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Full text of "Remarques sur les mots français dérivés de l'arabe"

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il 


LES  MOTS  FRANÇAIS 

DÉRIVÉS  DE  L'ARABE 


TOUS    DROITS    RESERVES 


REMARQUES 


SUR   LES 


MOTS  FRANÇAIS 

DÉRIVÉS  DE  L'ARABE 


PAR 


HENRI  LAMMENS  S.  J 


^^^ 

\^-^* 


BEYROUTH 

IMPRIMERIE   CATHOLIQUE 
1890 


2.I-/6 
L3 


PREFACE. 

Nous  devons  au  lecteur  quelques  mots  d'explication 
sur  le  but  et  la   méthode  de  ces  Remarques, 

Comme  le  titre  l'indique,  ce  n'est  pas  ici  un  Glos- 
saire étymologique  des  mots  français  d'origine  ara- 
be. Nous  n'avons  pas  voulu  refaire  ce  qui  avait  été  très 
bien  fait  avant  nous.  Nos  prétentions  sont  plus  modestes  ; 
les  voici  :  appeler  l'attention  sur  quelques  étymologies 
nouvelles,  renforcer  les  anciennes  d'arguments  nouveaux, 
relever  quelques  erreurs,  enfin  soumettre  au  jugement 
bienveillant  des  philologues  certaines  hypothèses,  sim- 
ples éléments  de  problèmes  étymologiques,  que  les  éru- 
dits  parviendront  sans  doute  à  élucider  pleinement. 

Quant  à  la  méthode,  nous  n^'avions  qu'à  marcher  sur 
les  traces  des  Engelmann,  des  Dozy,  des  Devic  Le  pre- 
mier travail  de  l'étymologiste,  disent  ces  illustres  maîtres, 
est  de  «  démontrer  que  le  mot  arabe^,  dont  il  s'agit,  a  été 
employé  dans  la  même  acception  que  son  dérivé  ro- 
man »  (i).  Pour  cela  les  dictionnaires  existants  sont  d'une 


(1)  Engelmann. 


VI, 


regrettable  insuffisance.  C'est  surtout  en  arabe  qu'il  faut 
se  rappeler  que  «  le  dictionnaire  est  une  source,  où  il  est 
bon  de  puiser,  mais  où  il  est  facile  de  se  noyer. «Et  quand 
même  un  lexique  arabe  fournirait  toujours  un  sens  bien 
précis,  «au  lieu  de  cette  surabondance  de  formes  aux 
significations  vagues  et  contradictoires,»  (i)  il  ne  donne 
aucun  renseignement  sur  l'âge  du  mot,  sur  ses  acceptions 
particulières  aux  différentes  époques  et  dans  les  diverses 
contrées  de  langue  arabe;  tous  renseignements  indispen- 
sables à  qui  s'occupe  d'étymologie  orientale.  C'est  donc 
dans  les  glossaires  spéciaux,  dans  les  écrivains  arabes 
eux-mêmes  qu'il  faut  aller  chercher,  et  avec  ces  données 
éparses  reconstituer,  comme  on  peut,  l'histoire  d'un  mot. 
Aux  lexiques,  aux  auteurs  nous  nous  sommes  permis  de 
joindre  les  dialectes  vulgaires,  trop  peu  explorés  jusqu'ici 
et  avec  lesquels  un  séjour  de  plusieurs  années  en  Orient 
nous  a  quelque  peu  familiarisé.  Bien  souvent  cette  com- 
paraison nous  a  apporté  lumière  et  secours. 

A  la  suite  de  Dozy  et  de  M.  L.  de  Eguilaz,  nous  n'a- 
vons pas  craint  de  grossir  notre  liste  de  certains  mots, 
qui  ne  sont  plus  usités,  mais  qui  l'étaient  encore  au 
siècle  dernier,  et  dont  plusieurs  ont  été  accueillis  dans  le 

(1)  Marcel  Devic. 


VII. 


Supplément  de  Littré.  Il  semble  que  faisant  le  relevé  des 
emprunts  faits  par  le  français  à  la  langue  arabe,  nous 
n'avions  pas  le  droit  d^exclure  ces  mots  de  notre  recueil. 

Enfin  nous  avons  essayé  dans  une  Introduction  d'établir 
les  changements  subis  par  les  lettres  arabes  en  passant 
dans  le  français.  Peut-être  nous  saura-t-on  gré  de  ne  pas 
nous  être  laissé  arrêter  par  l'autorité  du  regretté  Mar- 
cel Devic,  qui  croit  ce  travail  «  bien  difficile  et  ne  pou- 
vant, ce  semble,  conduire,  à  aucun  résultat  positif.  »  (i) 

Notre  essai  serait  sans  doute  moins  imparfait,  si  au 
désir  de  contribuer,  dans  la  mesure  de  nos  forces,  à 
l'avancement  de  l'étymologie  française,  nous  avions  joint 
quelque  chose  du  profond  savoir  et  de  la  vaste  érudition 
de  nos  illustres  devanciers. 

Université  S^  Joseph  de  Beyrouth^ 

le  8  Décembre  1889. 


(1)  Ces  éléments  de  phonétique,  quoique  moins  précis  que  pour  l'es- 
pagnol, peuvent  être  utiles  à  l'étymologiste  et  au  lecteur:  à  l'étymolo- 
giste  d'abord,  qu'ils  empêchent  de  s'écarter  trop  loin  ;  au  lectem*,  qui 
accepte  plus  facilement  une  permutation  appuyée  sur  des  exemples.  Quand 
on  a  vu  que  le  ^  est  transcrit  f  et  que  l'insertion  de  r  est  fréquente  dans 
les  mots  d'origine  arabe,  on  est  tout  disposé  à  admettre  que  fabrègue  par 
ex.  dérive  de  .i^:  . 


INTRODUCTION. 

Changements  subis  par  les  lettres  arabes 
en  passant  dans  le  français. 

I 

CONSONNES  (i). 

Dans  les  quelques  règles,  qui  vont  suivre,  sur  les  chan- 
gements des  consonnes  arabes,  le  lecteur  remarquera 
facilement  des  analogies  frappantes  avec  les  lois  phoné- 
tiques, qui  ont  régi  la  transformation  des  mots  latins  en 
mots  français.  Nous  en  relèverons  quelques-unes  au  pas- 
sage. Ainsi  les  mutations  successives,  qui  ont  produit 
brodequin  eX.  matelas  par  ex.,  s'expliquent  naturellement, 
quand  on  sait  avec  quelle  facilité  /  devient  r,  et  vice  versa. 
Si  nous  ne  nous  abusons  ,  cet  accord  des  règles  de  la 


(1)  Notre  système  de  transcription  pour  les  lettres  arabes  est  celui  de 
l'Imprimerie  Catholique  de  Beyrouth,  excepté  poui'  les  lettres  suivantes; 
dj  que  nous  représentons  par  th,  ^  par  kh,  ^  par  gh,  j  par  ou  et  2u.  Nous 
n'appliquons  pas  non  plus  notre  transcription  à  certains  noms  propres  très 
connus  et  pour  ainsi  dire  francisés.  Nous  avertissons  aussi  que  pom*  les 
mots  espagnols  nous  n'avions  pas  à  notre  disposition  certains  signes  ortho- 
graphiques d'un  emploi  assez  fréquent. 


IX, 


phonétique,  pour  des  mots  appartenant  à  des  langues 
d'ailleurs  si  diverses,  prouve  que  ces  règles  reposent  sur 
des  bases  vraiment  solides.  Nous  y  trouvons  aussi  une 
nouvelle  justification  de  l'essai  que  nous  allons  produire. 


(hamzé). 


Cette  lettre  n'est  pas  rendue  dans  les  mots  arabes 
ayant  passé  en  français.  La  raison  en  est  bien  sim- 
ple :  dans  le  dialecte  vulgaire,  le  hamzé  ne  se  fait  pas 
sentir.  Le  peuple  dit  s'^*  au  lieu  de  Sly;  lu?- au  lieu  de 
Ui>.  etc.  (V.  Bâsim  le  Forgeron,  Manuscrit  de  l'Univer- 
sité de  S.  Joseph  à  Beyrouth,  pass.)  Une  tendance  ana- 
logue existe  même  dans  l'arabe  classique.  Cfr.  JL  inter- 
roger  et  jL  même  sens;  ^^-^  et  ^ ^  ^\j  (i)  il^U  etc. 
qu'on  écrit  et  prononce  avec  ou  sans  hamzé. 

C'est  l'application  du  principe  appelé  par  les  philolo- 
gues «principe  de  la  moindre  action».  En  arabe  il  tend 
à  simplifier  la  prononciation  de  certaines  lettres;  du 
ham:{é  il  fait  un  alef^  du  thâ  un  M,  du  àâl  un  dâl,  etc. 

(1)  Je  vois  cette  même  tendance  dans  ùI«-lI,o'j\'  etc.  Les  règles  du  ^ 
ou  changement  du  hamzé  n'en  sont  que  l'application  pratique. 


X. 


Dans  la  transcription,  ce  principe  fait  omettre  des  fettres, 
comme  lej-  et  le  rpcir  ex.;  ou  remplace  par  d'autres  sons 
certaines  lettres,  dont  rémission  est  trop  pénible  etc. 


Le  ^  initial  reste  b  :  burnos,  baldaquin.  Assez  souvent 
il  est  transcrit^  (i):  papegai,  patagon,  pataque,  pastèque. 
Il  est  devenu  m  dans  marmite,  mérinjane,  (Comp.O^-Ail* 
et  ùljJla  formes  de  ^\jJù  );  et  v  dans  vérin. 

Le  ^  médial  reste  habituellement  b  :  chebec,  abricot, 
habzéli.  Il  devient  aussi  v  :  javari^  alvarde ,  avicenniée, 
civette,  maraxite  (vieux franc,];  ou  p:  roupie,  ripopée, 
épicerie,  épinard  etc. 

Le  ^  final  est  transcrit  b  :  [ardeb  (  mesure,  de  ^^ji 
ardab),nabdb;  ou  p:  sirop,  ripopée,  chaloupe.  Il  est 
devenu  n  dans  alcaron  (changement  fréquent  dans  les 
mots  espagnols  dérivés  de  l'arabe);  v  dans  alcôve,  a- 
dive  ;  g  dans  carouge.  (  Voy.  ce  mot  ). 

(1)  Scheler  (  Dict.  étymol.  art.  papegai)  prétend  que  «le  b  arabe  ne 
devient  jamais  p  en  roman.»  Dozy  et  Eguilaz  sont  d'un  autre  avis. 


XL 


Cette  lettre  éprouve  peu  de  variations  :  au  commence- 
ment et  au  milieu^  elle  est  transcrite  par  t  :  tarif,  térénia- 
bin,  turbith.  Dans  carquois  elle  aurait  permuté  avec  c. 
A  h  fin  on  la  rend  aussi  par  th  :  alancabuth. 

Exception:  caramoussal ou  O  est  devenu  /;  mais  on 
trouve  aussi  caramoassat,  (  Voy.  ce  mot.  ) 

Le  ta  marboûia  (signe  d'unité  ou  du  féminin)  a  dans 
la  langue  vulgaire  la  valeur  d'un  ê  et  quelquefois  d'un  a 
(  surtout  en  Egypte  ).  Il  est  rendu  de  même  en  français  : 

é  fermé:  café,  atlé,  validé^  vilayet  (i),  zilcadé. 

a  :  curcuma,  chachia,  almagra. 

Vé  fermé  quelquefois  s'adoucit  en  e  muet^  comme  dans 
calife,  matamore  ;  d'autres  fois  le  ta  est  omis,  ex  :  ca- 
phar  (2).  Dans  sourate  (chapitre  du  Coran,  de  (3)  %jy^) 
au  contraire  il  est  par  trop  mis  en  évidence. 


(1)  Le  t  final  est  censé  représenter  le  cj  par  lequel  les  Turcs  rempla- 
cent  le  td  marboîda;  quelquefois  ce  dernier  est  transcrit  eh:  zaptieh. 

(2)  De  ojLâi(Voy.  Ousâma  Ibn  Monqid.  Edit.  Hart.  Dérenbourg  p.  59 
et  Ibn  Hauqal.  p.  18  ). 

(3)  Et  non  «  verset  du  Coran»,  distraction  échappée  à  Devic.  Voltaire  a 
dit  «  le  sura  »  ;  la  suppression  du  t  est  logique,  mais  non  pas  le  masculin. 
Il  fallait  dire  avec  Trévoux  «  siirn  ou  sure^  s.  f.  » 


XIÎ. 


Celte  lettre,  prononcée  par  le  peuple  O  /,  rarement  ^ 

^  (i),  est  rendue  de  même  :  thuban,  atlé,  métel,  ataur  (cons- 

stellation,  de  jjîll  a^A"/Aawr,  le  taureau),  bagasse.  Comp. 

> 
pour  Tarabe  écrit:  Zj}   et  L>y  •  Z^^\  etvlj/L  etc. 

Exception  :  ahidel,  ou  vl>  est  devenu  d.   On  aura  dit 

d'abord  a/w/^/ ;  de  JWl  a/-owMa/,  même  sens.  «Les  alu- 

dels  sont  des  pots  sans  fin,  joints  ensemble  dont  on  se  sert 

en    chymie.  »    (  Nicol.    L'Emery).    Mais    jamais    le  vl> 

n'est   rendu   par  g,    comme  le    voudrait  Dozy.  Ni  en 

espagnol,  ni  en  français  on  ne  connaît  un  seul  exemple 

de  cette  transcription  (  V.  Girbe). 


(1)  Comparez  Ottoman,  nom  de  peuple:  Ottomane,  grand  siège  sans 
dossier;  Osmanieh,  décoration  turque.  Tous  ces  mots  dérivent  de  jLil 
^othmân,  fondateur  de  la  dynastie  des  Ottomans.  On  lit  t_,^taub,  habit,  au 
plui*.  tjLJi  atidb,  dans  l* Histoire  de  Habqdr  le  philosophe,  visir  de  Sanhdrîh, 
(Manuscrit  de  l'Université  S.  Joseph.)  Cette  histoire  ou  plutôt  ce  conte 
dans  le  genre  des  1001  Nuits  est  en  dialecte  syrien.  I/inspiration  est 
évidemment  chi'étienne  et  probablement  libanaise. 


Xllf. 


Au  commencement  du  mot,  cette  lettre  (i)  est  rendue 
par  g  (doux)  :  genette,  gerboise;  j  :  jambette,  jarre,  javari, 
jonque;  iy:  djérid,  djinn.  Cette  dernière  transcription  a 
lieu  surtout  dans  les  mots,  qui  ont  passé  en  français  sans 
modification  sensible.  Comparez  encore:  hadji,  redjeb; 
l  :  zédoaire,  zinzolin,  zerda  (2).  Dans  les  historiens  de 
la  croisade  le  nom  de  la  ville  de  Gebail  C  jJ?-  )  devient 
Zebaris,  Zebari,  Zebar» 

Le  r.  médial  devient  g  (doux):  almargen,  bougie, 
dame-jeanne;  ^(dur):  narghilé,  degré;  ^:  azamoglan. 
(  V.  ce  mot.  )  arzel  (3);  ^  dans  mosquée. 

(1)  On  sait  que  le  ^  gim  est  prononcé  ghim  au  Caire  et  dans  la  Basse- 
Egypte.  Au  rapport  de  Moqaddasi,  à  Aden  (ù'at)  on  faisait  du  ^  un  ^J  kâf: 
«jô  çWj  v^  ^r^J  ûM:j6ir^l  ù>U?ci^»  (p.  66.  1.  13).  Un  autre  ma- 
nuscrit dit  j  qàf,  au  lieu  de  :iJ .  Ù  paraîtrait  que  le  Prophète  lui-même  au- 
rait quelquefois  donné  au  ^  la  valem*  du  iî .  (  Ibid.  ). 

(2)  ^  et  j  2  permutent  dans  le  vulgaire  encore  plus  que  dans  l'arabe 
écrit.  Dans  sa  remarquable  Etude  sur  le  dialecte  de  Damas,  Mgr.  David 
donne  plusieurs  exemples  de  ce  changement.  (  V.  p.  12  ). 

(3)  Comp.  encore  azar  nom  que  les  alchimistes  donnaient  à  la  pierre;  de 
_^s^  hagar,  pierre.  Item  azazeze  de  ^L>j3l . 


XIV, 


Le  rjinal  devient  g  :  auge,  barge,  asangue,  constel- 
lation de  la  Lyre  (de  f^\  as-sang,  la  lyre);  plus  rare- 
ment ch  (i)  et  c:  bardache,  doronic,  (le  Mlnhâg  écrit 
fjj^)  belléric,  emblic,  cétérac  (2). 


Cette  aspiration,  ou  plutôt  cette  expiration  très  forte, 
est  le  plus  souvent  omise  :  Alep,  assassin,  alcool  (3)  autre- 
fois alcoholj  matelas.  Quand  on  veut  la  rendre,  on  se  sert 
habituellement  de  h  :  habzeli,  helbe,  houka,  fomalhaut, 
moharrem ,  fellah  ;  quelquefois  de  /  (  à  l'imitation  des  Es- 
pagnols )  :  fabrègue  (  V.  ce  mot),  alquifoux  ;  plus  rarement 
dec^q:  câble,  raquette,  mistic,  écrit  aussi  mistique;  dech: 

(1)  Comparez  chaloupe;  ZèJù  baqcha  et  ï^  baqga:  ^  et^}ii,:^j 
wachch  pour  *>j  vjagh,  visage.  Bâaim  (texte  égypt.  )  a  toujoui's*  ^^,  Jlj 
leur  visage,  pour  ^,4+î.j ,  contraction  bien  natui'elle. 

(2)  Plante  qu'on  nomme  aussi  daurade;  de  ,^^44^  chîtarag,  «  cresson» 
ou  passerage  à  larges  feuilles;  dentelaire  de  Ceylan».  (  Sanguinetti  ).  Ce 
mot  assez  mal  expliqué  par  Freytag  désigne  un  remède  et  une  plante. 
(V.  notre  manuscrit  du  Minhây  d'Ibn  Oazla).  Il  y  a  aussi  iiJiaÀ^  chatrak, 
(Devic)  que  je  n'ai  pu  retrouver  dans  nos  manuscrits. 

(3)  De  jsJîQl  al-kohl,  poudre  d'antimoine.  «Du  noii'  à  noii'cir,  qu'ils 
appellent  kool  et  qui  est  fort  estimé  parce  qu'on  s'en  sert  pour  noircir  les 
yeux  et  les  sourcils.  »  (  Lettres  édifiantes.  I.  602.  )  D'après  le  Dictionnaii'e 
de  Trévoux  l'alcool  s'est  dit  aussi  d'une  poudre  très  subtile  et  presque 
impalpable.  (  Voy.  aussi  Pharmacopée  Universelle  par  Nie.  L'Emery  ). 


XV. 


malech,  maleck,  noms  donnés  par  les  alchimistes  au  sel, 
(de  ^'t.  mil^j  même  sens),  kochlani  (race  chevaline  de 
l'Arabie),  de  jM^  kahlânî,  ou  kohlânî,Y.  Dozy.  Supplém. 


Le  f  initial  est  rendu  habituellement  par  kh,  k^  c,  ck 
(dur)  :  khan,  khandjar,  ketmie,  khazine,  calaf,  calife,  ca- 
roube, chalef,  cheiranthe  ;  quelquefois  par  g  :  gala,  galan- 
ga(i);parA,  dans  quelques  mots  très  rares  venus  par 
l'intermédiaire  du  turc,  comme  hatti-chérif,  et  han,  va- 
riante orthographique  de  khan.  Ajoutez  mohair  a  ^  contrat 
usuraire ,  de  l'arabe  S^l^  mokhâtara ,  chance  ,  risque , 
danger. 

Khâ  médiat  devient  c,  k,  q  -  camocan,  moka,  molequin, 
nuque;  f  (changement  fréquent  en  espagnol):  alfange, 
fanfaron  ;  g  :  bagasse,  magasin,  estragon;  cA  dans  Achernar 

Khè.  final  devient  ck^khyq:  lebbeck,  cheikh,  rock, 
pastèque. 

(1)  V.  Dozy.  Glossaire  des  mots  espagnols  dérivés  de  l'arabe  p.  13. 


XVI. 


Cette  lettre  est  assez  constante,  et  se  rend  habituelle- 
ment par  d  au  commencement  et  au  milieu  des  mots, 
rarement  par/,  comme  dans  targe,  tartre.  A  la-Jin  elle 
est  rendue  par  d,  t,  c^  q\  alphard,  caïd^  nébulasit,  kalbéla- 
sit,  mulâtre,  baldaquin,  turbith,  luth(i),  zibeth. 


Cette  lettre,  qui  correspond  exactement  au  8  des  Grecs 
modernes  (2),  est  prononcée  par  le  peuple  dj  plus  rarement 

(1)  De  iyi\  al-^oûd,  même  sens:  /  initial  est  un  reste  de  l'article  arabe, 
qui  s'est  soudé  au  substantif  Comp.  lierre  (  du  lat.  hedera  )  autrefois  Vîerre 
et  Vhierre.  Dans  les  mots  d'origine  latine  d  devient  aussi  t  :  Comp.  dont 
[deunde  ),  souvent  [subinde  )  etc. 

(2)  Dans  les  mots  qu'ils  ont  empAintés  aux  Grecs,  les  Ai*abes  rempla- 
cent le  ^  tantôt  pai*  ^  tantôt  par  i  .  L'examen  des  formes  les  plus  ancien- 
nes, celles  des  poètes  antéislamiques ,  est  plutôt  favorable  à  la  première 
prononciation.  Ex:  j^:^  dUryiog,  trJ->-^  xopÔQog,  J^  (V-  fonde),  ^«^13 
mdog,  -^jfj  (Tlinoaydos  •  Plus  tard  c'est  le  î  qui  domine:  îljiv , :u;jJb^ 
Mvydovla.  Al-Bii'oûnî  écrit  oil»  et  o^l»  ishaiScov)'  Appliqué  à  d'autres 
lettres,  ce  travail  de  comparaison  pomTait  jeter  quelque  lumière  sur  la 
question  si  controversée  de  la  prononciation  grecque. 


XVII. 

^(i),  subit  en  français  les  mêmes  transformations:  d, 
Lataquié,  (iïSV)  prononcé  en  Syrie  Lâdequié,  adive, 
dénab,  jarde,  bédégar,  barde,  doura  (2);  ^,  muezzin,  zufa- 
gar  (épée  d'Ali;  de  jlliJIjS  àoû'lfaqâr]. 

Exception  :  avives. 

Cette  remarquable  uniformité  dans  la  transcription 
française  (3),  employant  constamment,  à  part  deux  ex- 
ceptions (4),  le  d  comme  équivalent  du  S  peut  servir  à 
fixer  un  détail  de  phonétique  arabe.  La  prononciation  dâl 
est  ancienne  (Voy.  au  mai  Dénab.  )  Il  est  probable  qu'elle 
a  été  longtemps  la  seule  en  Syrie,  en  Afrique  et  en  Es- 

(1)  Par  ex:  oG^  menteur.  Le  Syrien  prononcera  kaddâb.  Dans  le  texte 
égyptien  de  Bdsin  le  Forgeron  ce  mot  est  de  même  écrit  oiâf  kaddâb. 
Mais  dès  que  le  grand-juge  parle,  orthographe  et  prononciation  se  relèvent 
et  oQf  devient  ^\jS'  (V.  l'édition  du  C.  de  Landberg.  p.  31  ).  Même 
dans  la  langue  écrite  le  ^  et  le  i  s'écrivent  l'un  pour  l'autre.  Cfr.  ^îL-  et 
^iU.<ti_,j  etXffS^;,  ^Ijuj  et  iljuj .  Ousâma  ibn  Monqid,  comme  VAghâni,  écrit 
^iljuj.;  ijjili  et  ijjiu,  Aij  et  ijj;;  jjij  et  JLîli  etc.  {Man.  de  l'Université). 

(2)  Dans  une  inscription  coufique  de  l'an  155  de  l'hégire  (771  ap. 
J.  C.  )  M.  Clermont-Ganneau  lit  îJa> ,  minaret,  avec  un  ^  dâl.  Rien  n'em- 
pêche de  lire  aveci,  le  coufique  omettant  les  points  diacritiques.  Dans  la 
même  inscription  le  savant  épigrapliiste  relève  l'expression  «y|^Il  j». 
L'emploi  de  Varticle  n'a  ici,  croyons-nous,  rien  de  fort  extraordinaire,  ^^^ 
étant  un  adjectif;  comme  s'il  y  avait  :  ^^ii  _^1  j.  {Jour.  Asiat.  Avril. 
1887.  p.  485  ).  Dans  ù\i^LJ\  ^jUS"  (manus.)  je  lis  :  ^^1  J  et  ^^\_^. 

(3)  Ou  plutôt  romane.  M.  de  Eguilaz,  pour  prouver  que  le  i  est  ren- 
du 2,  cite  mézeréon;  l'exemple  ne  prouve  pas,  car  il  y  a  aussi  la  forme 
ùjj  jjl»  bien  plus  connue  ;  nos  manuscrits  n'en  connaissent  pas  d'autre. 

(4)  D'importation  moderne.  Au  mot  muezzin  Littré  renvoyé  à  mouez- 
zin,  où  le  lecteiu'  est  de  nouveau  relancé  à  muezzin,  sans  aucune  autre 
explication.  Inutile  donc  d'y  chercher  l'historique  du  mot. 

2 


XVIIL 


pagne.  Les  mots  où  le  Jii  est  prononcé  ^  auront  passé 
de  la  lecture  ou  de  la  bouche  des  Turcs  dans  le  langage 
populaire.  Un  simple  coup  d'œil  les  fait  aisément  recon- 
naître: JjSj»  prononcé  Jjjy, 'il  (si)  ô^l  (permission) 
^S    (gras,  substantif)  et  quelques  autres. 


Au  commencement  des  mots,  r  est  constant  :  réalgar, 
raïa,  rebec  (i). 

Médiat  et  final  il  permute  souvent  avec  /  :  calebasse, 
matelas,  curcuma  et  culcuma,  sensal,  fanal,  azérole,  cara- 
col,  etc.  ;  avec  /z,  dans  anafin  (  de  jiâii)  an-naftr,  trom- 
pette). La  permutation  de  /,  r,  /z,  a  également  lieu  en 
arabe.  Par  ex.  :  j^kL  et  jj^jp  ^  ôy-J^  ^t  ûy^  ,  "^^j^  et 
ôjlSCjI  ^  ùl^  et  ûW/»  (V.  Argan.)  jl5o  et  Jl5o  etc.  (2) 
IVos  manuscrits  n'ont  que  jtô» 


(1)  M.  Devic  tire  gâche  de  ôjj  razza,  gâche.  Cette  étymologie  nous  e»t 
suspecte.  Ce  serait  l'unique  exemple  de  j  trascrit  g.  «  Cet  r  accidentelle- 
ment grasseyé  (?)  a  été  confondu  avec  un  rh  (  gaine  )  ».  On  verra  à  la  let- 
tre ç.  pourquoi  nous  ne  pouvons  admettre  cette  argumentation,  d'ailleui's 
très  hypothétique,  de  notre  illustre  devancier. 

(2)  Comparez  l'arabe  moderne  qui  de  Jj^  a  fait  3^,  vent  chaud, 
scii'occo  ;  JJt,  peut-être,  (  turc  )  et  jg^x,^ .  Le  premier  seul  est  employé  en 


XIX. 


Quelques  remarques  sur  la  phonologie  de  cette  let- 
tre :  j  et  ^  permutent  souvent  (i)  ;  j  permute  aussi 
avec  js  ;  ainsi  le  dialecte  vulgaire  dira  ^3  \aghir  au 
lieu  de  j^  saghtr^  petit  ;  et  il  y  a  bien  longtemps  qu'on 
a  relevé  la  leçon  jj  ^aqr,  au  lieu  de  ^  saqr^  (V.  Sacre.) 
30;  pour  ^Q)  ♦ 

Au  commencement  le  3  est  rendu  par  ^  :  Zilcadé,  zéen, 
zagaie;  g^  j  :  giraffe,  genette,  jargon,  jubis;  (2)  ^  :  smala, 
satin,  safran,  sambac.  séide.  Au  milieu  par  j^  et  5*  :  azérole, 
azédarach,  lisme,  assogue,  kasdir  (  alchimie,  de  jyj 
qasdîr,  étain). 

A  \ajin  par  ^,  s,  (z)  :  raze,  alcarraza,  buse,  frise,  cafis, 
habbaziz,  écrit  aussi  habbelassis,  alkermès  (3),  cramoisi. 

Syrie.  Le  franc,  pèlerin  de  peregriniis,  autel  de  altare,  crible  de  cribrum. 
Le  latin  intelligo  pour  interlego.  En  latin  les  désinences  aris,  alis,  iden- 
tiques de  sens  :  aris  s'ajoutait  au  radical,  qui  contient  1  ;  consularis, 
mais  mort  alis. 

(  1  )  Proverbes  arabes  de  Syrie  :  Section  de  Saïda;  par  M.  le  Comte  C.  de 
Landberg.  p.  354.  Cfr.  ^^  et  j^  et  Voy.  sarbacane. 

(2)  Corap.  ^a/oMo:  de  zelosus. 

(3)  «Liqueur  de  table  fort  agréable»  (Bouillet);  de  jV^I  .  aZ-^zVmZv, 
même  sens.  Cramoisi  et  Carmin  viennent  également  de  ^^^  qirmizi, 
adjectif  de  j>^5 .  L'ital.  carmesino,  cremisi,  et  le  franc,  populaii'e  kermoisi 
aident  à  faii'e  comprendre  les  transformations. 


XX. 


En  résumé,  deux  lettres  s*  et  j^  servent  à  la  transcription 
du  ^  arabe,  quelque  part  qu'il  tombe  :  sultan,  séné, 
zénith,  (i)  mascarade,  mesquin,  nizeré,  azimuth,  ribes, 
cavas,  terfez,  fez,  (2)  (coiffure  ainsi  appelée  de  la  ville  de 
Fez,  ^\i  fâs  ).  Cid  est  une  orthographe  castillane. 

Exception  :  gamache,  où  le  ^  est  devenu  cL  Quelque- 
fois dans  le  Liban  on  rencontre  des  personnes,  qui  substi- 
tuent facilement  le  ^  au  ^  .  C'est  là  un  Syriacisme  dont 
on  trouve  des  traces  dans  les  auteurs.  La  substitution 
contraire  est  plus  fréquente.  Ainsi  «  lorsque  la  lettre  J. 
vient  avant  un  ^  dans  un  même  mot,  elle  est  changée  en 
un  autre  <j-  ,  au  moins  par  les  femmes,  qui  disent, 
par  ex.  :  ^jsr  pour  ^  soleil  ;  ^\j^  pour  ^\jt ,  colle 
de  farine. »  {Etude  sur  le  dialecte  de  Damas;  par  Mgr. 
David,  p.  i2.)Et  même,  hors  ce  cas  particulier,  levulgaire 
dira  souvent  jf-"  au  lieu  de  ^  etc. 

(1)  De  c-l^  sùnt,  voie,  chemin,  et  chez  les  astronomes  zénith.  (V.  De- 
vie  ).  Azimuth  est  le  même  mot  augmenté  de  l'article.  Il  est  curieux  de 
constater  que  le  français  a  traité  le  latin  semita  (d'où  sentier  et  le  vieux 
mot  sente)  de  la  môme  manière  que  c^,  changeant  m  en  n.  L'arabe  c\^ 
ne  serait -il  pas  le  lat.  semita  ? 

(2)  Le  terme  militaire /Vci,j9A^a  (képi)  est  l'adject. -«^13,  de  Fez.  — 
Dans  une  vieille  version  latine  du  Coran  Sj^i  est  rendu  par  azoara. 


XXI. 


1^ 

Pour  rendre  cette  lettre  on  emploie,  au  commencement 
des  mots,  cA  ichachia,  chérif,chebec;  ^  :  sirop,  sorbet,  sé- 
cacul, sarrasin,  sirosco.  Comp.  ^J»  baisa  et  4^^  batcha; 
le  Minhâg  écrit  ^  et  ^  ^  J5lL-  ,  à  côté  de  J»^ 
Jilli^  et  Jïutl.  Nos  autres  manuscrits  gardent  le  J-  dans 
ce  dernier  mot. 

Au  milieu  on  rend  par  ch:  échecs,  pacha  ;  ^  :  usnée, 
assassin (i),  lascar  ;  x  [h  l'imitation  des  Espagnols)  :  axir- 
nach,  tabaxir,  taraxacon;  chez  les  Alchimistes  l'arabe 
j^LlIII  (2)  an-nochâdir  ou  an-nochâdir  (Moqaddasî)  est 
transcrit:  almisadre,  amizadir,  anoxadir,  mixadir  etc.  (3) 

A  la  fin  on  emploie  ch  :  tarbouche,  patache,  bargache  ; 
quelquefois  s  :  balais  (  rubis  ). 

(1)  De  %iLi9.  .  La  double  permutation  du  ^^i  en  s  n'a  rien  d'anormal. 
Nous  n'avons  contre  cette  dérivation  qu'une  difficulté.  Moqaddasî,  Istakhrî 
etc.  qui  parlent  si  souvent  des  terribles  Bathéniens  ne  connaissent  pas 
l'appellation  de  hachâchî.  Il  en  est  de  même  des  écrivains  arabes  de  la  col- 
lection des  Historiens  des  Croisades,  contemporains  pourtant  des  faits  qu'ils 
racontent.  L'émir  Ousâma  ibn  Monqid,  vivant  à  côté  des  Ismaïliens,  ne  les 
désigne  que  sous  les  noms  de  îJLtl»..^  I  ou  ïjJbU  .  Ceux  qui  veulent  que  le 
terme  ait  été  apporté  en  Europe  par  les  Croisés,  comment  expliquent-ils 
le  silence  de  ces  auteui'S?  Avicenne  dans  un  célèbre  passage,  cité  par 
Defrémery,  où  sont  passés  en  revue  tous  les  ^  de  ces  sectaires,  ne  parle 
pas  plus  de  '^s^lL»^  ni  de  ,Aixij>. . 

(2)  Sel  ammoniac.  Le  Minhdg  (man.  cit.)  écrit  j^Li-jJ. 

(3)  Voyez  le  Dictionnaire  étymologique  des  mots  d'origine  orientale; 
par  M.  Devic.  p.  3.  N"^  20. 


XXII. 


Le  ^  Initial  devient  presque  toujours  s  (i):  sacre, 
safre,  sandal,  soda.  Il  devient  ^  dans  zédaron,  zéro  ; 
alezan  (?).  Sahara,  nom  du  désert  africain  s*écrivait  ancien- 
nement Zaara;c  dans  cendal.  Quant  à  chiffre  (de  jus^ 
vide),  on  écrivait  autrefois  ciffre^  cyfre. 

Le  js  médial  devient  5",  c:  récif,  aumusse,casba;  j^: 
alizari,  mozette,  zain  (?). 

Le  js  final  reste  ^  :  abuburs  ;  dans  albara,  il  est  omis. 


Cette  lettre  est  habituellement  transcrite  par  d:  dey 
dubb,  madrague,  aidée,  cadie,  alidade,  bayad  {2).  Dans 
abit^  blanc  de  céruse  (  chimie  ),  de  J»Ui  al-bayâd,  blan- 


(  1  )  En  arabe  même  la  permutation  du  ^  avec  le  ^  est  tellement  ft*é- 
quente  qu'il  est  inutile  d'en  donner  des  exemples.  Au  dire  de  Moqaddasî. 
toute  ville,  dans  le  nom  de  laquelle  entre  un^,  ne  renferme  que  des  sots,  et 
s'il  y  en  a  deux,  c'est  encore  pire  :  ^.,r^|  ^U  Sr^l  VI  j,^  *Ulj  ^U>  *^  jS»  jT 
^[>  i^  .fO/^dj  <-3--al»  Ji*  ùUUd .  (35. 1.  10).  Un  autre   manuscrit  ajoute 

(2)  Poisson  du  Nil,  de  j*L-JI  al-bayâd,  littér.  la  blancheur. 


XXIII. 


cheur  (i)  le  d  final  a  été  modifié  en  t  par  la  prononciation. 
Narducci  doit  admettre  une  semblable  permutation  dans 
marmitta,  qu'il  dérive  de  Ja^^  marmid,  locus  ubi  assan- 
tur  carnes  ;  rapprochement  ingénieux. 

Sous  l'influence  persane  et  turque  le  J?  devient  quel- 
quefois ^  :  zaptié,  azerbe,  Ramazan  (2). 


i. 


Le  ta  initial  et  final  est  rendu  par  t  :  tambour,  talisman, 
tasse,  timbale,  berbeth,  marabout. 

Médial  par  t,  th  :  pastèque,  patache,  carthame,  Naba- 
théen;  par  ^  et  d  (3)  dans  bazane,  Soudan,  (de  i}\lsL. 
soliân,  maître,  roi.  ) 


(1)  Cfr.  Dozy:  Supplément  aux  dictionnaires  arabes;  œ\ïwed''une évwài- 
tion  immense,  mais  pom'  lequel  le  besoin  d'un  supplément  se  fait  déjà  sentir. 
Car  à  mesui'e  que  de  nouveaux  textes  arabes  sont  publiés,  le  champ  de  la 
lexicographie  s'étend.  Aussi,  à  la  suite  d'orientalistes  éminents,  souhaitons- 
nous  de  voir  enfin  commencer  a  un  dictionnaii'e  arabe  rédigé  non  plus 
comme  une  compilation  extraite  des  lexiques  indigènes,  mais  comme  un 
vaste  répertoire  de  la  littérature,  après  un  dépouillement  exact  et  rigou- 
reux des  autem's».  {Hart.  Dérenbourg.)  Pourquoi  ne  pas  essayer  dans  nos 
lexiques  arabes  de  marquer  l'âge  au  moins  approximatif  des  mots  ?  comme 
Chassang  l'a  fait  pour  son  Dictionnaire  grec,  simple  manuel  classique. 

(2)  Dans  Bâsim  on  lit  7^9^^  2^3  ,  au  lieu  de  ïi3-_^-,a>«  Je  rencontre  l'ex- 
pression isj^  »_jL«:>  dans  un  de  nos  manuscrits  chrétiens. 

(3)  Transcriptions  fréquentes  en  Espagnol. 


XXIV. 


Cette  lettre  est  toujours  transcrite  par  d:  alhandal, 
azerbe,  nadir  (dejvl*  nazir,  opposé  h,  en  face  de...)  Dans 
la  bouche  du  peuple  le  J^  a  la  valeur  d'un  Ja  (i),  rare- 
ment d'un  j  ,  ^aifij  un  peu  grossi.  Cette  dernière  pronon- 
ciation est  celle  des  Turcs.  (  Voy.  Proverbes  arabes  de 
Syrie,  par  le  comte  de  Landberg.  p.  407.)  De  là,  nizam. 


L 


Le  9^aïn  n'a  pas  d'équivalent  en  français.  C'est  une 
articulation  de  l'intérieur  de  la  gorge,  propre  aux  langues 
sémitiques  et  répugnant  à  un  gosier  européen.  En  turc  le 
son  de  cette  lettre  est  à  peine  sensible.  D'après  M.  le 
comte  C.  de  Landberg,  le  ^  final  serait  également  très 
faible  en  Syrie.  Cette  remarque  est  juste  pour  ce  qui 

(1)  V.Youssouf.  Dictionnaire  Turc-Français.  Introduction.-M.  le  Comte 
C.  de  Landberg  dans  le  manuscrit  de  Bâsitn  le  forgeron  a,  noté  ê^.^^  au 
lieu  de  s^li>  .  Le  manuscrit  de  l'Université  S.  Joseph  de  Beyi'outh  a 
partout  la  dernière  leçon.  Mais  les  exemples  de  cette  prononciation  ne 
maur^uent  pas  :  «..rui».,  ji^U  (lunette),  job-  ,  au  lieu  de  Sjn^  ,  j^u  Dans 
la  rédaction  égyptienne  de  Bdsim  on  trouve  encore  _,4^,ïju>  ,  ^,-ap  etc.. 
pour^^,îjji,^^.  Le  manuscrit  de  Haiqâr  le  Philosophe  a  ja^  CJàji)^Ltf|, 
^\  pour  j^\  etc.  ;  et  celui  de  Minhdg  ad-dokkân  j.^:*.  poui*  jk:> . 


XXV. 

regarde  les  citadins;  mais  quoique  adouci,  le  ?- ne  disparaît 
pas,  même  chez  ces  derniers.  Cette  lettre  permute  quel- 
quefois avec  l'alef  (  Proverb.  Arab.  82  et  407.  )  et 
aussi  avec  le  r  \\â,  en  Syrie  (i)  et  surtout  en  Egypte. 
(V.  Contes  de  Spitta-Bey),  Serait-ce  à  cette  particularité 
que  nous  devons  l'orthographe  de  alhidade  (2),  alhaiot, 
mahonne^  alhabor  (3),  où  l'on  a  tenté  de  rendre  ç-  par  h  ? 
Dans  camard  nous  soupçonnons  que  f-  final  est  devenu  r. 
Rapprochez  de  cela  la  malencontreuse  méprise,  dont  il 
est  parlé  dans  Mas'oûdî.  Un  lettré,  ou  même  un  visir,  si  j'ai 
bonne  mémoire,  invitant  quelqu^'un  à  s^'assoir  lui  dit  J^l 
odrot,  au  lieu  de  oJl  o^'oJ.  Les  deux  lettres  auraient  donc 
dans  la  prononciation  certains  points  de  contact.  M.  CL. 
Huart  cite  la  forme  Sjyt  employée  àNabk,aulieude  Sj_^t^ 
La  confusion  entre  le  f^  et  le  J  s'explique,  surtout  avec 
la  valeur  syrienne,  attribuée  à  cette  dernière  lettre. 


(  1  )  Ainsi  les  enfants  et  surtout  les  femmes  di/ont  Jv^ji  mahom,  au  lieu 
de  ^^^^  ma'-hom,  avec  eux.  D'après  Mgr.  David,  le  savant  archevêque 
syrien  de  Damas,  «  lorsque  le  i  vient  après  un  ^  quiescent  ces  deux  lettres 
sont  changées  à  Damas  sans  la  prononciation  en  ^  ».  Ainsi  L*»^..- ,  14*,;-?  sont 
prononcées  smahhd  et  thîhhâ.  Le  changement  de  ^  en  ^  se  remarque  encore 
dans  ^  pour  }Jà\ ,  vois  !  Le  Turc  a  d\JSCv  pour  j-Sp. 

(2)  V.  Dictionnaire  de  Trévoux;  le  mot  s'écrit  plus  communément 
sans  h, 

(3)  «  L'étoile  Sirius,  appelée  j^l  ^s^;^Jii^  ach-chi'-ra  al-^aboûr,  sirius  pas- 
sant, »  (Devic)  ou  simplement  al-'aboûr.  (  'Abdurrahmân  as-sûfî  p.  220  ). 


XXVI. 


L 


Cette  lettre  est  toujours  rendue  par  ^,  gh  [i):  goule, 
garbin^,  ghazel,  almagra,  papegai,  fagarier.  La  seule 
exception  à  cette  règle  est  ra^ia,  mot  très  moder- 
ne, importé  de  l'Algérie.  En  Espagnol,  il  est  également 
impossible  d'apporter  un  seul  exemple  où  le  j-  soit  tran- 
scrit r.Borcegid^aWé^ué  parM^Léop.deEguilaz,  ne  prouve 
pas  ;  r  est  là  à  la  place  de  /  et  non  de  ^{Voy.  Brodequin 
p.  57).  M.  Devic  lui-même  constate  le  fait;  et  pourtant 
ce  savant  est  pour  l'identification  de  r  grasseyé  avec  le 
j-  (  V.  Dict.  étymolog.  Mortaise^  note.)  Le  principe  de 
phonétique  générale,  «  les  ordres  de  lettres  ne  permutent 
point  entreux  »  (  Brachet.  XCIII  )  est  vrai  aussi  pour  le 
ghaïn  arabe. 

(1)  Qui  est  la  transcription  la  plus  approchante.  (V.  la  note  de  la  p.  121  ). 
C'était  l'avis  de  nos  aïeux;  et  sui*  ce  point  toutes  les  langues  romanes  sont 
d'accord.  Nous  ne  comprenons  donc  pas  pourquoi  on  a   proposé  de  donner 

à  cette  gutturale  par  excellence  la  valeui'  d'un  r  grasseyé.  Le  yafLiia 
des  Grecs  la  rendrait  parfaitement.  Aussi  les  Arabes  mettaient-ils  habi- 
tuellement un  ^  à  la  place  de  la  lettre  grecque  :  ^  i^  fc^  Augustus;  ,_,>jitLi/i 

liayi^rjTr/g,  ^j^[ti  FIv&ayoQag  etc.  Réciproquement  les  Maui'es  d'Espa- 
gnes  remplaçaient  g  par  j,  et  ils  écrivaient  U-^ut  hanîghâ  poui*  l'esp.  hanef/a. 
(V.  Fanègue;  et  Dozy.  Supplément).  Dans  la  Haute-Egypte  le  j,  est 
prononcé  ghîm.  Les  Arabes  modernes  transcrivent  de  même  notre  g  par 
j, .  Cfr.  ol>0  . 


XXVIL 


Cette  lettre  est  rendue  par/,  ph'.  fagarier  (i)^  felouque^, 
muphti,  sofa,  caphar,  alphard,  chérif,  récif.  Le  fâ  dévient 
p  :  dans  paturon,  et  pénides;  h  dans  hardes^  haras 
(  V.  ces  mots  )  ;  b  dans  cabas  (?). 


La  prononciation  de  cette  lettre  varie  beaucoup  dans 
les  pays  de  langue  arabe. 

Dans  les  villes  de  Syrie^  dans  quelques  districts  de 
la  Mésopotamie  et  dans  certaines  parties  du  Liban, 
cette  lettre  se  confond  avec  le  ham^é[2).  Les  Bédouins 
et  les  paysans  de  la  Palestine  donnent  au  J  la  valeur  d'un 

(1)  De  s^ià.  Le  Minhâg  d'Ibn  'Gazla  (manusc.  déjà  cité)  indique  claire- 
ment la  provenance  du  fâghara  :  j;^îl  ï)U-  ^  J^>J  (V.  Fagarier).  Voici  la 
cui'ieuse  remarque  du  Juif  Aboû  Mena  dans  le  olSaJl  ^\4>  :  «  I4ÎV  S^lâ  c.ji— 

(man.  déjà  cit.) 

(2)  «Le  j  permute  avec  le  Jjn  dit  M.  le  Comte  de  Landberg,  qui  cite 
à  l'appui  l'expression  Kesrouanienne  ^i'^  JS  ^  au  lieu  de  ;5î>  'J'^  ^ , 
{Prov.  73.  et  425).  Il  est  très  vrai  que  le  gens  du  Kesrouan  affectionnent 
les  désinences  en  ch.  Mais  le  Jj  me  paraît  ici  simplement  parasite  et  non 
pas  mis  à  la  place  du  J . 


XXVIII. 


j-;  comme  31  jp au  lieu  dej^  jî  (i).  Au  Maroc  (et  il  en  était 
de  même  chez  les  Arabes  d'Espagne  )  le  fJ  et  le  J  ne  se 
distinguent  presque  pas.  Dans  la  Haute-Egypte,  à  Bag- 
gdad  (2)  le  J  devient  ghîni]  chez  les  nomades  de  Méso- 
tamie  tantôt  il  ^  tantôt  ^.  La  Basse-Egypte  garde  la  pro- 
nonciation syrienne. 

De  là  :  Deux  manières  de  rendre  cette  lettre  en  fran- 
çais ;  par  le  son  k  et  par  le  son  g  (dur). 

I®  son  /:  :  k,  c,  ch,  q  :  café,  alicate,  bondic,  kibla,  caki- 
le,  quintal,  axirnach. 

2^  par  le  son  g  (gue)  :  gabelle,  goum,  guider,  bagage 
targe,  assogue,  fanègue. 

Exceptions :Z'om;t:( 3);  dans  sarrasinle  J  est  devenu  j^. 

Dans  quelques  mots  le  J  n'est  pas  rendu  :  fonde,  abri- 
cot, de  Jyjjll  ,  al-berqoûq,  prononcé  à  la  Syrienne  al-ber- 
qoû  (Voy.  abricot). 

il 

Cette  lettre  est  constante;  on  la  transcrit  par  k,  kh,  c, 
ch,  q,  où  le  même  son  persiste  toujours. 

(1)  V.  Ibn  Kamâl  Bâdid  :  ^\j  JaUJI  lilt  Je  4^1  p.  31.  (Leiden). 

(2)  Quelquefois  aussi  il  y  est  assimilé  au  ^  gîm.  M*"  Jeannier  cite  ^^ 
qarih  prononcé  »^^  ;  ySi  marmite,  prononcé  yj^ . 

(3)  Esp.  borrax,  de  Jj^.  Cû*.  Minhdg  d'Ibn  'Gazla  à  l'article  Jj^ 
(manus.  cit.)  ojj^  ^5— J  *^  ^Si\  . 


XXIX, 


Au  commencement  par  /:,  c,  ch  :  kazine^  cubèbe,  ché- 
bule(i),  (myrobolan,  de  "jiiT'  kâholt). 

/iu  milieu  par  k,  c,  q,  ch:  alkékenge,  escafe,  sequin, 
alchimie. 

A  hjïn  par  ch,  c,  q  :  azimech,  mosch,  chébec,  toutena- 
que,  écrit  aussi  toutenague  (2). 

Le  ch  de  chébule  serait-il  un  reste  d'une  ancienne 
prononciation  signalée  déjà  par  Mas'oûdî,  qui  consiste 
à  donner  au  M/ la  valeur  d'un  chîn^  Cette  prononciation 
persiste  encore  à  Bagdad,  (3)  chez  les  Bédouins  de 
Syrie  et  en  Palestine.  M.  Cl.  Huart  en  donne  Texemple 
suivant  :  ^^'^S^,  ^^j  ^y^^  <S^y,  qui  devient  :  biddî  djennès 
wabegtb  cherâsî.  (Notes  prises  pendant  un  voyage  en 
Syrie.  Journ.  Asiat..  1879.  ^^^^v.  p.  129). 


(1)  Nos  manuscrits  disent  "U^if  îjtUUl ,  myi'obolan  kâholî,  on  jjiT  tout 
court  :  «  ol?JUL43l  j-aâl  A>}^\  »  "dit  le  manuscrit  de  Soyoûtî.  C'est  donc 
probablement  un  adjectif  de  jjif  Kâhol,  ville  produisant  du  myrobolan. 
(  V.  Yaqoût.  IV.  22 1 .)  L'étymologie  est  suggérée  par  Trévoux. 

(2)  Pour  ce  dernier  mot  comp.  le  latin  negotium  (  de  nec  otiurn  ),  negli- 
go  (  de  7iec  lego  )  etc. 

(3)  Lettre  de  M"^  Jeannier,  chancelier  du  consulat  de  France  à  Bagdad, 
p.  342.   Journ.  Asiat.  OcU  1888. 


XXX. 


J 


Les  permutations  s'opérant  habituellement  entre  les 
consonnes  de  même  organe,  J  permutera  avec  les  liqui- 
des, surtout    avec  j  et  0* 

J  initial  est  constant:  limon,  lebbeck. 
J  médialse  rend  également  par  /:  mamelouck,  maha- 
leb,  gala,  olinde. 

Souvent  J  médial  permute  avec  r,  rarement  avec  n  : 
javari,  brodequin,  belléric  (i).  Comp.  Cx^  (leçon  de  nos 
manusc)   et  ôM^J  <i^l  et  ojfJ>\  ;  ^^j^  et  (JS^- 

J  final  reste  /  :  marfil,  ghazel.  Il  permute  aussi  avec 
r(2)  et/z:albor, (terme  d'Alchimie, de  J^l  al-baûl),  Gebaïl 
(ville  )  écrit  aussi  Zebar^  varan,  aufin.  Comp.  J\^  fingân 


(1)  Ou  belliric,  sorte  de  myrobolan.  de  rarabe-persan  ,»dUL  halilag,  même 
sens.  Le  belléric  est  mentionné  presque  toujours  avec  l'emblique  dans  nos 
manuscrits.  «  i>  ^ju^bi  iJi  vi  ,pjL>.Vi  ^  fJ^\  ^^Ji  jrdLlJI  »  (  Minhâg  al~bayân), 
Comp.  aussi  Mosserinss  comme  on  appelait  souvent  les  marchands  de  Mos- 
soul,  dajis  les  principautés  franques  d'Orient.  Le  même  changement 
s'observe  encore  à  Bagdad  où  Ton  dit  qounsour  pom*  qounsoul,  consuh 
ingrezi  poui'  inglezi,  anglais;  zîndjil  au  lieu  de  zindjir,  chaîne.  V.  Lettre 
de  M""  Jeannier,  Chancelier  du  consulat  de  France  à  Bagdad.  Journ.  Asiat. 
Octobre  1888. 

(2)  Comp.  JisCc?  tinkdl  ou  jiSCj  tinkàr\  d'où  le  finançais  Tincal,  borax 
brut,  écrit  aussi  Tinkal  et  Tiukar  :  «s^ilt  ^U3  ykj6C:JI'>  {Minhdg  d'Ibn 
'Gazla).  «CfiTc  ^  ^  ùU-VI  4v  ^^  \>\  jlécdl»  {SoyoutL  manus.) 


XXXI. 


écrit  aussi  Jlf^  Jingâl,  et  ^  malth,  bien,  beau;  souvent 
prononcé  par  le  vulgaire    ^-^  manîh, 

J  se  contracte,  surtout  quand  il  est  final:  aufe  (i),  al- 
ijuifoux^fouj  (pièce  du  jeu  d'échecs);  de  J.iil  al-fîl  l'élé- 
phant (2).  Le  vieux  français  disait  encore  auphin,  aufin, 
aufjîn  et  dauphin^  syncopes  de  al-fil 


r 


Cette  lettre  est  rendue  par  m  dans  les  trois  positions 
qu'elle  peut  occuper  :  macabre,  momie,  matamore,  sélam, 
doum  etc. 

Au  milieu  et  surtout  à  la  fin  du  mot  elle  permute  souvent 
avec  n  (3):  Zénith,  albotin,  mousselin,  mousson,  semoun, 

(1)  Ou  alfa;  espèce  de  jonc;  de  La>  halfâ  ou  <il>,  jonc. 

(2)  «La  pièce  en  question  a  chez  le  Orientaux  la  figure  d'un  éléphant. 
On  a  dû  dire  fi,l^  puis  fol,  par  assimilation  avec  le  fou  ou  bouffon  du  roi, 
le  peuple  ayant  une  tendance  naturelle  a  altérer  les  mots  étrangers  pour 
leur  donner  une  apparence  de  signification  dans  sa  propre  langue.»  Devic. 
Nous  donnons  plus  loin  un  exemple  de  ce  procédé  aux  mots  Berheth,  Al- 
chimélech,  Typhon,  Epinard  etc.  L'arabe  \^^  altéré  en  "Cf^  en  est  une 
autre  preuve.  V.  Molequin. 

(3)  Dans  le  prononciation  vulgaire  de  Syiie  le  ^  des  pronoms  pluriels 
J-<al>  ou  j^a>  se  change  invariablement  en  ^ .  Ainsi  on  dira  ^.iiTl ,  ^,4^ , 
akalton,  ^alaïhom,M\\Q\x  de  ^,4Jic,>i5'l  ,  akaltom,  '•alaîhom,  ^^is.  pour 
^^CiP ,  pluriel  vulgaire  de  J2t ,  esprit.  Comparez  encore  dL5  et  iuj ,  tabac 
pour  le  narghilé,  u^l  pour  v^i  ;  et  le  classique  ^J^  —  ^J^ .  V.  The  Twenty- 
First  volume  ofthe  kitâb  al-Aghdni.  Edit.  R.  Briinnow.  p.  65, 1.  23.  ùjjT, 
^jjT  parallalèlement  à  ^j^  et  ^ j^f. 


XXXII. 


zaccon,  sélan.  Cette  permutation  est  trop  fréquente 
dans  les  langues  romanes  pour  qu'il  soit  nécessaire 
d'insister.  En  Espagnol  le  m  initial  peut  devenir  b  :  bodo- 
jen^  detlrJC^  ;  baraça  de  ^^»  Le  vieux  français  a  égale- 
ment Baphomet  pour  Mahomet.  (  Voy.  lettre  »-;  ) . 


Cette  lettre  est  ordinairement  rendue  par/z:  nabab, 
cancan,  nénufar  (i),  magazin.  La  règle  est  absolue  pour   J; 

initial.  {2)Médiale\.jînal\\  permute  avec/:gengéli(deO>^ 
forme  classique  )miramolin,  galangal  (vieille  forme  de  ga- 
langa);  avecm:sumbul,  ambre,  mousson.  «  La  langue  portu- 


(1)  Ce  mot  est  écrit  tantôt  ^y^  tantôt  ^jJJ  dans  nos  meilleurs  manu- 
scrits. Le  Minhâ'J  d'Ibn'Gazla  et  le  Minhdg  ad-dokkân  n'emploient  guère 
que  la  première  forme.  Le  livre  des  Merveilles  de  Damas  (manusc.)  écrit 
habituellement  ^^  ;  ce  qui  ne  l'empêche  pas  de  citer  plus  de  dix  passages 
poétiques,  où  le  mot  est  orthographié  ^jLJ .  C'est  là  sans  doute  un  de  ces 
cas  de  métathèse,  que  l'on  rencontre  souvent.  A  moins  que  Ton  ne  préfère 
y  voir  la  permutation  non  moins  fi'équente  de  Idm  et  de  7ioûn. 

(2)  Excepté  dans  orange,  où  o  n'est  pas  rendu.  Dans  les  manuscrits 
arabes  on  rencontre  souvent  j^  et  Zj^  au  lieu  de  ^^  et  *i^ .  Comp. 

le  fr.  aller  de  adnare.  En  grec  aussi  v  s'assimile  à  X  :  av).Xiy(o  de  avV'Xêyro 
etc. 


XXXIII. 


gaisea  horreur  de  n  (i)  et  évite  l'usage  de  cette  lettre.» 
(  Dozy  ).  Comme  exemple  de  la  permutation  de  0  et  de 
J,  l'arabe  vulgaire  offre  ci- J 3  ^an^alakht  (2)  et  ci^j  ^al- 
^alakht,  devenu  c<^jjlj  dans  l'auteur  égyptien  du  Minhâg 
ad-dokkân [man,  cit.),  JU^^  et  ûU^..  Dans  les  anciennes  poé- 
sies, on  trouve  déjà  C/j^^  ide  (yii'^rjjp)  et  JjJu- ;  J^*c*^  et 
Oj«£r"l  etc.  Faut-il  admettre  l'existence  d'une  forme 
(^b  châlî,  parallèle  à  <iLl  chânf,  galère  (3)  ?  Cela  ap- 
puierait la  conjecture  de  ceux  qui  dérivent  galée  (  galère  ) 
de  l'arabe  chall  (  ?  ),  sorte  de  galère.  Ibn  Batoûta  a  jJb 
challîr  (  IV.  107  ),   grande  barque,  ou  galère  (  4  ), 


(1)  Il  n'est  pourtant  pas  nécessaire  d'admettre  avec  M.  Dozy  que  les 
Portugais  ont  fait  laranja  de  naranja  puisque  ^jjV  lârang  existe  (V. 
Egnilaz).  De  cette  forme  portugaise  lara?ija  viennent  peut-être  orange 
et  l'ital.  arancia.  Le  /  initial,  pris  pour  Tarticle,  sera  tombé.  C'est  le 
contraire  du  phénomène  observé  dans  luth. 

(2)  Qui  est  dans  ^i^JI  j^\>.» .  Notre  manuscrit  ne  connaît  même  que 
cette  forme  syrienne. 

(3)  Voy.  Corvette  p.  90. 

(4)  Comme  dit  la  Table  des  matières  des  voyages  d'Ibn  Ratoùta.  Que 
faut-il  penser  de  ce  mot  ,;^  ?  Il  ne  peut  se  rattacher  à  aucune  racine 
arabe.  Quant  a  galée,  écrit  galie  dans  la  chanson  de  Roland  et  Villehar- 
douin,  il  est  surtout  fréquent  depuis  les  Croisades.  Pour  la  transcription 
de  Jj  par  g,  on  trouvera  des  exemples  dans  Dozy.   Gloss.  espag. 


XXXIV. 


C'est  une  légère  aspiration;  elle  forme  comme  la  douce 
de  r- h.  Quand  elle  est  rendue,  on  se  sert  pour  la  trans- 
crire de /^;  hégire,  hallali,  cohober,  mot  peut-être  formé 
sur  l^  qohba,  couleur  brunâtre  ou  grisâtre.  (  Littré.  Sup- 
plém,)  ;  o  serait  devenu  g  dans  tagerot  ou  tagarot,  sorte 
de  faucon,  de  Jy^t  tâhortt,  adjectif  de  Tâhort,  ville  d'A- 
frique (i). 

Le  plus  souvent  le  <»  n'est  pas  transcrit  :  achernar, 
café,  réalgar,  bézoard,  carabe,  olinde,  manège  (2). 


Lettres  faibles. 
I 

Dans  cette  lettre  Vimalé  diffère  d'après  les  pays.  En 
Espagne  Valef  était  souvent  traité  comme  un  simple  î  :  v-jI 


(1)  Dozy.  Gloss.  346.  A  propos  de  faucon,  notons  encore  faucon  tarta- 
rot  ou  faucon  sahin,  de  cjaLà.  chd'dn,  faucon  blanc,  gerfaut;  et  faucon 
zapliar  qu'il  faut  sans  doute  rattacher  à  ^  zafar,  potitus  est,  ou  à.  ^^ 
ongle.  Le  tagarot  venait  de  la  côte  d'Egypte,  d'après  Trévoux;  de  l'Afrique, 
s'il  faut  en  croire  d'autres  écrivains.  Pour  que  'a  conjecture  de  Dozy  ait 
un  fondement  sérieux,  il  faudrait  trouver  dans  les  géogr.  arabes  trace  des 
faucons  de  o^M" .  Or  Yaqoût.  Moqaddasî,  Ibn  Hauqal,  etc.  parlent  avec 
éloge  des  Jj-jk^  de  Tâhort,  miis   ne  soufdent  mot  de  ses  faucons. 

(2)  Dans  la  prononciation  populaire  le  »  tombe  souvent  aussi.  (  V.  Pro- 
verbes  arabes,  XL VII  et  449).  ^S^,^^\^  au  lieu  de  Î4r'l3,*^ly  se  ren- 
contrent fréquemment  dans  nos  manuscrits  de  rédaction   vulgaii'e. 


XXXV. 

bâb  devenait  btb  (i).  Les  Métoualis  ont  encore  cette  pro- 
nonciation; à  Bagdad  le  (i  ,  tenant  la  place  d'alef  à  la  fin 
des  mots,  se  prononce  souvent  /  (2).  En  Syrie  on  donne 
habituellement  à  Ta/^/ la  valeur  d'un  (?  (3),  très  ouvert 
dans  le  Liban,  beaucoup  moins  sur  la  côte  et  à  mesure 
qu'on  descend  vers  l'Egypte,  où  il  se  rapproche  de 
notre  a.  Au  Caire  par  ex.  l'alef  prend  le  son  d'un  a 
aigu  (4),  comme  aussi  à  Damas  (5)  . 

Ces  trois  sons  a,  e^  i  apparaissent  nettement  dans  la 
transcription  française. 

A  :  mahonne,  girafe,  calaf,  Chewal. 

E  :  ben  (  de  ô\  ),  civette,  cubèbe,  chebec,  chalef, 
alkékenge,  séné,  carabe. 

/  :  zinzolin,  gengéli,  bougie,  aubergine,  abit^  alfier. 
Dans  sirop  l'alef  est  devenu  0.  Ajoutez  souche,  d'abord 


(1)  Voy.  Dozy.  Glossaire  espagnol,  etc.  p.  26.  Comp.  jl3  et  ^, 

(2)  Ainsi  iSjL>-  hohârâ,  outarde  devient  hdbâri.  Comp.  ^^jjj  et  ^j;^ 
formes  anciennes  de  ^Ijuj  (Mu^arrab.  32  ). 

(3)  Réciproquement  e  ou  s  est  rendu  par  alef  en  arabe;  de  là  ^j^j^"^ 
MaXéno^,  a^^^^j^jKî  Gaodoaiog,  etc. 

(4)  Voyez  poui'tant  Critica  arabica  par  M.  le  Comte  C.  de  Landberg. 
I.  1887.  p.  59.  —  L'imalé  n'a  pas  lieu  avec  les  lettres  emphatiques. 
Ainsi  le  moucre  le  plus  endurci  (c'est  dans  cette  corporation  que 
fleurit  surtout  l'imalé  )  prononcera  ^U,  tâlèb,  j^i;  nâtoûr,  ^Jay^  kkalâs, 
iajU?  zâhet;  voilà  poui'quoi  l'a   est    conservé  dans   zaptié. 

(5)  A  Damas  Vimalé  persiste  dans  quelques  mots. 


XXXVI. 


soche:  o  s'est  assourdi  en  ou  et  u.  (  Voy.  ce  mot).  Compar. 
en  espagnol  :{oinaiV\j) ,  :{oquete  (  UL  ),  etc. 


Cette  lettre  est  rendue  au  commencement  et  au  milieu 
par  w:  Wéga,  Wahabite,  chewal;  par  v  (prononciation 
turque):  validé^,  vilayet,  visir,  café  (i),  carvi,  divan  (2);  b: 
nabab,  arquebuse.  (Voy.  ce  mot). 

La  transcription  espagnole  gu  ne  se  rencontre  qu'au 
milieu  du  mot  :  bagatelle,  alguazil,  bédéguard. 

Les  transcriptions  u,  ou,  0  se  trouvent  aux  trois  posi- 
tions, que  la  lettre  peut  occuper:  abutilon,  looch,  abou- 
quel,  taraxacon  et  taraxacum  (3). 


(  1  )  Prononcé  d'abord  cahvé  ;  le  h  tombant,  f  est  devenu  v,  JiiU) 
de  même  fetfa.  he  v  est  inconnu  dans  le  Levant  ai'abe.  Poui'  le  rendre,  les 
Arabes  emploient  j ,  ^i  ou  uj . 

(2)  De  Tarabe-persan  o\ji^  dlwdn,  qui  se  dit  d'un  recueil  de  poésies,  du 
conseil  de  l'empire,  d'un  sofa  et  d'un  salon  (Belot).  De  là,  les  divers  sens 
du  mot  français. 

(3)  De  ù^jiii-^;  le  Minhâg'  n'a  que  J^_^  et  jpiii.^,  formes  relevées 
par  Dozy  d'après  d'autres  sources.  Devic  rencontrant  J^as-jl^  dans  Râzî 
s'écrie  :  «évidemment  (!)  il  faut  lire  o^Li^^».  La  forme  J^^  se  retrouve 
également  dans  d'autres  de  nos  manuscrits. 


XXXVII. 


Le  ti  initial  est  transcrit  j,  y:  jasmin,  janissaire  (mot 
d'origine  turque),  yed  (i).  Médiat  il  devient  /,  /,  i: 
vilayet,  haje,  morfil,  lyfa,  (écorce  d'arbre.  V.  Littré  SuppL 
de  ^âJ^  Itfa,  même  sens).  Final,  i  :  hadji,  mélochie. 

A  rimitation  du  dialecte  vulgaire  le  ci  s'ajoute  quelque- 
fois à  la  fin  des  participes  présents  des  verbes  ^ja*lî  ou  dé- 
fectueux; un  /le remplace  alors:  cadi,  wali,  muphti  (2). 


L'article  arabe. 


Ordinairement  le  lâm  de  l'article  s'assimile  à  la  lettre 
solaire,  commençant  le  mot  suivant;  excepté  :  aidée,  aidé- 


(1)  Etoile  de  la  constellation  de  Pégase;  de  ju  yad,  main,  bras;  (V.  Bé- 
telgeuse)  elle  est  ainsi  appelée  à  cause  de  sa  position. 

(2)  Comp.  aussi  ivadi  employé  chez  quelques  voyagem-s  ou  géographes; 
de  tfilj  ou  ^^\j .  ((  A  droite  et  à  gauche  des  vallées  sans  eau,  des  ivadis  dessé- 
chés, des  lits  (Je  torrents.»  (Cl.  Huart.  Voyage  en  Syrie.  Journ.  As.  1879. 
Janv.  107.)  Wadi  est  dans  Bescherelle.  On  s'étonne  de  ne  pas  le  rencontrer 
dans  le  Supplément  de  Littré,  qui  a  accueilli  tant  de  vocables  purement 
arabes  comme  «  debab,  nom  arabe  du  taon  »  ;  de  ^J^^^  dobâb  pour  ^j^'^ , 
mouche  ;  cliéri,  loi  musulmane;  de  Tj^tCs  c/iarî^a.,  même  sens. 


XXXVIIl, 


baran,  altair,  écrit  aussi  atair^  habalzéli.  (  i  )  Ce  sont  ha- 
bituellement des  mots  scientifiques.  (  2  ).  Voy.  plus  loin 
Observ.  générales,  p.  XLVIII. 

Jl  se  vocalise  en  aw^  procédé  éminemment  français: 
aubarde  (V.  barde,  ) ,  auberge,  aubergine,  aumusse,  au- 
queton  (  V.  hoqueton  ),  auferant  (  V.  haras  ),  aufin  et 
auffin,  vieilles  formes  pour  al-fil  (3);  aucube,  vieux  fr, 
qui  vient  probablement  de  la  même  source  que  alcôve. 

Jl  peut  aussi  devenir  ar  :  arquebuse,  argoussin, 
arzegaie,  marfil,  arsenal  (?);  ou  ol  :  oliban,  olinde, 
dénébola(?);  ou  or  comme  dans  orcanète.  L'article  est 
quelquefois  syncopé  :  abricot,  amarel,  réagal,  amarre, 
abit,  amoise  (4). 

Ualef  de  l'article  est  rendu  par  a  ou  e.  Au  commence- 
ment du  mot,  c'est  la  première  transcription,  qui  a  pré- 


(  1  )  Le  vulgaire  en  Syrie  traite  le  ^  comme  une  lettre  solaire,  et  consé- 
quemment  lui  assimile  le  lâm  de  l'article.  Peut-être  avons-nous  dans 
Béteigeuse  (autre  forme  de  Bételgeuse)  un  reste  de  cette  prononciation. 

(2)  «Dans  beaucoup  de  pays,  les  Arabes  prononcent  le  J  (dans  J»^l) 
comme  il  est  écrit,  sans  faire  aucune  attention  au  taschdid.»  Le  Rtv, 
J.  Ferrette,  missionnaire  à  Damas.  Journ.  Asiat.Oct.  1859.  p.  3 15.  L'obser- 
vation est  juste,  malgré  son  énoncé  trop  absolu.  [\.  aldéharan  aidée, 
p.  8  et  9.) 

(3)  V.  la  lettre  J.  p.  XXX. 

(4)  Vieille  forme  de  moise.  Con>p.  le  vulgaire  Ï9.jU^I  pour  ô-jUI,  la 
veille.  (  Bdsim  le  Forgeron  ;  manuscrit  de  l'Université  S.  Joseph.) 


XXXIX. 


valu  :  almagra  (i),  alcôve  etc.  Il  n'y  a  d'exception  que 
pour  éllxir.  Au  milieu,  el  est  plus  fréquent  :  abelmosc, 
bételgeuse,  dénébalézet,  etc.  Dans  dénébola  le  damma 
casuel  a  remplacé  a. 


n. 

VOYELLES  OU  ACCENTS  ARABES. 

Afin  de  comprendre  leurs  transcriptions  multiples,  il  est 
à  propos  d'établir  la  valeur  que  leur  attribue  le  dialecte 
populaire.  «  Toutes  les  voyelles,  qui  ne  sont  pas  suivies  de 
la  lettre  de  prolongation,  qui  leur  est  analogue,  prennent, 
dans  la  bouche  du  vulgaire,  un  son  vague  et  indéterminé, 
susceptible  des  interprétations  les  plus  favorables,  vil  se- 
rait impossible  de  prouver  à  un  honnête  Arabe,  qu'il  a  mis 
au  passif  un  verbe  qui  devrait  être  à  l'actif  (2),  car  il  pro- 
nonce J::^  et  Jr^)  presque  exactement  de  la  même  ma- 


(1)  Substance  rouge  employée  en  peinture;  de  s^)  al-maghra,  ocre 
rouge.  Moqaddasî  la  nomme  parmi  les  articles  exportés  d'Alep.  (181.1.  2.). 
Et  plus  loin  sj^  ;^i>  ,j^j  (184.  1.  3). 

(2)  C'est  d'ailleurs  la  règle  générale  en  ^j\^  (vulgaire);  ainsi  on  enten- 
dra continuellement  J-fj,«-'-r^»  quand  il  faut  comprendre  v»j3-^»J^^* 
Voyez  l'explication  qu'en  donne  l'auteur  des  Proverles  et  dictons  du  peuple 
arabe  p.  264. 


XL. 

nière.»  (i)  Pour  préciser  davantage,  disons  qu'en  réalité  il 
n'existe  que  trois  voyelles  en  arabe:  a,  i,  a  [ouhveï). 
Mais  la  prononciation  vulgaire  a  doublé  ce  nombre,  en 
Syrie  surtout,  grâce  à  l'influence  de  la  langue  syriaque,  bien 
mieux  douée  sous  ce  rapport.  A  et  /,  perdant  insensible- 
ment leur  valeur  native  dans  la  bouche  du  peuple,  ont  don- 
né naissance  k  e  ;  h  corruption  de  u  (ou)  a  produit  o.  L'o- 
reille la  moins  exercée  peut  aisément  découvrir  encore 
une  sixième  voyelle.  Elle  a  une  valeur  intermédiaire 
entre  Ve  muet  et  la  diphtongue  eu  des  Français,  et  tient 
des  deux  à  la  fois. 

Les  auteurs,  qui  ont  traité  de  la  phonétique  romane, 
observent  que  les  voyelles  sont  la  partie  mobile  et  fugi- 
tive du  mot  ;  que  la  permutation  des  voyelles  est  soumise 
à  des  règles  moins  fixes  que  celles  des  consonnes  et 
qu'elles  passent  plus  facilement  de  l'une  à  l'autre.  Ces 
observations  s'appliquent  encore  mieux  aux  voyelles  ara- 
bes. Celles-ci  ont  même  sur  les  latines  un  notable 
désavantage:  n'étant  pas  habituellement  fixées  par  l'écri- 
ture, elles  sont  abandonnées  aux  mille  caprices  de  la 
prononciation  populaire.  Qu'on  ne  s'étonne  donc  pas  du 


(1)  Nouveau  système  de  typographie  arabe;  par  le  Rév.   J.  Ferrette, 
missionnaii'e  à  Damas.  Journ.  Asiat.  Octob.  1859.  p.  301. 


XLI. 


luxe  de  transcriptions  que  réclament  ces  voyelles,  sur- 
tout le  fatha  (i)  et  le  damma.  Dans  la  phonétique  arabe, 
plus  que  partout  ailleurs,  on  a  raison  de  dire  que  les 
voyelles  ne  comptent  pas  ou  comptent  fort  peu. 


Diphtongues. 

Il  y  a  en  arabe  deux  diphtongues,  ai  (  ^_)  et  au  i^^)  * 
Ces  diphtongues  sont  prononcées  é  et  ô  k  Bagdad, 
à  Mossoul,  à  Alep,  à  Damas,  à  Lataquié,  tandis  que 
dans  le  reste  de  la  Syrie  et  surtout  au  Liban,  elles 
gardent  leur  valeur.  Ces  deux  prononciations  se  rencon- 
traient aussi  en  Espagne  et  dans  l'Afrique  du  Nord.  Au 
Maroc  et  en  Algérie,  au  devenait  souvent  ow,  particu- 
larité qu'on  observe  aussi  en  Orient.  Ainsi  ^j^  est  pro- 
noncé daum  et  doûm,  Oj^a  baràaun  et  bardoûn^  JjA 
haul  et  hoCd\  o^^  khoâlangân  et  khaulangân  ;  jji^  et 
c^y^  deviennent  sannour  et  khannoûs  en  Syrie.  Comp. 
aussi   -bj>-  changé  en(^j^>-,  à'ou  houri[N.Y)Qv\c,  s,v,) 


(1)  Si  le  fatha  devient  quelquefois  i  ou  o,  la  voyelle  a  du  latin  subit 
en  français  les  mêmes  modifications  Voy.  Chassang.  Grammaire  fran- 
çaise.  1882.  p.  20. 


XLII, 


En  français  ai  ^  J^— )  est  transcrit  e  :  aidée,  bételgeuse, 
nénufar,  sesban,  dey;  ai  :  altair,  haïk,  ( on  écrivait  autre- 
fois heyque)  raïes,  maïdan. 

La  diphtongue  a// C^_>  est  rendue  par  au  :  fardeau,  chi- 
aoux,  (dans  bételgeuse,  au  s'est  assourdi  en  eu);  ou, 
u,  0  :  goum,  mousseline,  mousson,  muse,  musacée,  ben- 
join, borax. 


Fat  ha. 


Cet  accent  peut  être  rendu  par  toutes  les  voyelles 
françaises.  Les  plus  employées  sont  a,^;il  est  inutile  d'en 
donner  des  exemples. 

Le  fatha  devient  /  :  zircon,  emblique  ;  u,  dans 
huila [\),  dubb,  (lézard  d'Afrique,  de  ^_^^dabb,)  à  cause 
de  l'emphatique  Jo  d;  o  :  chott  (2),  (de  -kl  chaii,  bord, 
rive  d'un  fleuve)  ;  encore  sous  l'influence  du  J^  t,  lettre  em- 
phatique;  fomalhaut    (3);  bézoard,  à  cause    de  la  lettre 


(  1  )  Dans  le  droit  musulman  :  époux  temporaire  d'une  femme  divorcée. 
(V.  Litt.)  de  J>u  lialâl^  époux.  L'étymologie  du  Supplém.  est  inexacte. 

(2)  Littré.  Supplément,  a  On  peut  dire  que  de  Baasora  à  Bagdad,  les 
deux  rives  du  C/toU  (c'est  le  seul  nom  par  lequel  le  vulgaire  désigne  le 
Tigre,  Didjlè  est  inconnu),  sont  bordées  d'une  forêt  ininterrompue  de  pal- 
miers.» M.  Jeannier  Joum.  Asiat.  Octobre  1888.    p.  336. 

(3)  0  vient  sans  doute  de  J»  fom,  bouche,  forme  employée  parallèle- 
ment à  ^  fam  ;  le  peuple  ne  connaît  que  ^  fomm  qu'il  prononce  habi- 
tuellement -j  tomm. 


XLIII. 


jij  qui  suit.  Ainsi  le  peuple  dit  :  ùila^  chttân,  J^y>-  gioûch, 
au  lieu  de  ^y^  ^oioâch;  ^biyâ\  au  lieu  de  fL  ^a/- 
yâ\  que  réclament  les  formes  grammaticales  (i). 

Il  ne  serait  pas  facile  de  déterminer  quand  le  fatha  est 
rendu  par  e,  et  quand  on  lui  laisse  sa  valeur  native,  qui 
est  a.  On  pourrait  cependant  établir  la  règle  suivante  : 

Le  fatha  prend  le  son  de  Ve^  devant  la  syllabe  affectée 
de  l'accent  tonique,  ou  longue  de  nature,  ou  devant  une 
lettre  redoublée  :  denab,  fennec,  feddan,  fellah,  sélam,  ar- 
senal, bézestan.  Cette  règle  a  des  exceptions  :  falaque  (2), 
kantar,  kazine,  gazelle,  etc.  M^  Jeannier  dit  qu'à  Bagdad 
«  le  fatha  et  le  damma  ne  gardent  leurs  sons  primitifs 
qu'avec  les  consonnes  fortes.  »  Cette  remarque  regarde 
aussi  la  prononciation  des  autres  pays  de  l'Orient.  Il  faut 
en  excepter  les  mots  cités  au  commencement  de  cet 
article  et  quelques  autres  en  petit  nombre. 


(1)  Dans  doronic  àe  r^//^  daroûnag  (accentuation  habituelle),  notre 
manuscrit  de  Soyoûtî  met  toujours  un  damma  sur  le  ddl.  Nos  autres  ma- 
nuscrits ne  précisent  pas  ;  seul  ol^l  îrU>  ^  ^^®  ^^'^^  ^jj^  • 

(2)  Toujours  prononcé  falaq  avec  deux  fatha  nettement  articulés. 
En  Egypte  on  dit  aussi  ïais  falaqa .  Dans  Bâsim  le  Forgeron  (dialecte 
égyptien)  il  y  a  une  scène  où  le  héros  de  cette  comique  histoire  reçoit  la 
falaqa.  (p.  33.  édit.  Landberg.) 


XLIV. 


Damma. 


La  transcription  de  cette  voyelle,  comme  celle  du  fatha, 
défie  toute  règle.  Elle  est  rendue  ou^  u,o  :  ouléma,  bur- 
nous, drogman,  mohatra,  sultan,  sumbul,  curcuma,  bulbul; 
/:  cakile,  mistic,  oliban  (i),  fondique,  chibouque  ;  a  : 
marabout  (  la} y  )  maran,  fomalhaut, tambour,  carthame,  de 
A9J  Sur  ce  mot  le  J^^l  v-j1X  de  Ràzî  [man.^de 
l'Université  S.  Joseph  )  met  deux  kasra,  au  lieu  des  damma 
que  portent  tous  nos  autres  manuscrits;  e  :  benni,  felou- 
que.  (V.  ce  mot). 

Aubère  (2)  était  peut-être  écrit  autrefois  oubère  (espa- 
gnol :  hobero),  0  sera  devenu  a. 


(1)  Da  ^1^1  al-lohân.  Le  damma  est  devenu  i  sans  doute  sous  Tin- 
fluence  du  grec  Xl^avog  qu'on  croyait  y  reconnaître.  Quelques  uns  ne  se 
sont  pas  arrêtés  là  et  ont  prétendu  que  Oliban  était  le  grec  0  Xil^avog 
Mais  «il  est  sans  exemple  que  l'article  grec  0  se  soit  accolé  à  son  sub- 
stantif pour  passer  dans  une  langue  étrangère.  »  (  Devic  ). 

(2)  De  fc^jlj^  signifiant  outarde,  et  non  pas  aubère,  comme  Scheler 
{Diction,  et  y  mol.)  semble  le  faii'e  dire  à  Dozy. 


XLV. 


Kasra. 


Comme  ïl  latin,  le  kasra  est  au  bas  de  l'échelle  phoni- 
que. Aussi  cette  voyelle  est-elle  un  peu  plus  constante. 
La  prononciation  vulgaire  l'émet  tantôt  comme  /,  tantôt 
comme  é  fermé  ou  e  muet(i)  et  quelquefois  comme  a 
voyelle  bien  plus  sonore,  surtout  au  commencement 
du  mot.  Le  français  a  des  exemples  de  chacune  de  ces 
prononciations;  par  ex.  :  neski,  kermès,  nems,  almageste, 
validé,  afrite,  calebasse  (2).  Il  y  ajoute  ou  et  0  (rares)  : 
bougie,  mosch^  abelmosch. 


Nunnation  ou  Tanwtn. 

La  nunnation,  étant  inconnue  au  dialecte  vulgaire  (3), 'n'a 
pas  laissé  de  trace  sérieuse  en  français.  Nous  n'en  avons 

(  1  )  Mgr.  David  a  essayé  de  déterminer  dans  quel  cas  une  de  ces  trois 
prononciations  domine.  (V.  Dialecte  de  Damnas,  p.  19  ). 

(2)  Comme  nous  Tavons  fait  remarquer,  ces  anomalies  de  kasra,  rendu 
rt,  sont  le  fait  de  la  prononciation  vulgaire.  M.  de  Eguilaz  admet  que 
le    kasra  devient  a  et   il  cite  comme  exemple  adarme,  (de  ^ija)l).   L'« 

nous  paraît  ici  imputable  au  grec  dod'/^iiri,  ou  auplur.  arabe y^i^^  darâhim, 

(3)  Elle  est  conservée  à  l'accusatif  seulement  dans  certaines  expressions 
adverbiales,  comme  y(^%  par  exemple,  Cil—  précédement  (  V.  Bâsim  le 
Forgeron  et  Almanacli  du  Bachir,  1879,  1880,  etc..  Dialogues 
en  dialecte  syrien,  passim) 


XLVI. 


qu'un  exemple  authentique  dans  :{édaron  (i).  Peut-être 
faut-il  y  ajouter  paturon  et  fanfaron. 


m. 


OBSERVATIONS  GÉNÉRALES  SUR 
LA  FORME  DES  MOTS. 

La  métathèse,  ce  phénomène  observé  dans  la  plupart 
des  langues,  se  rencontre  de  même  fréquemment  dans  la 
transcription  franco-arabe.  De  là,  arquebuse,  brodequin, 
degré,  cramoisi  (  2  ),  Mahométan  (  3  ) ,  almène  (de  Idl 
al-manâ,  poids  arabe)   etc. 

Comme  en  grec  la  métathèse  s'applique  surtout  aux 
liquides. 


(1)  a  de  Cassiopée,  de  ^Oo,  sadr,  poitrine.  Cette  étoile  est  placée  sur 
la  poitrine  de  Cassiopée.  (  V.  Devic). 

(2)  L'ancien  arabe  a  ^j-y^Ja  et  ^3j^\  ôlj  et  ^j.a|j;  j4b.  ^^  JW?*  ^^^' 
Comp.  méàresié,  Qixx  P)\^éiï:\.Q  mHena  {Littvé.  S  uppL).  Et  dans  le  dialecte 
vulgaire  |jl>  hadâ,  pour  jj.]  ahad,  personne,  j|j^  au  lieu  de  jjjli , 
Maronite.  Dans  Bdsira  (manuscrit)  on  lit  ^<j\i  dârakahom  au  lieu  de 
j^<'ji\  adroLkakom,  il  les  atteignit. 

(3)  Cette  mitathèse  est  ancienne  et  très  française.  Les  écrivains  des 
croisades  ont  mahométois,  mahomerois,  et  mahomerie  (mosquée).  Du 
dernier  queUpes  étymologistes  ont  voulu  à  tort  dériver  le  franc,  momerie. 


XL  VIL 


V aphérèse  a  également  laissé  des  traces  :  marfil,  rac, 
nébulasit,  miramolin.  (Comp.  franc,  senelle  de  co ce ine lia). La, 
langue  vulgaire  retranche  habituellement  l'alef  dans  jui  et 
y\ .  Le  peuple  dit  wj*3>.  >^  negem  boû  danab^  comète  (  i  ).  De 
là  :  patacon,  le  nom  propre  Boabdil,  et  la  variante  d'abou- 
quel  bouquelle  «nom  donné  par  le  peuple  en  Egypte  (2)  à 
Técu  ou  daller  de  Hollande.  »  (Trévoux).  Comp.  encore  o^L^a^ 
expression  vulgaire  pour  0^^  r\  arbre  bien  connu  (Voy. 
Ibn  Kamâl  Bâcha  (3)  -uiJlj  J^li-i  iaiô  Ip  *uâ7  p.  6.  édit. 
de  (iJj^Jl  j^c  (?).  Leiden.)    ôy^  j  pour  ôyj\  et  ôyf- , 

Comme  en  espagnol  la,  finale  des  mots,  mal  perçue,  est 
souvent  sacrifiée,  par  ex.  :  caraque^  cende^  dénébola, 
galanga,  sébeste,  abouquel  (4),  aumusse^  darse,  etc. 

Les  lettres  /z  (5)  et  /  s'ajoutent  quelquefois  à  la  fin  des 


(1)  Littéral,  étoile  pèi'e  (possesseur)  d'une  queue. 

(2)  Ce  même  peuple  donnait  à  Bonaparte  le  nom  de  »j^y,,  boû  farwa, 
le  père  de  la  pelisse,  et  au  général  Cafarelli  celui  de  ,_ij.  y ,  le  père  du 
bois  à  cause  de  sa  jambe  de  bois.  Je  ne  sais  plus  quel  savant  de  l'expédi- 
tion était  connu  sous  le  nom  de  jljî^,  à  cause  de  ses  lunettes. 

(3)  Ou  Kamdl  Bâchd  Zddeh.  Notre  bibliothèque  possède  une  collection 
manuscrite  de  ses  lettres  ou  opuscules,  d'ailleurs  assez  insignifiants. 

(4)  Pour  ce  mot  le  Dictionnaire  de  Trévoux  cite  encore  la  variante 
Abukesb,  qui  est  plutôt  une  corruption,  provenant  d'une  erreur  de  lecture. 

(5)  Cette  lettre  s'ajoute  surtout  après  la  terminaison  «  (  i  ),  comme  on 
peut  le  constater  dans  les  exemples  cités. 


XLVIII. 


mots:  bosan,  camocan,  caban,  balzan  (i),  caramoussal, 
et  peut-être  amiral. 

L  s'intercale  aussi  devant  les  emphatiques  i,  Js  :goul- 
dron,  gouldran,  goultran,  formes  de  goudron  C  j^Ja»  ) 
aidée,  altair.  Comp.  l'esp.  alcalde  C  ^^llll),  etc.  Le  fran- 
çais connaît  aussi  l'intercalation  de  l,  comme  dans  cible, 
anciennement  cibe. 

Le  redoublement  ou  chadda[-^),  soigneusement  observé 
par  le  peuple,  est  traité  avec  beaucoup  plus  de  négligence 
en  français.  Il  est  souvent  omis;  ex.  :  sofa,  cavas,  chébec, 
sumac,  anil,  rob,  de  Ijj  .  Dans  ce  dernier  mot  nos  ma- 
nuscrits, conformément  au  génie  d'une  langue  qui  évite  les 
mots  de  deux  lettres,  marquent  soigneusement  le  chadda. 

Plus  rarement  on  observe  le  phénomène  contraire,  et 
l'on  rencontre  des  redoublements  introduits  par  le  capri- 
ce, et  que  l'étymologie  ne  saurait  justifier,  par  ex.  :  fen- 
nec, gemmadi,  lebbeck,  habelassis. 

(1)  Que  Devic  dérive  avec  beaucoup  de  M'aisemblance  de  «Ub  (V. 
Balzan).  Il  se  dit  de  la  robe  du  cheval  :  ^j^  J??»»--"  c/"  *j^^— ^r'*  «r»^'  «j* 
^\jj  «a>  ip  -J^*^  U-^i»  JS'crtJjJ  |i  ù'\S'\h\  *j\  J-3  j3j  .  (  ^.1  )  ^^3  ^c^V*  ^yj  ^^A^^J 
•t>i'  J45  J*iJlj  S>)b  Jc?«^JI  >  <^^.  (<i^'  *2*-  V-  ^8).  lïUM  la  jument  de 
Sa 'd  fils  d'Abî  Waqqâs  est  célèbre  "(\^.9^i(^^îi-  ^^I- 211  et  xMas'oûdî  IV. 
213).  Dans  le  ùU,^CJI  ^jUiT  (mau.  cit.)  il  est  parlé  de  70000  cavaliers, 
tous  montés  sur  des  joj .  Au  siècle  dernier  on  disait  indifféremment  bal- 
zane et  balsane^  où  je  soupçonne  que  s  est  mis  pour  c  et  correspond  à  j  . 
(V.  Devic).  Scheler  cite  «l'arabe  bâlthasan  (?),  pounii  du  signe  de 
beauté  ».  Voilà  un  mot  arabe  singulièrement  suspect. 


XLIX. 

Un  fait  important  (i)  à  noter  dans  la  transcription 
française,  c'est  r introduction  d'une  voyelle  entre  les  deux 
consonnes  finales.  (  2  )  Ainsi  le  peuple  dira  :  khobe^, 
enef,  akalet,  au  lieu  de  khob^  (ji^)  anf  (cJ»'),  akalt 
(cX'l).L'étymologiste  rencontre  souvent  dans  les  mots 
français  d'origine  arabe  cette  voyelle  adventice  devenue 
le  siège  de  l'accent  tonique.  Nous  nous  contentons  d'en 
donner  ici  quelques  exemples  :  énif,  mahaleb,  magazin, 
zénith,  tiber,  arratel  (3).  Cette  particularité  de  prononcia- 
tion, observée  dans  l'Iraq,  en  Syrie,  dans  les  États  bar- 
baresques  et  en  Turquie,  (pour  les  mots  empruntés  à 
l'arabe  comme  habous{4)  et  vacouf),  s'applique  surtout  aux 
mots  de  3  lettres,  qui  au  moyen  du  soukoûn  ne  forment 
qu'une  syllabe  et  sont  rendus  par  une  seule  émission  de 
la  voix.  Mais  on  la  rencontre  aussi  dans  des  mots  plus 
longs. 

(1)  M.  Devic  (s.  v.  sirocco)  a  déjà  parlé  de  ce  «changement  qu'éprou- 
vent les  mots  arabes  de  forme  analogue  à  charq  (J>i,)  lorsqu'ils  passent 
dans  les  langues  romanes».  Seulement  les  mots  arabes  ont  déjà  éprouvé 
ce  changement  avant  leur  passage  dans  les  langues  d'Europe. 

(2)  La  même  chose  a  lieu  en  hébreu,  dans  les  formes  ségolées  telles 
que  ^^12  mélek,  roi,  pour  malk\  "l^D  sêfer^  livre,  pom*  sifr  etc.  V. 
Journ.  Asiat.  Décembre.  1888.   p.  503. 

(3)  Comp.  Ottomane  :  grand  siège  sans  dossier;  matamore,  camocan. 
On  le  voit,  la  règle  énoncée  plus  haut,  peut  encore  s'élargir. 

(4)  Terme  de  droit  musulman,  sorte  de  legs  pieux;  (Litt.  Supp.)  de 
^j.j^ ,  même  sens,  prononcé  habous  par  les  Turcs. 


