.
Par la meme raifon en fuppofant tous les acides de I'univers de meme
grolleur & de meme figure, voici a quoi j'attribue la difference des li-
queurs acides en general , & en particulier des efprits de nitre & de fel.
Il n'eft pas poilible de trouver des acides parfaitcment purs , & exempts
de tout alliage 5 la raifon en eft evidente : ils rencontrent toujours dans
leur chemin des matieres terreufes ou fulfureufes auxquelles ils s'unilfeni:
avec une extreme facilite, ce qui eft heureux pour nous, car les acides
etant des pointes fort tranchantes & fort adives , lis fe fcroient fentir trop
vivement, & cauferoient chez nous de grands defordres fi rien ne reprimoic
leur a6tivite naturelle. J'ai deja remarquc la meme chofe dans un autre
Memoire au fujet de la matiere du feu repandue dans I'air , laquelle con-
fumeroit tout , fi elle etoit moins etendue par ce fluide , comme on peuten
juger par les effets des rayons du foleil rcunis au foyer du verre ardent {a).
Les acides done , quoique tous elfentiellement de meme nature , pro--
duifent differentes efpeces de fels concrets , ce qui vient , & des differen-
tes mattices dans lefquelles s'engagent ces acides, & peut-etre aufli des-
differentes patties etrangeres qu'ils appottent avec eux , & a lafaveiir def-
(.(t)V. Collec. Acadi Part. Fran^oife, i vol. pag. 8oj.
A C A D 6 M I Q U E. i77
flueiles ils s'!n(inucnt plus facilcmenc dans certaines matrices qu€ dans d'au- — — — ■
tres i ceci pofe il n'elt pas etomiant que les liqueurs acidcs qu'on retire de Acad. Royale
chacun de cos fels different entr'tUes par leur'^ effl-rs, cotrjme les fclseux- des Sciences
memes different les uns des autres j & en eitet , outre que les acides de de Paris.
ces liqueurs pouvoient avoir chacun quelque alliage particulier avant qu'ils AnnU 171 1,
entrairent dans la matrice dont on les a tait fortir , lis fe forit encore dans
cette matrice combines avec des parties qui etint aulli volatiles que les
a.cides, ne les abandonnent point dans la diitilbtion , qui s'y tieniient tou-
jours attachees , & qui leut donnent par la de nouvellcs proprietcs. Cettc
verjte paroit clairement par une experier.ce que j'ai donnee en 1707, au
fujet de mes vegetations de Mars [a). On fe fert dans cette experience d'un
efprit de nitre avec lequel on a auparavant dillout du fer , iJc qu'on en a
enfuite fepare par la diftillation. Avec cet efprit j'ai fait des vegetations
beaucoup plus belles & plus promptes qu'avec I'efprit de nitre ordinaire,
parce qu'il contient deja beaucoup de foufre qu'il a enlcve du fer dans la
diftillation j & en effet j'ai prouve dans un Memoire lu en 1706 [b) , que
lout acide qu'on faifoit fortir des pores du fer par le fecours du feu ,
deroboit toujours a ce metal la plus grande partie de fon foufre , ce qu'il
eft aife de reconnoitre patfaitement par plufieurs experiences fenfibles iu-
diquees dans ce Memoire.
On voir par tour ce qui a ete dit, que les matrices des fels concre.ts
peuvent fournir Sc fournilfent en effet aux acides qui stn elevent , des
parties volatiles & fulfureufesj on pourroit mcme comparer ce qui fe
palfe dans les diftillations de liqueurs acides , a ce qui s'obferve dans les
fublimations ordinaires de matieres fcches ; dans celles par exemple du
benjoin , du foufre commun , la partie la plus fixe, & la plus grolliers
de ces mixtes fe fepare de celle qui eft plus volatile & plus legere; mais
I'acide qui fe fublime, demeure toujouts engage comme auparavant dans
des gaines fulfureufes , & il ne perd par cette operation qu'une partie
de I'engagement ou iletoit. Les diftillations ordinaires des efprics acides,
font audi des efpeces de fublimations , elles fe font par la mCme mecha-
nique , & il arrive la mcme chofe dans les unes & dans les autres, c'eft-
a-dire que ce qu'il y a de volatil, s'eleve , & laiffe au fond du vaiffeau la
partie fixe & terreufe. 11 eft vrai que dans les efprits acides, les pointes font
plus libres & plus developpees qu'elles ne le font par exemple dans L-s
lieurs de benjoin j miis comme il y a dans ce mixte plus de foufre qu'il n'y
en a dans les fels dont on tire les liqueurs acides, il s'en eleve davantage
avec I'acide du benjoin, & par confequent cet acide doit etre plus enve-
loppe. Du refte , I'effet de ces deux pperations eft le meme, & ne differs
que du plus au moins.
La difference des efprits acides que Ton retire de differens fels concrets,
ne venant pas de I'acide qui y eft contenu , mais des differentes matieres
qui s'y font unies , on con^oit aifement , comment de deux efprits acides ,
I'un peut devenir I'abforbanc de I'autrej il fuffit de fuppofer que I'acid*
(c) V. Collec. Acad, p.irt. Iran^oifc, 1 vol. pag. JIJ^ Ji*-
(i) Wlitm , pag. }6j.
iyS COLLECTION'
■ de I'lin eft accompagne d'une matiere fulfureufe plus gfofliere & plus
y\cAD. RoYALE fpongieufe; &: que I'acide de I'autie eft plus libre , & uni a un foufre plus
DES Sciences fubcil. On fait que les acides s'unilT'ent aifement aux foufres , & que les
DE Paris. foufres plus fubtils penetrent les foufres plus grofliers j I'acide plus libre fe
•* Annce 171 1, joindra done faiilement a I'acide enveloppe d'un foufre groflier , & cette
union n'eft pas plus difficile a concevoir que celle de deux fels concrets,
du cryftal de tarcre par exemple , & du fel de tartre , dont Tun fert d'ab-
forbanc a I'autre , & qui formenc enfemble un nouveau fel qui eft le fel
ve'^etal ordinaire. On peut mcme dire que I'union de ccs deux fels con-
crets eft fort analogique a celle des deux efprits acides j car les acides qui
font dans le fel de tartre , & qui lui donnent fa forme faline , font abfor-
bes par une grande quantite de parties terreufes propres a abforber encore
de nouveaux acides , de meme que le foufre groflier & fpongieux que nous
avons fuppofe dans I'un des deux efprits acides. Les acides au contraire
qui font en gtand nombre dans le cryftal de tartre, n'y font pas tous en-
tierement enveloppes par les parties terreufes de ce fel, plufieurs ne le
font qu'a demi , S>c peuvent encore penetrer les parties terreufes d'ua
autre fel , de mcme que les acides plus libres que nous avons fuppofes
dans I'autre efpece de liqueur acide , peuvent encore malgr^ les foufres
qui les accompagnent etre admis dans I'interieur des foufres plus grofliers
qui accompagnent d'autres acides.
On m'obj>-'i5lera peut-etre que fi les efprits acides contenoient autant de
foufre que je leur en fuppofe , ils s'enflammeroient quand on les vetfe
dans un creufet rougi au teu , ce qui n'arrive point.
Je repondsque quand les foufres font unis intimement a des acides, ils
perdent fouvent la propriete qu'ils ont de s'enflammer , comme on le
peut voir par le vinaigre diftille qui eft un efprit acide , & qui malgre
I'efprit de vin qu'il contient, n'eft point inflammable par la voie qui a
etc propofee. Cette vcrite paroit encore par une experience que j'ai
faite fur I'efprit de nitre dulcifie mis a la meme epreuve , & qui ne s'eH-
flamme point par la , quoiqu'il entre dans la compofition de cette liqueur
autant d'efprit de vin que d'efprit de nitre. 11 eft vrai que dans un mixre
cu le foufre domine beaucoup fur I'acide par fa quantite comme il ar-
rive dans la compofition du foufre commun , la matiere conferve tou-
jours fon intlammabilite ; mais plui'ieurs experiences donnent lieu de croire
qu'elle s'enflammeroic encore mieux fans la prefence de I'acide, & que
c'ert a cette circonftance qu'on doit attribuer la petite flamme bleue
qu'exhale le foufre commun quand il n'eft mele avec aucune matiere qui
favorife fon inHimmabiliti. J ai feit encore quelques experiences fur le
camphre qui viennent affez bien au fujet.
On fait que cette refine s'enflamme tres-aifement , & que quand elle
a ete diffoute par I'efprit de vin, Sc revivifiee par I'eau , elle eft auffi
inflammable qu'auparavant \ mais il n'en eft pas de meme quand elle a
ete diffoiue par I'efprit de nitre, & feparee enfuite de fon dilfolvant par
le fecours de I'eau ou de quelque alkali , quoiqu'elle ait perdu par la
prefque tous fes acides; & quand apres I'avoif bien fechce on I'expofe
a la flamme d'une bougie, elle ne s'enflamme point d'abord^ & elle ne
reprend fon inflamtnabilite qu'apr^s un teuis affez confiderable, pendant
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Icquel le peu d'aciiles nitreux qui lui reftoienc fe dillipent par la chaleur j ^_— — _-_ .
carqiianJ on fait dilHIltr du caniplue dillous dans I'cfprit de nitce , d'abord "T Z
!• r • 1 • •'! o 1 1 r /- LI- c ■ \c C r \ AcAD.RoVAlE
1 elpritde nitre seleve&le campnre lelublimeenluitqloiis ime tornie leche. ^^^ Sciences
Apres avoir explique en quoi confine I'union des efprits de nitre & de de 1'aris.
fel, il ne rerte plus qu'a determiner qui des deux efprits fere d'abforbant .
a I'autre j il me paroit par les obfervations fuivantes que les pointes de •^''"^'- i?"-
I'efprit de nitre font plus libres &: moins enveloppces , &C que celles de
I'efprit de fcl font revctues d'lin foufre plus grollier &: capable comme il
a aeja ete dit d'.ibforber encore de nouveaux acides.
Ce qui me fait avancer cette conjerture, c*eft i°. que I'efprit de nitre
agit en general avec une vivacite inhniment plus grande que I'efprit de
lei 5 or on fair que plus les acides font enveloppcs par quelque foufre
que ce puille ctre , moins its ont d'ai^ivite ; i'efprit de vin mcme qui
eft un foufre tres-exalte, adoucit confiJerablement les efprits acides aux-
quels on I'unit incimement, & les rend par la moins adlif's , & cela ,
\°. parce qu'il emoulTe les pointes de ces liqueurs; i" parcequ'en envelop-
pant ces pointes, il les empeche de frapper immediatement les corps qui
ieur font expofes, & qui en recoivent par confequent une moindre impref-
fion j 3?. parce que comme les foufres font moins folides que les acides »
le compofe qui refulte du melange des uns &: des autres, a moins de fo-
lidite par rapport a fon volume, quecliaque acide en particulier , & ctaric.
par la moins fufceptible de mouvement , il agit avec moins de vigueur St".
a'efficacite fur les corps qu'il entame. „ .^,
En fecond lieu la difference des parties dans lefquelles je fuppofe qiie
font engages les acides des efprits de nitre &C de fel , s'accorde parfaite-
nient avec deux experiences tutieufes rapportees par M. Homberg danS'
les Memoires de iC<)>) (a). L'une de ces experiences fait voir qu'en pareil.
volume, I'efprit de nitre pefe affez confiderablement davantage que Tef-
prit de fel ; &c I'autre qu'tine once d'efprit de nitre conrient une tois au-
tant d'acides qu'une once d'efprit de fel ; or fi les acides de I'efprit de fel
font revctus d'une plus grande quantitc de maciere fulfureufe Sc abfor-
bante , comme chaque acide occupe un plus grand efpace A caule de fon
enveloppe , il eft clair qu'il y en a moins dans un meme volume de li-J
queur ; &: comme les acides font des corps folides & compacftes, ils
doivent ctre fpecifiquement plus pefans que les corps rares & poreuxdonc
il s'agit; p.ir confequent I'efprir de nitre qui conrient plus d'acides &
moins des autres parties, doit pefer davantage que i'elprit de fel,
Enfin ce qui paroit encore confirmet que ce font les parties de fel qui
fervent d'ablorbanc a celles de i~6fprit de nitre , c'eftqu'apres le melange
intime de ces deux liqueurs , I'efprit de fel n'en devient que plus propre
a dilTpudre I'or , & fait perdre a I'efprit de nitre fon aclion naturello fuc
I'argenc ; car les pointes de I'efprit de nirre fe trouvant enveloppees fui-
vant notre fuppolition dans les mades de I'efprit de fel , ces inalfes fe.
prcfentent toujours aux pores de I'or fous la meme forme extetieure
qui les rendoit propres a s'infinuer , Si elles y entrent en cet etat avec
d'autant plus de facilitc , que par I'introduifiion de? acides nitreux, elle» ,
(a) f , CoUcc. Acad, Pait, Fran5oifi:, torn. 1, pag. 4<;3, . i; : \ -.. i
iSo COLLECTION
; one acquis plus de folidite, & par confeqiient plus de force pour penetrer
Acad. Royals ^ dilloudre ce metal. U n'en eft pas de mcme des acides nicreux par rap-
DEsSciENCES port d I'argcnc ; car comme iis fe crouventalors revetus d'une matierc qui
DB Paris. augmente beaucoup leur volume, & qui n'a nuUe analogic ni proportion
4nnee 171 1. ^^^'' '^^ pofes de I'argenr , i'entrce en devient par 11 impracicable a cer
acides. Ceci me perfuade que les pores de I'or font plus grands que clux
de I'argent, quoique la pefanteur fpecifique de ce dernier foit moinJre-
que celle de I'or , parce que la petiteire des pores de i'argent , eft appa-
remment plus que compenfee par leur nombre. Et quand on vouJroit me
difputer que les parties de I'elprit de fel foient plus grolTes que ceiles Je
I'efpnt de nitre , il fuffit pout decider la queftion que les por^s de I'ar-
gent n'admetrent que les feuls acides nitreux , tandis que ceux de I'or
resolvent les uns 8c les autres rdunis dans I'eau regale j union q li doic
auginenter leur volume & ieui folidite, Sc qui cependant bien loin d'oter
arux parties de I'efprit de fella faculte de penetrer I'or, augmente cette
faculte, & ote aux parties de I'efprit de nitre route kur a(5tion fuc
I'argent.
Pour revenir prefentement au mercure difTous par I'efprit de nitre, 8c
prccipite par I'efprit de fel ^ fi cet elprit s'unit (i intimement aux acides
nitreux , Sc s'il les abforbe comme un alkali , la precipitation done il s'a-
git , quoique differcnte en apparence de routes ceiles riont il a ete parle,
n'en differe cependant pas eircntieilement , &c elle fe fait par la meme
mechanique J c'eft-a dire , parce que I'efprit de fel enleve au corps me-
tallique une petite parrie des acides nitreux qui le tenoient fufpendu
dans le liquide ; & comme le fel marin contient , outre les parties abfot-
bintes qui font dans I'efprit de fel , d'autres parties terreufes qui ont I3
meme propriete, il eft clair qu'il doit ctre encore plusefficace que I'efpric
de fel , pour la precipitation du mercure , & c eft aufli ce que I'expe-
rience juftifie.
Obfcrvations fur la matiere fccale.
Par M. Ho m B bug.
-I L y a environ trente ans qu'une perfonne de confideration me pro-
pofa d'elfayer de tirerde la matiere fecale une huile diftillee daire comme
dc i'eau de Fontaine fans mauvaife odeur & fans couleur, parce quelle
croyoit avoir vu cette huile fixer le mercure commun en argent fin:je
me laifTai perfuader d'entreprendre cette recherche, & apres avoir rente
diverfes pperations , j'obcins a la fin une huile telle que nous la fouhai-
tions pour les apparences txterieures; mais qui n'a jamais pu nous fervir
a fixer le mercure en aucun metal : cependant les expiJriences que nous
avons faites d.ms le conrs de ce tr.ivail , nous ont dceouvert des faits inte-
reftanrs dont je vais rendre compre.
Pour ne pas travaiUec fqr une matiere ramalTee au hafaid, & dont ;e
ne
A C A D i W I Q U E. iSt
ne connude pas les ingrcdiens , jai louc quaere hommas tobuftes , jeu- ' ■ —
nes , (Sc en bonne lance, je les ai enfecmes trois mois avec mui dans une Acad.F-ovale
maifon qui avoit un grand jardin pout les promenet; & pour ctre afliire des Sciences
qu'ils ne prilTent autre nourriture que celle que je leur donncrois , j'etois ^^ 1 aris.
convenu avec eux qu'ils ne mangeroienc d'autre chofe que du meilleur ■«'"'« 171 1.
pain de Gonede que je leur fournirois frais tous les jours ,&c qu'ils boi-
roient rant qu'ils voudroienc du meilleur viii de Champagne. J'appris i
Van de ces hommes a diftiller feparement ce que chacun deux feroic d'cx-
cremens , dans un alambic de verre , & au bain-marie; & apres que
toute la liqueur aqueufe en etoic fcparee , j otois la matiere fcche de I'a-
lambic , je la metcois dans une cornue de verre fans aucun melange, Sc
je la dilliUois au bain de fable a touce (orte de degres de feu , mais je
-n'en tirois que de I'huile rouge , ou noire, & tres retide.
Laqu.intite de matiere rendue par un homme en une fois , pefoit dix _
ou douze onc?es environ , Sc ayanc ete deflechee au bain-marie , fe redui-
foit a une once , ou a dix gros au plus : elle ne perd cependant par cette
operation que fa liqueur aqueufe leulcment ; car tout ce qui s'en diftille
au bain-marie, n'eft que de I'eau bien claire & infipide, qui ncanmoins
conferve I'odeur de la matiere ; de force que les autres principes qui la
dompofent , favoir le fel , la terre , & I'huile , ne font enfemble qu'en-
viron un huitieme du total , I'huile fait a-peu-prcs la moitie de ce huitieme »
Sc la terre & le fel I'autre moitie par egale portion.
Voyant done que de cette manicre je ne pouvois pas avoir I'huile blan-
che que nous fouhaitions , j'ai voulu feparer de la matiere fecale tout ce
qu'elle contient de maiieres groflieres & terreufes par la filtration , avanc
de la mettre fur le feu pour en diftiller I'huile , m'imaginant que cetce
itiuiere grolliere pourroit bien ctre la caufe de la couleur noiracre , & de
la mauvaife odeur que notre huile avoit contr.^ctce dans fa diftiUation :
pour cet effet j'ai delaye la matiere fecale ' recente dans de I'eau chaude,
une pince d'eaa pour une once de matiere ; ie les ai lailTees rehoidir: les
parties grolfieres fe four precipitees au fond , & j'ai verfe par inclination
i'eau qui furnageoit j je I'ai fiitree par ie papier gris, & je I'ai evaporee
fur I'achanor a petit feu jufqu'a la pellicule ; il s'y eft fait des cryftaux
longs a qiiatre , cinq Sc fix pans, que Ton pourroit appeller le fel elfen-
tiel de la matiere fecale ; ils reftemblenc en quelque fa^on au falpetre , Sc
its fufent dans le feu a-peu-pres de meme , avec cette difference que la
flamme en eft rouge, & qu'elle brule lentement, au lieu que celle du fal-
petre eft blanche & tre«-vive, appiremmcnt parce que dans I'un il
fe trouve une trop grande qnaniite de matiere huileufe , &.que dans laiitre il
s'en trouve moins.
J'ai diftille ce fel par degre , &: a la fin a un feu tres foct dans une cornue
de verre , il en eft venu d'abord une liqueur aqueufe , acre , scide , laquelle
a ete fuivie d'un peu dhuile roulTe, Sc fetide , fentant tres-fort I'empyreu-
me. ]'ai reiiere cette diftiUation qnatre fois , Sc a chique fois le feu a ptis
dans la cornue , dans le tems que I'huile coninicn(;oit a venir y mais cpmme
le peu dhuile qui en eft fortie , n'etoit pas blanche , ni fans odeur , ma,is
ioufte , Sc fetide , j'ai abandonne cette operation , & j'ai recoimiiencc i
Tvme III , Ptvtie Fran^oife. N 2.
i^t CO L L E C T I O N
— ■ trav.ailler far la matiere fimplemenc delTechee an bain -marie en y ajou-
BEs'sciENcl" """^ feukment differens intermedes , c'eft- jl-dire , qu'avant que de la
DE Paris. mettre dans la cornue pour etre diftillee au bain de fable , je la mettois
■ J , en poudre , & je la melois , oa avec de la chaivx vive , ou avec de la chaux
■Annei i-jii, i,^;„,o ^ p,;, „ „, j„i-.i „„ j.. ._i._.i... i i
rque
quecelle quej'avois tirce avec les intermedes etoic beaucoup plus fluide
& un pea moins coloree que la premiere qui avoir ete tiree fans inter-
mede , ce qui m'a fait penfer que fi cette huile ctoit plufieurs fois rediftiliee
ou reftifiee fur de nouveaux intermedes, elle poarroit bien perdre entie-
remenc fa couleur & fa mauvaife odeur :j'en ai ai fait I'experience avec
route I'exacftitude & la patience poflibleitoutce quej'ai obtenudece travail
c'eft que mon huile a change fa couleur rouge brune & opaque en unc
beau rougs clair & tranfparent , mais elle etoit toujours fetide.
J'ai obferve dans ces dernieres operations quand j'avois mele la ma-
tiere avec de I'alun , ou avec du colcothar , que le feu s'eft mis a la tete-
■morte qui reftoic dans la cornue, un peu de terns aprcs que j'en avois fe-
pare le recipient qui contenoit I'huile : ce feu etoit quelquefois fi violent
qu'il faifoit crever la cornue j quelquefois aulli la cornue ne fe caflbit pas,
mais il en fortoit pendant un moment un jet de flimme comme iion I'avoic
poulfee par un chalumeau j cette Hammeayant ceffc , latete morte paroif-
loit au fond de la cornue encore en feu pendant deux ou trois minutes j
comme un charbon ardent: il y a toute apparence que ce feu n'a ete pro-
duit que par un refte d'huile fore exaltee de la tcte-morte qui s'eft enflam-
mee par la raifon que nous verrons ci-apresavec ia fuite de cette operation ,.
lorfque j'aurai acheve de rendre compte de I'estradtion de 1 huile blanche
<S>: non fetide.
Le melange des intermedes avec la matiere fecale n'ayant pas reufli ,
-non plus que les premieres matieres fimples & fans melange , j'ai change
entierement de precede ; car voyant que par la je ne pouvois feparer la
partic hiiileufe de la matiere que par un feu d'une violence extreme , &
lachant d'ailleurs que ia violence du feu a donne a la matiere dans nos
operations precedentes, une impreffion d'empyreume , qui dans les huiles
ell toujours accompagnee de la couleur du feu , c'eft- a-dire , qui dans ce
cas eft toujours rouge & fetide, de quelque fujetjfoit animal ou vege-
tal qu'on le tire , j'ai voulu tenter la voie de la fermentation qui eft une
voie douce , ou la violence du feu n' a point de part , ou les principes qui
compofent le mixte fe degagent peu^-peu )es uns des autres, & qui nous
donne occafion enfuite de feparer les parties les plus legeres d'avec les
plus pefantes , par une chaleur fort moderee , au lieu du feu brulant dont
je m'itois fervi dans mes operations precedentes : voici comment je m'y
fuis pris.
J'ai d'abord fepare le phlegme fuperflu de la matiere par le bain-marie,
con-KBe j'avois fait dans le commencement, pour pouvoir garder commo-
dement la matiere deftechee fans qu'eile fe gatat , jufqu'a ce que j'en eulfe
aflez pour en faire la fuice des operations que je m'ttois ptopofees, &c
I
A C A D 6 M I Q U E. iSj
aufli pour me cltbarrafTeir des quatre hommes que j'entretenois pour four- i
iiir la matiere 5 je gardois aulli a part tour leplilegme qui fe (c'paroit de Acad. Hoy ale
la matiere par le bain-marie , pour m'en fervir en terns & lieu. Quand its JjtiENCts
j'eus la quantite de matiere feche que je crusnecellaire pour les operations ^^ I'Aais.
que je voulois faire , je congcdiai mes hommes, & je quittai la maifon Annie 1711,
que j'avois prife exprcs pour cela, afin de pourfuiviB 9 moq aife moa
travail dans mon laboratoire ordinaire.
Pour faire done fetmenter la matiere, je I'ai mife en poudre,& j'^ji,
verfe delTus fix fois autant pefant de ce phlegme qui en avoit et^ fepare
par la dirtillation ; j'ai enfermc le tout dans une grande cucurbite de verre
couverte d'un vaideau de rencontre bien lute : je I'ai mis au bain-marie
pendant fix femaines a une chaleur alfez douce pour y pouvoir tenir U
main fans fe briiler ; au bout de ce terns j'ai ouvert la cucurbite , j'y ai
adapte un chapiteau, & au meme bain-marie j'en ai diftillc a tres- petit feu
toute Ihumidite aqueufe , elle avoit prefque perdu route fa mauvaifc;
odeur qui iftoit changee en une fimple odeur fade ; elle s'eft diftillee un peu
trouble , au lieu qu'elle etoit tres-claire quand je I'ai mife dans la cucurbite :
j'ai donne de cette eau a quelques perfonnes dont le teint etoit touc-a-faic
gate, la peau du vifage , du cou & des bras etoit devenue grife , feche ,
grenue &: rude \ elles s'en font frottees un fois par jour , I'ufage continue
de cette eau leur a beaucoup adouci & blanchi la peau \ la matiere feche
qui , apres la diftillation etoit reftee dans le fond de la cucurbite , avoit di-
minue d'environ un vingtieme de fon poids , c'eft-a-dire, que de vingt
onces que j'avois mis a la fois dans la cucurbite , je n'en n'ai pas retire
tout a-fait dix-neuf onces j je foupgonne qu'elle etoit moins feche quand
je I'ai mife dans la cucurbite , que quand je I'en ai retiree.
Le relldu fee de notre vaideau ne fentoit plus du tout la matiere fecale,
au contraire il avoit une odeur agreabj^ ^ aromatique , & la cucurbite
dans quoi je I'avois mis en digeftion , ayant etc pofee ouverte dans un
coin du laboratoire , a acquis avec le tetxis une odeur d'ambre h forte,
que j'ai etc oblige de loter du laboratoire parce qu'elle m'incommo-
doit: on I'auroit prife pour un vaifTeau dans lequel on auroit fait de I'ef-
fence d'ambre. ll eft etonnant que la fin^ple digellion puilfe chaoger la
iTiauvaife odeur de cecte matiere en une odeur aiiAi agreabie que celle
<le I'ambre gris.
J'ai pile grortierement cette matiere fecbe, j'en ai mis de*ix onces a la
fois dans une corone de verre de la capicite d'environ une iivre , ou une
livre & demie d'eau , je I'ai diftillee au baip de fable a une tres- petite cha-
lear,il eft forti d'abord un peu dje liqueur a,qucufe , ?jpres quoi il en eft
venu une liuile fans couleur comme de I'eau de fontaine ; j'ti continue ce
meme degre defeu douxjufqu'a ce que les gouttes commencanent a dif-
liller un peu rougeacres , alors j'ai change de recipient , en bouchant dun
ton bouchon de liege celui qui contenoit I'huile blanche; j'ai augmente
le feu ,& je I'ai continue jufqu'a ce qu'tl nediftillat pluscien; le; premieres
gouttes de cette derniere huile etoient peu colorees , mais elles font de-
venues cnfuite par degics rouges comme du.fang; j'ai lailfe I'huile ro«ge
N 1 ij
Acad. RoYALE
D£s Sciences
BE Paris.
<4"^ee i/ii.
xU COLLECTION
dans ce dernier recipient , je I'ai audi bouche d'un bon boucRon , & je
I'ai garde a parr.
J'ai reitere cette diftillation avec de la nouvelle matiere feche, Sedans;
une cornue neuve : j'ai continue ces diftillations jufqu'a ce que j'eufTe
employe route ma matiere feche , en appiiquant toujours le premier reci-
pient avec I'huile bianche au commencement de chaque diftillation 5 &:
le fecond recipient avec I'huile rouge a la fin de chaque diftillation ,•
ihoyennant quoij'avois toute I'huile blanche a part qui n'avoit prefque
pas d'odeur, & le peu qu'elle en avoir, etoir legcrement aromatique .-■
j'avois audi I'huile rouge a part qui avoir une odeur forte d'empyreume.
J'ai redlifie I'huile blanche a ttes-petit feu pour en feprer tout ce
qu'elle contenoit encore de matiere aqueufe, &c un peu d'huile rouge qui
avoir pafle avec elle dans le premier recipient; j'ai eu de cette huile blan-
che reiftifiee , pres d'une once des dix neaf onces de matiere feche que j'y
avois employee, avec environ demi-once d'huile un peu rougearre que-
j'ai fcparee de celle-ci , pour avoir la blanche audi pure qu'il m'etoit pofti-
ble : j'ai garde cette demi-once dans une fiole bien bouchee , & dans un
lieu tempercj elle eft devenue rouge comme du fang , d'elle-meme , fans^
que j'y eulfe mele quoi que ce foit , & cela en trois mois de tems environ :
j'ai garde la blanche pres d'un an , fans qu'elle fe foit rougie ; mais a la,
lin , elle eft devenue auffi rouge que la premiere, perdant peu-a-peufa
bonne odeur, & acquerant celle d'un leger empyrcume.
J'ai obferve que quand cette huile a rougi , la couleur rouge a d'abord
paru au fond de la fiole, apres quoi elle s'eft etendue peu-a-peu de bas en
haut, jufqu'a ce qu'elle ait occupe toute I'huile qui etoit dans la fiole.
II y a apparence que nonobftant la redlificacion de I'huile blanche , il
y etoit encore refte un peu d'huile rouge Sc fetide , laquelle ctant difper-
fee en tres-petites parcelles dans toute la maffe de I'huile blanche , en aete
fi bien couverte & enveloppee , qu'on ne s'en eft appercu , ni i I'odeur,
ni a la couleur; mais ayant eu le tems de s'en feparer par fa propre pe>
fanteur , car elle eft plus pefante que la blanche , elle s'eft amaflfee au fond
tie la fiole, & pour lots cette huile, quoiqu'en petite quantite, etant
pure & fans melange, a pu agir aflez puillamment fur le peu d'huile blan-
che qu'elle touchoic immediatemcnt pour lui fervir de ferment , & la
convertir peua-peu en fa propre fubftance , de forte que toute I'huile blan-
che eft devenue rouge & fetide. 'jS.t' •;'::: -.m.ni^i
J'ai hit plufienrs elfais pour verifier cette conjefSbire en melant de I'huile
rouge avec notre huile blanche , qui s'eft toujours rougie, mais plutot ou
plus tard , felon que dans le melange'il etoit entre plus oti moins d'huile
rouge.
II feroit inutile Je marquer ici en combien de difFerentes manieres nous
avons employe cette huile blanche pour la joindre au mercure , puifqu'elles
ont toutes mnnque , & que le mercure n'en a jamais retju aucune impref-
fion ni aiicun changement 5 je dirai feulement qu'en cinq ou fix jours de
digeftionavec le mercure, ou avec quelqu'autre m^tal que ce foit, elle efl
Revenue rouge coaime du fang , & meme noire a force d'etre rouge..
A C A D E M I Q U E. 285
' Les tctesmortes des huiles done nous venons de parler , ont une facilitc ,
fi furprenante de s'enflammer fans le fecours d'aucun mouvement, ni feu Acad. Roy aie
ctranger, qu'on pourroit a bon droit les placer au premier rang des Phof- des Sciencss
pkons que nous connoiirons. En efFet , parmi les operations que j'ai faites ^^ aris.
fur la matiere fecale, il s'en trouve de trois differenres fortes oia la tete- Annit 1711.
morte a pris feu dans la cornue fans qu'on ait approche de feu par dehors
pour railumer. La premiere , quand on dillilloit au bain de fable le fel
ellentiel de la matiere fecale avec une chaleur aflez forte pour en tirer
I'huile fetide , & pour lots le feu y prenoit dans le terns que I'huile com-
men^oit a venir bien coloree, & il calToit toujours la cornue avant que
la dillillation ffit finie : la (econde , quand on avoit mCle I'alun de roche
avec la matiere fecale , & pour lors le feu ne prenoit a la cornue qu'une
lieure ou deux environ apies que la diftillation etoit tout-a-fait finie, les
vailTeaux ctant p.irfaitement froids, & le recipient fcpare de la cornue :1a
troifieme , quand on avoit mele du vitriol calcine avec la matiere fecale ,
le feu y prenoit a-peu-pres de la meme maniere que d.ins le cas precedent ,
mais rarement , d'ou il etoit naturel de conclure qu'en operant fur la ma-
tiere fecate avec quelqu'autre precaution , on fe procureroit facilemenc
un excellent phofphore. J'ai pourtant neglige les confequences que je de-
vois titer de cette obfervation, jufqu'a I'occaficn fnivante.
Il y a deux ans environ que j'allai voir un malade qui depuis quaere ans
fouffroit cruellement d'une ftrangurie j je lui avois donne difFercns reme-
des qui le foulageoient chacun pendant quelque tems : mais comme dans
toutes les longues maladies le corps s'accoutume aux remedes , on ell oblige
de les changer , & d'en fubftituer d'autres a la place de ceux qui ne font
plus d'etfet \ on avoit done propofe a mon malade une efpece de fel done
la dilFolution faice dans I'eau , 6c feringuee dans la veffie , devoir appai-
fer la douleur qu'il fentoit \ il s'en eft fervi , & en a etc foulage pendanc
prcs d'un an. J'ai examine ce fel , & j'ai vu qu'en I'expofant a I'air , il
s'enllammoit quelquefois de lui - mcme , particulieremenr quand il etoic ^
nouveau faitj il m'a patu par-la que c'ctoit une matiere a-peupres femblable
aux tetes-mortes que j'avois vues autrefois s'allumer aufli d'elles - memes
dans lefond de la cornue apres les diftillations des huiles fetidesdont je viens
de parler. Lacuriolite d'en faireune comparaifon jufte avecccs tctes-mortcs,
& d'examiner davantage le bon eflet que j'en avois vu dans les inflamma-
tions douloureufes , &: dans les vieux ulceres , m'a fait refaire quelques-
unes de mes operations ci-delTus rapporrees : j'ai neglige celles aue j'avois
faites fur le fel elTentiel de la matiere fecale , comme trcs-longucs & fore
incommodes; j'ai neglige aufli celles du melange de cette matiere avec le
vitriol , parce qu'elles reullilfent rarement , & je me fuis attache feule-
ment a celles ou j'avois employe I'alun de roche j j'ai corrige cette ope-
tation en en retranchant tout le travail inutile , & en negligeant I'huile
que la diftillation en pouvoit feparer , ce qui a rendu cette operation ai-
fee & ptompte : voici la maniere dont je I'ai fairs , & qui reuflit roujours.
Prenez quatre onces de matiere fecale recente , melez y autant pefant
d'alun de roche groflierement pile ; mettez le tout dans une petite potle
|de fer qui tiennc environ une pinte d'eau, fur un petit feu de chatbon!.
28(J COLLECTION
Le melange fe fondra, & deviendra auffi liquide que de I'eaa; laiflez'
AcAC.RoYALE le bouillir a petit feu en le remuant toujours avec une fpaiule de fer :
DEs Sciences concinucz ce teu jufqu'i ce que la mariere ie feche : elle deviendra a la
D£ 1 ARis. f5f, difficile a remuer : il faut continuer de la rotir dans la poele en la
Annh lyii, remuanr toujours, & en lecrafant continutllement en petices iniettes , &
en ratiirant avec la fpatule tout ce qui s'attache au tend , & aux cotes dc
la poele , jufqu'a ce qu'elle foit partaitement feche : il faut de terns en
terns oter la poele du feu, afin qu'elle ne rougilfe pas, & remuer meme
hors du feu la matiere afin qu'elle ne s'attache pas en crop grande quantire
a. la poele. Quand done la matiere eft de venue partaitenient feche, Sc
grumclcufe , il hut la laifTer refroidir, & la piler menu dans un mortier
de metal , apres quoi il faut la remettre clans la poele fur le feu , &c la
remuer toujours : elle s'humedera un peu , & fe remettra en giumeaux
qu'il faut continuer de rotir , Sc d'ccraier jufqu'a ce qu'ilsfoient parfaite-
ment fees, les lailler refroidir, & les piler en poudre menue; puis re-
mettte cette poudre pour la troifieme fois dans la pt;cle fur le feu , la
rotir , 5i la fccher parfaitement , apres quoi il la faut rebroyer en poudre
fort menue , la garder dans un papier en un lieu fee : voila la piemiere
operation , ou I'operation preparatoite.
Prenez de cette poudre deux ou trois gros , mettez la dans un petit
matras dont la panfe contienne une once , ou une once &i demie d'eau , &
qui ait le col de fix a (ept pouces de long; faites enforte que la poudre
n'occupe qu'environ le tiers du matras ; bouchcz le cou du matras fort
legerement d'un bouchon de papier , puis prenez un creufet de la hauteur
de quatre ou cinq doigts , mettez dans le fond de ce creufet trois ou qua-
trecueillerees de fable , placezce matras fur le fable au milieu du creufet ,
c'elf-a-dire , qu'il n'en touche pas les parois; remplilfez enfuite le creu-
fet de fable afin que route la panfe du matras foit enterrce dans le fable ,
apres quoi vous placerez ce creufet avec le matras au milieu d'un petit four-
neaude terra, qu'on appelle ordinairement une huguenotte qui ait I'uu-
vetture en haut de huit a dix pouces, & la profondeur jufqu'a la grille
de fix pouces : mettez tout-autour du creufet des charbons allumes juf-
qu'au milieu de la hauteur du creufet pendant une demiheurc, puis re-
mettez encore du charbon jufqu'au bord du creufet ; entretenez ce feu
fiendant encore une bonne demi-heure , jufqu'a ce que vous voyiez que
e dedans du matras commence a etre rouge ; alors vous augmenterez le
feu ou les charbons par-defTus les bords du creufer : vous entretiendret
ce grand feu pendant une bonne heare , apres quoi vous le laiflerez etein-
dre.
Dans le commencement de cette derniere operation , il fortira des fu-
mees epailTes par le gouiot du matras au travers de fon bouchon de papier :
ces fumees viennent quelquefois en fi grande abondance qu'elles jetteut
le bouchon abas j il faut le remettre , & rallentir le feu : ces lumees cetTent
quand le dedans du matras commence a rougir,c'eft ponr lots qu'on peut
augmenter le fen fanscraindre de nuire a I'operation.
Quand le creufet eft aflez refroidi pour qu'on le puitTe retirer du four-
neau avec la main fans fe bruler , il faut lever le matras du fable jufqu'au
A C A D £ M I Q U E. 187
milieu de fa panfe , & le lailFec accoutumer au froid pendant un demi-
quart-d heure environ, puis le tirer tout-a-fait , Sc le laiirec repofer un
moment fur fon fable ; mais C\ on n'eft pas ptelfe , ou fi on fiit cette ope-
ration en hiver, on fera micux de lailler refroidir touta-fait le matcas
dans le creufet avant que de Ten otcr : il eft bon aulli de mettre en mcme
teins un bouchon de liege a la place du bouchon de papier, au goulot dii
matras pour eviter , autant qu'il eft poHible , I'entree de 1 air dans le
matras.
Si la matiere qui eft au fond du matras fe met en poudre en la remuanr,
c'eft une marque que Ton a bien opcre ; fi elle forme un gateau qui ne fe
bcife pas en poudte en fecouant le matras , c'eft une marque que Ton n'a
pas afTez roti &c feche la poudre dans la pocle de for pendant roperation
preparatoire.
Les operations etanc bien faites , c'eft-a-dire lorfque la matiere eft
en poudre dans le matras , on en verfera un peu de la grolfeur environ
d'un petit pois fur un morcean de papier , &c Ton rebouchera prompte-
ment le matras ; la poudre comrnencera a fumer fur le papier un mo-
ment apres y avoir cte mife , Sc en meme-temps elle s'allumera , 6c elle
mettra le feu au papier , dc a toiice autre matiere combuftible.
Si par hazard on avoir tire trop de poudre du matras, il ne faut pas
la remettre dans le matras , quoiqu'elle ne foit pas encore a'lumee, car
elle ne manqueroit pas de metcre le feu a route la poudre qui feroic
dans le matras. On voit bien par-la qu'on ne pent la tranlvafer du
matras dans une autre liale , il faut qu'elle refte toujours dans le memo
vailleau ou elle a ete calcinee.
Cette poudre eft de difterentes couleurs, tantot noire, brune , rou^e verte,
jaunj, & mcme blanche, felon le vailfeau' dans lequel on fait I'opera-
tion preparatoire , & felon les degres de feu qu'on lui a donnes dans
les deux operations ; (i I'on mtle trop , ou trop peu d'alun ou de col-
cothar avec la matiere fccale , la poudre ne s'allumera pas.
Elle s'alluine aulii-bien le jour que la nuit , fans qu'on ait befoin de
la frotter ou de la chauffer , ou dc la mcler de quelque chofe qui puiHe
aider a I'enflammer , en quoi elle eft difFerente de tous les autres
phofphores fadices que nous connoilFons; car celui de I'urine a befoin
d'un peu de chaleur pour luire & pour s'enflammer , le phofphore fma-
ragdin a befoin de beiucoup de chaleur pour faire fon eff'et , ia pierre
de Bologne , & Je phofphore de Balduinns ne produifent de la lumiere
que pendant le jour , & ne font nal effet la nuir. Les huiles diftillees
de cannelle , de geroBes , de faxafras & autres, ne s'enflamment fan?
feu , que quand on y mele de lefprit de nitre bien redtifie. Le Phof-
phore que j'ai donne en 1695, dans les Mimoircs de I'Academu , ne
devient lumineux que quand on le frotte rudement, ou quand on frappe
deffus avec un corps dur, &c.
Je n'ai encore tire cette poudre que de la matiere fecale , ou des
gros excremens; mais je fuis perfuade qu'cn la peut tirer audi de I'urine,
& meme je crois que I'urine , traitee de cette ni.iniere , donncra une
plus grandc quantitc dc fon phofphore , que par la maniere conniw ,
ACAD.ROYALE
DES Sciences
DE Paris.
Annii 1 7 1 1 .
iSS COLLECTION
--■ . ^^^= Sc que fa tete-morte aprcs La ciiftillacion du phorpKore , ne laKTcra pas
Acad. Roy ALE Jg donner encore cette poiidre.
BES Sciences j.^^^ aifait de trois difFerentes fortes , I'une met le feu aux matieres com-
DE ARis. buftibles , & elle-meme ne paroit pas s'enfiammer. L'autre met le feu,
Annee 171 1. ^ ^[[g s'enflamme comme un charbon ardent. Et la troificme met le
feu & elle brule en flamme comme une bougie aliuniee , felon qu'elle
a eu plus ou moins de feu dans fes preparations, ou qu'il y a plus ou
rnoins d'alun Jans fa compofition.
Pour conferver cette poudre long-temps bonne, it faut la garder dans
nn lieu fee & tempete , tenir le matras bien bouche , le pofer toujours
debout , c'efl-a-dire le gouloc en haut , & le tenir enveloppe de papier
ou de quelque autre chofe , Sc dans un lieu fombre , car le grand
jour la "ate aufli-bien que I'liumldite de I'air , mais moins vice.
Pour avoir une idee vraifemblable de k maniere dont cette poudre
s'enflamme , il faut fe fouvenir que c'eft une matiere fortement calcinee
par le feu ; elle a perdu dans cette calcination toute la partie aqueufe
qu'elle contenoit , &: la plus grande partie de fon fel volatil , elle a
acquis par-la beauconp de grands pores, que les matieres volatiles chaf-
fees par le feu ont lailfes vuides , de forte que la poudre qui refte aprcs
la calcination ne confifte qii'en un tilLu fpongieux d'une matiere terreufe
qui a retenu tout fon fel fixe & un peu de fon huile fetidej mais done
les pores & les locules vuides confervent pendant quelque temps une
partie de la flamme qui les a pcnetres pendant la calcination.
Cela etant , nous pouvons confiderer que le fel fixe qui eft en grande
quantite dans cette poudre , abforbe promptement , a fon ordmaire ,
I'humidite de lair qui le touche : I'introdudion fubite de I'liumidite de
I'air dans les pores de la poudre , y produit un frottemeiit capable d'ex-
citer un peu de chaleur , laquelle etant jointe aux parties de la flampie
confervees dans ces mcrees pores , compofe une chaleur alTez forte pour
embrafer le peu d'huile aifement iiifiammable qui a echappe a la rigueut
de la calcination , &c qui fait partie de la poudre.
Une preuve de cela eft que quand on garde cette paudre dans un vaif-
feau qui n'eft pas exaftement bouche, elle abforbe peu-a-peu & lentement
I'humiJite de I'air qui la pent atteindre , ce qui n'eft pas capable de
faire alfez de frottement pour exciter aucune chaleur fenfible , & la
poudre fe gate , en forte quelle ne s'enflamme plus ; de meme que la
chauxvive, expofce pendant qutlque temps a I'air, ne s'echaufFe plus,
parce qu'elle a abforbe peu-a-peu de I'humidite , mais en trep petite
quantite a la fois pour produire un frottement capable d'excitet de la
chaleur.
La chaux vive qui contient des particules de feu , auffi-bien que notre
poudre , ne produit pas de la chaleur par la feule humidite de lair ,
comme fait notre poudre , mais il la faut hume6ber en jettant de I'eau
deftus pour avoir le meme degre de chaleur : la raifon en eft que la
chaux ne contient pas comme notre poudre un fel propre a abforber
beaucoup d'humidite a la fois , & c'eft 1 introdudtion fubite de I'hunii-
dite qui produit la chaleur , mais en jettant de I'eau deffiis, elle s'jr
introduit
A C A D 6 M I Q U E. 189
inrroJuit adez promptement pout faire le meme effet. Et Ii ra'ifon pour- 1 1
Quoi la chaux-vive ne produic pas de la flamme coinme fait notre pou- , . u„„.,=
dre , quoiqucUe contradte une aulli grande chaleur quelle, c eft que oes Sciences
dans Id cliaux il ne fe trouve aucune inatiere huileufe capable de s'en- de Paris.
flammer par la chaleur excitee , comme ils'en rrouve dans notre poudre : Annlt I7iii
mais li on en mcle artificiellemcnr , elle s'y enflamtne de meme.
Nous avons dit que le grand jour gare cecte poudre, quoiqu'enfermce
dans un vailTeau de verre bien bouchi- j la raifon en ell que le frot-
tement qui lui arrive par I'iiuroduction de I'humidite de I'air , n'eft paj
la feule caufe de la chaleur capable d'allumer I'huile contenue dans notre
poudre ; il faut encore que les particules de feu qu'elle a confervees
dans fes pores y conrnbuent \ 8c comme le grand jour , ou la matiere de
la lumiere en grand mouvement , frappe continuellement la poudre an
travers du vailteau de verre , elle degage peu a-peu celle qui s'y etoic
arrctee pendant la calcination , & la diminue , de forte qu'a la fin il n'y
en refte plus pour fe joindre a la chaleur caufee par le frottement de ''
rjiumiditc de I'air , He par confequenc elle ne peu( f'endaiiuaei^
Jbnw ///, Part'n Franfol/i,
o»
1^
COLLECTION
AcAD.RoYAtE
»s Sciences
ȣ Paris.
-i^^t.
.^M..
=^»
HISTOIRE NATURELLE.
Obfervations divcrfes^
Par M. Richer.
J'ai remarque etanc a Cayenne, die M. Richer, que le fang des mar»
fouins , lorfqu'on leiir ouvre le ventre etant en vie , n'eft gueres moins
chaud que celui des animaux terreftres \ mais il n'en eft pas de menie
des cortues dont le fang , quoiqu'elles en aient une grande abondance ,
eft moins chaud^qne les eaux douces de ce pays-la.
J'ai vn en ce meme endroit un crocodile enferme pendatic huit mois
dans une grande cailFe pleine d'eau , lequel ne mangeoic rien quoiqu'on
niit aupres de lui du poilFon & de la viande. On le changeoic d'eaii
tous les jours. Apres ce temps je le fis embarquer fur le vaifTeau dans
lequel je repafTois en France , mais ii mourut trois jours apres , ce que
j'attribuai d I'agitation du vaifleau.
Je fus beaucoup plus furpris de voir un poilTon long de trois a quatre
pieds, femblable a une anguille grofTe comme la jambe , & telle que
celle de mer que les pecheurs appellenc congre , lequel ecant touche
non feulemtnt avec la main, mais mctr.e avec I'extremire d'un baton,
engourdit tellement le bras & la partie du corps qui eft la plus proche,
que Ion demeure pendant environ un demi - quart d'heure fans pouvoir
le remuer ; on eprouve meme un eblouilfement qui feroit tomber fi Ton
lie prevenoit la chute en fe couchant par terre , & enfuire on revient au
meme etat qu'auparavant. Les Sauvages difent que cet animal, en frap-
pant les autres poiftbns'ayec fa queue, les endorr, & en fait aifement
la proie.
II y a un pourceau fauvage dans les bois en ce paysla qui a un troii
au milieu du dos par lequel il jette de I'ecume lorfqu'il eft pourfuivi
par les chalfeurs , ce qui a fait croire mal a-propos a quelques-uns que
cet animal refpiroit par ce trou ; je dis mal-a-propos , car ayant
difleque un de ces animaux , je vis que ce trou etoit I'ouverture d'u;i
petit refervoir fort uni au-dedans , a-peu-pres comme !e baftinet des reins
de I'homme , environnc tout autour d'une efpece de glande fpongieufe
& fort blanche , fans aucun conduit au travers dans les patties fpon-
gieiifes du corps. {Mf moires , tome FJI.^
^i%
A C A D ]& M r Q U E;
i?r
Sur unc FraxincUc monjirueufe.
Acad. U.OYALE
DEs Sciences
DE Paris.
J_j'ete de iiJyZjM. Marchand obferva un pied de fraxinelle dont les SveeuiuiHTt
fleurs avoienr un ftyle divife en cinq filets , & dont les filiques fc chaa-
gerent en feuilles d'un vert jaunatre , longues de lo a li lignes, larges
de 4 dans leiir milieu , pointues a leur extrcmite , fermes , roides &
lifTes , qiielques-unes legerement dentelees par les bords ; routes perdirenc
les poils dont elles etoient herilfces lorfqu'cUes eioiert encore filiques ,
Ik. emporterenc cliacune en s'alongeanc une partie du ftyle. Aucune de
ces rieurs ne porte graine ; les unes ctoienc vertes & les autres rouoes ,
quoique pendant dix ans ce nieme pied n'eut porte que des fleurs rou-
geatres. On avoir pu rompre quelques racines en voulant feparer cecte
plante , d'ailleurs i'annee avoit ete ftajiche & pluvieufe. (.^«/je'< i6^i.)
Sur quelques Serpents du Brejil.
Far M. Marchant.
i L y a dans le Brefil une efpece dc ferpent d'environ deux pieds dc
long , & de 5 a 4 pouces de tour , cjue les Portugais nomment cou-
leuvre a deux tetes , non qu'elle ait en etfet deux tetes , mais parce qu'elle
a au bout de la queue une grolFeur qui de loin a Tapparence d'une tcte.
M. Couplet en ayant tue Sc ecorche quelques-unes , fut couvert deux
ou trois jours apres de puftules qui ctoienc remplies d'eau roufle, &
qui n'etoient pas encore pallees trois mois apres.
Il tua d'un coup de fufil une autre couleuvre qui avoir plus de ij
pieds de long & 16 a iS pouces de tour; elle etoic route couverte
d'ccailles noires , blanches , grifes 8c jaunatres, qui routes enfemble faiLienc
un bel efFet. La niorfure des couleuvres de cette efpece eft venimeufe , cc
qui n'empeclie pas qu'on n'en mange la chair. {Annie 17CO.)
Sur VYquetaya & la grandc Scrophulaire,
Par M. Marchand.
j\X Marchand , aide de M. Homberg , a recoini que I'yquetayi , planre
du lirtfil , fort vancee pat les verrus par un chirurgien frangois etabli
€n Portugal , avoit entre autres proprietes , celle d'orer au fene fon'
mauvais gout & fa mauvaife odeur , fans aftbiblir fa vertu purgative, ll
a tiouve de plus que notre grande fcrophulaite aquatique , qui rellemble
O li;
l<>i
COLLECTION
■ parfaitement a I'yquetaya , a aiilli cette meme proprietc. . .. Il faut mettfff
AcAD.RovALE '^^"^ ^^ vaiffeau de terre une chopiiie d'eau commune que I'oiv fera
D£S Sciences chauffer jufqu'a ce qu'on n'y puKFe plus tenir la main; puis qn y jetrera
DE Paris. deux gros de fene, & en raeme terns autanc de feuilles feches de fcrophu-
'SvsFLtMEHT. ^ai"^s aquatique; on tetirera aufli-tot du feu rinfufion, &: cette infufion
etant reftoidie , eft un purgatif excellent qui a toutes les bonnes qualites
du fenc , fans en avoir I'odeut ni le gout [Annie 1701.)
Defcription d'un Foic dc Mouton^
tiaaaada [PI. II.) , la circonference du foie.
^^, la portion ou le fond de la velicule du fielenflee, & qui n'eft paf
attachee au foie.
ccc, les courbures ou anfraftuofites de cette veficuie.
dd, I'endroit du col qui s'unit au canal hepatique , deffgne fuivant la
grolfeur & la figure qu'on lui a trouvees.
eee, le canal hepatique tres-dilate.
ff, continuation de la joncftion des deux canaux cyftique & hepatique
qui forment par leur reunion le canal choledoque.
gg, I'endroit ou le canal pancreatique s'ouvre dans le choledoque qui
s'ell enfle en foufflant dans le choledoque.
hhhhhh, canal pancreatique.
iiili Portion du pancreas.
//, deux glandes conglobees, fituees aux cotes de la jondion des ca-
naux cyftique & hepatique qui leur font faire de chaque cote un enfonce-
reent ou courbure.
aaaaaaa [PL ///.), circonference d'un autre foie de mouton extreme^
ment grenele , & dont un endroit reftemble aflez a une portion de lobe du-
poumon foufflee.
bbbhbbb, la veficuie du fiel ouverte, ce qui laifTe voir quatre groffes
embouchures des canaux hepatiques dont deux font oppofces aux deux au-
nes : ces embouchures ne font que dans le col j on n'en a pu trouver dansi
fes autres parties de la veficuie.
cccc, les memes embouchures dans lefquelles aboutilTent plufieurs au--
tres tuyaux.
eeee , une poche ou dilatation du canal hepatique, dans laquelle fe
voient quatre embouchures oppofees les unes aux autres.
ffff, les embouchures ou ouvertures des canaux hepatiques ou biliaire?^
ggggg, plufieurs 'ftgnes pon<fituees qui marquent les difFerens endroirs
du foie on aboutiflent des canaux hepatiques de difFerens endroits de la
fubftance de ce vifcere.
hh, continuation des canaux reunis formanr le choledoque , dans lequel'
s'ouvre le canal pancreatique marque ii,
nil, le canal pancreatique.
nnnnnnn, cinq tronc$ de canaux hepatiques ouverts & tres-dilates,-
I
A C A D fe M I Q U E. 193
dont deux one a leurs extrcmites des tubercules ou dilatations faillantes fur 1 1— wt
la furface du lobe, fembiables a de erofTes varices ooeo. Arin RovAir
Cec endroit du lobe de toie reilembloit a une portion du lobe des pou- des Sciences
tnons foufFlee, de Paris.
Tons ces canaux dilates Sc variqueux etoient remplis d'une matiere bi- SurtLi-UEUt.
lieufe, vifqueufe , tenace , Sc ganiie de quantite de pellicules verdatres.
pp , les glandes conglobees marquees dans la figure preccdente.
La Figure tie la PI. IVreprefence la veJicuU duficl dun bauf, fon col. It canal
hepatlque , & unc portion du pancreas,
aa, h vellcule ouverte-
bl>, fon col ouvert.
cccc, le canal hepatique audi ouverr.
dd, une portion du pancreas.
«e, une ligne pondluee qui marque I'endroir ou s'ouvre le canal pan-
creatique dans le canal hepatique.
//, deux grofTes embouchures dans le canal hepatique.
an, plulieurs embouchures de vaifTeaux hepatiques au col de la veficule
du fiel , ou Ton palFoit un ftilet : le col de la veficule a paru crible , on n'a
fait de(Tiner ici que les ouvertures les plus apparentes.
kkkkkk, fix ouvertures de canaux hepatiques lefquels s'ouvrent dans
la veficule du fiel ; on fe croit fonde a croire qu'il y en a piufieurs autres.
Les vaifTeaux biliaires qui penetrent dans la veficule du fi^l, coulenc
obliquement entre fes membranes. [AnnU 1701.)
M
Sur h fens dont piufieurs corps fc tournent.
Parent, apres piufieurs recherches de tous les lima^ons de terre ,
de riviere , de mer , & meme pc'trifies , n'a pu trouver que trois efpeces
dont les coquilles fufient tournees de droite a gauche a les regarder la
pointe en haut j toutes les autres font tournees de gauche a droite.
II a etendu cette obfetvation fur les plantes , & il a trouv'e que fur jj
efpeces qui avoient leurs tiges tournees a droite , ii n'y en avoir que quatre
qui les euffent tournees a gauche; que dans 15 efpeces les goufles etoienc
tournees a gauche , & dans deux fculement a droite,
Il a remarque de meme que les fibres du cceur de I'hcmme fonttoujours
tournees en meme fens , les exterieures de droite a gauche en defcendant ,•
& les interieures de meme fens en remontant; & qu'au contraire le toupit-
Ion que forment les cheveux nailTans au fommet de latete, eft prefque?
toujours tourne de gauche a droite a I'egard de celui qui les porte. {Arf
ncc 1703. ;
i5>4
^CAD.ROYAIE
DBS Sciences
JDE PaiIIS.
COLLECTION
Defcription d'une Tortuc dc mer.
Par M. Mery.
J_j E s parties vitales de cette tortue etoienc renfermees avec les narurelles
/dans line meme cavite dont les poumons occupoieiit la partie fiipc-neiire
toute eiiciere; ils etoienc attaches au dos depuis le col jufqu'a la qm ue j
le ccEur etoit place (iir le devanc , & les parc.es narurelles lur le dernere : il
n'y avoic point de diaphragme qui les (eparat les unes des autres.
Le ccEur de cecte torcue etoit neanmoins renferme dans un pencarde au
fond duquel il etoit attache par trois petis ligamens charnus. Ce pcric.irde
etoit plein d'une liqueur claire & cranfparente comme I'eau la plus pure
dans faquelle baignoit le coeurj fa figure etoit conique; il avoit dtiix pou-
ces de long fur un pouce fix ligncs de large ou environ Au dedans il ctoit
partage en trois ventricules, lun a droite, I'autre a gauche & le troifieine
au milieu fous le ventricule droit.
Le ventricule gauche etoit fepare du droit par une cloifon charnue qui
avoit vers la bafe du coeur une ouverture ovale alTez femblable a celle qui
fe trouve dans la cloifon qui divife les oreiUettes du cccur du fosrus hu-
main. Cette cloifon dtoit d'ailleurs toute percee d'un grand nombre de pe-
tits trous par lefquels , de meme que par I'ouveriure ovale, ces deux ventri-
cules commuriiquent enfemble.
Il y avoit fur cette ouverture ovale deux valvules abattues, mais qui ne
la fermoient pas entietement , & par coufequenc n'empechoient point U
communication des deux ventricules.
Le ventricule droit communiquoit encore avec le moyen par une autre
ouverture qui avoir 536 lignes de long, fur j a 4. de large au milieu
de fa longueur. Dans ce paflTage de I'un a I'aucre il n'y avoic aucune val-
vule , & camme ce fecond trou de communication nvoit prefque autant de
longueur que le ventricule moyen avoit de profondtur , on peut ne confi-
der^r celui-ci que comme une continuation du ventricule droit dont il n'e-
toit diftingue que par un petit retrecilTement.
Les fibres dont ces trois ventricules etoienc conftruits au dedans , n'etanc
pas eiroitement ferrees les unes contre les autres , formoient dans leur capa-
cite une efpece d'eponge charnue j le ventricule gauche etoit egal a celui du
milieu, mais le droit paroilFoic lui feul audi grand que les deux autres pris
^nfemble.
Trois troflcs d'arteres fottoient de la bafedu coeur; deux de ces arteres
avoienc leur embouchure dans le ventricule droit , & la troifieme dans
celui du milieu. : ces trois vailfeaux n'avoieut chacun que deux valvules
figmoi'des a leur ouverture.
Les deux troncs d'arteres qui partoient du ventricule droit , avoient
leurs diametres a pen pres egaux : ils ctoient I'un &c I'autre compofes de
deux plans de fibres charnues tres-vifibles , couches I'un fur I'aucre. Les
A C A D fe M I Q U E. i^j
fibres Ju plan extcrieur ccoient difperfees felon la longueur des arteres , eel- «
les du plan interieur paroilFoienr circulaires. Acad. Royau
Ces deux plans de libres n'etoient pas fenfiblcs dans le troifieme tronc dls Scienxes
qui tiroit fon origine du ventricule moyen ; mais la capacirc de celui-ci °^ 1'aris.
etoit feule prefque audi grande que celle des dtux auttes prifes enfemblej SueeLi.itEtiTt
d'aillcurs fes membranes avoient moins d'epailTeur.
Des deux troncs d'artere qui forroient du ventricule droir places a cote
I'un de I'aucre , le droit s'avancant en devant le divifoit aufli-toten deux
grolTes branches; la premiere tirant en ligne droite vers le col, fe parta-
geoir en deux autres , Sc celles-ci en deux rameaux chacune , deux defquels
s'ctendoienc dans les nageoires de devant j ceux-ci faifcient les axillaires :
les deux autres places encre les premiers, fe portoient a la tcte & fonuoient
les carotides.
La feconde branche fe recourbanr du cote droit, pafToit fous la branche
droite de la trachee artere, aprcs quoi elie fe glilfoit entre les poumons
pour gagner le derriere du corps. En faifant ce chemin elle donnoic des
rameaux aux reins, a la velfie, aux parties de la generation & aux nageoi-
res pofterieures. Par cette diftribucion d'arteres , il me fur aife de juger que
ce premier tronc etoit celui de I'aorte, quoiqu'il partit du ventricule droit :
fa capacite. etoit un peu plus gtande que celle de I'artere que je vais
decrire.
Le tronc gauche formoit de fon cote la meme courbure que faifoit i,
droite la branche pofterieure de I'aorte, & fuivoit la meme route. Ce
tronc n'envoyoit aucun rameau dans les parties anterieures; il fe divifoit
feulement au dela du foie en trois branches, dont la premiere tenoit
lieu de cceliaque, la feconde de mefenterique , la troifieme, palTant de
gauche a droite , alloit fe reunir a la branche pofterieure de I'aorte, coni-
me fait le canal arteriel de communication dans le fcptus humain, &
c'eft par cetre raifon que j'ai donne a cette feconde artere le nom de canal
de communication , afin de la diftinguer du tronc de I'aorte.
Le troifieme tronc qui tiroit fon oiigine du ventricule du milieu, fai-
foit le corps de I'artere pulmonaire; ce tronc fe partageoit en deux bran-
ches confiderables qui formoient a droite & a gauche des courbures fetli-
blablcs a celle de la branche pofterieure de Taorte & du canal de com-
munication. L'une & I'autre palfoient foirs les branches de I'apre aTtete
pour fe rendre I'une- au poumon droit &■ I'autre an gauche. Le circuif
de ce troifieme tronc etoit prefque egal a celui de I'aorte & dll canat
de communication pris enfemble : ces trois arreres etoient jointes en-
femble par knrs membranes exterieares', depuis le ccEUr jufqu'a I'endroir
de leur divifion en branches.
Toutes les racines des veines d^cffa'qtie pbumorr, shaniflant enfemble','
formoient alafortie dei poumons uneVeine'de chaque c6t^ doht heir
pacite etoit moitie plus petite que celle des deux arteres pulmonaires , cef
qui merite attention. Ces deux veines alloient fe rendre .i I'oreillette gau-
che , a I'embouchure de laquelle elles fe joignoient enfemble par leur
extrCniite, fans former apres leur union un canal qui eiit feul la capa-
fite de ces deux veines prifes enfemble j ainll elles oe fojmoienc point de
ip(5 COLLECTION
_ tronc : chacune d'elles verfoic immediatemenc le fang qu'elle portoi: dans
7 n '. la capacite de cette oreillette qui n'avoit aucune valvule a fon emboiKhure.
des^Science" Les veines qui rapportoient au coeur le fang de toutes les autres par-
DE Paris. ties du corps , faifoicnt la mtme chofe ; de forte qu'il n^ avoit point
Su^FLiMEMT. de tronc unique a qui feul on put appliquer convenablement le nom de
yeinycave- mais elles fe reunilfoient en deux troncs diftmds , quoiqu'unis
enfemble , lefqueis verfoienc Ic fang qu'ils rapporcoient des extremitcs,
immediatemenc dans I'oreillette droite. Les veines axillaires qui s'ouvroienc
dans ces deux troncs, eroient remplies de fibres charnues qui formoient
par leur encrclacement une efpece de trelTe d'une ftruduie admirable,
dont on voyoit quelques rudimens dans le confluent des deux veines caves.
L'oreillette droite avoit a fon embouchure deux valvules qui formoient
entr'elles une ouvercure ovale , longne de fept a huit lignes, & large dans
fon milieu de trois a quatre. Cette ouvercure faifoit la communication
des veines dont on vient de parler avec cette oreillette.
La capacite de loreilletce droite paroidoit double de celle de I'oreil- _
lette wauche, ce qui eft a obferver, ainfi que la capacite des artetes pul-
monaites plus grande que celle des veines pulmonaires , pour determiner
a peu pr^s la quancite de fang qui pafTe par ces vailTeaux , 6i fa vicelle dif-
ference, . . , ,.,
Ces deux oreillettes etoient remplies de fibres charnues , qui etant liees
les unes aux autres en divers fens , formoient une efpece de rczeau , &
nicme de petites cellules alFez profondes. Ces oreillettes jointes enfemble
par le dehors , etoient fcpirces au dedins par une cloifon moitic charnue ,
moitie membraneufe qui n'avoit pas demi ligne d'epailfeur.
La partie membraniufe de cette cloifon, fake en forme de demilune ,
tomboit perpendiculairement fur la bafe du cceur , la partageoit en deux
en s'y unillant, & dlvifoit ainli I'embouchure du ventricule droit, d'avec
celle du ventricule gauche.
A cette meme p.utie membraneufe etoient attachees & fufpendues deux
valvules faites en forme de ctoilTant, iefquelles etant abailTees Tune dans le
ventricule droit & I'autre dans le gauche , ne formoient qu'en partie,
comme on I'a dcja fait remarquer plus haut , le trou ovale qui faifoit la
communication de ces deux ventricules. En cet etat ces valvules formoient
entc'elles une cavite; etant televees elles fe trouvoient paralleles a la bafe
du coeur • miis a caufe de leur forme de croilfant , elles ne fermoient
qu'environ la moitie de I'ouverture qui fert de communication entre les
oreillettes & les ventricules.
De ces dcux valvules, celle qui occiipoit Tentree du ventricule droit,
itoit feule; celle du ventricule gauche etoit accompagtjee de deux autres
beiucoup plus petites & non tnobiles , mais attachees a des colonnes char-
nues qui les fixoient interieurement a la pwty ^u,,-vent£icijle gauche,
^Annee 1705.) ,,.;.^^ , i, ',;;■. i •'!
, ^xtrait
A C A D ^ M I Q U E. 't97
ACAD.ROYALE
Extrait dcs Rc^ijircs dc l' Academic Royalc dcs Sciences , ces Scienxes
D£ 1'aRIS.
du IZ Mars /704. SvisUmuht.
M,
. E s s 1 E u R s Dodart , Maraldi & Litrre , nommcs par I'Academie pour
verifier qiielques fairs conrenus dans la defcription du cccur de la rortue
&c, faire par M. Mcry , one ccrtitid a la Coinpagnie : t". Que d^ns le
Cffiur mou d'une grande tortue rerreftre de I'Amerique , & dans le cosur
fouftle & feche de deux perites rortues de rerre, il n'y a ni grand , ni petit
rtlervoir dans les veines qui aboutifTent a leurs oreillettes; que Ics deux
veines du poumon ne font point de tronc commun , parce qu'elles aboutif-
fent chacune a Toreillette gauche, en fe joignant I une a I'autre par le
cote a I'endroit de leur aboutidement , & que ces veines etant vues exte-
lieurement, paroiflent plus etroites a I'endroit de leur concours que pat
tout ailleurs.
2". Que c'eft la mcme chofe dans les deux veines caves a i'egard de
roreillette de ces trois coeurs.
3°. Que dans les cceurs des deux petites lortues de terre & d'une vipere,'
foufflcs & feches, les deux valvules ligmoides adofTces entr'elles & arta-
chees a la cloifon des deux oreillettes, etant foulevees , ne ferment point
les embouchures des oreillettes aux ventricules, & qu'et.mt abailTees dans
un coeur mou , elles ne ferment pas non plus ex.idtement le trou ovale qui
eft dans la cloifon chainue qui fepare le ventricule droit d'avec le gauche.
4", Que les deux valvules qui font placees a I'embouchure des veines
caves avec I'oreillette droite, laillent entr'elles une ouverture ovale qu'elles
ne ferment pas.
5*. Que dans le cceur qu'on leur a dit etre d'une anguille, fouffle & fe*
che, les deux valvules de I'aorte ne la ferment point exacflement.
6°. Que I'air fouffle dans le ccrur mou d'une grande tortu' de I'Ameri-
que, foit par les veines, foit par les arteres, remplit & enfle fes ventricu-
les, fes deux oreillettes & tous fes vaUfeaiix.
7''. Que dans le cosur dcs deux grandes torrues de mer il n'y a qu'une
valvule a I'embouchure de I'oreillette droite au ventricule droit, & trois a
I'embouchure de I'oreillette gauche ou ventricule gauche.
7°. Que des trois troncs d'arteres qui fortent des ventricules du cocur, il
y en a un qui , apres avoir produit I'artere cocliaque & la mefenterique , fi-
jiit en s'abouchant a la branche pofterieure de i'aorte.
9°. Qu'il n'y a que deux valvules figmoides a rembouchure de chaque
tronc d'artere.
i'. Que Ics tortuej de terre ont des pieds, & celles de mer des na-
geoires.
ii». Que la figure des coeurs de tortues de terre reprefente une demi-
fphere un peu applatie ; que celle des cceurs des tortues de mer reffcmblj k
un cone , de forte que la plus grande dimenfion des cceurs des premie-
Tsnu III , Panic Franfoiji. P 1
DE Paris.
', SvFSi.t.VENT.
193 COLLECTION
, ■ res , eft d'un cote a I'autre de fa bafe , & que dans les coeurs des dernleresh
/. p elle eft de la bafe a la pointe.
D£s'sci°Nc1" Les memes Gommiiraires one encore certifie que M. Mery leur a faic
voir le caur & les vailfeaux de la tortue terrtftre de I'Amerique dunt ou-
verts.
11°. Que la futface interieure des veincs qui rapportent le fang dans
les oreillettes du caur de cet animal , eft fort lilfe &c polie , qu'il en eft ds
mtme des veines du poumon dans la tortue de mer^ qu^au contraire dans
celle-ci les veines caves & les axillaires font garnies de fibres charnues qui
forment dans les axillaires une efpece de treffe dont on voir quelque vef-
tige dans le concours des deux veines caves.
ij». Que dans le ccEur de la torrue de mer il ny a que trois cavites
qui communiquent enfemble pat deux endroits; que le coeut de U tortue
terreftre de I'Amerique en a quatre qui ont aufli communication entr'elles
par trois detroits.
14". Que du CGcur de ces deux efpeces de tortues, partent trois troncs
d'arteres j que du ventricule gauche de I'un & de I'autre , il ne foit aucun
de ces trois troncs j que dans la tortue de mer le ventticule droit donne
naiftance a deux de ces troncs qui font I'ofiRce de I'aorte & du canal arteriel
de communication , place dans le fcEtus entre I'aorte defcendante & I'artere
du poumon; mais qu'il ne fort aucune artere du ventricule droit du coeur
de la tortue terreftre de I'Amerique; que dans celle-ci les deux premiers,
troncs tirent leur origine de la cavite qui communique immediatement
avec le ventricule droit ; que dans la tortue de mer , I'artere du pou-
mon fort de cette meme cavite ; que dans celle de terre I'artere du pou-
mon part du ventricule qui communique avec ceUu d'ou fottent laorte
£c le canal de communication.
15*'. Qu'au haut du detroit du ventricule droit a la cavite d'oii pattent
Paorte & I'artete de communication , il y a dans la tortue terreftre de
I'Amerique , une valvule faite en forme de croiilant , & qu'il n'y en &
point dans celle de mer.
I <S°. Que dans I'une & dans I'autre il n'y a qu'une valvule a I'enrcee du
ventricule droit , & trois a I'entree du gauche.
17°. Qu'a I'embouchure de Toreillette droite avec les veines caves, il
y a deux valvules dans ces deux efpeces de tortues; qu'il n'y en a au-
cune a I'embouchure de I'oreillette gauche avec les veines du poumon.
18°. Enfin qu'a Tembouchure de chacun des trois troncs d'artere du
coeur de la tortue de terre & de mer , il n'y a que deux valvules. ( ^ri-
nse 1703.)
A C A D 6 M I Q U E. 199
Sur una efpcce dc Talc qu'on trouvc communcment prochc Paris, '^de''s"s^°^'*'''
au-dcJJ'us dcs bancs dc picrrc a pldtre. ' m. Par^s ."
Par M. DE LA Hire. ■Annec 1710^
T
1-j'u M E des pierres tranfparences des plus curieufes que nousayons 5c det
plus c^ipables de donner de Tc-xercice aux Phyficiens fyfthematiques, eft
celle qu'on appelle communemenc le cryftal d'Iflande : c'efl: une pierce
fort traiifparente & plus claire que le plus beau verre : mais on pourroic
I'appeller plus juftement un talc qu'un cryftal , pour les raifons que nous
dirons dans la fuite. C'efta M. Erafme Bartholin , Mathematicien Danois,
qu'on eft redevable de la decouverte de cette efpece de talc. M. Huceni
s'eft aufTi fort etendu fur {es proprictes , & j'ai eu occafion de verifier
leurs experiences, & d'en tenter de nouvelles fur deux gros morceaux de
cryftal d'lilande qui me font t. mbes entre les mains.
Ce n'eft pas fans raifon qu'on pent appeller cette pierre plutot un talc
qu'un cryftal , puifqu'une de fes principales proprietej eft de le fendre ailer
facilement en tous fens, mais toujours parallelement al'une des fix facet
qui en forment la figure , laquelle eft toujours un parallelipipede obliqu'an-
gle , |& par confequent tous les fragmens feront des patalleiipipedes dont
les huit angles folides qui font de deux efpeces, feront femblablement
pofes dans les plus petits motceaux comme dans les plus gros. Les fix faces
qui forment ce corps font des parallelogrammes obliqu'angles , Sc dont les
deux angles obtus oppofes font chacun de joi degres & jo minutes, 8c
par confequent les deux autres qui doivent etre les fupplemens font cha-
cun de 7S degres jo minutes : c'eft ce que m'ont donne m.s obfervations.
II y a dans ce parallelipipede deux angles folides feulement qui font op-
pofes & qui font formes par trois des angles obtus des faces : les fix autres
font chacun compris par un des angles obtus 8c par deux desaigus; car ii
J a en tout 11 angles obtus egaux entr'eux , & i 1 angles aigus aulfi egauz
entr'eux. Les inclinaifons des faces one deux efpeces d'an^les , dont il y a
fix obtus chacun de 105 degres , & fix aigus de 75 chacun qui font les fup-
plemens des autres. Ces mefures font un pen differentes de celles dc MM.
Bartholin & Hugens ; ce qui pent venir de la difficulte qu'on a pour en fairc
les obfervations avec exaditude , a caufe que les angles aigus n'y font pas
auftl-bien termines que les obtus. Voila ce qui regarde la figure de cette
pierre : mais ce qu'elle a de plus confiJerable , c'eft de doubter tous les
objets qu'on regarde au travers de deux defes faces paralleles quelles
qu'elles puitrentetre ; & la diftance entre les deux images apparentes d'un
meme objet eft d'autant plus grande que les faces font plus eloignees Tune
de I'autre , ou que le cryftal eft plus cpais. Cette apparence eft plus fenfi-
ble , fi I'objet eft un point ou une ligne noire marquee fur la race de li
pierre :ce n'eft pas feulement la duplicite de I'objet qu'on doit confiJerer
dans cette pierre, mais c'eft encore la maniere dont elle fe fait, qui eft
par-tout dans la ligne qui paffe par I'objet , laquelle eft parallele a celle
qui diiife en deux cgalement Tangle obtus de la face ou cet objec eft
Pi ij
Annit ijio.
500 COLLECTION
— marque. Cette image double d'un meme objet fait connoitre qu'il fe
AcAD.RoYALE fait necelTairement une double rcfradtion dans ces corps ; aufll on y en
DES Sciences .obferve deux dirtindes & differences I'une de I'autre : la premiere qui lui
DE Paris. gft commune avec celle qu'on remarque dans tous les corps tranfparens,
qui depend de I'inclinaifon que fait le rayon incident avec la ligne qui
eft perpendiculaire a la face du corps oil fe fait la refra6bion : la feconde
qui eft propre a ce cryftal, & qui vient d'une autre inclinaifon que fait le
rayon incident avec une autre ligne alfez inclinife a la meme face ; d'oii
il fuit que fi le rayon incident eft joint avec une de ces lignes , il ne fouf-
frira point la refradion qui depend de cette ligne, mais il foufFtira celle
qui depend de I'autre , & par confequent il y aura toujours une double
image de Tobjetcomme dans routes les autresindinaifons.
J'ai fait audi plufieurs experiences que j'ai repetees en bien de tiianieres,
lefquelles m'ont fait connoitre que dans la premiere des deux refradions
de ce cryftal, le finus de Tangle d'incidence dans fair etoit au finus de
Tangle rompu dans ce corps, comme 5 a 5 , ce qui marque que ce corps,
quoique fort tendre , fait cette refradion plus grande que celle du verre ,
qui eft comme 47 a 5, quoique le verre foitbeaucoup plus dur. Pour ce
qui eft de la feconde refradion qui eft propre a ce corps & qui double
I'objet , M. Bartholin croyoit quelle dependoit d'une ligne ou rayon qui
etoit toujours parallele aux aretes des faces qui font aux cotes de celles
ou fe fait la refradion j mais M. Hugens dit que cette ligne n'eft pas pa-
rallele a ces aretes : pour moi I'ayant examine avec grande attention &
en plufieurs manieres , j'ai trouve que cette ligne etoit plus perpefidicu-
laire a la furface du cryftal d'un degre , ce qui eft peu de chofe dans des
recherches aufli delicaies que font celles-la ; & enfin j'ai remarque que
le finus des angles d'incidence dans lair par rapport a cette ligne & dans
cette feconde refradion, etoient au finus des angles rompus a-tres-peu-
pres comme 4 T .1 3 , ce qui eft comme celle du verre de } a. 1.
On remarquera que I'image de la feconde refradion paroit toujours
plus bafte que celle qui vient de la premiere ,donr il eft facile de rendre
raifon par les regies de diopcrique & fuivant ces differentes refradions ; &
pourquoi chacune des images doublees ne paroit a peu-pres que de la moi-
tie de la force de ce qu'elle devroir paroitre fi on la regardoit fans aucun
corps entre-deux : c'eft pourquoi quand les parties des deux images fe
couvrent I'une I'autre , comme il arrive en un certain fens a un trait noir
trace ou applique contre le cryftal , cec endroit paroit deux fois plus fort
que par tout ailleurs.
L'examen que j'ai fait de ce cryftal d'Iflande m'a engage a confiderer
avec attention celui que nous avons dans ces tjuartiers ci , &qui fe trouve
communement au-de(Tus des bancs de pierre de placre:ce talc de platre
eft une pierre tranfparente qui a beaucoup de rapport au talc qui nous
vient du Levant; mais fa figure naturelle eft tout-a-fait finguliere, &: elle
eft toujours la meme dans tous les morceaux que nous en voyons. Le plus
grani rapport qu'il ait avec le vetitable talc , c'eft qu'il peut fe fendre en
iaraes on feuilles ttes-deliees :feulemeu: lej feuilles du notre font plus.
A C A D 6 M I Q U E. )oi
petites & bien plus cafTantes que celles du talc ordinaire, mais les lames
n'en font pas moins tranfparentes.
On trouve ordinairemenr mie infinite de morceaux do cette pierre qui
font de mediocre grolTeur, dans un banc d'une terre gralle & blanche qui
eft au-dcirus des nialTes de la pierre dont on fait le platre ; 8c ces mor-
ceaux ne confervent aucun ordre dans cette terre ou Ton connoit qu'ils fe
font formes , ni mcme aucune difpofuion uniforme , mais ils y font femes
comme au hafard, & plufieurs nennent prefque les uns nux autres , n'en
etant ftpares que par quelque peu de la terre grafle oii ils font.
La figiire de ce talc eft a-peu-prcs femblable a un fer de Heche comme
on la voir ici en A B C D ( A^ PL y. a la fin du vol. ) qui en reprefente une
des faces; cat il y en a toujours deux qui font paralleles, & felon lefquelles
la pierre fe peut fendre en lames : il y a aufti une de ces faces qui eft plus
grande que I'autre ; on en trouve des morceaux de 1 1 & 1 5 poucesde long :
ils font tous fourchus par I'un des bouts qui eft le plus large , comme on le
voir en C A D , & I'autre extremite vers B fe termine en pointe ; I'epaideuc
eft d'un pouce environ dans ler morceaux de mediocre grofleur. C'eft au
travers de deux faces paralleles qu'on voit les objets alTez clairement , au
moins dans les morceaux nets 6i blancs j car il s'en trouve plufieurs qui
tirent fur un jaune roulTeatre.
Chaque morceau eft divife naturellement en deux fuivant fa longueur,'
comme on le remarque fur la furface par la ligne dioice A B qui va de la
fourche A a. la pointe B , & le plan qui les fepare eft perpendiculaire aux
faces : ces deux pieces fe touchent pour I'ordinaire immediatement , n'e-
tant diftinguees I'uiie de I'autre que par I'inegalite de la matiere qui fe
rencontre en cet endroic-li , ou il fe trouve aulli quelquefois un peu de la
terre oii fe forme ce talc ; mais ce n'eft que par quelques intervalles. On
trouve aulli fur les cotes & en quelques endroits une efpece de croute d'une
pierre fort dure.
Les cotes exterieurs qui terminent cette pierre ne font pas pour I'ordi-
raire des angles droits avec les faces , mais un angle aigu du cote de la face
la plus large de 75 degres & fon fupplement de I'autre cote, & c'eft ce qui
fait que les deux faces ne font pas de mcme grandeur dans chaque morceau.
Les cotes de cette pierre ne font point polis naturellement , n'ecant formes
que par les extremites de chaque lame qui font toujours couvertes d'une
petite croute jaun.atre : auffi Ton ne peut appercevoir les objets que fort
confufement au travers de ces cotes , a moins que d'oter cette croute & y
mettre quelque vernis j mais cela eft fort difficile a executer , a caufe d'un
peu de liaifon qui! y a entre chaque lame , ce qui fe voit fort bien par des
petites fclures qui regnent dans la longueur de ces cotes.
Quelquefois il arrive qu'une des pointes de la fourche eft un peu feparee
de fon morceau , auquel elle n'eft jointe qu'alfez irregulierenient par un peu
de la terre gralFe qui eft autour ; & quand on la fepare entierement , on
trouve que ces pointes font feulement adherentes au refte par des portions
de lames epailTes d'une ligne environ qui avancent plus ou moins dans la
pierre , iSc qui y font liaifon , comme patient les masons..
Quand o« aenleve quelques lames brutes qui font fut iafutface de ces
ACAD.ROYALH
DES Sciences
DE Paris.
Annii 1710.
jei
COLLECTION
m morceaux de talc , on y appergoic diftindemenc des traits commeEFqui
Acad. RoYAiE ^'^"'^ ^^ ligne du milieu A B vers I'exterieur ou !es bords , cant d'un cote
PES Sciences que d'autre , lelquelles font avec la ligne du milieu A B un angle aigii A E F
DE Paris. vers la fourche A de (Jo degres a trCs- peu- pies. On y remarque encoce
iAnnii lyio, d'autres lignes comme G H , qui vont aufli du miiieu vers les bords, Sc
qui font un angle aigu BGH vers la poince B de 50 degres; enforce que
Tangle aigu que font ces deux lignes , quand elles fe rencontrent , elt de
JO degres : aufli arrive-t-il toujours que, iorlqu'on fend ce talc en des
lames tres-minces , ce qui ne peut fe taire qu'avsc un couteau fort ttan-
chant en coinmen(jant par I'exterieur , dont on doit oter auparavant la
petite crouce quiy eft, la plupart de ces lames fe rompent en figures trian-
gulaires dont les angles font toujours de 50 , de (Jo & de 70 degres; ce
qui eft tres-fingulier dans cette pierre. On voir aufli quelques fragmens de
ceslames minces qui ontaufllla figure d'un parallelogramme qui eft co.Tipofc
de deux de ces triangles joints enfemble.
On peut conje(5lurer de la allez vraifemblablement que la mafle'de ces
deux morceaux de talc n'eft compofee que de lames tres-deliees , peu adhe-
renres les uiies aux autres , 8c que chacune de ces lames eft formee par
de petites lames triangulares qui en font les elemens, lefquelles font tor-
tement coUees enfembie pat leurs cotes , ce qui fait qu'elles ont beaucoup
de fetmete quoiqu 'elles foient tres-minces, chacun de ces pctits triangles
elementaires ayant trois angles aigus & inegaux de 50, (Jo & 70 degres ,
comme on le voir dans les morceaux de ces lames qui fe rompent, lefquel-
les ne font que des aflemblages de ces memes triangles (flementaires qui
forment des triangles femblables a leurs elemens ; car ces lames qui fonc
aflez calTantes , donnenc toujours ces memes angles quand on les rompt.
Si les cotes de ces triangles elementaires ne font pas un angle droit
avec leurs faces , mais de 7 5 degres d'un cote 8c fon fupplcment de
I'aiJtre , ce qu'on ne fauroit obferver, il arrive aufli qu'en fe joignant
enfemble dans le meme ordre , tout le cote du morceau qu'ils formetont
aura cette inclinaifon avec la face , ce que Ion obferve tres bien.
La difference des angles & des triangles elementaires fera aufli que ,
fuivant leurs difFerens arrangemens en formant les l.imes, les cotes de ces
lames feront paralletes a la ligne du milieu, ou bien inclines de 10 degres
a cette ligne ; ce qui forme aufli la pointe des morceaux dont les faces
fontjtoujours indinees a la ligne du milieu de 10 degres de chaque cote quand
ils leur font inclines , ce qui arrive prefque par-tout. Car Tangle AEF
etant toujouts de (Jo degres , & Tangle BGH ou BEI ou BEK de 50 ,
Tangle FEI ou FEK fera neceflairement de 70 ; & fi le triangle FEI qui
doit avoir fon angle FEI de 70 degres , a fon angle EFI de 60 degres ,
& par confequenc Tautre EIF de 50, il s'enfuivra que le cote Fl fera
parallele a AB. Mais fi Tangle EFI ou EFK eft de 50 degres & Tautre
EKF de (Jo , la ligne FK fera avec la ligne du milieu AB vers B un angle
de 10 degres, & c'eft ce qu'on voir ordinairemenr. Ces deux cas peuvent
arrivec dans la premiere formation des lames, les triangles comme FEK
prenant une Htuation renverfee , Tangle en E demeurant toujours le
pieme. Et comme on peut croite qu'avant que les lames fulfent formees
A C A D fe M I Q U E. joj
leurs Clemens triangulaires nageoient dans une inatiere qui , ayant un
mouvement , les rangeoi: les uns » cote des autres dans un certain ordre
oil ils fe pla^oient par rapport d Icur figure , U eft arrive que les cotes
de ces lames ont pu etre inclines I'un a Tautre d'un angle de lo degres ;
car je ne confidere ici que la moinc d'une lame entiere , qui eft toujours
cUvifce en deux par une ligne comme AB : mais enfin f\ dans cette for-
inarion des lames il eft arrive, par quelque cas particulier, qu'un feul de
ces elcmens ait pris une polltion diiisrente , les autres qui fe font accom-
modes a celui-la par le mouvement du liquide ou ils etoient , ont difpole
les cotes de la lame a etre paralleles entre eux. C'eft dans la premiere forma-
tion de ces lames que leurs elcmens s'etanc joints les uns aux autres par leurs
cotes, elles ont pris une fermete confiderable : mais alors routes ces lames
ayant encore entr'clles une matiere liquide qui n'a pu fe difliper , oii seehap-
per qu'avec le temps, les lames n'ont pu fe joindre tresfottement les
unes aux autres par leur fuperficie j enforte que pour peu de matiete etran-
gere qui foit reltee entre-deux , on aura toujours beaucoup plus de faci-
lite a feparer les lames des morceaux de ce talc , lefquelles paroident aufQ
feparees les unes des autres, qu'a rompre ces memes morceaux de travers,
car ils ont une ties-grande fermete en ce fens-la ; ce qui pent venir encore
de ce que cliaque triangle elementaire d'une lame fuperieure ne repond
pns exadlement a ceux de la lame inferieure.
Pour ce qui eft de la formation de la fourche CAD , voici ce que f'y ai obfer-
ve & comme je penfe qu'elle auroit pufe former. L'angle de ces cornes com-
me ACH ou Ad H eft ordinairemenc de 50 degres > qui eft le plus petit
des trois angles des elcmens; & fi le cote extcrieur du morceau fait avec
la ligne du milieu un angle de lo degres vets la pointe, il s'enfuit que
l'angle de la fourche CAD doit etre de 120 degres; & c'eft aufli a-peu-
prcs ce qu'on y obferve , car pour I'ordinaire elle n'eft pas bien diftinfte.
On remarque audi en quelques morceaux de ce talc , que les cornes font
feparees du corps du morceau par un peu de la terre gralle qui eft autour ,
ce qui a pu arriver dans le temps de la formation : & cette fcparation n'eft
pas reguliere , car il y a plufieurs couches epailTes d'une ligne environ ,
qui s'avancent plus ou moins Sc qui tendent a fe joindre au morceau , en'
confervant la figure naturelle des angles des fuperficies. Quant a la for-
mation des cornes , je dis que s'il s'eft rencontre quelque corps etranger vers
A , qui ait empeche les deux triangles eiementaires qui devoient s'y placer
de fe joindre a ceux des c6tes, alors laliaifon entre les deux parties des lames
erant interrompue dans cet endroit , le refte a du achever de fe former & de
fe terminer dans la pointe de la come par des iignes paralleles a EF d'un
cote Sc d'autre en A C & en A D ; car la figure naturelle des triangles
eiementaires en fe joignant formera toujours des triangles femblables aux
Clemens.
Tout I
ce talc
rencontre
temps de la formation, par des parties & par des corps etrangers qui ont
dctoutne les triangles eiementaires & qui leur one faic prendie , a I'ex*
ACAD.ROYALE
DES Sciences
DE Paris.
Annii 1 7 1 o.
iH
COLLECTION
.AcAD.RoyALE
EEs Sciences
PE Paris.
' lAnnh i 7 1 o-
teiieue feulement , des figures difFeceiues de celles qui doivent naJtte de
I'allemblage des elemens , lans qu'on puifTe I'appercevoir dans ce corps,
a caiife de la petitelFe de ces elemeiis , comme on le voit par des cotes un
pen en ligne courbe , par quelques angles un pen plus petits ou plus
grands que ceux des elemens , S< alors ces cotes doivent avoir de pctits
redents , dont on en appercoit quelques-iins dans les fradluces iriegulures
des lame? j & enfin on voit des morceaux de ce talc qui en ont d'autres
attaches par leurs cotes ; quelques-uns ont leur pointe qui s'allonge en
parallelipipede , feulement d'un cote; d'autres ou vers la pointe ils'tft forme
un autre morceau femblable a I'ordinaire &: qui lui eft oppofe ; & enfin
mille varietesde cette nature, qui ne font , pour ainii dire, que des jeus
de cette fortuation.
Apres avoir examine la figure de ce talc , j'ai fait toutes les obfer-
vations necelfaires pour en reconnoitre les refradtions. Je les ai con-
fidcrees d'abord entre les deux faces paralleles , qui eft le feul endroit
par oil cette pierre eft natureilement tranfparente , & dans des plans per-
pendicuiaires a ces faces , comme on fait ordinairement pour mefurer
la refradion ; & de plus, dans tous les fens differens , comme fuivanc
fa longueur par le mdieu de la pointe vers la fourche; dans fa longueur
fuivant le cote , & d;ins fa longueur perpendiculaitement a la ligiie du
milieu & auxcoies, & j'ai trouve par-tout & dans tous les differens
angles d'inclinaifon , que le finus de Tangle d'incidence dans fair etoit
au finus de Tangle rompu dans le corps comme 5331, qui eft a-peu-
pres la meme que celle de Tair dans le verre de 3 a i ; & cette refrac-
tion eft audi la meme que celle qui eft particuliere au cryftal d'lflande,
Enfin , ayant fepare un des morceaux de ce talc en deux par le plan qui
en divife la longueur & qui eft perpendiculaire aux faces , j'ai examine
audi qu'elle etoic la refraction par le cote au travers de fon epailFeur , &:
cette refradtion fe faifant dans un plan parallele aux faces, ce qu'on ne
peut pas faire quand les deux moitics lont jointes enfemble a caufe de
la trop grande epailTeur , & que le milieu ou eft la feparation n'eft pas
alTez net. Mais ayant drelfe ce milieu, & Tayant frotte ou enduit d'un"
peu d'tau de gomme , comme aufli le bord exterieur qui n'eft pas poli,
pour pouvoir appercevoir au travers un corps noir , j'ai remarque que
la refracfbion , en ce fens - la , etoit aufll la meme que la precedente ,
de5 a 5 4.
Mais n'etant pas encore content de toutes ces obfervations , j'ai voulu
voir fi les fentes ou felures qu'on appercoit par le cote de cette pierre,
ne produiroient pas quelque eftet particulier ; & pour le faire plus fen-
fiblement , j'ai applique un fil de fer fuivant la longueur de ces fentes,
& en regardant au travers du talc , fon image me paroiiroit en deux endroits
differens, ou beaucoup plus large qu'elle n'etoit en cffet, avec un efpace
plus clair entredeux , ce qui eft une efpece de duplication de retraftionj
& faifant mouvoir doucement ce fil de Rr , & toujouts fuivant la lon-
gueur des fentes , je voyois fon image comme fautant d'une place a une
autre , & toujours doublee. Pour rendre ces obfervations plus fenfibles a
caufe que ce talc eft trouble par le cote , il faut Texpoier fort proche
de
I
A C A D E M I Q U E. joj
tie la lamlere d'une chandelle &'appliquer le fil de fer tout centre le ..
corps. Acad. RoYALi
Oh trouve encore a PafTy , proche de Paris, aux environs de la fon- des Sciesces
taine des eaux mineralcs , de pecits morceaux d'un talc qui eft de la ^^ , aris.
mcms efpece qua celui dcs carrieres de platre , car il fe peut fendre de -Annii 1710.
mime par lames tres-minces \ \\ ell fort clair 6c fort tranfparent , &
Ton volt qu'il eft forme dis mimes elemens triangulaires que celui du
litre; miis la figure de fes deux faces qui font paralleles , & fuivant
aquslle il peut fe fendre , eft un parallcLgramme , qui a deux angles
aigus de 5 o degres cliacun. Les cotes de ce talc font avec les faces , d'un
cote cc d'autre de chaque face, des angles de 115 degres environ, cat
il eft diifictle de les melurer exattement , a caufe que les faces des cotes
ne four p.is unies , n'ctant formees que paries extremites des lames qui
y font des inegalitcs fuivant la longueur de ces cotes. Ce qu'il y a de
particulier a ce talc, c'eft qu il fait un angle faiUant de 110 degres,
a-peu pres vers le milieu de fon cpailTeur des deux cotes, enforte que
la figure feroit un parallelipede a fix faces , fi fes deux extremites ou
bafes etoient planes , mais elles font aulTi un angle faillant vers le milieu
de I40 degres environ.
Pour ce qui eft de la mefure des refrattions de ce talc , ;e n'ai pu
en faire des obfervations exadles , a caufe que les morceaux en font trop
petits , & je n'ai point remarque que les objets parulTent doubles en
regardant a travers les faces paralleles.
Examen de la Jbie des Araignees.
Par iW. D E R E A U M U R.
iVL. Bon , premier Prefident de la Chambre des Comptes de Mont-
pellier ayant prefente a I'Academie des Sciences des bas & des mitaines
faits avec la foie des araignees , I'Academie me chargea avec un autre
academicieii de fuivre cette decouverte. Il nc s'agilfoit plus de favoir
11 les arai'gnees filoient dans certain terns une foie propre aux ouvrages ;
ie fait etoit conftate : je me propofai done de trouver le moyen d'elevec
& de nourrir a peu de frais une grande quantite d'araignees & de re-
connoitre fi leur foie feroit a aulU bon marche que celle des versa foie ,
ou bien au cas qu'elle fut plus chere , fi cet inconvenient fetoit com-
penfe par quelqu'autre avantage.
L'adrelfe dont fe fervent les araignees pour attraper les mouches , a appris a
tout le mondequ'ellesfenourilTentdeces infedesjinais onjuge aif^ment qu'il
n'eft pas pollible de nourrir avec des mouches autant d'araignees qu'il en fau-
droit pour fournir de foie des manufadures. Le naturel vorace des araignees
ne perniittoit pas d'efpdrer qu'on put les noutrir avec aucune partie des plan-
tes ; ainfi ni les feuilles, ni les fleurs , ni les fruits ne devoient etre d'aucune
reflburce. Je ne laitTai pas de tenter ces fortes d'alimens pout n'avoit
Tome III , Partie Fran^oift. Q 1
3®^ COLLECTION
. pas a me reprocher d'avoir neglige quelque chofe ; 8i parce que je favofe
Acad. RoYAiE qu'en matiece d'experience , les refulcats font fouvent tres difterens de ce
"de Paris^^ qu'on attendoit; mais tout ce que je leur donnai en ce genre ne fut point
, ' pour elles une nourriture. J'avois obferve que les araignees des jardins Sc
^nnu lyio. jjgj maifons, & celles qui habitent les trous des vieux murs, mangent
egalement & les mouches 6c les autres infedtes lorfqu'ils s'embarraffenc
dans leurs toiles ou lorfqu'ils fe trouvent a portee d'elles, c'eft pourquoi
je m'avifai de leur donner des vers de terre quoique je n'en euffe ja-
mais trouve dans leurs toiles, ni dans leurs trous. Get infede rampant efl
aulTi commun que facile a prendre ; les jardins , les champs en font rem-
plis : apres les nuits pluvieufes, les allees mtme des jardins font couver-
tes de petits morceaux de tetre ronds & tournes en fpirale , lefquels ca-
chent autant de trous par lefquels font fortis les vers de terre. On peuc
j'en procurer aifement en les cherchant la nuit avec une chandelle,
pourvu qu'il n'ait pas fait une grande fecherefTe. Ayant done renfermc
dins des boites plufieurs grofTes araignees de diverfes efpeces qui avoient
p.ure riiiver, car il y en a qui vivent plufieurs annees, je leur donnai des
morceaux de ver , S>c je reconnus qu'elies s'en nourrifToient non-feulement
parce qu'elies vecurenc. Cette preuve eut etc infuffifante , car j'avois
moi-meme autrefois garde une araignee de maifon en vie pendant plus-
de trois mois, fans lui donner aucune nourriture. On fait d'ailleurs que
les petites araignees qui eclofent dans le mois de Septembre, vivent en-
viron huit ou neuf mois fans manger, Mais comme j'avois renferme mes
araignees dans des boites couvertes de verre, j'obfervois aifement fi elles
s'attachoient a la nourriture que je leur avois donnee, & je les voyois
attaquer les morceaux de ver, lefquels, comme on fait, confervent du
mouvement quoique fepares du refte du corps , comme on les voit at-
taquer les infedies a qui il refte encore quelque force apres s'etre laifTes
prendre dans leurs filets : les divers mouvemens des morceaux de ver
excitoient les araignees accoutumecs a vivre de proie j d'ailleurs elles con-
ferverent leur grofl'eur & leur vivacite, ce qui n'arrivoit point a celleg
que je lailfois fans nourriture. Enhn ce qui eft plus decifif , plufieurs fi-
rent des coques dans lefquel es leurs oeuts etoienr renfermes. Je tentai
enfuite diverfes fortes de viandes, mais )e vis qu'elies ne la cherciioient
point , & que lorfqu'elles la rencontroieJit , elles s'appliquoient raremenr
oelFus , peut-etre parce que I'appetit de ces infedlts feroces veut etre
excite par des animaux vivans. J'miaginai cependant une autre nourriture
qui fupplee apparemment a cet avanrage , par le gout exquis que les
araignees y trouvent. Les jeunes araignees qui ne font que d'abandonner
leur coque , la preferent a toute autre; je ne I'jmployai qu'a caufe du
rapport qu'elle me parut avoir avec la chair tendre & moHa des infec-
tes que les araignees fucent ; elle confifte dans cctte ful^ftance qui rem-
plit les plumes des jeunes oifeaux , avrnt qu't lies foieni parvenues a leiic
parfait accroillement. Lotfqu'on attache de ces jeunes plumes, en voir
qu'elies font fanglantes par le bout & que le tu)au en eft mou. Si Ion
prelTe ou fi Ton dilfeque ce tuyau, on le trouve rempli dune ful ftance
lendre & garnie d'un grand nombie dft vaiiTeaux qm lailTent echappex
A C A D 6 M r Q U E. jar
du fan; lorfqu'oii les coupe. Aprcs avoir arrache de ces plumes a de
jeuiies pigeons on a de vieux auxcjuc-U j avois ote quelque tcms aupara-
varjc les grollcs plumes de la queue S< des ailes , je les divifois en petits
morceaux d'une ligne ou d'une demi-ligne de longueur j je donnois ces
petits morceaux aux araignees qui sen accommodoient tort , les jeunes
fur-tout; j'en voyois quelquefois cinq a lix alleniblces fur un mcme mor-
ceau de plume que chacune fugoit du cote oil il avoir ete coupe.
Les araignees s'accommodant de ces alimcns fimples & taciles a trou-
ver par- rout, & pour lefquels on ne cramdroit pas la gelee comme pour
les feuilles de murier qu'on donne aux vers-a foic , il femble qu'on pour-
roic nourrir des araignees en alkz grand nombre pour les rendre utiles.
Les rotilTeurs tourniroienc urje grande quantite de ces jeunes plumes; on
pourroit en arracher de rems en tems aux poules &: aux pigeons que I'on
nourrit ek qui n'cn feroient pas moins leurs oeufs &C leuts petits comme
je 1 ai eprouve. Mais nous allons voir qu'il y aura beaucoup a decomprer
lorfqu'il s'agira d'elever alfcz daraii;nees pour fournir de foie des ma-
nuhadures.
Lorfque les jeunes araignees abandonnenc la foie qui les enveloppoir,
dies paroUrent parfaitemcnt d'accord entr'elles, & travaillcnt de concerc
a une meme toile ; les unes etendent de nouveaux fils fur ceux que les au-
tres avoient deia fournis ; mais cette union ne dure pas long-tems. Je
diftribuai en differentes boices quatre a cinq mille araignees auxquelles
j'avois vu abandonner leurs coques ; j'en mis deux ou trois cens dans cer-
taines boites, dans d'autres cent ou cinquante ou meme moins; ces boi-
tes avoient a-peu pies la longueur & la largeur d'une carte a jouer , &
dies ctoient audi hautes que larges; c'etoit un alTez grand efface pour de
ii petits animaux. Comme j'avois obferve qu'elles s'attachoient au verre
qui couvroit ces boites , j'avois fait a chacune une ouverture a une ligne
de diftance de ce verre , par laquelle je faifois entrer une carte qui etoit ap-
puyee fur la largeur de la boite ; cette carte bouchoit afifez exadtement I'ou-
verture pour empecher les araignees de s'echapper. Cell: fur cette carte
que je mettois la nourriture que j'avois trouvee leur etre propre; je la po-
fois ainfi pres de la furface fuperieure de la boite ou du verre , afin
que les araignees fulTent plus proches de cette nourriture, & afin que cel-
les qui etoient au fond de la boite ou fur les cotes , pudent venir la cher-
cher. J'avois eu la precaution de faire un grand nombre de trous a cette
carte ; on pouvoit par ce moyen donner a manger a beaucoup d'araignees
en tres-peu de tems ; on les voyoit les premiers jours chercher cette noar-
riture avec emprelTement ; plufieuts s'attachoient au meme morceau de
plume; mais leur naturel feroce fe dt-clara bien-tot; les plus grolTes Sc
les plus fortes prirent gout a manger les plus petites & les plus foibles : cha-
<]ue fois que je les regardois j'en voyois une plus petite qui etoit devenue
la proie dune un peu plus grolTe , & au bout de quelque tems , a peine
in'en refta-t-il une ou deux dans chaque boite. Je favois bien que les grof-
fes araignees fe battent quelquefois lotfqu'elles fe tencontrent ; mais il j
avoit quelqn'apparence qu'etant elevees enfemble , elles pourtoient deve-
nir plus focjables. Comme nous voyons que les poulets 8c les dind ns ele-
Qi ij
AfAD.RoYALE
LES Sciences
DE 1'aris.
tnnu
1710.
}o% COLLECTION
^^ ves dans une mtme baffe cour , vivent fort bien enfemble quoiqu'lls faf-
AcAD.RoYALE fctit quelqucfois la guerre aux nouveaux venus jufqu'a les tuer. Au refte
DES Sciences Jes groires araignees fe mangent beaucoup moins que les petites, foit qu'el-
DE AB.IS. ]gj gjgj^j moins befoin de nourriture, ou qu'etant plus pefantes , elles fe
nnee 1710. remuent plus difficilement. Certe inclination qu'onc les araignees a fe man-
get mutuellement , eft fans doute caufe de ce qu'ii en tefte fi peu a pto-
pottion de la ptodigieufe quanfite d'oeufs qu'elles font. Je fais bien qu'ii
y a diverfes fottes d'infedles qui les mangent. Pline parle de quelques efpe-
ces de frelons & de lezards qui s'en nourtilTent. J'ai vu de petits lezatds
bruns des murs en attraper avec beaucoup d'adreffe ; mais je crois que
nous en vetrions infiniment davantage , fi elles ne fe mangeoient point.
Si Ton vouloit done elevet des ataignees, il faudtoit lesloger une a une,
par exemple , les garder dans des boites divifees en plufieurs cellules ,
comme je I'ai fait auili. Mais I'embarras & les frais qu'eniraineroit cette
maniere de les nouttir fepatement, n'autoient point de proportion avec
le peu de profit qu'on en tetireroit. C'eft tout ce qu'on pourtoit faire , fi Ton
n'avoit pas la foie des vers a foie d'une maniere infiniment plus commode.
Je fiis qu'on pourroit abrcger cette maniere de leur donner a manger ,,
& j'en ai meme imagine quelques moyens que je ne crois pas neceffaice
d'expliquer ici; mais quelque chofe qu'on fit, il eft vraifemblable qu'on
y eniploieroit toujours beaucoup plus de terns qu'on n'en met a donner
la nourriture aux vers-a-foie. La neceffite ou Ton eft de diftribuer les
araignees dans des cellules feparees , ne diminue pas peu I'avantage qu'el-
les ont fur les vers du cote de la fecondite; car , pour profiter de cet avan-
tage , il faut pouvoir garder un grand nombre d'oeufs qui ayent ete fe-
condes par I'accouplement , & pour eela il faut ncceffairement mettre
des araignees enfemble. A la verite je crois que dans le terns de cette fc-
condation qui doit prcceder de peu celui de la ponte , la ferocite naru.
relle des araignees s'adoucit, & qu'on pourroit alors les mettre enfembls
fans aucunrilque, fi Ton connoilfoit ptecifement ce terns, mais il n'eft
nuliementfise, &: il y a fouvent plufieurs mois de diftance entre la poijte':
des unes & celle des autres.
D'ailleurs les vers i foie , fans avoir la fecondire prodigieufe des arai-
gnees , qui font fix a fepr lens ceufs , feroient encore alTez feconds , meme
quand on fuppoferoit cju'iis- ne font qu'environ cent oeufs , defqucis a
pein^ quarante doimenr des vers qui falfent leur coque ; fuppofition trop
foible de beaucoup, puii'que les vers a foie que j'ai elevcs, pour faire
une exnfte comparaifon de leur foie avec celle des araignees , m'ont tou-
jours donne au moins trois a quatre cens eeufs , & il eft aife de voir
qu'on pourroit multiplier le nombre des vers a foie autant qu'on le vou-
droit , fi cela dependoit feulement de la quantite de Icurs ffiufs ; il n'en
faut d'autre preuve que la quantite de foie qu'ils fournillent aujourd'hui
al'Europe , 011 ils n'exiftoient pas autrefois. Il feroit done aife avec le terns
de multiplier les vers a foie que nous avons prefentement, en meme
raifon que nous avons multiplie le petit nombre de ceux qui fureat appor-
tes autrefois d'Orient en Europe, fi Ton troiwo^it de I'avantage a rendre
la foie plus commune &c moins chere. Il femble d^^nc que iufgu'ici les
ACADfeMIQUE, io^
. V;rs-a-foie remportent de beaucoup fur les araignees , par la facilite qu'on
a a les elever , & par confcquent on doit peu fe proinettre de In noii-
velle foie , fi elle n'a quelque avantage fur lancieniie , foit par la beaiite
ou (a force , ou par la quaiuite qu'on en peut tirer. Cell ce qui nous
lefte -k examiner dans le lecond article.
Cotnine toiites les efpeces d'araignees ne donnent pas une foie qu'on
puilTe mettre en oeuvre , & que ceiles qui fournilfent cette foie la hlenc
feulement pout former les coques qui enveloppent leurs a?ufs ; car on
fait que les filets qu'eiles tendent aux infcdcs font faits communcment
d'une foie fi fine qu'on ne fautoit en faire aucun ufage ; il m'a paru ne-
celfaire de donner une idee gencrale des diverfes efpeces d'araignees
auxqa«lles on peut ramener routes les autres, & de la diflerente maniere
dont les coques de ces ditferentes efpeces font faites , afin de faire connoi-
tre ici celies dont on peut titer de la foie dans le royaume.
M. Bon , qui confideroit fur- tout les araigndes par rapport a leur foie,
les a aulfi dillnbuces en efpeces differentes par le rapport qu'eiles ont
avec cette foie : il ks reduit pour cela a deux efpeces principales , qui
♦ fom'les araignees a jambes longues, & les araignees a jambes courtes :
ce font ces dernieres , dit-il , qui fourniircnt la nouvelle foie. Mais cette
divifion , qui auroit de grands avantages par fa fimplicite , ne me paroit
pas donner une maniere alTez sure pour diftinguer ces araii'nees des au-
tres ; car il eft des araign;5es qui ont les jambes d'une grandeur moyenne :
fous laquelle des deux efpeces les ranger ? filent-elles de bonne foie ? II
feroit difficile de decider cette queftion par le nicyen de la divifion
precedenre , dont ce n'eft pas la neanmoins Ic plus grand inconvenient*
elle trompetoit fouvent ceux qui voudroient amafler des araignees pour
leuv faire filer de la foie , car la plupaft de celies dont ils en attendroient
le plus J n'en donnent point du tout. TcUes font diverfes efpeces d'arai-
gnees vagabondes & les grolfes araignees brunes qui h.ibitent des ttous de
vieux murs , lefquelles ont pourtant les jambes plus.cpurtes t^ue la pluuart
de celies qui fourniflfent la foie. i>I.],. nut-'! zij.oi i^b -io^ f.jr)
Pour diltsnguer , parmi les araignees connues eh France , ceyesr'.qui
donnent de la foie de ceiles qui n'en donnent point , je les rancp d'aiord
routes fous deux genres. Le premier de ce«, genres eft comporcfde routes
les efpeces que M. Honiberg a comprifes fous le nom d'araigneesrvaoa-
bondi-s dans les Memoires de 1707 , nom qui convient p.irfaitement a
ces efpeces d'araignees qui ne tendent pas-, comme les,aurres, des filets
aux infecles , maisr qui Jes chaflent avec beaucoup de ru(e & d'adrell^
Toutesces araignees filont peu , & feuletnenr quand elles ouidllTent la toile
qui fert de eoque a leurs oeiif* ; quelques-unes forment ceit?,pefite coquC
en demi- fphere ^ elles la lailTent collce-a des pierres ^ ou cp,chae fous \%
terre ; quelquefojs elles la mettent-, dans des arbres ou dans des Ijet-bes :
quelques autres donnent a cette coque la figure d'une bouie qu'eiles n'aban-
donnent jamais "; elles la portent toujoufs collee qux m?melons qui font
aupresde leur anus , d& maniere gu'ilfemble gue <fptte bonle ne fait qu'ua
mcme cprps avec I'araigi^ee ,. qui fei^lement paroit alors.plus groffe quelle
,i« devioit ctip n»t«'reliepT(,SPC. Si;, apr^s ^*v9ir pus une de c« wsigoeeK-^
ACAD.ROVAI-E
DES SCIENXBS
D£ 1'aRIS.
AnnU lyiOt
jio COLLECTION
*"'" '■" . -r-^ on III! oci cette petite boule , on la voir la leprendre avec beaucoup
A?Ap.RoYALE d'emprellemenr li-toc qu'on lui en donne la libertc : elle fe fert de ies
PES Sciences jambes pour la porter d'abord fous fon ventre , 6c c'eft alors qu'on pent
BE 1 ARis. demeiar de quelle adrelFe elle fe fert pour la foiuenir ordinairemcnt ; car
Annee lyio. on appertjoit qu'elle recourbe fon derriere jufqu'aupres de cette petite
boule , apies quoi elle frotte cette meme boule extremement vite avec
Ies matnelons qui font aupres de fon anus , & cela parce que ces mame-
lons font Ies refervoirs dans lefquels eft contenue la liqueur vilqueufe ,
dont Ies araignees forment leurs ills j de forte que par ce frottement elle
couvre una pavtie de la bouie de beaucoup de liqueur vifqueufe , qui la
coUe enfuite aifement aux mc-mes mamelons qui I'ont fournie. On diftin-
gue fans peine ces endroits ainfi frottes , tant parce qu'ils font plus epais ,
que parce qu'ils font plus blancs que le refte. Ces araignees portent auffi
leurs petits fur leur dos apres quils font eclos j & ces jeunes araignees
ont une adrelle merveilleufe a s'arran^er fur le corps de leur mere j on
he s'appergoit point qu'elles y foitnt lorfqu'on la voit marcher , le corps
de la mere paroit feulemcnt plus raboteux qu'il ne I'eft naturellement j
mais lorfqu'on la prend , on voit Ies petites araignees fe difperfer cha'cune •
de Ion cote. Le tilfu des coques de tout ce genre d'araignees eft tres-
ferre , &c comniunement de couleur blanche ou grife : mais cutre qu'on
n'en pourroit tirer que trei-peu de foie , celle qu'on en tirerou ne fautoit
etre employee a des ouvrages.
Je forme le fecond genre de routes Ies araignees qui tendent des toiles
pour attrapper Ies infedes. Je divife ce genre en quatre efpeces princi-
pals , dont chacune pourroit etre fubdivifee en diverfes autres efpeces ,
fi on vouloit faire une hiftoire exafte des araignees- ]e mets dans la pre-
rnjere efpece routes Ies araignees- qui font des toiles , dont le tiflu eft
alfez ferre , & qui ies etendent autant parallelement a I'horifon que le poids
de leur toile peut le permettre. Les araignees domeftiques qui font leur
toile dans les angles des murs , & quelques efpeces d'araignees des champs
qui font des toiles femblables & pofees femblablement a celles des arai-
gnees domeftiques , font comprifes fous cette premiere efpece. Elks ren-
ferment routes leurs eeufs , peu adli&rens les unsaux autres , dans une toile
qui , par fa farce & fa couleur , ne differe gueres de celles qu'ejles tendent
aux mouches. Ainfi il eft aife de voir qu on ne doit rien efperer de ces
coques pour les ouvrages.
La feconde efpece contient les araignees qui habitent des trous dans
de vieux murs : elles tapiflent de toile le mur touf autour de ce trou ,
dans I'interieur duquel elles font aufli une toile a laquelle 6lles donnent
la figure d'uil tuyau ; c'eft par ce tuyau, qu'elles entrent dans leur trou &:
qu'elles en fortent. Mais ces araignees n'enveloppent pas hon plus- 'leurs
ceufs de filets plus forts que ceux dont elks ourdilfent leur toile.
Je rtiets dans la troifieme efpece routes les araignees dont les filets ne
forment point un tifTu qui air I'air de toile',' niaisqui forit compof^s de
differens fils tires en tout fens. Cettd 'efpece pourroit etre fubdivifee en un
grand nombre d'autres efpeces , qui font leurs coques de bien de ma-
iiieres diffei«nt€s. Quelques unes leur donnent la figure d'une p6Hion de
A C A D 6 MI Q U E, 3,,
fpherej dont le plat eft colic fur une feuille : eiles le convent avec un i— ,
attachement merveilleux ; car quelque farouches qu'uUes foient nacurelle- ^(-ad Royais
ment , fi on emporte la feuiile ou cette coque eft collce , I'araignee fe dhs Sciences
laille emporter avec elle fans I'abandonner , jufqu'a ce que les araignces be Paris.
quelle concient foienc eclofes. Ces coques font d'un [illu ferrc & tres- jinn^c 1710.
blanches. D'autres font deux ou trois p.-tites boules rougeatres , dans
lefquelles leurs ocufs font renfermcs : elks les laiffent fufpendues a des
fils J mais elles ont la precaution de caciier ces boules^ qu'elles laiflent
dans des endroits fort decouverts , d'un petit paquet de feuilles fedies ,
lequel eft attache a des fiis a quelque diftance de la boulc. D'autres donncnt
la figure d'une poire a leur coque , &: la fufpendcnt par un fil conime une
poire le feroit par fa queue. Toutes ces diftcrcntes coques font d un tilFu
letre, mais dune foie trop foible pour etre mife en ocuvre. Peut-&tre que
celle des petites poires , dont je viens de patter, pourroit ctre employee;
mais elles font u petites , & contiennent par confequenc fi peu de foie ,
qu'elles ne meritent aucune attention de ce coce-la.
Enfin , la qu.itrieme efpece comprend les araignees qui compofent leurs
filets de difFerens tils , qui , etant tons pofes dans un mtme plan , partenc
rous d'un nieme point , comme autant de rayons d'un cercle qui iroienc
aboutir a fa circonfcrence. Tous ces fils font croifes par un autre fil qui ,
tournftnt en fpirale , s'attache en differens endroits fur chacun d'eux. Ces
fortes de toiles font ordinairement pofees perpendiculairement a I'borifon.
M. Homberg a nomme cette efpece I'araignee des jardins ; en effet , elle
eft fott commune dans les jardins , les bois & les buiffons. Elle renferme
un grand nonibre d'efpects d'araigne.s difterentes par leur grolTeur , leur
figure Sc laur couleur. Ces araignees rangent leurs ceufs les uns fur les
autres , de maniere que la made de ces ocufs forme une efpece de fphere
applatie , ou plutoc de fpheroide elliptique Quelques-unes de ces arai-
fnces collent leurs oeufs Ics uns aux autres par une glue dont ils font
umecles lorfqu'ils forrent de leurs corps ; mais d'autres ne les collent
point : les premiers fiis qui enveloppcnt ces osufsfont devides defTus d'une
maniere un peu plus ferree que les autres , qui font entortilles tres-lache-
ment , a peu-prcs de la meme fagon que les fils exterieurs qui enveloppent
les coques des vers a foie.
Prelque toutes ces efpeces d'araignees filent une foie propre aux ou-
vrages : il y en a pourtant quelques unes dont la foie feroit trop foible-
pour foutenir des metiers un peu rudes.
On pourroit avoir des foies d'araignees plus difTerentes par leurs cou-
leurs naturelles , que ne I'eft celie des vers a foie , qui eft toujours au-
rore ou blanche y .lu lieu que les coques d'araignees en donneroient de
jaune , blanche , grife , bleue celefte & d'un beau brun calfc. Les-
araignees qui donnenr la foie de couleur de caffe font tares , au moins
n'en ai je rencontre que dans quelques champs de genets , cu j'ai auffi
trouve de leurs coques , dont la foie eft ttes forte & tres- belle. Elles font
faites fort diflFeremmenr de toutes les autres coques d'araignees dont j'ai
parle : les oeufs font renfermcs dans la foie brune qui eft devidee after
lachemenc autour , comme dam toutes les autres coques j mais cetie Ibi&'
Acad. RoYAtE
DES Sciences
DE Paris.
Anjiii I J 10.
dont
coque
5IZ COLLECTION
brune eft enveloppc'e elle-meme d'une autre coque de foie grife ,
le tilFu eft tres-ferre , aflez epais 8c femblable a ce qui relte luc la c
d'un ver-a-foie lorfqu'on I'a devidee en partie.
Les araignees fonc leurs ccufs ou la foie qui les enveioppe dans plufieurs
mois de I'annee : non feulemenc elles y travaillenc dans les mois d'Aoiit &
de Septembre , comme M. Con I'a tort bien remarque, mais il y en a
qui fonc ces coques des le mois de Mai , & d'autres dans les mois fui-
vans. Ce font celles qui ont palfe I'hiver qui pondent tie ii bonne heure -,
& M. Bon n'a fans doute voulu parler que de celles qui font eclofes an prin-
temps , lefquelles, en effec , font leurs oeufs beaucoup plus tard que les
precedentes.
Nous avons affez fait entendre jufqu'ici que ces araignees filent deux
fortes de fils ; que les uns leur fervent i ourdir les toiles qu'elles tcnaent
aux infeftes , &: que les autres (ervent feulement a envelopper leurs oeufs :
niais il n'eft peut-etre pas hors de propos d'ajouter ici , que ces fils ne
different entt'eux que par le plus ou le moins de force , & d'expliquer
comment les araignees peuvent faire des fils plus ou moins forts quand ,
il leur plait. On fait que ces infedles ont aupres de leur anus divers ma-
melons , qui font autant de filieres dans lefquelles fe moule la liqueur
qui doit devenir de la foie lorfqu'elle fe fera fechee apr^s etre fortie par
ces filieres. Les araignees done il s'agit ici, c'eft-adire celles dont "la
foie eft propre aux ouvrages, ont fix de ces mamclons , dont quatre fonc
trcs-fenfibles, mais les deux auttes le font moins, Sc on ne les diftingue
pas aifement fans le fecours de la loupe. Ces deux perits mamelons font
pofes chacun proche de la bafe des deux gros , qui font les plus pres de
I'anus Chacun de ces fix mamelons fenfibles font compofes ^ux-memes
de petics mamelons , ou plutot de petites filieres imperceptibles : c'eft de
quoi Ton peut fe convaincte aifement en preffant avec deux des doigts
d'une meme main le ventre d'une araignee pour obliger la liqueur de
couler dans ces mamelons , & en appliquant fur I'un de ces mamelons
un autre doigt qu'on retire enfuite doucement j car , par ce moyen , on
lire plufieurs fils diftindement fepares les uns des autres des leur fortie >
& qui par confequent ont paffi pat difFerens trous. Ces fils font trop fins
pour qu'on puifTe les compter exaftement ; mais ce qui eft certain , c'eft
que j'en ai vu fouvent fortir plus de fept a huit d'un meme mamelon.
On tire plus ou moiris de ces fils felon qu'on applique le doigt plus forte-
ment , ou fur une plus gtande partie du mamelon , d'oii il eft aife de com^
ptendre comment les araignees font des fils plus ou moins gros quand il
leut plait ; car non-feulement lorfqu'elles appliquent contre quelque corps
plus ou moins de ces fix mamelons fenfibles de leur anus , mais aufll felon
u'ellcs appliquent plus fortement, ou une plus grande partie de chacun
e ces mamelons ^ elles font des fils compofes dun plus grand nombre
d'autres fils, Sc par confequent plus forts & plus gros.
Il doit y avoir dix huit fois plus de fils, tels qu'ils fortent des filieres,'
dans chacun des fils des coques, qu'il n'y en a dans ceux des toiles , fi
la quantice des fils qui compofent les uns & les autres , eft proportionnee
^ leur force j car ayanc (gllc un poid$ de deux grains a un fil de coile ,
ii
3:
A C A D fe M I Q U E. ^t,
il I'a. ordinairemein fourcnti fans romprc , Sc s'eft rompu lorfque ;e lui en i i
ai attaclie un de irois grains , an lieu que les fils dus coques foutieniient Acad 'Ioyaib
environ trente-fix grains, ik. nc fe callenc q.e lorfqu'on ks charge d'un dls . ciences
plus grand poids. de Paris.
Mais li Ics fils des coques d'araignees font plus forts que les fils de leurs Annit I7i0i
toilcs, ils fonc toujours plus foibles que ceux des coques de vers a foie ,
qu 'ique dans une moindre proportion. La force des fils que je devidois de
delfus ces deriiieres coques , a cte ordinairtment jufqu'-i foutenir un poids
de deux gros & derpi. Ainfi la force d'un fil de cocjue d'araignee , ell a celle
d'un fil de coque de ver a foie , environ comme i eft a 5 , & c'eft encore
la un avantage de I'ancienne foie fur la nouvelle; car quoique chaque fil
de coque d'arai^,nee foie plus fin qu'un fil de ver a foie, a-peu pres dans
la mime proportion qu'il eft plus toible , cela ne compenfe pas enticre-
menc ce defavantage , car il faut joindre enfemble plufieurs brins j & fans
compter que c'ell une peine de plus, il eft toujours a craindre que les
fils ne tirent pas tous igalemenc , & par confequent que la fomme des
forces de ces fils ainfi reunis , foit moindre que la fomme des forces du
mcme nombre de fils fepares.
Cette multiplicite de brins qui compofent chaque fil de foie d'araignee,
pour le faire audi gros qu'un fil de ver a foie , contribue peut-ctre en
parne a rendre les ouvrages faits de cette foie, moins luihes que ceus
qui font de foie de ver, car leur luftre eft effedli.'ement moms beau,
comme M. de la Hire le remarqua lorfque les m taines furenc apportees
a I'Academie. Ce qu'on appelle luftre dans une etotfe n'avant d'aut e caufe
que de ce quY!'" rcHechit plus de lumiere coloree d'une ccttnine fa^on
qu'une autre etotfe qui paroit de mcme couleur , plus un bun de foie
aura de petits vuiJes qu'un autre brin de foie , moins il paroiira luftre,
car il refiechira moins de lumiere. Or ces petits vuidc-s k-ront eviJem-
ment en plus grand nombre dans un fil compofe de plufieurs fils dilfe-
rens & reellement fepares , que dans un fil fimple & de mcme grolleur ;
les parties de 1 1 liqueur vifqueufe qui compofent celui-ci , s'etant fans doute
appliquces plus aifement les unes aux autres , doivent fe toucher en plus
d'endroits que ni peuvenr fe toucher divers fils reellement fepares. Ainfi
en fuppofanr que chaque fil de foie d'araignee n'eft pas plus luftre natu-
rellement qu'un fil de ver a foie , il eft clair que lorfqu'on aura joint
cinq de ces fils pour en compofer un autre de meme groffeur que le fil
fimple de ver a foie, ce fil co 1 pofe & I'ouvrage qu'on en formera , pa-
roitront moins luftrcs que le fil de ver a foie , & I'ouvrage qui en lera
fait.
Ceci feroit vrai en fuppofant, comme je viens de le dire, que ch.ique
fil fimple d'araignee eft naturellement audi luftre qu'un fil fimple de foie j
Diais cette fuppofition mems eft trop favorable a la foie d'araignee, car on
peut remarquer que les his les plus crepes ont moins de lullre que ceux
qui le font moins. Aulli voyons nous que la laine, dont chaque brin eft
naturellement plus crfpe qu'un bnn de foie, eft aufli moins luftree. Si cha-
que brin de foie d'araignee eft naturellement plus crepe qu'un brin de foie
de ver, il doit audi avoir moins de luftre : or ce fil eft reellement plus cre-
Tomt III f Panic Frangoife, R 2,
JI4 C0LLECTI0I4
I — — pe, Sc ilii'eft pas difficile d'en trouver la raifon. La maniere doJit lei uftj
. „ He les autres font dcvides , en eft apparemmenc la caufe : car on conceit
Acad. Roy ALE >, , , , i , • , j ci j' ■ i" i i ir i n '
DES Sciences d abord quen devidanc des his dune maniere lache, on laillc la liberte
DE Paris. aux telTorts de routes les petites parties qui les compofent , d'agir de tou-
, , tes leurs forces pout les plier ou les frifer en plufieuts ftns difterens ; au
nnci 1710. jjg^ qu'en devidant ces fils d'une maniere plus ierree, comme font les vets
a foie , on empeche I'adlion du reflott de ces petites parties. Le relTort lui-
meme s'ufe dans cette ficuation violente , ou du moins s'afFoiblit : ainfl
les premiers fils d s coques, meme des vers a foie , qui font eux mcmes
' entortilles autour de la coque d'une maniere lache , font bien moins beaux
& moins lu.ttcs que ceux qui forment le corps de la coque , lefquels
font dc-vides d'une maniere tres-ferree. Cette maniere lache dont ks fils
des araignees font entortilles, contribue encore d'une autre f.icon a en di-
minuer le lufbre ; c'eft qu'elle empeche qu'on ne puilfe les devider comme
on devide le fil continu ou I'organcin qu'on tire des coques des vers a
foie , de fotte qu'on eft oblige de carder les coques d'araignees avant de les
filet. Ainfi on apper^oir aifement que le gros fil de foie que I'ouvrier a file ,
doit ecre compofe d'une infinite de brins tres-courts , & que par confe-
quent il n'eft pas poflible que ce fil paroifie aufli beau & aulli kiftre que
eelui qui etant de meme groffeur fetoit compofe de difFerens brins conti-
nus qui auroient chacun une longueur egale a la fienne , & cela parce que
tous les bouts de ces brins courts produifent neceflairement dans I'etendue
de ce fil , de petites inegalites qui lui otent fon luftre. De meme la foie
qu'on tire des coques des vers a foie , aprcs les avoir cardees , eft beau-
coup moins belle que celle qu'on tire en la devidant de dt- fliis ces coques..
Quand on fuppoferoit qu'il n'y a eu que deux des mamelons qui ayenc
fourni des fils pour en faire un de toile d'araignee , & que chacun de ces
mamelons qui fournilTent eux-snemes fouvent un fil compofe de plufieurs
autres , en auroit fourni un fimple ; ce fil de toile crane dix-huit fois plus
foible qu'un fil de coque , que nous avons dit ctre environ cinq fois plus fia
qu'un filde ver a foie, devroit etre compofe de trente-fix brins au moins
pour etre egal a un fil de coque, Sc de cent quatre-vingt brins pour etre egal
a un fil de foie fimple , lequel fil de foie fimple n'eft que de la deux - cen-
lieme partie d'un fil de foie des plus fins de ceux dont on fe fert pour
condre; car j'ai fouvent divife ces brins de foie en deux cens fils, on
a-peu-pr^s ; de forf'e qu'un brin de foie d'araignee de la grolTeur d'un
brin de la foie la plus fine dont on fe fert pour coudre , feroit reellemenc
compofe d'enviton crente-fix mille fils , & on pourroit les divifer adtueU
lement en mille.
Le brin de foie d'araignee compofe de ces trente-fix mille fils de foie
fimple , feroit peut-etre un peu plus gros qu'un fil de foie a coudre , com-
pofe de deux cens fils fimples de ver a foie , quoique la fomuie de la grof-
ieur des trente-fix mille & des deux cens foit la meme , parce qu'il Itroic
difficile d'arranger enfemble un fi grand nombre de brins , fans qu'il reftat:
ena'eux plufieurs intervalles vuides qui paroitroienr augmenter !e volume^
C'eft pour cela que la foie des araignees a paru rendre davanrage a I'ouvrage
que celle des vers k foie : mais ft on avoic fait attention qu'elle doit ette
A C A D 6 M I Q U E. 3iy
<l'atuinc plus foible , on auroit regardc cette difference , non commc un "" ' ' " '
avantage , mais comme un dcfiiucde cette foie , dont un plus gros volume Acad K.oyALi
ne peuc avoir que la mcine force d'lin moindre volume de ioie de vet a m-s Sciences
foie, Mais venous au point elFentiel , c'ell-a-dire , voyons quel rapport a de Paris.
la qumtite de foie que chaque araignce donne pat an, avec celle qu'on a
tire des vers a foie. '
J'ai pefe avec grand foin diverfes coques de vet a foie , & j'ai trouve que
les plus fortes , c'cft-i-dire , I'ouvrage d'une annee de ver , pefoient quaere
grains, & que les plus foibles en pefoient plus de trois : de forte qu'en
prenant \\ livre de feize onces , il fauc du-moins deux mille trois cens quatto
vers pour avoir une livre de foie.
J'ai pefe avec le meme foin un grand nombre de coques d'araignees ,
& j'ai toujours trouve qu'il en falioit environ quatre des piusgrollcs pouc
egaler le poids d'une coque de ver a foie, & qu'elles pefoient chacune en-
viron un grain ; de forte qu'il faudroit quatre des plus grolFes araignees
pour donner autant de foie qu'un ver a ioie , s'il n'y avoir pas plusde de-
chet fur la foie des unes que fur celle des autres , & fi elles donnoient routes
de la foie j mais les ccJqaes des araignees font fujettes a un grand dc'chet j
car on les pefe remplies de routes les coques des oeufs qui enveloppoient
les petites araignees avant qu'elles fulfenr cclofes, &de diverfes ordures qui
fe trouvent melees parmi la foie ; ce qui caufe une diminution de plus des
deux tiers de lear poids ,puifque de treize onces de foie d'araignee fale ,
M. Bon n'a retire que quatre onces de foie nette \ au-lieu que les coques
des vers a foie n'ontque tres pen ou point dedechet; ainfice qu'elles en
peuvent avoir fera bien conipenfe , ^\ nous n'cvaluons celui de foie d'arai-
gnee qu'aux deux tiers. Or nous venous de voir que le poids d'une coque
d'araignee avant d'etre netroyce, ell au poids d'une coque de ver a foie,
comme i eft a 4 ; ainfi ctant nettoyee fon poids fcra au poids de celle ci,
comme i eft a 1 1 : il fauJra done deja douze des plus grolfes .ir. ignces
pour donner autant de foie qu'un ver ,a foie. Mais chaque ver a foie fait
une coque, parce qu'ils la font pour fe mctamorpholer , au-licu que
les araignees ne faifant les leurs que pour envelopper leurs a;ufs , fi on
regarde ,avec tous les naturaliftes qui ont precede M. Bon . leurs efpeces
comme compofces de males & de femelles , je veux dire, fi on ne les
prenl pas pour hermaphrodites , il n'y a que les araignees femelles qui
falfent des coques : d'oii il fuit que fi Ton a autant d'araignees femelles
que de males, ce qui doit arriver a peu-pres , vingt-quatre de plus grolTes
araignees ne donneront pas plus de foie qu'un feul ver a foie : il faudroit
done environ 551915 araignees des plus groffes pour avoir une livre de
foie, lefquelles araignees il auroit ete necelTaire de nouriir feparemtnc
pendant quelques mois: d'ou Ton voit que cette foie coCiteroit vingt-
quatre fois autant que celle des vers a foie , meme en fuppofant qu'on ne
f ut pas oblige de loger ces araignees feparement , & que chaque araignee
n'occupat pas plus de place qu'un ver a foie : autre fuppofition faulle ; cat
il fuit Icur donner a chacune alTez d'efpace pour qu'elles puilfent faire
leur toile. Si Ton vouloit done entrer dans le calcui des frais inevitables
pout les nourcit feparement , &: leur donnet des efpaces fufhfans , on vet-
R z ij
Jl()
COLLECTION
ACAD.ROYALE
DES Sciences
DE Paris.
Annie 1 7 1 o.
roic d'une manlere tres-cUire que la foie des araigneeS, moins belle ^
moins bonne que celle des vets a foie , couteroit incomparablement plus
cher.
Qu'on ne croie pas au refte que tout ce que j'ai dit ne regatde que les
ataignees d'une grolleur commune ; car fi on vouloit favoir ce que donnenr
de foie celles que Ton trouve communement dans nos jardins & qui paroif-
fent tres-grolles , on verroic qii'il en taut douze de celles-ci pour avoir
autant de foie qu'on en tire d'une des coques de celle dont j'ai parle , &c
que i!)8 ne doniieront que le meme poids de foie que fournit une feule
coque de vgt a foie . & que par confequent a peine 66 1 551 araignees pour-,
roient faire une livre de foie.
On aura fins doute regret de ce qu'il nous refte fi pen d'l fperance de pro-
fiter de cette ingenieufe decouvette : 'au refte je n'ai fait mes experiences
que fur les araignees du pays , peut etre tireroit-on parti de celles d'un autre
climu. II eft deja certain par le rapport des voyageurs que celles de I'Ame-
rique font beaucoup plus gcodes que les notres ; d'ou il femble audi qu'el«
les doivent faire de plus grolfes coques , & i'on peut croire qu'elles s'ac-
coutumeroient a notre climat, pu'ifqueles vers a foie quoiqu'originaires des
psys eloignes , ont fi fort peuple en Europe..
o
Sur I'InfcBc des Liniagons-
Par M. DE REAUMtJR.
N peut teduire a deux genres routes les efpeces d'infe<3:es dont on a;
parle jufqu'ici , auxquels un autre animal fert de monde : les uns vivenr
ftir la furface exterieure du corps de quelque animal , tels_ font les pous.
que Ton voit fur les quadrupedes , fur les oifeaux & meme fur diverfes
autres efpeces d'infeftes , comme fur les mouches , les ftelcns , les fcara-
bees , 8rc. Les autres vivent dans le corps de quelqu'aurre animal , & Ton
peut ranger feus ce dernier genre routes les efpeces de vers cue la dillec-
tion a fait decouvrir dans ies corps des diverfes fortes d'animaux.
Le nouvel infefte ou le pou que j'ai obferve fur les limagons n'appar-
tient proprement a aucun deces deux genres , mais il tient i 1 un & a I'au-
tre ; car tantot il habite la furface exterieure du collier du limacon , tantor
il va fe cacher dans les inteftins de cet animal. J'appelle collier du limagon
cette panic epailTe qui entoure fon cou (^) , c'eft prefque la feule que Ton
appercoive lorfque le limacon a retire dans fa coquille & fa tete & fon
empatement. L'extremite de cet empatement replie, forme alors une ef-
ia' Swammerdam la nomme le limhe. V. CoIIec. Acad. torn. V de la Part. Etrane.
& le fccond de I'Hift. Nat. fdpar^e, pag. ^7 & fuiv.
Ce nom de liinbe me femble mieux choifi, & prcfente une idee plus jufte que ce-
lui de collier, puifquc la partie dont il s'agit borde conftamment le contour de I'o-
xifice de la coquille, & que fi clle entoure quelquefois le cou ce n'eft que par accident,
de meme qu'cUe entoure quelquefois les patties fupaieurcs ou infcrieures^au cou j le plus
fouvem meme elk n'entoute rien du tout.
A C A D 6 M I Q U E. 317
pece de triangle nu milieu dc la coquille , c'eft a-dire , au milieu du limbe ■ ■—
ou collier done elle eit bordce. Celt fur la furface de cclimbe c]ue Ton Acad.Royalb
voir courir les infe(iti;s ciDiit je parlc : ilsne fonr jamais plus aifes a obferver des Sciences
que lorfque le liiuagon ell ainli renferme dans fa coquille ; quoiqu'on puilfe de Paris.
aullt le« voir en d'aurres circonftances d'une maniere tres-ler,hble 8c mcme Annk 1710,
a I'oeil nud j mais on ne les voir guere en repos : ils marcht-nt prefque conti-
nuellcment & avec una extreme virefle -, c e qui (emble Icur etre particu-
lier , c.u le mouvemenc de ces fortes d'infectts ell ordinairement tort lenr.
Quelquc pctits que foient ces animaux , il ne leur eft pas puflible de
s'infinuer entre la furface fupcricure du corps du lima^oii & la coquille,
tant elles font txadlement appliquees I'une a I'autre j mais ils entrcnt dans
les inteftms lorfque le limacon ouvre fon anus , qui fe trouve , comma on
fait, dans Tepaiifeur du collier, & le limacon ne fort guere de fa coquille
fans ouvrir fon anus; il I'ouvre meme fouvent fans fortir. Ces petits infec-
tes rodent autour, & femblent atttndre avec impatience le moment d'y
rentrer : en etfct des qu'il s'ouvre on les voir accourir vers fon orifice, s'y
enfoncer en marchanc le lon^ de fesparois, & biencot on n'en voir plus
fur le collier.
L'empreffement qu'onr ces infedes de penetrer dans les inteftins da li-
macon , femble indiquer que c'eft la le fejour qu'ils aiment le mieux ; lorf-
qu'ils font fur le collier , on les voir fe donner des mouvemens continutis ,
& peuc-etre n'y font ils jamais que contre leur gre ; mais le limn^on les
force a s'y retirer routes les fois qn'il poufle au dehors it% excremens ; car
ces excremens remplillanr a-peu pres la capacite du tube inteftinal , chalTenc
dehors tout ce qui fe prelente en leur chemin. Comme cette operation
du limagon dure quelque- terns, les infe<Ses fe rcpandent alors fur le lim-
be , & fouvenr tandis qu'ils le parcourenr , I'anus fe referme , de forte qu'ils
font obliges d'attendre une autre occafion pour y rentrer.
On peut obferver rout ce que je viens de dire fur les differenres efpeces
de limacons , principalement fur la grolfe efpece des jardins : mais il y en a
d'autres oil Ton peut appercevoir ces infedles jufqu'du milieu meme de
leurs inteftins ; telle eft fur tout la petite efpece des limacons reprefentce
( Ftg. I. & II. PL J^) ; ce qui la caradlerife eft un couvercle ou opercule O
d'une matiere auffi folide que celle de la coquille , par le moyen duquel
I'animal fe renferme de tous cotes quand il veut, comme font les lima-
cons de mer ; au lieu que le limbe des limj^ons terrtftres eft ordinai-
rement decouvert , excepte dans 1 biver & dans certains terns fees ou ils
bouchent I'oiiverture de leur coquille avec une bave qui prend enfortanr
quelque confiilance ; mais ce couvercle n'eft jamais adherent au corps da
I'animal , comme celui dont je parle , auquel il n'eft pas non plus compa-
rable par fa folidite. Si Ton caile la coquille d un de ces petirs limacons
autour de I'endroit marque E Fig I , on appercoit ces inceftis, C Fig. II
dans le corps meme du limacon a travers fa peau qui eft tranfparente , &
on les y dlftingue aifemenc , foit qu'ils courenc ou qu'ils demeurenc en re-
pos.
On trouve ces infe dies fur routes les efpeces de limacons , mais non pas
en tout terns egalement ; on en dccouvre rarement pendant les terns plit'
3i8 COLLECTION
vieux,il faut les chercher apres une fechereflle :apparemment que cette
Acad.Rjovale temperature eft propre d faire edore ces infedes , ou peut-etre a en em-
EEs Sciences pecher la deftriidion. Loifque la terre elt fort humide le corps du lima-
DE Paris. ron eft abreuve d une grande quantite d'eau qui s^echappe enfuue beau-
Annci 1710. cotip plus vifqueufe au travers du collier & de rempatement , fur lef-
quels elle forme des gouttes de liqueur dont cliacune peut fuffire pour
faire perir nombre de ces infedes, non pas en les fubmergeant , puifque
c'eft pour eux une malFe folide , tnais en les accablant de fon poids ,
iorfque les mouvemens du limagon font couler une de ces gouttes d'un
lieu a un autre.
Quoi qu'il en foit je me fuis afTure par I'experlence fuivante repetee
nombre de fois , que la fecherelfe favorife la formation de ces infedljs.
Ayant amafle des limacons dans des terns liumides , &: apres un exaineu
exaft , n'ayant pu decouvrir chez eux aucun de ces infedtes , je les met-
tois dans des vafes ou ils ne pouvoient reparer la perte de I'humeur aqueufe
qui s'evapore continuellement. Au bout de quelque terns je regardois de
nouveau Ics iiiemes limacons, & j'y trouvois toujours plufieurs de cesin-
fedtes ; j'en ai quelquefois compte plus de vingt fur le nicme animal. Au-
refte je ne puis determiner precilement le terns neceiFaire pour y en trou-
ver : j'en ai quelquefois vu au bout de cinq ou fix jours j mais je n'ai
jamais garde les limacons trois femaines fans qu'ilsen euffent une grande
quandce.
On ne voir guere ces infedes fur la coquille du lima^on , & fi on les
y fait aller par force, ils regagnenc bien vite le collier des qu'ils en one
la liberte.
Ces infedtes paroifTent communement a la vue fimple d'une couleur
tres-blanclie, cependant les plus gros font quelquefois d'un blanc fale,
quelquefois d'un blanc legerement teint de rouge. Il faut un bon mi-
crofcopepour appercevoir nettement leurs diffcrentes parties, telles qu'elles
font reprefentees ici : dans la Fi^urt III , I'infede el'c un pen par delFus,
& par delfous dans la Figure VI. Dans I'une & I'autre on voit la trompe T ,
laquelle cependant ne parolt qu'en partie dans la Figure III , ou Ion voic
comment elle fe recoube en dllous. L'lnfedle s'en ferr apparemment
pour fucer le lima5on. Cette trompe eft placee au milieu de deux petites
cornes CC tres- mobiles , non feukment de haut en bas & de droite 3
gauche , comme cellos de la plupart des infedes , mais encore en elles-mc-
nies & de dehors en dedans, s'allongeanc & s'accourcilfant comme celles
des limacons. Aulii arrive t il fouvent qu on voit ce petit animal fans ap-
p;tcevoir fes cornes.
Son corps eft divife en fix anneaux , outre la partie anterieure a laquelle
font jointes la trompe & les cornes ; il a quacie jambes de chaque cote :
les deux premieres paires font articulees a la partie anterieure , & les deux
aucres au premier anneau , efpacees entr'elles comirie dans la figure. Ces
jambes font garnies de grands poils; ellcs paroitTent terminces par trois ou
quatre polnres , a-peu-prcs comnie le feroient les jambes des diverfes efpe-
ces de fcarabees auxqucls on auroit otc la dernierc articulation qui eft
terminee par 4eux petits crochsts. Leurdoseft eleve, par rapport aux c6-
i
A C A D fe M 1 Q U E. 319
teS , mais arrondi ; les cotes le font aufTi •, ils one cliacun trois ovi quaire
grands polls. L'anus eft aufll entoure de quaere ou cinq polls de pareille Acad. Royaie
D£s Sciences
DE I'ARIS.
AiinL 171a.
longueur, mais on n'en voit point fur le ventre. des Sciences
DE I'ARIS.
Oi
Sur un Infccle.
'N volt avec furprife qu'un petit corps afTez exa£temenc ovale , & done
le grand diametre qui eft d'une llgne & plus, eft au petit comme 3 a 1 , qui
a une futtace fort polic dj coulcur de caftc rotl , avec une petite bande de
gris perle au milieu . & qui fur ces apparences ne dolt guere ctre pris pour
tin animal, mais tout au plus pour un ceuf, ne falle cependant que fau-
tiller dans un jardin en s'clevant d'un demipouce, & s'elanqant quelque-
fois jufqu'a deux : quand on le veut faire fauter , on n'a qu'a I'expofer au
folell , ou le mectre lur la main lorfqu'eiie eft chaude. M. Carre a qui cette
obfervation eft due , ouvrit la coque d'un de ces petits corps ; elle eft
epaifle & folide par rapport a leur grofteur , & il taut qu'elle le foit pour
rcTifter a leurs fauts \ elle renferme un ver fort blanc , dont le dos eft coupe
d'anneaux tranfverfaux & paralleles & le ventre fort plat , & fans pieds.
On appergolt du cote de la tete deux petlrs points noirs. Comme la figure
de fon ventre empCche qu'il ne rempliire entierement fa coque, il a de
I'efpace pour y faire im faut en ramallant fon corps, & en le dcbanJant
enfuite promptement : c'eft par la qu'il eleve fa malfon en I'air; il doit
etre vigoureux , car cette maifon eft par rapport a lui un grand polds,
qu'il eleve fort haut & pouffe fott loin , & cela tres fouvent. M. C. en
garda un deux mois dans une boitc , fans y appeicevoir aurun change-
ment; ainfi nous ij;norons comment ce petit animal fe nourrit & fe mui-
tiplie dans cette coque fi bien fermee ; car quand m'me 1! fe multiplieroic
a la maniere des moales, comment fes ceufs fortiroient-ils ? [a)
o
Sur la Lacquc.
Ndonnecenom a plufi-urs efpeces de pates feches dont les Peintres
fe fervent : mais ce qu'on appelle plus proprement lacque, eft une gomme
ou refine rouge , dure , claire , tranfparente , fragile , qui vienr du Mala-
bar , du Beng.ile , & du I'egu.
Selon les Memoires du P. Tachard , de petites fourmis ronffes s'atra-
chent a dilFerens arbres , & laident fur leurs branches une humidite rouge
qui fe durcir d'abordal'air par fa fuperficie , & enfuite dans toute fa fub-
ftance en 5 a 6 jours. Cn pourroit croire que ce n'eft pas une produillon
des fourmis , mais un fuc qu'elles tirent de TarLne en y faifant de petites
(.-:) Pour peu que Ton connoiffe les Hiverfes transformations , on plutot Ics d^Tc-
loppcmcns fucccfifs Hcs infcftcs , on fe pcrfuadcra facilcment que cct infcdc dans la co-
que n'ctoit pas dnns fon dernier iftat ; & fi on I'euc gardiS plus long-tems, on auroic VO
fous qutUc foriue & comment il fe rcproduit.
jic COLLECTION
m--^^^^^^^ incifions ; & en effet , fi on pique les branches proche de la laique il en
A r, fort line nomme , mils il eft vrai aulli que certe eomme eft d'une nature
Acad Royale . ^. *j i i , c ■ i -.r j n o i
DES Sciences aifterente de la lacque. Les rourmis le nourrillent de Heurs; & comnie les
DE Paris. fleurs des monta^nes font plus belles & vienntnt mieiix que celles du bord
Annii 1710. ^^ '■^ mer , les tourmis qiii vivenr fur les montagnes font celles qui font
la plus belle lacque , & du plus beau rouge. Ces lourmis font comme des
abeiUes dont la lacque eft le miel : elles ne travaillenc que huir mois de
I'annee ,& le refte du terns elles ne font rien a caufe des pluics cuntinuelles
& tres-abondances.
Pour preparer la lacque , on la fepare d'abord des branches 011 elle eft
attachce; on la pile dins un mortier, on la jstte dans I'eau bouillance, &
quand I'eau eft bien teinte, on en remet d'autre jufqu'.i ce qu'elle ne fe
teigne plus. On fait evaporer au foleil une partie de i'eau qui contienc
cette teinture, aprcs quoi on met la teinture epai (lie dans un linge clair^on
I'approche du feu, Sc on Texprime autraversdu linge : celle qui palFe la
premiere eft en gouttes tranfparentes , & c'eft la plus belle lacque ; celle
qui fort enfuice &i par une plus forte expreflion , ou qu'on eft oblige de
racier de delfus le linge avec un couteau , eft plus brune & d'un moindre
prix.
Ces faits rapportes dans I'Academie firenr naitre a M. Lemery la pen-
fee d'examiner (1 la lacque etoit une gomme ou une refine, Ces deux mix-
tes , quoiqu'alTez femblables , dirferent en ce que le foufre domine dans
les telines &c le fcl cu I'eau dans les gommes. Il trouva que I'huile d'olive
ne dilfolvoit point la lacque , & n'en tiroit aucune teinture ; que I'huile
etheree & de thetebentine Sc I'efprit de vin n'en ciroient qu'une legere
teinture rouge \ ce qui fait voir que la lacque n'eft pas fort refineufe, &
n'abonde pas en foufre : que d'ailleurs une liqueur un peu acide , comme
I'eau alumineufe , en tiroit une teinture plus forte, quoiqu'elle n'en fit
qu'une dilfolution fort legere , &: que I'huile de tartre y failoir alTez d'ef-
fet; ce qui marque qu'elle a quelques parties falines; qu'elle eft impar-
faitement gommeufe , Sc que par confequent c'eft un mixte moyen en-
tre la refine 8c la gomme.
11 eft a remarquer que les liqueurs acides foibles tiroient quelque tein-
ture de la lacque, 6i que les fortes comme I'efprit de nitre & I'elprit de
vitriol , n'en tiroient aucune : cependant la licque qui ne leur donnoit
point de couleur , y perdoit la fienne en partie , & devenoit d'un jaune
pale. La Phyfique eft trop compliquee pour nous permettre de prevoir
surement 3"—" offet par le feul raifonnem'
Obfervaf
A C A D 6 M I Q U E. J2I
• /'in' J p r 1 ACAD.ROYALE
Ohjcrvations Jur Ic Be:^oard & Jur Us autres maticres que en des Sciences
approchcnt, ^^ Paris.
Annci I J 10,
Par M. G EOF FRO I le jeune.
