Pr ! 110
Nouvelle Série, Tome XIV, Fasc. 2
DLP -3-6-8 '170 9580
1979
ISSN 0035-0702
REVUE
ALGOLOGIQUE
LABORATOIRE DE CRYPTOGAMIE
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
12, RUE DE BUFFON - 75005 PARIS
Publication Trimestrielle * Sorti des presses le 31 juillet 1979
OUVRAGE PUBLIÉ AVEC LE CONCOURS DU CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
Source : MNHN, Paris
COMITÉ DE LECTURE
F. ARDRÉ, M. CHADEFAUD, A. COÛTÉ, J. FELDMANN, F. GASSE, P. GAYRAL
M.T. L’HARDY, F. MAGNE, R. MESLIN, A. SOURNIA
Copyright© 1979- Revue Algologique.
Éditeur : A. D. A. C.
Nouvelle Série, Tome XIV, Fasc. 2
1979
REVUE
ALGOLOGIQUE
Fondée en 1922 par P. ALLORGE et G. HAMEL
Directeurs : P. BOURRELLY et R. LAMI
Rédacteur : M. RICARD
'k!
SOMMAIRE
P. BOURRELLY. - Otto J A AG : 1900-1978 . 93
A.K. DUTT, T.K. DATTA and K.K. GUPTA. - Studies on high altitude
saxicolous Cyanophyta. V. On the morphology of Stigonema papen-
fussii sp. nov. and Stigonema geitleri sp. nov. 99
P. GAYRAL et J. FRESNEL. - Révision du genre Hymenomonas Stein.
A propos de l’étude comparative de deux Coccolithacées : Hymeno¬
monas globosa (Magne) Gayral et Fresnel et Hymenomonas lacuna
Pienaar. 117
M. RICARD et B. DELESALLE. - Le phytoplancton de la mangrove en
Guadeloupe (Antilles françaises). I. - Premier inventaire qualitatif et
quantitatif de trois canaux du Grand Cul de Sac Marin. 127
J. GAILLARD et M.Th. L’HARDY-HALOS. - Corrélation de croissance
chez le Dictyota dichotoma (Huds.) Lamouroux (Phéophycée, Dictyo-
tale); contrôles mutuels de l’apex et de la base du thalle au cours du
développement des gamétophytes juvéniles. 149
G. TELL et A. COÛTÉ. — Ultrastructure de la paroi cellulaire de Coelas-
trum sphaericum var. rugulosum (Thom.) Sodomkova en microscopie
électronique à balayage. 163
M.S. FARGHALY et M. DENIZOT. - Le genre Rhipiliopsis. Définition
et place dans les Caulerpales (Chlorophycées). 169
OUVRAGES REÇUS POUR ANALYSE. 185
NOTICE :
SIXTH SYMPOSIUM OF LIVING AND FOSSIL DIATOMS
BUDAPEST, HUNGARY. SEPTEMBER 1-6, 1980
This is the fïrst announcement for the Symposium on Living and Fossil
Diatoms to be help on September 1-6, 1980 at the Hungarian Geological Society
in Budapest, Hungary. Scientists working on the morphology, ecology, biostra-
tigraphy and taxonomy of Living and Fossil Diatoms are invited to attend the
symposium and to présent papers or demonstrate their work. Deadline for
abstracts, March 1, 1980. For preliminary registration and submission of titles
of contributed papers mail to Dr. Marta Hajôs, Hungarian Geological Survey
Budapest, Post Box, 106. Hungary 1442.
LES DIATOMEES LACUSTRES PLIO-PLEISTOCENES DU GADEB (ETHIOPIE)
SYSTEMATIQUE, PALEOECOLOGIE, BIOSTRATIGRAPHIE
par Françoise GASSE
(Ecole Normale Supérieure, 92260, Fontenay aux Roses, France)
210 pages, 62 planches, 150 références, broché.
Prix de souscription : 260 FF, parution : déc. 1979.
L’auteur étudie dans cet ouvrage les diatomées d’une séquence continentale, lacus¬
tre puis fluvio-lacustre, de 45 m d’épaisseur, d’âge plio-pléistocène (2.7-0.7 millions
d’années), récoltées sur les hauts plateaux volcaniques d’Ethiopie (2300 m d’altitude).
La première partie est consacrée à la description de la flore : 392 taxons apparte¬
nant à 31 genres ont été inventoriés. Cette étude taxinomique contient la description
de nombreux taxons nouveaux ou intéressants et s’appuie sur 62 planches photogra¬
phiques réalisées en microscopie photonique et électronique à balayage : près de 900
clichés représentant 265 taxons et leurs variations spécifiques.
Dans la deuxième partie, les associations successives des diatomées de la phase
franchement lacustre (2.71-2.35 millions d’années) sont définies et interprétées. Ces
associations sont très diversifiées et leur composition floristique s’explique par l’évolu¬
tion écologique du milieu et l’âge ancien des dépôts. Des fluctuations climatiques
globales paraissent, en partie, responsables des changements écologiques enregistrés par
les diatomées. L’ancienneté de la flore se manifeste principalement dans le groupe des
centriques ( Melosira, Cyclotella, Stephanodiscus) et se traduit par l’abondance d’es¬
pèces éteintes ou d’aire biogéographique actuellement restreinte. Leur valeur bio-
stratigraphique est soulignée par l’analyse de leur paléogéographie et paléostratigraphie
mondiale. Certaines espèces vivant encore actuellement présentent des caractères
archaïques et l’existence de nombreuses formes intermédiaires reflète une période
d’intense évolution spécifique.
L’analyse des diatomées lacustres plio-pléistocènes du Gadeb est la première étude
d’une séquence épaisse, continue et très bien située dans le temps par de nombreuses
datations radiométriques. Seul, ce type d’étude permet des corrélations interrégionales
et intercontinentales pouvant apporter des conclusions générales sur l’évolution des
milieux continentaux, la paléobiogéographie et la phylogénie des diatomées. De plus,
la richesse et la qualité de l’illustration en font un important document sur la systé¬
matique et la biogéographie des diatomées lacustres plio-pléistocenes.
LES DIATOMEES LACUSTRES PLIO-PLEISTOCENES DU GADEB (ETHIOPIE)
SYSTEMATIQUE, PALEOECOLOGIE, BIOSTRATIGRAPHIE
par Françoise GASSE
BON DE RESERVATION
Ce bon de réservation est destiné à préciser le nombre de personnes intéressées par l’achat de
cet ouvrage. En juillet 1979, les personnes ayant renvoyé ce bon recevront un bon de commande
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PLIO-PLEISTOCENE LACUSTRINE DIATOMS FROM THE GADEB (ETHIOPIA)
SYSTEMATIC, PALEOECOLOGY, BIOSTRATIGRAPHY
by Françoise GASSE
(Ecole Normale Supérieure, 92260 Fontenay aux Roses, France)
210 pages, 62 plates, 150 references, bound.
Subscription price : 260 FF, issue on Dec. 1979.
In this paper, the author présents the diatom study of a continental (lacustrine and
fluvio-lacustrine) sequence of 45 m thick and dated from 2.7 to 0.7 million years. The
geographical and geological setting of the sédiments, taken from the volcanic uplands
(2300-2350 m in élévation) of Ethiopia, is briefly described in the introduction.
The fïrst part is relative to the systematical study of the rich diatom flora : 392 taxa
belonging to 31 généra. This taxonomical chapter is based on 62 photographie plates
in photonic (28 plates) and scanning microscopy (34 plates). 265 of the taxa are
represented, taking into account their spécifie variations.
In the second part, the successive diatom assemblages of the entire typical lacus¬
trine phase (2.71-2.35 million years) are defïned and interpreted. Their floristic com¬
position dépends on the ecological évolution of the biotope and on the Plio-Pleistoce-
ne âge of the deposits. Ecological changes deduced from the diatom flora seem to be
partly due to global climatic fluctuations. The âge of the flora appears clearly through
the Centric diatoms ( Melosira, Cyclotella, S tephano disais). It is registered by the
abundance of species now extinct or with today restricted biogeographical area.
The study of their paleogeographical distribution and their stratigraphical range
throughout the world indicates they are excellent biostratigraphical markers. Many
species présent transitional forms indicating that the Plio-Pleistocene was a period of
intensive spécifie évolution.
The analysis of the plio-pleistocene lacustrine diatoms of the Gadeb represents the
first diatom study on a thick and continuous continental sequence set within a ra-
diometrically dated time scale. Only this type of study allows interregional and inter¬
continental corrélations and will lead to general conclusions concerning the ecological
évolution of the continents, the paleobiogeography and the phylogeny of the diatoms.
The numerous illustrations make this an important work for the systematic and the
biostratigraphy of the plio-pleistocene lacustrine diatoms.
PLIO-PLEISTOCENE LACUSTRINE DIATOMS FROM THE GADEB (ETHIOPIA)
SYSTEMATIC, PALEOECOLOGY, BIOSTRATIGRAPHY
par Françoise GASSE
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93
In Memoriam
Otto JAAG : 1900-1978
P. BOURRELLY
Le 31 juillet 1978, le Professeur O. JAAG, bien connu de tous les algologues
et de tous les limnologues, nous a quittés après avoir passé cinquante années de
sa vie à étudier les algues d’eau douce, à combattre pour la protection de la
nature et la sauvegarde des lacs et des fleuves.
Né le 29 avril 1900 dans le petit village de Beringen de la région de Schaffhou-
se, il fit ses études secondaires dans ce canton, puis il revint quelques années
comme instituteur dans son village natal et enfin étudia les sciences naturelles a
l’Université de Genève; il passa son doctorat de botanique dans le laboratoire
du Prof. Robert CHODAT (1929). Il prit au contact de ce maître de l’algologie
Rev. Algol, N.S., 1979, XIV, 2 : 93-97.
Source : MNHN, Paris
94
P. BOURRELLY
moderne l’amour des algues microscopiques. Dès lors sa carrière universitaire
est toute tracée : d’abord assistant du Prof. JACCARD, au laboratoire de physio¬
logie végétale de l’École Polytechnique Fédérale de Zürich (E.T.H.), ü passe
ensuite à l’Institut Botanique du même établissement dirigé par le Prof. GÀU-
MANN où il est nommé professeur en 1941. Il y enseigne jusqu’en 1970 l’hydro-
biologie, la cryptogamie, la botanique, la phytopathologie, sans oublier les
techniques de l’épuration des eaux et leur protection.
En 1952 il ajoute à ces lourdes charges universitaires, la direction de l’Institut
Fédéral pour l’aménagement, l’épuration et la protection des eaux (E.A.W.A.G.).
Il modernise cet établissement et grâce à son action énergique le grand centre de
Dübendorf verra le jour. Directeur de la Station biologique de Kastanienbaum,
il agrandit ce laboratoire admirablement situé sur les bords du Lac des Quatre-
Cantons; il en fait un établissement bien équipé qui permet un travail de groupe
en limnologie et biologie lacustre.
Ces tâches universitaires et administratives ne suffisent pas à l’activité débor¬
dante du Prof. JAAG. Avec sa fougue habituelle, il se lance dans la protection
de l’eau : la Suisse est le château d’eau de l’Europe, il faut donc défendre la
purete de cette eau précieuse. En 1949 il fonde l’Association suisse pour la
protection de l’eau dont il sera le président jusqu’à sa retraite en 1970; puis il
organise la «Fédération européenne pour la protection de l’eau». Avec courage il
publie de nombreux articles de haute vulgarisation dans les journaux, revues,
périodiques et ce pour sensibiliser l’opinion suisse à ces questions, et grâce à ses
efforts, en 1953, la «protection de l’eau» fait l’objet d’un article de la constitu¬
tion fédérale suisse : beau succès pour un scientifique.
Les talents d’organisateur de O. JAAG ont aussi brillé lors du 10e Congrès
de l’Association Internationale de Limnologie (S.I.L.) qui s’est tenu en Suisse
en 1948. Enfin dans le cadre de cette association il fonde un groupe de travail
sur les Cyanophycées et en 1960, grâce à lui, se tient à Kastanienbaum le
premier «Symposium international sur la systématique des algues bleues».
Il assiste, dirige, et oriente les six premières réunions de ce groupe, mais malheu¬
reusement sa santé ne lui permet pas de participer au septième symposium de
1977.
Son dynamisme, sa grande culture, l’intérêt de ses travaux lui valurent de
nombreuses distinctions honorifiques tant en Suisse que de par le monde : Doc¬
teur honoris causa a St Gall, à Stuttgart, membre d’honneur de Linnean society
of London, de nombreuses associations scientifiques d’Allemagne, de l’Inde,
des États-Unis, décorations française et autrichienne, etc.
En 1970 vient l’âge de la retraite mais pas celle du repos et jusqu’à sa mort
il continue son travail scientifique dans son laboratoire de Dübendorf.
Son œuvre scientifique très riche dépasse la centaine de publications. Son
travail de thèse portait sur la «Biologie des gonidies de lichens» et de 1928 à
1934 une sérié d’articles seront consacrés à ce problème où, sous l’impulsion
de CHODAT, nous trouvons une excellente synthèse de physiologie, de systéma¬
tique et de techniques de culture. Puis en collaboration avec JACCARD et
Otto JAAG
95
GÀUMANN, JAAG publie nombre de travaux de physiologie sur la photosyn¬
thèse, la transpiration végétale et la phytopathologie. En même temps l’algologie
devient prépondérante avec une monographie du genre Coccomyxa (1933)
et une étude sur la flore algale du Haut Rhin (1938). Enfin à partir de 1940,
O. JAAG s’oriente vers les Cyanophycées et publie en 1945 son mémoire «Un-
tersuchungen über die Végétation und Biologie der Algen des n ackten Gesteins
in den Alpen, im Jura und im schweizerischen Mittelland». Je crois qu’il s’agit
là de l’œuvre maîtresse d’O. JAAG où il a étudié de façon magistrale la biologie
et la systématique des algues des rochers nus des montagnes suisses qu’il connais¬
sait si bien et qu’il aimait tant.
Enfin à partir de 1948 et jusqu’à sa disparition, son activité se tourne vers la
limnologie théorique et pratique, l’épuration des eaux et la protection des eaux
naturelles, lacs et rivières, mais malgré tout il reste toujours et avant tout un
algologue.
Le Prof. JAAG était une figure attachante, une véritable force de la nature;
il faut l’avoir vu sur le terrain, dans ses montagnes, grimpeur infatigable, enthou¬
siaste, à la fois jovial et sévère, toujours dynamique, connaissant admirablement
la nature et les hommes. Je le revois nous montrant près de Lucerne une carrière
abandonnée dont tous les blocs recouverts d’un duvet de Trentepohlia étaient
d’un rouge éclatant, ou encore observant avec DESIKACHARY les traces noires
des Gloeocapsa (les fameuses «Tintenstriche») maculant les rochers. Son lyrisme
et sa fougue s’exprimant en allemand, en français ou en anglais pour nous faire
partager son enthousiasme, étaient prodigieux et communicatifs.
Avec lui les algologues du monde entier, ses élèves, ses collègues, ont perdu
un maître et surtout un ami.
TRAVAUX ALGOLOGIQUES D’O. JAAG*
1928 - Nouvelles recherches sur les gonidies des lichens. Arch. d. Sci. Phys, et Nat., Genève,
45 (1) : 28-32.
1928 - Sur les gonidies des Parmelia et leur spécificité. Actes de la Soc. Hélv. d. Sci. Nat., 2 p.
1928 - Résultats de l’herborisation de la société botanique de Genève. Bull. Soc. Bot. Genè¬
ve, Vol. XX, 4 p.
1929 - Recherches expérimentales sur les gonidies des lichens appartenant aux genres Parme¬
lia et Cladonia. Thèse No. 804, Université de Genève, 128 p. [Bull. Soc. Bot. Genève,
21 ( 1 )).
* Nous remercions bien vivement notre collègue et ami, le Prof. H. Ambühl qui nous a
aimablement communiqué sa documentation sur la vie de son maître le Prof. O. Jaag ainsi
que la liste complète de ses travaux.
Source : MNHN, Paris
96
P. BOURRELLY
1929 -Experimentaluntersuchungen mit Flechtengonidien. Verhandl. d. Schweiz. Natur-
forsch. Gesell., 2 p.
1931 - Morphologische und physiologische Untersuchungen über die zur Gattung Coccomy-
xa gehôrenden Flechtengonidien. Verhandl. d. Schweiz. Naturforsch. Gesell., 1 p.
1932 - Untersuchungen über Rhodoplax Schinzii, eine intéressante Alge vom Rheinfall. Ber.
d. Schweiz. Bot. Gesell., 41 (2) : 356-371.
1933 -Botrydina vulgaris Bréb., eine Lebensgemeinschaft von Moosprotonemen und Grün-
algen. Ber. d. Schweiz. Bot. Gesell., 42 (1) : 169-185.
1933 -Coccomyxa Schmidle, Monographie einer Algengattung. Beitràge zur Kryptogamen-
flora d. Schweiz, VIII (1), 132 p.
1933- Ueber die Verwendbarkeit der Gonidienalgen in der Flechtensystematik. Ber. d.
Schweiz. Bot. Gesell., 42 (2) : 724-731.
1934 -O. Jaag und E. Thomas : Neue Untersuchungen über die Flechte Epigloea bactrospora
Zukal. Ber. d. Schweiz. Bot. Gesell., 43 (1) : 77-89.
1934- Eine neue Blaualge, Tolypothrix cucullata. Ôsterreich. Botan. Zeitschr. 83 (4) •
288-291.
1934-Die Kryptogamenvegetation des Rheinfalls und seiner Umgebung. Verhandl. d.
Schweiz. Naturforsch. Gesell., 1 p.
1934 - Eine neue Blaualge, Plectonema capitata. Ber. d. Schweiz. Bot. Gesell., 44 : 437-442.
1934 - E. Gâumann und O. Jaag : Untersuchungen über die pflanzliche Transpiration. Ber.
d. Schweiz. Bot. Gesell., 45, 107 p.
1936-Untersuchungen über die Algenvegetation verwitterter Gesteine. (Zusammenfassung
der Resultate der Preisarbeit pro 1936). Verhandl. d. Schweiz. Naturf. Gesell. Solo-
thurn : 56-59.
1938 -Die Kryptogamenflora des Rheinfalls und des Hochrheins von Stein bis Eglisau.
Mitt. Naturforsch. Gesell. Schaffhausen, 14 (1), 158 p.
1940 -Neuordnung innerhalb der Gattung Gloeocapsa. Verhandl. d. Schweiz. Naturforsch.
Gesell. Locamo, 2 p.
1940 - O. Jaag und N. Gemsch : Beitràge zur Kenntnis der Hüllenfarbstoffe in der Gattung
Gloeocapsa. Verhandl. d. Schweiz. Naturforsch. Gesell. Locamo, 2 p.
1941-Die Zellgrôsse als Artmerkmal bei den Blaualgen. Zeitschr. f. Hydrobiologie IX
(1-2) : 16-33. *
1943 -Scytonema myochrous (Dillw.) Ag., Formenkreis und Variabilitât einer Blaualge.
Boissiera VU, Genève : 437-454.
1945 - Mikrobiologie im Dienste der Krjminalistik. Arch. Julius Klaus-Stiftung Vererbungs-
forschung, Sozialanthropologie und Rassenhygiene, Suppl. Bd. 20 : 483-495.
1945-Untersuchungen über die Végétation und Biologie der Algen des nackten Gesteins
in den Alpen, im Jura und im schweizerischen Mittelland. Beitràge zur Kryptoga¬
menflora der Schweiz, 9 (3) , 560 p.
1945 - Epiphytismus, Parasitismus und Symbiose bei Pflanzen. Schweiz. Zeitschr. Path
Bakter., 8 (6) : 463-485.
1945 - Experimentelle Untersuchungen über die Variabilitât einer Blaualge unter dem Ein-
fluss verschieden starker Belichtung. Verhandl. Naturforsch. Gesell. Basel 56 (2) •
27-40. ’ v ' '
1949 - Die neuere Entwicklung und der heutige Zustand der Schweizer Seen. Verh. Intern.
Verein. Limnol., 10 :192-209.
1949 - Entwicklungsgeschichte und Fortpflanzung. Fortsch. Bot., 12 :42-67.
Otto JAAG
97
1950 - Kolloquium über aktuelle Fragen der theoretischen und angewandten Hydrologie
und Limnologie. Schweiz. Zeitschr. für Hydrologie, XII, Fasc. 2, 3 p.
1950-E. Gàumann und O. Jaag : Bodenbewohnende Algen als Wuchsstoffspender für
bodenbewohnende pflanzenpathogene Pilze. Phytopathol. Zeitschr. 17 (2) : 218-228.
1951 - Entwicklungsgeschichte und Fortpflanzung JPortsch. Bot. 13 : 67-88.
1953 -Tintenstriche. Schweiz. Monatsschrift «DU», Nr. 2, 2 p.
1953 - Entwicklungsgeschichte und Fortpflanzung. Fortschr. Bot., 14 : 44-65.
1955 - La Microbiologie au service de la criminalistique. Rev. Intem. Criminol. Pol. techn.
9 (4) : 295-302.
1961 -Edgardo Baldi Memorial Lecture : Selbstreinigungsmechanismen in Fliessgewâssern.
Verh. Int. Vereinig. Limnol., X.W : 41-58
1962 - Hydrobiologie; Limnologie, Abwasser und Gewàsserschutz. Fortschr. Bot. 24 : 482-
498.
1971 - La détérioration des eaux et la lutte contre la pollution des lacs, des eaux courantes
et des eaux souterraines en Suisse. Soc. Sc. nat. phys. Maroc (C. R. séanc. mens.) :
15-29.
Source : MNHN, Paris
Source : MNHN, Paris
99
STUDIES ON HIGH ALTITUDE SAXICOLOUS CYANOPHYTA
V. On the morphology of STIGONEMA PAPENFUSSII sp. nov.
and STIGONEMA GEITLERI sp. nov.
A.K. DUTT, T.K.DATTA and K.K. GUPTA*
RÉSUMÉ. — Deux nouvelles espèces du genre Stigonema, S. papenfussii et S. geitleri ont été
récoltées dans un habitat rocheux du Sangalila Range, à 3300m d’altitude, situé sur les
contreforts est de l’Himalaya. Ces algues vivent en étroite association avec Schizothrix
smithii et Camptylonemopsis boldii et présentent des caractères morphologiques distinctifs.
Stigonema geitleri possède des initiales de rameaux particulières, des hormospores, des
amas de cellules, des structures semblables à des sporanges et des endospores ou gonidies.
Stigonema papenfussii est caractérisé par l’absence d’hormogonies ou d’hormospores et par
la seule présence d’amas de cellules qui, lors de la phase de reproduction, donnent direc¬
tement des germinations.
ABSTRACT. — The morphology of two new species of Stigonema Agardh, collected in
close association of Schizothrix smithii Dutt, Datta et Gupta, Camptylonemopsis boldii
Dutt, Datta et Gupta, and Hyphomorpha borzii Dutt, Datta et Gupta from 3,300 métrés
above sea level on a rocky habitat in Singalila Range along the Eastern Himalayas has been
studied and named as Stigonema papenfussii and Stigonema geitleri sp. nov. Stigonema
papenfussii has been characterised by the absence of hormogones or hormospores and
presence of only the «cell packets». In the reproductive phase the «cell packets» germinate
directly to from the germlings. Stigonema geitleri has been characterised by the presence of
peculiar branch initiais, hormospores, «cell packets», sporangia like structures and endo¬
spores or gonidia. The relationships and affinities of these two algae hâve been critically
discussed at the end.
* Department of Botany, Raj College, Burdwan, West Bengal, India.
Rev. Algol, N.S., 1979, XIV, 2 : 99-115.
Source : MNHN, Paris
100
A.K. DUTT, T.K. DATTA and K.K. GUPTA
INTRODUCTION
The genus Stigonema and its species were described by AGARDH (1824),
BISWAS (1934), BORNET and FLAHAULT (1887), BORZI (1879, 1917),
CARTER (1926), ELENKIN (1938), FORTY (1907), FRÉMY (1924, 1927,
1929, 1934, 1942), GEITLER (1932), GHOSE (1927), HIERONYMUS (1895),
LEMMERMANN (1910), SCHMIDLE (1900), SKUJA (1949), THURET (1875),
TILDEN (1910), TURNER (1892) and WEST & WEST (1902).
DESIKACHARY (1959) enumerated some species which were reported from
India, Burma, Ceylon and some neighbouring islands.
DUTT, DATTA et GUPTA (1975) studied an interesting high altitude saxi-
colous species Stigonemageitleri sp. nov. from Singalila Range.
MATERIAL AND METHOD
The présent algae were collected in January 1970 during high altitude expé¬
dition to Singalila Range along the Eastern Himalayas at an altitude of 3,300
métrés above sea level in saxicolous habitat as olivaceous mass.
It was in close community with Schizothrix smithii Dutt, Datta et Gupta
(1973), Camptylonemopsis boldii Dutt, Datta et Gupta (1974) and Hypho-
morpha borzii Dutt, Datta et Gupta (1976).