On  peut  aussi  observer  le  phénomène  contraire  :  la 
syncope  (i)  de  la  voyelle  arabe;  ex.  :  large,  aimée,  carvi; 
de  \ij^  ou  Ijlj  .  Nos  manuscrits  ont  les  deux  leçons. 
Dans  nabca  la  syncope  s'explique  par  la  prononciation 
vulgaire  ou  par  la  forme  <aJ  nibqa» 

La  lettre  r  est  souvent  intercalée  dans  l'intérieur  du 
mot  :  calibre,  épinard,  fabrègue,  busard,  marcher,  mu- 
lâtre. Dans  alfange  r  est  syncopé  (2). 

Plus  rarement  on  relève  la  présence  d'un  m  adventice 
au  milieu  du  mot  :  camphre,  tambour  C  J-L  )  tymbale. 
On  sait  d'ailleurs  combien  le  français  aime  à  nasaliser, 
surtout  quant  il  y  a  comme  ici,  apparence  d'harmonie 
imitative.  Comp.  tampon,  trimbaler,  trinqueballe,  etc. 

De  l'intercalation  du  c  nous  ne  connaissons  d'autre 
exemple  que  cuscute  (plante)  de  Zj^ kochoût,  même 
sens.  Le  Mlnhâ^  d'Ibn  ôazla  (man.  cit.)  donne  encore  les 

formes  :  CjytJ^^jl^ytJ^^liy^^'^^^ ei^^*  Nos  autres  ma- 
nuscrits emploient  Zj^t^  etO^^fl.  Ibn  el-Beithâra  1j^ 
Comme  dans  les  mots  dérivés  du  latin,   les  combinai- 


(1)  La  syncope  est  fréquente  dans  les  patois  arabes.  Ainsi  X''  -^  devien- 
dra 1U.I».  ;  xIjV  ,  <-JV ,  jl^ ,  ji/^ .  Dans  z^  le  vulgaire  maintiendra  à 
la  fois  le  cliadda   et  le  soukoùn  sur  le  Idm. 

(2)  Dozy.  Glossaire  des  7nots  espagnols,  etc.  p.  23.  A  la  syncope  d'alfan- 
ge  comparez  k>  vulgaii-e  ^-n.",,  ,-^  khamst^ach  pour^^c^tx^^  khammf-achar^ 
quinze. 


LI. 


sons  mr,  ml  intercalent  un  b  euphonique  :  Alhambra  (i), 
emblique  (2)  et  peut-être  gambra  (3)  ;  st  est  adouci  en 
;  (4)  :  mozarabe.  [Cfr.  mousselin).  En  espagnol  les 
applications  sont  naturellement  plus  fréquentes,  les 
emprunts  arabes  étant  beaucoup  plus  considérables. 

Le  double  J^  t  emphatique  se  rend  par  st  :  estragon, 
pastèque,  de  j^l  o\x'i^\  .  Dans  ce  dernier  mot  le  peu- 
ple fait  toujours  sentir  un  J^,  énergiquement  redoublé. 
C'est  également  Torthographe  de  Ousâma  Ibn  Monqid  ; 
du  Kitâb  al-Fosoûl  de  Râzî,  du  Minhâg;  de  Soyoûtî  et  de 
Bàsim  le  Forgeron  ;  (manuscrits  cités.)  Le  lexicographe 
Richardson,  on  ne  sait  pourquoi,  ne  redouble  pas  le  t. 


(1)  De  >1^»JI  al-hamrd,  fémia.  de  ^,,^\  ahmar,  rouge;  «l'enceinte  et 
les  tours  de  ce  monument  sont  en  briques  rouges».  (Littré.  Supplém.) 
Voir  Al-Maqqarî  pass, 

(2)  Ecrit    aussi  emblic   et    amhlique,    sorte    de   myrobolan;  de    ^^| 
/2/rty,  même  sens.  Il  est  astringent,  stomachique,  fortifie  les  cheveux  etc. 

Miiihâf  dlbn  'Gazla),  L'arabe  vulgaire  a  une  certaine  prédilection  pour 
'  combinaison  mh.  Comparez  >L>.  mhalcU  pom*  jb  halâ^  mais  si  !  ^jK^S 
- nhdreh  Tpour  ^j[J\  al-bdreh,  hier;  jy.^  peut-être,  est  parfois  prononcé 
niharkî.    Voy.    Bdsim    (  dialecte  égyptien  )    et  Alma?iach   du   Bdchir 

pass.  Le  6  prosthétique   mis  par  le  vulgaire  avant  le  moddre^  a  été  assez 

souvent  signalé  poiu*  qu'il  soit  inutile  d'y  revenir. 

(3)  Perdrix  garnira  d'Algérie  (V.  Litt.  SuppL)  Gambra  n'est-il  pas 
ii'i    pour   'l^^w>.   hamrd,     la   rouge?     L'espagnol   a   des  exemples   de   ^ 

■venu  ,17.  La  perdrix  gambra  est  rousse  plutôt  que  rouge. 

(4)  Ou  5  :  mozarabe   était  autrefois  musarahe  et  mésarabe. 


LU. 


Enfin,  comme  en  espagnol,  un  certain  nombre  de  mots 
dérivent  directement  d'un  pluriel  arabe  :  caraque,  bu- 
sard (i),  cafre   (r),  tambour,   calebasse   (peut-être  de 

On  peut  rattacher  ripopée  à  ^y^  ou  à  <lXyj  roboûbât, 
autre  pluriel  de  ^j  ,  employé  dans  les  pharmacopées 
arabes,  par  ex.  dans  le  Minhâg  ad-dokkân.  Et  a:{imuth } 
Nous  croyons  qu'on  est  aussi  fondé  à  y  voir  le 
pluriel  C^/^\  as-somoût^  que  le  singulier  c^^- 


(1)  Et  peut-être  même  buse  (Voy.  p.  59).  Mais  il  nous  paraît  à  peu 
près  certain  que  busard  dérive  de  %\'J  houzât,  plur.  de  jb. ,  en  admettant 
l'insertion  de  r.  Ce  pluriel  revient  fréquemment  dans  les  récits  de  chasse 
d'Ousâma  ibn  Monqid. 


LES  MOTS  FRANÇAIS  DÉRIVÉS  DE  L'ARABE. 


Abattre,  de  JaJ^i  ahbai^  dejecit,  dit  M.  Narducci(i). 
L'étymologiste  italien  se  contente  trop  souvent  d'une 
ressemblance  extérieure  entre  les  mots.  (2)  Pourquoi 
demander  à  l'arabe  des  explications  que  le  latin  donne 
surabondamment? 

Abouquel.  «On  se  sert  de  piastres  abouquels  (3)  ou 
Lions  d'Hollande,...  d'Abouquels  de  Hongrie,  ou  sequins 
Hongrois»  (Mémoires  du  chevalier  d^'Arvieux.  VI;  445)-de 
^J!^ y)  Abou  Kalb^  le  père  du  chien.  —  u  Abou-Kelb 
c'est-à-dire  le  vieux  chien  [sic)^  parce  que  ce  sont  des 
pièces  de  monnaie  d'Hollande,  sur  lesquelles  il  y  a  un 
lion  rampant,  que  les  Arabes,  qui  tronquent  tous  les  noms, 
appellent  un   chien.»  Bruce.    (Voyage  aux   sources  du 

(1)  Seconde  saggio  di  vociitaliane  derivate  dell'arabo.  p.  7. 

(2)  Même  remarque  pour  aita,  ancora,  (de^l  ?)  angoscia,  briaco  de  ^j, 
cibura  et  potum  largius  sumpsit,  mot  extraordinaii^e  en  ce  sens,  —  corne  de 
UT  etc.. 

(3)  L'abouquel  s'appelle  aussi  assalani  ou.  aslani  «assalanis,  monnaie 
d'Hollande,  c.  a.  d.  marqués  d'un  lion»  (D'Arvieux)  du  turc  o^^S  ou 
ùy^j\  lion. 

1 


2  ABRI 

Nil,  en  Nubie  et  en  Abyssinie.  édit.  Panckoucke).  De 
Monconys  dans  le  Journal  des  ses  voyages  écrit  Aboukel. 
Abricot.  Espagnol:  albarcoque,  albercoque,  aber- 
coch.  —  Dialecte  de  Majorque:  albarcoc.  — Dial.  de 
Valence:  albercoch.  —  Portugais:  albricoque. — Italien: 
albercocca,  albicocca.  —  Il  n'est  plus  permis  de  douter 
que  ce  mot  vienne  de  Jyj;dl  albarquouq  ou  albirquoaq. 
Mais  les  Arabes  ont  primitivement  emprunté  JyjtJ)  aux 
Latins,  qui  désignaient  souvent  les  abricots  par  Tépithète 
prœcoqua  (i),  ou,  si  l'on  veut, au  grec  TTQaiMnia.  Dioscoride 
l'affirme  expressément  (I.  165):  «  rà  firila  do^spiaux,  ^(o^aïi^TÎ 
de    TiQaiiAÔy.ia  »•  Ibn  El-Beithar  le  répète  après  lui,  dans  sa 

A 

description  de  l'abricot  CJlt^),  Voici  ce  qu'il  dit  d'après 
Dioscoride  :  J^jV^  (^^jjjjjL^^.Uyjl  ZÀj)l\  il  JII3  UUjl Uij 
L'abricot  se  nomme  en  langue  franque  barqouqia.  [2) 
(  Ibn-Beithar,  édit.  d'Egypte)  (3).  M.  le  Docteur  Leclerc 
dans  sa  traduction  du  traité  des  Simples  d'Ibn  El-Beithar 
conteste  cette  étymologie  et  préfère  tirer  abricot  et  Jy^. 


(1)  V.  Forcellini  s.  v.  prœcox. 

(2)  Le  grec  moderne  ^8omoY.Y.ov  abricot  n'est  aussi  qu'une  légère  alté- 
ration de  jyî^ 

(3)  Aujoui'd'iiui  dans  le  Levant  ainsi  que  dans  le  Maghreb,  l'abricot  est 
appelé  ^- ,  ^^ 


ACHE 


du  latin  prœcocia  (i).  Mais  alors,  il  est  impossible  d'ex- 
pliquer la  présence  de  l'article  arabe  dans  tous  les  mots 
désignant  l'abricot  dans  les  langues  romanes,  comme  on 
peut  s'en  convaincre  en  examinant  les  formes  citées  en 
tête  de  cet  article. 

Abutilon.  Plante  d'agrément  des  pays  chauds,  appar- 
tenant à  la  famille  des  malvacées,  de  ùj^yj\  oûboûitloûn, 
Avicenne  dit  qu'elle  ressemble  à  une  courge  (p-^) ,  pro- 
bablement par  les  fleurs,  comme  le  remarque  le  D^  Le- 
clerc  (2).  Bocthor  écrit  aussi  û^y^.ji'  ahoutîloun,  dont 
abutilon  n'est  que  la  transcription  (3). 

Achernar  ou  Akharnar. C'est  une  étoile  brillante  située 
à  l'extrémité  de  la  constellation  d'Eridan.  Transcription  de 
^^Jlj»-1  akhir  an  riahr,  la  fin  du  fleuve,  (4)  j^\  an-nahr^  le 
fleuve  est  le  nom  arabe  de  la  constellation  d'Eridan, 
((  La  34™®  étoile...  est  de  i^®  grandeur;  c'est  celle  que 

(1)  Cobarruviaz  est  aussi  de  cet  avis.  Forcellini  ne  semble  pas  non  plus 
se  douter  de  l'existence  du  mot  arabe.  En  revanche,  voici  une  explication 
qu'on  n'acccusera  pas  de  n'être  pas  assez  savante  :  «  on  a  tiré  de  la  racine 
ôam^/^^  des  dérivés  qui  à  première  vue  paraissent  n'avoir  rien  de  commun.... 
ainsi  bargouq  est  l'abricot....  Barquous  (?)  est  le  fruit  brillant  au  teint 
jaune  et  vermeil  (  !  !),..  »  Journal  Asiai,  Novembre  p.  534.  Un  peu  moins  de 
sanscrit  et  beaucoup  plus  d'arabe  auraient  évité  cette  bévue  à  l'auteur. 

(2j  Traduction  d'Ibn  el-Beithar  N*^  196. 

(3)  M.  Edouard  Gasselin  dans  son  dictionnaire  Arabe-français 
(arabe  vulgaire,  arabe  grammatical)  n'a  pom*  Abutilon  d'autre  traduction 
que  jy  i^Jai^, 

(4)  C'est  la  traduction  du  ' Eç^faro^  tov  7tOTa\iov    de  Ptolémée. 


4  ALAN 

Ton  marque  sur  l'astrolabe  méridionale,  et  que  l'on 
nomme  ji^l^^l  la  fin  du  Jïeuve>>  [\).  Arago  et  beaucoup 
d'autres  astronomes  écrivent  Achernard  (2). 

Achour.  Nom  d'un  impôt  payé  par  les  indigènes  en 
Algérie,  de  j^Lp  'achour,  littér.  dîme  (v.  Zekkat). 

Adagio.  De  j^dajja,  leniter  incessit.  (Narducci)  Nous 
ne  citons  cette  explication  que  pour  mémoire. 

Adêne  et  Adénium.  Arbrisseau  grimpant  d'Arabie 
(adenia  venenata)  baptisé  par  Forskal  d'après  le  nom 
arabe  û-vo  'adan\  il  y  a  encore  la  forme  û:-^  'oudaïn,  qui 
est  le  diminutif  de  û-^- 

Affion.  esp  :  afion,  ancien  terme  de  pharmacie,  de  ù^a  ' 
afioûn  qui  vient  du  grec  omov  .  Nous  ne  voyons  pas  pour- 
quoi M.  de  Eguilaz  transcrit  Oj*>'  par  ofion. 

Afrite.  Sorte  de  lutin  popularisé  par  les  Mille  et  une 
Nuits,  àez^  Jic  'ifrit.  Mais  le  peuple  prononce  ji^yc  \ifnt. 

Alancabuth.  Partie  de  l'astrolabe,  de  0^^id«i  1  al- 
'ankaboût;  propr.  araignée  (v.  Devic).  La  forme  espagno- 
le alhancabut    a    essayé   de    rendre   par    h  le  ^  arabe, 


(1)  Description  des  étoiles  fixes  par  AbduiTahman  As-sufi.  Traduit  par 
Schjellerup.  1874  p.  212. 

(2)  C'est  une  de  ces  fantaisies  orthographiques  trop  communes  aux 
savants  qui  ne  sont  pas  au  courant  des  langues  orientales.  De  là  en  astro- 
nomie etc.  ces  transcriptions  impossibles. 


ALBA  5 

de  même  dans  alhansara  (S^.'A:*il  al-ansara), 

Albacore.  Poisson  de  mer  semblable  au  thon  ou  à  la 
bonite  Esp  :  albacora.  Ptg  :  albocor,  albecora,  Sjjxllîl 
de  iilbakoâra;  poisson,  dans  le  P.  Lerchundi. 

Albara  ou  Albora.  Lèpre  blanche.  Esp:  albarazo.  Ptg: 
albaraz,  albarazo,  alvaraz;  de^j^jjJl  a/i^aras,  lèpre.  Abou- 
burs  ou  abiiburs[i)^  transcription  de  ^j^\y}  abou-albaras, 
ou  ^j^j^y)  aboii-albors^  est  le  nom  donné  par  les  habitants 
du  Caire  au  Ptyodactyle  d'Hasselquist,  parce  qu^on  pré- 
tend que  l'usage  de  quelques  aliments  sur  lesquels  il 
aurait  passé,  suffit  pour  produire  la  lèpre  (v.  Dict.  d'Hist. 
naturel.  d'Orbigny  s.  v.  ). 

Albatros.  M.  Marcel  Devic  se  donne  beaucoup  de 
peine  pour  tirer  ce  mot  de^j^Uil  alqâdoûs.  M.  deEguilaz 
trouve  que  c'est  fort  ingénieux,  mais  guère  satisfaisant 
(  Gloss.  etimoL  s.  v.  alcatraz).  Nous  sommes  de  l'avis 
du  savant  professeur    de  Grenade.  Pour   prouver  son 


(1)  Cfr.  Aboukarne  «poisson  qui  signifie  père  de  la  corne;  aussi  en'a-t-il 
une  qui  luy  sort  du  liaut  de  la  teste.»  Voyages  du  S""  de  Mouconys  I,  227. 
De  même  Abou-Hannes,  nom  de  l'ibis  sacré  iC.  d'Orbigny),  de  jil^  jA  abou- 
hannach,  composé  de^^i  père,  ^l».  serpent,  reptile,  insecte.  L'Ibis  fut  ainsi 
appelé  parce  qu'on  croyait  qu'il  délivrait  l'Egypte  des  serpents  venimeux. 
Bruce  l'appelle  Abou-Hannès,  le  père  de  Jean,  parce  ({u'à  l'époque  de  la 
S*  Jean,  ces  oiseaux  commencent  à  apparaître  sur  les  bords  du  Nil.  C'est 
sans  doute  Abou-Hanna  que  l'illustre  voyageur  a  voulu  écrire,  car  Hnnna 
tp"  abréviation  de  u>jj  louhanna,  signifie  Jean. 


6  ALBO 

assertion,  M.  Devic  devrait  apporter  plus  que  des  rap- 
prochements et  des  analogies. 

Alberge  ou  Auberge,  (sorte  de  pêche),  espagn  :  alber- 
chigo,  alberchiga,  alberge.  port:  alperche,  alperxe, 
alpersico,  sont  rattachés  par  M.  Marcel  Devic  à  Jyjjil 
Albarqôuq.  Les  formes  espagnoles  et  portug.  semblent 
admettre  difficilement  cette  dérivation.  Le  sens  aussi  pro- 
teste; car  alberge  désigne  une  pêche  (i).  Avec  M.  Léop. 
de  Eguilaz  (2),  je  préfère  y  voir  un  composé  de  Tarticle 
arabe  Jl  al  et  du  latin  perslcum.  Ces  composés  hybrides 
ne  sont  pas  rares  en  espagnol  ;  nous  aurons  l'occasion 
de  le  constater  dans  la  suite.  Je  n'admets  pas  non  plus  la 
dérivation  de  J^jÂH  alfirsiq,  parce  qu'il  faudrait  admettre 
le  changement  de  J»  f  en  b,  dont  on  ne  connaît  qu'un 
seul  exemple  :  aljico^  pour  alplco:;.  Quant  à  caba{^  de 
jsM  j  cette  dérivation  n'étant  pas  hors  de  conteste,  on 
ne  peut  s'en  prévaloir  ici.  (V.  Cabas). 

Albotin.  Ce  terme  désignait  autrefois  en  pharmacie  le 
térébinthe  et  sa  résine,  de^LJ  >  albotm  ou  alboioum.  L'au- 
teur du  Glosar.  etimol.  de  las  palabras  Espanolas  écrit 
albotan,  transcription  évidemment  défectueuse. 

(1)  D'après  quelques  naturalistes  Talberg'e  est  aussi  une  variété 
d'abricot. 

(2)  Glosario  eti/mol.  de  las  palabras  Eapanolas  de  brigen  oriental.  — 
Granada.  1886.  s.  v.  alberchigo. 


ALCA  7 

Alcade.  Transcription  de^lAil,  alqâdî  le  juge  (v.  Cadi). 

Alcali.  De  Ql  alqilâ  ou  Jlil  alqill^  même  sens.  Il  existe 
aussi  une  forme  arabe  vulgaire  alqaU.  «  Nous  nous  trouvâ- 
mes dans  une  campagne  pleine  d'une  herbe  appelée  Keli 
ou  Kali,  que  les  Arabes  brûlent  et  en  font  la  cendre  dont 
on  fait  le  savon  et  le  verre.  »  (D'Arvieux  II,   197.  ) 

Alcaron.  Nom  du  scorpion  africain ,  Buihas  afer.  L.  — 
Il  est  difficile  de  ne  pas  remarquer  la  ressemblance  de 
ces  mots  avec  les  formes  esp:  alacran.  val:  alacrâ, 
aliacrâ.  P/o^:  alacral,alacrâo,  lacrào,  qui  dérivent  évidem- 
ment de  ^yJI  al-âqrab^  scorpion. 

Alcarraza.  Vase  de  terre  poreuse  pour  faire  rafraîchir 
l'eau.  Esp.  et  Ptg  :  alcarraza.  Basque  :  alcarraza ,  alcar- 
ratza.  Provençal:  alcarazas  de  j\jZJ\alkourra^,  ou j^j^=é\ 
alkoiira^,  cruche  à  col  étroit  servant  à  faire  rafraîchir 
l'eau  (i).  Il  n'est  pas  nécessaire  de  recourir  avec  Engel- 
mann  «à  un  substantif cami'a  dérivé  du  verbe ^_j-^?  [carrasa) 
rafraîchir  (2)  »  ;  cette  conjecture  est  solidement  réfutée  par 
Dozy  dans  le  Glossaire  (p.  86).  «L'Académie  écrit  au 
singulier  alcarazas;  mais  il  n'y  a  aucune  raison  pour  ne 
pas  suivre  l'orthographe  espagnole;  surtout  il  faut  sup- 

(1)  Voyez  notro  Synonymie  arabe.  N^  961.  j^^iJl  J  :  JjVI  «j^JI-XaUI  jJI^ 

(2)  Engeltnann.  Glossaire  des  mots  esp.  et  pti^."  dérivés  de  l'arabe  — 
Leyde  1^61,  —  Le  substantif  de  ^^  ne  ferait  pas  Carrâsa. 


8  ALDE 

primer  ïs  qui  est  signe  du  pluriel  et  qui  rend  le  mot  tout 
à  fait  barbare  »  (Littré).  Nous  aurons  l'occasion  de  faire 
la  même  remarque  à  propos  d'autres  mots  d'origine 
arabe,  que  le  caprice  a  défigurés. 

Alchandes.  «Mot  probablement  d'origine  arabe,  qu'on 
lit  dans  Cuba  (  Hortus  sanitatis.  98).  Il  est  cité  avec  celui 
d'Abremon  comme  un  poisson  très-soigneux  pour  ses 
petits,  qui  s'attache  aux  navires  et  les  rend  immobiles». 
(Dict.  d'hist.  nat.  I.  2:53  ). 

Alcôve.  Esp.  et  Ptg:  alcoba.  Cat,  Major q.  et  Ptg  : 
alcowa. Basq  :  alcoba.  Ital:  alcova,  alcovo,  de  i2\alquoub- 
ba,  qui  signifie  dôme,  et  aussi  :  petite  chambre,  cabinet, 
pavillon,  et  même  baldaquin,  comme  dans  ce  passage  du 
Kitab  Alictifa  cité  par  M.  de  Eguilaz  :  «  Sur  un  trône 
porté  par  3  mules,  et  sous  un  baldaquin  orné  de  pierres 
précieuses  et  de  saphirs  (i).     C>!>U)»l»M.t  4)^  Xj^  i^ 

Aldôbaran.  De  o^j^  j\\  aldabarân,  étymologie  bien  con- 
nue. «On  la  nomme  dabaran^  parcequ'elle  suit  les  Pléiades. 

*  > 

On  la  nomme  aussi  la  suivante  des  Pléiades.    \>\j^^  Ji^ 

«  ^\  Je  (^5^J  Wl  ojyJ  (Abdurrahman.  1 37)  En  effet  j,h 
dabjr,  signifie  venir  derrière,  suivre.  C'est  un  des  rares 

(1)  V.  Lane.  Thousand  and  one   nights.  I.  231. -et  Eguilaz.  s.  v.  alcoba. 


ALDE  9 

exemples  de  mot  où  le  /  de  l'article  arabe  ne  s'est  pas 
assimilé  à  la  lettre  solaire  suivante.  Sans  doute  parce- 
qu'il  aura  été  transcrit  directement  des  recueils  arabes 
d'astronomie.  La  même  anomalie  se  remarque  dans  les 
formes  espagn.  et  ptg  :  aldebaran,  dans  le  major quin  et  le 
ptg  :  aldebara.  Il  y  a  pourtant  addebaran  en  espag. 
forme  absolument  correcte  (i). 

Aidée.  Bourgs  et  villages  des  possessions  européennes 
en  Afrique  et  dans  les  Indes.  \}J\ii.)esp:  aldea.  ptg  :  aldeia. 
val:  aldeya;  de^-^iall  alday'a,  ferme,  bourgade  (2).  Comme 
dans  ces  textes  du  moyen-âge  :  «  Et  nullus  homo  sit  ausus 
pignorare  in  suas  aldeas  »  (  Fueros  de  Sepulv.  por  Munoz 
p.  283).  «  Dono  etiam  et  illam  a/i^fam  ».  Dans  aidée 
encore  l'assimilation  a  été  négligée.  Devic  l'attribue  à  la 
prononciation  emphatique  à\x  ^  à  qui  dans  les  langues 
hispaniques  entraîne  souvent  l'introduction  d'un  /  [Alcalde, 
albayalde  de  ^Uil  et  Js>\^\  ).  Mais  si  on  veut  se  reporter 


(1)  Bien  souvent  l'espagnol  semble  ne  pas  tenir  compte  de  cette  assi- 
milation comme  dans  aldub  (oo!!),  aldica  (ï^;.ila!l),  aldora  (SjjDI),  airota, 
(oj^l)  altamia  (lijijl),  altramus  (.^^1)  etc.  Actuellement  encore  dans  le 
Levant  cette  règle  n'est  pas  toujours  fidèlement  gardée  par  le  peuple  sur- 
tout devant  certaines  lettres,  le  ^  par.  ex.  Pour  Dozy  le  /  dans  aldebaran 
est   euphonique 

(2)  Cfr.  Edrisi.  Description  de  l'Afrique  et  de  l'Espagne  :  éd.  Dozy  et  de 
Goeje.  page  51.  L.  19.  et  Ibn-Haukal  (  édit.  de  Goeje)  p.  212  L.  6.  p.  217. 
lign.  11. 


lo  ALEZ 

à  la  note  de  Aldébaran,  on  verra  que  ce  phénomène  est 
plus  général. 

Alépine.  Etoffe  de  soie  et  de  laine  fabriquée  à  Alep. 
Le  mot  a  été  formé  directement  en  français,  ou  l'on  a  pris 
Tadjectif  arabe  ^  halabi^  d'Alep,  à  l'exemple  des  Espa- 
gnols qui  ont  Alepi  (  catal.  majorq.  et  valen  )  ainsi  que  aie- 
pin.  En  Espagnol  alep  y  roue  de  moulin,  est  une  corruption 
de  wNjal)  ad-doulaby  roue,  machine  à  irrigation  (Eguilaz 
p.  151). 

Alezan.  Cheval  qui  est  d'un  rouge  ou  brun  plus  ou 
moins  foncé.  Esp  :  alazan,  alazano.  pal:  alaçâ,  ptg,  alazâo. 
Engelmann  le  fait  venir  de  J;Lai-i  alhisân,  equus  nobilis  et 
pulcher;  Dozy,  Devic  et  Eguilaz  repoussent  cette  déri- 
vation parcequ'elle  ne  spécifie  point  une  couleur  de  robe. 
Cela  ne  paraît  pas  péremptoire.  Bien  des  mots,  en  pas- 
sant du  latin  dans  les  langues  romanes,  ont  étendu  ou 
restreint  leur  signification,  (i)  M.  Devic  propose  ^^1 
ahlas,  colorem  nigrum  in  dorso  cum  rubro  mixtum  habens 
ovis;  qui  fait  au  féminin  *\ll^halsâ.  Le  mot,  on  le  voit, 
n'a  pas  le  sens  d'alezan,  et  il  se  dit  de  la  brebis.  Pourtant 
halsâ  s'accorde  assez   avec  les   formes  alaçâ  et  aLi::;âo. 


(1)  Cfr.  j\imentam  en  latin,  toute  bête  de  somme, devenu  en  fiançais  ju- 
ment. Caballus  (  ro.=îse  )  a'est  ennobli  en  devenant  cheval  (  V.  Brachet.  Dict. 
étymol.  XXII).  Voir  aussi  plus  loin  Elixir. 


ALFA  1 1 

M.  de  Eguilaz  ne  se  déclare  pas  encore  satisfait  et  il  pro- 
pose J&3  Vl,  al-a^'ar,  qui  signifie  blond,  alezan.  Remarquons 
d'abord  que  le  véritable  sens  de  j^j\  est  «  raris  pilis  prœ- 
ditus»  (Kamous.  Freyt.  Bostani.  Belot.  (i)  etc.)  de  là  on 
a  pu  passer  à  blond,  même  à  brun,  roux;  et  c'est  le  cas 
en  Barbarie  (V.  Dozy,  supplément  aux  Dict.  et  Gasselin). 
De  al-az'ar  avec  l'apocope  de  r  final.  M.  Eguilaz  obtient 
la  forme  alaçâ  et  ala^âo  et  par  le  changement  de  r  en  n 
l'espagnol  ala^an. 

Alfange.  Espèce  de  cimeterre.  Esp  :  alfange.  Val: 
alfang.  basq  :  alfangea.  M.  Devic  fait  remarquer  que 
alfange  est  un  mot  espagnol  introduit  en  France  par  les 
écrivains  du  XYII""®  siècle.  Il  vient  de^^l,  alkhanjar, 
coutelas,  poignard,  sabre  (2)  d'oij  nous  avons  pris  les 
formes  cangiar,  khanjar,  khandjar.  Le  portugais  a  encore 


(1)  Bostani,  dési-^ae  l'auteur  d'un  grand  dictionnaire  arabe,  nommé 
Ii-sJlI  i»2^»  •  Le  P.  Belot  a  composé  le  Vocabul.  arabe-frauç.  à  l'usage  des 
étudiants —Beyrouth.  1883  et  1888. 

(2)  M""  Michel  Chapiro,  dans  ses  «  Révélations  étymologiques»  (Odessa 
1880),  n'admet  pas  cette  étymologie,  «une  telle  altération,  dit-il,  serait 
sans  exemple»  (!)  La,  thèse  de  l'auteur  est  que  les  noms  d'armes  tran- 
chantes dérivent  d'un  nom  d'arbre .  L'étymologie  d'alfange  donnée  par  lui, 
est  conforme  à  ces  principes.  N'oublions  [>as  non  plus  que  M.  Chapii*o  n'est 
pas  partisan  des  étymologies  orientales  :  pour  lui  «  les  dérivations  des 
mots  romans  de  l'arabe  sont  pour  la  plus  grande  partie  chimériques» 
[op.  c  t.  n°  32  )  Ce  qu'il  prétend,  c'est  «l'émancipation  de  la  langue  française 
de  l'arabe,  du  persan,  du  basque  et  du  bas  et  haut  tudesque»  (Ibid.  VI). 
Tout  cela  n'est  pas  bien  claii*. 


12  ALGA 

alfageme  «  alfange  o  espada  corta  »  (Eguil.  ).  Le  chan- 
gement de  £^ en /'est  fréquent  dans  les  idiomes  ibériques. 
Cfr,  alfado  de  Jai-l  ,  alface  de  âLLi  etc.. 

Algarade.  Esp\  basg:  algarada.  val  :  algarâ.  On  s'accor- 
de à  tirer  ces  mots  de  SjUll  alghâra^  incursion,  expédition 
guerrière.  M.  Devic  a  raison  de  dire  que  ce  ne  peut  être 
une  dérivation  directe  vu  l'accentuation.  SjUll  a  déjà  donné 
l'espagnol  algara  qui  a  absolument  la  même  signification. 
Mais  comment  s'est  formé  algarade}  «  De  algara  est 
formé  le  verbe  algarear,  crier  à  l'attaque,  répandre 
J'alarme,  et  de  là  le  substantif  algarada  dans  le  sens  de 
cri,  tumulte,  vacarme,  algara ve  »  (Engelm.  5*.  z;.  algara  ). 
L'étymologie  de  M.  Devic  S^^^l  alarrâda,  catapulte,  qui 
en  espagnol  est  devenu  algarada  me  semble  improbable. 
Il  n'y  a  là  qu'une  rencontre  fortuite  de  sons.  Je  ne  crois 
pas  non  plus  pouvoir  admettre  S:>1^1  algarrâda,  escar- 
mouche (?)  qui  ne  repose  que  sur  l'autorité  de  Marcel.  (  i) 
c'est  trop  peu. 

On  ne  doit  pas  s'étonner  que  de  SjUll  ,  attaque  armée, 
on  en  soit  venu  au  sens  de  vacarme,  cris  etc.  On  connaît 
l'usage  des  Arabes  de  commencer  l'attaque  par  de  foi'mi- 
dables  cris  pour  inspirer  de  la  terreur  aux  ennemis. 

(1)  ((Escarmouche:  ï^i^ajl  »  d'où  le  fr.  algarade»  (Marcel:  Vocab.  franç.- 
ar.)  M.  de  Eguil az  adopte  cette  étymologie. 


ALGU 


Algazelle  ou  Algazel.  Espèce  du  genre  des  antilopes 
vivant  en  Afrique;  de  Jljii)  algha^âl,  la  gazelle  (i). 

Algèbre.  Etymol.  bien  connue.  Esp,  ptg.  cat  :  algebra 
basq:  algebrea  de  j\Û  a/gaZr  (2)  réduction.  Chez  les 
Espagnols  le  rebouteur  est  appelé  algebrista ,  mot  qui  a 
la  même  origine.  En  arabe jJl^jfc' est  casser  le  bras; 

-xJiji^  c'est  remettre  en  place,  réduire  l'os  dérangé. 
(V.  Mas'oudi.  Prairies.  VI.  43^). 

Algorithme.  Aux  formes  romanes  citées  par  M.  Devic 
ajoutez  les  suivantes  :  Esp  :  algurismo,  alguarismo,  argo- 
rismo.  Ptg:  algarismo,  algorismo.  Val:  algoritme;de 
(/jj^^i  alkhauâri^mi,  Mathématicien  arabe  (  V.  Devic  et 
Journ.  Asiat.  1863-1®^  sem.  p.   519). 

Alguazil.  Ce  mot  vient  de  j/jjli  alwâ^ir,  visir,  con- 
seiller. Sur  le  passage  du  sens  de  visir  à  celui  d'officier 
de  police,  voyez  le  Glossaire  d'Engelm.  etDozy.  Les  for- 
mes suivantes  aideront  à  comprendre  comment  jr^jjil 
alwâ^ir  est  dewenu  alguazil.  Esp  :  aguacil,  alguacil.  val: 
ahuacil,  alhuascir,  alguacir.  majorq  :  agutsil.  cat  :  agusil, 
agutzir,  algotsir,  algutsir,  alquatzil.  Ptg:  alvacil,  alvasil, 
alvasir,  etc..  (V.  Eguilaz).  M.  Edouard  Gasselin  pense 


(1)  Pour  plus  de  détails  V.  Dict.  d'hist.  nat.  I.  618. 

(2)  «de  l'arabe  aldjabroun»  dit  M.  Brachet  qui  joint  ensemble  Tarticlt 
al  et  la  nunnation,  malgré  les  protestations  de  la  grammaire  arabe. 


14  ALIC 

que  algiia:{il  vient  de  «  (^ jUll  alghâsi  ,  soldat  "  (  i  ;. 
L'examen  des  formes  hispaniques  montre  que  cette 
opinion  est  insoutenable.  Dans  Argousln  M.  Devic  voit 
une  corruption  de  alguazil. 

Alhagées.  Légumineuses  dont  le  type  est  le  sainfoin 
alhagi.  Cette  plante  nous  est  venue  de  l'Orient;  et  toutes 
les  espèces  connues  croissent  dans  le  Levant  et  en  Egypte. 
Tournefort  la  trouva  dans  l'île  de  Syra;  elle  avait  déjà  été 
découverte  par  Rauwolfen  15^7;  le  botaniste  allemand 
la  nomma  alhagi  Maurorum,  de  ^\  a/hdgg.  Avicenne, 
Ibn  el-Beithar,Kazouini  etc.  font  remarquer  que  c'est 
sur  cette  plante  qu'on  recueille  la  manne  téréniabin  ù^i-j 
tarangabîn.  Ce  dernier  dit  l'alhagée  excellente  pour  la  poi- 
trine et  cite  à  l'appui  le  dicton  :  «  ^[^jj^W  j,  i^li^l  ce  qu'il 
faut  à  la  poitrine,  c'est  l'alhagée  ».  D'après  les  descriptions 
des  Arabes  c'est  une  plante  épineuse,  ressemblant  à  une 
asperge,  mais  plus  grande  que  cette  dernière. 

Alhaiot.  Etoile  brillante  du  Cocher.  On  écrit  aussi 
Ayuk,  de  Jjlil  al-ayoùq^ou  avec  M.  Schjellerup  je  vois  une 
corruption  de  «^'b  ,  cette  constellation  étant  habituelle- 
ment nommée  la  chèvre. 

Alicates.  Petites  tenailles,  pinces.  Esp :  alicates,  ali- 


1 


(1)  Dictionn.  français-arabe  [s.  v.). 


ALLE  1  ^ 

cames  (i).  M.  Defrémery  le  tirede  J^Éll)  al-laqqâi  qui  vient 
de  JaÂl  laqai^  recueillir,  ramasser.  Bocthor  et  Marcel  tra- 
duisent tenailles  par  i?Û,  sens  que  les  dictionnaires  classi- 
ques ont  sans  doute  oublié  de  relever,  mais  qui  a  dû 
exister.  Le  même  verbe  nous  adonné  J^^ui^  milqât,  pince. 
Dans  les  Chevaux  du  Sahara  par  Daumas  (p.  1 94)  leggate 
(  des  tenailles)  est  nommé  parmi  les  instruments  du  maré- 
chal-ferrant  indigène. 

Alidade;  deS^UaJl  al'idâda^  qui  a  aussi  le  sens  de  règle. 
Nous  renvoyons  pour  plus  d'explications  aux  articles  de 
Engelmann  et  de  M.  Devic.  Mais  nous  ne  comprenons 
pas  pourquoi  ce  dernier  savant  a  admis  la  forme  plus  ou 
moins  barbare  deS^L^^  au  lieu  delja^^  (2). 

Alizari.  Nom  commercial  de  la  garance,  d'oij  la  sub- 
stance appelée  en  chimie  alqarine.-Esp  :  alizari.  M.  Devic 
avec  raison  y  voit  SjUiJI  al'asara  suc ^  jus  tiré  d'un  végé- 
tal par  compression  (  Kam-Freyt-Bost-Belot  ).  Eguilaz 
adopte  aussi  la  même  étymologie,  qui  paraît  être  la  véri- 
table. 

Allez.  Interjection.  M.  A.  Sévillot  y  voit  Texclamation 


(1)  Remarquons  le  n  euphonique  dont  l'usage  est  fréquent  en  espagnol 
comme  nous  am'ons  l'occasion  de  le  remarquer. 

(2)  ejx^  est  formé  régulièrement  de  ^k.;  tracer  des  lignes,  tandis  que 
S  u.^*  n'a  aucune  dérivation  dans  la  langue. 


i6  ALMA 


arabe  -il  iA\allah,  allahî  et  de  cette  façon  il  a  expliqué 
comment  le  verbe  aller  s'est  introduit  dans  notre  langue. 
«  Quand  Froissard  (  Addit.  128;  c.  635  p.  214)  se  sert 
de  ces  expressions:  «Allez!  allez!  traître!»  et  rappelle 
le  grand  meschef  de  la  cité  de  Limoges,  il  parle  ara- 
be »  (i).  C'est  assurément  fort  ingénieux,  mais  il  faudrait 
des  preuves.  Un  fait  curieux  c'est  que  les  arabes  ont  cons- 
tamment à  la  bouche  l'exclamation  <bl  l/a  allah  (littérale- 
ment ô  Dieu!  )  ou  comme  on  prononce /a//a^  qui  a  exac- 
tement le  sens  de  allez!  allons!  en  avant!  Dans  Marcel 
-uil  est  aussi  la  traduction  de  allons! 

Almadie  ou  Almade.  Esp.  et  ptg  :  almadia;  radeau,  bac 
de  \j^'mi\  alnia\iîa,vdiàeQ.\x.  C'est  d'après  l'auteur  du  »U-t. 
JJill  une  petite  barque  pour  passer  une  rivière  :  j^^li^» 
(((2)  ^1  l^jl5^  Jjl  jU^l^i^l.  Le  même  auteur  fait  remar- 
quer que  le  mot  est  arabe,  mais  que  son  acception  dans 
le  sens  de  «  barque  »  appartient  au  langage  du  peuple 
«  I4IP  ^1  U^  \k\^z^\  J^  "^j^  "^  yb  ».  En  effet  \j^  est  for- 
mé régulièrement  de  ^^op  \ida^  passer,  traverser.  «  Nous 
passâmes  le  soir  à  la  maadie^  qui  signifie  passage...  L'on 


(1)  Hist.  géaér.  des  Arabes.  Tome  II.  p.  221  —Paris.  1877 

(2)  -  jjiiJI  'Ui,  page  219.  L'auteur  est  le  célèbre  Chehab-ed-din  Ahmad 
âl-Khafagi,  commentateiu*  du  yyf\^\  ïj^  de  Hariri. 


ALMA 


î7 


passe  dans  un  bac  par  le  moyen  d'une  grosse  corde  qui 
traverse  d'un  rivage  à  l'autre.  »  D'Arvieux  ï.  214. 

Almanach.  Esp:  almanac,  almanaque.  Ptg.  et  ait.  alma- 
nach.  Il  est  bien  certain  que  le  mot  ne  dérive  pas  de 
r^ll  (i)  almanâkh,  endroit  où  les  chameaux  s'agenouillent, 
et  dans  le  langage  populaire,  climat.  Pour  désigner  un 
almanach,  les  Arabes  disent  ou^^-yJ  taqoutm^  ou  r^l*« 
mathoâkh,  ou  Z*Vjj  rou:{nâma  (2).  Ce  qui  est  certain  aussi 
c'est  que  le  mot  «A,wfim/a  ou  àluaviayâ  se  trouve  dans  Eu- 
sèbe  (Prépar.  Evangél.  T.  III.  4™^  édit.  Gaisford)  précisé- 
ment dans  le  sens  de  calendrier  et  d'almanach.  Comme 
il  est  question  en  cet  endroit  de  calendriers  égyptiens,  il 
n'est  pas  impossible  que  almanach  ait  une  origine  copte. 
Une  autre  explication,  c'est  de  faire  de  almanach  un  mot 
composé  de  l'article  arabe  et  du  latin  Manacus  ou  Mana- 
chus  (Vitruve)  «  circulus  in  horologio  solari  cujus  ope... 
menses  seu  XII  zodiaci  signa  ab  umbra  gnomonis  indi- 
cantur.  Hinc  Itali  suum  habent  almanacco,  ab  Arabibus 
nempe  derivatum,  quiarticulum  al  ipsorum  proprium  voci 

(1)  Comme  l'insinue  Bostaui  dans  son  dictionnaire  (s.  v.  ^y).  M.  de 
Eguilaz  le  dérive  de  «  ^ull  Kalendarium  en  R.  Martin  »  (Glos.  etimol.  s.  v.). 

(2)  On  a  prétendu  que  les  Ai'abes  ont  fait  pour  almanach  ce  qu'ils  ont 
fait  pour  almageste,  alchimie,  alambic,  c'est-à-dire  qu'ils  ont  accolé  leur 
article  à  des  mots  grecs  ou  latins.  Fort  bien,  mais  cette  opération  aurait 
laissé  des  traces,  comme  dans  les  mots  cités.  Or  on  ne  connaît  aucun  ex- 
emple où  ^uli  soit  employé  dans  le  sens  de  calendi'ier. 

2 


ALMU 


manacho  praefigunt»  (Forcell.).  Ces  sortes  de  composés 
ne  sont  pas  rares  en  espagnol,  comme  almear  composé 
de  al  et  de  mear  corruption  de  métal.  —  Almarga,  com- 
posé de  al  et  du  latin  marga. 

Almargen.  Terme  de  l'ancienne  pharmacie  :  poudre 
d'almargen,  corail  calciné,  autrefois  employé  en  méde- 
cine,  (i)  deûli-jl^  almargân,  le  corail  (2),  dont  almargen 
est  la  transcription,  en  tenant  compte  de  Vimalé.  Le  mot 
arabe  n'est  lui-même  qu'une  altération  du  grec  {laçyaoirrii 

Aimée.  Danseuse  indienne;  de  l'arabe  almet,  savante, 
ces  femmes  possédant  une  certaine  connaissance  de  la 
musique  et  de  la  danse.  (Litt.)  En  effet  4I  U  \ilma  veut 
dire,  savante,  instruite,  de  J^  'alima,  savoir.  M.  Gasselin 
admet  cette  étymologie. 

AlmudeouAlmoude.  Esp:  almud.  Ptg:  almude.  Cat: 
almut;  mesure  de  liquides  en  Espagne,  de  j[\,al moudd^ 
dérivé  du  latin  modium.  Cette  mesure  qui  a  varié  d'après 
les  pays  se  trouve  décrite  au  N^  1 242  des  Synon.  arabes. 


(1)  D'après  Kazouini  la  poudre  de  corail  est  excellente  pour  les  maux 
d'yeux  ^^.J^j  cû«3I  r^y^  j  Ji.jj .  .  .  ^iT  lil  y^j  i^Uj  ^  .^  J^l  (  ùl>^i  )  » 

a;?a^l  (Kazouini  ob>^^l  ^Si»^  .  p.  238  —  Édit.  Wustënfeld). 

(2)  V.  Synonymes  Arabes  N**  1621,  et  Joui-n.  Asiat.  1868 -Fév.  p.  201. 
Devic  et  Eguilaz  transcrivent  mordjdn,  en  mettant  im  damma  sui*  le  ^. 
Freytag  établit  une  distinction  entre  ol^lr^ .  et  c\^y»  distinction  qui  semble 
ignorée  de  Teifaclii,  Kazouini,  Tartouchi  etc. 


ALPH 


Alphanette  ou  Alphanesse.  Esp.  et  Ptg  :  alfaneque. 
dit.  et  Maj:  alfanet;  faucon  au  plumage  noir  assez  com- 
mun en  Tunisie  et  en  Algérie.  M.  Dozy  prétend  que  ce 
nom  est  tiré  du  fennec.  On  aurait  dit  d'abord  dL:Âll3l 
bâ^  al-fanak,  le  faucon  (propre  à  la  chasse)  du  fennec; 
puis  pour  abréger,  on  aurait  supprimé  le  terme  bâ^, 
faucon.  Avec  M.  de  Eguilaz  nous  repoussons  cette  expli- 
cation, ingénieuse  il  est  vrai,  mais  purement  hypothéti- 
que. J'ai  vainement  cherché,  parmi  les  vingt  noms  ou 
surnoms,  attribués  au  faucon  jlM^  et  à  son  congénère 
l'épervier,  quelque  chose  qui  pût  concorder  avec  alfane- 
que, d'où  nous  est  venu  alphanette.  Je  me  contenterai 
donc  d'exposer  les  hypothèses  émises  à  ce  sujet.  Sousa 
propose  jAi-l ,  alkhânlq,  l'étrangleur.  Un  autre,  s'appuyant 
sur  le  plumage  noir  attribué  à  l'alphanette,  le  dérive  de 
^^^^  ahanaki.  En  effet  dl)  U  hânek  est  énuméré  dans  le 
4iUI  4^5  (i  )  et  le  Kitâb  al-aàdâd  (2)  parmi  les  synonymes  de 
:>yJ\  avec  le  sens  de  noir  foncé.  M.  de  Eguilaz  voit  dans 
alfaneque  une  corruption  du  latin  faco,  précédé  de  l'ar- 
ticle arabe,  explication  qui  me  semble  plausible  (Cfr. 
Glos.  etim.  s.  v.  ). 


(1)  P.  73-Beyi*outh.  Imprim.  Catholique,  édit.  Cheikho.  S.  J. 

(2)  ^i^ôVl  U^^'  104  et  105.  édit.  Eoutsma. 


20  ALQU 

Alphard.  C'est  Va  de  l'Hydre.  Transcription  de  :>'^\ 
alfard,  littér  :  la  solitaire  :  ^^  Jp(iâlU-Jl^  jb)  ^^S}ii\j 
AALll^côilyjVby  t^^oyll  j:«ll^l .  Les  Arabes  nomment 
la  1 2"^®  étoile  brillante,  située  à  la  fin  du  cou,  al-fard,  la  So- 
litaire ;  ils  l'ont  nommée  Solitaire  à  cause  de  son  isolement 
des  autres  étoiles  qui  lui  ressemblent»  (i).  Abdurrahman 
As-Sufi  relève  vivement  un  astronome  ignorant  qui  avait 
donné  à  alphard  (^yll)  le  nom  de^^l  alqlrd,  singe  (2). 

Aloës,  Littré  tire  ce  mot  de  l'arabe  aluat.  C'est  sans 
doute  ^y^\  al'oûd  que  l'illustre  lexicographe  a  prétendu 
transcrire;  effectivement 3^îl  al-'oûd  désigne  l'aloës  (Avic. 
Can,  L.  II.  p.  231)  (3).  Seulement  ce  sont  les  Arabes  qui 
ont  emprunté  leur  moi  iS)^  alwa,  aloës,  aux  Latins,  qui 
avaient  aloe,  es  (  dans  Pline  et  Celse  )  et  aloa  qui  est  dans 
Isidore  de  Séville.  La  traduction  arabe  de  Dioscoride  le 
prouve  :  «  jvjl  S^  y^j  ^j\  :  alwa  est  la  plante  qui  produit 
l'aloës  »  (4). 

Alquifoux.  Esp:  alquifol  (5).  Variété  de  plomb  sulfuré. 

(1)  Etoiles  fixes  ôl  Abdurrahman  As-Sufi.  p.  236. 

(2)  Ibid.  p.  39. 

(3)  Cfr.  Mas'oudi  :  Praii-ies  d'or.  édit.  B.  de  Meynai-d.  I.  72-169-330- 
341  etc. 

(4)  Dans  le  supplément  de  son  Dict.,  Littré  reconnaît  l'origine  latine  de 
aloës. 

(5)  Comp.  le  portugais  alquifa  de  JuSOl.  stibium,  sorte  d'antimoine. 


AMAL  21 


M.  Devic  a  établi  l'étymologie  de  ce  mot.  Nous  ren- 
voyons à  son  article.  Alquifoux  n'est  qu'une  altération  de 
jî^l  alkohl,  altération  très-simple,  si  on  remarque  que  r- 
devient  très-souvent /en  espagnol.  (Comp  :  alfageme  de 
A^\ ,  alfage  de  ^t-1 ,  alfamar  de  jIiC  l  etc.  ). 

Altair.  a  de  la  constellation  de  l'Aigle  (V.  Wèga). 

Alula.  C'est  le  v  ei  et  S  de  la  Grande  Ourse.  (Arago) 
de  l'arabe  JjVUjiïïl  a /-^a/;[a/  al-oâlâ,  littér.  le  premier 
saut,  et  par  abréviation  JjVi  al-oûlâ,  le  premier  (i). 

Alvarde.  Esp:  albardin.  Val:  albardi.-Graminée  res- 
semblant au  sparte,  de  c^^jill  albardi,  Ibn-el-Beithar,  qui 
la  décrit  longuement,  dit  que  c'est  le  papyrus,  qu'on  en 
fait  des  cordes  et  qu'on  s'en  servait  pour  faire  du  papier 
(  s.  V.  S^j,  ).  «  Le  papyrus  est  appelé  en  Egypte  el  berdi, 
mot  qui  n'a  aucune  signification  en  Arabe^  et  qui  appar- 
tient sans  doute  à  l'ancien  Egyptien  »  (  Bruce.  Voyage  en 
Nubie.  T.  V.  p.  26). 

Amalgame.  M.  Devic  pense  que  ce  mot  a  été  intro- 
duit au  XIII"^®  siècle  par  les  alchimistes.  Il  propose 
comme  étymologie  l'expression  4»li-lj/  'amal  al-gam'a^ 
ou  bien4«>li-^l  al-mougâma'a,  l'union  (  V.  Devic.  s.  v.  ). 
M.  de  Eguilaz  voit  dans  a/zza/^am^  une  métathèse  dei^^H 

(1)  Etoiles  fixes;  par  Abdurrahman  As-Sufi  (éd.  Schjellerup.)  p.  50. 


22 


AMAR 


al-magma'a,  lieu  de  réunion,  réunion.  On  peut  ajouter 
mA^  A'^.  Mais  comme  l'a  fait  remarquer  M.  Devic,  tant 
qu'on  n'aura  pas  recueilli  d'exemples  des  expressions 
ci-dessus  dans  les  ouvrages  d'alchimie  arabe,  les  étymo- 
logies   proposées  resteront  à  l'état  de  conjectures. 

Aman.  Transcription  de  ùUl  aman.  C'est  un  terme 
spécial  chez  les  Arabes,  qui  a  le  sens  de  sécurité,  protec- 
tion, parole  d'honneur. 

Amarel.  Nom  vulgaire  du  Prunus  mahaleb  dans  le  midi 
de  la  France.  Je  soupçonne  que  c'est  une  altération  de 
^^1  al-mahlab,  même  signification.  Le  lam  de  l'article 
a  disparu  par  syncope  (  V.  le  mot  suivant),  le  /  du  corps 
du  mot  est  devenu  final  par  métathèse. 

Amarre.  Esp.  et  P/^  :  amarra.  Ba^^  :  amarrac.  de  j[\ 
almarr,  corde,  au  moyen  de  la  syncope  du  lam  arabe,  ce 
qui  n'est  pas  rare  en  espagnol  (i).  Littré  a  recours  au 
néerland,  marren^  attacher,  amarrer,  et  repousse  l'étymo- 
logie  arabe,  sous  prétexte  que  les  langues  du  Nord  nous 
ont  donné  beaucoup  de  termes  de  marine.  Cette  argumen- 
tation pourrait  être  retournée  contre  l'illustre  auteur.  Car 
on  sait  que  pendant  plusieurs  siècles  la  Méditerrannée 


(1)  Comp:  amarrido  (jjaj^lt)  amago  (^Ii)  etc.  L'arabe  a  encore  le  ter- 
me î^^î,  marasa,  qui  a  proprement  le  sens  d'amarre. 


AMIR  23 


a  été  un  lac  arabe.  M.  de  Eguilaz  n'hésite  pas  à  adopter 
l'étymologie  arabe  dans  son  Gloss,  étymologique. 

Amiral.  Il  y  a  longtemps  qu'on  a  reconnu  dans  la 
première  partie  de  ce  mot  l'arabe  juj  âmîr,  commandant. 
Mais  ce  qui  embarrassait,  c'était  la  terminaison  al,  qui  se 
rencontre  plus  ou  moins  altérée  dans  toutes  les  formes 
du  mot.  On  a  bien  vite  répondu  avec  Engelmann  que  al 
demande  évidemment  un  complément  qui  estjr  bâhr, 
mer,  ce  qui  ferait  jf^^jj^l  am^r  al-bah.r,  commandant  de 
la  mer.  Cette  expression,  outre  qu'on  n'en  a  qu'un 
exemple  (  Aboul-Mahasin.  II.  p.  116^  édit.  Juynboll  ), 
ne  s'accorde  pas  avec  de  nombreux  textes  où  amiraut, 
amirant^,  amiral^  signifient  simplement  général,  che 
de  troupes,  et  non  chef  maritime  d'une  façon  spé- 
ciale, (i)  M.  Devic,  à  qui  nous  empruntons  cette  der- 


(1)  Quand  on  voulait  spécifier,  ou  ajoutait  :  de  la  mer.  Voilà  pourquoi  on 
trouve  dans  des  textes  du  moyen-âge  almiraje  de  la  mar  et  almirante  de 
la  mar.  Et  chez  le  Flamand  Velthem:  ammirael  van  der  zee.  Dans  un  Iti- 
néraire du  XIIl'"^  sièôle,  intitulé  les  Chemins  de  Bahjlone,  et  publié  par  la 
société  de  l'Orient  Latin,  le  terme  amiral  revient  plusieui'S  fois  avec  un 
sens  bien  différent  de.  celui  de  notre  amiral  moderne:  «xxiiij,  Amh'aux,  che- 
vetaines  de  l'ost;  et  chacun  peut  faire  c  chevaliers.  Item  encores  y  a  Ixxx 
Amiraux  de  quoi  les  xl.  Item  encores  y  a  xxx  Amiraux..  !  Item  il  y  a  Ixx  el- 
meccadens....))  Il  me  semble  que  ce  terme  d'amiraux  en  cet  endroit  est  une 
altération  de  »|_yiî,  oumard.  pKiriel  de  j^\  amir,  prince.  Comparez  pomHant 
ce  que  rapporte  Niebuhr.  Dans  le  Yérnen  parmi  les  officiers  de  l'Imam,  il  y 
en  a  un  qui  porte  le  titre  d'Emir  Bahr;  il  a  sous  sa  garde  tous  les  bateaux; 
il  doit  aussi  visiter  toutes  les  marchandises  qui  arrivent  et  qui  sortent  par 


24  ANAF 


nière  remarque,  conclut  que  les  désinences  a/,  aut,  ant, 
at^^  etc..  restent  toujours  inexpliquées.  Je  crois  que 
M.  de  Eguilaz  a  trouvé  la  véritable  explication.  La  flotte 
qui  maintenait  les  communications  entre  l'Afrique  et 
l'Espagne  s'appelait  "^  jiVl  J>-J1  ar-rahl  al-Andalousi  ou 
^jGVI  Jclj  rahl  al-Andalous,  transport  de  l'Andalousie, 
et  par  abréviation  J>.J\  ar-ràhl,  le  transport.  Quand  il 
s'agissait  d'une  expédition  importante,  le  commandement 
des  escadres  était  confié  à  un  émir  (i),  qui  prenait  le  titre 
de  Jojijul  âmîr  ar-rahl^  commandant  du  convoi,  de  la 
flotte  des  Espagnes.  Cette  explication  cadre  admirable- 
ment avec  le  ptg.  amiralh,  où  il  n'y  a  qu''une  simple 
métathèse  ;  avec  le  franc,  amiral^  le  français  rejetant 
habituellement  les  aspirées;  avec  l'ital.  ammiraglio^  ou 
le  r- h  s'est  syncopé  ;  avec  les  formes  espagn.  ahnirag, 
almirage,  almiraj  et  almiraje  (2). 

Anafin.  Instrument  de  musique  arabe  (Litt.);  de  l'arabe- 


mer.  Ses  fonctions  étaient  plutôt  civiles  que  militaires,  coname  le  ^j  .jy 
Mir  bahr,  chez  les  Tiu'cs,  sorte  de  capitaine  du  port. 

(1)  V.  Ibn-Khaldoun-Proleg.  etEngelm.  (s.  v.).  Du  temps  d'Ibn-Khaldoan, 
les  Arabes  avaient  déjà  emprunté  almirante  aux  Espagnols,  et  en  avaient 
fait  jdXjl,  almiland  (Prol.  IL  32  Quatremère). 

(2)  Amirauté  ne  doit  pas  faire  de  difficulté  :  n  est  une  lettre  qui  s'inter- 
cale facilement  en  espagnol.  Pom'  plus  d'explications,  voyez  Eguilaz  XXJ 
et  p.  225.  Nous  faisons  pourtant  une  réserve,  c'est  lorsque  le  savant  éty- 
mologiste  veut  tirer  almargen  de  ixaoyrjXig' 


ARQU  25 

persan  jûJI  an-nafrr^  trompette  de  cuivre  qui  rend  un  son 
très  éclatant  (V.  Syn.  arabes.  n°  1473). 

Anil.  Plante  qui  fournit  l'indigo;  de  là  vient  A/z/Zm^,  de 
^\  an-nîly  même  sens.  «On  sème  là  (i)  en  abondance 
une  herbe  nommée  Nilé,  dont  la  semence  sert  à  faire  la 
teinture  bleue  et  est  transportée  en  Egypte  pour  cet 
effet.  »  Voyage  nouveau  de  la  Terre-Sainte  p.  7.  Paris. 
1679  (par  le  P.  Naw  S.  J.). 

Arabi.  Poisson,  nom  que  Forskal  a  indiqué  comme  la 
dénomination  vulgaire  du  Mugil  crenllabris  (Dict.  d'hist. 
nat.),  de  ij,  y-' arabi  adjectif  formé  de  ^farab,  les  Arabes. 

Argan  ou  Arganier.  Arbre  commun  au  Maroc  ;  de 
OUj>  argâriy  appelé  aussi  Jij\  (2)  arqân  etj^jiJl  jj  lau^  al- 
berber,  amande  berbère.  Il  y  a  aussi  la  forme ûU],a  hargân 
et  surtout  O^^ji  arghân,  qui  est  employée  concurremment 
avec  J[£>.j\  argân  par  les  meilleurs  auteurs. 

Arquebuse.  Esp.  arcabuz.  Alix  tire  le  mot  espagnol  de 
^J'y^  uil  al-qâboâs,  de  la  racine  ^^ ,  accendlt.  Mais  ^y}^\ 
n'a  qu'un  sens  en  arabe  :  «  Vir  pulcher  vultu  et  colore  »  (3) 


(1)  À  Beysan  ou  Bethsan,  non  loin  du  Joui'dain. 

(2)  Chez  Edrisi  p.  765.  (Dozy  traduit  arcan).  Chez  Becri  on  trouveûli>^ 
et  ùl?tU. 

(3)  ^j^'û  ou  tr^'lT  Kabous  se  dit  aussi  d'un  pistolet  ou  d'un  petit  fusil 


26  ARQU 

quoique  d'ailleurs  le  verbe  ^5,  prendre  feu,  s'adapte- 
rait assez  bien  à  notre  étymologie.  M.  Defrémery  pense 
que  arcabu^  vient  de  ^p>  \  al-qâus,  arc  (  i  ).  On  sait,  ajoute- 
t-il,  que  l'arquebuse  avant  d'être  une  arme  à  feu,  était  une 
arme  à  jet.  Or  après  l'invention  de  la  poudre,  le  nom  de 
plusieurs  machines  de  guerre  passa  aux  armes  à  feu  qui 
les  remplacèrent.  C'est  ce  qui  arriva  pour  l'arquebuse.  — 
Actuellement  encore  le  verbe  ^y,  littéralement:  tirer 
de  l'arc,  signifie  dans  la  langue  usuelle,  tirer  un  coup  (2) 
de  fusil.  Rien  donc  que  de  bien  naturel  jusqu'ici.  Voici, 
pensons-nous,  par  quelles  modifications  successives  jj-yll 
al-qâus est  devenu  arcabuz  et  arquebuse.  (5)  Le  changement 
de  i}\  al  en  arn'a  rien  que  de  normal  et  est  fréquent  en 
espagnol  (4).  (Comp.  arcaduz  pour  alcaduz^  arcazon  de 
ôb  Jji^  etc.)  Le  j  médial  s'est  changé  en  ^,  comme  dans  Na- 
bab de  i^\y ,  albacea  de  ^jil  etc.  Ce  qui  confirme  cette 
conjecture,    c'est   que  le  verbe  akauciar  est  employé 

Mais  cette  signification  est  récente  et  css  deux  mots  sont  des  transcrip- 
tions arabes  de  Tesp.  arcabuz. 

(1)  Journal  Asiatique.  Janvier  1862  p.  92. 

(2)  Ajoutez  ^'ijj  qoum  fusillade,  coup  de  fusil  (Humbert-Henry). 

(3)  M.  Dozy  ne  l'admet  pas  et  voit  dans  l'arquebuse,  ou  l'allemand  ha- 
kenbuchse,  ou  le  flamand  haeckbuyse,  arquebuse  à  croc.  Comment  expKquer 
alors  arquebuse  à  croc  ?  C'est  là  une  tautologie  que  l'illustre  orientaliste 
accepte  trop  facilement, 

(4)  Ce  changement  se  rencontre  aussi  dans  des  mots  venus  du  latin  ou 
du  grec  comme  algnnon,  algalie,  etc. 


ARSE  27 

en  Colombie  dans  le  sens  de  arquebuser.  Or  alcauciar 
vient  évidemment  de  ^yîl  alqaus  (V.  Dozy.  SuppL). 

Arratel.  Mesure  de  poids,  valant  environ  460  gram- 
mes. En  esp  :  arrelde.  ptg:  arrate,  arratel.  basq  :  erraldea. 
Arratel  est  la  transcription  de  jLJI  arratl,  mesure  qui  a 
beaucoup  varié,  et  qui  équivaut  aujourd'hui  en  Syrie  à 
environ  2570  grammes.  D'après  le  Chev.  d'Ar vieux 
(Mémoires.  VI.  456)  «le  quintal  est  de  cent  Ratles  et  la 
Ratle  de  cinq  livres  trois  quarts,  poids  de  Marseille». 

Arrobe.  Mesure  de  poids,  usitée  dans  les  possessions 
espagnoles  et  portugaises,  de  11  kil.  500  (Litt.)  Es*/?,  et 
ptg:  arroba,  arrobo.  gall:  arroa.  basq:  arrobea  ;  de  *ij\ 
ar-roub'  le  quart.  «  Per  V  solidos  parient  arrobo  de  trigo  , 
arrobo  de  ordio  per  XII  solidos.  »  Texte  de  1 102. 

Arsenal.  Esp  :  arsenal,  cat.  et  Maj  :  darsanale.  portug  : 
arcenal.  ital:  arzena,  arzenale.  De  Monconys  écrit 
arsenac  ;  de  ^pL  Jl  as-sma'a,  construction,  ou^iîjlas-sa/z'a, 
même  sens.  M.  Defrémery  a  prouvé  (i)  que  ces  deux  ex- 
pressions se  disent  fort  bien  (sans  le  mot  jb  dâr)^  d'un 
arsenal  maritime.  Le  r  d'arsenal,  selon  M.  Devic,  est  dû 
probablement  à  la  prononciation  emphatique  du  jj^  s;  ou 
bien  n'y  aurait-il  pas  là  une  réminiscence  de  ji^  dâr,  mai- 

(1)  Journal  Asiatique.  Avril  1867  p.  416  et  1869.  Juin.  1869,  note. 


28  ATHA 

son,  qui  précédait  habituellement  îpll^sma'a?  (i)  Peut- 
être  n'est-ce  là  qu'un  des  exemples,  où  l'article  Jl  al  est 
devenu  ar  (Voyez  arquebuse).  C'est  aussi  l'avis  de 
M.  Defrémery  (Journ.  Asiat.  T.  XIII,  1869.  p.  537). 

Assassins.  Les  maîtres  de  la  science  étymologique  ont 
décidé  que  ce  mot  dérive  de  ^l^  hachâchi^  ou  '^^ixl^ 
hachîcht^  dérivé  de  JUJt^  \\achîch,  le  hachich.  Il  est 
étrange  que  dans  toutes  les  formes  du  mot  assassin  les 
deux  ^  ch  aient  disparu.  En  dérivant  assassin  de  Hassan- 
ben-Sabah,  on  évitait  cette  difficulté.  Ajoutons  qu'il  est 
assez  rare  de  trouver  chez  les  auteurs  arabes  le  nom  de 
^\1>-  ou  JiiJ^  appliqué  aux  Bathéniens. 

Athanor.  Four  des  alchimistes,  de  jjdl  attannoûr,  foyer, 
réchaud,  four  portatif,  et  encore  trou  pratiqué  dans  le  sol 
pour  cuire  le  pain;  tandis  que  ô}  fourn^  {de  funius )  est 
un  grand  four  en  maçonnerie  (2). 

(1)  M.  de  Eguilaz  tire  le  mot  espagnol  atarazana  de  <:^lnl)  at~tarsana, 
ou  vlàB^-^l  at-tarsakhâna.  Mais  les  Arabes  reconnaissent  eux-mêmes  que 
ces  mots  sont  pris  de  l'italien  (V.  Bostani  JWl  ia-at*  s.  v.  lu-p).  Le  même 
auteur  semble  donner  à  darsena  la  même  étymologie  qu'à  atarazana.  Ne 
serait-il  pas  plus  naturel  de  dériver  darsena  de  ï*jua)l  jb  dâr  sa?ia^a:  com- 
me dans  ce  passage  d'Ibn-Djobair:  «  la  ville  de  Messine  possède  un  arsenal, 
renfermant  des  vaisseaux  dont  le  nombre  est  incalculable.  »  <1aZ.â  <k-^.j 
>biap  ,5:094  V  t»  Jp  Jt^Oi\  jj>  ^pà  Xic^  jli.  Ibn  Khaldoun  appelle  de  même 
l'arsenal  de  Tunis  <pUo  jI^  (prol.  IL  35). 

(2)  V.  nos  Synonymes  Arabes  N"^  917.  Le  j^ij  est  d'un  usage  général  en 
Syrie,  chez  les  gens  de  la  campagne. 


AUGE 


29 


Aubère.  Se  dit  d'un  cheval  dont  le  corps  est  couvert 
d'un  mélange  de  poils  rouges  et  de  poils  blancs.  (Litt.  ) 
Blanc,  bai  et  alezan;  entre  le  blanc  et  le  bai.  Je  n'ai  pas 
cru  inutile  de  donner  ces  différentes  définitions  qui  mon- 
trent que  ce  n'est  pas  le  blanc  qui  domine  dans  la  nuance 
particulière  de  la  robe  du  cheval  appelé  aubère^  et  que 
partant  il  est  inutile  de  chercher  son  étymologie  dans 
albus.  Guadix  a  le  premier  proposé  de  dériver  ce  mot  de 
(^jlJ-  houbâra^  outarde,  en  esp.  hobero,  que  le  P.  de 
Alcala  explique  par  «Color  de  Cavallo  ».  Le  plumage  de 
cet  oiseau  présente  en  effet  toutes  les  variétés  de  couleur 
énumérées  plus  haut:  le  blanc,  le  brun,  le  cendré,  le  noir 
dominent.  Damiri  parle  seulement  de  la  couleur  cendrée 
du  houbâra  «  ùj^\  (i^Uj  j:J\  Jj^j-lLy^,  c'est  un  oiseau  au 
long  cou,  au  plumage  cendré».  Le  changement  de  (ijL>. 
houbara  en  aubère,  hobero,  est  naturel,  si  l'on  tient 
compte  de  l'imalé.  Ajoutons  que  cette  étymologie  est 
adoptée  par  des  savants  comme  Engelmann,  Devic  et 
Eguilaz. 

Auge.  Esp.  et  cat  :  auge,  val:  aug,  aux.  ital:  auge. 
Terme  d'astronomie,  vient  de  ^jl  Atig,  qui  signifie  hau- 
teur d'un  astre  ou  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  apsides. 
Ce  mot  n'est  pas  d'origine  arabe,  Freytag  le  dit  persan. 
L'auteur  du  J-U)l  *U^  est  d'un  autre  avis  :  «'^xj^  XJ^^ ^ 


50  AUMU 


jUil  1*1:*^.  Auge  est  un  mot  indien  signifiant  hauteur»  (i)  ^\ 
(augoun)  ne    serait-il  pas  une  altération  de  ànoyaLov} 

Aumusse.  Esp:  almocela,  almoçala,  almozalla,  almozela, 
almuzalla,  almozela,  almuzeria.  ptg.  gai.  et  bas  lat  :  almo- 
ceWoi.  provenç  :  almussa. /^tï/:  mozeta.  L'aumusse  est  une 
peau  de  martre,  que  les  chanoines  portent  sur  les  bras, 
lorsqu'ils  vont  à  l'office.  Ce  mot,  ancien  en  français,  vien- 
drait d'après  quelques  étymologistes,  du  bas-latin  almucia, 
qui  serait  composé  de  l'article  arabe  et  de  l'allemand 
mut^e^  bonnet,  toque.  Nous  ne  croyons  pas  pouvoir  ad- 
mettre cette  explication.  Si  ces  mots  composés  sont 
communs  en  espagnol,  ils  sont  rares  en  français,  surtout 
quand  la  dernière  partie  est  un  terme  d'origine  germani- 
que. Les  formes  espagnoles    citées  plus  haut  dérivent 

5?   ^    > 

certainement  de  J^  I  (2)  almousallâ^  tapis  sur  lequel  on 
s'agenouille  pour  prier  (Dozy  et  Engel.  ).  Mais  almocela 
et  ses  congénères  désignent  non  seulement  un  tapis  pour 
prier,  mais  aussi  une  couverture  et  même  une  partie  du 
vêtement  (3),  un  voile  pour  se  couvrir  la  tête.  (V.  Eguilaz 


(1)  M.  de  Eguilaz  propose  ^j\  ou  ^'ji..  Nous  ne  connaissons  pas  ce  der- 
nier mot,  du  moins  avec  la  vocalisation  donnée  par  le  savant  espagnol,  et 
surtout  le  sens  d'élévation  qu'il  y  ajoute. 

(2)  C'est  sans  doute  par  distraction  que  Engelmann  écrit  :^,o4JI  qui  est 
une  faute  d'orthographe. 

(3)  «  Do  omnia  mea  rem  movilem  lectorum;  cozodras  et  plumazos,  tape- 


AVAN  31 


S.  V.  almocela).  De  là  au  sens  d'aumusse  le  passage  est 
facile,  et  nous  pensons  qu'il  a  été  fait. 

Avanie.    Le   terme  est    certainement    d'importation 
orientale.  La  lecture  des  anciens  voyages  au  Levant  ne 
laisse  guère  de  doutes  à  cet  égard.  «  Le  genre  de  persé- 
cutions... n'est  pas  tant  les  tourments  et  la  mort  que  les 
peines  pécuniaires  qu'on  appelle  Az^a/z/^s*  »  (i).  Le  mot 
revient  souvent  dans  les  Mémoires  du  Chevalier  d'Ar- 
vieux.    «Hussein-Pacha  avait  généreusement  prêté  à  la 
nation  Française  une  somme  considérable  sans  intérêts, 
pour  payer  la  grosse  avanie  que  Hassan  lui  avait  impo- 
sée »  (T.  IL  p.  I .  et  pass.  ).  C''est  toujours  dans  le  sens  de 
peine  pécuniaire,  amende,  imposition,  sans  aucune  idée  de 
mépris  ;  ce  qui  exclut  0^j<^  hawân,  mépris,  donné  comme 
étymologie  par  Pihan.  Bocthor  traduit  avanie  par   0^^ 
oijc;  'awâriy  'awânia ,  expressions  qu'il  faut  probablement 
mettre  sur  le  compte  de  son  génie  inventif  Pour  le  reste, 
on  n^a  que  des  conjectures  sur  la  véritable  étymologie  du 
mot  en  question.  M.  Devic  les  énumère  en  les  discutant. 
On  peut  lire  son  article. 


des  et  abnozalas,  simul  et  alifeifes,  et  manteles  »  et  encore:  aDe  meo  mobi- 
le... et  meos  vestiles,  et  acitaros,  et  collectras,  et  almucellas,y)  V.  Ducange. 
(1)  Lettres  des  Lett.  édifiantes,  édit,  Aimé-Martin,  I.  252.  Avanies  est  en 
italiques  dans  le  texte. 


3  2  AVIV 

Avarie.  E^/?.  basq:  avaria,  ptg:  avalia,  avaria,  ital: 
avaria.  Nous  pensons  avec  Dozy  (i)que  ce  mot  est  d*ori- 
gine  arabe  ;  jijp 'ai/^ar  signifie  une  déchirure,  un  défaut; 
et  actuellement  encore  chez  les  marchands,  CJij\^\al-awâ- 
rîât  se  dit  des  marchandises  avariées  (Bocthor-Bostani- 
Heury).  Avarie  au  sens  de  droit  d'entretien  d'un  port 
pour  chaque  vaisseau  qui  y  mouille,  a  une  origine  germa- 
nique, havaria,  haveria,  dans  la  basse  latinité;  delà  même 
racine,  d'oij  est  venu  havre.  Il  correspond  au  néerlandais 
havery  (V.  Brachet). 

Avicenniées.  Genre  de  plantes  voisin  des  Verbéna- 
cées  et  des  Myoporinées  (  Dict.  de  d'Orbigny)  qui  tire 
son  nom  de  l'illustre  Uju  j}  Ibn-Sînâ.  Le  nom  d'Avicenne 
nous  est  venu  probablement  par  l'Espagne.  Or  dans  la 
Péninsule  tous  les  noms  propres  arabes  débutant  par  cf} 
ibn,  sont  transcrits  aben  ou  aven.  De  là  Abencerrage 
j^>-  cf} ,  Averroës  jl^JI  cf}  etc. 

Avives.  Esp\  adiva, adivas.  basq:  adibac.  Engorgement 
des  glandes  parotides  chez  le  cheval.  4*U!I  ad-àiba  est  le 
terme  vulgaire  désignant  une  maladie  de  gorge,  rendant 
la  respiration  difficile.  Les  médecins  l'appellent  ^ôîl 
ad-dibaha,  d'où  dérive  peut-être  la  forme  basque  adibac. 

(1)  Qai  est  pourtant  trop  affîrmatif.  M.  Gasselin  se  contente  de  relever 
«l'analogie  qui  existe  entre  le  mot  français  et  le  mot  arabe». 


AZÉD  3j 


Chez  Freytag    oill  est  «  Morbi  species  qua  affici  solet 
guttur  jumenti  ». 

Axirnach.  Terme  de  médecine.  Tumeur  graisseuse 
de  la  paupière,  qui  se  manifeste  surtout  chez  les  enfants,  de 
Jt^l  ach'charnâq,  morbus  quidam  oculi  (Golius)  ;  et  non 
pas   jJ^^I  ach-chirnaq^  comme  écrit  Devic. 

Azamoglan.  Jeune  élève  d'équitation  nouvellement 
reçu  au  service  de  la  personne  du  Sultan,  dans  l'ancien 
temps  (i);  il  se  dit  maintenant  d'un  jeune  serviteur  chargé 
des  fonctions  les  plus  basses  du  sérail.  C'est  le  turc 
ô!>Ul  ^  'agam  oghlân,  composé  du  turc  ùMci  oghlân^ 
garçon,  et  de  l'arabe  ^  agâm^  qui  signifie  proprement 
persan,  et  qui  s'applique  à  tout  peuple  étranger,  non 
arabe  (2).  Pour  expliquer  le  changement  de  r:  ^  en  j^, 
M.  Devic  suppose  que  azamoglan  est  une  transcription 
grecque;  les  Grecs  remplaçant  habituellement  le  k 
g  des  Turcs  par  ^  (3). 

Azédarac  ou  Azadaracht  (4).  Esp  :  acedarac,  acedara- 

(1)  Mallouf.  Dict.  Turc-français. 

(2)  Comme  le  ^doSaçog  des  Grecs. 

(3)  D'Arvieiix  et  d'autres  voyageurs  écrivent  Agemoglan. 

(4)  On  trouve  encore  azédarach,  et  azédaracha  ;  cette  dernière  orthogra- 
phe nous  paraît  tout-à-fait  vicieuse.  Le  nom  d'azadirachta  a  été  appliqué  à 
un  arbre  du  genre  de  l'azédarac  commun  (  V.  Diction,  d'hist.  natui'elle, 
C.  d'Orbigny). 

3 


H  AZER 

que.  ptg:  asedarac.  C'est  un  arbre  originaire  de  Syrie 
ou  de  Perse ,  remarquable  par  ses  fleurs  violettes  dont 
Todeur  rappelle  celle  du  lilas  (i).  Son  nom  c^jS^ljl 
a^âd  darakht,  qui  nous  a  été  transmis  par  les  Arabes,  est 
d'origine  persane.  ^^  j-  4^jUll  oljut*  dit  Ibn-Beithar. 
«Son  nom  en  persan  signifie  arbre  libre»  ou^p^l  jJi^  comme 
dit  un  autre,  ce  qui  est  la  même  chose.  Cette  dénomina- 
tion lui  a  sans  doute  été  attribuée  à  cause  des  propriétés 
vénéneuses  (2)  de  ses  fruits,  que  tous  les  médecins  et  bo- 
tanistes arabes  ont  signalées.  Les  femmes  employaient 
ses  feuilles  pour  allonger  leurs  cheveux,  et  le  suc  de  ses 
fruits  pour  les  faire  pousser.  Kazouini  (Cosmogr.  I.  249  ) 
dit  à  peu  près  la  même  chose  :  «^^1  jJ»  j  J^îl  J::a»  Jjij  Sjlocj» 
Azerbe.  C'est  une  espèce  de  muscade  sauvage  dépour- 
vue de  saveur,  dit  C.  d'Orbigny  dans  le  Diction,  univer. 
d'histoire  naturelle.  Ce  n'est  donc  pas  jUall  as-sibâr 
«  fructus  arboris  acidi  saporis  »  (  Freyt.  ).  D'après  Ibn- 
Beithar:  «  ^^  (S^^-'^>  (iJLiil  j}\  jfi>  jL^l  ,  as-sibâr  est  le  tama- 


(1)  Nouvelle  Flore  Française  par  M.  M,  Gillet  et  Magne,  6°^^  édit.  1887, 
p.  96.  L'azédarac,  très  commun  en  Syrie,  y  est  appelé  cÀJj-'j  zanzalakht,  et 
en  Egypte  càJjÎj  zalzalacht,  deux  altérations  de  c^j^  ^Ijl. 

(2)  Nous  croyons  que  les  auteiu's  de  la  Nouv.  Flore  Franc,  exagèrent, 
quand  ils  prétendent  que  toutes  les  parties  de  cet  arbre  sont  vénéneuses  à 
haute  dose.  Les  feuilles  du  zanzalakht  sont  très-recherchées  en  Syrie  com- 
me fouiTage. 


AZER  35 

rin  employé  en  médecine»  (i).  M.  de  Eguilaz  (2)  voit 
dans  Tesp.  acerbe  (le  même  que  notre  acerbe)  le  latin 
acerbus.  Mais  cela  s'accorderait  mal  avec  la  définition 
citée  plus  haut.  Force  est  donc  de  recourir  à  l'étymolo- 
gie  déjà  proposée  par  M.  De  vie,  d'après  laquelle  azerbe 
représenterait  j^\  ad-dabr,  noix  sauvage,  muscade,  pro- 
noncé à  la  persane  a^-\abr. 

Azôrole.  Esp  :  acerolla,  azerola.  val\  aczerola,  atsarolla, 
atsoroll,  soroUa.  cat  :  adserola.  ptg:  azarola,  azerola.  ital: 
azzeruolo,  lazzeruola,  lazzarolo,  lazarino.  Tournefort  écrit 
a^arole,  a^arolier  ;  de  jjj:>j^  a:{-^o^roûr  (3)  même  sens. 
Cet  arbre  est  commun  aux  environs  de  Beyrouth,  et  dans 
le  Liban  (4),  oij  il  atteint  de  belles  proportions,  quand  on 
le  laisse  pousser.  Le  mot  n'est  pas  d'origine  arabe,  d'a- 
près ûawâlîqî  qui  le  croit  d'origine  persane:  (15)  lô/fc  Ul 
Çj^  Lj^'  iL^b  L'I^l  i;^^  1;  jj^ijîl  ^iL  tiôîî  ^î  (6) 
M.  de  Eguilaz  voit  dans  Sjjjcjl  a^-^a'roûra   une  trans- 

(1)  Ce  qui  a  fait  penser  à  jl^l,  c'est  la  ressemblance  à'' azerbe  avec  les 
formes  portug.  azevre,  azebre,  azevar,  qui  d'après  Engelmann  (GIoss.  p.  35) 
dérivent  de  ce  mot  arabe. 

(2)  Glosario  etimol.  {a.  V.  acerbe). 

(3)  La  forme  jj^ej)!  azza^roûr  est  connue  au  Maghreb;  le  P.  de  Alcala 
écrit  aussi  le  mot  avec  a, 

(4)  Où  plusieurs  petites  localités  lui  doivent  leur  nom. 

(5)  Voir  aussi  :  Aramaeische  Fremdwœrter  im  Arabischen.  par  S.Frœn- 
kel.p.  142. 

(6)  Al-mu'arrab  (édit.  Sachau)  p.  77. 


j6  AZIM 

cription  du  latin  acedula^  et  dérive  l'espagnol  acerola 
(qui  est  notre  a^érole)  du  même  mot  latin  au  moyen  de 
la  conversion  de  d  en  r.  Nous  croyons  que  la  comparai- 
son des  différentes  formes  romanes  d'a^érole  est  surtout 
favorable  à  l'étymologie  arabe.  C'est  Tavis  de  Marina, 
Dozy,  Engelmann  et  Devic. 

Azimech.  C'est  Va  de  la  Vierge;  on  Tappelle  aussi 
l'Epi  de  la  Vierge;  de  fJQl,  as-simâk,  hauteur,  préémi- 
nence. As-simâk  est  donc  l'étoile  prééminente,  de  la  racine 
Oy^dX^l^  être  haut,  être  élevé,  être  prééminent  (i); 
AclIoV  S^lc^  ^J^  dit  Sibawaïhi,  confirmant  l'explication 
précédente.  Chez  les  Arabes  o€\J\  désignent  deux 
étoiles,  dont  la  première  Jj&Vi  fJlcJl  est  notre  Azimech,  et 
l'autre  fyj\  lUcJl  est  Arcturus  du  Bouvier.  Arcturus  a  été 
surnommé  ^\j\  armé  d'une  lance,  parce  qu'une  étoile 
voisine    s'appelle    l'étendard   ou     la    lance    de    simâk 

fJlcJl  ^jj  \^j.  Azimech  est  surnommé  J>Vl  le  désarmé, 
parce  qu'il  est  isolé. 

(1)  C'est  aussi  l'avis  de  M.  Schjellerup,  dans  sa  Ti*ad.  de  l'ouvrage 
d'Abd-uiTahman  As-Sufi.  Description  des  étoiles  fixes  p.  66.-Voici  ce  que 
dit  le  commentaire  du  Majani  (,_jiVI  jl?*^  Imp.Cath.  Beyrouth..,)  ùl^U-JI 
U-i^^^o-J  ù^ru-Jl;  lliïi  ùllru  ùL5}r.  Cette  explication  est  confirmée  par  le  vers 
bien  connu  de  Férazdaq. 

M.  Devic  avoue  qu'il  n'a  pu  découvrir  le  sens  de  simâk.  Voir  aussi  le  li- 
vre d'Albirouni:  'j^]\i,\\  oj^l  ^  ï^oUI  jlJVl  (p.  344.  -  11.)  Edit.  Ed.  Sachan. 


BAGA  j7 


B 


Bagage. Ei"/? :  bagage./)/^:  bagagem.  ca^:bagatge.  val: 
bâgaig.  — M.  de  Eguilaz  pense  que  ce  mot  a  été  introduit 
en  Europe  par  les  Croisés,  qui  l'auraient  emprunté  à 
l'arabe  i^i  bouqga  ou  ZtL^  bouqcha,  paquet  de  linge 
et  d'habits  (i),  terme  très  employé  en  Syrie;  on  en  a 
même  formé  un  verbe  A  empaqueter.  Ce  mot  qui 
n'appartient  pas  à  la  langue  classique,  est  d'origine 
persane  i^"i  «  involucrum  ex  tela,  aut  corio  confectum, 
plerumque  quadrangulum,  ubi  involvuntur  vestes  vel  lin- 
teamina  »  (  VuUers  ).  Nous  renvoyons  pour  plus  de  détails 
à  l'excellent  article  de  M.  de  Eguilaz. 

Cobarruvias  a  pensé  que  les  Espagnols  ont  emprunté 
«  bagage  »  aux  Français.  Nous  croirions  plutôt  le  con- 
traire. Bagage  apparaît  chez  nous  assez  timidement  au 
16^^  siècle,  tandis  qu'il  est  déjà  employé  comme  un  ter- 
me usuel  par  Hurtado  de  Mendoza  (mort  en  1^73),  Argote 
de  Molina,  Cervantes,  Mariana  etc. 

(1)  Comme  dans  ce  passage  des  Mille  et  une  nuits...  j  i_|-?v  j3  ùISj 
itA  et  plus  loin  o»2JI  d\C  Cj>  .jJù^Sj  etc.  (V.  aJj  UJ  wi)l  H.  p.  149  etc.  édi- 
tion du  P.  Salhani  S.  J.  Beyrouth).  Voir  aussi  les  savantes  notes  de  Qua- 
tremère.  Suit.  Mamelouks.  T.  I.  l'"^  partie  p.  12,  219,  253  etc. 


^8  BAGA 


Bagasse.  Femme  de  mauvaise  vie.  «  On  n'entend  que 
ces  mots:  chienne,  louve,  bagasse»  (Molière).  Esp :  bagas- 
sa,  gavasa.  yoroz^  :  baguassa;  de  l%\  bâghîsa^  féminin  de 
jpl  bâghi^  (i).  «  Improbitati  deditus  et  incumbens, 
inhonestus  et  obscœnus»,  dans  Freytag;  libertin,  dans 
Kazim.  (2). 

Bagasse.  Canne  passée  au  moulin  et  dont  on  a  extrait 
le  sucre  etc.,  de  Tespagnol  baga^o^  disent  les  diction- 
naires. Et  baga^o}  C'est  une  métathèse  de  .t^  khabath, 
scoria  ferri  (3)  similisve  rei  (Freyt.),  scorie  en  général  (4); 
au  moyen  de  la  transcription  du  f  kh  par  g  (Cf.  port. 
ganinfa  de  Zl^  )  et  du  ^Ij  th  par  ^.  (Cf.  a^umbre  de  ^D 
L'étymologie  est  de  M.  de  Eguilaz.  Serait-il  même  impos- 
sible que  Zi\^khabitha^  par  exemple,  participe  féminin 
de  la  même  racine  ^^khabath^  scortatus  est,  ait  donné 
naissance  à  bagasse,  femme  de  mauvaise  vie?  Cela  s'ac- 
corderait à  merveille  avec  la  forme  val.  gavasa.  Pour  la 
transcription  du  <!»  th  par  5"  nous  avons  l'exemple  de  tas- 

(1)  Et  non  hager  comme  écrit  Littré. 

(2)  Notre  étymologie  est  en  somme  celle  de  Marina,  appuyée  par  Egui- 
laz. Voir  dans  ce  dernier  les  autres  étymologies  proposées  :  "Cm  meretrix  ou 
plutôt  î^j  ou  ^ij  et  ïi.>i9  (  Glosar.  etim.  s.  v.  hagasa.) 

(3)  c^i  a  aussi  le  sens  d'ordures,  de  débris,  de  détritus  jetés  sur  la  voie 
publique,  comme  dans  ce  passage  d'une  circulaire  du  Ministère  de  l'Inté- 
rieui-  en  Egypte:  ^)|  ^^1  o^tU^Jb  ï^Ull  lUiUI  ^  J^a^dl  o-iJI  Ulj 

(4)  Cfr.  Ibn  el-Beithar  5.  v. 


BAL  A  39 

quiva  'i..2S  ;  c'est  d'ailleurs  la  valeur  que  le  peuple  donne 
à  cette  lettre  dans  presque  tous  les  pays  de  langue  arabe. 

Bagatelle.  Esp  :  bagatela  .  maj  :  bagatel .  ptg,  et 
maj:  bagatelle,  ital:  bagatella.  Les  étymologies  proposées 
jusqu'à  ce  jour  étaient  vraiment  insuffisantes.  M.  de  Eguilaz 
dérive  bagatela  de  jLjj»  bawâiil  [baguatil  d'après  la 
transcription  espagnole  ),  pluriel  de  ^j^\  '  bâùl,  vanité, 
futilité.  Nous  ne  voyons  pas  ce  qu'on  pourrait  opposer  à 
cette  explication.  Quanta  la  transcription  de  j  par  g^  elle 
est  tellement  ordinaire  en  espagnol,  qu'il  est  inutile  d'en 
donner  des  exemples. 

Balais.  Rubis  (i).  Esp,  balaj.  esp*  et  ptg  :  balax,  balaxo. 
cat:  balaix.  ital:  balascio;  de^^^.  balkhach,  nom  de  cette 
pierre  précieuse  en  arabe.  Voici  ce  qu'en  dit  Al-kha- 
agi  (2):  «i>L  (/j  ol^-^.  iSJp  A  ûl^-  Cj-  -4 j*->r  ^ lt^'  ^ 
£i3l  .  Le  balkhach  (balais)  est  une  pierre  précieuse  qui  vient 
de  Balkhachân,  localité  du  pays  des  Turcs,  que  les  Per- 
sans appellent Badakhchân,  »  Teîfâchi  ajoute  que  «  Balkha- 
chan  est  une  des  villes  principales  des  Turcs  dans  le  voi- 
sinage des  frontières  de  la  Chine  ;  û-^  -^'y  j^  SOclî  JitJÂ 

(1)  Régnier  a  dit  que  sur  le  nez  de  son  Pédant  brillaient  : 

«  Maints  rubis  balais  tout  rougissants  de  vin  ». 

(2)  Dans  jjLiJi  -Ui.  5.  u.  Voir  aussi  sui'  le  j,»^^  les  notes  de  Quatremè- 
re  dans  les  Sultans  Mamelouks. 


40  BARA 


Baldaquin.  Esp.  et  cat:  baldaqui.  esp:  balanquin, 
balduquin,  baldoque.  ital:  baldacchino.  La  ville  de  Bag- 
dad s'appelait  au  moyen-âge  Baldach,  Baldac,  [i)Baudac^ 
et  même  Baudrac  (2)  ;  on  y  fabriquait  de  riches  étoffes 
nommées  Baudequins  ou  Baldaquins  (3)  en  arabe  's/^. 
baghdâdl  (V,  Istakhrl.  93)  servant  à  faire  des  tentures. 
En  arabe  même  le  nom  de  Bagdad  ^llûr  ^a^M^i s'écrit 
de  bien  des  manières  Si-UT  et  iiji  et  O'oiT  et  O'^ai)'  et 
0^-^  et  :i\j^A  etc..  (4).  L'espagnol  Z'a/ia^w/ semble  bien 
une  altération  de  ti^loi  baghdâdt,  adjectif  de  Bagdad.  Pour 
les  autres  formes  il  est  probable  qu'elles  se  seront  formées 
directement  de  «  Baldac  »  comme  le  veut  M.  Devic. 

Balourd  et  Baliverne.  Ces  mots  n'auraient-ils  pas 
subi  l'influence  de    J^i>  balîd,  stupide.  maladroit? 

Barat.  Patente  de  drogman  délivrée  par  des  consuls 
Européens  à  des  sujets  du  Grand-Seigneur  (  Bouill  )  et 
en  général  :  diplôme,  brevet,  lettre  patente  ;  exequatur  dé- 
livré par  la  Porte  :  «  il  pratiquait  le  Trucheman  du  Cadi 

(1)  uAlquifa  de  Meca,  é  alquifa  de  Baldac,  e  al  rey  de  India  etc..»  La 
Gran  Conq.  de  Ultr,  II.  ch.  88.  — V.  Trévoux,  s.  v. 