V^ N donne ordinairemenc le noni de bczoard a des efpeces de pierres
qui fe troiivent dans le corps de certains animaux. Ce nom derive , felon
quelques auteuis , du mot Perfan Pa^a, ou Pa^an qui veut dire Bouc^
ou bien felon d'autres du mot hebreu ou caldcen Bcluinard qui fignifie
Contre-venin. ^
Les premieres pierres connues fous le nom de bczoard , ont etc appor-
tces d'Orient. Depuis la decouverte de I'Amerique il en eft venu de cette
region qui ctant a-peu-prcs femblables aux premieres pout la Ibudture &C
pour les vertus , ont auffirequ le nieme nom j mais pour diftinguer ces
deux bczoards , on appelle Oriental celui qui nous vient du Levant , &
bczoiird Occid-.ntal celui qui fe tire d'Amerique. Il y a encore d'autres
fubftances pierreufes tirees des animaux, & difpofees par couches, qui
ont ete nommees bczoard en leur confervant le nom de I'animal dont oa
les tiroit , tels (ont le bczoard de fmge , & le bczoard de cayman. Quel-
ques-uns, prenant le nom de bezoard dans la fignification de contre-
venin , 1 ont applique indifFeremment a routes les matieres qui pouvoient
avoir cette vertu , &c meme a des coinpofitions de chymie , comme le
bezoard mineral , & le bezoard jovial. D'autres oi t appelle bezoard ani-
mal la pou;ire du cccur , S<. du loie de viperes : enfin on a donne le nom
de bizoardou de bezaordique , a certaines poudres ou pierres artifi-ielies,
dans lefquelles on fait entrer du bczoard ; relies font les diifircntcs pou-
dres bczoardiques, la poudre de la comtelTe de Kent , les pierres formees
de cette pou Ire & de la pierre de Goa.
Comme le bezoard eft difpofe par couches , on a encore donne ce'nom a
une efpece de pierre fignree de la mcme inaniere, que Ton trouve dans
la tevre en diffcrens endroits d'Amerique, & a laquelle on actribue aiilli
les nitmes vertus. Il fe trouve de ces bezoards faciles en Italie , en Sicile
S< mcme en quelques endroits de la France , fur-tout en Languedoc.
Voila en general les difFerentes matieres que nous connoiflons fous le
nom de bezoard ; mais a proprement parler , le bczoard eft une fuLftance
pierreufe tiree de quelque animal , compofee de plufieurs couches ou cnve-
loppes, comme les oignons, & qui a quelque venu pout relifter au venin.
Les dtux principals efpeces font comme nous avonsdit, I'Oriental &
I'Occidental. Nous ne demclons pas bien qui font les animaux qui les
ptoduitent , parce qu'on pent avoit dit de tous les deux ce qui neconvient
qu'a un feul. Nous fivons en general que cette pierre fe trouve dans I'efto-
niac d'une efpece de chevre fauvage qui broute des piantes aromatiques.
S'il en faut croire Tavernier , il s'cn trouve plufieurs dans le mcme animal ,
ce qu'on peut connoitre au toucher. Ces pierres font de groffeur & de
figure difFerentes j les unes ont la figure d'un rdn , ou d'une fafeole j
Tome III , Panic fran^oifi, S i
%ii
COLLECTION
Acad. RoYALE
BES Sciences
DB Paris.
Anriee 1710.
d'autres font rondes ou oblongues , ou de figure irregullere. Chaque pierre eft
compofee de plufieurs lames, & d'une matiere verdatre ou olivatre , ta-
chetees de blancdans leut epailFeur. Ces lames font attachees les unes aux
autres , enforte qu'en les rompant on obfetve diverfes couches de matiere
de difFerentes epailTeurs , & quelquefois de difFerentiS couleurs. Il fe
trouve meme en callant ces pterres, des lames qui s'eclatent & fe lepa-
rent net les unes des autres : la meme chofe atrive lorfqu'on les chaufFe
un peu vivement. Le milieu, ou le centre de cette pierre, eft pour I'ordi-
naire occupe par une maffe dure, graveleufe , & alTez unie : les couches
bezoardiques qui couvrent ce noyau, s'ecrafent fous la dent alTez facile-
inent & s"y attachent comme une matiere legerement glutineufe j elles
teignent un peu laAlive.
J'en ai brule, elles s'enflamment aifement , & paroiflTent contenir du
fel volatil , 6c de I huile. Le refidu a du rapport au Caput mortuum qui
reftedansla cornue aprcs la diftillation des matieres animales. Ces pierres
font fort polits exterieurement , mais quelquefois un peu rudes,&gre-
nues comme du chagrin dans certains contours. Elles font affez tendreSy
&c teignent en couleur jaune , verdatre , ou olivatre , le papier frotte de
craie , de cerufe , ou de chaux , quand on le palTe delTus un peu rudement ,
patce qu'elles s'ufent, & laillent de leurs parties, fur la craie , lactrufe ,011
la chaux. J'ai fait tremper a froid deux de ces pierres , I'une dans I'eau , &
I'autre dans I'efprit de vin pendant 11 heures , fans qu'elles aient paru alte-
lees. J'ailaiffe dans I'eau pendant quelques jours la meme pierre , il ne s'ea
eft dctache que ties-peu de chofe , & leau n'en a ete que legerement trou-
blee , cependant I'eau & I'efprit de vin les avoienc penetrees routes deux.
Dans le grand nombte de pierres de bezoard que j'ai ouvertes , j'en a!
trouve beaucoiip qui avoient dans leur milieu , comme le rapportent quel-
<]ues autears , des pailles , du poil , des marcaflites , des cailloux , des ma-
tiercs graveleufes , unies enfemble , & aufli dures que la pierre : j'y ai auffi
trouve du talc , du bois , des noyaux prefque femblables a ceux de cerifes ,
des noyaux de myrobolans , des quartiers de quelques autres noyaux ; &c
enfin des efpeces de noyaux de calTe , & des fafeoles renfermees dans une
Tunique ou membrane exterieure, durcie par la matiere qui a forme le
bezoard , la membrane propre s'etanc retiree & fechee apres avoir etc gon-
fiee. Dans d'autres pierres , la premiere enveloppe de la fafeole etantcon-
fumee , les pierres en leur entier fonnoient comme des pierres d'aigle. J'ai
effayede piquer ces pierres avec une aiguille rougie yu feu pour voir fi elles
etoient contrefaites , cette aiguille n'y a pu entrer , ?< a feulement bruni
I'endroit ou elle a eteappliquee ; ce que les auteurs propofent comme une
des principales marques a quoi Ton petit connoirre le bon bezoard, croyant
au contraire qu'on doit rejetter ceux oij I'on trouve de ces fafeoles qu'ils
regard nt comme un indice de falfificarion.
lis veulent done qu'on choifilFe le bezoatd en pierres de moyenne grof-
feur,& de couleur brune; que ces pierres donnent a la chaux viye , une
teinte de jaune & a la craie une teinte de verd; qu'elles ne fe didolvenc
point dans I'eau , & que lorfqu'on les perce d'unfer rouge , il ne s'cleve
point de bulks autour, ce qui deceleroit le melange de quelques refines.
A C A D ^ M I Q U F- jij
11 faut encore que ks Limes en foient fines , difpofces par couches , & '■ i ■ — — u
que ces pierres aient etc circes des animaux qui vivenc fur les monraf^nes , Ac ■kn. 'I,) ,-ale
tels que lone ceux de I'erfe. Au-refte il me parojc aflez difficile de contre- DE5 Sciences
fair.- L- bczoard , Si pour peu qu'on en ait employe, on s'appercevra a la ^^ Paris.
fimpli vue do la concrefacliion aufli-bien qu'I tcs cpreuves ^ car le bczoard A/inU 1710,
pjurroic ctre contretait avec du placre , ou avec quelque matiere fcmbla-
ble, de maniere qu'il les foutiendroit routes, qu'il ne changeroit , ni au
feu , ni al'-iau , & qu'il pourroir colorer la chaux de la teinture qu'on lai
auruic diinnce. Enfin il n'cll pas a croire qu'on allat chercher can: de dif-
ferentcs ni^tieres pour fcrvir de noyau a cecte compofition.
Je croisdoncau concraire que ces matieres rentotmees dansle bezoard ,
peuvent nous mettre fur la voie de fa formation. Tavernier dit que ces
pierres fe forment aurour de petits boutons , ou autout des f;nimites des
petitcs branches d'une pl'.nte. Ces boutons de Tavernier peuvent oter les
faleoles dont parle Monard , &: que j'ai obfervees. Ces co ps folides &
indigents reftes dans I'eftomac de I'animal, peuvent en irriterles glandes
dont li limpiie epaillie avec le levain de I'eftomac encore charge du fuc
des plantes aromatiques , aura pu former ces couches polies , unies &
exaiftt-mint liees que I'arr auroit bien de la peine aimiter. Je vois meme
aue quelque foit la matiere renfermee au centre de cette pierre, les cou-
ches qui I'enveloppent font fi regulieres qu'exterieuremi-nt la pierre a la
figure du corps qui lui fert de noyau.
Si par example il s'y rencontre une paille , la pierre fera longue \ fi c'eft
im caillou, elle en gardera la figure ; fi c'cft une fafeole , on y r.niar-
quera exierieurep.ieut la radicule, & une raie qui lepare fort diftln£le-
ment les deux lobes de la fafeole. Enfin on juge a la forme & a la pefan-
teur ce qu'elles peuvent contenir ; & comme dans le choix d'une matiere
auffi chere que le bezoard , on n'a pas la liberie de tout ouvrir . apres s'ctre
alTuie dun certain nombre ds pierres des plus douteufes fur lelquelles
on aura elfaye les experiences precedentes j il faudra s'en rapporter a la
viie , &: au toucher. On pretere les pierres dont la couieur n'eft ni trop
pile , ni trop foncee \ on recherche aufll la EnefTe du grain , le poll ,
& un tilTu ferre , enforte que les lames ne s'elevent point trop aifement les
unes ue delFus les autrus : il' faut encore ohf- rver qu'elles aient une figure
rcguliere , comme celle d'un rein, d'un cEuf d'oifeau , ou quelqu'autre
approchante : enfin la pefanteur ou la iegerete du bezoard indiquent les ma-
tieres qu'il pent contenir. Si par txtmple la pier e eft pefante, la bafe
en fera un caillou , ou quelqu'autre lorte de matiere qui en occupera
la plus grande partie ; (\ au contraire la pierre eft Icgere , elle fera creufii
interieurement , ou ne renfermera que quelque matiere legere comme du
poll, ou quelques-unes des fubftances ve^etales dont j'ai parle. Les pierres
qui donneront quelque fon , indiqueront un fruit qui s'etant delTcche ,
occupe inoins de volume , quelquefois meme il eft pourri ou reduit en
une poudiere que queLjues autcurs eftimsnt fort.
J'ai encore oblerwe que lorfque les bezo.irds font formes en maniere
dc reins , &: qu'ils font legers &: fonnans.c'cft orJinairement une fafeole
flui en occupe le milieu. Il s'en eft ttouve d autces qui ctoient legers , de
Siij
124 COLLECTION
■II — — figure ronde , un peu applatis : ces pierres contenoient un fruit rond 8i
Acad. Royale plat . a peu-pres de la figure d'uu noyau de cafle : au-refte quand meme ces
DES Sciences pierres renfermeroien: un noyau ligneux , comme il s'en eft trouve , ou
DE Paris. meme des morceaiix de bois , la Icgerete doic coujoiirs les faire preferer
:Annee 1710. a ceux qui renfermenc des cailloux , & qui f;ront beaucoup plus pefans ,
pourvu cependaiic que les matieres bezoardiques foutiennent les autres
epreuves.
Pour I'ufage ordinaire qu'on en fait en medecine , route la preparation
que Ton donne au bezoard , c'eft de le rcduire en poudre fine, foic pour
le prendre en lubftance , foir pour le faire entrer dans quelques cornpofi-
tions , obfervanc fealement de ne pulverifer que ce qu'il y a de bczoardi-
que , & di feparer routes les matieres etrangeres qui fe pourront trouver
dans le ccEur du bezoard, fur-tout lorfqu'il s'y rencontre des cailloux,
ou d'autrcs fubftances q\ii n'ont aucune des vertus du bezoard.
Les fentimens me paroilfent fort partagcs fur I'animal qui porte le bezoard
Oriental, & fur celui qui porte le bezoard Occidental : il paroit que
rOriental qui nous tft apporte d'Egypte , de Perfe, des Indes, & de la
Chine, eft produit par une efpece de bouc que les Perfans nomment Pa-
^an, ou par une chevre fauvage plus grande que I'ordinaire , agile comme
!e cerf , & qui a des cornes renverfees fur le dos , d'ou Clufius la nomme
Caprkerva.
Celui qui eft apporte d'Amcrique , eft produit par une efpece de chevre
qui n'tft point, ou qui n'eft que tres peu differente de I'autre , a I'excep-
tion des cornes. (1)
Les differens fentimens des auteurs , fur le nom , fur la figure de cet ani-
mal , m.> fontcroire qu'il peut y avoir pltifieurs efpeces d'anunaux dans lef-
quels on trouve de ces pierres , & que cliacun aura decrit celui qu'il aura
vu. Cette meme raifon peut fervir a prouver la caufe des difterentes cou-
leurs du bezoard.
Le bezoard Occidental eft facile a diftinguer a fa couleur plus pale ; il eft
quelquefois gris-blanc , & roujours engendrc fur des matieres etrangeres
comme le bezoard Orient.-il. Les lames en font quelquefois plus cpailles,
& ftriees dar.s leur epailTeur.
Les bezoards foftiL-s font des efpeces de pierres formees par couches ,
ayamla figure du bezoard animal : ils out ordinairement une couleur grife
blanchatre , les couihes en font alTez minces , ils n'ont point d'odeur , SC
s'emploient dans les niemes maladies 011 Ton emploie les autres bezoards.
L'Amerique , comme je I'ai deja dit , nous fournit beaucoup de ces be-
zoards , aufli-bien que I'ltalie , & plufieurs endroits de France.
Ceux qui ont rraite du bezo.ird , & entr'autres Gafpard Bauhin , ont com-
pris fous ce nom bien des matieres qui n'y ont nul rapport , ce qui ne peut
apporter que de la confufion dans i'Hiftoire Naturelle. Si Ton vouloit done
rancrer dans un ordce convenable , tout ce qui peut participer au nom de
(a) Les bczcards du Perou fe trouvent dans I'eftomac des lamas & pacos fauvage-;.,
& ceux'de la Nouvelle Efpasine , dans I'eftomac d'une efpece de cerfs. Touces les gazelles
Scchevres fauvagesquijiabicent ks roontagnesd'Afie, donnen^le bezoard orientaj.
A C A D 6 M I Q U E. 515
bezoard , je crois qu'il feroic d propos d'en faire ici cinq claHTcs. ^—
La premiere contiendroit Ics veritablts bczoards qui font I'Oriental , Acad. Royale
Sc I'Occidental, des Sciences
On mettroitdans la feconde, routes les pierres tirees des animaux qui "e 1'aris.
approciient du bczoard par leur ftrufture , Ik par leur vertii , commf lont Jnn^i i-io.
le bczoard de finge , celui de cayman , 6c mcme les difFerentes fortes de '
perles , & les yeux d'ecrevilfes.
Dans la troifieme , les difFerentes forces de bezoards fortiles.
Dans la qiiatrieme clade , les matieres figurces , con me le bezoard fans
en avoir les vertus ; favoir la pierre humaine tirce de la vedie , celle dcs
reins, celle de la vellicule du hel , avec celles qui fe trouven: dans la vtlli-
cule du ficl des bccuts & des autres animaux.
Dans la cinquieme &c derniere , les egagropiles qui font des efpeces de
bouL's de difFerentes figures , afl'ez legcres , formees par un amas de poils,
&C de fiSres des plances que les animaux n'ont pu digcrer. Ces fibres , Sc
ces poils s'ourdi(rtnt de maniere qu'ils ne forment plus qu'un corps fembia-
ble a une boule de feutre. U s'en trouve qui font recouvertes d'un croute
bezoardique fort mince : elles nailFent ordinairement dans le premier ven-
tricule de tons les animaux qui ruminent , on dans I'eftomac de ccux qui
ne ruminent point ; tels ion: la pierce du pore-epic fauvage , &: les autres
boules de poils trouvees dans les chevres j dans les ba-ufs , dans les vachcs ,
& dans d'aurrts animaux.
Suitc^dcs obfervations fur les Be:^oards 5* autres fub fiances de.
meme genre, avcc quelques partkularitis touchant le coquil-
lase nommi Pine Marine.
^c*
X L paroK fi elTentiel au bezoard de contenir quelque corps etranger, qu'on
en trouve memo dans les bezoards foflik-s. Boccone y a obferve des noyaux
de difFerentes efpeces , des cailloux , des graviers , du bois , du metal, du
charbon , &c. J'en ai examine qu'on nomme Priapolites ^ cette efpece
croit en Languedoc , & M. Bon m'en a donne un done le noyau eft de
cryllal de roche.
Entre les difFerens noyaux qu'on trouve dans les pierres du bezoard ani-
mal , j en ai remarque un qui me piroilFoit alTez femblable aux noyaux
de caUe ou de tamarin , mais plus petit. J'ai cependant rrouve depuis que
ce pouvoit etre le fruit d'une goulle que je n'avois pas encore vue pour
lors , & qui approche de celui ile la goulFe de I'arbre momme Acacia vera
Egypiiaca. Cette gouife qui nous eft venue du Senegal , tft longuc de j
pouces, ou 3 pouces & demi , & large de 9 a 10 lignes : elle eft com-
pofee de deux membranes , une exterieure , & une interieure : la mem-
brane cxterieure eft fort tendre , de coulenr brune , & attachee a Tinte-
lieure qui eft cartiiaglneufe & fort mince. La maricre qui les unit eft
gommeufe , de coulcur jaunatre tranfparcnte ; e!le fond dans la bouche , &
eft d'un goiit fort acerbe. Dans les plus longues goulles j'ai trouve liuic
graiiies fcparees Icj unej des autres par une efpece 4'ccianglement qui
iiS COLLECTION
.ii..!! reunit les deux parois de la membrane : chaque cavice de ces goulTeS
Acad. RoYALE '•'oniient une graine places approchaiue d'un lupin , tantoc exad-cmenr cir-
DES Sciences culaire, tantot un peu compnmee par I'etranglemenc de la goulle qui eft plus
DE Paris. ftrree dans ion milieu que dans les deux extremices, enforce que les fruits
^nnec 1710. ^'^ milieu de la goulfe font un peu comprimes, 6c que ceux desextte-
mitcs font exadement ronds.
Ce qui m'a tait juger que ces fruits etoient ceux que j'avois obferves
dans le bezoard qui eft rond , & un peu applati , c'eft que je les ai trou-
ves avoir les msmes mar(]ues , & entr'autres une ligne blanchatre , cir-
culaire , tracee lur chaque face du fruit , telle qu'tlle paroit fur celui
qu'on trouve renferme dans le bezoard. J'ai mis de ces fruits dans I'eau,
lis s'y font renfles a- peu pres de la meme maniere qu'ils ont pu I'eire
lorfqu'ils fe font trouves dans I'eftomac de I'animal , ou ils ont commence
a s'enduire de la matiere bezoardique. La teinture que j'ai tiree de ces fruits
ctoit tres-rouge , & tres-acerbe : j'y ai jette un peu de vitriol , elie a noirci :
on (e fert dans le pays de ces fruits , i^ de leur goulfe pour tanner les cuirs.
De leur decodlion faite dans I'eau , on tire un luc qu'on cpaiffit , & qu'on
nous appotte fous le nom AqJ'uc d' Acacia. On pretend audi que c'eft de cec
arbre d'acacia que coule la gomme que nous nommerons Gomme Arabique ,
onGommi du SinegaLYK t -il quelqu'apparence que les contrefadteurs du
bezoard allalTent chercher , entt'autres thofes , les fruits de I'acacia pour
faire une des bafes de leur compoficion ? Et n'eft-il pas plus vraifemblale
que ces fruits , & quelques autres fruits allringens qui fervent a la nourri-
ture des bcftiaux caufent dans I'ellomac des aniniaux qui en mangent le
plus, un epaiffiirtment de litpeurs qui peut occafionnet la formation des
pierre> de bezoard.
Voild de quelle maniere ces pierres naiiTent dans I'eftomac de I'animal
qui ks porte , &: s'accroilf.nt au point oti nous les voyons. Il s'en peut
trou/er p'ufieurs dans le ventricule dun feul animal. Tavernier dit foraiel-
lement que fix de ces chevres dont on lui fit prefenr avoieiu en tout dix-
fept bezoards , qu'on pouvoit les tacer par dehors, & les compter , & qn'ils
augmencoient le prix de I'animal a proportion de leur nonibre. Cela cadre
pnrfaitemenc avec ce que rapporte Clufius de I'animal qui porte le bezoard
Occidental : il dit qu'un ami qu'il avoir au I'erou, & qui le premier avoir
fait la decouverte du bezoard , voulanc favoir comment ces pierres fe for- .
moient dans le corps de ces animaux , en dilfequa un , & trouva dans le
ventricule une efpcce de poche oil ces pierres etoient rangees de fuite
comme les boutons d'un habit.
Ces deux paifages foic entierement oppofes a I'opinion de Pomet qui
pretend qu'il ne peut fe trouver qu'un bezoard dans le ventre de chaque
animal ; aiilfi nous alfure til qu'il n'eut pas ofe contredire les auteurs qui
en ont traite, s'il n'avoit eu pieces en main pour juftifier fon opinion j
c'eft ce qu'il fera bon d'exammer ici, d'autant plus que petfonne , que je
fache, n'a encore expofe publiquement I'erreur de Pomet, fur la pre-
tendue tunique du bezoard , animal qu'il difoit etre une des plus grandes
cutiofites qu'ont eiit vues depuis long-tems en France.
Citu tttniqui eji f dit-il, de la grojjiur d' un «iuf £oie , garnk au dihors
A C A D ]& M I Q U E. 'jj7
'd'u/l poll rude, court t Hunt couUur tannU ,laquclU itant coupit tn deux il
s'y rencontre une coqiic mince & brune qui fen de couverture a une autre coque
blanche & dure comint un os , oil eft contenue cette pierre a qui on a donne le ^'^'^''•I^oyale
nom d. heioard (a). - dhs Sciences
Or cette enveloppe fi finguliere du bczoard , dont il prcceiidoit avoir
fait la dccouverte, n'eft point du tout une partie de ranimsl qui porte le -^'"'" lyiO'
bczoard , celt un fruit esotique dans lequel , ou Pomet, ou quelque char-
latan par lequel i-1 s'etoit lailfc tromper , avoir enchalTe fort adroitinicnt
une pierre de bczoard : cette fraude n'a etc dccouverte que depuis un an.
Comme j'examinois avec M. Vaillant, & M. de Jullicu cette pierre fin-
guliere du drogui.r de feu M. Pomet, nous nous app^r^umes que cette
pretendue enveloppe ne pouvpit point etre une partie d'aucun anjmal , &
qu'il falloit que ce fut quelque fruit peu connu : c'tft ce qui f'ut enfuite
verifie par M. Vaillant qui fe trouva avoir de ces fortes de fruits, & qui
n'eut pas de peine a en faire des bezoards avec leurs envoloppes tout fcm-
blablcs au bezoard tant prifi^ par Pomet. J'en ai fait aulli de pareils : ce
fruit vient fur une forte de palmier dccrit par Jean Bauhin qui I'appelle
Fa/ma Crucifera : le meme fruit eft aufll dccrit par Theophiafte ; I'arbre
croiten Egypte, la Nubie &c I'Ethiopie. Cordus I'appelle Nux mdica mi-
nor , & a donnc une defcription de fon fruit , femblable a celle de PomeC
que je viens de rapporter en parlant de la tunique du bczoard . II ne man-
que a cette defcription qu'une particularite omil'e par Pomet : c'eft l,i peau
qui lecouvre tout le fruit , & dont la couleur eft un jaune tanne. Ce fruit
a un pedicule partage en fix pennies, ttois grandes &: trois petites : cela
eut fuffi pour le detromper , lui, ou ceuxqui ont etc trompes aprcs lui
& il n'eft pas inutile pour la perfeiftion de I'Hiftoire Naurelle que de pa-
reilles fraudes foient rcvelees avec foin.
Ce n'eft pas fans raifon que j'ai mis dans mon dernier Memoire au
rang des bezoards , routes les raatieres qui fe fonr.ent par couches dans le
corps dts animaux. Les perles que j'ai niifes de ce nombre le meritenc
d'autanr mieux , que j'en ai ttouve dans certains coqiiillages , de fi fembla-
bles au bezoard ordinaire , qu'on a de la peine a les en "diftinouer au pre-
mier coup d'oeil. Ces perles s'engendrent dans une efpece de poiflTon a co.
quille qu'on nomme P//:/i<l marina. Pinna , five A flura Mathioli. On en
voir une grande quantite fur les cotes de Provence oii la pkhe s'en fair aux
mois d'Avril , & de iMai : on nomme dans le pays cette efpece de poillon
Na^re. * '
Les perles qui fe trouvent dans cfi coquilles , ne font pas toutes de la
meme eau : les unes, comme j'ai dit , font parfaitement femblables a des
pierres de bezoard; d'auttes font de couleur de corail & d'ambre, &
d'autres de la couleur des perles , mais plus plombees : leur forme la plus
ordinaire eft celle d'une poire. Toutes ces differentes varietes dc figure &
de couleur, n'empechent pas qu'elles ne foient de la meme nature, puif-
qu'elles naijTent dans le corps du meme poifTon. J'en ai quatre de differente
eau & de difference figure qui ont ete tirees d'une meme nacre. Que ces per-
(a) V- Pom?t en fon Ttaic^ des Drogues, Livre des Aniaiaux, pag. lo.
DEs Sciences
DE Paris.
Annee 1710.
3zS COLLECTION
.. „ ».— « les , ainfi que routes, les autres fe forment dans le corps des poiffons I
AcAD.RoYALE coquille, comme le bezoard ordinaire dans le corps des chevres qui le
fournilTenc , c'ellce qu'il n'eft pas difficile de prouver , puifqu'en les caf-
faiit on les trouve radices comme certains bezoards dont j'ai parle , & for-
mees autour d'un noyau qui paroit etre lui-meme une petite petle.
On en trouve de tellrtment baroques, qu'elles ne conferveiit plus la
fioure de pedes j mais la matiere en eft toujours difpofee par couches ,
comme celle des bezoards. Or , perfonne ne doute que les perles Onen-
tales ne foient de la meme nature que celles qui nailFenc dans les auires
poillons a coquilles , comme dans les huitres que nous mangeons ordi-
nairement , & dans les differentes fortes de moules. Toute la difference
qui eft entr'elles , ne vient que de leur differente eau , mais c'eft pat-tout
la meme matiere, vC l.i meme conftrudlion , comme le font allez voir
les differentes perles qu'on trouve dans la pinne-marine : on doit done re-
gardec les perles comme des vcritables bezoards , quant a leur nature , quoi-
qu'elles ne foient pas tout-a-fait telles , quant a leur vertu.
Les pe: les ne font pas la feule chofe qui foit a temarquer dans la pinne-
marine. Ce coquillage eft une efpece de grande mouie, dont la coquille
eft compofee de deux pieces larges , atrondies par en haut , & fort poin-
tues par en bas , fort inegales en dehors , d'une couleur brune, & lilTe en
dedans , tirant vers la pointe fur la coirteur du nacre de perles. II s'en trouve
de differentes grandeurs , depuis un pied jufqu'a deux pieds Sc demi de
longueur, 6c quiont i I'endroit le plus large, environ le tiers de leur longueur.
Ces coquilles font fi minces qu'elles font tranfparentes : elles out une efpece
de hoiipe longue d'environ 6 pouces , mais plus ou moins, felon la gran-
deur ou la petiteffe du coquillage : cette houpe , fituee vers la pointe du cote
oppofe a la charniere , elt rompofte de filamens d'une foie tort brune &
dehee. Ces petits fils regardcs au microfcope, paroiffent creux : fi on les
brule ,ils donnent une odeur urineufe comme la foie. Les anciens ont noin-
me cette matiere Bijjus , foit a caufe de fa reffemblance avec le Bijfus
dont ils filoient des etoffes precieufes, foit quelle fiit elle meme le BiJ/us
dont on faifou ces ctoff^s; car les plus habiles critiques n'ont pas trop
eclairci ce que Ton doit entendre par le Bijfiti des anciens : ils en ont feu-
lement diftingue de deux fortes ; celui de Grece qui ne fe trouvoit que
dans la province d'Elide ; celui de Judee , qui etoic le plus beau. Mais
comme fous le nom de Btjjus les anciens out confondu les cotons , les
ouates, en un mot, tout ce qui fe filoit , & qui etoit plus precieux que la
laine , il n'eft pas aife de dire au jufte ce que c'c'toit que leur Bijfus propre-
^ment dit , & s'ils ne le tiroient que des coquilles dont je parle : ce qu'il y
a de vrai , c'eft qu'Ariftote qui nomme Bijj'us la foie de ces coquilles , die
qu'elle fe pent filer ; ainliiln'ya pas de doute qu'elle n'ait etc employee
pour les habits des grands feigneurs dans des fiecles ou la foie etoit rare &
tres-peu connue. En effer ce Bijfus , quoique file groflierement , paroic
beaucoup plus beau que la laine , & approche affez de ia foie : on en fait en-
core ;i prcient des bas , & d'autres ouvrages quiferoient plus precieux , ll
la foie etoit moins commune. Avant de filer cette forte de Bijfus, on le
laifle quelques jours dans la cave pour I'hmneder , &c le ramollir ; puis on
le
A C A D 6 M I Q U E. 519
le psigne pour en fcp.irer I.i bourre , & ks autres ordures qui y font arta-
cl)t'i.'s ,.ipros qiioi on lo file coinino de la foie. Acad.Royale
Les poiirons qui donnenc le Bijfus , s'en fervent a artaclier leurs coquilles i^^ bcisNCES
auxcoips voifins; car ils font plantcs tout droits fur la pointe de leurs coqulU J^^ ,^
les; ilsonrjbefoinde ceshlamcns qu'ils etendenttout aucout , comme les cot- -"""«'' 171°.
dagcs d'un mat pour fc foutenir en cetce lituation.
ll y a appirence que l.i pinne- marine forme ces fortes de fils par une
miidnniqa; f-.-mbiable a celle qua M. de Reaumur a obfervce dajis les
m u'.cs de mer ; mais ceux de la pinne font beaucjup plus beaux, plus
I'oyejx .*<i plus fins.
U fe niche dans les coquilles de la pinne, de petits crabes dontlesan-
ciens or»t rappotte des chofes nierveilleufes &c qa'il eft bon d'exatni-
ner ici.
lis ont cru que ce petit animal naifToit avec la Pinne , & qu'il etoit
nccelTaire .1 fa confervation ; aufli I'ont-ils appelle le Gard'un de la Pinne :
voici en quoi ils iuijeoient que le petit crabe etoit fi utile a fon bote.
Coinme la pinne eft fans yeux, iSc n'eft pas douee d'ailleurs d'un fenti-
nient fort exquis ; lorfque fa coquille eft ouverte , &: que ks petits poif-
fons y entrent , le crabe I'avtrtit , difent-ils , par une morfure Icgere , afiri
que reirerrant tout dun coup fa coquille , les poilTons s'y trouvent pris ,
^ alorsla pinne &: le crabe partagententr'eux la proie. D'autres ne croyant
pas que ce crabe prit naiirance dans la coquille de la pinne, ont fuppofe
que ce petit animal , pour fe loger dans les coquilles des poilfcns , failit le
terns qu'elles font ouvertes, qu'il a I'adrelle d'y jctter un petit caillou pour
les empechet de fe refetmer, & pour manger a leut aife lepoillon qui eft
dedans : mais toutes ces circonftances font fabuleufts. Les petits crabes
qui fe logent dans la coquille de la pinne , fe trouvent inditfereniment
dans toutes les autres bivalves, comme les huitres & les moules , aulli-
bien que dans les pinnes matines , oil Ion rencontre auili quelquefois de
petits coquillages qui entrent dedans, ou qui s'attachent dellus. J'ai une
petite conque de vcnus qui s'eft trouvce enfermee & vivante dans la coquille
d'une pinne : dailleurs le poilfon de ces coquilles ne vit point de chair ,
non plus que les moules & les huitres, mais feulement d'eau & de vafe ;
ainli I'aJrelle du petit crabe lui feroit inutile : & enhn ces petits crabes ne
m.tngent point les poilFons des coquilles oii ils fe logent , puifqu'on y trouve
ces poill'ons fains& entiers avec les petits ctabes qui les accompagrent.
Ce n'eft done que le hafard qui jette ces petits animaux dans les coquilles
pendant qu'elles font ouvertes, ou bienils s'y rerirent pout s'y mettre a
convert , comme on en trouve trt-s-fouvent dans les trous des eponges &
dss pierres , & dans les creux exteiieurs des coquilles.
En rapportant comme j'ai fait dans la feconde clufTe des bezoards les
pierres de mcme nature qui fe tirent des animaux, j'y joindrai celles que
j'ai obfervces depuis peu dans les poches du caftor , qu'on appelle Cajloreum.
Entre plufieurs que j'ai ouverres , j'en ai trouve une qui m'a paru phis
grolTe que les autres , & qui etoit remplie de pierres de differentes grof-
feurs. Suivant le prejuge ordinaire, j'aurois cru que ces poches auroient
cte falfifices & remplies de piettes pour en augnientet le poids j mais
Tonii in , Partie Frangoifi T i
J30
COLLECTIQN
" ea les examinant , je m'apper^iis qu'elles etoient tontes adhcretttes , Sc
Acad. RoYALE qnV'lles gardoienc une figure alFez reguliere entr'elles. J'ai prefente ces
DE Paris^^ pierres a la flamme d'Une chandelle , elles y brulent corr.me celles qui fe
, ' tirenc de la veficule du fiel , & exlulent I'odeur du caftoreiini. Ces pier-
Annci 1710. res rciremblenc alFez a des noyaux de ncffles , comnie celles qu'on trouve
dans la veficule du fitl : elles font tendres & difpofces par couches , f^-
parees par des membranes rcpanJues dans la fiibftance de la porbe, & qui
tormenc les cloifons des cellules. Les plus grolTes que j'aie trouvees , ont
fix lignes de longueur fur quaere de large , & crois lignes d'epaiifeur. Les
autres qui font ..n plus grand nombre diminuent de grodeur , & les plus
petites ne font grolTes c]ue comme des tetes d'epingles. II n'y a point d'appa-
rence que ces pierres ayent etc ajoutces dans ce Cafionum , de la maniere
dont j'ai obferve qu'elles font conftruites : il faut done que le fuc con-
tenu dans ces poches fefolccpailTi & grumele autour des membranes 011
de leurs glandes , qui aurcnt fervi de bafes a la formation de ces pierres.
On remarque , comms je 1 ai obferve , qu'il fe forme des pierres dans tou-
tes les cavites du corps des animaux , & meme dans les glandes : c'eft pour
cette raifon que Ic noin de bezoard eft fi etendu. Je crois done pouvoir
ranger ces pierres au nombre des bczoards, aulli-bien que les diftertntes
fortes de perles , puifqu'elles approchent du bezoard pat leur ftriifture
& p.ir leur vertu. Le caftor eft employe en medecine pout fortifier le
cerveau, refiller au venin , poulfer par la tranfpiration , & calmer les va-
peurs ; L-s pierres qui s'y trouvent contenant les memes principes , doi-
vent avoir les memes efFets , & par confcquent les mcmes vertus que
les matieres bezoardiques. Comme je ne traite du caltor que par rapport
aux pierres que j'y ai remarquees , je ne m'arreterai point ici a decrire
I'animal, ni les pochef qui contiennent la matiere que Ion nomme Caflo-
Ttum , puifque I'anatomie en a dq'a etc faite par I'Acadcmie.
Je propoierai feulement mon fentiment fur le choix de cette matiere;
Je conviens avec ceux qui la connoiflTent qu'il peut yen avoir de faififiee,
mais je crois que la difference qui s'y trouve pour I'odeur & la coa-
fiftance 5 vient plutot du clini.Tt , des alimens & de I'age du caflcr , que
d'aucune faUification. Le Cajiorcurn le plus commiin & le moins eftimc ,
eft celui du Canada j on le regatde comme faliifie parce qu'il n'a point
d'odeur ou qu'il en a une defagreable : j'en ai ouvert pkifieurs qui eroienc
mous , tres - peu odorans , & ou il n'y avoir nulle apparence de falfilicar
lion , puifque les cellules n'etoient ni gonfiees ni decnirees j elles etoient
au contraire partagees par des membranes adherentes a I'enveloppe , com-
me on I'obferve dans ceux qui ne font foupconnes d'aucune tallification.
Le Cafioreum de Dantzicic eft eftime le meilleur , cependant celui du Levant
le furpalTe.
II fe trouve audi des caftors en France dans quelques endroits du Rhone ,
Jonr on delTcche les poches fidelement , & cette efpece eft fort bonne. J'en
ai dans mon droguier qu'un apoticaire de Ville-Neuve-les-Avignon ni'a
deiTechees : elles font fort bonnes, & fort grofTes fans ctre falfifiees. J'ai
trouve que ce Cajtoreum ne cedoit en rienaceiui deDantzick. Le plus foa^
vent celui du Rhone eft vendu pour du Danizick , n'y ayant de difference.
A C A D li M I Q U E. jji
qu'en ce que ce dernier eft plus odorant. Je fuis perfuadc que notre caftor -
da Rltone a la mcme qualite que celui du Levant, & de Dantzick. On fe- Acad.Royaib
che ces poches a la cheminee , oil la liqueur en fe delTcchant, peut fermen- lks Science*
ter 1 ce qui fait que le Cu/loreiim acquiert de plus en plus une odeur forte '^'^ aris.
& convenable. Annii 1710.
Du mouvement progrcjjif dc diverfcs ejpeces dc coguillages j
onus & etoiks de mer.
Par M. D E Reaumur.
_^v ANT d'entrer dans le detail de mes obfervations fur les coquillages ,
je conimencerai par determiner Ic fens de quelques expreflions quej'em-
ployerai dans ce Klemoire , qui fervironta abregcr le difcours , &: memea
le rendre plus clair. Le mot de coquille fignifiera toujours I'enveloppe pier-
reufe des animaux a coquille, foit que cette enveloppe foit d'une fcule pie-
ce , comme celledes limagons , ou qu'elle foit compofee de deux, ou de
pUifieurs pieces , comme celles des figures V , VI &; VII ( PI. V. )
Je donnerai quclquefois le nom de CoquilUs d deux baituns , aux coquil-
les qui etant compofces de deux pieces , s'entr'ouvent d'un cote , lorfque
ces deux pieces s'cloignent I'une de I'autre , fans ceffer de fe toucher par
le cote oppofe. Les coquilies des figures V, VI & Vll font de cette ef-
pece. Je n'ai pas cru pouvoir mieux rendre le nom de Bivalvis, qu'on
leur donne en Latin [a).
Si Ton regarde avec quelque attention une coquille d'une feule piece ,'ou
Tune des pieces dont les coquilies bivalves font compofces ( P/. f'. Fig. f^ ,
VI ^ yil) , on obfervera aifement diverfes lignes courbes, dont chacuno-
renferme une figure femblable a celle de la coquille , ou de la piece que
Ton confidere j de forte que fi on retranthoit une certaine partie de cette
coquille , ou de cette piece , en fuivant une de ces lignes coutbes, on di-
minueroit leur grandeur en leur confervant cependant une figure fembla-
ble a celles qu'elles avoient. Or j'appelle fommet de la coquille , ce poinc
oil une de ces figures femblables devient ll petite , qu'a peine peut-on la
diftinguer : ainfi la pointe des coquilies en fpirale , eft leur fommet ; & dans
les coquilies bivalves, ce fommet eft aupres de I'endroit, ou les deux
pieces font attachces Tune a I'autre , & eft compofee des fommets de I'une
& I'autre piece ; ainfi dans les figures VII , IX , XVI , 6c diverfes aiitres , le
fommet de la coquille eft S. Je nomme bafi de la coquille , le cote op-
pofe direitement a ce fommet : B B B eft la bafe de la figure 5. La diftance
de la bafe an fommet , eft ce que j'appelle largeur de la coquille , & je
prends pou: fa longueur la plus grande des lignes perpendiculaires qui
(.0 On Ic5 appcUc anjnurd'hui Bivalves en Francois, & nou5 emploicron? ce mot
dans la fuitc du Mcinoirc, afin de nous conformer a I'intention cjuavoit TAutcur
i'librigcT k difcours Ci" de le rendre chir.
Tz ij
J3i' C O L t E C T I O N
peuvent etre tirees fur la ligne qui a aufli ere mence perpendiculairement
AcAD.RoYALE du fommcc ii la bafe ( /V^. IX), ou la iignc SB marque la largeur, & la
DEs Sciences Ugne L L , la longueur.
BE ARis. Qj^ donnera fouveiu le meme nom a ranimal, & a la coquille qui le
■Annce 1710. coavre , c'eft-a-dire qu'on nommera , par exemple , aufli bien moule une
cercaine coquille, que I'animal qui habire cetre coquille , mais cela n'ap-
piartera aucune contufion , etant toujours tres-aife de demeler par les cho-
fes qui fuiven: , fi I'Dn parle d'une coquille , ou dun animal.
On dira qu'un coquillage eft couche fur le plat de fa coquille , lorfque
le pl.inde la longueur & de la largeur d'une des pieces de la coquille fera
parallele a I'horifon. Les figures VI , IX font couchees (ur le plat de leur
coquille.
Des Monies de mer.
I E s moules de rivieres marchent , ou pour parler plus jufte , fe trainent
fur le iable : feu M. Poupatt I'a fait voir dans les Memoires dd'Academie ,
ouila donne les obfervations qu'il avoit laites fur le mouvement progrellif
de cet animal. Mais les moules de mer font fi difFcrentcs des moules de
riviere qu'il eft befoin de nouvelles preuves , avant de pouvoir allurer de
cslle-ci , ce qu'on a obferve decelle-li, les moules de mer meme eianc
attachees aux pierres , ou les unes aux autres , par difFerens filamens, il
Deferable pas qu'elles doivent avoir aucun mouvement progrellif; cepen-
dant elles peuvent (e mouvoir , & fi je voulois fimplement le prouver ,
il me fuffiroit de rnpportet le fait fuivanr.
Dans le terns qu'il ne fait pas .ilfez chaud pour titer du fel des marais
falans , les ptciieurs jettent quelqi'.efois dans ccb maiaisdes moulei qu'iis
ont prifes au bord de la mer; ils prctendent par-la rendre leur chair plus
delicate, en les faifant vivre dans une eau moins falee ; car I'eau de
pluie qui tombe dans ces marais auxquels on ne lailTe alors aucune com-
munication avec la mer, rend plus douce I'eau fa ee qo'ils contiennent ,
en fe melant avec elle, Je dirai en paffant que c'eft par le meme moyen
qu'on rend verte la chnir des hui'tres. Pline dit auffi que I'efpece de
moules appellee Myns , eft msilleure en Automne qu'tn route autre faifon ,^
parce qu'une plus grande quantite d'eau douce fe mtle dans ce tems-la avec
I'eau de mer. L'eau douce qui produir fur les moules un grand changemenc
dans les marais falans, n'y fait peut-etre pas grand efret dans la circon
ftance dont parle Plme ; mais ce n'eft pas de cela qu'il s'agit ici ; ce qui
regarde mon fujet , c'eft que les pccheurs jettent les moules dans ces ma-
rais , feparees les unes des autres , & a diverfes diftances , & que lorf-
iju'ils vont les pei-her enfuite , ils les trouvent alTemblees par grouppes ;
or il eft vifible que ces moules n'ont pu s'approcher les unes des autres
pour s'artacher ainfi , fans fe mouvoir elles-mcmes; car elles ne font point
dans une eau courante.
Ce fait feul fufEtoit pour etablir leur mouvement progreffif, mais il
ACADfeMIQUE.
55}
s'agit de favoir comment il s'exccute , & quelle partie elies empi. ycnt a ■
cet ufagc; pour s'en inftruire , il ne fauc qu ouvrir la coquille d'une moulc Acad.Royalb
par le cote ou elle s'entrouvre naurellc-meiu ; rien ne paroit alors plus dif- E£s Sciences
tindement dans le corps de cet animal , qu une certaine p.irtie nuirt" oa ^^ I^aris.
brune , dont la b:iCe ell placce dpeu-pies au milieu des auttes parties , & Annci 1710,
dont b poince eft tournce vers le lommet de la coquille : fa lonoueur
eft de fix ou fcpi lignes, & fa figure, a-peu prcsctlle d'une langue , eft
marquee par les lettres A B [Fig. A') , & LI ( lig. ^/) ; or , c'ell cette
partie qui fcrt de jambe a la moule , fi dcs figures fi difFcrentes n'empe-
chent point dc donner Its mcmesnomsa deschofes qui fervent aux raeir.es
ufages.
11 m'eiit etc impoffible de dc'couvrir le veritable ufage de cerre partie,
fi je n'eulTe confidcre des moules qu'au bord de la nier ; on ne les y peut
voir que lorfqu'elle les a laifTces a decouvert pendant fon reflux, & eiles
y pat oilfent toujours dans I'inadlion : mais ayant fait porter cliez moi des mou-
les audi-tot qu'eiics avoient etc peclices , je les mettoisdans des vafes d'ou je
verfois aiFez d'cau de mer pour les couvrir, maistrop peu pour les dero-
ber a mes regards ; ctant alors dans leur element natural , elles me laiilojent
voir une partie des mouvemens qu'elles fe donnent dans la mer : rel eft
I'fxpedient gcncial que j'ai employe pour appercevoir tout ce que je rap-
porterai dans la fuite de> autres elpsces de coquillagcs.
Je VIS done que quand la moule fe prepare a changer de place elle
commence par cntr'ouvrir fa coquille : il ne lui importe fur quel cote elle
foit appuyee {Fig. FI) , & peu apres que cette coquille eft entr'ouverte,
on voit patoitre fur les bords , la pomte de cette partie que nous .ivons die
relTembler a une langue :1a moule ne la laifTe point li , elle lui donnebien-
tot plus d'e'tendue pour la porter plus loin des bords de fa coquille , elle
I'allonge quelquetois iufqu'a un pouce & demi de ces bords , mais fouvent
inoins. Qu..nd elle a air.ii change fa figure , en augmentant li coniidera-
blement fa longueur, elle s'en ferr pout tater a droite on a gauche, devant
&detriere, comme pour fonder le terrein qui I'environne , & decouvrir
de quel cote il lui conviendrad'avancer. Toutesces pcpararions faites ,elle
replie I'excremite de cette partie L I ( Fig VI) qui eft rharnue & ttes-fltxi-
ble, fur quelque corps pour le faifirou s'y cramponner; Si reduifnnt alors cette
mcme partie a-peutrcs a fon etendue n.itiirelle , fans lui laidtr abandon-
ner le corps fur lequel elle s'eft cramponnee , elle oblige fa coquille a avan-
cer vers ce corps.
Ainfi Ton voit que la manccuvre dont les moules fe fervent dans leur
mouvement ptogrelTif , relTemble affez a celle d'un homme qui etant cou-
chc fur le ventre, vouJroit s'approcher de quelque endroit, en fefervant
fiulement de fon bras ; il portcroit ce bras fur le corps le plus eloigne qu'il '
pourroit faifit avec la miin ; en le raccourcidant en fuite , il obligeroit fon
corps a quitter fa place, comme les moules quittent la leur ; & route la
difference qui eft entre I'ufage que I'homme fcroi: de ^on bras dans la cir-
conftance precedente , &: celui que la moule fait de cette partie , eft qu'ellc
la raccoutcit viritablement , au lieu que I'homme ne fcroit que plict le
bras.
5 54 COLLECTION
e
• Les moules ne proficenc pas fouvenc de la facilite qu'elles ont a fe mouvoir ;
AcaD. RoYALE car elles font tout s ordinairement attachees les lines aux autres ou a d'aii-
DES Sciences tfgs corps par ditFerens fils , defquels nous patlerons au long dans un autre
DE 1 AKis. Mcmoire; Sc ce n'eft que lorfque ces fils font rompus , qu'il leur arrive
AnrJi 1710. quelquefois de faire ufage de cette efpece de bras : on voit fouvent des
moules decachees au bord de lamer , auxquelles appatemment il eflde quel-
que utilite.
Du Lavignon.
P ' E coquillage auque! on a donne le nom de iavignon fur les cotes de
Poitou & d'Aunis , elt (ans doute une efpece de Clianie ( PL y. Fig. f^Jl ,
VIII He IX) , puifqu'il a le caraftere elTentiel a ce genre , qui ell d'avoir
une coquiUe bivalve kquelle refte toujours entr'ouverte , c'eft a-dire , que
les deux pieces qui la compofent ne font jamais appliquees exadhcment I'une
fur I'autre , comme les deux pieces des coquiiles d'huitres, de moules > 3c
de diverfes autres efpeces de coquillages ; aulli peut-on rendte en Francois
le nom de Chama pat Coquilk bianu, comme Gaza la traduit en Latin
par Hiacula,
Les lavignons ont non-feulement ce caradiere enfenriel au genre des
coquiiles beantes , mais ils ont encore cela de commun avec les efpeces
dont parte Ror.delet , que leur coquille eft mince & fi fragile qu'on la
tompt aifement en la prellant entre deux doigts ; d'ailleurs ils vivent com-
me les chames dans la boue \ mais ils different en meme terns de ces efpeces
que Gefner dit etre appellees flammes ou flammettes en Francois , & poi-
yrees en Italien , parce qu'elles font (ur la langue le meme tftet que le poi-
vre \ car le gout des lavignons eft tres- infipide.
Leur coquille eft affez polie & blanche , fur-tout interieurement ; car
fouvent la plus ancienne partie de la furface exterieure de cette coquille,
c'eft-a-dire , les endroits voifins de fon fommet , ont une couleur noiiatre
qu'ils ont prife dans la boue noire dans laquelie les lavignons vivent : ils
fe tieunent enfonces dans cette boue, quelquefois a plus de cinq ou fix
pouces de profondeur j mais malgre cela , on connoit facilement les en-
droits ou ils font, par de petics trous ronds d'cnviron une iigne de diame-
tre , qui reftent au delFus des lavignons : il y en a un ou deux qui repon-
dent a chacun de ces animaux, qui font fort pres les uns des autres , &: en
grande quanticedans les endroits ou on les tiouve.
Quoiquela coquille du Iavignon foitnaturellement entr'ouverte , eile I'eft
trop peu pourlailfer voir les parries intcrieures de I'animal ; mais fionl'ouvre
beaucoup en coupant les deux mufcles qui font apeupres au bout de la
longueur de la coquille , & qui fervent a la fermer ( PL F , Fig Vll M M ) ,
on verra audi tor la partie que le Iavignon emploie pour fe mouvoir. Cette
efpece de jambe I iFig. yil) paroit placee a-peu-prcs au milieu de la coquil-
le, ayant fon origine vers le fommet : toute fon extremite I eft en Iigne droite,
& tranchante , die s'arrondit feulement vis-a-vis les deux tuyaux charnus
A C A D fe M I Q U E. 33 j
CC, au-Iiea que He I'autre cote elle avance iin pen , Sc formi une efpece
de pointe cmoullcc marquee P : cell la la ftrudturc commune de cetrt par- ~^ Z I
.1 II- II / .T-. r, . ■ ' , Acad. KOYALB
ne. J ai ceptiidaiu vu ilcs lavij^nons dont la pomte emoullee P ctoit po'.ce des Sciences
diredlcmenc Ue I'autre cote , c'eft a-diie quelle etoit dans I'tHdrou arcondi de Paris.
qui ell le plus proche des tuyaux CC & tournce vers ces tuyaux j mais ^^^^^jjj 1710.
peu-etre ctoient ce des monllres dans cette efpece de coquillage.
Ordinaireii ent les lavignons employent cette partie pour s'enfoncer
dans la boue , & pour fe rapprocher eniuite de la furface de I'eau lorfqu'ils
one envie de quitter l.ur ancien trou : comme la boue les couvre pendant
cette derniere adtion ; il n'lft pas fi aife dedecrire comment ils I'txecutenr
que la premiere que Ton apper^oit diltindement; ccpendant ce que nous
allons dire de la maniere done ils s'enfoncent dans la vafe, doit fuftire
pour faire coraprendre de quelle maniere ils s'en retirenc , puifqu'iis n'ont
pour cela qua faire precifcment le comraiie de ce qu'ils font dans I'autre
operation.
De quelque cote qu'on pofe un lavignon , pourvu qu'on ne I'appuie pas
diredlemenc fur le fommet de fa coquille, il s'enfonce aifement dans la
boue , mais on ne voir jamais mieux I'adlion de fon efpece de jambe , qu'en
le couclunt fur le plat de fa coquille; onremarque facilement alors qu'il
augmente , non-feulement la longueur, maisauili ia largeur de cette partie *
il I'allonge aulli, & la rend pointue , fur-tout dans I'endroit V{higIII)
done il fe fert d'abord pout s'ouvrir un chemin dans la vafe : ce chemin
ouvert , il infinue route lextrcmite de fa jambc fous cette vafe , ce qui lui eft
d'autant plus aife , que quoiqu'elle foit tranchaiite naturellement , il rend
encore alors fon tranchant plus tin, parce qu'en allongeant & elarr-ilfanc
cette partie, ill'applatit extrememcnc. Tout cela fe fait fans fe deplacer
en aucune fagon ; le tranchant de cette parrie etant ainfi enfonce , il le re-
courbe comme on le voir ( Fig. Fill) ; or . il eft aife de concevoir , que
fi alors il raccourcit cette partie en lui lailfant toute fa largeur , il redrelfe
d'abord fa coquille fi elle etoic pofee fur le plat; ou que fi elle etoit fur
fa bafe , comme dans la Figure VllI , il doit nccelTairement la faire enfon-
cer dans la boue : fi la coquille trouve moins de rcfiftance a y entrer que
le tranchant recourbe n'en trouve as'slever , & fans doute que cette der-
niere reiiftance eft plus grande que I'autre; car la coquille s'enfonce par le
inoyen que je viens de decrire. En effetle botd de cette coquille etant trcs-
mince , trcs-tranchant , &: formant une efpece de coin , doit trouver moins
de difficulte a pcnetrer dans la boue que rexttemite de cette partie oni par
fon recourbement occupe la place dun alfez gros corps, n'en rencontre ;i
fortir de fa place. Cell en reitcrant fouvent la mcme manceuvre , que le
lavignon s'enfonce dans la boue autant qu'il le veut.
II remonte apparemment au delfus de cette boue, en faifanr un ufage
tout contraire de la meme partie dont il fe fert pour s'en.'^oncer dedans ;je
veux dire, qu'il fait fortir hors des bords de fa coquille fon extrcmiic , qu'il
la recourbe ou I'applatit avant de I'avoir allongee autant qifelle le peut
erre , ayant eu foin d'oter la boue qui pourroit lui rcfiller par delfus , c'ell-
^ dire , qu'au lieu que le recourbement de cette panie ( Z";^. ^"7/7) em-
biafle la vafe comprife dansl'efpace RCOr, qui elt encre cette pactie re-
3jtf COLLECTION
courbee , &: le bord de la coquilie , cette nutne partie , lorfqu'il vent
Acad. Roy AiE moncer, ne trouve aacune boue dans cet efpace RCOr, pacce qu'avant
DEs Sciences j^ prendre la figure que nous lui voyons, il a vuide cet efpace. Il nous
DE 1 ARIS. , r . ^, . t^ * , r 1 r • i i • i
elt done aile de compreiidre que li dans cette luuatton le lavignon acne-
'"' 17 10. ^^ d'allonger la panie qui lui fert de jambe autanc qu'elle le peu: ctie,
en confervanr la largeur qu'a le recourbemenr , il poullera fa coquille
en haut, par la mcme raifon qu'il I'a tirde en bas auparavant en raccour-
cilfanc cette partie, c'ell-a-dire parce que cette coquille qui ell faite en
efpece de coin trouvera moins de rcfillance a ouvnr la boue , que I'ex-
trcmice large .de cette jambe qui fait la fondion de pied , n'en trouve
a defcendre.
Le lavignon peut encore gliirer fur la boue lorfque fa coquille eft cou-
ches fur le plat ; il allonge pour cela fa pointe cinoufTce marquee P
(Fig. Fll.) , ^ ayant appuye I'cxtremitc de cette pointe fur la boue , il I'al-
longe encore davantage (Si fait par confequent avancer fa coquille comme
un hbmme qui eft dans un batteau , fait avancer en poufTant la terre avec
une perche \ mais nous aurons lieu de psrier de ce mouvemenc plus an
long a I'occafion de quelques autres efpeces de coquillages.
Au refte cet animal, lorfqu'il enfonce fa coquille dans la boue, ne la.
met pas de maniere qae la bafe de cette coquille foit en bas : par
le plus ou le moins de recourbcment qu'il donne a un des cotes R ou r
de fa jambe {Fi^. ^111.) il enfonce plus ou moins une des exttemites
de fa coquille, de facon que la bafe CO de cette coquille fait un angle
avec I'horizon. On peut le remarquer dans la meme figure ou le boue
de la coquille proche de C eft plus ekve que celui qui eft auprcs de O.
Plus meme cc coquillage s'eiifonce , plus il eleve le cote C par rapporc
a I'autre, de forte que lorlqu'il eft enfonce de quelques pouces de pro-
t'ondeur , la bafe CO, fait prefque un angle droir avec I'horizon.
Neanmoins il n'eft pas indifferent lequel des deux bouts ds cette co- '
quille foit le plus bas ;• il en eft un qui doit etre toujours le plus elevf.
Pour en connoitre la caufe , il fuffit de favoir que cette efpece de coquil-
lage , comme plufieurs autres done nous traiterons dans la fuite, a deux
tuyaux charnns pofes pres d'un des bouts de la longueur de fa coquille,
c"eft-a-dire fort proche de Tangle curviligne q^ie fait la bafe avec le
cote du fommet. Ces deux tuyaux paroilfent dans la Fig. VII C c.
Or le lavignon fe fert de ces deux tuyaux pour fe conferver une com-
munication avec I'eau du milieu de la boue dans laquelle il eft enfonce;
car il les allonge jufqu'a la furface de I'eau , a-peu-pres comme ils pa-
roilfent daijs la fig. IX , dc fouvent beaucoup davantage. On voit aife-
ment que I'animal du fond de fon trou , &C quoiqua convert p.'.r
la vafe , pent prohter de I'eau qui eft au-delUis de lui, puifque ces deux
tuyaux ont chacun deux ouvertures a I'une & I'autre de leurs extremites.
La premiere de ces ouvertures eft marquee Cc, Fig. VII & IX, & la
feconde OO, Fig. VII ; auili s'en fervent ils a refpirer I'eau, comme nous
nous fervons de notre bouche pour donner palfage a Tair dans nos pou-
nions. C'eft ce qui eft tres-fenfible lorfqu'on lailFe peu d'eau au delFus
de la boue dans laquelle ils font enfonces. On remarque d'une maniere
claire
A C A D 6 M I Q U E. ',,7
clAlre , ic I'eait qui entre & I'eau qui fore alcernativemetu par ces deux — ^
tuyaux , lefquels tone fouvent en la jetranc divers jets. II m'a paru qu'ils . r
peuvenc I'un Ik Taiitre attirer I'eau 6c la rejetter. ,fr*A^,?J^,:'"/
^ /~^ r ■ r I 1 Dtb oCIENCES
Ce lone ces tuyaux qui ront les trous rends que nous avons die ctre au- be 1'aris.
delFus de chaque lavignon. Si-tot que I'animals'eft enfonce dans la vafe, ji/tncc 1710.
i'eau applanillanc aifcment les furfaccs qui refiftene peu , bouchcroic
bien vice le trou qu'il a faie dans cecee va(e en y entrant j c'eft pourquoi
il allonge fes euyaux pour conferver deux efpeces de canaux depuis la
furface de I'eau jufqu'i lui , lefquels canaux one k mcmc diametre que
ces euyaux.
Les lavignons peuvene non-feulemenc allonger beaucoup ces tuyaux &
les raccourcir jufqu'a les renfermer entieremene dans leur coquille , ce
•qu'ils font routes les fois qu'on veuc les prendre , mais ils peuvene en-
core les remuer en tons fens; quelquefois meme ils ne fe contentene pas
de metere le bord de ces euyaux de niveau avec la furface fuperieure
de la boue , ce qui eft leur firuation la plus ordinaire ; il lesclcvene au-
delTus de cette boue , ou bien les repliene fur fa furface fur iaquelle ils
tracene par leurs moyens difFerens filions.
Nous ferons a I'occafion de ces euyaux charnus done les lavionons fe fer-
vent pour attirer I'eau au milieu de leur coquille Si la rejetter enfuitc , une
temirque generate; c'eft que tomes les efpeces de coquillages qui vivenc
orJiiiairL-m-'ut caches fous le fable ou fous la bnue , ont un ou deux tuyaux
charnus Tmblables a ceux des lavignons par leur fonclion , quoique fou-
vene ditferens par leurs figures , & qui fone plus ou moins longs felon
que ces animaux s'enfoncent plus ou moins dans le fable. La raifon en
eft evidente; Us one befoin de fe conferver une communication libre avec
Vem , & pour cela ils doivene empccher le fable ou la vafe de les cou-
vrir entieremene : or ils ne peuvene fe nienager cette communication , i
moins que le boue de ces euyaux ne puilTe aller jufqu'a la furface fupe-
rieure du eerrein dans lequel ils vivent ; de forte que la longueur du tuyau
& celle de la coquille jointes enfemble, fone la mefure de la plus grande
profondeur a Iaquelle ils peuvene refter pendant quelque tems : aulli voyons-
nous que les lavignons qui one de tres-longs tuyaux, defcenJene fore
avant dans la vafe , & que les moules & tons les lima^ons de mer qui
n'one poinc de pareils euyaux , reftenc coujours fur la furface de la terre.
De la Palourdc.
\J N ne doic pas prendre la palourde des cores de Poicoii , d'Aunis ic
de Saineonge , pour une efpece de genre nomme chama pdoiis, ainfi que
^'ijori bien remarque Rondelec ; car foit que le nom ds pelor'u qui pa-
role avoir quelque relfemblance avec c«lui Ae palourde , aie eee donne ace
genre, parce que les coquilles qu'il comprend font plus grandes que les
autres efpeces de chames ou coquilles beanees, comme quelques-iins le
ptetendene , foit qu'il lui vienne du nom dun ptomoncoire de Sicile ap-
Ti>m< Illy Ptirtit Franjoife. V i
ii^
COLLECTION
Acad. Roy Alt
DES SCXENCES
D£ Paris.
Annie ijio.
pelle Pelore, comme d'aiures le veulent ; il eft cerrain que la palourd«
n'eft point line efpecc de c/iama peloris , puifqu'elle n'eft pas ime coquille
beante , elle terme fa coquille tresexatcement : elie n'eft point non plus
Jft paloutde ;d«s cotes de Prove^nce, car elle ne vit poinc comme elle dans
laivafe. ■
Je ne vois. a,ticune figure-, ni aucune defcription dans Rcndclet , qui con-
vienne parfaitemenc i I'efpece de coquille done je parle; car quoiqu'elle
convienne nvec la coquille epailFe par TepaifTeur & la folidite, elie en
differe parce qu'elle a.»fur route fa furface fuperieure de legeres cannelu-
ves [Pi. y. Fig. X.) qu; partant des environs du foinmet, vont fe termi-
ner a la bafe qu'elles; rencontrent a angles plus-ou aioins aigus , felon
qu'elles font plus proches ou plus eloignees du milieu de cette bafe.
La coquille. de la palourde eft bivalve; fa couleur eft d'un blanc fale,
c'eft-a-dire un pen jaunatre, du moins en quelques endroits de fa furface
exterieure, mais fa furface inti.rieure eft aftez blanche; fa longueur or-
dinaire eft an luoins d'un pouce & demi, fa largeur d'environ un pouce ;
elle a bien deml-ligne d'epajlTeur aurour de fes bords, . -
Ce coquillage a comme le lavignon, deux tuyaux charnus C C -F/^. X,
mjijs, beancoup ipJus courts, quoique plus gros ; il ne I'es etend jamais a
pUiiS de trois lignes;; leur ouverture exterieure a pour lors un pen plus
d'une ligne. Il n'eft pas aife de dire lequel eft le plus long & le plus gros
de ces tuyaux , lorfque I'animal eft en vie , car quoique celui qui eft le plus
proclie du fommecC, paroilfe communeuient leplus petit, & le pluseloigne
C , le plus grand; on voir dans d'autres tems tout le coutraite., felon qu'il
plait a I'animal id'allonger & .de groflir plus un de Css tuyattX. iLa dif-
fedtion n'eft pas incme bien siire pour connoitre cetlte- grandeur , tar elle
change foi't leur figure ; cependant iL parojB -que dans. tsiteefece , com-
rne dans les iavignons , le pkis long :tuyau::eft le^ pJus; elotgOBidu fommet.
Les tuyaux de la palourde foht.idecoupss trcs-finemeiM, &1 cotnme eij
frange au bord de leur ouverture exterieure : c^lle qui eft intdriture j,
c'eftr.i-dire qui porte I'eau au milieu de la coquille..' eft fimp tment ron-
de ; on voit I'ouverture inrerieure du tuyau le plus eloigne du fom.ruetj
marquee 0{Fig, XL), elle cache dans la fi^Hter l:'ouv.arture de.l'autre
luyau. i :- .< , -jt'' •' • /a> --.
La palourde ns fait pas toujours. paroitre ces niyiux:-,' cleft fculemeni
lorfqu'elle eft dans I'eaii ; (1 tot qu'on la touche elle les renferme entiere-
ment : quelque cearts- qu'ils foient , elle poutie -fouvent p>»r lewmoy^n
I'eau ,i plus d'un demi-pied de ,a. coquille , & cela en raccourcilTant oit
etrecilfant un de ces tiiyiuxaptes I'avoir. extV.5memeut gonHe. I-oifqu'elle.
les allonge, elle fait audi fortir une petite partie de fa chair par loiLvefef
rure de fa coquille , ce qu'on pent voir Fig. X, oil torn ce* qui 'n'eft' pa's
cannele dans le contour de cette coquille^ i?ft-la chair de cette palou-ri
de • elle's fe nennent quelquefois firr-la fiirfac^ dit fable , mais elles foht
fouvenc enforicees -dedans autsnt que la''lon^^ueili''desViiyauX le peuf p'er-
mettre, felon cS qiie nfeus avons dit dans l'.irtirle 'prt'cedent. '■• ■
Pour s'enfoneer dans -le fable, on pour s^lever au-dejTus , pHes-em'*
ployent une manoeuvre seller ftitibiabie a cfellfc ' da 'hvi^rionv-aii fS/^i
A C A D E M I Q U E. jf.,
nous arrcfbrons -nou? point a I'expliquer. II fuffira de faire voir dans ^::^T!:Tr^^^^^
la Fig. XI la coquille ouvette, parce qu'oii a coupe les mufcles qui fer- Acad.Royale
vent a ia fermer : la partie qu'elles employent a cec iifage , eft marquee des Sciences
J j die eft diftcrente de celle du lavignon par fon extrcmite qui eft plus oe Paris.
grande que le reftc , au lieu que dans celle du lavignon, ceue extrcmitc jlnnie 1710.
eft plus petite.
Du Sourdon.
i3 o R les cotes du Poitou & d'Aunis , on nomme fourdon un coquil-
lage (Pi. Ft Fig. XII.) dont la coquille eft bivalve & beaucoup plus
convexe que celle dont nous venous de parler j elle eft aulTi plus petite,
car fa longueur n'eft que d'environ 14 lignes , & fa largeur de 9 ou ic
La furface exn'rieure de cetre coquille eft ornee de cannelures afte? lac-
ges, a cotes arronJies, qui voht du fonr.met a la bafe, la plupart en lignes
droites , d'autres rn fe recourbant un pen; mais la furface interieure de
cetce coquille eft lill'e jufques vers le bord 011 elle eft cannelee fur une
bande d'environ une ligne dc largeur. Il n'eft point d'animal plus propre
que le Sourdon a faire voir la verite de Texplication que je donn.u dans
les Mentoires de i-^op, pag. 591 , de la formadon des cannelures qui pa-
roiifent fur la furface exterieure des coquiUes , tandis que leur furface
interieure eft lilfe Si polie. Je fuppofois dans ce Memoire qu'il etoic
necelfaire pout forlner ces cannelures , que tout le contour du corps <ie
I'animal fur naturellement cannele, iS: c'eft ce que le fourdon donne fou-
vent la facilice d'obferver lorfqu'on \t met dans I'eau de la mer : il al-
longe pat deli tout le bord de fa coquille une partie de fon corps qui pa-
roit cannelee de la mcme nianiere que la coquille meme.
Cette coquille eft blanche , fur tout intcrieurement , car extcrieutement
elle eft quelqiief.)is d'un b!anc fale ; I'animal fe tient dans le fable, mais
peu entonce, aulli les tuyaux donr le fourdon fe fere pour attitcr & jet-
ter i'eau, fonc-ils'tres courts ; tar le plus long & le.plus gros qui eft le
plus eloigne du fommet de li coquille , ne s'ctend guere a plus d'une
iigne de fon bord. Ces tuyaux font nonfeutement decoupes en frange
comme ceux des palourdes , aurour de leurs ouvertures, mais ils ont en-
core une efpece de polls au delTous de ceCte mtme ouverture, ce qu'ori
peut remarquer d.ini le plus gros tuyau C de la Fig. XII, ou on a re-
prefente un fourJon qui comiticnce A s'eiifoncer dans le fable. '
Quoique ces animaux s'enfonceAc peu avartc dans le fable , ils en font
pourtanc converts entiersment.' Ldtfque'la mer a abanJonne pc-nd?nt foh
refluxle terrein qu'ils liabiterit,' on reconrioit aifecicntie's endroits ou lU
font, non-feulement par les' trous qui paroilFent au delTus d'eux,mais
b.-aucoiip mieux encore par uiie infinite de petits jets d'eau qui s'y font',
car malgrc lo peu de longueur de leurs tuvaux , les fourdons poulRnt I'eau
plus loin qu'aucun des coquillages Jont nous avons patle. Cesjtti vciH
quelque-fois. a plus de denx pieJs de diftance da fourdon qui en poulli
fouvent de nouveaux. V i li
340 COLLECTION
I. ■— II n'eft guere de coquillage qui execute fes mouvemens progreflifs par le
AcAD.RoYALE nioyen d'une partie qui ait plus de rertemblance avec celles que nous em-
DEs Sciences ployonsaumeme ufage;cetce partie, molle au refte comme celles de tous
BE Paris. les autres, refTemble alFez a une jambe mal faice avec fon pied , ou pout en
Annii 1710. donner une id ee encore plus jufte , elle a fort I'air d'un pied-bot ; on la peut
voir dans la iv^. ^///quieft celle d'unfourdon qu'on a ouverc , en coupant
les mufcles qui fervent a fermer fa coquille , elle y eft marquee par les
lettres P J Tj J montre I'endroit qtti reflemble a la jambe ; P cetui qui a Taic
d'un pied dont T marque le talon. Touts cette partie eft aflez groffe dans
I'etat ou elle eft reprefentee dans cette figure,
Avec le fecours de cette partie , le fourdon peut , ou s'enfoncer dans le
fable , ou s'en retirer ; & lorfqu'il eft fur la furface de ce mcme fable , il
peut aller en avant , c'eft-a dire , du cote des cornes. La ftrudiure de fon
efpece de jambe , eft tres-commode pour toutes ces difFerentes actions : s'il
veut s'enfoncer dans le fable ,^il allonge cette pattie en diminuant extre-
mement fon epaitfeur, de forte qu'il tend toute fon extrcmitePT tran-
chmte ( Fig XIII & XI F)-^ puis I'ayant portee environ a demi-pouce da
diftance dubord de la coquille , rendant en meme-tems obtus Tangle pref-
que droit que le pied P fait avec la jambe I dans la Fig. XIII , il fe fero
de fon tranchant P T pour ouvrir le fable dans lequel il fait entrer toutco
pied & mcme une partie de la jambe : il accroche enfuite le fable inferieus
avec le bout du pied , d'oii I'on voit que fi alors il change encore Tangle
que ce pied fait avec la jambe , je veux dire , s'il en fair de nouveau an
angle droit , comme il eft dans fon etat naturel , ou ce qui eft la meme cho-
fe , s'il raccourcit cette jambe, il obligera fa coquille d'approcher du bout
de ce pied qui ne change point de place , parce qu'il eft cramponne fur le
fable , & par confequent la coquille s'enfoncera.
On remarque audi fans doute que le talon de ce pied eft du cote des
tuyaux , ou ce qui revient au- meme , que le bout d'un pied regarde le cota
onpofe a celui ou font ces tuyaux , moyennant quoi le bout de la coquille
oil ils font , refte toujoursle plus eleve ; pofition que cet animal eft oblige
de prendre lorfqu'il fe tient dansle fable.
Si a preftnt le fourdon veut retoiirner fur le fable , on voit bien qu'il n'a
qua faire forrir de fa coquille la meme extremite T- P de fon pied , & allon-
trer tout d'un coup fa jambe , comme on le voit dans la fig. XI f^; car le
fable fervant de point d'appui ^ Textrcmite de ce pied, la jambe ne pourra
s'allonfrer fans poulfer la coquille en haut.
Enfia fi on coni,-oit le fourdon couche fur le plat de fa coquille , il n'eft
pas plus difficile d'imaginer comment il pourra aller a reculons , ou en
avant: tout fe paftera dans ces adlions ci a peupres comme dans les actions
precedentes , avec cette difference qu'il n'a pasbefoin de fe fervir du tran-
cKant P T pour s'ouvrir unchemin^car , par exemple, pour aller .i recu-
lons , il n'a autre -hofe 3. faire , apres avoir allonge fa jambe , <Sc change
Tangle droit quelle fait avec le pied en iin angle obtus , qu'a engager la
pointe P du pied dans le fable , & rcJuire ce pied & cette jambe a-peu-
pres a leur grandeur & leur fituation natureile , fans abandonner le fable j
car il eft clair que !e fable arretant la pointe du pied , cette pointe obli-
gera la coquille de la fuivre 5c le fourdon iia a reculons.
A C A D £ M I Q U E. J4i
Pour aller au contraire en avant , il engagera la meme pointe P de ce
toied dans le fable tout aupres du bord de la coquil'e , de forte qu'augmen- j^^^^ j^^^
tant tout d'un coup la longueur de cette jambe , done le pied P rencontre un j^^^ Scien^
DE Pari
AnrUi 1710.
)YALK
ENCES
point dai.puij la coquille fera poudee en avanc. de Paris.
Dcs Tdlines,
3 E conferve le nom de tellines aux deux efpeces de coquillages dont je vais
parler , nom qu'on leut donne fur les cotes de Provence 6; en Italia, qui
eft le mcme en Latin & en Grec , quoiqu'il foit afTez incertain fi les co-
quillages que nous aliens examiner , &c que les auteurs modernes ont don-
res fous le nom de tellines , font les memes auxquels les Grecs & les Latins
donnent ce nom- Ce qui me determine a m'en fervir , eft qu'ils n'ont point
de nom fixe fur les cotes de Poitou &c d'Aunis. Quelcjues- uns les y
appellant des palourdons , mais ils nomment de mcme divers autres coquil-
lages ; tel eft ceiui qui eft couvert de la coquille ridce , quoique ce foient
des efpeces tres-difFerentes : d'autres les appellent des Lavegms , qui eft la
meme cliofe en langage vulgaire que de petites efpeces de lavignons ;
cependant cesdeux efpeces de coquillages font bien difivtens ; enfin ce font
ces coquillages que Ton nomme flions en Normandie.
Les plus grandes tellines ( PL V. Fig. XP', XVI , &c ) de la premiere
des deux efpeces que j'ai obfetvees fur les cotes de Poitou & d'Aunis , ont
environ 15^14 lignes de long , & feulement 5 lignes de large \ leur co-
quille eft folide parce qu'elle eft alTez epailfe, quoique beaucoun moins
que celle des palourdes , ayanc fes furfaces extctieure & interieure tres-
polies , ce qui lui donne un ceil luifant : il faut pourtant excepter le bord de
ion contour qui eft cannele ou decoupc comme unefcie ti^s tine ( Pig. XV
& XVI ) dans la largeur d'environ une demi-ligne : quelquefois on ne voir
point ces cannelures deliees fur le contour de la furface extcrieure ( Fig,
XVII ) : les deux cotes qui , partant du fommet , vont joindre la bafe , font
de grandeur fort inegale, Tune eft au moins a I'autre comme j eft a i : la
couleur de la furface extcrieure eft blanche en quelques endroits , & jau-
natre en d'autres: la coquille eft plus blanche interieurement dans les en-
droits ou elle eft blanche ; mais la partie de fa furface interieure la plus
proche du fommet, eft d'une alfez belle couleur de pourpre.
Ces coquillages fe tiennent caches fous le fable oil la grandeur de leurs
tnyaux ( fig. XVI ) qui n'ont pas plus d'une ligne de long , &: un peu
moins d'une ligne de diametre , ne leur permet pas de s'enfoncer fore
avant. Lorfque la mer lailTe a fee dans les grandes marees le terrein qu'ils
Jiabitent, on les trouve fouvent hors de leur trou aupres duquel ils font
couches fur le plat de leur coquille, foit qu'ils fortent ainfi pour refpirer
I'air , ou plus probablement pour chercher I'eau qui les a abandonncs ; audi ,
quoiqu'on les tiouve fouvent aupres de leur trou , on les rencontre quel-
quefois a plus d'un pied de diftance de ce meme trou ; Sc on pent remat'
querparle ullon^ qu'ils (?jh trace f«r le fable , le chemia qu'ils ont fuivi.
34^
COLLECTION
' Ces tellines ont une efpece de pied comme les fourdons ; tn-t'is la jambe
AcADlRoYALE ^ laquelle le talon de ce pied eft joint , eft tres courte j on voit ce pied
DES Sciences dansla Fig. X/^: lorfqu'elles veulent s'en fervir , elles donnent une figure
DE Paris. tiancliante au cote de ce pied qui eft le plus eloigne du lommet , & le
Annie 1710 rendent concave vers le fommet , ou convexe vers la bafe de la coquille.
Il ne refTemble pas mal alors a certainss lames de couteaux dont la poinre
releve un peu , parce quo le trancliant de la lame eft convexe aupres de
cette pointe , laquelle poiiite eft au contraire concave du cote du dos de
la lame. La Fig. XFI reprefente cette partie prete as'ouvrir un cliemin dans
le fable.
II feroit inutile de detailler tous les divers mouvemens de ce coquillage
3ui s'executent a-peu pres comme ceux du fourdon : je me contenterai de
ire qu'ils font tous les mouvemens communs aux autrescoquillages, avcc
beaucoup d'agilite & de virelfe; mais audi dots je parler de quelques mou-
vemens qui leur font particuliers j le petit faut que je leur ai vu taire quel-
tJuWois , eft de ceux-ld : voici comment ib Texecutenc. lis rendent leuc
efpece de pied prefque auffi long que leur coquille , auffi ne lui donnent-
ils pas alors autant de longueur que lorfqu'il paroit une lame de couteaii
d3.v\s\a. Fig.XFI \ ils recourbent extremement cette partie ainfi aliongee ,
de fagon qu'ils portent fon bout P ( Fig. XVIl ) tres-pres du bout de la
longueur de la coquille : I'ayant mis .dans cette pofition. , ils pouflent le fa-
ble qui eft du cote de la bafe de la coquille , & non celui qui eft dans la di-
rection de fa longueur , & cela fuffit pour redrelfer leur coquille que nous
avons confiJerce jufqu'ici couchce fur leplat. Cette coquille redrelfee de
faqon que fon fommet la foutient perpendiculairgment (ur le fable , I'ani-
mal debande avec une extreme vitelle cette partie que nous avons dit etre
tres recourbee, ce qui le poude audi tres-vite, en lui faifant faire une ef-
pece de petit faut , car il s'eleve en s'avangant. Ce fi'eft pas fans raifon
qu'il fe met ainfi fut le fommet de fa coquille , lorfqu'il veut faire ce mouve-
ment qui le chade avec vitefTe ; car il eft clair que c'tft la pofition la plus fa-
vorablequ'il puiffe choifir pour que le fable rclifte le moins qu'il eft pofiible
a fon adion , puifqu'il ne touche qu'une ties-petire partie de fa coquille.
Ce que nous avons dit pour expUquer comment la telline redrefle (a co-
quille pour s'appuyer fur fon fommet , fuifit prefque pour faire com-
prcn'dre comment etanc couchee fur un cote , elle fe retourne fur I'autre;
car il eft evident qu'elle a feulement befoin pour cela de redrefler fa coquille
fur fon fommet, & alors de continuer a pouder un peu le fable de cocecon-.-
me elle I'a fait pour h redrelFer ; ce dernier effort la renverfera fur le cote op-
pofe a celui 011 elle ctoit couchee,
L'autre efpece de telline ( PL r. Fig. XVIII , & XIX. ) dont j'ai a
parler redemble plus aux lavignons par la figure de fa coquille , qu'nux
tellines de I'efpece precedente -.cette coquille n'eft point decoupee en fcie
fur fes bof ds , les cotes qui viennent du fommet joindre la bafe , font a-peu-
prci d'egale longueur ; fi elle a plus de foliditc que celle des lavignons , elle
en a beaucoup moins que celle des autres tellines \ fa furface fupcrieure
n'a point cet ceil brillant qu'ont les autres tellines , audi eft elle beaucoup
moins polie : enfiu cette coquille a quelquefois certains lermes d'accroiire-
A C A D fe M I Q U E. 345
ment fi marques , qu'elle femble compofce de plufieurs pieces femblables , u'
mais de grandeurs incgalts , pofecs en recouvremeiu Ics uiies fur les autres Acad.Royaie
( A A. Fig. XIX, ) : fa longutuc eft arpeu-prcs de 15 lignes, ii fa lar- des ScienC|S
geur de 10, ou 11. Ceire elpece de ttlline (c ticiic CLimme la precedente .^' ; '^^
peu enfoncee dans le fable, parce queii^s tujaux de i^ujje & de I'amre , Annie i/.M-
iont de la mcme longueur. : m (J.-,, :;..'i sjji,"!:. ; 1. »
La parcie que ces coquillages eiiip'.oyenc a ieurs divers mouvemens , a
audi comme ccllc done Us fourdons. le fervent au mcme uf.ige, I'air d'une
jambe avec fon pied ; mais ce qui rellemble au pied , tft plus loni; is: nioins
cpais que dans les (burdons. Il leroit inutile de decrire les difterens mouve-
mens de ces tellines > il fuffitde marquerque routes leuis adions font fem-
blables a celles des tellines prccedentes ; il y a a la vente quelque difference
dans la figure de la partiequi les produit , comme on le voir dans les Fig.
XFllI , 6' XIX) : la Fig A fill reprelente cettc partie telle quelle pa-
roit lorfqu'on a ouvert la coquille , en coupant les mufdes qui fervent a la
fernier ; He la Fig. ^Y/Af reprelente cette partie telle qu'elle devient , lorf-
qu'elle eft prete a percer leikble.
' r; ^. iu'l :.<; .Il • i
: ^
r
Dc P(S.il-dc-bQuc.
S-/ Es Grecs onr donnc a cetre efpece de coquillape , le nom de Lepas ,
que Gaza en traduifant I'Hiftoire des Animaux d'Ariftote , a rendu en La-
tin par celui de Patella. On I'appelle Berdin & Berlin fur les cotes dt
Normandie ,& c'eft fur celles de I'oitou &; d'Aunis qu'on le noniaie ceil-de-
bouc , i<c qu8lquefois jamble.
- La-coquille de cer animal S B B B ( PL VI. Fig. I. )- eft: d^nne-fetrfe pie-
ce , alfez dure , elle reprefente une portion de cone ilont la fcction eft une
ellipfe : mais non pas une ellipfe bien exadle ; car cette' figure eft" bean-
coup mams ouverte du cote de la tete de I'animal , que du tote op-
pofe. Sa furface exterieure a diverfes cannelures qui vont du fomtjiet
du cone a fa bafe, ou plutot a I'ellipfe de fa feilrioii. La coukur I'd pfns
commune de ces coquijles-eft grisatrej on en voit neahmoins de diver-
fes autres couleurs. "'-!■' c - •'!-■'-' ■i:o,;ir.. -.-'.'-.o-i . il-.i
L'animal qui habire-tette'*be|ni'We'-ri*efi eft' pas entiereminr' c<9Svei'^';
tout ce qui reprefente la bafe ou la fedion dp cone eft la chair de I'a-
nimal fur laquelle il n'y a jamais de coquille; dj forte quefi I'on ren-
vetfe le cone en mettant fon fommL-r en bas, on voir aiors les parfies
daciirps de rceil-de-houc qui ne font point revetiies de coquille. l.e re-
bofd que Ton Voir autour de cette bafe A A--, Sec. (Fig. //.) marque Peh'^
droit on la coquille celTe de 'le coftyrif j'cfti 'y'difti'-ij^tre aufl? fa rcte T
S-<!6«^ cfe'laqrJdle font deuv petites coriVes-'CC telifiSiirfeeeJ--vers-eHe." "
On ne peut appercevoir cette bafe charnue de I'ceil-de-bouc ,'fi Ten-
n'errtpl^Me- la force pour la feparer des pierres fur lefqucUes elle eft atta-
chee d'une maniere ferme & ftable. Loifque la mer abandonne ce cpf
^uiltage' ^endailt fon- t6&ixx: ^ il «ft reprcfeiue dins- la Ff*;V I -Mi ipi'il
J 44
COLLECTION
Acad Rovale
PES Sciences
D£ Paris.
Annii 1710.
paroit alors : aufli Borelli I'a mis partni ceux qui reftent toute leur vie
fixes dans un meme endroit. Ariftote , cependant avoit pris foin d'aver-
tir qu'il fe detachoic des pierres pout aller chercher la nouiiiture qui
lui ell convenable.
C'eft a la vetite ce qu'il n'eft pas aife de remarquer au bord de la
mer; car lorfque I'aeil-de-bouc refte a fee pendant le reflux , it change
audi peu de place que la pierre a laquelle il eft attache , & lorfque la
mer ell haute , il n'eft pas poflible d'obferver ces coquillages. Il y a pour-
tant un mouvement qu'on leur voit faire de balle mer , mais qui ne leur
fait point changer de place ; tout ce mouvement fe rcduit a elever leur
coquille a une ligne ou une ligne & demie de diftance de la pierrt fur
laquelle leur bafe eft appliquee; mais ils la rabailfent avec une grande
vitelFe auHi-tot qu'on les touche. Quoique je n'aie jamais pu voir I'oeit-
de-bouc fe donner d'autres mouvemens au bord de la mer , ceux que
i'ai gardes en vie chez moi , m'ont fait connokre qu'ils ont un mou-
vement progreffif, & comment ils I'exccutciu j c'eft par le moyen de la
grofTe partie charnue P ^F^i- 1I-) qui sft au milieu de I'ouveriure de la
coquille, ou qui fait la bafe de I'animal. Sa fubftance eft beaucoup plus
folide que celle des autres parties , tk. fon volume egale celui de routes
les autres ptifes enfemble. Nous ferons a cette occafion une remarque
generate d'apres tout ce que noui avons obferve juTqu'ici fur les coquil-
lages ; c'eft que la partie qu'ils emploient a leurs mouvemens progrtffifs,
a prefque autant de chair elle feule , que tout le refte du corps
L'ttil de bouc fe fert de cette partie pour fe mouvoir , comme nos li-
magons terreftres emploient au meme ufage leur empatement j aufli le mou-
vement progreffif des uns & des autres ell-il egalement lent.
Des differentes efpeccs dc Coquillages , comprifcs en Latin fous
Ic nom dc Turbo, Trochus , Buccinum, &c.
J. ouTES les differentes efpeces de coquillages que je renferme dans
cet article , font revetus d'une coquille d'une feule piece tournee en fpi-
rale , comme c«lle de nos limaqons rerreftres , quoique plus ou moins
allongee j auHi peut-on les appeiler avec raifon des elpeces de lima^ons
de mer : leur mouvement progreffif s'execute comme celui des lima^ons ,
par le moyen d'une grolTe partie mufculeufe a laquelle on donne le nom
d'empatement dans les lima^ons ; il fuffit, pour faire juger de cette ref-
femblance , de faire voir dans la figure III ( PL VI.) la partie qu'une petite
efpece de buccin emploie a cet ufage. Cette partie eft marquee par la
lettre E , & routes les autres efpeces de coquilles tournees en fpirales
ont une partie a:peu-pres femblable a celle - ci &(. deftinee aux memes
adions.
On ne voit cette partie que lorfqu'ils veulent fe mouvoir j dans les
autres tems elle eft entierement retiree dans leur coquille , elle fert meme
i les y renfermer , & cela pat le moyen d'un petit couverde ou opercule
qui
A c A D i M I Q u e; m
qui eft attache a fon extrcmitc ; enforte que ces coquilles univalves font in i
clofes de tons cotes comme les coquillcs a deux battans : ce couverde eft » -n
J, J . . 1 II J I 11 ,-, ACAD.P..OYALS
dune matiere dure, mais moins dure que celle de la coquille. On peuc des Sciences
aifctnenc comprendre de quelle inaniere ces animaux s'en fervent , comme de I^aris.
d'une cfpece de porte pour termer leur coquille. Ce couvercle C eft attache /Innee 1719,
a la furface fuperieure du bout de leur empatement , c'eft-a-dire a la
partie de cec empatement, qui , etant allongce , fe trouve le plus proche
du fommet de la coquille : lors done que ces coquillages retirent a eux
leur emparement , en le pliant de fa^on que fa partie infcrieure P , on
celle qui etoit appliquce fur la terre , loit ramenee fur leur tete. Ce cou-
vercle C, qui eft de la meme figure que I'ouverture de la coquille , doit
la boucher , puifque la furf.ice de I'empatement fur laquelle il eft coUe
fe trouve par-la la plus proche de cette ouverture.
(Jne petite efpece de lima^on terreftre , dont j'ai parle dans les Mc-
moires de cette annce , bouche auflS fa coquille par le meme moyen.
Du Bcrnard-l'Hermite,
J_; E Bernard-l'Hermite eft un animal de mer aflez connu : plufieurs Au-
teurs en ont parle depuis Ariftote, qui I'a dccrit avec foin fous le nom
de Cellus \ ainfi on fait de refte que n'ayant naturellement ni coquille ,
ni ecailie , ni matiere cruftacee fur la plus grande partie de fon corps , il
le couvre en fe logeant dans les coquilles que d'autres animaux ont formees.
Il habite alfez indifFeremment des coquilles d'efpeces tres - diffcrentes ,
mais pourtant tournees en fpirales j telles font celles des buccins , des
turbines , des natices , &c. Il fe retire quelquefois fi avant dans fa coquille ,
qu'on la prendroit pour une coquille vuide ; mais lorfqu'il veut changer
de place , il vient aupres de fon ouverture , &: allongeant alors deux grolfes
partes femblablcs a celles des ecrevilFes , des homards , & des cancres , il
lescramponnefur quelque pierre ou fur le fable, de forte qu'en les repliant
enfuite , il oblige la coquille dans laquelle il eft loge d'avancer vers I'endroic
qu'il tient faifi.
Ariftote en diftingue deux efpeces , dont celle qui habite les Niritcs eft
plus courte que celle qui habite les Turbines , &: a la patte droite beau-
coup plus petite que la gauche.
Rondelet ne convient pas que cette derniere circonftance metre une
difference entre ces deux efpeces, en quoi il me paroit avoir raifon j car
le bernard-l'hermire qu'on voir reprefente dans la Fig. y [PI. f^I) de-
pouillc de fa coquille , n'etoit point dans une nerite , mais dans une coquille
de I'efpece de celle qu'on voit Fig. Ill -. cepenJantil a audi la patte gau-
che plus grolfe que la droite. Rondelet pretend done que cela eft commun
a tous les hcinards- Ihermites, ^' il en donne cette raifon que la patte
droite etant plus eloignce du bout de I'ouverture de la coquille , que la patte
gauche, elle fe trouve plus preftee , ce qui empcche quelle ne ptofite au-
tant que I'autre de la nourriture que prend I'anitnal. C'eft dbmmage qu'uri
Tonu III , Parcie Frangoife, X i
•5 4^ COLLECTION
^ faic fi bien explique nefoit pas vrai. II eft certain qu'on ft VU &qu'onvoic
Acad. RoYALE ^"'^ofe tous les jours des bernards-l'liermites qui out la parte gauche plus
DEs Sciences grolfe que la droite : celui qui a ete reprefente dans la Fig. /A'etoit un de
DE Paris. ceux-la j les pattesdroites & gauches font marquees par les lettres D &
Annee nio ^ • *" ts^s il ne paroitra pas furprenant que le cote droit profite autanc
que le gauche , quoique la coquille foit plus large aupres de ce dernier
cote, lorfqu'on faura que les bernards-rhermites font tres a I'aife dans
ees coquilles, & qu'elles ne les prelfent que fous leur ventre qui s'entor-
tille autour de la fpirale deia rampe.
On pourroit aufli ajouter a la defcription qu'Ariftote a donnee de cet
animal, qu'outre les deux grolles partes a ferres dent nous venons de par-
ler, & les quatre autres jambes , ce qui fait en tout fix jambes , cet animal
a par de-la fa poitrine de chaque cote , trois petits corps longs ( 1 1 1 1 1 1.
Fig, V ) qui egilent le tiers de chaque jambe ; leur moilelfe empeche
effidivement qu'on ne les puilfe prendre pour des jambes ; mais je crois
qu'ils fervent a attacher I'animal autour de la rampe de la coquille : A O
eft cette partie du corps de I'animal qui n'eft couverte que par une peau
tres- mince; le refte eft une efpece d'ccaille aftez femblable a celle des
ccrevilTes, lorfqu'elle commence a prendre quelque confiftance (a).
Des efpeccs d'Ortks de mer qui paroijfent toujours attachces
aux picrres.
Ji oUTisles efpeces d'orties ont ete diftrlbuees par Andote , Hi/loin
lies Animaux. L. 5 Chap, 16 , fous deux genres, dont I'un comprend
celles qui reftent pendant route leur vie fise en un meme endroit comma
des plantes ; &c I'autre contient au contraire routes les efpeces d'orties qui
changent de place , & qui aiment les rivages &c les lieux unis. Les obfer-
vations que j'ai faites ne me permettent pas d'adopter cette diftribution ;
car je n'ai point trouve d'efpeces d'orties , mcme parmi celles qui fe tien-
nent dans les trous des pierres,qui ne fuftent capables de quelque mou-
vement progreffif ; a la verite la piupart de celles que I'on voir attach^es
fur les pierres, fe meuvent avec une telle lenteur qu'elles paroident im-
mobiles aux yeux , & je m'y ferois trompe comme les autres, fi je ne les
euffe examinees qu'au bord de la mer , leur mouvement progreflif etant
audi lent que celui d'une aiguille d'horloge , car a peine parcourent-elles
un pouce oa deux dans une heure ; on ne peut appercevoir ce mouve-
ment que comme on apper^oit celui de ces aiguilles en remarquant I'en-
droit oil la partie de I'ortie la plus allongee eft a une certaine heure , 6i
celui oii cette meme partie fe trouve a I'heure fuivanre.
Je ne fais fi on a eu plus de raifon de leur donner le nom d'orties qui
(a) Swammcrdam a obferve que la partie mollc du Bernard-rHermite eft attadiee a fa
coquille, & qu'ainfi cette coquille eft propie a ranimal, ce qui lui eft commun avec les
autres coquillages. V. Collec. Acad, tom. V de la Part, Etrangere , ^lei'. derHiJl^^N'Ui-
fipcLTie , pag. J 1 , 1 : 3 & fuiv^.
A C A D 6 M I Q U E. ^^7
r eft commun avcc une pl.mte terrcftre tres connue, parce qu on a rie- —■»«
■J.. „.,'„n.,. „,...:...:„„> i j - ' _ 1- ,'
leu
rendu qu'ellcs excitoient , comme cette plante, une dcmangeaifon (.uil.mte Ac \d "oy s s
dins les parties qui \es avoient toutheesj du moins fais-je que toiites let ues Scien-ce*
efpeces d'orties qui viennent fur les cotes de Poitou & d'Aunis, ne pro- »e Paris.
duifcnc point un pareii eftet. Les noms qu'on leur a donncs fur ces cotes jinnee 1710-
& fur celles de NoriTiandie , me femblcnt niieux fondes , puifqu'ils re-
tracent une image de la figure que ces orties font paroitre en un grand
nombre de circonlknces : on Us appelle dans les premiers endroits c/.'/j-
di-ckcvaux , Sc dans les autres c«/i- j'i/j« ; la partie marquee' A {Fig. /Y,
yj/ & y/Il.) en fait voir la raifon.
Phne n'a pu fe refoudre a les mettre parmi les animaux ; il les a fait d'a-
prcs Ariftote dune defpece de nature moyenne entre celles des plantes
Sc des animaux , quoique par des raifons differentes ; car une des plus
grandes resemblances qn'Anltote trouvat entre les parties & les plantes ,
c'eft que les orties ne lui ont paru avoir aucun conduit pour donner for-
tie a leurs cxctcinens , an lieu que Pline dit qu'elles les jettent par un
tuyau delie : ce tuyau pourroit bien etre une des comes de I'ortie; mais
ce que jettent ces cornes , defquelles ncJus parlerons dans la fuite , n'a point
du tout I'air d'un excrement, puifque c'ell une eau tres-claire. Quoiqu'ilen
loit, fi nous nous en tenons aux idees communes, nous devons tegarder
Il's orties comme de vcritables animaux; car felon ces idces, peut-on refu-
fer le nom d'animal a des corps fi bien organifcs , qui non-feulement don-
nent des marques de fentiment lorfqu'on les touche, mais qui attrapenc
des poilFons & des coquillages , & qui les mangent; enfin qui ont un mou-
vement progreflif, comme Ariftote 6c Pline I'ont reconnu de diveifes ef-
peces.
Ces otties prennent fucceflivement tant de figures differentes, qu'il n'eft
guere pollible de les decrire fous aucune forme deterniitiee. Les plus re-
inarquables cependant de ces figures & du melange defquelles routes les
auttes font en quelque facon formees, peuvent fe reduire a ceilts que I'oii
voir dans les Fig. FI , Vll , Fill , IX & X, 8c on peur dire en general
que la figure exterieure du corps de I'ortie, approche de ctUe d'un cone
tronque , dont la bafe eft appliquce fur les pierres auxquelles on la trou-
ve toujours adhcrente ; mais la bafe de ce cone qui piroit fonvent cir-
ciilaire, eft tantot elliptique , tantot de quelque figure irre;;uliere ; & le
cone eft tantot perpendiculaire a fa bafe, &c tnntot oblique : fa hauteur
change a prbportion que la bafe s'agrandit outiiminue ; je veux dire que
quand fa bafe devient plus grande , fa hauteur devient plus petite , & qu il
eft plus cleve , lorfque fa bafe eft plus ctroire en tout fens.
La furface fupeneure de I'ortie, ou celle qui eft oppofee a fa bafe, eft
ordinairement convexe. Au milieu de cette furface, eft une ouverture qui
s'agrandit &: diminue au gre de I'animal. Mais pour nous faire une image
f)lus relTemblanre de I'ortie & des parties interieures qu'elle lailfe voir
orfqu'elle agran.lit I'ouverture dont nous venons de parler , rcprefentons-
nous fon exterieur que nous avons confidere jufqu'icl comme un cone
tronque fous la figure d'une bourfe a jertoni , avec cetre difference cepen-
dant que fon ouverture qui reprefente celle de la bourfe fe fermc , fans que
X i i;
J48 COLLECTION
I le refte de I'enveloppe de I'ottie fe plilTe de haut en bas comtne les bour-
Acad. RoYALE fes auxquelles nous les compacons , Sc auxquelles elles reflcmblent beau-
DEs Sciences coup a cela ptcs. Au milieu de cette efpece de bourfe eft place le corps
DE Paris. Q^ I'interieur de I'orcie, qui ordinairement approche afTez de la figure
Annie 1710. coniquej il eft attache aux parois interieures de cette enveloppe ou bourfe,
jufques un peu au-delTus de la moitie de fa hauteur, le refte ne leur efb
point adherent , &C ces patois font plus ou moins etoignces de cette par-
tie du corps qui ne leur eft point attaches , felon que I'ouvertare fupe-
rieure eft plus ou mains grnnde. Aufli lorfque cette ouverture eft pref-
que fermee , con, me dans la Fig. FI , on voir trcs-peu de I'interieur de
I'oitie : fi elle I'elargit davantage, comme dans la Fig. Fill, on apper^oic
diftinitement la partie exterieure A & quelques-unes des comes C C C ; &
enfin fi elle augmente encore cette ouverture , prefque routes fes comes
paroilfcnt; elles font fcmblables par leur figure a celle des limacons,
1 rnais par leur fondtion elles relTemblent peut-etre davantage a celles des
coquilliges de mer , puifqu'il arrive fouvent que I'ortie poulle des jets
d'eau tres fins par leur extrcmite lotfqu'on la touche. Ces comes font
attachees aux parois interieures de la bourfe, ou enveloppees tout atipres
de fon ouverture J elles font difpofees en trois rangs differsns places les
ans fur les autres, qui tous enfemble en contiennent environ 1 ^o.(^Fig,VII.)
Si I'ortie, non contente d'avoir agrandi extremement I'ouverture A ,
renverfe le contour de cette bourfe fur elle-meme, comme on recoume
un bas , on rend exterieure une partie de fa furface interieure , elle mon-
tre alors toutes f§s comes etendues ( Fig. VII. ) j ce qui forme une figure
alfez finguliere , & qui ne reprefente pas mal une fleur epanouie. On voir
audi lorfque I'ortie a pris cette figure , une efpece de petit anneau qui
eft tres-pres du bord de la furface interieure de cette membrane, lequel
eft compofe d'un grand nombre de demi-boules d'une belle couleur bleue ;
trois de ces demi-boules font marquees OOO dans la meme fig. VIL
La variete qui eft entre les couleurs des orties de differentes efpeces,
ou entre celles de la meme efpece, egale prefque la variete des figures
que prend fucceflivement une meme ortie : les unes font verdatres, les
autres blanchatres, d'autres couleur de rofe , qaelques autres de diverfes
couleurs brunes. Dans quelques orties ces couleurs paroiftent par-tout fur
leur furface , dans d'autres elles font diftribuees par rayes ou pnr taches ,
quelquefois regulierement , quelquefois irregulierement , mais toujours
d'une maniere tres-favorable. La plupart des vertes , telles que celles de
I'efpece reprefentee Fig. VII & Vll! , ont une bande bleue d'une ligne
de largeur tout autour de leur bafe B B Fig. VII & VIII, Au refte , la dif-
ference des couleurs ne peut point etablir entre ces fortes d'orties une va-
riete d'efpece ; il feroit plus sur de les diftinguer par la tifture ditferento
de leur chair. Les orties reprefentees dans les Fig. VII & VIII qm font
de mCme efpece , font par example differentes de celles de la Fig VI ,.
parce que , quoiqu'elles prennent fouvent la m°me forme de ceile qui y,
eft reprefentee, elles n'ont jamais une chair fi dure, ou ce qui taic encore
une difference plus remarquable , la chair de la furface exterieure de laj
Fig. VI , paroit chagtinee, aii lieu ^ue celle des autres n'eft j.amais telle.
A C A D 6 M 1 Q U E. 549
. ll n'eft pas ncceffaire de dire que cette chair exterieure n'eft point cou- — — ■— —
verte de coquiile, ni d'acune fubllance femblable. Acad. Royalb
Quelque lent que foit le mouvement progreffif de ces animaux , il de- rEsSciENCES
pend neanmoins d'une mechanique remarquabie , Si qu'il nous fera aifc de Tatiis.
d'expiiquet fi nous continuous de nous reptcftntet fa figure, femblnble A Annit, i-7io.
celle des bourfes a jettons : le fond de ces bourfes , qui elt plat & arrondi ,
rcpond a la bafe de I'ortie qui eft appliquee fur les piertes aiixquelles elle
eft adherente : le corps de la bourle elt , comme nous I'avons deja dir ,
I'enveloppe danslaquelle routes les parties de I'ortie font renfermces, mais
de maniere qu'elles ne remplilfent jamais cette enveloppe que quand I'ortie
ferme entiercment fon ouverture ; or toute cette bourfe qui contient I'or-
tie , eft une partie vcritablement tnufculeufe , ou plutot un alfemblage de
mufdes droits & circulaires , auxquels je ne donnerai que le nom de
canaux , parce qu'ils paroilFent vcritablement tels lorfqu'on les decouvre :
la bafe de ces orcies B B B ( Fig. VI ^ Vll & Fill ) ne paroit pas , parce
qu'elles font pofees fur cette bafe , mais on la peut voir dans la Hg. IX.
qui reprefente une ortie renverfee : cette bafe eft compofee de divers ca-
naux qui vont du centre a la circonference. Si je leur donne le nom de
canaux , c'eft parce qu'on les trouve fouvent remplis d'une liqueur aqueufe.
On obferve audi fur cette meme bafe differens canaux circulaires qui ont
tous pour centre commun le centre de la bafe. Ces canaux ne paroilTenn
pas dans la Fig. IX. : on y voit feulement ceux qui vont du centre a la
circonference. Le corps de la bourfe , ou la (urfaco conique , eft aufli
compofee d'un plan de canaux circulaires qui font tous paralleies a la bale
& tres proches les uns des autres. Sous ce plan de canaux circulaires,
eft un autre plan qui ne contient que des canaux droits , chacun d^fquels
a fon origine a la bafe, & fe termine au cercle de la feiilion , ou cliacun
va du fond de la bourfe en ligne droite a fon contour fupcrienr. Mais
ce qu'il eft eflentiel de remarquer , c'eft qu'on ne voir jamais les canaux
circulaites & les droits en meme terns dans un mcmecndroit, foit que
le gonrtement des uns entraJne I'atfaidement des autres, ou fimolemenr,
que lorfque les fuperieurs font gonfles, ils cachent les interieurs; de forte
que fi I'on voit les canaux droits dans toute leur longueur, comme ils pa-
roilfenc [Fig. VIII.) dans I'efpace A.I.T. F. B.D. on ne voit alors aucun
des canaux circulaires; & dans les endroits oil Ton voit les canaux circu-
laires, ou une portion de ces canaux, on ne voit point de ces canarx
droits comme on peut I'appercevoir dans I'efpace A.C.I.F.R.A. Enhri
les canaux droits paroiirent en partie dans les endroits oil il n'y a qu'une
partie des canaux circulaires endes ; on peut le remarquer dans I'efpace
I. F.T.O. ou les canaux droits font faifibles & oil tous les canaux circu-
laires ne font pas gonflcs comme dans I'efpace C. O.T. R. Au refte ces
canaux ne font pas moins vilibles dans I'ortie, qu'ils le font dans certe
figure, du moins dans les efpeces qui ne font pas chagrinces comme colle
de la Fig. VI \ mais ils paroilTent entles ou aftailles avec une varietc li
ptodigieufe, qii'un grand nombre de dcifeins furfiroic a peine 4 les re-
prclenter. Nous avons choili la Fig. VIII parce qu'elle eft la plr.s proprc
a explicjuer ce que nous avonj a dire dans la fmte. Quelqucfois on voir
$50 COLLECTION
■I I - '■ feulement des canaux droits dans toiite I'ecendue de cette furface fupe-
AcAD. RoYALE rieure , au lieu qu'on en a reprefente ici de circulaires : dans d'autres terns
DES Sciences on n'apper^oit que des canaux circulaires. Enfin quelqiiefois on voit cer-
DE Paris. taines bandes de canaus circulaires tout au tour du corps de I'ortie qui
Annh 1710. l^if^enc voir au-delfus & au dellous d'elles, des portions de canaux droits.
Tous ces changemens qui arrivent aux canaux droits & circulaires du
corps de la bourfe ou de la furface conique , ne lui font pas particuliers ;
les canaux droits & circulaires de la ba(e , font fujets a ces mcmes change-
inens ; il femble qu'il depend de I'ortie de rendre fenfibles les uns ou les
autres de ces canaux en les gonflant a fon gre dans route leur etendue, on
dans une partie feulement; mais ce qui eft tr^s-certain , c'eft que ces ca-
naux ne patoilfent jamais que lorfqu'ils font remplis d'une huuieur aqueufe
tresclaire, qu'on en fait fortir aifement en leur faifant une ouverureavec
la pointe d'une epingle.
11 n'eft pas aife de favoir comment les orties rempliffent &^'uideiit ces
canaux a leur gre j on pourroit foup^onner avec quelque fondement que
les trois rangs de cornes qui font attachees au haut du contour de la bourfe
{Fig, FII), font les refervoirs de cette liqueur aqueufe ; car elles font
remplies d'une femblable liqueur , de forte que les cornes font pleines , ou
vuides J felon que les tuyaux qui correfpondent a chacune d'elles font vui-
des ou pleins , etant aife peut- etre a I'ortie de faire palTer cette liqueur des
cornes dans les canaux , & des canaux dans les cornes ; mais ceci ne me
paroit qu'une fimple conjeilure j ce que je fais de certain du gonflemenc
& de raffaiiTement de ces canaux, c'eft qu'ils caufent non feulement tous
les divers changemens que Ton apper^oit dans la figure de I'ortie , mais
auffi fon mouvement progreflif.
Pour nous arreter feulement a cette derniere adlion qui nous donnera
une idee des autres , concevons d'abord une ortie pofee fur une bafe cir-
culaire 5 &c dont le corps n'eft pas plus incline fur un cote de cette bafe que
fur les autres , telles font celles des Fig. VI & FlI , Sc telle ctoit celle
de la Fig. FIJI , lorfque la partie de la bafe qui eft aftuellemcnt allongce
vers D etoit pofee en E & plus arrondie ; & celle qui eft en R etoit en S.
l-'our comprendre comment cette ottie s'eloignera de S en R, & viendra
de E en L) , fuppofant qu'elle foit determinee a avancer vers D , il faut
remarquer que les canaux droits s'allongent en fe gonflant , ce qui leur eft
commun avec la plupart des ruyaux m.ous & arelTort; de forte que fi I'or-
tie gonfle tous les canaux droits compris dans fa furface AEBFTI, &
qu'elle gonHe encore plus que les autres ceux qui font tournes vers E; il
eft clair que par ce gonflement le canal qui etoit en E devenu plus long,
doit fe trouver pofe vers D, fi I'on imagine qu'en meme rems I'ortie enHe
aufli , c'eft-a dire , allonge cette partie des canaux droits de fa bafe qui
font tournes vers E ; car fi les canaux droirs de la bafe confervoient leur
premiere longueur , cet allongement des canaux de la furface conique ne
fcrviroir ou qu'a faire paroitre plus haute I'ortie de ce cote-la , ce qui arrive
quelquefois , ou qu'a lui fiiire une efpece de bofie , comme on le voit
dans d'autres tems -, ileft done clair que I'ortie en gonflant tous les canaux
droits foir de fa b.afe , foit de fa furface conique , qui font tournifs vers
I
A C A D 6 M I Q U E. 551
le cote oil elle veuc avancer , approche le bord de fa bafe de cet endroir _i^
quelle a fait avancer deEeiiD ( tig. FJII.) Mais voyons ce qui fe pallc ^i^^AD Rovale
du cote oppofc dcelui-ci, je veux dire du cote doiit I'ortie s'cloigne. des Sciences
II ell vifible qui pour eloigner fa bafe de S & la pofer en R , il faut con- de Paris.
cevoir une mana-uvre oppofee a celle qui fe fait de I'autre cote , que les ^ .
1 ', I t \ r 11 ■ c r j^nnm ij 10,
canaux droits qui , parrant du centre de la bale , alloient en b , lont raccou-
cis &: plus affailles qu'ils n'ctftient auparavant , &c que I'ortie remplit tous
les canaux circulaires qui font fur la furface conique vers S ; d'oii il ar-
rive que I'ortie fe raccourcit de ce cotc-la, & que ce qui etoit pofe en S ell:
contraint de venir en R, ce qui fuffit pour eloigner I'ortie de S dans le
terns qu'elle s'approclie de D. Mais il y a encore une chofe qu'il eft necef-
faire de remarquer , & do laquelle depend la continuation de ce mouve-
ment.c'eft que I'ot tie , raccourcilfant les canaux droits de la bafe qui
alloient vers S beaucoup plus que les autres, Sc gonflant fort les canaux
circulaires, oblige une partie de la furface du cone de fe replier fous la
bafe vers laquelle elle eft tlree , tant par le grand raccourciftemeiu des
canaux droits pofes vers S, que par le gonHement des circulaires de la fur-
face conique, lefquels, pred'ant les droits qui font fous eux , les font re-
plier ; de forte qu'une partie de cette furface conique fe trouve recourbee
IbusTortie, de la bafe de laquelle elle fait en quelque fagon partie , comme
on le voir en R, par lequel moyen I'ortie eft un peu approchee dans cet
endroit : ainfi ileft vifible que la meme force qui lulHroit pour faire avan-
cer I'ortie vers D en la poulfant de ce cote- la , feroit trop foible pour la
faire avancer vers R; & par confequent 11 I'ortie tenant toujours gonHes
les canaux de la furface conique qui eft vers R , affaille un peu les canaux
droits de fa bafe qui font vers D , en remplilfant en meme terns ctux qui
font du cote de R j ileft clair que les canaux droits de la bafe qui par le
recourbement qui eft en S trouveront de la reliftance a s'ctemlre de ce
c6te-la , pourront s'etendre au contraire commodemcnt du core de D ,
vers lequel les canaux droits qui fe raccourciflent &: s'affailTent en meme
terns que ceux-ci s'allongent, leur permettront de s'approcher : ainii I'or-
tie a done fait un pas , &: eft en etat d'en faire un fecond , puifque les
canaux droits de la bafe du cote vers lequel elle avan^oit , ne font plus
gonfles; car il lui fera aifc fans changer de place de remplir a-peu pres-
egalement de tous cotes, tant les canaux droits que les circulaires, parce
qu'elle ne fera aucun cliangement aceux de la bafe , de forte qu'elle pren-
dra une figure approchante de celle que Ton voit Fig. H & Fli Sc
qu'elle avoit avanc de commencera fe mouvoir ; par confequent elle fera
en etat de repeter la meme manoeuvre , & de continuer a avancer vers le
meme cote.
Celt par le moyen de ce gonflement & de cet affailTement des canaux
tant dfoits que circulaires, que les orties changent Itur figure extcrieure
en tant de fa9oris ; mais quelque chofe qu'elles f.ilftnt , leurs mouve-
mens font toujours tres-lents iS: prefque imperceptibles.
J'ai vu quelques orties fe fervir de leurs cornes pour marcher: ces
orties etoient de celles qui vivent dans les trous des pierres -elles avoient,
du moins cercaines efpeces, les cornes un peu plus longuesque les autres.
351 COLLECTION
■■I ■ propottionellemenc a leur giolTeur ; mais lorfqu'elles fe tralnoient par Ic
AcAD.RoYALE moyen de ces comes, c'aoic dans une pofuion renveifee , c'eft-a-dire ,
DEs Sciences que leur bafe fe trouvoiten haut , leurs comes en bas, comme on ie voir
DE Paris. ^^^g [^ Fig IX -. ces fortes d'orties ont les comes extrememenc gluantes,
- / meme rudes au toucher : ainfi elles peuvent fe titer en avant par leur
■■/innec 171 o. ^ ... , ' ' f
moyen avec tacilite.
II ell aflez fiupienanc qu'un animal mou cotnine I'ell: celui-ci, qui n'a point
de parte, ni rien d'equivalent , puilfe manger des animaux tres-bien de-
f'endus , ce femblc , par leurs coquilles , tels que font les moules ou d'au-
tres bivalves , & les diverfes efpeces de limacons de mer ; cat il faut oii-
vrir les coquilles a deux battans , & trouver moyen d'oter Ie couvercle ou
opercule de ces limagons : neanmoins il eft certain que les orties fe nour-
risren: de la cliaic des ces animaux ; mais il ne patoit pas aifc de decouvrir
de quelle adrelle elles fe fervent pour la tirer des coquilles , &C cela parce
qu'elles font entrer ces coquillages tous entiers par leur bouclie , ou plutoc
par I'ouverture marquee A ( Fig. VI , Vll & VIII ) qu'elles elargilTent ex-
tremement , & prefque autant que celle du contour de la bourfe a laquelle
les cotnes font attachees. Ayant ainfi fait entrer ces coquillages tout entiers
dans leur corps pat cette ouverture , elles la rederrent de maniere qu'il ne
paroit pas qu'elles con:iennent un fi gtos corps au milieu du leur ; c'eft
alors qu'elles fucent ces coquillages a leur aife : mais comme les yeux ne
peuvent appercevoii ce qui fe palfe dans I'interieur de I'ortie , on ne peuc
aulH decouvrir quelle adrelTe elle emploie pour cela j tout ce qu'on voit ,
eft qa'elle fait fottir les coquilles vuides par la mtme oaverrure par la-
quelle elle les avoir fait entrer pleines. J'ai vu quelquefois des orties
d'une "randeur mediocre, jetter ainfi des coquilles des plus grofles moules
vuides'j mais j'en ai vu d'aucres qui en rejettoient fans avoir mange I'ani-
mal qui les habite; peut-etre parce que la coquille avoir etc trop difficile
a ouvrir. J'en ai rencontre de meme qui etoient obligees de faire fortir de
cette ouverture des buccins entiers : enfin j'ai vu une de ces orties faire
paflTer une gcoffe moule quelle n'avoit pu manger , au travers de fa bafe ,
qui , comme on fait , n'a aucune ouverture ; de forte que I'ortie fut con-
irainte pour fe debarralfet de ce corps etranger de fe faire une tres-grande
plaie •■, & cela apparemment parce que la moule etant trop grofte pour
I'ouverture qui lui avoir donne entree dans Ie corps de I'ortie , celle-ci
n'avoit pn I'eRgloutir qu'avec beaucoup d'efFort , tk. parce quelle s'etoic
trouvee heureufement placee : mais enluite quand I'ortie I'auta voulu re-
jetter ,apres avoir rente inutilement de la manger , cette moule ne fe fera
pas prefentee dans la meme pofition a I'ouverture j de forte que les efforts
que I'ortie aura employes pour la changer , auront fuffi pour que la bafe
de la coquille de la moule ait perce celle de I'ortie.
Au tefte pour faire fortir ces coquilles du milieu de fa bouche , fur-
tout lorfqu'elles font un peu grodcs, I'ortie ne fe ccntente pas de I'elatgir
extrcmement , elle retoutne cette bouche comme on retourne un bas au-
paravant , & cela apres avoir retourne de meme tout Ie bord du contour
auquel font attachees les comes, c'eft-a-dire , que la furface interieure de
ce concour , devieiu ejftcrieure , apies que I'ortie I'a repliee de telle forte
qu'elle
A C A D fe M I Q U E. ?5j
quelle la reduic a envelopper fa bafe , ce qu'on pent remarquer dans la =
Fig. A', ou le contour de la bourfe C C C, a la lurface extcrieure de ha- AcAc.Ro-iALE
quelle les cornes font attachees , paroit fervir de bafe a cec animal par ce- des Sciences
qu'il couvre fa veritable bafe; renvcrfant enfuite fa bouche comme il a ^^ 1 aris.
renverfe les bords dc fa bourfe , il lui fait envelopper a fon tour cetre -^nnc^ 1710,
bourfe qui I'cnveloppe ordinairement cUe-mcme. Les lettres O O O O lont
le contour de cette bouche renverfce, & tout ce qu'on voit au-delTus , eft
I'intcrieur de I'ortie au milieu de laquelle on dillingue une partie mar-
quee S , qui paroit itre le fucoir dont elles fe fervent pout vuider les
coquillagcs qu'elles ont rentermes dans leur bouche.
Ce mnne renverfement tant de la bourfe ou enveloppe exterienre ,
que de la bouche , fert encore aux orries pour mettre au jour Icurs pe-
tits \ cat elles font vivipares , comme je I'ai obferve. Ariftote les fait
naitre des pietres ou des fentes de ces pierres : erreur qu'il n'eft plus
iic-cellaire de combattre dans le fiede oil nous fommes : mais on auroit pu
croire qu'elles font des CEufs , ou du moins etre incertain fur la maniere
dont elles fe perpetuent, fi ce que j'ai obferve plus d'une fois ne decidoic
jaquertion. En effet , j'ai vu les petites orties fortir du corps de I'ortie ,
leur mere, audi-bien tormces que cette ortie mcme,& telles qu'on les
voit dans la Fig. XI : mais il eft neceftaire pour cette operation que I'ortie
fe renverfe de la maniete que nous avons dccrite ci-delfus, & alors elle
fait fortir par une grande ouverrure qui la rraverfe EE ( Fig.X) les peti-
tes orties qu'elle eft en etat de mettre au jour: quoiqu'elle en contienne
quelquefois plus de douze dans ion corps , &: que cette ouvetture foic
alfsz grande pour enlailfer patfer plufieurs a la fois, elle les met pourtanc
hors de fon corps une a une, elle les poulfe indifferemment par tons les
endroits de certe ouverture \ mais on apper^oit ordinairement dans I'en-
droit meme oil une petite ortie commence a paroitre , une efpece de
j:tit inteftin tourne en fpirale marque I : routes ces petites otties avanc
eur naiftance , font fur la bafe intcrieure de I'ortie au-delTous de la mem.<
brane ou nous voyons I'ouverture EE, elles y font logees dans difie-
rens replis qui font fur cette bafe.
e
r.
Des Orties crrantes.
I\. U nom pres , ces efpeces d'orties ne m'ont paru avoir rien de commun
avec celles dont nous venons de parler. Il eft vrai qu'on pretend qu'elles
excitent, comme les autres , une douleur cuifante dans les parties qui les
ont touchces. Quelques Auteurs aftiirent audi qu'elles caufent cette mCrne
douleur aux yeux de ceux qui les regardent : cependant , quoique j'en aie
rencontre une quantite prodigieufe fur les cotes de Poitou & d'Aunis , je
n'y en ai jamais trouve aucune ni de ces efpeces-ci , ni des precedentes,
qui produifenr I'effcr qu'on leur attribue , & auquel probablement les
tines & les autres doivent leur nom. On dilUngije celles dont nous
Torm III, Pariii Francoife, Y i
J54 C 0 L L E C T I O N
allons patler des ptecedentes , qui paroifTent coujours fixees fur des pierresj
AC D. K.OYALE gj, igj appellant ortus ditachks , on ortics erranus,
DES Sciences rr , , < > j,r' ' j n
DE Paris. ^^^ nonis quon leur donne lur ditterentes cotes du Royaume , varienc
. , (i ion, a des diftances memes tres-petites , qu'il feroit long de les rap-
ifi nci 1710, poftg[._ 5j j'gf, voulois donner un nouveau a ces orties , qui en ont deja
trop d'anciens , je les appellerois ge/a-i de mer , nom qui caiaftL-rife fi fort
la fubftance dont elles font formees , qu'il vautfeul une petite defcription
pour aider a les reconnoitre.
En efFet , la chair de ces orties, (i Ton peut I'appeller cliair , paroit une
vraie gelee d'eau de nier j elle en a ordinairement la couleur & toujours
la conliftance : fi on en ticnt un motceau pendant quelque temps, la
chaleur naturelle des mains fuffit pout le faire dilfoudre entierement en
eau , comme une gelee de bouillon qu'on mettroit fur le feu. Ces gelees ,
mal>;re cela , font de vrais animaux , &c ceux qui ont cru qu'elles n'avoien:
aucune ftrudrure reguliere ne ks ont pas regardees d'allez pres. l! y en a , a la
verite , de trcs- dirterentes entr'eiles , mais ce font des gelees d'efpeces
diff'.;rentes , & ceiles qui font de mcme efpece ont exaiflenient la meme
^ figure. Les divers morceaux de ces orties qu'on trouve au bord de la mer ,
font apparemment la caufe pour laquelle on ne les a pas regardees comme
des corps fort organifes , parce qu'on n'a pas obferve dans ces fragmtns
toute la regularite qu'on ne devoir chetcher que dans la malfe entiere
dont ils faifoient partie.
On ne fcauroit ni donner une idee de toutes ces difFerentes efpeces
d'orties , ni mtme decrire en detail toute la mechanique qui entre dans
la compoiicion d'une de cts efpeces , fans s'engaget dans des chofes d'une
longue diftufllon j peut eire aurai-je occafion d'en parler dans un autr©-
endroit. Je me contenterai de faire ici quelquts remarques fur ce que
toutes ces efpeces d'orties ont de comniun dans leur ftrufture j on (era
moins etonne apies cela qu'tlles foient capables de mouvemens volon-
taires.
Quoiqu'elles foient toutes communement de la couleur d'une gelcc
d'eau, il y en a de verdatres , telle que I'eau de la mer le paroit quel-
quefois , d'autres ont tout autour de la circonlerence marquee DD , &c.
( Fig. /. Pi. VU.) HH^ bande couleur de pourpre de deux cu ttois lignes
de large ; j'en ai vu d'autres qui fur un fond couleur d'eau avoienc
diverfes taclies brunes fsmees d'une maniere fort agreable a la vue.
La figure d'uii champignon peut extremement aider notre imagination
a concevoit celle de ces gelees. Le caiivexe du champignon reprefente
alFez leur cote convexe j elles ont ce cote plus ou moins convexe les
unes que les aytres , comme on le voit dans les champignons d'efpeces
differentes. Cette furface convexe des gelees n'a rien de fort remarquable 5
i.l paroit feulcment a la vue fimple quelle, eft garni« d'une infinite de
pecits grains ou de petits mamelons de meme couleur que le refle de
I'oriie ; mais la furface oppofee a celle-ci , c'eft-a-dire la concave, qui
efl audi celle qu'on a repicfentce dans la figijre I , fait voir des paftie,^«
ties organifees. Un peu aude-la de- (on hord, qui eft miqce &: decoupe.
I
ACAD^MlQUE.
hy
on diflln^ue tres-fenfiblcmenc divers ccrcles coiicentrlquej qui couvrent — ^^■^^^T
cette furticc jufqu'aux deux tiers du rayon de fa circonlcrence ; ces cer- At ad. Royals
cles ne regnenc pourtaiit pas touc aucour de cetce circonference ; les plus ^^ts bciiiNCES
proclies du centre font fepares en feize arcs differens, & ceux qui en font ^^ 1'aris.
les plus cloignes font fculement partages en huit arcs. Ces fcparations fonc Anmc 1710.
faitc's pat dcs efpeces de canaux ou rdervoirs toujours pleins d'eau qu'ils
peuvcnt communiquer a d'autres canaux jiluspetits, lefquels font renfermes
entre doux des circoiiferences des cercles que I'on voir ici. On doit regarder
routes les petites bandes renferniees entre deux de ces circonferences ,
comme des organes tres-remarquables de la gelee , puifqu'elles font touc
autant de cmaux.
Pour s'alTurer que ce font des canaux, ainfi que je viens de le dire,
il fuFHt d'appliquer le doigt en haut du grand relervoir C , & en pref-
fant un pcu ce refervoir, fair; glilFer fon doigt de haut en bas , c'eft-
a dire de C vers D , par ce moyen on oblige I'eau qu'il contienr
d'avancer vers D, ou fe triuvant trop refTerree , on en voit une partie
qui enfile a droite &: a gauche dans tous les petits canaux qui fe terminent
dans le refervoir.
La fondion de ces grands canaux ou refervoirs, qui vont du centre a la
circonference , & des canaux circulaires , paroit etre la mcme que celle
des vailfeaux fanguins dans le corps des grands animaux- ils fournilFent
une eau , peur-etre preparee , a route la bafe de cet animal ; & fi la chair
ne paroit qu'une vraie gelee , c'eft quelle a tres peu de parties folides ,
& que ces parties fonc tnutes fort mnices & cxtremement gonflces par
cette eau , qui eft apparemmenc renfermee dans une intinite de petits re-
fervoirs infcnfibles a la vue.
Je men fuis convaincu en faifant bouillir tres long temps dans un chau-
dron plein d'eau une gelee , done la bale D DD Sic. avoir plus de deux
pieds de diametre ; elle ne s'eft point entieremenr rcduite elle - mcme en
eau, comme il arrive aux petits morceaux qu'on laille fondre dans fa main :
mais confervant fa meme figure , elle elt dcvenue une ortie tres petite ,
c"eft-,i-dire de moins dun demi-picd de diametre , dans laquellc on voyoit
prccilement les mcmes chofes que dans la grande, a cela pres que fa
lubftance etoit folide, quoique flexible, &: qu'on la tenoic alors dans la
main fans quelle laifsat ech.ipper aucune gourte de liqueur. Inutilemenc
cnfuire la faifoit-on bouillir dans I'eau , die ne diminuoit que tres peu. Ce
font done ces p.irties folides gonflies par 1 eau qui forment la chair de
I'ortie.
Ayant une autrefois laifle fcchcr une de ces orties expo'ee au grand
foleil pendant I'etc , elle s'eft rcduite ptefque a rien au bout de quel-
ques jours; il eft refti feulement un corps tres-mince qui avoir la foli-
dite du parchemin & la couleur d'une belle colle rranfparente.
Si les caniux droits fervent a fournir I'eau a touie la fubftance de I'or-
tie, il femble qu'ils en doivent donner davantage aux parties ou cette
fubftance eft epaiile , que dans les endroits oii elle ell m;nce. Audi
peut on remarquer que la premiere bande circuliire qui va d^p'.iis la cir-
conference DDDD jufqu'environ le tiers du rayon £EEE, (^"c. qui eft
Yi ij
i^e COLLECTION
g*— '—*—'— ^" tres mince , n'eft arrofee que par huic refervoirs ED ED ED , Sec , au lieu
Acad. RoYALE que la bande cE cE cE, &c , qui la fiiit , laquelle eft beaucoup pluJ
DEs Sciences epailTe, en a feize. cE cF cE cF, &c , I'epaiffeur de cette derniere zone
DE lARis. augmente en talus depuis EF EF, &c , jufqu'en CCCC, &c. ou elle
jinnee 1710. ^ quelquefois plus de deux pouces &c demi d'epailTeur dans les grandes or-
ties , c'efta-dire dans celles qui one un pied & demi ou deux pieds de
diametre.
Vers les deux tiers C du rayon , routes ces efpeces d'orties font comme
divifces en quatre parties par quaere bandes ou quatre colonnes BBBB,
i peu-pr^s rondes dans quelques efpeces d'orties, mais plattes dans telle
de la Fig, I. Dans quelques efpeces elles font prefque clevces perpendicu-
lairenient fur la bafe ; mais dans I'efpece qui eft ici gravee, elles font
un angle tres obtus avec le bord du plan 011 font les canaux droits ; elles
vont toutes quatre fe joindre a un troncTrond, environ de meme lon-
gueur que ces colonnes, c'efta-dire du tiers du rayon. Ce tronc de figure
cylindrique fe partage en huit rameaux RR, &c; chacun de ces rameau:c
a a fon origine deux appendices ou efpeces de crctes que les lettres P P
font voir feulement .a un de ces rameaux. On n'a pas jugc necelTaire de
mettre des lettres aux autres dont une partie eft cachee dans le delTein 5
ce ne font pas feulement ces deux appendices qui font decoupees en crc-
tes , une partie de cliaque rameau eft decoupee de la meme maniere.
Dans I'efpace compris fous les quatre colonnes BBB, eft un large ca-
nal forme par une membrane epailfe qui eft la feule chofe folide qui pa-
roifle dans I'ortie; cette membrane eft piilTce en bourre, cu plutot comme
ces appeaux dont on fe fert pour attraper les cailles; elle forme, com-
me j'ai die , un grand canal qui , s'arrondiffant vers le pied d«s colon-^
nes , prend la meme figure que Ton donneroit a un ruban auquel on feroic
entourer les quatre bras d'une croix aftez Urges & egaux. On volt feule-
ment ici une partie de ce canal par les ouvertures que les colonnes laif-
fenr entr'elles; ce qui en paroit eft marque I.
Ce large canal efb rempli d'une matiere liquide , qui par fa conliftence'
& fa couleur, relTemble fort a une morve jaune : ce m?me canal jetre
une & quelquefois deux brandies dans chacune des colonnes ; on les fuic
en partie dans la figure, dans I'endroit qui paroit obfcur , au travers du
tranfparenr de la colonne marquee B. Ces quatre canaux vont fe rendre
dans le tronc d'oit ils fe diftribuent dans les huit rameaux : on pent aifc-
ment les fuivre dans route leur roure, parce qu'ils font pleins de la me-
me matiere jaunatre qui eft contenue dans le grand canal , & que la cou--
leur de cette matiere ell fort differentc de la couleur tranfparente du refte
de I'ortie. Cette meme matiere paroit dans toutes les cretes & toutes les'
decoupures des rameaux. Il n'eft pas aife de decouvrir R elle eft ou un
excrement de I'ortie, ou quelque efpece d'aliment. Je fcais bien qu'au bout
de chaque rameau de I'ortie, il y a des ouvertures d toures les branches
des canaux qui portent cette liqueur j mais il me paroic incertain fi ces'
ouvertures lui donnent une forrie ou une entree j car felon qu'on prelfe'
ces branches, ou du cote de leur tronc, ou du cote de leur bout, oil'
fait aller cette liqueur de difterens cotes.
ACAD^MIQUE. J57
Ces ouvernires paroilfenc dans la Fig. II , oii Ton a rcprcfentc <Je gran-
<3eiit naturelle le bout d'un de ces rameaux , Icquel a la figure d'line pyra- AcAD.RbvALrr
mide a bafe triangiilaire. Le tronc T du canal qui palle au milieu de des Sciences
cette pyramide , & les branches R R , iVc. dans lefquelles le tronc fe divife , ^^ 1'ar.is.
paroillent aifement au travers de repaifTeur de cetcc pyramide qui elt fou- AnnU i7io»..
vent audi tranfparente que le feroit un prifme dc cryllal. Les lettres O O O
font auprcs des ouvertures de cliacun de ces rameaux.
Nous en aurons alKz dit pour donner une idee gcncrale de la ftrudlure
des gelees de met , lorfque nous aurons ajoute que tous les rameaux RR , &c.
ne (out pas ncceflaircment dans la pofition oil Ton les voir dans la
figure ; qu'etant aflez fiexibles , ils pourroient etre jcttcs fur tout autre
endroit de la circonfcxence que celui ou iis font rcprefentts ; & qu'aii
lieu qu'ils font tous pofes enfemble d'un mcme cote , ils pourroient ctre
chacun en particulier places fur tel autre endroit de cette circonference
qu'on auroit voulu choifir.
Toutes les gelees que la met apporte au bord de la cote paroilTent
fans aucune adion , apparemment que les chocs qu'elles ont elfuyes contre'
les pierres , ou meme contre le fable , fuffifent pour leur oter la vie
car il eft certain qu'elles vivent. En etfet , celles que Ton trouve au bord
de la cote , font plus pefantes que I'eau , au fond de laquelle elles vonc
toujours lorfqu'on les plonge dedans ; au lieu qu'on en voir nager
fur la furface de I'eau en pleine mer , ou il femble qu'elles ne peuv'enc *f
fe foutenir que par quelque efpece d'action ; il paroit fouvent alors que'
leurs rameaux s'agitent : il eft vrai qu'on ne peut voir fi ce mouvemenc
leur eft propre , ou s'il vient de I'agitation continuelle de I'eau dans la-
quelle ils font ; mais au moins eft il sir qu'elles peuvent fe foutenir fur
I'eau par une autre adtion , comme je I'ai rema:que dans quelques orties-
que la mer avoir lailTces dans certains endroits creux, defqueis I'eau ne
s'ccoule jamais , &: oii elle eft auffi tranquille lorfque la mer eft balfe
que I'eft celle d'un etang. C'eft-la que j'aiobferve dans les orties le mou-
▼ement par le moyen duquel elles fe foutiennent fur I'eau : c'eft une efpece
de mouvement de contraction & de dilatation du contour , & d'une partie
de la bafe de I'ortie , qui relfemble en quelque facon a celui de fyftole
& de diaftole. L'orcie dans la contraflion rend la furface de fon corps qui
reprcfente le convexc du chapiteau d'un champignon , beaucoup plus con-
vexe qu'elle ne I'eft naturellement , c'eft-a dire qu'elle eleve un peu tout
fon contour DD &:c. {Fig. I) en le recourbant vers le tronc T ; &: dans
la dilatation, elle rend cette meme furface un peu moins convexe, &r
fait en meme tems tomber fur I'eau tout le contour de fa bafe qui s'etoif
elevee dans la contradion , d'oii Ton voir qu'en repetanc alternativement
ces deux mouvemens , elle bat I'eau de tems en terns , ce qui eft capable
de la foutenir dslTus de la mcme maniere qu'un homme qui nage s'y fon--
tienc.
55S COLLECTION
Acad. RoYALE
"IHTkis"' Dcs Etotks dc mtr.
1710. ^__j'gj.j. fj|,5 joute a leur figure que ces poifTons (ie mer doivent leur
nom , puifqu'ellt; eft femblable a celle fous laquelle on nous peine Ics
ctoiles qui ornent le frlmament. Les ctoiles de mer font decoupees , ou
plutol comme divifees en cinq parties qu'on peut nommer rayons. ( Voyi^
la PL Vil )• II y a pourtant des ctoiles qui n'ont naturellcment que quatie
rayons, & j'ai vu quelquefois uu feul rayon qui etoit une veritable ctoile ,
mais cela elt tare. Leur furface fuperieure , ou celle a laquelle les jambes
ne font pas attacliees , eft couvette par une peau tres dure : c eft peut- ctre
ce qui a determine Ariftote a les ranger parmi les teftacees , ou animaux
a coquilles. Kiais Pline donne avec plus de raifon a cette peau le nom de
Callum durum\ car elle reffemble par fa folidite a une efpece de cuir j elle
eft hetillee de diverfes peciies eminences d'une matiere beaucoup plus du-
re , & qui reflemble fort a celle des os ou des coquilles. Cette ptau fu-
perieure eft differemment coloree dans diverfes etoilcs de I'efpece done
nous parlous ici ; car il y a des efpeces qui en font fort difter^ntes : dans
quelques unes elle eft rouge , dans d'autres violette , dans d'autres bleue ,
1 & iaunatre dans d'autres j enfin elle eft fouvent de diverfes couleurs moyen-
nes entre celles ci.
Les memes couleurs ne paroiffent p.is fur la furface infericure, qui eft
prefque couvene par les )amhes & par diverfes pointes qui boideut fes
cotes & qui font plus longiies que celles de la hirface fuperieure , quoi-
qu'elles aieiit moins d'une ligne , celle ci eft d'un blanc jaunatre. On voit
au milieu de I'etoile , lorfqu'on la regarde par delfous , une petite bouclie
ou fucoir S , (^PL f^HI , Fig. I ) dont elle fe fert pour titer la fiibftance
des coquillages defquels elle fe nourrit , comme Ariftote I'a tort bien remar-
quc. Mais il s'eft trompe , sil a aifure , comme il partut par la traduttion de
Gaza , Que les ctoiles ont une telle chaleur qu'elles btulent tout cc qu'ellts
touchent. Rondekt vcut que cela s'eiuende des thofes qu'elles ont mangets ,
qu'elles digerent tres-vite. Mais Pline a adoptc le fentimeiit d'Ariftote ,
dans le fens que Gaza I'a traduit; car il die, en parlant de Ictoile , liv. 10 ,
chap. 60 , tarn igneum firvorem ejfi tradunt , ut omnia in ina'i contacla adu-
rat. Aptcs quoi il parle , comme d'une chofe differente de la facilite qu'elle
a a digerer. On a cru apparemment devoir attribuer a ces poilfons une
chaleur femblable a celle des aftres dont ils portent le nom. Quoi qu'il
en foit de cette chaleur imaginaire , il eft certain que les ctoiles de mer
mangent les coquillages , iSi qu'elles one autour de leur fucoir cinq dents
DD , ou phuot cinq petites fourchct.-es , d'une efpece'de matiere olfeufe,
par le moyen defquelles elles tiennent les coquillages pendant q;.'ei!:s les
fucent. Peut-etre eft-ce avec ces memes poinrcs qu'elles ouvrent les co-
quilles bivalves.
Chaque rayon de I'etolIe eft fourni d'un fi grand nombre de jambes ,
qu'il n'eft pas etoiuiant qu'elles le couvrent prefque tout entier du cote
ACADEMIQUE. 3 5,
oH dies lui font attachc-es ; elles y font pofces dans quatte rangs diffc'rfciis , «_»__^.^
thacun defquels eft environne de 76 jambes , c'eft-a-dire que chacue 1 7,
' - r, 1" 1 n. 1 ' Acad. KoYALE
rayon en a 304, CC par conleqiient 1 cioile entierc el: pourvue de 1510 ues Sciences
jambes , nombre allez grand , fans que Bellon le poufsac jufqu'a pres de nE Paris.
5000. Tout ce grand attirail de jambes ne fert cependant qua exccuter j„;i^e i-io
un mouvcment tres - lent : aiini font elles fi molles qu'elks nj fcmbknc '
guere meriter le nom de jambes. A proprement parler , ce ne font que
des efpeces de cornes , fcmblables a celles de nos lima^ons de jardin ,
mais dont les etoiles fe fervent pour marcher. Elles rellemblent a des
cornes de limagons non-feulement par le peu de confiftance , mais audi
par leur couleur He leur figure ; aiiifi il leroit inutile de les dccrire plus au
long.
Ces jambes aulli font fouvent retirees comme les cornes dun limnconi
c'eft feulement lorfque I'ctoile veut marcher , qu'on les voit dans leur lon-
gueur , encore retoile ne fait elle paroitre alors qu'une partie de ces jam-
bes j mais dans le terns meme que I'etoile, ou plutot leur rcll'ort nature!
les tient raccourcies , on appercoit toujours leur extremite un peu plus
grolle, que I'endroit qui eft immediatement au delfous ; ce font feulement
Jes renHcmens qui terminent ces jambes que Ton voit dans les deux
rayons AA, ( Fig, I ) mais on voit fur les trois autres rayons plufieurs de
ces jambes allongees , comme elles le font lorfque I'etoile s'en feit pour
marcher. La mcchanique que I'etoile emploie dans cette occafion pour al-
longet fes jambes , s'apper^oit ties-diftmcbement , fuot que I'on a niis a
dec®uvert les parties intcrieures d'un des rayons R ( Fig. 11 ) en coupant
fa peau dure du cote de la furface fuperieure , c'eft .i-dire , de la furface op-
pofte a celle fur laquelle les jambes font fituees ; I'lnterieur de I'etoile
paroit alors divife en deux parties par une efpece de corps cartilagineux
cjuoiqu'alFez dur, Ce corps femble compofe d'un grand nombre de ver-
tebres faites de telle facon , qu'il fe trouve une cou'.iffe C au milieu du
corps qu'elles forment par leur allemblage 5 a chaque cote de cetre cculiiTe ,
on voit avec plailir deux rangs de petits Ipheroides eliiptiques ou boules
allongees, claires & tranfparentes BB, longues de plus d'une Hgne , mais
moins grolTss que longues : il femble que ce foit autant de petites perlcs
rangces les unes auprcs des autres. Entre chaque vertebre eft attachee une
de ces boules de part & d'autre de la coulilfe, mais a deux diftances inc-
;ales, ce qui forme deux rangs de boules aux deux cotes de cette cou-
life y je veux dire que leur difpofition eft telle de chaque cote de la coi;-
lille , qu'aprcs la boulequi en eft des plus proche , on trouve entte les deux
vertebres fuivantes une boule qui en ell plus eioignee , & la boule qui
fuit elt pofee vis-a-vis la plus ptoche, & celle qui vient apres , vis-a-vis la
phis eloignce , & ainfi de fuite. Ces petites boules font formees p.ir une
membrane mince, mais pourtanc alfez forte, dont I'inteiieur eft rempli
d'eau , en forte qu'il n'y a que la furface de la boule qui loit membra-
neufe. *
II n'eft pas difficile de dccoavrir que ces boules fervent a I'allongement
des jambes de I'etoile ; on commence a le foupqonner, des lors qu'on a
jemarquc c^ue le nombts des boules eft o^l a celui des jambes, tk q.uff
f.
3(Jo COLLECTION
chaque boule repond a une jambe ; mais on en decouvre tome la mecha^
Acad. RoYALE ,jique lorfqu'on prefTe avec le doigt quelqu'une de ces boules , car on les
BES Sciences ^^|^ ^^ vuider, &c dans le meme terns on voit les jambes qui leur cortef-
, ' pondent fe CTonflc-r. Enfin lorfqu'on a celle de prelTer ces memes boules ,
nni.i. 1710. ^ij^^ r-^ remplitrent de nouveau pendant que les jambes saftailFenr , & fe
xaccourcifTent a leur tour. L'ctoile n'a done autre chofe a faire pourgonfler
&c etendre fes jambes , que de prefTer les boules , & il eft aife d'imaginer
mille manieres dont elle le peut faire ; mais des que retoile cede de pref-
fer les boules , le relfort naturel des jambes qui les aftailFe, les raccourcit ,
Sc chafle I'eau dans les boules d'ou elle ctoit I'oitie.
Ces jambes ainfi allongees , I'etoile s'en fert pour marcher ; elle n'etend
qu'une partie de celles de chaque rayon , £c meme a des diftances afTez
inegales , & avec peu d'ordre , comme on peut le remarquer dans la Fig. /,
oil on a reprefente une etoile polee fur le dos, qui, ayant le bout d'lin
de fes rayons fous la pierre P , tache d'avancet vets cette pierre : les
jambes qui touchent cette pierre , fervent a Ten approcher ; & les autres
jambes qui ne portent fur aucun corps, en cherchent quelqu'un qu'clles
puilTent faifir. Ces jambes rencontrent la pierre ou le corps, vers lequel
elles avancent en faifant avec lui un angle tres-aigu, de forte que I'etoile
les tenant toujours fixes fur ce corps , & tachant de leur faire faire un
angle droit avec le meme corps , oblige le fien den approcher : on voic
deux de ces jambes detachces en I. ( Fig. PL Fill. )
Au - refte il n'eft pas nccefTaire aux etoiles pour marcher d'ette ainfi
renverfees; la pofition contraire leur eft egalement commode : mais on a
choifi celle-ci parce quelle laifTe voir les jambes ; qui dans I'autre poiicioii
font cachees par le corps ; elles peuvent auffi marcher fur les pierres &
fur le fable , foit qu'elles fe trouvent a fee , ou qu'elles foient couver-
tes par I'eau de la met.
On auroit pu regardcr les jambes des etoiles , comme les parties dont
elles fe fervent pour refpirer I'eau , a caufe de la relTemblance qui eft en-
ire leur figure, Sc celU des tuyaux charnus des aurres poiHons dont nous avons
parle j mais les etoiles n'ont pas de fi gros tuyaux pour fervir a cct ufage ,
elles en font dedommage>.s par une quanrite prodigieufe de petits tuyaux
dont toute leur peau eft remplie. Lorfqu'on prend des etoiles en certain
terns oil elles font gonflees par I'eau , on voit bien vite I'eftet de ces
tuyaux ; car on apper^oit une infinite de jets d'eau tris-delies qui fottenc
par-tout de leur peau : mais fi Ton regarde alois avec attention I'etoile,
on voit que chacun de ces jets part d'un petit tuyau peu fenfible a la vue,
qui le devient pourtant d'autant plus,qu'on I'oblige de fortir davantage
pn ptelTant la peau de I'etoile aupres de I'endroit 011 on I'a remarque : il
paroit de) figure conique &C d'une couleur blanche. Ces petits tuyaux ne
font jamais diftribues feparement : il y eu a otdinairement fix attaches
les uns auptes des autres dans un petit efpace : pout les fiiire plus aife-
ment remarquer , on a reprefente ( Fig. Ill ) un bout d'un trayon vu a la
louppe , dans laquelle les lettres CCC font pofces aupres de trois de ces
petits grouppes de tuyaux qui font reprcfentes allonges tels qu'ils le font
forfqti'ils jettent I'eau , ou lorfgu'on le fait parokre en preflanc la peau de
I'etoile
A C A D E M I Q U E. 3/1
I'ctoileen RRR. Dans tons les autres en droits du rayon oul'onn'apas mis
de tuyaux J mais artailTcs.
<le liitcres > on voic les manes groupn
Sur la Moulc dcs etangs.
Par M. M E R I.
ACAD.ROYALE
D£S ficiENCES
DE Paris.
Annie 1710.
L
A moule eft iin poKTon Iiermaphrodite d'une efpece finguliere en ce
quelle muhipliefans aucun accouplement , comme j'efpere ie demontrec
dar.s la fuire de ce difcours , aprts avoir parle de la formacion & de I'ac-
croilTement de la coquille.
Chacune des deux pieces de la coquille relTemble affez-bien a un petit
baflTin irrtgulieremenc ovale dont la paitie anterieure eft plus large , plus
arronJie , &c dont la partie pofterieure fe termine en une pointe moulfe :
ce ballin eft revetu en dedans d'une membrane fi mince, fi adlicrente
gii'on ne peut I'app&rcevoir qu'en rompant la coquille , ou bien lorfque
cette membrane venant a fe deinicher, fe decliire 6c abandonne d'elle-mtme
la furface interne du ballin.
Les deux pieces de la coquille de la moule paroifTcnt formecs de plu-
fieurs couches appliquces les unes fur les autres , & qui , en dcbordant 1 une
au-delade I'aune , forment fur la (urface exterieure des bandes afRz d;ftinc-
tes ; ce qui d'abord pourroit donner lieu de croire que ces couches ne font
pas produites en meme tems , je veux dire routes a la fois , mais fucceffi-
vement & I'une apres I'autre. Cependant fi Ton fait attention qu'il ne paioic
p.is moins de bandes fur les plus petites coquilles que fur les plus granJes,
on aura fujet de douter de cette opinion \ d'aiitant plus que s'll ctoitvrai
que les diffcrentes couches de la coquille de la moule fe formafTent I'une
apres 1 autre , il faudroic necelFairement que huit mufcles qui font atta-
ches a leur furface interne, s'en detachalFent en s'eloignant toujours par de-
gresdu lieude leur premiere attache toutes les fois qu'il fe formeroit une
nouvelle couche ; ce que je n'ai point vii dans aucunes des moules que j'ai
ju!qu'ici dilfequees en toutc failo;i : & comme d'ailleurs un tel deplai-ement:
n'a point d'exemple dans les animaux de qui les mufcles font attaches aux
OS , ni msme dans ceux qui n'ont point de veritables os , comme les cancres
matins, leshomards, lescrabes, les ecrevilTes , &c. dont le corps n'eft
revetu que de croiites ou coques qui leur tiennent lieu d'os , oii tous leurs
mufcles ont leur origine & leur infertion; n'y a t il pasbeaucoup plusd'appa-
rence que toutes les couches de la coquille de la moule fe forment en mcmc
tems comme les coques de ces poilToiis ? Aufli voit-on que les bandes qui pa-
roilfent fur la futface ixterieure , s'elargilFent a mefure que Ie corps de la
moule augmente; ce qui ne fe pourroir faire , fi les couches de ces co-
quilles fe formoient fucceffivement. Cela etant ainfi , il eft evident que la
coquille de cepciiron doit fe nourrirde la meme maniereque font les autres
parties de fon corps 5 & puifque les bandes qui paroilfent au dehors s'au-
gmentent en tout fens fans fe fendre , c'll: une pretfve qu'elles fenourtiflTenc
par intus fufception , & non par juxtapofiiion,
Tuinc III , Partie Francoifc Z i
,(J2 COLLECTION
ACAD.ROYALE
DEs Sciences Dc la manicrc dont Ics Monies ouvrent & ferment leur coauille.
DE Paris.
^ ' X^ A coquille de la moule s'entr'ouve par le moyen d'un puilfant reffort ;
elle fe ferme par la coinraftion de deux forts mufcles : le relTorc eft fitue
fur le dos de ce poilfon j il a environ un pouce & demi de long fur deux
lignes de large dans une moule de huit a neuf pouces de grandeur j il eft
convcxe en dehors , & concave en dedans : fes bords font enchaftes dans
repaifteur de la coquille qui font creufes en gouttieres : ce reftort eft forme
de deux lortes de marieres , I'une eft ecailleufe & de couleur grife; celle-ci
fert d'enveloppe a Tautre qui eft blanche & fembable a du talc. On decou-
vre dans celle-la plufieurs plans inclines les uns fur les autres \ mais on ne
pent les voir qiVen rompjnt le reftbrt de la coquille.
Les mufcles font tranfverfalement attaches a la paroi interne de chaque
piece de la coquille , I'un en devant & I'autre en arrierc : celui-ci eft le
plus gros. Ces mufcles font fairs de raftemblage de plufieurs paqnets de
fibres charnues , croifes par d'aurres petites fibres ligamenteufes &: elafti-
ques. Ce font la les moyens par lefqueh la coquille s'ouvre &i fe ferme-
ll s'agit maintenanr d'expliquer lamechanique de ce mouvement, ce qu'on
ne peut bien faire fans refoudte auparavant cette queftion ; favoir fi le
raccourcilFement ou la contradlion des mufcles depend d'une vertu elafti-
que , ou de I'influence des efprits animaux : les obfervations que j'ai faites
lur la moule meme aideront a la decider.
Apres la mort la vertu elaftique fubfifte dans les parties , jufqu'a ce que
la pourriture fe foir emparee de leur fubftanre , & Ton fait que I'effet pro-
pre de leur relfort eft de les retablir dans leur etat naturel , quand il n'eft
plus force : or les efprits animaux etant etemts dans la moule, les mufcles
de fa coquille rentrent dans leur etat naturel par leur vertu elaftique , qui
les relache & les allonge : done leur taccourciftement doit dependre de
I'influence des efprits animaux; auffi voit on qu'ils ne fe contradlent que
pendant la vie. Cela prouve, il eft aife d'expliquer I'approche & I'cloigne-
ment des deux pieces de la coquille : I'lnflux des efprits animaux dans les
mufcles rapproche ces deux pieces &-' ferme la coquille : le relTort rendu
libre par le relachement des memes mufcles I'ouvre \ mais jamais les mut-
cles ne font dans un relachement abfolu & le relFort n'agit jamais avec une
entiere liberte. La preuve en eft , que fi Ion detache ces mufcles d'une
piece de la coquille d'une moule recemment morte , on verrales deux pie-
ces s'ccarter une fois plus qu'elles ne faifoient pendant la vie de I'animal ;
done leur relTort n'eft pas entierement debande quand leurs mufcles font
attaches a I'une &: alautre, & qu'elles ne font qu'entr'ouvertes. Et Ci fans-
feparer leurs mufcles on calfe une des pieces de la coquille d'une moule-
vivante , fes parties rompues s'approchent davantage de celle qui refte en-
tiere , & leurs mufcles |e raccourciftent une fois plus qu'auparavant ;. d'otV
il fuifque la refiftance des deux pieces de la coquille entiere appliquees
I'une contre I'autre , empeche que leurs mufcles ne fe concradent entii-
A'C A D 6 M r Q U E. ^^^
remeiu : done la rcfillance Jcs deux pirces ds la cociui'lc aliifi apoliqiiees,
Icmroitc fur la furface des efnrics aiiimaux , & il eft evident que Icurs a ^ » .. ..^
mulclos Hi loiit pas rtnit-a-taic raccourcis lorlque la coquille elt termee ; des S-^iences
de forte que quand elle eft entr'ouverte , les mufdes quoiqu'alors re-laches, CI Paris.
font cependant equilibre avec le reflort : ainfi I'cquilibre qu'ils "ardent tn- n •
' Jill' r i/.iirr AtmCC 1710.
tr eux quand la coquille s ouvre , ne le ronipt lorlqu elle le rerme que par
I'liiHiience des efprits aniinaux qui coulent alors dans les mufcles; d'oii je
condus que la force de ces elprirs I'emporte fur la puiHance des fibres
claftiques des mufcles , & du relfort de la coquille joints enfemble ; car
autrement elles ne poufroient jamais fe fermer.