The température was 5 C and the day was dark, chilly and foggy.
The morphology of the material thus collected was studied thoroughly
under different magnifications.
I. STIGONEMA PAPENFUSSII SP. NOV.
OBSERVATION
Filaments are heterotrichous with well developed prostrate and erect parts,
olivaceous, prostrate filaments 160-200/im long, 20-33/im broad, sheath hyaline
1-9/im, apical sheath sometimes with oblique striations (fig. 3 Eos), cells 2-
11/im x 3-12/im, olivaceous, finely granular, arranged in 2-6 rows in most
of the parts (fig. 1, 3 Cp) being one rowed only in some places, sometimes
the prostrate parts are semilunarly bent (fig. 2 Cp); apices 10-23/im, rounded
(fig. 3 E). Apical cells 3-5/im x 6-8/im, primary latéral branches mostly 6 or few
or more, mostly one sided, rarely opposite (fig. 2 A) or alternate (fig. 2 B),
sometimes narrowed into bottleneck formation (fig. 3 I) 4-8/im broad, cells
1.5-8/im x 1.5-15/im arranged mostly in a single row and mixed with 2-4 rows
at certain portions (fig. 1, 2 C, 3Bpb), olivaceous. Finely granular apices 11-
21/im, rounded (fig. 3 D), apical cells 2.5-5.5/im x 2.5-7.5/im; secondary
STUDIES ON HIGH ALTITUDE SAXICOLOUS CYANOPHYTA
101
Fig. 1. — A portion of the thallus with prostrate part and six primary latéral branches.
branches uncommon, ill defined (fig. 2 A, C sb); heterocysts hyaline, intercalary
4/im x 12/im in the main filaments (fig. 3 A h) and not common whereas 4-5Mm
x 11-13/im in the primary latéral branches (fig. 1, 3 F h) and both the main and
the latéral branches are sometimes constricted at the région of the heterocysts.
During reproduction definite «cell packets» are formed in the old prostrate
filaments and are 11-15.5/im x 15-40/im with 1-6 cells variously arranged and
enveloped by their own hyaline wall 1.5-5/im (fig. 3 Hep). Such «cell packets»
remain within the sheath of the old filaments and mostly germinate «in situ» or
after liberating 2-6 together (fig. 3 G cp). The packet wall breaks at one end and
a new germling emerges (fig. 3 G gl).
RESULT
The structure of the alga resembles with the genus Stigonema Agardh and
it is undoubtedly the same genus. After thoughtful considération and study
of ail the species of Stigonema Agardh so far described, the authors opine
that it differs in major characters including the overall dimensions of the thallus
102
A.K. DUTT, T.K. DATTA and K.K. GUPTA
Fig. 2. — A: A portion of the prostrate part with two opposite primary latéral branches
and one ill-defïned secondary branch. B: A portion of the prostrate part with two alter-
nate primary latéral branches. C: Semilunarly bent prostrate part - one primary latéral
branch showing an ill-defined secondary latéral branch.
and its constituents from the described species. In addition, there is total ab¬
sence of hormogone formation the presence of which is a very common cha-
racter in most of the species; in the reproductive phase the formation of «cell
packets» only in the prostrate part and the arrangement of 1-6 cells in different
patterns within such packets is a noteworthy character.
The authors conclude the présent alga to be high altitude terrestrial saxico-
lous species of Stigonema Agardh and named it as Stigonema papenfussii sp.
nov.
Source ; MNHN, Paris
STUDIES ON HIGH ALTITUDE SAXICOLOUS CYANOPHYTA
103
I
Fig. 3. — A: A portion of the prostrate part with heterocyst. B: A portion of the primary
latéral branch with rows of cells. C: A portion of the prostrate part with rows of cells.
D: Apical portion of the primary latéral branch. E: Apical portion of the prostrate part
showing oblique striations. F: A portion of the primary latéral branch with heterocyst.
G: A group of six «cell packets» - one germinating. H: A group of twelve «cell packets»
- within the sheath of the old prostrate filament. I: Bottleneck formation of the primary
latéral branch.
DISCUSSION
Unlike Stigonema geitleri sp. nov. Dutt, Datta et Gupta, Stigonema papen-
fussii shows marked heterotrichy, altho.ugh collected from the same habitat.
In this respect, it is more towards the heterotrichous species under the order
Stigonematales.
104
A.K. DUTT, T.K. DATTA and K.K. GUPTA
In the formation of «cell packets», the alga resembles with some stages of
Siphononema of Siphononemataceae under the order Ch amae siphon ale s, and
endorsing GEITLER, the authors opine that there may be some affinity with
this genus. The authors disapprove the view of FRITSCH that «similarities
between Siphononema and Stigonema however appear to be altogether super-
fïcial».
As in earlier species there is no hormone formation.
LATIN DIAGNOSIS
Heterotrichus; planae fibrae 20-32pm; theca l-9pm hyalina, apicalis theca
interdum oblique striata; cellae 2-11 pm x 3-12pm, olivaceae, tenue granularis, in
plurimis partibus 2-6 lineis ordinatae, in paucis partibus una linea ordinatae,
apex 10-23 pm, apicales cellae 3-5pm x 6-8pm, primarii latérales rami erecti, 8-
25pm cum hyalina theca 1-6pm, plurimum una parte dispositi, rare oppositi
vel alternati; apex 11-21 pm, interdum contractes velut laginae collum 4-8pm;
cellae 1.5-8pm x 1.5-15pm, plurimum una linea dispositae, interdum 2-4 lineis
ordinate olivaceae, tenue granulares; apicales cellae 2.5-5.5pm x 2.5-7,5pm;
secundarii rami rari, non bene definiti; heterocysta hyalina, intercalaria, genera-
liter 4-12pm, et in filosis ramis 4-5pm x 11-13pm; rari in principalibus fibris;
principales et ramorum fibrae interdum contractae in heterocysta regione;
cellularum fasces solum formati in veteribus principalibus fibris, 11-15.5pm
x 15-40pm, cum 1-6 cellis varie dispositis et ipsarum hyalino muro circumdatis
1.5-5pm; reproductio per fibrarum fascium germinationem ab una parte; hormo-
gones hormocysta et nannocyti absunt.
Mense januario 1970 collecti, orientalis Himalaya montis Singalila regione
expeditionis tempore, altitudine 3,300m; sub petra ut olivacea massa inventi.
III. STIGONEMA GEITLERI SP. NOV.
OBSERVATIONS
Filaments erect, not heterotrichous, densely interwoven forming a dark
blue green velvety layer 5 mm in height, richly branched from both sides of the
main filaments (fig. 4 A, mf, pb), as well as primary branches and ail curving
upward (fïg.5 A, pb, sb). Main filaments 16-36/im broad, some with prostrating
tendency on ageing and the branches 13-24/im broad. The apices of the main
and branch filaments are clavate, 13-27/im broad (fig. 5 G,amf; 7 I, abf; J, amf).
The trichomes are uniseriate in young filaments (fig 5 B) and few cells below
the apical cells are cylindrical, down below barrel shaped and later oval to
rounded (fig. 5 G, ac, bc, cc, oc), cells 2-15/im x 7-17/im in the main and
3-12/im x 3-13/tm in the branches. The cells are rich blue green, granular with
prominent pores and pit connections (fig. 4 C, D, pc).
STUDIES ON HIGH ALTITUDE SAXICOLOUS CYANOPHYTA
105
ZOM
Fig. 4. — A: Main filament with primary branchings from two sides. B: Main filament
with four primary branchings and «cell packets» in both. C: Portion of old main fila¬
ment with pit connections. D: A portion ofbranch with pit connections. E: A portion of
main filament with multiseriate condition in between two young side primary branches.
The sheaths are double layered, outer l-10jUm in main, 0.5-7Mm in branches,
inner 1-3/lm in main and 0.5-1.5/im in branches, heavily solid, translucent,
yellowish to deep reddish brown, fading posteriorly, striations are obliquely
parallel in outer layer and are specially prominent in the apices (fig. 5 G & 7 I,
J s).
106
A.K. DUTT, T.K. DATTA and K.K. GUPTA
Fig. 5. — A: A portion of main filament with primary and secondary branchings. B: A por¬
tion of main filament with primary side branches from both sides. C: A portion of main
filament with two side primary branches and a végétative cell in between. D: A portion
of main filament with two broadly apart side primary branchings. E: A portion of main
filament with a prominent apical cell just before division and a side primary branch
developed by one of the daughter cells during oblique division in the branch initial. F: A
portion of main filament with two side branches developed from two branch initiais
separated by two végétative cells. G: Apical portion of main filament showing clavate
apex, parallel oblique striations in the outer sheath, and apical, cylindrical, barrel shaped
and oval to rounded cells in the trichome.
STUDIES ON H1GH ALTITUDE SAXICOLOUS CYANOPHYTA
107
Fig. 6. — A portion of the filament with a single branch initial. B: A portion of main fila¬
ment with a dividing branch initial. C: A portion of main filament with a young three
celled branch covered with its sheath. D : A portion of main filament with a four celled
side primary branch just protruding out. E:Two branch initiais developed side by side in
the main filament. F: A portion of main filament with a young six celled branch and a
divided initial just by the side of it. G: Later stage of two side primary branches develo¬
ped from two side by side initiais. H: Main filament with two branch initiais and a végé¬
tative cell in between. I: Later stage of growth in the filament. J: A portion of main
filament with branch initiais in sériés. K : A portion of main filament with two daughter
cells developed by oblique division in the initial before growing in two opposite directions.
108
A.K. DUTT, T.K. DATTA and K.K. GUPTA
The apical cells are 3.5-27 Hm x 3.5-11.5/xm, with sheaths 3-6/im broad
(fîg. 4 A, 5 E & G; 6 I, 7 I & J, ac). During growth period such cells actively
divide transversely and form new trichomes which pierce through the old outer
sheaths, while the inner sheaths extend as their outer sheaths. Later they secrete
their own inner sheaths (fîg. 6 I, os, nt).
During development and origin of branches some cells or branch initiais
become prominent both in the main filament as well as in the branches. Such
cells are richly granular, blue green, 6-10/lm x 7-10.5/im, with two layered
translucent, gelatinous, deep reddish brown sheaths, 3-6/im broad (fig. 3 A, E,
H & J, bi). Filaments swell where such cells are located.
The initial cells divide longitudinally into a basal and upper cells (fig. 6 B,
u, b). In most cases no further division takes place in the basal cell, although
in very rare cases it may also form a branch in the opposite direction. The
upper cell divides in a plane parallel to the first division and a small three celled
branch develops surrounded by the original sheath of the initial (fig. 6 C, tb).
By successive divisions and activity of the apical cell the developing branch
elongates and the original sheath of the initial extends with it, piercing the
sheath of the filament (fig. 6 D, bf). There is a clear démarcation between
the sheath of the base of a branch and that of the filament. The initiais may
develop in sériés (fig. 6 J, bi). or two side by side (fig. 3 E, bi) or with one,
two or more ordinary végétative cells in between (fig. 5 F, 6 H, vc) and form
prominent branchings (fig: 4 A, B. E; 5 A, B, C, D, F & 6 F, G).
Branch initiais may also divide obliquely and mostly one of the daughter
cells develops a branch (fig. 5 E, d”) or in some cases both the daughter cells
hâve a tendency to develop two opposite branches (fig. 6 K, d’, d”).
As the filaments grow old, the cells of the main trichome divide repeatedly
at the bases of primary side branches or in between branches and become
multiseriate (fig. 4 A, E, ms). Later prominent «cell packets» (fig. 4 B, cp’, cp”)
are formed, surrounded by their own yellowish to yellowish brown, translucent,
thick, gelatinous, unstriated envelops. The «cell packets» are single to few
celled, separating after the disintegration in the old filament (fig. 7 P & Q)
and function as spores, hormospores or contents liberate and behave as gonidia
(fig. 7 P, g) or in extreme cases germinate within and develop new branches.
Akinetes are oval to rounded, 8-11/im x 6-17/im deep brown, thick walled,
with granular contents and develop in the main filaments or branches or in
both, singly or in sériés (fig. 7 L, a).
The hormospores are 8-12 celled, 50-85.5/im x 15-18/im, with deep brown
red wall layers, inner wall layer translucent, unstriated, 1-3 /im thick; outer
wall layer mostly striated, 1-5.5/im thick; develop apically in the primary and
secondary side branches (fig. 7 F, h) or rarely in the main filaments (fig. 4 E,
h). The hormospores separate as the filaments break at their bases.
Hormospores with richly granular olivaceous blue green contents germinate
from one side (fig. 7 M), outer wall breaks at one end and the inner wall extends
STUDIES ON HIGH ALTITUDE SAXICOLOUS CYANOPHYTA
109
Fig. 7. — A: A portion of main filament with a divided initial before separating. B: A divi-
ded initial separating from the main filament. C: A divided initial in the primary branch
before separating. D: An undivided initial before separating from the filament. E:Hor-
mospore in the apical part of main filament. F : Hormospore in the apical part of a side
branch. G: A heterocyst in the main filament. H: A heterocyst in a branch. I: Apical por¬
tion of a branch with a striations in the outer sheath. J : Apical portion of main filament
with striations in the outer sheath. K: A divided initial separated from the filament. L:
Sériés of akinetes in main filament. M: Later stage of a germinating hormospore. N: Fila¬
ment behaving as sporangium with gonidia in chain and one liberated gonidium. P: Sepa¬
rated «cell packets» with one gonidium at the point of libération. Q: Separated «cell
packets»; one single celled.
110
A.K. DUTT, T.K. DATTA and K.K. GUPTA
with the new trichomes as its outer sheath while the inner sheath is secreted
later (fig. 7 M, is, iw, os, ow, nt). Hormogones are absent.
In some cases contents of ail the végétative cells in a filament contract and
develop rounded, thin-walled, yellowish blue green endospores or gonidia,
7-10.5jUm in diameter. The endospores are arranged in chains and liberate
one by one through an apical aperture formed by the dissolution of the apical
part of the filament (fig. 7 N, e). The whole filament behaves like a sporangium
in such condition.
There is a peculiar rôle of branch initiais; undivided or divided 2-3 celled
branch initiais with heavily translucent, deep reddish brown wall layers separate
from the filaments and behave like spores, 26 x 18/im including 1.5-2/im broad
inner and 1.5-3/im broad outer walls (fig. 7 D, bis) or like hormospores 26-
30/im x 18-25/im (fig. 7 A, B, C & K, bih) including 0.5-2.5/im and 1.5-7/im
broad inner and outer wall layers respectively.
Sometimes the undivided or divided branch initiais after being separated
from the main filaments or branches instead of behaving as spores or hormo¬
spores, directly develop into a new filament in the same manner as they develop
into new branches.
Mature fully grown branches in certain cases separate from the main filaments
and grow independently.
Heterocysts are intercalary, 5-9.5/im x 13-17/im in main filaments (fig. 4
A, C , & 4 G, he); 12/im x 10/im in branches (fig. 7 H, he), thick walled with
homogeneous yellowish contents.
RESULTS
The structure of the alga resembles with the genus Stigonema Agardh and it
is undoubtedly the same genus. It differs in the major characters from ail the
other species described so far including Stigonema ocellatum (Dillw.) Thuret ex
Born. et Flah. with which it shares a very few minor and unimportant characters
viz. the colour and the nature of the sheath, and the type of lamellation. The
characters which give it the distinction of a new species and some of which are
even unique and new to the genus Stigonema Agardh are :
1. Absence of heterotrichous condition.
2. Presence of well organised thick walled apically formed hormospores and
the germination of the same from one end.
3. Total absence of hormogones, the presence of which is a common character
in ail the species.
4. Séparation of branch initial cells from the filaments and their behaviour as
spores or 2-3 celled hormospores or in developing directly into new filaments.
5. Séparation of mature branches from the main filament as new thalli.
6. Functioning of filaments as sporangia, conversion of cell contents into chains
of endospores or gonidia and their libération through an apical opening.
STUDIES ON HIGH ALTITUDE SAXICOLOUS CYANOPHYTA
111
7. Marked différences in overall measurements of the thallus and its constituents
from ail the species so far described.
After thoughtful considération and study of ail the species of Stigonema
Agardh, the authors conclude the présent alga to be high altitude, terrestrial,
saxicolous species and named it as Stigonema geitleri sp. nov.
LATIN DIAGNOSIS
Fibrae erectae non heterotrichosae, fibra principalis cum acenescit se pros-
ternendum proclivitatem habet; valde intexta cum levi 5mm, propagine fusca-
caerulea-viride; naturales ramuli principales et secundarii abundant; germani
ramuli principales et secundarii; ramuli sunt ubertosi; praecipui ramuli prima-
riae fibrae utique latu; secundarii in ramis praecipuis inveniuntur, omnes sursum
fie xi; pseudo-ramuli inveniri possunt. Fibra principalis 16-36 pm latitudinis,
secundarii ramuli 13-24 pm latitudinis; apex 13-27pm latitudinis. Fibrae novellae
trichomata, principales et secundarii ramuli uniseriati; principales et priscae
fibrae aliquibus locis multiseriatae ; trichomatarum cellulae ab apice deorsum
cylindricae doliiformes, tune figura ovata et rotunda, 2-15pm x 7-17pm in
principalibus et 3-12pm x 3-13 pm in primariis et secundariis ramulis; foramen
et connunction putei communes sunt; quae in eis contenentur sunt caerulei-
viridis coloris, granularia, duplex vagina, externa in principali l-10pm,
in ramulo 0.5-7pm, interiore l-3pm in principali, 0.5-1.5pm in ramu-
lo, multo stabilis, pellicidas, subflavii rubei coloris, parte superiore evanes-
cens, in exteriori propagine ex obliquo parallelae striatae, in apice prominen-
tes/apicis cellula 3.5-27pm x 3.5-11.5pm cum vagina 3-6pm, incrementum
fit e multiformis transversis divisionibus, primus ramulus 6-10pm x 7-10.5pm,
vagina 3-6 pm crassa, translucens, gelatinosa, rubea-fulva; quae continentur sunt
permulto granularia, in primaria et principali fibra intercalaria, in sérié, utrobi-
que sed medio loco una vel plures cellulae vegetativae adesse possunt quae
primaries et secundaries ramules formant post divisionem; prima divisio est
longitudinalis vel obliqua, raro ex cellulis secundariis una vel duae activae extant,
adversi ramuli rari sunt, aliquando sese séparantes novas fibras producunt directa
via vel spores modo se gerunt 26-18pm vel 2-3 cellulatae hormospores 26-30pm
x 18-25pm vel ramulus maturus ut thallus se disjungens, hormogones absunt,
hormospores 50-85.5pm x 15-18pm, 8-12 cellulatae in primariis et secundariis
ramulis ex apice formatae; in principali fibra rarus, se disjungens cum fibra
in basi se evellit; germinatio fit ex uno latere; aliquando tota fibra functionem
gerit sporangii serialis endospores procreando, rotundae endospores habentes
diametros 7-10.5pm, materia subflabii-caeruli viridis coloris, ex apicali apertura
egrediens «cellularum sarcinulae» singulae vel plurimarum cellularum subflavio
fusco colore circumdatae; strictiones absunt; in primaria fibra plerumque ex-
surgentes, quae post disintegrationem disjuntur, spores vel hormospores modo
se praebent, materia sunt gonidia, akinetes 8-11 pm x 6-17 pm, valde fusca
granularis materia unica vel serialis quae in primaria vel in secundaria fibra
habetur, heterocysta intercalaris crassa ex materia eiusdem generis et subflavii
coloris.
112
A.K. DUTT, T.K. DATTA and K.K. GUPTA
Haec omnia collecta fuerunt mense Januarii 1970 Himalayae Orientalis
Singalilae montibus continuis, altitudinis loco 3300 m. e squallida et paulisper
humida petra.
Collectores fuerunt DUTT, DATTA et GUPTA cum Schizothrix smithii
sp. nov. et Camptylonemopsis boldii sp. nov.
DISCUSSION
Stigonema geitleri sp. nov. is unique in some of its undermentioned cha-
racters :
1. Although many généra under order Stigonematales exhibit marked
heterotrichy, in this species, the main and branch filaments are ail erect. In rare
cases however, the old main filaments hâve a prostrating tendency due to weight
of its branches. In this respect, it is more towards the non heterotrichous species
under this order.
2. The heaviness in the sheath is due to its xeric abode; the alga was found
growing on a practically dry rocky surface at an altitude of 3,300 métrés above
sea level at a very low température. The authors opine, that such sheath modi¬
fication protects the sensitive part of the protoplast from extreme dessication
and low température.
3. It is clear also that during the growth of a filament, original outer
sheath layer breaks and the inner layer plays the rôle of outer layer, the inner
layer is secreted later by the growing trichome. In germinating hormospore, the
outer wall layer breaks and the inner wall layer extends with the new trichome
and forms its outer sheath, the inner sheath layer is secreted later, but peculiarly
enough, during development of a branch, the initial is surrounded from the
very beginning by heavily translucent inner and outer wall layers, both of
which extend with a growing branch as its inner and outer sheaths. Solid wall
layers around hormospores and branch initiais are actually highly modified
sheath layers.
The branch initiais play different rôles; during the period of active growth
they develop rich latéral branchings whereas in unfavourable condition they
help in reproduction and always hâve an active tendency to detach from the
main filament or branches; the entire initial séparâtes before any division starts
or a 2-3 celled initial séparâtes, the former behaves as spore and the latter as
hormospore or such bodies form new filaments through the same stages as they
develop branchings. In extreme cases an entire fully grown branch séparâtes
from the very base and grow independently as a new thallus. These phenomena
are not known in any of the species so far described. The authors conclude
that actually, if not ail, some of these initiais are spécial type of spores which
germinate in situ developing rich branch System, although there is no morpho-
logical différence between such bodies and a true branch initial.
STUDIES ON HIGH ALTITUDE SAXICOLOUS CYANOPHYTA
113
The branch initiais also help in fragmenting the filament into small heavily
sheathed parts, which grow independently and develop new plants. This species
exhibits true branching System although few stages of branchings are highly
confusing. In fig. 2 D, two végétative cells of the main filament divide longitu-
dinally into 2 cells; the upper behaved as initiais proper, developing two latéral
branches whereas the lower remained végétative just below both the latéral
branches. In fig. 2 E, the latéral branch is developed during oblique division
in a branch initial where cell d” played the rôle and d’remained as a végétative
cell. Similarly, in fig. 2 F, two branch initiais with two végétative cells in bet-
ween developed two latéral branches.
In fig. 3 G, two latéral branches are developed by the activity of two side
initiais. In fig. 3 K, two daughter cells d’ and d” are formed during oblique
division in a branch initial; the cells hâve a tendency to develop two opposite
branches. Examining critically the fig. 2 E, 3 K and allied stages the authors
opine that in strict sense the filament has a tendency to form apparently false
or pseudobranchings without the help of any helping cell.
4. Pit connections are very prominent. Authors opine that there is no
relation between the pit connection of Stigonemataceae and that of Florideae.
5. Apical cell always divides transversely during active growth period.
6. The latéral branch filaments, primary and secondary, remain uniseriate
throughout; multiseriate condition has been observed only in the main filament
at places.
7. There is a clear tendency of the filament to form «cell packets», single
to few celled, surrounded by the inner layer of sheath which forms a well
defined wall layer, the phenomenon is common in main filaments, although
rarely observed in branch filaments.
The «cell packets» either germinate in situ developing branchings or function
as spores or hormospores or contents of each cell liberate single gonidium
or endospore. In the formation of such «cell packets», and their germination
in situ, closely resemble some stages of Siphonema of Siphononetnataceae
under the order Chamaesiphonales ; and supporting GEITLER, the authors
opine that there may be some affmity with this genus. The authors disapprove
the view of FRITSCH that «similarités between Siphononema and a Stigonema
however, appear to be altogether superficial».
In the genus Westiellopsis Janet, contents of «pseudohormocysts» liberate
gonidia or endospore. «Pseudohormocysts» of this genus are actually highly
specialized «cell packets», although not enclosed by a heavy wall or sheath
and restricted to the apical part of secondary branches.
8. Hormospores are apical in primary or secondary branches and are
rare in the main filament. Such hormospores are also reported in généra like
Scytonema, Westiella, Camptylonema, Fischerella, Leptopogon, Flandeliella
and Spalaeopogon. Peculiarly enough, there is no hormogone formation in this
species.
114
A.K. DUTT, T.K. DATTA and K.K. GUPTA
9. In some cases, the whole filament behaves as a sporangium and libérâtes
endospores or gonidia from the apical part. This stage resembles with Sticho-
siphon of Dermocarpaceae under the order Chamaesiphonales , although in the
former contents of the alga divide to form chains of such endospores whereas
in the latter the contents as a whole of each végétative cell is converted into
such spores. In the opinion of the authors such sporangium stage in the life
history of this alga clearly indicates that there is some relation between this
species and the genus Stichosiphon.
10. Presence of akinetes in the main of branch filaments or in both.
They are either single or in sériés.
11. Heterocysts are always intercalary with homogeneous contents. They
are common in the main as well as in the branch filaments.