(2)  Dans  un  texte  Provençal  publié  par  la  société  de  l'Orient  latin.  V. 
Quinti  Belli  sacri  scriptores.  Ed.  Rohriclit.  p.  192,  Dans  le  naême  recueil 
p.  152.  Bagdad  s'appelle  Bactani.  —  V.  aussi  Hist.  Occid.  Crois.  GIoss. 

(3)  V.  Hist.  Occid.  IL  GIoss.—Rqj.  Colo?iies  Fra?îques  de  Syrie  p.  217. 

(4)  V.  Almuarrab.  p.  32.  Cette  divergence  s'explique,  le  mot  n'étant  pas 
d'origine  arabe.  Voir  aussi  Yaqoût  (I.  p.  676.  et  677.  lig.  l^""^  et  suiv.). 


BARB  41 


pour  inspirer  à  ce  chef  de  la  justice  de  ne  point  me  re- 
connaître comme  Consul,  attendu  que  je  n'avais  pas  mon 
Barat  de  la  Porte»  (D'Arvieux  III.  520);  du  turc  JL»!^ 
barât,  même  sens,  venant,  comme  beaucoup  d'autres 
termes  administratifs,  de  l'arabe  S^l^  (i)  barâat,  immu- 
nité, et  aussi  privilège  royal,  passe-port  etc..  (Bost. 
Kazim).  On  écrit  encore  Bérat  conformément  à  la  pronon- 
ciation turque. 

Barbacane.  Esp  :  barbacana.  pt g  :  barbacâo,  barcacane. 
Namurois:  barbakène.  Ouverture  longue  et  étroite  pour  l'é- 
coulement des  eaux  ;  et  encore  :  meurtrière  pratiquée  dans 
le  mur  des  forteresses,  de  '/j^  barbakh,  tuyau  d'aqueduc, 
égoût  etc.  Seule  la  terminaison  ane  fait  difficulté  ;  quoi- 
qu'il ne  soit  pas  rare  de  voir  cette  terminaison  ou  d'autres 
semblables  s'ajouter  à  la  fin  des  mots  dont  l'origine  arabe 
est  d'ailleurs  incontestable  (2).  Je  ne  connais  pas  d'expli- 
cation plus  plausible  que  de  voir  dans  la  finale  du  mot  qui 
nous  occupe  l'arabe-persan  Z  U.  khâna,  maison  grande 
ou  petite  (3).  C'est  aussi  l'avis  de  Brachet  :  «  barbacane, 
dit-il,  à  l'origine  barbaquane  dans  Joinville,  n'est  que  la 

(1)  Et  non  ïi2f  comme  écrit  Devic. 

(2)  En  espagnol  surtout  albardin  (^^^1),  alfenique  (jJU)l)  etc.  Devic 
renvoie  ici  à  Amiral.  Nous  avons  vu  que  la  finale  al  représente  probable- 
ment un  înot  arabe  j>^,  ra\il. 

(3)  V.  nos  Synonymes  arabes.  N°  1363.  Il  ne  manque  pas  d'exemples  de 


42  BARB 


transcription  de  Tarabe  barbak-khaneh  (rempart)))  (i)ou 
«  galerie  servant  de  rempart  devant  une  porte  ».  (  Litt.  ). 

Barboter.  D'après  Littré  ce  verbe  viendrait  du  pro- 
vençal barbot,  lyre,  dérivé  lui-même  du  latin  barbitus. 
Barboter  aurait  pris  un  sens  péjoratif;  puis  il  aurait  signifié 
le  bruit  ou  barbotement  dans  l'eau,  et  finalement  l'action 
d'y  barboter.  Cette  étymologie  demande  quelques  obser- 
vations. D'abord  nous  croyons  que  barbot  dérive  non 
pas  de  barbitus  (2),  mais  de  l'arabe  Ja^:  barbait^  sorte 
de  lyre  persane,  dont  nous  avons  fait  berbeth.  Les  auteurs 
arabes,  généralement  assez  mauvais  étymologistes  et  com- 
plètement étrangers  à  la  langue  grecque,  ont  comparé  le 
barbait  à  la  poitrine  du  canard,  et  ils  ont  fait  de  ce  mot  un 
composé   du  persan  j^  bar^  poitrine,  et  de  l'arabe  Ja» 

^att.  canard,  j-i^^  ^zt  ^\  c/M«  ^^  y^^  V  j*-*  3^^  ^^f^  ^,J^^ 
(3)  JaTj;  J-S>j:  A^jUljJuJIj  iaJl .  Le  Chifâ  al~Ghalîl  re- 
produit la  même  explication  (p.  43).  Plus  loin  (p.  54) 

cette  composition  contraire,  il  est  vrai,  au  génie  de  la  langue  arabe:  com- 
me <jii.  ^_.dC»  maktab-khâneh,  bibliothèque,  é:[i.iijajbatrakhâneh,  palais  pa- 
triarcal etc.  Peut-être  cette  terminaison  ane  est-elle  produite  par  un  n  qui 
s'ajoute  facilement  à  la  fin  des  mots.  (V.  amiral,  note  1.  pag.  24). 

(1)  Dict.  étymol.  s.  v.  «  Barbacane,  mot  rapporté  de  l'orient  par  les 
croisés,  comme  beaucoup  d'autres  termes  militaires  du  moyen-âge»  (Ibid.). 

(2)  Barbitus  n'aurait  pas  donné  barbot. 

(3)  Muarrab.  30- et  jju)l  Ui-.  p.  55.  On  y  verra  que  les  Arabes  tiennent 
à  cette  explication.  F.  Génin  semble  admettre  que  la  première  syllabe  bar 
dans  barboter  est  un  péjoratif  [Récréations  philologiques.  I.  276.  et  279) . 


BARD  43 

il  ajoute  que  le  Ja|j;  est  une  lyre  à  3  cordes  :/:>  j^  Ja>j; 
jfcjl  ^M*  (i).  Cette  lyre  devait  avoir  un  son  assez  mono- 
tone ,  surtout  comparée  aux  autres  lyres  beaucoup  plus 
complètes.  De  là  sans  doute  barboter  aura  pris  le  sens 
péjoratif  et  les  autres  significations  dont  parle  Littré. 
Ajoutons  que  la  comparaison  avec  la  poitrine  du  ca- 
nard n'aura  pas  été  sans  influence  sur  le  sens  définitif 
du  mot.  Comparez  barboteur ,  canard  domestique  ;  bar- 
botière,  mare  à  canard  (2).  Bocthor  traduit  barboter , 
agiter  l'eau  avec  les  mains,  par  Ja  j'^  barbai,  traduction 
reproduite  par  Dozy  (Supplém). 

Bardache.  Esp  :  bardaxa,  bardaja.  Ital:  bardascia;  de 
jr^j;  bardag,  captif,  esclave.  Ce  mot  très-ancien  en  arabe 
(V.  Muarrab.  p.  6.  )  vient  du  persan   oj;  bardah,  captif 

Barde.  Autrefois  aubarde.  Esp.  et  Ptg  :  albarda,  barda. 
ital:  barda.  La  barde  est  «une  selle  de  grosses  toiles 
piquées  et  bourrées.  »  (Litt).  C'est  exactement  le  sens 
de  ^pSj'.  ou  ^^jbarda'a,  barda'a  (  Belot-Heury-Bocth). 
Ce  mot  d'origine  persane  (3)  n'a  dans  Freytag  que  le 


(1)  Voir  aussi  sur  la  finale  de  herbeth  (Jaj^j)  Prolegom.  d'Ibn-Khal- 
doun.  II.  354  (  Quatremère  ). 

(2)  Et  peut-être  barbotes,  navires  à  fond  plat,  comme  le  Marquis  deMont- 
ferrat  en  fit  construii^e  à  Tyi*  pendant  le  siège  de  cette  ville  par  Saladin 
(  1188.  )  V.  Rey,  Col.  Franq.  150  -  M.  Gasselin  traduit  barboter  par  ^ 

(3)  V.  S.  Frœnkel.  p.  104  -  (  op.  siip.  laud.  ). 


44  BARG 

sens  de  «  couverture  qu'on  place  sur  le  dos  de  la  bête 
pour  adoucir  le  contact  du  bât  ». 

Bardeau  ou  Bardot.  Petit  mulet  ;  et  encore  :  petit  mulet 
marchant  en  tête,  et  qui  porte  le  muletier.  Esp:  albardon. 
/ifa/ :  bàrdotto.  En  Berry  l'âne  s'appelle  aussi  :  bardaud. 
Littré  dérive  ce  mot  de  bardcy  selle.  Dans  ce  cas  bardot 
serait  encore  d'origine  arabe  (V.  barde).  Mais  on  peut 
s'étonner  qu'on  n'ait  pas  plus  tôt  relevé  l'étrange  res- 
semblance de  sens  et  de  forme  de  ce  mot  avec  l'arabe 
OjSj:^  birdaun,  ou  comme  prononce  le  peuple  ûj^ji  (i) 
bardouru  ûj Vr  désigne  une  bête  de  somme  au  pas  lourd 
et  pesant,  un  mulet  (2),  en  latin  burdo,  onis,  comme  traduit 
Freytag;  en  grec  ^ovodoor^  dont  la  ressemblance  est  encore 
plus  frappante.  Le  mot  d'ailleurs  est  ancien  en  arabe  (3). 

Bargache.  «Espèce  de  moucheron»  (Trévoux).  «  Une 
nuée  de  certains  petits  moucherons  noirs,  nommés  bar- 
gaches,  parurent  sur  le  champ»  P.  Roger.  Voyage  de 
Terre  Sainte.  C'est  la  transcription  de  JJ-x  barghach, 
espèce  de  moucheron.  Bargache  se  trouve  dans  le 
i< Supplément  au  Did.  de  l'Académie,  contenant  les  mots 


(1)  Ibn  Awam  a  aussi  ojAjt  ^^^^  ^^  ^''-^^-  H.  2'"'^  partie  p.  18.  et  34. 

(2)  V.  Synon.  Arabes.  N^  413. 

(3)  V.  Moarrab.  p.  72  et  Aram.  Fremdwœrt.S.  Frœnkel.  p.  106. 


I 


BARQ  45 

adoptés  par  l'usage  etc..  Imprimé  à  l'Etranger,  en  Tan- 
née 1786.  » 

Barge.  Embarcation  plate.  Bas-lat:  barga.  ital:  bargia, 
prov  :  barja.  Les  étymologistes  sont  assez  embarrassés  pour 
retrouver  l'origine  de  ce  mot.  Ne  pourrait-on  pas  le  rap- 
procher de  l>-j\  bâriga  ?  mot  qui  d'après  le  Qamous 
signifie  navire  de  guerre  (i).  Un  passage  de  Beidâwî  con- 
firmerait cette  hypothèse.  Cet  auteur  pour  prouver  que 
rj\^  tabarrag,  signifie:  montrer,  découvrir  ses  parures,  (2) 
rapproche  le  verbe  ^  de  i^^jl^;*!- embarcation  bâriga, 
et  il  explique  4».jl  par  ÇU  4la^  V,  c'est-à-dire  embarcation 
découverte,  non  pontée.  Quoiqu'il  en  soit,  il  est  certain 
que  le  mot  a  eu  d'autres  sens  que  celui  indiqué  par  le 
Qamous.  Il  a  servi  tout  spécialement  à  désigner  les  vais- 
seaux ou  embarcations  des  pirates  Indiens  ;  comme  dans 
le  Livre  des  Merveilles  de  l'Inde.  (Traduction  de  M.  Devic 
p.  114  etc.)  Mas'ôudî  (3),  Belâdori  (4)  Moqaddasî  (5). 

Barque.  «  Mot  qu'on  n'a  pas  trouvé  en  fi-ançais  avant 
le  ï6"^^  S.  et  qui  vient  du  L.  barca  (canot  dans  Isidore  de 

(1)  V.  plus  loin  Ramberge. 

(2)  Cfi'.  ce  passage  du  idtâb  al-Aghâni  (lI-276-éd.  Salhani)  sur  l'arrivée 
de  Gabala  le  Ghassanide.  <J|  JixJ  c^J-j  c^^  V)  yJlc  Vj  ^5Ci  jJ  ^j 

(3)  Prairies  d'or.  III.  37." 

(4)  Edit.  de  Goeje.  p.  435-445-446. 

(5)  Géographes  Arabes.  III.  145.-  V.  aussi  Dozy.  Suppl.  sub  ^jj 


46  BAZA 


Séville)  par  l'intermédiaire  des  formes  espag.  ou  ital. 
barca...  La  forme  barque  prouve  que  ce  mot  n'est  point 
venu  directement  du  latin  en  français  ;  il  aurait  donné 
barche  comme  arca  a  donné  archet)  (  Brachet.  Dict. 
étym.).  Il  est  curieux  de  rapprocher  de  barque  l'arabe  <fj; 
qui  est  dans  Istakhrî  dans  une  lettre  de  l'an  3  24  (hég),  oij 
l'on  rapporte  qu'un  commerçant  d'Oman  perdit  dans  un 
incendie  400  barques  *  Zj^  <^j\  il  Jjb-^  ;  et  un  autre 
manuscrit  confirme  la  leçon  :a  Jk  ^2  (^-^^  ^if^  JjÏj  îSjvllj 
\yj  ùyji'  45j;  la  barque  chez  eux  est  une  embarcation  con- 
tenant cinquante  charges»,  ^v,  semble  donc  un  mot  ap- 
partenant au  dialecte  d'Oman.  A  son  tour,  Mokaddasî 
l'emploie  (p.  32 -1.  i.)  conjointement  avec  'i^\j^bourâ- 
kîa{ji  1.  15  )  qui  est  aussi  dans  ôauharî.  Ajoutons  que 
^fj,  barkoûs,  barque,  (pi.  ^J>^^\x)  est  plusieurs  fois  em- 
ployé par  Bohâ  ed-din  dans  sa  Vita  Saladlnl  Mais  il  ne 
paraît  pas  le  considérer  comme  un  mot  bien  compris 
de  ses  contemporains  puisqu'il  l'explique  parjû^  ^jT^ 
petit  navire. 

Bazar.  Mot  d'origine  persane  J\j\  bâ^âr,  mais  qui  est 
employé  aussi  en  arabe  avec  le  sens  de  J^  marché.  Le 
mot  est  dans  Istakhri  (p.  72.  note  k)  et  dans  un  passage 
identique  de  Ibn-ôoubair  p.  243,  qui  le  signale  comme 


BEDA  47 


un  mot  assez  extraordinaire ,   et  dans  Yaqout  passim. 

Bedaine.  On  a  donné  pour  ce  mot  des  étymologies  à 
faire  dresser  les  cheveux  sur  la  tête  (i).  Et  pourtant  il  y 
a  l'arabe  jLi>  bain  (2)  ventre;  jL  baian^  distentio  ven- 
tris.  Le  changement  de  i?  t  en  i  dans  ces  deux  mots  n'est 
pas  plus  extraordinaire  que  celui  de  l'espag.  badana  de 
ÎJlL  (  d'où  notre  mot  basane)  adama  de  î^tlall  (3).  Il^y  a 
encore  le  verbe  O-4  badan^  être  gros,  corpulent,  qui  a 
formé  ÔJ<i  bodn,  obésité,  corpulence,  et  û-^.  badati  qui 
désigne  le  corps  à  l'exception  des  pieds  et  de  la  tête, 
buste,  tronc;  et  même  ventre  dans  un  passage  de  Chams 
ed-dîn  de  Damas  (p.  165).  C'est  aussi  la  traduction  de 
M.  Mehren. 

M.  Gasselin  dans  son  Dictionnaire  traduit  bedaine  par 
«  oj^ J'f^ [langue  en  général)  ».  Il  y  a  là  une  légère  con- 


(1)  L'expression  est  de  A.  Sédillôt.  (Hist.  Univ.  des  Arabes  I.  p.  2-et 
422).  qui  s'indigne  de  voii*  bedaine  rapprochée  de  boudin,  et  de  bedon 
(tambour). 

(2)  Prononcé  batène  par  le  peuple  qui  ne  veut  pas  finii*  sur  deux 
soukoun. 

(3)  Basane  est  écrit  bedana  dans  un  arrêt  du  parlement  de  Paris  (  V. 
Ducange).  Il  y  a  encore  en  espagnol  badeha  de  Xi^; ,  baden  (  ravin  creusé 
par  les  eaux)  de  ^;  -  badina  (mare,  flaque  d'eau  )  de  J^h .  M.  de  Eguilaz 
cite  encore  d'autres]  mots  dans  son  introduction  p.  XVIII.  Il  faudrait  ajou- 
ter bandullo,  bedaine,  dans  lequel  Mûller  et  Dozy  voient  une  transposition 
de  Joj^,  s'il  était  prouvé  que  le  mot  espagnol  n'est  pas  un  dérivé  de  ventri 
culus  p.  ex. 


48  BÉHE 

fusion  :   J^jT  ne  se  dit  que  des  ruminants,  (V.  S/n.  arab. 
N°  1 1 2 1  )  particularité  clairement  notée  par  Freytag. 

Bédégar,  Bédégard  ou  Bédeguard.  Excroissance  pro- 
duite sur  les  églantiers  et  les  rosiers  par  la  piqûre  d'un 
insecte,  de  l'arabe-persan  ^jjj^U'  bâdaward^  qu'on  écrit 
encore  ^jji^l  ^jjlilet  ^jjSl.  C'est  la  5*/? ma  alba,'^y-av&a 
X8VY.ri  des  anciens.  Le  peuple  l'appelle  aussi  Z^j\l\  aS'j^I 
l'épine  bénie.  (  V.  Devic  et  D^  Leclerc). 

Bédouin.  Esp.  etptg:  beduino,  bedoin.  May.  et  z^ai': 
bedui.  Ptg:  beduin,  bédouin;  de  I^j-o  Z>aia  2/^^,  adjectif  de 
jjb  badou  désert.  Le  Roman  d'Aubery  fait  mention  des 
Bédouins  : 

Aucun  payen  ne  Beduïn 

Ne  me  for  firent  vaillant  un  Angevin. 

On  trouve  aussi  Baduïn  (i).  Trévoux  écrit  Béduïns. 

Béhen.  Nom  donné  à  deux  racines  différentes  :  le  bé- 
hen  blanc  et  le  béhen  rouge-  Le  béhen  est  originaire  du 
Levant,  de  l'arabe-persan  j.,^  bahman:  «ôkî^  ^J'^  ^f-Oj-^^ 
jS-\j  ja^\ .  Ce  sont  des  racines  séchées,  dit  Avicenne, 
il  y  a  deux  espèces,  le  blanc  et  le  rouge  ». 

Ben.  Nom  du  Moringa  oleifera^  dont  le  nom  revient 
constamment  chez  les  poètes.  Il  était  autrefois  très-em- 

(1)  Joiûville  a  constamment  Bédun. 


BETE  49 

ployé  en  médecine.   Soyôutî  dans  la  \  ^jj\  4^l3^  fait  dire 

au  ben  que  son  essence  soulage  toutes  les  douleurs  :  ^:>j 

^/j^^t  (i). 

Benni,  Binni,  ou  Bynni.  Nom,  suivant  Forskal,  d'un 

grand  et  beau  cyprinoïde  du  Nil  du  genre  des  barbeaux. 

«  On  en  trouve  aussi  dans  le  Tigre,  dans  l'Euphrate  et  dans 

d'autres  endroits  de  la  Syrie,  comme  dans  le  lac  de  Qadas 

(^03)  voisin  de  Homs  (2);  de^l  prononcé  bounnî  ou  binnt^ 

species  piscis,  Cyprinus  bynni  (Freyt);  carpe,  dans  Boc- 

thor;  dans  Edrisi  «grand  poisson  d'un  goût  très  délicat; 

on  en  trouve  du  poids  de  5  à  10  livres.  ^*\S  ^^  j^— -S^jAj 

(  3  ).  J5b  i5^b  JMi  o^j  JMi  ^^  ''C^  ^!^i  (i  ^j  l(jj  s^lj 
Le  P.  Sicard  en  a  «  vu  de  vingt  et  trente  livres  pesant. 

On  ne  peut,  dit-il,  s'y  méprendre,  et  on  connaît  à  sa  figure 

qu'il  est  le  lepldatus  si  vanté  par  les  anciens  Egyptiens.  » - 

Lettr.  édifiantes  et  curieuses  I.  p.  532. 

Bételgeuse.  On  écrit  aussi   Bételgeuse^  orthographe 

(  1  )  Un  peu  plus  loin  le  même  écrivain  confond  le  oO  ben  avec  le  o^ii.  Cha- 
lef.  Il  n'est  pas  facile  de  voir  chez  les  auteurs  arabes  la  différence  de  ces  deux 
arbres.  V.  Garcin  de  Tassy.  Les  Oiseaux  et  les  Fleurs,  p.  142.  Ce  qui  arri- 
vé plus  souvent  (  sui'tout  aux  voyageurs  Européens  )  c'est  de  confondre  le 
Béhen  avec  le  Ban,  comme  Hasselquist  semble  Tavoir  fait  dans  ses  Voyages 
au  Levant  p.  90. 

(2)  V.  Bibllotheca  geogr.  Arabum(De  Goeje)  GIoss.  p.  194. 

(3)  Maghreb  et  Andalousie  (Dozy  )  p.  16.  Voir  aussi  Bruce  :  Voijag.  en 
Nubie.  V.  247.  Voici  la  description  qu'en  fait  ^Bostani:  ii'^\  dJ^*^  ■ 
IjiiTACi  'UJI  Jiji^  '^\  ^ij^ 

4 


fo  BÉZE 

moins  correcte.  C'est  le  nom  de  Tétoile  de  'première 
grandeur  placée  à  l'épaule  d'Orion.  Cette  constellation 
est  appelée  •O^^  al^au^â^  et  l'étoile  qui  nous  occupe 
*  Ojf  ^  -*i  y  ad  al-gau^â,  bras  (  i  )  d'Orion  à  cause  de  sa  posi- 
tion. Betelgeuse  n'est  qu'une  corruption  de  -Ij^l  jo  (2). 
On  aura  écrit  ou  lu  jo  /ai,  avec  un  ^  b.  Tous  ceux  qui  se 
sont  occupés  d'écritures  arabes  savent  combien  l'erreur 
est  facile. 

Bézestan  (i  Lesl Be^estains  {}),  dit  D'Arvieux  en  dé- 
crivant Constantinople,  (  IV.  486  )  sont  les  marchés 
publics.  Celui  que  l'on  nomme  par  excellence  le 
Grand  Be^estan  est  une  vaste  salle  carrée  dont  la  voûte 
fort  exhaussée  est  soutenue  par  de  gros  pilliers  de 
pierre  à  peu  près  comme  la  grande  salle  du  palais  de 
Paris  ».  C'est  la  transcription  de  oi^x  ba^astân^  composé 
de  JcJ\  (4)  istân,  mot  persan  entré  dans  la  terminologie 
des  géographes  arabes,  et  qui  signifie  proprement  con- 


(1)  Nous  tradaisons  bras,  car  ^7  se  dit  de  tout  le  bras  depuis  le  bout 
des  doigts  jusqu'à  l'épaule,  comme  nous  l'avons  établi  dans  les  S  y  non. 
Arabes  (n<*  1624.  etc.  j.Cîlj  -u)l) 

(2)  V.  Description  des  étoiles  fixes  de  Abd  ar-rahman  As-Sufi.  (  204  et 
205)  Trad.  par  Schjellerup.  Important  ouvrage  du  10"^®  siècle  (ap.  J.  C). 

(3)  Du  Loir  écrit  Bezestin.  Voyage  du  Levant. 

(4)  L'a /^/ tombe  en  composition  comme  le  fait  remarquer  laqoût  à  pro- 
pos de  Tabaristân  :  »jjbtj  ^Juàà   ^V  ol^^V)  ,y»  i>i-U  ùUu.^ 


BEZO  ^i 

trée,  province  comme   dans  Turkestan,  Kurdistan  etc. 
(V.  laqoût  ôW\  fvf*.  éd.  Wustenfeld  p.  40). 

Bézoard.  Esp  :  bezoar,  bezahar,  besuhar,  bezaar,  bezar. 
Ptg.  et  Cat  :  bezoar.  Basq  :  bezarria.  Que  ces  termes 
viennent  de  l'arabe,  c'est  ce  qui  est  hors  de  doute.  Mais 
le  mot  présente  en  arabe  presqu'autant  de  variété  que 
dans  les  langues  romanes.  On  trouve  y^jlf  bê^ahr  et  /^j^S^ 
bâdqahr;  Marcel  donne  jljj;  ba^ouâr,  et  Bochtor  j\Ajfi> 
bin^ahîr  forme  tout-à-fait  corrompue.  Le  célèbre  Teifâchî 
écrit  presque  toujours  yijl  bâ^ahr.  Si  Ton  n'est  pas  d'ac- 
cord sur  l'orthographe,  on  ne  l'est  guère  plus  sur  Tétymo- 
logie  de  j^j\  qui  est  d'origine  persane.  Les  uns  comme 
Castell  dérivent  le  mot  de  ^L ,  ^a<i,  ventus,  et  j^j  ^ahr^ 
toxicum;  le  sens  serait:  quasi  ventus  {dlss'ipâns)  toxicum 
Selon  d'autres  c'est  le  persan  j^j  ^l  pâd^ahr^  qui  veut 
dire  littéralement  :  chasse  poison  ^f^\  (it  (i).  Bézoard  est 
donc  d'origine  persane  mais  il  nous  a  été  transmis  par  les 
traités  de  médecine  arabe  (2).  «  Les  antidotes  ou  contre- 

(1)  Teifachi  est  à  peu  près  pour  cette  explication  iLJLdI  j-*?»*!  V-'  j^j^^^ 

J^..^\  ^  j,^\  wi]»>  ïjjjjJU  oLjm>3  j^\  jf^jj  ÏJlixJI  oU*^  iJli  ùc^JS" ^  vO^  r<*"J^ 

•^j^  Jïï^à  uàl.501  cJal^)  U'y-  CiJ  D'après  lui  ^jb  serait  composé  de'iJu  , 
hàk,  signifiant  propreté,  et  de^j,  zalir,  poison;  le  sens  serait  délivi'«,nt  le 
corps  du  poison.  En  passant  en  Ai'abe,  le  mot  aurait  perdu  le  iJ,  kaf.  » 

(2)  Les  Arabes  distinguaient  le  bézoard  animal,  et  le  bézoard  végétal. 
(Journ.  Asiat.ô'^'^  série  I.  xi.  p.  145)  et  lui  attribuaient  les  propriétés  les 
plus  merveilleuses.  En  voici  un  exemple:  »j>|  cj,^S«)I  V-  o^  ;^^*  >*J  ^M'-^?^ 


52  BISM 


poisons  ont  été  appelés  par  les  Arabes  en  leur  langue 
bezahar,  c'est-à-dire,  en  leur  baragouin,  conservateurs  de 
la  vie  (?)  »  Ambr.  Paré  (cité  par  Littré). 

Blanc  rasis  ou  Blanc  raisin.  La  seconde  partie  vien- 
drait d'après  quelques-uns  (i)  de  t^jlj  râ:{i,  nom  du 
célèbre  médecin  arabe  que  nous  appelons  communément 
Rha^ès.  Mais  M.  Devic  y  voit  js\^^  râsâs  ou  j\jj  ra^â:(j 
plomb.  Chez  les  Alchimistes  rasas,  et  rasasa  désignaient 
ce  dernier  métal.  Pour  le  changement  de  a  en  /  il  faut  se 
rappeler  que  l'alef  avait  le  son  de  l'i  en  Espagne  (2). 

Bismuth.  Ei"/)  .•  bismuto.  Ital:  bismutta.  L'arabe  peut 

*  > 
offrir  comme  étymologie  ajj  othmod  et  ithmid  qui  si- 
gnifie proprement  antimoine.  La  confusion  entre  les 
deux  métaux  est  facile  à  comprendre.  Ce  qui  s'explique 
moins  c'est  la  présence  de /dans  les  langues  romanes  et 
de  w  en  allem.and.  M.  de  Eguilaz  pense  que  le  damma  de 
J^>\  se  sera  converti  en  un  /  euphonique  (3)!;  mais  il  fau- 
drait des  exemples  de  ces  sortes  de  changements  :  nous 


ejj^  4^  cSmj  ^aî  ^  J>^  à  ^\  Ibn-Beithar.  {cj\>^\  édit.  de 
Boulac  ). 

(1)  Ceux-là  écrivent  blanc -Rhasis  (Album  Rhazis). 

(2)  Je  me  demande  si  dans  graJid  raisin  (papier  de  luxe)  il  n'y  a  pas  mie 
altération  semblable.  Littré  explique  autrement  l'origine  de  cette  dénomi- 
nation. 

(3)  M.  de  Eguilaz  semble  ignorer  l'existence  de  la  forme  j^\^  ithmid 
puisqu'il  propose  l'insertion  d'un  i  après  le  b.  (  V.  p.  346.). 


JORD  55 

ne  pensons  pas  qu'ils  existent.  Quoiqu'il  en  soit  le  mot  est 

très-ancien  dans  la  langue  arabe  ;  il  aura  été  emprunté  au 

> 
grec  rrrl^^c  { I  )  de  même  que  son  congénère  \^y 

Bochir.  Espèce  de  serpent  d'Egypte  du  genre  cou- 
leuvre {Did.  Univ.  d'Hist.  nat.).  Nous  présumons  que  ce 
mot  a  une  origine  arabe.  Mais  parmi  les  innombrables 
noms  arabes  du  serpent  nous  n'avons  trouvé  rien  qui  con- 
vienne à  bochir.  L'examen  de  la  racine  ji.)  bachar^  ne 
donne  pas  plus  de  résultat. 

Bonduc.  Plante  exotique  de  Jol   bondouq^  qui  paraît 

d'origine  indienne  (  M.  Devic  ).  Les  Arabes  distinguent 

deux  espèces  de  bonduc;  le  premier,  l'aveline,  qu'ils  ap- 

i 
pellent  jj^^  Vautre  '(^xa  J-x:^  littér  :  bonduc  indien,  qui 

est  la  «  guilandina  bonduc.  »  Le  mot  Jjl-)  n'est  pas  d'ori- 
gine arabe,  quoique  d'une  antiquité  respectable;  des 
hadith  en  font  mention  (2).  Ibn  el-Beithar  croit  qu'il  est 
tiré  du  persan.  Les  Latins  appelaient  les  fruits  du  bonduc 
noix  pontiques;  «e  Ponto  venere,  dit  Pline,  et  ideo  Pon- 
ticae  nuces  vocantur.  »  C'est  de  pontica,  ou  de  tiovtlmp 
(  mQvap  )  que  dérivent  probablement  le  persan  et  l'arabe. 
Bordât.  Sorte  d'étoffe  de  laine  égyptienne.   C'est  le 


(1)  V.  Aram.  Fremdw.  143. 

(2)  V.  j^l  -lii  p.  42. 


54  BOST 

même  mot  que  burdo  qui  désigne  en  Espagnol  une  étoffe 
grossière,  un  manteau  grossier.  Les  deux  mots  viennent  de 
o^j;  bourda^  étoffe  grossière  (i),  habita  manteau  de  laine 
épaisse,  habituellement  de  couleur  noire  (2). 

Bosan.  Breuvage  turc  (3)  fait  avec  du  millet  bouilli  dans 
Teau  (Litt.)  de  Sjj»  boû^a^  qu'on  écrit  aussi  4!^.  boâ^a. 
Le  bouza  de  Syrie  est  différent  du  bosan  défini  par  Littré. 
C'est  une  boisson  glacée  faite  de  lait  ou  d'eau  de  rose  et 
de  sucre.  D'après  Mallouf  (4)  le  lait  et  le  sucre  entrent 
aussi  dans  la  composition  du  Sjj>  turc.  L'Académie  on  ne 
sait  trop  pourquoi  écrit  bosan.  Comme  l'observe  M. 
Defrémery  bou^a  ou  bousa  seraient  plus  corrects. 

Bostangi.  Quand  le  Grand  Seigneur  va  se  promener 


(1)  Devic  on  ne  sait  pourquoi  transcrit  berda. 

(2)  V.  Dozy.  Gloss.  243  et  aussi  Diction,  des  vêtetnents.  p.  59. 

(3)  D'après  De  la  Boulaye  les  Turcs  «  en  boivent  beaucoup  et  c'est  ce 
qui  les  rend  si  robustes  et  si  forts  »  Voyages. 

(4)  Did.  turc-français.  -  «11  y  a  une  liqueur  blanche  et  épaisse  nommée 
Busa;  elle  est  préparée  avec  de  la  farine»  (Niebuhr.  Description  de  TAra- 
bie.  I.  18.)  Les  Egyptiens  dit  M.  de  Maillet  «se  servent  d'un  breuvage  an- 
ciennement appelé  Sithus  et  qu'on  nomme  aujourd'hui  Bouza  qui  enivre 
comme  le  vin.  Il  est  fait  avec  de  la  farine  d'orge  détrempée  dans  de  Peau 
et  l'on  y  mêle  quelque  drogue  qui  entête.  »  Description  de  PEgypte.  Paris 
1785.-  «Leur  boisson  est  une  espèce  de  bière.  Ils  l'appellent  bousa;  elle 
est  fort  épaisse  et  d'un  fort  mauvais  goût.  Voici  la  manière  dont  ils  la  pré- 
parent: ils  font  rôtir  au  feu  la  graine  de  dora  ;  ils  la  jettent  ensuite  dans  l'eau 
fi'oide  et  après  vingt-quatre  heures  ils  en  boivent.  »  Relation  du  voyage  de 
Ch.  Poncet  en  Ethiopie  dans  les  années  1698,  1699  et  1700.  Lettres  édifiant, 
et  curieuses  I.  p.  602. 


BOUR  55 


sur  le  canal  «  c'est  le  Bostangi-Bachi  (i)  qui  tient  le  timon 
<le  la  Galliotte;  et  ce  sont  les  Bostangis  ou  les  jardiniers 
du  sérail  qui  rament.  Quand  il  arrive  à  quelqu'un  de  ces 
rameurs  de  rompre  sa  rame,  le  Grand  Seigneur  lui  fait 
donner  un  sequin  pour  le  récompenser.  »  (D'Arvieux.  IV. 
473  ).  Bostangi  est  la  transcription  de  ^^tu^  bostângi, 
mot  formé  de  Tarabe-persan  ù^  jardin  et  de  la  termi- 
naison turque  ^  qui  indique  les  noms  de  métier. 

Bougie.  Etymologie  bien  connue  (2)  tirée  du  nom  de  la 
ville  de  Bougie,  en  arabe  V^  blgâ/a,  qu'on  prononçait 
vulgairement  bougaïe  et  même  bougie,  en  esp  :  bugia 
ptg  :  bugia. 

Bouracan  {}),  gros  camelot.  Esp  :  barragan.  cat  :  barra- 
gan,  vat :  barragâ.  ptg:  barragana.  Bas^/a^:  barracanus, 
baracanus.  ital  :  baracane;  de  lU=^j,  barrakân  ou  ûl^==&  jf 
barankân,  qui  désignent  un  habit  noir,  ou  un  manteau  en 
«bouracan  »,  on  trouve  encore  u^^x  barnakân,  <î  ^===^' j: 
barrankânî,  ei^àfè==^^j.  barnakânî.  Ce  luxe  de  formes 
trahit  un  mot  d'origine  étrangère  :  <o  c*  J^=^  -^J  4-fi  u^ 


(1)  Ou  l'intendant  des  jardins  du  Grand-Seigneur  ;« il  a  4000  jardiniers 
sous  sa  charge  appelés  Boustangis  »  Du  Loir  p.  94. 

(2)  Elle  est  de  Ménage,  ce  pauvTe  Ménage 

Dont  on  dit  tant  de  mal^  a  du  bon  quelquefois. 

(3)  On  harracan  comme  on  disait  autrefois. 


56  BRAI 

4^^«J),  dit  Algawaliqi.  11  dérive  probablement  du  persan 
ù\L=ii^X  barankan  «vestis,   indumentum»    Vullers* 

Boutargue.  Esp  :  botagra.  ital:  buttagra.  Œufs  de 
muge,  et  caviar  fait  avec  ces  œufs.  De  rvilaT  baiarikh, 
même  sens;  au  sing  ^jlL  bitârikha.  En  vulgaire  on  dit 
Â^l^U  batrâkha,  «On  vend  quelquefois  du  bouri  (muge)... 
aussitôt  qu'on  a  péché  on  en  lève  la  boutargue  »  P.  Sicard. 
Lettres  édifiantes  et  curieuses,  édit.  Aimé-Martin.  T.  L 
5  3 1.  On  écrit  aussi  Poutargue  (V.  D'Arvieux  I.  218).  Sur 
l'origine  de  fjlL)  qui  n'est  pas  arabe  V.  Dozy  Suppl. 

Braise.  Esp  :  brasa.  ptg  :  braza,  Bas-lat  :  brasa. 
M.  de  Eguilaz  dérive  tous  ces  mots  de  l^^  bassa^  forme 
vulgaire  de  S^^^  baswa  et  signifiant  braise  tous  les 
deux  (  I  )  On  peut  admettre  que  î-o)  est  formé  régulière- 
ment (quoique  postérieurement  à  l'époque  classique)  de 
lja>^  ,  ^ass,  micuit  (Freyt.)  Dans  Belot  l^i  est  un  char- 
bon ardent  pour  allumer  la  pipe.  Nous  pensons  que 
d'après  l'opinion  du  savant  Espagnol  il  faut  admettre  pour 
brasa  (de  Z^bassa)  l'intercalation  d'un  r,  fait  qui  n'a  rien 
d'extraordinaire  (  Cfr.  baldres  de    ^loiô  )   Pourtant    cette 


(1)  Aux  autorités  citées  par  Eguil.  ajoutez  Heury.  Marcel.  Bost.  et  Se- 
lim  Anhouri  (auteur  d'une  compilation  intitulée  ^'L|)l  ^Ua/»j  ^UIJ^Tol^ 
Beyrouth.  1878. -p.  66.). 


^^^^^  BROD  57 

létymologie  nous  inspire  peu  de  confiance.  Nous  préfé- 
Irons  chercher  à  braise  une  origine  Scandinave  ou  sans- 
icrite.  (V.  Jour.  Asiat.  Nov.  1853.  p.  538). 

Brodequin.  Esp.    et  cat  :   borcegui.   esp  :   borzegui. 
[ptg:  borceguin.  ital:  borzacchino.  Les  formes  espagnole, 
[  portugaise  et  italienne  indiquent  que  nous  avons  affaire  à 
un  adjectif  relatif,  à  ce  que  les  Arabes  appellent  ^* 
ÎMûller  avait  d'abord  proposé  ^jx  ,  nom  de  la  ville  de 
I  Brousse,  dont  l'adjectif  serait    tijLjj;  brôusâwî.  Dozy  a 
montré  que  ce  n'est  pas  dans  l'Asie  mineure  qu'il  faut 
aller  chercher;  l^Ujj;  étant  parfaitement    inconnu   aux 
:  auteurs  espagnols  ou   africains.  Le    savant   orientaliste 
[hollandais    propose    ensuite    avec    un    luxe    incroyable 
d'érudition  une  étymologie  que  M.  de  Eguilaz  traite  de 
«purement    fantastique»  (i)   Après    avoir    de  la    sorte 
déblayé  le  terrain  le  Professeur  de  Grenade  établit  son 
explication.  Borcegui  est  un  adjectif  dérivé  de  ^la*  Bag- 
dad, on  plutôt  d'une  des  nombreuses  formes  de  ce  nom 
propre  Baldac,  Baudac;  (2)  bas-lat.  baldequ'mus ,  baude- 

(1;  La  qualification  ne  paraîtra  peut-être  pas  trop  forte  à  ceux  qui  se 
donneront  la  peine  de  lire  l'article  de  M.  Dozy  (p.  242.) -M.  de  Eguilaz 
traite  avec  la  même  sévérité  Tétymologie  de  Scheler  (  qui  est  aussi  celle  de 
Diez  )  proposant  le  flamand  brooseken  dimin.  de  hroos  ;  parce  qu'elle  n'est  ap- 
puyée que  sur  une  hypothèse. 

(2)  Comp.  Baudac  avec  le  nom  propre  Boahdile  {^ii\j>^  y}^  qu'on  trouve 
écrit  aussi  Boaudile, 


58  BURN 


quinus;  vieux  franc,  boudequin  (i).  Le  P.  de  Alcala  cite 
heldraquiq  qu'il  traduit  par  cuir  fin;  l'espagnol  a  aussi 
baldes  et  baldres  avec  la  même  signification.  Or,  dans 
l'ancien  français,  brodequin  désignait  précisément  une 
sorte  de  cuir.  Voici  par  quelles  permutations  baldaqiy 
baldaquin^  baldequin  est  devenu  brodequin.  Le  fatha  s'est 
changé  en  damma  (2),  ce  qui  a  donné  boldequin;  le  1  est 
devenu  r;  (3)  et  moyennant  la  métathèsenous  avons  obte- 
nu la  forme  actuelle  brodequin.  Des  modifications  analo- 
gues conformes  au  génie  de  chaque  langue  ont  produit 
les  autres  mots  appartenant  aux  idiomes  ibériques. 

BulbuL  Transcript.  de  JÏ  bolbol^  nom  du  rossignol 
en  ^persan,  et  celui  du  chardonneret  en  arabe.  Le  ros~ 
signol  n'existe  pas  dans  le  Levant;  son  nom  arabe  est  jij* 
ou  ^-Up  (V.  Comment.  duMagânî  p.  430). 

Burnous.  Esp.  alborno^.  Val  :  albornoç.  Ptg  :  alber- 
noz.  Maj  :  albernus.  Cat:  albernuz.  Basq:  albernoza. — 
Au  siècle  dernier  on  disait  :  albornoz  et  albornos  ;  (4)  de 


(1)  Je  n'ai  pu  retrouver  ailleurs  cette  forme  citée  par  Eguilaz» 

(2)  Comp.  Tesp,  hoque  (de  ^i). 

(3)  Ces  deux  li(^uides  se  substituent  facilement  l'une  à  l'autre  :  épist/e 
devenu  épitre;  grousser  (de  crocire)  glonsser.Le  rossignol  s'appelait  jadis 
lossignol. 

(4)  Dans  le  Dernier  des  Ahencerrages  Chateaubriand  écrit  des 
«  albui'nos  ». 


BUSE  59 

^'x  bournous^  qui  signifie  proprement  bonnet  long,  sorte 
de  capuchon,  comme  dans  ces  passages  de  Mas'oudi: 

^c)' A  j^  cT*^.  *^'-^  <^^  '^^  ^^^^^  coiffé  d'un  burnous  de  soie 

écrue  haut  de  forme  »  (Prairies  d'or  VIII.  1 69)  et  ailleurs  : 

«jîlll)  J«^  ^X  '^'-^  Jcj coiffé  d'un  burnous  haut  de  forme, 

orné  de  bandes  et  de  grelots»  (i).  Il  s'est  dit  plus  tard 

> 
d'un  manteau  muni  d'un  capuchon.   Le  mot  ^^    paraît 

dans  un  vers  du  fameux  Mouhalhil  (Hamâsa.  420  )  : 

J^X  \^  té=^\  tlr^^-J       ^^^  Or-?  ^j^  ^^  ^^*-? 
«  Si  tu  le  veux,  tu  verras  un  visage  découvert  et  le  bras 

d'une  femme  en  pleurs  portant  un  bournous.  »  D'oii  il 
appert  que  ^x  ^^  P®"^  P^s  être  une  corruption  de  méri-' 
nos,  comme  un  plaisant  l'a  prétendu;  il  est  plus  probable 
qu'il  dérive  de  Biç^og  —  Les  Berbères  nomades  étaient 
appelés  ^^Lnii  ^\^\  parce  qu'ils  ne  quittaient  pas  le  ^x 
(  Ibn-Khaldoun  :  Hist.  des  Berb.  I.  1 06  ). 

Buse.  On  dérive  habituellement  ce  mot  du  lat.  buteo. 
Ne  serait-il  pas  plus  simple  de  voir  dans  buse  ou  busard^ 
comme  on  disait  encore,  une  altération  de  jl  bâ^  ou  îijl 
bâ;{tj  faucon  au  naturel  sauvage,  que  les  Arabes  em- 
ployaient pour  la  chasse  (2).  Le  mot  (Sj\  ne  paraît  pas 


(1  )  VIII.  284.  Trad.  de  M.  Barbier  de  Meynard. 

(2)   Synon.  Arab.  N"  608.  M.  Gasseliu  traduit  buse  par  ji,lj^ 


6o  CABA 


ancien  en  arabe  ;  et  la  plupart  des  espèces  de  cet  oiseau 
de  proie  sont  étrangères  aux  climats  tempérés. 


Caaba.  Temple  de  la  Mecque.  Transcription  de  ÇT 
ka'ba,  cubique,  à  cause  de  la  forme  du  bâtiment.  En  arabe 
Z^  ka'ba,  se  dit  de  tout  «bâtiment  de  forme  cubique; 
l^j^  Ly  C  *Ul  )  ô^  lil  »  [Foqh  al-logha.  p,  304). 

Caban.  Esp  :  gaban.  Ptg  :  gabâo,  gabbâo.  Basq  :  gaba- 
nâ.  Ital:  gabbano.  Manteau  de  feutre  à  manches  et  à 
capuchon  servant  contre  la  pluie  et  contre  le  soleil.  On 
disait  autrefois  gaban  (i).  Un  dem-caban  est  un  caban 
sans  manches.  D'après  Brachet  ce  mot  est  venu  au  16® 
siècle  de  l'espagnol  gaban.  Littré  indique  comme  étymo- 
logie  »Lp  ^abâ.  luabaesi  un  manteau  d'étoffe  grossière  le 
plus  souvent  sans  manches  (2),  Il  est  surtout  porté  par  les 

(1)  On  lit  dans  l'histoii*e  des  chérifs  :  «  On  fait  à  Mé]uin9Z  au  royaume 
de  Fez  des  albornoses,  qui  sont  les  Gabans  de  Turquie  »  C.  65.  ^  et  dans 
le  P.  Le  Moyne  : 

lia  ont  certes  raison  ces  courriers  lumineux 

De  prendre  leurs  gabans  et  leurs  manteaux  sur  eux. 

(2)  Outre  «Uc  on  a  encore  ««Çp  et  XjÇt .  De  ce  dernier  mot  vient  proba- 
blement cabaie^  longue  robe  dont  il  est  question  dans  le  Routier  des  côtes 
des  Indes  orientales. 


CABA  6i 

Bédouins  :  «  leur  aba  (i)  est  presque  toujours  de  baracan 
rayé  de  blanc  et  de  noir  ».  Dans  le  Levant  les  gens  de  la 
campagne  et  les  montagnards  le  portent  aussi.  L'arabe 
•Lp  a  été  aussi  transcrit  habe^  vêtement  des  Arabes  (Tré- 
voux ). —  M.  de  Eguilaz  n'accepte  pas  cette  étymologie, 
elle  peut  pourtant  se  justifier  :  9jiïn  en  espagnol  se  trans- 
crit souvent  pas  g  comme  dans  algarade  (  machine  de 
guerre)  de   S^l^l  (2).  L'adjonction  de  n  n'a  ici  rien  de 

plus  extraordinaire  que  dans  Tesp  :  cabacalans  de  ^«.^U 
SMJI  sâ\iib  as-salâ.  (  Eguilaz.  p.  351). 

Cabas.  Es/?  .*  capacha,  capacho,  capaza,  capazo.  Pt g  : 
cabaz.  Bas-lat:  cabacus,  cabacius,  cabassio. — La  lumière 
ne  semble  pas  encore  complète  sur  l'origine  de  ce  mot. 
Mais  en  attendant  mieux,  c'est  Tarabe  qui  fournit  les  ex- 
plications les  plus  plausibles.  Alix  propose  Zôa  qafa^ 
«  sporta  non  magna  sine  ansa  ex  foliis  palmae  contexta  » 
(Freyt.  );  seulement  ce  mot  ne  rend  pas  compte  des 
différentes  terminaisons  de  cabas  dans  les  langues  ro- 
manes. L'étymologie  de  M.  Defrémery  est  plus  satisfai- 

(  1  )  Dans  le  texte  des  Mémoires  de  d'Arvieiix  aha  est  écrit  avec  un  s  au 
sing.  J'ai  retranché  cette  lettre  qui  doit  être  mise  sur  le  compte  du  P.  J.  B. 
Labat,  Dominicain,  éditeur  des  ces  mémoires.  De  temps  en  temps  ce  Père 
admet  des  transcriptions  orientales  dont  il  ne  faut  pas  rendre  responsable 
le  Chevalier  fort  au  coui-ant  de  la  langue  arabe. 

(2)  Mot  écrit  i^j^lpar  M.  de  Eguilaz  ;  c'est  sans  doute  une  erreur  typo- 
graphique. 


62  CABL 

santé  sous  ce  rapport.  Ce  savant  dérive  cabas  de  ^5 
gafâs,  cage  et  aussi  panier  pour  transporter  le  blé  et 
absolument:  panier  (1).  Pour  le  changement  de  /  en  p 
en  espagnol,  on  a  déjà  alpico^,  concombre,  à  côté  de 
alfico^j  concombre  venant  de  ^j^jaâ!!  al-faqqoâs» 

Câble.  Esp  :  cable,  Ptg  :  cabre.  Vieux  franc,  chable.  Diez 
pense  que  capulum  ou  caplwn  se  trouvant  dans  Isidore  de 
Séville  (  7®  siècle  )  au  sens  de  corde,  exclut  Tétymologie 
arabe.  Câble  n'apparaît  pourtant  en  français  qu'au  12® 
siècle.  Nous  croyons  que  l'arabe  peut  encore  prétendre  à 
la  paternité  du  mot.  J^C.  ha^/^  signifie  corde,  câble  (2). 
Ce  mot  aura  passé  en  français  avec  plusieurs  autres  ter- 
mes de  marine  empruntés  aux  Arabes.  H  y  a  plus;  il 
n'est  pas  impossible  que  câble  ne  soit  qu'une  simple 
transcription  d'un  autre  mot  arabe  ^-S^  kabl,  lien  solide, 
câble  (3).  C'est  le  nom  d'action  de  ^f^kabal,  compedibus 
constrinxit  (Freyt). 

(1)  V.  Glossaire  sur  le  Bayan  Al-Moghrib  par  Dozy  p.  40. 

(2)  j^  est  un  terme  employé  couramment  par  les  auteui'S  arabes  qui 
parlent  de  navigation  dans  le  sens  de  cable. 

(3)  Fârèa  Chidiac  fait  le  même  rapprochement  dans  le  JuUI>*.  Pour 
rendi'e  câble  (  de  navire  )  l'arabe  a  encore  j;^  qui  signifie  aussi  chameau. 

Le  grec  dit  aussi  ^attiXo^»  dans  le   même   sens.   a^dmXog  de   to  navv 

axniiov^^  dit  Suidas.  Le  mot  appartient  à  la  langue  alexandrino-byzantine» 


CADI  65 

Ce  vers  de  Houdaïl  fils  de  Houbaira  est  ainsi  traduit 
par  Freytag  :  «  Et  post  Chalidum  Djandalum  non  desidero 
noctu  advenienti  aut  captivo  vincto  »  (Hamâsa,  459).  Et  le 
commentateur  arabe  ajoute  :j^J\)  Jiolj  jCI*  Js^ 

Les  historiens  des  croisades  parlent  de  certaines  ma- 
chines de  guerre  des  Arabes  appelées  Châbles;  elles 
étaient  mues  par  des  ressorts  et  des  cordes  bridées  (1). 
Je  ne  doute  pas  que  cette  dénomination  ne  soit  empruntée 
à  l'arabe  jS- .  Or  l'identité  d'origine  de  cable  et  de 
châble  est  admise  aujourd'hui. 

Càdi.  Esp,  ptg  :  cadi, — Pluriel  cat al  :  cadisos.  Plar,  cat, 
et  pal:  cadins.  Transcription  de  ^^  qâài  ou  plutôt  de 
J^G  ,  comme  tous  les  participes  présents  de  cette  classe 
de  verbes  employés  sans  l'article.  Mais  c'est  là  une  par- 
ticularité dont  le  langage  populaire  ne  tient  pas  compte. 
Le  mot  ^15 est  prononcé  qâ^t  ou  câ^î  par  les  Turcs;  de 
là  le  nom  de  ca^â  ►Ua^  donné  aux  ressorts  de  justice. 


Cela  rappelle  le  fameux  texte  de  l'Evangile  :  Facilius  est  camelum  per 
foramen  acus  transire  etc..  en  arabe  (Trad.  S.  J.  Beyrouth)  ..^l  J^^-V  éj\ 
ïjkVI  sJkj  J  J^)  ji,jj  (Mat.  19-24) où  j:;^  a  le  sens  très  naturel  de  câble. 
Le  Coran  a  un  texte  assez  approchant  où  j^»  peut  avoir  cette  même  signi- 
fication de  cable.  (  Sourate  Vil.  38.  )  ù>_ii-Jo  Vj  Ji»Ç>JI  '_^  j  'J4iJI  hM  li** 
îot)l.  Les  interprètes  expliquent  aussi  le  j;.f  de  ce  passage  par  chameau. 
V.  S  y  non.  Arabes.  N°  1043. 

(1)  Rey.  Colonies  Franques  en  Syrie,  p.  38.  On  sait  qu'au  dernier  siècle 
le  mot  câble  était  encore  prononcé  châble  par  le  peuple. 


64  CAFA 

Cadie.  Arbrisseau  qui  croit  naturellement  en  Arabie 
(V.  Dict.  Déterv.  );  de  ^  qaàî  même  sens.  Ce  nom 
arabe  lui  a  été  imposé  par  Forskal.  Il  ne  faut  pas  le  con- 
fondre avec  le  (iSlS^Aad/,  arbre  originaire  de  l'Inde  et  de 
la  Chine  décrit  par  Mas'oûdî.  II.  202. 

Cadilesker.  Grand  juge  turc  ou  chef  de  la  magistra- 
ture; de  ^CJi\  ^^  qâdî  al-^askar^  juge  de  l'armée,  juge 
principal.  (V.  Mille  et  une  Nuits,  pass).  Il  y  en  a  deux  : 
«  les  Cadileskers  de  Romélie  et  de  Natolie,  c'est-à-dire 
les  grands  juges  d'Europe  et  d'Asie»  (D'Arvieux.  v.  5  36). 
Tous  deux  résident  à  Constantinople  et  siègent  après  le 
Cheikh  ul-Islam  (Jour.  Asiat.  Juin  1854  p.  502).  «  C'est 
un  des  deux  cadilesquers^  dit  encore  le  chev.  d'Arvieux, 
qui  nomme  tous  les  cadis  de  l'empire  chacun  dans  son 
ressort  »  (  VI.  446  ).  Le  célèbre  Chehab  ed-din  al-Khafâgî 
était  \j^\  ^LJi  ^Is  cadilesker  ou  grand  juge  d'Egypte. 
Comparez  cadilesker  avec  jcU  ^^  qâdî  al-gond^  juge 
des  troupes,  titre  donné  au  juge  suprême  en  Espagne. 
(  Dozy.  Supplém.) 

Cafard  (i).  Il  paraît  assez  naturel  de  rattacher  ce  mot 
à  la  racine  arabe  yS^ kafar,  être  infidèle;  car  l'étymo- 
logie  latine  de  caphardum  n'est  pas  sérieuse.  Mais  quelle 

(1)  On  écrivait  aussi  cap/^ar. 


CAFÉ  65 

est  la  forme  de  yi^  qui  a  donné  naissance  à  Cafard? 
Probablement  un  des  pluriels  de  ji^kâfir^  mécréant  (i), 
comme  Jia^koiiffâr,  jli-T^  klfâr^  %  j^ kafara.  Ce  ne  serait 
pas  la  première  fois  qu'un  mot  français  dériverait  directe- 
ment d'un  plur.  arabe;  nous  urons  occasion  de  le  remar- 
quer. Quoiqu'il  en  soit,  Bocthor  traduit  hardiment  cafard 
par  y^i^(2).  C'est  aller  un  peu  vite.  Les  auteurs  arabes 
font  remarquer  que  celui,  qui  ne  croit  pas,  est^j^lf";  quant 
à  celui  qui  montre  des  sentiments  religieux  qu'il  n'a  pas, 
ils  l'appellent  jjL^  mounâfiq  (V.  Synom.  arabes,  n^  1083  ). 
Je  ne  sache  pas  non  plus  que  j>^  soit  employé  par  le 
peuple  dans  le  sens  de  cafard. 

Café,  de  l^^  qahwa  (3),  prononcé  par  les  Turcs  kahvé^ 
qui  chez  les  arabes  désigne  la  liqueur  plutôt  que  le  fruit. 
Cette  signification  est  relativement  moderne.  Le  sens 
primitif  du  mot  est  vin,  liqueur  (4).  Le  vin  appelé  qahwa, 
dit  al-Kisâi,  est  celui  qui  enlève  l'appétit  :  ^jilî  ^1  ^  lyfi\ 
4^UL  l^,,^J^^\  l^^U  .  Niebuhr  (Descript.  de  l'Arabie, 

(1)  D'où  vient  l'esp.  et  le  ptg.  cafre,  dur,  crnel. 

(2)  M.  GiS3elia  en  fait  autant  (  Dict.  franç.-arabe  ). 

(3)  «  Le  Cahué  ou  Cn/fé  comme  nous  prononçons  »  (  D'Arvieux  V.  275.  ). 

(4)  «Le  sans  primitif  du  mot,  dit  M.  Devic,  parait  être  vin.»  Cela  est 
hors  de  doute,  comme  on  peut  s'en  convaincre  par  une  infinité  de  passages 
d'anciens  poètes.  V.  notre  Synonymie,  le  ^UoVI  v-jlxTp.  149.  éôit.  Ilouts- 
ma.  et  le  Kitdb  al-Aghânî.  (  V.  174,  VL  45  etc..  ).' 

5 


66  CAFT 

I.  79)  rapporte  que  dans  le  Yémen  le  café  (boisson)  est 
appelé  Bânn.  Il  y  a  là  probablement  une  confusion.  Car 
0:  l^oun  chez  les  arabes  n'a  jamais  désigné  que  la  fève  (i). 
C'est  ce  mot  qui  a  dû  donner  naissance  au  Néerlandais 
boofiy  kafjîeboon. 

Le  café  a  été  employé  assez  tard  en  Europe.  Rauwolff 
en  a  parlé  (  1583  )  dans  la  relation  de  son  voyage  en 
Orient.  Ce  fut  à  Venise  qu'on  prit  du  café  pour  la  pre- 
mière fois  en  161 5.  Il  fut  apporté  directement  de  l'Orient 
à  Paris  par  le  voyageur  Thévenot  en  1667.  Aussi  le 
P.  Besson  pouvait-il  écrire  «que  le  café  est  une  eau 
noire  et  bouillante,  plus  saine  qu'agréable,  inconnue  en 
France,  où  elle  passerait  pour  une  boisson  de  lutins  ». 
(  Terre  Sainte  et  Sfr  /^  p.  43  6).  Le  P.  Nau  se  croit  de  mê- 
me obligé  de  la  décrire  à  deux  reprises  (p.  526  et  557). 

Caftan  ou  Cafetan.  «  Le  cafetan  est  une  espèce  de 
surtout  de  drap  ou  de  soye  qu'on  met  sur  les  épaules  des 
personnes  que  l'on  veut  honorer  ».  (De  la  Roque.  Voyage 
de  Syrie  p.  15).  Esp.  et  Ptg  :  cafetan;  de  l'arabe  Jca^ 
khaftân^  vêtement  décrit  par  Dozy  (  Vêtem.  arab.  1 62  ).  Je 


(1)  «Lorsque  cette  fève  qui  en  arabe  se  nomme  jB /en  ( sic)  est  rôtie, 
broyée  et  réduite  en  boisson,  cette  liqueur  se  nomme  Ca/ioué,  mot  qui  se 
prononce  en  aspirant  fortement  l'ii.  »  Descript.  de  l'Egypte  par  M.  de  Mail- 
let. II.  15. 


CAIM  67 


serais  assez  embarrassé  pour  établir  l'âge  exact  de  ce 
mot  (i).  Mas'oûdî  l'emploie  couramment  dans  les  Prairies 
d'or  (VIII.  52  etc).  Je  ne  vois  donc  pas  la  nécessité  de 
recourir  au  turc  Otâ* ,  qaftân^  vêtement  d'honneur.  L'a- 
rabe moderne  a  d'ailleurs  la  forme  Jia^  qaftân  (  Mille 
et  une  Nuits,  pass.).  Au  lieu  de  oiaTi  qu'on  trouve  dans 
l'édition  d'Ibn  Batôuta  (2),  il  est  plus  que  probable  qu'il 
faut  lire  Jia^'i  fouchiân  leçon  de  tous  les  manuscrits,  et 
qui  s'accorde  mieux  avec  le  contexte. 

Caîmacan  ou  Caîmacam.  Fonctionnaire  en  Turquie  ;  de 
Xu*  ^\»  qâiin  maqâin,  que  notre  moi  lieutenant  traduit  fort 
bien.  La  réunion  de  ces  deux  expressions  arabes  en  une 
sorte  de  mot  composé  est  du  fait  des  Turcs  qui  écrivent 
^\ji\»  qâïmaqâm,  (3)  «Il  faudrait  écrire  caîmmacam  selon 
l'étymologie  »  (Trévoux). 

(1)  Bostani,  je  ne  sais  trop  d'après  quelle  autorité,  donne  à  ce  mot  une 
origine  persane.  Eguilaz  écrit  ùllai»-'  forme  qui  m'est  inconnue.  Le  savant 
étymologiste  espagnol  n'est  peut-être  pas  assez  sévère  pour  l'orthographe 
arabe.  Ainsi  à  l'article  Cufica,  il  dérive  ce  mot  de  «'Jô  venant  de  ôjT». 
Même  remarque  pour  «  azarca  de  iT^j  fera,  de  Jjjl»  (p.  320  )  cabacalans 
de  ^La'l  tjl»s-d  (p.  351)  pour  ^>U9  ou  5>L<a5l  cjUol.  A  l'article  Arca/?^  il  y  a  une 
distraction  autrement  grave  Ce  mot  serait  «metatesis  de  la  diction  ar. 
>bjl  ->  4^6  s^  encuentra  en  Marcel  »  (  p.  273  ).  Mais  il  est  facile  de  voir  que 
arcam  est  une  simple  transcription  de  ^j\  arqam,  serpent  très  dangereux. 
(  Freytag  )  défini  dans  F oqJi-al-lougha.  (p.  163)  «  j»Ujj  SIj—  k^  t^JDI». 
Voir  aussi  Prairies  d'or.  T.  V.  49.  485.  486. 

(2)  Edit.  Defrémery.  I.  351. 

(3)  On  trouve  aussi  ^UL^:3  qayemaqâm. 


68  CALF 

Cakile  et  Caquilier.  Le  cakile  maritime  se  trouve  en 
abondance  sur  le  littoral  Ouest  et  Sud  de  la  France, 
particulièrement  aux  environs  de  Boulogne-sur-Mer. 
C'est  la  transcription  presque  exacte  de  ^15  ,  qâqollâ^ 
plante  alcaline  longuement  décrite  par  Ibn  el-Beithar. 
Devic  pense  que  c'est  la  même  plante  nommée  ^O^lî 
par  Avicenne  (  Edit.  de  Rome.  p.  249  ).  C'est  une  erreur  : 
la  dernière  est  une  plante  odoriférante  du  Yémen  et  des  In- 
des, qui  a,  comme  le  Cakile,  des  propriétés  stomachiques. 

Calam.  Transcription  de  Ji  qalam^  roseau  à  écrire  ; 
mot  qui,  comme  les  autres  termes,  ayant  trait  à  l'écriture 
n'est  pas  d'origine  arabe  et  représente  le  grec  Y-àhmo^ 
(  V.  S.  Fraenkel,  Aram.  Fremdw.  246  ). 

Calebasse.  Esp  :  calabaza.  Ptg  :  cabaza.  Sicilien  :  cara- 
vazza;  de  Z'jqirba,  outre  pour  l'eau.  Le  1  médial  est 
devenu  r.  (Sur  ce  changement  Cfr.  Engelm.  XXVIII.  et 
Eguil.  XX.  et  plus  haut  Brodequin,  p.  57  ). 

Calfater.  Esp\  calafatear,  calafetar.  Ptg:  calafetar. 
Ital:  calafatare.  Grec  mod  :  ^alctcfaisiv.  Voilà  bien  une 
des  étymologies  les  plus  désespérantes  qu'il  soit  possible 
de  rencontrer.  Engelmann  et  Dozy  ne  veulent  en  aucune 
façon  admettre  ici  une  origine  orientale  (i).  Ils  ont  re- 

(1)  M.  de  Eguilaz  est  sans  doute  de  leur  avis  puisque  calafatear  etc.  ne 
figurent  pas  dans  son  Glossaire. 


CALF  69 

cours  a  de  vieilles  formes  françaises  calfaiter^  calfader^ 
calfeder,  calefeder ,  qui  sont  pour  le  moins  suspectes 
(si  tant  est  qu'elles  existent),  afin  d'établir  que  le  mot  en 
question  dérive  de  calefacere  ou  calefedare.  Pour  appuyer 
cette  dérivation,  Engelmann,  à  la  suite  de  Jal,  suppose  que 
«  calfater  fut  d'abord  chauffer  le  navire  ;  le  chauffeur-  fut 
en  même  temps  un  ouvrier  habile  à  réparer  le  bâtiment». 
Malheureusement  calfater,  c'est  remplir  d'étoupes  et  de 
fibres  végétales  les  insterstices  des  planches,  exactement 
comme  l'arabe  ^15  qalafa^  ferruminavit  et  fibris  palmse 
vel  musci  stipavit  navim  (Freyt).  Il  y  a  là,  croyons-nous, 
plus  qu'une  simple  ressemblance  de  sens  et  de  son.  En 
tout  cas  J^  ne  dérive  pas  des  langues  européennes. 
Bocthor  a  luis  qalfat^  mot  très-moderne ,  que  Bostani 
donne  comme  une  corruption  de  JaîL.  galfat  II  y  a  cepen- 
dant contre  notre  dérivation  une  objection  fort  sérieuse  : 
c'est  l'existence  de  cette  dernière  forme  JaiU  .  Les  Ara- 
bes eux-mêmes  la  signalent  comme  d'origine  étrangère. 
Une  lettre  du  Calife  'Omar  citée  par  le Mu'arrabii) donne 
JaiU  et  JpliU  gilfài.  Algawâlîqî  ajoute  que  ces  mots  ne 


(  1  )  Édit.  Sachau.  49  et  50.  J»uu  est  ainsi  défini  dans  ce  passage  :  «  ^sJi\j> 
l49»Laij  <;ui-JI  ^\^\  jLij,  c'est  celui  qui  réunit  les  planches  du  navire  et  les 
répare.  » 


70  CALI 

sont  pas  arabes.  (J,^  j\p  USS'\  ôjIa  J^Ij  .  Ibn  Doraïd 
(né  en  839)  donne  J^U:U  gilinfâx  comme  le  terme  em- 
ployé en  Syrie  pour  designer  le  calfat.  ^Ul  J^.  t^ill  y^j  1 
C^jîlj  43LIII  ^)S  ^\  ù}j  d'^^J  '  L'existence  de  toutes  1 
ces  formes  montre  beaucoup  d'incertitude  dans  le  terme 
arabe  et  trahit  évidemment  une  origine  étrangère.  De  plus 
wflfe  ou  Jî  qallafne  renferment  pas  de  t  et  auraient  dû 
donner  calafer  selon  la  remarque  de  M.  Siegm.  Frœn- 
kel  (i).  Ou  bien  l'introduction  du  t  est-elle  la  suite  d'une 
confusion  faite  entre  ^iS  et  JaÂU..  On  le  voit,  l'origine 
de  calfater  est  loin  d'être  claire. 

Calibre,  de  ^^15  ,  qâlab,  qâllb^  moule  où  l'on  verse 
les  métaux,  forme  d'un  soulier,  ceintre  servant  à  former 
une  voûte.  Le  sens  de  moule,  calibre,  apparaît  nettement 
dans  ce  vers  d'AboûrAtâhiya,  cité  par  le  Kitâb  al-Aghâ- 

nî  (III.  163).  -ub  j;  <i  i>^i  j5     ^«ir^ui  Ol^J>- 

«  Comme  si  les  hommes  avaient  tous  été  coulés  dans  le 
même  moule  ».  On  voit  que  les  significations  de  qâlib 
conviennent  assez  au  sens  de  calibre,  quoique  Dozy  ait 
soutenu  le  contraire  (2).  Le  mot  calibre  est  aussi  employé 


(1)  Aram.  Frendw.  230. 

(2)  Voir  l'intéressant  article  de  M.  Devic  qui  répond  à  l'objection  tirée 
de  Vaccent.  M.  Gasselin  n'hésite  pas  à  traduire  calibre  par  ^\3 


CALO  71 

par  les  Espagnols  qui  ont  encore  la  forme  calibo»  Pour 
l'insertion  de  r,  comp.  l'esp.  adufre  de   ^oll 

Le  mot  Jl5  n'est  pas  arabe;  il  dérive  du  grec  Y.al6' 
nov4  ou  7iaX)7z6di()f ,  forme  en  bois  pour  les  chaussures  ; 
c'est  ce  qui  explique  la  forme  ^  U  qâlab^  assez  étrange 
en  arabe,  mais  que  les  Arabes  eux-mêmes  déclarent  pré- 
férable à  ^  l?  qâllb.  Cette  dernière  accentuation  paraît 
surtout  avoir  été  employée  par  le  peuple,  comme  l'indi- 
que la  forme  espagnole  :  gallbo.  En  Syrie  on  prononce  qâ- 
llb.  L'ancien  français  galbe  et  garbe^  qui  ont  à  peu  près  la 
même  signification  que  calibre,  se  rattachent  aussi  à 
qâlib^  et  aident  à  faire  comprendre  la  formation  de  calibre. 
Sur  garbe  V.  Did.  de  Trévoux. 

Calotte.  Origine  inconnue,  dit  Brachet.  L'arabe  a  le 
mot  Z^ kallouta  o\x  kallaûta  (comme  prononce  Dozy), 
qui  signifie  précisément  calotte  (i).  Mais  ojlS^n'est  guère 
connu  avant  Maqrîsî.  Il  y  a  bien  encore  'L.jH  qalloûsa, 
forme  vulgaire  de  ly^'Si  qalansoua.  Ce  dernier  mot  est 
très  ancien,  mais  il  désigne  un  bonnet  haut  de  forme. 
(  V.  Aghânî  et  Mas'oûdî.  pass*  )  (2).  A  moins  qu'on  ne  voie 

(1)  Qnatremère.  Sultans  Mainel.  II.  2""»  part.  p.  70  et  Dozy.  Vètem, 
et  Siippl.  s.  V. 

(2)  Do/y  (Vètem.)  en  avait  d'abord  fait  une  calotte;  il  s'est  rétracté 
depuis.  L'ypithête  la  plus  habituelle  de  ô^y-JiS  est  Jj^. 


72  CAMP 


dans  calotte  le  diminutif  ^vi*  ^ow/ai:5'a,ÎJ^ n'est  cer- 
tainement pas  d'origine  arabe;  S^^iiî  dérive  probable- 
ment du  latin  calautlca  (i).  Des  le  treizième  siècle,  on 
trouve  calota.  Les  mots  arabes  cités  plus  haut  auraient-ils 
eu  quelque  influence  sur  le  mot  calotte?  Nous  laissons 
à  de  plus  érudits  la  tâche  d'élucider  ce  problème  étymo- 
logique. 

Camard  et  Camus.  Origine  inconnue,  dit  Brachet; 
origine  incertaine,  dit  Littré.  En  arabe  Jt^  aqina"  signi- 
fie :  slmus,  depressus  nasus  (  Freyt.  ).  Que  le  ç-  final  ait  été 
rendu  ici  par  r,  c'est  ce  qui  me  paraît  assez  vraisembla- 
ble. La  lettre  arabe,  impossible  à  rendre  dans  les  langues 
européennes,  a  certains  points  de  contact  avec  la  liquide, 
surtout  quand  cette  dernière  est  grasseyée. 

Camphre.  Esp  :  alcanfor.  Esp.  et  Pig:  alcamphor. 
Ital:  canfora;  de  jy>^  kdfoâr,  même  signification.  On 
trouve  aussi  jyl5  qdfoûretjyiqafoûr.  D'où  l'auteur  du 
Mu'arrab  conclut  avec  raison  que  le  mot  n'est  pas  d'ori- 
gine (2)  arabe,  (p.  129).  Le  français  a  perdu  To  (resté 


(1)  Qu'on  a  lu  calantiea,  leçon  préférable,  si  la  dérivation  arabe  est 
fondée.  Il  serait  piquant  de  voir  l'arabe  servant  à  fixer  un  mot  latin, 

(2)  Dans  una  thèse  sérieuse  d'ailleurs,  on  n'est  pas  peu  surpris  de  lire: 
«j^lTe  Lat.  camphora  ortum  est»  (De  Vocabulis  in  antiquis  Arabum  Car- 
minibus  et  in  Corano  pei-egrinis  -  S.  Frœnkel.  p.  1  i  ). 


CANC  73 


dans  les  autres  langues  romanes)  conformément  à  la  règle 
de  l'accent  latin.  Comp.  ancre  de  ancora. 

Cancan.  Je  ne  puis  m'empêcher  de  rapprocher  ce 
mot  dans  le  sens  de  bavardages^  malins  propos  de  l'ex- 
pression arabe  J6^j  ù^  ,  kdn  wa  kân^  ou  tout  simplement 
J^J^  kân  kan  (i).  Cette  répétition  du  verbe  kdn,  il  était, 
vient  au  commencement  de  toutes  les  historiettes  arabes, 
et  est  employée  pour  signifier  des  bavardages,  des  racon- 
tars, des  cancans  enfin.  C'est  ce  qu'atteste  Al-Khafâgî  : 

.i\l  il  IV-  4)1^^.5^  cS^  i)  u  l^  ci'-*'*^  '  ^^^  ^^  ^^^  ^^^ 
une  expression  moderne  employée  pour  désigner  des 
propos  futiles,  de  même  que  haït  wa  kaït  désigne  des 
affaires  d'importance»  (2).  Cette  même  expression  û^  J^ 
est  signalée  par  Zamakhcharî  avec  le  même  sens  dans 
son  Commentaire  sur  la  sourate  des  Grecs  (  ^jj^  Sj^-  ). 
Elle  était  aussi  en  usage  pour  désigner  des  contes  rimes, 
débutant  habituellement  par  0^(V.  Freyt.  Dozy.  Sup- 
léin.  Mille  et  une  nuits.  I.  182,  édit.  Habicht).  Voici  ce 
qu'en  dit  Ibn  Khaldoûn  :  u  Le  Û^J  J^  se  compose  de 
quatre  chair  (  lignes,  hémistiches  )  ayant   tous  la  même 


(1)  V.  Heupy  s.  v.  Cancan. 

(2)  V.  j^l  -ui  194. 


74  CAPH 

rime,  mais  étant  de  mesures  différentes;  le  premier  chair 
de  chaque  vers  est  plus  long  que  le  second.  La  lettre  qui 
forme  la  rime  doit-être  précédée  d'une  des  lettres  faibles 
^,  y   (S  {Proleg.  III.  45  2.  Tr.  Reinaud  ). 

Candi.  Esp.  et  Ptg  :  cande,  candi.  Cat.  et  Plg  :  cadde, 
candil.  Ital:  candito;  de  Vadjecûr  ^Xiiqandî^  formé  sur 
JÎi  qand,  canne  à  sucre,  mot  d'origine  persane,  dit  Al- 
gawâlîqî ,  connu  des  anciens  Arabes  (Mu'arrab  119) 
:  IjilS*  c^yi  'cL^zJ  j^j  ^\  y^W  (i  «U  J3J  ^y.  ^jlj  (jLull)  » 

^^   -k.A^J    ^jZâA   Ji>y^ 

Caphar  ou  CafFar  (i)  «  Les  Caphars  sont  de  certains 
droits  que  les  voyageurs  sont  obligés  de  payer  à  plusieurs 
passages,  oii  il  y  a  des  officiers  pour  les  recevoir.  Ces 
droits  étaient  autrefois  recueillis  par  des  chrétiens,  pour 
l'entretien  des  grands  chemins,  aussi  bien  que  pour  em- 
pêcher les  courses  des  Arabes.  Les  Turcs  ont  continué 
depuis  cette  collecte  avantageuse.  »  (Vo/age  d'Alep  à 
Jérusal.  par  H.  Maundrell.  p.  6.  Utrecht.  1705  ).  Caphar 
représente  l'arabe  Zj\a^  khafâra^  protection.  Il  faut  ratta- 
cher à  la  même  étymologie  le  Caphar  dont  parle  Bruce 


(1)  Le  chev.  d'Arvieux  écrit  toujours  Caffar.  «Le  CafFar  ou  péage  pour 
le  passage  n  U.  15,  «le  catfar  ou  droit  de  passage».  Ibid.  18.  Littré  a  don- 
né de  Caphar  une  définition  inexacte,  ou  plutôt  il  n'a  fait  que  reproduire  la 
définition  du  Diction,  de  Trévoux. 


CAR  A  75 


et  qui  est  d'après  lui  un  poste  d'hommes  percevant  une 
contribution  pour  l'entretien  et  la  sûreté  des  chemins  (i). 
Sur  SjU^  ou  peut  lire  une  note  intéressante  de  Quatre- 
mère,  Sultans  Mamelouks .  I.  i®^®  part.  p.  208. 

Caracole  (2).  Mouvement  en  rond,  ou  en  demi-rond; 
qu'on  fait  faire  à  un  cheval  (Acad.  ).  Esp  :  caracol.  Littré 
y  voit  l'arabe  ^ ^karkar,  revenir  sur  ses  pas,  recom- 
mencer à  plusieurs  reprises  ;  r  final  serait  devenu  1. 
Je  ne  saurais  y  contredire. 

Carafe.  Esp  :  et  Plg  :  garrafa.  liai  :  caraffa.  M.  Dozy 
ne  doute  pas  que  le  mot  vienne  de  la  racine  ^"^ê  garafa, 
puiser.  Mais  quand  il  s'agit  de  déterminer  la  forme  arabe, 
qui  a  donné  naissance  à  l'esp.  garrafa^  l'illustre  orienta- 
liste n'a  plus  guère  que  des  conjectures  et  des  analo- 
gies (3).  Lerchundi  a  J!>\ j>  gharràf^  petit  vase;  il  y  a 
encore  ^j^  cruche.  Mais  il  faudrait  trouver  une  forme 
^1^  ou  au  moins  J»\  f-  ayant  le  sens  de  notre  mot 
caraffe. 

M.  de  Eguilaz  abandonnant  franchement  la  racine  ^^ 

propose  Xi\^')  ^  parafa ^  dont  le  plur.  seul    CJs\y)  parafât ,, 

(1)  Voyage  en  Nubie.  Traduct.  frapç.  T.  I.  Introduct.  LXIJ. 

(2)  On  écrit  aussi  caracol  :  «  Les  Thessaliens,  faisant  promptement  le 
caracol,  revinrent  à  la  charge».  Vaugelas. 

(3)  V.  Gloss.  p.  274. 


76  CARA 

se  trouve  dans  les  dictionnaires  classiques  avec  le  sens  de 
seau  de  noria  servant  à  l'arrosage  des  jardins.  La  trans- 
cription du  zaîn  par  g  ne  fait  pas  grande  difficulté  en 
espagnol.  Mais  parafa  s'adapterait  mal  à  l'ital.  caraffa, 
et  à  notre  mot  carafe. 

Caramel.  On  trouve  aussi  caramelle.  D'après  Littré  ce 
mot  viendrait  de  l'arabe  kora^  boule  et  mochalla,  chose 
douce.  En  effet  SjS^,  korra^  veut  dire  boule  dans  la 
langue  usuelle.  Pour  mochalla  je  ne  vois  trop  à  quelle 
forme  de  >U  \ialâ,  être  doux;  il  peut  s'appliquer.  Cette 
étymologie  ne  semble  rien  moins  que  sûre. 

Caramoussal.  Esp  :  caramuzal.  cat  :  caramussal.  Le 
supplément  au  Dictionnaire  de  l'Académie  (1786  )  écrit  ca- 
ramoussats^  dont  il  fait  un  substantif  masc.  plur.  D'autres 
écrivent  caramoussat.  «  Le  caramoussal  est  un  vaisseau 
de  Turquie,  qui  a  une  poupe  fort  élevée.  Il  porte  seule- 
ment un  beaupré,  un  petit  artimon,  et  un  grand  mât  avec 
son  hunier,  qui  est  extrêmement  haut;  il  n'a  ni  misaine,  ni 
perroquet,  sinon  un  petit  tourmentin  ».  (  Trévoux  ).  Cara- 
moussal paraît  une  corruption  de  ^j\»  qâreb,  barque,  et  de 
^ — •  ,  mousatiah,  ponté.  (V.  plus  loin  Mistique). 

Caraque.  Un  des  plus  grands  vaisseaux  ;  il  servait  à  la 
guerre  et  au  commerce.  Esp  :  carraca,  caracoa,  coracoa. 


CARA  -jj 

Pig :  caracora,  corocora.  Ital:  caracca  (i);  de  j^  J 
qorqoûr^  grand  vaisseau  marchand,  ou  plutôt  de  son  plu- 
riel j^\J  qarâqlr.  Ce  mot  était  employé  par  les  arabes 
du  désert  (2).  Il  paraît  dans  les  vers  de  Nâbigha:  19,  et  de 
Ar-Râg-ez  etc.  Voir  aussi  Aghânî  XX  24.  Il,  61  (édit. 
Salhani);  Hamâsa  726.  Il  n'est  pas  pourtant  d'origine 
arabe;  on  s'accorde  à  le  dériver  de  aaamvQog,  en  lat,  cer- 
curus.  Mais  il  n'est  nullement  nécessaire  de  chercher  son 
origine  dans  la  langue  malaise  (3). 

Caratch  ou  Kharadj.  Capitation  que  payent  au  Grand- 
Seigneur  les  sujets  non-musulmans  (Litt.);  de  Tiif  kharâg, 
impôt  foncier,  et  non  capitation  comme  on  trouve  par- 
tout (4).  «■  Les  Chrétiens  payent  le  carach  c'est-à-dire 
une  capitation  de  6  piastres  par   tête,    depuis  l'âge  de 


(1)  Tous  ces  mots,  comme  l'a  observé  M.  Devic,  sont  anciens  dans  nos 
langues,  du  XIV®  siècle  au  moins.  L'espagnol  carraca  est  encore  plus  an- 
cien. Car  on  le  trouve  déjà  dans  la  Cronica  gênerai.  M.  de  Eguilaz  le  déri- 
ve de  ï3l^>.  auquel  il  ne  donne  que  le  sens  de  brûlot.  î31^  a  encore  le  sens 
(h  b  irque.  (Voir  Ibn  Batouta.  II  116  Mas^oiuli.  VI.  477,  78  et  pass.  Mille 
et  une  nuits  (  éd.  Salhani  p'(55.  )  et  le  Gloss.  de  Dozy  s.  v.  faluca, 

(2)  Mu^arrab.  123. 

(3)  Cornue  le  voudrait  M.  Devic.  Je  crois  pourtant  que  le  savant  étymo- 
logiste  a  raison  quand  il  affirme  que  les  formes  portugaises  coracora,  cora- 
cara,  ainsi  que  le  finançais  coracore,vaisseau  des  Philippi  es.  viennent  direc- 
tement du  malais  {j/y)  kora/côra,  grande  embarcation  en  usage  par- 
mi les  liabitants  de  l'archipel  indien. 

(4)  V.  S  y  non.  arabes.  n°^  300  et  921.  En  Egypte  les  terres  kliaradjis 
sont  des  terres  grevées  d'impositions  plus  fortes  que  les  terres  ouchouris. 
V.  Répertoire  de  législai.  égyptienne^  par  Ph.  Gelât. 


yS  CARQ 

puberté;  et  demi-piastre  de  plus  pour  le  Receveur  et 
Collecteur  »  Mémoires  de  d'Arvieux  VI.  339.  On  trouve 
aussi  Carache  et  Carag, 

Caroube  ou  Carouge.  (i).  Esp  :  garroba  ,  garrubia, 
algarroba.  Val:  algorfa,  garrofa.  Ptg:  alfarroba.  Ital: 
carruba.  «  Le  Caroubier  ou  caroulier,  dit  d^'Arvieux  (  II. 
250)  est  un  arbre  de  médiocre  grandeur  qui  pousse  une 
quantité  de  branches  et  de  rameaux  qui  s'étendent  beau- 
coup et  font  un  bel  ombrage»;  de  î^j^  kharrouba  ou 
^^yT  khornoub^  même  sens  ;  cette  dernière  forme  est 
préférée  par  Ibn-el  Beithar.  De  Zjj-  vient  carrobe,  com- 
me on  disait  autrefois.  En  Languedoc  on  dit  encore 
carroube.  On  appelait  carrobes  «  certaines  fèves  qui  vien- 
nent en  abondance  dans  l'isle  de  Chypre;  la  plupart  des 
habitants  s'en  nourrissent»  (Trévoux).  Ces  fèves  sont  des 
caroubes  que  Chypre  produit  encore  en  quantité. 

Carquois.  Après  les  savants  articles  de  Defrémery, 
Dozy,  etc.  il  est  prouvé  aujourd'hui  que  ce  mot  dérive  de 
Tarabe,  qui  vient  lui-même  du  persan;  JJ^y  ,  terkech,  car- 
quois a  fait  J^-iT/  tarkâch,  (2)  et  JJ^j  (3)  tarkach^  sig- 
nifiant tous  les  deux  carquois. 

(1)  On  trouve  aussi  carouclie. 

(2)  Voir  Sultans  Mamelouks  I.  1  à  13  et  Dozy  supplém. 

(3)  Cette   forme  est  dans  le   Chifa  al-GhallI  avec  la  remarque  sui- 


CASE  79 

Casauba,  Casba,  Casbah.  Forteresse,  de  4^  gasaba, 
qui  parmi  ses  nombreuses  significations  a  celle  de  forte- 
resse. «  Le  principal  château  (d*Alger)  est  appelé  Valcas- 
sahe  ».  (D'Arvieux  III.  231). 

Caserne,  de  ^jl^  qaisâriyâ  (i).  Ce  mot  qui  en  Orient 
signifie  halle,  ba^ar,  a  eu  dans  le  Nord  de  l'Afrique  le 
sens  de  caserne  (  V.  Dozy  supplém.  ).  En  Algérie  «  on 
appelle  Caisseries  (2)  de  grandes  et  vastes  maisons  faites 
comme  nos  cloîtres,  oij  logent  les  soldats  (3).  Elles  ont 
une  vaste  cour,  au  milieu  de  laquelle  il  y  a  plusieurs  fon- 
taines. Les  chambres  qui  sont  tout  autour  sont  distribuées, 
de  manière  qu'il  y  a  huit  hommes  dans  chacune.  Ce  grand 
nombre  d'hommes,  qui  logent  dans  le  même  lieu,  n'em- 
pêchent pas  que  tous  ces  appartements  ne  soient  fort 
propres».  (D'Arvieux  III.  230).  Rappelons  que  les  ca- 
sernes ne  datent  en  France  que  de  la  fin  du  XVII  siècle. 
Au  commencement  du  règne  de  Louis  XVI  elles  étaient 


» 


vante  :  *^  »y»>a>j  ùjJ^jH  <j>  >.U-JI  yt^  ^-^^^  J^J  ) 

(1)  Du  latin  cœsarea,  ou  si  l'on  veut,  du  grec  Y.aLGaQ8Ïa 

(2)  Kazimirski  et  M.  Edouard  Gasselin  n'hésitent  pas  à  traduire  caser- 
ne par  ïîjU-Ad 

(3)  Et  dans  la  table  des  matières  des  Mémoires  du  cliev.  d'Arvieux 
caisserie  est  expliqué  par  caserne.  «Les  arabes  de  la  Terre-Sainte  nom- 
ment caser  les  ce  qu'on  appelle  ailleui's  des  Kans  et  des  Caravanseras». 
Trévoux. 


8o  CASS 

loin  d'être  générales  et  la  plupart  des  soldats  logeaient 
encore  chez  les  habitants. 

Casse.  Poêlon,  chaudron,  vase  à  puiser  et  à  boire, 
grande  cuiller.  Esp:  cazo.  Plg  :  caço.  Ital  :  cazza.  M. 
Devic  propose  de  dériver  tous  ces  mots  de  ^^kas, 
coupe  (i).  M.  de  Eguilaz  propose  une  étymologie  qui  est 
définitive  l^^  qâs'a,  scutella,  lanx  escaria,  dans  Freyt. 
C'est  une  grande  écuelle  qui  peut  contenir  de  la  nourri- 
ture pour  environ  lo  personnes.  Cette  même  capacité 
est  indiquée  par  Tha'alabî  .*  (2)  S^«îl  J»l  4». Jl  *J^  ^«^ 
Le  même  auteur  observe  qu'elle  était  en  bois,  comme 
toutes  les  écuelles  des  Arabes  :    <^^^  ^  ^^  f;|-^j 

Cassis  ou  Cacis.  Boisson,  dont  l'origine  est  inconnue 
(Litt.  Brachet).  En  arabe  ^-JT'  kasts  est  une  liqueur 
fermentée  extraite  des  dattes  (3).    Littré  remarque  que 

(1)  M.  Devic  ne  trouve  ce  mot  pour  la  l^'^'^fois  que  dans  le  J\Us,  s^^^,  sîrat 
'■Antar,  Aventures  d'Antar.  Or  le  Kitdb  al-Aghâni  en  parle  déjà,"  de  même 
Tha'^âîabi  (mort  en  1038)  dans  son  bel  ouvrage  lexicographique  ïiUI  *29. 
foqli  al-lougha,  (La  Jurisprudence  ou  la  Critique  du  langage  page  15).  Il  y 
établit  d'après  Aboû-'Obéida  (  733-826  )  la  synonymie  de  ^^JS'Kâs  et  ^-vû^ 
Zougngâ,  verre.  ^_^lf  est  encore  dans  'Alqama  (  13-38)  et  dans  A'châ  cité 
par  Yàqout  (  II.  538  ). 

(2)  îiUI  Kii  p.  264.  Edité  parle  P.  Cheikho  S.  J.  Beyrouth. 

(3)  On  lit  dans  une  note  de  la  traduction  àxiDhuân  d'al  Han^d'que  «les 
Arabes  buvaient  peu  de  vin,  même  avant  les  prohibitions  de  l'Islam;  leurs 
orgies  consistaient  d'ordinaire  à  se  gorger  de  lait»  p.  213.  Cette  assertion 
déjà  émise  par  Ibn  Khaldoûn  dans  ses  Prolégomènes  ne  tient  pas  devant  la 
lecture  des  poésies  antéislamiques  et  du  Kitâh  al-aghânî,  ce  miroii*  fidèle 


CEND  8i 


quelques  personnes  prononcent  Ts  final  de  cassis ,  usage 
qu'il  n'a  garde  d'approuver.  Et  si  c'était  une  trace  de  son 
origine  arabe? 

Cavas  ou  Cavass(i).  Sorte  de  janissaire  ou  gendarme 
employé  dans  les  consulats;  de  ^\j»  qawwâ  s  ^{prononcé 
cavas  par  les  Turcs  )  signifiant  proprement  archer. 

Cendal  ou  Cende.  Esp  :  cendal.  Ptg  :  sendal.  Engel- 
mann  avait  d'abord  admis  ce  mot  dans  son  Glossaire. 
Dozy  lui  répond  que  J-\i^  ,  sandal,  est  un  emprunt  fait  par 
les  Arabes  aux  Européens.  Je  n'oserais  être  aussi  affir- 
mât! f;  J-u^  ,  il  est  vrai,  ne  se  rencontre  pas,  avec  ce  sens, 
dans  les  dictionnaires  classiques.  Mais  il  ne  me  semble  pas 
impossible  que  ces  tissus  qui  nous  arrivaient  de  l'Orient 
aient  gardé  leur  nom  arabe.  Les  cendes  ou  cendeaux  de 
Tyr  étaient,  nous  dit  Edrisi,  d'une  qualité  supérieure  et 
formaient  un  important  objet^d'exportation  (2).  Un  article 
des  assises  de  Jérusalem  obligeait  les  fabricants  de  cen- 


de la  vie  des  anciens  Arabes.  D'où  viendraient  les  innombrables  noms  don- 
nés au  vin  par  les  Arabes  ?  Que  signifie  le  serment  si  familier  aux  vieux 
guerriers  du  désert:  Je  ne  boirai  du  vin  qu'après  m'être  vemgé'^  [Aghan. 
I.  207.  II.  53.  .84.  158  etc..  éd.  Salliani).  Les  Mohalhils  n'étaient  pas  rares 
Le  vin,  le^U  ,  ou  marchand  de  vin,  paraissent  dans  les  moindres  petits 
campements.  L'histoire  racontée  au  1^"^  I.  d'Aghani  (p.  255)  est  réellement 
topique;  elle  prouve  que  l'usage  du  vin  était  général  dans  la  Péninsule. 
On  peut  voir  aussi  S,  Frœnkel  (  Aram.  Fremdw.  p.  154). 

(1)  Cette  dernière  orthographe  est  de  Littré.  (  SuppL). 

(2)  F.  Michel.  EisL  de  la  soie.  T.  I.  83.  et  Rey.  Colon.  Franq.  215. 


82  CHÂC 

des,  cendal  ou  syndous  à  présenter  leurs  pièces  en  blanc 
à  l'examen  (i).  Maintenant  que  l'arabe  J-u^  dérive  de 
(jivdcâv  ,  je  n'y  vois  aucune  difficulté  (2). 