Du mouvcmcnt prognjjif dc la Moulc {a).
Vy E poKFon nage dans I'eau , & paroit quelquefois fur fa furface , mais
tres-ratement ; plus fouvent il rampe dans la vafe fur laqnelle il refte pref-
quetoujours en repos : mais foit qu'il nage , foit qu'il rampe , on ne voir
que fan ventre fortir £c s'avancer de d;ux pouces ou environ au dela des
hords de fa coquille ; c'eft felon route apparence le jeu des mufcles de
cetr^ partie qui favorife le mouvement progrelTif , puifque c'eil la feule
partie qui agilFe dans cetre circonftance.
Le ventre de ce poilFon reprefentc aifez bien la carenne d'un vailTeau :
fa partie la plus large eft tournee du cote de la tete j la plus etroite du cote
de I'anus ; la plus aigue regarde le tranchant de la coquille , & eft fort pro-
pre a fendre I'eau & la vafe; enfin fa parne la plus cpailFe &: qui eft arron-
die , occupe route la partie fuperieure du ventre; ce qui ne tait pas nean-
moins que le dos de !a moule foit tourue en delFous quand elle nage ,
parce" que fes poumons qui font remplis d'air, font places au-dellus de
fon ventre, de forte que la partie la plus grolFe de fon corps , ell aullj la
plus legere , fur-tout quand I'air qui remplit les poumons vient a fe dilater ,
c'efta-dire, lorfque les fibres du pjumon qui comprimoienr cet air par
leur contraction fe relachent & lui permettent de s'etendre pat fon elalti-
cite.
J'ai trouve dans le ventre de la moule cinq mufcles, ciuatre queje nom-
me obliq'^es , & le cinquieme tranfverfe a caufe de la difpofition de leurs
fibres. Le premier & le fecond tirent leur origine de la partie anterieure ic
fuperieure de la coquille ; le troifieme & la quatrieme de la partie pofte-
rieure tic fuperieure. Les fibres de cts quatre mufcles en defcendant s'ccar-
tenc les unes des'autres , & forment en fe developpant les parcis du ven^
tre : celles de devant vont s'infcrer au derriere , & celles de dertiere en
devant , fe croifant les unes les autres en chemin : ce que je prends pour le
cinquieme mufcle confifte dans un tres-grand nombre de fibres cliarnues rou-
tes feparees les unes des autres : leur longueur variejfuivant la difference epaif-
((t) V. Ic5 obfcrvations de M. Poapart (?jnj k tome II de cert: Parde Franfoifi , page
549 ; cllcs s'accordcnt mieux avcc ccilcs dc M. de Reaumur qu'avec celles de M. Mery ;
mais il paroit cjuc ccs divcifcs oblcrvations on: ere faitcs fur differeotes efpeccs,
Z 1 ij
ACAD.ROYALE
DEs Sciences
DK Paris.
36-4 COLLECTION
feur du ventre : toutes ces fibres font nttachees tranfverfalement a la fiU'
face interne defes parois par leuis extrcmitesj de forte qu'elles palTent en-
tre les circonvolutions de I'inteftin &c a travers le foie , qui n'a point d'au-
tre membrane pour le couvrir que I'cxpanfion des quatre mufcles obli-
Jnrue 17 10. q"es
La fit^ure du ventre ctant Jonnee , &c la difpofition de fes mucles recon-
nue , il n'eft pas difficile d'expliquer le mouvemenc de progrelfion de la
moule : quand fa coquille s'entc'ouvre , les quatre mufcles obliques fe rela-
chent, & les fibres du mufcle tranfverfe fe contradent : ce!les-ci ne peu-
venc fe raccourcir fans approcher les parois du ventre I'une contre I'autre ,
ce qui fait qu'il devient plus plat qu'auparav.int •, ainfi acqucrant plus d'e-
tendue , &C tombant en bas par fa propre pefanteur ( les mufcles obliques
etant reiaches) , il fort aifement hors de la coquille ^ apres quoi les fibres
de ces memes mufcles entrant en contraftion les unes apres les autres ,
mais foiblement , la moule fait fon chemin. Si les mufcles obliques an-
Terieurs fe raccourciffent de part 8c d'aurre alternativement ,elle s'avance
en avant : quand ceuxci fe relachent , & que les mufcles pofterieurs fe con-
tradent de meme , elle recule en arriere , ce qui Uii fuffit pour ramper fur
la vafe ; mais pour nager , il faut outre cela que fair renferme dans fes pou-
mons fe dilate , & reiide par ce moyen fon corps plus leger qu'un pareil
volume d'eau. Au contraire il faut qu'il fe condenfe pour que le cor^s de
ce poilfon devenant plus pefant que I'eau , retombe au fond. Enfin quand
les fibres du mufcle tranfverfe fe relachent, & qu'en meme rems celles des
quatre mufcles obliques fe contradbenttoures enfcmble fortement , elles re-
tirent le ventre dans la coquille fort promptement.
Dc la manicrc dont la Moule rcco'it fa nourriture.
\_i A boiiche de ce poiffon eftfi etroitement attachee a la partie poflerieure
du mufcle de devant la coquille , qu'il elt abfolumenr impofiTible quelle
puilTe en fortir pour chercher I'allmenr qui lui convient : ainfi il faut qu'il
y ait dans I'eau des parties nourricieres que la bouche puilTe recevoir
quand la coquille s'ouvre ; mais comme la coquille refte prefque toujours
fermce , il n'y a pas d'apparence que la moule pfit vivre commodemenr en
cet erat, fi la nature ne lui avoir donne .quelques refervoirs particuliers
pour conferver I'eau qu'elle rccoir quand fa coquille s'ouvre, & pour em-
pecher que cette eau ne s'ecoule lorfque la coquille fe ferme. Auffi trouve-
t-on de chaque cote du ventre de ce poilTon, un grand refervoir, & pro-
che le bord de chaque piece de la coquille , un canal pour le fejour de
I'eau. Ces quatre cavites communiquenx enfeirble entre le dos du cor^>s
de la moule & celui de la coquille. Le refervoir eft forme du milieu de la
furface interne de la coquille , & d'une membrane fpongieufe , qui d'ur.-e
part eft unie au corps de ce poiftbn , &c de I'autre a un mufi-le circulaire : ce
canal eft coniuofc du contour de la coquille £>: de ce meme mufcle , & voici
comment : La partie charnue de ce mufcle qui n'a guere que cinq ou fix.
A C A D 6 M I Q U E. jtf,
llgnes de lar^e , eft adherenre par I'un de fes cotes a la coquille , a fept on s
huic lignes dc diftance de fon bord. Le refte qui en eft dctachc , hiiic en y\c^n Rovale
une membrane tresdelice , qui s'linic a une eCpece de peau fort mmce, pes Sciences
jointe au tranchanc de la coquille; de forte qu'il refte entr'elle !k ce muf- de 1'aris.
cle un viiide qui fait le canal. Ce mufcle circulaire (e joint avec ion coni^e- AnnU i7iOi
nere au-delfus de la tete de la nioule pat devant , & p.u- derncre an deilus
du rcElum. Entte leurs extrcmites , il y a un petit ligament qui Icur eft at-
tache , & a la membrane du pericarde en delllis. Enlin on dccouvre au-
delfus du nclum , un conduit qui communique dun bout dans I'anus, &
de I'autre avec ces quatre refervoirs : c'eft par re conduit que I'eau pa(Te
dans leurs concavites. Quand la coquille s'entr'ouvre , les deux mufcks
circulaires qui font attaches, font forces de seioigntr I'un de lautrc ; &
parce que I'anus leur eft iini , c'eft aulii une nccellite que fon entree ie dilate
en meme tems ; alors I'e.iu entre dars I'anus , d'oii elle palle dans le ca-
nal qui la decharge dans les refervoirs par une fente placee entre les deux
mufclcs circulaires, tout proche de leur union pofterieure. Quand apres
tela la coquille fe ferme, alors I'eau preftee dans les canaux par le gon-
flement des mnfcles circulaires & par ceux du ventre dans les refervoirs,
fort par le meme conduit par lequelelle eft entree, & fe repand peu-a-
peu entre les parties de la generation & le ventre*, fans pouvoir de-la s'e-
con.'er an dehors, tant parce que les pieces de coquille s'appliquent i'une
contre I'autre exadement , que parce que I'eau qui remplit les canaux,
fouleve les deux mufcles circulaires dont ils font formes ; ce qui fait que
ces mufcles fe prennent fi fort I'un contre I'autre , que I'eau ne peut
s'echapper , quand bien mcme I'application des deux pieces de la coquille
ne feroit pas parfaite.
La maniere dont le? mufcles circulaires fe contracflent pour chalfer I'eau
hors des canaux, eft fort particuliere ; car etant attaches a la coquille par
leur partie charnue , il eft evident qu'ils ne peuvent fe raccourcir quand
ils fe gonflent ; il faut done que leur largeur diminue quand ils fe relferrent :
ce qui arrive de cette faqon. Toute leur furface qui regarde la coquille,
eft traverfee par une infinite de fibres fort cources qui s'inferent a leur
aponeurofe : or celle-ci etant unie a la peau qui borde le tranchant des
coquilles, il eft viable que ces petites fibres ne peuvent fe raccourcir fans
diminuer la largeur de ces mufcles , & par confequent la capacite des
canaux qu'elles applatilfent : ainfi I eau qu'ils contiennent eft obligee d'eii
fortir plus ou moins promptement , felon la vitclfe avec laquelle ces pe-
tites fibres fe raccourcilTent : c'eft ce que confirme I'experience ; car quand
on pique ces mufcles , les efprits animaux y coulant alors plus abondamment
qu'd I'ordinaire , leurs fibres tranfverfes fe contraftent li violemment ,
qu'elles rompent I'attache de leur aponeurofe avec la peau qui borde le
I tranchant de la coquille \ ce qui fait que I'eau renfermee dans les canaux
circulaires, s'echippe au dehors par cette ouverture extraordinaire.
II refte maincenant a trouver par quel paffage I'eau entre d ms le corps de
la moule ; & pour le decouvrir , il nous faut examiner une gLinde conlide-
rable que je prends pour la tete de ce poilfon , quoique je n'y aie remarquc
ni langue, ni nez, ni yetix, ni oreiliis : mais ce qui m'aucorife a lui den-
^r,(; COLLECTION
-■■ — — iiei- ce nom, c'eft quelle eft la partie la plus elevee dii corps 5 qu'elle ell
A R A E compofee de deux iubllances difFerentes en couleur , & formant dans fon
DEs°SciENCES cetitrc plufieurs finuofites ; ce qui fait prefunier que ce corps tient lieu de
DE Paris. cerveau : enfin c'eft qu'on y rencontie I'entree du tube iiueftinal , & qu'on
>J«H^ ,-rio V voir une bouche garnie de deux levres charnues.
Ces deux levres font fort croites a 1 entree de la bouche , qui elt placee
entre le ventre &C le mufcle anterieur de la coquille \ mais en s'Lloi-
cnant de cet endroit , elles s'elargilfent : elles font platces &; longues d'un
pouce on environ , arrondies par leurs extrcmites , &c traverfees dans route
leur loHL'ueur par de petires fibres faillantes fur leur fuperficie interieure.
Ces fibres lailfent entr'elles de petits finus , de forte qu'elles reprcfenrent
alTez b:en les hllons d'une terre labouree. Ces deux levres forment entre
elles, de chaque cote de la bouche, une efpece de gouttiere qui pent fe
chanaet en canal , parce que les petites fibres qui les traverfenc , peuvent
en fe raccourcilTant , appliquer leurs bords I'un centre I'autre. Enfin je
trouve dans le fond de cette glande I'euibouchure d'un autre canal, dont
une branche va fe terminer dans le ccEur, &c les autres dans le refte du
corps de la moule.
D'apres ces fairs , il eft aife de comprendre que I'eau repandue enrre les
parties de la generation &c le ventre de ce poillon , doit s'ccouler par les
deux gouttieres des levres , qui s'ecartent 1 une de I'autre pout la rece-
voir, & fe rapprochenr pour la poulTer dans la bouche de la moule,
ou apparemmenr Ics parties nourricieres fe feparent de I'eau & palTenc
dans I'inteftin , pendant que I'eau entre dans I'autre canal ; ce qui femble
d'autant plus probable, qu'on ne trouve que de 1 eau dans le cceur, & dans
le commencemenr de I'intefiin , qu'une matiere folide & aulli tranfparente
ciue du cryftal , & fur la fin une autre fubftance femblable par fa confif-
tance He fa couleur , au mmcomum du foetus renferme dans le fein de fa
mere : d'oii I'on pent conjefturer que la premiere matiere peur etre cello
de fa nourrirure , & la feconde, I'excrement le plus groffier qui en refulte.
Mais quelque vraifemblable que paroilfe ce raifonnemenr , on verra dans
la fuite qu'on peut former centre cette hypothefe une objedion impoflible
a refoudre.
Du fond de la bouche nait I'inteftin qui va palfer par le cerveau, fat
des circonvolutions dans le foie , puis par une Ugne droite , traverfe le
ccEur &: finit al'anus, dont le bord eft garni de petites pointes pyrarni-
dales , & le dedans de petits mamelons glanduleux. On y voit auffi de cote
& d'autre une glande femblable aux amigdales, d'oii fort une matiere
fort vifqueufe.
Ce que je prends pour le foie, eft un amas de petits globules formes
de Talfemblage de plufieurs grains glanduleux, qui remplillent de telle
fieurs ouvetcures dans i'inteftin.
A C A D fe M I Q U E.
^^1
Dcs Parties dc la sreniration.
T •
J— < A moule a qiiatre parties qui peuvent fervir a la generation : deux que
j'appelle ovaires , parce qu'elles contiennent les oeufs de ce poi(!on j & dtux
que je nomme veficules Icminales , parce qu'elles renfermenc la femence
qui eft blanche & laiteufe. La conformation des veficules & dcs ov.iires
parole femblable tanc en dedans qu'en deiiors ; cependant puifque leurs
iifages font differens , il faut qu'il y ait dans leur fttu£lure quelque diffe-
rence , quoique la vue ne puilfe la faifir. Ces quatre parties ont a I'txtc-
rieur, la figure d'un croillant fort ouverc , convexe par en bas, concave
par en hauc, & applati par les cotes. Elles ont chacune un pouce de
large ou environ dans leur milieu, qui va toujours en diminuant jufqu'a
leurs extrcmites , lefquelles par devant font attacliees a la tete , & par
derriere fufpendues a I'anus. Ce qu'il y a entre I'lin & I'aurre bout ell joinc
a la partie fupcrieure du ventre : le refte de leur corps eft libre & place
entre les refecvoirs d'eau &c le ventre. Leur fuperficie eft tilFue de deux plans
de fibres ; les unes font perpendiculaires ^ elles travetfent route leur lar-
geur, Sc font eloignees les unes des autres d'environ une ligne. L'efpace
que ces fibres perpendiculaires lailfent entr'elles, eft coupe par d'autres
fibres plus piellees & plus courtes , qui vont en ferpentant d'une fibre
droite a I'autre. 11 y a entre toutes ces fibres de petits creux qui tormenc
une efpece de refeau admirable. A I'cgard de leur ftrudure intcrieure , elle
a encore quelque chofe de plus remarquable j car chaque ovaire & chaqua
velicule eft p.irtage en pludeurs petits tuyaux tons fcrmcs par le bas, &
ouverts dans leur partie fuperieure. Ces tuyaux font fepares les uns des
autres par des cloifons attachees tranfverfalemenr aux parois de ces par-
ties, & difpofci a cote les uns des autres , comnie ceux d'un fifflet de
Chaudronnier. Au-dellus de tous ces petits tuyaux , qui contiennent les
uns les ocufs , & les autres la femence, regne un canal dans lequel ils one
tous leurs embouchures. Ce canal eft ferme par fon extrcmite, qui re-
garde la tete , & ouvert par I'autre dans I'anus. Chaque ovaire & chaque
veficule a le fien particulier. Ceux des veficules ont de plus que ceux des
ovaires , une fente daras leur partie moyenne fuperieure , & s'unillent en
un feul fur la fin. C'eft par ces quatre canaux que Its oeufs Sc la fe-
mence de la moule fe rendent dans I'anus , ou ces deux principes s'unilfenc
enfemble en fortant , ce qui fuffit pour la generation ; aufli la moule n'a-
t-elle a I'exterieur aucunes parties fexuelles. 11 eft a remarquer que les
ovaires de la moule ne fe vuident de leurs oeufs qu'au printems , &C ne
s'en remplillent qu'en automne j de la vient qu'on les trouve roujours
vuides en ere , & pleins d'oeufs en hiver. U n'en eft pas de meme des
veficules feminales ; on les rencontre en route faifon plus vuides que plei-
nes (<j) j ce qui me fait croire que la femence qui efi liquide, s'en ecoule
Acad. Rovale
DtS LciE.NCF.S
0£ Paris.
Annci i-jio»
iii) M. Poupart n'a pas vu les memcs cliofes daus les moulcs qu'il a obfervces. Y.
]Qolki.'\io» Acadvmiqtie 2 P»rtic f lajiioife , loco ciutto.
.58 COLLECTION
en tout terns par cetce fcnte particuliere dont j'ai patlc. On decouvre
au-detTiis des canaux des vc-ficules feminalcs , deux petics corps biancs qui
;iciENCES parcourent toute leur etendue : ils font abreuvcs d'une liqueur femblable
Paris. a la femence , ce qui donne fujet de penfer que ces petits corps font peut-
-, _^ ^ffg les fources d'oii elle decoule dans les velicules feminales. Si cela efl:
' " ainli , elles ne peuvent pas ttre les filtres de la femence , mais les refervoirs
feulement. II n'en eft: pas de meme de I'origine des crufs 5 ils prennent
naiffance dans les ovaires mcmes : d'oii il refuke que la ftrudure elfentielle
de ces ovaires doit etre difFerente de celle des vchcules leniinales, malgre
la conformite apparente des uns & des autres.
Acad Royai.e
DES Sciences
DE
Ahnii
Du cceur dc la Moulc.
J_) E ctEur de la moule eft place immediatement fous le dos de la coquille
& au-delTus des pouiuons. Sa figure eft coiiique ; fa bafe eft tournee da
cote de I'anus , &<■ fa pointe du cote de la tete. U n'a qu'un feul ventricu-
le, & a cependant deux oreillettes qui paroilFent, etant reniplies d'air ,
de ficrure cylindrique , avec lefquelles il communique par deux trous pla-
ces a fes cotes , qui repondent dans Tune & dans I'autre. J'ai vu I'eau
qu'il renferme couler de fon ventricule dans fes oreillettes, & refluer de
celles-ci dans le ventricule alternativement \ mais je n'ai pu y decouvrir
iii valvules, ni veines , ni arteres : recherchons done la (ource qui four-
nit I'eau au coeur , & aux autres parties celle qui les humefte. Il fort , com-
tne j'ai dcia dit , du fond de la bouclie un canal qui , pafTant par-
delfus la tete , fe divife en plufieurs branches , dont une va fe terminer a
la pointe du coeur : ainfi il eft evident que c'eft de la bouciie, par cette
branche , que le coeur re^oit une portion de I'eau qui eft diftribuee aux
autres parties du corps par les petites branches de ce canal.
Le coeur de la moule n'ayant done ni veines , ni arteres , il ne peut y avoir
dans ce poifTon qu'un flux d'eau de la bouche par les branches de ce canal
dans le coeur , comme dans routes les autres parties de fon corps, fans
citculation & fans reflux, etant impofl^ible que I'eau puilfe couler en meine
terns dans ce canal par des mouvemens connaires vers des parties oppo-
fees. Aufli ne voit-on pas que ce canal fe dilate quand le cceur fe re(Ti;rre ,
ce qui devroit arriver fi c'etoit le coeur qui y poufsat I'eau : d'oii il fuit
que I'eau qui entre dans le coeur par une des branches de ce canal , n'en
reflbrt point ^ elle ne peut done couler que du ventricule dans les oreil-
lettes, & de celles-ci dans le ventricule fuccelUvement.
On ne peut donner a ce vaideau le nom de veine, puifqu'au lieu de fer-
vir , comme les veines , a rapporter le fluide des parties dans le coeur ,
il fcrt au contraire a le leur diftribuer par fes branches ; & il ne peut
non plus prendre le nom d'artere, parce qu'outre qu'il n'a point de mou-
vement propre , il fert a conduire I'eau de la bouche dans le cceur , ufage
diredement oppofe a celui de I'artere.
Le coeur de la moule eft renferme avec fes oreillettes dans un peri-
cards
A C A D li M I Q U E. ,65
CArde q;ie j'ai coujours troiive rcmpli de beaucoup d'ean , fans en __
avoir jamais pu decouviir la fource , a moins qu'on ne veuillc fiip- « r.
r r t:i ' I r un. J j. ' Acad.Rovai.E
pofer que cette eaii le nitre a travers la lublcance dii cccur ; d aucaiu des Sciences
plus que j'ai vu des excmples d'uiie tranlFudation femblable dans le cccur de 1'aris-
tlelhomme. Annee ijio.
II eft bicn plus diilicile d'expliquer la maniere dont fe faic la nutri-
tion dans la moule. Nous avons vu que la bouche de ce poilFon eft fi
fix^ment atcachce au derciere du mufcle antcrieur de la coquille , qu'il
eft vili.^lemtnt impollible qu"elle puilfe en lordr pour chercher (anourriture.
U faiu done que la nourriture la vienne chercher , & que I'eau qui y
encre foit chargee dc particules alunenteufcs done elle fait fon prohc :
inais comment fes parties nourriflieres font-clles diftribuees par tout le
corps? c'eft ce qu'il n'eft pas facile de reconnoitre, vu queTinteftin n'ayant
aucuns vailToaux qui puilfent , conime dans les autres animaux , les porter
au Ciur , & celui-ci n'ayant point d'aitere pour les diftribuer a toutcs
les piitics du corps , il eft probable que la matiere qu'on trouve dans
I'inteltin ne peut que difficilement connibuer a la nutrition : d'ailleurs le
canal qui porre I'eau au cccur & au refte du corps , ayant plufieurs branches
qui ctablilfent des communications entre toutes les parties , paroit plus
capable de leur diftribuer la nourriture.
Au refte j'ai remarque tant au ventricule qu'aux oreillertes du cceur de
la moule les mcmes mouvemens alternatifs de fyftole & de diaftole que
j'ai oblerve dans le cofur de la torrue ; mais avec cette difference que le '
ventricule du coeur di la tortue recoit le fang des oreillertes , au lieu
que dans la moule ce font les oreiUettes qui lecoivent i'eau du ventri-
cule.
Des poumons ^ de la refpiration de la Moule.
jLi Es poumons de la moule font fitues entre le pcricarde & les parties
de la generation , Tun a droite & I'aurre a gauche : ils ont environ trois
pjuces dc long S: cinq a fix lignes de large dans les plus grands de ces
p.)ii!ons. Leur figure eft cylinclnque. Leur membrane propre eft tillue de
fibres circulaires qui les partac;ent en plufieurs cellules , lefquelles one
communication le^unes avec les autres. Ils font abreuves d'une hiimeur
noire , dont ils ernpruntent la couleur. Entr'eux regne un canal de meme
hgure & longueur , mais d'un plus petit diametre & fans aucune teinture.
Les deux poumons &: ce canal font fepsrcment renfermcs dans uue mem-
brane , de forre que chacun a la fienne parriculiere. On decouvre au devanc
du canal deux petites ouvertures , qui font l.i communication de ce conduit
avec les cellulej anrcrieures des poumons. Pour les trouver , il faut couper
la membrane qui I'enveloppe. sxit le derriere de ce mcme canal on en
remarque une troifieme , placee entre les deux tendons des mufcles pofte-
rieurs du ventre : cette ouverture repond dans leurs cellules pofterieures,
dans lefquelles viennent fe rendre deux netics conduits qui ont leurs em-
To;nc III , Punk Franqoife, A 3
570
COLLECTION
DES ScitNCES
DE Paris.
Annk
17 10.
f^ bouchures dans I'anus. Or , comme la moule n'a aucun canal qui commu-
AcAD RoYAiE "'1^^ ^s la boiiche aux poumons , ii s'enfuit que ce poillon ne peut refpirer
que par I'anus.
Quand les fibres circnlaires des poumons fe relachent, I'air qu'iis com-
primoienc en eux-memes fe dilate , & la moule s'eleve fur la furf.ice de
i'ean : alors la coquille s'entr'ouvranc , I'air exterieur entre dans I'anus ,
s'infinue par les deux conduits dont j'ai parle dans les cellules pofterieures
des poumons qu'il remplit d'abord. De - la il pafle enfuite dans le canal
qui eft place entr'eux, & va remplir leurs cellules anterieures & celles du
milieu. Quand apres cela les coquilles fe rsnferment , alors les fibres circu-
laires des poumons fe contraftant , leur capacite diminue , I'air y elt
comprime , le corps en devient plus pefant & la moule retombe au fond
de I'eauj &: comme elle y refte prefque toujours plorgce , elle ne pent
refpirer que fort rarement , enforte qu'on ne peut guere prefumer que
cette fonftion foit necelfaire pour entretenir le flux d'eau dont nous avons
parle, lequel dep;nd principalement de I'sdlrion des levres j bien different
en cela de la veritable circulation a laquelle la refpiration a tant de pare
dans les autres animaux.
Sur hs Piantes de la mer.
M
ALGRE toutes les difiSculces qui s'oppofoient a Tetude d'une bora-
nique marine , AL le Comte Marfigli a reuffi a ralfembler en trois
clalfes une quantitc confiderable de piantes qu'il a tirees lui-meine de la
mer : la premiere contient les n-.olles , la feconde celles qui font d'une
fubftance analogue a la corne , &; la troifieme les pierreufes. Cette divifion
n'eft t;uere differente de celle que feu M. de Tournefort avoir donnce
dans les Memoires de 1700 , quoique M. W. ait declare qu'il ne pretcn-
doit pas fuivre un ordre rigoureux de botanique.
Les moUes font les algues , les fucus , les eponges , les moiilTes de
mer , &c.
Les piantes , dont la fubftance eft analogue a la corne , font les litho-
phytes,ainfi nommes par les anciens, parce qu'iis les ont crus des piantes
pierreufes. Toute la compofition de la plante confifte en deux parries ,
i'ecorce £c la fubftance. L'ecorce au fortir de la mer-^ molle ; mais en
fe fechant , elle devient dure comme de la craie , & fe froifte aifemenc
entre les doigts : c'eft-la apparemment ce qui a trompe les anciens. La
fubftance tient plus de la come que du bois ; fi on la brule , elle fe met'
en une ecume toute pareille a celle de la corne ou des plumes, & qui
a la meme puanteur. Les rameaux des lithophytes fe plienc comme de la.
baleine , & font la meme rcfiftnnce au couteau.
Les piantes pierreufes, & qui {a) merueroient feules le nom de litho-
phytes , qu'elles n'ont pourtant pas , font les coraux Sc les madrepores.
(a) Si elks ctoicnt d«s Piantes.
I
A C A D E M I Q U E. 371
hU M. tie parle point do qiielqiies autres , comme les champignons pier- «^^™i— — *
reux , parcc que la mer de I'rovence ne lui en a pas foiuiii. Le coiail AcAO.KoYAVt
eft afFez connu par fa figure, exccrieure : la madrepore en differe en ce Dis Sr.iENCBs
qti'ellc ii'a point d'licorce , qu'elle eft ordinairement blanche 8c petcee de '^^ I'Aiiis^
tious fenfibles, jjnncc I7i<>.
M. M. n'ayant point de livrcs , lorfqu'il fit fes obfervations , ne put
al'or clierchL;r dans les auteurs li les plantes qu'il tiroit de la mer avoient
cte diicrites ; qutls noms o\t leur donnoit , &: a quels genres ellcs fe rap-
jrtoisnc. Laillanc done a d'autres le foin de les nommet tk. de les clafler
otaniquement , il fe contents de les dccrire avec d'autant plus d'exa€lL-
tude 3c de vcritc, qu'il n'etoit prcoccupc d'aucun fyftcme ni d'aucune mc-
thode particuliere. Nous taclierons de prendre le mcme efprit dans la fuite
de cet exrrait ^ & fans nous attacher a la determination des genres de ces
plantes equivoques , nous taciiet'ons de tirer feulemenc de I'Ouvrage de
M. M. ce qu'il y a de plus pliilofopliique.
Les algues font les feules plantes de la mer qui aient 6es racines : auffi
viennentelles dans des fonds fangeux comme des plantes terreftres. Toutes
les autres , fans exception , viennent lur des corps durs , tels que des
rochers , des coquilles , des morceaux de fer , des conglutinations de terre ,
tluboisSc mhne d'autres plantes , &cc. Elles s'y attachent etroitement par
Icur pied : ni ce pied n'a des fibres propres a tirer de ralimenc , ni la
plupart des corps qui le portent ne peuvent etre foup<;onnes de lui en
fournir. Toutes ces plantes, autant que M. M. a pu reconnoitre leur
rtruifture , & avec les yeux Si avec le microfcope, ne font que des amas
de glandules, ou de petirs tuyaux , qu'il a trouves remplis de differens
fucs , mais plus communcment de lues glutineux i^c laiteux.
Si une partie d'une plante niolle , ou d'un litliopiiyte , eft dans I'eau de
Ja mer , elle fe cocferve fraiche , tandis que I'autre partie qui eft dvhois
fe deireche. Il arrive le contraire aux plantes terreftres , qui fe confervent
fraiches en leur entier , pourvu qu'elles aient une feule partie qui
trempe dans I'eau. Cela prouve que la communication qui ell entre ies
parties des plantes terreftres , n'eft pas entre celles des plantes marines ,
& que les parties de celles-ci fe nourriirent independamment les unes des
autres, Sc par une certaine oppofition de matiere qui le fait a chacune en
paiticulier {a ).
Aprc'S cette idee gcnerale des plantes de la mer , nous raflemblerons
leurs plus remarquables particulariies obfervees par M. M.
11 y a un fucus dont le pied a trbis lignes de diametre lorfque la plante
eft fraiche , & qui devient mince comme un fil quand il a perdu I'eau
qu'il contenoit.
(a) Ces f;randcs differences devoient fairc foup^onncr a M. le Comte Marligli , que
te qu'il appclloit des plantes marines n'ecoient pas des plantes. Les obfervations pofti-
rieurcs ont demontre que c'ecoit I'ouvra^c de differens infecles de mer deli^n^s (ous Ic
110m generique de polypes. Mais quoique le Comte Marligli fe foit trompe dans fa con-
jcclute, fes defcriptions n'en font pas moins exaiScs, parce qu'il Ics faifoit d'aprcs ics
diofcs mcmc , &: uon d'apres fes idees.
A 5 ij
371 COLLECTION
■' II y en a an autre qui ferpente fur la roche fi irregulierement , que
AcAD.RoYALE ToH ne pBuc diftinguec Ion veritable pied.
DES Sciences L'orange de n.er , qui eft une efpece de fucus , porce ce nom a caufe
DE 1 ARis. jg Cj figure ronde. EUe n'a ni tige , ni ranieaux , & enfin ce n'tft qu'une
jinnee i-jic. orange , qui peut avoir 4 ~ pouces de diametre , & dont la fiibftance n'a
que I 4 lignes : tout le refte n'eft qu'une grande concavitu loutenue par
une infinite dc filainens qui la traverfent , di rempiie d'eau de mer.
On troui'e une pl.inte , qui n'eft qu'une ecorce , attachee pour I'ordi-
naire a des lith iphytes qui ont perdu leur ecorce naturelle , ou en tout ,
ou en p.irtie. EUe ne couvre jamais que la partie depouillee. (^uelquefois
elle va revetir des pierres. Etant fraiche elle eft tpaiife comme le dos
d'un couceau : elle eft de fubftance de champignon & d'un rouge fore
v.f. Sa furface exteriture eft toute lierifTee d'un grand nombre d'enftures ,
plcines d'un fuc glu.int. Autour de ces enflures , on voir quantite de boutons
ou tubules de couleur aurore , qui , fur uii beau fond rouge , font un effet
trcs ngreable. La furhice interieuie eft toute unie , 5c s'accommode a la
forme du corps , fur lequel elle s'etend. Cette plance eft d'une nature
beaucoup plus finguliere que les plantes terreftres qui ne vivent que fur
d'autres plantes.
Plufuurs efpeces d'eponges , lorfqu'elles fortent de la mer, ont dans
de certains p tits trous un mouvenient de lyftole & de diaftole, qui dure
jufqu'i ce que I'eau qu'elles renferment foit entierement confumee.
Quelques plantes de la clalle des niolles etant feches, fe froident aufll
aifement entre les doigts que les ecorces des lithophytes.
II y a un lithophyte qui porte un fi grand nombre de rameaux capillaires ,
qu'ils femblent compoler une efpece de feuillage. Cependant comme tous
ces rameaux font parfaitement de la meme fuliftance que le trcnc , il eft
vrai , fnns exception, que tons les lithophytes n'ont point de feuilles.
^ Une efpece de lithophyte eft fans ecorce. Sa fuperficie eft enduite d'une
glu femblable a un vernis , & qui eft en plus grande abondance au pied.
La plante eft toute pleine d'cpines j elles piroilfent mieux au fommet des
rameaux, ou le vernis eft en moindre quantite. On y voit audi, au fottir
de I'eau, certains petits globules d'une matiere glutineufe , qui , lorfqu'oii
remet la plante dans un vafe plein d'eau de mer , s'ctsndent autour des
rameaux en faifant une fymmetrie agreable.
Le corail croit ordinairement dans des grottes , dont la voiite concave
eft a peu-pres parallele a la fuperficie de la terre. Il faut que la mer y iolt
tranquille comme un etang. Les pecheurs aflurenr , Sc M. M. le croit
jufqu'a prefent d'apres fes experiences , que le corail ne vient jamais dani
des grottes ouvertes au (eptentrion ; elks doivent I'ttte au midi, & tone
au moins au levant ou au couchanr. Il vient meux & plus promptemeiic
a une moindre profondeur qu'a une plus grande. Il vegete a contre-feiis
Ats plantes terreftres & mcme des plantes marines molles &■: des litho-
phytes j il eft attache par le pied au hauc de la grotte, & fes btaiichi^s
font en en bas 5 il eft egalemenc rouge Si e^alement dur dans I'eau kc hois
de I'eau ', feulemeut fon ecorce prend en fe fechant une couleur un pen
plus livide , ^i les excremit^s de fes branches font plus niolles au fortix
A C A D E M I Q U E. ^7.
ie I'eau que Ic refte de la plante , parce qu'elles font pleines d'un fuc qui »^
n'elt pas encore confolidc. Ces excrimites en fe fcchant a I'air , dcvien- ^^^^^ Royalb
nenc friables; le pied par 011 le corail s'atcache a iin corps folide, en pes Scif.n-ces
prend exadement la figure & I'embraire en forms de plaque jufqu'j une be Paris.
certaine etendue, ce qui prouve bicn que la fiibftance du corail a etc fluide j„„^i i-i
dans fa premiere formation ; & ce qui ie prouve encore mieux , c'eU que " "" '' ' * '
quelquefois cette" mime fubllance va tapiller le dedans d'un coquillage
oii elle n'a pu entrer qu'en forme de liqueur. L'ecorce s'etend cgal's-
ment par-tout; die eft moins coinp.icte &: moins dure que la fuLftance
propre qui eft pierreufe; on la detache vivement lorfque la plante eft
fraiche; elle eft remplie & route traverfee de petits tuyaux ronds qui ont
tons a leur fommet un trou qu'on ne peut guere appercevoir fans mi-
crofcope; ils font pleins d'un fuc glutineux ," qui dai.s la plante fraiche
eft de couiciir de bit, & enfuite fe condenfe Sc prend une couleur de
fafran tirant fur le rouge. La ("urface intc-iieure de l'ecorce eft route cha-
grincepar I'amas dune infinite de glandules; la fuperhcie du corail de-
pouille de fon ecorce , eft route fillonnce de canaux qui s'etendent de-
pujs la plaque jufqu'aux extremites des branches. Il y a dans la fubftance
propre de la plante quantite de cellules pleines d'un fuc tout femblable
a celui des tubules de l'ecorce; mais ces cellules ne font vilibles, &: peut-
ette n'txiftent que d.ms la circonRrence exterieute de la fubftance propre;
tout le dedans paroit parfaitement folide 8c pierreux ; les cellules font
aufli plus grandts & en plus grand nombre vers les extrcmites des bran-
ches, que vers le pied.
Le corail eft rougi par des vers dont M. M. a donne la figure, & c^id
fera connoitre encore mieux dans fon traite des animaux ije la met. •
Les madrepores viennent alfez fouvent dans les memes iieux que le co-
rail ; ellcs changent la plupart de couleur hors de la mer ; elles lone com-
munement peu pefmtes Sc faciles a froilTer; quelques-unes font fr.-ifii-e?
comme du verre, Sc d'auttes le font encote plus, de forte qu'on ne peuc
ptefque y toucher.
Les fleurs du corail font blanches, ayant chacune leur pidicule Sc huic
feuilles, le tout enfcmble de la grandeur & de la figure d'un clou de giro-
fle ; elles font en tr^s-gtand nombre fur toiite la plante ; elles fortent de
tous les tubules de l'ecorce , Sc y rentrent dans 1 inftant qu'on retire la
plante de I'eau. Si on i'y remet , elle refieurit toute entiere en moins
d'uneheure, & quelquefois elle fe conferve pendant douze jours en etac
de faire alternativernent ce manege autant qu'on le veut , apics quoi les
fleurs ptennent la fotme d'une petite boule jaune , & tombent au ion J ■
de I'eau (</).
Selon 1 analogie des autres plantes , il fembleroit que les petites bou-
les tombees au fond de leau devroient contenit la femence du corail ice-
pendant M. M. en Its ouvranc n'y trouva ni graine ni rien qui en appro-
chat ; mais feulement un fuc gluant femblable .1 celui de l'ecorce. D'ailLurs,
puifc]ue le corail eft attache au haut d'une grotte 011 il vcgete de haut en
CO On voic bi«n que ccs fleurs font les polypes conftruiVews du corail,
3
i, COLLECTION.
— i,.^5j 5r qrje les boulcs rombent par leur poids au fond de I'eau , il feroit
AcAD.RoYALE difficile cju'elles reporc-ilfenc les graines en haut fi elles les conteiioient , a
DES Sciences moi;is cependant qu'elles iie vinllenta diminuer da pefanceur , ou qu'ellts
DE 1'aris. ne s'ouvrilFenc, & ne lailTairenc remoncet les gr.iines plus legeres qu'elles.
Anna 1710. Mais il vaut mieux ne point deviner , & attendre du terns qu'il edaircilFe
le myftere de la fcmence du corail.
M. M. a trouve que les petits globules du lithophyte epiweux & fans
ecorce dont nous avons parie, s'allongeoient , poudoient deiix filamens a
leur fommet , & enfin devenoient des efpeces de Heurs , lorfqu'on tenoit
Ja plante dans de I'eau de mer , reprenoient leur premiere forme quand
on Ten retiroit , & redevenoient Heurs fi on I'y remettoit , partaicemenc
femblables a cet egard aux Heurs du corail ; cela peuc durer deux jours :
ces fleurSjUon pius que celles du corail, ne rcnfcrment aucune femence
lolide.
La clafTe des plantf s molles a an peu mieux facisfait la ciiriolite de M. M.
11 en a trouve une fans feuille, qui avoir de- tres-belles fleurs a fix feuilles
blanches , avec fix filamens blancs Sc d'afl'cz gros fruits ronds qui renfer-
moient chacun fix petits grains de femences jaunes , & d'un goiit fore
piquant : il a vu une autre plante qui avoir des goulTes vuides , 8c dont appa-
remment la graine etoit lorrie. D'un autre cote, il lui eft venu des fruits
detaches de leurs planies, un fruit en forme de figue , ou font renfermecs
des graines , & une efpece de petite olive qu'on du ctre le fruit de I'algue
& qui a un noyau folide : il a eu aufli quelques plantes molles 8c particulie-
rement cette plante ecotce dont on a parle qui ne lui ont point montre
de graine ; mais en tecompenfe des efpeces de fleurs qu'il a vu difpa-
roitre &: reparoitre dans les memes circonflances que celles du corail 8c
du lithophyte epineux.
Obfervation fur les petits (Eufs de pouk fans j nunc que Von
appelk vulga'irement (Eufs dc coq.
Par M. Lasseyronie, alors aJfocU dc la Sociite Royale dis Sciences
de Montpellier.
EAUcoup de perfonnes croient avec le peupie que les coqs pondent
des oEufs 5 que ces reufs etant couves dans du fumier ou ailleurs , on en
voiteclore des ferpents ailes qu'on appelle bafilics {a). lis pouiFent plus
(a) Sunt ctiam quxclam ova majora , alia minora, alia etiam minima c]u,k vulgo in
Italia centinina dicuntui & mulieics noPti.i; hodie ( ut olim ) a gallo cdita & bafilifcos
prodiiifluia fabulannir. Vulgus (inquit Fabiicius ) putat cjtiguum hoc ovum cfle ulti-
mum gallinarum , cum jam centum ova gallina pepererit ( undc centininum vocant )
quod line vitello eft. Habet tamcn ut cxteia , chalazas, albumen, mcmbranas & coiti-
ccm ; verifimilc enim eft tunc gcneiari, cum vicelli omnes jam in ova migrarunt , nc-
quc ampliiis in vitcllario aliquis fupereft vitellui; qui in ovum evadere pofTit : ex al-
tera tamcn parte, albamiiiis adliuc modicum fupereft; ex hoc enim medico credi-
bile eft ovulum propofitum crcari. WiTVseus in Trallatu Gennationis Animdium , exercha.
i(ll de ovonim diffeTentiis,
A C A D ^ M I Q U E. 375
loin la fable &: alTiirent que les regards de ces bafilics font mourir les horn- ___^^__„b
mes: cette erreiir n'a d'aucrc foiidemeiit qu'une ancienne tradition, done ~1 7, "
J r IT ■ r 1' ' irr AcAD.RoYALE
la raudetc lera dtmontrce p»r Its raits luivans. ides Sciences
Un fermier m'apporta pludeiirs a-iifs un peu plus gros que ccux de pi- d£ 1'aris.
geon , difant qu'ils avoiert etc pondus par un jcunecoq, qui ctoit ie feu! y / •
J r 1 ir J 1 111 ir I i • i i • jir.nu J 7 1 o.
dc la balle-cour, dans laquelle il y avoit aulli quelqiies poulss : il dci'.toic .
ii peu du fait qu'il m'alTurri pofitivement que fi je faifois cclore qutlqu'un
de ces ccufs , il naltroit de chacun d'eux un ferpent ; & pour me pertua-
der ce qu il avan(joit , il me dit que je n'avois qu'a oiivrit un de ces crufs ,
que je Ic trouverois fans jaune , &:qu'3U defautdu jaune j'y veirois en petit,
maisfort diftini5lement , la figure d'un ferpent. Je Hs I'ouverture d'uii de ces
ccufs en prefence de plufieurs perfonnes : nous fumes tnus ega'imenc
furpris de voir cet ocuf fansjaune, & de voir a la place dujauneun corps
qui relTembloit affez bien a un petit ferpent entortille : je le developpai
fans peine aprcs en avoir raffernii la fubliance dans de I'efprit de viii. J'en
ouvris enfuitc quelques-autres que je trouvai en gros fcmblablts au pre-
mier j route la difference qui s'y trouvoit , cVfl: que le pretendu ferpent
n'ctoit pas dans tous egalement bien rcprefentc. J'en ai trouve quelques-
uns dans lefquels on voyoit une taciie jaune ronde d'une ligne de dia-
inetre fans epailTeur, fitueefur la membrane qu'on ttouve fous la coque :
cette tache repoiidoic a I'extrcmitc obtufe de I'oeuf.
La difference de ces oeufs aux osufs ordinaires qui ont tous un jaune ,
me donna la curiofite d'approfor.dir cette matiere, etant tres - pcrfuade
que fi ces oeufs avoient ete pondus par un coq.il falloit que celui-ci eGc
un organe particulier j & qii'outte les telHcules on les deux verges, il euc
un ovaire & une trompe , ce qui I'auroit rendu hermaphrodite, f'lu-
fieurs animaux le font de leur nature , & nous lifons les obfervations de
rant de monftres qu'on dit I'avoir ete , qu'on auroit bien pu penfer qu'il
peut fe trouver un coq qu'il le fiit auili.
Cette reflexion excitant ma curiofite , j'oiivris le jeune coq qu'on pre-
tendoit avoir pondu nos petus ceufs, & par la dilkdlrion que j'.en fis, j'y
trouvai de.ux gros tellicules qui donnoient origine a des vailleaux de fe-
mence bien conditionnes , lefquels fe terminoienr chacun de !enr cote
par une petite verge dans la clcaqne : le coq nous parut trcs-vigoureux ,
niais incapable de ponte par le defaut d'organes: je ne laiffai p'S que de
faire couver quelques-uns de ces ceufs que j'avois ramaflcs , je Its ouvris
apres un inoisde couvee , & je n'y trouvai aucun changement , fi ce u'cft
que le blanc ctoit plus divife , &: plus Huide qu'a I'ordinaire. .
Le fermier n'ayant plus de coq , fut bien etonne de continuera trouver
des oeufs femblables a ceux qu'il m'avoit apportcs : il fut attentif a dccou-
vrir doll ils venoient : gueri de fon erreur , il voulut en connoirre la
fource, & s'afTura qu'ils etoient pondus pat une poule qu'il m"appor:a.
J'appercus pendant tout le tems que je la gardai qu elle chantoit a -psu-
prcs comme un coq enroue j mais quelle chantoit avec beaucoup de vio-
lence.
Quelle rendoit par la cloaque des maticres jaunes fort dciayees , qui
ijC, COLLECTION
■ relTembloient a dii jaiins d'ociif dctrempe dans de l'e.iu , &: qu'elle' pondoic
AcAD.RoYALE de petics ceufs fembl.ibles a ceux que j'avois ouverts.
disSciekCes Convaincu de ces fairs , il n'ccoit plus quelUon que d'en decouvrir la cau-
D£ I ARis. fg . jg 1j cherchai dans les entrailles de la poule , & je fis voir a- la com-
'Anrc- I -ir Pignie n'le veffie de la grolR-ur du poing pleinc d'une eau fort claire , atra-
chde par la racine fyperieure de fon col au ligament qui attache a I'ovaire
le pavilion de Voviducius , & par la racine infeneure au centre du melcn-
tere iiiXoviducltn ; ce qui ctrangloit les deux parries de \ovidudus quembraf-
foit cette attache, au point que lenr cavitc endee avec violence, n'avoit qu'eu-
viron cinq lignes de diametre : ainfi un cEuf ordinaire , rels qu'ils font en
tombant dans la trompe , ne pouvoit y palfer fans la crever , ou fans fe cre-
ver hii-meme.
Le venire de la poule parut rempli dune liqueur jaiine dans laquelle
nageoientde petites concretions femblables a du jaune d'auf durci , ce qui
formoit une autre efpece d'hydropifie ailez finguliere.
La grolTe veflie remplie d'eau , etoit la veritable caufe de tous ces efFets.
Lorfqu'un ceuf embralfe par le pavilion s'etoit detache de I'ovaire , &
qu'il etoit engage dans \'oviducias , il palfoit, quoiqu'avec beaucoup de
peine , au-dela du premier etranglement , & ne pouvoit abfolumcnt paf-
fer au-deia du fecond : i°. parce qu'il etoit plus grand que le premier ; i".
parce que le blanc de I'oeuf I'avoit groili , I'humeur lui ayjnt cte fournie
par les membranes du canal qu'il avoit parcouru j I'oeuf engage entre les
deux etrangleir.ens irritoit les membranes du canal qui ne pouvant le chaf-
fer redoubloit ks contradtions, & obligeoit la poule a fe donner de grands
iTiouvemens , & a faire de violens etforts qu'elle exprimoit p.-lr des cris
femblables a ceux d'un coq enroue. Ces efforts prelToient la veflie pleine
d'eau j celle-ci s'appliquoit contre ces attaches, & dans le concours de
toutes ces ditferentes forces, I'ceufdont les membranes etoient encore tres-
minces , qui n'avoit que rres-peu de blanc , & point de coque , fe crevoit ,
le jaune s'echappoit , tantot dans I'abdomen , tantot dans la cloaque, fe-
lon le cote vers lequel la crevali'e rcpondoit j I'un iSc I'autre etoit arrive a
la poule, comme on I'a deja obferve.
Le volume de I'ccuf etanc diminuc par la perte d'une grande partie du
jaune , defcendoit malgre I'etranglement , & continuoit (on chemin.
Il eft a remarquer que I'eponge d-u blanc qui environne le jaune ne laifToic
pas de fe remplir , quoiqu'elle filt percee dans I'endroit par oii le jaune
s'echippoit, & qu'elle manquat par-la de la tenfionqu'on auroit jugc de-
voir lui ctre necelfaire pour fon accroilfement : malgre cela I'humeur du
blanc touiours fburrii£ par les membranes de X'ovidiidus [a) groflilFoic fon
(a) Plufieuis peifoniies prc^tcndent que le blanc de I'oeuf eft fourni par Ic jaune :
ccttc obfervacion dcmontic non-fculemen: que le jaune n'eft pas la fource du blanc ;
car comment le jaune qui augmente plutot que de diniinuer dans l'oyidu{fus , auioit-il pu
fuffire a pioduire toute la fubftance du blanc , qui a beaucoup plus de volume que le
jaune meme , s'il ne le rccevoit d'aiUeuis ! mais encore que la liqueur qui le fait ne
pafle point par le jaurc; mais qu'aprcs avoir fniXi par la membrane exterieiire de I'oeuf,
die emre immcdiatemcnt dans le corps fpongieuz oil clle s'arrcte : fi cela etoit autre-
mcnt , I'humeur du blanc fe fcroit ccoulee avec le jaune , £c fon cponge n'auroit pas grofH.
eponge
A C A D £ M I Q U H. ' ,77
cponge a mefure qu'elle augmentoit , elle exprimoit le refte de la liqueur ^aTST:^:::::^^:^
fluide (Ju jaune qui ne pouvoic refifter a caufe de fon ifTue, & qui fortoic Acad. Rovale
prefque toujours emicrement : il lailloit quelquefois des traces a uii dcs Dts Sciences
coins de i'oEuf fous la forme d'une cache jaune j il pouvoit fe faire aufli ^^ , aris.
qu'il rellat une petite portion du jaune tumSe , quoique je n'en ai jamais Anna 1710.
ouvert ou il s'en foit trouve.
Pendant que le jaune fe vuidoit peu-a-peu , les chala^x fe rangeoienc
diffcreinmenc felon i'endroit de !a crevaffe de TcEuf ; ft elle fe trouvoit
a cote d'un c/iala^a , les cellules des environs da c/iala^a oppofc gcofilTant,
clialfoient I'autre qui fe colloit a I'angle obtus de I'cEuf, oil il trouvoit
line inoindre rehllance j aufll je I'ai (ouvent tiouve coUe a cet endcoit ,
plufieurs fois nieme avec la taclie jaune.
Mais lorfque I'ouverture fe faifoit dans un endroit du jaune egalement
cloigne des deux chala-^x , ils travailloient alors de concert a chairer le jau-
ne , & fe reuniifoient enfuite au centre de I'cEuf par le relTfcrrement de
la membrane du jaune, au bout de laquelle ils font fortement attaches;
ce qui reprefentoit un ferpent beaucoup plus entortille que lorfqu'il n'y
avoir qu'un feul chala^a,
Apres que le jaune etoit entierement vuide , & qu'il avoir etc fuivi de
ce qui fe trouvoit de plus fluide dans le blanc , fon ouverture etoit bieti-
tot cicatrifee par la vifcofite du blanc enferme dans un corps fpongieux,
audi-bien que par les matieres gralTes dont I'intcrieur de VoviduHus eft
enduit j & enfin par la niatiere de la coquille de TcEuf qui fe trouve au
bas de ce conduit.
J'ai ramalfe de cette humeur, & I'ayant expofee a une douce chaleur,
elle a fait une fubftance femblable a la coque.
Il y a apparence qu'une partie du blanc s'echappoit avec le jaune, puif-
qu'il n'y en avoit dans chaque petit cput qu'environ le tiers de ce qu'oa
en trouve dans un oeuf ordinaire.
J'ai trouve quelquefois la cicatrice de I'ouverture de la membrane par
cu le jaune s'etoit echappe, fi intimement coUce a la partie ds la coque
qui y repondoit , qu'on auroit pu Ten detacher fans la dechircr ; ce qui
n'arrivoit pas dans tout le refte de la circonfcrence.
S'il y a des poules qui pondent quelquefois des oeufs fans coque, cela
vient , ou de quelqtie ma!adie qui irritant la trompe, leut fait chalTer
i'cEuf avant le tems ; ou bien par une grande fecondite qui ne leuc
donne pas le loifir de les miirir tcus. Il y a des poules qui font le meme jouc
iin CEuf bien conditionne , & un autre fans coque.
Le defaut d'uns fuffifante quantice de cette humeur dans certaines pou-
les, pent encore en ctre la caufe.
Il pent y avoir des poules qui pondent quelquefois des oeufs femblables
a ceux dont je donne la defcription , lorfque dans des efforts , ou par quel-
que caufe extcrieure , le jaune d'oeuf eft creve dans \'oviduclus ^ mais la
caufe n'etant pas conftance , elles en font aulfi de bien condirionnes.
Des t'tranglemcns , ou des comprellions a-pcu-prcs femblables, qui
anejntilTent les petits des ovipares en leur otant la matiere de Itur nourri-
lare , ne rendroient que monfttueas ceux Jcs viviparcs qui ne la portent
Jo.Tic III f Partie Frangoifc, U j
^7& COLLECTION
:^ pas avec enx, & qui vonc la puifer dans la matrlce , pourvu que la com^
AcAD.RoYALE preffioii ne detruisit aucune partie effentielle a la vie de I'animal.
'de Par^*^^^ ^" "^ '^°'^ P^' ^"^ furpris de ce que ceux-ci nous fourniflent beaucoup
, ' plus de monllres que les autres.
jimd 171 1.
Des dlffercntes manicrcs dont pluficurs efpcces d'animaux di.
mcr s'attachcnt au fable , aux pierres & ks uns aux autres.
Par M. DE Reaumur.
J. L y a dans la mer beaucoup d'animaux qui ne nagent point , ou qui
nagenc difficilement , mais qui nc font pas pour cela le jouer des flots :
les uns, commeles crabes, les ecrevilTes, &c. font munis de pattes tres-
fortes , avec lefquelles ils fe cramponnent fur la vafe , le fable , les pierres,
&c. d'autres s'enfoncent dans le fable ou dans la vafe , & du fond de leur
trou refpirent I'eau , pat le moyen de longs tuyaux de chair dont la nature
les a pourvus. J'en ai parte dans les Memoires precedens : on vetra dans
celui-ci que plufieurs animaux qui n'ont ni ces longs tuyaux de chair pour
refpirer I'eau, ni ces pattes fortes pour fe cramponner , ne manquenc
cependant pas de moyens pout s'attacher quand ils veulent fur des corps
ftables, & que d'autres enfin y font fixes involontairement &c comme enra-
cines.
Entre les adhefions volontaires, nous choifitons d'abord celles qui fons
plus remarquables par leur force que par I'adrelTe de I'animal : I'osil-de-
bouc nous en fournira le premier exempie. Get animal eft revetu d'une co-
quille , ( HI. Fl, Fig. /, S B B B ) dont la figure approche de celle dun cone.
La bafe de ce cone eft occupee par un gtos mufcle qui a prefque autant
de chair lui feul que tout le refte du corps. Ce mufcle P { Frg. II ) n'eft
point couvert par la coquille : I'animal s'en fert tantlit pour marcher,
tantot pour fe fixer [a). Dans I'etat de repos, qui eft fon etat le plus or-
dinaire , il applique ce mufcle fur la furface d'une pierre , & cette parrie
prefque platte , qui n'a pas plus d'un pouce de diametre dans fa plus
grande largeur, s'attache fi fortement a la pierre quelle touche , qu'on
tenteroit en vain de Ten feparer en tirant I'animal avec les mains : auffi
Jes pccheurs de coquillages n'en viennent a bout qu'en infinuant la lame
d'un couteau entre la bafe de I'ccil-de-bouc & la pierre, a quoi I'animal
s'oppofe le plus qu'il peut, en applicjuan: fortement le contout de fa co-
quille fut la furface de cette pierre.
Pour connoitre a peu pres jufqu'ou va la force de cette adhefion , j'ai
pris des pierres fur lefquelles des yeux-de-bouc etoient appliques ; j'ai
place ces pierres de telle forte , que les coquilles , ou plutot I'axe du cone
qu'elles reprtfentent , etoit dans une fuuation horifontale : enfuite j'ai en-
toure chaque coqiMUe d'one corde , 6c aux dtux bouts de la corde , j'ai
(«) V. ci-deffus en 1710.
ACAD^MIQUE,
i19
fufpendu des poids diffcrens ; ils one ete ordinairement trop foibles pour "i^— —
feparer chaque animal de dellus la pierre , lorfqu'ils n'ont pas pefe du Acad. Royale
moins vingt-huic ou trente livres. L'ail-de bouc foutenoit ce poids de lls Sciencei
vingt-huit ou trente livres pendant quelques fecondes , neanmoins les en- *** I'aris.
droits de ces pierres auxquelles ils le trouvoient adherens, etoient unis Anncc iiii.
8c peu capables de les arrcter.
On donneroit tine raifon aflez vraifemblable de cette forte de tena-
cite, en fuppofant que le gros mufcle qui fait la bafe de I'animal, s'en-
grene entre les inegalitcs mcnie infenfibles de la pierre , Sc que i'animal
tenant roidies ou gonHees toutes les fibres qui compofent ce mufcle , s'op-
pofe vigoureufement a la force qui tend a les faire fortir des petits trous
ou elles font engagees , chaque fibre faifant ici la fon6tion dun mufcia
particulier 5 mais dans ce cas I'adhcfion n'auroit plus de force apres la mort
de I'animal , ou lorfqu'on auroii ore aux mufcles Icur point d'appui, comme
j'ai fait par I'cxperience fuivante. J'ai mis le tranchant d'un couteau fur le
fommet du cone de la coquille , & frappant fur le dos du couteau , j'ai
divife I'animal verticalement jufqu'a la bafe : apres plufieurs divifions pa-
reilles , je I'ai coupe horifontalement. Quelque diredion qu'eufTent les
mufcles , en quelqu'endroit qu'eulfent ete leurs points d'appui , il eft clair
que ces differentes coupes avoient tout dctruit ; neanmoins chacun de ces
morceaux feparcs s'eft trouve aulfi adherent proportionnellement a fa gran-
deur , qu'il I'etoit lorfque I'animal etoit entier. La force des mufcles n'eft:
done pas la caufe de la force de I'adhefion.
On ne peut pas dire non plus que cette adhefion foit analogue a celle
de deux marbres polis , ou a celle d'un morceaude cuir flexible & imbibe
d'eau, applique fur une pierre ; car dans ces experiences connues de tout
le raonde , & dont les enfans memes fe divertilfent , quelle que foit la dif-
ficultc de feparer ces corps en les tirant en (ens conttaires & dans une di-
redion perpendiculaire aux furfaces qui fe touchent , on ne trouve que
fort peu de refiftance a les faire glilTet I'un fur I'autre, Sc parallelement a
ces furfaces , ce qui n'arrive point ici.
La ferme adhefion de I'cril-dc-bouc n'a done pour caufe ni la force des
mufcles de I'animal , ni le fimple engrenement de fa bafe entre les inega-
litcs de la pierre , ni la predion de I'air : elle depend d'une glu , d'une ef-
pece de coUe infenfible a la vue , mais ttes fenfible au toucher j car fi
immediatement apres avoir detache uii oeil-de-bouc , on applique le doigt
fur fa bafe ou fut I'endroit de la pierre qu'elle touchoit , lorfqu'on veut
enfuite retirer fon doigt , on le fent retenu par cette colle. II s'en fauc
beaucoup a la verite que I'ceii-de-bouc foit attache aufll fortement a la pierre
ou la pierre a I'ceil-de-bouc , que ces deux corps I'etoient enfemble : auifi une
moindre quantite de colle agit-elle fur le doigt , lequel d'ailleurs s'en-
grene moins parfaitement dans la pierre ; car quoique I'engrenement
ne foit pas ici la principale caufe de I'adherence , il contribue a en aug-
menter la force.
Mais pour peu que I'eau ait mouille la pierre ou la bafe de I'animal ,
alors la glu dont nous parlons ne trouve point, ou prefque point de prife
fur le doigt : audi lorfqu'en enlevant lailde-bouc, on a fait a fa bafe
B5 ij
Acad. RoYALE
BES Sciences
DE Paris.
Annci 1 7 1 1 .
38c COLLECTION
quelque bleffure, la glu n'eft plus fenfible.au toucher, etant delayee paj*
I'eau qui fort de la plaie.
Ceci fert i expiiquer aflez natutellement comment ce coquiilage peuc
s'attacher aux pierres , & s'en detacher a volonte. Sa bafe eft grenue &
comme chagrinee P ( Fig. II y PI, VI) , une parcie des grains dont elle eft
parfemee font evidemment de petites cellules remplies d'eau , puifque cette
eau s'ecoule lorfqu'on blelfe la bafe. Une autre partie des mcmes grains
contient peut-etre la glu , ou bien quelques autres vailFeaux la diftribuent
dans route la bafe. Lorfque I'animal veut s'attacher , il exprime la glil
des vailfeaux qui la contenoient, & prelTe fa bafe humedtee de cette glu
contte quelque pierre que la mer a laiffee a decouvert pendant fon teflux;
& lorfqu'il veut quitter la meme piette , il prelfe les cellules qui contien-
nent I'eau, & delaie ainfi la glu.
Au refte il ne lui eft pas libre de s'attacher auffi fouvent qu'll le veut :
j'en ai fait I'epreuve en detachant deux ou ttois fois de fuite divers yeux-
de bouc ; ils ne pouvoient plus s'attacher, ou ne s'attachoient que foible-
ment ; la foutce de la coUe etoit epuifee ; il falloit du tems pout la re-
nouveller ( a).
Si nous nous fommes un peu arretes fur I'adhefion des yeux-de-bouc,
c'eft pour parler plus brievement de celle de diffetens animaux de mer qui
depend de la mcme caufe. Nous avons donne dans les Memoires de 1710,
divetfes obfetvations fur les orties de mer qui s'attachent aux piertes ,
avec les defcriptions 8c figures necelTaires pour faire connoicre cette fin-
j^uliere efpece de poilfon. Ici nous nous contenterons d'ajouterque fi I'ortie
s'attache aux pierres, c'eft par une glu femblable a celle des yeux-de-bouc j'
nous nous en fommes aflTures par les memes experiences fur les uns &
les autres. A ces experiences , nous en ajouterons pourtant une nouvelle
qui prouve combien les orties abondent en matiere vifqueufe.
L'enveloppe exterieure de leur corps, qui paroit a la vuefimple, une
peau epailTe & diverfement coloree , n'eft en effet qu'une couche epaiife de-
matiere gluante , compofee, non pas de fibres , mais de filamens vifqueux.
On le fent en partie au toucher , & on le voir evidemment fi I'on jette
quelqu'une de ces orties dans I'eau de vie ; l'enveloppe coloree s'y dif-
fout en moins d'une demi-heure, & ne laifTe plus appercevoir que quel-
ques filamens tels qu'on en voir dans une colle qui n'eft pas encore bien
delayee ; cependant I'eau de vie conferve le refte de I'animal entier pen-
dant plufisurs moi'. J'ai quelquefois frotte des rubans centre cette peau
de I'ortie , je les retirois enduit? dune matiere audi tenace que la colle
forte , Sc qui les attachoit aulli folidement a d'autres corps.
Les ctoiles de mer s'attachent aulTi aux pierres par le moyen d'une glu,
kquelle eft portee a I'extremite de ces efpeces de comes qui leur tiennenr
lieu de jambes , & dont nous avons fait connoitre la figure , le nombrc-
(a) On fent bien qu'il doit y avoir une difKience notable entre les fuitcs d'un dc-^
t^chement volontaire, & cellcs d'un dctachement force : cc[ui-ci peut bleffer, dctruire
mcme les parties organiques , foit cellcs qui font la fecretion dc la a;lu, foit celles.
qui conticnnent I'eau" qui la dclayc;& comme le dctachement volontaire ne fait iieii=
de femblable , il me femble qu'on ne doit pas condure de I'ud a I'autrc.
A C A D t M I Q U E. jg,
Be I'ufage dans les Mcmoires de 171c. Ces jambes, quoique foibles, de- s^^^^^r^^
vienncnt de forts liens par leur nombre ; I'croile en a plus de 1500. AcAD.RovALn
Lorfqu'une jambe eft collee contra une pierre, il eft plus aife de la rem- des Sciencls
pre, que de Ten detacher. Lcs ourllns ou hcrilfons de mer favcnt aufTi '"'- ''aris.
s'attacher par des moyens a-peu-prcs femblables ; mais les moules de mer j4nnce 1711%
en emploient de tous differens. Lorfqu'on a ouvert la coquiile dune moule *
par le cote oii elle s'entr'ouvre naturcllement , L ( PL V^ Fig. />'/) & G,
[Pi- XI , Fig. VI ) on voit au milieu de la moule une petite partie noire
ou brune, alfez refTemblante a une langue {Pt. V , Fig. V, A ]5 )• Dans
les plus groftes moules cette pattie a cinq a fix lignes de longueur, Sc
deux lignes 6c demie de largeur j elle eft plus etroite a fon origine Sc a
fon extremite.
De la racine de cette efpece de langue , ou de I'endroit ou elle eft
attachee au corps de I'animal , partent un grand nombre de tils, qui,
etant fixes fur les corps voifins, tiennent la moule alfujettie, DDD. QQ.
( Pi' XI , Fig. VI). Chacun de ces fils eft gros a-peu-ptcs comme un gros
cheveu ou comme une foie de cochon : ils ont ordinairement depuis
un jufqu'a deux pouces de longueur; ils fortent de la coquiile par I'endroit
ou elle s'entr'ouvre naturellement , fe diftribuent de tous cotes & en tous itns
Sc s'attachent par leur extremite fur les corps voifins, parexemple, fur
des pierres , des fragmens de coquilles , mais plus fouvent fur les coquilles
des auttes moules ; de la vient qu'on trouve ordinairement ces coquil-
lages par grouppes. Ces fils font autant eloignes les uns des autres que
leur longueur Sc leur nombre le peuvent permettre j j'en ai comptequel-
quefois plus de cent cinquante employes a fixer une feule moule : ils font
comme autant de petits cables , qui , tirant chacun de leur cote , tiennent
la moule a I'ancre.
L'obfervation de ces fils eft uue chofe commune ; il n'eft pas befoin
pour les voir d'aller confiderer les moules au bord de la mer; celles qu'on
apporte a Paris n'en font pas entierement dcpouillces , & les cuifiniers ont
grand foin de leur arracher ce qui en refte avant de les faire cuire. L'ob-
jet de rnes recherches fut de favoir fi ces fi's etoient une efpece de che-
velute nee avec la moule, croiftant avec elle, & qui I'attachat necelTaire-
ment , ou s'il etoit libre a la moule de fe lier avec ces fils.
Pout m'en eclaircir apres avoir detache diverfes moules les unes des
autres, Sc des pierres auxquelles elles etoient adherentes, je les renfermai
dans des boites couvertes par delFus , & je les mis dans la mer. J'examinai
ces moules quelques jours apres ; j'en trouvai qui etoient feulement atta-
chcesaux parois du vafe , d'autres I'etoient, & a ces parois & a d'autres co-
quilles de moules , par les fils dont nous avons parle.
Cette experience ne fatisfaifoit qu'en partie nia curiofite , en m'apprenant
•que les moules s'attachent a volonte ; il s'agilToit encore de favoir comment
elles fe fervoient de ces fils pour s'attacher , fi elles les coUoient par leur
extrL'mite , ou fi cette extremite beaucoup plus grolfe que le refte , ne pou-
voit pas ctre rtgardee comme une efpece de mam dont Ic refte du fil eut ete
le bras.
Pour verifier ces faits , je mis chez moi une graiide qiiantice de ir.ouiefr
iSx COLLECTION
^a^^!^^:^^^ dans des vafes , &: j'y verfai afTez d'eau de mer pour couvrir ces monies,
Acad. RoYALE mais crop pen pour les derober a mes regards: elles fe trouvoient alors
DES Sciences dans leur element naturel ; ainii il y avoir apparence qu'elles y agiroienc
DE 1 ARis. coiiime elles avoient fait dans les boites que j'avois lailFees dans la mer.
4nnie 17H. Je les y confiderai attentivement, 6c bientot j'en vis qui entr'ouvroienc
•leurs coquilles ; j'en apper^us enfuite quelques-unes qui faifoient fortir de
la coquilie entr'ouverte cette partie que j'ai comparee a une langue , &
de la bafe de laquelle partenc differens fils. Elles allongeoient cette efpece
de langue L J [PI. V, Fig. VI), puis la taccourcifloient , apres quoi
elles r.Ulongeoient encore davancage , & la portoient plus loin : enfiri
apres plufieurs allongetnens & raccourciffemens alternatifs , elles lui
donnoient quelquefois jufqu'a deux pouces de longueur. Je les voyois alors
titer de tous cotes avec fon extremite J, cotnme pour fonder le terreiri
environnant, aprcs quoi elles fixoient cette extremite T, ( Pl.XI, Fig. FI)
pendant quelque tems dans un meme endroit , d'oii la retirant enfuite
avec beaucoup de vitelTe , & la faifant entierement rentrer dans leur co-
quilie , elles me laidoient voir qu'elles etoient attachees par un fil dans
I'endroit meme oii le bout de cette efpece de langue etoit refte applique
pendant quelques inftans. C'eft en repetant plufieurs fois la meme ma-
noeuvre, qu'une meme irroule s'attachoit en differens points plus ou moins
eloignes.
Je crus alors avoir decouvert la maniere dont les moules s'attacholent
aux corps voifins ; car il me fembloit que cette langue fervoit a y coller
les fils qui partoient de fa racine. J'obfervai avec attention ces fils re-
cemment colles , & je remarquai qu'ils etoient plus blancs &c en quelqne
fagon plus tranfparens , plus brillans que les anciens. Cette difference
jointe a diverfes autres circonftances, me fit foupgonner que les fils avec
lefquels ces moules venoient de s'attacher , n'etoient point les memes fiU
que je leur avois lailTes , que peut-etre elles les ptoduifoient & les filoienc
au befoin commc font les vers a foie , les chenilles & les araignees. Cette
conjedure me parut alTez fondee pour tenter quelques experiences pro-
pres a la confirmer ou a la detruite.
Il etoit queftion de favoir fi une moule depouillee de fes fils s'atta-
chetoit peu de tems apres ; car il falloit pour cela qu'elle filat de nouveauj
mais comme il y auroit eu a craindre qu'en arrachant la maffe des an-
ciens fils , on eut blelTe la partie neceflfaire pour en former d'autres , je
me fervis des deux expediens fuivans. Apres m'etre alfure que tous les longs
fils fortent de la coquilie, & que ceux qui font renfermes dedans font
irop courts pour attacher I'animal a quelque diftance , je coupai rous les
fils le plus prcs qu'il me fuc poffible du bord de la coquilie. Ces fils aux-
quels li ne reftoit pas cinq a fix lignes de longueur , ne pouvoient certaine-
nient pas attacher la moule a un ou deux pouces de diftance de fa coquilie;
cependant pour lever tout ferupule , j'otai entierement les fils a quelques-
unes d'une autre maniere. Apres avoir entt'ouvert la coquilie d'une moule
autant qu'on peut I'entr'ouvrir fans forcer le mufcle M M qui fert a la for-
mer , & que Ton voir coupe ( PL V , Fig. F) , j'infinuois dans cette co-
quilie des cifeaux avec lefquels je retraiichois toiite la houppe des fils F.
A C A D H M I Q U E. 385
Ces precautions prifes, j'eus le plaifir de voir quelques heures aprcs
s'attaclier aux vafes preftja'autant de ces moules depouillces de leurs tils, que y\f ^^^ Roy ale
de celles auxquelles je n'en avois pas ote un feul, & les uiies ne s'atta- i>es Sciknces
chercnt pas plus loin que les autres : ainfi je ne pus douter que la met ue Paris.
n'euc des fileufes dans les mouies, comme la terre en a dans les clienilles jinnee 171 1,
& les araignces.
La parcie qui fert a former les fils merite d'etre examinee ; je I'ai de-
fignee jufqu'ici fous I'image groffiere d'une langue a caufe de fa figure; je
I'ai regarded ailleurs comme la jambe ou le bras de la mouie , parcc
que les moules qui fe trouvent dctachees par quelque accident , s'eii
fervent pour marcher \ mais comme cela arrive rarement , & que foii
ufage propre fethble ctre de former les fils, je ne lui donnerai plus que
le nom de filiere.
I Pour la bien faire connoirre , nous obferverons ici que bien qu'elle foit
platte comme une langue dans la plus grande partie de fon etendue ,.
elle eft arrondie en cylindre vers fon origine ou fa racine A ( f'g.f^,
PI. F) , & qu'elle y a beaucoup moins de diametre qu'ailleurs. Son autre
extrcmice ou fa pointe B , eft a-psu-prcs faite comme la pointe d'une
langue. Divers ligamens mufculeux font attaches auprcs de fa bafe ou de
fa racine , & la tiennent aflTujettie prcs du milieu du dos de la coquille ,
c'eft-a-dire , a peu-pres vis-a-vis I'cndroit 011 finit le relTort qui fert a en-
tf'ouvrir cecte coquille. Sans entrer dans le detail de ces ligamens mufcu-
leux , nous dirons feulement qu'il y en a quatre principaux qui peuvent
fervir a mouvoir la filiere en tous fens. Dans la Fig. VII , ( Pi. XI) R S
eft I'un des deux ligamens qui I'attachent vers le fommet S , & Z X eft
un des deux qui I'attachent vers la bafe Z. On appercoit aufli deux mor-
ceaux M M des ligamens infcrieurs dans la Fig. VIII , ( minn PI. ) ou la
filiere eft vue par derriere.
Lorfque la hliere eft dans Tinaftion , fa pointe B ( Fig. V, PL V. ) eft
tournee vers le fommet de la coquille , & Ion exrremite ne va pas loin de
la bouche de I'animal. Cette bouche O ( mam Fig. ) eft formee de deux
membranes alTez minces , qui paroilTent appliquees I'une fur I'autre : fa
largeur eft H H. On ne voir point cette bouche ouverte fi Ton ne prend
foin de I'ouvrir j elle forme une efpece d'entonnoir tres-applati, lequel
fe termine a un conduit qui va jufqu'a I'anus. 11 y a apparence que la
moule ne fe noutrit que d'eau & de. terre ; fes excremens font de meme
couleur que la vafede mer. Revenons a la filiere. Depuis fon origine juf-
qu'aupres de fa pointe, on voit une raie AJ, [meme Fig. V) &KP {Fig.XX)i
ou plutot une rente qui penetre allez avant dans la fubftance de cette par-
tie , & qui la divife en dsux felon fa longueur. Cette fente eft le vrai ca-
nal ou palFe la liqueur qui forme les fils , & ou elle fe moule en paf--
fant. Il ne paroit exterieurement qu'une raie ou une legere fente, parce
que les deux bords fuperieurs de ce canal font deux efpeces de levres ap-
pliquees I'une contre I'autre : on voir aifement qu'il eft creux & qu'il a
de la profondeur, (i Ton plie la filiere fuivant fa longueur de fa^on que'
la raie foit fur la convexite du pli. Quoique ce canal foit ordinairementr-
ferm^, la moule peut i'ouvrir, & nous dirons bientoc eu qiiclles circontf
3S4 COLLECTION
tances elle I'ouvre. Des fibres a-peu pres circulaires font difpofees ttanf-
AcAD. RoYALE verfalement dans coure Tetendue de la filiere oii regne ce canal, 6c fer-
DES Sciences ^^^^^ ^^^^^ doute a I'ouvtir : il ne va pas jufqii'.i la pointe de la filiere ; les
DE AR s. gbcgj tranfverfales finident au meme endroit que le canal , & le refte de la
Jinnee 171 1. ^jjg^g pQ (^ fig. XX, PL f^.} a moins d'epailleur. Mais ce canal va
jufqu'a la bafe de la filiere , c'eft-a-dire jufqu'a I'endroit ou , prenant une
figure cyiindrique, elle forme un tuyau creux d'environ une demi-ligne
de profondeur. Ce cuyau qui revolt le canal , contienc audi dans fon mi-
lieu une efpece de tendon rond, ou plutot un fil de meme nature que
les autres AB ( Fig. I, PL XII) , mais beaucoup plus gros. Dans les
grandes moules il eft au moins aufli gros qu'un brin de foie a coudre ; il
'a fouvent un pouce de longueur \ quelquefois il eft aflez long pour for-
rir comme les autres en partie par I'endroit ou la coquille s'entt'ouvre G
[PL XI, Fig. VI). C'eft a ce tendon ou a ce gros fil que font attaches
par une de leurs extremites tous les fils delies qui fervent a fixer la
moule : il eft comme un cable auquel tiennent tous les petits cordages j
ils y font attaches dans route fon etendue : le petit tuyau d'oii il partne
feroit pas futiifant pour loget la quantite de fils qui fe trouve dans les
grandes moules.
Quelques experiences que j'aie tentees, je n'ai pu reconnoitre exaile-
ment fi ce gros fil etoit fil6 comme les autres : ce que je puis alTurer,
c'eft que dans route fon etendue a peupres, je I'ai trouve d'une matiere
fort femblable a celle des autres fils j feulement a fon origine il fembloic
un peu rendineux j ce qui me le fait regarder comme une efpece de gros
cheveu qui croit de mtme que les notres. Une obfervation qui appuie
ma conjedure , c'eft que les fils nouvellement files fe font toujours trou-
ves colles pres de I'origme A de ce gros fil , { PL V, Fig. F) & je ne yois
pas comment la moule les pourroit collet vers fon extremite ; mais il fe
trouve aufli des fils plus anciens attaches a ce gros fil jufqu'a un pouce
de diftance de fon origine j ce qui fuppofe qu'il a cru depuis que les pre-
miers fils y ont ete colics.
^ Quoi qu'il en foit, il prend fon origine, comme nous I'avons deja dit ;
dans un tuyau creux que forme la bafe de la filiere , & qui paroit are
audi le refervoir dans lequel s'amalfe la liqueur vifqueufe dont fe fer-
ment les fils. Ce tuyau eft entoure de diverfes parties glandiileufes pro-
pres a filtrer cetce liqueur. La moule , comme la plupart des animaux
matins, abonde en matiere de ce genre : fi Ton applique le doigt fur
fa filiete, principalement a la bafe, & qu'on le retire doucement , on
entraine divers filamens vifqueux , tels qu'on en tire des araignees , des
vers a foie & des chenilles.
Il eft aife d'expliquer a prefent les divers mouvemens que nous avons
vus faire a la moule pour s'attacher, & de deviner ceux qu'elle dciobe
a nos yeiix. Elle commence apparemment par comprimer les parties glan-
duleufes qui contiennent le fuc vifqueux propre a former les fils , & fait
ainfi pafler ce fuc dans le refervoir qui eft a la bafe de la filiere K ( PL V,
Fig. XX. )-^ la une partie de ce fuc s'attache comme a fon tronc au gros
theyeu ou tendon qui eft loge dans la meme caviie. La moule fait enfuite
niontec
AC A D 6 M I Q U E. ,8^
monter le reftc de cc fuc dans le canal qui occupe prefque toute la Ion- ___;^^___^
j;ueur de la hliere. Ce canal etanc alors (•ermij, le fuc ne peut sen (icou- . ,,
ler ; c'cft fans douce pour I'y conduire que la nioule allonge 6c raccourcit d*s°J,c^ience\
alternativemenc fa filiere , un grand nombre de fois. pj Paris.
La liqueur vifqueufe et.inc conduite jufqu'au bout du canal , forme un Ann'cnii
fil auquel il ne manque plus que de prendre de la confiftance & d'etre
attache fur quelque corps pour devenir un des fils dont nous avons patle. *
La moule applique alors fur le corps qu'elle a clioifi le bout de fa fi-
liere , & I'y lailTe quelque terns en repos; c'eft pendant ce terns que le
fil acquiert de la confiftance He qu'il fe colle toujours par fon extrcmite : il
eft coninie pofe perpendiculaiiemcnt fur le corps auquel il devient adhe-
rent; c'eft un petit cylindre flexible dont la bafe eft pofce fur ce corps ,
& y tient d'autant plus fortement qu'elle a toujours ttois ou quatre fois
plus de diametre que le refte du fil.
Pour peu qu'on fe fouvienne que la filiere eft plus mince par fa points
que par tout ailleurs , &: que le canal par oCt palfe la liqueur finit a ce
mcme endroit , on imaginera fans peine qu'il «ft aife a la moule d'appli-
quer le bout de ce hi fur un corps comrae on le voir en T, [Fig. FI ,
PL XL)^
Ce fil etant moule dans la filiere, attache par un de fes bouts au tendon
ou cheveu qui fert de tige commune , & par I'autre bout a un corps liable , il
ne refte plus .i la moule qu'a le degager de la filiere en onvrant dans toute fa
longueur le canal oil il s'eft moule; c'eft ce qu'elle fait a I'aide des fibres cir-
culaires dont nous avons parle; enfuite elle cloigne promptement fa fi-
liere du fil qui y etoit contenu , & la porte en arriere prefque paralle-
lement a ce fil , apres quoi elle la fait rentrer dans fa coquille.
Il arrive quelquelois que la moule colle fur les corps voifins de?fi!s qui
ne peuvent lervir a I'y h.ter elle-meme , foit que ces fils aient ere rompus '
au iortir de la filiere, ou qu'ils foient trop foibles pour porter I'animal.
Quoi qu'il en foit , la moule n'a pas plutot forme un fil & fait rsntrer fa
filiere dans fa coquille, qu'elle fc fait aller en avant en fe tirant fux ce
nouveau fil comme pour eprouver s'll eft bon 6c bien attache.
Pour obferver routes ces manccuvres, je mettois, comme j'ai deja die,
les moules dans des vafes de verre pleins d'eau de mer : la tranfparence
da verre & celle de I'eau me lailloient appercevoir tous les mouvemens des
moules, & cela me fervit audi a reconnoitre que leurs fils s'attachent audi
fortementcontre le verre que fur des corps moins polis, tels que le bois S<,
la pierre.
Les fils qu'elles ont files chez moi m'ont paru toujours plus blancs que
les anciens , apparemment parce que la couleur n'en etoit pas encote
alteree : ils ctoient aulli pour I'ordlnaire plus dclics , peutctre parce qu'ils
avoient ete formes a la hate & dans un temps ou les moules n'avoienc pas
une affez grande provifion de matiere vifqueufe. Du moins femble-t-il
certain que cette liqueur s'epuife aifement : je n'ai point vu de moule faire
plus de quatre a cinq fils dans un jour.
Il ne m'a pas ete poiTible de decouvrir fi elles peuvent rompre a leur grc
les liens qu'elles fe font formes : je fais qu'on en trouve fouvent de dc-
Tonit III 3 Tanii Frangoife, C j
its
CO L L E C T I O N
ACAD.ROYAIE
D£s Sciences
D£ Paris.
Annie
1711.
tachees qui ont de gros paqaets de fils , mais divers accidens peuvcnt
avoir brife ces fils fans queles monies y aient eu part , & I'experience fui-
vante femble prouver qu'elles ne peuvent fe detacher elles memes. Apres
avoir laiffe des monies fe coUer contre les parois d'un vafe plein d'eau
de mer, j'ocois cetce eau fans laquelle elles ne forment point de fils dans
le vafe , &c je Totois de maniere que les lines en etoienc entietement pri-
vees & que d'autres la touchoient feulement du bord de leur coquille ;
elles devoient ctre alors dans une fituation violente , & i\ elles euflent
eu quelque moycn pour fe detacher , c'etoic le tems d'en faire ufage pour
allcr chercher un liqiiide qui leur eft necefTaite ; cependant je n'en ai
appercu aucune qui ait rente de rompre les fils qui la retenoienr.
Au refte les moules filent quelque jeunes qu'elles foient. J en ai fouvenc
obfcrve de plus petites que des grains de millet qui formoient des fils tres-
courts a la vcrite & d'une finelle qui egaloit celle des fils des vers a foie ;
audi les plus petites font -elles afllmblees par grouppes comme les plus
grolTes. A mefure qu'elles croilfent elles ont befoin d'etre retenues par des
fils plus forts , les anciens trop foibles fe caflent : fouvent meme ils fe
cadent quoique gros, foit qu'ils fe corrompent en vieillilfant , foit qu'ils
efTuient des fecouffes trop fortes ou trop reiterees.
Si la faculte de filer eft commune aux moules & a divers animaux terref-
tres , rout ce que nous avons rapporte fait voir que la mechanique qu'em-
ploient les moules leur eft particuliere. Les vers a foie, les chenilles, les
araignees tirent de leur corps des fils aufli longs qu'il leur plait en les faifanc
pader par un trou de filiere : leur precede reflemble a celui des Tireurs
d'or ; mais le precede des moules relFemble a celui des Ouvriers qui jettenc
les metaux en moule ; en etfet leur fil prend une figure & une longueur
determinees dans le canal de leur filiere. Au refte il y. a apparence que les
moules , ainfi que les vers a foie , les araignees & les chenilles , ne tra-
vaillent qn'en certain temps dc I'annee ; du moins celles que j'ai renfer-
mees dans des vafes pendant les mois de Juillet, d'Aoiit & de Septembre,
ont file , &c je n'ai vu former aucuns fils a celles que j'y ai mifes pendant
le mois d'odobre. J'en ai pourtant trouve quelques-unes qui , pendant
ce dernier mois, ont file dans la mer.
Au refte la refpiration de I'animal n'eft point interrompue pendant qu'il
file. C D ( Fig. 11 , PI. XII) eft I'ouverture par ou la moule refpire I'eau „
ouverture a laquelle aboutit aufli le canal inteftinal ; I'anus eft en C ,
les excremens qui en fottent paroillenr une fimple terre , une efpece de
glaife : ils ont fur leur longueur une cannelure qui leur donne la forme
d'un tuyau creux De-la Ton peut inferer que le canal d'ou ils fortent ,
ou du moins I'ouverture qui leur donne palTage , n'eft pas ronde comme
dans les autres animaux. RH eft I'endroit oii fe trouve le reflbrt qui fetr
a ouvrir la coquille. On voir en E E une frange ou crcte charnue , que
Ton voir auflfi ( PL XI , Fig. FI ) en E E : I'animal ne la lailfe paroitre que
quand il refpire I'eau.
La Fig. Ill reprefente une des deux pieces qui compofent la coquille
de la moule. On pent remarquer une petite bande qui en revet le boid
ACAD^MIQUE. 5?7
interieur. Dans I'crat natiirel , cette bande , qui eft de fubftance analogue '
a la corne , eft coUce au contour du corps de I'animal. Atad Royale
Ariftoce & Pline one pade d'un coquillage bivalve , nomm^ en Latin des Sciences
Pinna marina , beaucoup plus grand que la moule , & que Ton trouve de Paris.
de mc-me fixe fur Les corps voifins par un grand nombre de fils. Les pinnes a
marines, que Ton trouve prcs des cotes de Provence, ont environ un
pied de long, & pres des cotes d'ltalie on en rencontre qui ont jufqu'a
deux pieds.
Les pinnes marines different encore plus des moules par la finefPe & le
nombre de leurs fils , que par la grandeur de leur coquille. Rondelec die
que ces fils font , par rapport a ceux des moules , ce qu'eft le plus fin lin
par rapport a I'etoupe ; & ce n'eft p;ut-etre pas encore alFez dire , car les fils
des pinnes marines ne font guere moins fins & moins beaux que ceux des
vers a foie : aufli les fi!s des moules ne font employes a aucun ufage ,
au lieu que, felon le mcme Rondelet , une belle efpece de Bijfus des anciens
ctoit faite de ceux des pinnes marines j & il efl certain qu'on en fait en-
core a prefent a Palerme des etoffes & d'autres beaux ouvrages Ces fils
etanc fi fins ne peuvent avoir beaucoup de force , mais ce defaut eft bien
compenfe par Icur nombre , qui eft prodigieux.
Comme je n'ai point fait d'obfervations fur les cotes oii vivent les pinnes
marines, je ne puis dccrire la maniere done elles forment & attaclient
leurs fils : mais I'analogie me porte a croire qu'elles filent comme les
moules , puifque leurs fils ne different de ceux des moules que par la
longueur & la finefle , & que d'ailleurs les uns & les autres partent du
corps de I'animil , comme on le pent voir dans les figures de Rondelet ,
&: comme je I'ai vu plus diftiniftement dans une piiine marine delfcchee
clisz M. Gioffroy le jeune.
11 y a un autre coquillage qui s'attaclie comme les moules avec des
fils , dont on ne peut faire aucun ufage & qui font encore plus gtos &
plus courts. Ce coquillage eft nomme en Latin Piclcn. Gaza , traduifanc
Ariftote , emploie quelquefois le nom de Pecliminlus , mais Gefner pre-
tend que c'eft a tort. Quoi qu'il en foit , on I'appelle petongle fur les cores
ti'Aunis : il y eft fort eltimc quoiqu'affez commun , & c'eft un des meil-
leurs coquiliages de la mer a manger cutr ou crud. Sa coquille BI3S
(fig. IF, PI. XII) eft, comme celle des moules, compofee de deux
pieces : le ligament a relTort qui les affemble eft du cote du fommet S
( Fig. IF) , L ( Fig. F). Depuis ce fommet la coquille s'elargit infenfi-
blement Sc prend une figure arrondie ; mais precifement au fommet, elle
eft comme coupee en ligne droite. Cliaque piece de la coquille forme un
ou deux appendices ou oreilles SO {Fig. IF), RT ( Fig. F). L'appen-
dice R eft plus etroit que T &: ne peut le couvrir enticremenr ; ils ne
s'appliquent pas non plus exaftement I'un ftit I'aucre , mais ils laifi.nt une
petite ouverture par laquelle fort une pattie des fils FF (Fig. IF). La
petongle, que nousavons fait graver, n'aqu'une oreille. Diverfes cannelures
partent du fommet de la coquille & vont a fa bafe en s'eUrgiffant pro-
portionnellement a Tefpace : il y en a qui en difFerens endroits font litrifTees
de petiies pointes , qui paroilFent dans la Fig. IF.
C3 ij
jS8 COLLECTION
II On trouve une grande variete dans la couleur de ces fortes de coquilles :
Acad Royale '^^ '^'"^^ ^°"^ entierement blanches , d'autres font rouges , d'aiitres brunes ,
DES Sciences d'autres tirent fur le violet ; enfin ,dans d'autres , routes ces couieurs font
DE Paris. diverfement combinces. Dans la petongle , reprefentee ouverte { Fig. f^) ,
j4nnee 171 1. on voir le gros mufcle MM qui fert a fermer la coquille & qui a etc
coupe. Mais pour tevenir a ce qui regarde diredtement notre fujet , les
petongles s'attachent aux pierres ou a des coquilles , par le inoyen de fils
femblables a ceux des moules , excepte qu'ils font plus courts FFF ( Fig. I y).
lis partent de mcme d'un tronc commun : dans les petongles qui n'ont
qu'unc oreille , les fils fortent de la coquille un peu xu-deiFous de cette
oreille. Pour prouver qu'ii eft libre a ce coquiUage de s'attaclier quand
il lui plait avec fes fils , il fulHt de dire que fouvent apres une tempcre on
en trouve en des endroits ou on n'en trouvoit pas les jours precedens ,
&C que celles qu'on trouve font fouvent attachees a de grolfes pierres
immobiles. Nous prouverons aufli qu'elles filent de la meme maniere que
les moules, en difant qu'elles ont une filiere HG [Fig. f^ ) afli-z
lemblable a la leur , quoiqu'elle foit plus courte & qu'elle ait un canal
plus large : audi filent-elles des fils plus gros & plus courts. La houppe de
ces fils GP {Fig. F) a ete coupee en P , 011 ils font tous attaches a un
tendon commun , lequel eft attache auffi a I'origine de la filiere. On voir
dans la /'/o'. FI le canal VX, pat lequel palTent les excremens de I'ani-
nial : X eft I'ouverture de ce canal ou I'anus de la petongle.
Il nous refte a examiner I'adliefion involontaire de certains coquiliages
qui , comme les plantes , paflent toute leut vie fixes dans une meme fitua-
tion. Tels font les huitres & plufieurs efpeces de glands matins Sc de vers,
de mer.
Nous nous arreterons aux vers de mer , &: ce que nous en dirons fera
aifement entendre ce qui regarde I'adhehon involontaire des huitres &
de quelques autres coquiliages. Les vers de mer , nommes en Latin
vermes tubulau , &c que nous appellerons vers a tuyaux , fe peuvent divifer
en deux efpeces principales. Ceux de la premiere efpece font loges dans
des tuyaux compofes de corps ctrangers , comme de grains de (able &
de fragmens de coquille colles enfemble. Les tuyaux de la feconde efpece
font de veritables coquilles , dont la matiere eft fournie par I'animal. Il
y a encore des vers dont les tuyaux font d'une fubftance moile , mais nous
n'en parlerons pas ici. On trouve les vers a coquille attaches tantot fur
le fable, tanrot fur des pierres, tantot fur d'autres coquiliages VVV
(PI. F, Fig. FI). Leurs tuyaux font des efpeces de cones forr allonges,
qui s'clargiffent infenfiblement depuis leur origine jufqua leur extremite ,
Sc qui font diverfement recourbes; car non-feulement ils fuivent la cour-
bure de la furface du corps fur lequel ils fe collent , mais ils en forment
encore d'autres auffi varices (^e le font les differentes figures que prenJ
fucceffivement un ver de terre.
Pour comprendre comment ces tuyaux fe collent fi exadtement fur la
furface des corps , il fuffir de favoir comment fe fait faccroiftement des
coquilles J ce que noos avons fuffifarament expiique dans les Memoires
A C A D fe M I Q U E. 389
de 1709 (ti). Nous rappellerons feulement ici que ranim.il, aufli tot qu'il 1
eft nc, eft deja convert dune petite coquille j lorfqu'il a commence de j(\(-ad Royalb
croitre , fa coquille n'cft plus allez grande pour le couvtir tout entier , des Sciences
& c'eft de la partie du corps excedente , laquelle dcborde I'ouverture de de Paris. -
cette coquille, que s'echappe un fuc pierreux & gluaiit qui, venant a jinnu 1711,
fccher , forme un nouveau morceau de coquille autour de i'animal.
Ceci fuppofe , il eft clair que (i la partie du corps de I'inimal qui
deborde I'ancienne coquille uc qui lui ajoute de nouvelles bandes, s'applique
fur quelque corps , comme elle le fait dans les vers qui rampent conti-
nnellement, la meme glu qu'cUe fournira doit fervir non-feulement a unir
cntr'clles les particules qui compofent le nouveau morceau de coquille 6c
a le coUer a I'ancienne, mais encore a attaclier cette nouvelle portion
de coquille au corps que touchoit la partie dccouverte de lanimal ; de
forte que u en croilFaiit cette partie fuit toujcmrs la furface de ce corps
&i y dccrit des lignes courbes , la coquille s'y coUera dans route fon etendue
en fuivant ces mOmes courbures.
Les vers de I'autre efpece , qui one des tuyaux & point de coquilles ,
palTent audi leur vie dans un meme trou. Us demeurent dans le fable comme
nos vers de terre demeurent dans la terre. Le fuc qui s'echappe de leuc
corps n'eft pas alfez abondant, ou n'a pas alTez de conliftance pour leur
former une coquille \ mais il eft adez vifqueux pour coller enfem-
ble les grains de fable & les fragmens de coquille qui les entourent , Sc
pour leur fervir de ciment.
La force de ce fuc gluant eft bien fenfible lorfque la mer , pendant
fon reflux , lailfe a decouvert certains bancs de fable habitcs par ces fortes
de vers : la furface de ces bancs parait herilfce d'une maniere (inguliere
( Pi. XII, Fig, Vll). L'ouverture des tuyaux ou font loges les vers &
qui font tout pres les uns des autres , furpalTe d'une ligne ou d'une demiw
ligne le refte du fable , parce que la met a entraine le fable qui ctoit de
niveau avec I'extremitc de ces tuyaux ; mais elle n'a pu agir avec la meme
facilite fur le fable qui compofe les tuyaux memes & qui eft lie par la
tnatiere vifqueufe dont nous parlons.
Lorfque la mer a dstache quelque grolTe piece de fable du bord des
bancs ou vivent ces vets , leurs tuyaux paroiftent alors diftindemenc felon
leur longueur , leur courbure &: leur rondeur BC {Fig. VII) : le fable
qui compofoit les tuyaux eft refte lie , &; celui qui les fcparoit a cte en-
traine. On trouve meme quelquefois de ces tuyaux vuides , entieremenc
feparcs du banc de fable , qui ont a peine I'epaifteur dune feuille de papiec
& qui cependant ont conferve leur forme. lis font tres- polls intc-
rieurement , quoique formes de parties qui femblent peu propres a fe
bien arranaer.
L'animal qui habite ces tuyaux {Fig. f^III)ni puere qu'un nouce de
longueur & feulement quelques lignes de diametre. Nous I'avons'fait dclfi-
(«) V. Collcc. Acad. Part. Fran^oife, torn, i, pag. 773.
Swammerdam avoit aufTi obfen'c & explique la formation des coquilles. V. Collcc.
Acad. torn. Y de la part. Etiangeie, & k ze dc I'Hift. Nac. Cifuic, pag. 88.
590 COLLECTION
ner a la loupe [fig. /A') , afin qus fes parties parulTent plus diftindes.
Acad. Roy \LE ^'^ ^^^^ T ell ce qu'il a de plus remarquable : 1 excremite en eft platce ,
DEs Sciences & a plus de diametre qu'aucun autre endroit du corps de ranimal. Eti
DE Paris. certains terns cette extrcmite de la tete eft cirtulaite , elle eft divifee en
Annli 171 1, fois parties, celle du milieu eft un peu ovale & vuide , celle qui fuic
eft une zone ou bande circulaire qui entoure la prccedente ; enfin la der-
niere partie de la furface de la tete eft une autre zone circulaire qui entoure
celle dont nous venons de parler. Sue I'une & I'autre zone font marquees
diverfes lignes qui , comme des rayons, ont leur dircdlion vers le centre.
Quelquefois la furface fuperieure de la tete , au lieu d'etre circulaire ,
eft faite en efpece de croilFant ou de fer-a-cheval , parce qu'il y a un
endroit O ( Fig. IX) oii I'animal I'entr'ouvre quand il veut. Au-delfous de
la tete il a de cliaque cote trois nageoires NNN. Son corps approcke
de la figure d'un cone j il fe termine par une longue queue Q. D'efpace
en efpace on voit le long du corps de petites parties charnues faites en
crochets recourbes vers la queue ; ces efpeces de crochets font difpofes
fur trois rangs differens HH JJ EE , qui vont de la tete a la queue : peut-
etre que ces crochets fervent de pattes a I'animal lorfqu'il veut , ou s'elever
jufqu'a I'ouverture fuperieure de fon tuyau, ou s'enfoncer dedans.
Apr^s avoir explique comment les vers a coquille fe trouvent attaches fur
differens corps , il feroit alTez inutile de parler de I'adhefion neceftaire des
luiitres & de queiques autres coquillages \ on voit bien qu'elle depend
d'une caufe femblable. Celle des glands de mer meriteroit peut-etre que
nous en parlaffions : ces efpeces de coquillages different des autres a biea
des egards j mais le detail en feroit trop long pour ce Memoire.
M
Sur la Grottc dc Foligno.
L. Maraldi a donne la defcription d'une grotte naturelle qu'on a
trouvee en creufant les fondations d'une maifon que M. le Marquis Elifei
faifoit batir a trois milles de Foligno en Italie. La figure de la grotte eft
irreguliere , elle a dans fa plus grande hauteur qui elt inegale, trente ou
quarante pieds , 8c dix ou douze pas de largeur ; fes murs font formes
par une belle incrutaftion de marbre (<;) de couleur jaunatre , & ils font
eleves de diftance en diftance par des colonnes en bas-relief de la meme
matiere. Du haiic de la voure defcendent d'autres colonnes femblables ,
les unes jufqu'a terre , lefquelles ont vingt cinq pieds, les autres a dilfe-
rentes diftances : les plus couites n'ont que deux ou trois pieds; ieurs dia-
nietres font aufli de grandeurs differentes. Parmi routes ces diverfites, il
y a une regularite remarquable ; la hauteur des murs Sc celle des colon-
nes , tant des colonnes adolfees aux murs que celles qui defcendent d'en
haut , pourvu qu'elles defcendent affez bas , eft divifee en deux parties ine-
gales par un cordon qui regne par-tout 5c qui fe trouve dans un meme plan
(a) Ou plutot d'albatrc.
ACAD^MIQUE.
391
liorlfontal a environ quaere pieds au-defTiis du fol. Tout ce qui eft audef- ._»i__:»i_
fus du cordon eft plus cgal, plus uniformc, moins raboteux que ce qui Acad.Rovale
eft au-dellous. Depuis le cordon, Ics colonnes vonc en grodiiranc vers dls Sciences
le bas jufqua une certaine diftance , aprcs quoi ellcs diminuent. Dans ce '^^ Paris.
renflement , la circonference d'une des colonnes , mefurce par M. M.iraldi , Annie 1- 1 1
fe trouva de trente pouces , &: au-dediis du cordon die n'ccoit plus que de
vingt-deux. Le fol ou planeher de la grotte eft incgal & compofc de pla-
ques larges &: minces, pofccs I'une fur I'autre &c formant quelquefois de
petites voutes que Ton enfonce en iiiarchant delTus.
Comme il y a prcs de ce lieu une riviere dont les eaux ont un gout
Sc une odeur de foufre, M. Maraldi croit que ces eaux en fe filtranc au
rravers des terres, auronc pu entrainer de I'argile ou du fable qui, mcles
avec du foufre auronc forme routes les petrifications de la "totte • car ii
obferve que les eaux foufrces de Tivoli , ont toujours quantite de petites
pierres dont I'alli^mblage forme une elpece' de travertin , & qu'apparem-
ment ces eaux ont fait naitre , puifque I'opinion commune des cuvriers,
eft que ce travertin croit alfez fenfiblement. Les fables les plus fins en-
craines les premiers, auronc d'abord produit les petrifications plus e^ales
& plus parfaites qui font au delTus du cordon; eniuite des fables plus grof-
fiers ayant palTe par ces routes que les premiers avoienc ouverces , &
peut-etre etant nu-l^s avec trop d'eau a caufe de la plus giande facilite' du
pafTage, auronc fait les petrifications inferieures moins unies &: moins
belles.
La grotte d'Antiparos dont feu M. Tourneforc a parle dans les Memoi-
res de 1701, ecoic pleine aulli de pieces de marbre, mais qui nailToient
de terre & s'elevoient en haut ; &: fi comme nous I'avons du dans I'Hif-
toire de 170S, cette grotte, felon rbypothefe de M. Tournefort , etoit
un jardin dont les pieces de marbre etoient les plantes , la grotte de Fo-
hgno fera un jardin , mais renverfc , puifque fes plantes naillent de la
voiite & font dirigees en bas comme le corail.
Sur un nis-pctit InfiSc.
xVl. Del ISLE a obferve un moucheron prefque invifible par fa petitePe
qui parcouroit pres de trois pouces fur un papier en une demi-feconde.
Cec infedte etant fi petit , il y a lieu de croire que fes partes s'appliquoienc
fucceflivement fur tout I'efpace qu'il parcouroit , & comme elles ont pa.
ru a M. Delifle , larges d'environ la quinzieme partie d'une ligne , il s'en-
fuit que ce moucheron faifoic quinze pas ou quinze niouvemens en par-
courant une ligne , ce qui fair 540 pour trois pouces parcourus en une de-
mi-feconde. Quelle foupleffe ne faut-il pas pour exccuter un fi grand nom-
bte de mouvemens en un terns fi court ! 11 eft vrai qn'a la loupe cec in-
fcfte paroiflbit avoir des ailes, mais on ne s'appercevoic pas qu'il sea
iexvit. 1
35i COLLECTION
\CAD ROYALE „ - , r. C J- P
BEs Sciences Decouvtrtc d'unc nouvclk teinturc dc Fourpre , 0" diverjcs expe-
D£ Paris. riences pour la comparer avec cellc que Its Anciens t'lroient
Annii \-j\i. ^g quelqucs e/peces dc coquillagcs que nous trouvons fur nos
cotes de I' Ocean.
Par M. D E Reaumur.
LINE, celui de anciens qui a parle le plus au long de la teinture de
die
fieurs fiecles. . , , , ,
Ce que cec Autcur a laifTc fur cette matiere n'a point empeche que la
teinture de pourpre n'ait ete mife au nomire des (ecrers perdus , 6i que
Ton n'ait regarde comme neuves les obfervations d'un Anglois fur la
pourpre que fournit un coquillage fur les cotes de fon pays. Ce coquillage ,
dont il fut beaucoup queftion dans les Journaux de France de 1686 , n'etoic
qu'une des efpeces comprifes fous le genre appelle bucunum par les an-
ciens , nom qu'ils avoient donne a ces fortes de poiiTons dont la figure de
la coqaille a queique relTemblance avec celle d'un corps de chalTe : & on
ne pouvoitignorer que les anciens tiralTent una partiede leurcouleur pourpre
de ces efpeces decoquillages; Pline I'a dit trop clairement/:v. 7, chap. }6 ,
ou il range routes les efpeces de coquillages qui donnent la teinture pourpre
fous deux genres , dont le premier comprend les petites efpeces de huuinum ,
& le fecond les coquillages qui portent le nom de pourpre comme la
teinture qu lis fournilFent.
Columna croit , fonde fur des raifons probables , que c'eft aufTi ce der-
nier genre que Ton appelloit murcx , que ces noms differens ont ete donnes
a ces coquillages confideres felon differens rapports ; le nom de murex
rappelle lidee des pointes en canaux dont leurs coquilles font heriflees ,
comme le nom de pourpre rappelle I'idee de la couleur qu'on en tire.
Nos cotes d'Ocean ne nous donnent point de ces dernieres efpeces de
coquillages ; mais en revanche on y rencontre tr^s - communement one
petite efpece de buccin , que M. de Juffieu prefenta il y a un an & demi
a I'Academie , pour lui faire voir quelle fournilToit de la teinture pourpre,
Je n'y ai point obferve non plus I'efpece de buccin d'Angleterre , fi la
figure que nous avons dans les Journaux de France eft bonne , & je n'y
ai trouvc que rarement celle que Columna a fait graver dans fon Traite
de la Pourpre , comme le vrai buccin des anciens ( PL XII , Fig. VI) :
mais je ne lui ai point vu de cette liqueur qui donne la pourpre , comme
aux auttes buccins ; peut-etre que la difference des mers, ou la difference
des faifons ou je I'ai obferve , en font la caufe.
Les plusgrandes coquiUes de i'efpece de buccin , communes fur nos cotes,
snp doHze i treize lignes de long & fepc a huit de diametre dansTendroit
ou
ACAD.ROYAIE
A C A D ^ M I Q U E. 3 5j
ou elles font le plus groHTes ( PL XIII, Fig. Vll , VIII (, IX). II n'dV
pas necelFaire de dite que ce font des coquilles d'une feule piece , tournces
en Ipiiale comme celles de nos hm39ons de jardin , mais en fpuales un des Sciences
peu plus allongees. Leur f;randeiir convient fore avec ce que Pline die de de Paris.
fon huccinum , qu'il appellc petite coquille , minor concha : il les dtcrit Anncc 1711.
encore plus particulicrement lorfqu'il ajoute qu'elles font gravces ou canne-
Ices au bord dc leur ouveiture : les notres le lont audi OOOO ( Fig. Vll),
Il y en a de fort ditferentes eh couleurs , les tines font blanches , les autres
font brunes , d'autres out des raies couleuc de fable qui fuivent les fpi-
rales de la coquille fur des fonds bruiis ou blancs. La furface exterieure
de ces mvmes coquilles eft ordinairemenr cannelec , mais de deux ma-
nieres diftc-rentes : les cannelures des unes font formees par des efpeces
de cordons qui fuivent la longueur des fpirales qu'elles decrivent ; & les
autres ont encore d'autres cannelures qui traverfent les premieres , &: par
conlequent les fpirales de la coquille.
En confiderant au bord de la cote les coquillages de cette efpece , que
la mer avoit l.iilTes a decouvert pendant fon reflux , je remarquai qu'ils
etoient ordinairemenr autour de certaines pierres ( PL. XIV. Fig. I) , ou
fouscertalnss arcades de fable que la mer feule a creufees , en enttainant le
fable inferieur , & lailTant le (uperieur qui eft lie par les tiiyaux des vers
qui y etoient autrefois loges. Je remarquai ,dis-je, que les buccins s'alfem-
bloient quelquefois en fi grande quantite dans ces endroits , qu'on pouvoit
les y ramalfer a pk-ines mains , au lieu qu'ils etoient difperfes <^a & la par-
tout ailleurs : mais je remarquai en meme terns que ces pierres ou ces ar-
cades de fable etoient couvertes de certains grains GG{ PI. XI K Fig. I)
dont la figure avoit quelque air d'un fpheroide elliptique, ou d'une boule
allongee. La longueur de ces grains eroit d'un peu plus de trois lignes ,
Sc leur grofPeur d'un peu plus d'une ligne : ils me parurent contenir une
liqueur d'un blanc jaunatre , couleur alFez approchante de celle de la li-
queur qui dans les buccijis donne la teinture de pourpre. Cette feule ref-
femblance , (Ji la maniere dont les buccins etoient toujours affemblcs au-
tour de ces perils grains , me fireiit fonpgonner qu'on en pourtuit peut-etre
tiret une teinture de pourpre telle qu'on la tire de ces coquillages ; d'autanc
plus qu'ayant examine ces grains de plus prcs, j'en appercus quelques-uns
qui avoient un CEil rougeatre J'en detachai aulTi-totdes pierres auxquelles
ils etoient fort adherens, & les ayant ecrafes fur mes manchettes, elles
m'en parurent feulement un peu falies ; mais je n'y vis d'autre couleuc
qu'un petit oeil jaunatre, que je demclois a peine dans certains endroits.
Divers objets qui attiroient mon attention , me firent oublier ce que je
venois de faire; je n'y penfois plus du tout, lorfque jettant par hafard les
yeux fur mes manchettes un demi-quart d heure aprcs , je vis une fort
belle couleur pourpre fur les endroits oii les grains avoient ete ccrafcs :
j'avois peine a croire un changement fi prompt 6i fi grand- J'imaginai
que des grains rougeltres s'etant miles parmi les autres, avoient feuls
donnc cette belle couleur , & cela meme etoit alTez remarquable. Je ra-
malfai done de nouveau de ces grains , & avec plus de choix : j'avois foin
de ne detacher des pierres que ceux qui me paroilfent les plus blancs, ou
Tomt III, Partit Francoifc, D }
J94 COLLECTION
1^ m — — plutot les moins jaunes. Je moulUai encore mes manchettes de leur fee ;
Acad Royale '"*'* ^" ^^^ endroits difFerens, ce qui ne leut donna point d'abord de
DBS SciHNCES coulcur qui approchat en aucune fa^on du rouge ; cependant au bout de
DE Paris. deux ou trois minutes, je leur vis prendre une couleur pourpre pareillea
^ ; celle que les premiers grains leur avoient donnee : cette couleur pourpre
nme 171 1. ^^^.^ ^^ moins auffi belle que celle qu'on tire des buccins. J'avois feu-
lement a craindre qii'elle n'en eut pas route la tenacite , & qu'elle ne fCic
en cela moins propre a faire des teintures : mais ayant bien lave mes
manchettes dans I'eau de la mer , je n'apper^us aucune alteration dans la
couleur nouvelle qu'elles avoient prife , Sc plufieurs blanchidages n'ont
fait qu'aff'oibiir cette couleur fans la detruire. Ce premier efTai ayant ex-
cite ma curiofue , j'emportai une grande qnantite de ces grains; & a
peine fus- je dans mon cabinet , qu ayant exprime le fuc de quelques- uns , j'en
mouillai difFerens linges , comme j'avois fait au bord de la mer , etant
bien aife de rcpeter une experience qui m'avoit paru fi finguliete ; mais
le fucces repondit mal a mon attente. Au bout de deux ou trois heii-
res , je n'appercevois pas la moindre alteration dans la couleur que j'avois
donnee a mes linges. Inutilement ecrafai-je une grande quantite de nou-
veaux grains , choilTiirant mcme ccux qui me paroiifoient les plus pro-
pres a me faire voir ce que jc cherchois ; le fucces n'en fut pas plus
heureux : a quelle caufe devois je attribuer des efFets fi dilFerei.s ?
Je favoisbienqu'iln'y a pas de moyen plus propre pour faire prendre
promptemenc une couleur pourpre a la liqueur dos buccins, que d'ex-
pofer cette liqueur a un grand feu , ou a un foleil ardent : mais je favois
aulTi que le foleil n'avoit point paru pendant tout le terns que j'avois etc
au bord de la mer j fa chaleur n'avoit done point eu de part au fucces-
des experiences que j'avois faites alors.
Cependant, afinqu'il ne me reftat aucun fcrupule de ce cote- la, comme
le foleil ctoit encore cache par les nuages , je pris le parti de mettre fore
presdufeudes linges que j'avois trempes recemment dans la liqueur des
grains; ils y fecherent fans changer de couleur; ayant mt-me mis aupres
du feu dans une talfe de fayance beaucoup de cette liqiieur , apres y
avoir demeurc bien du terns , elle s'y epaiffit , Sc pric meme la confi-
ftance d'un corps folide , fans quitter fa premiere couleur.
Je foupgonnai que I'eau de (a mer avoir peut-eire donne aux grains
dont je m'etois fervi un fel propre a faire le changemenr que je cher-
chois , & que ce fel n'etoit plus en afFez grande quantite fur les grains
que je confervois depuis quelques heures , & fur lefquels il ctoit refte
peu d'eau. Je crus le leur rendre en les trempant dans I'eau de mer que
j'avois apportee : j'ajoutai mcme de nouveau fel a cette eau ; mais je ten-
tai encore inutilement de titer par ce moyen des grains, une liqueur qui
fe colorat en pourpre.
Je ne favois plus a quoi avoir recours pour faire reparoitre cette belie
couleur que j'avois d'abord trouvee fi heureufement ; je n'y voyois pref-
que plus d'autre fecret que daller repeter les memes experiences au hord
de la mer fur les grains que j'en avois apportes, pour decouvrir fi le
tranfport ne les avoir point en quelque facon alteres , ou fi le cliange-
A C A D 6 M I Q U E, 39;
ment de coulear ne reulTiroic qu'avec la liqueur des grains recemment dc-
ta
ichcs, lorlque jettanc par liafard mes regards vers la fenare, j'anper^'us Acad.Rovale
qiieiquss caches d'uii fort beau rouge, tcl que celui que je chercliois. Css des Sciences
tachss ctoien: fur uii enduit de cliaux qui couvroit le muc de la fenccre ; k ^^ Paris. «
liqueur de quelques grains que javois ecrafes ptcs de cette fenctre, avoit Annie 171 1.
rc'jailli fur le mtu & y avoit pris cette couieur pourpre qui avoit difparu
pour nioi depuis la premiere fois que je I'avois trouvce.
J'lm.iginai que ralkali de la cliaux avoit contribue au chan^ement de
couieur que j'appercevois , &C que peut-etre mes manclvenes devoienc la
couieur rouge cp'elles avoient tait voir fi vite , a quslque chofe d'analo-
gue a cet alkali, ce qu'clles tenoient, ou du blanchiffage , ou de quel-
tju'autre caufe. Pour rD'alFurer de 1 effet de cet alkali fur ma liqueur, je
decacliai un morceau de chaux du meme enduit qui s'ctoit colore de pour-
pre, & layant mis fur ma table , je le mouillai de la liqueur des grains;
ce qui ne fervit qu'a me faire voir qu'un raifonnement (1 vraifemblable ,
n'etoit pas vrai ; la liqueur ne fe colora pas encore dans cette circonftance.
Enhn j'allai ecrafer des grains fur I'enduit mcme de chaux , tout aupres
des endroics qui s'etoient colores : a peine reftai je quelques minutes a
examiner quel eflet la liqueur produiroic, que je vis paroure la couieur
pourpre. II me fut alors aife de conclure que ce n'etoit pas feulement a la
chaux que je devois atcribaer ce changement de couieur, puifqu'il n'en
etoit arrive aucun a celle que j'avois moaillee fur ma table , mais que la
difference des pofniohs devoir y avoir beaucoup de part : cela mcme me
conduific i foup9onner que fi je pla^ois des linges trempes dans ma liqueur
aupres de la chaux qui avoit pris la liqueur de pourpre , peut-ctre ilb tou-
giroient comme elle avoit rougi ; & en eftec , ayant mis divers de ces lin-
ges aupres de I'enduit de chaux , & mJine fur la fenetre (qui avoit tou-
jours ete ouverte ) , je les vis teincs au bout d'un inftant, dune fort belle
couieur de pourpre.
La caufe d'un changement fi prompt etoit alors aifee a appercevoir;
Ton ne pouvoit I'attribuer qa'a I.1 diflFerente maniere dont I'air agilToit fur
c>.'s linges dans I'une & I'autre pofuion , & c'eft ce dont toutes Its experiences
que je lis enfuice ne me l.-.ilTerent aucun lieu de douter ; caray.mt mouille
divets linges dune egale quantitede liqufur, & ayanr portes les uns au
fond , ou au milieu de ma chainbre , & les autres fut ma fenetre , ou
tout aupres ; ceux-ci rougirent dans un inftant , & les autres one loujours
conferve leur premiere couieur d'un blanc tiranc fur le jaune.
U arrivoit mcme lorfque j'cxpofois ces linges au grand air dans le mi-
lieu de la cour , Si que pour empecher le vent de les emporter je pofois
quelques petices pietres fur leurs coins, que tous les coins fur Itfquels
ces pierres portoient, ne changeoient point du tout de couieur, qiioi-
que le relbe du linge pric une fort belle couieur de pourpre. Cet eflet du
plus ou du moins d'imprefllon de I'air , fe faifoit voir encore d'une ma-
niere bien fenfible lorfoue j'expofois de cette liqueur dans un verre , ou
dans une talfe , en quelque endroit ou le vent fouflloic libremert : route
la furface fupctieure fe coloroit de rouge , pendant que les couches infe-
lieuies reftoient blaachacies.
Di ij
j9(f COLLECTION
-— C'eft done a I'air feul qu'il faut attribuer ce changement de couleur r
Acad. RoYALE mais , comment le produit-il ? C'eft ce que nous examinerons aptes que
DES Sciences nous aurons parle un pen plus en detail des grains qui donnent cette li-
DE Paris. queur , & que nous aurons dit quelque chole de celle qu'on tire des
^nnec 171 1. buccins, & des differens changemens de couleur quelle prend fucceffive-
ment.
Quelques experiences que )'aye tentees , je n'cn ai point fait d'affez heu-
reufes pour decouvrir ce que font ces petits grains ; je ne doute pourtanc
pas qu'ils ne foient des ceufs de poiilon, & je crois qu'on n'en doutera pas
aufli , lorfque j'aurai rapporte les raifons qui me le perfuadent. Ce que
j'ionore , lie ce que j'ai rente vainement de decouvrir, c'eft I'efpece de
poilTon qui les produit. Les pecheurs, au rapport defquels il ne faut guere
fe fier , difent que ce font des graines de fucus. Un Memoire que Ton trou-
vera dans la fuite de ce Volume , fera voir combien on auroit tort de
les croire furcet article : nous y decrirons les fleurs & les graines des mtmes
fucus d'oii ils pretendent que viennent nos petits grains.
li eft certain neanmoins que la premiere fois qu'on les appercoit on ne
pent les prendre que pour un oeuf , ou pour une petite plante; mais on
n'eft pas long- terns a favoir laquelle des deux alternatives on doit choifir,
lorfqu'on a remarqL>e qu'ils font tous d'une mcme grandeur , autant que
les oeufs d'une meme efpece le doivent etre; & enfin qu'en quelque fai-
fon qu'on les confidere , en ne voir pas qu'il arrive aucun changtment,
foit dans leur longueur , foit dans leur groireur , ce qui empeche cgale-
ment qu'on ne les puifte regarder comme des plantes naifthntes, ou com-
me des plantes parvenues a leur dernier terme d'accroilfement.
ll ne refte done qu'a les ranger parmi les oeufs de poilFon ; la defcrip-
tion meme que nous allons faire de leur figure ne contribuera pas peu a
le perfuader. On s'en fera une image aftez relTemblanie en concevant un
petit fpheroide elliptique , ou une boule alloiigee ( PL XIV. Fig, II &
JII) , dont le plus petit diametre d d a. an peu pins d'une ligne , Si le
plus grander deux lignes, ou deux lignes Si demie : a un des bouts da
grand diametre , eft attache un petit pedicule rp , tel qu'eft celui des fruits,
d'environ une ligne de long, & d'un quart de ligne de diametre : le bout
de ce pedicule selargit & forme un petit cerde/'d'un peu moins d'une
licne de diametre. C'eft par le moyen de ce petit cercle que la boule ovale
eft attachee aux pierres lur lefquelles ce cercle ou cette extremite de la
queue eft collee.
La petite boule ovale eft creufe , c'eft une efpece de bontetlle remplie
de la liqueur dont nous avons parle jufqu'ici. Les parois de cette petite
bouteille font d'une fubftance membraneufe , qui par fa confiftance Sc
par fa couleur ne reflfemble pas mal au parchemin. Au reife cette bouls
allongee a audi comme les bouteilles une ouverture 0 {-Fig' 1^1) a l'e»
tremite du grand diametre , oppofce a celle ou le pedicule eft attache ;
mais ce trou eft ferme par un petit bouchon b ( Fig. Ill) d'une matiere
tranfparente affez femblable a celle du cryftallin de I'oeil ; il en a -nieme
Ja fic^ure , car ce bouchon eft une boule applatie dont le grand diametre
furpafle celui du trou de la boiiceille, Il eft mis dans un fens contrairei
A C A D 6 M I Q U E. 597
celuiou nous mettons nos bouchons, c'eft-a-dire^ que fon grand diamctre
eft dans le dedans de la bouteille : ainfi I'eftort mcme que hit la liqueur «-,„ i3„,. .,..
^.^,. I- II I 1/111/ /ICAD. l\0^ Al-t
pour lortir , iert a mieux appliqucr le bouchon qui outre cela elt colle au nts Sciences
bord du trou. de 1'aris.
Cette bouteille eft remplie dc deux diffcrentes liqueurs, qui ausmen- j \ .
f 1 ir I I . 1 ' r 1. J? ^ Anna 1711.
tent tort la rellemblance qu out ces grains avec les osurs : 1 une elt trcs-
claire, & a peu-prcs telle que le blanc d'ocuf ordinaire j & I'autre eft
jaunatre , & rellembie en cela au jaune de I'ccuf. La liqueur jaunatre ne
fait pas un feul corps continu ; elle eft divifee en fept a huit gouttelettes
qui nagent dans la liqueur daire.
Le bouchon eft ordinairemtnt en bas ; c'eft une fuite neceftaire de !a
pofition de ces ccufs , puifque I'txtrcmite de leur pedicule eft collee a la
furface inferieure des pierres dans les endroits GG G {Fi^. 1) ou il refte
quelque vuide entre cette furface , & le fable ou la terrejou d'autrefois
elle eft attachee a la voute de cercaines arcades de fable que nous avons
decrites au commencement de ce Memoire. On en voir quelquefois dc
coUes les uns fur les autrcs ;cela eft plus rare, le pied de 1 un eft attache
alors fur le bouchon do I'autre ou tout aupres E E {^Fig. / ) : la glu qui
colle le pied de ces ceufs aux pierres ou au fable , eft tellement tcnace ,
qu'on ne fauroit les detacher fans courir rifque de les crever , & par con-
fequeiit fans perdre leur liqueur , fi Ton ne fe Iert dun couteau par le nioyea
duquel il eft aifc d'cn feparer pluheurs a la fois :ils font coUes fort pres
les uns des autres comme on le voir dans la Fig. I.
Commc les buccms paroilTent ordinairement alTembles en grand nom-
bre aucour de ces ceufs , cela ms donna beaucoup de difpofition a les croire
descents de czi memes poillons. lis me paroilFcnt neanmoins un psu gros
pour fortir d'un fi petit coquillage 5 mais routes les experiences que j'ai
i'aites ii'ont pu m'cclaircir la deflus. J'ai dilFeque inutilemert en different
tems quantitc de buccins, je n'ai jamais trouvc de parcils ceu^s dans leuirs
corps, quiauroient du y etre trcs-lenfibles. J'ai renferme des buccins dans
des pots de terre pofes dans la mer , de maniere que I'eau pouvoit y en-
trer & en fortir librement , & jamais ils n'y ont fait de ces ceufs, ce
qui auroit du ce femble ,arriver, fi c'ttoient vc'rirablement de leurs ccufs.
11 faut pourtant, ou que ces ceufs foient faits par les buccins, ou que les
buccins les cherchent comme une nourriture qu'ils aiment fort: car pour-
quoi s'airemblerLient-ilsautour d'eux ? Quoi qu'il en foit , il me paroit in-
certain fi les buccins donnent la liqueur pourpre a ces ccufs , ou fi au con-
traire ils la tirent d'eux : mais il me paroit trcs clair que Ton ne peuc
prendre ces perils grains que pour desoeufs j & jufqu'a ce que nous con-
noiflions de quel poiflon ils viennent , ayant befoin de leur donner un
noni , je leur donnerai celui d'ccuts de pourpre, pris de la couleur qu'ils
fourniffent.
J'ai cherche avec grand foin dans les Naturalilles , fur-rout dans Ariftote ,
& Pline , fi je ne trouverois point quelque chofe qui put m'eclaircir li-
delTus ; mais je n'ai trouve aucun endroit ou ils en aient parle clairemen:,
Un feul paftage d'Ariftote m'a paru y avoir quelque rapport; mais tout
bien confidere, loin den titer quelque lumiere , jc fuis meme refte dans
598 COLLECTION
■.i.n.w» rincertinide Ci Ariftote y vouloit parler des eciifs dont il eft ici qiieflionj
Ac\D.RoYALE ce palFage eft tire de la iin du i }' chap, du liv. de I'hijioire des Animanx.
DES Sciences Voici comme Gaza la rendu en Latin : Defertur ex porno in HeUesponium
DE Paris. purgamcrnum quodJam illius mans quod Algce nomine Phycos appellant co.
Ainh 1 7 1 I . ^"'■^ pallidum ; fionm Algx id effe halii volunt , atque ex eo fucariam algam
provenire :fit hoc ceflatis iniiio , eoque , (urn pifculi , tiim ojlrea hajus loci
aluntiir : purpuram qtioque fuum florem hinc irahere nonnulli exiflimant,
Il y a effeftivemenr dans ce palTage diverfes chofes qui fembler.t conve-
nir aux trufs de pourpre , quoiqu'Ariftote ne paroille pas ies y reconnoitre
pour des a-ufs. La couleur pale qu'il donne a ces efpeces de fucus , eft la
mcms que celle de nos cEufs. Les habitants de la cote Ies regardent com-
me une fleur de fucus, d'oii vient enfuite Valgue, ce qui eft tort conforms
a ce qu'en croient nos pecheurs qui les prennent pour des graines de ces
memes plantes , ou mcme pour de ces plantes nailFantes. Enfin il ajoute
que les pouipres en tirent leur liqueur : le nom dejlos purpurea dans Ariftote
firrmhe cecte liqueur ; ce quiconvient encore a ces osufs, d'ou on pourroit
croire que les buccins tirent leur liqueur. Voili des relfemblances, mais
nous aliens aulli trouver des difparites. i". Il dit/r hoc aftatis initio, &c
nos "rains de pourprs ne commencent a paroitre qu'a la fin de I'ete , ou
plutot au commencement de I'automne. i" Il ne dit rien de la liqueur
qu'ils contiennenr. 5°. Ces cEufs font fi adherens aux pierres, qu'il n'eft
pas facile qu'ils en foient detaches , ni par confequent tranfportes fort loin :
on n'en trouve point , ou prefque point hots de I'endroit ou ils font atta-
ches naturellement. Enfin tout ce qu'Ariftote dit dans ce palFage, peuc
s'entendre fort naturellement de quelques petites efpeces de fucus tinclo-
rius ; les coquillages en vivent : etant propres a faire la teinrure , il aura ete
aftez naturel de croire que les pourpres en tiroient la leur. Et enfin ceux
dont on parle ici , etant fort petits , on les aura pris pout de la fteut da
fucus , ou plutot pout des fucus nailfans.
Au refte on ne trouve point de ces oeufs ds pourpre pendant I'ece ; ou
fi I'on en trouve , ce ne font que des coques vuides de liqueur : leur petit
bouchon eft ore , fans doute parce que I'animal , ou les animaux qui naif-
feut dans la petite coqne , en font fortis. Lorfqu'oii rencontre dans cette
faifon de ces ceufs de pourpre encore pleins de liqueur , cette liqueur
eft d'unecouleur jaune plus foncee,& n'eft plus capable dedevenir pour-
pre . il fcmble que ce foient des a;ufs pourris. Les oeufs que j'ai gardes
pendant prcs d'un an chez moi , dans de I'eau de mer , ont pris la meme
couleur , & n'ont plus ete propres ,1 me donner de teinture pourpre.
Il fera aife de voir qu'on tireroic la liqueur de ces oeufs de pouipre d'une
maniere infiniment plus commode que celle dont les aneiens fe fervoient
pour oter la liqueur des buccimim. Pour avoir la premiere, il n'y auroic
d'autre fa9-)n d faire que de tordre c&s oeufs dans un linge, ou de les
mettre fous une prelfe , apres les avoir laves dans I'eau de mer pour leur
oter , autant qu'il feroit poilible , les ordures qui pourreient alterer la cou-
leur.
Les bduinum au contraire ne pouvoient ctre depouilles de leur liqueur,
fans qu'on y employ at uu terns tres-confiderable. On le comprendra de relte
A C A D E M I Q U E. j?9
pat le detail que nous en allons faire. II falloit d'abord cafTer la dure _^____^_
coquillc DDDD ( Fie. ^l ) dont ils font revttus. Cette coquille cadee a "7 3 T'
' , ,, 1 ? J 1 ^ J i ACAD.KOYALE
quelque alliance de Ion ouverture , ou de la tcte ties euccuuim ^ on en- disScunxes
levoit les morceaiix calTes E E E E ( f /. XIV, Fig. IF) j c'tft alors que Ton de Paris.
appercoit une petite veiiie , ou rcftrvoit V V ( mime Fie. ) plem de la , ,
liqueur propre a teindre en pourpre : la couleur de la liqueur reiuermee
dans ce petit refervoir , le fait aifeinent diftingucr ; elle ell tres diffc-rente
de celle des chairs de Tanimal : Arillote & Mine difent quelle eft blan-
che ; audi eft-elle d'une couleur qui tire fur le blanc , ou d'un bl.inc
jaunatre , prccifcment comme le pus dcs ulccres. Le petit refervoir V V
dans lequel elle eft contenue , n'elt pas d'une cgale grandeur dans tous Ics
buccins ; il a pourtanr communement une ligne de large ou environ , &
deux ou trois lignes de long. II eft pofe fur le limbe ou collier; car les
buccins ont aulfi un collier comme les lima^ons : fon originc eft a quel-
ques lignes de diftance du bord de ce collier, & fur fa partie la plus
clevce , c'eft a-dire fur celle qui ell en haut, lorfque I'ouverture de la
coquille eft en bas. La longueur de ce refervoir fuit celle du corps de I'ani-
tnal , c'eft-a-dire qii'ellc va de la tete vers la queue, non pas en ligne
droite , mais en fuivant la fpirale de la coquille. Ariftote le place entre
le col, & cette partie que fon tradudteur rend par le mot papavir-^ ce
qui, bien entendu , revient a ce que nous venons d'en dire ; car ce pa-
paver eft I'endroit ou eft alTemble une matiere brune allez femblable a
des excremens, 6i cet amas eft vers la queue de I'animal.
C'etoi: ce petit refervoir que les anciens etoient obliges d'enlever au
buccinum pour avoir fa liqueur j ils etoient contraints de le couper fe-
patement a chaque poillon , ce qui ecoit un fort long ouvrage, du moins
par rapport a ce qu'on en retitoit, car il n'y a pas la valeur d'une bonne
goutte de liqueur contenue dan<, chaque refervoir. Dc Id il eft peu furpre-
nant que la belle pourpre fuc a un fi haut prix parmi eux.
Ariftote & I'line dilent a la verite que Ion ne fe donnoit pas la peine
d'enlever fcparement ces petits vailfeaux aux plus petits coquillages de
cette efpece , qu'on lespiloit fimplemenc dans des mortiers, ce qui etoic
un tnoyen d'expedier beaucoup d'ouvcage en peu de terns : il femble me-
nie que Vitruve donne cette preparation comme generale (a ). 11 eft nean-
moins peu aife de concevoir qu'on piit avoir une belle couleur pourpre
par ce moven : la matiere des excremens de I'animal devoir alterer coniide-
rablement la couleur pourpre lorfqu'oii les faifoit chautfer enlfemble aprcs
les avoir mtles dans I'eau ; car cette matiere qui abonde beaucoup plus
que la pourpre , eft elle-meme coloree dun brun verdatre , couleur qu'elle
communiquoit apparemment a I'eau, & qui devoir fort changer la couleur
pourpre ; car j'ai obferve que plus on enlevoit de chair a ranimal en lai
etant fa liqueur , moins la couleur qu'on en retiroit etoit belle.
On n'en etoit pas quitte dans I'ancienne preparation de la pourpre pour
la peine que I'on avoir eu3 a enlevet un petit refervoir de la liqueur a
cliaque buccinum ; on jettoit enfuice tous ces petits refervoits dans une
(a) Architeciurx HI. 7, Cap. 15.
4CO COLLECTION
---— --;— -^^^ grande qiuntite d'eau qu'on metcoit pendint dix jours fur un feu mode-
AcAD.RoYALE ^^ = *■ o" '^''T^'C tout cc melange fur ie feu pendant un terns fi long, ce
DEs Sciences n'ell pas qu'il fiit necelTaire pour donner la couleur pourpre a la liqueur;
DE Paris. elle la prendroit beaucoup plus vite , comme je m'en fuis alTure par un
. . , grand nombre d'experiences ; mais il falloit en feparet les chairs ou le
' petit vailfeau lui-meme dans lequel la liqueur etoit contenue ; ce qu'on
ne pouvoit faiie fans perdre beaucoup de la liqueur , &c en faifant dif-
foudre ces chairs dans I'eau chaude, aii-delTus de laquelle elles montoient
enfuite en ecume qu'on avoit grand foin dorer.
La chaudiere dont on fe fervoit etoic detain ; on fe fert encore au-
jourd'hui de femblables chaudieres pour teindre en ecarlate : les chau-
dieres de cuivre donneroient une couleur qui altereroic celle qu'on veut
avoir.
Les anciens faifoient difToudre beaucoup de fel matin dars I'eau avec
laquelle ils meloient la liqueur des buccinum ou des pourpres : je ne crois
point que ce fut precifement dans I'idee que le fel marin rendit la couleur
plus belle , muis peut-etre ne I'emploient-ils que pour empecher les chairs
qui etoient dans la chaudiere , de pourrir pendant le long terns qu'elles y
devoient refter , parce qu'en y pourrilfant , elles auroient gate la couleur
pourpre. Deux raifons me le font croire, dont la premiere eft que Ton
ne retire point de belles couleurs des buccins , quand on les lailfe cor-
rorapre a I'air ou dans I'eau ; & la feconde eft fondee fur diverfes expe-
riences qui m'ont appris que le fel ne rend point la couleur de pourpre
plus belle. Ayant meie une certaine quantite de liqueur des buccins dans
de I'eau , & ayanr enfuite fepate cette eau teinte de la liqueur en deux
vafes , dans I'un defquels feulement je mettois du fel , celle dans laquelle
je n'avois point mis de fel , me paroifloit toujours du meme rouge que
I'autte.
Comme on retireroit la liqueur des aufs de pourpre fans aucun me-
lange de matiere etrangere , on ne feroit point oblige de la teuir pen-
dant plufieurs jouts fur le feu , ainfi qu'il falloit le faire pour feparer
la liqueur des buccinum , des chairs qu'on avoit detachees avec elle , ce
feroit encore I'un de fes avantnges ; fa preparation feroit des plus fimples
& des plus faciles , puifqu'il fufliroit d'expoler cttte liqueur au vent dans
des vafes larges &C pen profonds , & de I'agitcr dans ces memes vafes
avec de grands batons, cu de quelqu'autre maniere. Par ie moyen de
cette agitafion , route la liqueur du vafe fe trouveroit expolee fuccelTive-
ment a lair en peu de tems , & par confcquent fe coloreroit fort vite.
Ce que nous dirons dans la fuite feta voir encore une autre utilite de
cette agitation.
Dans le Journal des Savans de ifiSfi , on a decrit les changemens de cou-
leurs finguliers qui arrivent a la liqueur des buccins , & que les anciens
paroillent avoir ignores. Si au lieu de detacher le vailTeau qui la con-
ti;nt , comme les anciens le ptatiquoient pour faite leur teinture pour-
pre , on ouvre feulement ce vailFeau , & qu'en le ratilTant on lui enleve
fa liqueur, les linges ou les auttes etoffes , foit de foie ou de laine qui
feront imbibes de cette liqueur , ne feront voir d'abord qu'une eo^ileur
jaunaire
A C A D E M I Q U E. 401
jaunatre ; m.iis ces mcmes linges expofes a une chaleur mediocre du fo- T^^^lTi^^TTTS
leil , telle qu'elle ell Ic matin dans I'ete , prennenc en peu d'heures des cou- Acad. Roy ale
leurs bien diftcrentes: ce jaune commence d'abord a paroitre un peu plus "es Sciences
verdure; il devient couleur de citron j a cette couleur de citron fuccede ^^ 1 aris.
un verd plus gai : ce meme verd fe change en un verd foncc , qui fe Ann<e 17 n;
termine a une couleur violette, aprcs laquelle on voit enfin un fort beau
pourpre. Ainli ces linges arrivent de leur premiere couleur jaunitre, a
une belle couleur de pourpre en pallant par tous les differens degres de
verd.
Ces changemens fe font d'autant plus vite , que la chaleur du foleil
eft plus grande : a peine a-t-on le tems de les appercevoir, lorfqu'on
^ expofe les linges aux rayons du foleil a midi pendant letc ; & ils font inf-
tantancs, lorfqu'on met les linges au foyer d'ane loupe. Alors la couleur
de pourpre paroit tout d'un coup , & fans donner le tems de voir les cou-
leurs intermediaires dont nous venons de parler.
Au refte it ne faut pas croire que cet etfet foit particulier a la cha-
leur du foleil , comme on pourroit le foup^onner en lifant le Journal
deja cite , oii il n'eft parle que de cette chaleur : on doit artendre le me-
me etfet de celle du feu. Ayant mis fouvent des linges fi pres du feu ,
qu'ils auroient brule s'ils neulTent ete mouilles par la liqueur des buc-
cins , je leur at auHi vu prendre dans un inftant la couleur pourpre.
Il y a pourtant un fait digne de remarque j c'eft que les memes degres
de chaleur du foleil & du feu, ne font pas cipables de faire les memes
efiets ; il faut que la chaleur du feu foit beaucoup plus grande que celle
du foleil pour produire Is meme changement de couleur dans la liqueur j
I'expcrience fuivante me I'a appris. Ayant debye de la liqueur de buccin
dans une certaine quantite d'eau , & partagc cette jeau teinte par la li-
queur en deux verres, j'ai expofe un de ces verres aux rayons du foleil,
6.: j'ai place I'autre auprci du feu. Lor/que le foleil a eu donne une cou-
leur pourpre a la liqueur fur laquelle fes rayons romboient , j'ai cte exa-
miner celle qui etoit aupres du feu ; a peine avoit-elle commence a chan-
g'?r de couleur : cependant le verre qui la contenoir etoit fort chaud, &
celui qui avoir ete expofe z^ foleil, n'avoit pas pris une chaleur fenfible
au toucher. De plus , ce qui avoir ete rougi par le foleil avoir pris conf-
tamment une plus belle couleur que ce qui I'avoic ere par le feu.
L'effer que produit I'air fur la liqueur des oeufs de pourpre , m'a engage
jiaturellenient a rechercher s'il pourroit auffx , comme le foleil ou le ^u ,
faire voir les divers changemens de couleur dans la liqueur des buccins :
j'ai rrouve qu'il les produifoit , mais moins promptemenr. Si la liqueur
eft epailfe, rclle qu'on la tiree- de fon refervbir , il faut I'expofer a un
grand vent, &: elle prend alors en peu d'heures fucceflivement los memes
couleurs qu'elle prendroit expofee a un foleil un peu chaud ; mais lair
agir bien plus fenfiSlement fur cette liqueur ,' lorfqu'on I'a dc'trempce
dans une grande quantite d'eau ; fi on la prefente alors au grand air, <5c
quelle foir .Tgitee par le vent , elle p end foi t vite la couleur pourpre , quoi-
que cepondant plus lehtement que la liqueur des ccufs, &; fans faire voir
auparavant les autres couleurs j ce qui me donnetoic beaucoup de pen- '
Turr.i III , Parlit Fran;oif( £ J
401 COLLECTION
. chant a regarder la liqueur des oeufs de pourpre , & celle des bnccinj,
Acad. RoYALE comme deux liqueurs d'une mcme efpece qui different feulement, en ce
"de Par^s^* 1''^ ''""^ ^^ trouve melee avec une plus grande quantite d'eau que
, ' I'autre.
Anme 171 1. j^f^jj e.xA.x^ comment I'air ou la chaleur produifetu-ils ces changemens
fur la liqueur des buccins & fur celle des ceufs de pourpre? Eft-ce en
changeant Tarrangement on la figure de leurs parties, ou bien en leur
otant quelque cliole de ce qu'elles avoient, ou en leur communiquant quel-
que chofe de nouveau ? II faur necefTairement admettre I'une de ces trois
caufes ; mais quelle eft la veritable ? c'eft ce qui m'a paru decide par I'ex-
perience fuivante.
Je mis dans une longue bouteille de verre clair, de la liqueur de.
buccin delayee avec de I'eau \ (i je I'euife mife feule , il m'en auroic
fallu une grande quantite , ce qui m'auroic donne une peine fort inu-
tile : cecte eau -teinte de la liqueur des buccins remplilloit environ le
tiers de la bouteille ; je bouchai bien cette bouteille avec un bouchon.
de liege, fur lequel j'appliquai encore de la cire , afin d oter plus fure-
ment toute Communication a I'air extcrieur avec la liqueur de la bou-
teille. Il eft certain qu'il n'etoit pas mcme befoin de tant de precaution
pour enipecher que I'air ne fit pas plus d'imprellion fur cette liqueur,
que lorfqu'elle y eft expofee au milieu d'une chambre, circonllance dans
laquelle il n'agit pas aflez fut elle pour la faire rougir. Cette precaution
faite , je pris le parti de fecouer fortement ma bouteille, & par conf^-
quent la liqueur qui etoit dedans; je poulTois continuellement cette. li-
queur du fond vers le goulot , &: du goulot vers le fond : or pour peu
qu'on entre dans mes idees, on fe perfuadera que cette feule experience
ctoit decifive ; car fi I'agiration de I'air eft capable de faire rougir la liqueur ,
en changeant (implement I'arrangement ou la figure des parties que fair,
en mouvement,rouche , il eft evident qu'en poulfant ainfi continuellem.enc
la liqueur du fond vers le goulot de la bouteille, & du goulot vers le
fond , je faifois prccifcment la mcme chofe que fi j'eulfe fait mouvoir
I'air avec vitefte fur la furface de la liqueur. Je devois done attendre que
la liqueur changetoit fa couleur jaunatre eii, une pourpre , fi ce change-
ment dependoit de I'effet que produit I'air fur les parties de cette liqueur
en les agitant feulement j aufli u'eft-il pas moins evident que fi I'air devoir
donner ou oter quelque chofe a la liqueur pour la faire rougir, elle ne
de¥oit aucunement changer de couleur dans cette experience , puifque ,
1 ". le bouchon empechoit I'evaporation qui auroit pu fe faire , & que ,
2°. il n'etoit pas vraifemblable que la petite quantite d'air qui reftoit
dans la bouteille , put communiquer alfez, ou de fels, ou de fouires .a la
liqueur, pour y caufer quelque changement ; ou plutot etant evident que
cette quantite d'air ne pouvoit pas contenir afTez de ces corps, puif-
qu'elle etoit certainemenr moindre que la quantite d'air qui cit iuccefli-
vement appliquee fur la furface de la liqueur lorfqu'on la lailTe a decou-
vert dans une chambre qui ne donne pas cependant tout ce qu'il fauc
pour faire paroitre le rouge.
Je continual done d'agiter ma bouteille de liqueur en la maniers qje
A C A D 6 M I Q U E. 40}
j'ai dir , & aii bout dVnvivon an demi-quart d'heure , )e vis la liqueur de-
venir d'une couIluc pourpie , &: par confcqueiu je n'eus plus lieu de dou- AfAD.RoYAi.E
ter c|ue co grand clungeinent dc couleur que I'air produifoit , ne viiit uni- les Sciences
quement de ce qu'eii agicant les parties infenlibles de cette liqueur, il "^^ 1 aris.
changeoit , 6u leur figure, ou I'arrangemeiu de leurs parties , fans rien Aimk 171 1.
ajouter a la malfe de la liqueur, & fans lui rien oter. Il faut que ce chan-
gement foit bieu aifc a faire, puifqu'tine 11 foible aiftion eft capable de le
produire.
Queique petite qu'eiit ete la quantite d'air que j'eutTe laiflTe dans la
boutoille, la liqueur auroit cert?inement rougi pat I'agitation , quoique
peut ctre plus lentement : fi Ton en doutoit, je le prouvcrois par une ex-
perience que je n'ai pas faite 3 delTein de le prouver. Ayant mis dans
deux bouteilles de la liqueur de buccin , delayce avec dc I'eaa j apr^s
avoir bouchc ces bouteilles pour conferver la couleur naturelle de la li-
queur , je les apporrai ici du bord de la nier : ayant regarde ces deux bou-
teilles a mon arrivee , j'apper^us que la couleur de 1 une n'avoit change
en aucune fa^on ; aufli celle-la etoitelle reftec pleine ; mais la couleur
de i'autre ctoit devenue un pen rouge, & cela, parce que s'etant trouvee
moins bien bouchee , environ la liuitieme partie de la liqueur en ctoit
fortie : les chocs du carrofle avoient alors fair le meme effer fur la liqueur
qui etoit reftee dans la bouteille , que les differentes fecoulfes que j'arois
donnees a I'autre liqueur dans I'experience precedente.
Au refte , diverfes experiences communes nous font alTez voir que I'aic
feul eft capable de produire de grarids changemens dans les couleurs, Sc
qu'il eft propre fur-tout a augmenter la vivacite du rouge. On fait que
le fang ell plus ou moins colotc, felon qu'il eft forti plus ou moins len-
tement de la veine j que celui qui eft tombe dans I'adi^tte qui foutient
les palettes, eft toujours d'un plus beau rouge que celui qui eft dan> la.
palette , c'eft-a dire , que celui qui a ete plus expofe aux imprefllons de
i'air , a pris une couleur plus vive.
Aprcs avoir vu aufti clairement que nous venons de le voir, que I'air
ne fait changer la couleur des buccins , que parce qu'il fait changer la
tigute ou I'arrangement des p.irties de cette liqueur, il ne feroit gueres
raifonnable d'aller recourir a une autre cnufe pour expliquer par quel
nioyen la chaleur du feu, ou ceile du foleil, font prendre fucceifivemcnt
diverfes couleurs aux etoffes fur lefquelles on a etendu le fuc des buccins
affez epais ; effet que I'air produit aulli , quoique moins vite , comme
nous I'avons dit. On fait alfez que la chaleur eft capable de mettre dans
une grande agitation toutes les parties infenfibles des corps , ou plutot que
ce n'ert que par la qu'elle echauffe ; &c c'eft par cette meme agitation
qu'elle donnc la couleur de pourpre a la liqueur des buccins , puifqu'oti
peut produire le meme efFet par une agitation purement mcchanique.
Lorfquc cette liqueur eft fort eoaiile , I'air ou la chaleur ne peuvent
pas faire tout d'un coup tout le changement qui eft neceffaire pout la
rendre rouge , foir qu'ils ne changent alors La figure que de certaines par-
ties de cette liqueut , foir quils ne puillent leiK donncr , etant moins fa-
ciles a mouvoir , precifemenc la meme figure qu'ils leur donnent enfuite j
^04
COLLECTION
^[TB — » ^ i\s font alors feulement ce qui eft neceffaire pour nous faire paroirre
Acad. Royale fucceflivement differens verds plus ou moins eloignes du jaune , felon qu ils
DES Sciences ont agi plus long-tems.
DE Paris. jj ^^'^^\ ^^^ furprenant que la chakur produife fort vite fur cette liqueur
Annk 171 1, lorfqu'elle eft cpailfe , un changement que I'air n'y peat faire que lence-
menc : les parties du feu trouveiu toujours des chemins ouverts \ il leuc
eft aife de s'iiifinuer dans des endroits ou I'air ne peut aller , & par con-
fequent d'agirer toutes les parties de la liqueur, pendant que I'air n'y fait
qu'une Icgere impreflion : on voit nieme que fi cette liqueur devient fe-
che , avanc que les cliangemens de couleurs lui foient arrives, il doit etre
tres-difficile a I'air de les produire. En foiifllant fur un corps folide , il
ne peut gueres ainrer les parties infenfibles de ce corps , & la liqueur feche
eft un corps folide j aulli ppur voir paroitre avec le feul fecoiirs de I'air,
en peu de terns , tous les differens verds par lefquels pafte la liqueur jauns
etendue fur des linges avant que de devenir pourpre, il faut fe donner le
foin de mouilier un peu ces linges auflitot qn'on remarque qu'ils com-
mencent a fecher ; on donne par la plus de prife' a I'air fur ks parties
infenfibles de cette liqueur qui fait voir fort vite par ce moyen les dif-
R-rcns changemens de couleurs.
On trouvera peutctre plus de difficultc a concilier les premieres expe-
liences que nous avons faites fur la liqueur des oeufs de pourpre , avec
celles que nous avons faites fur la liqueur des buccins. Nous avons die
au commencement de ce Mcmoire que nous avions inutilement approche
du feu des linges imbibes de la liqueur des ccufs ; que meme de la liqueor
contenue dans une tafle de fayance avoit pris aupres du feu une confif-
tance folide fans changer de couleur : que fuit-il pourtant de-la ? c'eft que
I'air & la chaleur du.feu peuvent changer I'arrangement ou la figure des
parties de la liqueur des buccins , &; que I'air feul change I'arrangement
& la figure des parties de la liqueur des oeufs de pourpre. Une afticn
plus foible eft capable de faire impreflion fur cette derniere , elle fe colore
a I'air plus promptement que I'aurie ; apparemment que la chaleur du feu
en fait cvaporer trop vite ce quelle a d'aqueux , & qu'enfuite fes parties
acquierent trop de conliftance pour etre remuees dune maniere conve-
nable.
L'odorat fait appercevoir defagreablement le plus ou le moins d'afticn
du foleil , ou de notre feu fur la liqueur des buccins lorfqu'elle s'echauffe :
on fent une fort mauvaife odeur , tres-approchante de celle de fail , comm«
on I'a remarque en Angleterre j elle eft d'autant moins fupportable , que k
chaleur du feu ou celle du foleil font plus grandes.
Ayant mele de I'huile de tartre , du fyrop violat , de I'efprit de vitriol
avec la liqueur des buccins , ces melanges ne produifirent aucun chan-
gement dans cette liqueur II n'en fut pas de mcme du fubiime corrofifqne
j'employai enfuite j une feule goutte de fa diffokuion , que je jettai fur un
iinge teint du fuc des buccins, donna aufti vite la couleur de pourpre- a
ce Iinge , que les rayons du foleil raiTemblcs au foyer de la loupe , ou
la plus grande chaleur du feu auroienr pu la lui donner. Cette experience
s'accommode afteiavec toutes celles que nous avons rapponees jufqu'ici;.
E
A C A d6 M I Q U E. 405
tar foit que Von regarde avec la plupart des Chymiftes le fublimc corro- ■
fif comme forme par uiie infinite de perites boules de mercure herilFees Acad. Royal
de pointes de fel ; foic cju'on limagiiie de quelqu'aurre figure , pourvu dzs Sciences
qu'on fe le reprelente comme trcspropre a ronger les corps , ce qu'on "^ 1'ar.is.
doit necelFairetfient faire admettre , il elt aife de voir qu'il a pu faciitment Annii 1711.
changer la figure des parties infenlibles de la liqueur des buccins. La
couleur pourpre que donne cependant le fublime, n'eft pas prccifemenr
la mcme que celle que I'air ou l.i chaleur font paroitre ; la premiere appro-
che plus du violer.