ACKNOWLEDGEMENT
Grateful thanks are due to Fr. R. Antoine, Reader, Department of Comparative Lite-
rature, University of Jadavpur, India for the Latin version of the diagnosis, Rev. Fr. J. Dal,
Broi S.D.B. of Bandel Church, Hooghly, India; and to Mr J. Sen Gupta for ail coopération,
encouragement and advice; to Authors’ Collectors Messrs. A. Das, J.U. Ahmed, B. Ray, S.
Mukherjee and to ail members of the expédition team.
Abbreviations of the figures
a: akinetes. abf: apex of the branch filament, ac: apical cell. amf: apex of the main fila¬
ment. b: basal cell. bc: barrel shaped cell. bf: branch filament, bi: branch initial, bih: branch
initial acting as hormospore. bis: branch initial acting as spore, cc: cylindrical cell. cp: «cell
packets». c’: single celled packet. cp”: few celled packet. d’, d”: daughter cells formed by
the oblique division of branch initial, e: endospore. g: gonidium. gl: germling. h: hormo¬
spore. he: heterocyst. is: inner sheath. iw: inner wall. mf: main filament, ms: multiseriate
condition, nt: new trichome. ob: oblique striations, oc: oval cell. os: outer sheath. ow:
outer wall. p: prostrate part, pb: primary branch. pc: pit connection, s: striations. sb:secon-
dary branch. tb: three celled branch. u: upper cell. vc: végétative cell.
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Source : MNHN, Paris
117
RÉVISION DU GENRE HYMENOMONAS STEIN
A propos de l’étude comparative de deux Coccolithacées :
HYMENOMONAS GLOBOSA (Magne) Gayral et Fresnel
et HYMENOMONAS LACUNA Pienaar
P. GAYRAL et J. FRESNEL*
RÉSUMÉ. - Les deux Coccolithacées Hymenomonas globosa et H. lacuna sont étudiées
comparativement; elles sont certainement très voisines l’une de l’autre mais diffèrent notam¬
ment par la morphologie précise de leurs coccolithes. Au terme de la comparaison avec
les autres espèces déjà décrites dans ce genre, les auteurs donnent une nouvelle diagnose
du genre Hymenomonas.
SUMMARY. — The two coccolithophorids Hymenomonas globosa and H. lacuna were
studied comparatively ; there is a strong affmity between both species but they differ never-
theless in the précisé shape of their coccoliths.
Following a comparison with previously described species of the genus, a new diagnosis
of the genus Hymenomonas is given.
I. INTRODUCTION
Dans une étude précédente (GAYRAL et FRESNEL, 1976), nous donnions
de la Coccolithacée décrite par MAGNE (1954) sous le nom de Pontosphaera
globosa, les caractères que l’emploi du microscope électronique à transmission
et à balayage nous avait permis de mettre en évidence au niveau de la morpho¬
logie et de l’anatomie de cet organisme. Au terme de cet étude, nous avions
conclu au rattachement de celui-ci au genre Hymenomonas et, par la suite,
à la dénomination H.globosa (Magne) comb. nov.
* Laboratoire d’Algologie fondamentale et appliquée, Université de Caen, 39 rue Des-
moueux 14000 Caen.
Rev. Algol, N.S., 1979, XIV, 2 :117-125.
Source : MNHN, Paris
118
P. GAYRAL et J. FRESNEL
La même année (1976), P1ENAAR décrivait une espèce nouvelle pour le
genre Hymenomonas, H. lacuna Pienaar, récoltée dans une lagune de l’île San
Juan (Washington, U.S.A.). Au premier abord, la comparaison, avec les nôtres,
des documents photographiques produits par PIENAAR, nous conduisit à la
constatation d’une très grande similitude entre les organismes placés dans les
deux taxons, H. globosa et H. lacuna, au point qu’il nous parut que le taxon
le plus ancien (H. globosa) devrait faire disparaître le plus récent dont il parais¬
sait être le synonyme.
Cependant, quelques mois après, l’isolement d’un Hymenomonas à partir
de récoltes effectuées par C. Billard, au Logéo (lieu-dit situé au sud du Golfe
du Morbihan, Atlantique), nous permit de comparer cette nouvelle culture
avec notre souche d’H. globosa et de constater qu’elle présentait, à la fois,
quelques différences avec cette dernière et, par contre, une parfaite identité
avec l’organisme décrit par PIENAAR. Dès lors, il nous apparut que ces deux
Hymenomonas, de toute évidence très voisins, devaient néanmoins être distin¬
gués et nous avons pensé qu’il pouvait être utile de faire connaître avec préci¬
sion aux spécialistes amenés à les rencontrer séparément, les caractères qui
permettent de les identifier.
II. MATÉRIEL ET MÉTHODES
Nos différentes souches, monospécifiques, sont conservées en milieu ES-
Tris (COSSON, 1973) à la température ambiante et à la lumière du jour.
Les observations au microscope optique ont été faites, sur du matériel vivant
ou fixé aux vapeurs osmiques, avec un microscope Leitz Ortholux.
Pour les observations in toto au microscope électronique à transmission
(Siemens Elmiskop 1), les cellules ont été fixées aux vapeurs osmiques et om¬
brées à l’or-palladium (incidence 25°). Une dissolution ménagée des pièces
calcaires des coccolithes a l’acide acétique a été utilisée pour l’observation des
écailles.
L’étude de l’ultrastructure a été réalisée sur un matériel fixé et traité selon
les méthodes exposées en détail dans l’article cité plus haut (1976).
Les observations en microscopie à balayage ont été réalisées après métalli¬
sation à l’or par évaporation cathodique sur un microscope type 100 C dont
nous avons disposé, grâce à l’aimable concours de la firme Jéol.
III. RÉSULTATS
A. OBSERVATIONS AU MICROSCOPE PHOTONIQUE
Dans les deux cas, il s’agit de cellules sphériques ou ovoïdes, le plus souvent
non mobiles. Leur repiquage en milieu neuf permet d’obtenir des cellules à deux
fouets apicaux, subégaux et lisses, mais dépourvues d’haptonème.
RÉVISION DU GENRE HYMENOMONAS STEIN
119
PL. I
PI. I. - 1 2 3 et 5 Hymenomonas lacuna. 1 : cellules vues en coupe optique. 2: cellules ob¬
servées’ en surface. 3: cellule fixée aux vapeurs osmiques montrant des pyrénoïdes (py,
flèches) très saillants et qui se touchent. 5: coccolithe vu de profil au microscope électro¬
nique à transmission. 4 et 6: Hymenomonasgbbosa. 4: cellules observées au microscope
photonique et figurées au même grandissement que dans la fig. 1. 6: coccolithe vu de
profil au microscope électronique à transmission (meme grandissement que hg. 5).
120
P. GAYRAL et J. FRESNEL
Chaque cellule est complètement couverte de coccolithes identiques, en
forme de gobelets (trémalithes), de section elliptique (Pl. I, fig. 2). Elle renferme
deux plastes pariétaux, jaune-brun, porteur chacun d’un pyrénoïde. Il faut
souligner que les pyrénoïdes sont très difficiles à voir sur le vivant; tout au plus
en devine-t-on le départ au niveau du plaste; par contre, la fixation aux vapeurs
osmiques les rend très apparents et, dans chacune des souches, on observe que,
chez un assez grand nombre de cellules ils sont très volumineux et très proémi¬
nents au point que, se faisant face, ils entrent en contact l’un avec l’autre. Ce
caractère sur lequel a insisté PIENAAR, à propos de VH. lacuna n’est donc pas
absolument constant : cela n’a rien de surprenant car il est bien connu, et nous
avons personnellement maintes fois observé chez différents Prymnésiophycées
notamment, que le pyrénoïde est plus ou moins développé selon l’âge des cel¬
lules, ce qui a conduit à penser qu’il joue un rôle de stockage enzymatique
utilisable par les cellules-filles issues de la division d’une cellule âgée.
La cellule contient une vacuole à chrysolaminarine, des inclusions colorables
vitalement et assimilables à des corps physoïdes. Le cytoplasme renferme
aussi des globules lipidiques et de très nombreux coccolithes en cours d’élabo¬
ration (Pl. I, fig. 1 et 4).
En définitive, à ce niveau d’observation, un seul caractère permet de diffé¬
rencier les deux organismes étudiés; il concerne les dimensions des cellules. En
effet, tandis que les cellules de VH. globosa mesurent de 14 à 16/im, celles
de l’autre souche sont sensiblement plus grandes et atteignent fréquemment
25 à 30/im (cf. Pl. I, fig. 4 et 1 concernant respectivement les deux organismes
au même grandissement), dimensions données par PIENAAR pour VH. lacuna.
B. OBSERVATIONS AU MICROSCOPE ÉLECTRONIQUE
1) La coccosphère
Chaque coccolithe est composé d’une écaille basale ovale dont le bord calcifié
comporte 14 à 16 pièces jointives. Les extrémités de ces pièces se terminent
en pointes aiguës qui forment une denticulation régulière au sommet du cocco¬
lithe. L examen attentif, au microscope à transmission, de coccolithes isolés
qui se présentent de profil, permet de noter une différence essentielle entre
les deux organismes. En effet, dans les deux cas, chaque coccolithe apparaît
composé d’une partie inférieure à bords droits que surmonte une partie évasée
dont le bord fait un angle obtus avec celui de la partie basale. Cependant, tandis
que 1 evasement se situe a la moitié de la hauteur totale du coccolithe chez
VH. globosa (Pl. I, fig. 6), il se situe plus haut, c’est-à-dire entre les 2/3 et les
3/4 de cette hauteur à partir de la base chez VH. lacuna (Pl. I, fig. 5). Par ce
caractère, VH. globosa est très proche de VH. roseola (BRAARUD, 1954) et,
ainsi que le soulignait PIENAAR, VH. lacuna s’éloigne tout au contraire de cette
espèce.
Une autre différence entre les coccolithes des deux espèces concerne leur
hauteur qui, de l/im chez VH. globosa, passe à 1,2/im chez VH. lacuna (Pl. I,
RÉVISION DU GENRE HYMENOMONAS STEIN
121
fïg. 5 et 6). Enfin, chez VH. globosa comme chez VH. lacuna, la face interne
des coccolithes est lisse; par contre, la face externe porte de petites protubé¬
rances qui apparaissent très nettement sur l’électromicrographie des coccolithes
de VH. lacuna, réalisée avec un dispositif de balayage (Pl. II, fig. 10), ainsi
que sur les figures 32 et 34 relatives à VH. globosa (GAYRAL et FRESNEL,
1976).
2) Les écailles
Les écailles basales des coccolithes observées après dissolution des pièces
calcaires sont légèrement différentes chez les deux organismes.
En effet, chez VH. lacuna, elles ont une forme elliptique allongée et me¬
surent en moyenne 1,4 x 0,95Alm. Leur face proximale (Pl. II, fig. 7) présente
des stries rayonnantes et, en leur centre, un léger peloton. Leur face distale,
très granuleuse, montre une légère dépression périphérique correspondant à
la région d’ancrage des pièces calcaires; cette dépression est limitée par deux
bourrelets dont le plus interne (Pl. II, fig. 8, flèche) est beaucoup plus haut que
l’autre, caractère qui a bien été souligné par PIENAAR, dans sa description
de l’espèce.
Chez VH. globosa, les écailles, d’une forme elliptique moins allongée, me¬
surent en moyenne 1,1 x 0,8/im. Leur face proximale est ornementée de stries
rayonnantes disposées selon quatre plages distinctes; elles n’ont pas de peloton
central (Pl. II, fig. 9). Leur face distale, granuleuse, porte, comme les précé¬
dentes, l’empreinte laissée par les pièces calcaires, mais sans que celle-ci soit
bordée par un bourrelet interne véritablement apparent.
Des écailles circulaires, semblables dans les deux espèces, forment plusieurs
couches sous les coccolithes et sont abondantes dans les montages de cellules
in toto. En outre, ceux-ci révèlent de temps en temps la présence de petites
écailles ovales du type de celles qui ont été décrites sur l’haptonème, chez
Cricosphaera carterae.
3) Ultrastructure
Nous avions donné de l’H. globosa, en 1976, les caractères essentiels relatifs
à l’ultrastructure de cette espèce. L’étude similaire que nous avons faite sur
la souche du golfe du Morbihan identifiée à H. lacuna, nous a permis de re¬
trouver tous les caractères anatomiques mis en évidence par PIENAAR. Souli¬
gnons que depuis 1976, nous avons, sur de nouvelles coupes effectuées chez
VH. globosa, rencontré des figures montrant des pyrénoïdes beaucoup plus
proéminents que ceux que nous avions jusqu’alors observés, à telle enseigne
que, comme il a été dit plus haut, le caractère plus ou moins exert du pyrénoïde
ne nous paraît pas devoir être retenu pour différencier les deux espèces.
122 P. GAYRAL et J. FRESNEL
PL. Il
Source : MNHN, Paris
RÉVISION DU GENRE HYMENOMONAS STEIN
123
PI II. - 7, 8 et 10: Hymenomonas lacuna. 7: écaille basale d’un coccolithe vue par sa face
proximale. 8: écaille basale vue par sa face distale (la flèche indique le bourrelet interne
de l’empreinte laissée par les pièces calcaires). 10: deux coccolithes isolés accolés par leur
base (tels qu’on les observe fréquemment) montrant, au microscope électronique à
balayage, la morphologie et l’ornementation des pièces calcaires. 9: Hymenomonas glo-
bosa : écailles basales des coccolithes (fd: face distale; fp: face proximale). Fig. 7, 8 et
9: préparations ombrées à l’or/Pd après dissolution des pièces calcaires.
IV. DISCUSSION ET CONCLUSION
Les deux Coccolithacées H. lacuna et H. globosa sont, comme le montre la
comparaison qui précède, deux organismes extrêmement proches. Si nous
avions été amenées à procéder à l’étude comparative de nos deux souches
avant la description de VH. lacuna par PIENAAR, il n’est pas douteux que nous
aurions considéré celle qui est originaire du golfe du Morbihan comme une
variété de VH. globosa. Compte tenu de la part inévitable de subjectivité qui
préside à la décision de distinguer deux organismes, au niveau spécifique ou
subspécifique, surtout lorsqu’ils sont unicellulaires, il nous paraît tout à fait
possible de considérer comme appartenant à deux espèces distinctes des orga¬
nismes sensiblement différents par leurs dimensions et par des caractères relatifs
à la morphologie de leurs coccolithes, en ce qui concerne et l’écaille basale
et les pièces calcaires de ceux-ci.
La présence de VH. lacuna sur les côtes françaises de l’Atlantique élargit
considérablement la répartition géographique de cette Coccolithacée décrite
du Pacifique; cependant le fait n’est pas exceptionnel dans cette famillè dont,
bien au contraire, beaucoup d’espèces ont été rencontrées dans ces deux océans
et dans des aires géographiques très étendues; citons parmi bien d’autres, à titre
d’exemple, Emiliania huxleyi (Lohmann) Hay et Mohler, Cyclococcolithus lepto-
porus (Murray et Blackman) Kamptner, Gephyrocapsa oceanica Kamptner.
Toutefois, il apparaît une intéressante similitude dans les conditions où a
été trouvée dans ces deux localités fort éloignées VH. lacuna. En effet, l’orga¬
nisme a été récolté par PIENAAR à Jackel’s Lagoon où il abondait, dans des
mares périphériques isolées par des bois flottants, à la fin d’un automne chaud
et sec; en France, VH. lacuna a été récolté au printemps dans un bassin de par-
quage d’huîtres, au bord du golfe du Morbihan; or il est intéressant de constater
que les deux localités se trouvent à la même latitude Nord (île San Juan a
48° 30’ et golfe du Morbihan à 47° 55’) et que, par suite, à certaines périodes
de l’année, les conditions thermiques peuvent être tout à fait identiques, dans
de petites collections d’eau très rapidement influencées par la température
atmosphérique.
Pour achever cette étude, il nous paraît utile de rappeler la liste des espèces
qui, ayant fait l’objet d’analyses précises, en microscopie électronique, au
niveau anatomique et morphologique, ont été décrites conformément aux
124
P. GAYRAL et J. FRESNEL
règles du Code international de Nomenclature de Botanique dans le genre
Hymenomonas. Espèce-type: Hymenomonas roseola Stein. Cellules mobiles
de 13 à 15£tm pourvues d’un court haptonème bulbeux. Pièce calcaire des cocco-
lithes formant une couronne elliptique basale de même hauteur que la partie
évasée qui la surmonte. Pyrénoïde saillant, traversé par des lamelles plastidiales
(selon l’étude de MANTON et PETERFI, 1969). Espèce d’eau douce, cosmo¬
polite.
Hymenomonas globosa (Magne) Gayral et Fresnel. Stade flagellé de 14 à
16/im, dépourvu d’haptonème. Coccolithes formés de pièces calcaires dont la
disposition est très semblable à celle de VH. roseola. Les pyrénoïdes saillants
et globuleux renferment des lambeaux de thylakoïdes. Espèce marine connue
des côtes françaises de la Manche (Roscoff, îles Chausey) et que nous avons
retrouvée en Méditerranée, dans des récoltes d’Algues benthiques originaires
de Syrie (H. Mayhoub, collecteur), ainsi qu’à Banyuls.
Hymenomonas lacuna Pienaar. Stade flagellé de 25 à 30/Llm, dépourvu d’hap¬
tonème. Pièces calcaires des coccolithes formant une couronne basale deux
fois plus haute que la partie évasée qui la surmonte. Pyrénoïdes très proémi¬
nents, globuleux, renfermant des lambeaux de thylakoïdes. Espèce marine
connue du Pacifique Nord et de l’Atlantique, jusqu’ici uniquement récoltée
dans de petites collections d’eau (flaques, bassins).
Hymenomonas coronata Mills. Stade flagellé de 8-12/im. Haptonème absent.
Pièces calcaires des coccolithes denticulées formant uniquement une partie
basale droite, sans partie évasée. Pyrénoïde saillant traversé par des thylakoïdes.
Espèce marine décrite de l’Atlantique Nord (Texas).
Ainsi, les quatre espèces ci-dessus forment une série dans laquelle on assiste
à la réduction progressive de la partie évasée des coccolithes, réduction abou¬
tissant, chez 1 ’H. coronata, à la disparition complète de celle-ci.
Il n’est pas douteux que ces espèces décrites par quatre auteurs différents
sont inséparables et que les caractères du genre Hymenomonas ne peuvent
être que ceux qu’elles ont en commun. La description brièvement résumée
ci-dessus montre, à l’évidence, que seule la morphologie des coccolithes est à
prendre en considération au niveau générique, à l’exclusion de celle de l’appareil
cinétique qui, selon le cas, comporte ou non un haptonème et de l’appareil
plastidial qui, selon le cas présente un pyrénoïde plus ou moins saillant, ou
bien traversé de part en part par les thylakoïdes, ou bien contenant seulement
quelques lambeaux de ceux-ci.
Dès lors, l’existence de ces quatre espèces conforte la position que nous
avions prise en 1976 consistant à définir les genres des Coccolithacées, en pre¬
mier lieu par la morphologie de leur coccosphère pour n’accorder qu’une valeur
spécifique aux caractères relatifs à l’haptonème ou à l’anatomie interne de la
cellule. Cette conception va à l’encontre de celle de MANTON et PETERFI
(1969) qui placent dans le même genre Hymenomonas des organismes dont la
morphologie des coccolithes est très différente mais qui ont en commun la
RÉVISION DU GENRE HYMENOMONAS STEIN
125
présence d’un court haptonème et une même organisation plastidiale. Selon
ces auteurs, la nouvelle définition qu’ils donnent du genre Hymenomonas
interdirait d’y placer trois des quatre espèces ci-dessus rappelées pour la seule
raison qu’elles n’ont pas d’haptonème (qui pourtant est à l’état vestigial). Il
apparaît donc que, comme nous, MILLS et PIENAAR ne se sont pas ralliés à
la conception de MANTON et PETERFI. Nous pensons pouvoir donner du
genre Hymenomonas la définition suivante déjà proposée en 1976 pour le dif¬
férencier des genres Cricosphaera et Ochrosphaera :
Genre Hymenomonas Stein emend. Gayral et Fresnel
Coccolithacées dont les cellules mobiles ou non mobiles ont une coccosphère
composée de coccolithes tous identiques, en forme de gobelets à fond non
calcifié (trémalithes), constitués d’un seul système de pièces calcaires, nom¬
breuses (13 à 16), terminées en pointes.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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roseola Stein and Syracosphaera carterae Braarud et Fagerland. Nytt Mag. Bot. 3:1-4.
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phyceae). J. mar. biol. Ass. U. K. 56: 1-11.
Source : MNHN, Paris
127
LE PHYTOPLANCTON DE LA MANGROVE EN GUADELOUPE
(ANTILLES FRANÇAISES)
1 _ Premier inventaire qualitatif et quantitatif de trois canaux
du Grand Cul de Sac Marin*
Michel RICARD et Bruno DELESALLE**
RÉSUMÉ. — Les prélèvements réalisés, en mars 1978, dans trois canaux de la mangrove du
Grand Cul de Sac Marin (Guadeloupe, Antilles françaises), ont permis de dresser un premier
inventaire qualitatif et quantitatif du phytoplancton de ces trois biotopes. Les paramétrés
physico-chimiques associés ont été également mesurés. Les résultats soulignent la grande
diversité spécifique du phytoplancton et l’importance quantitative des chlorophycees. La
stratification des eaux, les apports continentaux, la pluviométrie et les marées conditionnent
les différences de composition et d’évolution de la flore planctomque de ces trois canaux.
SUMMARY. Samples were collected, in march 1978, from three channels in the mangrove
located on the west coast of Guadeloupe island (Franch West Indies). The phytoplanktomc
populations are characterized by a large taxonomie diversity. The chlorophyll concentra¬
tions, estimated with the fluorimetric and spectrophotometric methods pointed out the
importance of chlorophyll b and c, related to the high concentrations of diatomophyceae
and chlorophyceae. The différences in composition and in évolution of the populations
are beyond the control of salinity, tides, water stratification and continental inflows.
L’île de la Guadeloupe, située par 16° de latitude Nord et 61 de longitude
Ouest, fait partie de l’arc des Petites Antilles qui sépare l’Océan Atlantique de
la Mer des Caraïbes. La forme particulière de cette île (Figure 1) dessine deux
baies abritées (Grand Cul de Sac et Petit Cul de Sac) sur les rives desquelles la
mangrove a pu s’établir. Elle atteint son plus grand développement dans le Grand
Cul de Sac où elle couvre 9/10 des côtes.
Le phytoplancton de la mangrove n’a fait l’objet que de peu de travaux. Dans
les Grandes Antüles, MARGALEF (1961) a effectué une étude floristique et
* Recherches réalisées dans le cadre de l’action concertée DG RS T «La mangrove et sa zone
côtière». Contrat École Pratique des Hautes Études.
** Laboratoire de Cryptogamie, Muséum National d’Histoire Naturelle, 12 rue Buffon,
75005 Paris (L.A. 257 du C.N.R.S.).
Rev. Algol., N.S., 1979, XIV, 2 :127-148.
Source : MNHN, Paris
128
M. RICARD et B. DELESALLE
écologique du phytoplancton de la côte Sud de Porto Rico, essentiellement
occupée par la mangrove. Aux États-Unis, les eaux de la mangrove ont été
étudiées par DAVIS et WILLIAMS (1950) en Floride et par WALSH (1967)
aux Hawaï. BACON (1971) a suivi les variations des populations planctoniques
de la mangrove de l’île de Trinidad (Petites Antilles) au cours de la saison sèche
et de la saison des pluies. Sur les côtes du Brésil,TEIXEIRA (1963), TEIXEIRA
et al. (1965, 1967 et 1969), et KUTNER (1974) ont entrepris l’étude approfon¬
die du plancton de la mangrove de Cananéia. Enfin, dans le sud de l’Inde, QA-
SIM et REDDY (1967) et KRISHNAMURTHY (1971) se sont intéressés aux
peuplements phytoplanctoniques des zones bordières de la mangrove. Ces
travaux sont principalement axés sur l’étude de l’écologie du phytoplancton mais
la floristique n’est pas approfondie et seules sont indiquées les espèces les plus
abondantes ou les plus connues.
En Guadeloupe, l’étude du phytoplancton de la mangrove a été abordée
pour la première fois au cours de la mission réalisée en mars 1978. Cette mission
a permis de prospecter divers biotopes : mangrove récifale, mangrove d’estuaire
et mangrove côtière. Dans cet article, notre attention s’est plus particulièrement
portée sur le phytoplancton de trois canaux qui traversent la mangrove sur la
côte ouest du Grand Cul de Sac. L’inventaire floristique et l’estimation quantita¬
tive du phytoplancton ont été complétés par des mesures des divers paramètres
physico-chimiques associés à cette flore.
LE MILIEU
La Guadeloupe est située en zone tropicale Nord. Son climat est caractérisé
par l’alternance d’une saison sèche (janvier à juin) et d’une saison humide
(juillet à décembre). Le mois de mars, bien que marquant le milieu de la saison
sèche, connaît cependant des précipitations parfois violentes. La température
moyenne de l’air oscille entre 26 et 29°C.