Censal.  Courtier.  Ital:  sensale;  de  jLs^  simsâr,  mê- 
me sens.  Bocthor  donne  aussi  la  forme  jU^ ,  sîmsâr; 
Marcel  a  même  Jl^ ,  simsâl  (V.  sensal).  Sur  l'origine  de 
jl^c^^  etc.  Voir  Aram.  Freindw  (186).  L'établissement 
des  censaux  à  Marseille  est  ancien.  En  1 5  99  on  y  comp- 
tait déjà  3  8  censaux  ;  il  y  avait  défense  à  toute  autre  per- 
sonne d'exercer  cette  charge. 

Chachia  ou  Chéchia.  Bonnet  rouge  fabriqué  dans  la 

Tunisie.  C'est  la  transcription  de  t^\^  châchîya,C{\Àesi 

un  adjectif  de  ^\^  chachy  bonnet  de  mousseline  (3)  dont 

on  entoure  le  tarbouche  ou  bonnet,  comme  le  dit  al-Kha- 

îî    >  -  > 

îk^\  :  jAj  Ua^-  ^^  ^1  j^ij  ^j.\J\  Je  lii^  J-jj»^  y»  C  J.b  ) 

^j^l  ^1  ^A  Jyi«  «  châch  est  cette  pièce  d'étoffe  qu'on 
roule  autour  de  la  tête  et  qui  prend  alors  le  nom  de  tur- 
ban.  Le  mot  est  emprunté  à  la  langue    indienne  »  (4) 


(1)  Assises  de  Jérusalem  T.  II.  36. 

(2)  Da  même  mot  grec  les  Arabes  avaient  déjà  fait  ^li;J,  (  V.  Syn.  Ar.) 

(3)  Comme  dans  ce  passage  des  Mille  et  une  nuits  :  '^o^»  cr-i-i-  a-b  J^J 
(II.  370.  édit.  Salhani)  et  cet  autre  de  Soyoûtî:  crUx5CJI  jvKJ^jh  i>  j^ ^P^3 

(4)  D'après  cette  remarque  de  Fauteur  du  jjii])  ^LLi,  ne  serait-il  pas  per- 
mis de  conjecturer  que  ïliLi  est  un  adjectif  formé  du  nom  de  la  ville  de 
jiLi  Châch  où  cette  étoffe  aui'ait  été  fabriquée  (V.  Yaqout  III.  p.  233). 


CHAL  85 


(  lJii;il  *iÂt  ).  Dans  Niebuhr  le  tarbouche  est  appelé /cr^ 
(^ij)  ,  et  sach  C  ^\t  )est  la  pièce  d'étoffe  dont  on  le 
couvre  (i). 

Chaban.  Huitième  mois  de  l'année  musulmane  (2),  de 
OL»t  cha'bân.  Du  Loir  écrit  chahban.  «  La  lune  de  chah- 
ban  est  une  des  trois  pendant  lesquelles  les  Mosquées 
sont  ouvertes  pour  le  Temgld  ou  la  prière  de  minuit  » 
(p.  145 ).  On  trouve  encore  chavan  et  même  chuan  «Cha- 
ban était  ainsi  appelé  parce  que  les  Arabes  se  disper- 
saient (.^Ju^  tacha^'^ab  )  pour  chercher  des  citernes  et  pour 
piller))(Mas'oûdî.  m.p.  418). 

Chaland.  Bas  lat  :  chelandium,  chelandrium,  salandra. 
Sorte  de  bateau  plat.  Ce  mot  se  rencontre  déjà  dans  la 
chanson  de  Roland.  M.  Devic  hésite  donc  à  y  voir  l'arabe 
l^olb  chalandî,  navire,  qui  servait  aussi  en  temps  de 
guerre.  On  trouve  encore  (S'^^  charandi  '(3  ).  (  Ibn-Hau- 
qal  p.  132-2  et  19).  Les  deux  formes  sont  des  transcrip- 
tions du  Byzantin  lalàv^Lov.  Au  moyen  âge  on  disait  encore 
salandre^  calandre  et  même  palandrie,  dénominations  bien 
connues  des  croisés  (4). 

(1)  V.  de  Sacy  Chrest.  ar.  I.  p.  199. 

(2)  Et  non  pas  troisième  mois  comme  écrivent  Trévoux  et  Gasselin. 

(3)  Deux  fois  M.  Paulin  Paris  a  trouvé  chaland  écrit  charlan.  On  trouve 
aussi  chalan.  Mais  les  plus  anciens  textes  ont  un  t. 

(4)  Rey.  Colon  Franq.  160. 


84  CHAL 

Chalef  et  Calaf.  «  Le  Calaf  est  un  petit  saule  qui  ne 
s*élève  jamais  à  une  hauteur  considérable,  dont  le  tronc 
est  droit,  la  feuille  ovale,  faite  comme  une  lancette  et 
profondément  dentelée  à  ses  bords.  Il  n'y  a  point  d'arbre 
plus  fameux  en  Egypte  à  cause  de  l'eau  que  Ton  tire  de 
ses  fleurs...  Ils  l'emploient  dans  toutes  sortes  de  maladies. 
Il  y  a  des  Apothicaires  au  Caire  dont  l'unique  emploi  est 
de  vendre  du  Calaf]  c'est  le  nom  qu'ils  donnent  à  cette 
eau».  (Hasselquist)  Le  Dictionnaire  de  Déterville  l'ap- 
pelle macahalef  et  il  considère  comme  très-probable  que 
le  Calaf  est  un  Chalef.  Effectivement  les  deux  mots  vien- 
nent de  Js!^  khalâf.  saule  d'Egypte  qui  paraît  être  le 
même  arbre  que  le  ô\  ban.  Quant  à  macahalef  c'est  une 
transcription  vicieuse  de  ^!>tUl  '■\a  ma  al-khalâf  eau  de 
Chalef  ou  de  calaf  (i),  différente  de  ^%-\  ^:> ,  l'essence 
dé  fleurs  de  Chalef  décrite  par  Ibn  el-Beithar.  (IL  io8). 

Chaloupe.  Esp  :  chalupa.  It  :  scialuppa.  On  considère 
généralement  ces  mots  comme  une  altération  du  néerlan- 
dais sloep.  Avec  M.  de  Eguilaz  je  préfère  les  tirer  de  ÎJU 
galba  ou  goulba,  grande  barque  (i),  faite  de    planches 

(1)  Y.  Glossar.  Geograph.  Arab.  éd.  de  Goeje  p.  37  «l'eau  de  Calaffe  est 
un  sudorifique  et  un  cordial  excellent  qui  se  tire  par  distillation  des  fleui's  de 
Tarbre  qui  porte  ce  nom  ».  Descriptmi  de  l'Egypte  par  M.  de  Maillet.  Tré- 
voux écrit  machalaf  mais  il  a  tort  d'obliger  à  écrire  collaf  au  lieu  de  calaf. 

(2)  Je  soupçonne  que  les  galveites  dont  Niebuhr  parle  fréquemment  dans 


CHAR  85 


jointes  avec  des  fibres  de  cocotier  (Ibn  Batoûta.  II.  1 58). 
Ce  mot  revient  souvent  dans  Edrisi,  Ibn  ûoubair,  Maq- 
rîzî  etc..  et  longtemps  avant  ces  écrivains  dans  le  Livre 
des  Merveilles  des  Indes,  (p.  93  ). 

Charabia.  Esp.  et  Pég:  algarabia.  Basq:  algarabià. 
Pig:  algaravi'a,  algravia,  arabia.  On  s'accorde  générale- 
ment à  dériver  toutes  ces  formes  (i)  de  ^^fjil  al'arabîa 
proprement  :  la  langue  arabe.  De  là  on  aura  passé  au  sens 
de  baragouin.  Le  ch  qui  commence  le  mot  français  peut 

c  ^  ^ 

être  comparé  avec  l'espagnol  alcaraviat  (de  4^.j«il)  oii 
le  p- est  réprésenté  par  un  c  dur.  (2)  M.  A.  Sédillot  dit 
que  charabia  «  est  tout  simplement  le  jargon  arabe  char 
ou  jar  arabiah  »  (3).  En  effet  Z^^j^yt  charr  'arabîa,  con- 
viendrait à  merveille  à  charabia.  Mais  il  faudrait,  comme 
toujours,  des  preuves  à  l'appui  de  cette  conjecture.  (4) 


la  Description  de  l'Arabie  ne  sont  autre  chose  qu'une  transcription  de  sjii* 
Voii*  poui'tant  la  note  de  la  p.  1 52  du  Voyage  en  Arabie.  T.  II. 

(1)  Pour  les  formes  espagn.  le  doute  n'est  plus  permis.  Comp.  ce  texte: 
«palabras  que  se  dicen  en  algarabia  :  non  hay  otro  sinon  Dios,  é  Mahomad 
es  su  mensagero»  (Castigos  e  docum.  del  rey  D,  Sancho  p.  135). 

(2)  Comp.  le  texte  d'Ambroise  Paré  où  Tarabe  est  qualifié  de  baragouin 
(V.  Bézoard). 

(3)  Hist.  des  Arabes.  I.  423. 

(4)  M.  Sédillot  oublie  trop  souvent  de  les  donner.  Ce  qui  est  encore 
désespérant  dans  les  innombrables  étymologies  orientales  qu'il  propose, 
c'est  que  les  mots  ne  sont  jamais  transcrits  en  arabe.  Voici  d'ailleurs 
quelques  échantillons  de  ses  connaissances  étymologiques.  Abandon  d'après 
M.  Sédillot  vient  de  l'arabe  abadoun  (?).  Baisser,  abaisser  du  verbe  arabe 


86  CHEI 

Sans  cela  la  science  étymologique  rentre  dans  la  voie 
des  rapprochements  arbitraires,  d'oij  elle  a  eu  tant  de 
peine  à  sortir. 

Chebec.  Bâtiment  à  3  mâts  de  la  Méditerranée.  Ancien 
franc:  chabek.  Esp:  jabeque;  javeque,  xabeque,  euxabe- 
que.  Val:  jabech.  Ptg:  xabeca.  Cat:  xabech,  xavega. 
Ital:  sciabecco.  Tous  ces  mots  n'ont  rien  à  faire  avec  le 
turc  (^-  sounbakt,  (i)  et  dérivent  de  l'arabe  fJLt  ,  choub- 
bâk  ou  chabbâk^  même  signification,  qui  date  au  moins  du 
■^yme  gi^^g^  (^  Lorsquc  la  goélette  maltaise  ou  le  chebek 
arabe  est  bon  marcheur...  »  B.  de  Krafft.  Tour  du  monde 
i^'^sem.  1861.  p.  66.  A  moins  qu'on  ne  préfère  J^ 
chaboâq,  navire  qui  est  dans  Moqaddasî  (2). 

Cheikh^  Cheik  ou  Sheik.  Transcription  de  j^  cheikh ^ 
litt  :  vieillard.  A  propos  du  titre  de  vieux  de  la  montagne 
donné  par  les  historiens  des  croisades  au  prince   des 


bassa,  à  la  4°^®  forme  abassa.  La  plupart  des  noms  de  grades  militaii'es 
sont  aussi  d'origine  arabe.  Maréchal  vient  de  maresh-al-kyla  ou  mehella, 
le  gardien  des  forteresses  ou  du  camp.  De  même  caporal,  sénéchal  (seich-al- 
cazar  )  connétable  (  connetioun  ?  !  )  général  etc....  (V.  Hist.  gén.  des  Arabes. 
Append.  I.)  Pour  être  exact  ajoutons  que  dans  plusieurs  de  ces  étonnantes 
étymologies  M.  Sédillot  suit  Narducci,  guide  souvent  dangereux.  Comme 
historien  M.  Sédillot  n'inspire  guère  plus  de  confiance  que  comme  étymolo- 
giste  V.La  Poésie  Arabe  Anté-islamique.  Par  M.  René  Basset,  p.  78. 

(1)  Comme  le  voudrait  Devic.  Voir  aussi  Dozy  (SuppL)  L'étymologie 
acceptée  par  Littré  dans  son  Supplem..  ne  semble  pas  non  plus  admissible. 

(2)  Géographes  Arabes.  III.  Vol.  p.  32.  L.  2.  (édit.  de  Goeje). 


CHIA  87 


Assassins,  on  lit  dans  les  Lettres  édifiantes:  «Nos  vieux 
historiens  ont  mal  entendu  l'Arabe.  Scheik  signifie  vieux^ 
senior]  mais  il  signifie  aussi  Seigneur.  Il  n'est  pas  vrai  que 
les  Assassins  choisissent  pour  prince  le  plus  ancien 
de  la  nation;  il  fallait  donc  traduire  le  Seigneur  de  la 
montagne.  »  (VII.  p.  206.  Paris-1728). 

Chérif.  ((  On  appelle  chérifs  tous  ceux  qui  descendent 
de  Mahomet  ou  Muhamed...  Ils  portent  un  turban  verd: 
il  n'est  permis  à  aucun  autre  qu'aux  chérifs  de  porter  ce 
turban.»  (i)  C'est  la  transcription  de  ^^j^  charîf,  illus- 
tre, noble.  Le  prince  de  la  Mecque  ne  porte  le  titre  de 
Chérif  qu'en  vertu  de  cette  même  descendance. 

Chewal.  Dixième  mois  musulman,  de  Jl^t.  chawwâl^ 
parce  que  «les  chameaux  dressent  leur  queue  dans  cette 
saison...  Les  Arabes  ne  permettaient  pas  le  mariage  pen- 
dant ce  mois  »  (2). 

Chiaoux  ou  Chaoux.  De  J^jb  chawoûch  (  Gasselin)  mot 
pris  du  turc  J-jU-  tchâouch,  huissier,  appariteur,  sergent 
d'infanterie,  chiaoux.  On  trouve  aussi  chaoulx  dans  les 
anciennes  relations. 

Chibouque.  Pipe  de  jJ:  chobouq ,    tuyau  de  pipe  ou 


(1)  D'Ai'vieux  I.  84.-  Sur  les  noms  que  portent  les  Chérifs  dans  les  diffé- 
rents pays  arabes  V.  Niebahr  Description  de  l'Arabie  p.  16. 

(2)  Cfr.  Mas'oûdi  111.  419  et  Chams  eddin  de  Damas,  p.  401. 


88  CIVE 

>  > 

dit  choboukj  comme  écrit  Bocthor.  Les  deux    formes 

viennent  du  turc  Jj^  tchoboûq^  baguette  et  pipe. 

Cid.  De  a^  sa/ïd,  seigneur,  prononcé  vulgairement 
sîd  :  de  là  Stdîy  monsieur  (  ^s^  ^ 

Cime.  Esp.  ItaL  Prov  :  cima.  Ptg  :  cimo;  «  du  htm  c/ma 
et  cuma,  tendron,  cœur  de  chou  »  nous  dit  Littré.  Pour 
ma  part,  je  trouve  plus  satisfaisant  de  rapprocher  cime  de 
Z^^  ,  qimma^  cime,  sommet  (de  la  montagne  etc..  ). 

Cimeterre.  Du  persan  >!«.-!-  chlmchtr,  même  sens.  Le 
turc  a  le  même  mot.  M.  Mie.  Schapiro  le  dérive  du  grec 
^vfia  etc.  [Révélât,  étymol.  n^  38)  et  ne  conçoit  pas  «  com- 
ment le  persan  schimschlr  s'est  métamorphosé  en  cime- 
terre ». 

Civette.  Esp:  civeta.  Ital:  zibetto.  Le  mot  civette  (i) 
ne  date  que  du  16"^®  siècle.  Il  vient  de  3I  j  ,  ^abâd  (2)  qui 
désigne  la  substance  parfumée  que  sécrète  l'animal  de 
même  nom,  appelé  par  les  Arabes  ^IJl  U  ,  ^att  a;^- 
:{abâd,  chat  qui  fournit  la  civette,  le  gatto  ^ibetto  du  P. 
Ange  de  S.  Joseph.  L'auteur  du  Qâmoûs  veut  absolument 

(1)  Ou  plutôt  Civetta,  que  Belon  aurait  employé  le  premier  en  1553. 

(2)  M.  deEguil.  dérive  civeta  de  «sjoj,  zebeda,  muscum».  Nous  ne  con- 
naissons pas  ce  sens  à  sjj^  ,  zouhcla.  Ce  mot  signifiant  crème  de  lait,  écu- 
me, beurre  frais.  Aux  Indes  «outre  les  chats  ordinaires,  il  y  en  a  d'autres 
entièrement  semblables  à  eux,  qui  produisent  cette  matière  odoriférante 
que  nous  appelions  en  France  Civette  et  que  les  Portugais  nomment  algalia.ï> 
(R.  P.  Philippe,  p.  374)  de  ïJu)I. 


COIF  89 

que  ce  soit  le  chat  vulgaire.  Le  Chérif  el-Edrîsî  dit  positi- 
vement que  la  civette  est  plus  grande  que  notre  chat 
domestique.  Dans  Aghânî  (II,  5  2.  Salh,)  ^Ij  est  expliqué 
par  peaux  parfumées,  l^  ^\j  li.  3>U  y>j  ^Ij 

Le^Zibeth  est  une  variété  de  civette  vivant  dans  les 
Indes  et  dans  les  îles  de  l'archipel  Indien.  Ce  nom  imposé 
par  Buffon  se  rapproche  encore  plus  que  civette  de  l'ori- 
ginal arabe  ^Ij  .  Voici  comment  Mas'oudi  décrit  cette 
espèce  indienne:  ^jWîLJlS^^l jîl  -uil  JsJ\  (O  CJy^j 
cjiL  cJjj»!^  ..^Jall  l^cj^  ^  -n^  U  Jo  Ij  jy^ls^  sjr*  Sj^i^  ^^L-Vi 
s^^  ...Jall  ^  wJl  lâifcj  ^IJl  .  Parmi  les  petites  espèces  de 
quadrupèdes  de  l'Inde  on  trouve  le  zibeth  ;  il  y  est  aussi 
commun  que  le  chat  en  pays  musulman;  comme  lui,  il  a  le 
pelage  tigré.  C'est  de  ses  mamelles  surtout  qu'on  tire  lepré- 
cieux  parfum  appelé  lait  de  zibeth»  (Prairies  d'or.  III.  57) 
D'après  Chams  ad-dîn  de  Damas  «  la  civette  abyssinienne 
est  meilleure  que    l'espèce    indienne,  ^  j^  ^.Ixi-l  ^ijjj 

^iS^i^  (2)  » 

Coiffe.  Esp  :  cufia.  //  :  cuffia.  Mijller  a  proposé  de  dé- 
river coiffe  de   Zi^koâfija^  coiffure  arabe  bien  connue. 


(1)  Pour  le  sens  de  ci\^-^  que  Freytag  semble  confondre  avec  ^jyknouB 
renvoyons  à  nos  Synonymes  Arabes  N**  1 540. 

(2)  jy^]j  j^\  ^'bfcP.  Edit.  Mehren  p.  159. 


90  CORV 

Dozy  a  montré  que  cela  n'était  pas  sérieux,  o^est  un 
mot  arabe  qui  ne  paraît  pas  remonter  au  delà  de  Tépoque 
de  Maqrîzî. 

Corvée.  Pihan  le  fait  venir  deZ'^^  korba^  tristesse, 
sollicitude,  sens  évidemment  trop  éloignés  de  corvée.  Nous 
croyons  l'étymologie  latine  beaucoup  plus  fondée.  Telle 
n'est  pas  pourtant  la  pensée  de  M.  A.  Sédillot  :  «  Au  mot 
corvada  qu'on  rencontre  dans  un  capitulaire  de  Charle- 
magne  on  aurait  pu  indiquer  le  terme  arabe  corveh  (i) 
qui  a  la  même  signification.  Les  Musulmans  qui  oc- 
cupaient la  Gaule  méridionale  depuis  plus  d'un  siècle 
imposaient  aux  habitants  des  corvées  que  nous  appelons 
aujourd'hui  des  réquisitions^  et  il  ne  serait  pas  surprenant 
qu'on  leur  eut  emprunté  ce  nom.»  (Hist.  des  Arab.  II. 
p.  221  ).  Accordé!  Mais  tant  qu'on  n'aura  que  '^f 
ou  corveh^  l'étymologie  de  corvée  n'aura  guère  avancé. 

Corvette.  Esp  :  corbeta.  Ptg  :  corveta.    Ce    mot  ne 


(1)  Que  peut  bien  représenter  corveM  M.  Sédillot  est  réellement  découra- 
geant. Ailleiu'S  à  propos  de  curée  il  propose  comme  étymol.  l'arabe  «  Kureh, 
action  de  dévorer».  A  quel  mot  fait-il  allusion?  serait-ce  jj^  ,  qariv,  vase 
quo  canis  bibere  solet  (Freyt.),  est-ce  j"^},  qirâ,  repas  donné  à  un  hôte,  du 
verbe  ^j^j ,  auquel  Bocthor  donne  le  sens  de  dévorer  (au  figuré  )  ?  U  y  a  en- 
core ja^ ,  qarad,  [ronger.  Quoiqu'il  en  soit,  les  formes  anciennes  de  curée 
établissent  sa  dérivation  de  cuir,  explication  qui  inspire  tant  de  dégoût  à  M. 
Sédillot. 


CRAV  91 

viendrait-il  pas  de  ^\  J-  ghorâb^  corvette,  comme  tra- 
duit M.  Amari  (Bibl.  Arab.  Sic.  ).  Dans  un  manuscrit 
arabe  du  Vatican  on  trouve  cette  description  :  «  "^^juLil  U 
4jylJA!j  ^Ull  ^Jj  Uli^  v>Hjb  ^*^  wJJ^it  cjijill  ^^^»-*-ij.  Quant 
à  la  galère,  appelée  autrement  gorâb,  elle  est  mise  en 
mouvement  par  140  rames,  et  porte  des  combattants 
et  des  rameurs.  »  (V.  Quatremère.  Suit,  mamel.  I.  i^® 
p.  142).  C'était  donc  un  navire  de  guerre.  V.  plus  loin 
Gabarre  (i). 

Couscous  et  Couscoussou.  De  ^j^Z^  kouskous  et 
j-*$Cl^(2)A'ow5'^oi/5'0^,même  sens,  de ^^^i^5'>^a^^a5', broyer 
menu.  «  Le  couscoussou  n'est  autre  chose  que  de  la  farine 
aspersée  légèrement  d'eau,  qui  à  force  d'être  remuée  se 
forme  en  petits  grains  comme  des  têtes  d'épingle.  Ils 
l'apprêtent  avec  la  viande  et  le  beurre  à  peu  près 
comme  le  ris.»  D'Arvieux.  V.  280  (V.  Dozy.  Supp.). 

Cravache.  Esp  :  corbacho.  M.  de  Eguilaz  assigne  com- 
me origine  au  mot  espagnol  l'arabe  ^L  '^^  kirbag,  dé- 
rivé du  turc  ri  j5  ,  qorbâch.  Il  est  plus  probable  que  tous 


(1)  V.  aussi  Ibn  Batoûta.  IV.  59.  Dans  un  curieux  passage  Al-'Aïni 
joue  sur  le  double  sens  du  mot.  V.  Historiens  Orientaux  des  Croisades 
n.  1^^"  part.  p.  242. 

(2)  Forme  préférée  par  Maqqarî,  Ibn  Batoûta  etc. 


92  CURC 

ces  mots  ont  une  origine  slave  :  c'est  d'ailleurs  l'opinion 
des  Turcs  eux-mêmes  (i). 

Croupe.  Namur  :  crupe.  Prov  :  cropa.  Cat  :  gropa.  Esp  : 
grupa.  Plg  :  garuppa.  It:  groppa.  J'adopte  l'opinion  de 
Narducci  qui  dérive  l'ital  :  groppa  de  J^  ghorâb , 
«  proeminentior  pars  coxse  in  equo  et  camelo  quse  supra 
caudam  est.  »  (  Freyt.  )  Du  Cange  dérive  croupe  de  l'ital  : 
groppa]  ce  qui  revient  au  même. 

Cubèbe.  Esp  :  cubeba./^a/:  cubebe.  Vieux  fr,:  cubebbe; 
de  ^,15^,  kabâba^  même  signification  (2).  M.  Devic  ob- 
serve qu'aucun  dictionnaire  arabe  ne  donne  la  voyelle  w, 
ow,  pour  la  première  syllabe  tandis  qu'elle  se  trouve  dans 
toutes  les  formes  européennes.  Cela  tient,  croyons-nous, 
à  la  prononciation  populaire  arabe,  qui  donne  une  valeur 
vague,  entre  u  et  oa,  à  la  syllabe  précédant  la  longue  af^ 
fectée  par  l'accent  tonique. 

Curcuma.  Esp,  Ptg.  Ital:  curcuma.  C'est  une  plante 
dont  la  racine  est  appelée  dans  le  commerce  safran  des 
Indes.  Aux  Indes  le  curcuma  remplaçait  le  safran,  dit  Ibn 
Batoûta  ô\jis.'j\  j9^  /^A-*^  y^  (III.  103).  On  trouve  culcu- 
ma  dans  un  tarif  français  du  XVII"^®  siècle;  de  ^f 


(1)  V.  MaUouf.-et  Dozy.  Suppl 

(2)  Synon.  arabes  N*^  1088. 


CURC  9j 


"  J-K. 


kourkoum^  ou  iS^y  ^  kourkouma^  safran.  û'y^Ji  j*j  ^/T^ 
<^5^Sa^!^l  (Mu'arrab).  Il  paraît  que  la  coquetterie  fémi- 
nine en  fait  usage  en  Arabe  pour  teindre  le  visage,  le  cou, 
le  bras  etc.  (V.  Journ.  Aslat.  1845.  N^^^*  P-  39^-)-  On  lit 
dans  un  hadîth:  «  ^♦S^iif'jiU  ^^>-  ^y^j)>-  4:>.j  jC  .  Le  vi- 
sage de  Gabriel  s'altéra  et  prit  la  couleur  du  safran». 

L'Avicenne  de  Rome  donne  la  leçon  U.«y^  ,  qourqouma'â, 
que  les  dictionnaires  n'ont  pas  relevée;  avec  raison, 
selon  nous.  C'est  là  sans  doute  une  des  nombreuses  fau- 
tes dont  fourmille  le  texte  imprimé  d'Avicenne  (i). 


(1)  Tout  comme  un  manuscrit  du  "Ui*  du  grand  Philosophe  arabe  que 
nous  avons  sous  les  yeux.  -  Cfr.  Journal  Asiat,  (  Janv.  1867.  -  p.  22  )  une 
excellente  remarque  du  D"^  Leclerc.  Dans  ce  même  article  le  savant  médecin 
relève  une  foules  d'erreurs.  Nous  ne  voyons  pas  pourtant  pourquoi  il  donne 
le  nom  de  hims  au  pois  chiche,  l'Arabe  ne  possédant  que  les  formes  ^t*» 
m'mmas,  et  ^_,fli>,  hï'mmfs.  (Cfr.  Mu^arrab.  53.)  Le  peuple  prononce 
hommos- 


94  DAME 


Dalle.  Esp  :  adala.  «  Terme  de  Marine.  Petite  auge  qui 
sert  dans  un  brûlot  à  conduire  la  poudre  aux  choses 
combustibles  »  (  Trévoux  ).  Tuyau  qui  sert  à  conduire 
l'eau  de  la  pompe  hors  du  vaisseau.  On  a  déjà  fait  remar- 
quer avant  nous  que  ce  mot  ne  peut  pas  dériver  de  îî  Vi» 
La  véritable  étymologie  est  donnée  par  M.  Schapiro, 
Révélations  étymologiques,  N°  78.  Aux  mots  cités  il  peut 
ajouter  dalots,  morceaux  de  bois  percés  et  disposés  en 
pente  le  long  du  tillac,  qui  passent  au  travers  du  bordage 
et  servent  à  faire  écouler  l'eau  des  pompes  et  des  gout- 
tières. 

Dame- Jeanne.  Esp  :  damajuana.  Ce  curieux  mot  paraît 
bien  avoir  une  origine  arabe  et  aura  été  probablement 
«  introduit  par  le  commerce  avec  le  Levant».  (Litt.)  Voici 
comment  Bostani  décrit  la  dame-jeanne:  Zt^\j  Sjvi^^o-Uj 
U^Alt  ^^jS  ^JLisCL;^  j:*il  4^^  ^Jt'  C'^st  une  grande' 
bouteille  revêtue  d'osier  ou  de  jonc.  Et  à  côté  de  4^  (^b 
dâmigâna  (  qu'il  préfère  )  il  cite  les  formes  vulgaires 
oVi  damagâna,  et  Z\f^^  damangâna.  Le  même  auteur 


DENA  95 


prétend  que  le  mot  est  d'origine  persane.  Heury  traduit 
dame-jeanne  par    ^1^^  (i)  damangâna. 

Danek  ou  Dank.  Esp  :  danique.  Cest  la  sixième  par- 
tie d'une  drachme  arabe,  qui  pèse  douze  carats.  (Trévoux) 
Transcription  de  jllS  dâniq. 

Darse.  Esp:  et  Cat :  d'arsena.  Cat :  etMaj:  drassana, 
drasena.  It  :  darsena;  de  4*:^  jl^  dâr-san'a^  ou  ^clji^jb 
dâr-sanâ'a  (2).  Ce  qui  confirme  cette  dérivation,  c'est 
que  sur  le  littoral  méditerranéen  au  lieu  de  darse  on 
disait  aussi  darcine  et  darsine. 

Degré.  Esp  :  adaraja,  adraja.  Esp.  Cat.  et  Ptg  :  darga. 
Les  formes  ibériques  dérivent  évidemment  de  a>-j^ 
daraga  ,  degré  ,  échelle  ,  gradin  ,  avec  l'article  ^joîl  ad- 
xlaraga.  Je  préfère  y  voir  aussi  l'origine  du  français  degré^ 
venu  de  ^j^  ,  daraga,  au  moyen  d'une  métathèse,  dont 
l'esp  :  adraja  nous  offre  un  exemple  assez  approchant.  L'a- 
rabe  ^j^  daraga  a  d'ailleurs  tous  les  sens  du  franc,  degré. 

Denab.  C'est  l'a  du  Cygne  ;  de  w^  ^  da/za/^,  queue, 
à  cause  de  sa  situation  sur  la  queue  de  l'oiseau  qui  figure 

(1)  Qu'il  signale  comme  vulgaire.  Le  nouveau  dictionnaire  frmiçais- 
arabe  par  le  P.  Belot  (en  préparation),  ouvi'age  très  complet,  donne  les 
mêmes  formes. 

(2)  Voii'  Arsenal  et  comp.  ce  passage  d'Edrisi;  Edit.  Dozy.  p.  90. 
«<i.l^b  C/i-Jlj  ^\J.\j  JJ^UVI  »U.iV  îtUo  jli  U^j»  Les  deux  formes  ïtUo  j\:> 
et  î*io  jU  sont  employés  indifféremment  par  Ibn  Batoûta.  IV.  356,  357, 
359. 


96  DENE 


la  constellation,  (i)  On  sait  que  la  véritable  prononciation 
du  S  est  entre  le  z  et  le  d  pur  ;  le  5  du  grec  moderne 
représente  exactement  le  S  arabe.  Mais  dans  tous  les 
pays  de  langue  arabe  le  peuple  lui  donne  presque 
toujours  la  valeur  d'un  d  pur.  Cette  particularité  de  pro- 
nonciation date  de  loin.  Le  grammairien  Al-laith  (2)  remar- 
que qu'elle  était  générale  dans  toute  la  tribu  de  Rabî'a. 

Dénébola.  B.  du  Lion  (Arago.  et  Bescherelle)  Alté- 
ration de  JL-Vl  ^>S  danab  al-asad^  queue  du  Lion  (  V. 
JSébulasit)»  On  dit  aussi  dénébalé^efy  altération  moins 
forte. 

Dey.  L'étymologie  de  ce  mot  a  été  indiquée  il  y  a  plus 
de  200  ans  par  le  chevalier  d'Arvieux.  «Le  mot  Day  signi- 
fie en  langue  turque  un  oncle  du  côté  maternel.  La  raison- 
pour  laquelle  ils  (les  Algériens)  ont  donné  ce  nom  au 
Chef  de  leur  République,  c'est  qu'ils  regardent  le  Grand- 
Seigneur  comme  le  père,  la  République  comme  la  mère 
des  Soldats,  parce  qu'elle  les  nourrit  et  les  entretient, 
et  le  Day  comme  le  frère  de  la  République  et  par  consé- 

(1)  V.  les  planches  qui  terminent  la  C osmogi^aphie  de  C hems-ed-din 
Ed'Dùnichqui  (éd.  Mehren).  Voir  aussi  Les  Etoiles  fixes  d'Abdurrahman 
As-Suû  p.  79. 

(2)  Il  s'appelait  Aboul-Harith  Al-laith-ben-Sa^d  al-Fahmî,  et  vécut  de 
694  à  782  de  l'ère  chrétienne.  Ce  personnage  n'était  pas  moins  célèbre  par 
son  érudition  que  par  ses  immenses  richesses.  Il  jouissait  d'un  revenu 
annuel  de  80  000  diiiars,  soit  environ  12  00000  de  francs. 


DJÉR 


97 


quent  comme  l'oncle  maternel  de  tous  ceux  qui  sont  sous 
sa  domination»  (i).  Ce  n'est  donc  pas  de  l'arabe  cfb 
dâ'L,  missionnaire,  qu'il  faut  dériver  ce  mot,  mais  du  turc 
(ib  dâî  ou  (^U  dâî  (2)  oncle  maternel  (3  ). 

Djérid  ou  Gérid.  Jeu  favori  des  Orientaux.  «Voici  la 
manière  dont  ils  font  cet  exercice.  Ils  se  séparent  en  deux 
corps,...  poussent  leurs  chevaux  à  toute  bride,  et  tâchent 
par  cent  détours  de  gagner  la  croupe  de  celui  contre 
qui  ils  combattent,  et  lorsqu'ils  se  trouvent  assez  proches, 
ils  lui  dardent  sur  le  dos  le  bâton  qu'ils  ont  à  la  main 
droite»  (4).  Djérid  est  la  transcription  de  jo y^  garîd^ 
proprement  :  branche  de  palmier  dépouillée  de  feuilles,  de 
^^ dépouiller;  et  absolument:  bâton  employé  dans  les 
joutes  ou  Djérid.  Le  djérid  s'appelle  aussi  l'exercice  du 
Meidan  (5),  expression  encore  usitée  de  nos  jours  dans 
le  Levant.  Le  meidan  ou  m'idan  est  une  place  publique 
dans  les  villes  de  l'Orient.  C'est  la  transcription  de  ù\^jS 
maïdân  ou  mtdan,  esplanade,  hippodrome.  Le  mot  a  passé 

(1)  Mémoires  du  Chevalier  d'Arvieux  III.  249. 

(2)  Ou  encore  Jll» ,  tdii  (  Bianchi).  - 

(3)  V.  les  judicieuses  remarques  de  M.  Defrémery.  Joimi.  Asiat.  Janv. 
1862.  p.  85-et  1867-p.  180. 

(4)  D'Arvieux.  II.  325. 

[ô]  Op.  cit.  II.  325.  -  «Ils  n'ont  ici  que  le  meidan  c-à-d.  la  coui'se  des 
chevaux;  les  cavaliers  se  lançant  des  bâtons  etc.»  La  Syrie  et  la  Terre 
Sainte  au  XVII^^  siècle  par  le  P.  Besson. 

7 


98  DJIN 


en  turc  avec  la  même  sigffification.  Beaucoup  de  villages 
du  Liban  ont  encore  leur  meidan.  C'est  là  que  les  émirs 
et  les  cheiks  venaient  se  livrer  aux  divertissements  de  la 
fantasia  et  du  djérid. 

Djinn.  Transcription  de  ^ ,  djinn»  Par  ce  mot  les 
Arabes  désignent  tous  les  êtres  invisibles,  mêmes  les 
Anges.  Pour  eux  les  créatures  raisonnables  sont  divisées 
en  2  classes:  J:-^  o^^^  'hQs  hommes  et  les  djinn,  (i) 
Car  «génie»  rendrait  mal  le  sens  du  mot.  Dans  une  signifi- 
cation plus  restreinte  les  djinn  désignent  une  classe  d'êtres 
assez  mal  définis,  sur  lesquels  nous  n'avons  que  des  notions 
vagues.  Ils  tiennent  le  milieu  entre  l'ange  et  l'homme;  ils 
ont  été  créés  du  feu.  Parmi  eux  il  y  en  a  de  bons  et  de 
mauvais;  il  y  en  a  qui  se  convertissent,  et  d'autres  qui 
persistent  dans  l'erreur  (2).  D'après  une  opinion,  popu- 
larisée surtout  par  les  Mille  et  une  Nuits,  les  génies  man- 
gent, boivent  et  propagent  leur  espèce;  ils  sont  en  outre 
sujets  à  la  mort  (3).  Bref!  les  djinn  sont  distincts  des  dé- 
mons qui  sont  toujours  des  êtres  malfaisants  et  confirmés 
dans  le  mal. 

(1)  Comme  dans  ce  vers  d'Antar,  où  l'Achille  arabe  déclare  qu'il  .ne 
craint  personne  :      C>>j  CJl  ^li-l  'c— l*     ^y\  O  ^r**«^  ^'-^d 

(2)  Le  Coran  (  sourate  LXXIl  )  parle  de  génies  musulmans  et  d'autres 
qui  sont  infidèles  V.  aussi  Qazwînî.  Cosmogr,  I.  368.  et  Damîrî.  I.  229. 

(3)  Dîvân  d'aï-  Hansâ.  Traduit  par  le  P.  de  Coppier.  V.  note  de 
la  p.  167. 


DOUA  99 


Doronic.  Esp  :  doronica.  Ptg  :  doronico.  Plantes  de  la 
famille  des  synanthérées.  C'est  une  altération  d'un  mot 
arabe  qui  se  présente  sous  les  formes  suivantes,  /j^ 
daranagj  /  \j^  darânag,  fjj^  daroânag*  La  dernière  for- 
me est  celle  de  l'édition  égyptienne  d'Ibn  el-Beithar; 
Leclerc  lit  /  j^  douranag.  D'après  l'auteur  du  traité  des 
Simples,  c'est  «  une  plante  abondante  dans  les  montagnes 
de  Beyrouth  en  Syrie  ;  on  en  trouve  aussi  à  Kafr  Solwân 
dans  le  Liban  »  (i). 

Douar.  Esp  :  aduar  (2).  En  «  Algérie,  dit  d'Arvieux,  on 
appelle  une  tente  Dar  et  Douar  au  pluriel.  Ainsi  un 
Adouar  (3)  est  un  amas  de  plusieurs  tentes,  ce  qui  fait  un 
village  portatif  et  ambulant  »  (  III.  235).  j\:>  dâr,  maison 
a  parmi  ses  nombreux  pluriels  j\j^\  adwâr.  Dozy  donne 
comme  étymologie  de  douar  le  mot  j\j^  douwwâr  qui  fait 
au  plur.  jljil  (Bocth.)  jjljji  (Paulmier  )  et  jj^j^  (Cher- 
bon.- Gasselin  etc.  ). 


(  1  )  Plus  loin  il  répète  encore  qu'elle  se  rencontre  surtout  dans  les  mon- 
tagnes de  Beyrouth.  Ibn  el-Beithar  avait  exploré  le  Liban  où  il  avait  dé- 
couvert plusieurs  plantes  nouvelles. 

(2)  L'esp.  aduar  peut  représenter  le  plur.jlj^l  ouïe  sing.  j\j'j^\ . 

(3)  «Leui's  tentes  qui  composent  leurs  Adoûards  (sic)  ou  Villages  ambu- 
lants etc..»  ( D'Ai'vieux 'IV.  28).  «Ils  dressent  leurs  tentes  les  unes  proches 
des  autres  ainsi  qu'en  un  camp.  Tout  cela  joint  ensemble  s'appelle  un 
douar y>  P.  Dan. 


loo  DOUM 


Douane.  Au  1 7"^®  siècle  Ménage  dérivait  déjà  ce  mot  de 
o^yji  dîwân^  qui,  chez  les  écrivains  du  Maghreb  et  de 
TAndalousie,  a  la  signification  spéciale  de  bureau  de  doua- 
ne. Voir  les  nombreuses  autorités  citées  (i)  par  Dozy 
(  Gl.  Esp.  et  Suppl.  ).  Dans  le  Livre  des  Merveilles  de 
l'Inde  (X"^®  siècle  ap.  J.  C)  douane  est  traduit  par 
ojs:-^  ou  Jâl^  (p.  119)  lieu  d'inspection  L  ojà:^  il 
^Ui^\  l£>  l^i  ^^  Ja^l .  Il  y  a  sur  le  rivage  un  bureau  de 
douane,  011  l'on  perçoit  une  taxe  sur  les  marchandises.» 

Doum  ou  Doume.  Palmier  nain  de  la  Haute  Egypte 
Voici  comment  le  P.  Sicard  décrit  «  une  forêt  de  doums 
ou  dattiers  sauvages.  Cet  arbre  que  l'on  ne  voit  en  Egyp- 
te que  depuis  Girgé,  en  tirant  vers  la  Nubie,  a  cela  de 
singulier  sur  tous  les  autres  arbres,  que  son  tronc  se  di- 
visant et  se  fourchant  en  deux  parties  égales,  chaque 
branche  se  subdivise  en  deux  autres,  qui  se  partagent 
chacune  de  même  façon  jusqu'à  ce  qu'elles  parviennent 
à  la  cime  des  dernières  branches.  Ce  ne  sont  que  ces 
dernières  branches  qui  produisent  des  feuilles  semblables 
à  celles  des  palmiers.  Le  fi*uit,  qui  est  de  la  couleur  de 
son  écorce  est  gros  comme  une  petite  grenade.  La  chair 

(1)  On  peut  y  ajouter  le  passage  du  Collier  de  perles  de  Badr  ad-dîn  Al- 
'Aïnî  où  il  est  parlé  de  droits  de  douane  'Cj\yji\  J^!l  (V.  Historiens  des 
Croisades.  II.  1""^  pratie.  p.  223). 


DROG  loi 


est  si  dure  qu'une  hache  bien  affilée  ne  l'entame  qu'avec 
peine  (i).  Les  paysans...  trouvent  moyen  d'en  venir  à 
bout.  »  (2)  Doum  est  la  transcription  de  ^j^  daum  ou 
doâm.  Cette  dernière  prononciation  est  celle  de  presque 
tous  les  voyageurs.  Poncet  dans  sa  relation  d'Ethiopie  (3) 
l'appelle  doini  Bruce  (Nubie.  I,  228  et  V.  60)  écrit 
doom,  (Prol.  Ibn  Khal.  II.  216). 

Drogman  ou  Dragoman.  Esp  :  truchiman.  Ptg  :  turge- 
man.  Cat  :  turcimany,  trutximan.  //  :  drogmano,  dragomano, 
turcimanno;  de  ô^>-j  tourgoumân^  interprête.  Il  y  a  encore 
les  formes  CA^j  tourgamân^  et  ûi«->-J'  targamârij  ce  que 
les  Historiens  des  Croisades  rendent  par  Durgeman  (  V. 
Hlst.  Occid.  II.  Gloss.  ).  Drogman  et  surtout  Dragoman 
ont  certainement  subi  Tinfiuence  du  grec  moderne 
ôçayoïiavo^,  (4)  Truchement  n'est  qu'une  variante  qu'on 
rencontre  déjà  au  XV^^®  siècle.  D'Arvieux  écrit  constam- 
ment trucheman. 


(  1  )  On  en  fait  encore  une  grande  consommation  au  Caire.  V.  Missions 
Catholiques.  1882-p.  539.  -Ce  qu'on  mange  au  Caire^  article  du  P.  Jullien. 

(2)  Lettre  au  Comte  de  Toulouse  dans  la  collect.  des  Lettres  édif,  (éd. 
Martin  )  T.  I.  p.  473. 

(3)  Lettres,  édif.  I.  604. 

(4)  V.  le  substantiel  article  du  Dict.  de  Trévoux  au  mot  drogman.  F.  Gé- 
nin  (  Récréai.  Pkilol.)  raille  souvent  les  Révérends  Pères.  C'est  peut-être 
pour  leui'  faire  payer  l'honneur  d'avoir  enregistré  mainte  étymologie 
orientale  qu'on  voudrait  mettre  à  l'actif  d'auteurs  beaucoup  plus  modernes. 


102 


ÉBLI 


Dubhé.  Étoile  appartenant  à  la  constellation  de  la 
Grande  Ourse  ;  de  ^A^^W  ad-dîbâ\  les  Hyènes.  {V.  Cos- 
mographie de  Chems  ed-dln^  éd.  Mehren,  fig.  2.) 


Ébahir.  Il  y  a  en  Rouchi  le  participe  ^aA/,  étonnant; 
au  1 6^"^  siècle  la  lettre  h  était  encore  aspirée  dans  ébahir. 
Tout  cela,  joint  à  l'insuffisance  des  explications  données 
jusqu'à  ce  jour,  fait  penser  à  c*^  bah'ita^  s'ébahir,  comme 
traduisent  Bocthor,  Heury  etc.  ou  bien  àc-J- 1  abhata,  éton- 
ner, ^'Z^aA/r  (i),  comme  dans  Ibn-ôoubair  p.  148  et  239. 
A  moins  que  l'on  ne  préfère  ^1  abhara^  éblouir,  auquel 
conviennent  mieux  le  vieux  radical  baïr^  étonner,  l'espag. 
embaïr,  faire  illusion,  et  l'italien  :  baire,  étonner. 

Éblis  ou  Iblis.  Le  démon,  de  ^jM^  iblts,  altération  de 
àiàSoloi»  Certains  étymologistes  arabes  voudraient  dériver 
^jAi)  de  ^jJji  ablas,  désespérer,  «Iblis  ayant  désespéré  de 
la  miséricorde  divine».  Al-ôawâlîqî,  sans  toutefois  établir 
la  vraie  origine  du  mot,  leur  répond  que  si  le  mot  était 

(1)  Dans  l'ancien  franc,  ébahir  était  actif.  Littré  a  raison  de  regretter 
qu'il  n'en  soit  plus  ainsi. 


ÈCHE 


105 


arabe  il  se  déclinerait  •  •  •^^\  j^lj  ùb  c^j*».  ^J^  ^^^^-i 
cJ^  i:«  ùl^/^l  (  Mu'arrab,  17.) 

Échecs.  P/g-  :  escaques.  It  :  scacchi.  -  On  a  proposé 
l'arabe  ^1  ach-cheikh]  mais  la  présence  de  Va  dans 
escaques  et  scacchi  ne  le  permet  pas.  Echecs  vient  de  ollil 
ach-châh,,  formé  de  l'article  arabe  et  du  persan  chah.,  roi. 
«  Le  joueur  qui  met  le  roi  sous  le  coup  d'une  prise  avertit 
son  adversaire  en  disant:  ech-châh,  le  roi!»  (Devic). 
La  présence  du  c  dans  échec  s'explique  par  la  manière 
dont  les  Arabes  faisaient  sentir  le  0  A  persan  final;  ils  lui 
donnaient  habituellement  la  valeur  d'un  J,  d'un  (^  ou 
d'une  autre  lettre  sonore  (i). 

L'expression  échec  et  mat  est  une  altération  de  oU  ©11)1 
ech-châh  mât.,  que  M,  Dozy  avait  d'abord  traduit  par  «  le 
roi  est  mort  »  prenant  oU  ,  mât.,  pour  le  verbe  arabe 
mourir.  Plus  tard  dans  son  Supp.  il  s'est  corrigé  (2).  oU 
mât  serait  tout  simplement  un  adjectif  persan  signifiant 
étonné,  surpris  (j^  )  On  dit  indifféremment  CX^  e\t 
chah  mâtj  ou  CjC^  chahmât,  d'où  l'ital:  scacco  matto; 


(1)  Compar.  .^fdJJ  (d'où  le  franc:  Belléric,  sorte  de  myrobolan ) venant  de 
persan  JjiJ-et  Emblic  de  ,jd/.i  amlag,  du  persan  ^Jl-T,  amleh.  On  écrit  en- 
core Emblique  et  Amblique.  Poui*  le  changement  du  y  en  J  comp.  Jaj^  du 
persan  «oj^^^  ,  et  ja^  du  pers.  <i>U.  (  Muarrah.  42  )  etc. 

(2)"  Sur  les  observations  de  M"^  Gildemeister  et  de  Mirza  Kasem-Bey. 


04 


ÉLIX 


ou  bien  oU  oLlil  echchâh  mât,  d'où  vient  notre  échec  et 
mat  et  l'espagn  :  xaquey  mate.  La  présence  de  la. particu- 
le conjonctive  me  semble  due  à  l'aspiration  médiale  (o)  de 
OUaL^l  ech-châhmât,  qui  dans  la  prononciation  du  peuple 
devient  ech-chahémat. 

Élixir.  Esp.  Ptg  :  elixir.  It  :  elisire.  Cétait  chez  les 
alchimistes  la  matière,  qu'on  répandait  sur  les  métaux, 
pour  les  changer  en  or  ;  de  jiS^^lal-lksir,  pierre  philo- 
sophais La  formation  en  est  ainsi  expliquée  par  les  Mille 
et  une  Nuits.  [\\\,  191.  éd.  Salhani):  «  ôÔa  ci  (^^Ij^jViO^ 

r^  C-^*  V:^"^^  û^^^  i^  -^^-^  cT^"*''^  <y  crjf  J^*  ^  *-^jf^ 
«^/èoII  l^  û^ftJi^a) j  l^: jâ^Li  lju5  1  jwijj  ejl^  1  ^5^ .  Les  fleurs 
de  cette  île  desséchées  par  le  soleil  tombent  et  sont  em- 
portées par  le  vent.  Elles  se  ramassent  sous  des  pierres 
oii  elles  se  changent  en  iksir,  qu'on  ramasse  et  dont  on 
fait  l'or.  »  (i)  Khafâgî  rapporte  (  JJUil  «^U^  )  qu'on  l'ap- 
pelle encore  ^f^  ^  .  Il  est  parlé  de  ïiksir  dans  le  *iJ^^ 
d^Ibn-Mo'tarr  (mort  en  909  ).j<S^\  vient  de  i7(>oV,  sec.  (2) 
Il  a  subi  une  dérivation  de  sens  analogue  à  celle  d'alcool; 
le  mot  ne  se  dit  plus  que  de  liqueurs  (3)  résultant  d'un 

(1)  V.  IbnBatoutal.  136.  et  Ibn  Khaldoûn.  Prolégom.  III.  192.  229. 

(2)  Ménage  rattachait  ,J^^\  a  la  l'acine  ^  briser,  «l'élixir  ayant  la 
force  de  rompre  les  maladies». 

(3)  Cette  dérivation  de   sens  avait  déjà  eu  lieu  en  arabe,  car  là  aussi  il 
se  disait  de  préparations  liquides  (Dozy.  Suppl.  ). 


ÉMIR  105 

mélange  de   certains  sirops  avec    des   alcoolats»  (M. 
Devic). 

Émir.  Prince;  de  ju\  ,  amtr,  commandant,  prince. 
Dans  les  historiens  latins  des  Croisades  ce  mot  est 
transcrit  de  la  façon  la  plus  variée  :  amirarius,  ammirams, 
ammirarius,  ammir  avis  sus  ^  admir  avis  sus  ^  amiratus,  admi- 
ratus^  amiralius,  admiralius  (i),  admiralis  ^  amiraldus. 
D'oij  vient  ce  luxe  incroyable  déformes?  (2)  surtout  de 
celles  terminées  en  alis,  aldus  etc?  Est-ce  un  souvenir  du 
titre  J^jjiju\  amtr  al-go/oâch,  commandant  des  troupes, 
porté  à  l'époque  des  croisades  par  le  premier  visir  (3)  des 
Califes  d'Egypte?  (V.  Aboul-Féda.  I.  34,  1"^  Vol.  des 
Hist.  Orient.  Crois.  pas'S'.  )  ou  bien  de  *\j^\j.a\  amtr  al- 
oumarâj  prince  des  princes,  et  d''autres  titres  analogues 
qui  allèrent  se  multipliant  à  la  cour  des  Atabecs  et  des 
Sultans  Mamlouks,  et  qui  débutaient  toujours  par  ...  JU^l 
amîr  a/...  (4) . 

(1)  Comp.  le  néerlandais  admiraal,  amiral. 

(2)  Toutes  n'ont  pas  été  relevées  ici.  Qu'on  n'oublie  pas  que  clans  tous 
les  passages  aux  quels  nous  avons  emprunté  ces  formes  (V.  Tables  et  Gloss. 
des  Hist.  Occid.  des  Croisades)  il  s'agit  toujours  d'émirs  commandant  les 
troupes  de  terre. 

(3)  Avec  qui  les  croisés  eurent  tant  affaii'e. 

(4)  aEmin  ou  Emir  (c'est-à-dire  commandant)  est  une  appelation 
honorifique  que  portent  tous  ceux  des  musulmans  issus  de  Mahomet.  Par 
extension,  ils  ont  seuls  le  droit  de  porter  le  turban  vert...  ».  Hist.  générale 
de  l'Eglise.  Tome  XV.  p.  380,  par  l'abbé Darras. Dans  ces  lignes  Féminent 
historien  confond  émir,  émin  (de  CAm\,amîn,  loyal,  fidèle)  etchérif. 


io6  ÉPIC 

Enif.  L'ô  de  la  constellation  de  Pégase.  C'est  la  pronon- 
ciation  vulgaire  de^-Âî^a/z/,  ne^-,  ^^ ^\  Ji}<  anf  al-faras^ 
le  nez  du  cheval  ou  Pégase,  appelé  en  arabe  JâcVi  ^yll 
al'faras  al-a'dam,  le  grand  Cheval.  Au  lieu  de  ^yil  J^\ 
cette  étoile  est  appelée  beaucoup  plus  souvent  ^Jà\  L 
bouche  du  cheval,  ou  ^yll  ^ji^^T  lèvre  du  cheval,  noms 
qui  indiquent  mieux  sa  position.  (V.  Abdurrahmân  Es-su/i, 
Ed.  Schjeller.  p.  1 1 3  ). 

Épicerie.  Il  me  semble  prouvé  que  l'espagnol  abaceria^ 
boutique  où  l'on  vend  du  vinaigre,  de  l'huile,  des  légumes 
etc.  dérive  de  j\j\  ab^âr  ou  de  j^jU  abâ^ir,  condimen- 
tumoUae,  aromata  etc.  (Freyt.  ),  épicerie  dans  Heury. 
C'est  aussi  l'explication  du  Cheik  Mohammad  'Abdoû  dans 
son  commentaire  sur  la  \jj^\  1«IL»  de  Badi'uz-Zamân  (i). 
D'après  c(  l/yij  Jiyîlj  JiUlir4.x^y  ^ULUi  *^jp  U^jWi  » 
cela  serait-il  téméraire  d'assigner  au  mot  français  la  même 
origine?  M.  Sédillot  pour  sa  part  affirme  que  épicerie 
vient  de  «  ebe^eri^  marchandises.  »  Le  mot  est  mal  tran- 
scrit et  encore  plus  mal  traduit,  mais  l'étymologie  mérite 
considération. 


(1)  Séances  de  Badi^uz-Zaman  al-Hamadânî  commentées  par  le  Cheik 
Moh.  Abdou.  -  Imprimer.  Catliol.  Beyrouth.  1889. -En  français  les  épice- 
ries désignent  les  drogues  et  «surtout  celles  du  Levant»  (Trévoux). 


ESCA  107 

Épinard.  Esp  :  espinaca.  Ptg:  espinafre.  Le  vieux 
franc,  a  les  formes  :  espinace,  espinoche.  On  s'accordait 
généralement  pour  dériver  ce  mot  du  latin  spina.  M. 
Devic  a  fait  justice  de  cette  étymologie  qui  ne  repose  sur 
rien  de  solide.  Il  paraît  prouvé  que  épinard  vient  de 
PAk^\  (i)  îsfânâkh  ou  'A — I  isbânâkh^  même  sens.  Les 
formes  ^\U\  ,  isfânâg,  ou  ^l^-l  isfinag  ont  probable- 
ment donné  naissance  au  flamand  spinage.  Ibn  el-Beithar 
(édit.  Boulac)  donne  encore  'Aj  ^abânakh,  et  le  dia- 
lecte vulgaire  a    '^ÇS  sabâiiakh  et  ^Up  sabânakh. 

L'épinard  était  inconnu  aux  Grecs  et  aux  Romains; 
il  fut  introduit  par  les  Arabes  en  Espagne,  d'où  il  se  ré- 
pandit dans  le  reste  de  l'Europe,  Il  croît  spontanément 
en  Orient.  Au  XI"^^  siècle  Ibn-Haggâg  avait  déjà  com- 
posé un  traité  sur  l'épinard,  où  il  assure  qu'à  Séville  on 
en  semait  de  précoces  en  Janvier  (2). 

Escafe.  Soulier,  chaussure.  Escarpin  soulier  léger  qui 
laisse  le  cou  de  pied  à  découvert  (Litt).  Escajignon, 
(vieux  mot)  même  sens  que  escarpin.  Il  est  difficile  de 
ne  pas  songer  à  ^Isdl  iskâf^  J^J\  askaf^  ^^\  ouskoûf^ 


(1)  Forme  la  plus  classique  donnée  par  Qazwînî  (Cosmogr.  I.  272  1.  Ibn 
el-Beithar  etc.. 

(2)  Agriculture  à'lhiûraX-k\y\v km.  (Trad.  Clément-Mulet  II.  154). 


io8  ^  ESTR 

tilSCll  iskâfi^  signifiant  cordonnier.  Les  souliers  des  Ara- 
bes rappellent  fort  bien  les  escarpins^  leur  nom  ^U^ 
viendrait  même  de  Ja>-^  khaff^  être  léger.  Devic  ratta- 
che à  escafe  et  à  escarpin  les  mots  suivants  ;  escoffraie, 
boutique  de  marchands  de  cuirs  ;  escofjîer^  marchand  de 
cuir.  Je  n'oserais  l'en  blâmer :^l5Cll  est  ancien  en  arabe; 
on  le  rencontre  dans  le  Z^\  4a*  et  longtemps  avant  dans 
le  poète  Al-A'châ  ;  (il5Cli  est  un  nom  propre  porté  dès 
les  premiers  temps  de  l'Islam. 

Estragon.  L'étymologie  arabe  de  ce  mot  a  été  solide- 
ment établie  par  M.  Devic.  La  forme  ùy^  j^  iarkhoûn  (i) 
même  sens,  est  la  plus  ordinaire.  On  trouve  aussi  û^>/ 
tarkhoun^  ô^^j^a  iabarkhoun  et  ô^^  talkhaun.  Il  paraît 
que  le  mot  ûj^J^  était  Jadis  trouvé  bien  dur  par  certains 
délicats:    Ô^^SC^  «Jâil  îdilj  ^c**!  -\x^  jy^jU]  ^\  ^jj]k\\i  ))j 

^\  ju\  JjîD    Oj^'  oU-->'J  f-LI^I  ^ai^  /v^iâ*»  oU-«  J^J  »I«li)  ^31  'Cysu^^  *Uc 

oU«/»  (^1  j.^1  J^.  «  Ces  gens  évitent  de  prononcer  le  mot 
tarkhoCm  à  cause  de  la  dureté  des  lettres  qui  le  commen- 
cent; ils  emploient  donc  des  circonlocutions  et  le  font 
passer  comme  menthe.  Quelques-uns  l'appellent  A^rZ?^  des 

(1)  D'où  vient  en  di^oite  ligne  targon  que  Trévoux  déclare  être  la  même 
chose  qu'estragon.  Devic  n'a  pas  signalé  cette  forme  dans  son  article  si 
savant  d'ailleurs  sm*  estragon. 


FABR  109 

affamés^  d'autres,  camphre  du  cœur\X,o\xi  cela  pour  désigner 
Je  tarkhoûn.  »  (  Geogr.  Arab,  Gloss.  p.  289  ). 

Eyalet.  Nous  qu'on  donne  quelquefois  au  Vilayet  (  V. 
ce  mot.  )  de  aÎI  [  iyâla^  prononce  eyalé  (  c^\i\  )  par  les 
Turcs,  et  qui  dérive  de  JT  être  à  la  tête. 


Faal.  Noms  que  les  habitants  de  Saint-Jean  d'Acre 
donnent  à  un  recueil  d'observations  astrologiques  qu'ils 
consultent  en  beaucoup  d'occasions.  (  Dictionnaire  infer- 
nal par  Collin  de  Plancy  ).  C'est  l'arabe  JI5  /a/,  présage. 

Fabrègue.  Plante  dont  les  feuilles  ressemblent  à  celles 
du  serpolet  [lÀiu).  Esp:  alhabaca,  albahaca,  alabega, 
alfabega,  alhabega.  Cat  :  alfâbrega;  de  jil  al-habaq,  qui 
désigne,  le  basilic  dans  le  Levant  et  en  Algérie  (i);  ou 
plutôt  c'est  un  nom  générique  qui  s'applique  à  des  plantes 
la  plupart  labiées.  Il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  de  voir 
jljj  si  mal  défini  par  les  dictionnaires,  vu  que  l'arabe 
compte  une  dizaine  de  plantes  au  moins  qui  méritent  ce 
nom.  (2)  Le  changement  de  ^  (h)  en /ne  doit  pas  arrê- 


(  1  )  V.  Marcel  -  Pauloiier  -  Heury  -  Bocthor  etc. 
(2)  V.  Ibn  el-Beithar  et  Dozy.  Suppl. 


1 1  o  FALA 

ter.  Fabrèque  nous  est  venu  probablement  par  l'espagnol  ; 
or  en  cette  langue  le  C  initial  ou  médial  se  change  en  /. 

Fagarier.  Plante  exotique  de  la  famille  des  xanthoxy- 
lées,  de  o^J^Ji  fâghira.  D'après  Avicenne  le  fagara  est 
un  fruit  apporté  de  Sofala.  D'autres  auteurs  arabes  le  font 
venir  du  Soudan.  Le  Livre  des  routes  et  des  provinces  indi- 
que aussi  l'Inde  comme  pays  de  provenance.  D'après  le 
Dict.  de  Trévoux,  le  «fagara  est  un  petit  fruit  des  Indes.  » 
Le  Suppl.  au  Dict.  de  l'Académie  dit  que  c'est  un  «  petit 
fruit  des  Philippines;  il  est  aromatique,  fortifiant  et  ré- 
chauffant. » 

Falaque.  Esp  :  falaque.  Ptg  :  falaca.  «  Instrument  de 
supplice  (i)  usité  au  Maghreb»  (Litt.)  et  en  Orient  «Le 

(1)  Voici  ce  que  dit  un  vieux  missionnaire  d'Orient  de  «la  peine  du  Falaq 
que  les  écoles  de  Syrie  avaient  emprunté  à  la  justice  turque  et  sans  laquel- 
le un  maître  arabe  se  serait  cru  désarmé  en  face  de  ses  élèves.  Qu'on  se 
figure  un  rouleau  de  bois  de  75  à  80  centimètres  de  long  et  une  corde  de 
plus  d'un  mètre  solidement  fixée  à  deux  trous  pratiqués  aux  extrémités  du 
rouleau,  voilà  le  Falaq  ;  et  voici  maintenant  la  manière  d'en  faire  usage. 
Le  patient  se  déchausse  et  s'étend  sur  le  dos,  au  beau  milieu  de  la  classe. 
Au.^sitôt  deux  de  ses  camarades  lui  passent  sans  pitié  les  deux  pieds  sous 
la  corde  du  Falaq.  Après  l'avoir  fixée  un  peu  au-dessus  de  la  cheville,  ils  la 
raccoui'cissent  en  la  roulant  sur  la  pièce  de  bois,  jusqu'à  ce  que  les  pieds  y 
soient  pris  comme  dans  des  ceps.  Alors  les  deux  aides  soulèvent  leFalaqà^xm 
bon  demi-mètre  et  l'exécuteur  décharge  horizontalement  sur  la  plante  des 
pieds  une  série  de  coups  de  baguette....  J'ai  hâte  d'observer  que  ce  procédé 
est  to:ïibé  en  désuétude  dans  presque  toutes  les  écoles  chrétiennes,  grâce  à 
l'influence  des  missionnaires.  Mais  en  1850  le  Falaq  régnait  encore  en  maî- 
tre dans  les  écoles.  »  Lettres  de  Mold.  T.  III.  84.  Cette  publication  étant 
assez  rare,  nous  avons  cru  devoir  citer  le  passage  in  extenso  malgré  sa 
longueur. 


FANF  1 1 


cady  rinterrogea...  Il  fut  couché  par  terre  et  on  apporta 
les  falaques  pour  lui  donner  des  coups  de  bâton  »  (D*Arv. 
VI.  i66)de  Jô  falaq,  même  sens,  et  non  llS»  falaqa^ 
comme  écrivent  presque  tous  les  étymologistes.  Falaca 
se  trouve  pourtant  dans  plusieurs  relations  (V.  Dozy. 
Gloss.  262)  et  dans  le  Diction,  de  Trévoux.  L'addition 
du  S  paraît  propre  au  Maghreb,  En  Syrie  on  ne  connait 
que  jU  falaq.  Les  Persans  ont  45aj 

FanaL  Esp.  Cat.  et  Plg  :  fanal.  //;  fanale.  Bas  lat  : 
fanale,  fanarium;  dejLi5,/a/zar,  lanterne,  fanal,  phare  (i). 
Le  mot  arabe  est  sans  doute  d'origine  grecque,  et  doit 
probablement  son  origine  à  cpavâQLov 

Fanfaron.  Esp  :  fanfar ton.  Cat:  fanfarro.  P/^:  fanfar- 
râo.  Gallic:  fanfurrîna.  Basq:  pomparroya.  //.•  fanfano. 
Marina  propose  j^*  ,  fankhar^  gloria  se  jactavit  inani 
(Freyt.  )  Cette  explication  rend  parfaitement  compte  de 
la  nasalité  qui  se  retrouve  dans  toutes  les  formes  citées  (2). 
On  n'en  peut  pas  dire  autant  de  j\»jfarfâr^  multiloquus 
(  Freyt.  )  léger,  inconstant.  Fanfaron  doit-il  se  rattacher 


(1)  V.  Synonymes  arabes  p.  164. 

(2)  La  transcription  du  ^  par  f  est  trop  fréquente  en  espagnol  pour  qu'il 
soit  nécessaii'e  d'en  donner  ici  des  exemples.  Dans  ^>^  il  est  facile  de  re- 
connaître la  racine  ^ ,  se  vanter,  et  ses  congénères  ji^i ,  s'enorgueillir, 
î-uicià ,  î^iiti ,  y,^ ,  etc.. 


112  FAQU 

à  Fanfare}  Diez  fait  de  ce  dernier  mot  une  onomatopée. 
Littré  avoue  qu*on  ne  lui  trouve  pas  de  racine,  (i) 

Faquin.  Huet  a  proposé  jpi  faqîr^  «  comme  étymo- 
logie  de  l'italien  fachino,  portefaix,  qui  est  notre  fa- 
quin (2)  ;  esp  ;  faquin,  ptg  :  faquino  (balayeur  de  la  Patriar- 
chale  de  Lisbonne).  Le  changement  de  r  en  n  ne  ferait 
pas  grande  difficulté;  mais  nous  manquons  d'arguments 
à  l'appui  de  cette  conjecture  »  (M.  Devic  ).  Elle  peut  être 
définitivement  abandonnée.  Le  ptg.  faquino  est  de  la 
même  racine  que  facho,  fagot  de  menu  bois;  faxo,  terme 
populaire  pour  dire  bois;  le  latin  fax,  facis,  torche, 
flambeau  en  bois  (3),  facula,  éclat  de  bois,  he  faquin  était 
originairement  une  figure  de  bois  en  forme  d'homme,  con- 
tre laquelle'on  s'exerçait  au  maniement  des  armes  (Trév.) 
de  là  le  sens  de  portefaix,  coquin,  homme  de  néant  etc  {4). 

(  1  )  Sédillot  tire  fanfare  «de  l'arabe  fanchara,  même  sens  (?)  »  Hist.  II.  2 1 9. 
Narducci  donne  comme  étymologie  de  fanfarone  jlj^  qu'il  transcrit  farfa- 
ron.  C'est  attacher  trop  d'importance  à  la  nunnation,  pour  expliquer  la 
terminaison  o;ie.Même  remarque  T^oar  gabbano  de  -tLc  soigneusement  trans- 
crit abâon.  (V.  Narducci.  s.  v.) 

(2)  Faquin,  au  sens  propre  :  portefaix  (V.  Littré)  ;  ne  pas  confondi*e  avec 
aZ/a^-wm  (Trévoux),  altération  de  *^i)|  al-faqîh,  le ^nvisconsiûte.  et  qn  on 
trouve  écrit  faquis,  foquis,  nfoquis,  ce  sont  lor  prêtres  »  Estoire  de 
Brades  Empereur.  Hist.  Crois.  II,  384,  où  le  Glossaii'e  donne  foquis 
comme!  une  variante  de  faquir  (?). 

(3)  Proprement  :  morceaux  de  bois  fendus  dont  on  faisait  des  flambeaux. 
V.  Syn.  latins  de  Gardin  Dumesnil.  n°  1 074. 

(4)  V.  M.  Schapiro  n*'  75,  qui  apporte  à  l'appui  une  abondance  de  preu- 
ves, ne  laissant  plus  rien  à  désirer. 


FARF  II  j 

Farde ,  Fardeau.  M.  Devic  prouve  très  pertinemment 
que  ces  deux  mots  dérivent  de  o^j ,  farda  ou  de  ^j 
fard,  ballot,  sac,  charge  de  chameau  (i).  Mais  nous  hési- 
tons à  le  suivre,  lorsqu'il  s'efforce  de  démontrer  que  l^j 
farda,  est  «  arabe  non  seulement  par  l'usage,  mais  aussi 
par  l'étymologie  ».  Nous  pensons  que  le  mot  arabe  doit 
se  rattacher  plutôt  à  (^ôqtoç  fardeau,  charge  (2).  D'après 
M.  Génin  (5)  fardeau  «primitivement  hardeau,  hardel  » 
se  rattache  à  ahart  dont  le  fardeau  est  lié.  » 

Farek.  C'est  la  Bauhinie  acuminée  décrite  par  Bruce 
{voyag,  V.  73  )  «Le  nom  de  farek,  dit  le  célèbre  voya- 
geur, lui  a  été  donné  à  cause  de  la  manière  dont  sa  feuille 
est  divisée»;  àe3J^fàreq  part.  prés,  de  3'^fo,raq  diviser, 

ou  de  3}  fareq,  dispersé,  d'où  ^j  J^ji  ,  terre  dont  la 
végétation  est  clair-semée. 

Farfadet  En  Ital:  farfalla  signifie,  papillon,  homme 
volage]  dans  le  pays  de  Côme,  farfatala,  homme  volage. 
On  peut  sans  témérité  rattacher  ces  mots  à  j\»j  farfâr 


(1)  V.  Glossar.  Geogr.  arabum  p.  314. 

(2)  De  Sacy  considère  de  même  s^^  comme  étranger  à  la  langue  arabe. 

Voir  aussi  Fart,  de  M.  de  Eguilaz  p.  396.  où  sans  doute  çfOQTtog  est  un 

mendum  typogr.  pour  ç^ôotog* 

(3)  Récréations  philolog,  1.  335. 

8 


114  FEDD 

(  V.  Fanfarron  ).  L^arabe  vulgaire  a  encore  jy^  forfoûr^ 
papillon  (Bocthor.-Heury,  etc.) 

Fargue  ou  Falque.  Petits  panneaux  placés  sur  les 
bords  des  bateaux  pour  les  exhausser.  Esp  :  falca.  Dozy  se 
donne  des  peines  infinies  pour  dériver  ces  termes  de  la 
racine  ^^halaq,  entourer,  d'où  jU.  halq  clôture,  mur 
d'enceinte.  Cette  étymologie  peut  être  rejetée  :  l'idée 
fondamentale  de  falca^  falcas^  falque  est  bois.  Ces 
mots  doivent  être  rattachés  au  grec  g)«^>t?75 ,  planche  de 
navire,  lat:  falx^  faux,  hache  des  bûcherons;  français: 
fauque^  planche  à  coulisse  ;  fauconneau^  pièce  de  bois 
posée  en  travers  (Litt.),  vieux  franc  :  fauc^  faucois^  buisson. 
Ptg  :  falqueador,  charpentier. 

Farsanne.  Chevalier,  Cavalier.  (Trév.)  Le  mot  est  aussi 
dans  le  Suppl.  au  Did.  de  r Académie  (i  786).  Transcrip.  de 
ôL^  forsân,  plur.  de  ^^jlj  ,/ar^5', cavalier.  «Les  Maures 
appellent  les  chevaliers  chrétiens  Farsannes»  Gollut. 
Mémoires  des  Bourguignons.  IV.  c.  32. 

Feddan.  Esp  :  fadan,  fadin.  Mesure  agraire  en  Egypte, 
qui  vaut  3  3  3  kasabah  carrées  et  1/3  ;  la  kasabah  a  3  "^, 
55  (i)  de  longueur  (  Litt.  Supp.  );  de  u^-^    faddân^   agri 

(1)  Cfr.  Répertoire  de  la  législation  et  de  radministration  égyptiennes 
par  Philippe  Gelât,  artic.  arpentage. 


FELO  1 1 5 

spatium  quadringentorum  kazebeh  (Freyt.  );  Bocthor  lui 
donne  le  même  sens  (i).  En  Syrie  \efeddan  c'est  ce  qu'une 
paire  de  bœufs  peut  labourer  en  un  jour.  Dans  Edrisi  (2), 
Ibn  al-'Awâm  (3),  Qazwînî  (4),  Ibn-Batoûta  (5)  û\ji  a  le 
sens  de  champ  (  ager  ). 

Fellah.  Transcription  de  r-SU  fallâh^  laboureur  (6). 

Felouque.  Esp  :  faluca.  Ptg  :  faluga.  It  :  feluca,  filuca, 
filluca  ;  en  franc,  du  XVIP®  siècle,  falouque.  Les  étymo- 
logistes  rattachent  généralement  tous  ces  termes  à  dlij 
foul/Cj  ou  à  ^Jfi  ,  faloûka,  désignant  un  petit  navire,  une 
felouque.  Engelmann  hésite  à  accepter  cette  dérivation. 
Il  n'est  pas  loin  d'admettre  que  les  Arabes  ont  emprunté 
<5^ ,  faloûka,  aux  Italiens  ou  aux  Espagnols.  Dozy  s'écrie 
que  cette  étymologie  doit  «  être  rejetée  immédiatement 
et  sans  réserve ,  dU^  ,  foalk,  étant  un  vieux  mot  employé 
seulement  par  les  poètes,  et  étranger  à  la  langue  parlée 
au  moyen-âge.  »  Voilà  qui  est  exagéré  '  dlJb  ,  folk,  est  un 

(1)  s.  V.  champ  -  Marcel.  (  s.  v.  terrain  ) 
(2j  Descrip.  de  TAfi-ique  (  Dozy.  )  p.  154. 

(3)  II.  p.  39.  Voir  note  du  traducteur. 

(4)  *;i:^  jiu  ôl>j  oj>  Jj  II.  p.  364. 1.  7. 

(5)  ^\jA  j  ifi^j  1^1x29  ol>n  L»-!)  Jù.  (  Batoûta.  IV.  ) 

(6)  ((Les~  naturels  du  pays  et  les  Bédouins  fixes  sont  tous  compris  ici 
sous  le  terme  générique  àeFélaques  c.-à.-d.  paysans  ou  villageois...  Dans  la 
bouche  des  Turcs  ce  terme  est  si  injurieux  que  sïls  veulent  marquer  pour 
quelqu'un  le  dernier  mépris  ils  se  contenteront  de  dire,  c'est  un  Félaquey> 
Description  de  l'Egypte  par  M.  de  Maillet.  I.  p.  25. 


ii6  FELO 

mot  moins  savant  que  ne  le  prétend  Dozy.  Il  se  trouve  dans 
les  Mille  et  une  Nuits,  non  seulement  dans  les  éditions 
existantes,  mais  encore  dans  les  manuscrits,  comme  dans 
celui  de  TUniversité  S^-Joseph  ( Beyrouth),  où  le  mot  d\l» 
est  répété  à  satiété  ;  et  ce  qui  me  paraît  décisif,  on 
le  lit  dans  un  passage  de  Mas'oûdî  (i)  (I.  292.)  et  dans 
un  autre  de  Zamakhcharî.  Les  PP.  Heury  et  Belot  (  ce 
dernier  dans  ses  deux  dictionnaires)  n'hésitent  pas  à  tra- 
duire felouque  par  dl^  dont  le  diminutif  ïSCSi  folaïka  est 
employé  en  Syrie  (V.  Le  Journal  arabe,  le  Bachir^  27 
Nov.  1889.)  Le  mot  dllj  existe  aussi  en  turc  avec  le 
sens  de  navire,  bateau,  petit  vaisseau.  Les  Turcs  ont  dû 
remprunter  aux  Arabes  avec  le  sens  que  ces  derniers  y 
attachaient.  L'existence  de  haloque  en  espagnol,  qui  se 
rattache  étymologiquement  à  faluca  prouve  aussi  que  le 
mot  dlij  ou  ^S^j  était  employé  au  moyen  âge  (2). 

Quant  à  la  prétention  de  Dozy  de  dériver  felouque  de 
45  r^5-  harrâqa^  nous  hésitons  à  l'admettre.  Il  est  bien  vrai 

(1)  Je  ne  comprends  vraiment  pas  ce  qui  porte  le  savant  étymologiste  à 
contester  la  valeur  de  ce  passage.  dAJU  y  est  employé  par  Tauteur  dans  le 
sens  de  vaisseau  ;  et  cela  sans  autre  explication;  ce  qui  prouve  que  le  mot 
n'est  pas  exclusivement  poétique.  Les  critiques  de  Dozy  contestant  la  valeur 
probante  des  passages  des  Mille  et  une  Nuits  sont  plus  heureuses.  Il  est 
certain  que  souvent  le  contexte  réclamerait  plutôt  duT  kalak,  radeau,  que 
dU».  Mais  comment  admettre  que  les  copistes  aient  remplacé  vîAlf  par  du*, 
si  ce  dernier  mot  est  aussi  inconnu  que  le  prétend  Dozy  ? 

(2)  Voii'  le  substantiel  article  de  M.  de  Eguilaz  p.  394. 


FOMA  117 


que  4Îl^ne  signifie  pas  seulement  brulôt,  mais  encore 
barque  (i),  surtout  barque  de  plaisance.  Mais  de  là  à  felou- 
que il  y  a  encore  une  certaine  distance;  et  il  faudrait 
prouver  qu'elle  a  été  franchie,  malgré  les  difficultés  pho- 
nétiques, qui  ont  bien  aussi  leur  importance  (2). 

Fennec.  Bruce  a  longuement  décrit  ce  quadrupède 
dans  ses  Travels  p.  1 28.  Ce  qui  est  moins  louable  chez 
lui,  c'est  d'avoir  ajouté  un  n  h  l'arabe  dii  fanek.  Chams 
ad-dîn,  le  cosmographe  damasquin  en  fait  «un  animal  de 
la  grandeur  de  la  gazelle  (3);  JljilljJ^  ciô^j-?-  ^3  Les  moder- 
nes lui  donnent  des  proportions  beaucoup  plus  modestes. 
Les  passages  de  Mas'oûdî  et  d'Ibn  el-Beithâr,  où  il  est 
question  de  fourrures  de  fennec  provenant  des  bords  du 
Volga  ou  des  pays  slaves,  ne  doivent  pas  s'appliquer  à  no- 
tre db  qui  paraît  être  un  animal  exclusivement  africain  (4). 

Fomalhaut.  Étoile  de  première  grandeur,  a  du  Poisson 
austral.  En  arabe  O^  ^  fam  al-hoûtj  la  bouche  du  pois- 
son, ou  ^di^^J^  f^  9  la  bouche  du  Poisson  austral  (Ab- 
durrahman  as-sufi,  p.  189  et  2Ç  5  ). 

(1)  Voir  notre  note  1.  p.  77. 

(2)  Dans  le  livre  des  Merveilles  des  Indes  il  est  parlé  d'un  canot  appelé 
ji^  ce  que  le  traducteur  M.  Devic  rend  par  felou  ^i)l  ^J.\  ^j^  ruiJI  iili 

(3)  Edit.  Mehren.  p.  238. 

(4)  V.  Bakrî  p.  171.  et  les  articles  de  Dozy  et  DeTic. 


FOND 


Fonde,  Fondic,  Fondique,  Fondouc  et  Fondue.  On 

trouve  encore  fondigue.  —  Esp  :  alhondiga,  alfondeca, 
alfondega,  alfondiga,  fondaca,  fonda.  Maj  :  alfondec.  Gall: 
alfondiga.  Cat:  alfondech.  //:  fondaco  (i).  Tous  ces  mots 
ont  signifié  boutique,  magazin,  hôtellerie  pour  recevoir  les 
marchands  étrangers,  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  un  khan 
dans  le  Levant.  A  Alexandrie  dit  le  chev.  d'Arvieux,  les 
nations  d'Europe  ont  «toutes  leurs  Fondlques  qui  sont 
de  très-grandes  maisons  comme  les  khans  ou  karavanse- 
rails  »  I.  176.  Dans  les  principautés  fondées  par  les  Croi- 
sés la.  fonde  était  une  sorte  de  bourse,  où  les  marchands 
se  réunissaient  et  traitaient  d'affaires  commerciales  (2). 
A  Jérusalem  on  appelait  cour  de  la  Fonde  un  tribunal 
de  commerce  (3).  Tous  ces  mots  dérivent  de  3-^  foun- 
douq,  que  Al-gâwilîqî  dit  être  «  dans  le  dialecte  de  Syrie 
un  khan  où  descendent  les  voyageurs,  comme  on  en  trouve 
sur  les  chemins  et  dans  les  villes  :  ù\^  ^1^11  JaI  ^  (4)  J-ûiîl 


(1)  Sigûifîe  locanda  en  Sicile.  Cfr.  Amari.  Bibl.  Arah.  Sicul.  p.  826. 

(2)  Rey.  Colon,  franq,  191. 

(3)  Ibid.  p.  59. 

(4)  Il  existe  aussi  une  forme  j^9,  attestée  par  le  Ma'^arrab:  ^  , 
ûUJI^Aj  JJLUJ)  j::i  Ja  îfrUaS  ^  Çj)__^l  c^ic-w  :  -\yi]\  Les  deux  formes  sont  cer- 
tainement d'origine  grecque  et  dérivent  de  Ttavdoyislop  ou  TTardoiatov,  au- 
berge. La  tribu  de  Qoudâ'^a  était  établie  en  Syrie  depuis  le  11"^®  siècle  ap. 
J.  G.  (V.  Hamza  Al-Asfahâni). 


FUTA  119 

(Mu^arr.  109).  J\A\j  j'>îl  à  ûp  &  ^iJ»  i^>  jll  OtW  j^ 
Fonde  représente  J-uJ  prononcé /onio' ,  à  la  manière 
syrienne,  c'est-à-dire  en  émettant  le  J  sans  explosion 
et  en  lui  donnant  la  valeur  d'un  simple  hamzé. 

Frise.  Terme  d'architecture.  Esp  :  alfiz,  friso.  Ital: 
fregio.  Dozy  et  après  lui  Eguilaz  dérivent  ces  termes  de 
X  '^i  »  ^f^Ui  corona  et  supercilium  parietis  ad  pluviam 
arcendam.  (Freyt).  Chez  Boct.  Belot  et  Heury  c'est  frise. 
Je  n'ai  aucune  raison  de  ne  pas  admettre  cette  hypothèse, 
qui  me  semble  la  plus  plausible  de  toutes  celles  propo- 
sées jusqu'à  ce  jour.  (Plur.  V.  Dozy  Glos.  270).  (i) 

Futaine.  Esp  :  fustal,  fustan.  Cat.  fustani.  Val.  fustany. 
Ptg:  fustâo.  It  :  fustagno;  de  oJai>  fouchtân  (2),  étoffe  de 
coton  dans  Ibn-Batoûta  (I.  351)  S^oll  jLuW  ^U  ^  t>- 
ûikliil  (V.  Dozy.  Suppl.  )  P.  de  Alcala  a  Jlklj  ou  Jlii; 
futaine.  M.  de  Eguilaz  voit  dans  fustal  et  fustan  une  alté- 
ration de    Jglla»3  ,  foustât  (3)  nom  de  la  ville  du  Caire. 


(1)  Dozy  pense  que  ji^\  vient  de  Joogjoo  );,•.  Tel  n'est  pas  l'avis  de  Frsen- 
kel  [Aram.  Fremdw.  22)  Pour  les  autres  étymologies  proposées.  V.  Litt. 
et  Journ.  A^iat.  Nov.  1853.  Littré  croit  que  frise  a"* est  formé  au  XVI^»® 
siècle  de  l'esp.  friso. 

(2)  On  trouve  fusteiii,  signifiant  une  étoffe,  dans  un  acte  fait  en  1407. 

(3)  Bochart  dérivait  futaine  directement  de  fustat,  nom  du  Caire. 


120  GABE 


C'est  sans  doute  aussi  l'opinion  de  Littré  quand  il  parle 
de  Fouchtân,  faubourg  du  Caire,  d'où  l'on  apportait  la 
futaine. 


Gabajpe  (i).  Esp  :  gorab,  gorabo,  corabo,  currabi,  gua- 
rapi.  Tous  ces  mots  ne  viendraient-ils  pas  de  ^\  j.  ghow- 
râb^  vaisseau,  galère,  brigantin?  Gabarre  serait  une  métha- 
thèse  du  mot  arabe.  D'après  Al-Khafâgi  kJ\j^  ghourâb, 
est  un  mot  tout-à-fàit  propre  au  Maghreb  (2).  On  le 
rencontre  aussi  avec  le  sens  de  galère  dans  le  Vot/age 
en  Espagne  (})  d'un  ambassadeur  Marocain  (i  690-1 691  ) 

Gabarî  et  Gabarit.  Littré  dérive  ce  mot  de  l'esp. 
galibo^  autre  forme  de  calibre  et  venant  tous  les  deux  de 
l'arabe  ^^15  qâlib^  forme  (  V.  Calibre  ).  Gabarit  a  été 
appelé  aussi  calibre  et  garbe. 

Gabdlle.  Esp  :  alcabala,  alcavala,  gabela.  Ptg  :  alcava- 

(1)  Et  le  diminutif  Gaharot. 

(2)  jjuj)  »ULà,  p.  162.  V.  aussi  Syn.  Arab.  N»  969. 

(3)  Traduit  de  Tarabe  par  H.  Sauvaire.  Paris.  1884.  Le  traducteui* 
met  en  note  :  «  aghréhah  pi.  de  ghorâh,  corbeau  »  ;  c'est  le  sens  littéral  du 
mot.  Al-khafâgî  se  demande  si  ce  nom  est  le  résultat  d'une  comparaison 
faite  avec  le  corbeau  «4jj^â)I  JS'  ja  J»  ^j^\  V»  Le  plus  simple  est  d'y  voir 
une  altération  du  latin  carabus. 


GALA  121 

la,  alcaballe,  alcabella,  gabella.  //  :  gabella.  Tous  ces  mots 
dérivent  bien  de  3  li  qabâla,  qui  a  signifié,  impôt,  taxe, 
droit  de  douane,  etc..  (V.  Gloss.  du  Boy  an  par  Dozy 
p.  3  8).  On  a  objecté  que  le  J  ^  ne  deviendrait  jamais  g  dans 
les  langues  romanes.  Dozy  a  suffisamment  répondu  à  cette 
difficulté  (  Gloss,  p.  75).  Ajoutons  que  ce  changement  a 
lieu  même  en  arabe.  Car  dans  bien  des  districts  le  J 
q  se  prononce  y^gh,  lettre  avec  laquelle  il  a  une  grande 
analogie  (i).  Comp  en  esp.  galapago  de  jS  y  galibo  de 

JB  ,  etc. 

Gala.  L'origine  arabe  de  ce  mot,  abandonnée  aussitôt 
que  proposée  par  Engelmann,  est  absolument  repoussée 
par  Dozy.  Devic  et  Eguilaz  la  passent  sous  silence.  C'est 
pourtant,  croyons-nous,  Tarabe  qui  fournit  l'explication 
la  plus  plausible.  Si  Ton  observe  que  gala  est  souvent  as- 
socié à  l'idée  de  vêtement,  de  costume,  on  hésitera  moins 
à  le  rapprocher  de  i^ ,  Mil'a,  vêtement  de  gala,  comme 
dit  M.  Barbier  de  Meynard  dans  sa  belle  traduction  de 
Mas'oûdî  :  VllI.  339.!^  ii>l  "u;  ^U^  Je  ji^xrJii  J^  et  ail- 
leurs  :  c\:^J.\ju^  iai'  oô*  cJL«i-l  ^^\  (  VII-270.  )  M""  Amari 


(1)  Ce  sont  deux  lettres  gutturales.  Aussi  ne  comprenons-nous  pas  pour- 
quoi quelques  grammaires  conseillent  de  donner  au  ç.  la  valeur  d'un  r  gras- 
seyé. C'est  là  une  prononciation  inconnue  en  Orient. 


122  GAMA 


traduit  de  même  4*U  par  Casacca  dl  gala  (Bibl.  Arab. 
Sicula).  Engelmann  avait  opposé  que  le  f  ne  se  change 
jamais  en^.  Dozy  réfute  solidement  cette  objection  (i) 
dans  son  Gloss.  espag.  (  p.  1 3  ). 

Galanga.  Esp,  Ptg  :  galanga.  Esp  :  garengal,  garingal. 
Cat  :  galangal,  calanca.  Ancien  français  :  galangal,  garin- 
gal. Toutes  ces  formes  dérivent  d'un  mot  arabe,  qu'on 
rencontre  écrit  C^^  /ihalangân,  ô\fy-  /chaulangânj 
Olf^jii  khâwalangân,  plante  des  Indes  Orientales.  (  V. 
Ibn  al-Beithâr.  n°  829.  Trad.  Leclerc.)  Le  galanga  J^j^ 
avec  un  damma  sur  le  r- ,  paraît  dans  un  précepte  (2)  en 

vers  didactiques  cité  par  Mas'oûdî  (VIII.  402  ): 

> 

«  Puis  du  sel  et  du  galanga  que  les  mains  se  sont  fatiguées 
à  lier  »  (  Trad.  de  B.  de  Meynard.  ) 

Gamache  (3).  Bottine,  ou  bas  de  drap,  ou  de  toile 
cirée,  qu'on  met  par-dessus  les  autres  pour  les  garantir. 
(  Trévoux  )  Avec  M.   Devic  J'y  vois  le  nom  d'une  ville 


(1)  Comp.  algorithme  de  j^jj\j9i\ ,  galanga  de  ùl?«Jli--  Pihan  dérive  gala 
de  »:>\.f ,  splendeur.  On  peut  "ajouter  "j^  honneur,  'mais  ce  sont  là  de  purs 
rapprochements,  ne  reposant  que  sur  une  ressemblance  de  son. 

(2)  Culinaire. 

(3)  Trévoux  écrit  avec  5. 


GEMM  125 


africaine  ^j^  ,  Gadamès  (  État  de  Tripoli  ),  puisqu*au 
rapport  de  Qazwînî  «  de  cette  ville  du  Maghrib  on  ex- 
portait des  cuirs  moelleux  comme  une  étoffe  de  soie  ; 

(Cosmographie  II.  3  8)  «.  ^*:il  àj>-\  c^U  \^^1:>J>\  à  l^y  ^^V 
Pour  plus  de  détails  nous  renvoyons  aux  excellents  ar- 
ticles de  Dozy  et  de  Devic. 

Garbin.  V.  Maugrebin. 

Gabelle.  Esp  :  gacel.  Ptg  :  gazel.  Esp.  et  Maj  :  gasela. 
Ancien  Ptg:  gazella,  gasella.  Gall:  gancela.  De  JIjp 
gha^âL  même  sens.  Dans  la  plaine  d'Antioche  «  il  y  a 
quantité  de  venaison,  e4  sur  tout  des  biches  qu'ils  ap- 
pellent Gabelles  en  leur  idiome.  »  R.  P.  Philippe  de  la 
T.  S.  Trinité  (i).  Et  dans  le  désert  situé  entre  Alep  et  la 
Mésopotamie  «  il  parait  souvent  des  troupeaux  entiers  de 
Biches,  appelées  en  vulgaire  Ga^eles^y  p.  76.  Effecti- 
vement en  vulgaire    Jljc^  est  prononcé  gha^êL 

Gemmadî.  Cinquième  et  sixième  mois  chez  les  Musul- 
> 
mans,  de  (S^^ goumâdâ  «Les  deux  goumâdâ  rappelaient 

la  congélation  de  l'eau,  pendant  ces  deux  mois,  qui  avait 

lieu  à  l'époque,  où  ils  reçurent  leur  nom».  (Mas'oûdî. 

III.  418.) 

(1)    Voj/jje  en  Orient  (p.  18)  fait  en  1631  par  un  missionnaire  Carme. 


124  GERB 


Genêt.  Esp  :  ginete.  Cheval  d'Espagne,  petit  mais  bien 
conformé  (i).  Dozy  a  prouvé  que  ces  termes  dérivent  de 
otj  :{enâta^  nation  berbère,  connue  pour  la  valeur  de  sa 
cavalerie.  Trévoux  avec  raison  réprouve  l'orthographe 
genest  quand  il  s'agit  du  genêt  d'Espagne. 

Genette,  courte  lance,  a  la  même  origine.  Les  Gêné- 
taires  étaient  des  cavaliers  armés  à  la  légère  et  vêtus  à 
la  moresque,  qu'on  trouve  dans  les  armées  espagnoles 
jusqu'au  XVP®  siècle.  Commines  fait  mention  des  gené- 
t  air  es. 