Aulfi arrive-t-il que fi , au lieu de jetter du fublimc corrofif fur de la
liqueur epaiffe, telle quecoit celle de I'experience precc'dente , on en vcrfe
fur cette mcme liqueur dclayee dans une grande quantirc d'eau , le fublime
corrofif donne une couleur blcue a I'eau , qui , expofee au foleil ou a
I'air , auroit pris une couleur rouge. Quoique mcme on expofe au foleil
ou au vent I'cau teinte fur laquelle on a verfe ce fublimc, elle ne prend
pas pour ccla une autre couL-ur que la bleue-, or il e(l a remarquerque
cette couleur bleue n'elt point de cellcs que Ton appergoit dans Its divers
changemens , par lefquels palfe la liqueur fur laquelle le folgl ou lair
agilTent. Si dans le mcme verre oii Ion a mis la liqueur de buccin de-
layee dans une grande quantite d'eau , il refte en quelques endroits de
cette mcme liqueur plus cpailfe , comme il arrive lorfqu'on a jette quelque
morceau de chair de I'animal fur lequel cette liqueur eft attachee , ce qui
fe trouve de liqueur epailfe prend une couleur de pourpre tirant fur le
violet , pendant que le refte dcvient bleu.
L'eau perd bientot la couleur bleue que lui a donnee le fublimc , &:
cela parce que la liqueur du buccin fe prccipite au fond du vafe apres avoir
patu allemblee en differens endroits en des efpeces de filamens bleus , •
tels qu'on en voir de verds dans la plupart des eaux qui croupilllnt : tous
ces filamens tombent au tond du verre , & l'eau demeure audi claire
qu'elle I'elt naturellement. Au refte, quelque quantite que Ton mette de
fublime , il donne toujours la couleur pourpre lorfque la liqueur eft cpaille ,
& la blcue lorfqu'elle elt delayee.
La liqueur des oeufs de pourpre eft d'un gouc fale. Je n'ai pu faire fur
cette liqueur les experiences que j'ai faites fur I'autre avec le fublime corro-
fif; on ne trouvoit point d'ccufs pleins au commencenienr de I'ete , cui
eft le tems ou je I'employai fur la liqueur des buccins.
Cette liqueur de buccin eft d'un gout tres different de celui des oeufs
de pourpre ; elle fait la mcme impreffion fur la langue qu'y pourroit faire
le poivre Ic plus violent. 11 fuffit pcur fentir cette impredion d'y mettre
rres-peu de liqueur j un inftant apres on fent I'endroit de la langue ou elle
a etc appliquee tout en feu. C'eft pour cette raifon que les gens qui de-
meurent auprcs des cotes de la mer ne mangent point , ou mangent rare-
ment de cette efpece de limacon , quoiqu'ils recherchent avec foin toutes
les autres efpeces. lis trouvent qu'elle a un goiit trcs-poivre ; mais ils s'i-
maginent que c'eft la matiere des excreniens qui donne ce goiit piquant ;
il ne lui vicnt cependant que de la liqueur propre a teindre en pourpre.
A I'egard de I'ufage que Ton pourroit faire de cette iiouvelle teinture ,
4© J
COLLECTION
tout ce que je puis dire a prefent , c'eft qu'au commencement de I'hi-"
Acad. RoYALE ver on trouve une quantite tres-confideiable de ces oeufs fur nos cotes
DEs Sciences de Poitou ; qu'en peu d'heures un homme pent en ramafler plus d'un
DE Paris. demi-boifleau , ce qui fourniroit beaucoup de liqueur, & ajouter qu'il
Jnnk 171 1. !"£ paroit du moins fort certain qu'on poiirroit retirer de ces oeufs plus
d'utilite que les Anciens n "en retiroient des buccins; car il y a incompa-
rablement plus de ces ceufs que de ces coquillages , & on en auroit leur
liqueur beaucoup plus aifement. J'ajouterai enfin que la couleur de cette
liqueur paroit parfaitement belle fur le linge, & que dans le gout ou Ton
eft: a prefent pour les toiles peintes, on pourroit s'en fervir avec fucces
pour imprimer fur du linge routes fottes de deflfein. Cette liqueur , aufli
bien que celie des buccins, y feroit d'autant plus propre , quelle ne s'e-
tend point par dela I'endroit ou on I'a pofee , de forte quelle pourroit
toujours tracer des traits precis & des figures dift;in6les.
A C A D ^ M I Q U E. 407
. . x^7 /• ■ r ACAD.ROYAIE
Suiu des Obfervations fur k mauvement progrJfif dc qudaucs ue^ Sciences
Coquilla^LS dc men ^^ Paris.
Par M. D E Reaumur,
'Annit
1711.
DES COUTELIERS OU COUTEAUX.
,1 lES coquillnges dont nous voulons parler , font connus fur les cotes
d'Aunis & dc Poitou fous le nom de couteliers , & Rondelet les appelle
des couteaux ; ils doivent I'un & I'autre de ces noms a la fioure de leur
coquille qui reirenible en efflt a un manche de couteau. ( Pi. IX Fi" //
Si Ion avoit envie de leur donner un nouveau nom qui reprefentat en
nieme terns une image de la coquille des couteliers & des parties qu'iis
lailTcnt voir ea certaines circonftances , celui de feringue conviendroic'
afTez ; il ne faut pour s'en convaincre que jetter les yeux fur la Fig. I
(PL IX). La coquille forme un tuyau ou cylindre creux CCCC , fem-
blable a celui du torps d'une feringue ; la partie clianiue qui fort de
fon ouverturc intcrieure femble en etre le pifton IP, & I'aucre partie QO
charnue qui fort de I'ouverture fuperieure , reprefente un tuyau adaptc
a I'ouverture d'une feringue , avec cette feule dilTcrence que rexttemiie
du tuyau patoit un peu renflee.
Pour doi-,ner neanmoins une idee exade de la figure de la coq'.iil!e,
nous ne devons pas la laitTer regarder comme un cylindre crcux, ou bien
nous devons ajouter qu'elle eft compofee de deux pieces qui font les dsux
moities d'uii cylindre creux a bafe elliptique, divifc felon fa lon"ueur. Ces
deux pieces font attachees I'une a I'autre ptes de I'ouverture par hquelle
fort la partie que nous avons comp:irce au pifton d'une feringue L [Fig. II].
Le ligament a relfort qui attache les coqailles des huitres, des moules,
nous exempte de parler de celui qui joint ces deux pieces, il n'tn eft poinc
different.
Depuis re ligament jufqu'a I'autre bout de la coquille , il y a une mem-
brane collte au bord de I'une & de I'autre de ces pieces ; elle auomente de
largeur a mefure qu'elle s'eloigne de I'endroit d'oii elle tire fon origine ;
de forte qu'elle forme, vue extcrieurement , un triangle pofcellc dont la
bafe a environ deux lignes [Fig. II , LNN); elle relfemble par fa con-
fiftance, fa couleur & fon epailfeur, a un morceau de parchemin ; elle
eftelaftique &: mufculeufe , aufti ferr-elle a rapprocher I'un de I'auire les
bords des pieces de la coquille auxquclles elle eft collee.
Une membrane de mcme nature que la prccedente , eft auffi collee nux
bords de ces deux pfeces du c6ce oppofe a celui que nous venons de confi-
dtrer ; elle eft cgalement large a 1 un &■ a I'autre de fes bouts ; die fere
audi a approchet I'une de I'autre les deux pieces de la coquille M M mm
408 COLLECTION
■ ^^^^^^ {Fig. III)., fon reflorc tend i la plider en differens plis paralleles a U
■Acad. RovALE longueur de la coquille ; ces plis s'effacent lorique la coquiUe eft autant
Dis bcinNCBS Q^,verte quelle le peuc ttre , c'eft-a-dire quand les bords des deux pieces
DE Paris. ^ ,-,i ' i, I'l. J j ■ i- '■
. , font diftans 1 un de 1 autre de deux ou trois lignes.
" '"'^^ iji^. De la, il eft clair que quoique la coquille s'entr'ouvre , le corps de I'ani- ">
mal , ou plutot fes parties interieures ne font point pcur cela vifibles. ni
a decouverr. Les deux membranes que nous venons de decrire , formenc
avec les deux pieces de la coquille une efpece d'ctui dans lequel les parties
interieures font toujours renfermees j il n'y a que les parties qui fe trou-
vent proche des bouts du cylindre ou de la coquille qui puiftent fortir SC
fe laili'er voir.
Les couteliers vivent dansle fable , ouils s'enfoncent fouvent a plus d'un
pied & demi , ou deux pieds de profondeur : la longueur de leur coquille
eft alors dans une pofition a-peu-pres verticale. De terns en terns ils re-
inontent du fond de leur trou jufqu'au delTus du fable, de fagon nean-
moins que la partie inferieure de leur coquille y refte toujours enfoncee ;
ils rentrent enfuite fous le fable : c'eft a s'enfoncer dans le fable & a re-
nionter un peu audelfus , que confifte tout leur mouvement progreflif ,
lequel par confequent fe reduit a parcourir un pied & demi ou deux pieds
de hauteur verticale.
Depuis la furface fuperieure du fable jufqu'a chaque coutelier, il refte
un trou qui leur donne une libre communication avec I'eau. Les ouver-
tures de ces trous font prcfches les unes des autrcs; on les apper^oit aife-
ment, lorfque dans les grandes marees , la mer a lailfe a decouvert le
fable habite; il n'y a pas a craindre qu'on les confonde avec les ouver-
tures des trous des coquillages que nous avons examines ailleurs; celles-
Ir. font rondesj & les ouvertures des crous des couteliers font oblongues ,
TT, &rc. {Fig. IF) , ou plus exadtement eiles font n-peu-pres femblables
a une entree de ferrure. II n'y a que pendant les grands vents que ces
trous foient difticiles a reconnoitre , parce que les grands vents agitent le
fable & en bouchent leurs ouvertures.
Quand la mer s'eft retiree , les couteliers fe tiennent pour I'ordinaire
fort avant fous le fable : pour les attirer fur fa furface , les Pt-cheurs fe fer-
vent d'une adrelfi; qu'on ne fera peut-ctrepas fache d'apprendre : ils jettent
une pincee de fel dans chaque trou; a peine ce fel y eftil tombc, qu'on
appercoit du mouvement dans le fable qui en entoure I'ouverture : moins
dune minute apres , on voir le coutelier s'elever & fortir en partie de ce
trou : environ la moitiede fa coquille en eft-elle dehors F D {Fig. F) , que le
Ptcheur n'a qu'a le prendre , mais il doit prohter promptement de I'occa-
fion , elle ne dare qu'un inftant ; le coutelier fe renfonce dans fon irou
peu aprts qu'il en eft forti ; fi le Pccheur le manque , foit qu'en fe preftant
jl ne le touche que de cote, foit qu'il ne le tire pas alfez fort, le cou-
telier rentre fubitement pour ne plus fortir; quelque nouveau fel qu'on lui
jette , il connoit le piege qu'on lui a tendu &c refte dsns (on trou. Une
preuve qu'il connoit le danger , c'eft que de nouveaii fel le feroit fortir fi
on I'y eiit lailfe rentrer fans le toucher ; mais fi on I'.i touche, il faut avoir
f ecours a des fermens d'un pied & demi ou deux pieds de long ; les Pe-
cheurs
A C A D t M I Q U E. 409
cheurs Ics appellent des dar Js ou des dardiUons ; ce font en efFet des efpeces ■ ■
de dards ou de longs fers termines en pointe j on les enfonce jufqu'au def- ^(-ad Royale
foils de r.-inimal, Sc on I'eiileve de force. j,£s Scienxes
Si les coinelicrs fortent de leur trou lorfqu'on y a jette du fel , c'eft pour de Paris.
fe dclivrer d'line inaciere done les picoteniens les incommodent. Pour em- Armee lyiz,
peclier ce fel d'entrer dans leur coqiiille & au milieu de leurs corps , ils
reriTient autuiu qu'iis pcuvenc les deux ouvertures O O , ( Ftg. V) , Icfqutl-
les (one au bout de la parcie chnrnue qui fort par I'ouverture fupcrieure de
l.icoquille; ils froncent ce bout comme une bourfe, & lui forment une
efpece de ttte arrondie D , figure fort ditFcrente dc celle qua la meme par-
tie lorfque ie coutelier s'cleve au delfus du fable fans y avoir ete contraint.
Dans cette derniere circonftance , elle paroit conipolce de deux tuyaux
adoffes AHC, aHC {f'g. l^i) , ou fcpares I'un de I'autre par une mem-
brane ; lis font voir ciiacun une alfez large ouverture dont le contour eft
legerement decoupc a A {Fig. f'l); une de ces ouvertuces eft plus grande
que I'autre, audi les deux tuyaux ne font-ils pas d'egale grolfeur ; ils fonc
tons deux plus gros a leur origine que vers leur extrcmite.
Une pteuve evidente que le fel caufe des picotemens douloureux a ces
coquilUges, quoique uniquement nourris d'eau fa lee , c'cft que par fa
cortofion , il fepare , il divife en plufieurs parties les tuyaux dont nous ve-
nons de parler ; ils font cliacun compofes de quatre a cinq anneaux , de
quaere a cinq portions de cyhndres creux d'inegales hauteurs, appliquces
les unes fur les autres; de petites rayes creufes & circuiaires CC HH ZZ,
{fig. f^l), marquent le contour de cliacune de ces differentes portions ,
ou bien Tendroit ou une des fuperieures ell pofee fur une des inkrieures :
or fi ayant ote un coutelier de fon trou, on jette quelques grains de fel
fur I'endroit ou un de ces animaux eft applique fur un autre, par excmple
tout antour de I'endroit marquci Cc ( / '^. ^■^)> I'lmprellion que ce fsl y
fait eft fi forte, que la partie (upeneure fe detache dans I'lnftant de la
partie inferieure; fouvent elle tombe a terre d'elle-meme, ou au plus il
luHic de la roucher legerement pour I'obliger a fe feparer de celle a iaquelle
elle ctoit jointe.
Le contour du morceau qui fe derache par ce moyen , eft tres-arrondi ;
fon epailTcur eft marquee par une furtace plane , comme on le peut voir
dans la Fig. Vll , qui reprefente dctachee la partie qui eft depuis CC juf-
qu'en Aa {Fig. VI) :Bb {Fig. VII), eft le contour qui ctoit pofe en
CO. Si au lieu de mettre le fel en CC , on Teiat mis en HH , on eCit fe-
pare la partie HH Aa, il en arrive de mcme aux joniflions des autres an-
neaux dont les deux tuyaux font compofes : c'eft ce que le coutelier tache
d'cviter en fortant de fon trou ; il jette dehors ce fel qui peut lui faire
rant de mal j inais le danger d'etre pris lui paroit encote un mal plus re-
doutable , puifqu'il ne fort plus de fon trou , quelque quantite de fel qa'on
lui jette , cles qu'il a ete averti des enibuches qu'on lui tend.
L'ufage de ces deux tuyaux eft le meme que celui de divers autres tuyaux
dont nous avons parle dans le Memoire precedent ; Us fervent aux cou-
teliers a refpirer I'cau : il m'a paru que taiitot ils I'attiroient par I'un & la
jertoient par I'autre, Sc que tautot ils la jectoient par celui ci, &: I'atti-
Tomc III , Piuut Fran^oifc, F 3
410 COLLECTION
.,L *— roient par celui IJ : leurs ouvertures inferieures fe terminent a peu de dif-
4 . r> tance du bout fuperieur de la coquille : ils ne paroilTent ctre qu'iine con-
ACAD.ROYALE , , ' 1 ' ■ I ' 1 ^ J 1. -
DES Sciences tmuation de la peau on membrane qui enveloppe tout le corps de 1 ani-
CE Paris. f"al , comme on pent le remarquer dans la Fig. Fill qui reprefente une
^ , coquille ouverte, parce qu'on a coupe la membrane qui eft attachee aur
'7'^" deux bords de la coquille MM mm {Fig. III). Cette membrane etanc
coupee , les tuyaux fe raccourciffent en formant plulieuts plis horifontaux ,
comme on le voit en E E II ( Fig. VILI).
Apres qu'on a tire un coucelier de fon trou , fi on le couche fur le
fable , on voit bientot comment il fe prepare pour execucer fon mou-
Vement progrelfif. Il fait fortir de fa coquille une petite partie platte,
marquee P , (^Fig. III). Mais pour mieux connoitre cette partie d'oir de-
pend tOLite la mechanique que nous voulons expliquer, il faut conflderer
la Fig. yill , qui reprefente le coutelier ouvert , on y voit une partie LP
prefque audi longue que Ki moitie de la coquille j fa figure eft cylindrique,
a cek pres que fes extrcmires fe terminent en pointe : c'eft une elpece
de battant de cloche , je veux dire qu'elle eft fufpendue vers le milieu du
corps de I'animal par un ligament , mais tout le refte de cette partie
n'eft point adherent aux autres parties; elle eft la jambe du coquillage ,
comme nous I'allons voir. Si Ion confidere done le coutelier pofe de fon
long fur le fable, comme nous I'y avons mis dans la Fig. HI, on ap-
pergoit qu'il fait fortir I'extremite de cette partie environ jufqu'a un demi-
pouce ou un pouce du bout de fa coquille \ il ne fe contente pas de I'al-
longer, il change fa figure ronde en une figure platte, terminee en pointe
p, [Fig. Ill) , Sc trahchante en quelque fagon par les bords; il fe fere
alors , ou du tranchant^r de cette partie, ou de fa pointe pour s'ou-
vrir un chemin dans le fable.-
L'ouverture faite, il allonge encore davantage la tntme partie ; il I'en-
fonce davantage dans le fable ; enfuite il la recourbe de telle forte , que
fa pointe fe retourne vers la coquille , oti il donne a cette partie la fi-
gure d'un crochet R, (fig- II], fur lequel il fe tire. Il eft aife d'ima-
giner qu'en fe tirant fur cette efpece de crochet , il contraint fa coquille
a fe redrelTer ; que de parallele qu'elle etoit a I'horifon , il I'amene , &
par confequent tout fon corps dans une pofition verticale.
Sa coquille etanr ainfi placee perpendiculairement a I'horifon, il ne lui
refte plus qu'a I'enfoncer fous le fable ; c'eft ce qu'il execute par le moyen
d'une mechanique tout-a-fait ingenieufe ; il allonge encore cette partie a
laquelle nous donnerons le nom de jambe , pirce qu'elle en fait la fonc-
tion ; il I'allonge , disje , jufqu'a lui donner hots de la coquille, une
longueur egale a celle de la moitie ou des deux tiers de fa coquille; mais
a mefure qu'il I'allonge , il I'infinue dans le fable , ou il la conduit tou-
jours perpendiculairement. Comme il lui conferve pendant ce terns une
figure platte terminee en pointe , elle ne trouve pas grande reiiftance a
s'ouvrir un chemin. Sa jambe etant ainfi enfoncee dans le fable , il change
tout-a-coup fa figure, fans diminuer fa longueur ; Sc c'eft d'oii depend
le mouvement progreffif de I'animal; de platte qu'elle eroit , il la rend
londe ou cylindrique : ce cylindre ya depuis I'exiremite de la coquille
ACADEMIQDE. ^t,
jufqu'finviron aux deux tiers de la longueur de la jambe I R, (,Fig. I). ••• ••
Il a nil diamctre a-peu-prcs Cijal a la moitlc du crand diarriettre de I'ou- a.._ d,,., ..c
II -fl '^1 f !]■ 1 I X\CAV. ^^u\ Ale.
verture de la coquiUe^i mais Ic couceuec gonHt: bieii davantage le rtfte b^s Scienxes
de fa jambe R P , ( Fig. / ) ; il en f-orme uiie efpece de bouton ou de de Paris.
fphere elliptique , done le dianietre liorifoncal eft plus grand que le grand J„„:, i-,ii
' diam-'tre de I'ouverture de la coquille ; c'eft ce qui donne a cette jambe
quclque air dun battant de cloche, ou du manchj d'un pifton de ferin-
gue, fous la figure duqusl nous I avons reprelentee au commencement de
ce Memoire : or I'extrcmite de la jambe en fe gondant , fe fait une ef-
pece de niche dans le fable qui Tentoure de tous cotes : cette niche a
beaucoup plus de diametre vers fon milieu , que I'efpece de tuyau cteux
dans Icqu'.l eft loge le refte de la jambe.
Tout etant ainli difpofe , il refte peu de chofe a faire a i'animal pout
enfoncer fa coquille dans le fable. En tenant toujours I'extrcmite de fa
jambe gonflee , il en r^ccourcit le refte , ou il fait rentrer dans la coquille
toute la partie qui eft entre fon ouverture &: le bouton de la jambe I R,
( Fig. / ) ; or afin que cette partie rentre dans la coquille , il faut , ou que
la coquille s'enfonce dans le fable , ou que I'extremitc arrondie de la
jambe remonte vers la furface fuperieiire, c'eft-i-dire, que la ccquiUe
ou le bouton de la jambe doivent changer de place , & que celb des
deux parties qui a une plus grande reliftance a vaincre, fera moins de
chemin. U eft aife de voir que c'eft la coquille qui rencontre moins de
refiftance ; fon diametre eft un peu plus petit que celui de I'extremite de la
jambe , & outre cela fon contour eft ovale : elle a done moins de fable a
deplacer pour defcendre, que I'ex-remite de la jambe n'en a a deplacer
pour monteri auftl s'enfonce-t-elle dans le fable. Le coutelier n'a qu'a
reiterer la mane mancruvre pour s'y enfoncer davantage , ou s'il mVft
petmis de parler de la forte , pour faire un nouveau pas. C hacun de
fes pas, en fuppofant le bouton de la jambe tout-a-fait immobile, le
fait autant defcendre dins le fable , quil y a de diftance depuis I'endroit
oil rextrcmlte de la jambe eft la plus grofte , julqu'a I'ouverture de la
coquille, c'eft-a-dire , qu'il parcourc a chaq'ie pas une longueur de che-
min I II , ( Fig. I ) , egale environ a la moitie de la longueur de la co-
quille.
Qu'on ne foit pas furpris an refte de ce que nous patlonj aufli declfi-
vement d'adlions qui fe palfent fous le fable , que nous parlerions de
celles qui fe palferoient imniediatement fous nos yeux : il y a des cir-
conftances ou Ton voit faire le mime manege au coutelier. Lorfqu'on
vient de le titer de fon trou , & qu'on le tient en Pair entre deux doigts,
il allonge aullitot fa jambe , il en gon le enfuite I'extremite , & cette ei-
tremite ctant gonHee , il la retire extremement vite , de forte que rout
le telle de fa jam'oe rentre dans la coquille 5 le feul bouton eft arretc a
I'ouverture qui n'eft pis alfez grande pour lui donner palfage ; en un
mot il fait dans I'air les memes efforts qu'il eft accoutumc a faire dans
le fable , mais avec moins de fucces. Ici rien n'arrete rextremite de fa
jambe J c'eft aulfi elle qui remonte jufqu'i I'oaverture de la coquille j
F3 ij
4^1 COLLECTION
- I I il repete plufieurs fois de fuite le meme manege pendant qu'on le foil-
.AcAD.RoYALE "enc dans Pair. , ,.
DES Sciences H feroit alTez inutile d'expliquer au long comment le coutelier apres
DE Paris. s'etre enfonce dans le fable, remonte au-delFus de la furface quand il lui
/Innee 1711. plait. On imagine facilemenc qu'il pent executer cette adion par le nioyen
d'une mechanique femblable a celle que nous venons de voir , je veux
dire en gonflant beaucoup plus que le refte rextremite de fa jambe ; mais
on remarque fans doute qu'il doit la gonfler auflitot qu'elle eft fortie de
la coquille , de forte qu'avant que le mouvemcnt , dont nous parlons,
commence , cette extremite doit etre dans le meme etat 011 elle etoit
lorfque le mouvement precedent finilfoit. S'il allonge alors tout-a roup fa
jambe, au lieu qu'il la raccourcifToit tout-a-coup ci-devant, par les me-
mes raifons que nous avons rapportees , il eft evident que la coquille mon-
tera , & que I'extremite de la jambe ne changera pas de place. Pour faire
un noiiveau pas en hauc, il n'a plus qu'a applattir toute fa jambe, &: la
retirer dans fa coquille, le fable remplira I'efpace qu'elle occupoit, il
lui donnera un nouveau point d'appui & plus eleve.
Des Dails.
J_jEs couteFiers quoiqu'enfonces pour I'ordinaire fous le fable, remon-
tent quelquefois fur la furface; mais les coquillages que nous allons confi-
derer a prefent , meurent dans le premier trou qu'ils ont habite apres
leur naiftance , fans en etre jamais fortis pendant leur vie. lis font da
genre nomme Pholas par les Anciens : nous en avons deux efpeces for:
communes fur nos cotes de Poitou & d'Aunis , on les appelle DaUi ;
nous nous fommes contentes de faire graver I'une de ces efpeces ( PL X,
Fig. I) ; I'autre efpece a fa coquille pea difFerente , elle paroit etre la fe-
conde coquille longue de Rondelet.
La coquille du dail eft compofee de trois pieces dont deux AP {Fig. I &-
II) font egales , femblables & fort grandes par rapport a la troifieme f
celle ci eft pofee aupres du fommet des deux autres; elle remplit un petic
efpace qui refteroit vuide entr'elles; elle a quelquefois la figure d'une lo-
fange dont un des angles aigus touclie le fommet des deux autres pieces 5
quelquefois elle eft feulement pointue par I'un & I'autre de fes bouts &:
arrondie autour du refte de fon contour DB [Fig. I).
Quoique nous la reprefentions fous la figure d'une lofange , fa furface
neanmoins n'eft pasplatte, elle eft un peu convexe par rapport a I'exte-
rieur de la coquille.
La longueur des deux grandes pieces AP , AP {Fig. I £' II) , furpafie
plus de deux fois , &c meme prcs de trois , leur krgeur. Leur fommer
DE {Fig. I) , ou I'endroit oil elles font jointes enfemble par un ligament
a relTort, eft a des diftances inegales de leurs bouts; il eft environ one fois
plus proche de I'un que de I'autre ; la largeur de ces deux pieces diminue
infenfUilement en s'appiochant du bout le plus eloigne du fommet A A
A C A D 6 M I Q U E. 41 j
(Fig. I & II); la ellcs fe terminenc en ovale , mais de I'autre cote dii fom- ^
met, elles s'ctrecilFent tout d'lin coup & fiiiilient par une pointc aiguc dans ji\(;AD Rovalj
I'efpece don: nous parlons; mais dans I'autre elpece , elles fe terminent d£s Sciences
pat une pointe arrondie &: toujours concave par rapport au fommet , Sc de Paris.
convexe par rapport a la bale de la coquille. Ces deux pieces font fouvent ^nnee 1-12.
cannelees en lime , je veux dire que leurs cannelures fe croifent les unes Its
autres : les unes vonr en ligne droite du fommet aux doux extrcmitcs & a la
bafe de la coquille; les autres traverfent celles-ci en tragiint dts ligncs pa-
ralleles a la bafe AGP [Fig. /), & au contour de la coqnille , elles en
marquent les divers termes d'accroillcment ; les cotes dc ces cannelures
font pour I'ordinaire herilfees de diverfcs petites pointes.
Quoique ces deux pieces puillenc s'ecarter I'une de I'autre du cote de
leur bafe, elles ne lailfent jamais voir I'interieur de Taiiimalj elles font
collees fur une membrane LH HL (Fig. II), qui torme avcc elle une
efpece d'etui dans lequel eft contenu le corps du dail. En un mot ces co-
quilles font attachees enfenible comme le font celles des couteliers : au
refte leur figure eft telle, qu'elles ne fauroient jamais s'appliquer par-tout
exadement I'une fur I'autre; (\ elles fe touchent vers une de leuts exttc-
mites , elles font beantes vers I'autre.
Labanche, c'eft-a-dire une pierre aftez moUe , eft le rerrein qu'habitenc
cTdinairement les dails. Sur nos cotes de Poiteu &c d'Aunis on en trouve
aulli dans la glaife, ils y font loges dans des trous au moins une fois plus
profonds que leur coquille n'eft longue. La figure de ces trous approche
d'un cone tronque A A LL PPK [Fig. U), a cela pres qu'ils font ter-
miiies par une furfcce concave & arrondie X ; leur direi5lion eft un peu
oblique a I'horifon; cette obliquite n'a rien de fixe, elle eft toujours pc-u
confiderable; les ouvertures de ces trous apprennent oii font les dails ;
elles ont pour I'ordinaire un fort petit diametre en comparaifon de celui
du fond du trou qui eft occupe par le bout de la coquille le plus pro-
che de fon fommet.
Appareniment qu'il n'y a guere dans la nature de mouvement progrcflif
plus lent que celui du dail : mure comme il eft dans fon trou, il n'avance
qu'en s'approchant du centre de la terre ; le progres de ce mouvement
eft proportionnc a celui de TaccroifTjiTient de I'animal , a mefure qu'il au-
gmente en etendue , il creufe fon trou & defcend plus bas. La parcie den:
il fe fert pour creufer ce trou, eft une partie cintnue S {Fig. II) , lituei;
pres du bord inferieur dc- la coquille , elle eft (aire en lofange & alTcZ
grolTe par rapport au refte du corps. Quoiqu'elle foit d'une fubftance
molle, il n'eft pas etonnant qu'elle vienne a bout de percer un trou aftez pro-
fond dans une matiere dure ; elle y emploie bien du tems. J'ai vu des
dails fe fervir de cette partie a I'ufage que je lui attribue , apres les avoir
tires de leurs trous &: les avoir pofi.s fur une glaife aulfi molle que de
la boue. En recourbant Sc ouvrant enfuite cette partie , ils fe creufoient
un trou & en creufoient en peu d'heures un aulli profond que celui au-
quel ils travailknt pendant plufieurs annecs ; aulli y trouvoienr-ils beau-
coup moins de reliftance , &: le befoin qu'ils avoient de fe cacher , leur
faifoic apparemment accclerer leur travail.
414 COLLECTION
Nous .ivons dit que quelques daiis fe trouvenc dans la bandie, & que
A R ALE d'autres de merae elpece fe trouvent dans la glaife : il fembleroit de-la
jj. 5 Sciences que les uns one eu benucoup plus de peine que les autres a fe former leur
i>E Paris. niche j car quoique ceue banclie foit une pierre molie , elle eft dure
^ J, , comoaree a la plaife; mais ceux qui font dans la banche , pour I'ordinaire
/innee 171;, .r.^'.',. '. '.- ,
n ont point la peine de la percer. bi on examine ces trous julques dans
leur fond , on voir pu'ils font termincs par la glaife I S I , & que la banche
QQ II iF:g. 11, PI. X) , n'entoure qii'une partie du trou , c'eft-a-dire
environ la moitie ou les deux tiers.
1 1 ne faut neanmoins pas conclure de la , quele dail a eu un corps plus
dura percer lorfqu'il etoit plus jeune , ou lorfqu il occupoic un trou qui
n'avoic que quelques lignes de profondcur , que lorfqu'il eft plus vieux :
il eft tres-probable qu'il n'a rencontre alors que de la glaife ; mais cette
glaife s'eft petrifiee depuis que le coquillage a commence a I'habiter : les
preuves que fen vais rapporter me patoiirent decifives.
Tous les jeunes dails , c'eft-a-dire , tous ceux qui ont a peine quelques
licrnes de longueur , fe trouvent dans la glaife , du moins jamais je n'eii
ai rencontre aiUeurs , &c les pecheurs m'ont alTure qu'on les y trouvoit
toajours : tous les vieux dails au contraire, c'eft-a-dire , ceux dont les co-
quilles ont trois pouces de longueur, ou a - peu - pres , font dans la ban-
che J or le trou du dail eft fait de maniere qu'il ne lui eft pas polfible
d'en fortir : il eft moule fur la figure de la coquille beaucoup plus etroic
par en haut que par en bas : fouvent a fon ouverture, fon diametre eft
cinq a fix fois plus petit qu'il ne I'eft prcs de fon extremite inferieure.
D'ailleurs on ne fauroit imaginer que les dails aient quelque adrelfe pour
aorandir ce trou par en haut comme par en bas, lorfqu'ils en veulenc
fortir ; car tous les trous vuides que Ton trouve , font coniques , comme
ceux qui font habices : fi Is dail en ctoit forti , les trous vuides feroient
cylindnques.
La confequence que Ton doit titer des faits precedens , eft atfez claire ,
puifque tous les jeunes dails font dans la glaife ; que tous les vieux font
dans la pietre , & que vieux ils font dans les mCmes trous ou ils etoieqi
jeunes : U eft evident qu'il faut que la banche qui entoure une partie de
ces trous, fe foit formee depuis que Us dails les ontperces : de la il fuit
riecelfairement , ou que c'eft la glaife qui s'eft petriliee , ou qu'au-dediis
de la glaife, ou dans la place des morceaux de glaife detaches, il s'eft
forme de la pierre. Mais lacouleur de cette banche, & la difpolition des
feuilles qui la compofent , apprennent alfez que c'eft la premiere de ces
opinions qu'on doit choifir. Cette nouvelle pierre eft formee de diver-
fes feuilles paralleles a I'horifon. La glaife de la mer , quoiqu'elle ne fem-
ble qu'une tetre , eft faite de femblables couches : pour men alfurer , j'en
ai coupe differens morceaux de figure cubique ; ayant eu foin de remarquer
les furfaces qui etoient paralleles a I horifon , lorfque la glaife ctoit dans
fon lit. J'ai expofe ces difFeiens cubes a la chaleur du foleil , confervant
aux uns leur fituation naturelle , mettaiit les autres dans une fituation
perpendiculaire a celle la , &c doniiant a plufieurs autres des inclinaifons
differentes j lorfque la chaleur du fgleil avoic alTez agi fur eux pcur les
A C A D fe M I Q U E. 4,5
fecher , ils fe divifoient en feuilles : mais ce qui marque que la difpo- ^
fition de ces feuilles , eft d cere parallelts a I'horifon ; c'cft que ctux que Acad. Rovalb
j'avois pofes dans le mCme fens oil Us ctoicnt dans Icur lit , fe divifoientcn bes Sciences
feuilles paralleles a I'horifon ; ceux que j'avois places dans un fens contraire , ^^ Paris.
fe divifoient en feuilles verticales , & ceux qui ^toient obliques a fhori- /innei 1711,
fon fe divifoient en feuilles obliqufs.
Ce n'eft pas feulemeiu par-li que la banche done il s'agit, retlemble a
la glaife; elU en conferva prcfqus entierement la couleur : enfin enl'txa-
minant de prcs , on obferve, pour ainfi dire , les divers degrcs de m.itu-
rite. Sa furtace fuperieure p.iroic une vraie pierre alfez dure : un peu an
deffbus, c'eftune pierre un peu molle , plus on la prend bas , moins tile
eft dure , & moins elle eft difference de la plaife. En un mot , en s'ap.
prochant du lit de pure glaife , elle paroit aufli iirfenfiblement s'approcher
de la nature de cetce terre , & cela par des degres fi infenfibles , qu'il n'cft
pas podible de dtfterminer preciRment ou la banche finic , Sc ou la "laife
commence. L'eau de la mer eft pleine d'unc matiere vifqueufe qui ap-
paremment apres s'etre infinuee danscette glaife , en colle ioutes Its par-
ties entr'elles , & la change en pierres : leHTet de la matiere vifqueufe ,
eft trcs fcnfible dans des pierres de ditfcrentes efpeces, dans des coquil-
lages , dans des grains de fable , en un mot dans divers corps de na-
tures trts-ditferences que Ton trouve au bord de la iiier , lies aulTi pac-
faitement enfemble que le font les parties des pierres les plus dures.
Enfin il n'y a pas lieu, ce femble, de douter que I'cau de la iner ne
foit propre a faire des petrifications : des morceaux de bois que Ton
rencontre freqiiemment fur nos cotes , en fournilfent une preuve incon-
teftable : on les trouve ces morceaux de bois plus d'a moitie petrifies, ou,
pour patler plus proprement , ce qu'ils ont de pierreux occupe plus de
la moitie de leur volume. Des feuilles dune pierre blanche fcparent la
plupirt des fibres du bois , & au lieu de feuilles , on trouve des amas
de pierres fenfibles dans les endroits oia il y a des interfiices un peu
grands.
De la il eft aife de voir pourquoi la furface fuperieure de la olaife fe
petrifie plutot que I'infcrieure ; elle eft plus a pottee de profiler de la
fubftance vifqueufe de l'eau de mer. Il n'elk pas audi furprenant que toutes
les gfaifes ne fe petrifient point : celles qui font trop molles , ou dont les
parties font fcparees par une trop grande quantite d'cau , n'ontpas une dif-
pofition prochaine .1 devenir pierres; ce ne font pas aufli celles.la que les dails
habitent , ils choifillent la plus dure.
Au refte , c'eft de cette meme banche dont je viens ds parler , que ri-
renc leur origine les pierres blanches que Ton voit en divers endroits fur
les bords de nos rivages , & que Ton y appelle cai'.loux fort impropre-
ment. L'agitation de la mer decache de terns en terns des morceaux plats
de ces pierres, en les faifant rouler enfuite vers le rivage , elle les brife
en morceaux plus petits , les angles de ces morceaux s'arrondiirent par les
frequens frottemens qu'ils efTuisnt j ils acquierent enfuite une couleur plus
blanche , & de la durete lorfqu'ils font expofes a I'air. La nature de cette
banche eft telle quelle change fa couleur gcife en blanche , & qu'elle de-
4i5 COLLECTION'
__ vicnt dure lotfqu'elle n'eft plus expofee a etre contiiniellementhumeftce par
"7 „ I'eau. Quandte de maifons fur les bords de nos cotes ont ece bacies de
DEs^CLENCES^ "^"^tte pierre recemmeiit tiree du fond de la mer ; elles etoient alors d'une
DE Paris. pierre grife , elles font a prefenc d'une pierre fort blanche.
Annie lyii. ^'^is pour revenir aux dails , ils ne percent la glaife que pendant qu'elle
eft: olaife , ils ont a travailler fur une matiere plus tendre que la pierre }
ce n'eft pas que je ne croie qu'ils ne vinlFent a bout de percer la pierre.
Des dails fort jeunes que j'ai trouves loges affez avant dans un talon de
foulier qui etoit de bois, font voir que quoique petits , ils peuvent per-
cer des corps durs. Ce talon etoit dur, peut-etre plus difficile a creufer
que ne feroit de la banclie nouvelle.
Nous avons ditqueleur trou avoir an moins une fois plus de profon-
deurqueleur coquille n'a de longueur : I'efpace qui rede eft occupe par un
tuyau charnu de figure conique A A A K ( ivo-. //) qu'ils allongent ordi-
nairement jufqu'a I'ouverture du trou , & rarement par de-la ; fon con-
tour eft decoupe en K : quoique ce tuyau paroilfe fimple , il eft rcellement
compofe de deux tuyaux , ou plutot il eft partage en deux par une efpece
de cloifon membraneufe C I ( Fig. I ).
L'ufage de ce tuyau ou de ces tuyaux , eft le ttieme que celui des autres
tuyaux dont nous avons parle a I'occafion de divers coquillages : ils s'en
fervent alternativement a attirer I'eau dans leur coquille, &: a la rejetter.
Lorfqu'on approche de leur trou , ils le font rentrer fort vite dans leur
coquille, & chaftant de mcrne avec vitefle I'eau qu'ils contenoienr, ils
poulTent divers jets, conime nou? I'avonsdit de plufieurs autres coquillages.
Vers^le milieu de leur corps ils ont un petit vailFeau dont j'ignore l'u-
fage • il eft de couleur verdatre. Ayant laille quelque terns ces animaux
dansde I'eau de vie, cevailTeau a pris une couleur de pourpre femblablc
a celle que donnent les buccins ; mais la liqueur contenue dans le vaifteaii
ne rougir point comme la leur, lorfqu'on I'expnfe a I'air, ou a la chaleur
du foleil : apres tout , quand elle y rougiroit , elle eft en fi petite quantite ,
qu'elle ne mcrite aucune attention par rapport a l'ufage.
Mais une propiete bien remarquable de ces coquillages , c'eft de luirs
dms les tcnebres ; & d'autant plus qu'ils ont plus d'eau ; en forte que ce
palFigede I'line (a) qui femble prefcnter une inerveille fufpede , ne con-
tient que I'exaiSte verite : Dactyli , e concharum genere , ab humanorwtn un-
guium Jimilitudim appeUati nmoto lumine , alio fulgore clarere in te.
n^brii , & quanta magis hiimonm hahiant ; luccre in vn mandentium , lu-
cerc in manibus , atqui aiam in foio & vefie decidenlibus guttis
Les dails rcpandent d'autant plus de lumiere, qu'ils font plus frais &
pcchcs plus rscemmei-it : cette lumiere n'eft point fuperficielle , elle appat-
tient a tous les points de leur fubftance , & de quelque maniere qu'on les
dechire , ils paroilTent toujours & par-tout egalement lumineux , de meme
qu'un charbon bien allume, ou que le phofphore d'u:ine. Ces coquillages
font de vrais phofphores natureh qui , comme le phofphore artificiel ,
eommuniquent aux corps qu'ils touchent, leur brillante propriete.
(«) Lib ?,c9p. tft, _
Lorlqu il
ACADEMIQX/E. ;i7
Lorfqii'ils font fr.iicliement pcches ilsonc, comme les hutrres & les _ ..— .
moiil.'S , beancoiip d'caii : potir pen qii'on les nianie , des "outtes s'en • „
dctatlient j ces goutces ellesnit-mcs lout lamineales, comme Inline I a cxac- des Sciences
temeiit rapportc. Il n'eft pas polliblc que des patticules de I'animal ne de Paris.
foient melees avec cette eau ; e'en eft alTez pour la rendre phofpliorique : Annit i-jii:
apres avoir touche ces poiflons , j'ai d'abord par hafard , & enfuite a
deflein , lave !e bout des mes doigts dans un verre d'eau, & de ce!a leul,
cetie eau paroiiroit dans I'obfcurite , telle que le kit nous parolt en plcin
jour.
La lumiere que ces poifTons donne au corps centre lefquels ils one
etc frottcs , n'eft pas de longue durce , elle celfe des que ce qu'ils one
lailT^ fur ces corps y eft devenu fee. Quaiid j'ai neglige de laver mcs
doigts fur le champ , j'ai vu la qualitc luinineufe qu'ils avoient acquife ,
s'affoiblir peu a pen, & enfin difparoiire enticrement. Mais lorfque j'ai
enfuite tnouille mes doigts pour les laver , je les ai appergus prefque aulli
lumineux qu'ils I'avoient etc d'abord.
Cela m'a donne envie de tenter fi on ne pourroit pas faire de ces poif-
fons un phofphore durable. J'en ai fait feciier quelques - uns , qui out ,
comme je m'y attendois , perdu leur propriete de luire. Au bout de qua-
tre ou cinq jours , quand ces chairs ont ete bien f^ches , je les ai hu-
meftees , foit avec de I'eau ordinaire , foit avec de I'eau dans laquelle du
fel marin etoit dilTous; alors eiles ont recommence a luire, comme j«
I'avois efpcrc ; mais cette lueut ayant ete beaucoup plus foible que la
premiere , il m'a paru que ces poilfons fees n'etoient pas propres a rede-
venir des phofphores bien brillans.
J'ai tente de les conferver de quelques autres manieres qui none pas
mieux rcuni. J'ai mis un de ces poilfons dans de I'eau de vie, il a prefque
perdu fur le champ toure fa propriete de luire : j'en ai mis d'autres dans
de I'eau avec du fel marin, ils y font reftes long-tems luifans , mais ils one
repandu une lumiere beaucoup plus foible , que celle qu'ils donnoient d'a-
bord. Celt vers la fin de I'Automne que j'ai tait ces experiences j alors,
& dans tout terns , oil il ne fera pas fort chaud , on pent conferver ces
animaux luifans pendant plufieurs jours: mais a mefure qu'ils vielliffent ,
ils le devi-'nnent moins , & corrompus jufqu'a un certain point, ils ne
le font plus du tout : peut-etre meme , que de cts coquillages bien pour-
ris fuftifent pour empecher ceux qui font frais, de luire. Une experience
HI 'a donne lieu de le penfer. J'ai fait pccher devant moi des dails qui ,
quand je voulus les examiner dans I'obfcurite, ne donnerent aucune lu-
miere J mais je remarquai qu'il y en avoir plufieurs qui etoieiit morts
dans leurs tixius , & qui meme y ctoient devenus excelliveqient puans ;
peut-etre que I'impreflion que ceux-ci firent fur les autres, eteignit ,
pour ainfi dire, toute leur lumiere; c'eft une experience que je n'ai pu
repeter , n'ayant pu ravoir de ces ccquillagcs ; peut-etre aulli y a-t-ildes
tems ou ces animaux paroilfent plus lumineux que dans d'autres. La
fermentation qui fe fait dans les machines animales n'eft- pas toujours
la meme , & une forte de fermentation peut donner a des chairs , la dif-
pofition uccelfaire pour faire paroitrc la lumiere.
Tumi III, Panic Frangoife, Gj
HiS ' COLLECTION
. Le terns ou les animaux s'accouplent , eft un teins ou il fe fait nne
Acad. RoYALE ^^P^'^^ ^^ fermentation particuliere : il eft probable que la lumiere que
BBS Sciences repandent les vers luifans , doit une partie de fa vivacice a cetce fermen-
DE Paris. tation. Ce n'eft guere dans les terns chauds qu'ils luifent dans ce pays-ci,
Annee 17 iz ^^ ^°"* ^^^^ ^^' luifent dans ce pays, font les femelles. On fait que
ce font des infecftes fans ailes ; mais ceux qui ont lu les auteurs qui trai-
tent des infeites , favent de plus que le male de cet infede en a:il eft
fort bien reprcfente dans le theatre des infedles de Moufet , il vole U
nuit : la lueur que jettent les vers femelles , lui apprend de quel cote il
doic voler. Je ne connoilTois le male des vers lijifan? que par les livres:
il ne m'etoit point encore arrive d'en trouver, lorfqu'un ver luifant fe-
melle fervit a m'en faite voir un male il y a plufieurs annees. Je tenoi^
pendant la nuit ce ver luifant dans ma main , j'obfervois la vivacite de
fa Uimiere , lorfqu'un autre infe<fte vint fe pofer fur ma main. Je le pris
d'abord pour une efpece de fcarabe , mais je ne fus pas long-tems a le me-
connoitre ; il s'accoupla fur le champ , & il refla alfez long-tems accou-
ple.DepuiSiil oi'eft arrive plulleursfoisde prendre d'antres males de vers lui-
fans , lorfque j'en tenoisde femelles dans ma main. lis viennent aufli volec
autout de la chandelle , &c Ci elle n'attiroit point les papillons, on n'auroic
aucun lieu de douter que ces infeftes ne foient attires par la chandelle ,
comme ils le font par la lueur de leurs femelles. Au refte il y a des terns
ou les vers femelles ne luifent point , ou prefque point , &i peut-etre ce
font ceux ou ils n'ont aucune difpofition a I'accouplement.
D'autres infeftes luifent audi en des terns particuliers ; j 'ai rencontre des-
millepieds trcs-vivans , Sc d'efpeces alTez communes qui brilloient ait
moins autant que les vers luifans; & j'ai fouvent rencontre d'autres mil-
lepieds qui ai'ont paru de la meme efpece , qui n'etoient nullement la-
mineux.
Il peat done y avoir des teins oii nos dails ne lulront pas ; mais je ne-
fuis point sur qu'il y en ait de tels , & fi j'en ai trouve qui n'etoient pas lui-
fans , quoique frais , les dails excefllvement corrompus avec lefquels ils
etoient meles , peuvent avoir eu part a ce phenomene ; leur avoir fait
perdre fur le champ la propfietc de repandre la lumiere , comme j'ai dit
que I'eau de vie I'avoit fait perdre a un autre.
Au refte c'eft le (eul coquillage des cotes de Poitou a qui j'ai trouve la
proprietc de luire. J'ai eprouve fi les monies , les hultres , les couteliers ,
les petongles , & les differentes efpeces delimagons de met ne I'auroienc
pas , Sc jen'en ai pas trouve la moindte apparence dans aucun de ces co-
quillages.
I
ACADfeMIQUE. 4»,
AcAD.RoYAtE
D'unc petite Etoile de. mer dont les rayons rejfcmblcnt it dcs "^^ Sciekces
queues dc Uiards {PI. X, Fig. Ill & /F). ^„„>^ ^^^^^
XN o u s avons cxplique dans le Memoire , dont celui-ci n'eft qu'une fuite ,
la mechaniqiie ingcnieiife d'ou depend le mouvemenc progrelllf des e(pe-
ces d'etoik's les plus communes. Celui dune efpcce plus rare dont il me
refte a prefent a patler , ne nous oftre rien de fi fingulier ; il eft pourtant
dione deremarque, ne fut-ce qu'en ce qu'il s'ex^cuce d'une tnaniere fort
dirterente.
Quoique j'appelle etoile rinfeite dont il s'agit , la defcription que nous
a lailfee Rondclet d'un autre infetle , qu'il nomme folcil de mer , me
donne quelque lieu de dourer s'ils ne font pas I'un Sc I'aucre le meme ani-
mal. Rondelet n'a pourtant pas attribue a Ion foleil tout ce qui convient
a cette etoile , & il me femble qu'il attribue a celui-ci diverfes chofes qui
ne conviennent pas a celle-Li. Gefner a fait mention d'une lune de mer ,
cu d'un infcdte qu'un de fes amis lui avoit fait tonnoitre fous ce nom ,
iequel infeifte , comme les ctoiles , etoit compofe de cinq rayons , mais
de cinq rayons d'une maciere friable , propriete qui cntre le plus Hans le
caradtere de I'ctoile dont je veux parler, Quoi qu'il en foit pourtant des
animaux que ces deux auteurs nous ont dellgncs par les noms de foleil &
de lune , je conferverai celui d'eioik a I'infede que je vais di^crire , &
cela par la raifon gencrale des cinq rayons dont il eft compofe , ne mu-
tant pas pollible de determiner surement a caufe de la brievete de def-
criptions, s'll eft une efpece difFerente de celles dont ces Auteurs nous
ont eutretenus.
Pour etablir d'une maniere peu equivoque la difference qui eft entre
cette efpece & toutes les aucres efpeces d'etoiles , je crois la devoir appel-
lee etoile a rayons en queues de Lizards , ce qui la caradterife de maniere
a ne pouvoir la meconnoitre , fur-tout lotfque nous aurons ajoute que
c'eft aux queues des petics de lezards gris des murs que leurs rayons reffem-
l>!ent ; ils en ont la couleur & la figure R R P T T ( Fig, III & If). Quoi-
que ces queues de Itzardsfoient aflezcaffantes, les rayons de I'etoile le font
beaucoup davantage ; il faut Its toucher tres doucement pour ne les pas
rompre. Ces ravons ne font pas hcrilfes de pointes comme ceux des autres
efpeces j leur furface fuperieure , ou celle qui eft du core oppofe a celui
cii eft la bouche , eft arrondie & couverte d'ecailles figutees en anneaux
{Fig. Ill) ^ I'autre furface ou rinft-reiire, eft platte !c garnie aufli d'e-
cailles, mais de figure diffcrente ; elles font faites en fegmens de cerde',
altetnativement dilpofees par paire, & une a une, je veux dire qu'il y a
d'abord deux ecailles placees fur une meme ligwe qui occupent la iargeur
du rayon ^ qu'enfuite au milieu du rayon , il y a une autre ecaille cachee
en partie fou* les deux precedentes. Le milieu'du contour arroridi de eslle-
ci , parte fur deux auttes arrangies fur une mtme Hgne comme les deux
premiereij ces deux detnieres pofent encore- fw: une ecaiHe'feule,- fli
Gj i]
'4ie COLLECTION
' aiiiG de fuite. De la il eft clair que leurs rayons ne font point <»arnis de
Acad. Roy ale jambes comme ceux des autres efpeces fur lefquelles nous en avons compte
DES Sciences 1510; aufli les rayons font-ils eux-memes la fonftion de jambe : ils one
DE I ARis. iji,f origine tres-proclie de la bouche ou du fu^oir S (Fig. IT) , qui eft
Jinnee 1712. ici , comme dans les auties efpeces, au milieu de Tetoile , & prefque
toujours en bas. La partie ou fon ouverture eft fituee, Sc qui fait la malfe
du corps de I'animal , a un contour a-peu-pr^s circulaire ABDCE {Fig.
Ill & ly) , dont le diametre n'a guere que le tiers de la longueur de
chaque rayon : fa furface inferieure {Fig. IF) eft plane 5 la fuperieure
(Fig. Ill) eft un peu convexe; elles font Tune & I'aucre couvertes d'e-
cailles , mais arrangees ditferemment , ce que les figures font aftez voir.
' Au bord de chaque jambe , entre I'articulation de chacune des ecailles
fuperieures avec les ecailles infcrieures , il fort une efpece de petite mem-
brane terminee en pointe a-peu-pres triangulaire MM (Fig. III). Tou-
tes cespetites membranes ne paroiftent que lorfque I'etoile eft dansl'eau;
elle les remue en differens fens; elles font fi molles &: fl cources, qu'elles
ne fauroient fervir a I'infede , ni pour fe mouvoir, ni pour fe fixer. N'au-
roient-elles pas quelqae rapport avec les organes qui fervent a la refpira-
tion , ou avec les ouies ?
Le terrein qu habitent les autres etoiles ne convlendroit pas a celles-ci j
leurs rayons font ll caftans qu'ils ne fauroient foutenir , fans fe rompre
dansl'inftant, les chocs que la mer leur feroit eftuyer centre les pierres j
audi fe tiennent-elles fur des cotes unies qui ne font couvertes que pac
le fable : elles font fouvent enfoncees fous ce fable fur lequel on les voic
marcher fort Isntement lorfque la mer Ta abandonne. Leurs rayons s'ac-
quittent dans cette adtion de la fon(Stion de jambes. Comme ils partagenc
le corps de I'etoile en parties egales , elle n'a ni devant , ni derriere , on
elle pent avec la mcme facilite aller de quel cote il lui plait. Pour
approcher de I'endroit vers lequel elle s'eft dererminee d'avancer, elle
fe fert des deux rayons qui en font le plus proches : par exemple , pouc
aller vers B ( Fig. Ill), elle fe fert de deux rayons RR & de celui qui
en eft le plus cloignc , ou de celui P qui eft place vis-a-vis I'intervalle
qui refte entre les deux precedens. Ces trois rayons feuls concourent a foil
mouvement progreffif ; ils y concourent difFcremment. Elle replie I'extre-
mite des deux premiers j elle les replie de telle forte qu'ils forment des
.efpeces de crochets \ la convexite de I'un regarde la convexite de I'auire :
les deux furfaces inferieures des extremites de ces rayons font alors pofces
fur le fable contre lequel elles s'accrochent en quelque facon par leus;
lecourbement : or recourbant encore davantage leurs extremites , fans aban-
donner le fable , elles tirent leurs corsps en avant , tandis que la jambe
oppafee le poulfe par derriere dans la mcme diredlion en fe butant contre
le fable , de meme qu'un liomme qui eft dans un bateau poulfe , pouc
le faire mouvoir , le terrein avec une perche.
Au refte ce mouvement eft lent , & pour peu qu'elles le veuillent exe-
cutec vice , ou que le terrein foit raboteux , leurs rayons fe caflent ; c'eft
ce que {"ai yu.arriver i des etoiles que j'avois mifes fur m^ main bien eten-
due J &qui.,yiyqoloient warcher j a^ifli en trouve-t^gn raremeijt d'entieres.
ACADEMIQUE. 411
Lorfqii'elles veulent fe cachet foiis le fable , 011 elles ne s'enfoncent qu'ati- ■ j ■
cant qu'il faut pour qu'elles en foient couvertes , elles s'ouvrent iin che- Acad. Royale
iTiin avec les deux rayons de devanc, & achevent le refte de la maniere dilsSciences
done nous venons de le voir. , de 1'aris.
, . Anna 1711.
' ' ' ' ' ■ , I I ■ I I I I. ■■a » . I /
Dcs Hcr'ijfons ou Ourfins dc rner.
1—i E hcrijfon de mer , comme k hirijfon de terre , tire Ton nom des
epines dont il ei]: hcriffe. Sur quclques cotes on I'appelie Chdiaigne de mer ,
& cela encore avec plus de tondement : il ne red'emble pas feulement aux
enveloppes des chataignespar fes epines, mais encore par fa figure convexe.
Le nom d'ourjin qu'on lui donne fur les cotes de I'rovence eft moins
fonde ; il n'y a aucune reifLmblance encre le poil des ourfins £c les pi-
quans des hcrilFons : il yen a plufienrs efpeces differentes. Nous nous
fommes concentcs de faire graver cclle qui eft la plus commune fur les
cotes d'Aiinis &c de I'oitou , & cela nous fuffit ici , ou nous n'avons pas
deflein de faire lenumeration des animaux de mer.
Apres ce qu'Ariftote &; divers Anciens nous one laiflc fur le mouvcmenc
progrefiif de cet animal , il feroit inutile d'en parler , dii moins pour
faire fimplement connoitre les parties par le moyen defquelks ii s'execuce ,
fi des oblervations modernes ne fembloient dctruire ce qu'ils ont avunce
fur cette matiere. M. Gandolplie ayant obfervea Marfeille des heriirons qui
marchoient a(Tez vice au fond de la mer , a cru que ce ne font point leurs
epines qui exccutent ce mouvement , mais des jambes difpofecs autout de
leur bouche qui eft toujours tournee contre le kind de la mer.
Atiftote ncanmoins a eu raifon de croire que les ourfins fe fervent de
leurs epines au lieu de jambes ; je les ai vus marcher avec ces mcmes
cpjnes , dans des circonftances ou il n'etoit pas permis de s'y meprendre ;
nonfeulemenc je les ai vus fe moiivoir par leur moyen , les ayant mis
dans des vafes ou I'eau de la mer les couvroit peu , & ou il etoit par
confequent trcs-facile de les obferver, mais ayant mis ces animaux fur nii
main, je leur ai vu executer leur mouvement progrellif avec leurs feules
epines.
Ce fait eft done certain , quelque contraire qu'il foit aux obfervations
de M. Gandolphe : cependant , comme nous ne pouvons douter de fa
bonne foi , il eft bon d'examiner ce qui a pu tromper un Obfervatcuc
habile. M. Gandolphe avoit lii apparemment dans Pline que les hcriHons ,
lorfqu'ils marchent , tournent en rond , ou qu'ils roulent fur eux-numes,
in orbem vo/yi : or ayant vu marcher des ourfins la bouche en bas , comme
ils marchent ordinairement , quoiqu'il foic probable qu'ils tournent comme
une roue lorfqu'ils le veulent , ce fait lui aura rendu fufpeft ce que les
Naturaliftes en ont rappoite : enfin , il auia cru avec fondement qu'ils
marchoient d'une maniere differente de celle dont on I'a expliquc , apres
qu'il aura ej obferve autour de leur bouche des jambes fcmblables i
celles des ccoiles j il etoic alfez natutel de peafet qu'elles fervoient a»
^ii COLLECTION
-5—;;^:;^^^^ rnemo ufage , Sc que les Naruraliftes ne les ayant pas remarqutes, aucun
Acad. RoYALE da moins n'en ayant fait mention . ils avoient attribue aux epines un eifec
DES Sciences dont elles n'etoient pas la caiife. L'erreur mcme de M. Gandolphe prouve
DE Paris. fon habiletc a obfeivet : mais apres tout , il etoit a ptopos de n'en pas
Annee nit. conclure i\ vice que c'eft pat ces ptetendues jambes que s'execute le moa-
vement ptogreflif des heriirons.
Elles relTemblent a la veiite par leur figure aux jambes des etoiles , ou ,
pour en donner une idee plus claire a ceux quine connoiirent pas ces jambes,
elles relTemblent aux comes de limacons ; aulTi ne leur donnerons nous
plus que le nom de cornes. Leur ufage elt bien different de celui qus
M. Gandolphe leur a attribue 5 loin de fervir a mouvoir les herillons , elles
fervent a les fixer, Le herilTon les emploie audi pendant qu'il ell en mou-
vement pour reconnoitre le terrein qui I'environne , comme les limacons
fe fervent des leurs , ou comme un aveugle tare avec un baton les corps
qui fe trouvent fur fa route j pour cela il allonge &c raccourcit alterna-
tivement les unes ou les autres pendant fa marche : mais la quantite de ces
cornes eft beaucoup plus grande que M Gandolphe ne I'avoit cru ; non-
feulement ils en ont , comme il la obferve , autour de leur bouche , ils
en ont entre routes leurs epines , fur toute la furface fuperieure de leur
corps. Pour faire connoitre diftindtement de quelle maniere elles y font
diftribuees , il eft necelfaire de donner une idee exadte du fquelette de
I'ourfin.
Ce fquelette ( PL XI , Fig. 7 ) eft un corps ofTeux dont la figure appro-
che fort de celle d'une portion de fphere creufe. Il a une ouverture O
fur la partie la plus elevee de fa convexite , par laquelle Ariftote allure
que I'animal jette fes excremcn?. Sur la furface oppofee a cette ouverture ,
Si qui ici eft un peu arrondie {Fig. H) > il y a une autre ouverture plus
grande que la precedente , placce vis-a-vis d'elie , & c'eft cette derniere
ouverture qui eft la bouche de I'ourfin. La furface exterieure de ce fque-
lette eft raboteufe , ou marquee de diverfes eminences , de diverfes pe-
tites inegalites, mais difpofees avec otdre : elles partagenc en quelque fa^on
tout I'exterieur de I'ourfin en dix triangles fpheriques , ifofceles , qui ont
leur fommet a I'ouverture fuperieure tk leur bale a I'inferieure. Il y en
a cinq grands T T , &c. ( Fig. / ) &: cinq petits tit it -.Is h^illon a prefque
tout par cinq. Tous les petits triangles & tons les grands triangles font
egaux entr'eux. Une petite bande triangulaire BB, moins raboteufe que
le relle, fepare chaque grand triangle de chaque petit triangle. Tous ces
triangles font herilfes de diverfes eminences , & chaque petite bande eft
percee d'un grand nombre de tious tres-dclies , a peu-pr^s de la grandeur
des points qui compofent les lignes pondtuces : ees troHS traverfent Te-
pailTeur du fquelette ; leurs ouvertures font plus fenfibles fur fa furface
interieure , qui eft unie , que fur I'exterieure , qui , comme nous avons
dit , eft fort inegale. Ces trous ont toujoursfait admirer le travail du fque-
lette de I'ourfin ; on les diftingue fans peine lorfqu'on les regarde vis-a-vis
le grand jour , mais on a ignore leur ufage : leur arrangement a audi plus
d'ordre qu'on n'y en a remarque j ils font difpofes dans chaque bande BB
^ Fig. Ill) fur differens rangs d'une maniere conftante &: reguliete. 1! y
A C A D fe M 1 Q U E.* 4ij
a deux efpeces de rangs dans chaque bande ; les nns de' deux trctis , les _____^..^
autres de quaere , pofes alternativement depuis iinedtsextrcuiitesdc la bande ~. T *
.,,,,,' ,'■ n I 1 /■ • J J < ■ J ACAD.KOYAIE
jufqu a I autre. Au rede cliacun de ces rangs , loit de deux , loi: de quatre jj^j Sciences
trous , eft incline fur fa bande , & rinclinaifon des rangs qui font aux de Paris.
deux cotes d'un meme petit triancle , eft telle que les deux rancs pris j ^ /
L r 1 J u J r • 'I • Annu 17 11.
nieme hauteur lur l;s deux bandes , le rencontreroient sils etoicnt pro-
longes dans le petit triangle qui les ftpare. Les rangs de deux rcpoiidenc
au milieu de chaque rang dc quatre.
L'cfpace renfermc par chacun dcs triangles eft aiifti comme divifc en
plufieurs parties , & cela par diverfes lignfs qui partent du trou fujic-
rieur & vont aboutir a Tinferieur ; mais au lieu que les lignes prcccdentes
font tracees par des trous delies , cellcs-ci font marque<.s par diverfes emi-
nences qui rcndent la furface du fquelette raboteule. Entre les eminences
placees (ur une meme ligne , cellcs qui font le plus prochcs de fon milim
ont plus de contour &: font plus elevees que celles qui font vers I'un ou
I'autre de fes bouts. Enfin , les eminences de diflferentes lignes font de
differentes grandeurs.
II eft bon de connoitre plus particulierement ces petites eminences,
ou ces petites apopliyfes : chacune d'elles reftemble a une mamelle M qui *
a fon mamelon m ( Fig. J ) , ou , fi Ton veut une idee plus ex.:(fte , a
une portion de fphere dent la partie fuperieure de la convexite eft en-
veloppce par une partie de fphere creufe beaucoup plus petite. C'tft fur
chacune de ces petites apophyfes que font pofees les bafes des epines des
ourfins : comme elles font un peu creufes, elles enveloppenc le mame-
lon de I'apophyfe , ou de la portion de la fphere fuperieure autour de
laquelle elles peuvent tourner en tout fens. Les plus petites apophyfes fou-
tiennenc de plus petites epines. Le nombre de ces apophyfes , ou , ce qui
revient au meme , cclui des epines eft prodigieux ; comme il y en a d'exttc-
mement petites , il n'eft guere poilible de les compter d'une maniere sure,
j'en ai trouve environ iioo.
Le nombre des petits trous qui forment les bandes qui feparent les
triangles eft aufli ties-confiderable : j'en ai compte environ 1 300 , nombre
qu'il eft bon de favoir pour connoitre combien I'ouriin a de cornes , car
chacune de ces cornes tire fon origine d'un de ces trous, & reciproque-
ment il n'y a point de trou qui ne donne naiillince a une come : elles ne
font guere fenfibles que lorfque I'animal eft dans I'eau , encore n'y font-
elles fenfibles qn'en partie. S'il marche , il fait voir fenlement quelques-
unes de celles qui font du cote vers lequel il avance ; fi au contraire if
eft en repos, on n'apper9oit que celles CC [Fig. V) qu'il a pu ou \ouIii
fixer contre quelque corps P , & qui le tiennent en quelque fa^on i
I'atlcre : il applique leur extremitc contre ces corps ; il les y colle fi forte-
ment , comme nous I'avons explique ailleurs en parlant des eroiles, que fi
on veut employer la force pour les detacher , on y parvient raremenc
fans caffer une partie de celles qui I'attachoienr. Enfin elles celTentprefque
entierement d'etre vifibles lorfqu'on le retire de I'eau ; il les atfailTe & les
replie fur elles- memes , de forte que Ton ne voir plus que leurs extre-
mices qui ne fauroienc ecre teconnoilFables qua ceux qui les one obfervees
414 COLLECTION
■*■'■" "— pendant que les cornes etoient gonflees. Dans I'etat de repos , les boucS
AcAD.RoYALE des comcs font caches eiitie les bafes des epines, au lieu qu'ils furpalFenc
EEsSciEN'CEs leufs pointes lorfque lourfin les allonge,
D£ 1 ARis. Les epines done il fait ulage le plus ordinairement pout marcher font
Annii i7ii. ^^^ environs de fabouche; comme elles peuvent s'indiner en tout fens
egalement , il pent aufli avancer avec une facilite egale de tous cores j les
epines qui font le plus proclies , & celles qui font le plus eloignees da
point vers lequel il s'eft determine d'alier , lui fervent en meme terns j
il fe tire avec les premieres EEE (^Fig, IV) & fe poulFe avec les fecon-
des KK. Il n'eft pas difficile d'imaginer comment cela s'execiite; rourfin
potce les plus procbes le plus loin qu'il peut de fa bouche , il accroche
ou pique leurs pointes contre quelques corps avec la furface defquelles
il leur fait faire un angle aigu ; & au contraire il approche de fa bou-
che , ou du deffous de fa bafe , la pointe des epines le plus eloignees, d'ou
il eft claic que loifqu'il fait effort enfuite pour ramener a foi les pre-
iTiieres , ou les tirer vers le deflus de fa bafe , & qu'il fait en meme
terns ua autre effort pout relever les dernieres ou les eloigner du def-
fous de fa bafe , il tire & pouffe fon corps en avant par ces deux efforts.
Ici il n'eft queftion que du mouvement progreflif de Tourfin lorfqu'il
raarche la bouche en bas; mais on voit en meme tems que quand il mar-
che la bouche en haut {Fig. V) , tout doit fe palFer dune femblable ma-
iiiere. Enfin il paroit qu'il peut marcher, non feulement ctant difpofe des
deux manieres precedentes, mais encore dans une infinite d'autres pofi-
tions dans lefquelles la ligne qui paffe par le centre des ouvertutes oil
font fa bouche & fon anus, eft ou parallele , ou inclinee a Thorizon fous
divers angles : je dis qu'il paroit qu'il peut marcher dans toutes ces ii-
tuations, parce que je n'ai point obfetve ces differentes adtions; mais leur
poflibilite me paroit affez demontree, parce que les jambes peuvent s'in-
diner avec une egale facilite de tous les cotes. Combien faut-il de muf-
cles pour faire mouvoir en tout fens & feparement iioo jambes, & 1 500
cornes !
Dans la Fig. IV , cc reprefentent les cornes, eee les plus petites epines
du heriffon, S<. dans la Fig. V , I reprefente une corne feparee.
Sur unc Cavcrnc dc FranAc-Comte.
-•4r' ^ pli-"ip'"'f ^^^ ge"s ne feroient pas furpris d'entendre dire que dans un
lieu foutetrein, dans une cave, par exemple, il fait chaud en hiver &
froid en ete , ils I'autont eprouve cent fois. Cependant c'eft-la un paft-
doxe pour les Phyficiens qui favent que cette experience eft trompeufe.
Que reellement il fnir nliK rli-inri rinnc uno ^ow^a or. J.rJ. ,-.,.'0.-. hi"*"" ■ •■•••-'•■■
tre la cave chaude en hiver quand on y paffe d'un air plus chaud. II n'y a
done que des Philofophes qui puiirent cere ctonnes d'une caverne de
Francha-Comtc ,
A C A D 6 M I Q U E. 415
Franche - Comtc , ou il fait reellemeiu en etc un trcs-grand froid. ^^^^^^^T^HTTT
Cette caverne eft a cinq lieues do Befan^on a I'Eft , dans I'endroic de Acad.Rovale
la Province appcUc commiinement Montagnc , & dans un bois c]iu eft au- " es Sciences
prcs dii Village de Chaiix. Elle eft au pied d'un roc clevc de 15 pieds: ^^ I aris.
elli en a 80 de hauteur ou de profondeur , 140 de longueur depnis Anncc 1711.
I'entrce jufqu'au cote oppofe , & iii de largeur. Ce ne fu: qu'au mois
de Septembre 171 1 , que M. Billerez , ProfclFeur d'Anatomie & de Bo-
tanique c;i rUniverfitc de Bcfan^on , qui a envoyc cette rdlation a I'Acadc-
mie, y defcendit pour I'examiner. Il trouva que le fond de I'antre, qui
eft plat, ctoit encore couvert de 5 pieds de glace qui commengoit a fe
fondre ,, & il vit trois pyramides de glace de 1 5 ou 20 pieds de haut ,
fur 5 ou 5 de large , qui ctoient aufli dcja beaucoup diminuces. Il commen-
^oit a fortir par Ic luut de I'entrce un brouillard qui en fort tout I'hi-
ver & qui annonce ou accompagne le degei de cette glaciere. Ccpendanc
le froid y ctoit encore 11 grand , qu'a moins d'y marcher & de s'agiter ,
on n'cLit peu y demeurer une demi-heure fans trembler, & qu'uii
thermometre , qui hors de la caverne ctoit a 60 degres , y defcendit a
10, c'ell-a-dire a 10 degres au-deftbus du ties-grand froid. La glace de
cette grotte eft plus dure que celle des rivieres, mtlce de moins de buUes
d'air , & fe fond plus dirficilement ; il y en a d'autanc plus qu'il fait plus
chaud en cte.
M. B. a trouve l.i caufe de ce phcnomene en obfervant que les terres
du voifinage, Si fur-tout celles du deftus de la voute , font pleines d'un
fel nitreux, ou d'un fel ammoniac naturel. Ces fels mis en mouvcment
par la chaleur de I'ete.fe melent plus facilement avec les-eaux , qui cou-
lant par les terres & par les fentes du rochcr, pencttent jufqus d.;iis la
grotte. Ce melange les congele precifement de la meme maniere que fe
font nos glaces artifici.lles, & ce qui eft un petit vafe dans cette ope-
ration , la grotte I'eft en grand. Des congelations ou incruftaiions pierreu-
fes qui fe trouvent fur tout vis a-vis de I'ouverture expofee au Nord par
ou il a pu entrer plus de parties nitreufes de I'air, confirment encore ce
fyftcme. On dit qu'il y a a la Chine des rivieres qui gelent en etc par
la m^me raifon.
Ohfcrvations d'HiJloirc Naturdle.
JVl. J. Jacques Scheuchzer , voyageant en 1709 dans les montagnes de
Suifte,a vu une mine de charbon de pierre formee de plufieurs couches
tellement difpofees , qu'il y a toujours alternativement une couche de
pierre & une couche de charbon. Au-delTous de la plus profonde couche ,
eft une marjie cendree pleine de coquillages , comme font les mines de
charbon d'Angleterre. U y a mcme parmi les charbons des fragmens de
coquillages blanchatres qui femblent avoir etc calcines par le feu.
M. Scheuchzer donne au Mont Gemmius , par fes obfervations, T147
toifes d'elevation fur le niveau de la mer,
Tomtlll, Panic Francoiji, Hj
4i<? COLLECTION
Pour trouver la fource des eaux falees de Bex dans le Canton de Berne i
Acad. Ro YALE ji voiiluc (aire faucet un roc; les Mineurs y ayant fait un trou , & I'un
DES Sciences ,, , , , , i u ' i r ■
CE Paris deux s en etant approche avec une lampe allumee , il en lortit une vapeur
, ' qui s'enflamma & lui btula coute la peau. La meme vapeur repouffa ceur
^nnee ijii, ^^^^ j-g^ approcherenc avec des lampes qu'ils avoient miles au bout de lon-
gues perches.
Extrait des Obfirvations dc M. Maraldi fur les AbciUes.
JL»'a b eil le prendegalement le miel& la cirefurles fleurs, rr.ais non pas
avec les memes organes. Comme le miel eft une matiere liquide qui for c
des fleurs par tranfpiration , I'abeille le fuce avec une trompe au fond du
calice des fleurs , &c elle ne va attaqu;r que celles dont le calice n'eft pas
plus profond que fa trompe n'eft longue quand elle a route fa longueur ;,
car elle fe plie en deux dans les terns oii elle ne recueille point le miel,
Cette liqueur fucee p.ir cette trompe fe rend dans une petite veffie alTez
tranfp.irente pour en lailFer paroitre la couleur au dehors. Une partie
fert a la nourriture de I'animal & fe dillribue dans fes vaifl^eaux j nous
dirons en fon licu ce que devient Tautte. Pour la cire qui eft a lapouf-
fiere des ctaniines des fleurs , les abeilles la prennent avec les premieres
de leurs fix pattes , puis la placent pour I'emporter dans une petite conca-
vite qu'elles one aux deux dernieres. Souvent eiies la compriment , la
foulent avec leurs pattes , tant pour en emporter davanrage , que pour
lui donner une figure plus propre au tranfport. Quelqucfois elles fe rou-
lent furies fleurs, lorfqu'elles font humides , pour enlever avec les poils
done leur corps eft convert de petites particules de cire dont elles fe
chargent ainfi de tous cotes. Quand I'abeille eft retournee a la ruche
avec fa recolte , ou elle s'en decharge elle-mcme dans le moment, fi elle le
peut.ou elle ne manque pas a etre aidee par d'autres.
L'intention de la recolte de la cire eft d'en faire le rayon : chaque cellule
ou alveole eft hexagone, & Ton fait que c'eft une des proprietes de ces
figures de remplir un efpace fans y lailTer de vuide entr'elles, Sc que
cette meme figure hexagone , qui a cela de commun avec le quarre &l le
triangle equilateral , a outte cela I'avantage de renfermer un plus grand
efpace dans un meme contour. Mais ce n'eft encore rien que ce choix
de I'hexagone : entre routes les manieres geometfiques dont on pouvoit
I'executer , les abeilles ont pris celle qui ecoit en meme terns la plus
fimple & la plus commode pour elles.
Quoiqu'il ne paroilFe dans une ruche qu'une agitation continuelle Sc
irrcguliere de plufieurs milliers de niouches qui volrigent au hafard j il y
a ceoendant un grand ordre , mais il faut I'etudier avec foin. Les travaux
font diftribues comme entre les caftors i des abeilles apportent de la cire
entre deux ferres ou machoires qu'elles ont a la tece , &c peut-etre y font-
A C A D 6 M I Q U E. 417
ellfls coulcr quelque liqueur qui la derrempo & ramofl'c; quelquefois ce —
four les mcniL's qui, iL- cocte cire qu'elles oiu pctriu , clevciu Ics pctits Acad. Roy ale
muis des cellules lu-xagones j quelquefois d'autres oiucettc fondtioii : mais uts bcitNCES
enfin ccUes qui cleveiu les cellules ne fonc point celles qui poliireiu I'ou- »« 1'aris.
rragw: ilen (uccede d'autres qui rendent les angles plus cxads , uniirenc Annii 1711.
& applanilTent les fuperhcies , &c. Er comme cela ne fe fait pas fans re-
trandi.r quelques particules de cire , & que les abeilles font d'une extreme
economie, il y en a qui out le foiii d'empartet ces particules. M. M. a
remarque que les abeilles qui elevent les murs travaiUent moins de tems
de fuitcque celles qui polillent. La diligence eft extreme -, un rayon dun
pied de long & de 6 pouces de large , 6c qui connent pr^s de 4000 al-
veoles , eft achevc en un jour; il eft vrai qu'il faut pour cela que routes
les circonrtances foient favorables.
Elles attatlient un rayon au haut de la ruche d'oii il defcend en bas ,
pourvu cependant que ce haut ne foit pas un couverde qui fe puifte «ile-
ver ; car li e'en eft un , elles s'en appercevront , &c iront attacher leuc
rayon ailleuts. Ce n'eftpas proprementde la cire que ce qu'elles emploient
a I'attacher, elles la menagent trop , c'eft une glu fort grolliere.
Comme les rayons font des plans perpeiidiculairesa la bafe de la ruche
que je fuppofe circulaire , s'il y en avoir un dont le bas fiit un diametre
ou unecorde entiere de cette bafe, il couperoit la ruche en deux parties
qui ne poutroient avoir nuUe communication enfemble. Les abeilles pre-
viennent cet inconvenient en ne faifant pas leurs rayons d'une fi grande
ccendue, &: en lailTanc entre deux rayons voilins un intervalle par o\l
peuvent palfcr deux abeilles de front. De plus elles lailftnt quelques ou-
vertures dans un mane rayon pour n'etre pas oblige, s a de fi grands de-
tours. •
Les alveoles des rayons font deftines a deux ufages. 1". Ce font leurs
magafuis; elles y mettent en rcferve le miel qui doit are leur nourriture
de Ihiver j car de cekii qu'elles prennent fur les Heurs , 6c qui entre dans
cette veficule dont nous avons parle , il n'y a qu'une petite partie qui fert a
leur nourriture aduelle , elles rejettent le relie quand elles font de retour
a la ruche , & en font des provifions : de p'us elles garJent dans les aveo-
les deja faits , la cire qui doit etre employee a en faire d'autres , ou fervir
a quelqu'autre ufa;^e. 2°. Les aveoles font le b«rceau de leurs petits : mais
d'ou viennent ces petits ? C'eft une des plus grandes diflicultes de cette
matiere que de le demeler.
Dans route une ruche compofee de huit ou dix mi'le abeilles , il n'y en
a peut-ctre qu'une qui fafte des petits : celle-la eft plus longue , & d'une
couleur plus vive que les autres. Elle a une allure grave & polee : c'eft cette
femelle ou mere-abeille qu'on appelle vulgairement Lc Roi. On en voic
dans une ruche quelquefois deux, tout au plus trois de cette mcme ef-
pece , & c'eft ce qui fait douter qu'il n'y en ait alors qu'une a qui appar-
tienne le privilege de la generation ; car d'ailieurs il eft conftant par les
obfervations de M. M. qu'il n'appartient qua cette efpece royale. Tout le
peuple eft condamne a la fterilite.
Le plus fouvent U mere-abeille ou la femelle fait fes petits dans de«
Hi i;
^li COLLECTION
endroics de la rache ou Ton ne peut obferver j mais qiiind par bonheur
Acad. RoYALE elle en clioifit d'autres plus expofes a la vue , il eft encore le plus com-
OES Sciences munemenc tres-difficile de la voir, parce que les abeilles tirent un ri-
E ARis. dsm au devanc d'elle. Ce tideau, ce fonc elles memes fufpendues de hauc
Anntt IJ12.. eii bas,& accrodiees les unes aux aucres par de certains petits crochets
' ■ ' qu'elles one aux partes. Elles favent faire en I'air par ce moyen relies fi-
gures qu'il leur plait. Mais enfin la mere-abeille ne s'eft pas toujours de-
robee aux yeux de M. M. Elle a ere vue fuivie d'une cour, toujours avec
fun air grave, &C allanc depofer dans huit ou dix alveoles de fuite,au-
tant de petits vers blancs qui doivent devenir abeilles. Pendant qu'elle
fait fa ponte , il paroit par certains mouvemens particuliets des abeilles
qui conipofcnt fon cortege , qu'elles lacarefTent, ou i'encouragent : apres
cell , elle fe retire dans I'interieur de la ruche , d'oii elle ne fort guere.
Par les hurt ou dix vers de fuite que la mere-abeille a fairs dans le pen de
terns & dans les circonftances oii on I'a vue , on peut juger quelle eft fa
fecondite dans tout le terns oil on ne la voir point , c'efla-dire , pendant
ptefque toute I'annee. Une ruche oii il n'y a qu'une feule femelle oa
tnere-abeille , ce qui eft le plus ordinaire , donne pendant une annee un
elfaim au moins, qui peut etre de douze ou quinze niille abeilles ; quel-
quefois il en fort deux & meine trois : cependant cette ruche eft audi
pleine a la fin de I'ete qu'au commencement du printems. 11 faut done
qu'uu nouvel eflaim , s'il eft le feul de I'annee , ne foit que la famille de
la mere-abeille , fuppofe qu'il n'y entre que de jeunes abeilles, & au cas
qu'il y en entre de vieilles , il en refte dans la ruche un nombre a-peu-
pres egal de jeunes forties de la mere , ce qui revient aa meme. Il n'y a
guere d'apparence que la femelle qui fort de la ruche avec le nouvel
elfaim air produit une parrie des abeilles qui I'accompagnent. Que s'il
fort de la ruche en un an plus dun eftaim , ce feront encore de nouvel-
les productions a mettre fur le compte de I'ancienne femelle , a moiirs
que, pour ne pas outrer fa fecondite, on ne veuille foupconner qu'elle
auia produit plus d'une femelle , qu'il n'en fera forti qu'une avec le pre-
mier elfaim, & que I'autre ou les deux antres feront reftees dans la ru-
che, & y auront fait leurs pontes. Si cela eft , une reine ou mere-abeille
pourra fortir avec tout un nouvel elfaim qu'elle aura produit, au lieu
que les reines des autres ^Ifaims proviennent communement de la meme
mere que le refte de relfaim.
11 refte a favoir d'ou la mere-abeille tire fa fecondire , 8c fi c'eft de
quelque accouplement. Il n'y a prefque point de ruche ou I'on ne trouve
des bourdons, & quelquefois jufqu'a plufieurs centaines : ils font faits
comme les abeilles , a cela ptes qu'ils n'ont point d'aiguillons &c qu'ils
font d'un tiers plus longs & plus gros (n)»; ils n'ont rien du cara6tere
laborieux des abeilles Sc demeurent abfolument oififs : ils fortent meme
(a) M. Maraldi a aufliobferve des bourdons qui n'ctoicnt pas plus gros que Ics abeilles
ouvricres : ccs petits bourdons etoient dans des rochets oil il n'y avoit point de grolfrs
cellules , & M. Mataldi foup^onne que les bourdons prennent plus ou moins d'accroiC-
fement, plus ou moins de groffcur , felon qu'ils ic trouvent dans des cellules plus
grandes ou plus petites.
AC A D E M I Q U E. 419
Fort pen de la ruche, fi ce n'clt par un ttc-s-beau terns, &c ilj y rentrent ■
piomptemenc Sc n'y r.ipportcnc rien. Ce n'eft; pas que leur vcficule ne Acad-Royaie
foit remplie de miel , mais ils font foupconnes de I'avoit derobe dans la r>ES Scienxes
ruche , parce qu'on ne Ics voit point fe pofer fur les fleurs j & quand ^^ ^ aris.
tnemc ils y en iroient prendre, ce ne feroic que pour eux, Sc non pour Annie i-jii,
I'utilite commune ; car M. M. c-n preflant leur veficuie , a vii que Ic miel
n'en fortoit point comme il fort de celle des abeiiles j ainfi les bourdons
ne peiivent le rejctter. On pourroit croire que' ces animaux feroient les
males de la grolle abeille femello, &: qu'ils ne feroient fouffetts dans la
ruche qu'a caufe que leur oidvetc feroit fuflilamment compenfee par cette
importante fonclion ; & ce qui appnyeroit cette idee, c'eft qu'cn effet a
la fin de I'ctc les abeiiles font la guerre aux bourdons a route outrance ,
les tuent, ou leschalfent de la ruche fans quartier, de fotte qu'on ne fait
plus ce qu'ils deviennent : il fembleroit que la caufe de leur n:alheur feroic
d etre devenus abfolument inutiles, parce qu'il ne s'agit plus de genera-
tion en hiver. Les abeiiles prennent routes en commun un ties grand foia
des perits qu'elles n'ont pas fairs & qui n'appaitiennent qu'a leur reine ;
dies mettent a chaque petit vet dans fon alveole quelques gouttes d'une
liqueur pour fa nourriture \ enfuite elles font a I'alveole un couvercle de
cire : ces diffcrentes operations ont leurs terns regies , & ils le font fans doute
fur lesbefoiiisde I'embrion : celui-ci ayant pris tout fon accroilTement,&: etanc
enfin devenu mouche, perce le couvercle de fon alveole, & aprcs quelque ten's
de langueur, s'envole avec lesautres. Il el1: aobferver que les abeiiles ont a tel
point I'efprit de menage , qu'elles ne veulent pas que ce couvercle perce foic
perdu ; elles en viennent reprendre la cire & la rapportent dans le ma"afiii
commun pour Ctre employee de nonveau : elles rendent en meme tenis
a I'alveole fa figure rcguliete, fi elle a ete alteree , Sc le remettcnt en ctac
de fervir encore au meme uf.ige : il y a eu cinq fois de fuite en trois
mois des vers dans le m'-me alveole.
Les bourdons viennent de la reine ou femelles comme les abeiiles : il y a dans
les rayons quelques alveoles plus grands que lesautres deftines aux vers qui doi-
vent fe changer en bourdons & a qui , par confcquent , il faut plus d'efpace.
Ces vers font pondus par la mere-abeille comme les autres & ils font trai-
tes enfuite par le public avec les m'"mes foins. Tout ell egal jufqu'a la fin do
I'cte ; mais quand ce terns eft venu ou les abeiiles di'clarent la guerre aux
bourdons, leur fureur s'erend jufqu'a ceux qui ne font encore que vers j
elles rompent les couvercles qu'elles avoient mis elles-memes aux alveo-
les ou ils font enfermcs , & les en tirent pour les tuer , & jetcer leurs petits
cadavres hors de !a ruche [a).
(a) V. la Colktl. Acad. Part. Etrang. torn. V. pag. ij?.
""Sr
430
COLLECTION
AcAE. RoYALE
DES Sciences
DE Paris.
^nnk 1712.
Sur les divcrfes reproduclions qui fc font dans les Ecrcvijfes ,
hs Homars , les Crabcs , ^c. (S' entr'autrcs fur cellcs dc leurs
jambcs 6' dc lews ccailks.
Par M. D E Reaumur.
jC\_Y ANT eu occafion d'examiner certaines cotes maritimes qui font
remplies d'une infinite de crabes, j'ai remarque nombre de ces animaux
qui avoient une de leurs grclTes jambes , plus petite que I'autre ; & en-
tte ces jambes plus petites, j'en ai trouve de tant de grolFeurs difFetentes ,
par rapport a la grolTeur de I'autre jambe de la meme paire , qu'on ne
pouvoit guere les prendre que pour des jambes de difFerens ages. J'en
voyois qui a peine commenijoient a paroitre , ou qui n'avoient pas encore
la forme de jambes; d'autires un peu plus grandes , fembloient un peu
plus developpees. ll y en avoit d'autres qui etoient des jambes tres-dif-
tin£tes , mais tres-petites : enfin il s'en prefentoit dans tous les difFerens de-
eres d'accroilfement \ Sc ce qui fembloit prouver une regeneration reelle ,
c'eft ce que les plus petites jambes, ou celles dont la figure n'etoit pas en-
core bien diftinfte , n'etoient qu'un chair moUe & non revctue , comme
les autres, d'une ecaille dure.
Le pere du Tertre avoit apparemment fait de pareilles obfervations fur
ces crabes de la Guadeloupe dont il nous a donne une hiftoire fi curieufe 5
car il alTure que , lorfque leurs partes ont ete cadt'es , elles reviennenc
au bout de I'an , ou qu'ilen revient d'autres en leur place.
Pour decider la queftion , il ne sagilFoit que de renfermer dans des
vafes ces animaux apres leuc avoir coupe une jambe pour voir ce qui
leur arriverolt , & c'eft le parti que je pris. Mes premieres tentatives ne
furent pas heureufes , la met entraina & brifa quelques-uns de mes vafes;
elle en remplit d'auttes de fable , Sc je ne revins a Paris qu'avec un doute
bien fonde ; heureufement qu'il n'etoit pas difficile de s'inftruire du meme
fait fur les ecreviifes : j'en pris plufieurs auxquelles je coupai une jambe ,
je les renfermai dans un de ces batteaux converts que les pecheurs nom-
ment des Boutiques, 011 ils confervent le poilfon en vie , & jene les laif-
fai pas nianquet de nourriture : au bout de quelques mois je visde noii-
velles jambes qui occupoient la place des anciennes que j'avois enlevees ;
a la grandeur pres , elles leurs etoient patfaitement femblables ; elles
avoient meme figure dans routes leurs parties, memes articulations OC
naemes mouvemens.
Le terns necedaire pour la produition des iiouvelles jambes, n'a rien
de fixe , c'eft un des points pat lefquels certe efpece de generation dif-
fere de celle du fojtus. Ces jambes croiffent plus ou moins vite , comme
les plantes , felon que la faifon eft plus ou moins favorable ; les jours les
plus chauds fontceux qui avancent le plus leur formation & leur accroif-
("etnent. Divctfe? autres circonftances rendent encore la nouvelle repro- ■
A C A D fe M I Q U E. 4j i
duftlon, ou plus prompte, ou plus tardive. Une des plus efTentielles eft ^
I'endroit ou la jambe a ete cifTee , ou pour me faire entendre plus ciaire- T jT
mcnt , jc dois faire renfouvcnir que les jambcs des ecrevilTes ont plufieiirs d^s Sciences
articulations ou jointures , c'eft-a-dire , que , comme nos doigts , par exem- de Paris.
pie , elles peuvent fe plier en diveis endroits , & cela , parce que les ^f!„i£ i-n
jointures ne font point, comme le rtftc de la jambe , revctues d'ccaiiles , '
mais d'unepeau flexible pkis mince que le parchemin , & d'line confiftance
adez femblable. Chaque groire jambe a cinq jointures pareilles : fi nous
Erenons pour la premiere la plus proche de rextrcmite de la jambe, on
ien celle ou eft articulee cette grolle partie compofee de deux pinces, Sc
qui eft remplie dune fubftance charnue ; fi , dis-je , on prend cette join-
ture pour la premiere , c'eft lorfqu'on coupe la jambe pr^s de la quatrieme
jointure qu'elle fe reproduit le plus aifcment ; & c'eft audi la que les jam-
bes fe caltent naturellement. Ce n'eft pas dans la jointure mcme que la
jambe fe calFe , la jointure eft recouverte dune membrane flexible & forte:
mais I'ccaille qui eft auprcs de la quatrieme jointure , entr'elle & la troi-
fieme , eft compofee de piufieurs pieces ditferentes : ce qui femble le prou-
ver fuffifamment , font deux Sc quelquefois trois futures que Ton apper-
5oit dans cet endroit : c'eft dans ces futures, & fur-tout dans celle du mi-
lieu que la jambe fe calfe : les morceaux d'ccaille y font foiblement atta-
ches enfemble , ils ne s'ent^rcnent point d'une maniere fenfible a la vue
fimple ; aulll la jambe y peut-elle etre calTce par une trts-pctite force : fi
on tient une ecrevilfe par la parte , Sc de meme fi on tient un crabe ,
I'efFort que ces animaux font pour fe retirer, detache fouvent leur jam-
be , ils la lailTent entte les mains de celui qui la tient , &: s'en vont avec
celle qui leur refte.
II n'y a point de pateilles futures aupres des autres articulations; d'ail-
leurs la jambe y eft plusgrofte, aufli ne s'y ca(Te-t-elie point. Si pourtanc
on coupe la jambe ailleurs que dans la future oil elle fe cafTe naturelle-
ment , elle s'y reproduit , quoique moins vite : mais ce qui mtrite le
plus d'etre remarquc , c'eft qu'il ne renait a chaque jambe precifcinenc
qu'une partie femblable a celle qui lui a etc enlevee. Si par exempie ,
la jambe a etc coupce dans la quatrieme articulation, c'eft-a-dire , par-
deli la future , la partie de jambe qui renait n'a que quatre articula-
tions, en comprenant celle oii elle eft jointe a la partie de I'ancienne
jambe qu'on a laiffee : fi on la coupe un peu par-dela la quatrieme arti-
culation , la partie qui renait eft plus longue , que celle qui renait lorf-
qu'on I'a coupce dans la quatrieme articulation , ou que celle qui renait
lorfqu'on I'a caftee dans la future qui eft au-delFusde cette articulation:
la nature ne rend a I'animal precifcment que ce qu'il a perdu : elle lui
rend tout ce qu'il a perdu : cependant, Ci Ton coupe une grolle jambe a la
premiere , ou a la feconde , ou a la troifieme jointure , on ne vena
guere fe reproduire une partie d'une , de deux , ou de trois jointures. Si
Ton va conliderer quelquesjours apres les ecrevilTes qu'on a ainfi niuti-
lees , on trouvera pour I'ordinaire, que Us jamhes qu'on avoir coupees
vets la premiere , la feconde , ou la troificnie jointure , fe font routes
calfees dans la future qui eft proche de la quauieme. A la vcrite j'ai va
43 i COLLECTION
""' qa:-lquefois naitre des parties de jambes qui n'avoicnt qu'une , deux ou
AcAq, RoYALE jf^jij articulations , mais elies renaiiroienc beaucoup plus leiuement que
PES Sciences qq\\q^ qyj etoieni calTces a la future voifine de la quatrieme jointure.
PE FARIS. „ . n I. 1 ■ ~ 1 J xv- /• f • I 1 " «
, ,^ Comme c ell 1 endroit ou la reproduction le rait le plus vite , arrctons-
- nuc^ 1712. ^^^^^ ^ ^^^^g jambe quia etecairee, pour raconcer les progres de la nou-
velle reprodu6tion : tout ce que nous dirons de celle-ci, s'appliquera
facilement aux autres.
Si c'eft dans le mois de Juin ou de Juillet qu'on les a cafTees, &C qu'un
jour ou deux apres on retourne obferver les changemens qui font arrives,
on voit une elpece de membrane rougeatre laquelle recouvre les chairs
aui font immediatement au bout de I'endroit coupe ; fa furface eft allez
plane , comme le feroit celle d'un linge etendu fur le bout d'un tuyau cy-
lindrique; aulli le bout de la jambe reflemble-t-il alors a celui dun tuyau d'e-
caille. Quatre a cinq jours apres , la mcme membrane prend une furface un
peu convexe, femblable a celle d'un fegmentde fphere , & apres quelqu'au-
tres jours cette figure fpherique fe change en une conique, c'elt-a-dire, que la
membrane dont nons parlous , s'allonge de fagon que fon milieu s'etend plus
que tout autre endroit defa furface & forme un petit cone qui n'a pourtant
pas pour bafe route la circonferencede I'endroit ou la jambe a cte caffee : il
femble que le milieu , &c les contours du milieu ont ete feuls poufTes en
haut : fouvent alors ce petit cone a environ une ligne de hauteur ; fa bafe
refte toujours la meme, mais fa hauteur augmente dans la fuitej apres
dix jours, elle a quelquefois trois lignes:la couleur de la membrane qui
le forme devienr blanche j ce qu'il y avoir de rouge a fon excremite fe dc-
tache.
Au refte on ne doit point fe reprcfenter ce cone comme un cone creux,
quoique nous ne I'ayons confidere que comme forme pat une membrane :
cette membrane qui en fait la furface exterieure , fert a envelopper des chairs ,
& contient deja une portion de la jambe , trcs-petite a la verite , mais fembla-
ble a celle qu'on a enL'vee a I'ecreviire ; elle lui tient lieu en partie de ma-
trice , ou fi I'on veut , elle fait par rapport a cette petite jambe la mcme fonc-
tion que le chorion , & Xamnios font par rapport au foetus j a mefure , s'il
m'eft permis de parler de la forte , que ce fa:tus de jambe croit, la mem-
brane qui I'enveloppe s'etend ; & comme elle eft aflez epaifle , ce n'eft
qu'apres I'avoir coupee qu'on decouvre qn'elle renferme cette petite jam-
be , car brfqu'on la regarde exterieurement, ce qu'on appercoit ne fem-
ble qu'une excroiftance de chair de figure conique. Au bout de douze ou
quinze jours^ cette figure change un peu, le petit cone fe recourbe vers la
tete de I'animal. Quelques jours apres le mcme corps charnu fe recourbe
davantage; le coude qu'il formoit augmente, il prend une figure afTez
femblable a celle d'une jambe d'ccrevilTe morte ou en repos. Cette petite
partie charnue eft couchee fur I'ecaille , fans lui etre neanmoins adherentej
elle ne paroir capable d'aucun autre mouvement que d'un foible mouve-
jnent de relfort, c'eft-a-dire que lorfqu'on la plie ou lorfqu'on la retire
de la fituation ou elle etoit,elle reprend naturellement & infenfiblement
fa premiere figure &c. fa premiere place. Cette mcme pattie toujours in-
fapable d'aHc^ne aiSion ^ acquiert jufqu'a fix &: fept lignes de longueur
dans
A C A D ^ M I Q U E: 45.
dans un mois ou cinq fcmaines ; mais comme la membrane qui I.i cou- 1 1
vre en s'ccenJant , devient plus mince, 3i qu'en mtme terns toutes ies a . n . .
p.iinss de la jambe deviciinenc plus marquees, en regardant de prcs on cts .Sciences
pent alors diftinguer que ce n'ell pas line limple carnolite : on demcle de 1'aris.
quciques jointuress la premiere fur-tout eft fenlible , on appcr^uit aulli Annie 171 x,
line iigne qui tait la (cparation des deux pinces dont Ics bouts forment
le fonimet du cone , ou de la petite carnolite.
La )ambe alors eft prete a naitre ou a cclorre , s'il m'eft permis de me
fervir de ces termes, a force de s'etre etendue, la membrane qui I'enve-
loppe fe dechire ; la jambe depouillce de ce fourreau paroit au jour,
elle eft encore moUe ; mais aprcs peu de jours elle le trouve revetue d'une
ccaille auffi dure que celle de I'ancienne jambe , il ne lui en manque que
la grandeur &c la grolleur , apparemment qu'elle Its acquiert avec le terns :
elle eft pour ainfi dire en age de croicre dans le temps que I'autre jam-
be n'y eft plus. Dans I'inftant da fa nailTance , elle a environ la moitie
de la longueur de la partie qui a ete emportce ; mais elle eft fort de-
lice & capable pourtanc des memes mouvemens qu'on voir faire aux plus
groftes jambes.
Nous eullions volontiers raconte jour par jour Ies accroiffemens de
cette nouvelle partie de jambe, comme d; fcavans Anatomiftes ont ra-
conte la formation du poulet, fi Ies tems des accroiflemens de cts jam-
bes ctoicnt audi regies : mais comme nous I'avons dit d'abord , une me-
me partie des jambes edot tantot plus vlte & tantot plus lentemcnt, fcr
Ion que la faifon eft plus ou moins favorable , & felon I'etat ou ctoit
I'ecreviire quand on I'a coupee ; j'ai vu des jambes calfees a la future voi-
fine de la quatrieme articulation , naitre ou eclorre au bout de trois fe-
maines ; & jen ai vu d'autres qui ne font eclofes qu'apr^s plus de liK,
Enfin celtes qui ont etc calTees en hiver, n'edofent qu'en ete; d'aillcurs
il eft difficile de demeler , mcme avec Ies meilleurs microfcopes, ce qui
arrive ici dans le commencement de la formation : ce font des parties
molles & extremement delices ; Ies ptogrcs de leurs accroilFemens ne fau-
roient etre fenfiijles , fi on ne met plufieurs jours d'intervalle entre Ies
obfervations.
Au refte, (i nous n'avons parlc que de la reproduftion des grofTes jam-
bes , ce n'eft pas que Ies petites ne fe reproduifent aufli , mais elles le
font, Sc plus rarement, Ik plus lentement.
Enfin , fi au lieu de couper a une ectcviffe une jambe , on fe contente de
lui retrancher une pince ou une parrle d'une pince , cette pince, ou cette
partie de pince , levient comme Ies jambes. Si de mcme on lui coupe Ies
comes , ou une partie de fes cornes , elles fe reparent comme le refte. En-
tre la tete & Ies grofTes jambes, immediatement au-deftus de ces deux grof-
fes jambes , elle a deux jambes plus petites, ou fi \'on veut.deux bras;
car la figure de ces deux parties eft differente de celle des jambes, &
rccreviile n'en fait guere ufage pour marcher : elles ne lui fervent appa-
remment qua approcher la nourriture de fabouche. Ces bras, ccmmeces
jambes, font compofejs de diverfes articulations; a quelque articulatioa
qu'on Ies coupe , il renait una partie femblable a celle qu'on a enle-
Tome III, Panic Francolfe. I ^
'454 COLLECTION
■II _ I J vee. Enfin la pluparc des parties de cet animal , peuvcnt (e reptoduire
,. „ conime on le verra plus patticulierement dans la fuite.
■^^L^^v-'-.fvwtc^ La reproducfbioii des queue-: de lezards n'eft pas a beaucoup pres aufll
BE Paris. complete que cclle des jambes decreville, du moms sil ny arrive rien
. , de plus que ce qu'on y a vu a I'Academie : voici ce qu'en die M. Duha-
nee 17 ii. ^^^^1 dans fon Hijtoire : D. Thevenot laurtum viridem exhibuh (16S6) die
1 i Junii : illius caudu refeciu quaji rtnajci vifa ejl , feu nova ilLi cauda
fuccreverit , feu catlum induclum fuerit ; illud additamtntum intra i i dies
penk 8 lintis auclum. Die j Julii , idem lacertus allatus ejl , atqul illius
caudam plurimum auclamfuij/e compertum ejl : hujus caudam pojl aliquot dies
refeclam , increviffe deprehenfum , fed to in loco , cartilago tan turn cava erae ,
pelle obduclu. Dijfertationem ed de re confcripfit D. Perault.
La diflertation citee par M. Duhamel , eft imprimee dans le torn. IV
des Effais de Phyfique de M. Perault. Cet Auceur y rapporte que la partie
qui s'elt engendree de nouveau , vue exterieurement , ctoit entieremenr
lemblable a celle qu'on avoir emportee, excepte qu'ellen'en avoit pas I3
^ couleur verte ; mais au dedans elle en etoic fort differente , puifquellc
Ti avoit ni lei vertebres , ni les mufcles qui etoient a la partie emportee par am-
putation , mais feuknunl au lieu de vertebres , un cartilage de la grojjeur dune
groffe epingle. Il n'y a done ici de veritable reproduction que celle des
ecailles & de la peau qui recouvroient cette nouvelle queue , au lieu que
dans la regeneration des jambes des ecrevilfes, la partie nouvellement pro-
duite eft (emblable en tout a celle qu'on avoit retranchee.
Les ecrevifTes ayant une fource fi feconde de reprodudtion , j'ai vohIu
favoir fi leurs queues ne fe reproduiroient pas comme leurs jambes : j'ai
coupe pour cela les queues en difFerens endroits , mais il n'y eft jamais
revenu de parties femblables aux parties emportees , Hi les ccrevifles font
loujours mortes peu de jours apres.
Nous n'avons point de reproduftion dans la nature qui paroide plus
reffembler a celle qui fe fait dans les ccrevifles , que celle de rejettons
que poulTent les arbres aupres des branches coupees. Ce qu'elles ont de
commun pourroit fournir matiere a ceux qui aiment a trouver de I'ana-
logie entre les plantes & les animaux : cependant tout confidere de pr^s 5
il y a beaucoup de difference entre ces deux produ6tions ; chaque rejetton
eft lui-meme une plante entiere , & les parties qui renaiflent aux ecre-
vifTes ne font que femblables a celles qu'on leur a otees , elles occupent
la meme place , au lieu que les rejettons viennent aupres de I'endroit qui
a ete coupe : enfin , outre qu'il eft dangereux de fe fier aux raifonnemens
fondes fur une analogic , car on peut trouver de I'analogie par-tout ,
c'eft que la formation d'une partie capable de mouvemens volontaires ,
eft encore pins difficile a concevoir que celle des plantes.
Il refte pourtant un rapporr que nous avons deja indiquc entre la pro-
duiSbion des rejettons des arbres , He celle des [ambes des ecreviltes ,
c'eft qu'elles s'achevent I'une & I'autre plus promptement dans certaines
faifons que dans d'autres. Si nous vouions appeller I'inftant de la nailfance
de chaque jambe , celui ou elle fe degage de la membrane qui I'envelop-
poit j une jambe qui naic en cte , un mois , ou cinq femaines apres que I'an-
A C A D 6 M I Q U E. "4,5
cienne jambe a ete coupce , feroit dans uiie autre faifon plus de huit ou
neuf mois a fe reproduire.
Cell uu fait done il n'ell: pas fi difficile de rendre une bonne raifon,
que de la generation meme de la partie ; cat quelle que foit la caufe
formacrice , s'll m'ell permis d'ufer d'un terme ft obfcur , elle ne peut agir ,
ou plutot fairs pouircr une nouvelle jambe , que dans le terns ou elle
trouve alTez de matiere pour cela : or , quoique les ccrevilTes foient des
animaux carnailiers & voraces , elles mangenc peu , ou ne mangent point
du tout pendant fept a huit mois de I'annee ; elles ne font pas en etat alors
de fournir les fucs neceiraires a de nouvelles produdtions ; c'eft beaucoup
qu'elles puifTent foutenir leur vie pendant I'hiver, elles s'alfcmblent plu-
lieurs dans un mcme trou, qu'elles abandonnent rarement avant le prin-
tems ; elles commencent alors a fe promener , mais elles ne tachent guere
d'attraper , pour fe nourrir , des poiffons ou des infedtes d'eau , que
quand la chaleur fe fait fentir.
Le tilTu ferre de I'ccaille dont elles font revetues , empeche apparem-
ment qu'il ne fe falFe cliez elles une tranfpiration considerable : elles tirenc
affez de I'eau pour reparer la perte qu'elles font de ce cote-la ; auffi d^s
qu'elles prennent des alimens plus folides , non-feulement elles ont les
fucs ncurriciers que leur confervation Sc leur accroiiremenc demandent ,
mais elles en ont encore alFez pour fournir a de nouvelles productions.
C'eft probablement lefurplus de ce fuc nourricier qui eft employe tous
les ans a former une nouvelle ecaille a chaque ecreviile : il n'y en a point
qui ne fe depouille de I'ancienne , les unes plus tot, les autres plus tard ,
mais jamais avant le mois de Mai , ni apres celui de Septembre , c'eft-
a-dire toujours apres avoir recommence a manger. Avant de la quitter ,
elles celTent cependant encore de prendre de la nourriture folide pendant
quelques jours , comme fi elles fe trouvoient trop pleines ou trop prelTces
par leur ancienne ecaille , ou comme fi elles connoilToient qu'une diete v
de quelques jours , diminuant un peu le volume de leurs chairs , detache
en mime tems I'ancienne ecaille de celle qui s'eft formee dclTous, fi nous
pouvons cependant donner le nom d'ecaille a une membrane epaille, mais
encore molle.
On trouve fi frequemment des ecrevifles molles pendant I'ete , qu'il eft
peu de gens qui ignorenc qii'tUes changent d'ecaille. Divers aiiteurs one
parle de ce fait ; mais comme perfonne , que je fache , ne nous a decrit com-
me fe fait le changement d'ecaille , on ne fera peut-ette pas fache que je
le raconte.
Il eft aife de le prevoir deux ou trois jours avant qu'il arrive ; fi Ton
prede avec le doigt , ou la gcande table d'ecaille qui couvrc la tcte Sc
une parcie du dos de I'animd , ou quelqnesunes des petites tables qui
couvrcnt la queue , on lent qu'elles plient ; ii'etant plus (outeiiues par les
chairs en ditfcrens endroits , elles cedent a une predion alfez legere.
Pour bien voir comment les ecreviifes fortent de cette enveloppe dure,
j'ai voulu les confiderer dans leur element meme , & pour cell j'ai ar-
range des pots perces au bord de la riviere de Marne qui pall'e le long
de mon jatdin. Les ecrevilTes que j'ai mifes dans ces pots y avolent cour
1 5 'J
AcAD.ROYALB
Dus Sciences
DE Paris.
AnnU lyli.'
ACAD.ROYALE
DES Sciences
DE Paris.
Annie 1711.
\Y- COLLECTION
tinuellement de I'eau nouvelle , audi elles s'y font dc'pouillees bien plirt
vice que celles que j'avois fait tranfporter dans mon cabinet dans des vafes
pleins d'cau. Cependant les pteliminaires etoient les memes & dans la
riviere & dans mon cabinet.
Quelques heures avant de fe depoiiillet , 1 ccrevifTe frotte fes jambee
les unes contre les auttes , les remue chacune feparement & fans chan-
cet de place j elle fe renverfe fur le dos , replie fa queue, pais s'etend j
elle aoite fes comes, Sec. tous mouvemens qui tendent a donner a cha-
'cune de ces parties un peu de jeu dans leur fourreau. Apres ces prclu-
,des , elle gontle fon corps plus qu'a Totdinaire : alors la premiere des
tables qui recouvre la queue paroit plus ecartee de la gtande table qui
recouvre la tete & que je nommetai le cafque , quoiqu'elle recouvre
aulTi I'eftomac & d'aucres parties. La membrane qui joint ce caf-
que avec la premiere table de la queue fe dechire , & Ton voir paroicre-
le corps de Tecrevilfe qui eft d'un brun fonce , aulicu que la vieille ecaille
eft d'un brun verdatre. C'eft a cette derniere couleur que Ton reconnoic
les ecreviffes qui n'ont pas encore mue \ plus elles tirent fur un brun verd
6c fale , plus elles font proches de la mue.
L'ecreville ne travaille point a fe defaire de fon ecaille imrnediate-
ment apres la rupture de la membrane dont j'ai patle; elle tefte quelque
terns en repos , puis recommence a agiter fes jambes & routes les ad"
tres parties ; enfin elle gonlle & fouleve les parties reconvertes par le
cafque. Ce cafque s'eleve , s'eloigne de I'origine des jambes & fe decolle.
La membrane qui le tenoit tout le long du ventre fe dechire, & il ne
refte attache que vers la bouche. On voit deborder autour du cafque la
partie Ju corps qui en etoit recouverte auparavant. Lorfque I'operation etoic
a ce point , il ne falloit plus a recrevifte qu'un demi-quart d'heure ou un
quart d'heure pour achever de fe dcpouiller fi c'etoit dans la riviere; mais
dans mon cabinet elles etoient plufieurs heures en travail , & comme elles
etoient moins a leur aife , il leur eft arrive de s'y donner tanr de mou-
vemens , que le cafque fe detachoit entierement , au lieu que dans la riviere
ie cafque eft toujours refte attache du cote de la bouche.
Le cafque etant fouleve a un certain point, on voit fon bord s'eloigner
de la premiere des tables de la queue : I'ecreviffe tire alors fa tete en ar-
riere, elle degage fes yeux de leurs etuis, & d^gage en mcme tems ub
peu toutes les autres parties du devant de la tete. Les jambes font aufli un
peu retirees en arriere , elles fuivent le corps , car il n'y en a qu'une paire
qui foit articulee par de la le cafque. Enfin I'ccrevifle fe gonflea divetfes
reprifes, &: retire fon corps en arriere; elle depouiHe ou une des groftes
jambes , ou toutes les jambes d'un cote , ou une partie de celles d'un cote ;
quelquefois celles des deux cotes fe degagent en meme tems , car ceci
ne fe pafTe pas d'une maniere uniforme dans toutes les ecreviffes; elles ne
trouvent pas toutes une egale facilite a degager les jambes femblablement
placees; il y en a de fi ferrees dans leurs gaines , qu 'elles y reftent &: fe
rompent. J'ai vu plufieurs ecrevifies, fur-tout des jeunes, mourir dans ce
travail de la mue : elles ne fe donnent pas toutes les memes mouve-
mens i on en voit qui fe contentent d'agiter doucement leurs jambes, d'au-
ttes les frottenc aflez fort les unes contre les autres j toutes recourbenc
A C A D £ M I Q U E. ^^7
fouvent leur queue. J'en ai vu qui pendant cette operation etoient fur le ■ '
cote , celles-ci fe tiroient d'affaire plus vice , d'autres etoient fur le ventre a ii
& d'autres fur le dos : ces dernieres font celles dont il pciit le plus. cf 5 Sciences
Quand les jambes font degagees , I'ccrevitie retire de delTous le cafque de Paris.
& fa tete & les autres parties qu'il couvroit ; elle fe donne audi tot un ^^/^jf^ 17 12.
mouvement en avant, ctend brufquement fa queue, puis la retire, &c
par ce dernier mouvement elle abandonne tout fon ancien etui , apres
quoi elle rcfte dans une extreme foibleiTe. Toutes les jambes font fi molles
qu'etant' expofees a fair elles fe plient comme du papier mouille , fur-
tout aux endroits des articulations. Cependant fi Ton touche I'ecrevilTe
immcdiatement aprcs qu'elle s'eft dtpouiUce, on fent fon corps plus dur
qu'il n'eft naturellemcnt , mais ce ii'eft pas I'enveloppe , c'eft la malfe
entiere des chairs qui eft dure fans doute par I'eftet des convulfions vio-
lentes dans lefquelles font alors les mufdes.
Au refte, quand le cafque eft une fois fouleve, & que recreviffe a com-
mence de degager fes partes, rien n'eft capable de I'arreter. J'en ai quel-
quefois retire de I'eau dans cet etat , me propofant de les conferver a
demi-dcpouillces ; elles achevoient malgre moi de muerentremes mains:
j'avois beau leur prelfer le corps , elles ne lailFoient pas de titer leurs
jambes de leurs fourreaux peu a-peu, mais avec vigueur : elles etoient
fouvent entidrement depouillces avant que j'eulfe eu le terns de les jetter,
foit dans I'eau-de-vie , foit dans le vinaigre ou j'avois dellein de les faire
perir : quelquefois mcme celles que j'ai jettees dans ces liqueurs fi difFe-
rentes de I'eau , ont acheve d'y muer.
Avant que I'ecrevifte change de peau ou d'ecaille , il fe fait chez elle
une mue encore plus finguliere ; c'eft celle de fon eftomac. Ce fait
avance par Vanhelmont , a etc verifie par M. Geoffroi le jeune , qui a
en efFet trouve un nouvel eftomac , lequel enveloppoit I'ancien , & qui
a reconnu que cet ancien eftomac devenoit la proie du nouveau. J'ajou-
terai ici mes obfervations a celles de M. Geoffroi. L'eftomac de I'ecre-
viffe, (P/. XXIII , Fig. I), eft muni de trois dents, dont celle du milieu B
eft d'une figure diffcrente des deux autres D D. Ces trois dents font fou-
tenues pat trois cartilages \ le refte de l'eftomac, c'eft-a-dire, ce qui
fepare ces cartilages les uns des autres, eft membraneux. Ayant ouverc
quantite d'ecrevilles dans le terns de la mue , j'ai irouve dans I'eftoinac
de quelques-unes, fix dents au lieu de trois : de ces fix dents, trois etoient
blanches & adherentes a des cartilages blancs,qui faifoient partie du fond
de l'eftomac : les trois autres etoient brunes ou noitartes, & ne tenoient
point au fond de l'eftomac. Quelquefois j'ai trouve ces dents toutes de-
tachees les unes des autres ; quelquefois elles fe tenoient encore par une
portion de membrane jaunatre, qui etoit fans doute un refte de I'ancien
eftomac, comme les dents noiratres etoient les anciennes dents : le nou-
vel eftomac travailloit a I'aide des nouvelles dents, a digerer & les an-
ciennes dents & les reftes de I'ancien eftomac.
La depouille quittee par rccrevilTe , paroic elle-mcme une autre ecre-
vlffe. La piece que j'ai nommce le cafque, n'etant plus foutenue & ^tant
adherente vers la tete, rctombe dans fa premiere place. Si Ton examine
■en detail cette depouille ou ce fquelette, on voit qu'il n'y manqi;e rien
458 COLLECTION
==r:rT de ce que I'ecrevKTe a de cartilagineux & d'otTeux, excepts les dents de
iicAD.RoYALE I'eftomac & les deux pierres connues du vulgaire fous le nora d'yeux
DES Sciences d eccevilFes. Un grand nombre de patties, qui par leiir figure & leur pofi-
DE Paris. tion, p,euvent etre appellees des vertebres , y reftent toutes, & Ton y re-
Annh nil. trouve jufqu'a ce cartilage qui occupe ordinairement le milieu des chairs
de la parte , jufqu'a ces poils qui bordent en maniere de frange le bout
& les cotes de la queue , lefquels fervoient de gaines a d'autres polls
femblables qui fe trouvent aux memes endroits dans I'ecreviire nouvelle-
ment depouillee : il en eft de meme des poils que quelques ecreviffcs one
fur I'ecaiUe des jambes.
Il eft alfez difficile de concevoir comment toutes ces parties fe feparent
de leurs tourreaux ; mais elles commencent certainement a s'en feparer
avant que lecrevilte y travaille, & cela a I'aide d'une matiere glaireufe ,
tranfparente comme de I'eau , qui s'infinue entre I'ancienne ecaille & I'en-
veloppe membraneufe deja fotmee deflous, & leur donne la facilite de
glider I'une fur I'autre. J'ai trouve des pieces continues de cette matiere,
auftl grandes que le cafque j elles etoient extremement minces & fans
couleur; comme je n'y ai apper^u aucunes fibres, je ne leur donne pas
le nom de membrane.
Les grolTes jambes des ecrevifles ne fe tirent pas de leurs fourreaux comme
les autres parties ; la grofte extrcmite de la patte elargic fon chemin a
/ mefure quelle fe retire en arriere j ce qui eft facile aux endroits des
articulations, oii il y a des membranes qui peuvent fe dechirer comme
celles qui retenoient le cafque ; mais chaque partie comprife entre deux
aiiiculations , forme un etui d'ecaille qui ne paroit nullement flexible:
celui qui eft entre la feconde & la troifieme articulation , eft le plus long
& le plus etroit. La fuite de ces etuis ecailleux reunis par les articula-
tions , forme un fourteau continu qui eft compofe de deux pieces a-peu-
pres egales , lefquelles peuvent fe feparer , & fe feparent en effec
leloii leur longueur dans le travail de la mue : elles s'ecartent allez pour
laiffer fortir la jambe par le cote, apres quoi elles fe rejoignenc par leur
reirort. La matiere gluante dont nous avons parlc ci-devant, les coUe,
& peut-etre audi les membranes qui ont ete dechirees.
L'enveloppe membraneufe &c molle dont 1 ecrevifte eft reftee couverte
apres la mue, fe durcit ordinairement en deux ou trois jours, & j'en ai
vu acquerir en 14 heures route la durete de I'ancienne ecaille. La promp-
titude avec laquelle cette ecaille fe durcit , eft remarquable , & la voie
que la nature emploie pour lui donner cette durete , I'eft encore davau-
tage , au moins fi ma conjecture qui a ete auffi , fi je ne me trompe ,
celle de Vanhelmont , eft aufli bien fondee qu'elle me le paroit, & (i
elle eft fuffifamment confirmee par mes obferv.itions. Je regarde les deux
fiierres que Ton nomme impropremenr yeux d'ecreviffe , comme les re-
ervoirs de la matieie qui fert a durcir I'ecaille. On fait qu'on ne trouve
pas en tout tems de ces pierres aux ecrevides ; on peut fuivre leurs dif-
ferens degrcs d'accroilTement en ouvrant des ecrevilFes en differens etats;
jamais ces pierres ne font plus grolFes que quand I'ecreviire eft prete a
uiuer : on les trouve auiTi dans celles que Ton ouvre immediatement apres
la nrne. Mais H Ton ouvre une ectevilTe le ietidcmain de fa mue , od
A C A D fe M I Q U E. 4,^
rrouve les pierres plus petites qu'on auroit cru, & on ne les trouve plus ^^
dans lecrevilTe, dont I'ccaille nouvelle a acquis toute fa durete. N'eft- Acad. Royale
il pas naturel de croire qu'alors ces pierres font difTuutes, & que leur ces Sciences
fuc pierreux a dte porte & depofc dans les interftices que laKToient en- "^ I'aris.
tr'elles les fibres dont I'enveloppe membraneufe ctoit compofee ? Cette Annk 17 ii.
enveloppe etant durcie a un certain point, n'admet plus de ces parties
pierreufes \ aitfli fa durete n'augmente plus; il ne paroit pasnon plus que
iecaille augmente dans la fuite en epaifTeur , & peutitre meme ne cioic-
elle en aucun autre fens, peut-ctre enfin eft-ce la la vraie caufe de la
mue qui arrive tous les ans ; cat le corps de I'ecrevitre continuant de
croitre , doit a la longue forcer fon enveloppe qui ne croit plus, & s'en
plus grande en tout fens, que le fourreau qu'elle a qu
J'ai mefure des comes ou antennes & des jambes, avec les foutreaux
dans lefquels les unes &: les autres avoient ete logees , &: ces fourreaux
ctoient toujours plus petits , quoique ceux des jambes eudent du s'allon-
ger pendant la mue, par la rupture des membranes dont j'ai paile.
Les cornes ou antennes qu'il m'etoit plus aife de mefuter exadement,
furpalToient au moins d'un cinquieme la longueur du fourreau qu'elles
avoieiit quitte.
Mais il s'enfuit audi de-la que I'accroifTement de Tecrevide eft lenr,
puifque cet animal ne croit chaque annee que de la difference de volume
qui fe trouve entre fa nouvelle envtloppe & I'ecaille qu'il quitte.
Cette mue annuelle eft commune aux ecrevides , aux ferpens & a quan«
tite d'infedes, fans parler de ceux qui fe metamorphofent, & dont la
plupart fe depouillent d'une peau , meme dans les etats qui precedent un
changement de figure. Les araignees quittent audi leur peau , & cette
mue a beaucoup de rapport a celle des ecrevides ; car les araignees one
pres de la tete , deux pattes plus courtes que les autres, que quelques-
uns ont regardees comme les bras de cet infede , &: qui font, comme
celles de recrevide, plus grofles a leur extremite qu'a leur origine. Enfin
s'il eft vrai , comme le penfent les Anatomiftes., que lepiderme de la
plupart des animaax n'ait aucuiie organifation , & ne foit qu'un fuc
epaidi , cet epiderme ne fauroit croitre , & nous ne pouvons croitre
rous-memes fans nous en depouillet ; mais cet epiderme tombe infenfi-
blement par petites ecailles , & non pas tout a la fois comme la peau
des araignees & des ecrevilfes , parce qu'il eft plus mince & plus fracrjle.
Les ecrevides qui ont mue depuis peu , ont I'ecaille plus blanchatre
ou d'une couleur moins foncee que les autres : quelquerois leur ^caille
paroit rougeatre , & c'eft lotfqu'elles muent en plein midi , dans des jouts
fort chauds & dans des endroits oil il y a peu d'eau. On fait que la cha-
leur de I'eau bouiliante fait prendre une couleur rouge a la peau bleue qui
eft au-dedbus de I'ecaille des ecrevides ; un moindre degre de chaleur
ne donne a la meme peau qu'une teinte rougeatre. L'eau de vie a donne
i mes ecrevides nouvellement muees , la meme couleur que leur eut donne
le feu.
440 COLLECTION
Acad Royale
DES Sciences
DE Paris.
Awiii i-jii.
;^»
B O T A N I Q U E.
Sur la nourriturc dcs Planus-
L A vegetation des plantes eft plus obfcure que celle des animaux : il eft
facile de decouvrir qu'elles tirent les fucs de la terre par leurs racines ;
mais aprcs cela tout le refte eft alfez cache , on ne fuit pas la route de ces
flics comme celle du fang , & les vailTeaux qui les portent ne font pas vi-
fibles &: vifiblemcnc diftribues comme des vaiiTeaux fanguins. Enfin I'ln-
certitude eft telle , que Ton doute fi c'eft principalement par I'ecorce ou
pat la moelle , ou dans les plantes qui n'ont pas de moelle , par la par-
tie liwneufe , que la plante fe nourrit.
I. L'opinion commune a ete jufqu'ici pour I'ecorce ; mais M. Parent
I'avoit deja attaquee dans I'Hiftoire de 1 709, par I'exemple d'un orme
des Tuileries qui vecut & produiiit des feuilles quoiqu'il fit entierement
depouille de fon ecorce depuis le pied jufqu'aux branches : il y ajoute pre-
fentement d'autres experiences & de nouvelles reflexions.
II. Il a vu dans le jardin du Luxembourg quatre ormes a qui , dans le
deftein de les faire petir , on avoir enleve I'ecorce jufqu'au vif a une petite
hauteur de terre , fans leur en lailfer que peu vers le haut du tronc , 8c
Rieme a un des quatre , point du tout : ils vivoient cependant depuis quatre
a cinq ans, & pouftbient des fleurs & des feuilles.
III. Le platane & le liege fe depouillent de leur ecorce & en repren-
nent une nouvelle a la maniere des ferpens. Dans ce palTage ce n'eft pas
I'ecorce qui nonrrit I'arbre , & parconfequent ce n'eft jamais elle ; ce n'eft
pas non plus la nouvelle ecorce, encore nailfante & trop foible.
IV. le fureau, la vigne, &:c. ont beaucoup de moelle & peu d'ecorce j
ces arbres en vieilliflant fe remplilfent de fibres ligneufes en dedans & a
la place de la moelle : la moelle eft done propte par fa nature a former
des fibres ligneufes , & par confequent a fournir au bois fon fuc nour-
ricier ; &: il eft vraifemblable quelle le fournit effedivement , puifque le
tems d'e la diminuiion de la moelle eft I'epoque de la vieilleffe de I'arbre.
V. Les greffes ne fauroient prendre qu'elles ne foient jointes au corps
ligneux de I'arbre ; c'eft done ce corps ligneux qui les nourrit.
VI. Si I'ecorce nourrit I'arbre , c'eft d'elle que part la nouvelle fub-
ftance ligneufe qui fe forme j & fi au contraire c'eft le tronc , c'eft da
lui que part la nouvelle ecorce. Or on trouve fous I'ecorce des vieux
ormes des couches qui ont ete les dernieres formees. Il ne s'agit done
plus que de favoir fi elles appartiennent a I'ecorce ou au tronc : dars le
premier cas , le tronc les aura , pour ainfi dire , donnees a I'ecorce ; dans
fe fecond I'ecorce les aura donnees au tronc. M. Parent pretend qu'elles
?.ppattiennent a I'ecprce , 8c parce qu'elles font quelquefois enrieremenc
''* detachees
A C A D E M I Q U E. '^4,
dctachees du tronc, quoi^jue fortement coUces les unes aux Amtts Sc i^— — — «»«
paice qu'clles font parfaitement de la nature de cette ccorce fine ou par- T T"
chemin qui eftfoiis Iccorce grofliere. On voit encore pbs clairement dans dTs'scL^nVes^
le palmier de la Cliine, que ce parchemin ferr a former Iccorce ; car ce de Paris.
nell qu'un tilTu rcticulaire qui, ccar,t dctirc 6^ etendu felon fa lart^eur, ^nnie 171 1,
relTemble a une toile fort claire ; & fi on le tire fuivant fa longueur
il s'en fait une efpece de ruban cotonneux trcs-ferre & tres-fort done les
Chinois le fervent comme de qprde. Cette efpece de tilTu ne convient pas
au corps ligneux qui ne paroic cere qu'un amas de fibres longitudinales
pofces en cylindre les unes contre les autres.
VII. La pluparr des nosuds qu'on voit parcir do la mocllc des arbres,
& qui font fouvent recouverts de fibres ligneufes, nijirquent que les bran-
ches tirent leur origine Sc leur nourriture de la moclle.
Malgre tout cela M. Reneaume perfilte dans la penfee que Tecorce eft
plus importance pour la nourritute de I'arbre , que la moclle ou la partie
ligneufe qu'il n'exclut pas cependant de cette fonttion : il en avoit donne
pour preuve dans I'Hiftoire de 1709 , les arbres creufcs & caries i qui il
ne refte de bois dans leur tronc que ce qu'il en faut pour foutenir I'ecorce ,
& qui ne laiffent pas de vivre 8c de produire. II rcpond maintenant aux
principaux fairs allegues contre fon opinion.
Des parties d'un arbre feparees de leur tout , peuvent emporter avec
elles une provilion de fuc nourriffier qui les fafle veg^eter, fort dilferentes
en cela des parties des animaux qui ont toujcurs befoin d'etre unies a leur
tour. Ainii des branches de fureau , de faule , &c. cjupces, poudent des
feuilles & de petites branches fans etre mifes en terre : quelquefois des
morceaux de bois qui paroilFent fees en font autant. Il faut alors que I'air
echauffc a un degre convenable , fubtilife & agite les fucs qui etoienc rcftcs
en depot dans ces parties mortes en apparence. Cette adtion de I'air eft
fort fenfible dans cercaines plantes bulbeufes qui ne pourroient venir de ^
graine que tresdifficilement ; car fi on vcut en avoir des graines qui n'a-
vorcent pas Sc foient utiles , il faut conper les tiges 8c les fufpendre en
I'air un cerrain terns , aprcs quoi les graines qu'on tire de ces ti"es font
bonnes : c'eft que les fucs de ces plantes , trop epais & trop gluans pout
s'lnfinuer dans les vallfeaux dclicars des graines qu'ils devroient develop-
per, ont befoin d'etre attcnucs Sc fubtilifev par I'air. Si des branches cou-
pces vegetent, a plus forte raifon celles qui font encote fur I'arbre, Sc
qui ne peuvent jamais etre audi parfaitement privees de nouveaux fucs •
car quand il n'en montera plus p.ir I'ecorce qui aura ere retranchce , &
qu'on fuppofe qui leur en fournilloit en plus grande quantite, elles en' re-
cevront encore par la p.irtie ligneufe, & fur-tout par I aubier , qui eft
ce qu'il y a dans cette partie de plus tendre , de plus recemment forme &
de plus femblable a I'ecorce. Ainfi I'orme des Tuileries vegeta fans ccorce
pendant tout un cte en vertu de cette provifion de fuc qu'il avoit gar-
dee ; mais il vegeta plus foiblemenr, comme M. Parent lui-meme en
convient , Sc lorfque fa prcvifion auroit eie epuifee , il ne pouvoit man-
quer de perir. Par la meme raifon une ente d'olivier (<j) a qui on a en-
(a) V. la Collcc. Acad. Pare. Francoifc, topi. II, pag. gj;.
Tome 11/ , Panic Francoifi. K 5
44i COLLECTION
; leve clrculairement trois a quatre doigts d'ecorce , porte dans I'annce an-
i\cAD RoYALE 'le'^us "^^ ccc endroic des fleurs Sc des fruits; d'aucant plus que cet arbre
DES SciHNCEs eft bit huileux meme dans la fubllance de fon bois , &' que des fucs de
BE Paris. cette efpece , fe tiennent plus facilemenc en referve : il doit meme por-
ylnnie ^^'' dans I'annee beaucoup plus de Hcurs &: de fruits qua lordinaite, pre-
^ ' cifement parce que les fucs font en moindre quantite, Sc par confequenc
plus attenues; car tous les Jardiniers favent que la trop grande abondance
de la feve eft conrraire au developpement des bourgeons qui contiennenc
les -ermes des fleurs &c dts fruits.
M. Reneaume allegue en faveur de fon opinion I'obfervation fuivante :
Aux environs d Aix & de Marfeiile, quand un olivier eft ufe & qu'on
compte I'abattre dans quelques annees , on a un moyen de le forcer au-
paravant a donner tout ce qu'il peut renfermer de fruit , & qu'il n'auroic
pas donne de lui-meme. On enleve circulairement d'une de fes jcunes
branches, avec un couteau a deux lames courbes &c paralleles , alTemblees
fur un meme manche , un bon pouce d'ecorce que Ton remplace par une
piece d'ecorce fembl.ible, enlevee avec le meme couteau d'une branche
cgale en groffeur d'un jeune olivier franc, & que Ton a foin d'orienter
fur la vieille branche comme elle etoit fur la jeune. Celle-ci peril les an-
nees fuivantes, G on ne I'a point coupee, & la branche du vieil olivier
ainfi entee , porte du fruit tres-abondamment : ici c'eft I'ecorce qui fait
tout, elle eft la caufe unique de la nouvelle vie que reprend la vieille
branche , Sc la jeune a qui on I'a arrachce, languit & meurt en fort peu
de terns.
A I'ecard des quatre ormes du Luxembourg cite's par M. Parent , M,
Reneaume les ayant examines par lui-mcme, a trouve que dans celut
qui piroilToit n'avoir point d'ecorce vers le haut du tronc, il etoit refte
des fibres de I'ecorce interieure ou lihr , lefquelles communiquoient avec
I'pcorce qui alloit aux branches. Ces fibres oii avoir coule tout le fuc def-
tine a I'ecorce qui n'etoit plus , avoient apparemment nourri & fait v^ge-
ter les branches de I'arbre ; & de plus par I'abondance de la nourriture
qu'elles recevoient , elles s'etoient fortifiees au point qu'elles commen-
^oient a faire une nouvelle fubftance ligneufe. D'autres fibres dii meme
liter plus jeunes , 8c qui peut-etre ne s'etoient formees que depuis le re-
tranchement de I'ecorce , faifoient un nouvel aubier entierement fepare
& des premieres fibres Sc du corps ligneux de I'arbre. Cet aubier commen-
5oit deja a etre revetu d'une nouvelle ecorce peu epaiffe. Le Jardi-
nier qui voyoit que fon arbre fe faifoit malgre lui des reffources pour vi-
vre , abattit quelques unes de ces nouvelles produftions, & M. Reneaume
en fit voir une a I'Academie : il en refta d'autres qui faifoient encore
vegeter Tarbre , & M. Reneaume a prouve par des exemples qu'il faut
peu d'ecorce ou de /il>er pour cela, M. Maraldi a rapporte qu'une ente dt
prunier ayant ete catTee , de forte qu'elle ne tenoit plus que par une par-
tie de I'ecorce & enfuite relevee Sc foutenne , elle avoir produit du bois,
des fteurs Sc des fruits par les fucs qu'elle recevoit de ce feul petit refte
d'ecorce, & quoique la partie ligneufe rompue fe fut cariee.
De cette mtme obfervation dei'orme du Luxembourg, M. Reneaume-
A C A D 6 M I Q U E. '445
pent conclure que c'eft; I'ecorce ou le I'li'cr qui forme I'aubler ; & ■— ^
comme I aubicr til le dernier bois forme, tout le bois eft <ionc forme Acad.Royale
du ither ou de I'ecorce. pes Sciences
II f.iut concevoir le liber comme compofe de plufieurs couches cylin- ^^ Paris.
driques &: concentriques, dont le tilTu eft reticulaire, & dans quelques Annii 171 1.
arbres reellement extenfible en tout fens , parce que les fibres qui le tor-
ment font molles & fouples. Tant qu'elles font en cet etat , ou elles font
creufes &: font de vrais canaux , ou fi elles font folides , leurs interftices
font des canaux. Le fuc nourrilfier qu'elles resolvent inceflamment & qui
s'y arrcte en partie , les fait croitre en longueur & en grolfeur, les afFer-
mit & les approche les unes des autres. On peut fuppofer que les fibres
longitudinales font celles qui croilfent le plus. Ainfi le tilfu qui etoit reti-
culaire n'eft plus qu'un compofe de fibres droites pofees verticalenient &:
parallelement les unes aupres des aucres , & en un mot c'eft une fubftance
ligneufe. Ce changement eft plus grand dans les couches du iibtr les plus
proches du dernier aubier , & par confequeht c'eft la couche la plus in-
terieure qui eft la premiere a s'y coUer & a devenir un aubier nouveau.
On pourroit oppofer a certe idee que cette couche la plus intctieure eft
la plus mince , & par cette raifon ne paroit pas la plus avancee , la plus
developpee & la plus difpofee a fe convertir en bois. Mais M. R. rcpond
que les autres ne font plus epailfes que parce qu'elles font moins dcvelop-
pees & compofees encore de plufieurs couches qui n'ont pas eu le tems
de fe feparer par leur accroilTement.
Sur la fin de I'automne le Uhcr eft deja adherent a I'aubier , (Sc en hi-
ver on ne Ten detacheroit qu'avec beaucoup de peine, Les fucs epaillis
& par eux memes & par la dillipation des parties aqueufes qu'iis con-
tenoient, font la glu que la nature emploie pour cet cftet.
Tant que I'aubier conferve queique moUelfe & quelque fouplede , &
qu'il tient encore un peu de la nature de I'ecorce , il peut foutenir la ve-
getation pendant quelque tems ; mais quand il eft devenu abfolument
bois , il n'y peut plus fervir. La vegetation des jeunes branches eft la plus
vive, & la feule qui aille jufqu'aux fieuts &: aux fruits, parce qu'elles
ne font prefque que de I'ecorce.
A mefure que la fubftance ligneufe du tronc devient plus ligneufe , la
mocUe eft relferree & comprimee, & enhn a tel point, que dans certains
arbres elles'aneantit. De la M. R. condut qu'elle n'eft pas fort importance
pout la vegetation , puifque fon ufage n'eft pas perpetuel. Comme elle
eft fpongieule , il croit qu'elle peut fervir a recevoir les humiditcs fuper-
flues qui tranlfudent par Ics pores des fibres ligneufes ; & fi par I'exces
de ces humiditcs , ou par quelqu'autre caufe elle vient a fe pcurrir t<.
a fe gater , comme il arrive affez fouvent aux ormes , \t% arbres ne laif-
fent pas de croitre & de vegeter j preuve alfez forte du peu d'ufage de la
moclle.
Voila en gros la mechanique de la vegetation des plantes , felon le fyf-
teme de M. Reneaume. Si on entroit dans un plus grand detail, on y
mettroit aufti plus de conjectures & plus d'incertitude j on iroit jufqu'aux
Utricules , aux infettions & aux trachees , patties des plantes que de graiids
444
C O L L E C T I ON
m — i— Auteurs, a la verite, one voulu etablir & qui poiuroient exlfter, tnais
Acad. RoYALE qu'^ f'^i" avouer qu'on ne voit giiere avec les meilleurs microfcopes ,
DES Sciences qu'autant qu'on a envie de les voir.
D£ Paris.
Aunee 1 7 1 1 . ~"~ '
Ohfcrvations touchant la nature des Plantes 6" de ^uelques-iines
dc lews parties cachees ou inconnues.
Par M. Marchant [a).
Jl\.v mois de Fevrier 1708, j'avois fait couper dans mon jardin un petis
erable qui nuifoic a queiques plantes , &c dont le tronc avoit environ ttois
pouces de diametre , lequel on fcia a quatre pouces au-deffus de la furface
du terrein : ce tronc jetta pendant I'ete beaucoup de feve j fur la fin du
niois d'AoLit , j'appercus au couionnement de cette fouche , c'eft-a-dire ,
fur le plan horifontal de le partie fciee de cet arbre , un amas de vingt a
vingt cinq tuberculss difFereminent fitues , dont les plus longs n'avoient
qu'environ un demi-pouce de haut, a-peu-ptes de la figure d'une petite
olive , ayaiit une futface polie de couleur brune.
Sur ces apparences , je crus que cette produdlion pouvant etre quelque
efpece de champignon, je detachai un de ces tubercules, & I'ayant exa-
mine j j'appercus que fa furface etoit fort poreufe 5 mais le prelLnt , il n'en
fortit que fort peu d'humidite , car il etoit ferine & folide , quoique fpon-
gieux : je I'ouvris , & confiderant fa partie interne , je n'y pus remarquer
qu'une fublbance blanche compofcede fibres ferrees & difficiles a diftinguer.
Queiques jours apres , ayant fait reflexion qu'on ii'appergoit point de
pores fi vifibles fur les champignons, je jugeai que ces pores pouvoient
conduire a quelque nouvelle decouverte , qu'on ne pouvoit peut ctre faire
alors a caufe de la jeunetfe de ces plantes que je continual d'obferver, &
que je vis croitre jufques vers la fin du mois de Novembre fans y pouvoir
jien decouvrir de nouveau j ce qui me fit croire qu'elles n'etoient pas en-
core en leur ctat de perfeftion , & qu'elles pourroient paffer rhiver,fi on
les couvroit de groffe paille ou litiere , ce qui fut fait.
Au mois de mars 1 709 , ayant decouvert ces tubercules , je trouvai qu'iJs
avoient encore vegete : les plus grands avoient alors depuis un pouce juf-
qu a un pouce & demi de hauteur fur fix lignes de diametre , & lis etoienc
a-peu presronds; d'autres etoient informes , & comme avortesj plufieurs
d'entre les plus gros etoient eleves fur des queues de differentes longueurs :
en ayant fortement prelfe queiques- uns enire les doigts , je les trouvai dnrs
& folides, & j'appercus que le tronc fur lequel i!s avoient pris nailfan-
ce , etoit entierement fee, & ne paroiffoit plus leur fournir aucunenourri-
ture.
Alors je les detachai tous avec une portion du bois fur lequel ils etoient
intimement attaches & comme unis : la plus gtofTe touffe de ces plantes,
[a) V. ColIciS. Acad. Part. Francoife, z vol. pag. -jiC, un autre Memoire dc M»
Marcliant fur queiques vegetations partkulieres.
A C A D E M 1 Q U E. 44j
formoic un grouppe de quinze a vingt vegetations C (Fig. I. PI. XIII ) qui ,, , .
avoient quelque relTemblance avec des doigts mai attangcs & de diticren- ^^j-ad Rovale
tes longueurs : elles fe touchoient les unes les autresaleur bafe , &c seten- des Sciences
doient fur les cotes : elles etoient irrtgulierement terminees , les unes en de Paris.
maniere de cone, les autres en pointe arrondie ou applatie ; la plupart Annk i-fii
etoient horifontalement ferrc-es par deux lignes circulaires qui les environ- '
noient en maniere de jointures de doigts , un peu courbes en dedans , clia-
cune compofee de trois parties qui avoient qutlque rapport aux phalanges
des doigts du pied. Leurfurface exterieure ctoit devenue une peau mince,
coriace , & dure , de couleiir noiratre , irregulicrement ciiagrinee &c ridee ,
& en regardant de pres , on y decouvroit une infinite de pores A ( Fig. II ) ,
& B { Fig. Ill) dont les embouchures etoient environnees de mame-
lons, ou eminences rondes en rofette , gercees fur les bords C ; & j'en-
trevis dans pludeurs de ces pores, des filets trcs-fins que je foupconnai ctre
les feuilles ou les etamines des Heurs delTechees de cette plante.
Je coupai verticalement.plufieurs de ces plantes ( Fig.If^) , & je trouvai
que les pores dont on vient de parler, repondoient a des cavitcs a peu-
pres rondes, & enduites d'une couche de couleur noire D ( Fig. IJ^) , &
E (Fig. V) : ces cavites etoient dans une fubftance blanche, dure & fi-
breufe F ( Fig. I ) dont la direction des fibres partoit du centre en mon-
tant vets la circonference G ( Fig. IF) , & cette fubftance occupoit tout
Je dedans de ces plantes.
Pour lots je conjectural que les mamelons poreux, ou eminences en
rofette ci-devant decrits , pouvoient ctre les calices des fleurs de cette
plante , &c que les graines fe tronveroient dans les cavites auxquelles re-
pondoient les petits pores fitues au milieu de ces rofettes; je les y chtr-
chai avec beaucoup de foin j Sc meme dans la fubftance blanche , j'y appli-
quai une bonne loupe , mais tous mes foins furent inutiles alors ; j'aban jon-
nai done cette recherche jufqu'a une occafion plus favorable , en ferranc
foigneufement ma plante , comme etatit une chofe curieufe que je n'avois
point encore vue , (S: qu'aucun Phyficien n'avoit examinee.
Quelqiies mois apres je repris mon champignon, 8c confiJcrant atten-
tivement fa furface interne, je remarquai que dans plufieurs de ces plan-
tes que j'avois ouvertes , on voyoit au bord de la coupe du plan verti-
cal, que la grande quantite de cavites noires qui etoient ci-devant vuides
D {Fig. lK),E[Fig. F) , etoient alors routes remplies dune matiere
noire qui ne paroilfoit faire cju'iin corps continu dans chacune de ces cavi-
tes H [Fig. f^) , ainfi qu'auroient fait des grains de poudre a canon range's
)res les uns des autres ; mais ayant regarde cette matiere noire avec une
oupe , je trouvai qu'elle confiftoit en un amas de graines noires trcsme-
nues , ferrees les unes contre les autres I ( Fig. V) , & qui etant fcparees
L ( Fig. f^) avoient quelque relfemblance au graines de la vanillc , mais
infiniment plus petites , Si moins luifantes.
M. Marchant finic par exclure cette vegetation de la clalTe des cham-
pignons , & par en faire un genre de planres tout nouveau , qu'il nomme
Litophyton urrcjlrc d'apres certains rapports, qu'il a cru voir entrc cette
ycgetation &: les litophytes , qui cepeadant ne- Ibnc p:i5 des plantes. Au
r,
44(J COLLECTION
— ^;::::^^^^ refte , rien de mieux que les confeils qu'il donne a ceux qui fuivetit ces
Acad. Ro YALE ("oites de recherches : il veut des yeux clair-voyans , de bons tnictofco.
DES Sciences pesj uii, certain catonnement ; des conftirurions d'air variees ; divers etats
DE Paris. d'accroiffetnen: j difterens degres d'humiditc , de fechereire , &.'c.
Annii 1 7 1 1 . .
Obfcrvations fur la (Iruclurc & I'ufagc des principalis parties
des Fleurs.
Par M. Geoffroi le jeune.
_|_jE s Heurs pour la pluparr font compofees de feuilles ou petales de dif-
ferentes formes Sc de differences couleurs , d'un calice qui ieur fert d'en-
veloppe , d'une petite tige creufe qui s'eleve du milieu des feuilles qu'on
appelle le piftile j &c enfin, de quelques filets qu'on appelle etamines ,
termines par de petits corps de diff'erente ftriidure qu'on nomme fom-
™ets (a). _ -IT
L'experience fait alfez voir que toutes ces parties fervent a la naif-
fance , &: a la nourriture du fruit & de la graine , d'ou depend la produc-
tion de la plante.
Il eft done vrai de dire que dans les ptintes qui font des corps organi-
fes comme ceux des animaux , les fleurs repondent aux parties qui
dans ceux-ci font deftincesa la generation j mais pour I'ordinaire la nature
a renfermc dans une meme fleur toutes les parties qui doivent contribuec
a la confervation de I'efpece , & qui etant feparees dans les animaux ,
forment les differens fexes. Il y a des fleurs a la verite ou ces parties fexuel-
les font audi feparees comme dans les animaux ; Sc c'eft de-la que les Bota-
taniftes ontece forces de diftinguer certaliies plantes en males 8c femelles
fans enfavoirbien la raifon ; mais feulement parce qu'ils voyoient que les
unes portoient des fleurs qui n'etoienr fuivies de rien , & que les graines
ecoient fur des pieds differens : on a depuis appelle les premieres , fleurs
a etamines ou chatons , Sc les autres fleurs a fruits {b). ^
Les chatons dont I'ufage a toujours ete aflez ignore , font les parties
males, comme les fleurs a fruits font les parties femelles. Dans certaines
plantes les chatons font tellement fepares des fleurs a fruit, qu'ils fonc
fur differens pieds; dans d'autres ils fe trouvent fcparcs fur le meme pied,
& dans tout le refte les chatons , & les fleurs a fruits font reunis dans la
meme fleur, comme j'efpere le demontrer par la fuite de ces obfervations.
Commencons done par demeler quelles parties des fleurs tiennent le pre-
mier rang dans la produdion des graines. A enjuger par les appaiences,
les fleurs par Ieur beaute , Ieur ftruaure,le vif eclat & la variete de leur
couleur, I'agreable odeur qu'elles repandent , pafTetoient pour ce qu'il y a
(a) V. la figure di toutes ces parties dans la Planche I des EUmens de Botanique
dc M. Touinefort , & leur defciiption au commencement de ces mcmes EUmens,
(b) Y. les mcmes EUmens, pag. j4« & la Pi, XXXI.
A C A D 6 M I Q U E. 4^7
de phis confidcrable ; c'eft en effec ce qui occupe le curleux qui neglige _______„„
tout L rcfte : mais ie Phyficien en doit jueer autrement. Quand on confi- ~, 7,
J/ \ c w \ a 11 « 1 ACAD.ROYAI.E
dere qu'-les teuiUcs des Heurs ne portent nun en elles-mcmes de rcmarqua- m^j Sciences
ble ; qu'elles font fuuees autour des autres parties , comme pour leur fervir de Paris.
d'enveioppes & de defenfe; qu'eiles tombent dcs que le fruit vient a fe j
nouer ; on revient bien ailcinent d'un tel prcjuge. Pour le caiice qui eft en- """■ ' 7 ' '•
core plus exterieur que Ics feuilles, que peut il ctte qu'une premiere enve-
loppe dcs parties ellcntielles de la fleur ? ll ne nous refte done plus a exami-
ner que les etamines furmontces de leurs fommets, & le piftiie qui ren-
ferme en foi les embryons desgraiiies dont il elt comme I'ovaire.
Ces filets d'ctamines 8c leurs fommets paroiffent fi peu confiderables
dans les fleurs , qu'on ne les regarde que comme des vaiffeaux excretoires
propres a feparer ie furplus du fuc deftine a la nourriture du jeune fruit.
Mais a les examiner de plus prcs , &c a voir la conformite qu'ils ont avec
les fommets des chatons dans les plantes que j'appellerai males, on a couc
lieu de juger que ce font veritablement les parties males des plantes.
En effet , ces fommets font des capfulesou veficulesqui ctant venues a un
certain point de maturite, s'enttouvrent &c verfent une poulliere de diffe-
rente configuration felon la difference des plantes , & qui par les obferva-
tions que j'ai faites, m'ont paru contribuer a leur generation comme par-
ties elfcntielles.
Dans la plupart des plantes , comme dans le lis, dans la tulipe , ces
petits corps font attaches aux diamines , qui font ces filets qui partcnt
du caiice ou des feuilles de la fleur.
Dans quelques fleurs tubulees , ou dont les feuilles font formces en
tuyau , comme dans Ie narcifle , la digitale, la primevere , ces etami-
nes font tres-courtes, & dans quelques-unes meme il n'y en a point du
tout, comme dans I'ariftoloche longue ou les fommets font attaches im-
mediatement a la capfule qui renferme les fruits.
Dans les fleurs a flsurons , a demi-fleurons , ou radices , les fommets
font enveloppes ou caches dans les etamines qui fe reuniiTent en forme de
gaine , comme on peut I'obferver dans le bluet, les chardons , la laitue ,
la chicoree (a) ; car dans ces fleurs il part de la feuille du fleuron , ou du
demi-fleuron dans I'endroit ou il commence a s'evafer , cinq filets ou
etamines qui , fe reunillant, forment un petit tuyau comme une efpece de
gaine garnie par dedans de ces fommets ou capfules remplies de pouf-
fieres : le relte de la cavite eft occupe par le piftiie qui eft un petir filet pole
furl'embryon de lagraine. Lorfque la fleur ne fait que commencera s'epa-
nouir , le filet refte encore cache dans la gaine ; mais a mefure que la fleur
s'augmente, ilcroit, s'allonge , & en meme tems les fommets venant a
s'ouvrir, lui font jour entr'eux , & il paroit enfin liors de la gaine charge
de la poufliere que les fommets y ont repandue.
Ces capfules font pout I'ordinaire membraneufes (i) , mais dans quel-
(a) V. Ics Elcmcns Botaniqucs, PL 11 & III.
{b) V> Ics El^insns 4« Botani^ue, PI. IV.
44S COLLECTION
...^..^ cfues plantes aromatiques, comme dans le romarin , la fauge, le thym,'
AcAD.RoYALE elles font for: dures.
DEs Sciences II y a des varietes infinies a obferver Air ia forme de ces capfules , fuc
DE Paris. le nombre , fur la maniere done elles s'ouvrent , qu'il feroit crop long de
, , rapporter ici : mais comme ces varietes font toujours conftantes dans clia-
■Ai.nu 7 . ^^ efpece , on ne doit point les negliger dans les caradteres des plantes
tires des fleurs , puifque de routes les parties des fleurs, e'en ell une des
plus elTentielles.
La difference qui s'obferve entre les pouflieres de differentes efpeces
de plantes , n'eft pas moins grande , foit pour la couleur , foit pour la
grolfeur, foit pout la figure
II y en a de daires , & meme de tranfparentes comme du cryftal ; telles
font celles de I'erable , du meliante , de la bourache , & de la cigue \ de
blanches , comme celles de la bedfamine , & de la jufquiame j de bleues ,
comme celle du lin ; de couleur de pourpre , comme celles de quelques
tulipes \ de couleur de chair , comme celles de quelques efpeces de Lychnis ;
de rouges , comme celle du ^eum a fleur rouge , quoique M. Greu affure
n'en avoir jamais vu de cette couleur ; mais la plus grande partie eft jaune ,
& d'un jaune plus ou moins fonce.