Les canaux étudiés sont au nombre de trois : le canal Perrin, le canal Belle
Plaine et le canal des Rotours. Creusés au siècle dernier pour permettre le flot¬
tage de la canne à sucre jusqu’à la mer, ils sont donc entièrement artificiels et ne
correspondent pas à d’anciens cours d’eau canalisés mais plutôt à des bras morts
marins. Ils sont donc soumis à différentes influences qui conditionnent leurs
caractéristiques hydrologiques : apports marins par le phénomène de la marée
sensible sur toute la longueur des canaux, apports d’eau douce par les eaux de
pluie, les eaux de ruissellement et les canaux d’irrigation des champs de canne
à sucre.
Ces trois canaux débutent au niveau des champs de canne qu’ils traversent,
de façon rectiligne, sur un tiers de leur longueur environ. Leur cours devient
ensuite plus sinueux au travers de la mangrove qui est à sec à cette période.
Ils débouchent enfin sur le Grand Cul de Sac. Leur profondeur maximale est
de 2,5 m à l’embouchure et de 1 m à l’extrémité amont. Le canal des Rotours
LE PHYTOPLANCTON DE LA MANGROVE EN GUADELOUPE
129
est le plus long (4 km); le canal Belle Plaine est le plus étroit (13m), et dans
la mangrove les palétuviers se rejoignent pour former une voûte qui ombrage ce
canal. Perrin et Rotours, plus larges, sont fréquemment agités par le passage
des barques à moteur des pêcheurs, dont les baraques sont installées sur les
berges à l’extrémité amont de ces deux canaux.
Afin de pouvoir comparer les diverses caractéristiques des eaux de ces trois
canaux et celle du lagon voisin, une station (L) a été choisie à 1 km environ
au large de Perrin. La première station du canal Belle Plaine (B O) est située
dans la petite lagune très fermée où débouche ce canal. Ensuite, sur chaque
canal, les stations sont situées aux endroits suivants : embouchure et début du
canal (Station 1) limite mangrove-champs de canne à sucre (Station 2), extrémi¬
té amont du canal (Station 3). Les canaux ont reçu, pour les tableaux et figures,
les abbréviations suivantes : B pour Belle Plaine, P pour Perrin et R pour Rotours.
(Fig- 1).
MÉTHODES
Oxygène dissous : oxymètre YS1 57, pour les mesures in situ, et dosage titrimé-
trique, en laboratoire, selon la méthode de Winkler.
Salinité : salinomètre YSI 33, pour les mesures in situ, et salinomètre BECKMAN
RS7 en laboratoire.
Température : thermomètre au dixième.
Transmission de la lumière : cellule photoélectrique immergeable LI-COR 185.
Sels nutritifs : dosage automatisé sur Auto-Analyser II TECHNICON.
Seston : méthode gravimétrique d’Anderson et Banse (cf. STRICKLAND et
PARSONS 1968) sur filtres Millipore HAWP.
Chlorophylle a : filtration de 250 ml d’eau de mer sur filtres Whattman GF/C,
broyage mécanique dans acétone à 90% puis dosage sur fluorimetre Turner
111 selon la méthode de Yentsch et Menzel (1963) ou sur spectrofluorimètre
Jobin et Yvon 250A (JEFFREY et HUMPHREY, 1974).
Comptages cellulaires : échantillons filtrés au formol neutre à 4% et dénombrés
sous un microscope Wild M 40 (objectif 40 X) selon la méthode d’Utermôhl
(1958).
RÉSULTATS
A. PARAMETRES PHYSICO-CHIMIQUES
1. — Température, salinité, oxygène dissous
Les températures, relevées en milieu de journée, varient entre 25 et 29 C.
Les écarts entre la surface et le fond, à une même station, sont plus ou moins
importants selon la localisation de la station : 1,5° à 2,5 C a l’extrémite amont
des canaux, 0,5°C à leur embouchure (Fig. 2).
130
M. RICARD et B. DELESALLE
La salinité des eaux du lagon est de 34%oet diminue peu à l’embouchure des
canaux. A Rotours et Perrin, les eaux sont brassées par les hélices des bateaux :
il n’existe pas de stratification et les différences de salinité sont faibles entre la
surface et le fond. L’eau de ces deux lagons est composée d’un mélange d’eaux
du lagon et d’eaux douces continentales ou météoritiques; en période sèche, les
apports d’eau douce sont limités et la salinité, à l’extrémité amont de Rotours
et de Perrin est de 20%o.Par contre, dans le canal Belle Plaine, la salinité décroît
de l’embouchure vers l’extrémité amont où elle atteint 26%oprès du fond et seu¬
lement 7%oen surface. Cette faible salinité en surface s’explique par la présence
d’une lentille d’eau oligohaline de 40 cm d’épaisseur environ. Cette stratification
nettement marquée limite les possibilités d’échanges verticaux et conditionne le
développement des communautés planctoniques dans le canal Belle Plaine
(Fig. 2).
Les teneurs en oxygène dissous, à la surface des trois canaux, varient de 4,5 à
6,5mg/l (70 à 100% de la valeur à saturation) à l’embouchure et de 3,1 à
4,5mg/l (45 à 60% de la valeur à saturation) à leurs extrémités amont. Il n’y a
pas de différences significatives entre la surface et le fond. Dans le lagon, les
teneurs en surface oscillent dans la journée entre 5,6 et 8,1 mg/1 soit 80% à
130% de la valeur à saturation (tableau 1).
2. — Turbidité
La turbidité présente de grandes variations le long des canaux. Dans le lagon
(Station L), où la profondeur n’excède pas 4 m, le disque de Secchi reste tou¬
jours visible. Dans le canal Perrin et le canal des Rotours la limite de visibilité
est plus faible, 1,2 à 1,5 m à l’embouchure et seulement 0,45 m au niveau des
champs de canne. Les eaux de Belle Plaine sont beaucoup plus claires car, à
toutes les stations, le disque est encore visible à 1 m de profondeur.
3. — Sels nutritifs
Les dosages en sels nutritifs n’ont pas été suffisamment nombreux pour
permettre de dresser un bilan précis de leur répartition aux différentes stations
et les valeurs suivantes ne sont données que pour information (Tableau 2). Dans
les trois canaux les concentrations en nitrates sont élevées et décroissent de
l’amont vers l’embouchure. Les eaux de Belle Plaine sont les plus riches, 12/iatg/l
de N 2 en amont de la station B3, que celles de Rotours et de Perrin, 4 à 6/iatg
N 2 /l aux stations P3 et R3. Les teneurs en phosphates sont faibles dans les trois
canaux, 0,2 à 0,5juatg P/l, mais la silice présente localement des concentrations
élevées, 4 à 5 £tatg Si/l. Ces teneurs élevées en nitrates et en silice peuvent résul¬
ter d’un phénomène de lessivage des sols par les eaux de pluie. Dans le lagon,
les teneurs en sels nutritifs sont beaucoup plus faibles et se rapprochent de celles
mesurées dans les eaux de la Martinique par MARTINET (1978) : 0,8/iatg P/l
pour les phosphates, 2,8jUtg N 2 /l pour les nitrates et 3,1/iatg Si/l pour les
silicates (Tableau 1).
LE PHYTOPLANCTON DE LA MANGROVE EN GUADELOUPE
131
4. — Seston
Les mesures de seston mettent en évidence l’importance de la charge particu¬
laire de ces canaux. Les valeurs sont de 6mg/l dans le lagon; elles atteignent,
dès l’embouchure des canaux, 9 mg/1 à Belle Plaine, 14 mg/1 à Perrin et 20 mg/1 à
Rotours. Au fur et à mesure que l’on se rapproche de l’extrémité amont des
canaux, la charge particulaire augmente et dépasse 50 mg/1 à Perrin et Rotours.
A Belle Plaine les valeurs suivent une évolution identique mais ne dépassent pas
11 mg/1 (Tableau 1).
B. - INVENTAIRE FLORISTIQUE
Seuls figurent dans cet inventaire les taxons les plus communs ou les plus
abondants (Tableau 2); l’étude approfondie du phytoplancton et la description
des nouveaux taxons ont fait (RICARD, 1979) ou feront l’objets d’autres
articles.
1. — Diatomophycées
Elles regroupent 80% des taxons et se répartissent dans 58 genres. Les diato¬
mées pennées sont les plus diversifiées avec 41 genres et 149 taxons; 67 taxons
appartiennent aux genres Mastogloia, Navicula et Nitzschia qui sont dominants.
Les diatomées centriques comptent 17 genres et 50 taxons (Tableau 3).
75% des taxons sont benthiques et prédominent dans les canaux de la man¬
grove; les formes planctoniques sont plus fréquentes dans le lagon ou aux em¬
bouchures des canaux, mais, certaines d’entre elles, telles Actinocyclus ehren-
bergii var. crassa ou Cylindrotheca closterium, peuvent être présentes aux
stations amont des canaux. Les genres Rhizosolenia et Chaetoceros, issus du
plancton océanique, sont abondants et diversifiés dans les eaux du lagon.
La plupart des diatomées sont euryhalines, mais certaines caractéristiques
des eaux douces tels Cocconeis placentula var. euglypta, Gomphonema parvulum
ou Navicula perotettii, sont souvent présentes dans la partie aval des canaux
jusqu’à l’embouchure. Ces diatomées étaient vivantes au moment de leur récolte
mais ce sont des diatomées benthiques qui ne se développent pas dans ce milieu;
elles ont été arrachées à leur substrat habituel et transportées dans les canaux
par l’action des courants. La diversité des populations de diatomées diminue de
l’embouchure vers l’amont des canaux où les conditions écologiques favorisent
la dominance des espèces euryhalines au dépend des espèces sténohalines. La
plus grande diversité taxinomique se rencontre dans le lagon où 104 taxons ont
été identifiés.
2. — Dinophycées
Ce sont, après les diatomées, les éléments les plus importants du phytoplanc¬
ton. Les 31 taxons identifiés se répartissent dans 9 genres. Le genre Protoperi-
dinium domine avec 50% des taxons. La flore du lagon est la plus diversifiée avec
132
M. RICARD et B. DELESALLE
23 taxons alors que dans les canaux le nombre de taxons est, dès l’embouchure,
beaucoup plus réduit.
Ces taxons sont généralement planctoniques et, pour la plupart, strictement
marins, mis à part quelques taxons euryhalins mésohalobes (RICARD, 1977)
comme Protoperidinium subsalsum et Prorocentrum micans. Certaines espèces
océaniques, comme Ceratium macroceros et Dinophysis caudata, sont présentes
aux stations amont des canaux (Station 3) où elles ont été vraisemblablement
transportées par le jeu des marées.
3. - Autres groupes systématiques
Les Cyanophycées sont peu nombreuses et comprennent 5 genres dont le plus
répandu est Oscillatoria. 4 genres de Chlorophycées ont été identifiés : Chlamy-
domonas, Nephroselmis, Pyramimonas et Spirogyra. Ce dernier n’a été rencontré
qu’à la station amont du canal Belle Plaine. Du fait d’une mauvaise conservation
par le formol il n’a pas été possible de déterminer les espèces chez les Chloro¬
phycées et les Euglénophycées. Or ces deux derniers groupes présentent de
nombreuses espèces marines, saumâtres ou d’eau douce; on ne peut donc pas
donner de signification écologique à la présence ou à l’absence de ces groupes
aux différentes stations. Les Cryptophycées ont également été mal conservées;
le genre Chroomonas n’apparaît qu’aux stations amont des trois canaux. Signa¬
lons enfin quelques rares Silicoflagellés et Coccolithophoridés rencontrés dans le
canal Belle Plaine et le canal des Rotours.
4. — Répartition géographique et distribution
Le phytoplancton étudié est, naturellement, dominé par des taxons typiques
des mers tropicales; c’est le cas de 50% des diatomées et 50% des dinoflagellés,
alors que les autres peuplent également les mers tempérées.
87 taxons n’ont été rencontrés que dans un seul prélèvement. Ils se répartis¬
sent ainsi : 30 dans le lagon, 22 à Belle Plaine, 20 à Perrin et 15 à Rotours. 71
taxons sont communs aux trois canaux et, parmi ceux-ci, 42 forment la commu¬
nauté de base du phytoplancton et se retrouvent dans la majorité des prélève¬
ments : 34 diatomées, 4 dinoflagellés, 2 chlorophycées, 1 cyanophycée et 1 cryp-
tophycée.
C. - ESTIMATION QUANTITATIVE
1. — Comptages cellulaires
Les résultats sont présentés dans le tableau 5. Pour chaque groupe systémati¬
que, ils sont exprimés en nombre de cellules par litre d’eau et en pourcentage
du nombre total.
Dans le lagon, les densités cellulaires sont faibles : 24.10 3 cellules par litre.
Dans^la mangrove, ces densités sont, par contre, très élevées et peuvent atteindre
5.10 cellules par litre à Rotours. Dans ce canal et dans le canal Perrin, les con-
LE PHYTOPLANCTON DE LA MANGROVE EN GUADELOUPE
133
centrations cellulaires sont toujours supérieures à 10 6 cellules par litre et aug¬
mentent progressivement de l’embouchure, 3.10 6 cellules par litre à Perrin et
g 10 6 cellules par litre à Rotours, vers l’extrémité amont, où elles atteignent
2,1 o 8 cellules par litre à Perrin et 5.10 8 cellules par litre à Rotours. Dans le
canal Belle Plaine, les concentrations sont plus faibles et ne dépassent pas 12-10
cellules par litre à la station amont; en outre, les densités cellulaires relevées à
la station B2, 8.10 4 cellules par litre, sont inférieures à celles relevées à l’embou¬
chure, 3.10 5 cellules par litre.
Outre le nombre total de cellules, l’importance relative des différents groupes
systématiques varie fortement selon les stations considérées (Fig. 3). Dans le
lagon, les diatomées et dinoflagellés prédominent. Dans les trois canaux, dès
l’embouchure, les euglénophycées et les chlorophycées apparaissent et, à Perrin
et Rotours, prennent une importance de plus en plus grande au fur et à mesure
que l’on se rapproche de l’extrémité amont des canaux où elles représentent
70% du nombre total de cellules. Les cyanophycées ne présentent de pourcenta¬
ge notable, 20%, que dans la mangrove proprement dite; les dinoflagellés, nom¬
breux aux embouchures, ont ensuite une importance négligeable aux autres
stations. A Belle Plaine, la répartition des groupes est particulière car les diato¬
mées dominent à toutes les stations; les chlorophycées, bien que présentes dès
l’embouchure, ne se développent qu’à l’extrémité amont du canal où elles repré¬
sentent 20% du phytoplancton.
Enfin, il est intéressant de signaler que 99% des cellules dénombrées appar¬
tiennent à 8 genres seulement : 2 diatomées de petite taille {Navicula, sp.),
1 dinoflagellé ( Gymnodinium sp.), 3 chlorophycées (Chlamydomonas sp.,
Nephroselmis sp., Pyramimonas sp.) et 2 cyanophycées [Oscillatoria gracilis
et Oscillatoria limnetica).
2. — Pigments chlorophylliens
Les dosages fluorimétriques des pigments chlorophylliens soulignent la grande
richesse du phytoplancton de ces canaux, richesse qui contraste avec la relative
pauvreté des eaux du lagon, 0,5 à 1,4 mg chl. al m 3 . A l'embouchure des canaux,
en surface, les concentrations en chl. a sont déjà bien plus fortes que dans le
lagon : 5,3mg/m 3 à Belle Plaine, 7,lmg/m 3 à Perrin et 19,6 mg/m à Rotours.
A Perrin et à Rotours, comme pour les concentrations cellulaires, les taux de
chlorophylle a croissent régulièrement jusqu’aux extrémités amont où elles attei¬
gnent des valeurs proches de 140 mg chl. al m 3 (Stations P3 et R3); ces valeurs ne
diffèrent pas significativement entre la surface et le fond de chaque station. A
Belle Plaine, le situation est différente : en surface, les teneurs en chlorophylle,
déjà faibles par rapport aux teneurs relevées à l’embouchure des deux autres
canaux, diminuent dans la traversée de la mangrove (2,7 mg chl. al m à^la
station B2) puis augmentent légèrement dans la partie amont (4,1 mg chl. u/m a
la station B3); les eaux profondes suivent une évolution identique à celle des
deux autres canaux mais n’atteignent jamais des concentrations en chlorophylle
aussi élevées : 4,2mg chl. a/m 3 à la station Bl, 6,4 mg à la station B2 et 23,3 à
la station B3. La couche d’eau oligohaline située en amont du canal Belle Plaine
134
M. RICARD et B. DELESALLE
est donc bien moins riche en pigments que la couche profonde mésohaline.
Dans toutes les mesures réalisées, le rapport d’acidification est supérieur
à 1,5 et atteint fréquemment 1,6 et 1,7 pour un rapport d’acidification maxi¬
mum de 1,81. Le phytoplancton des canaux contient donc une faible quantité
de pigments dégradés; ceci caractérise des populations jeunes au taux de crois¬
sance élevé.
En considérant d’une part les résultats des comptages cellulaires mettant en
évidence l’importance numérique des Chlorophycées, et d’autre part les fortes
valeurs de chlorophylle a mesurées, il paraissait important de préciser la composi¬
tion pigmentaire de ce plancton et notamment l’importance de la chlorophylle
b. Des mesures spectrophotométriques ont pu être effectuées lorsque la concen¬
tration des échantillons était suffisante. Elles ont mis en évidence d’importantes
quantités de chlorophylle b entre les stations 2 et 3 de Perrin et de Rotours,
c’est-à-dire en dehors de la mangrove. Ainsi 109 mg chl. b/m 3 ont été relevés à
la station 3 de Perrin. Cependant l’utilisation d’un spectrophotofluorimètre de
sensibilité beaucoup plus grande, a permis de déceler sans pouvoir la quantifier
la chlorophylle b à toutes les stations de ces deux canaux, ainsi qu’aux stations
2 et 3 de Belle Plaine. Ces résultats rejoignent ceux des comptages cellulaires et
soulignent l’importance et même, à certaines stations, la prépondérance des
Chlorophycées dans les communautés phytoplanctoniques de ces canaux.
DISCUSSION
Maigre la disparité des résultats obtenus, on peut dégager certaines caractéris¬
tiques communes aux trois canaux. Les températures y sont peu variables et la
salinité décroît de l’embouchure vers l’amont. La turbidité y est très importante
et la charge particulaire peut être 10 fois supérieure à celle du lagon. Les peuple¬
ments phytoplanctoniques sont moins diversifiés que dans le lagon, particulière¬
ment les Diatomées. A l’embouchure des canaux apparaissent les Chlorophycées
et les Euglénophycées. Les densités cellulaires, beaucoup plus importantes que
dans le lagon, peuvent atteindre 5.10 8 cellules par litre, et, dans ce cas, les
Chlorophycées sont dominantes. La biomasse phytoplanctonique augmente
considérablement vers l’extrémité amont des canaux où elle peut atteindre
140 mg chl. a /m . La chlorophylle b, inexistante dans le lagon, est présente
dans les canaux, en quantité parfois importante.
La comparaison des résultats obtenus pour chaque canal nous amène à dis¬
tinguer le canal Belle Plaine des canaux Perrin et Rotours. En effet dans le
canal Belle Plaine, peu fréquenté à cette époque de l’année, les eaux de salinité
très différentes se mélangent peu et il s’établit une stratification marquée. La
turbidité et la charge particulaire de ce canal sont plus faibles que dans les deux
autres. Les concentrations en pigments chlorophylliens sont également faibles :
1 eau mésohaline située près du fond a des teneurs en chlorophylle a inférieure à
celle des autres canaux mais sa distribution suit celle des canaux Perrin et Ro-
LE PHYTOPLANCTON DE LA MANGROVE EN GUADELOUPE
135
tours; par contre, dans les couches d’eau superficielles oligohalines, les teneurs en
pigments chlorophylliens sont extrêmement basses, en particulier à la station B2.
La raison de l’originalité du canal Belle Plaine peut s’expliquer par les condi¬
tions géographiques et humaines qui affectent ce canal. Belle Plaine est un canal
étroit, peu fréquenté et dont les eaux ne sont pas brassées, comme c’est le cas
dans les deux autres canaux. La stratification qui s’établit, limite les possibilités
d’échange et notamment l’enrichissement de la couche superficielle en matières
organiques provenant du fond; les développements phytoplanctoniques y sont
par conséquent plus faibles. L’eau située près du fond est beaucoup plus riche,
mais n’atteint pas les valeurs de Perrin et des Rotours. De plus, les Chlorophy-
cées, qui contribuent de façon non négligeable à la biomasse phytoplanctonique
des Rotours et de Perrin, sont très peu abondantes dans Belle Plaine. Dans les
deux autres canaux le passage fréquent des bateaux semble avoir une influence
considérable sur le biotope car il provoque une constante remise en suspension
des matières organiques et minérales. Cet enrichissement permanent permet au
phytoplancton, et en particulier aux Chlorophycées, de se développer fortement.
La présence de nombreuses habitations, qui rejettent des eaux usées chargées
en matières organiques, contribue également à ces proliférations. Cependant,
l’impossibilité d’une identification précise des Chlorophycées et des Euglénophy-
cées et une connaissance insuffisante des cycles des divers sels nutritifs ne nous
permet de faire que des hypothèses sur l’évolution du phytoplancton des canaux
de la mangrove mais les modifications du milieu par les interventions humaines
pourraient expliquer les grandes différences entre nos résultats et ceux obtenus
dans d’autres mangroves. MARGALEF (1961) note des concentrations en chlo¬
rophylle a de 0,2 à 1 mg/m 3 , avec des maximums de 18mg/m 3 . Par ailleurs,
certains auteurs ont cependant signalé de fortes concentrations cellulaires :
10 6 à 10 7 cellules par litre pour KUTNER (1964), au Brésil, qui remarque
la prédominance des diatomées, et notamment celle de Skeletonema costatum,
et la présence de Chlorophycées. Ces valeurs sont malgré tout inférieures a celles
que nous avons relevées à Belle Plaine où la présence humaine affecte le moins
l’environnement et, par conséquent, celui où l’influence de la mangrove peut le
mieux se révéler.
CONCLUSIONS
Les trois canaux étudiés apparaissent comme des biotopes bien particuliers
dont l’originalité tient à leur caractère artificiel et à leurs conditions d’utilisa¬
tion. Ces canaux traversent deux ensembles phytosociologiques très différents,
les champs de canne à sucre et la mangrove; le passage d’un ensemble à l’autre
se traduit par des changements dans la physico-chimie des eaux des canaux.
Deux d’entre eux, Perrin et Rotours, sont fortement influencés par la présence
humaine tandis que Belle Plaine, peu fréquenté, présente une situation differen¬
te. Ces particularités expliquent, en partie, la différence de composition et d’évo¬
lution du phytoplancton de chaque canal, soumis par ailleurs à l’influence conti-
136
M. RICARD et B. DELESALLE
nentale et lagunaire.
Cette étude a été réalisée au cours de la saison sèche et sera complétée par des
études semblables effectuées pendant la saison des pluies et aux intersaisons.
Ceci nous permettra de suivre l’évolution annuelle du phytoplancton de chaque
canal et de déterminer la part prise, dans cette évolution, par chaque ensemble
phytosociologique.
REMERCIEMENTS
Les dosages de sels nutritifs ont été réalisés par le Service du Docteur H. FABRITIUS de
l’Institut Pasteur de Pointe-à-Pitre. Les moyens logistiques ont été fournis par l’Institut
National de Recherche Agronomique, à Petit Bourg, et par le Centre Universitaire Antilles-
Guyanne.
LE PHYTOPLANCTON DE LA MANGROVE EN GUADELOUPE
137
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Fig.l. — Localisation des différentes stations sur le littoral ouest de la Guadeloupe.
Source : MNHN. Paris
Surf ace:
Fond:-
g \ 2 3 Stations
Fig. 2. — Variations de la salinité et de la température, en surface et près du fond, dans
chacun des trois canaux.
M. RICARD et B. DELESALLE
140
Bjffl Diatomophycée*
[ ] Chlorophycéas
j | Cyanophycéea
0 0 0
RI . R2, R3
m in* 191.10 47710
Fig. 3. - Importance relative des différents groupes systématiques à chaque station.
Source : MNHN, Paris
LE PHYTOPLANCTON DE LA MANGROVE EN GUADELOUPE
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M. RICARD et B. DELESALLE
TABLEAU 2. — Répartition des taxons aux différentes stations
STATIONS
TAXONS
L
P
P
P
B
B
B
B
R
R
R
1
2
3
0
1
2
3
1
2
3
CYANOPHYCÉES
X
LYNGBIA limnetica Lemm.
X
MERISMOPEDIA sp.
OSCILLA TORIA
X
x
x
x
x
x
x
articulàta Gardner
bonnemaisonnii Crouan
X
x
geitleri f. major Bourrelly
X
X
X
x
gracilis Bôcher
X
X
X
X
limnetica Lemm.
proboscidea Gom.