Gengéli.  Espèce  de  sésame.  Esp:  aljonjoli,  aljonge. 
Cat:  aljenoli,  ajonjoli.  Basq:  ajonjoli.  Ptg  :  zirgelim,  ger- 
gelim.  De  "^^  gongolî,  qui  se  trouve  dans  P.  de  Alcala, 
conjoinctement  avec  J^^  gongoltl^  et  t>lf^  gongoltn  (2). 
Ce  sont  autant  d'altérations  ou  formes  vulgaires  (  espa- 
gnoles) de  Ù^J^  go  Igolân,  sésame,  dans  Ibn  el-Beithâr 
(N®  499,  Leclerc),  chez  d'autres  «semen  coriandri  ;  nomen 
sesami  sua  obsitum  membrana»  (Freytag  et  Mohît)û!>^ 
était  prononcé  gongoltn  en  Espagne,  Timalé  donnant  à  Va 
long  la  valeur  de  ê  et  même  de  /. 

Gerboise.  Esp  :  gerbo;  de  ^^x  ,  yarboû\  sorte  de  rat 

(1)  Comme  un  genêt  furieux  qui  porté  de  capric 

Franchit  en  bondissant  les  bornes  de  la  lice       (  P.  Le  Moyne  ). 

(2)  D'où  dérivent  sans  doute  jugeolme,  jugoline  qu'on  trouve  dans  le 
vieux  français. 


GERB  125 

très  commun  dans  les  déserts  d'Arabie  (i)  et  dans  le  Nord 
de  l'Afrique.  Il  paraît  que  les  Arabes  ne  dédaignaient  pas 
la  chair  de  cet  animal.  Aussi  l'empereur  Nicéphore  (2)  les 
appelait-il  jjjjvil  JaI  ,  le  peuple  qui  aime  les  gerboises. 
A  la  cour  du  sultan  de  l'Inde  un  émir  arabe  était  appelé 
le  mangeur  de  rats  ;  «  parce  que  les  Arabes  mangent  la 
gerboise,  qui  est  une  sorte  de  rat;  6^^  V^'  "^J"  ^ 
jUîl  4J:y>jç^jvîl .  IbnBatoûta.  T.  III.  282.  Dans  les  diction- 
naires algériens  on  trouve  aussi  la  forme  9y/j>-^arboâ\  (3) 
D'après  Bruce  ce  serait  même  la  forme  que  les  Arabes 
emploient  de  préférence.  Le  même  auteur  déclare  que  la 
chair  de  la  gerboise  (4)  ne  diffère  guère  de  celle  du  lapin. 
(  Voyage  en  Nubie.  V.  p.  149  et  1 5 1 ,  etc.  ).  Niebuhr  écrit 
jarboa  et  rapporte  que  les  Arabes  en  mangent  volontiers. 
{Descript.  Arab.  ï.  234).  La  forme  garbuka  donnée  par 


(1)  Palgrave-  Voyage  en  Arabie,  passim. 

(2)  Il  s'agit  de  Nicéphore  II.  Phocas;  il  conquit  la  Cilicie,  la  Syrie  et 
Chypre.  Le  passage  mérite  d'être  cité  en  entier:  Ja'iu.^^^^^I,  ii.|0  j>i2J  Ji3 

La  plante  '^^  est  expliquée  un  peu  plus  haut:  *^  ^^  ^4^  ^H  JlS;  c-J  ^j  » 

«  *i  ùyi'yiciii  *JJJ^-lj  (  Almoqaddasî.  254.  note  i  Edit.  De  Goeje  ). 

(3)  Dans  une  revue  arabe  l'Eglise  catholique  (  II.  ann.  p.  274)  je  trouve 
^yj».  employé  avec  le  sens  de  marmotte^  bien  distinct  de  p^^,  cité  quelques 
mots  plus  loin. 

(4)  Qu'il  nomme  constamment  jerboa. 


126  GIBB 

Hasselquist  (Voyages  au  Levant.  II.  6.  )  est  une  preuve  de 
Texistence  deg^^jr  prononcé  garbou^  par  les  Egyptiens  (i). 

Ghazel  ou  Gazel.  Petite  pièce  de  vers  amoureux  chez 
les  Arabes.  (V.  D'Herbelot.  Bibliothèque  Orientale.) 
C'est  la  transcription  de  Jj^  gha^al,  même  sens.  Aboû 
Nasr  Al-Qâsim  fils  d'Ahmad  Al-K.habzârzî  réussissait 
tellement  dans  ce  genre  poétique  que  «  presque  tous  les 
airs  en  vogue  aujourd'hui,  dit  Mas'oûdî,  sont  sur  des  paro- 
les de  sa  composition. ))( Prairies  d'or.  VIII.  372,  374.) 
Il  était  contemporain  du  célèbre  historien. 

Gibbar.  Cétacé.  C'est  le  Baleinoptère  Gibbar,  ou 
Baleinoptère  à  ventre  lisse. .«  Ce  semble  être  l'arabe  ^(^ 
gabbâr,  géant»  dit  M.  Devic.  Effectivement  le  Gibbar 
est  plus  grand  et  plus  vigoureux  que  la  Baleine  ordinaire, 
et  atteint  jusqu'à  3  3  mètres  de  longueur.  Mais  on  peut  se 
demander  pourquoi  on  aurait  imposé  un  nom  arabe  à  un 
cétacé,  qui  fréquente  surtout  les  mers  du  Nord;  quoiqu'il 
paraisse  aussi  dans  l'Océan  indien.  Les  auteurs  arabes 
n^en  parlent  pas.  Aussi  a-t-on  avec  raison  cherché  à 
gibbar  une  étymologie  latine  (V.  Devic.  Dict.  étym.  s.  v.). 


(1)  Les  transcriptions  arabes  de  ce  voyageur  sont  habituellement 
inexactes.  Ainsi  sous  sa  plume  ^u^  pigeon  devient  haram,  ^u^  toui'te- 
relle  est  transcrit  jamara  etc. 


GOUL  127 


Girafe.  Esp  :  girafa,  jirafa  [ancienn.  azorafa).  It  :  giraffa; 
de  Âîl/3 ,  :{arâfa^  ^ourâfa.  On  trouve  aussi  43I  jj  ,  ^owr- 
râfa,  et  *iJ^j>-,  gourâfa^  forme  moins  classique,  mais  très 
voisine  du  nom  de  la  girafe  dans  les  langues  romanes  (i). 

Girbe.  Vieux  mot  désignant  le  péritoine.  Ptg  :  zerbo. 
Pig.  et  ItaL  zirbo.  Dozy,^  suivi  trop  facilement  par 
Devic,  dérive  :{irbo  de  ^j  tharb,  même  sens.  M.  de 
Eguilaz  prétend  que  c'est  là  une  distraction  du  savant 
étymologiste  Hollandais,  vu  que  Zirbus  se  rencontre  dans 
Cœlius  Apicius  avec  le  sens  de  membrane  qui  enveloppe 
les  Intestins,  S'il  y  a  emprunt,, il  a  été  effectué  au  détri- 
ment du  latin. 

Goule,  Gholes,  Gaïlan.  L'auteur  du  Dictionnaire  infer- 
nal en  fait  trois  classes  distinctes  de  démons  malfaisants, 
vampires  etc.[En  réalité  tous  ces  mots  dérivent  de  Jjê 
ghoâly  démon  qui  dévore  les  hommes  (2)  et  qui  d'après 
Chams  ed-dîn  tient  le  milieu  entre  l'homme  et  le  djinn 
(p.  72.  92  ),  au  plur.   o^ghaïlâny  d'où  Gailan.  Algol, 


(1)  Sur  la  Gii'afe  V.  Qazwînî.  Cosmographie  (édit.  Wusfc)  I.  383.  II.  12 
13.25. 

(2)  Synon.  arab.  n°  870. —  «Venez  sans  remords, 

Nains  aux  pieds  de  chèvre 
Goules  dont  la  lèvre, 
Jamais  ne  se  sèvre, 
Du  sangnoii*  des  morts.» 
Victor  Hugo.  Ballades:  La  Ronde  du  Sabat. 


28  GUID 


étoile  de  la  constellation  de  Persée  est  la  transcription  de 
J^)  alghoûl.  Persée  est  appelé  en  arabe  J^l  ^b  J-^^ 
portant  la  tête  de  la  goule,  parce  qu'on  le  représente 
tenant  suspendue  la  tête  de  Méduse  (i).  Goule  est  féminin 
en  français,  parce  que  dans  les  auteurs  arabes  il  est  habi- 
tuellement de  ce  genre.  Cfr.  Mas'oûdî  III.  319. 

Goure.  Terme  de  pharmacie  ;  toute  drogue  falsifiée  ; 
et,  dans  le  langage  populaire,  attrape,  de  Tarabe  gharur, 
tromperie,  dit  Littré.  Cette  explication  est  exacte.  En 
effet  jjjl  ghouroâr,  (2)  signifie  tromperie. 

Grèbe.  Oiseau  plongeur.  M.  Devic  le  rapproche  de 
^^^i  ghaïhab,  qui  serait  une  sorte  de  pélican.  Nous  ren- 
voyons à  son  article.  Damîrî  dit  expressément  que  s.^ 
est  le  mâle  de  l'autruche,  Xâ\  ^S  ^^1  (3),  sens  qui  ne 
s'accorde  guère  avec  le  rapprochement  imaginé. 

Guider,  De  ^lî  qâd,  conduire,  guider  (Narducci). 


(1)  V.    Ahdurrahman    As-Su/i.  86  et    Cosmogr.    de   Chams   ed-din 
(Mehren)  figur.  11. 

(2)  Et  non  gharur  qui  correspond  à  j/^^ ,  gharour,  adjectif  de  la  même 
racine  ^ ,  tromper 

(3)  C'est  d'après  Damiri  que  Freyt.  a  traduit  struthiocamelus  mas.  Dozy 
dans  son  Supplément  semble  approuver  l'explication  de  M.  Devic. 


HABZ  129 


I 


H 


Habesch  de  Syrie.  Sorte  d'oiseau  de  passage,  tenant 
du  pinson  et  du  canari,  qu'on  trouve  décrit  dans  le  Dic- 
tion. d'Hist.  naturelle  de  Déterville.  Est-ce  une  tran- 
scription de  l'arabe  ZtL>-\\abbâcha,  serin  ou  canari?  (i). 

Habzéli  et  Habalzélin  (2).  Cest  le  Cyperus  esculentus^ 
plante  appelée  aussi  souchet  comestible  (  Nouv.  Flore 
Franc.)  de  i  ')\'i,^>-\).abb  a^^alam.  Ibn  el-Beithâr  l'appel- 
le encore  i  j  ,  ^alam,  tout  court  et  il  en  fait  un  cryptoga- 
me :  «  il  ^Aj  ^3 ïjy  ».  Il  ajoute  que  c'est  la  même  plante 
que  le  }yj^\  ^.^  \\abb  al'a^^t^,  d'où  les  noms  de  Habelas- 
sis,  Haba^i^  donnés  au  souchet  comestible  par  certains 
botanistes.  Cette  plante  était  autrefois  très  commune  en 
Espagne,  et  y  est  encore  cultivée  ainsi  que  dans  le  Midi 
de  la  France.  D'après  l'écrivain  Chams  ed-dîn  de  Damas 
((  le  habb  al-'azîz  frais  est  comme  le  lait  caillé  et  sucré  ;  on 
ne  le  trouve  que  dans  le  pays  de  Qastîlia,  appartenant  à  la 
province  d'Ifriqîa,  où  il  pousse  sans  être  semé,  sur  un  ter- 
ritoire à  part;  on  le  reconnaît  à  son  feuillage,  qui  ressem- 
ble à  celui  de  l'ache  »  (  Edit  Mehren.  p.  275.) 

(1)  V.  Bocth.  et  Dozy.  Siipplém.  aux  diction,  arabes. 

(2)  Dans  habalzélin  rassimilation  avec  la  lettre  solaire  a  été  omise, 

9 


30  HA  JE 


Hadji.  Transcription  de  ^^U  hagg/,  pèlerin,  et  spé- 
cialement, celui  qui  a  été  à  la  Mecque.  En  parlant  de 
l'élection  du  Dajr  de  Tunis,  le  chev.  d'Arvieux  observe 
qu'il  doit  être  aHag/y  c'est-à-dire,  qui  ait  été  à  la  Mecque. 
Hagy  signifie  Pèlerin  (i),  ce  qui  est  une  distinction  chez 
les  Turcs  »  Mémoires  IV.  p.  5 1 . 

Haïk.  Esp :  jaique,  hayque. — «Noms  dans  l'Orient 
d'un  vêtement  très-léger...  c'est  une  pièce  d'étoffe  non 
taillée.»  (Litt).  Dozy  le  décrit  longuement  dans  ses 
Vêtements  arabes  ;  il  y  voit  les  termes  di.'U  hâïk  ou  dCi 
hâïky  qui  manquent  dans  le  Dictionnaire.  «  Je  crois  ce- 
pendant, ajoute-t-il,  qu'ils  sont  d'origine  arabe  et  qu'ils 
dérivent  du  verbe  ifU ,  tisser.  » 

Ha  je.  Cest  l'espèce  de  vipère  à  laquelle  les  anciens 
ont  donné  le  nom  d'aspic  de  Cléopâtre  ou  d'Egypte  ;  de 
iXhaf/a,  nom  générique  du  serpent  en  arabe.  «Les  Arabes 
l'appellent  Haje.  On  la  trouve  en  Egypte.  Lorsqu'elle  est 
irritée,  elle  enfle  sa  gorge  et  son  cou  quatre  fois  plus  que 

(1)  Le  R.  P.  Philippe  de  la  T.  S.  Trinité  entrevoit  mieux:  «La  Mecque 
est  la  patrie  de  Mahomet  ;  d'où  vient  que  ceux  qui  y  vont  et  qui  sont  appel- 
iez Agi,  possible  du  mot  Grec  àyiog^  c'est-à-dire  Sainct,  jouissent  de  plu- 
sieurs privilèges.»  Voyage  d"Orient.  p.  314.  jf[9,  est  la  forme  tui*co-per- 
sane  de  l'arabe  ;^b. .  La  forme  ^>b.  relevée  par  Golius  est  inconnue  au  peu- 
ple, qui  emploie  indifféremment "^^U.  et  ^j. .  V.  Lict.  Turc-Franç.  par  Yous- 
souf. 


HARA  I  j  I 


i 


ne  l'est  son  corps  ».  (  Hasselquist.  IL  48  ).  Ce  détail  s'ac- 
corde bien  avec  le  vers  de  Lucain  (  Phars.  IX.  701  ). 

Aspida  somniferam  twnida  cervice  levavit 
Outre  la  vipère  Haje  il  n'y  a  que  le  serpent  Naja  de  l'Inde 
qui  a  la  particularité  d'offrir  un  gonflement  remarquable 
du  cou  (Diction,  des  sciences,  par  Privat-Deschanel ). 

Hallali.  C'est  une  onomatopée,  dit  Brachet.  Sédillot  a 
raison  de  ne  pas  se  contenter  de  cette  explication.  Il  est 
beaucoup  plus  naturel  de  voir  dans  hallali  une  imitation 
du  cri  de  guerre  des  musulmans  4I1Î  V'  4II V  la  ilah  illallah, 
il  n'y  a  de  Dieu  que  Dieu!  prononcé  avec  l'imalé;  cri 
représenté  par  alilies  dans  diverses  relations..  L'espagnol 
a  lelilies  (  Don  Quichote)  //////,  leli  etc..  Ajoutez  que  JU 
hallala,  signifie  pousser  le  cri  ^\  VUl  V  ,  il  n'y  a  de  Dieu 
que  Dieu.  (i). 

Hanéfite  ou  Hanifite.  Appartenant  à  la  secte  ou  au  rite 
d'Abou-Hantfa  ^iJs- j)i  une  des  quatre  sectes  orthodoxes 
chez  les  musulmans.  Les  Turcs  sont  du  rite  hanéfite. 

Haras.  Diez  et  Littré  ne  trouvent  pas  de  meilleure  éty- 
mologie  à  proposer  que  ^j  /ara^,  cheval.  On  a  ob- 
jecté la  difficulté  du  changement  de  /  en  h.  On  en  a 


(  1  )  M.  de  Eguilaz  cite  (  p.  437  )  l'expression  ancienne  leald  signifiant: 
on  î  nullement  !  de  Ci\  V,  non  !  (par)  Dieu!  en  sous  entendant  le  ^12! I  jlj. 


ip  HARE 


pourtant  des  exemples  dans  hardes,  (i)  dans  hors  (foras), 
dehors  (deforis).  L'espagnol  nous  offre  faluca  et  haloque 
(  V.  felouque),  fangea  et  hanega,  Tun  et  l'autre  de  Z^9  • 
Il  est  vrai  que  haras  n'a  pas  de  correspondant  dans  les  lan- 
gues romanes,  hors  le  bas  lat.  haracium,  et  l'espagnol  alfa- 
ras,  qui  signifie  proprement  un  cheval  de  race.  On  trouve 
pourtant  dans  Trévoux  que  «  haras,  signifie  aussi  les  che- 
vaux et  cavalles  de  bon  poil,  qui  font  le  haras.»  Les  haras 
de  l'Europe  ont  été  peuplés  de  chevaux  arabes.  Serait-il 
étonnant  qu'on  eut  emprunté  ce  terme  aux  Arabes?  D'a- 
près Littré  le  vieux  français  auferant  ne  serait  autre  que 
^yil  ,  alfaras,  J'inclinerais  aussi  à  rattacher  à  la  même 
origine  le  verbe  Harasser  (V.  Littré),  et  surtout  Har/- 
delle  (2).  Harasser  dans  le  principe  s'est  dit  des  chevaux 
fatigués,  et  ensuite,  au  figuré,  des  hommes.  (V.  Maïdan  : 
note.  ) 

Harem.  Esp  :  haren.  Esp.  Ptg,  Val  :  harem  ;  de  ^j>- 
haram,  littér.  chose  défendue,  illicite,  et  gynécée.  «  Les 
Persans  sont  extrêmement  jaloux  de  leurs  femmes  ;  c'est 
pourquoi  ils  leur  bastissent  des  appartements  en  la  plus 

(1)  Au  12™®  siècle  on  disait /«rc?e.s.  Engelmann  propose  comme  étymo- 
logie  j9'Jifard  «panmis,  seu  vestimentum»  (V.  Devic). 

(2)  Brachet  [Dici.  étym.  Introd,  LXI)  admet  l'origiae  arabe  de  haras, 
ainsi  que  de  hasard.  Dans  haridelle,  la  finale  elle  est  peut-être  une  termi- 
naison dirainutive  ayant  le  sens  péjoratif. 


HATT  1^5 


intérieure  partie  de  leurs  maisons...  Nul  homme  n'y  entre, 
si  ce  n'est  qu'il  soit  eunuque  et  c'est  pour  cela  que  ce 
lieu  est  nommé  Aram^  c'est-à-dire,  lieu  défendu  ».  R.  P. 
Philippe,  p.  3  27.  Pour  désigner  les  femmes  qui  habitent 
le  harem,  on  dit  Çf-  hartm. 

Hasard(i).  Esp, pt g: azar.  Val:  açar,  atçar.  Cat:  atsar, 
atzar.  Basq  :  azarâ.  //  :  azzardo,  la  zara.  Ce  mot  ayant 
signifié  primitivement  jeu  de  dés  ou  plutôt  le  point  de  six 
(Génin.  I.  132)  on  s'accorde  généralement  à  le  faire 
venir  de  y^jil  ,  a^-^^a/zr,  dé  à  jouer,  sens  qui  doit  être  re- 
lativement moderne  ;  car  on  ne  le  trouve  que  dans  Boc- 
thor  et  Heury  (2).  Marcel  a  jUj  ,  ^ahâr.  Le  Mohît  le 
donne  aussi  mais  avec  la  note  Soî^^.  En  turc  j^j  ^  {^r, 
signifie  dé  (Meninski  et  R.  Youssouf  p.  1 29  5 ).  On  le  voit, 
l'origine  de  hasard  est  encore  pleine  d'obscurité. 

Hatti  chérif.  «  On  appelle  Khat  cher  if  un  Ordre  ou 
commandement  du  Grand  Seigneur,  conçu  dans  les  ter- 
mes ordinaires,  au  bas  duquel  le  Sultan  écrit  de  sa  main  : 
que  ce  commandement  soit  exécuté  selon  sa  forme  et 


(1)  Eci'it  primitivement  azard;  et  il  n'y  a  pas  bien  longtemps  que  le  h 
de  hasard  est  aspiré.  Au  sujet  de  ce  mot,  Génin  affirme  «qu'il  vient  de 
l'arabe». 

(2)  ^j  «dé»  ne  se  trouve  pas  dans  ^J^\  vj_^l  dictionnaii'e  arabe  par 
iM''Sa4d  Chartouni,  Imprimerie  Catholique.  Beyrouth  1889.  (le  P^  vol.  a 
seulement  paru).  Cet  ouvrage  ne  s'occupe  que  de  la  langue  classique. 


1^4  HELB 

teneur.  C'est  à  cause  de  cela  qu'on  l'appelle  Khat-Chénf 
c'est-à-dire  ligne  noble».  (D'Arvieux.  III.  302).  Cette  ex- 
pression ^ijt  L:^  Khatt  charîf  employée  par  la  chan- 
cellerie ottomane  est  en  effet  formée  de  deux  mots  ara- 
bes -Uî"  kha%  ligne,  écriture,  et  <Jijt  charîf,  illustre  (i), 
prononcé  chérif*  Hattl  huma/oun,  expression  analogue, 
est  la  transcription  de  ûyl/"  ia^  Khatt  houmâ/oûn  ;  Jy\^ 
houmâyoân  est  persan  et  signifie  auguste,  royal. 

Helbe,  Hebbe  ou  Helbeh.  Fenugrec  de  ll>- ,  houlba. 
Le  fenugrec  ou  saine  graine  est  cultivé  comme  fourrage 
dans  l'Europe  méridionale.  En  Orient  sa  graine  sert  en- 
core à  la  nourriture  de  l'homme.  Râzî,  Avicenne,  Ibn 
el-Beithar  et  la  plupart  des  médecins  arabes  le  conseil- 
lent contre  la  constipation.  Avicenne,  cité  par  Qazwî- 
nî  (2),  lui  reconnaît  encore  d'autres  propriétés,  comme  de 
faire  disparaître  les  cicatrices^,  d'entretenir  la  fraîcheur 
du  teint  etc.  De  là  le  dicton  populaire  :  «  ti  U  jj-U)  Je  ) 
«CèS  l;j^^  UjjitV  ^ii-l  .  Si  les  hommes  connaissaient  la  va- 
leur du  hoLilba,  ils  l'achèteraient  au  poids  de  l'or  ».  Et  ce 
proverbe  Egyptien  :  «Heureux  sont  les  pieds  qui  marchent 

(  1  )  «  Ils  les  accusèrent  d'avoir  établi  une  église  publique,  sans  avoii* 
obtenu  le  Kata-Chérif  du  Grand  Seigneur»  (D'Arvieux.  VI.  365.  )  L'z  qui 
se  trouve  au  milieu  de  Hatti-Chérif«  marque  en  persan  l'union  du  substantif 
avec  son  adjectif  »  (  De  vie  ). 

(2)  o^s^il  wjVt  (Édit.  Wustenfeld)  p.  279. 


HOUL  135 


sur  la  terre  où  est  semée  la  helbe  ».  Vansleb.   loi. 

Henné.  Parmi  les  plantes  particulières  à  TEgypte  le 
P.  Sicard  énumère  «  le  henné,  dont  le  jus  est  d'un  beau 
rouge  »  (i)  de  ^Us-  Winnâ,  même  plante.  La  coquetterie 
orientale  en  fait  grand  cas.  (Cfr.  Aghâni.  éd.  Salh.  I.  292 
et  pass.  ), 

Houle.  Voici  un  exemple  de  mot  pour  lequel  les  rap- 
prochements avec  l'arabe  semblent  tout  naturels.  M. 
Devic  a  essayé  et  il  propose  Jy^  haul^  qui  signifie  pro- 
prement terreur,  objet  terrifiant,  mais  qui  souvent  pour- 
rait se  traduire  par  houle.  Il  en  cite  trois  exemples  plus  ou 
moins  concluants.  (2)  On  pourrait  y  joindre  le  suivant  d'Ibn- 
Batouta  (II.  180)  :  «  <^^f^  IJ^  le  J^\  J,  c^il\  [JU.\  :  nous 
préférâmes  passer  la  nuit  sur  mer,  malgré  la  houle.  »  De 
même,  p.  218.  Mais  quelques  lignes  plus  loin  (p.  219)  J^a 
reprend  le  sens  de  tempête,  bourrasque,  par  lequel  d'ail- 
leurs on  peut  toujours  le  traduire  (3).  Maintenant  ces  rap- 

(1)  Discours  sur  l'Egypte,  dans  la  précieuse  collection  des  Lettres 
édifiantes. 

(2)  Qui  empêche  de  traduire  {Merveilles  de  l'Inde):  ^pjl  li*  Jy^  ^4*51» 
<3.)^.lj  de  la  sorte  :  ne  vois-tu  pas  Tétat  horrible  de  cette  mer  et  de  ses  va- 
gues ?  A  la  p.  76  du  même  ouvrage,  il  est  absolument  impossible  de  donner 
à  Jjj»  le  sens  de  houle. 

(3)  V.  Gloss.  d'EdrisL  (édit.  Dozy)  p.  385  et  Gloss.  d'Ibn  Djobair. 
(édit.  Wright)  p.  35. Dans  Marcel,  etc.  Jyî  est  prononcé  J^  houl  (V.  tem- 
pête) Aux  exemples  cités  dans  l'article  ajoutez  aussi:  ^Ji  Jiyki  ^  ^.^^^cii^j 
<^\J-j  5-îl?t&j  (Mille  et  une  Nuits.  Edit.  Salhani.lW.  189.). 


1^6  IMAR 


prochement9^sont-ils  suffisants  pour  permettre  d'affirmer 
que  houle  est  d'origine  arabe?  Nous  ne  le  pensons  pas. 
L'étymologie  germanique  nous  paraît  beaucoup  plus 
probable. 


I 


Imam  ou  Iman.  Transcription  de  aUI  imâm.  Pour  les 
fonctions  d'îmam  on  dit  Imamat  et  quelquefois  Imanaty 
comme  écrit  M.  Engelhardt  dans  son  livre  sur  la  Turquie 
et  le  Tan^imat  (p.  9).  u  A  un  des  bouts  de  la  mosquée^  du 
côté  du  midi,  il  y  a  une  niche,  où  se  met  Vlman,  qui  est 
le  curé  de  la  mosquée.  »  Paul  Lucas  (i). 

Imaret.  Sorte  d'hôtellerie  où  les  étudiants  vont  pren- 
dre leur  nourriture^  et  aussi  hospice:  «  Dans  toute  la  Tur- 
quie il  y  a  des  hôpitaux  appelés  Imarets,  où  les  pauvres 
de  quelque  religion  qu'ils  soient  sont  assistés.  »  Du  Loir. 
p.  189.  Imaret  est  la  prononciation  turque  de  l'arabe 
Sjl/-  'imâra,  littér.  construction,  bâtisse,  qui  a  en  turc  le 
sens  d'hôtellerie  et  d'hospice.  (Dict.  de  R.  Youssouf.) 


(1)  Voyage  du  Sieur  Paul  Lucas  fait  en  MDCCXIV,  etc.  par  ordre  de 
Louis  XIV...  Tome  L  p.  88. 


JAMB  n7 


Jambette.  Eiy?  .-ganibete,  canivete,  jambette.  On  ren- 
contre jambette  «  avec  le  sens  de  couteau  de  poche  dont  la 
lame  se  replie  dans  le  manche.  Je  le  ferais  venir  de  iUi>- 
ganbiya^  qui  manque  dans  les  dictionnaires^  mais  que  l'on 
trouve  souvent  dans  les  relations  de  voyage  avec  le  sens 
de  poignard  ».  Defrémery.  (i)Dozy  accepte l'étymologie 
et  la  renforce  de  nouvelles  citations  (2).  M.  deEguilaz  pen- 
se que  ganibete  est  la  transcription  de  canivet  (3  ),  diminutif 
de  canif.  Cette  explication  conviendrait  peut-être  aux  for- 
mes espagnoles  ;  mais  peut-elle  s'adapter  au  mot  français 
jambette}  (4)  M.  Michel  Schapiro  ne  voit  dans  le  mot,  qui 
nous  occupe,  qu'un  diminutif  de  jambe  ou  gambe  dont  le 
sens  primitif  serait  bois,  et  il  lui  compare  jambage  de 
porte,  rital:  gambo^  tige^  tronc,  etc.  (V.  Révélations  éty- 
mologiq.  n°  70).  J'avoue  que  cette  dérivation  me  paraît 
beaucoup  plus  plausible  que  les  précédentes. 

(1)  Joiirn.  Asiat.  Janv.  1862. 

(2)  Cfr.  Gloss.  Espag.  p.  290. 

(3)  Ecrit  (janivet  par  le  savant  Espagnol.  Sur  canivet  V.  Littré  s.  v. 
canif  et  Révélations  étymolog.  n^  6ô. 

(4)  Dozy  pense  que  l'esp.  jambette  a  été  emprunté  au  français. 


JASE 


Jaque.  Armure  faite  de  mailles  de  fer  couvrant  le  corps 
depuis  le  cou  jusqu'aux  cuisses  (Litt.).  Esp.  :  Jaque,  jaco. 
Ptg  :  jaque.  It  :  giacco.  M.  de  Eguilaz  propose  de  dériver 
ces  mots  de  "dit  chakk,  lorica  augustis  angulis  contexta 
(Freyt), 

Jarre,  (i)  Grande  cruche;  de  ix  ^cif'ra,  même  sens. 
C'était  autrefois  un  terme  spécial  à  la  marine;  et  encore, 
une  mesure  pour  les  liquides  usitée  au  Levant.  «  La  jarre 
de  Mételin  est  de  50  ocques  »  (Trévoux). 

Jaseran.  Esp  :  jacerina,  jaceran,  jaseran,  jasaran.  //  .• 
ghiazzerino.  Diez  le  fait  venir  de  j\j>-  ga^âïr,  Alger, 
parce  que  V espagnol  ja^arino  signifie  Algérien  et  «  qu'il  est 
dit  (?)  qu'Alger  fabriquait  d'excellentes  cottes  de  mailles.  » 
Mais,  comme  l'observe  Dozy,  on  ne  voit  nulle  part  chez 
les  auteurs  arabes  trace  de  cette  industrie  algérienne  (2). 
Le  savant  Orientaliste  voit  donc  dans  jacerina  un  mot  com- 
posé pour  les  deux  dernières  syllabes  de  l'arabe  ^  j  3  ,  ^ari, 
maille  et  cotte  de  mailles,  et  pour  la  première,  du  mot 
jaque,  (Voir  plus  haut).  M.  Defrémery  trouve  peu  probable 
cette  réunion  d'un  mot  roman  à  un  mot  arabe;  et  il  re- 
court à  une  étymologie  purement  persane  (3).  On  a  encore 

(1)  On  G iarre  (TréYOux). 

(2)  Voir  pourtant  Eguilaz.  p.  431.  s.  v.  jasaran. 

(3)  Journ.  Asia.  1869.  Mai.  p.  529. 


JULE  139 

assigné  à  jaseran  une  origine  flamande  i^ycere,  r/n^,  » 
anneau  de  fer.  Le  vieux  franc,  ja^erenc  serait  assez  favo- 
rable à  cette  dernière  hypothèse. 

Javari.  Sanglier  de  l'Amérique  méridionale,  plus  con- 
nu sous  le  nom  de  pécari  C'est  V espagnol  jabali,  jabalin, 
qu'on  rencontre  aussi  sous  les  formes  de  jauari,  javari j 
■javall,  javalin\  de  "^t  gabalî,  montagnard,  le  sanglier 
étant  appelé  porc  des  montagnes,  comme  dans  P.  de 
Alcala  qui  traduit  puerco  montes  0  javal'm  par  Khin^it 
djavali.  Le  J  médial  et  final  en  passant  dans  les  langues 
romanes  devient  souvent  r.  Comp.  l'esp.  arcadu^  de  ^jM\ 
et  aceire  de  jkJI.  Voir  aussi  notre  Introduction. 

Jonque.  Esp  :  junco.  Ces  mots  sont  d'origine  chinoise. 
«  Les  vaisseaux  de  Chine,  dit  Ibn  Batoûta,  sont  de  trois 
espèces  ;  les  grandes  sont  appelées  gonoûk,  au  singulier 
gonk  ;  U-\c^lj  "^j^^  (j?^  ^r*  -^^^  <J^^  ^jMÎ  ùv^I  .^Ji^j^j 
«  dU>-(IV.  91-95  etc.  239-264.  etc.  ).  V.  aussi  Freytag. 

Jubarte.  Sorte  de  baleine .  «  C'est  le  même  mot  que 
gibbar  »  M.  De  vie.  —  V.  Gibbar, 

Julep.  Esp  :  julepe.  Ptg  :  julepo.  Majorq  :  culepe  //  ; 
giulebbo,  ginlebbe  de  l'arabe  ^M^  goulâb  ou  goullâbj 
eau  de  rose;  sirop  (i).  Ce  mot  d'origine  persane  est 

(1)  Sacy.  Ahdallatif.p.  317,  note  12. 


I40  ,     KADA 


ancien  en  arabe.  On  le  trouve  cité  dans  un  hadith  attribué 
à  'Aïcha.  (i). 


K 


Kabyle.  De  ^  qabîla,  tribu;  les  kabyles  étant  orga- 
nisés en  tribus  fédérées.  Pour  les  autres  étymologies 
proposées  V.  La  Grande  Kabylie  par  le  général  Daumas. 
p.  5. 

Kadaïf  ou  Kataïf .  «  Mets  ou  entremets  arabe  composé 
de  pâte,  de  miel  et  de  noix  pilées;  ce  plat  est  surtout 
confectionné  pendant  le  Ramadhan.  »  (Gasselin;  Dict. 
franç.-arabe  )  ;   de    J^^Wai  qaiâïf  ^  même  sens,  pluriel  de 

Zuh»  .  Voici    sur  les  qatàif  des  vers  de  Ahmad,  fils  de 
Yahyâ(2). 

jJl\  yt>-  ^'A\  /lilj       )j^\  c.^  J^  ^'L-U 

tiJ^tiC^l?    Ù  CjJj^  jj^  ^A^    iS'^  (i    ^ 

jjiil    ^ji.   ^j-[^   JJ^^ 

«  Des  kataïf  Car cies,  comme  la  banane^  avec  des  amandes 
et  du  sucre  raffiné  ;  elles  nagent  dans  des  flots  d'huile  de 

(1)  Almu^arrab  (  éd.  Sachau)  p.  47.  «  Julep  est  un  mot  Persian  qui  sigoi- 
fie  breuvage  doux.  Le  julep  des  Anciens  étoit  beaucoup  plus  sucré  qu3  le 
nôtre;  car  c'étoit  proprement  un  sjrop  clair.»  {Pharmacopée  Universelle. 
par  Nie.  L'Emery.  p.  73  ). 

(2)  Voir  sa  notice  dans  le  commentaire  du  Magânî  p.  445. 


KAND  141 


noix,  et  ma  joie,  quand  elles  deviennent  mon  bien  est 
comparable  à  la  joie  d' Abbâs ,  lorsqu'il  touchait  au  suc- 
cès »  (i).  Ibn  Roûmî  a  chanté  aussi  les  kataif: 

<(  Puis  viennent  des  kataif  délicieuses,  » 

Kafis.  Mesure  de  capacité  pour  les  grains  en  Tunisie; 
il  équivaut  à  650  litres  environ  ( Gassel.  ) ;  de  iû5  qcift:{^ 
qui  se  trouve  déjà  dans  les  poésies  antéislamiques.  On 
trouve  aussi  Caffis^  mesure  pour  les  grains  à  Alicante. 

Kaïd.  Étoile  de  la  Grande  Ourse  :  les  Arabes  «  nom- 
ment l'étoile  de  l'extrémité  de  la  queue  M\ ,  alqâid,  le 
Gouverneur  »  (2),  littér.  le  conducteur,  de  ^15  ducere. 

Khamsin  ou  Chamsin.  Vent  d'Egypte  ;  de  c^-^ 
Ma/z^i'm ,  cinquante.  «  On  l'appelle  hamséen  parce  qu'il  a 
coutume  de  souffler  à  la  Pentecôte»  dit  Bruce  (3)  ou  mieux 
dans  «  l'intervalle  de  Pâques  à  la  Pentecôte,  lequel  ils  (les 
Egyptiens  )  nomment  khamsin  en  arabe,  c'est-à-dire  cin- 
quantaine »  (4). 

Kandoul.  De  Jj -Û5  ,  qandoûl^  arbre  du  Levant,  d'oii 
l'on  tire  une  huile  appelée  huile  de  fleurs  de  kandouL 


(1)  Tradact.  de  M.  B.  de  Meynard.  Yoii*  aussi  Prairies  d'or  VIII.  406. 

(2)  Abdurrahmayi  Es-Sitfi.  p.  50.  Trad.  Schjellerup. 

(3)  Voyage  en  Nubie.  I.  105. 

(4)  Lett.  édif.  I.  p.  581. 


142  KHAN 


Khandjar.  V.  Mfange.  On  écrit  aussi  khandger,  a  Les 
femmes  turques,  dit  Du  Loir^  attachent  à  leur  ceinture  un 
Mandger,  c'est-à-dire  poignard,  qu'elles  portent  plutôt 
par  galanterie  que  par  bravoure  »  p.  185.  Le  sieur  Paul 
Lucas  dans  son  Voyage  a  constamment  ganglar. 

Kantar.  Nom  en  Egypte  d'un  poids  de  45  kilogrammes 
environ  (Lit).  C'est  la  transcription  de  jlL:*,  qantâr,  mê- 
me sens  ;  jlkS  vient  lui-même  du  latin  centenarium  [pondus), 

Kazine  ou  Khazine.  «  Le  trésor  du  Grand-Seigneur 
qu'ils  appelent  khazine  est  un  peu  au-delà  du. Divan.  Là 
on  met  les  Registres  des  recettes,  les  comptes  des  Pro- 
vinces... »  Du  Loir.  Voyage  du  Levant.  81.  De  ôj^ 
kha^îna,  trésor,  de  la  racine  ûj^  kha:{an ,  emmagasiner , 
serrer.  Cette  même  racine  nous  a  donné  magasin  (i),  de 
ù'/- ,  makh^in,  lieu  de  dépôt,  magazin.  «  Il  construisit  des 
chambres,  des  magasins  Cû3^\  un  four  et  un  bain.)) 
(IbnBat.  IIL  29^,  299,  etc.).  Esp :  almacen,  almazen. 
magacen.  Ptg :  almazem,  armazem.  Esp.  et  Val:  alma- 
gacen.  Ces  formes  ne  laissent  aucun  doute  sur  l'origine 
arabe  de  magazin. 

Khan.  «  Le  nom  de  khan  se  donne  en  ces  quartiers 

(1)  M.  Gasselia  se  contente  de  relever  «l'analogie»  de  magasin  avec 
o^j>.  Il  y  a  là  plus  que  de  l'analogie. 


KIOS  143 

d'Orient  à  certaines  maisons  bâties  pour  servir  de  retrai- 
tes aux  voyageurs...  Les  grands  sont  d'ordinaire  compo- 
sés de  quatre  grands  corps  de  logis  à  deux  étages  ;  dans 
le  bas  sont  les  magazins  et  les  écuries,  et  dans  le  haut 
sont  les  chambres  à  loger,  dont  les  portes  s'ouvrent  sur 
une  galerie  qui  règne  tout  à  l'entour  du  khan...  Il  y  a  aussi 
dans  les  villes  de  ces  khans,  destinez  pour  les  différentes 
sortes  de  marchandises  qui  se  débitent  en  gros  ;  et  pour 
cela,  on  nomme  les  uns  les  khans  des  soyes,  les  autres  du 
ris,  des  galles^  etc.»  (P.  Nau.  Vo/.  en  Terre-Sainte  p.  549). 
Au  lieu  de  khan  on  trouve  aussi  camp  dans  les  anciennes 
Relations.  «  Il  y  a  (à  Alep)  un  grand  nombre  de  bâtiments 
faits  comme  des  monastères  ;  on  les  appelle  camps.  Nous 
allâmes  au  grand  camp  qui  est  la  demeure  de  M.  Dupont, 
consul  français»  (Lett.  édif  p.  198).  Khan  est  la  trans- 
cription de  l'arabe-persan  ô\^khân,  même  sens.  Dans  le 
sens  de  prince,  le  mot  a  la  même  origine  et  la  même 
orthographe. 

Kibla  ou  Kiblat.  «  Point  vers  lequel  les  musulmans 
doivent  se  tourner  en  faisant  la  prière  »  (  De  Slane  )  ; 
de  Z^  qibla^  qui  signifie  chose  placée  en  face.  Les  musul- 
mans sont  souvent  appelés  gens  de  la  klbla,  (V.  IbnKhal- 
doûn.  Prolégom.  II.171). 

Kiosque.    Du  persan-turc  d\tj^  ,  koûchk,  même  sens. 


144  KIOS 

Le  mot  nous  est  venu  par  les  Turcs  qui  font  sentir  un  i 
brer(i)  après  il  K.  (2).  Ibn  Batouta  apprit  le  mot  à  la 
cour  de  Dehlî.  Le  Sultan,  dit-il,  «ordonna  à  son  fils  de 
lui  bâtir  un  palais,  ou,  comme  ils  l'appellent  un  kochk^ 
avec  un  damma  sur  le  kâfe\.  un  soukoûn  sur  le  chîn.  o-\lj  y>\ 

(III.  212  et  213).  Le  mot  se  rencontre  aussi  dans  les 
Mille  et  une  Nuits  sous  cette  forme  arabisée  de  dliS^ 
kochk  (V.  Dozy.  SuppL),  et  dans  ï Histoire  des  Atabecs 
de  Mosssoul  d'Ibn  al-Athîr.  (V.  Histor.  Orient,  des 
Croisades.  II.  i^^part.  p.  341). 


(1)  Le  Mollît  écrit  dli.f  Kichk,  accentuation  en  désaccord  avec  l'ori- 
gine persane. 

(2)  Comme  dans  sérasqiiier  de  j:L^j^\Kiamil,  de  j.a\S'  Kâmil  etc. 
(  V.  la  lettre  K  dans  le  Diction.  Turc-Français,  en  caractères  latins  et 
turcs  par  R.  Youssouf.).  Dans  un  poème  grec  moderne  je  trouve  yicoGMOP, 

qui  est  ainsi  expliqué  en  note:  yj  y,iô(yy,iov  sïvs  tovqv.iwv  dsQLvov  û'Urnia. 


LEBB  Î45 


Lazuli  (  Lapis-  ).  Voy.  A^ur, 

Laskar.  Matelot  indien.  Pl^  :  lascarim,  lascar,  liscarim, 
liscar  ;  du  persan  f.'Û  ,  lachkar^  armée,  troupe,  qui  vient 
de  l'arabe  ^lil  ,  aWaskar,  armée.  Il  est  probable  que 
les  Arabes  ont  à  leur  tour  emprunté  ce  mot  au  grec  by- 
zantin è'^éoy.rjTov  (exercitus)  V.  S.  Frœnkel.  Aram.  Fremdw. 
p.  239.  (i)  Sérasquier  ou  Sérasquier,  commandant  en  chef 
de  l'armée  en  Turquie  vient  de  jC^j^  ,  ser  ^askar, 
formé  du  persan  j-^  ,  ser,  tête  et  de  fl^s>  'askar  ,  armée. 
Sur  l'insertion  de  Ti  Voir  Kiosque. 

Lebbeck.  Acacia  africain  et  asiatique  nommé  par 
Hasselquist  «  mimosa  lebbeck,  acacia  d'Egypte,  en  arabe 
Lebbeck  »  (2)  ;  de  j«7^  labkh.  Forskal  donne  le  nom  de 
Icebach  et  lebbek,  à  cet  acacia  cultivé  fréquemment  en 
Egypte  et  en  Arabie  à  cause  de  l'ombrage  qu'il  procure. 
Les  belles  promenades  du  Caire  sont  plantées  de  cet  ar- 
bre incomparable,  qui  atteint  jusqu'à  1 5  mètres  de  hauteur. 

(1)  Les  Philologues  Arabes  pensent  au  contraire  que  jC-p  leur  vient  du 
persan  (Almu'arrab.  105). 

(2)  Voyages,  p.  68  et  154. 

lO 


146  LIMO 


Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  le  lèbakh  ou  perséa,  (i) 
qui  n'existe  plus  en  Egypte.  M.  Devic  pense  que  «le  nom 
du  genre  lébeckie  (  Lebeckia  )  qui  comprend  des  arbustes 
du  cap  de  Bonne-Espérance  a  la  même  origine  étymo- 
logique.» Avec  le  Dictionnaire  de  d'Orbigny  nous  pré- 
férons y  voir  un  adjectif-formé  sur  un  nom  propre. 

Lésine.  (2)  Ce  mot  a  avec  l'arabe  ô'j  ,  la^lna^  être 
serré,  être  étroit,  une  telle  ressemblance  de  sens  et  de 
forme  qu'il  y  a  lieu  de  s'étonner  qu'on  n'y  ait  pas  fait  plus 
d'attention.  On  dit  ô*}  J^  ,  ^dich  la^in^  vie  mesquine, 
plein  de  lésinerie. 

Lilas.  Esp  :  lila,  lilac  ;  de  dlU  lîlak  ou  i!!>U  ,  lîlâk, 
même  sens.  Jusqu'à  la  fin  du  18^®  siècle,  on  disait  en 
français  indifféremment  lilas  et  lilac,  d'où  Lilacée. 

Limon.  Fruit.  Esp,  :  limon.  Ptg.  :  limâo.  Cat.  llimo, 
llimona.  It  :  limone;  de  6/^  ,  laimoûn,  même  sens.  On 
trouve  aussi  y^  ,  Itmôu ,  Dans  Moqaddasî  le  ôj^\ 
Itmoun,  est  décrit  comme  un  fruit  propre  à  l'Inde,  res- 
semblant à  l'abricot,  mais  d'un  goût  fort  acide.  ^^\^j 

(1)  Relat.  d'Ahdellatif.  p.  47.  On  lit  dans  le  Qamous:  'j'^a>è\  Jàk  lij  o^ 
<^\1\  'JfùS  :  *JI  >^jt5^r^)  Ju:;  -àl  Jl  J^  t>:  ùI  ^k  De  Sacy  propose  de  lire 
Lto  notre  prophète  au  lieu  de  uç  et  pense  que  cette  tradition  se  rapporte 
à  Mahomet. 

(2)  On  a  écrit  lezine.  Régnier  même  a  dit  lézina  (  substantif). 


LOOC  147 

1-u  ^ua^L  Jjr^\  Jt*  SjC  jftj  ^:^c^  (  -uJI  ^^1  )  .  L/ah^  (espèce 
de  citronnier)  Esp.  Ptg  :  lima.  Maj.  et  Va/  :  llima,  vient  de 
J  lîm,  nom  générique  des  c///*i^5';  ou  de  U  /^/72a,  nom 
d'unité  à  Tripoli  de  Syrie,  oij  on  cultive  un  citron  nommé 
^A^  J  lîm  baladî\  lime  du  pays. 

Lisme.  Droit  payé  aux  états  barbaresques  pour  la  pê- 
che du  corail;  de  t*j)} ,  lâ^lmaj  littér.  :  chose  obliga- 
toire, et  aussi  impôt,  dans  Edrîsî,  Ibn  Hauqal  (v.  Glossar* 
sur  Edrisi  p.  376).  Z*'j^  ll^ma,  est  une  forme  moderne  qui 
s'adapte  encore  mieux  à  Usine  (V.  Cherbonneaa.  Dict. 
fr.-ar.  et  Do^.  Suppl.).  On  appelle  les  ma  ou  le:{ma  en 
Algérie  un  impôt  de  capitation  payé  par  les  Indigènes  (i) 
A  Alger  dit  le  chevalier  d'Arvieux  :  «  on  lève  tous  les  ans 
les  Liâmes  et  les  Garâmes  (2)  qui  sont  comme  les  Tailles, 
les  Impositions  et  les  Conditions  que  les  Maures  de  la 
campagne  payent  à  la  milice  »  (mémoires  III.  253).' 

Looch.  Ptg  :  looch,  lohoc.  Terme  de  pharmacie,  de 
jP  la'oûq  (3)  litt.  :  ce  qu'on  lèche,  potion,  médicament 
qu'on  prend  à  petites  gorgées,  de  ji    laaq,  lécher  ,  qui 


(  1  )  Voir  plus  loin  le  mot  Zekkat 

(2)  De  7^\^  dette  impôt,  taxe  d'où  en  espag.  garrama,  contribution  chez 
les  Maures. 

(3)  On  dit  aussi  j^  lo^oàq;  forme  vicieuse  relevée  par  Harîrî  [u^V^S  %j> 
p.  102.  édit.  Tliorbecke)  mais  qui  se  rapproche  plus  des  dérivés  européens. 


148  LUTH 

a  en  médecine  le  sens  de  prendre  un  loock  (V.  Ibn  Beith. 
s.  V.  sl^).  Voici  un  Jj«)  contre  la  toux  indiqué  par  Soy- 

oûtî  :  (i)  «  v^j  J^  J--*>  j^^^y(ÂA  o^jj,  ;  on  fait  cuire  des 
graines  de  lin  pétries  dans  du  miel  d'abeille  ». 

Luth  (2).  Esp:  laud.  Ptg'.  laude,  alaude.  ltal\  liuto, 
leuto  ;  de  ^y I  aroâd,  nom  du  même  instrument.  On  peut 
lire  dans  Mas'oûdî  (VIII.  88  et  99.)  ce  qu'il  dit  sur  l'ori- 
gine du  'oâd.  Voir  plus  loin  Rebec, 


(1)  ùy>.iM  diuîlj  ùyjdl  JiSOl  ^VjS"  Edit  d'Egypte,  p.  165.  nLooch,  eclegma 
et  Linctus  sont  3  mots  qui  signifient  une  même  chose,  léchement,  sucement; 
le  premier  est  Arabe.»  (  Pharmacopée  U?iiv.  par  Nie.  L'Emery.fp.  271). 

(2)  «On  peut  écrire  aussi  Lut.  »  (  Trévoux).  | 


MACH  149 


M 


Macabre.  Esp  :  almocaber.  Ptg  :  almocâvar.  almocô- 
var.  Esp  :  macabro.  Tous  ces  mots  viennent  évidemment 
de  j^*[i)^  maqâblr^  pluriel  de  Sju*  maqbara,  tombe  et 
surtout  cimetière  ;  car  la  forme  ^^  indique  un  collectif. 
Cela  étant  vrai  pour  les  langues  ibériques  ;  pourquoi  dans 
le  français  macabre  faire  intervenir  chorea  Macchabœorum) 
Puisque  dans  aucune  des  danses  macabres,  qui  nous  res- 
tent, les  Macchabées  ne  figurent  aucunement.  Pour  s'en 
convaincre,  on  n'a  qu'à  lire  l'article  :  Danses  des  morts 
dans  \e  Dictionnaire  infernal  {2),  Avec  l'étymologie  arabe, 
forme,  accent,  sens,  (3)  tout  s'explique  naturellement, 
tandis  que  l'étymologie  latine  soulève  de  sérieuses,  pour 
ne  pas  dire  insurmontables,  difficultés. 

Mâche.  Plante  du  genre  des  valérianes,  qu'on  mange 
en  salade.  Probablement  de  mâcher,  dit  Littré.  Bocthor 
traduit  mâche  par^^U,  mâch  (4).  Mais  pour  faire  accepter 

(1)  Avec  ou  sans  l'article  al. 

(2)  V.  aussi  Gloss.  étymol.  de  M.  Devic  s.  v.  macabre.  Littré  maintient 
l'étymologie  latine  dans  son  Supplément. 

(3)  La  danse  macabre  est  la  danse  ^u>  du  cimetière  ou  des  tombeaux. 

(4)  Devic  dans  son  Glossaii'e  se  demande  «  si  Bocthor  a  fait  quelque  con- 


150  MACH 


cette  étymologie  il  faudrait  des  autorités  plus  sérieuses  (i). 
J^-U  n'a  dans  aucun  dictionnaire  ni  auteur  le  sens  de  salade 
ou  d'herbe.  Ibn  Batoûta  après  avoir  dit  que  le  mâch  est  une 
espèce  de  pois  ù^i^\  ^  ^  (  III.  i  ^  i  )  ajoute  plus  loin  que 
dans  l'Inde  «  on  donne  aux  animaux  en  place  de  fourrage 
vert  des  feuilles  de  mâch  »  (  p.  132).  Mais  de  là  à  l'identi- 
fication que  nous  combattons,  il  y  a  loin.  Ibn  el-Beithar 
cite  selon,  son  habitude,  les  opinions  de  plusieurs  mé- 
decins-botanistes. Or  tous  s'accordent  a  en  faire  un  légume 
du  genre  des  pois  ou  des  lentilles.  Le  livre  de  l'Agriculture 
d''Ibn  al-'Awâm  (II  p.  67)  ne  parle  pas  autrement.  Dans  la 
suite  de  son  traité  des  Simples  Ibn  el-Beithar  revient  bien 
des  fois  encore  à  J^U  ;  mais  jamais  dans  ses  expressions 
rien  qui  permette  d'en  faire  une  herbe.  Enfin  on  peut  voir 
sur  mâche  une  excellente  note  de  Tillustre  de  Sacy 
[Abdallatif.  p.  119,  n^  118).  Ajoutons  que  le  P.  Sicard 
dans  le  Plan  de  son  ouvrage  sur  l'Egypte  dit  expressément 
que  le  «  mach  est  une  espèce  de  haricot  de  l'Iémen.  » 


fusioa  ou  si  vraiment  ^^iu  se  prend  dans  le  sens  de  notre  mâche  ?  ».  Dozy 
dans  son  Supplém.  reproduit  ce  passage  sans  rien  ajouter.  D'après  Trévoux 
«  mâche  est  un  mot  arabe,  c'est  un  grain  rond,  sain.  On  le  mange  comme 
les  lentilles...  On  fait  un  mets  composé  de  ris  et  de  mâche». 

(1)  Sui*  la  valeur  du  Diction,  de  Bocthor,  Voir  ce  que  dit  le  comte  C.  de 
Landberg  dans  la  Préface  de  Bâsim  le  Forgeron  (  p.  XII.  )  On  trouvera 
peut-être  le  jugement  sévère.  Mais  n'est-il  pas  quelque  peu  mérité? 


MAHA  151 


Madrague.  Esp  :  almadraba.  Pêcherie  pour  le  thon  (i). 
Deux  explications  sont  en  présence.  M.  Dozy  fait  venir 
le  terme  espagnol  de  ^"yjS  ,  al-ma^raba,  du  verbe  ^jj 
:{a^aba,  entourer  d'une  haie.  On  peut  voir  son  argumen- 
tation p.  148  de  son  Glossaire.  Seulement  on  ne  connaît 
pas  encore  d'exemple  on  le  3  j  T^'^*^  soit  devenu  d  (2). 
Je  préfère  l'étymologie  de  M.  Defrémery  (3)  qui  propose 
^j-^  madraba,  de  u-j^  daraba,  planter,  enfoncer  un 
pieu  (V.  Journ.  Asiat.  Mai.  1869  p.  538  etEguilaz  p.  207). 

Mahaleb  ou  Magalep.  En  botanique  :  Prunus  mahaleb. 
«  Nom  arabe  devenu  nom  vulgaire  et  spécifique  du  ceri- 
sier mahaleb  »  Littré.  de  ^.1^  ,  mahlab^  même  sens.  Ses 
fruits  odoriférants  ont  été  décrits  par  Râzî,  Avicenne, 
Ibn  al-Beithâr,  Ibn  al-'Awâm;  Livre  de  l'Agriculture.  II. 
i^^  partie.  367.  )  etc. 

Mahari  (4).  «  Il  est  des  dromadaires  (5)  que  l'on  dresse 
pour  être  montés  et  que  les  Arabes  désignent  sous  le 
nom  de  maharL  Le  mahari  ne  constitue  pas  une  race  à 
part;  c'est  tout  simplement  un  animal  de  choix  que  sa 

(  1  )  V.  description  de  la  Madi*ague  dans  le  Dict.  Déterville  à  l'art,  thon. 

(2)  M.  Dozy  aurait  dû  dans  son  Introduction  donner  au  moins  un  exem- 
ple de  ce  changement.  Il  est  probable  qu'il  n'en  aui^a  point  trouvé. 

(3)  Ou  plutôt  du  P.  Guadix,  qui  l'a  émise  longtemps  avant  le  savant 
français. 

(4)  M.  Barbier  de  Mejuard  dit  maliarite. 

(5)  C.  Flaubert  :  Magasin  Catholique  illustré.  1853.  p.  285. 


1^2  MAHA 


conformation  individuelle  rend  apte  à  faire  par  jour  des 
courses  soutenues  de  loo  à  1 50  kilomètres...  Le  mahari 
marche  et  trotte  à  l'amble  et  son  galop  est  si  rapide  que 
le  meilleur  cheval  ne  peut  le  suivre.  Les  Arabes  désignent 
sous  le  nom  de  àjemel[i)  le  dromadaire  de  somme,  de 
mahary^  celui  de  course.  »  C'est  la  Transcription  de 
(SJ^  mâhârîj  pluriel  de  Z  j^ .  Ce  nom  leur  viendrait  de 
Mahr-Ben-Haidan  père  d'une  tribu  du  Yémen  ou  de  la 
ville  de  Mahra  dans  l'Oman.  Les  Arabes  ne  tarissent  pas 
en  éloges  sur  ces  merveilleuses  montures.  Elles  devancent 
les  coursiers  les  plus  rapides;  elles  volent,  selont  l'ex- 
pression d'Ousâma  ibn  Monqid(p.  8.  2^^  lig.):  «jJ*(ijl^lb^^ 
elles  comprennent  les  moindres  signes  du  cavalier  et 
souvent  préviennent  ses  désirs  (V.  Ibn  Batouta.  III.  421  ). 
«  C'est  cette  même  race  (2)  que  Diodore  et  Strabon  ont 
nommée  camelos-dromas,  et  qui  seule  devrait  porter  le 

nom  de  dromadaire.»  On  donne  parfois  comme  synonyme 
de  mahari  le    mot  raguahil  (3).  Ce  dernier  représente 

^\>fôJ  rawâhil^  plur.  de  Z^yjqui  se  dit  d'une  magnifique 
chamelle  de  race,  choisie  exclusivement  comme  monture 


(1)  J->*.  gamil,  distinction  établie  ici  est  exacte. 

(2)  Dict.  Déterville  qui  écrit  maihari. 

(3)  Déterville.  XIII.  526. 


MAID  1 5  3 


et  à  qui  on  n'impose  jamais  des  fardeaux  (i).  Voici  com- 
ment ce  terme  est  expliqué  par  l'auteur  de  îiill  ^  (la  Cri- 
tique du  langage)  jî3-l  Ucj  i^l^l  Je  4^1  J^Jl  Ujfc-i  lil 
(  3^lj  )  ^  ^jlâil  ^j— >-j  ,  et  il  cite  a  l'appui  le  hadith  sui- 
vant (2)  :  4Ub  \^  ^  :>l5CV  L'U  J.V^ldl 

Mahométan.  Nom  formé  sur  j.^^  Mouhammad,  litt.  le 
loué,  l'exalté,  ou  plutôt  sur  la  transcription  vicieuse 
Mahomet,  qui  a  prévalu. 

Mahonne.  Esp  :  mahona;  galère  turque.  On  a  proposé 
l'arabe  0>s^^  m^'of/AZ,  vase;  marmite,  ustensile.  D'^après 
Mûller  le  mot  arabe  en  passant  en  turc  aurait  pris  le  sens 
de  galère.  Je  n'ai  pu  retrouver  û^pU  en  turc;  mais  en 
revanche  cette  langue  fournit  ^y^  ma'oâna,  «ÛjpU  mâ'oûna 
4ÎjU  ,  mâoâna  (V.  R.  Youssouf.  Die.  Turc-Fr,  )  allège, 
gabarre,  bateau.  C'est  évidemment  là  qu'il  faut  chercher 
l'origine  de  mahonne, 

Maïdan  ou  Meidan.  Les  Croisés  avaient  emprunté  aux 
Indigènes  les  exercices  du  Meidan  (3).  On  peut  lire  à  ce 

(  1  )  Celles  qui  portent  des  fardeaux  s'appellent  Jj»,Ijj  •  De  là  le  sens  figu- 
ré en  parlant  d'un  homme  de  peu  de  valeur:  J>»ljj]|  ^i»  [J\  J>bJI  o^  j^  lt^- 
(Foqhal-lougha.  158). 

(2)  Foqh.  p.  157.  Compar.  Aganill.  p.  277  (édition  Salhani)  zç^  j^ 

(3)  Quelques  auteurs  ont  même  pensé  que  les  tournois  ne  sont  qu'une 
imitation  du  jeu  équestre  du  djérid  ou  du  meidan.  (V.  Rey.  Colonies  Franq. 
54.  )  Les  chevaliers  francs  se  rendaient  chaque  année  aux  bords  du  Kison, 


1^4  MANG 


sujet  une  drolatique  histoire  dans  Ousâma  ibn  Monqid 
(p.  loi  et  102).  Pour  l'étymologie  Voir  Djérid. 

Mamelouk.  Esp.  Ptg  :  mameluco.  Vat  :  mameluch. 
/^;  mammaluco;  de  ^jiji ,  mamloûk,  littér.  celui  qui  est 
possédé.  En  Syrie  et  en  Egypte  fJ^  désigne  un  esclave 
blanc,  tandis  que  le  terme  -^(i)  ou  A^U.(en  Afrique) 
est  réservé  aux  esclaves  nègres  (2).  De  fait  les  Mamelouks 
étaient  d'origine  Circassienne.  Il  semble  donc  que  Mala- 
moque^  albatros  au  bec  noir,  au  plumage  entièrement  noir 
ne  peut  pas  être  une  altération  de  fJ^C*  ,  comme  le  vou- 
drait M.  Devic. 

Manège.  Esp  :  manejo.  On  trouve  dans  les  Diction- 
naires :  «  manège  de  maneggioy  manus)).  Pour  ma  part,  je 
préfère  le  rapprocher  de  ^^  manhège,  via  aperta  et 
manifesta  (Freyt.)  et  aussi,  direction,  manière  de  se  com- 
porter. Sur  l'omission  de  ©  médial.  V.  Introduction» 

Mangala.  Jeu  arabe  sur  un  damier  .  de  douze  cases 
avec  72  coquillages  (  Kazimirski  ).  Ce  jeu  très  connu  en 
Orient  est  longuement  décrit  par  Kiehuh:  [Voyag.  en 
Arable.  I.  1 39  et  Mille  et  une  Nuits,  édit.  Habicht.  I.  257). 

pour  y  célébrer  le  haraz,  où  tous  s'excerçaient  à  des  joutes,  auxquels  les 
Sarrazins  prenaient  part.  —  Saint-Génois.  Mém.  de  l'Acad.  royale  de  Bel- 
gique. T.  III. 

(1)  Même  a^  désigne  absolument  un  nègre,  esclave  ou  non. 

(2)  V.  Prol'eg.  dlbn  Khaldoun  III.  p.  291.  Mr.  de  Slane,  note  1. 


MARA  1^5 


C'est  la  transcription  de  ^a-u  ,  minqala^  qui  se  rattache 
à  la  racine    Jaj  transporter.  On  écrit  aussi,  îi^^  manqala, 

Marabotin.  Monnaie  d'or,  qui  eut  longtemps  cours 
dans  le  midi  de  la  France.  (V.  Douillet.  Dict.  Scienc.  ) 
Au  lieu  de  marabotin  on  trouve  aussi  marmotin,  qui  n'est 
qu'une  corruption  du  premier.  Prov:  maraboti.  Bas.  lat  : 
marabotinus,  merabatinus(i).  Il  est  souvent  parlé  de  cette 
monnaie  dans  plusieurs  titres  de  la  ville  de  Montpel- 
lier (2).  Marabotin  dérive  certainement  de  ù^}f  morâ- 
bittîi  ou  OvLi  ,11  al-mourâbitîn ,  nom  de  la  dynastie  des 
Almoravides,  sous  lesquels  cette  monnaie  fut  frappée. 
Les  marabotins  ayant  dans  la  suite  des  temps  perdu  con- 
sidérablement de  leur  valeur,  devinrent  des  maravédis, 
qui  ont  absolument  la  même  origine.  (V.  Dozy.  Recher- 
ches, p.  470  ). 

Marabout.  Esp.  et  Ptg  :  morabito.  Pig  :  morabita, 
marabuto.  Cat.  Val  et  Maj  :  morabit;  de  la>)J  morâblt, 
qui  est  assidu,  appliqué,  u  Des  mérabouts  jetèrent  dans  le 
puits  soixante-dix  outres  en  pierre  »  Baron  de  Krafft  (3). 

(1)  Voy.  les  autres  formes  dans  le  Dict.  de  Trévoux  s.  v. 

(2)  Les  évêques  de  Maguelonne  étaient  en  partie  Seigneiu^s  de  Mont- 
pellier et  il  paraît  par  deux  vers  de  Théodulphe  d'Orléans  que  la  monnaie 
des  évêques  de  Maguelonne  portait  des  inscriptions  arabes: 

Ipse  gravi  numéro  nummos  fert  divitis  auri, 
Quod  Arahuyn  sermo  sive  charade?'  erat. 

(3)  Tour  du  Monde.  Promenade  dans  la  Tripolitaine.  1861.  1®"^  sem. 


56  MARA 


-Ce  qui  confirme  cette  dérivation  c'est  que  la  dynastie 
des  Almoravides  (V.  le  mot  suivant)  a  été  longtemps 
appelée  en  fi-ançais  la  dynastie  des  Marabouts]  et  ce 
passage  d'une  ancienne  relation  où  l'on  lit  que  «  les  mora- 
vîtes  sont  une  espèce  de  leurs  prêtres.  »  (i). 

Maran,  Marane  ou  Marrane.  Terme  injurieux  dont 
les  Français  appellaient  les  Espagnols  (2);  il  se  disait  en- 
core des  Maures  de  la  Péninsule,  et  des  chrétiens  d'ori- 
gine juive  etc.  «  Ce  serait  proprement  un  africain^  dit 
Trévoux,  mais  dans  les  poésies  de  Marot,  c'est  une  injure. 
Dans  le  temps  que  nous  autres  français  étions  ennemis 
des  Espagnols,  nous  les  traitions  de  marranes^  comme  ils 
nous  traitaient  de  ga vaches.  Gloss.  sur  Mxrot.  «  Nous  ne 
devons  pas  croire»  que  les  Espagnols  soient  meilleurs 
chrestiens  que  nous...  le  marranlsme  est  plus  fréquent  en 
Espagne  que  l'hérésie  en  France.  »  —  Guy  Coquille  (cité 
dans  Littré,  Sup pleine  ni).  Marrane,  en  espag.  marrano,  en 
portug.  marrâo.  n'est  autre  que  ûly  morrân^  qui  d'après 
le  P.  la  Torre,  est  un  terme  employé  par  les  Arabes  du 

p.  79.  Eq  turc  murahit  1,,|^  signifie  marabout  (R.  Youssouf).  C'est  donc 
de  la^i^  que  le  mot  dérive  et  non  àe^yy>  m%rboàt,  comme  on  trouve  enco- 
re souvent. 

(1)  Voy.  aussi  Trévoux  s.  v.  Morahites. 

(2)  La  couleur  marrane  était  la  couleur  Espagnole.  On  trouve  dans  La 
Fontaine. 

«Peuple  hérétique  et  maran.r)  — VLrelai  sur  les  Hollandais. 


MARF  157 


Maroc  dans  la  même  acception  que  les  mots  espagnol 
et  français,  c'est-à-dire,  maudit,  excommunié  etc. 

Marcher.  Hypothèse  pour  hypothèse,  j'aime  autant 
celle  qui  rattache  marcher  à  ^1«  ,  mâcha,  même  sens. 
Pour  l'insertion  de  rvoir  l'Introduction  du  Gloss.  deDozy 
p.  23  et  la  nôtre. 

Marfil  ou  Morfîl.  Ivoire  tel  qu'il  est  livré  par  les  nè- 
gres, sur  les  côtes  d'Afrique.  Lorsque  le  morfil  est  coupé 
et  travaillé,  il  s'appelle  ivoire,  dit  un  exemple  cité  dans 
Trévoux.  Esp  :  marfil.  Ptg  :  marfim.  Basq  :  marfilà.  On  a 
proposé  comme  étymologie  J^l  ^t  ,  nâb  al-ftl,  litt  :  dent 
de  l'éléphant,  terme  par  lequel  les  Arabes  désignent  l'i- 
voire. Cette  dérivation  oblige  d'admettre  des  altérations 
trop  fortes.  De  plus  elle  n'explique  pas  l'existence  des 
formes  almafil  et  olmafi^  plus  anciennes  que  marfil.  C'est 
ce  qui  m'engage  à  accepter  comme  très  probable  l'hypo- 
thèse de  M.  de  Eguilaz  qui  voit  dans  marfil  une  altération 
de  JJI  ^Jap  ,  'azm  al-fîl,  os  de  l'éléphant,  par  l'aphé- 
rèse de  la  syllabe  az.  Que  l'ivoire  ait  été  appelé 
JJÎI  Jàs.  ,  il  le  prouve  par  un  texte  arabe  très-curieux  (i) 


(1)  V.  Glosar.  etim.  p.  444.  A  propos  de  j^l  ^U  nah  alfil.  M.  Dozj  fait 
observer  que  le  génie  de  la  langue  arabe  ne  permet  pas  la  suppression  de 
l'article  et  de  dii-e  ndb  fil.  Cette  remarque,  si  juste  pourtant,  est  contestée 
par  M.  Devic  qui  cite  à  l'appui  j^j  ^r-»  sinnfîl  dans  Bocthor.  Mais  nous  ne 


158  MARM 


L*aphérèse  admise  dans  marfil  n'est  d'ailleurs  pas  plus 
forte  que  celle  du  ptg.  ema^  autruche,  de  iXi  ,  na'âma, 
même  sens. 

Markab.  Etoile  de  Pégase  ;  elle  est  située  dans 
l'aile  de  cette  constellation.  C'est  la  transcription  de 
l'arabe  w^-*  markab,  litter.  monture. 

Marmite.  Esp.  et  Lombard  :  marmita;  de  4^  j;  borma, 
marmite  surtout  en  pierre  (i  ),  mais  il  s'est  dit  aussi  d'un  us- 
tensile en  métal  ;  (  V.  Geogr.  Ar.  Glors.  1 89  )  et  Beaussier 
à  raison  de  traduire  l*^  P^^  «grande  marmite  en  terre 
ou  métal  »  .  Chez  Moqaddasî  il  est  tout  simplement  syno- 
nyme de  jjJ.  Dans  la  cuisine  d'un  couvent  Copte  le 
P.  Sicard  vit  «trois  grandes  marmites  de  pierre,  celles-ci 
cuisent  fort  bien  et  durent  des  siècles.  Cette  sorte  de 
pierre  se  nomme    baram  )>  (Lett.  édif   I.  p.  45^.)  Il  dit 


sommes  pas  loin  d'y  voir  une  des  nombreuses  fautes  de  détail  échappées  au 
lexicographe  égyptien.  Quoiqu'il  en  soit  près  de  Beyrouth  sur  un  tertre  do- 
minant le  iVa/ir-5e^row^/i  se  trouve  un  petit  village  appelé  Sinn  el-fîl  j^vâil  t^. 
L'article  s'y  fait  toujours  bien  sentir;  et  cela  date  de  loin,  puisque  au  temps 
des  croisades  le  lieu  s'appelait  Senesfil  comme  l'atteste  Rey  (  Colon. 
franq.  p.  524  ). 

(1)  Pour  le  changement  de  ^  en  m.  Comp.  les  variantes  orthographiques 
du  nom  de  Balbec  (vU-U)  dans  les  écrivains  des  Croisades,  où  l'on  trouve 
Malhec,  Maheth,  Mauhec.  (Quinti  Belli  sacri  Scriptores  Minores,  éd.  R. 
Rohricht)  «adoncques  seront  prises  Malbec  et  la  Chamelle»  p.  237.  La 
Chamelle  désigne  la  ville  ;de  Homs  «  Vastabunt.  Alabeth^  p.  213-  «  Maubecï) 
p.  2}^*  Guillaume  de  Tyr  écrit  de  même  Malbec. 


MASC  159 


ailleurs  que  cette  pierre  se  durcit  au  feu,  et  que  les  ri- 
ches et  les  pauvres  s'en  servent  »  {Id,  477). 

Marmouset.  J'inclinerais  à  rapprocher  ce  mot  de  l'esp: 
mamarrache  et  momarrache ,  altérations  de  moharrache^ 
et  qui  signifient  marmouset^  petit  homme  grotesque,  et  qui 
dérivent  de  ^"^^  mohrrig ,  bouffon  ,  plaisant ,  comme 
M.  Dozy  l'a  prouvé  (Gloss.  Esp.  307,  308  etc,).  Mar- 
mot aurait  la  même  origine.  Tel  n'est  pas  pourtant  l'a- 
vis de  M.  F.  Génin.  (V.  Récréations  Philologiques.  182). 

Marquise.  Toit.  Les  dictionnaires  ou  ne  disent  rien 
ou  ne  donnent  sur  l'origine  de  ce  mot  que  des  explica- 
tions embarrasées.  Si  ce  n'était  abuser  du  droit  de  faire 
des  conjectures,  nous  verrions  dans  marquise  une  porte 
altération,  de  JbJ'  ar-riwâq,  ou  arrowâq^  qui  a  toutes  les 
significations  du  mot  français  :  espèce  de  surtout  qui  se 
met  par  dessus  les  tentes,  pour  les  garantir  de  la  pluie; 
toit  avancé;  cloître]  péristyle.  Jljj  est  ancien  en  arabe 
comme  on  peu  le  voir  dans  S.  Frœnkel  {Aram.  Fremdw. 
1 66).  De  Jlj  j  on  a  fait  ô^^bj  ,  qui  désigne  les  Stoïciens, 
oi  àno  rfi^  2Toag  •  M.  F.  Génin  donne  de  marquise  une 
étymologie  saxonne  (  Recréât*  207). 

Mascarade.  Esp.  et  Ptg.  :  mascara.  Val  maixquera, 
masquera,  Ital  :  maschera.  Il  y  a  longtemps  que  Ménage 


i6o  MATA 


avait  assigné  à  ce  mot  une  origine  arabe.  Les  étymolo- 
gistes  postérieurs  n'ont  pas  eu  de  peine  à  prouver  que 
mascarade  vient  en  effet  de  l/^  maskhara  (  i  ),  bouffon- 
nerie ,  grosse  farce  (Bost.);  et  même  masque,  personne 
masquée  (Belot),  mascarade  (Heury).  Il  est  certain  que 
même  en  français  mascarade  a  eu  le  sens  de  bouffonnerie, 
que  Littré  n'a  pas  suffisamment  indiqué.  En   1631  le  R. 
P.  Philippe  de  la  T.  S.   Trinité  écrivait  que  les  Arabes 
«  festinent  et  font  des  mascarades  toute  la  nuit  et  dorment 
tout  le  jour.»  p.  321.  Dans  ce  passage  le  Carme  mission- 
naire a    sans  doute    voulu    rendre  l_f^  maskhara.  Le 
franc.  Masque  est  souvent  rattaché  étymologiquement  au 
même  mot  arabe,  dont  il  ne  serait  qu'une  abbréviation  (2). 
M.  de  Eguilaz   y  voit  '-^  maskh^  métamorphose,  et  tout 
spécialement  celle    qui  transforme   l'homme    en   bête , 
chien  (2),  singe  etc.,  Cfr.  S/non.  Arab»   188  et  Chams 
ed-dîn  de  Damas,  p.  275.  Cette  explication  n'est  pas 
improbable,  étant  donné  la  façon  cavalière,  dont  le  fran- 
çais traite  la  finale  des  mots  arabes.  (V.  Introduction  ). 

Matamore.  Esp.  Ptg  :  mazmorra.  Val,  :  maçmorra  Ptg: 
masmorra,  matamorra.  Cat  :  marmorra,  massmorra  de 

(1)  Les  Persans  ont  pris  le  même  mot  dans  le  sens  de  moquerie,  risé 
(V.  Berge.  Dict.  Pers-Franç.  s.  v.). 

(2)  V.  à  ce  sujet  une  plaisante  histoire  dans  Aghânî  (I.  257.  édition 
Salhani  ). 


MATE  i6i 


Sj^k«  maimoûra^  fosse  souterraine,  silo;  et  aussi  pri- 
son, de  jjL  tamar^  cacher,  a  II  y  a  des  criminels  que  l'on 
pend  par  les  pieds  sur  la  bouche  d'un  puits  ou  d'une  ma- 
tamore; c'est  ainsi  qu'on  appelle  des  puits  secs  et  pro- 
fonds, où  l'on  conserve  les  grains  et  les  légumes.  ))(i) 
On  peut  lire  dans  Aboûl-Fédâ  l'histoire  de  la  matmoâra 
creusée  pour  servir  de  prison  à  An-Nâsir  Dâwoûd  (Histor. 
des  croisades  T.  I.  p.  137). 

Matelas.  Esp  :  almandraque,  matraque.  Esp.  Pig  :  al- 
madraque  Cat  :  âlmatrach.  Prov  :  almatrac.  dlm'mut,  esp. 
et  ptg  :  almadraqueja,  almadraquexa.  It  :  matarazzo,  ma- 
terasso.  Vieux  fr.  :  materas,  matteras,  matelat;  de  rj^ 
matrahy  lieu  où  l'on  jette,  lit  (2),  de  t-^L  tarah,  jeter.  Tout 
homme  qui  a  passé  par  l'Orient  comprend  comment  de 
jeter  on  est  arrivé  à  l'idée  de  lit.  Les  lits  des  Orientaux 
sont  de  simples  couvertures  ou  des  matelas  fort  légers, 
qui  pendant  la  journée  sont  roulés  dans  un  coin,  et  qu'on 
étend  le  soir,  ^j  farch,  mot  dont  on  se  sert  habituel- 
lement pour  désigner  un  lit  vient  de  même  dej-ji  farach^ 
étendre  par  terre.  «  Les  Arabes  couchent  d'ordinaire  par 
terre  sur  un  matelas  l>.\^  ;  toute   la  litterie  nécessaire 

(1)  D'Ai'vieux,  m.  278. 

(2)  V.  ^j\ji,\^ji\  Dict.  de  l'arabe  classiq.  f par  M.  Saïd^^Chartouni;  -  et 
Dozy.  Supp. 

II 


i62  MELC 


s'appelle  ^j  »  (Proverbes  arabes,  par  le  O^  de  Land- 
berg.p.  349). 

Maugrebin  et  Mogrebin.  De  ^,J^  maghribt,  adjectif 
formé  sur  ^J^  maghrlb  ^  occident,  qui  est  notre  mot 
Magreb.  Le  nom  de  Megrebin,  comme  écrit  le  P.  Nau,  «  se 
donne  aux  Mahométans,  de  devers  Algier  et  Maroc, 
parce  qu'ils  sont  occidentaux  »  (i).  En  Orient,  Maugrebin 
est  souvent  synonyme  de  sorcier  ;  et  cela  était  déjà  reçu 
du  temps  du  missionnaire  que  nous  venons  de  citer  (2). 
V.  aussi    ^  Jl  .  pass, 

Garbin,  vent  du  sud-ouest,  en  ital.  garbino,  se  rat- 
tache à  la  même  racine  ;  de  J^J-  gharbî ,  adject.  de  ^j> 
occident.  Dans  le  Languedoc  on  appelle  aussi  Garbin  un 
petit  vent  frais,  qui  s'élève  vers  midi  dans  l'arrière-saison. 

Médresseh.  Collège.  C'est  la  prononciation  turque  de 
l'arabe  l-j-u  madrasa ,  lieu  d'étude,  de  ^j^  daras,  é- 
tudier ,   sur    la  forme  Z»^  ,    comme  Sju^  (V.  Macabre). 

Melchites.  C'est  le  nom  donné  aux  Chrétiens  Grecs 
du  Levant;  de  ^^==£U  ,  malakî,  royaliste,  adjectif  de 
diU   ,  malek,  roi  (3).  La  raison  historique  est  connue: 

(1)  Voyage  nouveau  de  la  Terre-Sainte,  p.  621. 

(2)  Ihîd.^.  621. 

(3)  «Les  Grecs  qui  confessent  deux  natures  en  J.  C.  selon  le  concile  de 
Chalcédoine....  sont  appelés  melchites  c-à-d.  royalistes,  du  mot  arabe  7nelek, 
qui  signifie  roi...  Il  n'est  pas  difficile  de  reconnaître  l'étymologie  du  nom  des 


MESC  165 


à  Tépoque  de  l'hérésie  eutychienne,  les  empereurs  de 
Byzance,  catholiques  pour  lors,  protégeant  les  saines 
doctrines ,  les  hérétiques  donnaient  la  qualification  de 
melchltes  à  tous  les  bons  catholiques.  Voir  ce  qu'en  dit  le 
P.  Nau  dans  son  Voyage  Nouveau  de  la  Terre  Sainte 
p.  212.  Fleury  écrit  Melquites. 

Mélochie.  Plante  de  la  famille  des  malvacées  ,  de 
If-^  ,  moloâkhia^  (V.  Molequin) . 

Mérak.  C'est  ?  de  la  Grande  Ourse  (i).  Transcri- 
ption de  Jl  Jl  1  almaràqq.  «  Elle  est  parmi  les  étoiles  bril- 
lantes de  la  troisième  grandeur;  Ptolémée  la  dit  de  la 
deuxième  ».  ('Abdurrahmân  as-Sûfî.  49  et  54). 

Mescal.  Esp  :  mitical.  Ptg  :  métical,  metical,  methcaes, 
iplur,  Ptg,  )  «  Petit  poids  de  Perse,  qui  fait  environ  la 
centième  partie  d'une  livre  de  France  de  seize  onces. 
C'est  le  demi-derhem  (2),  ou  demi-dragme  des  Persans.» 
(Trévoux)  Transcription  de  Jlâ^.-.  m/s"^^/,  (ou  mesqâld''â- 

Melchites.  L'empereur  Marcien  et  les  empereurs  suivants,  si  l'on  en  excepte 
peu  d'entre  eux,  employaient  leur  autorité  à  faire  recevoir  le  concile  deChal- 
cédoine;  c'était  la  foi  des  empereurs,  et  ceux  qui  avaient  la  même  foi  furent 
appelés  melchltes  ou  royalistes».  LeUre  du  P.  Bu  Bernât  (en  1711  ).  Lett. 
édif.  576.  Sui-  les  Melchites  ou  ;!fed/.  V.  Mas'oûdî,  al-Makîn  eia.pass. 

(1)  Ai'ago.  Astronomie  populaire  I.  338. 

(2)  Actuellement  on  dit  plutôt  Dirhem  de  l'arabe  ^j^  dirham,  dérivé 

de  doa'/^(iij,  de  même  que  le  français  Dinar  est  la  transcruption  de  jUji 
dinar  {d\i  gv.  ôr-paQtov) 


104  MINA 


près  la  prononciation  vulgaire)  poids  bien  connu.  Douillet 
parle  aussi  d'un  instrument  de  musique,  en  usage  chez  les 
Turcs,  et  qui  n'est  autre  chose  qu^une  espèce  de  flûte  de 
Pan,  qui  ne  compte  pas  moins  de  vingt-trois  tuyaux. 
[Dld.  Scienc.)  Effectivement  Jl^t*  [misqâl),  «est  une  sorte 
de  fifre  fait  d'une  rangée  de  roseaux.  »  R.  Youssouf. 

Mesquin.  Esp  :  mesquino,  merquino.  Cat  :  mesqui.  Val: 
meçqui.  Ptg  :  mesquinho.  //  ;  meschino.  Transcription  de 
j\5Cl^^,  miskîn,  pauvre  prononcé  vulgairement  meskîn  (i). 
Pour  la  synonymie  du  mot  et  celui  de  jCà  faqîr ,  pauvre, 
d'où  nous  avons  pris  fakir  et  faqair.  V.  nos  Synon.  arab. 
n^933. 

Mézérion ,  Mézéréon  ou  Almézérion.  Plante  ;  de 
l'arabe-persan  J.^j:^^  o\x  ùyjj\*  mâ^arlyoûn,  qui  manque 
dans  Freytag,  mais  que  donnent  Avicenne^,  Ibn  el-Beithar, 
Qalioûbî,  Bostani,  etc.  (V.  Devic.  Did.  étym.  et  Jouni, 
Asiat.  1870.  Janvier  p.  68). 

Minaret.  Esp  :  minarete.  On  assigne  généralement 
comme  origine  à  ce  mot  Sjll*  ,  [manâra^  proprement , 
lieu  où  il  y  a  une  lumière  ;  (2)  puis,  lampe,  chandelier, 
fanal  et  enfin  minaret;  d'où  le  turc  ejLu  ,  minaré^   mina- 

(  1  )  ùfiLj>   a  aussi  le  sens   de  mesquin  chez  les  Turcs  (V.  R.  Youssouf. 
Dict.  s.  V.   miskin.) 
LU  (^)  «J^-^  ^®^  P^^^'  «3S^  ^^1'  ^^  forme  îliU;;. 


MIRZ  i6^ 


ret.  Dans  ce  dernier  sens  les  Arabes  se  servent  surtout 
de  Z  SU  madana  (  i  ),  lieu  d'où  le  mue^^in  (  ù,S^  i  )  appelle 
à  la  prière,  de  û  il  •  Aussi  inclinerais-je  à  croire  que  le 
mot  nous  a  été  transmis  par  les  Turcs,  ou  bien  qu'il  dé- 
rive du  pluriel  arabe  OljLu  ,  manârât.  Le  terme  SjL« 
est  pourtant  employé  par  les  Arabes  (2)  u  Jldl  Jp  cS'^\  »  dit 
Moqaddassî  (44.  et  pass.) .  Quoiqu'il  en  soit,  l'esp.  mina- 

rete  semble  bien  devoir  se  rattacher  à  la  forme  OljL* 
* 

(Eguilaz.  453  ).  Dans  les  Voyages  du  Sieur  Lacas  on  lit 
((  minarats  tours  faites  en  pointe  et  à  plusieurs  étages  » 

I.  p.  89. 

Miramolin.  On  trouve  en  esp  :  miramamolin,  miramulim^ 
et  même  miramomni  Ce  sont  des  altérations  de  i>:uy.l  ju^ 
amtr-al~moâmentn,  prince  des  croyants. 

Mirza.  En  Perse,  dit  le  R.  P.  Philippe  de  la  T.  S.  Tri- 
nité, «les  Princes  sont  appelés  mir^a)).  p.  326.  C'est  la 
transcription  du  persan  \jju  mîr^â^  pour  oilj  >**  amîr- 
^âdeh^  fils  d'émir.  Emir  est  arabe;  7^l/(?A  est  persan.  Ce 
mot  mir^a  «  placé  avant  le  nom  d'une  personne  signifie  un 
homme  lettré  ou  simplement  monsieur]  quand  il  suit  un 

(1)  «Mosquées  dites  en  Ai*abes  gamea  et  les  clochers,  madenen  Voyages 
de  M^  de  Monconys  I,  355;  et  ailleurs:  «clochers,  dits  minares  en  Tui*c,  et 
madenhe  en  Arabe».  (I.  385).  Inutile  de  faire  remarquer  que  muezzin 
vient  de  o'i>i  prononcé  mouezzen.  V.  Introd.  lettre  i 

(2)  Ibn  Hauqal  et  Istakhrî  ont  le  collectif  ji>  mandr. 


i66  MOHA 


nom  propre  il  s'emploie  pour  désigner  un  prince  du  sang  » 
Berge.  Did.  Pers.  Franc.  Compar.  l'espag.  mirqae- 
bir  de  j^j^^  amîr  kabîr]  et  le  turc  [jl>«  et  (^V^ji* 
ou  mîr  est  la  contraction  de  l'arabe  amîr.  Cette  coutume 
de  retrancher  le  hamzé  au  commencement  de  certains 
mots  très  employés  est  particulière  au  langage  populaire  ; 
qui  par  ex.  dans  les  mots  composés  de  y)  aboâ ,  père , 
possesseur,  prononce  boa.  (  i  )  Voy.  plus  loin  Patacon. 

Mistique  ou  Mistic.  Esp  :  mistico.  Cat  :  mestech.  Sorte 
de  barque.  Altération  de  f^^^  mosaiiah.  (2),  barque  pontée 
qui  a  un  ^  ,  pont;   d'autres  traduisent  barque  armée 

(Y.Dozy.Suppl.s,  ^  ). 

Mobed.  Ministre  de  la  religion  de  Zoroastre ,  sorte  de 
prêtre  Persan;  de  l'arabe-persan  j<ijA moâbed.  Ce  mot  se 
rencontre  trop  fréquemment  dans  les  auteurs  arabes,  pour 
qu'il  soit  nécessaire  d^insister. 

Moharrem.    Premier   mois  des    Musulmans;    de  ^y- 

moharram,  sacré,  interdit.  C'était  un  des  mois  sacrés 

(Mas'oûdî.  III.  419.).  ((jnoharram  porte  ce  nom  parce 

que  dans  ce  mois  la  guerre  est  interdite  »  (Chams  ed-dîn. 

401 .)  Trévoux  écrit  maharum.  (  V.  Introd.  lettre  S  .  n.  ). 

(1)  C'est  ce  système  de  prononciation  qui  a  fait  donner  au  dernier  roi  de 
Grenade  le  nom  de  Boahdil  au  lieu  de  Abou  Abdallah  ^\j^  y\ . 

(2)  V.  M.  Devicqui  est  d'un  autre  avis. 


MOLL  167 


Moka.  ((  Le  meilleur  café,  dit  Palgrave,  est  celui  de 
l'Yémen,  connu  dans  le  commerce  sous  le  nom  de 
moka  (i),  parce  que  la  ville  de  ce  nom  est  le  principal 
port  d'où  il  est  exporté  ».  Le  nom  arabe  de  Moka  s'écrit 
^mokhâ.  (2) 

Molequin.  Terme  de  teinture;  vert  molequin,  vert  de 
mauve;  de  \f-^  maloâkhiâ,  mauve  des  jardins,  ^Sj^^ 
jLall  ,  d'après  les  auteurs  arabes,  qui  prônent  ses  pro- 
priétés    émollientes.     U->U    vient    lui-même    de  [lolôm^ 

II  y  a  encore  les  formes  \Jsss>j^  et  ifj<^  moloûkîya^  em- 
ployées surtout  en  Syrie  et  qui  se  rapprochent  plus  du 
français  (3). 

Mollah.  De  iXy  ,  maulâ^  maître,  (4)  prononcé  vulgai- 
rement en  Turquie  M^  molla,  «  Leurs  docteurs  sont 
appelez  moulai)  R.  P.  Philippe.   326.  On  le  fait  encore 

venir  de  !SU    mollâ,  ou    Mi*   moula,  sorte  de  prêtre  en 

(1)  Ceux  qui  s'imagineraient  en  Eui'ope  boire  du  vrai  Moka  pouiTout  se 
détromper  en  lisant  la  p.  31  du  2™®  vol.  de  Palgrave.  Voyage  en  Arabie. 

(2)  éija  Jp  vl?Jb  -^Ml  9rjl>    ^if-  o^  j,4i^  ia-LJI  S^fS^lc  JLojJ  X;jJOi  [àtJ»  » 

J>LJI  ip  »  (Moqaddasî.  58.)  Ailleurs  Fauteur  se  contente  de  relever  le 
nom.  D  autres  géographes  de  l'époque  ne  prennent  pas  même  ce  soin. 

(3)  Molequin  semble  avoir  désigné  une  étoffe  amolequins  arabes» 
(  La  Rose.  21206  ).  Peut-être   était-elle  teinte  en  vert  de  mauve. 

(4)  Ce  terme  signifie  aussi  esclave.  C'est  un  de  ces  mots  que  les  Arabes 
nomment  ^IoôI  contraires,  malheureusement  trop  nombreux  dans  la  langue 
et  ayant  des  significations  diamétralement  opposées.  Sur  'Jy  V.  ujL-XS' 
iIjUoVI  Kdit.  Houtsma.  p.  29.  etc. 


i68  MOMÎ 


Tartarie  (V.  Bost.  s.  v.  ).  De  J,^  on  a  formé  le  verbe 

^]y   donner    le   titre   de  mollah  (Cfr.   Ibn  Ûobair   Ed. 

Wright,  p.  299.  et  Gloss.  sur  le  même  auteur  p.  54.  ) 

Momie,  Esp,  et  Ptg:  momia.  Ptg  :  mumia.  //  :  mummia; 

de  l^y  moûmia  ou  \^y*  moumiâ,  (i)  qu'on  dérive  de  l'a- 

> 
rabe  persan  ^y  moûm^  cire.  (V.  Istakhrî.  1 50.)  La  V^y  est 

une  substance  commune  en  Egypte  dont  on  se  servait  pour 

embaumer  les  morts;  témoin  ce  passage  d'ibn  el-Beithâr  : 

JÛZ7  Vj  U.I4  ^A^Lo^l    ^'ai-  J.>.  ^t^^  ^^i    f^     (2  ).     La    /?20/7z/^ 

des  tombeaux  se  trouve  abondamment  en  Egypte.  C'est 
un  mélange  avec  lequel  les  Grecs  jadis  embaumaient 
leurs  morts  pour  les  conserver  et  les  préserver  de  toute 
altération»  (3).  «La  Mummie  minérale,  dit  Hasselquist, 
est  une  substance  bitumineuse,  luisante,  friable,  noire  et 
presque  sans  odeur....  Les  Egyptiens  prétendent  que 
c'est  un  vulnéraire  excellent.  Ils  en  composent  un  on- 
guent en  la  pulvérisant  et  la  mêlant  avec  de  l'huile  de 
senteur.  Cassez  la  jambe  à  une  poule;  oignez-la  avec  cet 

(  1  )  M.  de  Eguilaz  distingue  nettement  les  deux  formes:  \^yi  serait  le 
pissaphalte  et  i^y  la  momia  égyptienne.  Sans  doute  le  savant  profes- 
seur doit  avoir  ses  raisons  pour  faire  cette  distinction.  Moqaddasî  a  encore 
*%V^  (428).  En  Persan  \^y^  a  le  sens  de  pétrole.  (  V.  Berge  ). 