Il paroit cependant que la couleur des pouflieres vatie dans la mcme
efpece fuivant la couleur de la fleur , & quelquefois les pouflieres dans
une meme fleur font de differentes couleurs , ce que j'ai obferve dans
celle de I'oeillet des champs.
Il feroit difficile de decrire routes les figures differenres de ces pouflie-
res; car, quoiqu'elles paroiflent aux yeux , fouvent plus fines que de la
farine , cependant chacun de ces petits grains a une figure regulicre de-
terminee & conllante dans toutes les fleurs d'une meme efpece \ & je n'ai
point remarquefur cela de variete confiderable : il eft vrai que quelques-
unes de ces pouffieres changent un peu de figure en fe deffechant : c'eft ^
pourquoi celles du cucumis filvejlrii prifes fur la fleur fraiche, paroiffeii:
d'abord rondes comme de petits globules , &: quelques momens apres elles
prennent la figure de noyaux de dattes , avec une rainure dans leur milieu a
mefure qii'elles fe deffechent.
Dans la plus grande partie des fleurs , ces pouflieres ont une figure
ovale plus ou moins pointue par leurs extremites , avec une ou plufieurs
cannelures dans leur longueur \ en forte que vues au microfcope , elles
reffemblent affez a un noyau de datte, a un grain de bled, a une feve de
caffe, ou a une olive : telles font celles du poUgenatum , de la bugle , de
la bryone, de I'anacolie, du tithymale.
Celles du millepertuis ( fi^. I. PL XF) paroiffenr de petits ovales en
maniere d'olives , pointus par leurs extremites, un peu renfles dans leur
milieu.
Celles du nielilot(/';^. //) paroiflent des cyllndres ou des rouleaux avec
une rainure dans leur longueur.
Celles de la penfee ( Fig. Ill ) font des prifmes a quatre faces irrcgu-
lieres , un peu tranfparens qui , felon leur pofition , reprefentent differentes
figures.
Celles
A C A D & M I Q U E. 44<)
Cellt'S tie la boiifradic {Fig. I^) fonr audi des rouleaux , mais ils fciu »^
etranelts dans leut milieu &: eclairtis dans leur lontiueur en trois ditfifreos a . d„, ..,.
, '~ J . , . " ACAD. IVOi ALE
eiidroics , comme par aucant de points lumineux. j3£5 Sciences
Cellesde la grande confoude ( /"/§■. /^) reprefencent fort bien deux bou- de Paris.
les de cryftal etroitement coUces I'lin i I'autre. Annk 171 1, '
Celles de I'erable ou fycomore { Fig. VI ) reprefentent deux cylindres
pofesen croix, I'uii plus court que I'autte.
Celles du lis ( Fg. Fil. ) (oiu en olives polnrues par les exttemitcs, cha-
grinees en leur furface avec une raiiuire dans leur longueur.
Celles de la joncquille ( Fig. yill) font en forme de rein.
Celles de remephere de Virginie ( IX ) font de la figure d'un grain
d'orge.
Celles du ricin ( Fig. X) font des figures ovoides , chargees d'une rai-
nure dans leur longueur.
Celles de I'acanthe ( Fig. II ) font oblongucs , arrondies par les extte-
mitcs, & chargees auffi d'une rainure dans leur longueur.
Celles du genet d'Elpagne ( /"ig. .X'//) paroilfent oblongues, arrondies
dans leurs extremites , &C chargees de deuxefpeces de rainures, ou de deux
eminences lumineufes.
Celles de la tubereufe ( /"/'j'. JV///) font oblongues , renflees dans leur
milieu en maniere de piifme a trois faces.
Celles de la pyramidale , & des autres efpeces de campanelle ( Fig[XlV) ,
font prelljui ronJes, tranfparentes, Sc chargees en leurs furfaces de quel-
ques Icgeres eminences & un point lumineux au centre.
Celles de la Heur de la pallion {Fig. XV) font aulli prefqne rondes,
incgaies dans leurs furfaces.
Celles de I'oeiilet fauvage ( Fig. Xll) font rondes , taillces a facettes.
Celles du gcranum , & quelques - autres efpeces ( Fig. XVll ) font tonr
des avec un efpece de nombril comme on le voit a la pomme.
Celles du potiron ( Fig XKlll) font rondes, chargees de petites poin-
tes elevees , fort courtes,
Celles du cattka , du corona foiis ( Fig. XIX)&i d'une partie des fleurs ra- •
dices , font de petites boules iicrilfces de polls fort courts.
Cellesde Va.ihxa frutifccm , de la m.uive , ilu. convolvulus ( Fig. XX)
font des globes herilfes de pointes alfez epailles & fort aigues a leurs ex-
tttmites.
Ces poullieres font reprefentees ici grollies au microfcope ; quclques-
unes paroilfent fort dures , d'autres font tendres Sc tres-aife-js a ecrafer j elles
contiennent toutes beaucoup plus de matieres fulfureufes que les ai.tres
parties de la fieur ; aulli ont-elles beaucoup plus d'odeur. Celles du lis fonc
rellement chargees d'huile , qu'elles graiflent le papier dans lequ-.l on les
lient entermees, comme sil avoit ete huile. Les pouHieres de la pluparc
des plantes aromatiques nagenc dans une huile elfentielle , ou efpece de
tctcoenihine liquide. D'autres paroilfent enveloppees dune refine feche
du licopodium ,oa mufcus urreftris clavatus ; car ii Ton fouffls cette pouf-
fiere a travers la Hamme d'une chandelle ,elle s'alhime de mime que fi i.'e-
pitde la refine en poudre. Quelquas-auttes poulfieres comme celles de I4
Tome HI , Parcii Frungoi^c, L 5
DE Paris.
AnrHi 1711
\^<s COLLECTION
fumeterre , paroifTent enveloppees d'un peu de matiere mucilagineufc ;
Acad Roy ale ^"^* ^°"^ '"' g'"^"^^* qii'elles s'attachenc a tout ce qii'elles touchent , &
DES Sciences ^" effet qu'on ne peuc qu'a peine les feparer les unes des autres.
Ces petites graines ne fe dilFoIvenc cependant, ni dans I'eau , ni dans
riuiile d'olive , ni dans I'huile de terebenthine , ni dans I'a/'prit de vin ,
pas meme a I'aide dii feu. Les trois dernieres liqueurs en tirent bien
quelque teincure, mais qui ne change point, ou que tres-peu la figure
du grain.
Quelques-uns one pretendu que ces grains de pouflieres n'etoient que
des particules de cire ou de refine. Pour voir ce qui en etoit , je les
ai fait bouillir dans de I'eau; ils ne s'y font point fondus , & en les
fiiifant chauffer fur le feu dans une cuiller , ils s'y font brCiles & reduirs
en charbon fans fe fondre ; d'ou il paroit que ces petirs grains de pouf-
ficre font de petits corps d'une ftrudlure particuliere , & qui gardent ,
comme je I'ai dit,une forme conftante dans chaque efpece de Heurs.
PaiTons a I'txamen de I'autre partie elfenrielle de la Heur , qui en oc-
cupe ordinairement le centre, &c qui comprend le piftile oii font ren-
fermes les embryons des graines, foit dans fa bafe, foit dans route fa
longueur. I! prend fon origine du pedicule de la fieur, ou du centre du
calice, & devient par la fuite le jeune fruit qui eft tantot cache dans le
calice, & tantot tout-a fait dehors. La figure en eft tres differenre dans
un grand nombre de fleurs; c'eft quelquefois une petite tige qui s'elargic
par fes deux bouts en forme de pilons, quelquefois c'eft un filer : il y
en a de ronds , de quarres, de triangulaires, d'ovales , de femblables a
un fufeau ou d'autres faq:ons. On peut voir diffcrcntes figures de ces pif-
tiles dans les prenaieres planches des EUmtns dc Bntanique.
Prtrfqce tous les p ftiles font g.irnis a leur extrcmite de petits polls tres-
delies , qui fonr commc un veloure, on- de petits filamens difpofes en
panaches ou en aigrettes ; ou bien ils font parfemes de petites veilies
plc'ines d'un fuc gluant. On peut o'nferver ce veloute fur le haut des
piftiles de la fleur de coquelicot , de la populago , de la gentiane , de
la campanelle. On remarque ces panaches & ces aigrettes au haut du
piftile ilu bled, a I'extremite des piftiles de la fleur de vigne , de vio-
iette i^: de la plupart des fieurs legumineufes. Les veficules paroiflenc
tres dlftinftement au bout des piftiles du lis & du convolvulus.
Il y a des flsurs dans hfquelles on remarque plufieurs piftiles, ou done
les piftiles fe terminent en plufieurs cornes qui prennent naiifance Air
autant de jeunes fruits, ou qui partent d'autant de differehtes capfules^
qui renfermenc les graines, foit que\chaque capfule ne contienne qu'une
feule grains, foit qu'elle en renferme plufieurs : ainfi dans le titliymale,
la toute-faine , on remarque trois piftiles & aurant de capfules de graines.
Dans I'ancolie & dans la fraxinelle , cinq ou fix. Dans le lis &c dans la
tulipe, il n'y a qu'un piftile; mais il forme a fon extrcmite une triple
tete qui repond aux trois celiules des graines qui partagent le fruit. Dans ■
\i potiron , on n'obfetve de meme dans la fleur femelle qu'un feul pif-
tile qui fe fubdivifc a fon extremite en plufieurs taes echanctees dans
A C A D 6 M I Q U E. 451
lear longueur ; &: ces ditfJrentes tetes repondent aux cellules dcs graines ■■" '
du jeuiie fruir. Acad. Roy alb
Tous ces pilules , quclques ngures quils ayent , ont qiielques ouvenures bej Sciences
a leur extreinitc , ou quelques tentes qui continuCHt dans route leur Ion- de Paris.
gueur jufqu'a leur bafe ou aux enibryons des graines : c'cft ce qu'on ap- j„„J, i j
per^oic tres-aifemenc dans le lis, dans le narcide , dans la Heur de gre-
nade, & particuliercmenc dans le potiron en fendant ces piftiles felon
leur longueur , ou Ics coupant tranfverfalemenr.
Si apres avoir coupe le pillile du lis , on eji plonge une extrtmite danj
I'eau , & fi on fuce par I'autre bout, on y fera moiiter I'eau de la meme
maniere que dans un chalunieau tr.sdehe.
Pour pen que Ton veuille fe donner la peine d'ouviir les pifliles danj
leus diftcfens ctats d'accroiiremenc , on reconnoitra tres- dilhniftement
qu'ils forment les jeunes fruits, & qu'ils n.nferment au-dedans d'eux
les embiyons des graines , foit que ces graines foi;nc tepandues dans 0
route la longueur du piftile, foit qu'elles loient renfermees dans fa bafe,
il erttoujours ouvert a fon extremice, & perce plus ou moins fenfible-
ment julqu'a fa bafe. Souvenc cette cavite s'efface a proportion que le
jeune fruit grolUt ; quclqujfois meme une partie du piftile que M. Mal-
pighi nomme le lUle , ou I'aiguiUe, fe delleche & tombe. Cependanc
dans plulieurs fruits, la cavite B , (PL XI F, fig V & f^i ■,) qui con-
tient le piftile & les etamines, ne lailTe pas de fe conferver, &i meme
de fe rendre trcsfenfible , comme on peuc Tobferver dans les poires ,
dans le* pommes, & principalemenc dans celles de calville, [PL XIT ,
Fig. F & FI).
Voili ce qu'on remarque dans les plantes dont les fleurs contiennent ,
pour ainfi dire , les deux fexes leunis. Les msmes cliofes s'obfervent fe-
par.'ment dans les plantes oil ils lont fepares , c'eft-a-dire, oii Ics fom-
mets font d'un cote, & les embryons du fruit de I'autre, tantot lur le
meme pied, tantot fur des pieds ditfeiens. Tel eft le ponron qui porte
fur le meme pied des Heurs Iteriles que Ton nomme communemcrnc faulfes
rteurs, & que je nomme flours males, & des Heurs a fruits que I'oa
nomiiie fleurs nouees , & que je nommerai Heurs remclles.
Ces deux fortes de flturs font compolces de feullles d'une feule piece
en clo-he , evafees & decoupees en plufieuts parties fur leurs bords.
Du centre de cetre cloche , dans la fleur male , s'elevent plulieurs
branches qui fe rcuniirenc, & forment un corps qui devitnt par lafuite,
de figure cylindrique, charge a fa furface de fommets B, ( PI. XF y
Fig. XXI , ) qui ferpentent d'un bout a I'aure : ces fommets font des
corps partagcs dins leur longueur par une cloifon mitoyenne en deux
cavitcs , ( /'/^. A'A7/ (S- A'^Y/y/ ). ^
Lorfque cette fleur eft djns fon etat de perfedion , ces fommets s'ou-
vrent fcloiA leur longueur, en deux demicanaux, {Fig. XXIII, ) d'ou
s'echappe une pouffierc tres-fine qui ell portee fur les Heurs femelles pour
les feconder.
La fleur femelle couronne la tete d'un embryon de fruit A, {PL X.F,
Fig. XXIK ,) qui ne fe voir point aux Heurs 'miles. Du fommet de
Li ij
'45* COLLECTION
' cet embryon, s'cleve en maniere de pyramide renverfee ,'un corps B B ,
AcAD.RoYALE S"' ^^ ^^ piftile qui fe divife en plulieurs lobes fairs en coeurs C, avec
DEs Sciences un fillon trace dans ieur longueur, & heriffe de poils courts, propres a
DE Paris. accrocher & retenir les poullieres que la fleur male repand.
Annee 171 1. Si on coupe ce piftile tranfverfalement dans fa panie la plus etroite,
on y trouvera autanc de canaux DD, ( Fig. XXV , ) qu'il y a de di-
viiions B B a f a tcte. Ces canaux vont repondre a autanr de cellules qui
renferment chacune deux ordres de femences rangees dans un placenta
fpongieux , ( Fig, XX l^, ) (J marque le fillon qui divife chaque tete du
piftile B B en deux globes.
On compte entre les plantes done les chatons fe tronvent en des en-
droits fepares des fleurs a fruits fur le tncme pied , outre le potiron , le con-
combre,le melon, la courge, le bled deTurquie , la larme dejob.'le toutne-
fol , 1 ambrofie , le noyer , le noifettier , le charme , le chene , le hetre , le fa-
^ pin , le pin, I'aune, le cypres, le bouleau , le cedre , le genevrier , I'if , le
miirier, le plarane.
Entre celles dont certains pieds portent des chatons fans fruits, & done
certains autres pieds portent des fruits fans chatons , font comprifes quel-
ques efpeces de palmier ; le faule , le peuplier , la mercuriale , le chan-
vre, I'cpinard , I'ortie, le houblon.
Nous n'avons pas befoin ici d'un plus grand detail , il s'agit feulemenr
d'examiner I'ufage des parties que nous venons de decrire.
Premierement , pour ce qui regarde les fommets & la poufliere donr
lis font remplis, il eft evident que ce ne font point des escremens de la
fleur , puifque des la premiere conformation , on commence a diftinguer
ces grains de poalliere tous formes & renfetmes dans les fouimets auflitot
que ces fommets font affez fenlibles pour cela.
On les voir meme s'accroirre &: fortir des boiirfes qui les renferment,
lorfqu'elles ont acquis un certain degre de maturite : d'ailleurs on les trouve
dans les chatons, & on ne les remarque point dans les fleurs a fruits^
en forte que dans cette fuppofition , les plantes qui ne portent que des fleurs-
a fruits n'auroient point d'excrernens.
11 fautdonc dire que ces fommets font deftines a un p'us noble ufage,
& qu'ils doivenc etre regardes comme la principale caufe de la feconditc
des plantes.
C'eft ce que je vais appnyer de trois obfervations. La premiere , qu'iJ
n'y a prefque point de plante connue qui n'ait fes fommets & fes pouflieres,
foit dans la meme fleur, foit en differens endroits du meme pied, foir
fur des pieds fepares.
La feconde , que quand ils fe trouvent joints dans la meme fleur avec
les piftiles, ils font toujours difpofes de maniere que I'cxtremite du pif-
tile recoit necefliiirement les poullieres qu'ils repandent.
La troifieme , que les embryons de: graines , ou avortent , ou deviennenr
infeconds , s'ils font pvives de ces poullieres.
Je dis qu'il n'y a prefque point de plantes dans lefquelles on ne trouve
des fommets tic des pouflietes , foit fur le meme pied, foit fur des pieds
fepares. Je ne parle point des plantes aqu^itiques, ou marines, quoique
A C A D E M I Q U E. 45^
ODies les obfervafions de M. Marchant fur les fleurs Si les graines des 1 1
Jungus , &c. il y a tout lieu de prcTumer que les plantes marines one Icurs a,-, j, P o-- aif
llcurs & leurs fruits a leur maniere , de niL-me que les terrcflres. des Sciences
Pour ce qui eft des plantes terreftres , il n'y a guere que les cliampi- de Paris-
gnons, les truffes, les moulfeSj ceriaines efpeces de capiliaires, & quel- j4nnii 171 i,
ques autres ou il ne paroiffe point de fommets garnis de leurs poullieres ;
cependant j'ai demontre dans les tiuffes des corps qui m'ont paru pouvoir
ctre les graines , &: auffl ce qui peut tenir lieu de la fleur , qui eft une
certaine inoifillure ou fleur blanche qu'on y remarque dans un certain
terns , &.' qui renferme apparemment une pouflicre trop fine is: en trop
petite quantite pour pouvoir ttre appergue ailcment. Pour les champi-
gnons, les poullieres cachees entre les feuillets fous la tete du chapiteau ,
f)ourroient bien ctre des pouffieres plutot que les graines ; je foupconne
a mane chofe de diverfes elpeces de capiliaires. Ces petites feuilles
ou ces cellules placces au dos des feuilles, ont bien plutot I'apparence
de fommets que de fru.ts, & dans queL-)ues efpeces, jc ferois allez porte
a croire que les graines qu'clles renferment font des pouffieres plutot que
des graines, puilqu'en ks femant, il y en a qui ne produifent rien , de
forte que dans ces efpeces de plantes , on peut etre plus afTure de connoitre
la fleur que d'cn connoitre le fruit. U en eft de meme des nioulles oii
Ton a obfcrve en quelques efpeces certains petits corps ovales poinrus ,
cpuverts d'une coeffe ou capuchon , qui deviennent dans la fuite des cap-
fules en urnes relevees des quatre cotes : cos urnes font templies d'une
poudiere trcs-menue que quelques-uns regardent comme les graines. D'au-
tres efpeces de moulTes ont une tete ecailleufe en epi , qui renferme fous
chaque ecaille une efpece de fruit de la figure d'un petit rein. Ce fruit
s'ouvre en deux parties, & coiitienc de petits grains fort menus qui , vus
au microfcope , font des globules jaunes tranfparens. M. Vaillant cepen-
dant a reconnu que d'autres efpeces de mou.Tes, oii Ton n'avoit ju.'"qu'ici
rien dccouvert, produifent de petits corps pleins de femblables poullieres,
qui peuvent etre la graine de ces plantes, & peut-ttre auffi n'eft ce que
la poufliere contenue dans les fommets.
La figure eft Tunique exemple qu'on puilTe apporter d'un fruit donr on
n'appercoic point la fleur ; cependant Valerius Cordus a avance qu'elle en
avoir une, iJc Malphigi en a donne la figure dans fon anatoniie des plan-
tes. Le premier ceilleton de la figure neft qa'un bouton de feuilles difpo-
fees autour d'un placenta, fur lequel tous les embryons des graines font
ranges. Ces feuilles font recourbees en dedans , & difpofees en rofes , for-
mant une efpece de petite voiite au-delfus des graines. Chaque eni-
bryon de graine a un calice particulier, partage en cinq ou fix poinres
qui I'enveloppenr , & de ciiaque embryon s'eleve un petit piftile qui s'auf-
mente beaucoup avec le terns. A mefure que le fruit grollit, les feuilles
qui en occupoient d'.^.bord plus de la moitie, font reduites dans le petit
efpace du nombril de la figure, ou a peine les apper^oit-on.
Voila une efpece de fleurs dans laquelle je n'ai pu dccouvrir de fom-
mets , & qu'on ne peut regarder que comme une fleur a fruit , jufqu'l
ce que quelqu'un ait tte all'ez heureiix pour les dccouvrir s'l! y en a.
454 COLLECTION
' Nous ne connoiflons point, par exemple.^n ce pays-cl les femences
Acad RoyAle "^^ ''' prcfle : on ne remarque dans cctte plante que ties fleurs a etami-
EEs Sciences nes , chargees de poullieres : dirons-nous pour cela quelle ne porte point
DE Paris, de fruiis ? Cefalpin en a trouvc qui viennent fur des pieds differens de
Annk 171 1. <^sux qui portent les ctamines. En un mot ces exemples font en trop petit
nombre , & n'ont rien qui puilFe connedire formellement ce que nous
reniarquons dans cette multitude prefque innombrable de piantes qui ont
routes leurs fommets & leurs poufiieres.
La difpofition de ces fommets autour des piftiles , eft una (econde preuve
de ce que j'ai avance ; le piftile en eft tcilem.ent environne , que font
extromice fe trouve neceiraiiement couverte de leurs pouflieres lorfqu'ils
I viennent a s'epanouir.
Dans toutis les fleurs qui fe tiennent droites , les fommets font en-
delfus, ou au moins au niveau de I'extremite du piftile; & le piftile ne
s'allonce au-dela, que lorfque les embryons des graines commencent a
groflir , s'elevent , & n'ont plus befoin de pouftiere.
Dans les fleurs penchees , ou tout-a-fait renverfees , comme dans la cou-
ronne imperiale , ou dans la tleur du cyclamen , le piftile eft allonge beau*
coup au-dela des etamines , en forte que la pouftiere des fommets en tom-
bant , fe repand necelFairement fur I'extremite du piftile.
Dans les fleurs de \'a.fiihirnnum , ou muffle de veau , & dans les autres
de ce genre, les ctamines font tellement difpofees, que I'extremite da
piftile etant appuyee fur le duvet de la feuille inferieure, &C couverte de
la fuperieure. di-ux des fommets font places au-delfus , & deux an-deft~ous,
de forte que ,1a tete du piftile fe trouve route entouree paries fommets,
& neceftairement couverte de leurs pouflieres lorfqu'ils viennent a la re-
pandre.
Dans les fleurs a fleurons ScA demi-fleurons , I'extremite du piftile
eft cache dans la graine que forment les etamines', comme nous I'avons
deja dit, & il n"en fort que lorfque les fommets, en s'ouvrant, lui ont
fait paflage , de forte qu'en croiflant il fe couvre lui-meme de pouf-
fiere,
Je fais bien que dans les fleurs penchees , comme celles de la cou-
ronne imperiale , du cyclamen & de I'acanrhe , la fituation des piftiles
jie femble pas favorable a I'intromifrion des pouflieres qui partent des
fommets; mais ne Uitlicil pas que les pouflieres s'attachent au piftile,
& que fon extremice en foit couverte, pour conjedurer de la qo'elles s'y
infinuent petit a petit a I'aide de I'air exterieur qui les y poufTe , 5£
peut-etre aufli de la configuration particuliere de ces piftiles.
Mais de quelque mnni're que ces pouflieres s'infiniient dans les pif-
tiles, elles font ii abfolumcnt neceflaires a la fecondite des piantes,
que fans cela leurs graines avortent , ou font incnpables de reproduire
I'efpece : c'eft ma troiheme obfervation , a laquelle je puis joindre les
fu.vantes.
lUen n'eft plus commun que de voir les biens de la terre manqueii
par la fuppreflion des fommets S<. de leurs pouflieres. Au printems,
quuid les aibres fruitiers font en fleurs, qui! vienne une gelee blanche
A C A D 6 M I Q U E. 455
avec uii coup de foleil qui deffeche le piftile, &: I'empcche de recevoir i--^-— ^^--— «
les poufli.'rt.'s des fommets , voila tout avortc, & Tefpcrance perdue. Si
au contraire les fleuis viennent a bien , qi:e Ics poudieres aieiit le terns Acad. Royale
de feconder les piftiles , le fruit i'e noue , & il n'y a plus rien a craindre. "^de Paris^'
Quand les bleds font en fleurs, on craint la nielle : qu'arrivet il en-
fuite ? I'epi noircit, les grains infcconds s'allongent , Sc forment une come ■^'^^^^ 1711.
fans gerive d'une fubftance plutoc approtliante du champignon que d'un
grain de bled. Le moins qui puilfe arriver , cell: que les cellules foient
vuides.
N'efl-ce pas de la mc-me maniere qu'arrive la coulure de la vigne ? La
pluie qui furvient pendant la fleur, enleve Sc fommets & pouflieies, He
troublant ainfi Tccuvre de la fccondation , fait que les grains avortent ,
comme on le voit fenhblement.
Mais pour montrer que routes mes obfervations prccedcntes , ne font
point des conjeclures avancei.s fans prcuves , obfervons ce qui fe palTe
dans toutes les Heurs qui , comme j'ai dir, reunilFent les deux fexes , c'eft-
a-dire , les fommets garnis de leurs poudieres , & les piftiles.
Jamais on n'appercoit aucuns corps ou germe de plante dans les em-
btyons des graines, dc on ne commence a y voir du changement que
lorfque la paufliere des etamines eft roiiibce. C'eft done cette pouftiere
qui feconde le jeune fruit ; ce qui eft li vrai , que dans les pl.iiices oit
ces etamines naillent fur le mcme pied en des lieux dilfcrens, ou fur
differens pieds , fi on vient a couper ces etamines auflitot qu'elles com-
niencent a paroitre , Si avant qu'elles foient ouvertes, les fruits ne vien-
nent point a matutite, ou s'ils murilFent , ils ne contiennent point dc
germcs , & font par conlequent fteriles.
Cett3 nccjllite de la poufliere des etamines pour fervir a la feco.idife
des graines , eft cor.htmee par les obfervarions de tous les Botaniftes, fur
le palmier qui produit les dattes.
Cette efpece darbre porte les etamines fur un pied fepare de celqi
qui porte les fruits, de maniere qu'on en diftingue ordinairemenr les pieds
en male Sc femelle. Theophraile , Profper, Aipin Si tous les Botaniftes
qui par eux-mimes ont pu faire ces obfervations, convicnn.nt que fi nil
pied femelle n'a point de male dans fon voifinage , il ne porte point de
fruits, ou que s'il en porte, ils ne viennent point a maturite j ils font
apres , de mauvais goCit , fans noyau , & par confequenr fans germe :
mais pour faire murir ces fruits , & pour les rerxire bons .1 manner , &:
feconds , on a fuin , ou de planter un palmier male dans le voi/inaoe ,
ou de couper des branches du palmier male ihargees de fommets epanouis ,
& de les attaclier au-delTus des branches du palmier femelle, & pour
lors il produit de bons fruits, feconds Sc en abondance. Cette obferva-
tion fut confirmee a M. Tournefort en i<597, par Adgi-Muftapha .Aga ,
liomme d'efprit &: curieux, Amballadqur de Tripoli vers le Roi , comme
ce favant Bot.inifte le rapporte dans fes Injiituiions Botaniqius. Ce ne
font pas les fculs palmiers fur lefqiiels ces obfervations fe Vvirih.nt ; cela
eft encore trcs-f^nfibie fur la plupart des plantts qui portent Us rii;urs.<Jc
les fiuits fur differens pieds, ou fur differens endroits du mcme pied.
45(? COLLECTION
I pourvu que I'on ait un trcs grand foin de couper les etamines avant qu'ellej,
A,^Ar^ R^^ATu- aieiu commence a fc developper, cui pourvu que Ton cienne les plances
J\CAD KOYALt , 1 ■ ' f 1 n- J ' • rr^
DES Sciences remelles dans des endroirs ou la pouiiiere des etamines ne puifle avoir
DE Paris. auciin acces.
Jnnee 1711. J'ai eleve plufieurs pieds de bled de Turquie, qui, comme Ton fait,
porte dans le haut de fa tige fes etamines chargees de fommets , & les
fruits, ou les epis le long de la tige dans quelques aifelles des feuilles;
j'ai coupe les etamines avec le plus de foin qu'il m'a ere poflible, auffi-
tot qu'elles ont commence de paroitre, Sc avant que les fommets fudent
epanouis.
Sur quelques-uns des pieds , les epis apres etre venus a une certaine
grolleur , fe font fechcs entierement , fans que les embrions des graines
aient profite ; & fur quelques autres pieds , il y a eu quelques grains
le long des epis qui one grofli trcs-confiderablement , & qui ont paru-
charges d'un germe , & par confequent feconds , pendant que tous ks
autres font avortes , mais aucun epi n'eft venu entier. ^
II fe peut faire que quelque preiaution que j'eulfe prife pour empor-
ter tous les fommets avant qu'ils fulfent epanouis, il y en ait eu cepen-
dant quelqu'un d'cpanoui avant que j'aie pu le couper , ou bien il fera
refte encore quelque fommet cache qui fe fera epanoui par la fuite ; peut-
etre aurti quelque poulTiere apportee d'ailleurs par le vent , aura fait pro-
filer ce petit nombre de grains. J'ai eleve de meme quelques pieds de
niercuriale a fruit feparement de celle cjui porte les etamines ; il eft vrai
qu'ils ont produit quelques graines, mais avortees pour la piupart, a la
referve de cinq ou lix fur chaque pied, qui m'ont paru fort faines & ca-
pables de reproduire de nouvelles plantes , fans doute parce qu'il leiir
eft arrive ce que je viens de dire du bled de Turquie, autrement , pour-
quoi n'auroient-elles pas routes profite egalement ?
On pourra m'objedrer ce que rapporte^ M. Tournefort dans la nicme
Preface de fes Injluutions Botaniques , qu'il a vu un pied femelle de hou-
blon produire des graines dans le jardin du Roi , ou il n'y avoir peine
de pied male , ni meme dans le voifinage , en forte que les pouflieres ne
pouvoient etre apportees par le vent ,• que des illes qui font vers Charen-
ton , ou fe trouvoient les pieds a fleurs les plus proches Je ne contefterai
point I'eloignement, mais je repondtai que quel qu'il puideetre, il ne
nuit en rien , pourvu que le vent puille apporter les pouffieres.
Or , cela n'eft pas impollible ; nous en avons un bel exemple rap-
porte par Jnvianus Pontanus , precepteur d'Aiphonfe, Roi de Naples, qui
raconte que Ton vit de fon terns deux palmiers , I'un male cultive a
Brindes, I'autre femelle eleve dans les bois d'Ottrante ( c'eft bien une
autre diftance ) ; que ce dernier fqt plufieurs annees fans porter de fruits,
jufqu'a ce qu'enfin s'ctant eleve au-delfus des autres arbres de la foret ,
il put appercevolr , dit le I'occe , le palmier male de Brindes, quoi-
qu'il en f-tit eloigne de plus de quinze lieucs, car alors il c0mmen9a.de
porter des fruits en abonJance , & de fort bons.
Il n'y a aucun lieu de douter qu'il ne commenca pour lors de porter
{|es ffuits. que parce qui! commenca 4 r«cevoir fut hi branches & fuc
A C A D fe M I Q U E: 457
les embryons de fes fruirs, la poufliere des cc.imines que le vent enlevoit '.
de delfus le palmier mile par-delliis les autres arbres. Nous expliqnons Acad. Ro vale
par la d'une maniere nanirelle Si feiifible , cette fecondite qui a bien des Sciences
embarralTc les ancieiis Phyliciens , & qu'ils attribuoient a la fympachie, °^ Paris.
ou a I'amour qui fe rencoiuroic entre les arbres, fans favoir comment Annee lyii,
ce myftere d'amour s'.icconipliiroit : c'eft ce que Ton peut volt dans le
pucme que Poranus fie au fujet d'un cvcnement qui parut fi merveilleux.
Cette hiftoire, en prouvant la necellite des poullieres pour la fecon-
dite du palmier femelle, fait voir que rcloignement entre les arbreS'do
differens fexes, n'eft point une raifon a oppofer.
II ell done conftant que les pouffieres contribuent a la fecondite des
plantes : il s'agit de decouvrir prefentement de quelle maniere tiles y
•contribuent, & fur cela on ne paut former que deux conjeftures. La
premiere , que les pouflieres etant toutes fulfuteufes Sc pleines de par-
ties fubtiles & pcnctrantes , comme leur oJeur le prouve alfez , tom-
benr fur les pifliles des (leurs, s'y refolvent, & que ieurs parties les plus
fubtiles penetrent la fubftance du piftile &c du jeune fruit ou elles exci-
tent une fermentation capable de developper la jeune plante renfermec
dans I'embryon de la graine , car Ton fuppofe dans ce fentiment que cet
embryon conrient en raccourci la jeune plante qui en doit naitrC', 8c
qu'il n'y manque qu'un fuc propre a la developper & a la faire croitre !
La feconde conjecture eft que les pouflieres des fleurs font les pre-
miers germes des plantes qui, pour fe developper, ont befoin du fuc
qu'ils rencontrent dans les embryons des grain.s, comme les animaux
ont befoin de I'ceuf & de ['uterus pour paroitre au jour. Cette derniere
conjedrure eft d'autant mieux fondee, que Ton ne fauroit decouvrir, me-
me avec les meillcurs microfcopes , aucune apparence de germe dans
les petits embryons de graines, lorfqu'on les examine avant que la fleur
foit epanouie , ou que les fommets fe foient ouverts; &c ce n'eft pas
feulemenc dans les embryons des graines qu'on ne le decouvre point ,
mais on ne le irouve point non plus dans ces memes graines examinees
en un etat plus avance , lorfque le germe eft ordinairement vifible, s'll
eft arrive que ces graines n'aienr point cte rendues fecondes par les
poulfieres. ' ' •■
Enelfet, fi Ton examine dans les plantes Icgumineufes le piftile, ou
cette pattie qui devienr la goufte , avant que la fteur foit encore eclofe ,
& qu'apres I'avoir debarralfee des feuilles & des etamines, on la regarde
au foleil avec an microfcope, on y remarque tre(-aifement les petites
veficules vertes &c tranfparentes qui doivent devenir les graines placees
dans leur ordre naturel , & dans lefquelles on ne diftingue rien. autre
chofe que I'enveloppe ou rccorce de la graine ; en continuant d'obfer-
ver pendant pluheurs jours de fuite dans d'autres fleiirs a mefure qu'elles,
avancent , on remarque que ces velicules groflllfent & fe rempliircnt d'une
liqueur claire , dans laquelle, lorfque les poullieres fe font repandues, &
lorfqua les feuilles de la lleur font tombees , on commence a apperce-
voir un petit point ou globule verdatre qui y flotte librement. On n'ap-
per(^oit encore rien d'organife dans ce petit corps, mais avec le tcms &
Tome III, Purcic Francoife. M j
it58 COLLECTION
^SS a mefure qu'il groflit, on y diftingue jpeu-a-peu deux petltes feuilles J
/cad. RoYALi comme deux cornes, la liqueur fe confomme infenfiblemenc a mefut&
"dePari"* que ce petit corps groflit , & la graine eunc devenue touc-a-fait opaque,
en I'ouvrant on trouve fa cavite remplie de la petite plante en raccourci ,
Jnnee 171 1, compofee du germe ou de la plumule, de la radicule & des lobes de
la feve ou du pois.
Si au contraire dans les pivoines a fleurs doubles, qui font tout-a-
fait denuees d'etamiiies &: de fonimets, on examine les graines qu'elles
Btpduifent, foit qu'elles foient avottees ou qu'elles ne le foient pas, on
les trouve vuides , contenant feulement quelques membranes dtlTechees
& fans aucune apparence de germes, femblables en cela a I'ceuf d'une
poule qui n'a point ete feconde. En eftet, s'il y eut eu un germe en ces
membranes, n'auroit-il pas du groflir a proportion de fes enveloppes ,
& devenir tres-fenfible ?
En fuivant cette conjecture , il n'eft pas difficile de determiner de
quelle nianiere le germe entre dans cette veficule j car outre que la ca-
vite du piftile s'etend depuis fon extrcmite jufqu'aux embryons des graines ,
ces velicules ont encore une petite ouverture pres de leur attache, qui
fe trouve a Textremite du conduit du piftile, en forte que le petit grain
de poufliere peut tomber naturellement par cette ouverture dans la ca-
vite de cette veficule qui eft I'embryon de la graine. Cette cavite ou ef-
pece de cicatricule refte encore adez fenfible dans la plupart des graines;
on I'apper^oit tres-aifement fans le fecours du microfcope, dans les pois,
dans les feves & dans les pliafeoles.
La racine du petit germe eft tout proche de cette ouverture , & c'eit
par cette meme oavetture qu'elle fort lorfque la graine vient a germer.
Mais a quelque conjed'ture que Ton s'arrete , il demeure toujours conf-
tant par mes obfervations , que les poulTieres des fommets qu'on avoir ne-
cligees jufqu'ici comme de vils excremens qui defiguroient en quelque
forte la beaute des fleurs, en lont pouttant les parties elfentielles &: nc~
ceflaires pour la fecondite des plantes.
Explication de quelques Figures des PI. XIV ^ XV.
Planchc XV; Figure XXL
X> A fleur male du potironqui ne potte point de fruit, dont on a ore ia
feuilie qui etoit pofee fur le cercle EF pour mieux lailfer voir les autres
parties.
'A B E reprefentent la ttte placee au centre de. la fleur,, formee par les
eirconvolutions des foaimets B , & foutenue par quatre efpeces de colon-
nes GGG G. • . I vi ji!„
La partie B de cette tete reprefente les eirconvolutions des fommet?
encore fermes , & la pattie E les reprefente ouverts & recouverts de la
poufliere qu'ils contenoient , & qui fe repand au dehors dans le tems de
la tnaturite de la iieur. : . ,
A C A D 6 M I Q U E. 459
H eft le pcdicule qui foutient la fleur 6c qui ne produit tien dans la ■ 1 1
fleur male. Acad. Roy ale
Plancke XV , Figure XXII. L>ts Sciences
. „ , r ■ r ■< r r °^ PaRIS.
Une portion B cle ces lommcts vus au microlcope : lis rormeiit une ef-
pece dc canal B divife en deux cavices DD, remplies de poullicres, fepa- •'*'^^ 171 it
rees par la cloifon miroyenne C.
Planche XV, Figure. XXUI.
Les deux cellules DD de la Figure XXII , ouvertes &: vuides de leur
fioulliere : elles font ouvertes felon leur longueur, & montrent a decouvert
a cloifon CC. On a laide dans la cellule D quelques pouflietes E, pour
faire voir de quelle maniere elles s'elancent au dehors dans le terns que
les canaux ou cellules B qui les renferment, viennenc a ctever.
Planche XV, Figure XXIV.
La fleur femelle du potiron. On a ote comme a la fleur male la feuille qiii
etoit pofee fur le cercle FF , pour mieux lailTer voir les autres parties.
A reprefenre le ncEud de la Heur ou I'embryon du fruir.
BBB, le piftile qui ne fait qu'un corps avec le noeud de la fleur ou
I'embryon du fruit A ; le haut du piftile s'elargic en B B , en plufieurs
corps formes en ccrur C.
C , un de ces coeurs partag^ en deux lobes par un fillon. Ces corps fairs
en cceur font heriftes de velicules & de polls proprcs a retenir les pouflie-
tes de la fleur male , & a les conduire aux embouchures des canaux qui
communiquentjufqu'aux cellules des gtaines contenues dans lejeune fruit.
Planche XV, Figure XXV.
Les mcmes parties de la fleur femelle & de fon fruit.
On a coupe le piftile horizontalement au-deflous de la tete B , pour
demontrer les quitre canaux DD, qui rcpondent a chacune des tetes du
mtme piftile BB formces en ca:ur. Ces canaux defcendent verticalemenc
depuis le fommet du piftile B , jiifque dans les cellules du fruit A A.
On a coupe aufli horizontalement le fruit A , pour y demontrer quaere
cellules D des graines. Ces quatre cellules rcpondent aux quatre canaux
du piftile & aux quatre teres du mcme piftile BB qui font formees en
ccrur.
Comme chaque tete du piftile BB eft fubdivifee en deux lobes par un
fillon C , aulli chacune des cellules des graines du fruit A, eft divifee
en deux par le parenchyme qui forme une efpece de demi-cloifon j en
forte qu'il fe voir dans chaque cellule deux rangees de graines attachees a
un placenta qui repondent aux huit divifions du piftile.
Planche XIV, Figure V.
La moitie d'une pomme de calville coupee dans fa longueur pour y
faire voir routes les parties internes.
A , le nombnl de la pomnie forme par Textrtmice des feuilles du calice>
qui fe rapptochent en maniere d'arc de voute.
M 3 ij
4^0
COLLECTION
Acad. RoYALE
DES Sciences
DE Paris.
Annii 1 7 1 1 .
B, une cavite qui prend depuis le fommet de la voiite, 6^ qui fe per-
petue jufqu'a la cavite des cellules des graines C. Ces deux cavites BG
viennent fe terminer en un point vers la queue D. A rextiemitc fupcrieure
de la cavite B vers le nombril, fe trouvent attacliees aux parois de cette ca-
vite les etamines feches &: furmontees de leuts fommets E, vnides de
ieurs pouflieres. _ . , .
F reprefence les cinq divifions du piftile pofees au-delTous des etami-
nes E.
On a figure le piftile dans foil entier , pour faire voir plus fenfible—
ment fa polition. Les cinq divifions de ce piftile repondent aux angles
des eapfules des graines G fur lefquelles il fe trouve pofe. Les canaux du
piftile F viennenc fe replier en H & former en remontant le placenta I
des graines K.
¥lanchi XIV Figure VI.
La moitie d'une pomme de califllle coupee tranfverfalement pour de--
montrer I'ordre des cinq cellules cartilagineufes EEEEE.
K, les graines ou pepins attaches a la bafe des cellules. B, la cavite-
qui s'etend depuis le nombril de la pomme jufqu'au fond des cellules
des t^raines , autour de laquelle elles font difpofees en rond.
M
Sur un gonflcmcnt fingulier d' Acacia.-
Parent a vu dans la cour d'une maifon un a<acia que Tona
vouTu, il y a plufieurs annees , retenir par un mur , par un demi cercle-
de fer qui ne Tembraftbic pas entieremenc. Depuis ce tems I'arbre a beau-
coup grofli & a excede le demi-cercle du cote qu'il etoit ouvert; & de
plus il s'eft forme au-deflus de la barre une efpece de gros bourrelet qui
en couvre prefentement la plus grande partie; & qui felon routes les ap-
parences la reccuvrira route entiere dans quelques annees. Ce gonflement
fi confiderable fait aa-deftus du demi-cercle & non pas au-dedous , prou-
ve un fuc qui defcend & qui eft ou en plus grande quantite , ou plus epais
que celui qui monte , & c'eft-la un fait tout femblable a celui du grand
tithimale, quoique nie par M. Magnol. [V, la CoUec, Acad. Part, fran-
5oife,pag. 694 & 695.)
«?!.'«
ACADEMIQUE.
4^1
Sur dcs Fniits mi-partis.
\J N connoit des oranges qui font en mcme terns citrons; c'eft-adire
qu'un certain nombre de cotes, ou pluiot de coins folides continues juf-
qu'a I'axe du fruit , font dorange & les autres de citron. Ce nombre
eft diffcrenr & difFeremment niclc en differens fruits. M. Homberg a die
que chez M. I'Eledteur de Brandebourg , grand- pere de celui d'auiour-
d'hui, il a vu des pommes qui etoi-.nt poires dc la meme facon. Sont-celi
des efFets de Tart? ou ne feroit-ce pas plutot des efpeces particuiiercs ?
M. Chevalier a vu dans le jardin de Saint-Martin de Pontoife , des fruits
compofes d'orange , de citron & de lime; ce n'etoient que \is plus gros
dans lefquels les trois efpeces fullent bien marquees. (lyii.)
■K ' ■
ACAD-ROYAIE
DES SciENCliS
DE Paris.
Annii 1 7 1 1 .
Obfervations fur la vegetation des Truffes'.-
Par M. GEOFFRoile jeune,-
I . A truffe eft une efpece de tubercule charnu , couverc d'une croiite dure
chagrinee Sc gercee a fa fuperficie avec quelque forte de regiilarite, a-peu prcs
telle qu'on I'apperijoit dans la noix de cypres :elle ne fort point de terre , elle
y eft cachee environ a un demi-pied de profondeur, on en trouve plufieiirS
enfemble dans le meme endroit , de differentes grolFeurs. Les plus grolles
font du poids d'une livre , ou de cinq quarterons tout au plus : ces dernieres
font tares. Les plus grofTes dont parle Pline, n'etoient que d'une livre.
Ce qui eft certain , c'eft qu'il y en a de fort groftes , elles nailFent en diffe-
rens pays. Du terns de Pline , les plus eftimees etoient apportees d'Africuie:
on en trouveaprefenten Europe, dansle Brandebourg, & en plufieurs autres
endroits d'Allemagne ; elles font communes en Italie , en Provence , en Daii-
phine, dans le Languedoc , I'Angoumois & le Perigord. II en croit aufli en
Bourgogne ,&c on en trouve aux environs de Pans. On remarque qu'elles
viennent ordinairement- dans les terres incultes, de couleur rougeatre &
fablonneufes , quoiqu'un pea gralTes ; on les trouve au pied & a I'ombre des
arbres : on les tiouve aufli quelquefois entre des racines , des pierres , & qiiel-
quefois en pleine terre : leur arbre favori eft le chenc, on le chene verd ,
ou le chene blanc, comme I'orme eft celui de la morille. On commence i
voir des truffes au premier beau terns qui fuit le froid, plutot ou plus tard ,
felon que le terns eft doux , & meme en fuite du grand hiver, elles ont ete
tres-rares. Elles ne paroilFent dans leur nailTance que comme de petits pois
ronds, rouges au dehors &c blancs en dedans. Ces pois grodillentpeu ;l-peu.
C'eft depuis ce tems-la qu'on commence a titer de la terre celles qu'on ap-
pelle truffes blanchiS , elles font infipides d'elles memes , & on les fait fccher
pour entrer dans les ragoiits , parce qu'elles fe gardent mieux feches que les
, jnaibrces, C'eft I'opinion ^ommune que les truffes qui one ete une fois dc-
Acad. RoYALE
^61 COLLECTION
placces , ne prennenc plus de nourricure , quand mtmo on les remettroit dans
Acad. Roy ale la terre d'ou on les a tirees ; mais fi on les y lailTe jufqu'a un certain point ,
BEs Sciences fans les deranger, elles grollilTenc infenfiblement , leur 6corce devient noire
DE Paris. ^ chatrinee ou inegale , quoiqu'elles confervenc coujours leur blancheur au-
^nnee 1711. dedans": jufqii'a ce point, elles ont trcs-peu d'odeur & de faveur, & ne
' peuvent encore s'employer qu'en ragout, & c'eft toujours ce qu'on appelle
premieres truffes blanches , dont il ne faut point faire une efpece diffcrente
des marbrees , & des noires que Ton recueille depuis I'automne jufqu'en hiver ,
apres les premieres gelees ^ car ce ne font , a ce que je crois , que les mcmes
a differens points de maturite. Je confidere la triiffe blanche , dans fon pre-
mier etat, comme une plante qui eft toutalafois racine, tige & fruit done
le parenchime fe gonde de routes parts, & dont les parties fe dcveloppenc
infenfiblement. A mefure que la trufFe fe gonfle, I'ecorcefe durcit, fe gerce
en differens endroits, pour donner plus de nourriture a la malTe qui eft plus
grolTe i alors la trufFe change de coulenr , & de blanche quelle etoit, on la
voir infenfiblement fe marbrer de gris, & on n'apper^oit plus le blanc que
comtne un tillu de canaux qui fe repandent dans le coeur de la truffe , & qui
viennent fe rendre auxgerguresde I'ecorce.
' La matiere grife qui eft renfermee entre ces canaux, etant confideree au
inicrofcope, paroit etre un parenchime tranfparent , compofe de vcficules :
au milieu de ce parenchime , on voir des points noirs , ronds , fepares les uns
des autres , qui ont tout I'air d'etre des graines nourries dans ce parenchime
dont elles ont obfcurci la couleur , & oii il n'y a que les vaifTeaux , & qiiel-
ques cloifons qui font reftees blanches. Je confidere ce blanc comme des ca-
naux , parce que je les vois toujours venir fe rendre a I'ecorce.
Lorfque les trutfes font venues a ce point de matutite , elles ont une tres-
bonne odeur &c un rres-bon gour. La chaleur ik les pluies du mois d'aoiu les
font mCirir plus promptement , c'eft ce qui peut avoir donne lieu a quelques
auteurs de dire que les orages & les tonnerres les enfantoient. En etfet , on
ne commence a fouiller les bonnes truffes , que depuis le mois d'odobre
jufqu'a la fin dedecembre , & quelqnefois jufqu'aux mois de fevrier &c mars ,
ou pour lors elles font matbrees; au lieu que celles qu'on ramalTe depuis le
mois d'avril, jufqu'aux mois de jiiillet & d'aout , ne font encore que
blanches. Si on manque de ram.ifTer les truffes , lorfqu'elles font a leur point
de maturite, elles fe pourrilfenr; c'eft alors que Ton peut obferver la re-
produftion de la trufFe , parce qu'au bout de quelque tems , on voit plufieurs
amas d'autres petites ttuff^ss qui occupent la place de celles qui fe font
pourries. Ces jeunes truffes prennent nourriture jufqu'aux premiers froids :
fi la gelee n'eft pas forte , elles palFent I'hiver , & forment de bonne heure les
trufres blanches du printems,
Le grand froid de lyoy eft encore une preuve de ce que j'avance, puif-
qu'on n'a vu des truffes que dans I'automne de la mcme annce; les plus
avancees qui auroient du paroitre au printems , ayant peri par la rigueur
de la faifon , au lieu que I'annee precedente elles avoient ete tres-communes.
On ne remarque ni chevelu , ni filamens de racines aux truffes qu'on tire de
terre : elles en four enveloppees de maniere qu'clles y imptiment les traces
de leur ecorce, fans y paroitre autrement aitachces. Elles font fujettes,
A C A D 6 M I Q U E. 4^^
comme les autres racines,a ctre percces de vers; cclui qui s'attaclie a la
truffe eft i\n ver blanc allez dclle, & difterent de ceux qui naiircnt par leur , ,,
pourriturc : par la luitc , il rorme unc feve reiuermee dans un nid tiliu d une ugj ScitNCES
foie blanche fore delice. Il en fort qu,-lque tems apres une mouche bkue , de I'arjs.
tirant fur le violet , qui s'cchappe de la rrutfe par des ger^ures qu'on y obfcrve. j^^ :.
Dcs qu'on apper^oic de ces fortes de mouclies , on les regarde comme un in- '
dice certain qu'il y a des truftes dans I'endroit autour duquel on les voir
voltiger.
Quand une truffe cuire a ctepiquee du ver, ons'en apper^oitaramertume
qn'elle a au gout; & en y fjilant un peu d'attention , on recor.noit que I'en-
droit de la piquure eft plus noir que le refte , i!c que c'eft de-l.i que vient cette
amertume , le refte de la truffe ayant un bon gout. Si on I'ouvre crue a I'en-
droit de la piquure, on y decouvre aifcment le nid de ver, & un efpace
autour fans marbrure , d'une couleur difl^erente du refte de la truft'e , Sc qui
approche de celle du bois pourri. J'ai obfervc avec le microfcope la fuper-
ficie des truff"es. J'ai trouve que certains points blancs qui s'y trouvent ,
etoient autant de petits infeftes qui les rongent , ils fuivent les lillons de
I'ecorce pour pouvoir tirer plus de nourtiture. Ces infcdles font blancs &
tranfparens , de figure ronde, a-peupres comme les mittes : ils n'ont que
quatre partes, &: une fort petite tete , ilsmarchent mcmeairezpromptement :
ces infetbes vivent du fuc iiourricier de la truffe, car j'en ai trouve qui
s'ctoient retires dans le canton qu'avoit liabite un ver : ils etoient devenus ,.
quoique tranfparens , d'une couleur de caff^e, telle que celle de I'endroit oil
le ver avoir niche. II eft a remarquer que la terre qui produit la truffe , ns
porte point d'aiitres plantes au-delFus de la truftiere ; la truffe en fouftrait le
fuc nourricier , ou plutot par fon odeur fait perir , & empeche les herbes d'y
pouffer. Cette raifon me paroir la plus probable, d'aurant que la terre qui
porre la truff'e , la fent partaitement. Les pay fans , en certains endroits , font
nn tel profit fur le debit des truffes, que cela les rend foigneux a decouvric
les trurtieres , en forte qu'ils deviennent tres habiles en ce metier.
lis connoiflent I'etendue d'une trufEere , a ce qu'il n'y croit rien , & que'
la terre eft nette de toute herbe. En fecond lieu, fuivant la qualite de la-
rerre , lorfque la truffiere eft abondante , elle fe gerce en divers endroits. lis
la reconnoillent encore a ce qu'elle eft plus legere , &C a ces petites mouches
bleues, & violettes dont j'ai dejn parle;& a une autre efpece de grolles
mouches noires , longues , differentes des premieres , qui fortent des vers qui
s'engendrent de la pourriture de la truff'e , & font femblables a ceux qui
naiffent de toute autre matiere pourrie. Il y a une habilete a fouiller les
truftes fans les couper , fur-tout lorfqu'elles font groffes. Pour les tirer , les-
payfans ont une efpece de houlette : dans d'autres endroits , ils ne s'en rap-
portent point a eux incmes pour cette recherche, mais ils ont recours a
un autre moyen dont parle Pline , & d'.aXitres auteurs. Il faut favoir que les-
pores font f riands de truffes ; on fe fert done d'un de ces animaux qu'on dreffe
a les chercher , fc a les tirer : il faut etre prompt a leur oter les truftes qu'ils
diScouvrent, & leur donner cjlielque chofe a la place pour les recompenfer,
fans quoi ils fe rebutetoient , & lailferoient Li une chaffe qui leur feroit in^
frudueufe, Dans le Montferrat , ils one des chiens drelles a cette chalfe.
4^4 COLLECTION
— ^ — VoiU en general ce que j'ai pu obferver fiir la crufFe, 8c fon origins ; 11
Acad. Royale jVicrit prefeii'cenienr d'en determiner les efpeces. M. Tourneforc n'en a admis
DES Sciences ^^^ j^^^ ^ ^^.-^^ dillingue par leur figure. La premiere eft ronde , on en voit
°' , ^ ' la fissure dans fes £/«'OT£-;2i id ^wj/z/^-Kc; c'eltcellede Matthiole , desautres
■Anna 171 1. j3j3j(J^ii^g5 ^. Je juut le monde, puifque c'eft celle qu'en fere fur nos tables :
la feconde efpece eft nommee par Mentzelius dans fon puglUus variarum
planearum, tuhira fubttnanea tejliculorum formL Cette trufFe eft difFerente
des aucres par fa figure, & par fa couleur interne qui, au rapport de cet
auteur , eft dun roux tirant fur le verdatre , fembiable a la couleur interne
des veftes de loup de nos bois : peut ctre que s'il les eiu ouvertes en d'autres
terns, il les euc trouvees d'une autre couleur • il les compare meme a une
autre maticre qui change de couleur comme elles. Mentzelius decouvrit
cetce efpece dans les mois d'aout &c de feptembre , qui eft le terns ou elles
ne font pas encore mures , &c en un certain canton de la Marche de Brande-
boura. Sur ce pied-la , nous n'avons encore que deux efpeces de trufFes qui
different par le port exterieur , & nous ne devons point prendre les varietes
de couleurs internes , ni les differentes grofteurs pour des carafteresde diffe-
lentes efpeces, puifque les racines, ou les pierres qii'elles rencontrent en
groiriftant , leur peuvent donner differentes formes. La trufte me paroit done
etre une plante , & non point une matiere conglomeree , ou un excrement de
la terre , comme Plnie I'a penfe , en rapportant pour preuve une- hiftoire
d'un Gouverneur de Cartagene , qui en mordant une truffc , trouva fous ks
dents un denier ; mais cette preuve n'eft point fuffifante , puifque le hazard
peut avoir fait que la truffe en groffilfant , ait enveloppe ce denier , comme
on voit arri ver pareilles chofes a certains arbres, de la vegc'tatiou defquels on
eft affure. ll me paroit menje que Pline ne favoita quoi s'en tenir, puifqu'il
rapporte enfuite que Ton obfervoit que les truffes ne venoient.aupres de
Metelln dans I'lfle de Lesbos , que quand le debordement des rivieres en
apportoit les femences d'un endroit norome Tiares dans la terre ferme d'A-
fie, ou il y avoir des truffes en quantitc. Peut-etre qu'on pourroit mul-
tiplier les ttuffes en tentant differens moyens , puifque nous les voyons
multiplier dans la terre, cette reprodudtion confirmeroit I'opinion dans
kquelle je fuis , que les graines font renfermces d.ans I'interieur de la
truffe , & que ce font ces graines &c ces points ronds qui obfcurciffent fon
parenchime. Ce parenchime eft foutenu par des fibres qui vont irrcgulie-
remeut de la circonference au centre , &: tout traverfe par des canaux
blancs qui forment la marbrure de la truffe. Quelquefois ces canaux
s'eteudent en formant des plaques blanches compofees de veficules tranf-
parentes , plus deliees que les autres j en forre que vues de cote , elles
forment une futface unie , blanche ; confiderces perpendiculairement ,
elles laiffent difcerner a travirs leur fubftance diaphane des poinrs noirs. Si
ces points font les graines de la trutle, je foupconnerois que les plaques
blanches en font comflie les Heurs, y ayant route apparence que les fleurs
doivent Ctre renfermees clans la truffe avec les grame,. Quoique les fibres
de la truffe foient fort deliees , elles ont cepAdant toutes enfemble affez
de force pour refifter quelque terns a I'effort qu'on fait en les tiranr en
long. Ou les obfeive mieux dans une truffe pallee que dans une fraiche ,
parce que
A C A D E M I Q U E. 4(Jj
parce que le cllTa charnu ctatic fletri , laille appeicevoir les locules qu'elles /
occnpoient, & qui rend en Ics exprimaiu le iuc dont elles etoicnc char- AcadRoyale
gees. Si au contraire on tire ces fibres de cote, elles fe dccliitent en fe fe- des Sciences
paranr en plufieurs lames dans le fens des fibres. Une preiive que ce font ^e ' aris.
des fibres, c'eft que I'endroit qui a cce gate par le ver , etant vu au ml- jinnee 171 1.
crofcope , paroit etre femblable a du bois pourri , en forte que ce ne
font plus que des fibres ou des lames fans fuc , fans veficules & fins Ics
points que je ret^arde comme-les graine<:. On les trouve comme criblces
aux endroits oil ces matieres auroient du ctre, d'oii Ton peut conjedluret
que les vers ou les infedtes ont fouftrait le fuc nourricier , puifqiie les in-
fettes que j'ai obferves, ont la mcme couleur que la trufFe dsns I'endroit
qui a ete pique.
Pour venir a I'analyfe de cette plante , j'ai cherche , premierement ,
d'oii venoit fon odeur; &i pour n'en point alterer les principes par Tac-
tion du feu, j'en ai renferme dans une cucurbite de verre , couverte de
(on ciiapiteau , dans lequel j'avois fufpendu des languettes de papier ,
reintes en bleu dans la ceinture de tournefol , & d'autres teintes dans
fe fuc de violettes. En moins de vingt-quatre heures , ce dernier papier
a pris une belle couleur verte d'emeraude , pendant que le pa[-ier bleu
ceint de tournefol n'a point change de couleur. Cette experience m'a coii-
hrme dans I'opinion que j'avois que cette odeur n'etoit qu'un dc'-elop-
pement d'un fel volatil alkali , mele de quelques foufres. Elle me prouve
aurti I'analogie de cette matiere avec les plantes & les fruits qui n'ac-
quierent d'odeur que par la fermentation au'ils eprouvent & qui les mi-
rit. Si cette fermentation devient trop confiderable , ces fruits pourrif-
fent , & donnent pour lors les graines parfaitement mures , comme les
concombres , les courges & les autres truits mols. Je trouve la meme
chofe dans la truffe ; elle eft infipide jufqu'a ce que la fermentation aic
developpe les principes . & les ait mis dans un affez grand mouvement
pour les rendre fennbles a I'odorat &: au goiit. Cette portion ell chargee
dans la truffe, d'une portion alTez confiderable de fels volatils, pour
qu'elle les manifefte des le commencement de la fermentation ; au lieu
que dans les autres plantes , excepte dans le pafte! , I'urineux ne fe de-
veloppe que dans la putrefaction : c'eft ce que j'ai obfervc en dernier
lieu fur I'abfinthe de laquelle j'ai tire un efprit urineux en la lailfait pour-
rir. L'odeur des truffes n'eft agreable que jufqu'a un certain point. Lorf-
qu'elles font plufieurs enfemble & qu'elles ont ete enfermees, elles fer-
mentent .i un point qu'elles repandcnt une odeur approchante de celle
du mufc , puis elles fe moifilTent & deviennent gUiantes. Cette glu ve-
gete , ou en fort de la meme maniere que la glu qu'on obferve dans les
cav.s qui eft d'abord vermiculee. Si les truffes ont ete tirees de terre &
apportees "pendant un tems fee, elles fe confetvent plus long-tems, pourvu
qu'on ait foin de les feparer comme on fait des fruits. Je crois qu'on pouc-
roit encore les conferver dans I'huile qui empecheroit la fermentation ,
parce qu'elle boucTieroic. les porQS extcrieurs. Les gens du pays pr^tendent
qo'elles font meilleures apres les premieres gelees; ce qui paroit aflez vrai-
fomblable, parce que ie froid peut fupprimer b fermentation, & faire
Temt III , PartU Fran^o'ife. N j
J^66
COLLECTION
ACAD.ROYALE
PES Sciences
DE Paris.
qu'elles fe conferveroient mieux. Ceux qui les garment , les xonfervenr
dans le fable ou dans la terre , fiuvanc qu'elles one befoin d'humidite oi;
cie fecherefle.
Pour continuer I'analyfe, j'ai mis des truflfes nettoyees de leur ecorce ,
Annee 171 1. dans de I'eau, apres les avoir coupees par rouelles. L'eau s'eft chargee
de I'odeur de la truffe , & d'une couleur de gris falej j'ai verfe de cette
teinture fur du firop violat, elle en a altere la couleur , & il a pris une
couleur verdatre : j'en ai verfe fur la dilTolution de fublime corrofif ; elle
I'a d'abord obfcurcie, puis il s'ell fait infenfiblement un precipite d'un
blanc fale. Enfin l'eau & les truffes fe font pourries, & la liqueur eft
devenue tres-puante & gluante. J'ai mis dans fix onces d'efprit de vin ,
trois onces de truffes coupees Sc nettoyees de leur terre comme les pre-
cedentes ; I'efprit a tire une teinture roulfe qui rendoit parfaitemenc I'odeur
de la tiuiFe. Cette teinture a coagule le blanc d'ccuf comme I'efprit de
vin a coutume de le faire , 8c elle a precipite en blanc la dilTolution du
fublime corrof'f a caufe du fel volatil qu'elle contenoic. J'ai laille I'efprit
de vin pendant deux mois fur des truffes 5 I'odeur en a un peu change &c a
approche de celle du coin; les morceaux de truff'es que j'en ai retires,
ecoient feclu's & comme raccourcis , 8c un inftant apres ils paroiffoient
blancs & converts comme d'une fleur faline , infipide , qui ne s'eft point
melee avec I'efprit de vin, comme nous voyons tons les jours que les fels
volatifs ne s'unilTent point a I'efprit de vin , ou du moins qu'ils ne s'y
diffblvent que difficilement &c en petite quantite. Cette teinture de truffe
par I'efprit de vin , jettee dans de l'eau claire , a donne quelques mar-
ques de foufre ou de refine, puifqu'elle a un peu trouble l'eau. Apres
avoir obferve les principes volatils des truffes par le developpement de
la fimple fermentation, j'ai employe le fecours de la chaleur la plus
douce. I'our cet eff'et, j'ai mis dans une cucuvbite , au bain de fable , 24
onces de truffes fraiches , entieres 8c nettoyees de la terre, autant qu'il
a ete poffible ; en trois jours j'ai tire deux onces fept dragmes 8c uu
fctupule d'une liqueur limpide , rendant une odeur de truffe tresagrea-
ble; cette liqueur a verdi le firop violat. J'en ai mcle avec la dilTolution
de fublime corrofif ; les deux liqueurs font devenues laiieafes, 8c ont pris
une couleur d'opale , puis il s'eft fait infenfiblement un precipite blanc.
En deux jours 8c demi , j'ai tire cinq onces fix dragmes dune liqueur
aufli belle, aufli odorante, & qui a fait les memes effets que la prcce-
dente. En trois autres jours j'ai tire trois onces &: deniie d'une liqueur
limpide , 8c qui avoir un peu d'odeur empyreumatique , qui a^ blanclu
tres-confiderablement la dilfolution de fublime corrofif, 8c _ mcme flit
une efpece de coagulum blanc affez epais , mais qui n'a point altere le
tournefol , non plus que les liqueurs precedentes , 8c a fermente quelque-
peu avec les efprits acides. En quatre autres jours j'ai acheve de deffe-
cher les truffles ; j'en ai tire douze dragmes d'une liqueur qui avcit la^
m:me odeur que la precedente , 8c qui a fait les memes effets. J'ai trouve
dans la cucurbite les truff'es entierement deffcchees, ne pefant plus que
neuf onces cinq dragmes ; je les ai mifes dans une cornue au fourneau^
de teverbere ; j'en ai fepare par un feu affez doux trois dragmes d'uae
A C A D t M I Q U E. 4^7
liqueur alTcz limpide , ni.iis qui a roufli au bciit de quelques jours; elle .
avuit une odeur de voi.uil parelUe a ces efprits qui one perdu de ieur ^^^j, Royaie
li']ueiir : elle a verdi le drop violac.n'a fair aucun eftet fur le touruefol, des Sciences
a coa'^ule & mc-me grumele la dKTolution de fublime corrofif. La feconde de Paris.
liqueur pefoir trois dragmes , eroit de couleur laireufe , &<: d'une odeur Annee 1711.
pareille a celle des efprits volatils des animaux. La troifieme liqueur a
pefc une once fix dragmes j elle ecoic fort roulFe , melee de quelque peu
d'huile. Ces deux dernieres liqueurs one fait les mcmes changemens dans
Lurs melanges que les prectdentes.
Enhn la quacrieme liqueur a pefe fix dragmes, elle etoit rouge, fon-
cce, epailFe comme du beurre Sc chargee de fcl volatil. Cecce huile n'a
poinc change la teincure de touruefol.
II y a eu environ une dragme dc fel volatil en aiguilles, charge d'huile
& facile i fondre. La tete morte a pefe quatre onces iix dragmes & trente-
fix grains. J'ai calcine cette matiere & je me fuis apperc^u aptes la cal-
cination , qu'elle ctoit chargee de beaucoup de terre qui au feu ctoit de-
venue rouge. J'en ai fepare le plus qu'il m'a etc pofllble, & j'tn ai re-
tire le poids d'une once deux dragmes : c'ell done comme fi je n'avois
analyfe que vingc-deux onces fix dragmes de trufFes, en forte qu'il ne m'eft
refte de tete morte , dedudion faite de la terre , que trois onces quatre
dragmes & trente-fix grains. Aprcs la calcination de cette matiere , ii ne
iu'eft refte que deux onces une dragme de cendres blanches dont j .li tire
par la lefllve une dragme de fel fixe alkali mcle de terre , &c qui a preci-
pite en jaune couleur d'ocre , la folution de fublime corrofif : il a Icj^cre-
ment verdi le firop violat & fermente avec les acides. Cette analyfe
nous prouve que I'odeur de 1* truffe ne depend que de la gtande quantite
de fel volatil huileux qu'ello conticnt.
Quant .r la vertu des trufFes, I'idee commune eft qu'elles echaufFent ;
Galien les re^arde comme un aliinent indiflerent & comme un alTaifon-.
nemenc agreable.
Avicenne pretend qu'elles font indigeftfs; mais pour accorder tout cela
on peut dire qu'elles ne font indigeftes que pour les mauvais eftomacs >
& q'le I'exces fcul en eft dangercux. Ce qu'ii y a de certain, c'eft que la
trutFe a cela de commun avec les autres fruits , qu'elle fe raccrnit dans
I'efprit de vin , &: qu'elle ne fe dilFouc dans I'eau qu'avec peine. J'en ai
garde une pendant fix mois dans I'eau , fans qu'elle fuc entieremenc
pourrie ; I'ecorce reftant encore , qui ne s'eft pourrie que la derniere.
^^^-^-
N3 ij
4(?8
COLLECTION
Acad. RoYAiE
DBS SciKNCEs EtabUJfcment de cjuelques nouveaux genres de Plantes , par
M- NissoLE^ dela Societe JR oyale des Sciences etablie a
Finnic 17 1 u Montpellkr.
\j ASPAR Bauhik, dans la quattietne fediion du onzieme livre da
pinhx , propofe :rois elpeces At rhhs , favoir , \^ rhus folio ulmi , le rhus
myrthifoLla monfpdiaca , & le rhus myrtifolia belgica ; mais comnie les ca-
'^ radteres de ces trois plantes fontcouc-a-faic difFerens, il a ecenerefTaire de les
feparer , & d'etablir de nouveaux'gentes pour les placer. M, Tourneforc ,
dans la premiere fedlion de la 21= cialfe de fes infticurions de Botanique 011
il donne le caraftere des arbres & arbri(feaux a fleur en rofe , dont le piftile
devient un fruit qui n'a qu'une cavite, y a range le rhus folio ulmi , & il
avertit dans le meme endtoic des Elemens de Botanique , qu'il faut exclure de
ce oenre , le mynhijolia monfpdiaca , Sc le mynhifolia belgica , parce qu'ils
n'en ont point le caraiSere; & dans les Memoires de I'Academie Royaie des
Sciences de I'annee 1705 , oii il donne quelques nouveaijx genres de plantes ,
il etablit celui du gale qui doit ette range dans fa cinquieme fedtioh de la
15= claffe des inftitutions de Botanique, & qui comprend les plantes qui
ont les fleurs a etamines , feparees des fruits fur le meme pied ; c'eft ce gale
que Gafpac Bauhin appelle rhus mynhifolia belgica , & Jean Bauhin , gale
frutex odoratus fipientnonum , nom que M. Tournefort a retenu. Et comme
le myrthifolia monfpeliaca ne pouvoit etre range fous aucun de ces deux
genres, j'ai ete dans I'obligation d'en etablir un nouveau , fous le nom da
coriaria , ou hcrbe aux lanneurs.
Coriaria.
Le coriaria eft un genre de plante dont la fleur eft compofee de dix eta-
mines chargees de deux fommets , chacune qui forrent du calice qui eft
divife en cinq parties jufqu'a fa bife. Lorfque la fleur eft padee , le piftile qui
eft contenu dans un autre calice aufti pareillemenr divife en cinq parties juf-
qu'a la bafe , devient conjointernent avec i'un & I'autre calice , un fruit qui
contient cinq femences , lefquelles ont a-peu-pres la figure d'un rein.
Je ne connois qu'une efpece de ce genre : coriaria vulgaris : rhus mynhi-
folia mo?ifpeHaca C. B. Pin. 4 1 4. Je Tappelle coriaria , ou herbe aux tanneurs ,
parce qu'elle a le meme ufage pour apprecer les cuiis , que Theophrafte ,
Diofcoride, Pline , & la plupart des autres auteurs attribuenc au fumach
ou'ils ont nomme rhus coriaria , ou rhu^ coriariorum.
Jafminoides,
Je mefers de ce nom pour exprimer un genre de plante dont la fleur eft
une cloche alongee en tuyau, & dccoupee en cinq crenelures. Le cahce qui
foutient cette fleur eft un godet decoupe en cinq parties, dans le fond du-
quel fe trouve le piftile qui s'emboite dans un trou au bas de la fleur , & qui
Ac^B.KoYALi
DHS i>CIENX£S
D£ Paris.
Annie 1711.
A C A D E M I Q U E. 4^9
lorfqu'elle eft pafTcc , devlent un fruit, ou baye tonde & molle, laquclle
renferme environ doure 011 quacorzc fcmences.
Je ne ronnois qii'une cfpece de ce genre •.jafmino'Ues afilcanum , jafm'tni "nA'\r^^Kcls
aculeaiifotiis & facie : an rkamnus , alter fol.fuHcisJl, purpurea Q. B. Pin, 477. d£ Paius.
Rhamrii prioris altera /pedes. Clus.
Avant de pafTer aux genres fuivans , j'ai cru qu'il ecoit a propcs d'avertic
que je n'ai donns le nom itjafminoides a cec arbufte , qu'a caufe dii rapport-
qu'il a avec le rhamnus cortice albo monfpelieiifium. J. B. que j'ai rapporte au
genre du jafmin, & que ]i^^t\\tjafminumfruttfcens acukatumfloreyanthtno ^
parce qu'il n'a pas pu fe ranger au genre du nerprun , ni a celui iapaliare,
nun plus qu'a celui du rhamno'ules que M. Tournefort a etabli dans le corol-
laire des inftirutions de Botanique , ou il a place le rhamnus fulicis fulio an~
gujlo friiSu Jlavefcente. C. Ji. Pin. 477 , fous le nom de rhamnoiJes fruclifera ^
fo His fail CIS baccis leviter jlavtfcentibus ; Si c'eft ce qui m'a oblige de le rap-
porter a la premiere fedlion de la vingtieme clalTe des inftitutions , oil il eft
traite des arbres & des arbrilfeaux qui ont la fleur d'une feule feuille, &
dont le piilile devient une baye , ou fruit mou , & rempli de pcpins; fe(ftion
dans laquelle eft compris le genre qui contient les diffcrentes eineces de jaf-
min :& il |e doute que cet arbre dont je viens d'etablir le genre, foit le
mcme que celui que Cluiius nomme dans le chapitrc 77 du premier iivre de
fon Wido'iK : rhamni prioris altera /pedes , qu'il dit n'avoir trouve que dans
un feul endroit , pres d'Horivella , aux extremites du Royaume de Valence ,
le long du fleuve Segura, Sc Bellon , fur les cotes de la mer rouge; c'eft
pourquoi celui-ci , quoiqu'il ait les feuilles & plus charnues , & plus petites ,
qu'il ne s'eleve pas audi haut que le jafminum acultatum , qu'il foit d'un
gout tsnt foit peu fale, &: qu'il ait la Heur de couleur de pourpre , comme
celui dont parle Clufius ; toutefois la Heur n'en eft pas du tout evafee ,
comme Clufius pretend que left celle du lien , & quil ne dit pas un moc de
fon fruit.
Ficoidea.
Leficoidea eft un genre de plante dont la fleur eft a etamines , placees
dansle calice deeoupe en cinq parties. Lorfque la fleur eft paffee, le piftile
qui eft charge de cinq petits filets jaunes , devient un fruit pentagone qui
s'ouvre en cinq parties , dans la cavite duquel font contenues qaantite de
petites femences de la figure d'un petit rein. ,
Je ne connois qu'une efpece de ce genre ':' /fco/Vea proctimbens portulacce
folio. Kali a^oiJts canarierife procumbens porfulacx palUfcenlibus foliis afptr-
gine roridd perpetuo madidis. Pluk. Phytogr.T. J04. Volch. Flor. Noriberg.
^i6. . , ^
J'ai donne a cette plante le nom de ficoidea , parce que fon fruit a du rap-
port avec le fruit de quelques efpeces dc ficoides dont parle M. Herman
dans le catalogue des plantes du jardin de Leyden , & dont M. Tournefort
ctablit un nouveau genre dans les Memoires de I'.Acadcmie Royale des
Sciences de I'annee 1706 ^ & I'on peut aifement voir par les caraderes qui
le conftituent, que cette plante ne peut pas y are compdfe, non plus que
470 COLLECTION'
■ dans celui qui coiuieiu les efpeces de kali , oil M. Plukenet, Sc M. Vol-
AcAD.RoYALE chamer I'ont placee.
DEs Sciences P artheniajirum,
DE Paris.
. , Ls par the niajlr urn eft un genre de plante a fleur radiee , dont le difque eft
' ' compofe d'un petit bouquet de fleurons difpofes en aigrette , la couronne de
cinq autres perits bouquets compofes de deux Beurons feulement, couches
fur une petite feuille. Lorfque la fleur commence a finer , il paroit entre les
deux fleurons de petits bouquets qui compofent la couronne , cinq petites
femences noires , chargees d'un petit toupet chacune , lefquelles ne repre-
fentent pns mal un cceur enflamme, de la maniere qu'on a coutume de le
peindre : toutes ces parties font foutenues par un calice limple , divife en
cinq parties , &: fendu jufqu'a fa bafe.
Je ne connois qu'une efpece de ce genre. Partheniajlrum americanum am-
hrojia folio, Mairuaria americana ambrojics. folio paryo jlore albo. Infi. Rei.
Herb. App.
M. Tournefort , dans la troifieme feftion de la i4=cla(re de fes inftitu-
tions , lorfqu'il etablit le genre de la matricaire , en faifant le detail des prin-
cipales parties qui en font le caradlere , y fait entrer un calice compofe de
plufieurs feuilks difpofees en ecailks , des fleurons, des demi-fleurons lorf-
qu'il s'y en trouve , portanc chacuii fur un embryon qui devient enfuite une
femence , & le refte qu'on pourra voir dans I'endroit que je viens de citer.
Mais la plante dont j'etablis le genre, a le calice fimple d'une feule piece ,
deconpeen cinq parties , des fleurons a laverite, mais fteriies , qui ne portent
fur aucun embryon, & le fruit eft (i different de celui de la matricaire,
qu'il eft aife de conclure quelle ne doit pas etre rangee a fon genre.
Je I'appelie /'rt«Aenii7/?r«OT, du nom Ae. parihimum que quelques auteurs
ont doniie a plufieurs efpeces de matricaires.
Malgre cette meprife , qu'il eroit facile de relever, je n'en regarde pas
moins M. Tournefort comme le premier des Botaniftes.
Defcription des flairs & des graines de divers Fucus.
Et quelques autres Obfervations Phyfiques fur ces mimes
Plantes.
Par M. D E Reaumur.
X ERSONNE, que je fache , n'a encore trouve les fleurs d'aacunes
plantes de I'Ocean , meme de celles qui font les plus faciles a obferver,
je veux dire de ces plantes que Ton peur examiner fur pied comme les ter-
reftres, parce que la mer les abandonne chaque jour pendant plufieurs heures.
Je ne vols pas meme qu'on en ait encore reconnu les femences ; quoique
M. Ray nous tapporte page 1843. Hifl. &C page 6. Synop. que M. Robinfon
a obferve le premier , que les veflies qui font aux extrcmites des feuilles
de divers fucus font les capfules qui contiennenc les femences \ car M.
A C A D fe M I Q U E, 47 1
Robinfon a regarde comme les femences , certains petits corps ronds ___„____^
d'une couleur obfcure , 8c ces , petits corps , comme nous le dirons dans T Z
la fiiite , ne font eux-mcmes que les capfules des femences. nE^s"^'ciF°^Es^
Dans le dernier voyage que je fis fur les cotes de Poitou &;d'Aunis, de Paris.
j'examinai attentivement les plintes qui y croill'ent , je trouvai dans quel-
qucs-unes des fleurs & des graines ; d'autres que je confidcrai peut-ctre ^"''*' 1711.
dans des tems moins favorables , ne me lailFerent voir que des fleurs, ou
que des graines.
Le nom ds fucus commun a qmntite de plantes marines, a eu une figni-
fication a(Tez incertaine parmi les auteuts. Quslques-uns s'en font fervi
pour exprimer routes les plantes marines ; d'autres ne I'ont attribuc qu'a
une certaine plante de mer qui par fa figure relTemble a la racine d'une
plants terreftre j c'eft d'aprcs Imperati que |e parle. M. Tournefort a fait
des fucus , un genre de plantes , Sc pour nous donner le caradlere de ce
genre , il s'cft contente de faire graver trois plantes differentes, & nous a
dit de rapporter au mcme genre toutes les plantes qui croilfent fous les
eaux , dont les figures approchent de celles qu'il a tait reprefenter; ca-
radere a la verite uii peu vague , mais il n'etoit pas aife de mieux faire.
Les premieres plantes ou nous avons trouvedes fleurs £c des femences , font
d\i genre de fucus qu'il a determine.
Entre les plantes de ce genre , il n'y en aguere de plus communes fur
les cotes de Poitou & d'Aunis que celles que nous avons fait graver dans-
la PI. XFI : c'eft \e fucus ,fivh A'ga latifolia major dcntata. Raii Synop.
3 & Hijl. A p. On I'a trouve dans Motilfon Hijt. Oxon. part. 5. ScB. 15.
Tab. 9. Fig. I, EUe croit pres des bords des cotes. La mer pendant fon
reflux lailfe toujours a decouvert un grand nombre de plantes de cette efpece ,
elles font fi proches les unes des autres dans la plupart des endroits ou elles
viennent , qu'elles couvrent enticrement la furtace de la terre que la mer
a abandonnee.
Chaque plante eft attachee i une pierre par fa racine RR , fi pourtanc
on peut donner ce nom a une partie qui relfemble plus a la racine des
plantes terreftres par fa poiition , que par [es fonctions & fa figure. La
furface inferieure de cette efpece de racine prend la figure de la pierre
fur laquelle elle eft appliquee; fon contour eft a-peuprcs rond , &: a envi-
ron un pouce , ou un pouce & demi de diametre ; elle eft tres-adherente
a la pierre a laquelle il y a apparence qu'elle eft collce par une matiere
glutineufe dont ces fortes de plantes font remplies ; du moins ne voit on
pas que la racine jette aucunes fibres qui aillent s'infinuer dans lafabftancc
de la pierre.
Pres de fes bords, la racine n'a gr.ere qu'une ligne d'epailTeur; mnis
cette epaifleuraugmente infenfiblement jafques vers fon milieu; la elle eft i!e
quatre a cinq lignes , de forte que fa figure cxterieure a quslque air de ccllc
d'un pied de verre : on v voit pourtant diverfes finuofites qui ont leur di-
reftion du milieu vers les bords : fi couleur eft plus brune que celle 6a
refte dc: la plante , meme que celle des tiges j elle eft d'un verd trcs-obf-
cur , fa fubftance eft affez dure.
C-cfi environ du milieu de cette racine que partent les tiges ; quelque-
DE Paris.
Annie 1 7 1 1 .
4,-ji COLLECTION
-. -— ' fois la plante en a trois ou quaere T T T T {PL XFl! ) \ fouver c elle n'en
AcAD.RoYALE a qu'une T { PL Xl'I)'- chaque tige elt un peu applacie. Si pres de fon
»Es Sciences origine elle a quaere lignes de largetfr , elle n'en a que deux d'epaiffeur , fes
cotes font arrondis. Cetce tige jette ordinairemenc trois ou quatre bran-
ches , depuis la racine jufqu'a un pouce &: demi de U. Les branches font
patfaitement fembhbles aux riges i leur grolTeur pres. De diftance en dif-
tance les unes & les aurres fe divifent a deux diverfes fois : une tige fe
divife pour I'ordinaire cinq a fix fois ; & chacune des parties nee de cette
divifion , fe divife de la meme maniere quatre a cinq fois , plus ou moins.
Les rameaux qui naiirent de chaque divifion , font a Tordinaire plus petits
que la braiiche qui les a fournis:ce font tous ces rameaux, ces branches,
ces tiges qui font les nervures des feuilles , ou qui , plus exadtement par-
lant , font les nervures de la teuillejcar il fenible que la plante entiere ,
lorfqu'elle n'a qu'une tige , n'eft qu'une feuille profondement decoupee ,
&c que fur une meme racine , on ne doic compter qu'autant de feuilles qu'il
y a de tiges difterentes , ou rout au plus qu'il y a de branches principales
partanc immediatement des tiges.
Toutes les branches & leurs ramifications font dans un meme plan ,
comme les doigts dune main etendue , &: pour me fervir d'uiie compa-
taifon qu'Imperati a employee dans la meme occafion , la fubfbance de la
feuille eft: attachee a ces difFcrentes ramifications , de la meme maniere
que les plumes font collees conrre le bois d'une Heche ; ainfi chaque feuil-
le , ou chaque partie de feuille eft divifce en deux egalement par une des
ramifications.
Mais il eft: a remarquer que les rameaux que nous pouvons a prefent
anpeller les nervures de la feuille , deviennent plus etroits & plus delies
a mefure qu'ils s'eloignenc de la racine, & que la feuille, ou les parties
de la feuille deviennent au contraite plus iarges felon qu'eiles s'en eloi-
gnent davantage.
La tige elle-meme , & les principales branches qu'elle fournic , commen-
centa fervir de nervure a la feuille a quelques pouces de leur origine \ eti
cat endroit la feuille a une largeur prefque nuUe , qui augmente infen-
fibleraent eii fuivant la nervure des deux cotes; un demi-pouce au deflus ,
quelqucfois plus loin de I'endroit 011 la nervure s'eft devifee en deux , la
partie de la feuille qui eft: dans I'interieur de Tangle , fe divife aufli en
deux , & la feuille continue de meme a fe divifer a mefure que les nervu-
res fe divifent.
Au refte ces nervures ne jettent aucunes fibres fenfibles dans la fubftance
de la feuille, & quelqne dcliees qu'eiles deviennent, on les diftingue
fort aiftment du refte de la fubftance, par leur couleur qui eft plus brune.
Celle de la feuille eft d'lin verd tirant fur le verd d'olive , la leur eft d'un
verd plus fonce ; d'ailleurs leur tifture eft a I'ordinaire plus ferree que celle
de la feuille : comme elles deviennent de plus minces en plus minces ,
en certains endroits elles n'ont que Tepaifteur de la feuille; en d'autres
elles en ont bsaucoup davantage : mais ou leur epaideur furpafte celle de
la feuille , elle la furpalfe egalement de part & d'sutre , &c c'eft ce qui
fait en partie que ces fortes de feuilles n'ont ni envers , ni endroit , je
veux
ACAD^MIQUE. 47 j
veiix dire qu'clles n'ont point un cote different de I'autre , comme les —
feuilles des pl.intes terrelbes doiu le deflous eft fort dift'crent du delfus. Acad.Rovale
Los exrrcmites des teuilles , ou plutot les extcemites des parties de la des Sciences
feuiUe , ont Icurs coins arrondis : la figure du refte de cette extrtmite n'a ^^ 1 aris.
rien de .conitant ; quelquetois elle ell prefque carree , ayant pourtanc di- Annk 171 1.
verfes petites decoupures , & une plus profonde que les autres vis a-vis le
bout de la nervure : quelquefois au conrraire vis-a-vis le meme endroit,
la feuille forme une efpece de poince qui avance plus que le refte.
La lars^eur Ais feuilles des plantes de cette efpece varie fort; il y en a
dont les extremites ont quatorze a quinze lignes de largeur; d'auttes vers
les niemes extremites n'ont que cinq a fix lignes. La plus grande lar-
geur de chaque portion de feuille n'eft pas neanmoins precilement aux
extremites, elle eft un peu au-delfus d'une des dernieres divifions des
netvures.
La longueur de cette plante n'eft pas plus aifee a detetminer que fa lar-
geur ; elle va rarement par de-la deux pieds & demi ; mais fouvent elle a
beaucoup moins. Au refte j'ai dit la longueur , & non pas la hauteur ,
parce que la tige etant flexible, & trop foible pour foutenir la plante , on
la trouve toujours couchce lorfque la mer s'en eft eloignee pendant fon
reflux.
Les bords des feuilles font denteles ou decoupe;; chaque petite dente-
lure fe termine par un angle fort aigu, & eft incline vers le bout de la
plante : il y a ordinairement deux ou trois de ces denteiutes , quatre a
cinq fois plus longues que les autres , fituees vers des branches & des
tiges : il y en a quelquefois de pareilles dans divers autres endroits de
la plante.
Aprcs.tout , il y a bien de la varicte d-ins la maniere dont font taillees
& diftribuees ces dentelures; de forte que Ton ne pourra guere fe fier aux
differences qui en nailfent pour diftinguer les efpeces de ces plantes ,
qu'apres une longue fuite d'obfervations rcitcrees. II y a meme lieu de
foupconner qu'on adeja employe differens noms pour en dcfigner plufieurs
comme diff"erentes , qui ne devroient fignifier que la meme, fous difte-
rentes figures.
La feconde plante de cette efpece que j'ai fiit graver ( PL XVll ) eft
propre a taite lentit combien ce foup9on eft iorvAi. C t^\^ fucui mann-
mus y vil qutrcus maritima vejiculas habens. C B. pin. 3 (J. 5. Ra'u. HiJI.-jo.
Souvent Ton ttouve cette plante fans qu'elle ait aucunes denteiutes , au-
cunes decouputes fur les feuilles : & fur Its mcmes feuilles on ttouve en
differens endroits de petiies veflies approchanres de la figure d'une boule
un peu applatie V V. LTne des moities de cette veflie eft d'un cote de la
feuille , & I'autre moitie eft de I'autre cote de la meme feuille. Ces diffe-
rences fembleroient fuffire pour determiner a regarder cette plante com-
me differentc de la premiere dont nous avons parlc ; mais on verra qu'on
ne peut compter surement fur ces fortes de varietes , fi Ton prend garde
que la phnte de la PL XFJI n une branche prei-ifement decoupee com-
me Valgadentata Rate , & que fur cette branche il n'y a aucune vcficnle. Si la
plus grande partie des branches de cette plante ecoic comme la bran-
Tome /// , Partie Frangoife. O 5
474 COLLECTION
1=:=:=^^ che Bdentelee & fans veficules , & que quelques unes feulement fudcnr
Acad. Royale ^^"* dentelures , &c eulTent des veficules ; fous laquelle des deux efpeces
DES Sciences la can^eroit-on ? De plus, ne peuc-il pas atrivec que dans certains endroits
X)E Paris. routes les branches de la plance viennenc telles que la branche B , & que
yinnie mi. flutes les aucres foient comme le refte de la plante , ce qui eft d'ordi-
naire , & alors , tantot la meme plante feroit fucus Jivh alga latifolia den-
tata Rail : & tantot le fucus v^ficulas habens. Enfin on a vu ,ces fortes de
fucus dans des terns oii les extremites de leurs feuillesetoient gonHees , Sc
dans des terns ou elles ctoient appLuies , & cela a fourni encore des dif-
tindions de plantes differentcs bien peu fondees. Apres que noiisaurons
fait connoitre leurs fteurs &c leurs graines, on verra que ce gonHtment des
extremites des feuilleseft paffaget , & de quoi il depend.
Quoi qii'il en Coit de la vatiete des efpeces de fucus qui par leur figure
reffemblent a ceux des PL Xf^I &c XFII ,']e leur ai trouve a tous dss
fieurs & des graines femblables & arrangees d'une femblable maniere.
Leurs fieurs viennent fur route la fubftance de la feaille , depuis fon orj-
gine jufqu'a fes extrcmires , il n'y a que fur les nervares ou on n'en trouve
point , le refte de la plante en eft tout couvert F FF F , &:c. ( PL XVI.)
Chaque fleur eft une efpece de petite houpe , de petite aigrette coin-
pofee d'une infinite de filets difrcrens extrcmenient delies; ceux done
rafTemblage forme une meme fleur , font tous a-peu-pres de mcme lon-
gueur , mais des fliurs differentes font compofees de fikts plus longs ca
plus courts : les plus longs n'ont guere plus d une ligne , & les plus courts
ont du moins une demi-ligne : ils partent tous d'un petit trou fau dan*
la fubftance de la feuille , ce petit troa leur tient lieu de calice.
Ces filets quoique courts ne fauroient fe foutenir, tant ils font deliesj
d'ailleurs ils (bnt extremement flexibles, on peut les comparer a des fils
de versa foie, ou meine a des filsde coques d'araignees; lorfque la mer
s'eft eloignee de la plante , ils font tous couches , ils y paroide.nt arranges
de maniere fort ditferente \ fouvent on les voit difpofes en rond P P
{PL XVI) comme le font les demifleurons des fleurs radices, ou com-
me le font les feuilles des fleurs en rofes : quelquefois ils font tous jettcj
d'un meme cote, ils reflemblent alors a une aigrette de verte ou de crin
cojchee. Enfin , fouvent leur arrangement tient quelque chofe des-deux
arrangemens precedens ; il depend beaucoivp de la maniere dont I'eau oii
ils nageoient , s'eft ecoulee. On imagine affez que des fils delies & flexi-
bles peuvent fe jetter de difterens cotes.
Avec quelque foin que j'aie examine ces filets , je n'en ai pu trouver
dont les extremites fuflent chargees de fommets , c'eft ce qui m'a empe-
che de leur donner le nom d'etamines , qui ne fauroit leur convenir , fi I'ori'
s'en tient a la definition des etamines que nous a donnee M. Tourneforr.
Peut-ctre que dans les plantes marines les pouffieres fortent par toute la'
longueur du filet , au-lieu que dans les plantes tetreftres , elles fortent
feulement par les fommets dont les filets font charges. Cette derniere
conjedlure n'eft pas entierement fans fondement , on voit fur ces filets,
divets gtains de pou(fiere , mais il eft a craindre que ce ne foient de
petices parties du iediment que I'eau y a iaifle.
ACADfeMlQUE. 47j
Au refte quelque nom que I'on veuille donner i cfisflears, je veux ~
(3ire,foit qu'oii Icslailft; dans la cbire des fleurs a etamines , foic qu'on Acad.Royale
eii fa(Te une clalle qu'on nommcra des fleurs a filets , ou aigrecres ; la ^'^^ Sciences
maniere doiit elles lone di(lribuci;s fur la feuille n'a rien de regulier ; ^^
tantot elles font plus prochus , tancoc elles font plus eloignees les unes Annce 171 1.
des autres : quelquefois les bouts des hlets d'une Hear couclient les bouts
<les filets d'une autre fleur ; fouvent elles font eloignees d'une ligne les unes
des autres, mais rarenunt de trois : elles viennent egalement fur I'un &
I'autre cote de la teuille, mais thaque fleur ne jette des filets que d'un
cote : elles font beaucoup moijis fenfibles lorfque la plante eftmouillee,
que lorfqu'elle commence a fecher , & cela parce que les filets font blams
quand ils font fees; au-lieu que pendant qu'ils font niouillcs , leur cou-
leur tire fut le brun , couleur plus approchante de celle dela feuille.
De toutes les fleurs qui couvrentces fortes de plantes, il n'y a que
celles qui viennent aupres de quelques unes des extremites des feuilles , qui
donnent des graines. Lorfque ces fleurs font prCtes a tomber les extie-
niites de la feuille commenccnt a fe gonfler g gg ,S^c { PI. XFI) Sc le rerte
de la feuille conferve fa premiere epailTeur : les extremites apres s'etre
gonflees a im certain point , deviennent des efpeces de goufles G G G &
H I I I ( /*/. Xf^II ) qui conciennent les femences : les fleurs etant tom-
bces , on diftingue aifement divers petits trous O O ( Fig. Xf^I) qui pa-
roilfenr penetrer dans la fubftance de la feuille. De chacun de ces petits trous
iortoit une des houpesde filets , ou une des fleurs : ces trous font beaucoup
plus fenfiblespres des extremites de la feuille que par- tout aillturs , & ils le
font d'autant plus dans ces derniers endroits , que TepaifTeur de la tcuille
y eft plus augmencee ; lorfqu'elle y eft devenue un pcu remarquable ,
non-feulemenr ces trous font tresdiftinifis , mais on voit de plus un petic
rebord , une efpece de bourlet qui les entoure j de forte que I'ouvet-
ture de chaque trou eft un peu plus tlevee que le refte dela futface de
la feuille.
L'epaiireur des bouts de la feuille croit fouvent jufqu'i ce qu'elle ait
fepta huit lignes vers le milieu du bout : quelquefois elle devient pluscon-
fiderable ; mais fouvent elle left moins. Ces extremites gonflees prennenc
une figure difterente de cclle des autres extremites : ordinairement elles
fe terminent par deux pointes ou deux efpeces de cornes G G G ( PI. XFII )
qui forment un angle aigu. La longueur de chaque corne a environ le tiers
de route la partie gonflee. Quelquefois il y a des extremites qui font ter-
minees par trois de ces pointes ou cornes H , &: quelquefois il y en a qui
ne font terminees que par une feule pointe 1 1 1.
Les parties gonflees ont differentes longueurs dans la meme plante , &
a plus forte taifon dans difteientes plantes. Leur longueur eft commune-
ment depuis un pouce jufqu'i deux. L'extremite oppofee a celle des cornes
eft arrondie ; les cotes en font aulfi arrondis , je veux dire que pres des
cotes elles ont moins d'cpaitTeur que vers le milieu : les nervurcs de la feuille
ne font po;i-.t fenfibles dans les endroits gonfles.
Si Ton cnape, foit horifontalement OOO, foit verticalement , uYi des
bouts gonfles , oil le trouve rempli d'une raatiere vifqueufe qui a alfeL de
O 3 i^'
'ARIS.
Annii 1 7 1 1 .
47'J COLLECTION
'^"^ confiftance , tc qui eft fort tranfparente \ c'eft cette matiere qui augmente
Acad. RoYALE fi fort ie volume des bouts de la feuille : les parois qui la contiennent n'ons
D£s Sciences apeupr^s que I'dpailTeiir des autres endroits de la feuille. II femble que
DE 1 ARIS. I'epaideur de la feuille ecoit pour ainfi dire compofee de deux membra-
nes couchees Tune fur I'autre , & que la matiere vifqueufe dont nous
parlous , s'eft infinuee entre ces deux membranes , qu'elle les a ecartees
I'une de I'autre de plus en plus a mefure qu'elle s'eft aftemblee entr'elles.
Comme cette matiere eft tranfparente auffi-iot qu'on a eu "coupe les
parois qui la contiennent, on apper^oit quantite de petits grains ronds
000 ( PL XVIl^ qui ont environ una demi-ligne de diamctre ; leuc
couieur eft rougeatre ; ces petits grains font attaches a la fubftance de la
feuille , c'eft-a-dire aux patois qui renferment la matiere vifqueufe. A la pre-
miere vue on les prendroit volontiers pour les femences de la plante; mais
iorfqu'on les regarde de plus ptes , on decouvre qu'ils n'en font que les
capfu'.es, il n'eft queftion pour cela que de les couper en deux, les yeux
feu's appercoivent quantite de petits grains ronds colics contre leurs pa-
rois de la meme fa^on que chaque capfule eft collce contre la feuille ;
la couieur de ces grains eft d'un jaune rougeatre. Il paroit aufti au milieu
de chacune de ces petites capfules , une matiere vifqueufe qui a quelque air
de celle qui fcpare les caplules les unes des aiitres.
Quoique les capfules des femences paroilTent au premier coup d'oeil ,
de petites boules attachees a la furface inferieure de la feuille, fi on les
examine plus attentivement , on verra que leur figure reflemble davan-
lage a celle d une bouteille dont le col feroit fort court. Le col de la cap-
fule , s'il m'eft permis de me fervir de ce terme , eft loge dans I'epaif-
feur de la feuille , il la traverfe : le petit bourlet dont nous avons parle
ci-deftus qui eft autour du trou ou la Heur etoit logee , eft le bout da col
de cette capfule.
C'eft ce qu'on appercoit fort dircindement , ^\ en ccupant une partie gon-
flee , on a eu attention de divifcr en deux egalement un de cts petits
hourlets ; on remarque fans peine que le petit trou dont le bourlet entoure
I'ouverture, traverfe repaifteur de la feuille , & qu'il va fe rendre dans le
milieu de la capfule.
On pent s'alTurer encore d'une autre maniere que ce bourlet, & le col
dont il fait partie, appartiennent a la capfule, & voir cette capfule dans
fon entier feparee du lefte de la feuille ; & cela fi avec la pointe d'une epin-
gle , on poufte tout doucement & a diverfes reprifes le contour du bour-
let ; ce petit bouilet & le col de la capfule fe detachent aifement de la
feuille : la capfule entiere paroit alors telle qu'on la voit en B & E [PL
XVll ) ^ la figure E la reprefente vue de face , & la figure B la repre-
fente vue de cote ; elles ont ete deffinees I'une & I'autre de la grofleur dont
elles paroiffent a la loupe. On a aufti reprefente en S (wewe PL XVII)
trois des petites graines ou femences contenuesdans ces capfules.
C'eft dans le mois de Juin que j'ai trouve des fleurs fur ces fortes de
fucus ; j'en ai vu auftt beaucoup de Heuris dans le commencement de Juil-
let ; mais j'en ai vu ttes-peu en Heur fur la fin du meme mois.
li paroit affez fingulier que les plantes de ce genre ne portent des grai-
A C A D t M I Q U E. 477
ties qu'aiix extremites de leurs feuilles , quoique les fleurs viennent fur , — ■-
route I'ctendue des feuilles. ll y en a cependanc une raifon fi naturelle , Acad.Royale
qu'il femblera peuc-c-tre plus extraordinaire que les fleurs Sc les graines dps SciXncls
de quelques pl.intes dont nous parlerons dans la fuite , viennent cgalement ^^ 1'aris.
fur route I'etendue de la plante j car cette raifon eft tirce de la ftructure ^nnin 171 1.
generate des plantes marines.
On fait qu'eiles fe nourriirent d'une maniere differente de celle dont fe
nourrillent la plupart des plantes terrcftres; tout le corps des premieres
doit faire les mcmes fondions que fait la racine des fecondes : chacune
de leurs petites parties doit avoir des canaiix qui donnent entiee aux* par-
ties d'eau propres a les nourrir. Leurs racines qui ne font , a exaclemenc
parler , que leurs pieds, font collees fur les corpc les plus durs, comme
fur des pierres , des coquilles , des os de diftcrcns animaux , &;c. Que pour-
roient-elles retirer de femblables corps ? La plante entiere eR done une
efpece de racine , aufli elle eft environnee de toutes parts par relcmenr
prc>pre a lui fournir de la nourriture , au-lieu que la racine feule des
plantes terreftres eft couverte par la terre , comme I'a remarquc fort inge-
nieufement M de Fontenelle. Hijl. di 1710.
Une experience fimple dont M. de Fontenelle fait mention au mtme
cndroit , & que j'ai repetee un grand nomhre de fois , en eft encore une
nouvelle preuve , & fort decifive. Si Ton met nne partis d'une plante
marine feche dans I'eau , quelque racornie , & quelque feche que fur
cette partie , elle reprend en peu de terns fa premiere figure , & la pre-
miere confiftance ; mais le refte de la plante qui fe trouve hors de I'eau ,
ne profite en aucune facon de 1 luimidite qui a rctabli en fon etat naturel
la partie voifine. De-la il fuit cvidemment qu'il n'y a point de canaux
dans ces fortes de plantes , cjiii portent le fuc depuis leurs pieds jufqu'aux
extrcmites des feuilles : dquoi meme Qj^feut ajourer que leur fubftante
ne peut pas comme le tiftii des dtaps filSmr a filtrer I'eau ; car quoique les
bouts de la feuille qui font hors de I'eau , foient plus bas que la furface
de I'eau , il n'y a toujours que la partie qui eft immediatement touchce
par I'eau, qui s'humeCle ; de la il fuit cvidemment que les canaux qui fe
chargent du fuc noutricier , font perpendiculaires, oupeu obliques a I'c-
paiffeur de la feuille.
Or ceci ctant bien etabli , il n'eft pas mal-aife de voir pourquoi les
fleurs des bours des feuilles , donnent des femcnces, pendant que les au-
tres fleurs n'en donnent point. Ces bouts font d'une tilfure plus molle , &
f>lus lache que le refte de la plante : d'oii il fuit que leurs canaux font plus
arges j qu'ils donnent une plus libre entree au fuc nourricier , & a cette
matiete glutineufe qui doit fe loger dans repaiffeur de la feuille & fcpa-
rer les capfules les unes des autres. D'ailleurs cette inatiere ne fauroic
trouver place , fans divifcr en quelque facon en deux repaiffeur de la
feuille : des parties moUes relies que font les bouts des feuilles, fouffrenc
plus aifemenr une pareille divifion , que des endroits plus durs. Les grai-
nes trouvent done dans les extrcmites des feuilles, plus de fuc nourricier ,
& moins de diflSculte a s'ctendre \ ellcs y doivent done croitre plus aife-
ment. La couleur des bouts des feuilles eft aufli d'un verd jaunacre , ce
47? COLLECTION
^ n'eft qu'en vieilllfTant , & en prenant une tifliire plus ferree qu'ils prennent
AcacRoyai-e la coiiieui- du refte de la feuiUe.
DEs Sciences H ell peuc-etre plus difficile d'expliquer la formation de certains tuber-
BE Paris. cules , ou de certaines vellies V V ( Pi. XFll) qui font diftribuees en dif-
Annii 171 1. ferens endroits des feuilles : czs veflies ont de part & d'autre de la feuille ,
la figure d'une portion de fphere ; intcrieurement elles font vuides, ou
du tnoins elles ne contiennent que divers filamens fees qui les traverfenc
en tout fens, mais qui ne forment point un tilfu (olide. Ces tubercules ne
devroientils point leur naifTance a une cau^e afTez femblable a celle qui
contribue a former lesgoulles des capfules , je veux dire qu'il y a quelque
apparcnce que la tilFure de la feuille s'etant trouvee plus lache qu'ailleurs
en certains endroits , elle lui a donne une plus libra entree au fuc nourri-
cier ; que dans ces endroits fe font formes des tubercules folides & prefque
infenfibles \ mais la tiffure extcrieure etant devenue enfuite trop ferree
pour donner la nourtiture nccelfaire a ces tubercules , ils fe font defleches,
il n'y eft refte que divers filamens qui font ceux qui les traverfent. D'ailleurs
parmi les parties aqueufes qui compofoient ces tubercules , il y avoir de
I'air mele j lorfque les parties aqueufes fe feront cvaporees , I'air aura pu
s'en degager, & refter dans la plante : il fe fera dilate alors fe trouvant en
liberte ; cat fair mele dans les liqueurs , y eft comprime ;& c'eft probable-
ment a la dilatation de cet air , & a I'air qui s'ademble en certains endroits
de la plante , que ces tubercules doivent leur figure ronde , leur grolleur 6c
leur accroiffement : ce qui eft de sur , c'eft qu'ils font plains d'air , & que
cet air n'a point d'iffue au cravers des parois qui le renfermenr, Lorfqu'on
marclie au bord de la mer fur ces fortes de plantes , on entend continuel-
lement un bruit femblable a celui que fait I'air , lorfqu'en le comprimanr,
on I'oblige a brifer les parois de la veflle oii il eft contenu \ aufti le poids
qui charge alors les veflies des fucus , force I'air a fe faire une ilTue , & a |J
crever ces veflies. n
Si I'on retire de I'eau routes les efpeces de///cwi precedentes , lorfque
les bouts de leurs feuilles font gonHes en forme de goufles , & peu de terns
apres que les fleurs en font tombees ; quand ces plantes commencent a
fecher , on voit une goutte d'une liqueur epaiiTe , d'un jaune tirant fur le
rougeatre , qui vient fe placer fur I'ouverture de chaque capfule j cette
liqueur fort fans doute des capfules , puifqu'on la trouve lur les ouvertures ;
& ayant la coulcur des femences qui y font contenues , il eft clair qu'elle
vient immediatement des femences , ou peut-etre qu'elle n'eft qu'une
aflemblage de diverfes petites femences qui n'avoient pas pris encore
une confiftanca bien folide , & qui jointes enfemble , paroiflent une
goutte de liqueur. La caufe qui exprime cette liqueur des femences ,
ou qui oblige les femences a fortir d'elles-memes , eft bien claire. En fe
fechant , les fibres de la goulFe fe raccourcilfent ; ces fibres ne fauroient
fe raccourcir fans preiTer les capfules, & par confequent fans prefler les
ftaines qu'elles renferment ; c'eft apparemment par una meclianique fem-
lable,que ces plantes jettent leurs graines lorfqu'elles font a maturite.
Nous avons dit que la tige de ces fucus eft trop flexible pour l-.s foutenir
droits; que lorfque la mer les abondonne , ils reftent couches fur les piec-
Ecs. Nous devons encore faire remarquer qu'ils font tous dans une pofition
A C A D E M I Q U E. 479
iemblable : ils out leurs bouts tourncs vers la cote , & leurs pieds , ou Iciirs >>— ..^_^.
racines font du cote de la met , c'eft-a-dire , qu'ils iont ctendus vers la cote. ~ ~~
A la premiere vue il pourroit fembler qu'ils devroient cire dans une po- Acad-Royale
fition coniraire , etant ikxibles & agitcs par la nier j ils la devroient fui- '^nc Par's^*
vre lorfqu'elle fe retire , & fo irouver par confequent etcndus vers la mer.
lis ne font pourtant dans la fituation oppofce , que parce qu'ils cedent au ^"'"^ '7' '•
mouveinent de I'eau; dans le terns meme que la mer fe retire , elle pouffe
continuellement fes Hots vers la cote ; elle porte feulemtnt les derniers
moins loin cjue les premiers. Chaque Hot arrivant avec quelqu'impetuo-
fite, a alTezde force pour pouifer Xasfucus vers le tivage ; mais I'eau qu'une
vague a apportee , secoulant enfuite doucement en fuivant la pente des
bords , n'a plus alfez de force pour porter les plantes d'un autre cote.
Audi arrive-til que quelques /wcui ont les extrtmites de leurs feuilles
tournees du cote de la mer , & cela lorfqu'ils font dans des endroits
plus bas que le refte du terrein qui les environne , ou qu'ils font entoures
par des rochets , ou p.ir des muts , comme le font les fucus qui nailfenc
dans les pares. Ces elevations les mettenta I'abri des dernieres vagues j ils
font encore couverts par I'eau quand les Hots ne peuvent plus arriver juf-
qu'a eux ^ ils fuivent alors le coutant de I'eau , fur-tout lorfque ce cou-
rant a quelque rapidite.
Aupres des cotes on emploie communement CQ fucus a fumer les terres :
les fels dont ils font remplis ne contribuent pas peu a reiidre ces terres fer-
riles -y car on fait que ces plantes font t|mplies d'une grandc quantitc de
felsifi on les garde fans avoir eu le foin de les lailfcr tremper long-tems
dans I'eau douce , ces fels patoilTent bienrot fur leurs furhces ; tantot on
les y voit difpofes en aiguilles, tantot en cubes. Souvent ces fels couvrent
enticrement certains endtoits de la plante ; il femble qu'elle foit frottee
de poudre a poudrer : on en peut quelquetois ramalTer une quancite con-
fiderable , fur-tout dans les racines tubeteufes de quelqucs plantes done
nous parlerons dans la fuite.
11 elt alTez ordinaire de nouver d'auttes plantes fur ces fortes de fucus ,
fouvent on y trouve une petite efpece de coralline M M , &c. ( PL XFlll ,
Fig. I) que MorilFon appelle mufcus murinus UnJiginofus , minimus ^ are-
nacci coloris. La figure qui! en a donnee, Hiji. Oxon. pan. ^Jccl. 1 j, tab. 9,
Fig. II, eft bonne j nous I'avons fait repreienter ici fur une feuille de
fucus differente de celles dont nous avons parle , ce qui fert en meme
terns a montrer la varictc qu'il y a encre les feuilles de ces fortes de plan-
tes. Il femble que cette corallme foit formee d'un grand nombre de ttian- ,
gles ifofceles difpofes de facon les uns fur les autres , que Tangle ren-
ferme entre les cotes egaux du triangle fuperieur , va s'articuler dans la
bafe du triangle inferieur, & ainfi de fuite. Sa longueur n'ell que d'uii
pouce &: demi ou environ : fouvent elle a plulieurs branches , quelquefois
elle n'en a qu'une : a fon origine il paroit divers petits filets rrr , longs de
trois a quatte lignes qui lattachent a la plante fur laquelle elle crolt. Ces
petits filets lui tiennenr apparemment lieu de racine ; une fi petite plante
ne fauroit guere avoir de leniences bien fenfibles j c'eft beaucoup qu'on y
puifle diftinguer les capfulcs ou eiles doivenc are contenues, &: ces capfu*
4So COLLECTION
=• ' ' — - les font tres-fenfibles , fi Ton ne veuc pas refufer ce nom a de petlts vafes
Acad. RoYALE qui relfeinblent fore aux capfulcs de diverfes efpeces de moufles : ce font
DES -Sciences ^^^ efpeces de pecits gielots GG foutenus chaciin par un pedicule qui part
DE ARis. dune des articulations de la plantej I'ouverture de chaque petit grelot eft
^/incc 1711. pouffj,,[ j,p, pgu ^vafee, & a un rebord t. On en trouve quelquefois dont
Touverture ell bouchee par un petit couvercle K un peu convexe en dehors,
& qui paroit s'em'ooiter en dedans fous le rebord. Souvent on trouve de
ces petlts grelots dont le couvercle eft ote ; il y a apparence que ce font les
femences ou la poulliere qu'ils contenoient, qui ont fait lauter le couvercle.
J'avouerai neanmoins que ce que je viens de dire de la femence ou de la
poulliere contenue dans cegr-.rlot, n'eft fonde que fur I'ufage que fa figure
lemble exiger qu'on lui donne. J'ajoiiterai mcme que je n'ai jamais rien
trouve dans ces pretendues capfules , quoique j'en aie ouvert pluiieurs qui
portoient encore leur couvercle ; peut-utre celles-la etoient-elles infccon-
des , &C la plus grande partie de celles qu'on trouve fermees dans le terns que
les autres font ouvertes , le pourroient etre (n) : mais palfons a une autre
plante oil les femences font moins equivoques.
Laplante {Fig- //, PL XI^IIl) dont je veux parler , pourroit bien etre
cclle qui eft gravce dans Morilfon. Hifi. Oxori. pan- ). Je&. 15. tub. 8._/?g,
1 i. il la nomme fucus anguftifolius vejiculh rugojis , bijurcatis , il n'en a pas
donne de defcription; il n'y en a mcme qu'uie petite branche de reprefen-
■ tee , ce qui ne met pas en etat d'en connoitte le port , &c on n'a pas eu atten-
tion dans la figure de faire fentir.que fes feuilles font .pliees engouttiere : a
cela pres , Is jucus cite , Sc celui dont je veux parlsr , conviennent fort ; fa
racine faite a peu-pres comme celle its fucus que nous avons decrits ci-def-
fus , eft coUee aux pierres , fon contour eft rond & a environ fept a huit
lignes de diametre. De cette efpece de racine , ou de ce pied , partent im-
mediatement quatre a cinq feuilles fur lefquelies on ne voit ni nervures, ni
fibres; leur couleur eft d'un verd d'olive , leur epailfeur eft a peu-pres la
- rneme que celle des feuilles dont nous avons parle ri-devant , mais leur tif-
fure eft plus ferree. C'en eft alTez de ces quatre a cinq feuilles pour formet
une touffe tr^s-epaifte & tres-garnie : auffi chacune d'elles fe divife plufieurs
fois, & par fes divifions fournit un grand nombre de branches. A quatre
& cinq lii^nes du pied commencent les premieres divifions ; chaque feuille
fe partage en deux, & les branches qui font nees de ce partage, fe fubdivi-
fent elles-memes en deux a quatre & cinq lignes de-la , & ainfi contiriuent
les divifions jiifqu'aux extremites des feuilles qui font une efpece de fourche
a poirue emoudee , comme fi elles etoient preres encore a fe divifer : la plan-
te entiere a environ fix pouces de hauteur.
Malgre toutes ces divifions, les feuilles ont par-tout une largeur a peu
pr^s egale ; elles en ont pourcant un peu plus qu'ailleurs vis a vis le point de
(a) On fait que parmi les corallines il y en a qui font comme les coraux , I'ouvrage
des infeftcs , & d'auties qui font de v^ritables plantes. On fait audi que parmi celles de la
premiere efpece, il y en a qu'on a appellees Jemin/yera quoiqu'ellcs n'eu/Tent point dc
v^ritablcs graines , mais feulement de petits grains ronds & rclfemblans a des graines on
a des caplliles. Mais d'apres tout cela il eft difficile de favoir a quel genre rapportet la
(orallme dout il s'agit ici.
feparation.
A C A D £ M I Q U E.
4? I
fcparatlon. A la veritc elles paroiffent audi plus ctroites vers Iciir o.iigine , ■
que vers leut extremite; mais elles n'y font plus ctroites qu'en apparence j Acad.Royale
cliaque feuille fe plie en gouttiere , & elle ell plusplice pres du pied qu'ail- des Sciences
leurs. La les fibres plui dures ont plus de relFort : au refte cetce gouttiere eft ^^ ' aris.
roujours vers le mcme cote de !a planre j je veux dire que pour la fuivre dc- Annct 1 7 n.
puis le pied de la plaiite jufqu'aux exttcmites des feuilles , il ne faut que fui-
vre la mcme face de la feuille.
Plufieurs des extrcmitcs de cette plante fe gonflent comme celles des/w-
CHS prccedens^ elles deviennent de mcme des gouffes GGGG [mime Fig.
II) qui contiennent les femeiices. U feroit inutile dedecrire&la figure dc
ces capfulcs , & la nianiere dont les graines y font arrangces : il fuffit de
dire qu'eiles font parfaitement femblablcs a celles que nous avons decrites
ci-devant; que les femences n'y font pas difpolces differemment. Nous
ajouterons feulenient que ces dernieres goufles contiennent beaucoup moins
de capfules , n'en ayant chacune que fepc a huit , & que I'ouverture de la
capfule fur la furface de la gouHe eft ttcs-diftincle. Je n'ai pourtant point
trouve de fieurs aux plantes de cette efpece , & cela fans doute patce que je
les ai vues dans une faifon trop avancee : elles ont dans le refte luie fi
grande rellemblance avec les plantes dont nous avons parle ci-devant,
qu'il n'y a gueres lieu de dourer qu'eiles ne portent des fleurs femblables , &
qu'eiles ne foient du mcme genre en les confiderant les unes & les autres par
rapport a leurs Ik'urs & a leurs fruits. Les plantes dont la defcription va
Auvre , ont des ficurs & dis graines arrangees difteremment , & mcme dit-
ferentes.
Fucus arborcus , polychidis , cau.'i piano, & 'tortuofo.
Lc fucus arbortus , polychides , edulis C B. pin. 5 6^ , dont-parle Rai , hij}. pag.
7j , me paroit une efpece diftcrente dc celui-ci. L'autte a la tige ronde ,
grolFe comme le doigt , au lieu que celledu notre eft plate , tournceen fpi-
rale , & celfemble en quelque facon a une colonne torfe : c'eft une des plus
grandes plantes de la merj on en voit communcment qui ont 9 ou 10 pieds
de long , &: j'en ai rencontre quelqnefois qui en avoient plus de 14 ou 15.
Il ne croit point dans les endroits que la mer lailTe a decouvert pendant
(on rcHux. Pour avoir ce fucus , il faut ou le faire pecher , ou attendre qu'il
foit apportc fur la cote, ce qui arrive frcquemment aprcs les grands vents
de met j on en trouve alors quantitc, & de fi entiers, qu'il eft aife de
voir de quelle manierc ils font attaches aux pierres : ce n'eft point par le
moyeu d'une feule racine ou d'un pied plat par-delfous comme s'attachenc
les autres planres dont nous avons fait mention. Celle-ci, au lieu de cette
efpece de racine, a un grand nombre de petits crochets ccc [PI. XIX ,
Fig. I) qui la tiennent fixee fur les pierres. Ces petits crochets ont quel-
que rellcmblance avec les tenons de l.i vigne j quelquefois ils ont chacun
cjuatre ou cinq ligiies de long, fouvent lis en ont moms; ils font ronds , &
ont tantet une ligne , tantot une demi-ligne de diametre ; teut recourbement
ne leur fert pas pour embraffer la pierre & la faifir; leur extrcmitc y eft
•.police, auffi a-t-elle un peu plus de diametre que le refte.
Tous ces petits crochets partsnc du dellous d'une grolFe tubctolite TT,
Tomt III, Purtii Frdn^oift, P j
48i COLLECTION
■ femblable A celle des racines tubereufes. Cette tuberofite n'a guere de fi-
AcAD. RoYALE g"f^ '^i^" decerminee; fon contour approche de la figure ronde, il y a
DES Sciences delTus diveifes incgalites , fa furface fuperieure eft toujours convex»,
DE Paris. mais fa furface inferieure eft ordiiiairement plate & quelquefois concave
Annii 171 1. dans les planres de y a 10 piedsdelong; fon diametre horizontal TT , eft
de 4 a 5 pouces; fon diametre vertical eft plus petit.
Ce n'eft au refte qu'exterieurement que cette tuberofite reffemble a celle
des racines tubereufes des plantes terreftres j interieurement elle en eft fore
differente, car elle eft vuide. Sa vraie epailfeur , ou lepailfeur de fes parois
n'eft que d'une ligne ou peu davantage dans les endroits oii les parois font les
plus cpaiires.
Sur la partie fuperieure de cette tuberofite , eft I'origine B de la tige de la
plante : cette tige eft plate, elle a environ une ligne &: demie d'epailfeurSc
un pouce & demi de largeur ; elle a quelquefois un pied de longueur, Sc
meme quelques pouces de plus. Un peu au-delTus de fon origine elle eft
tournce pour I'ordinaire deux ou trois fois fur elle-meme en fpirale S , ce
qui lui donne quelque air d'une colonne torfe. Sss bords font quelquefois
un peuondes & denteles. Au refte, lalargeur de cette tige eft par- tout a-peu-
pres la meme jufqu'a fon extrcmite A A , ou jufqu'a I'endroit oil en s'elargif-
fant & devenant plus mince, elle ne femble s'etendre que pour former la
feuille. Le bas de cetre feuille eft arrondi a I'endroit ou elle touche le pe-
dicule , & elle en a bien cinq a fix, a trois ou quatre pouces de la D D. En etc
endroit la feuille fe divife en huit ou dix autres feuilles plus petites , dont on
en voit quelques-unes fe fubdivifer en deux. Ces diff'crentes divifions don-
nenc a la plante une figure allez femblable a celle d'une longue bande
de peau dccoupce depuis un de fes bouts jufques prcs de I'antre , & c'eft
pour cela que fur les cotes on nomme ces fortes de plantes des courroies.
Chacune des portions dans lefquelles la feuille eft divifee , augmente en
largeur depuis fon origine jufqu'a un pied cu deux de diftance !■ F F , apres
quoi elles deviennent de plus en plus ecroites jufqu'a leur extrcmite EE E
qui eft faite en pointe tres-aigue : ils font bicn moins ppais que la tige : leur
couleur eft d'un verd moins brun , ou d'un verd plus approchant de celui des
plantes terreftres. On ne diftingue ni nervures ni fibres, foit fur la racine,
foit fur la tige , foit fur la feuille de cette plante. J'ai trouve fur quanrite de
ces plantes des fleurs compofees de filets tels que je les ai decrites ci-delFus,
a I'occafion du fucus major deniata Raii, Les filets dont elles font formees
font courts , ils ont au plus une demi-ligne de longueur , auffi ne lont-ils pas
fenfibles, d moins qu'on ne regarde la plante de pres; neanmoins ce qui
emptche qu'on ne les diftingue aifemefit, n'eft pas rant leur petitefte, que '
kur couleur fort approchante de celle des feuilles. Les plantes de cette ef-
pece fur lefquelles j'ai rencontre des fieurs, en etoient toutes couvertes, je
veux dire que les feuilles etoient a peine eloignees d'une ligne les unes des-
autres , comme on peut le voir dans le morceau de branche L G qui eft reprc-
fente apeu-pres dans fa largeur naiurelle.
Avec quelque foin que j'aie examine ces fucus, je ne leur ai trouve ni
femences, ni capfules de femences : c'eft dans le mois de juillet que je les-
ai obferves j apparemment que ce n'etoic pas la faifon favorable pour leurs
A C A D fe M I Q U E. 45;
graines ; d'.iilleurs nous ne voyons de ccs plantes que celles que la mer rciecte — ' ,,.^1,.. >
fur fes bords, & I'on ne peur cuere efpcrer d'en rencoiurer les craines audi ^ n
tacilement que fuc celles que nous trouvons fur pied, toutes les fois que la de. Sciences
mer fe recire. ce 1'aris.
Fucus in llgulas tongas , angujlas, & fub rotundas divifus. Annee 1 7 1 1 .
La mer couvre toujours les endroits 011 croit ce fucus , du moins ne Tai-je
trouve que fur le rivage mcle avec les autres plantes que le Hux y apporte :
je ne I'ai meme jamais rrouve entier , il n'cft compofe que d'une feule efpece
de parties , je veux dire que' pour feuilles , pour tige , pour branches , il a des
efpeces de longs cordons plus larges qu'cpais , leur contour eft un ovale done
le grand diametre D D( Fig. II. ) a environ deux lignes , & le petit diametre
B B un peu plus d'une ligne. J'ai rencontre frequemment de ces branthcs ,
ou de ces cordons qui avoient plus de deux pieds & demi de longueur, ils
n'etoient cependant qu'une partie de la plante. Chaque plante fe divife plu-
(ieurs fois en deux A E E , les divifions font au moins eloignees de fix a fept
pouces lesunes des autres.
Ce feroit le confondre que de le prendre pour \e fucus angufli follus iigulas
firms C. B. Pin. 364. ou \q fucus marinus, Dod. Pempt. 479. Dodonee
avertit que le fien a les tiges plates , les tiges de celui-ci lont arrondies. II y
a encore une difference plus marquee entre cette plante & h fucus chordam
refirens, teres , pralongus. Raii fynop. 6. & Raii hift. 75. Ce dernier n'a point
de branches ; fa tige eft creufe , pattagee par diverfes doifons , au lieu que II
tige du notre eft folide , du moins n'eft-elie remplie que d'une matiere vif-
qiieufe affez femblable a celle qui remplit les exticmites des feuilles du fucus
ma/or dcntata Raii, dans le terns que fes Heurs font tombees ou prctes i
tomber.
Il ne paroit ni nervures , ni fibres fur la furface exterieure des branches de
cette plante, leur tiffu exterieur eft ferre, mais il renferme, comme nous
venons de le dire , une fubftance gluante qui eft d'un vcrd blanchatre, au
lieu que la couleur de la furface exterieure e(t d'un verd d'olive fonce.
Ce fucus porte des fleurs ///"compofees dune infinite de filets delics ,
comme les fucus dont nous avons deja parlc. Les filets qui forment une
meme tleur, partenc audi tous d'un memo trou qui leur fere de calice ,
comme on le peut voir diftincflement dans la figure F. G. H. deffinee a li
loupe. Lorfquils font difpofes en rond a la maniere des demi-fieurons des
fleurs radices F , la fleur qu'ils compofent n'a quelquefois qu'une demi-
ligne ou trois quarts de ligne au plus de diametre, d'ou il paroit que les
filets f."int courts ; mais ce qui fait qu'on ne les diftingue pas fans attention ,
non plus que ceux de la plante precedente , c'eft qu'ils font verds.
Au refte cts fleurs, comme celles des plantes prccedentes , viennent fur
toute I'aendue de la feuille. Quelquefois Slles font fi proches , que les bouts
des filets de I'une touchent les bouts des filets de diverfes autres. Souvenc
audi ces amas de fleurs font eloignes d'une ligne ou deux des autres amas de
fleurs feniblables.
Ce qu'il y a de particulier a cette plante , c'eft que toutes les fleurs , on au
moins prefque toutes les fleurs donnenc des graines , je veux dire qu'on en
Annie
1711.
4S4 COLLECTION
' trouve egalement fouslesfleurslesplnseloigneesdesextremites, & fouscellej
yVcAD RoYAXE 'l'^' ^"^o"t lesplusproches;d'ailleursles endroits oiielies viennent nefegon-
DES ScitNCES fls"t point; aufli avons nous fait temarquet que cette piante a pat-tout une
Dj Paris. fubftance vifqueufe , femblable a celle qu'on ne trouve que dans les extte-
mites gonflees da fucus major dentata Rail & A&s fucus iemblables , elle a
pat cpnfequent par-tout de quoi noutfirles femences. Lorfque les dcursfont
tombees , on appergoit fut la furface de la planie une infinite de petits trous
ronds 000 , c'eft d'un de ces trous que fortoient les filets qui fotmoient une
fleur. Au-dslFous de chaque trou il y a un petit cotps iphetique I qui eft la
capfule danslaquelle lesgtaines font tenfermees : fi on divifeen deux le trou
oii eft I'emboachure de la capfule , & la capfule elle-meme G , on appergoir
quantite de grains ronds un pen ovales , attacbes contte les patois de cetrs
capfule , ils font fenfibles a la vue limple , mais la loupe n'eft pas inutile lorf-
qii'on les veut voir fort diftinttement. On les a reprefente en S.
Fucus mantlmus nndofus. C. B. Pin. 5(35. Ra'ii Uijl. -jo.fucus marlnus veji'
cuUs majoribus per intervalla dij'pojitis. Mor.Hijl. Oxon. part, 5 ,fici. 15 ,
tab. i ,fig. 2 , fucus marinus tertius Dod. Pempt. 480.
NoHs avons faitgraver ce fucus {PL XVIU, Fig. ///)d'autant plus volon-
riers, qu'il n'eft guere connoilTable dans les figures 011 il eft reprefente. Celle
de Dodonee, un peu plus palTable que celle de Morillon, eft neanmoins ttes-
mauvaifejon pourtoit le nommer en frant^o'isfucus a grojfes vejjies pkims d'air
le long des tiges , il eft attache aux pierres par un pied ou par une efpece de ra-
cine RR [Pi. XVlll, Fig. HI.) femblable a celle Anfucus major dentata Raci.
De cette racitie partenttroisou quatre titles differentesTTT. Chaque tige fe
divife en deux branches quatre a cinq difterenres fois ] leur longueur eft com-
maneiTsent de fix pieds plus ou nioins : comme elles font fi flexibles qu'elles
ne fijaufoient fe foutenit , lorfque la mer les abandonne , elles reftenc
couchees de leur long, ayant lent racine vers la mer , Sc leur pointe vers
la cote. Nous en avons explique la rnifon ailleurs.
Ces tiges font faites a-peupres comme certains lacets plats dont les Dames
fe fetventj leur largeur n'ell pourtant pas egale par-tout, elles font pluS'
etroites qu'ailleurs a quelques pouces de leur oiigine Si a quelques pouces
de leurs extremites ; a cela pres. leur largeur eft prefque par-tout la meme ,
c'eft-a-dire d'environ quatre a cinq lipnes ; leur epaiffeur en a un peu moins
d'une. Quand nous determinons ainfi la figure, la largeur &c repailleur de
ces tiges , nous ne les confiderons pas dans les endroits oil fe rencontrent les
groftes veffies pleines d'air, ou ces efpeces de noeuds qui ont fait donner a
ce fucus Tepithete de nodofus.
C'eft de la tige elle-mcme que font formees ces veflies, ce fontfes parois
^cartees Tune de I'autre qui les cempofent, & entre lefquelles lair eft ren^
ferme. La figure de chaque vellie V V V , &c. eft celle d'un fpheroi'de ellip-
rique, ou en langage plus connu, celle d'une boi le allongee. Leur grand
diametre eft dans le meme fens que la longueur de la tige, il a quelquefois-
plus d'un pouce & demi de long. Le petit diametre qui fe troave fur la;
largeur ou fur I'epaifleur de Ja tige; a fouvent plus de huit oil neuf lignesj
»
A C A D ]fe M 1 Q U E. 48$
elles font diftribuees d'une maniere affez irreguUere le long dcs tiecs, ie ___.^___^_
veux dire que tantot on en troave de fort procliesles lines desautres, & tan- ~. ~
tot fort eloignees. Acad.Royaie
I Aux deux cotes des tiges font attachces des feuillcs , elles ne commen- '^H Par'^"*
cent guere a paroitre qu'd un pied au-dc(Tus de i'origine des tiges. Quel-
quefois il ne fort qu'iine feuille , fouvent il en fort deux ou trois de la mime -"""" '7' »•
aillellej tantot elles font rangees par paires , c'eft-a-dire qu'il y ad'uncote
deux ou trois feuilles vis avis deux ou trois aucres feuilles qui font da
cote oppofe; tantot elles font rangees akernativcment. La maniere dont
elles font diftribuees , n'a rien de conft.int fur cet article , ni fur leurs dif-
tances refpedives qui vatient entre un peu plus & un peu moins d un
pouce,
Les feuilles font attachces a la tige par un petit pedicule rond qui a a
peine un quart de ligne de longueur, & moins encore de diametre. Il
n'efl gaere fenfitle que lorfque la feuille eft arrachce : au bout de ce court
pedicule eft la feuille ; c'eft le pedicule lui-meme quis'elargit en quclque
fa^on pout la former : la figure , la grandeur & Icpailleur de toutes les
feuilles ne font pas les memes : quelques-unes L L L , &c. font longuettes ,
feulement un peu artondies par le bout , & moins epailfes que la tiee
n'ayant pas plus d'une demi-ligne d'epailTeur , une ligne de laroeur &
quatre a cinq de longueur. Au rcfte on ne voir fur leur fubftnnce ni ner-
vures , ni fibres , non plus que fur celle des tiges : les autres feuilles
FFF , &:c. font beaucoup plus grandes , elles ont quelquefois huit a neuf
lignes de long, leur contour eft ovate, au moins vers leur excremitc ,
car vers leur origine elles font plus pointues : leur epailftur devient audi
beaucoup plus grande que celle de la tige : en un mot elles ont quelque
air d'une boule ou d'un cEuf, a cela pres qu'elles font pointues a I'endroic-
oil elles s'attachent a la tige.
Au refte ce qui fait que ces dernieres feuilles font plus grandes oc plus
grolTes que les premieres dont nous avons parle , c'eft qu'elles devienoenc
des goulfes qui renferment les femences : elles font neanmoims de meme
efpece, & avoient autrefois la mCme figure que les autres j c'eft de quoi
il eft aife de fe convaincre lorfqu'on confidere que I'on trouve des feuilles-
de toutes les figures moyennes qui font entre les plus plates & les plus
ctroites , & cellis qui font les plus gonflees & les plus lances.
Ce ne font que les plus groftes & les plus longues qui contiennent des
graines : les graines font renfermees dans des capfules parfaitement fem-
blables a toutes celles que nous avons decrites a I'occafion des fucus prc-
cedens. Je n'ai point rencontre de fleurs fur ces plantes ; il y a lieude croire
que c'eft que je ne les ai pas obfervees dans un terns favorable , & que
leurs fleurs font compofees de filets difpofes comme ceux de ces autres
fucus ; car j'ai obferve fur toutes les feuilles gonflees , de petits trous fem-
blables a ceux qui dans les autres plantes marines fervent de calices aux
fleurs. Quoique les feuilles qui contiennent les capfules des graines fegun-
flent , toutes celles qui fe gonflent ne contiennent pas des capfules : je n'eii
ai meme vu que trespeu qui en euffent. Les fleurs qui eroient venues fur
le» autres , avoient apparemmenc etc infecondes j car , comme |e le viens>
COLLECTION
==;r= de dire , il rlevoit y cere venu des fleurs , piiifqu'on voyoit feulemem fiit
AcAD.RoYALE les feullles gonflees , les trous qui leur fervent de calice. Les feuilles qui
DES Sciences fegonilent , on qui devicnnent propres d fervir de eoiifTes aux praiiies
lone en plus grande quantite du cote du bout des tiges , que vers leur
jinnic J 71 1, origine : neaninoins vers les bouts des tiges, il y a fouvent un grand
nombre de petites feuilles , & fouvent la paire de feuilles qui repond a
une paire de feuilles grandes , grolfes & gonflees , eft compofee des feuil-
les plates & etroites. Souvent aulfi dans le meme paquetil ya des feuilles
gonflees, & d'autres qui ne le font pas. Cetce plante croit aupres de la
Rochelle , un peu audeffus de la digue : elle y vient en beaucoup plus
grande quantite que les autres fucus , & on ne la trouve guere fur les
autres cotes voilines.
Fucus folio Jingulari long'JJlmo , lato , in medio rugofo. Raii. Synop. 6. &
Rail, Hift. 75,
Ce fucus eft appelle fur les cotes , le haudricr ; il eft attache aux pier-
res pat vingt ou trente petites racines , ou plutot par vingt ou trente te-
nons ou crochets C CC, &c.(P/. XX Fig. I) , tels que ceux dn fucus
noiofus. Tous ces crochets naiiTent des divifions de trois ou quatre peti-
tes tiges ou racines principales TTT ; chacune de ces racines a.depuis
fon origne jufqu'a rextrcmite qui eft attachee aux pierres , environ un pou-
■ce ,ou un pouce &: demi de long. Au-delTus de leurs divifions, ou dans
tendroit ou elles font les plus grolTes , eiies ont une ligne de diametre:
leur circonference eft ronde , routes enfemble elles foutiennent un pedi-
cule I' qui eft rond audi.
Dans les plantes de grandeur commune, c'eft-a dire , dans les plantes
longu.s de 8 ou 9 pieds ; ce pedicule a environ 1 lignes de diametre , ic
plus d'un demi-pied de longueur ; fa grolfeur eft par-tout egale , jufqu'i
rendroit ou il devient plat j la il eft attache a une feuille F qui eft la feule
de la plante : cette feuille n'eft point divifee comme toutes celles que
nous avons dc'crites jufqu'ici : aupres du pedicule auquel elle eft attachee ,
elle eft arrondie , & un peu plus etroite de quelques pouces audeffus, oii
elle a environ un demi pied de largeur; largeur qu'elle conferve jufqu'aux
deux tiers de fa longueur oii elle commence a devenir plus etroite; dela
elk va toujours en s'eireciffant jufqu'a fon extremiteou elle fe termine en
poinre.
Pres de fes bords fouvent elle eft d'une tiffu afTez lifTe , affez poli ;
mais le refte eft rempli de rugofites , de finuofites qui , quoique de figu-
res irregulieres , & difpofees irregulieremenr , femblent affedcr un ordre
precifement au milieu; les rtigofites forment une efpece de bande qui fe
diftingue des deux bandes qui font aux cotes de celle-ci , & cela parce que
les tubercules qui la formenr, ont leur longueur parallele a la largeur de
la plante , & que les tubercules qui forment les bandes des cotes , paroif-
fenr avoir leur longueur parallele a la longueur de la plante. On trouve
qnelques-unes de ces plantes dont le contour de la feuille eft Icgerement
decoupe ou crenele^ d'autres ou ce meme contour n'eft point decoupe.
A C A D 6 M I Q U E. 4S7
Biais il eft frife : enfin on en voit d'.iutres qui ne lone ni ilccoupc ni frifc
mais fealeinciit beaucoup plus uni & plus mince que le relte de l.i teuiile. ' =^==
Quniqut j'-iie rencontre une grande quantirc de CCS pljntes je n'ai ia Acad.Royale
mais vu quunc teu.lle fur ch.ique pcdicule . & qu'un pcdicule a chaque Tn^pf^Tf
plunte; d on il femble que ces(unes de plantes ne confiltent qu'cn une
feule teuille. J'ai vu ncanmoins quelquefois des touft'es qui concenoienc '^""'^ '''"•
plus de dix feuilles, & de dix pedicules; mais il ctoit aife d'appercevoir
que ces touffes ctoicnc formees des racin^-s de diverfes plantes entrelacces
Ics unes dans les autres : Ics tenons des pcJicules , quoique palFes les uns
encre les autres , n'avoient rien de commun.
Cetce plante porte des fleurs compofecs de filets difpofcs comme ceux
des plantes precedences; je ne lui ai pourtant jamais vu une au/li orande
quantite de Hears qu'a celles done j'ai p.irle ci-devant ; a peine cliaque
feuiUe en avoicelle dix a douze. Je ne fais li h place ou je les ai apper-
§ues , €ft celle ou elles viennent conftamment , je les ai toujours trouvees
dans rendroit 1 1 1 od la feuille commence a sctrecir , & plus proche des
kords que du milieu.
Les filets qui compofent lesHeurs font de mcrne couleur que la planre
c'eft-d-dire , d'un verd tirant fur la couleur d'olive ; ils font beaucoup
plus grands que tousceux done j'ai parle • ils ont fouvent plus de z licnes
de force qu'etant difpofes a la maniere des demi-fieurons des tieurs ra-
dices, ou des feuiUes do Meurs en rofes , ils forment une Hear qui a 4 a c
lignes de diametre. Je n'ai point trouvc de graines a ces plantes , anparem-
ment pacce que je ne les ai pas examinees dans une faifon favorable ■ on
parce que la mer n'avoic point apportc a la cote de celles done les rra'ines-
pouvoient etre fenfibles , car cette plance ne croic pas dans les endro'its
que la met a lailles a decouvert pendanc fon reflux. •
Fucus foliis ericcE, Rail Hijl. 75 , erica marina quibufdam. J. B,
J- 7i'"9-
Je ne fais fi on ne ponrroit point dlftinguer denx efpeces de cette plants
qui ne different que par la grandeur, a moins que la difference du terrem
ou elles nailTenc, ne foit la caufe de cette diverfite. Celles qu'on trouve
fur pied au bord de la cote ; n'ont que i j ou 1 4 pouces de lonaiieur • &
celles que la mer jette fur le rivage , onr quelquefois plus de 3 f 4 pie'ds
A ea juger par la defcnption , & par la figure d'Imperati , on prendroic
les grandes pour \abus manna Tluophrajli. Imperaci I'a ddcrite fous \i
nom de gon^^o'ara-^ cependant. a la grandeur pres, celles que la mer
apporte , & celles qui croilTenc fur les bords , font parfaitemenc fembla-
bles.
Les unes & les autres font compofees d'une infinite de branches : nous-
avons fait reprefenter une branche des petices , & une partie de la mcme
branche yue au microfcope [Pi. XX fig. II). Les grandes one quelque--
fois des tiges grolfes comme le petit doigt d'une fubrtance qui par fa con-
fiftance & fa diircte paroit lijneufe ; cependant on n'y dccouvre aucunej-
fibres; elles font rondes, m.iis raboteafes. De ces tiges part un nombre-
pcodigieux de brandies i!' ^ /> , &C. Chaque branche jctte divers rameaux ;
4SS CO L L E C T I 0 N
■ ' ' les branches principales font rondes /, leurs rameaux font plats; chacun
Acad. Roy ALE <^es rameaux temble en fournic d'autres plus petits qui font comme les
DES Sciences feuilles de la plante.
DE Paris. D'efpace en efpace on voit des efpeces de noeuds , ou plutot des veflies
Annii 17 ii. 1"' "s font que les petites tiges ou les branches gonfleesjen ces endroits
elles ont la figure d'une boule allongee , ce font des efpeces de gouffes
qui fouvenr contiennent les capfules ou les graines font renfermees. Ces
capfules font partairenient femblables a celles dans lefquelles font conte-
nues les graines de divers y^cai dont nous avons deja parle ; ainfi il feroic
egalement inutile de les decrire, & d'en donner une figure particuliere ,
il furtit que Ton voie dans une branche reprefenree , vue a la loupe B ,
les rebords des cous des capfules V V, &c. ; ils paroilTent fur la furface
de la goude ou du tubercule dans lequel les capfules font contenues. ll
y a ordinairement dix ou douze capfules dans chaque goulfe , de forte que
de quelque cote qu'on regarde la goulfe , on voit les rebords des cous de
cinq ou fix capfules : quoiqu'elles foient arrangces d'une maniere alfez irre-
guliete dans la goulfe , elles fe trouvent ordinairement plus proclie de fon
extrhnite fupeneure que de I'inferieure \ elles font toujours attachees aux
parois de chaque capfule , comme les capfules le forit a celui des goulfes \
ces fcmences font rondes , il y en a grand nombre dans chaque capfule.
Quelquefois les goulles ou vellies qui contiennent les capfules, fonc
pofees immediatement les unes fur les autres , comme les grains d'un cha-
pelet; quelquefois il y a beaucoup d'lntervalle entr'elks, certaines bran-
ches en font remplies , d'autres en ont pen , d'autres point du tont C. On
trouve quelquefois de ces gouffes vuides, comme le font les veflies du
fucus nodnfus ; mais fur ces memes goulfes on voit divers petits points
qui marquent les endroits ou ont ete les capfules qui font fans doute pe-
ries , peut-etre apres avoir jetie leurs graines. Au refte je n'ai point trouve
les fleurs de ces plantes , peut-^tre parce que je ne les ai pas examinees
dans des tems favorables : il faut le fecours de la loupe pour decouvrir
les rebords des capfules des graines dans les petites plantes, mais les yeux
feuls les apper9oivent diftindement dans les grandes.
Jufqu'ici nous avons parle des plantes marines dont les fleurs, ou les
femences , ou du moins les capfules dans lefquelles les femences fonc
renfermees, font fenfibles fans le fecours du microfcope. Nous allons
parler maintenanc de celles dont les graines ne peuvent d'abord ctre ap-
nercues fans la loupe, quoiqu'elles paroiifent fouvent alfez diftindtes a la
vue fimple , apres qu'elles ont ete decounertes unefoisavec la loupe.
Fucus mcmbranauus , acaulos , angujlior foliis paltnce inmodum divijis , mar-
g'mihus laciniatis , & vcluti crlfpis.MonSon, Hift. Oxon. parr, 3. fedl. 1 5 ,
tab. S.
Qq fucus e(l attache aux pierres par une efpece de pied ou de racine R
( P/. XXI Fig. J) dont le contour eft rond : de ce pied partent quatre
a cinq branches , ou fi Ton veut quatre a cinq feuilles differentes ; car
chacune des branches psut cere prife pour une feuille profondcment de-
coupee.
A C A D fe M I Q U E. 4S9
couple. La p.iitie de la feuille qui lui tient lieu de pedicule , qui rattaclie =:=^r^rrrT==;
a la tacine , a environ une ligne tk deinie de largeur , Sc beaucoup moins Acad. Roy ale
d'cpailleur. Aux deux cotes de cc pedicule, a 9 ou 10 lignes P de fon ori- uts Sciences
cine , font attachces les premieres petitcs feuilles donr rafTembLigc forme i>E Paris.
une de ces feuilles entieres qui eft une des branches de la plante : ce pcdi- Anncc i-i i,
cule prolonge jufqu'a rextrcmitc de la branche , c'eft-adire , jufqu'd une
longueur de 4 pouces , eft en quelque forte la nervure a laquelle font atca-
chees d'efpace en efpace des parties de la grande feuille, ou d'aurres peti-
tes feuilles. Entre ces dernieres feuilles, celles qui font les plus proches
de I'extremite de la grande , font les plus petites ; celles qui en font tres-
pres , ont a peine quelques lignes de longueur , & les autres ont fouvenc
pres de deux pouces ; enfuite leur grandeur diminue par degres.
Les decoupures qui forment ces feuilles , ou ces parties de la grande
feuille, font profondes ; les bouts qu'elles forment font tous arrondis:
fouvent ces bouts ne font pas places dans le incme plan que le refte de la
feuille, ce qui donne une efpece d'air frife a fon contour. Chaque petite
feuille, ou mcme chaque partie d'une petite feuille vue au microfcope B,
eft alfez femblable a une branche entiere.
Les quatre a cinq branches qui forment la plante entiere,, font chacu-
ne jettees de cotes ditfcrens. Leurs pcdicules ont quelque folidite , ils les
retiennent dans des pofitions contraires a celles ou le reflux de la mcr
les mettroit : d'ailleurs comme les feuilles font tres decpupees , & qu'elles
n'ont pas beaucoup de longu;ur , le mouvement de l'"i trouve moins de
prife fur ces feuilles , que fur celles des grands fucus,
Cette plante porte fes graines aux extrcmites de fes feuilles; elles font
renfermees dans la fubftance intcrieure : on ne peut fans la loupe diftin-
guer autre chofe, lorfque les graines font ainfi renfermees, qu'un peu
d'obfcurite dans les endroirs oil elles font : cette obfcurite paroit caufee
pat un alFemblage de divers petits corps : il faut pourtant regarder cette
plante vis-a-vis un grand jour pour dcmelsr ces petits corps ; mais la fur-
face interieure de la plante ne paroit pas moins unie vis-a-vis les endroits
oii ils font, que pat-tout ailleurs , je veux dire qu'on n'y voir ni filets ,
tels que ceux des fleursdes autres/acai , ni aucunes petites parties elevees ,
relies que font les rebords des capfoles des graines dont nous avons parle.
Si neanmoins on ouvre cette plante dans I'endroit obfcur , & qu'on la
regarde alors attentivement , les yeux feuls y decouvrent de petites fe-
mences , ou au moins une vingtaine des petits grains rougeatres tres-
ronds , & alfez durs. Comme les extrcmites E E des feuilles dans lef-
quelles ils font contenus font molles, il eft facile d'ecrafer ces bouts de
feuilles fur I'ongle : on diftingue d'autant plus aifcment ces petits erains lorf-
qu'on les debarralfe'de la matiere qui les entoure , que leur couleur aide a les
^ire appercevoir; ils font alfez rouges. A la loupe on ne les voir pas plus
grands qu'ils font reprefentes dans la Fi^, G : la loupe fait neanmoins
diftinguer de quelle maniereils font.arranges dans I'interieur de la feuille,
comme on peut le remarquer dans les bouts de feuilles EEE dellincs a la
loupe , &: cela parce que la feuille a quelque tranfparence ; mais, doit-on
legarder ces grains comme les fcmcnces de la pUnce ; Malgre leur extreme
Tomi III , Panic Francoijl, Q 5
490
COLLECTION
AcAD.ROYALE
DEs Sciences
BE Paris.
Annie
1711.
petitetTe , nefontils point les capfules memes dans lefquelles les femen-
ces font contenues ? c'eft de quoi nous avons lieu de douter , apres ce
que nous avons vu dans fXad^uts fucus.
Il y a un autre fucus fort femblable dans reflTentiei a celui-ci : il me
parole neanmoins une efpece difFerente , & cela parce que tous les bouts
de fes feuilles ont une figure cylindrique; ils font longs d'une ligne , ou
d'une ligne &c demie , places dans differens plans ; mais ils font beaucoup
plus proches les uns des aucres que les bouts du fucus precedent. Dans
tout le refte cette plante eft parfaitemcnt femblable a la derniere que nous
avons decrite j elle a aufli fes graines dans les bouts de fes feuilles, c'ell-
a-dire dans les petits cylindres qui les terminent ; elies font audi de Is,
meme gtoffeur , figure & couleur que celks de la plante precedente , 6c -
font a peu-pres en mcme nombre, & arrangees de la meme maniere.
Fucus tenuifolius , minimus , colorum varietatc clegans.
La variete & la vivacite des couleurs qui paroilTent fur cette petite
plante, lui donneiit une beauce trcs-patticuliere , elle forme une toufFe
TB ( P/. XXI , Fig. II) haute d'environ 1 pouces, compofee de plufieurs
branches , dont les unes , ou partie des unes paroilTent d'un fort beau
bleu \ les autres entieres ou en partie font d'un verd tres-gaiy &C enfin
d'autres entieres , ou en partie font d'une couleur de poarpre tirant fur
ie violet: toutes c9S couleurs font tres-vives, & forment enfembie un
effet tres-agreable j mais cette beaute ne dure qu'autant qu'on lailfe la
plante dans I'eau ; audiiot qu'on Ten a retiree, toutes fes couleurs dif-
paroifTent : elle en prend une alors d'un brun leger & rougeatre , mais
pourtant plus fonce dans certains endroits que dans d'autres, c'eft-a-dire ,
que les endroits qui dans I'eau paroilTent de couleurs 4ifferentes, paroif-
fent dans I'air de brun rougeatre un peu different.
Pour avoir ete mife a I'eau, elle ne perd pas neanmoins la difpofition'
naturelle qu'elle a a faire paroicre ces belles couleurs dans I'eau , pourvii
qu'on ne la laifTe pas fecher pendant plufieurs jours , je vlUX dire qu'auffi-
tot qu'on la replonge dans I'eau , elle paroic teinte des mCmes couleurs
qui avoient difparu lorfqu'on Ten avoir retiree : au rtfte les couleurs
qu'elle fait paroicre dans I'eau, ont quelque chofe de conftant & quel-
que chofe de palTager, ou pour m'expliquer plus clairement , une bran-
che bleue de la plante ne fait jamais voir de couleur verte ou pourpre j
mais il arrive quelquefois que Ton cefTe de voir la- couleur bleue de cette
branche , & qu'elle devient dans I'eau , meme , par rapport a nos yeux ,.
d'une couleur femblable a celle qu'elle fait paroJtre a I'air , c'eft a-dire ,
que le bleu, le verd ou le pourpre paroilTent d'un brun rougeatre, &
cela, felon que ces branches , ou les yeux qui le regardent , changent d&
pofition t I
U fera aife de voir quelles font les pofitions qui fonrparoitre les cou-
leurs vertes, bleues & pourpres de ces branches, ou cellesqui les font
evanouir , par une experience que j'ai faite pour m'en eclaircir , dans
laquelle c&tte plante j (juoique dans I'eau, fsmble perdre toutes les couleur*
ACADfeMIQUE.
491
qu elle ne perd orJinairement qu'a I'air. Si on la met dans un verre plein
d'eau , n'importe de quelle can , elle paroic auffitoc coloree de la meme
maniere quelle le paroUFoit dans la met : mais fi on regarde enCuite cette
piance au travers du verre vis-a-vis une grande lumiere, cette plantc perd
routes fes belles couleurs , & devient entiere d'un brun rougeatre , comme
lorfqu'elle eft expofee a lair.
Si enfuite on change dougement le verre de fituacion en regardant tou-
jours la plante , on a le plaifir de voir reparoitre en partie la meme variete
Sc la meme vivacitedes couleurs, aulTitot que le verre fe trouve en partie
vis-a-vis des corps btuns , rouges , verds , bleus & de diverfes autres cou-
leurs. Lorfque le verre eft entierement vis-a-vis des corps colore? , la plante
paroit ornee de routes les couleurs qu'elle fait voir ordinairement dans I'eau
de mer : fi en continuant de changer le verre de fituation , on le place vis-
a-vis des corps blancs , ces memes couleurs difpaioillent commc lorf-
qu'il etoir vis-a-vis la fenetre.