X
X
X
X
X
X
sp.
X
PSEUDANABAENA sp.
SPIRULINA
X
X
major Kütz.
X
X
X
X
subsalsa Oerst.
X
X
DIATOMOPHYCÉES
ACHNANTES
brevipes Ag.
X
X
X
X
X
X
X
X
citronella (Mann) Hust.
X
ACTINOCYCLUS
ehrenbergii Ralfs var. ehrenbergii
X
ehrenbergii var. crassa (Wm. Sm.) Hust.
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
ehrenbergii var. ralfsii (Wm. Sm.) Hust.
X
ehrenbergii var. sparsa (Greg.) Hust.
X
ACTINOPTYCHUS undulatus (Bail.) Ralfs
X
X
X
X
X
X
AMPHIPRORA alata (Ehr.) Kütz.
AMPHORA
X
x
X
x
x
X
X
X
X
X
acuta var. arcuata (A.S.) Cleve
X
angusta Gregory
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
binodis Gregory
X
X
costata Wm. Smith
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
decussata Grun. var. decussata
decussata var. briocensis Leuduger-Fortmorel
dubia Gregory
exigua Gregory
gigantea var. fusca A.S.
rhombica Kitton
x
X
X
X
X
X
X
robusta Gregory
X
X
X
X
schmidtii Grunow
X
staurophora Cleve
X
X
ASTERIONELLA
glacialis Castracane
X
X
X
X
X
X
notata (Grunow) Grünow
X
AURJCULA
insecta (Grunow) Cleve
X
intermedia (Lewis) Cleve
X
BACILLARIA paradoxa Gmelin
X
X
X
X
X
X
X
X
X
BACTERIASTRUM hyalinum Lauder
BIDDULPHIA
X
aurita (Lyngb.) Bréb. ex God.
granulata Roper
X
X
X
X
X
LE PHYTOPLANCTON DE LA MANGROVE EN GUADELOUPE
143
STATIONS
TAXONS
L
P P P
1 2 3
B B B B
0 12 3
R. R R
2 3
laevis Ehrenberg
X X
X X X X
X
obtusa (Kütz.) Ralfs
X
pulchella Gray
x
X X
XXX
XXX
reticulata Roper
BIDDULPHIA
rhombus (Ehr.) Wm. Sm.
x
tridens (Ehr.) Ehr.
x
X
CALONEIS
westii (Wm. Sm.) Hendey
X
spp.
CAMPYLODISCUS
browneanus var. phalangium (A. S.) Deby
X
fastuosus Ehr.
X
X
limbatus Bréb.
X
X
subangularis Grunow
X
X
CERATAULINA pelagica (Cleve) Hendey
X
CHAETOCEROS
affinis Lauder
X
atlanticus Cleve
X
coarctatus Lauder
X
X
X
debilis Cleve
X
X X
decipiens Cleve
X
X
lorenzianus Grunow
X
peruvianus Brightw.
X
x
CLIMA COSPHENIA
elongata Bailey
X
X
moniligera Ehr.
X
X X
X
x
COCCONEIS
pellucida Hantzsch
X
X
placentula var. euglypta (Ehr.) Grunow
X
X
X
X
scutellum Ehr.
X
X X
X
spp.
COSCINODISCUS
centralis Ehr.
X
X
concinnus Wm. Smith
X
X
X
marginatus Ehr.
X
X X
nitidus Gregory
X
CYCLOTELLA
meneghiniana Kützing
X
X
X X
X
X
striata (Kütz.) Grunow
X
x
x
spp.
CYLINDROTHECA closterium (Ehr.)
Reimann et Lewin
X
XXX
XXX
X
X X
CYMATOSIRA lorenziana Grunow
X
X
DIMEREGRAMMA furcigerum Grunow
X
DIPLONEIS
bombus Ehr.
X
X X
XXX
X
chersonensis (Grun.) Cleve
X
coffaeiformis (A. S.) Cleve
X X
X
smithii (Breb.) Cleve
X
X
X X
X
spp.
EPITHEMIA zébra (Ehr.) Kützing
X
X
144
M. RICARD et B. DELESALLE
STATIONS
TAXONS
L
P
P
P
B
B
B
B
R
R
R
1
2
3
0
1
2
3
1
2
3
EUNOTIA
monodon Ehr.
spp.
x
x
x
EUPODISCUS radiatus Bailey
X
FRUSTULIA interposita (Lewis) De Toni
GOMPHONEMA
x
x
lanceolatum Agardh
olivaceum var. calcarea (Cleve) Van Heurck
parvulum (Kütz.) Kützing
X
X
X
x
spp.
G R AMM A TOPHORA
hamulifera Kützing
marina (Lyngb.) Kützing
X
X
x
GUINARDIA flaccida (Castr.) Peragallo
GYROSIGMA
x
x
x
x
x
x
x
balticum (Ehr.) Rabenhorst
X
X
X
X
X
x
X
obliquum (Grun.) Boyer
spp.
x
HANTZSCHIA amphioxys (Ehr.) Grunow
X
X
X
X
ISTHMIA enervis Ehr.
X
X
X
X
X
X
X
X
LEPTOC YLINDR US danicus Cleve
LICMOPHORA ehrenbergii (Ehr.) Grunow
MASTOGLOIA
X
X
X
X
acutiuscula Grünow
X
affirmata (Leuduger-Fortmorel) Cleve
apiculata Wm. Smith
X
X
baldjickiana Grunow
X
X
X
binotata (Grun.) Cleve
X
X
cocconeiformis Grunow
X
X
composita Voigt
X
crucicula (Grun.) Cleve
X
X
X
X
decipiens Hustedt
X
X
X
fimbriata (Brightw.) Cleve
X
X
horvathiana Grunow
X
X
mauritiana Brun.
ovulum Hustedt
x
X
paradoxa Grunow
X
peragalli Cleve
X
X
splendida (Greg.) Cleve et Môller
X
X
subaffirmata Hustedt
X
MELOSIRA
moniliformis (O. F. Müller) Agardh
X
X
X
X
X
X
X
sol (Ehr.) Kützing
X
sulcata (Ehr.) Kützing
spp.
X
X
X
X
x
NA VICULA
abruptoides Hustedt
X
X
X
cancellata Donk.
X
cuspidata Kützing
forcipata Greville
X
X
granulata Bailey
x
X
X
X
X
X
X
X
X
X
LE PHYTOPLANCTON DE LA MANGROVE EN GUADELOUPE 145
ST
ATIONS
TAXONS
L
P P P
B B B B
R R R
12 3
0 12 3
1 2 3
grevilleoides Hustedt
X
hagelsteinii Hustedt
XXX
XXX
hamulifera Grunow
inserata var. undulata Hustedt
X
X
lyra A. S. var. lyra
X
X X
XXX
XXX
lyra var. subtypica A.S.
x
lyroides var. sparsipunctata Ricard
mannii Hagelstein
x
x
mutica Kützing
X
X
perotettii Patrick et Frecse
X
pupula fa capitata (Hust.) Hustedt
X
pupula var. rectangularis (Greg.) Cleve et Grün.
X
x
pygmea Kützing
X
recte lineata Meister
x
robertsiana Greville
X
sanctae crucis Ostrup.
X
yarrensis Grunow
X
XXX
X X X X
NITZSCHIA
acuminata Wm. Smith
X X
X X
debilis Arnott
X
distans Greg. var. distans
x
x
X
distans var. tumescens Gregory
X
X
x
graeffii Grunow
granulata Grunow
X X
XXX
hungaricaGrunow
incerta Grunow
x
jelineckii Grunow
X
longissima (Breb. ex Kütz.) Ralfs
X
X X
XX X
lorenziana Gregory
x
macilenta Wm. Smith
X
marginulata Grunow
X X
maxima Grunow
X
XXX
x x
obtusa Wm. Sm. var. obtusa
X
X
x
obtusa var. scalpelliformis Grunow
X
X
panduriformis Greg. var. panduriformis
X X
panduriformis var. minor Gregory
X
paradoxa Gmelin
x
perversa Grunow
punctata Wm. Sm. var. punctata
A A
punctata var. coarctata Grunow
x
pungens var. atlantica Cleve
x
sigma (Kütz.) Wm. Smith
X X
x
socialis Gregory
X
x
tryblionella Hant. var. tryblionella
tryblionella var. victoriae Grunow
vitrea fa. parva Norman
x
spp.
PINNULARIA sp.
PLAGIOGRAMMA staurophorum (Greg.)
Heilberg
X
Source : MNHN, Paris
146
M. RICARD et B. DELESALLE
STATIONS
TAXONS
L
P
P
P
B
B
B B
R
R
R
1
2
3
0
1
2 3
1
2
3
PLEUROSIGMA
angulatum (Quekett) Wm. Smith
X
X
X
X
x
x
X
X
x
X
elongatum Wm. Smith
X
x
X
fasciola Wm. Smith
X
X
X
X
x
X
X
X
X
Y
formosum Wm. Smith
sp.
X
X
x
x
X
X
X
x
X
PODOCYSTIS sp.
RAPHONEIS
x
X
X
X
amphiceros Ehr. var. amphiceros
amphiceros var. tetragona Grünow
surirella (Ehr.) Grunow
x
*
X
surirella (Ehr.) Grunow
X
X
X
X
X
X
X
X
x
RHABDONEMA adriaticum Kützing
RHIZOSOLENIA
X
x
X
X
x
x
X
x
X
delicatula Cleve
X
Y
imbricata Brightw. fa. imbricata
X
X
Y
imbricata var. shrubsolei (Cleve) Schrôder
X
X
X
X
Y
setigera Brightwell
X
stolterfothii Peragallo
X
X
X
RHOPALODIA
gibba fa. ventricosa (Ehr.) Grünow
musculus var. mirabilis Fricke
X
X
*
SCOLIOTROPIS latestriata Bréb.
SKELETONEMA costatum Greville
STAURONEIS
X
*
salina Wm. Smith
spp.
X
x
X
X
STRIATELLA unipunctata (Lyngb.) Agardh
SURIRELLA
X
X
eximia Greville
fastuosa var. cuneata (A. S.) Peragallo
X
X
X
X
X
x
X
X
fastuosa Ehr. var. fastuosa
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
gemma Ehr.
X
X
X
reniformis Peragallo
X
X
X
X
X
SYNEDRA
bacillaris (Grun.) Hustedt
X
X
X
X
X
hennedyana Gregory
robusta Ralfs
X
X
X
X
ulna (Nitzsch) Ehr. var. ulna
X
X
X
X
X
X
X X
X
X
X
ulna var. contracta Ôstrup
X
ulna var. oxyrhynchus Kützing
X
X
X
X
X
X
X
undulata Bailey
X
X
X
TERPSINOE musica (Bailey) Ralfs
THALASSIONEMA nitzschoides Grunow
x
x
X
x
*
X
X
THALASSIOSIRA
decipiens (Grun.) Jôrgensen
sp.
X
X
X
X
THALASSIOTRIX sp.
TRICERATUM
X
balearicum Cleve et Grunow
broeckii Leuduger-Fortmorel
X
X
LE PHYTOPLANCTON DE LA MANGROVE EN GUADELOUPE
147
STATIONS
TAXONS L
P P P
12 3
B B B B
0 12 3
R R R
12 3
dubium Brightwell
x x
formosum fa. quinquelobata Brightwell
pentacrinus fa. quadrata (Ehr.) Wallich
X
réticulum Ehr. x
x
x
shadboltianum Greville x
X
X X
spinosum Bailey
X
TR OPIDONEIS
elegans Wm. Smith
vitrea (Wm. Sm.) Cleve
XXX
X X X X
sp.
CRYPTOPHYCÉES
CHROOMONAS sp.
A A
dinophycées
CERATIUM
breve (Ostenfeld et Schmidt) Schrôder
X X
furca (Ehr.) Claparède et Lachmann
X
fusus (Ehr.) Dujardin
lineatum (Ehr.) Cleve
macroceros (Ehr.) Vanhôffer
X X
XXX
D1NOPHYSIS
caudata Saville-Kent
X X
sphaerica Stein
X
GLENODINIUM lenticula (Bergh) Schiller
XX
X X
GONIAULAX
minima Matzenauer
X
polyedra Stein
X
scrippsae Kofoid
X
GYMNODINIUM sp.
XXX
ORNITHOCERCUS quadratus Schutt
PROTOPERIDINIUM
bispinum (Schiller) Balech
X X
brockii (Kofoid et Swezy) Balech
conicum (Gran) Balech
X
crassipes (Kofoid) Balech
X
X X
depressum (Bailey) Balech
divergens (Ehr.) Balech
globulus (Stein) Balech
grande (Kofoid) Balech
x
granii (Ostenfeld) Balech
X
oceanicum (Vanhôffen) Balech
quinquecome (Abé) Balech
X
x
steinii (Jôrgesen) Balech
sp.
PROROGENTRUM
arcuatum Issel
X X
PYRODINIUM bahamense Plate
X XXX
XXX
SCRIPPSIELLA subsalsa (Ost.) Steidinger et
Balech
148
M. RICARD et B. DELESALLE
STATIONS
TAXONS
L
P
P
P
B B
B
B
R
R
R
1
2
3
0 1
2
3
1
2
3
EUGLENOPHYCÉES
EUGLENA sp.
X
X
X
X
X
X
X
EUTREPTIA sp.
X
X
X
CHLOROPHYCÉES
CHLAMYDOMONAS sp.
X
X
X
X
X
NEPHROSELMIS sp.
X
X
X
X
X
X
X
X
X
PYRAMIMONAS sp.
X
X
X
X
X
X
X
X
SPIROGYRA sp.
X
X
X
DENSITE TOTALE cilt./l
DIATOUOPHVCEES
CRVPTOPHyCEES
EUGLENOPHVCEES
TABLEAU 3 - Densités cellulaires et pourcentages relatifs des différents groupes systématiques
à chaque station.
149
Corrélations de croissance chez le Dictyota dichotoma (Huds.)
Lamouroux (Phéophycée, Dictyotale) ; contrôles mutuels de l’apex
et de la base du thalle au cours du développement des gamétophytes
juvéniles
J. GAILLARD (1) et M. Th. L'HARDY-HALOS (2)
RÉSUMÉ. — A l’aide d’interventions microchirurgicales sur de jeunes gamétophytes de
Dictyota dichotoma, nous avons mis en évidence l’influence favorable de la base du thalle
sur la croissance de l’apex (activité segmentogène de l’initiale et allongement des cellules
sous-jacentes). D’autre part, l’allongement de la base du thalle est augmente en l’absence
de l’apex, ce qui suggère un contrôle de ce dernier sur les potentialités d’allongement des
cellules sous-jacentes.
SUMMARY. — Microsurgical interventions on young Dictyota dichotoma gamétophytes
hâve contributed to show thc favourable influence of the thallus basis on the segmentogene
activity of the initial cell and on the apical area lcngthening (by cellular élongation and
perhaps also by transversal intercalary divisions of the axial cells). The results obtained
after suppressing the apical area suggest that the thallus basis itself suffers an inhibition
control from the apical area.
I. INTRODUCTION: LE POINT SUR LES EXPÉRIENCES ANTÉRIEURES
ET PRÉSENTATION DES EXPÉRIENCES NOUVELLES
Nous avons étudié précédemment (1976 et 1977) le comportement des
apex de Dictyota dichotoma , isolés peu après une dichotomie de leur initiale.
(1) Laboratoire de Biologie Végétale marine, Institut de Biologie végétale de l’Université
Pierre et Marie Curie, 7, Quai St Bernard, 75005 Paris.
(2) Laboratoire de Biologie marine CNRS. Faculté des Sciences. Route de Laval, 72017
Le Mans-Cedex.
Rev. Algol, N.S., 1979, XIV, 2 : 149-162.
Source : MNHN, Paris
150
J. GAILLARD et M.Th. L’HARDY-HALOS
Le temps qui s’écoule entre le cloisonnement longitudinal de l’initiale et le
moment de l’expérience est grossièrement estimé par la distance qui sépare
alors les deux initiales-filles.
Ces premières séries expérimentales ont été réalisées in vitro, à la température
de 13-14 C, en eau de mer naturelle enrichie (milieu de von Stosch); elles ont
été exposées à la lumière solaire, sans l’appoint d’un éclairage artificiel et en
orientation Nord.
Les échantillons ont été répartis selon leur provenance (frondes adultes
ou frondes adventives engendrées par celles-ci) en deux séries différentes, com¬
prenant chacune une quarantaine d’échantillons. En raison de l’encombrement
que provoque l’entretien au laboratoire des plantes entières, nous avons utilisé
comme témoins des fragments de fronde, longs de 3 à 4 cm, comptant 4 ou 5
dichotomies et prélevés, comme les apex en expérience, sur des frondes ayant
déjà effectué de 10 à 15 dichotomies.
Nos résultats antérieurs peuvent se résumer ainsi :
1) Au sommet des tronçons apicaux de longueur inférieure à 300 flm, les
deux initiales-soeurs ont un comportement dissemblable et l’une des deux
branches ne se développe pas;
2) Si ces tronçons apicaux courts sont scindés en demi-tronçons par une
section longitudinale, les deux initiales-soeurs ainsi séparées l’une de l’autre
sont à l’origine de deux branches équivalentes.
Ces résultats ont conduit à suggérer, d’une part l’existence d’intéraction
entre les deux initiales-soeurs récemment individualisées, et d’autre part, l’in¬
fluence du thalle sous-jacent sur le développement équilibré des deux branches.
Au cours de ces travaux antérieurs, nous avons pu constater que la croissance
du thalle résulte en partie de la faculté d’élongation (auxèse) et peut-être de
divisions (mérèses intercalaires) des cellules axiales sous-jacentes à l’initiale.
En effet, l’activité segmentogène de cette dernière (cloisonnements transversaux)
met en place des cellules axiales qui mesurent à peine 7[ 1 m de haut, au moment
de leur formation, mais s’allongent considérablement par la suite (jusqu’à
40Mm environ).
Il nous a paru intéressant d’analyser le contrôle effectué par les différentes
régions d’un même thalle sur ces deux phénomènes conjointement responsables
de la croissance; c’est l’objet du présent article.
Fig- 1. — A: Schéma d’une plante sur laquelle sont délimitées les quatre parties arbitraire¬
ment définies (voir le paragraphe II 2 dans le texte) ; za: zone apicale; zsa: zone sous-api-
cale; zm: zone moyenne; zp: zone proximale; b: base du thalle. - B: Schéma des quatre
types de plantes ayant servi à contrôler l’influence des incisions marginales sur la crois¬
sance (voir l’expérience 1 dans le texte). — C: Aspect réel de plantes dépourvues d’inci¬
sions marginales, et correspondant aux types Tsi et Esi du schéma B; Cl : jour de mise en
CORRÉLATIONS DE CROISSANCE CHEZ LE DICTYOTA DICHOTOMA 151
expérience : C2 : 20è jour d’expérience. - D : Aspect réel de plantes pourvues d'incisions
marginales, et correspondant aux types Ti et Ei du schéma B ; DI : jour de mise en expé¬
rience- D2- 20e jour d’expérience. Tit thalle entier avec incisions marginales;Tsl: thalle
entier'sans incisions marginales; Ei; thalle mutilé de son initiale et pourvu d mc.sions
marginales; Esi: thalle mutilé de son initiale, sans incisions marginales. L echelle est
valable pour C et D. Les flèches indiquent les initiales lésées.
152
J. GAILLARD et M.Th. L'HARDY-HALOS
II. MATÉRIEL ET MÉTHODES
1) Choix des échantillons
Les conditions de culture (milieu, température, lumière) sont identiques
à celles rappelées ci-dessus, mais nous avons effectué la présente série expéri¬
mentale sur des plantules gamétophytiques, nées au laboratoire à partir de
tétraspores, elles-mêmes engendrées par un unique tétrasporophyte récolté
dans l’infralittoral de la Baie de Morlaix. L’expérience précède l’apparition de
la première dichotomie et celle des organes reproducteurs, sur des plantules
qui mesurent alors entre 1500 et 3000/im.
2) Termes employés
Nous parlons de croissance lorsque l’accroissement de taille observé résulte
à la fois de l’activité segmentogène de l’initiale et du fonctionnement des cellules
axiales sous-jacentes (auxèse et mérèse). Nous utilisons le terme allongement
pour traduire l’activité (auxèse et éventuellement mérèse) des cellules axiales
autres que l’initiale.
Successivement du sommet à la base des thalles nous avons distingué arbi¬
trairement quatre zones (fig. 1 A) :
a) une zone apicale ou apex (za) qui dans nos expériences est délimitée
par une incision marginale ou une section transversale à une distance de l’ini¬
tiale comprise entre 150 et 300jim;
b) une zone sous-apicale (zsa) dont la taille est comprise entre 300 et 500/im;
c) une zone moyenne (zm) de même taille que la précédente;
d) une zone proximale (zp) qui englobe le reste du thalle jusqu’aux rhizoïdes
de fixation et dont la longueur est comprise entre 600 et 1000/im.
Lorsque nous parlons de base du thalle, nous entendons l’ensemble des trois
dernières zones.
3) Modalités expérimentales.
Des incisions marginales nous ont servi de marqueurs pour repérer les diffé¬
rentes zones définies ci-dessus. Le contrôle de l’influence éventuelle de ces
incisions sur la croissance a fait l’objet d’une expérience préliminaire (exp. 1 et
fig. 1) décrite dans le paragraphe suivant (III).
Les autres expériences (exp. 2, 3 et 4) ont nécessité six types de plantes
schématisés par la figure 2 A. Un exemple de chaque cas est dessiné sous son
aspect réel dans la figure 2 B. Le nombre d’échantillons utilisés est indiqué
à propos de chaque expérience.
CORRÉLATIONS DE CROISSANCE CHEZ LE DICTYOTA DICHOTOMA 153
154
J. GAILLARD et M.Th. L’HARDY-HALOS
Les types de plantes sont les suivants :
- plantes intactes (Tl),
- plantes à initiale lésée (El),
- plantes incisées sous la zone apicale (T2),
- plantes à initiale lésée, et incisée sous la zone apicale (E2),
- plantes coupées transversalement en deux, sous la zone apicale (T3),
- plantes à initiale lésée, et coupées transversalement en deux, sous la zone
apicale (E3).
Sur les quatre derniers types, l’apex est désigné (aT2, aE2, aT3, aE3) indépen¬
damment de la base (bT2, bE2, bT3, bE3).
Les résultats expérimentaux sont concrétisés par des mesures de taille et
d’accroissement effectuées sur les tronçons de plantes, au 1er (o) et au 20e jour
(o) d’expérience. Le \lm est utilisé comme unité de référence sur une échelle
des tailles qui accompagne chaque graphique (fig. 3, 4 et 5). Les conclusions
se dégagent de la comparaison des moyennes de tailles d’échantillons différem¬
ment traités. Les limites de l’intervalle de confiance ont été calculées à l’aide
du test de Student, au seuil de 1% ou 5%, selon les cas.
III. INFLUENCE DES INCISIONS MARGINALES
SUR LA CROISSANCE DU THALLE; EXPÉRIENCE 1
1) Modalité expérimentale
Les incisions marginales nous ayant servi à repérer les différentes zones du
thalle, il nous a semblé important de vérifier l’éventuelle répercussion de ce
traumatisme sur le rythme de la croissance.
Nous avons comparé pour cela, quatre types de plantes (fig. 1 et 3) :
- plantes avec initiale, et sans incisions marginales (T si)
- plantes sans initiale, et sans incisions marginales (E si)
- plantes avec initiale, et marquées d’I à 6 incisions marginales (Ti)
- plantes sans initiale, et marquées d’I à 6 incisions marginales (Ei).
2) Résultats
La figure 3 montre que la croissance des thalles incisés, pourvus ou non de
leur initiale, ne diffère pas de celle des témoins correspondants.
Le calcul du coefficient de Student au seuil 5% entre Ei et Esi au 20e jour
d’expérience, fournit une valeur t = 0,47 < 2,4 pour 33 degrés de liberté;
de même la comparaison de Ti et Tsi donne une valeur t = 1,04 < 2,04 pour 32
degrés de liberté.
La même figure appelle deux autres remarques :
CORRÉLATIONS DE CROISSANCE CHEZ LE DICTYOTA DICHOTOMA
155
H
4000
( |3781.33
î 55 5.29
498.96
3000
>2771,87
1442,80
,2152,63
1258.09
2000
1260.65
Tsi Esi
19 19
15 16 échantillons
Fig. 3. — Croissance des plantes pourvues (Ti et Ei) ou dépourvues (Tsi et Esi) d’incisions
marginales, et mutilées (Ei et Esi) ou non (Ti et Tsi) de leur initiale ; voir aussi la Fig. 1 B,
et l’expérience 1 dans le texte. Le nombre d’échantillons est indiqué pour chaque série
expérimentale. Les intervalles de confiance sont calculés au seuil 5%. Les mesures de
longueur (en /1m) sont portées latéralement sur un axe vertical.
a) L’allongement des thalles sans initiale, est significatif.