"  (2)  V.  oli>»  dlbn  el-Beithâr  IV.  p.  169.  (  édit.  de  Boulac  )  et  la  remar- 
que du  D''  Leclerc  dans  la  traduct.  du  même  auteur  n°  2190. 

(3)  V.  Dict.  Détei'ville  s.  momie  et  Relat.  d'Abdellatif.  p.  201. 


MOUC  169 


onguent,  et  si  la  Mummie  (i)  est  véritable,  elle  sera  gué- 
rie au  bout  de  trois  heures.  »  (II.  102).  On  trouve  aussi 
la  forme  (ii^>*  dans  Istakhrî,  Tha'àlibî  (Latâïf)  etc. 

Mosch.  Plante  originaire  d'Asie.  La  semence  s'appelle 
ambrette^  graine  musquée,  et  aussi  abelmosc,  de  di^U  l^^ 
\iabb  al-Misk,  litt.  graine  de  musc.  Mosch  est  la  tran- 
scription de  dLw^^  misk.  Tournefort  appelle  cette  plante  : 
Ketmia  Egyptiaca  semine  moschato.  Rochefort  et  le 
P.  du  Tertre  l'appellent  herbe  au  musc. 

Mosette  ou  Mozette.  Voir  Aumusse  :  c'est  le  même 
mot,  moins  la  syncope  de  l'article  al.  L^aumusse  ou  aulmu- 
ce  était  une  sorte  de  coiffure  en  peau.  Sous  Charles  V 
(de  France)  on  rabattit  l'aubnuce  sur  les  épaules,  et  on 
commença  à  se  couvrir  la  tête  d'un  bonnet. 

Mosquée.  Esp  :  mesquita.  It  :  meschita.  Vieux  franc. 
meschite,  musquette.  De  a5^*-*  masgid,  lieu  où  l'on  se 
prosterne,  où  Ton  adore. 

Moucre.  De  Monconys  écrit  moukre,  orthographe  sui- 
vie par  beaucoup  d'auteurs.    Esp  :  almocrebe.   Ptg  :  al- 


(1)  Dans  son  Voyage  d'Orient  le  R.  P.  Philippe  de  la  Très-Sainte  Trini- 
té explique  bien  autrement  la  formation  de  la  momie  :  «  L'on  rencontre  en 
divers  endroits  de  ce  désert  (  Arabique  )  quantité  de  collines  de  sable...  Les 
passants  en  sont  quelquefois  ensevelis,  et  de  leui's  corps  desseichez  par  le 
sable  se  fait  la  Mommie  que  les  Arabes  trouvent  lors  que  les  vents  empor- 
tent delà  ces  collines.»  p.  75. 


I70  MOUC 


mocreve  almucreve,  almoqueve,  almoqueire;  de  (SJ^^ 
al-moukârî,  (i)  part.  près,  du  verbe  ^j^ ,  louer  (des 
montures)  :  «  â-J^îl  ^    ô^ly  «-^  Jcj    ôj^lli      Ip    jUlj 

i>îCi-b  ùv»-Silb  .  Il  défraya  Mâmoûn,  ses  généraux  et 
jusqu'aux  moucres,  matelots  et  portefaix.  »  (  Mas'oûdî. 
Prairies  d'or.  VII.  66).  Le  pluriel  populaire  \j\S^  ,  mou- 
kâriyé,  est  déjà  dans  Ousâma  ibn  Monqid:  t^^}\  ^^j 

6j^l«f-b  * jiS^b  »  (p.  i8).  Le  français  moucre  a  négligé 
l'accent  tonique  arabe  ;  c'est  le  portugais  almoqueire 
qui  se  rapproche  le  plus  de  (^jlsCTl  prononcé  vulgaire- 
ment almokért^  en  donnant  à  Vé  la  valeur  d'une  longue 
bien  marquée.  A  moins  que  moucre,  ne  dérive  de  jZ^ 
moukr^  qui  loue;,  qui  donne  à  louage  (Belot)  forme  qui 
n'est  plus  employée  par  le  peuple,  mais  qui  a  pu  l'être  ja- 
dis ;  témoin  ce  passage  des  Mémoires  (  2  )  d'Ousâma  ibn 

(1)  Devic  traduit  t^j5C>«  par  conducteur  ou  loueur  de  chameaux.  Cette 
traduction  peut  se  justifier.  Pourtant  il  est  remarquable  que  dans  la  prati- 
que on  distingue  constamment  le  moucre  du  chamelier:  le  lecteur  a  déjà 
pu  le  remarquer  dans  le  texte  d'Ousâma.  Cette  observation  n'a  pas  échap- 
pé au  Comte  Carlo  de  Landberg  :  «Le  chamelier,  dit-il,  n'a  jamais  le  nom 
de  moucre,  trop  bas  pour  son  rang  et  sa  noble  monture.  »  Et  il  cite  la  hère 
réponse  que  lui  fit  un  chamelier  :  «  jLk3  ^yi>Jj  jU5  fiaSi  j>ô  ïjjIO  U  ^  •  Nous 
autres  ne  sommes  pas  moucres;  nous  traversons  les  déserts,  et  nous  char- 
geons un  quintal.»  (Prov.  Arabes.  204.)  Ce  livre  est  rempli  d'obser- 
vations de  ce  genre,  qui  dénotent  une  profonde  connaissance  de  la  vie  des 
Arabes.  Que  ne  pouvons-nous  le  louer  sous  tous  les  rapports  ! 

(2)  Editées  par  Hartw.  Dérenbourg.  p.  59.  Ces  Mémoires  sont  écrits 
dans  un  style  tout-à-fait  populaire. 


MOUS  171 


Monqid,  émir  contemporain  des  croisades.:  «  Ji)  (ijb 

\\}\  sl.^  <i^  iui-  Otji  ii  JIa)  (i^^  J^>>  )  il  loua  le  mulet 
d'un  chrétien,  nommé  Yoûnân,  qui  le  conduisit  à  l'endroit 
convenu  ». 

Mousselin.  Lieutenant  d'un  pacha.  (Bouillet.  Scienc.) 
De  p.L.^  ,  moiisallim,  part.  prés,  de  Jî-  sauver.  C'est 
le  nom  donné  autrefois  au  gouverneur  d'une  ville  (i)  par 
délégation,  ou  au  sous-gouverneur  d'un  district.  La  forme 

régulière  est  J^^  ,  moutasallim^  mais  dans  la  pratique  le 
Zj  t  se  supprime.  Presque  toujours  la  forme  J^  devient 
jld  dans  la  bouche  du  peuple,  qui  cherche  à  simplifier. 
La  langue  écrite  connaît  aussi  cet  emploi. 

Mousseline.  Esp  :  murselina.  Ptg  :  musselina.  Val: 
mosolina.  Maj  :  mossolina.  //  :  mussolina  de  Ji-f^^ 
mausilî,  adjectif  de  J-f  jl^  almausily  nom  de  la  ville  de 
Mossoul.  Quand  d'Herbelot  écrit  moussai  il  veut  sans 
doute  reproduire  la  forme  vulgaire  ^y  mousallt,  (2) 
mossoulin.  Les  fabriques  de  Mossoul  étaient  célèbres 
pendant  le  moyen-âge  non  pas  seulement  par  les  «draps 

(  1  )  c(  J'avais  une  lettre  pour  le  Muselem  c'est  ainsi  qu'on  appelle  en  Tur- 
quie le  commandant  d'une  ville  »  Hasselquist.  I.  p.  59.  D'Arvieux  se  rappro- 
che plus  de  la  forme  arabe  et  écrit  mutsallem  et  mutsellem:  «le  mutsellem 
fait  toutes  les  fonctions  du  Gouverneur  quand  il  est  absent  »  VI.  429. 

(2)  Qui  a  donné  naissance  à  des  noms  de  familles  originaires  de  Mos- 
soul. Le  nom  de  J^y  est  commun  en  Syrie. 


72  MOUS 


de  soie  et  d'or  qu'en  appelle  mosalen  »  (Marco  Paolo) 
mais  encore  par  des  étoifes  légères  comme  nos  mous- 
selines (i).  Ce  dernier  mot  est  traduit  par  J^y  dans 
Bocthor,  Heury  etc..  D'autres  traduisent  mousseline  par 
J^^  .  Ces  deux  mots  ^y  JXt  se  rencontrent  fré- 
quement  ensemble.  Ce  qui  ne  peut  que  confirmer  l'étymo- 
logie  arabe  de  mousseline.  Rappelons  que  dans  les  Etats 
Latins  du  Levant  les  Moussoulins  ou  Mosserins  tenaient 
le  premier  rang  parmi  les  négociants  indigènes.  (  2  ) 
Dans  les  Mille  et  une  Nuits  les  Z^\y  ou  marchands  de 
Mossoul  jouent  également  un  rôle  important.  C'est  le 
déguisement  que  prend  le  calife  Harôun  pour  faire  ses 
tournées  nocturnes  dans  Bagdad.  (V.  Bâsim  le  Forgeron. 
Manuscrit  de  l'Univ.  S.  Joseph,  folio.  2.  recto). 

Mousson.  Esp  :  monzon.  Ptg  :  mouçaô.  It  :  mussone  de 
^j^  mausim,  prononcé  quelque  fois  moûsim  (3),  époque 
fixée,  fête,  foire  (4).  «  On  appelle  mausim  en  Yemen  le 
temps  de  l'année,  qui  comprend  les  4  mois  d'Avril,  May, 


(1)  Cfr.  Dozy.  Suppl.  et  Rey.  Colon  franques.  Chap.  Commerce  pass. 

(2)  i^ey.ibid.  p.  199.204. 

(3)  Comp.  jo^  ,  nom  de  la  ville  de  Mossoul,  prononcé  mousel  au  lieu 
de  manuel. —  «  Mouason,  mot  qui  vient  de  l'arabe  et  signifie  saison  parce 
que  ces  vents  soufflent  6  mois  dans  un  sens  et  six  mois  dans  l'autre.  » 
Arago.  IV.  585. 

(4)  Comme  la  foire  de  tiSCc  .  Cfr.  Aghani  éd.  Salh.  II.  262  et  pass. 


MUFT  175 


Juin  et  Juillet  ;  c'est  alors  que  les  vaisseaux  des  Indes 
ont  coutume  de  partir.»  (Niebuhr.  Yoy,  Arab.  I.  3  5 1  ). 
En  Syrie  ^y  signifie  moisson (i),  récolte,  spécialement, 
récolte  des  vers-à-soie.  Il  signifie  encore  saison.  Ainsi  on 
dira:  x^M<^\^y*  ,  la  vigne  a  bonne  apparence;  la 
récolte  des  raisins  s'annonce  bien.  (  V.  l'Introduction  : 
lettre  ù). 

Mozarabe.  (2)  Esp  :  muztarabe ,  muzarabe ,  mozarabe. 
Ptg .  et  Cat\  mosarabe.  Val:  moçarab,  musab. — Ce  nom, 
dit  Engelmann,  désignait  les  Chrétiens  vivant  au  milieu 
des  Maures,  et  en  particulier  ceux  de  Tolède  «  Ego 
Adefonsus  ad  totos  Muztarabes  de  Tolèto  tam  caballeros 
quam  pedones  »  (  dans  Munoz  ).  De  ^jC^a  moiista'rib, 
arabisé.  On  sait  que  les  Arabes  se  divisent  en  ^jjW 
'àriha,  Zj»Za  ,  mouta^arnba^  et  Z^r...^  mousta'riba.  Ce 
dernier  terme  désignait  les  descendants  d'Ismaël  fils 
d'Abraham,  qui  étaient  venus  s'établir  au  milieu  des  habi- 
tants primitifs  de  la  Péninsule  Arabique. 

Mufti  ou  Muphti.  Esp.  et  Ptg  :  mofti.   Ptg  :  mufti,  mu- 
phti.  Cat  :  musti  ;  de  J.â^   mouftl,  jurisconsulte,  celui  qui 


(1)  On  aura  remarqué  la  curieuse  ressemblance  de  ces  mots.  Je  serais 
d'ailleurs  embarassé  de  rattacher  ^^  à  une  racine  arabe. 

(2)  Les  anciens  dictionnaires  français  ont  encore  musarabe,  et  mesa- 
ra6e.(V.  Introd.).M 


174 


MULA 


rend  d'après  le  texte  de  la  loi  des  décisions  juridiques  (i) 
ou  iSy^fcitmâ.  Ce  dernier  mot  prononcé  à  la  turque  est 
devenu  Fetva,  qu'on  écrit  aussi  Fetfa.  «  Le  mufti  à  donné 
un  Fatoué  ou  commandement,  par  lequel  il  déclare  que 
selon  la  Loi  etc.  »  D'Arvieux  VI.  367.  — «  Aux  obsèques 
du  Sultan  Mourat  le  muphti  fit  une  oraison  funèbre,  et 
après  chanta  avec  les  Imans  les  prières  ordinaires  pour 
les  morts.  »  Du  Loir.  p.  120. 

Mulâtre.  Esp,  et  Ptg  :  mulatto.Dans  Trévoux  on  trouve 
mtilat^  mulâtre,  mulatte.  «  On  appelle  A^a  ,  mouwallad, 
celui  qui  est  né  d'un  père  arabe  et  d'une  mère  étrangère, 
ou  d'un  père  esclave  et  d'une  mère  libre.  C'est,  je  pense, 
de  là  et  non  de  mulus  que  vient  mulâtre  »  (de  Sacy.  chrest. 
ar.).  Voilà  l'explication  généralement  admise  (2).  Dozy  la 
repousse  sous  prétexte  que  jJ^  n'a  jamais  désigné  un 
mulâtre.  Effectivement  les  dictionnaires  de  la  langue  clas- 
sique  ne  donnent  pas  ce  sens.  Mais  -xij^  s'est  dit  d'un 
enfant  dont  le  père  ou  la  mère  étaient  de  condition  ser- 
vile,  ou  bien  d'après  Ibn-Qoutaïba  «d'un  esclave  né  dans 
votre  maison»,  par  opposition  à-\ij  (3);  de  là,  au  sens  de 


(1)  Sy?i.  Arab.n"  962. 

(2)  Par  Defrémery,  Engelmann,  Devic,  Egiuiaz. 

(3)  Esclave  acheté  jeune  et  qui  grandit  chez  vous.  V.    Srjnon,   Arab. 
n"  179. 


MUSC  175 


mulâtre  il  n'y  a  pas  loin.  Car  les  esclaves  nègres  étaient 
nombreux  en  Arabie,  comme  l'atteste  Moqaddasî.  (59. 
lig.  18.)  Bocthor,  Beaussier,  Paulmier  (i)  ne  font  aucune 
difficulté  de  traduire  métls^  mulâtre  parjd'^  (2). 

Musacées.  Famille  de  plantes  dont  le  bananier  est  le 
type.  M.  Devic  prouve  pertinemment  que  ce  mot  est 
l'arabe  jy  ,  mau^^  l'^y  mau^a^  bananier,  latinisé  par  les 
botanistes  sous  la  forme  de  musa.  Cette  plante  nous  est 
venue  de  l'Orient,  oij  sa  culture  était  fort  développée 
dans  les  principautés  franques  [}).  En  Egypte  avec  les 
feuilles  on  faisait  du  papier.  Les  Malais  allaient  plus  loin; 
ils  s'en  servaient  comme  de  papier  à  cigarettes.  Ils  y 
enveloppaient  les  pains  de  sucre,  pour  être  expédiés  en 
Europe  (4). 

Muse.  Nom  donné  à  quelques  figues  d'Egypte  plus 
douces  que  les  autres  (Litt.  )  vient  évidemment  du  même 
mot  (  M.  Devic).  Cela  paraît  au  moins  très  probable. 

Musc.  Il  ne  vient  pas  de  l'arabe  di^/.,   misk^  comme 


(1)  Et  le  P.  Belot  dans  son  Dictionnaire  Français-Arabe  (en  pré- 
paration ). 

(2)  V.  Dozy  Suppl,  s.  v. 

(3)  Jacq.  de  Vitry.  Ap.  Bongars.  p.  1099.  —  «  Musa  :  plante  qu'on 
a; «pille  Bananier  dans  les  Isles  de  l'Amérique...  le  fruit  est  appelé  amusa 
ou  musa  par  les  Indiens.  »  Dict.  de  Trévoux. 

(4)  Du  Tour.  Dict.  d'His.  Nat.  II.  p.  537. 


176  MUSU 


pense  M.   Gasselin,  mais  du  lat.    muscam  (i).  L'arabe 
dL.-.    est  d'origine   persane  [Mu'ar.  143)   ^^Jaîl  •  dLib 

Musulman.  Es*/)  ;  mosoliman,  musulman.  Ptg  :  musul- 
mane. La  plupart  des  étymologistes  se  contentent  de  dire  : 
((  de  JlL*  mouslem,  au  pluriel  :  iJu-L.^  mousUmîn ,  qui 
fait  profession  de  l'islam  »  (2)  Cette  explication  ne  rend 
pas  compte  de  la  terminaison  an*  Musulman  nous  a  été 
transmis  par  les  Turcs,  qui  disent  vulgairement  oLi--* 
mot  qu'ils  prononcent  musulman  et  qu'ils  emploient 
comme  un  singulier.  (V.  Dld.  de  R.  Youssouf).  Ils  l'ont 
emprunté  aux  Persans  qui  disent  oUi-^^  niosolmân , 
(V.  Berge.  Dictionn.  Persan.  Français).  C'est  de  l'a- 
rabe ^l.*w4  mouslim,  que  dérivent  directement  les  formes 
espagnoles  :  musolime^  muslime,  mu^lemo,  moslemita. 


(1)  Oa  7nuscus  qui  est  dans  Arnobe  et  Apulée. 

(2)  Islam  transcription  de  ^.^A^l  isldin,  litter.  résignation  (à  la  volon- 
té de  Dieu  ).  On  en  a  formé  un  adjectif:  Islamite  (V.  Engelhardt.  La  Tur- 
quie et  le  Tanzimat)  Cheikh  ul-is'.aoi  est  la  transcript.  de  ^>L-VI  ^uâ,  le 
chef  de  l'islam. 


NABA  177 


N 


Nabab.  Esp.  Maj.  :  nabab.  Esp.  et  Ptg  :  nababo;  de 
Tarabe  U^y  nowwâb,  pluriel  de  ^l*  nâïeb ,  lieutenant , 
vice-roi.  Le  mot  a  été  emprunté  par  les  Portugais  à 
rhindoustani.  Or  dans  cette  langue,  remarque  de  Sacy, 
on  emploie  souvent  des  pluriels  arabes^  comme  des  sin- 
guliers. Comparez  Omara  (  écrit  plus  souvent  omhra  )  de 
«^1^1  omarâ\  pluriel  de  jul  amir,  prince,  qui  est  devenu 
dans  rinde  un  nom  de  dignité  :  «  UOmhra  est  obligé  de 
fournir  deux  chevaux  à  ses  soldats.  »  P.  Catrou,  Comme 
Ta  fait  observer  M.  le  comte  C.  de  Landberg,  (i)((la 
plupart  de  ces  singuliers  ont  été  formés  sur  un  sol  étran- 
ger par  des  peuples,  qui  comprenaient  peu  la  langue  ara- 
be .  »  (2)  Voy.  Raia. 

Nabathéen.  Adjectif  de  Jai  nabat,  nom  que  les  Ara- 
bes donnaient  à  certaines  tribus,  qui  n'étaient  pas  d'ori- 
gine arabe.  «  Quant  à  moi,  dit  Palgrave  [V Arabie  cen- 
trale. II.  213),  je  verrais  dans  le  mot  Nabathéens  moins  le 


(1)  Proverbes  Arabes.  P.  195. 

(2)  C'est  ainsi  qu'au  moyen-âge  des  plui'iele  latins  neutres  de  la  2"^®  dé- 
clin, étaient  considérés  comme  des  singuliers  et  traités  en  conséquence  ; 
P'ir  ex  :  folia,  poma,  libra  etc.  (Nouv.  Gramm.  franc,  par  Chassang,  p.  37). 

12 


178  NAFE 


nom  d'un  peuple  qu'un  terme  de  convention.  Les  Syriens 
et  les  Arabes  appellent  ainsi  toutes  les  populations  qui 
habitent  la  vallée  du  Tigre  et  de  l'Euphrate  quelle  que 
soit  leur  origine.  » 

Nabca,  Esp.  et  Ptg  :  anafega.  Fruit  d'une  espèce  de 
jujubier,  ayant  la  grosseur  d'une  cerise^,  de  iïJ  nabiqa, 
et  nibqa,  nom  d'unité  de  j^  nabiq.  Chez  les  Arabes, 
c'est  le  fruit  du  j-u  sidr,  :  «  ojOo\y  <-*  jjj^j^  j-^'  (^^  j^  «3r^' 
jxJlZf--"  î^  jibjji^  »  (  Moqaddasî.  204.  lig.  6).  Freytag 
l'appelle  Rhamnus  nabeca,  et  les  Botanistes  Rhamnus 
Spina  Christu  «Il  y  a  toute  apparence,  dit  Hasselquist 
(II.  91 .)  que  c'est  l'arbre,  qui  fournit  la  couronne  d'épine, 
que  l'on  mit  sur  la  tête  de  Notre  Seigneur  (i)  »  Sur  les 
discussions  soulevées  à  propos  du  nabca  V.  Relation 
d'Abdellatif.  30,60  et  69,  et  traduction  d'Ibn  el-Beithar 
N^  1165. 

Nafé.  «  Depuis  un  certain  temps  le  charlatanisme  a 
prôné  une  pâte^  un  sirop  dits  de  nafé,  nom  arabe.  Ces 
préparations  sont  composées  avec  le  fruit  de  la  ketmie.  (2) 
On  connaît  les  propriétés  adoucissantes  de  cette  plante; 
mais  il  n'était  pas  besoin  d'aller  chercher  un  nom  arabe 

(  1  )  Le  voyageur  suédois  écrit   aussi  tiaba,  peut-être  d'après  la  pronon- 
ciation levantine  et  égyptienne  du  J  g.  (Voy.  introd.  lettre  J  ,) 
(2)  Plante;  de   '^^J:ii.  Khatmî  ou  K/iiVni,  même  sens. 


NARG  179 


inconnu,  pour  servir  d'appât  à  la  crédulité  publique.  »  (i)^ 
Nafé  vient,  non  de  l'arabe  ^  nafha^  odeur,  mais  du  per- 
san 43I*  nafé,  qui  est  peut-être  le  même  mot,  et  qui  si- 
gnifie vésicule  de  musc.  (Devic).  L'arabe  ^  nafha  a  for- 
mé aussi  naffe  (eau  de),  en  espag  :  agiianafa,  nafa  et  nefa. 
Aguanafa  est  un  mot  hybride  composé  de  l'esp  ;  agaa, 
eau,  et  de  nafa  représentant  l'arabe  4^    (V.  Eguill.  69.) 

Narghileh  ou  Narguilé.  Ce  mot  est  proprement  d'o- 
rigine persane.  L'arabe  J^>-j^  nâragtl,  vient  du  persan 
J^k  nârghtl,  et  signifie  noix  de  coco,  et  ensuite  la 
pipe  orientale  nommée  narghileh  (  <L>-jk  nârgilé  ),  non  pas 
comme  on  l'a  écrit,  parce  q\ie  la  capsule  qui  renferme  le 
tabac  est  formée  d'une  noix  de  coco,  ce  qui  ne  serait  guère 
pratique;  mais  parce  que,  au  lieu  du  flacon  de  verre  ou  de 
cristal,  destiné  à  contenir  l'eau,  on  se  sert  souvent  d'une 
noix  de  coco  ou  d'une  boule  en  métal,  ayant  la  forme  de 
ce  fruit  (V.  Proverbes  arabes.  Landberg.  p.  69).  Cette 
pipe  est  vulgairement  appelée  en  Syrie  ^di^l  arkhîlé,  mot 
oij  la  forme  persane  est  à  peine  altérée.  (2)  Niebuhr  écrit 


(1)  Diction,  des  Sciences,  Privat-Deschanel  et  Focillon. 

(2)  Dans  le  Tour  du  inonde  P*"  sem.  1861  M.  SpoU  parle  d'une  pipe 
syrienne  appelée  chuchet,  qu'il  compare  au  narghilé.  Est-ce  de  ^Li^ 
duché,  narghileh,  ou  de  houka  (mot  francisé,  du  turc  "ÔJ-  )  qu'il  veut 
parler  ?    M.  Spoll  est'  peu  exact   dans    ses  transcriptions.  Il  l'est  encore 


i8o  NEMS 


e^niCTÎ  anktré,  c'est  probablement  ojpj^  arkîré^  qu'il  faut 
lire.  [Description  de  l'Arabie.  T.  I.  83). 

Natron.  Esp  :  anatron.  Val  :  anatro;  deûjjlâ  natroân  , 
soude  carbonnée  native.  «  Je  partis  pour  aller  voir  le  lac 
de  Nitrie  ou  Natron.  On  y  tire  tous  les  ans  36  000  quin- 
taux de  natron  pour  le  Grand-Seigneur.»  (P.  Sicard.  Lett* 
édif.l.^^ci.) 

Nébulasit.  Etoile  |^  de  la  queue  du  Lion.  C'est  une  al- 
tération de  J<J)}\  ^  S  àanab  ul  asad^  queue  du  Lion,  oij 
la  première  syllabe  a  disparu  comme  dans  Marfil  Compa- 
rez Kalbélasit  (de  JuVi  ^9  ,  cœur  du  lion)  nom  que  les  an- 
ciens traités  d'astronomie  donnent  à  l'a  du  Lion  ou  Ré- 
gulus  (V.  Régulus.) 

Nems.  Nom  imposé  par  Buffon  à  l'ichneumon  ou  man- 
gouste d'Egypte;  de  ^^ /z//?25^  même  sens.  (i).  Cet  ani- 

moins  dans  les  détails  qu'il  donne  sur  Beyrouth  et  le  Liban.  «  Sannin, 
point  le  plus  élevé  du  Liban»  (p.  2).  «les  Pins  plantés  par  Fakhr 
el-Din.  »  (  p.  3  )  quand  Edrisi  et  Guill.  de  Tyr  en  parlent.  «  Chapelle 
gothique  (?)  dédiée  à  S*  George  »(  p.  8.  )  «Nahr  e/-L^6a^^  (sic.)»  tout 
cela  au  sortir  de  Beyrouth,  (  p.  9  etc.  )  Un  voyage  plus  récent  (  Tour  du 
Monde.  1880  l®""  semestre)  ne  manque  pas  non  plus  d'erreurs  de  ce 
genre.  La  fable  de  la  forêt  de  Pins,  plantée  par  Fakhr  ed-din,  est  repro- 
duite; à  la  p.  180  on  est  étonné  d'apprendre  que  Beyrouth  possède 
«un  hôpital  très  bien  tenu,  édifié  par  les  dames  de  Nazarethn  etc.  Il 
y  a  peu  de  récits  de  voyages  en  Orient,  où  l'on  ne  puisse  relever  des 
inexactitudes  encore  plus  graves.  Le  malheur  est  qu'on  continuera  à  les 
citer  comme  des  autorités. 

(1)  Synon.  Arab.  n^  1489.  «  Nems,  nom  égyptien  de  la  mangouste 
d'Egypte.»  (Déterv.) 


NENU  i8i 


mal  est  longuement  décrit  par  Damîrî  qui  ne  manque  pas 
de  lui  attribuer  les  plus  curieuses  propriétés.  «  Les  Fran- 
çais établis  en  Egypte  l'apellent  le  Rat  de  Pharaon.  Il  y  a 
apparence  qu'ils  ont  été  trompés  par  la  ressemblance 
qu'il  a  avec  le  rat  ordinaire  par  son  poil  et  sa  couleur.... 
Les  Arabes  ne  l'appellent  point  Phar,  rat,  mais  Nems.  » 
(Hasselquist.  H.  5.) 

Nénufar.  Esp.  Cat.  et  Ital  :  nenufar.  De  l'arabe  jyj^ 
ninoûfàr  ou  naïnoûfar^  qui  est  dans  Moqaddasî  (p.  443  ), 
Mohît,  Belot;  ou  de  y^J  nîloâfar  ^  comme  écrivent 
al-Bîroûnî  (  i  ),  Ibn  el-Beithâr,  Syoûtî  (ôy-^^3^^  )  et  la 
plupart  des  dictionnaires  arabes  ou  persans.  Au  lieu  de 
)yxs  ou  j«>U  ,  on  trouve  parfois  }y  noûfar  :  c'est  un  mot 
d'origine  persane  dont  nos  botanistes  ont  fait  Nuphar,  (2) 
«  genre  de  plantes  de  la  famille  des  Nymphéacées»  (d'Or- 
bigny).  Le  nuphar  jaune  abonde  dans  les  étangs  et  ruis- 
seaux de  la  France. 

M.  Devic  suppose  que  ^>U  est  un  «  composé  de  ^p 
nil^  indigo  (3)  et  jy  noûfar.  »  Cette  hypothèse  est  plau- 


(1)  Alheranï's  India.  édit.  Ed.  Sachau;  texte  arabe  p.  195.  On  y  trouve 
aussi  la  forme  ^nj  ,  aiusi  que  ojhjS^^  et  ùl"_^>U 

(2)  Dans  Ronsard  on  trouve  «  le  blanc  neufart  »  ;  citât,  de  Littré. 

(3)  D'où  Anil  (V.  plus  haut).   Cfr.  ce  texte  de  Moqaddasî  :  ^;i„ai.^/.j 


82  NICH 


sible;  à  moins  qu'on  ne  préfère  voir  dans  jj^^Q  noûfar 
du  Nil,  Les  fleurs  du  nénufar  sont  appelées  J^H  ^1^ 
fiancées  du  Nil;  et  Ton  'sait  que  cette  plante  était  sacrée 
pour  les  anciens  Egyptiens^,  qui  en  ont  couvert  leurs  mo- 
numents. 

Neskhi.    Transcription     de    ^^^  naskhî.    L'écriture 

neskhi  est  plus  simple  que  le  divani  (  ^\y^)  qui  est 
celle  du  Divan  ou  chancellerie  ottomane.  Ce  nom  lui 
viendrait  de  ce  qu'elle  est  surtout  employée  dans  les 
transcriptions  des  copies,  de  >**^  transcrire  (i).  On  l'ap- 
pelle aussi  ^\^ kanâïsî^  (écriture  d'église) ,  parce  que 
les  livres  des  offices  dont  on  se  servait  dans  les  églises 
étaient  de  cette  écriture  simple  et  courante.  Au  lieu  de 
neskhi  Trévoux  a  neskré,  forme  à  rejeter. 

Nichan.  Décoration  turque.  Du  persan  J^  nichân  , 
marque,  insigne,  employé  par  les  Turcs  dans  le  sens  spé- 
cial de  décoration  (R.  Youssouf),  et  que   les  Arabes 


De  ce  ijjjv  /dzowarc?,  (98. 1.  10.)  «ijjjV  iJlfi)  ^rjk;  V  iSJi\  i+U  ^^1  \J^ 
lâzaward,  écrit  aussi  ^jj^-S  vient  notre  mat  Azur  ;  le  /  initial  reparaît 
dans  «  Japis  lazuli  ». 

(1)  «Amba  Kirollos  paraît  avoir  une  cinquantaine  d'années...  Avant  son 
élévation  au  patriarcat  il  se  nommait  Johanna-el-nassekh  (  Jean  l'Ecri- 
vain). C'était  un  habile  copiste.»  P.  Juliien.  S.  J.  Voyage  dans  la  Basse- 
Th-ébaïde. 


NUQU  185 

transcrivent  ùl^i^  nichân.  (V.  Heury  etc.) 

Nizéré.  Essence  de  roses.  De  Cx.j^  nisrîn,  rose 
musquée,  rose  pâle  ou  rosa  canina.  Les  auteurs  arabes 
ne  la  séparent  presque  jamais  de  ci^\jâsimîn^  d'oij  nous 
avons  fait  Jasmin» 

Noria.  Esp  :  noria,  nnora,  anoria  ,  anaora ,  alnagora. 
Gall.  :  nora.  Ptg  :  nora;  de  Sj^&l*  nâ'oûra,  même  sens.  Il 
est  curieux  de  voir  le  Syrien  Moqaddasî  se  croire  obligé 
d'expliquer  Sjy^L*  par  ^'^/^  (  i  )  quoique  %jy^^  ait  tou- 
jours été  d'un  emploi  fréquent  en  Syrie.  (  V.  Ousâma  ibn 
Monqid.  p.  105.)  Le  terme  arabe  est  d'origine  araméenne 
ou  hébraïque  (i)  et  n'a  probablement  rien  à  faire  avec  la 
racine  arabe  ^  dont  Devic  le  rapproche  ;  ojjsX  étant 
aussi  bien  connu  au  Maghrib  (V.  Ibn  Batoûta  ï.  142.  14; 
IV.  222,  etc.)  et  en  Espagne  (V.  P.  de  Alcala). 

Nuque.  Ce  mot  a  été  employé  par  les  anciens  méde- 
cins dans  le  sens  de  moelle  épinière.  Bochart  et  Du 
Cange  avaient  depuis  longtemps  assigné  une  origine 
arabe   à  ce  mot  (2).  Effectivement    9-^    nokliâ'  signifie 


(1)  Sur  la  différence  des  deux  termes  V.  Syn.  Arab.  N°  1401.  «  Juxta 
fluuien  Toleti  et  in  ipso  ilumine  molendinum  aut  alnagora  sive  piskera 
edificare  qui  sierit.  »  Texte  de  1118. 

(2)  C'est  aussi  l'avis  de  Defrémery  et  de  Devic. 


i84  NUQU 

moelle  épinière.  On  trouve  aussi  Mè  avec  unfatha  sur  le 

noun.  C'est  sans  doute  le  nacha  de  nos  anciens  étymolo- 
gistes. 

Quant  à  dériver  nuque  du  néerlandais  nocke,  colonne 
vertébrale,  [i)nek^  nuque,  la  chose  souffre  beaucoup  de 
difficultés.  (Voy.  Littré.  s,  nuque). 


(1)  Comme  le  propose  Brachet.  Diction,  étymologique,  s.  v. 


OLIB  185 


Ocque.  Poids  usité  dans  l'empire  ottoman.  L'ocque 
est  ((  la  douzième  partie  du  ratl  ;  l^j)\  ^1p  L^l  jLj  Jp  .  » 
[Mcqaddasi.  p.  182.  1.  2.)  De  liji  oâquîa^  et  tij  ,  même 
sens;  ou  plutôt  de  la  forme  vulgaire  aîjI  ,  oûqqa^  (le  turc 
dit  43ji  ) .  Sur  l'origine  de  ^Jjl  .  V.  Aram.  Fremdw.p.  201 
((  Ce  nom  de  poids,  dit  M.  H.  Sauvaire,  me  paraît  relative- 
ment moderne^  et  il  était  inconnu  à  l'époque  de  Mahomet  : 
les  lexiques  arabes  n'en  font  aucune  mention»  (i).  En 
Syrie  ^\  est  un  demi-ratl   et  o;l  le  1 2^^  au  ratl. 

Ogre.  M.  de  Eguilaz  dérive  Tesp.  ogro  de  Jy-  ghoâl, 
sorte  de  démon  qui  dévore  les  hommes,  et  dont  nous 
avons  fait  Goule,  Mais  le  mot  arabe  ne  rend  pas  compte 
de  l'o  initial.  Il  semble  préférable  de  dériver  ogre  du 
latin  orcus  (  Brachet  Dicf.  étymoL). 

Olibau.  Encens.  Terme  de  Pharmacie  Je  pense  avec 
M.  Devic  que  le  mot  dérive  de  JC^\  al-loubân,  même  sens. 
Vo  du  commencement  représenterait  l'article  al  devenu 


(1)  Journal  Asiat.  Mai.   1885.  p.  500.  7!L)j\  est  dans  Ibn  Doraïd.  ^_,i;5' 
Jlïii-VI  ,  188.  Bokhârî.  I.  355.  Qâmoûs.  etc. 


i86  OLIB 

ol.  On  a  des  exemples  de  ce  changement,  entre  autres  : 
Je  mot  Olinde;  la  forme  olma/ik  côté  de  alma/i  (V.  Mar- 
fil).  «L'Olibanum  ou  encens,  dit  Hasselquist,  croît  dans 
les  deux  Arabies,  d'où  on  l'apporte  à  Giedda  qui  est  le 
port  de  la  Mecque  ».  (  Vo/ages  II.  96).  «  L'encens  de 
Mahra  (en  Arabie),  au  rapport  d'Ibn  Hauqal,  était  trans- 
porté dans  l'univers-  entier  ;  ^  JlJVl  Jl  J^  «iâil  Ji^\j 
«4j  ^J{Àa  (^jbj  fJbsi  (p.  3  2. 1.   13.)  Chercher  dans  Oliban, 
oleum    Llbani   n'est    pas   sérieux  puisque  le  Liban  ne 
produit    point   d'encens.    ûU  a  encore  donné  naissance 
à  un  autre  mot  français  Benjoin.  Esp  :  benjui,   benjugi. 
Ptg  :  beijoim,  benzoin,  beijuim.  En  arabe  le  benjoin  se  dit 
i^jU  ùU'  lobân  gâwî  (i),  littér.  encens  Javanais.  Le  meil- 
leur benjoin  nous  venait  de  Sumatra  appelée  SjU  Gâwa, 
par  les  géographes  Arabes.  Le  témoignage  d'Ibn  Batoûta 
est  formel  sur  ce  point.  (IV.  228).  L'île  de  Java  est  ap- 
pelée  par  lui  ©jU  J^  MolGâwa  ou  la  Gâwa  primitive  (2). 
Le  R.  P.  Philippe  de  la  T.  S.  Trinité  l'appelle  toujours  la 
Grande  Jave.  Voici  ce  que  ce  missionnaire  dit  du  benjoin  : 
«Aux  Royaumes  de  Sian,  de  Camboïa,  de  Pegu,  et  aux 
autres  voisins  il  y  a  des  arbres  fort  hauts  (3),  d'où  distille 

(1)  Au  moyen  de  l'imalé  lohén  gêwi  V.  Dozy  Gloss.  239. 

(2)  Traduction  Defrémery.  IV.  239. 

(3)  Ibn  Batoûta  les  dit  au  contraire  petits.  IV.  240. 


OR  AN  187 


la  gomme  odorante,  que  l'on  appelle  vulgairement 
Benjoin;  la  plus  excellente  est  la  noire.»  Voyage  en 
Orient,  p.  395.  (Voy.  Introduction.  Damnia,  note.) 

Olinde.  Sorte  de  lame  d'épée  très  fine.  Olinde  repré- 
sente bien  Tarabe  JcÀ\  al-hind,  les  Indiens,  qu'il  faut  mettre 
à  côté  des  formes  esp  :  alinde,  alhinde,  alh/nde.  On  sait 
combien  les  lames  indiennes  oU;,  si  l'on  préfère,  les  épées 
faites  avec  le  fer  importé  des  Indes  (i),  sont  vantées  dans 
les  documents  que  nous  ont  laissés  les  anciens  Arabes.  La 
multiplicité  des  formes  qu'ils  employaient  pour  les  désigner 
suffirait  seule  à  le  prouver:  ol^,.  mouhannad^  (i-^^. ,  hindî^ 
Jb-UA  hindwânt^  se  rencontrent  souvent  dans  les  poètes 
antéislamiques.  (2). 

Orange.  Esp  :  naranja.  Cat  :  naronja.  Ptg  :  laranja.  It  : 
arancia.  Vénitien  :  naranza.  Grec  mod,  rsoâpt'Çc  de  /jt 
nârangy  en  persan  diijl*  ,  même  sens.  Orange  a  été  altéré 
par  l'influence  de  or  ou  de  awrw/??.  On  trouve  aussi  ^jV 
lârang,  d'oij  le  ptg  :  laranja.  (V.  Introd.  0-  i^ote  3)  Il 


(1)  V.  Journ.  As.  1854.  Janvier,  p.  QQ.  et  la  traduction  du  Divan  d'al- 
Han.sâ  p.  128. 

(2)  Ajoutons  que  la  plupart  des  armes  ont  été  empruntées  par  les  Ara- 
bes aux  peuples  q'ii  les  entourent  et  gardent  dans  les  noms  qu'ils  portent 
des  traces  de  cette  origine.  L'arc  et  la  lance  sont  des  armes  vraiment  ara- 
bes. On  ne  pourrait  être  aussi  affirmatif  à  l'égard  des  autres. 


i88  ORAN 


n'est  pas  inutile  de  rappeler  que  les  anciens  ne  connais- 
saient pas  l'orange  (i),  que  son  introduction  en  Europe 
par  les  Arabes  n'est  pas  antérieure  au  XI"^®  siècle.  Aussi 
a-t-on  remarqué  avec  raison  que  la  fable  du  jardin  des 
Hespérides  doit  concerner  un  autre  pays  que  le  Magh- 
reb (2)  ou  un  autre  fruit  que  l'orange.  Bodée  pense  que 
Xesîomeuses pommes  étaient  des  coings,  malum  c/donium, 
lifjlov  %v8(hvLov.  On  pourrait  y  voir  aussi  des  cédrats,  fruits 
bien  connus  de  l'antiquité;  la  Bible  en  fait  mention,  tandis 
qu'elle  ne  dit  mot  des  oranges. 


-'tr-^-~s:±:^(k^2::^r^^r^ 


(1)  Ce  qui  n'empêche  pas  Quicherat  de  traduire  orange  par  malum  au- 
reum  qu'il  attribue  à  Varron  et  à  Virgile.  Ce  poète  n'en  a  pas  parlé.  Au 
lime  liyi^Q  (Jes  Géorgiq.  v.  126  c'est  le  citronnier  ou  le  cédratier  qu'il  décrit. 
Les  mala  aurea  de  la  S""^  Eglogue  (v.  71.)  sont  probablement  des  coings. 
Au  témoignage  de  Mas '^oûdi,  le  calife  al-Qâhir  possédait  «un  petit  jardin 
planté  d'orangers  qu'il  avait  fait  venir  de  l'Inde,  par  la  voie  de  Basra  et 
de  rOmân;  j^^\  jsj^  ^^  j^  i^^.  oU^j  S^âJI  ^^  -uîl  J«.>j  z<^J^\  -ui  ^o*-  «^^^^--^ 
(VIII.  336). 

(2)  Suivant  Qoutsami,  un  des  auteurs  cités  dans  V Agriculture  Naha- 
théenne  «l'orange  est  originaire  de  l'Inde,  cultivée  et  venant  bien  dans  la 
plupart  des  pays,  ceux  surtout  qui  inclinent  vers  une  température  chaude. 
ojOI  JI  ïb'lll  LoJ-  ùloUI  J  'l?6ij  în.Ujj  'jx^  ou;  1^ÎJU1». 

LWgricultui'e  d'Ibn-Awa  n  dit  de  même  que  l'oranger  est  un  végétal 
indien  (v.  Limon).  Cet  arbre  originalité  de  Médie  s'est  introduit  en  Ai*abie 
au  IX""^  siècle;  de  là  il  a  passé  en  Syrie,  en  Egypte,  et  dans  le  reste  de 
l'Afrique  Septentrionale  o'^»-;  ^j^  lA^J-^)  -uj  x^\  ô^j\  ^  sJ^  îîujUI  j>^ 
.  .  .  ^^-Li-ll^i:)!  ^*  ^J^i-^_^J^\  t^-UI  jj:>  j  -ATjb.  ^U.)lj  Jt^lj  oj^\  (jl  Jw  'J 
ci^«j  Vj  -X4«iùir  Uj^aj»j  c^\xJ^^  (  Prairies  d'or  IL  p.  438  et  VIII.  336,) 


PAPE  189 


P  et    Q 


Pacha.  Le  mot  vient  du  turc  Llli  pâchâ.  Mais  les  formes 
Bassa,  Bacha^  Bascha^  qu'on  rencontre  dans  les  auteurs 
et  surtout  dans  les  récits  des  voyageurs  sont  dues  à  l'in- 
fluence de  l'arabe  qui  n'ayant  pas  de  p  prononce  bl 
bâcha.  Même  remarque  pour  Babouche  (  pantoufle  )  de 
l'arabe  J^jjl  ,  bâboûch^  ou  ^l  bâboâg  (V.  Dozy  suppl) 
qui  dérive  lui-même  du  persan  ^^\^  ,  pâpoûch.  Au  dernier 
siècle  on  écrivait  papouche  et  pabouche.  Cette  dernière 
orthographe  est  celle  de  Galland  dans  les  Mille  et  une 
Nuits.  En  décrivant  le  costume  des  Arabes,  d'Arvieux 
ajoute  :  «  Leurs  babouches  sont  des  espèces  de  pantoufles 
de  maroquin,  qui  leur  tiennent  lieu  de  souliers,  qu'ils 
quittent  quand  ils  veulent  s'asseoir.  »  (  T.  V.  288  ). 

Papegai  ou  Papegaut.  Esp  :  papagayo.  Ptg  :  papagaio. 
Cat  :  papagall.  //  .*  pappagallo  Vieux  franc  :  papegault  ; 
de    'Uo  Ulo  (i)  ou  sU-j  babaghâ  (2).  Le  peuple  dit  encore 


(1)  XviJI  w^'btfr  P-  115    Chams  ad-din  Ad-Dimachqî. 

(2)  Albîroûnî;  Mas'oûdî,  Prairies  d'or.  III.  56.  écrit  n^  plur.  ^u.  Voici 
un  passage  de  Qazwinî  sur  cet  oiseau  ^l_:)l  ^^^f^i^.^  J^^J-  ûùJj .  .  .  (  U-JI  ) 
•l,.J:u^~Î3jj»xi,  Jb j  '»Lu>»  i^jju  Vj   'o-u«j .  M.  Devic  a  déjà  relevé  Tétrange 


[ço  PARA 


JUlT  babaghâl^  auquel  semble  se  rattacher  le  catalan  et 
l'italien.  Quant  à  la  forme  O^i  ou  même  0^.  elles  sont 
employées  en  Egypte.  Bocthor  a  noté  la  première.  BufFon 
a  donné  le  nom  de  Papegal  à  un  groupe  de  perroquets 
exclusivement  américains,  distincts  des  autres  espèces 
en  ce  qu'ils  n'ont  pas  de  rouge  dans  les  ailes  (i).  Le 
célèbre  naturaliste  ne  fut  pas  plus  heureux  en  cette  occu- 
rence  que  lorsqu'il  imposa  le  nom  d'alga^elle  à  une 
espèce  qui  ne  diffère  pas  de  la  gazelle  proprement  dite. 
Les  Arabes  tiraient  leur^  perroquets  des  Indes.  Mas 'oûdî 
nous  représente  le  calife  Al-qàhir  dans  son  bosquet 
d'orangers  où  l'on  avait  réuni  «  les  perroquets  etc.  ame- 
nés de  tout  pays;  jU^Vb  ^^^  j^  '^^^  ^-J^  -^^  ^  A^b 
(VIII.  3  37).  '"^    •   ■  ^^ 

Para.  Ce  mot  dérive  du  turc-persan  ©  jli  para,  en  arabe 
Sjl  bûra.  Il  n'est  pas  inutile  de  faire  remarquer  que  le 
para  ne  vaut  qu'un  demi-centime  et  non  pas  4  centimes, 
comme  le  prétend  M^  Devic  dans  son  Glossaire.  En 
Orient  n'avoir  pas  un  para  est  synonyme  de  n'avoir  pas 

étymologie  de  M.  Génin  (I.  438  ).  «Le  papegault  a  certainement  (!)  reçu 
ce  nom  de  ce  qu'il  pape...^^  Oh!  si  Ménage  ou  Trévoux  avaient  fait 
cette  trouvaille,  comme  M.  Génin  aurait  ri  des  Révérends  Pères  !  M.  Génin 
ne  doute  pas,  n'hésite  pas.  «  En  vérité,  il  serait  bien  utile  d'hésiter  quel- 
quefois», comme  le  spirituel  auteur  Ta  dit  ailleurs.  Le  flamand  a 
Papegaai. 

(1)  Dict.  d'Hist.  nat.  (d'Orbigny.) 


PATA 


191 


un  Uard.  «  Le  parât  vaut  en  Candie  six  liards  de  France... 
A  la  Canée  on  en  donne  44  pour  l'abouquel  ou  piastre 
d'Hollande  »  (  Trévoux  ).  Actuellement  le  para  est  la  qua- 
rantième partie  de  la  piastre  turque,  dont  la  valeur  va- 
rie souvent;  elle  est  à  Beyrouth  de  18  centimes  1/2. 

Pastèque  (i).  Il  est  admis  que  les  mots  esp.  ou  ptg:  albu- 
dega  j  albudleca,  pateca  représentent  ^i^t^l  al-btttikha, 
prononcé  vulgairement  albatttkha  ou  battech,  comme  é- 
crit  Hasselquist  (Voyages.  II.  88),  avec  un  fatha  sur  le  V 
b.  Je  n'hésite  pas  à  assigner  la  même  origine  à  pastèque, 
(V.  Introd.  Obs.  gén.)  C'est  aussi  l'avis  de  Clément-Mul-  " 
let  (2).  (Voir  l'article  de  Devic,  qui  conserve  des  doutes 
à  cet  égard). 

Patache.  Anciennement  :  vaisseau  de  guerre  rond  et 
de  haut  bord; actuellement  :  bateau  servant  pour  la  police 
des  ports.  Esp  :  albatoza,  patache.  Ptg  :  albatosa.  pataxo, 
patacho.  //  :  patacchia ,  patassa.  Probablement  de  ^.lU 
baichaj  ou  îUs)  baisa,  vaisseau  de  guerre.  Le  mot  n'est 
pas  ancien  dans  la  langue  arabe.  Mais  à  partir  des  Croi- 

(  1  )  «  Ces  jardins  (d'Alep  )  sont  remplis  de  pastèques;  c'est  ainsi  qu'on  ap- 
pelle ces  prodigieux  melons  d'eau  si  sains  et  si  excellents...  Leur  chair  est 
d'un  beau  rouge,  délicate  et  se  fondant  en  une  eau  sucrée,  qui  rafraîchit 
infiniment  et  qui  ne  fait  jamais  de  'mal.  C'est  la  ptysanne  ordinaire  des 
malades»  (D'Arvieux.  VI.  413  ).  ! 

(2)  Jour?i.  Asiat.  1870.  Janv.  98. 


192  PATA 

sades  il  est  employé  couramment  par  les  auteurs  Orien- 
taux, (i)  qui  n'ont  pas  trop  Tair  de  le  considérer  comme 
un  néologisme.  Dombay  a  J^IU  batâch,  grand  navire  à 
deux  mâts,  que  M.  de  Eguilaz  traduit  par  navis  belUca, 
sans  nous  donner  les  raisons  de  cette  interprétation 
fnsolite. 

Patagon  ou  Patacon.  Monnaie  des  Flandres  faite  d'ar- 
gent, qui  a  valu  d'abord  48  sols  et  depuis  58  sols. 
(Trévoux).  On  la  confondait  souvent  avec  les  réaux  es- 
pagnols. La  piastre  d'Espagne  était  appelée  pataca  en 
Portugal  ;  patacca  en  Italie  ;  pataque,  (2)  pacfac  en  France. 
Le  patac  d'Avignon ,  monnaie  bien  connue  en  Pro- 
vence et  en  Dauphiné,  a  vraisemblablement  la  même 
origine.  A  tous  ces  mots  les  anciens  étymologistes  ont 
trouvé  des  explications  dont  la  plupart  appartiennent  au 
domaine  de  l'imagination.  Il  semble  plus  naturel  de  les 
faire  venir  de  ^IL  y)  aboâ  tâqa  (3),  littér  :  le  père  de  la 
fenêtre.  «  Lorsque  les  écus  d'Espagne  avec  des  armes  à 
plusieurs   écussons  parurent    pour  la  première   fois  en 

(1)  Ibn  Athîr.  {^^j\y:\\  ^[f)Bo\i3i,-ed-dm{Viki.  S  al.)  Nowaïri,  Aboul- 
féda,  Maqrîzî.  (  Quatremère).  i/ame/oM^5.  II.  86-272.  Ousâma  ibn-Monqid 
(féd.  Dérenbourg)  p.  25  etc. 

(2)  La  pataque  était  aussi  une  monnaie  des  Etats  Barbaresques;  et  une 
monnaie  turque,  d'une  valeur  bien  supérieure  à  la  première. 

(3)  Dans  le  Voyage  au  Ouaday  par  Perron  on  trouve  ahoû  chebbâk  (  ^A 
iîlli  )  dénomination  rigoureusement  synonyme  de  aboû  tâqa. 


PATA 


19? 


Egypte,  les  Kahiréniens,  ou  ceux  du  Caire,  les  nom- 
mèrent abutâka^  ou  par  abbréviation,  Butaka,  c'est-à-dire 
la  monnaie  aux  fenêtres.  Les  Européens,  qui  négocioient 
alors  en  Egypte,  lui  donnèrent  de  là  le  nom  de  Patack, 
comme  on  y  nomme  encore  aujourd'hui  Pataks  les  écus 
d'Allemagne;  quoique  ces  derniers  soyent  rarement 
appelés  abâ-tâka,  non  plus  que  les  piastres  d'Espagne»  (i). 
On  connaît  l'habitude  des  Arabes  de  former  des  com- 
posés avec  j>\  aboû^  père.  On  en  a  eu  un  curieux  exemple 
dans  Abouquel  (2)  (  V.  ce  mot).  On  sait  aussi  que  dans  la 
Haute-Egypte  et  dans  le  Soudan  la  monnaie  préférée  des 
indigènes  est  le  thaler  autrichien  à  l'effigie  de  Marie- 
Thérèse,  appelé  jvLjj  boâ  iair  ou^Lj>l  aboû  taïr,  le  père 
de  l'oiseau,  à  cause  de  l'aigle  qui  y  figure.  La  raison  de 
cette  préférence  est  indiquée  parNiebuhr  (3).  Lorsqu'on 
s'aperçut  à  Vienne  que  les  thalers  passaient  de  plus  en 
plus  en  Egypte,  la  Monnaie  en  fit  à  plus  bas  titre.  Mais  les 
Egyptiens  ne  s'y  trompèrent  pas.  Et  voilà  pourquoi  on 
donnait  dans  tout  le  Levant  cinq  pour  cent  de  plus  pour 


(1)  Niebuhr.  Description  de  l'Arabie.  II.  49.  «Le  prix  de  notre  passage 
était  de  27  pitakas,  qui  valent  à  peuples  6  livres  5  shellings  sterling.» 
Bruce.  Voyage  en  Nubie.  I.  50. 

(2)  Ajoutez  abouburs,  aboiikarne,  etc.  (V.  Intvod.  Observât,  gén.) 

(3)  Ibid.  -  «  La  seule  monnaie  connue  au  désert  est  le  thaler  autrichien 
de  Marie-Thérèse,  »  M.  Jeannier,  chancelier  à  Bagdad.  1888. 

13 


194  PATU 

les  écus  frappés  avant  1756.  Enfin  une  autre  monnaie 
européenne,  devenue  assez  rare,  porte  encore  en  Orient 
le  nom  de  v'-Ujj1  aboâ  madfa\  le  père  du  canon.  Toujours 
pour  les  mêmes  raisons,  qui  ont  valu  à  Tabouquel,  au  pata- 
gon,  etc.  leurs  pittoresques  dénominations. 

Patar,  Patart  ou  Patard.  C'était  encore  une  monnaie 
de  Flandre  et  des  Pays-Bas,  de  la  valeur  d'un  sou, 

((  qui  n'avait  vaillant  un  patart  » 
dit  Villon.  On  voit  dans  ces  mots  une  corruption  de  Peter 
(Pierre)  parce  que  le  patar  a  sur  une  de  ses  faces  l'image 
de  S*^  Pierre. 

Devic  rattache  Patard  à  ^IL  j)J .  On  peut  objecter  que 
Vaboâ  tâqa  des  Arabes  a  toujours  désigné  une  monnaie 
autrement  importante  que  le  patar  flamand,  qui  signifie 
une  obole,  un  liard. 

Paturon  ou  Potiron.  Nom  de  quelques  champignons 
comestibles  qui  croissent  dans  les  pâturages.  Probable- 
ment  de  l'arabe  Ja^  fotr  ou  J^  fotor,  qui  désignent 
le  champignon  vénéneux  (i),  d'après  certains  lexicogra- 
phes ;  Tespèce  comestible  s'appelant  beaucoup  mieux  Ja» 
fit/.  La  terminaison  on  viendrait-elle  de  la  nunnation,  com- 
me dans  ^édaron^  (Pour  ^  devenu  /?.  V.  Introd.) 

(  1  )  Cette  distinction  est  inconnue  à  Ibn  el-Beithar  chez  qui  ^  désigne 
simplement  le  champignon.  Aussi  Devic  prétend-il  que  Freytag  a  eu  tort  de 


QUIN  195 

Pénide(i).  Sucre  tors,  cuit  à  la  plume  avec  une  dé- 
coction d'orge.  (  Bouill.  Scien.).  Ce  terme  a  été  introduit 
par  les  apothicaires.  Il  vient  de  l'arabe  Jûl>  fânîd^  dérivé 
lui-même  du  persan  JLÔli  pânîd  «  species  dulciorum,  sac- 
charum.  ^)  Alphénic  (2),  autre  nom  de  pénide,  est  le  même 
mot  arabe  augmenté  de  l'article.  Le  Dict.  de  Trévoux 
écrit  Alphœnix  et  prétend  qu'on  a  donné  au  sucre  tors 
«  ce  nom  extraordinaire  pour  le  faire  valoir».  Cette  fois 
les  Aristarques  de  Trévoux  font  erreur. 

Quintal.  Esp,  et  Ptg  :  quintal.  Catal:  guintar.  Ital: 
quintare.  De  jlk5  qiniâr ,  vulgairement  prononcé  qan- 
târ;  d'où  Kantar,  [Y.  ce  mot.)  de  même  que  de  i^ln? 
qtrât  graine  de  caroubier,  son  poids,  nous  avons  fait 
Carat;  esp :  quilat.  E^/?.  et  Ptg:  quilate.  Ital:  carato. 
Le  carat  a  été  autrefois  appelé  chlra  ou  chirast.  Nous 
avons  indiqué  Tétymologie  de  J^in*  dans  les  Synonymes 
arabes  n^  1072. 


n'attribuer  à  Ja*  d'autre   sens  que  celui  de  fungus  terrœ  multum  vene- 
nosus. 

(1)  Le  Diction,  de  Trévoux  ne  connaît  que  le  plur.  pénides.  La  Pharma- 
copée Universelle  fait  de  même.  Ce  dernier  ouvrage  écrit  encore  épenides. 

(2)  Esp.  alfenique.  Ptg:  alfenim;  en  latin  de  pharmacie  penidia.  «  On 
prétend  que  ce  nom  vient  de  poeiia,  peine,  parce  que  cette  préparation  de 
sucre  donne  bien  de  la  peine  à  faire.  »  Pharmac.  universelle. 


içô  RAIA 


Rac,  Arac,  et  Arack.  Esp  :  arac,  erraca.  Ptg  :  araca, 
arak,  araque,  orraca,  rak.  Tous  ces  mots  représentent 
l'arabe  J^  'araq,  liqueur  extraite  du  palmier,  qu'on  fai- 
sait fermenter.  (V.  Mohît  et  S.  'Anhoûrî)  et  dans  le  vul- 
gaire, eau-de-vie,  (Mohît,  Heury,  Belot).  Il  y  a  aussi  la 
forme  J^p  'araqt  (Damas),  d'où  dérive  probablement 
l'expression  populaire  riquiqui,  pour  désigner  de  l'eau- 
de-vie  (  i  ).  En  turc  usuel  jj>  'araq  devient  rake ,  eau-de- 
vie.  (V.  R.  Youssouf  s.  V,  'arak). 

Raia.  Nom  des  sujets  de  l'empire  turc  soumis  à  la  ca- 
pitation.  (Littré.)  C'est  la  transcription  de  \i\s>j  ra'âïâ^ 
pluriel  de  l'arabe  ^j  ,  proprement  troupeau,  et  au  figuré 
sujet.  Sous  l'influence  turque  (2)  l  Uj  ra'âiâ,  a  été  em- 
ployé, comme  un  véritable  singulier,  pour  désigner  un 
sujets  un  raia.  Ce  n'est  pas  la  première  fois  que  le  dialecte 
vulgaire  employé  un  pluriel,  auquel  il  donne  la  valeur  du 

(1)  Voy.  les  Proverbes  arabes  de  M"^  le  Comte  C.  de  Landberg.  p.  180. 
Comme  toujom^s,  la  description  de  l'autem*  est  d'une  rigoureuse  exactitude. 

(2)  uRi^aya  blp^,  plur.  de  re'^ayé,  troupeaux,  sujets  tributaires;  singu- 
lier (comme  mot  turc)  sujet  non  musulman  de  l'empire  ottoman;  en  ce  cas, 
on  prononce  ra^ya.y)  R.  Youssouf.  Diction,  turc  -  franc. 


RAIS  197 

singulier.  Le  comte  C.  de  Landberg  en  a  cité  un  certain 
nombre  d'exemples.  (Proverbes,  p.  195.)  Mais  ni  en  turc 
ni  en  arabe  lUj  n'a  le  sens  méprisant,  qu'ont  voulu  y  voir 
certains  voyageurs  (i),  pas  plus  que  le  muiiha  Xaœv  d'Ho- 
mère. «  Tous,  dit  un  hadîth,  vous  êtes  responsables  de 
votre  troupeau,))  c-à-d.  de  votre  famille  J^.^  >^é=5l5 
C>s>j  jf> .  Parmi  les  conseils  adressés  par  Abdelmalik,  fils 
de  Sâlih,  à  Rachîd  il  y  a  celui-ci  :  «  (i  libj  •  iJVj  U  ^1  J^ 
fJlUj .  Craignez  Dieu  dans  l'exercice  de  votre  pouvoir, 
redoutez-le  en  gouvernant  les  sujets  (ra'âyâ)  qu'il  vous  a 
confiés.  ))  (Mas'oûdî.  VI,  p.  303). 

Raïs  ou  Réïs.  (2)  Capitaine  de  navire.  Esp  :  arraez.  Ptg  : 
arraes,  arrais,  arraiz,  arrayo.  Maj,  arraes,  array.  Cat.  ar- 
raix;  de  ^j  raîSj  chef,  mais  qui  a  aussi  le  sens  spécial 
de  capitaine  de  vaisseau  (Cfr.  Moqadd.  31-I.  13.  Mas- 
''oûdî  :  I.  282.  et  les  Mille  et  une  Nuits,  pass.)  «  On  répéta 
au  Rais  ou  Capitaine  ce  qu'on  avait  dit  aux  trois  officiers.)) 
(D'Arvieux.  VI.  202).  «  Notre  Raïs  me  dit  alors  qu'il  car- 
guerait  un  peu  les  voiles.  ))  (Bruce.  Voyage  I.  93  et  pass). 

(1)  Tour  du  Monde.  \^^  sem.  1861.  p.  70.  Promenade  dans  la  Tripoli- 
taine. 

(2)  «  Où  de  fortuné  estoient  deux  Chaoul^  Turcs,  avec  quelque  troupe 
d'autres:  dix  Rays,  c'est-à-dire  Rois  de  Barque».  Histoire  nouvelle  du  mas- 
sacre des  Turcs  faict  en  la  ville  de  Marseille  en  Provence,  le  14  de  Mars, 
mil  six  cents  vingt  etc.  Lyon.  MDCXX. 


[98  RAMB 


Dans  le  dialecte  vulgaire  on  écrit  ^j  qu'on  prononce 
raïès  ou  reïes.  Comme  dans  ce  passage  des  Mémoires 
de  l'émir  Ousâma  ibn  Monqid  (i)  :  O^j^  ^J^  ^^^  dlliS^^ 
^"■jl  dllU  Ua*  ^j.^  J-^^-^  •  »  Nous  en  étions  là  quand  le 
raïès  (2)  Yoûnân  arriva  précipitamment.  Nous  lui  criâmes 
qu'y  a-t-il,  ô  raïès}  ». 

Ramadan.  Esp.  Ptg  :  ramadan.  Ptg  :  ramadâo.  Cat.  et 
Val  :  ramada.  «  Nous  avons  été  obligés  de  séjourner  à 
Alep,  à  cause  du  ramadan;  c'est  le  carême  des  Turcs.  » 
(Lett.  édif.  198).  Ramadan  ou  i^a/Tzaj^a/z' comme  pronon- 
cent les  Turcs  est  la  transcr.  de  ô^J  ramadan^  9°^® 
mois  musulman.  Comme  le  Thermidor  républicain,  «  il 
doit  son  nom  à  la  chaleur  brûlante  qui  se  dégage  du  sol 
pendant  ce  mois,  »  dit  Mas  oûdî,  ou  comme  s'exprime 
Al-Bîroûnî  :  J^i  S-C  j^^  ô  Ja^j^  Sjl^  (  Chronol.  Orien- 
tale. Édit.  Sachau.  p.  60.) 

Ramberge.  C'est,  dans  Bouillet,  une  très  ancienne  es- 
pèce de  navire  de  guerre  de  la  Méditerrannée,  adopté 
par  les  Anglais  ;  elle  était  de  la  force  d'une  frégate.  Ce 
mot  serait  composé  de  rame  et  de  berge.  Berge  et  Barge 
sont  un  seul  et  même  terme,  qu'on  employait  autrefois 
indifféremment  l'un  poyr  l'autre.  Cela  me  semble  confir- 

(1)  jLspVI  UcS"'-,  édité  par  Hartwig  Dérenbourg.  p.  59.  Paris. 

(2)  Il  s'agit  ici  d'im  conducteur  de  caravane,  d'un  chef-moucre. 


RAZE  199 


mer  Tétymologie  proposée  à  barge.  Ce  dernier  mot  ne  si- 
gnifie plus  qu'une  embarcation  plate.  Mais  il  a  désigné  ja- 
dis un  grand  navire  (i)  :  «  Navem  magnam  quam  Bargam 
vocant»  (In  diplom,  an.  1080.  ap.  Mirœum  in  DipL  Belg. 
/?.  295);  et  encore  :  un  navire  de  guerre,  comme  l'indique 
son  composé  ramberge»  Le  Dict.  de  Trévoux  pense  aussi 
que  les  barges  étaient  de  grandes  barques  armées.  Barge 
et  ramberge  dériveraient  donc  bien  réellement  de  l'arabe 
4^jl  bâriga^  vaisseau  de  guerre. 

Rame.  Esp  :  resma.  Cat  :  raima.  It  :  risma,  Vieux  fr,  : 
rayme;  de  l«  jj  ri^ma^  paquet  de  hardes  (2);  et  vulgaire- 
ment :  cahier  des  charges  et  impositions  conservé  chez  le 
wali,  rame  de  papier.  (Bocthor  et  Dozy.  Supp.)  On  trouve 
aussi  Z*jj  ra^ma  (3).  J'assigne  la  même  origine  à  «  coton  de 
rames)),  qui  se  disait  autrefois  d'un  coton  filé  de  médiocre 
qualité  venant  de  Judée^,  et  dont  on  se  servait  pour  faire  la 
trame  des  voiles  de  navire..  (V.  Trévoux  et  Bouill.)  Car 
t^jj  signifie  aussi  ballot 

Ra^e  (huile  de).  «  Les  Provençaux  distillent  en  grand 
le  galipot.  Ils  en  tirent  une  huile  qu'ils  nomment  huile  de 
ra:^e,  »  (Bosc)  M.  Devic  voit  dans  ce  dernier  mot  l'arabe 


(  1  )  V.  Du  Bellay  Mémoires.  Livres  X. 

(2)  Gompar.  Aghani  1.  (éd.  Salh):  (f-^^ ^\J  \^  ^jjj>  .  .C-Lfl  lj,,<a>b» 

(3)  Voir  le  savant  article  du  Glossaire  de  Dozy.  p.  333. 


200  RAZI 

jjl  ar^:  Ce  nom  s'applique  en  effet  au  pin,  au  sapin,  au 
cyprès  et  à  d'autres  arbres  résineux,  (i)  Quand  il  s'agit 
du  cèdre  proprement  dit,  les  savants  arabes  se  servent 
plutôt  de  i>j^  charbîn ,  qu'il  faut  peut-être  lire  jCjl. 
(  sapplnus  ).  «  Avicenne  a  employé  le  même  mot  défiguré 
par  les  éditeurs  de  Rome  (2)  sous  la  forme  de  ^°jt 
adoptée  trop  facilement  par  Freytag».  (D''  Leclerc.)  Ra^e 
ne  serait  donc  qu'une  métathèse  de  jji  .  En  espagnol 
are^  et  alerce  (3)  désignent  le  cèdre;  il  est  facile  d'y 
reconnaître  jjl .  «  JUl)  jjû\  Jt«  ^^  »  dit  le  manusc.  deHabqâr 
le  Sage;  et  plus  loin  il  est  question  de  ùLJ  jji  ♦ 

Ra^îa  ou  Razzia.  Ptg.  gacia,  gazia,  gaziva,  gazu,  gazua. 
De  4^jU  ghâ^ia^  forme  algérienne  de  Sjjp  gha^wa,  atta- 
que, incursion  militaire  (4).  Le  mot  ne  date  en  français 
que  de  la  conquête   de  l'Algérie.  Dans  les  Alpujarres 


(1)  En  Syrie  et  surtout  dans  le  Liban  jj\  désigne  le  cèdi^e;  «les  cèdres 
que  les  habitants  appellent  Ars  (sic)  »  Voyage  du  R.  P.  Philippe.  159. 
Dans  les  Litanies  arabes  la  S*®  Vierge  est  appelée  oUJ  «jjl  cèdre  du  Liban. 

(2  )  Les  éditions  d' Avicenne  sont  malheureusement  incorrectes.  Les  ma- 
nuscrits ne  le  sont  guère  moins.  J'ai  sous  les  yeux  im  manuscrit  du  oLsT 
'UiJI  de  l'illustre  Philosophe,  qui  donnera  bien  du  travail  à  son  futur  éditeur. 

(3)  a  Alerce.  Arbre  du  Chili  en  Amérique.  Ces  arbres  sont  plus  gros 
que  le  cyprès.  Leur  bois  est  rouge,  mais  avec  le  temps  il  perd  la  vivacité 
de  sa  couleur  et  prend  celle  du  noyer.  Ces  arbres  sont  d'une  grosseur  pro- 
digieuse...» Trévoux.  Sur  jj   et  oy,^  V.  Niebuhr.  (Descript.  I.  2 10-). 

(4)  ((  ojjè  y  Sljp  expedicion  railitar:  campana:  guerra  »  Chrestomathie 
arab.  du  P.  Lerchundi  et  Simonet  p.  284. 


REAL 


20I 


racla^  ricia,  (même  origine)  ont  le  sens  spécial  de  dégât, 
dévastation  (i).  V.  Introduction  lettre  j- 

Réalgar  et  Réagal.  Vieux  fr:  réalgal,  riagal.  Esp: 
rejalgar.  Cat  :  realgar.  It  :  risigallo.  Bas-lat  :  risagallum. 
De  jUll  ^j  rahag  al-ghâr,  littér.  :  poudre  de  la  caverne. 
Dozy  suppose  que  ce  nom  a  été  donné  à  Tarsenic  parce 
qu'on  le  tirait  des  mines  d'argent.  Ce  n'est  là  qu'une 
supposition.  L'Ibn  el-Beithâr  de  Boulaq  a  partout  jUll  ^j 
rahag  al-fâr,  poudre  des  rats.  Le  traducteur  allemand 
et  le  D^  Leclerc  reproduisent  la  même  leçon.  Ce  dernier 
la  maintient  malgré  les  critiques  de  M.  Defrémery.  Nous 
croyons  que  c'est  la  vraie.  Le  contexte  d'ibn  el-Beithar 
semble  le  prouver.  Après  avoir  dit  (  article  fJjîU  )  que 
l'arsenic  s'appelle  jlli)  ^,  poison  des  rats,  il  ajoute  que 
dans  le  Maghreb  on  l'appelle  poudre  des  rats  jUll  /j  (2). 
Pourquoi  lire  jUîl  ,  la  caverne  au  lieu  de  jUll ,  les  rats} 
Ailleurs  (  article  "dl-^  )  le  botaniste  arabe  relève  le  nom  de 
dllU"  v»jj;J ,  litt.-  poussière  qui  tue,  donné  dans  l'Iraq  à 
l'arsenic.  Il  ajoute  encore  une    fois   qu'on  lui  donne  le 

(1)  «  Gazua,  espèce  de  Croisade  chez  les  Maui-es».  (Trévoux).  —  «  le  com- 
mandement des  chérifs,  et  la  multitude  qui  les  suivait,  jointe  à  la  supersti- 
tion de  la  Gazua,  y  faisait  accourir  tous  les  habitants.»  Hist.  des  Chérifs. 

(2)  L'arsenic  rouge  se  dit  en  Berbère  rahaclj  el  ahmar.  Dictionnaire 
français-berbère  par  le  P.  Gras.  S,  J.  essai  manuscrit.  C'est  l'expression 
arabe. 


202  REBE 

nom  de  poison  des  rats,  et  dans  le  Maghreb  celui  de 
jUil  i^j  (i).  Franchement  le  sens  s'accommode-t-il  de  jlc? 
Pourtant  Taccord  des  formes  romanes  terminées  toutes 
par  gar,  gai  semble  indiquer  l'existence  de  jUîl  4*^ 
venu  sans  doute  de  la  confusion  très  ordinaire  entre  le  h- 
et  le  Ji  placés  au  milieu  du  mot  (2).  Chams  ed-dîn  de  Da- 
mas a  pourtant  un  texte  favorable  à  l'opinion  de  Dozy.  «  A 
Calatrava,  dit-il,  se  trouve  une  caverne  où  l'on  recueille 
le  réalgar,  appelé  aussi   dtk  bardîk  et  poison  des  rats  : 

^<  .  jUil  >v-  il  <%^  dX^yf  àX:>  4I  :  Jfcj  jUîl  A  4J  (^ôll  jUll  Lj 
(p.  242 ).  Ajoutons  que  ce  passage  ne  se  trouve  que  dans 
les  manuscrits  de  Paris  et  de  Copenhague. 

Rebec.  Esp  :  rabel.  Gallic.  :  rabela.  Cat.  et  Val:  rabell. 

Ptg  :  rabil,  rebel,  rebeca,  rabeca,  arrabil,  arrabeca.  It  : 

ribeca,  ribeba.  V,  fr:  rubebe  de  Z^j  rabâba  {Journ,  As, 

186^.  Juin.  565  )  ou  ^\j  sorte  de  violon  ou  de  vielle  : 

Me  rendre  en  me  torchant  le  bec. 

Le  ventre  creux  comme  un  rebec.      (Régnier  ). 

Parmi    les   instruments    des   Grecs,  Mas'oûdî    (  VIII. 
91  )  cite  la  lyre  qui  n'est   autre,  dit-il,  que  le  rebâb; 


(1)  Une  ligne  plus  loin  Ibn  el-Beithar  cite  Râzî:  ,  oU  jU)l  ij>  jTb.  .  ,  . 
<s^  ^C^j  -Wj  9^-96-0  ^o>j  ^^»1  ]^\  Cjj<^J^  jUJI  dUi  "^zj  oj\3  Ij^Cj^j  • 

(2)  On  peut  en  faire  l'essai  :  les  compositeurs  arabes  confondront  8  fois 
sur  10  ces  lettres.  L'expérience  s'est  renouvelée  sur  cette  page  même. 


RÉBI 


205 


^IJ)  jfc^  yil  ♦  V.  aussi  sur  le  rabâb.  Ibn  Khaldoûn.  Prolég. 
IL  412.  (i)  Le  c  final  de  rebec  étonne  moins  quand  on  voit 
que  la  dernière  consonne  a  été  bien  diversement  rendue 
dans  les  langues  romanes.  Le  passage  suivant  de  Guil- 
laume de  Machaut  renferme  plusieurs  noms  d'instruments 
empruntés  à  l'Orient  parle  Moyen- Age.'; 

Orgues,  villes,  micanons 

Rubebes  et  psaltérions 

Leus,  moraches  et  guiternes... 

Cymbales,  citoles,  naquaires  (2)... 

Cors  sarrasinois  et  doussainnes 

Tabours,  flaûstes  [traverseinnes... 

Trompes,  huisines  et  trompettes 

Guigues,  rotes,  harpes,  chevrettes 

Cornemuses  et  chalemielles. 

(  Edit.  de  la  Société  de  l'Orient  latin,  p.  36").! 
Rébi.  Deuxième  et  troisième  mois,  de  l'année  musul- 
mane; de  ^.j  rabf.  Pour  les  distinguer  on  les  appelle 
JjVi  *->j  rabf   premier    et  (iWl  •-)j  deuxième   rabî\  ou 

(1)  Les  jours  de  fête,  on  peut  encore  voir  dans  les  villes  du  Levant  les 
Bédouins,  qui  viennent  racler  leur  monotone  rebabé. 

(2)  De  ôj\i5  naqâra,  timbale  ou  de  nS^  noqaira,  SjÛJ  naqgâra,  etc.  Tous 
ces  mots  signifient  tamboui*,  timbale  (  V.  Dozy  Abbadid.  243  ). 


204 


RÉDI 


^Vl  «->  (i)  dernier  rabi\  i^^^j  signifie  litt.  printemps.  (2) 
Il  a  été  appelé  ainsi  ou  parce  que  «  les  deux  rabf  corres- 
pondaient à  l'époque,  oia  les  Arabes  campaient  sur  les 
pâturages  {*i^j  raba')  avec  leurs  troupeaux;  si  l'on  ob- 
jecte que  le  campement  avait  lieu  aussi  pendant  d'autres 
mois,  on  doit  remarquer  que  ces  deux  mois  furent  nom- 
més pour  la  première  fois  ainsi  au  moment  du  pâturage 
et  qu'ils  conservèrent  leur  nom  lorsque  le  rapport  entre 
les  noms  des  mois  et  les  saisons  n'existait  plus.  »  (  Mas- 

^oûdî.III.  418). 

Récif  ou  Ressif.  Ce  terme  n^est  pas  très  ancien  en 
français,  et  nous  est  venu  probablement  de  l'Amérique 
-espagnole.  (V.  Dict.  Trévoux.  )  Esp  :  arracife.  Esp.  et 
Ptg:  arrecife.  Val:  arracif,  arrecif  Plg:  arrife,  recife;  de 
,Ju^j  rastf,  chaussée  (dans  tous  les  sens),  trottoir,  (Mohît) 
levée,  digue  (Dozy.  Gloss.  et  suppL  )  et  même  quai  d'un 
port.  Voir  dans  Le  Bachir  (18  déc.  1889.  4"^"  p.  i^^ 
col.)  un  article  sur  le  rachat  des  quais  de  Smyfne  juj)  Ja^j* 
Rédif.  Ce  mot  désigne  l'armée  de  réserve  en  Tur- 
quie ;  de  l'arabe  J»^j  radîf^  qui  vient  après,  qui   vient 


(.1)  Cfr.  CAl^Ui,  ^\  ^j  jya  w>U9  j^Ji>\  a-iCA<  J^  >-VI  /t^.j  jU-  cJlJ  i» 
istîyVI»  (Ibnal-Athîr.  ^^jl^îl  jAir  ).      "  " 

{^)  Chams  ed-din.  p.  401. —  Ou  d'après  Al-Bîi'oûnî;  «j.  .jl^Vlj  y^jU 
Cuyjj  i!>i-~J  l>VO  >-*lJ^^  d*^  5-*— 3  fc^iJI  J-^l  7^  Jl  <r-i  ^  »  (Chrouol.  60). 


RIBE  m 

à  la  suite  (i).  Dans  l'arabe  classique  s^^j  se  dit  de  cqIuï 
qui  monte  en  croupe. 

Kedjeb;  7^  mois  musulman.  De,^^j  rageb  :  d'après 
Chams  ed-dîn  «  parce  qu'il  est  le  milieu  des  mois,  v-^b-> 
désignant  les  jointures  des  doigt  du  milieu,  ou  parce  que  les 
Arabes  tiennent  ce  mois  en  grande  estime,  le  verbe  raggab 
signifiant  estimer.»  ou  encore  :  «  parce  qu'ils  évitaient  tout 
mouvement  pour  combattre  ;  rogba  signifie  étai  ;  de  là  J*ip 
^^  w^j-*  palmier  étayé,  (al-Bîroûnî  Chronol.  60.  et  32^). 
Redjeb  était  aussi  un  des  mois  sacrés  (2). 

Régulus.  Etoile  de  première  grandeur,  ou  le  cœur  ou 
r  (X  du  Lion  (V.  Nébulasit  ).  Régulus  est  une  altération  de 
-^Vl  J>-j  rigl  al-asad,  pied  du  lion,  nom  donné  quelque- 
fois à  cette  étoile  et  qui  lui  convient  mieux  que  tout  autre 
à  cause  de  sa  position  (3). 

Ribes.  Nom  scientifique  du  genre  Groseillier,  appelée 
encore  Rhubarbe,  Groseille,  Rheum  Ribes  (Linné).  De 

(1)  V.  Engelhardt.  La  Turquie  et  le  Tanzimat.  p.  71. 

(2)  û>U)L.  :  5^  ùj^LJoiV  \y^^'i  >>VI  cjS^JS ^  cJlSj  v^J  y»J  >l^l  j^\ 

. -iL-vi  'jjVij .  'jjVi  j.^;  c_Aii  y^j.  oijiyii  j-ô  ùjiUïi  Vj  oj^uLi  Vj  ù^ui^ 

^4iJI  ^^ij^^lv^l  c;>»S:-VI  l>^-|  .^j  Ji^  lil  l^ir.  (Agani  II.  114.  Ed. 
Salhani  ) .  '^  était  le  nom  païen  de  ,^^j  .  Car  dans  le  s!iaIj.  les  mois 
avaient  des  noms  différents  de  ceux  que  l'islam  a  fait  prévaloir.  (V.  al- 
Bîroûnî,  Chronologie  Orientale.  z3U\  jijvi  loc.  cit.) 

(3)  Chams-eddin.  fig.  22.  On  y  verra  que  Régulus  se  trouve  dans  le  pied 
du  Lion.  Mehren  traduit  ^jj  par  doigts  du  milieu.  (?) 


2o6  RIBE 

jj-Cj  ,  rîbâs,  (i)  même  sens.  La  lettre  ^,  du  mot  fran- 
çais, représente  le  ^  arabe.  Ibn  el-Beithar  dit  que  cette 
plante  est  commune  en  Syrie,  (2)  et  dans  les  contrées 
septentrionales.  Al-Basrî  la  met  sur  les  montagnes  froi- 
des et  couvertes  de  neiges.  Dans  la  Cosmographie  de 
Chams  ed-dîn  de  Damas  elle  est  au  nombre  des  plantes 
poussant  naturellement  et  sans  culture  sur  le  Liban.  (V. 
p.  199).  D'après  Moqaddasî,  l'espèce  la  plus  estimée, 
celle  qui  «  figurait  sur  les  tables  royales  »  était  exportée 
de  Nîsâpoûr.  f  3  26.  note  e  ).  On  a  fait  en  Europe  des 
essais  d'acclimatation  d'après  des  individus  provenant  de 
graines  envoyées  du  Liban  en  1788. 

Ce  nom  de  ribes  doit  son  origine  aux  apothicaires, 
dont  on  connaît  les  goûts  arabesques  comme  aurait  dit 
Guy  Patin  (3).  Ils  appelaient  rob  de  ribes  le  suc  confit  des 
groseilles  rouges. 

(1)  Prononcé  rihès  au  moyen  de  l'imalé. 

(2)  L'espèce  paraît  y  être  indigène;  voilà  pourquoi  on  l'appelle  encore 
Rhubarbe  de  Syrie»  Voy.  aussi  Al-Bîroûnî.  Chronol.  99  et  100 . 

(3)  Le  courageux  médecin  batailla  toute  sa  vie^(contre  les  apothicaires. 
«Je  m'en  vais,  dit-il  dans  une  de  ses  lettres,  travailler  à  quelque  chose  con- 
tre la  cabale  des  Apothicaires...  en  laquelle  seront  refutés  le  bézoard...  les 
confections  de  hyacinthe  et  d''alkermès,  les  fragments  précieux  et  autres 
bagatelles  arabesques.  »  L'alkermès,  le  julep,  mais  surtout  le  bézoard  l'in- 
dignent et  sont  constamment  ^nommés  dans  sa  correspondance.  Dans  une 
lettre  de  1647  il  se  vante  d'avoir  si  bien  secoué  le  bézoard  «  qu'il  n'en  de- 
meura que  poudre  et  cendre.  »  D'après  lui   «  il  ne  faut  guère  de  remèdes... 


ROB  207 

Rigel.  Etoile  ^  d'Orion  située  dans  le  pied  de  cette 
constellation.  De  là  sa  dénomination  J>-j  ng/,  prononcé 
vulgairement  rigel.  (V.  Introd.  Observât,  génér.) 

Risque.  M.  Devic  s''efrorce  de  rapprocher  étymologi- 
quement  risque  de  Jjj  ri^q,  qui  effectivement  signifie 
chance,  chose  arrivée  fortuitement.  Le  mot  français  peut 
à  la  rigueur  être  ramené  au  sens  de  l'arabe.  M.  de  Eguilaz 
ne  croit  pas  pourtant  devoir  accepter  cette  étymologie. 
Conservant  les  mêmes  scrupules  que  l'étymologiste 
espagnol,  nous  renvoyons  à  son  article. 

Rob.  Esp.  arrope,  rob.  Cat,  Val:  arrobe.  Port,  arrobe. 
Basq  :  arropea.  Rob  «  est  en  usage  dans  les  boutiques 
des  Apothicaires,  quoiqu'originairement  il  soit  purement 
arabe,  oij  il  signifie  un  simple  suc  desséché  au  soleil,  (i) 
ou  sur  le  feu,  afin  qu^il  se  puisse  garder  longtemps... 
Quelquefois  on  le  confond  avec  looch.  »  (Trévoux).  En 
effet  ^j  robb  est  le  suc  ou  le  Jus  des  plantes  épaissi  par 
la  décoction;  de  ce  mot  on  avait  fait  ^o  j  rabbab  (2),  faire 

la  quantité  desquelles  est  propre  à  entretenir  la  forfanterie  des  Arabes  au 
profit  des  Apothicaires...  L'infusion  de  trois  gros  de  séné  purge  aussi  bien 
qu'un  tas  de  compositions  arabesques.  Le  peuple  est  lassé  de  leur  tyrannie 
barbaresque,  et  de  leur  forfanterie  bézoardesque.  »  Bref!  il  y  a  peu  de  lettres 
où  il  n'y  ait  une  charge  contre  «  ces  cuisiniers  arabesques»  c'est-à-dire,  les 
Apothicaires.  (Lettres.  Edit.  de  Cologne.  MDCXCII.  Vol.  l.  30.  46  et  pass.) 

(1)  Celui-ci  était  le  plus  estimé  des  Aiabes  (V.  Ibn  al-'Awâm,  11.399. 

(2)  V.  Ousânaa    Ibn  Monqid  (éd.  H.  Dérenbourg.   p.  99).   Le  passage 


2o8  ROCK 


du  rob,  forme  que  les  dictionnaires  n'ont  pas  relevée, 
quoiqu'ils  aient  ^y  morabbab,  confit,  dont  le  peuple  à 
fait  d^.*,  confitures;  (V.  Heury.  s.  v.  )  Quant  aux  robs, 
on  sait  combien  la  médecine  arabe  les  multipliait.  On  n'a 
qu'à  consulter,  pour  s'en  convaincre,  la  Table  d'ibn  el- 
Beithar.  (Trad.  Leclerc.)  Dans  les  anciennes  pharma- 
copées françaises  on  rencontre  robub^  employé  comme 
synonyme  de  rob  ;  c'est  l'arabe  ^^j  roboCib^  pluriel  de 
Ljj  robb.  A  ce  dernier  pluriel  M.  Devic  propose  de  ratta- 
cher Ripopée  (écrit  autrefois  ripopé  et  rippopé).  Le 
changement  de  b  en  p  a  déjà  eu  lieu  dans  les  formes  hispa- 
niques, comme  rop,  an  ope* 

Roclie.  Un  des  noms  du  borax  impur  de  l'arabe  Rakka 
nom  moderne  (?)  de  la  ville  d'Edresse  (Litt.  abrégé). 
C'est  Roha  qu'il  faut  lire;  car  Uj  ou  Ujl  est  le  nom  arabe 
d'Edesse,  mentionné  dans  Istakhrî,  Ibn-Hauqal,  Mas'oûdî 
etc..  Le  nom  moderne  est  Orfa,  en  turc  *ijj^î 

Rock.  Esp  :  rocho.  Oiseau  fabuleux  de  fj  rokh ,  même 
sens.  (  Ibn-Batouta  IV.  305)  en  parle  sérieusement.  Le 

mérite  d'être  transcrit  :   «   JôJIj   c^^JK^  LSJj  i_J>-J  ù^ia>»-np  oLX-l  ôi'C 

iLr>_i>>.  Le  texte  imprimé  porte  ojl^  forme  grammaticale(?)  ;  nous  avons  écrit 
Aj  jli  conformément  à  la  leçon  du  manuscrit,  notée  par  l'éditeur  lui-même. 
C'est  là  une  incorrection  ,  que  le  dialecte  vulgaire  de  Syrie  garde  opiniâ- 
trement. 11  dira   par  ex  :  \^^  au  lieu  de  ^S^j  que  réclamerait  la  syntaxe. 


ROUP  209 


crédule  Damîrî  dans  un  long  article  qu'il  lui  consacre 
donne  «  à  chacune  de  ses  ailes  loooo  brasses  ;  (i  JÛ»  rj' 
5-1  ^V 1  S^  J^lyl  is-L:^-  0/j'  lA^I  jj^>-  ^^»  Les  Mille  et  une 
Nuits  ne  sont  pas  plus  outrées  (i  ). 

Anciennement  au  jeu  d'échecs  la  tour  portait  le  nom 
de  Roc  (  Trévoux  s,  v,  )  ;  de  rj  ro/ch,  (Al-Bîroûnî. 
L'Inde.  202.  lig.  17).  De  ce  mot  on  a  formé  le  terme 
Roquer  qui  appartient  au  même  jeu.  (V.  Bouillet  ). 

Roupie.  Esp  :  rubia,  rupia.  Ptg  :  ropia.  M.  de  Eguilaz 
propose  comme  étymologie  l'arabe  ^f  j  roubâ'î,  le  quart 
du  dinar.  On  peut  voir  sur  ^L  j  le  Supplém.  de  Dozy  et 
le  Glossaire  de  la  Bibllotheca  Arabo-Sicula  de  M.  Amari. 
Actuellement  le  •/^  roub\  en  Orient  désigne  le  quart  du 
Magîdî  (2).  Il  y  a  encore  en  turc  4l*j  j  roub'iyé  qui  désigne 


(1)  A  comparer  avec  les  [récits  du  jc^l  ^'1:^^  ^liLf  p.  6.  8.  12.  garan- 
tis authentiques.  Il  est  vrai,  qu'en  dépit  des  ^lu-l  c'est  un  recueil  de 
contes.  Leur  exagération  paraît  presque  excusable  quand  on  voit  un  auteur 
à  prétentions  scientifiques  comme  Chams  ed-dîn  de  Damas  parler  «  d'un 
œuf  de  rokh  grand  comme  une  coupole  »  suffisant  à  tout  l'équipage  d'un 
navii'e  etc..  (V.  op.  sup.  laud.  p.   161). 

(2)  Monnaie  d'argent  dont  la  valeur  varie;  d'après  l'Almanach  du 
Béchir  (1890)  elle  équivaut  actuellement  à  4  f r  15.  cent.  Le  Diction.de 
Trévoux  parle  d'une  ancienne  monnaie  turque  appelée  roup  et  qui  valait 
un  quart  de  piastre  d'Espagne.   C'est   bien  là  notre  ^j  . 

'AXXoq  atûooi;  ^lè  (mvTZia^  âXXog  fiè  aaQayooaia* 

(  Poèmes    historiques,    par    E.    Legrand.    214  ).  Dans    ce    passage 


210  SACR 


une  petite  monnaie  en  or  (Mallouf).  M.  Devic  voit  dans 
roupie  le  persan  'u^jj  ,  roupia,  mot  d'origine  hindoue. 


Sabot.  Voir  Savate. 

Sacre  (i).  Faucon.  Esp.  et  Ptg  :  sacre;  de  y^  saqr  (2), 
faucon  employé  pour  la  chasse.  Les  sacres  j^  figurent 
honorablement  dans  les  intéressants  récits  de  chasse  (3) 

il  est  facile  de  reconnaître  les  JijJÎ  ou  J^'j^  ,  le  ^  j  ou  t6  qovtil  .  Celui-ci 
«  valait  31  aspres,  c'est-à-dii*e  à  peu  près  le  quart  de  la  piastre  ou  de 
r  àaXavl .  .  .  Cette    monnaie  marquée   au  lion  de  Hollande  valait  une 

piastre  et  deux  paras.  On  accentue  dcrXavt  quand  ce  mot  désigne  le 
lion.  »  (Ibid.  Glossaire.)  Voy.  Abouquel  note.  M.  Legrand  se  demande  dans 
son  Glossaire  si  7taQSaÇ(x)\iiévog  encadré  ne  vient  pas  de  TZSQiôâ^oo» 
Le  mot  vient  du  turc-arabe  j\jj>  cadre,  comme  Byzantios  l'a  déjà  indi- 
qué. Il  y  a  d'autres  mots   dont  M.  Legrand  aurait  pu  signaler  l'origine 

orientale  ;  p.  ex  :  2cvl  ,  plateau  vient  de  ï^iao  .  même  sens;  tovSIst  (  70  ) 

est  le  turc-arabe  ^j:i  ,  gouvernement;  gbptovm,  l'arabe  Jjx^  ,  ro  aayâvi 
l'arabe  ^jy^^  sahn,   prononcé  vulgairement  en  turc  sahan,   etc. 