On trouve cette plante lorfque la mer eft bafte , dans certains endroits od
il refte de I'eau , parce qu'ils font plus profonds que le terrein qui Ics en-
vironne : elle eft rare fur nos cotes de I'oitou 8c d'Aunis : elle eft attachee
aux pierres par une racine plate T , femblable i celle de divers/«<rus dont
nous avons parle. Sur cette racine s'elevent plufieurs tiges , parce que la plu-
part de ces tiges jettent divetfes branches toutes rondes comme les tiges qui
i-jur donnent nailTance : il y a neanmoins quelquefois des tiges qui ne pro-
diiifentpasde branches.
Les bouts de ces branches ou de ces tiges rondes font pen pointus , lis font
un peu arrondis , ils contiennent les graines de la plante : a ia vue fimple on ne
fauroit les diftinguer bien nettement, lorfqu'elles y font renfermces : on ap-
percoit feulement au travers du tranfparent de ces bouts un alTemblage de
divers petits points plus obfcurs que le refte j mais a la loupe, elles de-
viennent neanmoins fort firnfibles F F.
Si Ton ouvre , ou Ci Ton ccrafe fur I'ongle les extrcmitesdes branches, ces
petites grames deviennent un peu plus fenfibles i la vue fimple , mais la loupe
eft toujoars necelfaire pour les appercevoir bien diftindement , leur couleur
eft rougeatre, & leur figure ronde, comme celle d'une boule.
J'ai encore obferve une autre petite plante marine qui contient de meme
fes graines dans les exttcmitcs de fes branches , & je la nommerai/ut'^^i mollis
caridicansfoUis vcrmiculatis. Ce fucus [PL XXI, Fi^. Ill) comme le precedent,
ne croit au plus que jufqu'a deux pouces de hauteur , fa racine eft plate ,
attachee aux pierres, elle fournit cinq a lix tiges differentes RRR, & cha-
cune de ces tiges jette trois a quatre branches. Les tiges & les branches (out
rondes : ces tiges &: ces branches font garnies de feuilles , mais de feuiUes
rondes qui ont environ trois lignes de longueur, elles font attachees par un
4 court pcdicule aux tiges , ou aux branches ou elles font rangees alternative-
ment. L'aflemblage de toutes ces branches & de leurs feuilles forme une
pstite touff"e alTez epailTe, & tres jolie. Les graines de ce fucus font fem-
blables a celles des deux dernieres plantes, elles font de meme contenues dans
les bouts des feuilles G , & quoiqu'aufti petites que les ptcccdentes , elles foiu
1 pourtant plus fenfibles , parce que la fubftance de cette plante eft beaucoup
AcAD.RoVAtE
DES Sciences
DE Paris.
^nnie 1711.
'49*
COLLECTION
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DEs Sciences
DE Paris.
Annii \-j\i.
plus tranfparente. Au refte on ne voir ni fibres , ni nervnres fur route la plante J
qui ,quoiqu'elle fe foutienne dans I'eau, ell fort mollafTe. Elle ne peut etre
long-tenis gardee a lair , fans perdre fa figure en fe fechant.
Fucus tens ramojijfimus , Raii. fynop. app. 319. corallina , rubens , valdi
ramofa , capiUaaa. Inft. R. H. 571.
Cette plante (P/. XXII , Fig. I. ) eft attachee aux pierrespar uneracine
plate done le contour eft rond. De cetce racine partent huit ou dix ciges difFe-
rentes ; Its tiges en fe divifant , fourniHcnc quantite de branches difpofees de
fa(;on que c'eft prefque decrire cette plante, que de dire que fes tiges &c fes
branches enfembie font un tout alfez femblable au chevelu des ratines des
plantes terreftres.
Les tiges & les differentesbranches auxquelles elles donnent naiffance font
rondes , elles diminuent de groffeur infeniiblement , depuis leur origine juf-
qu'a leuts extremitcs oil elles fe terminent en pointes extrcmement fines , 8c
amenees de loin. La couleur de cetie plante eit d'un rouge de corail. Les
pointes des branches font pourtant quelquefois d'un blanc verdatre , mais
alors elles font plus molles que quand elles font rouges , d'ou il femble qu'elks
font de nouvelles poulfes de la plante.
On trouvede ces plantes qui ont leurs tiges beaucoup plus grolFesIes unes
que les autres ; ainfj on ne peut gucre donner la mefure de leur grolfeur :
communement neanmoins elles ont environ une ligne, ou une ligne &
demie de diametre dans I'endroit ou elles font les plus grolfes ; mais on en
trouve de bien plus deliees : leur longueur n'eft pas plus aifee a determiner :
celles qu'on rencontre le plus communement ont un pied & demi de long ,
on en voit de beaucuoup plus grandest: de beaucoup plus petites.
Elle croit dans des endroits que la mer abandonne pendant fon reflux,
niais dans lefquels neanmoins il refiie toujours de I'eau , parce qu'ils ont plus
de profondeur que le terrein qui les entoure. On voit de ces plantes donr
- routes les tiges & toutes les branches font tres-unies : on en trouve d'autres i
dont toutes les tiges & toutes les branches font garnies d'une maniere fors - 1
irreguliere de diverfes efpeces de petits boutons mmm; enfin on en ren- |
contre d'autres dont quelques branches D font unies, &dopt les autres font
couvertes de boutons.
A la vue fimple , ces efpeces de boutons ont lair de portions de fpheres
plus grandes qu'un demi-fphere: leur cote plat eit attache a la branche; ils fonc-
difpofes a des diftances fort irregulieres les unes des autres ; car il y en a quel-
quefois qui font (i proches, qu'ils fe touchent; quelquefois ils font a une lign©
ou deux de diftance , quelquefois moins; enfin les uns font d'un cote, les
autres d'un autre. -^
AufTi-tot qu'on examine ces boutons a la loupe , ils ne femblent plus un? M
fimple portion de fphere : on ne fgauroit donner une image plus reffemblantaJMl'
de leur figure fous laqnelle ils paroiffent alors M M M. ( fig. I S''"(P^)^^
qu'en les comparant d une mamelle avec fon mamelon \ le mamelon eft
de meme pofe au milieu de leur futface convexe , & on voit a fon extremite:
«ne petite ouverture.
Cette petite ouverture qui eft au bout du mamelon, me donna beau-
A C A D fe M I Q U E. 4.;.
coup de penchant 3 croire que ces efpeces de mamelles pourroient bien ctre
les capfules dans lefquelles les graiiies de la plante ttoient renfermc-es; je a ji
les recherchai neanmoins inutili-'ment , foit en coiipanc les mamelles verri- DtsScicNcts
calement , foit horifonralement , je ne rencontrai jamais qii'une fiibftance ije Paris.
blanchitre qui ne paroiflToit relTembler en rien a des femences. Jc m'avifai ^„„J~ ,_, ,
d) /I'll ri'i I fi//fc fc I / I 1 •
un expedient plus hcureux , ce rue d enlever avec la pointe d une cpintjle la
peau rouge qui couvce la fubftance blanchatre de riiiterieur de la mamelle :
cette peau (e detacha aifcment toute entiere , comme on le pent voir en G •
lorfqu'elle fut enlevee , j'apper^us que toute la fuiface blanchatre dii ma-
melon etoit couvcrte de petits points rouges qui me parurentfort dillincle-
ment lesgrainesde la plante ; lorfque je les examinai au microfcope, je les
vis alors teis qu'iis font reprefentcs en G ou ils font places fur une portion de
la mamelle qu'on a depouillee de fa peau.
Sut cette plante il nait alTez communement une coralline ttbs - iolie
( P^. XXII. fig. II. ) travailleeftvec un art merveilleux , fa couleur eft d'un
blancfale , fes branches font plates, ayant environ une demi-ligne delargeur,
& beaucoup moins d'epailTeur. A la vue limple , elles paroidoient compofces
d'une infinite de patties differentes , articulees les unes dans les aurres ; une
des larges laces de chacune de ces petites parties a I'air d'un trapeze a deux ^
Cotes paralleles , mais inegaux : le plus petit des cotes du trapeze eft articule
dans Ic plus grand cote d'un autre trapeze pofe au-delFous du precedent , Sc
ainfi de fuite. De chacune des articulations fortent difletens polls qui ont leurs
dire(ftions vers les bouts de la branche.
ll y a une branche ronde qui fert de tige a routes ces branches plates;
mais celle-ci n'eft ronde, que parce qu'elle enveloppe ou la tigc, ou les
branches dufucus dont nous avons parle ci-delFus. Cette tige de la coralline
eft une efpece de graine ou de fourreau dans lequel eft logee la tige dtr
fucus : ce fourreau diminue de grolTeur a mefure que la plante qu'il recoit en
diminue, il la fuit quclquefois jufques dans les endroits ou elle eft le plus
deliee , jufques dans fes plus perites ramifications. Cliemin faifant , elle jetra
frcquemment des branches, qui toures enfeipble compofent une toufFe fott
garnieiSc fort jolie. •
Mais, oil le travail de cetre plante paroit, c'eft lorfqu'on I'examine avec
le microfcope , on y reconnoit alors une ftrufture fort linguliere. On voyoi:
deja par la figure II qu'elle eft compofee de diverfes articulations : fi on tire
la plante, elle fe calTe aifementdans ces articulations, & jamais ne fe calfe
ailleurs ; ceci lui eft commun avec les autres planres formees par articula-
rions. Ce qu'elle a de particulier, c'eft que chaque articulation eft compofee
de plufieurs tuyaux fenfibles.
La figure aabedb a qui reprefente un petit morceau de cetre plante vu-
d'un cote , montre douze tuyaux , dont les fix fuperieurs c c c c c c font ai ti-
cules en cc avec les fix inferieurs a a a a a a ; derriere les i\x tuyaux fuperieurs
f c £, &c. & les fix inferieurs a aa , &c. on en doit imaginer fix autres places
femblablement, de forte que cette plante a pour cpailfeur lediametre de deux
luyaux ; c'eft ce que les Agates /fg g h k n font alfez entendre. Les em-
bouchures fuperieures des tuyaux paroiftent en partie comme on les voit erj.
diii, lorfque la plante eft entiere, <k tela parce que le bout iupcrieiii de chncuie
494
COLLECTION
tuyau eft beaucoiip plus gros que fon bout inferieur. Le bout inferleur d'uii
, r> . tuyau etanc done pole fur le bout fuperieur d'un autre , celui-ci refte ouverc
ACAD.ROYALE ' ■ o 1 a J. 1 rj' ur 1
DEs Sciences ^" partie , & il relte ouvert d autaiit plus conddcrablement ^ que le tuyau
DE Paris. fuperieur eft applique immediatement contre la furfiice la plus intcrieure du
a„„i. ,-,,, tuyau inferieur.
^nnec 1711. ' .,, - l j 1 > ■ j- i
' Chaque tuyau a una hgure approchante de la quarree ; je veux dire que le
contour de fon ouverture fuperieure eft compofe de quatre cotes, mais qui
ne font pourtant pas en lignes droites, comme on les voir diftindtement en
WKKCm 1 1 oil on a teprefente un tuyau fepare. Les lignes qui marquent le -
contour fuperieur des tuyaux, font beaucoup plus epaiftes que le refte. Du
devant du bord fuperieur il s'eleve ordinairement deux petites pointes.
Des quatre angles que font les quatre cotes de I'ouverture fuperieure ,
partent quatre grolfes fibres qui vont aboutir chacune a un pareil angle du
bout inferieur. Elles font comme quatre colonnes qui portent tout I'enfemble
du tuyau j les deux fibres qui font en devant fe prolongent ordinairement au-
deffus du bord fuperieur du tuyau , & c'eft de leur prolongement que naiftenc
les grandes pointes qui paroillent fur la plante , elles font ici reprefentees en
grand en S d d.
Chaque tuyau a plus de hauteur par derriere que par devant , le cote r /eft
plus couvert que le cote km , aufti i'ouverture fuperieure du tuyau eft-elle
oblique ; &: c'eft encore une des raifons pour lefquelles cette ouverture parole
dans le terns meme qu'elle contient le bout inferieur d'un autre tuyau.
A I'endroit oii fe trouvent les fibres dont nous avons parle , la fubftance da
tuyau eft opaque , le refte eft tranfparent , mais de deux tranfparences diffe-
rentes : ce qu'il y a de plus tranfparent , eft une infinite de perits cerdes aufti
ronds que s'ils avoient ete traces au compas; ces cercles font fepares les uns
des autres pat de petites bandes un peu plus obfcures. L'alfemblage de ces
cercles forme une efpece de rczeau qu'on a reprefente en partie en O N.
f)b/ervation d'un Phenomene cjui arrive a la flcur d'ung. plante
nominee par Breynms Dracocephalon Americanum , lequel
a du rapport avec le Jigne pathognomontque des Catalepti-
ques.
Par M. I) E LA H I R E le cadet.
V oULANT defliner le dracouphalon americanum. Brcyn. Prod. I, 54, &
chetchant une pofition avantageufe aux fieurs de cette plante, je m'avifai
d'en vouloir ranger quelques-unes , & je m'apper^us alors qu'elles reftoient
dans la fituation oil je les mettois; je crus d'abord qu'elles etoient paifees ,
& qu'elles ne tenoient plus a leurs pedicules j mais les ayant confiderees de
plus pres, je reconnus qu'elles etoient encore dans leur etat natutel , ce qui
me donna occafion d'examiner '[\. routes les fleurs de cette plante avoient la
rneme propriete que fe venois d'obfervet dans quelques-unes, &: je trouvai
qu'elles etoient toutes femblables.
La propriete de ces Heurs eft que fi on les fait alfer & venir horifontale-
A C A D ]fe M I Q U E. 495
fnent dans I'efpace d'un demi-cerde , elles reftent en quelqiie endroir que ce -.,
foit de cet efpace , fitoc que I'on celle de les poulFcr , tk a caufe que ce phc- "" '
nomene a du rapport avec la maladie que les mcdecins ont appellee caiaUpJie, Acad. Royaie
j'ai cru pouvoir donner a la fleur de cette plants le nom de cataleptique' ^^^ Sc'enc£S
d'aurant plus que cette proprictc n'avoit pas encore cte remarqude que ie ^^ ^ akis.
fache dans aucune autre fleur. Anne: i-ii.
La feule defcription de la fitaation de ces fleurs, & de la maniere done
elles font attachees a la tige de la plante qui les porte , fera connoitre la caufe
d'un efFer qui paroit fingulier.
Les fleurs de cette e(pece de plante font en gueule , & font rangees alterna-
tivement, oppofees le long d'une rige quarrel , dont elles occnpent la partie
fuperieure. La longueur de ces fleurs ell d'environ un pouce. Le calice d'oii
fon
elles fortent tient a un pedicule mollet, flexible, un pen applati dans f<
epailfeur, long d'environ une ligne, & qui nait de ('ailTelle d'une peti
feuille dure , roide , fans pedicule , large a fa bale, & creufe en delfus en (._
meme endroit & a-peu-pres liorifontale , mais un pen plus relevec ; ie calice
de la fleur s'appuie par fa bafe fur cette feuille , & ce calice , aufli-bien qus
te
ce
e
J rr I r ,■ petite ieuiUeq
audeflous de (on calice, & que j'ai dit ctre dure & roide, la fleur fait un
effort fur cette feuille qui lui fert d'appui : or,il efl: aife de conclure, 1°. que
le pedicule de la fleur etant mollet & flexible, il peut ctre facilemeiu mCi
a droite & a gauche , fans ctre rompu , ce qui n 'arrive pas aiix fleurs des
autres efpeces de plantes qui ont ordinairement leur pedicule roide & tlaf-
tique; 1°. que le pedicule de cette fleur tendant a Tabjilfer en en bas ,"la
pefanteur y contribuant aufli , le calice s'appuie fur la petite feuille qui' le
foutient, & s'y accroche par les petits poils done U bafe eft "arnie; ainll ,
routes les fois que Ton fera mouvoir la fleur horifontalementt die doit nc-
celfairement s'arrcter des que Ton celfera de la poufler.
Pour preuve de ce que je viens d'avancer, on n'a qua arrac'ier la feuille
qui foutient le calice de la fleur, & alors le jeu de cette feuille celFera. La
fleur s'abaiflera vers la tige de la plante par fon propre poids & par le relforc
de fon pedicule qui la tire en bas, & Ton fentiraque la fleur refifte lorfqu'on
votidra la relever , ce qui prouve que Ie calice de cette fleur s'appuyoit fur la
petite feuille , avant que cette feuille fin otee.
Tout ce que je viens de dire , eft plutot curieux qu'il n'eft utile ; mais voici
une obfervatiqn ou les Botaniftes pourront s'arrcter.
Outre la figure dune tete de dr.igon a quoi M. Tournefort dit que la fleur
du dracocephalon reffemble, £c en quoi il fait confifter route la difference
generique qu'il etablit entre ce genre de plantes & prefque tous les .lutres
dont les fleurs font en gueule , il fuccede , apres que la fleur eft palTce ,
( quatre femences renfermees au fond du calice de la iieur. J'ai obferve qu'il
y a a la bafe des femences, entre les femences &: le cote infcricnr du calice,
une efpece de coriie ou de dent pointue, recourbee en haut par le bout,
arrondie par deflous , creufee par delfus , ayant une arete dans le milieu
fuivant fa longueur. Cette partie fe diftingue aifement d'avec les embryons
49(J
COLLECTION
DE Paris.
Annii 1 7 1 1 .
-^_. desfemences.non-feulemenr par fa figure, mais par fa couleur:on peut
AcAD.RoYALH meme I'appercevoir a la vue limple, quoique les embryons des femences
DEs Sciences foient encore tres-petits , car elle a prefque autanc de volume elle feule que
"""*"'' les embryons en onr rous quaere enfemble, &c elle excede ordinairement
leur grandeur. M. Marcliand a die qu'il avoir deja fait cette remarque quoi-
Qu'ilnel'eut pas encore donnee. > , j i
Quelques recherches que j'aie faites fur un afiTez grand nombre de plantes
a fleurs, |e n'ai trouve que les trois plantes fuivantes qui euflTenc une parrie
femblable au-de(Ious du fruit : f^avoir \q galeopfis patuiafegetum I. R. H.mol.
davicabaoniccc folio. I.R.H. Hyfopus officinarum cccruUa feu fpicata. C.B.
Pin. Mais les deux dernieres font fort dilferentes de la premiere : car dans
celle-li la levre fuperieure de la fleur eft divifee en deux parties , &: eft re-
trouOee en haut ; au lieu que dans celle-ci elle eft fans divifion , & qu'elle eft
creufee en dellous en forme de cuillier , fi bien que la moldavua 8c I'hyflbpe
doivent etre rangees fous d'autres genres que le gaUopfis ; mais, outrS que le
zaltopfis &C le dracoccphalon ont tous deux une corrie ou dent a la bafe de ieurs.
femences , ces deux plantes ont d'ailleurs un artez grand rapport entt'elles par
la forme de Ieurs fleurs , de forte que je crois qu'on pourroit fort hienles X&a-.
get routes deux fous le meme genre.
/
Obfervations
A C A D ^ M I Q U E.
497
Ohfcrvations fur hs Figucs.
Par M. D E LA Hire le cadet.
\_J N trouve dans I'intcrieur de la figue trois fortes de corps pofes les uns
au-delFus des autres, fuivant la longueur de ce fruit; ainfi je divife ce qui
eft contenu dans la figure en crois efpaces AV X ( Fig. II , PL XXI U. )
qui marquent les endroits ou nailFent ces trois efpcces de corps qu'elle ren-
ferme.
Les corps qui font contenus dans I'efpace marque A ( Fig, II. ) occupent
prefque tout le dedans de la figue. lis font les femences de ce ftuit : ce font
de petits noyaux A ( Fig. III. ) au dedans defquels il y a une amande. Chaque
noyau eft a moitie enveloppe d'uii parenchyme B, foutenu d'un calice de-
coupe en quaere ou cinq parties couchees furce parenchyme. Ce calice tient
a un pcdicule aflfez long qui eft attache aux parois interieures de la figue : il
eft aife d'appercevoir ce calice , lorfque les figues font encore vertes , comme
les fig. IV. V. & VI. le font voir.
La figure IV reprcfente une femence de figue encore vertp , enveloppee
dins fon parenchyme , au-delfus duquel eft un filet fourchu B qui pourroit
etre conhdere comme un piftile ; Ton voir aufii le calice C qui foutient le pa-
renchyme E dont la graine eft enveloppee : une portion du pedicule D da
calice y eft auHi reprefentce.
Les fig. V & VI font voir deux calices dont I'un eft decoupe en cinq
parties, Sc I'autre en qaatre : Ton voir a chacun un creux oil s'emboite le bas
du parenchyme qui rcntsrme la femence.
La figure VII reprcfente la meme femence que la fig. IV, mais fcparee de
fon calice.
L'efpace X ( Fig II. ) de I'interieur de la figue eft rempli de petltes feuilles
femblables a celles que la figure VIII reprefente , lefquelles font attachees
pat leurbafe a la peaude la figue : 11 y a dans cet cfpice un trou B ( Fig. II)
nomme umbilic, qui perce an dehors, dont le bord exteiieur eft garni
de quelques perites feuilles qui bouchent cette ouvettute.
Il y a dans l'efpace V des corps bien differens de ceux qui font renfer-
mcs dans Tefpace A de la mcme figure.
La figure iSC reprefente un de ces corps tels qu'on les trouve dans la figue
& dans leur etat naturel. Ces corps font blanch-itres , longs d'environ deux
lignes ; ils prennent naiffjuce des parois internes de la figue par uij pc-
dicule A , qui pour I'ordinaire eft aftoz gros , a I'extfemite duqud il y a
un calice B d'une feule piece, decoupe ordinairement en trois p.irties C,
d'ou il fort trois autres corps DEF.
La figure X fait voir le mcme corps que le precedent, dont Ics trois
parties DEF qui fortent du calice, ont etc ccartces pcur faire voir une
eminence G qui eft au centre du calice B. Entre la bafe de I'cminence G
3: les decoupures C du calice B, il s'eleve trois pedicules H qui foutien-
Tomt III, Panii Francoift, R 5
Acad. Rov ALE
DES SclENXES
D£ PaRIB.
Annii 1711.
498 COLLECTION
1!^^^:^^::=;:^ nent chacun un des corps DEF, dont rexrremite fe termine par iine
Acad. Royale points I qui eft recourbee fur ce meme corps. Chacun des corps DEF , eft
DEs Sciences une capfule dune feule piece compofee par-deflus de deux eminences ova-
DE Paris. les, jaunatres LL, accompagnees d'un bourlet M.
Annii 1711 ^^* capfules DEF, renterment une infinite de petits grains qu'il eft fa-
cile d'appercevoir avec le microfcope j car fi on coupe en travers une
de ces capfules loifqu'elles font pleines, & comme la lettre D de la fi-
gure X les reptelente , & qii'on applique ce que cette capfule conrient
fur le talc d'un microfcope a liqueur, on y verra diftinftement ces grains
qui ont tous la mcme figure & la mcme grolTeur j tout-a-fait femblables
en cela aux pouffieres que I'on trouve dans les fommets des fleurs desau-
ires efpeces de plantes , dont le caradtere dcs Beurs nous eft parfaite-
ment connu. Ainfi il femble evident que les capfules DEF, iont de veri-
rabies fommets, puifqu'ils contiennent des poullieres comme les fommets
dss fleurs des plantes en general. II s'enfuivra done que les corps qui fonc
contenus dans I'efpace V de la figure II, font les veritables fleurs des fi-
gues , quoique quelques perfonnes ayent reconnu pour les fleurs des figues
les deux premieres efpeces de corps contenus dans les efpaces A Si X {Fig.
//) , lefquels cependant n'ont aucune marque elfentielle qui les puifle faire
confiderer comme des fleurs; aulieu que dans les derniei's qui font con-
tenus dans I'efpace V , & dont les Auteurs n'ont fait que je fache aucune
mention , les etamines , les fommets & les pouflieres qu'on y obferve ,
ne laillent, ce me femble , aucun doute qu'ils ne foient de veritables fleurs ,
quoique je n'y aye remarque aucune petale , les petales n'etant point du tone
une pattie efTentielle aux fleurs des plantes , puifqu'il y a un affez grand
nombre de plantes dont les fleurs n'ont point de petales , & ont ete nom-
inees pour cela fleurs a etamines; ainfi les fleurs des figues feronc dcs fleurs
a etamines renfermees dans I'interieur meme des figues.
Le nombre dcs etamines des fleurs des figues varie aflez fouvent, mais
ye ne I'ai jamais trouve plus petit que trois , ni plus grand que cinq ;
il m'a paru qu'il y avoir plus de ces I'ortes de fleurs a trois etamines qu'i
quatre, & je n'en ai trouve que tres-rarement qui en eufTent cinq.
La figure X reprefente une fleur de figue dont les etamines ont ete ecar-
tees les unes des autres pour en faire voir les fommets & I'endroit d'ou les
filets ou pedicules qui les foutiennent tirent leur origine. Les etamines que
j'ai repiefentees fur cette fleur , ont-^des fommets tous differens DEF,
parce qu'on les voir fous ces formes diff^erentes felon que les etamines fonc
plus ou molns avancees. D reprefente un de ces fommets lorfqu'ils fonc
encore plains ou parfaits ; E les reprefente lorfqu'ils font un peu plus
avances , F encore plus ; & enfin la figure XI reprefente une etamine done
le fommet eft prefque tout-a-fait palfe, ou Ton voit que les eminences
qui y font , ont bien diminue Si paroiffent ridces ; au lieu que celles de
la figure X marquees LM, font pleines &i unies : ce qui me fait croire
que les premieres ont jette leur pouftiere , & qu'il n'en refte plus que la
capfule qui s'eft retiree Si ridee aprts qu'elle a ete vuide des pouffieres
quelle contenoit.
I
,L_i
A C A D fe M I QU E. 4.5
La figure XII fjic voir deux ecamines vues par le dehors dans deux etats '■" ' '-^-^^^^^
diffeiens. Acad.Rovjale
■ J'ai encore obfervc qu'il y avoir quelquefois a la bafe des ecamines *-^^ btiSNCES
une fcmence eiiveloppee de fon parcnchyiiie , Sc portce fur I'cminence G °' 1'aris.
(I'ig. X). Cette femence n'ctoit difference de celles qui fonc contenues ^nnic xjix.
dans i'efpace A (Fig. II), qu'en ce qu'eile ccoic cr^s maigre &c fembloit
avoir avorte; & dans plufieurs figures que j'ai examinees avec le microf-
cope , je n'ai crouve que cres-peu de ces forces de fleurs, ce qui ne fetoit
alors qu'un jeu de la nacure.
Sur quelgucs picds dc Mays 'dont la flcur male a porti
du fruit,
X-j E mays ou bled de Turquie eft une plante cu la fleur eft fcparee du
fruic : la fleur eft au hauc de la tige & forme un bouquec qui renferme les
ecamines; & dans le cems que cecte fleur s'epanouic.'il fore des ailfelles des
feuilles qui fonc au bas de la cige , deux ou crois lioupes de lilecs. Ce font
les piftiles de cliaque fruit qui font ranges par ordre le long d'un epi en-
core cache par les feuilles, & qui s'allongent a mefure que I'epi croit. On
voir par cette difpofuion combien il eft aifc aux piftiles de recevoir la
poufliere des ecamines felon le fyfteme dont il vient d'etre parle dans I'arti-
cle precedent.
M. Geoff toy le cadet qui tient pour ce fyfteme, a remarque dans plufieurs
pieds de mays , que de quelques-uns des calices qui naturellement lenfer-
inent les etamines , il forcoit un long piftile porce fur un embryon de fruit,
qu'il n'y avoit autour de cec embrion aucune ctamine, & que ce fruit avoic
alfez groftl pour egaler les grains ordinaires. Il a meme vu un epi a fieur
prefqu'enticremenc change en epi 1 truic, fans que I'epi a fruit en edt aucu-
nemenc foufferc. De la il conclut que les etamines doivent crre d"elies-me-
mes bien fccondes , puifque lorfqu'il y a une grande abondance de fuc
nourriftier , comme dans les cas qu'il a obferves, elles fe changent en la
fubftance des grains. II n'eft pourtant pas aife d'imaginer comment une
fleur male devlent une fleur femelle. Commenc cetce poulliere done I'ufage
eft de feconder les grains , & quidoiren are fort differente, devienc grain
elle-mcme. D'ailleuts voila des grains ordinaires qui font venus a matu-
rits fur un pied oii il n'y avoir point ou ptefque point d'etamines.
e^.s<^^
^V^'
R3 ij
'^o6
COLLECTION
ACAD.ROYALE
DES Sciences
DE Paris.
jinnee 1712.
Sur la fccondation des Palmicrs fcmcUcs.
JVl- Jaugeon a tcouve dans les Memoires de rambafTade de M. de Noin-
tei a Conftantinople , la confirmation de ce que M. Tournefort avoir avan-
ce dans la preface de fes InJUtunons , fur le rapporr d'un Ambalfadeur de
Tripoli en France.
Dans le terns que le palmier femelle jette du hauc de fa tige fes pre-
miers rejetcons qu'on appelle epees ou poignards , c'ell-d-dire au mois d'A-
vril ou au commencement de Mai , on va mettre dans fes epees qui s'en-
trouvrent alors, une petite branche de la tieur du palmier male, fans quoi
lesdattes du palmier femelle ne viendroient point a maturire, feroienr d'un
gout defagreable Sc n'auroient pas de noyau, II ne faut qu'un palmier male
pour fcconder deux ou ttois eens femeiles,.
Defcription d'un Coryfpermum Hyflbpifolium , Plante fl'un
nouvcau genre.
Par M. D E J u s s I E u.
J-' E s fruits de cette plante ont tant de rapport par leur figure & par
leur couleur a une punaife , que j'ai cru ne pouvoir lui donner im nom
plus convenable que celui de coryfpermum , qui en Grec fignifie Jlmence
de punaife.
Le coryfpermum eft nn genre de plante dont la fleur eft fans calice , com-
pofee de deux petales oppofees , entre lefquelles s'elevent une etamine &
un piftile qui devient par fa bafe un fruit arrondi , convexe d'un cote, un
peu concave de I'autre, &: comme borde d'un feuillet
Cette plante s'eleve a la hauteur d'environ un pied : fa racine eft tanto:
fimple , tantotbranchue ^ quelquefois un peu rortue , longue depuis deux
jufqu'a 6 pouces , garnie de quelques fibres chevelues , & epailFe a fon
collet de 2 a 3 lignes. La tige qu'elle poulTe fe divife depuis le bas jufque
vers lehaut en branches alternes qui fe fudivifent en d'autres plus petites:
lesunes & les autres font pleines , fouples, anguleufes , unpen canneiees
dans leur longueur, li(Tes , vertes , mais ordinairement purpurines dans
le bas : cette couleur s'etend quelquefois fur route la plante , lorfqu'elle
commence a fe paifer. Ses feuilles qui reifemble afteza V hijfopifolia , font
altetnes , entieres ^ celles du bas qui font les plus grandes ont environ un
pouce & demi de longueur fur 1 lignes de largeur^ les autres vont tou-
jours en diminuant , de maniere que les fuperieures n'ont qu'a peine un,
demi- pouce de longueur & une ligne de largeur. Toures ces feuilles fonr
fans pedicule , un peu charnues , d'un verd alfez fonce & iuftre , creufees
en defTus d'un leger filion qui regne d'un bout a I'autre , & relevees sa
A C A D 6 M I Q U E. joi
delfous d'lme petite ncrvure qui termine )a feuille par une pointc trcs- ^^r^r^^^s:
cource & peu fenfible. Les feuilles fupcrieures font ordinairemcnt parfe- Acad.Rovaie
mces , ainfi que le liaut des tiges ik des branches , d'un leger duvet blan- ues Sciencis
chatre qui s'efface dans la luicc : d'ailleurs ces feuilles font pofces de '^^ 1'aius.
manierequ'elks font des angles aigus avec la ti^e , & forment toutcs en- ^nnie 1712.
femble comme des epis peu lerrcs , pendant que les infcrieurcs s'ctcndenc
horifontalenient iSc fe renverfent mcme vers le bas. De ieurs aillclles for-
tent fur les cotes deux petales oppofces d'un blanc-fale, & l\ petites qua
peine les apper^oiton : d'entre ces deux petales part une etamine blan-
chatre, longue d'une ligne ou deux , interpofce entre la tige & le piftile
qui fort du mcme eiidroit. Ce pirtile elt furmonte de deux cornes trcs-
courtes , & devienc par fa baft- un fruit ferme , cliatain , arrondi dans fa cir-
conference , convexe en dehors, un peu concave du coce de la ti"e &
comme bordc d'un feuillet. Ce fruit dans fa maturiie peut avoir 1 iicnej
de longueur fur un peu moins de largeur ; il ell termine dans le haur par
pne petite pointe.
Cette plante qui croit en Languedoc, eft annuelle : etant maclice elle
eft pateufe &c laide dans la bouche une faveur un peu acre , amere 6i
defagreable^
Defcription du Ricinoi'des ex quaparatur Tournefol Gallorum.
Inft. Rei herb. app. <^G<^.
Et dc /'Alypum Monfpclianum , five friitex terribilis. Joan.
Bauli. I. 55,8.
Pai M. NissoLE, de lu Sociiti RoyaU da Sciences Ji.hiu a
MontpelUer.
JL/ E tous les Auteurs qui ont ecrit des deux plantes dont je vais donner
la defcription , & que j'ai lus , il n'en eft pas un feul qui ne fe foit tronipc.
Je commence par le ricinoides ex quaparatur , courncfol Gallorum. Infi,
rei. herb. app. que M. Magnol avoit dcja nomme dans VHortus Regius
Monjpelienjis Riccinis alijuo modo fimilis. Diofcotide , 6»: Macdiiolej , hc-
Uotrophirn minus ^ que les Bauhins , avec Taberna, I'Auteur del'liiftoire
des Plantes de Lyon , appellent hellotroplum tricocium. Clufius , heiiotropium
minus tricoceum. Pena , & Lobel dans fes adverfaria hclioCropiuin yu'.gare ,
tournefol Gallorum ,Jiv^ Plinii tricoccon.
La racine de cette plante eft blanche , ronde , ordinairement droire &
longue, garnie de quelques petites fibres a fon exircmit(i , fur- tout aux
pieds les plus eleves ; car il en eft plufieurs qui n'en ont point du tour.
Elle poulfe une tige londe de diffcrente hauteur , fuivant le terrsin qu'elle
occupe & qui fe divife en plufieurs branches , la plupart defquelles for-
tent des ailfelles des feuilles.
Clufius avoic raifon , lotfqu'ii a die que les feuilles de cette plance
DEs Sciences
DE Paris.
Annii 17 iz.
50Z COLLECTION
„,„.„.,___„ avoient quelque rapport avec ks feuilles du xanthium \ thais il s'eft tromp^
~~ loifqu'il a cru qu'elles en avoient beaucoup plus avec celles da folanum
AcAD.RoYALK fomnifcrum , auUi bicn que Lobel lorfqu'il les a comparees a celles du ca-
"" '^^"^'^'^'^s i^j^gj^^^jg montagne : elles font d'un verd pale , quafi cendre , & attachees
a uu fort long pedicule.
Les fleurs font renfermees dans de petits boutons qui ferment une et-
pece de grappe , laquelle fort d'entre les ailTelles de chaque branche , &
de leur e'xtremite : ces Heurs font de deux diffcrentes fortes , les lines fte-
riles,& les aucresfecondes.
Les fterlles qui occupent la fommite de cette grappe, font contenues
dans an calice divife en cinq parties decoupees jufqu'au centre, elles font
compofees de cinq petites feuilles jaunes placees autour d'un piftile rond ,
furmonte de quelques etamines de meme couleur difpofees en aigrette :
comme elles font attachees par un fort petit pedicule qui feche a mefuce
que la grappe croit & s'eleve , elles fe fanent , & tombent en fort pea
de terns. .
Le calice de celles qui occupent la bafe de la grappe &: qui lont tecon-
des , eft divife en dix pieces fendues pareillement jufqu'au centre \ elles
font compofees de cinq petites etamines jaunes , furmontees chacune d'uri
petit fommet de meme couleur , &C placees autour du piftile qui eft charge
de trois filets fourchus & jaunes : ce piftile qui eft dans le fond du calice ,
devient dans la fuite un fruit rond, raboteux, d'un verd fence, dont les
inegalites font blanchatres , divife en trois loges qui renferment chacune
une^femence ronde & blanche ; il eft attache avec fon calice a un pedicule af-
fez long, de forte que lorfque les premieres Heurs font palfees & que le fruit
eft arrive a fa jufte groftcur , il pend des ailfelles des branches ,&: felii-
ble y etre ne fans aucune fleur ; c'eft ee qui en a impofe a tous ceux qui ont
a-.-ance que les fleurs & les fruits de cette plante , naiftbient fur des pieds
differens. •
Diofcoride laregardoit comme un bon remede centre les vers & centre
les vermes ; mais fon principal ufige fe rapporte a la teinture , Sc ceux
qui en one ecrit fous le nom A'hdiotropium , ont eu raifon de dire que le
fuc de fon fruit donnoit une couleur d'un verd fort eclatant qui fe
changeoit en tres-peu de tems en un fort beau bleu: le fuc des grappes
<les fleurs fait la meme chofe , ce qui n'arrive point a celui des feuilles.
U fe fait diverfes preparations dont on pretend que le fruit de cette
plante eft la bafe , & qu'on vend fous le nom de tournefol , favoir le
tournefol en drapeau , en pate & en pain.
Je me contente de celui qu'on prepare a Gallargues village du diocefe
de Nifmes , a quatre ou cinq lieues de Montpellier , dont on dit qu'on fe
fert en AUemagne , en Angleterre &•• en HoUande pour donner une
agrcable couleur aux confitures , gelees , vins & autres liqueurs ; ufage
q\ie Simon Pauli defapprouve heaucoup , &c contre lequel il s'eleve for-
tement dans fon Q^uadripanitum Botanlcum.
M. Lemeri dans fon Traite des Drogues , s'eft trompe d'aprcs M.
Pommet, lorfqu'il a avance que le tournefol en. drapeau fe faifoit avec
des chiftons imbibes , & empreints d'une teiature rouge prepaiee avec le
A C A D fe M I Q U E, jo}
flic des fruits de Vhciiotrnplum , & un peu de liqueur acide. li ne fe trompe __________
pasmoins lorfqu'il die qu il en vienc de Holl.uide : a moins que les Hoi- ' *""
lajidois ne renvoient ceiui qu'ils out re^u du Languedoc. Acad.Rovalb
Voici la veritable maniere dont on le prepare a Gallargiies. Les payfans i^EsbcitNcEs
de ce village ramalTenc an commencement du mois d'Aoiit les fcmmites
du ricinoiJcs , qu'ils appellent en laiigue vulgaire de la matirelie -.Ws le tone ■^""'■^ 171 1.
moudte dans des moulins fails expre? , aiitz fi;mblablc:s a nos moulins a
huile : quand elles out etc bien moulues , ils les mettent dans des cabas,
&ces cabas a une prclTe pour en exprimer Je fiic qu'ils expofent au foleil
pendant une heure ou environ ; apres quoi ils y trenipent des chiffons ,
qu'on ctend enfuite fur une haie jufqu'a ce quils foient bien fees : cela fait ,
on prend environ dix livres de ch.iux vive qu'on met dans une cuve de
pierre , y jettant par delTiis une fuHifante quantite d'utine pour cteindre
la dite chaux : on place dans la nu-nie cuve,aun pied de la liqueur, des
batons fur lefquels on eiend Ls thiffuns qu'on avoir deja fait fccher ,
& apres qu'ils y ont refte quelqoe tenis, c'e(l-a-dire , qu'ils ont etc hu-
medtes par la vapeur de I'urine & de la chaux , on les tire de la cuve , 011
les remet fccher au foleil, & apres qu'ils font bien fees , on les retrenipe
comme auparavant dans de nouveau fuc ; on les fait reifccher , apres quoi
on les envoie en diftcrens cndroits de I'Europe.
II y a quelque apparence que les autres elpeces de tournefol , favoir en
pate & en pain , qu'on nous envoie de Hollande , de Lyon & d'Auver^ne ,
fe font , ou avec ces memes chiffons qu'on envoie d'ici , ou avec quel-
qu'autre drogue; car quelle apparence qu'on les falTe en ces pays- Li avec
le fruit du ricino'ides , la perelle , la chaux & I'urine , comme M. M. Pomec
8c Lemeri le pretendent , puifqu'il ne croit point de cetceplante, ni cii
Hollande , ni aux environs de Lyon , ni en Auvergne & qu'on n'y en envoie
point de ce pays-ci.
Je fuis perfuade que cette plante pourroit etre d'une tres grande utilite
aux Teinturiers,s'ils vouloient fe donner la peine de la mettre en ufage j.
car j'en ai fait deux elTiiis qui m'ont alfez bien reufli
J'ai pris deux poignees des fommitcs du ricinoiJes qui contenoient les
fleurs & les fruits & que j'ai mifes dans deux differsns pots de terte ,
une poignee dans chacun ; apres les avoir remplis d'eau, j'ai mis dans
chaque pot deux c'chantillcns d'etoffe blanche , un de laine & I'autre de
foie : dans I'un des pots j'ai ajoutc demi-once d'alun , & dans I'autre
demi-once de cryftal de tartre ; je les ai fait bouillir pendant un demi-
quart d'heure ou environ , apres quoi j'ai retire les cchantillons qui ont etc
d'une aflez belle couleur de belette : la couleur de ceiix qui avoitnt bouilli
avec le cryftal de tartre , etoit plus foncce & plus vive , que la couleur de
ceux qui avoient bouilli avec I'alun, & la couleur de TccofFe de foie etoit
audi plus eclacante que celle de I'etoffe de laine.
504 COLLECTION
Acad. RoYALE Alypuni Monfpdianum , five frutcx terribiUs. Joan. Bauh.
DES Sciences
D£ Paris.
I. 598.
yinna 171 2, Quoique la plante que nous connoifTons aujourd'hui fous le nom A'aly.
pum , foit rouc-a-fait difference de celle que Diofcoride a decrite fous le
meme nom , comme tous ceux qui ont ecrit apres lui en demeurent d'ac-
cord , j'ai cru ne pouvoir mieux faire que de le lui conferver , & de me
fervir decelui de Jean Bauhin , pour ne pas multiplier les noms &c brouiller
ainfi la Botanique.
Gafpar Bauhin dans le Pinax , la nomme thy mdcea folds acutis , capltitlo
fuccifo ^ Jive alypum Monfpditnfium. Clufius la decric fous le nom A'hip-
polojfum FaUriiinum , & M. Tourneforc la place dans la fixieme fe6tion de
fes Infticutions au genre du globularia , fous le nom de globularia frucli-
cofa mynifolio trit^entato , cnzis elle eft d'un caradlere tou:-a-fait different
decelui du thimdiva , des tCpeces d'hippoglojfum ,&idagkbularia , comme
on pourra le voir par la defcription fuivante.
Valypum eft un acbufte qui s'eleve a la hauteur d'environ une coudee ,
fa racine qui eft revetue d'une ecorce noiratre , eft longue d'environ 435
pouces ; elle a pres d'un pouce de diametre a fon collet , poulfant trois ou
quatre groftes fibres : les branches qui font couvertes d'une petite pellicule
de couleur d'un rouge-brun , font deliees & cafTantcs : les feuilles qui font
rangees fans ordre , tantot par petits bouquets, tantot feuls ou accompa-
tgnees d'une autre petite dans leurs ailfelles , font de differentes figures; les
lines refTemblent affez aux feuilles de myrthe ; les autres s'elargilfanc vers
leur fommite forment trois pointts en trident : les autres n'en forment
qu'une feule j les plus grandes ont environ nn pouce de longueur fur 5 ou 4
lignes de largeur; elles font epai (fes iS; d'un verd fort eclatant. Chaque
branche foutienc une feule fleur , il s'y en trouve quelquefois deux , mais
rarement : elles font d'un trcs-beau violet ; & ont environ un pouce de dia-
metre : elles font compofees de demi-fleurons , du fond defquels s'cleven:
quatre petites ecamines blanches chargees d'un petit fommet noiratre : ils
fe terminent en trois pointes , & n'ont qu'environ j lignes de long fur
line ligne de large \ chaque demi Heuron porte fur un embryon qui , lorf-
que la fleur eft palfee , devient une femence garnie d'une efpece d'aigrette.
Toute la fleur eft foutenue par un calice compofe de feuilles difpofees en
ec lilies , chacune defquelles n'a que i ou 3 lignes de long , fur une ligne de
large.
Clufius rapporte que les Charlatans de I'Andaloufle donnoient la dc-
coftion de cette plante comme un fpccifique dans les maladies veneriennes.
Les Charlatans de nos jours I'ordonnent encore trop fouvent comme
purgatif; quoique ce/rw^e*^ /emii/ii foit plutoc un poifon qti'un purgatif.
Ex trait
A C A D 6 M I Q U E. joj
ACAD.ROYAI-E
Extrait dc Vhijioirc du Carcajou , envoy cc par M. Sarra- i^e^ SciEhXEs
zjN , Mcdcdn du Roi en Canada , & Coircfpondant dc , ,
VAcaddmie. -^"^^ '7 'J-
o
E carcajou eft un animal carnaflier de rAmecique fepie4itrionale ,
i^-' qui en iiabite ks cantons les plus troids : il pefe otdinairement depuis
^5 jufc]u'a J 5 livres :il a environ z pieds depuis le bout du mufeau juf-
qu'a la queue qui pent avoir 8 pouces de long. II a la tcte fore cource 8c
fort grolfe a proportion du relle de fon corps j Ics yciix trcs-peiitsj ies
maclioires trcs- fortes tk garnies de trente-deiix dents bien tranchantes.
Quoique petit il eft trcs-f-ort &: trcs-furieux ; & quoique carnaftier il eft ft
lent& fi pefant qu'il fe traine fur la neige plutot qu'iln'y marclie'. II ne
pcut attraper en marclianv que le caftor qui eft auftl lent que lui, & il faut
que ce foit en ete ou le caftor eft liors de fa cabane ; mais en hiver il ne
peut que brifer & demolir la cabane , & y furprendrele caftor, ce qui ne
lui rcuflit que tres-raremJht , parce que le caftor a fa retraite afTurce fous
la glace. Cependant, comme le caftor en hiver meme fort pout aller dier-
cher dans le bois des provifions fraiches qu'il aime micux que les viclles,
le carcajou I'y peut attaquer.
La chalfe qui lui rend le plus eft celle de I'orignac &: du caribou. L'ori-
gnac choifit en hiver un canton oil croilfe abcTndamment Vanagyris fdtiJa ,
ou bois puantjdont il fe nouvrit j &: quand la terre eft couverte de cinq
ou fix pieds deneij;es, il fe fiit dans ces cantons des-chemins qu'il n'a-
baaJonne pas a moins qu'il ne folt pourfuivi par Ics chalfeurs. Le carcajou
ayant obfervc la route de I'orignac grimpe fur un arbre , aupres duqu<l
il doit palfer , & de-la s'elance fur lui & lui coupe la gorge en un moment.
Envain I'orignac fe couche par terre ou fe frotte centre des arbres ; rien
ne fait lacher prife au carcajou , &: des challeurs ont trouvc quelquefois
des morceaux de fa peau large comme la main qui etoient demeurcs d
I'arbre contre lequel I'orignac s'ctoit frotte. ; ,
Le caribou eft une efpece de cerf; il eft tres-lirger &: court fur la neige
prefque auffi vite que fur la terre , parce que fes ongles qui font fort larges
& garnies d un poil rude dans leurs intervalles , rempechent d'enfoncec &:
lui tiennent lieu des raquettes des Sauvages. Lorfqu'il habite le fort des
bois , il s'y fait des routes en Iiiver comme I'orignac & y eft attaque de
nieme par le carcajou ; mais quand il eft dans les endroits clairs ou il n'a pas
befoin de fe faire des routes, & cii il va de tous cotes indifteremment , le
carcajou qui pourroit I'attendre trop long terns , n'a pas coutume d'y perdre
fon terns , & il ne donne guere la chalfe au caribou que dans les endroits .
cpais.
Tome III , Panic Frangoife^ ^ j^
jo^ COLLECTION
d^
Acad. Roy AiE
DEs Sciences . JJiftoirc du Cafe.
DE Paris. ■' J
Annk 1715. Par. M. d e J u s s i e u."
JLj'Histoire &: la defcription du cafe que je donne aujourd'hui , a cce faite
non fur les memoires ou fur les conjectures des Botaniftes qui ne I'avoienc
jamais vu , mais d'apres I'arbre menie que nous poiTedons dans le Jardin
Royal.
L'Europe a I'obligation de la culture de cet arbre aux foins des Holian-
dois, qui de Moka Tone porte a Bacavia , & de Batavia au jardin d'Amfter-
dam , & la France en eft redevable au zele de M. Reffon Lieutenant-Gene-
ral d'artiilerie, qui fe priva,en faveur du Jardin Royal , d'un jeune pied
de cet atbre qu'il avoit fait venir de HoUande. Mais M. Pancras Bourgue-
meftre regent de la ville d'Amfterdam , nous a fourni I'occafion de connoitre
encore mieux cette plante interelTante , par le foin qu'il prit I'annee derniere
d'en faire tranfplanter un pied a Marli on il fut prefente au Roi , & dela
en voye a Paris au jardin de Sa Majefte , dans leqii'el nous lui avons vu don-
ner fucceflivement des fleurs & des fruits.
Cet arbre, auquelon peut donner le nom de /.j/wi/z d' Arable a feuUles de
lauTur & dont Ixfcmcnu nous ejl connucfous k nom de cafe ; cet arbre, dis- je ,
en I'etat auquel il fe trouve adtuellement au Jardin Royal , eft de la hau-
teur de 5 pieds , &c de lagrofteurdu pouce j il donne des branches qui »
d'efpace en efpace, fortent de toure la longueur de fon tronc, toujours op-
pofeesdeuxa deux, & rangees de maniere qu'une paire croife I'autre. Elles
font fouples, arrondies , noueufes par intervalle , couvertes aufti-bien que
le tronc d'une ecorce blanchatre , fort fine qui gerfe en fe delTcchant. Leur
bois eft un peu dur &: eft douceatre au gout : les branches inferieures font
ordinairement fimples , & s'etendent plus horifontalement que les fupu-
rieures qui terminent le tronc, lefquelles font divifees en d'autres plus
menues qui partent des ailTelles des feuilles & gardent le meme ordre que
cetle du tronc 5 les unes & les autres font chargces en tout terns de feuilles
entieresfans dentelures ni crenelures dans leur contour , aigues par les deux
bouts, oppofees deux a deux, fortant des na'uds des branches &: relTem-
blant aux feuilles du laurier ordinaire, avec cette difference qu'elles font
mollis feches & moins epailfes , ordinairement plus larges , plus pointues-
par leut extremite qui fouvent s'incline de cote ; cju'elles font d'un beau verd
gai & luifant en-delTus , verd-pale en-delfous &C verdjauniitre dans celleS'
qui font nailTantes ; qu'elles font ondees par les bords ; ce qui vient peut-
etre dela culture ; & qu'enfin leur gout n'eft point aromatique , mais lim-
/ X'XV. plement herbacee. Les plus grandes feuilles ont t pouces environ dans
"" ' le fond de leur largeur , fur 4 ou 5 pouces de longueur : leurs queues fonr
fort courtes.De Tailfelle dela plus part nailfent des Beurs( 1 ) jufquaunonihre
de cinq , foutenues chacune par un pcdicule court; eiles font toutes blanches ,.
d'une feule piece , a-peu-pres du volume & de la figure de celles du jafmiiv
d'Efpagne , exceptique le tuyau en eft plus court , & que les decoupuresea^
A C A D 6 M I Q U E. jo*
font plus ^croites 8c font accompagnces de cinq ccamines blanchfts (2)3 _
fommets jaunatres, au-lieu qu'il n'y en a que deux dans nos jafintns. Ces * ^
ccamines dtbordenr le myau de leiirs fleurs , & entourent un ftile ( j ) four- d^s, Sciences
clui qui furmonce I'embiyonou pilliie (4} place dans le fond d'un calice de Paris.
(5 ) verd a quaere poinces, deux grandes &: deux petites difpofces alter- Annie iyij.
iiativement.Xes rieurs padent tore vice, & one une odeur douce & acrea-
ble. L'embryon ( 4) ou jeune truit qui devient ( 6) a-peupies de la ^rof-
feur & de la figure d'un bigareau , le cermine en ombilic & eft verd-claic
d'abord, puis rougeatre , enfuite d'un beau rouge ,& enfin rouge-obfcur
dans fa parFaite maturice. Sa chair (7 ) eft glaireule , d'un goiir defagre ible,
qui fe change en celuj de nos pruneaux noirs fees , lorfqu'elle elt dcifc-
chce , & la grolleur de ce huit le rcduit alors a celle d'une bale de laurier.
Cerce chiir fert d'enveloppe a deux coques ( 8 ) minces, ovales , ctroire-
ment unies , arrondies (9) fur leur dos , applaties ( 10) par I'endroit oil
elles fe joignent , de couleur d'un blanc-jaunatre 8c qui (11) contiennent
chacunc une femence calleufe , pour ainh dire , ovale , voutce ( 1 1 ) fur
fon dos tS; platte ( 1 3 ) du coce oppofe , creufee dans le milieu & dans
route la longueur de ce meme cote , d'un fiUon alfez profond. Son gouc
eft tout d-fait pareil a celui du cafe qu'on nous apporte d'Arabie. L'ne de
ces deux femences venanc a avorcer , celle qui refte acquiert ordinairemenc
plus de volume, a fes deux cotes plus convexes & occupe feule le m.lieu
du fruir.
On appelle caft en coque ce fruit entier & deffcche , & cafe monde, fes
femences depouillees de leurs enveloppes propres 8c communes.
Par cette defcription faite d'aprcs nature , il eft aife de juger que I'arbre
du cafe qu'on pent appeller le cafier , ne peut etre range fous un genre
qui lui convienne mieux que celui des jafmins , fi on a egard a la figure
de fa fleur , a la ftrudure de fon fruit & a la difpofition de fes feuiilcs,
ce qui eft conformeau fentiment de.M. CommelinProfelFeur de l>otanique
a Amfterdam.
Par la vue du fruit fur I'arbre , I'idee que Ton s'eroir formee que ce fruit
flit une feve crue dans une goulfe , fe trouve faulTe , Sc nous fommes audi
defabufes de I'opinion de RauvoU qui nous a voulu perfuader que ce qui
eft marque dans Avicenne fous le nom de bunck , 8c dans Razes fous le
nom de bunca , 8c que la plupart de leurs interpretes di.fent etre une ra-
cine provenanc de I'Arabie heureufe, foit le cafe.
Et par la figure que j'en donne ici , on s'appercevra d'abord combien
celles des Auteurs qui en ont parle , font defe(ftueufes , foit parce que le$
fleurs y manquent, foit parce que les feuilles 8c les fruits y font place*
peu exa(flementc
Si aprcs cette defcription , il reftoit encore le moindre doute que cet
arbre fiit veritablement celui qui porre le cafe que nous tirons d'Arabie,
on pourroit s'en cclaircir pleinemcnt par la conformitequi fe trouve a-peu-
pres entre tout ce que je viens de rapporter, & les relations de ceux qui
font arrives tout recemmenc de Zedia , lieu ou il fe cultive , cloigne de
quelques journees de la rade de Moka.
Ces relations quoiqu'imparfaites, noos apprenoient que cec arbre croif
S3 ij
'5055
COLLECTION
:AcAD. RoYAlE
DES SCIHNCES
BE Paris.
<^nnk 17 15.
dans fon pays natal , Sc meme a Batavia jufqu'a la hautetir de 40 pleds, <?c
que le diametre de fon troiic n'excede pas 4 a 5 poucesj qu'on le cultive
avec foiii \ qu'on y voit en routes les faifons des fruits & prefque toujours
dcs flours; qu'il fournit deux ou trois fois I'annee une recolte tresabon-
danre , & que les vieux pieds portent moins de fruits que les jeunes , lefquels
commenceiit a en produire des la troilieme & quacrieme annee apres
leur germination : circonftances qui avoient dqa ete en partie obfervees
dans le pays par M. Clyve Anglois , & citees par M. Fioane dans les
Tranfjctions ph'Uofofihiquei d' AngUmn de I'annee 1(^94. Au refte le mot
de cafe en Fran(jois , ou coffee en Anglois & en Hollandois , tirent I'ua
& ['autre leur orij;ine de ce celui de caouhe , nom que les Turcs doniienc
^ la boilfon qu'on prepare avec cette femence.
A I'egard de la culture , le peu de terns qu'il y a que nous poffedons I'arbre
du cafe ne nous a pas permls de faire alFez d'obfervations fur la maniere de
le multiplier & de I'elever ; je puis neanmoins etablir celles-ci pour cer-
taines , c'ell que fi la femence du cafe n'eft pas mife en terre route recente ,
comane plufieursautres femencesde plantes , on ne doit pas efpcter de la voir
germer. Les femences qu'en a recueiiUes M. Commelin hir les pieds cultives
dnns le jardin d'Amfterdam, & jettees ptefque auHi-ior en terre , ont produit
d'auttes arbres. Celles tirees des fruits memes que ce fwant Profeflenr m'a
cnvoyees , ont eu. pen de fucces au jardin royal , quoique plantees auili-tot
qu'elles ont ete regucs , au lieu que celles de I'arbre culrive depuis line annee
au jardin royal , pour avoir ete mifes en terre aulli-tot apres avoir etc cueil-
lies , ont prefque toutes leve fix femaines apres.
Ce fait juftirte leshabitans du pays ou fe cultive le cafe, de la malice qu'on'
leur a imputee de tremper dans I'eau bouillante, ou de faire fecher au fea
tout ce qu'ils debitent aux etrangers, dans la crainte que venant a clever
comme eux cette plante , ils ne perdifTent un revenu des plus confiderables.
La germination de ces femences n'a rien que de commun. A I'^gard du
lieu oii nous avons reconnu que cette plante pouvoit fe conferver, comme 1,1 ■
doit avoir du rapport avec le p.iys dans ieque! elle naJt naturellement, & oii
Ton ne refTent point d'hiver , nous avons ete jufqu'ici obliges de fupplcer aa
defaut de la temperature du climar , par une ferre a la maniere de celles de
HoUande , fpus laquelle on fait un feu modere pour y entretenir une cha-
leur douce , & nous avons obferve que pour prevenir la fecherelTe de cette
plante , il lui falloit de temps en temps un arrofement proportionne.
Soit que ces precautions en rendent la culture difficile , foit que les Turcs
naturellement parelTeux ayent neglige de la multiplier dans les autres pays
fujets a leur domination , nous n'avons pas encore appris qu'elle croilTe
abondamment en aucune autre contree que celle du Royaume d'Yemen en
Arable, ce qui paroit etre la ?aufe pour laquelle avant le 16' (lecle le cafe
nous ctoit prefque inconnu.
Je laide aux hiftoriens le foin de rapporter ce qui a donne occafion d'en
faire ufage , Sc d'examiner fi Ton en doit la premiere experience a la curiofite
d'un Superieur d'un monaftere dArabie , qui voulant titer fes moines du_
fommeil qui les tenoit airoiipis dans la nuit aux ofHces du chaur, leur en fie
boire I'infufion ,, fur la relation des effets que ce fruit caufoit aux chevres qui
A C A D E M I Q U L. 509
fcn avoient mange : ou s'il faut en attribuer la dccoiivcrte a la picti; d'un ,_____„_
Mufci , qui pour faire de plus longues prieres , Si poulll-r les veilles plus loin "7 ~
que les Dervis les plus devots, a pallc pour s'en are fervi des premiers. nt^'s ences"
L'ufage en eft devenu depuis ce temps fi familier cliez les Turcs , chez pj i);iais.
les Perfans, ciiez les Armcniens , & meme chez les differences nations de
I'Europe, qu'ilferoit prefque inutile de in'ctendre fur la preparation, is; fur -^'"'" *7«i«
la qualitc des vailleaux & des inllrumens qu'on y emploic.
Je me contenterai de faire obferver, 1°. que des trois manieres d'en
prendre I'infulion , favoir, ou du cafe mondt &c dans fon etat naturel , ou
du cafi rod, ou feulemenc des enveloppes propres & communes de cette
lemence auxquelles nos I'ran^ois, de rccour de Moka , one impropremenc
aonne le nom dsjleur decafi , la feconde de ces manieres eft preferable a la
premiere , ik la croilieme aulll appellee •:afc a la Suitune,
2°. Qu'entre le gros &: blanchatre qui nous vient par Moka, & le petit
verdatre qui nous eft apporte du Caire par les caravaiines de la Mecque,
celuici doit ctre choifi comme le plus mur , le meilleur au gout, &c le
moins fujet a fe gater.
3°. Que de tous les vailTeaux pour le rotir, les plus propres font ceux de
terre vetniirce , afin d'eviter I'impreflion que ceux de fer ou d'airain peuvenc
lui communiquer, •
4°. Que la marque du jufte dec^re de fa torrefadtion eft la couleiir tirane
fur le violet , qu'on ne psut appercevoir qu'en fe fervanc pour le rotir , d'ua
vaifleau dccouvert.
J°. Que I'on ne doit en pulvcrifer qu'autant Sc qu'au moment que Ton
vent I'lnKifer. (J". Enfin quctant jetce dans I'eau bouillante, I'infufion en eft
plus agreable , & fouffre moins de diilipation de fes parties volatiles, que
lorfqu'ileft mis d'abord dans I'eau froide.
II me refte, parmi ce grand nombre d'opinions fi diffcrentestouchanr fes
qualices, de donner quelque chofe de certain fur fa maniere d'agir & fur fes
vertus.
La matiere huileufe qui fe fcpare du cafe , & paroic fur fa fuperficie lorf-
qu'on le grille , & fon odeur particuliere qui le fait diftinguer du fcigie , de
I'orge , des pois , dts feves & autres femences que I'epargne fait fubftituer au
cafe , doivent ctre les vraies indications de fes effets , fi Ion en juge par leur
rapport avec les huiles tirees par la cornue, puifqu'elle contient aufli bien
que celles-ia de% principes volatils rant falins que fulfureux.
C'eft d la dilfolution de fes fels & au melange de fes foufres dans le fang,
que I'on doit attribuer la vertu principale de tenk- eveille, que Ton a re-
marquee comme I'effet le plus confiderable de fon inftifion. C'eft de-la que
viennent fes proprietes de faciliter la digeftion, de prccipiter les alimens ,
d'empccher les rapports des viandes & d'eteindre les aigreurs, lorfqu'il eft
prisapres le repas. C'eft par-la que la fermenration qu'il caufe dans le fmg',
utile aux perfonnes gralles , replettes , pituiteufes & .i celles qui font fu/ettes
aux migraines , devientnuifible aux gens maigrcs, bilieux, Sc a ceux qui era
ufent trop fcequemment. C'eft aufli ce qui rend cette boirtbn quelquefois
diuretique.
L'experience a introduic quelques precautions que je ne faurois blamer ,
510 COLLECTION
.irii — — toucliaiu la maiiiero de prendre cetce infiifion. Telles font celtes de boire urt
AcAD.RoYALE verre d'eau avant la prife de cafe, afin de la rendre laxative, de corriget
BEs Sciences par le fucre ramcruims qui pourroic la rendre defagreable , & de la me)er ,
DE Paris. qu de la faire quelquefois au laic ou a la cteme , pour en etendre les foufres ,
J , , ou embarrader les priucipes falins, & la rendre nourrilTante.
^nnat 1715. ^^^^^ j,^^ ^^^^^ ^^^^ ^^ faveur du cafe, que quand il n'auroit pas des
vertus aulli cerraines qaecelles que nous lui connoilFons, il a toujours I'avan-
ta^e par-delTus le vin de ne Liiffer dans la bouclie aucune odeur defagreable ,
ni d'exciter aucun trouble dans I'efpritj & que cetce boidon au contraire
femble I'egaier , le rendre plus propre au travail, le recreer & en difTiper les
ennuis avec aucant de facilice que ce fameux mpmthis fi vanu dans Homere,
Obfcrvation Botaniquc.
Par M. DE Reaumur.
lyX- DE Reaumur allant de Saumur a Thouars au mois de juin 171 1 ,
remarqua dans toute une etendue de cinq lieues de chemin , que des pruniers
fauvacres qui font communement dans des builTonsSi dans des liaies , & qui
devoient avoir alors de petites prunes rondos de la grolfeur d'un pois ,
comme ils en avoient ettedtivement , en avoient tous a peu-pres autant d'une
arandeur & d'une figure difFerentes : elles etoient ovales , fort femblables a
de ieunes amandes , & fouvent une fois & demie plus longues que les fruits
naturels & ordmaires. Leur couleur etoit aulTi d'un veid moins fonce &C
tiroit fut le j.iunatre. Les cinq lieues palTees , M. Reaumur chercha inutile-
ment de femblables prunes pendant vingt - cinq lieues de chemin , quoiqu'il
y eiit des memes pruniers en abondance. Dans I'etendue oil fe trouvoient les
prunes irregulieres ou monftrueu(es , les autres arbres n'avoient point de
fruits qui le fulfent.
Decouvertc des Fkurs & d&s Graincs d'une Plante rangce par
les Botanijlcs fous le genre du Lichen.
Par M. M A R c H A N T.
J_J A plupart de ceux qui ont travaille fur I'Hiftoire des Plantes , ont fait
mention de celle qui fait le fujet de ce Memoire : les uns I'ont decrite &
en ■ ont donne la figure ; les autres ont public fes vertus , & il y a peu de
Phatmacopees ou elle ne foit employee dans des compofitions galeniques,
ou dans des remedes topiques ; mais comme entre les Botaniftes , foit
anciens , foit modernes qui ont donnc des definitions des caraftercs gene-
riques des plantes , on n'en voit point qui ait veritablement connu les
fleurs , ni les graines de celle-ci , je rapportetai la decouverte que j'ai faite
de fes parties ci-devant inconnues.
ACAD^MIQUE. 5,1
QuelqueS-uns de ces Auteurs font confifter le caradlere generique du ___„__«_^
lichen en ce que c'eft une plante imparfaice dont les feuilles s'etendent T j^ ;
fur la furface de la terre , ou fur le tronc des arbres , & ils divifqpt ces nr'^ Sciences^
herbes en plantes fteriles , & en plintes portanc des femences. D'autres de Paris.
divifent le genre du lichen en plantes qui ne portent point de tiges , & . ,
en plantes qui portent des tiges. "'^a i^ij.
Enhn le plus moderne de ces Auteurs , /«/?. R. herb, dcfinit le lichen y
itn genre de plante qui ne porce point de tleurs , mais dont le frui«t relTem-
ble en quelque facon .1 un balTin rempli de foUe fatine , ou tres-menue
femence qui ecanr vue au microfcope , paroira-peu-prcs ronde.
Apres avoir rapporte le fencimenc de ces Hiftoriens fur la nature du
lichen , pour eviter route equivoque , nous dcclarons que notre obferva-
tion eft faite fur la plante nommee dans le Pinax de Gafp. Bauh. Lichen
peeraus fidlatus , Sc que notre detfein n'eft pas de decider fi les trois pte-
feiieres efpeces de ce genre de plantes rapportces pat ce mcme Auteur ,
ne font que des varietes de celleci , comrae il patoit que J. Bauiiin la cm ,
puifqu'il ne donne que la defcription & la figure du lichen etoiic pour
ces trois efpeces , & qu'il reproche a plufieurs Auteurs celtbres de n'avoir
decrit que le meme lichen , quoiqu'ils expofent trois figures difFcrentes.
Nous ne parlerons point audi de ce que cette plante a de comn'un avec les
autres efpeces de lichen , mais hous tacherons de faire connoitre ce qu'clle
a de particulier , & qui fait I'objet de cette dilTertation.
Chaque tige de c|tte plante , de grandeur nacurelle ( PL XXIF Fig. I') ,
porte a fon extiemite , une etoile ou rofette d'un deini-pouce de diame-
tre , pofee horifontalement , pour I'ordinaire compofee de neuf rayons qui ,
avec la tige , forment en quelque maniere la charpente d'un parafol , &
dont I'extremite de chaque rayon eft'cerminee en pointe obtufe un peu re-
courbee en bas , & fiUonnce en delTous : le deffbus de chacun de ces rayt)ns,
va a la loupe ( Fig. VI ) , depuis leur origine jiifque vers le milii.-M delear
longueur , eft garni de plufieurs membranes a , un peu confufemcnt rangees
«ntre des lignes paralleles : ces membranes font fort minces, tranfparen-
tes, d'un verd-blanchatre & godronnees par les bords. D'tntre ces mem-
branes fortent huit a dixboutons^, aulli verd- blanchatre membraneux ,
rayes , & a plufieurs pans termines en pointe , & qui alors par leur figure
ont un peu de rapport aux vcflies de I'alkekenge des Indes ; mais ils font
moins ronds.
Chaque bouton ctant onverrc, forme un caiice en gobelet renverfe ,
etroit par fa bafe , plus large &: dentelc par le bord; & de fa cavite il fort
un pedicule qui porte une fieur d , de la figure d'une coupe ou talle aimgue
en maniere de godet , de couleur de citron tirant fur I'oranger , Icgcre-
ment dentelee en ondes par les borJs qui fe renverfe en dehor'; , & cs:;e
coupe qui a tout au plus une demi-ligne de diametre , eft ordinairement
inclines en enbas.
Au meme terns que cette fleur s'epanouit , on decouvre an dedans une
touffe de filets foyeux tres-fins«, d'un jaune dore , fort ferresentt'eux , fie
qui eufemble reprefentent allez-bien une houppe de foie dont les brins fe-
loient chiffbnnts i5c reglies , lefqutls s'allongeant peu-a-peu , & s'epa-
5"^ COLLECTION
-^'"•'"— "-— ^ nouirtant vifiblement , laiffcnc echapper une infinite de tres-petites parti-
AcAD.RoYALF. cnies jaunes a pen pres rondes/, qu'on appei-^oic adtuellement forcir par
BEs Sciences boiiffifes d'encre les hlets foyeus de cecte houppe , & fe repandre dans
DE Paris. i'air,ain(i que feroient les ecincelles d'un tifon enflamme qu'on frappe-
/Jnnee 171 J. roit coup fur coup; ces particules par leur extreme fineire s'cvanouillent
aux yeux 2c feperdent dans I'air. Les Hears ne sepanouilFenc que fuccelli-
vement, & ay.int cte vifiblcs pendant dsux ou trois jours, elles deviennenc
de couleur roulle , & fe delfechenc entierement.
Il eft afiTez vraifembl.ible que les petites particules jaunes dont on vient
de parler , font les graines de cette plante { a) , puifqu'on voit naitre des
millions de jeunes plantes de la meme efpece aux environs des an-
ciennes , ce qui arrive non feuletnent fur la furface de la tene , mais audi
contra des mutsgraveleux ; dans des cours , entre les joints ou fentes da
pave, meme jufques fur des toitsvoifins expofes au nord , & principale-
ment pendant I'automne , ou autrcs terns trais , ce qui nous fair appeller
ces femences, graines errantes ou vagabondes, a caufe qu'elles fe difpec-
fent dans I'air 011 elles font invifibks.
On a fouvent remarque que dans des cours nouvellement pavees a
cliaux Sc a ciment , on voit tout a coup paroitre quantite de ces plantes.,
quoiqu'on n'y en eut point obferve auparavant , ce qui pourroit fairc con-
jedurer que la chaux pat fes principes, ne concribue pas peu a faire ger-
mer ces graines.
Par ce qui vient d'etre rapporte , il eft certain que la ftrudure de la fleur
& de la graine du lichen etoile n'a point ete connue des Botaniftes , puif-
qu'on ne trouve rien de femblable dans tous les caracfteres genenques
qu'ils nous ont donnes des plantes , joint a ce qu'ils difent que le lichen
ne porte point de fleurs; or il eft de quelque importance en Botaniquede
connoitre parfaitement le caradtere gencrique d'une plante, fur tout lorf-
qu'elle eft d'ufage en medecine , & c'eft ce que nous croyoiis avoir decou-
vert pat cette obfervation qui donne lieu de croire , que routes les petites
plantes comme mouffes , lichens , moifiirures, mufcofites , &c. qui naiU
lent fur les rroncs des arbres & fur des toits meme forr eleves, font vrai-
femblablement autant de plantes qui ne s'y produifenr aulli que par des
graines vagabondes, entre lefquelles par la fuite on decouvrira peut-etre
une infinite de difFerens genres de plantes par rapport a la ftrudure de
leurs fieurs, ou de leurs graines lorfqu'clles auront ete bien examinees.
Il refulte de notre obfervation au lujer du lichen etoile, qu'on decoiivre
clans une des plus petites Heurs, un mouvement continuel de plufieurs par-
lies , ce que je ne fais point qu'on ait remarque , meme dans les plus gran-
des fleurs.
Il eft vrai que les plantes appellees fenfitives, reilerrent leurs feuilies
quand on les touche , comme font audi les etamines de la fleur de I'opuntia ,
qui etant frappees lorfque le foleil donne delTus, fe contraitent ; niais ces
parties de plantes n'onc un mouvement viiible que lorfqu'elles font tou-
(a} II femble que ces petites particules qui fortenr pat bouffees , ont plus de rap-f
port avec des pouffiercs d'etamipes quavcc des graines. ,
elides J
A C A D fe M I Q U E. ji,
dices ; an lieu qu'on dccouvre trcs-viliblement d.ins la fleiir de notte plan- ■
te , que fes filits foyeux fe developpent &c s'allongent aiiiil que feroit un /^^ad Royale
pcloton de vermilleaiix expofes i la chaleur dii foled , d: que les femences dls ScitNcts
de cette meme plante fe repandeiu concinuellement comme des acomes »k 1'aris.
dans lair. ^ J„„^e 17 ,j.
Le caractere generiqiie de cette planre ctant done de porter une fleiir ea
coupe oil cade aiuiqiiercmplie d'uiie houppo , compofee de hlets foyeux ti'ou
fortent par bounce's qiiantite de trcs-mcnues femences , c-c ainii la ftruc- ,
ture de cette Heur ne convenant pas an caradere du lichen ci-devant rap-
portc , & extrait des plus celebres Botaniftes modernes , nous ctablirons
pour cetre plante un nouveau genre que nous nommerons marckant'ia ^ du
nom de feu M. Marcliant mon pere qui , le premier eut I'honneur d'occu-
per une place de Botanille dans cette Academic, lorfque le Roi en i6cS
ctci. cette Compagnie.
Nous avertiirons ceux qui vondront fe donner le plaifir de voir la fleur
de la marchaniia jltilata , de la chercher apres un terns d'orage ou de pluie
chaude ; car qiioique cette plante fleurirte prefque pendant tout I'ctc ,toute»
fois fes fleurs ne s'cpanouiffent bien que dans un tems chaud & liumide ,
& le mois d'Aoiit eft fouvent le plus convenable pour obferver ce pheno-
mene , que je n'ai decouvert qu'aprcs une fuite d'obfervations faites pen-
dant plulieurs annees , a caufe de la difticulte qu'il y a de trouver le mo-
ment ou cette fleur s'epanouit , de fon peu de duree 6c de rextreme deli^
catelFe des parties qui la compofent.
Quant a ce qui regarde les vertus de cette plante , nous dirons qu'on
I'emploie dans le fiiop de cliicoree fi excellent contre les maladies du foie
& de la rate , dont il degage puillamment les obftrudtions , & qu'on le
donne contre la jaunilfe <5c pour ramoUir les duretes du ventre. On fe fere
auifi avec fucces de la decoftion fmiple de la mvchantia Jhllaca , ou de
fon eau diftillce dans les maladies de la peau.
Sur une Morillc branchue, dc figure ^ dc couhur dc corail ^
Sf tres-puante. j
JL L y a env
mur du pa
Par M. D E R E A u M u r; '
vlron deux ans que je trouvai cette plante en bas Poitu, dans un
re de la maifon feigneuriale de Reaumur : dans ce mur il y en
proches en etoient a un pied. Le mur etoit expole a 1 orient , mais environne
ae petits arbritTeaux &: de quantite de grands arbres qui le mettoient prefque
entierement a I'ombre , il ctoit fait d'une pierre grife Si d'uue tcrre rou-
geatre
Chaque plante {Fig. I. PL XXFl.^ etoit compofea de huit ou neuf
Jbranches B BB , &:c. qui fortoienc dumur par ua trou dont le diametre hori«
Tmiu III , PurtU Frangoi/i. J}
JI4
COLLECTION
DE Paris.
Annie i-ji^.
^—^ '—j"— ' fontal etoit d'environ un pouce 6c demi. Les plus longues branches avoient
Acad Royale ^'^P^ pouces : la plupart de ces branches jettoient trois ou quaere autres petites
DEs Sciences branches bbb , &c. longues feulemenc de deux pouces , ou de deux poucss
& demi.
Eiles tapiflbient routes enfemble le mnr , comme les branches des arbres
en efpalier tapKTent ceux conire lefquelles eiles font etcndues , avec cette
difference remarquable qu'elles avoient une diredlion contraire a celle des
branches des autres plantes j eiles tendoienc en bas aufli regulierement que
celles des autres plantes tendent en haut. Ces branches font d'une fubftance
moUe , & ttop foibles pour foutenir leur propre poids , c'eft la probablemenc
la feule caufe qui les rait defcendre : ce qui en eft une bonne preuve, c'efl:
que la plupart des branches courtes bbb, &cc. que jettent les branches princi-
pales fe reJrelfent. La figure de chaque branche eft allez irreguliere , il y en a
d'aulli grolfes, & meme de plus groflTes pres de leur extrtmite que pres de
leur origine, d'autres font beaucoup plus petites a leur extrcmite. Dans les
endroits ou eiles font plus grolFes , eiles ont fix a fept lignes de iargeur , Sc
feulement deux ou trois lignes depailfeur vers le milieu de leur Iargeur; je
dis vers le milieu , parce que la circonference de chaque endroit approche de
celle d'un ovale applati , c'eft la Iargeur des branches qui eft parallele an
mur.
Lorfque nous avons dit que la circonference de ces branches approche de
celle d'un ovale, nous n'avons voulu en donner qu'une idee grofiiere : il s'y
trouve une infinite de decoupurcs irregulieres, d'inegalites difpofees bizar-
rement qui alterent cette figure : leur extremite fe termine ordinairement par
deuxou trois dccoupures.
Ces branches font d'une matiere fongueufe, eiles ne font ni feuilletees ,
ni fiftuleufes. Leur furface paroit remplie d'une infinite de finuofites, d'en-
foncemens , de trous d'une figure tres-irreguliere, & difpofes fore irregu-
lierement. Il y a des endroits ou on ne voit que de finiples finuofitcs:
ailleurs on voit des endroits plus creux , entourcs de tous cotes par des efpeces
de petites cloifonsj enfin , on y oblerve beaucoup de trous ooo{ Fig. 11)
qui penetrent dans le milieu de la plante : on ne peur pourtant fuivre leur
route , lorfqu'on fe contente de regarder la plante exterieurement \ mais li
Ton en coupe de petits morceaux , foit horifontalement H H ( Fig. II. ) ,
ion verticalement , on appergoir diftinftement que ces trous penetrent dans
le milieu de la plante , qu'ils y arrive-nt en ferpentant , & que de la ils vonc
aboutir a quelque ouverture placee plus bas fur la furface de la plante : quel-
quefois plufieuts de ces trous fe croifent chemin faifant. Si Ion regarde at-
tentivement ces trous dans I'interieur de la plante , on y decouvre divers fila-
mens qui quelquefois les rraverfenr, & qui quelquefois font places comme
de petits polls : ces polls auroientils quelque chofe de commun avec les
piftiles des graines ? C'eft ce que j'oferois au plus foup^onner.
Je fis oter les pierres du mur dans I'endroit d'ou les branches de ces
plantes fortoient, je vis qu'elles tiroient toute leur origine du fond d'une
enveloppe commune ccc , &:c. ( Fig. I.) Cette enveloppe eft une efpece de
bourfe formee par une membrane dont la fubftance, le tilTu, la couleur &
I'odeur font fort femblables a celle de la peau qui recouvre le chapiteau des
A C A D £ M I Q U E. yrj
cliampignons ordinaires. Ses pnrois dans les plantes dcja grandes ou prctcs ■ • < m
a perir, n'ont qu'une demi-liiine d'epairteur : ellesenont b.aufoup davan- .^.^ p«,,«,fc
I r II n.1- /-. n. c i i \ r r •',■ AcAD. K.OVALI
cage, lorlque la plaiite elt plus )eune. Celt au rond de la furf.ice iiucrieure ^j^ Sciences
de cette efpcce de bourfe que font attachees toutes les branches. de Paris.
Visa vis le mL-me endroit , fur la furfacc exterieure de I'envcloppe , eft j
atrathee la racine de la plante l<rrs[ fig I. ) , elle a environ une ligne de
diainetre a fon origine , Sc fe termine par une pointe trcs-fine S. Sa longueur
eft de neuf ou dix pouces. Elle ferpenre dans le mur. La meme racine jetre
trois ou quaere autres filets plus dclies rr , qui a quaere ou cinq pouces de
leur origine , fe terminenr auili en pointe.
Je chercliai dans le mur , & je trouvai de ces enveloppes D D E E R
(Fig. III.) qui donnent nailFance aux branches, dont les branches n'ctoienc
pas encore forties. Ces enveloppes etoient alors fermees de tons cotes , fore
femblables a ces champignons appelles velTes de loup , a cela pres qu'elles
etoient applaties, Sc que les inegalites des pierres & de la terre s'y croienc
gravees en divers endroits. Elles avoient alors la racine dont je viens de parler.
Ayancouvert une de ces enveloppes, jela trouvai remplie d'une fubftance
molle,d'unecouleur alfezapprochantedecellede la chair des amandes vertes
qui n'ont pas encore acquis di confiftance. Dans cette matiere on diftinguoic
diverfes ramifications d'une autre matiere grifatre qui partoient du fond de
I'enveloppe , &: qui probablement etoient les branches naiflantes.
II eft naturel que I'enveloppe Sc les jcunes branches par confcquent s'eten-
dent plus aifcment du cote ou le mur a une ouvetture , que de tout autre
cote, Sc cela par la meme loi de mechaiiique qui fait que les arbres en
efpalier ne poulfent point de branches du cote du mur , & que les plantes que
Ton fait germer dans une cave , prennent leur diredlion vers le foupirail de
la cave : par cette msme loi , dis je , i'enveloppe doit s'etendre vers I'endroic
ou le mur a quelque trou DD D. ( Fig. III. ) Les branches s'etendant plus *
aifement Ju cote ou I'enveloppe cede le plus, elles doivenc prendre leur
diredtlon vers le meme cote , c'eft done de ce cote la qu'elles doivenc brifec
leur enveloppe , lorfqu'e'.les font devenues allez forces , Sc que lear en-
veloppe eft devenue alT^z mince, car elle devient mince, comme nous
i'avons dit , a mefure que la plante croic.
Lorfque ces branches font forties de leur enveloppe Sc du mur , leur cou-
leur blanch.lcre fe change en une couleur d'un lore beau rouge , afTez appro-
chante de celui du corail : I'air produit fur elles un effec femblable a celui
qu'il pro Juic fur la liqueur des buccins , Sc fur la liqueur des oeufs de pourpre.
Quoique I'air penetre dans I'interieur de I'enveloppe , lorfqu'elle a ete brifee ,
il y eft moins en mouvement qu'autour des branches qui font hors du mur ,
il s'y renouvelle plus raremenc, auili les branches y font-elles beaucoup
tnoins colorees, ce qui s'accorde avec ce que nous avons fait voir dans les
Mcmoires de 1 7 1 1 , favoir que ce n'eft pas fimplement Pair , trtais I'air agitc
qui donne la couleur rouge a certaines liqueurs on -i certains corps. Inte-
rieurement les branches font plus rouges autour des parois des trous , que
dans repaifteur des parois. Tout cc-la depend de la meme caufe.
Qaand cecte plante a acquis une cettaine grandeur , elle devient d'une
pdeur infuppoi table , di approchante de celle de la charogne la plus infeile,
Tj i)
51^
COLLECTION
^__^_ elle fent d'autant plus mauvais qu'elle eft plus prere a fe pader. J'en fis Jef-
AcAD RoYALE ^'"^"^ une fort grande par M. Aubriet, done quelques bouts de branches
BEs Sciences commengoientdeja a comber : fonodeuretoit fi mauvaife, que j'crois furprts
PE Paris. qu'il la put foufFrir proche de lui pendant qu'il en prenoit le trait.
Annli 17 H. Aurefte , quandelle eft parvenuea une certaine grandeur, elle fe paftefort
vice , fes bouts fe fechenc ou pourrillent )es premiers , felon que le terns eft
fee ou humide, & en pourrilFant ou en fechant, ils prennent une couleut
noiracre , femblable a celle du fang qui commence a fecher.
Quoique je ne puffe prendre pour un fimple jeu de la nature, une plants
dont je trouvois cinq a fix individus feniblables en mcme temps, je m'in-
formai ii on ne fe fouvenoit pas d'en avoir vu de pareilles les annees prece-
dences : on m'alTura que dans le meme mur & dans le meme endroic, cc-
ayoit toujour? vudepuis long- temps de ces fortes de champignons.
\
ACAD^MIQUE. 517
*^- &£>> ■^' ACAD-ROYAIE
, DhS SCIENXES
MEDECINE, ANATOMIE, PHARMACIE. ^^h Paris.
A MP UT AT ION A LAMBEAUX.
V-zETTE aniice M. Sabourin , Chirurgien de Geneve, ayant troiive une
nouvelle mediode pour Tamputation des membies, & efpcrant qu'elle fe-
roit utile pendant une guerre qui commen^oit , vint a Paris pour la faire
connoitre , &: la propofa en pleine Acadcmie , fans fe rcferver &: fans difli-
inuler aucune des circonllances de cette methode , & en mtme terns fans
paroitre crop prcfiimer du fucccs. Tout le fecret confifle a garder un peu
plus has que I'endroic 011 fe doit faire la fedtion , une piece de thair & de
peau done enfuite on recouvre I'os. En moins de deux jours cette chair fe
reunic avec rextrCmite des vaifleaux coupes , & par confcquent Ion n'eft
oblige ni de lier avec du fil ces bouts de vaifleaux pour les fermer , ni d'y
appliquer des cauftiques & des artringens, routes pratiques ou trcs-dange-
reufes , ou au moins tres- incommodes. De plus, I'os fi promptement re-
couverc, ne s'exfolie point, c'elt-a-dire qu'il ne s'en detache point une por-
tion plus ou moins grande qui rombe d'ellemtme. Le moignon revetu de
chair n'eft plus fenfible & douloureux comme il etoit , on pent par confc-
quent appuyer defTus ; il n'eil: point neceHaire de tenir une jambe de bois
toujours etendue , & on la peut porter comme une jambe naturelle. M. Sa-
bcjurin , qui avoit deja fait une experience de cette methode, aduroit que
dans Tampucation le malade avoit perdu trois ou quatre onces de fang , &
enfuite pas une goutte. Ce morceau de chair applique a la partie , avoit
fuftifamment bouche les orifices des vaifleaux, mcme avant que de s'y ttre
entierement colle. L'inventeur expliqua route la maniere du panlementqui
doit etre particuliere , & en fie voir le bandage & tous les inftrumens. 11 s'e-
aoit rencontre avec M. Verduin , Chirurgien d'Amfterdam , qui avoit eu la
meme penfce , quoiqu'il ne I'eiit pas etendue, comme M. Sabourin, juf-
qu'aux articulations , &: que fes bandages fuflent fort ditferents , & a ce qu'il
paroiflbit moins coinmodes.
L'Academie lailFa voir aflezde goiit pour cetre nouveaute j cependant elle
en revint a ce qu'clle pratique toujours en pareille occafion j elle fufpendit
f^n jugemem , & atcendit I'experience.
%f
5,S COLLECTION
Acad. Roy ALE
DBS Sciences Ohfcrvat'tons fur la Rhubarbe,
D£ Paris. ' j j
Annii 1 7 1 0. Pa-f M, B o u l u u c.
X OUT le monde convient de la vertu purgative de la rhubarbe; mais il
n'en eft pas de meme de la propriete que quelques perfonnes lui attri-
buenc de relFcrrer & de fortifier par elle-mcme. Je fais qu'outre la favear
amere &: nullcment defagreable qu'on y remarque quand on la mache, &
qui femble indiquer fa qualite purgative , la langue fe trouve aulli frappee
d'une certaine aprete femblable a celle qui s'obferve dans ce que nous ap-
pellons aftringent ; mais jufqu'a prefent on n'a pu encore demontrer que les
particules qui caufent cette aprete fur la langue , faflTent fur le ventricule
& fur le canal inteftinal, une impreflion fumfante pour les refTerrer & les
faire entrer en des contraftions oppofees a celles par lefquelles les matieres
ecoient determinees a y couler de haut en bas , comme on I'eprouve de
Tipecacuanlia , qui manifeftement purge & refterre tout a la fois. J'avou*
que la rhubarbe torrefiee ne purge prefque pas, & qu'apres avoir tire la
teinture de cette racine , le marc n'eft aucunement purgatif ; mais par rou-
tes les epreuves que j'ai faites dans les occafions les plus propres a men
eclaircir, je n'ai pu encore m'aflTurer que la rhubarbe apres ces deux prepa-
rations he d'autres pareilles , foit veritablement aftringenre.
Il eft conftant que dans tous les purgatifs dont on a tire la teinture par des
menftrues convenables, il fe rencontre outre cette fubftance mielleufe qu'on
nomme extrait , laquelle contient toute la vertu purgative, une feconde
fubftance terrelbe, un marc qui fert comme de frein a I'adivite de I'autre
lorfqu'elles ne font point feparees , & qui ne purge en aucune fa^on. Il
faudroit done dire fur ce pied la que le marc ou le refidu de tous les purga-
tifs feroir aftringent , ce qu'on n'a point encore avance , parce qu'afin qu'un
medicament palfe pour aftringent , il doit fenfiblement reflerrer & etre em-
ploye avec fucces dans les devoyemens.
Je vais done rendre compte de ce que j'ai nouvellement obferve fur la
rhubarbe par les differentes teintures ou extraftions , & par la diftillation.
J'ai mis en infufion au bain de cendres , a chaleur toujours egale pendant
vingt-quatre heures , deux onces de rhubarbe choiiie, coupee par tranches,
dans 24 onces d'eau de riviere pure ; j'en ai enfuite coule I'infufion que j'ai
legeremenr exprimee : la teinture ayant ete bien repofee, etoit d'un beaa
jaune fence, tirant fur le rouge & d'une amertume fupportable avec une
aprete ou aftriftion mediocre. Je n'ai point fiiit bouillir cette infufion ,
perfuade par quantite d'eitperiences que les purgatifs , principalemeni les
vegetaux , perdent beaucoup de leur vertu par la grande chaleur ou par I'e-
buUition. Ay.int fait evaporer cecte teinture jufqu'a confiftance d'extrait fo-
lide, il m'en eft refte quatre dragmes &: douze grains.
La teinture d'une dragme preparee comme je viens de le fpecifier , purge
davantage que I'extrait de deux dragmes de rhubarbe fait de la meme tein-
ture , & meme vingt-quatre grains de rhubarbe en fubftance , purgent plus
ACADEMIQUE. 51?
tjue rinfuCon d'une dragme & demie, & encore plus qu'iine dragme d'ex- j
trait. Il en eft de meme du fennc & de plufieurs autres purgatifs de cette
nature, d'ou Ton pent condute qu'il eft fouvent plus a nropos d'emnlover Acad. Roy ate
1 .V r I f r I J' r o 1 ' 1 DES SCIENCES
les mcdicamens, uir-tout les purgatifs, lans les dcconipoler & tcis que la jjg Paris.
nature lesproduit, a moins que le Mcdecin n'ait des raifons particulicrcs
pour en ufer autrement. Je reinarquerai aulli en paffant que les infullonsdes -^'"'" 1710.
purgatifs vegctaux agilfent mieux & ont de meilleurs eliets que les decoc-
tions j d'oii il paroit que les principes les plus adtifs de ces niixtes fe difti-
pent par la chaleur : Ton s'apper(,oit mcme que la plupart de ces vegetaux
gardes trop long-tems, fur-tout en poudre, perdent beaucoupde leur enet-
gie.
Pour reprendre le fil de notre operation , je dirai qu'ayant fait dedcclier
le marc de la rhubarbe dont j'avois tire certe premiete teinture & le premier
extrait, j'ai trouve le marc du poids d'une once trois dragmes & quelques
grains, & j'ai retire de ce marc par fimple infudon , line feconde teinture
plus foible en couleur, moins amere & moins apre fur la langue , & enfia
moins odorante que la prccedente de iaquclle elle approchoit fort; mais j'ai
remarque en diverfes rencontres que ces fecondes teintures purgeoient
moins que les premieres, quoiqu'elles fuflent donnees en plus grande dofe :
je n'y ai point non plus remarque d'aftriifbion.
Apres avoir fait evaporer cette feconde teinture bien feparee de fes/eces ,
j'en ai encore eu trois dragmes d'extrait alTez folide ; ce dernier extrait put-
ge a la verite, mais notablement moins que celui de la premiere teintute.
Le refidu de cette feconde infufion delfeche , ne pefoit que fepc dragmes,
il etoit prefque inlipide & avoir peu d'aprete. Je n'ai pas laide d'en faire une
troifieme infufion par ebullition ; la dccodion avoir une couleur noire, obf-
cure , fans odeur , avec peu de faveur & prefque nulle aprete. Je ne me fuis
pas apper(jU que cette troilieme teinture & fon extrait purgealTent, ni qu'ils
relFerrairent , quoiqu'on les prit en une quantite confiderable. J'ai encore
retire de cette troideme infufion ou decoclion , une dragme d'extrait dur ,
mais d'une confiftence peu liee &C tres-terreftre. Ce dernier marc apres avoir
ete bien delfeche, ne pefoit plus que fix dragmes moins quelques grains,
fans odeur ni faveur, n'ayant pas meme donne de teinture a I'efprit de vin.
J'ai fouvent fait prendre de ces difFcrens relidus de rhubarbe a mes malades ,
fans aucun effet fenlible d'aftri(ftion.
Les deux onces de rlnibarbe par ces trois infufions , ontainfi rendu une
once douze grains d'excrait. Voila tout ce que j'ai remarque de la rhubarbe
examinee par le dilTolvant aqueux , & voici ce qu'a produit le didolvant ful-
fureux.
J'ai tire avec fuffifante quantite d'efprit de vin redifie, la teinrnre d'une
once de rhubarbe dans des vailFeaux ct'nvenables , par un feu de digefticn ,
lent au commencement &: un peu plus fort fur la fin , durant vingt-quarre
heures. Cette teinture droit fort Icgere , d'un beau jaune de citron , & tres-
differante de ceile qui avoit ete preparee avec I'eau, non-feulement quant a
la couleur, mais encore a raifon de la faveur; car cette teinture faiteavec
I'efprit de vin , eft peu amere &: prefque fans aprete , ce qui peut faire croire
que la qualite purgative dela rhubarbe rcfide plui dans fcs parties falines ,
y_o COLLECTION
que dans fes foufres qui doivent etre pen confiderables , vu que la teinture
Acad. RoYALE en eroic tres Icgere. Je foap(,onne meme, comme je I'ai dit plufieurs fois ,
BES Sciences q^,g ^-g pg^, dg teinture que I'efpric de vin en a tiie , piovient de ce qui refte
DE Paris. joujours de piilegme dans I'efpric de vin , quelque redifie qu'il femble ecre.
^nnee 1710. Ayanc retire par la diftillation I'efprit de vin de cette teinture, I'extraic
reftanc pefoic une dragme 8c demie j il etoit trcsbeau, featant bon & laif-
fant fur la langue le vrai gout de la rhubarbe. Demi-dragme de cec extraic
pur^e leaeremenc &: fort doucetnent : cette teinture dont I'efpric de vin fe
charge, ne devient point laiteufe lorfqu'on y mele de I'eau, ce qui montce
• qu'elle ne contient que peu ou point de parties refmeufes. Le refidu de la
rhubarbe fur laquelle I'efprit de vin avoit palle , pefoit fix dragmes apres foil
parfait dellechement , &: il etoit prefque audi beau, prefque aiifli amer dc
aulTi apre qu'etyit la rhubarbe avant qu'on I'eiit expofee a i'adtion de I'efptic
de vin.
I'ai donne plufieurs fois de ce marc au poids de demi-dragme j il a purge
Cette teinture &c cet extrait purgenc comme les premiers done j'ai parle : j'ai
remarque fi peu de qualites dans les dernieres teintures de ce marc , que je
n'en ai prefque pas fait d'ufage. En examinant routes ces ceintures & ces ex-
traits , il m'a paru que ce qu'il y a de plus purgatif & d'aftringent dans la
rhubarbe , palTe dans la premiere intufion 8c dans le premier extraic, puif.
que I'un & I'autce font plus amers 8c plus apres que les fuivans.
La dillillation de la rhubarbe par la cornue a la maniere ordinaire , non
plus que celle des autres purgatifs, ne m'a pas beaucoup inftruit. De la
rhubarbe ainfi diftillee , j'ai tire par le premier degre du feu un phlegme qui
avoit quelque odeur de rhubarbe , peu d'aprete & de faveur. Les autres por-
tions qui viennent enfuice font acides par degres ; les dernieres ne fournif-
fenc guere d'huilej car les mixces pourvus de peu de refine, rendenc peu
d'huile par la diftillation. Le fel extraic du caput moriuum eft en petite
quantite & fermente avec les acides.
Par tous les faits que je viens de rapporter , il me femble qu'on doit etre
aufli incertain de la faculte aftringente de la rhubarbe , qu'alTure de fa fa-
culte purgative, celle-la n'ecanc etablie que fur un leger gout d'aprete &
d'aftricT:ion qu'on y obferve , la correfadion qu'on en fait fur le feu , ne lui
lailTant qu'une fubftance cerreftre, des proprietes de laquelle on ne fait encore
rien de conftant ; de forte que fi dans les devoiemens on fe fent plus foulagc
8c moins abattu apres I'ufage de la rhubarbe , que fi Ton avoit pris la pluparc
des autres purgatifs , c'eft parce qii'ordinairement elle ne caufe ni tran-
chees, ni dcgoiit, 8c qu'en degageant les vailTeaux des huroeurs qui les in-
commodoient , elle permet aux reirorts de reprendre leur tenfion & lew;
direftion naturelles.
Ohfcrvations^
A C A D fe M I Q U E. ji,
Acad. Royals
Sur la Noix di. Bicuiba. des Sciences!
DE Paris.
I i E s noix qu'on appelle bicuiba brulent comme du linge imbibe de poix , -^nntt 1710.
& c'eft en les biulanc qu'on en tire i'huile , comme M. de la Mare I'a
eprouve chez M. Boudm prtmier Medecin de feue Madame la Dauphine.
M. Jean Verdois, Conful de la nation Francjoife, attefte qu'il a giieri plu-
fieurs cancers avec cetce huile, & qu'en mangeant une de ces noix on ap-
paife la colique.
Ui
Sur les effcts dc la vapeur de la braifc dc Boulanger,
N Boulanger de Chartres avoir mis dans fa cave , qui eft de jff mar-
ches de profondeur & bien vodcee, 7 a S poingons de braife de fon four :
fon fils, jeune homme fort &: robufte, allant y porter encore de nouvelle
braife avec une chandelle a la main, la chandelle s'eteignit a moitie de
I'efcalierj il remonta, la ralluma & redefcendit : lorfqu'il fut au bas de
la cave il cria qu'il n'en pouvoit plus, & qu'on vint a fon fecours, apres
quoi on ne I'entendir plus. Son frere, aufll fort que lui, defcenditaulli-tot,
cria de mcme, puis celTa de crier : fa femme defcendit apres lui; une
fervante apres elle , & ce fut toujours la meme chofe. \Jn accident fi
etrange emiit le voilinage, m.iis petfonne ne fe prefToit de defcendre dans
la cave ; il n'y eut quun voilin plus zele & plus hardi, qui ne croyant pas
ces quatre perfonnes mortes, defcendit pout leur donner la main & leur
aider a fortir; il cria & on ne le revit plus. Un paiTant, homme fort &C
vigoureux , demanda un croc pour retirer quelqu'un des gens de la cave
fans defcendre jufqu'au bas; il jetra le croc & retira la fervante, qui ayanc
pris lair fit un foupir; on la faign.i aulli-tot, mais le fang ne vint point &Z
elle mourut fur la place.
Le lendemain un homme de la campagne , ami du Boulanger, dit qu'il
tetireroit tous ces corps avec un croc ; mais de peur de fe trouver mal
fans pouvoir remonter , il fe fit defcendre dans la cave avec des cordes
fur un poulin de bois, S<. on devoir le retirer des qu'il crieroit; il cria bien
vite , mais comme on le remontoit la corde calfa malheureufement , & il
retomba : on renoua le plus promptement qu'il fe put cette corde qui s'ctoit
calTce alfez pres du haut de la cave , mais on ne put le remontsr que mort :
on I'ouvrit, il avoir le cerveau fee, les meninges extraordinairement ten-
dues, les poumons tathetes de marques noires , les boyaux entles & gros
comme le bras, enflamnics & rouges comme du fang, tV ce qui droit le plus
particulier , tous les mufdcs des bras, des cuifl.:s is. desjambes comme fe-
pares de leurs parties.
Le Magillrat prit connoifTince de cet evenement pour I'int^rcc public,
& fit defenfe qu'aucun defcendit dans la cave , jufqu'a ce qu'on eut eu
Tonii III y I'ureie Franguift. * V j
511 COLLECTION
les avis desMedccins, des Chirurgiens & meme des Masons. II fut con-
AcAD.RoYALE '-'" 1"^ '^ braife que le Boulanger avoic mile dans fa cave devoir etre tnal
DES Sciences eceinte; que comme il y a beaucoup de falpetre dans toutes les caves de
DE Paris. Chartres , la grande chaleur avoit excite dans cellc-la une vapeur trcs-
Annit 1710. maligne qui avoit caufe tant de funeftes effets ; qu'il falloir y jetrei- une
grande quantite d'eau pout eteindre le feu & faire tomber la vapeur ni-
treufe. Cela fut execute , & au bout de quelques jours on defcendit dans
la cave un chien lie fur une planche avec une chandelle allumee : ce chien
ne mourut point, &: la chandelle ne s'cteignic point j figne certain que
tout le peril etoit paffe. On retira les morts , mais fi corrompus par 1 eau
qu'on en put faire aucune vifite , ils etoient fort tv\S[t% , & I'un avoit la lan-
gue hors de la bouche comme s'il eut etc etrangle. L' Academic tient ceite
hiftoite de M. de la Hire. Uy en a une a-peu-pres de la meme efpece dans
THiftoire de 1701 (a).
M.
Sur I'ujage des Bains froids contre. le rhumatifme.
1. Ho M BERG a avance ce paradoxe , que Ton pour roit guerir un rhu-
matifme par un bain d'cau froide , aufli-bien que par un bain chaud , ou
par la fueur. Le rhumatifme eft caufe par une lerofite acre, devenue alTez
lubtile pour s'echapper desveines, & fe repandre de-la dans les mufcles
dont elle picotte les fibres & embarralTe les mouvemens. Comme fa grande
fubtilite fait qu'elle s'eparpille beaucoup , elle ne peut plus etre reprife
par les veines d'ou elle eft fortie. Il eft egal ou de la chalfer du corps , ou
de la faire rentrer dans fes vailTeaux. Une grande chaleur la fera fortir par
tranfpiration : le froid la condenfera & la mettra en etat de rentrer dans les
veines; peut-etre meme fuffit-il que le froid empeche une nouvelle ferofite
de fucceder a la premiere , qui necelfairement fe brife , s'attenue & fe diiTi-
pe, &: en ce cas le bain froid feroit preferable au bain chaud j car le chaud
difpofe une nouvelle ferofite a s'echapper des vaiffeaux.
Sur une conformation vicieufc du Re3um.
I Jans le cadavre d'un enfant mort a fix jours , M. Litrre a vu le recjum
divife en deux parties, qui ne cenoient I'une a I'autre que par quelques petits
filets, longs environ d'un pouce. Ces deux parties fepareess'etoient fermees
chacune de fon cote par le bout 011 s'ctoit fait la feparation , de forte que les
deux clotures fe regardoient : apparemmenc le redum n'ayant pas pris
dans ce fcctus autant d'accroillement a proportion que les parties auxquelles
il etoit attache, avoit ete diftendu & tire avec violence, & enfin enticre-
ment dcchire , a I'exception de quelques fibres plus fortes qui etoient
demeurees entieres quoique fort allongces. Ce dethirement s'etoit (ait dan?
(a) V, CoUec. Acad. prcm. vol. pag. ^;j.
A C A D 6 M 1 Q U E. p ;
ie terns ou Is canal etoit encore vuide , ic rien par confequent Ti'avoit em- * "
peche les excrcmitcs dcs deux parties Icparces de s'affailler &: dc fe collcr Acad.Rovaie
enfsmble , ce qui avoit fait les deux clotures. Enfuite la partie fupccieurc ^'^^ -^ciences
J !■■ rt- •' • r J ■ (T 1 DE Paris.
de i inreltin sctoit remplie de micnntum , tnais non pas en allcz grande
quantitc pour ctre obligee de fe r'ouvrir. Qnant a la partie infcricure , elle Anna 1710.
avoit toujours du ctre & etoit en effet eutierement vuide. Il eft aiic de con-
cevoir quels accidents s'enfuivoient de cette conformation accidenteile,
& combien la mort de I'eiifant dut ctre prompte , puifque fes excr6mcns
Jie pouvoienc forrir , &: que tout ce qu'on lui faifoit prendre pour le
dcboucher augmentoit neceirairement ie nial.
M. Littre qui a voulu rendre foil obfervation utile , a imagind & pro-
pofe une operation Chirurgicale fort delicate pour le cas ou on auroit re-
connu une iemblable conformation. II faudroit faire line incifion au ventre ,
& recoudre enfemble les deux parties de I'lnteftin apres les avoir r'ouver-
tes , ou du moins faire venir la partie fuperieure de I'inteftin a la plaie du
ventre que Ton ne refermeroit jamais & qui feroit lafondlion d'anus. Sur
cette legere idee , d'habiles Chirurgiens pourront imaginer d'eux-mcmes
le detail que nous fupprimons : il fuffit fouvent de favoir en gros qu'une
chofe ferou poffible, & de n'en pas defefperer a la premiere vue.
Sur dcs Pierres trouvees dans un fac adherent au duodenum,
IVJL.Chomel a fair voir d I'Academie li pierres qui venoient d'etre
trouvees dans le corps d'uneDame de 80 ans fort vigoureufe pour fonage,
& morte d'apoplexie : elies s'ctoient formees dans un fac , qui n'etoit qu'une
extendon des membranes du duodenum vers le haut de cet intertin ; ces
pierres avoient 5 a 6 ligiies de diametre ; elles etoient toutes prefque egales
& de figure alFez reguliare , du moins autant qu'il fe pouvoit apres s'etre
comprimees les unes les autres dans nne cavite commune lorfqu'elles
etoient encore molles. Leur couleur extcrieure etoit d'un blanc-jaunatre ;
leur furface polie , lui'fante & un peu favoneufe : leur confiftance , quoi-
que folide , n'etoit pas abfolumcnt pierreufe j on les calToit avec facilite,
& Ton y voyoit diftintftement les ditfcrentes couches dont elles eroienc
compofees jufque vers le milieu de leur epailTeur. Au centre , &: dans quel-
que etendue a I'entour , la matiere etoit plus fpongieufe & moins dure;
il partoit de ce centre des cannelures qui comme des rayons fe terminoient
a la couche la plus interieure de celles qui fe pouvoient diftinguer : ce
milieu etoit feme de quelques grains blancs , brillants comme des particules
de fels cryftallifes.
M. Chomel ayant mis aux elTais Chymiques ces pierres rcduites en pou-
dre , trouva qu'elles ne donnoient aucun indice ni d'acide , hi d'alkali , &
que par confequent elles etoient d'une nature abfolument terreufe.
Comme c'elt a I'entree du duodenum que fe nYilent d'abord le chile
qui fort de I'eftomac, le fuc pancreatique Sc labile, M. C. croit qu'un
clule rail digere , & pat-li plus propre a faire une malfc folide , durci en-
.V V J ij
jt4 COLLECTION
■ core par le melange des deux autres fucs mal conditionnes, aflra pu donnei
AcAD.RoYALE naiflaiice a una premiere pierre fort tendre an commencement , laquelle fe
DES Sciences fera attachee a la membrane interne du duodenum : a mefure quelle grof-
DE 1 ARis. liiIoit,elle aura augmente fa petite loge , & poufle les membranes ea
Annie 1710, dehors, pour faire place aux matieres qui doivent couler dans ce canal.
Voila le fac qui commence a fe former ; la pierre en fe durcilFant , a la
longue aura perdu I'ondluofite qui I'y attachoit, & y aura flotte libremenr.
Aptes cela la generation de nouvelles pierres &c I'augmentation du fac font
aifees a imaginer. La Dame qui portoit ces pierres ne vomifloit point , mais
deux heures apres qu'elle avoir mange , elle fentoit une legere douleur vers
I'endroit ou le fac etoit place : c'etoit la juftement le terns ou le chile de
la nouvelle digeftion cuuloit dans le duodenum , qui ne lui donnoitpas un
pallage alFez libre , parce qu'il ctoic comprime & gene par le fac.
Sur un Tenia trouvi dans une Tanchc.
JVj.Geoffroi le jeune a fait voir un tenia troave dans une tanche
fort faine &c fort gralfe , femblable a ccux qui fe trouvent dans I'homme ,
a cela pres qu'il n'etoit pas decoupe par anneaux;il avoit feulement des
raies ou plis perpendiculaires a fa longueur , felon laquelle une autre grande
rale alloit dcpuis la tete jufqu'a la queue, en le divifant en deux moitics
et^ales. II etoit entiec Si avoit 1 pieds^: on n'avoit pas encore oui dire
qu'il fe fut trouve de tenia dans des poilTons.
1
1
Sur une tumeur inorme du ventre.
\j N Religieufe a eu pendant 18 ans une grolTeur de ventre fi enorme,
qu'outre les'bandes qui lui etoieiu necelfaires pour le foutenir , il falloit ,
quand elle vouloit marcher, que deux religieufes marchaJfent en arriere
devant elle , &c lui aidalfent a porter fon fardeau. Elle mourut a I'age de
49 ans dans de grandes douleurs •, on I'ouvrit , & des qu'on eut Icve la
peau du ventre , avant meme qu'on en. eut perce la cavite, il fe prefenta
un grand fac qui prenoit fa naillance de I'ombilic , & defcendoit jufques
fur les genoux : il etoit pleinde quantite de corps fort differens ; les uns
comme des pains de favon , les autres commc degros morceaux de chair ;
d'aurres comme des pierres de plarre couvertes de quelques membranes.
Ils'y trouva audi trois vefli^s de la longueur denviron un pied , pleinesea
partie d'une eau jaune prefque huileufe , & en partie de matieres aulli dures
que des pierres : ces velfies n'etoient atrachees a rien , que vers leurs em-
bouchures. Il faut remarquer qu'entre la peau & ks mufcles qui etoient
prefque entierement confumes avec leurs tegumens communs , on avoit
trouve quantite d'auttes petites pierres, dures comme des morceaux de
carreau blaiic , done I'une poudoic des pointes comme des moieties d'epe-
A C A D E M I Q U E. 515
iron. La cavite ia ventre etant ouverte , on vlt les boyaux enveloppcs
dans
det 1
un grand fac qui prsnoit fon origine de la premiere des vertebres Acad.Rovaif.
„w. .ombes ou il ctoic fortemenr atcache ; il c'coit rempli de corps ctran- cfb SciENCts
gers toLis femblables aux premiers , &c de trois ou quatre pors d'cau jaiine. "^"^ aris.
Le diaphragme etoit fort prelFe par ce fac & le cccurptefque applati. L'Aca-
demie tient de M. Lemeri ces faits tres-remarquables , non pas tant par
J'efpece de ces generations que par leut monftrueufe grandeur.
Annu 1710.
Sur unc Mort fubitc 6' fa caufc.
M
I. M E a Y a dit qu'ayant ouvert un Iiomme qui etoit mort en un in-
ft.int , il y avoit trouve I'aorte ttllcment Jilatee, qu'elle avoit commence
ife detacher de la bafe du ca-ur 6c a i'abandonner. Dansle moment plus
de circulation.
Sur unc Hydropifu la'ucufc.
N
o u s avons parlc dans I'Hiftoire de lyoo.d'une iiydropihe laiteufe ;
en voici une , occafionnee par une ciiute iur la tcte. Pour f.ute voir com-
ment cela pent arriver , nous meierons aux faits qu'a oblerve M. Littre
les explications qu'il en a donnces
Une liUe de 7 ans qui fe portoit parfaitement bien , etant tombee far
la tete , les parties du cerveau s'affailfsrent par la commotion du coup , 5;
d'autant plus facilcment qu'ellej etoient encore fort molies. La cavite des
tuyaux diminua ; le fang qui n'y couloir plus librement donna lieu a la
ferofite de fe feparer ,?c de s'echapper par les pores des vailTeaux , en cn-
trainant avec elle une parrie de fes fels , qui picotoient les membranes &
caufoient de grands maux de tcte: la tenfion violente des vailFeaux ou le
fang fejournoit trop , y contribuoit encore ; mais le plus grand mal ctok
que par I'embarrns & le defordre des parties du cerveau , la filtration des
elprits ne s'y faifoit plus, ni alfez abondamment , ni alfez rei'uliereinent :
aulli lajeune fiUe , qui auparavant etoit fort vive & fort "^aie, devint-elle
pefante , trifte & allbupie : elle vomiiloit quelquefois Sc avoit du degor:c
pour les alimens , parce que les efprits ne fe repandoient plus dans I'eftonuc
comme il eut ete nccefTaire. De la mauvaife difpofition de reftomac , s'en-
fuivirent les mauvaiies dlgeftions ; I'imperfedion , & fur -tout la frcllc-
rete du chile peu anime d'efprits ; ce chile epais ne pouvoit entrer aifc-
ment dans les veines ladees, vaifleaux forr delies , qui fe glilTent entre les
deux membranes du mefentere , & vontfe rendre.i fes glandes. L'ne partie
du chile qui ne pouvoit penarer dans ces petires routes , fuivoit done ceile
d'.i canal intelUn.nl , incomparablement plus large, fie qui porte les excre-
mens , & la malade eut ce que Ics Medecins appellcnr paffion cct'taque
c'ell-a-dire, qu'avec les excrcmens ilfuitoit du chile ; comme il s"en per-
515
COLLECTION
^___________ doit beaucoup par la , & que ce qui en reftoit pour la nourritare des parties
etoit crop cpais & peu propre 1 les nourrir , la malade tomba dans une
Acad. RoYALB rnai^reur extraordinaire. Les membranes du mefentere fe dcpouillerenc
DES Sciences pgu-a-peu de toute la grailFe qu'elles contientient naturellemenc , qui les
A-J^^s. jjenj feparees I'unede I'autre & qui enveloppe les vailTeaux lades : de-la jl
Annie 1710, arriva que quand ces vailTeaux gentles a la longue par le chile qui s'y etoit
amaife , fe creverenc , le chile qui sepancha entre ces membranes &c qui
leurcaufoit une tenfion violence , parce qu'elles etoient extremement rap-
prochees , eut la force de les percer en plufieurs endroits ; apres quoi il
tomba dans la cavite du ventre & forma I'hydropifie laiteufe : alors la
pallion celiaque cedii , parce que le chile qui avoit force tous les obftacles
trouvoit beaucoup plus de facilite a entrer dans les veines la£tees , & n'etoic
plus oblige a prendre le chemin du canal inteftinal. Le chile qui s'etoic
amalTe dans les glandes du mefentere , les grollir beaucoup au de-li dix
naturel , & s'y petrifia meme en maniere de craie. Le canal thorachique
ou il ne palToit prefque plus de cette liqueur , devint extremement menu
& delie. On fit une fois la pondion a la malade , & on lui tira fix a fepc
pintes de ce chile extravafe. EUe mourut quinze jours apres , ayanc encore
dans la cavite du ventre une pareille quantite de la meme liqueur. Sa ma-
ladie dura quatre mois.
Sur une GroJfeJJc incroyabk,
Jr E u M. I'Eveque de Seez a alTure qu'un homme de fon diocefe , & qu'il
connoiflToit , age de 94 ans , avoit epoufe une femme de 83 ans groffe de
lui , & qui etoit accouchee a rerme d'un gar^on [a).
Sur k Pareira Brava.
I 1 E nom de pareira brava eft portugais , & fignifie vigne fauvage. La
drogoe qui le porte eft une racine qui vient du Brefil, ou Ton dit que les
nacurels du pays I'appellent botou ou botoua. Nous ne connoidbns poinc le
refte de la plante , & nous ne favons que par le rapport des Portugais que ce
foit une vigne.
Cette racine n'a point ete connue de Pifon , dont I'hiftoire naturelle du
Brefil fut imprimee en \6^'&. M. Amelot^ Confeiller d'Etat , eft le prenwer
qui I'air appoct^e en France, au retour de fon ambaftade de Portugal en
1688, comme M. Nicot , Ambalfadeur dans le meme Royaume, fut le
premier qui nous en envoya le tabac, peut-etre avec trop de fucces. M.
le Prefident RouilU , fuccelleur de M. Amelot .a I'ambalTade de Portugal ,
(a) Le terns ties Patriarches efl revenu, dit I'Hiftoricn de I'Acadcmie , ou plut6t n'e/I
pas tout-d-fait pajfi'. Cela eft fort lieureux, car il faut avoir un pcu dc Icur foi pou£
croirc; a ce prodige qnoiijue attcftc pat un Auteur gtave.
I
3-..
ACAD^MIQUE. 517
rapporta aufli entre plufieurs autres drogues rares , du pareira brava , avec ««.,«__i«„„_
un mcmoire de quantite de vertus tres-confidetables que les Portugais lui '
attribuent. Acad. Roy ale
A caufe de fes verrus , M. Geoffroi qui s'etoit charge du foin d'examiner ^^^ ^ciences
tout ce qui avoit ece apporte par M. de la Marre a I'Academie , cut una at-
tention particuliere fur le pareira brava , qu'il connoilloit deja d'ailleurs , & -^^nu 1710.
qu'il avoit mcme eprouve. En comparant tout ce qu'il avoit pu ramailer fur
I'hiftoire purement botanique de cette planie , il forma plufieurs doutes &
plufieurs queifions, fi la iutua ou bniiua ^ piaiue indienne dont Giacomo-
Zanoni avoit parle dans fon iftorta boitanua en 1675, '^ I'l i' ^'t venii dans
le Mozambique, n'etoitpas la mcme que le pareira brava , ou le raifmier de
cette Ifle qui eft alTez connu. S'il y a deux efpeces de pareira brava , I'une
qui vienne dans le Mexique , lautre dans le Brefil , ou fi routes deux viennent
du Brefil, &c. Mais tout cela seclaircjra avec le temps, nous nous en
tenons a ce qui ell utile.
M. Geoffroi a vu deux efpeces de pareira brava , fi cependant la difference
de couleur qui eft prefque la feule fuffit pour fail e deux efpeces. La premiere
qui eft la plus en ufage eft brune par dehors , &: d'un jaune brun en dedans j
la feconde eft blanche par dehors, & en dedans d'un jaune citrin. Celle ci eft
de couleur de chair, lorfqu'elle eft recente , & palit avec le temps. Toutes
deux font dune fubftance dure, & cependant poreufe & fpon^ieufe. Elles
ont un goat amer , mtle de quelq .e legere douceur , comme la reglille. Elles
font quelquefois de la groffeur d'un ponce.
Les Portugais , qui ont d'abocjjj appris des Sauvac;es du Brefil les vertus de
cette racine, pourroient bien les ex-igcrcr un peu; mais fans prendre a la
lectretout ce qu'ilsenraconrent, M. Geoffroi a reconnu par fa propre expe-
rience qu'elle ne manque guere de coliques ncphretiques \ non pas qu'il
croie avec les Portugais qu'elle aille brifer la pierre dans les rtiiis ou dans
la vellie , mais bien qu'elle dilfout les glaires qui collent enfemhle dans L's
reins les fables & les graviers dont fe fornient les pierres j & en effet , aprC-s
avoir pris du pareira brava, on rend ordinairement beaucoup de fable. En
general , M. Geoffroi I'a trouve trcs efEcace dans tous les cas ou il s'aoilToic
d'attenuer des maticres glaireufes. Il I'a donne auffi fort heureufcment a des
malades affliges d ulceres aux reins & a la vdlie , dont les urines devenues
purulentes & toutes glaireufes, fe fupprimoient ou ne couloient qu'avec
beaucoup de peine ; I'uf.ige du pareira brava guerilfoit promptement ces fup-
prellions, & Ics-urincs n'erolent plus epailles, oul'etoien: tres-ptu: cc mcme
remede nettoyoit peu a peu les ulceres , &; en y joignant a la fin le baume de
Capaiia , plufieurs ont ere entieremenr gueris.
M. Geoffroi , ayant juge par analogic que le pareira brava feroir bon pour
I'afthme hiunoral , maladie caufee par une pituite cpailfe &: gluante qui fur-
charge les branches dupoumon , & pour la jaunille occafionncepar une bile
cpaille, lemploya avec fucces dans ces deux cas : voici un exeniple de
chacun.
Un vieiHlard de foixante & douze an?, fort foible & prct a etre fuffoque
par une pituite qu'il ne pouvoit arracher de fa poitrine, ay.int pris deux-
vetres d'iafuHoHde paieiia bravaauue demvheuie I'mi de I'auue, jcruune-
I
jiS COLLECTION ■
fi grande quantite de glaires & de phlegmes , qu'il fembloit vomir j il fut ^
Acad. Roy ALE entierement delivre de Ion acces.
DEsSciEMCES (jne femme tourmentee d'une violente colique avec une douleur aigue
DE Paris. ^^^^^ j^ j— ^^ ^^^ ^^ menie temps une jaunitle univerfellej fes urines qui
Annh 1710. etoienc fort cpailTes , teignirent le linge en jaune j leslavemens n'amenoient
que des matieres blanchatres &: en petits quantite. Apres quelle eut ete
faignee du bras & du pied , M. Geoffroi lui fit prendre trois verres d'infufion
de pareira brava , a demi-heure I'un de I'autre. Peu de temps apres le troi-
fieme , la douleur ceiFa , le ventre s'ouvrit , & la malade rendit des matieres
fort jaunes; les urines coulerent abondamment & s'eclaircirent : on con-
linua de donfter a cette femme du pareira brava de quatre heures en quatre
' heures , fa couleur jaune s'etFaga entierement, & vingt-quatre heures apres ,
elle parutparfaitementguerie.
Ladofe de cette racine eftdedenx gros, coupes par petits morceaux , que
Ton fait bouillir dans trois demi feptiers d'eau , jufqu'a ce que la liqueur
foit reduite a chopine. On coule cette decodion , on la partage en trois verres
que Ton fait prendre chauds comme du tire avec du fucre. Pour prefervec
ceux qui font fujets a la gravelle , on leur en fait ufer tous les mois pendant
huit jours, a la dofe de vingt-quaire grains feulemenr qu'on fait bouillic
leoerement dans une taffe d'eau. On peut donner aufli cette racine en fubftance
piilverifee , a la dofe de douze ou di;c huit grains.
Sur k Bled cornu appdli Ergot,
\ 1 A relTemblance des grains de ce bled avec I'ergot d'un coq , lui a fait
donner le nom de bled cornu ou ergot. Il y a apparence que cette maladie
n'eft occafionnee que par des brouiUards qui gatent les froments, & dont la
plapart des epis de feigle fe defendent par leurs barbes. Dans ceux que cette
humidite maligne peat atteindre & pcnetrer , elle pourrit la peau qui couvre
le irrain, la noircit & altere la fubftance du grain meme : la feve qui s'y
por% , n'ctant plus refi'errcc par la peau dans les bornes ordinaires , s'y
porte en plus grande abondance, & s'amaflant irregulierement , forme une
efpece de monftre. Ce n'eft que dans le feigle que fe trouve I'ergot ; &: dans
le meme temps que fur les reprefentations de I'Academie , la Cour ordonnoit
des precautions pour fe mettre a I'abri dos dangers de fon ufage, M. de U
Hire fils ecrivit a un de fes amis , bon Phyficien qui ctoit a la campagne , Sc
le pria de favoir a quoi les fermiers attribuoient la produdion de I'ergot,
d'en nourrir des poules , & d<)b(er ver ee qui leur en arriveroit , d'en femer ,
pour voir s"il lev^^roit II eut fatisfadion fur ces trois articles.
Cette mauvaife efpece de grain vienr en plus grande abondance dans les tcrres
humidfs & froides , & dans les annecs pluvieufes. Un certain feigle parti-
culier qu'on feme en mars , y eft plus fujet que ceux qu'on feme en automne.
Les poules n'en veulent pas, des qu'elles I'ont reconnu, & de qtielque
adrelfe qu'on fe ferve pour en mtler dans leur mnngeaille, ellcs aiment
mieijx pailer u'ois jours fans mang2r. Cependant il ne patoit point leur faire
de
A C A D t M I Q U E. 51.,
de mal , qu.ind elles en ont mange par furprife, & ellcs ne laiiTent pas de — ^
pondre a I'ordinaire. « . n
II ne leve point , ce qui ell aflez nature! & en meme terns trcs lieureux , t>ns ScitvcEs
car fan ufage eft fort (ufpQiCt , & Ton attribue avec alTez de vraifemblance a ^^ Paris.
cette mauvaifd nounitute, line gangrene endcmique & tres-redoutablc qui yJnnti 171 1,
dcfola rOrleanois Sc le Blaifois en 1716. Cette gangrene ctoir fecbe , noire
& livide , commengoit prefque toujoiirs par les orteiTs , de la s'ctcndoit plus
ou moins Sc gagnoit quelquefois jufqu'au liaut de la cuKTe. A quelques uns,
la gangrene fe feparoit naturellement &c fans qu'on y eut rien fait ; aux autres ,
elle le terminoit par les fcarifications Sc l;s topiques, plufieurs moururenc
apres lamputation de la partie gangtence , patce que le mal continua de
monter jufqu'au tronc.
Cette ctrange maladie fembia refpeder les femmes; a peine elle attaqua
quelques petites fiUes. Le plus maltraite , fut un payfan des environs de Blois ,
a qui cette gangrene fit tomber d'abord tous les doigts d'un pied , enfuite
ceux de I'autre , apres cela le refte des deux pieds ; & enfin les chairs des deux
jambes Sc celles des deux cuifTes fe detacherent fucceflivement , & nc laif-
ferent que les os. Dans le temps qu'on en ecriveit la relation , les cavitcs des
OS des lunches commen^oient a fe remplir de bonnes chairs qui renaiiroient.
Tpiae IIJ, Panic Frangolfe. ' Xf
J5«
COLLECTION
Acad. RoYAiE
BEs Sciences
BE Paris.
Annie 171 1.
Obfcrvat'wns fur la Racine dc Mechoacan , ^'furfon ufage.
Par M. B o u L D u c.
\__i'E mechoacan eft une racine ainfi appellee d'une Province de la nouvelle
Efpagne , d'oii elle fut apportee en Europe , il n'y a giiere plus d'un fiede :
on en a trouvedepuis dans plufieurs autres paysde I'Amerique.
Des Botaniftes & quelqnes Auteurs de la matiere m^dicale , I'onr appellee
Briofne dcs Indes , a caufe de la reflemblance qu'elle a avec notre briojne'^
d'autres en parlent fousle nom de muhoacanna alba , pour la diftinguer du
jaiap qu'ils appellenc mfcAoacan/ra nigra, & d'autres ayant egard a les pro-
prietes , la prennent pour une rhubarbe blanche , & la nomment rhubarbe
des Indes.
Le mechoacan a ixi connu avant le jalap qui eft aujourd'hui beaucoup
plus employe , parce qu'on lui a trouve plus de vertu ; il eft vrai que I'ailion
du mechoacan eft plus douce : mais par cela meme cette racine n'eft-elle paS'
preferable?
Elle a , outre cela, I'avantage de n'avoir befoin ni de preparation , ni de
corre^bif , & elle purge par fa propre fubftance , telle qu'elle eft. Elle con-
tient douze fois plus de fel que de refine, mais ni I'extrait falin, ni le rcfi-
neux ne purgent autant que la fubftance meme, fu(lent-ils en plus grande
dofe : ils ne purgent pas non plus audi doucement.
Dans le choix du mechoacan , il fauc prcferer les morceauxqui font plus
bruns en dedans , & d'unc fubftance plus ferree j ou piutot il faut rejetter en-
tierement ceux qui ne font pas de cette qualite : ils ont au moins le defauc
d'avoit trop peu de vertu. Le- blanc donne moitie moins d'ewrait que le-
brun.
En comparant les produits de I'analyfe du mechoacan avec ceuxdu jalap ,,
on trouve que dans celui-U , I'efprit acide I'einpoite fur I'urineiix, & qu'il"
contient bien moins de parties huileufes que le jalap.
Obfcrvations fur les fibres du cceur & fur fes valvules ^ avec la
maiiierc de les preparer pour les demontrer.
Par M. W I N s L o w.
iy 'o N regarde ordinairement le cosur comme un mufcle ccmpofe de
fibres differemmeut pliees & contournees. J'ai fuivi autant qu'il m'a ete
poflible les contours de ces fibres, & je crois avoir remarque que le cccur
eft un double mufcle, dont le plus confidcrable forme le ventricule gauche 3
& le moindre le ventricuie droir.
La doifon qui s'obferve entre les deux ventricnies, 8c que beaucoup
d'Anatomiftes actribuen» touce entiere au ventricule gauche, apparii«:nt a
. A C A D fe M I Q U E. j,i
I'tm & a I'autre de ces ventricules , c'eft-i-dire quelle efl compofee de fibrej ■ .^^
da vencricule gauche Sc <ie cellcs du ventricule droit ; c'eft ce que i'ai obferve . . n
en ieparanc ces deux ventciciiles 1 uii de 1 autrt , lans le lecours du fcapel ; car jjpj ScicNChs
j'ai fcparepar le feul ecartemenc des fibres, de la maniere marquee ciaprcs, de Paris.
chaq.ie vencricule en particulier avec fon oreillette, fon artcre 6i fa veine , Annie 171 1.
de force que le ventricule droit avec fon oreillecce & I'arcere pulin.Miaire
ecanc dccache du ventricule auquel tienc fon oreillecce avec I'artcre, Ion
peuc obferver tres diftindtement dans cliacune de ces parties , le contour
fuivi des fibres.
J'ai obferve de plus que ces deux ventricules font enveloppes iSc unis
enfemble par quelques couches ou plans de fibres qui forment la furface exte-
rieure du cccur ; ces fibres exterieures partent de la bafe du cccur , fc reanif-
fent i la painte en fe conrournant, &: percent dans la cavite du ventricule
gauche , ou elles fontient les colonnes 6c les iiiegalitcs de {3. furface interne ,
en forte que Ton pent dire que le cccur eft un organe compofe de deux mufcles
enveloppes I'un dans I'autre. On pourroit meme dire qu'il eft compofe de
trois mufcles , favoir un qui compofe le ventricule droit , un autre qui forme
le ventricule gauche j & un troilieme qui colleaux parois interieiiresdu ven-
tricule gauche, fort pjr (jl painte , Sc le repandant fur les deux ventricules ,
les enveloppe en allant fe terminer exterieurement a la bafe du coeur.
Mais, comme je n'ai pu detacher ces paquets de fibres longitudinales qui
fon: I'interieur du ventricule gauche davec les fibres qui en forment le
contour externe , & qu'au contraire j'ai fuivi plufieurs de ces fibres qui
faifoient le contour du ventricule gauche , qui diangeant de direction vers
la pointe, rentroienc en dedans & devenoient longitudinales, j'ai cru ne
pouvoir pas fiire un troifieme mnfcle de ces fibres.
La maniere de preparer le cceur pour obferver les contours de fes fibres ,
&c detacher les deux ventricules I'un de I'autre, fans couper, eft de prendre
un rceur exadlement degrailTc que Ton fera cuire dans de I'eau , jufqu'a ce
que les fibres ayent acquis une fermete fuffifante \ apres quoi on fcparera les
deux oreillettes I'une de I'autre avec route la precaution polTible jufqu'a la
faafe du cccur, & pareillenisnt I'artere pulmonaire d'avec I'aorre , les cou-
pant a pres d'un pouce de diftance de la bafe du cccur. On tera enfuite une in-
cifion tranfeverfale ou circulaire d'environ une ligne de profondeur, tout au
tour de la bafe du coeur, a un tiers de pouce de diftance egale de I'origine
des arteres &: des tendons des oreillettes. On en fera une pareille immediate-
ment au-dellous du ventricule droit , tout au tour du coeur , a egale diftance
de la pointe j puis on fera une incihon oblique entre ces deux , commengan:
par en haut entre les deux grandes arteres , proche I'artere coronaire ante-
rieure que Ton laiftera a gauche; & fuivant le fiUon qui diftingue les deur
venrriculef , on continuera jufqu'a la feconde incifion tranfverfale , & cecte
iiicifion oblique doit penetrer jufqu'a I'entre-deux des fibres des deux ventri-
cules, ce qui pent aller a une ligne de profondeur ou environ. Aptes cela.,
on le vera le plan exterieur des fibres de cote & d'autre avec la pointe d'un fe-
paracoire emouffe, en ecarcant Gmplement les fibres toutaucout de chaque
vencricule vers la partie poftiirieure du coeur. Si Ton n'a pas touc-a-faic
ftcceint I'entre-deux des fibres de devant de I'un & de I'autre ventricule , oa
55*
COLLECTION
I levera encore Icrefte des plans qui les enveloppent ; enfuite on ecarteta lis
Acad Royale ^^^* ventricules tout doucemept avec le bout des doigts , ayant foin de me-
DES Sciences nager principalement les fibres du ventricule droit dont le plan eft fort
DE Paris. mince & facile -a rompre, &c on aura de cette maniere les deux ventricules
A/2/iie 1 7 1 1 . du coeur fepares I'un de I'autre.
Des Valvules.
Les Anaromiftes one obferve que les valvules triglochines du coenr font at-
tachees par des filainens tendineux aux colonnes &c parois interieures des
venrricules. J'ai remarque de plus que ces memes valvules , du cote qui
reuarde les parois ducceur, font fortifiees par des appendices membraneufes,
rangees plufieurs les unes au-delTus des autres , a-peu-pres de la meme ma-
niere que les vojans ou falbalas font difpofes fur les jupes Sc fur les echarpes
des femmes, & ces appendices font attachces aux fibres tendineufes, qui
ramalfees enfuite en paquets, forment ces cordages que la plupart des Ana-
romiftes nous ont dcpeints fort confufement.
Les preparations que Ton fait ordinairement fur le coeur pour demonrrer
les valvules , font fort confufes; de forte qu'il faut prefque autant de coeurs
que de valvules a demontrer , encore eft-il difficile d'en donner une idee bien
nette, J'ai cherche un moyen de faire voir dans un feul coeur, par des coupes
fimptes Si bien menagees, routes les valvules d'une maniere tres-diftinde :
voici la methode que j'ai trouvce.
On coupera les deux gros vaiflTeaux a un pouce ou environ au-delTus da
coeur; enfuite pour decouvrir les valvules figmoides de I'arterepulmonaire , .
«n fendra cette artere dans fa partie anterieure , en approchant de Tangle ante--
rieur des figmoides : on cherchera a Tceil cet angle par dedans I'artere , pout
palfer le fcalpel ou la pointe des cifeaux precifemeiit par cer angle : on le
fendra exadtement fans bleifer les valvules jufqu'a la bafe du cceur, & on
ouvtira le ventricule droit, continuant I'ouverture parallele au fiUon qui
diftingue les deux ventricules jufqu'tn bas , fans aller plus loin; prenant
garde", chemin faifant, de ne pas couper les colonnes, les poutres & les
brides tendineufes qui s'y trouvent , principalement tout le long de I'angie
dece ventricule.
Pour decouvrir les valvules trlglochines , on fera une incifion longitudi-
nale pres de Tangle pofterieur du ventricule droit , environ dans le milieu de
ce ventricule, jufqu'a ce que Ton foit arrive dans fa cavite; pour lors on
poulfera I'lncifion en bas jufqu'a la pointe du ventricule, fans atteindre
neanmoins la premiere incifion , & on la pouffera audi en haut jufques vers
la bafe , prenant un tres grand foin d'cpargner les brides tendineufes qui font
attachecs aux parois de ce ventricule; mais fur-tout on prendra bien garde
a ne point couper les valvules trlglochines 8i les cordages qui les atrachent :
enfuite on detachera delicatement de la bafe du cosur , tout le co'nrour des
valvules tenant a I'oreillette droite , Si on aura de cette maniere la facilite de
voir & de demontrer les valvules trlglochines entieres detous cotes, uniqtie--
mentattachees aucoeur par leurscordages.
Pour les valvules du ventricule gauche , on fera une incifion longitudinaie
dans le milieu de Tangle gauche du ventricule gauche jufques dans la cavite.
On poutrera cette incifion d'un coie jufqu'a la pointe , & de Tautre jufqu'a la
I
ACAD^MIQUE. 535
bafe du cosur, avec !es mcmes precautions que nous avons recommandces ________
pour I'autre ventricule. On dctacliera enfuice fort adrcitement de la bafe du
coeur, & de cote & d'autre , le contour des valvules mitrales tenant i rorcil- ^fj'l''.;, ,."J.1t"
lette gauche, julqual endroitou ces valvules tiennent a 1 aone , alaqiielleon oi Paris.
ne touchera point , & on aura par ce moyen les valvules mitrales dans leur
entier&fortdiftindres. ^""'^' '7m.
Pour decouvrir les figmoVdes de I'aorte , on fendra I'aorte prc'clfcment
cntre les deux arteres coronaires ou fe trouve un des angles des valvules , juf-
qu'a la bafe du coeur, & on feparera de la bafe du cocur le cote qui eft attache
aux valvules mitrales ; on aura par ce moyen les trois valvules figmoides de
I'aorte a decouvert & bien conlervees, Sc en meine temps loutes les valvules
fortentieresSc fore diftinctes dans un mtme coeur.
De la manure dont fc font les fecretions dans les Glandes.
Par M. W I N S L O W.
V-/ N obferve dans le corps des animaux un grand nombre de fucs de
djfFerentes natures j le fang, la lymplie, ia falive, le fuc de I'eftomac, le
fuc inteftinal, le fuc pancreatique, la gtailfe, la bile, I'urine & plufieurs
autres.
Le fang furpalTe de beaucoup les autres en qualitc , & c'eft lui qui les
produit.
Cliacune de ces liqueurs fe fepare du fang dans les organes particuliers qui
portent le nom de gtandis , 6c la feparation de chacune de ces liqueurs du
refte du fang , a etc nommee fecretion par les Anatomiftes.
Cette fecretion fuppofe deux conditions , I'unede la part du fang qui doit
contenir des parties propres a c-cre fepirees ; I'autre de la part de I'orijanc qui
doit etre difpofe de maniere qu'il lailfe paiTer certaines parties de la made da
fang, 8c qu'il refufe le paflage aux autres; je n'entre poii.t prefentemenc
dans le detail des conditions que doit avoir le fang pour les fecretions , ie me
borne a confiderer ce qui depend de I'organe pour faire cette fecretion.
Lesanciens Medecins fe contentoient de reconnoitre dans les vifceres dts
facultes ou des vertus particulieres pour feparer plutot tnie liqueur qu'uiie
autre , Sc ils s'embarralfoient peu de la maniere dont cela fe faifoit.
Les modernes , au contraire , ont voulu rendre raifon de tout ; ilsont pre--
rendu expliquer la maniere dont fe faifoicnt ces fecretions. Les uns a I'aide.
des fermens, d'autres par certains rapports foit de grandeur , foit de figure^
cntre les pores des glandes & les patties conftituantes des liqueurs qui s'y
filtrent , ,Si d'autres en ajoutant une forte d'imbibition , c'eft-adire , en fuD-
pofant que les glandes ctoient imbues d'une liqueur femblable a celle qu'ellts-
devoient filtrer; mais on a enfin reconnu I'lnfuffifance de toutes ces expe-
riences hypothctiques , ij<: la maniere dont s'operent les fecretions reft.inr
toujours incertaine , je me fuis attache a letuJier par la voie de I'obfcr-
vation.
J'ai done cherchc dans la nature mcme, ou dans la ftrudiire des parties,.
554 COLLECTION
■ ■ I -— - la maniere doiit fe faifoieiu les fc-crecions. J'ai examine les difFerentes ef-
AcAD.RoYALE pec^s dc gliiidcs c]ui fe renconcrenc loic dans le corps humain , foic dans le
x>£s Sciences corps de ditferencss efpeces danimanx, efperanc decouvrir dans les unes
BE Paris. ^e qui m'auroit ecliappe dans les autres , & enhn je crois etre parvenu a con-
^ , noicre ^ a pouvoir dcniontrer comment fe font les fecrctions.
' J'ai obferve, d'apres quelques Anacomiftes, que les glandes ne font que
des pelotons ou des lacis de vaiffeaux ; mais j'ai remarque de plus , que les
vaifleaux qui font propres a la glande, & qui en font la prmcipale partie , font
des tiiyaux garnis interieutement d'un davet ou veloute , ou plutot d'uti tillu
fpongieux trcs-fin qui remplit toute la cavite de ces vaiffeaux comme uue
efpece de moelle ; on le remarque non-feulemenc dans les differentes glandes
du corps humain , mais encore gener.alement dans celles des differens ani-
mxux. Ce tiffueft de differentes couleurs dans les glandes diff^erenres , ce que
Ton obferve meme dans les plus petits foetus. Ainli la glande eft compofee ,
pour la plus grande partie, de ces vailTeaux veloutes ou Jpongieuxque j'appel-
lerai , a caufe de leur fondtion , vaiffeaux ou tuyauxficretoires , lefquels (or-
nient fouventprefquefeuls,cequ'onappelleg/a;z(/eoacor/'ig/(z;zi/tt/««x. Mais
outre ces vaiffeaux, on y en remarque encore de quatre fortes, favoir , des
arteres, des veines ,des canaux excretoites &: des nerfs. Je diftingue les ca-
naux excretoires des vaiffeaux fecretoires, en ce que ccux-ci pat leur tiffu
fervent a feparer du fang une liqueur particuliere , & que ceux-la ne fervent
qu'a tecevoir au fortir de la glande le fuc qui a ete fepare par les vaiffeaux
iecrecoires , pour le porter au lieu ou il eft deftinc. On decouvre de plus dans
quelques glandes des vailleaux lymphatiques.
On pourroit m'objeder la ftrudure veficulaire & fibreufe de quelques
olandes , comme des conglobses , &:c. Mais je fatisferai a cette objedlion ,
dans un autre Memoire que je donnerai fur les glandes en particulier, ou
je les rangerai fous differentes claffes & d'une maniere nouvelle. J'expli-
querai enfuite pourquoi les vailTeaux fecretoires font beaucoup plus etendus
dans quelques glandes que dans d'autres. J'examinerai aulli ce que c'eft que
les glandes fanguines que quelques-uns ont reconnues depuis peu, & dV-u
depend la couleur cendree du cerveau , 8c la couleur brune des glandes re-
nales , quoique les liqueurs qui coulent dans ces parties ne foient pas de la
n;eme couleur.
ll n'eft pas aifc de determiner quelle connexion peuvent avoir entr'eux
tons les vaiffeaux differens qui compofent le corps de la glande. Ces vaif-
feaux echappenta nos yeux par leur finelFe, & quand nous les avons fuivis
autant qu'il eft pollible , il faut fuppleer au refte ou pat ce que nous
avons deja obferve jufquesia, ou par ce que nous voyons de femblable dans
d'autres organes dii corps plus fenfibles. Voici ce qui m'a paru de la difpofi-
tion des vaiffeaux dans le corps de la glande : au(Ii-tot que I'artere qui y
arrive en une ou plufieurs branches A ( P/. XF , Fig. XXVI. ) s'eft enfoncee
dans le corps de la glande , elle s'y ramifie en une infinite de petits vaifffaus
capillaires d'une extreme finelTe , lefquels enfin fe recourbent en C C C C , &
forment par leur retour les petits rameaux de veines; ces petites veines fe
teuniffent peu-a-peu pour furtir de la glande en une ou j)lufieuts branches B j
•,il
Acad. RoYALB
Dns SciENCFS
ACAD^MIQUE. jjj
)e fuis en etat de demontrer cette continu|tc des arteres 8: des veines d'une
maniere tres-fenllble.
Dans la courbure ou dans les glandes que forment les petits rameaux d'ar-
teres&de veines, font places les orifices des vailleaux fecretoiresC! D. C D. "iA^Parx^s.
CD; ces vailFeaux qui font quelquefois d'une trc-s-grande ctendue , n'oc- .
cnpent neanmoins qu'un trcs petit volume, parcc qu'ils font plits & replies ^"''" ''^"
fureux mcmes, tantot en un feul pcloton , tantot en diK-rcns pelotons en-
veloppes d'une membrane commune , ce qui a donne lieu a la dilliiidion des
glandes conglobces & conglomcrces. Enfin ces differentes branches de vaif-
ieaux lecrctoires.ou fe rcunilTent par des cnnaux continus en un feul canalexcrc'-
toire E, lequel fort dc la glande , & porte dehors le fuc qui s'y ell prepare ; ou
bien ces metres vailfeaux fccrcoires aboutilTent inn hnflin ou r<!fervoircom-
mun dans lequel ils verient leur liqueur, &; cettt liqueur s'cpnnche quelquefois
hors de fon refervoir par un canal ex.rctoire partitulier, comme on le peuc
obferver, par exempie, dans le cervean , dan:, la bouche , dans I'ellomac ,
dans les reins de plufieurs animaux, dans la gland* du croupion du coq
d'Inde , 5cc. r ^
Je n'expliquerai point ici I'ufage des nerfs & des vaiffeaux lymphatiques
dans les glandes , jen parlerai dans un autre Memoire. Telle eft la ftruifture
gcnerale que j'ai obfervce dans les glandes, &: que j'efpcre dcmontrtr en
particulierdans les Memoires que je donnerai par la fuice fur chaque genre
de glandes.
Examinons prefentement de quelle maniere ces organes peavent fervir a
feparer du fang les differentes liqueurs qu'ils en fepari.nt.
C'eft une chofe alTez connue des IMiyficiens, &: parriculierement des
Chymiftes, qu'un morceau de papier brouillard qui n'eft qu'un amas de
filamensferreslesunsauprcsdesaiiTres, une to\s imbibe d'huile ou d'eau, ne
lailfe couler au travers de fon tilfu qua la liqueur femblable a celle dont'il a
ete imbu & retienr I'autre : ils f^avent audi que des languettes de dr.ip ou
des meches de coron imbues d'huile ou d'eau ctant trempees par un dc kurs
bouts dans un vailfeau oil on auroit mele de I'huile Sc de i'eau enfemble , la
languette imbue d'huile ne diltillera que de Ihuile, Sc celle qui aura ece
imbue d'eau , ne diftillera que de I'eau.
Je trouve dans les vailleaux fecretoires des glandes une ftrufture affez
femblable i c'eft un tiflu ou un amas de filamens ferres a-peu pres comme
dans le papier brouillard, dans le drap ou dans le coton , quoique difpofJs
autrement : ce tilfu une fois imbibed'un certain fuc , ne lailTera plus pall'er de
toutes les liqueut s qui arriveront aux orifices de ces vailFeaux , que celle don:
il aura cce imbu.
Cela pofe , le fang que nous devons confi.lerer , non comme une liqueur
homogene , mais comme un compofe d une infinite de parries , ou molecules
differentes, huileufes, mucilagineufes , aqueufes , falincs, fubtiles & grof-
fieres , etant porte par les artetes dans la glande. fe partage dans toutes les
[)lus petites ramifications de I'artere oil il s'etend infiniment , & ou toutes
es molecules font obligees de defi'.er en quelque maniere une a une par le
palTage etroit de I'artere dans la veine , & par confcquent de rouler fur les
oriikes des vailFeaux fecretoires des glandes done le vcloutc eft deja imbw
55(J COLLECTION
S^f=^!;=:^ d'uii Cue de certaine niture : les molecules qui fe trouvent c3e la meme na-
AcAD.RoYALE tare que le Cue qui fe pixfence a reiuree d'un vailfeau fecretoire s'y joignent ,
D£s Sciences & entrent avec plus de liberie, pouffees d'aiUeurs par celles qui les fuivenc ;
DE Paris. gUgj parcourent aiiifi fucceflivement tout ce vaiireau , Sc fortent eiifin par le
Annie 1711, canal excretoire , pendant que les autres qui ne font pas de la meme nature ,
roulent par delfus I'orifice du vailFeau fecretoire , fans fe melet avec le fuc
qui s'y rencontre , & palfent jufques dans la veine pour etre rapportees au
coEur.
Il refte a expliquer de quelle maniere les parties ont pu s'imbiber de ces
fucs pour la premiere fois dans leur premiere conformation , comment , par
exemple , la bile aura pu fe feparer du fang pour la premiere fois dans le foie ,
preferablement a toute autre liqueur.
je reponds qu'ayant remarque m«me dans les plus petitj foetus les glandes
a-peu-pres colorees de la meme maniere que dans les grands, il eft a pre-
fumer que dans la premiere conformation de I'animal , en meme terns que
les parties folides de ces organes ont ete formees , elles ont ete imbues des
memesfucsqu'elles devoient filtrer. On demandera aufli peut-etre comment
il fe pent faire que cette liqueur ne tarifTe pas dans ces filtres : mais on le con-
cevra aifement , fi on fait reflexion que dans I'etat fain , le fang coulant con-
tinuellement dans les glandes, y difpofe toujours une nouvelle liqueur j &
que fi par hafard il ceflbit d'y en couler , la liqueur dont le filtre des vaif-
fcaux fecretoires eft imbibe n'etant plus poulTee par une autre , y refte , &
tient ces vaiffeaux mouillcs pendant quelque tems. Mais d'ailleurs , fi par
quelque accident cette liqueur vient a larlr , &: que la gknde fe deireche,
o\\ s'il s'y engage d'autres fucs par force , il s'enfuit des accidens ttes-facheux ,
& pour I'ordinaire irremediables.
Ohfcrvatlons fur la Gonorrhic
Par M. Litre.
J J A gonorthee virulente a difFerens fieges dans I'liomme : tantot elle oc-
cupe feulement les glandes de Couperj tantot les proftates , & tantot les
vcficules feminaires : quelquefois elle a fon fiege en meme tems dans les
glandes de couper & dans les proftates; quelquefois dans les proftates &
les veficules feminaires, & tantot dans ces trois parties tout a la fois.
De cette diverfite de iieges que j'ai obfervee dans les cadavres d'hommes
atteints de gonotrhee , que j'ai ouverts au nombre d'environ quarante ,
en peut etablir deux efpcces de gonorrhee virulente j de fimples, & fle
compofees ou compliquees.
Les fimples n'aifeftent qu'un des trois fieges, & les compliquees en
affedtent plufie.urs en meme tems : chacune de ces trois efpeces en ren-
ferme trois autres.
L'une des fimples, eft la gonorrlice des glandes de Couper : la feconde
eft celle des proftates j &: la tioifieme eft la gonorrhee des veficules femi^
io aires.
Pes
r.
A C A D 6 M I Q T7 E. 5J7
Des compofees , I'une eft la gonorrhee des glandes de couper & dcs ■
roftates : la feconde eft cclle des proftates & des vcTiculcs fcminaires^i & Acad.Royale
a croifieme eft la gonorrhee univetfelle, parce qu'elle aft'ede en lueme dks Sciences
terns les trois fieges de cette maladie. de 1'aris.
De routes les gunorrlices virulences , il n'y a que la gonorrhee fimple de Jnnic 171 1,
couper , qui puill'e perfifter fimple jufqu'a la fin de fa gucrifon, parce que ,
les conduits de ces gl.indes s'ouvreiu dans le canal de I'urerre , un pouce
& demi en deija des proftares , & que les embouchures de ces conduits
font tournces du cote du gland ; ainfi la liqueut qu'ils verfent dans ce canal ,
coule naturellement vers le gland , fort de I'uretre par fon trou,&ne fe
porte pas du cote oppofej ce qu'elle devroit pourtant faire pout pouvoir
communiquer fa maiignite aux proftates &c aux vcficules fcminaires qui
font Gcuces de ce cote li.
Au contraire les gonorrhc'es des veficules feminaires & des proftates ,
fur-tout fi elles durent long-tems ou qu'elles foient bien malignes, peuvent
fe produire rcciproquement I'une I'autre ; cat les conduits Aq% vcficules fe-
minaires fe terminant dans le canal de I'uretre au milieu des conduits des
proftates, la liqueur qu'elles y verfent peut agir fur les proftates , comme
la liqueur des proftates peut agir fur les vcficules feminaues ,i< ainfi s'en-
trecommuniquer Icurs niauvaifes qualites a caufe de leur grande proximite.
Ces deux mcines gonorrhees peuvent non-feulement fe produire I'une
I'autre , mais encore celle des glandes de couper , parce que la liqueur viru-
lence qu'elles depofenc dans le canal de I'uretre , n'en fauroit fortir fans
nafter fur les embouchures des conduits de ces glandes, par confequenc
quelque portion doit ce femble s'engager enpallant , & y caufer enhn une
gonorrhee.
Dc la Gonorrhee virulcntc dcs Glandes de couper.
\^ ETT E gonorrhee peut etre fimple ou compofee, primitive ou confe-
cutive , & ctre caufce en deux terns difPerens, dans le terns du coit , &
liors du terns du coYt.
Elle eft fimple , lorfque ces glandes feules font affedees du virus vene-
rien : elle eft compofee , lorfque ces mtmes glandes font affedlees avec les
proft.ites ou les vcficules fcminaires.
Elle eft primitive , lorfqu'elle n'aete ni caufce ni preccdee par une autre :
elle eft confecutive , quand au contraire une autre I'a canfee , ou I'a preccdee
fans la caufer.
Les gonorrhees primitives peuvent ctre fimples ou compofees : dans les fim-
ples, il n'y a qu'un des trois fieges affedle \ dans les compofees il y en a
plufieurs , foit que I'un ait etc plutot , ou en meme terns affVite , dcpcn-
dammsnt ou independamment I'un de I'autre , dans le mcme coit , ou en
differens : dans le meme coit lorfqu'il s'infinue beaucoup de virus de la
femme dans I'uretre de I'homme , ou que ce virus eft fort malin.