En Ei, les intervalles de confiance ne chevauchent pas; en Esi, malgré le chevau¬
chement, le calcul du coefficient de Student au seuil 5% fournit une valeur
t = 2,31 > 2,04 pour 30 degrés de liberté.
b) La croissance des thalles pourvus de leur initiale, est selon toute prévision,
supérieure à celle de ceux qui en sont privés, et la différence de taille entre
ces deux types de plantes est significative.
Le calcul du coefficient de Student entre Ti et Ei fournit, malgré le chevau¬
chement des intervalles de confiance, une valeur t = 2,11 > 2,03 pour 36 degrés
de liberté; entre Tsi et Esi, t = 3,23 > 2,04 pour 29 degrés de liberté.
IV. INFLUENCE DE LA BASE DU THALLE
SUR LA CROISSANCE DE LA ZONE APICALE; EXPÉRIENCE 2
1) Modalité expérimentale
Nous avons comparé des apex pourvus de leur initiale, les uns en place (aT2),
les autres isolés (aT3) (fig. 2 A, 2 B et 4 A).
156
J. GAILLARD et M.Th. L’HARDY-HALOS
2) Résultats
En fin d’expérience, les apex en place ont une taille nettement supérieure
à celle des apex isolés, les différences sont hautement significatives, puisque
les intervalles de confiance sont calculés au seuil 1% (fig. 4 A).
La base du thalle stimule donc la croissance apicale, ce qui avait déjà été
remarqué au cours des publications antérieures (GAILLARD et L’HARDY-
HALOS, 1976 et 1977); mais il reste à préciser si cette activation concerne le
seul fonctionnement segmentogène de l’initiale, ou bien aussi l’allongement
des cellules de l’apex. La réponse est donnée par l’expérience suivante.
V. INFLUENCE DE LA BASE DU THALLE
SUR L’ALLONGEMENT DE LA ZONE APICALE; EXPÉRIENCE 3
1) Modalité expérimentale
Nous avons comparé des apex sans initiale, les uns reliés à la base du thalle
(aE2) les autres isolés (aE3) (fig. 2 A, 2 B et 4 B).
H
2000
1500i
1000
500
^699,5
(233,33 (234
1 143,56 ±34
( 726,38
1229,36
4328,33 166,90
1 159,40 {220 151,98
aÏ2 aT3
21 20
aE2 aE3
18 12 échantillc
A
B
Fig. 4. - A: Croissance comparée des apex en place (aT2) et des apex isolés (aT3) non muti¬
lés de leur initiale. — B: Allongement comparé des apex privés d’initiales, demeurés en
place (aE2) ou isolés (aE3) ; voir aussi la fig. 2A, et les expériences 2 et 3 dans le texte.
Les intervalles de confiance sont calculés au seuil 1%. Les mesures de longueur (en (lm)
sont portées latéralement sur un axe vertical.
CORRÉLATIONS DE CROISSANCE CHEZ LE DICTYOTA DICHOTOMA 157
Dans ces conditions, les différences de taille observées au terme de l’expé¬
rience s’expliquent uniquement par l’activité (auxèse et mérèse intercalaire)
des cellules axiales sous-jacentes à l’initiale lésée.
2) Résultats
L’allongement des apex demeurés en liaison avec la base du thalle est plus
important que celui des apex isolés. Comme dans l’expérience précédente, les
différences observées sont hautement significatives au 20e jour de l’expérience
(fig. 4 B).
Les intervalles de confiance sont calculés au seuil du 1%, et malgré le chevau¬
chement en aE3, le calcul du coefficient de Student fournit une valeur t = 3,98
> 2,82, pour 22 degrés de liberté.
Ainsi, la base du thalle favorise l’allongement de la zone apicale.
3) Discussion sur les expériences 2 et 3 (fig. 4 A et 4 B)
A ce point de notre exposé, il convient de noter que :
a) la base active la croissance de l’apex (exp. 2) et notamment sa croissance
par l’allongement (exp. 3). Cependant, il est facile de confirmer qu’elle active
aussi les divisions de l’initiale. En effet, en considérant les deux types d’apex
reliés à la base du thalle - apex à initiale (At2) et apex sans initiale (aE2) -
l’écart entre leurs accroissements est peu différent de 1060/im; entre les deux
mêmes types d’apex isolés de la base (aT3 et aE3) la différence d’accroissement
est seulement de 357/im. Dans les deux expériences, la différence est à l’avan¬
tage des apex pourvus de leur initiale. Ces chiffres n’ont qu’une valeur relative
puisque les divisions de l’initiale sont immédiatement suivies d’un allongement
des nouvelles cellules, mais ils soulignent clairement le rôle activateur de la
base du thalle sur l’activité segmentogène de l’initiale.
b) Si nos modalités expérimentales mettent en evidence l’action de la base
sur la croissance de l’apex, elles ne permettent pas de déceler une éventuelle
influence de l’initiale elle-même sur l’allongement des cellules de cette même
zone. Le schéma hypothétique de la figure 6 permet de concevoir les répercus¬
sions d’une activation (fig. 6 A) ou d’une inhibition (fig. 6 B) de l’allongement
apical par l’initiale. Si l’initiale est activatrice, la croissance par l’allongement
est plus importante en aT2 (où l’action de l’initiale s’ajoute à celle de la base)
qu’en aE2, plus importante aussi en aT3 qu’en aE3. Inversement, si l’initiale
est inhibitrice de l’allongement, celui-ci est plus faible en aT2 (où l’action
contrarie celle de la base) qu’en aE2, et plus faible également en aT3 qu’en aE3.
158
J. GAILLARD et M.Th. L’HARDY-HALOS
VI. INFLUENCE DE L’INITIALE ET DE LA ZONE APICALE SUR
L’ALLONGEMENT DE LA BASE DU THALLE (ZONES SOUS-APICALE,
MOYENNE et PROXIMALE); EXPÉRIENCE 4
1) Modalité expérimentale
Nous avons comparé l’allongement de la base du thalle, dans les trois cas
suivants (fig. 2 A, 2 B, et 5) :
- plantes pourvues de leur initiale, et incisées sous la zone apicale (T2);
- plantes dépourvues de leur initiale, et incisées sous la zone apicale (E2);
- plantes dépourvues de leur apex (E3).
bÎ2
20
bE2
19
bE3
32 échantillons
Fig. 5. — Allongement de l’ensemble des zones sous-apicale, moyenne et basale sur des
plantes entières (bT2), des plantes sans initiale (bE2) et des plantes sans apex (bE3);
voir aussi les fig. IB et 2A, ainsi que l’expérience 4 dans le texte. Les intervalles de
confiance sont calculés au seuil 5%. Les mesures de longueur (en jUm) sont portées
latéralement sur un axe vertical.
CORRÉLATIONS DE CROISSANCE CHEZ LE DICTYOTA DICHOTOMA 159
2) Résultats
Ils sont mis en évidence dans le graphique de la figure 5.
a) L’allongement de la base est faible et non significatif dans les deux pre¬
miers lots (bT2 et bE2).
Selon toute prévision en comparant les moyennes de bT2 et bE2 au 1er et
au 20e jour, le calcul du coefficient de Student fournit respectivement les
valeurs t = 0,58 et 1,06 < 2,03, pour 19 et 18 degrés de liberté.
Fig. 6. - A: Hypothèse considérant que l’initiale active l’allongement des cellules de l’apex.
- B: Hypothèse considérant que l’initiale inhibe l’allongement (ag) des cellules de l’apex;
si l’initiale est activatrice (+, et flèche - - - ) la participation de l’allongement (ag) à
la croissance de l’apex est augmentée en aT3 et aT2, et diminuée sur les apex correspon¬
dants sans initiale, aE3 et aE2 (6 A); si au contraire l’initiale est inhibitrice (-, et flèche
--►) l’allongement est augmenté sur les apex aE3 et aE2 qui sont privés de leur ini¬
tiale, par comparaison avec les apex pourvus de leur initiale aT3 et aT2; ag: estimation de
l’allongement des cellules de l’apex, en place au moment de l’expérience; ai: estimation
de l’activité segmentogène de l’initiale (et du fonctionnement des cellules de l’apex,
formées pendant la durée de l’expérience) ; voir la fig. 2 A et le paragraphe III3 du texte,
pour les autres abbréviations. - C: Estimation du taux d’élongation (flèches) aux diffé¬
rents niveaux du thalle, sur les plantes entières (1), mutilées de leur initiale (2) ou de leur
zone apicale (3); voir aussi la fig. 1 A et la discussion générale.
160
J. GAILLARD et M.Th. L'HARDY-HALOS
b) En revanche, l’allongement est significatif dans le 3ème lot (bE3). En
bE3, le calcul du coefficient de Student au 1er et au 20e jour, fournit une valeur
t = 2,08 > 1,96, pour 62 degrés de liberté.
Il faut préciser que, si la taille moyenne de ces dernières plantes est plus faible
au moment de la mise en expérience, elle ne diffère pas significativement de celle
des plantes qui constituent les deux autres lots.
Les tailles de bE2 et bE3 ont été comparées au premier jour de l’expérience,
et le calcul du coefficient de Student a fourni une valeur t = 1,27 < 1,96, pour
49 degrés de liberté.
3) Discussion
Il faut noter que l’allongement de la base des plantes sans initiale (bE2)
est pourtant supérieur à celui des plantes pourvues de leur initiale (bT2). Les
accroissements moyens, au 20e jour d’expérience, sont respectivement 178,16
et 97,5/im; leur différence cependant n’est pas significative. Cela tient peut-
être au fait que l’allongement intéresse une partie seulement de la base du thalle,
et se trouve masqué dans nos mesures. Une expérimentation complémentaire
analysera séparément le comportement des zones sous-apicale, moyenne et
proximale.
VII. DISCUSSION GÉNÉRALE
Le présent travail est relié aux recherches expérimentales entreprises par
l’une de nous (J.G.) sur les Dictyotales, mais concerne uniquement les gaméto-
phytes juvéniles du Dictyota dichotoma, à un stade qui précède la première
dichotomie. Sur ces thalles, nous venons de mettre en évidence les corrélations
de croissance suivantes :
- la base du thalle active la croissance de l’apex;
- l’apex inhibe l’allongement de la base.
Rappelons que sont incluses dans la croissance, l’activité segmentogène
de l’initiale et l’allongement des cellules axiales sous-jacentes, tandis que sous
le terme allongement sont comprises les élongations cellulaires et les éventuelles
divisions transversales intercalaires.
Il convient de discuter chacun de nos résultats, ce qui est facilité par le
tableau I :
1) La suppression de la zone apicale augmente l’allongement de la base du
thalle à savoir l’ensemble des zones sous-apicale, moyenne et proximale. Vrai¬
semblablement, la suppression de la zone apicale libère les potentialités d’allon¬
gement de la zone sous-apicale qui est la plus jeune et la plus proche de la
section. On peut supposer aussi, comme le suggère la figure 6 C, que la suppres-
CORRÉLATIONS DE CROISSANCE CHEZ LE DICTYOTA DICHOTOMA
161
sion de la zone sous-apicale favorise l’allongement de la zone moyenne, et
que la suppression de celle-ci provoque l’allongement de la zone proximale
elle-même. Cette interpénétration permet de comprendre que la base des plantes
sans initiale (bE2) s’allonge un peu plus que celle des plantes pourvues de leur
initiale (bT2), mais moins que celle des plantes dépourvues de leur zone apicale
(bE3) (cf. exp. 4, et fig. 5). On peut penser a priori, qu’à tous les niveaux
du thalle, les cellules axiales conservent des potentialités d’allongement, mais
qui demeurent latentes, ou s’expriment à rythme lent, sur la plante entière.
Tableau I
Influence
sur :
lnfluence\^
de :
division
de
l’initiale
allongement
de la
zone apicale
(za)
allongement
de la
zone sous-apicale
(zsa)
allongement
de la
zone moyenne
(zm)
allongement
de la
zone proximale
(zp)
incisions
marginales
(exp.1)
0
0
0
0
0
la base
du thalle
(exp. 2 et 3)
+
4-
l’initiale
(exp. 4)
(-)
(— ou 0)
(0)
(0)
la zone
apicale
(exp. 4)
(+)
h
(— ou 0)
(0)
la zone
sous-apicale
+
+
H
(— ou 0)
la zone
moyenne
+
+
+
H
Récapitulation des influences positives (+), négatives (—) ou nulles (0) confirmées, ou seulement
suggérées (signes entre parenthèses) par les résultats expérimentaux.
2) Il est évident que la base du thalle active aussi bien l’allongement des
cellules de l’apex que l’activité segmentogène de l’initiale elle-même. Toutefois,
il n’a pas été possible pour l’instant de démontrer une éventuelle influence
de l’initiale accentuant, ou atténuant les effets de la base sur 1 allongement
de la zone apicale. Toutefois, si l’allongement de chaque zone du thalle est
effectivement accru en l’absence des zones sus-jacentes, on peut en déduire
que l’initiale agit dans le même sens, et inhibe les allongements de la zone
apicale (?).
162
J. GAILLARD et M.Th. L’HARDY-HALOS
En définitive, l’influence activatrice de la base du thalle sur la croissance de
l’apex est confirmée, mais il reste à préciser l’éventuelle action directe de l’ini¬
tiale elle-même sur l’allongement des cellules sous-jacentes; l’allongement de la
base est augmenté après l’ablation de l’apex mais l’influence des zones consé¬
cutives les unes sur les autres n’est pas démontrée. Ces deux points feront
l’objet d’une publication ultérieure.
BIBLIOGRAPHIE
GAILLARD J. et L’HARDY-HALOS M.-Th., 1976 — Corrélations morphogènes et compor¬
tement de deux initiales-filles chez le Dictyota dichotoma (Huds.) Lamouroux (Dictyo-
tale, Phéophycée). C. R. Acad. Sc. Paris 282 : 2167-2170.
GAILLARD J. et L’HARDY-HALOS M.-Th., 1977 — A propos de la morphogenèse du
Dictyota dichotoma (Huds.) Lamouroux (Phéophycée, Dictyotale); phénomènes corré¬
latifs mis en évidence sur les tronçons apicaux isolés expérimentalement. Rev. Alg.
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L’HÉRITIER Ph., 1949 - Les méthodes statistiques dans l’expérimentation biologique.
Centre National de la Recherche Scientifique , 93 p.
163
ULTRASTRUCTURE DE LA PAROI CELLULAIRE DE
COELASTRUM SPHAERICVM VAR. RUGULOSUM
(THOM.) SODOMKOVA
EN MICROSCOPIE ÉLECTRONIQUE A BALAYAGE
G. TELL* et A. COÛTÉ**
RÉSUMÉ. - Ce travail a pour but de préciser l’organisation des cénobes de Coelastrum
sphaericum var. rugulosum (Thom.) Sodomk. ainsi que la morphologie des cellules et l’ultra-
structure de leur paroi.
SUMMARY. - This paper deals with the organization of the coenobium of Coelastrum
sphaericum var. rugulosum (Thom.) Sodomk. and with the cell morphology and its wall
structure.
Dans des récoltes effectuées récemment dans différents étangs de la province
de Corrientes (République Argentine) nous avons noté fréquemment la présence
de Coelastrum sphaericum var. rugulosum (Thom.) Sodomk. Cette variété a été
décrite pour la première fois par THOMASSON (1955 : 262, fig. 28 a, b) du lac
Victoria (Afrique) et n’a pas été signalée depuis. Elle avait alors été appelée
Coelastrum proboscideum var. rugulosum Thom.
SODOMKOVA (1972), en étudiant en culture des Coelastrum sphaericum
Nàg., a observé des variations dans la forme des cénobes et même des cellules.
Selon les diagnoses et les iconotypes originaux il pouvait s’agir, à propos de ces
différents aspects morphologiques, de C. sphaericum Nâg., mais également
* Département des Sciences Biologiques, Faculté des Sciences Exactes et Naturelles, Uni¬
versité de Buenos Aires.
Ce travail a été réalisé au cours d’un séjour accordé par le Conseil National de la Recher¬
che Scientifique et Technique (CONICET) de la République Argentine au Laboratoire de
Cryptogamie du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris.
** Laboratoire de Cryptogamie, Muséum National d’Histoire Naturelle, 12, rue de Buffon,
75005 Paris - L.A. n° 257 (C.N.R.S.).
Rev. Algol., N.S., 1979, XIV, 2 : 163-168.
Source : MNHN, Paris
164
G. TELL et A. COÛTÉ
d’autres espèces comme C. proboscideum Bôhlin. En tenant compte de ses
propres résultats et en se référant aux observations faites antérieurement par
d’autres auteurs (FENWICK, 1962; FENWICK et al., 1966), elle a pu dresser
la liste des synonymes de C. sphaericum Nàg.
Parmi ces derniers on peut noter C. proboscideum Bôhlin et ses diverses
variétés. C’est ainsi que C. proboscideum var. rugulosum Thom. est devenue
C. sphaericum var. rugulosum (Thom.) Sodomk.. HAJDU et al. (1976) sont
parvenus aux mêmes conclusions et ont même proposé de distinguer au sein
de l’espèce C. sphaericum les status suivants : C. s. sphaericum, C. s. probosci¬
deum, C. s. cubicum, C. s. korsikovii et C. s. morus, sans tenir compte, en
définitive, de la variété rugulosum.
La découverte, dans nos récoltes, de C. sphaericum var. rugulosum (Thom.)
Sodomk., variété rare et à ornementation pariétale intéressante, nous a conduits
à entreprendre une étude en microscopie électronique à balayage (M.E.B.).
Bien que de nombreux travaux aient été réalisés sur la cytologie des différentes
espèces de Coelastrum (CHAN, 1974, 1976; CHAN et WONG, 1975; MORRIS
et al., 1973; REYMOND, 1974, 1975) peu de recherches se sont attachées à
l’étude de l’ultrastructure de l’ornementation de la paroi (HAJDU et al., 1976).
HAJDU et al. ( loc. cit.) ont fourni des résultats obtenus avec l’espèce C.
sphaericum Nàg. status sphaericum, status korsikovii et status cubicum. D’après
les documents présentés, dans les trois status, la paroi cellulaire apparaît rugueu¬
se, caractère que l’on ne retrouve ni sur les microphotographies photoniques ni
sur les dessins. En observant nos échantillons en microscopie photonique, nous
avons trouvé des exemplaires qui pourraient correspondre à différentes formes
de C. sphaericum et qui, en adoptant la classification de HAJDU et al. (loc. cit.)
seraient équivalents des status sphaericum, cubicum et proboscideum. Dans
tous ces cas, la paroi cellulaire est toujours apparue totalement lisse, alors que
C. sphaericum var. rugulosum, avec le même type de microscope, montre des
cellules à paroi manifestement réticulée (pl. I, fïg. 1, 2, 3, 5).
En ce qui concerne la forme des cénobes, tous les exemplaires appartenant
au status sphaericum sont sphériques ou presque alors que ceux des status
proboscideum et cubicum sont cubiques. L’observation de plus de cent exem¬
plaires de C. sphaericum var. rugulosum a montré que la forme du cénobe est
cubique à une exception près, de forme sphérique.
L’étude au M.E.B. a permis, d’une part, de mieux connaître la disposition
dans l’espace des cellules du cénobe, d’autre part de confirmer et préciser l’orne¬
mentation réticulée de la paroi cellulaire.
Les cénobes les plus simples ont une organisation spatiale qui correspond soit
aux quatre sommets d’un tétraèdre (pl. I, fig. 1 a) soit aux huit sommets d’un
cube (pl. I, fig. 2). Par division, les cellules engendrent des cénobes fils de type
tétraédrique (Pl. I, fig. 4 et 5, pl. II, fig. 3 et 4) ou cubique (pl. I, fig. lb et 3,
pl. II, fig. 1 et 2) qui peuvent rester juxtaposés.
Selon les observations relatées par les différents auteurs à propos de C.
sphaericum, le corps cellulaire est globuleux et muni de courts appendices. Au
PAROI CELLULAIRE DE COELASTRUM SPHAERICUM
165
contraire, dans nos échantillons quatre appendices bien développés constituent
la majeure partie de la cellule (pl. II, fig. 3 et 4). L’un d’entre eux, extérieur
au cénobe est libre et droit; les trois autres, légèrement courbes, sont soudés
un à un à trois cellules voisines. L’angle formé par deux appendices courbes varie
selon que la cellule appartient à un cénobe tétraédrique, cubique ou sphérique.
Tous les appendices ont un diamètre moyen de 3 pm tandis que la longueur de
la cellule peut atteindre 7 à 8 lim.
L’ornementation de la paroi cellulaire est formée de côtes disposées presque
parallèlement à l’axe longitudinal des appendices. Ces côtes, d’environ 0,2 à
0,3 /im d’épaisseur peuvent s’anastomoser les unes aux autres constituant ainsi
un réseau qui confère à la paroi son aspect rugueux (pl. II, fig. 2, 3, 4).
Au niveau des cloisons intercellulaires on peut noter un épaississement
plus important des côtes avec une tendance à la formation d’un bourrelet.
Ce type d’ornementation pariétale réticulée que le M.E.B. nous a permis
de préciser, rappelle des structures déjà rencontrées chez d’autres membres
de la même famille, en particulier chez quelques espèces du genre Pediastrum.
166
G. TELL et A. COÛTÉ
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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CHAN, K. Y., 1976 — Control of colony formation in Coelastrum microporum (Chloroc.
Chlorophyceae).Phycologia, 15 (2) : 149-154.
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Cytologia, 40 :663-675.
COÛTÉ, A. et TELL, G., 1979 — Ultrastructure de la paroi de quatre espèces de Pediastrum
Meyen. Bull. Mus. Natn. Hist. Nat., (sous presse).
FENWICK, M., 1962 — Some interesting algae from Lake Huron. Trans. Amer. Microsc.
Soc., 81 : 72-76.
FENWICK, M., HANSEN, G. L. et LYNCH, D. L., 1966 - Polymorphie forms of Coelas¬
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HAJDU, L., HEGEWALD, E. et CRONBERG, C., 1976 — Beitrâge zur Taxonomie der
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68 :31-38.
MORRIS, R. E , LYNCH, D. L. et HANZELY, L., 1973 — Observations on the fine structu¬
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REYMOND, O., 1974 — Les fibrilles de Coelastrum cambricum. Arch. Microbiol., 95 :
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SODOMKOVA, M., 1972 — Taxonomische Übersicht der Gattung Coelastrum Nàgeli.
Acta Univ. Carolinae - Biol., 1970 : 481-512.
THOMASSON, K., 1955 — A plankton sample from Lake Victoria. Svensk Bot. Tidsk., 49
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Pl. I -.Coelastrum sphaericum var. rugulosum (Thom.) Sodomkova
Fig. 1 : différents types de cénobes.
Fig. 2 : cénobe solitaire cubique à huit cellules.
Fig. 3 : cénobe composé de type cubique.
Fig. 4 : cénobe cubique composé d’unités tétraédriques (M.E.B.).
Fig. 5 : cénobe cubique avec cénobes fils tétraédriques.
(1, 2, 3, 5 : cénobes examinés en microscopie photonique).
Pour toutes les figures les traits d’échelle représentent 10 jUm.
PAROI CELLULAIRE DE COELASTRUM SPHAERICUM
167
Source : MNHN. Paris
Pl. II : Coelastrum sphaericum var. rugulosum (Thom.) Sodomkova.
1. cénobe tétraédrique. 2. fragment de cénobe cubique. 3, 4 : détail des cellules.
Les valeurs des échelles sont exprimées en /L/m.
Source : MNHN, Paris
LE GENRE RHIPILIOPSIS.
DÉFINITION ET PLACE DANS LES CAULERPALES
(CHLOROPHYCÉES)
169
M.S. FARGHALY et M. DENIZOT*
RÉSUMÉ. - Trois échantillons d’Udotéacées récoltés dans Hndo-Pacifique sont considérés
comme espèces nouvelles du genre Rhipiliopsis ; et les critères de systématique de ce groupe
discutés.
ABSTRACT. — Three algal samples of Udoteaceae collected from the Indo-Pacifîc région are
considered as new species of the genus Rhipiliopsis. Systematic criteria of the genus are
discussed.
GÉNÉRALITÉS
L’ensemble des Caulerpales est très bien défini, à l’intérieur des Chlorophy-
cées, par leur structure siphonée, leur hétéroplastie, et probablement l’holocar-
pie. Par contre, sa subdivision en genres a toujours été difficile et reste encore
obscure. A l’occasion de la récolte de trois échantillonnages d’Udotéacées et de
la publication du genre Siphonoclathrus (EARLE et YOUNG, 1972), il paraît
utile de refaire une mise au point partielle.
La monographie classique de GEPP (1911) distingue absolument, à l’intérieur
de cette famille, les espèces calcifiées et les espèces non calcifiées. Bien que cette
notion ne soit généralement pas suivie, puisque l’on inclut dans le genre Udotea
les plantes de Méditerranée dépourvues de calcaire en même temps que les
nombreuses espèces tropicales, toutes calcifiées, il apparaît nettement qu’il
faut toujours, ne serait-ce que pour simplifier le problème, distinguer les deux
groupes. Nous ne savons, par exemple, comment interpréter la description par
EGEROD (1951) d’un Udotea javensis non calcifié. Ce qui apparaît le plus
* Laboratoire de Cryptogamie, Institut de Botanique, Montpellier, France.