(  1  )  Il  y  a  longtemps  que  Ménage  avait  proposé  comme  étymologie  l'a- 
rabe sacron,  où  on  représente  la  nunnation. 

(2)  V.  Syn.  arab.  n°  608.  «  En  Egypte,  dit  M.  de  Maillet,  on  prend  une 
petite  espèce  de  faucons,  que  l'on  nomme  Saer,  (lisez  sacr)  dont  l'Egypte 
doit  fournir  un  certain  nombre  qu'elle  entretient  poui*  la  chasse  du 
Grand-Seigneur  ».  Description  de  l'Egypte.  II.  22. 

(3)  Ces  pages  contiennent  des  notions  très  curieuses,  non  seulement 
pour  la  lexicographie  arabe,  qui  y  trouvera  beaucoup  de  termes  de  vénerie 


SAFA  211 

d'Ousâma  ibn  Monqid  (p.  141.  142,  etc.).  Ce  mot  était 
connu  des  Arabes  du  désert,  qui  n'ont  par  conséquent 
pu  l'emprunter  aux  langues  romanes.  Cette  remarque  est 
d'Engelmann  qui  renvoie  au  divan  des  Hod^ailites  p.  208 
Ajoutez-y  le  divan  de  Hansâ'  (éd.  Cheikho.)  ,  le  Hamâsa 
265  et  leMu'arrab  28.  1.  3.  Le  mot  n'est  pas  pourtant  d'o- 
rigine arabe;  c'est  la  transcription  du  latin  sacer  (i). 

«  Quam  facile  accipiter  saxa  sacer  aies  ab  alto.  »  (Eneid. 
XI.  721).  Dans  la  tribu  de  Tamîm,  au  rapport  d'Ibn 
Doraïd,  au  lieu  de  ji^  on  disait  Jj  ^aqr.  (V.  Introd.) 

Safar.  Deuxième  mois  de  l'année  musulmane.  Trans- 
cript.  De  y^  safar ,  «  parce  que  durant  ce  mois,  où  les 
Arabes  font  des  expéditions,  leurs  maisons  restent  vi- 
des »  (2).  Cette  explication  est  connue  de  Mas'oûdî,  qui 
en  donne  une  seconde  (III.  417).  D'après  lui  «Safar 


qu'aucun  lexique  n'a  relevés,  mais  encore  poui*  l'histoire  de  la  chasse  au 
temps  des  Croisades.  Ils  complètent  admirablement  les  quelques  détails 
réunis  sur  cette  matière  par  M.  Rey.  (Colonies.  55).  On  y  voit  que  sur  le 
terrain  de  la  chasse  émirs  et  chevaliers  s'entendaient  à  merveille,  et  échan- 
geaient amicalement  faucons,  chiens,  et  surtout  des  onces  (  x^  )  que  les 
éleveurs  arabes  (  iLjs  )  parvenaient  à  dresser  d'une  manière  surprenante. 
Voir  sur   ce  dernier  point  p.  152  (Ousâma). 

(1)  Ce  n'est  pas  le  seul  terme  fourni  par  la  langue  latine  à  l'idiome  du 
désert.  Nous  en  avons  relevé  un  certain  nombre  dans  les  notes  des  Synon. 
arab.  Le  même  radical  sacer  a  encore  contribué,  selon  nous,  à  la  formation 
de  jû^  saqqâr,  maudit,  scélérat  exécrable,  qui  ne  peut  se  rattacher  à  au- 
cune racine  arabe. 

(2)  Chams  ed-dîn  de  Damas  p.  401. 


212  SALE 

devait  son  nom  aux  foires  dites  safarîya  qui  se  tenaient 
dans  le  Yémen,  etc.  »  (i) 

Safre  ou  Saffre.  Oxyde  de  cobalt.  En  espagn.  ^afre  est 
un  oxyde  de  bismuth,  demi-métal  d'un  blanc  jaunâtre 
(  Dozy.  Gloss.  )  Ces  mots  sont  certainement  d'origine 
orientale.  On  peut  y  voir  y^ ,  sofr^  cuivre  jaune,  ou  Sy^ 
so/m,  couleur  jaune.  Devic  se  demande  si  safre  n'est 
pas  «  ô\J^j  :{a'faràn^  safran  (2)  privé  de  sa  finale,  comme 
dans  le  pluriel  yl^j  ^a'âjir.  Les  alchimistes  appelaient 
safran  de  Mars  (3)  l'ocre  rouge;  et  le  safran  des  métaux 
était  une  préparation  pharmaceutique  où  entraient  du 
soufre  et  de  l'oxyde  d'antimoine.  » 

Salep  (4).  Substance  alimentaire  tirée  des  tubercules 
d'orchis  et  dont  les  Orientaux  font  grand  usage.  Le  salep 
nous  arrive  ordinairement  de  la  Perse  où  on  le  prépare 
en  grande  quantité.  Les  tubercules  ont  une  faible  odeur 
de  bouc  surtout  lorsqu'on  les  humecte  (5).  Salep  vient  de 
wic^  sahlah,  salep.  En  arabe  Torchis  porte  le  nom  de 


(1)  Al-Bîroûnî,  qui  avait  d'abord  expliqué,  comme  Mas'oûdî,  le  nom  de 
Safar,  ajoute  à  la  fin  de  sa  Chronologie  Orientale  :  olT  »UjJ  ij^  Ji^j 
^^1^1  ^À-acâ  cjy^j^  jr^^-f^„  '  P*  325. 

(2)  Inutile  de  faire  remarquer  l'origine  arabe  de  notre  mot  safran. 

(3)  jua>JI  ûl^J  en  arabe. 

(4)  Esp  :  salep.  Ptg  :  salepo,  formes  modernes  et  probablement  dérivées 
du  français. 

(5)  V.  Diction.  d'Orbigny  s.  salep. 


SAPH  213 


,«JLdl  ^a^  khasâ  ath-thaleb,  testicules  du  renard  (i),  ex- 
pression qui  serait  devenu  ..J*^  thalab^  et  que  les  Persans 
prononcent  salep, 

Sambac.  Arbrisseau  nommé  aussi  jasmin  d^'Arabie  ;  de 
jj  j  ^anbaq,  oleum  jasmini,  jasminum  album.  (V.  Moqad- 
dasî.  pass.  et  Freyt.  )  En  Syrie  c'est  le  lis  blanc,  qui  croît 
sur  le  Liban  (2).  En  turc  j Jj  (  prononcé  ^ambaq  en  turc 
vulgaire)  a  aussi  le  sens  de  lis.  (V.  Dict.  turc-franç. 
de  R.  Youssouf.  )  Mais  la  signification  propre  du  mot  est 
jasmin  blanc. 

Sandal  ou  Santal.  Esp,  Ptg.  Cat»  Ital:  sandalo.  Ce  mot 
a  été  écrit  aussi  en  français  sentail.  Nous  pensons  avec 
Devic  que  malgré  le  grec  aavTâlov  ,  le  mot  a  subi  l'in- 
fluence de  JjLU?  sandal^  même  sens,  à  cause  de  la  persis- 
tance du  d  dans  la  plupart  des  formes  romanes.  Gawâlîqî 
ne  croit  pas  Ja:u^  arabe  (  Mu'arrab.  p.  100).  Devic  lui 
assigne  une  origine  indienne.  Au  rapport  de  Mas'oûdî, 
Zobeïda  «fut  la  première  qui  se  servit  de  palanquins 
d'argent,  d'ébène  et  de  sandal.  »  (Prairies  d'or.  VIII). 

Saphène.  Nom  de  deux  veines  de  la  jambe.  Esp  :  safina. 
Ptg,  safena;  de  ^U>  sâfin^  qui  est  dans  Gauharî^  et  que 

(1)  V.  Traduct.  d'Ibn  el-Beithar,  par  le  D*"  Leclerc. 

(2)  Spécialement  sur  le  mont  Gharîh ,  (  ^^  j^  )  ou  montagne  étran- 
ge, qui  domine  la  vallée  de  Ghazir. 


214  SARB 


Tha'âlibî  dans  le  ^iOl  -u3  (  Ed.  Cheikho.  p.  1 1 1  )  explique 
par  :  «  veine  de  la  jambe;  ^Lal)  JUl  ^i  ».  On  trouve  aussi 
ùû-  safîn,  et  ùjJL  sâfîn.  Il  est  difficile  de  rattacher  ces 
formes  à  une  racine  arabe.  Aussi  ne  vois-je  aucune  dif- 
ficulté à  admettre  que  j^U  dérive  de  aacpi^vr^s,  visible, 
apparent  «  à  cause  de  la  situation  de  ces  veines.»  (Devic). 
Sarbacane.  La  forme  correcte  est  sarbatane  (i)  qui  se 
trouve  dans  Balzac  (XVIP*  s.  ).  Le  changement  est  dû 
sans  doute  à  l'influence  de  canne  qu'on  croyait  y  retrouver 
(Litt.  ).  Es/?:  cebratana,  cerbatana,  zarbatana,  zebratane. 
H^  :  sarabatana,  saravatane.  La  forme  classique  est  ^'>IL  j 
^abaiâna^  ou  Z^^  sabatâna,  même  sens.  Mais  il  est 
certain  qu'un  r  s'est  glissé  après  la  première  syllabe. 
On  trouve  4J  IL  jj  ^arbaiâna^  forme  qui  n'était  pas  seu- 
lement connue  en  Espagne.  Harîrî  observe  que  déjà  de 
son  temps  le  peuple  disait  <Jlia>  jj  ^cirbatâna  au  lieu  de 
olkw.  sabatâna  (2).  Cest  naturellement  la  forme  employée 
par  l'émir  Ousâma  (  p.  1 64.  )  :  «  b  \jy^as^  ^\j  ^iL  jj  ^^j 
illla:i-l5  45-Ui)  iisAJ  i:^  v_i3lj  1*1  JaîU .  Je  tenais  une  sarbacane 

(1)  Le  Dict.  de  Trévoux  donne  sarbatane,  tout  en  avertissant  que  sar- 
bacane est  plus  usité. 

(2)  V.  l»i:;i)|  liJ  (s.  V^kjjj  )  Cet  ouvrage  est  une  compilation  assez- 
indigeste  d'un  Raja  Indien.  Cfr.  aussi  Harû'i  t;^!^-)!  «j^  •  p-  187.  éd. 
Thorhecke\  et  le  Commentaire  a^\yii\  Sji  7.^  d'Al-Khafâgî.  édit.  de 
Constantinople.  (  Imprimerie  ^\^\  ) 


SAVA  215 

quand  j'aperçus  un  moineau  sur  le  mur,  au  pied  duquel  je 
me  tenais.  Je  lui  lançai  une  balle,  mais  je  le  manquai.  » 

Sarrasin.  Esp,  Ptg  :  sarraceno,  sarracin.  Cat  :  sarrahi, 
sarrayn,  Val:  sarracé.  De  c^jt  charqiytn,  pluriel  de 
(i^  charqi,  Oriental,  adjectif  de  J^  charq,  Orient.  (Voy. 
Introduction  :  Observât,  générales,) 

Satin.  Probablement  de  (iy:>  j  ,  :^aïtoânt,  adject.  de  la 
ville  chinoise  de  Tseu-thoung,  que  les  Arabes  appelaient 
Zaïtoûn  (i),  où  se  fabriquaient  des  étoffes  de  satin.  Bouillet 
assure  que  le  premier  satin  est  venu  de  Chine.  L'arabe 
^eitoânî  est  peut-être  le  ^atouin  ou  :{atoui^  que  Du  Gange 
prétend  être  un  vieux  mot  français  signifiant  satin  et  dont 
il  voudrait  dériver  ce  dernier  mot. 

Savate.  Esp:  zapata,  zapatoP/g-:  zapato.  It  :  ciabatta. 
Bai'/a^:  sabbatum;  de  \s\^sabbâi,  savate,  pantoufle  sans 
talon  qui  laisse  le  cou-de-pied  à  découvert.  Le  mot  n'est 
pas  dans  Freytag.  Le  Mohît  le  donne  avec  la  note  Soî^. 
On  le  trouve  aussi  dans  Bocthor,  Dozy,  Paulmier^  Belot, 
Heury  (s.  savate);  Marcel  (s.  soulier)  donne  ]aC^  sans  le 
redoublement  du  ^  b,  et  ]aLJ  sabbat  (2).  A  savate  doit 
se  rattacher  étymologiquement  sabot. 

(1)  Pour  plus  de  détails  Y.  Dozy.  Gloss,  s.  v.  setuni. 

(2)  Cfr.  l'hypothèse  de  M.  de  Eguilaz  sur  l'étymologie  de  zapato.  11  nous 
a  été  impossible  de  retrouver   le  latin  sahatenum.  —  A  Constantine  «  les 


21 6  SCHI 

Sbirre.  It:  sbirro,  birro.  Esp:  esbirro.  D'après  M. 
Narducci  de  j\J\  asbar,  coegit,  detlnuit.  Mais  ce  n^'est  pas 
habituellement  le  passé  d'un  verbe  arabe  qui  a  fourni  des 
substantifs;  surtout  quand  le  sens  est  si  vague,  comme 
c'est  le  cas.  J'aimerais  autant  recourir  à  iJLp  sabbâra^ 
sentinelles,  soldats  qui  font  le  guet,  ou  à  (ijL^  sabârî, 
soldats  d'élite  (Dozy.  Supp.  ),  ou  à  birrum^  casaque  rouge 
(Litt.).  Le  lecteur  décidera. 

Scheat,  Sheat  et  Sead.  C'est  le  r  de  Persée  (i).  De 
OçL  sâHd^  littér.  avant-bras.  Sead  serait  l'orthographe  la 
moins  illogique.  Voltaire,  Arago,  etc.  écrivent  sheat. 

Schiite.  Sectateur  d'Ali;  adjectif  formé  de  'U^  Chfa, 
secte,  et  surtout,  celle  des  Schiites;  ou  peut-être  de  ^^^ 
chia'î  adject.  de  4»J;.  Dans  les  écrivains  arabes  ce  mot 
est  très  souvent  opposé  aux  Sunnites  ou  musulmans,  qui 
suivent  la  tradition  ou  ^l-  ^  sonna  :  celle-ci  contient  les 
paroles  et  actions  du  Prophète.  En  parlant  des  sectes  re- 
ligieuses de  l'Arabie,  Moqaddasî  indique  clairement  cette 
opposition  :  «  ^\j  .  . .  L-   r-jj  •L-*i^j  ^^j  ^Si  /v^*^-^j 

chaussures  les  plus  communes,  très  larges  et  très  découvertes  s'appellent 
sebbat  ».  Magasin  pittoresq.  1878.  p.  57. 

(1)  Devic  écrit;  «  Sheat,  étoile  de  2™"  grandem'  ^  de  Pégase  ».  Or 
dans  Pégase  il  n'y  a  pas  d'étoile  nommée  opU  ,  il  y  a  bien  ^jUI  ju^, 
mais  il  serait  violent  de  l'identifier  avec  Sheat. 


SEID 


217 


(p.  66.  lig.  3)  «  ♦  ZJU*  '  ♦  •  S-u^j  û^  Zu^j  '  Zc^^^j  j\^^  (^\j\ 
Sébeste.  Fruit  du  sébestier,  le  même  arbre  que  le 
j>3  d'après  Ibn  el-Beithar.  Or  le  j>j>  est  l'arbre  à  glu,  bien 
connu  en  Syrie.  «Ses  environs  (de  Beyrouth)  sont  de 
bonnes  terres...  avec  des  sébestes  dont  on  tire  la  glu.... 
On  fait  de  ce  fruit  concassé  et  bouilli  une  glu  excellente 
et  on  transporte  beaucoup  de  ces  fruits  en  Europe  »  (i)  ; 
de  Ol^-  sabastârij  sébestier. 

Sébile.  On  a  proposé  l'arabe-persan  J^*j  ^anbîl^  ou 
^y/j  ^abtl,  qu'on  rencontre  aussi  sous  la  forme  de  jJj 
^îbbîl.  Tous  ces  mots  sont  anciens  en  arabe  et  signifient  : 
panier  d'osier  destiné  à  renfermer  les  dattes,  corbeille^ 
sac,  besace  (V.  S/n,  Arab.  M°  624).  Dans  son  introdu- 
ction Moqaddasî  nous  dit  «  qu'il  a  tour  à  tour  possédé 
nombre  d'esclaves  et  porté  le  panier  sur  sa  tête  ;  cJ^j 

à:^J\  iS^^'>  i^  "^^-^  -b*^'  ^>  (  P-  44-  ^ig-  10.) 

Sécacul  ou  Seccachul.  «Plante  qui  croît  auprès  d'Alep 
en  Syrie...  Sécacul  est  un  mot  arabe  »  (Dict.  de  Trévoux). 
Esp.  et  Cat  :  sécacul.  Le  sécacul  est  une  sorte  de  pa- 
nais  ;  de  J»U*  chaqâqol,  même  sens. 

Séide.  De  0:3  laïd,  nom  d'un  affranchi  du  Prophète, 


(1)  D'Arvieux.  Mémoires  I.  339.  -  II.  334.  V.  aussi   Relat.  d' Ahdellatif. 
page   70. 


21 8  SÉLA 

aveuglément  soumis  à  ses  ordres.  (V.  Al-Makîn.  Historia 
Sarracenica  p.  9.  edit.  d'Erpenius).  Ce  nom  a  été  tran- 
scrit Séide  par  Voltaire  dans  sa  tragédie  de  Mahomet  (i). 
C'est  à  tort  que  Brachet  (Dict.  étym.  Introd.  LXIII)  voit 
dans  Séide  «  la  francisation  de  Tarabe  Saïd  »  qui  corres- 
pondrait à  JL»--.  sa'td^  heureux  ,  félix.  La  transcription 
dej  par  s  est  très  fréquente  en  français,  comme  on  peut 
s'en  convaincre  par  les  nombreux  exemples  cités  dans 
notre  Introduction  (V.  Lettre  3  ). 

Sélam  ou  Sélan.  Bouquet  de  fleurs  dont  l'arrange- 
ment forme  un  langage  muet(Litt.);  de  ^%^  salam,  salut, 
paix  (2).  Nous  ne  saurions  déterminer  comment  de  salut  on 
est  arrivé  au  sens  du  franc. sélam.  Cette  dernière  significa- 
tion n'existe  ni  dans  la  langue  classique  arabe  ni  dans  le 
dialecte  vulgaire.  Faut-il  assigner  la  même  origine  à  un 
autre  Selam}  On  appelle  ainsi  dans  l'Amérique  «  certains 
postes  disposés  le  long  des  côtes,  oij  les  Espagnols  met- 
tent des  Indiens  en  sentinelle  ;  ce  sont  comme  des  es- 


(1)  Séide  ne  se  trouve  pas  dans  la  6°**   édit.  du  Diction,  de  l'Académie. 

(2)  Premier  mot  de  la  formule  de  salutation  ^Jic.  y:^  salâm  '^alaïk, 
la  paix,  le  salut  sur  toi  !  d'où  Salamalec.  On  trouve  dans  d'Arvieux  «  on  lui 
fait  une  grande  salamalée^  c-à-d.  une  profonde  révérence  »  I.  85.  L'éditeui* 
aura  mal  lu.  C'est  évidemment  salamalec  qu'il  faut.  «  On  s'est  longtemps 
servi  de  cette  formule  à  Paris,  dans  les  repas,  pour  saluer  une  personne 
en  buvant  à  sa  santé  ».  Bouillet  (Dict.  scien  ). 


SENS  219 


pèces  de  guérites»  (Trévoux).  Mais  on  ne  voit  pas  que 
A%^  ait  eu  le  sens  de  signal. 

Séné.  Plante  et  médicament  purgatif.  Esp  :  sena,  senes. 
Plg:  sene,  senne.  Cette  plante  croît  spontanément  en 
Arabie  et  en  Egypte,  (i)  Ce  dernier  pays  a  eu  long- 
temps la  spécialité  d'en  fournir  toute  l'Europe.  Le  séné 
d'Alep,  ainsi  nommé  de  son  point  d'exportation,  est  moins 
commun  en  Occident.  La  quantité  de  séné  qu'on  trans- 
portait annuellement  dans  les  entrepôts  de  Boulac  s^éle- 
vait  à  environ  2  millions  de  livres  par  an.  a  On  en  fait  3 
lots  :  un  pour  Marseille,  le  second  pour  Ligourne  (sic),  et  le 
troisième  pour  Venise»  (2).  Séné  est  la  transcription  de 
l'arabe  iL  (3)  sanâj  même  sens.  Parmi  les  productions  de 
l'Arabie  Moqaddasî  cite  le  séné  de  la  Mecque  (  98. lig.  13). 

SeusaL  «  Tout  le  commerce  du  Levant  se  fait  par  le 


(1)  «Le  séné  croît  natui'ellement  dans  l'Egypte,  dans  la  Syi'ie,  dans 
l'Arabie,  qui  semble  être  le  pays  des  drogues  médicinales  et  des  aromates» 
(D'ArvieuxI.  341.) 

(2)  V.  Hasselquist.  Voyag.  au  Levant  :  II.  101.  et  Dici.  Univ.  (VHist. 
nat.  D'après  le  P.  Sicard  le  séné  ne  vient  pas  en  Egypte  «  quoique  les 
Egyptiens  en  fournissent  une  grande  quantité  à  TEm^ope;  ils  le  tii'ent  de  la 
Nubie  »  .  Discours  sur  l'Egypte. 

(3)  Ou  'Cl^  avec  le  madd. 

Enfin  d'habiles  gens  et  des  têtes  bien  saines 

N'am'aient  jamais  ici  fait  venir  le  séné. 

Que  la  nature  avait  tout  exprès  condamné 

A  prendi'e  sa  naissance  dans  des  terres  lointaines  ; 

De  peur  que  notre  monde  en  fut  empoisonné.  N.  Ch.  De  Vers. 


220  SEQU 

moyen  des  Sensals  ou  Courtiers.  La  plupart  des  Censals 
sont  Juifs  ou  Arméniens.  Ces  gens  entendent  le  négoce 
en  perfection  et  y  sont  très-rafinez.  A  l'égard  de  la  bonne 
foi  il  y  .en  a  infiniment  du  côté  des  Turcs  ;  mais  on  les  a 
trompés  tant  de  fois  qu'ils  sont  plus  sur  leur  garde.  Natu- 
rellement ils  aiment  la  Justice  et  la  droiture;  ils  tiennent 
leur  parole,  il  ne  faut  point  de  notaires  avec  eux.»  (V. 
D'Arvieux.  I.  79,  qui  écrit  indifféremment  sensal,  censal  et 
sansal),  Sensal  dérive  comme  Censal  {dont  il  n'est  qu'une 
variante  orthographique  )  de  jl-^jr" ,  simsâr.  Une  ancienne 
tradition  rapporte  que  ce  nom  aurait  été  changé  par 
Mahomet  en  celui  de  jl^  ,  marchands  ;  ^^  ^  ^-^'  ^^ 

On  peut  voir  dans  le  Mu'arrab  d'al-Gawâlîqî  les  autres 
preuves  de  l'ancienneté  de  ce  terme  jUc^  (p.  90  et  91). 

Sequîu.  Esp  :  cequi.  Pig:  sequim,  zequim.  It  :  zecchino. 
Grec  mod :  ^^8MPt  et  ^^^y^lvù  (i);  de  ^J^  sikkî^  denarius, 
adjectif  formé  de  'Ù^  sikka^  coin  à  frapper  la  monnaie, 
et  aussi  monnaie  en  général. 

Le  vieux  mot  français  Sequin,  épée,  est  la  transcription 
à  peine  altérée  de  0^  sikktn,  couteau. 


(1)  V.  Poèmes  historiques  en  grec  vulgaire^  par  Emile  Legrand.  On  re- 
marquera comment  le  grec  garde  fidèlement  l'accent  tonique  de  cnSC-  . 


SHER  221 


Sesban,  Sesbane  et  Sesbauie.  Genre  de  la  famille  des 
Légumineuses-Papil^ionacées,  très  communes  en  Egypte 
et  en  Palestine  ;  de  ûÇ^^  saïsabân^mème  sens.  D'après  le 
docteur  Figari  les  feuilles  de  cette  espèce  sont  employées 
comme  purgatives  en  Egypte  presque  aussi  souvent  que 
celles  du  séné,  (i)  On  ne  voit  pas  comment  cela  s'accor- 
de avec  l'assertion  des  Oby^  d'Ibn  el-Beithar:  «  la 
sesbane  constipe  :  4«Jaîl  ^_^  .  »  A  part  cela;  les  descrip- 
tions des  modernes  cadrent  avec  celles  des  auteurs 
arabes. 

Shagarag  ou  Sheregrig.  La  première  orthographe  est 
de  Shaw;  la  seconde  de  Bruce.  C'est  un  rollier  de  la 
grosseur  et  de  la  forme  du  geai,  avec  un  bec  plus  petit  et 
des  pieds  plus  courts  ;  le  dessus  du  corps  brun,  la  tête^ 
le  cou  et  le  ventre  d'un  vert-clair  ;  des  taches  d'un  bleu 
foncé  sur  les  ailes  et  la  queue.  Le  mot  est  une  altération  de 
Jj3^^  chiraqraq  ou  3^}J^  charaqrâq^  qui  d'après  les 
dictionnaires  désigne  le  pivert.  On  trouve  aussi  Jl^ 
chaqrâq,  Bruce  pense  que  le  Sheregrig  doit  son  nom  à 
l'éclat  de  son  plumage  et  il  le  dérive  d'un  mot  qui  signi- 
fie briller  {Vojag.Y.  215),  sans  doute  de  Jjt  charaq, 
briller. 


(1)  Dict.  d'ffist.  Nat.  (d'Orbigny). 


222  SIRO 


Simoun  ou  Semoun.  Esp  :  semun;  de  ^yr'  samoûm^ 
vent  brûlant,  littér.  empoisonné,  de  ^  samm^  empoi- 
sonner,  (i)  D'après  le  ^.Jiîl  i^  le  ^^.^  et  le  j/j>.  haroâr 
(de  "j-  chaleur)  désignent  tous  deux  un  vent  brûlant. 
Aboû  'Obeida  et  le  Kitâb  al-Gerathîm  (2)  établissent  en- 
tre ces  deux  mots  une  distinction  :  le  samoûn  serait  le 
vent  chaud  qui  souffle  le  jour,  et  le  haroâr  celui  qui  se  fait 
sentir  la  nuit  (V.  Glossar.  Biblioth.  Arab  SicuL  II.  830.) 
Sur  les  terribles  effets  du  semoum  on  peut  voir  Ibn  Batoû- 
ta.  I.  259  et  261. 

Siroco  ou  Siroc.  [De  J^  charq,  orient,  disent  les 
étymologistes,  ou  de  i'jt  charqi,  oriental  (vent.)  Seule- 
ment à  la  place  du  soakoûn  arabe,  toutes  les  langues 
européennes  mettent  un  0  qui  porte  Taccent  tonique.  Ital  : 
scirocco,  scilocco.  Esp.  xaloque,  jaloque.  Maj.  xeloque 
Cat,  xaloch,  xaloque  Ptg,  :  xarouca.  Val  jaloch.  Prov.  :  si- 
roc,  eyssiroc.  (3)  Cette  unanimité  ferait  croire  à  Texistence 
d'une  ancienne  forme  vulgaire  3)j^    charoûq,  Aujour- 


(1)  D'après  Niebuhi'les  Arabes  reconnaitraient  le  simoumà  une  odeiir 
de  souffre  (I.  11),  Palgrave,  qui  donne  du  simoun  une  description  détaillée 
et  quelque  peu  théâtrale,  ne  dit  rien  de  semblable  V.  Voyage  en  Arabie 
I.  22. 

(2)  V,  XiOl  *Si  p.  355.  D'importants  extraits  du  Kitâb  al-Gerathîm  ont 
été  publiés  à  la  suite  du  uUI  *2»  ,  par  le  P.  Cheikho   S.  J. 

(3)  Devic  cite  encore  d'autres  formes  où  Vo  persiste  toujours. 


SODA  223 


d'hui  le  peuple  dit  J^  choloûq  ou  cheloûq  comme  on 
prononce.  Les  Européens  résidant  au  Levant  n'ont  pas 
d'autre  terme  pour  signifier  ce  vent  chaud  et  désagréable, 
qui  souffle  du  côté  de  l'Est,  surtout  en  automne  et  au 
printemps. 

Quoiqu'il  en  soit,  en  partant  de  3jt  on  peut  appliquer 
à  sirocco  l'explication  phonétique  dont  nous  avons  parlé 
dans  l'Introduction  à  propos  de  énif^  algénib,  camocan, 
sarrasin.  Ce  dernier  exemple  surtout  aide  à  faire  com- 
prendre la  présence  d'une  voyelle  adventice  portant 
l'accent  tonique. 

Soda.  Mot  employé  en  médecine  pour  signifier  le  mal 
de  tête  ou  céphalalgie  (  Bouill.  Scien.  )  Transcription  de 
ç-lo^  so^'  (i)  mal  de  tête;  tandis  que  XilZ.  de  jt  fendre 
est  la  migraine;  comme  l'établit  nettement  le  passage 
suivant  du  Foqh  al-lougha  (p.  121  )  ^5  ^\J\  à  ^)^  Ù^V^^ 
^I!:  ^  ^\j\  j^  f\,  J^  iSlj  ç.l-uall  ;  Qalîoûbî  dit  aussi  que 
((  la  4LI!:  est  la  soda  ou  céphalalgie,  quand  elle  est  bornée 
à  l'un  des  côtés  de  la  tête  ;  ^U  -uL  ^i^  j-i-UallT^  aLUîI 
«^IJl  (V.   ÙJI  ^.Uli .  Journ.  asiat.  Oct.    1865.  p.  396.  ) 


(1)  Et  nou  de  souad,  comme  le  prétend  Bouillet.  De  p,|jud0n  a  formé  ^.jua 
causer  le  mal,  de  tête.  ^jOJ  JJ9J  pâ^  ^yi\  ;  (Al-Bîroûnî.  ChronoL  Orient.) 
passage  à  ajouter  aux  exemples  cités  dans  Dozy.  Supplém.  s.  ^jua . 


224  SOFA 

«  Galien  parle  du  silure  et  dit  que  pour  calmer  instanta- 
nément une  violente  douleur  de  tête  ou  une  migraine,  il 
faut  rappliquer  vivant  sur  la  tête  du  malade  le  cJl»>.  6^ 
.  il  Xiltj\  j^j^tçAj.^  A)  yy*  ^Ijl  (i).  C'est  sans  doute  par 
une  distraction,  dont  les  plus  grands  savants  ne  sont  pas 
toujours  exempts,  que  M.  Barbier  de  Meynard  traduit  ici 
XLlt  par  blessure.  Le  contexte  d'ailleurs  demande  autre 
chose. 

Sofa  ou  Sopha.  Esp.  Ptg,  et  Ital.  sofa.  Ptg  :  sopha.  De 
4Â,^  soffa,  coussin  que  l'on  met  sur  la  selle.  Ce  mot  a  si- 
gnifié encore  plus  tard  estrade,  banquette,  (2)  divan  et 
sofa.  Dans  Mas'oûdî,  le  père  d'Ibn  Bassâm  est  représenté 
«  assis  sur  un  sofa^  au  milieu  de  sa  chambre,  d'où  il  pou- 
vait jouir  de  la  vue  de  son  jardin,  de  son  enclos  de  ga- 
zelles, etc.  «  OVjiil  J^  Jcj  ij\l^\  ^  L:-«  ^j^jfiij  4fl^  ej-U?  (jij 

(VIII.  269).  Le  mot  est  aussi  dans  Ousâma  fils  de  Mon- 


(1)  Praii'ies  d'or.  IL  392.  Tout  en  reconnaissant  le  mérite  de  TœmTe  de 
M.  B.  de  Meynard,  nous  osons  prendre  la  liberté  de  lui  signaler  encore  la 
traduction  inexacte  de  quelques  passages  du  discours  prononcé  par  ^Alî  à 
la  bataille  de  Siffin  (IV.  355),  et  dans  le  V"^^  vol.  les  pages  29  et  30.  Nous 
avouons  que  ce  dernier  morceau  est  d'une  difficulté  désespérante.  Quand  on 
en  demanda  l'explication  dans  la  classe  de  rhétorique  arabe  de  notre 
Université,  des  élèves,  d'ailleurs  intelligents,  avouèrent  n'avoir  pas  com- 
pris; et  pourtant  c'était  leur  langue. 

(2)  Cfr.  cette  comparaison  originale  de  Moqaddasî  sur  la  Péninsule 
arabique  :  «  ^  ^^^  i^i  ^'j  j5  J>  jil    l^   îlo  Jx^  S^  j?JI   oi*  J^  ù\ 

îi-JI  Ifilj  Jl  UjJU»  ...» 


SORB  225 


qid  (p.  7  etc.)  dans  le  sens    de  banquette    ou  sofa. 

On  appelait  Z.^\  ^\  (i)  certains  pauvres  mouhâgirs^ 
qui  dormaient  dans  la  mosquée  de  Médine  pendant  la  nuit. 
On  est  parti  de  là  pour  dériver  Soufi  (V.  ce  mot)  de  ^^• 

Sorbet.  Ei'p  ;  sorbete.  Ptg  :  sorvete.  //a/ ;  sorbetto  ; 
de  la  forme  pluriel  Zj\jt  charbât,  prononcé  vulgaire- 
ment charbèt  ;  ou  simplement  de  i^  comme  dans  ce 
passage  d'Ibn  Batoûta  :  «  on  apporte  des  coupes  rem- 
plies de  l'eau  du  sucre  candi,  c'est-à-dire  de  sirop  délayé 
dans  de  l'eau.  On  appelle  cela  du  sorbst  ;  ^Ic  S^  r\^\  i\ 
\j^\  dDS  û^l^ j  <J^\  yfcj  OU)  »  (  III.  1 24,  207  et  pass.  ) 
«  Le  cherbet,  ou  comme  nous  disons  le  sorbet^  ne  se  trou- 
ve que  chez  les  Princes  et  quelquefois  chez  les  Cheikhs, 
qui  sont  riches.  (2)  On  le  sert  dans  les  visites  comme  nous 
servons  en  France  la  limonade  ,  Torgeat  et  autres  li- 
queurs. ))  (D'Arvieux,  V.  272.)  Le  persan  et  le  turc  ont 
aussi  sZ^'A'  dans  le  sens  de  sorbet. 


(1)  Dans  une  note  de  la  traduction  des  Prolégomènes  d'Ibu  Khaldoûn 
îlall  JaI  est  rendu  par  gens  de  la  banquette  ou  sofa  (  III.  86.  )  et 
l'on  ajoute  que  ces  mohdgirs  «  se  tenaient  assis  sur  une  banquette,  à  l'ex- 
térieur de  la  mosquée,  pendant  le  jour  »  (Ibid.)  Seulement  7Xa  désigne  ici 
un  endroit  du  temple,  couvert  avec  des  branches  de  palmier.  (Cfr.  Freyt. 
Mobît,  :>j|^|  ^j\   et  Dict.  arabes  en  gén.) 

(2)  «  Le  Sorbet  est  une  espèce  de  limonade,  musquée  et  ambrée,  qui  est 
assez  bonne  »  P.  Nau.  Vog.  de  la  T.  Sainte,  p.  557.  Du  Loir  écrit  ha- 
bituellement cherbet  :  «  Il  nous  fit  boire  du  cahué  et  du  cherbet,  et  il  nous 

'5 


226  SOUF 


A  la  même  racine  se  rattache  Sirop.  Il  vient  de  ^\jt 
charâb,  qui  en  vulgaire  a  le  sens  spécial  de  sirop  (  Belot , 
Heury,  etc.  )  ;  sens  qu'on  retrouve  aussi  dans  les  traités 
de  médecine  arabe  :  «  ^\j-t\^  J^\  ©6.,^^  juajj  ;  on  le 
rend  épais  comme  du  sirop,  au  moyen  du  sucre  )>  dit 
Qalioûbî,  en  pariant  d'une  décoction.  (  V.  il^\\  ^XA^ 
de  Qalioûbî,  passim.) 

Souche.  Berry  :  soche.  Bourguign  :  suche.  Prop  :  soc, 
socca.  It  :  zocco.  Esp  :  zoca.  Cat.  et  Val  :  soca.  Bas  lat  : 
zoccus,  soccus.  D'après  Brachet  l'origine  de  souche  est 
inconnue.  M.  de  Eguilaz  fait  remarquer  que  :{Oca  en  An- 
dalousie désigne  la  tige  de  la  canne  à  sucre,  et  il  n'hésite 
pas  à  y  voir  l'arabe  JL  sâq,  tige  d'une  plante.  Pour  les 
changements  phonétiques  voy.  l'Introduction  :  alef, 

Soufi.  Ecoutons  Ibn  Khaldoûn  :  «  Lorsque  dans  le  se- 
cond siècle  de  l'islamisme  le  goût  pour  les  biens  -du 
monde  se  fut  répandu.  .  .on  désigna  les  personnes  qui  se 

consacrèrent  à  la  piété  par  le  nom  de  soufis...  Soufi  vient 

> 
très  probablement    de  ^Jy^^oûf,  laine,  car  la  plupart  de 

ces  dévots  portaient  des  vêtements  de  cette  étoffe  pour 

se  distinguer  du  commun  des  hommes,  qui  aimaient  le 


fit  parfumer  sous  une  tavayole,  que  deux  valets  tenaient  étendue  sur  notre 
tête  »  p.  315.  Dans  les  Voyages  du  Sieur  Lucas  on  lit   sorbec. 


SOUF  227 


faste  dans  les  habits.»  (i)  Voilà  l'étymologie  générale- 
ment admise.  Al-Qocheïrî  (2)  n^en  veut  pas.  D'après  lui 
«  on  ne  saurait  assigner  à  ce  nom  une  étymologie,  qui  soit 
tirée  de  la  langue  arabe  et  conforme  à  Tanalogie  ;  on  ne 
peut  pas  le  dériver  de  soi2/,  laine,  vu  que  les  soufis 
n'avaient  pas  l'habitude  de  se  distinguer  des  autres  en 
portant  des  vêtements  de  laine.  »  (3)  Il  se  peut  bien  que 
Al-Qocheïrî  ait  raison  et  que  j,^  ne  soit  qu'une  trans- 
cription de  (^o(f6g.  On  a  pu  donner  ce  nom  aux  sages  de 
Vîslam,  de  même  que  les  Pères  de  l'Eglise  appelaient 
g)<Ao(70(3pot  les  moines  chrétiens.  Les  Arabes  perdant  de  vue 
cette  dérivation,  comme  pour  beaucoup  d'autres  termes  (4), 
auront  cherché  à  souji  une  origine  dans  leur  propre  lan- 
gue (5).  C'est  exactement  l'opinion  de  l'illustre  Al-Bîroûnî. 
Après  avoir  résumé  la  doctrine  des  philosophes  (^J^l) 
grecs,  il  ajoute  :  «  \y.^  ^b  ^  ^}{S  r^  /-M^-Vl  (J  w*aS  llj 

^poc  ç^  ^}^^  /^b  i^l  ci'  ltP^  Ctr^  (^^^,  <--^'  "-Îj*  f-J  (^é*^\ 

(  1  )  Prolég.  m.  60. 

(2)  Théologien  musulman,  mourut  en  1072  de  J.-C.  Voy.  la  note  que  lui 
consacre  De  Slane  Prol.  I.  456. 

(3)  Comparez  pourtant  ce  que  raconte  Moqaddasî.  p.  415.  ligne  7  : 
ïl-vô  ci>-tf  *^\^J  •  ♦  ♦  v^l  0-Ua3  .  Aussi  les  soufis  le  prennent-ils  pour  un 
des  leurs  :  «  'jj;^  uijVI  ijiij  J  j,^  c^,J  Oi  îuâ^l  ,^Jb^  Jl  b-à-vj  »  •  (Ed. 
de  Goeje.  ) 

(4)  Cfr.  Jx{jf ,  dUll  J^l  Alchimélech ,  ùl5>. 

(5)  Dans  Mas'oûdi  le  costume  d'un  soufi  est  ainsi  décrit:  «  oU  *Jlt  J>j 
Z^-j^   i^y^  j:^,r>  (VII.  39)  . 


228  SULT 


♦  (2)  «  ^^\  sJyP  ^  ju>3  ^':>  -U)  Ji^  <  (l  )  ^♦^L-^  ^1 
[Al-Biruni's  India.  Edit.  E.  Sachau.  p.  16.  lig.  6). 

Sucre.  Du  lat.  saccharum  dit  Brachet.  Mais  saccharum 
n'aurait  pas  fait  sucre.  Comment  expliquer  d'ailleurs  l'ac- 
cord des  langues  européennes  à  prononcer  a  au  lieu  de 
a.  (  3  ).  Le  sucre  n^'a  été  vraiment  connu  que  depuis  les 
croisades,  et  surtout  depuis  que  des  ouvriers  Tyriens  ap- 
portèrent à  l'Europe  les  secrets  de  la  fabrication  syrien- 
ne (1239).  L'exportation  du  sucre  formait  un  des  princi- 
paux articles  du  commerce  de  Tyv  [Moqad.  p.  180.)  Pour 
conclure  nous  croyons  avec  M.  Devic  que  sucre  a  subi 
l'influence  de  Jd-  soukkar^  même  sens.  (4) 

Sultan.  Vieux  franc.  :  soudan  et  soldan  qu'on  trouve 
encore  dans  Fléchier.  «  Un  Religieux  de  S'^  François  du 


(1)  V.  plus  haut  sofa. 

(2)  L'éminent  écrivain  consent  ensuite  à  faire  mention  honorable  de 
l'ingénieuse  explication  trouvée  par    'j^xll  ^ciM  j>\  •    La  voici  :  «  jj-ll)l  ^jUj 

j^^    Jl-d  ^si  -3'iP  ^,— VI  \Sa  JsJI   C^J  >Jj^\  ^^  UîZi.*  ojjiàj    CijG  ljj»XX>lj  'à^^\  j 

"j^-âîl  w-.|j  J>- .  (Al-Bîroûnî,  ibid). 

(3)  V.  Dict.  étym.  de  M.  Devic  (s.  sucre). 

(4)  Le  Diction,  de  d'Orbigny  affirme  que  la  culture  de  la  canne  à  sucre 
ne  fut  introduite  en  Syrie  qu'au  XIV^®  siècle.  C'est  une  erreur.  Les  Croi- 
sés en  arrivant  en  Ôyrie  y  trouvèrent  en  pleine  prospérité  cette  industrie, 
qui  ne  fit  que  s'accroître  sous  le  gouvernement  des  rois  latins.  (V.  Colon, 
franq.  248).  Dans  la  province  de  *^Omân  la  canne  à  sucre  était  cultivée  en 
grand  du  temps  dlbn  Hauqal.  (V.  Edit.  de  Goeje.  p.  36.  note  m.)  La  vallée 
du  Jourdain  était  couverte  de  plantations  de  cannes  à  sucre,  wLoSVI  ç,j\y 
(Moqaddasî.    162  lig.  9.) 


SUMA  229 


couvent  de  Jérusalem  vint  député  du  Soldan  d'Egypte 

vers  les  Rois  Catholiques.»  Histoire  de  Ximénè s.  II,  p.  158. 

> 
Quant  à  Soudan  (géogr.)  il  vient  de  0^^^  soûdân,  plur.  de 

^yJ  aswadj  noir.  Le  Soudan  est  appelé  par  les  Arabes 
ûb^l  :>>l  bilâd as-Soâdân  [i) ^  pays  des  noirs.  Sur  la  sy- 
nonymie d'Abyssins^  Zeng  et  Soudan  on  peut  consulter  les 
Prolégomènes  d'Ibn  Khaldoûn.  I.  171.  Trad.  de  Slane. 

Sumach  ou  Sumac.  Plante  appelée  aussi  vinaigrier. 
Esp:  zumaque,  çumaque.  Ptg  :  summagre.  //:  sommaco;  de 
jCl  soummâq,  même  sens,  qui  porte  en  arabe  le  nom  de 
sumac  des  corroyeurs  (2),  parce  qu'il  était  employé  par  les 
tanneurs.  On  s'en  servait  aussi  pour  assaisonner  les  mets 
ou  comme  collyre,  après  l'avoir  fait  mariner  dans  l'eau  de 
rose.  Actuellement  encore  «  c'est  pour  l'Oriental  un  ré- 
gal de  saupoudrer  sa  galette  de  pain  des  graines  extrê- 
mement acides  du  sumac.  »  (  3  )  Dans  la  Pharmacopée 
Universelle  le  sumach  est  nommé  parmi  les  remèdes  res- 
serrants.  Le  jt^  est  encore  cité  parmi  les  productions  de 


(1)  «  oLiy  etùb^^  se  disent  des  hommes  seulement  ;  s'il  s'agit  des 
animaux  on  emploie  ja^^  et  ^^^  »  .  De  Slane. 

(2)  Ce  nom  lui  est  conservé  en  français.  —  «La  glu  qu'on  tire  du  fruit  de 
l'arbre,  appelé  cordia  sebesten  est  un  des  articles  les  plus  considérables  de 
son  (la  \ille  de  Seyde)  commerce....  Le  sumach  y  est  aussi  fort  abondant.  » 
Hasselquist  I.  240. 

(3)  Souvenirs  bibliques;  par  le  P.  JuUien.  S.  J. 


230  SUMB 


la  Syrie  dans  Moqaddasî  (  i8i  ),  Yaqoût  (IV.  1005.  )  Ibn 
Hauqal  parle  du  sumac  de  Sangâr  en  Mésopotamie,  et 
dans  les  environs  d'Alep  une  montagne  en  avait  retenu  le 
nom  :  Jlr-'i  J^  mont  du  sumac.  (V.  Geogr.  arab.  Gloss. 
264.  édit.  de  Goeje.  ) 

Sumbul.  Plante  ombellifère  de  la  Perse  dont  on  extrait 
une  matière  médicale  (  Litt.  )  ;  de  Tarabe-persan  JJ- 
sounbouU  qui  désigne  le  nard  indien.  Aujourd'hui  on  s'ac- 
corde à  en  faire  une  Valériane  (i).  Râzî  et  Ibn  el-Beithâr 
en  font  des  descriptions  détaillées.  Le  Sounboul  croît 
aussi  en  Syrie  (Moqaddasî.  p.  181.  1.  11). 


(1)  D""  Leclerc.  Traduct.  d'Ibn  el-Beithâi\ 


TABA  231 


Tabaschir,  Tabashir,  et  Tabaxir.  Transcription  de 
jClCU  iabâchîr,  concrétions  siliceuses,  qui  se  forment  dans 
les  entre-nœuds  des  bambous  (i).  Ce  fait  singulier  de 
concrétions  pierreuses  à  l'intérieur  des  végétaux  a  frappé 
l'imagination  des  peuples^,  qui  habitent  les  contrées,  oij 
croissent  les  bambous.  Aussi  leur  ont-ils  attribué  des 
propriétés  merveilleuses.  Râzî,  Avicenne,  Ibn  el-Beithâr, 
Soyoûtî^  Qalioûbî  sont  unanimes  là-dessus  ;  (2)  et  le  Dict. 
de  Trévoux  n'a  garde  de  médire  du  tabaxir.  Voici  à  pro- 
pos de  cette  singulière  panacée  une  épigramme  d'Ibn 
Bassâm,  contre  son  propre  père  Aboû  ôaTar  ; 

«  Le  pain  d'Aboû-6aTar  est  un  tabaschir  plein  d'aromates 
et  de  simples.  C'est  un  remède  à  tous  les  maux,  douleurs 
de  ventre,  de  la  poitrine  et  flux  de  sang.»  (Cité  par 
Mas^oudi.  VIIL  262  ). 

(1)  C'est  la  définition  de  Massergouaïhi,  cité  par  Ibn  el-Beithâr  : 
'j-i^\  1-2)1  o>>  j  Ji>.ji  «^  yh  jji-lJa)!.  Le  tabaschir  est  une  substance, 
qui  se  trouve  à  l'intérieur  de  la  canne  indienne  ». 

(2)  Voici  ce  qu'en  dit  Syoûtî  :  itiJL«3l  J,-iù)lj  >»jl)I  oJ3j  JU-JI  ^  fJci 
ji-jjVl  yiUtiiJI  t-^j    ïki>JI    n-jilij  j^\j^   ;ojl  iiSlS  ii-jj.îXpi   ^j^j  jjJUa)!  ^jj 

(  ùy«^l  ciUi3lj  ù>9jJlI  Jéai\  )•  CrÇoJjUj    . 


252  TALC 

Tabis.  Étoffe  de  soie  (i).  Esp.Ptg.  Ital  :  tabi.  Bas  lat: 
attabi.  Vieux  fr  :  thabit,  zatabiz.  De  c^Èp  'atéâbt,  étoffe  de 
soie,  comme  le  dit  expressém.ent  Istakhrî  (199.  1.  3.). 
^^JCj^'  ^L^l  JL-j  c^bJ);  rattâbî  et  autres  étoffes  de  soie»: 
Ou  comme  parle  Ibn  Hauqal  \^^J^\  u-jLi!l  JLj  ^^ilj  c^ÉJ*- 
(261.  lign.  II.) 

Talc.  Esp\  talco.  talque.  Ptg:  tâlco.  De  ji£  ta/^, 
même  sens.  De  Monconys  écrit  talk.  Ibn  el-Beithâr  nous 
apprend  qu'on  en  fabriquait  des  vitres  pour  les  bains  etc.. 
ttUjII  aII«  pAjj  Ol*L^  (ijUa^  ^J^*  Les  alchimistes  en 
faisaient  aussi  grand  usage  ;  voici  sur  le  talc  une  de  leurs 
formules  conservée  par  Mas'oûdî. 

«Prends  le  talc  avec  l'ammoniaque  et  avec  ce  qui  se 
trouve  dans  les  chemins  ;  prends  une  substance  qui  res- 
semble au  borax  et  pondère  tout  cela  sans  commettre 
d'erreur;  puis  si  tu  aimes  ton  Seigneur,  tu  seras  maître 
de  la  nature.))  (2) 


(1)  «  Ma  grande  Croix  de  chevalier  était  passée  dans  une  large  ruban 
de  tahis  blanc.  »  (D'Ai'vieux.  III.  510).  Sui*  jô:&   V.  Dozy  et  Suit,  Mamel. 

(2)  Prairies  d'or.  VIII.  176.  Trad.   de  M.  Barbier  de  Meynard.  Dans 


TAMB  23) 


Talisman.  Esp  :  talisma.  Pig  :  talismâo.  Val  :  talisma. 
De    ^1%  \ilasm  ou  tillasm^  même  sens,  du  grec  zéXeafia. 

Voici  à  propos  de    ^J^    un   spécimen  de    la  science 

des  étymologistes  arabes  :  «  JiÂl  jtil  •  ♦  •  ^>U  Jly  i  ^J  j^^b 

.  JaL^  ^p|  <r-l  ^^  ^;>  i^lTi:!  :  ^tl) .  ji^^V  S-Up  'ôIû^  jl>^ 
Sur  ce  mot  il  y  a  trois  opinions  principales...  d'après  la 
deuxième,  c'est  un  mot  grec  signifiant  nœud  insoluble; 
d'après  la  troisième  c'est  un  anagramme  de  JaL,^  »  (i). 

Tambour.  Esp  :  tambor,  atambor.  Ptg:  tambor.  Bas  lat: 
tabur,  taburcium,  taburlum.  //.•  tamburo.  Il  me  semble 
difficile  de  dériver  ce  mot  de  l'arabe  jj3a  tonboûr,  qui  dans 
la  langue  classique  ou  parlée  n'a  jamais  désigné  qu'une 
lyre  (2),  guitare,  ou  mandoline,  comme  traduit  M.  Bar- 
bier de  Meynard.  La  dérivation  du  persan >^  tabtr  (3) 
me  parait   également  forcée.    A  toutes  ces  explications 

ces  vers  noas  rencontrons  le  mot  borax  qui  dérive  de  Faratjp  Jj,^  boûraq, 
même  sens,  venant  lui-même  du  persan  ojy  hoûrah.  «  On  trouve  le  borax 
en  Perse  »  (Trévoux.  )  Le  pluriel  de  Jj^  est  Jjl^^  employé  quelques  li- 
gnes plus  haut  par  Mas 'oûdi  (175).  Tout  ce  passage  est  cm'ieux.  On  y 
rencontre  plusieurs  termes  d'alchimie,  les  élixirs  obj-i'VI  -,  les  alambics 
(de  ^yVI  ) .  les  cornues,   la  solidification  du  mercure,  etc. 

(ly^.Ajr-Râgheb:  ^ikLl  "L^^^j  ^\J\  x:^Jl^  V.  aussi  jjiiJI 'Ui^  p.  153. 
Cet  anagramme  rappelle  assez-bien  celui  qu'on  fit  sur  la  «  révolution  fran- 
çaise »,  un  Corse  te  finira. 

(2)  Mu'-arrab.  p.  102  et  le  Kitâb  al-AghânU  pas.  Mas^oûdî  VIII.  15. 
89.91  etc.  Hist.  Orient,  des  crois,  pass.  Cfr.  pourtant  le-  ojj^  de 
Bâsim  le  Forgeron  (texte,  égypt.  p.  5  ). 

(3)  Devic.  Dict.  étym.  s.  tambour. 


234  TANZ 


je  préfère  l'arabe  jlU  tabl,  tambour,  au  pluriel  JjJ^ 
touboâlj  avec  lequel  tabour  (i),  tabourln^  tabouriner,  ta- 
bourdeur,  comme  on  disait  autrefois,  ont  bien  de  la 
ressemblance.  Il  suffit  d'admettre  le  changement  de  /  en 
r  (2).  De  tabour  dérive  Tabouret.  A  cause  de  la  commu- 
nauté d'origine  nous  faisons  suivre  ici  : 

Timbale.  Esp  :  atambal,  atabal;  en  ital:  taballo,  vient 
encore  de  J-U  iabl,  (vulgairem.  prononcé  tabal.  V.  Introd. 
Observ*  gén.)  qui  désigne  en  général  un  tambour.  Les  tim- 
bales nous  sont  venues  de  l'Orient.  (Trévoux  ).  Ici  encore 
un  m  s'est  glissé  avant  le  b^  peut-être  sous  l'influence  du 
lat.  tympanum.  Pour  expliquer  l'insertion  de  m  dans  tam- 
bour on  peut  en  rapprocher  trombe  dérivé  du  latin  turbo. 

Tandour.  Instrument  de  chauffage  chez  les  Turcs,  de 
jj:Lr  tannoûr  (V.  athanor  et  Prov.  Arab.  14.)  four,  duquel 
les  Turcs  ont  fait  tandoûr.  V.  jj  j.:j   dans  Mallouf 

Tanzimat.    Ensemble    des    réformes    administratives 

(1)  Cette  étymologie  est  assez  clairement  indiquée  dans  le  Dict.  de 
Trévoux.—»  Des  jarres,  dont  l'ouverture  paraît  recouverte  d'un  parchemin, 
et  qui  cordées  sur  les  côtés  comme  un  tambour  étaient  sans  doute  cette 
espèce  d'instrument  nommé  tabor,  qui  dans  les  premiers  siècles  s'accor- 
dait avec  la  harpe,  et  dont  on  se  sert  encore  en  Abjssinie.»  Bruce 
Voyage  en  Nubie  I,  140.  En  note  on  ajoute  que  l'instrument  tabor  se  nom- 
me aussi  Tabret. 

(2)  V.  Introduction.  «  Tel  noise  i  avait  de  tabour z  et  de  tymbres,  de 
cornes,  de  criz  etc.  »  Continuateur  de  Guillaïune  de  Tyr.  (  Historiens  Occi- 
dentaux des  Croisades.  H.  p.  543 . 


TARB  2^5 


décrétées  par  le  Sultan  Abdul-Medjid  (i).  De  cXlkS 
tanzîmât,p\ur.de  JkS  taniim^  j-i^a^  de  Jaî,  mettre  en 
ordre.  A  la  même  racine  se  rattache  Ni;{am,  troupes 
régulières  en  Turquie;  de  ^llaî  nhâm^  ordre.  C'est  aussi 
le  titre  du  roi  du  Décan  dans  l'Hindoustan.  Sur  la  pronon- 
ciation turque  de  J^  Voy.  Introduction, 

Taraxacum  ou  Taraxacon.  Chicorée  sauvage;  de 
ôJÂi^Jatarakhchaqoûny  même  sens.  Ibn  el-Beithar  en  parle 
sous  les  rubriques  ùy-l^ji^  et  l-U*  .  M.  Devic  croit 
aussi  avoir  trouvé  la  forme  ûy^jt  iarachaqoûn  encore 
plus  voisine  de  taraxacon  (  V.  Dict.  étym.  s.  v.  )  Dozy 
(  Supplém.  )  note  ^^)^  et  autres  altérations  plus  ou 
moins  fortes  de  ôyit^ja . 

Tarbouch.  Bonnet  de  couleur  rouge  (  Litt.  )  Transcri- 
ption de  J-y^j»  tarbouch  ou  ^y  ja  iorboûch,  même  sens* 
C'est  probablement  une  altération  de  J^ji^  ,  mot  sur 
lequel  on  peut  consulter  Quatremère  (Sultans  Mamelouks. 
I.  i^^  part.  p.  245).  Le  comte  Henri  de  Champagne  écri- 
vit à  Saladin  pour  «  lui  demander  un  habit  d'honneur  : 
Tu  sais,  lui  disait-il,  que  l'usage  de  la  tunique  et  du  char- 
boûch  est  chez  nous  un  déshonneur.  Je  les  revêtirai  de 


(1)  La  Turquie  et  le  Tanzimat.  par  Ed.  Engelhardt.  Paris.   1882. 


2^6  TARG 

ta  main,  par  amitié  pour  toi.  J^jî^^b  *U]l  ^  0^  J^  sZ^\ 
♦  «  dlî  £^  diu  L^l  tij^,.-P  1*-up  (i).  Dozy(y^/^m^/i/5'.p.  220. 
250  et  289),  a  longuement  décrit  le  tarbouch  (2). 

Targe.  Espèce  de  bouclier  (3)  carré  et  courbé.  «  Il  y 
avait  sur  la  selle  de  chaque  cheval  de  main  une  Targe  ou 
bouclier  de  vermeil  doré.  »  (4)  Esp  :  tarja,  adarca,  adarga. 
Cat.  et  Ptg  :  darga.  Ptg  :  adarga.  Il  est  plus  que  proba- 
ble que  les  formes  hispaniques  dérivent  de  4»jjJI  (5)  ad- 


(1)  Kâmil  d'Ibn  al-Athîr.  Histon  Crois.  II.  P°  part.  59. 

(2)  Il  est  à  croii'e  que  si  l'illustre  savant  avait  séjourné  quelque  temps 
en  Orient  il  aurait  modifié  quelque  peu  sa  description  du  tarbouch,  ainsi 
qu3  de  certaines  autres  parties  du  vêtement  arabe.  On  peut  en  dire  au- 
tant de  quelques  articles  de  son  Suppl.  aux  Dict.  arab.  où  il  lui  échappe 
des  confusions  regrettables,  par  ex.  au  mot  ï-o— .  N'ayant  pu  comprendre 
la  description  qu'en  fait  le  Mohît,  il  se  demande  si  c'est  un  meuble, 
une  table.  Si  M.  Dozy  était  venu  en  Syrie,  il  aurait  vu  que  ï^o-.  n'est 
autre  chose  qu'un  trépied  terminé  par  ime  plate-forme  à  la  partie 
supériem'e .  On  s'en  sert  pour  cueillir  les  fruits  et  les  feuilles  de  mmier. 
Dans  les  Mille  et  Une  Nuits  de  Habicht  (IX.  291,  341,350)  ï^u-.  doit 
signifier  encore  un  petit  trépied.  Macnaglitenet  leP.  Salhani(III.  vol.)  lisent 
partout  ZyoS  qui  samble  plus  naturel.  Mais  le  manuscrit  des  Mille  et 
Une  Nuits  de  la  bibliothèque  de  l'Université  S.  Joseph  maintient  partout  la 
leçon   ijju-  . 

(3)  De  ses  plumes  te  couvrira  ♦ 

Seur  sera  sous  son  asile 
Sa  défense  te  servira 
De  targe  et  de  rondele 

Marot.  Psaume  91. 

(4)  Voyage  d'Alep  à  Jérusalem  en  1697,  ^par  Henri  Maundrell ,  cha~ 
pelain  de  la  Facture  Anglaise  à  Alep. 

(5)  Xfj^   daraka,  donné  par  M.  de  Eguilaz   m'est  inconnu,  à  moins  que 

ce  ne  soit  une  faute  d'impression.  Le  Grec  moderne  a  taQjiX  ,  bouclier. 


TARI  237 

daraqa,  bouclier  en  cuir,  mot  connu  au  vulgaire,  comme 
à  la  langue  classique.  (V.  Ousâma  p.  91.  157).  Pourquoi 
donc  assigner  targe  et  à  targette  (i)  une  origine  germa- 
nique ?  Comp.  encore  Tarjette,  morceau  de  gros  cuir  pour 
protéger  les  mains.  (Trév.)  De  îdjall  dérive  encore  le  ter- 
me Adargue,  qui  désigne  un  petit  bouclier  adapté  sur  une 
lance  courte.  On  peut  voir  la  description  d'une  adargue 
mauresque  dans  les  Armes  et  les  Armures  de  P.  Lacombe 
p.  225.  Elle  rappelle  assez-bien  le  bâton  recouvert  de  fer- 
blanc,  avec  lequel  les  Bédouins  parent  le  coup  de  lance 
et  qui  a  conservé  le  nom  de  bouclier.  (2)  De  targe  serait 
venu  y^^ar^w^r  (autrefois  ^ar^i/^r),  comme  si  l'on  se  cou- 
vrait d'une  targe.  Ce  verbe  signifiait  jadis,  selon  Borel, 
se  couvrir  le  corps  de  ses  bras,  en  mettant  les  poignets 
sur  les  flancs. 

Tarif.  Esp.  et  Ptg  :  tarif  Esp  :  latarif.  Transcription  de 
sJiij>!}  ta'rîf,  nom  d'action  de  ^js>  faire  connaître,  publier. 
En  turc  ^^jH  ta'rîfa  a  de  même  le  sens  de  tarifa  taxe. 
Le  dialecte  vulgaire  de  Syrie  emploie  aussi  de  préférence 
îi  j*^  ta^rifa. 

(1)  Qui  dans  l'ancienne  langue  désignait  un  bouclier.  Targette  est-il  le 
diminutif  de  targe,  ou  la  terminaison  ette  tient-elle  la  place  du  ta 
marboûta  ? —  Voy.  pourtant  :3jii,  dans  Dozy.  Supp. 

(2)  V.  Le  Dîwân  d'Al-Hansâ,  traduit  par  le  P.  de  Coppier.  S.  J. 
p.  47.  Beyrouth,  Imprim.  Catholique. 


2^8  TASS 

Tartre.  Esp.  Ptg,  It:  tartaro  ;  de  (i^j^  dourdî,  dépôt, 
sédiment  d'huile,  de  vin,  tartre.  En  arabe  ^j3  darad, 
aurait  aussi  le  sens  de  tartre  ou  carie  des  dents,  d'après 
Freytag,  qui  oublie  de  citer  ses  autorités.  Le  tartarum 
des  Alchimistes  est  une  altération  de  <S^J^  dourdî,  re- 
pris par  les  Arabes  sous  la  forme  de  jà^J^  tarûr.  (Bocth. 

Heury   etc).  Certains  dictionnaires  écrivent  aussi    j^j 
tartîr. 

Tasse.  Esp  :  taza.  Plg  :  taça.  It  :  tazza.  De  ,^  tass^ 
mot  d'une  haute  antiquité,  comme  on  peut  le  voir  dans 
le  Mu'arrab  (p.  loi)  et  dans  Frœnkel  [De  Vocab.  in 
antiq»  Arabum  carminibus  peregrlnis).  On  trouve  encore 
la  forme  c^L  iast,  moins  arabd,  mais  qui  se  rapproche 
plus  de  roriginal  persan  c^7  tast.  (i)  lÀl^  lâsa^  avec 
le  sens  d'écuelle ,  tasse,  se  rencontre  fréquemment 
dans  les  Mille  et  une  Nuits  et  dans  Bas  un  le  Forgeron. 
(Manuscrit  de  l'Univ.  S.  Jos.  pass).  Le  célèbre  Ménage, 
qui  a  donné  tant  d'étymologies  bizarres,  n'était  pas  loin 


(l)  On  voit  un  changement  analogue  dans  "J^  brigand,  qui  était  pri- 
mitivement ^^,  (transcrip.  de  Xr^atr/g  )  au  plu.  cjj^  •  (V«  Syn.  Arab, 
p.  422.  note).  Dans  I»lk-j  il  y  a  eu  un  dédoublement  en  sens  contraire, 
qui,  de  l'ancien  j^ilà  (fossatum,  çpoaaaTOP  )  a  fait  J»ik-i  •  Au  lieu 
de  ^  on  trouve  aussi  ^^0,  tas,  etc.  (Mille  et  ime  Nuits,  pass  ).] 


TERF  259 

de  la  vérité  quand  il  assignait  comme  origine  à  tasse 
Tarabe  tâsson,  grand  verre. 

Téréniabin  ou  Tringibin.  Manne  de  Perse  (i),  dont  le 
nom  français  se  présente  sous  les  formes  les  plus  variées, 
De  c^j  farangabtfij  mot  d'origine  persane,  écrit  0}-^^ 
targabîrij  dans  un  manuscrit  de  Qalioûbî.  <(La  manne  nom- 
mée Tarandjubîn  ou  Tarandjubll  se  recueille  en  grande 
quantité  dans  la  contrée  à'Isfahan  sur  un  petit  buisson 
épineux.  Je  me  fis  montrer  de  cette  sorte  de  manne  à 
Basra  et  je  trouvais  qu'elle  consistait  en  petits  grains 
ronds,  jaunes...  Dans  le  Kiurdestâriy  à  Mosul,  Merdin, 
Dlarbekr,  hfahân  on  ne  se  sert  que  de  manne  au  lieu  de 
sucre.  »  (  Niebuhr.  Descr.  I.  207  ).  Moqaddasî  avait  déjà 
signalé  cette  particularité  :  (p.  125.  lig,  11)  «  ^^  Jj  \zjj 
«  JJJL  ^J\  ^  . 

Terfez.  Truffe  qu'on  trouve  dans  les  déserts  de  T Afri- 
que. Elle  est  blanche  et  d'une  saveur  rappelant  celle  de 
la  viande  (  Déterville  et  Trévoux  s.  v.  ).  Transcription  de 
^\»j  torfâSj  tirfâs,  mot  qui  en  Berbère  désigne  la  truffe, 
comme  le  dit  l'Ibn  el-Beithar  de  Boulac,  qui  écrit  J-l*^  (2) 


(1)  Voir  plus  haut  Alhagées. 

(2)  Forme  paraissant  être  une  des  nombreuses  fautes,  qui  défigurent 
l'édition  égyptienne. 


240  TOMA 


tlrfâch  :  «  \xj^\  sLSo  i  ^  J^l*/  ».  Bocth.  et  Dozy  Suppl. 

Teskéré.  Passe-port.  Prononciation  turque  de  ifjl 
tadktra,  propr.  souvenir,  et  ce  qui  aide  à  se  souvenir. 
Il  est  employé  couramment  dans  le  sens  de  billet,  certi- 
ficat, passe-port  etc. 

Tiber  (i).  Poudre  d'or;  en  esp  :  tlbar.  De  jjT,  fibr, 
transcrit  fibar  par  Eguilaz.  Ce  mot  désigne  l'or  natif,  les 
lingots  d'or,  et  en  général  :  l'or  avant  qu'il  soit  travaillé  : 
pj^-4  j^  *b  U  Vl  jÇ^  ^<fcill  JtjiV  (2).  On  peut  voir  dans 
Qazwînî  (  Cosmogr.  II.  p.  11.)  la  curieuse  description  du 
Pajs  de  la  poudre  d'or  j\:ll  ^>l ,  bilâd  at-tibr^  que  nous  nom- 
mons Côte  d'or,  (Afrique).  L'arabe  jy  tibr^  est  devenu 
tiber  par  un  procédé  phonétique,  que  nous  avons  signalé 
dans  l'Introduction. 

Toman.  Monnaie  de  compte  chez  les  Persans  (V. 
Berge.  Dict.  Pers-Franç.  )  «  Le  Sophi  lui  a  fait  présent 
de  quatre  mulets  chargés  de  la  valeur  de  3  000  tomans, 
ou   ^0000   écus   chacun»   (3).  C'est   un  mot  d'origine 

(1)  Le  Dict.  de  Trévoux  écrit  «  tibir  ,  nom  que  l'on  donne  à  la  poudi*e 
d'or  en  plusieurs  endroits  des  côtes  d'Afrique  ». 

(2)  îiUI  aSj   de  Tha<âlibî. 

(3)  Lettre  de  Mgr.  l'évêque  de  Césarople  ambassadeur  en  Perse,  au 
Chevalier  d'Arvieux.  Mémoires.  VL  145.  et  plus  loin  :  «  Il  en  a  coûté  au 
peuple  100  000  Tomans,  c'est-à-dire  envii'on  cinq  millions,  à  raison 
d'un  Toman,  ou  cinquante  francs  »  ,  Tournefort  a  sur  le  toman  un  ciu'ieux 
passage  :  «  un  toman  vaut  douze  écus   et  demi  romains,  qui  font  dix-huit 


TURB  241 


tartare  qui  signifie  proprement  dix  mille.  De  ô[*y 
toâmân  ;  dans  le  Dictionnaire  turk-oriental  (  Pavet  de 
Courteille)  û^  signifie  aussi  10,000  dinars.  Rubruquis 
écrit  tumen.  Marco  Paolo  tomman  et  d'Herbelot  touman. 
CX*y  a  passé  aussi  en  arabe.  (Cfi*.  Ibn  Batout.  IV.  300.) 

Toque.  On  a  rapproché  ce  mot  de  4JIL  tâqt/a,  sorte 
de  calotte.  (Dozy.  Vêtements.  280.  )  Mais  que  toque  dé- 
rive de  ÎJIL  ,  c'est  ce  qui  ne  nous  semble  nullement 
prouvé.  Nous  croyons  que  le  mot  en  question  a  une  ori- 
gine celtique  :  toc  en  bas-breton  signifie  chapeau.  On 
disait  anciennement  torque  ou  lieu  de  toque» 

Toutenague,  Tintenague  et  Tintenaque.  Pt g  :  iuie- 
naga.  «  Alliage  de  zinc,  de  cuivre  et  de  nickel,  qui  nous 
vient  des  Indes  et  de  la  Chine»  (Dict.  Déterville).  Le 
mot  toutenague,  dit  M.  S.  de  Sacy,  vient  assurément  de 
toutla  (V.  Tuthie  )  et  peut-être  est-ce  un  mot .  purement 
persan  iltLô^  toâtiânâk  ,  substance  d'une  nature  analogue 
à  la  tutie.  »  (  Chrest.  III.  453)  Bocthor  traduit  toutenague 
par   j-u^  \Zy  litt.  :  tutie  minérale. 

Turbith.  Esp  :  turbich,  turbit.  Ptg.  et  Cat  :  turbit. 
Plante  ombellifère,  employée  jadis  comme  purgatif;  (i)  de 

Assassins  (lisez  a^^a/a/iîs  )  ou  Abouquels  ;  ce  sont  des  écus  que  Ton  frappe 
en  Hollande  pour  le  Levant.  »  Voyage.  II.  p.  31 1. 

(1)  —  «...juj^l  i*>s3  >UI  Cil»(  Qalioûbî  :  ïXJI  i^A^\  ). 

i6 


242  TYPH 


l'arabe-persan  JoJ  tourbld^  tirbid.  On  trouve  aussi  \} 
tourbaà,  «  Le  Jurbith  minéral  seu  Praeclpitatum  flavum  est 
une  préparation  de  mercure  jaune,  vomitive,  purgative  » 
(Pharmacopée  universelle,  p.  51).  Un  mauvais  plaisant 
s*est  imaginé  de  dériver  turbith  de  turbare  «  à  cause  qu'il 
trouble  toute  l'économie  du  corps.  » 

Tuthie  ou  Tutie.  Oxyde  de  zinc.  Esp  :  tutia,  atutia; 
de  ^LojT  (i)  toâtlâ,  substance  minérale  dont  les  Arabes 
faisaient  usage  pour  fortifier  les  yeux.  Le  mot  est  ara- 
bisé ^j*^  (V.  Mu'arrab.  p.  39);  c'est  la  transcription  de 
TovTla  a  Les  femmes  arabes  noircissent  légèrement  les 
bords  de  leurs  paupières  avec  une  poudre  composée  de 
tut  le  qu'on  appelle  Keheh)  (D'Arvieux.  V.  297).  La  tutie 
nous  venait  autrefois  d'Alexandrie;  elle  est  «  dessicative, 
propre  pour  les  maladies  des  yeux.  »  (Trévoux). 

Typhon.  Esp  :  tifon.  Ptg  :  tofaô ,  tofano.  Ouragan , 
tourbillon  dans  les  mers  de  Chine  et  du  Japon.  Navarette 
et  Littré  après  lui  dérivent  typhon  du  chinois.  Ne  vien- 
drait-il pas  de  Cj^JJ  toûfân^  pluie  torrentielle  couvrant 
tout,  inondation,  [Al-Bîrounf  s  Indla,  p.  193),  ouragan, 
tourbillon?  On    ne   peut  douter  que  les  formes  portu- 

(1)  Avec  un  hamzé  à  la  fin,  mieux  que  u>jj  .  Le  jjuîl 'Ui*  le  dit  ex- 
pressément (p.  59).  ^jji^^j  çj^  j^CjU  ^  Ljj7. 


TYPH  245 


gaises  ne  soient  tirées  directement  de  l'arabe.  Il  n'y  a  pas 
si  longtemps  encore  qu'on  disait  :  «  Toufan.  s.  m.  tour- 
billon de  vent,  qui  agite  la  mer  de  telle  façon  que  les  va- 
gues bouillonnent  en  la  même  manière  qu'on  voit  bouillir 
l'eau  sur  le  feu  (i).  »  (Trévoux).  Renaudot  trouvant  la 
description  d'un  toufân  dans  une  Relation  arabe,  traduite 
par  lui,  fait  la  réflexion  suivante  :  «  Nos  auteurs  (2)  re- 
marquent que  la  côte  de  la  Chine  est  sujette  à  de  grandes 
tourmentes,  et  particulièrement  à  des  coups  de  vent  qu'ils 
appellent  Toufan  en  leur  langue,  du  mot  grec  Tixp(6p ,  » 
Cette  observation  est  juste  ù^j^  toâfân ,  qu'on  serait 
tenté  de  rattacher  à  la  racine  sJlL  tourner,  avec  le  mot 
ûl^^  iawafâny  qui  n'en  diffère  que  par  l'accentuation,  est 
vraisemblablement  dérivé  du  grec.  Et  il  est  aussi  probable 
que  notre  vieux  mot  toufan  aura  été  réformé  sur  le  type  de 


(1)  C'est  la  traduction  du  texte  arabe:  a-^jj  -ui  î»i24Î  jL-^JI  «i*  ^  jO 
«.jj-^lùUur^  jj.  ot-^^j  ojip  .  V.  ^jljdl  ;a-JL-  .  Chaîne  des  Chroniques 
II.  p.  12.  Cet  ouvrage  fut  traduit 'en  1718  par  l'abbé  Renaudot.  Reynaud 
a  depuis  édité  le  texte  arabe  en  y  joignant  une  traduction  plus  fidèle. 

(2)  C'est-à-dii'e  les  auteui's  arabes  que  Renaudot  traduisait;  il  s'agit 
de  la  Chaîne  des  Chroniques  c«jjI^I  il 


244 


USNÉ 


u 


Uléma  ou  Ouléma.  Esp.  CaU  Val:  ulema  ;  de^Lip 
'oulamâ ,  pluriel  de  iU  'âlem,  ou  JIp  ^alîm ,  savant. 
«  Les  uléma  sont  plutôt  des  magistrats,  et  le  corps  des 
uléma,  c'est  la  magistrature;  ce  qui  n'empêche  pas  les 
uléma  d'être  de  véritables  docteurs  de  la  loi  musulmane 
et  d'avoir  des  élèves  vulgairement  nommés  softa,)>  (i). 

Usnée.  Esp.  Ptg  :  alosna.  Plg  :  losna.  Genre  de  plantes 
de  la  famille  des  lichens.  Elle  était  employée  pour  for- 
tifier l'estomac.  De  ^\ouchnaj  mousse,  lichen;  mot 
d'origine  persane.  On  l'appelle  encore  j^\  îaJl  ,  calvi- 
tie de  la  vieille,  et  ^jyW  ^\j..^  ,  cure-dent  des  singes, 
parce  qu'elle  temt  la  bouche  quand  on  l'emploie  comme 
dentifrice.  VAl-Mansoûrî  de  Râzî  et  les  Simples  d'Ibn 
el-Beithâr  font  mention  de  l'usnée.  Cependant  les  auteurs 


(1)  Garcin  de  Tassy.  Jour.  Asiat.  Juin  1854.  p.  475.  Un  softa  est  un  étu- 
diant en  théologie  chez  les  Turcs.C'est  la  transcription  du  turc  i::»^  soûfta, 
ou  i:â^^ ,  altérations  du  persan  éS:^j^  soûkhta,  brûlant  (  de  l'amour  de  Dieu 
et  de  la  science  ). 


USNÉ 


245 


arabes  ne  semblent  pas  avoir  connu  l'usnée  humaine^ 
c'est-à-dire  les  lichens,  qui  poussaient  sur  les  crânes  des 
morts,  exposés  à  l'air,  et  spécialement  des  pendus.  La 
superstition  populaire  lui  attribuait  les  plus  merveilleuses 
vertus,  (i) 


»?^4 


(1)  On  s'est  à  ce  propos  apitoyé  sur  «  Tignorance  et  la  barbarie  de  nos 
pères».  Le  comte  de  Maistre  dans  je  ne  sais  plus  quel  endroit  de  son  Exa- 
men de  la  Philosophie  de  Bacon  raconte  que  le  grand  chancelier,  qui  se 
croyait  pourtant  bien  au-dessus  des  préjugés  vulgaii'es,  attachait  beaucoup 
de  prix  à  la  possession  du  crâne  d'un  Irlandais  couvert  de  mousse.  La 
Pharmacopée  u?iiverselle  de  Nie.  L'Emery  a  un  paragraphe  sur  la  prépara- 
tion du  crâne  humain.  Elle  recommande  de  «  choisii*  celui  d'une  personne 
morte  de  mort  violente»  p.  124. 


246  VARA 


Validé.  Sultane  palidé  c'est-à-dire  sultane  mère  ;  pro- 
nonciation turque  de  Salij  wâlidâ,  mère,  en  turc  cMaL'  eoib 
validé  soultân.  C'est  la  mère  du  sultan  régnant,  elle  a  un 
rang  officiel  à  la  cour  ottomane.  «  Le  plus  beau  Khan  est 
celui  de  la  Sultane  Validé,  ou  mère  de  l'Empereur  Maho- 
met quatrième.  On  l'appelle  Validé  Khana  » .  D'Arvieux. 
T.  IV.  484. 

Varan.  Grand  lézard  d'Egypte.  «  Les  Arabes  nomment 
ouaran  l'espèce  d'Egypte;  ce  nom  francisé  et  latinisé  a 
fourni  les  dénominations  génériques.  Les  espèces  du  gen- 
re Varan  sont,  après  les  Crocodiles,  les  Sauriens  qui  at- 
teignent les  plus  grandes  dimensions.  »  (i)  Varan  est  une 
altération  de  Jjj  waral  «  Nous  aperçûmes,  dit  le  P.  Si- 
card,  un  lézard  nommé  ouaral,,.  Cet  animal  ressemble 
au  crocodile,  à  l'exception  qu'il  est  plus  petit,  n'excé- 
dant pas  la  longueur  de  trois  à  quatre  pieds^  et  qu'il  ne 
vit  que  sur  terre  »  .  (2)  En  Algérie  d'après  M.  Cherbon- 

(1)  Diet.  Univ.  d'Hist.  Nat.  et  Relation  d'Ahdellatif.  p.  142  et  160. 

(2)  Lett.  édif.  I.  505.  Le  reste  du  passage  est  curieux:  «Comme  il  est 


VILA 


247 


neau  on  pronoce  ouaran.  Forskal  écrit  aussi  varan.  Peut- 
être  faut-il  voir  dans  ce  mot  Tinfluence  du  pluriel  oVj^ 
wirlân.  Sur  la  forme  Oj-?  waran  au  lieu  de  jjj  waral  on 
peut  voir  le  Supplém,  de  Dozy. 

Vilayet.  Province  ;  la  plus  grande  division  territoriale 
en  Turquie,  appelée  aussi  Eyalet  (i).  Vilâyet  est  la  pro- 
nonciation turque  de  l'arabe  ^  Vj  wilâ/a,  province,  pré- 
fecture. Vali  ou  Wall  est  de  même  la  transcription  de  Jb 
ou  ^^j  wâlt,  (V.  Cadi)  gouverneur.  (2).  Tous  ces  mots 
sont  formés  du  verbe  (\,  j  walia^  être  préposé. 


fort  friand  du  lait  de  chèvre  et  de  brebis,  il  se  sert  d'un  expédient  pour  les 
traire.  11  entortille  fortement  avec  sa  longue  queue  une  des  jambes  de  la 
chèvre  ou  de  la  brebis,  et  la  suce  tout  à  son  aise».  Dans  son  récent  voyage 
(1884)  au  Désert  de  la  Basse-Thébaide  le  P.  Jullien  S.  J.  parle  aussi  «du 
ouaran  ou  crocodile  du  désert.»  L'origine  du  varan  est  ainsi  expliquée 
par  Chams  ed-din  de  Damas:  J.J  ^^yj^r^JI  ôjj  Ji^l  J^'^'j.  ùl^->  j,^2jXJI» 

.ft 0^,20- ùlS':n!l  J  j^.  U.9  C^L-w  ùir*^  (Ed.  Mehren.  91  ). 

(  1  )  Ces  deux  ihots  ne  diffèrent  que  par  l'étymologie:  Eyalet  vient  de 
au  gouvernement,  administration,  (  V.  plus  haut  )  comme  dans  ce  texte 
d'Al-Biroûnî:  x^i^l  Jl  ^  u^  CJir;JbVI  jy\  û»  Ij^^-  Le  passage  mérite 
d'être  cité  en  entier,  il  fait  trop  honneur  au  génie  élevé  de  l'écrivain 
arabe.  Voici  donc  le  début  de  son  chapitre  sur  les  châtiments  chez  les 
Indiens:  iJj  ^  ^sJ)  liSj  ^n*»JI  Je-  *cV*  ^4^^  k^\,^^\  JU;  k^  Je  ^^  JWI  Jli^» 
►ipojij  c^>V)  :^i  ^  J6^\  JhS  ùSi^j  ûULJaJ)  v^-oip  oiii-  ùi-A,Ji)i  (/jj  'k^\  j:^\ 

j^J^\  VJU  ,^tlL«^U<  l^-aî  U^l   jAl   ^SCJj   ZlôlJ   S„ru-  </,.^^)  (/j  .  -nsJb  jJOJ 


:i-UJI  ::^  V  Uj*-niJ  ïS>t)l  ^>i  (India.  p.  280). 
(2)  On  ht  dans  les  Mémoires  de  Trévoux:  «Wali  est  prœfectus,  prœses 
provinciœ,  prœtor,   mais  non  pas  possessor  (  coname  Erpenius  l'avait  pré- 


248  VIZI 

Visir  ou  Vizir.  Prononciation  turque  de  jj)j  wa^ir, 
aide.  Sur  l'étymologie  de  ce  mot  on  peut  voir  Khalll 
Dhahéri^  (Chrestom.  de  Sacy.  IL  9.)  et  sur  les  fonctions 
de  visir  sous  les  différentes  dynasties  Ibn  Khaldoûn  (Pro- 
ég.  II.  4.  etc.)  Actuellement  le  titre  de  vi^ir  est  donné 
dans  l'empire  ottoman  à  tous  les  ministres  à  portefeuille. 
Le  grand  vizir  prend  ordinairement  le  titre  de  Jàtl  jJU> 
sadr  azam. 


tendu);  car  à  parler  exactement,  Walin  (  lisez  ^Jij)  ne  se  peut  dii'e  d'un 
possesseur,  que  pour  marquer  l'administration  ou  Vautorité,  et  nullement 
la  possession.))  Remarques  critiques  sur  les  Proverbes  arabes,  p.  1464. 
Août  1770.  L'auteur  se  trompe,  quand  dans  le  proverbe:  «iJl  VjJ^UJI  'q1J.\  l» 
. . .  ^JIp  »  il  propose  de  lire  nÇ^i,  liivilâin  au  lieu  de  |v>î  lawlâ,  leçon  soup- 
çonnée par  Erpennius.  Mais  sa  remarque  sui*  le  sens  de  wali  est  exacte. 


WÉGA  249 


W 


Waggart.  «  Plante  qui  fournit  un  médicament  ;  sans 
doute  de  wadjar,  faire  avaler  un  remède.  )>  (i).  En  effet 
^j  wagar  signifie  «  medicamentum  j^j  in  os  indidit  » 
(Freytag).  Persuadé  que  les  substantifs  français  sont  venus 
de  substantifs  arabes  nous  dériverions  plutôt  waggart 
de  ju>-j  wagoâr.  Mais  cette  étymologie  nous  inspire  peu 
de  confiance.  Nous  la  mentionnons  faute  de  mieux. 

Wahabites.  Secte  musulmane  d'Arabie;  elle  tire  son 
nom  de  son  chef  Mohammad  fils  de  'Abd  al-Wahhâb, 
^Uj  wahhâb.  Sur  ces  sectaires  on  peut  voir  le  Voyage 
en  Arable  de  Palgrave. 

Wali  ou  Vali.  Voy.  Vilayet. 

Wéga.  Etoile  de  i^®  grandeur,  «  de  la  Lyre.  De  jljIj 
wâql\  tombant.  «  Les  astronomes,  dit  Alfergânî,  mettent 
Wéga  parmi  les  étoiles  de  première  grandeur  ;  ^]àÀ\  \jj^ 
«JjV^  J^l  (i  ^^jil^l  Jl*  Z^\  .    D'après   Abdurrahmân 

(1)  Lucien  Gautier.  Revue  critique  d'histoii'e  et  de  littératui*e.  p.  363. 
15   Dec.  1877. 


250  WÉGA 

As-Sûfî  (i)  cette  étoile  a  été  nommée  Jijll^Jl  an-nisr  al- 
ivâqi' ,  Taigle  tombant,  parce  que  les  Arabes  l'ont  com- 
parée à  un  aigle,  qui  ferme  les  ailes  comme  pour  se  laisser 
tomber.  De  même  l'étoile  AUair  (écrit  aussi  Atair)  a  été 
appelée  JlklI^J^I  an-nisr  at-tâïr,  l'aigle  volant,  «parce 
que  l'aigle  tombant  >^\J\  j^\  est  situé  en  face,  et  comme 
à  cause  de  ses  ailes  il  s'appelle  le  Tombant  f^\j  l'autre 
aigle  s'appelle  le  Volant  Jilaî)  at-tâïr,  parce  qu'il  étend 
les  ailes  comme  s'il  volait  »  (2). 


(1)  Edit.  Schjellerup. 

(2)  A  cette  explication  d'un  astronome  de  profession  joignez  celle  d'Ibn- 
Qoutaïbarcrtjjl  ù>o^  ^V  ^\j  Jj^  J^S  uJlj .  Ûk^ .  ^1  t"^  j»  JOall  .^1  » 
(  ^Si])  cj^l  )  «  ^\j  Jll»  iJir  ^^\  U^-i»  j3  :  ù>J>iij  5ci-l^  <>  •  BouiUet  fait  de 
Wéga  un  astronome  autrichien.  Cette  distraction  est  relevée  comme  elle 
le  mérite  par  M.  Devic.  (  Dict.  étym.  ). 


ZACC  251 


Zaccon,  Zacon  et  Zachum.  Esp  :  Zacoum.  Ptg  :  Zacum. 
«Il  est  fait  mention  dans  la  Bible  d'une  plante  désignée 
sous  ces  noms,  dont  le  fruit  jaune  est  semblable  à  une 
prune  et  fournit  une  huile  employée  par  les  Hébreux 
comme  fondante  ».  (i)  C'est  ce  que  les  voyageurs  en 
Terre-Sainte  appellent  l'huile  de  Zachée ,  et  qu'ils  si- 
gnalent comme  un  vulnéraire  précieux,  (2)  La  plupart 
des  auteurs  font  du  Zaccon  une  espèce  de  prunier 
d'Orient.  Hasselquist  n'est  pas  de  cet  avis  et  demande  si 
ce  ne  serait  pas  «  l'olivier  sauvage  qui  est  commun  dans 
les  plaines  de  Zéricho.  Les  Arabes  tirent  de  son  fruit  une 
huile  qu'ils  vendent  aux  voyageurs  et  prétendent  qu'elle 
guérit  les  blessures.  Le  noyau  de  son  fruit  est  de  la  gros- 

(1)  Dictiom).  de  d'Orbigny,  s.  v.  et  Palestine  par  Mimk. 

(2)  ((Il  y  a  une  huile  médecinale  et  vulnéraire,  que  l'on  fait  du  fruit  d'un 
arbre  nommée  Zacchoum.  C'est  un  arbre  d'une  grandeur  médiocre,  plein 
d'épines  longues  très-piquantes,  il  jette  quantité  de  branches  assez  minces, 
mais  d'un  bois  fort,  qui  est  couvert  d'une  écorce  assez  ressemblante  à  celle 
des  citronniers.  Sa  feuille  a  du  rapport  à  celle  des  pruniei's  pour  la  figui'e, 
mais  elle  est  un  peu  plus  ronde,  et  beaucoup  plus  dure  et  plus  verte.  Son 
fruit  aussi  ne  revient  pas  mal  à  la  prune...  Je  m'imagine  qu'on  l'a  appelé 
Zacchoum  du  nom  de  Zachée»  (P.Nau  p.  351  ). 


252  ZAIN 

seur  d'une  noix  de  figure  ovale  et  a  4  côtés.»  [Vo/agedans 
le  Lev.  IL  90).  Zaccon  n'est  qu'une  légère  altération  de 
pî3  ^aqoâniy  arbre  très  commun  dans  le  Ghôr  et  les  en- 
virons de  Zéricho,  d'après  Ibn  el-Beithâr,  qui  en  fait  une 
description  concordant  avec  les  traits  principaux  four- 
nis par  les  savants  et  les  voyageurs  européens. 

Zahorie.  «  Nom  qu'on  donne  à  ces  gens  qui  ont  la  vue 
si  perçante  qu'ils  voient  au  travers  les  murailles  et  dans 
les  entrailles  de  la  terre.  C'est  chez  les  Espagnols  et  les 
Portugais  qu'on  voit  de  ces  sortes  de  Zahorles  » 
(Trévoux).  Aussi  Zahorie  n'est-il  autre  que  l'espagnol 
^ahorî^  même  sens,  dans  lequel  Dozy  voit  l'arabe  iS/ô 
:{oharîy  (i)  géomancien.  (V.  le  Gloss.  esp»  361).  Avant  lui 
le  P.  Benoît  Feyjoo  avait  présumé  que  le  mot  était  d'o- 
rigine arabe. 

Zain.  Esp.  Ptg.  et  Ital  :  zaino.  Dozy  se  demande  si 
c'est  une  altération  de  <^\  asamm,  qui  chez  Bocthor  sig- 
nifie :^ain.  Les  transformations  phonétiques  pourraient 
être  expliquées  :  le  u^  initial  ou  médial  (2)  étant  souvent 
transcrit  j(.  (V.  Introduction).   Mais  suffit-il  de  l'autorité 


(1)  '^^j  ,  serviteur  de  la  planète  Sy^j)!,   qui  est  Vénus,   comme  ledit 
Al-Bîroûnî.  i(jLu^jJ\  oybjîl  » . 

(2)  Le  harhzé  initial  aui'ait  été  supprimé  comme  dans  camard  de  ^) 
aqma^  ;  frise  de  j^^l  ,  le  mîm  aurait  permuté  avec  le  noûn. 


ZAPT  253 

de  Bocthor  pour  faire  passer  une  traduction  aussi  méta- 
phorique que  celle  de  :^ain  par  ^^1  .  Tha'âlibî  (^iilUiJ) 
dans  le  chapitre,  qu'il  consacre  aux  couleurs  et  spéciale- 
ment aux  nuances  de  la  robe  du  cheval,  ne  mentionne  pas 
^\  ,  pas  plus  que  l'auteur  du  ^ia^^V»  ^B^,  lorsqu'il 
énumère  (p.  104  et  105)  les  synonymes  de  ^y^\  noir.  Le 
dialecte  populaire  est  également  muet  sur  ce  point. 

Zammara.  Genre  d'Hémiptères  de  la  section  des 
Homoptères,  tribu  des  Cicadiens,  créé  au  dépens  du 
grand  genre  Cicada;  de  jUj  ^ammâr,  joueur  de  flûte,  de 
la  même  racine  qui  a  donné  jl*y^  mi^mâr  ^  flûte  et 
:)y*  y  ma:{moâr^  psaume  (de  David). 

Zaouia.  «  La  ^aouia,  dit  le  général  Daumas  (i),  est  tout 
ensemble  une  université  religieuse,  et  une  auberge  gra- 
tuite. »  Es-Senousi  «  a  élevé  une  zaouia  magnifique,  le  plus 
beau  monument  de  l'Afrique  entière.»  Cardinal  Lavigerie. 
Lettre  à  la  conférence  de  Bruxelles.  1890.  C'est  la  tran- 
scription de  l^j^y,) ,  qui  signifie  proprement,  angle,  coin,  cel- 
lule. En  Orient  ^âouia  a  un  sens  moins  large;  il  se  dit 
d'une  petite  mosquée,  d'un  ermitage,  etc.  (Ibn  Batoûta. 
Voyages,  passim). 