La gonorrhee confecutive eft de deux efpeces : dans I'une , une gonor-
Tomt III , Panic Fraucoifi, Yj
55S COLLECTION
=::=: rhee fuccede a une autre , mais elle n'en dtpend pas : telles font les pri-
DEs Sciences Uins 1 autre elpece , une gonorrhee fuccede a une autre , Sc elle en de-
BE Paris. pend , comme lorfque les proftates , par exemple , etant atfedees de go-
Annk 1711 ""fht'e, la liqueur virulenre qui en decoule , caufe la meme maladie dans
les veficules feminaires , ou dans les glandes de couper.
La gonorrhee d.s gl.indes de couper , peut-etre caufee dans le terns da
coic , & peut-etre aulli hors du terns du coit.
Dans le terns du coit , parce qu'en ce tems-la le virus de la femme fe
trouvant fort agite , cntre avec rapiditc dans le canal de I'uretre de riiom-
me , fe porte jufqu'aux embouchures des conduits d.- ces glandes, s'y en-
gage , en alrere les liqueurs & y caufe une gonorrhee.
La gonorrhee des glandes de couper , peut are caufee hors du terns da
coit , parce que les proftates ou veficules feminaires etant affedtees de
gonorrhee, la liqueur virulente qui coule de ces parties, ne fauroit fortir
de I'uretre fans palTer furies embouchures des glandes de couper, & par
confequent quelque portion de ce virus peut fe gliffer en palTant dans les
conduits de ces glandes , & y cauferenfin une gor.orrhce
Cependant il paroit difficile a concevoir que la liqueur virulente qui
coule dansie canal de Turetre de la racine vers fon extremitc, qui y coule
lentement , & ce canal etant toujours ouvert & libie, puille s'infinuer
dans les conduits des glandes de couper , dont les embouchures font tour-
rees du cote oppofe au courant de la liqueur , & que de la elle fe porte
jufqu'au corps de ces glandes qui en font fort eloignees , pendant qui!
coule de ces memes conduits une autre liquc ur dans un fens contraire j d'oii
il femble qu'on peut conclure que la gonorrhee des glandes de couper ,
lie peut guere etre caufee que dans le terns du coit, & par confequent
qu'elle eft prefque toujours primitive.
La gonorrhee Az% glandes de couper efb rare , puifqu'aucun Auteur ,
que je fache , n'en fait mention,, & que ceux qui traitent ces fortes de
maladies, ne la remarquent pas dans la pratique j ce qui arrive peut-etre
fa.ite d'attention , ou parce qu'ils ignortnt que ces glandes exifttnt , &
que leurs conduits s'ouvrent par deux embouchures fort remarquables dans
le canal de I'uretre , environ un pouce & demi en de(;a de fa racuie.
- Enfin cette gonorrhee eft rare , puifque d'un grand nombre de cadavres
d homm'es que j'aiouverts, at eints de cette maladie, je n'en ai trouvc
qu'un ou ces gl.uides fulfent affed:ees de virus vencrien. Cette obfervaiion
ni'a rappelle I'ldee d'un malade qui etoit , autant que je m'en puis fouve-
nir , atteint d'une gonorrhee dans les mC-mes glandes j mais coinme alors
elles ne m'etoient pas alTez connue';, je ne fis pas toute I'attention que j'y
ferois a prefent que je les connois bien.
Elle eft rare, pirce que les conduits de ces glandes , avant que de fe
terminer dans la cavite de I'uretre, font environ iin pouce de chsmin
entre les petites cellules dont les patois de ce canal font compofees : or
ces petites cellules dans le tems du coit, regorgent de fang &: d'efprits,
ainfi elles doivent alots coraprimer ces conduits , defotte que le virus ve-
nerien n'y fauroit entrer, ou du moins que fort diiEcilemem & en fore
petite quantite.
A C A D ]fe M I Q U E. j,9
Voici a prcfeiu ce que j'ai obfervc par rapport a la gonorrUce , danS'^e s::n:^=^S^S
caJavre d'un homme , ou les^landes de couper etaient leules aftcdces He y\cAD Roym-e
virus vcncrien. Je parlerai dacis un autre Mcmoire dcs obfervations que p^s SciENCts
j'ai faites dans les autres cadavres acteints de la mcme maiadie , dont le ficge de Paris.
etoit dans ies proftnces ou dans les vcficules fcminaires. j„„!, ,^,t
Ayant ouvert 1 uretre de ce cadavre par la partie lupcrieure d un bout a
I'lutre, j'ai remarqiid :
i''. Que depuis le bout du gland jufqu'aux embouchures des conduits de$
glandes de couper, la furface interieure du canal de I'uretre croit eiiJuite
d'une liqueur femblable a celle que j'en avois fait auparavanc fortir en ptef-
fant le gland.
2". Que dans la mcme ctenduede ce canal, les paroisy ctjient plus dures
& plus epaifles que dans le refte.
5". Qu'a I'endroit des embouchures des conduits de couper, il y avoit
une rougeur large d'environ quaere lignes, & qui s'etendoit plus du tote
gauche que du cote droit.
4*'. Que prefqu'au milieu de la rougeur , il y avoit un ulcere de figure
approchante de la ronde d'une dsmi-ligne de di imetre , qui avoit rongc une
grande partie des bords de I'embouchure du coi^iuit gauche , & une petite '
poirion de I'uretre aiix environs.
5 ". Que ce conduit contenoit dans fa cavire une liqueur jaune , tirant un
peu fur le verd , & fes tuniqucs ccoient de coulcur rougcatre , plus dures &C
plus epailfes que dans I'ctat naturel.
()". Que le corps de la gtande de ce conduit etoitextraordinairement dur,
Touge, tumefie, &: la liqu;ur qu'on en exorimoit , femblable a celle qu'on
trouvoit dans la cavite du conduit.
7°. Qu'il y avoir nioins d'aheration , tant dans Iss parties liquides, que
d'.ns les foiides dc la glmde droite &: de fon conduit, apparemment parce
qu'il s'y etoit moir.j portc de virus , ou qu'il n'avoic pas trouvc la mcme ta-
cilite a s'y inlinuer , ni pcutccre les memes difpufitions.
8". Que la liqueur virulente contenue dans les corps des glandos & dans
leurs conduits , etoit plus epailfe , plus gluanre , plus jaunc , & tiroit plus fur
le verd que celle qui etoit dans le canal de I'uretre : la raifon en eft aifee a
rendre : il y avoit plus d'inflanimation dans cts glandes que dans I'uretie , &C
la liqueur virulente tomiiee d.uis ce canal, s'y mtloit avec les liqueurs na-
turellcs qui couloient desproftates 6i des autres glandes de ce meme canal ,
par conlcquent celles-ci doivent rendre celle-la plus Huide, & en meme
temps en affoiblit les couleurs jaune & verdacre.
J'obfervai encore que depuis I'endroit ou les conduits des glandes de
couper fe terminent dans la cavit'i de I'uretre jufqu'.i la racine de ce canal ,
il n'y avoit aucune imprefiion de virus vencrien, ce qui devoit are ainfi, puif-
que la couleur viruleiue qui couloit di ces criandes dans le canal de I'uretre
& qui pouvoit atrei5ter cette partie du canal, ne fe portoii pas de ce cote la,
mais bien du cote oppofe , & cela par fa propre determination , a caufe de la
direction des embouchures des conduits de ces glandes , & par la liqueur des
proliatej & des auir-es glandes de I'uretre, laquelle avant toujours f.i deter-
Y 3 ij
S40
COLLECTION
mination vets I'cxtremite de I'uretre, y poufTe la liqueur des glandes de cou-
AcAD RoYALE P^"^ quelle rencontre dans Ton chemin.
DES Sciences
Slgncs par lefqueh on pouna ruonnoiire dam Us corps v'lvans la
Gonorrhee des Glandes dt Coiipcr.
DE Paris.
Annti 1 7 1 1 .
Premier figne. Le malade , dans cette gonorrhee , doit fentir de la dou-
leur vers le milieu du perinee, parce que les conduits de ces glandes fe ter-
minent dans le canal de I'urerre en cet endroit-la
Second fieiie. Le malade doit encore fentir de la douleut aux environs de
I'anus J parce que les corps des memes glandes y font litucs.
Troifieme figne. Le Chirurgien doit remarquer aux environs de I'anus ui'Ui
grolLeur extraordinaire, qui n'ell autre chofe que les corps de ces mcmes
glandes enflammees & tumefiees.
Quatrieme figne. L'ecoulement de cette gonorrhee ne do"u pas etre abon-
dant , parce que les glandes qui en fouriiillent la matiere fiant petites , & que
les voies par ou elle doit paflTer pour y parvenir font difficiles j par confe-
quent il en doit peu pafTer.
Dernier figne. Les accidens qui I'accompagnent doivent ette en petit
nombre & peu violens , parce que la liqueur virulente qui coule dans cetre
gonorrhee ne peut etre qu'en petite quantite, par les railons ci-delTus r.ip-
portees , & que le trajet quelle a a faire pour fortir de I'uretre n'eft pas bien
long.
La gonorrhee de glandes de couper n'eft pas fi dangereufe ; elle eft plus aifee
a guerir que les autres. Independamment du traitement commun aux autres
gonorrhees , les remedes propres a celled font des fomentations, des ca-
taplafmes & le demi-bain
Les cataplafmes & les fomentations doivent etre emolliens & adoucif-
fans, &; on doit les appliquer fur les patties malades, application d'autant
plus falutaite , que ces parties etant fituecs prcs de la peau , elles peuvenc re-
cevoir de ces remedes tout I'etfet dont ils font capables.
Le demi-bain peut etre auffi d'un grand fecours dans cette cute, puifque
I'eau peut facilement porter fon adtion jufqu'aux parties malades.
Par le moyen de ces trois remedes , il femble qu'on peut remplir les prin-
cipales vues qu'on a dans la cure de cette maladie, qui n'eft proprement
qu'une inflammation des glandes de couper : ces vues font d'amollir , de re-
lacher & de rafraichir les parties atfedees , parce qu'elles font dures , tendues
& fort cchaufFees, & d'adoucir I'acrete des humeuts qui fomentent cette
maladie. »
Sur un Scrotum prodigieux.
JVl- JAuGEONalua I'Academie une Relation ecrite de Pondichery fur
un Malabar, dont \i Scrotum etoit fi prodigieufement enHe, qu'il pcfcii
fpixante-livres.
A C A D E M I Q U E. 54*
Acad. Royaie
c> 1 c^ 1 1 ■ DEs Sciences
c^ur Ic oang liors des vemes. de Paris.
JVJL- Parent s'ctant fair fsigner, remarqua que lorfqiie Ton fang fut con- •"'^""^ '7'
gele, a la referve d'lin pen de bile qui iurnageoic, il yen eiir environ les
deux tiers qui parurenc converts de bnlles rouges & rondes, grolfes apeu-
pres comme des pois, le refte etant d'une couleur rouge grilatre & d'une
fuperhcie unie. Quelque temps aprcs , la quantitL- de la matiere bilitufc aug-
menta , &; les plus grolTes builes ayant crevc , laiirfrent en leur place autanc
de cellules de figure polygone alFtz reguliere. La pliipart etoient hexagonales,
les autres etoient pentagonales ou lieptagonales ; route I'crendue de la furface
de ce fang qui avoir d'abord paru couverte de bulles j etoit divifte en ces
cellules dont la petite aire etoit occupee par un matiere grifatre , fenjblable
a celle de la partie unie de cette furface , & les cloifons des cellules etoient
formees par un tilfu alTez folide d'un fang vermeil.
M. Parent explique la formation de ces bulles par I'air on telle autre ma-
tiere expanfive qui tendoit a fe degager du fang dont la vifcofite refilioit a un
certain point. Lorfque I'expanfion I'a emporte lut la refiftance , les bulles one
creve, & comme elles agilFoient routes les unes contre les autres, fi une
bulle etoit environnee de bulks egales, la cellule qui lui a fuccede a dii
prendre une figure hexagone , parce qu'elle etoit repoulfee par fix endroits :
que fi une bulle etoit environnee de bulles plus petites ou plus grandes , elle
a du par la meme raifon faire dans le premier cas une cellule heptagone , &
dans le fecond une pentagone.
Cette geneiation de la figure hexagone qui paroit evidente , s'appliquercic
forr narurellement aux cellules des abeilles , en fuppofant qu'une abcille qui
tend a faire fa cellule ronde , eft repouffee par fix abeilles voifines qui oni le
meme delTein , &C qu'elle repoulTe egalement. *
Sur un Fcetus fans cervellc , ^'c.
iVA' Fauvel , Ghirurgien , a fait voir a I'Academie un foetus fans cervelle
nicervelet, ni moclle epiniere, quoique tres-bien conforme d'ailleurs. H
etoit venu a terme, avoit vecu deux heures, &: donne quelques ficnes de fen-
;nt. Ce fait feui, qui n'eft pas unique, demontre ou que les efprits ani-
X ne font pas abfolument neceflairesa i'economie animale, ou que ces
timen
mau
efprits peuvent s'engendrer ailleiirs que dans le cerveau, le cervelet &: }a
moclie epiniere.
5 41 COLLECTION
ACAD.ROYALE
r.vZr S-r dcs Hydatidcs.
Annii 171 1. J_) E meme M. Fauvel a fait voir audi fur ce qu'on appelle un ovaire de
feinme, des hydatides d'une groffeur alFsz confiderable, & qui peuvenc
donner quelque fujet de fe defier des cEufs, ou du moins de continuer a les
examiner de -pxhs.
«
Guerifon d'un aveuglement accidentel & d'une furdite.
EUK mancEuvres qui travailloient a una vieille foffe, laquelle-n'avoic
poinc ete vuidee depuis un fort longtetns, parce qu'elle etoit cachee fous
uue autre , furent tellement frappes par I'horribie exhalaifon qui en fortit ,
qii'ils en perdirent la vue, I'un ablolumcnt, I'autre au point de n'apperce-
voir plus que foiblemsnt la grande lumiere. M. Chomel les guciit tous
deux parfauement en vingt-quatre heures, par I'ufage tant intetieur qu'ex-
terieur d'une eau fpiritueufe. Cette eau eft tiree de plantes aromatiques ,
thin, lavande, fauge , ferpolet , romarin , marjolaine , feuilles & Heiirs :
on les fait macerer dans de I'hydromel , aprcs quoi on les diftille au bain de
fable, &c tout 1 art confifte a bien confervcr i'huile elltotielle j cnfuite on
retflifie la liqueur diftillee , fans feparer I'liuile.
Cette meme eau prife interieurement & en memfe terns appliquce aux
oreilles dans du coton , a gueri en huit jours deux perfonnes qui etoier>t de-
venues fourdes aprcs de grandes migraines & de grandes fluxions fur les
oreilles : I'une I'etoit depuis fix femaines, I'autre depuis quatre mois.
Sitr la nature des Sues de Vejlomac.
M.
L I T T R E ayant coupe la tete brufquement & d'un feul coup a de petirs
chiens qui tettoient, trouva leur eftomac plein dun !ait aigre & coagulc.
Or il ne s'y etoit fait nulle alteration confiderable , puifque la mort de I'ani-
mal avoit ete ft prompte , &c par confequent il parolt que le lait s'etoit aigii
par un levain narurel de I'eftomac, & que ce levain contribue a la digefbion.
Sur Veau du pericarde iS' des vcntiicuhs du cerveau.
I/l. LiTTR n avoir encore un deflfein dans I'experience preccdente ; il
vouloit voir fi I'eau du pericarde & celle des ventricules du cerveau qtr'on
trouve ordinairement dans les cadavres, ii'ctoient produites, comme quel-
A C A D b M I Q U ft 5^,
ques-uns Ic foutiennent, que par Ics approches dc l.i more, par la mal.idie , • ^^^
par I'agitatien, Sec. Ces petits chiens morts fi brufi.|iicnient, ccoient pro-
pres a refoudre la qiieftion : ils avoient de I'eau & dans le pciicarde & dans Acad. Rojale
le ventdcule du cerveau, & par con(cquent elle y doit avoir des ufaces na- ^^^ Sciences
tutels.
Annie 1711
Sur r eruption d'une petite vcrole procuree par le bain.
iVl. L EMERY ayant entre les mains un malade qui avoir cous les fymp-
tomes de la petite vetole , & a qui il voyoit qu'elle ne pouvoit forrir , s'a-
vifa de le inettre dans un bain d'caa chaude qui la fie fortir abondammcnt.
11 falloit remedier a la fcJiercflTc &: a la diirste de la peau : cette prati-
que extraordinaire & bardie , eft rcmarquable.
Sur une Epilcpfie.
\J N jeune homme de condition age de neuf ans, qui fe portoit parFai-
temeiit bien , qui avoir beaucoup d'efprit tc deja beaucoup de favoir pour
foil age , un jour apres avoir un peu plus dine qu'a Ion ordinaire , fut atta-
que fubitement d'un violent mal de tote; enfuite eut un grand vomille-
ment , une grolfe fievre & perdit connoiirani:e. On lui donna de i'emc-
tique avec fucccs, 5: en trois ou quatre jours la hevre cella : mais pendant
ces trois ou quatre jours il ne parla point du tout , & apres fa <Hierifon
quajid il avoir envie de parler les mots lui manquoient abfolumeiit & il
ii'en pouvoit ttouver aucun : il ne reconnoiiroit mc-nie ni It lieu oii i! etcit
ni les perfonnes avec quiilavoit toujours vecu j cnfin , ilavoit perdu toucts
les idees qu'H avoit pu acquerir pendant neuf ans On recommenca a lui ap-
prendre (a langue , & on remarquoit qu'il la rapprenoit fort vite , car le
jugoirtent ctoit demeure fort fain uialgre la deftruc^ion entiere de la mc-
moire (a) • mais , comme Tapplication lui caufoit degtands niaux dc ttre
on le menageoit extrcmement.
Il n'eut pendant fix ou fept ans que de tres-foibles attaques d'epilepfie ,
& on pouvoir croire que fon ma! n'etoit que de fortes migraines. V'cis
I'age de fei/e a dix fept ans , les acciJens cpileptiqiics devinrent plus corfi-
dcrables ; ils arrivoient une fois par mois & devinrftit toujours plus frc-
quens. A vingt-quatte ans ils arrivoient deux ou trois fois la femaine &:
prefque toujours la nuit. Le malade etoit fort melancolique & ne pouvoic
prefque faire aucun exercice , parce que le mouvement Iiii caufoit de gran-
des douieurs de tece , & le faifoir tomber dans des acccs de fon cpilepfie.
Enfin , il mouruc a vingt fept ans d'un abftcs qui fe forma dans fon poumon.
(a) On voit bien que Ic malade n'avoit perdu que Ic fouvcnir des chofcs paflees,.
, Jc twjn Ja raimoire ou U facultc d'apprcndrc des chofcs nouveilcs.
544
COLLECTION
ACAD.ROYALE
DES Sciences
DE Paris.
Annie 1711.
Son cadavre ayant etc ouvert , on crouva dans la duplicature des deus me-
ninges qui forme la faux, prccifdment entie ces deux meninges, cjuan-
tite de tres-petits os , qui paroilfoienc fottir de la fuperficie inteiieure de
la dure-mere , & tournoient leurs pointes fort aigues du cote de la pie-mere,
lis devoient , a la moindre agitation , picotter cette membrane qui eft fort
fenfible, & de-li les grands maux de tcte , les accidents epileptiques , &c.
II eft: aife d'imaginer que ces petits os pointus avoient ete neuf ans , foic
a fe former, foit a croitre & a prendre affez de durete pour caufer Icpi-
lepfie ; qu'a mefure qu'ils croitTbient , les maux croilToient auffi ; que les
accidents devoient ctre plus frequents la nuit que le jour, parce qu'alots
les mouvemens interieurs font plus forts , n'ec.int pas balances par les mou-
vemens exterieurs ; que le defordre a porte principalement fur le fiege
de la memoire, &c. Ce qui pourroit paroitre extraordinaire , c'eft qu'il
fe foit forme des os dans la faux , entre deux membranes , ou il n'y a
aucune fubftance olFeufe. Mais il faut fe fouvenir que tous les os du corps ,
& ceux meme du crane, qui font fi diirs , ont commence par etre des mem-
branes dans le foetus, S>c que les membranes & les nerfs memes s'oflifient
dans les viellards \ ce qui prouve un rapport reel entre les fubftances odeu-
fes & les membraneufes.
Sur Un nouvcau Febrifuge.
_ Reneaume ayant reconnu la noix de Cyptes pour un febrifuge
exempt des principaux inconveniens du quinquina, a decouvert la meme
vertu dans la noix de galle donnee par qui pro quo , au lieu de la noix de
cypres. Il faut bien que la noix de galle ait gueri Ass fievres intermittentes ,
puifque M. Reneaujne I'attefte, maisil convient qu'elle ne les guerit pas
routes. M. Boulduc alTure qu'il en a donnc fans effet jufqu'a fix fois dans des
fievres tierces & quartes. MM. Lemeri & GeofFroy difent que ce re-
mede caufoit un peu de cours de ventre j que la fievre tevenoit & ne
ccdoit plus qu'au quinquina (a).
(.1) On fait que MM. Boulduc, Lemeiy & GeofFroy etoicnt tous Apothicaires trc>-
cetcbies.
Sut
ACAD^MIQUE. j4j
A
Acad. RoYALE
Sur une Fontaine dont I'eau efl contrain aux dents. "" ^pII'Ic^*
-J DE 1 ARIS.
SuNtissE, village pr^s deChevreufe , il y a une Fontaine publique dont •^'""* 171^.
I'eau tait comber les dents , fans fluxion , fans douleur & fans cjue Ton
faigne. On ne peut fe prendre qu'a elle de cet efFet ; car I'ait eft dans cec
endroit tres-bon , tres tempere, & les habitants plus robulles & plus fains
qii'ailljurs ; feulementil y en a plus de la moitie qui manquent de dents.
D'abord elles branlent dans la bouche pendant plufieurs mois j enfuite
elles tonibenc fort naturellement. L'eau qu'on accuie de ce mal , eft vive ;
on la troiive froide lorfqu'on la boit au fortir de la Fontaine ; on reconnoic
quelle eft dure lorfqu'on s'en fert pour le pot, &C on pretend qu'elle
donne des traiichces a ceux qui n'y font pas accoutumes. Quelques - uns
corifeilloient de la faire bouiUir avanc de la boice. M. Lemeri I'ayanc
examinee de routes les manieres , u'y a pu decouvrir rien de particulier , fi-
non douze grains d'alkali fixe , fur quatre pintes de cette eau evaporccs a
un tres pecit feu , m.iis pas le moindre indice de mercure.
M. Lemeri s'eft fouvenu que Vitruve parle d'une Fontaine de Suze en
Perfe, dont l'eau Fait tomber les dents, & il avu a Paris un Perfan ne dans
cette meme ville de Suze , qui s'otoit avec la main fept ou huic dents
de la bouche , & fe les remettpit audi facilement : il eft vrai que cct homme
»voit violemment le fcorbuc.
Sur la Brione ou Coukvree.
I i A brione eft du meme genre que le mechoacan : fa racine qui eft la feule
chofe qu'on emploie, ou pliitot qu'on employoit auttefois , difFeredu me-
choacan , en ce qu'elle n"a que des principes falins fans aucune refine : cette
racine purge avec affez de force , quelquefois par le vomilTement, mais
fur-tout par les urines. Elle a plus de vertu ctant prife en fubftance, que
de route autre maniere •, ce qui , felon M. Boulduc , lui eft commun avec
la plupart des purgatiFs vegetaux ; maiscomme I'efFet en pourroit etre trop
violent , M. Boulduc a eprouve les inFufions, les decoftions & les extraits
de brione. L'infufion eft a preferer aux decoftions , & I'inFufion dans le
vin blanc elt a preferer a I'inFufion dans l'eau. II ne Fauc qu'une dragme de
cette racine feche , ou quatre de verte : fi Ton n'a en vue que de vuider les
eaux , I'extrait du fuc vaut mieux , qpe I'extrait de la racine meme prepare ,
foit par infulion , foit par decottion.
Tomt in. Panic Fran^olfc, Z. 5
54^
COLLECTION
Acad. Royale
BEs Sciences
DE Paris.
jinnii 1711.
Sur h Pavot rouge ou Coqudkot.
JVl • BouLDUc a trouve dans le pavot rou^e routes les vertusde I'opium,
fans aucune mauvaife qualite. Ces vertus refident dans la tete ou le fiuit ,
& non dans lafleur. Quatre onces de ces tetes de pavot vertes & recentes,
lui donnent cinq gros d'un extrait folide , dont il ne faut prendre que deux ,
trois ou quatre grains. Celt un bon remede dans les toux cruelles &C opinia-
tres.
Obfirvations fur k Nerf optiquc.
Par M. M E R Y.
J_jE mercredi27 Juillet lyiz, cette queftion fut propofce a I'Academie
Royale des Sciences , par le reverend pere Gouye , prefident de cette iiluf-
tre compagnie : favoir fi la retine prend ou non , naiirance du cerveau, la
choroi'de de la pie-mere , la cornee de la dure-mere.
Quelques Academiciens parurent en dourer, mais ils ne s'expliquer&nc
point alTez nettement pour nous faire connokre leurs vcrirabies fentimens.
Pour moi je pris raffirmative , &c je reprcfentai a rafTembiee, que pour re-
foudre cette queftion , il n'y avoit qu'a examiner fi la retine eft ou non ,
continue a la fubftancc propre du cerveau, la choroide a la pie-mere, &
la cornee a la dure-mere.
Le famedi fuivant, trente du meme mois, je demontrai a la compagnie:
1°. la continuation de ces membranes fur des yeux d'hommes, & lui (is voir
la feparation de la dure-mere d'.avi.c la pie-mere au nerf optique, telle
quelle fe trouve au cerveau.
i*. Apres avoir fait une incifion a la pie mere , j'exprimai de ce nerf,
fuivant la longueur qu'il a dans I'orbite , une fubftance moflleufe femblable
a celle du cerveau , que tons les affiftans virent fortir en comprimanc ce
nerf.
J °. Ayant expofe ces fairs , je pris un autre ofil & monrrai a TalTemblee la
feparation de la cornee d'avec la choroide , &c de celie-ci d'avec la recine,
telle encore qu'elle fe rencontre au cerveau.
4"^, Je fis remarquer que la choroide & la cornee , naturellemenr fepa-
rees au cerveau, au nerf optique & dans le globe de I'oeil, etoienteiTentiel-
lement uni'CS enfemble au palTage de la fubftance mob'Heufe du nerf optique
dans I'ceil ; que la ce nerf eft plus menu que dans le refte de fon corps , &:
que la couleur noire de la choroide fe termine 3. la circonference interne
■ de ce pallage qui n'a guere plus d'une demi-ligne de diametre : de la vient
que le cenrre de rexrremite du corps du nerf optique 011 commence la retine ,
eft; blanc , ce qui eft caafe que la vifion ne fe fait point dans cet endroit,
fuivant la remasque de M. Mariotte.
ACADiMIQUE.
S47
5*. Enfin pour dcliiontrer que la retine n'eft autre cliofe qu'an develop- ■
pement d'une fubftancc moclleufe femblable a celle du nerf optique , & qui Acad. Roy ai«.
Jui eft unie , je feparai cntierement cette pretenduc membrane d'avec la i^KS Sciences
choroide, 8c Us palTer la fubftancc moclleufe de ce nerf dans le globe de ^^ 1'aris.
I'oeil , en prcfence de route lacompagnie; ce qui donne lieu de croire que Aiuiit lyii-
la retine n'eft point un tillu de hiets membraneux qui contiennent cette
xnoclle.
Or , puifque par ces experiences , il eft aufli certain que la retine eft con-
tinue a la fubftance moclleufe du nerf optique , qu'il eft conftant que la
fubftance moclleufe de ce nerf eft continue avec celle du cerveau, & qu'il
n'eft pas moms evident que la choroide eft unie a la pie-mere, qu'il eft claic
que la cornee eft unie .i la dure-mere ; on peut dire, en fuivant le langage or-
dinaire des Anjtomiftes, que la retine tire fon origine du cerveau, la cho-
roide de la pie-mere, & la cornee de la duremere; quoiqu'il foit vrai que
le cerveau, le nerf optique , I'oEil & leurs membranes foieat formes du
meme tems , & que leur ftruiflure foit fort diffcrente.
Au refte , I'Acadcmie me parut fatisfaite de ma demonftration ; il n'y euc
que M. Litre qui , prevenu qu'il ne fe rencontre au nerf optique qu une feule
membrane, me foup^onna de I'avoir divifee en deux. Mais j'ai dcmontre k.
cet Anatomifte , fansaucunedi(re(flion , nonfeulement que le nerf optique
eft depuis le fond de I'orbite jufqu'au globe de I'ocil, reellement compofe
de deux membranes diftincles qui , quoique lices I'uue a I'autre par quel-
ques fibres tres-deliees, formentcependant deux canaux fcparcs & renfermes
I'un dans I'autre j mais encore que fon canal interieur eft rempli dans route
fa longueur de petites cellules membraneufes qui ont communication les
unes avec les autres \ que ces cellules reprefentent parfaitement bien celles
dc la mocll." du fureau, & meme celles des corps caverneux de la verge, quoi-
qu''elles foient plus petites, & que c'eft dans ces petites cavites que la moclle
de ce nerf eft contenue; mais que ce.s linuolitcs ne fe trouvent point dans la
parcie qui s'etend depuis le cerveau jufqu'au rrou de I'orbite qui lui donne
paffage ; qu'enfin la pie-mere forme feule au dedans du crane un canal tout
uni qui renferme la moclle du nerf optique, comme elle fait celle du cer-
veau. Voici le moyen dont jc me fuis fervi pour faire ces obfervations.
J'ai expiinie d'abord la fubftance moclleufe du nerf optique par fon extrc-
mite oppofce au globe de I'ttil ; j'y ai feringui de I'eaii pour le mieux net-
t'lyer , je I'ai fouftle enfuite & j'ai lie ces deux exticmites afin d'empcchsr
I'air d'en fortir. Apres I'avoir lailFc fecher , je I'ai coupe tranlverfalement ,
& alors j'ai appercu le canal que la pie-mere forme a ce nerf au-dedans du
crane entieremenr vuide, & j'ai vu dans fa partie placce dans I'orbite, les
deux canaux que lui donnent la duremere & la pie-mere, fcpires, mais lies
I'un a I'autre par plulieurs fibres aulli dclices que des cheveux , &■ dans fori
canal interieur, les cellules que j'avois fait voir a la compagnic.
Apes cette demonftration M. Litre fe rendit ; bicti plus, ayant change
de fentiment , il s'engagea a montrer a la compagnie trors tuniques diftinc-
tes au nerf opiique, ce qu'il n'a pas encore execute.
Le finiedi treize du rncnie mois , le R. 1'. Gouye kit a I'Acadcmie un ex-
trait tire du chapitre Vllldulivrc III de I'Anatomie du corps humain, par
54$ COLLECTION
J — Isbrande de Diemerbroeck , pag. 607 , dans lequel il croyoit trouver la de-
AcAD.RoYALE couverte que j'ai faite fur le nerf optique , enfuite il me le remit entre les
DEs Sciences mains pour I'examiiier &c en rendre compte a la compagnie dans I'alTem-
DE Paris. j,i^g fuivante ; ce que j'ai fait le mercredi 17 du mois d'Aout , en lui repre^
^nnee \-jiz. fentant que loin de trouver ma decouverte dans ce chapitre , j'ai reconnu,
apres avoir compare avec beaucoup d'attention les obfervations de ce fa-
meux Anatomifte avec les miennes, qu'elles font extrcmemenc difFerentes
les unes des autres.
Cet Auteur dit que la fubftance des nerfs optiques eft compofee comme
celle des autres nerts , de plufieurs petits fils ; quelle en differe cependartt en
ce que leur fubftance eft dans fon centre en quelque fa^on poreufe , & que
dans fes pores elle contient fort peu de moelle , qu'on peut exprimer en com-
primant ces nerfs.
Pour mieux faire connoitre que cet habile horame s'eft beaucoup mepris,
je dois partager touxe la longueur du nerf optique en deux parties , dont la
premiere eft placce dans le crane , & la feconde dans I'orbite : or , ni I'une ni
I'autre ne font certainement point compofees de fils nerveux comme les au-
tres neifs oil ces fils paroilfent fort diftinds. La pie-mere feule forme a la
premiere partie un canal tout uni qui renferme en bloc route fa fubftance
mocUeufe ; de la vient qu'on peut I'exprimer par la moindre prefliont
Diemerbroeck s'eft done manifeftement _trompe dans ce qu'il y a de plus
eftentiel a ce nerf.
La feconde partie eft compofee de deux canaux feparcs, renfermes I'un
dans I'autre & lies enfemble par plufieurs fibres tres-deliees; ce que ce fa-
van: Anatomifte n'a pas non plus remarque. D'ailleurs le canal interieur
que la pie-mere fournit a cette feconde partie, ell tout rempli de petites
cellules membraneufes tres vifibles , lefquelles contiennent fa moelle , qu'il
eft mojns facile d'exprimer que de la premiere , parce qu'il faut qu'elle palfe
des unes dans les autres pour foitir : or il eft imp^ flible d'appercevoir ces
canaux, ni les fibres qui les lient , ni ces cellules, fans fouffler le nerf opti-
que , ce que Diemerbroek n'a point fait ni vu. Il eft done vrai de dire que
quoiqu'il ait conjefture que la fubftance interieure des nerfs optiques fiic
poreufe , il n'a pas connu leut ftrudure veritable & naturelle, non plus que
tous les autres Anatomiftes dont il combat ou approuve les lentimens y ce
qu'on peut connoitre en comparant leurs obfervations avecle'. miennes.
Tous les Auteurs rapport« par Diemerbroeck conviennent avec lui que
les nerfs optiques font compofcs comme les autres de plufieurs fils nerveux
qui font enveloppes de la dure- mere &c de la pie mere : leur difterend ne
confifte qu'en ce que les iins foutiennent que ces fils nerveux font tous
droits, & les autres pretendent qu'ils font entortill^s. J'ai fait voiralAca-
dcmie Royale des Sciences , que ces fils ne fe trouvent point aux nerfs opti-
ques : tous ces Auteurs fe font done trompes fur la ftrufture dw nerf optique.
COLLECTION
549
Sur un Cceur fans pcricardc.
ACAD.ROYAIE
DES Sciences
DE 1'aius.
JVJL- LiTTRE a trouve dans une femme de 54 ans le ctrur fans pcricarde, ■^^"'^ 1712.
& enferme abfolument a nud dans la cavitc de la poitrine. Aiilfi etoit-il
fee, dur, fa furface inegale & raboteufc; il avoic peu de grailFe , &: fa
grailTe etoit peu ondlueufc. Cette femme n'avoit jamais eu de fantc , ni
d'enfans en vingc annees de mariage.
Sur une conformation extraordinaire du Vagin.
\J Ne femme qui avoit etcmariee a I'age de feize ans, avoir le vagin G
ctroit , qua peine le tuyau d'une plume d'oie y pouvoic entrer j il nVtoit tet-
me par aucune membrane extraordinaire comme il arrive quelquefois j elle
fenroit une teniion doulotireufe a la marrice dans le terns de fes regies qui
ne pouvoient couler libremenr , ce qui faifoic foupconner que le vagin
ctoit encore plus etroic ducoce de la matrice , que de celui de I'orihce exte-
rieur ; d'aillears elle ctoit tourmencee par un mari jeune & vigoureux qui
efperoit toujours fe faire un palfage & n'y reulliiroit poinr. Enfin au bout de
onze ans elle devinc grolTe , fans que le mari cependant fuc plus avance que
le premier jour , ce qui s'accorde avec d'autres obfervations rappoittes par
les Auteurs. On craignoit que raccouchement ne fut impolllble; cependanc
vers le cinquieme mois le vagin commenca a fe dilater , & continua tou-
jours depuis , en forte qu'il prit a la fin une largeur naturelld &c ordinaire , Sc
quell temnie accouclia for: heureufement. On a cru, avec beaucoup As
raifon , qu'd mefure que la matrice s'etendoit par I'accroiircment du fa"tus,
par I'afiluence du fang , &c. le vagin qui eft uiie continuation de la matrice ,
'etendoit aulli ; encore fut-il moins dilate a proportion que la matrice , qui
dans les filles pent a peine contenir une grolle feve, & vient enfuite a cou-
tenir un enfant & touces fes dependances.
Sur une conformation fngulierc de la Luette.
JVx. DE L A Hi R E le fils , a dit qu'un homme de fa connoilTance s'sm-
pechoit de fentir !es mauvaifes odeurs en faifant remonter fa luette,
de forte qu'elle bouclioit I'ouverture par ou le palais communique avec !e
nez , ce qu'il avoir vu de fes propres yeux. On pourroit cruire que les
odeurs ne laiffenr pas pour cela de venir toujours frapper le nez ou eft le
fiege du fentiment ; mais comme on ne refpire point alors par le nez , elles-
ne font point attirees par la refpiration, & ont trop peude force pour fe
faiie fentic.
5P
COLLECTION
e
Acad. RoYALH r^ ' r? . a
Di-s Sciences Sur uti Fcztus monjlrumx.
DE Paris. t ...
, 1 L naquic a Grenoble un foetus monftrueux , more , mais que la mere avoic
Anna 1711. £-^^^^1 remuer pea de terns avant fa nailFance, & qui etoit de huit mois;
bien conforme dans toutes fes parties , aux dcrangemens pres qui le ren-
doienc monftre. Ce qu'il avoit de plus fingulier , c'eft qu'il portoit fon
Cffiur en dehors , pendu a fon cou comme une medaille, de forte qu'il pou-
voit aller & venit fur la poitrine. Ce cceur etoit d'une conformation natu-
relie, fans pericarde, attache a fes gros vailfeaux qui lui tenoient lieu de
cordon (S: qui etoienc a dccouvert comme lui ; ils avoient un palTage du de-
dans au dehors par le has de la partie anterieure du cou. Ce fait a ete bieu
attefte par les Medecins & Chirurgiens de Grenoble.
Sur un autre Fcztus.
iVJ. Mery a vu un autre foetus, male, venu a terme , qui n'avoit ni
cerveau, ni moclle ^piniere & qui a vecu vingt-une heurcs &c a pris quel-
que nourriture. La duce-mere & la pie- mere faifoient canal dans les ver-
tebres.
Ui
Sur unc Membraiu vendue par Ic vomijjement.
N homme age de j 5 ans , d'une complexion aflez tcrte , ayant eu il 7
avoit un an une attaque apopleptique , tomba dans des mouvemens convul-
fifs avec perte de connoilfance , &: de la dans une letargie. Enfin lorfqu'a
force de remedes on lui eut fait revenir la connoilfance , il fe plaignit d'une
douleur violente a la gorge , & en efFet il avoit beaucoup de peine .1 avaler.
On le faigna, & le lendemain il lui furvint un vomilfement ou il jetta un
canal membraneux de la longueur d'un doigt , & pendant le rede de la jour-
nee , il rendit en vomilfant , mais toujours fans jetter du fang , allez de dif-
ferentes portions membraneufes de canal pour fiire toute la longueur de ce-
lui de I'a-fophage. C'ctoit effeiftivement la membrane interieure de Tccfo-
phage qui s'etoit detachee, &c etoit forrie. Aufll cet honmie en avalant quel-
que liqueur fentoit-il comme une briilure, & on lui fit paffer cette douleur
pat les emulf.ons. M. Winslou qui a rendu compte de ce fait , vit le malade
bien gueri , exceptc qu'il lui reftoit un enrouement. Il lui voulut examiner
le gofier, mais il n'y apperc^ut rien d'extraordinaire , finon que la luette &
les patties voifines etoient legctement cnHammees. *
ACADEMIQUE. jj,
^ur un Ancvnfmc vral "".""a^KcVs'
Far M. L.TRE. '^^ ''^'^'^-
yj N homme age de quarante-quatre ans, etant more d'un anevrifme, je
fis I'ouvercure de Ion cadavre pout bien examiner Ics particalaritcs de ecus
maladie.
Get anevrifme ctoit un anevrifme vrai , c'cft-a-dire une dilatation extra-
ordinaire d'artere, fitue en partie fur le cou & en partie dans la poitiine ,
prefque parallelement a I'epine, s'etendant depuis la troifieme vcrtebre fu-
perieure du dos, jufqu'a la cinquieme infcrieure du cou , & couche dans
route fa longueur fur rarfophage, par fa partie fuperieure & moyenne fur
la trachce artere , & par fa partie moyenne & inferieure fur le corps du poii-
mon. U avoir quatre pouces de longueur fur deux & demi de lar-eur a
I'endroit de fon plus grand diametre; fa grolFeur ctoit incgrde, ctant plus
gros en fa partie infcrieure qu'en fa fuperieure, & en la fuperieure qu'en la
moyenne. U etoit rond & oblong , lille & uni , de couleur d'un rouge
brun , & fi dur , que qiioique j'appuyalle dedus fortement avec le doigt , il
s'aflfailloit pen. Ij ctoit fort adherent par devantau fternum , a la premiere
cote de chaque cote , & a la peau ; & par derriere aux inufcles qui couvrent
la trachee artere. Enfinil etoit contenu par route fa bafe a la paitie fupe-
rieure droite du tronc de la grolfe artere dont il n'ctoit qu'une excenfion &S
un allongement.
Apres avoir examine cet anevrifme dans fa fituation , je le feparai de rou-
tes fes attaches &: j'en fis I'ouverture. J'obfervai enfuite, i". que les parois
en etoient fotc denfes & d'une epailTeur incgale, ayant un quart de ligne
d'epailfeur dans les endroits les plus minces, & environ une lignc dans'^s
endroits les plus epais, de maniere que dans les derniers endroits, ks pa-
rois n'y etoient guere moins epaifTes que dans le refte du tronc.
J'obfervai z". que la moitie ds la cavite de Tanevrifme etoir occupce psr
une efpece de chair pc'ypeufe difpofee par femllets qui tenoient les uns aux
autres, & le plus extcrieur a la furface intcrieure de cette partie, de ma-
niere qu'on pouvoit les feparer fans les rompre, pourvu toutefois qu'on s'y
prit doucement.
J'obfervai 5°. que la mcme furface de cet anevrifme eroifunie aux en-
droits ou la chair polypeufe n'croit pas attachee , & qu'clle etoit incg:ile en
ceux ou elle tenoit. C'etoit vraifemblablement I'inegalite de cette furface
qui avoit donnc lieu a I'attache de la chair polypeufe, & I'inegalite ctoir
I'effet de I'crofion de la membrane caufee par que'lques fels fep.ues du fang
dans la cavite de I'anevrifme a I'occalion du fcjour qu'ii etoit oblige d'y
faire. "
Enfin les parois de cet anevrifme formoient en dedans deux efpeces de
cordon ; I'un etoit firue vers fa partie moyenne , il eroit de couleur rougea-
»re , epais dune ligne, ..^ il ne dccrivoit que les trois quarts de la circonfc-
rence. L'autie cordon etoit place a la partie infcrieure , fa couleur etoit
Annie 1711.
5 51 COLLECTION
■ blanche , il etoit beaucoup plus dur que le premier, epais de devrx ligiies^
Acad. RoYALE ^ faifoir le tour entier de ranevrifme. A I'endroit de ces deux cordons,
"nc pl^ifi^^^ I'anevrifme etoit moins gros qu'aux environs, & il y faifoit une efpece d'e-
tranglement.
Mnnu lyii. Tout le tronc de I'aorte, hormis a I'endroit de I'anevriCme, avoir con-
ferve fa premiere forme de canal j il etoit devenu plus gros & fes parois un
peu plus denfes; mais I'epaiiTeur paroilloit naturelle.
Ce tronc avoir deux pouces , & fix lignes de circonference vers fon origine
ou bafe , fix pouces dix lignes vers fon milieu , & deux pouces fix lignes vers
fon extrcmite. On remarquoir dans I'epaifTcur de fes parois du cote interne ,
de perites lames pierreufes , de couleur blanche , allez fragiles , de difftrente
largeur & de difFerente ^paiffeur. La furface interieure aux endroits ou il
ii'y avoir point de ces lames , etoit percee de quantite de petits trous , d'oii
il fuintoic quand je prelFois I'artere , une efpece de lymphe qui eroit claire &C
un peu mucilagineufe. Cette lymphe peut donner quelque fluidite au fang,
humeder la furface interieure des arceres , la rendre lilfe & gliffante, &: la
garantir de I'adtion des fels du fang.
L'artere axillaire dtoite avoit fa groffeur ordinaire, 8c fa furface exte-
rieure etoit unie par tout comme de coutume; mais I'interieure, a quatre
lignes de fon commencsment , eroit inegale fur une longueur d'un demi-
pouce j les parois y etoient un peu plus denfes, & deux fois plus epaitfes
qu'aux environs , & la cavite plus ctroite a proportion.
L'artere fouclaviere gauche etoit pareillement grofTe a I'ordinaire , & fa
furface exterieure cgale ^ mais I'interieure etoit inegale en fon commence-
rnent fur une longueur de trois lignes; fes parois dans la meme etendue ,
etoient un peu plus compadlies, trois fois plus epaiiles, & la cavite y etoit
plus etroite a proportion.
On obfervoit dans les parois de ces deux arteres , aux endroits marques ,
une legere teinte de jaune. Enfin l'artere carotide gauche , & I'aorte defcen-
dante eroient dans leur etar naturel.
Le coeur etoit gros , la cavire de fes ventricules, & fur tout du gauche ,
etoit ample , leurs parois denfes , mais un peu plus minces que de coutume.
Les poumons etoient pleins d'un fang groflier & noirarre; la trachee ar-
tere a I'endroit ou pofoit Tanevrifme , etoit plus epailTe , plus compare &
moins ronde qu'ailleurs. Enfin les branches & les veficules de ce vifcere
contenoient dans leur cavite beaucoup d'humeur qui etoit vifqueufe, tena-
ce & de couleur jaunatre.
Reflexions Jhr hi fans que je vUns de rapporter.
Premiere refltxion. L'anevrifme vrai n'crant , comme j'ai dit, qu'une di-
latation extraordinaire d'artere, on pourroit avancer que dans le tronc de
I'aorte de I'homme dont nous parlons, il y avoit deux anevrifmes vrais,
un particulier & un univerfel. Le premier qui a fair le fujet de mon obfer-
vation , n'etoit fait que d'une portion de ce tronc, & ie fecondl'etoit de tout
le refte.
Seconde reJUxion. Ces deux anevrifmes one etc produits par les memes
caufes.
I
ACADfeMIQUE. 5,,
caufes. La d'lininution de la cavitc des arteres , axillaiie droite , & fou- »
claviere gauche , en accela caufe occafionnelle , le fang la caufe inllrumen- ^(-\d Royale
tale , & le coeuc la caufe efficieiue. bjs Sciences
II eft aife de comprendre , i". que le fang poufTe fans cefTe du ventri- ue Paris.
cule gauche du ccEur dans le crone de I'aorte , ne trouvanr plus apres la Annie 17 ii,
diminution de la cavite de ces arceres , la mcme facilite dans fa diftribution ,
a dii faire plus d'efFoct fur les parois de ce tronc , les forcer peu a peu , les
dilacer excraordinairemenc , & former enfuice un anevrifme univecfel ; (I
routes les parties ont egalcment cede a cet effort , &c un parciculier outre
I'univerfel ; ll quelques-unes fe font lailfe plus etendre que les autres ,
foit qu'elles fe foient trouvees plus minces , ou d'un tilTu moins ferre , ou
bien que reffort du fang s'y foit fait fentir davantage.
II eft aife de comprendre , 1". que la circulation du fang en partie
interrompue dans les parois de ces memes arteres , y a pu donner lieu
A repaiffiirement du fang. L'interruption a pu avoir pout caufe le fronce-
ment des fibres qui compofent ces parois , ircitces par queiques felsextra-
vafes ; ou le relTort force de leurs membranes & de leurs vailFeaux patti-
culiers , force , dis je , pat le fang que le caur y poulfe fans ceflTe.
Dans ces cas , le fang n'ayanc pas fon cours libre , o'u n'ctant pas poufTe
a Tocdinaire , a dii s'arrcter &: s'amalFer dans la cavitc de ces vailleaux
particuliers , les dilater , en ecarter les fibres , en agrandir les pores ,
donner occafion a une plus grande quantite de fuc nourricier de s'echipper,
de s'engager entre l;s differens plans des membranes d;s parois , de fe
repandre entre leurs fibres , de les feparer , les eloigner , s'y coller de
part &c d'autre, Sc par confequent d'augmenter Ic-pailleur des parois de
ces arteres.
Tro'ifiimi rijlixion. La diminution confiderable de la cavite des memes
arteres ccoit I'efFec de lepailfeur extraordmaire de leurs parois ; d'autanc
plus que tout I'cpaifllirement s'etoit fait du cote interne , foit que la
circulation n'edt cte interceptee que da ce c6te-la , ou que les plans ex-
lernes euftent plus refifte a leur ecartemenc que les internes ; ainfi la
partie interne des parois devoir empieter fur la cavite , &: ia diniinuer
a proportion.
Quairiimc reflexion. On peut demander fi I'cpailleur extraordinaire des
parois de ces artetes , etoit un vice de la premiere conformation , ou
sil avoir cte contraifte depuis par quelque accident particulier. La feconde
propolltion me paroit plus vraifemblable que la premiere , par les raifons
iuivantes.
I-*. Le malade , queiques jours avant que de mourir , me dit qu'il j
avoir environ huic mois qu'il fentoit vers le milieu de la poitrine une
chaleur , un battement , 6c une opprelHon extraordinaires , qui avoient
toujours depuis augmentc ; trois ntcidens qu'cn peut facilement deduire
de la defer; prion de I'anin'rlfme que je viens de faire.
i°. II m'alFura audi qu'avant co mcme temps la , il n'avoit jamais
f^nti la moin Irs indifpolicion a la poitrine.
Eiifin le tilFu dss mem;s parois etoit irregulier , &; la furfaee interne
etoit inegaie j c'eft pourquoi il n'y a pas lieu de cruice que ce vice fiic
Tomt III , Farci'e Franioifi, A 4
554 COLLECTION
SS: contrade depuis quarante-quatre an* que cet homnie avoit vecu , nl meme
i\cAD.RoYAi.E '^^P"'* plufieurs annees , pmfque dans les enfans , & dans les adultes me-
DES Sciences nies , a peine remarque-t-on le calus d'un os qui a ece rompu quelques-
DE Paris. annees auparavant.
^nriie 17 12 Cinquumc reflexion. Les membranes du tronc de I'aorte , quoiqu'elles
' ' euffent dii etre fort minces a caufe de la grande dilatation qu'elks avoient
fouffertes , avoient cependant conferve ieur epailTeur naturelle , vraifem-
blablement parce qu'a mefure que ces membranes fe diiatoient , leurs pores
s'entr'ouvroient , il secouloit plus de fuc nourricier entre les fibres, il s'y
en colloit davantage , Si tiles gtofliiroient a proportion.
Sixieme reflexion. L'anevrifrne particulier a dCi fe tormer a Tendroit de
I'aorte , oij je I'ai obferve plutot que dans les auttes , toutes fes parties etant
fuppofees d'nne egale epailfeur &: refiftance , d'autant que ce tronc d'ar-
tere , dont la figure approche de la demi-circulaire , ne commence pref-
que a fe rccourber qu'a I'endroit ou cet anevrifme etoit (itue. Ainfi le fang
poulle par le cocur a du faire plus d'effort fur cetce partie , la dilater da-
vantage , & J caufer enfin un anevtifme.
Scpiieme & derniere reflexion. L'anevrifrne particulier a du fe former
plutot a la partie fuperieure de I'aorte , qu'a I'inferieure , & qu'aux late-
rales , parce que le fang qui en a ete la caufe inftrumenrale , a k deter-
mination de fon raouvement de bas en haut , par confequent fon effort
a du etre plus grand a fa partie fuperieure qu'aux autres j cette partie a
done du etre pouffee en haut , etre infenfiblement dilatee , former enfin
im anevrifme particulier , & cet anevrifme prendre fon accroifTemenc de
ce c6te-la.
Explication des principaux Jymptomes dont F anevrifme a ete accompagne,
Le malade fe plaignoit d'une pefanteur &: d'une douleur de tete , & d'une
foiblede dans les fondiions principales de I'ame \ ces trois fymptomes depen-
doient de la meme caufe , f^avoir de la compreflion que I'anevrifme faifoit
fur les veines jugulaires.
En effet ces veines etant comprimees , le retour du fang du cerveau au
Cffiur n'etoit pas libre , il devoir done en revenir moins , y en refter davan-
tage , & la tete etre plus pefante, De ce qu'il y avoit plus de fang dans
le cerveau , les runiques de fes vaifTeaux fanguins , fes membranes , &c.
devoient etre plus tendues , plus tiraillees , & foufFrir une efpece de di--
vulfion & de dechirement dans lefquels confide la douleur.
Les memes vailTeaux exceffivement remplis de fang , devoient eompri-
met les nerfs places dans leurs intervalles , & par confequent affoiblir les
fonftions de I'ame qui dependent de ces organes du mouvemenr.
Le malade fentoit encore de la douleur an cou , aux epaules , & au bras ,
parce que I'anevrifme etant fitue fur les veines jugulaires , audi-bien que
fur les fouclavieres par ou le fang revient de ces parties au ccsur , devoir
les comprimer , y rendre le mouvemenr du fang difficile , I'arretet dans
ces parties , celui-ci les etendre , ies forcer par fa quantire demefuree ,
les picotcer 6c irriter pac fes fels extravafes a I'occaaon du fejour du fang ,
A C A D 6 M I Q U n. ;5f
6i par ces deux moyens caiifer de la douleur a ces parties. =r=^=!!?T
II avoit beaucoup de peine ^ refpirer & a avaler, parce que I'anevrlfme Acad. Royalb
ctanc place fur la tracKee & I'oefophaee qui font les conduits de la refpira- des Science*
tion &: de la deglutition , les predoit tortement I'un & I'autte , & en rendoit de Paris.
I'ufage difficile, principalement a I'eiitree de la poitrine oii le pafTage etant Jnnce 1711,"
borne de tons cotes pat des parties olTeufes dont la refiftance eft invincible,
ces deux conduits ne pouvoient cludet cette preflion.
Get homme avoit le pouls du poignet droit, petit & foible , parce que,
comme je I'ai remarque, I'entree de la branche de I'artere d'ou part le ra-
meau qui fait ce pouls, etant fort diminuee, il devoit s'y porter peu de
fang, &: ce fang devoit s'y porter lentement, ce rameau fe trouvant trop
large par rapport a la quantitc du fang qui y pallbit. Ainfi ce fang ne pou-
voit ni en remplir la cavite & faire un grand pouls, ni en dilater les patois
avec force Sc avec impetuofite, 8c faire un pouls fort : ce pouls devoit done
ctre petit & foible.
Le pouls du poignet gauche etoit fi petit & fi foible qu'on ne le fentoic
prefque pas ; nous avons remarque que Tentree de la branche d'artere qui en
fourniiroit le rameau, etoit beaucoup plus petite que du cote droit j ainfi
I'artere de ce pouls devoit recevoir beaucoup moins de fang , fes parois ctre
nioins dilatees & plus foiblement , & le battement en etre prefque infenfible.
Enfin le malade tomboit en fyncope, lorfque ialfe de tenir la tete & is
cou dansune fituation droite , il les penchoit ou ctendoit un peu trop de
quelque cote que ce fut.
Lorfque la tete Sc le cou font penchcs en devant , les veines jugulaires font
un pli &: font comme etranglces : lorfqu'ils font punches en atriere , ces me-
rnes veines font trop etendues , & le diametre de leur cavite diminue , parce
que les parois s'approchent I'une de I'autrej & lotfqu'ils font penches fur le
cote droit , ou fur le gauche , les jugulaires d'un cote font trop flechies &
font des plis , pendant que celles de I'aucre font trop etendues.
Or, dans toutes ces fituations, les veines jugulaires fe trouvent preCTees,
& leur cavite diminue ; par confequent le retour du fang du cerveau au coeut
eft mal aife. Si Ton ajoute a ces predions celles que faifoit I'anevrifme fur les
memes veines, on n'auta point de peine a comprendre que les veines du
cerveau devoient ttre engorgees, &; que ces veines engotgeesdevoient corn-
primer les nerfs, de forte quecesorganes du mouvement etant genes, pou-
voient entretenir le mouvement du cceur fans interruption; or cette inter-
ruption eft toujours fuivie de fyncopes qui font plus ou moins grandes,
felon que I'interruption eft plus ou moins longue , & elle eft fuivie de la
mort meme lorfque I'interruption eft de quelque duree.
^l
A4
55^ COLLECTION
Acad. Roy ALE
DEs Sciences £)g I'aSion du Fer pris interkurcment , & de Jes preparations.
.'Innh 1713. T , ,
I lE fer a roujours etc un grand remede pour plufieurs maladies, fur-tout
pour celles qui viennent d'obftrudlion ou de I'embarras de la circulation,
comme les pales couleurs. M. Lemery qui I'a beaucoup etudie, fe propofe
de rechcrcher fa maniere d'agir , & ce qui eft bien plus important, la ma-
niere la plus avantageufe de I'employer.
ll i.\onfidere le fer comme un melange d'une fnbftance huileufe ou fulfu-
reufe avec une matiere metallique. L'huile abonde dans ce melange, & ii
refte de grands pores entre les parties du mixte. II fuit de-la ( & .de I'expi-
rhme) que le fer eft tres-facile a diflbudre, & que fon huile fe degage aife-
ment. Mais quand il eft decompofe , c'eft-a-dire, quand I'huile eft fepaiee
de la partie purement ferrugineufe ou metallique, aucun diftblvant n'agic
plus fur ceste efpece de tcte-morte , qui cependant n'en eft que plus fufcep-
<ible de I'adion de I'aimant,
Ce qui vient d etre dit fuffit pour faire connoicre Tabus de plufieurs pre-
parations de fer ulitees dans la medecine, lefquelles confiftent a calcinet
violemment ce metal, & a le reduire par cette calcination en ce qu'on ap-
pelle crocus ou faftan , a caufe de la couleur rougeatre que lui imprime Tac-
tion du feu. Cette operation violente a du necelTairement enlever au fer fa
fubftance huileufe , du moins pour la plus grande partie, & ne lui laiftec
qu'une tete-morte indilfoluble. L'huile qui fe fepare facilement de ce
mixte , s'en feroit feparee par la chaleur de Teftomac , &C auroit pone dans
le fang , comme dit M. Lemery, un nouveau levain fpiritueux dont il avoir
befoin ; &; au lieu de cette huile on ne prend qu'une terre fur laquelle
les fucs du corps ne peuvenc agir, & qui ne peat qu'embarrafler Si que
charger les premieres voies. Auffi M. Lemery a-r-il fouvent eprouve , &:
ahabiles Praticiens le confirment, que le fer pris en fnbftance, ou, ce qui
revient au meme, en limaille fort fine, vaut beaucoup mieux qu'en crocus.
M. Lemery a meme reconnu que le fer agifToit par route fa fubftance
comme abforbant, & il s'en eft fervi avec fucces pour amorrir des aigres
fcorbutiques de Teftomac, lefquels fatiguoient horriblement le malade, &
qui n'avoient cede ni a tous nos abforbans terreux, ni u aucun autre remede.
Non-feulement les acides nuifibles du corps enrrent dans le fer , mais en
y entrant ils en font fottir & en expriment fon foufre ou fon huile qui
d'ailleurs eft mife en mouvement, ou gonflee &: difpofee a fortir par la cha-
leur naturelle. Ainfi le fer eft doublement utile & par l'huile falutaire qu'il
fournit au fang, & par les fels nuifibles qu'il en retire.
Il paroit fuivre de-la qu'un fer deja tout charge d'acides, tel qu'eft le
vitriol, ne feroit plus capable d'aucun bon effet. Cependant on connok ce-
lui des eaux minerales vitrioliques , & dans quelques maladies le vitrio!'
a le meme fucces que le fer pris en fubftance. Cela peut venir de ce que
les acides qui ont penetre le fer, n'en ont pas chaftetoute l'huile, & fe font
unis avec celle qui eft reftee dans fes pores. Cela fuppofe , la meme opera-
I
A C A D t M I Q U E. 557
tion par laquelle on fait de Tencre avec du vitriol & de la teiiuure de gal- -«—
les, fe pafle dans notre corps; car I'alkali fulfureiix de la gaile, s'uiiit a a^ad-Royale
I'acide qui tient le fer dilFous dans le vitriol , le detache du tbr , & parla p^j Sciences
revivifie le metal , & nos liqueurs aikalines ou fulfureufes aj^ilTent de la mc- de 1'aris.
me maniere fur le vitriol que nous avons pris, Sc en revivihent le fer; j4„„ic 171$.
aufli I'ufage interieur du vitriol rend-il fonvent les felles toutes noircs.
Comme le fer eft extrcmement divife dans le vitriol , il eft plus capable ,
lorfqu'il en eft dcgage , d'entrer dans les plus petitcs routes de la circulation,
& d'y repandre fa vertu ; mais aufli les acides auxquels il eft mcle le rendenc
Iropaftifj il ne peut cire pris qu'a tres petites dofes fous cette forme, &
encore doit-on I'empater ou le noyer dans beaucoup d'eau fi Ion vcut me-
nager I'eftomac qui en relTent toujours quelques picotcmens. M. Lemery a
trouvc une preparation qui reunit tous les avantages du vitriol fans en avoir
ies inconveniens ; c'eft fon arbre de Mars. Le falpctre qui s'y forme pat I'u-
nion de 1 efprit de nitre & du fel de tartre , eft un fel tresdoux , tres-apcri-
rif & tres-propre a ctre le vehicule d'un fer extrcmement attenue comme il
I'eft dans cette preparation; Sc d'ailleurs la partie fuU«reufe du ter qui y eft
tres rarefiee Sc tves-developpee , n'en peut ctre que plus propre a fe Icparer
abondamment du metal, & a fe meler intimement aux i'ucs de notre corps.
M. Lemery en a donnc en pillules, depuis la dofe d'un fcrupule jufqu'a un
gros, dans des cas d'obllrudtions de vifceres, d'affedions fcorbutiques &C
oedcmateufes avec (uppreflion d'utines, de gonorrhees opiniatrcs, de Heurs
blanches , & roujours avec fucccs.
De quelgues autres propr'utes du Fer relatives a la Medecine.
J_i'Article precedent n'a point epuife les vertus du fer; il n'a point touchi^-
a fa ftipticite que M. Geofftoy a confideree particuliorcment, & a laquells
feule il attribue deux efFets oppofcs que le fer produit en medecine.
Ce metal eft aperitif & aftringent, quoique ouvtir & rederrer foient
contraires. Pat exemple, il eft aperitif puifqu'i) remedie aux pales cou-
leurs, & qu'il rappelle Tevacuation fupprimee : il eft aftringent, pulfque
lorfque cette mtme evacuation eft trop abondante , il la remet dans fes bor-
nes naturelles. M. Geofiroy pretend avec beaucoup d'apparence qu'il n'eft
aperitif que parce qu'il eft aftringent. Les canaux qui conduifert les li-
queurs dans le corps de I'animal , ne font pas de llmples canaux privcsd'ac-
tion ; ils aident eux-mcmes au mouvement des liqueurs qa'ils conduifent,
& cela en fe reflerrant &; en diminuant leur propre capacite, ce qui atteiiu3
les liqueurs & en mtme tems les oblige d'avancer. Cet efFet depend du ref-
fort des fibres de ces vailTeaux , & d'une certaine proportion de forces qui
doit ctre entre ee rcffort 5c la refiftance des liqueurs. Si le reflbrt des fibrej
eft afFoibli , & que les liqueurs ne foient plus (uffifamment battues & pouf-
fees> elles s'amaflent dan; les vailTeaux en trop gtande quantite, & alors il
arrive on qu'elles s'epaiffilTenc & demeurent prefque coaguUcs , ou qu'il
558 COLLECTION
' sen echappe atravers des pores des vaifleauxune partie qui s'epanche aa"
Acad Rovale '^^'^o" > i^ que meme elles les rompent &c fe font de nouvelles routes pour
DES Sciences fortir. Dans le premier cas I'ecoulement eft arrete , dans le fecond il eft trop
DE Paris. ahondant; I'un & I'autre efFet eft caufe par le relachement des fibres que
Jlr,^J. .-ri- corrige lartipticitedufet la). Il eft vifible que le meme raifonnement s'ap-
plique a toutes les maladies ou ce relachement a lieu ; car un des grands
principes de la mechanique da corps eft I'equilibre ncceflaire entre les
Huides qui font pouires, &c les folides qui poulTent.
La ftipticite du fer etant done fi utile , il eft bon de la porter par art a fa
derniere perfeiStion. C'eft ce que M. Geoffcoy a fait par trois operations
difFerentes que lui donnent une eau mere de vitriol rougeatre , ondlueufe ,
extrcmement ftiptique , fans aucune acidite ni corrofion. Il la tire du
vitriol , parce que le fer qui y eft fort divife & attenue , eft plus en etat de
recevoir la forme qu'onveut, & fe prgfente mieux a I'artifte. Le vitriol a
ete plulieurs fois dilFous, filtre, enfuite cryftallife, & I'eau mere eft ce qui
eft refte de liqueur apres chaque cryftallifation. Il en refte une pareille de
tons les fels folliles qu'on a traites de meme ; & comme en reiterant toujours
i'operation, il fe refoudroit a la fin entierement en cette liqueur, on la
nomme eau- mere parce qu'elle contient cous les principes du mineral,
quoique defunis & alteres.
M. Geoffroy s'eft fervi avec fucces de fon eaii-mere de vitriol , tant au-
dedans qu'au dehors contre les hemorrhagies , foit internes, foit externes ; il
la prefere aux gouttes anti-phtihques des Anglois dans les ulceres du pou-
mon , des reins , de la velTie.
La preparation dont il le fctt le plus fouvent &c le plus heureufement , eft
le vin chalybe, c'eft-adire dans lequel on a fait infuferde la limaille de fer.
•Il regarde le vin comme le diffolvaiit le plus con venable en pareil cas, parce
qu'il agit par fon huiie fur le bitume du fer , & par fon acide fur la partie
metallique. On en donne environ quatre onces le matin a jeun dans quel-
que apozeme aperitif, & autaiit I'aprcs-dinee ; ou bien on I'etend dans beau-
coup d'eau qu'on fait boire au malade en guife d'eau mincralepour la fup-
preflion des regies & les maladies d'obftru6tions. Dans les foibleftes d'efto-
mac & les devoiemens , le malade met une cuilleree de ce vin dans chaque
verre de boilTon qu'il prend. Voici une pierre vulneraire compofee dont il
a vu de fort bons effets.
Prenez limaille de fer & pierre hematite pulverifees , de chacune trois
onces, crime de tartre fix onces; fiites-en une pace avec le vin que vous
ferez digerer & fcchsr au foleil d'cte , la remnant de terns en terns : reite-
rez les digeftions Sc exficcatio)is jufqu'a ce qu'on n'appercoive plus de fer.
Alots mettez votre pate feche en poudre fort fubtile ; mclez y exaCtement
du maftic en larmes & du fafian bien pulverifes, de chacun une demi-once :
faites dilToudre dans le vin une once d'alccs & autant de myrrhe ; arrofez
vos poudtes de cette diffolucion, & verfez par-de/Tus du vin a la hauteur
(a) Poiirva que robftruttioii ou en general I'obftacle ne foi: pas inrufmontable ; car s'ii
I'etoit , I'ufat^e du mars leroit perniqicux ifommc dar.s les hydropilies iiiveteiccs , datis les
obfkiiclions iquirreufes & daris les affcdionS'fcotbuciques poufliSes au dernier dcgnf.
A CADfeMIQUE. 559
<3e qoatre (Joigts; lailTez le touc en digeftion, remuant de rems en terns,
puis evaporez jufqua ficcitc. Remettez la pate en poudre , humedez-la
avec I'eau-de-vie & en formez des boules que \'ous ferez fecher pour gar- Acad. Royale
jgj^ * " DES Sciences
D£ Paris.
jinriit 17 1 J.
I
Sur le Qulncjuina.
J. L eft a fouhaiter que I'ufage d'un bon remede s'etende aurant qu'il eft
poflibic, & en mcme tems il eft a craindre que parce que ce remede eft
Don, Ton n'en etende I'ufage trop loin. De plus, il u'y en a point done
I'application ne demarde un foin fort circonlpeit & de grandes varicrcs.
Celt dans ces vues que M. Reneaume a ctudic le quinquiii.i fur un grand
nombre d'obfervations qu'il en a laites, & dont voiti les rcfultats qui ont le
plus de rapport a la pratique de la medcciiie.
Le quinquina eft fenfiblemert amer , abforbant , aftringenc ou ftiptique *
car M. Reneaume ne va point chercher fes proprictcs dans la decompofition
chymique de fesprincipes, & il pretend quece mixte, ainfi que beaucoup
d'autres, agit non par fes principes dtfunis, mais par leur aflemblage qui
forme des molifcules fenfibfes & groflieres.
De ce que le quinquina eft amer , il s'enfuit qu'il adoucit les fucs aigres
car I'aigre & I'amer lont le doux. De ce qu'il eft abforbant, il Aiit qu'jl
emoulTie les acides & empeclie leur adion j par confequent il entretient la
fluidite des liqueurs que les acides coaguleroient. De ce qu'il eft ftiptique
il fuit qu'il a des parties terreufes qui abforbent les ferofites , ce qui tait que
les parties qui en etoient abreuvees He relachees, fe reflerrent , & par confe-
quent le quinquina augmente le reftbrt &C la fermete des fibres ou les leur
redonnent.
Le quinquina echauffe parce qu'il eft amer , & il facilite ou retablit la
tranfpiration , parce qu'il echauffe & augmente la fluidite des liqueurs. C'eft
fur ces proprietes qu'il faut fonder les ufages du quinquina en mcdecine : fi
les alimens s'aigrilknt trop dans I'eftomac , & que la bile qui doit les adou-
cir en fe mclant avec eux quand ils en forrent, ne pui'lFe corricer cette ai-
greur exceflive , ou que quelque obftruftion dans les conduits biliaires, I'em-
peciie de couler en alTez grande abondance, le quinquina fuppleera a fon
defaut , & guerirala (levre qui aura eu cette caufe. En general il paroit fai-
re la fondlion de la bile , &: parl.i il procure au chyle la douceur necefTaire ,
& repare le vice des digeftioi.s qui confifte dans I'aigreur des fucs. Mais fi la
,. fievrc ctoit caufee de plus par quelque obftrudion confiderable dans les con-
" duits biliaires, le quinquina, tant qu'on en feroit ufage , pourroit bien tenic
lieu de la bile qui manqueroit ; mais il ne vaincroit pas I'obllrudion , &: la
fievre reviendroit djs qu'on le quittcroir.
Si la fievre vient de Icpailliflement des liqueurs caufe par des acides, la
qualiteabforbantedu quinquina retablit tout &promptement,& fans retour.
Si I'eftomac dont les fibres font relachees garde rrop peu les alimens & les
laifte fortir trop crus, la Aipticite du quinquina remet les fibres dans leur
tenfion nacurelle,
5^* CO L L E C T I O N
Enfin la tranfplration diminuee reviepdra par ce remede a fa premiefe
AcAD.RoYALE quantitc, & comme routes ces differentcs caufes on feules ou combinees
DEs Sciences gnfemble, produifeiu prefque routes les fievres, il doit y en avojr peu que
DE 1 ARis. jg q^iinquina ne guerilFe.
Annee 171 J. Cellesqu'il ne guerit point & que meme il agrave , ce font les fievres len-
tes caufees par quelque abfces interne.
M. Reneaume, d'apres Texempic? & les inftrudlions de Sidenham , a
donne le quinquina fouvent & avec fucces dans des afFefftions melancholi-
qnes Sc hyfteriques que Ton appelle communement vapeurs, fur-tout quand
elles ont eu des acces bien marques , 8c encore a la fin de quelques dylTen-
ferico.
Extrait d'un Mitnoirc de. M. Li tkb /iirl'Hj drop ijie
tympanite.
J,_('a r R n'entre pas feulement dans notre corps par la trachee , il y entre
encore par Tcefophage mele avec tons les alimens que nous prenons. Comme
ces alimens fermentent enfuite dans I'eflomac Sc dans les inteftins, I'air fe
degage d'avec ces matieres , &C quand elles ne remplitTenc plus les cavites
de ces vifceres, ou qu'elles les rempIiJent moins, cet air degage y de-
meure, les remplit Sc les tient dans une extenfion convenable j car fi elles
etoient entierement vuides Sc de matieres groflieres & d'air , le refTort natu-
ral de leurs fibres qui ne demandent qu'a fe contrafter , & leur propre pefan-
teur les affaifferoient. L'air renferme dans I'eftomac & dans les intedins,
agit done contt'eux pour tenir leurs cavites en ctat , & il agit par fon relTqrt
qui s'eft etendu lorfqu'il u a plus ete emba'rrafie entre les alimens , & qui de
plus eft augmente par la chaleur du corps. Amd il y a equiiibre entre I3
force de l'air pour etendre I'eftomac & les inteftins, Sc la force de ces vif-
ceres pour fe rederrer j & Ton peuc confiderer ces vifceres comme des muf-
cles cteux dont l'air eft I'antagonifte. ' . ,. r.
Si I'equilibre fe rompt parce que la forfe des fibres de ces vifceres irri-
tces, fi Ton veut, par quelque humeur, fera devenue fuperieure a cetle de
Fair , il faut que l'air en foir chafTe, puifqu'ileft n'^Ceffaire alors que les vif-
ceres fe relTerrent; Sc de 11 les deux eQjeces de verits qui fortent du corps.
L'cqullibre peut fe rompro auffi, p.irce que la force de i'air fera devenue
fuperieure a celle des fibres, & c'eft co qui arrive lorfqu'aprcs une longue
maladie les fibres font depour-Aies de leur refTort ordinaire. Alors l'air. s'e-
tend en libertc & anghieute a fon gre , pour ainfi dire , les cavites qu'il ren-
ferme; Sc comme par la voie^les airmen's il' arrive roujovjrs de rouvel aic
qui fe joint a I'ancien j &'qne d'ailleurs le relTpft des fibres une fois foTc^
jufqu'a un cetrain point ne fe recablit plus & rififte toujours de moins en
moins, i'endure d'air peut devenir tres-confiderable & mcme prodigieufe.
M. Littre a vu quelquefois des inteftins gros comme la cuilTe d'un homme,
Il eft prouve par les obferv'ations de M. Littre , que le' ventre des m^Iades
de la tympanite, refonne comme un tamboutmeine'aTi'r& leur liiort , que
•"^"■""•"- Von
A C A D^ M r Q U E, ^gj
I'onne trouve de I'air que dans reftomac & dans les inteftins dont les mem- ..— .
branes font tres minces & fans redort; qu'une ponaion qui nc fetoit faite Acad.Royaie
qu'au ventre ne ferviroit de rien puifqu'il n'y a point d'air dans la cavitc du Di% Sciences
ventre, & que celle qui feroit faite dans les inteftins ou eft I'air, pourroit
avoir des fuites funeftes a caufe des cpanciiemens de tous genres qu'tlle oc-
cafioneroicj'que les maladesqui fonr gonflcs de vents n'en rendent prefque
jamais a caufe du refTort affoibli des membranes inteftinales; que le plus
fouventilsne reflfencent aucune douleur, parce que Texcefiive diftention
equivaut a une compreflion dont I'effet eft d'engoutdir les parties compti-
mces j enfin que cecte maladie eft prefque toujours mortelle.
DE Paris.
ylnriii 171 J.
Obfcrvations fur unc efpec& d'enflurc appellee Emphyfeme.
Par M. L I T T R E.
JLi'ENFLURE nommie emphyfimc eft une tumeur centre nature remplie
d'air. -
Cette tumeut a fon principal fiege dans la graifTe fous la peau qui recou-
vre la poitrine. Lorfqu'avec le doigt on la prelfe , on fent une efpece de
freciUement : le doigt y fait aifement une impreffion ; mais prefqu'aulli tot
que la preftion celTe, la partie enfoncce fe releve, Sc le creux fe templir.
Enfin cette tumeur accompagne quelques-uncs des plaies qui penetrent dans
la capacite de la poitrine.
On divife les plaies qui penetrent dans la capacite de la poitrine, en cel-
les qui parviennent jufques dans la capacite, mais qui ne bleffent aucune
des parties qui y font contenues & que nous appellerons plaies pcnitranus
fimpUs; Sc en celles qui parviennent non-feulement dans la capacite, mais
qui blelFent les parties contenues, &: que nous noramerons p/aiis penctra-ius
compofeis. Les unes & les autres peuvent crre fuivies d'un emphyfeme.
Les plaies penetrantes fimples font fuivies d'einphyfeme , loriqu'ellcs font
crroites, que leur diredioii fe trouve tortueufe , & que par leur moyen il
entrc de I'air dans la capacite de la poitrine dont il ne peut fortir p.u I'en-
droit par ou il eft entre.
Les plaies penctrantes compofees font aufll fuivies d'emphyfeme comme
les limples, lorfque leur diamerre eft petit, & qu'avec cela le poumon eft
blefle fans Tare pourtant confiderablement. A quoi il faut ajouter cette
coiidition , que les autres parties renfermees dans la capacite de la poitrine ,
n'aieiu point cte bleilces, ou I'aient hi legerement. La raifon de cela eft
que lorfque la plaie eft confiderable dans ces parties , il s'epanche une fi
^rande quantity de fang dans la capacite de la poitrine , que le blelFc eft
etouftc avant que I'air qui s'y epanche audi , puifte former un emphyfeme.
D'ailleurs, quand meme la mort n'arriveroit pas, le fang prefle trop le
poumon (Sc embarraJe trop i'air, pour qu'il puilTe fe faire un emphyfeme.
On n'a point d'emphyfeme a craindre , ni dans les plaies penctrantes fim-
ples, ni dans les penctrantes compofees, lorfqu'elles font larges , droitts,
Tome III, PartU Francoifc. 3 .
5(J4 G © E t E G T I O 51
•m^-^"*^^^ 5i que I'air entf e par ces plaies dans la capacite de la poitrine , en peat fortif
Acad. Royal's librement par U' mfeme voie qu'il y eft entre.
BES Sciences L'air peut parvenir dans la capacice de la poitrine par deux^ voies, & de
DE 1 ARis. deuxendroicsdiff^rcns. Dans les plaies penetrances fitnples, il eft conduit da
^nnee I7r> dehors par lapiaie, &Outrff ce premier paiFage, le poumon dans les pene-
tranteSicornpofees €n fournit un fecond par rendroit ou il aete blelFe. On
vafvoirdansce qui fait la trtaniete done tout cela peuc fe faire.
Nbtfe refpiratioH eft cotnpof& de deux fortes de mouvemens qui fe fiic-
cedent I'un a Tautre- fans relache pendant que flous vivons. On donne le
nom d'infpiration a I'un de ces mouvemens , & celui d'expiration a I'autre.
Dans I'infpiration la poitrine eft dilatee par des mufcles dellines a cet ufage :
par I'aiftioTTdrceS" mufcles, le? paroiis de^la poitrine fetrOuvent difpofes dg"
maniere que les cotes ducote droit s'ecartentde celles du cote gauche, le
y?i;'-A!a/7J s'oloigne dtes-vettebres du'udfe^, & le diaphragme defcend dans la ca-
vite du ventre.
Lorfque la poitrine fe dilate', d'Un cote fa capacite s'^largit a proportion ,
& le poumon qui y eft concenu en fait de meme ; il fe moule a la capscit^,
Toccupe & la remplit, de forte qu'il n'y refte atrcun vuide : de I'aurte cote,
fes parois acqucrant plus de volume, pouffent de tous cotes I'air qui les en-
vironne , & le determinenr a s'engager dans le poumon ou ii rencontre
nioins de refiftance. Par la meme raifon il s'infinue de i'air entre les pan-
naux d'un foufflet lorfqu'on les ecarte I'un de I'autre : le reffbn de l'air & fa
fiefanteur concourent encore a le faire entter dans le poumon pendant la di-
atation de la poitrine.
La bouche & le nez donnent a l'air Mn pafTage poitr atriver a la trachee
artere; celle-ci fe divife en plufieurs branches & enune infinitude rameaux
qui fe terminent en de petites veiicules. L'infpiration finie , I'expiration
commence , en voici la raifon & la maniere.
Lotfque les mufcles qui fervent a dilater la poitrine , fe menent en con-
tradion , ils tirent & allongent ceux qui la doivent rclTerrer. A I'occafion
du tiraillement & de I'allongement des mufcles deftinifs a reffetrer la poi-
trine , leurs nerfs , leurs veines & leurs arteres fe trouvent preffcs , leur dia-
metre diminue , & il n'y coule prefque plus ni efprit ni fang', jufqu'a ce que
I'effort que font les efprits & le fang arietes a Tentree des mufcles pour y
entrer , devienne fupetieur a celui des efprits & du fang qui tiennent les muf-
cles antagoniftes en contraftion , a quoi donne bien-tot lieu la diffipation
continuelle d'efprits qui fe fair dans les mufcles qui font en contradion,
pendant qu'au contraireil fe porte & s'accumule de plus en plus du fang &
des efprits dans les vailTeaux des mufcles allonges & relaches. Par cette mc-
ehanique, les mufcles deftinesa refTerrer la poitrine, fe contradent a leur
tour , & tirent &C allongent ceux qui fervent a la dilater; & ces deux mou-
vemens une fois etablis, fe produifent I'un I'autre alternativement pendant
hi vie , qui commence par l'infpiration & finit par I'expiration,
Dans I'expiration la poitrine fe refferre; en fe relFerrant elle prelfe !e
corps du poumon , & par cette preflion elle determine chacune des parries
de ce vifcere a fe refTeriisr aufli par les fibres chainues dont ellesfcn: munies.
A<: A D 6m IrQ U E. jtfj
Tar ces d«ux moyens I'air eft clia(Fe dcs veficules &c des bronches du poumon, -
& poude liors du corps par la bouche & par le nez. _
Les mufdesdu ventre en fe contradant en mcme terns que ceux qui ref- ms'scixncis^
ferrent la poitrine, concourent a la mcme adion : en effet en poud'ant les de P-ARrs.
parties enfermces dans la capacite centre le diaphragme , ils prellent le pou- j^nnie jti j.
mon en le poulTant de bas en haut , pendant que les cotes le prellent par les
-Cotes, tk le fternum par devant.
L'infpiration & I'expiration dans I'ctat nature!, fe font d'une maniere ai-
fce, douce, egale & reguliere , au lieu que dans I'ctat contre nature, ces
deux mouvemens fe font difficilement , avec violence, & d'une maniere
precipiree & irreguliere. En etfet, lorfque la poitrine eft bleftee, fur-tout
ii la plaie penetre dans la capacite, &: encore davantage fi clle entame le
,poumon , il fe glilTe de I'air & s'epanclie du fang par ces plaies dans la ca-
pacite, qui gcnent & fatiguent ce v;fcere, Sc I'empcchent de fe dilater a fon
ordinaire , parce que cesdeux liquides epanches occupent une partie de I'ef-
pace que ce vifcere devoir occuper feul.
Pour lots le bieffe fait maciiinalement des refpirations plus promptes,
plus frequentes & plus fortes, mais moins grandes, d'ou il refulte, fans qu'il
y peiife, une efpece de compenfation, c'eft-a-dire qu'il re^oit plus d'air
dans le poumon , &c qu'il fe trouve foulage en quelque maniere.
Pendant ces deux mouvemens violens, fur-tout pendant celui de I'expira-
tion , I'air epanchc par la plaie dans la capacite de la poitrine , preft^e 8c poufte
fortement de tous cotes, fait effort pour s'echapper. II s'cchappe enlin dans
les plaies penetrantes llmples par I'ouverture qui eft dans la pievre , les muf-
cles iiitercoftaux, &c. & dans les plaies penetrantes compofees, ii s'echappe
& par I'ouverture de la pievre , & peut-etre par celle qui eft dans le poumon.
Si I'air qui s'echappe de la capacite de la poitrine par I'ouverture de la
pievre , ne trouve pas ouvert le refte de la route qui lui a donne entree d«ns
cette capacite parce quelle eft bouchee & fermee en quelqu'endroit , foic
t(ar un arrangement nouveau des chairs coupees, foit par leur reunion : pour
ors cet air cherche a fe faire d'autres voies a travers les premieres parties
qui fe prcfententiil force peu a peu & les liens qui les attachent eiitr'el-
les, & ceux qui tiennent ctroitement jointes enfemble les fibres dont ces
parties font compofees j il fepare & ecarte les unes des autres , & les oblige
a ceder a fon effort & a lui donner paftage : de ces parties il paffe a d'autres
plus eloigneesfoutenu par un autre air qui fans celte le pouflTe par derriere.
Celui-ci eft poulle par un troi.leme &c ainfi de fuite , & d'interftices en in-
lerftices, la plus grande partie de cet air parvient enfinjufqu'a la peau oail
eft arrete par la denfite & I'epailTeur de cette membrane , pendant que I'autre
demeure en chemin dans les Intervalles des parties ou deleurs fibres.
L'air qui parvient jufqu'a la peau, fe loge principalement dans les cellu-
les de la grailfe qui eft au-delTous, lescteiid, s'y accumule, fouleve la peau ,
& forme avec celui qui eft atrete dans les interftices des autres parties, ki
lumeur^qu'on appelle emphyfeme, d'ou il parok que Je poumon pioduit
ici le meme effet que le foufflet que le Bouclier emploie pout detacher plus
facilement la peau d'un veau ou d'une autre bete.
L'air qui dans les plaies penetrantes compofees s'infinue de la capacite de
B41J
5<f4
COLLECTION
= 1
a poitrine dans le poumon par la plaie de ce vifcere , peut gagner infend-
AcAD. RoYALE blement les racines des veines & des vailTeaux lymphatiqiies , fe porter dans
D£s Sciences lesrameaux, les branches & le tronc de la veine pulmonaire, & enfin au
DB Paris. -ilj j -i- rr ,
ventricule gauche du coeur : de ce ventncule , cet air peut palTer par le
■linnec iyi}. rnoyen des arteres jufqu'a la peau; la peut s'echapper par les glandes de
la graifle dans fes cellules , ou fe melant avec I'air qui y eft porte par la pre-
miere voie, il concourt avec lui a la produftion dumcme emphyfeme. L'ex-
perience nous apprend que dans les emphyfemes, le pus contenu dans la
capacite de la poitrine, palTe dans les poumons par les racines des veines,
qu'il fe porte dans les reins & fort du corps avec les urines.
L'emphyfeme qui fuit les plaies pcnetrantes fimples, ne fauroit etre ni
conliderable , ni dangereux , parce que I'air qui le produit eft en petite quan-
tite , qu'il fe diflipe bien-tot par la chaleur &c le mouvement des parties voi-
fines , & qu'il ne fauroit etre reparc par un nouveau , la voie par oil ce noa-
vel air pourroit etre porte du dehors du corps dans la capacite de la poitrine,
fe fermant apres la formation de cet emphyfeme en quelqu'endroic de fon
etendue.
Pour l'emphyfeme qui furvient aux plaies pcnetrantes compofees , il elV
aife de concevoir qu'il peut devenir bien plus confiderable. Cet emphyfe-
me a non-feulement pour caufe le mevne air que les plaies pcnetrantes fim-
ples, mais encore celui qui s'echappe continuellement du poumon par lai
plaie de ce vifcere.
Cet emphyfeme peut durer autant que la vie du bleffe , parce qull ne vie
qu'autant qu'il refpire, qu'il ne peut refpirer que fon poumon ne fe dilate
Sc ne fe rellerre alternativement ; or le poumon ne peut fe dilater que fa
plaie ne s'entr'ouvre, ni la plaie s'entr'ouvrir qu'il ne s'echappe de nouvel
air dans la capacite de la poitrine, & qu'il ne s'y en echappe autant qu'il
en faut pour faire dnrer l'emphyfeme durant la vie dublefle, a moins c]ue
la plaie du poumon ne vienne a fe guerir, ce qui eft difficile, tant a caufe
du mouvement continuel de ce vifcere , qu'a caufe que I'air enferme dans la.
capacite de la poitrine I'irrire continuellement. Dans I'expiration le pou-
mon eft prefle par les parties qui I'environnent , Si il fe re(Terre par fes pro-
pres fibres charnues, deux caufes qui doivent donner lieu a I'air de s'echap-
per du poumon par fes veficules ouvertes, de paffer dans la capacite de la
poitrine , & de fournir de quoi entretenir l'emphyfeme.
Voici a prefent mon obfervation. Un homme age de trenre ans, d'une
conftitution fort fanguine , trescharnu & d'nne vigueur extreme, recut im
coup d'epee a la poitrine dont il mourut cinq jours apres :on I'auroit peut-
etre fauve s'il avoir voulu fouffrir I'operarion de I'empyeme.
Durant fa maladie, il lui furvint un emphyfeme d'ane grandeur monf-
trueufe ; on le faigna fix a fept fois parce qu'il crachoit du fang & qu'il ne
pouvoit refpirer qu'en faifant des efforts de la detmere violence, &fur-tour
pendant les derniers jours.
Le blefte etaht morr j'ouvris foncadavre, j'en examinai principalement
,, troischofes: i". I'emphyfime, z". lesyeux, & 3". ha poitrine avec fa plaie.
L'emphyfeme, qui d'ordinaire n'a que deux a uois pouces d'epaiffeut
A C A D t M I Q U E; j(fj
& qui n'occupe qu'une parrie de I'liabitude de la poitrine, etoit dant ce ca- „^___^i,,^l^
davre, cpais de onze pouces ,& occupoit toute I'habitude ducorj^s , exceptc " ~
la plante des pieds , le dedans des mains & la partie fuperieure de la tcte. Acad. Ro yale
,, ' ■ I ' • / I . n. ' J '^ J » ' J 1 1 • Drs Sciences
II etoit plus epais lur la poitrine qn au relic du corps ; du cote de la plaie , ^j jJAms.
que du cote oppofe , ^ par-devant que parderriere ; il avoit onze pouces .
d'epailTeut fur la poitrine, neuf fur le ventre , 6 au con & 4 dans les autres " '7'J'
patties du corps. La plus erande partie de I'air qui produifoit I'emphyfcme
etoit contenue dans les cellules de la grailFe fitUL-e fous la peau.
Get empliyfeme etoit plu5 epais a la poitrine qu'au relte du corps, parce
que I'air qui pouvoit produire rertipliyfemc, devoir fortir de la capacitc de
la poitrine par fa plaie; par confcquent cet air avoit eu plus d'occafion de
fe repandre lur la poitrine que fur les autres parties du corps.
Le nitme emphyfeme avoit plus d'cpailleur a la partie antetieure de la
poitrine & du ventre qu'a la partie poltcrieure , parce qu'il y a naturelle-
ment beaucoup plus de grailTe a la partie anterieure fous la peau, qu'a la
pofterieure , par confcquent plus de cellules oii eft le fiege principal de i'em-
phyfeme. Outre que les cellules y font plus nombreufes , elles y font en-
core plus grandes; d'ailleurs la peau audi bien que les membranes qui for-
ment les cellules de la graille, font plus minces & dun tillu plus lache a la
partie anterieure, par confcquent elles s'ctendent plus facilement ; ainll la
peau Sc les cellules ont du moiiis refifter aux efforts de I'air, fe l.iiiler eten-
ore davantage, en recevoir une plus grande quantite, £c produire une tu-
meur plus grolfe qu'a la partie pofterieute.
Il ne s'eft point forme d'emphyfeme a la plante des pieds , au-dedans d«s
mains, ni a la partie fuperieure de la tete : la peau en ces trois endroits-Ii
tient plus fortement aux parties voilines , 8c elle y eft d'un tillu plus epais ,
& plus fetre. D'ailleurs les membranes qui y compofent les cellules , font
aufli plus denfes Sc plus cpailfes : outre cela il y a moins de grailFe , & cette
grailTe y eft plus grolliere & plus ferine. Enfin le grand eloignement qu'il y
a de ces trois parties a I'origine de I'emphyfeme , y doit entter pour qnelqne
chofe, car il faiit que Fair, avant qu'il arrive aux parties eloignees, ait
palTe a travers un grand nombre d'autres , foit par les interftices des parries,
foit par la voie des vailTeaux , par confequent qu'il ait perdu beaucoup de ft
force en parcourant ce chemin ; cct air n'a done pu y parvenir ou y conferver
aflez de force pour y dilater les cellules de la grailTe, elever la peau Si for-
mer un emphyfeme.
On peutattribuer la grandeur monftrueufedecer emphyfeme principale-
ment a trois chofes.
1°. A la vigueur extreme du blelTe qui etoit a la fleur de fon age & d'ur>e
conftitution fort fanguine Sc trescharnue.
1°. Aux efforts violens qu'il a faits pendant plulteurs jours pour refpirar
dans fa maladie; efforts qui , par lenr duree & par leur violence, ont pu
fuffire pour faite palTer allez d'air dc la capacite de la poitrine a toute I'ha-
bitude du corps , &c y produire un tel emphyfeme.
}°. A la plaie, en ce quelle intcreffbit le poumon, & qn'elle y etoit affez
longue pour qu'il y euc dans ce vifcere allez de velicules ouvertes, & qu'il
jiftf
COL LECTION
s'eneckappat dans la capacite de la poictine, aflez d'air pour produire un
AcAD.RoYALE emphyfeme de cette grandeur.
DEs Sciences
DE Paris.
Annec i-ji}'
Les yeux dans ce cadavre etolent (\ gros, qu'ils fortoient en partie dc
leurs orbites; j'en detachai un d'abord ayant eu foin d'en Her a nceud cou-
lanc les vailTeaux avant que de les couper. Cet ceil avoic feize lignes de dia-
metre ; il etoit leger &C tendu comme un balon ; puisje fisptomptennent la-
cherles vaifTeauxlies, & jepreffai ce globe en meme terns entre mes doigts;
ilen fortit d'abord de I'air avec impetuofice, & fur la fin , a force de le pref-
;fer , il en fortit quelques petites gouttes de fang qui etoit fort vermeil. Ce
globe diminua de plus de la moitie de fon volume durant la predion ; mais
il en reprit une partie peu de terns apres, apparemment pat la rarefadlion
de lair qui y etoit refte.
Enfuite j'ouvris lememe globe, i'y trouvai peu defang, I'humeur vitree
etoit a demi- fondue , & I'aqueufe etoit plus fluide qu'elle n'a coutume d'e-
tre. Je remarquai de petites bulles d'air dans I'une & I'autre de ces hu-
meurs ,principalementdans la vitree, oii vraifemblablement il avoir etear-
rcte pat la vifcofite qui lui reftoit encore.
Je procedai de la meme maniere a I'egard de I'autre globe , ou je fis ^ peu
pr^ les memes remarques que dans le premier.
Apr^s avoir examine les yeux, je paflaii I'examen de la poitrine & de fa
plaie.
Avant que d'ouvrir la poitrine, j'y fis un trou entre deux cotes vers leur
milieu , faifant preffer en meme terns la poitrine & le ventre. II fortit par c«
trou une alfez grande quantitc d'air en forme de vapeurs fort puantes.
Je fis enfuite I'ouvemire de la poitrine, j'obfervai qu'il y avoir dans la
cavite droite environ deux paletres de fang epanche qui etoit purulent; que la
plafe penctroit non-feulement dans La capacite , mais auffi dans un des trois
lobes du poumon droit ; que les detix lobes ou le coup n'avoit pas porte ,
ctoient lendus &: un peu enflammes; que le lobe bletfc etoit dor & noiratre;
.que la plaie etoit encore ouverte dans ce globe, qu'elle avoit fept 1 huit
licrnes de longueur fur une & demie de largeur , & une de profondeur. En-
fin la plaie etoit audi ouverte a I'endroit de la plevre & des mufcles inter-
coftaux : mais elle etoit fermee depuis ces mufcles jufqu'a la peau ou il pa-
roilToit uue efpece de cicattice d'environ deux lignes de longueur.
:u.:;r
M
Sur un autre Emphyfeme.
j^, j.. Mery a fait auffi I'hiftoire d'un emphyfeme qu'il avoit vn.fem-
iblabie a celoi done on vient de pat ler. Un homme de 60 ans avoit cte ren-
,v€tfe p^r un carrolfe dont les. roues lui avoient palfe fur la poitrine. Gn
.reconnut qu'il avoitla quatrieme & la cinquieme cotes vraies du cpte gau-
che , rompues dans leur partie moyenne , & peu de terns apres onapper9rtC
:au meme endrou une tumeur affez confiderable caufee par un air renferme
iftfus la peau. On n'appliqua ni remedes, ni bandage ; la tumeur alia toii-
jours en augmentant ainfi que la difficuhe de lefpitet malgte les faignees
A C A D fe M I Q u E. ;(f7
reiteries , & le makde mourut ie qnacrieme jour. Son cadiyrefut'oiiverc ^_«^.^__»_
le lendemain matin : on trouva que la tumeur, qui ctoit un vcririble em- T f^
phyfeme, occupoit tout lexterieur du corps a li r(fferve dc la plante des- ^'s'sciences^
pieds & de la p»ume dis mains. Le refle de la furface ctoit gontic d'lin air vt 1'akis.
qui iayph foosles doigts pour peu qu'on prefsac la peaii. Gn fit^unc incifion j i,
a. I'endroitide* cotes rompnes, Sc on temarquaaux mufcles intercoftaux une -^""^ '7' 5»
oilV€fture prefque imperceptible & fans aucuneochymofe. Enfinonoovrit.
laipoitrine & Ton trouva une petite portion de la niemlirare qui ervveloppe'
le poumon, dechiree : d'une prt cilc-ctoit unie au poumon , &c de raiitre;
elle tenoic a une partie des cotes ronipues. Ce qui parut fort linj^ulier,
c'eft qn'ii ne s'etou ecoulc aucune gouttede fang du poumondanr la capa-
cite de la poitrine.
M. M6ry a-jug6 qne^ Kaipforriipar.la<pliie dU-pSumon, s'^poir infinue
peu a peu &i fucceflivement dans Ics cellules de la membrane veficulaire-
qui eft fous la peau , & cela fans- aucune violence:, parcc que ices! cellules,,
qaoiqu'affailFees dans 1 ctat naturel , (ont cependant ouvertes & difpofces a
s'etendrejufqu'aun certain point, dememeque cellesdu poumon du fcrtus
avant fa naiilance : &; comnie le blelle n'avoit fenti; aucune douleur en quel-
qu'endroit du corps que Ton prefsat la peau fous laquelle on fentoit fuic
I'air , M. Mcry conclut que les cellules decette membrane veficulaire, com-
muniquent toutes enfcmble. C'eft ainfi qti'eft difpofc* tine membrane panL-.
cnliere etendtie fous totite la peau du pelican que M. Mery a autrefois de->
couverte : elle eft pleine dune infinite de cellules qui fe cornmuniquent &C
qui resolvent de I'air j en forte quelle eft une efpece de poumon univetfel
del'animal , oufi Ton veut , quel-animala unemphyfeme naturel.
-fp
u.
Sur des D.cfcenus de J^eJJie.
_ NE defcente d'inteftin dans le fcrotum eft une maladie fort commune •
maisunedefcentede veflie eft fi rare, queM: Mery, neconnoit aucunAuteuf.'
qui en ait parle. Lts hommes qui en font att.^ques.ont dans le fcrotum une;
tumeur plus ou moins confiderable avec fludtuation; certe tumeur ctanc^
comprimee, difparojt, & I'urine forx en meme renis par le canal def la ver-iJ
ge. Chez les femmes le fiege de la.tumeuceftentre ranu»'&. la parti& irrf^ '
rieure de I'orifice externe de la matrice ; & une funple comprellion de cette
tumeur fair couler les urines par la voie ordinaire comme cherles hommes;
M. Mcry ne ctoit pas que dans cesefpecesde defcentes, la veftie foit ainh
fortie de fa place, patce qii'elle fe fera relacliee comme uninteftin. L'urine
qui la reniplit la rend trop grofte pour pafter par les anneaux des mufcles"
dli ventre qui font fi ctroits, qu'ils ne font capables naturellement que de
donnerpafflige aux vaiireauxfpermatiques dans I'homme, & aux ligamenr'
de la matrice dans la femme, & qui de plus font fermcs par le peritoine.'
D'itlleurs la veftie, lorfqu'elle eft dans fa place naturelle, eft trop forte-
reent attachee aux parties voifines<pouv pouvoir tomber^ car fon fond eft
fijfpendu parl'ouraqueal'ombjijcj fes cotcribnt adherens aux attires ombU-
5^8 COLLECTION
■ I licales, la partie anterieure de fon corps aux aponevrofes des niufcles du
>\cAD.RoYALE ^^""^"^^ ' ^ ^^ partie pofterieure an peritoine. Ce n'eft done pas felon M.
DES Sciences Mery par un fimple accident, mais par un vice de premiere conformation ,
DE Paris. que la veffie fe trouve ainfi hors de fa place naturelle. U eft bon d'etre averti
Annie 171?. 1^^ cette maladie qui eft rare, ell neantnoins poffible, non qu'elle puiile
ctre guerie , puifque les adherences du fond de la veflie avec les membra-
nes du fcrotum , rendent cetre efpece de defcente trcs-dudlible, mais parce
qu'il feroit dangereux de la prendre pour une hernie d'inteftin , & que Ton
trouveta plus aifemenc les foulagemens qui y conviennent.
u.
Sur les accidens finguUcrs d'unt bhjjurc ajfc[ Icgere.
N jeune homme avoir re^u un coup d'ipee a la partie fupdrieure ante-
rieure du bras droir : environ trois heures apres il avoir deja une fievre
tr€S-ardente , une difliculte de refpirer , & une douleur de poitrine du me-
me cote de fa plaie , Sc fi violente , que M. Mery crut d'abord que la capa-
cite de la poitrine etoit remplie de fang , & que c'etoit le cas de I'operation
de I'empyeme. Cependant la plaie n'avoit au dehors tout au plus que trois
lignes de long fur demi-ligne de large , & parut meme aufli reunie que I'in-
cifion d'une faignee faite depuis peu, ce qui fit que M. Mery ne jugea pas .
a propos de la fonder , etant rcfolu de faire I'operation. Mais ayant enfuite
jette les yeux fur la poitrine , il apper^ut fous le mamelon droit une tumeur
de fept a huit pouces de diametre , Sc de plus d'un pouce d'epnilFeur , refif-
rante au toucher , d'ou il conjeftura que la plaie du bras au lieu de penecrer
dans la poitrine, s'etendoit au grand tnufcle pedtoral , d'autant plus que
cette tumeur etoit fans lividice, fans fluAuation, fans emphyfeme , &c que
par confequent, ni le fang ni I'air ne ppuvoient eh etre la caufe. Il jugea
done que le tendon du mufcle pectoral ayant ete pique, la douleur avoir
deja atrire une fluxion defcrofites fur route fa partie charnue qui couvre le
devanr de la poitrine , a quoi il remedia en faifant faigner le blsffe trois fois
dans les vingt-quatre heuies , & en appliquant fur fa plaie & fttr fa tumeur
une comprefle un peu epailfe trempee dans parties egales d'eau & d'efprit •
de vin, Le lendemiin tous les accidens etoient beaucoup diminues ,i& ati
bo.ut de lmit,JQur£le;malade fe croava parfaitement gueri.
;. ;:> '.'■ (.Diftnimo-) tl.irih] ,aii •'.^. , r.''.T._
« ,;!;,'. ' - ^ ' ) "j'lV'.i.', I •JlU.'jih: 1 v': .'If i.', ,- :
JlC' ; , ;^(rj.i3i) sb?a3Jqj3 2S3 l.'IfD :3iJp ?..';
or;:.. .; Aai\'izv:X>uJ6Bm^i,^si\fm». -d un ■avwgk.,. , i.i . _,.
■^.-Ipr-r, '^'' •■:!'SOi:.,;i ; ,'. ' ly' ' '.•!■. '} 'i\'C'y^. - • :5 \,-v: r;! n. r.-iM .'! ,:, .
J^J. Genti j Preir.e d'unfegrande vei'tn,. crant devenu aveuglc fur la fin
de fa vie,legua par teftament I?.s deux yeux a M. Mery pour en decoiiytir.les
defauts, & faire fervir cette decouverte au foulagement de ceux qui fe-
roient dans le meme cas. M. Mery les ayant examines trouva dans I'un la
furface anxerieur.e du cryftallin , ujceree , fon corps, ojpfcufci , I'lujmeurn
aqueiife fort trouble , & la rranCparence du corps vitre,foxf ^i^ijj^eejjPanst
I'autre
A C A D fe M 1 Q U E. ^c^
I'autre rinimeur aqueufe , le cryftallin & le corps vitre n'avoient perdu quc'""'"^
fort peu de luiir tranfparence. Dans tous les deux les glandes qui environ-''^'-'^''- I^oyale
nenc la circonference exterieure de I'iris , & fiUrent I'luiineur aqueufe, ''^^ ->^'t'^'^*s
croient plus grolfcs qu'elles ne font ordinairemenr j une phiie luiilcufe ex-
trCmement meime, paroilfoit rcpand le fur leurs humeurs, & les neifsop- -^""^^ i7'3«
tiques ccoient fletris au point que Ton ne put en fairc fortir de moclle,
comme on en fait fortir de ceux qui fonr dans leur etar nature!. Cette fle-
trilFure des nerfs optiques, a paiuiM. Mcry la ptincipale caufe de I'aveu-
flement de M. Genti , lequel fins ce dctaut autoit pu voir de I'oeil dont les
iimeurs avoicnt a peu prcs conferve leur tranfparence ordinaire.
Sur un ajfoupijfement extraordinaire.
Par M. I M B £ R T.
\J N gargon Charpentier d'environ 45" ans , d'un temperament fee & ro-
bulle , apprenant qu'un autre Charpentier avec qui il avoir eu querelle peu
de rems auparavant, etoit tombe d'un batiment & s'etoit tue, fut faifi de
cette nouveile ; il fe profterna le vifage centre terre & s'alToupit infenfibie-
ment. II rella dans cet adoupilTement complet pendant deux mois entiers
fans donner aucune marque de mouvement ni de fentiment, ayant la refpi-
ration libre, le pouls petit & lent, mais egal , les yeux fermes nuit & jour
& temuant fouvent les paupieres : fes bras reftoient dans la fituation oii on
lesmettoit, mais non les autres parties du corps. Quelques cuillerees de
vin pur furent fa feule nourriture pendanr tout ce temsla ; mais les rsmedes,
& les remedes les plus cnergiques ne lui furent pas cpargncs : faignees du
bras , du pied & de la jugulaire, ptirgatifs, emeiiques, volatils, fangfues,
veficatoires, toutcela ne put le reveilier qu'au bout des deux mois, encore
ne fut-ce que pour un feul jour, apres quoiil fe rendormit pour deux autres
mois , mais d'un fommeil moins profond j car il donna par intetvalles quel-
ques marques de fentiment , tantot ferrant les mains a fa femme , &: tantot
fe plaignant doulouteufement, ce qui arrivoit quand on avoit etc plufieurs
jours fans le purger, prenanr routes les nourritures qu'on lui donnoit, mar-
quant beaucoup de gout pout le vin, &: enfin ayant I'attention de ne plus
gater fon lit , & de s'avancer fur le bord 011 ctoit une toile ciree mife expres ,
aprcs quoi il fe remettoit a fa place. Il avoit au refte les yeux toujonrs fer-
mes, & reftoit immobile foit dans fon lit, foit dans un fauteuil, lots mc-
me qu'on le rafoit. Enfin on s'avifa de le jetter tout nud dans un baflin d'eau
froidej il paiut furpris, ouvrit les yeux, regarda fixement , mais ne parla
point. Dans cet etat fa femme le fit tranfporter de la Charite chez elle, oil
fans faire aucun remede , il fe reveilla par degres.
M. Homberg avoit lu en 1707 I'extrait dune lettre Hollandoife impti-
mee dGaude, conteuant I'iiiftoire d'une letargie de fix mois, preccd^e d'liiie
affedtion mclancholique de trois , caufee par le chagrin. Au bout des fix
mois , le Ictargiqne fe reveilla, s'entretint avec tout le monde & fe rendor-
Tonii III , Panli Frangoife, C 4
570 COLLECTION
^_^^^^;«- mic vingtquatre heures apres; peut-erre dort-il encore, da moins n'a ton
Acad Royale point eu de nouvelles de foil fecond reveil.
DEs Sciences
DE Paris. ■ ■ '■ '
Annci 1 7 1 3 .
u.
Sur la Fiftulc lacrymak.
_'ne humeur qui arrofe continuellement les yeux & dont I'ufage eft
d'entretenif la nettete &: la tranfparence de la cornee , a fa decharge par
deux ouvertures tres-petites & prefque imperceptibles pratiquces vers le
grand angle de I'oeil \ elles s'appellent points lacrymaux : ce font deux orifi-
ces du fac lacrymal, conduit allez large par rapport a rextreme petittfle de
ces deux ouvertures. ll y en a une ttoiiieme tort petite aufli qui penetre
dans la cavite du nez , & y potce la liqueur qui a ece regue dans le fac la-
crymal. Ce fac forme d'une membrane glanduleufe pent aufli filtrer une li-
queur qui fe joigne a celle que loeil a fournie. Si une joie ou une triftefTe
extraordinaires rendent plus abondante la liqueur de losil, ou relFerrent les
deux petites ouvertures par ou eUe doit fortir , elle reflue dans I'oeil, s'y
amalTe & forme les larmes. Si I'onfice qui s'ouvre dans le nez vient a fe
boucher , toute la liqueur s'amatle dans le fac lacrymal, le dilate par fa trop
grande quantite , I'ulcere parce qu'elle fe corrompt en fejoulnant, & peuc
enfin ronger & carier I'os ou le fac eft renferme. L'abondance de cette li-
queur corrompue fait qu'elle reHue dans I'oEil par les points lacrymaux, &
ceftla ce qu'on appelle une fiftule iacrymale. M. Anel, Chirurgien de
Madame Royale, mere du Roi de Sicile, a imagine un moyen de guerir
surement cette forte de fiftule , &c avec toute la douceur pollible, poutvu
qu'elle n'ait pas encore carie I'os.
ll faut d'abord reconnoitre fi elle ne I'a point carie, &: en quel etat eft
le fac lacrymal. Pour cela il a penfe qu'on pourroit faire une fonde fi deli-
cate qu'elle s'introduiroit dans I'un ou I'autre des points lacrymaux , ou a
peine une foie de fanglier pent entrer. La diflicultc feroit moindre fi Ton
pouvoit donner une pointe tres-fine a cette fonde , mais elle piqueroit & de-
chireroit, & il faut au contraire qu'elle porte un petit bouton de figure d'o-
live & fort poll , plus gros que toute la tige de la fonde , & qui doit cepen-
dant entrer par le point lacrymal. M. Anel porte ce nieme bouton a I'orifice
que le fac lactymal a dans Ic nez, & en le pouftant centre les matieres qui
font I'obftrudion , il les chalfe de cet orifice , le debouche , & patli enleve
la caufe du mal. Aptes cela il ne faut plus que remedier par des injections
de liqueurs a la dilatatioii exceffive du fic lacrymal , ou aux ulceres qui s'y fe-
ront formes, & ces iniedions qui ne fe peuvent faire que par les points la-
crymaux , demandcnt des tuyaux d'une finefte eNtreme , & encore plus
etonnans que les fondes qui ne font pas creufes. L'extremite la plus fine des
tuyaux doit etre d'or : avec ces inftrumens M. Anel a fait plufieurs cures
heureufes.
%^^
A C A D i M I Q U E. 571
Sur des os trouvcs dans la dure-mtre. Acad. Royals
MDES Sciences
. LiTTRE en ouvrant la tece d'un jeune homme de 19 ans , mort en de Paris.
quaere heures d'une bledure cju'il s'ctoit faite par une chiite, trouva deux ^/Innh 171}.
petits corps olfeux fitucs a un pouce I'un de I'autre, au cote droit du finus
longitudinal fupcrieur, entre quelques plans de fibres dc la dure mere. Us
etoient a-peu-pres ronds , de 4 a 5 lignes de diametre , herillcs de diverfes
pointes peu diftantes les unes des autres, longues d'environ une ligne , &
tres-fines a leur extremitc ; elles per^oient prefque toute U partie interieure
de la dure-mere, & pafToient d'un tiers de ligne au-dela. A cette vue ^f.
Littre ju^ea que ce jeune homme devoir avoir eu depuis un terns des mauz
de tete qui alloienc en augmentant , & cela fe trouva vrai : ils eulTent eti
abfolument incurables, SceulTent bien pu deveniraccidensepileptiques.
U.
Sur un Foetus monjirueux.
NE femme accoucha a neuf mois d'un garcon bien ncurri & bien con-
■forme, a la tete prcs. Les difFerens os qui en font la ciiarpente n'ctoient :ii
dans la fuuation , ni de la grandeur, ni de la figure ordinaires ; & fur le
haut de cette tcte mal conftruite etoit un creux rempli par une tumeur qui
relTembloit parfiiirement & par fa figure Sc par fa couleur a un rognon de
boeuf. L'enfant vecut fix heures , mais il n'eut que des mouvemens fort foi-
bles. M. Ronaut I'ayant ouvert, ne lui trouva ni cerveau , ni cerveler , & U
moclle de I'epine ne commengoit qu'a la troifieme vertebre du cou; de la
la foibletTe des mouvemens &: la prompte mort. La mere ne manqua pas
de fe rappeller qu'etant groITe de 5 ^ mois , elle avoir eu envie d'un rognon
de boeuf, que fon envie n'avoit point ete fatisfaite , quelle avoit portc fa
main fur fa tete , &c. & M. Rouaut ne manqua pas de donner une explica-
tion du tout, laquelle participoit necelfairement de Tincertitude dts fairs
a expliquer. La feule chofe qui paroilTe bien sure dans tout ceci , c'eft la
conformation irreguliere de la tete de l'enfant.
Sur Ics Valvules Sigmoides.
I I'f. F F o R T par lequel le coEur en fe conrradtant poufTe le fang dahs les
arteres, ne fuffiroit pas pour le faire aller jufqu'aux extremites de ces vaif-
feaiix fi longs J fi etroitsdans la plusgrande partie de leur etendue, & fi tor-
tueux. Il faut encore qu'apres que le co?itr s'eft contra<fl:e, les arteres elles-
memes fe contraiflent &: achevent de poulTer le fang ; mais il eft vilible que
par cette adlion elles le renvoienc autant vers le coeur qu'elles le poulTent
vers leur extremite, ce qui eft pourtanr la feule direction qu'il doit avoir.
L'ufage des valvules figmoi'des eft de I'y mainrenir ; ces valvules au nombre
de trois fe trouvent a la nailFance de I'aorre ; elles font faites comme de pe-
lits capuchons Sc difpofces de maniere que quand le fang fort du ccrut il les
C4 >i
571 COLLECTION
' " applatit , & qus s'il fe prefentoic pour y rentrer il les rcmpliroit Sc lej gon-
AcAD.RoYAiE fl'^'^°''^ j ce qui fait qu'elles ne s'oppofent point afa fortie, mais feulement
DES Sciences a fon rctour. La figure circulaire qu'elles our quand elles s'enHent, ne per-
DE 1 ARis. met pas qu'elles ferment exaftement renrrce du coeur; mais leur nombre
AnnU 1 71 5. fait qu'elles la ferment fuffifamment , qu'elles empechent un reflux confide-
rable & nuifible a la circulation.
M. Littre a cru que dans une femme qu'il a ouverte, le dcfautd'une des
valvules iigmoides a cte la caufe d'une mort prefque fubue, plutot qu'une
hydropilie alFez legere. Cette valvule s'etoit collee contre le tronc de
I'aorte , &: par-la ne pouvoit plus recevoir de fang ni faire fa fondtion. Aii-
delfus de cette valvule etoit un ulcere fupecfiriel j le ventricule gauche dix
co;ut fut inonde par la quantite de fang qui refiuoit & hers d'etat d'exercet
fes mouvemens. '
Sur U mouvement des intcjlins dans la pajjion iliaque , par
M. Haguenot, de. la Socicti Royale des Sciences de Mont-
pellier.
P 1 E s experiences qu'on a faites dans ces derniers terns fur le vomi(Temenr,
& qui prouvent qu'il ne depend point de la contradtion violente & antipe-
riftaltique de I'eflomac, m'ont donne occafion de faire les experiences fui-
vantes pour determiner fi le vomilfement ftercoreux qui arrive dans la paf-
fion iliaque , eft nn efFet du mouvement renverfe Sc antiperiftakique des in-
teftins. J'en doutois beaucoup avant de faire aucune experience : i '■\ par-
ce qu'il me paroifloit dur d'admettre en meme terns dans les memes inteftins
deux mouvemens oppofcs , I'un de bas en haut au-delfus de I'obftrudtion ,
pour produire le vomillement ftercoreux , Si I'autre de haut en bas au-def-
fous de la nieme obftrudtion , pour produire les dejections ordinaires qui ne
font pas toujours interrompues dans la paflion iliaque.
2°. Parce que fi les matieres fecales etoient portees de bas en haut par le
mouvement antiperiftakique desboyaux, le vomilfement ftercoreux arrive-
roit pen de tems aprcs, c'eft a-dire des que la mariere ayant atteuit I'obf-
trudtion auroit determine dans cette hypothefe le renverfenient du mouve-
ment ordinaire , ce qui eft contraire a toutes les obfervations.
j°. Parce qu'il me paroilfoit beaucoup plus naturel de regarder le vomif-
fement ftercoreux comm.- un regorgement des matieres arretees dans la par-
tie fuperieure du tube inteftinal par une obftrudtion quelconque, lefquelles
matieres remplilfant cette portion des inteftins au bout d'un certain tems ,
& fe trouvant preftees par I'adtion des mufcles de I'abdomen & par celle du
diaphragme , ne trouvant d'ailleurs aucune iffue par en bas , font forcees de
refluer vers le haut Sc de fortir par I'cxtrcmite fuperieure qui eft ouverte j
mais c'etoit a I'experience a conSrmer ou a detruire mes conjtdlures.
Pqur fivoir feulement fi les inteftins etoient remplis dans le miferere ,
I'ouvetture des cadavres de perfonnes mortes de cette maladie , eiit ete de-
cifive J mais la rarecc des occafions & la repugnance mal entendue des fa-
A C A D fe M I Q U E. 575
nillles m'interdif^nt ce moyen , j'eus recours a la difTection des aniinaux , -
d'autaiu plus volonticrs que faifant mes experiences fur les animanx vivans, Acad. Roy ale
j'elpeiois dccouvrir daiiemonc C\ le mouvemenc ctoit aiuipctilbltique dans r>£S Sciences
le terns menie du vomiirement llercoreux ; & comme je favois que le itidu- ^^ aris.
vement des inceftinseft plus fcnfible dans les chats que dans les cliiens , je AnnU 171 ;•
pris une chntte que j'actacliai fur une table a trois heures du foir; je lui ou-
vris Wibdomin felon la longueur de la ligne blanche , alTez pour donne'r paf-
fage aux intcftins:je les examinai pendant quelque terns fans obfeivcr le
momdre mouvement. Le feul que je pus decouvnr avec ma loupe, & en
piquant en meme terns les inteftins, fut un trenioulTement trespeu confi-
derable; mais comine le but de mes recherches ne fe terminoit pas la, &
qu'il ne s'agilloit pas cant du mouvement periftaltique que de celui qui y
eft oppofe , je lui fis la li2;ature de ViUum , Sc recoufis la plaie , puis je fis
manger la chatte dans I'efpcrance de la voir vomir bientot aprcs ; mais a
fept heures du foir elie n'avoit pas meme encore eu de naufees; je la deta-
chai done &c la mis dans un fac oil elle put inanger en liberie. Je reconnm
le lendemain matin qu'elle avoit vomi pendant la nuit les morceaux de
viande qua je lui avois fait avaler la veille , lefquels avoient pris rodeut de
la fiente de chat. Je ne pus done ctte temoin de ce qui fe palfoit a I'mtc-
rieur dans le terns du vomilfement; Sc d'ailleurs trouvant la chatte prefque
fans force & trop foible pour pouvoir vomir , je rouvris I'incifion pour ob-
ferver les inteftins ; je les trouvai remplis depuis la ligature jufqu'au pylore.
Pour ce qui eft de leur mouvement , je n'en remarquai aucun avec la loupe ,
& en les piquant je ns voyois qu'un tremoufTement preTqu'infenfible , &
femblable a celui que j'avois remarqae auparavant.
Je repetai la meme experience fur une autre chatte avec cette difference
que je la fis manger beaucoup plus que la premiere , Sc que je lui fis la liga-
ture fur les huit heures du matin , comptant la voir vomir pendant la jour-
nee ; mais a huit heures du foir elle n'avoit pas encore eu la moindrc envie
de vomir , Sc I'ayant trouvee le lendemain hors d'crat de le faire , je rouvris
I'incifion de ['abJomen , & je trouvai I'eftomac plein Sc les inteftins une fois
plus gonfles que dans I'etat naturel. Je foupi^onnai que la gene 011 etoit I'a-
nimal attache par les quaere partes , & la trop grande quantite d'alimens que
je lui avois fait prendre, avoient pu fairc obftade au vomilTement. Pour
eviter ces inconveniens , j'enferniai dans une cage de fil de fer un gros chat
que j'avois fait jeuner vingt-quatre heures & a qui j 'avois fait la meme ope-
ration qu'aux deux chattes- II mangea & but quelque terns apres, mais peu;
je pouvois obferver facilement a travers la cage jufqu'au moindre de fes
mouvemens, ce que je fis avec route I'attention polfible pendant 15 ou 2<J
heures , apres lefquelles il jetta par le liaut quantite de matieres ftuides qui
n'avoient aucune odeur d'excremcns j & enfin deux heures apr^s il fut atta-
quc du vomilTement ftercoreux. Je I'atrachai fur le champ Sc lui ouvris I'in-
cifion de VaHnnw! : je fis fortir I'inteftin ileum qui fe trouva fort diftendu ,
enflamme au deffus de la ligature , & rempli de matieres fecales depuis I'en-
droir lie jufqu'a reftoinac; Sc ayanr pique , irrite, dcchire les membranes
de rintellin , les obleivant a la loupe, je ne pus jamais decouvrir le moin-
dre mouvement, ce qui ne me furprit point; car les tuniques intelHnales
ecoienc fi diftendues Sc fi enflammees , que les fibres charnues n'ccoienc
574 COLLECTION ACADEMIQUE.
guere en ccat d'agir par leur re(Tbrc. Je recoufis la plaie comtne auparavanr ,
Acad. Royals & remis mon chat en cage. Un moment apreslesnaufces& le vomilTement
DES Sciences ftercoreux recommencerent avec plus de violence qu'auparavant , &: dure-
BE 1 Aais. j.gf,t pj-^j jg quatre lieures. Apres la mort du chat , je trouvai un toenia dans
Annu 171J. fun ventriciile, &: un autre dans \t duodenum. Je rcpctai plufieurs fois les
' memes experiences (ur d'aurres chats, & mcme fur dcs chiens, & ce fut
touJQurs avec ie nicme fucces; je trouvai conftamment les boyaux enflam-
mes au-delfus de la ligature , fort dilates , remplis de liqueur jufqu'.iu pylore
& denues de tout mouvement pcriftaltique & antiperiftakique. Mais pour
reconnoitre s'il y avoir la moindre tendance a ce mouvement, j'ai fouvent
ouverc I'inteftin de ces deux efpeces d'animaux audelTus de I'oblbudtion ,
&ayantintfoduitle petit doigt dans I'ouverture, je ii'ai jamais fenti la plus
petite compreflion , ni aucun mouvement interieur de has en haut, ni de
haut en has.
J'ai voulu auffi verifier fi la diftribution du chyle etoit troublee , comme
on I'a dit, par le pretendu mouvement antiperiftaltique, & pour cela j'ou-
vris un chien que j'avois fait manger trois heures auparavanr, & a qui ja-
vois fair la ligature de \ikum depuis 24 heures, & je vis fansaucune fur-
prife le mefentere parfeme d'une infinite de petits vailTeaux laiteux & tous
farcis de chyle. J'ai vu audi la meme chofe dans ceux qui avoient dcja vo-
mi leurs excremens ; mais outre cela j'ai garde pendant un mois & demi un
fort gros chien que j'avois opere , qui pendant ce tems-la vomifToit frequem-
ment, quelquetois mcme des excremens, quoiqu'il les rendit aufli par la
voie ordinaire, parce que la ligature n'avoit pas ete affez ferree pour feimer
cxaiftement le palTage. Or ce fait fuppofe necefTairement quelqus diftribu-
bution du chyle dans les veines ladtees , puifque ces fortes d'animaux ne fau-
roient vivre fi long-tems fans alimens eftedifs. Enfin on ne poutra guere
dourer de la plenitude desinteftins, fi Ton fait attention au periode du vo-
miffement que j'ai remarque varier dans les animaux fuivant leur difFerente
grandeur, la quancitedes alimens qu'ils prenoient & la fituation de la liga-
ture. Par exemple les chats vomident plutot que les chiens, les petits chient
plutot que les gros ; & parmi les animaux de meme grandeur, ceux qui
iivoient mange le plus, & encore ceux qui routes chofes egales d'ailleurs
avoienr la ligature plus haute , etoient plutot attaques du vomifiemenr.
II eft done prouve par I'experience que le vomilTement ftetcoreux qui a
lieu dans la paflion iliaque, n'a point pour caufe un mouvement antiperiftal-
tique ; il eft meme prouve que ce mouvement n'exifte pas , non plus que le
mouvement periftaltique auquel on attribuoir des fonitions fi importanres
dans I'economie animate. En vain m'objed:eroir-on qu'on a vu rendre par
la bouche , dans le cas de la paffion iliaque , des lavemens, des fuppofitoires.
Je reponds i*. querobftriidtion de I'inteftinn'eft pas toujourscomplette au
point d'interrompre route communication, i"". Que les faits finguliers ne
peuvent etre expliqucs d'une maniere fatisfaifanie que par leurs circonftan-
ces particulieres; & que fices circonftances ne fonr point connues, ce fonj
des faits mal obferves 5c qui ne demandent aucune explication.
FIN.
',' '^ -^ ^ '^ 'T "^^^ '7' j> %.?^ i V ^ V V V "7* V
TABLE ALPHABETIOUE
DES MATIERES
CONTENUES DANS CE VOLUME.
.^Beules obfervees , pag. die &• fuiv.
comnienc rccueilleiit le miel & la cire
fur les fleurs, 416. leur trompe , ibid.
comment conftruifeiit leurs alveoles,
416, 417. pofitioii Jes rayons dans la
ruche, 417. ufage des alveoles, ibid.
mere-abeille nomniee vulgairement Ic
Roi, 4Z7 &•/«;>. fa ponte, 417, 418.
fa fcconditc, 42S , 419. incertitude fur
Ja maniere dont elle eft fccondee , 418 ,
419-
Abime, nom donnea une partie du Golte
de Lyon , pag. i j^.
Ahfimke, efprit urineux tire de I'abfinthe,
pag. 465-.
AhfuTh.inis , combines avec une dilTolu-
tion de camphre par I'efprit de nitre,
pag. Z70.
Acacia, ifr.i Egvpuaca , fruit de cet arbre ,
fa gouffe, la graine , pag. jif, 516.
teintuve qu'on en tire, ufagc de ce
fruit, ^if'. fuc d'acacia, ce que c'eft,
316. gonilement fingulier dans un aca-
cia, 460.
Acjnthe , fa pouffiere fecondante, p.ig.
449*
Aciies , leur effet fur I'urine de vache,
pag. 1Z9. effet d'un acide fur de la li-
maille cie fer , 1 50. acide contenu dans
le fang &: autres maticres animates ,
18 f Zrfuiv. dans quels animauxabonde
leplus, ibid, acide avec de I'alkali vola-
til fans faire d'effervefcence, 186. aci-
de contenu dans la chair de difterens
animaux , quadrupedes, poilfons, oi-
fcaux, reptiles, infettes, 18S , l8g.
dans le lait, 190. dans la fueiir, ibui.
dans I'urine, 191. dans les autres ex-
cremens , 191, 19;. acide qui fe deta-
che du phofphore d'urine, 191. Com-
ment les acides s'introduifent dans les
pores des corps qu'ils dilTolvent iop.
poids que les acides donnent au mer-
cure , iof. acides diverfement engages
dans le mercure, 107 ^fuiv. effetsdes
acides de differentes forces I'ur un pre-
cipite de mercure, 210, iii. effet du
melange dun efprit acide avec certai-
neshuiles, 155, 154. acides &: alkalis
unis & tranquilles dans certaines li-
queurs, 15S. vapeur de certains efprits
acides melee a celle d'un fort alkali
volatil, 14-. acide fenfible dans quel-
ques plantes ou autres produclions ma-
rines, 249. acides diliolvent le cam-
phre, 16-. font les dilfolvans des me-
taux , ibid, leur adion fur les diffcrcns
metaux, 271 Ofu/r. & fur les alkalis,
272 t-'fuii-. acide dctruifant I'effet d'un
autre acide, 2-T4 , 2-'f. union des aci-
des du nitre & du fel dans I'eau regale,
z-'f , 276. acides rarement purs, ma-
tieres auxquelles ils fc joignent, 276.
liqueurs acides differentes entr'elles,
2-7. acide qui a fervi a diffoudre du
fer, & qui en a etc fcpare par le feu ,
iJiii. dillillation des efprits acides, eft
une efpece de fublimation , ibid, union
des acides avec les foufres , 5-6 0"
fuiy. acides fort & foibles combines
avec la lague, 520.
AcoujU.jue ( Experiences d' ) pag. 108 &*
fuiy.
Adhlrence de I'oeil-de-bouc aux pierres,
5-8 &■ f^'v. de deux marbres polis ,
d'un cuic flexible ^' mouille a une
r<5
TABLE
pierre , ;^9. des orties de mer aux pier-
res, 5S0. dcs etoiles de mer aux pier-
res, 380, ,8 1, ies ourfms ou heriffons
de mer, 581.
Ag.v.h- , pa'. i6c).
Af^ncm (Analyfe du fangd')j!a^. 18 j,
186.
Aiguille ainuntt'e decline dans le cuivre
autrement que d.ins le bois, pag. 17.
& diverfemL-nt en difterens lieux. V.
DdcUnaif.n. Inclinaifon de cette ai-
guille, p.-!g. ii.
Aimant; changement de fes poles, fag,
17, e'prouve fur des cendres de diffe-
rentes matleres animales ne Ies a point
attirees, 129.
Air , fa gravite Ipecifique , pag. 58. vitefTe
de I'air foitant d'un tuyau , 11 3. quelle
elle doit etre pour qu'il eleve le meme
poids que I'eau, ibid, force d'un air qui
fiit 20 pieds par feconde , ibid, refif-
tance de I'air a i'eau qui fort des ajulla-
ges , 114. fa rarefaftion par la chaleur
de I'eau bouiUante, 117 (y fuiv- fa re-
fiilance au mouvement d'un pendule
comparee a celle de I'eau, 119. com-
ment fa preftlon determine la diredtion
des plantes , 15 j ^ fuiv. experiences
faites fur un thermometre a air , ^f &-
fuiv. autres fur le relfort de I'air, 149
& [air. etat & pefanteur de I'air quand
il pleut, 16 f. dilatation de I'air obfer-
vee en differens endroits & a differen-
tes hauteurs, 167, 16S. experience fur
la communication de I'air dans I'eau,
170, 171. pefanteur ou condenfation
de I'air en Suede, 184. dans des mines,
184, i8y. remarque fur Ies condenfi-
tiont de I'air, i8y. air contenudans de
I'eau de pluie & dans !e fediment de
cette eau , 166. effet de I'humidite
de I'air fur le phofphore, tire de la
Toatiere fecale, 18S , 289. fur lachaux
y'ue.,ihii. effet de I'air fur la liqueur des
ceufs de pourpre , 595. fur celle des
buccins , 401. experience qui fait voir
de quelle maniere I'air agit fur cette
liqueur, 401, 405. adtion de I'air fur
une morille branchue , fi f • sir dans
I'eftomac & dans Ies inteitins, d'ou il
vient ; fon adtion fur Ies tuniques de
ces vifceres ; comment produit la tym-
panite, f6o. comment I'air forme I'em-
phyfeme, f6i fr/uii^. buUes d'airdans
Ies humeurs de I'oeil d'un homme mott
d'un emphyfeme, {66.
Ajutages, leurs ouvertureSjpag. 114.
Alh&'.re, ou marbre de la grotte de Fo-
Vigno, -pag. 390.
Alga latijoiia inajiT deniata. Voyez fucus.
Algues, plantes de la mer, pag. 570. ont
des racines comme Ies plantes terref-
tres, 371. petite olive qu'on dit etrele
fruit de I'algue , 574.
Alimens , leur influence fur Ies qualites
de la chair des animaux,;ia]7. 185-.
Alkali, contenudans I'urine de vache,
pjg. 119. dans plulieurs matieres ani-
males . 18 f & fuiv. dans quels animaux
domine fur I'acide, 18 j. alkali volatil
fubfiftant paiiiblement avec un acide
dans une liqueur, 186. effets des fels
fixes plus ou moins alkalis fur la diflo-
lution du mercure dans I'efprit de ni-
tre, 195-, 19S S-Jiiij'. en quoi confute
la qualite alkaline des fels fixes, 198.
leur effet fur le thermometre, ibid, ac-
tion fucceflive de difterens fels alkalis
fur une dillolution de mercure par I'ef-
prit de nitre, ioi O-fuiv. diffolutions
des fels alkalis, 15 j. alkalis & acides
unis & tranquilles dans certaines li-
queurs , 238. vapeur d'un fort alkali
volatil , melee a celle de I'efprit de fel,
247. alkali des pretendues plantes ma-
rines, 249. Ies fels alkalis, diffolvans
du foufre commun , &c. 267. effets
des alkalis fur Ies metaux dilTous par
Ies acides, 271, 272 ^ fuiv. effets du
melange des alkalis avec Ies acides.
Althsa frutefcens , pag. 449.
Alum, fon effet fur la flarame des fcufres
& des huiles, pag. 233. alun meleavec
la matiere fecale avant de la diftiller,
282, 28 y. maniere de I'employer avec
la matiere fecale pour en titer du
phofphore, z8{ &' fuiv. alun bouilH
avec Ies fleurs & Ies fruits daricinoides,
teinture qui en a rcfulte , 505.
Alveoles des abeilles, pag. ^16 &• fuiv.
leur double ufage , 417. alveoles d'oii
fortent Ies bourdons, 429.
Alypum Monfpelianum five frutex terrililis ,
pag, {04. diffcrens noms qu'on a donnes
a cette plante , fa racine , fes branches ,
fes feuiiles, fa fleur, fafemence, ibid.
fon ufage dangereux , ibid.
Amputation a lambeaux, p.ig-. ^17.
Anhrifme vrai, obferve dansun cadavre,
pag. ffr & fuiv. ce qui ctoit contenu
dans fa cavite, ffi , ff2. anevrifme
particulier &: anevrifme univerfel dans
ce mems fujet^ yj2. conjedlures fur
leur
A L P H A B
Icur formation & leurs caiifes, jfj &
fuiv. fj'mptomes qui avoicnt accom-
pagnes cet aiievrilme , { j; ir fuiv. ex-
plication de cesfymptomes, fj4, 5fy.
Anthirrmum , (x fleur : difpofition Ju pif-
tile &; des etamines, pug. 454.
Antimiine, combine avcc I'dprit de fcl
& I'eau regale, pas,. i68.
Anus, de la moiile dcs etangs, pag. 566.
de la moule de mer, 5S6. de la peton-
gle, 588. de I'ourfin de mer , 412.
AoTte d'uiie tortue de mer, pag. 19 f. d'un
homme mort fubitement, fij. valvu-
les de I'aorte ; maniere de les demon-
trer, 535. aorte formant un ancvrirme
particulier &: unuiiiverfcl, jfi.
Ar.iignies , matiere de leur fil , pag. 227.
llrudlure de leur filiere, ibid, b- fuiv.
maniere de preparer I'araignee pour
obferver ces parties , 228. refervoirs
de la matiere du fil, 228, 229. Ali-
mens des araignees, 30 f (j- fuiv. les
araignees fe mangent les unes les au-
tres, 507, 508. autres animaux qui les
mangent, ;o8. difficulte de nouvrir un
grand nombre d'araignees , ibid, leur
tecondite comparce a celle des vers-a-
foie , ibid, terns de leur ponte n'eft
point fixe, 508 & 512. foie dont les
araignees ferment les coques qui en-
veloppent leurs oeufs, foie dont elles
tendent des filets aux infeftes, 309 &•
fuiv. dirtribution des araignees en dif-
fcrens genres & efpeces, 509 fy fu'-v.
araignees vagabondes , 109. diftcrentes
manieres dont les araignees font les
coques qui enveloppent leurs oeufs,
309, 510. foin qu'elles pfennent de
leurs oeufs & de leurs petits, 509,
310. quantite de foie fournie par une
araignce , 3 1 f • araignees d'Anitrique ,
516. mue des araignees, 439.
/rJre (tronc d' ) couche, dit-on , fur
le fommet du Mont Stella, la phis
haute des montagnes des Alpes , a une
hauteur oil il ne croit point d'arbres,
pag. 154. arbres morts par la gelcede
1709 , 138 Zr fuiv. quels arbres refirte-
rent le plus, ihid. jonition de deux ar-
bres , 1 39. rapports entre la produc-
tion des lejettons des arbres, 8j la re-
produftion des jambes d'ccrevilfes ,
434, 435. arbres qu'on avoit depouil-
les de leur ecorce , autres a qui elle
tombe d'elle-meme & fe renou-
velle , 440. arbres qui ont beaucoup
de moelle &: pcu d'ecorce ihid. fi les
Tome III, Panie I'ran^cife.
1£ T I Q U E. f77
arbres tirent leur nourriture de I'c-
corce , de la moelle , du corps ligneux,
440 ir fuiv. arbres caries & creufes,
441. branches d'arbres fiparees dc
leur tronc , qui vcgctcnt fans ctre mifes
enterre, ihid dans quelles parties des
arbres la vegetation ell plus vivc , 443.
arbres fruitiers ; accidens qui empt-
chent que les fruits ne fuccedent aux
fleurs, 4f4,4jy.
Arc-en-ciel qui fubfifte quelques minutes
apres le coucher du foleil, yag. 3f.
Arc-en-ciel de deux couleurs , 56.
caufe des couleurs do I'arc-en-ciel ,
81, S:.
Arcueil ( eau d' ) p.ig- 169, 170, 274.
Argent pur , arpent melc d'or ou de cut-
vre ; leur difierencc pour I'ufage , pag.
240. maniere dc feparer I'argent de
Tor par la fufion, ihid &" fuiv. effet de
la vapcur de la pierre de Boulogne fur
I'argent , 242 , 245. effet d'une matiere
bitumineufe, mctallique fur I'argent,
24f, 246. ce qui arrive lorfqu'on ex-
pofe au verre ardent du fer fur de I'ar-
gent fondu , 2ff. arbrifl'eau d'argent
produit par la dillillation d'un amal-
game d'argent & de mercure, 259,
2<5o. autre vegetation d'argent fondu
avcc le foufre, 260, 2^1. autre d'ar-
gent fondu avecleplomb, puis affinc
a la coupclle, 261. marque a laouelle
on connoit que I'argent eft affine dans
la coupelle , 261. difference entre les
precipitations de I'argent faites par les
fels ou par le cuivre , 271.
Arifleloche longue > fa fleur n'a point d'e-
tamines p.ig. 447.
Aroir.atiques (plantcs) capfules ou fom-
mets qui furmontent leurs etamines,
pag. 448. pouffiere contenue dans ces
capfules , 449.
Arteres ( fang des ) pag, 171. arteres d'unc
tortue de mer, 294, 29 f, 29J. artere
pulmonaire , 29 f. arteres des tortues
de terre & de mer , 298. valvules de
I'artere pulmonaire , maniere de les
dcmontter , ^52. arteres qui entrent
dans les glandes , s'y rarifient &z s'y
recourbent pour former des veines ,
f34, nf- irteres axillaires, foucla-
viere , carotides d'un homme mort
d'un antfvrifme , (•f2.
Affoupifement extraordinaire , pag. ^6^.
comment fe termina , ibid, autre cxem-
ple d'un afloupilfemcnt lethargiquc,
f69, f-o,
D4
578
TABLE ALPHABETIQUE.
Afihme humoral, acces violent de cette
jnaladie arrete par le pareira-brava ,
Amofphere de la lune, pa^. o, ii, 17 >
43. du premier fatellite de Jupiter, pa^.
iz. hauteurs de ratmofphere en difte
Benjo'm , fa fublimation , pa^, 177.
Beriin ou Btrlin. Voyez (Sil-Se-louc.
Bernard-rhermiie, pag- 345 , 346. fes grof-
fes partes J fa coquillej ibid, fes jam-
bes , 346. partie molle du corps de cet
animal, fon tcaille, 346.
reps climats , is
maniere
miner la hauteur de ratmofphere par la
lumiere du crepufcule , ii6 , 117.
Attrailion employee a exptiquer les pht-
nomenes du flux & reflux jjjag. 15 J,
if6.
Aubier, pag. 441 , 443.
AuTum muficum , pag. ZfS.
Aveuglement caufe par la vapeur d'une
vieille folTe, comment gueri, pag.
^^" B
MJAtus froids propofes pour le rhuma-
tiime, & pourqiioi,pag. S--- bain qui
procura I'truption de la petite verole ,
Banche , forte de pierre tendre qu'habi-
tent les dails ,413 i:- fuiv. fa formation ,
414 & fuiv. pierres blanches nommees
mal-a-propos cailloux & qui en font
formees par la banche, 415-
Bandes de Jupiter , pag. li irfuiv.
Banmetre ( obfervationsdu) a Cayenne,
auxindes, pag. 50. Barometre jettant
de la lumiere , 31. fa hauteur obfervee
a Malthe & a Paris, pag. 35 & 36. fur
plufieurs montagnes, 37, 38. a Paris
& en SuilVe, 141 iT'fuiv. 163, 164 (y
fuiv. 180 G'/iiiv. caufe de la variation
du barometre, 16 f. obfervations du
barometre fur une montagne du I'erou
& au bord de la mer , 166". dans un lieu
echauffe par un grand feu , 168. Baro-
metres qui doniieat de la lumiere,
iSi. moyen d'avoir la vraie hauteiir
du mercure du barometre , ibid, expe-
riences du barometre faites dans des
; en amc- aiiiniai, 1011 t-caiuc, 5^*;'.
de deter- Biioards oriental & occidental, en quels
184,
'ans, 2io.
Bqfe des orties de mer , pag. 347, ?49y
fuiv. canaux ou mufcles droits & cir-
culaires de cette bafe , 349 (j-fuiv. bafe
de I'oeil-de-bouc, 578. comment s'at-
tache aux pierres 8c coii.ment s'en de-
tache, 379, 580. fa texture , 580.
Battemem des tuyaux d'orgue, pag. 108,
109.
Baudrier , forte de fucus , Koye? fucus.
Baume de Capaiia employe dans le trai-
tement de quelques ulceres internes ,
fag. ^2.7.
animaux fe trouvejit leurs vertus, leur
configuration, pag. 311 ^ fuiv. leurs
noyaux, 32.2. I'eau & I'efprit de vin
fepareraent n'ont point de prife fur le
bezoard, mais ils le penetrent etant
meles enfemble, 311. le bezoard s'en-
flamme aifcment , ibid- ce qu'il con-
tient. ibid, quelquefois fonne comme
la pierre d'aigle , 312 & 525. moyen de
connoitre le bon bezoard, ibid, cou-
leurs differentes qu'il donne a la chaux
vive & a la craie, ibid, formation des
bezoards , 325 , 526. bezoard foifile Sc
d'Amerique , 3 24. diftribution metho-
dique des bezoards , 324, 3iy.noyaux
des bezoards fofliles, 32$. pretendue
tunique du bezoard de Pomet , 526,
327. les perles font des efpeces de be-
zoards, 527. & les pierres qui fe trou-
vent quelquefois dans le cajloreum ,
5^9. 35°- , . , .,
Bicuiba , forte de noix , huile qu on en
tire, fes vertus, pag. f2i.
Biie oi\ fe mele avec le chile, pag. ^1^ ,
Eifmuth , analyfe , pag. 247. diflbus par
I'acide nitreux , precipite par I'eau ,
274.
Bi£us des anciens , pag. 528 , 387.
Bitume contenu dans I'eau de la mer, p.7^.
1(^0, 161. fes eflfets , ibid, compoii-
tion d'une matiere bitumineufe metal-
lique ; fon efi"et fur I'argent, 24? , 246.
dilTolvant des bitumes , 267. precipita-
tion des corps bitumineux diflbus par
les liqueurs alkalines, 2-0.
Bii'd/i'M ( coquilles ) pag. 3 3 1 .
Bled feme en Avril , ce qu'il devient,
pag. 158, 139. bled qui a befoin de
pafler I'hiver en terre &: bled (]u'on feme
en Mars, 139. bled barbu , ibid, pif-
tile du bled, 4C0. mal que la nielle fait
au bled, 4? y. bled deTurquie, fitua-
tion de fesetamines , 4f6. experience
faite fur ce bled par rapporr a la fruc-
tification, ibid, bled cornu ou ergot,
5-28 , 529. quelle forte de feigle eft le
plus fujette a I'ergot : annees oil ce
mauvais grain eft plus commun, yiS i
les poules le refufent quoiqu'il ne leut*
^L'
DES MATIERES.
fafle point de mal quand elles en man-
gent, fiS, $19. ilne leve point, ^29.
gangrene endcmique qui fut attribuee
a ce mauvais grain , ibid.
Bleu , produilionde cette couleur, pag.
171 > i7i-
Bffu/( analyfe dufang de)pa^. 186.
Bois de Brelil bouilli dans I'eau, dans le
jus de citron fans addition, & en y
ajoutaiit de I'huile de tartre, pag. 41.
de merifier eft fort fonore , 1 10. rclif-
tance des bois de chene & de fapin ,
Borax, ce que c cil, pag. 245.
B >rou ou Bjtoua. Voye* Pareira-Brava.
B:'ucAf des ortiesdc mer, p.T^. 3^2, j^:.
de I'etoile de mcr, jjS. de la moufe
des etangs, 366. de la moule de mer,
385. dune etoile de mer, 420. de I'our-
fin, 422.
Biiiirdons , en quoi different des abeilles,
p.7g. 428, 429. faifon oules abeilles les
tiient, 429.
Bourrjc/ie, fa poufliere fecondante , pir^.
_ 449-
Bojaux d'un homme fufToque par la va-
peur de la braife de four enfermte dans
une cave , p2g. j2i.
Braife de Boulanger enfermee dans line
cave; effets de fa vapeur , pug. j2i ,
Bras ; accidens qui fuivirent une blcflure
aflez legere au bras , pag. j68.
Briofne des Indes, K Mkhoican. Brione
ou Coulevree, 545. effets de fa racine
prife en fublhnce, en infufions, de-
codlions, extraits, ibid.
Buccinum. Voyez Lim^s^cns de mer. Bucci-
num aui donnoient la teinture de pour-
pre dis Anciens, 59Z, 393. comment
on en tiroit la teinture, 399. comment
on la pr-'paroit, 400.
Bui:cinsqui donnent la teinture de pour-
pre, p.7g. 391. leur coquille , 392,
393. coukurs de ces coquilles , 393.
vaifle.m ou rcfervoir de la pourpre,
399. effets de la chaleur du foleil 8c du
feu fur la liqueur des buccins , 401.
effets de I'air fur cette liqueur, il'ij.
experience qui fait voir comment I'air
agit fur cette mcme liaueur , 402, 405.
odcur que lui donne la clialeur, 404.
cette liqueur combince avec I'huile de
tartre, le iirop violit, Tefprit de vi-
triol, 404. avec le fublime corrofif,
404, 40f. gourde la liqueur des buc-
cins , 40f. ufage qu'on pourroit taire
de cette liqueur , 406.
!?<>
Vm' ADAVB.Z , ouvcrture du cadavre d'un
homme ctouffc par la vapeur d'une
cave ou Ton avoir enfermc de la braife
de four, pag. f2i , 511. d'un enfant
dont le rciitum etoit divife en deux
parties & fans iflue, f22, fij. d'une
temme de 80 ans. pierres qu'on y trou-
va, ^23. d'une autre morte d'une tu-
meur au ventre , 524. d'un homme
, mortfubitement,j2f. d un homme atta-
qut- d'une gonorrhee.f 59. d'un epilepti-
(jue mort d'un abfccs au poumon , 5-4^.
d'un homme niort d'un anevrifme vrai,
ri (j- fuiv. d'un homme mort d'une
Icflure a la poitrine , 56^, j6f. d'un
autre qui avoit eu deux cotes caffees,
^66 , ^67. d'une femme morte prefque
fubitement & attaquce d'une legere
hydropifie, 572.
C^fe, pag. 506 irfuiv. arbre qui porte le
cafe , yo6. dc quel genre eli cet arbre ,
ifiri. defcription deceluidu Jardin du
Roi, ibid, fes branches & fesfeuilles,
ibid, fes fleurs, yo6, J07. fon fruit,
fo-. fon nom turc , fa culrure ; quand
il faut le femer, jo8. preparation du
cafe, fes differentes qualites, fesver-
tus, p8, 509.
Cajtcr ou arbre qui porte le cafe. Vqye^
Cafe.
Ca!cina:im, effet de la calcination fur le
mercure, pag. 197. fur les fels fixes,
198. calcination du mercure cru & du
precipite , 20^. de la matiere fecale
pour en tirer du phofphore , 285 , iS6.
effets de cette calcination , 288.
Cihha ou corona fobs , fa poufiiere fc-
condante , pag. 449.
Canphre eft la feule refine connue qui fe
diffolve par les acides, pag. 267. cam-
phre diitous par I'cfprit de vin , 269 ,
270. revivifie par I'eau , ibid, diflbus
par I'huile d'olives , ibid, par I'huile
claire & ctheree de therebentine. ibid.
par I'efprit de nitre , 270. effets des ab-
forbans fur cette derniere diffolution,
ibid, camphre rcvivifi: de I'cfprit de
vin , re'vivifie de I'cfprit de nitre , il id.
revivifii- de rcfpric de vin par I'eau,
eft inflammable mais non quand i! eft
revivifie dc I'efprit de nitre par I'eau
ou par les alkalis, 278, 2^9.
Canal arteriel dc communication dans li
fttus huinain, pag, 295. dans une tot-
tue de mer. iiii.
D4ij
jgo T A B L E A L P 1 1
Canmix ou mufcles droits & circulaires
de I'enveloppe des orties de mer, pag.
549 &- fuiv. liqueur qu'jis coiuiennent
549. 350- leur "fage , jfo, jyi. ca-
naux des orties errantes ou gelees de
mer , 35^. ufage de ces canaux, li-
queurs qu'ils coinieiinent, 35 J (yfuiv.
canaux ou vaifleaux qui paroifTent
dans la fubftance de la truffe , 461 ,
464, 46f.
Cancellus. Voyez Bernard-VHeTmite.
Caouche. Voyez Qifi!.
Capillaires , petites feuilles qui pourroient
en etre les lommets , pag. 4 j 3. ce qu'el-
les renferment , ibid.
Capricena , efpece de chevre fauvage qui
aonne le bezoard , pag. 324.
Canutes de la pouflSere fecondante des
fleuvs. Voyez , fpmmets , pouffieres de la
graine de certains fucus, 476 irfuiv.
481, 484, 485 , 488. d'une coralline,
479, 480. capfules de la graine , ou
graines du Juctis memlranaceus , &c.
489, 490. efpeces de capfules en forme
de mamelon dans le/ucuj teres ramnfiffi-
mus, 491 , 495. dans la figue. Voye^
fommets.
Carcajou, animal carnaflier d'Amerique,
eft lent & pefant ; animaux qu'il at-
taque, pag.^ jof. ^
Caribou, falegerete, fes ongles; animal
qui lui fait la guerre, pag. fOf.
Ciifque de I'ecrevifle , pag. 436.
Cajior , lenteur de fa marcne , animal qui
lui fait la guerre ; fort quelquefois I'hi-
ver de fa cah^ne , pag. jof.
Cajloreum , pierres trouvees dans cette
matiere , pag. 519, 330. ufage du caf-
tor ou caftoreum en Medecine, 530.
choix de cette matiere, 3 50. a quoi Ton
peut attribuer les differences qui s'y
trouvent , ibid. Cajloreum de Canada ,
de Dantzick, du levant, de France,
ibid. & 351.
Catarade , fi elle fe forme fur le cryftallin
ou dans I'humeur aqueufe , pag. 74.
operation de la catarafte, fes fuites,
74, 7f-
Caverne de Fran-che-Comte , pag. 414 ,
425. glace qui s'y trouve en ete , 42 f .
Caves , pourquoi Ton croit commune-
ment qu'il y fait plus chaud en hiver
qu'en ete, pag. 424. braife enfermee
dans une cave , effets de la vapeur de
cette cave, 52 1 , j22.
Ciliaque (paffion) pag. J2y, y26.
Cendres de differentes matieres animales
A B £ T I Q U E.
prcfentees a I'aimant , n'ont point ^te
jjttirees, pag. 129.
Cendres veries , leur couleur a la chan-
delle, pag. 48.
Cercles autour de la lune, pag. 34. autour
dufo!eil,pag. 35-, 36. _
Cerveau de la moule des etangs , pag.
}66. d'un homme fuffoque par la va-
peur d'une cave oil Ton avoir enferme
de la braife de four, 521. fubftance du
cerveau manquant a un fetus ne a ter-
me, 541. fubftance moelleufe du nerf
optique continue a celle du cerveau,
f47. cerveau manquant a un fetus ne
a tcrme , 5 yo. a un autre dont les os de
la tete etoient mal conformes. J71.
Chair des orties de mer , pag. 548. des or-
ties errantes ou gelees de mer, 554,
Chala\ac dans des oeufs de poule fans
jaune ; erreur a laquelle lis ont donne
lieu, vag, 377.
ChaleuT du feu , fes effets fur des phioles
qui contenoient divers fluides , pag.