Rev. Algol, N.S., 1979, XIV, 2 : 169-184.
Source : MNHN, Paris
170
M.S. FARGHALY et M. DENIZOT
choquant dans la classification habituelle de la famille, c’est d’ailleurs plutôt
la disparité de conception des genres dans l’un et l’autre groupe, et l’on com¬
prend difficilement que l’on admette d’un côté le seul genre Udotea et de l’autre
une multiplicité de genres qui ne diffèrent pas entre eux davantage que les diver¬
ses espèces d’Udotées. Les espèces dont nous nous occuperons ci-après sont
toutes dépourvues de calcaire.
Les critères utilisés classiquement se réduisent pratiquement à la liste suivante :
— liberté ou au contraire coalescence des filaments;
— présence ou non d’appendices unissant secondairement les filaments
entre eux;
— simplicité de ces appendices, ou au contraire présence à leur extrémité
de digitations ( tenaculae );
— présence ou non d’une cortication qui apparaît comme de même origine
que ces appendices mais donne un feutrage corticant ou un remplissage des
espaces entre filaments;
— morphologie générale, parfois très caractéristique lorsqu’il s’agit de formes
à axe monosiphoné ( Tydemannia ), à parties bien différenciées ( Caulerpa ),
à succession d’articles bien nets ( Halimeda ), mais beaucoup moins sûre à partir
du moment où l’on étudie les formes moins remarquables.
D’autres critères sont sporadiquement utilisés. La présence de pyrénoïdes
en est un, encore qu’il ne soit pas pris en considération pour la distinction
générique, ce qui se comprend vue la pauvreté habituelle des descriptions. Il
semble qu’il n’y en ait pas dans les genres étudiés ci-après. La ramification
des filaments est utilisée aussi quand les auteurs ne trouvent plus d’arguments,
mais la distinction classique entre dichotomie et trichotomie apparaît comme
des plus incertaines. Cet aspect trichotome a été utilisé par BOERGESEN
(1913) dans la description du Cladocephalus luteofuscus des Antilles, ainsi
que par SARTONI (1976) pour la reconnaissance du Chlorodesmis comosa.
En 1974, CORDERO a considéré cet aspect comme critère principal pour justi¬
fier la création d’une nouvelle espèce d’Udotée ( Udotea polychotomis ) au sein
du classique Udotea indica. Nous utiliserons ce critère dans la description de
deux des espèces, mais seulement comme caractère très accessoire. En fait, la
ramification est toujours dichotomique ou pseudodichotomique ou latérale
à rameau unique et l’aspect dit «trichotomique» provient uniquement d’une
répétition rapide du mode de ramification de base. La présence de constrictions
ou d’épaississements de membrane, mentionnés çà et là, n’a pas encore fait
l’objet d’une étude d’ensemble. L’épaisseur des expansions foliacées est aussi
utilisée et a ainsi permis à ses auteurs de distinguer le genre Siphonoclathrus
d’après l’état monostromatique de la lame.
Dans la description des espèces, nous utiliserons le terme d’«appendices»
pour désigner les rameaux courts unissant entre eux les filaments principaux
longs. Chez ces plantes siphonées, la distinction entre rameaux courts et rameaux
indéfinis reste assez incertaine. Dans le cas présent, elle est si nette sur la lame
constituée que nous avons choisi ce terme d’«appendices» pour éviter toute
confusion dans les descriptions, mais il est évident que nous ne prenons pas
position sur l’ontogénie de tels rameaux et sur leur valeur morphologique.
LE GENRE RHIPILIOPSIS
171
Le diamètre des siphons doit aussi être pris en considération et se révèle
un bon caractère de description des espèces, mais ne peut guère servir à la
distinction des genres. La description du Siphonoclathrus stri est à ce point
de vue gênante, car, des indications contradictoires de ses créateurs, nous
pensons devoir admettre que les filaments de la lame ont de 25 à 30 pm de
diamètre avec des appendices d’environ 3 /lm de diamètre sur 0,5 à 30 pm de
long, donnant à l’ensemble un aspect réticulé particulièrement net.
L’étude de la structure du thalle permet, pour une partie des Udotéacées,
de distinguer cinq types importants :
Type Chlorodesmis : filaments libres
Type Avrainvillea : filaments coalescents, sans appendices
Type Rhipiliopsis : filaments réunis par des appendices sans tenaculae (pseudo¬
conjugaisons de GEPP (1911)
Type Rhipilia : même liaison, mais avec des tenaculae.
Type Cladocephalus : présence d’une cortication.
Nous ne tenons pas compte, dans ces types, de la nature mono- ou poly-
stromatique de la lame, non plus que de l’état mono- ou polysiphoné du stipe.
Ceci nous permettra de faire rentrer dans les Rhipiliopsis le genre Geppeïla
et le genre Siphonoclathrus, dont les lames sont monostromatiques. Cette
conception est la même que celle qui fait rentrer chez les Udotea le Rhipidosi¬
phon javensis de MONTAGNE (1845), considéré par son auteur comme genre
distinct à cause de la structure monostromatique de la lame, et monosiphonée
du stipe.
ÉTUDE DES NOUVEAUX ÉCHANTILLONS
Cette révision a été occasionnée par l’étude de 3 échantillons, malheureuse¬
ment peu abondants, de l’Indo-Pacifique. Tous sont non calcifiés, à filaments
non coalescents mais soudés par appendices, à lame unistratifiée. Les considéra¬
tions exprimées ci-dessus nous incitent à les considérer comme des Rhipiliopsis.
L’une des nouvelles espèces présente un stipe monosiphoné.
L’utilisation des critères structuraux pose cependant le problème des formes
juvéniles. Les échantillons étudiés sont petits et l’on peut se demander s’ils
sont représentatifs de l’ensemble des adultes de chaque espèce. On peut remar¬
quer cependant que, chez les Udotéacées, dès qu’une morphologie un peu
différenciée apparaît sur une plantule, cette morphologie devient caractéristique.
En dehors des stades mal différenciés et des éléments de cicatrisation ou de régé¬
nération, les caractères anatomiques semblent bien très constants dans la plante,
quelle que soit sa dimension. Dans le cas présent, les échantillons se révèlent
comme d’habitude bien homogènes et bien différents des espèces du voisinage.
Leur petite taille n’est donc pas preuve de juvénilité, et leurs caractères anatomi¬
ques peuvent être raisonnablement pris en considération. Certes, les trouvailles
de Rhipiliopsis sont rares, mais on peut comparer, à propos des dimensions,
nos échantillons à VUdotea javensis. Pour cette dernière espèce les nombreux
172
M.S. FARGHALY et M. DENIZOT
échantillons que nous avons récoltés en Polynésie et ceux qui ont été examinés
en herbiers et qui proviennent de divers points de l’Indo-Pacifique, sont remar¬
quablement conformes; leur longueur reste de l’ordre du centimètre.
Parmi les études antérieures sur le genre Rhipiliopsis , il faut citer spécialement
le travail de NASR (1939) qui, en présence de plantes voisines des nôtres, les
inclut dans le genre Rhipiliopsis, malgré leur petite taille, la fronde monostroma-
tique et le stipe monosiphoné. Rhipiliopsis aegyptica peut être considéré comme
très caractéristique de toutes ces petites formes.
Presque à la même époque (1940), BOERGESEN décrivit de l’ile Maurice
une algue comparable et crut en devoir faire un nouveau genre monospécifique,
Geppella mortensenii. Il s’agit encore d’une algue petite (1 cm), à stipe mono¬
siphoné, à forme générale incertaine vue la qualité des échantillons. Les fila¬
ments constituant la fronde sont très ramifiés, dichotomes, avec des constric-
tions bien marquées, mais surtout BOERGESEN note «It is especially characte-
ristic of this plant that ail the summits of the filaments as well as the filaments
themselves when they corne in contact with neighbouring filaments anastomose
with these in a way very similar to that found in the group Annatiferae of Micro-
dictyon, that is to say, by annular swellings on the tips of the filaments. And not
only the tips of the filaments attach themselves to other filaments, but neigh¬
bouring filaments sometimes too become attached to each other by means of
kneelike swellings.» Ultérieurement, DAWSON (1956) pense avoir retrouvé
cette plante aux Iles Marshall, encore que sa description ne soit pas très démons¬
trative. Nous ne pouvons nous prononcer sur cette dernière algue, mais, si nous
appliquons les principes précédemment cités, il apparaît que le Geppella de
BOERGESEN est encore un Rhipiliopsis.
De leur côté, GILBERT & DOTY (1969) déterminent comme Rhipiliopsis
peltata une Udotéacée trouvée aux Philippines. Leurs dessins sont tout à fait
conformes à ceux de GEPP.
Un autre Rhipiliopsis, R. robusta, a été décrit par WOMERSLEY, en 1971,
sur des échantillons du Sud de l’Australie. Cette Udotéacée atteint, cette fois,
9 cm de haut, dont 4 cm pour la fronde. Les filaments, dichotomes, sont très
gros, très moniliformes et disposés sur plusieurs plans, mais ils sont «attached
laterally by circular areas without projections from the filaments». L’examen
que nous avons fait nous-mêmes de spécimens authentiques (A 41215) a montré
que cette absence d’appendices plus ou moins allongés n’était pas absolue. On
peut noter également que le Rhipiliopsis peltata de la même région et décrit
dans la même publication est une plante assez volumineuse, puisqu’elle atteint
4 cm.
Enfin, VAN DEN HOEK a décrit (1978) des Caraïbes un Udotea reticulata
dont la fronde, monostromatique, présente encore les anastomoses caractéristi¬
ques. Il s’agit à nouveau d’une algue de moins d’un centimètre, à stipe monosi¬
phoné.
Nous sommes donc partisans d’un regroupement dans le genre Rhipiliopsis,
tout en croyant devoir considérer ces échantillons comme types d’espèces parti¬
culières. D’une part, on remarquera des différences incontestables d’aspect, de
LE GENRE RHIPILIOPSIS
173
ramification, de structure du stipe. D’autre part, la pauvreté des échantillonnages
incite à rechercher ces plantes, très malcommodes à repérer sur le terrain. Enfin
chaque récolte est assez éloignée des autres et si, entre les flores chaudes de
Madagascar, Nouvelle-Calédonie, Polynésie et Atlantique, il y a de nombreux
points communs, l’originalité des formes et des formations est suffisante pour
être un argument biogéographique sans qu’il soit possible, dans l’état actuel
des prospections, de parler d’endémisme. Nous verrons ultérieurement qu’il
en est de même pour d’autres espèces de Caulerpales.
CLEF DU GENRE RHIPILIOPSIS
Le tableau des espèces s’établit alors de la façon suivante :
A. Lame pluristromatique
B. Filaments plus ou moins cylindriques, 0 12-18 pm . R. peltata
B. Filaments nettement monüiformes, 0 150-200 p m.R. robusta
A. Lame monostromatique
B. Stipe monosiphoné
C. Filaments régulièrement dichotomes
D. 0 des filaments de 30 pm en moyenne.R. aegyptiaca
D. 0 60 jum en moyenne.R. mortensenii
C. Filaments d’aspect souvent trichotome, au moins à la base
D. Stipe de 0,5 mm.R- reticulata
D. Stipe atteignant 4 mm. R- moruroaensis
B. Stipe multisiphoné
C. Stipe simple
D. Filaments de 0 > 40 pm. Appendices soudés régulièrement.
.R. madagascariensis
D. Filaments de 0 < 40 pm. Appendices soudés irrégulièrement.
.R. novae-caledoniae
C. Stipe ramifié. R. stri
Remarques sur l’homogénéité du genre et la répartition des espèces
Le tableau précédent fait nettement apparaître trois groupes d’espèces. Le
premier (R. peltata, R. robusta ) est australo-micronésien. Le second (R. aegyp¬
tiaca, R. mortensenii, R. reticulata, R. moruroaensis) est de morphologie homo¬
gène et devra peut-être se réduire à la première espèce; ces plantes sont caracté¬
ristiques des formations coralliennes. Le troisième (R. madagascariensis, R.
novae-caledoniae, R. stri), dont l’homogénéité est moins évidente, apparaît
quelque peu intermédiaire entre les deux précédents. C’est pourquoi il nous
paraît prématuré de proposer une division du genre, tel que compris ici, en
deux ou trois.
L’ensemble des espèces considérées ici a une répartition pantropicale, élargie
au sud de l’Australie. Une telle répartition n’a rien d’étonnant, si l’on considère
174
M.S. FARGHALY et M. DENIZOT
Source : MNHN, Paris
Carte I. — Répartition pan-tropicale du genre Rhipiliopsis . 1. R. peltata, 2. R. aegyptiaca, 3. R. mortensenii, 4. R. robusta, 5. R.
stri, 6. R. reticulata, 7. R. moruroaensis , 8. R. madagascariensis , 9. R. novae-caledoniae.
LE GENRE RHIPILIOPSIS
175
que ce fait se retrouve chez nombre d’autres espèces ou genres d’algues de
régions chaudes.
CONCLUSION
Pour nous résumer, nous pensons qu’une définition simple et assez large
des genres Chlorodesmis, Rhipilia et Rhipiliopsis est de nature à faciliter la
connaissance de cette partie des Udotéacées. Certes l’étude des échantillons
n’est pas toujours aisée; l’absence totale de calcification peut être difficile à
affirmer; la présence de filaments libres peut être source de confusion; mais
la multiplication des genres apparaît comme prématurée tant que les caractères
ontogéniques ne seront pas mieux connus.
ESPÈCES NOUVELLES
Rhipiliopsis madagascariensis sp. nov. (Pl. 1, Il et III)
Alga virido-alba, erecta, i,5 cm alta, haud calcarata.
Stipes non divisus, polysiphonius, 5 mm longus, 0,7 mm diametro, affixus
rhizoïdibus ad basim.
Frons integra, flabellata vel cyathiformis, monostromatica. Filamenta 45-
55 pm diametro, dichotoma, constrictionibus supradichotomalibus, sine pariete
incrassata. Filamenta regulatim anastomosata cum filamentis proximis, appendi-
culis brevibus in medio laminae, specie reticulato, magis longis ad marginam
(15-30 pm longa, 20 pm diametro).
Reproductio incognita.
Typus : Pichon 33 (Denizot 01757), 4 septembre 1969, Madagascar. Tulear,
Grand récif, 26-30 m. Depositus in M.N.H.N. Paris.
Algue d’un vert blanchâtre, dressée, d’1,5 cm de long, non calcifiée.
Stipe simple non ramifié, multisiphoné, de 5 mm de long sur 0,7 mm de dia¬
mètre, fixé par une base rhizoïdale.
Lame entière, en éventail ou en entonnoir, monostromatique. Filaments de
45-55 pm de diamètre, à ramifications fourchues, à constrictions vers la base
des ramifications sans épaississements de membranes bien visibles. Filaments
régulièrement soudés avec les filaments voisins par des appendices très courts
au milieu de la lame et donnant un aspect criblé, un peu plus longs aux extrémi¬
tés (15-30 pm de long sur 20 pm de diamètre).
Hétéroplastie; plastes verts sans pyrénoïdes.
Reproduction inconnue.
Type : Pichon 33 (Denizot 0/757), 4 septembre 1969, Madagascar. Tulear,
Grand récif, 26-30 m. Déposé au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris.
Autres échantillons : Pichon (Denizot 0/949/9) 9 septembre 1969, même
localité, — 31m; Thomassin 184 (Madagascar).
176
M.S. FARGHALY et M. DENIZOT
PI. I. — R. madagascariensis. Fig. 1,2: Appendices de la marge de la lame. Fig. 3 : Soudure
des appendices au milieu de la lame.
PI. II. — R. madagascariensis. Fig. 4 : Appendices libres, au sommet des filaments. Fig. 5 :
Ramification pseudo-dichotomique avec constrictions sans épaississements de parois.
PI. III. — R. madagascariensis. Fig. 6 : Rameaux longs et appendices. Fig. 7 : Deux ra¬
meaux courts soudés.
LE GENRE RHIPILIOPSIS
177
Source : MNHN, Paris
178
M.S. FARGHALY et M. DEN1ZOT
Rhipiliopsis moruroaensis sp. nov. (Pl. IV et V)
Thallus erectus, viridis, 8 mm altus, haud calcaratus.
Stipes monosiphonius, 80-120 pm diametro, 4 mm longus, ad basim affixus
rhizoïdibus.
Frons delicata, monostromatica, flabellata, 4 mm longa. Filamenta divisa
specie trichotoma basi lamina, constrictionibus et parietis incrassatis supradicho-
tomalibus, anastomosantes inter se et cum filamentis proximis.
Plastes bini, virides sine pyrenoidibus.
Reproductio incognita.
Pl. IV. — R. moruroaensis. Fig. 8 : Thalle monostromatique. a)Stipe monosiphoné; b) Ra¬
mification pseudo-trichotomique; c) Constriction à la base du filament avec épaississe¬
ment de paroi. Fig. 9 : Partie du milieu de la lame.
LE GENRE RHIPILIOPSIS
179
PL V. — R. moruroaensis. Fig. 10 : Filaments à constriction au niveau des ramifications.
Fig. 11, 15 : Aspect d’une partie de la lame. Fig. 12 : Exemple de ramification pseudo-
trichotomique. Fig. 13 : Constrictions avec épaississements de paroi et manière dont
les appendices sont soudés. Fig. 14:Stipe monosiphoné et premières ramifications.
Fig. 15 : Soudure des appendices au milieu de la lame.
180
M.S. FARGHALY et M. DENIZOT
Typus : Denizot L 735/2, 26 février 1971, Moruroa (Polynésie française),
pâté Hubert, — 20 m (Mission DIR. C.E.N./S.M.C.B.). Depositus in M.N.H.N.
Paris.
Thalle dressé, vert clair, de 8 mm de long, non calcifié.
Stipe monosiphoné, de 80-120 pm de diamètre et 4 mm de long, fixé à la
base par des rhizoïdes.
Lame très fine, monostromatique, en éventail, de 4 mm de long. Les filaments
se ramifient, à la base de la lame, sous un aspect trichotome. Ils présentent des
constrictions avec épaississements de parois à la base des ramifications. Leur
diamètre est de 50 pm en moyenne. Appendices de 20 pm de long et 15 pm de
diamètre, soudés entre eux et parfois avec les filaments voisins.
Hétéroplastie; plastes verts sans pyrénoïdes.
Reproduction inconnue.
Type : Denizot L 735/2, 26 février 1971, Moruroa (Polynésie française),
pâté Hubert, - 20 m (Mission DIR. C.E.N./S.M.C.B.). Déposé au Muséum Natio¬
nal d’Histoire Naturelle de Paris.
Rhipiliopsis novae-caledoniae sp. nov. (Pl. VI)
Alga viridis, pallida, solitaria, erecta, 1 cm longa.
Stipes non divisus, polysiphonius, 3 mm longus, 0,5 mm diametro, ad basim
affixus rhizoïdibus.
Lamina 7 mm longa, 5 mm lata, flabellata, monostromatica. Filamenta 25-
35 pm diametro, constrictionibus et crassis parietibus supradichotomalibus.
Ramificatio dichotoma, quondam specie trichotoma. Appendiculae 15pm
longae, 10 pm diametro, irregulatim anastomosae filamento proximo.
Plastes bini, virides, sine pyrenoïdibus.
Reproductio incognita.
Typus : Denizot L 322/8, 22 août 1961, Nouvelle-Calédonie, Ilot Infernal,
proxime Ile des Pins, 8-12 m prof. (Mission Singer-Polignac). Depositus in
M.N.H.N. Paris.
Algue d’un vert clair, solitaire, dressée, d’1 cm de long.
Stipe simple non ramifié, de 3 mm de long sur 0,5 mm de diamètre, multi-
siphoné, fixé à la base par les rhizoïdes.
Lame de 7 mm de long et 5 mm de large, en forme d’éventail monostromati¬
que. Filaments de la lame de 25-35 pm de diamètre, présentant des constrictions
avec épaississements de parois juste à la base des rameaux; ramifications d’aspect
dichotome, parfois trichotome. Appendice de 15 pm de long, sur 10 pm de dia¬
mètre, généralement soudé avec le filament voisin sans régularité.
Hétéroplastie; plastes verts sans pyrénoïdes.
Reproduction inconnue.
LE GENRE RHIPILIOPSIS
181
Pl. VI. — R. novae-caledoniae. Fig. 16 : Partie de la lame monostromatique. Fig. 17 :
Appendices et types de soudure. Fig. 18 : Ramification avec constrictions et épaississe¬
ments des parois. Fig. 19 : Hétéroplastie au point de ramification.
RÉFÉRENCES DES ESPÈCES DE RHIPILIOPSIS
R. peltata (J. Ag.) A. et E.S. Gepp 1911, p. 45, fïgs. 118-122. (Udotea peltata
J. Ag. 1887, p. 74).
R. robusta H.B.S. Womersley 1971, p. 117, figs. 9 et 13.
R. aegyptiaca A.H. Nasr 1939, p. 53, figs. 3-4 (Pl. VII, fig. 20)
R. mortensenii (F. Boergesen) nov. comb. (Pl. VII, fig. 21-22), (Geppella mor-
tensenii F. Boergesen 1940, p. 55, figs. 16-18).
R. reticulata (C. Van den Hoek) nov. comb. (Pl. VIII, fig. 23-24) (Udotea reticu-
lata C. Van den Hoek 1978, p. 57, figs. 8-9).
R. moruroaensis sp. nov. (Pl. IV-V, fig. 8-15).
R. madagascariensis sp. nov. (Pl. I-III, fig. 1-7).
182
M.S. FARGHALY et M. DENIZOT
R. novae-caledoniae sp. nov. (Pl. VI, fig. 16-19).
R. stri (S.A. Earle et J.R. Young) nov. comb. (Pl. VIII, fig. 25), (Siphonoclathrus
stri S.A. Earle et J.R. Young 1972, p. 2, figs. 1-8).
Pl. VII. - Fig. 20 :R. aegyptiaca (d’après NASR). Fig. 21, 22: R. mortensenii (d’après
BOERGESEN).
LE GENRE RHIPILIOPSIS
183
PI. VIII. - Fig. 23, 24: R. reticulata (d’après Van den Hoek). Fig. 25: R. stri (d’après
EARLE et al.).
REMERCIEMENTS
Nous remercions le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, la Fondation Singer-
Polignac, la Direction des Centres d’Études Nucléaires (service Mixte de Contrôle Biologi¬
que) et le laboratoire d’Endoume (MM. PTCHON et THOMASSIN) qui nous ont permis de
récolter les échantillons ou d’en disposer.
184
M.S. FARGHALY et M. DENIZOT
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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BOERGESEN, F., 1913 — The marine algae of the Danish West Indies. Part I. Chlorophy-
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Danske Vid. Sel. Biol. Medd., 25 (4) : 1-81.
CORDERO, P.A., Jr., 1974 — Udotea polychotomis, a new species of Chlorophyta from the
Caroline Island. Micronesica, 10 (2) : 243-249.
DAWSON, E.Y., 1956 — Some marine algae of the Southern Marshall Islands. Pac. Sci.,
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MONTAGNE, J.F.C., 1845 -Plantes cellulaires, in DUMONT D’URVILLE, Voyage au
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SARTONI, G., 1976 — Researches on the coast of Somalia. The shore and dune of Sar
Uanle. 6. A study of the benthonic algal flora. Ital. Jour. Zool., 7 (4) : 115-143.
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WOMERSLEY, H.B.S., 1971 — New records and taxa of marine Chlorophyta in Southern
Australia. Trans. R. Soc. S. Aust., 95 (2) : 113-120.
185
OUVRAGES REÇUS POUR ANALYSE
P. BOURRELLY, M. RICARD
BOJE,R. et TOMCZAK,M., Ed., 1978 — Upwelling Ecosystems. Springer Verlag
Berlin : VIII + 303 p., 132 fig., 42 tab., broché, 49 DM.
Cet ouvrage contient des articles sélectionnés parmi ceux qui ont été présen¬
tés au «Third symposium on upwelling ecosystems» qui s’est tenu à Kiel en
septembre 1975. Le choix des différents articles reflète la tendance actuelle qui
essaie de canaliser les efforts des physiciens, des chimistes, des océanographes
biologistes, des météorologistes et des géologues marins vers un but commun : la
compréhension du phénomène des upwellings et de leurs conséquences.
Trois articles sont d’ordre général : deux concernent l’application de la mé¬
thode d’analyse des écosystèmes à l’étude des upwellings et un autre l’avenir des
recherches consacrées aux upwellings. Les aspects biologiques des upwellings
sont étudiés au travers du phytoplancton (2' articles), du zooplancton (4 arti¬
cles), des poissons (2 articles), du benthos (1 article) et des bactéries (2 articles).