Zaptieh.  Nom  des  gendarmes  chez  les  Turcs  (Litt);  de 

(l)  La  Grande  Kahylie.  p.  GO. 


2'yi  ZÉDO 

ïlLU  dâbltî/ a,  agents  de  police,  gendarmes,  prononcé 
à  la  turque  ;  de  L.^  da^at,  «firmitertenuit.  »  Dans  Bâsim 
le  Forgeron  (texte  égypt.  p.  38.)i>laU  dâbitîn,  les  saisis- 
sants, (partie,  plur.  de  Ja^  )  est  orthographié  ijJa>lt 
lâbiiîn  (i). 

Zarater.  Un  des  noms  de  l'étourneau  (Dict.  Déterv.) 
formé  sur  Tarabe  j^jj  ^arâ^ir  (2),  pluriel  de  jjjjj 
^or^oûr,  étourneau  (V.  Glossaire  d'Edrisi,  p.  311.  Dqzy). 

Zarnech  ou  Zénic.  Mercure  (?)  philosophai,  (3)  terme 
d'alchimie.  (Trév.)  L'arabe  a  jJj  et  >  j  (Ibn  Mâgid),  mer- 
cure; d'oij  Zaibar,  mercure  en  alchimie.  Zarnich,  ou 
Zarnec  (Devic)  est  l'orpiment  et  dérive  de  '^'jj  ^arnîkh, 
arsenicjaune.ZarnechjZénic  sont  sans  doute  la  même  chose. 

Zédoaire.  Esp  et  Ptg  :  zedoaria.  Ptg  :  zedoeira.  Esp. 
ancien  :  çetoal,  sitoval,  sitouar.  Prov  :  zeduari.  //  :  Zetto- 
vario  ;  de  l'arabe-peasan  j\j^j  ^adwâr,  ou  jijJb-  gadwâr, 

(1)  Voici  le   texte  :  ^j  vi  é^jj  Jli  Vj  o^^j'j  *.j  l_>l_::>l  JUJI  ïpU^  lilj 

(2)  Comp.  «  Alzarasir,  nom  arabe  de  l'étourneau.  »  (Dict.  cFhist.  nat.  1. 
283)  transcription  de  ^  j)jj)l  . 

(3)  Si  Trévoux  ne  fait  pas  erreur.  —  Zénic  n'est  pas  dans  Devic  (article 
Alchimie  )  pas  plus  que  zerci,  vitriol  (  ^\j  )  et  zadir,  autre  terme  de  philo- 
sophie hermétique.  C'est  Vénus,  pris  pour  le  vert-de-gris.  De  %yLj  zohara 
Vénus  (planète).  A  propos  de  jjj,  voici  la  spirituelle  description  d'un 
avare,  d'après  un  poète  arabe  : 


ZERD  255 

Cette  plante  excitante  était  fort  appréciée  des  Croi- 
sés, qui  rappelaient  citouart.  Le  Dict.  de  Déterville 
écrit  constamment  ^éodaire,  C*est  là  une  métathèse  que 
réprouve  l'étymologie. 

Zéen.  Chêne  zéen,  espèce  de  chêne  d^ Algérie  dit  aussi 
chêne  ^ang^  dont  le  bois  est  remarquable  par  sa  densité 
(Litt.),  de  ô\j  ^ân,  même  sens.  On  se  servait  de  ses  ra- 
meaux pour  faire  des  lances.  Cfn  remarque  du  D^Leclerc: 
Ibn  el-Beithâr  :  N"^  108 1,  et  le  géographe  Bakrî.  (i) 

Zekkat.  Impôt;  de  o\^=s=^j  ou  Sj$o  :{akâ,  aumône,  im- 
pôt. Sfe^  ^akâ  signifie  proprement  pureté ,  purification, 
comme  ^y  ta^kia;  l'aumône,  comme  disent  les  Arabes, 
étant  un  moyen  de  purifier  les  richesses  (2).  Il  signifie 
aussi,  augmentation,  accroissement,  impôt  «  La  les  ma  se 
payait  avant  1855...  elle  a  été  remplacée  par  les  impôts 
achour  et  ^ekkat,  »  Lettre  de  l'empereur  Napoléon  III,  sur 
la  Politique  de  la  France  en  Algérie. 

Zorda  ou  Zerdo.  Noms  donnés  mal  à  propos  au  fennec 
par  Sparmann.  Zerda  est  une  altération  de    '^j>-  gorad, 

(1)  Journ.  Asiat.  1859.  Janvier,  p.  72. 

(2)  aZacak.  s.  f.  C'est  le  nom  que  les  Mahométans  donnent  à  la  partie 
de  leui's  biens  qu'ils  doivent  distribuer  selon  leiu*  loi  aux  pauvres.  Ce  n'est 
pourtant  pas  proprement  une  dîme...  car  1°  elle  ne  se  donne  point  aux 
Imans,  2°  elle  ne  va  qu'à  un  quinzième  »  (  Trévoux  ),  et  même  à  moins.  Cfr. 
Moqadd.  366.  V  :  JS .  :u^  ^j^  ^X»  c/"  U^»  S^'  ^  !>**^'  cU*  • 


256  ZILC 

sorte  de  rat  qu'on  prononce  vulgairement  gorad.  (V. 
Bruce.  Voi/age  en  Nubie.  V.  1^7.  )  Le  JJ^  g  se  transcrit 
souvent  j^.  (V.  Introduction.) 

Zérumbet  et  Zurembet,  Esp  :  zurumbet,  zerumbet. 
Transcription  de  Tarabe-persan  ^U'jj  ^oronbâd,  plante 
longtemps  considérée  à  tort,  selon  Leclerc,  comme  sy- 
nonyme de  ^édoaire  (  V.  Traduct.  d'Ibn-Beit.  ).  On  trouve 
aussi  ^érumbert, 

Zibeth.  Viverra  zibetha  Linn.  Nom  d'une  espèce  in- 
dienne du  genre  Civette.  Transcription  de  3I3  ^abâd. 
(V.  Civette.) 

Zigzag.  D'après  A.  Sédillot  de  ^  j  ^fg,  tables  astro- 
nomiques :  «  ôLd/-  (^ill  £*}\  (\,  eLiw  ;  nous  avons  établi  ce 
fait  dans  nos  tables  astronomiques.  »  (  Al-Bîroânî  :  India, 
p.  300  etc.  Voy.  aussi  îJltl  ûjyll  (i  ^Ul  jl* Vl  ♦  pass.  Edit. 
Sachau). 

Zilcadé,  Zilhagé.  Les  deux  derniers  mois  de  l'année 
musulmane.  Il  faudrait  plutôt  écrire  Zoulcadé,  Zoulhagé,  (i) 
selon  l'arabe  Saiuilji  do^'/^a'^a,  et&^lji  doû^l  h/gga. 
La  première  partie  de  ces  deux  mots  est  jS  doâj  pos- 
sesseur, à  laquelle  correspond  en  vulgaire  Boâ  ou  aboâ 

(1)  La  première  orthographe  a  prévalu  depuis  Montesquieu. 


ZIRC  257 

(V.  Patacon).  Sju5  qa'da  ,  signifie  séance  ,  session  ,  état 
d'un  homme  qui  est  assis,  au  repos,  (i)  Pendant  ce  mois  les 
Arabes  du  désert  s'abstenaient  de  guerroyer,  i^^  h/gga, 
signifie  pèlerinage;  c'est  en  ce  mois  qu'on  se  rendait  à  la 
Mecque. 

Zinzolin.  «  Couleur  d'un  violet  rougeâtre;  de  l'arabe 
djoldjolân,  semence  du  sésame  dont  on  fait  cette  couleur» 
(Littré).  Qu'on  se  reporte  à  Gengéli  on  y  verra,  outre 
OMf^  golgolân,  la  forme  û^  gongoltn ,  d'où  dérive 
probablement  zinzolin.  Cette  étymologie  avait  déjà  été 
indiquée  par  Bochart. 

Zircon.  Pierre  précieuse.  Nous  y  voyons  une  trans- 
cription de  ôyjj  ^arqoûn ,  mot  qui  ne  paraît  pas  d'o- 
rigine arabe;  la  forme  est  tout-à-fait  étrange  (2).  C'est 
probablement  le  persan  ôfïj  ^argoûn,  couleur  d'or, 
qui  a  déjà  donné  à  l'arabe  un  des  multiples  noms  du  vin 
i)y>-ïj  ^argoûn^  et  peut-être  aussi  ù^ïj  :{arqoûn  (3).   M. 


(1)  Cfr.  Mas^oûdî.  Al-Bii'oûnî  (Chronologie  Orientale)  et  Chams  ed-dîn. 

(2)  Quand  on  se  trouve  devant  un  singulier  arabe  terminé  par  le' si- 
gne du  pluriel  externe  oj  oân,  on  peut  conclui'e  que  le  mot  est  de 
provenance  étrangère. 

(3)  V.  Dozy.  Suppl.  s.  v.  A  propos  de  opjj  faisons  une  dernière  fois 
remarrpier  avec  quelle  facilité  les  liquides  permutent  entre  elles.  Au  lieu  de 
ûjSjj  on  trouve  ùj2JL-  et  ù^.r^  •  Dans  le  MostaHnî  on  lit  ;  ojSj,,^! 
ùjSjjli  y>j  .   Comp.  Introduction.  Lettres  j  .    J    et  ^  • 

17 


258  ZIRC 

Devic  dérive  du  même  mot  persan  ofn  ^argoûn,  le 
français  Jargon  y  gemme  de  couleur  jaune  tirant  sur  le 
rouge,  dont  les  minéralogistes  font  une  sous-espèce  du 
Zircon.  Le  «Jargon»  est  originaire  des  Indes  et  du  Pégu. 
Comp.  VEsp,  azarcon ,  açarcon.  Ptg,  azarcâo,  zarcâo. 
(Eguilaz.  3  20.)  Ajoutons  ici  Zarca  qui  en  alchimie  désigne 
l'étain.  C'est  probablement  une  altération  de  ùyjj  ^ar- 
qoûn  ;  car  au  sujet  de  ûyjj  on  lit  dans  le  Mosta'înî 
*^^Vl  ^  ^^^^''  ^^^^  (V-  E)ozy.  Gl.  Esp.  225.)  Zarca 
n'est  pas  dans  Devic. 


APPENDICE. 

Liste  des  autres  mots  français  d'origine  arabe  (i). 

Abdallas.  Nom  donné  aux  religieux  en  Perse;  de 
-îiiij^  'abd  Allah,  serviteur  de  Dieu.  (V.  Littré.) 

Aigrefin.  Monnaie;  peut-être  de  cij--^  achrafi  mon- 
naie persane.  (V.  Devic  ). 

Alchimie.  De  LjCH  al-kimlâ^  composé  de  l'article  al 

et  de   U-^ ,  mot  d'origine  grecque. 

Alfier.  Porte-drapeau  ;  de  ^M  al-fârls,  le  cavalier. 
Le  Dict.  de  Trévoux  a  aussi  «  Aljière  :  porte-enseigne. 
Ce  mot  se  dit  des  officiers  ou  Flamans,  qui  servent  en 
cette  qualité.  » 

Alhandal.  Coloquinte;  de  jl^  al-hanzal ,  même 
sens. 


(1)  Afin  de  rendre  notre  travail  moins  incomplet,  nous  réunissons  dans 
cet  appendice  les  mots  d'origine  arabe  sur  lesquels  nous  n^avons  rien  de 
spécial  à  dire.  Pour  les  détails  nous  renvoyons  à  l'excellent  Dictionnaire 
étymologique  de  M.  Devic,  publié  à  la  suite  du  Supplément  de  Littré,  et 
par  conséquent  entre  toutes  les  mains.  On  pourra  aussi  consulter  avanta- 
geusement le  Glossaire  espagnol  de  Dozy,  qui  tout  en  traitant  des  idiomes 
hispaniques  a  éclaii'ci  l'origine  de  bien  des  mots  français. 


26o  '  ATLE 

Alkékenge.  Plante;  de  ^  \^\  al-kâkan^ ,  même  sens. 
On  trouve  aussi  les  formes  fr.  alquaquenge,  alkéquenche. 

Almageste.  De  (Ja—i*  al-magistî,  nom  donné  en  arabe 
au  grand   ouvrage  de  Ptolémée,   corruption  de    ^vcîtr} 

Almicantarat  ou  Almucantarat.  (Astronomie);  de 
Zj^JsIaW  al-moqaniarât,  cercles  de  la  sphère  parallèles  à 
l'horizon.  On  trouve  aussi  almicantarat  s  ,  forme  où  s 
apparemment  représente  le  pluriel  arabe  (  V.  al-Bîroûnî. 
India.  p.  167.  1.  20.). 

Ambre.  De  jup  'anbar,  ambre  gris.  Le  terme  arabe 
composé  avec  liquide  a  formé  Liquidambar. 

Antimoine.  Peut-être  de  A\  outhmoud  (V.  Bismuth). 

Arzel.  De  J>-jl  ar^al^  même  sens.  «  Les  superstitieux 
croient  que  ces  sortes  de  chevaux  sont  infortunés  » 
(Trévoux). 

Assogue.  Navire  pour  le  transport  du  mercure  (i);  de 
Jjijîl  a\-^âoùq,  le  mercure.  Ce  mot  se  prononçait  ^îjjli 
a^-^oiiqa,  en  Espagne. 

Atlé.  Espèce  de  tamarisc;  de  ^tl  a/A/a,  même  sens.  La 
chaire  de  Mahomet  était  en  bois  de  tamarisc.  (V.  Ibn 

(1)  Voir  Dict.  de  Trévoux. 


CALI  261 

Batouta.T.I.  275.)A  JJl  ou  Jl^XJl  (Aghânî.  XXI.  191. 
1.  2.)  rattachez  Ithel  «sorte  de  mélèze  fort  abondant  en 
Arabie  et  qu'on  ne  trouve  nulle  part  ailleurs.  »  Palgrave. 
Ayan.  Magistrat  turc  chargé  de  veiller  à  la  sûreté  pu- 
blique; de  oUl  ayân  plur.  de   0^  V/:/z,  œil. 

Azoth.  Prétendue  matière  première  ;  de  Jj^jl-^  a^-:{âoûq^ 
mercure. 

Ballote.  Chêne  à  glands  comestibles  ;  transcription  de 
i»^^  balloûi^  même  sens. 

Balzan.  D'après  M.  Devic  de  ^ti»  balqâ^  fémin.  de  jll 
ablaqy  bigarré  de  blanc  et  de  noir. 

Bangue.  Chanvre  de  l'Inde;  de  ^'  bang^  même  sens. 
On  écrivait  autrefois  Benge  et  plus  souvent  Benghe. 

Benetnach  ;  ^  de  la  Grande-Ourse  ;  de  Jl*»  Zj\ — 0 
banât  na'chj  les  filles  du  cercueil,  nom  arabe  de  cette 
constellation. 

Boudjou.  Pièce  d'argent  en  Barbarie,  de^j»  boûgoû, 

M.  Gasselin  traduit  boudjou  par  j>-j»  Jlj    rîâl  boûgoû. 

Bran.  Bœuf  sauvage  en  Provence.  Peut-être  de  oU 
barrân,  signifiant  étranger,  et  aussi,  sauvage. 

Calife.  De  ZA^  khalîfa,  successeur,  a  Khalifa.  Nom 
en  Algérie  du  chef  indigène  le  plus  élevé  dans  la  hiérar- 
chie. C'est  le  même  mot  que  calife.  »  (Littré). 


202  COLC 


Carabe.  Ambre  jaune;  de  Tarabe-persan  \j^kahribâ^ 
succin. 

Carthame.  De   Ap'j  qortom,  même  sens. 

Carvi  ou  Chervis.  De  \ij^  karawiâ^  même  plante. 
(Ibn  Hauqal,  p.  50.)  On  écrit  aussi  chervi  sans  s\  ce  qui 
est  bien  plus  conforme  à  l'étymologie. 

Cheiranthe.  Giroflée.  D'après  Léman  :  de  deux  mots 
grecs  y/i^Q  et  ('^vdoi;  ^  ou  bien  de  «^^og  et  de  cheirl,  nom 
arabe  des  giroflées.  Chéri,  Alcheiri  et  Keiri,  noms  de  di- 
verses  variétés  de  giroflées,  viennent  aussi  de  ^j^Kheî- 
rt,  giroflée  (V.  Ibn-Beith.  IL  82  et  Mas'oûdî.  VIII.  270). 

Chiife  et  son  dérivé  Chiffon  ;  de  sJit^  chiff,  étoffe  légère 
et  transparente.  Le  mot  fi-ançais  chiffe  a  encore  mainte- 
nant la  signification  d'  «  étoffe  légère  et  de  mauvaise  qua- 
lité ».  (Litt.)  La  terminaison  on  dans  chiffon  est  pour  le 
diminutif  et  non  la  nunnation,  comme  on  l'a  écrit.  (V. 
Génin.  Récréât,  philolol.  86  ). 

Chiffre.  De  Jl^  sifr,  vide.  Zéro  est  étymologiquement 
le  même  mot. 

Coran  et  Alcoran;  àe  J^}  qorân ,  lecture.  Aboran, 
malgré  l'autorité  des  classiques,  tend  à  disparaître. 

Colcothar.  Transcript.  de  jlla^b  qolqoiâr^  corruption  de 
'f^aXv.av&og   ou   yc(.XY.àvQ^ri, 


FIRM  26^ 


Corge  ou  Courge.  Paquet  de  toile  de  coton  des  Indes 
(Litt.)  Probablement  de  rj^khorg,  besace,  sac  de  vo- 
yage. Dans  ce  dernier  sens  le  mot  est  très  employé  dans 
le  dial.  vulgaire.  (V.   Ousâma  ibn-Monqid  p.  8,  53,  etc.). 

Coufique.  Ancienne  écriture  arabe;  du  nom  de  la  ville 
de  4»^  koûfa,  la  rivale  grammaticale  de  Basra. 

Courban.  Fête  musulmane;  de  ù\j  qourbân,  sacrifice. 

Cuine.  Cornue  qui  servait  à  la  distillation  de  l'eau-forte. 
Probablement  de  ZSi  qanina,  bouteille,  fiole,  écrit  aussi 
ÂA^5^  qinntna.  (V.  Freyt.,  Belot  et  Ousâma  p.  100.) 

Damas.  Etoffe;  du  nom  de  la  ville  de  Syrie,  en  arabe 
jt^  ^  dimachq.  «  Le  J  ^  final  fait  comprendre  la  forme 
des  dérivés  damasquiné,  damasquette  »  (Devic)  ou  plu- 
tôt ces  termes  ont  été  formés  sur  le  latin  Damascus. 

Doura.  De  Sj  S   dourra,  même  sens. 

Élémi.  Résine  du  balsamier  élémifère.  Peut-être  de 
</V  lâmîj  gomme  élémi.  Mais  il  n'est  pas  impossible  que 
les  Arabes  nous  aient  emprunté  ce  terme,  récent  chez  eux. 
Etymologie  douteuse,  (V.  Dozy,  Gloss.  et  Devic). 

Filali.  Industrie  des  cuirs  dont  le  siège  principal  est 
Tafilet  dans  le  Maroc.  C'est  l'adj.  U^^  ftlàlt,  de  Tafilet. 

Firman.  Du  persan  ù^jjirmânj  ordre  royal,  ordon- 
nance. Le  mot  a  passé  en  turc  et  en  arabe. 


204  IRAD 


Foutah.  De  l'arabe-persan    ^Ly  foûia. 

Genette.  Quadrupède  africain,  de  JaJ^  garnaity  même 
sens. 

Goudron.  De  c)\Ja»  qairân^  (i)  même  sens.  (V.  Introd.). 

Goum.  Contingent  militaire  des  tribus  algériennes,  de 
Ay  qaum^  troupe,  prononcée  ghoûm  en  Algérie  (V.  Devic 
et  Gasselin). 

Gourbi.  Hutte,  ou  village  de  tentes  en  Algérie;  de  l'a- 
rabe  algérien    (J,j  gourbi. 

Grabeler.  Eplucher  (  Pharmacie).  Ce  mot  semble  avoir 
subi  l'influence  de  Jlj&  gharbâl^  crible. 

Haret.  Chat  sauvage.  Devic  le  rapproche  de  S^a  hirra, 
chat. 

Harmal.  Plante  ;  de  J^  ^  \\annaU  même  sens  ;  ou  du 

latin  harmala^  qui  est  dans  Apulée. 

Hégire.  De  S^  hagra,  émigration  (de  Mahomet). 

> 
Hoqueton.  Vieux  fr.  auqueton,  aucoton,  etc.  de    JLull 

al-qotorij  le  coton  ;  d'oii  Coton  lui-même. 

Houri.  De  (Sjj>-  ^oûrî,  même  sens. 

Iradé.  Décret  impérial  en  Turquie.  Transcription  de 
l^\j\  irâda,  volonté,  prononcé  avec  l'imalé. 

(  1  )  «  Algatrane  Espèce  de  poix.  Elle  se  trouve  dans  la  baie  que  for- 
me la  Pointe  de  S*®  Hélène,  au  sud  de  l'isle  de  Plata».  (Trévoux)  C'est  la 
transcr.  de  cii^^^l  al-qatrân,  le  J  q  étant  souvent  prononcé  $.  gh. 


MEDJ  265 


Jarde  ou  Jardon.  Tumeur  qui  se  développe  à  la  partie 
externe  du  jarret  du  cheval;  de  Sj>-  gamd,  même  sens. 

Jubis.  Raisins  secs  en  caisse  ;  de  ^3  ^abtb  ,  raisin  sec. 

Jupe.  De  4^^  goubbdy  robe.  (V.  Dozy.  Vêtements.) 

Kermès.  De   y^j,  qirnil^^  même  sens.  (V.  Carmin.) 

Kharbéga  «  Nom  d'un  assemblage  de  trous,  que  l'on 
creuse  symétriquement  sur  une  surface  plane,  et  dans 
lesquels  on  pose  des  cailloux  ou  des  noyaux  de  datte,  en 
guise  de  pions  :  4a>^  kharbéga ,  »  (Cherbonneau.  Diction- 
naire franc -ar.  pour  la  conversation  en  Algérie). 

Laque.  Gomme  laque;  de  l'ar.-pers.  dli  lakk^  ou  ilV 
lâk. 

Marcassite.  De  liuLjy  marqachîthâ^  même  sens. 

Matassins.  De  ù^y^  moutawaggihîn^  plur.  de  4>-^ 
moutawaggih^  masqué.  (V.  Dozy.  Gloss.) 

Matraca.  Roue  garnie  de  marteaux  de  bois  ;  de  ^Ja* 
mitraqa,  marteau  ;  vulgairement  mairaqa;  d'où  Matraque, 
bâton^  trique  en  Algérie. 

Matras.  Vase  employé  en  chimie  ;  de  S^k*  matara, 
outre  de  cuir. 

Medjidieh.  Décoration  instituée  par  le  sultan  Abd-ul- 
Magîd,  en  arabe    J^  j^  'abdoul-magîd,  le  serviteur  du 


266  ORCA 

Glorieux  (c-à-d.  de  Dieu).  Medjldieh  est  un  adj.  fém.  i  jl^ 
formé  sur  magtd,  glorieux. 

Mérinos.  Probablement  de  la  tribu  des  Béni-Mérîn, 
établie  aux  environs  de  Tlemcen.  (V.  Litt.  Suppl.) 

Metel,  Methel  ou  Pomme  mételle  ;  de  J^i*  mâthil, 
même  sens. 

Moire.  De  j^  mokhaîyar.  Ménage  écrit  mouaire, 

Moise.  Terme  de  charpente  ;  de  (ij^^  mowâ^t,  parallèle. 

Moringe.  Le  même  arbre  que  le  ben,  de  ^y  mirnagy 
ou  de  /y  mirnah.  ou  morannah. 

Mortaise.  Peut-être  de  j7^  morta:{^ ,  planté,  fixé 
(Devic). 

Moustapha  du  Mustapha.  Gros  homme  barbu  ;  venu 
sans  doute  d'un  ^yk^^  Mostafâ  quelconque.  (V.  Litt.  ) 
Mustapha  est  aussi  une  variété  d'oeillet. 

Orcanète.  Plante  originaire  de  l'Orient  avec  laquelle 
on  colore  l'alcool  employé  pour  les  thermomètres.  On 
l'appelle  encore  alcana,  alkanna,  alkanet^  et  alhenna. 
Bocthor  traduit  orcanète  par  ^l^l  l>-  \vinna  al-ghoâla^  ou 
J^il  Ia>-  litt  :  h.inna  de  la  goule,  qui  est  aussi  une  plante 
tinctoriale.  Pour  les  transformations  qu'a  subies  al-hinna 
avant  de  devenir  Orcanète  V.  Devic, 


TART  267 

Raquette.  Ce  mot  désignait  primitivement  la  paume 
de  la  main;  de  î>-b  râha,  même  sens  (V.  Devic). 

Récamer.  Broder  en  relief;  ^j  raqam^  même  sens. 

Romaine.  Instrument  de  pesage;  de  ^Uj  rommâna^ 
même  sens. 

Smala  ouZmala;de  U*j  :{amla,  famille  d'un  chef 
et  son  mobilier. 

Solive.  Devic  rattache  ce  terme  de  charpenterie  à 
s^salab^  arbre  d'une  longueur  notable.  Peut-être  ce 
mot  est-il  d'origine  celtique. 

Sophi  «de  Sy^  sefwt ,  adject.  dérivé  du  nom  du 
cheikh  Séfi,  sixième  ancêtre  du  chah  Ismaïl,  fondateur 
de  la  dynastie  des  Séfis  »  (Defrémery.  )  On  a  dit  sophi 
sans  doute  par  confusion  avec  soufi.  (Voir  ce  mot  ). 

Tamarin.  De  (i-u*  ^^  tamar  hindt,  datte  indienne. 

Tare.  De  ^Jh    tarha,  de  la  racine   r^  tarah,  jeter. 

Tartane.  Petit  navire  de  la  Mediterrannée.  Esp  :  tarida. 
Plur.  Val:  terides.  On  veut  généralement  que  tartane 
dérive  de  l'arabe.  Est-ce  de  SJb^  iarîda,  vaisseau  de 
transport  (i),  d'où  les  croisés  avaient  fait  taride}  Mais 
alors  d'oij  vient  la  finale  ane^  L'arabe  possède  -encore  la 
forme  ^l^L  tarâd, 

(1)  Sultans  Mamelouks.  T.  I.  l'-^part.  p.  144. 


268  ZAGA 

Thuban.  Etoile  de  3  ^^  grandeur  dans  le  Dragon  ;  de 
ôU^  thou'bân,  dragon. 

Trique.  Ne  trouvant  rien  de  mieux  je  propose  de  rat- 
tacher ce  mot  à  J^L  taraq^  frapper. 

Vacouf  et  Wacouf.  «  Nom  dans  l'Algérie  (  et  dans  les 
pays  musulmans  )  des  biens  appartenant  aux  mosquées. 
On  écrit  plus  souvent  vacouf)^  (Litt.)  conformément  à  la 
prononciation  turque  de  ôyj  woqoâf^  pluriel  de  ^j 
waqf^  legs  pieux;  ou  simplement  de  ce  dernier  mot,  qui 
dans  la  bouche  des  Turcs  devient  vaqoûf\  ^j  a  passé 
également  en  Persan. 

Valise.  Peut-être  de  ^j  waltha,  saccus  frumentarius, 
cophinus  magnus.  (V.  Devic). 

Zagaie.  Arme  dont  se  servent  les  Maures,  qui  est  une 
espèce  de  javelot.  Les  Turcs  ont  aussi  des  Zagaies. 
(Trévoux.)  Le  mot  est  emploie  dans  toute  l'Afrique  et 
même  en  Australie.  De  ÎiIpJ  ^agâïa,  mot  d'origine  ber- 
bère, et  que  les  Arabes  emploient  dans  le  sens  de  baïon- 
nette (Bocthor.)  Ar:[egaie  est  le  même  mot  avec  l'article. 
C'est  «une  lance  anciennement  employée  par  la  cavale- 
rie ;  elle  était  courte  et  ferrée  par  les  deux  bouts.  » 
(Littr é .  Supp  lém .  ) . 


ZOUI  269 

Zouave.    Nom    pris    d'une    confédération    de  tribus 
kabyles. 

/  Zouidja.  Terme  d'administration  en  Algérie;  éten- 
due de  terre  que  deux  bœufs  peuvent  labourer  dans  la 
saison  (Cherbonneau).  Transcription  de  ^L^jj  ^ouiga^  qui 
se  rattache  à  jo  J  former  une  paire  (Devic). 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS 


Page  5 .  note.  Aboukorn  est  aussi  le  nom  d'un  quadru- 
pède du  Soudan,  qui  porte  au  front  une  protubérance 
osseuse,  mince  et  droite;  de  ,j} y)  aboû  qorn,  littér.  le 
père  de  la  corne.  L'itiré.  Supplément  s.  v. 

Adive.  C'est  un  animal  qui  ressemble  beaucoup  au 
chacal.  Esp.  et|Ma/:  adiva.  Plg:   adibe.  Maj:   adiré. 
«Les  Arabes  et  les  Barbaresques,  dit  Sonnini  (i),  l'ap- 
pellent thaleb\{2)  et  les  paysans  Egyptiens  abou-hussein^ 
c'est-à-dire  père  de  hussein,  (^)...  On  trouve  les' adives 


(1)  Hist.  Nat.  T.  I.p.  108. 

(2)  ^_^  tha'-lab,  reRâvà.  Dozy  blâme  les  voyageurs,  qui  ont  cru  recon- 
naître ie  renard  dans  l'adive.  Comme  le  fait  remarquer  M.  de  Eguilaz 
adivi  (ou  ï^iîl)  parait  avoir  désigné  aussi  le  renard.  Il  cite  à  l'appui  l'ex- 
pression uva  de  raposa  qui  dans  P.  de  Alcala  correspond  à  ainab  a  dih. 
Et  chez  les  médecins  arabes  ^ji\  ,_^ ,  morelle  noire,  est  synonyme  de 
^JL«2!I  sjxs-,  .Rien  d'étonnant  en  cela.  Car  dans  les  descriptions  que  les  natu- 
ralistes nous  ont  laissées  de  l'adive  on  voit  que  ce  quadrupède  tient  beau- 
coup du  renard. 

(3)  Lisez  crt-ai_^.l  cihoû  housaîn,  sm'nom  du  renard  en  Arabe.  Ce  qui  prou- 
ve que  l'adive  était  considéré  comme  un  renard  en  Egypte.  Sonnini  semble 
avoir  compris  cru.>  housaîn  avec  un  y«  et  en  faii'e  un  nom  propre.  La  dis- 


ADIV 


dans  presque  tous  les  pays  que  fréquentent  les  chacals^ 
c'est-à-dire  en  Afrique  et  dans  quelques  parties  de  TAsie.» 
Adive  vient  évidemment  de  ^Ull  ad-dîb,  prononcé  vul- 
gairement addth.  Ce  mot  signifie  proprement  loup.  Mais 
il  est  incontestable  qu'en  Algérie  et  dans  le  Maghreb  il 
a  désigné  aussi  le  chacal  (V.  Dozy  Gloss.  45 .  )  ^1  semble 
qu'il  en  ait  été  de  même  en  Orient.  Dans  le  désert  Ara- 
bique, raconte  le  R.  P.  Philippe  de  la  S.  Trinité  «  il  y  a 
un  animal  qu'ils  nomment  D//^,  assez  semblable  au  loup , 
mais  d'une  autre  espèce,  comme  il  est  aisé  de  juger  par 
ses  hurlements.»  p.  'j^.  Dans  cette  description  il  est  facile 
de  reconnaître  le  chacal,  dont  le  hurlement  est  tout-à-fait 
caractéristique.  On  trouve  encore  chez  les  naturalistes 
adiré,  au  lieu  de  adive,  et  même  adil.  Belon  définit  Vadîl: 
une  «bête  entre  loup  et  chien^  que  les  Grecs  nomment 
vulgairement  sqailachi,  et  croyons  être  le  chryseos  ou 
lupus  aureus  des  anciens  Grecs.  »  Buffon  rapporte  que 
beaucoup  de  dames  à  la  cour  de  Charles  IX  avaient  de  s 


tinction  entre  le  ^  et  le  ^Ja  échappe  facilement  à  une  oreille  européenne  ; 
quoique  ces  deux  lettres  différent  autant  que  le  b  et  le  p.  Il  faut  en  dire  au- 
tant du  i  et  du  ja  quoique  Dozy  {Gloss.  p.  208).  ait  écrit  que  ces  deux 
lettres  se  prononcent  presque  de  la  même  manière.  Quelques  années 
de  séjour  en  Orient  aiu'aient  encore  modifié  cette  opinion  du  savant 
professeur. 


272  ALCH 

adives  au  lieu  de  petits  chiens.  Cette  fantaisie  ne  dura 
qu'un  temps. 

Albacore.  Wicquefort  écrit  albicore.  «Les  alblcores 
que  l'on  tuait  étoient  la  plupart  aussi  grands  que  des 
Thons.»  Quelques  anciennes  relations  portent  albo- 
cores  (  forme  portug,  )  et  appellent  albocorets  les  jeunes 
albacores. 

Albogues.  Esp\  albogue  (espèce  de  trompette).  «Ce 
sont  deux  instruments  de  cuivre,  en  manière  de  chan- 
deliers, qu'on  frappe  l'un  contre  l'autre]  pour  en  tirer  u;i 
son,  qui  s'accommode  bien  avec  la  cornemuse  et  le  petit 
tambour  (i).  Ce  nom-là  est  morisque.  »  C'est  l'arabe  J^l 
al-boûq,  la  trompette. 

Alchimélech.  Pfg:  alchimelech.  «C'est,  dit  Bosc,  le 
nom  arabe  d'une  espèce  de  mélilot,  qui  croît  en  Egypte». 
Effectivement  alchimélech  semble  une  corruption  de 
dlill  Ji'i^^  ikltl  al-malekj  qui  désigne  le  mélilot  en  arabe, 
dllll  JJfl  à  son  tour  est  une  altération  du  grec  fisXlhnop 
Ibn  el-Beithâr  Taffirme  expressément  :  «  ^jJ^\  j»  ^^^U 
dlili  »  (2).  Mais,  les  Arabes,  à  qui  a^j^J-^^  ou  [laUlmùv 
ne  disaient  rien  l'ont  transformé  par  un  procédé  éminem- 

(1)  Dict.  Trévoux  5.  t)..     - 

(2)  Trad.  de  Leclerc  11°  128.  et  Edition  de  Boulac.  I.  p.  50. 


ADDITIONS  275 


ment  propulaire  dans  le  nom  poétique  de  dlill  JiS^l 
c'est-à-dire,    la  couronne  royale.   Voici  les   propriétés 

que  lui  attribue  Ibn  Gazla  :  a UJl  ç\j^\  c^j  Ji^j  1  ju^  Jslm 

j^l  J^l  ^i\)  •IJU-Vb  J^lÂl^  ci  (  man.  déjà  cit.  ). 

Alcôve.  Dans  le  passage  arabe  cité,  traduisez  :  a  sous 
un  pavillon».  Pour  le  sens  de  pavillon,  dais,  baldaquin 
Cfr.  Ibn  Batoûta  III.  263,  287  et  pass.;  palanquin,  litière 
couverte:  Mas'oûdî  VII.  108.  Quant  au  sens  d'alcôve, 
on  le  trouve  dans  Ibn  Khallikân  :  «  Z"  ^  l/j  aJ  il  cJ^ 
[^9)}\  *\lt]\j  sJuJi\  j,  ^jj^)!  ;  il  avait  une  alcôve  d'hiver 
etc.».  Historiens  Orient,  des  Croisades A\\,  ^^c).  —  Du 
Loir  [Voyage  du  Levant  p.  70)  parle  des  alcôves  con- 
tenant le  lit  chez  les  Turcs. 

Aliboron.  Ce  terme  étant  invariablement  accompagné 
de  maître^  je  ne  puis  que  souscrire  à  l'étymologie  de 
Devic,  qui  dérive  aliboron  de  Jjjuîl  al-bîroûnt  (1),  sur- 
nom du  fameux  jjjuil  -^^  ù: -W^Ol^jj'J  •  Ce  savant, 
contemporain  et  rival  d'Avicenne,  a  joui  d'une  réputation 
immense,  non  seulement  chez  les  Arabes,  mais  encore 
chez  nos  ancêtres,  qui  en  faisaient  un  grand  magicien, 
possédant  à  un  haut  degré  le  don  de  prédire  les  choses 


(1)  Ou  al-baïroùnî. 

18 


274 


ALMÉ 


futures  (i).  «Le  nombre  de  ses  ouvrages,  dit  Al-Baïhaqî, 
dépasse  la  charge  d'un  chameau  ;  «jvio  J-?-  Ac  ^[^  vIj^Ij» 
On  peut  en  voir  l'interminable  liste  (2)  dans  l'introduc- 
tion de  la  Chronologie  Orientale  (  aJU)  jWl  .  édit.  Sachau). 
On  se  demande  comment  un  homme  a  pu  suffire  à  cette 
tâche.  Ainsi  «sa  main  ne  quittait  pas  la  plume  ;  Jjli  il5o  V 
UaII  oJj»  (Ach-Chahrazoûrî).  Elle  aborde  tous  les  sujets  : 
théologie,  mathématiques,  jurisprudence,  astronomie, 
astrologie  judiciaire,  science  des  talismans,  etc.  Et 
dans  les  travaux  vraiment  scientifiques  Aboû-Raihân  mon- 
tre souvent  une  élévation,  une  supériorité,  qui  dénotent 
une  intelligence  d'élite.  (3)  Quoi  d'étonnant  que  son 
nom  soit  devenu  synonyme  de  maître,  «  de  personnage 
éminent.?  »  (Littré) .  (4) 

Aimée.  «Les  aimées  forment  en  Egypte  une  caste  à 
part.  Elles  sont  beaucoup  plus  cultivées'  que  les  autres 


(1)  Dictionn.  infernal,  avt.  Abou-Ryhan, 

(2)  L'article  que  M"^  Leclerc  consacre  à  Al-Bîroûnî,  dans  son  Histoire 
de  la  médecine  arabe,  ne  fait  pas  suffisamment,  croyons-nous,  ressortir 
cette  prodigieuse  activité. 

(3)  Voy.  par  ex.  son  livre  sur  Vhide  que  nous  avons  cité  fréquemment. 

(4)  Scheler  (art.  alihoron)  parle  «d'un  subst.  arabe  alhordn^  âne  (  plutôt 
bête  de  somme).»  Ce  mot  arabe  n'existe  pas.  C'est  ûji-nîl,  al-hirdaun  que 
le  savant  lexicographe  a  voulu  dire.  A  l'art,  almanach  il  est  question  de 
«l'arabe  wanay,  feuÛles,  d'un  verbe  manaj.y>  Tout  cela  nous  est  inconnu. 


ADDITIONS  275 


femmes  de  l'Orient,  savent  livre  et  écrire  et  un  grand 
nombre  sont  poètes  » .  Du  Belloc,  Revue  du  Monde  Ca- 
tholique, p.  490,  Sept.  1889. 

Alula.  «Les  étoiles  des  pattes  se  nomment,  l  etft  Ta- 
nia,  V  ei^  Alula,  t  Talita.  »  (Arago.  Astron.  pop.  I.  338), 
Tania  et  Talita  sont  des  prononciations  vulgaires  de 
ÎJt  thânia,  deuxième,  et  de  4^1  ^  thâlitha,  troisième  (i), 
en  sous-entendant  Vfi  saut.  (Abdurrahmân.  5  3 .)  Alcor,  qui 
se  trouve  dans  la  queue  de  la  Grande  Ourse  «ne  vient-il 
pas  de  lj\y>-  ou  même  de  ûb^  '^  ^>  (2).  Cela  paraît  vrai- 
semblable. Phegda  et  Mégre^  (3),  7  et  5  de  la  même 
constellation  représentent  respectivement  i^  fakhà^ 
fikhà,  cuisse;  (V.  'Abdurrahmân.  5  3  )  et  jJ^a  maghre^,  ou 
^  il)  3^  racine  delà  queue  [Ibid.). 

Amarre.  L'origine  germanique  paraît  pourtant  aussi 
probable  ;  le  contraire  de  amarrer  est  démarrer. 
Nous  disons  en  note  que  ^j%    ou  4-^  a  proprement 


(1)  La  4"^*  patte  n'a  pas  de  nom  spécial,  les  deux  pieds  antérieurs, 
collés  ensemble,  sont  désignés  sous^Ie  nom  collectif  de  talita  ou  ^iJUJl  Sjisll 
(V.Chams  ed-din  de  Damas,  fig.  2). 

(2)  Note  de  M.  Schjellerup.  p.  50.  Alcor  est  appelé  par  les  Arabes 
J-Ud  saïdaq,  le  fidèle  ( ^Abdui'rahmân.  50  ) ,  et  non  l'épreuve  comme 
traduit  A.  de.  Humboldt. 


(3)  Voy.  Ai'ago.  Astron.  Populaire  loc  cit. 


276  AUBE 


le  sens  d'amarre.  Cela  est  exact;  mais  il  signifie  primi- 
tivement corde  (Aghânî.  XXI.  p.  193.  1.  i)  Il  apparaît 
dans  un  vers  de  Motalammis.  {Ibid>  192. 1.  23). 

Amogabare.  Ancienne  milice  espagnole;  Esp.  :  almo- 
gavar,  almugabar.  Cat.  :  almogaver,  almugaver.  (V. 
Eguil.)  Trévoux  se  trompe  quand  il  dérive  «Amo^a^ar^ 
de  mugabar  qui  vient  de  g abar^  (lisez  jL>.  )  géant,  fier»; 
c'est  j^Uli  al-moghâiver  qu'il  fallait  dire,  soldat  qui  court 
la  campagne  pour  faire  une  razzia,  une  algarade  dans  le 
sens  étymologique  de  ce  dernier  mot. 

Assaki.  Sultane  favorite.  Littré  (i)  dans  son  Sw/?/?/. 
donne  la  véritable  étymologie;  ^jCl^U.  khâssekî,  formé 
de  l'arabe  lA^  khâssa,  et  de  àkî^  terminaison  turque. 
Sous  les  Sultans  Mamelouks  les  Khassékis  étaient  les 
intimes  du  sultan.  A  la  cour  ottomane  ,J^\^  s'emploie 
encore  pour  désigner  les  personnes  attachées  au  service 
intérieur  du  palais,  et  surtout  la  sultane  préférée,  qui 
pour  cela  s'appelle  Û^LU  jC^U  khâssekî  soliân, 

Au.hergine,Esp,Plg.  Va/.:  berengena.  Ptg.:  bringela.Ca/.: 
alberginiera.£'s'/?.:alberengena.Ca^.Ma/.:alberginia.D'Ar- 

(1)  Résumant  Quatremère  :  Suit.  Mamel  I.  vol.  2«i«  p.  159. 


ADDITIONS  277 


vieux  a  merinjane  ;  de  J^:\ibâdln^ân  ou  bâdingân  (i). 
Le  vulgaire  dit  CM^-  betingân  et  cMj^^  bidangân.  L'arabe 
africain  dn})\^>\bâdin^âl.  Le  Mahâsin  ach-Châm  (2)  met 
le  u^^[  au  nombre  des  plantes  propres  à  Damas.  Parmi 
les  vers  qu'il  cite  on  remarque  les  formes  r-x:^  et  4o.JU) 
et  même  l'épithète  ^-u^  appliquée  à  un  repas  où  abonde 
l'aubergine.  Dans  Mas'oûdî  il  est  également  question 
«d'aubergines  àlaBourân  (3),  bonnes  à  ravir;  O^^^.J 
-cj::!*  di^J  4* •  ùbji  (VIII.  395).  Pour  les  autres  formes 
françaises  et  orientales  du  mot  nous  renvoyons  au  savant 
article  de  M.  Devic. 

Page  32,  ligne  17,  lisez  :  j^j  cd 

Azédarac.  Conformément  à  l'étymologie  persane 
nous  écrivons  c-^j^^t^ ,  mot  que  les  auteurs  d'accord 
avec  nos  manuscrits  orthographient  habituellement  avec 
un  seul  i .  (  Les  deux  Mlnhâg^  Splendeurs  de  Damas,  etc). 


(1)  Cette  forme  est  celle  du  Mu'arrab,  d'Ousâma  ibn  Monqid,  d'Ibn 
'Gazla,  de  Soyoûtî  (  jlkJI  cfl  cjb>i>»^rû2>*/»«^aûuscrit.),  etc.  Devic  ne  la  men- 
tionne pas.  ùl?JiU  avec  un  dâl  est  adopté  par  la  plupart  des  autres  manu- 
scrits de  notre  bibiothèque  :  Minlidg  ad-dokkân,  le  Kitdh  al-Mougiz  de 
'Alâ  ad-dîn,  etc. 

(2)  Man.  déjà  cit.  L'auteur   énumère  deux  espèces  d'aubergine  :  ^^♦^Vl 

(3)  Allusion,  croyons-nous,  à  la  célèbre  épouse  de  Mâmoûn. 


278  -  BAZI 

Notre  traduction  «pour  allonger  leurs  cheveux»  est  peu 
claire.  Mettez  :  «pour  faire  grandir.»  Cette  propriété  est 
également  attestée  par  Ibn  ûazla  :  ^^t^iSl  ^it^ll  J^y^j» 
a  ^_;-yl  4j  ;   et  par  Ibn  Mâgid.  ( manusc.  cités). 

Axirnach  :  de  3\^\  (i)  avec  kasra^  accentué  delà  sor- 
te jusqu'à  trois  fois  dans  Ibn  Mâgid  (^Uûli  ljy>-^\  manusc) 
N'ayant  chez  aucun  auteur  arabe  trouvé  une  description 
précise  de  cette  maladie,  je  crois  à  propos  de  transcrire 
les  premiers  vers  que  lui  consacre  notre  manuscrit. 

iycj^  (^  cfilS  fi^:^  i         i>ill  /i^  Sjju».  àf  C^ 

Pa^.  39.  //g-,  i®^^ et 2°^®. Trop  général;  à  comparer  avec 
ce  que  nous  disons  dans  l'Introduction  à  la  lettre  ^ 

Balle.  Paquet  de  marchandise.  N'admettant  pas  que 
ce  vocable  ait  la  même  origine  que  halle  à  jouer,  je  pro- 
pose de  le  dériver  de  l'arabe-persan  Z\  bâta,  sac  (2). 

Bazin.  Etoffe.   J'y  verrais  volontiers   l'arabe  }.  ba:{:{^ 


(1)  jj>à,  paraît  une  simple  faute  d'impression  chez  Devic. 

(2)  yu  ballot,  en   vulgaire,  est  un  emprunt  fait  à  l'Europe. 


ADDITIONS  279 


pannus  lmeus,bombacinus,  sencus(i).  J'assignerais  lamê- 
me  origine  à  bombas  in  et  bomba^ine*  Plus  tard  ces  deux 
termes  auront  été  réformés  sur  le  lat.  bombix  et  le 
bas  grec  ^aiiSâMov^  qu'on  croyait  y  reconnaître. 

Betelgeuse.  «De  ibt  al-djaiqâ,  épaule  (2)  d'Orion. 
La  forme  Beldelgeuse  semble  confirmer  cette  étymologie, 
la  lettre  /  pouvant  provenir  de  la  prononciation  empha- 
tique du  if.»  (Luc.  Gautier).  Cette  explication  sera  con- 
vaincante le  jour  011  l'on  signalera  chez  les  astronomes 
arabes  *ij^l  Ja)J  ibt  al-gau^â  pour  Betelgeuse.  Malgré  nos 
recherches,  nous  n'avons  trouvé  que  «-^j^-^  et  -ij^U^^X^» 
épaule  d'Orion.  De  w^  à  Jajj  il  n'y  a  pas  loin,  et  peut- 
être  ne  faut-il  pas  désespérer  de  rencontrer  ]ai) 

P.  52.  /.  it;.  lisez  :  la  présence  de  b.  A  la  ligne  17 
c'est  encore  b  qu'il  faut  lire. 

Bourrache.  On  prétend  que  ce  nom  de  plante  dérive 
de  l'arabe.  Est-ce  de  J^Ty,  boû  kharich,  nom  de  la 
bourrache  dans  Ibn  el-Beithâr  ?  (Voy.  trad.  D^  Leclerc 
n^  2024). 


ir 

(1)  Il  y  a  encore  ûx<H  1  étoffe  de  soie.  (  Mu'arrab.  79.  et  Aram.  Fremd- 
vjorter  p.  42). 

(2)  Littéralem.  aisselle.  Au  lieu  de  Jajl  Scaliger  écrit  J^l,  hât\  que 
M.  Schjellerup  fait  suivre  d'un  point  d'interrogation.  i,b  est  la  forme  vul- 
gaire de  LjI  ,  (V.  Belot.  Dict.  fi\-ar.  et  Landberg.  Prov.  266  ). 


28o  CAMO 


P. 67. 1. 8.  Au  lieu  deOila-i  lisez  JÙx^j  ainsi  que  l'indique 
la  transcription  européenne. 

P.  67.  lig.  10.  Mettez  un  tréma  sur  Vi  :  caïmacan. 

Calioun  ou  Galioun.  Pipe  orientale  ;  du  persan  ùj^ 
qalioûn  ou  ùiS»  qal'iân,  dont  en  Syrie  on  a  fait  û>^  gha- 
lioân  (i),  pipe  dans  le  genre  du  chibouque.  (V.  Mohît, 
Bocthor,  Heury).  Dans  les  relations  de  voyage  on  trouve 
encore  les  formes  calian,  kalian  et  kaléan. 

Camocan.  Esp.  :  camocan,  camucan,  çamoçan,  can- 
nucan.  y/^w,r/r.  :  kamoukas,  camocas.  Probablement  de 
\9Skamkha  ou  kimkhâ  (2),  mot  qui  est  dans  Ibn  Batoûta 
(IV.  269  et  pass.)  dans  les  Mille  et  une  Nuits  IV.  p.  3  58. 
éd.  Habicht,  dans  Bostani,  etc.  avec  le  sens  de  brocart 
(V.  Dozy.  Gloss.)  Canque  espèce  de  toile  de  coton  qui  se 
fabrique  à  la  Chine  «paraît  être  le  même  mot.»  (Devic). 
J'assignerais  la  même  origine  à  Cancanias  «atlas  (3)  ou 
satin  que  l'on  tire  des  Indes  Orientales.  M.  de  Jong  dans 
un  manuscrit  de  Tha'âlibî   (Latâïf  al-ma'ârif)   a  trouvé 


(1)  Pluriel  :  ov^.  Dans  un  dialogue  (arabe  vulgaire)  on  lit  ;  '^j.^^  [a  j|  » 
«  wj,/w.  ykj  à^jtf  Jj-»^  "^  jAl  I4-»  lj-..9t-j  U  S\f\  [^{Almanach  du  Bachir. 
1880.* p.  92*)."* 

(2)  Qui  paraît  être  la  meilleure  leçon. 

(3)  Transcription  de  l'arabe  ^^Ji»]  «pannus  glaber  sericus,  nostrum 
Atlas  »  (  Freyt  ).  V.  atlas  dans  Trévoux. 


ADDITIONS  281 


jUiT!  Dozy  se  demande  s'il  ne  faudrait  pas  lire  0^3^-'^ 
(  Gloss.  Esp.  246).  Camocan  et  Cancanias  rendent  cette 
conjecture  bien  probable. 

P.  74.  lig.  4;  lisez  :  Trad.   de  Slane. 

P.  92  :  ï>  ÛT^avec  damma  est  dans  Ibn  Mâgid. 

Dague.  Malgré  le  Portug.  adaga  nous  pensons  que  ce 
mot  ne  se  peut  rattacher  à  aucune  racine  arabe.  L*é- 
tymologie  germanique  est  très  satisfaisante. 

Dubhé.  Corrigez  ainsi  :  de  4>3  doubba,  ourse.  Elle  est 
au  centre  de  la  Grande  Ourse. 

P.  108.  1.4.  Escoffraie  doit  probablement  naissance 
à  schapraey  (V.  Scheler)  mot  très  usité  en  Flandre  avec 
le  sens  d'armoire,  garde-manger;  le  sens  primitif  d'es- 
coffraie  étant  établi  d'ouvrier,  ou  «grosse  table  qui  sert 
à  plusieurs  artisans  à  préparer  leur  besogne.»  (Trév.). 

P.  108.  note  :  targon  est  cité  par  Devic. 

Fanègue.  Esp.  Cat,  Ptg  :  fanega.  Val  :  fanega.  Esp  : 
hanega.  La  fanègue  est  une  mesure  d'Espagne  pour  les 
substances  sèches  (i),  équivalant  à  60  litres.  (Littré).  Ce 
mot  ne  date  en  France  que  du  milieu  du  siècle  dernier. 
On  écrivit  d'abord  fanega,  qu'on  faisait  masculin.  La 
première  fois  que  ce  terme  parut  avec  une  terminaison 

(1)  Pour  les  liquides,  dit  M.  Devic;  détail  à  corriger. 


282  GARA 


française  et  le  genre  féminin,  ce  fut  dans  la  Relation  du 
voyage  de  la  mer  du  Sud  par  Frezier.  Fanéga  et  Fanègue 
viennent  de  ^Iji  faniqa  «mensura  aridorum  in  Hispania 
dimidium  kafizi  continens  »  (de  Goeje)  ;  ou  comme  dit 
Moqaddasî  :  ^Lij  y^j  ^p  oIê  »)JIj  MLj  ô^L«  ^^jGVI  jC^  » 
^<  •  jûaII  Jsl^  .  Dozy  (  p.  240. 1.  5  )  traduit  XiS  par  boisseau. 
(Supplément  aux  dict.  ar,). 

P.  1 16. 1.  7  :  dto  foulq  est  encore  dans  le  titre  de  l'ou- 
vrage bien  connu  de  Soyoûtî  :  ô^^i  dllâîlj  ôyA\j^\  ;  le 
Trésor  caché  et  la  Felouque  chargée,  où  «dli*  ne  figure 
pas  pour  la  rime. 

P.  122.  1.  9  :  et  o^y^  khaulagân.  Ibn  Mâgid.  man. 

Garance.  Au  13^®  siècle  warance,  plus  tard  warenche, 
garance.-Volci  la  filière  imaginée  pour  l'étymologie  de 
ce  vocable  :  varantia  (Ducange)  pour  verantia^  qui  lui- 
même  est  pour  verans  color,  sive  verus^  hoc  est  vere 
ruber.  C'est  là  un  tour  de  force,  dirons-nous  avec  Sche- 
1er.  L'arabe  nous  fournit  heureusement  une  explication 
plus  naturelle  :^j-jj  wars  est  une  plante  rouge  (Avicenne  : 
Qânoân  et  Ibn  6azla  :  Minhâg)  servant  à  la  teinture,  ou 
comme  parle  Ibn  Hauqal  :  (p.  3 1 . 1.  15).  J^  à  j^\  OL*» 
«  4)  i.^  i)^}s:)\ .  De  là  ^jj  c-j^  habit  rouge,  littér.  teint 
avec  le  wars,  La  plus  belle  espèce  de  garance  venait 


ADDITIONS  283 


d'Orient,  ((d'où  elle  paraît  originaire».  (Privat-Descha- 
nel.)  D'après  les  Arabes  le  <j-jj  ne  se  rencontre  qu'au 
Yémen  (i).  En  français  la  garance  porte  déjà  le  nom  ara- 
be d'ali^ari  (V.  ce  mot)  ^jj est  prononcé  waras;\a. lettre 
n  est  adventice  (Cfr.  Introd.  Observ*  génér.). 

Gemmadi.  Sur  cette  transcr.  incorrecte  écoutons  Ibn 
Kamâl-Bâchâ  :  ^^L  1^>*H  ^^i^lj  ^U^U  JUIj  cijlXii^» 

«  ijvTj^  C-jblj  .  (  4Ju .  p.  II).  Toutes  ces  fautes  se  ren- 
contrent en  effet  chez  les  Turcs  qui  disent  JjVi  (iSL?- 
Dans  nos  manuscrits  le  mot  est  souvent  écrit  (i^l?*  ;  et 
dans  les  inscriptions  de  Cordoue  on  trouve  (iil-^-,  j^Vl  (i^l?- 

et  JjVl  cf^lr  (2). 

Hanéfîte.  Les  autres  sectes  orthodoxes  sont  les  Cha- 
féites  (disciples  de  l'imâm  ^Wl),  les  Hanbalites  (disci- 


(1)  Cfr.   AsmaH  :   «^ijjVI  j^j  w-aJIj  ùUUb  o-Jî^l  =  ù*^^."^^  ûjSC:  V  ^&^ . 
V.  aussi  Ibn  el-Beithâr  :  «  le  "wars  d'Inde  est  rouge,  d  un  rouge  éclatant.  » 
N°  2283.  et  le  Minhâg  ad-dokkân  :  Jjj  ùsJI  jj,^  Ji/»  ojjj  .  .^1  ^'^.  cy*  ^,  0,ji 
Ul-hjI  >^.  c;>"u  (  man.  cit.) 

(2)  Inscripcioiies  arabes  de  Cordoba,  par  R.  de  los  Rios.  pass.  J'y  rencontre 
aussi  les  expressions  :  ^.^1 ,  ^^1  ^^i-  ;  ce  qui  confirme  notre  observation 
précédente.  (  Introd.  XVII.  n.  2.)  Dans  le  j^^\^  ^15C>I  ç3  tA^s-U))  k^Uf  (man. 
Univ.  S.  Joseph)  on  trouve  également  yj>X\.  Le  héros  de  cette  histoire 
est  un  certain  J^JiSJs-,  vizir  de  Saladin,  sur  le  compte  duquel  on  met  les  plus 
di'ôles  aventures.  N'est-ce  pas  l'origine  du  karagouz  ou  caragueuz 
des  Turcs   (V.   Littré.   Supplém.  et  Devic). 


284  MAND 


pies  de  jLwJI  ^Us-  0:  -^^0  ^^  ^^s  Malékites  (disciples  de 

p.  1 39.  l.  9;  lisez  :  khin^ir,  1.  21  lisez  :  giullebbe. 

P.  142.  1.  14.  Un  autre  mot,  étymologiquement  sem- 
blable à  magazin,  est  Magzem  «qu'on  écrit  habituelle- 
ment mag:{en  ou  magh:{en.))  (Littré.  Suppl)  Mais  pour- 
quoi ajouter  que  l'orthographe  exacte  est  matchen  ?  Le  t 
surtout  est  de  trop. 

P.  145. 1.  8.  —  lisez  :  Sérasquier  ou  Séraskiev. 

P.  1 5 1. 1.  4.  lisez  :{araba;  à  la  9^®  1.  ajoutez  :  la  p.  546 
de  L.  de  Eguilaz. 

P.  152.  note  I.  lisez  :  jl.^  gamal, 

Mandille.  Esp.  Ptg*  Val  Prov,  et  vieux  fr  :  mandil  ;  de 
JjoI*  mandil  ou  mindîl[i),  sorte  de  long  voile  en  coton  à 
l'usage  des  femmes  (2).  Comp.  JxoJ  J» juic  jju •  (Aghânî. 
IV.  lyi.Boulac). 


(1)  La  première  accentuation  est  la  plus  ancienne  et  la  plus  conforme 
a  l'original  mantile  ou  au  bjzantin  iiavôr/Xiov»  Mindil  doit  naissance 
à  la  forme  J;j»i/i  à  laquelle  l'ont  ramené  les  Arabes.  Même  remarque  pour 
^j^  tirrîkh,  petits  poissons,  de  7a()f/oc  ;  jjjùS  demrdrjXa,  JjXs}  blâmé  par 
Ibn  Kamâl  Bâcha  est  étymologiquement  la  meilleure  forme. 

(2)  V.  Syn.  Arab.  n.  807.  Scheler  ne  connaît  à  l'arabe  que  le  sens  de 
«linge  à  essuyer.»  C'est  là  une  traduction  insuffisante.  L'œuvre  du  savant 
professeur  de  Bruxelles  gagnerait,  si  on  en  revoyait  les  étymologies  ara- 


ADDITIONS  285 


P.  1 5  6. 1.  2.  lisez  :  V.  le  mot  précédent. 

Maraud.  Le  sens  primitif  de  maraud  étant  gueux,  misé- 
rable, nous  croyons  qu'il  est  chimérique  de  le  rattacher 
à  ^ji*  mâridj  qui  signifie  rebelle,  et  aussi,  sorte  de  Djinn. 
La  forme  ^jj^  maroûd,  si  elle  était  employée,  aurait  le 
sens   de  ^jU  mârid, 

P.  158.  note  I.  Le  Mu'arrab  (p.  7)  met  le  mîm  au  nom- 
bre «  des  labiales  qui  sont  :  ^.  e-».  ^  ». 

P.  159.  lig.  1 3  ^^  lisez  :  une  forte  altération. 

Molequin;  du  L.  molochinus.  Le  reste  est  à  effacer. 

Moucharaby.  Balcon  grillé  des  maisons  turques. 
Nous  croyons  avec  M.  Lucien  Gautier  {Revue  critique, 
art.  cit.)  que  Ton  pourrait  admettre  ce  vocable  dans  nos 
dictionnaires.  Il  vient  de  £»j^  machrabîa  (Mohît),  ainsi 
appelé,  paraît-il,  parce  qu'on  y  laisse  rafraîchir  le  '^jt^ 
ou  gargoulette.  Ne  pourrait-on  pas  aussi  le  rattacher  à 
^j^A  mocharrab  (Golius),  mêlé,  enchevêtré,  et  à  Z\jt 
charrâba,  flocon  du  tarbouch?  Rien  n'est  en  effet  plus 
capricieusement  enchevêtré  que  les  carreaux  en  bois 
sculpté  de  certains  moucharabys. 


bes,  surtout  les  transcriptions.  Ainsi  il  n'est  plus  permis  de  répéter  avec 
Ménage  que  iksîr  (élixir)  «est  issu  du  verbe  kasara»;  dans  (.(aba?i  (art.  ca- 
ban) capote  avec  des  manches  et  un  capuchon»  n  est  de  trop.  Qu'est-ce 
que  l'arabe,  nhard,  impedimentum»  "i  {N.  farde)  Marabout  vient  de  morahît 
et  non  de  marahath,  qui  ne  correspond  à  aucun  terme* arabe. 


286  REAL 

Noria.  La  noria  reçoit  en  Egypte  le  nom  de  ^jL  sâqia^ 
de  ^  arroser,  et  qui  signifie  proprement  ruisseau,  canal, 
rigole  ;  îiL  avec  le  sens  de  noria  est  dans  Moqaddasî, 
Ibn  Hauqal  etc.  Littré  (Supplément)  a  noté  «Sakieh,  s.  m. 
pompe  à  chapelet  en  Egypte». 

P.  184.  1.  I  il  OblSill  ày^j  Jj\  xifà^Xi^.  r^  '  ^ 
*''i'\j^\jA  ancien  manuscrit  de  médecine  de  notre  bi- 
bliothèque sans  indication  de  titre  ni  d'auteur.  Ibn  Mâgid 
emploie  9^  dans  le  sens  de  moelle,  qui  est  aussi  celui 
du  vulgaire. 

P.  195.1.  16.  A  J^lrt5  qîrâi  Littré  rattache  «Quirat 
s.  m.  Terme  de  droit  maritime.  Part  de  propriété  d'un 
navire  indivis.»  (Supplém.) 

P.  200.  1.  10.  Lisez  Htqâr  ou  Haïqâr  C  jU*>.  );  de  mê- 
me p.  XII,  note.  Sur  jlL>.  Cfr.  Mu'arrab.  p.  54. 

Réalgar  :  jW)  J::*^  <S-^^  L^^j  d^J^  ci  •  jIâII  A  :  jU!l  ^ 
C^ii  ^1  Jaij  {Minhâg  ad-dokkân.  man.  cit.) 

P.  203. 1.  10.  L'orthographe  usitée  est  nacaire. 

P.  21 1. 1.  20  (note).  Dans  les  déserts  de  Syrie,  Ton- 
ce  est  encore  employée  pour  la  chasse.  V.  Lettres  de 
Mold  III.  p.  441  ;  on  y  trouvera  la  description  d'une 
de  ces  chasses.  L'auteur  y  confond  la  panthère  avec 


ADDITIONS  287 


Tonce.  Cette  confusion  se  retrouve  d'ailleurs  dans  la 
plupart  de  nos  dictionnaires  d'histoire  naturelle. 

Samorin  ou  Zamorin.  Nom  du  souverain  de  Calicut, 
qu'on  retrouve  souvent  dans  les  relations  des  voyageurs  ; 
de   (iyL  sâmarî,  pensons-nous.  V.  Ibn  Bat.  IV.  89.  94. 

P.  217.1.  i.  Lisez  :  ZJ:.  j^j  —  1. 8.  Lisez  :  Ob^x-  Il  est 
rafraîchissant,  d'après  Soyoûtî  :  jJa>^\  ^^^1^  [man,  cit.), 

P.  218.  1.  5.  La  transcription  saï d  {Brachet)  peut 
correspondre  encore  à  J.I-  saï/ed,  seigneur.  Comp. 
Tesp.  «^^aida,  senora.»  (Eguilaz.)  identification  repoussée 
par  Dozy. 

Taraxacon.  Û^J^  que  je  ne  connaissais  que  par 
Devic  m'est  fourni  par  notre  beau  manuscrit  du  Minhâg 
ad-dokkân  à  côté  de   û^Il>-jL 

Taude.  Banne  de  toile  ;  du  vieux  flam.  telde.  L'arabe  a 
ai  zolla^  operimentum,  umbraculum.  Mais  il  faudrait 
admettre  l'insertion  d'un  d,  et  la  transcription  de  J^  z  par 
t.  Ce  serait  l'unique  exemple  de  cette  transcription  en 
français  et  en  espagnol. 

P.  260.  1.  16.  Le  Mu'arrab  (p.  76).  écritjjji3 

P.  262.  Colcothar.  jlLliï  est  dans  Ibn  Mâgid(3^l  S3^jVi. 
manusc.  )  il  est  dans  le  Minhâg  d'Ibn  ûazla  avec  c^ 


288  ADDITIONS 


et  ^Jui5 .  Qazwînî  a  jcliî;  ces  deux  formes  sont  aussi 
en  marge  du  Minkâg.  Ibn  Mâgid  a  même  jlLlU  qui  est 
encore  plus  grec.  Colcothar  n'a  donc  pu  être  forgé 
par  Paracelse. 

P.  263.  Élémi.  (/V  n'était  connu  que  par  Antâkî, 
(  Dozy.  Suppl.  )  et  par  Qalioûbî.  (  i  )  Voici  un  passage  du 
Minhâg  ad-dokkân  :  ^^  3^  J^\  Cy*  J^  S^*^  ^^  y>  »  (  (/V  ) 
«  ^l^^îl  ^Ici  4i)ij  CjU-IjU  ^i*  -uAl  (2);  et  un  autre  de  l'A- 
brégéd'Ibn  el-Baitâr  (3)  par  Soyoûtî:  :   iu  Sx  ^  î/>lîl» 

P.  266.  Métel.  Jl*j  ♦  Uui  i-U  j_^j  j5_^  3_^  y^>  •  J»^  3j^  ^^ 
«  u^j^-î'  0-*  ^  ^'^  J^  ^-^  •  (  ^'^^hàg  ad-dokkân  ;  man.  cit.) 

Moringe.  Le  Minhâg  (Ibn  ôazla  )  porte  ^y  (sans 
accents)  :  ^iJfcîl  ^i  ^l  jUyi>j  (i-UA  3^.  Dans  ce  passage 
les  points  diacritiques  font  presque  complètement 
défaut. 


(1)  Voy.  aussi  Dozy.  Gloss.  Espagnol. 

(2)  La  copie  de  notre  manuscrit  a  été  terminée  en  1039  de  Thégire, 
(1629  de  J.  C.)  L'ouvrage  est  daté  de  658  (  V.  Hâg'  Khalîfa).  1259 
de  J.  C. 

(3)  Une  note  finale  avertit  que  ce  manuscrit  a  été  achevé  le  2  de 
Rabî'al-Akher  1014  de  l'hégire  (1605  de  J.  C.) 


INDEX  DES  MOTS  FRANÇAIS  ^ 


A 

Albor 

XXX 

Albogues  * 

272 

Abattre 

1 

Albora 

5 

Abdallas  ^ 

259 

Albornos  ''  ;  Albornoz 

58 

Abencerrage 
Abit 

32 
XXII 

Albotin 
Album  Rhazis 

0 
^^52 

Abouburs  '' 

5 

Alburnos  * 

■^58 

Abou-Hannes  " 

*5 

Alcade 

7 

Aboukarne 

*5 

Alcali 

7 

Aboukel 

2 

Alcana 

266 

Aboukorn 

270 

Alcaron  * 

7 

Abouquel 
Abricot 

1 

2 

Alcarraza 
Alcarrazas 

7 
7 

Abuburs  * 

5 

Alchandes  * 

8 

Abutilon 

3 

Alcheiri 

262 

Achernar 

3 

Alchimélech  * 

272 

Acbour 

4 

Alchimie 

259 

Adagio 

4 

Alcool 

XIV 

Adargue  * 

237 

Aie  or  an 

262 

Adène,  Adénium 

4 

Alcôve 

8;  273 

Adil,  Adiré  * 

270 

Aldébaran 

8 

Adive 

270 

Aidée 

9    • 

Affion 
Afrite 

4 
4 

Alépine 
Alezan 

10 
10 

Aigrefin 
Akharnar 

259 
3 

xilfa 
Alfange 

XXXI 
11 

Alambic 
Alancabuth 

*232 

4 

Alfaquin  * 
Alfier 

*112 

259 

Albacore  * 

Albara 

Albatros 

5;  272 
5 
5 

Algarade 
Algazel  * 
Algazelle 

12 
13 
13 

Alberge 
Albicore  * 

6 

272 

Algèbre 
Algorithme 

13 
13 

Albocorets  ''        ^ 

272 

Alguazil 

13 

*  L'astérisque  indique  que  le  mot  ou  la   forme  ne  se  trouvent 
pas  chez  De\'ic;  joint  au  chiffre,  il  renvoie  aux  notes. 


—  291  — 


Alhabor 

XXV 

Amalgame 

21 

Alliagée 

14 

Aman 

22 

Alliagi 

14 

Amarel  * 

22 

Alliaiot 

14 

Amarre  * 

22;  275 

Alhambra  * 

L 

Amblique 

L 

Al  bandai 

259 

Ambre 

260 

Albenna 

266 

Amiral,  Amirantz  * 

Alhidade  " 

XXV 

Amiratz.  Amiraut 

23 

Aliboroii 

273 

Amogabare  * 

276 

Alicate 

14 

Anafln 

24 

Alidade 

15 

Anil,  Aniline 

25 

Alizari 

15 

Antimoine 

260 

Alizarine 

15 

Arabi  ^ 

25 

Alkanet 

266 

Arac,  *  Arack 

196 

Alkékenge 

260 

Arcan 

*25 

Alkéqueruîbo  * 

260 

Ardeb 

X 

Alkermes 

XIX 

Argan,  Arganier 

25 

Allab 

16 

Argousin 

14 

Allez  ' 

15 

Arquebuse  * 

25 

Almade,  Almadie 

16 

Arratel 

27 

Almageste 

260 

Arrobe 

27 

Almagra 

xxxix 

Arsenal 

27 

Almanach 

17 

Arzegaie  * 

268 

Almargen 

18 

Arzel 

260 

Aimée  ' 

18;  274 

Asangue 

XIV 

'  Almène 

XLVI 

Aslani,  Assalani  * 

M 

Almézérion 

164 

Assaki  "" 

276 

Almicantarat 

260 

Assassin 

^  XXI;  28 

Almoravides  * 

155 

Assogue 

260 

Almoude,  Almude 

18 

Ataur 

XII 

AlmucantaVat 

260 

Athanor 

28 

Alphanesse 

19 

Atlas  '^ 

280 

Alphanette 

19 

Atlé 

260 

Alphard 

20 

Aubère 

29 

Aloës 

20 

Auberge 

-  6 

Alpbénic 

195 

Aubergine 

276 

Alquifoux 

20 

Aucoton 

264 

Altair,  Atair 

250 

Aucube  *         ♦ 

XJLXVIII 

Aludel 

XII 

Aufe,  Auffin,  Aufin 

XXXI 

Alula  * 

21;  275 

Auge 

29 

Alvarde 

21 

Aumusse  * 

30 

—  292 


Auphin 

XXXI 

Barboteur 

43 

Auquel  on 

264 

Barbotière 

43 

Avanie 

31 

Bardache  * 

43 

Avarie 

32 

Barde 

43 

AveiToës 

32 

Bardeau  ^  Bardot  * 

44 

Avicenniée 

32 

Bargache  * 

44 

Avives 

32 

Barge  " 

45 

Axirnach 

33;  278 

Barque  * 

45 

Ayan 

261 

Barracan 

55 

Ayuk 

14 

Bassa*,  Bascha  * 

189 

Azamoglan 

33 

Baudac 

40 

Azadaracht  * 

33 

Baudequin  * 

40 

Azadirachta  * 

*33 

Baudrac  " 

40 

Azédarac 

33 

Bayad 

XXII 

Azédarach  * 

*33 

Bazar 

46 

Azerbe 

.34 

Bazin  * 

278 

Azérole 

35 

Bedaine  * 

47 

Azimech 

36 

Bédégar,  Bédégard, 

Azimut  11 

XIX;  LU 

Bédéguard 

48 

Azoth 

261 

Bédouin 

48 

Bélien 

48 

B 

Beldelgeuse  * 

279 

Belle  rie,  Belliric 

*XX 

Babouche 

189 

Ben                          XX.N 

:V;41 

Bagage  " 

37 

Benetnacli 

268 

Bagasse  * 

38 

Benge,  Benghe  * 

261 

Bagatelle  * 

39 

Benni 

49 

Balais 

39 

Bérat  * 

41 

Baldac,  Baldach  ' 

40 

Berbeth 

42 

Baldaquin 

40 

Betelgeuse                   49;  279 

Baliverne  '^ 

40 

Beteigeuse 

49 

Balle  ' 

278 

Bézestain  '',  Bézestan 

50 

Ballot  e 

261 

Bézestin  * 

^^50 

Balourd  * 

40 

Bézoard 

51 

Balzan 

XL VIII;  261 

Binni 

49 

Bangue 

261 

Bismuth 

52 

Baphomet  * 

XXXII 

Blanc-raisin 

52 

Barat 

40 

Blanc  rasis 

52 

Barbacane 

41 

Bochir  * 

53 

Barbot 

42 

Bombasin/Bombazine  * 

279 

Barboter 

42 

,     Bonduc 

53 

/6 

b'^  — 

Borax 

*2;232 

Calebasse  * 

68 

Bordât 

53 

Calfater 

68 

Bosan 

54 

Calian  ^  Calioun 

280 

Bostangi 

54 

Calibre 

70 

Boudjou 

261 

Calife 

261 

Bougie 

56 

Calotte  * 

71 

Bouquelle 

XLVII 

Camard  * 

72 

Bouracan 

56 

Camocan,  Camocas 

280 

Bourrache 

279 

Camphre 

72 

Bout  argue 

56 

Camus  '^ 

72 

Braise  * 

56 

Cancan  * 

73 

Bran 

261 

Cancanias  * 

280 

Brodequin 

57 

Candi 

74 

Bulbul 

58 

Cangiar 

11 

Burnous 

58 

Canque 

280 

Buse* 

59 

Caphar 

74 

Busard  * 

LU 

Caquilier  * 

68 

Bjnni 

49 

Carabe 

262 

Caracole 

75 

C 

Carafe 

75 

Caragueuz 

*283 

Caaba 

60 

Caramoussal  '^ 

67 

Cabale  * 

60 

Caramoussat  * 

76 

Caban 

60 

Caraque 

76 

Cabas 

61 

Caratch 

77 

Câble  * 

62 

Carmin 

*3;XIX 

Cacis  * 

80 

Caroube 

78 

Cadi 

63 

Carouche  * 

*78 

Cadie 

64 

Carouge 

78 

Cadilesker 

64 

Carquois 

78 

Cadilesquer  * 

64 

Carrobe  * 

78 

Cafard 

64 

Carthame 

262 

Café 

65 

Carvi 

262 

Cafetan  * 

66 

Casauba 

79 

Caffar 

74 

Casba  *,  Casbah 

79 

Caftan 

66 

Caserne  * 

79 

Caïmacam  * 

67 

Casse 

80 

Caïmacan 

67 

Cassis  * 

80 

Cakile 

68 

Cavas  *,  Cavass  * 

81 

Calaf 

84 

Caza* 

63 

Calam 

68 

Cendal 

81 

—  294  — 

Cendo  * 

81 

Coufique 

263 

Censal 

82 

Courban 

263 

Cétérach 

XIV 

Courge 

263 

Chaban 

83 

Couscous,  Couscoussou       91 

Cliâble  " 

62 

Cramoisi 

*XIX 

Chachia 

82 

Cravache 

91 

Chaféite  " 

283 

Croupe  * 

92 

Chaland 

82 

Cubèbe 

92 

Chalef 

M9 

Cuine 

262 

Chaloupe  '' 

84 

Curcuma 

92 

Chamsin 

141 

Cuscute 

L 

Chaoux 

87 

Charabia 

85 

D 

Chébec 

86 

Chébule 

XXIX 

Dague  " 

281 

Chéchia 

82 

Dalle 

94 

Cheik,  Cheikh 

86 

Damas,  Damasquette 

263 

Cheikh  ul-islam 

*175 

Dame-jeanne 

94 

Cheiranthe 

262 

Danek  \  Dank  * 

95 

Chéri                XXXVir  ;  262 

Darcine  *,  Darsine  * 

Chérif 

87 

Darse 

95 

Chervi 

262 

Dauphin 

XXXI 

Chewal 

87 

Debab  * 

xxxvir 

Chiaoux 

87 

Degré  "^ 

95 

Chibouque 

87 

Denab 

95 

Chiffe 

262 

Dénébalézet  * 

96 

Chiffon 

262 

D'énébola  * 

96 

Chiffre 

262 

Dey 

96 

Chott 

XLII 

Dinar 

*163 

Cid 

88 

Dirhem 

"  163 

Cime  * 

88 

Divan 

XXXVI 

Cimeterre 

88 

Divani 

182 

Civette 

88 

Djérid 

97 

Cohober  * 

XXXIV 

Djinn 

98 

Coiffe 

89 

Doronic 

99 

Colcothar 

262 

Douar 

99 

Coran 

262 

Douane 

100 

Corge 

262 

Doum  *,  Doume 

100 

Corvée 

90 

Doura 

263 

Corvette 

90 

Dragoman,  Drogman 

101 

Coton 

264 

Dubb 

XLII 

295 


Dubhé  •" 

281 

Fellah 

113 

Felouque 

115 

E 

Fennec 

117 

Fez 

XX 

Ébahir  * 

102 

Filali 

263 

Éblis 

102 

Firman 

263 

Échecs 

103 

Fomalhaut 

117 

Élémi 

263 

Fonde 

118 

Élixir 

105 

Fondic,  Fondique 

118 

EmbHc,  Emblique 

L 

Fondouc,  Fondue  * 

118 

Émir 

105 

Fou 

XXXI 

Énif 

106 

Foutah 

264 

Épicerie        '' 

106 

Frise  * 

119 

Épinard 

107 

Futaine  * 

119 

Escafe 

107 

Escaflgnon 

107 

G 

Escarpin 

107 

Escoffraie                  108 

281 

Gabare  * 

120 

Escoffier 

108 

Gabari  *,  Gabarit  ' 

120 

Estragon 

108 

Gabarot  * 

M20 

Eyalet 

109 

Gabelle 

120 

Gâche 

*  XVIII 

F 

Gaïlan  * 

127 

Gala' 

121 

Faar 

109 

Galanga 

122 

Fabrègue 

109 

Galbe 

71 

Fagarier              XXVII 

,  110 

Galée  " 

'xxxni 

Falaque 

110 

Galie  * 

XXXIII 

Falque 

114 

Galvette  ' 

^^84 

Fanal  " 

111 

Gamache 

122 

Fanéga,  Fanègue 

281 

Gambra  * 

LI 

Fanfare  * 

112 

Garance  * 

222 

Fanfaron  * 

111 

Garbe  " 

71 

Faquin 

112 

Garbin 

123 

Farde,  Fardeau 

113 

Gazel,  Ghazel 

126 

Farek  ^ 

113 

Gazelle 

123 

Farfadet  * 

113 

Gemmadi 

123  ;  283 

Fargue 

114 

Genêt 

124 

Earsanne  * 

114 

Genette 

124;  264 

Féci 

'  XX 

Gengéli 

124 

Feddan  " 

114 

Gerboise 

124 

296 


Gérid 

97    ] 

Hoqueton 

264 

Gholes  " 

127 

Houka 

'179 

Gibbar 

126 

Houle 

135 

Girafe 

127 

Houri 

264 

Girbe 

127 

Huila  " 

XLII 

Goudron 

264 

Gouldran,  Gouldron  * 

let  J 

Goultran 

XLVIII 

Goule 

127 

Iblis 

102 

Goum 

264 

Imam 

136 

Goure  * 

128 

Iradé 

264 

Grabeler 

264 

Islam 

*  176 

Grand  raisin  * 

^52 

Jambette  * 

137 

Grèbe 

128 

Jaque  * 

138 

Guider  * 

128 

Jarde 

265 

Jardon 

265 

H 

Jarre 

138 

Jaseran 

138 

Habalzélin,  Habzéli 

129 

Javari 

139 

Habaziz,  Habelassis 

129 

Jonque  " 

139 

Habe 

61 

Jubarte 

139 

Habesch 

129 

Jubis 

265 

Habous  * 

XLIX 

Jugeoline,  Jugoline 

'  124 

Hachich 

28 

Julep 

139 

Hadji 

130 

Jupe 

265 

Haïk  * 

130 

Haje 

130 

K 

Hallali 

131 

Hanbalite  * 

283 

Kabyle 

140 

Hanéflte  %  Hanifite 

131 

Kadaïf* 

140 

Haras 

131 

Kafis" 

141 

Harem 

132 

Kaïd 

141 

Haret 

264 

Kaléan  *,  Kalian 

280 

Harmal 

264 

Kali* 

7 

Ha,sard 

136 

Kamoukas 

280 

Hatti-chérif 

133 

Kandoul  " 

141 

Hebbe 

134 

Kantar  * 

142 

Hégire 

264 

Karagouz  * 

233 

Helbe,  Helbeh 

134 

Kasdir 

XIX 

Henné 

136 

Kataïf* 

140 

Heyque  * 

XLH 

Kazine,  Khazine 

142 

—  297  — 

Keiri 

262 

Mahonne 

153 

Kermès 

265 

Maidan 

153 

Khalifa  " 

261 

Malckite  * 

284 

Khamsin 

141 

Mamelouk 

154 

Khan 

142 

Mandille  * 

284 

Khandjar,  Khanjar 

11 

Manège  * 

154 

Kharadj 

77 

Mangala  " 

154 

Kharbéga 

265 

Marabotin  * 

155 

Kibla,  Kiblat 

148 

Marabout 

155 

Kiosque 

142 

Maran  *,  Marane  *, 

Kochlani  * 

XV 

Marrane  * 

156 

Marcassite 

265 

L 

Marcher  * 

157 

Marûl 

157 

Laque 

265 

Markab 

158 

Laskar 

145 

Marmite  "              XXIII 

;158 

Lazuli 

145 

Marmot  " 

159 

Lebeck 

145 

Marmouset  * 

159 

Lésine  * 

146 

Marquise  * 

159 

Lilas 

146 

Maraud 

285 

Lime 

147 

Mascarade 

159 

Limon 

146 

Masque  * 

160 

Lisme 

147 

Matamore 

160 

Looch 

147 

Mat 

103 

Luth                      XVI;  148" 

Matassins 

265 

Lyfa 

XXXVII 

Matelas 

161 

Matraca 

265 

M 

Matraque 

265 

Matras 

265 

Macabre 

149 

Maugrebin 

162 

Mâche 

149 

Me^jidieh 

265 

Madrague 

151 

Médresseh 

162 

Magalep  " 

151 

Mégrez 

275 

Magzem  *,  Maghzen 

* 

Melchites 

162 

Magzem  '' 

284 

Mélochie 

163 

Mahalep 

22  ;  151 

Mérak  " 

163 

Mahari 

151 

Mérinos 

266 

Mahomerie  * 

XLVI 

Mescal 

163 

Mahomerois  * 

XLVI 

Mesquin 

164 

Mahometan 

153 

Metel,  mételle,  méthel 

266 

Mahometois  * 

XLVI 

Mézéréon 

164 

298  — 


Mézérion 

146 

Nabca 

178 

Midan 

153 

Nacaire,  Naquaire 

286 

Minaret 

164 

Nadir 

xxrv 

Miramolin 

165 

Nafé,  Naffe 

178 

Mirza 

165 

Nargliileh,  Narguilé 

179 

Mistic,  Mistique 

166 

Nâtron 

180 

Mobed 

166 

Nébulasit 

180 

Mogrebin 

162 

Nems 

180 

Moliarrem 

166 

Nénufar 

181 

Mohatra 

XV 

Neskhi 

182 

Moire 

266 

Nichan 

182 

Moise 

266 

Nizam 

235 

Moka 

167 

Nizéré 

182 

Molequin 

285 

Noria 

183 

Mollah 

167 

Nuphar 

181 

Momie 

168 

Nuque 

183 

Morfîl 

157 

Moringe 

266 

0 

Mortaise 

266 

Mosch  * 

169 

Oc  que 

185 

Mosette  * 

169 

Ogre 

185 

Mosquée 

169 

Ohban                    XLI\ 

^;185 

Moucharaby  * 

285 

Ohnde 

187 

Moucre,  Moukre  * 

169 

Omara  *,  Omhra  * 

177 

Mousselin,  Mousseline 

171 

Orange 

178 

Mousson 

172 

Orcanète 

266 

Moustapha  *,  Mustapha 

^  266 

Osmanieh  * 

xn 

Mozarabe 

173 

Ottoman,  Ottomane 

XII 

Mozette  * 

169 

Ouléma,  Uléma 

244 

Mufti,  Muphti 

173 

Mulâtre 

164 

PetQ 

Musacées 

175 

Musc 

175 

Pabouche  \  Papouche  * 

189 

Muse 

175 

Pacha 

189 

Musulman 

176 

Palandrie  * 

83 

Papegai,  Papegaut 

189 

■      xN 

Para 

190 

Pastèque 

191 

Patac  *,  Patacon 

192 

Nabab 

177 

Patache 

191 

Nabathéen 

177 

Patagon 

192 

—  299 


Pataque 

192 

Rock 

208 

Patar  \  Patard,  Patart 

194 

Romaine 

267 

Paturon  *,  Potiron 

194 

Roquer 

209 

Pénide 

195 

Roupie 

209 

Phéci 

*XX 

* 

Phegda  " 

275 

S 

Poutarg'ue 

56 

Quintal 

195 

Sabot  * 

215 

Quirat  * 

286 

Sacre 
Safar 

210 
211 

R 

Saffre,  Safre 

212 

Safran 

212 

Rac 

196 

Sahin  * 

♦ 

XXXIV 

Raguahil 

152 

Sakieh  ^ 

286 

Raïa 

196 

Salamalec 

'218 

Raïs 

197 

Salandre  * 

,  Zalandre  " 

83 

Ramadan 

198 

Salep 

212 

Ramberge  " 

198 

Sambac 

213 

Rame 

199 

Samorin  *, 

Zamorin 

287 

Raquette 

267 

Sandal 

213 

Rasas 

52 

Sansal 

220 

Ratle     • 

27 

Santal 

213 

Raze 

199 

Saphène 

213 

Razia,  Razzia 

200 

Sarbacane 

214 

Réagal,  Réalgar 

201 

Sarrasin  * 

215 

Rebec 

202 

Satin 

215 

Rébi 

203 

Savate  "^ 

215 

Récamer 

267 

Sbirre 

216 

Récif,  Ressif 

205 

Scheat 

216 

Rédif 

204 

Schiite 

216 

Redjeb 

205 

Sébeste 

217 

Régulus  * 

205 

Sébile 

217 

Réïs 

197 

Sécacul ,  k 

Seccachul 

217 

Ribes 

205 

Séide 

217 

Rigel 

207 

Sélam,  Sélan 

218 

Ripopce                      LU 

;208 

Semoun,  Simoun 

222 

Riquiqui 

196 

Séné 

219 

Risque 

207 

Sensal 

220 

Rob 

207 

Sequin 

220 

Roc 

209 

Séraskier, 

Sérasquier 

145 

Roche 

208 

Sesban,  Sesbanie 

221 

—  300  — 

Shagarag  * 

221 

Tarbouch 

235 

Shead 

216 

Tare 

267 

Sheik 

86 

Targe,  Targette  *, 

Sheregrig  * 

221 

Tarjette  * 

237 

Siroc,  Siroco 

222 

Targuer 

237 

Sirop 

226 

Taride  * 

267 

Smala 

267 

Tarif 

237 

Soda 

223 

Tartane  * 

267 

Sofa 

224 

Tartarot  *                *  : 

KXXW 

Soldan 

228 

Tartre 

238 

Solive 

267 

Tasse 

238 

Sopha 

224 

Taude  " 

287 

Sophi 

267 

Téréniabin 

239 

Sorbet 

225 

Terfez  * 

239 

Souche  * 

226 

Teskéré  * 

239 

Sultan                   XXIII 

;228 

Thuban 

268 

Soufi 

227 

Tiber 

240 

Sourate 

XI 

Tibir  * 

*240 

Sucre 

228 

Timbale 

234 

Sumac,  Sumach 

229 

Tincal,  Tincar,  Tinkal 

•XXX 

Sumbul 

230 

Tintenague 

241 

Tintenaque 

241 

T 

Toman 

240 

Toque 

241 

Tabaschir,  Tabashir  *, 

Toufan  *,  Typhon  * 

243 

Tabaxir 

231 

Toutenague 

241 

Tabis 

232 

Tringebin 

239 

Tabour 

234 

Trique 

268 

Tabourdeur 

)) 

Truchement 

101 

Tabouret 

» 

Turbith 

241 

Tabouriii 

)) 

Tuthie,  Tutie 

242 

Tagarot  *,  tagerot  *    XXXIV 

Talc 

232 

U  à  2: 

Talisman 

223 

Talita  * 

275 

Usnée 

244 

Tamarin 

267 

Vacouf*,  Wacouf 

268 

Tambour 

233 

Vali,\Vali 

249 

Tandour 

234 

Validé 

244 

Tania  * 

275 

Valise 

260 

Tanzimat 

234 

Varan 

246 

Taraxacon,  Taraxacum 

235 

Vilayet 

247 

301  — 


Visir,  Vizir 

248 

Zédaron 

XLVI 

Wadi* 

*  XXXVII 

Zédoaire 

254 

Waggart  * 

249 

Zéen 

255 

Wahabite 

249 

Zekkat 

255 

Warance  *,  Waranche  *    281 

Zénic  * 

254 

Wéga 

250 

Zénith 

XIX 

Yed 

XXXVII 

Zerci  " 

^254 

Zaccon  *,  Zachum  * 

•) 

Zerda  %  Zerdo  * 

255 

Zacon  * 

251 

Zérumbet,  Zurembet 

250 

Zadir  ' 

^  254 

Zibeth 

256 

Zagaie 

268 

Zigzag  * 

256 

Zahorie  * 

251 

Zilcadé 

256 

Zain 

251 

Zilhagé 

256 

Zammara  * 

253 

Zinzolin 

257 

iZaouia 

253 

Zircon 

257 

Zaphar 

*  XXXIV 

Zmala 

267 

Zaptieh* 

253 

Zouave 

269 

Zarater 

*254 

Zouidja 

269 

Zarca  * 
Zarnech 

258 

254 

Zufagar 

XVII 

INDEX  DES  MOTS  ORIENTAUX    ^ 


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*    Arabes,   turcs,  persans.   Les  mots   arabes   sont  rangés,  non  par 
racines,  mais  par  ordre  alphabétique. 


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XXIX 
134 
187 
187 

XXVI 

31 

135 


XXXVII 
246 
249 
247 
240 
282 
246 

13;  248 
268 
247 
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249 
183 
*  50 
50 
124 


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REMARQUES 


SUR     LES 


MOTS  FRANÇAIS 

DÉRIVÉS  DE  L'ARABE, 


PAR 


HENRI    LAMMENS  S.  J 


BEYROUTH, 

IMPRIMERIE      CATHOLIQUE, 

1890. 

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IMPRIMERIE   CATHOLIQUE 

BEYROUTH   (Syrie) 

(Envoi  du  catalogue  gratis  et  franco  sur  demande,) 
SYNONYMES  ARABES. 

Petit  in-8^  528  pages.  1889. 
Par  le  P.  H.  Lammens  S.  J.  Fr.  afifr. 

Broché 5,25         0,60 

LE  DIWAN  D'AL  KHANSA.  (Texte  et  traduction.) 

In-8^  338  pages.  1889. 
Par  le  P.  de  Coppier  S.  J. 
Broché 5  »        0,45 

ID.             ID.            ,  précédé  d'une  étude  sur  les  femmes 
poètes  de  l'ancienne  Arabie.  (Edition  toute  en  français.) 
In-8^  226  pages.  1889. 
Par  le  P.  de  Coppier  S.  J. 
Broché 4,50         0,35 

U^  DIWAN  D'AL  AKHTAL. 

Grand  in-8°.  1890. 

Edité  et  annoté  par  le  P.  A.  Salhani  S.  J. 

(Sous  presse.) 

DICTIONNAIRE  FRANÇAIS-ARABE. 

Grand  in-12,  2  vol.  :  1'*'"  vol.  724  pages  à  2  colonnes.  1890. 
Par  le  P.  J.-B.  Belot  S.  J. 

Broché chaque  volume    8  »  1,20 

[Le  aecond  volume  paraîtra  dans  le  mois  de  Juillet  1890.) 


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