149 Zffuiv. chaleur de I'ete 1710, pag-.
16^. del'eaubouillante, 168 , de i'ete
171 1 , pag. 180. effet de la chaleur fur
le plomb , 218. chaleur communiquee
a I'eau par I'efprit de vin , 218. chaleur
de I'annee 1712, pag. 220. eftets de la
chaleur fur de I'eau de pluie & fur fon
fediment, 16$, 266. chaleur du fang
des marfouins, des tortues, 290. effets
de differens degres de la chaleur
du foleil &: de celle du feu fur la li-
queur des buccins , 401. chaleur appa-
rente de I'air des fouterreins en hiver ,
424.
Chama Peloris , pag. 537, 538.
Chame, genre de coquillage , pag. 334.
Champignons, pouffieres qui fe trouvent
entre les feuillets fous le chapiteau,
pag. 453.
Charbon de terre eft un bitume, pag. \6o.
efprit de charbon de terre employe a
compofer de I'eau de mer artificielle,
ibid, infufion du charbon de terre dans
i'eau , 219 , 220. dans I'eau de vie , 220.
ce qui arrive lorfqu'on expofe les me-
taux au verre ardent fur iin charbon,
254. mine de charbon de pierre, 425.
Chataignes de mer. Voyex Ourfins.
Chatons ou fleurs a etamines, pag. 446.
Chats, conformation de I'iris de leurs
yeux, pag. 94, 9f- Chats ouverts vi-
vants pour obferver le mouvementdes
inteftins dans lapaflioniliaqne,573,574.
t)ES MATIERES.
f8«
Chaux, contient des parties de feu, yag.
19S, 188, 189. eft'et de I'e.iude chaux
fur les mi;t.uix difTous par les acidcs,
274. effet de I'humiditc de I'air Tiir la
cnaux vive, i88. pourquoi la chaux
vive ne s'enflamme pas comme le
Fhofphore lorfqu'elle s'tchauffe par
introduction fubite de I'eau , 188,
i8q.
Chene. Voyez Biois.
Chevaux auxqueis I'humeur vitree man-
quoit, pag^. 79. force dun cheval com-
paree a celle d'un homme , iii , 122,
125, 126.
Chevre fauvage qui donne le bezoard ,
. P'^^-
U6.
Chiem (petits) tues pendant qu'ils tet-
toient, etat du hit trouve dans leur
eilomac , ^ag. J42. eau dans le peri-
carde & dans le ventricule du cerveau
de ces petits chiens, 542, 54^. Chiens
ouverts vivants & auxqueis on fit une
ligature a I'ileum pour obferver les
effets de la paflion iliaque, 575 , 574.
Chile ^ en quel endroit fe mele avec le
fuc pancreatique & la bile, fag. 523 ,
524. chile epailfi par accident , evacuc
par les felles , |2f. extravafe &: for-
mant une hydropifie laiteufe , ji6. pe-
trifie en quelque forte dans les glandes
du mcfentere , ihid. diftribution du
chile fe faifant a I'ordinaire dans des
chiens & des chats auxqueis on avoir
donne la paflion iliaque par le moyen
d'une ligature faite a I'ileum, ^74.
Choledoque ( canal ) de deux moutons ,
yag. 292.
ChoTo'ide , fon ufage felon M. de la Hire ,
fag. 98, 172. d'ou prend naiffance,
,5-46 , 547. ou fe trouve unie a la cor-
nee , 546. oii fe termine fa couleur
noire , itid.
Ciclamen , fa fleur , difpofition du piftile
& des ^tamines ,pag. 4^4.
Cinabre d'antimoine , pag. 245.
Cire , effet de la cire fur le corail pour en
tirer la teinture, pag. 2fo i-fuiv. effet
de I'efprit de cire fur le corail, 2fi.
comment les abeilles recueillent fur
les fleurs la matiere dont elles font la
cire, 426. comment elles en conllrui-
fentleurs alveoles, 426 , 427.
Citron ( jus de ) detruit la couleur du co-
rail , vag. 42. quelles qualitcs doit
avoir pour tirer la teinture du corail ,
2f 1 , 2fi. charge de cette couleur ne
fait point de mouvement avcc Thuile
de tartre, ni avec I'efprit de vitriol ,
2J2.
Cloijoii du coeur d'une tortue de mcr,
pag. 294, 296. de quoi la cloifon du
ccEur elt formec, jjo, 551.
Coch'iis , font friands de truffes & em-
ployes a les dcterrer, pag. 464.
CauT , en quel fens fes fibres font tour-
nces, pag. 295. Coeur d'une tortue de
mcr, 294 iy fuiv de quelques autrcs
tortues de terre & de mer , 297 , 29S.
d'une vipere , d'une anguille, 297 , de
la moulc des ecangs , 566 , 568. eau
qu'il contient, 568, a un ventricule &
(ieux oreillettes, le tout renferme dans
un pericarde, ibid. \6c). Urudlure du
coeur, 530 G'/uij'. contours de fes fi-
bres, 530, J3i.maniere de preparer
le cceur pour obferver les contours
des fibres & feparer les ventricules,
y5i, n-- fes valvules, (-52, j53.ma-
niere de preparer le coeur pour en
faire voir les valvules, f32, 53 3.
Coeur fans pericarde , 549. Coeur pla-
ce a I'exterieur dans un fetus, yjo.
Cceur d'un homme mort d'un anevrif-
me, ^2.
Colcotar , produit par une certame ma-
niere de dilliller le vitriol vert , pag.
236 , 237. mele avec la matiere fecale
avant de la dilliller, 282, 285-.
Coliques nephretiques gucries par le Pa-
reira-brava , pag. f 27. colique bilieufe
guerie par le meme medicament, 528.
CoUe de fromage, pag. 169.
Colonnes dans le coeur , ce qui les forme,
pag. U^- ^ „ .
Condenfaticns de lair, remarque fur une
table de ces condenfations, pag. 184,
i8|.
Congelation, a quoi attribuee, pag. 51.
congelations ou incruftations pierreu-
fes dans une caverne de Franche-
Comte, 425.
Confonances , pag. 109.
Confoude ( grande ) fa pouffiere fecon-
dante , pag. 449.
Convolvulus , fa pouffiere fecondante ,
r-^g- 449- . , ,
Coq qui paffoit mal-a-propos pour avoix
pondu des oeufs , dilfeque, p.-g. 57f.
Coques dont les araignces enveloppcnt
leurs oeufs , pag, 309 irfuiy.
Coque des oeufs depoule, matiere dont
elle fe forme, 577. oeufs fans coque,
ibid.
Coqudicot. Voyez Pavct,
;8i
TABLE ALPHABETIQUE.
Coqaillages petrifies , pag-. 132 ^ fuiv.
mouvement progreffif de divers co-
quillages, 351 &-fuh. moyenpoiir ob-
ferver commodemenc les coquillages,
335. refpiranion de quelques coquilla-
ges , 337. remarque generals fur la
partie qui fert de pied aux coquilla-
ges , 344. Coquillages qui font tou-
jours fixes en un meme lieu, 388. Co-
quillages qui donnent la teinture de
pourpre, 592 ^ /uif. Coquillage qui
luit, beaucoup d'aucres qui ne luifent
point, 41S. Coquillages qui fe trou-
vent dans une marne au-dertbus d'une
mine de charbon , 42 j.
CoguiUes, fens dans lequel elles fe con-
tournent , pug- 136, 293. Coquilles
univalves , bivalves &c. 3 3 1. ce qu'on
entend par leur fommet , leur bafe,
leur largeur, leur longueur &c. 53 1 ,
331. Coquille du lavignon, 334. de la
palourde , 338. du fourdon, forma-
tion de fes canelures , 339. Coquille
des tellines , 341. de I' ceil de bouc ,
343. des limacjons de nier , 544. du
bernard-l'hermite , 54?, ^46. de la
moule de mer, 386. de la pinne mari-
ne, 3S7. de la petongle. ibid &- fuiv.
des vers a tuyaux , 38S , 389. des cou-
teliers, 407. des daiis, 411, 413.
Corail, pag. 249 Z^ fuiv. teintures de co-
rail, 2fo &■ fun: ce qui arriva a du
corail qui infufoit dans I'efprit de vin ,
250. analyfe du corail, ifi. poudre
de corai! , ibid, eftecs de Tefprit de vi-
triol, d'alun, de nitre, de fel fur le
corail, 2j2, 2J3. fel du corail, if3
corail blanc, ibid, en quoi le corail
diEfere de la madrepore, 371. en quels
endroits fe trouve , 372. fa pofition,
ibid, fa fubllance , conjedlure fur fa
formation, 372 , 575. d'oii lui vient fa
couleur rouge , 373. fes prctendues
fieurs, ibid.
Coralline qui fe trouve fur des fucus, pag.
479, 480. filets qui lui fervent d'atta-
ches ou de racines , 479. efpeces de
capfules qui femblent en contenir les
graines ou les pouflieres , 480. Coral-
lines, ouvrage des infeftes; Coralli-
nes, plantes, ibid.
CoraUinaruben!,&CC. 492, Coralline qui
fe trouve fur le fucus teres ramojijfimus ,
495, 494. fes branches, fes articula-
tions, fa tige , 493. vue au microf-
cope, 493, 494.
Cordes, experiences fur leur roideur au-
tourde diffcrens axes, pag. 114. force
des cordes comparee a celles des fils
non tortilles , 173 irfuiv.
Cordes fonores , leurs proportions, leurs
vibrations, pag. 109. force de celles
de fer, de cuivre jaunc & de cuivre
rouge, ;i;c'. cordede la trompette ma-
rine , remarque fur fes vibrations ,
122, 125
Coriaria ou herbe aux Tanneurs , efpece
de'rhue , pag. 468.
Cornie bleflee & cicatrifee ; effet de cette
cicatrice fur la vifion, pag- 43 , j8. fa
conformation dans les diflferentes vues,
47 &• fuiv. phenomene fingulier de U
vifion actribue a la trop grande eleva-
tion de la cornee , 64. peut changer de
figure, 67. tache occafionnee dans
I'oeil par quelque corps qui glilTe fur
la cornee, 87, 88. apparcnce occa-
fionnee quelquefois par I'humeur qui
enduit la cornee, 88. ce que c'eft que
la cornee , ou a quoi elle ell continue ,
^46 > 54"'-
Corne.t de I'infefte du lima^on, pag. 318.
des orties de mer, 547, 348, 350,
3yi, 3 j2. efpece de comes fervant de
jambes a I'etoile de mer , 3 J9. efpece
de cornes femblables dans I'ourfin ,
421 , 422 ij'fuiv- rcprodudlion des cor-
nes de I'ecrevilTe, 453. Corne ou dent
pointue qui fe trouve a la bafe des fe-
mences ou au-deffous du fruit de cer-
taines plantes, 495 , 496.
Corps fvnores , leur forme influe fur le
ton qu'ils donnent , pag. 1 1 1 , 112.
Coryfpermum HiJJbpifolium ,pag. fco, ^01.
Couleur , change felon que I'objet eft ou
plus ou moins obliquement , pjf. 41.
couleur de la gorge de pigeon , des
etoft'es changeantes , ibidem, couleur
de la jonquille vue au travers de la
flamme bleue de I'eau-de-vie, ibidem.
du corail fe perd au feu & dans le jus
de citron , 42. comment on donnc aux
plumets la couleur ecarlate , ibidem.
moyen de faire difparoitre la couleur
d'un rubis , ibidem, couleur apparente
des objets nous aide a juger de leur
dillance , 48. les couleurs nous pa-
roifl"ent difterentes par leurs oppofi-
tions avec difFerentes couleurs , ibidem.
font modifiees par la qaalitc de la lu^
miere, ibidem, experience fur le jugc-
ment que nous portons fur la couleur
des objets vus a travers un verre co-
lore, f I. experience pour reconnoitre
DES MATIERES
fi Ics ieuTi yeux voient les objets de la
mime couleur, 51 O/ujV. caulcs qui
peuvent changer la couleur apparente
a'un objet , $4. couleurs que voient
dans les lunettes d'approche ceux qui
n'ont pas I'habitude de s'en fervir. Si.
experience pour faire paroitre les cou-
leurs de I'arc-en-ciel dans une fiole
d'eau , Si. quels fo/tt les yeux qui
voient ces couleurs & dans la phiole
& dans les gouttes de rofee , Si, 8z.
couleurs des images que Ton voit
apres avoir regarde le foleil, 96. cau-
fes de quelques couleurs apparentes
ou accidentelles, 97. couleurs des mt-
taux enfufion, 169. couleurs des me-
taux diflous & de leurs precipites ,
193.. 194- differentes couleurs des pre-
cipices de mercure comment produi-
tes, 194 &■ fuiv. couleur des vapeurs
du nitre , 196. du mercure calcine ,
197. couleur naturelle au mercure he-
rifTe des acides du nitre, 199, zii.
couleurs fucceflives ou alternatives
qu'on peut donner au precipitc du
mercure, 8c comment, ioi G- fuiv.
couleurs produites par le charbon de
terre , 210, lio. couleurs fucced'ives
que prend la liqueur des buccins ex-
pofee a differens degres de chaleur,
401.
Couleurs que le fublime corrofif donne a
cette liqueur, 404, 40 f. couleurs d'uii
fucit! dans quelques circonftances pa-
loiflent &: difparoiffent, 490, 491.
Coulevr^e. Voyez Brione.
Couleurre ^ a deux teres , pourquoi ainli
nommee , ja". 291. couleuvre tres-
grofTe dont la morfure etoit veni-
meufe & la chair faine .a manger, ihid.
CoupcUe , a quoi Ton reconnoit que I'ar-
gent contenu dans une coupelle eft af-
fine, p.-:g. 161.
Couperofe verte, pjg. 2^4 Zffuiv.
Coarams de la iClcditerrance, p^g. i(52.
CuuTonrieJn.ptri.-tle, fa fleur, difpofition
du piftile & des t'tamines, p:ig. 4f4.
CouTonnes autour du foleil , pag. 52. au-
tour des chandelles, jS, f9.
Coureliers ou Couteaux , forte de coquil-
lage, pag. 407 &■ fuiv. leur ccquille ,
407. ligament & membranes qui joi-
gnent enfemble les deux pieces de
cette ccquille, 407, 408. a quoi fe re-
duit le mouvement progrelTif des cou-
teliers, 40S , 410. ils vivent dans le
fable ; moyens de les en faire fortir ;
58i
effets du fel fur cc coquillage, ii/'n &
409. tuyaux qui leur fervent .i refpirei
j'eau, 409, 410. partie qui leurfeit dc
jambe, 410 t> fuii. comment s'en fer-
vent, ibid, ne luifent point, 418.
Crahes qui fe logent dans certaines co-
quillcs bivalves, ne inangen: pas les
poiflons renfermcs dans ces coquillcs ,
529. reproduction des jambes ou pas-
tes des crabes , 450.
Cripufcuh , comment peut fervir a mefu-
rerla hauteur de latmofpherc, ii(5,
217.
Crre charnue de la moule de mer, pag.
586.
Crocodile enfcrme dans une caifle pieine
d'eau , combien y fut de terns farii
vouloir minger , pag. 290.
Crocus ou Safran de Mars, pag. jf6.
Crue du Rhin Sc de quelques rivieres ,
p.lo. 1S5.
Crjfld d'lflande diem par M. Hughens ,
p. 40 &■ fuiv. par M. de la Hire, 299
O-juiy. fa figure, fcs proprictes, 299 ,
fa rcfraftion, jco.
Crjft.il de roche,;;. 41.
fr^?.!/detartre,2-8.
CryfidUirt , p. 47 , peut avoir differens
foyers, ff &: 56. hgure qu'il doit avoir
pour produire la vue dillindle , jr.
cryrtallin des Presbytes , (^. vice du
cryllallin , j8. le cryllallin ne peut
gueres changer de figure, 6-. fi la ca-
taratlefe forme fur lecryftallin, 74.
crvftallin des I'resbytesqui ont la cor-
nee fort convexe, 78. crylhllin tou-
chant a la retine dans quelques fujets ,
-?<). moyens de reconnoitre I'inclinai-
fon du cryrtallin, 88, 89. fa ftrufturc,
94, 100. cryftallin des yeux d'un aveu-
'> gle , j68 , ^6^.
CryftaUtfaiion qui fe fit dans une bouteil-
le , p. 169, 170. cryrtallifation du vi-
triol vert & des autres fels mine-
raux, 25 J &fuiv. efpecede cryrtallifa-
tion du corail 2fv cryrtallifation du
fel du falpetre en forme de vegetation,
262,265, 264. _
Cutire, en quoi dift'ere du laiton, p. ijo,
241. cuivre diflous par I'efprit de nitre
& precipite par les alkalis , 271 , 272.
diijbluble par prefque routes les li-
queurs acides, i-"!. effet d'une plaque
de cuivre mife dans une diflolution
d'argent , 272 O/uiV.
Cuis - de- chevcux ou Cub - d'anes. Voyez
Onits de mtr.
584
TABLE ALPH
Cylindres fonores donnent des tons pio-
portionnels i leurs foliditcs, p- Ho
G-fuii'. cylindres de bois ont line ef-
pece de foyer de diiripation a chaque
bout. 111.
D
J_J Ai L s , forte dc coquilbge , p- 411
^[aivAtwxcoqw'Mt, 411,415. leurs
habitations ; efpece de mouvement
progrcffif de ces animaux , 413,414..
leurs tuyaux , 416. leur pourpre , 416.
leur propriete phofphorique , 416 G-
fun:
Vibordemen': de la '^eine, p. iSo.
DicUn.iifon de raimant, reconnue varia-
ble par Gaflendi , jag. 18. recher-
ciies fur la loi de variation par Hailey,
■p. 19, 8c parM. de Li(le,p. 16 O/uiV.
fuite' d'obfervations fur cette matiere ,
11 &fuiv.
Dents (efpeces de ) de I'etoile de mer,
p. 55S. de Tellomac des ecrevilles ,
437. efpece de dent au-deffous du fruit
oudes femences de certaines plantes,
49,- , 496. dents qui tombent fans dou-
leur ni effufion de fang , 545.
J9^p£«/e de I'eau de difftrens jets, p. 114.
Difomlk quittee par recreviffe dans fa
mue, p. 437, 458-
De/cratfi de vellie,p. 567, 565.
Dilatation apparente des objets lumi-
neux , p. 59, 4V ^^ !=• prunelle de
I'oeil dans I'obfcurite, j^ efFets de la
dilatation de fair & de quelques_ li-
queurs, 149 6" fiiiv. dilatation de fair
obfervee en differens cndroits & a
differentes hauteurs, 167, 168. dilata-
tion de fair du barometre dans un
lieu echauflfe par un grand feu de mi-
ne d'acier, i68.
Dijjhhans des bitumes & des refines , p.
267. des matieresfalines. Sec. ibid, des
mctaux, 2.71.
Dijfonances , p. 109.
Diflance connue d'un objet , influe fur
I'idee qu'on fe forme de fa grandeur ,
p. 48. comment on juge de la dillance
des objets par lavuefeule, p. 49. on
en juge mal avec un oeilfeul felon M.
dela Hire, iAirfem. dirtance apparente
d'une chandelle vue pendant la nuit,
9f;.
Dijlilktion des efprits acides eft une ef-
pece de fublimation , p. 177- de la ma-
tiere ftcale feule & avec differens in-
A B E T I Q U E.
termedes & a grand feu, 281 Et'/ujV.
au bain-marie, 285.
Diocephalon Americanum , p. 494 &" fuiv.
propriete de fa fleur, pourquoi cette
fleur a ete nommee cataleptique , 494
£-- fuiv.
Du6liliii dc divcrfes matieres, p. 211 v
fuiv. deux fortes de corps duftiles ,
2ii. duftilite de for & de I'argent ,
222 Er Juiv, du verre ramolli par le
feu, 224 ^ juiv. de la matiere des fils
de ver-a-foie & d'araignee , 227 &•
fuiv.
Duodenum , membranes de cat inteftin
formant par leur extenfion une poche
plcinedepierres,p. f25, P-4.
Durt-Mere, la cornee lui ell continue,
p. j4(j , 5-47. fa feparation d'avec la
pie-mere, 546. canal qu'elle donne au
nerf optique, 5-47. OS trouves dans la
dure-mere, J71.
TLau, comment fe glace , p. 51. fa re-
fraftion , 52 , 74. fa gravite fp^cifique ,
58. celle de I'eau de mer, ibidem, de
difterentes eaux , 59. vitefles dc feau
fortant par differentes ouvertures de
tuyaux de differentes hauteurs, 112 &>
fuiv. experiences fur le mouvement
que prennent dans une eau, mue cir-
culairement, des corps un peu plus
pefans que I'eau, 113. acceleration de
I'eau , ibid, force de feau qui fait un
pied par feconde , ibid, jets d'eau natu-
rels aux environs de Bologne & dc
Modene & dans la Baffe-Autriche ,
115 , 114. ce que c'eft qu'un pouce
d'eau , 114. depenfe des jets d'eau,
quelle proportion elle fuit , 114. vi-
teffe d'un corps nageant dans I'eau ,
ibid, quantite d'eau qui s'ecoule par
une ouverture horifontale & par une
ouverture verticale , ibid, quantite
d'eau qui fe perd par un trou rond
d'un pouce de diametre, 114, 11 y. vi-
teffe des ondes excitees dans feau par
la chiite d'une pierre , 117. effet de
I'eau bouillante fur fair , 117 Zr- fuiv.
h refiftance au mouvement d'un pen-
dule comparee a celle de fair, 119.
refradlion des balles de moufqu.t dans
'eau , 1 20 &■ fuiv. effets & applatiffe-
ment de ces balles, 120, 121. quan-
tite d'eau torabte en 1709 a Paris,
■140.
140. en divers autres endroirs, 141
G- /uiV. eau de la mer , fcs aualites,
160. 161. eau de met- artific idle, 160,
161. analyfe de rcaudemer, 160. dif-
ferences entre I'eau prife dans la mer
ii diffcremes profonaeurs, a differen-
tes dillancesdes terres, &c. iCo, i6i ,
166. e.iu de mer filtrce a travers la
terre Sc a travers le lable, i6i.effet
de i'eau de mer lur les legumes & la
chair de mouton qu'on faiccuire avec,
161. eau d'Arcueil, fel qui fe forma
dans une bouteille de cetteeau, 170.
depot qu'elle fait dans fes canaux ,
ibid, air contenu dans i'e.iu, 170. ex-
perience fur la communication de I'air
dans I'eau, 170, 17 l. quantitc d'eau
tombee en nil en divers endroits,
180 (yfuiv. effet de I'eau fur le pliof-
phore d'urine, 191. quelle ell la caufe
dela fluiditc de I'eau, 198, 199. eau
melee avec de I'efprit de vin, ce qui
en refulte, 118. examen de quelques
eaux minerales de France , 119. quan-
tite d'eau tombee en 1711 , 2ZO.
eau de pluie ramalTee fous une gout-
tiere, ce qui s'y forma, 164 &- fuiy.
I'eau eft le dilTolvant des matieres fali-
nes, 167. precipite des eaux de Pafly ,
269. rapports de I'eau avec I'efprit de
vin, ibidem, eau de chaux , 174. eau
verfee fur du bifmuth penetre des aci-
des du nitre fur du plomp diffbus par
ceux du vinaigre, ibid, eau tiree de la
matiere fccale , 181 Er/io's'. eau diftil-
lee de cette meme mitiere aprcs une
longue fermentation, 285. I'eau feule
n'agit point fur lebezoard, ;i2. eaux
foufrees des environs de P'oligno, de
Tivoli, ;oi. eaux falees de Gex, 42.6.
I'eau nc dilfout point les poullieres te-
condantes des neurs , 4J0. eau con-
traire aux dents, f4f.
Eau-mere du vitriol & des autres fels fof-
files , 5J.r. 2;f ij fuiv. effets du me-
lange de I'eiu-mere du vitriol avec di-
verfes autres liqueurs , 257, 238, em-
ployee en medecine , 5^58.
Enu regale verfi'e fur I'antimoine , pag.
2'')8. compofitionde I'eau regale, 27^.
experience faite a^ec de I'eau regale
foible &: nouvelle, ibid.
Eau fpiritueufe tiree de diverfes plantes
aromatiques , fes bons ettcts, pag. J41.
Ccaii/e des ecreviffes, deshomards, des
crabes, fe reproduit, p.tg. 450. ccaille
des pattes de I'ecrevilic, fes futturcs.
Tone III , Panic Fruncoiji.
D E S M A T I £ R E S. ygf
451. tiffu de rrfcaille de I'ecreviffe ,
45;. comment I'^crevilfc change A'i-
caillc , 45 f ir/t/ii . coulcur de I'ecaille
quand la nuie eft prochaine ; coulcur
de la nouvelle ccaille aprcs la muc ,
4?^. 459- etfets de ditferens dcgrcsdc
chaleur fur cette ccaille, 439, & de
I'eau-de-vie, ibid.
EcailUs des rayons d'une ^toile de mer ,
pag.^ic).
Echo ,pag. 108, lyi , i f 2.
Eclipfes de foleil, pag. 8 8f 9. de Jupiter
& de fes fatellices par la lune, ii. de
Venus par la lune , 1 1 , 12. de lune 16.
autre fuivie d'un mcteore , 32.
Ecorce enlevce a des ormcs en tout ou en
partie, p.i^. 44o£.-/i;i;. tombe d'elle-
meme a quelques arbres & fe renou-
velle , 440. ecorce fine ou parchemirj
qui fe trouve fous I'ecorce grofliere dc
certains arbres, 441. tilfu de ce pai-
chemin dans le palmier de la Chine,
iifage qu'en font les Chinois, 441. A
I'ecorce contribue a la nourriture dc
I'arbre , ibid &• fuii'. portion d'ccorce
enlevce a une ente d'olivier , ce qui
en arrive , 441. a un vieil olivier &
remplacee par I'ecorce d'un olivier
plusjeune, 441. ecorce interieure ou
libtr, 442 , 4^3. ecorce des triiffes,
461, 462, 467.
EcreviJJes , reproduftion de leurs jambes
ou pattes, de leur ecaille. Sec. pag. 430.
&'J'uiv. de leurs pinces, de leurs cor-
nes, &:c. 4; ;, 434. comment I'ecrevilfe
change de peau ou d'ecaille, 435 &•
fuiy. change aulfi d'eftomac , 457. yeux
d'ccrevifie, ce que c'eft, 4;8. accroif-
fement de I'ecrevifTc , fa lenteur,
439. il eft peut-etre la caufe de la mue.
Effervefcence condition ncceffaire pour
que le melange des acides des vegc-
tanx & des animaux avec les alkalis
volatils , produifenc I'effervefcence ,
P:lg. 186 , 187.
Egigropil'! qui fe trouvent dans I'ettomac
de quelques animaux, pag. 32 f.
Emphyf-me, cc que c'eft, p.fj. crti. fe for-
me quelquefois a la fuite des plaies
de la poitrine, &: dans quel cas, f(5i ,
f(j2. comment fe forme , jtf? , f64.
obfervation d'un emphvfeme I'urvcnu
a la fuite d'un coup d'eptrc a la poi-
trine , f ^4 &-fuir. grandeur de cet em-
phyfeme , ^6^, {6f. occupoit prefque
toute I'habiuide d'l corps , yf^f. en
585.
TABLE ALPHA BETIQUE
quelles paijties etoit plus confidera-
ble, ibid, parties qui en etoient exemp-
teSj itirf. 3 qvjoi Ton peut attribucr la
grandeur de cet emphyfeme , 56^,
(66. autre emphyfeme qui caufa aufll
la mort obferve dans le cadavre , ^66 ,
$6j. membrane veliculaire qui paroif-
foit en etre le fiege , $67. efpece d'em-
phyfeme naturel dans le pelican , ibid.
Empreinres dc coquilhges & de plantes
fur des pierres , pag. 151 ^fuiv.
Encre de fympathie , pag. 1^1.
Engourdijjemtnt des pieds & des mains
compare a certaine affeftionde I'oeil,
V'^S' 7S- engourdiflement caufe par
I'attouchement d'un poiiTon , igo.
Eo!ipi/e expofe a un feu violent, pag. i Ji.
Ephemere de Virginie , pag. 449.
Epiderme de la plupart des animaux, ce
que c'eft, pag. 459.
Epilepfie qui attaqua un enfant a 9 ans ,
fes progrcs & fymptomes qui I'accom-
pagnerent, mort du malade, pag, 54,.
ouverture du cadavre , ^44.
Epines de I'ourfin de mer, pag. 411.
Eponges , pas,. 570. mouvement de fyftole
& de diaftole dans quelques-unes ,
Epo/ige dublanc d'cEuf, 576, 577.
Eralle qu'on avoir coupe, efpece de ve-
getation qui fe fir fur la fouche, pag.
444 &■ fuiv. pouffiere fecondante de
I'erable ou fycomore , 449.
Efophage , fa membrane interne rendue
par ie vomilTement, pjg-. 550.
Efprit de nitre combine avec le mercure,
pag. 268, avec I'efprit de fel , 27J ,
179. avec I'efprit de vin, 278. Vnye^
Nitre. Proprietes de I'efprit de nitre ,
fon union avec les foufres, avec I'ef-
prit de vin, 270. efprit de nitre mele
avec les huiles diftill^es, 287.
Efprit defil , fes differentes qualites rela-
tivement aux acides niireux & au mer-
cure , pag. 209 & fuii\ fes divers effets
fur une diffblution de mercure, 210.
vapeur de I'efprit de fel melee :i celle
d'un alkali volatil , 247. efprit de fel
verfe fur ramimoine , 268. effet de
I'efpri: de fel fur I'or, 27J. efprit de
fel mele avec I'efprit de nitre , ibid.
■ 279. fuites de cette union, 2-9.
Efprit de vin, fa refraftion comparee a
celles de quelques autres matieres ,
pag. 74. experiences faites fir des ther-
mometres a efprit de vin, 14^ & fuiy.
effet de I'efprit dc vin fur le phofphore
d'urine ,' 1^2. du melarvge d-e Tefprit de
vin avec l'eaUj'2i8. flaiiime de refprit
de vin fur laquelle on verfe de I'efprit
de nitre , 2^4. effet de I'efprit de vin
fur le corail , ijo. fes rapports avec
I'eau & les refines , 169. efprit de vin
combine avec I'efprit de nitre, 278,
279. I'efprit de vin feul n'agit point fur
le bezoard, 322. ne diffbut point les
pouflieres fecondantes des fleurs, 4J0.
en tire quelque teinture , ibid, em-
ploye a tirer la teinture de rhubarbe,
JI9-
Eftomac de TecrevifTe , fa mue , dent dent
il eft muni, pag. 457. fucs de I'eltomac,
leur effet fur le lait dans des chiens
qui tettoient, 5-42.
Etain de glace, peg. i^-j. calcination de
I'etain au verre ardent, 254. melange
de I'etain avec le fer fait au verre ar-
dent, 256. fiimee que produit ce me-
lange , ibid, chaudieres d'etain em-
ployees par les anciens pour preparer
la teinture de pourpre : & par les mo-
dernes pour faire la teinture d'ecar-
late , 400.
Etamiiies des fleurs &: leurs fommets, v.
Aiifi , 447. fleurs a etamines 446, 452.
etamines des fleurs tubulees , 447.
manquent a I'ariiloloche longiie , iUd.
des fleurs a fleurons , a demi-fleurons
ou radices, ibid, de la fleur de la pref-
le, 454. des fleurs des arbres fruitiets
&c. accidens qui les empechent d'o-
pci er la fecondation , 454 , 45 f . ce qui
arrive lorfqu'on coupe les etamines
trop tot dans les plantes ou elles font
fcparees des fleurs a fruit, 4 y?. etami-
nes du bled de Turquie coupees avant
la chilte des pouflieres, 4f6. etamines
du coriaria , 468. du ficoidea, 469. de
la figue , 498 , 499. de la fleur du coryf-
permum, joo , 501. de celle du rici-
roidcs , '502. de celle de Valypum , J04.
de I'arbie du cafe, J07. de I'opantia ,
out un mouvement analogue a celui
des feuilles de ia fenfitive, 512.
Erincetles de feu que Ton voit quelque-
fois, a quoi attribuees,p.io'. 75.
Etoilcs nouvelles , dans le eigne, p. 9,
dans le cou de la baleine , dans le fa-
gittaire, dans le ferpentaire , dins le
lion, dans la tcie de Medufe , dans le
grand chien , dans le navire , dans An-
dromede, dans Cafliopee , dans Pe-
gafe , dans les hiades, dans lavierpe,
dans I'hidre , dans la balance , daris
D E S M A T I E R E S.
le lievre, lo & ii. obfcrv^es par Ics
Anciens, ii.
Etuiles de mer , p. 5 j8 S" fuiy. leur peau ,
?s8. etoile a un feul rayon, leurs cou-
leurs , ibid, leur boiichf nii fiKfoir , iliid.
de quoi fe nourridenc, leurs de?its , ;'/>.
chaleur bnilame qu'on leur a faiif)'e-i
ment attribuee , ^jS. leurs jambcs
3f8 (r fuiy. jeu de ces jambes , ^59,
?6o. leur glu , ^So, ^8i. nombre de
leurs jambes , 381. petite ccoiie de
mer, 419 ^fuiv. fon mouvement pro-
greliif , 4io.
Excrimens de la moule de mer', n.' i%t ,
586. ■ ..
Emcroifknce ou plante finguliere ptoduite
par la fouche d'un crable coupe , p.
^44. 44^. ftrufture externe &r interne
ae cette plance , 445. efpece de graines
trouvces dans fon interieur, 14/5.
Extenfthiliti inegale des parties des plan-
tes, a quoi peut s'attribuer, f.ig. 156 ,
- 157. extenfibilite d'une meme pirtie
enfens-contraires, 137.
Exirau refineux & extrait falin de I'ipe-
cacuanha , leurs divers efFets , p. liS.
extraits de la fcammonce , ibid, de la
rhubarbCj 518 G'Juiy. de mcchoacan,
F
t^ ACULES obferv^es dans le foleil', p.
4 iyfuiv. 'I '-
Ftdhur,enfes , mines de cuivre cn SUede ,
p. 184.
Febrifuges, p. J44.
Fkale ( matiere ) analyfee , p. iSq ^fuiv.
quantite de matiere retydue par un
homme fain en une fois , i8i. i quoi fe
reduifoit ctant defTechee, ibid, dittil-
lee feule , ibid, diltillee avec divers
intermedes , l8l. avec de I'alun , avec
du colcothar, ibid, refidu de cette ma-
tiere fermentee , puis diilillce, 185.
maniere de titer du phofpore de la
matiere fccale, 18 f t- /ii/i'.
Fer , s'il peut etre ppodtiit artificielle-
ment, p. 119 &- fuiv. peut fe troilver
dans certains melanges cn tel- etatqu'il
ne foit plus attirable a I'aiman", i;o,
131. cn quelle proportion meld avec
I'eau fiins celVer d'etre fenfible, 150.
eft en forme de vitriol dans les plan-
tes felon M. Lemery^ 130. qualitc du
fer tire du vitriol S: de5p!anres, 151.
principe du fer tire du vitriol, lu- en
quel etat Ic fer ell dans le vitriol.
f87
237. effet du foufre fur 1c fer , 143 S"
fuiv. effet d'un fel fomlu fur le fer , 144.
fer dans le corail, iC3. huile du fer,
moyen de ll faite paflcr dars I'avgant,
lyj. -.nelinge du fer avec I'ctain, f^-
mcc qu'il jctte , 2f6. fer dilTous par
•I'efprit de nitre & precinjii^ par les al-
kalis, 271 if fiiiv- dilTolublepar pref-
que routes les liqueurs acidcs , 27 1 . fer
pris intcrieurement , fes preparations ,
ff6j ?f7. cn limaille, en fr3cu.r, fj6.
fon adion , ibid, fon huile, ibid, em-
ploye en fubftance comme abforbint ,
■ibid. iux. du fer dans le vitriol ff6,
f J7. fon adlion etant pris interieure-
,ment, 5-57. preparation de fer non-
■ mee arbre de Slars , ibid, prife intc-
rieurement , a qucUes dofes &: dans
quellcs maladies, ibid le fer eft aperi-
tif &: aftringent ; comment rcunit ces
deux qualites, <;^j , jjS. fa ftiptiche,
ibid. . I
Tamtntonim , fes ei&ts fur la matiere
fccale, p. 282, 283.
FeTtilxti de la terre aprcs I'hiver de 1709 ,
p. 140.
Ferut fans cervelle, cervelet ni moelle cpi-
niere, p. ^41. autre fetus monftrueux
portant fon coeur au dehors pcndua foa
cou, yyo. autre tetus fans cerveau^ni
moelle ^piniere , ibid, autre fetus farii
cerveau & a./ant les os dc la tect mal
conformes, f7i. .■ '.
Ffu ordinaire, en quoi differe du feu (b-
laire, p. 41. effets du feu I'ur des phio-
les contenant divers fluides , 149 &•
fuiv. d'un feu violent fur u;i eolipylt ,
I fi. matiere du feu . effet de la pre-
fence de fes parties fur les vapeurs du
nitre 196. fur le mercure , 197. prei.
fence des parties du feu dans les ma-
tiares terreufes calcinees, 198. dins
I'eau, 198, 199. comment donnent la
couleur rouge aux precipites de mer-
cure, 199 t>/uir. comment revues Sr
retenues dans les pores de ce ce mct»l ,
2c». effets de leur prefence dans c«r-
taines preparations de vitriol , 2;8
if fuiv. font rcpandues dans I'lir. effet
tie la violence du feu fur des huiles dif-
tillees , 282. particules de feu conte-
nues dans an pnofphore , dans la chaux
vive, 288, 289.
FtuV.U d'une forte de fijcus ou <l'aJgue ,
• p. 472, 475. feuilles de fucus fur lef-
■ quelles fe trouvent les fleurs, puts'les
graines , 474 (^fitiv. t&i it fuiv- tuber-
£4 ij
y88
TABLE ALPHABET. IQUE
cules ou vefTies qui viennent fur ces
jnfmes feuilles, 478, 485. feuilles de
quelqu'autres fucus, 480, 48?, 484,
485, 486, 487, 488, 489,490, 491-
<lu coryfpeTmum , 500 , joi . de Yaljpum,
T04-
Fibres du coeur de rhotnrae , leur direc-
tion, pag. 29;. du cCEur d'line tortue
de mer, 294. fibres qui paroiffent dams
la fubitance de la truffe, 464, 465. fi-
bres du coeur, leurs contours, com-
ment foiment la cloifon ; fibres qui
Tenveloppent , entrent dans le ventri-
cule gauche & y ferment les colon-
nes, 5;o, j 5 1. relachement des fibres
corrige par I'ufage du fer ou mars,
5C8. relachement des fibres de Tefto-
mac , le quinquina y remedie , 5^9.
fibres de I'eftomac & des intelHns ,
equilibre necelTaire entre leur force
& la force de I'air renferme dans ces
vifceres ; deux manieres dont cet equi-
libre fe rompt, & ce qui en tefulte,
fCo.
Fkoiiea, p. 469, 470. fa fleur, 469. fon
fruit, ibid.
Tievres que le quinquina ne fait que fuf-
pendre , p. fjg. fievres qu'il guerit,
'' S^9i f6o. autres fievres qu'il aggiave ,
560.
Figue , feul fruit dont on n'apper<^oit pas
la fleur, p. 453. cette fleur reconnue
& decrite pat quelques Auteurs, ibid.
& 497 if full', fes femences, 497. leur
parenchyme foutenu par un calice &:
furmont^ d'une efpece de pirtile , ibid.
. feuilles dans I'intcrieur de la figue ,
ibid, corps qui paroiffent etre les fom-
mets,497, 498. , . .
Fil, force des fils reunisfans etre tortil-
les, comparee a celle des cordes , p.
175 if fuiv. fild'or, iiiZffuiv. n! de
verre, iij &fuiv. fil de ver-a-foie &
d'araignee, ii6 &fuiv. tenuice des fils
d'araignee , 230. comment ces fiJs
prennent de la confiilance, 230, 251.
effet de la chaleur fur la matiere de
ces fils, 5ji; efFet de I'eau & de I'ef-
prit de vin fur cette meme matiere ,
231. les araignees forment de deux
Filieres des araignees, v. i2.y C-'fuiv. ^ij
filierc de la moule cle
mer, 383. dela
petongle, 388.
Fijlule lacrymale, ce que c'ert, npoyens
& inftrumens imagines & employes
.pour la guerir, 'p. .y70.
Flammes ouj?flmme/ret,coqui.l:lages,p. 5 54.
Flemengieiinus, puits d'une mine '.en Sue-
de , p. 184. -■
Flemingjfchatet , puits d'une mine en
Suede, p. 184.
FkuTS de quelques plantes marines , p.
374. examen des principales parties
des fleurs,'44(5 &■ fuiv. fleurs a etamines
ou chatons , 446, 4?2. fleurs a fruits,
ihid. flent de la paliion , fa poufliere
fecondante, 449. fleurs radices, leurs
pouflieres fecondantes , 449. fleurs
qui ont plufieurs pilliles, auires qui n'en
ont qu'uo , 4 50. fleurs males du poti-
ron ou faufiTes fleurs, 4fi. leurs fom-
mets, leur poufliere, comment fe re-
pand, ibid, fleurs a huit oufieuisfe-
melles du potiron, embrion^du fruit,
piftile,4fl , 4f2. fleurs males & fleurs
femelles feparees dans plufieurs autres
plantes raais croiflant fur un meme
pied, 4^2, 4f-8. fur des pieds fepares
dans d'autres plantes, ibid, fleur de la
figue, 4f3, .^cjy t-fuiv. fleurs a etami-
nes chargees de poufliere, de !a prefle,
4^4. fleurs des arbres fruitiers, &:c. ac-
cidcns qui empechent quelquefois que
■les fruits ne leur fuccedent, 4J4, 4yj ^
fleurs males & fleurs femelles du poti-
ron , 458, 4f9. fleurs ducoriaria, 468.
du jafminoides, 46S, 469. du ficoidea,
469. <lu partheniallrum, .470. de quel-
ques fucus, 470 &fuiv. 482,485, 487.
du dracocephalon, 494 & fuiv. pedi-
cule de cette fleur , 495. de la figue,
497) 49S- fleurs males du ma;s feparces
des embrions du fruit, 499. fleurs ma-
les qui ont donne de la graine fur quel-
ques pieds de mais, ibid, fleur du co-
ryfpermum, 500, joi. fleurs du rici-
noides, 502.' de Vahpum , 504. de I'ar-
breducafe, 506, J07. du lichen etoi-
le, jii.
Flions. Voyez Telljnes.
fortes de fil, 512. leur force comparee Flux &■ Tejlu.v de la riviere de Menan au
>_-ii_j.. cij — ir-:„_-,. I- i-j„c; _. *0 ^^u^^^i
a celle du fil des vers-a-foie; 313. le
fil d'araignee eft pluscrep^, ibid, fils
des monies, 334, 381 G^./ijiy. despin-
nes marines , 387. de la petongle, ibid.
Fihu de la retine & du nerf optique, p.
66, 6y. dans les oifeaux , 67.
royaume de Siam, ;;. 28. de Ja mer a
Cayenne , 29. en difi"erens endroits
d'Amerique , 29 & 30. opinions de di-
vers Auteurs fur les caufes du flux &
reflux , I J2 &■ liiii . a quelle latitude le
flux ceffe d'etre fenfibk, 156. flux &;
D E 5 M A T I E R E S.
icfliix ne fc fait fcntir qu'uiie fois en
24 heures dans certains cliniats , ip.
n'a pas lieu dans la Mediterrancc en
general , 161.
Foiesde moutons decrits, p. 191. foie de
la moule des ctangs, 564, j66.
f on^f de la mer , p. 159,160.
Fontaines dont I'eau ell contraire aux
dents, p. J4f.
Force, experiences fur la force de I'hom-
me & fur celledu cheval, p. 121 , lii ,
125' , 126. fur la force des mufcles,
125. fur celle des cordes & des fils
non tortiilcs, 175 iy fuiv. force des
fils de verre , 217.
Foiirmis , ciuantite d'acide qu'elles doii-
nent par la dirtillation, p. iSg.
Foyers des verres de lunettes , du cryftal-
lin de I'oeil, p. ff , 56. des humeurs
de I'oeil & des matieres etrangeres qui
peuvent s'y trouver , 72 , 74. foyer ab-
iolu d'un verre convexe , 77. foyers
des verres de lunettes employes a me-
furer la force des yeux , 105. foyers de
difllpation du fon obferve dans les cy-
lindres de bois, H2.
Fr^xinells monrtrueufe, p. 291.
Froid, ( fenfation du ) a quoi attribuee,
p. ?l. froidde 1709, ijS, 1 39 , 140 &•
fuw. froid de 1710, froid de la neige ,
165 , froid de la glace, 168, iCi^). de
I'annte I7i2,p. 220. effetdu froid fur
une malTe d'argent fondu qui com-
mence a fe figer, 261. du contaft fubit
d'un air froid fur la boule d'un ther-
mometre fort tchauffee , 262. froid
que Ton fent dans les caves en cte,
trovemens des corps , par quoi font occa-
fionnes & a quoi font proportionnels ,
p. 123 &fuiy. frottement des fils qui
compofent une corde, 173, 177.
Fruits, moyen de les garantir de la ge-
Ice , p. jr. fruits non murs Sc fruits
milrs ; differences que donnent leur
analyfe, 1S6. fruit de VAcucia ftni
Egypti^c.i, 5IJ, 526. teinture qu'on en
tire, ufage qu'on fait de ce fruit dans
le pays, 326. fruit du paima crucifera
de J. Bauhin, 327. de quelques plantes
marines, 3-74. accidens qui empcchent
la formation du fruit fur des arbres
bien fleuris, 454,4? y. fruits mi-partis,
461. fruit du coriaria, 469. du jafmi-
noides, 469 du ficoidea, jAiif. du co-
ryfpermum , joi. du ricinoides, 502.
Fruiex tenibilis. Voyez Alypum,
ih
Fucus, p. iyo& fuiv. 396. grains & fleurs
defucus, 4-0 fj-fuiv. capfules dc ces
graines, 470, 471. ce qu'on entcnd
par Ic mot fucus , 471. defcription
d'un fucus ou alga laiifoiia &cc. 471. &•
fuir. efpece de racine de cette plante,
ibid, fa couleur , ibid, fes tiges ou ner-
vures,47i, 472. fa feuille, 472, 473.
fucus nomme quercus marinma &c,
475 &fiiii'. fes vtficules, 473 &• Juiv.
fes fleurs, 474 &r 475. fes graines 47 j
O/u/i. leurs capfules, 476 G- fuiv. po-
fition de ces fucus, 475 , 478, 479.
ufage qu'on fait de ces fucus , fel qu'ils
contiennent, 479. coraiine qui croit fur
des fucus, 479. fucus a feuilles four-
chues, plicesen gouttiere, 480,481.
Fucus arboreus , 481 , 482. fa tige , 481 ,
482. fes tenons , racines ou crochets,
4S1 , 482. tuberofite qui forme le pied
at cette plante , d'ou partent la tigc Sc
les crochets, 481 ,482. fa feuille 482,
fes fleurs, ibid, fucus a longues feuilles
ou blanches comme des cordons, 483 ,
4S4. fes fleurs, fes graines. fucus mariti-
musnodjjus,&:c.o\x .i groffcs vefl'ies,fon
pied ou fa racine, fa pofition , fes ti-
ges , 484. fes veflics pleines d'air , 484 ,
48 f. fes feuilles, 4S5 , 486. fucus nom-
me b.iudrier. 4.86 , 487. fes racines, te-
nons ou crochets, 486. fon pcdicule ,
ibid, fa feuille, 486, 487. fes fleurs,
457 fucus nomme ahies marina o\x gor.-
goiara , 487 , 480. fes branches , fes ti-
ges ,487, 48S. leurs veflles ou goufles,
4S8. fucus mertibranaceus acaulos , &c.
458 &fuiv. fa racine ou fon pied , 48S.
fa feuille , 488, 4S9. fes graines ou
leurs capfules , 489 , 490. fucus de plu-
fieurs couleurs , 490. comment perd &
reprend fes couleurs , 490 ,491. fa
racine, fes tipes , fes branches, 491.
fes graines, ou fe trouvent , ibid, fucus
nnltis condicans , &C. fa racine, fes ti-
ges, fes feuilles, fes graines, 491. /u-
cus teres ram^fij/imur , &c. 492 , 453 , fa
racine, fes tiges & fes branches , 492.
fes boutons ou mamelons femblenc
Ctre des capfules de graines , 492 ,
Fumie jettee par deux liqueur? , & dans
quel cas, p. 127. couleur dc la lumicre
vue a travers une fumee noire, 171.
fumee noire melee avec du blanc ,
171 , 171. fumee produitc par un me-
lange de fer & d'ctain, if,(>. effet du
vjnaigre diftillc fur cette fumoe con-
590
TABLE ALPHAB
denfce en forme de c'ofon, iy6, 257.
eftet de Tefpiit de vitriol fur ce meme
coton ; huile tiree de I'une & I'autre
foludon, iijj.
G
(jr ALEOPsis , efpece de dent a la bafe
de fcs femences , ^i!,^. 496.
Gangrene feche endemique , attribuee a
I'ufage du bled cornu nomme ergot ,
pag. ;!<).
Gelse , ton effet fur las arbres , p. 1 58 &•
fuif. fur de I'eau de fleur d'orangc ,
ii8.
Celees de mer , efpece d'orties de mer.
Voyez Orries de mer.
Cemmius ( Mont) fa hauteur, p. 41 f.
Genet d'Efpagne , fa pouffiere fecondante ,
V- 449-
Geranium , fa poutTiere fecondante , p,
449.
Glace, conjeftures fur fa formation, p.
}i. fa refraction, 52. une glace de mi-
roir multiplie les images d'une bou-
gie, plus on la regarde obliquement,
45. froid de la glace, 168, i6y. glace
qui fe trouve en ete dans une caverne
de Franche-Comte, 41 f.
Claires ; effets du pareira-orava dans les
maladies caufees par des glaireSj p.
ji7,p8. '
Claife, comment devient blanche, p.
414 & fuiv.
Glandes du mefentere groffies par un
amas dechile,p. 52.6. Ufage des glan-
des, 535 &■ faiv. leur ftrudlure , j?4.
Ez/uiV. glandes conglobees Sc glandes
conglomerees , en quoi different, fjf.
comment font les fecretions, 55 f, 556.
Glandes de Couper, font le fiege d'une
forte de gonorrhee , 556. C- fail', obfer-
vations faites fur le cadavre d'un
homme attaque de cette gonorrhee ,
J 39, J40. etat des glandes de Couper
dans ce cadavre, liqueur qu'elles cpn-
tenoienr, n9- indices de cette mala-
die dans les corps vivans , fa cure,
J40.
Glands de mer, leur adhefion a d'autres
corps, p. 388, 590.
Globes de feu , p. 33.
Glu da coquillage nomme ceil-de-bouc ,
ufage qu'en fait cet animal, 379, )8o.
desortiesde mer, 380. des etoiles de
jner, 380, 381. de la moule de mer,
384.
E T I Q U E.
Golfe de Lyon , obfervation de fon fond ,
P- i^> . , .
Gomme qui fert a faire le vernis de I'lnde ,
p. 134. gomme Arabique ou gomme du
Senegal, 526.
Gon^olara ou Abies marina , forte de fucus.
Voyez Fucus.
Gonorrhee virulente diftinguee en plu-
fieurs efpeces, fes differens fieges, p.
S'36&'/u!v. fes caufes, 557, 538. com-
ment devient compliquee ayant d'a-
bord ete fimple , ibid. Obfervations
faites fur le ca-davre d'un homme qui
avoit eu une gonorrhee fimple, 539,
HO-
GouJJes des plantes, fens dans lequel elles
fe tournent le plus fouvent , p. 295.
goufle de Vacacia vera Egyptiaca, 32 j ,
326. des femences de quelques fucus,
475 G-JuiV. 481,485,488.
Graines de I'acacia vera Egyptiaca , pag,
325', 3 26. de quelques plantes marines ,
574. lies plantes bulbeufes; moyen de
les avoir bonnes, 441. embrions des
graines, dans quelles parties des fleurs
font renfermes , 447, 4fo&'yiiij'. font
fecondes par les pouffieres , 452,
455. efpece de graines ou de poufliere
fecondante dans les truftes , les cham-
pignons , les capillaires , les moufles ,
453. embrions des graines de la figue,
iiicf. graines de la prefle ne font point
connnes , 454. embrions de graines non
fecondes par les pouffieres obferves en
differens degres d'accroiflement, 457.
embrions de graines des plantes Itgu-
mineufes obferves en differens tems
avant & apres la fecondation, ^p,
4f8. graines des pivoines a fleurs dou-
bles, 4f8. cellules des graines du po-
tiron, 45'9. de la pomme calville, 460,
efpece de graine dans les truifes , 462 ,
464 , 465. graine du parrheniajlrum ,
470. de quelques fucus , 470 t> fuii' .
liqueur exprimee de ces graines , 478.
graines de quelques autres fucus, 481 ,
483, 484, 485, 486. (y fuiv. graines
du fucus membran.iceus ou leurs capfu-
les , 489 , 490. d'un petit fucus de plu-
fieurs couleurs,'49i. d'un autre petit
fucus, ibid, du fucus teres ramrjijjimus ,
493. du dracocephalon , 495, 496.
graines de la figue , efpece de noyaux ,
497. de Valypum, J04. graines vagabon-
des, fi2.du lichen etoile, iiW.
Grains ou oeufs qui donnent use teinturc
U E S M A
de pourpre , pag. 595 &• fuiv.
GraiJJes de I'oeil , accident qu'clles pcu-
vent caiifer, pag. 63. cellules de li
graifle fituecs fous la peau , fiege prin-
cipal d'un emphyTeme, J65.
Crav'ui fpccifiqiie de I'eiu de la Seine,
de I'air, de I'eau de mer, du vin, fag.
Greffes , condition neceflairepour qu'el-
les prennent , ]>ag. 440.
Grojjejje incroyablCj fag. ji6.
Crotte de Foligno , pag. 590&-/uiV. fes
incrullations, fes colonnes, fon plan-
cher oil fol , 390!, 391.
Crotte d'Antiparos, 391.
H
.11 ^ LOS pag. ; 4.
Herijjhns de mer. l^oyer Ourfiis.
Heure lunaiie fuivant Neuton , p. 1 j(?.
Hexagone , generation de cette figure
dans des cercles qui fe preiTent appli-
quee aux cellules des abeilles, p. ^41.
Hiacuh , coquilles auxquellesHaza don-
ne ce nom , pjg. 554.
/■/iicn tres-rudes , pug. 158, 159, 140 &<
fuiv.
Homards y reproduftion de leurs jambes,
p2g. 450.
Homme, fa force dcterminee par des ex-
periences, p:lg. !2I, Hi, iif, 116.
Houblon femelle eleve dans un lieu oil
il n'y en avoit point ds male , pag.
456.
Kuiie d'olives, fa refraftion comparee a
celles de quelques autres matieres, p.
74. huile de I'urine de vache &: de I'u-
rine d'homme , 119. huile de lin em-
ployee pour tirer le fer de I'argile &
lis divers melanges , 119, 130. huile
d'une forte de gland du Malabar, fes
ufages , 1 34. dans quel cas les plantes Sc
les fruits ont le plus d'huile, 186. effet
du melange de certaines huiles avec
un efprit acide. 133 , 134. huile du
laurier royal , 148. matieres deltituees
de toute nu«ile , 154. effet de I'huilc de
charbon on de quelqu'autre grailTe fur
la chaux dVtain, i?4, ijf. matiere
huileufe contenue dans le fer en eft
peut-etre le fondant , ijj. nioyen de
taire palTer I'huilc du fer dans I'ar-
gent. Iff. huile mttallique inflamma-
ble. If?, paffage des huiles des nie-
taux dans la fubttance des vt-gttaux &
des huiles vegctaks dans la fublhnce
T I h R L S. fo,
des metaux , 1 58. huiles font Its dillol-
vans desbitumes & des refines, zfi-?,
169. huile d'olives& I'huilc de thtrt-
bentine diffolvent le camphre , 169.
huile de tartre niek'e a quelques ef-
prits acides, 175. huile tirte de la ma-
tiere fccale , iSo & full', etfet de la
violence du feu dans la diftillation ds
cette huile, iSi. huile blanche & hui-
le rouge tirtesde cette matiere, 283,
iSa. cette huile blanche mife en di-
geftion avec le mercure ou quelqu'au-
tre metal, 284. huiles dirtillces dans
quels cas s'enflamment , 187. huile
contenue dans le phofphore tire de la
matiere fccale, 188, 289. huile d'oli-
ves , huile ^theree de terebenthine,
huile de tartre combinee avec lalaque,
320. huile dont les poudleres de quel-
ques fleurs font chargees , 449. 1'huile
d'olives & celle de tcrebenthine ne
dififolvent point ces poulTieres , mais
entirentune teinture, 450. huile tiree
des truflfes &: Comment, 467. desnoix
de Bicuiba, f2i.
Huitres, perles qui fe trouvent dans leur?
coquilles , p. 328. comment on rend
verte la chair des huitres, 351. leur
adhciion a d'autres corps, 388, 59Q.
ne luifent point, 418
HU7,
It poin
e I'oei
1, p. 47, fi. condition
neceffaire dans fes humeurs pour pro-
duire la vue diltindte , ^4. dans laquelle
dc ces humeurs pent refuler la caufe
des nches &: des fils noirs que I'on
voit quelquefois fur les objets, 73.
epanchement de I'humeur aqueufe dans
1 operation de la cataratte , 74. fa re-
generation, Tf. humeur glaireufe qui
humefte I'ocil & fur-tout le bord des
paupieres, 85 &■ fuiv. effet de latrop
grande vifcolitc de cette humeur, 88.
humeurs de I'oeil d'un homme more
d'lm emphyfeme, f66, d'un aveugle,
f68 , J69.
Hjdarides fur I'ovaire d'utK ferame , ;;.
Hi.
Hv(^r.iu/!jue ( experiences d' ) p. iii &■
fuiv.
Hyjropifie laiteufe, a quoi attribuee, ;•.
f2f, f26. hydropliie tympanite , fa
caufe, j6o. inutilite Sc danger de la
pondtion dans cette maladie qui ell
prefquetoujoursmortelle, ffii.
H;Jfpe a une efpece de dent au-dcffous
"de fon fruit, p. 496.
f9i
TABLE ALP
I
1 LEU. 11, ligature faite a cet inteftin
dans des chats vivaiis pour obferver
les efFets de la paflion iliaque, p. $75,
„.J74-
Iliaque (pa/Tion) p. jji ^fuiv. fes eftets
obferves dans des c'nats ouverts vivans
& dans des chiens, yyj, ^74.
Indinaijon de Taiguille aimantee, p. 2i.
Inflammation aux yeux , efFet fingulier
qu'elle produifoit, p. So, 81.
Injlammahiliti des tetes-mortes de certai-
nes diftillations de la matiere fecale ou
de fon fel eflentlel, p. 181, i8j. difte-
rens degres d'inflammabilite de diffe-
rens phofphores, 287, 288. des pouf-
fieres fecondantes de certaines fleurs,
449.
Inflexion des rayons du foleil paflant pres
delalune, p. 11. des rayons lumineux
pafTant pres des bords des paupieres ,
«6.
InfeBes donnent beaucoup d'acides par la
diftillation J p. 188, 1S9. iiifeftes du
limai^on, 516 ^ fuiv. ou feplaifentle
plus, 516, 3 !7. terns de les obferver,
317. la fecherelTe favorifeleur multi-
plication , 51S. leur trompe, leurs
cornes, leurs jambes, leurpdil, leur
anus, 518, 319. infede qui tait fauter
fa coque en fautant lui-meine comme
le ver du fromage, 319. vitefle du
mouvement progreflif d'un tres- petit
infefte, 591. mufcs de quantite d'in-
fedes, 4i9, infedes des truffes , 463.
Intejlins de la moule des etangs, p. 566.
matieres qu'on y trouve, ibid mouve-
ment perillaltique & antiperillaltique
attribue aux intertins, J72 &-/u/V. ob-
fervations fur leurs raouvemens dans
la palfion iliaque faites fur des ani-
niaux ouverts vivans, f75, ^74.-
Ipecacuanha, analyfe, effets de fes parties
feparees, p. 127 , 128. purge Sc ref-
ferre, ji8.
Iris que Ton voir autour des chandelles ,
p. 57. Iris de I'homme & de la plupart
des animaux diffcrente de celle du
chat, p. 94. eiTets & caufes de fa trop
grandc dilatation; dans quel cas fe di-
late ou fe reiTerrc, 107.
Jjj/i.p compare au mecho.ican, p. f50.
Jamles de I'infede du limafon, p. }lS.
parcie qui fe':t de jambe a la moule ,
333. au lavignon, 534 ^ fuiv. jambes
HA B ^ T I Q U E.
du Bernard-l'hermite, 341J. de i'etoile
de mer, 558 b-fuiv- 3S0 , 381.de \x
moule, 385 , des couteliers, 410 &•
_/i(jV. des ecrevifles , deshomacds, des
crabes , leur reprodudion , 430 irfuiv.
leurs jointures ou articulations dans
les ecrevifles, 431. ou fe calTent natu-
rellement, ibid, futures qui s'y trou-
vent, ibid, ce qui arrive lorfqu'on a
coupe la jambe de I'ecrevifle ailleurs
qu'a I'endroit oil elle fe cafle naturelle-
ment, ibid, dans quelle faifon cette re-
produdion fe fait le plus prompte-
ment,432, 433, 4j4,-f5y- comment
les grofles jambes de recrevifle quit-
tent leurs fourreaux dans I'operation
dela mue,438.
Jamble. Voyez (Sil-de-Bouc.
Jafminoides ajricanum , fa fleur, fon fruit,
p. 468, 469.
Jaune des ceufs de poule , ce qui arrive
lorfqu'il fc creve dans I'ovidudus, p.
^7.7- . ,
Jauni/fe gaerie par I'ufage dupareira-bra-
va, p. 528.
Jonquille , fa poufliere fecondante, pag.
J:;pifer eclipfe par la lune, p. 11 & 12.
fes fatellites. V. Satellites, fes taches
& Ces bandes, p. 12 & fuiv. fes chan-
gemens de forme, p. 13.
JUait de vache , de chevre , d'anefle
analyfe, p. 189, 190. fon effet fur le
corail , 1 jo. lait qui fe trouva dans I'ef^
tomac de quelques petits chiens tues
pendant qu'ils tcttoient, ^42.
Laiton , ce que c'cft , p. 241.
Lamas d'Amerique qui donnent le be-
zoard occidental, p. 324.
Laque , fa couleur a la chandelle, p. 49.
cette refine ert I'ouvrage de certaines
fourmis, 319, 320. fa preparation,
320. fa nature , ihid. laque combinee
avec I'huile d'olives , I'huile cthtrt'e
de terebenthine, I'eau alumineufe,
rhuile de tartre, les acides forts &
foibles, ibid.
Larmes , forte de rtfervoirs de la matiere
du fil dans I'araignc'e , p. 22S &- fuif.
Laurier royal ou a grandes feuilles , p.
148-
Lavegnes ,p. 341.
Lavignon, coquillage, p. 534. &■ /ii/r, fa
coquille, gout de fa chair, mufcles qui
ferment
D E S M A T I E R F. S.
v;5
ferment fa coquille , 55^, fa jambc,
ii^O- fuiv. comment s'entonce dans la
bone , & comment s'en retire, 555.
fon mouvement progrelfif, 556.
LentUlcs ou verres convexes , comment
utiles aiix presbytcs ,pj^. y& Zr'fuiv.
Lep,2s. Voycz (P.il-de-Uouc.
Uthargie de plufieurs mois, pag. 569,
f70.
lji\ards , reprodudlion de leur queue ,
^ m- 454-,
Liber, ou ccorce imerieiire des arbres ,
pj^. 442. parol t former I'aubier , 445.
fa texture &: fon accrkjilfementj iiiJ.
en quel terns devient adherent a I'au-
bier, Ibid-
Lichen petrccus fellatus, dccrit, pag. po
iffuiv. fon calice, (.\ fleur, fcs filers,
jli. fes pouffieres, fesgraines, lieux
ou elles reufl'iflent, leur aftion , yi2,
fes caradteres , fes vettus, J15.
I-i4;«, change d'ecorce, yag. 440.
Ligament ciiiaire, pag. 100. ufage que h'i
attribue M. Jurin , 108. ligament ou
reflbrt de la coquille des moules, 561.
ligameiis de la filiere des moules de
mer, 3S5. des coquilies bivalves , hui-
tres, moules, couteliers, 407.
iimacej rouges analyfccs,p3^. 188.
Limafon (infededu) pag. 316 &- /u/V.
petit limaijon a opercule, 317. lima-
^onsterrertres, 544. lima^ons de mer,
544 , 345. leur coquille , 544. leur
pied, leur mouvement progrelfif , leur
opercule, 344, 345. ne luifent point,
418.
Limaille de fer, comment perdit& com-
ment recouvra la propriete d'etre at-
tiree par i'aimant , pag. 1 50.
Lim (Golfede) pag. 1^9.
Liqueurs qui jettoient de la fum^e , &
dans quel cas, p.ig. ixy. dilatation des
liqueurs , fes effets , 149 £> fuiv. expe-
rience finguliere a I'occafion de la
chiite d'un corps dans un liquide , i(J>5,
liqueur tirte du fang contenant de I'a-
cide & de I'alkali volatil en repos,
186. liqueurs lixivielles ou dillolii-
tions des fcls alkalis, ijy. liqueur ou
effence ftiptique de vitriol , 136, 237.
etfets refultans de fon melange avec
diverfes autres liqueurs, 137, 138.
effets de diffcrentes liqueurs fur du co-
rail , ifo G'/u.'v. liqueur des buccins
&: de certains CEufs ou grains qui don-
. ne la couleur de pourpre , 593 &■ fuiv.
experiences fur cctte liqueur qui font
Tome III, Purtie Franfoife.
voir comment clle acquiert la coulcnr
de pourpre, jiii/. effets de diftcrens de-
grcs de la chalcur du foieil &r |dc cclle
du feu fur la liqueur des buccins , 401 ,
effets dc I'air fur la meme liqueur, 401.
experience qui fait voir de quelle ma-
nierc I'air agit fur cette liqueur, 402,
405. cf?ets iifferens de I'air & de la
chaleur I'lir la liqueur des a?urs de
pourpre, 403, 404. odeur que la cha-
leur donne a la liqueur des buccins ,
404. liqueur des buccins combinee
avec I'huile de tartre, Ic lirop vinlat,
fefprit de vitriol, 404. avec le fubli-
me corrofif, 404, 405. goiit de la li-
queur des a-uts ae pourpre & de celle
des buccins, 405. ufage qu'on pourroit
faire de ces liqueurs , 406. liqueurs
tirees des truffes par diffcrentes opera-
tions, 466, 467, mouvement des li-
queurs du corps aide par celui de
leurs vailfeaux, 557, jf8.
Lis, fa pouiliere fecondante, po^. 449.
huile dont cette poulfiere efl chargee ,
ibid, fon pittile , 451.
Lithophyies , contiennent beaucoup de fel
volatil, pu^. 249. leur fubfhnce , 371.
leur ecorce , ihid. lithophyte dont les
rameaux reflemblent a un feuillage,
372. autre qui a une efpecc de vernis &:
des epines, ibii. fes globules, 572,
.?74-
Litophjiton tirreftre, pag. 44 f.
Lustre ( conformation imguliere de la )
_ P^g- 549-. ^ J,
Lumiere ■{odiacale , pag. 4. fa decouverte
en plufieurs pays, 8. apper^ue dans
les eclipfes totales de foieil, 8 & 9.
connue des Anciens , 9. tems le plus
commode pour la bien voir a Paris, g.
fujette a des viciflitudes, ihid.
Lumieres accidcntelles apperi^ues autour
du foieil & de la lune , pag. 31 &fuiv.
lumiere apperif ue dans un barometre ,
ibid, lumiere en forme de lances, 34.
en forme de colonne , ; j , 56. la lu-
miere du feu folaire infeparable de fa
chaleur, & non pas celle du feu tcr-
reilre , 42 , 119. grande diflerence des
deux lumieres, p.ig. ji. quels yeux
craignent le plus la gtande lumiere,
64. lumiere vue a travers le noir, 171,
172. lumiere de quelques phofphores,
101 , 192, 285 C- /-!!■• lumiere des
dails , 416 C- fuiv. fe communique,
s'eteint Sc reparoit , 417. lumiere des
vers luifans, 418. de mille-picds, ibid.
1 4
f94
TABLE ALPHABETIQUE.
Lune , prejuge centre fon atmofphere,
pag. II. fon aftion fur les rayons du
foleil , ibid, difparoit dans le ciel etant
eclipfee , pag. i6. fa furface, 17. s'ap-
per^oit meme an terns des conjonc-
tions, ibid, aftion de la lune fur les
marees, 152 ^fun'. circonftances qui
peuvent modifier cette adtion, 1^1,
L,une de mer de Gefner , jag, 419.
Lunettes d'approche , pag. 60. art de s'en
fervir J 81.
M
IVLad R EPOnEs , pag. 571, 575.
Magijlere de foufre , pag. irjo.
Magnitique ( matiere ) comment peut in-
ifuer fur la direftion des plantes & des
contours des coquilles, pag. Ji6. Ion
aftion fur le fer non enipechce par
I'intevpofition des autres corps , 241.
Mamelons de la filiere des araignees , ];i!|;.
217 ^fuiv.
Marbre ou albatre de la grotte de Foli-
gno, pag. 390. de la grotte d'Antiparos,
391.
'Marchamia Jlellata , fes carafteres, pag.
Marks de I'ifie de Goree, pag. 18, de
Cayenne , d'Acadie, 8tc. pag. 29 & 30.
obfervations fur les marees , leurs va-
rietes, leursperiodes, &c. iy2 (rfuiv.
explications de ces phenomenes par
difterens Auteurs , i y4 G- fuiv- eleva-
tions des marees en diffcrens pays, 157.
Marne pleine de coquillages , pag. 42 f .
Mars , fes taches , pag. 17. arbre de
mars, f J7. obftruftions oil I'ufage du
mars elt utile, cas ou il fereit dange-
reux, fyS.
'Marfouins , chaleur de leur fang , pag. 290.
Matricaire , principales parties qui font Ic
caraftere de ce genre de plante , pag.
470.
Matrice , fa dilatation dans une groffeffe ,
J"^g- J49-
Maurelle , plante. Voye^ Ricinoides.
Mauve, ti pouffiere fecondante , pag. 449.
Majs ou bled de Turquie ; fituation de
fes etamines , experience faite fur ce
bled relative a la fruiSification, pag.
156. fleur male feparee des embrions
du fruit , 499. pieds de mays dont les
fleurs males ont porte du fruit, ibid.
Mechanique ( experiences de ) pag. 121.
ix fuiv.
V.
Michoacan, racine purgative, pag. J50.
differens noms qu'on lui a donnes, fes
effets, pcut s'employer feule, fesprin-
cipes, plus efficace & plus douce en
fubrtance qu'en extrait ; choix qu'on
doit faire du mechoacan, analyfe & '
& compare au jalap, ibid.
Miditerranie n'a point ou prefque point
de marees , pag. ij8 , 162. courans
dans cette mer, 162.
Mtlilot , fa pouffiere fecondante , pag.
448.
Membranes quijoignent enfemble les deux
pieces de la coquille des couteliers,
pag. 407 , ^oS. membranes qui forment
lenerf optique, ^47. membrane rendue
par le vomifTement , jfo. membrane
veficulaire fituee fous la peau , fiege
d'un emphyfeme , 567. cette membra-
ne dans le pelican , ibid.
Meninges, leur etat dans un homme fuffo-
que dans une cave ou Ton avoir enfer-
me de labraife de four, pa^-. f2i.petits
OS trouves entre les meninges d'un cpi-
leptique, 544.
Mer, effai fur I'hiftoire de la mer, IJ9
&/uiv. fond naturel & fondaccidentel
de lamer, 159, 160. temperature de
la mer, 160. qualites de I'eau de la
mer, ibid. & fuiv. la mer a trois fortes
de mouvemens , 162.
Mercure , experiences fur des jets de ce
fluide, pag. 116. fes differens abailTe-
mens pour differentes hauteurs & diffe-
rens pays, 184, iSy. mercure diflfous
par I'efprit de nitre & precipite par
differens fels, fes differentes couleurs,
194 G- fuiv. couleur du mercure cal-
cine, 197. couleurs que donnent aux
precipites de mercure les differens fels
alkalis, 199 irfuiv. mercure precipite
par le fel de tartre faoule d'acides vi-
trioliques, 201 , 201. d'ou vient au
mercure la qualite purgative & vomi-
tive, 204, 207. fublimation du mercu-
re, fes effets, i^jrf. difference entre la
calcination du mercure cru & celle
du precipite, 20f. difference entre le
mercure hcrilfe par les acides du ni-
tre ou par ceux du vitriol ; du fel com-
mun, 207. volatilite du mercure, 239.
differentes fublimations du mercure ,
239, 240. mercure amalgame avec Tor
ou I'argent , puis fcpare par un feu
graduc, ce qui en refulte, 259, 260.
combine avec I'efprit de nitre , 168.
DES MATIERES
diflous par I'efprit de nitre & preci-
pice par refprit de fel, 280.
Mercuriale a fruit elevce feparemeiit de
cellc qui porte les ctamines, pag. 4(6.
Mitaax, diidlilite de queiqucs metaux ,
fag. 2.11 iffuif. teinture des metaux,
252. melange des metaux par le moyen
de la fufion, 240. reparation des me-
taux par latulionj 241, 242. matieres
oui traverfent des metaux fans les fon-
dre , 242 iffuiv. precaution a prendre
lorfqu'on veut defTt'cher des metaux ,
2J4. effet des huilcs fur les metaux de-
pouilles de leur foufre , 254 , 25-^.
moyens de titer les parties huileufes
des rnetaux & de les introduire dans
certains efprits , 255. paflage de ces
huiles dans les fubitances vegetales ,
2y8. les metaux font diflolubles par
les acides, 271. quels metaux fontaif-
folubles par un plus grand nombre d'a-
cides, ibid, intermedes propres a opc-
rer la precipitation des metaux , 271
^ fuiv.
Mixiores , pag. 52 G- fuiv.
Miel ( efprit de ) employe a tirer la tein-
ture du corail , p.:/. 252. matiere dont
les abeilles compofent le miel , 42(1.
Mille-pertuis , pouiliere fecondante de la
fleur, pag. 448.
]VIille-pietis iuifans, pag. 418.
Mimofa. Voj'ez Senfitiie.
Min^rales (Eaux) de France, pag. 219.
matieres minerales depouillees de leur
foufre abforbent aifement les huiles ,
M4. iff-, .
Mines , experiences du barometre faites
dans des mines, pag. 184, 18 f.
Miroirs ardens fairs avec des metaux purs
ou meles , pag. 240.
Mnelle trcs-aoondante dans certains ar-
bres , fa diminution , par quoi ell rem-
placee , pag. 440 , 44;. (i elle contribue
a la nourriture de I'arbre , 440 &■ fuiv.
moelle epiniere manquant a un fetus ,
Moldavica , a une efpece de dent au-def-
fous de fon fruit , pag. 496.
Monflns plus communs parmi les ani-
maux vivipares, que parmi les ovipa-
r«, p-i^. 377, 578.
Min;agnes ( pays voilms des ) plus fujets
a la pluie que les grandes plaines, jag.
143. 185-
Mini t brancnue , de figure Sj de couleur
de corail , tres-puante , pag. f i j C-fu'V-
lieu oil elle croilfoit, ji 5 , 514. direc-
SOS
tion de fes branches, /14, fiy. leur
fubftance, leurs filamens, 514. enve-
loppc commune , d'oii elles fortent ,
f 14, yi J. fa racme, fif-comment fes
branches fecolorent, jij.fon odeur,
ft;, 516.
Mart fubite, fie fa caufe , pag. 525.
Moucheron tres-petit , fes pattes ; efpace
qu'il parcouroit en une demi-fecondc,
pag. 391.
Mouches communes & mouches cantha-
rides analyfces , pag. 189. lefquellcs
donnent le plus d'acidc , ibitl. mouches
provenant des vers qui rongent les trut-
fes , & de ceux qui s'y engendrenc ,
465.
Moules de tivieve , leur mouvement pro-
greflif, p. 352. moules de mer, ib. &•
/uiv. partie qui leur fert de jambe , ^33.
terns ou Ton peut les obferver au bord
de la mer, ihV. leur mouvement pro-
grefl'if , iijc'. leutsfils, 334. mouledes
etangs, 361 O'fuii-. eft hermaphrodite,
361. rtrudure de fa coquille , liid. ma-
niere dont cette coquille s'ouvre & fe
ferme, 362, 363. rcltort &: mufclesqui
fervent a certe operation , itid. mouve-
ment progrelfif de la moule , 363.
comment elle fe retire dans fa co-
quille, 3(14. comment fe nourrit, 364
&-fuiv. 369. fes refervoirs d'eau ; com-
ment I'eau y entre Sc en fort, 364,
56J. fa tete, 565. fa bouche &: fes le-
vres , 366. ion cerveau , 566. fon
cceur, ibid- Sc 56S. fes inteftins, 566.
fon anus , ibid, fes parties de la genera-
tion, 367 0" fuiv. fes poumons, 569.
fa refpiration finguliere , 3-0. monies
de mer, comment s'attachent les unes
aux autres & a differens corps, 381 &•
fuiv. leurs 61s & leur filiere , ibid, muf-
cles qui ferment leur coquille, 382,
leur bouche, 383. leurs manceuvres ,
384 0' fuiv. combien elles filent dans
un jour, 38 f. a quel age elles com-
mencent a fder, 3 86. fi elles peuvcnt
detacher leurs fils a voloine, ibid, fai-
fon ou elles filent, ibid, leur refpira-
tion , ibid, ne luifent point. 418.
Moujfes, petits corps qui fe trouvent d^ans
certaines moufles & qui pourroient ctre
ou des fommets remplis de pouflicrcs
fecondantes ou des capfules de graine ,
m- 453-
Moufes demer , pag. ^ri.
Mournn ( analyfe du fang de) pag. 106.
foies de moutons decrits , 291.
F4 ij
596
TABLE ALPHABETIQUE.
Mouvement ptogreflif de quelques coquil-
lages, Sic.-pag. 351 iffuiv. de la mou-
le, 333. du lavignon, 35(5. du fourdon,
340. des tellines, 341 , 542. de I'a-il-
de-bouc , 344. des lima(,ons de mer,
344, 345. des orties de mer, 546 &-
juiv. mouvement des orties errantes
oil gek'es de mer furreau, 357. mou-
vement progreffif de rctoile de mer,
360. de la moule des ctangs , 363 , 3(^4.
d'un tres-petit infedte, 591. des cou-
teliers , 408, 410 Zrfuiv. des dails ,
413, 414. d'iine petite etoile de mer,
419. de rourfin de mer, 411 , 424.
Mouvemens extcrieurs des plantes , fag.
15J (y fuiy. de la fenlitive, 137. cir-
conftances des mouvemens de la mer
dans le flux & reflux, 153. mouvement
diurne de la terre employe par Galilee
a expliquer le flux & reflux, 1^4. dif-
ferentes fortes de mouvemens de la
mer, 161.
Mues des c'cievifTes, p.ig. 43 j &'fuiv. com-
ment s'opere, 436, 437, 438. mue de
Tertomac, 457. des gioiles jambes, 43S.
caufe a quoi Ton peut actribuer la mue
de rccreviffe, 459. mue des Terpens &
de divers infeiftes des araignces,4^9.
Murex ou pourpre , forte de coquillages
ainfi nommes par les anciens , pag.
392.
Mufdes des yeux , changemens qui peu-
vent leur arriver , & ce qui en refulte ,
pag. 63 , 67. exptiieiices fur la force
desmufcles, i23.mufcles qui fervent
a fermer la coquille des lavignons ,
334. mufdes des orties de mer, 349 &■
fuiv. mufcles de la moule des etangs ,
362 , 363 0- fail-, mufcle qui fert de
bafe a I'oeil-de-bouc, 578 6' /i^iv. etat
convuHif des m.ufcles de I'ccrevifie
dans roptration de la mue, 4^7. muf-
cles des bras, des cuiiTes & des jam-
bes d'un homme mort dans une cave
ou il y avoir de la braife defour, 521.
mufcles de la poitrine, leur jeu dans
I'infpiration & la refpiration , 562 ,
Mufcus marinus hni'tiiinofus , minimus are-
nacei coloTis. Voyez Cnralline.
My as , efpece de moules de mer, jiag.
Myop s, p.ag. 46, 47, 50. quand voient
double, 56, 58. peuvent foutenir une
grande lumiere, J9. tirentpeu de fe-
coui s des verrcs convexes , 60. miyopes
iuxquels les verres concaves font uti-
les, 62. differentes caiifes qui peuvent
rendre myope, 60 iy fuiv. avantages
des myopes , 65. moyen pour les
myopes de voir un objet bien dirtinfte-
ment, ibid, experience fur leur maniere
de voir dans certains cas comparee a
celle des presbytes, 70. ce qu'on en-
tend precifcment par le mot de myope,
^79, 80.
N
i V ^CflE, jeu de fes couleurs,pi;^, 41.
^ageoires des vers de mer , pag. 390.
Nt--^ge, eftet attribue a I'abondance de la
neige, pag. 140. neige appliquc'e fur la
boule d'un thermomctre a efprit de
vin, i45£r'Ji(;V. 163. froid de la neige,
163. a quel volume fe reduit en fon-
dant, 169. varicte de cette reduftion,
ibid. S' 180. neige tombee en 1711.
pag. 180.
I'iephrecique, effcts du pareira-brava dans
cette colique , pag. 527.
Nerfs de la tcte trop ebranles par quel-
que fecoufle, ce qui en refulte, pag.
75. nerfs des organes des fens, com-
ment resolvent les impreffions des ob-
jets exterieurs, 98, c)<\.
Nerf optique , finefte de les filets , yag. 6- ,
68. effets de I'cbranlement trop vio-
lent de ces nerfs, 75.obfervations fur
le nerf optique, J46 (j-fuiv. fublhnce
exprimee de ce nerf, 546, 547. ftruc-
ture de ce m.eme nerf & fes membra-
nes formant deux canauxj cellules du
canal interieur, 547, 548. flruflure
du nerf optique fuivant Diemerbroeck,
548. nerfs optiques d'un aveugle , 568,
Nitre (efprit de) fa qualitt' corrofive,
pag. 207. qualitc du mercure penctre
des acides du nitre, ibid, ce que c'ell
que I'efprit de nitre , fon eftet fur la
fiamme du foufre, 235, 234. fur celle
de I'efprit de vin, 234, fur les huiles
cnfiammees, fur les charbons ardens ,
itid. efprit de nitre combine avec le
mercure, 268. avec I'huile de tartre,
273. efprit de nitre dulcifie, 278.
Noir , corps lumineux vus a travers le
noir , pag. 171 , 172. noir vu a travers
le blanc, ibid.
Noix de bicuiba, huile qu'on entire, fes
vertus, pag. ;ii. noix de ciprcs em-
ployee comme febrifuge , 544.
Ncix de gall: , effet de la folution de noix
de gallc fur celle de vitriol noyte dans
DES MATIERES
one grande quantitc d'eau & fur cettc
meme folution de vitriol incite avec
divers acides, p^i- ' 5<J- ""■'' dc galle
emplovee comme febrifuge , 544.
A'ojaur des bczoards , p.jf . 311, 515. &-
fuir.
Nux indica minor, pag. 517.
m
O
^-^ BS7RVCT10NS ou I'ufagc du mars ell
"tile ; cas ou il ell dangereuXjpi:^. tfS.
^'^eur artificielle de romarin, fnii(. 19^.
odeur d'un rciidu de matiere fccale
fermentte, puis dillillce , 18;. odeur
que 1.1 chaleur donne a la liqueur des
buccins , 4c 5. moyen fingulier pour ne
pas feiitir les mauvaifes odcurs, 549.
^it, pag. 4-7. mauiere de juger quel ocil
ell le meilleur , 54. alloiigement de
I'oeil , fes caufes 8c fes inconvtiiiens ,
65. ceil des presbytes, 66. moyens de
lui faire voir plus dillinclcment un ob-
jet, ibid, quelles parties de i'oeil peu-
vent changer de figure , (17. applatilic-
ment de I'ail, Ion eftet, iiij. com-
ment affeiTte par un ebranlement trop
violent des nerfs, ou par une longue
contention , 75. recherches fur les
changemeiis de figure dont on I'a cru
fufceptible , 99 &- fuii. oeil arti'iciel ,
99 100. oeil d'un homme mort d'une
blefluve a la poitrine, fuivie d'un eni-
p'nvfeme ; fon diametre , air qu'il con-
tenoit, ctat de les diffcrentes parties ,
S66.
(Sil-de-B,mc , pag. 545 Zffuiv. fa coquille ,
fa tete, fa bafe charnue, 545. fon pied,
fon mouvement progreflit , 344. fa co-
quille , muftle qui lui fert & pour
marcher & pour s'attacher aux pier-
res , 578. force de fon adhefion aux
pierres , quelle en eil la caufe ; moyens
de Ten detacher, 3-S, 579. texture de
fa bafe , 380. comment peut fe deta-
cher a volonte des pierres ou il s'etoit
colle , ibid, difference d'un detache-
ment volontaire & d'un detachement
force , ibid.
(Eillet fauvage ; fa pouflTiere fecondante ,
pag. 449.
(Siifs de la moule des etangs , com-
ment font fccondes , pag. 367, 368.
ceufs fans jaune qu'on croyoit pondus
par un coq , 3^4 &■ Cuiv. oeufs fans co-
que, 5-7. oeufs ou grains qui donnent
une teinture depourpre, i^i (j- fniy.
liqueurs de ces (Kufs, 39-. onnctrou-
ve guere de ces oeufs I'cte &: ils ne
donnent point alors de pourpre, 55S.
comment on en peut titer la teinturc.
Hid. eft'ets de I'air fur la liqueur de ccs
ocuts, 59f. effets difftrens de la cha-
leur & de i'air fur la meme liqueur,
40^ , 404. gourde cette liqueur, 4Cf.
facilite de la recueillir , ufage qu'cn
en pourroit faire, 406.
Oijeaux, leur vue, pag. 47, 68. regent-
ration de I'humcur aqueufe dans Tail
des oifeaux, 7f.
OliiuTs, ente d'olivier a qui on enleve
une portion d'ecorce , pag. 441. moyen
de faire produire beaucoup de fruit
aux vieux oliviers qu'on doit biencot
coupcr, 441.
Ondes excitecs dans I'eau par la chiite
d'une pierre , Icur vitefle , y2g. 117.
elcvationsdes ondes de la Alediterra-
nee dans quelquestempctes, 161.
Opale , jeu de fes couleurs , pig. 41.
Opercuk d'un petit limacon terrellre , pag.
5>7. 34J- d'un petit buccin, 344, 34?.
Optique (experience finguliere d') par
M. Mariotte, r.;|:. 39. autre experience
qui explique un par.-i.doxe d'optioue,
64, 6f. explication fortnaturelle d'une
quellion a optique , 97.
Opunrid, fes etamines ont un mouvement
analogue a celui des feuilles de la fen-
fitive, pag. ^11.
Or , ( preparation d' ) odeur qu'elle pro-
duilit, p.ig. 193. dudtilitc de I'or 111
irfaiv. art des batteursd'or, 111, 115,
124. des tireurs d'or , iiz t> fuiv.
moyen de feparer lor des fils dores
traits, 1Z4. or potable, 231. teinture
d'or, ibid- or pur , or mele d'autres
metaux, leur dirfcrence pour I'ufage,
240. maniere de feparer Tor de I'ar-
gent par la fufion , ibid, tffuiv. arnal-
game d'or & de mcrcure, arbrifleau
forme par cet or , 259, 2<So. or diflous
par i'eau a i'aide de ia trituration ,
167.
Oranges en pattic citrons, &c. pag. ^61.
Orange de mer , pag. 572.
Oreiffes des petongles , pag. 587 , <88.
Ore;/.'fff« du coeur d'une tortue de mer,
pag. i9J, 296.
Orsues, obfervations fur les proportions
de leurs tuvaux , par. 108 , 109.
Orignac, de quelle plante fe nourrit j ani-
mal qui lui fait la guerre, rag. fOf
Ormes auxquels on avoit enleve I'ecorce
TABLE ALPHABETIQUE
J9S
& qui coniimioient a vegeter , pag.
440. couches qui fe trouveiit fous I'e-
corce dans les vieux ornies , 440,
441. ecorce fine ou parchemiii qui fe
nouve immeJiatement fous I'ecorce
gvoOiere ,441.
Crrie! de mer qui femblent fixees fur les
picrreSj pag. ^46 (y fuiv. leurmouve-
mentprogreflTif, 54(1, 550 Zrfuiv. figu-
res qu'eiles prennent fuccellivement ,
347 ii" Juiv. leurs comes, 547, 348,
5fo. leurs couleurs, 348, leur cliair,
348. leur enveloppe mufculeufe, 348,
349. mufcles ou canaux droits & circu-
laires de cette enveloppe , 349 ^fuiv.
de quoi les orties de mer fe nouYrif-
fent , & comment , 5 yz. efpece de bou-
che des orcies, 3fi, 3^5. ces orties
font vivipares ; comment elles mettent
au jour leurs petits, 5^3. orties erran-
tes ou gelees de mer, 3^3 fr/i^/V. leur
chair, 3^4, 3^5'. leurs couleurs, 354,
leur figure, 354, leurs canaux jj-yG-
fuiv. ce que deviiit une de ces orties
que Ton fit bouillir, 3fy. une autre
qu'on laifla fecher au foleil , ihid. mou-
vement de ces orties fur Teau, 357.
glu dcs orties de mer, 580.
Os pointus trouvcs entre les meninges
d'un cpileptique dans la duplicature
qui forme la faux, ipag. 544. petits os
herilTes de pointes trouvcs audi dans
la dure-mere d'un autre fujet, 571.
Ouies d'une etoile de mer, pag. 410.
Ourjins ou Heriflbns de mer ; comment
s'attachent a des corps folides , pag.
3S1. nommes fur quelques cotes cha-
taignes de mer, 4i'i. leurs cpines,
ufage qu'ils en font, 411, 414. leurs
pretendues jambes ou cornes , 411.
ufage de ces cornes, 42X. fquelette de
I'ourfin, 41Z if fuiv. fon anus, fa bou-
che , 4ii. eminences & petits trous
qui paroiflent fur ce fquelette, 421,
425. mouvement progreflif de I'ourfin,
424.
Oi'uirfi de la moule des etangs, pag. 3^7.
ovaire ou pretendu ovairc de femme
ayant des hydatides , 542.
Quidudus d'une poule qui pondoit des
oeufs fans jaunes , pag. 376.
r ^cos qui donnent le bezoai'd occi-
dental, pag. 324.
Palma crucifera de Jean Bauhin , fon
fruit, pag. 327.
Palmier de la Chine, pag. 441. palmier
qui produit les dattes , palmier male
Sc palmier femelle ; maniere de ftcon-
der le dernier lorfqu'il n'y a point
de palmier male dans les environs,
4yf , fee, a quelle diftance un palmier
male a feconde , dit-on, un palmier
femelle , 456 , 457. epees ou poignards
du palmier femelle , 500.
Palourdes des cotes d'Aunis , &:c. pag.
ill fj" fuiv. des cotes de Provence ,
338. comment la palourde des cotes
d'Aunis s'enfonce dans la vafe, 3 38,
339. fon pied, 339.
Palourdons , pag. 341.
Pancreas &c fes canaux dans deux mou-
tons , pag. 292. d'un boeuf, 295.
Pancrhtique ( fuc ) ou fe mele avec le
chile, pag. 523 , 524.
Varallaxe des objets, fon utilite pour
nous faire juger les dillances, pag. 49.
ParafAene, pag. 33, 34.
Pareira-hrava, racine qui vient du Brefil,
ell, dit-on, la racine d'une vigne, p.
<i6 O-fuiv. fa fubilance, f27. fes cou-
leurs qui femblent la diftinguer en
deux efpeces, ibid, fes vertiis, 527,
528. experiences qu'on en a faites dans
deux cas particuliers, ^17 , 528. ma-
niere d'en faire ufage , j'28.
Pardies,p. 32 O-fuiv. 34, 55, ^f:
Partheniajfrum , genre de plante , fa
fleur, fes femences, foncalice, fi.470.
Parlies naturelles d'une tortue de mer,
leur pofition , p. 294. de la moule des
etangs, 367.
Patelle. Voyez (Sil-de-Bouc.
Panes du bernard-l'hermite , p. 545 , 346.
des vers a tuyaux , 390. d un tres-petit
moucheron, 391. des ecrevifles, des
homards, des crabes, leur reproduc-
tion , 450 b-fuiv. Voyez Jambes.
Paitpieres, leurs bords confideres comme
des miroirs convexes qui reflechiffent '
la lumiere , p. 82 &-fuii\ humeur qui ;e
ramaffe au bord des paupieres & for-
me une cavite entre la paupiere & la
cornee, 85 G-fuiv.
Pavvc rouge ou Coquelicot ; vertus de
fon fruit , p. f4(j.
Pa^an , elpece de bouc fauvage qui don-
ne le bezoard, p. 524.
Pfau du bernard-l'hermite , p. 34(5. de
I'etoile de mer, } yS. des orties de mer.
DES MATIERES.
380 de recrevifle apres fa niue, com-
ment fe durcit , 458, 439.
I'eden , peftunculus. Voyez Perongle.
Pendule a fecondes , fes diffcrentcs lon-
gueurs en diftcrens points dii globe,
F^S- 5S ) 39- mouvement d'un pendule
dans I'air & dans I'eau, 119, no. in-
fluence de la temperature fur Ics pcn-
dules, I ii. experiences fur les pcndu-
les, ibid.
Penfee , poufllere fccondante de cctte
fleur , pag. 448.
Feme des rivieres de Rene Sc de Seine ,
pjg. 114. pente que I'eau prend natu-
rellement, ibid.
Phicarde d'une tortue de met ; liqueur
qu'il contenoit , p. 294. pericarde de
la moule des etangs rempli d'eau , 369.
cceur fans pericarde , 549.
Piriodes des marees , obfervees par Pline,
V- in. IH-.
Perks de la pinne marine, leurs figures
& leurs couleurs variees , p. 527.
ftrudlure & formation des perles , 328.
Pefanteur , p. 57. terme oij finit I'accele-
ration d'une balle de moelle de fureau,
ibidem, premiere vitefTe d'un corps pe-
fant felon M. Mariotte ibidim. hau-
teur du mercure dans le tube du baro-
inetre obfervee au bord de la mer &
fur quelques montagnes , p. 37, j8.
differentes longueurs du pendule a
fecor.des a Ca\'enne & a Paris , a
Goree, aux Antilles, a Louvo , a Lif-
bonne , a I'orto-Belo, a la Martinique,
p. 38 &: 39- pefanteur de I'air quand il
pleut , 16 ?. experience fur la ptfanterr
d'un liquide dans lequel nage un corps
etranger , Sc lorfquc ce corps tombe ,
Petite virole , bam qui en procura I'c'rup-
tion, p. f45.
Pitongle , efpece de coquillage, dccrit,
p. 387 if fail'. 418.
Pitrifications At\:x grotredeFoligno,f'.;9i.
Phksw.e fepare de la maticre fVcalc ' p.
282, 2S3.
Fholas. Voyez D.n'/r.
PhoCphore d'urine ; decompofition de ce
phofphore , p. 191 , 192. effet 3'e I'eau
fur ce phofphore, 192. phofphore tire
de la matiere fc'cale , &: comment,
285 (y fuiv. differens degres d'inflam-
mabilite de differens phofphores, 28-7.
maniere de conferver le phofpiiore
tire de la matiere fecalc , 288. cfFets
de rhumidite de I'air &: du grand jour
y;-?
fur ce phofphore , 288 , 2R9. comment
s'enflamme felon M. Hombcrg, 28S.
ried du lavignon, p. 53c O-Zuiy. de la pa-
lourdc, 339. dufourdon, 340. destel-
lines , 542. de I'oeil-de-bouc , 544.
rtmarque gc'ncrale fur Ic pied des co-
quillages, 344. pied des lima^ons de
„"ier, 344, J4f.
Pie-mtre, la choroide lui elt continue,
F- H'J . U7- ("^ feparation d'avec la du-
re-mere , ^46. canal quelle forme au
nerf optique, f47.
Pierres , dans quel cas fujettes a fe geler,
p. 31 &: 52. pierres figurtes, 132. pier-
res gravees , maniere de les copier fur
le verre, 211 O-fuir. pierre hematite ,
2^8. pierre vulnerairecompofee, jjS,
.ff9-
Pierre de Boulogne ; effet de fon exhalai-
fon , p. 242 , 143. inflammabilitc de
cettc pierre, 287..
Pjfrre; ou concretions pierreufes qui fe
forment dans laveflie, dans les reins,
dans la veficule du fiel , foit de I'hom-
me , foit de quelques animaux, p. 52 f.
dans les poches du callor ou dans le
Cafloreum , 3 29 , 5 30. pierres nommces
vulgairement yeux d'ecreviffes, 458,
^59. ne fe trouvent pas en tout terns
dans I'ecreviiTe ,438. en quel terns font
plus ou moins grofles, 438,439. con-
jefture fur leur ufage , ibid, pierres
trouve'es dans une poche ou expanfion
du duodenum d'une femnie morte a.
So ans , f 13 , f2.i. leur fubllance , ^23.
conjedlures fur leur formation, J23,
Pir.ces des ecreviffes, leur rcproduftion ,
Pi-nc I/urine, p. 327 C- ji/iv. fes perles,
327, 328. fa foie, 528 Kj-fuiv. crabequi
fe loge dans la coqnille de la pinne &
des autres bivalves, 329. de quoi fe
nourrilTent les pinnes marines , les
moules, les huitres. Hid.
Pijiile des fieui-s, ce qu'il rcnferme, p.
44-, 4^0 if fuiv. fes differentes figures
en difft^rentes fleurs , 4p t> fuiv. ter-
minc dans les unc>; par depetits poils
ou par un veloute, dans d'autres par
des' filaments en panache, dans d'au-
treS, par des vcficules, 450.^ 3 quoi
repondent fes divifions , Hid. fentc qui
fe troHve dans le piflife , 4^1. piftile
de la fleur femelle du potiron , 4;2. de
la figue, 4f 5.pofitiondu piftile relati-
• vcment aux fommns djns fes fleurs
6oo
TABLE /LPHABETIQUE
qui reuniflent ces parties, 451 , 454.
pillile dcs fleurs lies arbres tVuitieiis,
acciJens qui empechent le fruit de s'y
former, 454, 4j-j. des plantes Ie:;Li-
niineiifes obferve en difterens degrcs
d'.iccroilTement , 4)-S. de la fleur te-
meile du potiron, 4J9. de la pomme
calville, 460. du coiiaria, 460. du jaf-
miiioides, 46S. du ficoidea, 469, du
mays, leur iituation ordinaire ; pillile
foitantdes fleurs males & qui donne-
rcnt de la graine , 499. pillile de la
fleur du coryfpermum , jco, ^oi. de
celle du ri«;io;(/e^, jol,ducafe, J07.
Ph'oines a fleurs doubles, n'oiit ni Ibm-
191. effet de la chakur fur le plomb ,
218. plomb dilTous par les acides du
vinaigre , precipite par I'eau , 274.
Pluie tombee en 1709 a Paris & en divers
autres endroits, ;a 140, 142, 143. en
quels pays la pluie ell plus abondante ,
145. pluie tombee pendant I'annee
I" 10. en divers endroits, 165, 164.
etat de I'air lorfqu'il pleut , l6j-.
pluie qui tombe dans la machine du
vuide lorfqu'on a pompe fair , ibid.
pluie tombee en 171 1 en divers en-
droits , 180 'iffuiv. eaude pluieramaf-
fce fous la gouttiere d'un vieux toit,
264 &• fuiv.
mets, nietaniines, leurs graines, 4^8. Poires, cavite qui contient le pillile Si
plames contiennenc du fer Sc des fels mi
ncraux, p. 150, 151. comment on peut
en titer le fer , i^i. empreintes de
plantes fur des pierres, i^j. mouve-
mens exterieurs des plantes , 13 fG*
fuiv. caufe de la difterente extenfibilite
de leurs parties, 15^, 137. moyen de
rendre vivaces les plantes annuelies,
139. terns ou pluiieurs plantes marines
repouflent, 160. dans quel cas les plan-
tes contiennent plus d'huile, &c dans
quel cas elles ont plus de fel , i_S6.
Plantes de mer prctendues , confor-
mite quon decouvre entr'elles par
I'analyfe , 249. fens dans lequel elles
fe tournent, 293. plantes de la mer,
3~o £r fuiy. plantes moUes , 370. fleurs,
fruits & graines de quelques-unes ,
374. opinions fur la maniere dont les
jlantes fe nourriflent , 440 &■ fuiv.
lesetamines, s'y coi.ferve,p. 4fi.
Poijjons , en quoi conlifte leur refpira-
tion , p. J 70. poiffon qui caufe de I'en-
gourdiffement lorfqu'on le touche ,
290. ■
Poitrine , plaies qui penetrent dans fa
capacite, dans quels cas peuvent etre
fuivies de remphyfeme, 561 iy Juiv.
plaies penetrantes fmiples , compo-
fees, f6i , 563. pus paflant de la ca-
pacite de la poitrine dans les poumons
& les reins, & fortant avec les uri-
nes, f64. ce qui fe trouve dans la ca-
vite de la poitrine d'un homme mort
d'un coup d'epee dans cette partie ,
fuivi d'un emphyfeme , 566. autre
bleflure a la poitrine fuivie de I'em-
phyfeme , de la mort & de rouveiture
du cadavre, 566, 567.
Poles de I'aimant, p. 17.
plantes le nourrinent , 440 v juiv. x i 'o uc idinuun, jj. i/.
Plantes bulbeufcs , moyen d'en tirer Pommes de calville ; cavite qui contient
de bonnes graines, 441. Plantes dont
les fexes font fepares, 446, 4^1. Plan-
tes dont les fleurs males & les fleurs
.femelles font fcparees , mais fur un
meme pied. 4^2. autres ou les fleurs
males & les fleurs femelles viennent
fur des pieds fepares, ibii. Plantes
le pillile & les ttamines s'y conferve ,
p. 4p , 4S'9, 460. pommes en partie
poires, 461.
Pores du mercure, comment re^oivent &
perdent les acides du nitre, puis les
parties du feu, p. 200, 201, 208, leur
reflort, 201 , 208.
auxquelles on ne connoit point de Pofiron, fa poufliere fecondante , p. 449,
fommets ni de poullleres, 4^3. que
ques genres de plantes etablis par M.
Niflele, 46S &- Jui>:. Plantes piarines
feches, repjongees dans I'eau;, 477-
Platane, cliange'd'ecorce, p. 440.
Phmb, (i force determinee par ex[De-
'rience, p. 114. balles'de plomb tirees
dans I'eau, 120, 121. morceau de
plomb laifle long-tems dans une bou
fes fleurs lleriles, ou fleurs males, ou
faulTes fleurs , 4fl. leurs fommets,
leurs pouflieres, ibid. & 458, 4^9. (es
fleurs femelles, fleurs a fruit ou fleurs
nou^s, 451, 4(2, 459-
Poule qui pondoit des oeufs fans jaunes ,
fon chant, matieres qu'elle rendoit,
f- 375 3 37^- diffedlion de cette poule,
576 &fuiv.
teiiie d'eau,&;c.i70. effet duvinaigre fur Poumons d'une tortue de mer ,' leur pofi-
leplonib, ibid. Plomb enrrant dans la tion , p. 294. de la moule des etangs,
fompoiition d'un fudorifique , 19Q, 369, 570. d'un homme fufi'oque dans
DES MATIERES.
(Ill
une cave oil Ton avoit cnfermc de la
braife defour, Jli. d'un homme mort
d'un anivrifme , f ji. d'un homme
more d'une blelTiire a la poitrine ,
fuivie d'un emphyfeme, j66.cfpccede
poumon uiiiverfel dans le pelican , ^67.
Pourceau fauvage de Cayenne ayaiit un
trou fur le dos, pag. 2.90.
Pourpre (teincure de ) dcs Anciens, re-
trouvee par les MoJernes , pa^,. 591
&• fuiv. coquillages & oeufs qui la
donnent, 595 &-fun'. maniere doiit les
Anciens la tiroient des buccins &: la
preparoient , 399, 400. ufage qu'on
pourroit t'liie dc 1j pourpre des buc-
cins & des oeufs de pourpre , 406.
pourpre des dails, 416.
Pou/fere^ fecondantes des flcurs, renfer-
mees dans les fommets ; .efpeces de
capfules que portent les etamines ,
pag. 447 &- fuiv. varietes de ces pouf-
fieres en differentes plantes , leurs cou-
leurs , leurs figures , 448 , 449. font
chargees les unes d'huile , les autres
de refines, ii;rf. d'auties font chargees
de matiere mucilagineufe, 449, 450.
liqueurs qui ont tire de la teinture de
ces pouflieres fans les dilloudre non
plus que I'eau , 4J0. ces poulfieres
bouillies dans I'eau, chauffces a fee,
ihid- elles font neceffaires pour fecon-
der les embrions des graines , 4^1.
plantes oii Ton ne voir ni fommets ni
poufTieres , 455. pouflieres de la fleur
de la prefle , 454. des fleurs des arbres
fruitiers ; accidens qui empechent
quelquefois leur effet, 454, 455. pouf-
fieres du palmier male , du houblon
male, &c. vont au loin fcconder les
plantes femelles, 4j6. conjeiSiire.s fur
la maniere dont les pouflieres operent
la fecondation, 4f7, 4f8. poulfieres
de la fleur male du potiron , 458 . 4(9.
de la fleur de la figue, 498, du lichen
etoile, ifiz.
Pricip'uanons chymiques , »i^. 267 C-
fuiv. cas oii le corps dilTous ftpare
de fon difTolvanc, s'eleve a ia furface ,
169, i-o. precipitations des corps bi-
tumineux dilTous par les liqueurs al-
kalines, 1-0 deux fortes de precipita-
tions metalliques, i-l (r fuiv. intcr-
medespropres a.opverces precipitaV
lions, i7i , Z71, 2.-4.
fricipi'i! de mermce ..leurs differeiy*^
couleurs, vig- 19; iyfuiy, ce que c'eft
que le prccipite rouge ordinaire^ J07.
Tome III, PuTtii Friuifoife.
precipitc de mercure diffous dans I'ef-
prit de nitre , couleurs que lui donnent
les fels alkalis fixes, 199. couleur qui
lui eft naturelle , iHrl. cffcts des fcis
volatils meles de matiere huilcufc &
de Purine fur ccttc couleur, 199, ico.
couleurs fuccefllves ou alternatives
qu'on peut donncr au prtcipit<f, io#
0- fuiv. dilTcrens prccipitcs, d'oil de-
pend leur difference, iCy C-/ui>. prc-
cipite per fc, iCj. prccipite rouge,
i68, prccipite noir, i/uJfw. faux prc-
cipitcs de rantimoine de mercure ,
ibidem- prtcipites veritables, en quoi
diiferent des faux , 16S. du vitriol,
ibid, des eaux de I'affy , 169. des refi-
nes dilToutes dans I'efprit de vin,
ibidem, du foufre commun dilfous par
les liqueurs alkalines, 1-0. de diffe-
rens mctaux diflous par des acides
d'or, d'areent, de mercure, Z71. du
cuivre & du fer diflous par I efprit de
nitre. Hid. difference entre les preci-
pites de I'argent fairs par les fels ou
par le cuivre , 272.
Preslytes , pig. 46, p, 58, 66 ty fuiv.
deviennent rarement mvopes, 66, 67.
maisdeviennentfouventplHspresbytes,
67. experience fur leur viie ou fur leur
maniere de voir dans certains cas , 68
&fuiv. font fujets a voir des taches 8c
des filets noirs , 70 &■ fuiv. fecours
qu'ils tirent des verres convexes, 76,
77, 78. ce qu'on entend par le mot
Presbyte , 79 , 80.
Prefle. plante dont on ne connoit point
fa femence, maisfeulemenc les fleurs i
etamines, pig. 4^4.
Prejfion des corps, coinbien contribue i
leurs frottemens , ;».:f . 125 &■ fuiv. efifet
de la preflion fubite dun air froid fur
de I'argent fondu & commen^ant a fe
figer, 261. fur la boule d'un checrao-
metre fort echauffte , 262. .
Priy>oli:es, pag. ;ij. J,
Pro/fatfj, maladie dont elles fontle Cege,
ou I'un des fieges , pag. j-}6 irfuiv.
Prunes monftrueufes, pag. j!o.
PruneUe . fe dilate dans I'obfcurite, ft
reflerre a la lumiere ,. mais non
pas egalement dans tcyire forte de
i;YtteS, p:ig. 46, Jf, 8a,iptunelle des
myopes, jo, 59. dos presbytes , 66.
.:inj»verturede |a prunelle determine U
rifi^re qu'un objct lumineax forme fur
.',!a fetine a une certaine dillance. 68.
tj!/«-4Us»S ^ fW^JTeue. PO'"- resarder i
G4
for TABLE
diffwdntesdiftanceSj 107. prr.nelle des
enfans, ibid^
Pargatifs, effets compares des ourgatifs
. vegetaux , employes en fubltance &c
de'leuis differences preparations , pag.
n8, fi9, f30. -HJ- , „
^yriimidate Sc aiitres efpeces de Campa-
nelkj leur pouffiere fecondante, pug.
:^ Q
(JvERCus mantitna vefuuks hcihens ,
V^oyez Fucus.
Queue des lezards coupee , fe reproduit
en quelque maniere, pag. 434. queue
des ecreviffes coupee ne s'ell point re-
produite , ibid.
Quinquina , fes qualites fenfibles , fes ef-
fets, pag. 559, f6o. casoii il ne fait
que fufpendre la fievre , 559. cas ou il
doit la guerir , J J9 , 5^0. cas ou il Tag-
grave, f6o. donne dans les affeftions
melancholiques & hyfteriques ou va-
peurs, fur la fin des dyflemeries, f6o.
R
R
ALPHABETIQUE
crylbl de roche , pag. 41. quamite
dont la refraction eleve le niveau ap-
parent de lamer, 41. refraftions ho-
rizontales , p. 44. effets fingtiliers de la
refradtion , p. 4f. refraftions des
rayons lumineux dans Tceil & dans
les verres, 61 G- fuiv. refraftions de
I'huile J du verre , de Teau , de I'efprit
de vin, 74. effet attribue par M. de la
Hire a la refradtion des rayons lumi-
neux dans I'humeur qui eft au bord
des paupieres, Sy irfuiv. refraftion des
balles de moufquet.dans I'eau, 110 &•
/uiv. ducryftal d'Iflande, 500. d'untalc
qui fe trouve au-deflus des bancs de
pierre a platre, pres de Paris, 504, 50f.
Recrcdudion des jambes ou partes , de
I'ecaille, &c. des ecrevilTes, des ho-
mards , des crabes , pag. 450 ^fuiv.
des queues de lezards, 434. faifon oii
cette reproduftion fe fait le plus vke
dans les ecreviffes, 451 &fuiv.
R^fervoirs de la matiere du fil dans I'a-
raignee, pag. iz8 ^fuiv. de Teau dans
la moule aes etangs , 564, 3<>f.
Refines, leurs diffolvans , pag. 167, 169.
refine feche dont les poumeres ftcon-
dantes de certaines neurs font enve-
loppees, 449.
Refijtance occafionnee par les trottemens
des corps , a quoi elt proportionnelie,
p. 125 G- fuiv. refiftance des bois de
chene & de fapin, 516, 527. des fils
qui compofent une corde , 173 , 177.
Refpiration des poiffons , en quoi confifte ,
pag. 170. de quelques coquillages ,
337. de la moule des etangs , 570.
de la moule de mer , 386. mccha-
nifme de la refpiration, 562, 563.
Ritine, principal organe de la vue felon
M. de la Hire, pag. 46 &-/uiV. 7J. elle
a un point plus fenfible que les autres ,
yo , 88. eftets des differens degres d'e-
branlement de la retine , ^4, 7f. fi-
neflfe de fes filets, 67 , 68. eft femee de
vailTeaux fangnins ; effet du fang extra-
vafe dans ces vailTeaux , 71. retine tou-
chant au cryftallin , 79. fa tro{) grande
fenfibilite dans des yeux tres-bons
d'ailleurs, 80. fon ufage, 98. d'ou la
retine prend naiflfance, f4(5, H7- ce
que c'eft, ibii!.
Rhin , crue extraordinaire de ce fleuve ,
effets de la refraaion dans I'obferva- fihularie ,pag. ^li^fJv. fesyertus reel-
tion desaftres, 40. refraftion double les & fuppofees , fes differentes pre-
au cryftal d'Iflande, ibidem &- faiv. •du -Irarations, 518 Qfuiv. effets compares
ACi N B^ des fucus ou leur bafe ,
poe. 471, 4S I. 48i, 4S4 , 486,
a88, 491, 492. du Coryfpermum , ^^00.
d'une morille branchue qui croiflbic
fur un mur , yi6.
Rdjoni du foleil paflant pres de la lune ,
eprouvent fon aftion, pag- II. condi-
tions neceffaires pour que les rayons
lumineux fe ratTemblent au fond de
I'cEil en un meme point, 55. com-
ment reunis par les verres con-
vexes , 76 & fuip. effets de la differente
refrangibilite des rayons lumineux,
81, 82. rayons que I'on voit autour
d£s flambeaux en fermant I'oeil en par-
tie, rechetches fur la caufe de cette
apparence, 82 &• fuiv.
Rayons de Tctoile de mer a queues de
lezards , pi!?. 419- a •
Rayons ou gateaux de cire que conttrui-
fenc les abeilles , p,^- 426 Gr'/un'.
ReSum divife en deiix parties & fans
iffue , pag. •J22 , j'2'5'. operation propo-
fee pduf ce cas, ^23:.^ ^ ,, . i
R^/e;<:ii;ndufon cprtiparee a celle de la
lumiere, pag. iji.
Rifradion de Teau & de la glace , pa/.' i 2.
DES NfATIERES.
6of
des teintures tiroes par I'eau des ex^
traits de ces teintures & de la rhubar-
be en Tublbnce , jiS, fly. le marc
n'enelVpointpurgatif, fiR. ni leiiiible-
ment altringent , 519. autre teinture
de rhubarbe a Tefprit de vin. Ion ex-
trait & fon marc, 519, j-io. rhubarbe
dilUlIee , fio. rhubarbe blanche ou
rhubarbe des Indes. Fits^ Mi'-laacan.
Rhuir.utifinc (bains troids prop o Its pour
Ic) yag. fiZ. raifcnnemeiis fur fa caufe
& (a cure , ih'.d.
Rhus , trois efpeces de rkus felon G. Bau-
hin, C.I.,. 4" b.
Rkin, fa poulllere fecond.inte , pj^. 449.
HicinoiV." ;, plante donr on tire la teinture
nommce tournefol, pag. joi ^fuiv.d
racine, fatige, joi. fesfeuilles, joi ,
foi. fes fleurs , foi. fon fruit, ibid.
vcvtusqu'on lui a attribuees, iii'rf. fon
ufage pour la teinture , ibid &■ fiiiv.
fteurs &: fruits de cctte plante bouillis
avec de I'alun , tjvec du crvllal de tar-
tre ; coulcurs qu'ils ont donnces , fo;.
Riviere dont I'cau fent le foufre, pig.
591. rivieres qui gelent , dit-ori, en
■ etc, 4if.
Rouge , pourquoi Ton voit quelquefois
les objets plus rouges avec un ceil
qu'avec I'autre , p^g. 5-4. rouge vu
dans I'obfcdrite, 171, i-"!. fenfation
du rouge comment produite , Hid- pire-
Cipite rouge improprement nonime
pr^cipite J 197.
J AC prertant fa nailTanc* de rombilic
& tombant jufques fur les genoux ;
diffcrens corps qii'il contenoit, pag.
514 , fif. autre fac' contenant les
boyaux & auffi des corps ctrangers
dans ce mcmecadavre, fif. fac lacry-
mal, les orifices, fon engorgement eft
la caufe de la fiftule lacrymale , <~o.
S-ilpitre, fel qu'il contient, ^-jj. u.fon
a£tion fiir quelques m'atieres inflam-
mables , Zi 1 ■j' fuiv. fur I'efprit de vin ,
2^4. employe' dans une operation pout
feparct Vof def Targent , 14!. vegeta-
tion du fe! du falpetre , i6i , i6^ ,
i(>4. accidens occafionnes par de la
braife de four enfermee dans une cave
ou le fahpetre abondoit, 511, fli.
falpetre qui fe forme dans une prepa-
ration de fet- nommce arbre d^e mars ,
S^ng* des Tcines & fang des »Kef es ,
pag. 171. fang de quelques animaux
analyfe, i8j (rfuiv. de I'homrae, 187,
188. fang des marfooins, des toitaes,
290. obfervations faites fur le fang
hors des veincs, bull«b qui en cou-
vroient la plus«>rande partie, cellules
qui parureiit lorfque les bulks curei*
crey^, ^41. a<5bion du fang dans la for-
mation d'un aiicvrifmc , ffj.
Sapin. Voyez B if.
Sareilins de Jupiter, on« des taches,
changeiit de grandeur apparente, pag.
II Jfe If, 16. It quatricme paroit plus
petit que fon on>bre , pig. 11. atmof-
phere foup^onnc-c au premier , ibidem.
Le cinquieme farellire de Saturne quel-
quefois invifible , ibidem.
Scummonie , plante & fuc de cetlC
plante , fes etfets , fon analyfe , effets
de fes diffcrens extraits , pag. izS.
ScUrodijue, pag. 64, 67, 100.
Scrophulaire (grande ) pag. 191 , 191.
Scrotum prodigieufement enfle , fon
poids , pag. f40.
S^chsrejje accompagnce d'abondance , pag.
Sicr^'inns qui fe font dans le corps des
animaux ^ P.tjf- fi5 (rfuiv. organes qui
font les fecretions, 534, 55$. com-
555 . f?,'5-
ment elles fe tont, ^^^, _
Sediment forme dans dc I'eau de pluie,
pag. 164 &- faiv. fedimenc de I'eau
d'Arcueil , 174.
Seine, fa pente & -fa vitefle, p.7g. 114.
dcbordemens de cetce riviere , 1801
hauteur de I'mi deces dcbordemens
ou ^larquee, iMd: ' "
Sel commun, png.-3'i. fel tire de I'ipcca-
duanha, 118. en quelles proportions
le fel fe trouve dans I'eau de la mer
prife a differentes profondeurs, diffe-
rentes dillances des rerres , 160, i-6i.
qualites differentes de ce fel dans ces
differens cas ,. 161. fel forme dans une
bouteitle d'eau , t-»o. dans quel cas le
fel abonde dans Iss plantes & dans les
fruits , 186. effet du fel commun &■ du
nitre fur lethermome'tre, 19S. fel fori-
du dans I'eau bouillante quelle coi>-
leur donne au prccipite de mercure ,
101 , 205. efprit de fel , fes qualm's
relativemcnt aux acides nitrcux Sc au
mercure, 109. fes divers effet.s fur une
' difTolution de mercure , no. fclscou-
tenus en plus ou moins griiide quan-
tite dans ditferentes terres , mi. dalis
■le verre, ill, nj- »St\on des feU fur
G4 ij
eo4
TABLE ALPHAB^TIQUE
fur les nerfs
des mitieres inflammables , 151 &■ fuiv.
fel decrcpite mele avec le fublime cor-
rofif , fulilimation de ce melange ,159.
240. fel decrcpite employe dans une
feparation de Tor & de I'argent, 241 ,
141. effe:s du fel marin fur I'or & fur
I'argent , 141, 242. compofition &
<ryihllifation d'un fel qui penetre le
fer fans le fondre , 245 , 244. comment
ce fel .pent agir fur le fer , 244 , 24J.
fel du corail , des yeux d'ecrevifles ,
desperleSjde la nacre, de lacornede
cerf, 2f j. vegetation du fel du falpe-
tre, 262, 265. fel cryltallife fur des
branches de plantes feches, 264. fel
refultant du melange des acides &: des
alkalis, 275. effet du fel commun ou
de fon acide fur du mercure diflous
par I'efprit de nitre, 274, 27 f. fels
concrets que produifent les acides
joints a dilTerentes matieres, 276 &-
full', fel de la matiere fecale, 281. fels
des terres qui environncnt une caver-
ne ou glaciere naturelle de Franche-
Comte, 42 J. fe] des fucus , 479.
Sel ammoniac , pourquoi facilite la conge-
lation , pog. 31. employe pour faire
precipiter de I'or, odeur qui en re-
fulte, 193. fel ammoniac forme par la
rencontre des vapeurs de I'efprit de
fel & d'un fort alkali volatil , 247. fel
ammoniac des terres qui environnent
une caverne ou glaciere naturelle de
Franche-Comte , ^42 f .
Seh fixes plus ou moins alkalis , leurs
effets fur la dilTolution du mercure par
I'efprit de nitre, 195, 198, 199 &-fuii:
fur le thermometrej i9S.qualite ab-
forbante des fels fixes cfjmparee a cel-
le des volatils, 208. fel fixe contenu
dans le phofphore tire de la matiere
fecale, 288. fel fixe alkali des truffes,
4^7-
Sel glacial , pai;. 31.
Sels mindraux contenus dans les plantes ,
pag. 150. eau-mere que donnent ces
Sel vigital, pag. 278.
Sel volatil de I'urine de vache &r de I'uri-
ne d'homme, pag. 129. qualitc abfor-
bante des fels volatils ^ 208. des truf-
fes, 465- &■ fail'-
Sini , moyens de liii oter fon gout &: fon
odeur fans affoiblir fa vertu purgative ,
pag. 291 , 292.
Ser.fadons font produites par une impref-
fion modifiee & non pas immediate des
corps exteneurs lur les neris , pag,
98, 99.
Senjitive ou Mimofa , mouvemens fingu-
liers & comme convulfifs de cette
plante, pag. 137, pi.
Serpent du Brefil , pourquoi nomme cou-
leuvre a deux retes,pag. 291. ce qui
arriva a quelqu'un qui avoit tue, &
ecorche de ces ferpens , ibid, mue des
ferpens, 459.
Sole, nombre des fils de foie qui compo-
foient un brin de foie a coudre,pa^.
178. force de cette foie & des fils qui
la conipofoient , 178 , 179- foie de
ver-a-foie & d'araignee, 266 ^ fuiv.
foie d'araignee employee , 30J. foie
dont elles enveloppent leurs oeufs &
foie dont elles tendent des filets aux
infeftes, 309, 310. quelles araignces
donnent la foie la plus propre a etre
mife en oeuvre, 311. couleurs de cette
foie, 311 , 312. force de la foie des
vers-a-foie comparee a celle de la foie
d'araignee, 313. caufe probable du
luilrede la foie, ibid, quantite de foie
fournie par un ver-a-foie, 315, & par
une araignee , ibid, foie de la pinne ma-
rine, 328 &- fuiv.
S:leil ( taches du ) pag- I & fuiv. revolu-
tion du foleil fur fon axe, 3 &• fuiv.
faux foleils, 32 &'/"'!'• images qui ref-
tent & fe fuccedent dans les yeux
apres avoir regarde le [oleil , pag. q6.
plantes qui fe panchent vers le foleil,
& pourquoi, 136, 157. influence du
foleil fur les marees, l^^&fuiv. cau-
fes qui mpdifient fon aftion felon
, Neuton, 1^6.
Sr.leil de mer de Rondelet, pag..4ic).
Smmets qui furmontent les etamines des
fleurs & en renferment la poufliere fe-
■ rondapte , pag. 447, 44S ) 4f^ ^ fuiv.
leur pofition dans le lis, la tulipe & la
plupart des plantes , 447. dans les
, fleurs tubulees comme les narcifles,
&c. ibid, dans les fleurs a fleurons, J
demi-fleurons, ou radices , i^i(?. fom-
mets Ail plantes arpmatiques , 448.
examen des fommets des fleur? & de
leur ufage, 4^2 &fuiv. leur (ituation a
I'egard du piilile dans les. fleurs ou ils
lui font rcunis, 452, 4^4. plantes oii
Ton n'en voir point, 4^3. efpeces de
fomniets de quelques capillaires, des
, moufles, ibid, non encore decouverts
dans la fleur de la figue , ibid, fommets
des fleurs males du pptiron, 4j8j 4y9.
D E S M A T I E R E S.
Cof
ie la pomme calville, 460. des etami-
nes de la figue, 497, 498. de I'alypum ,
J04.
Son fxe felon M. Sauveur , pig. 109.
experiences fur les fons, ih:'. Xs- fuiv.
foils harmoniques , no. reflexion du
fon, ifi. ^
Soufre entrant dans la Compofition d'un
fudorifique, pag. 190. effet de certains
fels fur la flanime du foufre, 2;i G-
fuiv. effet du foutre fur le fer rouge ,
245, 144. foufre briilant d'antimoine,
fon etfet fur les nietaux , 145 , 246. dif-
ferens foufies ou inatieres fulfureu-
fes, if^ 6- /uiv. foufre principe, ifj
G" fuiv. foufre bitumineux fee, in,
huiles ou graifles refultantes de I'u-
nion du foufre principe avec une ma-
tiere aqueufe , ibid, foufre mctallique ,
2 J4.changement ou paflage d'un de ces
foufres en un autre , 2^4. foufre com-
mun mele avec de I'argent fondu, puis
feparc par I'cvaporation , 260 , 261.
magillere du foufre, 2-0. foufre en-
leve au fer par les acides, 27-. union
des foufres avec les acides, 276 t>/uiV.
dans quels cas les foufres perdent leur
inflammabilite, 278. eaux foufrees des
environs de Foligno, deTivoli, 591.
Sourdon des cotes de Poitou, p. 359 &*
fuii: fa coquille, ^^9. fes tuyaux char-
nus, ibid, fon pied , fes mouvemens
progreffifs , 340.
Str.itifme , f. fo, 88, 89.
S.ubi!/n.ztion dumercure, p. 204, 20f,
259 , 240. fublimation des matieres
feches,fes rapports avec'la dilliUation
des efprits- acides , 277.
Sublimi corrofif , ce que c'eft , p. loi) ,
259 , 240. effet du fublime corrofif fur
I'argent, 245. fur la liqueur des buc-
cins, 404, 40 f. difTolution du fublime
corrofif combinee avec des teintures
& liqueurs tirees des truffes , 466.
Sua nourriciers des plantes , leur aftion ,
p. I3f &" fuiv. fuc glutineux du corail
& de quelques autres produdtions ma-
rines, 249 C- fuiv. effai des fucs depuvcs
de divers fruits pour tirer la teinture
de corail, 2ji. fuc laiteux du corail ,
effets de fon melange avec diverfes li-
queurs, 2J2. fucd'acacia, ce que c'ell,
326.
Sudnfi.iue (remede) fa compofition &
fes effets, p. 190, 191.
SiisuT analyfee , p. 190.
SiitdiU a la fuite de migraines &: de
fluxions, comment gucrie, p. 541.
Surfaces des corps , dans quels cas les
frottemens font proportionnels aux
furfaces, p. 12; 6- fuiv.
Sureauj abonde en motile, p. 440.
Sjrius , changement dans fa lumiere ,
pag. 11.
1 ACHES du foleil , p. i & fuif. des
fatellites de Jupiter, p. 12 , if, 16. de
Jupiter lui-mtine, p. 12 G- fuiv. paroif-
feiit dependre dans cet a^he des ban-
dcs correfpondantes, p. 15. taches de
mars, 17. taches &c fils noirs qui fe
forment dans les veux , 70 ir fuiv. 87.
Talc , le cryllal d'lilande ell une efpece
de talc, p. 299. talc qui fe trouve au-
deffus des bancs de pierre a platre ,
pres de Paris , ?00 irfuiv. Ion rapport
avec le veritable talc, ;O'0. fa figure,
301 , fa rtrudfure intcrieure, 301 &•
fuiv. fes irrcgularites , 303 , 304. fes
refraifions, 304, 305. talc dePalTy,
fa figure, 305'.
Ta/icAe dans laque lie ontrouva un tenia,
Tar'je (felde) faoule d'acides vitrioli-
ques , fon effet fut une dilfolution de
mercure , p- 201 , 202. effets de I'huila
de tartre par dcfaillance fur cette dif-
folution , 2of. terre folice de tartre,
ce que c'eft , fon ufage pour tirer des
teintures de certains metaux , 252.
etlet du melange de I'huile de tartre
' avec des efprits acides, 275. ducryftal
de tartre avec le fel de tartre, 278.
huile de tartre combinee avec la la-
que , 320. cryllal de tartre bouilli
ayec les fleurs &: les fruits AuTicinoides.,
teinture qui en a refultt, 503.
Teintures des metaux , f. 232. teintures
de corail , 2fo &• fuiv. teinture tiree du
corail par le moyen de la cire, puis
retiree de la cire, 2p, 251. teinture
de pourpre tiree de certains coquilla-
ges, 391 ^ fuiv. & de certains ceuls
ou grains, 395 b fuiv. comment on
pent la tirer aifement de ces oeufs,
398. comment les Anciens la tiroient
des buccins, 399, 400. ufage qu'on
pourroit faire de la teinture tiree des
oeufs de pourpre & des buccins, 40<>.
teintures des truftes, leurs effets fur le
firopviolat, fur la diffolution de fu-
blime corrofif, 466. fur I'eaii , ibid.
teintures tirees des fleurs & des fruits
6o6
TABLE ALPH
du ricinoides , foj. de la rhubarbe ,
leurs effets, f i8 irfuiv.
TetUnes des cotes d'Aunis, leurs coquil-
les, leurs tuyaux charnus , pag. 541.
leui- pied , 541. leur mouvement pro-
greflif J 541 , 542. faut particulier aux
tellines, 542.
Temperature des caves de I'obfervatoire a
Paris , ou temperature moyenne de
Tair, ptig. 140, I4i , iSo. du fond de
la mer, 160. varietes de la tempera-
rure dans le tenis d'un tremblement de
terre , 183. effers de la temperature fur
le corps liumaiii , 221. temperature
des fouterreins dans les differentes fai-
fons, 424, 4Xf.
Tinia trouvc dans une tanche, pag. ^24.
Ter&enthine ( huile de ) combinee avec la
laque, pag. ^lo.
Teries , leur fufibilite, de quoi depend,
pag. 2iZj zi 5. terre toUce de tartre ,
252. terre depoft'e par !e vitriol dans
les diflolutions & les digeltions, 25 f
& fuiv. terre tiree de la matiere fe-
cale, 281.
Terrein de quelques cotes &: des Ifles &r
ecueils voifins , pag. i f 9.
Tete, fon mouvement diilipe les idees fe-
lon M.de la Hire, p. 60. tete de Toeil-
de-bouc , 545. de la moule des etangs,
5(3 J. des vers de mer, 590. tete monf-
trueufe d'un fetus, 51.
Teies-mortes reilies aprcs differentes diftil-
lations de la matiere fecale ou de fon
fel eflentiel , leur inflammabilite, p.
282, 285-. tete-motte des truffes diftil-
lees , 467.
Thermometre ( obfervations du) p. 140
Z:- fuiv. 165, iSo, 220. effet du vent
fur le thermometre, 144, 14? ^ fuiv.
obfervations du thermometre plonge
dans la mer , 160. plonge dans I'eau ou
Ton fait fondre des fels alkalis fixes,
19S. & dans i'eau oii Ton fait fondre
du fel commun, du nitre, ibid, dans
un melange d'eau & d'efprit de vin ,
218. oblervation du thermometre dans
une caverne ou glaciere naturelle de
Franche-Comte , 42 y.
Tiges de fucus, p. 471 , 472, 481 , 482,
483,484,48^, 486, 487, -488,491.
4<;2. d'une petite coralline qui nait fur
un fucus, 495.
Tom , de quoi ils dependent, p. 110. tons
diffcreir, de morceaux de bois diflfe-
rens en grandeur, quelles proportions
ils- fnivent , 110 , ui , la forme du
A B E T 1 Q U E
corps fonore influe fur le ton , 1 1 1 ,
112.
ToTtiUement des fils qui compofent une
corde , fon effet, p. 173 irjuiv.
Tortues, degre de chaleur de leur fang,
p. 290. defcription d'une tortue de
mer, 294 &■ fuiv. obfervations faites
fur quelques autres tortues, 297, 198.
tortues de terre ont des pieds & celles
de mer des nageoires, 297.
Tournefol , teinture que Ton tire du rfri-
noides ou de la maurelle, fes differen-
tes preparations, p. f03. tournefol en
drapeau J 5-03. en pate & en pain , ihid.
Trachie afere d'un homme mort d'un
anevrifme, p ^52.
Travertin, fa formation , p. 391.
Tremblemens de terre, p. 181, 182, 183.
circonftances du vent & de la tempe-
rature , Sec. qui ont accompagne iia
tremblement de terre, 183.
Tripoli, forte de craie, p. 313, 514.
Trochus. Voyez Limafons de mer.
Trompe des abeilles, p. 426.
Truffes, on n'y voit point de pouffiere fc-
condante , de fommets , Sec. efpeces
de graines & de fleurs qu'on y a apper-
f ues , p. 453, 462, 464. pays oii tiles
croilient , lieux oia elles Ic trouvenr >
arbres au pied defquels elles font le
plus communes, 461. faifon ou elles
commencent a fe former , ihid- leur
accroilfement, leurs diiferens dt gres de
maturite , trutfes blanches , marbrces ,
noires, 461, 462. leur ecorce, 461,
461. leur interieur obferve au microf-
cope , 462. lemr reproduftion , ihid.
le grand froid leur eit contraire , ibid.
ver qui lesronge, mouche en laquelle
il fe change , 463. autres petits infec-
tes qui les rongent , 463. terres des
truffieres , indices qui les font decou-
vrir, manieres de les tirer, 463. vers
qui naifl'ent dans les truffes pourries ,
mouches qui proviennent de ces vers ,
ibid, deux efpeces de truffes, felon M.
Tournefort , 464. opinions de Pline
fur leur nature & leur produftion ,
ibid, parenchyme , fibres , canaux , &:c.
qu'on dirtingue dans les truffes , 4(14 ,
465-. analyfe de la truffe, 465 0" fuiv.
fon analogie avec les plaiites, ihid. fon
odeur exaltee , effet de la fermenta-
tion fur la truffe , 465-. maniere de con-
ferver les truffes , ibid. & 466. teintu-
res de truffes tirees par I'eau , par I'ef-
prit de vin, 466. liqueurs tiieeS des
rruffes, 466, leurfel volatil, leur Cc\
tixe alkiili , ^-.y. qualitcs qu'on Icur
attribue, ihi'^. ce qu'ellcs devieiinenc
dans I'efpiit de vin, 446, ^67, dans
I'eau, 4&7.
I'libireufe , fa pouffiere fccondante , ;;.
^449- ,
Tumeiir enorme du ventre , ce qu'on y
nouva a rouverture du cadavre , }>.
Turbo. Voycz Limafom dt mer.
■/uy.iux de conduite, leiirs proportions,
;;. 114, leiir torce determinee p.ir ex-
perience, iiy. niyaux cluvnus du la-
vignon , efpece de trachee , 536. &
dcs autres coquillages qui vivcnt enfon-
ces dans le fable, la boue, &c, 557.
de la palourde, 3 58. leur ufage, ibiS.
dufouidon, qui lancent I'eau a plus de
deuxpieds, 559. des tcllines, s-41.de
I'etoile de mer_, 560. tuyaux des vers
de mer de differentes efpeces , 588.
des coutclicrs, 409, 410. des dails,
416.
Tuj.iti.v d'orgues , p. loS, 109.
Tympanue , Voyez HyJr:^;^lfte.
Jyphon , pheiioinenes qui I'accompagnent,
,. ,0. ^
LJlceres aux reins & a la veffie , com-
ment gueris , pag. 51-. eaii-mere du
vitriol donnee pour les ulceres des
poumons , des reins & de la veflle,
5j8. ulceres du fac lacrymal, 570.
Urine de vache, fes qualitcs, pa^. 128,
129. urine de vache diftillcc & non
diftillee prife interieurement, fes ef-
fets, 129. analyfce, ibid. 191. phof-
phore d'urine, ibid i^-r. effet de I'u-
rine fur le mercure diflbus dans I'ef-
prit de nitre, 199, 2cx3. urines glai-
reufes, purulentes & prefque fuppri-
mees; effet du pareira-brava dans ces
cas, J27, 528. pus fortant par les uri-
nes & venant de la capacitc de la poi-
trine, J64.
Vyie J ufage que lui attribue M. Jucin,
pag. lay , 108.
r AGiu (conformation extraordinaire
Au^jiag. f49. fa dilatation pendant une
grofleffe, ibid.
Vaijfeaux qui compofent les glandes ou
qui s'y rendent, pag. ^34. vaiffeaux fe-
D E S M A T I E R E S. 607
crctoires, f 34 (yfulv. vaiffeaux ou ca-
ux excrttoires fj^, jjj. vaiffeaux
i cor.tiennent les liqueurs ducorp;..
naux I
■qui
comment aidcnt au mouvetnent de tcs
liqueurs, fyr, ftS.
Valvules du caurd'u::c tortue de mer,
pjf;. 294, 296. de quelquestortues tcr-
rcllres, 297. d'une vipcre i!i,!. dune
anguille, ibtJ. de deux graiidcs tortucs
de mer, ibid, des tortues de terre Sc de
mer, 298. valvules du cicur & leurs
appendices , maniere de les dcmnn-
trcr, f32 , 553. valvules ficmoidcs ,
leur llrutturc &: leur ufage, 571 , 572.
niort qui parut occafionnee par un ac-
cident arrive a I'une de ces valvules,
Vapeur de I'encre de fympathie , pag, 242.
de la pierre de Boulogne , 242, 243.
de quelques efprits acides, Sec. 247.
eifcts de la rencontre de ccrtaines va-
peurs, j'ijrf. vapeur inflammable pro-
duite par la limaiiie de fer, & com-
ment, 2p. vapeur de l.i braile de bou-
langer , fes funeftes effets, 521, ji2.
eflFets de la vapeur d'une vieillefofle,
VapeuTs , maladies auxquelles on donna ce
nom, pag. j6o. quinquina donne dans
ces maladies , ibid.
Vegetation ( mechanique de la ) felon M.
Reneaume , pag. ^140 & fuiv. vegeta-
tion finguliere fur la fouche d'un arbre
coupe , 444 &■ fuiv.
Vegetations artificielles de differentes for-
tes , 2f(>. difference effentielle entrc
ces vegetations apparentes & les plan-
tes , 260. ve'getauon du fel du falpe-
tre, 262, 263, du fediment de I'eau
de pluie , 264 (yjuiv. vegetations de
Mars, 177.
Vigitaux , paflage de leurs huiles dans la
fubilance des me'taux, pag. 2^8.
Veines , pourquoi paroifTent bleues fur la
peau, pag. 172. fang des veines, ibid.
veines d'une tortue de mer , troncs
qu'elles formoient & leurs embouchu-
res, 29f, 296. veines axillaires de la
meme tonue , leurs fibres , 296, 298.
veffies de trois autres tortues, 29T.
furface interieure des veines ca\ es de
la tortue terreltre & des veines pul-
monaires, des veines caves &: des vei-
nes axillaires de la tortue de mer,
298. veines des glandes, ^36.
Veniricuks du coeur d'une tortue de mer ,
pag. 294. cloifon qui lesfcparoit, ou-;
fioS
TABLE A L
vertures & valvules qui s'y trou-
voient , :hid. maniere de feparer les
deux ventricules du coeur en laiflant
a chacun fon oreillette & fon artere.
Venire de la moule des etangs , pag. 565.
tumeur du ventre , ce qu'on y trouva
a I'ouverture du cadavre , Ji-t-
Vents de I'lde de Cayenne &: des envi-
rons de la riviere des Amazones, p.
JO. ne fjnt pas les memcs a Paris & a
Malthe , p. 36- obfervations fur les
vents qui ont accompagne certaines
temp--:.: 1 140 -T fuiy. 165, 181
&f.i.v. 210, zii effet du vent fur le
thermcme-re, IJ,4, 14^ &■ Jiiiv. vents
qui fe hrent feiitir dans le terns d'un
tremblement de terre, 185. vents qui
fortent du corps, 560. pourouoi Ton
n'en rend prefque jamais dans I'hydro-
pifie tympanite , j6i.
FentitecUpfee par la lune, p. 11.
VtTS de mer ou y^rs d tuyaux , leur adhe-
fion a d'autres corps, p. 38S v fuiy.
ieurs diffcrcntes efpeces , iHd- leur
tete , 390. Ieurs nageoires, iHd. Ieurs
pattes , itid. vers luifans, 414. le male
adesailes, la femcUe non, ii.'i^. vers
desabeiiles, 428, 429. vers qui man-
gent les truftes , autres qui nailfent
dans les truffes pourvies, mouches qui
proviennent des uns & des autres,
4^3- . ,
Ver-d-fie , fa fecondite , p. 3p8. quantite
de foie quefournit un ver-a-foie, 3 1 j.
Ve'-d-de-^rh, fa couleur a la chpadelkj
pag. 48.
Vermilion, fa couleur a la chandellCj
p. 49.
Vernh de I'lndc, p. 134. de la Chine,
ibid. 169.
Verre , fa refraftion comparee a celle de
quelques autres matieres , p. 74. quelle
colle eft bonne pour le verre , 169.
maniere de copier fur le verre les pier-
res gravces, 21 1 G'/uiv. ce que c'cft
que le verre, 212, 213. quel verre il
faut choifir pour copier les pierres
gravees, 214, 2iy. duftilite du verre
ramolli par le feu , 114 &fuii\ prece-
de des fileurs de verve, m , 226. ten-
tative pour perfeiSionner cet art, 226.
force cies fils de verre , 227.
Verre ardent , calcination de I'^tain _au
verre ardent, p. 2^4. melange du fer
avec i'etain fait au verre ardent, 2y(5.
Verres des lunettes peuvent produire de
PHABETIQUE
fauflfes apparences , p. 12. convcxit^
que doivent avoir les verres lenticu-
laires , ff, f6. verres qui ont deux
foyers , f6. cas ou les verres concaves
font utiles, 60, 61. verres convexes
peu utiles aux myopes , 60. comment
font utiles auX presbytes , 76 &-fuiv.
&c aux vues parfaites , 80. ont deux
proprietes differentes & infeparables ,
00. verres des lunettes employes a
mefurer la force des yeux , 103.
Vijicules fur les feuilles de quelques fu-
cus , contenant les femences, 475 &•
fuiv. 481.
Vijicule du fiel de deux foies de mouton ,
p. 292, d'un boeuf 193.
Vijiculetfiniinalesde la moule des etangs,
p. 367, 368. maladie dont les veficules
feminales font le fiege ou I'un des fie-
ges, 536 ir fuiv.
VeJJie pleine d'eau trouvee dans le corps
d'une poule , p. 376. effets qu'elle pro-
duifoit fur I'ovidudus & fur ks oeufs ,
ibid, veflies pleines d'air dans certains
fucus, 478 , 483 , 484. veffies pleines
d'une eau jaune trouvees dans une tu-
meur du ventre, 524. ulceres a la vef-
fic, comment gueris, 517. defcentes
de vefiie femblent fuppofer un vice de
conformation, 567, j68.
Vibrati.iiis des cordes fonores , p. 108 &•
fuiv. lefquelles des vibrations totales
ou des vibrations partielles cojiihtuent
leton, no, 1 11. vibrations de la cor-
de de la trompette marine, 122, 123.
Vigne, abonde en moelle, p. 440. piftils
de fa fleur , 450. caufe de la coulure de
la vigne, 45- j. vigne du Brefil. Vojei
Pareira-Brava.
Vin , fa gravite fpecifique , p. 38. vin cha-
lybe , comment donne dans differens
cas, 558.
Vinaigre, fon effet fur le plomb , p. 170.
Viperes analyfees,p. 188.
Vifion, phenomenes de la vifion relati-
vement a la pofition des objets , p. 64 ,
68 & 69. diverfes opinions & recher-
ches fur le mechaniiVne de la vifion,
99 &• fuiv.
Vitefe du mouvement de la mer dans le
flux & dans le reflux , p. 1^3.
Vitrie (humeur) inconvenient de fa
trop grande longueur, p. 63. manque
dans quelques fujets , accident rare ,
78, 79. obfervee dans I'oeil d'un horn -
me mort d'un emphyfeme , ^66. dans
les yeux d'un aveugle, 568 , ^69.
Vitriol ,
DES MATIERES.
Cq9
Viirhl ; (piViti An mcrcure hc'ridc des
acides du vitriol, pjg. xo-. cffct du
vitriol fur la flamnie dcs foufrcs &: des
Iniiles , 155. vitriol vert, 254 C- fuu'.
procidci pour cointnir le vitriol en
eau-mcre, 255 irfuii'. pour en tirer un
efprit volatil lulfureux, acide , i^r,.
en quel ctatell le ter dans le vitriol,
257, 258. diftcrens effets que produi-
fent fur I'eau le vitriol calcine par Ic
foleil & le vitriol pulverifc, 258. fou-
fre fixe Sc anodin du vitriol , arcane He
magillere de vitriol , teinture de vi-
triol, huile de vitriol. 258. huile de
vitriol verft^ dans du falpetre calci-
ne &: liauetie ; ce qui en refulte , 262 ,
263. prccipite du vitriol fondu dans
I'eau, 2uS. efprit de vitriol melc avec
I'huilc de tartre, i-?-? , vitriol pris in-
terieurement , fon aftion , melange du
vitriol avec la teinture de galle, 5p.
eifets d'une eau-niere de vitriol dans
dcs hcmorrhagies internes & externes,
les ulceres des poumons , des reins , de
la veflie, 558.
Vomifsment de membrane, p:ig. ^fo. vo-
mifTement llercorcux dans la patiion
iliaque, ^^i&juiv obfervation de ce
vomilTement & de 1 etat des inteftins
pendant ce vomifTement, faite fur des
chats Si des chiens, 575, J74.
Vut , fes diffcrens accidens, pag. 46 &•
fuiv- vue des oifeaux , 47. tous les yeux
ne voient pas les mcmes objets de me-
me grandeur , ibid, vue louche , fO.
dans quels cas on voic les objets dou-
bles , & dans quels cas on les voit fim-
pl«s. Jij 55 0- fuiv. 89, y6. vue
courts , f4 C-/!j:V. rarcment diflinfte,
J4. vues courtes & yues foibles, /c,
confufts, f4 &- Jhii/. bont'.c vue, Oj!
vue longue ou foible, 66 Kj-Juif. vue
dimiiuie avec ragc,67. ell ^rdinairc-
ment foible apres I'opcration le |a ci-
taradle, 74, ^5. latitude de la VLc go
IC. vue parfaite, -9, 80. vue rtndue
plus dillinile par une inflammation
aux yeux, 8c, 81. moyens fort(impl;s
de faire voir un objct multiplie plu-
lieurs fois , 89, ici. explication de
cette apparence, 90 L'fuiv. confc'quen-
ces qu'on en peut tirer fur la forme dcs
p.uties de I'ocil , 94. moyen de faire
rcuflir cette experience, ou de I'em-
pecher de rtulllr pour routes fortes de
vues , ibid, vues qui napper^oivent pas
le rouge, 112.
Y
T^
1 Eux ( inflammation aux ) & fon effct
/ingulier , pjg. 80 , 81. moyens de con-
noitre la difpolition & de mefurer la
force des yeux, lozO" fuiv. ycax d'e-
crevifTe , ce que c'ell, 458. veux d'un
homme mortd"un coup d'epce dans li
poitrine, fuivi d'un emphvfeme, $66,
veux d'un aveugle dilTcques , 568 ,
'569.
Yqueiaya , plante du Brefil , pag. 291 ,
292.
Z
jt' INC, Operation fur le zinc, re-
flexion fur fa nature , p.:g. 2?S.
Zone des taches folaires felon Galilee ,
pag. 2.
FIN du trolficmc J^oliimc dc la Panic Frangoife.
I
H
<I0
ERRATA.
JlAg^ d?. IJgf^s ^ en remcinranT , la vue dans les
decoranons theacrales. On ioinc,/ijft ^^
vue;"ais dans les decorations ihcatrales,
on oinc.
lig. !• > f#"«t fi 1^ lumieie eft petite.
dan' t.i figure au lieu de la lenre B qui re'ponid
I'hrerralU enrre la 17 6" J J i8e%. metcei unB..
iig. 6 V. Pi. ] , lifef. PI. XXVII.
lig. 4> le fel , lif:i le jet.
/ij. 4 , en ragiil'ant , lifex. en r.igitanc.
lig. dermere , al^c , life\^ Tilee.
/i^. II en remontam , 18, /fj^j 48.
lig* i + , fans J /i/e^ fous.
lig. ii , obfervans, life^ abforbans.
tig. 8 enr,Tnomant , <.i,lifex_ j 1.
/ij. 8 , une d'arfent , life\ une plaque d'argent.
lig. 16 , la prendioit , iife^ la pcrdroit.
191, lig- I J , defigne, lifii demn<;.
107 , ;i>. 1 1 en remontant, ou , life^ au.
,01 , ii?- .1 , V. i la fin du vol. lifei PI. XXVII,
Fig. II.
lig. S en remontant . Fig. V , life^ Fig. IX.
lig. 1 1 , Fig. HI , lifex. Fig. VII.
lig. 9 en remontant , tuyaux, life[ tuyaux CC,
lig. 19, cellus , ii/et cancellus,
lig. 14 , patties, iije\ crties.
/fg. 6,P1 VIl,/i/f?Pl. VIII.
lig.zi , Fig. lifetYig.l.
lig. 2 , furfacE , lifii force.
lig. i4,prennent, life^ prelTent. _
lig. J4, oppofition , ii/e^ appofitioo.
ligne I o , vivement , lifei aifement.
lig. n en remontant, U Seyrcnie , /i/et la
Peyronie.
tig. 9 en remontant, I'ceil-de-bouc , lijei le
•t ■ J lig. S en remonriint , la pierre a 1 ccil-de-bouc ,
Ufei i la bafe de I'ail-de-bouc.
59.
7",
lei!
116
14J
l£0
j8o
103
ao7
il<5
145
»S4
3il .
3J5 .
341 >
J4S.
347'
3S8.
3«i >
3S! .
J7I.
373 •
374'
5-9 •
;» s , tig. 4(5, la Fig. Ill , ajcutei Pi. XII,
387, lig. 21, peCtiminlus /lyi^ peflunculuj.
i9i , ; 6 en remontant , PI. XII , li/c^ PI. XIII.
407, I. 9, pofcelle , life[ ifofcele.
408 , /. 1 0 J aprc's Fig. V , effacex H"*^-
409 , !. Z7 , animaux, lif. anneaux.
414, /. penultieme , plus chaud , lif, plus froid«
44! . ' •— -"— -^
Bid.
449
ibid.
, I. premiere , efface^ C.
/. 20, Fig. I, /./.Fig. IV.
lig. 15, Fig. II, lif. Fig. XI.
J. ., , » ,j,. ., , ..J. . ,^. ....
I. 4^ , du lycopodium , lif. comme celle da
lycopodium.
4!j, ;. 1 , C , tif CC.
ibid, I. 10, globes, /i/ lobes.
4n , i S3, figure , /;/ figue , 1. 44 . figure, tif. figue.
458, ^9 en remontant , FF, ij/ FF.
460, /. 10, aux angles, lif aux cinq angles.
A6i ,1' 10, portion, lif. vapeur.
468 , I. 7 en remontant , fumach , lif. futnac.
469, /. 10 , paliare, /i/. palivre.
ibid, t. 14, poutquoi celui-ci, quoiqu'ii ait, life^
parce que , quoique celui-ci ait.
475 . I. II, Fig XVI, Ji/.Pl.XVI.
481 , I. iz , apres /e mot p^dicule , ajoute^ elie n'3
qu'un peu plus d'un pouce de laigeur.
ibid. I. 6 en remontant , feuiiles, tif. fleuis.
490- /. zs, al'eau, tif a Fait.
492, ;, 5 en remontant, leut figure, I. la figure;
49 i , t. 17 J graine, tif faine.
499, /. 7, figures, lif. figues.
507,;. 6 , apres Royal , ajoutei PI. XXV.
J08 , ;. 8, Floane, lif. Sloane.
1 1 3 , /, I o en remontant , Poitu , lif. Poitou.
514, 1, J en remontant , cc c lif CCC.
5j!, / 19. en qualite, lif en quantite.
537, ;. J, firople de., tif. fimple des glandes de.
5 39 , /. 5 en remontant , couleur, lif liqueur.
5<8, I. 7, ttes-duSible , lif. itreduSible.
A CIS r,u'il eut echappS queiijues autre! fames , comme etles ne porteront pie fur la partie typo-
grapkique ,'appellies ccquilles, ellesferomfadtes dfuppUer dtous Leileurs.
APPROBATION.
J'-^lI lu, par ordre de Monfeigneur le Vice-Chancelier , le troifieme
Volume de la Colledion Acadcmique de la Partie Frangoife, faifanc le
Volume dixieme de I'ouvrage. Ce Volume renfermant des obfervaiions
fur routes les parties de la Pliyfique, & ces obfervations etant tirees des
Memoires de I'Academie des Sciences , il y a lieu de penfer que ce
Volume fera audi recherche des Savans que les pteccdens I'ont ete. A Paris
ce 18 Aout 1758. GUETTARD.
Le Trivlkgi general fe troure a la fin du premier & du troijiemt Volumt
de la Partie Etran^rs-.- ~
1 rcte ''''' ^ ''''•"</
N
Ki
'"'^- (iiiii
to//c< ■//,'/ 1 </../. /■////y'//,y. ,////.//■'. ///,../.,•<■ /"w/ ///./'///.
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Col/ection Jcaiieniit^ ]>art.FrafU'Jbm..UI.Pl ID.
frat>« p.^f p . Sitno-ine^vi Ir Fttf .
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C o/leciioiv Ocac/e/ni/^itc ^,irhc /riuii;ourc To/n . III. Fl.TfT
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Collection, acaciemvaue partie /ra/icxnsc Tarn . Ill . Pi . T^.
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ColL-c/ion UcuJAnujiu- ^„iHu- /nin.:oi.n' 'Jont . HT . PlXir.
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Collec/io7i Clca^miaiie vcuhe fraiicoise luni. fll . J'l .\l .
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Co/leciian ,^^^^>^fu^ /yartie /ra/ujoi.n- Torn . TTT P/ XTTL
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