Deux autres articles sont consacrés aux conditions physico-chimiques et biologi¬
ques des upwellings près des côtes du Ghana et des Galapagos, deux à leurs
aspects hydrographiques et deux autres à la géologie des zones d’upwelling.
Les éditeurs ont souhaité que ce livre incite les océanographes à réfléchir
aux objectifs de la recherche consacrée aux upwellings afin d’aboutir à une
utilisation plus rationnelle de ces écosystèmes. Il serait également souhaitable
que s’institue une meilleure coopération scientifique entre les différents cher¬
cheurs, en particulier avec les océanographes des pays non représentés dans ce
recueil.
Ceci est donc un intéressant ouvrage collectif qui permet d’avoir une bonne
vue d’ensemble des recherches océanographiques consacrées à l’étude des écosys¬
tèmes liés aux upwellings.
EHRHARDT, J.P. et SEGUIN, G., 1978 - Le Plancton, Composition, Écologie,
Pollution. Gauthier-Villars éd., coll. Écologie fondamentale et appliquée :
XIV +210 p., illustr., broché, 68 F.
Le plancton, de EHRHARDT et SEGUIN, comporte trois grandes subdivi¬
sions, chacune d’entre elles plus ou moins en rapport avec les thèmes figurant
dans le sous-titre. La première partie traite du plancton végétal et animal des
mers et des cours d’eau : le phytoplancton et la photosynthèse, le zooplancton
et ses migrations, la production des océans, le plancton des eaux douces. La deu¬
xième partie traite «le plancton et les hommes» : le rôle alimentaire du plancton,
Source : MNHN, Paris
186
OUVRAGES REÇUS POUR ANALYSE
les eaux colorées et les substances pharmaco-dynamiques tandis que la troisième
partie s’intéresse à l’action de l’homme sur le plancton au travers des différents
types de pollution. En fin d’ouvrage se trouvent plusieurs annexes qui compor¬
tent toute une série de définitions se rapportant aussi bien à la systématique
du plancton' qu’aux termes utilisés en biologie, en physique, en chimie et en
médecine, sans oublier une rapide revue des diverses techniques de prélèvement.
Cet ouvrage tente donc de rassembler sous un faible volume tout ce qui a
trait au plancton marin et continental. Un ouvrage encyclopédique de 210 pages
ne peut certes pas traiter à fond les sujets abordés néanmoins, comme le précise
le Professeur P. BOUGIS dans la préface, ce livre est destiné avant tout au grand
public. Sous cet angle, Le plancton est un bon ouvrage de vulgarisation qui
fournira aux amateurs, même peu éclairés, et aux étudiants débutants, d’inté¬
ressants renseignements sur le plancton.
ETTL, H., 1979 — Die Gattungen Carteria Diesing emend. Francé und Provaso-
liella A.R. Loebl. Beih. Nova Hedwigia, H. 60 : 1 vol. rel., 226 p.
Nous avions signalé (Rev. Algol. 12 (1/2) : 131-132) les deux premiers volu¬
mes de cette belle monographie consacrée aux genres Chloromonas et Chlamydo-
monas. Voici le troisième et dernier volume où nous trouvons les formes mona-
doïdes solitaires à 4 flagelles avec les genres Carteria et Provasoliella. La présence
ou l’absence de pyrénoïde permet de séparer les deux genres.
Carteria est divisé en trois groupes :
1. — Eucarteria avec un pyrénoïde basal et 38 espèces.
2. — Corbierea avec un pyrénoïde latéral : 9 espèces.
3. — Pseudagloe à plaste en H, en section optique, et un pyrénoïde central :
10 espèces.
4. - Carteriopsis à plusieurs pyrénoïdes : 5 espèces.
Le genre Provasoliella (= Tetramastix) renferme 16 espèces.
Comme dans les volumes précédents, après une définition précise du genre,
nous trouvons pour chaque espèce, l’indication du basionyme, puis la synony¬
mie, la description de l’espèce (et des variétés), la répartition géographique avec
des renseignements écologiques. Une illustration soignée, groupée en 28 plan¬
ches, donne des figures de tous les taxons.
Une liste de 14 pages indique les noms et les synonymes des taxons incomplè¬
tement décrits ou rejetés des genres Carteria, et Provasoliella.
De la p. 113 à la p. 130 l’auteur apporte des compléments aux volumes
précédents : Chlamydomonas (8 taxons) et Chloromonas (11 taxons). Enfin
nous avons, après la bibliographie et les planches, deux index, l’un pour le volu¬
me Carteria, l’autre pour l’ensemble des trois volumes.
Avec ce mémoire et les deux précédents, la détermination des Chlamydomo¬
nas, Chloromonas, Carteria et Provasoliella, devient sinon facile, tout au moins
possible. C’est là je crois le plus beau compliment qu’on puisse faire à l’auteur.
Grâce à lui, un des «points noirs» de l’algologie est supprimé.
HARRIS, G.P., 1978 - Photosynthesis, productivity and growth : the physiolo-
gical ecology of photoplankton. Archiv für Hydrobiologie, Ergebnisse der
OUVRAGES REÇUS POUR ANALYSE
187
Limnologie, Heft 10 : 1-IV, 1-171, 27 fig., 4 tabl., broché, 58 DM.
Cet ouvrage fait le point sur les recherches actuelles concernant l’écologie du
phytoplancton, tout en essayant de donner une interprétation physiologique
de certains phénomènes observés lors des mesures de productivité réalisées
in situ à la surface des eaux marines et continentales.
La discussion se rapportant à la structure et à la fonction des chloroplastes
sert d’introduction à l’étude de la fluorescence in vivo et des effets de l’intensité
et de la qualité de la lumière sur les organites responsables de la photosynthèse.
Le transport des électrons et l’efficacité photosynthétique sont considérés à la
lumière de phénomènes comme l’adaptation chromatique, la variation de taille
des unités photosynthétiques, les cycles de divisions cellulaires. La discussion
consacrée à la fixation photosynthétique du carbone met plus particulièrement
l’accent sur les sources de carbone et sur son mode de fixation dans la cellule.
Ce processus a été d’autant plus étudié par les physiologistes et les écologistes
que le métabolisme des glycolates, la photorespiration et l’excrétion des glycola-
tes ont une grande importance dans la nature. La respiration à l’obscurité et
l’interprétation des résultats de photosynthèse nette et brute apparente sont
également discutés, ainsi que les effets de la respiration claire et sombre.
Une partie de l’ouvrage est consacrée à l’interprétation physiologique des
données recueillies in situ et à l’influence de la méthodologie et de l’environne¬
ment sur les résultats obtenus : exposition prolongée, mouvements du milieu,
photo-inhibition en surface, etc...
Enfin, l’auteur considère les processus de contrôle que développe la cellule
dans la couche de mélange et analyse les divers aspects physiologiques, métho¬
dologiques et écologiques qui conditionnent la survie de la cellule dans cette
couche. Cette survie est principalement conditionnée par la valeur du rapport
P/R dont la mesure est affectée par de nombreux facteurs. Les mécanismes phy¬
siologiques d’adaptation que montre la cellule dans la couche de mélange sont
mal connus et il est nécessaire d’en acquérir une meilleure connaissance.
L’ouvrage de G.P. HARRIS est très documenté, bien conçu et fournira à tous
les algologues de nombreuses et intéressantes informations sur l’écologie et la
physiologie du phytoplancton.
HELLEBUST, J.A. et GRA1G1E, J.S., Ed., 1978 - Handbook of Phycological
methods. 2. Physiological and biochemical methods. Cambridge University
Press, 512 p., 60 tables, 68 line diagrams. Relié, 18 £.
Ce manuel, le 2e de la série après «Culture Methods and Growth measure-
ments» (J.R. STEIN Ed., 1975) est le résultat de la réunion d’articles traitant
des méthodes biochimiques et physiologiques à l’usage des phycologistes. En
raison de leur diversité de structure et de composition, les algues posent aux
chercheurs des problèmes tout à fait différents de ceux qui se posent habituelle¬
ment avec les autres organismes. Successivement sont traités les 7 thèmes sui¬
vants : isolement des organites cellulaires et des membranes; analyse chimique
des divers constituants cellulaires; enzymes; processus biochimiques et physiolo¬
giques; substances nutritives; contenu et transport des ions; inhibiteurs du
métabolisme des algues.
188
OUVRAGES REÇUS POUR ANALYSE
Les diverses méthodes décrites s’appliquent à une aussi grande diversité
d’algues qu’il est possible et la plupart d’entre elles sont décrites avec suffi¬
samment de précision pour être utilisées même par des scientifiques ayant peu
d’expérience en phycologie expérimentale. En outre, il est intéressant de noter
que, chaque fois que cela était nécessaire, les auteurs ont précisé les limites de
leurs techniques et les modifications à apporter à celles-ci pour qu’elles puissent
s’appliquer à d’autres algues que celles pour lesquelles elles ont été conçues.
Dans la plupart des cas sont indiqués les noms des divers laboratoires ou des
maisons spécialisées pouvant fournir les matériaux nécessaires à la réalisation
des expérimentations : provenance des algues, numéro des clones et nom des
laboratoires les cultivant, références des appareillages scientifiques, adresse des
divers fournisseurs.
En conclusion, ce deuxième tome des «Handbook of Phycological methods»,
de la même veine que le premier, est un ouvrage qui apparaîtra rapidement
indispensable à tous les scientifiques débutants et confirmés qui utilisent les
algues comme matériel d’expérimentation.
KREMER, J.N. et NIXON, S.W., 1978 - A Coastal marins ecosystem. Simula¬
tion and analysis. Ecological Studies, 24, Springer Verlag, 217 p., 80 fïg.,
relié, 64 DM.
L’analyse du fonctionnement d’un écosystème grâce à une simulation mathé¬
matique, telle est la méthode qui a été appliquée à l’étude de Narragansett Bay
(Rhode Island, USA). Un tel modèle mathématique permet de réaliser l’analyse
et la synthèse des divers facteurs agissant sur l’évolution des sels nutritifs, du
phytoplancton et du zooplancton d’un estuaire tempéré, et de voir de quelle
façon leur dynamique est influencée par la lumière, la température et l’hydro¬
logie. Les principaux paramètres biotiques analysés sont les suivants : taux de
photosynthèse, nutrition et excrétion, fixation des sels nutritifs, respiration,
reproduction, croissance et autres caractéristiques des divers organismes peuplant
l’écosystème étudié. Le modèle de Narragansett Bay est un intéressant sujet
d’étude pour les écologistes car il permet d’analyser l’évolution des écosystèmes
aquatiques basé sur la dynamique des populations planctoniques. Cet ouvrage
comporte également de larges discussions se rapportant aux bases biologiques
et écologiques, à la formation mathématique du modèle et au développement,
sur ordinateur, du raisonnement mathématique.
Ce livre, complet et complexe, fait une large part aux modèles mathématiques
et, en cela, rebutera bon nombre de biologistes. Néanmoins, à une époque où les
techniques d’analyse permettent d’obtenir des données de plus en plus comple¬
xes, la simulation permet de comprendre, sinon d’expliquer, le fonctionnement
d’un écosystème dont nous ne faisons qu’entrevoir la complexité. Pour toutes
ces raisons, ce livre mérite toute notre attention.
PRESCOTT, G.W., 1979 — A contribution to a bibliography of Antarctic algae
together with a check list of freshwater taxa reported to 1977. Bibl. Phycol.
45,312 p.
Dans cet ouvrage l’auteur donne la liste complète des Algues d’eau douce
OUVRAGES REÇUS POUR ANALYSE
189
signalées dans les régions antarctiques et subantarctiques. Cette liste occupe 200
pages. Les algues sont classées par ordre alphabétique dans les grands groupes :
Chlorophyta, Cyanophyta, Chrysophyta, (Chrysophyceae, Xanthophyceae,
Bacillariophyceae.) etc. Pour chaque espèce sont indiqués les stations et le nom
des auteurs qui les ont signalées.
Une simple remarque : les Staurodesmus figurent parfois deux fois sur la
liste : à Staurodesmus et aussi à Staurastrum ou Arthrodesmus.
Aux pages 213 à 217, l’auteur indique les références bibliographiques se
rapportant aux divers groupes d’algues, à l’écologie, à la cryovégétation et
aux principales régions étudiées. Enfin vient la liste bibliographique des travaux
sur les eaux douces arctiques et subarctiques : 269 références. Pour les algues
marines, l’auteur donne une analyse de la bibliographie : phytoplancton, écolo¬
gie, macroalgues, productivité. Enfin sont citées 940 références bibliographiques
sur les algues marines.
L’ouvrage se termine pour les algues d’eau douce, par un index alphabétique
des genres. L’auteur, au début de son volume, indique longitude et latitude des
principales stations, nous regrettons cependant l’absence d’une carte des régions
antarctiques.
Cet ouvrage, très complet, facile à consulter rendra de grands services à tous
les algologues s’intéressant à ces régions et à la répartition biogéographiques
des Algues.
RUZICKA, J. et POUZAR, Z., 1978 Erwàgungen über die Taxonomie und
Nomenklatur der Gattung Actinotaenium Teil. Fol. Geobot. Phytotax.
Praha, 13 : 33-66.
Les auteurs reprennent la belle monographie de TEIL1NG (1954, Bot. Noti-
ser , Lund : 376-426) et appliquent avec une rigueur de juristes pointilleux
le Code de Nomenclature aux nombreuses combinaisons nouvelles proposées
par l’algologue suédois.
Ainsi dans de nombreux cas TEILING n’a pas donné des références bibliogra¬
phiques complètes : par exemple pour Actinotaenium curtum (Bréb.) TEILING
indique seulement = Cosmarium curtum: Ralfs, 1948, p. 109, tab. 32 : 9. Il
aurait dû reprendre la citation complète de RALFS : Closterium curtum Bré-
bisson in MENEGH. Synop. Desmid. in Linnaea 1840. Pour cette grave omission
les auteurs ajoutent leurs propres noms à la combinaison de TEILING et cela
donne : Actinotaenium curtum (Bréb.) Teil. ex Ruzicka et Pouzar comb. nov.
Autre infraction : l’espèce bien connue : Act. viride (Corda) Teil. s’appelait :
Cosmarium viride (Corda) Joshua 1885. Mais du fait que cette combinaison a été
faite d’après un travail de CORDA de 1835, antérieur à RALFS (1848, point de
départ de la Systématique des Desmidiées) elle n’est pas valable. Il faut alors
chercher un synonyme postérieur à 1848. Donc on prendra le Cosmarium
cordanum Bréb. 1868. Ainsi par une observance rigoureuse du code on préfère,
au nom le plus ancien, un nom plus récent et on validera une erreur de BRÉ-
BISSON qui a ignoré le travail de CORDA : en suivant la lettre du code, on
ira contre son esprit.
De même Y Actinotaenium sydneyense (Racib.) Teiling est le Penium lagena-
190
OUVRAGES REÇUS POUR ANALYSE
rioides Roy var. sydneyense Racib. 1892. Ce taxon a été nommé en 1902 par
W. et G. WEST : Penium heterotaphridium W. et W. Si Ton suit simplement le
code, la nov. comb. de TE1LING n’est pas valide car l’élévation de la variété à
l’espèce a été faite par les WEST, et l’algue de RAC1BORSKI devra s’appeler
Actinotaenium heterophridium (W. et G.S. W.) Ruzicka et Pouzar. Autrement
dit, Terreur des WEST sera récompensée au mépris de la loi de priorité.
Ces quelques exemples montrent qu’une application trop mécanique et trop
rigide du Code de Nomenclature, complique inutilement la systématique, ce qui
est contraire au but recherché. Je crois en effet que le code a été fait pour simpli¬
fier le travail du systématicien et non pour le compliquer par un byzantinisme
qui n’a plus rien de scientifique.
Ceci dit, ce mémoire présente quelques combinaisons intéressantes : ainsi,
VActinotaenium clevei var. gelidum et Act. trachypolum var. messikommeri
sont élevés au rang d’espèces. De plus nous y trouverons d’intéressantes remar¬
ques taxinomiques fondées sur des observations précises : les auteurs ne sont pas
uniquement des juristes mais des desmidiologues avertis.
SERRUYA, C., Ed., 1978 - Lake Kinneret (Lake of Tiberias, Sea of Galilee).
Junk bv. Publishers, Monographiae Biologicae, 32 : XII 4- 501 p., 130 fig.,
52 tabl., 68 pl., relié, Dfl. 63, 40 US doll.
Le livre consacré à la région du lac Kinneret et de la vallée du Jourdain est
le résultat de recherches pluridisciplinaires qui ont fait appel à la collaboration
de 24 chercheurs. Les sujets traités sont multiples et, pour certains d’entre eux,
sont directement liés à l’importance historique et religieuse du lac. Cette impor¬
tance, toujours aussi vive auprès des archéologues, a fait place de nos jours à un
interet economique qui tient a l’importance de la réserve en eau douce que
représentent le lac et ses affluents pour l’économie d’Israël.
La description de la région du lac Kinneret compose la première partie de
cet ouvrage. Tour à tour sont abordés la géographie, la géologie, la météorologie,
l’hydrologie; autant d’articles qui retracent l’évolution de cette région du jurassi¬
que à nos jours. La deuxième partie décrit les principales caractéristiques du lac
et de son environnement : morphologie et bathymétrie, régime des affluents et
formation des deltas; turbidité, température, régime des courants, chimie de
1 eau et des sédiments. De l’étude de tous ces paramètres il ressort, quelquefois
difficilement car les rappels historiques sont nombreux, que le lac Kinneret se
distingue des autres grands lacs mondiaux par plusieurs caractéristiques : sa
superficie et son volume, supérieurs à ceux du lac Victoria et du lac Érié réunis;
sa composition minérale particulière riche en chlore et en sodium; sa surface
située a 209 m au dessous du niveau de la mer; la présence d’un courant domi¬
nant se déplaçant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre; la stratification
de ses eaux durant la saison chaude; l’évaporation annuelle de ses eaux comprise
entre 163 et 187 cm.
Le troisième chapitre traite des communautés planctoniques. Le phytoplanc-
ton du lac est caractérisé par l’apparition, de février à juin, d’une fleur d’eau à
Peridinium cinctum fa westi, remplacée, durant Tété et l’automne, par des
chlorophycées et des cyanophycées qui composent la plus grande partie de la
biomasse algale. En hiver, les diatomées et les chlorophycées peuvent également
OUVRAGES REÇUS POUR ANALYSE
191
atteindre de fortes concentrations, en particulier Melosira, Pediastrum, Coelas-
trum et Closterium. La chlorophylle et la production primaire augmentent de
janvier à mai, jusqu’au maximum de floraison de Peridinium cinctum fa westi,
décroissent de juin à août, puis gardent une valeur constante jusqu’en décembre;
c’est durant l’automne que les rapports d’assimilation sont les plus élevés. L’im¬
portance de Peridinium cinctum fa westi explique que soit étudiés en détail
sa morphologie, sa biochimie, son cycle annuel, sa croissance et sa distribution
spatiale. La biomasse du zooplancton est importante durant les six premiers
mois de l’année puis faible en été et en automne. Sa distribution verticale est
principalement liée à la présence ou à l’absence de stratification des eaux et à
l’accumulation de détritus organiques à la fin des poussées florales : en période
hétérotherme, le zooplancton se cantonne dans les couches épi- et métalimni-
ques tandis qu’en période homotherme il colonise tous les niveaux.
La description de la communauté benthique compose la quatrième partie de
ce livre; elle débute par l’étude du phytobenthos. Celui-ci est riche et les diato¬
mées représentent 90%, au moins, de l’activité photosynthétique du benthos;
les cyanophycées filamenteuses et coccoïdes et les chlorophycées filamenteuses
sont présentes mais mal représentées. Ensuite, 18 articles traitent de la richesse
et de la diversité de la faune benthique. L’ouvrage se termine par deux chapitres
consacrés aux vertébrés, y compris l’homme, et par un historique des recherches
archéologiques et paléontologiques de la région du lac Kinneret.
En conclusion, l’ouvrage consacré au lac Kinneret et à sa région est extrême¬
ment instructif car il fait le bilan de plusieurs années de recherches pluridiscipli¬
naires consacrées à l’étude de la faune et de la flore replacées dans leur contexte
limnologique et géomorphologique. Il est cependant regrettable que ce livre se
présente comme une juxtaposition d’articles et que les auteurs n’aient pas fait
l’effort de synthèse nécessaire qui en aurait rendu la lecture plus facile et aurait
ainsi mis plus en valeur les résultats obtenus.
SYMPOSIUM : Experimental use of algal cultures in limnology. Mitt. Int. Ver.
Limnol. 21 : 607 p., 1978.
Ce volume est le recueil des communications et des discussions d’un sympo¬
sium organisé par l’Association Internationale de Limnologie théorique et
appliquée, qui s’est tenu à Sanderfjord (Norvège) du 26 au 28 octobre 1976,
sous la direction de O.M. SKULBERG.
Le volume groupe, après une introduction de RODHE, 9 articles sur les mé¬
thodes de culture, 17 articles sur la physiologie des algues, et 26 sur les applica¬
tions.
Beaucoup d’auteurs étudient la résistance des algues en culture à des substan¬
ces toxiques (surtout en vue de la pollution par les métaux). Les algues em¬
ployées pour les essais sont très variées : Cyanophycées (surtout Oscillatoria,
Anabaena et Microcystis ), Chlorophycées : Chlorococcales ( Scenedesmus,
Chlorella, Selenastrum, Ankistrodesmus, Coelastrum, Pediastrum, Chlorococ-
cum ), Volvocales (Chlamydomonas) , Chlorophycées filamenteuses ( Rhizoclo-
nium, Cladophora).
Les Diatomées marines sont très utilisées pour les études des milieux saumâ¬
tres ou marins, tandis qu’en eau douce leur emploi est plus restreint. Il en est de
192
OUVRAGES REÇUS POUR ANALYSE
même pour le genre Euglena, pourtant de culture facile. D’après ce symposium,
il semble que pour les essais biologiques les algues soient un matériel de choix et
particulièrement les Chlorococcales.
Ce symposium fait un tour d’horizon fort intéressant sur l’utilisation des
cultures d’algues aussi bien pour les questions pratiques de recherche de pollu¬
tion que pour les questions théoriques de l’écologie du plancton.
VAN LANDINGHAM, Sam L., 1979 - Catalogue of the fossil and recent généra
and species of diatoms and their synonyms. VIII. Supplementary taxa(through
1964), Supplementary references, Synonymy addendum, Corrections, Addi¬
tions. J. Cramer ed. : 4242-4654. Relié : 100 DM.
Également parus : Part I : Acanthoceras-Bacillaria (1-493; 1967); Part 11 : Bac-
teriastrum-Coscinodiscus (494-1086; 1968); Part III : Coscinophaena-Fibula
(1087-1756; 1969); Part IV : Fragilaria-Naunema (1757-2385; 1971); Part V :
Navicula (2386-2963; 1975); Part VI : Neidium-Rhoicosigma (2264-3605;
1978); Part VII : Rhoicosphenia-Zygoceros (3606-4241; 1978).
Voilà, enfin, le huitième et dernier tome de ce Catalogue dont le premier
volume tant attendu avait paru il y a 12 ans. Enfin, car l’ouvrage apparaît
tellement important que l’on ne sait ce que l’on doit faire en premier, féliciter
l’auteur d’avoir pu, contre vents et marées, réussir à terminer son œuvre, ou bien
le «remercier» de nous avoir fait toucher du doigt le désordre qui règne dans la
systématique des diatomées.
Le Catalogue of Diatoms vient de prendre la suite de l’Index des Diatomées
de F.W. MILLS (5 volumes, 1726 p. : 1933-1935; Wheldon and Westley ed.)
et son élaboration est le fruit d’un énorme travail de compilation et de réflexion.
Cet ouvrage est l’œuvre d’une seule personne et reflète malheureusement, dans
les derniers volumes, la hâte qu’avait son auteur d’achever un travail qui l’acca¬
parait entièrement. Il aurait été souhaitable que ce Catalogue soit réalisé par
plusieurs chercheurs travaillant en collaboration mais il est fort douteux qu’il
puisse se trouver plusieurs scientifiques désireux de se consacrer entièrement,
pendant plusieurs années, à un travail aussi ingrat.
En conclusion, et quel que soit le jugement nuancé que porte une minorité
de diatomistes sur le travail de Sam VAN LANDINGHAM, le Catalogue of
Diatoms est une œuvre majeure, indispensable à tous les diatomistes qui essaient
de trouver leur chemin dans le dédale de la systématique des diatomées.
Commission paritaire N° 28588 - Dépôt légal : n° 659 - Juillet 1979 - lmp. Vial, 91410 Dourdan
CRYPTOGAMIE
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Revue de Mycologie, the Revue Bryologique et Lichénologique of the
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Source . MNHN, Paris
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logique du Laboratoire de Cryptogamie du Muséum National d’Histoire
Naturelle (Paris) fusionnent.
CRYPTOGAMIE sera édité par l’A.D.A.C. Les chercheurs de tous pays
pourront y faire publier leurs travaux, dans la langue de leur choix, après
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